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mercredi, 24 octobre 2018

Pourquoi l'Eurasisme ?

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Pourquoi l'Eurasisme ?

Ex: http://lheureasie.hautetfort.com

« Le fond de la destinée russe consiste à révéler au monde un Christ russe, inconnu à l’univers, et dont le principe est contenu dans notre orthodoxie. À mon avis, c’est là que se trouvent les éléments de la future puissance civilisatrice, de la résurrection par nous de l’Europe » lettre de Dostoïevski à Nikolaï Strakhov en 1869

Comme nous ne nous connaissons pas, nous vous rappelons rapidement notre démarche idéologique, à notre échelle militante, et qui n'est pas exclusivement tournée vers l'eurasisme : critique positive des idées politiques et du militantisme au XXIème siècle .

Pour aller à l'essentiel, nous savons qu'Alexandre Douguine a mauvaise presse dans nos milieux mais l'Eurasisme ne se résume pas à Alexandre Douguine et Alexandre Douguine ne se résume pas à ses provocations. Nous connaissons les extraits cités comme des déclarations de foi par les détracteurs de Douguine et qui tournent dans nos milieux, c'est de bonne guerre, mais nous vous renvoyons à la lecture des passages dont il est question dans le contexte de leurs ouvrages et vous constaterez par vous-même qu'il ne s'agit pas de premier degré, la construction littéraire laisse peu de doutes... Nous comprenons que ces extraits de but en blanc peuvent heurter les sensibilités nationalistes et identitaires mais, fondamentalement, Alexandre Douguine n'est pas notre ennemi et ses essais sont autant d'éloges de la frontière ; des plus grandes frontières. C'est l'atlantisme qui est visé. Le conflit ukrainien et les positions d'Alexandre Douguine ont bien évidement joué un rôle majeur dans le rejet de l'eurasisme par les milieux nationalistes français ; nous pensons que pour entretenir un dialogue il est besoin d'interlocuteurs, fussent-ils des adversaires. Nous n'ignorons pas les vues impérialistes de la Russie qui n'est plus la Blanche et Sainte Russie des Tsars et des prophètes.

dugin-eurasianist.jpgL'Eurasisme comme phare idéologique malgré les frasques de Douguine ; nous nous devons de le justifier, parce que nous pensons et persistons à penser malgré les mauvais temps ukrainiens et le brouillard néo-souverainiste que l'orientation eurasiste est l'expression idéologique la plus immédiate vers la « révolution conservatrice ».

Pour les néophytes, il faut distinguer deux formes effectives d'eurasisme, l'eurasisme russe et proactif d'Alexandre Douguine et l'eurasisme européen et « opératif » de Robert Steuckers, aussi, nous pourrions distinguer l'eurasisme mystique et « spéculatif » de Laurent James qui, en quelque sorte, fait le pont entre les deux. Le point commun entre ces trois formes d'eurasisme et entre nos trois protagonistes s'incarne dans le corps littéraire de Jean Parvulesco.

Le paysage et le réseau eurasiste francophone se divisent en trois franges : le canal historique sous l'égide de l'orthodoxe Constantin Parvulesco et de son fils Stanislas 1er, Prince d'Araucanie (et du « Royaume littéraire » de Patagonie, Nouvelle France – pour comprendre cette filiation inattendue nous vous renvoyons à la lecture du roman de Jean Raspail : « Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie » ), fils et petit-fils de Jean Parvulesco, et dont Laurent James est proche ; les canaux éditoriaux et de diffusion de la nouvelle ex-droite via Alain de Benoist et Christian Bouchet ; et, le plus confidentiel « Eurasisme européen » initié par Maître Steuckers et dans lequel nous nous inscrivons prioritairement.

Le réseau et le mouvement eurasiste francophone sont inexistants en terme de militants, d'activités et d'actualités, l'eurasisme en France reste de la pure littérature de combat et appartient au monde des idées. Cependant, il est nécessaire de s'y intéresser si nous voulons, à terme, incarner une Troisième voie européenne et avoir un véritable dialogue avec les eurasistes russes, parce qu'il y a des filiations qui ne mentent pas. Il y aura des antagonismes idéologiques entre « eurasisme » et ce que vous appelez aujourd'hui « occidentalisme » mais la construction eurasiste reposent sur de nombreuses références occidentales, au sens classique de la révolution conservatrice dans laquelle eurasisme et occidentalisme se confondent, s'inscrivent et pourraient se rejoindre.

Nous vous laissons tout le loisir de vérifier l'existence de l'eurasisme et des différentes formes de sa révolution en lisant la littérature eurasiste la plus immédiate d'Alexandre Douguine à Robert Steuckers, de Jean Parvulesco à Jean Thiriart, de Laurent James à Guillaume Faye, de Eugène-Melchior de Vogüé à Henri de Grossouvre et qui vous donnera toutes les références et filiations, origines et sources nécessaires pour appréhender les orientations eurasistes.

Nous ne savons pas quelle part doit avoir l'eurasisme dans nos propres constructions mais nous savons que l'eurasisme a sa partition à jouer ; et quelle musique !

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Cela dit, l'Eurasisme français n'existe pas au-delà d'une tempête dans la baie de Douarnenez, du troquet de Maître Steuckers dans la capitale de toutes les Russies en exil et de la cave ensoleillée de Laurent James, et ce n'est pas un réel problème pour nous parler entre militants d'une génération identitaire et européenne qui se cherche un empire.

Ce qui serait fondamentalement opportun de retenir au sujet de l'orientation eurasiste, c'est l'idée que la Tradition est un feu sacré qui, pour être préservé, pour ne pas s'éteindre, se déplace ; c'est l'histoire de Rome, c'est l'histoire des centres spirituels, c'est l'histoire de notre civilisation. Nous n'avons pas été dissous par l'Empire, nous nous sommes diffusés à travers l'Empire. « La chute de Rome » a été fantasmée, et l'Empire d'Orient a survécu, sauvegardant le meilleur de l'Occident pour lui rétribuer ; à tout barbare, civilisation. Quand commence et quand s'achève une civilisation ? Ou, comment passe-t-on du temple romain à l'église romane ?

Par les médiations du Ciel ; de la « civilisation des pierres levées » à la révolution de Février qui sonne le glas ; de la séparation cataclysmique au schisme parousial ; du recours shamanique aux forêts de Merlin à la mort de Raspoutine ; du centre ardent du catholicisme médiéval aux confins de l'Empire Avar ; au cœur du pagano-christianisme des celtes de Galilée aux battements des tambours de guerre des peuples hyperboréens ; de l'arrivée des Saints de Provence au retour des Cosaques ; de l'ombre d'Attila au pacte de Clovis ; de la furie gauloise aux cris de la Horde d'or ; Pour nous, la Gaule charnelle et notre sang sont toujours déjà présents sur les terres de nos ancêtres et notre salut aux anciens russes et vieux croyants est fraternel ; Par Toutatis !

L'Eurasisme et l'Européisme sont les veines de la Révolution conservatrice, les routes herculéennes vers l'Europe et la plus Grande Europe, vers le retour de la dernière Rome et de la nouvelle Gaule. Moscou est le cœur battant de la Troisième Rome, de la Rome éternelle, réanimée, le centre actuel d'un même combat civilisationnel, de la renaissance religieuse et spirituelle européenne de l’Église Catholique romaine et Orthodoxe grecque, cela peut nous contrarier, la Russie de Vladimir Poutine n'est peut-être pas parfaite, mais nous ne pouvons que l'admettre. Arthur sarmate !

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Nous autres, eurasistes, cœurs sauvages de l'Empire, si nous nous proclamons gaulois plutôt que français nous sommes marqués au fer rouge des nationaux et des souverainistes. Pour les néo-païens, nous sommes d'horribles traditionalistes catholiques ; pour les cathos tradis, de terribles gnostiques. Ceux d'entre vous, communistes et libéraux, qui opposez la France à la république comme nous le faisons pour mille raisons excellemment justifiées par Laurent James à plusieurs reprises au sujet des deux France et qui nous reprochent nos ruades contre le chauvinisme ; le nationalisme de pure frime, interprétées comme haute trahison ou suspectées d'antiracisme, ce qui est un comble de mauvaise foi, quelle sera votre dernière patrie quand la terre aura brûlé ? Nous savons qui nous sommes ; nous chérissons notre race. Nous attendons que vous en possédiez une à défaut que le néant vous possède. Tout le monde sait que l'on se bat toujours pour ce que l'on n'a pas ; pour ce que l'on a perdu. Était-ce par distraction ? Alors, recherchez-la partout, priez Saint-Antoine de Padoue, mais ne nous demandez pas de retrouver ce que nous n'avons jamais égaré.

Le mot « eurasisme » n'est pas une fin ; par contre, il faudra bien, tôt ou tard, se rassembler sous une bannière.

De la nôtre, nous avons enlevé le rouge et y avons jeté le Feu. Notre bannière est noire et solaire. Telle est notre anarchie ; notre Droite.

samedi, 20 octobre 2018

Russie, quelle vision politique pour la Russie au XXIème siècle ?

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Russie, quelle vision politique pour la Russie au XXIème siècle ?

par Emmanuel LEROY,

Consultant et Président d’Urgence Enfants du Donbass

Ex: http://www.academiedegeopolitiquedeparis.com

Introduction 

Avant d’aborder ce qui serait aujourd’hui la vision du monde des héritiers de Vladimir 1er, prince de Novgorod et Grand-Prince de la Rus’ de Kiev, je crois nécessaire d’essayer de comprendre pourquoi la Russie est l’objet de tant de haine de la part des élites qui gouvernent l’occident. Répondre à cette question me parait important car souvent, trop souvent de mon point de vue, depuis le règne de Pierre le Grand, le pouvoir en Russie a eu tendance parfois, à calquer sa politique en réaction ou à l’imitation de l’occident, sans percevoir toujours très clairement les forces véritables qui sont à l’œuvre dans la vision du monde occidentale. Cette tendance lourde a bien évidemment favorisé cette fameuse querelle opposant les slavophiles aux occidentalistes à laquelle l’URSS n’a pas échappé, et dans laquelle la Russie de Vladimir Poutine baigne encore, séparant deux visions du monde antagonistes qu’incarnent parfaitement aujourd’hui des personnalités comme Sergueï Glaziev pour le camp conservateur slavophile ou comme Alexeï Koudrine pour le camp libéral occidentaliste.

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Emmanuel Leroy

Définir ce que souhaite le camp libéral n’est pas très difficile, il nous suffit de regarder à quoi ressemble l’occident aujourd’hui, à savoir des sociétés où toute notion de solidarité a disparu, où l’argent règne en maître, où l’homosexualité et le mariage pour tous sont promus comme une norme, et où l’on augmente l’âge de la retraite tout en ouvrant les vannes de l’immigration au lieu de promouvoir la natalité. La faction libérale en Russie est pratiquement absente du champ électoral comme on l’a vu ces dernières années avec les résultats du parti Labloko, mais elle est en revanche surreprésentée dans les médias – contrairement à ce que l’on pense en occident – dans la sphère économique et au sein du gouvernement où aux côtés du Premier ministre siègent d’autres ministres qui ont parfaitement intégré la théorie de la « main invisible » dans leur vision du monde.

Il est plus difficile de définir précisément ce que souhaitent les conservateurs russes car il y a plusieurs approches possibles du conservatisme : il y a celle incarnée par le club Stolypine de M. Glaziev qui au rebours des idées libérales d’Adam Smith souhaiterait un Etat interventionniste sur le modèle de l’Allemagne de Bismarck influencée par les idées de Friedrich List et de son « protectionnisme éducateur ». Il existe aussi un conservatisme slaviste que l’on pourrait qualifier de social-chrétien et qui s’inspire d’auteurs comme Berdiaev, Soloviev, Iline, Dostoïevsky ou encore Soljenytsine mais qui ne semble pas avoir trouvé de traduction politique dans le paysage russe contemporain. Et il existe enfin, grand paradoxe, un conservatisme communiste dont la permanence peut s’analyser non seulement comme une réaction aux dérives libérales de la Russie sous Boris Eltsine mais également comme un contrepoids à l’hégémonie du parti majoritaire – lorsque celui-ci est perçu comme trop libéral – comme on vient de le voir récemment à Vladivostok.

Autre paradoxe de la société russe contemporaine est celui incarné dans les plus hautes sphères de l’Etat où est promue une vision conservatrice et multipolaire du monde, en réaction à la vision unipolaire et totalitaire de l’occident, tout en ayant conservé au plan institutionnel une constitution occidentalo-compatible héritée des années Eltsine et permettant sur le plan économique la mise en place d’une praxis ultra-libérale que ne désavouerait pas l’Ecole de Chicago. Il s’agit là d’une contradiction idéologique majeure que la Russie devra trancher tôt ou tard, et le plus tôt dans l’intérêt du peuple russe lui-même sera le mieux.

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Pour mieux comprendre en quoi la Russie d’aujourd’hui incarne, presque malgré elle, l’opposition absolue au système occidental, il faut se pencher d’abord sur les origines profondes de la russophobie, ensuite nous devrons répondre à la question délicate « Que veut faire la Russie ? ».

1/ Les origines profondes de la russophobie

2/ Que veut faire la Russie ?

1/ Les origines profondes de la russophobie

Au fil du temps et de mes réflexions, j’ai acquis la conviction que l’on ne peut comprendre les événements géopolitiques sans avoir présent à l’esprit ce que le grand historien Fernand Braudel appelait la longue histoire et qui renvoie en quelque sorte à l’aphorisme de Nietzsche selon lequel « l’homme de l’avenir sera celui qui aura la plus longue mémoire ».

Si l’on refuse l’idée que la plupart des guerres, des coups d’état, des « révolutions de couleur » auxquels nous assistons relèvent d’une très ancienne vision du monde que j’appelle l’Idéologie anglo-saxonne, on se trouve alors dans la situation d’un médecin traitant un cancer avec de l’aspirine.

Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne ?

C’est ce que Kipling a appelé Le Grand Jeu lors de l’affrontement des empires russe et britannique dans ce qui n’était pas encore l’Afghanistan. Mais le Grand jeu c’était aussi l’éradication du catholicisme en Angleterre sous Cromwell, c’était la politique des William Pitt, père et fils, dans l’avènement de la révolution française et de la prise de contrôle de la France après la défaite de Waterloo, c’était la politique impériale de Benjamin Disraeli, c’était la guerre du Japon contre la Russie en 1905 et la 1ère révolution qui suivit, financée par les banques anglo-saxonnes, tout comme la révolution bolchevique de 1917, ce furent les deux guerres mondiales et ce jeu, car pour eux c’est un jeu, même s’il est souvent cruel, continue jusqu’à aujourd’hui avec l’Afghanistan, la Lybie, la Syrie, la Géorgie, l’Ukraine, le Yémen etc..

Je n’aurai pas le temps en quelques minutes de vous résumer 5 siècles d’histoire européenne et a fortiori mondiale, aussi, je voudrais juste esquisser devant vous quelques pistes de réflexion afin que vous creusiez vous-même dans cette direction si vous l’estimez nécessaire.

Le grand rêve de puissance et d’hégémonie mondiale de l’oligarchie anglaise est né, selon moi, au retour de l’expédition autour du monde du pirate Francis Drake le 26 septembre 1580 où la part du butin volé aux Espagnols et réservée à la reine Elisabeth représentait selon certaines sources une fois et demie le budget annuel du royaume. Francis Drake est probablement devenu après ses exploits le modèle à suivre et parmi ses nombreux admirateurs, un en particulier mérite d’être retenu, Walter Raleigh (cf. controverse Ecole de la nuit), car il est le premier à avoir conceptualisé l’idée d’hégémonie anglo-saxonne sur le monde. En effet, ce gentilhomme, un peu pirate lui aussi, eut le temps d’écrire avant sa mort un ouvrage intitulé l’Histoire du monde et dans lequel il affirme : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

C’est là, à partir de cet exploit de piraterie exceptionnel, qu’est née cette idée de parvenir à la suprématie mondiale par la puissance maritime et l’accaparement des richesses d’autrui.

Mais ce qu’il faut bien comprendre – et c’est cela qui est véritablement révolutionnaire – c’est que cette idée s’est transmise de génération en génération à travers les siècles au sein des élites anglo-saxonnes notamment chez le Britannique Mackinder dont la formule maîtresse est « Qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde » et qui s’est transformée chez l’Américain Spykman dans la formule plus ramassée « Qui contrôle le rimland gouverne l’Eurasie ; qui gouverne l’Eurasie contrôle les destinées du monde ».

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à trois siècles de distance, ces trois personnages partagent tous l’idée de domination du monde et c’est là véritablement qu’il faut comprendre la nature profonde de cette idéologie.

Mais alors en quoi cette idéologie anglo-saxonne serait-elle russophobe ?

Elle n’est pas spécifiquement russophobe, elle a d’abord été francophobe, puis hispanophobe, puis à nouveau francophobe, puis germanophobe, mais il se trouve qu’après les défaites successives de l’Espagne à la fin du XVIIème siècle, de la France en 1815, des empires centraux en 1918 et du monde germanique en 1945, il ne reste plus qu’un protagoniste sur le continent eurasiatique à s’opposer aux Anglo-Saxons, et c’est le peuple russe.

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Voilà brièvement résumées, les causes profondes de la russophobie et tant que l’on n’a pas intégré cette vision de la longue histoire, on ne peut comprendre véritablement la nature des conflits qui sont en cours. Ces conflits sont des étapes, des épiphénomènes dans le Grand jeu de contrôle des destinées de l’humanité par la nomenklatura anglo-saxonne et la Russie est le dernier grand obstacle qui se dresse devant elle et voilà pourquoi elle doit disparaître. À n’importe quel prix.

Et elle a bien failli disparaître en 1991 quand elle perdut 1/5ème de son territoire et plus de 30 millions de ses concitoyens qui sont aujourd’hui, Kazakhes, Kirghizes, Ouzbèks ou Tadjiks. Elle a failli mourir aussi durant ces années 90 où elle fut pillée et saccagée ignominieusement par des prédateurs travaillant en étroite relation avec la finance anglo-saxonne.

Pour ceux qui voudraient un dessin explicite, je leur conseille de visiter l’académie Glazounov à Moscou où au 1er étage se trouve un immense tableau de cet illustre peintre et résumant parfaitement le martyre que subit la Russie durant ces années terribles.

Oui, je pense également que la fin de l’Union soviétique a été la plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle car elle a permis à l’occident d’avancer jusqu’aux frontières de la Russie et même de mettre la main sur son cœur historique, la Rus’ de Kiev.

À ce stade, que peut faire la Russie pour inverser le processus et mettre un terme à l’hégémonie totale de ceux qui veulent prendre en main les destinées du monde, car tout bien pesé, c’est bien de cela dont il s’agit : unipolaire ou multipolaire le monde de demain devra choisir et dans ce contexte d’antagonisme absolu, que pourra faire la Russie ?

Et tout d’abord…

2/ Que veut faire la Russie ?

Il peut paraître présomptueux, surtout ici, devant des citoyens russes, de poser cette question, mais si l’on se souvient de ce que disait Churchill lui-même à ce sujet, à savoir que « la Russie était un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », il n’est peut-être pas inutile d’ouvrir la matriochka pour essayer de voir ce qu’il y a dedans.

Je crois que la Russie a un rôle essentiel à jouer dans les années qui viennent pour restaurer un équilibre dans le monde mais c’est un message qui est difficile à faire passer car le tempérament russe est assurément peu porté à l’universel, du moins tel que le conçoivent les Français ou les Anglo-Saxons.

Pourtant la Russie a déjà par deux fois dans son existence, proclamé sa vérité dans le monde. La première fois, c’était au nom de la Sainte Alliance quand le Tsar Alexandre 1er tentait d’élever une digue contre les idées destructrices de la Révolution française. La deuxième fois, et c’est un paradoxe, c’est au nom des idéaux de cette même Révolution française que les bolcheviques répandront sur la terre l’idéal prolétarien.

On voit se dessiner en Russie, depuis le début des années 2000 une vision du monde multipolaire et qui semble vouloir s’afficher comme une altérité à l’idéologie occidentale.

Pour bien comprendre la réorientation de la Russie en ce début de XXIème siècle, il faut relire le discours fondamental de Vladimir Poutine à Munich en février 2007 qui entend mettre un terme à l’unipolarité anglo-saxonne et qui réaffirme une certaine conception westphalienne d’équilibre du monde.

Voilà ce que déclarait le Président de la Fédération de Russie : « J’estime que le monde unipolaire n’est pas seulement inadmissible pour le monde contemporain, mais qu’il est même tout à fait impossible. Non seulement parce que dans les conditions d’un leader unique, le monde contemporain (…) manquera de ressources militaro-politiques et économiques, mais, et c’est encore plus important, ce modèle est inefficace, car il ne peut en aucun cas reposer sur une base morale et éthique de la civilisation contemporaine ».

Dans ce discours, Vladimir Poutine remettait également en cause la prétendue primauté du droit étatsunien sur le droit international et dénonçait la volonté des Etats-Unis d’empiéter dans les domaines réservés des autres Etats, notamment à travers la sphère juridique.

Mais contester le modèle occidental en lui opposant la multipolarité – qui n’est qu’un concept creux – n’est pas suffisant. Tant que l’économie et les institutions russes fonctionneront avec le moteur occidental de l’idéologie libérale, la Russie sera confrontée à une contradiction interne qui sera mortelle à terme.

À l’idéologie des droits de l’homme, il faut opposer la primauté du droit des peuples.

Au libéralisme égoïste et destructeur qui ne favorise que l’oligarchie mondiale, il faut opposer l’interventionnisme de l’Etat souverain protecteur des plus faibles.

À la permissivité sans limite et à la destruction des valeurs fondamentales des sociétés humaines, il faut opposer la protection de la famille et des valeurs traditionnelles, y compris religieuses.

Ces quelques exemples montrent bien que la nature de la guerre totale qui oppose aujourd’hui l’occident à la Russie est bien culturelle et idéologique avant d’être militaire et je redoute fort que les conflits chauds ou tièdes comme ceux de Syrie ou du Donbass et dans lesquels les Anglo-Saxons entraînent la Russie aujourd’hui, ne soient que des leurres pour dissimuler le cheval de Troie que jour après jour les occidentaux mettent en place dans tout l’espace de la CEI.

Nous étions en Arménie la semaine dernière avec mon ami Jean-Michel Vernochet pour une série de conférences et de rencontres et nous avons pu mesurer la réalité de la présence étatsunienne dans ce pays ex-soviétique où ils ont installé leur deuxième plus grande ambassade dans le monde aux confins de la Caspienne, de la Mer Noire et de la Méditerranée : pas un programme culturel ou archéologique sans la présence du logo « USAID », pas un café qui n’arbore fièrement le sigle Coca-Cola et jusqu’à la Bibliothèque nationale d’Arménie qui abrite en son sein un « American Corner » où sont diffusées, entre autres, les œuvres de M. Brzezinski et de l’amiral Mahan. Même les Chinois sont présents à Erevan avec leur programme « China Aid ». Nous n’y avons pas vu de programme « Russia Aid » et dans ce pays qui comptait 100% de russophones il y a un quart de siècle, les jeunes générations ne parlent plus que l’anglais et dans moins d’un siècle il n’y aura plus que quelques savants distingués qui parleront encore la langue de Pouchkine.

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Plus grave encore que ce que je viens de vous décrire en Arménie, est la reconnaissance de l’Eglise autocéphale d’Ukraine la semaine dernière par le patriarcat de Constantinople. Il s’agit là encore d’une catastrophe géopolitique ou géoreligieuse majeure pour le monde slave. À quoi sert de vaincre militairement le terrorisme manipulé par l’occident en Syrie quand le monde orthodoxe est menacé d’un schisme majeur ?

Je voudrais achever cette intervention en formulant le vœu que la Russie retrouve sa place, toute sa place dans le monde, notamment en reprenant la tête de file des pays non-alignés afin que se dresse contre la maladie occidentale une alliance de pays libres et souverains. La Russie pourrait proposer de remettre à jour la Charte de La Havane de 1948 et d’y entraîner tous les peuples qui veulent sortir de la spirale mortifère de l’idéologie anglo-saxonne. Quelques pays en Europe et dans le monde semblent aujourd’hui se réveiller et être prêts à sortir de l’état de vassalité et d’esclavage dans lequel ils sont plongés.

La Russie non seulement s’honorerait à les y aider, mais ce faisant, j’en suis persuadé, elle se sauverait elle-même.

mardi, 16 octobre 2018

Dostojewski, Danilewski, Dugin: Marksteine russischer Identität

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Der Weg nach Eurasien

Von Johannes Schüller

Dostojewski, Danilewski, Dugin: Marksteine russischer Identität

Ex: http://www.neue-ordnung.at

Durch die ukrainische Krise könnte die NATO erstmals seit dem Zusammenbruch der Sowjetunion 1991 wieder einen ebenbürtigen geopolitischen Gegner finden. Die Russische Föderation unter Präsident Wladimir Putin wächst nach der wirtschaftlichen und politischen Not der 1990er Jahre zur neuen Kontinentalmacht heran. Schlagworte wie „Eurasien“ bündeln auch die Hoffnungen einiger rechter Kritiker weltweiter US-amerikanischer Dominanz. Doch die Ideen dahinter sind alt: Das multiethnische Rußland hatte nie die Gestalt des klassischen europäischen Nationalstaates. Seit dem 19. Jahrhundert entstanden deshalb verschiedenste Ideen, dem Westen eine andere, konservative Identität gegenüberzustellen.

Drei Schlüsselereignisse trieben die Entwicklung des russischen Selbstbewußtseins voran. Das erste, wahlweise als traumatisch oder initial wahrgenommene Ereignis bildete die Herrschaft Peter des Großen von 1682 bis 1725. Seine am westeuropäischen Vorbild orientierten Reformen in der Wirtschaft, Verwaltung, im Schulwesen und Militär sicherten Rußland den Weg zur Großmacht. Zugleich stellten sie aber auch die altrussische Reichsidentität, die sich am mittelalterlichen Erbe des Moskauer Großfürstentums und der einer vor allem bäuerlichen geprägten Gesellschaft orientierte, fundamental in Frage. Doch auch Peter I. konnte Rußlands Staat und Kirche, dieses seltsame „Gemisch von byzantinischem, lateinischem und mongolischem Ursprung“1, nicht endgültig europäisieren.

Die Dekabristen: Volksbegriff der deutschen Romantik

Gut hundert Jahre später folgte das zweite Schlüsselereignis: Kaiser Alexander I., Herrscher von 1801 bis 1825, führte 1812 den ersten „Vaterländischen Krieg“ des Russischen Reiches gegen Napoleon. Trotz der französischen Niederlage wirkte der kulturell-geistige Einfluß des modernen Europas bis tief ins 19. Jahrhundert nach. Junge, adelige Offiziere kamen als Besatzer mit den sich herausbildenden Nationalstaaten Europas, dem Konstitutionalismus und den Ideen der Aufklärung in Berührung. Diese Erfahrung führte unter anderem, ausgehend von Soldaten und Offizieren, zum Aufstand der Dekabristen am 14. Dezember 1825 als „erste[r] Erfahrung Rußlands mit der politischen Revolution“2. Den Anlaß bildete der eingeforderte Eid auf den neuen Kaiser Nikolaus vor Senat und Synode in St. Petersburg. In ihren oppositionellen Verfassungsentwürfen stellten sie den alten Reichspatriotismus in Frage und setzten an seine Stelle einen auch den Ideen der deutschen Romantik entlehnten Volksbegriff.


Sprache und Geburt galten demnach erstmals als entscheidendes Kriterium für die russische Staatsbürgerschaft. Angesichts des bisherigen übernationalen und sich vor allem am Zaren-Patriarch orientierten Selbstverständnisses handelte es sich um eine revolutionäre Forderung. Zudem forderte die dekabristische „Wohlfahrtsunion“, offenbar inspiriert vom Vorbild der Französischen Revolution, eine sprachliche und politische Homogenisierung der Bevölkerung des Reiches, die Durchsetzung einer vorpetrinischen Terminologie und eine Reinigung der russischen Sprache von Fremdwörtern. Im Mittelpunkt dieses Programms stand das russische Volk als Kulturnation, das „narod“. Dieses Wort sollte zum Schlüsselbegriff eines ethnischen russischen Nationalismus werden.

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Der Nationalismus begann in Rußland konservativ

Diese von Westeuropa inspirierte Identität trug revolutionären Charakter, denn ein vorrangig auf das Volk als Kulturnation bezogenes Bewußtsein gab es zuvor in Rußland kaum. Die zwei Säulen der Reichsidentität, die sich seit dem 16. Jahrhundert durchsetzte, bildeten die Herrschaft des Zaren als Autokraten sowie dessen Legitimation und Verbindlichkeit durch die orthodoxe Kirche. Erst Mitte des 18. Jahrhunderts lassen sich erste Anzeichen eines kultur- und sprachbezogenen Nationalbewußtseins im gebildeten Adel feststellen.3 Der russische Nationalismus hatte, anders als in Westeuropa, einen konservativen Ursprung: Ein Zeugnis davon legt die „Schrift über das alte und neue Rußland“ des offiziellen Reichshistoriographen Alexanders I. und Schriftstellers Nikolai Michailowitsch Karamsin ab. Karamsin, der zuerst mit der Französischen Revolution sympathisierte und schließlich zu einem ihrer entschiedensten Kritiker wurde, bezog in diesem 1811 veröffentlichen Werk deutlich Stellung gegen westeuropäische Einflüsse und berief sich statt dessen auf die nationalrussische politische und kulturelle Tradition.


Die entscheidende Rolle in der offiziellen Durchsetzung eines dezidiert konservativen Nationalbewußtseins aber sollte Sergei Semjonowitsch Uwarow spielen: Als „Minister für Volksaufklärung“ unter Nikolaus I., der als Kaiser von 1825 bis 1855 die Abwendung Rußlands vom einstigen Vorbild Westeuropa betrieb, setzte er die sogenannte Uwarowsche Triade durch. Sie gilt als „Gründungsurkunde des russischen Nationalismus“. Ihre drei Elemente hießen „Orthodoxie“, „Autokratie“ und „volksverbundener Patriotismus“, „narodnost“ im russischen Original. Uwarow zog damit zugleich die Konsequenzen aus dem gescheiterten Dekabristenaufstand. Er übernahm die Sprache des politischen Gegners, um sie zugleich im Sinne des zaristischen Vielvölkerreichs umzuinterpretieren, in dessen Mittelpunkt Rußland als führende Nation verstanden werden sollte. Der politischer Notwendigkeit geschuldete Kompromiß zwischen Reichs- bzw. Staats- und Volksidentität blieb bis ins heutige, moderne Rußland erhalten. Der modellierte Nationalismus Uwarows sollte aber zugleich die Integrität eines vor allem multiethnischen Reiches auf die Probe stellen, denn die „Umgründung des Imperiums in einen russischen Nationalstaat“4 stellte das bisherige Selbstverständnis des Zarismus in Frage.

Die Slawophilen: Dorfgemeinschaft als Ideal

Deutlich wird das auch in der sich Mitte des 19. Jahrhunderts etablierenden Bewegung der Slawophilen. Sie trieben gemeinsam mit den ideologisch konträren Westlern die öffentliche Debatte um die russische Identität voran. Unter dem Einfluß des aufkeimenden Nationalbewußtseins und der deutschen Schule des Idealismus, darunter Friedrich Wilhelm Schelling und Friedrich Hegel, etablierten sie einen auch dem deutschen Idealismus entlehnten Volksbegriff. Zu den Kernelementen der Mehrheit der Slawophilen gehörten vor allem die dezidierte Kritik am zeitgenössischen Zarenreich, die Forderung nach einer „theologiefreien Volkskirche“ – im Gegensatz zur orthodoxen Staatskirche –, eine Idealisierung des einfachen Volkes sowie des vormodernen, also in erster Linie vorpetrinischen Rußlands. Das hieß konkret, so die Osteuropa-Historiker Frank Golczewski und Frank Pickhan: „Moskau statt St. Petersburg, Einheimische statt ‚fremder‘ Berater, das friedliche Leiden und Fühlen der Russen gegen das oberflächliche, rationalistische, dominierende Agieren der Ausländer.“5 Im Gegensatz zur kriegerischen Entwicklung des Westens sei Rußland aus Liebe und Gewaltlosigkeit entstanden, urteilte der russische Romantiker Stepan Petrovič Ševyrev. Verkörpert wurde dieses explizit vormoderne Selbstverständnis in der „obščina“, dem Urtypus der bäuerlichen Dorfgemeinde. Diese Identität ließ politisch zweierlei zu: zum einen die grundlegende Auffassung, „daß das russische Volk demokratisch war“6 und in seiner regionalen Vielfalt auch grundlegende kommunale Selbstbestimmung Ausdruck findet, und zum anderen die Besinnung auf die überlieferte familiär-patriarchalische Ordnung des Dorfes, die auf Reichsebene in der Autorität des Zaren gipfelt.

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Aleksandr Nikolaïevitch Axakov

Anders als in Europa bezog sich der Nationalismus im Zarenreich in seinen Ursprüngen zudem nicht auf das sich gesellschaftlich durchsetzende Bürgertum, sondern stärker auf Prekariat und Bauerntum. Die Verbindung von Unterschichtenbewußtsein und Nationalismus bildet bis heute in Rußland eine wichtige Denkschule, etwa in Gestalt des linke und rechte Elemente vereinenden Nationalbolschewismus der 1990er Jahre.
Die Gleichsetzung russischer Identität und des Unterschichtenbewußtseins spiegelt sich im 19. Jahrhundert vor allem im Werk von Fjodor Michailowitsch Dostojewski wider. Als sein weltweit „bekanntester russischer Roman“ darf bis heute Schuld und Sühne gelten. Hier treffen die Metropole St. Petersburg heimatlose, entwurzelte Großstädter und Provinzmädchen ebenso wie die psychologischen Defekte der Moderne gegenüber christlich-orthodoxer Erweckung aufeinander. All dies bündelt sich in der Figur des 23jährigen ehemaligen Jurastudenten und Mörders Rodion Romanowitsch Raskolnikow. Dieser lebt um 1860 in ärmlichsten Verhältnissen und wohnt in einer düsteren, sargähnlichen Dachstube, die „eher einer Handkammer oder einer Art Schrank als einem Wohnraum“ ähnelt, inmitten des „unerträglichen Geruchs aus den Schenken“ von St. Petersburg. Er ist „so schlecht gekleidet, daß manch einer, selbst ein an schlechte Kleidung gewöhnter Mensch, sich geschämt hätte, in solchen Lumpen am Tag auf die Straße zu gehen.“7 Zugleich erweist sich Raskolnikow intellektuell jedoch als überdurchschnittlich begabt. Als vermeintlich außergewöhnlicher Mensch gesteht er sich die gleichen moralischen Privilegien zu, die beispielsweise auch Napoleon für sich in Anspruch hätte nehmen können. Das Opfer dieses Größenwahns ist eine alte herzlose Wucherin, die er als unnötige Last der Menschheit betrachtet und, ebenso wie deren geistig minderbemittelte Schwester, ermordet.

max-beckmann-dostojewski-i.jpgDostojewski: National-religiöse Überwindung des Nihilismus

Doch Raskolnikow zeigt sich seiner Tat nicht gewachsen. Er wird zunehmend nervöser und verräterischer, obwohl er offenbar einen „perfekten Mord“ ohne eindeutige Spuren durchgeführt hat. Dennoch wird Raskolnikow nach zwei, oftmals durch Fieberfantasien unterbrochenen Wochen als Mörder gefaßt. Seine Schwester und die Mutter aus der russischen Provinz, die als Personifikationen ärmlicher Unschuld erscheinen, können die Verwirrung Raskolnikows erst kaum verstehen. Ins sibirische Zuchthaus treiben ihn der Untersuchungsrichter Porfirij Petrowitsch, der ihn unter anderem mit einer Diskussion über die Idee des Übermenschen auf die Schliche kommt, sowie die Prostituierte Sonja Marmeladow. Petrowitsch jedoch fehlen die belastenden, eindeutigen Beweise, obwohl alles auf Raskolnikow als Mörder hindeutet.


Die ehemalige Prostituierte aber, die selbst tiefgläubig ist, überredet Raskolnikow zum Geständnis, damit er seine Sünde bereue. Vor Gericht bekennt dieser die Tat in vollem Umfang, beschuldigt sich noch zusätzlich selbst und erklärt, er habe „infolge aufrichtiger Reue“ seine Selbstanzeige bei der Polizei vorgenommen. Den Aufenthalt im sibirischen Straflager, in dem ihn seine Freundin Sonja regelmäßig besucht, beschreibt der Erzähler – im Gegensatz zu Raskolnikows Zeit in St. Petersburg – als Freiheit. Der Verurteilte nähert sich dank Sonja dem einst verschmähten Christentum, freilich ohne in der Bibel zu lesen. Gemeinsam mit ihr träumt er von einer Zukunft in Sibirien, fernab von St. Petersburg. Dabei ahnt Raskolnikow, daß er sein neues Leben mit „einer großen künftigen Tat werde bezahlen müssen“.8


Die ins Mythische verweisende Selbsterneuerung Raskolnikows im letzten Kapitel von Schuld und Sühne bleibt dunkel. Sie läßt sich als beispielsweise „religiöse Überwindung des Nihilismus“9 oder Abwendung von den in St. Petersburg damals „modernen, landläufigen Ideen der materialistischen Philosophie“10 deuten. Über der psychologischen und kriminalistischen Tiefenstruktur möglicher Interpretationen bleiben jedoch die Kontraste deutlich, die Dostojewski in seinem ersten großen und bekanntesten Roman als Slawophilen kennzeichnen. Die moderne, westliche Großstadt St. Petersburg erscheint als Ort des Verbrechens, des Gestanks und ungerechter Armut, das Zwangsexil in der sibirischen Verbannung deutet jedoch die Erlösung Raskolnikows an. Sein Verbrechen rechtfertigt er ausgerechnet durch einen Vergleich mit Napoleon, dessen Einmarsch in Rußland der eigenen nationalen Identität erst ihr Selbstbewußtsein verlieh. Verbrechen und Strafe (Titel in der neueren Übersetzung des Romans von Swetlana Geier) ist gegen den abendländischen Helden gerichtet, dessen Urbild der aischyleische Promotheus ist, „der Frevler zum Heil der Menschheit mit Napoleon als moderner Variante“, benennt Gerigk ein wesentliches Motiv in Schuld und Sühne.11


Gegen das Heldenideal der westlichen Nationalstaaten setzte Dostojewski unter anderem die Idee einer christlich-orthodoxen Menschheitserlösung durch Rußland. Diese Gedanken verdichten sich in dem in der Wochenschrift Der Staatsbürger bis 1881 in Form kleinerer Essays veröffentlichten Tagebuch eines Schriftstellers: „Rußland kann nicht der großen Idee untreu werden, die ihm von einer Reihe von Jahrhunderten als Vermächtnis übertragen worden ist und der es bisher unbeirrt gefolgt ist. Diese Idee besteht unter anderem auch in der Vereinigung aller Slawen; aber diese Vereinigung soll nicht gewaltsame Aneignung sein, sondern Dienst an der Allmenscheit“, notierte Dostojewski 1876 im Artikel Die Orientfrage. Das Russische Zarenhaus, das den Panslawismus nach anfänglicher Skepsis zur Legitimation eigener außenpolitischer Interessen instrumentalisierte, verstand sich auch als Schutzmacht der Slawen auf dem Balkan. Der Russisch-Türkische Krieg von 1877/1878 endete gut 60 Kilometer vor Istanbul, zahlreiche russische Freiwillige hatten gemeinsam an der Seite Serbiens, Rumäniens und Montenegros gekämpft. Dostojewski forderte, daß Konstantinopel „– früher oder später – doch unser werden muß“. Soweit kam es jedoch nicht: Die europäischen Großmächte, darunter vor allem Österreich-Ungarn, verhinderten 1878 auf dem Berliner Kongreß einen erheblichen Machtzuwachs Rußlands auf dem Balkan.


Den Panslawismus Dostojewskis entkräftete das nicht: An der Spitze der „wirklichen, neuen Herrschaft Christi und der Verkündigung des endgültigen Wortes der Orthodoxie“ stehe schon längst Rußland. Es solle als „Beschützerin, vielleicht sogar Führerin, nicht aber Beherrscherin“, abseits vom „Schein des offiziellen Christentum, an das in Wirklichkeit niemand mehr außer dem einfachen Pöbel glaubt“, die slawischen Völker und Griechenland zum „umfassenden Dienst an der Menschheit“ vereinen.12 Bemerkenswerterweise notierte Dostojewski, jene Russen, die sich dieser nationalen Mission stellen, seien „Revolutionäre aus Konservatismus“.13

dan.jpgDanilewski: Der russische Spengler

Seinen geistigen Mentor fand er früh in dem Naturwissenschaftler und Geschichtsdenker Nikolai Jakowlewitsch Danilewski, dessen 1871 veröffentlichtes Buch Rußland und Europa. Eine Untersuchung der kulturellen und politischen Beziehungen der slawischen zur germanisch-romanischen Welt zur „Bibel der Panslawisten“ wurde. Danilewski, der von 1822 bis 1885 lebte, wirkt mit seiner Streitschrift für den Eigencharakter Rußlands bis heute in die nationalen Identitätsdebatten nach. Alexander Dugin, einflußreicher Kopf der heutigen Eurasischen Bewegung, nennt Danilewski neben den Geschichtsphilosophen Oswald Spengler und Arnold J. Toynbee als geistige Mentoren.14 Der Biologe, der Mitte des 19. Jahrhunderts neben Dostojewski den „Übergang von einer religiös-nationalen zu einer säkulär-nationalen Geschichtsphilosophie“15 geprägt hatte, gilt zugleich als wissenschaftlicher Begründer des Panslawismus. In Rußland und Europa argumentiert er anhand vererbter seelischer Eigenschaften verschiedener Kulturkreise, aber auch – gemäß dem Stand der damaligen Anatomie – auf Grundlage von Schädel- und Kieferform. Europa, das eigentlich nur eine „westliche Halb-Insel Asiens“ darstelle, so Danilewski, sei eine willkürlich definierte Landmasse, als deren Teil sich Rußland keineswegs verstehen dürfe: „Es bezeichnet nur das Gebiet der großen germanisch-romanischen Zivilisation – es ist ihr Synonym, und nur mit der fortschreitenden Entwicklung dieser Zivilisation erhielt das Wort ‚Europa‘ den Sinn und die Bedeutung, in der es jetzt angewandt wird.“ Danilewski erkennt wenige historische Gemeinsamkeiten zwischen Rußland, jenem Reich zwischen der germanisch-romanischen Welt und Asien, und dem Westen: „Gehört nun Rußland in diesem Sinne zu Europa? Leider oder erfreulicherweise, zum Glück oder zum Unglück – nein, es gehört nicht dazu. Es nährte sich nicht durch keine einzige der Wurzeln, durch welche Europa sowohl wohltätige wie schädliche Säfte unmittelbar einsog (…) Rußland bildete keinen Teil des erneuerten Römischen Reiches Karls des Großen“, und es „gehörte nicht zur theokratischen Föderation, welche die Monarchie Karls ablöste“.16

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Danilewski betont, schärfer und entschiedener als Uwarow und auch Dostojewski, die Gegensätze seiner Nation zur europäischen, „germanisch-romanischen Zivilisation“ und deren erdrückender Dominanz. Die Bemühungen der Westler seit Peter dem Großen, Rußland in Anlehnung an das Vorbild des Westens zu modernisieren, seien zwangsläufig zum Scheitern verurteilt gewesen. Denn auch aus der Sicht der Europäer stelle das Slawentum mit Rußland an der Spitze einen vollkommen eigenständigen, organisch gewachsenen Kulturkreis zwischen Europa und Asien dar. Danilewski nennt einen Großteil der Charakterisierungen, die noch heute zum Teil unser Rußlandbild prägen. Der Slawe, so der Biologe, habe im Laufe seiner Geschichte eine außerordentliche Duldsamkeit, Rechtsgläubigkeit und eine Liebe der Gewaltlosigkeit entwickelt. In scharfem Gegensatz dazu stehe Europa: es sei historisch geprägt von Gewaltsamkeit bei gleichzeitig ausuferndem Individualismus, religiöser Unduldsamkeit und einem verlogenen Amtsglauben. Die angeblichen Gründe benennt Danilewski in der Kombination des Charakters der germanisch-romanischen Völker mit dem Katholizismus und schließlich dem den Nihilismus einleitenden Protestantismus. Rußland hingegen habe sich – trotz der Bemühungen prowestlicher Kräfte – nie an diesem Verfallsprozeß beteiligt und sich eine organisch gewachsene Volksseele, Widerwillen gegen den Parteienstaat und den Vorrang des Kollektivs vor dem Individuum bewahren können.


Dabei nimmt Danilewski Spenglers Theorien aus dem Untergang des Abendlandes von 1918 vorweg, eben nur mit eindeutig prorussischer Präferenz. Auch er betrachtet die Weltgeschichte aus der Perspektive voneinander unabhängiger, einem Aufstiegs- und Verfallsprozeß unterworfenen Kulturtypen. Während sich der germanisch-romanische Westen im Niedergang befinde, solle ihm als aufstrebende Macht Rußland an der Spitze eines „Allslawischen Bundes“, zu dem auch das orthodoxe Griechenland gehöre in einem „Weltkampf“ entgegentreten. Die Idee des europäischen Gleichgewichts, wie es vor allem Großbritannien forcierte, diene nicht dem russischen Interesse. „Der Kampf mit dem Westen ist das einzige Rettungsmittel sowohl zum Ausheilen unserer russischen Kulturkrankheiten wie auch zur Entfaltung der allslawischen Sympathien“, so sein Fazit.17 Danilewskis oft ins Klischee abgleitende, radikale Thesen fanden in der russischen Gesellschaft des 19. Jahrhunderts eine breite Anhängerschaft.

Die frühen Eurasier: Asien als Heimat

Danilewskis Einfluß auf konservative und traditionalistische Bewegungen in Rußland entspricht der Wirkmächtigkeit Spenglers innerhalb der Konservativen Revolution in Deutschland. Mit seiner Idee eines expliziten Sonderbewußtseins, eines „Kontinents“ zwischen Europa und Asien nahm Danilewski zugleich auch die eurasische Ideenwelt vorweg. Die „Eurasische Bewegung“, deren Ursprünge sich in einem 1921 im bulgarischen Sofia von vier russischen Emigranten veröffentlichten Sammelband namens Der Auszug nach Osten (im russischen Original: Ischod k Vostoku) finden, verstand den geographischen Raum – ebenso wie Danilewski – als wichtigste Kategorie der eigenen Identität. „Die russischen Menschen und die Menschen der Völker der ‚Rußländischen Welt‘ sind weder Europäer noch Asiaten. Da wir mit den verwandten und uns umgebenden Kultur- und Lebenselementen verschmolzen sind, schämen wir uns nicht, uns als Eurasier zu betrachten (Hervorhebung im Original, J. S.)“, heißt es in dem von dem Musikologen Petr Petrovič Suvčinskij, dem Geographen Petr Nikolaevič Savickij, dem Theologen Georgij Wassilewitsch Florowskij sowie dem Slawisten Nikolaj Sergeevič Trubeckoj herausgegebenem Werk.18 Die vier Autoren entstammten, ebenso wie die intellektuelle Mehrheit der eurasisch gesinnten Exilrussen, der universitären Elite des zaristischen Rußlands.


Bemerkenswerterweise waren die Herausgeber von Ischod k Vostoku in drei Fällen auch ostukrainischer Herkunft und plädierten für eine Einbindung ihrer Heimat in ein zukünftiges, russisch dominiertes eurasisches Imperium. Die Konflikte und Debatten der Gegenwart deuteten sich bereits an. So wandten sich die Eurasier gegen einen bisher dominanten Eurozentrismus und betonten statt dessen, in mindestens historisch korrigierender Absicht, das asiatische Erbe Rußlands. Entscheidend für die Identität ihres Vaterlandes sei der fruchtbare kulturelle, politische und militärische Austausch Rußlands mit Asien vom 13. bis ins 19. Jahrhundert. Während die offizielle Geschichtsschreibung im frühmittelalterlichen Großreich der Kiewer Rus den Ursprung des modernen Rußlands erkannte, betonten die Eurasier die mongolischen Eroberungszüge durch Dschingis Khan im 13. Jahrhundert als Grundlage der eigenen Identität. Damals sei es zu einer ersten imperialen Vereinigung des Großkontinents Eurasien gekommen, auf dessen Territorium sich später zum größten Teil auch das Zarenreich und die Sowjetunion erstreckten. Unter russischer Dominanz bildete sich so eine eigene, multikulturell geprägte, seit 700 Jahren bestehende Zivilisation heraus, die den europäischen Kultureinfluß in Rußland marginal erscheinen lasse – so die ersten Eurasier in Ischod k Vostoku.19 Den geographischen Begriff „Eurasien“ hatte bereits in den 1880er Jahren der österreichische Geologe Eduard Suess eingeführt. Die Emigranten erweiterten ihn im Sinne einer eigenständigen, politischen und kulturell verstandenen Großmacht, die unter anderem auch Ostukrainer, Weißrussen und die Völker Mittelasiens, darunter den Turan als Urheimat der heutigen Türken, umfassen sollte.

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Orthodoxer Glauben als verbindendes Element

Obwohl es mit dem Panslawismus als einer weiteren „antiwestlichen Abgrenzungs- und imperialen Legitimationsstrategie“20 zahlreiche ideologische Schnittmengen gibt, betonte der Eurasismus deutlich stärker die asiatische und östliche Komponente in der russischen Identität. Dementsprechend wurde auch das Modell westlicher Demokratie und der dort verortete Liberalismus, anders als bei den Panslawisten, fast durchgehend abgelehnt. An die Stelle des ebenfalls aus Europa importierten Bolschewismus sollte eine sogenannte Ideokratie treten, deren zentrale Elemente Elitenherrschaft, Einparteiensystem und eine allgemeinverbindliche, eurasische Staatsideologie bilden. Die Eurasier waren sich der ideologischen und geographischen Schnittmengen mit dem Sowjetstaat und dessen Fähigkeit, die territorialen Grundlagen eines zukünftigen eurasischen Reiches zu sichern, durchaus bewußt. So sollte der Sozialismus laut einzelnen Strategien seit 1926 nicht etwa gestürzt, sondern vielmehr mittels einer Machtübernahme innerhalb der Kommunistischen Partei durch die „wahre Ideologie“ des Eurasismus ersetzt werden.21 Den wesentlichen Unterschied zum „Sozialismus in einem Land“ bildete jedoch der Bezug auf den orthodoxen Glauben als staatstragende Religion.


Diese Bewegung des Jewrasistwo erfuhr in den russischen Emigrantenkreisen nach der Oktoberrevolution 1917 in Europa ihre Blütezeit, beschränkte sich jedoch im Wesentlichen auf Intellektuellenzirkel. Denn die Positionen der Eurasier fanden sich vor allem seit 1923 im Eurasischen Verlag sowie verschiedenen eigenen Periodika, unter anderem in Berlin, Paris, Prag und Brüssel, wieder. Zwar gab es vor allem seitens ehemaliger weißer Offiziere Pläne zum Aufbau einer eurasischen Partei und einer stärkeren Einflußnahme und Bekämpfung des Sozialismus in der UdSSR, jedoch wurden diese Versuche schnell vom sowjetischen Geheimdienst beendet. 1929 spaltete sich die Bewegung nach langen Flügelkämpfen in ein linkes, prosowjetisches sowie ein traditionalistisches, christlich-orthodoxes Lager. Erst in der geopolitischen Debatten nach dem Zusammenbruch der Sowjetunion 1991 entfaltete der Eurasismus sein ideologisches Potential erneut. Durch das zeitgleiche Auseinanderfallen des Warschauer Paktes sah sich die neugegründete Russische Föderation gezwungen, vor allem im mittelasiatischen Raum der ehemaligen Sowjetrepubliken verstärkt die politische und wirtschaftliche Zusammenarbeit zu suchen. Innerhalb der politischen und intellektuellen Elite Rußlands erfuhr der Eurasismus als Alternative zur Westbindung eine Wiedergeburt. „Raum, Hegemonie, Staatlichkeit und Multiethnizität“ seien die zentralen Kategorien des politischen Eurasismus nach 1990, betont der Politikwissenschaftler Jens Fischer. Als dessen zentrale Werte in der politischen Praxis nennt er die „Liebe zu Rußland, materielles und geistiges Eigentum Rußlands, staatliche Einheit, territoriale Unversehrtheit, Familie, Kollektivismus, Freiheit der Persönlichkeit, gewissenhafte Arbeit, Demokratie, soziale Gerechtigkeit, Gleichberechtigung der Völker, multinationale Kultur, Selbstlosigkeit in der Verteidigung des Vaterlandes, Geistigkeit“22. Unter der pragmatisch-selbstbewußten Außenpolitik von Präsident Wladimir Putin haben diese Werte erneut Konjunktur, ideologisch erweitert und mit den Denkern der europäischen Konservativen Revolution verknüpft wurden sie jedoch von Alexander Dugin.

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Dugin: Neoeurasismus gegen US‑Imperialismus

Dugin, 1962 in Moskau geboren, ist der wichtigste Kopf der „neoeurasischen Bewegung“ nach 1990. Seine Konjunktur erfuhr der Eurasismus, freilich stark modifiziert, angesichts der „geopolitischen Tragödie“ des Zusammenbruchs der Sowjetunion, wie Dugin selbst betont.23 Anders als der klassische russische Nationalismus, der nach 1990 ebenfalls wieder auflebte, geht es den Neoeurasiern jedoch nicht allein um eine Rückkehr zur alten, ethnisch gebundenen russischen Großmacht. Zugleich handelte es sich bei Dugins Ideologie keineswegs um eine Aktualisierung der eurasischen Konzepte der 1920er Jahre. Drei Elemente, so der Historiker Stefan Wiederkehr, kennzeichneten den Neoeurasismus: „Erstens dominierte bei Dugin das Denken in geopolitischen Kategorien. Zweitens stützte er sich zu Beginn der neunziger Jahre stärker auf das Gedankengut der westeuropäischen Neuen Rechten und deren Kanon von älterer Literatur als auf den klassischen Eurasismus. Deshalb umfaßte drittens der Eurasienbegriff Dugins zu Beginn der neunziger Jahre die zusammenhängende Landmasse von Europa plus Asien (Hervorhebung im Original, J. S.).“24

Ziel, so Dugin zu Beginn der 1990er Jahre, sei ein „eurosowjetisches Imperium von Dublin bis Wladiwostok“, Europa sei es darin auf Grundlage einer pax eurasiatica bestimmt, „freiwillig oder unfreiwillig der UdSSR beizutreten“.25 Daß die geopolitische Tradition der sowjetischen Supermacht jedoch sich nicht ohne weiteres wiederbeleben ließe, wurde Dugin schnell bewußt. Statt dessen suchte er verstärkt Allianzen mit Kräften, die ebenfalls gegen die US-amerikanische Dominanz und den westlichen Liberalismus gerichtet sind. Zu seinen Austauschpartnern innerhalb sogenannter Rundtischgespräche in der führenden Wochenzeitung der neoeurasischen Bewegung, Den (Der Tag), zählten unter anderem Vertreter der europäischen Neuen Rechten, darunter der Franzose Alain de Benoist und der Belgier Robert Steuckers, aber auch Muslime. Anders als die Autoren des Jewrasistwo der 1920er Jahre erkannte Dugin nicht im „germano-romanischen“ Europa den Feind, sondern in den USA als einzig verbliebener Weltmacht und der ihr zugrunde liegenden Ideologie des Liberalismus. Orientiert an Carl Schmitts Idee der Weltgeschichte als Kampf von Land- gegen Seemächte betrachtete er eine zukünftige, globale Eurasische Union unabhängiger Staaten und Kulturen als Gegenmodell zur US-amerikanischen Idee der „One World“.


Innerhalb dieses weit über die ehemalige Sowjetunion hinausweisenden „heiligen Eurasischen Reichs“ sollten die Völker ihre Werte und Traditionen vor dem Liberalismus verteidigen, so Dugin. Statt einer weltweiten US-Dominanz schlug er eine „Autarkie der Großräume“ vor. Damit einher geht die Ablehnung jeder Form von Universalismus. In einem Interview mit dem deutschen Wochenmagazin Der Spiegel vom Juli dieses Jahres betonte Dugin: „Es gibt keine universellen Werte. Die, die dafür gehalten werden, sind eine Projektion westlicher Werte.“ „Die westliche Zivilisation“, so legte er nach, sei „eine rassistische, ethnozentristische Zivilisation. Jeder Westler ist ein Rassist – kein biologischer, wie Hitler, aber kulturell. Deswegen denkt er, es gebe nur eine Zivilisation – oder Barbarei.“26 Die Thesen von Dugin erscheinen oft stark überspitzt und auf öffentliche Skandalisierung programmiert. Die neoeurasische Ideologie, die Dugin sowohl als Überwindung von Liberalismus, Kommunismus als auch Faschismus versteht, verdichtete er in dem 2009 auf Russisch und 2013 in der deutschen Übersetzung erschienenen Sammelband Die Vierte Politische Theorie. Aufbauend auf Martin Heideggers Ontologie entwarf ein Autorenkollektiv um Dugin ein theoretisches Modell, das als Synthese und Überwindung der drei Großideologien der Moderne verstanden werden soll. Im Mittelpunkt der Kritik stehen sowohl der westliche Fortschrittsoptimismus als auch der Glaube an ein „Ende der Geschichte“, wie es der US-amerikanische Politikwissenschaftler Francis Fukuyama voreilig prognostiziert hatte. Statt dessen glaubt Dugin, in der Tradition von Spengler, an eine Wiederkehr der Geschichte: „Im Wesentlichen haben wir es aber mit einer Erneuerung und Fortsetzung jenes westlichen Universalismus zu tun, der von dem Römischen Reich durch das christliche Mittelalter und durch die Moderne im Sinne von Aufklärung und Kolonisierung überliefert wurde, bis hin zu den heutigen Erscheinungen von Postmodernismus und Ultraindividualismus.“27 Damit erweist sich Dugins Neoeurasismus zugleich als Wiederauflage der antiwestlichen Geschichtsphilosophie von Danilewski und als Erweiterung der eurasischen Geopolitik der 1920er Jahre. Mit einer Anpassung dieser Legitimationsideen russischer Großmachtpolitik an das 21. Jahrhundert gelang es ihm zugleich, weltweit Unterstützer zu finden – unter anderem auch in Brasilien und China. Auch in der deutschen Rechte findet Dugin Gehör, denn er betont, der Widerstand gegen die erdrückende US-amerikanische Dominanz sei zwangsläufig zugleich mit dem Streben nach nationalstaatlicher Souveränität der Bundesrepublik verbunden. In einem Interview mit Manuel Ochsenreiter für das Nachrichtenmagazin Zuerst! betonte Dugin: „Deutschland muß sich als unabhängiges, freies und souveränes politisches Gebilde definieren. Was auch immer die US-amerikanischen oder deutschen Politiker heute reden, die Wahrheit ist ganz einfach: Es gibt keine Freiheit in der Okkupation. Wenn Deutschland frei sein will, muß es gegen die Okkupation rebellieren.“28


dugin geopolitica libros-books-amazonia.jpgIm Zuge der ukrainischen Krise geriet auch Dugin ins Visier der westlichen Öffentlichkeit; etablierte deutsche Zeitungen, darunter Die Welt und die Frankfurter Allgemeine Zeitung, porträtierten den vermeintlichen „rechtsradikalen Guru“ und „Einflüsterer Putins“29. Dugins Stern scheint jedoch zu sinken. Im Mai dieses Jahres wurde er als Soziologieprofessor an der staatlichen Moskauer Lomonossow-Universität vom Rektor entlassen. Grund waren unter anderem sein Aufruf, die Opfer des Massakers von Odessa vom Mai 2014 mit dem Blut der „Kiewer Junta“ zu rächen, sowie eine sich anschließende Unterschriftensammlung gegen ihn. Als aktuell bedeutendster Vertreter der langen Tradition russischer Großreichsideen dürfte seine Stimme jedoch nicht leiser werden. Europas Patrioten und Konservative sollten diesen Gegenpol zur ideologischen Dominanz des Westens zu schätzen wissen. Aber sie sollten auch nicht vergessen: Die Ideen dieses wichtigen Verbündeten stehen in einer langen Tradition russischen Reichsbewußtseins. Sie verkörpern nicht mehr und nicht weniger als den ideologischen Überbau nationaler Interessen.

Anmerkungen

1 Vgl. Pëtr Kropotkin: Ideale und Wirklichkeit in der russischen Literatur. Zürich: Diogenes 2003 (= Kropotkin):, S. 36 f. Fürst Kropotkin (1842–1921), Geograph, Schriftsteller und einer der wichtigsten anarchistischsten Theoretiker, betrachtet vor allem den für Russland verheerenden asiatischen Mongolensturm als wesentlich für die Bildung eines Moskauer Zentral- und Militärstaates. Mit Hilfe der Mongolenkhane sei es dem Großfürstentum Moskau gelungen, die umliegenden Stadtstaaten und Fürstentümer zu unterwerfen: „Der Mongoleneinfall, der im Jahre 1223 stattfand, zerstörte diese ganze junge Zivilisation und leitete Rußland in ganz neue Bahnen.“
2 So das Urteil des Dekabristen Gawriil Stepanowitsch Batenkow. Zitiert nach: Nikolaj I. Zimbajew: Zur Entwicklung des russischen Nationalbewußtseins vom Aufstand der Dekabristen bis zur Bauernbefreiung. In: Die Russen. Ihr Nationalbewußtsein in Geschichte und Gegenwart. Herausgegeben von Andreas Kappeler. Nationalitäten- und Regionalprobleme in Osteuropa. Band 5. Köln: Markus Verlag 1990, S. 38. Die Bezeichnung „Dekabrist“ leitet sich von der russischen Bezeichnung für „Dezember“, dem Monat des Aufstandes, ab.
3 Vgl. Frank Golczewski/Gertrud Pickhan: Russischer Nationalismus. Die russische Idee im 19. und 20. Jahrhundert. Darstellung und Texte. Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht 1998 (= Golczewski/Pickhan), S. 15.
4 Vgl. ebd., S. 22.
5 Zitate: Ebd., S. 25.
6 N. L. Brodskij, Rannie slavjanofily. Moskau 1910, S. LXII. Zitiert nach: Ebd., S. 25.
7 Fjodor M. Dostojewski: Schuld und Sühne. Rodion Raskolnikoff. Roman. Aus dem Russischen von E. K. Rashin. München: Piper 2008, S. 7 ff.
8 Ebd., S. 741.
9 Hans-Jürgen Gerigk: Dostojewskijs Entwicklung als Schriftsteller. Vom „Toten Haus“ zu den „Brüdern Karamasow“. Frankfurt am Main: Fischer 2013 ( = Gerigk), S. 53 f.
10 Kropotkin, S. 251.
11 Gerigk, S. 74.
12 Ebd., S. 231f.
13 Ebd., S. 221.
14 Vgl. das Interview im Spiegel mit Dugin vom Juli 2014: „Jeder Westler ist ein Rassist.“ Spiegel-Gespräch. Der Spiegel. Nr. 29/14. 7. 2014. S. 120–125 ( = Der Spiegel), hier S. 121.
15 Golczewski/Pickhan, S. 39.
16 Nikolai Jakowlewitsch Danilewski: Rußland und Europa. Eine Untersuchung der kulturellen und politischen Beziehungen der slawischen zur germanisch-romanischen Welt. Übersetzt und eingeleitet von Karl Nötzel. Osnabrück: Otto Zeller 1965 ( = Danilewski), S. 21.
17 Ebd., S. 235.
18 Ischod k Vostoku. Herausgegeben von Petr Petrovič Suvčinskij, Petr Nikolaevič Savickij, Georgij Wassilewitsch Florovskij, Nikolaj Sergeevič Trubeckoj. Sofia 1921. Zitiert nach: Stefan Wiederkehr: Die eurasische Bewegung. Wissenschaft und Politik in der russischen Emigration der Zwischenkriegszeit und im postsowjetischen Rußland. Köln/Weimar/Wien: Böhlau 2007 (= Wiederkehr), S. 34.
19 Vgl. dazu: Jens Fischer: Eurasismus: Eine Option russischer Außenpolitik? Berlin: Berlin Verlag 1998 (= Fischer), S. 39 f.
20 Wiederkehr, S. 33.
21 Vgl. ebd., S. 137.
22 Fischer, S. 107.
23 Vgl. Wiederkehr, S. 233.
24 Ebd., S. 234.
25  So Dugin in der führenden Wochenzeitung der neoeurasischen Bewegung, Den (Der Tag), 1992. Zitiert nach: Wiederkehr, S. 233.
26 Der Spiegel, S. 122.
27 Alexander Dugin: Die Vierte politische Theorie. London: Arktos 2013, S. 77 f.
28 „Ohne Rebellion keine Souveränität“. Deutsches Nachrichtenmagazin Zuerst! Januar 2014. S. 20–24, hier S. 22 f.
29 Vgl. Julia Smirnova: Putins Vordenker, ein rechtsradikaler Guru. Die Welt, 11. 7. 2014. Online einsehbar unter: www.welt.de/politik/ausland/article130011929/Putins-Vorde... (Stand vom 25. Juli 2014), oder Kerstin Holm: Auf diesen Mann hört Putin. Frankfurter Allgemeine Zeitung, 16. Juni 2014. Online einsehbar unter: www.faz.net/aktuell/feuilleton/debatten/

Rußlands riesige Landmasse verbindet Europa mit Asien. Der eurasische Gedanke hatte schon in den Emigrantenkreisen der Zwischenkriegszeit größere Wirksamkeit, nach dem Zusammenbruch der Sowjetunion entfaltete sich sein ideologisches Potential erneut.

mercredi, 03 octobre 2018

The Geopolitics of India: A Shifting, Self-Contained World

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The Geopolitics of India: A Shifting, Self-Contained World

Ex: https://www.geopolitica.ru

Editor's Note

This is the fifth in a series of Stratfor monographs on the geopolitics of countries influential in world affairs. It was originally published on Dec. 16, 2008.

The geopolitics of India must be considered in the geographical context of the Indian subcontinent — a self-contained region that includes India, Pakistan, Bangladesh and, depending how one defines it, Nepal and Bhutan. We call the subcontinent "self-contained" because it is a region that is isolated on all sides by difficult terrain or by ocean. In geopolitical terms it is, in effect, an island.

This "island" is surrounded on the southeast, south and southwest by the Bay of Bengal, the Indian Ocean and the Arabian Sea. To the west, it is isolated by mountains that rise from the Arabian Sea and run through Pakistan's Baluchistan province, stretching northward and rising higher and higher to the northwestern corner of Pakistan. There, at the Hindu Kush, the mountain chain swings east, connecting with the Pamir and Karakoram ranges. These finally become the Himalayas, which sweep southeast some 2,000 miles to the border of Myanmar, where the Rakhine Mountains emerge, and from there south to India's border with Bangladesh and to the Bay of Bengal. The Rakhine are difficult terrain not because they are high but because, particularly in the south, they are covered with dense jungle.

The Geography of the Subcontinent

The subcontinent physically divides into four parts:

                        The mountainous frame that stretches in an arc from the Arabian Sea to the Bay of Bengal.

                        The North Indian Plain, stretching from Delhi southeast through the Ganges River delta to the Myanmar border, and from the Himalayas in the north to the southern hills.

                        The Indian Peninsula, which juts southward into the Indian Ocean, consisting of a variety of terrain but primarily hilly.

                        The deserts in the west between the North Indian Plain and Pakistan's Indus River Valley.

Pakistan occupies the western region of the subcontinent and is based around the Indus Valley. It is separated from India proper by fairly impassable desert and by swamps in the south, leaving only Punjab, in the central part of the country, as a point of contact. Pakistan is the major modern-day remnant of Muslim rule over medieval India, and the country's southwest is the region first occupied by Arab Muslims invading from what is today southwestern Iran and southern Afghanistan.

The third major state in the subcontinent is the Muslim-majority Ganges delta state of Bangladesh, which occupies the area southeast of Nepal. Situated mainly at sea level, Bangladesh is constantly vulnerable to inundations from the Bay of Bengal. The kingdoms of Nepal and Bhutan rest on the heights of the Himalayas themselves, and therefore on the edge of the subcontinent. There is also a small east-west corridor between Nepal and Bangladesh connecting the bulk of India to its restive northeastern states and its eastern border with Myanmar. In this region is India's easternmost state, Arunachal Pradesh, whose territory is also claimed by China.

The bulk of India's population lives on the northern plain. This area of highest population density is the Indian heartland. It runs through the area around Lahore, spreading northwest into Pakistan and intermittently to Kabul in Afghanistan, and also stretching east into Bangladesh and to the Myanmar border. It is not, however, the only population center. Peninsular India also has an irregular pattern of intense population, with lightly settled areas intermingling with heavily settled areas. This pattern primarily has to do with the availability of water and the quality of soil. Wherever both are available in sufficient quantity, India's population accumulates and grows.

India is frequently compared geographically to non-Russian Europe because both are peninsulas jutting out of the Eurasian land mass. They have had radically different patterns of development, however.

The Europeans developed long-standing and highly differentiated populations and cultures, which evolved into separate nation-states such as Spain, France, Germany and Poland. Their precise frontiers and even independence have varied over time, but the distinctions have been present for centuries — in many cases predating the Roman Empire. The Indian subcontinent, on the other hand, historically has been highly fragmented but also fluid (except when conquered from the outside). Over fairly short periods of time, the internal political boundaries have been known to shift dramatically.

The reason for the difference is fairly simple. Europe is filled with internal geographic barriers: The Alps and Pyrenees and Carpathians present natural boundaries and defensive lines, and numerous rivers and forests supplement these. These give Europe a number of permanent, built-in divisions, with defined political entities and clear areas of conflict. India lacks such definitive features. There are no internal fortresses in the Indian subcontinent, except perhaps for the Thar Desert.

Instead, India's internal divisions are defined by its river systems: the Ganges, the Brahmaputra, the Narmada and so on. All of India's major cities are centered around one of these river systems, a fact that has been instrumental in the rise of so many distinct cultures in India — Punjabis, Gujaratis, Marathis, Tamils and others — which have manifested in modern times as states within India. That said, Indian nationalism is very strong and counters the separatist tendencies. There is a balance between a strong central governance and substantial regional autonomy.

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What is permanent in the subcontinent is the frame, the mountains, and beyond these the wastelands. We can see this most clearly when looking at the population distribution of the surrounding regions. The subcontinent is isolated as a population center, surrounded by comparatively empty regions. It is not only a question of the mountains around it, although those are substantial barriers; the terrain beyond the mountains in every direction is sparsely populated, and in many ways its resources are insufficient to support a sizable, sedentary civilization. As a result, India has rarely demonstrated an appetite for adventurism beyond the subcontinent. If India can find a way to manage Pakistan and Bangladesh, there is little pressure to do anything more.

India's Geopolitical Imperatives

The geography of the subcontinent constrains the behavior of governments that arise there. If there is to be an independent India, and if it is to be a stable and secure nation-state, it must do the following things:

Geopolitical Imperatives

                        Achieve suzerainty in the Ganges River basin. The broad, braided plains of the Ganges basin are among the most fertile in the world and guarantee a massive population. India must become the premier power in this heartland. This does not mean that such power must be wielded by a unified, centralized authority. A coalition of powers can be functional, and even somewhat hostile powers such as Bangladesh can be tolerated so long as they do not challenge India's authority or security.

                        Expand throughout the core of the subcontinent until it reaches all natural barriers. Forests, hills and rivers aside, there is little else in the confines of the subcontinent that limits India's writ. "Control" of the additional territories can be a somewhat informal and loose affair. The sheer population of the Ganges basin really requires only that no foreign entity be allowed to amass a force capable of overwhelming the Ganges region.

                        Advance past the patch of land separating the Ganges basin from the Indus River basin and dominate the Indus region (meaning Pakistan). The Indus Valley is the only other significant real estate within reach of India, and the corridor that accesses it is the only viable land invasion route into India proper. (Modern India has not achieved this objective, with implications that will be discussed below.)

                        With the entire subcontinent under the control (or at least the influence) of a centralized power, begin building a navy. Given the isolation of the subcontinent, any further Indian expansion is limited to the naval sphere. A robust navy also acts as a restraint upon any outside power that might attempt to penetrate the subcontinent from the sea.

These imperatives shape the behavior of every indigenous Indian government, regardless of its ideology or its politics. They are the fundamental drivers that define India as a country, shaped by its unique geography. An Indian government that ignores these imperatives does so at the risk of being replaced by another entity — whether indigenous or foreign — that understands them better.

A History of External Domination

India's geopolitical reality — relative isolation from the outside world, a lack of imposed boundaries, the immense population and the dynamic of a central government facing a vast region — has created localized systems that shift constantly, resist central authority, and ultimately cannot be organized into a coherent whole, either by foreign occupiers or by a native government. It is a landscape of shifting political entities, constantly struggling against each other or allying with each other, amid an endless kaleidoscope of political entities and coalitions. This divided landscape historically has created opportunities for foreign powers to divide India and conquer it — and indeed, the subcontinent was under foreign domination from the 11th century until 1947.

Externally, the threats to India historically have come from the passes along the Afghan-Pakistani border and from the sea. India's solution to both threats has been to accommodate them rather than resist directly, while using the complexity of Indian society to maintain a distance from the conqueror and preserve the cultural integrity of India. (In a sense, Mahatma Gandhi's strategy of nonviolent resistance represents the foundation of India's historical strategy, although the historical basis for Indian nonviolent resistance has been more commercial than ethical.) But essentially, India's isolation, coupled with its great population, allows it to maintain a more or less independent foreign policy and balance itself between great powers.

Between the 11th and 18th centuries, India was ruled by Muslims. The first invasion occupied the area of what is today Pakistan. Over the centuries — under various rulers and dynasties, particularly the Mughals — Muslims expanded their power until they dominated much of India. But that domination was peculiar, because the Muslims did not conquer the Hindus outright. Except in the area west of the Thar Desert and the Ganges delta, they did not convert masses of Indians to their religion. What they did was take advantage of the underlying disunity of India to create coalitions of native powers prepared to cooperate with the invaders. The urge to convert Hindus to Islam was secondary to the urge to exploit India's wealth. Political and military power was a means toward this end, rather than toward conversion, and because of this, the Hindus were prepared to collaborate. In the end, the Indians' internal tensions were greater than their resentment of outsiders.

European powers followed the Muslims into India en masse. Unlike the Muslims, they arrived from the sea, but like the Muslims, their primary motive was economic, and they sought political power as a means toward economic ends. The British, the most permanent European presence in the subcontinent, used India's internal tensions to solidify their own position. They did not conquer India so much as they managed the internal conflicts to their advantage.

What was left behind when the British departed was the same sea of complex and shifting divisions that had defined India before they came. Most of the regions that were Muslim-majority areas became Islamic entities, eventually dividing into Pakistan and Bangladesh. The rest of India was united under a single government, but in a sense, that government ruled in the same way the British had.

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The Geopolitics of Modern India

Modern India has its origins in the collapse of the British Empire. Indeed, it was the loss of India that ultimately doomed the British Empire. The entire focus of imperial Britain, from the Suez Canal to Gibraltar and Singapore, was to maintain the lines of supply to India. Many of the colonies and protectorates around the world secured by Britain in the 19th century were designed to provide coaling stations to and from India. In short, the architecture of the British Empire was built around India, and once India was lost, the purpose of that architecture dissolved as well. The historical importance of India could not be overestimated. Lenin once referred to it as the supply depot of humanity — which overstated the case perhaps, but did not overstate India's importance to Britain.

The British gave up India for several reasons, the most important of which was commercial: The cost of controlling India had outstripped the value derived. This happened in two ways. The first was that the cost of maintaining control of the sea-lanes became prohibitive. After World War II, the Royal Navy was far from a global navy. That role had been taken over by the United States, which did not have an interest in supporting British control of India. As was seen in the Suez crisis of 1956, when the British and French tried to block Egyptian nationalization of the canal, the United States was unprepared to support or underwrite British access to its colonies (and the United States had made this clear during World War II as well). Second, the cost of controlling India had soared. Indigenous political movements had increased friction in India, and that friction had increased the cost of exploiting India's resources. As the economics shifted, the geopolitical reality did as well.

The independence of India resulted in the unification of the country under an authentically Indian government. It also led to the political subdivision of the subcontinent. The Muslim-majority areas — the Indus Valley region west and northwest of the Thar Desert, and the Ganges River basin — both seceded from India, forming a separate country that itself later split into modern-day Pakistan and Bangladesh. It was this separatism that came to frame Indian geopolitics.

India and Pakistan, for the bulk of their mutual existence, have had an adversarial relationship. For a long time, the Indian sentiment was that Pakistan's separation from India could have been avoided. This attitude, coupled with Pakistan's own geographic, demographic and economic inferiority, has forced Islamabad to craft its entire foreign policy around the threat from India. As a result, the two sides have fought four wars, mostly over Kashmir, along with one that resulted in the hiving off of Bangladesh.

As noted earlier, the Indian heartland is the northern plain of the Ganges River basin. This plain is separated from Pakistan's heartland, the Indus Valley, only by a small saddle of easily traversed land; fewer than 200 miles separate the two rivers. If India is to have any ambition in terms of expansion on land, the Indus is the only option available — all other routes end either in barriers or in near-wasteland. Meanwhile, the closeness — and sheer overwhelming size — of India is central to Pakistan's mind-set. The two are locked into rivalry.

China and the Himalayan Wall

Apart from this enmity, however, modern India has faced little in the way of existential threats. On its side of the mountain wall, there are two states, Nepal and Bhutan, which pose no threat to it. On the other side lies China.

China has been seen as a threat to India, and simplistic models show them to be potential rivals. In fact, however, China and India might as well be on different planets. Their entire frontier runs through the highest elevations of the Himalayas. It would be impossible for a substantial army to fight its way through the few passes that exist, and it would be utterly impossible for either country to sustain an army there in the long term. The two countries are irrevocably walled off from each other. The only major direct clash between Indian and Chinese forces, which occurred in 1962, was an inconclusive battle over border territories high in the mountains — both in the northeast Indian state of Arunachal Pradesh and the Kashmiri border region of Aksai Chin — that could lead nowhere.

A potential geopolitical shift would come if the status of Tibet changed, however. China's main population centers are surrounded by buffer states — Manchuria, Inner Mongolia, Xinjiang and Tibet. So long as all are in Chinese hands, the core of China is invulnerable to land attack. If, however, Tibet were to become independent, and if it allied with India, and if it permitted India to base substantial forces in its territory and to build major supply infrastructure there, then — and only then — India could be a threat to China. This is why the Indians for a long time championed the Dalai Lama and Tibetan independence movements, and why the Chinese until fairly recently regarded this as a major threat. Had a pro-Indian, independent government been installed in Tibet, the threat to China would be significant. Because New Delhi held open the option of supporting Tibetan independence, Beijing saw the Indians as engaged in developing a threat to China.

The Chinese tried to develop equivalent threats in India, particularly in the form of Maoist communist insurgencies. Indian Maoists (Naxalites) and Nepalese Maoists have been supported by Beijing, though that support is no longer what it used to be. The Chinese have lost interest in aggressive Maoism, but they do have an interest in maintaining influence in Nepal, where the Maoists recently increased their power through electoral gains. This is China's counter to India's Tibet policy.

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But for both, this is merely fencing. Neither would be in a position militarily to exploit an opening. Stationing sufficient force in Tibet to challenge the Chinese People's Liberation Army would outstrip India's resources, and for little purpose. Using Nepal as a base from which to invade India would be similarly difficult and pointless for Beijing. At the moment, therefore, there is no Indo-Chinese geopolitical hostility. However, these would be points of friction if such hostility were to occur in the distant future.

Russia, the United States and Pakistan

In the absence of direct external threats, modern India's strategic outlook has been shaped by the dynamics of the Cold War and its aftermath. The most important strategic relationship that India had after gaining independence from Britain in 1947 was with the Soviet Union. There was some limited ideological affinity between them. India's fundamental national interest was not in Marxism, however, but in creating a state that was secure against a new round of imperialism. The Soviets and Americans were engaged in a massive global competition, and India was inevitably a prize. It was a prize that the Soviets could not easily take: The Soviets had neither an overland route to India nor a navy that could reach it.

The United States, however, did have a navy. The Indians believed (with good reason) that the United States might well want to replace Britain as a global maritime power, a development that might put India squarely in Washington's sights. The Indians saw in the United States all the same characteristics that had drawn Britain to India. Elsewhere, India saw the United States acting both to hurry the disintegration of the European empires and to fill the ensuing vacuum. India did not want to replace the British with the Americans — its fundamental interest was to retain its internal cohesion and independence. Regardless of American intent — which the Indians saw as ambiguous — American capability was very real, and from the beginning the Indians sought to block it.

For the Indians, the solution was a relationship, if not quite an alliance, with the Soviet Union. The Soviets could provide economic aid and military hardware, as well as a potential nuclear umbrella (or at least nuclear technical assistance). The relationship with the Soviet Union was perfect for the Indians, since they did not see the Soviets as able to impose satellite status on India. From the American point of view, however, there was serious danger in the Indo-Soviet relationship. The United States saw it as potentially threatening U.S. access to the Indian Ocean and lines of supply to the Persian Gulf. If the Soviets were given naval bases in India, or if India were able to construct a navy significant enough to threaten American interests and were willing to act in concert with the Soviets, it would represent a serious strategic challenge to the United States.

In the late 1950s and early 1960s, the United States was facing a series of challenges. The British were going to leave Singapore, and the Indonesian independence movement was heavily influenced by the Soviets. The Egyptians, and therefore the Suez Canal, also were moving into the Soviet camp. If India became a pro-Soviet maritime power, it would simply be one more element along Asia's southern rim threatening U.S. interests. The Americans had to act throughout the region, but they needed to deal with India fast.

The U.S. solution was an alliance with Pakistan. This served two purposes. First, it provided another Muslim counterweight to Nasserite Egypt and left-leaning Arab nationalism. Second, it posed a potential threat to India on land. This would force India to divert resources from naval construction and focus on building ground and air forces to deal with the Pakistanis. For Pakistan, geographically isolated and facing both India and a not-very-distant Russia, the relationship with the United States was a godsend.

It also created a very complex geographical situation.

The Soviet Union did not directly abut Pakistan — the two were separated by a narrow strip of territory in the northeasternmost confines of Afghanistan known as the Wakhan Corridor. The Soviets could not seriously threaten Pakistan from that direction, but the U.S. relationship with Pakistan made Afghanistan a permanent Soviet interest (with full encouragement of the Indians, who wanted Pakistan bracketed on both sides). The Soviets did not make a direct move into Afghanistan until late 1979, but well before then they tried to influence the direction of the Afghans — and after moving, they posed a direct threat to Pakistan.

China, on the other hand, did border on Pakistan and developed an interest there. The aforementioned Himalayan clash in 1962 did not involve only India and China. It also involved the Soviets. India and China were both putatively allied with the Soviet Union. What was not well known at the time was that Sino-Soviet relations had deteriorated. The Chinese were very suspicious of Soviet intentions and saw Moscow's relationship with New Delhi as potentially an alliance against China. Like the Americans, the Chinese were uneasy about the Indo-Soviet relationship. Therefore, China also moved to aid Pakistan. It was a situation as tangled as the geography, with Maoist China and the United States backing the military dictatorship of Pakistan and the Soviets backing democratic India.

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From the Indian point of view, the borderland between Pakistan and China — that is, Kashmir — then became a strategically critical matter of fundamental national interest. The more of Kashmir that India held, the less viable was the Sino-Pakistani relationship. Whatever emotional attachment India might have had to Kashmir, Indian control of at least part of the region gave it control over the axis of a possible Pakistani threat and placed limits on Chinese assistance. Thus, Kashmir became an ideological and strategic issue for the Indians.

Shifting Alliances and Enduring Interests

In 1992, India's strategic environment shifted: The Soviet Union collapsed, and India lost its counterweight to the United States. Uncomfortable in a world that had no balancing power to the United States, but lacking options of its own, India became inward and cautious. It observed uneasily the rise of the pro-Pakistani Taliban government in Afghanistan — replacing the Indian-allied Soviets — but it lacked the power to do anything significant. The indifference of the United States and its continued relationship with Pakistan were particularly troubling to India.

Then, 2001 was a clarifying year in which the balance shifted again. The attack on the United States by al Qaeda threw the United States into conflict with the Taliban. More important, it strained the American relationship with Pakistan almost to the breaking point. The threat posed to India by Kashmiri groups paralleled the threat to the United States by al Qaeda. American and Indian interests suddenly were aligned. Both wanted Pakistan to be more aggressive against radical Islamist groups. Neither wanted further development of Pakistan's nuclear weapons. Both were happy to be confronting the Pakistanis with more and more aggressive demands.

The realignment of Indian relations with the United States did not represent a fundamental shift in Indian geopolitics, however. India continues to be an island contained by a ring of mountains. Its primary interest remains its own unity, something that is always at risk due to the internal geography of the subcontinent. It has one enemy on the island with it, but not one that poses a significant threat — there is no danger of a new generation of Muslim princes entering from Pakistan to occupy the Indian plain. Ideally, New Delhi wants to see a Pakistan that is fragmented, or at least able to be controlled. Toward this end, it will work with any power that has a common interest and has no interest in invading India. For the moment, that is the United States, but the alliance is one of convenience.

India will go with the flow, but given its mountainous enclosure it will feel little of the flow. Outside its region, India has no major strategic interests — though it would be happy to see a devolution of Tibet from China if that carried no risk to India, and it is always interested in the possibility of increasing its own naval power (but never at the cost of seriously reshaping its economy). India's fundamental interest will always come from within — from its endless, shifting array of regional interests, ethnic groups and powers. The modern Indian republic governs India. And that is more important than any other fact in India.

mardi, 25 septembre 2018

Il barone Ungern e il cuore di tenebra dell’Asia

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Il barone Ungern e il cuore di tenebra dell’Asia

Andrea Scarabelli

Ex: http://blog.ilgiornale.it

Ripercorrere la vita del barone Ungern von Šternberg è un po’ come risalire il fiume alla ricerca del Kurtz di Cuore di tenebra. A unire il «Dio della guerra» e il colonnello conradiano è tutta una visione del mondo, l’idea di sperimentare un piano del reale differente interrogando la sorte, combattendo una personalissima guerra anche nei ranghi altrui, a muto convegno di forze ancestrali che, come la lava al di sotto della crosta terrestre, periodicamente riaffiorano, sussurrandoci quanto sia vano e scialbo il concetto di “civiltà”. Ad accomunare Kurtz e Ungern è questo timor panico, nonché l’idea di un destino individuale che, se percorso fino in fondo, si apre alle vastità della Storia, captandone le linee direttrici: non resta allora che interpretare, come antichi aruspici, il corso dei secoli, e magari forzarli un po’, modernissimi rivoluzionari in un mondo di ombre – le loro, le nostre. Di carne l’uno, di carta l’altro (differenza del tutto trascurabile) il loro impatto sull’immaginario contemporaneo è stato ed è notevole. Se, nella celebre pellicola di Coppola, Kurtz/Brando è finito in Vietnam, su Ungern sono usciti nel corso degli anni parecchi libri, anche in italiano, da Il dio della guerra di Jean Mabire a Il signore terribile di Mehmet Frugis, fino al meno interessante Il barone sanguinario di Vladimir Pozner. Il Barone (di volta in volta «pazzo», «sanguinario», «nero» e chi ne ha più ne metta, a rimpolpare la logorrea aggettivale di certa critica) è uno di quegli sconfitti che periodicamente torna a infestare l’immaginario collettivo, spesso raggiungendo lidi inaspettati. C’è chi vince nello spazio, e chi nel tempo.

La sua figura ha affascinato molti, moltissimi, tra cui (in ordine sparso e senz’ansie di esaustività) il Custine delle Lettere dalla Russia, che il genio eretico di Piero Buscaroli – ben prima di Adelphi – volle inserire nella collana La Torre d’Avorio di Fògola. Tra i “mostri sacri” di Eduard Limonov (assieme a de Sade, Lenin, Mao, Freud e altri), lo troviamo anche nei fumetti, ad esempio in Corte Sconta detta Arcana di Hugo Pratt (uscito su «Linus» nel 1974) e nel recente Ungern Khan. Il dio della guerra di Crisse, edito da Ferrogallico. Come tutti i miti, Ungern si è staccato pian piano dalla realtà storica per raggiungere quella archetipica, quella che non si esaurisce nel puro movimento. Se n’era accorto Jacques Bergier, che nella sua autobiografia spirituale, Je ne suis pas une légende, nel terzo capitolo evocò

Baron_Freiherr_Roman_Nikolai_Maximilian_von_Ungern-Sternberg_2.png«i cavalieri liberi del barone Ungern von Sternberg, che sognava di ricostituire in Asia l’impero di Gengis Khan. Un giorno salì a cavallo e disse ai suoi: “Vado su Alpha Centauri”. Nessuno lo vide mai più».

Ma chi era Roman Fëdorovič Ungern von Šternberg? Nato a Graz nel 1886, aristocratico di origini tedesche avvicinatosi al buddhismo, ebbro di sogni euroasiatici e fucilato dai bolscevichi nel 1921, fu uno di «quei personaggi del XX secolo che fecero il ben noto percorso durante il quale il cavaliere errante si trasforma in bandito da strada, il sognatore in boia e il mistico in dottrinario». A scrivere queste parole è Leonid Juzefovič, autore della monumentale biografia – per cui vale la pena spendere il termine definitiva – edita da Mediterranee nella traduzione di Paolo Imperio, Il Barone Ungern. Vita del Khan delle steppe. Una puntuale ed esaustiva ricostruzione della vita e del contesto storico nel quale operò il protagonista di questa storia, ricca di dati e testimonianze di prima mano.

Quell’uomo, che scelse di partecipare e forzare il volgere dei tempi, vi compare in tutte le sue sfaccettature, dalla Prima guerra mondiale, che lo trovò nella Galizia polacca a combattere contro turchi e austriaci. Nella Grande Guerra vide l’opportunità di una rigenerazione del mondo – nell’ottima compagnia, se è per questo, d’insospettabili come Sigmund Freud e Thomas Mann – nonché la fine della borghesia occidentale, a cui scelse di giurare vendetta. Anche perché, più che la posta in gioco, a lui interessava la dimensione avventurosa della guerra, il suo aspetto, per così dire, “ludico”. A prescindere da cause e finalità, insomma, l’importante è non deporre le armi. D’altronde, dirà tempo dopo, liquidando una volta per tutte la faccenda, «è soltanto ora, negli ultimi trent’anni, che si combatte per un’idea». Ungern insegue la guerra come altri vezzeggiavano la pace, il vino o le donne, e questo sembra non piacere a molti suoi commilitoni: alcuni temono addirittura gli venga assegnata una promozione…

Croce di San Giorgio, dopo la rivoluzione di febbraio del 1917 viene spedito nell’Estremo Oriente, collocandosi nel mezzo del complesso scacchiere di quegli anni contro tutto e contro tutti, insieme all’ataman cosacco Semënov. In un mondo che guarda verso altri lidi, si dichiara fedele agli Zar, adepto di un culto appena rovesciato. «La più alta incarnazione dell’idea di Zarismo è nel collegamento della divinità con il potere umano» dirà sotto interrogatorio, ribadendo una concezione anagogica della regalità. Ma a chi fare riferimento per restaurarla? Secondo solo alle battute di caccia, lo sport prediletto dagli aristocratici è il regicidio; per quanto riguarda la borghesia, neanche a parlarne. Il bolscevismo? Una teologia politica tra le altre. La Terza Internazionale? È nata tremila anni fa e risponde al nome di Babilonia. I rivoluzionari? Dei posseduti. Cosa pensasse della rivoluzione ce lo dice anche Ferdinand Ossendowski nel suo Bestie, uomini e dèi, sempre edito da Mediterranee, che contiene un lungo dialogo dell’autore con il Barone, nella città di Urga (l’attuale Ulan Bator). Ne citiamo solo un estratto:

«Nei testi buddhisti leggiamo apocalittiche profezie relative all’epoca in cui comincerà la guerra tra gli spiriti buoni e quelli maligni. Allora si scatenerà la Maledizione sconosciuta che travolgerà il mondo, distruggendo la civiltà, annientando tutti i popoli. La sua arma è la rivoluzione. Durante ogni rivoluzione, l’intelligenza creatrice che si fonda sul passato viene sostituita dalla giovane forza bruta del distruttore. L’uomo verrà allontanato da tutto ciò che è divino e spirituale».

Intanto, in Russia infuria la guerra civile tra Rossi e Bianchi: la capitolazione dei secondi è ormai questione di mesi. Così, abbandona la Russia ma non si accoda agli altri comandanti che riparano in Europa. Ha sete di Oriente e sceglie la Mongolia, in cui si reca con un manipolo di volontari che costituiscono la sua Divisione di cavalleria. Vi giunge nel 1921: da due anni il paese è occupato dall’esercito cinese, e il suo capo spirituale, il Bogd Kan, ottavo Buddha reincarnato, è agli arresti domiciliari a Urga. Dopo aver chiesto un pronostico ai lama, con forze di gran lunga inferiori ai difensori, attacca e conquista la città, liberando il Bogd Kan ed espellendo dalla Mongolia le truppe cinesi. È il febbraio del 1921.

Nominato Kan, i Mongoli guardano a lui come una figura circonfusa dei misteri più insondabili: è anzi da quel momento in poi che si va formando intorno a Ungern un’aura mitologica, con tanto di poteri soprannaturali, invulnerabilità e invisibilità (concessa per intercessione di alcuni spiriti con cui è in contatto). Si dice che di notte cavalchi in valli e steppe accarezzate dagli ululati dei lupi e ricoperte da ossa umane (una variante lo vuole invece a bordo di una carrozza senza cavalli, scagliata nell’oscurità), si mormora che parli con i gufi, animali psicopompi per eccellenza. Il «Dio della Guerra» sperimenta l’ebbrezza – molto russa prima che nietzschiana, molto superominista, molto Raskol’nikov – di essere al di là del bene e del male. Non lesina – come non ha mai lesinato – in punizioni e torture, talune di una crudeltà spaventosa: d’altronde, non c’è tempo per la morale, quando ci si trova nell’occhio del ciclone che solvet saeclum in favilla.

Agli inizi del marzo 1921, la Mongolia viene proclamata monarchia indipendente. Temuto per la sua efferatezza («non era un sadico per natura» scrive Juzefovič, «ma un ideologo della violenza come ultima risorsa capace di poter ragionare con un’umanità decaduta») e ammirato per i suoi innegabili successi militari, la sua ombra si proietta sul futuro, dando il la a una leggenda che nemmeno la morte s’incaricherà di estinguere. Si dice sia la reincarnazione di Gengis Khan: è suo, tra l’altro, l’anello che porta al dito, di rubino, con uno swastika, simbolo del rapporto tra uno e molteplice (dopo la sua morte verrà sequestrato da Bljucher e passerà poi a Žukov). A questo proposito, è molto interessante la testimonianza di George Roerich, figlio del più famoso Nikolaj, pittore metafisico delle altezze himalayane: «Lui per i Mongoli non è morto… nelle canzoni mongole il Barone dorme lontano dalla portata dei mortali, rifugiato nelle profondità del Tibet, nel Regno di Shambala. Il giorno predestinato questo potente Bator, grande come una montagna, risvegliato, agiterà il mondo. Le sue imprese partiranno dalla Mongolia radunando sotto la sua bandiera i popoli e gli porteranno gloria e onore senza precedenti».

Ex Oriente lux recita l’antica sentenza. Era anche il motto del Barone, per cui la Mongolia non rappresentava che una prima tappa; le sue ambizioni erano più ampie. Riconquistato l’Oriente, avrebbe fatto lo stesso con l’Occidente, in una lunga guerra dal retrogusto escatologico che avrebbe liberato la Russia e poi l’Europa da se stesse. Un grandioso quanto utopistico progetto dal respiro eurasiatico: l’Occidente declinante, precipitato in quel nuovo Medioevo che siamo soliti chiamare modernità, avrebbe ricevuto nuova linfa. Fu proprio con l’idea di sparigliare le carte, rovesciando la bussola della Storia, facendo sorgere il sole ad Ovest, che nel 1921, con quattromila soldati, provò a invadere la Russia sovietica, certo dell’appoggio delle popolazioni siberiane. Dopo qualche barlume di vittoria, la catastrofe fu totale, e un tradimento perpetrato dai suoi stessi uomini dettò il passo agli eventi successivi.

Catturato dai bolscevichi, fu processato pubblicamente il 15 settembre 1921 a Novonikolaievsk (l’attuale Novosibirsk) e fucilato lo stesso giorno, eletto a simbolo del peggio di quel passato. Di ciò che gli accadde dopo l’arresto c’è poco da dire, salvo i suoi interrogatori, durante i quali espose la sua visione del mondo. Una sola cosa: poco prima che il plotone facesse fuoco – consegnando le sue spoglie ad Alpha Centauri, al firmamento di ciò che resiste allo scorrere del tempo – ingoiò la croce di San Giorgio assegnatagli tanti anni e tante vite prima, per salvarla dalle mani rapaci dei boia.

dimanche, 23 septembre 2018

«La Route de la soie 2018 – de nouvelles voies ouvertes au commerce»

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«La Route de la soie 2018 – de nouvelles voies ouvertes au commerce»

Conférence internationale du 25 juillet 2018 à Nuremberg

par Nils Opel, Nuremberg

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Le 25 juillet 2018 a eu lieu au Centre des Foires et Salons de Nuremberg le congrès d’un jour «La Route de la Soie 2018 – de nouvelles voies ouvertes au commerce». L’organisateur en était le «Groupe Foire de Nuremberg», soutenu par le Ministère bavarois de l’économie, de l’énergie et de la technologie et les Chambres de commerce et d’industrie de Bavière.

Cette carte illustre le réseau mondiale des projets d’infrastructures (chemins de fer, oléoducs, gazoducs, ports, etc.) existants, planifiés ou en construction de la «Nouvelle Route de la soie» («The Belt and Road initiative») à terre ou en mer. (Infographie: https://www.merics.org/de/bri-tracker/mapping-the-belt-and-road-initiative)

Les membres du «NürnbergMesse Group» [Groupe Foire de Nuremberg], l’une des grandes sociétés mondiales de foires et salons, sont pour juste 50% la ville de Nuremberg et le Land de Bavière, ainsi que la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nuremberg (IHK/CCI) et les Chambres de commerce de Moyenne-Franconie pour chacune environ 0,03%. Avec 51 représentations, le Groupe Foire de Nuremberg est actif dans 116 pays dans le monde entier. Il a 7 filiales aux Etats-Unis, en Chine, en Inde, au Brésil, en Italie et en Autriche.

Orientation sur l’Asie et l’Amérique latine

Le programme 2018 de la foire internationale met en évidence l’orientation du commerce extérieur sur l’Asie et l’Amérique du Sud. 31 événements à Nuremberg, 14 en Inde, 10 au Brésil, 8 en Chine, 2 en Thaïlande et un respectivement en Italie, en Russie et aux Etats-Unis.


Le Land de Bavière, coorganisateur, maintient 28 représentations à l’étranger dans le monde entier. En juillet 2018 s’est ouverte la troisième représentation bavaroise en Chine, à Chengdu, ville de Chine centrale, les deux précédentes se trouvant à Shandong et Shenzen. En 2017, la République populaire de Chine était le second partenaire commercial de la Bavière par ordre d’importance. D’après les derniers chiffres, la Chine deviendra en 2018 le plus important partenaire commercial de la Bavière, ainsi que l’a déclaré le ministre bavarois de l’Economie, Franz Josef Pschierer dans son discours d’ouverture du congrès.


Nuremberg et Shenzen, ville du sud de la Chine, sont jumelées depuis 1997. Chaque semaine, depuis 2015 un transport ferroviaire intermodal de 54 containers fait la navette entre Nuremberg et Chengdu. De bonnes raisons pour choisir Nuremberg comme lieu privilégié pour organiser en Allemagne le premier congrès – point de rencontre d’environ 250 visiteurs – ayant trait au projet de «Nouvelle route de la soie».
En Asie, ce projet suscite énormément d’intérêt. C’est ainsi que depuis 3 ans se tient à Hongkong un congrès annuel qui a attiré en juin dernier 5000 visiteurs. La Chambre de commerce et d’industrie de Nuremberg, représentant toutes les chambre de commerce et d’industrie allemandes, est régulièrement présente au congrès de Hongkong.

Le projet «Nouvelle route de la soie»

Le projet «Nouvelle route de la soie» a été présenté sous le nom de «One Belt, One Road» en septembre 2013 par le président de la République de Chine Xi Jinping lors de sa visite au Kazakhstan (point principal Belt) et quelques mois plus tard à Djakarta (point principal Road). «Belt» désigne la «ceinture» qui relie la Chine à l’Europe par voie terrestre. On y trouve l’itinéraire ferroviaire nord par le Kazakhstan et la Russie ainsi que l’itinéraire sud en construction par l’Asie centrale, la Turquie et les Balkans occidentaux. A présent, on trouve déjà des gares d’arrivée dans 40 villes de 14 Etats européens. Depuis 2008, il y a déjà eu 8000 trajets de trains de marchandises. Le terme «Road» désigne la voie maritime depuis la côte orientale de la Chine par l’océan Indien et la mer Rouge en direction de l’Europe de Sud. Entre temps, l’appellation «Belt-and-Road-Initiative» a été raccourcie en BRI. Le gouvernement chinois voudrait construire un réseau d’infrastructure intercontinental entre la Chine et l’Europe, l’Afrique, le Proche Orient, l’Asie du Sud, l’Asie centrale et le Sud-Est asiatique. La région inclut 90 Etats et 70% de la population mondiale. Des espaces économiques devraient être reliés et se développer et les régions structurellement faibles devraient en sortir renforcées financièrement. Jusqu’à présent, 900 projets ont été initiés pour un investissement planifié de 900 milliards de dollars.

Une route de la coopération …

Puisque la Banque mondiale et l’Asia Development Bank (ADB) ne seront guère en mesure de couvrir ces besoins financiers, selon Mme Jingqiu Mao, Consule générale de la République populaire de Chine à Munich, l’Asia Infra­structure Investment Bank (AIIB) a été fondée en 2015 à l’initiative de la Chine. Madame Mao a expliqué en détail la «Belt-and-Road-Initiative» dans son discours d’inauguration du congrès. Elle a souligné que l’initiative n’est en aucun cas un instrument stratégique au service de la géopolitique chinoise. La «Nouvelle route de la soie» ne serait donc pas la voie privée d’une partie en particulier, mais une large voie construite par tous et qui doit profiter à tous. Elle s’est catégoriquement prononcée en faveur du libre-échange et de la globalisation, soulignant cependant aussi les bénéfices pour l’économie réelle: la «Nouvelle route de la soie» serait une voie de coopérations amenant un sang nouveau à l’économie. La construction de l’infrastructure doit correspondre à la demande réelle.

… et de l’ouverture de la Chine

En raison des tendances protectionnistes croissantes à l’intérieur du commerce mondial et des turbulences économiques, une collaboration plus étendue, plus profonde et de meilleure qualité devient nécessaire. On ne peut plus revenir à l’époque de l’isolation mutuelle. La «Nouvelle route de la soie» est un produit de l’ouverture et de la coopération au temps de la mondialisation. La Chine est un participant responsable et contribue à la construction du système international existant. Mme Mao est revenue sur l’importance du projet tant pour l’Allemagne que pour la Chine qui se trouvent aux deux extrémités de la Route de la soie: «Si les deux pays peuvent explorer en commun les possibilités des nouveaux champs et des espaces de coopération de la ‹Nouvelle Route de la soie› cela sera certainement porteur – pour les peuples de ces deux pays ainsi que pour les pays et leurs populations tout au long de la Route de la soie – de grands profits économiques et d’avantages concrets.»

Un énorme potentiel de croissance

Le professeur Gabriel Felbermayr, directeur de l’«ifo-Zentrum für Aussenwirtschaft» à l’ifo Institut für Wirtschaftsforschung de Munich, a cité de nombreuses données économiques. L’Eurasie est un grand continent de 4,8 milliards de consommateurs, 92 pays et détenant 60% du produit économique mondial, avec des oasis économiques aux bords qui se seraient adaptés. En 2018, le revenu individuel par habitant est de 28 000 euros à Nuremberg et de 21 000 euros à Shanghai. Il s’agit de l’espace eurasien, ouvert au développement économique. En 2017, le commerce eurasien (ici: le volume du commerce de biens de consommation) entre l’UE et la «Greater China» (Chine, Macao, Hongkong et Taïwan) s’est élevé à 772 milliards d’euros, correspondant à peu près au volume des échanges commerciaux entre l’UE et les pays de la Nafta (USA, Canada, Mexique). Les prévisions du potentiel de croissance au cours des 10 prochaines années seraient de 80% (UE et Greater China), en cela trois fois plus élevé que le potentiel de croissance avec les pays d’outre-Atlantique.


On s’attend à ce que dans la première moitié du siècle, les trois quarts de la future croissance mondiale aient lieu en Eurasie. L’avenir se passera en Eurasie et non dans l’économie nationale transatlantique. Au cours du dernier millénaire, la part de la Chine et de l’Inde dans la production mondiale était respectivement de 25%. Au milieu du XIXe siècle, la Chine a amorcé une forte décroissance, simultanément à la montée en puissance de l’Occident, des Etats du G-7 d’aujourd’hui (USA, Canada, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Japon).


Dans les 40 dernières années, on est parvenu à un statut rendant justice à la taille de la Chine. L’OCDE estime que, jusqu’en 2045, la part de la Chine dans le produit mondial brut s’élèvera jusqu’à 25%. (4% en 1990!). Un processus jusqu’alors inégalé dans l’histoire économique. Le changement est tout juste en train de s’accomplir (en 2018, l’UE, les Etats-Unis et la Chine se trouvent à égalité avec environ 20% chacun) et ce serait la raison pour laquelle Donald Trump voit l’adversaire stratégique avant tout en Chine.

Les deux infographies n’illustrent pas seulement la grande importance de la Chine pour le commerce des Etats de l’UE, mais également les changements dans les performances économiques pronostiquées pour les prochaines décennies. (Infographies https://seidenstrasse.bayern/files/2018/08/20180725_Seidenstra%C3%9Fe_09-30A_Prof.-Gabriel-Felbermayr-1.pdf/Zeit-Fragen))

«L’avenir appartient aux Asiatiques»

L’avenir appartient aux Asiatiques, et l’Amérique du Nord doit abandonner le contrôle de l’économie mondiale. Selon l’estimation ADB, les investissements nécessaires au projet BRI seraient de 8 billions de dollar (2010–2020). Cela représente deux fois le PIB de la République fédérale d’Allemagne. Cependant, le président Xi ne parle que d’1 billion. Jusqu’à maintenant, 340 milliards de dollars auraient été dépensés (2014–2017). La Serbie a par exemple reçu 4,9 milliards de dollars, la Grèce 3,6 milliards, le Pakistan 60 milliards. Les investissements de la Chine dans le monde sont à peu près aussi élevés que les investissements de l’étranger en Chine (8 à 9% du flux des investissements dans le monde, environ 150 milliards de dollars des investissements directs étrangers par an).

La Chine est le plus important partenaire commercial de l’Allemagne

Le vecteur des investissements et de la collaboration avec l’Europe serait l’Asia Infrastructure Investment Bank (AIIB), fondée en 2015, et au sein de laquelle il n’y aurait pas de dominance chinoise. Depuis 2017, la Chine serait le plus important partenaire commercial de l’Allemagne (en 2017, le volume des échanges commerciaux s’élevait à 187 milliards d’euros), et l’écart avec les autres partenaires commerciaux devrait encore se creuser. Les coûts de transport seraient à la hauteur de 9 à 13 milliards d’euros par an (5 à 7% du volume commercial). Chaque pourcentage de baisse des coûts de transport génèrera 3 à 4% d’échanges commerciaux supplémentaires. Les économies réalisées par la Route de la soie pourraient générer un volume commercial supplémentaire de 23 milliards d’euros, ou 200 milliards d’euros sur les échanges Chine-UE. Désormais, les coûts de transport sont des barrières commerciales plus importantes que les droits de douane. Mais il ne s’agit pas seulement du commerce entre les agglomérations urbaines mais aussi de la mise en valeur de l’espace eurasien. Il s’agit aussi d’investir des excédents commerciaux de manière profitable et pas seulement dans des emprunts d’Etat américains. «Quittons les emprunts d’Etat américains, favorisons les investissements réels», en Allemagne aussi, cette formule a du sens. L’ascension de la Chine est réelle, l’Europe a besoin d’une stratégie eurasienne et devrait accepter les réalités, chercher et conclure des compromis et réaliser des opportunités.

Le rôle central de l’AIIB, Asia Infrastructure Investment Bank

Au cours de la suite du congrès Nikolai Put­scher a fait la présentation de l’AIIB. Putscher est, au sein du conseil d’administration de l’AIIB, directeur du développement de l’alignement stratégique ainsi que de l’analyse des fonctions de contrôle et d’orientation (auparavant, il a entre autres travaillé au FMI). La Chine a proposé que tous les pays puissent participer au BRI mais aussi de développer une banque destinée à l’Asie et à d’autres parties du monde. L’AIIB est une institution légalement indépendante, comptant 86 pays membres.


L’Allemagne ne perçoit pas, contrairement à ce qui se passe avec la banque de développement des BRICS, de structures parallèles dans l’AIIB. Le but du gouvernement fédéral serait de conserver la structure financière internationale en y incluant la participation de la Chine. Il ne doit y avoir de dégradation des normes environnementales et sociales définies par exemple par la Banque mondiale, l’Asian Development Bank et l’African Development Bank. L’Allemagne met à disposition de considérables ressources pour la représentation des intérêts de l’Allemagne et de l’Union européenne dans l’AIIB. Il y a à la banque une discussion très ouverte et internationale. Le développement commercial est surprenant. En deux ans, l’AIIB a accepté la réalisation de 25 projets pour un volume de 4,4 milliards de dollars. (A l’opposé, l’ADB aurait dans le même cas mis 3 ans pour initier le premier projet.) La part chinoise de 26% est donc bien modeste et baissera probablement encore plus. La banque ne serait donc pas une banque chinoise, comme on l’affirme dans la presse américaine. Elle est véritablement dédiée à l’Asie et donc pas une banque uniquement pour la Route de la soie. La banque est très modeste et n’emploie actuellement que 450 collaborateurs (en comparaison: l’ADB a 3000 et la Banque mondiale 15 000 collaborateurs).

Détails de la liaison ferroviaire Chine-Europe

Uwe Leuschner est Senior Vice President pour l’Eurasie de la DB Cargo AG et CEO de DB Cargo Russia, occupant depuis 1993 des postes de direction dans l’industrie logistique en Russie et en Chine. Au cours de la table ronde, il a fourni de nombreux détails concernant la communication ferroviaire entre l’Europe et la Chine. Le premier «train chinois» a fait le trajet entre Chongqing et Hambourg en 2008. Cette année, environ 5000 trains circuleront entre la Chine et l’Europe. La croissance du concept de transport intermodal de containers est de 30% par an. Il s’agit de trains de 41 containers, raccordés en Russie (trafic sur voie à écartement large) à des trains transportant jusqu’à 120 containers. En 2025, les Chinois voudraient faire passer 3,5 millions de containers par cette voie. Il y a un projet (planifié pour environ 2028/29) de faire rouler des trains High-Speed-Cargo entre la Chine et l’Europe jusqu’à Berlin: un train de 300 tonnes toutes les 20 minutes à 350–400 km/h. Cela apportera de grands changements dans la logistique mondiale. Du côté chinois, il y a une garantie de financement de construction des 6000 kilomètres nécessaires de voie à écartement normal. Actuellement le projet est arrêté, car le gouvernement russe exige jusqu’à présent des voies à large écartement. Au cours des vingt dernières années, la Chine a créé le plus vaste réseau de chemin de fer du monde qui serait le plus grand du monde. Au cours des 10 dernières années a été construit un réseau à grande vitesse de 22 000 kilomètres, qui devrait être porté à 35 000 kilomètres d’ici 2025.

Grande importance de l’espace eurasien

L’espace eurasien présente un énorme potentiel pour la croissance économique et les investissements pour l’avenir. Les Chinois ont des idées pour l’industrialisation, par exemple, des projets à la frontière extérieure européenne, tel le plus grand parc industriel construit par la Chine à l’extérieur du territoire chinois, près de Minsk en Biélorussie (d’une surface de presque 100 km2), où les infrastructures et les investissements sont négociées avec les gouvernements au sein de l’Union eurasienne et y sont bien venus. Les Chinois en parlent et auraient déjà conclu des contrats avec les Russes et les Kazakhs. Il est très important de communiquer avec les Chinois à tous les niveaux. Discussions et coopération sont la base des futurs développements.

Projets concrets de la Route de la soie

Les stratégies et les projets concrets pour la Route de la soie ont été présentés par Corinne Abele et Uwe Strohbach. Corinne Abele travaille depuis 1998 pour le Germany Trade&Invest (GTAI) en Greater China. [GTAI: Société de la République fédérale d’Allemagne pour le commerce extérieur et de marketing interrégional, ndt.]. Depuis déjà deux décennies la journaliste, économiste diplômée et historienne de l’Europe de l’Est, analyse les activités économiques et les développements de la Chine. Uwe Strohbach est manager régional pour l’Asie centrale et le Caucase du Sud chez GTAI. Auparavant, il a été coordinateur de projets pour la recherche sur l‘Europe de l’Est à l’Institut pour la recherche économique appliquée à Berlin. Actuellement, Uwe Stroh­bach analyse les axes de transport eurasiens et l’élargissement des voies de transit entre la Chine et l’Europe.

Par exemple: les énergies renouvelables

Corinne Abele a présenté les développements dans le domaine des ressources en énergies renouvelables. D’ici 2020, la Chine aura installé 770 GW en «New Energies». En 2016 déjà, elle a dépassé l’UE en ce qui concerne la capacité en énergie solaire. D’ici 2020, 20% de la consommation d’énergie primaire ne devraient plus être d’origine fossile. La consommation d’énergie est actuellement de 25% d’énergie non fossile. Dans le domaine automobile, 25% devraient provenir, d’ici 2025, des «nouvelles énergies» (couvert à hauteur de 80% par des marques chinoises).


La Chine a la «vision» d’un réseau d’alimentation électrique mondial. De 2013 à 2018, elle a investi 123 milliards de dollars dans des réseaux d’électricité, dont un certain nombre dans le domaine de la Route de la soie. Par exemple, 62 milliards de dollars sont prévus au Pakistan pour des projets d’énergie hydraulique et pour des réseaux électriques. La Chine est aussi active depuis longtemps au Brésil. Elle y serait le plus grand producteur d’énergie et le principal exploitant de réseaux électriques. La Chine investit dans des lignes de courant continu à très haute tension, une technologie qui est aussi maîtrisée par Siemens et ABB. 35 000 kilomètres de ces liaisons seraient déjà en construction, d’autres suivront. Le volume atteint 250 milliards de dollars. La Chine a investi au cours des 5 dernières années 475 milliards de dollars à l’extérieur de la Chine dans le domaine de l’énergie. Entretemps, la Chine est à la tête du marché mondial en ce qui concerne les produits de protection de l’environnement, principalement dans le domaine des ressources en énergie renouvelable.

Le rôle important de l’Asie centrale

Uwe Strohbach s’est focalisé sur les régions de l’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizistan, Tadjikistan) et du Caucase du Sud (Azerbaïdjan, Géorgie, Arménie). La superficie de l’Asie centrale est dix fois celle de l’Allemagne avec 72 millions d’habitants. Cependant son PIB n’atteint que 6% du PIB allemand. Les exportations allemandes vers l’Asie centrale seraient à nouveau en augmentation depuis 2017, mais il y a encore un très grand potentiel. La même chose pour le Caucase du Sud, dont le territoire n’est que la moitié de l’Allemagne avec 17 millions d’habitants. Son PIB n’atteint cependant que 1,8% de celui de l’Allemagne. Les Etats de la région tablent, à l’aide de la BRI, sur le triptyque: modernisation, diversification et exportation. Le commerce extérieur Chine/Asie centrale serait passé de 1 milliard de dollars (2002) à 60 milliards de dollars (2017) et atteindra en 2020 probablement au moins 100 milliards de dollars. Strohbach a présenté de nombreux projets planifiés et déjà en cours (rien qu’au Kazakhstan, il y en a 50, entrainant 27 milliards de dollars d’investissements chinois et en Ouzbékistan, 100 avec 23 milliards de dollars d’investissements chinois) parmi lesquels nous citerons les suivants:

  • Ligne ferroviaire Astana–Almaty, environ 1300 kilomètres jusqu’en 2021, et la ligne ferroviaire Taldyqorghan–Öskemen, 790 kilomètres 2017–2020 (Kazakhstan),
  • Construction de complexes pétrochimique/gaz et de polyoléfine à Atyraou jusqu’en 2021 (Kazakhstan),
  • Avancement renforcé du tracé Chine–Kazakhstan–Turkménistan–Iran (les tests ont été couronnés de succès),
  • Autoroute et chemin de fer de Douchanbe (Tadjikistan) vers le Kachgar (Chine),
  • Tronçon n° 4 de l’oléoduc Turkménistan–Chine,
  • Plateforme aérienne sud de Dangara,
  • Ligne ferroviaire Ouzbékistan–Kirghizistan–Chine (Kachgar): réduction du tracé Europe–Asie centrale–Extrême-Orient de 900 kilomètres,
  • L’étoile d’Asie: le plus grand parc agroindustriel d’Asie centrale (Centre international d’aviculture et de production de viande au Kirghizistan).

Lancement de nouveaux projets également en Europe

Des projets ont été lancés, non seulement en Asie centrale et aux frontières externes de l’Europe, mais encore à l’intérieur de l’UE. En Grèce, une société chinoise a loué sur plusieurs dizaines d’années la moitié du port du Pirée et veut y investir en grand. De plus, une liaison par train de marchandises a également été planifiée depuis le port du Pirée jusqu’à Belgrade en Serbie. Et les Chinois souhaitent une prolongation de l’itinéraire par Budapest et Vienne jusqu’à Munich. Selon Margot Schüller, spécialiste de la Chine à l’Institut pour les études asiatiques GIGA, ce projet en Grèce aurait déjà reçu la «bénédiction» de la Commission européenne. Ce serait un projet de l’initiative 16+1. Au sein de celle-ci, 16 pays d’Europe de l’Est et du Sud-est sont en pourparlers avec la Chine sur des possibilités de financement de projets d’infrastructure. En Grèce, le projet est en rapport avec l’itinéraire sud de la Route de la soie mentionné au début. Celui-ci doit, partant d’Allemagne, passer par Belgrade et plus loin par la Turquie, l’Iran et les pays d’Asie centrale du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Kirghizistan jusqu’à la Chine occidentale. Le tunnel sous le Bosphore est en cours d‘aménagement et d’élargissement pour l’adapter à la circulation des trains de marchandises de long cours. Certains tronçons en Turquie et en Iran sont déjà terminés. En outre, il existe déjà une liaison du nord de l’Iran à la Chine qui sera bientôt ouverte au trafic des marchandises.

Différente de la ligne Berlin–Bagdad

L’itinéraire sud de la Route de la soie est très semblable à la liaison ferroviaire Bagdad–Berlin planifiée il y a plus de 100 ans. C’est là, éventuellement, une des raisons des dernières sanctions contre la Turquie et l’Iran. Mais revenons en Europe. La position qu’adoptera l’UE envers le projet BRI est encore peu définie. Mme Skala-Kuhmann, spécialiste de la Société allemande de coopération internationale (GIZ/Deutschen Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit) s’est exprimée ainsi: «Même si l’Europe mais aussi Berlin n’ont pas de stratégie transparente et ne font malheureusement jusqu’à présent aucune déclaration claire concernant «Belt and Road», […] il se passe beaucoup plus de choses que nous nous imaginons.»  

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(Traduction Horizons et débats)

jeudi, 20 septembre 2018

RUSIA: VIEJAS Y NUEVAS REALIDADES GEOPOLÍTICAS

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RUSIA: VIEJAS Y NUEVAS REALIDADES GEOPOLÍTICAS

 
Ex: http://www.geopolitica.ru 

En sus diferentes formas de ser definida, la geopolítica siempre ha sido una cuestión altamente concerniente para Rusia. Tanto como disciplina que asocia interés político con geografía con propósitos relacionados con la afirmación del poder nacional, o bien como disciplina que implica una percepción nacional de peligro ante mbiciones externas, la geopolítica es una disciplina latente y predominante en Rusia.

Más todavía, acaso la propia historia de este país podría ser contada en clave geopolítica: solo considérese que los principales acontecimientos desde el siglo XVIII implican a dicha disciplina, y en la mayoría de los casos a la misma supervivencia del país.

Si Pedro el Grande no hubiera derrotado a Suecia en Poltava, posiblemente la configuración actual del territorio ruso no sería la de hoy; lo mismo podríamos decir si Catalina la Grande no hubiera predominado sobre los turcos. En el siglo XIX, la derrota o impotencia de Napoleón en territorio ruso supuso la afirmación de Rusia como gran poder en Europa y en el mundo. Hacia mediados de la centuria, la intervención y victoria externa en Crimea puso una vez más en peligro al país. Finalmente, en el siglo XX Rusia no solo supo de retos externos, sino que incluso sufrió las tremendas consecuencias de “la ambición geopolítica de la centuria”, es decir, el propósito de Hitler de convertir a Rusia “en un lejano país del Asia”, mientras la “Rusia valiosa”, esto es, la zona rica en recursos, permitía la viabilidad y la predominancia del Tercer Reich. El mundo de la guerra fría implicó una dinámica actividad geopolítica global. Finalmente, la Unión Soviética cayó, en parte, debido a la “sobre-extensión imperial”, para utilizar los términos de Paul Kennedy.

El denominado “Estado continuador” de la URSS, la Federación Rusa, pronto comprobó que “el mundo continuaba siendo un sitio peligroso para Rusia”, pues la OTAN, en una decisión que desde Moscú se consideró un incumplimiento de promesas hechas por Occidente sobre las que se pactó el final de la contienda bipolar, inició su ampliación al este, un nuevo “Drang nach Osten”, es decir, una nueva marcha hacia el este. Entonces, en la segunda mitad de los años noventa, Rusia solo pudo manifestar su aprensión geopolítica desde lo retórico porque, como advirtió el presidente Clinton, “la posibilidad que tenía Rusia de influir en la política internacional era la misma que tenía el hombre para vencer la ley de gravedad”.

Con Putin como “re-concentrador” de la política rusa, el enfoque exterior pasó a ser más activo. El país logró ordenarse hacia dentro y el alto precio de las materias primas devolvió a Rusia a la normalidad económica. En este marco, la apreciación geopolítica de Rusia implicó no solo ideas, como la “enunciación” de una suerte de “doctrina Monroe” rusa (“las zonas adyacentes de Rusia son de interés de Rusia”), sino prevención y acción. En 2008, Rusia llevó adelante una movilización militar de carácter preventivo en Georgia (“medidas contraofensivas de defensa”, según la misma terminología rusa). Entonces, una activa OTAN amenazaba asentarse en el mismo territorio del Cáucaso, y para

Moscú ello implicaba una “línea roja”, es decir, un “seísmo geopolítico” inaceptable.

Pero no se trataba de ninguna novedad: desde su mismo nacimiento, Rusia nunca dejó de lado el interés por lo que sucediera en las ex repúblicas soviéticas, sobre todo en aquellas altamente sensibles en relación con el bien geopolítico mayor y protohistórico de Rusia, la profundidad estratégica, y también la identidad geográfica. En este sentido, la frágil y trastornada Rusia de los años noventa mantuvo una extraña concepción: mientras en su relación con Estados Unidos sostuvo un patrón basado en la “emoción” y la cooperación casi irrestricta, en el espacio ex soviético desplegó políticas o técnicas de poder.

Georgia anticipó que Rusia podría ir más allá incluso de la movilización militar. Cuando en 2013-2014 Ucrania se mostró dispuesta a deslizarse hacia las estructuras de la Unión Europea y avanzar hasta el umbral de ingreso a la Alianza Atlántica, la pronta respuesta de Rusia fue anexarse (o “reincorporar”) parte del territorio ucraniano.

No solo quedó en claro que Rusia ya no toleraría nuevos impactos geopolíticos en sus adyacencias, sino que, como advirtieron expertos, podrían surgir “nuevas Crimeas” en Ucrania y también más allá. La nueva situación implicó una enorme inquietud en Occidente y en las ex repúblicas soviéticas, pues se replantearon escenarios de crisis mayor, por caso, en Estonia o Letonia, donde las minorías rusas representaban (y continúan representando) el 25 y 27 por ciento de la población, respectivamente.

La sensibilidad geopolítica de Rusia es extrema en su frontera occidental, pero no menos importante es su inquietud en relación con eventuales acontecimientos que puedan implicar “nuevas disrupciones geopolíticas”, por ejemplo, en las repúblicas centroasiáticas, las que podrían sufrir consecuencias, entre otras, derivadas del accionar de la insurgencia en Afganistán.

La inclusión de los países del Báltico en las estructuras occidentales ha privado a Rusia de la salida a mares exteriores por esa zona, y aunque mantiene conexión directa con el Mar Báltico a través de Kaliningrado, donde posee una importante base naval y un puerto (Baltiysk) cuyas aguas no se congelan, dicho mar es “zona militar de la OTAN”. No obstante, la disrupción geopolítica que implica la pérdida del Báltico y el aislamiento de Kaliningrado (“un pedazo de territorio ruso en la Europa de la OTAN”) podría activar conflictos que busquen la reparación geopolítica, por caso, con Suecia, país que pasó a considerar un choque o querella militar con Rusia como principal hipótesis de defensa (cabe recordar que Moscú mantiene en Kaliningrado sistemas de misiles S-400 y misiles Iskander-M con capacidad nuclear).

En los últimos años se han sumado otras realidades o dinámicas geopolíticas, que hasta podrían pluralizar la misma condición terrestre de Rusia como categoría geopolítica nacional. En efecto, tanto la orientación geopolítica de Rusia hacia el Ártico como así la afirmación naval en el Mar Negro y la proyección de poder naval hacia el Mediterráneo oriental, implican nuevas realidades geopolíticas, las que de consolidarse podrían significar que Rusia sumará a su condición de potencia terrestre la de potencia marítima.

Por supuesto que siempre primará su condición de actor terrestre: su ubicación en el sitio que el geógrafo británico Halford Mackinder denominó “Tierra corazón” hace de Rusia el poder terrestre mundial por antonomasia; pero las exigencias que implican asumir mayores responsabilidades derivadas de su “ampliación estratégica” han recentrado la necesidad de potenciar el poder marítimo.

Desde estos términos, acaso Rusia se encuentra “ad portas” de un segundo ciclo de despliegue de poder marítimo, tal como sucedió en los años sesenta y setenta, cuando la entonces Unión Soviética, siguiendo los métodos y objetivos desarrollados y destacados por el Almirante Serguéi Gorshkov, proyectó poder a escala oceánica global.

En relación con el Ártico, los observadores sostienen que así como en el siglo XIX su condición de actor terrestre empujó a Rusia a consolidar sus dominios en Siberia, hoy es la necesidad de afirmar sus intereses en el Ártico la que la empuja hacia esta zona sensible del globo. Activos estratégicos, población, pretensiones jurídicas, tránsito, amparo militar, ambiciones de terceros, etc., han hecho del Ártico un área de interés vital para Rusia.

Ello, no obstante, no implica abandonar el territorio profundo de Rusia; de hecho, actualmente tienen lugar en Siberia oriental y en Extremo Oriente ruso los mayores ejercicios militares: con la denominación “Bostok-2018” (“Este-2018”), 300.000 efectivos rusos, 36.000 vehículos, 1000 aviones y 80 navíos, a los que se suman soldados y equipos de China y Mongolia, Rusia realiza las maniobras militares más grandes de su historia.

En relación con el Mar Negro, la afirmación de poder naval por parte de Rusia no es solo una respuesta a la creciente presencia de la OTAN en lo que otrora fue considerado un “lago ruso”, sino que representa la antesala de proyección al Mediterráneo oriental, objetivo que necesariamente debe ser alcanzado para, en alguna medida, evitar que en el flanco sur-oeste de Rusia se establezca una nueva oclusión estratégica como ha sucedido en el Báltico.

En cuanto al Mediterráneo oriental, la intervención rusa en Siria no solo obedeció a proveer asistencia a un “Estado cliente” de Oriente Próximo en dificultades, sino a re-geopolitizar una región en la que el ascendente de Rusia casi había desaparecido. El contraste entre el acompañamiento (por no decir la sumisión) de Gorbachov a la política estadounidense para punir a Irak (un viejo “Estado cliente” de la entonces URSS) en 1990-1991 por la invasión a Kuwait, y la obtención de ganancias de poder por parte de la Rusia de Putin tras su apoyo a Damasco, es notable.

Actualmente, si bien posiblemente la predominancia occidental se mantiene en cuanto a medios desplegados, el número de activos navales rusos (que incluye al menos dos submarinos) ha aumentado significativamente frente a las costas sirias. Considerando que Rusia ha logrado ganancias de poder en relación con la guerra en Siria, si por ello entendemos que el régimen ha recuperado gran parte de su territorio, se ha diezmado a la insurgencia y Bachar el Asad continuará al frente de Siria, Rusia mantendrá en Siria importantes capacidades aéreas y navales (Mig-31 K, Su-27, 30, 35, buques antimisiles, submarinos equipados con misiles Kalibr, sistemas S-300 y S-400, etc.).

Finalmente, Rusia ha retornado a considerar el espacio ultraterrestre como “territorio” que exige despliegue y predominancia. Como ha sucedido con el Ártico, no se trata de exploraciones espaciales sino de retomar la iniciativa que básicamente por cuestiones económicas se había resentido desde tiempos soviéticos.

Rusia es, junto a Estados Unidos y China, uno de los poderes espaciales, es decir, poderes que per se han llevado un hombre al espacio; de modo que ello implica capacidades tecnológicas independientes.

En términos geopolíticos, el espacio no es un sitio de interés o “global común” para la humanidad: es un sitio pasible de ser controlado por aquellos con capacidad de proyectar poder. En su reciente obra “Así se domina el mundo. Desvelando las claves del poder mundial”, el analista Pedro Baños nos proporciona valiosas apreciaciones sobre esta cuarta dimensión de la geopolítica. 

“Para entender dónde se producirán algunos de los principales duelos por los recursos naturales hay que analizar el actual interés de las grandes potencias, como China, Estados Unidos, Rusia e India, por conquistar planetas. Esta nueva era de colonización está encaminada no solo a instalar en el futuro asentamientos humanos, sino también a acceder a recursos estratégicos escasos en la Tierra […] Además, poner pie en otros planetas proporciona un indudable prestigio internacional y es un muestrario de potencial tecnológico y de la capacidad de influencia geopolítica de un Estado. Para ciertos países también se convierte en una cuestión de supervivencia. Es el caso de China […] A menos de 400.000 kilómetros y tres días de viaje, el suelo selenita es rico en aluminio, titanio, neón, hierro, silicio, magnesio, carbono y nitrógeno. Pero quizá su valor más destacable sea la confirmada presencia de ingentes cantidades de helio-3 a ras del suelo.

Este isótopo no radioactivo, rarísimo en la Tierra, está considerado como la futura principal fuente de energía mediante la fusión nuclear”. En breve, la geopolítica nunca se fue. Solo fue despreciada por una globalización ilusionista durante los años noventa. Los poderes “que cuentan” se están posicionando en términos geopolíticos y ninguno de ellos honra el “pluralismo geopolítico”, es decir, el respeto a la soberanía de otros que afecten sus intereses o el sacrificio por otros o por los “bienes comunes”. Las “nuevas realidades”.

Is Langley Unleashing Jihad Against China in Xinjiang?

Is Langley Unleashing Jihad Against China in Xinjiang?

Ex: https://www;strategic-culture.org

One of the early indicators that the Trump administration’s foreign and security policies would not be guided by the President’s own preferences but by those of the supposed “experts” – globalists, neoconservatives, and assorted retreads from the George W. Bush administration – with whom he unwisely has surrounded himself was the announcement of a “new” strategy on Afghanistan in August 2017.  It was neither new nor a strategy. President Donald Trump allowed his publicly stated preference to get the hell out to be overruled by the guys with the short haircuts who want to stay in Afghanistan, in effect, forever.

But why? What possible national interest could be advanced from a permanent American military presence in a godforsaken piece of real estate about as remote from the United States as it is possible to get while staying on this planet?

One answer was suggested by Colonel Lawrence Wilkerson (US Army-Ret.), former chief of staff to US Secretary of State Colin Powell, at the August 18, 2018, conference of the Ron Paul Institute. Wilkerson’s description of the subjective thinking of the US military has the ring of truth (presented here in authentic Pentagonese BLOCK LETTERS, emphasis added in bold):

‘HERE IS WHAT THE MOST POWERFUL AND MOST STRATEGICALLY-ORIENTED BUREAUCRACY IN OUR GOVERNMENT, THE MILITARY, HAS DECIDED FOR AFGHANISTAN.

‘THERE ARE THREE STRATEGIC REASONS WE WILL BE IN AFGHANISTAN, AS WE HAVE BEEN IN GERMANY SINCE WWII, FOR A VERY LONG TIME—WELL BEYOND THE ALMOST TWENTY YEARS WE HAVE BEEN THERE TO DATE.

‘THESE REASONS HAVE LITTLE TO DO WITH STATE-BUILDING, WITH THE TALIBAN, OR WITH ANY TERRORIST GROUP THAT MIGHT BE PRESENT.  THESE THINGS ARE ANCILLARY TO OUR REAL OBJECTIVES.

‘THE FIRST REAL OBJECTIVE IS TO HAVE HARD POWER DIRECTLY NEAR THE CHINESE BASE ROAD INITIATIVE (BRI) IN CENTRAL ASIA. 

‘ASK DONALD RUMSFELD HOW DIFFICULT IT WAS TO GET MAJOR MILITARY FORCES INTO THIS EXTRAORDINARILY DIFFICULT LAND-LOCKED TERRAIN IN THE FALL OF 2001.  FOR THAT REASON, WE ARE NOT ABOUT TO DEPART.

‘SECOND, IN AFGHANISTAN WE ARE RIGHT NEXT TO THE POTENTIALLY MOST UNSTABLE NUCLEAR STOCKPILE ON EARTH, PAKISTAN’S.  WE ARE NOT ABOUT TO LEAVE THAT EITHER.  WE WANT TO BE ABLE TO POUNCE ON THAT STOCKPILE VERY SWIFTLY SHOULD IT BECOME A THREAT.

‘THIRD, WE WANT TO BE ABLE TO MOUNT AND COVER WITH HARDPOWER CIA OPERATIONS IN XINJIANG PROVINCE, CHINA’S WESTERNMOST SECTION.  THESE WOULD BE OPERATIONS AIMED AT USING THE SOME 20 MILLION UIGHURS IN THAT PROVINCE TO DESTABLIZE THE GOVERNMENT IN BEIJING SHOULD WE SUDDENLY FIND OURSELVES AT WAR WITH THAT COUNTRY. 

‘I WILL WAGER THERE ARE NOT A HANDFUL OF OUR CITIZENS WHO REALIZE THAT WE—OUR MILITARY, THAT IS—PLAN TO BE IN AFGHANISTAN FOR THE ENTIRE TIME WE ARE CONSIDERING FOR OUR GRAND STRATEGY—AND PERHAPS BEYOND.’ 

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We are not yet overtly at war with China, but given Beijing’s quasi-alliance with Moscow and the growing prospect of a clash between the US and Russia in Syria or Ukraine it’s not too soon to suppose the self-proclaimed “steady state” already thinks of China as an enemy, or at least as a “great power competitor” that needs to be taken down a peg.  Of particular importance, as noted by Wilkerson, is the Belt and Road Initiative (BRI), the centerpiece of a greater Eurasian partnership, a key component of China’s bid to become a military superpower as well as an economic one.

Beijing’s geographical weak link to Eurasian partnership is Xinjiang, which is BRI’s logistics hub and China’s gateway to the west towards Central Asia, Russia, and Europe. It also conveniently happens to be the home of restive Muslim ethnic Uyghurs.

In short, Xinjiang is an ideal place for the CIA (per Wilkerson) to give Beijing a hotfoot and try to throw an impediment in the way of BRI and thus of Eurasian integration.

Whenever you see western governments and the legacy media wailing about the plight of “persecuted Muslims” somewhere (in a way they never do for Christians anywhere) it should be a tipoff the boys and girls over at Langley are pushing the start button on a jihad against someone for geopolitical reasons having nothing to do with human rights, religious freedom, or other ostensible bleeding heart concerns. That appears to be what we’re seeing today in the strident chorus of alarm from Congress calling for sanctions against Chinese officials.

We’ve seen this movie before. Today we see it against China and Beijing’s Belt and Road Initiative (the Uyghurs, and connectedly the Rohingya in Myanmar, directed against BRI’s China-Myanmar Economic Corridor through Rakhine State on the Bay of Bengal). In the past we saw it in Afghanistan (against the USSR), in the Balkans on behalf of Bosnian Muslims and Kosovo Albanians (against the Serbs), in the Caucasus on behalf of the Chechens (against Russia). Of course the successful overthrow and murder of the Libya’s Muammar Kaddafi and the not-yet-abandoned effort to effect regime change in Syria depend heavily on support for various al-Qaeda affiliates and offshoots.  

It’s significant that in all of our post-Cold War 1 military interventions every one (except for Bill Clinton’s invasion of Haiti) was ostensibly to free or rescue some suffering Muslims – never mind that in Afghanistan, Iraq, Libya, Syria, Yemen, Somalia, etc. we somehow ended up killing large numbers of the supposed beneficiaries. Just imagine how many oppressed Muslims we would need to kill liberating Iran! Meanwhile, as we continue to support the Saudi slaughter in Yemen with a US quasi-alliance with al-Qaeda there, there’s nothing to see, folks . . .

Recognizing these crocodile tears for what they are isn’t to suggest that bad things aren’t happening in Xinjiang. But based on past experience it’s reasonable to think that behind the fog of state-sponsored media propaganda the reality is more complex and involves a substantial element of western intelligence ginning up the jihadis against the kaffir Han as we have against many other targets.

As is the case with Myanmar, where the government’s claims of actual jihad terrorism – including massacring Hindu villagers – are dismissed out of hand, China’s policy in Xinjiang is condemned without reference to the demonstrable reality of outside-supported attacks. As noted by Moon of Alabama:

‘Since the early 1990s a number of terror incidents by the East Turkistan Islamic Movement (ETIM) [also known as the Turkestan Islamic Party] killed several hundred people in China. ETIM is sanctioned by the UN as an al-Qaeda aligned movement. Three years ago China decided to attack the problem at its roots. It prohibited Salafist-Wahhabi Islamic practice, which was only recently imported into the traditionally Sufi Uyghur-Muslim areas, and it tries to weed out any such ideology. It also fears the potential growth of an ethnic-nationalistic Turkic Uyghur movement, sponsored by Turkey, that could evolve into a separatist campaign.

‘People who are susceptible to such ideologies will be put through an reeducation training which includes language lessons in Mandarin and general preparation for the job market. This may not be the way 'western' countries mishandle a radicalization problem, but it is likely more efficient. There surly are aspects of the program that can be criticized. But to claim that these trainings happen in "concentration camps" and for nonsensical reasons is sheer propaganda.’

Further:

‘Xinjiang province is larger than Great Britain, France, Spain, and Germany combined. It is a mostly uninhabitable landscape of mountainous and desert terrain with a tiny population of some 24 million of which only 45% are Muslim Uyghurs of Turkic ethnicity. It would be rather unimportant outer province for China were it not at the core of the new Silk road connections.

‘It is a vulnerable point. An established insurgency in the area could seriously interrupt the new strategic communication lines.

‘Chinese strategists believe that the U.S., with the help of its Turkish, Saudi and Pakistani friends, was and is behind the Islamic and ethnic  radicalization of the Turkic population in the province. It is not by chance that Turkey transferred Uyghur Jihadis from Xinjiang via Thailand to Syria to hone their fighting abilities. That the New York Times publishes about the Xinjiang re-education project, and also offers the report in Mandarin, will only confirm that suspicion. China is determined to end such interference.’

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The fact is that the CIA and MI6 spooks love jihadis – they’re very “operational” as well as expendable. Case in point are several thousand Chinese Uyghurs fighting with the al-Qaeda-led terrorists in Syria’s Idlib province, where China’s President Xi Jinping no doubt will help Syria’s Bashar al-Assad and Russia’s Vladimir Putin ensure as many of them as possible never make it back home.

One inescapable irony is that the US and other intelligence services likely siccing their terrorist hounds on China represent governments that worship at the absurd altar of “diversity is strength,” unlike the countries they are targeting. Unashamed of their identity and culture, the Han Chinese aren’t buying it. As American nationalist Patrick Buchanan observes:

‘Consider China, which seeks this century to surpass America as the first power on earth. Does Xi Jinping welcome a greater racial, ethnic and cultural diversity within his county as, say, Barack Obama does in ours?

‘In his western province of Xinjiang, Xi has set up an archipelago of detention camps. Purpose: Re-educate his country's Uighurs and Kazakhs by purging them of their religious and tribal identities, and making them and their children more like Han Chinese in allegiance to the Communist Party and Chinese nation.

‘Xi fears that the 10 million Uighurs of Xinjiang, as an ethnic and religious minority, predominantly Muslim, wish to break away and establish an East Turkestan, a nation of their own, out of China. And he is correct.

‘What China is doing is brutalitarian. But what China is saying with its ruthless policy is that diversity—religious, racial, cultural—can break us apart as it did the USSR. And we are not going to let that happen.

‘Do the Buddhists of Myanmar cherish the religious diversity that the Muslim Rohingya of Rakhine State bring to their country?”

If Donald Trump really were master of his own house, maybe he could move forward on his pledge of an America First, national interest-based policy that finds “common ground” (as articulated at the same Ron Paul Institute conference by Colonel Doug Macgregor (US Army-Ret.)) with countries like Russia and China we continue to treat as adversaries.

But as things stand now, Trump’s nominal subordinates continue to do as they please as though someone else occupied the Oval Office. Perhaps they anticipate that will soon be the case

mardi, 18 septembre 2018

Métaphysique de l’Eurasie

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Métaphysique de l’Eurasie

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www;europemaxima.com

À l’extrême fin de l’URSS, un jeune Soviétique qui fréquentait les cénacles dissidents de Moscou malgré un père officier dans les services de renseignement publia ses premières réflexions fortement influencées par l’Allemand Herman Wirth. Les mystères de l’Eurasie valurent à l’auteur, Alexandre Douguine, quelques problèmes avec le KGB, puis la notoriété. En 1996, le candidat communiste à l’élection présidentielle, Guennadi Ziouganov, s’y référait explicitement.

mysteuras.jpgLes mystères de l’Eurasie sont désormais disponibles en français grâce aux excellentes éditions Ars Magna dans la collection « Heartland » (2018, 415 p. 30 €). L’ouvrage accorde une très large place au symbolisme, à l’étude des runes russes, à l’eschatologie chrétienne orthodoxe et à l’ésotérisme. Cependant, politique et géopolitique ne sont jamais loin chez Alexandre Douguine qui, dès cette époque, rejoint un néo-eurasisme balbutiant. Ne voit-il pas en « Gengis Khan, le restaurateur de l’Empire eurasien (p. 142) » ? En se fondant sur les recherches des traditionalistes Guénon, Evola et Georgel, il explique que « la Sibérie est toujours restée cachée, inconnue et mystérieuse à travers l’histoire, comme si elle était sous la protection d’une force spéciale du destin, d’un archange inconnu (p. 134) ».

Par mille attaches géo-symboliques fortes, la Sibérie appartient à la civilisation traditionnelle russe dont les racines plongent dans le passé le plus reculé. « L’Eurasie septentrionale, dont la plus grande partie est occupée par la Russie, signale Alexandre Douguine, est donc l’Hyperborée au plus vrai sens du terme, et c’est ce nom qui convient le mieux à la Russie dans le contexte de la géographie sacrée (p. 77). » A contrario, l’Amérique incarne le Couchant du Monde, en particulier les États-Unis, ce « Pays vert », cette contrée d’errance des âmes défuntes. « Il est très révélateur, poursuit Alexandre Douguine, que les Américains aient été les premiers à marcher sur la lune où, d’après diverses traditions archaïques, demeurent les “ âmes des ancêtres ” (pp. 313 – 314). »

L’auteur assigne par conséquent à la Russie d’être une patrie à part. Elle doit rester fidèle à sa vocation impériale, d’où son « patriotisme mystique » qui transcende les nationalités, les ethnies et les religions présentes sur son sol. Il conclut sur la nécessité de « former une alliance sacrée avec ces pays et nations de l’Orient qui luttent pour l’autarcie géopolitique et la restauration des valeurs traditionnelles contre le monde moderne et l’atlantisme, l’agression américaine (pp. 65 – 66) ». Un ouvrage de jeunesse au puissant souffle mystique !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 90.

lundi, 17 septembre 2018

L’IMPERO EURO-SOVIETICO

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L’IMPERO EURO-SOVIETICO

mardi, 28 août 2018

Entre la Caspienne et la Mer Noire : bientôt le Canal Eurasien !

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Entre la Caspienne et la Mer Noire : bientôt le Canal Eurasien !

Supplantera-t-il le Canal de Suez ?

Par Thomas W. WYRWOLL

Après des tractations préliminaires couronnées de succès, le président du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbaïev a une nouvelle fois suggéré la mise en œuvre d’un projet, formulé déjà du temps des Tsars, lors du sommet du Haut Conseil de la Communauté Economique Eurasienne, c’est-à-dire la construction d’un canal entre la Caspienne et la Mer Noire.

Pour être précis, il existe déjà un canal qui fait le lien entre ces deux mers, le Canal Don-Volga (CDV). Cependant, ce canal, qui date de l’ère stalinienne et s’étend sur une distance de 101 km, constitue aujourd’hui un goulot d’étranglement entre les deux fleuves et est régulièrement embouteillé. Ses dimensions sont désormais inappropriées, même pour les péniches fluviales de la Volga, dont le gabarit est pourtant assez petit. Après l’ébauche des premiers projets, formulés dans les années 1930, de réaliser un canal menant directement de la Caspienne à la Mer Noire, les autorités soviétiques ont mis ceux-ci au frigo, suite à la guerre. Après la fin des hostilités, le projet ne fut pas remis à l’ordre du jour car, finalement, les Soviétiques se sont rendu compte que le Canal Don-Volga suffisait amplement pour les tâches limitées de l’époque.

Mais vu l’ampleur de l’exploitation pétrolière dans la zone caspienne et le développement des projets de « routes de la soie », l’idée d’un tel canal est plus actuelle que jamais. En 2007 déjà, le président russe Vladimir Poutine envisageait soit de creuser un canal parallèle au CDV soit de tracer un nouveau canal qui serait une liaison directe entre les deux mers. La même année, son collègue kazakh a estimé que c’était là une excellente suggestion et il s’est fait l’avocat d’un canal direct, auquel il a donné le nom de « Canal Eurasien ». En allemand, on parle donc désormais de « Canal Eurasien » (Eurasien-Kanal). Le président kazakh proposait alors un tracé partant de la courbe du fleuve Manytch en direction de la Caspienne. Ce tracé serait de 700 km.

Deux ans plus tard, la Banque Eurasienne de Développement sort une étude pour la construction d’un tel canal et pour d’éventuelles alternatives. Cette étude reste alors secrète et n’a pas été publiée. Il est évident qu’un nouveau CDV serait plus long d’environ 300 km qu’un canal direct et, pendant l’hiver, ne serait que partiellement utilisable pendant trois à cinq mois, un handicap sérieux que n’aurait pas un tracé situé plus au sud, où l’hiver ne sévirait que deux mois. On a appris que le coût des deux projets ne serait pas très différent et, en tout cas, constituerait l’initiative la plus onéreuse de l’histoire russe récente, plus chère encore que la construction du pont de Crimée. Malgré le caractère secret du projet, le monde entier était au courant de celui-ci, suite aux multiples conférences russo-sino-kazakhs. A plusieurs reprises, le président Nazarbaïev, en particulier, a tenté de le promouvoir.

Pour le Kazakhstan, les avantages d’un tel canal sont évidents : le pétrole tiré des énormes gisements  de la Mer Caspienne (10% des réserves mondiale, selon les dernières estimations)  est transporté dans un premier temps par navires pétroliers depuis les côtes kazakhs et, de là, est acheminé plus loin grâce à un système d’oléoducs, pour lequel le Kazakhstan doit payer des sommes considérables. Un canal vers la Mer Noire constituerait un mode de transport direct et donc nettement plus avantageux par mer jusqu’au pays européens clients. La Communauté Economique Eurasienne ne parlait naguère que d’améliorer les infrastructures régionales, de créer des emplois nécessaires et de promouvoir la construction de bateaux.

Pour la Chine, le canal constituerait un bon compromis entre les avantages offerts par le rail et par la navigation fluviale, permettant de raccourcir encore la distance entre la Chine et l’Europe, surtout depuis que Beijing s’active à déplacer à grande échelle ses centres de production industrielle de l’Est vers l’Ouest. Les financements proviendraient de la Banque Asiatique d’Investissements et d’Infrastructures, créée par la Chine ; pour l’exécution des travaux, on prévoit l’intervention du géant Sinohydro, relevant de l’Etat chinois. Sinohydro est l’une des plus grandes entreprises de construction au monde qui a notamment réalisé la fameux barrage des Trois Gorges. Les Chinois, toujours très actifs, prévoient un temps de construction de trois ans, plus six mois de planification. Les experts russes, en revanche, estiment que le temps de construction sera deux ou trois fois plus long.

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Un aspect intéressant dans la construction de ce canal est qu’il passera par la République de Kalmoukie. A l’origine, le peuple kalmouk vient du Nord-Ouest de la Chine, de Dzoungarie. Il s’est installé sur le cours de la Volga au 17ème siècle. Sous Staline, il a subi un véritable génocide, poussant de nombreux Kalmouks à combattre dans les rangs allemands pendant la seconde guerre mondiale. Sous Khrouchtchev, les survivants ont pu revenir dans leur patrie et sont de nouveau, à l’embouchure de la Volga, le peuple le plus nombreux, après les Russes. Un deuxième grand groupe de Kalmouks vit encore dans l’Ouest de la Chine, où leurs ancêtres, après la dissolution du Khanat de Kalmoukie par Catherine la Grande en 1771, y étaient revenus à l’invitation des empereurs mandchous. Aujourd’hui, il y a presque autant de Kalmouks en Chine qu’en Russie.

Le gouvernement de la République kalmouk a signé récemment avec la Chine un accord, accepté par les Russes, invitant à un nouveau retour des Kalmouks de Chine dans la région russe de la Volga. Si ces Kalmouks de Chine revenaient effectivement, le peuple titulaire de la République kalmouk actuelle serait dominant sur son territoire « ethnique » et pourrait s’étendre aussi à des régions contigües que Staline avait annexées à la Russie. Les Kalmouks de Chine sont cependant très loyaux à l’égard de la Chine, fait intéressant à plus d’un titre sur le plan géostratégique. Jusqu’ici, la Chine s’est montré très réticente pour installer des fragments de ses propres populations sur le territoire russe, car les autorités chinoises savent que les Russes sont très méfiants et très sensibles à ce genre de transferts de populations ; cependant, l’installation de Kalmouks originaires de Chine dans le cadre de la construction du Canal Eurasien pourrait s’avérer plus aisé.

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Potentiellement, les problèmes écologiques que poserait la construction de ce canal sont importants. Non seulement, les biotopes aquatiques s’entremêleraient mais les routes de migrations d’une grande partie des populations d’antilopes saïga à l’Ouest de la grande steppe, ce qui aurait d’énormes répercussions sur celles-ci et sur la part de l'écosystème de cette steppe dépendant de ces animaux. On a songé à installer des ponts pour faire passer cette faune sauvage mais ces antilopes sont craintives et risqueraient de ne pas les emprunter. De plus, leur nombre serait insuffisant : ils devraient être complétés par des ouvrages plus larges sous formes de corrals devant être entretenus par l’homme. Pour la faune ornithologique, plusieurs zones humides seraient mises en danger, notamment par la salinisation des sols. On pourrait y remédier par un réglage compliqué des adductions d’eau pour le canal. La Mer d’Azov serait elle aussi menacée, alors que son état est déjà déplorable. Minimiser les dégâts écologiques potentiels est l’un des principaux défis à relever pour les constructeurs du Canal.

Ces défis pourront toutefois être surmontés. Réaliser ce projet, vieux de plus d’un siècle, apporterait de grands changements géostratégiques, comparables au creusement du Canal de Suez, dont le rôle serait alors considérablement minimisé.

Thomas W. Wyrwoll.

(article tiré de « zur Zeit », Vienne, n°34/2018, http://www.zurzeit.at ).

mardi, 24 juillet 2018

Succès de la Route maritime du Nord

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Succès de la Route maritime du Nord

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le 10 juillet le cargo gazier russe brise-glace du type Arc7 Vladimir Roussanov est arrivé au port chinois de Xian de Rudong, avant d'être rejoint dans la nuit par l'Edouard Toll.

Les deux cargos russes transportant du gaz naturel liquéfié (GNL) de Yamal LNG ont quitté le port de Sabetta en Arctique russe les 25 et 27 juin respectivement.

Le voyage jusqu'à la Chine a demandé un peu plus de trois semaines. «C'est une première dans l'histoire de la Route maritime du Nord: des cargos ont franchi l'itinéraire Est en direction du détroit de Béring sans être accompagnés de brise-glaces», a annoncé le producteur de gaz russe Novatek.

Le même itinéraire est suivi actuellement par le cargo français de Total Christophe de Margerie. Son déchargement est prévu pour le 31 juillet au terminal Tangshan LNG au nord-est de la Chine

Yamal LNG 1) est la première usine de Novatek pour la liquéfaction de gaz dans la région arctique de la Russie. Sa capacité est de 17,5 millions de tonnes de GNL par an. Les partenaires de la compagnie russe dans ce projet sont Total (20%) et les compagnies chinoises CNPC (20%) et Silk Road Fund (9,9%). La première chaîne technologique de l'usine (5,5 millions de tonnes) a commencé le déchargement du produit fini le 8 décembre 2017. L'entreprise fonctionnera à plein régime l'an prochain.

yamal.gifL''acheminement de GNL par le détroit de Béring est 1,5 fois plus rapide qu'en contournant l'Europe par la Méditerranée, l'océan Indien, puis le Pacifique (un aller-retour prend 44 jours au lieu de 68). Ce qui représente une économie de 3,2 millions de dollars pour chaque trajet.

La démonstration du fonctionnement de l'itinéraire Est pourrait accroître l'intérêt des partenaires potentiels pour d'autres projets en cours de mise en place, notamment  le projet Arctic LNG 2.

Inutile de souligner que Total, malgré les menaces de rétorsion de Washington, continue à coopérer avec la Russie. Il y trouvera certainement plus d'intérêt qu'en tentant de s'accorder avec les compagnies pétrolières américaines qui ne lui veulent aucun bien.

Sans doute aussi perçoit-il les intérêts géopliques de cette coopération, pour lui-même comme au delà pour l'économie française. En cela il est plus digne d'être qualifié d'entreprise française que toutes celles qui, par peur des « sanctions » américaines, ont renoncé à poursuivre en Russie des projets pourtant déjà bien engagés.

Note

1) Yamal SPG (Yamal LNG) . Voir https://www.total.com/fr/expertise-energies/projets/petro...

samedi, 21 juillet 2018

Le chef de la fraction des “Verts” en Allemagne veut de nouvelles alliances asiatiques pour l’Europe !

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Adieu à l’alliance américaine ?

Le chef de la fraction des “Verts” en Allemagne veut de nouvelles alliances asiatiques pour l’Europe !

Robert Habeck, chef de la fraction des Verts estime que l’Europe a besoin de nouveaux partenaires et alliés, surtout en Asie, quitte à ne plus être orientée exclusivement sur le partenariat transatlantique.

Par Marco Maier

Enfin, un gars parmi les Verts qui devient intelligent ! Après avoir quasiment exclu le mouvement pacifiste de ses rangs et surtout depuis le gouvernement Schröder/Fischer, les Verts de la tendance « Realo » et leurs amis ralliés à l’établissement ont donné le ton dans le parti qui, depuis, n’a cessé de vouloir pratiquer une politique férocement antirusse, surtout sous la pression du lobby homosexuel, ce qui a permis aux atlantistes de contrôler la marche des affaires en politique étrangère, induisant une suite ininterrompue de stratégies filandreuses et boiteuses. Aujourd’hui, les choses semblent changer : le chef du parti, Robert Habeck veut que l’Union Européenne se choisisse de nouveaux partenaires et alliés.

“Certes, nous ne pouvons pas abandonner l’espoir que nous plaçons dans une Amérique après Trump, où les relations transatlantiques reprendraient vigueur”, a déclaré Habeck, “mais une chose doit être claire désormais : l’Europe doit forger de nouvelles alliances, surtout en Asie ». L’Europe doit abandonner l’idée qu’il n’y aurait « qu’un seul véritable allié », a insisté Habeck. « En lieu et place du vieux camp (atlantiste), nous devons faire émerger un tissu d’alliance, suffisamment puissant, pour éviter toutes nouvelles guerres ». Ce qui est important, c’est que « l’Europe doit agir à l’unisson », a demandé le chef des Verts, « sinon nous ne jouerons plus aucun rôle (sur la scène internationale), y compris l’Allemagne ».

Le Président des Etats-Unis, a-t-il ajouté, « a un plan : la destruction de l’ordre ancien ». Dans le conflit qui oppose désormais l’Europe aux Etats-Unis, la Chine pourrait devenir l’un de nos partenaires, a dit Habeck, même si la République Populaire n’est nullement un modèle sur le plan des droits de l’homme (ce qui semble important pour les Verts…). Notre commentaire : s’il faut s’unir contre Trump, les droits de l’homme semblent tout d’un coup revêtir une importance bien moindre pour les Verts.

Toutefois, le politicien vert s’oppose contre toute augmentation aveugle du budget militaire allemand, comme l’a réclamé le Président des Etats-Unis et quelques politiciens allemands de la CDU, de la CSU et de la FDP. « Avant de poser la question ‘combien ?’, il faut poser la question du pourquoi et l’expliquer”, selon Habeck.  « Au départ, il faut procéder à une analyse stratégique pour déterminer quelles sont les tâches de la Bundeswehr et celles de ses partenaires européens aujourd’hui ». Et c’est sur la base de cette analyse stratégique qu’il faudra fixer les dépenses et non autrement.

Ex : https://www.contra-magazin.com

dimanche, 15 juillet 2018

Investissements le long des nouvelles routes de la Soie : l’Allemagne et la Chine signent 22 traités !

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Investissements le long des nouvelles routes de la Soie : l’Allemagne et la Chine signent 22 traités commerciaux !

Berlin – Malgré l’indécrottable obsession occidentaliste et atlantiste des dirigeants politiques de la République fédérale d’Allemagne, les relations économiques inter-eurasiatiques s’intensifient, en marge des querelles sous-jacentes qui troublent les relations transatlantiques. Suite à sa visite lors de la rencontre dite « 16 + 1 », à Sofia, capitale de la Bulgarie, le Président chinois Li Kequiang s’est rendu à Berlin, où il a plaidé pour une imbrication économique plus étroite entre Européens et Chinois. A cette occasion, plusieurs traités économiques germano-chinois ont été signé pour un valeur totale de 20 milliards d’euros.

Le but de ces pourparlers communs était de discuter des mauvaises conditions dans lesquelles évoluait le commerce internationale suite aux dernières sanctions douanières américaines. Tant la Chancelière Merkel que son hôte venu de Chine ont plaidé en faveur d’un commerce libre, libéré de toute entrave. Li a déclaré : « Nous sommes en faveur du commerce libre, du multilatéralisme ».

Beijing, ces derniers jours, a réagi face aux sanctions douanières américaines en imposant des taxes spéciales sur les produits américains importés en Chine.

En marge de ces consultations germano-chinoises, vingt-deux traités gouvernementaux et économiques ont été signés. Le principal de ces traités porte sur la construction d’une usine pour piles cellulaires destinées aux automobiles électriques et qui s’établira à Erfurt en Thuringe. Le producteur chinois CATL veut y investir, dans un premier temps, plusieurs centaines de millions. Le premier gros client pour ces piles est BMW. Le constructeur automobile bavarois veut faire construire des piles à Erfurt et en acheté pour 1,5 milliards d’euros. Merkel a aussitôt déclaré : « C’est un grand jour pour la Thuringe » mais elle a déploré, dans la foulée, que la Chine avait acquis une avance indubitable en ce domaine. "Si nous avions pu les produire par nous-mêmes, je n’aurais pas été triste ".

En Chine, désormais, plus de 5000 entreprises allemandes se sont installées. Le Chine est, depuis deux ans, le principal partenaire commercial de l’Allemagne.

Ex : http://www.zuerst.de

 

jeudi, 12 juillet 2018

Sommet de l’OTAN et sommet Trump/Poutine : que faut-il en penser ?

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Sommet de l’OTAN et sommet Trump/Poutine : que faut-il en penser ?

Par Robert Steuckers

Script de l'entretien d'aujourd'hui, 11 juillet 2018, accordé à Channel 5 (Moscou), sous la houlette d'Alexandra Lusnikova

Le sommet de l’OTAN qui se tient aujourd’hui, 11 juillet 2018, et se poursuivra demain à Bruxelles, aura pour point principal à son ordre du jour la volonté affichée par Donald Trump d’obtenir de ses partenaires, plutôt de ses vassaux, européens ce qu’il appelle un « Fair Share », c’est-à-dire une participation financière accrue des petites puissances européennes dans le budget de l’OTAN. Pour Trump, les pays européens consacrent trop d’argent au « welfare » et pas assez à leurs armées. C’est une antienne que l’on entend depuis belle lurette de la part de tous les ténors américains de l’atlantisme. Ceux-ci veulent que tous les pays européens consacrent au moins 2% de leur PNB à la chose militaire. Les Etats-Unis, engagés sur de multiples fronts de belligérance, consacrent 3,58% de leur PIB à leurs dépenses militaires. En Europe, la Grèce (qui craint surtout son voisin turc et doit sécuriser les îles de l’archipel égéen), le Royaume-Uni, la Pologne, l’Estonie et la Roumanie dépassent ces 2% exigés par Trump. La France consacre 1,79% à ses forces armées ; l’Allemagne 1,22%. Evidemment, ces 1,22% du PIB allemand sont largement supérieurs aux 2% consacrés par des pays moins riches. Malgré les 3,58% dépensés par les Etats-Unis,  précisons toutefois que ce budget, certes énorme, est en constante diminution depuis quelques années.

L’exigence américaine se heurte à plusieurs réalités : d’abord, les Etats-Unis ont sans cesse, depuis la création de l’OTAN, empêché les pays européens de développer leurs aviations militaires, en mettant des bâtons dans les roues de Dassault, de Saab, de Fiat, etc. et en interdisant la renaissance des usines aéronautiques allemandes. Si l’Europe avait reçu de son « suzerain » le droit de développer ses propres usines aéronautiques, ses budgets militaires, même réduits en apparence, auraient permis de consolider sérieusement ses armées, tout en créant des emplois de qualité sur le marché du travail ; ensuite, certains chiffres parlent pour eux-mêmes : si l’on additionne les budgets militaires des principales puissances européennes de l’OTAN (Royaume-Uni, France, Allemagne, Italie, Espagne), ceux-ci dépassent de loin le budget de la Russie, posée comme « ennemi majeur ». Le bugdet de l’OTAN, Etats-Unis compris, est donc pharamineux.

Bon nombre de voix estiment que cette problématique de « Fair Share » est le rideau de fumée qui masque le problème réel: celui de la guerre commerciale larvée entre l’Europe et les Etats-Unis. Le but réel de Trump et du « Deep State » américain est de réduire les importations européennes (et chinoises) vers les Etats-Unis. Le but de Trump, louable pour un Président des Etats-Unis, est de remettre l’industrie américaine sur pied, de manière à débarrasser la société américaine des affres qu’a laissées la désindustrialisation du pays. Pour Trump, mais aussi pour ses prédécesseurs, l’UE imposerait des barrières, en dépit de ses crédos néolibéraux, qui empêcheraient les Etats-Unis d’exporter sans freins leurs produits finis en Europe, comme ils le faisaient dans les deux décennies qui ont immédiatement suivi la seconde guerre mondiale. L’UE est un problème pour l’élite financière américaine, tout simplement parce qu’elle est largement (bien qu’incomplètement) autarcique. Trump estime que, dans les relations commerciales bilatérales, les pertes américaines, par manque à gagner, s'élèveraient à 151 milliards de dollars. Le déficit commercial entre l’UE et les Etats-Unis serait actuellement de 91 milliards de dollars, au détriment de Washington.

Autre point à l’agenda : les efforts qui vont devoir, selon l’OTAN, être déployés pour que la Géorgie puisse adhérer le plus rapidement possible à l’Alliance Atlantique. Dans l’ordre du jour du sommet d’aujourd’hui et de demain, ici à Bruxelles, la question géorgienne est évidemment le thème le plus intéressant à analyser. La stratégie habituelle des puissances maritimes, l’Angleterre au 19ième siècle et puis les Etats-Unis qui prennent son relais, est de contrôler les bras de mer ou les mers intérieures qui s’enfoncent le plus profondément à l’intérieur de la masse continentale eurasienne et africaine. L’historien des stratégies navales anglaises depuis le 17ième siècle, l’Amiral américain Mahan, s’intéressait déjà à la maîtrise de la Méditerranée où l’US Navy avait commis sa première intervention contre les pirates de Tripolitaine à la fin du 18ième siècle. Halford John Mackinder retrace aussi, dans ses principaux traités de géopolitique, l’histoire de la maîtrise anglaise de la Méditerranée. Dans le cadre des accords Sykes-Picot et de la Déclaration Balfour, les Anglais protestants, en imaginant être un « peuple biblique », accordent, contre l’avis de leurs compatriotes et contemporains conservateurs, un foyer en Palestine pour les émigrants de confession mosaïque. Le but, que reconnaissait pleinement le penseur sioniste Max Nordau, était de faire de cette entité juive la gardienne surarmée du Canal de Suez au bénéfice de l’Empire britannique et de créer un Etat-tampon entre l’Egypte et l’actuelle Turquie afin que l’Empire ottoman ne se ressoude jamais. Les guerres récentes dans le Golfe Persique participent d’une même stratégie de contrôle des mers intérieures. Aujourd’hui, les événements d’Ukraine et la volonté d’inclure la Géorgie dans le dispositif de l’OTAN, visent à parachever l’œuvre de Sykes et de Balfour en installant, cette fois au fond de la Mer Noire, un Etat, militairement consolidé, à la disposition des thalassocraties. Le fond du Golfe Persique, le fond de la Méditerranée et le fond de la Mer Noire seraient ainsi tous contrôlés au bénéfice de la politique globale atlantiste, contrôle qui serait encore renforcé par quelques nouvelles bases dans la Caspienne. Je pense vraiment que ce point à l’ordre du jour est bien plus important que les débats autour du « Fair Share » et de la balance commerciale déficitaire des Etats-Unis.

Le sommet Trump-Poutine

D’après maints observateurs, le sommet prochain entre Trump et Poutine à Helsinki en Finlande aurait pour objet principal de laisser la Syrie à la Russie, après les succès de l’armée régulière syrienne sur le terrain. Reste à savoir si la Syrie, laissée à Assad, sera une Syrie tronquée ou une Syrie entière, dans ses frontières d’avant l’horrible guerre civile qu’elle a subi depuis 2011. L’objectif des Etats-Unis et d’Israël semble être de vouloir tenir l’Iran, et son satellite le Hizbollah, hors de Syrie. Poutine, apparemment, y consentirai et offre d’ores et déjà une alternative à l’Iran qui, depuis les premiers empires perses de l’antiquité, souhaite obtenir une façade sur la Méditerranée, directement ou indirectement par tribus ou mouvements religieux interposés. Poutine offre à l’Iran la possibilité d’emprunter une voie par la Caspienne (d’où l’intérêt récent des Américains à avoir des bases dans cette mer intérieure et fermée), la Volga, le Canal Volga/Don, le Don (par Rostov), la Mer d’Azov, l’isthme de Crimée et la Mer Noire. L’Iran préfère évidemment la voie directe vers la Méditerranée, celle qui passe par la Syrie et la partie chiite de l’Irak. Mais si l’Iran doit renoncer à son fer de lance qu’est le Hizbollah, les Etats-Unis devraient renoncer, en toute réciprocité, à soutenir des mouvements protestataires, souvent farfelus, en Iran.

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Deuxième condition, pour que l’éviction hors de Syrie de l’Iran soit crédible, il faudrait aussi expurger définitivement la Syrie de toutes les séquelles du djihadisme salafiste ou wahhabite. Or, on observe, ces derniers mois, que ces forces djihadistes sont alimentés voire instruites au départ de la base américaine d’al-Tanf sur la frontière syro-irakienne. Question à l’ordre du jour : les Etats-Unis vont-ils quitter cette base terrestre entre la Méditerranée et le Golfe Persique ou y rester, en tolérant des poches de résistance djihadiste qu’ils alimenteront au gré de leurs intérêts ?

L’objectif des Russes, dans le cadre syrien, est de sauver la viabilité économique du pays, de rouvrir les grands axes de communication et de soustraire définitivement ceux-ci à toute forme de guerre de basse intensité (low intensity warfare), à toute stratégie lawrencienne modernisée. Pour y parvenir, Poutine et Lavrov suggèreront sans nul doute le rétablissement d’une Syrie souveraine dans ses frontières de 2011, ce qui implique de purger le pays de toutes les formes de djihadisme, portées par les « Frères Musulmans » ou par Daesh et de prier la Turquie d’évacuer les zones qu’elle occupe au Nord du pays, le long de sa frontière. Le Hizbollah, lui, a toujours promis d’évacuer les territoires syriens où il est présent, dès que les forces djihadistes sunnito-wahhabites en auront été éliminées.

Force est de constater que le projet russe correspond certes aux intérêts traditionnels de la Russie, tsariste, soviétique ou poutinienne, mais aussi aux intérêts des puissances ouest-européennes comme la France et l’Italie et même à une puissance germano-centrée ou austro-centrée qui aurait retrouvé sa pleine souveraineté dans le centre de la presqu’île européenne.

Le volet géorgien du sommet de l’OTAN et les futurs échanges sur la Syrie et la présence iranienne en Syrie, entre Trump et Poutine, me paraissent les enjeux les plus intéressants de l’actualité qui se fait et se fera, aujourd’hui et demain, ici à Bruxelles.

Robert Steuckers, Bruxelles, 11 juillet 2018.

jeudi, 05 juillet 2018

Nouvelles Routes de la Soie : Russes et Chinois construisent la voie maritime arctique vers l’Europe

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Nouvelles Routes de la Soie : Russes et Chinois construisent la voie maritime arctique vers l’Europe

Moscou/Beijing : On le sait : les tensions s’accumulent entre la Chine, qui gagne en puissance, et ses concurrents américains, étrangers à l’espace asiatique. Ces tensions sont particulièrement fortes dans la Mer de Chine du Sud. Chinois et Américains s’y livrent une bataille propagandiste toujours plus virulente.

Mais le site de la confrontation sino-américaine le plus important pourrait être demain le gigantesque littoral au Nord de la masse continentale eurasienne. En effet, les Chinois et les Russes travaillent à créer en cette zone une nouvelle voie conduisant de l’Asie extrême-orientale vers l’Europe, un tracé complémentaire aux fameuses « Routes de la Soie » que la Chine entend promouvoir, à grand renforts d’investissements depuis quelques années. La voie arctique serait la route commerciale la plus rapide et la plus sûre entre l’Extrême-Orient et l’Extrême-Occident européen. Comparons ce tracé avec la route maritime principale actuelle entre la Chine et l’Europe, qui passe par le Détroit de Malacca et le Canal de Suez et prend 35 jours : la route arctique, elle, serait plus courte de 6500 km, ferait gagner énormément de temps, au moins deux semaines.

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De surcroît, la voie maritime arctique aurait l’avantage de permettre l’exploitation des énormes réserves de matières premières de la plate-forme continentale face aux côtes russes. Il y a quelques semaines, la Russie a envoyé l’Akademik Lomonossov, la première centrale nucléaire flottante, dans l’Arctique, au départ de Mourmansk avec, pour destination, la presqu’île des Tchouktches, où elle jettera l’ancre dans le port de Pewel. A partir de ces installations portuaires, la station énergétique flottante pourra fournir de l’énergie à ces régions éloignées de tout et à des plates-formes pétrolières.

L’Arctique est très riche en énergies fossiles. Les scientifiques américains estiment qu’un cinquième des réserves de pétrole du monde s’y trouve, de même qu’un quart des ressources en gaz naturel. Il y a là-bas, en plus, d’énormes réserves d’or, d’argent et de terres rares.

Récemment, le Président russe Vladimir Poutine a accompagné une délégation chinoise lors d’une visite à un chantier de gaz de schiste sur la presqu’île sibérienne de Iamal, où les Chinois sont partie prenante. Poutine a exhorté ses hôtes : « La Route de la Soie est arrivée dans le Grand Nord. Raccordons-là à la voie maritime arctique et, alors, nous aurons ce dont nous avons besoin ».

La Chine, entre-temps, vient de publier un livre blanc sur l’exploitation future de l’Arctique, où l’on peut lire que Beijing souhaite, « avec le concours d’autres Etats » (mais il est évident qu’il s’agit surtout de la Russie), ouvrir des voies maritimes dans la région arctique et de créer ainsi une « Route de la Soie polaire ».

Il va de soi que les activités arctiques des deux grandes puissances eurasiennes suscitent l’hostilité de Washington. L’ancienne vice-ministre des affaires étrangères américaine, Paula Dobriansky, a demandé avec insistance à l’OTAN de renforcer ses positions dans l’Arctique. Les Etats-Unis, conseille-t-elle vivement, devraient mettre sur pied une infrastructure militaire dans la Grand Nord, comprenant un quartier général. Car les Etats-Unis doivent montrer qui est le « véritable chef d’orchestre dans l’OTAN et dans le reste du monde ». Les Etats-Unis ne doivent plier devant rien ni personne et doivent imposer leur domination économique et politique contre tous. Une nouvelle zone de turbulences et de conflits vient de voir le jour.

Ex : http://www.zuerst.de

 

vendredi, 25 mai 2018

Hat die «Allianz» Russland-Türkei eine Zukunft?

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Hat die «Allianz» Russland-Türkei eine Zukunft?

Ex: http://stategische-studien.com 

Byzanz dürfte 660 v. Chr. durch griechische Dorier als Byzantion gegründet worden sein. Der römische Kaiser Konstantin liess nach sechs Jahren Bau über dem ursprünglichen Byzantion seine Stadt am 11. Mai 330 n.Chr., die später als Konstantinopel seinen Namen erhielt, als Hauptstadt des römischen Reichs konsekrieren. Zu diesem Zeitpunkt war der Kaiser 58 Jahre alt. Konstantin hatte eine neue Metropolis an der Meeresenge, die Asien von Europa trennt, errichten lassen. Nach der Aufteilung des Römischen Reiches 395 n.Chr. wurde die Stadt zur Hauptstadt des oströmischen Reiches. Später wurde dieses Teilreich als byzantinisches Reich bezeichnet.[1] Obwohl ab dem 7. Jahrhundert in Byzanz das Griechische das Latein als Hof- und Verwaltungssprache immer mehr verdrängte, bezeichneten sich die Bewohner der Stadt bis zu ihrer Eroberung durch die Osmanen 1453 immer noch als Römer (Rhomäer).

Immer wieder wurde Konstantinopel während Jahrhunderten durch fremde Völker belagert. Nur zweimal gelang eine Eroberung der Stadt. Die ersten, die eine Eroberung dieser geostrategischen Drehscheibe versuchten, waren die Goten 378 n. Chr.[2]. Es folgte 626 die Belagerung von Konstantinopel durch den Sassaniden Chosro II., dem Herrscher über das neupersische Reich.[3]. Als Folge dieses «letzten grossen Krieges der Antike» waren am Ende beide Reiche ausgeblutet. 636 konnten die arabischen Heere nach der Schlacht von Yarmuk Syrien erobern.[4] 640 folgte die arabische Eroberung von Ägypten und 647 von Nordafrika.[5] Byzanz konnte noch Anatolien, sowie Gebiete auf dem Balkan und in Italien bewahren. 674-78 belagerten die Araber zum ersten Mal Konstantinopel. Durch den Einsatz des griechischen Feuerswurden die arabischen Seestreitkräfte vernichtet.[6] Zu dieser Zeit war das Sassanidenreich bereits durch die Arabererobert worden. 717 folgte die zweite Belagerung Konstantinopels durch die Araber. Wiederum wurde das griechische Feuer eingesetzt. Die Provinzarmeen der Themen waren bei der Abwehr der Araber sehr erfolgreich.[7] Nach dem Sturz der Dynastie der Omayyaden 750 war das Reich durch Angriffe der Araber nicht mehr gefährdet.[8]

Nach der Schlacht von Mantzikert, 1071, verlor Byzanz beinahe ganz Anatolien an die türkischen Seldschuken.[9]Gleichzeitig wurde das Reich durch normannische Abenteurer aus Sizilien und Italien verdrängt. Diese eroberten unter ihrem Anführer Robert Guiscard 1081 auch Illyrien. Nach verlustreichen Kämpfen mussten sich die Normannen unter dem Sohn von Guiscard, Bohemund, nach Italien zurückziehen. Als das Ritterheer des ersten Kreuzzuges 1096 in Byzanz eintraf, war einer der Anführer der Kreuzfahrer der Normanne Bohemund.[10] Sehr bald kam es zu Spannungen zwischen den Kreuzfahrern und Byzanz. 1204 hetzte Venedig, ein früherer Alliierte von Byzanz, die Teilnehmer am vierten Kreuzzug gegen Konstantinopel auf. Im April dieses Jahres wurde die grösste Stadt der Christenheit nach ihrer Eroberung durch die Kreuzfahrer während drei Tagen geplündert und gebrandschatzt.[11] Venedig und seine Alliierten gründeten das kurzlebige Lateinische Kaiserreich. Gleichzeitig entstanden drei byzantinische Nachfolgestaaten, die den Kreuzfahrern Widerstand leisteten.

1261 konnte Michael VIII. Palaiologos (1259-82), Herrscher über das byzantinische Nachfolgereich Nikäa, Konstantinopel zurückerobern.[12] Seine Dynastie konnte während zwei Jahrhunderten über ein Reich herrschen, zu dem Griechenland, Teile von Kleinasien und des Balkans gehörten.[13] Durch dieses kleine Territorium konnten aber nicht genügend Ressourcen für den Unterhalt einer wirkungsvollen Streitmacht generiert werden. Der Sieg von Timur in der Schlacht von Ankara von 1402 verhalf Konstantinopel zu einer Atempause. Schlussendlich eroberte der osmanische Sultan Mehmet II. (1444-46/1451-81) am 29. Mai 1453 dank seinen genuesischen Geschützen und seiner Übermacht von 80’000 Muslimen gegenüber den 7’000 Verteidigern die Stadt. Während 1’000 Jahren hatte Byzanz eine hohe militärische Professionalität bewiesen[14] und während Jahrhunderten Europa vor einer islamischen Eroberung geschützt und bewahrt. Als Dank dafür wurde das Reich der Rhomäer in seinem Abwehrkampf gegen die Osmanen am Ende durch das christliche Abendland im Stich gelassen.

Eines der wichtigsten Ereignisse in der Geschichte von Byzanz war die Taufe des Grossfürsten von Kiew, Wladimir I. der Grosse (980-1015), Nachkomme des Waräger Rjurik (als Rus bezeichnet) 987 nach dem orthodoxen Ritus.[15] Ein Grund für diese Taufe war die Hilfe von Wladimir bei der Rekrutierung von Skandinaviern für die Waräger-Garde des byzantinischen Kaisers. Diese Taufe wurde durch den Vertrag von 1046 und die Heiraten zwischen den beiden Herrschaftshäusern besiegelt.[16] Nachdem die Rus früher mehrmals versucht hatten Byzanz zu erobern, wurden die Beziehungen zwischen den beiden Reichen immer freundschaftlicher. Die heutigen Gebiete von Russland, Serbien, die Ukraine, Belarus, Rumänien und Bulgarien übernahmen Tradition, Kultur und den orthodoxen Glauben von Byzanz.[17]

Nach dem Fall von Konstantinopel bezeichnete der russische Mönch Filofei (Filotheos) in einer Schrift an die russischen Grossfürsten Moskau als das dritte Rom.[18] Im ersten Rom würden Häretiker herrschen und das zweite Rom, Konstantinopel, sei durch die Ungläubigen erobert worden. Dieses Konzept übernahm der Herrscher über Moskau, Grossfürst Ivan IV. (1534-1584). Ivan IV. liess sich 1547 als Nachfolger der byzantinischen Kaiser zum Zar krönen.[19] Die Legimitation dazu konnte er auch mit seinem Grossvater, Ivan III. (1462-1505), begründen, der mit Zoë Palaiologos, Nichte des letzten byzantinischen Kaisers, verheiratet gewesen war.[20] Ivan IV. war nun der einzige freie orthodoxe Herrscher. Seine Religion bestimmte die Kreuzzüge Russlands gegen das katholische Königreich Polen-Litauen, der Feind im Westen, Schweden, das Tartaren-Kanat von Kazan und das osmanische Reich. Ziel der Kriege gegen das osmanische Reich war die Befreiung der Balkan-Völker und Konstantinopels vom türkischen Joch.[21]

Ab dem 16.Jahrhundert wurde Russland in den orthodoxen Kirchen als Erbe von Konstantinopel und der Zar von Russland als Wächter über die gesamte orthodoxe Welt anerkannt.[22] Die russische Kirche war von einer siegreichen Mission gegen die muslimischen Ungläubigen und über die katholische Gegnerschaft überzeugt.[23] Russland hatte den byzantinischen Thron zu bewahren. Von dieser Mission und dem Kreuzzug waren alle Zaren bis und mit der Romanow-Dynastie überzeugt. Die verschiedenen Kriege des russischen Imperiums gegen das osmanische Reich, die vom 18. Jahrhundert bis zum ersten Weltkrieg dauerten, belegen dies.[24] Diese Mission dürfte grundsätzlich auch die Aussenpolitik von Wladimir Putin bestimmen.

Zur Durchsetzung ihrer Interessen in Syrien verfolgen Russland und die Türkei seit 2017 eine Art «Allianz». Syrien soll durch diese gemeinsame «Allianz», zusammen mit der Islamischen Republik Iran,  befriedet werden. Wladimir Putin dürfte dabei auch das Ziel verfolgen, die Türkei aus dem westlichen Bündnis NATO herauszubrechen. Der türkische Machthaber Erdogan dürfte seinem Machtstreben im Mittleren Osten frönen und von der Wiedererrichtung des osmanischen Reichs träumen. Auf dem Hintergrund der während Jahrhunderten verfolgten russischen Machtansprüche und der Kriege gegen die Osmanen erscheint diese «Allianz» als widernatürlich. Das Endziel von Russland könnte nach wie vor die «Befreiung» von Konstantinopel von den muslimischen Ungläubigen sein.

 

[1] Decker, M.J., The Byzantine Art of War, Westholme Publishing, Yardley, Pennsylvania, 2013, P,1.

[2] Decker, M.J., P. 13.

[3] Decker, M.J., P. 15-18.

[4] Decker, M.J., P. 21.

[5] Decker, M.J., P. 21.

[6] Decker, M.J., P. 22.

[7] Decker, M.J., P. 24.

[8] Decker, M.J., P. 24.

[9] Decker, M.J., P. 32/33.

[10] Decker, M.J., P. 36.

[11] Decker, M.J. P. 37.

[12] Decker, M.J., P. 37.

[13] Decker, M.J., P. 40.

[14] Decker, M.J., P. 40.

[15] Decker, M.J., P. 30.

[16] Obolensky, D., The Relations between Byzantium and Russia (11th-15th Century), Oxford University, Updated 02 July 2001, P. 2.

[17] Obolensky, D., P. 4ff.

[18] Laats, A., The Concept of the Third Rome and its Political Implications, P. 98.

[19] Laats, A., P. 104.

[20] Laats, A., P. 104.

[21] Laats, A. P. 105.

[22] Laats, A., P. 106.

[23] Laats, A., P. 108.

[24] Laats, A., P. 112.

 

mardi, 22 mai 2018

L’Eurasie tiraillée entre guerre et paix

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L’Eurasie tiraillée entre guerre et paix

Pepe Escobar

Ex: http://www.zejournal.mobi

Deux sommets récents, la poignée de mains transfrontalière des présidents Kim et Moon, qui a surpris le monde entier, et la promenade de santé amicale sur les berges du lac à Wuhan entre les présidents Xi et Modi, ont pu donner l’impression que le processus d’intégration eurasiatique est entré dans une phase plus calme. Or, cela n’est pas vraiment le cas. Ce serait plutôt un retour à la confrontation : comme on pouvait s’y attendre, la mise en pratique de l’accord sur le nucléaire iranien, connu sous l’acronyme disgracieux de JCPOA (en français l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien), est au cœur du problème. Fidèles au processus lent de leur projet d’intégration eurasiatique, la Russie et la Chine sont les plus fidèles soutiens de l’Iran.

La Chine est le premier partenaire commercial de l’Iran, en particulier grâce au volume des ses importations énergétiques. L’Iran, de son côté, est un importateur net de denrées alimentaires. La Russie entend couvrir cette demande alimentaire.

Les sociétés pétrolières chinoises aident au développement des immenses champs pétrolifères de Yadaravan, dans le nord des champs pétrolifères d’Azadegan. La CNPC (China National Petroleum Corporation) a acquis 30% des parts du projet pour exploiter South Pars, le plus grand gisement de gaz naturel au monde. Un contrat de 3 milliards de dollars a été signé pour remettre à niveau les raffineries pétrolières iraniennes, dont un contrat entre Sinopec et la NIOC (National Iranian Oil Company) pour agrandir l’ancienne raffinerie d’Abadan.

Lors d’une visite d’État célèbre effectuée en 2015 juste après la signature de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, le président Xi Jinping a annoncé un projet ambitieux de multiplier par dix le commerce bilatéral entre les deux pays à hauteur de 600 milliards de dollars dans la prochaine décennie.

L’Iran est au cœur du dispositif de Pékin des Nouvelles Routes de la soie (aussi appelé «  Une ceinture, Une route »). Un de ses projets d’infrastructures majeur est une ligne ferroviaire à grande vitesse de 926 kilomètres reliant Téhéran à Mashhad ; la Chine a alloué un prêt de 1,6 milliards de dollars à ce qui fut le premier projet en Iran bénéficiant du soutien d’un pays étranger après la signature de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

De folles conversations à Bruxelles font état de l’impossibilité qu’ont les banques européennes de financer des projets en Iran, à cause des féroces sanctions imprévisibles imposées par Washington, dont l’obsession pour l’Iran n’est plus à démontrer. Cette paralysie européenne a ouvert la voix à la CITIC (China International Trust Investment Corporation) pour débloquer plus de 15 milliards de dollars en crédits disponibles pour ces projets.

La Banque pour l’exportation et l’importation de Chine (placée sous la tutelle directe du Conseil des affaires de l’État) a jusqu’à présent financé 26 projets en Iran, de la construction d’autoroutes, à l’extraction minière en passant par la production d’acier, pour un montant de 8,5 milliards de dollars US en prêts. SinoSure (une compagnie d’assurance pour les entités qui prêtent des fonds à l’export, l’équivalent en Chine de la COFACE française) a quant à elle signé un protocole d’accord pour assister les sociétés chinoises qui investissent dans des projets d’infrastructures en Iran.

La société d’État chinoise National Machinery Industry Corp. a signé un contrat de 845 millions de dollars pour construire une ligne ferroviaire de 410 kilomètres dans l’ouest de l’Iran reliant Téhéran à Hamedan et Sanandaj.

Des rumeurs persistantes font état du fait que la Chine pourrait à long terme remplacer l’Inde en manque de fonds propres dans le développement du port stratégique de Chabahar, sur la mer d’Arabie, qui est le point de départ suggéré pour une mini route de la Soie indienne reliant l’Inde à l’Afghanistan, et contournant le Pakistan.

Ainsi, au milieu de cette tornade de contrats, Beijing ne cache pas son mécontentement vis-à-vis de l’attention portée par le Ministère de la Justice américain à la société chinoise Huawei, principalement à cause des fortes ventes de téléphones mobiles d’entrée de gamme qu’elle enregistre sur le marché iranien.

C’est chic de voler en Sukhoï

La Russie réplique, et dépasse même l’offensive commerciale chinoise en Iran.
Habituellement très lente dans ses décisions d’acquisitions d’avions américains ou européens, la compagnie aérienne Aseman Airlines a décidé d’acquérir 20 Sukhoï SuperJet 100, tandis qu’Iran Air Tours, une filiale d’Iran Air, en a commandé une autre vingtaine. Les deux commandes, d’un montant de plus de deux milliards de dollars, ont été scellées la semaine dernière lors de l’édition 2018 du Eurasia Airshow, organisé à Antalya en Turquie, sous la supervision du vice-ministre russe à l’Industrie et au Commerce, Oleg Bocharov.

L’Iran et la Russie sont tous deux les cibles des sanctions américaines. Malgré des différends historiques, les deux nations se rapprochent de plus en plus. Téhéran peut apporter une profondeur stratégique à la présence russe en Asie du sud-ouest. Et Moscou est un soutien inconditionnel de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, qui est au cœur du problème. Le partenariat entre Moscou et Téhéran prend en tous points la même direction que le partenariat stratégique développé entre Moscou et Beijing.

Selon Alexander Novak, le ministre de l’Énergie de la Russie, le contrat « pétrole contre nourriture » passé en 2014 entre Moscou et Téhéran est entré en vigueur, avec un achat quotidien de 100,000 barils de brut iranien par la Russie.

La Russie et l’Iran coordonnent étroitement leurs politiques énergétiques. Six accords ont été signés pour collaborer sur des achats stratégiques dans le domaine de l’énergie, d’un montant total de trente milliards de dollars. Selon l’assistant du président Poutine, Iouri Ouchakov, l’investissement de la Russie dans le développement des gisements de pétrole et de gaz naturel iraniens pourrait atteindre 50 milliards de dollars.

L’Iran va officialiser sa participation à l’initiative russe d’Union économique eurasiatique avant la fin de l’année. Et grâce au soutien vigoureux de la Russie, l’Iran deviendra en 2019 un membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai.

L’Iran est coupable parce que nous l’avons décrété

Mettons ceci en perspective avec la politique iranienne de l’administration Trump.

À peine confirmé dans sa fonction de Ministre des affaires étrangères, le premier voyage à l’étranger de Mike Pompeo en Arabie saoudite et en Israël est dans les fait un partage d’information avec ses alliés de la décision de Trump du retrait imminent des États-Unis de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, prévu pour le 12 mai. Cela, dans les faits, implique l’application de toute une série de nouvelles sanctions des États-Unis à l’encontre de l’Iran.

Riyad, par l’intermédiaire du «  chouchou du Capitole », le prince Mohammed ben Salmane (MBS), sera tout entière dans le camp anti-Iran. Parallèlement, MBS ne relâchera pas son blocus raté sur la Qatar, même si l’administration Trump pourrait le lui demander, ni le désastre humanitaire qui résulte de son invasion du Yémen.

Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y aura aucun front commun du Conseil de coopération des États arabes du Golfe contre l’Iran. Le Qatar, Oman et le Koweït considèrent un tel front comme contre-productif. Cela laisse l’Arabie saoudite, les Émirats, et le vassal à peine déguisé et largement inutile de l’Arabie saoudite, Bahreïn.

Sur le front européen, le président Macron s’est autoproclamé Roi d’Europe officieux, se vendant à Trump comme l’exécuteur pressenti des restriction sur le programme de missiles balistiques de l’Iran, et celui qui intimera l’ordre à l’Iran de se tenir à l’écart de la Syrie, de l’Irak et du Yémen.

Macron a établi un parallèle direct et manifestement absurde entre le fait que Téhéran ait démantelé son programme d’enrichissement de l’uranium (y compris la destruction de ses stocks d’uranium enrichi à moins de 20%) et le fait que la France serait le porte-flingue ayant aidé Bagdad et Damas à écraser Daech et les autres entrepreneurs du djihad salafiste.

Il n’est pas étonnant que Téhéran, tout comme Moscou et Beijing, établissent un parallèle entre les énormes contrats d’armement entre les États-Unis et Riyad, ainsi que les importants investissements de MBS en Occident, et les tentatives de Washington et Paris de renégocier l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

Le porte-parole de Poutine, Dmitry Peskov, est catégorique : l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien est le résultat de négociations ardues entre sept protagonistes pendant plusieurs années. « La question est de savoir s’il est encore possible d’atteindre un tel succès dans le contexte actuel ? ».

Certainement pas

La rumeur a commencé à circuler à Moscou, Beijing, et même Bruxelles, que l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien irrite Trump car il est, dans les faits, un accord multilatéral qui ne met pas en avant la primauté des intérêts américains, qui plus est qui a été négocié par l’administration Obama.

Le pivot vers l’Asie opéré par l’administration Obama, dont le succès reposait largement sur le règlement du dossier du nucléaire iranien, a eu pour conséquence le déclenchement d’une série d’événements géopolitiques accidentels.

Les factions néo-conservatrices à Washington ne pourront jamais accepter une normalisation des relations entre l’Iran et l’Occident. Malgré cela, non seulement l’Iran fait des affaires avec l’Europe, mais se rapproche de ses partenaires eurasiatiques.

Jeter de l’huile sur le feu de la crise nord-coréenne pour tenter de provoquer Pékin a finalement mené au sommet Kim-Moon qui a désarmé la clique belliqueuse qui poussait au bombardement de la Corée du Nord. Sans compter que la Corée du Nord, même avant que ne se tienne le sommet Kim-Moon, suit attentivement les évolutions de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

En résumé, le partenariat sino-russe ne tolèrera pas la renégociation de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien, pour un certain nombre de raisons.

Sur la question des missiles balistiques, la priorité de Moscou est de vendre ses batteries de missiles S-300 et S-400 à Téhéran, sans tenir compte des sanctions américaines.

L’alliance Russie-Chine pourrait accepter une extension de la «  clause crépusculaire » décennale [une clause de l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien qui rend caduque cet accord au bout de dix ans, et que les néoconservateurs critiquent car elle donnerait à Téhéran la possibilité de ne rien faire pendant une décennie jusqu’à ce que cet accord arrive à terme, NdT], même s’ils ne forceront pas l’Iran à accepter cette renégociation.

Sur la question syrienne, Damas est considérée comme un allié indispensable à la fois pour Moscou et Beijing. La Chine investira dans la reconstruction de la Syrie, et dans sa transformation en nœud central de la portion sud-ouest asiatique des Nouvelles routes de la Soie. Ainsi, la rhétorique «  Assad doit partir » est malvenue. L’alliance Russie-Chine considère Damas comme un acteur essentiel de la lutte contres tous les divers entrepreneurs du djihad salafiste qui pourraient être tentés de revenir et de semer le chaos en Tchétchénie et au Xinjiang.

Il y a une semaine, lors d’une réunion ministérielle de l’Organisation de coopération de Shanghai, l’alliance Russie-Chine a communiqué une déclaration conjointe soutenant l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien.

C’est donc bien un autre des piliers fondamentaux de l’intégration eurasiatique que l’administration Trump cherche à dynamiter.

Traduction : Le Saker Francophone

vendredi, 18 mai 2018

Will EU Block China Economic Silk Road?

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Will EU Block China Economic Silk Road?

By F. William Engdahl

Ex: http://www.williamengdahl.com 

In the clearest sign to date, EU Ambassadors to Beijing have just released a document critical of China’s vast Belt, Road Initiative or New Economic Silk Road infrastructure project. All EU ambassadors excepting Hungary signed off on the paper in a declaration of growing EU opposition to what is arguably the most promising economic project in the past century if not more. The move fits conveniently with the recent Trump Administration targeting of China technology trade as tensions grow .

Twenty-seven of the 28 EU ambassadors to China have just signed a report sharply critical of China’s BRI development. Ironically, as if the EU states or their companies did not do the same, the report attacks China for using the BRI to hamper free trade and put Chinese companies at an advantage. The document claims that the Chinese New Economic Silk Road project, unveiled by Xi Jinping in 2013, “runs counter to the EU agenda for liberalizing trade and pushes the balance of power in favor of subsidized Chinese companies.”

Two Models of Global Development

Chinese President Xi Jinping first proposed what today is the Belt, Road Initiative, today the most ambitious infrastructure project in modern history, at a university in Kazakhstan five years ago in 2013. Despite repeated efforts by Beijing to enlist the European Union as a whole and individual EU member states, the majority to date have remained cool or distant with the exception of Hungary, Greece and several eastern EU countries. When China officially launched the project and held an international conference in Beijing in May 2017, it was largely boycotted by EU heads of state. Germany’s Merkel sent her economics minister who accused the Chinese of lack of commitments to social and environmental sustainability and transparency in procurement.

Now 27 of 28 EU ambassadors in Beijing have signed a statement suspiciously similar to that of the German position. According to the German business daily, Handelsblatt, the EU ambassadors’ declaration states that the China BRI “runs counter to the EU agenda for liberalizing trade and pushes the balance of power in favor of subsidized Chinese companies.” Hungary was the only country refusing to sign.

The latest EU statement, soon to be followed by a long critical report on the new Silk Road from the EU Commission in Brussels, fits very much the agenda of the Trump Administration in its latest trade tariffs against Chinese goods that alleges that Chinese companies force US partners to share technology in return for projects in China.

Moreover, the EU Commission has just released a long report on China in connection with new EU anti-dumping rules. The report declares that the fact that China is a state-directed economy with state-owned enterprises engaging in the construction of the Belt Road Initiative is in effect “the problem.” China answers that her economy is in the “primary stage of socialism”, has a “socialist market economy” and views the state-owned economy as the “leading force” of national development. The targeting of China’s state enterprises and of its state-directed economic model is a direct attack on her very economic model. Beijing is not about to scrap that we can be sure.

The latest stance of EU member states, led by Germany and Macron’s France, is an attempt to pressure China into adhering to the 2013 World Bank document, China 2030. There, as we noted in an earlier analysis, it declared that China must complete radical market reforms, to follow the failed Western “free market” model implemented in the West since the 1970’s with disastrous consequences for employment and stability. China 2030 states, “It is imperative that China … develop a market-based system with sound foundations…while a vigorous private sector plays the more important role of driving growth.” The report, cosigned then by the Chinese Finance Ministry and State Council, further declared that “China’s strategy toward the world will need to be governed by a few key principles: open markets, fairness and equity, mutually beneficial cooperation, global inclusiveness and sustainable development.”

As Xi Jinping established his presidency and domination of the Party after 2013, China issued a quite different document that is integral to the BRI project of President Xi. This document, China 2025: Made in China, calls for China to emerge from its initial stage as an economy assembling technologies for Apple or GM or other Western multinationals under license, to become self-sufficient in its own technology. The dramatic success of China mobile phone company Huawei to rival Apple or Samsung is a case in point. Under China 2025 the goal is to develop the next transformation from that of a cheap-labor assembly economy to an exporter of Made in China products across the board from shipbuilding in context of the Maritime Silk Road to advanced aircraft to Artificial Intelligence and space technologies.

Refusal to Constructively Engage

By its recent critical actions, the EU Commission and most EU states are, while not slamming the door shut on what is developing as one of the few positive growth spots outside military spending in the world today, doing everything to lessen the engagement of EU states in the BRI.

For its part, China and Chinese state companies are investing in modernizing and developing deep water ports to handle the new Silk Road trade flows more efficiently. China’s State Oceanic Administration (SOA) is responsible for developing the so-called “blue economy” maritime ports and shipping infrastructure, the “belt” in Belt and Road. Last year China’s marine industries, exploitation of ocean resources and services such as tourism and container and other transport, generated the equivalent of more than $1 trillion turnover. Little wonder that China sees investment in ocean shipping and ports a high priority

Sea lane shipping via the Malacca Strait and Suez is at present China’s life line for trade to EU states and vulnerable to potential US interdiction in event of a serious clash. Today twenty-five percent of world trade passes through the Malacca Strait. Creation of a network of new ports independent of that vulnerable passage is one aim of the BRI

The Piraeus Example

China’s Maritime Silk Road envisions directing state investment into key sectors such as acquisition of port management agreements, investment in modernized container ports and related infrastructure in select EU states.

At present the most developed example is the Greek port of Piraeus, operated under an agreement with the Chinese state company, COSCO, as port operator. Modernization and more than €1.5 billion investment from China has dramatically increased the port’s importance. In 2016 Piraeus’s container traffic grew by over 14 percent and COSCO plans to turn Piraeus into the fifth largest European port for container traffic. Before COSCO, it was not even in the EU top 15 in 2007. In 2016 COSCO bought 51% of Piraeus Port Authority for €280 million, and now owns 66%. Last year Piraeus Port, COSCO and Shanghai Port Authority, China’s largest container port, signed a joint agreement to further boost trade and efficiency at Piraeus. Greek Deputy Economy Minister Stergios Pitsiorlas said at the time, “The agreement means that huge quantities of goods will be transported to Piraeus from Shanghai.”

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As the economically-troubled Greek economy produces few products China needs, China has encouraged growth of a mainstay of Greece’s economy, tourism trade with China. This year an estimated 200,000 Chinese tourists will visit Greece and spend billions there. As Piraeus is also a port for luxury cruise liners, Chinese cruise operators are servicing that as well. China company Fosun International, engaged in modernizing the former site of Athens Airport into one of the biggest real-estate projects in Europe, is also interested in investing in Greek tourism. Significantly, they own a share in Thomas Cook Group and are designing holiday packages aimed at the huge China tourist market. Fosun sees 1.5 million Chinese tourists in Greece in the next five years and is investing to accommodate at least a fair share.

Piraeus is only one part of China’s larger maritime strategy. Today Chinese ships handle a mere 25% of Chinese ocean container shipping. Part of the Made in China 2025 transformation is to increase that by investing in state-of-the-art commercial shipbuilding modernization. China’s State Oceanic Administration and the NDRC national development council have defined select industries in the port and shipbuilding sector as “strategic.” This means they get priority in receiving state support. Areas include upgrading fisheries, shipbuilding, and offshore oil and gas technologies and technologies for exploitation of deep sea resources. Further areas of priority in the current 5-year China state plan include developing a modern maritime services industry with coastal and sea tourism, public transport, and maritime finance. All these will benefit from the BRI Silk Road.

This is the heart of the present Xi Jinping transformation of China from a cheap labor screwdriver assembly economy to an increasingly self-reliant producer of its own high-technology products. This is what the ongoing Trump Section 301 and other trade war measures target. This is what the EU is increasingly trying to block. China is determined to develop and create new markets for its goods as well as new sources of imports. This is the essence of the Belt and Road Initiative.

Why import oil platforms from US companies if China can make them itself? Why charter Maersk or other EU shipping companies to carry Chinese goods to the EU market if China can do the same in their own ships? Isn’t the “free market,” so much touted since the 1970’s in the West, supposed to be about competition? In 2016 the Central Committee of China’s Communist Party and the State Council adopted the “Innovation Driven Development Strategy”, adopted in 2016 by the Central Committee and the State Council. According to this China intends to become an “innovative country” by 2020, to move into the top tier of innovative countries by 2030-35, and attain global leadership by 2050. This is what China 2025 is all about and why Washington and the EU Commission are alarmed. They have a plan. We in the West have so-called free markets.

Rather than take the Chinese strategy as a challenge to be better, they attack. For certain EU interests, free market works fine when they dominate the market. If someone comes along and does it one better, that is “unfair,” and they demand a “level playing field” as if the world economy was some kind of cricket field.

Silk Road Fund

One of the most amusing charges by EU countries against China and their state-guided economic model—a model not too different in essence by the way from the model used by Japan after the war or by South Korea– is that EU critics attack the funding practices of the China Silk Road Fund. A report by the German government has criticized the fact that Chinese state banks give some 80% of their loans for the BRI projects to Chinese companies.

The Silk Road Fund is a Chinese state fund established three years ago with $40 billion initial capital to finance select projects in Eurasia of the BRI or Silk Road. It is not to be confused with the separate Asian Infrastructure Investment Bank. Among its various projects to date are construction of a Mombasa–Nairobi Standard Gauge Railway; investment in the Karot Hydropower Project and other hydropower projects in Pakistan as part of the China-Pakistan Economic Corridor; or a share of Yamal LNG project in Russia.

The fact that a Chinese state-controlled fund, investing funds resulting from the hard work of Chinese people to produce real goods and services, decided to use its state funds to benefit Chinese companies is hardly surprising. The real issue is that the European Union as a group or the individual states so far have boycotted full engagement with what could be the locomotive of economic recovery for the entire EU. They could easily create their own versions of China’s Silk Road Fund, under whatever name, to give subsidized state-guaranteed credits to German or other EU companies for projects along the BRI, along the model of Germany’s Marshall Plan bank, KfW, which was used effectively in rebuilding communist East Germany after 1990. This it seems they do not want. So they boycott Chinafor lack of “transparency” instead.

These examples are useful to illustrate what is going on and how ineffective the EU “free market” model is against a coordinated state development strategy. It is time to rethink how France, Germany, and other EU member states rebuilt after World War II. The state played an essential role.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”

dimanche, 13 mai 2018

Manuel Ochsenreiter »Russland, USA, Europa. Souveränität und Hegemonie«

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Manuel Ochsenreiter »Russland, USA, Europa. Souveränität und Hegemonie«

 
Manuel Ochsenreiter spricht über die geopolitischen Zusammenhängen in Bezug auf Syrien aber auch beispielsweise die Ukraine und die USA und wie diese in deutsche und europäische Politik hineinreichen. Besonders brisant war dies vor den in der Nacht zuvor durchgeführten, völkerrechtswidrigen aber folgenlos bleibenden Luftschlägen der USA und deren Verbündeten gegen Syrien und dessen Machthaber Assad.
 
Weiterführende Informationen:
staatspolitik.de
sezession.de
antaios.de
 

dimanche, 22 avril 2018

« FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

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COMPTE RENDU ANALYTIQUE:

« FONDEMENTS DE LA GÉOPOLITIQUE: LE FUTUR GÉOPOLITIQUE DE LA RUSSIE »

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

Philosophe, professeur, politologue, sociologue, idéologue, Aleksandr Dougine aime brouiller les pistes. Dans ses « Fondements de géopolitiques », somme de 600 pages paru en 1997, il revient sur un siècle de théorie géopolitique et propose une analyse programmatique de ce que devrait être l’orientation stratégique russe dans une perspective résolument « néo-eurasiste ». Il concerne ainsi plus de 13 chapitres non seulement à la Russie, mais aux pays constituant sa périphérie immédiate, destinés dans l’optique de Dougine à faire partie d’un bloc eurasiatique sous influence russe. Ces thèses, appuyées sur une lecture manichéenne du monde inspirée entre autre de Carl Schmitt, font l’objet de vives inquiétudes occidentales depuis l’annexion de la Crimée et le conflit à l’Est de l’Ukraine.

LA RUSSIE, SON ESPACE ET L’EURASIE SELON DOUGINE

L’homme, décrit dans les médias russes comme « l’idéologue du néo-eurasisme » 1, adhère très tôt à des courants extrémistes marginaux, dès la fin des années 80, telle l’organisation russe anti-sémite, Pamyat 2 créée dans l’illégalité en 1984 puis médiatisée durant la Glasnost à l’occasion de manifestations dénonçant le complot juif international et le sionisme. Dougine est également membre du cercle secret Yuzhinsky 3, crée dans les années 1960, composé d’intellectuels versés dans le mysticisme, le paganisme et le fascisme. Au gré des bouleversements politiques de la Russie de l’après-URSS et de ses relations avec l’appareil politique et le milieu intellectuel, Alexandre Dougine enrichit son discours initialement nationaliste et développe une version d’extrême droite d’une idéologie présente depuis le XIXème siècle dans le paysage intellectuel russe, l’eurasisme. Ce néo-eurasisme consiste “à s’appuyer sur une commune conception de l’identité russe et de son destin impérial : les peuples vivant sur le territoire de l’entité eurasienne appartiennent à une seule et même communauté de destin, leur unité est fondée sur l’alliance turko-slave ainsi que sur le rejet de l’Occident » selon la définition proposée par Marlène Laruelle 4.

Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe se taille la part du lion.

La théorie géopolitique de Dougine, novatrice selon son auteur, puise pourtant ses sources dans l’histoire intellectuelle européenne et russe du 19ème et du 20ème siècle. Il convient de souligner que la géopolitique russe ne s’est pas fondée sur les sciences politiques, géographiques ou stratégiques mais sur l’histoire et principalement la philosophie 5 d’où la prédominance dans l’ouvrage d’Alexandre Dougine et bien d’autres, de concepts tels que les « facteurs de civilisations » (présents chez Danilevski et plus tard chez Spengler dans «Le Déclin de l’Occident»). 

L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe

Dans l’ouvrage de Dougine, l’idée d’un destin propre au peuple russe s’y taille la part du lion. Cette « spécificité russe » a été pensée dès le début du XIXème par ceux qui à l’époque de la Russie tsariste se qualifiaient de « slavophiles ». Opposés à l’idée, défendue par les intellectuels « occidentalistes », selon laquelle l’imitation de l’Occident serait un facteur de progrès, les slavophiles, issus de différentes disciplines, ont cherché à démontrer que la Russie a une trajectoire historico-politique propre, qu’en raison de sa dimension eurasiatique et de sa proximité avec l’univers de la steppe on ne peut la comprendre à l’aide des grilles d’analyse purement occidentales. Cette spécificité russe, d’aucuns comme Lev Gumilev 6 l’ont expliquée par des facteurs naturalistes ; d’autres comme Alexandre Panarin 7 privilégient l’explication culturaliste. Ainsi, en raison de ses filiations idéologiques complexes et de ses nombreux référents culturels, l’eurasisme peut simultanément prendre la forme d’une philosophie, une conception du monde, une politique ou une doctrine. Le néo-eurasisme de Dougine en reprenant cette tradition – qui a pu prendre souvent la forme d’une pensée de la « troisième voie » entre occidentalisme et slavophilie, comme le rappelle Jeffrey Mankoff 8– et en la mâtinant d’une idéologie décadentiste aux accents fascistes l’amène à ses conclusions les plus extrêmes, justifiant comme nous allons le voir une stratégie géopolitique d’influence à peine voilée.

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LA RUSSIE ET SON ESPACE SELON DOUGINE

« Rassembler l’Empire »

Elaboré dans le contexte de détresse sociale et économique post-soviétique qu’à connu la Russie dans les années 1990 9 le courant néo-eurasiste d’Alexandre Dougine reprend à son compte l’idéologie impérialiste russe du 19ème siècle pour « rassembler un nouvel Empire : l’Eurasie » « ni nation-état, ni pouvoir régional » (p.96) car « la Fédération de Russie n’est pas un Etat russe 10 …n’est pas un Etat historique, ses frontières sont aléatoires, ses marqueurs culturels vagues» (p.103).

Rappelons ici que la Russie n’a connu de puissance internationale que sous la forme « impériale » : tsariste ou soviétique et qu’il est difficilement concevable, chez de nombreux penseurs russes, d’imaginer une autre forme de rayonnement ou de « participation à la civilisation » (p.112) autrement que sous cette forme. L’idée impériale, sous une forme messianique, civilisatrice ou communiste, a donc toujours été profondément ancrée dans la pensée russe, et ce dès le début de l’expansion de la Moscovie, au XVIème siècle à travers le territoire eurasiatique.

Poutine et son entourage savent qu’il y a à l’Ouest une tradition séculaire de russophobie qu’il s’agirait de mettre à profit

Or la légitimité impériale ne pouvant plus, dans le contexte qui voit la publication du texte de Dougine, reposer sur une « mission civilisatrice », l’auteur reprend la conception de l’État, organisme vivant, développée par l’ethnographe et géographe allemand Friedrich Ratzel et théoricien du « Lebensraum »11. (p.19) L’éclatement politique et territorial de l’Union Soviétique pousse une partie de la population, notamment ses franges les plus paupérisées et radicalisées, à penser la Russie comme « démembrée » de son espace et de son peuple, telle que l’Allemagne ou la Hongrie de l’entre-deux guerre ont pu le faire. Ce démembrement, cet éclatement est pour Dougine à mettre au compte d’une absence criante de vision géopolitique de la part des dirigeants soviétiques depuis la fin de la seconde guerre mondiale, et particulièrement en 1989, lorsque « personne parmi les dirigeants soviétiques n’était capable d’expliquer avec cohérence la logique de la politique étrangère traditionnelle eut pour résultat la destruction de l’organisme géant qu’est l’Eurasie ». L’Union Soviétique « pour ne pas avoir pris en considération les travaux de ses patriotes russes les plus exigeants, les plus éclairés » (p.57) se serait retrouvée, comme l’Allemagne d’après-guerre, « dépossédée d’une grande partie de son espace et avec une influence internationale proche du néant. ».

L’eurasisme pragmatique et conservateur de Vladimir Poutine ne s’accorde pas avec le radicalisme de Dougine

Ce jugement extrêmement sévère se couple d’un appel à « rassembler l’Empire », qui s’appuie sur une vision du monde bipolaire inspirée de Mackinder 12. Cette vision d’un affrontement de longue durée entre la Russie continentale et le bloc occidental thalassocratique, fondé sur une « dualité planétaire » (p.54) opposant la tellurocratie, le « Nomos » de la Terre (Carl Schmitt) 13 l’Eurasie, le « Heartland » (Mackinder) d’un côté et la thalassocratie, le pouvoir maritime, le monde anglo-saxon, la « civilisation du commerce » de l’autre, trouve son prolongement direct dans une politique d’expansionnisme vers les pays situés à l’Ouest et au Sud de la Russie. Dougine voit par exemple l’Asie Centrale et le Caucase comme des régions où les relations internationales et la diplomatie doivent être développées afin de contrer le séparatisme, produit de la stratégie thalassocratique (USA, Royaume Uni et leurs alliés).

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« Le futur est au Nord »

La zone arctique du Nord du continent eurasien, hautement stratégique sur le plan énergétique, économique et logistique, représente une zone clé pour la géopolitique eurasiatique. Elle est en effet partagée par cinq autres pays appartenant au bloc « thalassocratique » (entre autres, les Etats-Unis, le Canada), qui entretiennent des convoitises à son sujet, et dont il s’agit de la protéger.

LE REDÉCOUPAGE DE L’EUROPE CENTRALE

Dans la pensée géopolitique de Dougine, le « cordon sanitaire » formé par les états indépendants d’Europe orientale et médiane tel qu’il fut conçu par les puissances thalassocratiques n’a plus lieu d’être et représente un obstacle à la réalisation du projet impérial eurasiatique. « Fait de petites nations et Etats belliqueux et historiquement irresponsables, aux prétentions européennes nombreuses et servilement dépendants de l’Ouest thalassocratique » (p.212), le cordon sanitaire doit évoluer « partout où il existe des facteurs de liens avec l’Eurasie, ou l’orthodoxie, ou une conscience slave, ou la présence d’une population russe ou historiquement proche. » (p.212).Une complète redistribution géopolitique (« et non l’annexion d’un pays ») est prévue pour l’Europe orientale, et se tradurait par « l’établissement d’une fédération d’Etats ou groupes d’Etats dont l’orientation géopolitique serait néanmoins unique ». Ainsi, Dougine, recompose l’Europe du centre par secteurs, afin de créer une zone de coopération et de partenariat stratégique, « de Vladivostok à Berlin » reprenant l’expression de Jean Thiriart 14, et dont la « Nouvelle Allemagne prussienne » serait au centre.

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Le secteur Nord

Le secteur Nord serait centré sur une « Nouvelle Allemagne prussienne », qui prendrait sous sa protection l’ensemble des régions de culture catholique et protestante situées en Europe du Nord-Est. Elle serait composée des régions baltiques et de la Scandinavie, structurées autour de la région historique prussienne autour de Kaliningrad et de Berlin, reliés entre eux par une identité ethnique, culturelle et géographique commune. Dougine s’interroge également sur le problème polono-lithuanien (en raison de leur religion catholique et de leur géopolitique thalassocratique) lequel pourrait présenter un obstacle majeur à la « réorganisation » du Nord. Pour lui l’unique façon de le régler serait de soutenir l’orientation non-catholique de certaines populations (minorités ethniques, communauté orthodoxe et protestante ou sociaux-démocrates). (p.214). De même, le secteur uniate -l’église dite « gréco-orthodoxe », issue de l’allégeance à Rome d’une partie des églises de rite orthodoxe situées dans le sud-est de la Pologne et l’Ouest de l’Ukraine et de la Biélorussie actuelles- ferait partie de ce nouvel espace germano-centré, indépendant de Moscou mais dans lequel la Russie jouerait un rôle de facilitateur.

Le secteur sud

Le secteur sud (Bélarussie, centre de l’Ukraine, Moldavie, Roumanie, Serbie et Bulgarie) en raison de la prédominence des populations slaves et du christianisme orthodoxe, appartient selon Dougine à la « sphère civilisationnelle russe ». De ce fait, Moscou ne pourrait « déléguer ces régions à l’Allemagne » (p.217) et y exercerait toute son influence. Lorsque Dougine évoque l’Ukraine comme « Etat indépendant avec des ambitions territoriales », c’est pour mieux souligner le « grand danger pour toute l’Eurasie » que celles-ci représenteraient. Selon lui l’Ukraine doit de ce fait rester, géopolitiquement, sous la stricte projection de Moscou. Concernant la Crimée, il est intéressant de noter que Dougine n’est pas favorable à son rattachement à la Russie, qui pourrait « susciter une réaction négative ».

LA « DOCTRINE » DOUGINE : UN SOFT POWER À MULTIPLES FACETTES

Une influence faible sur le pouvoir actuel et sur la population russe

Si Dougine a entretenu des liens avec le pouvoir, il en rapidement été écarté par la suite. Conseiller du président de la Douma G. Seleznev en 1998, il crée son parti politique en 2001, Evrazija, rallié à Vladimir Poutine 15. L’eurasisme pragmatique et conservateur 16 de Vladimir Poutine, tourné vers le développement des échanges commerciaux et diplomatiques avec l’Asie tout en s’étant écarté de l’Ouest, ne s’accorde pas avec le radicalisme de Dougine, En le renvoyant de la chaire de sociologie qu’il occupait à l’Université de Moscou, le pouvoir a montré qu’il ne tolérait pas les propos extrémistes et l’appel au meurtre proférés par Dougine contre “les personnes en Ukraine qui devraient être tuées, tuées, tuées » à la suite des événements de 2014. La presse nationale généraliste russe s’épanche peu sur l’homme, même si l’on note le succès de certains articles écrits à son sujet en français et traduits en russe 17

Dans la pensée géopolitique de Dougine, le « cordon sanitaire » formé par les états indépendants d’Europe orientale et médiane n’a plus lieu d’être

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Ses ouvrages ne figurent pas au palmarès des meilleures ventes en librairie 18 même si les récents ouvrages de Dougine sont en vente dans les principaux points de vente des grandes villes, « Les Fondations de Géopolitique » semble l’ouvrage le plus difficile à obtenir 19. Dans une étude Eurobroadmap 20, effectuée en 2015, il apparaît que les étudiants russes, supposés représenter une nouvelle génération plus éclairée et informée que celle de leurs parents, restent peu sensibles à la notion d’Eurasie, selon les définitions proposées par le néo-eurasisme. Les théories de Dougine semblent séduire principalement une frange extrémiste, supra-nationaliste russe, que l’on peut comparer aux mouvements actuels ultra-nationalistes en Europe centrale et occidentale. L’Organisation de la Jeunesse Eurasiste 21 créée en 2005 dans le cadre du Mouvement International Eurasiste, qui lui même se situe dans le sillage du parti Evrazija, reprend toutes les caractéristiques des milices fascistes para-militaires de l’entre-deux guerres : symboles, slogans, camps d’entraînement dispersés sur tout le territoire russe avec cours de géopolitique, préparation physique pour des « actions dans les conditions urbaines » 22 etc.

Un élément rassembleur interne

Bien qu’extrémiste et de ce fait, mise à l’écart des instances dirigeantes, la « doctrine Dougine », mélange de propagande anti-occidentale, de mythes historiques et de messianisme sacré s’inscrit dans le conservatisme du pouvoir et peut être rassembleur d’éléments minoritaires potentiellement «déstabilisants » pour la cohésion nationale  : les régions sensibles, les musulmans, les extrémistes et les nostalgiques de l’URSS, notamment parmi les militaires appartenant à la génération soviétique… Notons de plus que l’orientation résolument conservatrice, notamment sur les questions de société, de la doctrine de Dougine, ainsi que ses accents anti-individualistes et organicistes la rendent efficace auprès d’ une frange à la fois traditionnaliste et extrémiste de la population russe.

dugliv.pngUNE CONTRIBUTION

AU « РУССКИЙ МИР 23»

DANS L’ EUROPE DU CENTRE

 

En mettant l’accent sur la spécificité slavo-orthodoxe des pays d’Europe du centre-est, le néo-eurasisme rejoint  sur de nombreux points l’idéologie nationaliste qui imbue aujourd’hui le discours politique ambiant au sein de ces états. Ainsi est-ce le cas pour la Serbie : Dougine peut y  apparaître comme un allié dans les courants radicaux extrémistes, n’hésitant pas à se réapproprier leur nationalisme exalté et doloriste. Des expressions telles que « la Serbie est une civilisation de la douleur »24, servent à raviver le sentiment d’une grandeur perdue (commun à l’eurasisme russe et au nationalisme grand-serbe) ainsi que les tensions liées au conflit encore en cours de résolution pour les Serbes du Kosovo et de la Republika Srpska, en Bosnie. Dougine revitalise par là même un  soft power » russe présent depuis le XIXème siècle en Serbie, afin de contre balancer l’investissement croissant des américains dans les médias et l’économie serbes 25.

On peut toutefois douter de la compatibilité, sur le long terme, de l’idéologie néo-eurasiste et du nationalisme serbe. Les velléités panslavistes de Dougine se sont révélées d’une manière éclatante lorsqu’en en visite à Belgrade, au mois de juin 2017, il a prononcé les mots suivants, lors d’une conférence de presse: 26 « Le Kosovo, c’est la Serbie et la Serbie, c’est la Russie ». 27 Mais ce risque a été bien pris en compte, en effet, puisque la dernière partie de la phrase a été supprimée sur toutes les vidéos relatant l’événement, entre le 5 septembre, date de la première visualisation pour cet article et le 15 septembre 2017. Au mois de juin, l’Organisation du Mouvement International eurasiste de Dougine a annoncé sa collaboration avec la Faculté de politique et de sécurité internationale de l’Université Nikola Tesla, en Serbie, et l’organisation de cours portant sur « la quatrième théorie politique».28 et la géopolitique balkanique, avec une influence néo-eurasiste.

Un épouvantail à l’Ouest

Restaurer la position de la Russie sur la scène internationale, projeter une image de puissance et d’influence à l’ouest reste une priorité pour le pouvoir. Dès lors, autoriser la véhémence et la provocation d’Alexandre Dougine, bien que dans un cadre limité à l’intérieur de la Russie, peut provoquer des réactions en Europe occidentale en suscitant la crainte et la confusion, mais aussi en ouvrant un débat poussant la Russie sur le devant de la scène. En effet Poutine et son entourage savent qu’il y a à l’Ouest une tradition séculaire de russophobie qu’il s’agirait de mettre à profit, en poussant jusqu’à ses conclusions extrêmes le postulat selon lequel la « voie russe », résolument eurasiste et traditionnaliste ne peut s’envisager que dans le rejet d’un monde unipolaire dominé par les valeurs occidentales stigmatisées comme « décadentes »Screenshot 2017-08-24 23.44.37

Partager :

  1. Komsomolskaïa Pravda, Kommersant, Novaïa Gazeta, Lenta.ru, РБК, Snob.ru, Diplomat.ru, etc…
  2.  Henri Duquenne, « Les mouvements extrémistes en Russie », Le Courrier des pays de l’Est 2007/2 (n° 1060), p. 70-86,
  3. Marlène Laruelle, « The Iuzhinskii Circle: Far-Right Metaphysics in the Soviet Underground and Its Legacy Today”, Russian Review, 2015
  4. Marlène Laruelle, Le Nouveau Nationalisme russe, Cahiers du monde russe, 2010
  5. Oleg Serebrian, La Russie à la Croisée des Chemins, l’Harmattan, 2016
  6. Lev Gumilev (1912-1992) eurasiste naturaliste «fonde le devenir eurasien sur une ethnogenèse russe » – p.79 Alexandra Goujon,  « Martine LaruelleLa Quête d’une Identité Impériale : Le néo-eurasisme dans la Russie Contemporaine, Petra, 2007 » Presses de Sciences Po, 2008
  7. Alexandre Panarin (1940-2003) eurasiste culturalise «rejette le nationalisme ethnique mais s’appuie sur une définition civilisationniste et religieuse d’une Eurasie qui peut prendre la forme d’un empire en raison de sa diversité culturelle et qui doit permettre la fusion de l’orthodoxie et de l’islam » p.100-102 – Alexandra Goujon, « Martine LaruelleLa Quête d’une Identité Impériale : Le néo-eurasisme dans la Russie Contemporaine, Petra, 2007 » Presses de Sciences Po, 2008
  8. Jeffrey Mankoff, RussianForeign Policy : The Return of Great Power Politics, 2009
  9. François Benaroya, « La transition russe ou la redécouverte de la complexité du marché, L’Economie Politique, 2006
  10. Dougine fait ici référence à l’Empire russe et non à l’ethnie
  11. « Lebensraum » ou la théorie de l’espace vital (1901) repose sur l’idée que l’Allemagne doit reconstituer son espace, privé d’empire colonial. Cette théorie sera suivie par la politique extérieure du IIIème Reich, en conquérant de nouveaux espaces pour le peuple allemand (aussi pour des raisons économiques) en Europe, dans les pays limitrophes. 
  12. La théorie du Heartland de Mackinder (1904) oppose la puissance maritime (Rimland : Etats-Unis, Royaume Uni et Occident) à la puissance continentale (Heartland). Ce schéma de perception de « forteresse assiégée » sera celui des Soviétiques et des néo-eurasistes aujourd’hui.
  13.  Dans le « Le Nomos de la Terre » (1950) Carl Schmitt montre que l’existence de l’ordre ne peut être sans enracinement, le rapport à la terre étant le fondement de toute société 
  14. Jean Thiriart, géopoliticien belge, pro-fasciste dans les années 1940, considérait l’Union Soviétique comme le dernier bastion de la civilisation en Europe face au consumérisme américain
  15. Martine Laruelle, « « Dédoublement » d’une idéologie ? Deux partis eurasistes en Russie » Outre-Terre 2003, p. 229
  16. Paradorn Rangsimaporn, «Interpretations of Eurasianism : Justifying Russia’s Role in East Asia », Central Asia Studies,2006
  17. Article paru dans le Nouvel Observateur le 3 mai 2014, « Le Raspoutine de Poutine » par Vincent Jauvert. Cet article traduit en russe a été lu par plus de 4000 personnes et « liké » par 2000. En comparaison, la vidéo youtube (en russe) du cours « Fondements de Géopolitique » de Dougine à l’Université de Moscou a été vue par 1200 personnes.
  18. Le site russe pro-books.ru/raiting destiné aux professionnels de l’édition publie les meilleures ventes de livres d’un échantillon de 11 librairies de Moscou, St Petersbourg et les sites de vente en ligne.
  19. Alexandre Dougine possède sa propre maison d’édition, Artogaia.
  20. Enquête Eurobroadmap effectuée en 2015 et analysée par Belgeo, revue belge de géographie www.belgeo.revues.org
  21. Site de l’organisation www.rossia3.ru et page détaillée des actions, congrès, camps www.ru.wikipedia.org/wiki/Евразийский_союз_молодёжи...
  22. “Ouverture d’un camp de l’Organisation de la Jeunesse Eurasiste dans l’oblast de Vladimir » (« Во Владимирской области открылься лагерь Евраийского Союза Молодежи») www.regnum.ru, 26/08/2006
  23. Fondation Russkiy Mir (Monde Russe) créée en 2007 pour la sauvegarde de la langue russe mais principalement un concept de « rayonnement » culturel, linguistique, religieux et aujourd’hui civilisationnel, que l’on peut dater de l’époque soviétique, sous d’autres appellations.
  24. http://so-l.ru/news/show/aleksandr_dugin_serbiya_civiliza...
  25.  « The growing influence of global media in the region » 29/06/2016 mediaobservatory.net
  26. www.news-front.info/2017/06/30/aleksandr-dugin-na-vidovdan-...
  27. Cette phrase prononcée à la 13ème minute de la conférence, visualisée le 5 septembre, sur youtube, a été modifiée par la suite en supprimant la partie « la Serbie, c’est la Russie ».
  28. wwnews-front.info/2017/06/30/aleksandr-dugin-na-vidovdan-v-belgrade-serby-na-kosovom-pole-znali-odnu-istinu-chto-serbiya-vechnaya-strana/

vendredi, 20 avril 2018

Eric de la Maisonneuve: Les Routes de la Soie

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Eric de la Maisonneuve:

Les Routes de la Soie

Le général Eric de la Maisonneuve, spécialiste de la Chine, évoque pour nous l'histoire des routes de la Soie de la Préhistoire aux projets de Xi Jinping.
 

mercredi, 21 mars 2018

EURASISME & TRADITION - La pensée d'Alexandre Douguine

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EURASISME & TRADITION
La pensée d'Alexandre Douguine

Samedi 31 mars 2018 – Conférence de Christian Bouchet

A l’occasion de la sortie du nouveau livre de l’intellectuel russe Alexandre Douguine, l’équipe d’E&R Lille accueillera son éditeur, Christian Bouchet,  le samedi 31 mars 2018 à 15h00 pour une conférence intitulée « Eurasisme et tradition, la pensée d’Alexandre Douguine ».

Réservations : reservation.erlille@outlook.fr

samedi, 17 mars 2018

Russia and the Rise of a New Era

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Russia and the Rise of a New Era

by Kerry Bolton
Ex: https://www.blackhousepublishing.com

The Asia-Pacific region has become the focus for the USA, China and Russia. Australia and New Zealand have sought to create an alignment with both the USA and China, while recently there have been trade overtures between Russia and New Zealand. Antipodeans might find themselves caught between super-power rivalries while our political and business elite cannot see beyond trade and economic relations, which are always secondary forces in the playing out of history.

Perceptive Australians and New Zealanders are fortunate in having in New Dawn a medium that looks at history from breadth and depth. Hence, New Dawn has long viewed Russia as the place where great historical forces will unfold.

Despite the misgivings of some Russian patriots, Vladimir Putin has emerged as a new Russian strong-man. New Dawn saw the possibilities for Russia under Putin at the earliest days of his political ascent. For one commentator in New Dawn, the rise of Putin had mystical implications that could impact on the world in an epochal way: Putin’s inauguration as Prime Minister on 9 August 1999 occurred during the week of the solar eclipse and the planetary alignment of the Grand Cross, ‘a highly auspicious astrological event… traditionally held to be the end of an epoch’.[1]

MULTIPOLAR VS. UNIPOLAR WORLD

As New Dawn also reported at an early stage of Putin’s assumption to power, the new leader had no intention of continuing a process that had begun with Gorbachev: the integration of Russia into a world political and economic system, with its concomitant cultural degradation. New Dawn reported Venezuelan President Hugo Chavez predicting that the 21st century would be a multipolar world. What some important elements in US governing circles call the ‘new American century’[2] would be nothing of the kind, despite their increasingly aggressive efforts. Chavez, a leader of rare statesmanship, believed that this would be a century of power blocs.[3] Putin’s Russia has pursued the building of a ‘multipolar’ world.

Multipolarity is a doctrine that permeates much of the academic and ruling elite of Russia. Its most well-known proponent is Dr Alexander Dugin, who heads the Centre for Conservative Studies, Sociology Department, at Moscow State University.[4] What Chavez was referring to as unified continental power blocs, Dugin refers to as ‘vectors’. I have elsewhere outlined Dugin’s doctrine, with a focus on how this might apply to Australasia,[5] although I do not see why Australia (and presumably New Zealand) should come under a ‘vector’ that is focused either on the USA or China, and believe that Dugin is being overly generous towards those two hegemonistic powers. More preferable is the vision of Dugin’s precursor, Jean Thiriart, a Belgian revolutionary geopolitical theorist who saw Euro-Russia (or ‘Euro-Soviet’, since the USSR was still intact) in alliance with a Latin American bloc (the vision had been promoted by his friend Juan Peron, and is still promoted by Bolivarian Venezuela), in opposition to US global ambitions.[6]

ADmulti.jpgAs for Dugin’s influence in Russia, two antagonistic academics lament of him: ‘The growing interest among political scientists and other observers in Dugin and his activities is the result of his recent evolution from a little-known marginal radical right-winger to a notable and seemingly influential figure within Russia’s mainstream’.[7]

Dugin calls his geopolitical concept ‘Eurasianism’, writing of this:

‘In the broad sense the Eurasian Idea and even the Eurasian concept do not strictly correspond to the geopolitical boundaries of the Eurasian continent. The Eurasian Idea is a global-scale strategy that acknowledges the objectivity of globalisation and the termination of nation-states, but at the same time offers a different scenario of globalisation, which entails no unipolar world or united global government. Instead it offers several global zones (poles). The Eurasian Idea is an alternative or multipolar version of globalisation, but globalisation is the currently fundamental world process that is deciding the main vector of modern history’.[8]

Hence, Dugin agrees that the days of petty states are numbered and were a manifestation of a phase of history. Dugin postulates therefore something beyond petty-statism, imperialism or globalism, power blocs based on organic geopolitical realties, although details should remain open to question. Such geopolitical thinking is very much to the fore in Russia, among the highest echelons of academia and politics. Putin’s Russia, like Stalin’s Russia, is problematic in regard to the ‘new world order’ that the globalists confidently thought would emerge under the interregnum of Gorbachev and Yeltsin. Like Stalin, who scotched globalist plans for a ‘new world order’ in the aftermath of World War II, Putin is an upstart in globalist eyes.

VLADIMIR PUTIN

One of the numerous globalist NGO’s directed at Russia, The Jamestown Foundation[9], offered several opinions in regard to the direction of Russia with Putin’s re-election in 2011. A major concern is whether Putin’s anti-American expressions during the elections were based on electoral rhetoric in drumming up Russians against an external enemy, or a genuinely held perception of the USA as intrinsically inimical to Russia. Certainly Putin would be naïve if he regards the USA as anything other than being committed to the subordination of Russia to economic predation and cultural decay. The USA has been the home-base for the destruction of Russia as a world power since Stalin’s rejection of the USA’s vision of the post-war world in 1945,[10] inaugurating the ‘Cold War’. The very fact of the existence of The Jamestown Foundation, among a gaggle of other NGOs whose board members often have close connections with US governmental agencies, including the military and intelligence,[11] indicates this.

Douguine-VP.jpgCiting a report from Chattham House by James Nixey, entitled ‘Russia’s Geopolitical Compass’, Nixey points to four ‘geostrategic axes for Russia: the West, Russia’s many ‘souths’ – the Black Sea region and the Islamic world – Russia’s Far East and the Arctic North’. Nixey states that Russia no longer views the ‘West’[12]as all-powerful, and that Obama’s post-Bush so-called ‘Reset’ policy for rapprochement with Russia is ‘losing direction’. What is particularly interesting is that Nixey agrees with Sinologist Bobo Lo, Senior Research Fellow at the Centre for European Reform in London, who states ‘that Russia’s relations with China are nothing more than an “alliance of convenience” by which Russia seeks to leverage influence with the West to gain acceptance. In this context, China is only a “geopolitical counterweight to the West.”’[13]

This issue of Sino-Russian relations is vitally important, especially to Australians and New Zealanders, who have hitched their wagons to China’s star that is one day going to implode and fall.[14]

There are those both on the ‘fringes’ of politics and in influential positions who see Russia as an ally rather than as a threat to Europe, a united Europe. France having more than the usual number of geopolitical realists, has included a strong Russophile element that looked to Russia, including during its Soviet days, as a counterweight to US hegemony contrary to the propaganda of the Soviet bogeyman poised to ravish the Occident. One probably most immediately recalls the call of President Charles de Gaulle for a united Europe ‘from the Atlantic to the Urals’. The Jamestown Foundation’s article cites a view offered by Marc Rousset, a French historian and political analyst and author of La nouvelle Europe: Paris-Berlin-Moscou [The New Europe: Paris-Berlin-Moscow] (2009):

MR-ne.jpg‘According to Rousset, Putin would bring “bravery, foresight and pragmatism” to Russian policy in the interest of creating a geopolitical order from the Atlantic to Vladivostok. Rousset emphasized that Putin is a European from St. Petersburg working toward closer ties among Russia, Ukraine and Belarus. His conception of a Eurasian union had the possibility of creating an imperial order to rival that of the American empire and the emerging new orders in China and India[15] (Rossiiskaia Gazeta, March 6). Rousset was quoted in November of last year as seeing the emergence of an axis of Paris, Berlin and Moscow being the answer to the present crisis in the Eurozone and the means to restore Europe’s position as a major player in the international system (Rossiiskaia Gazeta, November 17, 2011). Sergei Karganov answered that line of thought in December of last year by calling on Russia to turn away from Europe and make its future with a dynamic Asia-Pacific region led by China (Rossiiskaia Gazeta, December 28, 2011)’.[16]

Rousset’s ideal is in my opinion the preferred. While Sergei Karganov[17] is in accord with the Dugin conception of ‘Eurasianism’ vis-à-vis Russia’s place with China in Asia, Dugin also sees Russia in alliance with united Europe, and her historical relationship with ‘Hindustan’.[18] Historically a Sino-Russian alliance is an aberration, as indicated by other geopolitical analysts such as Bobo Lo. Putin hopes to play the China card, a policy that the USA pursued during the 1970s against the USSR. However, there are more scenarios for geopolitical discord between Russia and China than what there ever have been and possibly ever will be between the much-hyped supposed rivalry between China and the USA. The deployment of the Russian military in the Far East indicates Putin’s realism on the issue.[19] Hopefully such manoeuvres are more reflective of Russian aims than Karganov’s ideal of a Sino-Russian partnership for the control of the Asia-Pacific region, a conception that seems more akin to Trilateralism.[20]

DUGIN’S ANALYSIS

Indicating the seriousness with which Alexander Dugin is taken by Russia’s friends and enemies alike, Kipp comments of Dugin’s reaction to the re-election of Putin:

‘In the aftermath of Putin’s election, Aleksandr Dugin, the chief ideologue of anti-Western Eurasianism, stated that Putin stood at a moment of strategic choice: embrace the liberalism and Westernism of Russia’s bourgeois elite or the nationalism of the Russian common folk – historically the victims of the corruption of Russia’s liberal elite, which champions Russia’s subservience to the West. Dugin wrote that by promoting a Eurasian Union, Putin had already spoken the word that defined his choice. This was the path to national revival and to an economy based upon the reconstruction of Russia’s defense sector. Dugin states: “Both sides want reforms from Putin but they desire direct opposites. The elites want democratization, modernization, liberalization and growing closer to the West. The people want the national idea, a firm hand, a strengthening of sovereignty, a great power state, paternalism and social justice.” This choice for Putin comes at a particularly critical moment, according to Dugin. The hegemony of the US and its allies is being tested in an emerging multi-polar world. The immediate challengers are Syria and Iran. But once those two states have been defeated by military intervention, Russia itself will have to face the threat of such intervention. “…after the prepared attacks on Syria and Iran, the logical next target will be Russia. Of course, Russia will not survive such a confrontation with the West alone’.[21]

However, China remains the thorny question among those who seek a revived Russia, with Dugin and his movement seeing China as a crucial ally,[22] while others see China as a future rival.[23]

THE ASSAULT ON RUSSIA

For those who see Russia and China as natural allies in a bloc that can thwart US-led globalisation, it might be instructive to consider Washington and Wall Street’s attitudes towards both over the decades. While some ‘neocon’ elements in the USA raise their voices against China’s aims, Rockefeller, Soros and others of the globalist elite have maintained a pro-China attitude. Globalist foreign policy luminaries such as Henry Kissinger and Zbigniew Brzezinski have seen Russia as the USA’s perennial obstacle to world hegemony while their attitudes towards China have been more generous, Rockefeller Trilateralism and Soros globalism seeing China as an essential partner in a ‘new world order’.[24] One might also consider the immense efforts of the USA to ‘contain’ Russia from the days of Stalin to the present,[25] and a comparative lack of action regarding China’s ambitions. Elsewhere I have written on this:

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‘The Rockefeller dynasty has led the pro-China policy for decades. The “Pacific Asian Group” of David Rockefeller’s Trilateral Commission includes representatives from China. However, Rockefeller interests in China go back well prior to the Trilateral Commission, to the Asia Society. The Asia Center New York office states that John D. Rockefeller III founded the Society in 1956…[26]

US actions against Putin’s Russia remain as determined as those against the USSR during the Cold War. Dr Paul Craig Roberts, US Assistant Secretary of the Treasury under the Reagan Administration, has written of the subversion against Russia:

‘The Russian government has finally caught on that its political opposition is being financed by the US taxpayer-funded National Endowment for Democracy and other CIA/State Department fronts in an attempt to subvert the Russian government and install an American puppet state in the geographically largest country on earth, the one country with a nuclear arsenal sufficient to deter Washington’s aggression’.[27]

Roberts was referring to an Act passed by the Duma requiring the registration of NGOs receiving foreign funds, similar to the requirements of US laws that have long been in place. Roberts continued:

‘The Washington-funded Russian political opposition masquerades behind “human rights” and says it works to “open Russia.” What the disloyal and treasonous Washington-funded Russian “political opposition” means by “open Russia” is to open Russia for brainwashing by Western propaganda, to open Russia to economic plunder by the West, and to open Russia to having its domestic and foreign policies determined by Washington’.[28]

Globalists are aiming to deconstruct Russia as they did the USSR. Fortunately, Putin is no Gorbachev. His ambition seems to be that of leading a strong Russia, as distinct from Mikhail Gorbacehv’s ambition to become a globalist celebrity posturing on the world stage. When on his 80th birthday in 2011 Hollywood stars hosted a ‘gala celebration’ at the Royal Albert Hall, London, ABC News commented that the ‘movie stars, singers and politicians’ who turned out for the show, ‘underlined the celebrity status Mr Gorbachev enjoys in the West, where he is widely perceived as the man who freed Eastern Europe from Soviet rule and ended the Cold War’.[29] On the occasion of his birthday Gorbachev delivered what might be construed as an ultimatum to Putin on behalf of the globalist elite, ‘advising’ him ‘against running for a third term as president and warning about the dangers of Arab-style social revolt’.[30] As is now clear, those ‘Arab social revolts’, like the ‘colour revolutions’ in the former Soviet states, were stage-managed by the globalist NGOs.

octopususaim.pngThe globalist think tanks are blatant in their intentions. The Council on Foreign Relations (CFR), opines that ‘Russia is heading in the wrong direction’.[31] One of the CFR recommendations is to interfere with the Russian political process, urging US Congress to fund opposition movements by increased funding for the Freedom Support Act, in this instance referring specifically to the 2007-2008 presidential elections.[32] Authors of the CFR report include Mark F Brzezinski, who served on the National Security Council as an adviser on Russian and Eurasian affairs under Clinton, as his father Zbigniew served in the Carter Administration; Antonia W Bouis, founding executive director of the Soros Foundations; James A Harmon, senior advisor to the Rothschild Group, et al. US ruling circles have a messianic mission to create a world revolution, and it is no surprise that the ideological foundations of the US ‘world revolution’ were developed by Russophobic Trotskyites during the Cold War.[33] The task of publicly announcing the post-Soviet world revolution was allotted to President George W Bush. Speaking before the National Endowment for Democracy in 2003, Bush stated that the war on Iraq was a continuation of a ‘world democratic revolution’ that started in the Soviet bloc: ‘The revolution under former president Ronald Reagan freed the people of Soviet-dominated Europe, he declared, and is destined now to liberate the Middle East as well’.[34]

Gorbachev had prepared the deconstruction of the Soviet bloc in 1988, when he announced to the United Nations General Assembly a reversal of Soviet policy: Russia would not come to the defence of Warsaw Pact regimes in the event of revolt. Immediately after he met President Reagan and President-elect George Bush.[35]

The subverting of post-Soviet Russia has proceeded no less vigorously. Carl Gershman, president of the National Endowment for Democracy (NED), remarked that the Solidarity movement in Poland was created the year following Gorbachev’s UN speech, and set in motion the dismantling of the Soviet bloc, which he termed ‘a new concept of incremental democratic enlargement’, which NED calls ‘cross-border work’.[36] This had its origins ‘in a conference that was sponsored by the Polish-Czech-Slovak Solidarity Foundation in Wroclaw in early November of 1989’.[37] This movement continues to the present, Gershman stating:

‘And so cross-border work was born, and it has continued to expand ever since. The Polish-Czech-Slovak Solidarity Foundation went from providing support for desktop publishing in the Czech Republic and Slovakia to providing similar aid in Ukraine and Belarus, and today it works in Russia, Moldova, the Caucasus and Central Asia. Other Polish groups also engage in cross-border work, from the Foundation for Education for Democracy, an outgrowth of the Solidarity Teachers Union which provides training in civic education for teachers and NGO leaders throughout the former Soviet Union, to the East European Democratic Center which supports local media in Ukraine and Central Asia’.[38]

Just prior to Gorbachev’s warning to Putin about not standing for re-election, Gershman had commented that:

‘…Putin may be in control in Russia, but he has lost the support of the political elite which fears that his return to the presidency will usher in a period of Brezhnev-like stagnation and continued economic and societal decline… International groups should be prepared to provide whatever assistance is needed and desired by local actors. Areas of support would include party development and election administration and monitoring, strengthening civil society and independent media, and making available the expertise of specialists in such fields as constitutionalism and electoral law as well as the experience of participants in earlier transitions’.[39]

It was an unequivocal call to overthrow Putin.

RUSSIA AND THE NEW WORLD ORDER

Putin has embraced ‘Eruasianism’ as the alternative to a ‘new world order’ based around US hegemony. In a major foreign policy article in 2012 Putin outlined the main premises: Putin stated that Russian would be guided by her own interests first, based on Russia’s strength, and would not be dictated to by outsiders. While Putin uses the term ‘new world order’, it is one that is antithetical to the globalist version. He questions the US missiles being placed on Russia’s borders, and the continuing belligerence of NATO, stating that ‘The Americans have become obsessed with the idea of becoming absolutely invulnerable’.[40] Importantly, Putin is fully aware that globalist agendas are being imposed behind the faced of ‘human rights’, and criticises the selectivity by which this morality is applied:

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‘The recent series of armed conflicts started under the pretext of humanitarian aims is undermining the time-honored principle of state sovereignty, creating a moral and legal void in the practice of international relations’.[41]

Putin refers to the ‘Arab Spring’, noting outside inference in a ‘domestic conflict’. ‘The revolting slaughter of Muammar Gaddafi… was primeval’, Putin states, and the Libyan scenario should not be permitted in Syria. He adds of the ‘regime changes,’

‘It appears that with the Arab Spring countries, as with Iraq, Russian companies are losing their decades-long positions in local commercial markets and are being deprived of large commercial contracts. The niches thus vacated are being filled by the economic operatives of the states that had a hand in the change of the ruling regime’. One could reasonably conclude that tragic events have been encouraged to a certain extent by someone’s interest in a re-division of the commercial market rather than a concern for human rights. [42]

Putin sees Russia developing her historic relations with the Arab states, despite the ‘regime changes’. He also points out the political uses that are being made of social media which played such a significant role in mobilising and agitating masses during the ‘Arab Spring’, and indeed in the ‘colour revolutions’ on Russia’s doorstep.[43] Putin also acknowledges the subversive role of the NGO’s not least of whose actions are being directed against Russia, stating: ‘…the activities of “pseudo-NGOs” and other agencies that try to destabilize other countries with outside support are unacceptable’. He remarks on the failure of US and NATO intervention in Afghanistan and mentions Russia’s historic relationship there.[44]

While Russia is seen as having an important role in the Asia-Pacific region, and Putin puts stress on alignment with a strong China he also declares:

‘Russia is an inalienable and organic part of Greater Europe and European civilization. Our citizens think of themselves as Europeans. We are by no means indifferent to developments in united Europe. That is why Russia proposes moving toward the creation of a common economic and human space from the Atlantic to the Pacific Ocean – a community referred by Russian experts to as “the Union of Europe,” which will strengthen Russia’s potential and position in its economic pivot toward the “new Asia.”’[45]

Putin refers to an exciting new vision of a bloc expanding form ‘Lisbon to Vladivostok’. He sees Russia’s acceptance to membership of the World Trade Organisation as ‘symbolic’, while having defended Russian’s interests. With Russia looking at the Asia-Pacific region, will she be a nexus between this region and Europe, or will she enter the region as a junior partner with China? Some geopolitical analysts are referring to a new geopolitical bloc, challenging both the USA and China, as Eurosiberia[46] rather than Eurasia.

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SYRIA: PIVOTAL ROADBLOCK IN THE GLOBALIST AGENDA

Now the world looks on again in confusion and fear as the USA extends its dialectical strategy of ‘controlled crises’ over one of the few remaining redoubts of independence: Syria. Again the lines of opposition are drawn between Russia and the USA in a geopolitical struggle for world conquest. Syria in fact has long been viewed as the major obstacle to globalist ambitions: moreso even than Libya, Iraq or Iran. In 1996 the Study Group for a New Israeli Strategy Toward 2000, established by the Institute for Advanced Strategic Studies, Jerusalem, issued a paper titled A Clean Break. The think tank included people who would become influential in the Bush Administration, such as Richard Perle, Douglas Feith and David Wurmser. The major obstacle was Syria, and the major aim was to ‘roll back Syria’, and to ‘foil Syria’s regional ambitions’. Even the recommendation of removing Saddam – ‘an important Israeli strategic objective in its own right’ – was seen as a step towards Syria.[47]

The 1996 paper recommends a propaganda offensive against Syria, along the lines of that employed against Saddam, and indeed against everyone who is an obstacle to the ‘new world order’ and/or Israel, suggesting that the ‘move to contain Syria’ be justified by ‘drawing attention to its weapons of mass destruction’.[48] The report suggests ‘securing tribal alliances with Arab tribes that cross into Syrian territory and are hostile to the Syrian ruling elite’. They suggest the weaning of Shia rebels against Syria.[49]

The plan of attack against Syria has been long in the making. Arab regimes have recently fallen like dominoes as a prelude to the elimination of Syria and Iran. The Clean Break recommends the use of Cold War type rhetoric in smearing Syria. We can see the plan unfolding before our eyes. The ‘weapons of mass destruction’ charade used to justify the US bombing of Syria takes the from of alleged chemical attacks on Syrian ‘civilians’, with a compliant media showing lurid pictures of suffering children, but usually with the comment that the reports are ‘unconfirmed’. The US assurances of ‘proof’ sound as unconvincing to the critical observer as the ‘evidence’ against Saddam. Sure enough, reports have come out that US-backed rebels have committed the chemical attacks as a means of securing a US assault on the Bashar al-Assad government. Two Western veteran journalists, while captives of the Free Syria Army, overheard their captors – including a FSA general – discussing the chemical weapons attack rebels had launched in Damascus as a means of provoking Western intervention.[50]

In an act of statesmanship, Putin pre-empted President Obama’s determination to bomb Syria by suggesting that Syria place its chemical weapons stockpiles for disposal with the United Nations; a plan that Syria has accepted.

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Putin sees the offensive against Syria in world historical terms in determining what type of world is being moulded. While Russian ships face US and some French and British ships, he has rebuked Obama’s statements – like those of US presidents before him – that the USA has ‘an exceptional role’. In his appeal to the American people published in the New York Times, Putin questions the USA’s strategy stating that, ‘It is alarming that military intervention in internal conflicts in foreign countries has become commonplace for the United States’. Condemning the basis of the new world order’ that is being imposed with US weaponry, Putin writes that having studied Obama’s recent address:

…I would rather disagree with a case he made on American exceptionalism, stating that the United States’ policy is ‘what makes America different. It’s what makes us exceptional’. It is extremely dangerous to encourage people to see themselves as exceptional, whatever the motivation. There are big countries and small countries, rich and poor, those with long democratic traditions and those still finding their way to democracy. Their policies differ, too. We are all different, but when we ask for the Lord’s blessings, we must not forget that God created us equal.[51]

PUTIN STEERS A STRAIGHT COURSE

Putin has maintained his ideological position, and reiterated Russia’s determination to maintain her sovereignty and identity in the face of globalisation. Putin’s course for Russia was unequivocally stated in a September 2013 speech at a Government-backed plenary session of the Valdai Club, which included foreign dignitaries and Russian luminaries from politics, academia and media. Putin has declared himself a traditionalist and a nationalist who will not countenance interference in Russia’s interests.

To Putin, tradition and Christianity are the foundations of Russia’s independence, while the globalists seek to impose over the world a nihilistic creed where the fluctuating needs of the market place are the cultural basis of a ‘new world order’, Putin stating: ‘Without the values at the core of Christianity and other world religions, without moral norms that have been shaped over millennia, people will inevitably lose their human dignity’.[52] This indicates a Perennial Traditionalist approach whereby Putin refers to the core values shared by ‘Christianity and other world religions’, ‘against the modern world’[53] of the ‘Euro-Atlantic countries [where] any traditional identity, … including sexual identity, is rejected’.

Putin stated that while every nation needs its technical strength , at the basis of all is ‘spiritual, cultural and national self-determination’ without which ‘it is impossible to move forward’. ‘[T]he main thing that will determine success is the quality of citizens, the quality of society: their intellectual, spiritual and moral strength’. Putin rejects the economic determinism of the modern era, stating:

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After all, in the end economic growth, prosperity and geopolitical influence are all derived from societal conditions. They depend on whether the citizens of a given country consider themselves a nation, to what extent they identify with their own history, values and traditions, and whether they are united by common goals and responsibilities. In this sense, the question of finding and strengthening national identity really is fundamental for Russia.

Putin pointed to the threat posed to Russian identity by ‘objective pressures stemming from globalisation’, as well as the blows to Russia inflicted by the attempts to erect a market economy, which it might be added, was sought by internal oligarchs and outside plutocrats; attempts that are ongoing. Putin moreover points to the lack of national identity serving these interests:

In addition, the lack of a national idea stemming from a national identity profited the quasi-colonial element of the elite – those determined to steal and remove capital, and who did not link their future to that of the country, the place where they earned their money.

What the globalists and oligarchs wish to impose on Russia from the outside cannot form an identity, which must arise from Russian roots, and not as a foreign import in the interests of commerce:

Practice has shown that a new national idea does not simply appear, nor does it develop according to market rules. A spontaneously constructed state and society does not work, and neither does mechanically copying other countries’ experiences. Such primitive borrowing and attempts to civilize Russia from abroad were not accepted by an absolute majority of our people. This is because the desire for independence and sovereignty in spiritual, ideological and foreign policy spheres is an integral part of our national character. Incidentally, such approaches have often failed in other nations too. The time when ready-made lifestyle models could be installed in foreign states like computer programmes has passed.

‘Russia’s sovereignty, independence and territorial integrity are unconditional’, states Putin. He has called for unity among all factions, above ethnic separatism and urges an ideological dialogue among political factions.

Putin also recognises that what is today called the ‘West’, with the USA as the ‘leader of the Western world’, as the media and US State Department constantly remind us, shows little evidence of any vestige of its traditional foundations:

Another serious challenge to Russia’s identity is linked to events taking place in the world. Here there are both foreign policy and moral aspects. We can see how many of the Euro-Atlantic countries are actually rejecting their roots, including the Christian values that constitute the basis of Western civilisation. They are denying moral principles and all traditional identities: national, cultural, religious and even sexual.

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In this demise of Western values, Putin attacks ‘political correctness’, where religion has become an embarrassment, and Christian holidays are, for example, changed or eliminated in case a minority takes offence. This nihilism is being exported over the world and will result in a ‘profound demographic and moral crisis’, resulting the in ‘degradation’ of humanity. While multiculturalism is problematic for many states in Europe, Russia has always been multiethnic and this diversity should be encouraged in forging local identities, but within the context of a Russian state-civilisation. As will be apparent to the Russian leadership, the agitation of ethnic and religious separatism is a significant means by which the globalists undermine target nations, while paradoxically their own societies fall to pieces around them.[54]

Simultaneous with the moral and religious decline is the attempt to impose a ‘standardised, unipolar world’ where nations become defunct, rejecting the ‘God-given diversity’ of the world in favour of ‘vassals’. Above this, Putin is promoting a ‘Eurasian Union’, a geopolitical bloc that will enable the states of the region to withstand globalisation.

Putin’s Valdai speech shows that he has a fully developed world-view on which to base Russia’s future course. It also indicates that while Putin might have his faults (and I can’t think of what they might be offhand) he is the only actual statesmanin the world today, and has established Russia as the most likely axis of a new Civilisation and a new era. As history shows, once a civilisation succumbs to internal decay and often thereafter outside invasion, another civilisation assumes its place on the world state, created by a people who have retained their vigour and have not succumbed to moral rot. Western Civilisation reached its cycle of decay several centuries ago.

As Putin has pointed out, there is not much left that is traditionally Western. Today’s ‘Western’ zombie, animated by money, spreads its contagion over the world, as has no other civilization before it, as part of a deliberate world-mission, pointed out approvingly by such ‘neo-con’ strategists as Ralph Peters, who cites the USA’s cultural contamination of the world as a tactical manoeuvre.[55] Putin understands the forces that are swirling about the world like no other state leader; moreover not only understands the process, but overtly battles it like a modern-day ksatriya. Only in Russia are we witnessing the emergence of a new Civilisation fulfilling the Russian messianic mission that has long been written of by Russia’s sages. Only in Russia are we seeing the creation of a Traditionalist monolith standing against the forces of the Kali Yuga.

Kerry Bolton

Notes

[1] Viacheslav N Lutsenko, ‘Who are you Mr Putin?’, New Dawn, September-October 2001, p. 86.

[2] For example, as in the name of the neocon globalist think-tank, ‘Project for a New American Century’, http://www.newamericancentury.org/

[3] Susan Bryce, ‘Russia vs. the New World Order’, New Dawn, January-February 2001, p. 25.

[4] http://konservatizm.org/

[5] K R Bolton, ‘An ANZAC-Indo-Russian Alliance? Geopolitical Alternatives for New Zealand and Australian’, India Quarterly, Vol. 66, No. 2 (2010), pp. 183-201.

Also: K R Bolton, Geopolitics of the Indo-Pacific: Emerging Conflicts, New Alliances(London: Black House Publishing, 2013).

[6] Jean Thiriart interview with Gene H Hogberg, Part 5, http://home.alphalink.com.au/~radnat/thiriart/interview5....

[7] Anton Shekhovtsov, and Andreas Umland, ‘Is Aleksandr Dugin a Traditionalist? ‘Neo-Eurasianism’ and Perennial Philosophy’, The Russian Review, October, 2009, pp. 662–78.

[8] A Dugin, The Eurasian Idea, 2009.

[9] The Jamestown Foundation, ‘Mission’, http://www.jamestown.org/aboutus/

[10] K R Bolton, ‘Origins of the Cold War: How Stalin Foiled a New World Order’, 31 May 2010, http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/31/origins-of...

K R Bolton, Stalin: the Enduring Legacy (London: Black House Publishing, 2012), pp. 125-139.

[11] See for example The Jamestown Foundation’s board members: ‘Board Members’, http://www.jamestown.org/aboutus/boardmembers/

[12] ‘The West’ is a misnomer, more accurately termed the ‘post-West’ under plutocratic control, as any notion of Western Culture has long since been smothered by Mammon.

[13] Jacob W Kipp, ‘The Elections are over and Putin won: whither Russia?’, 30 March 2012, http://www.jamestown.org/programs/edm/single/?tx_ttnews[t...

[14] K R Bolton, ‘Russia and China: an approaching conflict?’, Journal of Social, Political and Economic Studies, Vol. 34, no. 2, Summer 2009.

K R Bolton, ‘Aircraft Deployment in Russian Far East: Sign of Looming conflict?, Foreign Policy Journal, 27 May 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/05/27/aircraft-d...

K R Bolton, ‘Sino-Soviet-US relations and the 1969 nuclear threat’, Foreign Policy Journal, 17 May 2010, http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/17/sino-sovie...

K R Bolton, Geopolitics of the Indo-Pacific, op. cit.

[15] There need be no rivalry between Russia and India, but rather the continuation of the historical alignment between them.

[16] Jacob W Kipp. op. cit.

[17] Interestingly, Sergei Karganov, founder of the think tank, the Council for Foreign and Defense Policy, has been a member of the Rockefeller-founded globalist think tank, the Trilateral Commission since 1998, and a member of the International Advisory Board of the Council on Foreign Relations, 1995-2005; http://karaganov.ru/en/pages/biography

[18] K R Bolton, ‘An ANZAC-Indo-Russian Alliance’, op. cit.

[19] K R Bolton, ‘Aircraft Deployment is Russian Far East: Sign of Looming conflict?, op. cit.

[20] On Trilateralism see: The Trilateral Commission. ‘About the Organization: Purpose’, http://www.trilateral.org/about.htm

K R Bolton, ‘ANZAC-Indo-Russian Alliance…’, op. cit., ‘Asia-Pacific bloc pushed by USA, global business’.

[21] Jacob W Kipp, op. cit.

[22] Aleksandr Dugin, Argumenty i Fakty, March 14, 2012, cited by Kipp. Ibid.

[23] See: K R Bolton, ‘Russia and China: an approaching conflict?’, op. cit.

[24] Paul Joseph Watson, ‘Billionaire globalist warns Americans against resisting new global financial system, Soros: China Will Lead New World Order’, Prison Planet.com, October 28, 2009

[25] For a study on how Stalin set Russia on a course inimical to world plutocracy which has continued under Putin, with only the Gorbachev and Yeltsin interregna intervening, see: K R Bolton, Stalin : the Enduring Legacy, op. cit.

[26] K R Bolton, ‘Aircraft deployment in Russian Far East’…, op. cit.

[27] Paul Craig Roberts, ‘War on all fronts’, Foreign Policy Journal, 19 July 2012, http://www.foreignpolicyjournal.com/2012/07/19/war-on-all...

[28] Ibid.

[29] Reuters, ABC News, ‘Stars honour Gorbachev at gala birthday bash’, March 31, 2011, http://www.abc.net.au/news/stories/2011/03/31/3178823.htm).

[30] H Klaiman, “Peres attends Gorbachev’s birthday bash in London,” March 31, 2011, http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-4050192,00.html

[31] Jack Kemp, et al, Russia’s Wrong Direction: What the United States Can and Should Do, Independent Task Force Report no. 57 (New York: Council on Foreign Relations, 2006) xi. The publication can be downloaded at: http://www.cfr.org/publication/9997/

[32] Ibid.

[33] K R Bolton, ‘America’s “World Revolution”: Neo-Trotskyist Foundations of US foreign policy’, Foreign Policy Journal, 3 May 2010, http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/03/americas-w...

[34] Fred Barbash, ‘Bush: Iraq Part of “Global Democratic Revolution”: Liberation of Middle East Portrayed as Continuation of Reagan’s Policies’, Washington Post, 6 November 6, 2003.

[35] Dr. Svetlana Savranskaya and Thomas Blanton (ed.) ‘Previously Secret Documents from Soviet and U.S. Files n the 1988 Summit in New York, 20 Years Later’, National Security Archive Electronic Briefing Book No. 261, December 8, 2008.

[36] C Gershman, “Giving Solidarity to the world,” Georgetown University, May 19, 2009, http://www.ned.org/about/board/meet-our-president/archive...

[37] Ibid.

[38] Ibid.

[39] Carl Gershman, ‘The Fourth Wave: Where the Middle East revolts fit in the history of democratization – and how we can support them’, 14 March 2011, http://www.tnr.com/article/world/85143/middle-east-revolt...

[40] Vladimir Putin, ‘Russia and the changing world’, RiaNovosti, 27 February 2012, http://en.rian.ru/world/20120227/171547818.html

[41] Ibid.

[42] Ibid.

[43] See also: K R Bolton, ‘Twitters of the World Revolution: The Digital New-New Left’, Foreign Policy Journal, 28 February 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/02/28/twitterers...

Also: K R Bolton, Revolution from Above, op. cit., pp. 235-240.

[44] V Putin, op. cit.

[45] Ibid.

[46] Guillaume Faye, ‘The New Concept of “Eurosiberia”’, Counter-Currents Publishing, http://www.counter-currents.com/2010/08/faye-on-eurosiber...

[47] A Clean Break, Study Group for a New Israeli Strategy Toward 2000, 1996, http://www.informationclearinghouse.info/article1438.htm

[48] Ibid., ‘Securing the Northern Border’.

[49] Ibid., ‘Moving to a Traditional Balance of Power Strategy’.

[50] ‘Journalist and writer held hostage for five months in Syria “overheard captors conversation blaming rebels for chemical attacks”’, Mail Online, 12 September 2013, http://www.dailymail.co.uk/news/article-2418378/Syrian-ho...

[51] Vladimir V Putin, ‘A Plea for Caution from Russia’, New York Times, 11 September 2013, http://www.nytimes.com/2013/09/12/opinion/putin-plea-for-...

[52] Putin at Valdai conference, Valdai Club, 19 September 2013, http://valdaiclub.com/valdai_club/62642.html

A significant proportion of the speech can be read at: http://therearenosunglasses.wordpress.com/2013/09/22/puti...

[53] To paraphrase the Traditionalist philosopher Julius Evola, Against the Modern World (Vermont: Inner Traditions International, 1995 [1969]).

[54] See K R Bolton, Babel Inc. (Black House Publications, 2013).

[55] Ralph Peters, ‘Constant Conflict ‘, Parameters, US Army War College Quarterly May 12, 1997, http://www.informationclearinghouse.info/article3011.htm

L’eurasisme ou le retour du sacré en géopolitique

Il existe, qui plus est, chez Douguine une dimension eschatologique qui le distingue de tous les nationalistes pan-européistes qui l’ont précédé (l’on pense, par exemple, à Jean Thiriard[1] et à sa Grande Europe islando-touranienne). Conjuguée à un goût très prononcé pour la géopolitique, cette approche confère à ses analyses une originalité parfois déroutante, mais jamais inféconde pour qui adopte, finalement, le point de vue quasi homérique d’un monde écartelé entre la propension prométhéenne des mortels et les plus contrariés desseins des dieux. C’est dire, en d’autres termes, que la dialectique de l’ordre et du chaos irrigue la pensée eurasiste de Douguine qui apparaît alors comme une véritable herméneutique permettant d’exhumer cette primordiale et ancienne complémentarité – que le monde moderne a artificiellement dissociée – du sacré et du profane et, partant, de mettre à jour « la vraie spiritualité, la pensée supra-rationnelle, le logos divin, la capacité à voir à travers le monde son âme secrète [2] » (p. 400).

On saisit mieux ce présupposé fondamental dans la philosophie douguinienne – directement inspiré du schéma structuraliste propre à la tradition indo-européenne – si l’on se penche, précisément, sur son terreau naturel, la géopolitique. Le processus de désacralisation de la géopolitique a conduit à une laïcisation de cette dernière qui l’a coupé de sa source hiérophanique, la géographie sacrée. Néanmoins, Douguine n’hyperbolise pas cette ligne de fracture, puisque, d’une part, « la géopolitique se tient à une place intermédiaire entre la science traditionnelle (la géographie sacrée) et la science profane » (p. 382), d’autre part, « les deux sciences convergent dans la description des lois fondamentales de l’image géographique des civilisations » (p. 394). Les rapports entre les deux sciences sont d’autant moins inexistants que « même dans notre monde anti-sacré, à un niveau inconscient, les archétypes de la géographie sacrée ont presque toujours été préservés dans leur intégrité, et se réveillent dans les moments les plus importants et les plus critiques des cataclysmes sociaux » (p. 390).

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Douguine ne perd pas de vue sa quête de la Tradition primordiale dans la mesure où elle constitue ce qu’il y a véritablement de caché dans un monde dominé par le matérialisme, l’hédonisme et l’accumulation capitalistique illimitée, soit le nouvel ordre mondial, ou encore le mondialisme – dans son acception à la fois technico-cybernéticienne et transhumaniste, sinon post-humaniste. Ainsi, par exemple, au « Nord riche » ne doit-on pas opposer le « Sud pauvre », mais bien le « Nord pauvre […], idéal sacré du retour aux sources nordiques de la civilisation. Ce Nord est ‘‘pauvre’’ parce qu’il est basé sur l’ascétisme total, sur la dévotion radicale envers les plus hautes valeurs de la Tradition, sur le mépris complet du matériel par amour du spirituel » (p. 415). Quant au « Sud pauvre », il doit nécessairement former une alliance avec ce « Nord pauvre ». De ce renversement du monde surgira un chaos nécessairement porteur d’ordre, celui de la Tradition originelle, attendue, toutefois, que cette « cette voie [n’ira] pas de la géographie sacrée à la géopolitique mais au contraire, de la géopolitique à la géographie sacrée » (p. 418).

À cette aune, l’islam que Douguine estime « directement relié à la Tradition [3] » (p. 543), représente, à ses yeux un fait géopolitique majeur pouvant conduire au sacré d’une géographie islamique traditionnelle. Il prend soin, malgré tout, d’opérer la distinction entre le salafisme, « pur islam » selon ses zélateurs et l’islam traditionnel qui « représente l’immense majorité des musulmans modernes ». Selon Douguine, la métaphysique salafiste est d’essence eschatologique ce qui la rend incommunicable au chiisme, « très similaire au traditionalisme » et au soufisme ésotériste. Il y voit la clé d’une concorde anti-occidentale fondée sur la reviviscence de la Tradition, à l’expresse condition, précise-t-il, que chacun suive sa tradition : « à un niveau purement individuel, le choix est possible, mais voir les Russes se convertir en masse à l’islam me répugne, car ils cherchent le pouvoir en dehors d’eux-mêmes et en dehors de leur tradition, et ils sont donc infirmes, faibles et lâches » (p. 544).

La prétendue « islamophilie » de notre penseur est appendue au paradigme inoxydable de la nordicité hyperboréenne que la géopolitique moderne a recouvert d’un monceau de colifichets. Sous la tectonique physique et démographique des continents, les méta-continents archétypaux de la géographie sacrée révèlent l’intemporalité de la Tradition qui explique que « quand les hommes du Sud restent en harmonie avec les hommes du Nord, c’est-à-dire quand ils reconnaissent l’autorité et la supériorité typologique (et non raciale !) de ceux-ci, l’harmonie règne parmi les civilisations. Lorsqu’ils revendiquent la suprématie à cause de leur relation archétypale avec la réalité, alors surgit un type culturel dévié, qui peut être globalement défini par l’adoration des idoles, le fétichisme ou le paganisme (au sens négatif, péjoratif de ce mot) » (p. 401).

En somme, aujourd’hui vivons-nous sous l’empire du fétichisme de la marchandise qui s’oppose, dans une lutte de préséance, à l’impérialisme du paganisme islamique. Point de Tradition, ni de traditions…

Pour le Front de la Tradition, Alexandre Douguine (Ars Magna).

douguine-ouvrage-208x300.jpgAlexandre Douguine, Pour le Front de la Tradition, Ars Magna, collection « Heartland », 34 euros

Notes

[1] Sur cette figure fascinante du nationalisme européen, on renverra à Yannick Sauveur et à son « Qui Suis-Je ? » éponyme publié chez Pardès en 2016 ainsi qu’à Le prophète de la grande Europe, Jean Thiriart, ouvrage rassemblant articles et entretiens depuis longtemps introuvables, publié chez Ars Magna (2018).

[2] Autant de qualités idiosyncrasiques qu’il attribue à l’homme du Nord, lesquelles se retrouvent selon lui « chez les Indiens d’Amérique du Nord et chez les anciens Slaves, chez les fondateurs de la civilisation chinoise et chez les indigènes du Pacifique, chez les Allemands blonds et chez les chamans noirs d’Afrique de l’Ouest, chez les Aztèques à peau rouge et chez les Mongols aux pommettes saillantes », tous ces peuples possédant le « mythe de ‘‘l’homme solaire’’ ».

[3] Sans que la Tradition ne se résume à l’islam.