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samedi, 17 juin 2023

Gauche verte, économie verte et environnementalisme néolibéral

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Gauche verte, économie verte et environnementalisme néolibéral

Diego Fusaro 

Source: http://adaraga.com/izquierda-verde-economia-verde-y-ambientalismo-neoliberal/

Tout comme les caprices arc-en-ciel des consommateurs, les impulsions écologiques de l'environnementalisme capitaliste sont elles aussi complètement subsumées par le capital. L'"avenir vert" est toujours conçu comme un produit commercial du pouvoir commercial, et ce afin que (comme le souligne Harvey) l'ordre néolibéral puisse "gérer la contradiction entre le capital et la nature en fonction de ses intérêts de classe les plus importants". L'économie verte et l'environnementalisme néolibéral sur lequel elle repose théoriquement révèlent clairement comment le capital parvient à transformer même ses propres contradictions en facteur de profit. Et à transformer tout en marchandise, même la protestation contre la marchandisation.

Dans l'apothéose de la critique conservatrice, la protestation contre l'aliénation se donne elle-même sous des formes aliénées, c'est-à-dire des formes qui finissent par renforcer les barreaux de la cage qu'elles voudraient aussi briser. En vertu d'une alchimie énigmatique, au moment de la réification planétaire, la dynamite se transforme toujours en ciment, ce qui fait de tous les "matériaux explosifs" et de tous les "esprits de la dynamite" possibles simplement "une brique de plus dans le mur", comme le dit le titre d'une chanson bien connue.

Le technocapital, en outre, fonctionne infailliblement selon la stratégie paradigmatique de la standardisation, de l'absorption et de la normalisation : l'expression la plus brillante en est le sort réservé à l'image révolutionnaire de Che Guevara, réduite à une icône pop inoffensive, vendue à bas prix sur des T-shirts dans le monde entier. La désactivation de la critique est produite par sa marchandisation intégrale et sa conversion normalisante en simple spectacle, garantissant ainsi le double objectif de sa neutralisation face à toute issue émancipatrice possible et de sa reconversion en marchandise circulante.

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La dévastation environnementale générée à son image par le techno-capital, par son "oubli de l'être" et par sa volonté de puissance pour une croissance incommensurable, devient en effet, grâce à l'économie verte, un phénomène par lequel la ruse de la raison capitaliste, d'une part, invente de nouvelles sources de profit ("voitures électriques", "bioproduits", etc.). Et, d'autre part, avec une fonction apotropaïque, il se sécurise par rapport à un véritable environnementalisme, c'est-à-dire un environnementalisme qui rejoint la lutte plus générale contre la contradiction capitaliste en tant que telle. En bref, les stratèges de l'ordre dominant parviennent à faire passer le message que les problèmes environnementaux, générés par le capital, peuvent être résolus non pas en changeant de modèle de développement, mais en réorganisant le modèle existant en vert. Même sur un plan strictement logique, il s'agit d'un véritable non sequitur: comme si l'on pouvait changer les effets en continuant à cultiver les causes.

L'existence d'un problème environnemental est évidente, comme l'atteste l'avalanche d'études scientifiques consacrées au sujet: nulla quaestio, donc, sur l'insoutenabilité des positions, même généralisées, de ceux qui soutiennent l'inexistence du problème. La question, en revanche, concerne les moyens concrets de l'aborder et, espérons-le, de le résoudre. De ce point de vue, si le technocapital se fonde essentiellement sur l'utilisabilité illimitée de l'entité en vue du renforcement incommensurable de la volonté de puissance, il s'ensuit que, de toute façon, il s'agit d'une forme de production destinée à provoquer sa propre fin: soit parce que, avec sa dévastation de la terre, elle provoquera finalement la fin de toutes choses (et donc aussi d'elle-même), soit parce que, pour éviter cet épilogue, elle devra s'arrêter et donc aussi, dans ce cas, déterminer sa propre disparition. Face à ces deux possibilités, le technocapital tente d'en poursuivre une troisième, verte, basée sur la technologie et la géo-ingénierie.

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En réalité, cette possibilité est intimement contradictoire et ne fait en vérité que proposer à nouveau - peut-être de manière différée - la première perspective, celle de la fin de toute chose provoquée par ce système, appelé capitalisme, qui, tel un cancer, anéantit le corps qui l'abrite. Et pourtant, aujourd'hui, elle semble être la vision dominante des choses, également pour les raisons déjà partiellement expliquées, rendant minoritaire la seule position rationnelle : celle qui propose, comme seule issue, le changement radical d'un modèle socio-économique, c'est-à-dire le dépassement du capitalisme. Le fait que la nouvelle gauche épouse les raisons de l'économie verte, désertant une fois de plus la voie de l'anticapitalisme, est une preuve supplémentaire de notre thèse de sa réabsorption dans les spirales du turbo-capitalisme. Le quid proprium de la gauche néolibérale, c'est le détournement de la question des droits sociaux vers celle des droits civiques et de la protection de l'environnement.

La progression de la gauche verte, de l'Allemagne à la Californie, constitue un autre exemple probant de l'essence gauchiste du néolibéralisme progressiste et de la métamorphose de la gauche elle-même. D'une part, la sensibilité verte, avec son besoin de protéger l'environnement, détourne le regard de la contradiction socio-économique et de la nécessité de protéger les travailleurs et les classes les plus faibles: pour les "militants" de la gauche verte, l'indignation face aux "bouteilles en plastique" ou aux "voitures polluantes" coexiste avec l'acceptation indifférente de l'exploitation du travail ou avec les armées de vagabonds et de sans-abri qui vivent aux marges des métropoles opulentes.

Précarité : la misère du travail et la flexibilité existentielle

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Précarité : la misère du travail et la flexibilité existentielle

Diego Fusaro

Source: http://adaraga.com/precariedad-la-miseria-del-trabajo-y-la-flexibilidad-existencial/ 

Le nouvel "empire de l'éphémère", c'est-à-dire le scénario de type Babel de l'après-1989, se caractérise à tous égards par une attaque frontale contre les salaires (directs, indirects, différés et sociaux) et les droits acquis.

Cette attaque, à travers les pratiques de privatisation et de libéralisation de la compétitivité, va déconstruire le service national de santé, la sécurité sociale, la médecine, l'éducation, les pensions: en bref, elle s'attaque à tout l'État-providence qui avait été une conquête des luttes du mouvement ouvrier, plaçant le nouveau "quatrième pouvoir" flexible et migrant des travailleurs intermittents dans la position de devoir accepter des emplois mal payés et à temps partiel, sans avoir droit à la protection d'une convention collective. Ce cadre comprend également des licenciements économiques, par lesquels les travailleurs plus âgés, toujours protégés par le système de protection sociale et dont les coûts sont nécessairement plus élevés, sont "incités" à partir en faveur de travailleurs plus jeunes, embauchés sur la base de "licenciements garantis" et de "contrats de collaboration temporaire", avec pour conséquence le non-renouvellement en cas de "sureffectif".

La rupture des relations de travail a pour effet une large segmentation de l'emploi ; un effet dont seuls le capital et sa classe de référence bénéficient. Des différences sont introduites dans les conditions de travail, dans les possibilités de promotion, de stabilisation et de développement professionnel, dans les degrés de protection, la reconnaissance des droits, mais aussi dans la possibilité de contester et de réagir à la politique de classe. C'est le résultat d'un processus lent et obstiné d'érosion des droits et de colonisation convergente des consciences en pleine cohérence avec le massacre de classe géré unilatéralement par la classe dominante.

Si en 2000, des millions de personnes étaient descendues dans les rues de Rome pour protester contre l'abrogation de l'article 18, déjà programmée à cette époque, et que cela avait déterminé son maintien, en 2012 la suppression a été menée à bien, qui plus est avec la connivence des dominés, convaincus, grâce à l'action omniprésente de la fabrique du consensus et de l'industrie de l'imaginaire, de la nécessité de "réformes", de "restructurations" et de "modernisations" au profit exclusif du capital.

Le Statut des travailleurs étant épuisé, c'est désormais l'entreprise et le seigneur post-bourgeois qui décident souverainement de la fin du contrat de travail. Derrière le nom vénérable de "réforme" se cache une nouvelle attaque de classe brutale contre les droits du travail et du serf. Seule la loi du marché régit désormais les relations. Au nom de la concurrence inconditionnelle et de la compétitivité libéralisante, le gagnant est celui qui sait s'adapter, c'est-à-dire celui qui sait abandonner le plus de droits et le plus de temps de vie. Et celui qui ne s'adapte pas est licencié, destiné à rejoindre l'immense réserve industrielle des chômeurs qui se pressent aux portes des villes en quête de projets.

Par essence, la concurrence est, bien sûr, un concept qui est loin d'être neutre. En effet, son admission implique, par le fait même, l'acceptation de la loi du libre marché comme paradigme universel dans lequel les gagnants sont toujours et uniquement le libre marché lui-même et le maître que constitue la classe dirigeante qui lui est organique. Avec les travailleurs, les employeurs qui respectent encore les règles et qui, avec une conscience malheureuse, protègent les valeurs les plus élémentaires du respect de la dignité humaine, sont promptement vaincus. Accepter la règle de la lutte concurrentielle signifie, pour cette même raison, accepter la licence de l'élite à dominer sans opposition, en exploitant sans réserve le travail flexible, précaire, de plus en plus libéré des protections sociales conquises et garanties par l'État.

Il suffit de citer un seul exemple. Une chaîne hôtelière stipule des contrats de huit jours avec des travailleurs aux horaires réguliers. Soudain, de nouveaux travailleurs prennent la relève, avec des contrats prévoyant des horaires de douze heures et un plus grand nombre de chambres à aménager (trente par équipe). Ces nouveaux travailleurs remplacent bientôt les anciens, selon la logique d'une compétitivité qui se confirme une fois de plus comme une licence permettant aux plus forts d'exploiter librement les plus faibles.

En réalité, la mondialisation du marché ne coïncide pas seulement avec la déréglementation, qui est également présente dans divers secteurs et sous divers profils. À côté de cela, il y a aussi un projet grandiose de "re-réglementation" visant à produire une pléthore de dispositions et de lois qui, sur le plan juridique, fixent les règles fonctionnelles à la précarité du travail tout en protégeant les intérêts du maître. La dérégulation de l'ancien système interne de l'Etat-providence et la re-régulation au sens libéral au profit de l'oligarchie financière sont donc liées.

Grâce au rythme de la mondialisation, le capital est en mesure de récupérer rapidement ce qui lui a été volé par le conflit et l'indocilité raisonnée du serf, mais aussi par l'expérience des communismes du 20ème siècle, non sans contradictions : des salaires et des droits sociaux élevés, des restrictions étatiques et législatives au licenciement, des protections syndicales fortes et le droit de grève. Les conquêtes du travail, les droits sociaux, la reconnaissance du serviteur, les prescriptions mêmes de la Constitution italienne, sont pour le capital une "citadelle" (Luciano Gallino) qui retient la compétitivité et qui, en tant que telle, doit être conquise au nom de la concurrence planétaire : elles sont, dans la syntaxe des Grundrisse de Marx, cette limite que la norme de l'accumulation incommensurable et de la croissance infinie doit nécessairement déborder pour s'imposer absolument.

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Diego Fusaro

Diego Fusaro (Turin, 1983) est professeur d'histoire de la philosophie à l'IASSP de Milan (Institut des hautes études stratégiques et politiques), dont il est également le directeur scientifique. Il a obtenu son doctorat en philosophie de l'histoire à l'université Vita-Salute San Raffaele de Milan. Fusaro est un disciple du penseur marxiste italien Costanzo Preve et du célèbre Gianni Vattimo. Il est spécialiste de la philosophie de l'histoire, notamment de la pensée de Fichte, Hegel et Marx. Il s'intéresse à l'idéalisme allemand, à ses précurseurs (Spinoza) et à ses successeurs (Marx), avec un accent particulier sur la pensée italienne (Gramsci ou Gentile, entre autres). Il est éditorialiste pour La Stampa et Il Fatto Quotidiano. Il se définit comme un "disciple indépendant de Hegel et de Marx".

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Jusqu'au dernier Ukrainien! La doctrine de Biden et l'avenir de l'Ukraine

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Jusqu'au dernier Ukrainien!

La doctrine de Biden et l'avenir de l'Ukraine

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2023/06/13/viimeiseen-ukrainalaiseen-bidenin-doktriini-ja-ukrainan-tulevaisuus/

"Joe Biden a créé pour les États-Unis une guerre comme on n'en avait jamais vu auparavant : une guerre dans laquelle d'autres meurent et où les États-Unis se contentent de rester assis et de payer une énorme facture", écrit Peter Van Buren.

Les Américains n'essaient même pas d'intervenir dans la guerre par la diplomatie, tandis que les propositions de paix d'autres pays, comme celles qu'ont formulées les Chinois, sont rejetées et considérées comme des tentatives d'accroître leur propre influence.

Van Buren estime que l'administration Biden a tiré les leçons de la guerre froide et compare la "doctrine Biden" à l'idée d'une "guerre sans fin, sans fin, et encore sans fin, qui n'est jamais censée être gagnée", comme dans le roman dystopique d'Orwell, 1984.

Après plus d'un an d'une nouvelle phase chaude du conflit ukrainien, la stratégie de Biden est devenue assez claire : en quinze mois, l'"aide" envoyée à l'Ukraine est passée de casques et d'uniformes à des chasseurs F-16 et à d'autres armements, sans qu'aucune fin ne soit en vue pour cette exportation d'armes.

Bien sûr, les armes américaines ne sont jamais suffisantes pour gagner, mais elles sont toujours "juste assez" pour poursuivre le combat jusqu'au prochain round. "Si les Ukrainiens pensent qu'ils jouent avec les États-Unis pour obtenir des armes, ils feraient mieux de vérifier qui paie vraiment tout avec leur sang", suggère M. Van Buren.

D'une certaine manière, Poutine joue ce jeu lui-même, en veillant à ne rien déployer de trop puissant, comme des bombardiers stratégiques, et à ne pas rompre l'équilibre qui donnerait à Biden une excuse pour intervenir directement dans la guerre.

L'avantage supplémentaire de l'aide à l'armement à l'Ukraine est, bien sûr, qu'après avoir envoyé du matériel obsolète, le Pentagone peut utiliser les fonds approuvés par le Congrès pour reconstituer son stock épuisé en achetant à nouveau de nouvelles armes aux entreprises de défense.

"La stratégie américaine semble être basée sur la création d'une sorte de tirage au sort terrifiant, avec deux camps alignés de part et d'autre du terrain qui se tirent dessus jusqu'à ce que l'un d'eux abandonne pour la journée", estime M. Van Buren.

Une stratégie similaire a été utilisée pendant la guerre civile américaine et la Première Guerre mondiale, mais en Ukraine, les armées s'affrontent avec des lance-roquettes, des mitrailleuses et d'autres armes mortelles du 21ème siècle, bien plus efficaces que le mousquet ou la mitrailleuse Gatling.

À la question de savoir combien d'Ukrainiens devront encore mourir, M. Biden a déjà répondu clairement : "probablement tous", affirme M. Van Buren. "Pour toute autre réponse, il faut croire cyniquement que M. Biden pense qu'il peut simplement acheter la victoire".

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Depuis que la Russie a commencé son opération spéciale en Ukraine, les États-Unis ont envoyé plus de 40 milliards de dollars d'aide militaire à Kiev, ce qui représente le plus important transfert d'armes de l'histoire des États-Unis. Faut-il détruire toute la région dans ce jeu de grandes puissances ?

Une profonde tragédie humaine est inévitablement aussi une énorme opportunité économique pour certaines parties. L'Ukraine est déjà considérée comme "le plus grand chantier du monde". Le New York Times a répété une prédiction selon laquelle la reconstruction coûtera 750 milliards de dollars, créant ainsi une "nouvelle ruée vers l'or".

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Les pertes humaines de la guerre en cours sont énormes, aussi chez les adversaires des Ukrainiens de Zelenski. Ici, un cimetière militaire ossète à Vladikavkaz.

C'est dans cette optique que plus de 300 entreprises de 22 pays se sont inscrites à l'exposition et à la conférence Rebuild Ukraine à Varsovie. À Davos, le Forum économique mondial a également discuté des "opportunités d'investissement" qui s'ouvriront plus tard en Ukraine.

"Il est clair que les entreprises américaines peuvent devenir le moteur de la croissance économique mondiale", a déclaré M. Zelenski au début du mois de février, faisant l'éloge de BlackRock, JP Morgan, Goldman Sachs et d'autres "investisseurs providentiels" avec lesquels un "protocole d'accord" a déjà été signé pour reconstruire l'Ukraine, après la défaite supposée de la Russie.

La ruée vers l'or potentielle pour la reconstruction est un ajout intéressant à la stratégie de M. Biden, qui semble ignorer le bilan humain. Plus les infrastructures détruites par la guerre seront nombreuses, plus il faudra en reconstruire, ce qui augmentera les revenus des grandes entreprises américaines. Est-ce là l'objectif du slogan de campagne de M. Biden, "Build back better" (reconstruire en mieux) ?

La "doctrine Biden" est d'une simplicité cynique. Les États-Unis évitent de s'impliquer directement dans les combats, mais ils incitent les autres à le faire. D'énormes quantités d'armes sont envoyées au régime fantoche créé en Ukraine pour que les combats se poursuivent jusqu'à la mort du dernier Ukrainien. Lors de la phase de reconstruction, les entreprises américaines devraient engranger d'énormes bénéfices, ce qui favorisera l'économie américaine et le dollar.

"Washington compte sur le fait qu'à long terme, nous nous contenterons d'un résultat qui ramènera la situation à ce qu'elle était avant 2022", affirme M. Van Buren. D'ici là, l'administration Biden est "censée saigner les Russes à blanc, comme une répétition de la guerre d'Afghanistan dans les années 1980".

Le Kremlin est certainement au courant du plan américain, mais quel est le plan des Russes ? L'épuisement des arsenaux des pays occidentaux de l'OTAN ? Qu'arrivera-t-il au régime fantoche de Zelenski si la "contre-attaque" précédemment annoncée échoue et que le brouillard de la guerre de l'information se dissipe ?

MKULTRA, le plan de la CIA pour le contrôle de l'esprit

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MKULTRA, le plan de la CIA pour le contrôle de l'esprit

Emanuel Pietrobon

Source: https://it.insideover.com/schede/storia/mkultra-obiettivo-controllo-della-mente.html

La grande majorité des États et des sociétés ne sont pas encore prêts à affronter les grandes révolutions dans les affaires militaires du 21ème siècle, à savoir les guerres cognitives, les guerres entre les robots et leur progéniture - les guerres neuronales -, qui prévoient et promettent de changer radicalement les conflits, tant ouverts que secrets, en augmentant leur perniciosité et leur omniprésence au-delà de l'imagination.

La vulnérabilité à ces nouveaux modes de guerre change selon le contexte, en fonction de la résilience cognitive de la population et des boucliers cybernétiques érigés pour protéger les infrastructures critiques, et ce que l'Occident pense et croit être ses forces - l'interconnectivité, l'hypertechnologie, le pluralisme - sont, en réalité, des talons d'Achille. La tempête parfaite se prépare.

S'il est vrai que le vainqueur de la course à l'espace jettera les bases du début définitif de la colonisation humaine de l'espace lointain, et que la course à la suprématie technologique aboutira à la fois à des superintelligences artificielles anthropomorphes et à des super-soldats post-humains - ressemblant davantage à un Homo Roboticus qu'à un Sapiens Sapiens 2.0 -, il est tout aussi vrai que le ou les champions de la course au cerveau seront récompensés par la connaissance de tous les arcanes de l'esprit humain, dont ils deviendront les maîtres.

L'Occident, à l'exception des États-Unis, ne semble pas avoir pleinement saisi les implications historiques et les répercussions militaires de la course aux cerveaux, chapitre clé et silencieux de la compétition entre les grandes puissances. C'est sous-estimer le potentiel, mais aussi les risques, d'un défi qui, s'il n'est pas relevé de manière adéquate, polarisera, radicalisera et fracturera davantage les sociétés occidentales déjà faibles et divisées. Parlons de l'Alliance atlantique.

Cela peut sembler paradoxal, bien que l'histoire suggère que ce n'est pas du tout le cas, mais l'Amérique, ses sœurs de l'anglosphère et l'Europe occidentale ont traditionnellement été de véritables "grandes puissances de l'esprit". Aujourd'hui, elles marchent lentement, se traînent ou poursuivent leur trajectoire cahin-caha, mais hier, elles couraient et lançaient des tendances. L'ère des guerres cognitives elle-même, après tout, n'est que le fruit mûr, à distance, des recherches sur l'esprit menées par les puissances occidentales pendant la guerre froide. Comme le titanesque projet MKULTRA.

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La plus impressionnante recherche sur l'esprit de tous les temps

MKULTRA a été le plus grand et le plus long programme de recherche sur le fonctionnement de l'esprit de l'histoire des États-Unis et du monde, dans le cadre duquel a été commise la plus grande et la plus grave violation du code de Nuremberg sur l'expérimentation humaine et la bioéthique.

Inspiré et influencé par les études nazies (et, dans une certaine mesure, japonaises) sur le conditionnement mental et la modification du comportement, auxquelles les États-Unis auraient eu accès en extroduisant clandestinement des secrets hors des bunkers allemands et en attirant des cerveaux et des gènes maléfiques par le biais de l'opération Paperclip, le MKULTRA a été le ventre qui a donné naissance aux guerres cognitives plusieurs décennies plus tard.

Les scientifiques du MKULTRA sont aujourd'hui responsables d'une grande partie de ce que l'on sait sur les mécanismes du cerveau et sur les origines et la logique du comportement. Les propagandistes, les ingénieurs sociaux, les psychostratèges et les neuroscientifiques sont tous, de diverses manières et pour des raisons similaires, redevables à ce programme.

Basé sur un cryptonyme à la signification éloquemment anonyme - MK signifie Support of the Bureau of Technical Services, ULTRA est l'abréviation d'ultra-secret -, MKULTRA est officiellement né en 1953, sous l'impulsion d'Allen Dulles, afin de vérifier si les rumeurs de contrôle mental par des savants fous du IIIe Reich, en partie corroborées par deux projets américains d'après-guerre - Bluebird et Artichoke - pouvaient déboucher sur quelque chose de concret. Quelque chose comme le mythique sérum de vérité - à utiliser sur les prisonniers. Comme une théorie du contrôle social - à appliquer à l'opinion publique. Et comme une méthode pour créer des assassins involontaires télécommandés - les "candidats mandchous".

Vingt ans, c'est-à-dire de 1953 à 1973. C'est la durée de vie de MKULTRA. Plus de 80 institutions de toutes sortes, des universités aux prisons, des hôpitaux psychiatriques aux entreprises pharmaceutiques, y auraient participé. Des milliers de scientifiques ont été impliqués, et autant de cobayes, dans quelque 150 projets. Les résultats obtenus sont inconnus, du moins c'est ce que l'on veut nous faire croire.

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La longue nuit du MKULTRA

Outre des dizaines de sommités de l'Allemagne nazie et du Japon fasciste, certains des neuroscientifiques, psychologues, sociologues et ingénieurs sociaux les plus hétérodoxes et éclectiques des États-Unis ont pris part au programme MKULTRA. C'est le cas de Sidney Gottlieb, génie de la chimie, et de Donald Ewen Cameron, président de l'Association mondiale de psychiatrie. Les expériences seront menées non seulement dans les prisons et les hôpitaux psychiatriques d'Amérique du Nord, mais aussi dans le reste de l'Occident et dans certaines parties de l'Asie.

Dans le cadre du MKULTRA, pendant vingt ans, des équipes de neuroscientifiques, de psychologues, de sociologues et de médecins sans scrupules, parfois conscients qu'ils travaillaient pour le compte de la Central Intelligence Agency, parfois non, se sont consacrés à la poursuite des objectifs les plus disparates :

    - Le développement de l'hypnose et de ses utilisations militaires;

    - La création de "candidats mandchous", c'est-à-dire de personnes qui sont inconsciemment psycho-commandées à distance et qui, au moment opportun, peuvent être transformées en tueurs;

    - La fabrication de sérums et/ou la découverte de méthodes pour résister aux tentatives de lavage de cerveau;

    - La formulation d'un sérum de vérité à utiliser lors des interrogatoires des espions communistes capturés aux États-Unis et dans le monde entier;

    - La production de substances capables de provoquer un déclin cognitif irréversible chez la victime - la rendant, par exemple, chroniquement fatiguée, impulsive et incapable de penser logiquement - et de générer les effets inverses - une amélioration permanente des facultés cognitives et intellectuelles;

    - La production d'armes radiologiques capables de provoquer des maladies neurodégénératives et des déficiences physiques chez les victimes;

    - La recherche d'une méthode et/ou d'une substance capable d'effacer à la fois des souvenirs spécifiques et la mémoire entière;

    - Le reformatage complet du cerveau humain - les expériences de Montréal;

    - L'expérimentation de drogues, d'hypnotiques et de substances psychédéliques, en particulier l'α-méthyltryptamine, la cocaïne, le diéthylamide de l'acide lysergique (LSD), la diméthyltryptamine (DMT), la mescaline, la psilocybine et le témazépam - MKSEARCH;

    - Le développement de nouvelles techniques d'interrogatoire, lorsqu'elles sont basées sur la psychologie et l'hypnose et lorsqu'elles font appel à des composés psychotropes - Opération Midnight Climax.

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La découverte de la boîte de Pandore

Le monde a pris conscience de l'existence du MKULTRA après le Watergate, grâce à un article du New York Times dénonçant les prétendues expériences illégales menées par la CIA sur des citoyens américains au cours de la décennie précédente. Une accusation trop grave pour passer inaperçue et qui aurait été reprise par les commissions d'enquête Church et Rockefeller.

Les deux commissions sont arrivées à la même conclusion que le New York Times : la CIA avait bien mené des activités dépassant les limites de la bioéthique, dont certaines se sont révélées mortelles - la mort par overdose de MDA de Harold Blauer -, dans le cadre d'un programme de recherche baptisé MKULTRA. Mais personne n'a voulu payer pour les crimes commis dans le cadre de cette gigantesque recherche sur les secrets de l'esprit. Gottlieb, par exemple, a été entendu en tant que personne impliquée par les enquêteurs de la Commission Church et s'en est tiré en disant qu'il se souvenait peu de ces années et qu'il avait joué un rôle marginal dans l'ensemble de l'opération.

La présidence Ford, sous la pression de l'opinion publique, prendra acte des conclusions et métabolisera les recommandations de la Commission Church, en publiant l'Executive Order on Intelligence Activities en 1976. Il s'agit d'une interdiction explicite des tests de dépistage de drogues sur des cobayes humains sans consentement éclairé, qui sera élargie par la suite par Jimmy Carter et Ronald Reagan.

Entre vérité et légende

L'essor des guerres cognitives, la mise au point de nouvelles méthodes d'interrogatoire et l'avènement du neuromarketing sont les principaux héritages de l'enquête de 20 ans sur la compréhension des rouages qui sous-tendent le fonctionnement du cerveau et les origines du comportement humain qu'a été le MKULTRA.

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Mais au-delà des faits, il y a (beaucoup) plus. Car MKULTRA est né et mort dans l'anonymat le plus total, entouré d'une aura de mystère impénétrable qui a, non sans raison, aiguisé l'imagination de générations entières de passionnés de conspiration et celle des scénaristes hollywoodiens. La série Stranger Things n'est que le dernier en date des nombreux produits de l'industrie du divertissement à grand renfort de stars inspirés par les événements de MKULTRA.

Réalité et science-fiction s'entremêlent et façonnent l'intrigue de Stranger Things, avec une nette prépondérance pour la fiction, mais l'histoire suggère qu'il n'est pas incorrect d'affirmer que les scientifiques fous du MKULTRA cherchaient des monstres. Car, faits à l'appui - l'obsession des "candidats mandchous" - c'est ce qu'ils faisaient. Et si l'on veut bien suspendre un instant son incrédulité, il se pourrait bien qu'ils aient réussi à les créer.

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James Bulger, le chef historique de la mafia irlando-américaine - dont la vie a été portée au grand écran par Johnny Depp dans Black Mass - a été soumis à des injections hebdomadaires de LSD lors de son incarcération à Atlanta en 1957. Ces expériences ont eu lieu dans le cadre de MKULTRA et auraient altéré le psychisme de Bulger, accentuant irrémédiablement ses côtés les plus antisociaux et le transformant d'un petit délinquant socialement récupérable en l'un des criminels les plus dangereux du pays. Une thèse soutenue, soit dit en passant, par l'un des juges qui l'ont condamné à la fin de sa peine en 2013.

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Sirhan Sirhan, l'assassin de Bob Kennedy, a toujours affirmé qu'il ne se souvenait pas du moment de l'assassinat de l'homme politique. Les tentatives pour l'aider à retrouver la mémoire de l'incident ont été en partie infructueuses. Selon la défense de Sirhan, soutenue par des sommités de la psychiatrie - dont Eduard Simson-Kallas et Daniel Brown - le jeune homme a été hypnotisé ce jour de juin 1968. Le premier (possible) candidat mandchou de l'histoire.

Ted Kaczynski, également connu sous le nom de Unabomber, n'a pas toujours été un ermite misanthrope aux pulsions meurtrières et aux ambitions terroristes. C'était une personne bizarre et éclectique - comme tout génie - mais absolument paisible au début de sa vie. Du moins jusqu'à ce qu'il entre à Harvard et devienne le cobaye d'une étude de modification du comportement parrainée par la CIA, dirigée par Henry Murray et supervisée à distance par Gottlieb.

Et si Kaczynski, l'enfant prodige doté d'un des QI les plus élevés jamais mesurés et devenu inexplicablement un misanthrope multi meurtrier, était un produit du MKULTRA ? Combien de "bombes humaines à retardement" la CIA a-t-elle créées ? Combien ont explosé et combien attendent de le faire ? Des questions gênantes, également valables pour Bulger et Sirhan, que le LA Times a posées en 1999 dans un article approfondi consacré aux recherches de la CIA sur le contrôle mental et intitulé avec éloquence We're Reaping Tragic Legacy from Drugs (Nous récoltons l'héritage tragique des drogues). Et à laquelle, des années plus tard, personne n'a encore répondu.

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La guerre contre le monde multipolaire

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La guerre contre le monde multipolaire

par Hauke Ritz*

Source: https://www.sinistrainrete.info/geopolitica/25572-hauke-r...

D'éminents hommes politiques laissent entendre qu'il existe un risque d'escalade continue de la guerre en Ukraine parce qu'une victoire russe serait pire qu'une troisième guerre mondiale. Quelle est la raison de cet énorme désir d'escalade ? Pourquoi ne semble-t-il pas y avoir de plan B ? Pourquoi les élites politiques américaines et allemandes ont-elles lié leur destin à l'imposition d'un ordre mondial dirigé par l'Occident ?

Monde multipolaire

On ne peut ignorer que le monde occidental est en proie à une sorte de frénésie guerrière à l'égard de la Russie. Chaque escalade semble conduire presque automatiquement à la suivante. Dès que la livraison de chars à l'Ukraine a été décidée, il a été question de la livraison d'avions de chasse. Alors qu'un drone américain venait d'être abattu près de la frontière russe par le passage rapproché d'un avion de chasse russe, la Cour pénale internationale de La Haye a lancé un mandat d'arrêt à l'encontre de Vladimir Poutine. En criminalisant le président russe, l'Occident a délibérément détruit la voie d'un règlement négocié et porté l'escalade à un niveau supérieur. Mais comme si ce niveau n'était pas assez élevé, la Grande-Bretagne a annoncé la livraison de munitions à l'uranium, considérées comme des armes "conventionnelles" qui laissent une contamination radioactive sur le site de l'explosion. La réponse de Moscou ne s'est pas fait attendre et a consisté en la décision de placer des armes nucléaires tactiques en Biélorussie, à proximité immédiate.

L'abandon du contrôle de l'escalade

D'où vient cette disposition quasi automatique à l'escalade de la part des hommes politiques au pouvoir aujourd'hui ? S'agit-il d'un phénomène de décadence ? Il en va de même lorsque l'adaptation au Zeitgeist (l'esprit du temps) est devenue plus importante que l'adaptation à la réalité. Ou bien la volonté d'escalade peut-elle être expliquée rationnellement ? S'agit-il peut-être de l'expression d'un certain objectif politique qui a été menacé mais qui ne peut être abandonné par la classe politique au pouvoir et qui, par conséquent, ne semble pouvoir être atteint que par le biais d'un pari ?

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Une déclaration très significative du secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, le 18 février, lors de la conférence de Munich sur la sécurité, suggère cette dernière hypothèse : Stoltenberg a admis dans son discours qu'en continuant à soutenir l'Ukraine, il y avait un risque d'escalade militaire entre l'OTAN et la Russie qui ne pouvait plus être contrôlé. Toutefois, il a fait suivre cet aveu d'une précision immédiate : il n'y a pas de solution sans risque et "le plus grand risque serait une victoire russe". D'une certaine manière, Stoltenberg a légitimé le risque d'une escalade militaire entre les deux superpuissances nucléaires. En d'autres termes, on peut prendre le risque d'une escalade en toute sécurité, car une victoire russe en Ukraine serait potentiellement pire qu'une troisième guerre mondiale.

On pourrait considérer la déclaration de Stoltenberg comme irrationnelle si elle ne s'inscrivait pas dans la lignée d'autres déclarations alarmantes faites par des hommes politiques, des militaires et des personnes qui gravitent dans ces univers. Pensez, par exemple, à la remarque confiante de Rob Bauer, président du Comité militaire de l'OTAN, qui s'est dit certain que Poutine n'utiliserait pas d'armes nucléaires, même en cas d'escalade (1). Le fait que d'autres dirigeants de l'OTAN pensent de la même manière a été récemment révélé par une prostituée (Hanna Lakomy dans le "Berliner Zeitung") qui fréquente ces cercles. Même le chef du gouvernement hongrois, Victor Orban, a récemment averti que les pays occidentaux étaient sur le point de discuter sérieusement de l'envoi de leurs propres troupes en Ukraine. Deux jours plus tard, le célèbre journaliste d'investigation Seymour Hersh, connu pour ses sources dans la bureaucratie de Washington, a lancé des avertissements très similaires. Selon Hersh, le gouvernement américain envisage d'envoyer ses propres troupes en Ukraine sous le couvert de l'OTAN. Le président serbe, quant à lui, a commenté la nouvelle du mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale contre le président russe en ces termes : "Et je suis prêt à vous dire que je crains que nous ne soyons pas loin de l'éclatement de la troisième guerre mondiale". Car une situation s'est créée "où les deux parties parient sur le tout ou rien et risquent gros". En décembre dernier, le légendaire secrétaire d'État américain Henry Kissinger avait exprimé des sentiments similaires. Dans son article intitulé "Comment éviter une autre guerre mondiale", il a décrit comment les positions absolutistes s'affrontent dans cette guerre, ce qui pourrait effectivement conduire à l'éclatement d'une guerre mondiale.

De telles déclarations soulèvent la question de savoir ce qui se passe réellement en Ukraine : quel est le véritable objectif de cette énorme volonté d'escalade ? Les bassins miniers du Donbass ? Probablement pas. Mais alors, de quoi s'agit-il ?

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Le contraste entre l'ordre mondial unipolaire et l'ordre mondial multipolaire

La thèse de travail de cet essai est que deux concepts d'ordre mondial sont confrontés dans le conflit ukrainien, à savoir le contraste entre un ordre mondial unipolaire et un ordre mondial multipolaire. Les caractéristiques des deux principes de l'ordre mondial seront développées et comparées dans ce qui suit.

Si l'on examine les documents de politique étrangère publiés au cours des deux dernières décennies par les principales revues occidentales de politique étrangère (par exemple, aux États-Unis, "Foreign Affairs", une revue du Council on Foreign Relations, ou en Allemagne, "Internationale Politik", une revue de la DGAP - German Council on Foreign Relations), une circonstance est particulièrement frappante : dans ces publications, l'objectif d'un monde normativement gouverné par les États-Unis ou l'OTAN n'est pas remis en question, mais toujours supposé. L'échec potentiel de la domination occidentale n'est même pas envisagé, pas même comme une possibilité. La situation est similaire à celle de presque tous les autres groupes de réflexion américains ou allemands et de leurs publications sur la géopolitique et la politique étrangère. Pour ces institutions, la validité de l'ordre mondial centré sur l'Occident est irréfutable, tandis que le déclin de la Russie est considéré comme acquis.

En d'autres termes, il ne semble pas y avoir actuellement de "plan B" dans la planification politique occidentale. C'est précisément l'absence d'un tel plan qui pourrait expliquer l'énorme empressement de l'Occident à l'escalade. Pour une raison ou une autre, l'élite politique des États-Unis, mais aussi de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et de nombreux autres pays, a lié son destin politique à l'imposition d'un ordre mondial dirigé par l'Occident. Les Occidentaux semblent dominés par l'idée que la guerre en Ukraine pourrait conduire à un changement de régime à Moscou et donc à une restauration de la puissance occidentale. Mais maintenant que, contre toute attente, la domination de l'Occident a commencé à s'effriter, les réactions hystériques susmentionnées se produisent.

Pour aller au cœur du conflit, nous devons donc répondre à la question de savoir ce qu'est réellement un ordre mondial dirigé par l'Occident, pourquoi on l'appelle aussi ordre mondial unipolaire, entre autres, et quel est son contre-concept.

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Caractéristiques de l'ordre mondial unipolaire

Un ordre mondial unipolaire est un ordre mondial structuré de telle sorte qu'une seule région du globe est réellement assez développée pour être le pôle de pouvoir qui façonne toutes les sphères du monde moderne. Dans un ordre mondial unipolaire, par exemple, une grande partie de la puissance militaire serait concentrée entre les mains d'une seule superpuissance ou d'une alliance d'États. En raison de cette concentration du pouvoir, il y aurait également une norme unique en matière de politique étrangère qui structurerait la politique étrangère de tous les pays. Une politique étrangère souveraine serait, pour ainsi dire, façonnée uniquement par le centre, le pôle unique ; le reste du monde, c'est-à-dire la périphérie, devrait suivre.

Dans un monde unipolaire, le pôle de puissance façonnerait les conditions-cadres des relations économiques mondiales, par exemple en propageant la théorie économique généralement acceptée et en contrôlant des institutions importantes telles que la Banque mondiale, le FMI ou même les gestionnaires de grands fonds. Le pôle de puissance exercerait également un contrôle sur une part importante des produits de base mondiaux, des routes commerciales terrestres et maritimes et de la facturation mondiale. En raison de ce monopole économique, la croissance économique des autres régions du monde pourrait être affectée, ce qui réduirait considérablement la possibilité d'émergence d'un second pôle de puissance.

Dans un ordre mondial unipolaire, même les tendances à long terme du développement technologique seraient conçues et façonnées par un seul pôle de puissance, qui dominerait simultanément le développement et la conception du système financier mondial et la réglementation juridique des relations économiques.

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Tout cela conduirait le droit international à prendre la forme d'une politique intérieure mondiale. Enfin, dans un ordre mondial unipolaire, le développement de la culture serait également orienté vers le centre mondial : toutes les tendances décisives prendraient naissance au centre et se propageraient de là à la périphérie. Cela influencerait des aspects aussi divers que la forme du système éducatif, l'émergence de modes, de tendances esthétiques et de styles, et même la question des critères selon lesquels les artistes et les écrivains, ainsi que les scientifiques et leurs théories, obtiennent ou non une reconnaissance internationale. En bref, toutes les questions relatives au développement de la civilisation seraient déterminées par une puissance centrale dans un ordre mondial unipolaire.

En un sens, un ordre mondial unipolaire créerait un monde dans lequel l'extérieur ou l'autre disparaîtrait. Dans un monde unipolaire, il n'y aurait qu'un seul pôle de pouvoir et donc un seul modèle de civilisation. Un ordre mondial unipolaire serait à terme un empire dont la sphère de pouvoir engloberait, pour la première fois dans l'histoire, l'ensemble du globe : le monde prendrait une structure totalement immanente.

De 1991 à 2022 - Un ordre mondial unipolaire en devenir

Cette liste de caractéristiques d'un monde unipolaire a été délibérément rédigée à l'image et à la ressemblance de cet ordre mondial pour bien souligner son caractère présomptueux, voire anti-humaniste. Il faut cependant garder à l'esprit qu'un ordre mondial unipolaire existe déjà sous une forme latente depuis la dissolution de l'Union soviétique en décembre 1991, et que nombre des critères énumérés décrivent déjà notre monde d'aujourd'hui. La situation des trois dernières décennies n'est pas le résultat d'un processus de développement naturel, mais plutôt le résultat imprévu de l'effondrement chaotique de l'Union soviétique, qui a pris presque tous les contemporains par surprise. C'est donc un tournant historique difficilement prévisible qui a conduit les États-Unis à jouer le rôle de pôle de puissance unipolaire dans les années 1990.

Au cours de la première décennie et demie qui a suivi l'effondrement de l'URSS, les États-Unis ont été en mesure de déterminer presque seuls la forme de la politique mondiale. Ils ont dominé toutes les institutions internationales, telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, ainsi que de nombreuses fondations actives au niveau international et, depuis les années 1990, de plus en plus d'organisations non gouvernementales qui, dans de nombreux cas, peuvent certainement être considérées comme des organisations semi-gouvernementales. Enfin, les États-Unis ont également exercé une grande influence dans le domaine de la culture (soft power), dans la mesure où les tendances et les modes apparues aux États-Unis ont influencé le développement de la culture mondiale dans son ensemble. En outre, ils ont pu déterminer de manière indépendante la normalisation de nouvelles technologies telles que l'internet et les téléphones portables et les utiliser à des fins d'influence culturelle et d'espionnage.

On peut donc dire que l'ordre mondial unipolaire a été en suspens de 1991 jusqu'à la crise financière de 2008. Bien que le monde ait déjà eu une structure unipolaire à cette époque, les critères décisifs pour la mise en œuvre complète de l'unipolarité manquaient encore. Cependant, les États-Unis étaient si forts dans leur nouvelle position de puissance qu'ils ont mal évalué le risque lié à l'établissement définitif d'un tel ordre. À partir du mandat de George W. Bush Jr., l'ordre mondial unipolaire a été ouvertement proclamé par les États-Unis, divisant le monde en États amis et ennemis (les "États voyous").

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Les premiers signes de crise de l'ordre mondial unipolaire après 1991

L'euphorie a été de courte durée. Trois facteurs principaux ont provoqué l'érosion progressive du rôle des États-Unis en tant que pôle de puissance unipolaire dans la politique mondiale : tout d'abord, à partir de 2003, les États-Unis ont mis en jeu leur réputation politique mondiale en adoptant un comportement ouvertement impérialiste en Irak. L'impérialisme affiché a suscité une nouvelle prise de conscience dans une grande partie du monde arabe, de l'Amérique latine et de l'Asie du Sud et du Sud-Est. La subordination à long terme de ces pays à l'hégémonie américaine est devenue de plus en plus difficile.

Deuxièmement, à partir du milieu des années 1990, la montée en puissance de la Chine, de l'Inde et d'un certain nombre de petites économies émergentes a commencé à modifier l'équilibre économique mondial. Le déficit commercial des États-Unis a révélé la dépendance de l'économie américaine à l'égard de l'économie financière, le secteur productif, nécessaire à la stabilité du secteur financier, ayant disparu au fil des ans. Depuis la crise financière de 2008, les déséquilibres structurels de l'économie américaine sont devenus généralement visibles. Depuis lors, le rôle du dollar en tant que monnaie mondiale et de réserve est de plus en plus ouvertement remis en question.

Le troisième facteur qui a remis en question l'ordre mondial unipolaire dans la seconde moitié des années 1990 est le fait que la Russie a progressivement réussi à restaurer sa souveraineté et son potentiel militaire après l'effondrement de l'URSS dans les années 1990. Le discours de Poutine à la conférence de Munich sur la sécurité en 2007 peut être considéré comme un tournant symbolique, dans lequel la Fédération de Russie a assumé une contre-position différenciée aux yeux de l'opinion mondiale pour la première fois depuis la chute du mur de Berlin.

Héritière directe de l'Union soviétique, la Russie dispose d'un potentiel d'armes nucléaires égal à celui des États-Unis, qui fait obstacle à un ordre mondial unipolaire. En effet, un ordre mondial unipolaire nécessite un monopole sur l'utilisation de la force pour être réalisé et, en ce sens, il ressemble à un État qui ne peut exister sans un monopole sur l'utilisation de la force. C'est pourquoi les États-Unis ont élargi l'OTAN vers l'est pendant le mandat de Bill Clinton, en violation d'accords antérieurs avec Moscou, et ont commencé à développer un bouclier antimissile pendant le mandat de George W. Bush Jr. L'intention de neutraliser la capacité de frappe de la Russie a toutefois été contrecarrée par le développement de nouveaux missiles russes. Bien qu'il n'y ait pas encore d'alliance officielle entre la Russie et la Chine ou entre la Russie et l'Inde, le potentiel nucléaire de la Russie reste un facteur qui protège indirectement l'essor économique de ces pays.

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Depuis les années 1990, le rôle de Moscou en tant que deuxième puissance nucléaire a été complété par son rôle de fournisseur de systèmes de défense modernes. En vendant des systèmes de défense aérienne, par exemple, Moscou a pu limiter massivement la portée militaire des États-Unis. Des pays riches en pétrole et souverains comme l'Iran ou le Venezuela ont pu se protéger des actions militaires américaines, en partie grâce à l'achat d'armes russes.

En raison de ces trois facteurs, les intellectuels parlent de la fin de l'ordre mondial unipolaire au plus tard depuis la crise financière de 2008 : dès qu'il a été proclamé, il semblait déjà faire partie du passé. L'ensemble des livres, articles et essais écrits sur tous les continents à propos de ce changement de pouvoir depuis le milieu des années 1990 pourrait remplir des bibliothèques entières. (2) Cela soulève naturellement la question de savoir pourquoi Stoltenberg et ses compagnons d'armes semblent aujourd'hui prêts à accepter une escalade imprudente, y compris le risque d'une guerre mondiale, simplement pour faire passer quelque chose qui est essentiellement irréalisable. N'ont-ils pas connaissance des nombreuses analyses qui, dans les bureaux du département d'État américain et dans les couloirs de l'OTAN, traitent de l'impossibilité d'un ordre mondial unipolaire ?

Il est vrai que la souveraineté et la puissance militaire de la Russie sont l'un des trois facteurs qui rendent impossible un ordre mondial unipolaire. Si la Russie réussit à défendre sa zone d'influence en Ukraine, elle aura aussi indirectement défendu la souveraineté de nombreux autres pays en dehors de l'Occident. Aux yeux du monde, une victoire russe en Ukraine équivaudrait donc à la mise en œuvre de l'ordre mondial multipolaire. Toutefois, il ne s'agirait que d'une étape évolutive qui se produira dans les années à venir. En effet, l'énorme développement économique de la Chine, de l'Inde, mais aussi du Brésil, de l'Iran, de l'Indonésie et de nombreux autres pays émergents ne peut plus être arrêté et conduira de toute façon à un monde multipolaire. Le réveil intellectuel et politique qui a lieu dans de vastes régions de l'hémisphère sud et de l'hémisphère est, au cours duquel les crimes de l'impérialisme occidental sont également rappelés, va également dans ce sens et rend impossible une centralisation permanente de l'ordre mondial en Occident. (3)

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Unipolarité et valeurs occidentales

Historiquement, un ordre mondial multipolaire est "la norme" : presque tout au long de l'histoire de l'humanité, le monde a toujours été constitué de différents pôles de pouvoir. Même au cours des derniers siècles de domination européenne, différents centres de pouvoir ont toujours existé en Europe même, se contrôlant et se limitant mutuellement. La tentative de la France sous Napoléon d'unifier l'ensemble de l'Europe par la force militaire a échoué à cause de la Russie. La tentative du "Troisième Reich" de soumettre à nouveau l'Europe par la force militaire a également échoué à cause de Moscou. Et la tentative des États-Unis, initiée après l'effondrement de l'URSS, d'étendre leur pouvoir de l'Europe au monde entier a également échoué à nouveau à cause de la résistance russe.

Est-ce à cause de ce schéma constant dans l'histoire du monde que l'OTAN tire aujourd'hui littéralement sur la Russie et néglige les autres facteurs qui rendent impossible un ordre mondial unipolaire ? Quoi qu'il en soit, à l'aube d'un ordre mondial multipolaire, le monde reviendra à un schéma ancien. Il n'y a aucune raison de qualifier ce retour à un ordre ancien de "plus grand risque de tous", comme l'a fait Stoltenberg lors de la dernière conférence de Munich sur la sécurité.

Au contraire, un ordre mondial unipolaire monopoliserait le pouvoir à l'échelle mondiale. Une telle évolution irait non seulement à l'encontre des intérêts de la Russie, de la Chine, de l'Inde et de nombreux autres pays de l'hémisphère sud et de l'hémisphère est, mais une telle concentration de pouvoir serait également en contradiction fondamentale avec les valeurs de l'Occident lui-même.

Les valeurs occidentales ont émergé d'une série de révolutions qui ont commencé avec les aspirations à l'autonomie des cités-états italiennes de la Renaissance, se sont poursuivies dans la Confédération suisse, à travers la guerre des paysans allemands, la révolte hollandaise, les révolutions anglaise et américaine, et ont finalement culminé dans la grande Révolution française. (4) Les valeurs occidentales sont donc des valeurs révolutionnaires, totalement incompatibles avec l'idée d'une concentration mondiale du pouvoir. Elles reposent sur la possibilité d'un renversement des rapports de force existants, qui peut être initié à tout moment. Elles désacralisent le pouvoir et sont donc capables de l'engager pour le bien commun. Cette idée a été institutionnalisée dans la République. L'idée de la séparation des pouvoirs joue un rôle décisif pour assurer des équilibres stables, rendre visibles les abus de pouvoir et corriger les mauvaises politiques.

Le fait que l'Occident, parmi tous les pays, ait fait de l'idée d'un ordre mondial unipolaire et donc du concept de concentration globale du pouvoir la base de sa politique étrangère dans l'ère qui s'est ouverte après la chute du mur de Berlin montre à quel point le monde occidental s'est éloigné de ses fondements intellectuels. Bien sûr, l'Occident a toujours été divisé entre ses traditions impériales et républicaines. Souvent, les deux ont existé en parallèle, même si leurs principes philosophiques s'excluaient mutuellement. Un exemple célèbre est la révolte des esclaves en Haïti, que le gouvernement français a tenté en vain de réprimer par la force des armes, alors que les esclaves révoltés invoquaient les valeurs de la Révolution française. Par ses actions, Paris a fait comprendre que les valeurs de la Révolution française - à savoir la liberté, l'égalité et la fraternité - ne devaient s'appliquer qu'aux citoyens français, mais pas à ceux des colonies. (5)

Cependant, quelque chose a dû se passer en Occident même pour que l'ambivalence qui existait encore à l'époque entre la république et l'empire, et qui a peut-être existé en parallèle pendant longtemps, se soit clairement dissoute à notre époque en faveur de l'impérialisme sous la forme d'un ordre mondial unipolaire. Un Occident désireux de professer ses valeurs politiques pourrait au contraire aspirer à un monde multipolaire, en accord avec la Russie et les grandes civilisations d'Asie. Un ordre mondial multipolaire transférerait au monde l'idée de la séparation des pouvoirs et donc l'effet bénéfique de l'équilibre des puissances ; la compétition entre les civilisations demeurerait.

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La concurrence entre les civilisations

La concurrence entre les civilisations est un facteur important pour le développement futur de l'humanité. C'est précisément parce que les nouvelles technologies du 21e siècle permettent d'interférer avec les droits naturels des individus à une échelle beaucoup plus grande qu'au 20e siècle que la concurrence entre les civilisations doit être maintenue à tout prix. Les droits naturels sont des droits qui précèdent le droit positif établi par un État. Ces droits existent "par nature" et sont considérés comme acquis, comme le droit de disposer de son corps, les droits fondamentaux de la liberté humaine ou le droit des parents d'élever leurs enfants.

Sur le plan technologique, il est désormais possible de surveiller une personne tout au long de sa vie, de stocker et d'évaluer en permanence ses traces numériques et, sur cette base, de réglementer et de restreindre individuellement son accès à la société. Il est ainsi possible d'intervenir dans l'ordre du droit naturel, ce qui était impensable auparavant. Le développement futur du génie génétique s'ajoute à tout cela et pourrait, par exemple, remettre en question le droit à l'intégrité corporelle et à l'autonomie de l'individu de manière beaucoup plus radicale que les dictateurs du passé n'ont pu le faire. Tant que les civilisations peuvent être comparées entre elles, ces évolutions indésirables des différentes civilisations peuvent être reconnues et nommées. Dans un monde déterminé par différentes civilisations, aucune d'entre elles ne pourrait interférer avec les droits naturels de ses citoyens pendant longtemps sans subir un désavantage structurel par rapport aux autres civilisations.

Dans un monde unipolaire, en revanche, la comparabilité et la concurrence latente des civilisations disparaîtraient. Dans un tel monde, il serait beaucoup plus facile de définir de manière exhaustive les implications de la technologie moderne en termes de pouvoir et de limiter, voire d'abolir, les droits naturels. Il s'ensuit que ceux qui rêvent d'un monde technocratique dans lequel l'homme est asservi à la technologie ne peuvent éviter de lutter pour un monde unipolaire afin de réaliser cet objectif. Au contraire, si l'on veut que la liberté et la dignité de l'homme soient protégées au XXIe siècle, il faut lutter pour un monde multipolaire. On voit donc que les deux concepts d'ordre mondial, l'unipolarité et la multipolarité, représentent des ordres de valeurs différents.

Un autre inconvénient de l'ordre mondial unipolaire est qu'il ne tient pas compte de la diversité culturelle du monde et de la diversité des civilisations qui ont émergé au cours de l'histoire. Puisque l'ordre unipolaire cherche à gouverner le monde selon un principe unique, il doit inévitablement voir une menace dans la diversité culturelle et tendre à unifier culturellement le monde. Mais cela provoquerait inévitablement des résistances, auxquelles le gouvernement mondial unipolaire ne peut répondre que par la propagande, la manipulation ou la violence. C'est pourquoi un ordre mondial unipolaire ne serait possible que sous la forme d'une dictature mondiale.

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Les partisans d'un ordre mondial unipolaire affirment souvent que seul un gouvernement mondial peut abolir la guerre et garantir la paix dans le monde. Cependant, n'importe quel conquérant du passé aurait pu dire la même chose, selon la devise : "Quand je vous aurai tous conquis, alors...". Il doit y avoir d'autres moyens de garantir la paix mondiale que la réalisation d'un monopole mondial du pouvoir. Car le chemin vers cet objectif est pavé de sang et de violence, comme l'a récemment rappelé le musicien Roger Waters dans son discours aux Nations unies. (6)

Il est vrai que même dans un ordre mondial multipolaire, le risque de guerre existe en raison de la multitude d'acteurs. Cependant, il faut d'abord dire que les guerres au sein d'un ordre mondial multipolaire ne prendraient probablement pas le caractère absolu qui caractérise la quête d'unipolarité, à laquelle Roger Waters a également fait référence dans son discours à l'ONU. Deuxièmement, ce n'est pas seulement l'équilibre des forces qui protège de la guerre, mais aussi la culture. Dans une certaine mesure, le niveau de culture détermine la capacité d'une société à vivre en paix. Étant donné que le niveau de culture dans un monde multipolaire pourrait être inégalement plus développé que dans un ordre mondial unipolaire orienté vers l'unification, la paix dans un ordre mondial multipolaire pourrait être garantie de deux manières, d'une part par l'équilibre des pouvoirs et d'autre part par le niveau de culture le plus élevé possible.

L'argument selon lequel certains problèmes, tels que la réglementation des armes de destruction massive, le changement climatique ou la prévention des pandémies, ne peuvent être résolus qu'au niveau international est également inefficace, car le pôle de puissance unipolaire ou le "gouvernement mondial" essaierait de transformer ces problèmes internationaux en une source de légitimité pour son propre pouvoir. Au lieu de résoudre les problèmes, ils craindraient leur détournement. Un pôle de pouvoir unipolaire n'aurait aucun intérêt à résoudre les problèmes internationaux ou mondiaux, car il en aurait besoin comme prétexte pour exercer son propre pouvoir. Quiconque a suivi avec une certaine distance les débats publics en Occident ces dernières années peut facilement voir les signes d'un tel détournement de pouvoir. Ceux qui veulent vraiment résoudre les problèmes mentionnés ci-dessus devraient donc s'efforcer de conclure des traités entre États souverains, plutôt que de mettre en place un "gouvernement mondial" qui serait au-dessus de tout le monde et ne pourrait donc plus être contrôlé par personne.

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Unipolarisme, guerre et échec politique de l'Europe

Il est dans la nature de notre monde d'être composé de plusieurs civilisations très importantes et anciennes. Nombre de ces civilisations ont produit d'importantes réalisations culturelles dans le passé, qui ont également posé des jalons pour l'avenir de l'humanité. Toutefois, ces civilisations sont nées de religions, de philosophies et d'histoires très différentes. Bien que des valeurs et des idées communes puissent être trouvées, les approches choisies sont souvent basées sur des principes opposés entre lesquels un compromis ne semble pas toujours possible. Par exemple, les limites de la honte, l'ordre des sentiments et des affections, la relation de l'individu à la famille, à la société et à l'État, le sens du temps et de l'histoire ou la relation à sa propre subjectivité sont codifiés très différemment selon les cultures.

Le pôle de puissance unipolaire ne peut donc pas être culturellement neutre et mondialisera inévitablement l'ordre des valeurs de sa culture d'origine - dans le monde d'aujourd'hui, celle des États-Unis. Les autres cultures en dehors du pôle de puissance pourraient donc difficilement être représentées culturellement. Leur diversité culturelle représenterait une source constante d'instabilité au sein de l'"État mondial", que l'ordre mondial unipolaire devrait contrer par une homogénéisation toujours plus grande. La propagande et la violence devraient être constamment utilisées à cette fin, ce qui entraînerait à son tour de nouvelles résistances. Mais ce mécanisme supprimerait, affaiblirait et peut-être même dissoudrait les acquis culturels dont l'humanité a tant besoin pour retrouver son avenir.

Il est clair que nombre des civilisations les plus anciennes ne peuvent consentir sans résistance à leur dissolution dans un ordre mondial unipolaire dominé par la culture consumériste américaine. La tentative d'établir un monde unipolaire doit donc nécessairement conduire à une situation dans laquelle les revendications d'un ordre unipolaire et les revendications d'un État souverain plus grand, représentant éventuellement aussi sa propre sphère culturelle, entrent en conflit existentiel l'une avec l'autre. Dans ce conflit, soit le concept de gouvernement mondial s'effondre, soit l'État en question perd sa souveraineté. D'une certaine manière, c'est exactement un conflit de ce type qui est apparu entre les États-Unis et la Russie : comme aucun compromis n'est possible entre les États-Unis, en tant que représentants de l'ordre mondial unipolaire, et la Russie, en tant que représentante des pays émergents luttant pour leur souveraineté, la menace d'une guerre entre les deux puissances nucléaires est désormais bien réelle.

Quiconque réfléchit à ces questions avec un peu de connaissance historique et de sens des responsabilités doit, pour toutes ces raisons, rejeter l'idée d'un monde unipolaire ou d'un gouvernement mondial. Puisque le concept d'établissement d'un gouvernement mondial conduit nécessairement à un conflit existentiel entre les puissances nucléaires, ce concept n'aurait jamais dû être poursuivi par les Européens. Lorsque, à partir des années 1990, il est devenu évident que les États-Unis ne pouvaient plus se détacher de ce projet, les Européens auraient dû se séparer des États-Unis.

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Le fait que les États-Unis aient été réceptifs à ces fantasmes de puissance est également dû au fait qu'il s'agit d'un pays très jeune qui s'est développé presque continuellement depuis sa fondation. Dans le même temps, les États-Unis n'ont pas connu le genre d'expériences historiques drastiques que l'Europe a endurées à plusieurs reprises sur son sol, de la guerre de Trente Ans aux deux guerres mondiales. Ceux qui ont été aussi gâtés par l'histoire que les États-Unis ont eu du mal à apprendre la maturité et la maîtrise de soi. Il aurait donc fallu que les Européens fassent preuve de sagesse et de clairvoyance et qu'ils opposent à l'euphorie de la puissance américaine une réflexion sur le bien commun de l'humanité. Une réflexion, d'ailleurs, qui aurait dû être conçue en dialogue avec les autres grandes civilisations.

On le voit, les arguments en faveur d'un ordre mondial multipolaire sont évidents. Ils auraient pu être développés sans peine dans les ministères des affaires étrangères de l'Allemagne, de la France ou de l'Italie. La raison pour laquelle cela ne s'est pas produit, pourquoi l'Europe n'a pas suivi une voie indépendante et s'est ralliée à une "grande stratégie" américaine qui aurait pu faire de l'Europe, une fois de plus, le champ de bataille d'une grande guerre, est déconcertante. Le fait que pratiquement aucun des milliers d'experts travaillant dans les ministères des affaires étrangères des différents pays européens ne se soit exprimé publiquement en tant que voix critique et d'avertissement indique soit un énorme manque de sens des responsabilités, soit que les représentants de l'intelligentsia ont été activement exclus de ces institutions.

L'échec de l'Europe et la véritable peur des élites

Le fait qu'aujourd'hui, 33 ans après la réunification, l'Europe soit confrontée au danger réel d'une guerre nucléaire est l'expression d'un échec fondamental de la politique étrangère allemande, française et italienne qui peut difficilement être décrit avec des mots. En 1989, l'Europe a été bénie par les circonstances de l'histoire. Elle avait la possibilité d'instaurer un ordre de paix durable, susceptible de durer des générations, sous la forme d'une unification allemande et européenne. L'Europe d'aujourd'hui, en revanche, qui lâche à nouveau les chiens de guerre sur son continent en pensant à l'avenir et même avec une certaine ruse (7), s'est montrée indigne de ce cadeau. Le pouvoir de politique étrangère d'au moins deux décennies a été gaspillé pour un objectif discutable.

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La séparation de l'Ukraine de la Russie était un vieil objectif de guerre de l'Empire allemand pendant la Première Guerre mondiale, imposé par la force dans le traité de paix de Brest-Litovsk. Le "Troisième Reich" a réactivé cet objectif de guerre et l'a encore élargi, cherchant non seulement à s'emparer de l'Ukraine, mais aussi à exterminer une partie considérable de tous les Russes. La campagne d'Hitler contre l'Union soviétique est en effet ouvertement conçue comme une guerre d'extermination raciale et idéologique. Dans l'ancienne République fédérale et la RDA, mais aussi dans l'Allemagne réunifiée sous Kohl et Schröder, il existait encore un consensus sur le fait que les anciens objectifs de guerre allemands avaient échoué et que, par conséquent, un futur conflit avec la Russie au sujet de l'Ukraine devait être évité à tout prix. Le fait que cette conviction ait perdu sa validité inconditionnelle sous les mandats de Merkel et Scholz n'est rien de moins qu'une catastrophe intellectuelle et morale pour notre pays et pour l'Europe dans son ensemble.

Revenons à la déclaration du secrétaire général de l'OTAN : Jens Stoltenberg estime qu'une victoire russe serait pire qu'une poursuite de l'escalade qui pourrait conduire à une véritable guerre mondiale avec des milliards de morts. Les déclarations de nombreux politiciens et témoins contemporains cités au début indiquent qu'un tel pari pourrait effectivement être planifié. Quelle crainte sous-jacente a pu conduire Stoltenberg à appeler à l'escalade?

Peut-être craint-il que l'irrationalité de 30 ans de politique étrangère occidentale ne soit révélée au grand jour, que les citoyens ne soient informés de ce qui a été réellement tenté au cours des trois dernières décennies ? À savoir que les hommes politiques occidentaux ont cherché à instaurer un ordre mondial qui, d'une part, mène nécessairement à la guerre ? Et qui, d'autre part, contredit fondamentalement l'ordre des valeurs occidentales.

Cependant, si cette révélation est connue, elle pourrait être le début d'une remise en question qui, au fur et à mesure qu'elle progresse, pourrait se transformer en un second Siècle des Lumières. Le premier Siècle des Lumières a remis en cause le pouvoir illégitime de l'Église et du clergé, ainsi que de la noblesse et de la société de classes. Aujourd'hui, nous vivons à nouveau dans un monde où le pouvoir s'est énormément développé - comme dans la France absolutiste - mais perd de plus en plus sa base de légitimité au cours de cette expansion.

Un deuxième siècle des Lumières, à l'instar de la critique du clergé, devrait aujourd'hui remettre en question le pouvoir des médias et dénoncer leurs techniques sophistiquées de manipulation psychologique. Et, dans la lignée de la critique de l'aristocratie et de la grâce divine de la monarchie, elles devraient éclairer aujourd'hui le pouvoir de l'oligarchie et l'économie mondiale de plus en plus dominée par les monopoles. Bien entendu, si ces secondes lumières s'amorçaient, une dynamique émergerait qui irait bien au-delà d'une simple réforme de notre système politique. S'agit-il de l'évolution que Stoltenberg appelle "le plus grand risque de tous", à savoir le retour de l'Occident à ses valeurs originelles ?

* multipolar-magazin.de

Traduction par oval.media

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Hauke Ritz. Docteur en philosophie, il publie principalement sur des sujets de géopolitique et d'histoire des idées. Livres : "Der Kampf um die Deutung der Neuzeit" (2013), "Endspiel Europa" (2022, avec Ulrike Guérot).

Source originale : https://www.oval.media/it/lanalisi-del-filosofo-tedesco-hauke-ritz/

Source de la traduction : https://www.oval.media/it/lanalisi-del-filosofo-tedesco-hauke-ritz/

NOTES

(1) Rob Bauer, président du comité militaire de l'OTAN, entretien avec la chaîne de télévision RTP, 29.01.2023.

(2) Chalmers Johnson, An Empire in Decline : When Will the American Century End ? Munich 2001 ; Peter Scholl-Latour, Weltmacht im Treibsand - Bush gegen die Ayatollahs, Berlin 2004 ; Emmanuell Todd, Weltmacht USA - Ein Nachruf, Munich 2003

(3) Voir : Hauke Ritz, Geopolitischer Gezeitenwechsel, in : Carsten Gansel (ed.), Deutschland Russland - Topographie einer literarischen Beziehungsgeschichte, Berlin 2020, pp. 427-442.

(4) La révolution russe de 1917 fait également partie de cette série, mais d'une manière particulière, qu'il n'est pas possible d'aborder ici de manière exhaustive.

(5) Voir Susan Buck-Morss, Hegel und Haiti - Für eine neue Universalgeschichte, Berlin 2011.

(6) "...et la marche hégémonique de tel ou tel empire vers la domination mondiale unipolaire. Rassurez-vous, ce n'est pas votre vision, car il n'y a pas d'issue positive sur cette voie. Cette route ne mène qu'au désastre, tout le monde sur cette route a un bouton rouge dans sa mallette et plus nous avançons sur cette route, plus nos doigts irrités se rapprochent de ce bouton rouge et plus nous nous rapprochons tous de l'Armageddon". Roger Waters, discours au Conseil de sécurité de l'ONU, New York, 08.02.2023

(7) Voir : Ulrike Guerot, Hauke Ritz, Endspiel Europa - Warum das politische Projekt Europa gescheitert ist und wie wieder davon träumen können, Frankfurt a. Main 2022, p. 118 et suivantes.

L'esthétique de la guerre dans la pensée de Giovanni Gentile et de Carl Schmitt

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L'esthétique de la guerre dans la pensée de Giovanni Gentile et de Carl Schmitt

par Flaminia Incecchi

(2018)

Source: https://legio-victrix.blogspot.com/2019/11/flaminia-incecchi-estetica-da-guerra-no.html

Introduction [1]

Cette note de recherche est une version préliminaire de ma recherche doctorale. Elle a pour objectif d'établir un dialogue entre Giovanni Gentile (1875-1944) et Carl Schmitt (1888-1985). Le dialogue que je souhaite présenter repose sur plusieurs points communs entre les deux penseurs, à la fois biographiques et intellectuels. Schmitt et Gentile ont tous deux été impliqués dans les régimes national-socialiste et fasciste, Schmitt en tant que juriste et Gentile en tant que réformateur et ministre de l'éducation. Sur le plan intellectuel, ils partagent plusieurs traits : affiliations et intérêts théoriques, ainsi que leurs critiques d'approches et de traditions similaires. Les deux penseurs mettent l'accent sur le concret et s'intéressent à l'histoire conceptuelle. Bien que pour des raisons différentes, Schmitt et Gentile ont vivement critiqué le positivisme, le libéralisme, le mécanisme, toutes les théories qui adoptent une approche intellectualiste (transcendantale) de la politique et du droit (Schmitt), ainsi que de la philosophie (Gentile). Le dialogue conduit à une comparaison de leurs interprétations de la guerre, que j'analyse à travers un cadre offert par l'esthétique. Dans ce qui suit, je présente brièvement Gentile, puis j'ébauche ma lecture des interprétations de la guerre de Schmitt et de Gentile, et les points sur lesquels je m'oriente dans leur utilisation de l'esthétique.

Commentaires introductifs

Giovanni_Gentile_primo_piano.jpgGentile est l'une des plus grandes figures intellectuelles du 20ème siècle. Né en 1875 à Castelvetrano (Sicile), Gentile a reçu sa formation intellectuelle à la Scuola Normale Superiore de Pise. En 1893, il commence ses études universitaires à la faculté d'histoire sous la direction d'Alessandro D'Ancona, célèbre historien de la littérature italienne. Pendant son séjour à Pise, Gentile rencontre Donato Jaja, un penseur néo-hégélien qui suscitera chez le jeune Gentile une profonde fascination pour la philosophie, ce qui changera l'orientation de ses études: il passa alors de l'histoire à la philosophie (Turi, 1995, p. 19).

L'œuvre de Jaja s'inspire des études hégéliennes italiennes de la période du Risorgimento, en particulier celles de Bertrando Spaventa, un penseur pratiquement inconnu qui a tenté de réformer la dialectique hégélienne, tout en cherchant à utiliser la pensée de Hegel comme un manuel pour le programme politique italien (Piccone, 1977, p. 51).

Lorsque Gentile a commencé ses études universitaires, des personnalités comme Jaja étaient marginales dans le paysage intellectuel du début du siècle. Grâce à la domination hégémonique du positivisme en philosophie, le discours s'attachait principalement à mettre en évidence et à favoriser les liens entre les méthodes philosophiques et scientifiques, en marginalisant la métaphysique et surtout l'idéalisme.

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En 1896, Gentile a entamé une correspondance avec Benedetto Croce, qui était à l'époque une jeune voix dissidente et couronnée de succès sur la scène intellectuelle. Gentile lit plusieurs articles dans lesquels Croce critique la méthodologie historique du positivisme [2]. La relation Croce-Gentile donnera naissance au mouvement néo-idéaliste, qui occupera la scène intellectuelle italienne pendant près d'un demi-siècle.

Bien que Gentile soit principalement connu pour son engagement politique et sa contribution à la philosophie, son œuvre reflète son parcours intellectuel. Ses œuvres sont une combinaison d'histoire conceptuelle et culturelle, de philosophie (métaphysique, esthétique, éthique), de philosophie du droit, de philosophie de l'histoire, de philosophie de l'éducation (pédagogie) et de philosophie politique. La carrière intellectuelle extrêmement prolifique de Gentile a commencé en 1896 et s'est poursuivie sans interruption jusqu'à son assassinat en 1944. Le corpus de Gentile comprend plus de 50 volumes [3].

415B-u8m2sS._AC_SY780_.jpgEn dehors du monde universitaire, l'engagement politique de Gentile était fondamentalement orienté vers la culture. Sous le régime fasciste, il a été ministre de l'éducation (1922-1924) et a entièrement réformé le système éducatif italien. Au cours de cette période, il a également écrit plusieurs articles pro-fascistes, ainsi que Origines et doctrine du fascisme (1928), un texte exposant la philosophie du fascisme. Pour ces activités, Gentile est toujours soumis à la damnatio memoriae, son rôle d'idéologue du fascisme, une "tache" difficilement oubliable, ternissant son nom jusqu'à aujourd'hui. En conséquence, les contributions intellectuelles de Gentile sont aujourd'hui essentiellement négligées dans tous les domaines où il a été actif.

Seuls quelques textes de Gentile sont disponibles dans d'autres langues [4], et à la lumière de la négligence des sources primaires, il n'est pas surprenant que les études sur Gentile soient peu nombreuses. La plupart des ouvrages récents visent à réintroduire sa pensée, ou plus précisément à sortir Gentile de l'oubli dans lequel il se trouve actuellement. Malgré l'étendue et la richesse de sa pensée, ainsi que son influence sur Collingwood, Gramsci et Croce, Gentile n'a pas encore été redécouvert.

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Le destin de Schmitt aujourd'hui ne pourrait être plus différent: nous disposons de deux biographies (Bendersky, 1983 ; Mehring, 2014) ainsi que d'une biographie intellectuelle (Balakrishnan, 2002). Dans Controverses on Carl Schmitt : A Review of Recent Literature, Caldwell (2005) écrit: "The authors of the books under review here variously view him as an Eighteenth-century liberal, a fascist in the Italian line, as a revolutionary conservative, as a critic of Marx, as an anti-Semite, and as a brilliant theorist of democracy" ("Les auteurs des livres recencés ici présentent une variété de points de vue quant à Schmitt, le percevant tour à tour comme un libéral du 18ème siècle, un fasciste selon la ligne italienne, un révolutionnaire conservateur, un critique de Marx, un antisémite et un théoricien brillant de la démocratie") (p. 357).

Ce passage révèle la grande variété des lectures de l'œuvre de Schmitt et ne rend pas compte de la multiplicité des articles traitant des comparaisons entre Schmitt et d'autres penseurs, des tentatives d'utilisation de la pensée de Schmitt aujourd'hui et des efforts de la gauche pour utiliser Schmitt comme critique de la démocratie libérale, ainsi que de la réception de la pensée de Schmitt dans différentes parties du monde. Cela montre qu'en dépit de la nature controversée du personnage de Schmitt et de certaines de ses idées, Schmitt est aujourd'hui pleinement accepté dans les cercles académiques.

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Un projet de dialogue entre Schmitt et Gentile est un exercice nouveau dans les milieux universitaires anglo-américains et italiens. A ma connaissance, le seul ouvrage dans lequel Schmitt et Gentile apparaissent dans le même paragraphe est un article co-écrit par Lacoue-Labarthe et Nancy (1990), ils écrivent: "Il faudrait ici montrer rigoureusement quels types de rapports l'idéologie, ainsi conçue comme Weltanschauung totale, entretient avec ce qu'Arendt appelle la "domination totale" (OT, p. 436), c'est-à-dire avec ce que Carl Schmitt - s'appuyant ici à la fois sur l'autorité du discours proprement fasciste (celui de Mussolini et de Giovanni Gentile) et sur le concept jüngerien de "mobilisation totale" (qui a fourni une première définition de la technique comme puissance mondiale totale) - appelle l'État total" (p. 293).

Malheureusement, rien ne prouve que Schmitt ait lu Gentile, et Lacoue-Labarthe et Nancy ne fournissent aucune référence indiquant le contraire. L'objectif de cette recherche est de simuler un dialogue entre Schmitt et Gentile, en mettant en lumière les similitudes et les connexions entre les deux. Ce faisant, ce projet comble plusieurs lacunes académiques. Premièrement, il contribue aux études sur Schmitt en fournissant une enquête sur son approche de la guerre et en l'explorant à travers une lentille esthétique. Deuxièmement, il met en lumière la profondeur de la pensée de Gentile, tant politique que philosophique. Enfin, dans le domaine de l'esthétique, il montre comment un concept (la guerre) peut conserver un qualificatif esthétique.

Il existe des différences disciplinaires entre Schmitt et Gentile, qui se traduisent dans les domaines auxquels ils ont contribué, ainsi que dans le mode de théorisation qu'ils emploient. Gentile, par exemple, n'a apporté aucune contribution à la théorie politique, tandis que les écrits de Schmitt n'ont jamais atteint la complexité et la rigueur philosophiques de ceux de Gentile. Malgré la nature et la portée distinctes de leurs contributions intellectuelles, Gentile et Schmitt partagent en fait certains fondements théoriques communs. L'un de ces points communs est l'accent mis sur le concret. À plusieurs reprises, Schmitt expose l'inefficacité d'une vision "scientifique" des concepts et suggère une approche concrète de leur analyse. La position philosophique de Gentile est la formulation d'un type d'idéalisme - idéalisme réel ou spiritualisme absolu - qui vise à réfuter le transcendantalisme des courants philosophiques précédents. Pour Gentile (1912), le positivisme, l'intellectualisme et les formes antérieures d'idéalisme impliquent l'existence d'une réalité antérieure à la pensée (p. 232). Cette réalité n'est pas touchée par la pensée humaine, qui ne joue qu'un rôle périphérique dans ces perspectives métaphysiques. Le rôle de la pensée dans ces perspectives est périphérique, elle est un "spectateur" plutôt qu'un "acteur", parce qu'elle reflète simplement ce qui a déjà été délimité (que ce soit par l'esprit de Dieu, les lois de la nature, ou la nécessité et la fatalité) (Gentile, 1922, p.6). Cette forme de pensée, Gentile (1922) la qualifie d'"abstraite" (43). À cela, il juxtapose les "pensées concrètes" - à savoir la pensée capable de façonner la réalité, avant laquelle rien n'existe (Gentile, 1922, p. 4). Le centre du système philosophique de Gentile est donc la pensée humaine et concrète. Le rôle central joué par la pensée concrète chez Gentile explique sa réfutation de toute théorie qui réduit les initiatives humaines (politiques, juridiques, historiques et philosophiques) à des mécanismes. Bien que de manière différente, Schmitt et Gentile théorisent avec une attention particulière au concret, ce qui les conduit à rechercher les origines, les définitions et les métamorphoses des concepts. Il y a donc un sens dans lequel Schmitt et Gentile sont tous deux concernés par l'idée de "rupture". La rupture de Schmitt est la foi en l'exception, et la rupture de Gentile est le sens dans lequel l'esprit humain peut - et doit - être situé au centre des discussions théoriques, brisant ainsi un discours qui, depuis son origine, soutenait l'existence d'une entité antérieure à la pensée.

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Schmitt et Gentile sur la guerre

Un lecteur de Schmitt pourrait remarquer que sa pensée et, par conséquent, sa plume, semblent avoir deux visages. D'une part, nous sommes confrontés au Schmitt juriste, dont la prose analytique et synthétique est essentiellement orientée vers l'ordre et la politique étatique. D'autre part, nous rencontrons parfois une autre plume, qui semble abandonner momentanément la normativité de l'ordre qui caractérise son œuvre, au profit de tendances décisionnistes et quasi-irrationalistes, ainsi que d'une forme de foi en l'extraordinaire. Ce Schmitt abandonne le style lapidaire et froid au profit d'une prose métaphorique, obscure et parfois prophétique.

Dans ce projet, je souhaite montrer que les deux visages de Schmitt sont liés à sa profonde fascination pour la guerre. Dans La notion du politique (Schmitt, 1996, pp. 25-26), Schmitt explique à ses lecteurs qu'une définition du politique ne peut être donnée que si nous découvrons les "catégories politiques spécifiques". Celles-ci doivent être indépendantes des autres catégories d'activités humaines, telles que l'éthique, l'esthétique, etc. Pour Schmitt (1996), "la distinction politique spécifique à laquelle les actions et les motivations politiques peuvent être réduites est celle entre l'ami et l'ennemi" (26). Or, contrairement à d'autres antithèses (le beau et le laid en esthétique, le bien et le mal en éthique), seule la politique possède le "degré maximal d'intensité", ce qui signifie que "l'ennemi politique [...] est existentiellement quelque chose de différent, d'étranger et de divergeant". ("est existentiellement quelque chose de différent et d'étranger, de sorte que, dans le cas extrême, des conflits avec lui sont possibles") (p. 27). Le politique est donc la seule antithèse qui puisse conduire à un combat justifié, car l'ennemi menace notre existence et notre mode de vie. Ainsi, la distinction politique (ami/ennemi) implique essentiellement la possibilité de la guerre.

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Deux passages de la Notion méritent d'être cités pour comprendre l'approche de la guerre par Schmitt. Le premier passage indique que la guerre est le résultat des antithèses politiques entre l'ami et l'ennemi: "La guerre découle de l'inimitié. La guerre procède de la négation existentielle de l'ennemi. Elle est la conséquence la plus extrême de l'inimitié. Elle ne doit pas être commune, normale, idéale ou souhaitable. Mais elle doit rester, néanmoins, une possibilité réelle tant que le concept d'ennemi reste valide (33)".

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Le second passage développe la fonction de la guerre en tant que négation existentielle de l'ennemi et souligne le fait que la guerre n'est justifiable que dans la situation extrême de l'inimitié et à travers l'antithèse politique: "Il n'existe aucune finalité rationnelle, aucune norme aussi vraie soit-elle, aucun programme aussi exemplaire soit-il, aucun idéal social aussi beau soit-il, aucune légitimité, aucune légalité qui puisse justifier le massacre d'hommes par des hommes pour cette raison. Si la destruction physique d'une vie humaine n'est pas motivée par une menace existentielle sur le mode de vie, alors elle ne peut être justifiée (49)".

Schmitt réitère ici indirectement l'argument précédent selon lequel la distinction politique est la seule antithèse ou le seul motif qui motive légitimement le combat. Ces passages nous permettent de conclure, à juste titre, que Schmitt n'exalte ni n'encourage la guerre. En outre, il semble fournir une raison pour une guerre défensive plutôt qu'offensive, dans la mesure où le combat n'est justifié que dans le cas d'une négation existentielle.

En outre, dans La notion, il semble que la guerre représente un test final de la foi en l'entité politique et de sa validité. Schmitt nous dit que l'État est l'entité politique par excellence, parce qu'il est le seul à posséder "la possibilité réelle de décider dans une situation concrète de qui est l'ennemi et la capacité de le combattre avec le pouvoir émanant de l'entité" (45). En outre, le jus belli, pour Schmitt, "implique une double possibilité : le droit d'exiger de ses propres membres qu'ils soient prêts à mourir et à tuer des ennemis sans hésitation" (46).

Dans ce même texte, Schmitt rappelle également que si une autre entité décide de la distinction politique, alors cette entité deviendra l'entité politique, remplaçant l'Etat précisément parce que la nouvelle entité détient le pouvoir de décision. Cette mention de la décision politique nous amène au traitement de l'état d'exception par Schmitt. Dans Théologie politique, Schmitt (2006) écrit: "Dans l'exception, la puissance de la vie réelle perce la croûte d'un mécanisme rendu torpide par la répétition" (5). Ensuite, Schmitt (2006) affirme que "tous les concepts pertinents de la théorie moderne de l'État sont des concepts théologiques sécularisés... l'exception dans la jurisprudence est analogue au miracle dans la théologie" (36).

Les passages de La notion du politique et de Théologie politique montrent les deux Schmitt que j'ai illustrés plus haut. Alors que dans le premier texte, la guerre fait l'objet d'un traitement systématique et froid et est mentionnée parce qu'elle fait partie d'un phénomène inévitable, celui qu'est la distinction politique ami/ennemi, le second texte nous présente une image différente. L'approche de la situation extrême dans Théologie politique est agrémentée d'une métaphore puissante, qui donne au lecteur l'impression que Schmitt souhaite presque que l'état d'exception se matérialise.

L'agere nécessaire dans l'état d'exception semble mettre en échec le deliberare infinido libéral. A première vue, l'assimilation de l'exception à un miracle semble indiquer la matérialisation de l'exception en tant que miracle. Dans ce cas, nous lirions la matérialisation d'un miracle comme quelque chose de souhaitable, fruit de la Providence. Ce mouvement interprétatif, typique de la lecture majoritaire de Schmitt comme penseur irrationaliste dans l'esprit duquel les germes du nazisme ont toujours existé, n'est pas la seule lecture disponible.

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La définition du miracle donnée par David Hume ouvre la voie à une seconde interprétation. Selon Hume, un "miracle est une violation des lois de la nature" (Hume, 2007, p.83). Le miracle est ainsi présenté comme une suspension temporelle des lois de la nature, tout comme l'exception exige une suspension temporelle des lois de l'État. Ce qui advient après un miracle et après une exception est la même chose: la normalité et l'ordre. Après avoir traité l'exception, l'État revient à son fonctionnement normal. A mon sens, la lecture de l'exception par Schmitt ne pourrait être plus éloignée du diagnostic benjaminien qu'Agamben fait de notre monde politique, où l'état d'exception serait devenu un paradigme de gouvernement (Agamben, 2005, p. 6-7).

Pour Schmitt, il s'agit de faire en sorte que nos structures politiques et juridiques puissent réagir de manière appropriée et opportune à l'état d'exception. Le fait que l'état d'exception ne puisse pas être codifié fait partie de sa nature, caractérisée par sa propre exceptionnalité qui le place en dehors du paradigme des règles établies. L'interprétation que j'ai proposée vise à montrer que Schmitt, loin de prôner un état d'exception perpétuel, a foi en ce moment en raison du pouvoir miraculeux dont il est porteur. Grâce à ce pouvoir, l'exception devient plus intéressante que la règle. Ainsi, même s'il n'est pas un défenseur de l'exception, Schmitt est fasciné par son pouvoir car face à l'exception, les désirs du libéralisme de l'effacer révèlent son insuffisance.

Pour Schmitt, la guerre ne serait jamais le point de la politique, "mais en tant que possibilité perpétuellement présente, elle est le présupposé principal qui détermine de manière caractéristique l'action et la pensée humaines et crée ainsi un comportement spécifiquement politique " (Schmitt, 1996, p. 34). Son affirmation descriptive selon laquelle la guerre pourrait se matérialiser, associée à l'affirmation normative selon laquelle elle ne devrait pas se matérialiser, est d'une importance vitale dans mon analyse de Schmitt en tant que penseur d'ordre. En affirmant que la guerre est une possibilité logique perpétuelle résultant d'une distinction politique nécessairement inévitable, Schmitt fournit un argument modal. Je veux dire par là que Schmitt souligne la possibilité que le conflit découle d'une condition nécessaire du monde politique. En reconnaissant cette situation de fait, Schmitt comprend alors que la guerre est un moment révélateur à plusieurs égards. Premièrement, la volonté de mourir est un aspect crucial du politique: "Si on lui ordonne d'aller à la guerre, l'agent schmittien obéira parce que sa fin ultime est la préservation de l'entité politique à laquelle il appartient" (Slomp, 2009, p. 164). Si l'État n'est plus en mesure de faire la distinction ami/ennemi, il se désintégrera et succombera devant une véritable entité politique émergeant d'ailleurs.

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Par conséquent, au moment de la guerre, ou de la possibilité perpétuelle de guerre, la question de l'appartenance est fondamentale. Pour parler crûment, un agent ne risquera pas sa vie pour une entité politique dont il ne se sent pas membre, révélant ainsi sa loyauté envers un groupe politique. Ce fait (ou plutôt, le lieu des loyautés) ne se manifestera que dans l'antagonisme le plus extrême. Dans ma lecture de Schmitt, la question de la guerre est une question extrême mais révélatrice. Deuxièmement, si l'exception devait se concrétiser, l'Etat en tant qu'unité serait en danger, ce qui explique pourquoi Schmitt veut laisser carte blanche aux canaux qui permettent de traiter l'exception le plus rapidement possible. Cependant, en vertu de cette force potentiellement dévastatrice, l'exception a le pouvoir de mettre en échec un ordre inefficace.

Je fonde ma lecture de l'approche de la guerre par Schmitt en tant que "politique de la distance" sur les deux arguments susmentionnés. L'affirmation selon laquelle Schmitt propose une politique de la distance par rapport à la guerre est compatible à la fois avec le Schmitt normatif et irrationaliste et, plus important encore, rend compte de leur coexistence. Même si ses théories sont caractérisées par une normativité de l'ordre, Schmitt est fasciné par la guerre. Cette fascination est évidente dans le pouvoir révélateur que possède la guerre, ainsi que dans la capacité de l'exception à vaincre le mécanisme libéral. Schmitt contemple donc esthétiquement la guerre à distance, sans l'inviter directement dans ses images politiques et juridiques. Pourtant, sa propre contemplation esthétique peut générer un certain nombre de réponses et façonner le comportement politique dans son ensemble.

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Les deux visages de Schmitt ont été détectés précédemment dans des études sur l'auteur. Par exemple, Wolin (1990) a suggéré une réconciliation par le biais de ce qu'il appelle l'existentialisme politique. Il écrit: "Il existe des préceptes "existentialistes" spécifiques qui lui permettent d'unir à la fois un décisionnisme radical et une philosophie concrète de l'ordre. Il ne fait guère de doute qu'il a perçu l'union parfaite de ces deux doctrines dans le Führerstaat d'Adolf Hitler" (394). Je souhaite éloigner mon interprétation de cette lecture. Ce que je propose, c'est une enquête sur les deux visages de Schmitt et une explication de l'attrait oscillant de la fascination de Schmitt pour la guerre en tant que fascination esthétique.

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Plusieurs essais traitent de l'esthétique chez Schmitt. Certains se concentrent sur l'influence de Shakespeare sur Schmitt (Pan: 1987; Pye: 2009). Ces articles n'explorent pas la dimension esthétique d'un aspect de la pensée de Schmitt. D'autres contributions identifient un angle esthétique dans les théories de Schmitt. A ma connaissance, la première de ce type est celle de Wolin (1992), où l'auteur affirme que Schmitt donne à l'état d'urgence une "justification presque esthétisante" (434). L'exception perturbe nécessairement un état tranquille de normalité typique de la société bourgeoise, ce qui confère à l'état d'urgence un pouvoir esthétique en tant que subjugueur de la Lebensphilosophie libérale. Le traitement esthétique de l'exception par Schmitt est une "esthétique de l'horreur" (terme emprunté à Bohrer) dans laquelle il y a une tendance à "propager une sémantique temporelle de rupture, de discontinuité et de choc" (Wolin, 1992, p. 433). Le passage de Wolin illustre une tendance commune dans la littérature sur l'esthétique de Schmitt: la négligence de définir et donc d'occuper le terme "esthétique" avec une définition. Qu'est-ce que cela signifie que quelque chose - un concept, un moment ou une théorie - est esthétique? Dans Wolin (1992), il semble que "l'esthétique" soit considérée comme le pouvoir étonnamment violent de l'exception. Si ma modeste lecture de Wolin est correcte, il semblerait que l'on puisse remplacer "esthétique" par des mots proches de "mystifiant", "mystique", "troublant", montrant ainsi que l'attribut "esthétique" n'a rien de spécial. En d'autres termes, "esthétique" dans ce sens est utilisé comme un mot, plutôt que comme un concept.

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Comme je l'ai mentionné précédemment, Gentile n'était pas un théoricien politique, de sorte que son traitement de la guerre est radicalement différent de celui de Schmitt en termes de portée et de nature. Les écrits de Gentile sur la guerre peuvent être répartis en trois segments théoriques et temporels. Premièrement, les Fondamenti della Filosofia del Diritto [Fondements de la philosophie du droit] (1916). Deuxièmement, les articles journalistiques écrits juste avant la Première Guerre mondiale, rassemblés dans Guerra e Fede (1919), et ceux écrits juste après la guerre, maintenant dans Dopo la Vittoria (1920). Troisièmement, dans les œuvres de la période fasciste, en particulier I Profeti del Risorgimento Italiano (1923) et Origines et doctrine du fascisme (1928). Je me concentrerai ici sur les premier et troisième segments.

Les "Principes fondamentaux" ont été conçus comme un cours de philosophie du droit donné en 1916 aux étudiants de la faculté de jurisprudence de l'université de Pise. Le texte est une analyse typiquement actualiste de la discipline, tant dans sa portée que dans sa téléologie. Dans un chapitre traitant du concept de dialectique en tant que développement et de la place de l'individu dans la société, Gentile (2003) écrit : "la guerre n'a pas sa fin en soi ; la guerre est l'établissement de la paix, la résolution d'une dualité ou d'une pluralité dans la volonté collective, dont la réalisation est immanente au conflit, représentant sa véritable raison d'être, et sa signification correcte" (72). Il poursuit en affirmant que la guerre est le résultat d'intérêts particuliers, qui doivent encore comprendre leur propre particularité - des intérêts qui ne peuvent être pacifiés que par l'ordre de la guerre. Il précise ensuite que le conflit doit être compris non pas comme une phase de transition entre l'individualisme et une substance universelle qui nie l'individualisme, mais comme un moment nécessaire dans la vie dialectique de l'esprit, car il ne peut y avoir de paix sans guerre (Gentile, 2003, p.73).

Ainsi, d'un point de vue philosophique, Gentile comprend la guerre comme un phénomène dialectique qui fait partie du processus d'unification de la multiplicité des volontés dans la société. En ce sens, la guerre est à la fois le signe d'un manque d'unité et le premier pas vers sa résolution. Sur le plan politique, Gentile est un fervent partisan de l'entrée de l'Italie dans la Première Guerre mondiale [5], ce qui suscite son intérêt pour les Fasci di Combattimento (Bedeschi, 2004, p.74). I Profeti traverse la tradition spécifiquement italienne du Risorgimento, avec ses principales figures (Giuseppe Mazzini et Vincenzo Gioberti dans la sphère théorique, Goffredo Mameli et Giuseppe Garibaldi dans la sphère pratique) et les aspects fondamentaux de leur pensée.

9753052304.jpgL'objectif de I Profeti est de ressusciter la philosophie et la conception de la vie du Risorgimento et de poursuivre son projet dans le nouveau moment historique de l'Italie: le fascisme. Étant donné que la guerre a été l'idée fondamentale des fascistes, Gentile (2004) montre comment la guerre et le conflit ont été au cœur de la pensée de Mazzini et de l'exemple vivant de Mameli. Gentile définit Mazzini comme "l'éducateur, l'apôtre: l'idée devenue personne" (212), ouvrant ainsi la voie à une exploration de sa pensée orientée vers son propre emploi en tant que source d'inspiration pour le peuple italien. Le plus intéressant est l'affirmation selon laquelle Mazzini est le prophète de l'Italie fasciste, qui partagerait tous les postulats de la philosophie de Mazzini (Gentile, 2004, p. 152). Le lecteur apprend rapidement que la philosophie de Mazzini forme une conception religieuse de la vie (Gentile, 2004, p. 17) qui englobe une conception de l'éthique selon laquelle les devoirs (le caractère sacré du devoir) précèdent toujours les droits et, par conséquent, où les droits ne peuvent être revendiqués que si les devoirs sont remplis.

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Sur le plan politique, Mazzini utilise la primauté des devoirs pour défendre l'idée que les gens ont le devoir de former un peuple et, par conséquent, une nation. La construction d'une nation doit se faire "non par la solidarité, mais par la lutte et la guerre: cette guerre qui - comme l'écrivait Mazzini en 1855 - 'est sacrée comme la mort, et comme la mort, donne accès à une vie plus sacrée, et à un idéal plus élevé'" (Gentile, 2004, p. 22). L'idée que la nation est créée par le conflit et la guerre correspond à la croyance de Mazzini selon laquelle "la vie n'est ni un spectacle ni un loisir, mais une lutte, un sacrifice... les droits ne peuvent être obtenus d'en haut, ils doivent être gagnés par l'insurrection et le martyre" (Gentile, 2004, p. 26). Ainsi, pour Gentile, la foi dans le projet mazzinien du Risorgimento ne doit pas être abandonnée, mais ravivée dans le nouvel esprit italien.

250px-Goffredo_mameli.jpgDans la pensée mazzinienne de Gentile, la guerre est la stratégie de l'unification. Une stratégie qui ne semble pas avoir été abandonnée même en temps de paix, car elle semble être l'essence même de la vie. En ce sens, Gentile (2004) inclut Mameli (gravure, ci-contre) dans la liste des "prophètes" en écrivant qu'"il est le martyr par excellence: le martyr dont la vie et la mort éclairent les origines de cette Italie" (158). Plus loin, Gentile (2004) cite Mazzini à propos de la mort de Mameli: "Mazzini a écrit qu'il ne fallait pas pleurer la mort de Mameli, car il est mort "d'une belle mort, en combattant au nom de Dieu et du peuple"" (163).

Dans l'ouvrage Origines de 1928, évoquant l'importance de la guerre pour les fascistes, il écrit: "La guerre était considérée comme un moyen de cimenter la nation comme seule la guerre peut le faire, en créant une pensée unique pour tous les citoyens, un sentiment unique, une passion unique et une espérance commune, une angoisse vécue par tous, jour après jour - avec l'espoir que la vie de l'individu puisse être vue et ressentie par tous - mais qui transcende les intérêts particuliers de chacun" (Gentile, 2009, p. 2).

Après l'intervention très contestée dans la guerre, lorsque la foi dans la restauration de la paix et de l'ordre dans l'État italien semblait vaine, Gentile (2009) a écrit que les fascistes n'ont jamais perdu espoir: "malgré les déceptions et l'angoisse qui ont accompagné la paix - ils ont continué à avoir foi dans la guerre et dans ce que la victoire dans cette guerre signifiait. Ils ont cherché à restaurer l'Italie en elle-même, en rétablissant la discipline et en réorganisant les forces politiques et sociales au sein de l'État" (18).

Par conséquent, dans Origines, Gentile plaide en faveur de la participation de l'Italie à la guerre parce qu'il pense (comme les Fasci) que la guerre est le seul moyen de restaurer un sentiment d'"italianité". En combattant dans la même guerre, le peuple italien, fragmenté, développerait un sens de la fraternité et de l'amitié qui n'existait pas à l'époque, malgré l'expérience du Risorgimento. La guerre devient ainsi le phénomène distinctif de la vie politique. Bien que cela semble, à première vue, similaire à ce que Schmitt écrit dans La notion, nous trouvons dans l'œuvre de Gentile un appel perpétuel aux armes, au martyre et à la guerre. De plus, cette guerre même est la réponse morale à une vie morale, à une conception de la politique qui est nécessairement religieuse et éthique. Ainsi, dans l'acte même de mourir pour sa nation, l'homme devient un héros et un martyr.

La guerre est donc au centre de cette conception de la vie politique et de la politique vivante, où les lignes de séparation entre le sens personnel de la vie et la téléologie nationale sont presque inexistantes. En plaçant la guerre au centre de cette image politique, Gentile pose la question de l'accomplissement moral et de l'unité esthétique. Alors que chez Schmitt, la guerre est toujours à distance, envisagée comme une possibilité perpétuelle pour une myriade de questions politiques et juridiques, mais jamais invitée dans la vie politique. En ce sens, j'ai qualifié la position de Schmitt à l'égard de la guerre de politique de la distance, et celle de Gentile de politique de la proximité. Dans les œuvres politiques de Gentile, la guerre apparaît de deux manières: d'un point de vue théorique, comme le moment dialectique nécessaire dans le conflit d'intérêts, qui, une fois matérialisé, réinitialise l'ordre politique, et d'un point de vue politique, comme la réponse morale au problème politico-existentiel de l'Italie, à savoir l'absence d'une nation.

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La rencontre entre Schmitt et Gentile révèle plusieurs caractéristiques intrigantes de la guerre, indétectables chez les penseurs libéraux et dans la tradition libérale. Parmi ces caractéristiques: la destruction créatrice de la guerre - la création d'un nouvel ordre par la destruction violente de l'ancien; le pouvoir unificateur du combat - l'horreur, la violence et le traumatisme peuvent unifier un peuple d'une manière bien plus profonde que n'importe quel autre événement ou phénomène. Le dialogue entre Gentile et Schmitt fait apparaître une spatialité intéressante par rapport à la guerre: une politique de la distance (Schmitt) contre une politique de la proximité (Gentile).

Notes

[1] - J'aimerais exprimer mes sincères remerciements à mes superviseurs pour ce projet, le Dr Gabriella Slomp et le Dr Vassilios Paipais, pour leur soutien, leurs conseils et leurs encouragements.

[2] - Croce avait attaqué la tentative de Pasquale Villari de reléguer l'histoire à la science. En réponse à Villari, Croce publie "L'histoire placée sous le concept général de l'art" (1893), qui nie les similitudes entre l'histoire et la science, soulignant plutôt les caractéristiques communes entre l'art et l'histoire, tous deux préoccupés par la belle représentation des individus [3].

[3) La publication des œuvres complètes de Gentile a été tentée et interrompue par les maisons d'édition suivantes : Treves (Milan), Sansoni (Florence) en 1936 - dirigée par le fils de Gentile, Federico, qui, en 1946, a délégué la tâche à la Fondazione Giovanni Gentile per gli Studi Filosofici (Fondation Giovanni Gentile pour les études philosophiques), basée à Rome.) En 2001, Le Lettere (anciennement Sansoni) a réédité les œuvres complètes de Gentile en suivant la division conçue par Ugo Spirito et Vito Bellezza. La bibliographie complète des œuvres de Gentile a été compilée par Bellezza en 1950 et publiée dans le troisième volume de la série Giovanni Gentile. La Vita e Il Pensiero, sous la responsabilité de la Fondation Gentile.

[4] - Malheureusement, seuls trois de ces textes existent en anglais. Il s'agit de: Theory of Mind as Pure Act, traduit de la troisième édition par H. Wildon Carr. Genèse et structure de la société, traduit par H.S. Harris. Urbana, Ill. The Philosophy of Art, traduit par Giovanni Gullace, Ithaca, NY. Cornell University Press, 1972.

[5] - Contrairement à Croce

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vendredi, 16 juin 2023

Multipolarité et multilatéralisme

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Multipolarité et multilatéralisme

Leonid Savin

Source: https://katehon.com/ru/article/mnogopolyarnost-i-mnogostoronnie-otnosheniya

Il existe plusieurs termes similaires dans les sciences politiques occidentales qui rendent confus le contexte de l'émergence d'un ordre mondial multipolaire. Outre le terme de multipolarité, les mots "multipolarité" et "multilatéralisme" sont également utilisés. Cependant, si nous les déconstruisons, il sera évident qu'ils ont une signification différente. Avec la multipolarité, tout est plus ou moins clair, même si, encore une fois, en Occident, la polarité a d'abord été comprise comme une définition géographique, et comme il n'y a que deux pôles sur la Terre, le Nord et le Sud, elle a certaines connotations.

À l'époque de la guerre froide et de la bipolarité, elle soulignait même un certain caractère naturel des deux pôles. Cependant, si nous partons d'un point de vue différent, il pourrait y avoir beaucoup plus de pôles. En partant de l'explication de Martin Heidegger dans son Parménide, nous arrivons à la conclusion qu'il peut y avoir autant de pôles que de nations, et il y a ici un certain lien avec le concept de quatrième théorie politique d'Alexandre Douguine, où le Dasein est proposé comme base pour la projection et la fixation d'objectifs dans le temps et l'espace, qui se déploie dans les processus politiques.

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En ce qui concerne le multipolarisme, il est immédiatement évident que nous parlons d'une sorte de construction idéologique. La terminaison -isme nous renvoie aux modèles politiques théoriques et pratiques les plus divers, du communisme et du marxisme au libéralisme et au fascisme. Par conséquent, le multipolarisme apparaît comme un concept parapluie, bien qu'il n'existe pas d'idéologie du "multipolarisme" ou du "multipolarisme" en tant que telle. Il existe des visions disparates de la formation d'un système politique mondial multipolaire. D'une part, les États constituent certes des pôles, d'autre part, les pôles peuvent aussi être des alliances et des pactes, et enfin, ils peuvent être des civilisations (qui coïncident parfois avec des États, comme dans le cas de la Russie, de l'Inde et de la Chine).

Néanmoins, le terme multipolarisme lui-même peut servir de point de référence, de phare pour stimuler le développement des aspects pratiques de la multipolarité.

Dans le cas du multilatéralisme, nous sommes confrontés à une approche totalement différente des affaires internationales. Il s'agit d'un modèle proposé par les États-Unis sous l'administration de Barack Obama pour renforcer l'hégémonie de Washington. Seulement, le leadership américain dans ce format n'est pas si évident. C'est un peu comme la méthode "nudge" du behaviorisme social que Cass Sunstein (qui a également travaillé dans l'administration de la Maison Blanche sous Obama) a proposée. Le titre de l'un de ses livres, The Illusion of Choice, illustre parfaitement le principe du multilatéralisme. Les autres pays ont l'illusion d'avoir des connexions diverses et variées, mais toutes (en politique, en économie, en logistique, etc.) sont incluses dans la toile d'un système mondial contrôlé par un seul acteur - les États-Unis.

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Au sein des Nations unies, l'accent est souvent mis sur le multilatéralisme et un certain nombre d'agences spécialisées opèrent dans ce sens. Toutefois, comme dans le cas de la réglementation de l'internet, il y a des tentatives évidentes de la part d'une partie d'augmenter le nombre de voix au détriment des unités opérationnelles fictives, c'est-à-dire les entreprises privées, qui sont censées avoir le droit de participer à l'élaboration de nouvelles normes. Les États-Unis tentent ainsi d'utiliser cet outil pour maintenir leur domination.

Cependant, même parmi les partisans de la multipolarité et les critiques de l'hégémonie américaine, on entend parfois ce terme. Cela crée une certaine confusion. C'est pourquoi une révision adéquate et une utilisation réfléchie de la terminologie sont nécessaires. En développant une nouvelle approche des relations internationales (en particulier lorsqu'il s'agit d'une théorie non occidentale des relations internationales), les rudiments associés au mondialisme parasitaire doivent être éliminés.

Alexandre Douguine: Une sociologie de la transition vers le postmoderne

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Une sociologie de la transition vers le postmoderne

Alexander Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/article/sociologiya-fazovogo-perehoda-k-postmodernu

La deuxième phase de transition

Le postmoderne est le paradigme vers lequel la transition du paradigme précédent - le moderne - s'effectue actuellement. La transition se déroule sous nos yeux, de sorte que la société actuelle (au moins la société occidentale, mais aussi la société planétaire dans la mesure où elle est influencée par la société occidentale) est une société en transition. Non seulement la société russe est en transition au sens large, mais la matrice sociale qui définit la vie de l'humanité à tel ou tel degré est également en train de changer de nature qualitative aujourd'hui.

Cette transition (ce transit) s'opère stricto sensu du moderne au postmoderne. En même temps, certains principes de la modernité ont déjà été écartés, démystifiés, démantelés, et d'autres restent encore en place. Parallèlement, certains éléments du paradigme postmoderne ont déjà été activement et universellement mis en œuvre, tandis que d'autres restent à l'état de projet, "en route". Cette transitivité complique une analyse sociologique correcte du postmoderne, puisque l'image sociale globale observée aujourd'hui est, en règle générale, une combinaison de parties du moderne en phase de sortie et du postmoderne en phase entrante. En outre, ce processus ne se déroule pas de manière frontale et uniforme, mais varie d'une société à l'autre.

La nécessité de bien comprendre la structure des trois paradigmes

En tout état de cause, pour analyser, d'un point de vue sociologique, le contenu de la société postmoderne, c'est-à-dire pour être un sociologue compétent du 21ème siècle, il est absolument nécessaire de disposer d'un ensemble de connaissances sociologiques sur les trois paradigmes - prémoderne, moderne et postmoderne, de connaître leurs points clés, de comprendre la structure générale des sociétés correspondantes, d'être capable de reconstruire les principaux pôles, strates, statuts et rôles de chaque type de société. Cela est nécessaire pour les raisons suivantes.

1. La phase de transition vers le postmoderne touche aux fondements les plus profonds de la société, y compris ceux qui semblaient avoir été mis en exergue et même dépassés depuis longtemps dans le moderne. Le but de la philosophie postmoderne est de prouver l'insuffisance et la réversibilité de ce "dépassement". Le postmodernisme affirme que "la société moderne n'a pas réussi à faire face à son programme et n'a pas été en mesure d'éliminer complètement le prémoderne". Pour comprendre cette thèse, qui est au cœur du programme sociologique et philosophique du postmodernisme, il est nécessaire de réfléchir à nouveau et sérieusement: qu'est-ce que le prémoderne ?

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2. Les structures sociales à transformer radicalement dans le postmoderne n'ont pas été établies à un stade historique antérieur: elles représentent des constantes sociologiques, anthropologiques, psychanalytiques et philosophiques profondes, qui sont restées inchangées tout au long de l'histoire et qui se manifestent de la manière la plus vivante dans les sociétés archaïques, qui ont été explorées sous un nouvel angle par le structuralisme du 20ème siècle. Cela signifie que le postmodernisme n'opère pas seulement avec le passé et l'histoire, mais avec l'éternel et l'intemporel. Ainsi, le thème du "mythos", longtemps oublié, s'avère non seulement pertinent, mais central, et l'étude des sociétés archaïques, d'une initiative périphérique, presque muséale, devient un domaine scientifique dominant.

3. La transition vers le postmoderne implique des changements tout aussi fondamentaux dans la structure globale de la société, comparables à ceux qui ont eu lieu lors de la transition du prémoderne au moderne. De plus, la phase de transition précédente est cruciale dans son contenu et son modèle pour l'étude de la transition actuelle. La symétrie et le contenu de cette symétrie entre les deux est au cœur de tout le paradigme postmoderne.

Ces arguments, auxquels s'ajoutent de nombreuses autres considérations techniques et appliquées, nous permettent de réaliser la loi la plus importante de la sociologie du 21ème siècle : nous ne sommes capables, du point de vue sociologique, de comprendre de manière adéquate la société dans laquelle nous nous trouvons, que si nous possédons non seulement un ensemble d'outils sociologiques de base, mais aussi une compréhension de toutes les différences sociales entre les paradigmes prémoderne-moderne-postmoderne.

Transformation de l'objet de la sociologie dans le postmoderne

Nous ne devons pas oublier que la sociologie a émergé à l'époque de la modernité et que, bien qu'elle soit largement responsable de la critique de la modernité et de la préparation de la transition vers la postmodernité, elle porte de nombreuses traces conceptuelles, philosophiques, méthodologiques et sémantiques de la modernité, qui perdent leur sens et leur adéquation sous nos yeux aujourd'hui. Le passage de la sociologie à la post-sociologie est inévitable, ce qui signifie que le niveau de réflexion sociologique sur la sociologie elle-même, ses principes, ses fondements, son axiomatique, est plus que jamais d'actualité.

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Cela découle du phénomène fondamental suivant. Dans la transition vers le postmoderne, l'objet même de la sociologie change. Bien sûr, la société change toujours, à tous les stades. Et à chaque fois, son étude correcte nécessite l'amélioration des outils pertinents. Mais pendant la phase de transition, quelque chose de plus profond change - le registre des disciplines change. Ainsi, toutes les transformations sociales du paradigme prémoderne étaient liées aux changements au sein des religions - leur changement, leur évolution, leur division ou leur fusion, leur corrélation. Lors de la transition vers la modernité, l'ensemble des processus sociaux, des institutions, des doctrines et des structures associés à la religion (et il ne s'agissait pas seulement d'un vaste ensemble, mais de la quasi-totalité) s'est avéré moins pertinent et a été relégué à la périphérie de l'attention. Comme nous l'avons vu, aux yeux d'Auguste Comte, c'est la sociologie en tant que post-religion qui devait prendre la place laissée vacante par la religion.

Au cours de la période prémoderne, l'étude de la société était presque identique à l'étude de sa religion, qui définissait dans un contexte social les propriétés dominantes des institutions, des processus, de la distribution des status, etc. Dans la Modernité, cependant, les études religieuses et la sociologie de la religion sont devenues des orientations d'impact très modeste, et seuls le structuralisme et la psychanalyse, ainsi que certains des pères fondateurs de la sociologie (Durkheim, Mauss, Weber, Sombart) nous ont rappelé leur importance fondamentale - principalement à travers l'étude des conditions sociales à l'origine de la Modernité (Weber, Sombart) ou à travers l'étude des sociétés archaïques (Durkheim tardif, Mauss, Halbwachs, Eliade, Levi-Strauss). Quoi qu'il en soit, de part et d'autre de la frontière du Moderne (la phase de transition précédente) se trouvent deux types de société très différents: la "société traditionnelle" (Prémoderne) et la "société moderne" (Moderne).

Les différences entre elles sont si fondamentales, et les valeurs et principes de base sont si opposés, que l'on peut parler d'antithétisme total. Si le prémoderne est la thèse, le moderne est l'antithèse. Et les sociétés correspondantes, sous de nombreux aspects, sont non seulement qualitativement différentes, mais aussi des objets de recherche opposés. - Ce n'est pas un hasard si F. Tönnies ne place la "société" (Gesellschaft) comme objet de sociologie qu'à l'époque moderne, alors que, selon sa doctrine, mettant l'accent sur la "communauté" (Gemeinschaft) correspond à l'époque prémoderne. Si nous acceptons la théorie de Tönnies, considérée comme un classique incontesté de la sociologie, nous aurions dû diviser la sociologie en une science de la société (Gesellschaft) et du moderne, et une science de la communauté (Gemeinschaft) et du prémoderne ("communologie"). Bien qu'une telle division n'ait pas eu lieu et que la sociologie étudie de la même manière les sociétés traditionnelles et modernes, la transformation de l'objet d'étude lors de la première phase de transition du prémoderne au moderne est si importante que l'idée de les diviser en deux disciplines a été sérieusement discutée lors de la phase de formation de la science. À notre époque, le thème de la "communologie" a été revisité par le célèbre sociologue français Michel Maffesoli.

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Post-société et post-sociologie

Il se passe quelque chose de similaire lors de la deuxième phase de transition - de la modernité à la postmodernité. L'objet de recherche - la "société" - change à nouveau de manière irréversible. La société postmoderne est aussi différente de la société moderne que la "société moderne" l'est de la "société traditionnelle" (Gemeinschaft). Par conséquent, on peut provisoirement parler de "post-société" comme d'un nouvel objet d'étude pour la sociologie. Dans le même temps, la sociologie elle-même doit changer afin d'adapter ses méthodes et ses approches à ce nouvel objet. Ainsi, la perspective d'une "postsociologie", d'une nouvelle discipline (post-)scientifique qui étudierait le nouvel objet, se profile à l'horizon.

Quoi qu'il en soit, l'adéquation sociologique minimale dans l'étude des processus qui se déroulent dans la transition vers le postmoderne est directement liée à la compréhension de la logique sous-jacente des trois changements de paradigme. Ceci, entre autres, fait de l'étude du prémoderne avec toutes ses composantes sociologiques - mythe, archaïque, initiation, magie, polythéisme, monothéisme, ethnos, dualité des phratries, structures de parenté, stratégies de genre, hiérarchie, etc. - une condition nécessaire à l'adéquation professionnelle du sociologue, appelé à compléter la taxinomie des objets de cette science par un nouveau maillon - la "post-société".

La correction archéomoderne

La situation est d'autant plus complexe que la chaîne prémoderne-moderne-postmoderne n'est valable que pour les sociétés occidentales - l'Europe, les États-Unis, le Canada, l'Australie, etc. Dans la zone de développement durable et dominant de la civilisation occidentale, nous pouvons clairement enregistrer la transition de la société selon les trois paradigmes, avec le fait que l'affirmation de chaque nouveau paradigme tend à être fondamentale, irréversible et nettoyée des vestiges du précédent. Pour la civilisation occidentale, le processus de changement de paradigme est endogène, c'est-à-dire qu'il est induit par des facteurs internes.

Pour toutes les autres sociétés, le mouvement successif le long de la chaîne des changements de paradigme (y compris les divers sous-cycles que nous avons décrits précédemment) a un caractère externe, exogène (il a lieu soit par la colonisation, soit par la modernisation défensive), ou n'a lieu qu'en partie (le monothéisme islamique est plus "moderne" que le polythéisme), et plus encore que les cultes archaïques, n'a jamais franchi la ligne de la Modernité, s'arrêtant avant elle), soit est totalement absente (de nombreuses ethnies de la planète vivent encore sous des systèmes stables de "retour perpétuel"). Mais comme l'influence de l'Occident est aujourd'hui mondiale, le premier cas - la modernisation exogène (ou acculturation) - s'étend à presque toutes les sociétés, apportant des éléments de modernité même aux tribus les plus archaïques. Cela donne lieu au phénomène de l'archéomoderne.

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L'archéomoderne complique le tableau sociologique

Le problème de l'archéomoderne en sociologie complique considérablement l'analyse des sociétés selon le syntagme historique prémoderne-moderne-postmoderne, car il ajoute à ces trois paradigmes un certain nombre de variantes hybrides, dans lesquelles les façades sociales du moderne sont placées artificiellement et inorganiquement sur la base de structures sociologiques liées au prémoderne. L'archéo-moderne est également spécifique parce que cette combinaison de l'archaïque et du moderne n'est pas du tout en corrélation au niveau de la conscience, n'est pas comprise, n'est pas arrangée, aucun modèle interprétatif généralisant n'apparaît, ce qui crée le phénomène de la "société-décharge" (P. Sorokin). Le moderne bloque le rythme de l'archaïque, et l'archaïque sabote la structuration cohérente du moderne.

L'étude des sociétés archéo-modernes représente une catégorie distincte de tâches sociales, qui peuvent être reléguées à une branche spéciale de la sociologie. L'archéo-moderne ne génère aucun contenu nouveau, puisque chacun de ses éléments peut être assez facilement ramené soit au contexte de la société traditionnelle (au Prémoderne), soit au contexte de la société moderne (au Moderne). Seuls sont originaux les ensembles de dissonances, de non-sens et d'ambiguïtés générés par telle ou telle manifestation de l'archéo-moderne, soit les réserves, les échecs, les erreurs et les coïncidences accidentelles, qui acquièrent parfois le statut de caractéristiques sociales et deviennent dans certains cas constitutifs. Par exemple, une institution sociale incomprise ou un objet technique emprunté au moderne, comme un parlement ou un téléphone portable, peut fonctionner en dehors de tout contexte (en l'absence de démocratie dans la société ou de réseau de téléphonie mobile), comme étant en partie réinterprété en fonction des réalités locales, et en partie comme un simple élément incompris, agissant comme un "objet sacré" dont l'utilité est peu connue - comme une météorite.

L'archéomoderne et le postmoderne : l'apparence trompeuse des similitudes

L'archéomoderne devient un problème sociologique particulièrement difficile lorsqu'on étudie la deuxième phase de transition - du moderne au postmoderne. En effet, certaines propriétés phénoménologiques du postmoderne - en particulier l'appel ironique du postmoderne à l'archaïque afin de montrer au moderne ce dont il n'a pas pu se libérer complètement - ressemblent extérieurement à l'archéomoderne. Mais à la différence que le Postmoderne construit sa stratégie de combinaison de l'incongru (le Prémoderne et le Moderne) de manière artificielle, réfléchie, dans un but subtilement ironique et critique, provocateur (de la part d'un grand esprit), alors que le Moderne réalise des opérations similaires de son propre chef (de la part de la stupidité).

L'archéomoderne est un moderne qui n'a pas abouti et qui n'aboutira probablement plus. Le postmoderne est un moderne qui s'est révélé, mais qui se dépasse pour se révéler encore plus. D'où la distinction sociologique très subtile: le postmoderne imite certains aspects de l'archéo-moderne dans le cadre de son programme poststructuraliste visant à "éclairer les Lumières"; l'archéo-moderne le prend pour argent comptant et ne comprend sincèrement pas en quoi un Occident postmoderne qui reprend de manière ludique des thèmes et cherche à assimiler des ethnies entières (par l'immigration) encore inclues dans la société traditionnelle sera bientôt différent des sociétés archéo-modernes du reste du monde.

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La sociologie de la mondialisation (postmoderne et archéomoderne)

Ici se dessine un modèle de mondialisation à deux vitesses. Cette mondialisation repose sur la juxtaposition du postmoderne et de l'archéomoderne. Le postmoderne s'incarne dans la société occidentale, intégrant l'humanité le long de ses lignes de force - selon le principe de la prolifération des logems. C'est une société de l'information, qui décode et recode les flux d'informations ("océan d'infems"). Dans le monde entier, il existe des segments de l'élite qui sont plus intégrés dans la modernité que le reste de la société, et qui sont au moins partiellement capables d'embrasser certaines tendances postmodernes. Ils deviennent les nœuds de la mondialisation dans son aspect logique, rationnel et stratégique.

L'humanité se transforme en un champ homogène avec des centres-portails symétriquement situés, où se concentrent les routeurs d'infems. C'est là que les lois de la postmodernité opèrent et que restent ceux qui sont conscients de ces lois (soit des Occidentaux travaillant par roulement, soit des représentants des élites locales, qui ont maîtrisé les canons et les normes de la post-société).

Tout le reste de l'espace social est laissé à l'archéomoderne, qui perçoit l'affaiblissement de l'impulsion modernisatrice (qui tourmentait l'archaïque à l'époque de la modernité) comme un relâchement, et qui prend volontiers la mondialisation comme une "fenêtre d'opportunité" pour la localisation, c'est-à-dire pour se tourner vers des préoccupations quotidiennes concrètes familières et non généralisées, où l'archaïque et le moderne coexistent dans une forme de conflit atténué, comme un réceptacle de dépôt, creusé et fabriqué. Pour décrire ce double phénomène, le sociologue contemporain Roland Robertson (4) a proposé d'utiliser le terme de l'argot des entreprises japonaises, "glocalisation", pour décrire l'imbrication de deux processus dans la mondialisation - le renforcement des réseaux mondiaux fonctionnant selon l'agenda postmoderne (mondialisation proprement dite), et l'archaïsation des communautés régionales gravitant vers un retour à la culture locale (localisation). Ainsi, le postmoderne est mélangé à l'archéomoderne en une masse difficile à décomposer, dont le déchiffrage sociologique correct exige un grand professionnalisme et une compréhension profonde des mécanismes de fonctionnement de chaque paradigme, pris séparément ainsi que sous des formes hybrides et transitoires.

jeudi, 15 juin 2023

Silvio Berlusconi: libéral, fasciste ou simple Italien moyen?

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Silvio Berlusconi: libéral, fasciste ou simple Italien moyen?

par Patrizio

Source: https://www.bloccostudentesco.org/2023/06/15/bs-berlusconi-liberale-fascista-o-italiano-medio/

La mort de Silvio Berlusconi a été la principale nouvelle de ces trois derniers jours en Italie; depuis l'annonce de sa récente ré-hospitalisation, quelques jours seulement après sa sortie de l'hôpital San Raffaele, on avait le sentiment que cette fois-ci, il lui serait très difficile de s'en sortir. Et c'est bien ce qui s'est passé: l'ancien Cavalieri s'est éteint le 12 juin à 9h30. Une date destinée à devenir historique, comme le point final de la vie troublée d'un homme très controversé. 

Un homme. Il s'agit de Silvio Berlusconi qui, au cours de ses 30 années d'activité politique, a été dépeint de manière diamétralement opposée selon qu'on l'aimait ou qu'on le détestait: un saint, un monstre, le sauveur de la patrie, un mafioso, un homme juste, un homme corrompu. Analysons donc sa figure qui, qu'on le veuille ou non, a été au centre de la scène politique mondiale, la modifiant peut-être à jamais.

Berlusconi, en effet, est entré en politique à un moment où les politiciens commençaient à être dégoûtés par l'électorat : l'arrestation de Mario Chiesa, Mani Pulite, la fin des partis de la première république et la réorganisation ultérieure de la gauche communiste en PDS, tout cela a accru le sentiment d'anti-politique chez les Italiens. Berlusconi, dans ce contexte, fait donc figure de pionnier "grillinamente", se présentant comme l'entrepreneur "honnête", défenseur des travailleurs, qui n'a pas d'intérêts, à une époque où la politique est perçue par l'Italien moyen comme "un moyen de s'enrichir", un milliardaire avec des entreprises sur la crête d'une vague passe pour quelqu'un de crédible, parce que "à quoi bon ? De toute façon, il a déjà de l'argent". C'est ainsi que l'entrepreneur de Brianza réussit à gagner la confiance et le consensus de la majorité des électeurs, en vivant surtout sur des thèmes tels que la liberté d'entreprise, les impôts trop élevés, le chômage et en utilisant le cheval de Troie (très fructueux) du "danger communiste". 

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Oui, car comme nous le savons, pour Berlusconi, les communistes ont été une mine d'or: combien de mèmes, combien de blagues, combien de moments folkloriques dans lesquels Silvio les a jetés en pâture? Sa rhétorique, en revanche, est libérale: Berlusconi fait grand usage de concepts tels que la liberté, la démocratie, la réduction de l'État, mais dans une optique populiste, en proposant comme objectif générique vague la mystique "révolution libérale" qui, toutefois, ne se produira jamais. En remportant les élections en 1994, puis en 2001, Berlusconi s'est imposé comme le nouveau "sauveur de la patrie" et le champion de la liberté contre le "communisme".

En bon "archi-italien", comme le définit à juste titre la chaîne YouTube "Progetto Razzia", Berlusconi s'est fait un nom en matière de politique étrangère: célèbre bataille de "pacification" entre les États-Unis de Bush et la Russie du nouveau président Poutine, avec la fameuse poignée de main qu'il a sympathiquement "accompagnée", le terme de "kapò" épinglé à Schulz lors du Conseil européen, l'évocation grivoise du "gros cul de Merkel", les "pauvres communistes", le "excusez-moi", la chaise de Travaglio, autant de scènes extrêmement folkloriques qui ont permis au cabinet du Premier ministre italien de se faire remarquer lors des sommets internationaux. Une véritable star, un showman prêté à l'institution, avec des gaffes et des moments drôles désormais bien connus et devenus cultes des vingt ans de la période berlusconienne. Ses propositions (la baisse des impôts, le million d'emplois, le pont sur le détroit de Messine) sont devenues une rengaine politique, et sa figure extrêmement polarisante (anticipant, là aussi, la montée de Donald Trump aux États-Unis), comme la rhétorique du "mauvais État" qui ne laisse pas tranquilles les bons travailleurs, sont en fait des choses purement populistes, qui n'ont rien à voir avec les idéaux libéraux, mais avec le ventre démagogique de l'Italien moyen. 

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Les poursuites elles-mêmes, pour fraude fiscale, bunga-bunga, etc., pour lesquelles Berlusconi a déboursé plus de 800 millions d'euros en frais de justice, ont été mal perçues par la partie de la population la plus hypocritement bornée, mais d'un autre côté, une grande partie de ses fidèles a toujours réagi positivement parce que, à leurs yeux, Berlusconi était quelqu'un qui admettait ses vices (femmes, revenus non déclarés), qui plaisantait à leur sujet. En revanche, il était perçu de manière beaucoup plus hypocrite comme un personnage qui, par ailleurs, avait toujours tu ses liens avec la mafia et qui prenait de l'argent au noir (comme l'a montré le récent scandale du Qatargate). Ce sont ses erreurs géopolitiques (abandon de Kadhafi), stratégiques (soutien à Monti, Draghi, Letta et à divers gouvernements de coalition), ses dernières sorties et le compromis dû au fait de n'avoir jamais réalisé concrètement les propositions qu'il avait avancées, qui ont érodé son consensus, le réduisant au soutien des groupes de pouvoir et des lobbies qui l'ont soutenu et qui ont déplacé des votes, en plus de ses loyalistes.

Outre le fait qu'il ne s'inscrivait pas dans leur dynamique, le Cavalieri était détesté par la gauche principalement pour une raison: au fil du temps, il a été le seul à avoir réussi, à sa manière et pour ses propres intérêts, à construire des structures alternatives (télévision, journaux, maisons d'édition à grand tirage), même si, plus récemment, elles ont été diluées dans des thèmes libéraux-progressistes et modérés. En revanche, Berlusconi ne s'est jamais posé en politicien identitaire, il a été détesté parce qu'il a réussi, parce qu'il a été un pionnier dans des domaines qui ont toujours été considérés comme exclusifs aux élites de gauche. En conclusion : Silvio Berlusconi n'a jamais été un fasciste, il n'a jamais vu l'État de manière organique et la nation dans un sens spirituel, et il n'a même jamais été un libéral, terme toujours utilisé de manière impropre en opposition à la gauche "communiste" qui ne laissait pas tranquilles les petits entrepreneurs honnêtes, et aux magistrats corrompus (ainsi que communistes) qui le "persécutaient" pour l'empêcher d'atteindre ses objectifs. Au contraire, il était une représentation exquise du tissu social sur lequel reposait l'Italie de l'après-boom économique : bourgeois, populiste, anti-politique, un homme "comme tant d'autres", qui s'est "construit lui-même". Il était donc, par essence, le parfait "rêve italien" auquel tout homme de la rue, quelle que soit son origine, pouvait se référer : l'Italien moyen qui, parmi de nombreuses tentatives de Fantozzi pour s'élever socialement, a réussi.

Confusion autour des explosions de Nord Stream: était-ce les Ukrainiens?

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Confusion autour des explosions de Nord Stream: était-ce les Ukrainiens?

Source: https://zuerst.de/2023/06/15/zuerst-hintergrund-verwirrspiel-um-die-nord-stream-sprengungen-waren-es-die-ukrainer/

Washington/Berlin/Kiev. Le mystère entourant le sabotage du gazoduc Nord Stream en septembre 2022 commence à se dissiper. Le Washington Post a rapporté que la CIA avait été informée plusieurs semaines à l'avance par les services secrets militaires néerlandais (MIVD) que l'Ukraine préparait un attentat contre les pipelines. Les services américains auraient alors mis en garde les Ukrainiens contre la mise en œuvre de ces plans.

Selon le Neue Zürcher Zeitung, cette version est également corroborée par des documents récemment mis au jour et issus des "Pentagon Leaks". Selon ces documents, un service de renseignement européen non identifié aurait eu connaissance, par une source de l'état-major ukrainien, d'un plan ukrainien visant à faire sauter le gazoduc Nord Stream 1, et ce, trois mois avant les explosions. La CIA aurait alors été informée - celle-ci aurait à son tour partagé ses connaissances avec le gouvernement fédéral allemand.

Ce qui est particulièrement piquant, c'est que ce dernier n'a jusqu'à présent rien communiqué au public, bien que des députés du Bundestag aient demandé à plusieurs reprises, au cours des mois qui ont suivi l'attaque, s'ils avaient de nouvelles informations. Le gouvernement fédéral garde un silence de fer, invoquant le "bien de l'État".

La chaîne néerlandaise NOS veut en savoir plus. On y a récemment rapporté, en citant les services secrets néerlandais, que le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Zaluchny, avait été chargé de diriger l'opération. Une petite équipe de plongeurs et un voilier auraient également été impliqués. La version du voilier, qui aurait été loué par une équipe ukrainienne ou pro-ukrainienne auprès d'un loueur de bateaux polonais, circule depuis des mois. Le "New York" l'a lancée pour la première fois en mars, et les médias allemands ont ajouté des détails.

L'Ukraine, quant à elle, se distancie catégoriquement de toute implication dans les explosions de l'oléoduc. Le conseiller présidentiel ukrainien Podolyak a déclaré à l'époque à propos de la version avec le voilier: "L'Ukraine n'a rien à voir avec la situation autour de Nord Stream". Selon lui, les services secrets ukrainiens sont exclusivement occupés par la guerre contre la Russie. "D'éventuelles opérations au fond de la mer Baltique ne sont pas de nature à influencer de manière significative la situation opérationnelle de la guerre". Podolyak avait alors déclaré que l'Ukraine n'avait rien à voir avec les attaques contre les pipelines et qu'elle ne disposait pas non plus "d'informations sur de prétendus 'groupes de sabotage pro-ukrainiens'".

En dépit des informations actuelles, la version du journaliste d'investigation américain Seymour Hersh, qui a accusé en février les Etats-Unis d'être à l'origine du sabotage sur la base de ses propres recherches, reste d'actualité. Les observateurs ne veulent donc pas exclure que la prétendue piste ukrainienne ne soit qu'une manœuvre de diversion visant à mettre le gouvernement américain hors de la ligne de mire.

Dernièrement, le NZZ a également repris la version ukrainienne et a rapporté, en se référant à un ancien cadre supérieur des services de renseignement allemands à l'étranger (BND), que les services de sécurité allemands enquêtent désormais "presque exclusivement" en direction de l'Ukraine. Dans le même temps, selon le journal, les services allemands, y compris des politiciens de premier plan, s'obstinent de manière étonnante à croire que la Russie est derrière les attentats.

La NZZ soulève dans ce contexte une autre question explosive : "Que l'Ukraine ait ou non mené l'attaque reste (...) douteux. Mais une chose est presque certaine : le gouvernement allemand était au courant d'un plan visant à faire exploser les pipelines trois mois avant l'acte. Pourquoi n'a-t-il pas agi ?"

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Des spécialistes se posent désormais la question, comme l'ancien capitaine de frégate Göran Swistek (photo), aujourd'hui expert en sécurité maritime à la Fondation Science et Politique. "Après que les rapports des services de renseignement ont été connus, le gouvernement aurait pu montrer une présence plus forte aux abords du site avec déploiement de navires de guerre, mais aussi de navires de la police fédérale", explique Swistek. "En outre, le gouvernement allemand aurait pu exercer une influence politique sur l'Ukraine".

L'ancien employé du BND Gerhard Conrad atteste lui aussi que le gouvernement fédéral a pour le moins fait preuve d'inaction - après avoir informé l'organe de contrôle parlementaire conformément à son devoir, il a probablement espéré le meilleur et compté sur le fait que les plans ukrainiens resteraient des plans.

En fin de compte, même après les dernières informations, le public est aussi intelligent qu'avant. Jusqu'à présent, la conjecture ukrainienne n'est rien de plus qu'une théorie (mü).

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Géographie et Asie centrale: nouveaux défis géopolitiques

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Géographie et Asie centrale: nouveaux défis géopolitiques

Peter W. Logghe

Source : Nieuwsbrief Knooppunt Delta, no 181, juin 2023
 
Il n'est pas fréquent que je parle en termes élogieux d'émissions de télévision. Mais la série "Along the New Silk Road" du radiodiffuseur néerlandais VPRO - également diffusée sur notre chaîne - en fait partie. Comme l'indique la VPRO elle-même, "les grandes puissances du monde s'intéressent à nouveau à cette région, que certains appellent même le 'nouveau centre du monde'". Dans le grand jeu géopolitique mondial, la Chine et la Russie tentent de resserrer leur emprise sur des pays comme le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Tadjikistan. La Chine, en particulier, mise beaucoup sur de grands projets énergétiques et d'infrastructure pour renforcer la nouvelle route de la soie.

L'histoire de l'Asie centrale est marquée par deux éléments : sa situation géographique et son climat ont fait de cette vaste région un biotope pour les peuples nomades, pour faire simple. De même, sa situation géographique - en tant que lien entre l'ouest et l'est - en a fait un espace de choix pour la première route de la soie.

Cette région d'Asie centrale en tant que région distincte a été présentée pour la première fois par le géographe allemand Alexander von Humboldt au 19ème siècle. Elle a longtemps été connue sous le nom de Turkestan, et ce terme a perduré jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Staline. La région a été l'enjeu du Grand Jeu entre les empires russe et britannique et a été incorporée à l'Union soviétique après la révolution russe de 1917. Après la chute de l'Union soviétique, les cinq anciennes républiques soviétiques (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan) ont d'abord continué à se concentrer sur leurs liens avec la Russie et la Chine, même si certaines ont tenté de s'ouvrir à l'Europe et aux États-Unis. Les cinq pays sont membres du traité de coopération de Shanghai (Chine) et de l'Organisation de sécurité collective (Russie).

Ils sont bordés par la Russie au nord, la Chine à l'est, l'Inde, l'Afghanistan et l'Iran au sud et à l'ouest. La géographie détermine donc en quelque sorte la politique étrangère d'une partie (importante ?) de ces pays.
 

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Kazakhstan : craintes pour une importante minorité russe
 
Dans un numéro récent de l'hebdomadaire allemand Junge Freiheit (26.05.2023), Mathias Hofer brosse un tableau pénétrant des subtiles manœuvres d'équilibre de certains pays d'Asie centrale, comme le Kazakhstan. Après son indépendance en 1991, l'ancien secrétaire du parti communiste du Kazakhstan, Nazarbaïev, a dirigé le pays d'une main de fer. Il a maintenu des liens avec la Russie, mais a également établi de bons contacts économiques avec l'Occident, ce qui s'est traduit, entre autres, par un accord bilatéral sur les matières premières avec l'Allemagne.

Les habitants du pays n'ont reçu que très peu des revenus tirés de ces matières premières. En 2022, des émeutes ont éclaté suite à l'augmentation des prix de l'énergie, le gouvernement a déployé la police et l'armée: 225 personnes ont été tuées, selon des sources officielles. Tokaïev, le successeur du premier président, est contraint de demander l'aide militaire de la Russie. Poutine a justifié le déploiement de l'armée russe comme suit: "Le Kazakhstan est la cible de terroristes internationaux". Nazarbaïev est parti et Tokaïev est arrivé. En matière de politique étrangère, ce dernier a poursuivi la ligne de son prédécesseur en maintenant de bons contacts avec la Chine et la Russie.


Cependant, même dans ce lointain pays d'Asie centrale, la politique eurasienne a été soumise à une forte pression par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. La guerre russe a réveillé de vieux démons kazakhs. En effet, une importante minorité russe vit dans le nord du Kazakhstan, représentant environ un cinquième de la population totale. Il semble peu probable que Poutine envahisse le Kazakhstan aujourd'hui (pour protéger la minorité russe, par exemple), compte tenu de la politique étrangère de Tokaïev favorable à la Russie, mais les Kazakhs semblent de plus en plus mettre l'accent sur leurs propres traditions, leur propre identité et prendre leurs distances par rapport à l'héritage soviétique.

Sur le plan économique, la Chine domine le Kazakhstan depuis un certain temps. Son voisin oriental est le principal marché d'exportation du Kazakhstan et les investisseurs chinois y sont très présents. Tout en maintenant de bonnes relations avec l'Union européenne, avec ses voisins géographiques, avec la Russie et la Chine, restent des politiques déterminantes.

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Ouzbékistan - crainte de la montée de l'islamisme
 
Un autre pays important d'Asie centrale, l'Ouzbékistan, a connu une évolution similaire, bien qu'avec ses propres priorités. En 1991, Islam Karimov (du Parti démocratique libéral) est arrivé au pouvoir. Sa dictature a été encore plus dure que celle de Nazarbaïev. Karimov, qui est décédé en 2016, a tenté de s'affranchir de la dépendance à l'égard de la Russie sur le plan extérieur et a permis aux États-Unis d'installer une base de soutien militaire sur le territoire ouzbek (que les États-Unis ont toutefois dû évacuer avant 2005). Dans le même temps, Karimov a refusé d'adhérer à l'Union eurasienne, dominée par la Russie.

Le pays est resté longtemps isolé sur le plan international. La situation a changé avec son successeur, Shavkat Mirziyoïev, qui s'est davantage engagé en faveur de l'interpénétration internationale. Plusieurs accords économiques ont été signés avec la Russie, par exemple. Cependant, l'Ouzbékistan n'a pas soutenu l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ce qui l'a mis sur un pied d'égalité avec le Kazakhstan.

L'Ouzbékistan partage avec le Tadjikistan, le Kirghizstan et le Kazakhstan la crainte d'une montée de l'islamisme dans la région. Jusqu'à présent, les forces islamistes n'ont pris le pouvoir qu'au Tadjikistan, dans les années 1990. La guerre civile a alors éclaté dans ce pays d'Asie centrale. Et si l'Ouzbékistan tente de nouer des relations avec l'UE et les États-Unis, il se trouve lui aussi dans une constellation géographique qui est ce qu'elle est: l'Ouzbékistan évite toute confrontation avec la Chine et la Russie. Pour l'instant ( ?), l'Europe joue un rôle secondaire dans cette région, avec une importance économique croissante.
 
Peter Logghe

Nietzsche et les Grecs : une compilation de l'Institut italien d'études philosophiques

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Nietzsche et les Grecs: une compilation de l'Institut italien d'études philosophiques

Giovanni Sessa

Source: https://www.paginefilosofali.it/nietzsche-e-i-greci-una-silloge-dellistituto-italiano-per-gli-studi-filosofici-giovanni-sessa/

L'expérience spéculative et existentielle de Friedrich Nietzsche représente un tournant dans l'histoire de la pensée européenne, distinguant deux époques différentes de la philosophie : avant Nietzsche et après lui. Cette affirmation est confirmée dans l'ouvrage Nietzsche e i Greci. Tra mito e disincanto (Nietzsche et les Grecs. Entre mythe et désenchantement), actuellement dans les librairies d'Italie grâce aux presses de l'Istituto Italiano per gli Studi Filosofici-Scuola di Pitagora (pp. 175, euro 18.00), édité par Ludovica Boi. Le volume rassemble une série de contributions sur le thème "Nietzsche et les Grecs", élaborées au cours de deux journées d'étude qui se sont tenues les 21 et 22 octobre 2019 dans les locaux de l'Institut au Palazzo Serra di Cassano à Naples. Il s'agissait de réunions et de séminaires organisées dans le cadre du projet "Les Grecs au miroir des Modernes". Le livre se compose de deux parties, chacune contenant trois essais. La préface est signée par Francesco Fronterotta, tandis que l'introduction est signée par l'éditeur.

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L'idée centrale, qui traverse tous les essais, est l'existence d'une continuité philologique-philosophique substantielle dans le parcours du penseur de Röcken. Ludovica Boi note que "s'il est indéniable que Nietzsche n'a jamais fait l'éloge de la méthode historiciste [...], il est tout aussi vrai que l'habitus philologique s'est enraciné en lui dès ses jeunes années et ne l'a jamais abandonné" (p. 13). La philologie fut en effet l'instrument avec lequel le penseur de l'éternel retour donna de l'ordre à sa propre nature intuitive et géniale. Nietzsche l'a transformée en : "un savoir-faire d'orfèvre qui contrecarre l'accélération de la modernité tardive [...] avec ses lectures superficielles et hâtives" (p. 13). D'un point de vue général, la civilisation grecque s'est révélée être, pour le philosophe, un marqueur indispensable de sa propre recherche, un engagement intellectuel intensément vécu. Ces deux éléments doivent donc être dûment pris en compte par quiconque entreprend l'exégèse du parcours théorique de l'Allemand, qui ne peut être distingué en "phases" rigidement opposées, puisqu'il met en évidence des traits unitaires. Nietzsche, tout en voulant reproposer le modus vivendi hellénique, reste un moderne, où l'instance épistrophique se conjugue avec le désir de démythification. C'est autour de cette ambiguïté que les auteurs ont développé leur travail herméneutique.

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Gherardo Ugolini lit La naissance de la tragédie dans une perspective anti-aristotélicienne, en se concentrant notamment sur le décryptage de la "catharsis tragique". À ce sujet, les lectures de Lessing, Goethe et Bernays étaient pertinentes à l'époque. Le premier était porteur d'une exégèse "morale" de la catharsis, le second l'interprétait à la lumière de l'autonomie de l'esthétique, le troisième dans une clé "médico-pathologique". Nietzsche n'est pas convaincu de l'existence dans les représentations tragiques d'une libération "morale" et, reprenant le langage de Bernays, "ne croit pas du tout au potentiel thérapeutique inhérent à la tragédie" (p. 38). Il nie qu'il puisse y avoir une résolution "positive" de la condition tragique, la tragédie reproduisant l'extase dionysiaque. Dans la tragédie attique, le déchargement du dionysiaque, dont le chœur est témoin, dans le monde des images apolliniennes était évident. La seule catharsis possible était donc dans le dionysiaque : "compris comme la dissolution de l'identité et des catégories spatio-temporelles" (p. 43). Il est resté fidèle à cette conception jusqu'aux œuvres de sa maturité.

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Dionysos, tel que saisi par Ludovica Boi, est le fil rouge omniprésent chez Nietzsche. Dans ses premiers écrits, il fait allusion à l'"unité essentielle" (Ur-eine), qui peut être expérimentée par le dépassement du principuum individiationis dans l'expérience extatique. Il la conçoit, en vertu de l'influence schopenhauerienne, en termes transcendantaux. Par la suite, grâce à la leçon tirée du préplatonisme et en particulier d'Héraclite, il s'approche de la coïncidentia oppositorum. Dans les écrits ultérieurs, ce sera précisément la réflexion sur le pouvoir de Dionysos qui déterminera dans sa vision la "dissolution de l'opposition du devenir et de la mort": "dissolution de l'opposition du devenir et de l'être, du moment et de l'éternité, du "monde vrai" et du "monde apparent"" (p. 50). À ce stade, l'"unité essentielle" sera expérimentée en termes de pure immanence, au-delà de tout dualisme ontologique et métaphysique. En conclusion, "Nietzsche radicalise les hypothèses déjà présentes dans la Geburt, en affirmant [...] une divinisation du devenir" (p. 51). Plus précisément, Dionysos symbolise la totalité de l'être ; il enseigne à l'humanité que la mort est liée à la vie. Pour l'auteur, ce dépassement du dualisme représente l'héritage le plus significatif du philosophe, qui réapparaîtra au 20ème siècle dans l'idéalisme magique de Deleuze, Klossowski et Evola.

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Max Bergamo traite du "caractère mixte" de Platon. Pour l'exégèse, il utilise des sources inédites telles que les notes du brillant élève de Nietzsche, Jakob Wackernagel. Par "caractère mixte", Nietzsche entend se référer à Platon, le lisant comme un philosophe chez qui l'écho de la sagesse hellénique archaïque pythagorico-heraclitéenne-socratique peut encore être entendu, présent même dans son choix de dialogue, par rapport auquel, en même temps, la spéculation de l'Athénien marque une rupture claire avec l'introduction du dualisme onto-gnoséologique. Le caractère "non original" de Platon aurait été déduit par Nietzsche à la lecture d'un passage de Diogène Laertius. Valeria Castagnini évoque la vie de l'érudit dans sa jeunesse : "exposant le lien entre le choix de la profession académique [...] et le tempérament du jeune Nietzsche" (p.16). On comprend comment, de cette manière, l'universitaire a fait sien un élément qualificatif de l'enseignement de Nietzsche, à savoir le rapport incontournable entre la vie et la pensée, l'existence et la science.

Edmondo Lisena aborde le rapport du philosophe avec les Grecs autour de l'"admirable année" 1875. À cette époque, le penseur était fermement convaincu que seule une pensée "impure" était capable de réagir face à l'illogisme de la réalité, à la dimension chaotique de la vie. Enfin, Andrea Orsucci exerce son analyse des pages de Umano, troppo umano (Humain, trop humain), en tenant compte de la crise des fondements de la connaissance qui se manifeste à la fin du 19ème siècle. La généalogie de l'esprit libre naîtra d'une confrontation étroite avec les développements de la science.

Un recueil extrêmement intéressant qui entre dans le cœur vital de la philosophie de Nietzsche : la potestas dionysiaque.

Giovanni Sessa

mercredi, 14 juin 2023

Les experts en énergie mettent en garde contre la pénurie d'électricité: "Les premiers signes de désindustrialisation"

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Les experts en énergie mettent en garde contre la pénurie d'électricité: "Les premiers signes de désindustrialisation"

Source: https://zuerst.de/2023/06/14/energie-experten-warnen-vor-strommangel-erste-anzeichen-einer-deindustrialisierung/

Berlin. Il y a quelques années, on se serait moqué de quiconque aurait prévenu que l'Allemagne pourrait un jour manquer d'électricité. Mais aujourd'hui, le danger devient réel. Markus Krebber, le patron du groupe énergétique RWE, a exprimé publiquement ses craintes de voir l'Allemagne manquer d'électricité à moyen terme, ce qui serait catastrophique pour le site économique qu'est l'Allemagne.

Dans une interview accordée au journal Bild, M. Krebber a déclaré : "La prospérité de l'Allemagne repose sur une industrie forte. Une offre énergétique limitée entraîne des prix élevés - ce qui met en danger la compétitivité du site industriel allemand. Nous voyons les premiers signes de désindustrialisation".

Dans le magazine Focus, le responsable de l'énergie a été encore plus clair : "Nous n'avons pas autant d'énergie à disposition que ce dont nous avons besoin". Selon lui, cette lacune entraîne des prix de plus en plus élevés, ce qui suscite des inquiétudes légitimes quant à la compétitivité.

Le fait est que depuis la fermeture des trois dernières centrales nucléaires à la mi-avril, l'Allemagne doit importer plus d'électricité qu'elle ne peut en vendre à l'étranger.

Christian Kullmann, PDG du groupe chimique Evonik, met en garde contre un "désastre énergétique". Les produits de masse ne seront plus fabriqués en Allemagne à l'avenir. Conséquence : "A terme, nous allons probablement dire adieu à ces industries ici - et cela ne durera pas trop longtemps". Le site allemand est donc "sous pression".

Au total, 132,8 milliards de kilowattheures d'électricité ont été produits en Allemagne au premier trimestre et injectés dans le réseau, une quantité "inhabituellement faible", selon l'Office fédéral des statistiques (se).

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L'Occident contre Platon

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L'Occident contre Platon

Lady Fae

Source: https://novaresistencia.org/2023/06/06/o-ocidente-vs-platao/

Qui aurait cru que le plus grand ennemi des mondialistes serait Platon ?

Dans son livre au titre plutôt enfantin The Open Society and it's Enemies, l'auteur Karl Popper affirme clairement que toute analyse visant à retracer des modèles de comportement à travers l'histoire est anti-scientifique et déterministe.

Il affirme que la répétition des schémas historiques mis en évidence par Platon dans son ouvrage "La République" ne repose sur aucune preuve empirique, de sorte que toute la logique platonicienne selon laquelle l'histoire se répète généralement par cycles relève de la foi, et non de la raison.

Cependant, le fait même que le modèle historique, pour se produire, doive d'abord se manifester plusieurs fois dans la réalité et qu'au moins une société donnée doive en faire l'expérience, fait du modèle historique lui-même un fait empirique et inaltérable.

Platon affirme que les démocraties, à long terme, se transforment en tyrannie parce qu'elles pèchent en privilégiant l'individualisme excessif au détriment du sens collectif. La tyrannie elle-même, en revanche, conduit à long terme la population à désirer un plus grand degré de liberté.

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Des auteurs comme Ray Dalio, J.D. Unwin et Neil Howe ont déjà écrit des livres qui relatent avec précision les cycles historiques. Je sais que parmi eux, Ray Dalio soutient publiquement qu'il existe un moyen de modifier ces cycles et d'empêcher la phase d'effondrement des civilisations.

Karl Popper, quant à lui, affirme que tous ceux qui étudient l'histoire sont des "déterministes" et qu'ils voient l'histoire comme les religieux voient leurs textes sacrés. Il n'y a pas de nuance chez Popper, si vous remarquez des schémas comme le fait Ray Dalio, vous êtes un déterministe, et la bonne chose à faire est donc d'ignorer ces faits.

Platon devient problématique parce qu'il a fait, il y a 2500 ans, une analyse qui, même aux yeux de l'homme moderne, semble intemporelle. Par conséquent, le philosophe grec qui a assisté de près à la chute de l'aristocratie en faveur de la formation de la République devient l'ennemi numéro un de l'élite d'aujourd'hui.

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Popper affirme que même si les cycles historiques sont indémontrables, il existe un moyen de les éviter complètement : par l'ingénierie sociale. Popper utilise le mot "ingénierie sociale" 36 fois dans son volume de 274 pages.

L'agnostique rejette l'idée d'un cours naturel de l'histoire pour embrasser l'idée de comportements induits à grande échelle. Le cycle naturel des choses est vil parce qu'il relève de la métaphysique, alors que le cycle artificiel est bon parce qu'il relève de la science. L'arrogance est ici notoire.

Qu'est-ce que l'Open Society de George Soros si ce n'est la manifestation des idées de Popper ? Popper est un homme qui soutient que les frontières renforcent le sens collectiviste et que tout sens collectiviste est lui-même anti-scientifique puisqu'il s'appuie sur la métaphysique pour se renforcer.

La notion essentialiste de l'Open Society consiste à tuer tout sens "tribal" et "collectiviste" au nom de la méthode scientifique et de la raison. Paradoxalement, Popper rejette l'étude de l'histoire comme non scientifique, car s'il en admettait la scientificité, il devrait ipso facto admettre que sa thèse est mégalomaniaque et nie la réalité culturelle d'innombrables civilisations.

Pour eux, si l'on veut "universaliser" le monde au nom du "progrès scientifique", il faut en finir avec tout sens tribal, en particulier le sens national. Paradoxalement, on tue le sens de la nation et on crée de nouvelles tribus. On remplace les drapeaux nationaux par les drapeaux de sexualités alternatives. Si Popper était humble, il remarquerait que les humains ont un désir latent d'appartenance et que lorsqu'ils tentent d'assassiner un certain sens collectif, ils finissent par en créer un autre.

La différence est que certains sens collectifs aident à construire des civilisations et d'autres à les détruire. Dans leur arrogance, en essayant de mettre fin à la diversité mondiale, les élites ignorent une fois de plus l'histoire. Elles ne voient pas qu'en fin de compte, elles agissent comme de simples colonisateurs.

Henry Murray, la CIA et la connexion de Harvard derrière la naissance de l'Unabomber

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Henry Murray, la CIA et la connexion de Harvard derrière la naissance de l'Unabomber

Emanuel Pietrobon

Source: https://it.insideover.com/schede/storia/henry-murray-la-cia-e-l-harvard-connection-dietro-la-nascita-di-unabomber.html

Beaucoup de choses ont été écrites et dites sur le projet MKULTRA, muse d'Hollywood et star de la conspiration. On a découvert qu'il visait à créer des candidats dits "mandchous", c'est-à-dire des assassins sur commande, sous l'influence de certaines théories élaborées à l'époque de l'Allemagne nazie sur la manipulation mentale. Et il s'est avéré que certaines des plus éminentes sommités de la psychologie de l'après-guerre y ont travaillé, éblouies par l'idée de pouvoir tester n'importe quelle théorie, même la plus extrême, sur des cobayes qui ne parleraient jamais.

On sait également que MKULTRA a jeté les bases d'une amélioration extraordinaire des tactiques et techniques de manipulation de la pensée et du comportement qui existaient alors, ouvrant ainsi la voie à l'ère de la guerre cognitive.

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Parmi les cobayes sans méfiance de l'enquête la plus ambitieuse de l'histoire sur le fonctionnement de l'esprit humain, MKULTRA, se trouvaient de futurs criminels. Des gens comme le meurtrier en série Charles Manson (photo, ci-dessus), le chef de la mafia James Bulger et le terroriste Theodore Kaczynski, connu sous le nom d'Unabomber. Des personnes qui, peut-être, auraient suivi un chemin différent si leur psychisme n'avait pas été endommagé par les expériences auxquelles elles ont participé.

Écrire sur la LSD Connection concernant Kaczynski, le génie des mathématiques devenu terroriste anti-système, revient à évoquer l'éclectique Henry Murray, psychologue acclamé de Harvard et fondateur de la personnologie.

Le génie de la psychologie

Theodore Kaczynski, également connu sous le nom de Unabomber, n'a pas toujours été un ermite misanthrope aux pulsions meurtrières et aux ambitions terroristes. C'était une personne bizarre et éclectique - comme tout génie - mais absolument paisible au début de sa vie. Du moins jusqu'à ce qu'il entre à l'université de Harvard et devienne le cobaye d'une étude sur la modification du comportement parrainée par la CIA, dirigée par Henry Murray et supervisée à distance par Sidney Gottlieb.

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Et si Kaczynski (photo ci-dessus, étudiant), l'enfant prodige doté d'un des QI les plus élevés jamais mesurés et devenu inexplicablement un misanthrope multirécidiviste, était un produit du MKULTRA ? Combien de "bombes humaines à retardement" la CIA a-t-elle créées ? Combien ont explosé et combien attendent de le faire ? Des questions gênantes que le LA Times a posées en 1999 dans une étude approfondie sur les recherches de la CIA en matière de contrôle mental : We're Reaping Tragic Legacy from Drugs (Nous récoltons l'héritage tragique des drogues). Tenter de répondre à ces questions, toujours d'actualité, revient à raconter l'histoire des expériences de Murray.

Henry Alexander Murray est né à New York le 13 mai 1893. Issu d'une famille aisée, sa mère étant l'héritière du célèbre banquier Samuel Denison Babcock, Murray est le deuxième de trois enfants. Il devait également être le moins aimé des trois - telle était en tout cas sa perception de la relation entre ses parents et leur progéniture - d'où sa décision de consacrer sa vie à l'étude des besoins et des déterminants du comportement humain.

Aidé par les finances familiales, Murray peut se permettre de fréquenter les meilleures universités de l'époque : Harvard, Columbia et enfin Cambridge. Sa passion pour la psychanalyse l'amènera à étudier Carl Jung, de loin préféré à Sigmund Freud, et même à le rencontrer en Suisse.

En 1927, encore doctorant, Murray devient directeur adjoint de la clinique de psychologie de Harvard. Là, s'offre à lui l'occasion unique de mettre en pratique les notions qui lui ont été enseignées, la curiosité et le génie vont le guider dans la formulation de concepts nouveaux et pionniers, tels que l'apperception, le besoin latent et le besoin manifeste, le propulsant dans l'Olympe de la psychologie. Ce qui lui vaut d'être promu directeur en 1937.

1938 est l'année de la percée. Peu après avoir créé le Test d'Apperception Thématique, destiné à devenir le deuxième test de personnalité le plus utilisé au monde, Murray est sollicité par le gouvernement britannique pour fournir des services de conseil. Les théories comportementales révolutionnaires de Murray étaient à la fois une prémisse et une promesse de faciliter le travail d'ingénierie sociale, un autre domaine émergent à l'époque, et Londres voulait savoir si et comment ces théories pouvaient être mises au service de la politique. Le résultat et l'objet spécifique des conseils de Murray au gouvernement de Sa Majesté ne sont pas connus.

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Au début de la Seconde Guerre mondiale, Murray quitte (temporairement) Harvard parce qu'il est appelé par l'Office of Strategic Services (OSS), l'ancêtre de la Central Intelligence Agency, pour effectuer des analyses et du profilage. Le travail le plus important du psychologue pour l'OSS sera Analysis of the Personality of Adolf Hitler, écrit en collaboration avec d'autres collègues, qui deviendra bientôt un jalon de la psychologie politique.

En 1947, fort de la notoriété acquise grâce à l'OSS, Murray retourne à Harvard en tant que chercheur en chef et y crée un nouveau laboratoire d'investigation psychologique. En 1962, il est nommé professeur émérite et reçoit la médaille d'or de l'American Psychological Foundation pour l'ensemble de sa carrière. En 1988, à l'âge avancé de 95 ans, il meurt d'une pneumonie.

À la recherche des mystères de l'esprit humain

On se souvient de Murray, entre autres, pour avoir théorisé le système des besoins et fondé un champ d'étude interdisciplinaire entièrement consacré à l'analyse et à l'étude des êtres humains et de leurs besoins: la personnologie.

La thèse cardinale de la personnologie est que la personnalité individuelle se développe de manière dynamique, progressive, en réponse aux stimuli et aux éléments typiques du milieu environnant. En somme, aucune personnalité ne serait jamais fabriquée et finie. Chaque arête peut être lissée. Chaque conviction peut tomber. Chaque trait de caractère peut être modifié. La personnologie, c'est croire que rien n'est inné et que tout est modifiable.

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Murray était obsédé par l'idée de pouvoir modifier de façon permanente le comportement des individus. C'est pourquoi, en tant que père fondateur de la personnologie, il a élaboré des hypothèses clés destinées à permettre au chercheur en sciences sociales de modeler l'esprit du patient (ou cobaye) :

    - L'organe directeur de la personnalité est le cerveau, c'est pourquoi il est essentiel d'agir sur lui pour modifier le comportement;

    - Les gens prétendent vouloir une vie détendue, alors qu'en réalité ils sont constamment à la recherche d'excitation et d'activités passionnantes;

    - La personnalité, étant progressive et dynamique, peut être modifiée à tout moment de la vie.

Harvard et ses centres de recherche clinique et psychologique, dirigés par Murray lui-même, deviendront les laboratoires où seront testées les thèses de la personnologie. Des thèses qui, intrinsèquement liées à des thèmes tels que le conditionnement comportemental, la manipulation mentale et le contrôle social, auraient rencontré l'intérêt d'une vieille connaissance de Murray: l'OSS, entre-temps démantelé et renaissant sous le nom de CIA.

Le "créateur" d'Unabomber ?

L'histoire de la connexion avec Harvard, qui a même fait l'objet de livres - comme Harvard and the Unabomber : The Education of an American Terrorist d'Alston Chase -, se déroule dans les laboratoires cliniques de la prestigieuse université entre 1959 et 1962. Les laboratoires en question étaient placés sous l'autorité de Murray, un homme qui jouissait de grandes libertés, et l'on ignore si le conseil d'administration de Harvard était au courant de ce qui s'y passait.

Murray sélectionne vingt-deux étudiants, dont le prodige Theodore Kaczynski, et les persuade de se soumettre à des expériences sur la résistance au stress extrême. Violence verbale. Attaques contre l'estime de soi. Invectives contre les idées et les croyances. Tout est permis pour tester la validité de la personnologie. Tout, y compris l'administration de drogues psychédéliques à de jeunes cobayes - une raison, cette dernière, qui a incité ceux qui ont enquêté sur les expériences de Murray à établir un lien avec le projet MKultra, alors en cours.

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Kaczynski, surnommé "lawful" par Murray, c'est-à-dire le "respectueux de la loi", devient rapidement le principal sujet des expériences du professeur excentrique. En raison de son intelligence hors du commun - un QI de 167. Et pour sa nature soumise et introvertie. Le cobaye idéal.

C'est à Harvard que Kaczynski allait devenir l'Unabomber, telle est la conclusion d'une étude de psychiatrie légale du Bureau américain des prisons datant de 1998. Harvard, l'endroit qui a aggravé et radicalisé la colère de Kaczynski à l'égard de sa famille et son mécontentement face aux injustices de la société. Harvard, lieu de développement des premières idées sur la révolution anti-technologique et des expériences du Dr Murray.

C'est à Harvard que se serait construite la personnalité d'Unabomber, thèse à laquelle adhère également le philosophe et psychanalyste Edoardo Toffoletto, sollicité pour donner son avis afin de mieux comprendre les mécanismes de la déviance comportementale et le réalisme des techniques de manipulation mentale. Selon Toffoletto, "Kaczynski était encore adolescent, en pleine formation culturelle, lorsqu'il est arrivé à Harvard" et "cela explique sa suggestibilité, c'est-à-dire la prépondérance de son surmoi, amplifiée par sa biographie - une vie en perpétuelle ostracisation, due à l'hypertrophie intellectuelle entretenue par son père".

Kaczynski était une personne très intelligente mais émotionnellement fragile, qui, en adhérant volontairement aux expériences inhumaines de Murray, a vu "une opportunité de reconnaissance et d'inclusion". Les traumatismes du passé et certaines opinions politiques seraient "exacerbés par le stress psychique des expériences", transformant "l'attrait pour la science" en une "construction paranoïaque à éliminer au nom du bien de Mère Nature".

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Au fil des expériences, entre interrogatoires et consommation de drogues, le jeune mathématicien au physique chétif et négligé commence à se transformer inconsciemment en futur Unabomber. Des notes visant à formuler une théorie pour expliquer les origines de son mal-être chronique. Des réflexions, de plus en plus fréquentes, sur la façon dont "la technologie et la science détruisent la liberté et la nature". Et la haine, tant de haine, envers "le système, dont Harvard faisait partie, qui servait la technologie [...] et cherchait à transformer les hommes en automates".

Murray et la Central Intelligence Agency ne pouvaient pas le savoir, mais entre 1959 et 1962, en tentant de percer les arcanes de l'esprit humain, ils allaient construire par inadvertance une bombe à retardement qui exploserait violemment quelques décennies plus tard, faisant trois morts et vingt-trois blessés.

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Vulnérabilité du système politique de l'UE

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Vulnérabilité du système politique de l'UE

par le groupe de réflexion Katehon

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/vulnerability-eu-political-system

La première vulnérabilité est que l'UE n'est pas un système politique complètement unifié. Au contraire, elle est composée de 27 États membres indépendants, chacun ayant ses propres intérêts et priorités. Cela peut conduire à un blocage du processus décisionnel et à un affaiblissement de l'influence de l'UE sur la scène internationale.

L'idée d'une politique étrangère européenne commune a été évoquée pour la première fois en 1987 elle a ensuite été confirmée par le traité de Maastricht de 1993 puis élargie par le traité d'Amsterdam de 1997. Les objectifs de la politique étrangère commune ont été définis plus précisément dans le traité de Lisbonne de 2009.

Pour la Russie, les trois dimensions régionales de la politique étrangère de l'UE sont les plus intéressantes : l'espace post-soviétique, l'espace asiatique et l'engagement de l'UE avec les États-Unis.

Dans l'espace post-soviétique, l'UE a lancé de vastes programmes de coopération avec l'Ukraine, la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Moldavie et le Belarus (ils sont actuellement en suspens). Malgré les vicissitudes du conflit ukrainien, Moscou a manifesté son intérêt pour la poursuite du dialogue avec l'UE, mais souhaite le renouveler non pas sur la ligne Moscou-Bruxelles, mais par le biais de liens bilatéraux avec les États membres de l'UE.

La politique étrangère de l'UE dans l'espace post-soviétique est principalement mise en œuvre par le biais du projet dit "Partenariat oriental", en place depuis 2009 dans le cadre de la politique de voisinage élargie.

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Déficit démocratique

La deuxième vulnérabilité est liée à ce que l'on appelle le déficit démocratique de l'UE. La société des citoyens, qui représente directement les intérêts de la population, existe sous une forme très limitée. Seul le Parlement européen (PE) est un organe élu dans l'UE, mais de nombreuses décisions politiques sont prises par des fonctionnaires non élus, aux pouvoirs discrétionnaires et nommés.

Dans l'UE, le poids des votes varie en fonction de la taille de la population et des pays, de sorte que l'égalité politique des citoyens n'est pas réalisée dans la pratique. En raison de l'opacité de l'information, le contrôle de la prise de décision n'est pas non plus pleinement exercé. L'UE dispose d'un ensemble d'institutions ostensiblement démocratiques: le Parlement européen, dont les membres sont élus au suffrage direct, l'exécutif (la Commission européenne) et le législatif (la Cour de justice des Communautés européennes). Toutefois, le Parlement outrepasse constamment son pouvoir législatif et la plupart des décisions de l'UE sont prises à huis clos au sein du Conseil de l'UE. Par conséquent, les processus démocratiques dans l'UE sont en proie à un certain nombre de difficultés et ne peuvent pas être pleinement réalisés.

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Absence de politique étrangère commune

La troisième vulnérabilité est l'absence d'une véritable politique étrangère commune de l'UE. Cela peut conduire à des conflits dans les relations avec les pays tiers et à l'incapacité de protéger les intérêts communs de ses citoyens.

La raison principale est que l'UE, qui avait l'ambition de créer un centre de pouvoir autonome, n'a pas été en mesure de mener à bien ce processus, principalement en raison de problèmes internes. Il n'y a pas de voie commune dans les pays de l'UE, il n'y a pas de vision commune des buts et des objectifs, et pour élaborer une solution cohérente, la barre doit être considérablement abaissée.

En outre, le processus décisionnel lui-même est extrêmement lent. Si nous prenons les problèmes les plus graves auxquels l'Europe a été confrontée récemment, la crise de la zone euro, la question des réfugiés, nous constatons que les décisions sont retardées pendant longtemps, ou qu'elles sont prises à mi-chemin et qu'il s'avère ensuite qu'elles ne fonctionnent pas. Jusqu'à présent, l'Europe n'a pas surmonté ces problèmes ; au contraire, en raison des tensions internes croissantes dans la société, ils ont été exacerbés.

Il y a le Royaume-Uni, qui se concentre presque exclusivement sur les États-Unis, il y a l'Allemagne, le plus grand pays de l'UE, mais qui n'agit pas comme une force indépendante en matière de politique étrangère. La France commence parfois à se manifester, mais cela dépend en grande partie de la situation politique intérieure du pays. Depuis l'époque de Charles de Gaulle, la France a fait preuve de moins en moins d'indépendance en matière de politique étrangère.

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L'OTAN domine désormais la politique étrangère de l'UE, et l'orientation de l'Union est presque entièrement déterminée par l'influence des États-Unis. L'idée d'une communauté européenne de défense a été proposée depuis les années 1950, mais n'a pas abouti. Des propositions similaires ont été faites dans les années 1990, elles ont été inscrites dans les traités de Maastricht instituant l'Union européenne, mais ces projets sont restés en l'état. Et l'élargissement ultérieur de l'Union européenne n'a pas permis de parvenir à un accord sur ces questions.

L'Europe s'est jointe aux sanctions contre la Russie, dictées non seulement par la dépendance de l'Europe à l'égard des États-Unis, mais aussi par certaines valeurs et certains intérêts qui unissent les États européens.

Alors qu'en paroles, l'UE est devenue l'entité qui garantit un état de paix en Europe et exclut toute agression contre une quelconque partie du monde, en réalité, l'UE, par le biais de l'OTAN, a participé à l'agression contre la Yougoslavie et la Libye, et finance aujourd'hui la poursuite de la guerre en Ukraine. Cette contradiction apparaîtra tôt ou tard au grand jour.

Attitude des citoyens

Une quatrième vulnérabilité concerne l'attitude des citoyens à l'égard de l'UE. Certains citoyens estiment que l'UE est trop éloignée de leur vie et qu'elle n'accorde pas suffisamment d'attention à des questions importantes telles que la santé, l'éducation et la sécurité. Cela peut conduire à une perte de confiance des citoyens dans le système politique de l'UE. Dans de nombreux États, les citoyens se sont déjà exprimés contre les politiques de l'UE en matière d'accueil des réfugiés et des immigrants.

Une cinquième vulnérabilité concerne la montée du sentiment anti-UE et du nationalisme dans certains États membres. Cela provoque des tensions entre les pays et peut entraver le bon fonctionnement du système politique de l'UE dans son ensemble.

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Cette menace interne à l'UE est la montée des sentiments anti-UE, nationalistes et de plus en plus xénophobes au sein de l'Union. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a déclaré dans une lettre adressée aux dirigeants de l'UE à la veille du sommet de Malte.

"L'égoïsme national devient une alternative attrayante à l'intégration. De plus, ces tendances sont alimentées par les opinions erronées de ceux pour qui l'idéologie et les institutions sont devenues plus importantes que les intérêts et les émotions des gens", peut-on lire dans la lettre.

Tusk a également noté que la confiance dans l'intégration politique et les valeurs fondamentales de la démocratie libérale s'effrite parmi les élites pro-européennes.

"Dans un monde plein de tensions et de confrontations, le courage, la détermination et la solidarité politique des Européens sont nécessaires. Sans eux, nous ne survivrons pas. Si nous ne croyons pas en nous-mêmes, dans les objectifs profonds de l'intégration, pourquoi quelqu'un devrait-il le faire ? Montrons notre fierté européenne. Si nous faisons semblant de ne pas entendre et de ne pas voir les décisions prises à l'encontre de l'UE et de notre avenir, les gens cesseront de considérer l'Europe comme une grande patrie. Il est tout aussi dangereux que les partenaires mondiaux cessent de nous respecter", a souligné M. Tusk.

"Il existe un sentiment antisystème en Europe, et pas seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis et dans d'autres parties du monde. Ce n'est pas qu'ils montrent de l'hostilité envers l'UE, mais ils montrent un sentiment anti-système dans notre opinion publique", a déclaré Mme Mogherini lors d'une conférence de presse en Finlande, retransmise par le site Internet de la présidente finlandaise.

"Les institutions, qu'elles soient locales, nationales, régionales, continentales ou mondiales, doivent analyser ces sentiments de toute urgence", a-t-elle ajouté.

"En ce qui me concerne, nos concitoyens ont le sentiment que les institutions ne travaillent pas dans leur intérêt", a déclaré le chef de la diplomatie européenne.

Un sondage réalisé en mai par l'Institut français d'opinion publique a montré que les Français âgés de 25 à 34 ans penchent en faveur de Marine Le Pen, chef du parti nationaliste Rassemblement national. On peut donc supposer que la politicienne a de bonnes chances de remporter le premier tour de scrutin.

Mais malgré le soutien croissant à Mme Le Pen, le président français sortant Emmanuel Macron l'emportera au second tour avec 54 % contre 46 % pour Mme Le Pen, selon le sondage.

En outre, selon Charles Grant, directeur du Centre for European Reform à Londres, Paris utilisera la présidence de l'UE au premier semestre de l'année prochaine, à l'approche des élections présidentielles, pour "promouvoir sa vision de l'Europe". La victoire de Macron.

"Les fonctionnaires français affirment que les trois premiers mois de la présidence de l'UE devraient produire des 'résultats concrets' qui favoriseront la réélection de Macron", a déclaré M. Grant, cité par le Daily Express.

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Monnaie et système de paiement

L'euro est le cinquième point faible de l'UE. Pourquoi l'UE dispose-t-elle de peu d'outils pour juguler l'inflation ? La situation économique actuelle fait planer la menace d'une crise mondiale, de l'effondrement de l'euro et du retour des pays de l'UE à leur monnaie nationale.

La croissance des prix dans la zone euro a battu un record, atteignant un taux annuel de 7,5% en mars, selon les estimations provisoires de l'Office statistique de l'Union européenne.

Le mois dernier, l'inflation annuelle a atteint 5,9%. L'énergie (44,7%) et l'alimentation, l'alcool et le tabac (5%) ont été les principaux facteurs de la hausse des prix.

Parmi les pays de l'UE, les taux d'inflation les plus élevés ont été enregistrés en Lituanie (15,6%), en Estonie (14,8%), aux Pays-Bas (près de 12%), en Lettonie (près de 11%) et en Espagne (9,8%).

L'inflation est également en hausse au Royaume-Uni : elle devrait atteindre 8% dans les prochains mois. En Russie, l'indice des prix à la consommation devrait augmenter de 20% d'ici la fin de l'année, selon les prévisions des analystes interrogés par la Banque centrale.

L'affaiblissement de l'euro pourrait être une condition préalable à l'abandon de la monnaie unique par les pays de l'UE, voire au retour aux monnaies nationales.

Les pays de l'UE se divisent grosso modo en deux camps : ceux de la zone euro, où l'euro est la principale monnaie, et ceux qui continuent d'utiliser leurs monnaies nationales. Les premiers comprennent les principales économies de l'UE, notamment l'Allemagne et la France. Les seconds sont la Pologne (zloty), la République tchèque (couronne tchèque), le Danemark (couronne danoise) et d'autres pays.

Il y a actuellement plus de membres de la zone euro que de pays ayant des monnaies nationales.

"La désintégration de la zone euro est un long processus, mais les conditions sont déjà visibles. La Banque centrale européenne tente actuellement d'amorcer un resserrement de sa politique monétaire en raison d'une inflation élevée. En conséquence, les taux d'intérêt sur les euro-obligations des pays en difficulté - la Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Italie - ont immédiatement augmenté. L'écart de rendement sur les obligations de ces pays a augmenté par rapport aux investissements sans risque en Allemagne. En conséquence, la fragmentation de la zone euro a commencé", a déclaré l'économiste Tatiana Kulikova.

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Le désaccord de l'UE avec la Russie

La vulnérabilité et le désaccord de l'UE s'expliquent en grande partie par l'opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine et par les problèmes liés à l'adoption de paquets de sanctions à l'encontre de notre pays.

Jeudi, les dirigeants polonais et tchèques ont critiqué le premier ministre hongrois Viktor Orban pour sa position critique sur les sanctions contre la Russie. La Hongrie s'oppose au renforcement des sanctions de l'UE à l'encontre de la Russie, notamment en ce qui concerne l'approvisionnement en énergie. Contrairement à la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie s'opposent à la Russie.

"Ce n'est pas le meilleur moment pour le format (de Visegrad), et la position différente de la Hongrie affecte et complique considérablement la situation", a déclaré le Premier ministre tchèque Petr Fiala avant la réunion du groupe de Visegrad en Slovaquie. "Je ne cache pas que les opinions du premier ministre hongrois, dont certaines peuvent même être qualifiées de provocatrices, n'aident pas la coopération à se développer comme par le passé".

La Pologne est également devenue plus critique à l'égard d'Orban en raison de sa position sur l'Ukraine. Malgré ces relations tendues, le groupe de Visegrad reste un forum important au sein de l'UE, a déclaré M. Morawiecki, ce que les dirigeants ont prudemment souligné lors d'une conférence de presse commune à l'issue des entretiens. "Nous avons des points de vue différents sur certaines questions, mais il y a de nombreux sujets sur lesquels nos positions coïncident et sur lesquels nous pouvons coopérer", a déclaré Piotr Fiala.

Ces vulnérabilités et ces défis pourraient compromettre la capacité de l'UE à relever les défis actuels et affaiblir l'influence de l'Europe sur la scène internationale.

mardi, 13 juin 2023

Les conflits internes s'intensifient en Ukraine

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Les conflits internes s'intensifient en Ukraine

Lucas Leiroz

Source: https://novaresistencia.org/2023/06/08/disputas-internas-aumentam-na-ucrania/

Apparemment, des conflits internes sévissent à Kiev.

Sur fond de tensions croissantes et de campagne militaire désastreuse, aucun responsable ne semble être absolument sûr de sa position au sein du régime. Des rumeurs circulent sur le remplacement du président Vladimir Zelensky lui-même, le commandant en chef des forces armées Valeri Zaluzhnyi étant le principal candidat au poste de chef de l'État.

La mauvaise situation de l'Ukraine sur le champ de bataille génère un mécontentement collectif au sein de l'équipe dirigeante, ce qui nécessite des changements et des réarrangements. En ce sens, Zaluzhnyi est généralement considéré comme un fonctionnaire peut-être plus compétent que l'actuel président pour gérer le conflit. Toutefois, le poste actuel de Zaluzhnyi, à savoir celui de chef des forces armées, fait également l'objet d'un différend.

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L'une des options pour remplacer Zaluzhnyi serait l'actuel commandant en chef des forces terrestres Alexander Syrsky (photo), qui devient une personnalité de plus en plus populaire parmi les autorités. Syrsky est une personne très controversée. Il est le principal responsable du "hachoir à viande" de Bakhmout. C'est lui qui a convaincu les autorités ukrainiennes de la prétendue viabilité du maintien des positions dans la ville malgré l'avancée russe, qui a entraîné la mort (inutile) de milliers de soldats de Kiev.

Le problème est que les actions de Syrsky ont en quelque sorte satisfait les dirigeants du régime, pour qui, comme nous le savons, la vie des Ukrainiens ne semble pas avoir beaucoup d'importance. Le combat à Bakhmut a suffi à rehausser le statut et la popularité de Syrsky, le lançant non seulement dans la course à la tête des forces armées, mais aussi dans des postes plus élevés.

En fait, les choses ne vont pas bien pour Zelensky. Le président commence déjà à être critiqué à l'intérieur et à l'extérieur de l'Ukraine. La longue tournée internationale qu'il a effectuée récemment, soi-disant à la recherche d'un soutien diplomatique, a été ressentie comme une sorte de "fuite". Comme on pouvait s'y attendre, le fait que le dirigeant n'ait pas été en Ukraine pendant les jours les plus difficiles du conflit - les derniers jours de la bataille de Bakhmout - a suscité le malaise et le dégoût.

Évidemment, pour un pays en guerre, le pire scénario est que le dirigeant national soit considéré comme un lâche ou un déserteur. Ainsi, si l'on considère que Zelensky n'a pas pu obtenir beaucoup de soutien international pour son voyage et qu'il n'était pas non plus à Kiev pour recevoir et récompenser ses soldats après la bataille, les chances qu'il reste longtemps au pouvoir semblent douteuses.

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À cet égard, l'hypothèse d'un remplacement de Zelensky par Zaluzhnyi (photo) a longtemps été évoquée. Le commandant militaire est considéré comme un leader plus fort et plus capable, à la fois de faire face aux moments difficiles du conflit et de rechercher éventuellement des négociations s'il n'y a pas d'autre alternative. Cependant, Zaluzhnyi ne semble pas être le seul en lice.

Comme nous l'avons mentionné, Alexander Syrsky a gagné en prestige auprès des autorités ukrainiennes, et il est donc possible qu'il soit dans la course à la présidence - malgré sa responsabilité dans ce qui s'est passé à Bakhmut. Mais il n'est certainement pas le seul rival de Zaluzhnyi et Zelensky.

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Le chef des services de renseignement ukrainiens, Kirill Budanov (photo), est également un nom que certains initiés suggèrent comme futur président. Il est évident que sa position lui confère un statut très privilégié au sein des autorités du pays, ce qui explique le grand prestige dont il jouit, apparaissant aux côtés de Zaluzhnyi et Syrsky dans la course. Dans un pays en guerre, les forces armées et les services de renseignement sont certainement les plus susceptibles de prendre le pouvoir en cas de destitution du dirigeant civil, il est donc possible que Budanov ait une chance dans ce défi.

Comme nous pouvons le constater, les conflits s'intensifient. Zelensky semble de plus en plus menacé par ceux qui devraient être ses proches alliés. Certains médias décrivent la situation comme une guerre de "tous contre tous". Zaluzhnyi reste le favori pour remplacer Zelensky. Syrsky, bien que respecté par les autorités, est une personnalité notoirement cruelle et peu fiable, comme l'a montré le "hachoir à viande" de Bakhmut. D'autre part, Budanov nuit souvent à son image en Occident par ses déclarations controversées dans la presse, comme ce fut le cas récemment lorsqu'il a admis la participation de l'Ukraine au meurtre de civils russes. En ce sens, Zaluzhnyi apparaît toujours comme un dirigeant plus "sobre" et plus réaliste. Mais cela pourrait changer à tout moment, en fonction des intérêts des sponsors occidentaux dans le choix d'un remplaçant.

Cependant, parallèlement à la course à la présidence, il y a toujours la dispute pour le commandement des forces armées. Syrsky aspire également à ce poste, d'autant plus si l'ascension prévue de Zaluzhnyi à la présidence se confirme. De même, si Budanov finit par devenir président, il y aura une course à la tête des services de renseignement ukrainiens. Le scénario est en effet celui d'une contestation généralisée et incontrôlée. Et Zelensky ne semble pas avoir assez de pouvoir pour contrôler la crise ou empêcher sa destitution.

En fait, alors que les grands médias tentent de faire croire que Moscou est divisée par des conflits internes, dans le monde réel, c'est Kiev qui semble de plus en plus plongé dans une guerre de "tous contre tous". Les troupes russes utilisent souvent des techniques de guerre psychologique pour montrer leur désunion, alors qu'elles travaillent en fait de manière cohérente sur leurs stratégies. De leur côté, l'Ukraine et l'Occident tentent de montrer leur unité et leur cohésion, alors qu'ils ont de sérieux problèmes de gestion interne.

Source : Infobrics

George Soros désigne l'héritier de son empire financier

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George Soros désigne l'héritier de son empire financier

Source: https://jornalpurosangue.net/2023/06/11/george-soros-nomeia-herdeiro-de-seu-imperio-financeiro/

George Soros, le financier et philanthrope milliardaire qui utilise souvent sa fortune pour promouvoir des causes progressistes, transmet le contrôle de ses intérêts commerciaux à son fils "plus politique", Alexander. L'Américain d'origine hongroise en a fait l'annonce dans une interview publiée dimanche dans le Wall Street Journal.

Soros, âgé de 92 ans, a déclaré que son fils Alexander, âgé de 37 ans, prendrait les rênes de sa fondation Open Society Foundation (OSF), ainsi que le reste de sa fortune, estimée à 25 milliards de dollars. M. Soros a également déclaré au sujet d'Alexander, qui a été élu président de l'OSF en décembre, en remplacement de son père, qu'il "méritait" ce nouveau poste.

S'exprimant dans le même journal, Alexander Soros a déclaré qu'il avait l'intention de poursuivre l'héritage de son père en finançant des initiatives progressistes au-delà du droit de vote, du droit à l'avortement et de l'égalité entre les hommes et les femmes.

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"Je suis plus politique", a déclaré Alexander Soros en se comparant à son père. Les registres de visites montrent que le jeune Soros s'est rendu à la Maison Blanche à au moins 14 reprises au cours des 18 derniers mois. "Même si j'aimerais que l'argent disparaisse de la politique, tant que l'autre camp le fera, nous devrons le faire aussi".

Alexander Soros continuera, a-t-il dit, à utiliser la richesse de sa famille pour soutenir les candidats politiques de la gauche libérale. Il a également fait part de son inquiétude quant à l'éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche en 2024, suggérant que l'argent de Soros sera dépensé pour faire avancer les objectifs des candidats du Parti démocrate.

En début de semaine, le jeune Soros a tweeté une photo de lui aux côtés de la vice-présidente américaine Kamala Harris.

L'Open Society Foundation, dont Alexander Soros est le vice-président depuis 2017, distribue chaque année environ 1,5 milliard de dollars à diverses causes aux États-Unis et à l'étranger. Son influence sur la fondation l'a amenée à orienter certains de ses efforts vers l'aide aux organisations juives progressistes, à celles qui s'occupent de questions environnementales et des droits des travailleurs américains.

La mort de la logique et certaines de ses conséquences

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La mort de la logique et certaines de ses conséquences

Mikhail Deliaguine

Source: https://katehon.com/ru/article/smert-logiki-i-nekotorye-posledstviya-etogo

L'ordinateur, en tant qu'expression incarnée de la logique formalisée, d'autant plus que les réseaux sociaux se développent et pénètrent tous les aspects de notre vie dans le processus de formation de l'"Internet pour tous", rend les gens égaux dans leur accès à cette ressource. En raison de l'impossibilité objective de rivaliser avec une ressource également accessible à tous, les personnes et les organisations qui ont traditionnellement rivalisé les unes avec les autres, précisément sur la base des constructions logiques qui sous-tendent la pensée traditionnelle, déplacent la concurrence entre elles vers des formes non conventionnelles et non traditionnelles de pensée extra-logique qui ne nous sont pas familières.

Entre-temps, la pédagogie moderne n'a pas démontré sa capacité à encourager la pensée intuitive chez les enfants, comme elle l'a fait pour l'encouragement de la pensée logique. Il ne fait aucun doute qu'avec le temps, elle assimilera les acquis de la pédagogie expérimentale soviétique des années 60 et sera en mesure de résoudre le problème en assurant le développement de la créativité basée sur l'intuition chez tous les enfants, où qu'ils se trouvent. Mais pour cela, elle doit stopper sa dégradation systémique, causée tactiquement par la primitivisation des systèmes de contrôle de sociétés excessivement complexes dans leurs capacités, et stratégiquement par la formation d'une société de plates-formes qui n'a besoin que d'un nombre limité de spécialistes capables de penser de façon critique et même d'apprendre en tant que tels.

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Tant que ces facteurs de dégradation pédagogique ne seront pas éradiqués (et ils ne le seront pas parce qu'ils sont objectifs), l'incapacité à nourrir massivement les capacités de pensée intuitive de plus en plus urgentes des enfants garantit l'aggravation continue de la crise d'une société entière incapable de fournir à ses membres l'adaptation nécessaire à leurs conditions de vie.

L'incapacité des systèmes de gestion à gérer les penseurs intuitifs, dont ils ont pourtant besoin, est également importante. Ce problème est clair depuis la fin des années 30 et il n'y a toujours pas de solution.

Il provoque une crise de gouvernabilité "en tout point" de la société.

La réaction naturelle des systèmes de gouvernance est d'exclure la partie ingouvernable de la société, c'est-à-dire principalement les personnes intuitives et créatives, d'une véritable participation à la prise de décision.

En conséquence, la concurrence se réalise de plus en plus précisément à travers ces formes, nouvelles pour la pensée de masse - à travers l'intuition et les intuitions ("foresights") ou à travers des schémas logiques originaux et complexes qui n'ont pas encore réussi à être fixés dans des algorithmes d'ordinateur.

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La concurrence sur la base de ces derniers est vouée à vaincre les "combats d'arrière-garde" de la logique formelle traditionnelle et de la société qui en découle, car avec la formation de l'intelligence artificielle et au fur et à mesure de son développement, l'ordinateur devient de plus en plus original dans ses schémas logiques (qui sont dès lors plus difficiles à comprendre pour la plupart des gens).

Par conséquent, la concurrence entre les personnes et les organisations qu'elles forment s'est déplacée dans la sphère de la pensée extra-logique - en premier lieu, la sphère de l'intuition.

Mais seulement "avant tout" eux ! - parce que les personnes qui pensent de manière extralogique ne cèdent plus au contrôle et que, du fait de la mort de la logique, le nombre de ces personnes (qui ne sont pas productives intuitivement, mais qui sont incapables de logique et qui, par conséquent, ne sont pas productives en principe) augmente.

Ces personnes (qui ne sont pas productives intuitivement, mais incapables de logique et donc, en principe, non productives) sont de plus en plus nombreuses.

En conséquence, ils sont mis à l'écart des décisions, non seulement parce qu'ils sont ingouvernables, mais aussi parce qu'il est juste que ceux qui sont incapables d'apporter une contribution positive à la société ne soient pas influencés par elle.

Retirer la majorité de la société, même imparfaite, de la participation à la gouvernance signifie la mort de la démocratie - ce qui exacerbe encore la crise de la gouvernabilité.

À cet égard, la structure de la société des plateformes sociales est une réponse non seulement au changement des technologies dominantes, mais aussi à la crise sociale et à la crise de gouvernance engendrée par ce changement.

L'insoutenabilité du système renforce la menace d'une autodestruction probable de la civilisation.

L'évolution du conservatisme américain

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L'évolution du conservatisme américain

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/levoluzione-del-conservatorismo-americano/

Le conservatisme américain est l'une des deux principales idéologies de la philosophie politique américaine (avec le libéralisme), une idéologie qui a été formulée pour la première fois dans l'ouvrage de Russell Kirk, Conservative Mind (1953), qui est devenu la source de ce courant politique. Les origines du conservatisme moderne aux États-Unis renvoient à l'Amérique du début des 18ème et 19ème siècles, conçue comme un projet de société moderne aux fondements capitalistes et individualistes.

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Le développement initial du conservatisme américain modéré-libéral traditionnel s'est transformé au fil du temps en politique libertaire (avec son individualisme radical) et néo-conservatrice (avec son hyper-mondialisme). Les conservateurs américains, qui représentent une variété de courants, s'appuient sur les idées exposées dans les œuvres d'Alexis de Tocqueville, d'Edmund Burke, d'Adam Smith, de Milton Friedman et de Friedrich von Hayek. [cf. Toropov E.A. The winding path of American conservatism : from Russell Kirk to the neoconservatives].

Dans le contexte politique, le conservatisme américain s'oppose aux "idéologies" [cf. Kirk R., The Conservative Mind, New York, 1953], est un mouvement qui défend les valeurs dites "américaines", qui s'expriment par une minimisation de l'influence de l'État sur l'économie et par les libertés individuelles des citoyens américains, ainsi que dans le soutien aux valeurs traditionnelles et chrétiennes.

Le conservatisme américain en tant que courant politique s'est formé en présence d'un large éventail de problèmes sociaux, notamment les problèmes liés à l'immigration, à la révolution industrielle et à la domination du mode de vie bourgeois.

À un moment donné de l'histoire américaine, les protestants d'orientation nativiste et anticatholique se sont qualifiés de conservateurs.

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Le pays étant protestant à plus de 95 % en 1840, la plupart des protestants n'étaient pas particulièrement heureux à l'idée de partager leur pays avec les catholiques irlandais, qui s'installaient massivement aux États-Unis, fuyant les problèmes économiques qui frappaient l'Irlande. L'afflux de catholiques a donné naissance au parti nativiste "Know-Nothing Party" ou, selon l'appellation officielle, au "Native American Party". Les militants du parti exigeaient que les écoles publiques organisent des lectures quotidiennes de la Bible et interdisaient aux catholiques d'y enseigner. Les positions anti-catholiques sont si fortes qu'aux élections de 1856, le candidat du Native American Party, Millard Fillmore (photo, ci-dessus), obtient près de 25 % des voix, soit le deuxième meilleur résultat obtenu par un tiers parti dans l'histoire du pays.

En ce qui concerne les questions politiques, il convient de s'attarder sur la situation interne des États-Unis qui s'est développée après la victoire du "Nord" dirigé par Lincoln lors de la guerre civile (1861-1865). Le parti républicain, qui est devenu la force politique dominante, avait des positions progressistes et soutenait de vastes réformes sociales et une plus grande intervention de l'État dans l'économie. Il a soutenu la création du système de la Réserve fédérale (Fed), a investi dans une urbanisation massive, a soutenu la Prohibition, le droit de vote des femmes et a modernisé d'autres domaines de la vie publique américaine auxquels s'opposaient les conservateurs du Sud. Pour tenter de maintenir le statu quo et sa domination politique, l'idéologie républicaine s'est transformée au fil du temps en un conservatisme bourgeois. Un événement emblématique a été la manipulation des élections en faveur des républicains en échange de la fin de la réintégration des États du Sud enclins au séparatisme (le Texas en est un exemple). La "reconstruction" radicale, qui impliquait l'armée et les procureurs du Nord, a radicalement affecté la formation des identités régionales dans les États du Sud.

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Le rythme de la croissance industrielle et l'émergence de grands propriétaires de capitaux ont minimisé les différences entre les républicains et les démocrates. Cependant, plus tard, dans les années 1960, le conservatisme a reçu un nouvel élan en raison des problèmes internes qui s'étaient accumulés aux États-Unis. Le taux de criminalité élevé, la révolution sexuelle, le problème de l'avortement, la crise énergétique, l'échec de la guerre du Viêt Nam, le scandale du Watergate : tous ces problèmes ont éveillé l'intérêt d'une partie de la société américaine pour la défense de ses valeurs traditionnelles à travers la formation de mouvements et d'organisations conservateurs.

Les organisations conservatrices aux États-Unis

Le mouvement conservateur aux États-Unis est constitué d'un vaste groupe d'organisations politiques et idéologiques unies par une position commune sur la préservation des valeurs traditionnelles dans le pays. Leurs origines remontent au milieu du 20ème siècle, lorsque des organisations bénévoles sont apparues dans tout le pays pour lutter pour la préservation des valeurs traditionnelles et résister aux réformes imposées par les "progressistes".

Dans les années 1960, le mouvement conservateur aux États-Unis est devenu si fort et si influent qu'il a conduit à la création de nombreuses institutions dont les activités visaient à défendre les valeurs traditionnelles des Américains.

Les organisations conservatrices ont différents types d'activités, depuis les groupes de réflexion, où les conservateurs effectuent un travail d'analyse, jusqu'aux activités publiques des organisations chrétiennes, qui visent à renforcer les valeurs familiales.

Les organisations conservatrices les plus connues aux États-Unis sont les suivantes :

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- Tea Party - Créé en réponse à la crise économique de 2008, le mouvement politique conservateur-libertaire Tea Party prône la réduction de l'appareil gouvernemental, la baisse des impôts et des dépenses publiques, la réduction de la dette nationale et du déficit budgétaire, ainsi que le respect de la Constitution américaine.

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- L'institut Heartland soutient les politiques d'économie de marché. L'orientation politique du Heartland Institute est décrite comme conservatrice et libertaire. L'institut promeut le déni du changement climatique, soutient les droits des fumeurs et la privatisation des ressources publiques, y compris la privatisation des écoles. Il soutient les réductions d'impôts et s'oppose aux subventions et aux allègements fiscaux pour les entreprises individuelles, ainsi qu'à un rôle plus important du gouvernement fédéral dans les soins de santé.

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- La Heritage Foundation est un institut de recherche stratégique américain qui mène un large éventail de recherches en matière de politique internationale. Elle a une orientation néo-conservatrice. Elle s'est engagée à soutenir l'expansionnisme américain.

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- Le Council for National Policy est une organisation faîtière et un groupe de réseautage pour les activistes conservateurs et républicains aux États-Unis. Le Conseil a été fondé en 1981, sous l'administration Reagan, par Tim Lahay et la droite chrétienne pour "donner plus d'importance et de force à la promotion du conservatisme".

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- Focus on the Family est une organisation sociale chrétienne évangélique américaine. Elle œuvre pour "nourrir et protéger l'institution de la famille telle qu'elle a été établie par Dieu et pour promouvoir la vérité biblique dans le monde entier". L'organisation produit des programmes radio, des magazines, des vidéos et des enregistrements audio sur des questions conservatrices.

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- La John Birch Society (JBS) est un groupe politique américain de droite. La John Birch Society se considère comme un opposant au soi-disant "gouvernement mondial" et soutient l'idée de réduire l'immigration aux États-Unis et de limiter l'influence des institutions internationales telles que les Nations unies, l'ALENA et d'autres accords de libre-échange.

Les néoconservateurs, une mutation du conservatisme américain

Le néoconservatisme est un mouvement politique et intellectuel apparu aux États-Unis dans les années 1960. Il s'agit d'une combinaison d'idées conservatrices et libertaires associées à une politique étrangère active basée sur les idéaux de "démocratisation" et d'expansionnisme américains.

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Les néoconservateurs se distinguent par leur volonté d'établir l'hégémonie américaine sur la scène internationale en promouvant les valeurs occidentales, qu'ils considèrent comme universelles.

Les grandes figures du mouvement néoconservateur, comme Norman Podhoretz et Irving Kristol, prônent un monde unipolaire en s'opposant à l'URSS et en éliminant les concurrents des États-Unis de la scène politique internationale. En politique intérieure, les néoconservateurs s'opposent aux programmes sociaux et gouvernementaux qui, selon eux, dévalorisent le "mode de vie américain" et menacent la sécurité nationale.

Parmi les exemples d'activités des néocons, on peut citer leur rôle dans le soutien aux opérations du Golfe en 1991, les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak, et leur soutien à l'usage de la force dans d'autres régions.

Parmi les figures les plus influentes du mouvement néoconservateur moderne figurent Irving et William Kristol, Dick Cheney et Paul Wolfowitz.

Les paléoconservateurs en opposition aux néoconservateurs

Parallèlement, un courant de "paléoconservatisme" a vu le jour. Contrairement aux néoconservateurs, les paléoconservateurs adhèrent à une interprétation directe du droit constitutionnel et rejettent toutes les expériences sociales imposées à la société. Ils s'opposent également au militarisme international américain et à la volonté de "démocratiser le monde", en soulignant l'importance de la liberté et de la souveraineté nationale.

Les paléoconservateurs s'opposent aux politiques néoconservatrices menées sous la présidence de George W. Bush, qu'ils considèrent comme orientées vers l'expansionnisme américain et la promotion de la "démocratie" dans d'autres pays par tous les moyens. En outre, les paléoconservateurs rejettent le concept de "guerre préventive" et défendent l'idée de souveraineté nationale.

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Les paléoconservateurs (par exemple Patrick Buchanan - photo) ont également critiqué les politiques fiscales du gouvernement fédéral, défendant l'idée d'une intervention minimale de l'État. Les paléoconservateurs prônent de sévères restrictions à l'immigration, la décentralisation, l'isolationnisme et un retour à l'éthique et à la morale conservatrices en matière de genre, de culture et de société.

Le libertarianisme en tant que pseudo-conservatisme

De nombreux conservateurs américains se qualifient eux-mêmes de libertariens. Le libertarianisme de droite implique l'absence d'influence du gouvernement sur la liberté individuelle et la vie économique de la société. Les idéaux économiques du libertarianisme consistent en des relations de libre marché et de libre concurrence. En outre, selon les idées libertaires, les fonctions de l'État devraient être transférées au marché et remplacées par des initiatives individuelles, ce qui, d'une certaine manière, est cohérent avec les idées du mondialisme, où la plus haute autorité institutionnelle sera le "marché" impersonnel. Les auteurs qui ont influencé la formation du libertarianisme sont A. Smith, J. S. Mill, les représentants de l'école autrichienne d'économie, en particulier L. von Mises et F. von Hayek, ainsi que l'économiste américain M. Friedman.

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Les libertariens sont largement représentés sur la scène politique américaine. À l'initiative de l'activiste civil américain David Nolan, le Parti libertarien des États-Unis a été fondé en 1971. Selon la vision du monde du parti, "les libertariens s'opposent fermement à toute ingérence du gouvernement dans vos décisions personnelles, familiales et professionnelles". Ils estiment que "tous les Américains devraient être libres de vivre leur vie et de poursuivre leurs intérêts comme ils l'entendent, tant qu'ils ne nuisent pas à autrui". La position du parti s'est renforcée au fil des ans, indiquant une augmentation de l'individualisme et de l'égoïsme dans la société américaine.

Si l'on parle du libertarianisme comme d'un courant politique conservateur, il se concentre sur les questions économiques en ignorant l'identité collective américaine et ses aspects culturels inhérents. En revanche, pour d'autres mouvements conservateurs, le contexte culturel et historique des États-Unis revêt une grande importance. Pour les conservateurs traditionnels, le mouvement libertarien est associé à une vision commune des questions économiques et à un accent mis sur la liberté individuelle, qui ne doit toutefois pas être déformée par l'idéologie.

lundi, 12 juin 2023

L'Europe: la mort ou la capitulation

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L'Europe: la mort ou la capitulation

Carlos X. Blanco

Source: http://adaraga.com/europa-muertos-o-entregados/

L'homme, du moins en Occident, est en déclin. Et avec lui, la morale et la beauté déclinent. L'homme est une créature délicate et fragile. Dieu l'a fait inférieur à l'ange, mais avec une âme immortelle. Cette immortalité, et tout ce qui se déploie à travers elle et vers elle, consiste en sa force et sa dignité mêmes. Sa volonté, en revanche, est fragile et muable. Avec sa nostalgie de la bestialité, la rechute de l'homme européen en tant que (simple) chose le met chaque jour en danger.

Aujourd'hui, l'homme européen, et ceux qui ont grandi culturellement en tant qu'Européens aux quatre coins de la planète, ne se reconnaissent plus. La flamme de la morale et de la beauté s'est éteinte. Il ne sait plus ce qu'est le Bien, il a oublié son rayonnement qui - une fois aveuglé par lui - nous invite sans cesse à sa divine poursuite. L'homme d'Europe, obscurci depuis des siècles, n'est pas à la recherche du Bien. C'est une âme soumise au tourment et à l'enfermement, car les puissances les plus infernales règnent sur elle.

Les puissances de la Modernité sont les puissances de l'argent. Elles remplissent notre paysage de mosquées, remplacent Bach par le tam-tam de la jungle, mais tout cela est le fruit pourri du pouvoir de l'argent. L'âme collective d'un peuple et d'une civilisation est souvent corrompue par l'argent, tout comme l'âme individuelle. À partir du moment où l'on apprend à une personne à être inférieure à ce qu'elle est réellement, elle est réduite à de la chair et du sang, à de la matière, à ce qu'il y a de plus bas, à ce qui peut être vendu sur le marché et consommé par le plus "haut" enchérisseur. L'âme est alors écrasée, rétrécie et, avec la fracture, la volonté d'être fidèle à soi-même est également brisée.

Tout a été acheté et vendu avec l'avènement du mode de production capitaliste. La terre et le travail. La première a cessé d'être le foyer et la mère nourricière de l'homme. La seconde a cessé d'être le service et la fourniture. Tout, absolument tout, est devenu une marchandise.

L'homme marchandise est devenu l'homme européen à partir de la fin du Moyen Âge, sans préjudice de l'exploitation et de la colonisation des peuples d'autres cultures. Auparavant, seule une partie de l'humanité était tombée dans la condition de "chose" et, en tant que chose, de marchandise. Le mode de production esclavagiste (ancien) se caractérisait par la coexistence d'esclaves, de paysans et d'artisans "libres" et de suzerains parasites. Mais le mode de production capitaliste est une généralisation de la marchandisation. Tout devient une chose, même le corps et les organes qui le composent. Personne n'y échappe, même l'élite bourgeoise et la super-élite mondialiste savent qu'au fond d'elles-mêmes, elles ont aussi un prix. Pour un certain montant, élevé ou bas, tout le monde est vendu et tout le système se transforme en une immense toile de prostitution.

Quand tout est souillé, le Bien, la Beauté et la Vérité le sont aussi. Ils ne se souillent pas eux-mêmes en tant que transcendantaux, bien sûr, mais la perception (autrefois saine et claire) que les bons Européens en avaient se perd dans la fange. La validité sociale de leur rayonnement est détruite. Une civilisation boueuse, vue comme un triste spectacle, un joyau gâché par la religion de la marchandise, ressemble beaucoup à ce combat pornographique de combattants dans la boue qui sert de spectacle aux catcheurs. Le reste du monde nous regarde nus et dans la boue.

L'homme européen a oublié sa mission. La civilisation qui, selon Spengler, a pris le meilleur du catholicisme romano-germanique et, comme un coup de feu, s'est élancée dans les grands espaces pour les embrasser, les encercler, les étreindre possessivement, est aujourd'hui une entité cadavérique. Les civilisations ressemblent à des organismes et toutes sont vouées à perdre leur luxuriance, et après ce déclin, toutes sont vouées à la rigidité et à la fausseté. Elles abandonnent les derniers vestiges de leur existence en tant que cultures, elles se dépouillent de leur vitalité et se laissent pénétrer par tous les courants vitaux des autres. Étrangers, certes, mais vitaux.

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Le conservateur européen se conçoit comme un mur de soutènement et comme le gardien des essences pures, ignorant peut-être qu'il est déjà lui-même une ombre fantomatique, et un pauvre malade qui n'a pas accès aux sources pures que l'asphalte a jadis enfouies. Les sources ont déjà été empoisonnées par un ennemi intérieur, Satan ou Sauron, qui dirige d'un bout à l'autre la parcelle de nos pères. Le conservateur européen a vécu pendant des décennies dans l'illusion d'une protection inexistante.

Les hobbits de la Comté, dans l'œuvre immortelle de J.R.R. Tolkien, ont vécu pendant des générations en ignorant les cruautés du Grand Monde, et en tant que peuple sain et joyeux, ils ne savaient pas que leur paix était garantie par d'autres "anciens" qui gardaient silencieusement les frontières et traquaient l'ennemi. La naïveté du conservateur européen est de se croire protégé par cette fausse armure de fer sans âme, appelée "l'Occident", qui n'est autre que l'Anglosphère, aujourd'hui commandée par les Etats-Unis.

Il faut cesser d'être des hobbits naïfs. Il n'y a pas d'armes pour se défendre. Et l'anglosphère armée de poisons et d'ogives nucléaires n'est pas notre civilisation. Ne continuons pas non plus avec la naïveté des cyniques (oui, le cynisme peut être une formidable naïveté et une erreur fatale !): personne ne "protège" ce continent, et si quelqu'un devait garder nos frontières, qu'il le sache : personne ne le fait pour rien. L'Europe ne cessera pas d'être une civilisation rigide et cadavérique, imprégnée d'américanisme, d'islamisme et d'africanisme, si elle ne cesse pas d'être un protectorat. Le mot est juste : nous ne sommes pas une simple colonie. Dans un protectorat, il y a des protecteurs et des protégés. Et celui qui renonce à sa propre défense (je ne parle pas seulement de la défense militaire, mais de la défense de ses valeurs) est mort, livré.

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Qui est Carlos X. Blanco?

Carlos X. Blanco est né à Gijón (1966). Docteur et professeur de philosophie. Auteur de plusieurs essais et romans, ainsi que de compilations et de traductions de David Engels, Ludwig Klages, Diego Fusaro, Costanzo Preve, entre autres. Il est l'auteur de nombreux livres. Il collabore régulièrement à divers médias numériques.

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Comment la planète Terre sera privatisée

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Comment la planète Terre sera privatisée

par Andrei Fursov

Source: https://www.ideeazione.com/come-sara-privatizzato-il-pianeta-terra/

Un certain nombre de réunions internationales sont encore en suspens. L'une d'entre elles est le forum climatique COP27, qui se tiendra en novembre 2022 dans le Sinaï, en Égypte, lieu de révélation religieuse de toutes les religions abrahamiques. Le" Centre interreligieux pour le développement durable" a été l'un des organisateurs.

Je voudrais souligner que, aussi attrayant que soit le terme "développement durable" pour le monde extérieur, il signifie en fait - dans une variante plutôt optimiste - une réduction de la population mondiale à 2 milliards, c'est-à-dire en fait une réduction "veloutée" et non génocidaire de la consommation et du niveau de vie de la majeure partie de la population mondiale, au nom de la sauvegarde de la nature contre l'humanité.

John Kerry, représentant spécial des États-Unis pour le changement climatique, sur la manière de résoudre le problème des émissions de gaz à effet de serre en éliminant l'agriculture: "Beaucoup de gens ne savent pas que l'agriculture est responsable d'environ 33 % des émissions mondiales. Et nous n'arriverons pas à zéro. Nous ne relèverons pas le défi si l'agriculture ne fait pas partie de la solution. Les systèmes alimentaires eux-mêmes contribuent à une quantité importante d'émissions, simplement en raison de ce que nous faisons".

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"Nous sommes au milieu d'une extinction massive, au milieu d'une crise climatique, et pourtant nous devons nourrir une population croissante", déclare l'entomologiste Sarah Beynon, qui développe des aliments à base d'insectes dans une ferme expérimentale au Pays de Galles, "nous devons changer, et nous devons changer beaucoup". L'élevage d'insectes nécessite beaucoup moins de terres, d'énergie et d'eau que l'agriculture traditionnelle et a une empreinte carbone beaucoup plus faible. Selon une étude réalisée par des scientifiques de l'université de Wageningen, aux Pays-Bas, les grillons produisent 80% de méthane en moins que les vaches et 8 à 12 fois moins d'ammoniac que les porcs.

Le "Forum interconfessionnel" a organisé une cérémonie de pénitence climatique pour souligner la culpabilité présumée de l'humanité dans le changement climatique aux effets néfastes. Une éco-bible rédigée par un groupe de catholiques, de protestants et de juifs dirigé par le rabbin Neril a été présentée aux participants. Des commentaires écologiques sur les livres de la Genèse et de l'Exode ont également fait l'objet d'une présentation. La thèse principale est que "le développement durable est la volonté de Dieu". En d'autres termes, la logique séculière des ultra-mondialistes pour le développement durable n'est plus suffisante. Les 10 commandements de la justice climatique ont été énoncés. Et surtout, l'idée d'une religion abrahamique mondiale unique a été formulée, dont le but et l'objectif sont la conservation de la nature. Au nom de Dieu, bien sûr, mais en réalité non pas pour lui, mais pour la nature.

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"Écologistes profonds dans l'esprit du steampunk ou du cyberféminisme, les Cthulhuzen de Donna Harraway sont un type de post-humains. Incapables d'être humains, ils tentent de devenir des souris ou des tiques, mais ce faisant, ils offensent les rongeurs et les oiseaux. Le "capitalocène" est un état dans lequel l'homme devient une sorte de vie au sein du système capitaliste. Une telle personne est semblable à une mousse qui vit sur un rocher dans les forêts humides et qui ne pense pas à dire oui ou non au rocher. Ce n'est que de la mousse. Les personnes qui ne prononcent pas le mot "capitalisme" sont de la mousse dans le système capitaliste. Ils y poussent, y fonctionnent, s'y reproduisent et s'y propagent comme un champignon. Ils suivent ce statu quo, ils s'y dissolvent. Ils peuvent changer de sexe s'ils sont intellectuellement et psychologiquement avancés, ils peuvent s'en tenir à leur sexe s'ils ne sont pas des capitalistes très progressistes et représentent un modèle de capital obsolète. Mais tous deux sont de la mousse ! Ils font partie du 'capitalocène'" - Alexandre Douguine

Les idéologues de l'environnementalisme ne partent pas seulement du postulat qu'il y a trop d'hommes sur la planète et qu'ils ponctionnent les ressources. Le deuxième postulat est beaucoup plus intéressant: toutes les espèces, y compris les humains, sont égales et équitables. En d'autres termes, une rare araignée d'Amazonie a les mêmes droits qu'un être humain. De plus, une araignée ne nuit pas à la nature, alors qu'un humain la pollue.

Les ultra-mondialistes ne seraient pas fidèles à eux-mêmes s'ils ne poursuivaient pas, sous couvert de foi, des questions très concrètes de redistribution mondiale et de contrôle des ressources de la planète. J'ai été particulièrement frappé par le discours de Michael Sharon. Ancien conseiller principal de la Banque d'Angleterre, coprésident du G-20 et aujourd'hui président d'une entité chapeautée par Zuckerberg, il a déclaré sans ambages que le carbone était un élément essentiel de l'économie mondiale et qu'il devait être pris en compte dans l'élaboration des politiques.

Il a déclaré sans ambages que le carbone deviendrait bientôt une sorte de monnaie au même titre que la monnaie conventionnelle, à mesure que l'industrie se décarbonise. Il a également insisté sur le fait que l'hémisphère sud, et le Sud en général, ont plus de valeur que le Nord. Le Sud est plus précieux et vaut plus que tout ce qui se trouve dans toutes les banques britanniques. Les forêts d'Indonésie sont le poumon droit de la planète, celles d'Amazonie le poumon gauche. L'eau, les arbres, la biodiversité, tout cela...". - a souligné Sharon (et nous devrions nous en souvenir !) - "... coûte de l'argent. Nous devons penser à mettre un prix sur tout cela". Le seul problème, selon lui, est de savoir "comment le mettre en pratique". "Très probablement", a-t-il dit, "par le biais de la technologie blockchain".

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Au nom d'un programme "vert" et d'un dieu unique interconfessionnel au service de la nature, l'idée d'une privatisation globale de la nature par les entreprises, ou plus précisément de la planète Terre avec toutes ses ressources, y compris l'oxygène produit par les forêts, gagne du terrain. Comment ne pas penser au roman d'Alexandre Beliaïev (photo, ci-dessus) Le vendeur d'air ? Je pense qu'on peut en arriver là.

"Au cours des dernières décennies, l'agenda environnemental est devenu l'un des principaux objectifs des mondialistes. D'un point de vue pratique, cela se traduit par le concept de "grande remise à zéro" promu par ces cercles et fondé par Klaus Schwab, le fondateur du Forum économique mondial. En substance, il propose, au nom de l'écologie, de confier le contrôle du monde à un amalgame d'États, d'entreprises et d'institutions supranationales guidés par l'intelligence artificielle.

D'un point de vue théorique, cela va de pair avec le culte de la nature en tant que pure matérialité qui imprègne les attitudes de certains courants du transhumanisme et le discours de l'apologiste cyberféministe Donna Haraway sur la ktul(x)ocene comme fin de l'ère anthropocentrique. Dans ce dernier cas, le récit écologique se mêle au récit technocentrique et à la négation de l'humain. Si nous examinons l'histoire de nombreuses initiatives environnementales, nous y trouvons du mondialisme, du malthusianisme, de l'eugénisme, qui servent les intérêts des cercles mondialistes" - Alexander Bovdunov.

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Le Kali Yuga de l'art

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Le Kali Yuga de l'art

par Roberto Pecchioli

Source: https://www.ideeazione.com/il-kali-yuga-dellarte/

Selon la doctrine des textes sacrés hindous, nous vivons un "âge sombre (yuga) (kali) caractérisé par d'innombrables conflits et une profonde décadence spirituelle". La notion de temps cyclique, typique de la Tradition, est difficile à comprendre pour une civilisation "linéaire", convaincue que le progrès matériel - le règne de la quantité de René Guénon - est l'unique destin de l'homme. Dans la Ginestra ou la Fleur du désert, lyrique extrême de Giacomo Leopardi, on trouve l'insertion moqueuse d'un vers médiocre de Terenzio Mamiani, voué à l'immortalité par la moquerie du poète à l'égard de l'Infini, devenu banal: "de l'être humain les magnifiques destins et progressions".

Le temps qui nous est échu est un kali-yuga douloureux, décadent, interminable (du moins avec le critère temporel de l'existence humaine), une époque sombre que la quantité de moyens - devenus finis - et la capacité de l'homme à pénétrer de nombreux secrets physiques de la nature ne rachètent pas ; au contraire, elle rend plus pénible la réalisation d'une dégradation croissante, dont le mouvement tend à s'accélérer. Un passage du Visnu Purana, l'un des textes dans lesquels sont relatés l'origine, la manifestation et la destruction du cosmos, les divisions du temps et les quatre ères (varna) du cycle cosmique, décrit le kali-yuga comme suit.

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"Ils seront des rois à l'esprit frivole, au tempérament violent, toujours enclins au mensonge et à la méchanceté. Ils donneront la mort aux femmes, aux enfants et aux vaches ; ils s'empareront des biens de leurs sujets. [...] Leur vie sera courte, leurs désirs insatiables, et ils auront peu de pitié. [...] Alors la propriété seule conférera le rang ; la richesse sera la seule source de dévotion ; la passion sera le seul lien d'union entre les sexes ; le mensonge sera le seul moyen d'obtenir gain de cause dans les disputes ; et les femmes ne seront que des objets de satisfaction sensuelle. La terre ne sera vénérée que pour ses trésors minéraux ; [...] la faiblesse sera la cause de la dépendance ; la menace et la vanité remplaceront l'apprentissage ; [...] l'accord mutuel sera le mariage".

L'un des domaines où la noirceur des temps se manifeste de manière flagrante est la décadence des arts, miroir du désir d'excellence, du désir de créer et d'honorer la beauté, de laisser une trace de notre présence, au-delà du temps, de la matière, de l'éphémère. Les arts représentent l'aspiration de l'homme à l'éternité, à la transcendance, à la perfection. La beauté et la projection dans le temps ont toujours été les objectifs de l'art, exprimés par chaque peuple et chaque civilisation. L'exclamation romantique du prince Myskin, "l'idiot" de Dostoïevski, selon laquelle la beauté sauvera le monde, est célèbre. Nous ne savons pas si c'est vrai, et il n'est pas facile de définir le concept de beauté lui-même, mais il est certain que la laideur détruit le monde, en pénétrant dans la vie quotidienne pour la défigurer, en proposant des modèles négatifs ou pas de modèle du tout. Pensez à la saleté de nos villes, aux innombrables graffitis, taches et tags qui les défigurent, aux bâtiments sans âme, aux "non-lieux" qui parsèment le paysage urbain et aux symboles concrets de la modernité, gares, aéroports, centres commerciaux, carrefours, entrepôts. 

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Les arts figuratifs se dégradent jusqu'à l'exclusion ou la déformation de la figure humaine, de la nature et des sentiments ; la musique se transforme en vacarme électronique, à l'image du bruit métropolitain qui nous entoure. La poésie devient un exercice presque impossible, la fiction s'empêtre dans le laisser-aller linguistique, dans un lexique stéréotypé, réduit au minimum, ou, au contraire, dans une recherche d'obscurité indifférente au lecteur.

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L'architecture renonce à la conception d'un modèle de coexistence civile et communautaire, en réduisant tout à la fonction pure: cubes ou parallélépipèdes hideux, bâtiments grossiers et indiscernables ; par-dessus tout, l'évidence que rien n'est fait pour durer, pour traverser et défier le temps. C'est peut-être la caractéristique la plus déconcertante du kali-yuga. Pour la première fois dans son histoire d'être sensible et "civilisé", l'homme n'aspire plus à aller plus loin, à marquer de son empreinte son espace de vie, encore moins à chercher un sens à son aventure existentielle.

C'est un temps qui crie mais ne parle pas, encore moins dialogue et introspection : il court. Paul Virilio l'appelait la dromocratie, la domination de la vitesse, sans but ni objectif. Le poète Paul Rimbaud utilisait une expression magnifique : "l'homme aux semelles de vent". La dégradation de l'art, l'oubli de la beauté, ne sont pas seulement un exil de l'esprit ; ils instillent le mal de vivre, l'indifférence au bien-être, réduit au bien-être, ils rétrécissent le cœur et ferment les yeux, parce que l'homme est, entre autres, un être "esthétique".

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L'art pour Benedetto Croce est l'intuition lyrique pleinement exprimée. Non pas une simple construction intellectuelle, mais lyrique, c'est-à-dire faite de chaleur, d'intensité, de sentiments, capable de transfigurer, d'éterniser, d'élever au rang de symboles des moments, des sensations, des mouvements de l'âme. En outre, il doit être pleinement exprimé, c'est-à-dire qu'il doit répondre aux règles les plus élevées de la sphère dans laquelle il agit, la musique, la parole, la figuration. Presque rien de tout cela n'a survécu. Le phénomène est ancien, puisqu'il remonte à la fin du 19ème siècle, époque de l'optimisme "positif", des premiers enthousiasmes scientistes. Cependant, s'il fallait indiquer une date pour le début du kali-yuga dans l'art, nous choisirions 1917, l'annus horribilis de la révolution bolchevique, le début du siècle américain avec l'intervention dans la première guerre mondiale, le début de la fin des empires.

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Dans le domaine de l'art, c'est l'année où Marcel Duchamp présente son "installation" - mot qui deviendra clé dans le changement de paradigme du concept d'art - à New York, après avoir mis une moustache sur la Joconde de Léonard. La "chose" de Duchamp était un urinoir, élevé au rang d'œuvre d'art. La vulgarité et la laideur, drapeaux opaques de la modernité, deviennent le chiffre intellectuel de l'époque. Épuisé, l'art cesse de représenter l'homme, ses sentiments, la nature, pour définir l'"art" comme quoi que ce soit. La sentence de Duchamp est plus terrible que celle prononcée neuf ans plus tôt par Adolf Loos à l'encontre de l'architecture (l'ornement n'est pas seulement l'œuvre de criminels, il est lui-même un crime). "Désormais, n'importe qui peut être artiste, et n'importe quoi, une œuvre d'art". Égalité rhétorique vers le bas, réduction du supérieur à l'inférieur, le regard n'est plus dirigé vers le haut, l'excellence bafouée, le bizarre et parfois le dégénéré élevés sur l'autel.

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Tous les sujets deviennent équivalents, les différences accidentelles. En 1915, le Russe Kazimir Malevitch, celui qui a décrété que "la peinture est finie, ce préjugé du passé", peint, ou plutôt réalise, le Carré noir sur fond blanc, suivi du Carré blanc sur fond blanc. La dernière heure de l'art a sonné, les beaux-arts restent proscrits, conclut Duchamp. L'expulsion de la beauté, c'est-à-dire de la laideur, devient le fil conducteur de l'art ultérieur, son kali-yuga. L'optimiste naïf Myskin n'a pas vu l'autre côté de la lune : ce n'est pas la beauté qui sauve le monde, c'est la laideur qui le détruit. Nous marchons dans des rues sales, les murs des bâtiments, les monuments sont marqués par toutes sortes de graffitis, même les parois des trains sont envahies par des gribouillis et des gribouillis insignifiants, nous écoutons une musique banale, répétitive et convulsive. Nous voyons des représentations soi-disant artistiques sans rime ni raison, souvent produites - même l'art est une production en série, Walter Benjamin avait raison - juste pour impressionner et se tailler un marché. Prenez l'argent et fuyez, telle est la devise des galeristes corrompus et des critiques sur un billet.

Une grande partie de ce que l'on appelle la création artistique prend la forme d'une "installation", sans que l'on sache exactement ce que ce terme signifie. L'œuvre littéraire est conçue pour devenir un best-seller, c'est-à-dire pour répondre aux attentes d'un public de plus en plus restreint et pressé. L'écrit est vaincu par l'image et, pour se sauver, il est contraint à une synthèse brutale qui ne s'approfondit jamais. Le terme lui-même rebute la société contemporaine qui déteste la profondeur et aime l'extension. Toujours le règne de la quantité. Beaucoup disent ouvertement qu'ils veulent du non-art tout en continuant à se faire passer pour des artistes : "une œuvre est faite pour être laide, repoussante, sans signification pour l'esprit et les sens. Les œuvres ne sont pas faites pour être belles, mais pour que, en les regardant, on ne comprenne pas ce qu'elles représentent et qu'on ait envie de les démolir ou de les traverser" (C. Oldenburg).

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L'objectif de la diffusion de la laideur, c'est-à-dire de la brutalisation de la vie, de l'humanité et de la communauté, est pleinement atteint. Est abolie, autre triste réussite égalitaire, la distinction entre plèbe riche et plèbe pauvre - définition fulminante de Gòmez Dàvila - toutes deux incapables de reconnaître le beau et de ressentir ce "frisson devant le sacré" dont parlait Goethe. L'époque la plus riche est aussi la plus stérile, en sentiments, en cœur, un signe de plus que la richesse et la civilisation suivent des chemins divergents. Il faut applaudir Piero Manzoni, qui a mis en boîte ses propres excréments et les a vendus comme de la merde d'artiste. Il avait compris que l'art - au sens d'habileté - consistait à èpater le bourgeois, à étonner les riches abrutis, en facturant à prix d'or la production non pas de l'intellect, mais de l'intestin.

Sanaerhrumb.jpgRimbaud, dans sa quête insomniaque de la beauté en tant qu'universalité et transcendance, a douloureusement capturé le tourment créatif : "Une nuit, j'ai fait asseoir la Beauté sur mes genoux. Et je l'ai trouvée amère. Et je l'ai insultée". Par amour, cependant, et non par haine comme à l'époque contemporaine, où l'art et la beauté ressemblent à la relation du renard et du raisin d'Esope : le mépris de ce qui ne peut être atteint. La dure vérité est que la beauté n'apparaît que s'il y a dans l'âme "une agitation, une impulsion, quelque chose qui, en lui donnant des ailes, la fait voler, la lance plus loin" (J. Rùiz Portella).

Oui, l'art et la beauté sont le fragment, la capture d'un "au-delà", d'une volonté d'élévation et d'envol. Comment l'art est-il possible au temps de la matière, du marchand, de l'achat et de la vente de tout ? Sans esthétique, sans soustraction à la tyrannie du prix, pas de vol d'aigle ni de chant de rossignol : seulement le pas lourd et les ailes atrophiées des poulets, le croassement des corbeaux qui attendent de ruiner la récolte, le travail admirable et laborieux de l'agriculteur.

Nous connaîtrons bientôt l'impact de l'intelligence artificielle sur l'art. Pour l'instant, l'IA ne peut qu'imiter, reproduire les modèles sur lesquels elle s'est entraînée. Cependant, la machine travaille à partir de données qu'elle est capable de retraiter, c'est-à-dire qu'elle peut générer des contenus autonomes. C'est autre chose que d'imiter le processus de création, moment essentiel de l'art. Quel rapport l'I.A. entretiendra-t-elle avec la beauté ? Selon les intellectuels qui collaborent avec les informaticiens, elle pourra devenir un outil de recherche et d'assemblage d'idées, c'est-à-dire aider ce processus indicible que nous appelons l'inspiration et l'intuition croisée.

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Nous aurons une créativité différente de celle du passé. Mais aurons-nous encore de l'art, l'I.A. aspirera-t-elle à la beauté, comprendra-t-elle son ineffabilité et sa nécessité pour la créature humaine à laquelle elle est indifférente ? Goût, esthétique, sensibilité : des mots privés de valeur, privés de sens. L'économie souveraine a ses défauts, mais plus grande est la responsabilité d'une vision du monde d'où les questions de sens ont été expulsées. L'homme ne croit plus en un destin, en un port à ménager. La mort de Dieu, Nietzsche l'a compris plus tôt et avec beaucoup plus d'acuité que Max Weber, a conduit au désenchantement du monde. Cette lumière éteinte, le Dieu subreptice de la Raison humaine ne pouvait qu'entrer en crise.

Si plus rien ne guide nos pas, même la beauté et l'art n'ont plus de sens. C'est pourquoi ils sont abandonnés après avoir été vilipendés, déconstruits, taxés d'inutilité, détrônés et jetés à la poubelle. Théophile Gautier le savait : rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie. De la vraie beauté, il n'y a que l'inutile : tout ce qui est utile est laid. Il en est ainsi dans le kali-yuga.

 

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L'Europe perd au jeu mondial de Risk

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L'Europe perd au jeu mondial de Risk

par Antonio Lettieri

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/25634-antonio-lettieri-nel-risiko-mondiale-perde-l-europa.html

Entre des accords jusqu'alors impensables, comme celui entre les Saoudiens et l'Iran, et de nouveaux acteurs comme le Brésil et l'Inde qui évitent de prendre clairement parti, la Chine continue d'étendre son influence. Le centre du monde se trouve désormais dans le Pacifique, tandis que le Vieux Continent est de plus en plus périphérique

Prédire l'avenir en matière politique a toujours été risqué. Elle l'est d'autant plus dans un contexte de guerre. Ce qui semblait être une question de frontières entre l'Ukraine et la Russie est devenu une confrontation impliquant une grande partie du système mondial.

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À la fin de l'année 2021, tout semblait s'orienter vers de nouvelles relations en Europe. Ce n'est pas un hasard si Angela Merkel, à la veille de prendre sa retraite après 16 ans à la chancellerie, a établi d'importants partenariats avec la Russie. Lors d'une réunion à Moscou en septembre, l'ouverture du deuxième gazoduc qui fournira du gaz russe à l'Allemagne et à d'autres pays européens a été finalisée.

Moins de deux mois se sont écoulés entre le départ à la retraite d'Angela Merkel en décembre 2021 et l'ouverture du conflit. Les historiens qui approfondissent le sujet pourront nous donner de meilleures explications sur un changement, à bien des égards imprévisible, capable de modifier radicalement le scénario international.

Dans un pays à l'histoire et à la composition linguistique aussi diverses que l'Ukraine, la solution appropriée semblait, jusqu'à l'éclatement du conflit à l'hiver 2014, être l'articulation régionale. Cela n'aurait rien eu de nouveau. La Belgique et l'Espagne ont une configuration régionale et des langues différentes. En Belgique, on parle le wallon et le flamand ; en Espagne, à côté du castillan, dix millions de citoyens parlent la langue catalane. En Ukraine, la légitimité de la langue russe pourrait être reconnue dans les régions où le russe est la langue historiquement et populairement utilisée. Mais aujourd'hui, il est inutile de revenir sur ce qui aurait pu être fait et ne l'a pas été.

Les alliances

La guerre en cours n'implique pas seulement l'Ukraine, mais, plus ou moins directement, une grande partie de l'ordre mondial. Le gaz russe qui devait être acheminé vers l'Europe a trouvé de nouveaux débouchés en Chine et en Inde. Si, d'une part, nous considérons la Russie comme un allié de la Chine, d'autre part, nous voyons l'alliance composée des pays les plus développés de l'hémisphère nord : les États-Unis, le Canada, le Japon et, en Europe, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Italie. L'Australie, quant à elle, fait partie d'une nouvelle alliance triangulaire avec les États-Unis et le Royaume-Uni, ce dernier étant engagé dans la construction de sous-marins à propulsion nucléaire. En substance, l'Ukraine est entourée des principaux pays du capitalisme mondial.

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Dans l'hémisphère sud, d'autres alliances se sont formées, dont certaines étaient imprévisibles. C'est le cas de l'accord triangulaire entre la Chine, l'Arabie saoudite et l'Iran. Un accord qui a suscité la consternation à Washington, l'Arabie saoudite étant le principal allié des États-Unis au Moyen-Orient.

L'influence de la Chine s'étend également à l'Asie centrale. En mai, Xi Jinping a rencontré à Pékin des délégations de cinq pays d'Asie centrale qui entretiennent d'importantes relations avec la Russie : le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan.

Outre l'intensification des relations économiques et commerciales, la Chine a accepté la construction d'une nouvelle ligne de chemin de fer orientée vers l'ouest, avec un itinéraire alternatif au Transsibérien, un itinéraire qui peut relier la Chine à la Turquie et à l'Europe sans passer par la Russie.

La Russie, quant à elle, a conclu un accord avec Téhéran pour le transfert du gaz russe vers le golfe Persique et, de là, vers le Pakistan et l'Inde. Il s'agit d'une alternative importante à l'itinéraire actuel qui, partant de Vladivostok dans le nord de la Russie, doit atteindre les océans Pacifique et Indien au moyen de "méthaniers" spéciaux transportant du gaz liquide, pour débarquer dans les ports des deux plus grands pays asiatiques.

Le réalignement des alliances affecte l'ensemble du Moyen-Orient. Après plus de dix ans de rupture, le ministre saoudien des affaires étrangères s'est rendu à Damas, inaugurant une nouvelle phase de coopération avec le gouvernement de Bachar al Assad, qui entretient quant à lui des relations étroites avec la Russie. La Syrie a ainsi réintégré la Ligue arabe qui comprend, entre autres, les Émirats arabes unis, l'Irak, l'Égypte, l'Algérie et le Maroc. Il s'agit en fait d'une réorganisation politique du Moyen-Orient menée par l'Arabie saoudite, dont les relations s'étendent de la Chine au seuil de l'Europe.

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Le rôle du Brésil

La reconfiguration des relations politiques en Asie n'est pas la seule nouveauté. Le président brésilien Lula da Siva s'est rendu en Chine après avoir rencontré le président Biden à Washington.

Lors de sa rencontre avec Xi Jinping à Pékin, Lula a réitéré la position de neutralité du Brésil à l'égard du conflit en Ukraine, réaffirmant sa volonté de travailler à une médiation capable de résoudre la question frontalière, tout en reconnaissant l'appartenance historique de la Crimée à la Russie.

D'autres aspects de la réunion ont couvert l'ensemble des relations internationales. Pour le Brésil, il est nécessaire de surmonter la domination du dollar dans le commerce international et les réserves monétaires, domination actuellement garantie par le rôle du Fonds monétaire international. La critique de la domination monétaire des États-Unis n'est pas sans précédent. Les lauréats du prix Nobel Joseph Stiglitz et Amartya Sen ont vu dans l'imposition du dollar dans le commerce international une mesure à l'avantage des États-Unis et au détriment des pays en développement soumis aux fluctuations de la monnaie américaine.

Lors de la réunion de Pékin, la Chine et le Brésil ont réaffirmé leur décision d'utiliser leurs monnaies nationales respectives, le yuan et le real, dans les relations commerciales à la place du dollar. Dans cette perspective, la Nouvelle Banque de Développement, formée par les cinq pays des Brics - Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du Sud - doit devenir un instrument essentiel pour échapper à la toile d'araignée du dollar. Et ce n'est pas un hasard si la réunion de Pékin a décidé de nommer Vilma Rousseff, déjà deux fois présidente du Brésil, à la tête de la nouvelle banque de développement. A laquelle des pays de différents continents et de différentes couleurs politiques ont demandé à adhérer, dans le but de former un système monétaire polycentrique comme alternative à la domination du dollar et du FMI.

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L'Europe divisée

La définition de nouveaux accords économiques internationaux a trouvé un point d'ancrage important et inattendu en Europe. Lors de son voyage à Pékin en avril, Emmanuel Macron a d'abord discuté du conflit en Ukraine avec le président Xi Jinping. Comme on pouvait s'y attendre, la Chine a réitéré sa position en faveur d'une confrontation directe entre la Russie et l'Ukraine pour trouver une solution. Mais l'aspect le plus important de la rencontre entre Xi et Macron - à laquelle ont assisté une cinquantaine de représentants du système économique et commercial français - a été la réaffirmation et l'expansion des relations économiques et commerciales entre les deux pays.

Ce n'était toutefois pas le seul aspect pertinent du voyage. En effet, la position de M. Macron sur Taïwan a surpris et alarmé les États-Unis et l'Union européenne lorsqu'il a déclaré que la question devait être abordée et résolue dans le cadre de relations directes entre la Chine et les États-Unis. "Nous ne pouvons pas nous impliquer dans des crises qui ne nous appartiennent pas", a-t-il déclaré, car être un allié ne doit pas signifier être un "vassal". Une position qui n'est pas étrangère à la tradition française. Charles de Gaulle, auquel Macron aime à se référer, était convaincu qu'avec la fin de la guerre froide et l'isolement de la Russie, l'Europe pouvait jouer un rôle mondial en étendant le réseau des relations politiques "de l'Atlantique à l'Oural".

Sur la base des positions actuelles, l'affrontement avec la Russie pourrait avoir une durée et des conséquences difficilement prévisibles en Europe et dans le monde. Les sanctions qui font partie du conflit touchent les couches les plus fragiles des populations. "Ces dernières années, écrit Francisco Rodriguez, professeur d'affaires internationales à l'université de Denver, les sanctions.... l'outil de politique étrangère de choix des pays occidentaux pour faire face aux acteurs internationaux hostiles... sont généralement suivies d'une baisse des dépenses en matière de santé publique, d'éducation et d'assistance... les faits montrent que, si l'on est contraint de réduire les dépenses, les conséquences se répercutent au détriment de la population la plus vulnérable" (Financial Times, 5 mai 2023).

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Le cas le plus évident des conséquences du conflit est celui de l'Allemagne, la plus grande économie d'Europe, qui est sujette à une récession inattendue au cours du dernier trimestre 2022 et à une croissance nulle au cours des premiers mois de la nouvelle année. Selon les instituts de prévision allemands, l'année 2023 se terminera par une croissance de 0,4%, étonnamment inférieure à la prévision du FMI de 0,7% pour la Russie. Un renversement des prévisions qui assignaient à la Russie une profonde récession.

Le Financial Times propose un résumé inhabituel des effets et de la guerre dans les pays occidentaux. "Les marges bénéficiaires des entreprises américaines, écrit-il, ont atteint leur plus haut niveau depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale en 2022... Selon les recherches de la banque française Natixis, les entreprises de la zone euro ont connu au cours des deux dernières années la plus forte expansion de leur rentabilité depuis la crise financière de 2008" ("Central banks warn business over price gouging",31 mars 2023).

L'affrontement avec la Russie peut être difficile à prévoir. Les Etats-Unis se sont retirés d'abord du Vietnam et finalement de l'Afghanistan après deux guerres qui ont duré entre dix et vingt ans. Ce qui est nouveau, c'est que la guerre implique les grandes puissances mondiales. La durée et les conséquences sont difficiles à prévoir.

Il est difficile et abusif de prophétiser l'avenir. Mais les changements en cours ont déjà modifié le scénario mondial. Les relations économiques et politiques internationales ont leur centre sur les rives du Pacifique où s'affrontent les États-Unis d'une part, et la Chine, alliée de la Russie, d'autre part. L'Europe s'est confinée dans une position périphérique. Elle a renoncé à la possibilité de jouer un rôle propre, en prenant part à un conflit sans précédent dans l'histoire de l'après-guerre, qui n'était pas dans ses intentions et encore moins dans ses intérêts.

dimanche, 11 juin 2023

La revue de presse de CD - 11 juin 2023

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La revue de presse de CD

11 juin 2023

Revue de presse garantie sans aucune intervention d’intelligence artificielle

LA CITATION DE LA SEMAINE

« Mon but n’avait pas été seulement d’éveiller une curiosité du passé, voire d’entretenir une nostalgie, mais de persuader que si nous avions – grâce au progrès – gagné, nous avions aussi perdu. L’erreur moderniste n’était pas de changer, ni d’accepter un changement même coûteux, mais de l’avoir précipité comme une liquidation. »

Philippe Ariès, in Le temps de l’histoire. Le Seuil, 1986. Première édition : Rocher, 1954.

EN VEDETTE

Un dirigeant de l’OMS appelle à adopter des mesures « restreignant les libertés individuelles » pour lutter contre les prochaines pandémies

Un lapsus ou une véritable « déclaration d’intention » ? Lors d’une table ronde organisée le 22 mai 2023 en marge de la 76e Assemblée générale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Genève, le co-président d’un groupe de travail de cette instance internationale a ouvertement appelé les États membres à se doter de « mesures qui restreindraient les libertés individuelles », afin de lutter contre les prochaines pandémies. Cette édition est dédiée au Traité sur les Pandémies, qui prévoit « d’habiliter l’OMS à remplir son mandat en tant qu’autorité de direction et de coordination du travail sanitaire international, y compris pour la préparation et l’intervention en cas de pandémie ». Il s’agit là de l’une des propositions émises en juin 2022 par l'Organe intergouvernemental de négociation (OIN), initié en décembre 2021 par les 194 États membres de l’OMS et « chargé de rédiger et de négocier une convention, un accord ou un autre instrument international de l’OMS sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies ».  Après cette première réunion de juin 2022, cet organe s'est de nouveau réuni en juillet 2022 pour convenir que ce Traité sur les pandémies sera adopté en vertu de l’article 19 de la Constitution de l’OMS et sera « juridiquement contraignant » pour les signataires.

francesoir.fr

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COMPLOTISME (C’est-celui-qui-dit-qui-est !)

Quand Éric Dupond Moretti s’intéresse à « la vie des autres »

La droite sénatoriale vient une fois de plus de se déshonorer en apportant ses voix sénatoriales à Éric Dupond Moretti pour un projet de loi parfaitement scélérat. L’effondrement de la culture des libertés publiques chez ces gens, ouvre un boulevard à Emmanuel Macron pour installer la société de surveillance autocratique et antidémocratique dont il rêve. Le Sénat a en effet approuvé en première lecture, la mesure parfaitement liberticide inséré dans l’article 3 du projet de loi Justice présentée par le Garde des Sceaux au nom du gouvernement.

vududroit.com

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Edward Bernays, le père du lobbying : mensonges et manipulation contre le peuple

Il est le père du lobbyisme, le maître dans l’art de manipuler l’opinion que ce soit à des fins politiques ou publicitaires. Edward Bernays, c’est une vie consacrée à l’une des tâches majeures de notre siècle : celle qui consista à pervertir les démocraties pour faire plier les volontés des masses, afin de satisfaire des élites gouvernementales et ensuite des multinationales. Né en 1891 et mort en 1995, à l’âge de 103 ans. Edward Bernays était le double neveu de Sigmund Freud car sa mère, Anna était la sœur de Sigmund Freud et son père Eli était le frère de la femme de Freud, Martha Bernays. Il est mort dans l’indifférence, presque oublié du grand public alors qu’il a inventé l’un des grands maux du XXe siècle : la manipulation de masse par de fausses informations.

lemediaen442.fr

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DÉCONSTRUCTION/SCHIZOPHRÉNIE/DÉBILITÉ

L'éco-extrémisme comme nouvelle religion

Cette pensée, sponsorisée, financée par des organisations étrangères veut imposer, pour les entreprises, des modes de vie, des bouleversements économiques avec la transition énergétique comme la voiture électrique, l'alimentation synthétique et divers aménagements

euro-synergies.hautetfort.com

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Pays-Bas. Rotterdam inaugure la statue d’une femme noire en survêtement qui « représente l’avenir » [Vidéo]

Une statue de quatre mètres de haut représentant une femme noire en tenue de sport a été installée devant la gare centrale de Rotterdam, aux Pays-Bas. Les explications de l’artiste ayant réalisé « l’œuvre », et lui aussi d’origine extra-européenne, valent le détour. À Rotterdam, la statue d’une extra-européenne en survêtement… C’est une bien curieuse « œuvre » qui a été installée devant la gare centrale de Rotterdam il y a quelques jours. Le 2 juin, une statue en bronze de quatre mètres de haut représentant une jeune femme a été dévoilée dans ce lieu très fréquenté de la ville hollandaise. Pourtant, à y regarder de plus près, un détail interpelle : la jeune femme présente les traits d’une personne d’origine extra-européenne. Sommes-nous toujours aux Pays-Bas ? Cheveux en chignon, mains dans les poches de son pantalon de survêtement et arborant une paire de baskets Nike aux pieds, son visage regarde vers l’horizon. Cette sculpture intitulée « Moments Contained » (« moments contenus ») n’est effectivement pas une statue classique et traditionnelle d’un roi ou d’un héros de guerre, mais celle d’une femme noire fictive en tenue de sport. À l’origine de cette « œuvre », on trouve l’artiste britannique Thomas J Price (42 ans). Lequel, selon le quotidien néerlandais De Volkskrant, ne souhaite pas que ses sculptures dégagent un sentiment de puissance, « bien au contraire ». Pour autant, Thomas J Price précise que la nonchalance de la femme d’origine extra-européenne qu’il a représentée est feinte : « on voit les jointures de son poing dans les poches de son pantalon », indique le titre de presse hollandais, ajoutant que pour l’artiste, cette statue « incarne la résilience, l’assurance et la vulnérabilité ».

breizh-info.com

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DÉSINFORMATION/MÉDIAS/CORRUPTION/CENSURES

Valeurs actuelles au cœur de la guerre des droites

C’est visiblement le souhait de l’actionnaire libanais Iskandar Safa qui a décidé de la mise à pied de Geoffroy Lejeune, actuel directeur de la rédaction de VA : « Geoffroy Lejeune est “mis à pied à titre conservatoire“ et convoqué le 12 juin à “un entretien préalable” dans le cadre d’une procédure qui “pourrait aller jusqu’au licenciement” », a indiqué à l’AFP la direction du groupe de presse Valmonde, propriétaire de Valeurs actuelles. La Lettre A explique que Charles-Antoine Rougier avait été désigné en septembre dernier par l’actionnaire, Iskandar Safa, pour éloigner le magazine d’une ligne trop droitière voulue par Geoffroy Lejeune : « […] Mais ce dernier n’est pas parvenu à mener assez rapidement le recentrage de la ligne éditoriale de Valeurs actuelles aux yeux de l’actionnaire. Ces derniers mois, Charles-Antoine Rougier s’était même à l’inverse rapproché de la rédaction, qu’il a pris soin de consulter assidument dès son arrivée. Les journalistes appréciaient l’implication de cet homme […] ». Énarque, directeur de cabinet de l’ex-président de l’Assemblée nationale Jean-Louis Debré, Jean-Louis Valentin aura donc pour mission de réorienter dans les faits Valeurs actuelles vers une droite plus traditionnelle. Les journalistes de Valeurs actuelles devraient réserver un accueil glacial à leur nouveau numéro un. Alors que la situation n’a jamais été aussi houleuse, les prochains mois risquent de voir s’affronter le clan des fidèles d’Iskandar Safa et la rédaction emmenée par Geoffroy Lejeune. Au point de faire imploser le journal ?

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2023/06/09/457932-valeurs-ac...

Élections : erreur d’analyse

Par Jean-Baptiste Noé. Entre annonces fracassantes et prévisions erronées, nombreux sont les experts atteints de pensée auto-réalisatrice : réaliser les analyses non pas en fonction de ce qui pourrait se passer, mais en fonction de ce que l’on aimerait qu’il se passe. Les récentes élections en Grèce, Espagne et Turquie l’ont encore démontré. On se souvient de Donald Trump, qui ne pouvait pas être élu, et du Brexit, qui ne pouvait pas arriver. C’était surtout que nombreux étaient les commentateurs qui ne voulaient pas que cela arrive. Et qui ont projeté sur la réalité leurs propres pensées. Aujourd’hui, beaucoup continuent à expliquer ce vote par les trolls russes sur les réseaux sociaux et le « complotisme » : c’est parce qu’ils ont été influencés par de faux comptes russes que les Américains ont voté pour Trump et les Anglais pour la sortie de l’UE. Une façon de ne pas prendre la peine d’analyser les élections et les raisons du vote. Une justification bien commode, qui refuse de voir la situation telle qu’elle est.

institutdeslibertes.org

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5 chaînes en un jour = le contenu de l’ORTF en un mois

C’est la question que pose Pierre Rimbert dans les colonnes du Monde Diplomatique du mois de juin. À travers cette interrogation que l’on pourra juger provocatrice, le journaliste lance une passionnante réflexion sur l’évolution du traitement de l’actualité par les médias télévisuels et sur l’actuelle surabondance d’informations immédiates qu’il juge profondément contre-productive et même dangereuse. Constatant qu’actuellement les cinq chaînes qui produisent de l’information en continu (LCI, Cnews, BFMTV, France 24 et Franceinfo) diffusent à elles seules davantage d’actualités en une journée que jadis l’ORTF en un mois, l’auteur s’alarme de cette massification qui produit « un brouillard d’images et de paroles » peu propice à l’analyse et à la réflexion. Pour lui, l’immédiateté, l’hyper-réactivité, l’injonction permanente à réagir à chaud, la « passion du faits divers » et l’absence de hiérarchisation provoquent chez le spectateur un phénomène de « sidération » interdisant la prise de distance et la bonne compréhension des événements relatés. La « censure par saturation » prend alors la place de la vieille et obsolète « censure par privation ». Ce système informatif incontinent engendre une « micro-société non élue de décideurs et d’experts qui travaillent plus leur maquillage que leurs dossiers » dont les infinis palabres déversés sur tous les sujets masquent des problématiques majeures au profit de thèmes plus anecdotiques, ou déjà exagérément traités, accordant, par exemple, plus de place à « l’affaire Palmade » qu’aux séismes en Turquie, ou masquant le drame du Yémen au profit d’une surexposition des seuls événements d’Ukraine.

ojim.fr

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La gauche contre les corps

Au début du mois de mai, l’émission Quotidien faisait encore parler d’elle en plantant ses caméras dans une salle de musculation pour un reportage particulièrement malhonnête visant à assimiler le sport à une addiction. Loin d’être un faux pas, cette tentative de dévaluation de l’activité physique est une conséquence logique de la vision du monde de la nouvelle gauche. Quel était donc le but de cette immersion dans la sueur et les grognements ? Sans aucun doute célébrer cette belle jeunesse qui entretient son corps, ce qui permet de réduire les dépenses de santé donc de renflouer les caisses de la sécu donc d’étendre la CMU à l’ensemble des habitants de la Cuvette congolaise. Faux ! vous rétorquais-je la bave aux lèvres, écumant sous l’effet d’une rage de fort bon aloi. Car en trois minutes d’antenne, Quotidien a encore saisi une occasion de prouver son statut d’ennemi de l’Occident, ce qui est encore éventuellement tolérable, de la beauté du monde, ce qui commence à l’être moins, et des postérieurs galbés, ce qui devrait par contre valoir des supplices du plus raffiné des sadismes. Examinons ce cas.

lincorrect.org

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Menhirs détruits à Carnac : la bureaucratie française en cause ?

Cela pourrait être le prochain album d’Astérix : Obélix et les 40 menhirs. Mais ce n’est pas une fiction : 39 menhirs ont disparu à Carnac (Morbihan), dans la Z.A. de Montauban. Oh, pas de ces mégalithes qui font la réputation mondiale du site, pas des microlithes non plus : des pierres d’une cinquantaine de centimètres de haut. Elles sont parties dans des bennes de gravats et de terre lors des travaux de construction d’un magasin Mr Bricolage, ont peut-être été, depuis, concassées en gravier et on n’a pas le cœur à rire devant ce fiasco patrimonial qui vient d’être dénoncé sur www.sitesetmonuments.org, en date du 2 juin, par un Carnacois, Christian Obeltz, prospecteur-correspondant du Laboratoire de recherche archéologie et architecture de l’université de Nantes.

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Laure Adler, papesse féministe de la mitterrandie culturelle

« Je me sens africaine, pas française ! De par mes sensations, perceptions, notamment des odeurs. » De sa thèse d’histoire sur le féminisme aux nombreuses biographies qu’elle a consacrées, tout au long de sa carrière, à des grandes figures féminines, Laure Adler n’aura cessé d’être fascinée par les glorieux destins de femmes et, à sa manière, en aura incarné un. En bonne héritière des idéaux de 68, elle prend sa retraite radiophonique à 73 ans pour laisser la place aux jeunes et à leur « citoyenneté engagée ».

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ÉCOLOGIE (même si, parfois, il n’y a pas que des zozos !)

Colère plébéienne contre l’écologie des classes supérieures : le cas hollandais

La coalition libérale qui gouverne les Pays-Bas fait face à la progression fulgurante du parti « Agriculteurs-citoyens » (BBB), d’obédience populiste de droite. À l’origine : une tentative gouvernementale de réduire le cheptel hollandais, qui a mené à une révolte d’agriculteurs. Celle-ci a constitué l’étincelle d’un vaste mouvement de protestation, hétéroclite et dominé par des secteurs populaires et périphériques, qui prend pour cible la coalition dirigée par Mark Rutte. En filigrane, c’est le refus d’une écologie des classes supérieures qui se dessine. Les couches populaires hollandaises, victimes d’une décennie de néolibéralisme à marche forcée, délaissées au profit des métropoles globalisées, ont cristallisé leur colère autour des dernières mesures écologistes (pourtant timides) du gouvernement. Par Ewen Engelen, originellement publié sur la NLR, traduit par Alexandra Knez pour LVSL.

Le Vent Se Lève

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Le Club de Rome : comment l’hystérie climatique est utilisée pour créer une gouvernance mondiale

Par Brandon Smith. Pour être clair, il n’y a aucune preuve d’une crise climatique causée par les émissions de carbone ou de gaz à effet de serre produites par l’homme. Aucun événement météorologique ne sort de l’ordinaire par rapport à la chronologie historique du climat de la Terre. Aucune preuve ne vient étayer les théories relatives au « point de basculement » des températures. En outre, la température de la Terre a augmenté de moins de 1°C en 100 ans. Les relevés de température officiels ne remontent qu’aux années 1880, et c’est cette période étroite que les climatologues financés par les Nations unies et les gouvernements utilisent comme point de référence pour leurs affirmations. J’explique pourquoi il s’agit d’une science frauduleuse dans mon article intitulé « La peur des cuisinières à gaz est une fraude créée par les partisans autoritaires du changement climatique ». Le fait est que l’ONU a encouragé l’hystérie autour d’un faux scénario climatique apocalyptique, tout comme le WEF et l’OMS ont encouragé l’hystérie et la peur autour d’une non-menace comme la crise Covid. Tout a commencé au début des années 1970 avec un groupe lié à l’ONU, le Club de Rome.

lesakerfrancophone.fr

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ÉCONOMIE

Comment leurs privatisations ne sont que des privations ?

Un état ne peut pas être privé. Ces intrus qui, sans aucun sens de l’intérêt général, n’y viennent que pour leurs uniques petites affaires si égoïstes. Avec comme résultats si désastreux de bâcler la vie des énormes majorités à qui appartient l’état public (selon les articles 2 et 3 de la Constitution de 1958, sans lesquels aucun article 40 ne peut exister tout seul…Enfin, enfin c’est l’unité de la loi qui seule existe. Et non les choix arbitrairement piochés des associations de malfaiteurs privés. Qui ne diffusent que du superflu artificiel.). Privations complètes pour celles et ceux qui, par leurs impôts volontaires, avaient construits les si démocratiques services publics. Un pays sans services publics est bien un pays barbare. Livré aux mains des…gangsters mafieux ! Un pays non civilisé. Toute ressemblance avec la vraie situation actuelle en France devient si flagrante. C’est bien – derrière tous leurs mots truqués – ce qui pourrait se mettre en place en 2023. Mais – pour eux – est d’une incroyable fragilité extrême. Pour le moment, les gouvernements ne peuvent ni assumer ni supporter l’acide de ces élucidations. De ces puissants arguments et de leurs démonstrations. Mettons-nous-y donc tous. Toute division est un service rendu à l’ennemi insensé. Oui une haute trahison des valeurs. L’individualisme égoïste passe bien après. Il faut faire partir, et d’urgence, cette pire que peste des grandes régressions…

imagiter.fr

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Pourquoi les prévisionnistes se sont-ils trompés sur leurs estimations du PIB de la Russie pour 2022. Et pourquoi ils pourraient encore se tromper pour 2023…

Par Jacques Sapir. Les sanctions mises en œuvre contre la Russie depuis le début des hostilités en Ukraine ont été profondes et étendues. Elles viennent s’ajouter aux sanctions mises en place après les événements de 2014. Les prévisionnistes, tant en Occident qu’en Russie, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe d’ici la fin de 2022. Néanmoins, rien de dramatique ne s’est produit. Cette situation nous rappelle alors un autre échec majeur des prévisions en 1998-1999 à la suite du krach financier russe. Dans cet article, nous essaierons de comprendre pourquoi de tels échecs de prévision se sont produits, pouvaient-ils être évités et pourrions-nous établir des prévisions plus précises sur l’économie russe pour les temps à venir.

les-crises.fr

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ÉDUCATION

Depuis quelques semaines, des « bataillons » (par exemple 10 inspecteurs pour une école de 90 élèves) de l’Éducation nationale aux « pratiques scandaleuses » et inhabituelles investissent les écoles catholiques hors-contrat

Alors que le ministre de l’Éducation a été mis en cause dans l’affaire Lindsay par les parents de la défunte adolescente de 13 ans, qui accusent aussi l’établissement et l’académie de Lille de non-assistance à personne en danger, on apprend que ces dernières semaines, des inspections massives, façon « commando », ont été diligentées… dans des écoles catholiques hors contrat.

LePanacheFrançais

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ÉNERGIE

Loïk Le Floch-Prigent : « On a le coût d’électricité le plus faible d’Europe en France et le prix le plus cher » ; « le problème c’est le mécanisme de la commission européenne ; or il n’y a aucun traité de l’énergie, nous sommes libres de revenir au coût »

Prix de l'électricité : en septembre Emmanuel Macron disait aux entreprises de ne surtout pas signer de contrat à des prix x2 ou x3, « pas de panique ». Aujourd'hui les prix des factures peuvent être multipliés par 20 ou +. Explication.

fdesouche.com

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ÉTATS-UNIS

Les Américains sombrent dans le chaos

En 2022, une historienne américaine, spécialiste des conflits civils (Historical Foundation of the States), a poussé un coup de gueule en affirmant qu'à partir de la littérature d'analyse historique générale, on pouvait énumérer un certain nombre de points de crise permettant de prédire le risque imminent d'une flambée de « stasis » (de troubles sociaux bouleversants sinon révolutionnaires). Selon Barbara F. Walter, les États-Unis sont aujourd'hui un pays-candidat parfait pour basculer dans la guerre civile. Elle a été suivie dans son analyse par d'autres auteurs et de nombreux médias, tant américains que britanniques, ont amplifié le thème en le plaçant au centre du débat public.

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Biden ment à l'Amérique mais l'Europe est la victime

Le président américain Joe Biden, en baisse dans les sondages, et l'ancien président Donald Trump, en hausse dans les condamnations, ont déjà entamé leur campagne électorale. Chacun à sa manière, mais tous deux sans argument décisif en matière de politique étrangère et de sécurité, ou de politique économique ou sociale. Tous deux savent cependant que la première, la politique de défense, n'aura aucune importance pour le vote. Biden a tenté de se présenter comme le président qui a resoudé l'OTAN, rétabli l'hégémonie sur l'Europe et ainsi obtenu un soutien pour la guerre en Ukraine. Ces déclarations ont convaincu la quasi-totalité des alliés européens, mais pratiquement personne dans notre camp. Non pas parce qu'elles sont fausses, mais parce qu'elles sont « éloignées » de la géographie et de la pensée américaines. Paradoxalement, M. Biden peut compter sur le soutien de l'Europe à la guerre parce qu'il n'a jamais expliqué clairement aux citoyens américains ce que signifie la guerre en Ukraine et quels sont les intérêts et l'engagement des États-Unis. Il s'est toujours limité à une rhétorique anti-russe et à une prétendue défense de la liberté et de l'idéologie occidentale.

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FRANCE

Des ONG financées par des pays étrangers fragilisent l'industrie de défense française

Malgré la guerre en Ukraine et un budget en hausse, l’armée française demeure sous-équipée. Et en plus, au nom de l'écologie, des ONG s'attaquent à la Base industrielle et technologique de défense (BITD). Certes, la loi de programmation militaire adoptée le 7 juin en première lecture à l’Assemblée augmente le budget des armées de 40 % (soit 413,3 milliards sur sept ans). Mais le texte prévoit aussi que nos forces recevront moins de chars, de Rafale ou de frégates que ce qui était prévu dans la précédente LPM. Certes, la loi entend « moderniser » l'appareil militaire : 10 milliards pour l'innovation, 6 milliards pour « l'espace », 4 milliards pour le « cyber », 5 milliards pour les drones, etc. Mais cela masque mal le sous-dimensionnement des armées. La France n'est pas en mesure de protéger son immense espace maritime, le deuxième du monde après les États-Unis, avec ses 11 millions de km2 de zone économique exclusive (ZEE) répartis sur toutes les mers du globe. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu dit « privilégier la cohérence sur la masse » : recevoir moins de matériel mais s'assurer qu'il soit opérationnel et que les militaires y soient entraînés. Fort bien. Mais cet expédient n’interdit pas de reposer la question de fond, comme le fait Fabien Roussel (PCF) déplorant un « modèle d'armée qui découle d'une stratégie militaire toujours au service de l'Otan et de la politique étrangère des États-Unis ». Si l’Alliance atlantique permet à la France de profiter d'une structure militaire plus vaste, cette allégeance l'empêche de ne compter que sur ses propres forces, même si notre degré d'indépendance est sans commune mesure avec celui de l'Italie ou de l'Espagne, par exemple. Reste qu'un cadre souverain postule que l’armée dispose, en permanence et non en pointillé, de tous les attributs de la puissance, et tant pis si cela coûte cher.

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Le Green Deal va appauvrir la France, augmenter la dette comme les impôts et n’aura aucun impact sur le climat !

Le Green Deal impose à la France de diminuer de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Un rapport de France Stratégie a été remis à Elisabeth Borne pour la mettre en garde contre l’inutilité d’une telle contrainte et, pire, du risque d’appauvrissement des Français et de l’augmentation de la dette publique…

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La France sous l’emprise de la drogue

Cause et symptôme de l’ensauvagement d’une société déboussolée, la drogue installe son emprise sur tout le territoire français. Métropoles, villes moyennes, bourgs, campagnes... aucun lieu n’est préservé. Aucun âge non plus : les victimes directes – consommateurs, vendeurs – sont de plus en plus jeunes, mais la terreur s’étend à toutes les générations : habitants des zones de « deal », simples passants agressés ou victimes collatérales d’une balle perdue, automobilistes accidentés... L’affaire Palmade, très médiatisée en raison de l’identité du chauffard drogué et alcoolisé, n’est que l’un des accidents de la route attribués à la consommation de stupéfiants qui font quelque 700 morts par an. La drogue détruit des familles et ronge les cerveaux (souvent irrémédiablement chez les plus jeunes). Selon le ministère de l’Intérieur, 10 % des auteurs d’homicides conjugaux en 2021 avaient consommé des substances psychoactives. Et près de la moitié des femmes ayant subi un viol ou une tentative de viol, estimaient que leur agresseur était sous l’influence de l’alcool ou de la drogue. Celle-ci est aussi souvent consommée par des terroristes pour se donner du « courage » avant de passer à l’acte, tels les « assassins » (« ḥašišiywn », en persan) membres d'une secte musulmane qui tuaient sous l’emprise du haschisch.

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Emmanuel Macron : le Bernard Madoff français de la politique

La pyramide de Ponzi est une fraude qui consiste, par un montage, à rémunérer les investissements des personnes déjà clientes, par les fonds qui sont apportés par les « nouveaux entrants ». Pour que cette chaîne prospère, il faut nécessairement de nouveaux pigeons et l’absence d’une crise d’ampleur qui donnerait l’idée aux investisseurs de reprendre tous, en même temps, leurs capitaux. Sous l’influence de la Macronie, la France est-elle devenue une gigantesque pyramide de Ponzi ? Emmanuel Macron est-il le Bernard Madoff de la politique ? Car derrière quelques promesses auxquelles ne croient plus que quelques doux naïfs, dont celle d’une « start-up nation » pleine d’avenir ou d’une « guerre » efficacement menée contre la Covid-19, se cache en fait un vide sidéral financé avec de la dette à tout-va. Un vide dans lequel ne s’exerce plus qu'une communication bien huilée, une vraie machine à bobards, qui a par exemple réussi à vendre à l’opinion publique l’efficacité des masques, des confinements et de vaccins expérimentaux. Coût de l’opération ? Plus de 400 milliards d’endettement, sans compter le prix d’obscurs contrats d’achat de vaccins qui nous condamnent, SMS-Gate oblige, à une gabegie hors norme.

francesoir.fr

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GAFAM / IA

Comment les villes intelligentes vont enfermer l'humanité dans des camps de concentration à ciel ouvert

Par David Sorensen. Une ville intelligente est un environnement urbain où les technologies de surveillance et de collecte de données sont omniprésentes et où les détails les plus intimes et les plus personnels de chacun sont surveillés et enregistrés. L'objectif est de tout savoir sur tout le monde : ce que vous mangez et buvez, où vous allez, ce que vous achetez, qui vous rencontrez, ce que vous pensez, ce que vous ressentez, vos opinions, vos habitudes, votre état de santé et de vaccination, etc. Tout. Chaque détail. Cette surveillance tous azimuts est justifiée par le fait qu'elle est soi-disant essentielle pour « sauver la planète » du changement climatique. Ils garantissent également que cela rendra votre vie plus connectée, plus sûre et plus saine. Chaque aspect de la vie dans une ville intelligente sera surveillé par un large éventail de technologies de collecte de données : SMART Lights, SMART Poles, SMART Cars, SMART Neighborhoods, SMART Homes, SMART Appliances, SMART Energy, SMART Transportation et bien d'autres technologies SMART. Ensemble, elles formeront une grille de surveillance omniprésente, collectant en permanence toutes les informations sur les moindres détails de la vie des citoyens.

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GÉOPOLITIQUE

Carte. Le djihad, entre l’Europe et le Moyen-Orient

Europe – État islamique, aller-retour pour le djihad. Une carte qui montre les liens établis entre les populations, les aéroports de transit, les routes de circulation. Établie par Fabrice Balanche et Hugo Micheron, elle permet de comprendre les logiques de connexion à l’œuvre dans le bassin méditerranéen. Elle montre les espaces, que sont les pays concernés, ceux qui émettent des départs vers l’État islamique et ceux qui en reçoivent ; les points, qui sont les lieux de passage (aéroports, ports) ; les lignes, que sont les routes et les flux. Les principaux pays de départ sont peu nombreux et concernent essentiellement ceux où la population musulmane est la plus nombreuse : Allemagne, Royaume-Uni, France, Belgique, Pays-Bas. Ce sont les mêmes qui ont connu la majorité des attentats islamistes.

revueconflits.com

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Pas de trêve pour le Heartland

Nous tous, soi-disant analystes géopolitiques, avons une dette envers Halford John Mackinder. Son article de 1904, « The Geographical Pivot of History » (Le pivot géographique de l’histoire), est à la base de la quasi-totalité de la pensée stratégique dans les salles politiques, les groupes de réflexion et les académies militaires de l’Occident d’aujourd’hui. Nous avons tous entendu les trois premières règles de Mackinder : Qui domine l’Europe de l’Est dirige le Heartland ; Qui domine le Heartland dirige l’île monde ; Qui domine l’île monde dirige le monde. En raison de la domination des idées de Mackinder et des politiques mises en place pour les soutenir, le monde a été soumis à des conflits sans fin autour de sa conception de « l’île monde », qui est essentiellement l’Eurasie. C’est pourquoi l’Occident ne peut pas perdre en Ukraine. Pour les Mackinderistes au sommet des structures de pouvoir à Londres, Washington D.C. et Bruxelles, perdre l’Ukraine signifie perdre le monde entier, parce qu’ils ont cette vision très dépassée de la géographie mondiale.

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La doctrine Brzezinski

Zbigniew Brzeziński dont le père était diplomate de la République de Pologne, a fait ses études à Montréal puis à Boston. Le père de Zbigniew était en poste diplomatique au Canada en 1939 au moment du Pacte germano-soviétique, empêchant ainsi la famille de rentrer en Pologne. Il est aussi l'un des artisans de l'Opération Cyclone, par laquelle Washington soutient les moudjahidins afghans dès juillet 1979. Brzeziński écrit une note au président après que celui-ci a décidé d'aider les moudjahidins, pour indiquer que l'aide provoquerait à son avis l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS, ce qui s'est effectivement produit en décembre. Deux décennies plus tard, se félicitant que les Soviétiques se soient épuisés dans le « piège afghan », il répondra à l'accusation d'avoir provoqué l'intervention soviétique : « Nous n'avons pas poussé les Russes à intervenir, mais nous avons sciemment augmenté la probabilité qu'ils le fassent. » Il programme par ailleurs l'Opération Eagle Claw (avril 1980) visant à libérer les otages de Téhéran, dont l'échec mena à la démission de Cyrus Vance. Lors des événements en Pologne, Brzeziński adopta aussi une posture dure vis-à-vis de toute possibilité d'invasion du pays par les forces soviétiques, rompant ainsi avec l'attitude de Washington lors de l'insurrection de Budapest (1956) et du printemps de Prague (1968). Brzeziński devint progressivement le membre le plus impopulaire de l'administration Carter, et se fit copieusement huer à la Convention démocrate par les supporters de Ted Kennedy à la candidature présidentielle de 1980.  En 1997, il écrit Le Grand Échiquier (traduit la même année chez Hachette). Ce livre n'étant plus vraiment d'actualité suite aux attentats du 11 septembre 2001, qui lui valurent des critiques pour son rôle dans le soutien aux moudjahidines, il en édita une version actualisée sous le titre Le Vrai Choix en 2004 (The Choice : global domination or global leadership, paru chez Basic Books). Sa théorie exposée dans cet ouvrage se base sur l'idée que l'amélioration du monde et sa stabilité dépendent du maintien de l'hégémonie américaine. Toute puissance concurrente est dès lors considérée comme une menace pour la stabilité mondiale. Son discours est franc et direct, ce qui n'exclut pas un certain cynisme. Mais contrairement à l'unilatéralisme du président George W. Bush, il est plutôt pro-européen, dans la mesure où selon lui le leadership américain, qui seul pourrait sauver le monde du chaos, ne peut être pleinement réalisé et atteindre ses objectifs qu'en coopérant avec l'Europe. Selon ses propres mots : « Sans l'Europe, l'Amérique est encore prépondérante mais pas omnipotente, alors que sans l'Amérique, l'Europe est riche mais impuissante. » Il voit dans l'alliance USA-Europe un axe qui permettrait à chacune des parties de devenir plus puissante tout en ayant un impact plus fort sur la paix et le développement dans le monde.

pierre-lamble.eu

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HONGRIE

László Toroczkai : « Orbán fait massivement appel à la main d’œuvre étrangère en Hongrie » [Interview exclusive]

László Toroczkai est une figure incontournable du nationalisme hongrois depuis 25 ans. Sa biographie n’a guère d’équivalents dans cette famille politique : jeune collaborateur parlementaire du MIÉP (un parti nationaliste représenté au Parlement de 1998 à 2002) à la fin des années 1990, reporter de guerre au Kosovo de 1999, fondateur du mouvement de jeunes nationaliste HVIM (implanté également dans les pays limitrophes de la Hongrie, où l’on trouve d’importantes communautés hongroises outre-frontières), fondateur du journal hebdomadaire Magyar Jelen, fondateur du festival Magyar Sziget, meneur des émeutes anti-gouvernementales de l’automne 2006, maire de Ásotthalom (2013-2022) faisant face aux hordes migratoires dans les années 2010, vice-président du Jobbik (2016-2018) avant de le quitter suite au changement de cap politique de ce dernier, fondateur du parti nationaliste Mi Hazánk en 2018 et chef du groupe parlementaire de ce parti depuis 2022. Il est totalement interdit d’activité sur Facebook depuis 2019 (la plateforme censure tout contenu où figure son nom ou son visage), ce qui l’a poussé à développer ses activités de vlogueur sur YouTube ou plus récemment TikTok. Il a d’ailleurs entrepris une action en justice contre Facebook.

breizh-info.com

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IMMIGRATION

Passage à l’acte : choix d’opportunité ou portée symbolique ?

La journée du 29 octobre 2020 a été marquée par plusieurs actes violents, relevant ainsi l’évaluation de la menace au niveau Alerte Attentat du plan Vigipirate. Ces différentes attaques ne semblaient pas coordonnées ni mutualisées, toutefois leur concomitance semble difficilement fortuite. Dès lors, il est utile de chercher à déterminer si une logique commune peut tenter de les relier ou de les expliquer. En d’autres termes, la date d’une attaque provient-elle d’une préméditation ou est-elle la résultante d’événements géopolitiques Une définition simple et usuelle du terrorisme est l’utilisation de la violence à des fins politiques. Ce but recherché ne peut être atteint que si un écho médiatique vient renforcer l’acte terroriste. Pour cela, les attaquants doivent paramétrer non seulement le mode opératoire, mais également déterminer une date symbolique pour le passage à l’acte, et un lieu emblématique, afin d’avoir la plus grande publicité possible. Ce « quasi dogme » de la cible et de la date symboliques dans le mode opératoire a d’ailleurs été publié, au lendemain de l’attaque contre le parlement britannique le 22 mars 2017, dans leur propre débriefing opérationnel. Il est donc intéressant de mieux comprendre la symbolique de ces deux variables. Explications et analyses.

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Annecy. Migrant, gauchistes… tous coupables ! [Vidéo]

Par Nicolas Faure. Sommaire : 00:00 Intro 01:28 Les accusations de récupération 06:48 La responsabilité des gauchistes 15:40 La religion du criminel 20:00 Port d’arme 22:35 Référendum 23:53 Offensive. Intéressante réaction à chaud de

breizh-info.com

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Abayas et qamis, l’entrisme islamiste continue, dans l’indifférence du ministre de l’Education nationale

Depuis 2022, une guerre larvée mais réelle a lieu dans les établissements scolaires, sans que le ministre dit de l’éducation nationale n’y trouve à redire de sérieux et de concret en tout cas. Il faut ajouter qu’il a fait du slogan ne rien voir, ne rien entendre, ne pas parler, sa ligne de conduite, sauf bien évidemment pour distiller son venin à tous ceux qu’il considère comme étant de la mouvance de « l’ultra-droite ». Pourtant, les services du renseignement ont alerté sur l’apparition de plus en plus importante d’abayas et de qamis (le pendant pour les garçons), dans les enceintes scolaires. De nombreux incidents se sont produits, alors que les services de renseignements évoquent : « un entrisme salafo-frériste ».

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Les médias choisissent Tariq Ramadan plutôt que la dénonciation de l’islamisme

Tariq Ramadan, célèbre islamiste, était à Nice pour un déjeuner payant regroupant 60 personnes. Florence Bergeaud-Blackler, chercheur spécialisé dans la dénonciation des réseaux islamistes, s’est exprimée gratuitement dans un forum de débats du festival de Nice devant près de 400 personnes. Mais de qui BFMTV a-t-elle parlé ? De l’islamiste, bien sûr.

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LECTURE

Le livre Transgression. Voyage du camp du ‘bien’ vers le camp du ‘mal’ présenté hier à la presse parisienne

Jeudi 8 juin, une conférence de presse était organisée à Paris afin de présenter le nouveau livre édité par Synthèse nationale, Transgression. Voyage du camp du ‘bien’ vers le camp du ‘mal’. Cette conférence était présentée par Roland Hélie, directeur de Synthèse nationale et éditeur du livre. Pendant près de deux heures, les journalistes et amis présents ont ainsi pu écouter et interroger successivement Jean-Yves Le Gallou, président de la fondation Polemia, qui a préfacé l’ouvrage, et les deux auteurs, Pierre Cassen, co-fondateur et animateur de Riposte laïque, et Bernard Germain, animateur de la coordination Partout Callac. Point commun entre ces deux derniers : leur militantisme passé, trotskiste et syndicaliste, à la Ligue communiste révolutionnaire et à la CGT pour le premier, à l’Organisation communiste internationaliste et à Force ouvrière pour le second… Un parcours et une évolution similaires, du camp du « bien » vers le camp du « mal », qui est justement le sujet de ce volume d’un peu plus de 200 pages écrit à deux mains… (Ce volume comprend aussi en annexe huit témoignages de d'ex-cadres gauchistes aux parcours similaires).

Pierre Cassen et Bernard Germain, Transgression. Voyage du camp du ‘bien’ vers le camp du ‘mal’. Synthèse nationale, 2023.

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Selon un universitaire américain, les bas salaires aux USA contribuent à la précarisation, au morcellement des classes moyennes et à la baisse de la fécondité

Les salaires réels aux États-Unis stagnent depuis cinq décennies. Depuis 2021, l’inflation dépasse la croissance des salaires réels, entraînant une baisse du niveau de vie de nombreux travailleurs américains. Cependant, les économistes et les commentateurs politiques de la droite libertarienne et d’une grande partie de la gauche progressiste considèrent les bas salaires comme une facette malheureuse mais inattaquable de l’économie moderne mondialisée. Les bas salaires sont le prix à payer pour le libre-échange, les marchés efficaces et les prix bas. Si les progressistes et les libertariens divergent du consensus néolibéral, c’est uniquement sur la meilleure façon de réagir aux bas salaires. Les progressistes peuvent soutenir les allocations publiques pour compléter les bas salaires, tandis que les libertariens soutiennent que la redistribution dissuade les travailleurs de s’améliorer ou de se déplacer vers des industries et des professions plus demandées, mais tous acceptent les bas salaires comme le sous-produit naturel du progrès technologique (c’est-à-dire de l’automatisation) et des marchés libres mondiaux des biens et du travail qui font baisser les prix pour tout le monde. Dans son nouveau livre, Hell to Pay : How the Suppression of Wages Is Destroying America, Michael Lind rejette ce statu quo. Permettre aux employeurs de verser des bas salaires, affirme-t-il, est un choix politique. Loin d’être naturels ou inévitables, les bas salaires sont le fruit d’une guerre victorieuse menée par les employeurs contre le pouvoir de négociation des travailleurs.

Michael Lind, Hell to Pay : How the Suppression of Wages Is Destroying America. Portfolio/Penguin, 2023.

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Paul Morand et la carrière diplomatique

Il est une tradition française, depuis le XIXe siècle, de l’écrivain-diplomate (Chateaubriand, Claudel, Saint-John Perse, Giraudoux, Gary, Berthet, Ruffin …). Paul Morand a mené de front les deux carrières, celle d’écrivain ayant d’abord pris le dessus. Le tragique de l’Histoire et ses compromissions ont ensuite inversé les ordres. Mais Morand eut après la guerre une troisième carrière, purement littéraire, qui le conduisit à l’Académie française. Presque cinquante ans après sa mort, et au-delà du cliché du grand mondain et du pilote d’Aston Martin, demeure l’œuvre toujours très lue d’un auteur dont la précision et la cadence du style n’en est pas moins foisonnante, chatoyante et poétique.

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Vous avez dit : « rhinocéros » ?

En musulman, « rhinocéros » se dit « voile islamique » ou « abaya ». La pièce d’Eugène Ionesco abonde en allusions à peine voilées à la phraséologie et au comportement nazis, mais fait également référence au stalinisme. La perspective se veut générale, Ionesco condamnant tous les intégrismes contemporains, occidentaux ou non… Sous ce jour, Rhinocéros apparaît donc comme une mise en garde, un cri d’alarme contre les mirages qui occultent l’irrémédiable… Ceci étant, Ionesco était pleinement conscient d’aller à contre-courant, l’important étant d’ « oser ne pas penser comme les autres »… Depuis longtemps, Ionesco considère que bien des intellectuels ont été complices des idéologies totalitaires par goût des utopies, par naïveté, par intérêt, par haine de la démocratie bourgeoise, ou tout simplement en raison d’un esprit contestataire chronique qui fait le jeu des extrémistes… Rhinocéros émane donc d’un Ionesco engagé –non pas doctrinaire car il hait toutes les doctrines- témoin de son temps, luttant avec les moyens qu’offre l’art, contre l’emprise d’un mal polymorphe. Extrait…

Eugène Ionesco, Rhinocéros. Édition folio théâtre, 2003.

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MONDIALISME

L’ombre de Soros s’étend sur le Liban

Fondée en 1979 par le milliardaire américano-hongrois George Soros (né György Schwartz), l’Open Society, présentée comme un projet « philanthropique » sensé promouvoir la gouvernance démocratique, les droits de l’homme et des réformes économiques « progressistes », est considérée par ses nombreux détracteurs comme l’une des principales armes de « soft power » des intérêts américains, visant à araser les souverainetés et les particularismes nationaux et locaux pour le plus grand profit de l’oligarchie financière globalisée. Agissant partout sur la planète (voir notamment : George Soros et l’Open Society en Roumanie. Première partie), la fondation est une véritable pieuvre politico-économique qui finance une myriade d’associations et de médias au service de son projet libéral et mondialiste (voir : La galaxie médiatique de Soros passée au crible). L’un de ses objectifs du moment semble être le Liban, pays plongé dans une grave crise institutionnelle et économique dont la population peine à entrevoir l’issue.

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RÉFLEXIONS

Au cœur du narcissisme occidental : le protestantisme zombie

Alors que 75 % de la planète refusent de nous suivre, comme le démontre le soutien ou pas à la Russie, nous ne cessons pas pour autant de nous autodésigner – nous l’Occident - comme la « communauté internationale ». Nous sommes le monde, alors même que le monde est exaspéré par ce qu’il perçoit comme un conflit entre Européens de l'Ouest (nous) et de l'Est (les Russes). En cause, selon Emmanuel Todd : ce fond protestant qui a irrigué le Nord et l’Est de l’Europe, dont l’Allemagne. Une chronique parue dans Marianne du 1er juin 2023.

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Information, libre pensée et démocratie

À l'ère de la mondialisation, une information correcte revêt une importance vitale car elle nous permet de connaître les dynamiques politiques, géopolitiques, sociales et culturelles qui affectent notre société et nous relient au monde entier, un monde qui semble toutefois avoir annulé les identités, le respect et la protection des pays individuels : chaque pays est contraint de s'adapter aux processus de cette mondialisation sans tenir compte de ses intérêts, de ses besoins et de ses potentialités. Il s'agit d'une réalité amplifiée dans laquelle un pays individuel a d'énormes difficultés à s'intégrer, aussi et surtout parce que ses citoyens sont privés des informations qui pourraient garantir la possibilité d'évaluer les choix politiques les plus avantageux pour eux-mêmes et pour la nation dans son ensemble. Je dirais que le principe de base de la démocratie réside précisément là, dans la capacité d'un peuple non seulement de pouvoir choisir mais de savoir choisir, c'est-à-dire de connaître les faits avec leurs implications conséquentes pour la compréhension réelle des propositions qui nous sont progressivement offertes par la politique, la politique qui devra ensuite nous représenter au Parlement et dans le gouvernement du pays.

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La Terre en voie de dépeuplement accéléré

S’il est vrai qu’« il n’est de richesse que d’hommes » (Jean Bodin,1529-1596), la principale cause du déclin de l’humanité est dans l’effondrement de la natalité. Vous avez dit « effondrement » ? C’est le mot qu’emploie le démographe Gilles Pison, professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle et conseiller de la direction de l’Institut National d’Étude Démographique (INED), dans l’entretien qu’il a accordé à Atlantico (en lien ci-dessous). Certes, explique-t-il, la population mondiale continue d’augmenter, mais cette croissance diminue d’année en année. Le ralentissement est tel que ce n’est pas la surpopulation qui menace l’avenir de l’humanité mais la dépopulation. Elle constitue « une nouvelle révolution démographique que personne n’attendait si tôt »

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RUSSIE

Nouvelles conditions de paix proposées par Moscou : l'Ukraine doit rester neutre et reconnaître le statu quo

Non reproduit dans nos « médias de grand chemin » ! Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Galouzine, a déclaré dans un entretien accordé à l'agence de presse publique russe TASS que les conditions d'un éventuel processus de paix dans la guerre en Ukraine avaient été actualisées et que Moscou avait pris de nouvelles orientations. Pour un « règlement du conflit », l'Ukraine doit cesser les combats et les pays occidentaux ne doivent plus livrer d'armes, explique clairement Galouzine. Pour parvenir à une paix « durable et juste », Kiev doit en outre revenir à son statut de neutralité et de non-alignement d'antan et reconnaître comme territoire russe les « nouvelles conditions territoriales », c'est-à-dire l'occupation des territoires ukrainiens conquis, qui ont également été officiellement rattachés à la Fédération de Russie en septembre 2022. Le ministre a ajouté que la protection des droits des citoyens russophones et des minorités nationales était également un élément central pour parvenir à la paix. La langue russe doit être reconnue comme langue officielle. Les droits de l'homme fondamentaux doivent également être garantis en Ukraine, y compris le droit à la liberté de religion, a-t-il ajouté. Du point de vue russe, ce dernier point n'est plus d'actualité depuis 2014 dans les régions de l'est de l'Ukraine, majoritairement peuplées de Russes.

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L’Ukraine détruit le barrage de Novaya Kakhovka et un pipeline d’ammoniac

Par Christelle Néant. L’Ukraine a détruit coup sur coup le barrage de la centrale hydroélectrique de Novaya Kakhovka et un pipeline d’ammoniac dans la région de Kharkov, provoquant par ses actes terroristes des catastrophes humaines et environnementales. Dans le même temps, depuis plusieurs jours, l’armée ukrainienne tente sans succès de percer les lignes de défense russes en région de Zaporojié et dans le sud de la République Populaire de Donetsk (RPD). Contrairement à ce qu’affirment les médias occidentaux, ce n’est pas la Russie, mais bien l’Ukraine qui est responsable de la destruction du barrage de Kakhovka. Il faut rappeler qu’elle a régulièrement bombardé ce barrage en 2022. En novembre 2022 par exemple, une caméra de surveillance avait capturé une frappe de l’armée ukrainienne sur le pont routier passant sur le barrage de Novaya Kakhovka.

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SANTÉ

Pour ou contre Didier Raoult ? Le choc frontal

Plus que jamais, Didier Raoult divise les opinions. Depuis quelques jours, nous assistons à des attaques et contre-attaques en lien avec la publication des données concernant les traitements contre le Covid-19 dispensés à l’IHU Méditerranée entre mars 2020 et décembre 2021. Un choc frontal entre deux interprétations des faits. Pour les scientifiques (dont le Pr Alain Fischer) et sociétés savantes ayant signé une tribune publiée le 28 mai dans Le Monde, les travaux du Pr Raoult constituent « vraisemblablement le plus grand essai thérapeutique ‘sauvage’ connu à ce jour ». Ils l’accusent non seulement d’avoir administré ses traitements « sans bases pharmacologiques solides », mais aussi d’avoir persisté « pendant plus d’un an après la démonstration formelle de leur inefficacité ». Critiques rejetées par les signataires d’une contre-tribune en soutien à Didier Raoult (plus de 6000 au 6 juin, dont 812 médecins/scientifiques, avec en tête le Pr Christian Perronne). Selon leur point de vue, le « plus grand essai thérapeutique » a plutôt été la campagne massive de vaccination avec des produits expérimentaux. Des vaccins autorisés uniquement parce que l’existence de traitements contre le Covid-19 aurait été occultée, notamment par une étude frauduleuse mais influente (malgré sa rétractation) dans The Lancet, qui a discrédité l’hydroxychloroquine (HCQ). Les accusations du camp de Raoult et Perronne sont aussi – voire plus – lourdes que celles de leurs opposants : en utilisant des méthodes coercitives (passe sanitaire, perte d’emplois pour les soignants) pour promouvoir des vaccins encore au stade d’essai, les autorités auraient violé la déclaration d’Helsinki sur le consentement éclairé. On s’interroge par ailleurs sur les conflits d’intérêts : en totalisant la somme dans la base de données https://transparence.sante.gouv.fr des liens déclarés avec le secteur pharmaceutique des signataires de la tribune contre le Pr Raoult, un « collectif citoyen » est arrivé au chiffre de 18,5 millions d’euros…

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SERBIE

La prochaine guerre à l'Ouest de l'OTAN ? Le conflit en Serbie et au Kosovo

Alors que le conflit en Ukraine se poursuit, les États-Unis sont peut-être en train de créer un nouveau champ de bataille sur le continent européen, avec l'OTAN comme outil. La situation dans les Balkans semble explosive. Les forces de maintien de la paix dirigées par l'OTAN au Kosovo se sont heurtées à des manifestants serbes en début de semaine. Les tensions ont commencé à se manifester peu après que des Albanais de souche sont devenus maires dans la région à majorité serbe du nord du Kosovo, à la suite d'un boycott des élections par les Serbes. Comme le savent ceux qui connaissent l'histoire de la région, le Kosovo et la Serbie sont en proie à des tensions de longue date. Le Kosovo était à l'origine une province indépendante de la Serbie dans l'ancienne Yougoslavie. Depuis lors, avec le soutien des États-Unis et de l'Occident, le Kosovo a cherché à obtenir son indépendance, que la Serbie n'a pas reconnue. Cela a délibérément créé un conflit gelé dans la région, comme s'il s'agissait de le réactiver dans le futur.

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SUISSE

Votation suisse : brochure sur la loi Covid

« Le virus n’est plus une menace. Laissons les mesures Covid-19 derrière nous. » C’est avec cette affirmation que débute un document mis à disposition par les opposants au maintien des dispositions légales spéciales entourant le Covid en Suisse, qui feront l’objet d’une troisième votation le 18 juin. Un site Internet – 28min.ch – a été créé pour la diffusion des arguments en faveur du non à la prolongation de la loi Covid, sous forme de vidéos, affiches et la fameuse brochure, ici reproduite en fin d’article. Un matériel très pédagogique fort bien fait.

covidhub.ch

https://www.covidhub.ch/votation-suisse-brochure-loi-covid/

TURQUIE

Pourquoi Recep Tayyip Erdoğan a-t-il été réélu ? Les six failles de l’opposition

En toute logique, le scrutin présidentiel de mai 2023 aurait dû mettre un point final à la carrière de Recep Tayyip Erdoğan. Tout du moins si l’on en croyait les unes des médias occidentaux, les instituts de sondages, les experts éclairés… Or, rien ne s’est passé comme prévu. Une fois de plus, Erdoğan a déjoué les pronostics. Par un excellent connaisseur de la géopolitique et de la culture turque, Tancrède Josseran.

revueconflits.com

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UKRAINE

Ukraine : Des experts de l’US National Security dénonce un « désastre total » et appellent à la paix

Le 16 mai dernier, le New York Times a publié une pleine page de publicité signée par 15 experts américains de la sécurité nationale au sujet de la guerre en Ukraine. Intitulée « Les États-Unis devraient être une force pour la paix dans le monde. » Elle a été rédigée par le Eisenhower Media Network. Tout en condamnant l’invasion de la Russie, la déclaration fournit un compte rendu plus objectif de la crise en Ukraine que celui que le gouvernement américain ou le New York Times ont précédemment présenté au public, y compris le rôle désastreux des États-Unis dans l’expansion de l’OTAN, les avertissements ignorés par les administrations américaines successives et l’escalade des tensions qui ont finalement conduit à la guerre.

les-crises.fr

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Comment les banques et les fonds d'investissement américains gagnent de l'argent en Ukraine

En février 2023, le président ukrainien Vladimir Zelenski a rencontré les dirigeants de JP Morgan, l'une des plus grandes banques d'investissement américaines et mondiales. Les parties ont discuté du financement nécessaire au « redressement » de l'Ukraine. Comme pour le fonds BlackRock, les activités de JP Morgan dans ce pays constituent un stratagème efficace pour détourner les actifs de l'État et les exploiter dans l'intérêt des pays occidentaux. En 2019, une banque d'investissement a directement prêté environ 350 millions de dollars au gouvernement ukrainien à court d'argent en rachetant les euro-obligations du pays. Il s'agit maintenant de créer une plateforme d'investissement, ce qui implique un volume d'affaires beaucoup plus important. Les obligations sont garanties par des actifs de l'État, à savoir des infrastructures, des centrales thermiques et nucléaires, des entreprises agricoles et manufacturières. Compte tenu de l'état actuel de l'économie, les euro-obligations ukrainiennes ne sont pas remboursables, ce dont profitent les grands investisseurs tels que JP Morgan. Si le gouvernement ukrainien fait défaut sur les euro-obligations, les actifs de l'État deviendront la propriété de la banque. Ce scénario est très probable, car le déficit budgétaire du pays slave est désormais couvert par le Fonds monétaire international (FMI).

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Pour ceux qui veulent connaitre la vérité. Patrick Lawrence : la guerre que nous sommes enfin autorisés à voir

Comme les lecteurs avisés le savent déjà, à part quelques incursions organisées près des lignes de front – officiellement contrôlées et surveillées, jamais sur les lignes de front – les correspondants du New York Times, des autres grands quotidiens, des agences de presse et des réseaux de diffusion ont accepté sans protester le refus du régime de Kiev de leur permettre de voir la guerre telle qu’elle est. Le contenu de ces mystifications professionnelles a été collecté dans des chambres d’hôtel à Kiev et ils ont raconté des histoires basées sur les récits d’événements manifestement peu fiables du régime, tout en prétendant que leurs histoires sont correctement rapportées et factuelles. Les exceptions ici sont les correspondants du Times tels que Carlotta Gall, dont la russophobie semble suffisamment déséquilibrée pour satisfaire le régime de Kiev, et les deux Andrews, Higgins et Kramer, qui ont un talent exquis pour les histoires qui n’ont absolument aucun sens. Ce sont les deux Andrews, vous vous en souvenez peut-être, qui ont fait bombarder par les Russes la centrale nucléaire qu’ils occupaient et, plus tard, bombarder leur propre camp de prisonniers de guerre dans l’est de l’Ukraine ! Si les correspondants ne peuvent pas voir la guerre et que cela leur importe peu, nous ne la verrons pas non plus. Le résultat a été deux guerres : celle présentée, la guerre mythique et l’autre, la réelle…

brunobertez.com

https://brunobertez.com/2023/06/04/superbe-pour-ceux-qui-...

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Politique de la terre brûlée. L'Ukraine fait exploser le pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa

Un groupe de sabotage ukrainien a fait sauter le pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa dans la région de Kharkov. Il y a des victimes parmi la population civile, a annoncé mercredi le ministère russe de la Défense. « Le 5 juin, vers 21h00 heure de Moscou [18h00 GMT], un groupe ukrainien de sabotage et de reconnaissance a fait sauter le pipeline d'ammoniac Togliatti-Odessa près de la colonie de Masyutovka dans la région de Kharkov », a indiqué le ministère russe.

numidia-liberum.blogspot.com

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UNION EUROPÉENNE

SMSGate, QatarGate, soupçons de corruption... : face aux affaires, Ursula von der Leyen peut-elle se maintenir à la présidence de la Commission européenne ?

Après avoir déposé une plainte pénale visant la présidente de la Commission Européenne le 6 avril 2023, le lobbyiste Frédéric Baldan récidive. Son avocate, Me Diane Protat, a déposé une action en référé devant la Cours de Justice de l’Union européenne (CJUE), à l'encontre des commissaires européens. La requête est simple : demander la suspension des commissaires, tant qu'une action juridique pénale les concernant potentiellement est en cours, afin de garantir les droits fondamentaux, notamment vis-à-vis de la bonne conduite d’un dossier pénal et de son enquête. Ursula von der Leyen, non élue dans l’exercice de ses fonctions, est soupçonnée d'avoir négocié (et renégocié), en catimini, en dehors des prérogatives octroyées par son mandat, un « méga-contrat » d'achat de vaccins anti-Covid-19 auprès de l'industriel Pfizer. Des SMS ont été directement échangés entre la présidente de la Commission européenne et le PDG de Pfizer, Albert Bourla, autour de tractations commerciales. Reçu par Xavier Azalbert, directeur de la publication et de la rédaction de France-Soir pour cet entretien, Frédéric Baldan exprime en premier lieu sa surprise quant au silence des médias français à propos du dépôt de sa première plainte, nonobstant une grande couverture médiatique internationale. Un « oubli » de la part des médias dits « mainstream » qui pose de nombreuses questions déontologiques, notamment au sujet du rôle de l'Agence France Presse (AFP). Les citoyens n'ont-ils pas le droit d'être informés d'une démarche ayant trait à la vérification d'une bonne gestion de la chose publique ? La liberté de la presse, qui donne des droits, mais aussi des devoirs aux journalistes, ne peut-elle plus s'exercer véritablement en France ?

francesoir.fr

https://edition.francesoir.fr/videos-l-entretien-essentie...

Une association communautariste dirigée par la coordinatrice Europe d’une influente ONG turque frériste et financée par l’UE animera un atelier au Parlement européen sur « le rôle de la race » dans les systèmes éducatifs européens

L’Atelier sera animé par Sobre los Márgenes et sa présidente Fatima Bourhim Messaoudi à l’EYE2023, la Rencontre des jeunes européens organisée par le Parlement Européen. Voici, entre autres joyeusetés, une déclaration de Bourhim Messaoudi relevé par Damien Rieu : « Je suis musulmane Marocaine et Espagnole, pourquoi suis-je obligée d’appartenir à une seule nationalité ? Nous faisons partie de cette société, qu’elle le veuille ou non. Je suis née ici et j’ai grandi ici, je fais donc partie de ce pays. Je suis Arabe parce que je parle arabe et Espagnole parce que je vis dans ce pays. » fdesouche.com

https://www.fdesouche.com/2023/06/08/une-association-comm...

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L’Initiative des trois mers pourrait-elle concurrencer l’Union européenne ?

Initiée en 2016, l’Initiative des trois mers rassemble les pays d’Europe de l’Est. Oscillant entre une vision américaine et une vision européenne, cette initiative réorganise la pensée européenne.

revueconflits.com

https://www.revueconflits.com/linitiative-des-trois-mers-...