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samedi, 05 décembre 2015

La coalition impossible

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La coalition impossible

Ou comment la destruction du SU-24 russe fait tomber le masque de l’OTAN…
 
Richard Labévière
Journaliste, Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch

C’est l’incident aérien le plus grave jamais survenu entre un membre de l’OTAN et la Russie depuis 1950. Mardi 24 novembre, un Soukhoï 24 (SU-24) de l’armée de l’air russe a été abattu par deux F-16 turcs  dans la région du Hatay, au nord-ouest de la Syrie. Selon les informations de prochetmoyen-orient.ch, fondées sur plusieurs sources militaires russes et celles de deux services européens de renseignement, l’avion russe évoluait dans l’espace aérien syrien, à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque et ce sont bien les deux F-16 turcs qui ont pénétré dans le ciel syrien en suivant une « procédure d’interception directe », lancée contre l’appareil russe.

Cette opération aurait été directement initiée et gérée par l’état-major central des forces armées turques basé dans la banlieue d’Ankara. Elle aurait été programmée au lendemain des frappes effectuées quelques jours auparavant par Moscou contre des camps de jihadistes turkmènes, dans le nord-ouest de la Syrie. Et cette mission de représailles était d’autant plus importante pour le commandement d’Ankara,  qu’une dizaine de membres des forces spéciales turques, engagées aux côtés des jihadistes sur territoire syrien, font partie des victimes des raids de la chasse russe.

Plusieurs informations supplémentaires  renforcent cette lecture d’une opération programmée dont le Pentagone était parfaitement tenu informé, presque heure par heure… Selon les sources de prochetmoyen-orient.ch, 27 chars déployés dans des provinces occidentales de la Turquie avaient été acheminés sur des plateformes ferroviaires à Gaziantep, dans le sud du pays, d'où ils avaient gagné la frontière syrienne sous escorte de la police et de la gendarmerie. Dans ce contexte, l’état-major turc menait l’une des manœuvres inter-armées les plus importantes des dix dernières années le long de sa frontière syrienne. Selon un communiqué de l'état-major général, cette opération a réuni 18 chasseurs F-16. Enfin, nos sources confirment qu’Ankara a bien consulté Washington avant d’abattre le SU-24 !


Sans surprise, le président Barack Obama a aussitôt exprimé son soutien à la Turquie, deuxième armée de l’OTAN, en avançant son « droit à défendre l’intégrité de son territoire national », juste avant Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, qui a affirmé sans ciller que l’avion russe avait bel et bien violé l’espace aérien turc ! Plus discrète mais sans ambiguïté, Angela Merkel y allait elle-aussi de son soutien obligé à Ankara.  En effet, il s’agit de ne pas indisposer Recep Erdogan qui continue d’exercer son chantage aux migrants sur une Union européenne (UE) tétanisée qui s’apprête à lui verser trois milliards d’euros. Ce pauvre Jean-Claude Junker, qui préside la Commission comme un club de foot de deuxième division, n’a pas compris que ce « loyer » n’était que la caution d’un bail très éphémère. Erdogan fera boire à l’UE le calice jusqu’à la lie en exfiltrant, au coup par coup et selon son agenda et ses impératifs, les réfugiés des guerres proches et moyen-orientales qui campent à ses frontières.

Ce chantage aux migrants n’est qu’une carte supplémentaire dans le jeu d’Erdogan qui prétend poursuivre ses procédures d’adhésion à l’UE au moment même où il bombarde prioritairement des combattants kurdes pourtant engagés au sol et en première ligne contre les terroristes de Dae’ch  et alors qu’il  accentue sa dérive fascisante en menaçant toujours plus les libertés civiles et politiques. Ce n’est pas la question du jour, pourrait-on dire, mais elle constitue un handicap originel, sinon original : comment l’UE peut-elle sérieusement continuer à envisager l’adhésion d’un pays qui occupe l’un de ses Etats membres depuis 1974 ? Comment s’accorder sur des « valeurs européennes communes », alors qu’Ankara n’a toujours pas reconnu le génocide arménien ? Etc..

Ces détails de l’histoire n’encombraient certainement pas les consciences de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, estimant - à l’unisson en leur temps - que pour tuer l’Europe politique, il fallait l’élargir à l’infini pour la transformer en un grand marché, une espèce de grande Suisse néolibérale en y intégrant prioritairement les anciens membres du Pacte de Varsovie et la Turquie, porte-avions de l’OTAN, veillant à l’articulation stratégique de l’Europe et de l’Asie. Nous y sommes : Thatcher et Bush ont gagné ! Leurs héritiers - Bush/Obama, Blair/Cameron, Sarkozy/Hollande - suivent la même ligne et en rajoutent. Détruisant tout ce qui subsistait de l’héritage gaullien, Paris a rejoint le commandement intégré de l’OTAN. L’UE se charge désormais d’interdire les fromages à pâte molle pendant que l’Alliance Atlantique s’occupe des choses sérieuses… Et c’est principalement cette évidence géostratégique, sur la table et aux yeux de tous, qui empêche la formation d’une seule et unique coalition contre Dae’ch et le terrorisme salafo-jihadiste.

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Dans les limites de cette imparable équation et après le crash de l’avion russe dans le Sinaï, les attentats de Beyrouth, Bagdad, Paris et Tunis, il était  sans doute pertinent de rencontrer personnellement cinq chefs d’Etat ou de gouvernement , dont trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Mais le bilan de ce marathon diplomatique est plutôt maigre, estime un diplomate français qui a suivi la tournée de très près : « toujours plus démocratiques que Sa majesté, nos ‘amis’ britanniques ont promis d’ « intervenir » à nos côtés après un débat aux Communes ; les Allemands ont promis quelques boîtes de choucroute aux coopérants militaires présents en Irak ; le Pentagone nous transmettra du renseignement transgénique tandis que les Chinois relisent Confucius… Restait Vladimir Poutine, qui avait proposé exactement ce que souhaite aujourd’hui François Hollande, fin septembre à la tribune de l’Assemblée de l’ONU… avant de se faire éconduire poliment - à cause de l’Ukraine notamment. Il a eu la délicatesse de ne pas revenir sur le fiasco des porte-hélicoptères Mistral… »  

Mais là, c’est François Hollande qui est gêné aux entournures. « Notre travailleur de la mer reste accroché au bigorneau du « ni-ni » (ni Dae’ch-ni Bachar), sans repérer la pieuvre et ses multiples tentacules qui menacent la profondeur des ondes planétaires », poursuit notre diplomate qui conclut : « mais surtout, comme membre à part entière d’une OTAN dont la France vient de réintégrer le Commandement intégré, le président de la République peut difficilement faire cavalier seul avec le camarade Poutine ! Sur ce plan, Barack Obama reste le patron incontesté et donne le « la ». Ce que nos lumières du Quai d’Orsay ont le plus grand mal à comprendre : c’est précisément que le président américain ne mène pas sa ‘guerre contre la terreur’ avec le même logiciel que celui de Laurent Fabius ». Et François Hollande ne peut plus, désormais parler de « coalition » avec Moscou mais doit s’en tenir à une simple « coordination »concernant  les frappes !

Un téléphone rouge relie déjà les états-majors américain, russe et syrien afin d’éviter que tous leurs avions n’entrent en collision ou ne se tirent dessus. Ankara n’a pas décroché le même combiné… Cet oubli n’est pas un dysfonctionnement et correspond au contraire à une implacable logique. Au début de son deuxième mandat, Barack Obama avait clairement dit que les intérêts des Etats-Unis à l’horizon 2040 se situaient dans l’Asie-Pacifique et en Asie centrale, reprenant mot pour mot la définition des priorités « eurasiatiques » du Polonais Zbigniew Brzezinski. Toujours très influent parmi les stratèges démocrates, cet ancien conseiller à la Sécurité de Jimmy Carter estime depuis la fin de la Guerre froide que les Etats-Unis doivent décentrer leurs engagements moyen-orientaux pour les redéployer en Asie afin de contenir la Chine et de prévenir le retour stratégique de la Russie, d’où une nécessaire normalisation avec l’Iran notamment.

Ainsi le Pentagone gère les crises irako-syriennes, israélo-palestiniennes et pakistano-afghanes en fonction de celle de l’Ukraine, de celles d’Europe centrale, régulièrement attisées par la Pologne et la Lituanie, ainsi que des nouveaux foyers de confrontation, dont le Grand nord arctique[1] où un partage des richesses naturelles et des positions stratégiques s’annonce des plus problématiques… Dans la plupart de ces déchirures de la mondialisation contemporaine, l’UE fait fonction de cheval de Troie de l’OTAN qui avance masqué, son programme de bouclier anti-missiles sous le bras. Cette nouvelle arme a deux fonctions essentielles : achever le démantèlement des industries européennes de défense dont celle de la France éternelle et essouffler celles de la Russie et de la Chine comme le fît, en son temps, le programme reaganien de « guerre des étoiles ».

Par conséquent, il était organiquement impossible que Barack Obama accepte la proposition de Vladimir Poutine d’une coalition unique anti-Dae’ch, comme il est inconcevable de voir François Hollande pactiser, plus que de raison, avec le président russe. C’est d’une aveuglante évidence : la Guerre froide se poursuit tranquillement par d’autres moyens… depuis le démantèlement du Pacte de Varsovie et les consolidations successives d’une OTAN dont la principale mission demeure la reproduction de l’hégémonie stratégique, économique, politique, sinon culturelle de Washington et de ses supplétifs.

A cet égard, le lancement à grand tam-tam de la série policière Occupied constitue l’un des derniers symptômes du déferlement de la propagande néoconservatrice qui submerge nos médias depuis plusieurs années. Publicité : « Qu'aurions-nous fait pendant l'Occupation ? Aurions-nous eu le courage de résister à l'envahisseur ou la lâcheté de continuer à vivre presque comme avant ? Telle est l'obsédante question soulevée par la série Occupied, diffusée à partir de ce jeudi soir sur Arte à 20 h 55. À l'origine de ce thriller politique au budget de 11 millions d'euros, l'écrivain norvégien Jo Nesbo, qui a imaginé l'invasion de la Norvège par la Russie ». Sans commentaire !

La question demeure depuis la chute du Mur de Berlin : pourquoi ne pas avoir démantelé l’OTAN, comme on l’a fait avec le Pacte de Varsovie pour initier un nouveau système de sécurité collective englobant l’ensemble de l’Europe continentale de l’Atlantique à l’Oural ? Inconcevable pour Washington où la grande majorité des policy makers se considéraient comme seuls vainqueurs de la Guerre froide, sûrs de leur droit historique à engranger sans partage les dividendes de la nouvelle donne. Et comme toujours, le Pentagone et Hollywood devaient justifier, habiller et moraliser les profits de leur infaillible messianisme : l’OTAN partout, c’est pour le bien de l’humanité tout entière…

Le 27 mai 1997, Javier Solana - à l’époque patron de l’OTAN - et Boris Eltsine (à jeun), signaient à Paris un « Acte-fondateur OTAN-Russie ». Sans cynisme, Washington saluait un « partenariat naturel ». Ses propagandistes communiquaient : « l'Acte fondateur OTAN-Russie instaure solidement la base d'un partenariat de sécurité permanent entre les deux parties, balayant l'idée qu'elles devaient être ennemies à tout jamais. La signature de l'Acte ne signifie pas que les différences d'orientation ou de vues s'évanouiront du jour au lendemain. Mais elles pourront s'estomper, au fil du temps, à travers un processus de larges consultations régulières sur des questions politiques et de sécurité au sein du nouveau Conseil conjoint permanent. La tâche principale consistera à passer du papier à la réalité en exploitant pleinement les nouvelles occasions ». On connaît trop la suite…

Trois ans auparavant, la Russie avait rejoint le « Partenariat pour la paix », la Russie et l’OTAN signant plusieurs accords importants de coopération. Ces derniers portaient notamment sur la lutte contre le terrorisme, la coopération militaire (notamment le transport par la Russie de fret non militaire de la FIAS en Afghanistan), la lutte contre le narcotrafic, la coopération industrielle et la non-prolifération nucléaire. Puis fut inventé le Conseil OTAN-Russie (COR), une instance de consultation, de coopération, de décision et d'actions conjointes dans le cadre duquel les différents États membres de l'OTAN et la Russie devaient travailler ensemble en tant que partenaires égaux sur toute une gamme de questions de sécurité d'intérêt commun.

Le COR était officiellement créé le 28 mai 2002, date à laquelle le président russe Vladimir Poutine et les membres de l'OTAN signaient sur la base militaire italienne de Patricia di Mare la déclaration de Rome. Le 1er avril 2014, en réponse au rattachement de la Crimée à la Russie, intervenant après la destitution du gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovytch et le coup de force portant au pouvoir à Kiev un gouvernement pro-occidental, l'OTAN décidait unilatéralement de mettre un terme à la coopération avec la Russie, suspendant de fait le conseil OTAN-Russie.

Depuis, nous ne sommes pas sortis de cette domination géostratégique de l’OTAN qui continue à supplanter notre souveraineté nationale et celle de nos partenaires au profit des priorités et des intérêts de Washington. Le mot de la fin provisoire revient à un « économiste atterré » qui nous dit : « nous n’arrivons pas à réguler une mondialisation devenue folle - ‘guerre de tous contre tous’ - qui nous fait régresser à de vieilles logiques westphaliennes où les Etats classiques sont confrontés en permanence à des homologues ‘ Etats faillis’, de plus en plus nombreux, au sein desquels règnent les seigneurs de la guerre, les mafias et les grandes sociétés transnationales majoritairement anglo-saxonnes ».  

Richard Labévière, 1 er décembre 2014 

[1]              François Thual et Richard Labévière : La bataille du Grand nord a commencé… Editions Perrin, 2008.

jeudi, 03 décembre 2015

Zbig, il se fait tard...

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Zbig, il se fait tard...

Ex: http://www.dedefensa.org

L’habitude a été, ces dernières années, de consulter quelques anciens hauts conseillers de sécurité nationale US de l’ère d’avant 9/11 et même d’avant la fin de la Guerre froide, pour y trouver chez eux quelque sagesse. Leurs conduites lorsqu’ils étaient “aux affaires” fut loin d’être irréprochable, mais semble, par rapport au standard actuel, un panthéon de sagesse. Ainsi “les vieilles canailles” apparurent souvent comme des “vieux sages”. Les “vieilles canailles” principales sont Henry Kissinger et Zbigniew (Zbig) Brzezinski ; ces deux dernières années, Kissinger s’est tenu un peu effacé tandis que Brzezinski s’est très largement mis en avant.

Avec l’Ukraine, Brzezinski s’est déchaîné, retrouvant son tempérament polonais bien loin du “vieux sage”. La Russie est (re)devenue l’ennemi n°1 et les conseils de Brzezinski poussaient largement dans le sens de l’affrontement entre les USA et la Russie, dans tous les cas jugeant irrémédiable le fossé entre les deux puissances et assurées les intentions expansionnistes de la Russie. Pour ce qui concerne l’intervention russe en Syrie, Brzezinski a d’abord recommandé aux USA de “résister” à la pénétration russe, si besoin en allant jusqu’à l’affrontement.

... Brusquement, tout change. Brzezinski irait jusqu’à dire que la destruction du Su-24 a remis toutes les choses en place, que Russie et USA sont sur le point de s’entendre et que “leurs intérêts sont plus proches que jamais”, que la Russie a avalé la couleuvre (la destruction du Su-24) sans réagir et qu’elle agit (en Syrie) “d’une façon plus modérée”, que la Turquie reste ferme. Toutes ces affirmations sont quotidiennement démenties par les évènements, autant opérationnels qu'avec les déclarations diverses des uns et des autres.

Brzezinski se fait-il vieux ? Ce n’est pas une hypothèse ni une question mais l’inéluctable marche du temps. Pourtant, rien ne montre chez lui une quelconque sénilité intellectuelle. L’âge intervient peut-être dans la principale explication que nous proposerions : la confusion d’un esprit dont la psychologie a fini par être grandement affaiblie par l’atmosphère délétère avec le maximalisme et le déterminisme-narrativiste de Washington , qui pense donc en fonction des influences de la “bulle” washingtonienne plus que des évènements. Dans ce cas, justement, Brzezinski tente de montrer qu’il n’en est pas le jouet. Sa position exposée ici dans une interview à Politico.com, contraire à l’analyse évidente de la politique comme de ses propres positions d’il y a un mois (alors que son analyse actuelle aurait pu se justifier il y a un mois !), représente une tentative stérile politiquement de sembler retrouver un peu de sa “sagesse” avec une posture du pseudo-réaliste recommandant une politique d’entente redonnant aux USA un statut de puissance qu’ils n’ont plus. (La seule information que nous apporte Brzezinski est, a contrario et contre son gré, que les USA sont vraiment très affaiblis.) L’interview est résumée en français dans un texte de Sputnik-français, le 30 novembre.

« Les intérêts russes et américains sont aujourd'hui proches comme jamais, estime l'ex-conseiller du président américain sur la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski. Il suffit de donner la préférence à une politique plus modérée en Syrie, et les deux pays pourront non seulement régler la crise syrienne, mais également atteindre une paix stable dans leurs propres relations. Aucun d'entre eux, d'ailleurs, n'est intéressé à la confrontation, d'après M. Brzezinski cité par le journal Politico. Un mois auparavant, ce faucon de l'époque de la guerre froide appelait la Maison Blanche à faire preuve d'un “courage stratégique” face à la Russie, dont l'opération militaire en Syrie aide Bachar el-Assad à rester au pouvoir, ce qui nuit aux intérêts américains dans la région. Depuis que la Russie s'est mise à agir “d'une façon plus modérée”, il considère l'avenir des relations entre les deux pays avec bien plus d'optimisme.

» Les tensions entre la Russie et l'Occident “sont sérieuses, mais pas fatales”, estime M. Brzezinski. Et si le bon sens l'emporte, elles pourraient même s'avérer bienfaisantes, vue que les deux parties seraient obligées de négocier pour régler la crise syrienne et éviter des “conséquences encore plus destructives”. Selon lui, on est en droit d'espérer que le bon sens prévaudra. Le politologue constate que l'Occident a fait preuve de calme dans sa réaction à l'incident impliquant un bombardier russe Su-24 abattu par les forces aériennes turques. Pour leur part, les Russes, après avoir pris une grande respiration, ont fini par reconnaître que l'escalade ne servait à rien. Et la Turquie, qui se montre ferme et intransigeante, ne souhaite pas non plus que la crise s'aggrave, conclut Zbigniew Brzezinski. »

 

Sarrazin und der Glaube an den Staat

Sarrazin und der Glaube an den Staat

von Felix Menzel

Ex: http://www.blauenarzisse.de

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Am Montagabend sprachen Thilo Sarrazin und der Politikprofessor Werner Patzelt in Dresden vor 500 begeisterten Zuhörern. Es ging um die Krise des Staates.

Es war schon immer ein Erlebnis, wenn Thilo Sarrazin in Dresden referierte. Zu seiner Buchvorstellung zu Deutschland schafft sich ab kamen 2.500 Bürger. Dem ehemaligen Vorstandsmitglied der Bundesbank gelang es schon damals, die Menschen mit seinen Hochrechnungen zum demographischen Niedergang der Deutschen aufzurütteln. Nun dürfte es aufgrund des Asyl-​Ansturms auf Europa noch schlimmer kommen, als von ihm vor fünf Jahren prognostiziert.

Handelt Merkel bewußt gegen die Interessen der Deutschen?

Man merkt Sarrazin nun eine gewisse Fassungslosigkeit über die Politik der Bundeskanzlerin Angela Merkel an. Er betont, daß er „keine Logik“ im Handeln der Kanzlerin erkennen könne. Verwaltungstechnisch schaffe es Deutschland, mehrere Millionen Asylbewerber zu registrieren, ihnen ein Dach über dem Kopf zu organisieren und sie zu ernähren. Aber wo ist das Ziel eines solch unsinnigen Kraftaktes, fragt sich Sarrazin genauso wie sicherlich fast alle der anwesenden Zuhörer. Folgerichtig stellt er dem Publikum die Frage: „Weiß Merkel es nicht besser oder handelt sie bewußt gegen die Interessen der Deutschen?“ Das ist es, was die Dresdner Bürger bewegt. Sowohl Sarrazin als auch Patzelt erhalten an diesem Abend reichlich Beifall, der wohl die Erleichterung der Zuhörer zum Ausdruck bringen soll, daß es wenigstens noch einige wenige kluge Beobachter des politischen Geschehens gibt, die den Durchblick haben und den Mut zum freien Sprechen aufbringen.

Das offizielle Thema dieser Diskussionsveranstaltung lautete „Meinungsfreiheit“. Sarrazin sprach jedoch hauptsächlich über die Asylkrise. Patzelt dagegen hielt einen äußerst wortgewandten Vortrag über die „Politische Korrektheit“. Seiner Meinung nach ist es richtig, auf korrektes Auftreten und Reden zu achten. Dies sei eine zivilisatorische Errungenschaft und diene gerade dem Erhalt von Kultur und Demokratie. In der Bundesrepublik Deutschland hätten wir allerdings einen Punkt erreicht, an dem die „Haltung der Kritik nicht mehr möglich“ sei, weil der richtige Grundansatz der Politischen Korrektheit nicht redlich gemeint sei, sondern taktisch mißbraucht werde.

Sittenlosigkeit oder Tyrannei?

Zunächst gehe es den Gutmenschen darum, politisch Andersdenkenden die Begriffe wegzunehmen. Schon das Beschreiben von Problemen werde so unmöglich. Die Ausgrenzung hat damit jedoch erst begonnen. Patzelt erklärte Stufe für Stufe, wie die Meinungsfreiheit eingeschränkt werde. Es sei inzwischen so weit gekommen, daß die „Korrekten“ den normalen Bürgern die Fragen schon weggenommen hätten. Beim Thema „Einwanderung“ sei dies besonders auffällig. Und wenn dann doch aufgrund massiver Probleme in der Wirklichkeit nicht länger um den heißen Brei herumgeredet werden könne, würden die Einwände und Ängste mit einer arroganten, angeblichen Sachkompetenz wegerklärt. In solchen Fällen werden dann also (pseudo-)wissenschaftliche Studien angeführt, die belegen sollen, daß Zuwanderung enorme ökonomische Gewinne für die Volkswirtschaft bringe oder Ausländer ja gar nicht krimineller als Deutsche seien, obwohl ein Blick in die Polizeiliche Kriminalstatistik genügt, um das Gegenteil zu beweisen.

Der nächste Schritt zur Verhinderung von Kritik sei es dann, den Gegnern Etiketten anzuheften und ihnen damit schwere Glaubwürdigkeitsverluste zu bescheren. „Rechtspopulist“ und „Rassist“ seien derzeit besonders beliebt zur Markierung der „Bösen“, mit denen niemand sprechen dürfe. Die finale Stufe sei es schließlich, wenn von einem „Extremismus der Mitte“ gefaselt werde. Für diese Strategie der Ausgrenzung Beispiele zu finden, gelang Patzelt mühelos, sprachen doch sogar die ranghöchsten Vertreter der Bundesrepublik von einem „Helldeutschland“, das gegen ein „Dunkeldeutschland“ zu verteidigen sei. Dem Dresdner Politikprofessor ist das Thema der Meinungsfreiheit und Politischen Korrektheit so wichtig, weil es hier um die Frage gehe, ob wir „Sittenlosigkeit oder Tyrannei“ zulassen. Beides sei strikt abzulehnen.

Sarrazin: „Ich habe an den Staat geglaubt.“

Obwohl an diesem Abend aufgrund der Länge der Vorträge nur wenig Zeit zur gemeinsamen Diskussion blieb, war diese dennoch äußerst aufschlußreich, da sich Sarrazin und Patzelt nun endlich zur Frage der deutschen Rechtsbrüche durch die Bundesregierung äußerten. Sarrazin hatte hier seinen stärksten Moment, als er beschrieb, wie er früher immer an den Staat glaubte und nun erleben müsse, wie das Recht inzwischen ähnlich „wie in absoluten Monarchien und Diktaturen“ genutzt werde. Merkel und ihre Regierung hätten die „freie Interpretation des Staatsrechts“ auf die Spitze getrieben.

Patzelt stimmte zu: Das Recht könne entweder als „Schranke“ fungieren oder eben als „Taxi“, wenn es nur noch darum gehe, mit ihm an ein bestimmtes Ziel zu kommen. Dann hätten wir es jedoch mit „Willkür oder Ignorieren“ zu tun. Es sei beunruhigend, wie die Staatsführung ständig in den Notmodus umschalte und meine, in ihm Alleingänge begehen zu können, die sowohl der Demokratie als auch der Gewaltenteilung widersprechen. Der Staat sei so in eine Vertrauenskrise geschlittert, die durch die überzogene Politische Korrektheit noch weiter verschärft werde. Denn, so betonte Patzelt: „Wenn der Streit blockiert oder vergiftet wird, ist der Demokratie das Lebenselexier entzogen.“

Bereits unsere Kinder könnten in die Minderheit geraten

Wohin das führt, kann niemand mit Sicherheit sagen, aber einige Prognosen von Sarrazin und Patzelt hören sich sehr plausibel an: In seiner typisch technokratischen Herangehensweise erklärte Sarrazin noch einmal, daß sich die Sozialleistungen für Einheimische verschlechtern müssen, wenn der Staat dermaßen viel Geld für Asyl-​Zuwanderung und Versuche der Integration ausgebe. Viel dramatischer sei jedoch, wie schnell die Mehrheitsverhältnisse kippen könnten. Während er in Deutschland schafft sich ab noch annahm, dies könne frühestens Ende des 21. Jahrhunderts geschehen, haben die Ereignisse dieses Jahres und das, was in den nächsten noch droht, zu einer rapiden Beschleunigung des Bevölkerungsaustauschs geführt. Im Klartext heißt dies also, daß bereits unsere Kinder in die Minderheit geraten werden, wenn sich nicht schnell etwas ändert.

Patzelt ergänzte, Solidarität setze eine Unterscheidung zwischen einem „Wir“ und den „Anderen“ voraus. Dies ergebe sich aus den grundlegenden Erkenntnissen der Soziobiologie. Die Anderen müßten dabei keine Feinde sein, aber sie sind eben nicht „wir“. Wer diese Grenze aufhebe, zerstöre nun jede Solidarität. Aus dem Publikum kam die Frage, ob dies nicht langfristig zum „Bürgerkrieg“ führen könne. Sarrazin antwortete, noch sei es zu früh, darüber zu spekulieren, aber ausschließen könne er ein solches Szenario nicht.

Dieser Beitrag erschien auch auf Ein​wan​derungskri​tik​.de!

mercredi, 02 décembre 2015

Merry Hermanus: Critique du PS bruxellois

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Lettre ouverte au Président du PS et aux Membres de la Fédération Bruxelloise

« Le courage de changer ce qu’il est possible de changer, la force de supporter ce qu’il est impossible de changer et surtout l’intelligence pour discerner l’un  de l’autre. »
Saint François d’Assise.

Je t’écris cette lettre, tu la liras peut-être si tu en as le temps.
Mince alors ! En traçant ces lignes, je me rends compte que je commence mon courrier comme débute la chanson « le déserteur » de Boris Vian.  Pourtant, crois-moi, je n’ai nullement envie de déserter notre vieille maison commune le PS, même si aujourd’hui elle m’apparaît ressembler au  «  grand corps à la renverse » dont parlait Sartre.  Mais Sartre s’étant trompé sur tout, l’espoir nous est donc permis…ouf !  J’ai d’autant moins envie de fuir notre Parti que je t’adresse une série de propositions qui, je pense, pourraient peut-être nous permettre de retrouver nos racines.

Permets-moi d’insister, ce qui va suivre ne concerne que le PS bruxellois, je ne connais pas assez la situation en Wallonie pour me prononcer à son sujet.  Je ne peux cependant m’empêcher d’évoquer la situation de la social-démocratie en Europe, car selon une formule classique en politique belge « tout est dans tout et inversement. »

Cher Elio, le dossier publié récemment par « le Vif » provoque de nombreuses interrogations, des doutes, des remous, décille les yeux.  Pourtant, il ne fait que la synthèse de ce que j’observe depuis longtemps.  Nombreux sont ceux que je rencontre qui estiment que l’article,  pourtant déjà très interpellant, est bien en dessous de la réalité.  Tous me disent leur malaise devant l’évolution de la fédération à la fois quant au mode de fonctionnement interne, plus particulièrement, quant à son évolution idéologique au niveau de la défense des valeurs constituant la colonne vertébrale du Parti et, de façon symptomatique la laïcité.

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Merry Hermanus

CE QUE L’ON N’A PAS VOULU VOIR !

Démographie et  Géographie sont des éléments évidents, déterminants, simples à observer, s’imposant de facto à tout décideur politique ou économique, pourtant nombreux sont ceux à Bruxelles qui ne prennent conscience « des terrifiants pépins de la réalité » qu’avec un étonnant retard.  Pourtant, si une chose est bien faite en région bruxelloise, ce sont les statistiques.  Certains, depuis longtemps croisent les données fournies par Actiris, la région, le ministère de l’intérieur, la Santé etc.  Ce qui se produit depuis dix ans à Bruxelles est une véritable explosion démographique, laquelle se poursuit encore aujourd’hui.  Les conséquences sont multiples, souvent catastrophiques vu l’absence de perspectives et de prévisions.  Or, beaucoup de ces désagréments étaient évitables.  Mais force est de constater que malgré notre présence quasi permanente à la tête de la région depuis 1988, rien n’a été entrepris, rien n’a été anticipé !  Il est inutile d’accabler les individus mais il faut rappeler que Picqué, disposant d’un charisme exceptionnel et d’une présence au pouvoir d’une durée tout aussi exceptionnelle, n’a rigoureusement rien fait, se contentant de commander une multitude de plans aussi divers que variés…et coûteux !  Rudi ss, en six mois de présence, malgré un environnement insidieusement hostile à la tête de l’exécutif, sans tambours ni trompettes a été plus efficace que Picqué en vingt ans.

POURQUOI CETTE NON GESTION ?

Indépendamment de facteurs personnels liés à la personne du ou des ministres présidents qui se sont succédé, se contentant de durer plutôt que de gouverner et prévoir, la vraie question est de savoir si la région de Bruxelles est institutionnellement gouvernable.

L’invraisemblable usine à gaz mise au point par Dehaene et Moureaux ne pouvait fonctionner que sur base d’une loyauté régionale réciproque entre Néerlandophones et Francophones.  Or, les ministres flamands ont dès le début été très clairs, leur loyauté était d’abord et avant tout flamande.  Certains de ces ministres ont été d’une particulière franchise en ce domaine, franchise assez rare en politique pour être soulignée.  A de très nombreuses reprises, Brigitte Grouwels, ministre CVP a lourdement insisté pour souligner son lien indéfectible à la Flandre et le fait que Bruxelles n’avait qu’à se soumettre !  Que dire alors de son attitude en conseil des ministres.  D’autres, plus hypocrites, ont eu la même attitude.  Comment dans ces conditions tenter la moindre gouvernance avec un exécutif composé de huit ministres, dont trois Néerlandophones dont chacun peut bloquer en totalité le fonctionnement d’une  tuyauterie crachoteuse. Le gouvernement est donc constamment coincé entre des exigences ou des blocages flamands et les élucubrations stupides de l’un ou l’autre ministre comme Smet n’hésitant pas à forcer la décision pour obtenir l’érection d’une piscine sur le canal, mobilisant ainsi vingt-cinq millions d’euros ! On y échappera de justesse.  Une analyse fine des ordres du jour du gouvernement suffirait à démontrer la triste vacuité de son fonctionnement.

A cela s’ajoutent les aléas du mille-feuilles institutionnel bruxellois.  La région compte un peu plus d’un million cent cinquante mille habitants, elle se découpe en dix-neuf communes, dix-neuf CPAS, plusieurs dizaines de sociétés de logement sociaux, un parlement de quatre-vingt-neuf députés ( sur l’élection desquels je reviendrai ) une VGC, une COCOM, une COCOF, une multitude d’O.I.P économiques ou sociaux… et j’en oublie.  La région pourrait gagner pas mal d’argent en faisant breveter son puzzle institutionnel, en le commercialisant comme ce fut le cas du Monopoly en 1930 ; certain qu’il y aurait là une niche à exploiter !  Tout observateur objectif ne peut que conclure que l’usine à gaz est bonne pour la casse, plus rien ne fonctionne correctement, tout le monde le sait, tout le monde le constate…mais nombreux sont ceux qui en vivent.  L’exemple du cadre linguistique de la région est emblématique, cassé pas moins de trois fois en suivant par le Conseil d’Etat, il fut chaque fois représenté quasi tel quel par le gouvernement bruxellois dans la mesure où les Flamands exigent une part de 29,77% des emplois alors que cela ne correspondait nullement aux comptages des dossiers effectués en vertu de la loi !  Comment dans ces conditions exiger le dynamisme de la fonction publique régionale.  Mais voilà, la petite classe politique bruxelloise vit… et fort bien, de ce fouillis d’institutions disparates mais  juteuses.  Comment demander à cette foule d’élus de toutes sortes, communaux, sociaux, régionaux, mandataires de généreux OIP de se faire hara-kiri ?  Impensable !  Mais en attendant…

LA PAUPÉRISATION.

Il y a un étonnant parallèle à faire entre le bourgeonnement, l’incroyable foisonnement institutionnel de Bruxelles et l’évolution des revenus dans la région.  Les courbes sont parfaitement inverses, plus les institutions régionales se multiplient, se diversifient, plus la courbe des revenus des habitants de la région s’effondre !  La part bruxelloise dans le PIB national s’est effondrée.  L’analyse des statistiques, quel que soit le domaine, démontre une paupérisation qui se lit à l’œil nu dans les différents quartiers de la région.  Les Bruxellois sont de plus en plus pauvres, les problèmes sociaux s’accumulent, s’aggravant année après année, se multipliant sans cesse.  Depuis la fin des années septante, la classe moyenne payant l’impôt a voté avec ses pieds, quittant la région.  Elle a été remplacée par une population d’infra-salariés, d’assistés sociaux à l’avenir professionnel de plus en plus problématique.  On objecte toujours à cela le taux de création d’emploi, le plus élevé du pays… ce qui est exact.  Mais les Bruxellois n’en bénéficient pas !  Il y a près de sept cent cinquante mille emplois à Bruxelles, plus de deux cent mille sont occupés par des Flamands et plus de cent cinquante mille par des Wallons.  Ces navetteurs génèrent des coûts considérables pour la région… mais payent leurs impôts dans la commune de leur domicile.  Si on recourt à une analyse plus fine, il apparaît que les cadres supérieurs sont majoritairement des navetteurs.  Pour nettoyer les bureaux, il reste des Bruxellois !

Les derniers chiffres du baromètre social bruxellois synthétisent parfaitement ces questions.  On y découvre que près d’un tiers des Bruxellois vit sous le seuil de  pauvreté, soit avec moins de 1085 euros par mois.  La moyenne belge se situe entre 14 et 16 %.  Donc à Bruxelles, c’est près de trois fois plus de gens qui se trouvent sous ce seuil fatidique. Or, ces statistiques prennent en compte : les revenus, le travail, l’instruction, la santé, le logement et la participation sociale.  Si le PIB à Bruxelles est de 61.899 euros pour 26.183 en Wallonie et 35.922 en Flandre, ce n’est que parce que 50 % de emplois sont occupés par des navetteurs.  Enfin, et cela n’étonnera personne, 23,50 % des Bruxellois perçoivent une allocation ou un revenu de remplacement ; ce chiffre est en progression de 1,6 % par rapport à 2013.  Le pire est que cette chute vertigineuse des revenus bruxellois se poursuit sans discontinuer depuis les années septante.  Jamais on n’a pu observer le moindre redressement.  Une véritable descente aux enfers…Mais qui n’émeut personne.  Les exécutifs se succèdent, les ministres se suivent tout sourire, les programmes électoraux s’effeuillent, les promesses se multiplient… s’envolent… mais la seule courbe de croissance est celle de la misère !  Une question doit se poser, cette région telle qu’elle est institutionnellement constituée est-elle gouvernable ?  Est-elle viable ?  La réponse, évidente pour tous, est clairement non !

Cette situation n’a pas seulement un impact social, elle y a aussi d’importantes conséquences urbanistiques.  La région est structurée, façonnée, dessinée, et cela se comprend, pour faire face à cette arrivée journalière de ce flot de Flamands et de Wallons ; charge considérable pour Bruxelles, sans commune mesure avec les contreparties chichement concédées à la région par le fédéral qui plus est, les oriente souvent sans tenir compte des intérêts bruxellois. Il n’est pas rare que des mandataires bruxellois s’entendent dire par des auteurs de projet désignés souverainement par le pouvoir fédéral : « il faut que vous bruxellois commenciez à vous adapter ! »  Ah ! bon s’adapter mais à quoi !  Oserai-je le penser…à une administration d’occupation !

Posons-nous la question de savoir pourquoi il n’y a pas à Bruxelles de péage comme à Londres ou à Stockholm ?  Ce sont de splendides réussites.  La région de Bruxelles est le cas typique  où cela devrait être appliqué !  Eh bien non !  Cela déplaît.  Pardi, on l’aurait juré.  Ni les Flamands, ni les Wallons n’en veulent !

Comment ne pas évoquer certains aménagements aberrants.  Mais dans la mesure où le pouvoir à Bruxelles est parcellisé, il n’y a pas de dialogue, le rapport de force étant toujours défavorable aux bruxellois.

Quand la ville de Bruxelles décide de faire un piétonnier, l’impact sur toute la région est évident… mais dans les autres communes pourtant largement influencées par cette décision, on fait autre chose, on regarde ailleurs ! Le bourgmestre de Bruxelles n’a pas de véritables interlocuteurs.

Les chiffres du chômage, même flattés, ne laissent aucun doute, non seulement sur la paupérisation mais, et c’est beaucoup plus grave, sur sa perpétuation, sa constante augmentation.  Le taux de chômage est le plus élevé à Bruxelles, pour ce qui concerne le chômage des jeunes il atteint l’effroyable record de 30 %, 40 s’il faut croire les chiffres du VOKA.  Ne soyons pas dupes, les baisses dont il est question récemment sont le fruit des dernière mesures gouvernementales, sur lesquelles je n’ai pas le cœur de m’appesantir… il «  saignerait ! »  Je n’évoque pas le chômage des femmes dans ces mêmes quartiers, il dépasse les 45 %.

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On le sait, en démocratie il y a deux légitimités.  D’abord celle des urnes, le suffrage universel.  A Bruxelles, ces principes fondamentaux sont clairement violés, le nombre de voix pour élire un Néerlandophone est nettement inférieur à celui nécessaire pour élire un Francophone. Résultat, parmi les élus flamands certains le sont avec quelques centaines, voire quelques dizaines  de voix… et deviennent ministres alors qu’ils ne sont les élus que d’un nombre infime d’électeurs de la région.  Peut-on encore parler de légitimité ?  Les élus flamands au parlement bruxellois ont moins de légitimité démocratique que le gagnant d’un concours de la télé-réalité.  Mais il est un autre critère de légitimité, celui-ci beaucoup plus subtil, c’est celui de la réussite dans l’action.  Or, on l’a vu, la région est sinistrée au plan social, la courbe est descendante depuis les années septante, le tissus urbain se dégrade sans discontinuer, la mobilité est chaotique, l’engorgement est généralisé et fait rire l’Europe, la paupérisation galopante, l’enseignement sinistré, l’insécurité croissante etc.  De cette légitimité là aucun politique bruxellois ayant siégé dans l’exécutif ne peut se prévaloir.  Peut-on en vouloir aux citoyens qui se désintéressent, se détournent de la vie politique, rejoignent la horde grandissante clamant le « tous pourris, tous incapables. »
Ne serait-ce l’étonnante médiocrité parfois jusqu’au pathologique des rares représentants de l’extrême droite, le triomphe serait lui assuré.  Un journaliste de « Libération » a, il y a quelques temps osé faire publiquement ces constatations … quels cris, quel scandale… c’était pourtant la triste vérité.

Bien sûr on dessine sur le sol des voiries, des pistes cyclables, les communes élaborent des plans de circulation aberrants, les bobos seront comblés, il y a les stupides journées sans voiture.  L’idéal de certains n’est-il pas de faire de Bruxelles une réserve d’indiens, d’indiens pauvres, assistés socialement, ficelés électoralement, habillés de lin écru, mangeant des légumes bio, déféquant dans des toilettes sèches, se déplaçant à vélo, n’utilisant pas de GSM, végétaliens et surtout ne se reproduisant pas… on viendra les voir en car comme les Flamands le font déjà qui visitent avec un guide, prudence quand même, le quartier maritime de Molenbeek ou Matonge !  « Pensez donc, beste vrienden, à une heure de Gand, à quarante-cinq minutes d’Anvers, l’exotisme, le pittoresque chaleureux, bruyant de l’Afrique à Matonge ; le frisson de l’inquiétante Casbah à Molenbeek, l’étrangeté des femmes voilées, les hommes barbus en djellaba…comme là-bas dis…, tout un monde. N’oubliez pas de bien vous laver les mains en rentrant à Gand ou à Anvers…dans ces coins de Bruxelles, on ne sait pas ce qu’on peut y rencontrer ! Ebola, malaria, maladies tropicales, djihadistes »   Ah ! Un détail, oh ! une toute petite chose,  ils vivront de quoi ces « indiens » Bruxellois… oui au fait, de quoi vivront-ils ?  A moins que les visiteurs les plus audacieux ne leur lancent , « à ces sujets de zoo humain, » quelques trognons de maïs…quelques chèques repas…les voir manger pourrait être drôle non !

ET LE PS !

Le malaise est perceptible partout.  D’abord il y a le doute,  peut-être le mensonge lourd, irrémissible ; chacun sait que le leadership est assumé par quelqu’un qu’on accuse, à tort ou à raison, de ne pas réellement habiter à Bruxelles, qui donc ne respecterait pas un aspect essentiel de la vie politique, à savoir, subir ce que vivent ceux qu’on est sensé représenter, défendre.  Ce doute a déjà été lourd de conséquence, il le sera encore demain !  La relation avec le citoyen en est dès l’abord viciée.  Il s’agit là d’une faute impardonnable, inconcevable.  Elle n’est possible que parce que les militants, force d’impulsion, de proposition mais aussi de contrôle, n’existent plus.

Pendant des décennies, les listes électorales étaient établies sur base de pools.  C’était connu de tous, les tricheries ne manquaient pas, les uns bourraient les urnes, les autres modifiaient les scores.  Néanmoins, les formes étaient respectées, la démocratie restait un objectif…parfois lointain, j’en conviens !  On ne pouvait pas tout se permettre !  Ensuite vinrent les comités des sages puis s’abattit l’obscurité totale, le rideau de plomb ; une étonnante alchimie préside maintenant à l’élaboration des listes d’élus ; il n’est plus question de comité des sages mais d’un comité secret, c’est là qu’on agite le shaker d’où sortira le breuvage qui sera servi aux électeurs.  Les résultats sont connus d’avance, la bouillabaisse comprenant une dose massive de Belges issus de l’immigration, logique vu la démographie de la population et de filles ou de fils de…ainsi naît sur les navrants décombres d’une idéologie une nouvelle aristocratie, dont les fiefs sont constitués d’une masse d’électeurs d’origine étrangère, un cheptel sur lequel on règne sans vergogne. Moderne féodalité… totale rupture avec une idéologie à l’allure d’astre mort !  La presse avait relevé lors des dernières élections cette présence massive des fils et filles de, mais les journalistes ne les avaient pas tous repérés, certains liens de parenté étant plus discrets ou mieux dissimulés, dans certains cas le nom de la mère était connu mais pas celui du père, de plus il fallait en outre tenir compte des compagnons, compagnes, nièces ou neveux.  Qui osera encore dire qu’à Bruxelles le PS n’aime pas la famille, étonnant que la présidente fédérale n’ait pas été invitée au dernier synode de Rome consacré à l’avenir des familles, cette parole experte a manqué !  Il faut être de bon compte, les dynasties politiques ont toujours existé, y compris au PS, il suffit d’établir les liens entre les familles Spaak et Janson.  C’est par son caractère massif que le phénomène à Bruxelles est devenu remarquable et grignote le fonctionnement à long terme du parti qui, de fait, devient ce que l’on connaît bien en Afrique, une addition de clans.  Amusante, révélatrice d’ailleurs cette importation des mœurs politiques subsahariennes.  Les conséquences sont multiples, à commencer par le fait que des candidats potentiels de grande qualité, n’étant ni d’origine maghrébine, n’ayant aucun lien de parenté avec l’un ou l’autre des leaders de la fédération, estiment qu’ils n’ont pas la moindre chance d’être à une place où ils auraient une petite chance d’être élus !  Ceux-là partent, disparaissent ; ils planquent comme hauts fonctionnaires mais ils manquent cruellement à notre action politique.  Anne Sylvie Mouzon, excellente parlementaire avait l’habitude de dire que sur l’ensemble du groupe socialiste seuls quatre ou cinq individualités étaient actives !  Les autres, bof…

J’évoquais une nouvelle aristocratie, en ce sens l’interview de Catherine Moureaux dans « Le vif » est emblématique tant ses réponses sont d’une stupéfiante naïveté, à les lire on éprouve un sentiment de compassion pour cette jeune femme s’exprimant avec tous les tics de langage communs à la haute bourgeoisie, nimbée de l’autorité naturelle de ceux qui parlent sans jamais être contredits, nés pour être obéis, nés pour gouverner le destin de la plèbe.  Pour tenter d’exister politiquement, elle feint dans l’article de croire que les cinq mille et quelques voix obtenues lors des dernières élections, l’ont été grâce à son seul mérite…la pauvre, le réveil pourrait être dur ! Très dur !  Quinze jours plus tard, « Le Vif » nous apprend que le fils Uyttendael « prend le bus », il y côtoie le peuple…de l’héroïsme quoi !  Est-ce vraiment là « la gôche ! »  A lire ces interviews une profonde tristesse m’envahit tant ces deux jeunes gens m’apparaissent déjà oublieux du bonheur d’être eux-mêmes.

Autre conséquence, le nombre d’affiliés a fondu comme neige au soleil.  Les chiffres sont secrets…un comble dans un parti de gauche, certains permanents retraités parlent et évoquent les vingt-cinq mille  membres de 1974 et le fait qu’ils seraient moins de trois mille cinq-cents en 2015.  Les militants ont disparu, évaporés.  Il faut dire que le fonctionnement de la fédération fut des plus curieux pendant plus d’une décennie alors que partout l’élection du président fédéral se faisait au suffrage universel, seul à Bruxelles il était élu par le congrès où deux sections sur dix-sept, Anderlecht et Molenbeek, faisaient à elles seules la majorité…dès lors tout était simple, il suffisait de « ménager et… nourrir » Picqué et l’ordre, comme à Varsovie en 1830, pouvaient régner.

Le départ des militants a conduit un grand changement dans les campagnes électorales, plus rien ne fonctionne sur base du bénévolat, tout se paye, tout se rémunère, les collages, les distributions toutes boîtes.  Ce n’est pas anecdotique mais lourdement symbolique.  Logique aussi dans de telles conditions que la rupture soit consommée entre les organisations de l’action commune, plus besoin de syndicat, de mutuelle, d’organisation de jeunesse…tout le monde suit seul son chemin !

STRATÉGIES DYNASTIQUES ET COMMUNAUTARISME, LES DEUX MAMELLES DU PS BRUXELLOIS.

Les militants se sont évanouis mais il reste l’essentiel… des électeurs.  J’y reviendrai. Au niveau du parti la structure est donc devenue la suivante :  une bonne base électorale, des élus majoritairement issus de l’immigration, sans oublier la crème, cerise sur le gâteau, une dose de plus en plus importante de fils, filles, compagnons, compagnes, nièces ou neveux de…  La classe intermédiaire des militants a disparu, elle s’est volatilisée, donc plus de contrôle, plus de contestation, plus de compte à rendre.  Les congrès ne sont qu’une chambre d’enregistrement, garnie de nombreux membres de cabinet à qui le choix n’est pas donné, ils ont l’ordre d’être présents !  Pas de discussion, doigt sur la couture du pantalon, sinon…  Qui pourrait au PS bruxellois impulser une autre politique, remettre en cause les décisions, où est l’opposition ; sans opposition pas de démocratie !  La preuve est faite.PS-Herm4.jpg

Je note d’ailleurs que les instituts de sondages se trompent la plupart du temps en ce qui concerne le PS bruxellois car ils évaluent avec difficulté le poids de l’électorat issu de l’immigration, ils ne le connaissent que très mal, n’ont aucune idée des liens sociologiques, de la fidélité de la masse de nos électeurs d’origine étrangère, d’où une sous-évaluation systématique de nos résultats.  Si un jour cet électorat devait disparaître ou s’étioler, nul doute que le PS se trouverait réduit à des chiffres très semblables à ceux du CDH.  D’où le malaise en matière de laïcité, l’abdication quant à certaines attitudes, ce contact nauséabond avec les mosquées, la veule soumission quant aux exigences visant les femmes, les horaires des piscines, la nourriture etc.  Mais attention, le vote socialiste n’implique pas de la part de cet électorat communautaire une adhésion ou même la simple connaissance de nos valeurs ! On a raté la transmission… tragique dans une famille.  Avec stupeur, les derniers militants ont constaté qu’au PS bruxellois tout en matière de laïcité est négociable.  J’y reviendrai !

Il n’y a donc plus de classe intermédiaire entre l’électorat et les élus ; les forces vives du parti, ses militants, ont disparu, reste une caste d’élus, rejetons dynastiques et la masse de ceux qu’un chercheur de la KUL d’origine maghrébine appelait récemment dans « Le Soir » « le bétail à voix, » qu’il estimait sous-représenté… j’ose supposer que ce chercheur flamand ne songeait pas à Bruxelles !  La disparition des militants conduit à d’étonnantes surprises.  Ainsi voit-on surgir sur les listes électorales de parfaits inconnus, quasi absents de leur section locale, à peine affiliés, et encore pas toujours, (on se rappellera du fasciste turc sur une liste communale du PS, ce cas n’était ni accidentel ni unique ) totalement absents de la vie politique locale, n’ayant aucune présence sur le terrain, mais qui réussissent des scores de rêve et parfois sont élus dépassant une bonne partie des autres candidats sur la liste.  Il suffit pour s’en convaincre de reprendre les listes fédérales ou régionales du PS à Bruxelles, de regarder les scores et de mettre ceux-ci en rapport avec le militantisme dans les sections. Victor Hugo disait : « il y a du champignon dans l’homme politique, il pousse en une nuit. »  Cela n’a jamais été plus vrai qu’à Bruxelles. Dans de nombreux cas, personne au sein de la section locale ne connaît ce recordman ou cette recordwoman.  La raison du succès est simple, ce candidat ou cette candidate a appuyé sur un bouton, un seul… le bouton miracle, le bouton communautaire.  Pas besoin de faire beaucoup d’efforts, il suffit à l’électeur de déchiffrer le patronyme, imparable boussole électorale bruxelloise.  Dans de telles conditions doit-on encore défendre la laïcité ? Peut-on encore imaginer résister aux exigences religieuses d’un autre âge ?

L’essentiel aujourd’hui au PS, ce sont les liens de parenté et les circuits communautaires, le militantisme n’a plus sa place… quant à la réflexion, les idées !   Il n’y a plus que très peu de rapport entre les campagnes électorales faites par les candidats et les valeurs fondatrices du PS. Le tramway, ligne directe vers le mandat implique une filiation dynastique ou un lien communautaire, sans cela pas de mandat, c’est le cul-de-sac.  Les « tuyaux » d’accès au pouvoir ont changé…et comment !  A Bruxelles, les campagnes ne sont plus que communautaires, le programme ne compte que pour la presse et les adversaires, un nombre considérable de candidats s’en fichent complètement.  Alors que pendant des années tu as insisté pour que nous évitions le communautarisme, aujourd’hui, c’est la dominante principale.  Les tracts en arabe, en turc en albanais sont légions, plus personne ne s’en offusque à la fédération bruxelloise.  Les temps ont changé, les militants se sont évanouis, nos valeurs sont chaque jour écornées.  L’un des élus phare de l’une des importantes communautés de la région, occupant des responsabilités politiques majeures, n’hésite plus à dire « toutes les campagnes doivent être communautaires, Laanan et Madrane n’ont rien compris s’ils ne le font pas. »  Au-delà de la question fondamentale de la transmission et de l’adhésion à nos valeurs, se pose indéniablement la question de la sauvegarde des principes de laïcité pour lesquelles nos prédécesseurs ont lutté pendant tant d’années contre l’hégémonie religieuse.  Qu’on n’oublie pas qu’il nous a fallu des dizaines et des dizaines d’années d’âpres combats pour laïciser notre vie publique, échapper à l’oppression cléricale.

Comment dès lors concevoir que dans certaines écoles de la région la totalité de la viande servie soit hallal, le fournisseur répondant lors de l’appel d’offre : «  ainsi il n’y a plus de problème ! »

Comment accepter que certaines piscines communales se soient soumises ( le plus souvent hypocritement ) à l’établissement d’horaires séparés par sexe !

Comment expliquer que la région de Bruxelles soit la seule qui n’ait pas osé bannir l’abattage rituel et laisse se poursuivre ces monstruosités.

Comment admettre que dans une grande commune de la région, l’ouvrier communal qui sert les repas scolaires à chaque cuillerée servie, fasse suivre celle-ci de la formule en arabe : amdulila ( grâce à Dieu ) !

PS-Herm5.pngComment accepter que dans nombres d’établissements scolaires il ne soit plus possible d’enseigner les principes du darwinisme, ni bien sûr d’évoquer le génocide des Juifs ! Les directions ne peuvent réagir, le pouvoir organisateur voulant surtout éviter les remous !

Il y a quinze ans, un enseignant de l’athénée royal de Laeken donnant une interview dans le « Vlan » avait évoqué son incapacité d’enseigner les notions du darwinisme à ses élèves.  Cet article fit beaucoup de bruit, cet enseignant fut traité de raciste quasi de nazi. Or, il disait vrai, de nos jours ce genre d’incidents est courant. Mais l’omerta règne, il y a des choses dont on ne peut pas parler.  Je n’évoque pas ici les étranges réactions de certains professeurs musulmans lors des assassinats de Paris au début de cette année, ni le fait que le cours de religion se dispense systématiquement en arabe alors qu’il devrait l’être en français !  Ni le fait que certaines enseignantes de la religion islamique refusent de serrer la main de leurs collègues masculins rappelant que selon elles, la main recèle cinq zones érogènes !

Comment ainsi accepter sans  réagir l’irruption du moyen-âge dans notre sphère publique !   A Bruxelles, c’est tous les jours, non pas retour vers le futur, mais retour vers le passé et quel passé !  On a l’impression d’entrer dans l’avenir à reculons.

Comment admettre que les élèves musulmans manquent systématiquement les derniers cours de l’année scolaire si les parents ont décidé de partir en vacances, je n’évoque même pas les jours de fêtes religieuses où dans certaines communes les classes sont vides, le cours étant ajourné d’autorité !  Sans réaction des autorités, bien au contraire des consignes sont données aux enseignants de ne pas donner cours, « d’occuper » les trois ou quatre présents.

Pourquoi camoufle-t-on les incidents qui émaillent les récréations au cours desquelles des gosses sont pris à partie lorsqu’ils mangent du jambon ou ne font pas le jeûne du Ramadan !

On pourrait poursuivre cette liste indéfiniment.  Le relativisme culturel, lourdement prôné, accepte aujourd’hui le voile, demain il fera accepter l’excision au nom de la même effarante régression à la fois lâche et ignoble unissant la haine des valeurs issues de 1789 et un sordide cynisme de boutiquier électoral. On le voit, c’est dans le silence, à l’abri d’un discours intimidant que l’on serre le garrot qui cran après cran étrangle la laïcité, installe concession après concession, petits aménagements après petits aménagements, petites lâchetés après petites lâchetés… à haut rendement électoral,  une société où le fait religieux envahit, pollue, domine à nouveau le domaine public.

COMMENT RÉAGIT LE PS BRUXELLOIS.

Aujourd’hui, il est évident qu’il est prisonnier de son électorat dont les gros bataillons, qui osera le nier,  sont issus de l’immigration.  Tout ne fut pas négatif dans cette évolution. Il est remarquable que le PS ait su tisser des liens de confiance avec ces communautés alors que d’autres formations politiques, qui s’en mordent aujourd’hui les doigts, les méprisaient ouvertement.

Impossible dans ce contexte de ne pas évoquer Moureaux et les vingt ans pendant lesquels il a dirigé Molenbeek qu’il a transformé en laboratoire de la porosité du retour du religieux dans notre région.  Ses réactions et son évolution sont emblématiques de l’évolution, de l’attitude du PS dont il fut pendant la même période le président fédéral.

Débarquant à Molenbeek en 1982, il mène la campagne communale sur le thème du « stop à l’immigration. »  De nombreux tracts ont été conservés, étonnantes et encombrantes archives.   Il débat à la même époque sur La RTBF matinale, il y est opposé à Albert Faust, secrétaire général du SETCA de Bruxelles Halle Vilvorde et s’oppose obstinément au vote des étrangers aux élections communales alors qu’Albert Faust lutte avec la FGTB pour l’obtenir.  La RTBF dispose toujours de la cassette, on peut la réécouter… un régal d’anachronisme, une grande leçon sur l’adaptabilité du monde politique aux dures réalités électorales.  En 1986, écrivant dans un journal communal consacré à l’enseignement, il évoque la nécessaire assimilation des citoyens d’origines étrangères.  Au cours de la même période, il évoque plusieurs fois ses regrets que l’on ait reconnu l’Islam en qualité de religion subsidiée.  De nos jours, même le terme « intégration » est devenu un gros mot !  Quelle adaptation ! Certains ne le prononcent que la bouche en cul de poule, se tordant les lèvres ayant hâte de se les désinfecter. N’est-on pas étonné de la timidité avec laquelle le gouvernement bruxellois envisage le parcours d’intégration qui devrait être mis en place.  On l’évoque en catimini, entre deux portes, avec la prudence que l’on met à manipuler de la dynamite.  Il ne s’agit pas ici de fustiger Moureaux, sans doute a-t-il plus d’excuses que beaucoup d’autres, n’ayant jamais eu, de par son milieu, aucune connaissance des milieux les moins favorisés.  On le sait le marxisme lui fut injecté par voie ancillaire !  Pour la première fois de son existence grâce aux émigrés, il découvrait extatique, enfin comblé, à Molenbeek, ceux qu’ils ne connaissaient qu’au travers de ses lectures.  Il allait enfin se sentir utile et renouer avec la grande tradition des ouvroirs des dames patronnesses… aider ses pauvres.  Rendons lui cette justice, il a considérablement rénové sa commune, lourdement investi dans l’urbanisme mais il n’a pas investi dans les cerveaux !  On va le voir, c’est le sien qui s’est adapté, modelé… soumis.  Il s’est appuyé sur les mosquées pour que celles-ci encadrent les jeunes, qu’il n’y ait surtout plus d’émeutes… pas de problème, les grands frères seront généreusement subsidiés… sans le moindre contrôle sur le terrain.  Moureaux pensait du haut de ses origines sociales, de sa prestigieuse fonction académique, de ses multiples charges ministérielles et politiques que les mosquées seraient de fidèles courroies de transmission de sa volonté. Et…patatras, c’est lui qui a été roulé dans la farine par les barbus. Il ne s’est pas rendu compte, prisonnier de son orgueil de classe qu’il devenait « l’idiot utile » des forces les plus obscurantistes, moyenâgeuses, de sa commune.  C’est lui, le professeur émérite de critique historique qui, au fil des ans, est devenu l’inattendu relai des revendications les plus obscurantistes.  Le harki c’était lui, amusant non ! La politique qu’il a mise en œuvre est étonnante par son classicisme.  Ce fut celle du colonialisme qui s’est appuyée sur les chefs coutumiers pour que les indigènes ne s’agitent pas.  C’est une politique strictement maurassienne dans laquelle la religion est avant tout un encadrement social.  Pour tout dire, c’est une politique conservatrice au sens strict du terme, curieuses pratique pour ce marxiste auto proclamé !  En définitive son marxisme mal assimilé n’est-il pas pour paraphraser Jean Cau que «  le gant retourné du christianisme ? »  Ce n’est qu’au fil du temps et du remplacement de la population belge de souche de sa commune par des émigrés qu’il comprit le rôle électoral que cette population allait jouer à Bruxelles.  Il faut lui rendre cette justice d’autant plus qu’il poussera jusqu’au bout le don de sa personne, allant même jusqu’au sacrifice suprême, moderne Abraham, puisque maintenant il « immole » sa fille Catherine, il la livre, innocente enfant, à ce peuple émigré, pauvre, fragilisé, mais exigeant un total don de soi, en ce compris le rejet des valeurs de la laïcité.

Ainsi la fédération s’est de plus en plus appuyée sur les mosquées et donc forcément sur les milieux musulmans les plus rétrogrades.  Cela explique la disparition d’un certain nombre d’élues féminines d’origine maghrébine, ces femmes les premières élues de ce milieu, étaient toutes des femmes libérées des contraintes religieuses, ayant un langage direct, ferme à l’égard du poids du religieux.  Aujourd’hui, elles sont remplacées par des élues beaucoup plus « lisses, soumises »  On sait qu’elles ne causeront aucun problème avec leur communauté ou avec ceux qui s’y arrogent le rôle de représentant desdites communautés.  La seule qui ait résisté c’est Fadila Laanan, précisément parce qu’elle était soutenue à un autre niveau du parti.  Moureaux n’écrivait-il pas à son sujet « cette personne n’a pas été désignée en qualité de ministre par la fédération. »  Quelle est aujourd’hui sa relation avec la nouvelle direction fédérale… On le sait les sourires cachent les poignards !  Quel tort a Fadila ?  Simple, elle est issue de l’immigration, c’est une femme libre, éduquée, fière de sa culture, fière de ses origines, non liée aux groupes religieux et elle défend la laïcité, et, suprême audace s’en réclame… elle fait une place aux femmes là où depuis des décennies les extrémistes islamistes les empêchaient de travailler ! Elle ne plaît pas aux barbus… ça c’est certain !

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L’ENSEIGNEMENT.

S’il est un domaine vital pour l’avenir d’une société, c’est bien l’enseignement.  Or, à quoi a-t-on assisté à Bruxelles ?  Ni plus ni moins à un effondrement total du niveau des écoles de l’enseignement public, il n’aura fallu qu’à peine deux décennies.  L’enfer étant pavé des meilleures intentions, les pouvoirs organisateurs ont dans la plupart des cas voulu forcer la mixité.  C’était nécessaire et utile.  Mais cela se fit sans le moindre discernement, la moindre analyse de fond, le moindre suivi.  Il était absolument nécessaire d’établir une vraie mixité, de lutter contre les discriminations, le racisme, qu’il ne s’agit pas ici de nier. Notre enseignement fut victime d’un égalitarisme forcé alors qu’il aurait été nécessaire de lire Aristote lorsqu’il soulignait « que la véritable justice est de traiter inégalement les choses inégales. »  N’est-il pas démontré par l’histoire que forcer l’égalitarisme conduit toujours au drame !  Le résultat est que dans différentes communes, les classes sont composées pour 80 ou 90 pourcents d’enfants issus de l’immigration. Ceux-ci ne parlent pas français au sein du foyer familial, ils ne regardent que la TV dans leur langue maternelle. Peut-on le leur reprocher ?  Significatives les réponses données par les enfants lorsqu’on les questionne sur leur nationalité, les neuf dixième répondent qu’ils sont Turcs, Albanais, Marocains, Algériens, seule une infime minorité répond qu’ils sont Belges alors même que la majorité l’est ! Imagine-t-on un seul instant les difficultés qu’affrontent au jour le jour les enseignants, leur découragement, leur révolte face à un pouvoir organisateur n’ayant tenu aucun compte des affres quotidiennes de la réalité.  Or, qui sont les premières victimes de cette situation ? Ce sont bien sûr les enfants issus de l’immigration.  Leur progression scolaire ne peut qu’être lente, les chances d’avenir réduites.  Les brillantes réussites d’enfants d’émigrés ayant accompli leur scolarité il y a quinze ou vingt ans deviendront des exceptions car le malheur veut que leurs enfants se retrouveront dans des classes vouées à un grand retard du fait de la ghettoïsation des écoles. Réussir des études, accéder à un emploi de qualité est beaucoup plus difficile aujourd’hui qu’hier.  Les statistiques publiées par « Le Soir » le démontrent sans contestation possible.  Cela aussi, il est interdit de le dire, interdit même de le constater.  Si par malheur vous le faites soit on vous traite de menteur soit vous êtes voués à l’enfer de la faschosphère !

Je le répète, j’insiste les premières victimes de cette situation, ce sont précisément les enfants d’émigrés, même ceux de la deuxième ou troisième génération, leur capacité d’intégration, de réussite sont largement diminuées.  Est-il nécessaire d’ajouter que les émigrés et leurs enfants n’ont aucune responsabilité dans cette horrible situation, quoi de plus normal pour quelqu’un qui débarque en terre étrangère que de tenter de s’insérer dans un environnement où il retrouve ses semblables.  Il est d’ailleurs démontré que les émigrés ou Belges issus de l’émigration s’ils « réussissent » professionnellement quittent au plus vite certains quartiers ou font des mains et des pieds pour éviter que leurs enfants fréquentent certaines écoles.  Comment dès lors s’étonner des trente pourcents « officiels » du chômage des jeunes âgés de dix-huit à vingt-cinq ans.  Au mois de mai, un nombre important de mamans maghrébines de Montpellier ont manifesté pour que les établissements scolaires de leur quartier retrouvent une vraie mixité, à savoir que reviennent dans les écoles de la municipalité quelques enfants Français de souche !!!  Curieux qu’on en ait si peu parlé à Bruxelles.  Très récemment Picqué s’exprimant à la section d’Anderlecht n’hésitait pas à souligner, avec le cynisme distancié le caractérisant qui est à la fois sa marque de fabrique et lui tient lieu de colonne vertébrale idéologique, que ses enfants fréquentaient l’enseignement catholique.  Il est vrai que Picqué n’a jamais été socialiste, il a appris à LE parler, voilà tout !  Certains des présents se rappelaient le reportage de RTL où l’on pouvait voir son épouse dormir sur le trottoir du collège Saint Michel pour avoir le privilège d’y inscrire ses fils !  Comment mieux reconnaître que l’enseignement à Bruxelles est l’un de ces immenses territoires perdus de la laïcité, perdus pour la gauche !  Où est l’époque où, pour se présenter sur une liste électorale socialiste, il fallait que ses enfants fréquentent l’enseignement officiel !  Il faut oser dire que dans certaines écoles on forme… de futurs chômeurs ; les bonnes paroles, les discours lénifiants du politiquement correct n’y changeront rien.  Seule une politique volontariste, immédiate, brutale, visant à largement revaloriser le statut des enseignants et à imposer, oui à imposer, une vraie mixité serait de nature à rencontrer les besoins d’avenir de notre région ; sans oser évoquer le bonheur des enfants qui sont confiés aux établissements publics de notre région.  Les premiers bénéficiaires d’une telle réforme seraient les enfants d’émigrés.   Pour les plus fortunés, pas de problème, ils iront dans « les zones protégées » de certains établissements catholiques… ils feront comme Picqué !

S’INTÉGRER MAIS À QUOI ?

PS-H9.jpgJ’avais été impressionné, il y a bien des années d’entendre un Commissaire européen me dire que si l’Union européenne avait pu s’étendre à Bruxelles, c’était dû au fait que la Belgique n’était pas une nation, que Bruxelles n’avait pas d’identité nationale, d’où l’étonnante permissivité à l’égard de la tentaculaire administration européenne.  Une telle porosité n’eût été possible dans un pays sourcilleux en matière de souveraineté.  Ce Commissaire ignorait sans doute que Bruxelles continue à assumer le rôle qui fut le sien dans l’histoire depuis la période bourguignonne, à savoir être un centre administratif, fonction intimement liée, sinon imposée par sa situation géographique.  Il en sera de même sous l’occupation espagnole, autrichienne et française.  Il n’est pas inutile de rappeler que sous l’occupation allemande de 1940 à 1944, Bruxelles était le centre des forces d’occupation pour la Belgique et le Nord de la France. Toujours ce même rôle de centre administratif, toujours pas d’attache nationale propre.  « La Nation belge » fut le titre d’un journal bruxellois au XIXème siècle, ce ne fut jamais une réalité politique même si on a essayé de le faire croire ; s’il n’y a jamais eu de nation belge, il y eut encore moins d’identité bruxelloise.  N’en déplaise à certains chantres du  tout nouveau DEFI, il n’y a jamais eu de spécificité bruxelloise. 

Historiquement, c’est sans contestation possible une ville dont la population est flamande, mais l’élite du centre administratif parlait une autre langue, Français, Espagnol, Allemand. Je ne reprendrai pas ici les propos, souvent injustes et odieux de Baudelaire sur les Belges et en particulier les Bruxellois mais il faut reconnaître que cette région fut toujours un étonnant magma réunissant des élites « d’occupation » inévitablement accompagnées de fidèles « collaborateurs » et une population parlant un sabir à base essentiellement flamande.  Il ne fait aucun doute qu’avec l’installation massive des administrations de l’UE, et de tant d’autres organisations multilatérales, Bruxelles soumise au déterminisme de sa géographie, poursuit son rôle de centre administratif.  Or, un émigré, ou un enfant d’émigré, débarque avec sa culture, sa langue, sa religion, ses habitudes alimentaires.  Ce sont des éléments structurants dont souvent il est à juste titre fier, qu’il ne veut pas larguer comme on se sépare d’un vieux vêtement ! C’est parfaitement légitime.  Dans les années cinquante, un boxeur français d’origine tunisienne Halimi, poids coq, avait gagné un combat contre un pugiliste anglais.  Porté en triomphe par ses soigneurs, il répondait au micro que lui tendait Loïc Van Le : « j’ai vengé Jeanne d’Arc. »  Voilà donc une intégration réussie, ce boxeur, avait noué ses racines à celles de la France, à son histoire, il la faisait sienne. 

Peut-il en être de même à Bruxelles ?  Impensable !  Il n’y a ni « récit, ni roman national », il n’y a pas de racines historiques glorifiées, fondatrices.  Quel jeune Bruxellois connaît le combat du municipaliste T’Serclaes.  Les Comtes d’Egmont et Horne n’étaient pas Bruxellois, de plus ils appartenaient d’abord et avant tout à « l’internationale » de la noblesse.   Il ne faut pas compter sur les cours d’histoire dispensés au niveau scolaire pour y suppléer, ceux-ci faisant fi des liens chronologiques, entendent faire connaître l’histoire par thèmes ; puzzle effrayant dont les élèves ne retiennent que des bribes sans continuité ; ce costume d’Arlequin décousu, impossible pour les malheureux étudiants de le recoudre, ajoutez  une pédagogie générale de plus en plus obscure, caramélique… Croire après cela qu’on va leur enseigner l’histoire de ce pays, de cette région n’est qu’une sinistre plaisanterie !  Ce n’est pas le spectacle de la plantation du Meyboom ou le défilé de l’Ommegang qui me feront changer d’avis.  A quelles nouvelles racines l’immigré peut-il nouer les siennes ? De fait à Bruxelles, elles sont inexistantes. Sur quel nœud de l’histoire la greffe peut-elle prendre ?  L’effondrement de la qualité de notre enseignement, l’absence de cohésion nationale ou même régionale, l’absence de conscience identitaire ne pouvaient que renforcer le communautarisme, l’accentuer, l’enkyster.  Car, ne nous y trompons pas, l’émigré, lui nous vient avec son identité nationale forte, avec sa religion qu’il ne sépare pas de la vie publique ; sa culture comprend indissolublement liées l’identité nationale et l’identité religieuse ; au Maroc, le chef de l’Etat n’est-il pas aussi le commandeur des croyants !  Et l’on aurait voulu que par un coup de baguette magique cet étranger fasse sienne les mœurs politiques, les us et coutumes, les civilités qu’il a fallu des siècles pour bâtir ! Il serait grotesque de lui parler d’identité bruxelloise. Impossible de lui demander de s’intégrer au vide !  Que reste-t-il alors ?  Une seule chose mais essentielle : des valeurs !  

PS-H7.jpgSans être une nation, sans être un état, sans identité régionale, il n’est pas exagéré de dire que ce qui structure les Bruxellois, ce sont des valeurs ; du point de vue schématique, celles-ci se réfèrent au socle des droits de l’homme et du citoyen, ce legs inestimable, admirable de la révolution française. Ces valeurs, ce sont les éléments que l’on a en commun, ce sont les liens qui unissent les Bruxellois, les fondements permettant de gérer le présent, de préparer l’avenir tout en sachant ce qu’il a fallu de luttes pour qu’elles voient le jour et surtout combien elles sont fragiles.  Ces valeurs sont constitutives du contrat qui lie le citoyen à la puissance publique, qu’elle soit régionale ou fédérale, c’est le respect de la Justice, des institutions, le respect de la loi, en un mot, de tout ce qui fait le vivre ensemble.   Or précisément, on constate depuis une quinzaine d’année le recul d’éléments essentiels de ces valeurs.  « De petits aménagements » en « petites concessions » les frontières de la laïcité deviennent floues ; ce qui était parfaitement clair il y a quinze ans devient sujet à discussions. Des valeurs, comme l’égalité homme-femme qui nous semblaient acquises pour l’éternité, vacillent, sont discutées.  Attention, si vous vous montrez rigide, implacable dans la défense de ces valeurs, vous serez traité de laïcard, un terme utilisé par le président fédéral bruxellois lui-même pour fustiger ceux qui mettaient en cause le voile, les horaires de piscine séparés ou l’invasion du halal.  Intéressant de savoir que ce terme a été inventé par l’extrême droite française entre les deux guerres pour attaquer la gauche du front populaire.  Se faire traiter de laïcard est un moindre mal car on bascule vite sur des éléments de langages plus brutaux comme fascistes, racistes etc.  Mise en œuvre de la vieille technique stalinienne qui veut que si « tu n’es pas à 100% d’accord avec moi, tu es à 100% contre moi. »  Venant de marxistes en peau de lapin… c’est du plus haut comique.  Curieux zigzag de l’histoire !  

En 2004, lors de l’élaboration du programme électoral de la fédération tous les amendements visant à mettre en évidence l’égalité homme-femme ont été repoussées violemment par le président fédéral lui-même.  Fulminant, éructant, hurlant, on ne pouvait pas en parler : « cela risquait de heurter la population la plus fragilisée de Bruxelles ! »  Ah ! Bon… donc un élément aussi fondamental que l’égalité absolue homme-femme devait être tu !  Pour des raisons électorales… Voilà, le piège se refermait, nous socialistes devenions prisonniers de notre électorat précisément parce que nous n’avions pas été capables de transmettre nos valeurs.  Nous cessions d’être une force de propositions, de progrès, nous nous soumettions à la sensibilité d’un électorat qui aurait dû épouser la nôtre, pour parler clair qui aurait dû accepter nos valeurs… et les défendre.  Parce que dans la structure du parti, on avait accepté qu’il n’y ait plus de militants, que l’électorat suffisait pour autant que soient élus ceux choisis par les « Dieux, » en un mot que les plans de carrière de certains soient assurés, on baissait pavillon sur ce qui faisait notre âme ! Notre slogan occulte devenait : « des valeurs non !  des électeurs oui ! ». D’aucuns rétorquent que cette thèse est fausse, nos valeurs seraient largement partagées par nos électeurs car les élus d’origine étrangère ont toujours, sans la moindre difficulté voté les textes portant sur des avancées en matière d’éthique telle l’euthanasie. Parfaitement exact. Mais raisonnement simpliste, qui se refuse, comme souvent à gauche,  à voir la réalité.  Sur ce genre de questions les élus d’origine maghrébine ou turque s’en fichent totalement,  cela ne les concerne pas ; sur ces questions essentielles, ils vivent dans leur culture, ils respectent leurs valeurs et n’adhèrent aucunement aux nôtres, tout simplement cela ne les concerne pas !  C’est bon pour l’autre monde, celui où l’on tente de perpétuer ce que furent les valeurs humanistes de progrès.   Peut-on leur en faire grief ?  Certes non, c’est nous, en particulier le puissant PS qui avons été incapables de transmettre les nôtres, le PS s’est « soumis », ou s’est cru habile et… on c’est dépouillé de ce qui faisait notre essence.  Peut-être aurait-il fallu se souvenir que la ruse ultime du diable est de faire croire qu’il n’existe pas !  Pensant tirer profit d’un corps électoral qu’on pensait fruste, naïf, innocent, on lui concède nos valeurs…cela relève de la comédie de boulevard et non de la politique.  Dans les journaux de la fin du XIXème siècle, il y avait un jeu dénommé « Chercher le Kroumir », les Kroumirs étant une tribu tunisienne accusée par les Français de faire des incursions en Algérie, prétexte colonial typique pour imposer un protectorat sur ce pays. Dans un dessin de paysage, on devait deviner la silhouette dissimulée du « méchant » Kroumir. Je pense qu’on devrait relancer ce jeu à Bruxelles dont le thème serait « chercher le cocu » le pauvre cornard étant celui qui soutient un parti socialiste qui a jeté par-dessus bord son histoire, ses valeurs et tout le reste !  Voilà ce que ressentent aujourd’hui de nombreux affiliés de longue date du PS.  Pour ceux-là le vote socialiste sera difficile, comme les sondages les uns après les autres le démontrent, le transfert se fait vers le PTB…et le DEFI.

Je fus  stupéfait de lire au tout début de l’année dans « Libération » que Houellebecq répondant à une interview, précisait qu’il avait eu l’idée de son dernier livre « Soumission » on en connaît le thème, c’est l’élection en qualité de président de la république française d’un musulman modéré, en se baladant dans les rues de Bruxelles.  Amusant aussi d’entendre Amin Maalouf le talentueux écrivant libanais raconter sur France Inter qu’il y avait beaucoup moins d’intégristes au Maroc qu’au sein de l’immigration européenne ; ainsi il évoquait que, se trouvant sur une plage du Maghreb, il y observait une famille de musulmans de stricte obédience, femmes entièrement voilées sur la plage, se rapprochant il constata que c’était des Belges… cela le faisait beaucoup rire.

Il est de bon ton dans les instances dirigeantes du PS bruxellois d’estimer que toutes les cultures se valent, que ce serait faire preuve de racisme que de réagir à certaines pratiques.  Ainsi la présidente fédérale monte-t-elle tout de suite aux barricades criant haut et fort qu’elle n’a jamais condamné les pratiques barbares liées à la nourriture Halal, la presse ayant osé émettre quelques doutes.  Elle est nettement moins réactive quand un élu refuse de reconnaître le génocide arménien, à peine audible, d’une voix fluette, entre deux portes, pour une fois le sourire tarifé en berne, elle précise que l’intéressé devra se présenter devant une commission. Elio, tu sais mieux que moi la façon dont tu as dû t’investir dans cette crise symptomatique.  Elle ne fut dénouée que grâce à toi, beaucoup le savent.  Un élu de Molenbeek traite un journaliste « d’ordure sioniste » ou ce même élu affirme qu’il se sent proche du Hamas (organisation classée dans la liste des groupes terroristes par l’ONU ), elle déclare dans le même souffle à la télévision que cet élu est «  un homme bien ! »  Il est vrai qu’à Molenbeek des consignes verbales étaient données aux policiers non musulmans de ne pas manger devant leurs collègues appartenant à ce culte pendant le ramadan afin d’éviter tout incident.  Je ne doute pas que ce soit aussi le cas ailleurs mais peut-être y est-on encore plus discret ?  On pourrait multiplier à l’infini les exemples de recul portant sur des valeurs qui furent toujours les nôtres et pour lesquelles, je le répète nos prédécesseurs se sont battus pendant des dizaines et des dizaines d’années.

DEMAIN LES VALEURS DE LA GAUCHE.

Cela fait déjà pas mal de temps que l’encéphalogramme de la gauche et de la social-démocratie est plat.  Le vide idéologique est abyssal. Tout souffle a disparu.  Il règne dans le mouvement socialiste comme une odeur de décomposition, fût-elle institutionnelle, elle agresse nos narines.  Mais a-t-on encore besoin d’idéologie ?  Pathétique de constater que Moureaux n’hésite pas à se raccrocher au philosophe français Badiou, dernier maoïste n’hésitant pas à envisager un monde sans démocratie !  Cela en dit long sur une certaine dérive idéologique ou le rouge se mâtine de brun ! Pourtant Badiou n’est pas barbu !

Peut-être un jour, si l’ex-bourgmestre de Molenbeek n’a plus d’espoir dynastique, criera-t-il lui aussi avec Aragon « feu sur les ours savants de la social-démocratie. »  Tout est possible avec les vieilles gloires sorties des rails.  Je ne sais s’il faut pleurer ou rire.  L’éclatement de la gauche, son évaporation dans l’Europe pose un problème général, une dimension nouvelle, car cette gauche, si malmenée, reste malgré tous ses défauts, le seul, l’ultime rempart contre le capitalisme fou, contre la financiarisation de la société, contre l’asservissement total des peuples au culte de Mammon.

J’en reviens à Bruxelles, au pitoyable PS Bruxellois.  Faut-il croire qu’il est devenu cette chose boiteuse, sans lyrisme, sans espoir, mélange de bureaucratie, de sordide népotisme, de clientélisme, de médiocrités arrivées ?  Non, je ne peux le croire.  Pourtant, je renifle sous les flonflons des rhétoriques de circonstances comme une odeur de cadavre, de fin d’un système, fragrances des lâches abandons… Quelque chose disparaît sous nos yeux !  Il est vrai que le PS ne fait plus rêver, tu te rappelles Elio de ce slogan : « changer la vie ! »  Bon sang, que c’est loin.  Mais le pire serait la trahison de nos valeurs, l’abandon progressif, hypocrite de ce qui fût notre apport essentiel à notre culture, à notre mode de vie.  Je ne vois que des avantages à la présence dans notre région de cultures multiples, c’est une richesse indéniable mais je ne vois que des dangers si l’une de ces cultures veut imposer ses normes, revenir sur nos acquis sociétaux ou politiques, imposer ses normes alimentaires, revenir sur l’absolue égalité homme-femme, revenir sur l’impact du religieux dans la sphère politique etc.  En d’autres termes, pourquoi pas le remplacement d’une part de notre population ! Substitution de nos droits, de nos valeurs non ! jamais !  A Bruxelles, c’est ce qui est en train de se jouer.  C’est cela l’enjeu essentiel.

Allons nous abdiquer ou allons-nous être capables de nous libérer du poids d’un électorat qui n’a pas (encore) assimilé nos valeurs et qui ne comprend pas que certaines des siennes sont incompatibles avec ce qui fait notre civilisation ?

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Y A-T-IL UN AVENIR ?

Il ne fait pas de doute qu’au niveau institutionnel la région telle qu’elle est limitée n’a aucun avenir. Elle ne deviendra jamais un Singapour européen, elle est vouée à la paupérisation et à la ghettoïsation.  Tous le savent, tous l’admettent…en privé, y compris celui qui fut si longtemps ministre président et qui n’a jamais caché lors de contacts personnels qu’il ne croyait nullement dans la pérennité de cet espace étriqué, pauvre.  Notre sort sera scellé ailleurs lors du grand pow wow politique exigé par nos voisins du Nord !
Personne d’ailleurs ne demandera l’avis de la population.

Pourtant, ils existent les habitants de notre région.  Pour les évoquer, il me paraît essentiel de d’abord rendre hommage aux émigrés.  Ceux qui les vouent aux gémonies feraient bien de se demander ce que serait leur attitude dans un pays étranger dont ils savent qu’ils n’y sont pas les bienvenus, dont ils ne connaissent pas la langue, dont les mœurs administratifs sont aux antipodes de ce qu’ils ont connu, dont l’accès à l’emploi est complexe et de plus en plus aléatoire.  Et malgré tous ces obstacles, malgré les discriminations, le racisme, certaines réussites sont splendides, exemplaires.  Réussites qui ne sont pas suffisamment mises en évidence.  Quand Lévi-Strauss évoque l’universalité des hommes et leurs différences, c’est d’abord l’universalité qui m’importe !  C’est cela qu’il faut avoir à l’esprit quand on évoque la problématique liée aux émigrés ou leurs descendants.

Cependant, s’il m’apparaît qu’affirmer que globalement l’intégration est un échec est totalement faux, il n’en est pas moins vrai que celle-ci sera plus difficile que précédemment.  L’effondrement de la qualité de l’enseignement, les classes ghetthoïsées ne favorisent plus ces succès.  On assiste à un nivellement par le bas tout à fait évident dans certaines communes, ou dans certains quartiers ; la lutte pour intégrer des écoles qualifiées de meilleures le démontre de façon claire.

Que reste-t-il donc à ce peuple d’émigrés ?  que reste-t-il à cette masse de jeunes sous qualifiés n’ayant que peu de chance d’intégrer le monde du travail ?  Ils sont Belges et subissent la violence des discriminations à l’emploi, au faciès, le racisme ordinaire, encore accru par la crainte justifiée du terrorisme ; au Maroc, en Algérie ou ailleurs ils ne sont plus acceptés comme des autochtones !  Ils sont donc dépourvus d’identité dans une région qui n’en a pas… il leur reste donc pour seul élément structurant la religion, celle-ci n’est pas seulement un rapport à la transcendance mais aussi un cadre global de vie d’une des grandes civilisations mondiales.  Comment s’étonner des dérives que l’on observe aujourd’hui, impensables il y a encore une quinzaine d’années.  La gauche a cru que le fait religieux, sa coloration du politique, appartenait définitivement au passé.  L’époque où le curé en chaire les jours d’élections expliquait à ses ouailles comment et pour qui voter appartenait au folklore électoral.  Tout le monde sait à Bruxelles que les imams eux perpétuent cette sainte tradition.  Pire, ce sont des élus PS qui supplient ou flattent les responsables des mosquées pour obtenir les mots d’ordre que nous avons reprochés aux curés pendant plus d’un siècle !

Le monde des émigrés et les Belges musulmans nous démontrent qu’ignorer, comme la gauche a tenté de le faire, le facteur religieux fut une lourde faute…
le retour vers le passé nous saute à la gorge… avec notre complicité électoralement intéressée.

Tous les démographes le prévoient, Bruxelles sera majoritairement musulmane d’ici une quinzaine d’année.  Les facteurs géographiques, la contention insensée de Bruxelles dans des limites économiques et sociales invivables, la démographie dans la population immigrée,  imposeraient des décisions majeures, rapides.  Je n’ai aucun doute que le gouvernement régional sera incapable de les prendre !  D’ailleurs, la question se pose de savoir si dans le contexte institutionnel actuel, il y a encore quelque chose à espérer.  Une autre politique est-elle possible ?  Plus modestement, une politique est-elle possible ?  Ou bien faut-il se contenter de poursuivre la politique brillamment menée par Picqué, la morbide politique du chien crevé au fil de l’eau.  Dans ce cas, toutes choses restantes égales l’avenir du PS bruxellois sera assuré par le « couple » Catherine Moureaux et Uyttendael, ils régneront sur un magma d’électeurs d’origine étrangère, dirigeront la fédération avec pour slogan le Bisounours du Vivre Ensemble et inviteront les derniers affiliés à venir se ressourcer dans un salon de dégustation halal- bio, nirvana absolu du politiquement correct !  Quand aux valeurs du PS !  Quelles Valeurs ?  Qui parle encore de valeurs ?  Elles ont été remplacées comme notre électorat.

Les conséquences étaient prévisibles.  Il y a une vingtaine d’années, une institution bruxelloise lors d’une inauguration avait prévu des distributions de crème glacée gratuite pour les enfants du quartier.  L’assaut fut vite incontrôlable. Certains policiers voulaient chasser les enfants, ceux-ci se mirent à hurler « vive Bajrami, il va venir nous aider, c’est notre héros ! »  Bajrami était un gangster célèbre à l’époque.  Aujourd’hui, seuls quelques ilotes osent nier que Bin Laden est considéré comme un héros dans une certaine fraction de notre population.  Est-il nécessaire de rappeler les connexions à Molenbeek de l’assassin du musée juif.  N’est-ce pas à Molenbeek que le terroriste du Thalys aurait obtenu ses armes ?  Les contacts entre les terroristes et cette commune sont aujourd’hui une évidence mondiale.  Mohammed Mehra, après avoir tué trois militaires français, assassina des enfants Juifs parce que Juifs ; il était né en France, avait suivi les cours d’une école publique pendant plus de dix ans.  Les terroristes de Londres, étaient anglais, nés et scolarisés en Angleterre.  Une accumulation de tels faits mériterait la plus grande attention.  Pour ne pas évoquer l’antisémitisme d’importation répandu dans toute la population d’origine émigrée qui s’apprend avec le naturel de la langue maternelle avec j’ose l’écrire pour certains un silence complice, une compréhension ignoble car s’il y avait à Bruxelles quatre cent mille Juifs et vingt-cinq mille Maghrébins, ceux-là qui se taisent et acceptent, les mêmes, se transformeraient en thuriféraires de l’Etat d’Israël jusque dans ses pires actes.  Je conserve la photo d’un élu socialiste Flamand qui, participant à une manifestation à Anvers, hurlait, éructant, le visage tordu de haine, les lèvres ourlées de bave blanche « les Juifs dans le gaz ! »  Cet élu assume aujourd’hui au  nom de son parti d’importantes responsabilités au parlement régional… sans conteste une intégration réussie !  Un partage de nos valeurs !  Ah ! mais attention, nos valeurs ont peut-être changé ?  L’antisémitisme en fait-elle partie ?  Personne n’ayant cru bon de nous en avertir.

La gauche refuse de voir le réel, c’est une constante, s’il ne cadre pas avec ses fantasmes, prisonnière d’un humanisme généreux mais impuissant, isolant le réel de l’imaginaire, elle croit éviter les drames en ignorant les faits… l’insécurité n’existait pas, seuls les petits vieux éprouvaient un sentiment d’insécurité…tout autre chose n’est-ce pas ?  En ignorant les faits, elle sera considérée comme complice des faillites de l’autorité publique.  On le lui reprochera avec raison pendant longtemps.

En terme de respect de nos valeurs, de défense de la laïcité, à Bruxelles c’est Munich tous les jours !

Ceux qui aujourd’hui gouvernent la fédération auraient avantage à visionner un vidéo d’un congrès du parti Baas au Caire au début des années soixante.  On y voit Nasser raconter qu’il a rencontré un Imam, celui-ci lui avait demandé que les femmes se voilent, Nasser, rigolant, lui avait répondu, qu’il n’avait que se voiler lui-même, toute la salle explosait de rire en applaudissant.  A la même époque, sur les plages d’Egypte, on pouvait voir des femmes en bikini !  Quel recul !  Nasser était-il un « bon » musulman ?  Combien de jeunes filles ou de femmes traversant certains quartiers se font elles insultées car elles n’arborent pas les vêtements qui agréent certains musulmans ?  Un film en a fait la terrible démonstration, ce qui n’a pas empêché les bonnes âmes du politiquement correct de nier ces faits pourtant vérifiables chaque jour dans notre ville.

EXISTE-T-IL DES SOLUTIONS ?

J’ose à peine esquisser quelques pistes, conscient que les gardiens du temple, chiens de garde de la ligne du parti, ou ce qu’ils qualifient de tel,  hurleront… mais bon, pourquoi te cacher que je m’en fiche royalement.

Au plan de la technique électorale, si on veut un équilibre entre les diverses composantes de la population bruxelloise, il est indispensable de limiter les votes de préférence à 3.  Simple à réaliser… seulement un peu de courage !

Au plan des valeurs, pourquoi ne pas imaginer une charte que signerait chaque candidat s’engageant à respecter les valeurs essentielles des Droits de l’Homme et du Citoyen, en particulier l’égalité absolue homme-femme.  Est-ce si compliqué ?

Au plan de la fédération bruxelloise, une charte devrait également être signée par les adhérents reprenant l’ensemble des valeurs sur lesquelles le PS a été fondé.

Au plan de l’enseignement, dans la lutte contre les ghettos scolaires, il est nécessaire de faire sauter les critères géographiques et mettre en place les mécanismes d’une vraie mixité dans toutes les écoles libres et publiques.

Au plan de l’apprentissage des éléments essentiels de notre culture et du respect de la culture des émigrés, organiser des cours relatifs à la culture des enfants émigrés, mettre en place des cours sur l’histoire des religions, sur ce qu’est la laïcité, des cours de citoyenneté qui ne se contenteront pas d’apprendre aux enfants le fonctionnement des feux de circulation ou la propreté bucco-dentaire. Des cours de citoyenneté et de langues devraient être organisés à l’intention des parents.

Au plan des repas scolaires, il n’y a aucune justification à fournir des repas conformes aux prescrits religieux, par contre les enfants doivent avoir le choix de menu de substitution ( végétariens ) ou autres.

Au plan des cours de natation et de gymnastique (niveau du primaire), ceux-ci doivent rester mixtes.

Au plan du logement, mettre fin aux règles absurdes qui conduisent aux ghettos, là aussi doit être imposée une mixité ethnique, sociale et économique

Au plan de l’octroi de la nationalité, celle-ci devrait s’accompagner d’une véritable adhésion à nos valeurs essentielles, sous forme d’un engagement formel et motivé.  Il doit en aller de même pour l’octroi du statut de réfugié.  Pourquoi ne pas oser une large réflexion sur les effets et conséquences de la double nationalité !  Symptomatique d’entendre récemment un député bruxellois d’origine maghrébine se plaindre des effets de la double nationalité qui d’après lui faisait de ceux qui en bénéficiaient des citoyens de « seconde zone. »  Ben voyons !  De quoi s’agissait-il ?  Un Belgo-Marocain ayant été arrêté au Maroc, ce député et quelques autres exigeaient que la Belgique en tant qu’Etat fasse pression pour le tirer de ce mauvais pas.  Le gouvernement répondit que l’intéressé étant Marocain, il lui était impossible de réagir.  C’est ce refus d’intervenir qui faisait dire à ce député que les bénéficiaires de la double nationalité étaient des citoyens de « seconde catégorie » !  Curieuse réaction en miroir ! Cela implique qu’on soit Belge quand cela présente un intérêt quelconque et qu’on est Marocain à d’autres moments.  On ne pouvait mieux démontrer les ambiguïtés de la double nationalité.  Attention,  attention vade retro Satanas,  mettre en évidence de  tels raisonnements vous classe immédiatement dans le camp des pires racistes.

AVENIR ET PROGRÈS, RACINES DE NOS VALEURS.

J’ai déjà évoqué le trouble profond de la social-démocratie dans le monde, les élections qui se succèdent confirment l’effroyable ressac de notre représentation, quasi disparition du Pasok en Grèce, Hongrie, effondrement et division en Grande-Bretagne, phénomène identique en Pologne… dans l’attente de l’inévitable drame qui se profile en France.  Lisant l’historienne française Mona Ozouf, je suis impressionné quand elle constate que si la gauche recule partout c’est notamment parce qu’elle a abandonné deux de ses piliers essentiels, les concepts d’avenir et de progrès.  Ces notions sont les socles ontologiques sur lesquels se sont construits les idéaux socialistes.  Il est donc permis à Régis Debray, tout en se revendiquant de  gauche, d’écrire que pour la première fois, il n’y a plus d’après ni au ciel ni sur la terre.  Incroyablement actuelle la définition du progrès par Michelet « Le progrès n’est pas du tout une ligne droite et suivie, c’est une ligne en spirale qui a des courbes, des retours énormes sur elle-même, des interruptions si fortes qu’il ne recommence qu’avec peine et lentement. »  On croirait qu’il parle de ce que l’on connaît en ce moment ! Aujourd’hui, les annonceurs de catastrophes tiennent le haut du pavé, dominent l’aire médiatique, c’est clairement la profession qui fait florès.  Nous sommes dominés par une eschatologie mortifère.  C’est d’ailleurs philosophiquement passionnant car l’espérance en terme chrétien est donc remplacé par l’annonce d’un  enfer climatique dont nous serions responsables.  Le messianisme marxiste faisant croire aux lendemains qui chantent est battu sur toute la ligne. Après avoir espéré dans l’avenir… c’est l’enfer qu’on nous décrit. Pour le Progrès, c’est pareil, alors qu’il a servi de main courante à toute la philosophie socialiste, le voici avalé, englouti dans un pessimisme général, une méfiance à l’égard de la science.  Qu’il suffise de songer aux efforts qu’il faut déployer pour soutenir les campagnes de vaccination.

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A ce triste panorama s’ajoute la disparition du croquemitaine communiste, lui aussi a sombré étouffé par sa bureaucratie, sa médiocrité et ses mensonges.  Or, les Etats communistes étaient essentiels à la social-démocratie, avec leur disparition, le « bâton derrière la porte » a été brisé.  Le communisme ne fait plus peur, que dire alors de son avatar socialiste.  Il n’est plus possible de soutenir qu’il faut nous céder « un peu » car si ce n’est pas nous… « ce seront les communistes ! »   La chute d’une autre « Goldman Sachs » effraye beaucoup plus !  Ce changement de perspective a tout bouleversé, ce n’était pas la fin de l’histoire comme voulait le faire croire Fukuyama, c’était le début d’une autre histoire mais nous socialistes n’avons rien vu, nous contentant de porter les oripeaux d’un monde disparu.  Dans cette histoire là, d’aucuns voudraient que nous n’ayons plus notre place.  Nous croyions entrer dans l’Union européenne et nous devenions des personnages d’un sinistre « Socialist park ! »

On pourrait croire que ces dernières considérations m’éloignent de la problématique bruxelloise, il n’en est rien !  Car, s’il se joue sur les grandes scènes de l’histoire l’acte tant redouté d’un énorme basculement dans les gouffres de la droite, à Bruxelles, minuscule laboratoire de l’affaissement de nos valeurs, se déroule un vaudeville mal ficelé où le PS bruxellois n’est plus que la caricature de ce qu’il fût.  Impossible d’éviter à Bruxelles que le comique supplante le tragique !  L’esprit dynastique, clanique et communautaire ayant pris la place des principes qui nous ont construits, ce n’est pas « Mr. Smith va au Sénat » mais la fille de la famille Beulemans devient députée régionale, normal, son papa était ministre. Seule question, celle-là toute personnelle, étant de savoir si cela vaut encore la peine de s’indigner, de contester, de se battre.  Faut-il pour se justifier citer Hugo, tiens un type qui croyait dur comme fer dans l’avenir et le progrès, « ceux qui vivent sont ceux qui luttent. »  Le grenier de ma mémoire est trop encombré des glorieux souvenirs des combats de la gauche pour que soit jugulé mon inépuisable réservoir de ressentiments.  Je ne veux pas être l’un de ces nombreux déçus qui pourraient chanter « j’avais rêvé un autre rêve. »   La gauche ne fait plus rêver… tu le sais Elio quand on ne rêve plus… On meurt !

Non ! Notre devoir est de surmonter les renonciations du désenchantement mortel, d’être capables de construire un autre rêve inscrivant les hommes dans un monde plus juste, plus humain dont les valeurs de la gauche resteront le socle !   La gauche, je n’ose pas parler de la gauche bruxelloise, ferait bien de méditer ce qu’écrit le philosophe Michael Foessel quand il suggère que « le fait de ne pas être réconcilié avec son passé constitue peut-être le seul moyen d’avoir un avenir. »

Voilà, Cher Elio, Ite Missa est !  Impossible que tu lises un jour cette pauvre lettre, trop longue, beaucoup trop longue, maladroite, sur les pitoyables successions dynastiques et communautaires à Bruxelles,  finalement dérisoires ; tu règleras les comptes lors de la prochaine négociation communautaire et basta !  Roulez jeunesse…

Mais que m’arrive-t-il ?  Ecrivant ces dernières lignes la tête me tourne tant l’oxygène que je respire maintenant est vif, la grille de lecture imposée aux socialistes bruxellois s’est brisée, les miasmes méphitiques de la pensée unique évaporés, disparus, je vais pouvoir être moi-même. Personne ne me dictera plus ce que je dois dire ou penser !  Soulagé… un mot s’inscrit sur mes lèvres, précieux, irremplaçable, essentiel, vital… LIBRE… enfin !

Hermanus Auguste Merry,
Bruxelles, le 9 Novembre 2015

Sur un sujet similaire :

Caricature antisémite : « Le PS doit réagir, sinon il ne bougera plus sur rien » (Le Vif, 2013)

Merry Hermanus: «Le vote multiple a des effets pervers» (Le Soir, 2015)

Interview de Jimmie Akesson (Démocrates suédois)

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Jimmie Åkesson, président des Sweden Democrats: interview exclusive

Ex: LE PEUPLE.

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 Jimmie Åkesson est jeune et paraît très jeune dans son costume impeccable. Le président du parti des Démocrates suédois (Sverigedemokraterna, SD) fait peur à toute la classe politique suédoise. Jimmie est à la tête du parti depuis 2005 et a réussi à le propulser à la troisième position sur l’échiquier politique aux dernières élections. Avec la crise des migrants illégaux que nous vivons aujourd’hui, les sondages créditent le parti de la première place en cas d’élections : 26%, nettement devant les Sociaux démocrates (socialistes) et les « Modérés » (centristes)…

Jimmie Åkesson est jeune et paraît très jeune dans son costume impeccable. Le président du parti des Démocrates suédois (Sverigedemokraterna, SD) fait peur à toute la classe politique suédoise. Jimmie est à la tête du parti depuis 2005 et a réussi à le propulser à la troisième position sur l’échiquier politique aux dernières élections. Avec la crise des migrants illégaux que nous vivons aujourd’hui, les sondages créditent le parti de la première place en cas d’élections : 26%, nettement devant les Sociaux démocrates (socialistes) et les « Modérés » (centristes)…

Comme pour le UKIP en Grande-Bretagne ou le Parti populaire en Belgique, les Démocrates suédois sont qualifiés de « populistes », de « conservateurs » ou de nationalistes, voire d’extrême droite par la classe politique traditionnelle qui a formé un gouvernement regroupant TOUS les autres partis pour « contenir » le SD. C’et la version suédoise du cordon sanitaire. Les Démocrates suédois sont donc le seul parti d’opposition au Riksdag, avec 49 élus sur 349. Ils ont 2 élus sur 20 pour la Suède au parlement européen.

Depuis 2006, leur logo est une fleur suédoise bleue et jaune, aux couleurs du pays, une variété d’anémone, et Jimmie a accentué l’évolution de son parti, commencée par le président précédent dans les années 1990 : plus de liaison au Front National français de Jean-Marie Le Pen, mais une affiliation à l’Alliance pour la Démocratie Directe en Europe (ADDE), qui regroupe le UKIP, Debout la France ! et le Parti Populaire en Belgique, ainsi d’autres partis en Pologne, Lituanie, Italie notamment. Les Sweden Democrats comptent 21.000 membres et tiennent 161 municipalités dans le pays sur 1.597.Le parti est très puissant dans le sud du pays (Scania, Blekinge) et dans des villes du sud comme Malmö (13%) ou Helsingborg (15% du vote).

Le Peuple a rencontré Jimmie lors d’un passage à Bruxelles, au Parlement européen. Nous lui avons posé quelques questions, auxquelles il a répondu avec le sourire.

Voyez-vous la situation comme favorable au Sweden Democrats en Suède ?

J.H. : Clairement oui. Nous faisons toujours l’objet d’un « cordon sanitaire » des 7 partis traditionnels qui ont préféré s’allier tous ensemble plutôt par exemple que de considérer la possibilité d’une alliance de droite sur l’échiquier politique. Le public n’apprécie pas l’exclusion du parti. C’est le refus du jeu démocratique, comme si on prenait les électeurs pour des enfants incapables de réfléchir. Leur objectif est de nous isoler et de limiter au maximum notre influence au parlement. Dans les conseils municipaux cependant, nous commençons à avoir un dialogue plus constructif et certaines de nos propositions sont acceptées. Elles sont d’ailleurs tout à fait raisonnable, faut-il le dire ? (Sourire)

Et comment cela se traduit-il au parlement ? On ne vous parle pas?

J.H. : Si si, maintenant on nous parle, comme nous parlons en ce moment. Mais impossible d’engager une discussion politique sur un sujet quelconque. Il y a une amélioration, probablement due au fait que nous sommes le premier parti dans les intentions de vote. Mais on essaie désespérément de nous mettre à l’écart en nous présentant comme des racistes et des xénophobes pour effrayer les électeurs. Mais ils en arrivent à créer l’ « effet ketchup » pour notre parti. Vous savez, vous tapez sur la bouteille, rien ne sort et brusquement toute la sauce est dans l’assiette.

Les partis au pouvoir disent leur attitude « responsable », mais certains commencent discrètement à adopter nos positions (les libéraux, les socialistes).

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L’immigration massive est un sujet d’inquiétude pour les Suédois ?

J.H. : Certainement. Vous savez, la Suède est un petit pays par son nombre d’habitants. Cela peut paraître curieux vu l’étendue du pays, mais nous ne sommes que 10 millions. Et nous sommes le pays d’Europe qui a déjà accueilli plus de migrants par tête d’habitant que tous les autres pays de l’Union européenne. Il faut que cette politique d’accueil s’arrête. La Suède est à la limite du décrochage. Nous ne parvenons plus à organiser l’accueil correctement. La politique des gouvernements socialistes mais aussi conservateurs qui se sont succédé a été une erreur.

Nous avons fait des propositions constructives, comme d’accorder des permis de séjour temporaire ; nous avons saisi le parlement… et ils ont tous voté contre. Mais il y a un subtil changement dans le débat. On peut maintenant parler de ces questions…

La politique migratoire doit être gérée… Le « melting pot », l’intégration qui était prônée il y a 30 ans n’a marché nulle part. Nous voulons une politique plus responsable, mais nous ne voulons pas que les décisions soient prises à Bruxelles, comme c’est le cas aujourd’hui. Tous les pouvoirs doivent émaner du peuple suédois. Les politiques européennes vont au-delà des intérêts nationaux. C’est inadmissible. Et bien sûr nous voulons continuer à commercer et à exporter. Il n’est pas nécessaire d’avoir une Union supranationale pour ça !

Qu’est-ce qui vous semble le plus dommageable dans cette politique ?

Vous savez, la culture suédoise, le caractère propre de la Suède sont fragiles. La population est peu nombreuse et notre langue n’est parlée qu’en Suède. Nous avons déjà la pression de l’anglais, langue internationale. Et les petites communautés où l’on impose un grand nombre de familles de migrants ne parviennent pas à les absorber, à les intégrer. Le différentiel est trop immense. La méfiance s’installe. Notre culture, nos traditions sont menacées. Dans de grands centres comme Malmö, de grandes parties des banlieues n’ont plus rien de suédois. On n’y parle même plus le suédois.

Comment définissez-vous votre parti ?

Nous considérons que l’Europe est constituée d’états-nations. Nous souhaitons que la Suède continue à être un état-nation indépendant. Disons que c’est du conservatisme nationaliste. Nous sommes au milieu de la palette politique ; parfois à droite sur les questions de société et la famille, parfois à gauche, nous votons la réduction des impôts pour les plus démunis et l’augmentation de la fiscalité sur les gros revenus.

Nous avons eu un gouvernement de droite pendant 8 ans et les citoyens s’attendaient à une amélioration de la sécurité, mais rien n’a été fait. Notre défense nationale a été bonne jusqu’à la chute du mur de Berlin. Depuis elle a été abandonnée. Aujourd’hui nous avons la menace terroriste, les questions posées par l’Europe orientale, etc… Il faut renforcer notre défense.

La pression fiscale est très forte en Suède et la population suédoise l’accepte de manière variée, mais elle a permis un état-providence qui fonctionne. Aujourd’hui malheureusement, nos villes sont remplies de migrants, ce sont de grands trous noirs. La Sécu. craque de toutes parts. Les abus de la prévoyance sociale sont énormes. Nous sommes à gauche et au centre-gauche sur ces questions de prévoyance sociale.

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Aviez-vous un problème de comportement de certains membres de votre parti ?

Dans les années 90 nous avons nettoyé le parti de tous les éléments racistes et xénophobes. Tolérance zéro pour l’extrémisme. Nous avons canalisé les énergies et notre popularité n’a cessé de grandir depuis lors. Nous avons aussi renforcé l’ancrage local en développant un maximum de sections locales. Et nous nous retrouvons aujourd’hui en tête dans les sondages. Il est vrai que la crise des migrants et sa non-gestion par l’équipe au pouvoir amène les électeurs vers nous.

Est-ce qu’il faut encore une Union européenne ?

Nous devons bien sûr garder une forme de structure légère, pour assurer la coopération entre états souverains. Certains traités sont bons, d’autre mauvais. Ce sera difficile, mais il va falloir revoir complètement le fonctionnement de l’Europe. Et en tout cas maintenant, il faut fermer les frontières et les garder fermées pour quelque temps…

Vous vouliez faire de la politique un métier, quand vous avez commencé, Jimmie ?

J’ai étudié l’Economie à l’université et mes professeurs étaient déjà sceptiques sur le projet européen, notamment sur l’Union monétaire. On voit ce qu’elle a donné ! J’aurais pu avoir un autre emploi, C’eût été plus simple. Mon but n’a jamais été d’être Premier ministre par exemple, mais quand la situation s’aggrave visiblement depuis des années et que l’électeur n’est pas entendu, vous vous devez de vous lever et d’agir…

L.R.

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Presseschau - Dezember 2015

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Presseschau

Dezember 2015

mardi, 01 décembre 2015

La grande hyperbole eurasienne

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La grande hyperbole eurasienne

Ex: http://www.leblancetlenoir.com

Elle nous mène d'Ukraine à Taïwan en passant par Daech, Poutine et Turquie, sur un échiquier qui se réchauffe...

Ces dernières années, Syrie et Ukraine ont été, suivant le principe des vases communiquant, les deux mamelles de la Guerre froide 2.0 : la Syrie jusqu'à l'automne 2013 et le glacial accord russo-américain, l'Ukraine qui prend le relais jusqu'à l'été 2015 et les accords de Minsk II, de nouveau la Syrie depuis septembre et l'intervention russe. De là à penser que quelqu'un (beau temps à Washington ?) allume des feux pour fixer Moscou, il n'y a qu'un pas...

Or, pendant que la case syrienne est plus que jamais en feu, il semble que la case ukrainienne recommence doucettement à se réchauffer. Il ne faut certes pas (encore ?) dramatiser la situation mais certains développements récents sont préoccupants.

Nous avions laissé l'Ukraine dans son conflit gelé, suite logique de l'accord de Minsk imploré par les Européens et convoité avec délice par Moscou. Non contents d'enfoncer leur pays dans une situation dramatique - PIB en chute libre de 15%, exportations en dégringolade d'un tiers - ou peut-être justement pour faire oublier ces piteuses déconvenues bien loin des promesses du Maidan, les clowns de Kiev reprennent une logorrhée vindicative que l'on n'avait plus entendue depuis quelques mois. Ca a commencé il y a cinq jours par le black-out électrique de la Crimée suite au sabotage de lignes à haute tension par les néo-nazis du Pravy Sektor si chers à la mafia médiatique de Saint-Germain-des-Prés. A ce propos, notons que l'Occident s'est à nouveau couvert de ridicule et de honte à l'ONU en refusant de voter, comme l'année dernière, un texte condamnant la glorification du nazisme - les Etats-Unis, le Canada et évidemment l'Ukraine se sont prononcés contre, l'Union Européenne s'est courageusement abstenue...

Deux jours plus tard, des instructeurs de l'OTAN (les habituels suspects : Américains, Canadiens et Lituaniens) commencent à entraîner des militaires ukrainiens dans la région de Lvov tandis que l'Ukraine, par la voix de son premier pitre ministre interdit son espace aérien à tout avion russe. Enfin, il semble que la tension soit remontée d'un cran sur la ligne de cessez-le-feu du Donbass, avec l'envoi par Kiev d'une quarantaine de chars et que des obus recommencent à pleuvoir sur le Donbass (jusqu'à 70 par jour selon l'OSCE). Dans le même temps, sur ordre du gouvernement, Naftogaz renonce aux achats de gaz russe, ce qui fera évidemment dire à l'imMonde que la Russie coupe le gaz à l'Ukraine...

Que mijote donc Kiev ? Est-ce un simple et puéril coup de menton ou les parrains US du régime ont-ils activé un nouveau plan afin de créer un point de fixation pour la Russie et l'obliger à s'activer sur deux fronts différents ? Ou plus simplement augmenter la tension et ainsi prolonger de nouveau les sanctions. Si ça ne les arrange pas du tout, les Européens, dociles caniches de l'empire, devront ravaler leurs chuchotées protestations.

En tout cas, ça chauffe autour de la hautement stratégique Mer noire. Au nord, l'Ukraine et la Crimée. Au sud... la Turquie. Nous disions qu'Ankara regretterait bientôt son coup de folie ; c'est apparemment déjà le cas si l'on en juge par la demande d'Erdogan de rencontrer Poutine pendant le sommet de Paris, proposition sèchement refusée par le maître du Kremlin. L'ours est en colère et les danses du ventre byzantines n'y changeront rien, ce que commence à comprendre avec un peu de retard le sultan...

Les accusations de complicité pétrolière entre Ankara et Daech se précisent et font leur trou dans la presse occidentale ; au contraire de ses dirigeants, l'opinion publique des pays de l'OTAN est échaudée par la flagrante complicité avec Daech et l'arrestation "pour trahison" de journalistes ayant documenté la fourniture d'armes aux djihadistes syriens. En même temps, de plus en plus de voix se font entendre qui critiquent vertement le comportement de l'aviation turque, y compris au sein de la hiérarchie militaire américaine (ici et ici).

Après les lourdes mesures de représailles russes hier, c'est une nouvelle avalanche qui tombe sur Ankara. Le régime de visa est rétabli pour les Turcs. Plus grave, la Russie prépare une résolution à l'ONU sur le financement du terrorisme qui va mettre la Turquie au supplice. Enfin, Lavrov, qui a d'ailleurs prévenu qu'Ankara avait franchi la "ligne rouge", a annoncé que Russes et Syriens étudiaient le moyen de sceller la frontière syro-turque, empêchant l'approvisionnement des djihadistes (et, dans l'autre sens, le transport du pétrole vers qui vous savez).

Tout cela sans compter l'éventuel armement des Kurdes ! Le petit moment de gloriole de Ben Erdogan risque fort de se transformer en harakiri sultanesque ; en quelques jours, il a tout perdu...

A propos d'avion, les Israéliens, moins fous que les Turcs, ont fait savoir qu'ils ne tireraient en aucun cas sur un jet russe même si celui-ci débordait légèrement sur son espace aérien. Quand au gouvernement irakien, il a menacé d'abattre tout avion qui aiderait Daech. Dans le contexte actuel, le message est adressé à Ankara (et peut-être aux Etats-Unis, même s'il paraît assez inconcevable que Bagdad puisse les menacer).

Sur le terrain syrien, l'armée continue de reprendre villes et villages, même si la reconquête est difficile et relativement lente. Mais la balance de la guerre a changé, sans doute définitivement. Assad ne regagnera peut-être pas tout mais ne perdra plus maintenant. Laurent "Al Qaeda fait du bon boulot" Fabius l'a sans doute compris, lui qui vient de déclarer que, ô sainte horreur, finalement oui, l'armée syrienne pourrait être associée à la guerre contre Daech. Fafa la tulipe et Flamby retournent leur veste à la onzième heure ou, plus simplement, ils ouvrent les yeux après des années de coma délirant.

Ca va donc plutôt mal pour les Américains - est-ce la raison du regain de tension en Ukraine ? -, pour les Saoudiens et pour les Turcs. Mais plus encore pour leurs filleuls djihadistes en général, daéchique en particulier. La guerre sera encore longue mais le vent a définitivement tourné. Nous écrivions il y a peu que Daech, après avoir tenté de construire un Etat, fait unique dans l'histoire du terrorisme, retournerait à ce qu'il est fondamentalement, à savoir une organisation djihadiste internationale. Plus son califat est cerné et se déconstruit territorialement, plus il commet d'attentats à travers le monde (l'attaque de la mosquée chiite au Bangladesh hier est là pour nous le prouver).

A cette étonnante capacité planétaire que n'avait pas Al Qaeda s'ajoute une intelligence de situation, un art de la provocation, une subtilité qui là aussi sont uniques dans l'histoire du djihadisme. Dernier exemple en date, dans une vidéo au professionnalisme impeccable : la facétieuse provocation vis-à-vis de la Chine que constitue... la reconnaissance de Taïwan ! Imagine-t-on les rustres barbus de Ben Laden narguer ainsi l'Empire du milieu ?

Certes, Obama a bien aidé avec sa bourde au sommet de l'ASEAN la semaine dernière, déclarant en substance que Taïwan faisait partie de la "coalition internationale", alors que l'île non reconnue internationalement n'intervient que dans le domaine humanitaire. Mais était-ce vraiment une bourde ? Les Taïwanais sont assez furieux d'être mis dans le collimateur de Daech mais le timing est parfaitement choisi, trois semaines après la rencontre historique entre les présidents chinois et taïwanais.

Coup tordu américain, utilisant la caisse de résonance de l'organisation terroriste la plus communicante de l'histoire pour torpiller tout rapprochement entre les frères ennemis qui, à terme, ouvrirait le Pacifique à Pékin et mettrait fin au containment de l'Eurasie sur son flanc oriental ? Coup fumant de Daech, dont l'intelligence stratégique et l'implication dans les affaires planétaires ne sont plus à démontrer, ennemi du monde entier et s'amusant à le diviser ? Il est piquant de constater qu'ici encore, Etats-Unis et Etat Islamique marchent - involontairement ? - dans la même direction...

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2015/11/la-grande-hyp...

Gilles Kepel: «Le 13 novembre? Le résultat d'une faillite des élites politiques françaises»

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Gilles Kepel: «Le 13 novembre? Le résultat d'une faillite des élites politiques françaises»

Ex: http://www.letemps.ch

Politologue et sociologue, Gilles Kepel est internationalement reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du discours djihadiste et de l'islam en France. Il revient sur la dernière vague de terreur qui ébranle la France, bien trop prévisible pour l'intellectuel quelque peu désabusé de prêcher depuis des années dans le désert. Entretien.

Au lendemain des attentats du 13 novembre, un message de revendication était diffusé sur le Net par la voix d'un converti français. «Rhétorique pseudo-islamique à la sauce des banlieues populaires françaises», réagit aussitôt Gilles Kepel.

GK4.jpgPolitologue et sociologue, Gilles Kepel est internationalement reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du discours djihadiste et de l'islam en France. Voici plus de trente ans qu'il étudie en parallèle l'émergence de l'islamisme radical dans le monde arabe et l'évolution des musulmans dans son pays. Son dernier livre «Terreur dans l'Hexagone» devait paraître en janvier. Gallimard, son éditeur, a anticipé la sortie au 15 décembre, avec un avant-propos sur la dernière vague de terreur qui ébranle la France. Un acte bien trop prévisible pour l'intellectuel quelque peu désabusé de prêcher depuis des années dans le désert. Nous l'avons rencontré dans son bureau parisien de Sciences Po.

Le Temps: Le 13 novembre est la conclusion tout à fait logique de votre livre, dites-vous?

Gilles Kepel: Il y a un mois, avant même sa sortie, on m'accusait de faire un titre sensationnaliste pour me faire remarquer. Aujourd'hui, il est un peu en-deça du tambour de la presse qui titre partout «guerre, guerre, guerre». Là, je suis un peu plus dubitatif. Toute ma vie universitaire, j'ai essayé de marcher sur deux jambes, l'une étant ma formation d'orientaliste arabisant éduqué au Moyen-orient, et l'autre qui était la filière française et européenne, avec l'étude des banlieues de l'islam – c'est malheureusement la jonction entre les deux qui s'est produite avec les attentats djihadistes de 2015 en France. Cela ne m'aurait pas gêné que le monde soit différent de ce que je craignais qu'il devint.

GK1.jpg– Vous semblez désabusé.

– J'en veux à la fois à l'université française qui a détruit complètement les études arabes au moment même où Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu déclenchant la révolte arabe, et à nos dirigeants.

– C'est-à-dire?

– Je fais une critique au vitriol de la façon dont nos élites politiques conçoivent la nation. La France - peut-être pour un Suisse cela apparaît-il de façon claire - est gangrenée par une haute fonction publique omnisciente et inculte qui méprise l'université, notamment les études qui sont dans mon domaine. Donc on a abouti à ce à quoi on a abouti… Le monde du renseignement s'est endormi sur ses lauriers après s'être débarrassé de Kelkal (Ndlr, terroriste d'origine algérienne qui a commis plusieurs attentats en France avant d'être abattu par la police fin 1995), jusqu'à Merah, et finalement il n'a pas compris le passage au djihadisme de 3e génération. Il y a aussi une incapacité à comprendre ce qui se noue dans la sédentarisation de l'islam de France, ses acteurs, le jeu des élus avec le salafisme pour avoir la paix sociale. C'est l'incapacité globale de notre élite politique.

– On a presque l'impression d'entendre Michel Houellebecq qui, dans une tribune publiée dans le New York Times, traite le premier ministre de «demeuré congénital» et vomit les élites.

– Je n'utiliserais peut-être pas les mêmes termes. Le chapitre six de mon livre commence par Houellebecq puisque la journée du 7 janvier a commencé avec son interview à la matinale de France Inter. Encensé par la presse pour son livre précédent qui avait obtenu le prix Goncourt, Houellebecq est alors brûlé par la même presse sur le thème «C'est un islamophobe». Ce matin-là, Caroline Fourest interpelle Houellebecq. Il dit : «Oui, euh, oh, oui, oui… (il imite la voix de Houellebecq), je crois pas avoir lu de ses livres. Je me suis documenté pourtant, je me suis arrêté à Gilles Kepel. » A ce moment-là le téléphone se met à chauffer, des collègues m'objurguent de me désavouer d'avec Michel Houellebecq, islamophobe. Je n'en fais bien sûr rien. Je viens ensuite dans mon bureau et c'est là que j'apprends l'attaque contre Charlie Hebdo. Et je dis à mes collègues: maintenant ils vont tuer des «apostats» et des juifs. J'avais lu et traduit en français Abou Moussab al-Souri, le théoricien de ce nouveau djihad qui avait rompu avec Ben Laden. Il avait expliqué que c'en était fini avec l'Amérique, la stratégie d'Al Qaida avait été un échec, c'était de l'hubris. Il fallait désormais attaquer le ventre mou de l'Occident, l'Europe, pour y déclencher une guerre civile en utilisant la population mal intégrée et les camps d'entraînement au Levant. Tout cela, je l'ai écrit dans «Terreur et Martyre» paru en 2008 mais personne ne s'y intéressait à l'époque – et c'est effectivement ce qui s'est passé. Aujourd'hui certains disent qu'al-Souri est mort. On n'en sait rien, mais cela n'a plus d'importance car ses textes continuent de circuler, dans le monde du tweet il n'y a plus d'auteur.

– Vous avez lu «Soumission»?

– En fait, l'éditrice de Houellebecq m'avait demandé de regarder les épreuves avant la publication de «Soumission» pour voir dans quelle mesure il courait un risque. J'avais dit que de mon point de vue, il n'y avait rien qui porte atteinte aux valeurs sacrales de l'islam, il n'insulte pas le prophète. Il ironise sur ce Mohamed Ben Abbes, fils méritant d'épicier tunisien, énarque et polytechnicien qui devient président de la République. C'est une fiction, assez drôle (il ne faut bien sûr pas la suivre comme étant la réalité, la réalité est différente), mais qui attrape assez bien un certain nombre de clivages de la société française. Il force le trait mais c'est un livre très intéressant. Notez que les quatre auteurs de langue française les plus fameux ou primés de l'année sont Houellebecq, Hédi Kaddour, Boualem Sansal et Mathias Enard, qui tous traitent de ces sujets. Cette année 2015 aura commencé par Charlie et l'Hyper Cacher et s'achève avec d'une part avec la pègre djihadiste – parce que c'est une pègre, on n'est plus du tout à l'époque de Ben Laden et Zawahiri. Tous les éléments de l'enquête sont hallucinants: la dérive d'Abdel Hamid Abaaoud, qui erre après l'attentat au Bataclan, prend le métro à Montreuil,  et qui finit grâce à sa cousine dans ce squat sordide de Saint-Denis où il est abattu - et la victoire attendue de Marine Le Pen aux élections régionales d'autre part. Cela veut dire qu'il y a un séisme dans la société française et que nos élites sont défaillantes.

– C'est-à-dire?

– C'est-à-dire que les clivages dans la société font un peu penser au 18e siècle avant la révolution française.

GK2.jpg– Cela signifie-t-il la stratégie d'Al-Souri de guerre civile s'impose ?

– On n'en est pas là. Quand François Hollande dit «C'est la guerre», «Nous sommes face à une armée djihadiste», on a l'impression qu'il se regarde au miroir que lui tend Daech. Moi je ne crois pas à cela. Une guerre se mène contre un Etat. L’État islamique est-il vraiment un Etat ? Non. Si guerre il y a, elle est au Levant. C'est le fait d'une coalition internationale qui a décidé de se débarrasser de Daech. Mais, prise dans ses contradictions, elle ne marche pas.

– Pourquoi?

– Les Turcs, au fond, trouvaient que Daech c'était pas mal puisque que cela permettait de tenir les Kurdes en laisse. Et puis ils leur achetaient du pétrole à très bas prix. Les Saoudiens et les gens du Golfe trouvaient eux que Daech permettait d'avoir une force efficiente pour détruire le système assadien, allié de l'Iran et donc d'affaiblir le croissant chiite. Les Russes au fond trouvaient eux aussi que Daech c'était plutôt bien puisqu'ils bombardaient les «djihadistes modérés» comme disent un certain nombre d'ânes de la politique étrangère française. Entre Assad et Daech, il y a un équilibre dans l'horreur, mais il faut bien voir que ce n'est pas Assad qui fait les attentats en France. Et pour cela, la ligne de la politique française, qui faisait de la «neutralisation» d'Assad un préalable, a changé. C'est le sens de la recherche par François Hollande d'une coalition qui a la neutralisation de Daech comme priorité, désormais...

– D'autres attentats les ont précédés, à Beyrouth, l'avion russe…

– Pour les Russes, Daech est désormais un vrai problème. Même s'il n'a pas d'opinion publique à proprement parler, Poutine est obligé de montrer qu'il fait quelque chose contre ceux qui ont détruit l'avion russe au Sinaï, des enfants sont morts comme ici dans le 10e et le 11e arrondissement. Mais aujourd'hui, il y a eu un deuxième avion russe abattu, par la DCA turque, et cela montre les limites de la coalition! De son côté, Erdogan a remporté à nouveau les élections, mais il a besoin de se refaire une virginité en Occident car son image s'est beaucoup dégradée. Il met donc des moyens contre Daech - on verra jusqu'où... Quant aux Saoudiens, ils sont très ennuyés par cette histoire car Daech apparaît maintenant comme une source de légitimité islamique face aux régimes corrompus et occidentalisés de la péninsule. L'auteur algérien Kamel Daoud a écrit que «l'Arabie saoudite c'est Daech qui a réussi». Il y a de ça. Le régime saoudien voit avec beaucoup d'inquiétude la possibilité que Daech s'empare de Damas. Selon les prévisions apocalyptiques salafistes – des propos du prophète remis à la mode du jour - c'est de Damas, Sham en arabe, que viendra l'apocalypse, moment à partir duquel l'islam se répandra à la surface de la terre. Tout cela, on y croit en Arabie saoudite, c'est ce que diffusent les oulémas saoudiens. Si Damas tombe aux mains de Daech, Médine et La Mecque ne pourront plus grand-chose pour protéger le régime. Il y a une vraie inquiétude.

GK3.jpg– Daech est devenu un concurrent.

– Le concurrent d'un régime qui a par ailleurs changé. Il s'est considérablement rajeuni. Longtemps, lorsque des Saoudiens venaient me voir, je passais pour un bambin, ils avaient 80 ans. Aujourd'hui je me sens un vieillard. Dans l'entourage des princes héritiers, ce sont des gens qui ont 35 ans qui sont aux commandes. C'est extrêmement rapide, comme ailleurs dans le Golfe. Il y a donc beaucoup de gens qui ont aujourd'hui intérêt à battre Daech. Mais sur le sol européen, on ne peut pas parler de guerre. C'est une opération de police qui implique d'avoir un renseignement efficace et le renseignement préventif ne l'est pas, Schengen n'aide en rien. Ils sont parfaitement capables de se faufiler dans tous les interstices possible. La différence, c'est qu'en janvier vous aviez des gens ciblés : des «islamophobes», des «apostats», des juifs. Là ils ont tué tout le monde de manière indiscriminée en visant la jeunesse bobo-branchée du Xe et du XIe arrondissement, ainsi que les jeunes issus de l'immigration qui habitent aussi ces quartiers.

– Avec quel but ?

– Un: terroriser l'adversaire. Deux: viser des soutiens auprès de sympathisants. Le 11 janvier, il y a eu une immense manifestation «Je suis Charlie». En même temps, un certain nombre de jeunes «issus de l'immigration» disaient «Chah», ce qui veut dire «Bien fait!» en arabe maghrébin dialectal, ou «Je ne suis pas Charlie». Vous aviez aussi des milliers de «like» pour Merah sur les pages Facebook. En janvier, ils ont mobilisé des soutiens. Là, en novembre, très peu. Il y a très peu d'affirmation d'identification à Daech.

– C'est une rupture, ils sont allés trop loin ?

– Oui. Il est possible que ce soit de ce point de vue-là un vrai souci dans leur stratégie.

GK5-130561514.jpg– Si l'on revient à la guerre de Hollande contre Daech, cela représente un tournant pour un pays qui se montrait le plus intransigeant face à Bachar al-Assad...

– Il a perdu de sa crédibilité pour monter une coalition. Au départ, il y avait ici une ligne selon laquelle la Syrie était notre guerre d'Espagne. Le dire semble romantique, mais c'est une idiotie. Car cela veut dire que toute personne qui va se battre en Syrie le fait avec la bénédiction de l’État. Et c'est ce qui s'est passé avec les djihadistes. C'était un manque de vision, un manque de connaissance. On était tous focalisé contre Assad, pour lequel je n'ai pas de sympathie, mais le résultat est qu'on n'a pas vu venir Daech. Aujourd'hui, cette ligne a été mise sous le boisseau puisqu'on cherche à s'allier avec les Russes pour se débarrasser de Daech. Notez que les Russes non plus ne sont pas des fans d'Assad. Ils ont préservé Assad parce que c'était la façon de garder leur position sur place.

– Et pourtant Daech est en partie une créature d'Assad.

– Bien sûr. Longtemps, ils ne se sont pas battus entre eux. Daech se battait contre les autres rebelles, le régime était très content. C'est un peu la même tactique que les Russes avaient préconisée en Algérie pour combattre la rébellion dans les années 1990, c'est-à-dire susciter des ultra radicaux qui se battent entre eux. Finalement l'explosion de la violence dégoûte les sympathisants. C'est ce qui s'est passé en Algérie en 1997, puis en Egypte aussi. Est-ce qu'on en est arrivé à ce point avec Daech en France, c'est trop tôt pour le dire. De leur point de vue, sur le plan quantitatif, ils ont tué beaucoup plus de monde qu'en janvier.

– Comment définissez-vous le djihad à la française?

– Il y a toute une histoire française qui est passé par la communauté d'Artigat, dans l'Ariège, où l'on retrouve Thomas Barnouin, qui est le grand idéologue du djihad francopohone, la fratrie Merah, des convertis comme les frères Bons. Quand vous appelez les djihadistes français au téléphone, me disent ceux qui sont à leur contact, vous avez parfois un fort accent du sud-ouest, au bout du fil... pas seulement un accent reubeu...

– Dans ce djihadisme made in France, quelle est la part d'explication relevant de facteurs économiques et sociaux, des problèmes d'intégration de l'immigration, des dérives sectaires ou religieuses, de la criminalité ?

– C'est un mélange. La criminalité se retrouve dans les cas les plus lourds: Merah, Kouachi, Coulibaly, Abdeslam, Abaaoud. C'est l'itinéraire de braqueurs. Et c'est l'incubateur carcéral qui a joué un rôle clé pour transformer ces braqueurs en djihadistes. Le passage par la prison est fondamental. Là encore, vous avez une défaillance des élites politiques françaises: tous ces types sont devenus extrêmement dangereux durant la décennie 2005-2015, quand ils sont passés en prison, sous le contrôle de l'administration pénitentiaire.

– Quelle doit être la riposte?

– Emmanuel Macron posait cette question dimanche dernier: comment s'est constitué le terreau et pourquoi la machine à intégrer ne marche plus. J'ai travaillé en Seine St-Denis pendant une année, cinq ans après les émeutes de 2005, pour comprendre comment la rénovation urbaine s'était mise en place, mais le travail est toujours absent. Il faut qu'il y ait des stratégies éducatives qui permettent à des jeunes d'occuper des emplois auxquels ils sont aujourd'hui inadaptés en sortant de l'école. L'école est décrédibilisée parce qu'elle n'apporte pas d'emploi, du coup les valeurs qu'elle enseigne - c'est-à-dire la laïcité - sont nulles et non avenues dans l'esprit de nombreux jeunes de milieux défavorisés. On est dans un cercle vicieux. Le terrorisme n'est pas quelque chose de génétique: c'est l'aboutissement d'un processus dans lequel les utopies d'extrême-gauche et d'extrême-droite sont tombées en déshérence, en putréfaction. Le djihadisme rattrape aussi tout cela.

– Qu'en est-il des autres causes?

– Il y a l'explication psychiatrique. Le père a généralement disparu et la mère se retrouve seule face à des fratries avec une substitution du père par les pairs et la projection dans le départ en Syrie pour redresser les torts privés et publics.

– Et il y a le salafisme.

– Il y a un débat à ce propos. Des gens vous disent que c'est formidable, parce que cela maintient la paix sociale. On voit émerger des communautés, parfois d'anciens gauchistes, comme celle d'Artigat en Ariège, passée du chichon à la charia. Le problème est de savoir quand le salafisme dit «quiétiste» bascule dans le salafisme djihadiste. Les quiétistes disent qu'ils n'ont rien à voir avec les autres. Je pense que ce n'est pas si simple. Artigat en est un très bon exemple. Au départ cela se veut quiétiste, on fait de la poterie. Finalement, toute la mouvance djihadiste du sud-ouest passe par là, de Merah au frères Clain qui ont lu et psalmodié le communiqué de Daesh après le 13 novembre. Le problème du salafisme est la rupture en valeurs avec les normes de la société ambiante. Et à partir du moment où vous êtes en rupture en valeurs, le substrat du passage à l'acte est là, même s'il n'a pas toujours lieu.

– Et ce passage du salafisme quiétiste au djihadiste est dû…

– … essentiellement à des raisons affinitaires. Quand vous êtes dans ces milieux désocialisés, que vous avez un gourou qui est éloquent, vous basculez.

– Le salafisme nous ramène à l'Arabie saoudite puisqu'il en est la source. Peut-on lutter contre le salafisme tout en vendant des armes à l'Arabie saoudite ? N'est-on pas là au coeur de la contradiction française?

– C'est très complexe effectivement. Le budget de la France doit beaucoup à la vente d'armes financées par les Saoudiens, que ce soit pour l'armée égyptienne, l'armée libanaise ou pour eux-mêmes. Quelles sont les contre-parties à ces budgets, ça je ne le sais pas.

– Les Saoudiens ne financent-ils pas les prédicateurs salafistes qui créent le terreau de la terreur?

– C'est difficile à dire quand vous n'avez pas vous-même accès aux organismes qui traquent l'argent. Mais l'influence de ces prédicateurs sur les réseaux sociaux est immense.

lundi, 30 novembre 2015

Heimwee naar Molenbeek

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Heimwee naar Molenbeek
 
door Francis Van den Eynde
Ex: Nieuwsbrief Deltastichting, Nr. 98, November 2015

Het onderzoek naar de Belgische participatie aan de bloedige aanslagen van vrijdag 13 november in Parijs was nog maar pas begonnen of er werd al een ernstig spoor naar Molenbeek blootgelegd. Nog geen 24 uur na de moordpartijen was de politie er immers al met man en macht in de buurt van de Gentse Steenweg huiszoekingen aan het houden en verrichtte ze er aanhoudingen. De grootscheepse operaties van de ordediensten die er de dagen daarna plaatsvonden bleven ook niet onopgemerkt. Plots was gans de wereld er van op de hoogte dat deze gemeente uit de Brusselse agglomeratie – ook al had niemand er ooit van gehoord – het belangrijkste bolwerk was van de Europese radicale islam.
 


Wie ook maar iets afweet van wat zich in en rond deze gemeente afspeelt, zal hier nochtans niet van hebben opgekeken. De laatste jaren werd immers bij praktisch elke bij ons of in onze buurlanden gepleegde islamitische terreurdaad een link met Molenbeek ontdekt. Ten gevolge van het feit dat een massaal aantal immigranten uit Noord-Afrika en het Midden-Oosten er zich van af pakweg de jaren 80 van de vorige eeuw kwamen vestigen is de situatie er bovendien alles behalve rooskleurig geëvolueerd. Naar Antwerpse normen vertaald, zou ik durven zeggen dat ze te vergelijken valt met die van Borgerhout vermeerderd met die van Deurne maar dan maal 30, naar Gentse maatstaven met die van de Sleepstraat plus die van de Wondelgemstraat maar dan maal 60. Wie dit in twijfel zou trekken, verwijs ik naar een getuige wiens objectiviteit moeilijk in twijfel kan getrokken worden, namelijk Hind Fraihi, een Vlaamse journaliste van Marokkaanse afkomst die bovendien zelf moslim is. Ze ging in 2005, vermomd als studente sociologie, een paar maanden in Molenbeek wonen. Haar bedoeling: nagaan of de geruchten klopten dat het islamitisch radicalisme er zo welig tierde. Het resultaat van haar onderzoek verscheen in de kranten Het Volk en Het Nieuwsblad maar vooral in haar boek Undercover in Klein-Marokko, achter de gesloten deuren van de radicale islam dat in 2006 bij Van Halewijck gepubliceerd werd. Hierin deed ze uitvoerig uit de doeken dat er toen al (het is tien jaar geleden) in Brussel en in het bijzonder in Molenbeek netwerken bestonden die voor de Jihad rekruteerden en dat Molenbeek door een verregaande islamisering een ware moslimenclave in België was geworden.

Beweren dat het boek dood gezwegen werd, zou overdreven zijn maar er mag wel gezegd worden dat de weinige aandacht die er naar uitging onmiddellijk bedolven werd onder een tsunami van politiek correcte reacties. Er werden dan ook helemaal geen beleidsconclusies uit haar vaststellingen getrokken. Integendeel de Molenbeekse burgemeester Phillipe Moureaux, in die tijd een van de belangrijkste coryfeeën van de Brusselse PS, verklaarde een tijdje later voor een Franstalige Tv-zender dat Vlaanderen hysterisch deed over Molenbeek, terwijl daar volgens hem niets bijzonder aan de hand was. Over het feit dat er in datzelfde Molenbeek wijken waren die voor de politie no go areas waren, repte hij uiteraard met geen woord. Wel maakte hij duidelijk dat hij er niet aan dacht iets te ondernemen. Dat dit alles te maken had met het feit dat de PS, net zoals de socialisten in Vlaanderen, de stemmen van de ‘nieuwe Belgen“ nodig had om het verlies aan aanhang bij de arbeidersklasse te compenseren, werd er niet aan toe gevoegd. Moureaux was achter niet de enige die de Molenbeekse realiteit bewust ontkende. Wie hier ook in uitblonk, was de ex-dominicaan Johan Leman (van de orde van de inquisitie dus) die jaren lang als opvolger van Paula D’ Hondt aan het hoofd gestaan heeft van de gedapo (gedachtepolitie) die van het regime de naam C.G.K.R. (het zogenaamde Centrum voor Gelijkheid van Kansen en Racismebestrijding) heeft gekregen. Hij had in Molenbeek aan het hoofd gestaan van het jeugdcentrum Foyer en was van mening dat er zeker geen reden was om zich over de evolutie in deze gemeente ongerust te maken*. Hij kreeg voor dit standpunt de enthousiaste steun van een horde Vlaamse bobo’s en progressievellingen die met veel subsidies in Molenbeek theatervoorstellingen en concerten op het getouw gingen zetten omdat die gemeente een diepe multiculturele warmte uitstraalde en het er toch zo gezellig was.

Ik weet niet of ze dit laatste zelf geloofden maar indien dit toch het geval mocht zijn dan vrees ik dat ze geen enkel besef hebben van wat eigenlijk gezelligheid is (iets wat bij links vaker voorkomt). Molenbeek is inderdaad gezellig …geweest. Als geboren Brusselse ”ket “ herinner ik mij de ondertussen berucht geworden Gentse Steenweg als de zeer levende centrumstraat van een volkse gemeente. Je vond er heel wat handelszaken waaronder heel wat klerenwinkels die uiteraard niet te vergelijken waren met de chichi shops van de Louizalaan maar die aan een behoorlijke prijs toch kwaliteit leverden. Er was een drukbezochte buurtbioscoop. Om je dorst te lessen kon je terecht in een groot aantal gezellige kroegen waar hoogwaardig geuze bier werd gesleten en waar het lokale lied “waile zaain van Muilebeik’ telkens luid gezongen werd wanneer Daring, de lokale voetbalploeg, een wedstrijd had gewonnen. Iedereen praatte er sappig Brussels en elke Vlaming kon er in zijn eigen taal terecht. Wanneer het kermis of braderij was, kon je er op straat genieten van een knapperig broodje met een zwarte of een witte pens die dan met mosterd op smaak werd gebracht. Die gezelligheid is een goede dertig jaar terug door de massale immigratie totaal verdwenen. Er zijn nog handelszaken op de Gentse Steenweg maar hun uitstalramen zijn van Arabische opschriften voorzien, in de cafe’s wordt nu muntthee gedronken en in de plaats van pensen kan je er nu voor merguez-worsten bij de halalslager terecht. Met andere woorden, dit prachtig stuk Brussel is definitief verdwenen en in naam van de politieke correctheid en van het antiracisme heeft men er een citadel van islamradicalisme laten ontstaan. De gevolgen van een en ander zijn vandaag in gans Europa voelbaar.

Ik besef maar al te goed dat men op heimwee geen politiek beleid kan voeren en dat het oude Molenbeek nooit meer zal terug komen. Maar wanneer ik denk aan hoe het dat stuk van mijn geboortestad vergaan is, kan ik niet anders dan woedend worden wanneer men mij weer eens probeert te overtuigen van de enorme voordelen die de multiculturele maatschappij te bieden zou hebben.
 
Francis Van den Eynde
 
In het Journaal van TV & van 16 november probeerde Johan Leman nog steeds de Molenbeekse daders van de aanslagen in Parijs met volgende uitspraak te verdedigen: Jongeren die geen toekomst hebben en sociaal dood, zijn vaak geneigd voor een heldhaftige dood te opteren.
 

Rassegna Stampa, 11/2015

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Rassegna Stampa, 11/2015:
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samedi, 28 novembre 2015

Oscar Freysinger: La trahison des élites

 

Oscar Freysinger

La trahison des élites

ASIN (Association pour une Suisse Indépendante et Neutre), Genève, 21 novembre 2015

Faits et acteurs du Vendredi 13

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Faits et acteurs du Vendredi 13

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Vendredi 13. Une date que l’on retiendra et les superstitieux ne manqueront pas d’y voir un signe. A croire que ce n’était pas un hasard… Non, effectivement. Nous le verrons dans cette série d'articles. En ce jour noir, la France a connu la pire attaque terroriste de son histoire. En six attaques quasiment simultanées à Paris et au Stade de France, notre pays est revenu à la réalité. Il faut dire que les attentats de Janvier n’avaient pas réellement touché les Français eux-mêmes mais une caste journalistique hautaine et moralisatrice. Celle-ci, bien qu’étant portée aux nues par nombre de nos compatriotes lobotomisés, n’avait finalement pas grand-chose à voir avec eux. Les gens ont bien vite zappé et « l’esprit Charlie » s’était évaporé depuis des mois… Cette fois, c’est différent. Le peuple, Monsieur tout le monde, a été visé. Et touché. Au restaurant, au stade, en concert, dans la rue. L’homo festivus a été la victime de l’immigré terroriste dans un pays qui paraît incapable de protéger sa population. De multiples raisons l’expliquent : idéologiques et politiques. Au cœur d’un système globalisé, le pays légal (la République) a tout fait pour étouffer le pays réel (les Français). Cela dure depuis des décennies. Les « élites » qui nous dirigent nous ont menés dans le mur, à un point de non-retour, à une guerre avec un ennemi qui est à la fois intérieur et extérieur. Elles sont responsables et nous avons tout à craindre des évolutions futures de la situation, tant vis-à-vis d’éventuelles nouvelles actions terroristes sur notre sol et en Europe qu’au niveau du renforcement du pouvoir étatique par le biais de lois liberticides qui ne risquent pas d’être limitées à des fondamentalistes qu’on commence seulement à inquiéter alors que leur dangerosité est connue depuis toujours.

Comme nous l’avions fait pour les attentats de Janvier ou, plus récemment, sur la question des « migrants », nous diviserons la question en plusieurs Regard sur l’actu. Notre propos y gagnera en clarté, d’autant que la masse d’informations à traiter est énorme. Il va sans dire que nous ne prétendons ici aucunement à l’exhaustivité.

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Quelques éléments importants de l’affaire

Les faits, tout le monde les connaît et il serait laborieux de revenir en détail sur eux. Au-delà du nombre énorme de morts et de blessés, c’est la méthode employée qui fait froid dans le dos : mitrailler, tuer de manière directe et indistincte pour finalement se faire exploser. Psychologiquement, pour les agresseurs, c’est autre chose que de poser une bombe à distance. Pour les agressés et la société dans laquelle ils vivent, également. Rien de mieux pour toucher les esprits et terroriser la population. La barbarie dont ont fait preuve les terroristes est allée très loin car non contents de tirer sur les gens, ils ont également eu recours à leurs couteaux pour « torturer leurs victimes blessées en tranchant leur estomac quand elles gisaient sur le sol » raconte une survivante anglaise du massacre du Bataclan.

Les victimes, quant à elles, n’avaient pas été choisies par hasard. Les tueurs voulaient éliminer des Blancs, des Français, des « croisés ». On s’en doutait bien mais le Parisien nous le confirme avec ce passage éclairant sur la tuerie du Bataclan :

« Les tueurs sont impitoyables. Ils ont pourtant épargné Alexis*, un jeune majeur « typé », comme le décrit une amie, dont la peau mate le fait souvent passer pour un jeune d'origine maghrébine. « Ils l'ont visé, puis se sont repris, explique cette proche. Ils lui ont dit : Toi, t'es des nôtres !, et ils ont tiré sur un autre jeune à ses côtés. »

Les victimes, on peut les voir en détail ici. On se rend compte que la grande majorité d’entre elles est blanche, d’un niveau social plutôt élevé et âgée globalement de 25 à 40 ans. Certes, beaucoup sont des bobos… Mais ces personnes n’ont pas été tuées pour cela. C’est le fait d’être Européens qui les a condamnées à mort sur leur propre sol. Les quelques victimes issues de la diversité sont donc des dommages collatéraux pour des terroristes dont la fureur meurtrière a sans doute été aidée par la prise de drogue. Des seringues ont été trouvées dans la chambre d’hôtel louée par Salah Abdeslam. Par ailleurs, un témoin présent vendredi soir devant le Bataclan avait repéré le comportement louche des fous d’Allah « Ils avaient des têtes de morts-vivants », a-t-il assuré.

Le captagon, la fameuse drogue des djihadistes dont on parle tant depuis des semaines a-t-elle été utilisée ? Surnommée la « drogue des djihadistes », on peut l’absorber « par voie orale [via des cachets] ou à l'aide d'une seringue. Le Captagon est principalement utilisé, comme toutes les amphétamines, en tant qu'excitant, stimulant et anorexigène ».

"La drogue est normalement proscrite par la religion des djihadistes. Mais ces derniers en prennent pour voir leurs performances décupler et leur peur disparaître lors des combats. Outre l'euphorie, le produit permet de ne pas ressentir le sommeil ou la faim. Les effets peuvent durer jusqu'à 48 heures. Les témoignages de personnes ayant croisé des drogués au Captagon sont édifiants. "On les frappait et ils ne ressentaient pas la douleur. La plupart d'entre eux rigolaient même alors qu'on les bourrait de coups forts", décrit un officier syrien.

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A propos des assassins

Cette prise de drogue ne serait pas surprenante étant donné le profil des terroristes (voir ici). Les frères Abdelslam en consommaient et en trafiquaient. Salah, délinquant notoire, avait déjà fait de la prison pour cette raison et il tenait avec son frère Brahim un bar à Molenbeek où sont attestés des trafics de stupéfiants. Comme souvent, on est aux frontières troubles entre islamistes radicaux et racailles. Voyez le cas de Bilal Hafdi, 20 ans, l’un des kamikazes du Stade de France. Un article du Point nous apprend que : « ce Français résidant en Belgique, qui a participé aux attentats les plus sanglants que la France ait connus, publie [sur Facebook] des photos d'une étonnante banalité : soirées shit-PlayStation en jogging Adidas, cocktail en maillot au bord de la piscine, doigts d'honneur en pagaille, avec « le petit frère » habillé aux couleurs du Real Madrid, photos avec la bande en bas des tours... Quelques clichés de post-ado, aussi, dopés à la testostérone : des liasses de billets neufs, en euros, ou une photo d'émeutes urbaines en France, qu'il titre « Nique la police ».

Que l’Islam radical semble loin ! Et pourtant ! Ce lien entre racailles et islam radical est indéniable et certaines petites frappes passent de l’un à l’autre en quelques mois comme ce fut le cas pour Hafdi. Ismaël Omar Mostefaï, l’un des tueurs du Bataclan, avait 8 condamnations à son actif mais n’était jamais allé en prison comme de bien entendu. Conduite sans permis, outrages et rébellion, détention de stupéfiants... le C.V. normal de la racaille d’origine extra-européenne… D’ailleurs, le look de toutes ces charmantes personnes, même s’il se devait d’être discret pour ne pas se faire remarquer, ressemblait d’après les témoins davantage à Monsieur tout le monde qu’à Ben Laden. « Des mecs de 25-30 ans, maghrébins avec une barbichette, pas du tout le look salafiste » d’après un survivant du Bataclan. Nous ferons les mêmes constatations pour Hasna Aït Boulahcen, la femme djihadiste tuée lors de l'assaut de Saint-Denis. Son voisinage la décrit comme un "garçon manqué au physique quelconque", en "blue-jean, casquettes, lunettes". "Elle laisse le souvenir d'une fêtarde, avec son petit chapeau de cow-boy et ses santiags." Elle "fumait de temps en temps et buvait dans les soirées", raconte un ancien ami. Son frère précise la manière dans elle s'est radicalisée:

Tout bascule il y a six mois. Elle commence à porter "le jilbabe", tenue recouvrant l'intégralité du corps excepté le visage, "puis, un mois après, elle était passée au niqab. Elle s'était fabriqué sa propre bulle, elle ne cherchait aucunement à étudier sa religion, je ne l'ai jamais vue ouvrir un Coran".

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On le voit, ces déracinés qui se cherchent dans une société qui n'est pas la leur et qui est malade de surcroît se radicalisent du jour au lendemain d'une manière bien moins cadrée qu'on ne le croirait. On en sourirait presque... sauf que faiblesse d'esprit rime facilement avec dangerosité. La preuve.

Ismaël Omar Mostefaï et Samy Amimour étaient originaires de la région parisienne et bénéficiaient des avantages de la doulce France : un logement social payé par vos impôts pour le premier et un emploi à la RATP, gangrénée par les radicaux, pour le second. Tous deux étaient allés faire leurs armes en Syrie sans être vraiment inquiétés par la justice. Même chose pour les « belges » : Bilal Hafdi et les frères Abdelslam, surveillés et fichés mais laissés suffisamment tranquilles pour venir assassiner chez nous. Même chose pour Ahmad Ad Mohammad, 25 ans, clandestin, euh migrant, qui a traversé l’Europe à partir de la Grèce et a même eu le temps de s’amuser dans un camp de réfugiés serbe. Tout d'abord niée par politiciens et médias aux ordres, l'équation "réfugiés"-terroristes n'est plus rejetée devant tant d'évidences. Même Valls reconnaît que certains terroristes ont profité de la crise migratoire pour rentrer en France ou en Belgique. Quand même!

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Molenbeek connection

On le constate, on a affaire à des réseaux internationaux qui profitent de l’absence de frontières et du délit de faciès pour planifier assez tranquillement leurs actions terroristes. Les attaques du vendredi 13 ont, en effet, été planifiées en Belgique. Le commanditaire aurait été Abdelhamid Abaaoud, tué avec la femme présente (sa cousine: Hasna Aït Boulahcen) lors de l’assaut de Saint-Denis. Décrit récemment comme le djihadistes le plus recherché de Belgique, il est lié à bien d’autres affaires de terrorisme. Sans surprise, il a pu multiplier les déplacements en Europe "les doigts dans le nez" alors qu'il est cadre de l'Etat Islamique... Et il était dans le métro parisien le soir des attentats! Allez regarder cette vidéo où il se vante des atrocités qu’il a commises en Syrie. Comme ses amis les frères Abdelsam, il est originaire de Molenbeek en Belgique, commune de 100.000 habitants située à deux pas de Bruxelles.

Sorte de Roubaix en pire, surnommée « Mollahbeek », cette ville est considérée comme la plaque tournante du djihadisme francophone. Ville musulmane, ethniquement perdue, Molenbeek est liée de près ou de loin à bien des attentats récents en France (le Thalys) en Belgique et ailleurs (Madrid en 2004). Mais que s’est-il passé pour qu’on en arrive là chantent en cœur les médias du système ? Réponse intéressante d’un politicien belge :

"Pendant vingt ans, une sorte d’omerta a régné. Ceux qui tentaient de la briser étaient traités d’islamophobes ou de racistes. Au cœur de ce système figurait le puissant Philippe Moureaux, coqueluche des médias, qui a longtemps exercé un véritable magistère moral et politique sur la politique bruxelloise. A la fois Bourgmestre de Molenbeek, Président de la Fédération socialiste de Bruxelles et Vice-Président du PS national, il faisait régner un climat de terreur intellectuelle contre lequel peu osaient se lever. Bien avant que le think tank « Terra Nova », proche du Parti socialiste français, ne le théorise, Philippe Moureaux avait compris que l’avenir du socialisme (bruxellois) passait par les immigrés qui allaient devenir, symboliquement, le nouveau prolétariat, remplaçant une classe ouvrière autochtone en rapide diminution."

Zone de non-droit où les islamistes sont rois, Molenbeek fait partie de ces dizaines de villes européennes où la jeunesse immigrée et déracinée s’est tournée vers la délinquance, les trafics et/ou le fondamentalisme religieux. Vous me direz, au moins, ils prouvent que l’intégration à grande échelle est un mythe… Dans une tribune récente dans le Figaro, Pierre Vermeren, professeur spécialiste de l'histoire du Maghreb contemporain à l'université de Paris-I Panthéon-Sorbonne, décrit l'histoire, l'origine et les activités des Marocains de Belgique qui expliquent le sanctuaire salafiste de Molenbeek :

"Austérité ancestrale et culture insulaire, hostilité viscérale au régime marocain et à son islam, rejet de l'Etat qui rappelle la Sicile, liberté religieuse à tous vents, réseaux mafieux structurés par 40 ans de business (10 milliards de $ de chiffre d'affaires annuel) au profit des maffias du Rif et de leurs obligés, du Maroc au Benelux, liberté de mouvement depuis Schengen, absence de surveillance policière efficace, antécédents historiques désastreux, ressentiment, culture de la violence dans un univers hostile, chômage de masse… la base arrière de Molenbeek a une très longue histoire."

Ceci explique que :

"Une partie de cette jeunesse belge (NDLR: non: étrangère) frappée par le chômage et la crise se tourne vers le fondamentalisme religieux, alors que la police belge n'a aucune expérience en la matière, à l'inverse de la police française plus expérimentée, et qui laisse travailler les services marocains auprès de leurs ouailles".

Devant les évènements, la classe politique se réveille et n’a plus de mots assez durs pour fustiger, à l’image de Lydia Guirous, porte-parole des Républicains, ces Molenbeek qu’ « il y a partout en France ». Qui a fait venir ces immigrés ? Qui leur a permis de faire la loi sur un sol n’étant pas le leur par lâcheté et bas intérêts politiques ? Poser la question implique la réponse.

Alors que les interpellations se poursuivent en Belgique dans l’entourage des terroristes « belges » et qu'on annonce même la vengeance du frère de Hasna Ait Boulahcen qui se serait mis en route vers la France, Salah Abdelslam, toujours en fuite, aurait été aperçu à… Molenbeek. Où il doit se sentir suffisamment en sécurité. L’habitude. Des Molenbeek, effectivement, il y a partout en France et en Europe. La Belgique est, quant à elle, sacrément gangrénée et de nombreux soutiens à l'EI y vivent. L’Etat Islamique étant bien implanté dans nombre de ces lieux, il a tout à disposition pour agir. Autant dire que les vers sont dans le fruit et que ces territoires hostiles alliés aux dizaines de millions de musulmans présents sur notre continent ne vont pas faciliter la lutte anti-terroriste dans le futur. Le système a laissé prospérer ces lieux où réseaux islamistes et délinquants se côtoient et s’entraident. Il n’a pas fini d’aller y perquisitionner... à l’image de l’action policière qui s’est déroulée à Hem (Nord) pour trouver un fabriquant d’explosifs suspecté d’avoir des liens avec Salah Abdeslam…

L'Etat Islamique "a vraisemblablement choisi d'utiliser des combattants étrangers européens pour lancer les attaques de Paris, car ces combattants maintiennent des connexions avec des réseaux radicaux et criminels dans leurs pays. Ces réseaux aident à fournir les armes et la logistique nécessaires à la mise en œuvre d'une opération comme les attaques de Paris" affirme une spécialiste.

Nous sommes dans de beaux draps... et pour longtemps!

Dans quelques jours, notre prochain Regard sur l'actu: Vendredi 13: L'Etat coupable!

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

Vendredi 13: le système est coupable!

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Vendredi 13: le système est coupable!

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

Je n’ai fait que le dire et le répéter en ces pages, il ne faut pas compter sur le système pour nous protéger. Nous, c’est le peuple dans son ensemble, le vrai peuple. Pas l’oligarchie dominante ni les immigrés et consorts, chouchoutés, protégés et excusés systématiquement. Longtemps persuadés qu’ils pouvaient avoir confiance en leurs piètres dirigeants, les Français commencent enfin à comprendre que leur sécurité est toute relative et que l’Etat ne s’en soucie plus guère depuis des lustres. Il aura fallu pour cela les pires attaques terroristes jamais réalisées en France et 130 morts. C’est par la voix d’Emmanuelle Prévost, sœur de l’une des victimes du Bataclan, que l’on a entendu ces derniers jours la prise de conscience du pays réel. La jeune femme et sa famille ont décidé de boycotter l’hommage national rendu aux victimes et l’ont fait savoir dans les médias ainsi que sur les réseaux sociaux : "Nous refusons cette main tendue par les représentants politiques français." Emmanuelle Prévost fustige l’apathie de l’Etat qui n’a pris aucune mesure depuis janvier pour lutter contre le terrorisme. "Dix mois plus tard, les mêmes hommes sont en mesure de recommencer" dit-elle fort justement en soulignant ô combien les personnes fichées S circulent librement en France et lors de leurs escapades syriennes. Evoquant le cas du fameux Jawad Bendaoud, hébergeur d’Abdelhamid Abaaoud et menteur le plus minable qu’on ait vu, la jeune femme s’étonne que ce multirécidiviste ait pu ainsi courir les rues de Saint-Denis. « Caïd violent et dangereux », Jawad-la-vérité-si-je-mens, a été condamné 13 fois depuis 2010 pour « stupéfiants, détention d'armes aggravée en réunion, faux et usage de faux, conduite en état d'ivresse et sous l'emprise de stupéfiants, violences conjugales, violences aggravées en réunion » Et tout cela sans compter le meurtre qu’il commit en 2008 « pour avoir tué à coups de hachoir un adolescent de 16 ans pour une obscure histoire de portable »… Jawad, qui devrait encore croupir en prison pour cette odieuse boucherie, courrait les rues librement en enfreignant les lois tranquilou. La magistrature gauchiste avait été, comme toujours, d’une infinie compréhension avec lui, la « chance pour la France » qui allait probablement devenir un nouveau Montaigne exotique maniant le hachoir comme l’auteur des Essais maniait la plume… Forte de ces constatations irrécusables, Emmanuelle Prévost conclut en s’adressant à la classe politique. Elle ne mâche pas ses mots : "Votre main tendue, votre hommage, nous n'en voulons pas et vous portons comme en partie responsables de ce qui nous arrive ! C'est plus tôt qu'il fallait agir."

Après une première salve consacrée aux évènements et aux acteurs du Vendredi 13, cette seconde partie de notre Regard sur l’Actu se concentrera à démontrer que la responsabilité des attentats qui ont frappé la France est à mettre au crédit de l’Etat, de ses serviteurs et de ses rouages. En un mot, c’est le système dans son ensemble qui est coupable de la situation dans laquelle se trouve notre pays aujourd’hui, situation qui explique les récents attentats. Cette responsabilité est plurielle : idéologique, juridique et politique.

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Des risques bien connus

L’Etat ne peut certes pas tout prévoir mais aurait pu et aurait dû se préparer à de nouvelles attaques après celles de janvier. La menace était bien connue et ne pas y avoir prêté attention est criminel. L’Etat Islamique avait mis en garde la France depuis des mois. Il n’avait rien caché de ses intentions et s’était permis de dévoiler l’une de ses tactiques : utiliser la crise migratoire pour faire passer en Europe des djihadistes. Bingo ! C’est ce qui s’est passé ! Allez revoir les multiples articles de presse qui, il y a plusieurs mois déjà, tiraient la sonnette d’alarme. Maintenant que le mal est fait, on ose enfin en parler au grand jour. Le journal anglais Sunday Times résume la situation :

« Des dizaines, voire des centaines, de terroristes supposés ont rejoint l'Europe via la Turquie ou la Libye, au gré des vagues de réfugiés affluant sur le Vieux Continent. Ces révélations vont dans le sens de certaines déclarations des autorités françaises qui laissent entendre que deux des personnes impliquées dans les attentats de Paris sont passées par la Grèce, comme tous ceux qui fuient la guerre en Syrie. »

Le Sunday Times met en cause « Les facilités avec lesquelles les sympathisants de l'Etat islamique peuvent entrer et sortir de l'espace Schengen, un espace sans frontière qui compte 26 États membres, dont la France et la Belgique, mais pas le Royaume Uni. » C’est une évidence !

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L’avis des spécialistes

Une autre évidence est que nos services de renseignements n’ont pas fait leur travail correctement. Marc Trévidic, ancien juge antiterroriste et actuel vice-président du TGI de Lille s’est beaucoup exprimé dans les médias depuis les attentats et pointe nombre d’épineux problèmes : « il est clair que nous sommes particulièrement vulnérables du fait de notre position géographique, de la facilité d'entrer sur notre territoire pour tous les djihadistes d'origine européenne, Français ou non ». Lui aussi souligne « la volonté clairement et sans cesse exprimée par les hommes de l'EI de nous frapper. » Ce n’était un secret pour personne…

Trévidic n’hésite pas à faire un constat amer mais très intéressant de la situation (ici et ) :

« Après le conflit en Irak [en 2003], on a vu la propagande djihadiste et la radicalisation monter en flèche. On ne commence à traiter les causes que maintenant car ça explose. Pendant 10 ans, on a rien fait sur ce terrain »

« L'évidence est là : nous ne sommes plus en mesure de prévenir les attentats comme par le passé. On ne peut plus les empêcher. Il y a là quelque chose d'inéluctable. Bien sûr, on arrête des gens, on démantèle des cellules, on a de la chance aussi, comme on a pu le voir avec certaines affaires récentes, mais la chance ou le fait que les terroristes se plantent dans leur mode opérationnel, ou encore que des citoyens fassent preuve de grande bravoure, ça ne peut pas durer éternellement. Quant aux moyens affectés à la lutte antiterroriste, ils sont clairement devenus très insuffisants, et je pèse mes mots. On frise l'indigence à l'heure où la menace n'a jamais été aussi forte. Ces deux dernières années, j'ai constaté par moi-même qu'il n'y avait parfois plus d'enquêteurs pour mener les investigations dont nous avions besoin ! On fait donc le strict minimum, sans pouvoir pousser les enquêtes, sans «SAV», au risque de passer à côté de graves menaces. Les politiques prennent des postures martiales, mais ils n'ont pas de vision à long terme. Nous, les juges, les policiers de la DGSI, les hommes de terrain, nous sommes complètement débordés. »

Alexandre Goussak, ex-directeur du département de lutte anti-terroriste du FSB (services russes du renseignement) de 1985 à 1998, donne un avis proche :

"Je suis persuadé qu’on aurait pu prévenir (les attentats). Et je vois les failles qui les ont rendus possibles. Ces attentats ont eu lieu parce que la France n’a pas fait de la sécurité sa priorité. Les forces de l’ordre auraient dû agir il y a déjà dix ans, lorsque les premières émeutes ont éclaté dans les banlieues parisiennes. Les autorités auraient dû accorder plus d’attention à ces jeunes qui brûlaient des voitures, car c’est à ce moment-là que la vision du monde des Français issus de l’immigration est entrée en contradiction avec celle des autres Français. Bien sûr, il y a aussi des raisons sociales à ces attentats. Mais l’État aurait dû – et pu – identifier cette menace et l’empêcher de se répandre."

"Les services savaient qu’un attentat se préparait, mais ont été incapables de dire quand il allait survenir, ce que je trouve très étonnant. Les services ont différents moyens de contrôler la préparation d’attentats, en premier lieu via des agents recrutés au sein de la communauté où évoluent les éléments dangereux. Je ne parviens pas à comprendre comment ces terroristes ont pu se procurer des armes sans que les services en soient informés. J’en déduis que les Français n’avaient pas de réseau d’agents infiltrés. S’ils avaient eu au moins un agent dans les cercles radicaux, il aurait peut-être été possible d’éviter le pire."

Toutes ces erreurs qui ont rendu possible les attentats

L’adage populaire dit que « quand on veut, on peut ». C’est bien mon avis car, à la mollesse d’avant les attentats, a succédé une frénésie d’action qui, semble-t-il, porte ses fruits. La France est tout de même un pays ayant des services de renseignements avec des capacités réelles. Que ceux-ci aient attendus 130 morts pour se réveiller laisse toutefois songeur… Comme le notait Marie Delarue sur Boulevard Voltaire il y a quelques jours :

"Quatre jours après les attentats, on sait à une exception près qui les a commis, d’où venaient les terroristes, par où ils sont passés et qui les a aidés. Preuve que lorsqu’on veut savoir… En 36 heures, des centaines de perquisitions ont été menées, des armes de guerre et des explosifs découverts dans des planques où, nouveau miracle, on a su en une nuit où aller les chercher et les récupérer ! Comme les terroristes n’en avaient pas la liste dans la poche, on peut donc imaginer que les adresses étaient connues depuis un moment."

On en conclura facilement que l’Etat n’a pas voulu agir avant alors qu’il en avait la possibilité. Il avait sans doute d’autres priorités, comme la protection des écoles juives qui monopolisaient depuis janvier pas moins de 4700 policiers et gendarmes, excusez du peu ! Comme dans la Ferme des animaux d’Orwell, il semble que certains soient plus égaux que d’autres…

Les renseignements étaient connus, une partie des terroristes aussi. Que devons-nous en conclure ? Que l’Etat se contrefiche de votre sécurité tant que lui-même n’est pas en cause. Après 130 morts, il doit redorer son blason et mettre, temporairement, son je m’en foutisme en sommeil.

Le manque d’effectifs est déploré par tous les spécialistes, Marc Trévidic en tête. « Nous n’avons pas assez d’enquêteurs » dit-il. En tout cas, ce n’est pas seulement ce manque d’hommes qui est à mettre en cause pour toutes les erreurs qui se sont produites dans cette affaire, si ? Ce serait bien trop facile. Des récidivistes identifiés vont et viennent dans notre pays, partent et reviennent de Syrie, prennent l’avion partout en Europe sans problème. La réalité est là. On le lit même dans le Figaro : « Qu'ils soient français ou étrangers, les djihadistes prennent l'avion et franchissent les frontières comme on prend le métro! » Toujours dans cet article, un ex-magistrat antiterroriste s’exprime sur la question : «Ils passent souvent avec leurs vrais passeports. Même pas des documents falsifiés!» Nous avons affaire soit à de gros nuls, soit à des traîtres. Ou aux deux en même temps !

Quasiment tous les auteurs (hors les « migrants ») des attentats du Vendredi 13 étaient fichés et repérés : Samy Amimour, frappé par un mandat d'arrêt international mais rentré tranquillement en France pour participer aux attentats ou Omar Ismaïl Mostefaï, fiché « S » (sûreté de l’Etat) dès 2010. Ce dernier avait, de plus, été « selon Ankara, signalé deux fois à Paris pour son appartenance à la mouvance jihadiste. La police turque "a informé la police française en décembre 2014 et janvier 2015" à son propos (il était entré sur le territoire turc en 2013, pour ensuite certainement rallier la Syrie), et "nous n'avons jamais eu de retour de la France", a affirmé un responsable turc. » Même chose du côté des « Belges » de Molenbeek… Un enquêteur affirme que les services belges ne sont pas meilleurs que les nôtres : « alors qu'ils ont la plus grosse proportion de départs en Syrie des pays occidentaux, les Belges ne sont pas au niveau. » Pour noircir encore le tableau, on constate que les échanges de renseignements entre pays laissent énormément à désirer, ce qui explique combien les terroristes peuvent aller d’un Etat à un autre sans soucis…

Des renseignements provenant d’autres pays, la France en a pourtant bien reçus! Et pas des moindres ! Les services algériens avaient prévenu de l’imminence d’une attaque. Plus scandaleux encore, l’ancien directeur de la DCRI, Bernard Squarcini, a ainsi affirmé que les services secrets syriens avaient la liste des combattants djihadistes français opérant en Syrie et qu’ils l’ont proposée à la France. Mais Manuel Valls l’a refusée ! Pourquoi ? Car cette liste provenait des services de Bachar al-Assad et il était impensable de traiter avec un tyran !

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La politique extérieure de la France : une cause majeure

Reprenons ici les propos de bon sens du président syrien Bachar al-Assad :

« Les politiques erronées adoptées par les pays occidentaux, notamment la France dans la région ont contribué à l’expansion du terrorisme. On avait averti sur ce qui allait se passer en Europe il y a trois ans, on avait dit ne prenez pas ce qui se passe en Syrie à la légère. Malheureusement les responsables européens n’ont pas écouté. »

Ecoutons maintenant des avis venus d’Algérie. En premier lieu, le général à la retraite Abdelaziz Medjahed, qui déclare ceci :

« La France a joué avec le feu et elle s’est brûlée. Tout cela est le résultat de la politique française. La France, la Turquie et le Qatar ont encouragé le terrorisme et ils l'ont fabriqué en Syrie et en Libye. Ce qui s'est passé vendredi dernier, c'est l'arroseur arrosé.»

Amar Ghoul, ministre algérien du Tourisme et de l'artisanat est définitif : « La France récolte ce qu'elle a semé en Syrie et en Libye. La France et les autres pays s'attendaient à quoi ? ». On se le demande… En tout cas, l’exécutif français ne compte certainement pas changer son fusil d’épaule envers ses chers alliés qataris et saoudiens, soutiens inconditionnels de l’islamisme radicalo-terroriste dans le monde entier. Manuel Valls feint d’y croire dur comme fer: l’Arabie Saoudite et le Qatar lutteraient contre l’Etat Islamique ! Il n’y a pas de raison d’en douter ! Le fait qu'ils financent sur notre propre sol des mosquées salafistes, ça ne compte pas! Il existerait même un lien entre le régime de Bachar et l’Etat Islamique nous assure ce super-menteur qui continue à trahir la France par lâcheté et mercantilisme. Responsables de la situation actuelle, ils le sont : lui, son gouvernement et son ridicule président. Mais n’oublions pas tous ceux qui les ont précédés, les mêmes mais avec une autre étiquette, l’infâme Sarkozy en tête qui détruisit la Libye avec BHL comme ministre de la guerre !

Les raisons idéologiques : source de futurs désastres

Dans notre société moderne minée par le laxisme et le manque de couilles, le terrorisme idéologique qu’on peut nommer droit-de-l-hommisme ou marxisme culturel, a une responsabilité écrasante. Les Français et les Européens, en perdant leur âme véritable, seul réel rempart à la chienlit que nous connaissons, se sont affaiblis, ont tout accepté et en ont redemandé. Ils ont maintenu, soutenu et loué par paresse, faiblesse et ignorance un système qui n’a fait que les nier et les mener dans le mur. Les représentants soi-disant démocratiques qu’ils ont choisis leur ont imposé des millions d’immigrés non-blancs et inassimilables. La voilà la vraie raison : la présence de dizaines de millions de musulmans sur notre sol. Population qui fait de plus en plus la pluie et le beau temps chez nous et que la pseudo-justice gauchiste excuse systématiquement (voir le problème des récidivistes). Un bon nombre de ces non-Européens ne se reconnaît pas ou plus dans la société multiculturelle qu’ils se sont vus imposer (comme nous) par une oligarchie ne rêvant que de les fondre eux aussi dans une humanité égalitariste, marchande et dénuée de toute identité. Parmi ces millions de musulmans, combien sont en cours de radicalisation ? Combien se radicaliseront demain ? Combien convertiront-ils d’Européens de souche ? Nous n’avons pas fini de nous opposer au terrorisme, croyez-moi…  Ils sont partout: 1200 fiches "S" rien qu'en Saint-Saint-Denis! 10.500 radicaux islamistes fichés "S" sur tout le territoire! On les trouve même à côté de chez vous ou travaillant dans les centrales nucléaires. S’en débarrasser signifierait prendre des mesures radicales et inédites (comme la remigration) qui ne risquent pas d’être à l’ordre du jour ces prochaines années…

Heureusement que nous voyons nos peuples européens se réveiller peu à peu et commencer à comprendre la situation mortifère qui est celle de notre continent. Car, pour ce qui est de nos classes politiques, en Europe occidentale tout du moins, le changement, ce n’est pas pour maintenant (sauf, pour la France, le FN  qui a bien sûr eu des positions de très bon sens comme le montre ici ce discours de Marion Maréchal Le Pen à l'assemblée). On parle de frontières, de déchéance de nationalité, de peine de mort parfois... oui mais… cela solutionnera-t-il totalement le problème des millions d’inassimilables qui sont ici chez eux et dont la démographie risque en plus de nous emporter dans un futur très proche?

Prochain volet de ce Regard sur l'actu la semaine prochaine.

Rüdiger / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

Stumbling to War With Russia?

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Stumbling to War With Russia?

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Ex: http://www.lewrockwell.com

Turkey’s decision to shoot down a Russian warplane was a provocative and portentous act.

That Sukhoi Su-24, which the Turks say intruded into their air space, crashed and burned — in Syria. One of the Russian pilots was executed while parachuting to safety. A Russian rescue helicopter was destroyed by rebels using a U.S. TOW missile. A Russian marine was killed.

“A stab in the back by the accomplices of terrorists,” said Vladimir Putin of the first downing of a Russian warplane by a NATO nation in half a century. Putin has a point, as the Russians are bombing rebels in northwest Syria, some of which are linked to al-Qaida.

As it is impossible to believe Turkish F-16 pilots would fire missiles at a Russian plane without authorization from President Tayyip Recep Erdogan, we must ask: Why did the Turkish autocrat do it?

Why is he risking a clash with Russia?

Answer: Erdogan is probably less outraged by intrusions into his air space than by Putin’s success in securing the Syrian regime of Bashar Assad, whom Erdogan detests, and by relentless Russian air strikes on Turkmen rebels seeking to overthrow Assad.

Imperiled strategic goals and ethnicity may explain Erdogan. But what does the Turkish president see down at the end of this road?

And what about us? Was the U.S. government aware Turkey might attack Russian planes? Did we give Erdogan a green light to shoot them down?

These are not insignificant questions.

For Turkey is a NATO ally. And if Russia strikes back, there is a possibility Ankara will invoke Article V of NATO and demand that we come in on their side in any fight with Russia.

And Putin was not at all cowed. Twenty-four hours after that plane went down, his planes, ships and artillery were firing on those same Turkmen rebels and their jihadist allies.

Politically, the Turkish attack on the Sukhoi Su-24 has probably aborted plans to have Russia join France and the U.S. in targeting ISIS, a diplomatic reversal of the first order.

Indeed, it now seems clear that in Syria’s civil war, Turkey is on the rebel-jihadist side, with Russia, Iran and Hezbollah on the side of the Syrian regime.

But whose side are we on?

As for what strategy and solution President Obama offers, and how exactly he plans to achieve it, it remains an enigma.

Nor is this the end of the alarming news.

According to The Times of Israel, Damascus reports that, on Monday, Israel launched four strikes, killing five Syrian soldiers and eight Hezbollah fighters, and wounding others.

Should Assad or Hezbollah retaliate, this could bring Israel more openly into the Syrian civil war.

And if Israel is attacked, the pressure on Washington to join her in attacking the Syrian regime and Hezbollah would become intense.

Yet, should we accede to that pressure, it could bring us into direct conflict with Russia, which is now the fighting ally of the Assad regime.

Something U.S. presidents conscientiously avoided through 45 years of Cold War — a military clash with Moscow — could become a real possibility. Does the White House see what is unfolding here?

Elsewhere, yet another Russia-NATO clash may be brewing.

In southern Ukraine, pylons supporting the power lines that deliver electricity to Crimea have been sabotaged, blown up, reportedly by nationalists, shutting off much of the electric power to the peninsula.

Repair crews have been prevented from fixing the pylons by Crimean Tatars, angry at the treatment of their kinfolk in Crimea.

In solidarity with the Tatars, Kiev has declared that trucks carrying goods to Crimea will not be allowed to cross the border.

A state of emergency has been declared in Crimea.

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Russia is retaliating, saying it will not buy produce from Ukraine, and may start cutting off gas and coal as winter begins to set in.

Ukraine is as dependent upon Russia for fossil fuels as Crimea is upon Ukraine for electricity. Crimea receives 85 percent of its water and 80 percent of its electricity from Ukraine.

Moreover, Moscow’s hopes for a lifting of U.S. and EU sanctions, imposed after the annexation of Crimea, appear to be fading.

Are these events coordinated? Has the U.S. government given a go-ahead to Erdogan to shoot down Russian planes? Has Obama authorized a Ukrainian economic quarantine of Crimea?

For Vladimir Putin is not without options. The Russian Army and pro-Russian rebels in southeast Ukraine could occupy Mariupol on the Black Sea and establish a land bridge to Crimea in two weeks.

In Syria, the Russians, with 4,000 troops, could escalate far more rapidly than either us or our French allies.

As of today, Putin supports U.S.-French attacks on ISIS. But if we follow the Turks and begin aiding the rebels who are attacking the Syrian army, we could find ourselves eyeball to eyeball in a confrontation with Russia, where our NATO allies will be nowhere to be found.

Has anyone thought this through?

vendredi, 27 novembre 2015

Guy Mettan et la Russie

 

Guy Mettan et la Russie

Conférence de l'ASIN (Association pour une Suisse Indépendante et Neutre), Genève, 21 novembre 2015

Geopolítica en el entorno del Mar Negro

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Geopolítica en el entorno del Mar Negro

jeudi, 26 novembre 2015

Réflexions sur la géopolitique et l’histoire du bassin oriental de la Méditerranée

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Robert Steuckers :
Réflexions sur la géopolitique et l’histoire du bassin oriental de la Méditerranée

Dérives multiples en marge de la crise grecque

La crise grecque est majoritairement perçue comme une crise économique et monétaire, détachée de tout contexte historique et géopolitique. Les technocrates et les économistes, généralement des bricoleurs sans vision ni jugeote, englués dans un présentisme infécond, n’ont nullement réfléchi à la nécessité, pour l’Europe, de se maintenir solidement dans cet espace est-méditerranéen, dont la maîtrise lui assure la paix. Sans présence forte dans cet espace, l’Europe est déforcée. Ce raisonnement historique est pourtant établi : les croisades, l’intervention aragonaise en Grèce au 14ème siècle (avec la caste guerrière des Almogavares), etc. montrent clairement que ce fut toujours une nécessité vitale d’ancrer une présence européenne dans cet archipel hellénique, menacé par les faits turc et musulman. L’absence de mémoire historique,entretenue par les tenants de nos technocraties banquières et économistes, a fait oublier cette vérité incontournable de notre histoire : la gestion désastreuse de la crise grecque le montre à l’envi.

Erdogan, Toynbee et la dynamique turque

La puissance régionale majeure dans cet espace est aujourd’hui la Turquie d’Erdogan, même si toute puissance véritable, de nos jours, est tributaire, là-bas, de la volonté américaine, dont l’instrument est la flotte qui croise dans les eaux de la Grande Bleue. Trop peu nombreux sont les décideurs européens qui comprennent les ressorts anciens de la dynamique turque dans cette région, qui donne accès à la Mer Noire, aux terres noires d’Ukraine, au Danube, au Caucase, au Nil (et donc au cœur de l’Afrique orientale), à la Mer Rouge et au commerce avec les Indes. Comprendre la géopolitique à l’œuvre depuis toujours, dans ce point névralgique du globe, même avant toute présence turque, est un impératif de lucidité politique. Nous avons derrière nous sept siècles de confrontation avec le fait turc-ottoman mais c’est plutôt dans l’histoire antique qu’il convient de découvrir comment, dans la région, le territoire en lui-même confère un pouvoir, réel ou potentiel, à qui l’occupe. C’est le byzantinologue Arnold J. Toynbee, directeur et fondateur du « Royal Institute of International Affairs » (RIIA), et par là même inspirateur de bon nombre de stratégies britanniques (puis américaines), qui a explicité de la manière la plus claire cette dynamique que pas un responsable européen à haut niveau ne devrait perdre de vue : la domination de l’antique Bithynie, petit territoire situé juste au-delà du Bosphore en terre anatolienne, permet, s’il y a impulsion adéquate, s’il y a « response » correcte au « challenge » de la territorialité bithynienne (pour reprendre le vocabulaire de Toynbee), la double maîtrise de l’Egée et de la Mer Noire. Rome devient maîtresse de ces deux espaces maritimes après s’être assurée du contrôle de la Bithynie (au prix des vertus de César, insinuaient les méchantes langues romaines…). Plus tard, cette Bithynie deviendra le territoire initial du clan d’Osman (ou Othman) qui nous lèguera le terme d’« ottoman ».

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Une Grèce antique pontique et méditerranéenne

On parle souvent de manière figée de la civilisation grecque antique, en faisant du classicisme non dynamique à la manière des cuistres, en imaginant une Grèce limitée tantôt à l’aréopage d’Athènes tantôt au gymnase de Sparte, tantôt aux syllogismes de ses philosophes ou à la géométrie de ses mathématiciens, une Grèce comme un îlot isolé de son environnement méditerranéen et pontique. Le point névralgique de cette civilisation, bien plus complexe et bien plus riche que les petits professeurs classicistes ne l’imaginaient, était le Bosphore, clef de l’ensemble maritime Egée/Pont Euxin. Le Bosphore liait la Grèce égéenne à la Mer Noire, la Crimée et l’Ukraine, d’où lui venait son blé et, pour une bonne part, son bois et ses gardes scythes, qui assuraient la police à Athènes. La civilisation hellénique est donc un ensemble méditerranéen et pontique, mêlant divers peuples, de souches européennes et non européennes, en une synthèse vivante, où les arrière-pays balkaniques, les Thraces et les Scythes, branchés sur l’Europe du Nord finno-ougrienne via les fleuves russes, ne sont nullement absents. L’espace hellénique, la future Romania d’Orient hellénophone, l’univers byzantin possèdent donc une dimension pontique et l’archipel proprement hellénique est la pointe avancée de ce complexe balkano-pontique, situé au sud du cours du Danube. En ce sens, l’espace grec d’aujourd’hui, où s’étaient concentrées la plupart des Cités-Etats de la Grèce classique, est le prolongement de l’Europe danubienne et balkanique en direction du Levant, de l’Egypte et de l’Afrique. S’il n’est pas ce prolongement, si cet espace est coupé de son « hinterland » européen, il devient ipso facto le tremplin du Levant et, éventuellement, de l’Egypte, si d’aventure elle redevenait une puissance qui compte, comme au temps de Mehmet Ali, en direction du cœur danubien de l’Europe.

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bithynia.gifToynbee, avec sa thèse bithynienne, a démontré, lui, que si l’hellénité (romaine ou byzantine) perd la Bithynie proche du Bosphore et disposant d’une façade pontique, la puissance qui s’en empareraitpourrait aiséments’étendre dans toutes les directions : vers les Balkans et le Danube, vers la Crimée, la Mer Noire et le cours des grands fleuves russes, vers le Caucase (la Colchide), tremplin vers l’Orient perse, vers l’Egypte en longeant les côtes syrienne, libanaise, palestinienne et sinaïque, vers le Nil, artère menant droit au cœur de l’Afrique orientale, vers la Mer Rouge qui donne accès au commerce avec l’Inde et la Chine, vers la Mésopotamie et le Golfe Persique. L’aventure ottomane, depuis la base initiale des territoires bithynien et péri-bithynien d’Osman, prouve largement la pertinence de cette thèse. L’expansion ottomane a créé un verrou d’enclavement contre lequel l’Europe a buté pendant de longs siècles. La Turquie kémaliste, en rejetant l’héritage ottoman, a toutefois conservé un pouvoir régional réel et un pouvoir global potentiel en maintenant le territoire bithynien sous sa souveraineté. Même si elle n’a plus les moyens techniques, donc militaires, de reprendre l’expansion ottomane, la Turquie actuelle, post-kémaliste, garde des atouts précieux, simplement par sa position géographique qui fait d’elle, même affaiblie, une puissance régionale incontournable.

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Une Turquie ethniquement et religieusement fragmentée derrière un unanimisme apparent

Le fait turc consiste en un nationalisme particulier greffé sur une population, certes majoritairement turque et musulmane-sunnite, mais hétérogène si l’on tient compte du fait que ces citoyens turcs ne sont pas nécessairement les descendants d’immigrants guerriers venus d’Asie centrale, berceau des peuples turcophones : beaucoup sont des Grecs ou des Arméniens convertis en surface, professant un islam édulcoré ou un laïcisme antireligieux ; d’autres sont des Kurdes indo-européens sunnites ou des Arabes sémitiques également sunnites ; d’autres encore descendent d’immigrants balkaniques islamisés ou de peuples venus de la rive septentrionale de la Mer Noire ; à ces fractures ethniques, il convient d’ajouter les clivages religieux: combien de zoroastriens en apparence sunnites ou alévites, combien de derviches à la religiosité riche et séduisante, combien de Bosniaquesslaves dont les ancêtres professaient le manichéisme bogomile, combien de chiites masqués chez les Kurdes ou les Kurdes turcisés, toutes options religieuses anciennes et bien ancrées que l’Européen moyen et les pitres politiciens, qu’il élit, sont incapables de comprendre ?


Le nationalisme turc de facture kémaliste voulait camper sur une base géographique anatolienne qu’il espérait homogénéiser et surtout laïciser, au nom d’un tropisme européen. Le nationalisme nouveau, porté par Erdogan, l’homme qui a inauguré l’ère post-kémaliste, conjugue une option géopolitique particulière, celle qui combine l’ancienne dynamique ottomane avec l’idéal du califat sunnite. Les Kurdes, jadis ennemis emblématiques du pouvoir kémaliste et militaire, sont devenus parfois, dans le discours d’Erdogan, des alliés potentiels dans la lutte planétaire amorcée par les sunnites contre le chiisme ou ses dérivés. Mais tous les Kurdes, face à l’acteur récent qu’est l’Etat islamique en Irak et en Syrie, ne se sentent pas proches de ce fondamentalisme virulent et ne souhaitent pas, face à un sunnisme militant et violent, céder des éléments d’émancipation traditionnels, légués par leurs traditions gentilices indo-européennes, par un zoroastrisme diffus se profilant derrière un sunnisme de façade et de convention, etc.

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Erdogan toutefois, avec son complice l’ancien président turc Gül, avait avancé l’hypothèse d’un néo-ottomanisme affable, promettant, avec le géopolitologue avisé Davoutoglu, « zéro conflits aux frontières ». Cette géopolitique de Davoutoglu se présentait, avant les dérapages plus ou moins pro-fondamentalistes d’Erdogan et le soutien à l’Etat islamique contre les Alaouites pro-chiites du pouvoir syrien, comme une ouverture bienveillante des accès qu’offre le territoire turc, union des atouts géographiques bithynien et anatolien.

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Echec du néo-ottomanisme

L’Europe, si elle avait été souveraine et non pas gouvernée par des canules et des ignorants, aurait parfaitement pu admettre la géopolitique de Davoutoglu, comme une sorte d’interface entre le bloc européen (de préférence libéré de l’anachronisme « otanien ») et le puzzle complexe et explosif du Levant et du Moyen-Orient, que le néo-ottomanisme déclaré aurait pu apaiser et, par la même, il aurait annihilé certains projets américains de balkaniser durablement cette région en y attisant la lutte de tous contre tous, selon la théorie de Donald M. Snow (l’intensification maximale du désordre par les uncivilwars).

Cependant l’Europe, entre la parution des premiers écrits géopolitiques et néo-ottomanistes de Davoutoglu et les succès de l’Etat islamique en Syrie et en Irak, a connu un ressac supplémentaire, qui se traduit par une forme nouvelle d’enclavement : elle n’a plus aucune entrée au Levant, au Moyen-Orient ou même en Afrique du Nord, suite à l’implosion de la Libye. La disparition du contrôle des flux migratoires par l’Etat libyen fait que l’Europe se trouve assiégée comme avant le 16ème siècle : elle devient le réceptacle d’un trop-plein de population (essentiellement subsaharienne) et cesse d’être la base de départ d’un trop-plein de population vers les Nouveaux Mondes des Amériques et de l’Océanie. Elle n’est plus une civilisation qui rayonne, mais une civilisation que l’on hait et que l’on méprise (aussi parce que les représentants officiels de cette civilisation prônent les dérives du festivisme post-soixante-huitard qui révulsent Turcs, Africains et Arabo-Musulmans).

Dimensions adriatiques

Si cette civilisation battue en brèche perd tous ses atouts en Méditerranée orientale et si la Grèce devient un maillon faible dans le dispositif européen, ce déclin irrémédiable ne pourra plus prendre fin. Raison majeure, pour tous les esprits qui résistent aux dévoiements imposés, de relire l’histoire européenne à la lumière des événements qui ont jalonné l’histoire du bassin oriental de la Méditerranée, de l’Adriatique et de la République de Venise (et des autres Cités-Etats commerçantes et thalassocratiques de la péninsule italienne). L’Adriatique est la portion de la Méditerranée qui s’enfonce le plus profondément vers l’intérieur des terres et, notamment, vers les terres, non littorales, où l’allemand est parlé, langue la plus spécifiquement européenne, exprimant le plus profondément l’esprit européen. La Styrie et la Carinthie sont des provinces autrichiennes germanophones en prise sur les réalités adriatiques et donc méditerranéennes, liées territorialement à la Vénétie. L’Istrie, aujourd’hui croate, était la base navale de la marine austro-hongroise jusqu’au Traité de Versailles. L’Adriatique donne accès au bassin oriental de la Méditerranée et c’est la maîtrise ininterrompue de ses eaux qui a fait la puissance de Venise, adversaire tenace de l’Empire ottoman. Venise était présente en Méditerranée orientale, Gênes en Crimée, presqu’île branchée sur les routes de la soie, laissées ouvertes par les Tatars avant qu’ils ne se soumettent à la Sublime Porte. Cette géopolitique vénitienne, trop peu arcboutée sur une masse territoriale assez vaste et substantielle, n’est peut-être plus articulable telle quelle aujourd’hui : aucun micro-Etat, de dimension urbaine ou ne disposant pas d’une masse de plusieurs dizaines de millions d’habitants, ne pourrait fonctionner aujourd’hui de manière optimale ni restituer une géopolitique et une thalassopolitique de grande ampleur, suffisante pour sortir justement toute la civilisation européenne de l’impasse et de l’enclavement dans lesquels elle chavire de nos jours.

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Double atout d’une géostratégie néo-vénitienne

Le concert européen pourrait déployer unenouvelle géopolitique vénitienne, qui serait une perspective parmi bien d’autres tout aussi fécondes et potentielles, pour sortir de l’impasse actuelle ; cette géopolitique vénitienne devrait dès lors être articulée par un ensemble cohérent, animé par une vision nécessairement convergente et non plus conflictuelle. Cette vision pourrait s’avérer très utile pour une projection européenne efficace vers le bassin oriental de la Méditerranée et vers l’espace pontique. Venise, et Gênes, se projetaient vers le bassin oriental de la Méditerranée et vers la Mer Noire, au-delà du Bosphore tant que Byzance demeurait indépendante. Cette double projection donnait accès aux routes de la soie, au départ de la Crimée vers la Chine et aussi, mais plus difficilement au fil des vicissitudes qui ont affecté l’histoire du Levant, au départ d’Antioche et des ports syriens et libanais vers les routes terrestres qui passaient par la Mésopotamie et la Perse pour amener les caravanes vers l’Inde ou le Cathay.

La présence des villes marchandes italiennes à Alexandrie d’Egypte donnait aussi accès au Nil, à cette artère nilotique qui plongeait, au-delà des cataractes vers les mystères de l’Afrique subsaharienne et vers le royaume chrétien d’Ethiopie. Les constats que nous induisent à poser une observation des faits géopolitiques et géostratégiques de l’histoire vénitienne et génoise devraient tout naturellement amener un concert européen sérieux, mener par des leaders lucides, à refuser tout conflit inutile sur le territoire de l’Ukraine actuelle car ce territoire donne accès aux nouvelles routes qui mènent de l’Europe occidentale à la Chine, que celles-ci soient ferroviaires (les projets allemands, russes et chinois de développement des trains à grande vitesse et à grande capacité) ou offre le transit à un réseau d’oléoducs et de gazoducs. Aucune coupure ne devrait entraver le développement de ces voies et réseaux. De même, les territoires libanais, syriens et irakiens actuels, dans l’intérêt d’un concert européen bien conçu, devraient ne connaître que paix et harmonie, afin de restaurer dans leur plénitude les voies d’accès aux ex-empires persans, indiens et chinois. Le regard vénitien ou génois que l’on pourrait jeter sur les espaces méditerranéen oriental et pontique permettrait de générer des stratégies de désenclavement.

L’Europe est ré-enclavée !

Aujourd’hui, nous vivons une période peu glorieuse de l’histoire européenne, celle qui est marquée par son ré-enclavement, ce qui implique que l’Europe a perdu tous les atouts qu’elle avait rudement acquis depuis la reconquista ibérique, la lutte pluriséculaire contre le fait ottoman, etc. Ce ré-enclavement est le résultat de la politique du nouvel hegemon occidental, les Etats-Unis d’Amérique. Ceux-ci étaient les débiteurs de l’Europe avant 1914. Après le désastre de la première guerre mondiale, ils en deviennent les créanciers. Pour eux, il s’agit avant tout de maintenir le vieux continent en état de faiblesse perpétuelle afin qu’il ne reprenne jamais plus du poil de la bête, ne redevienne jamais leur créancier. Pour y parvenir, il faut ré-enclaver cette Europe pour que, plus jamais, elle ne puisse rayonner comme elle l’a fait depuis la découverte de l’Amérique et depuis les explorations portugaises et espagnoles du 16ème siècle. Cette stratégie qui consiste à travailler à ré-enclaver l’Europe est la principale de toutes les stratégies déployées par le nouvel hegemon d’après 1918.

versailles.pngMême s’ils ne signent pas le Traité de Versailles, les Etats-Unis tenteront, dès la moitié des années 20, de mettre l’Europe (et tout particulièrement l’Allemagne) sous tutelle via une politique de crédits. Parallèlement à cette politique financière, les Etats-Unis imposent dans les années 20 des principes wilsoniens de droit international, faussement pacifistes, visant à priver les Etats du droit à faire la guerre, surtout les Etats européens, leurs principaux rivaux, et le Japon, dont ils veulent s’emparer des nouvelles conquêtes dans le Pacifique. On peut évidemment considérer, à première vue mais à première vue seulement, que cette volonté de pacifier le monde est positive, portée par un beau projet philanthropique. L’objectif réel n’est pourtant pas de pacifier le monde, comme on le perçoit parfaitement aujourd’hui au Levant et en Mésopotamie, où les Etats-Unis, via leur golem qu’est Daech, favorisent « l’intensification maximale du désordre ». L’objectif réel est de dépouiller tout Etat, quel qu’il soit, quelle que soient ses traditions ou les idéologies qu’il prône, de sa souveraineté. Aucun Etat, fût-il assiégé et étouffé par ses voisins, fût-il placé par ses antécédents historiques dans une situation d’in-viabilité à long terme à cause d’une précédente mutilation de son territoire national, n’a plus le droit de rectifier des situations dramatiques qui condamnent sa population à la misère, à l’émigration ou au ressac démographique. Or la souveraineté, c’était, remarquait Carl Schmitt face au déploiement de ce wilsonisme pernicieux, la capacité de décider de faire la guerre ou de ne pas la faire, pour se soustraire à des situations injustes ou ingérables. Notamment, faire la guerre pour rompre un encerclement fatidique ou un enclavement qui barrait la route à la mer et au commerce maritime, était considéré comme légitime. Le meilleur exemple, à ce titre, est celui de la Bolivie enclavée au centre du continent sud-américain, suite à une guerre du 19ème siècle, où le Pérou et le Chili lui avaient coupé l’accès au Pacifique : le problème n’est toujours pas résolu malgré l’ONU. De même, l’Autriche, vaincue par Napoléon, est privée de son accès à l’Adriatique par l’instauration des « départements illyriens » ; en 1919, Clémenceau lui applique la même politique : la naissance du royaume de Yougoslavie lui ôte ses bases navales d’Istrie (Pola), enlevant par là le dernier accès des puissances centrales germaniques à la Méditerranée. L’Autriche implose, plonge dans la misère et accepte finalement l’Anschluss en 1938, dont la paternité réelle revient à Clémenceau.

Versailles et le wilsonisme bétonnent le morcellement intra-européen

Ensuite, pour l’hegemon, il faut conserver autant que possible le morcellement territorial de l’Europe. Déjà, les restrictions au droit souverain de faire la guerre gèle le tracé des frontières, souvent aberrant en Europe, devenu complètement absurde après les traités de la banlieue parisienne de 1919-1920, lesquels rendaient impossible tout regroupement impérial et, plus précisément, toute reconstitution, même pacifique, de l’ensemble danubien austro-hongrois, création toute naturelle de la raison vitale et historique. Ces traités signés dans la banlieue parisienne morcellent le territoire européen entre un bloc allemand aux nouvelles frontières militairement indéfendables, « démembrées » pour reprendre le vocabulaire de Richelieu et de Haushofer, et une Russie soviétique qui a perdu les glacis de l’Empire tsariste (Pays Baltes, Finlande, Bessarabie, Volhynie, etc.). Le double système de Versailles (de Trianon, Sèvres, Saint-Germain, etc.) et des principes wilsoniens, soi-disant pacifistes, entend bétonner définitivement le morcellement de la « Zwischeneuropa » entre l’Allemagne vaincue et l’URSS affaiblie par une guerre civile atroce.

La situation actuelle en découle : les créations des traités iniques de la banlieue parisienne, encore davantage morcelées depuis l’éclatement de l’ex-Yougoslavie et de l’ex-Tchécoslovaquie, sans oublier le démantèlement des franges ouest de la défunte Union Soviétique, permet aujourd’hui aux Etats-Unis de soutenir les revendications centrifuges tantôt de l’une petite puissance résiduaire tantôt de l’autre, flattées de recevoir, de toute la clique néoconservatrice et belliciste américaine, le titre louangeur de « Nouvelle Europe » audacieuse face à une « Vieille Europe » froussarde (centrée autour du binôme gaullien/adenauerien de la Françallemagne ou de l’Europe carolingienne), exactement comme l’Angleterre jouait certaines de ces petites puissances contre l’Allemagne et la Russie, selon les dispositifs diplomatiques de Lord Curzon, ou comme la France qui fabriquait des alliances abracadabrantes pour « prendre l’Allemagne en tenaille », obligeant le contribuable français à financer des budgets militaires pharaoniques, notamment en Pologne, principale puissance de la « Zwischeneuropa », censée remplacer, dans la stratégie française ce qu’était l’Empire ottoman contre l’Autriche des Habsbourg ou ce qu’était la Russie lors de la politique de revanche de la Troisième République, soit un « rouleau compresseur, allié de revers », selon la funeste habitude léguée par François I au 16ème siècle. La Pologne était donc ce « nouvel allié de revers », moins lourd que l’Empire ottoman ou que la Russie de Nicolas II mais suffisamment armé pour rendre plus difficile une guerre sur deux fronts.

Depuis les années 90, l’OTAN a réduit les effectifs de la Bundeswehr allemande, les a mis à égalité avec ceux de l’armée polonaise qui joue le jeu antirusse que l’Allemagne ne souhaitait plus faire depuis le début des années 80. La « Zwischeneuropa » est mobilisée pour une stratégie contraire aux intérêts généraux de l’Europe.

Des séparatismes qui arrangent l’hegemon

Dans la partie occidentale de l’Europe, des mouvements séparatistes sont médiatiquement entretenus, comme en Catalogne, par exemple, pour promouvoir des idéologies néo-libérales (face à d’anciens Etats jugés trop protectionnistes ou trop « rigides ») ou des gauchismes inconsistants, correspondant parfaitement aux stratégies déconstructivistes du festivisme ambiant, stratégies favorisées par l’hegemon, car elles permettent de consolider les effets du wilsonisme. Ce festivisme est pleinement favorisé car il se révèle l’instrument idéal pour couler les polities traditionnelles, pourtant déjà solidement battues en brèche par soixante ou septante ans de matraquage médiatique abrutissant, mais jugées encore trop « politiques » pour plaire à l’hegemon, qui, sans discontinuer, fabrique à la carte des cocktails affaiblissants, chaque fois adaptés à la dimension vernaculaire où pointent des dissensus exploitables. Cette adaptation du discours fait croire, dans une fraction importante des masses, à l’existence d’une « identité » solide et inébranlable, ce qui permet alors de diffuser un discours sournois où la population imagine qu’elle défend cette identité, parce qu’on lui fabrique toutes sortes de gadgets à coloration vernaculaire ; en réalité, derrière ce théâtre de marionnettes qui capte toutes les attentions des frivoles, on branche des provinces importantes des anciens Etats non pas sur une Europe des ethnies charnelles, ainsi que l’imaginent les naïfs, mais sur les réseaux mondiaux de dépolitisation générale que sont les dispositifs néo-libéraux et/ou festivistes, afin qu’in fine tous communient, affublé d’un T-shirt et d’un chapeau de paille catalan ou basque, flamand ou wallon, etc. dans la grande messe néo-libérale ou festiviste, sans jamais critiquer sérieusement l’inféodation à l’OTAN.

Rendre tous les Etats « a-démiques »

Ainsi, quelques pans entiers du vieil et tenace ennemi des réseaux calvinistes/puritains anglo-américains sont encore davantage balkanisés : l’ancien Empire de Charles-Quint se disloque encore pour rendre tous ses lambeaux totalement «invertébrés » (Ortega y Gasset !). Les Bretons et les Occitans, eux, ne méritent aucun appui, contrairement aux autres : s’ils réclament autonomie ou indépendance, ils commettent un péché impardonnable car ils visent la dislocation d’un Etat occidentiste, dont le fondamentalisme intrinsèque, pure fiction manipulatrice, ne se réclame pas d’un Dieu biblique comme en Amérique mais d’un athéisme éradicateur. Les Bretons ne revendiquent pas la dissolution d’une ancienne terre impériale et européenne mais d’un Etat déjà « adémique », de « a-demos », de « sans peuple » (« a » privatif + démos, peuple en grec, ce néologisme ayant été forgé par le philosophe italien Giorgio Agamben). Il faut donc les combattre et les traiter de ploucs voire de pire encore. La stratégie du morcellement permanent du territoire vise, de fait, à empêcher toute reconstitution d’une réalité impériale en Europe, héritière de l’Empire de Charles-Quint ou de la « Grande Alliance », mise en exergue par l’historien wallon Luc Hommel, spécialiste de l’histoire du fait bourguignon. La différence entre les indépendantismes anti-impériaux, néfastes, et les indépendantismes positifs parce qu’hostiles aux Etats rénégats, qui, par veulerie intrinsèque, ont apostasié l’idéal d’une civilisation européenne unifiée et combattive, ne doit pas empêcher la nécessaire valorisation de la variété européenne, selon les principes mis en exergue par le théoricien breton Yann Fouéré qui nous parlait de « lois de la variété requise ».

Des tissus de contradictions

En Flandre, il faut combattre toutes les forces, y compris celles qui se disent « identitaires », qui ne revendiquent pas un rejet absolu de l’OTAN et des alliances nous liant aux puissances anglo-saxonnes qui articulent contre l’Europe le réseau ECHELON. Ces forces pseudo-identitaires sont prêtes à tomber, par stupidité crasse, dans tous les pièges du néo-libéralisme. En Wallonie, on doit rejeter la tutelle socialiste qui, elle, a été la première à noyer la Belgique dans le magma de l’OTAN, que les adversaires de cette politique atlantiste nommaient le « Spaakistan », rappelle le Professeur Coolsaet (RUG).

En Wallonie, les forces dites « régionales » ou « régionalistes » sont en faveur d’un développement endogène et d’un projet social non libéral mais sans redéfinir clairement la position de la Wallonie dans la grande région entre Rhin et Seine. La littérature wallonne, en la personne du regretté Gaston Compère, elle, resitue ces régions romanophones de l’ancien Saint-Empire dans le cadre bourguignon et les fait participer à un projet impérial et culturel, celui de Charles le Téméraire, tout en critiquant les forces urbaines (et donc non traditionnelles de Flandre et d’Alsace) pour avoir torpillé ce projet avec la complicité de l’« Universelle Aragne », Louis XI, créateur de l’Etat coercitif moderne qui viendra à bout de la belle France des Riches Heures du Duc de Berry, de Villon, Rutebeuf et Rabelais.

Compère inverse la vulgate colportée sur les divisions de la Belgique : il fait des villes flamandes les complices de la veulerie française et des campagnes wallonnes les protagonistes d’un projet glorieux, ambitieux et prestigieux, celui du Duc de Bourgogne, mort à Nancy en 1477. Certes Compère formule là, avec un magnifique brio, une utopie que la Wallonie actuelle, plongée dans les eaux glauques de la crapulerie politique de ses dirigeants indignes, est aujourd’hui incapable d’assumer, alors que la Flandre oublie sa propre histoire au profit d’une mythologie pseudo-nationaliste reposant sur un éventail de mythes contradictoires où se télescopent surtout une revendication catholique (le peuple pieux) contre les importations jacobines de la révolution française et une identification au protestantisme du 16ème siècle, dont les iconoclastes étaient l’équivalent de l’Etat islamiste d’aujourd’hui et qui ont ruiné la statuaire médiévale flamande, saccagée lors de l’été 1566 : il est dès lors plaisant de voir quelques têtes creuses se réclamer de ces iconoclastes, au nom d’un pannéerlandisme qui n’a existé que sous d’autres signes, plus traditionnels et toujours au sein de l’ensemble impérial, tout en rabâchant inlassablement une hostilité (juste) contre les dérives de Daech, toutefois erronément assimilées à toutes les formes culturelles nées en terres islamisées : si l’on se revendique des iconoclastes calvinistes d’hier, il n’y a nulle raison de ne pas applaudir aux faits et gestes des iconoclastes musulmans d’aujourd’hui, armés et soutenus par les héritiers puritains des vandales de 1566 ; si l’on n’applaudit pas, cela signifie que l’on est bête et surtout incohérent.

Les mythes de l’Etat belge sont eux aussi contradictoires car ils mêlent idée impériale, idée de Croisade (la figure de Godefroy de Bouillon et les visions traditionnelles de Marcel Lobet, etc.), pro- et anti-hollandisme confondus dans une formidable bouillabaisse, nationalisme étroit et étriqué, étranger à l’histoire réelle des régions aujourd’hui demeurées « belges ».

En Catalogne, la revue Nihil Obstat(n°22, I/2014), publiée près de Tarragone, rappelle fort opportunément que tout catalanisme n’a pas été anti-impérial : au contraire, il a revendiqué une identité aragonaise en l’assortissant d’un discours « charnel » que l’indépendantisme festiviste qui occupe l’avant-scène aujourd’hui ne revendique certainement pas car il préfère se vautrer dans la gadoue des modes panmixistes dictées par les officines d’Outre-Atlantique ou communier dans un gauchisme démagogique qui n’apportera évidemment aucune solution à aucun des maux qui affectent la société catalane actuelle, tout comme les dérives de la NVA flamande dans le gendérisme (made in USA avec la bénédiction d’Hillary Clinton) et même dans le panmixisme si prisé dans le Paris hollandouillé ne résoudront aucun des maux qui guettent la société flamande. Cette longue digression sur les forces centrifuges, positives et négatives, qui secouent les paysages politiques européens, nous conduit à conclure que l’hegemon appuie, de toutes les façons possibles et imaginables, ce qui disloque les polities, grandes et petites, d’Europe, d’Amérique latine et d’Asie et les forces centrifuges qui importent les éléments de dissolution néolibéraux, festivistes et panmixistes qui permettent les stratégies d’ahurissement visant à transformer les peuples en « populations », à métamorphoser tous les Etats-Nations classiques, riches d’une Realpolitik potentiellement féconde, en machines cafouillantes, marquées par ce que le très pertinent philosophe italien Giorgio Agamben appelait des polities « a-démiques », soit des polities qui ont évacué le peuple qu’elles sont pourtant censées représenter et défendre.

L’attaque monétaire contre la Grèce, qui a fragilisé la devise qu’est l’euro, afin qu’elle ne puisse plus être utilisée pour remplacer le dollar hégémonique, a ébranlé la volonté d’unité continentale : on voit réapparaître tous les souverainismes anti-civilisationnels, toutes les illusions d’isolation splendide, surtout en France et en Grande-Bretagne, tous les petits nationalismes de la « Zwischeneuropa », toutes les formes de germanophobie qui dressent les périphéries contre le centre géographique du continent et nient, par effet de suite, toute unité continentale et civilisationnelle. A cette dérive centrifuge générale, s’ajoutent évidemment les néo-wilsonismes, qui ne perçoivent pas le cynisme réel qui se profile derrière cet angélisme apparent, que percevait parfaitement un Carl Schmitt : on lutte parait-il, pour la « démocratie » en Ukraine ou en Syrie, pour le compte de forces sur le terrain qui s’avèrent très peu démocratiques. Les festivismes continuent d’oblitérer les volontés et ruinent à l’avance toute reprise d’une conscience politique. Les séparatismes utiles à l’hegemon gagnent en influence. Les séparatismes qui pourrait œuvrer à ruiner les machines étatiques devenues « a-démiques » sont, eux, freiner dans leurs élans. L’Europe est un continent devenu « invertébré » comme l’Espagne que décrivait Ortega y Gasset. L’affaire grecque est le signal premier d’une phase de dissolution de grande ampleur : la Grèce fragilisée, les flots de faux réfugiés, l’implosion de l’Allemagne, centre du continent, l’absence de jugement politique et géopolitique (notamment sur le bassin oriental de la Méditerranée, sur la Mer Noire et le Levant) en sont les suites logiques.

Robert Steuckers.

Madrid, Alicante, Hendaye, Forest-Flotzenberg, août-novembre 2015.

De l’attentat du 12 novembre 2015 à Beyrouth à ceux de Paris le 13 novembre suivant…

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De l’attentat du 12 novembre 2015 à Beyrouth à ceux de Paris le 13 novembre suivant…

par l’inter-collectif L’INTERNATIONALE

De l’attentat du 12 novembre 2015 à Beyrouth à ceux de Paris le 13 novembre suivant, en passant par tous les 11 septembre petits, grands ou moyens, le terrorisme c’est toujours et partout le spectacle d’imposture étatique de la crise mondiale du chaos de la marchandise !

 

« Les bombes-fusées qui tombaient chaque jour sur Londres étaient probablement lancées par le gouvernement de l’Océania

lui-même, juste pour maintenir les gens dans la peur »

George Orwell, 1984

 

Les opérations sous fausse bannière ou « sous faux pavillon », parfois désignées sous l’anglicisme de false flag sont des actions de perfidie et d’artifice stratégiques menées avec utilisation de marques de reconnaissance fabriquées, contrefaites, postiches, fourbes ou empruntées, dans le cadre d’opérations clandestines destinées à désigner un responsable inexact, imaginaire et trafiqué qui commise par tout autre que lui mais qui permettra de la sorte que tous les bénéfices en reviennent à celui qui justement l’aura cependant perpétré.

 

Au tout début du mois d’août 1964, deux destroyers américains qui s’étaient engagés dans les eaux territoriales du Nord-Viêtnam, essuyèrent soi-disant des tirs de la part de batteries nord vietnamiennes.

 

Il est établi aujourd’hui par la documentation déclassifiée que ces « Incidents du Golfe du Tonkin » ont constitué une manoeuvre délibérée de feinte, de provocation et de simulation pour prétexter une escalade de l’intervention américaine dans le conflit indochinois. Les Papiers du Pentagone ont de la sorte révélé que le texte de la position rédigée par l’administration Johnson l’avait été en fait plusieurs mois avant la date desdits « incidents ». Le manège légendaire de cet accrochage arrangé a donc fourni au président Johnson la couverture tant attendue pour faire voter le texte de la Résolution qui lui donna les moyens de déclarer la guerre sans avoir à demander au préalable l’autorisation du Congrès.

 

Même si cette péripétie fut en réalité le contraire de ce que le spectacle officiel en a dit puisqu’elle n’a jamais existé réellement qu’en stricte contradiction avec la logorrhée des experts étatico-médiatiques du faux omniprésent qui l’ont évidemment narrée de manière retournée, cela a bien entendu suffi à convaincre la conscience hallucinée et obéissante des Américains de l’utilité d’une riposte. Johnson a donc pu paisiblement autoriser alors les raids aériens de terreur sur le Viêtnam par ce casus belli entièrement forgé par les officines et les ateliers de l’ombre. Sur cette lancée de simulacres, de fourberie, de sang et de larmes, les Bush, Clinton et Obama et tous leurs laquais de l’Europe bruxelloise n’ont cessé en Irak, en Yougoslavie en Afghanistan et ailleurs, de démontrer que partout où règne le spectacle capitaliste de la terreur démocratique, les seules forces autorisées sont celles qui reproduisent la terreur capitaliste du spectacle démocratique.

 

Durant ces dernières années, les premiers grands attentats étatiques sous fausse bannière eurent spectaculairement lieu en Italie lors des années de plomb lorsque la modernisation de l’esclavage citoyenniste rendit nécessaire que le gouvernement fit de l’attentat aveugle le mode opératoire le plus approprié à la psychologie de masse de la soumission, de l’in-conscience et de la cécité. Ainsi, le 2 août 1980, à 10 h 25, à la gare de Bologne, une bombe posée dans la salle d’attente explosait. Elle tuait 85 personnes et en blessait plus de 200, arrivant ou partant de la gare pour cette période de fort trafic estival.

 

Dans son arrêt du 23 novembre 1995, la Cour de cassation du tripatouillage officiel italien, malgré mille et une occultations savantes ou grossières, fut néanmoins obligée de reconnaître que derrière cet attentat, il y avait bien l’existence d’une vaste organisation criminelle gouvernementale où l’on retrouvait la maffia, la loge maçonnique P2 et les services spéciaux les plus secrets de l’appareil d’État… Bien entendu, les commanditaires profonds du massacre n’ont jamais été découverts puisque cachés derrière les comparses secondaires de l’organisation Gladio, ceux-ci se trouvaient au cœur central et insaisissable de l’état-major de la stratégie de la tension élaborée par les États-Unis via l’OTAN et ses divers magasins et affidés, ceci tant pour neutraliser les velléités dommageables de non-alignement de certains courants politiciens italiens que pour briser la radicalité ouvrière des grèves sauvages qui débordait alors dangereusement les chiens de gardes politiques et syndicaux.

 

La crise du spectacle démocratique de la dictature marchande est désormais à son point culminant et le chaos étatiquement programmé y est alors amené à produire partout et sans cesse son mythique ennemi inventé, le terrorisme qui est en fait sa seule vraie défense en ce temps de décomposition universelle où la liberté despotique de l’argent et ses conséquences véritables ne peuvent être encore acceptées qu’au regard d’antagonismes factices et d’attaques insidieuses sous fausses bannières constamment mises en scène par le biais d’orchestrations machiniques de vaste ampleur.

 

L’histoire du terrorisme est désormais l’une des forces productives majeures du spectacle étatique mondialiste; elle définit donc le cœur stratégique du dressage social puisque les spectateurs doivent retenir de la pédagogie de l’attentat, que, en comparaison au terrorisme, toute la pourriture quotidienne de la vie fausse devra leur demeurer préférable et préférée.

 

L’union sacrée de la servitude volontaire n’a bien évidemment qu’un temps mais le confusianisme mystérieux des bombes barbouzardes conserve toujours là un intérêt évident bien que sa durée soit éminemment toujours et de plus en plus rétrécie…

 

Dans le monde du spectacle de la marchandise où les intérêts agissants de la dictature démocratique des Mafia de l’argent sont à la fois si bien et si mal obscurcis, il convient toujours pour saisir les mystères du terrorisme d’aller au-delà des rumeurs médiatiques policières puisque la sauvegarde des secrets de la domination opère continûment par attaques fardées et véridiques artifices.

 

Le leurre commande le monde du fétichisme de la marchandise et aujourd’hui d’abord en tant que leurre d’une domination qui ne parvient plus à vraiment s’imposer au moment où l’économie historique de la crise manifeste explosivement la crise historique de l’économie elle-même. Du meurtre d’Aldo Moro par les brigades rouges étatiques aux attentats pentagonistes du 11 septembre et en passant évidemment par la disparition violemment paramétrée de John Fitzgerald Kennedy sans oublier les tueries hautement calculées des télépilotés Merah, Kouachi et autres Coulibaly, la société du spectacle de l’indistinction marchande ne cesse de s’éminemment montrer comme le monde de l’inversion universelle où le vrai est toujours réécrit comme un simple moment nécessaire de la célébration du faux.

 

Derrière les figurants, les obscurs tirages de ficelles et les drapeaux mal bricolés, les vrais commanditaires sont adroitement camouflés puisqu’ils résident invariablement dans ces lieux impénétrables et énigmatiques, inaccessibles à tout regard, mais qui du même coup les désignent par cette ruse de la raison qui rend précisément percevable ce qui se voulait justement in-soupçonnable.

 

Le masquage généralisé se tient derrière le spectacle qui donne ainsi à infiniment contempler quelque chose en tant que complément décisif et stratégique de ce qu’il doit empêcher simultanément que l’on voit et, si l’on va au fond des choses, c’est bien là son opération la plus importante; obliger à sans cesse observer ceci pour surtout ne point laisser appréhender cela.

 

Par-delà chaque tueur fou opportunément manipulé dans les eaux troubles du djihadisme téléguidé, ou de l’extrémisme supervisé existe, en premier lieu, l’incontournable réalité du gouvernement du spectacle de la marchandise lequel dorénavant possède tous les moyens techniques et tous les pouvoirs gestionnaires d’altérer et de contre-faire l’ensemble de la production sociale de toute la perception humaine mise sous contrôle. Despote absolu des écritures du passé et tyran sans limite de toutes les combinaisons qui arrangent le futur, Big Brother pose et impose seul et partout les jugements sommaires de l’absolutisme démocratique des nécessités du marché de l’inhumain. On commet une très lourde erreur lorsque l’on s’exerce à vouloir expliquer quelque attentat en opposant la terreur à l’État puisqu’ils ne sont jamais en rivalité. Bien au contraire, la théorie critique vérifie avec aisance ce que toutes les rumeurs de la vie pratique avaient si facilement rapporté lors des très enténébrées disparitions de Jean de Broglie, Robert Boulin, Joseph Fontanet, Pierre Berégovoy et François de Grossouvre. L’assassinat n’est pas étranger au monde policé des hommes cultivés de l’État de droit car cette technique de mise en scène y est parfaitement chez elle en tant qu’elle en est désormais l’articulation de l’un des plus grands quartiers d’affaires de la civilisation moderne.

 

Le temps terroriste de la manipulation étatique actuelle signale que la crise de la baisse du taux de profit est entrée dans sa phase de fétichisme supérieur…

 

Dans les contradictions historiques du temps présent, le gouvernement du spectacle mondial vise tout à la fois à briser le réveil communard des luttes de classe (qui vient…) et « OTANiser » toujours plus sa province française  par le biais du faux drapeau terroriste spectacliste…

 

Le chaos terroriste étatique de la marchandise est le seul langage possible de la crise terminale du Capital… Nous contemplons ainsi le tableau faussaire d’un chaos spectaculaire impeccablement organisé pour le Proche- et le Moyen-Orient puis pour la planète toute entière, dans des cadres de déguisement strictement conformes à la stratégie du gouvernement du spectacle mondial qui tente désespérément d’échapper au marasme catastrophique d’un dollar en débâcle chronique… Al-Qaïda puis Daech sont là les accablantes métastases de la crise mondiale du taux de profit provisionnés par les pétrodollars du Qatar et de l’Arabie Saoudite et armés par eux avec délégation directe de Washington et blanc-seing de Tel-Aviv… Et la France atlantisée jusqu’à la mœlle est de la sorte bombardée jusqu’au cœur de Paris pour toujours davantage marcher au pas des réseaux et services clandestins terroristes de l’OTAN dont les faux drapeaux constituent bien sûr une industrie marchande spectaculaire de premier ordre fétichiste…

 

À Beyrouth au Liban, le 12 novembre 2015, deux attentats quasi-simultanés frappent le quartier chiite de Burj El-Barajneh sous contrôle du Hezbollah. Les deux attentats sont revendiqués par l’organisation des services américains de l’État islamique. Cette attaque terroriste intervient deux jours après que l’armée syrienne, soutenue par le Hezbollah et des troupes iraniennes, ait remporté une victoire significative contre Daech en reprenant l’aéroport de Kweires, à l’Est d’Alep. Le lendemain, 13 novembre, les attentats spectaculaires commis à Paris sous le même  drapeau à multiples tiroirs cabalistiques et qui ont tué 130 personnes en faisant de multiples blessés, sont venus solennellement rappeler à la province américaine d’Europe que la guerre sans fin du chaos OTANiste est un dogme obligatoire du capitalisme intégral qui doit pulvériser tout le Levant ainsi que l’ensemble des périphéries de l’Eurasie afin d’en faire une chasse gardée de la fusion terroristo-pananoïaque israélo-américaine de la crise universalisée du fétichisme de la marchandise.

 

Le terrorisme d’État industriel n’est rien d’autre que  l’errance de la religion monothéiste de la crise historique de la marchandise…

 

Au moment arrivé de la tyrannie spectaculaire de la crise du capitalisme drogué, le crime règne en fait comme le paradigme le plus parfait de toutes les entreprises commerciales et industrielles dont l’État est le centre étant donné qu’il se confirme là finalement comme le sommet des bas-fonds et le grand argentier des trafics illégaux, des disparitions obscures et des protections cabalistiques. Plus que jamais, en ce moment très spécifiquement crisique où en France, reprenant le témoin d’une droite complètement épuisée, la gauche du Capital bien vite superbement exténuée est en charge des affaires d’un marché en pleine décomposition, l’exutoire terroriste risque de devenir de plus en plus tentant pour détourner la colère qui monte, il est temps d’en finir avec toutes les mystifications et tous les malheurs historiques de l’aliénation gouvernementaliste afin de commencer à pressentir la possibilité de situations humaines authentiques.

 

Hors de l’économie politique de la non-vie, il convient exclusivement d’organiser le retour aux sources à une communauté d’existence enfin débarrassée de toute exploitation et de toute domination.

 

Inter-collectif L’Internationale

novembre 2015


Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

Vaincre le terrorisme

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Vaincre le terrorisme

par José Castano
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

« L’expérience des dernières générations me convainc pleinement que, seule l’inflexibilité de l’esprit humain, fermement dressé sur le front mouvant des violences qui le menacent, et prêt au sacrifice et à la mort en proclamant : « Pas un pas de plus ! » Seule, cette inflexibilité de l’esprit assure la véritable défense de la paix de l’individu, la paix de tous et de toute l’humanité. » (Alexandre Soljenitsyne)

Qu’ils soient intégristes, fanatiques religieux ou anarchistes, les terroristes prêchent le viol de la société, et, par conséquent, ils ne sauraient être traités comme des adversaires réguliers. Car « vouloir donner aux choses le sens de ses désirs est la pire forme de dérèglements de l’esprit ». Ainsi s’est exprimé Bossuet dans une de ses prédictions au souffle lyrique de ses visions grandioses.

Le caractère d’extrême gravité que revêt le terrorisme international a fait de la France l’une de ses plaques tournantes et nous met dans l’obligation de réagir avec fermeté contre tous ceux qui tentent de faire de notre pays un « champ de tir » du terrorisme, son refuge ou son « laboratoire d’expériences » révolutionnaires… d’autant plus que ces actions terroristes impliquent nécessairement une chaîne de connivence et d’appui logistique sur notre sol et une préparation minutieuse…

Cependant, notre juridiction actuelle est mal adaptée à l’action répressive que la société doit exercer contre les criminels qui mettent en cause sa légitimité. Devant pareil danger, la réaction doit non seulement s’adapter à l’adversaire en retournant contre les terroristes le conseil de Lénine : « Ne laissez jamais se constituer de Vendées », mais conduire aussi à une prise de conscience populaire. A la stratégie de déstabilisation des terroristes, la Nation doit répondre par une « stratégie de répulsion ». Cette stratégie implique en premier lieu le contrôle étroit des communautés étrangères dans le pays, afin de prévenir le prolongement sur notre territoire de luttes extérieures, partant : se protéger d’un terrorisme par « vases communicants » ou par osmose.

La mise en œuvre du plan « Sentinelle » qui mobilise actuellement 10 000 hommes sur le territoire national (et cela pour « aussi longtemps que la situation l’exigera (sic) » a précisé le ministre de la Défense -ce qui peut se traduire, comme ce fut déjà le cas pour le plan Vigipirate, par le maintien définitif du dispositif- ne saurait être la solution idéale car envisager la mobilisation de nos soldats (hébergés de surcroît dans des conditions précaires alors que les « sans papiers » bénéficient de chambres d’hôtels) dans la durée n’est pas la mission des armées. Un soldat est préparé à faire la guerre ; il n’a aucune formation de police et ce n’est pas sa vocation. On ne pourra donc, indéfiniment, le maintenir dans des missions statiques en limitant sa tâche à un rôle de vigile ou de « supplétif des forces de police » sous peine de l’« user », de le démotiver et d’éroder son potentiel de combat.

A la guerre révolutionnaire ou « guerre sainte » prônée par les islamistes, nous devons opposer la guerre populaire totale ou guerre de libération nationale. Face à une menace terroriste, il faut faire le choix majeur qui s’impose et en tirer toutes les conséquences ; agir sans oublier la foi formulée par Engels : « Ne jamais jouer avec l’insurrection armée et, quand on la commence, la mener jusqu’au bout ». La France est aux yeux de l’islam une aire de guerre, « dâr al-harb », et elle se doit de traiter ce dernier de la même manière qu’il la traite.

Nous n’arriverons probablement jamais -en dépit de toute fermeté- à réduire totalement les actions criminelles mais il serait possible d’en limiter le nombre par l’instauration d’une juridiction et de tribunaux d’exception identiques à ceux créés par le régime gaulliste durant la guerre d’Algérie afin d’éradiquer l’OAS… et qui menèrent sans le moindre état d’âme au poteau d’exécution quatre soldats français dont deux officiers.

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Puisque cela fut accompli contre des patriotes dont le seul crime fut de vouloir conserver l’Algérie française, pourquoi cette juridiction ne serait-elle pas reconduite contre les ennemis de la France reconnus coupables d’avoir sacrifié des victimes innocentes ? Dès lors, le rétablissement et la mise en application immédiate de la peine de mort seraient prononcés à leur endroit. Qui a tué doit être tué ! L’horreur du mal est le principe même de la justice. Elle doit s’imposer comme une règle impérative, car elle est notre propre raison. « La loi, en général, est la raison humaine –disait Montesquieu- en tant qu’elle gouverne tous les peuples de la terre »…

Les demi-mesures, comme c’est le cas actuellement, ne mènent à rien car les vices impunis s’accroissent à l’infini. Mais châtier les coupables, les condamner à mort ou leur infliger une sanction à la hauteur de leurs crimes, ne ferait -dans notre société émolliente, indifférente, conservatrice- que révolter les consciences de la « bien-pensance », des associations « humanistes » et provoquer la colère des islamo-compatibles issus de la gauche bobo-caviar et de la droite capitularde et louvoyante toujours prompts à brandir le carton rouge au nom de leur angélisme républicain.

Dostoïevski écrivait déjà, dans la « légende du Grand Inquisiteur » : « Qui aime trop l’humanité en général est en grande partie incapable d’aimer l’homme en particulier. Qui plaint trop le malfaiteur est fort souvent incapable de plaindre la victime ». Et le drame actuel c’est que nos sociétés vieillottes s’interdisent tout moyen coercitif. Elles ont lentement accumulé pendant une longue procession de siècles, les règles, les précautions et les interdits destinés à protéger l’idée qu’elles se faisaient de la civilisation. Elles ont imaginé couler la sagesse dans des lois… codifier l’indulgence et la mesure, pour défendre l’homme contre lui-même. Préoccupées d’exorciser la violence qui bouillonne toujours confusément dans des instincts mal maîtrisés, elles ont naturellement été conduites à interdire la seule forme de violence sur laquelle elles pouvaient peser : la cruelle mais indispensable gamme des châtiments qui prétendent moins punir le crime, que décourager le criminel.

Négligeant cette suprême mise en garde d’Aristote « Tolérance et apathie sont les dernières vertus d'une société mourante », elles ont inventé un arsenal de répression humain conçu à l’exacte mesure de coupables considérés comme des « égarés » ou des « déséquilibrés ». Or, on ne combat pas des terroristes avec de simples lois. On doit adopter une riposte appropriée afin de les arrêter dans leur élan velléitaire et agressif. « Plus l’État est corrompu, plus les lois se multiplient » clamait Tacite, cet historien et sénateur de l’antique Rome.

La France vit sous des menaces de plus en plus récurrentes que l’on ne peut contenir par la seule force de la loi. « Les français vont devoir s’habituer non à la menace des attentats, mais à la réalité des attentats qui vont, à mes yeux, immanquablement survenir. Nous sommes désormais dans l’œil du cyclone, le pire et devant nous » a déclaré dans « Ouest France », le 14 novembre 2015, le juge Marc Trévidic.

En effet, la France est confrontée à l’un des plus graves périls de son histoire et ne doit pas s’embarrasser de préjugés pour prendre les mesures appropriées afin d’assurer sa propre survie. « Celui qui s’incline devant des règles établies par l’ennemi ne vaincra jamais » soutenait Léon Trotski.

Quand la liberté est frêle, en péril, alors on ne transige pas et Saint-Just d’annoncer en ces termes la répression sanglante des mouvements contre-révolutionnaires et royalistes pendant la Révolution : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ». C’était, certes, La Terreur mais cette célèbre citation revient en pleine actualité.

Aujourd’hui, empêtrée dans ses règles, ses décrets et ses scrupules, voilà la civilisation paralysée par les dogmes qui la fondent et les lois qui la défendent, qui ne peut transgresser sans se renier. Et voici les barbares –forts de cette assurance- qui répandent leur terreur en voulant tout détruire, tout raser pour tout recommencer sur les décombres d’un passé qu’ils haïssent parce qu’ils ne le comprennent pas. Et ils tentent d’imposer leur loi par l’assassinat et la terreur à des sociétés qui ont su dissiper ces cauchemars depuis si longtemps qu’elles n’en imaginent plus l’éventuel retour. Voici qu’enchaînées par les règles qu’elles ont accumulées pour se prémunir contres les excès de leur propre colère, les sociétés stupéfaites s’abandonnent aux coups que leur portent des colères inconnues… Et voici que s’écroule la civilisation parce que les barbares puisent dans son raffinement, ses complications et son indulgence, la seule force qui rend leurs débordements irrésistibles. Ils retrouvent naturellement le plaisir d’égorger sachant combien timide sera la répression. Jamais les passions déchaînées n’ont fait autant de ravages… semé autant de morts… Jamais on n’a assassiné autant d’hommes au nom du bonheur de l’humanité… Jamais le mot de Malaparte n’a été plus juste : « Jamais on n’a couché autant de Christs dans les charniers du monde ».

Et nous, pauvres occidentaux, sommes en passe de perdre cette ultime guerre qui nous est imposée parce qu’irrémédiablement condamnés à capituler… au nom de la défense de la civilisation qui n’est autre qu’un suicide devant un assaut qui en nie l’essentiel.

Soljenitsyne a écrit : « Toute notre vie là-bas nous a appris qu’il existe un seul moyen de résister à la violence : c’est la fermeté ! »

Dans la lutte contre la subversion et le terrorisme, rien n’est plus important que l’application d’une politique de défense préventive ferme et impitoyable à l’égard des adversaires de la Nation. Celui qui sème le vent doit récolter la tempête.

José Castano, 24 novembre 2015

Europe Is Run by Hollow Men

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Will Europe Man Up?

Europe Is Run by Hollow Men: They keep importing foreign welfare clients, says Patrick J. Buchanan.

If the purpose of terrorism is to terrify, the Islamic State had an extraordinary week. Brussels, capital of the EU and command post of mighty NATO, is still in panic and lockdown.

“In Brussels, fear of attack lingers” was Monday’s headline over The Washington Post’s top story, which read:

“Not since Boston came to a near-standstill after the Boston Marathon bombing in 2013 has the life of a major Western city been brought to a halt this way by the fear of terrorism.”

Below that is this headline: “After Paris, a campaign changed by fear.”

That story is about what’s happened in our presidential race: “Across the country … have come pronouncements of anger and fear not seen after the terrorist attacks in London and Madrid — or even in some ways after Sept. 11 2001.”

warholl4QGRtDb3Sbc6KY.jpgVoters speak of “feeling more afraid of the Islamic State, more horrified by the imagery of the beheadings and other atrocities.”

The New York Times’ Roger Cohen describes the Paris he loves.

“[T]hey are shaken. There is a void in the streets too empty, a new suspicion in appraising glances, a wary numbness. Paris is afflicted with absences — the dead, of course; visitors frightened away; minds frozen by fear; and tranquility lost. The city feels vulnerable.”

“I think France is attacked above all for what it is,” writes Cohen, “That in turn is terrifying. … I don’t think Paris has ever felt so precious or precarious to me as it did over the past week.”

Terrible as the massacres were, some perspective is in order.

What happened on Friday the 13th is that nine fanatics of the Islamic State, using suicide vests and AK-47s, slaughtered people at restaurants, a soccer stadium and in a concert hall.

The death toll of 130 is being called the “worst attack on French soil since World War II.”

Yet, from August 1914 to November of 1918, World War I, 850 French died every day for 51 months, a total of 1.3 million in four years in a country not nearly so populous as France is today.

On Aug. 22, 1914, some 27,000 French soldiers died resisting the German invasion. Yet France survived to dictate terms to Berlin.

But that France was another country than today’s.

In our own Civil War, in a country one-tenth as populous as today, 400 Americans, North and South, died every day for four years.

The point of this recital is not to minimize the horror in Paris.

But it is to suggest that when Jeb Bush calls the attack on Paris “an organized effort to destroy western civilization,” he is ascribing to our enemies in ISIS powers they do not remotely possess.

hollnunu.jpgIndeed, the terror, fear, panic and paralysis exhibited today is in ways more alarming than the massacre itself. Russia lost twice as many people on that airliner blown up over Sinai as died in France. But Russia and Vladimir Putin do not appear to be terrorized.

Every week in Iraq, terrorists claim as many lives as were lost in France. In Syria’s civil war, 250,000 have died. This translates into more dead every day for four years than died in Paris on Nov. 13.

What has happened to a West that once ruled the world?

By any measure — military, economic, scientific — the Islamic State, compared to the West, is a joke.

What the Islamists do have, however, is this: If they can reach the West and are willing to give up their lives, and can learn how to fire an AK-47 or construct a suicide vest, they can terrify the peoples of the West by slaughtering dozens or scores of them.

For 10 days, ISIS killers have dominated world news, television, print and social media. So doing, they have engendered a real fear in the heart of Western man.

The strength of ISIS, of the Islamist militants, of those willing to die driving the “Crusaders” out of their lands, beheading infidels, imposing sharia, attacking the West, lies in an emptiness in the soul of Western Man.

Many Europeans are the “hollow men” of T. S. Eliot’s depiction.

They have repudiated their cradle faith Christianity, apologized for the sins of their fathers and sought to make reparations, embraced La Dolce Vita, materialism and hedonism, freeloaded off U.S. defense for 70 years, ceased to have children, thrown open their borders to former colonial peoples to come and repopulate the continent, and turned their back on patriotism to celebrate diversity and globalism.

They invited the world in. And the world is coming to enjoy the lavish fruits of their welfare states and, one day, will be using the West’s concept of one-man, one-vote to rule the countries that ruled their ancestors.

The colonized are slowly becoming the conquerors.

The challenge of ISIS is not entirely unhealthy. It will tell us whether Europe has the will to survive.

As for Paris, time to move on. For, given the triumph this has been for ISIS, more such massacres are inevitable.

Patrick J. Buchanan [send him mail] is co-founder and editor of The American Conservative. He is also the author of seven books, including Where the Right Went Wrong, and Churchill, Hitler, and the Unnecessary War. His latest book is Suicide of a Superpower: Will America Survive to 2025? See his website.

mercredi, 25 novembre 2015

Penser l’urgence et ses suites

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Penser l’urgence et ses suites

par Georges FELTIN-TRACOL

 

Au lendemain des attentats des 7 et 9 janvier 2015, des commentateurs les décrivaient comme le « 11 septembre français ». Ils ignoraient alors que ces tristes événements seraient largement dépassés dix mois plus tard par une série d’attaques près du Stade de France et dans les Xe et XIe arrondissements de Paris, faisant cent trente tués et plus de quatre cents blessés. Le vendredi 13 novembre, la France vient de subir un nouveau « 11 septembre » en attendant les prochains, plus terribles encore avec des bombes chimiques, bactériologiques, voire « sales » peu coûteuse à monter. « Chaque fois, on ramasse plus de cadavres, s’inquiète le criminologue Xavier Raufer. Merah : 7 morts; Charlie Hebdo : 17 morts; Bataclan : près de 140 morts. Si l’on n’y prend pas garde, le prochain coup sera exponentiel avec 1 000 victimes (1). »

 

Auteur d’une politique étrangère idéologique, démente et aventureuse, adepte de l’irénisme criminel et responsable de l’intrusion dangereuse et massive d’immigrés, potentiellement terroristes, le gouvernement hexagonal se trouva un instant désemparé avant de déclarer dans la nuit même l’état d’urgence. Le recours à cette situation d’exception prévue par la loi du 3 avril 1955 décidée par Edgar Faure, qui supplée aujourd’hui tant l’état de siège (article 36 de la Constitution de 1958) que les pouvoirs présidentiels exceptionnels (article 16) paraît légitime. « La violence créé en effet une situation exceptionnelle, écrit Julien Freund, et elle se prend elle-même pour norme (2). »

 

D’abord appliqué au seul sol métropolitain, l’état d’urgence s’étend à compter du 19 novembre à l’Outre-mer, à l’exception des territoires autonomes d’Océanie (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna) et de la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon. Paradoxalement, cette dernière qui accorde largement ses suffrages au PS, garde encore une réelle homogénéité ethnique… L’extension de l’état d’urgence confirme que « la politique est directement en contact avec l’existence, elle défend des positions et particularise les problèmes (3) ».

 

Bien que privilégiant la morale au politique, le gouvernement Hollande – Valls a saisi que « s’il y a une situation exceptionnelle et que le salut public est en jeu, il est de son devoir de prendre la décision qui convient, quitte à revenir sur les mesures prises une fois que la situation est redevenue normale (4) ». Ne soyons toutefois pas dupes. On ne reviendra pas à la normalité antérieure au vendredi 13 parce que l’Occident globalitaire est en guerre. Il est même la guerre, cette nouvelle « guerre [qui] n’est plus isolable dans le temps, mais se diffracte en une série de micro-opérations, militaires et policières, pour assurer la sécurité (5) » comme le démontre l’intervention policière épaulée par l’armée à Saint-Denis au matin du 18 novembre.

 

Il faut désormais craindre qu’après s’être abattues sur les cellules, plus ou moins activées, des islamistes, les mesures prises dans le cadre d’un état d’urgence prolongé jusqu’en février 2016 s’élargissent à tous les résistants, les réfractaires, les dissidents aux différentes facettes du mondialisme (gendérisme, sociétalisme, islamisme, libre-échangisme…). « Tout État deviendra nécessairement policier, prévenait Jean Cau, il y a quarante-quatre ans, puisque la morale ne sera plus qu’une pratique sociale formelle dont seul le policier connaîtra les tables et les codes. Si vous ne croyez plus à rien, vous serez obligés de croire à la police (6). » Nous y sommes !

 

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Croire à la police signifie ici appliquer au nom du misérable « vivre ensemble “ ripoublicain ” » le fameux « Pas d’amalgame » alors qu’il est avéré que les assassins sont des islamistes dont certains proviennent des « migrants ». La crudité du constat risquerait cependant d’indisposer l’incroyable culot publicitaire de Libération qui invente une supposée « Génération Bataclan. Jeunes, festifs, ouverts, cosmopolites… », incarnant, d’après l’ineffable Laurent Joffrin, « une certaine ouverture culturelle, un libéralisme de mœurs, un cosmopolitisme qui n’exclut pas une forme de patriotisme convivial, comme en témoigne la prolifération des trois couleurs françaises sur les pages Facebook… (7) ». Pour son confrère Didier Péron, « les terroristes ont ciblé le mode de vie hédoniste et urbain d’une génération déjà marquée par “ Charlie ” (8) ». Cette jeunesse s’est prise de plein fouet le retour du tragique et le choc de l’histoire, elle qui ignorait jusqu’à présent le sens du mot « sacrifice »… « La guerre tuait des jeunes gens, déplorait Jean Cau. Certes. La paix continuée tue et vide la jeunesse (9). » Ce vide découle d’un mal existentiel profond. « L’Occident ne comprend ni son angoisse ni sa décadence et bredouille des milliards d’explications. Il n’en est qu’une : le triomphe de la moralité de l’esclave sans maître. Refuser d’entendre cela, c’est se boucher les oreilles en croyant que le tonnerre ne gronde plus dans le ciel (10). » Le manque d’énergie, de virilité, de verticalité est flagrant. Et ce, à un moment où cette population citadine vit dans une métropole qui devient « tout à fait compatible avec la guerre. Le conflit armé n’est qu’un moment de sa constante reconfiguration (11) ». La situation d’état d’urgence contraste par ailleurs avec l’attitude de populations qui n’ont jamais connu la conscription et encore moins le feu des batailles. Théoriquement interdits, les rassemblements sur la voie publique s’organisent partout en France afin de rendre hommage aux victimes. Est-ce suffisant ?

 

La jeunesse mitraillée en terrasse, terrassée par les sbires de l’État islamique, créé par des officines quelconques de l’État profond US, épanche son anxiété dans une consommation frénétique et futile. Or, « le contrôle s’intègre à merveille au paysage de la marchandise, montrant à qui veut bien la voir sa face autoritaire (12) ». Ces jeunes meurtris, toujours festifs, ouverts, progressistes, cosmopolites, modernes, hédonistes, tiendront-ils devant les commandos déterminés de Daech ? Adopteront-ils enfin un ascétisme certain ? Réviseront-ils leurs comportements impolitiques ? Probablement pas, sauf s’ils se défont de leurs préjugés humanitaristes. Qu’ils admettent en outre que l’autorité vraie, organique, « n’est donc pas seulement supériorité des moyens physiques, elle implique en plus l’ascendant, comme on dit de nos jours, d’une valeur (13) ». Cette valeur à venir, ou plutôt ces valeurs fondamentales, seront d’abord portées et vécues par un nouveau type de soldat politique bientôt de retour en Europe. En effet, « qu’on le veuille ou non, le règne de la paix est une préparation à la guerre (14) ».

Georges Feltin-Tracol

 

Notes

 

1 : Xavier Raufer, « La priorité : s’adapter à l’ennemi », Le Figaro Magazine, 20 novembre 2015.

 

2 : Julien Freund, L’essence du politique, Dalloz, 2004, p. 187.

 

3 : Idem, p. 202.

 

4 : Id., p. 124.

 

5 : Comité invisible, L’insurrection qui vient, La Fabrique, 2007, pp. 42 – 43.

 

6 : Jean Cau, Le temps des esclaves, La Table Ronde de Combat, 1971, p. 48.

 

7 : Laurent Joffrin, « Tolérance », Libération, 16 novembre 2015.

 

8 : Didier Péron, « La jeunesse qui trinque », Libération, art. cit.

 

9 : Jean Cau, op. cit., pp. 27 – 28, souligné par l’auteur.

 

10 : Idem, p. 14.

 

11 : Comité invisible, op. cit., p. 42.

 

12 : Idem, p. 39.

 

13 : Julien Freund, op. cit., p. 378.

 

14 : Idem, p. 549.


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Vendredi 13 novembre: des points de vue militaires sur les événements

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Vendredi 13 novembre: des points de vue militaires sur les événements

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Le GIGN est la force d'action spéciale de la gendarmerie française, une des meilleures forces militarisée, comme le SAS britannique, le Delta Force des Etats-Unis, les groupes Yana huma au Pérou. Ils sont formés au plus haut niveau, psychologiquement, militairement et  sont en particulier spécialistes des prises d'otage, de sauvetage de civils à partir de positions terroristes, de chasses à l'homme, d'assauts contrôlés, et n'excluent jamais l'usage de la haute technologie. In fine, ce sont des as, des pros de l'assaut. Et pourtant ? Avons-nous encore des forces spéciales dignes de ce nom ou sont-elles aussi instrumentalisées par le management de la terreur ? Selon les informations officielles et les prises de parole du procureur de Paris, l'attaque d'un groupe de terroristes retranché dans un appartement de Saint-Denis a fait 2 ou 3 morts et a permis l'arrestation de 8 personnes, mais il aura fallu prés de 7 heures d'assaut pour en venir à bout. Pourquoi d'ailleurs, l'ex-directeur du GIGN a-t-il besoin d'en raconter autant ?  S'adresse-t-il surtout à ses collègues étrangers qui auront du mal à croire à la véracité d'une telle attaque ?

François Hollande a donc décidé d’envoyer notre groupe aéronaval en Syrie pour officiellement lutter contre l'ISIS mais ce qui est assez curieux et nous nous en faisions l'écho déjà dans une brève cette semaine, c'est la composition du groupe aéronaval qui accompagne le porte-avions Charles De Gaulle. Alors qu’il était prévu que la Task Force 473 (nom du groupe aéronaval français) rejoigne le golfe arabo-persique pour y assurer la permanence aéronavale de la coalition avant l’arrivée, sur zone, du porte-avions américain USS Truman, le programme de la dite Task Force 473 a été subitement modifié suite aux attentats du 13 novembre. Le groupe aéronaval français prendra donc position en Méditerranée orientale, au large de la Syrie. 

On peut comprendre ce changement, puisque le porte-avions permettra l’utilisation de nombreux appareils de bombardement des positions de l’Etat Islamique sauf que ce bombardement a déjà été effectué et avec quel brio par la Russie cette semaine et on ne voit pas  ce que la France y rajouter. Par contre, la composition du groupe aéronaval pose plusieurs questions. En effet, il est composé, outre du Charles de Gaulle, de la frégate de défense aérienne  « Chevalier Paul », de la frégate anti-sous-marine « La Motte-Picquet », du bâtiment de commandement et de ravitaillement « Marne » et d’un sous-marin nucléaire d’attaque. La question est simple et professionnelle : que vient faire ici une frégate anti-sous-marine? Daesh n’a, que l'on sache, pas de forces navales, et encore moins de sous-marins. Même question pour le sous-marin nucléaire d’attaque. Un tel sous-marin sert en principe à la lutte anti-sous-marine et à la lutte anti-navires dans le cas de blocus ou de protection d’une flotte. Daesh a t-il donc des navires et/ou des sous-marins que l'on nous aurait cachés ?

Il y a deux hypothèses de réponse :  soit le matériel sort « pour sortir », faire tourner les machines en situation de guerre, cela peut se justifier, soit François Hollande a en tête autre chose qu’une « simple » campagne aérienne de bombardements contre Daesh, c'est-à-dire qu'il envisage une confrontation avec la flotte syrienne et donc avec la flotte russe, la Russie étant alliée à la Syrie à la demande du Président Assad. On notera d'ailleurs en passant que Vladimir Poutine a ordonné à l’Etat Major russe de contacter le groupe aéronaval quand il sera sur zone, pour coordonner leurs actions. Vu qu’il était prévu que le groupe se mette sous commandement américain, cela paraît assez surréaliste à gérer pour les Français, pour qui, obéir à Washington ne pose aucun problème de conscience surtout pour le capitaine de frégate, commandant le sous-marin nucléaire d'attaque Améthiste, Philippe Naudet

Hollande, Fabius, Le Drian ont-ils l’intention d’attaquer les forces syriennes parallèlement à Daesh ? Il va sans dire que dans ce cas de figure, on sortirait complètement du cadre de la large coalition proposée par la Russie depuis plusieurs semaines et on serait finalement en plein casus belli par rapport à Moscou et à la parole donnée en apparence, par les Français. 
 

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La loi sur le renseignement pour éviter les attentats, vraiment ?

Jusqu'à présent, des sources non officielles ont indiqué que la France a été avertie quelques jours avant par les États-Unis, la Tunisie, l'Algérie et l'Irak d'une menace imminente pour sa sécurité nationale. Certains des assaillants des attentats de Paris avaient même été signalés et repérés et étaient sous le contrôle tant de la DGSI que de la DGSE, les services de renseignements internes et externes français. Pourtant, la France aurait été prise par surprise. 

Il y a donc eu forcément des failles dans le système français de sécurité et ce, malgré toutes les réformes mises en œuvre par les gouvernements successifs en vertu notamment de la «loi du renseignement militaire» votée en juin et décrétée en octobre à la suite des fusillades de Charlie Hebdo. Nous pourrions nous demander aussi où se situent ces failles? Trois niveaux existent. 

La première faille serait politique: le gouvernement n'a pas su attribuer des ressources suffisantes et des mandats clairs à nos services de renseignement dans la lutte externe et interne contre le terrorisme ? Il aurait par idéologie anti-raciste, pro-immigrée et pro-réfugiée délibérément écarté certaines listes (la déclaration de Squarcini à l'hebdomadaire Valeurs Actuelles le confirme, même si ces déclarations semblent être une manoeuvre politique car pourquoi ne pas avoir adressé cette liste à un magistrat et non à un ami d'un ami)). 

Le deuxième est au niveau logistique et tactique : elle renvoie aux interactions entre les services qui n'ont pas pu ou pas su coopérer ensemble. 

La dernière faille serait enfin opérationnelle: les agents du renseignement français travaillant sur de multiples cas particuliers ne parviendraient plus à évaluer correctement la menace du point de vue de sa sécurité intérieure, dans un mélange explosif de délinquance de droit commun et de fondamentalisme sur fond de quartiers de non-droit où la police ne rentre même plus ? 

Depuis les tueries de  "Charlie Hebdo", le nombre officiel de menaces et de personnes à surveiller a en effet fortement augmenté. Plus de 11 000 noms seraient ainsi présents sur les fichiers des personnes possédant des caractéristiques de radicalisation terroriste. C'est beaucoup trop pour pouvoir tout suivre. La DGSI ne dispose absolument plus du personnel suffisant ou des fonds nécessaires pour faire un tel travail de taupe régulière et de maillage intelligent du territoire. Pourquoi le service des renseignements généraux a-t-il été noyé dans la DGSI ? Les ressources et le personnel allouées aux services de renseignement ont été considérablement diminué depuis Nicolas Sarkozy. Il n'y a plus de policiers dans les commissariats à la pause déjeuner. Souvenons-nous de l'esclandre de Madame Morano gare du Nord.

Enfin terminons sur la COP21 

Un régiment complet  de sa Majesté serait en France, pourquoi ? Il est là mais son cantonnement est tenu secret. Est-il là pour le G20 mais alors qui est-il censé protéger ? L'armée française est-elle vraiment en sous-effectif pour défendre la France au point d'en appeler à la perfide Albion ? Qui donnera les ordres ? C'est en tout cas une de ses petites révélations métamag que nous aimons souvent, comme cela mine de rien, distiller à nos lecteurs avertis. Vive les Anglais : n'oublions pas qu'ils nous ont donné aussi Charles Morgan à l'Institut avec son Ode à la France qu'un éditeur courageux pourrait rééditer actuellement avec un succès garanti à la clef.  

mardi, 24 novembre 2015

Vivre dans une société de plus en plus sécurisée et de plus en plus vulnérable

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Vivre dans une société de plus en plus sécurisée et de plus en plus vulnérable

A Bogota, le 23 mai 2014. REUTERS/John Vizcaino.

C’est la triste loi du terrorisme que d’imposer de plus en plus de contraintes à des pays de plus en plus vulnérables. La Colombie, le Mexique, le Liban et Israël montrent ce qui nous attend.

Bogota (Colombie)

José Antequera vit dans le quartier de La Macarena à Bogota. Je le retrouve dans un petit café en bas de chez lui, face à un commissariat de police. Un commissariat? Le mot «caserne» ou «compound» conviendrait mieux.

Des policiers en armes montent la garde. Le ballet incessant des voitures militarisées frappe. Devant nous, je vois un pick-up circuler dans la rue. Il a un gyrophare et, sur la plateforme arrière, six policiers lourdement armés scrutent les mouvements des passants. Bogota est un pays «en guerre». Et cela dure depuis des années.

José Antequera est habitué à ces mesures de sécurité exceptionnelles. Il les approuve du bout des lèvres. Il ne peut pas faire autrement. Son père a été assassiné. «Mon père était en faveur de la paix. Il a été assassiné parce qu’il était pour la paix», me dit le jeune homme, dont les propos sont traduits par sa copine. Son regard est sévère, mais il prête peu d’attention aux hommes en armes. L’habitude.  

Naissance d’une société sécuritaire

La semaine qui a précédé les attentats de Paris, j’étais à Bogota. Hasard du calendrier. J’ai pu voir, sur place, ce qu’était une société sécuritaire. Et ce à quoi la France allait devoir désormais s’habituer.

«Nos forces armées ont mis en place une véritable national security», résume José Antequera. Et en effet, pour faire face aux attaques et enlèvements politiques des FARCs, des narcotrafiquants ou des groupes para-militaires, quand ce n’est pas simplement pour freiner la petite délinquance de droit commun, la Colombie à bâti une société ultra-sécurisée.

 

Pour entrer dans le moindre immeuble de bureau, il faut laisser ses papiers d’identité et se faire prendre en photo. Des services de sécurité privés veillent partout. Lorsque le lieu est stratégique –par exemple le siège de la radio RCN ou des chaînes de télévision nationales NTN 24 ou Caracol, où je me rends–, la sécurité s’accompagne de chiens renifleurs, d’hommes en armes, de vitres blindées et de portiques de sécurité dignes des aéroports. Il m’a fallu une quinzaine de minutes de fouilles et de contrôles pour pouvoir pénétrer dans ces médias stratégiques.

Si on veut changer de l’argent, on doit présenter son passeport et laisser ses empreintes digitales (pour lutter contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent). Si on veut se rendre dans un restaurant ou un grand magasin, on doit obtenir le feu vert d’un vigile. Même chose si on visite un ami dans le moindre appartement privé. Le budget dédié à la sécurité est le premier poste gouvernemental en Colombie et les sociétés de sécurité privées pullulent.

Lorsqu’on circule dans la rue, surtout le soir, des barrages inopinés de police sont fréquents. Ils suscitent souvent de longs embouteillages, le temps que les pièces d’identités soient vérifiées ou, parfois, que les coffres des voitures soient fouillés.

Du fait des risques d’enlèvements, il n’est guère possible de prendre un taxi dans la rue. Pour éviter les problèmes, il faut appeler une compagnie spécialisée et obtenir d’elle un double code: le premier doit être donné au chauffeur, qui est ainsi protégé; le second est fourni par lui au client, lequel est à son tour en sécurité. Je teste à plusieurs reprises le système du «double code» et cela, en effet, fonctionne bien.

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Partout une sécurité d’aéroports

A Bogota, les habitants semblent habitués à ces contrôles incessants. Il en va de même au Mexique. A Mexico, le système sécurisé des taxis se rapproche de celui de Bogota. A Veracruz, Monterrey, Puebla ou Xalapa, des villes mexicaines particulièrement dangereuses, j’ai également vu lors de plusieurs voyages des policiers en armes sillonner les rues dans des pick-ups sécurisés. Partout, on est fouillé à l’entrée des immeubles; les portiques de sécurité sont innombrables; les vigiles montent la garde. Avoir un rendez-vous professionnel ressemble à un passage de sécurité d’aéroport.

En Israël, le système sécuritaire est à la fois plus moderne et plus perfectionné. Cela commence dès la frontière, à l’aéroport Ben Gourion, où tout visiteur fait l’objet d’un interrogatoire intense, souvent répété à plusieurs reprises par différents agents spécialisés. A l’entrée des grands magasins, des gares routières ou des lieux de culte, l’armée monte la garde. Partout, dans les bus comme dans les restaurants, on voit des hommes –et des femmes– avec leurs fusils, puisque les militaires sont autorisés à garder leurs armes jusque dans leurs déplacements privés. A 18 ans, tout le monde effectue d’ailleurs un service militaire de trois ans (deux ans pour les femmes).

Lorsqu’on circule entre les villes israéliennes (pour ne pas parler des passages vers des zones contrôlées par les Palestiniens), les check-points sont fréquents, inopinés ou plus réguliers. L’armée est présente à de nombreux carrefours stratégiques, avec des véhicules blindés. Les conscrits sont lourdement armés.

Il en va de même au Liban où j’ai pu constater, encore en octobre dernier, que les sièges des principaux lieux officiels –les ministères ou, par exemple, le siège de la chaîne de télévision Future– sont de véritables bunkers. Des dalles de bétons entourent ces lieux stratégiques, avec maints grillages barbelés et, parfois, un char d’assaut est même posté. Dans les grands hôtels, on passe systématiquement sacs et valises dans des détecteurs et des scanners.

«Avec plus de policiers, on n’est pas forcément mieux protégé», résume toutefois José Antequera à Bogota. Certes, ces démonstrations de force et ces mesures sécuritaires exceptionnelles rassurent les habitants de Colombie, d’Israël, du Mexique ou du Liban. Mais elles n’empêchent guère les commandos bien armés ou les attentats minutieusement préparés.

Face à des vigiles peu ou pas armés, face à des policiers qui ne peuvent surveiller chaque rue et chaque café, les attaques restent partout possibles. Il y en a constamment, au Mexique comme en Israël. C’est la tragique loi du terrorisme que de donner naissance partout à des sociétés à la fois de plus en plus sécurisées et de plus en plus vulnérables. Et on risque de devoir ajouter, désormais, à la liste de ces pays hautement sécuritaires, la France.

Attentats de Paris: la phase d’exploitation

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Attentats de Paris: la phase d’exploitation

Stéphane Montabert
Suisse naturalisé, Conseiller communal UDC, Renens
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Vendredi dernier, la France découvrait de façon très concrète l'ampleur de la menace islamique pesant sur son territoire. Une semaine plus tard la situation a évolué: aux réactions de bon sens des premières heures - promesse d'une riposte impitoyable, contrôles aux frontières, volonté affichée d'expulser les indésirables - sont assez vites venues se greffer des déclarations parasites, stériles, voire contre-productives. Si l'enquête proprement dite a progressé à grands pas, le train des mesures politico-juridiques semble bien avoir déraillé avant même de quitter la gare.

Cela n'a rien de surprenant. Les élites de France (et d'ailleurs) ne seraient pas arrivées là où elles sont sans un grand sens de l'improvisation et de l'escamotage leur permettant de se ramener à leur agenda initial quelle que soit la force des événements venus, un instant, les perturber. Après quelques heures de déclarations émues, les hauts fonctionnaires et les bureaux politiques ont donc travaillé d'arrache-pied pour en revenir au plan initial: maintenir le statu-quo et garder le pouvoir, et peut-être même le renforcer.

Entre désinformation et agenda politique, un petit tour d'horizon s'impose.

L'épopée du faux passeport syrien

La découverte d'un passeport syrien à côté du cadavre d'un des assaillants du Bataclan fut un épisode tout à fait symptomatique d'une communication de crise échappant pendant quelques heures à l'exécutif. Rapportée par un policier sans doute sous le coup de l'émotion, elle fut transmise à un journaliste et reprise immédiatement par de nombreux médias internationaux. Plus possible désormais de planquer ce détail sous le tapis du secret de l'instruction, voire du Secret Défense. Mais le pire arriva ensuite lorsqu'une source gouvernementale grecque confirma que les empreintes digitales du porteur du passeport avaient été enregistrées à Lesbos le 3 octobre!

Le passeport retrouvé au Bataclan fut donc l'écueil sur lequel plusieurs mensonges vinrent se fracasser:

  • L'innocuité du flot de migrants, au sein desquels ne saurait se trouver le moindre terroriste;
  • La qualité de la surveillance des frontières de l'Espace Schengen et des frontières intérieures dans l'Union Européenne;
  • La vigilance de la surveillance des milieux islamistes par les services de renseignement français.

Il fallut donc orchestrer un rétropédalage massif. Premier angle d'attaque, minimiser l'importance de ce "mystérieux" passeport - sans succès. Dès les premières heures, outre le conditionnel de circonstance, on insista lourdement sur le fait que ce passeport syrien "serait un faux". Mais qu'est-ce que cela change? Les empreintes digitales du kamikaze ne laissent aucun doute. Il a bien suivi la route des migrants dans les Balkans. Le fait d'avoir employé un faux document n'illustre rien d'autre que la faiblesse du contrôle des frontières de l'Espace Schengen. A ce stade, on se demande même d'ailleurs si se munir du moindre passeport était réellement nécessaire...

L'incongruité de la découverte de ce passeport sur les lieux du massacre donna également lieu à divers détournements de piètre qualité sur le Web. Tout cela ne pouvait être qu'une "manipulation". Restait à inventer laquelle.

La dernière phase de la stratégie de désinformation, la plus vicieuse, fut lancé par plusieurs personnalités politiques ; par exemple le ministre allemand de la Justice, Heiko Maas, qui jugea lundi que ce passeport pouvait être "une fausse piste" lancée par le groupe Etat islamique pour "radicaliser" le débat migratoire. Les graines du doute étaient plantées, à dessein.

Est-il possible que les terroristes aient gardé sur eux un faux passeport syrien juste pour orienter, post-mortem, le débat sur les migrants et la politique migratoire? Sans pouvoir l'exclure totalement, l'hypothèse paraît largement invraisemblable. Elle ne cadre pas avec une attaque synchronisée contre le public d'un match de football, des terrasses de restaurants, ou une salle de concert la veille du week-end - bref, des Bobos parisiens dans leurs activités habituelles. Les assaillants eurent-ils attaqué une permanence du Front National ou un repaire de patriotes, on aurait pu penser qu'ils jetaient de l'huile sur le feu ; mais le soir du 13 novembre, ils s'attelèrent au contraire à s'aliéner une des communautés françaises les plus ouvertes face à l'islam, ce qui ne traduit pas un niveau élevé de conscience politique...

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Les troupes de l'Etat Islamique ne brillent guère par leur intelligence, essayant par exemple d'abattre des avions russes à l'aide de préservatifs gonflés. En Europe, les islamistes sont difficiles à repérer et à surveiller, essentiellement à cause de leur nombre, mais leur mode de pensée est extrêmement simple: les infidèles doivent être tués, dominés ou convertis, point. Ils sont capables de subtilité, mais essentiellement dans le domaine des subterfuges visant à se dissimuler face à leurs cibles. En l'occurrence, on se demande d'ailleurs, même pour une "tête pensante" de Daesh, quel serait l'intérêt de focaliser l'attention sur les migrants musulmans. Le seul effet serait d'instiller la méfiance et de rendre plus compliquée encore leur arrivée sur le sol européen, soit un résultat totalement contre-productif.

De toute évidence, l'hypothèse tordue d'un faux passeport abandonné exprès ne tient absolument pas la route du point de vue de l'Etat Islamique. Mais elle tient au contraire parfaitement debout du point de vue de l'Union Européenne et de sa classe politique, prête à toute invention pour peu qu'elle contribue à rendormir une opinion publique agitée.

Dans ces heures difficiles, un petit mensonge ne coûte pas cher...

La ritournelle du Padamalgam™

Bien que la société française soit très inquiète, il faut absolument l'apaiser. A cette fin, le Padamalgam, un puissant opiacé, est distillé à large dose depuis une semaine. Pas un jour ne passe sans que paraissent plusieurs articles décrivant en long, en large et en travers toutes les opérations de communications opérées par les communautés musulmanes européennes, les messages d'amour et de tolérance, les gestes d'apaisement des uns et des autres - jusqu'aux victimes des terroristes elles-mêmes.

Malgré des télescopages malheureux, nous assistons ainsi à un étalage continuel de textes parfois très beaux. Pensons par exemple au fameux Vous n'aurez pas ma haine d'un père dont la famille vient d'être brisée:

"Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus fort que toutes les armées du monde (...) Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l'affront d'être heureux et libre. Car vous n'aurez pas sa haine non plus."

Oui, hormis que ce petit garçon sera peut-être un peu moins "heureux et libre" maintenant qu'il est orphelin de mère et qu'il finira par comprendre qu'il est en danger à cause de la veulerie de gens comme son père, ce qui pourrait alimenter une certaine amertume à l'adolescence... Car, il faut bien le reconnaître, continuer à vivre comme si de rien n'était suite aux attentats de Paris revient exactement à laisser de nouveaux attentats se préparer sur un mode opératoire identique.

Dans le même ordre d'idée, les citoyens dotés d'un minimum de mémoire se rappelleront la photo du petit Aylan Kurdi, l'enfant mort noyé retrouvé sur une plage turque, disponible en gros plan dans tous les médias. Visiblement, à ce moment, la "nécessité d'informer" (d'une certaine façon, cela va sans dire) prenait apparemment le pas sur d'autres obligations journalistiques comme la déontologie, le respect des morts, la protection des mineurs et tutti quanti.

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Malgré la polémique les médias s'empressèrent de rétorquer qu'ils avaient toutes les raisons de procéder comme ils le firent. Le contraste n'en est que plus grand avec la volonté actuelle de masquer une image du massacre du Bataclan circulant sur Twitter et Facebook. Dès lors, on comprend bien que les justifications liées à la "dignité humaine" ou au "secret de l'enquête" ne sont rien d'autre que des prétextes. La photo d'Aylan Kurdi devait être diffusée parce qu'elle servait certains objectifs politiques ; celles de la tuerie du Bataclan doivent être retirées parce qu'elles les desservent.

Il en est d'ailleurs de même avec les témoignages directs rapportant des égorgements et des coups de poignard portés au ventre des victimes par l'équipe de terroristes islamistes du Bataclan. Ces informations sont pour l'heure cantonnées aux médias étrangers, sur lesquels le gouvernement français n'a pas prise. Les médias suisses, eux, se contentant de censurer ces détails sordides non par obéissance mais par proximité idéologique.

Une fois de plus, l'affrontement fait rage entre les sources institutionnelles et les réseaux sociaux pour connaître la vérité.

Maastricht ou la Sécurité

Le dernier volet de l'exploitation politique des attentats de Paris dépasse le simple cadre de l'information pour provoquer des effets sur toute la population française et jusque dans les plus hautes instances européennes.

"Le Pacte de Sécurité l'emporte sur le Pacte de Stabilité." Ces mots sont ceux de François Hollande et donnent une idée de la bassesse du chef d’État, prêt à exploiter la mort de plus d'une centaine de victimes pour s'épargner des obligations de bonne gestion.

Depuis 2007 la France n'a jamais respecté les critères de Maastricht d'un déficit maîtrisé des dépenses publiques - sans même entrer dans la polémique de la pertinence de critères aussi larges. Les déclarations du président d'un retour dans les clous en quelques années n'ont jamais été rien d'autre que des paroles en l'air destinées à donner le change à Bruxelles ; les attentats de Paris lui apportent désormais une posture morale qui suffira à quémander perpétuellement la clémence des autorités de surveillance européennes.

Il est clair pour quiconque en aurait jamais douté que la France ne respectera jamais les critères d'un déficit public annuel en-dessous de 3% de PIB, et encore moins maintenant alors qu'elle dispose d'une excuse.

La sécurité a un prix, c'est un fait. François Hollande s'engage ainsi à recruter 8'500 policiers, gendarmes et juristes dans le cadre d'un large panel de mesures. Mais toutes ces dépenses, étalées sur plusieurs années, resteront une goutte d'eau dans l'océan des déficits de l’État français. Est-il question de renvoyer chez eux les criminels étrangers qui peuplent les prisons hexagonales? De mettre un terme à l'arrosoir des politiques sociales, qui représentent une véritable manne pour les mouvements terroristes en plus de miner tout espoir d'intégration par le travail? De remettre sur la table les critères d'acquisition de la nationalité ou la surveillance pérenne des frontières?

Il n'est évidemment pas question de tout cela. A la place, la France rajoutera une strate de bureaucratie sur un pays qu'elle écrase. Mieux encore, en guise de réforme François Hollande demande une facilitation et une pérennisation de l'état d'urgence: en un mot, encore plus de pouvoir discrétionnaire à disposition de la police et de l'exécutif. Pour que même Jean-Luc Mélenchon s'en inquiète, on comprend que certaines bornes ont été franchies.

Les politiciens français savent parfaitement exploiter quelque chose d'aussi abominable qu'une attaque terroriste ; ils maîtrisent parfaitement la maxime résumée par le maire démocrate de Chicago Rahm Emanuel:

« Ne jamais gâcher une bonne crise. »

 Stéphane Montabert - Sur le Web et sur Lesobservateurs.ch, 22 novembre 2015

lundi, 23 novembre 2015

Molenbeek expliqué à nos voisins français

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Molenbeek expliqué à nos voisins français

Par Kevin Desmet

Le journal flamand De Morgen, équivalent de son homologue parisien Libération, situé bien à gauche de l’échiquier politique, habitué à distiller les fadaises d’un discours dit de gauche mais qui n’a plus rien de social et a fortiori de « socialiste », dressait, au lendemain du carnage de Paris un bilan provisoire de l’affaire qui émeut l’Occident depuis la nuit du 13 au 14 novembre derniers. Ce dossier, qui abordait les manquements de la « Sûreté de l’Etat » belge et le foyer jihadiste de Molenbeek, prend une certaine saveur rétrospective après la tirade de Zemmour, appelant à bombarder cette commune multiculturelle plutôt que Raqqa en Syrie.


De fait, cette fameuse « Sûreté de l’Etat » ou « Staatsveiligheid » en néerlandais, n’avait que pour seule tâche, naguère, de surveiller la subversion communiste (réelle ou imaginaire) et surtout un ennemi intérieur, le nationalisme flamand. Toute personne qui s’approchait de ce croquemitaine-là était dans le collimateur, bien plus que le stalinien non repenti ou le maoïste surexcité. Les francophones qui cherchaient un « modus vivendi » entre les communautés linguistiques belges étaient aussi suspectés de faire le jeu de « séparatistes » dont on faisait automatiquement des suppôts de feu Adolphe Hitler. La bêtise de ces milieux était (et est encore) effarante. Ce sont les deux Dupondt d’Hergé qui, mécaniquement, cherchent à arrêter ou à épauler Tintin sans être jamais capables d’intuition ou d’empathie. Le dessinateur avait vu juste : une instance étatique est toujours incapable de discernement ; seuls les vertueux, qui le sont parce qu’ils ont un cœur pur et une intuition infaillible, peuvent résoudre les problèmes. Aujourd’hui, ces vertueux, imaginés par les commanditaires du journal Le Vingtième Siècle en 1928-29, sont considérés comme des subversifs : ils sont surveillés, traqués, poursuivis par une magistraille aux ordres, par les hyènes qui peuplent des médias de plus en plus médiocres. Les jihadistes réels ou potentiels, eux, bénéficient d’une paix royale : tout soupçon contre l’un ou l’autre de ces angelots est considéré comme du racisme, dont assimilable à l’hitlérisme et, par ricochet, au nationalisme flamand et au « séparatisme ». D’un côté, des boucs émissaires ; de l’autre des intouchables parés de toutes les vertus et bénéficiant de toutes les tolérances.


De Morgen constate en effet que les services de la « Sûreté de l’Etat » ne comptent pas, dans leurs rangs, des arabisants capables de déchiffrer les messages, conversations téléphoniques, productions littéraires ou pamphlétaires des salafistes, wahhabites et autres exotiques animant l’antichambre du terrorisme de Daech. Si elle n’en compte pas, ou n’en compte que trop peu, c’est qu’on ne les a pas recrutés puisque le jihadisme, pourtant en phase ascendante depuis deux grosses décennies, n’a jamais été considéré comme un problème important, contrairement, par exemple, à une association littéraire flamande qui étudierait les poèmes ou les dissertations musicales d’un abbé plus ou moins « séparatiste » à ses heures de colère politique. Bêtise, stupidité crasse et aveuglement de Béotien.


Apparemment le machin ne compterait pas davantage de turcologues avertis dans ses rangs pour surveiller une diaspora pourtant turbulente et appuyée par son ambassade et ses réseaux mafieux. Rien n’a permis de prévoir et d’empêcher les dérapages d’extrémistes turcs, mobilisés par les ondes depuis Ankara contre leurs compatriotes kurdes, araméens ou autres. Incendies volontaires, voies de fait, émeutes ont pu avoir lieu sans entraves et surtout sans répression aucune pour ôter aux récalcitrants l’envie de recommencer. Nous avons là un milieu, potentiellement très violent, qui n’est pas contrôlé ni réprimé, au nom, sans doute, des valeurs atlantiques qu’ils sont censés partager puisque la Turquie est membre de l’OTAN… Aujourd’hui, non contente d’exciter ses extrémistes, la Turquie soutient Daech en lui achetant du pétrole à prix bradé. Analyse simple, bien présente sur les médias anglo-saxons qui contestent les politiques bellicistes de Londres et Washington, bien présente aussi dans les études établies par les services allemands mais analyse que les Dupondt de la « Sûreté de l’Etat » belge ne font pas. Les lanceurs turcs de cocktails Molotov sont d’agréables plaisantins ; le club local de philatélistes flamands, lui, est dans le collimateur : il risque, en examinant la dentelure d’un timbre de l’époque de Léopold II, de répandre des idées « séparatistes ».


Le nouveau ministre de l’intérieur dément le reproche du Morgen : pour lui, la Sûreté aligne bien quelques arabisants, peut-être deux ou trois turcologues, mais ce sont sans doute ceux qu’il vient de recruter pour combler les lacunes de ses prédécesseurs, dont une mégère folle à lier qui n’a laissé derrière elle que les résultats de ses gaffes, bévues et boulettes. La péronnelle n’est pas douée mais elle a obtenu des voix de braves handicapés de la dure-mère autochtones, incapables de jauger ses incompétences, de troupeaux de subsahariens ignorant les tenants et aboutissants de la société belge, de jihadistes potentiels qui jargonnent leurs conneries salafistes et d’extrémistes turcs complotant le prochain jeu pyromaniaque à commettre contre de pauvres Kurdes. C’est l’arithmétique sans âme de ces suffrages qui compte en partitocratie et non les compétences, non le bon sens, non la simple capacité de discernement. Justement, le bon sens veut que l’on refuse absolument d’importer des querelles venues d’horizons très lointains, d’espaces géoculturels totalement étrangers à notre paisible Nord-Ouest européen. La devise aurait dû être de rejeter fermement toute importation de conflits extérieurs à la sphère civilisationnelle européenne. Les fauteurs de telles importations doivent être jugés, condamnés et expulsés et, le cas échéant, leurs ambassadeurs rappelés à l’ordre voire expulsés, en dépit de l’OTAN, de l’avis d’Hillary Clinton ou des humeurs d’Obama. Personne en Belgique n’a envie d’exporter en Anatolie, en Atlas ou en Syrie les querelles intracommunautaires belgo-belges et si des extrémistes wallons ou flamands décidaient d’incendier un foyer culturel ou de molester d’autres de leurs compatriotes à Diyarbakir ou à Emirdag, je trouverais très juste qu’ils aient affaire à la justice locale.


Ceci dit, il est certes de bon ton, depuis toujours, de brocarder les badernes de la « Sûreté de l’Etat » mais la transformer en un club distingué d’arabisants pointus et de turcologues chevronnés est une impossibilité pratique, tout simplement parce que des savants de bon acabit n’ont pas l’étoffe de flics et, ensuite, de tels spécialistes en langues orientales parleraient un arabe classique, raffiné et pur, et non pas l’un de ces innombrables dialectes abâtardis, parlés des côtes atlantiques du Maroc jusqu’au littoral d’Oman, en passant par la Mauritanie et le Soudan. Il faudrait non seulement de bons arabisants mais aussi des virtuoses de mille et un dialectes mélangés à des langues africaines, berbères, hamito-sémitiques, nilotiques, turques, kurdo-persanes, etc.


La question doit alors être posée : peut-on intégrer (et je ne parle même pas d’assimiler) des masses importantes de nouveaux concitoyens, venues de civilisations exotiques où des visions hostiles à l’égard de la nôtre existent, sont repérables, dormantes (comme jusqu’ici) ou réactivées (depuis le retour des fondamentalismes) ? Le sociologue allemand Gunnar Heinsohn constatait, il y a une quinzaine d’années, dans un best-seller largement vendu Outre-Rhin, que l’espace géoculturel islamique comptait une masse impressionnante de jeunes hommes de quinze à trente ans. Dans aucun cas de figure, en terres islamiques ou ailleurs, une telle masse ne peut être assimilée. Les Américains visaient à les atteler à une nouvelle société de consommation (peut-être celle qui devait éclore suite aux printemps arabes) mais ce projet d’un Greater Middle East consumériste, correspondant à l’espace géographique de l’USCENTCOM américain, est désormais un beau fiasco. Dans un tel vivier, on peut recruter des candidats à la guerre, en l’occurrence au Jihad. Exactement comme on recrutait en Irlande ou dans certaines régions d’Allemagne pour faire face à Napoléon à Waterloo ou pour combler les rangs des armées envoyées dans tous les coins de l’Empire britannique au 19ème. Il y a donc, chez ces jeunes de quinze à trente ans, dans les pays musulmans comme dans les diasporas musulmanes d’Europe et d’ailleurs, une masse critique d’esprits échaudés en quête d’un combat qui donne sens à la vie. Facteur incontournable que les tenants imbéciles des idéologies irénistes en Occident n’ont pas tenu compte. On allait les « civiliser » par la sécurité sociale, l’idéal hippie, les gay prides, les concerts à la Woodstock, l’espoir d’obtenir un emploi dans le secteur tertiaire, les variétés de la télé, le football ou la philatélie : le jihadisme fait voler en éclat cette illusion stupide.

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On n’a rien obtenu de tout cela mais bel et bien ce Molenbeek qui excite la verve de Zemmour et aussi, faut-il l’ajouter, de quelques voix moins médiatisées liées aux services secrets français. Molenbeek, commune voisine de Bruxelles et fleuron de l’industrialisation de la capitale belge avant 1914, devait devenir le phare du multiculturalisme à la belge. Philippe Moureaux, l’ancien maire de cette commune, un fils de notaire nanti, passé au socialisme par esprit de lucre et de calcul et aujourd’hui largement septuagénaire, s’est employé à cette tâche. Molenbeek n’est pas devenu un phare malgré ses efforts mais, au contraire, un repoussoir. Le bonhomme, arrogant et buté, ne désarme pourtant pas : au lendemain des massacres de Paris, il en remet une couche dans les colonnes du Soir. Sa politique, prétend-il, a été la seule bonne. Molenbeek serait demeuré un phare s’il avait pu poursuivre sa politique de « proximité ». Ces propos triomphalistes et narcissiques ont provoqué, sur internet, un déluge d’insultes de la part de ses anciens administrés autochtones et d’autres Bruxellois. Le Soir, moniteur totalitaire qui impose à la capitale belge une chape de « correction politique » sans nuances, est obligé de véhiculer cette colère populaire, faute de perdre ses derniers lecteurs.


Cet entretien a suscité des critiques dans les propres milieux socialistes que Moureaux avait dominés de sa faconde brutale pendant près de trois décennies. Ainsi, Hans Bonte, maire de Vilvorde, faubourg industriel proche de Bruxelles, rappelle que sa commune a fourni huit jihadistes connus aux troupes de Daech. Trois sont revenus et circulent librement, dont un seul est muni d’un bracelet. Ce dernier est passé dans le bureau de Bonte pour lui signifier qu’il déménageait à Bruxelles parce que là, au moins, il n’était pas aussi étroitement surveillé. Le lascar a déménagé et personne ne sait plus où il se trouve… Il n’y a pas meilleur preuve de laxisme et d’incompétence, donnant raison à ceux qui inspirent Zemmour dans ses tirades anti-molenbeekoises. Pourtant, Molenbeek, passé aujourd’hui de l’islamo-socialisme multicultureux à la Moureaux au libéralisme insipide et bon teint de la nouvelle mairesse François Schepmans, n’est pas du tout une zone de « no-go » ou de « non-droit », contrairement à ce qu’affirme un paquet d’exagérateurs en tous genres. On peut circuler dans Molenbeek. Y faire son marché. Mais dans une ambiance multiculturelle plus chamarrée qu’à Charonne par exemple. 40% de la population totale est musulmane. Dans les vieux quartiers limitrophes du centre historique de Bruxelles, cette proportion monte à 80% ou plus. Le fondamentalisme a fait une progression inquiétante au sein de cette population, en dépit du laïcisme prononcé qu’affichait Moureaux au début de sa carrière, où, à tous les repas, il bouffait du curé et du Flamand (parce que les populations flamandes demeuraient plus fidèles au catholicisme sociologique). Les fondamentalistes acharnés restent certes minoritaires mais l’histoire nous enseigne que les minorités sont toujours plus actives et virulentes que les majorités pétries de quiétude. Les actions politiques, révolutionnaires ou terroristes découlent de cette virulence minoritaire et deviennent aisément légendaires, si elles engrangent des succès. A Molenbeek, ce sont donc ces minoritaires salafistes qui donnent le ton. Le laïcisme socialiste de Moureaux, ponctué de laïcisme maçonnique soi-disant adepte des « Lumières », a généré un obscurantisme à faire pâlir le plus obtus des ultramontains du 19ème. Bel exemple d’hétérotélie, de dérive paradoxale entre les intentions et le résultat. La génèse de Daech en Belgique provient donc bel et bien de ce laïcardisme bouffeur de curés, à défaut de pouvoir bouffer du mollah ou de l’imam. C’est au nom des Lumières que l’obscurité a envahi cette commune. La dinguerie laïcarde a accouché de la dinguerie wahhabite, au bord du Canal de Willebroeck. Double déni du réel : l’un déni accouche de son contraire apparent ; en bout de course, on a toujours du déni, le négatif n’engendrant que du négatif.

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Vingt ans de mayorat de Moureaux débouchent sur un quartier ingérable, dont les folies meurtrières frappent désormais Paris, à 300 km en TGV de Bruxelles. Rappelons aussi que ce sinistre Moureaux est l’inventeur et le promoteur de la fameuse loi contre le racisme : ses actions anti-racistes à Molenbeek ont conduit à l’horreur sans nom qui vient de meurtrir la Ville-Lumière. La loi contre le racisme n’avait pas pour but de punir les incivilités grossières de quelques poivrots passant leur colère sur les pauvres allochtones. Elle avait bien plutôt pour but d’annihiler toute critique des déviances dangereuses que certains voyaient pointer à l’horizon dès la fin des années 70.

molenbeekPEREUBUmg54a41d5d72733.jpgEn effet, sous la férule de Moureaux, officiellement adepte des Lumières révolutionnaires, républicaines et maçonniques dans un pays anciennement hispanique et habsbourgeois qui a toujours largement vomi ce type de discours ou s’en moquait copieusement, toute critique à l’égard du salafisme rampant, du « racisme » de ce salafisme qui rejetait la culture européenne dominante et toutes les autres cultures (animiste subsaharienne, bouddhiste d’Asie, etc.) issues d’autres immigrations, de sa misogynie, était assimilé au racisme colonialiste ou hitlérien, à l’antisémitisme centre-européen, au pogromisme ukrainien, etc. Alors que ce salafisme prônait un rejet, pratiquait des amalgames, posait des jugements a priori qui sont autant d’attitudes négatives propres aux formes de racisme que la loi de Moureaux entendait réprimer mais uniquement au détriment de la paisible population autochtone, connue pour sa jovialité et sa tolérance. Cette loi ne reposait pas sur des faits objectifs mais sur des opinions, que des esprits missionnaires et quasi messianiques entendaient généraliser sous peine de punition. Donc nous avions deux poids deux mesures. Mauvaise politique. Le salafiste pouvait traiter de porc ou de singe, d’impurs ou de mécréants n’importe quel autochtone sans que celui-ci ne pouvait rétorquer par des termes inélégants comme « macaque », « bougnoul », « moutouf », « tchouk-tchouk » ou autres indélicatesses, courantes à Bruxelles avant la « Loi Moureaux ». Ce sentiment d’être toujours du mauvais côté, du côté des méchants, des hitléromaniaques, explique le mépris et l’agressivité des Belges de souche à l’adresse de leur ancien bourgmestre socialiste, copieusement insulté sur le site lesoir.be , parfois traiter de « crapule » dans le courrier des lecteurs du Soir.

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Le journal flamand de gauche, De Morgen, pourtant antiraciste, hostile aux politiques critiquant l’immigration, constate que Moureaux a été « aveugle ». Et que cet aveuglement était volontaire, pour obtenir les voix de tous les immigrés de sa commune, fondamentalistes compris, parce que l’électorat populaire belge, traditionnellement socialiste, diminuait en nombre. Paris valait bien une messe pour Henri IV. Pour Moureaux, Molenbeek valait bien quelques fatwahs contre les « souchiens » fulminées par des imams de garage. En fermant les yeux devant ce racisme qui tue et exclut l’Autre, tous les Autres, à qui mieux mieux, déguisé derrière le paravent de la religion, Moureaux conservait le pouvoir et ses prébendes, alors tant pis pour les principes voltairiens et persiflants, applicables seulement aux autochtones demeurés vaguement catholiques qui ne votaient plus pour lui. Dans le langage multicultureux de Moureaux, le terme « proximité », tiré du jargon des intellos parisiens, signifiait « clientélisme ». Du moment que l’on était client, on pouvait tout faire, y compris cracher sur les Lumières, dont Moureaux se réclamait, faire de l’obscurantisme, pratiquer de l’exclusion, débiter des conneries grosses comme des maisons, applaudir au massacre des chiites, des yezidis, des baathistes laïques ou des alaouites, génocider les peuples résiduaires de l’Orient complexe, s'esbaudir au spectacle du dynamitage des temples de Palmyre, allègrement commettre des crimes contre l’humanité, massacrer des civils. Conserver des voix était tout ce qui comptait : cette attitude cynique interpelle évidement les traditions démocratiques du pays car elles ont été dévoyées en partitocratie, laquelle permet tout pourvu que cela ne gène pas son fonctionnement à très court terme.


De Morgen laisse la parole à Bilal Benyaich, sociologue d’origine marocaine, issu de la VUB flamande qui prône les valeurs des Lumières, analyste sans concession des dérives allochtones en région bruxelloise, nommé secrétaire d’Etat à la lutte contre le terrorisme en 2014. Le diagnostic de ce sociologue bardé de diplôme, exemple emblématique d’une intégration parfaitement réussie, est cruel et sans appel : « Le PS, pour des considérations électoralistes, a commis de lourdes erreurs à Bruxelles. Le parti (socialiste) a dansé sur les airs que jouaient ces gens (= les fondamentalistes) pour pouvoir capitaliser leurs voix. Dans les années 80, le parti maintenait encore une ligne anti-radicale. Dans les années 90, il a abandonné cette ligne. Bon nombre d’imams ont alors introduit l’islam salafiste. Les parents ont suivi. Ils sont coresponsables du fait que des éléments jihadistes incontrôlés circulent dans les rues de Bruxelles ».


Pour Moureaux, ces analyses sont dues à « l’hystérie des Flamands » : elles n’ont dès lors aucun fondement. La nouvelle bourgmestre (mairesse) libérale, Françoise Schepmans rétorque : c’était la volonté de Moureaux « de faire de Molenbeek un laboratoire de la multiculturalité », démarche qui a conduit à la situation actuelle qui permet à des petites cellules jihadistes de ecruter des molenbeekois pour commettre allègrement des crimes contre l’humanité en Syrie comme à Paris. L’enfer est pavé de bonnes intentions et qui veut faire l’ange fait la bête (de l’Apocalypse). Il y a beaucoup de sagesse dans les adages populaires. Les bonnes intentions (irresponsables) que proclament les nuisances idéologiques sont la matrice d’une criminalité sans nom et, il faut bien le dire aujourd’hui, les tenants de ces nuisances idéologiques sont les responsables, non encore jugés et condamnés, de crimes abominables, du même genre de ceux qu’ils reprochent à leurs adversaires politiques, toujours campés comme hitléromanes. La Belgique saura-t-elle trancher dans le lard, faire arrêter et condamner ceux qui sont responsables moralement des carnages d’Irak, de Syrie et de Paris ? Aura-t-elle le courage, la force morale, de rejeter ses politiciens qui ont permis ces dérives sanglantes, pour que, plus jamais, des individus aussi immondes puissent exercer encore des fonctions politiques, fussent-elles modestes ? On en doute, ce pays est gangréné. Les cerveaux de la plupart de nos concitoyens sont rongés par la lèpre incurable des idéologies tirées des éthiques de conviction, hostiles à toute attitude responsable.


De Morgen prétend que ce fondamentalisme, qui a émergé notamment à Molenbeek, est dû à la pauvreté, à la précarité. C’est une dernière illusion de gauche de ce journal de gauche : on sait très bien que le jihadisme ne dérive pas nécessairement de la pauvreté et ce n’est certainement pas le cas des terroristes molenbeekois du Bataclan ou de Charonne. Bilal Benyaich est plus lucide que le ramassis d’illuminés et de méchants idiots qui constituent le personnel politique belge. Il écrit : « Le grand problème, c’est que le nombre de personnes, qui croient en ce discours de suprématie musulmane, est très élevé. Dans certains quartiers, on peut aisément parler d’une moitié de la population. Seule une très petite minorité prend les armes mais le potentiel est énorme. Nous avons affaire à des dizaines de milliers de jeunes qui se sont socialisés dans le schéma ‘nous-contre-eux’, partagé par l’extrême-droite et les extrémistes islamistes qui ne voient à l’horizon qu’une guerre entre l’Occident et l’islam. Ce ne sont pas nécessairement des musulmans puritains mais ils constituent un énorme vivier potentiel pour l’Etat islamique et autres mouvements similaires ». Ce n’est donc pas un exposant de l’extrême-droite ou un conservateur inquiet qui prend la parole ici, mais un sociologue « maroxellois » qui sait de quoi il parle. Son diagnostic de secrétaire d’Etat à la lutte contre le terrorisme pourrait parfaitement servir à un procureur du Roi pour instruire enfin le procès qui devra conduire à la condamnation sévère des multicultureux électoralistes qui, par folie et irresponsabilité, ont provoqué la mort atroce, inutile, de centaines de milliers d’innocents, en Irak, en Syrie et à Paris, avec la bénédiction initiale de leurs maîtres américains et des manipulateurs de la CIA et de la NSA, sans oublier les mécènes saoudiens ou qataris.

Kevin Desmet.