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jeudi, 12 novembre 2015

Les seigneurs de l'anneau

Les seigneurs de l'anneau

Ex: http://www.chroniquesdugrandjeu.com 

Les seigneurs de l'anneau

En attendant l'Inde, qui mettra encore quelques années pour participer pleinement aux dynamiques du continent-monde (ce qui fera d'ailleurs l'objet d'un prochain article), un spectaculaire triangle eurasien se met en place, qui donne vertiges et sueurs froides aux stratèges américains. Les amoureux de la géométrie insisteront certes sur la forme circulaire du nouveau colosse qui émerge et ils n'auront pas tout à fait tort (nous y reviendrons en fin d'article).

Nous avons déjà montré à plusieurs reprises à quel point le rapprochement entre Moscou, Pékin et Téhéran s'est accéléré ces dernières années. Nous écrivions le 20 octobre :

"Tout ceci n'est cependant rien en comparaison de ce qui se prépare avec l'Iran, grande puissance régionale si l'en est, case cruciale de l'échiquier eurasiatique. Si Obama pensait amadouer les ayatollahs avec l'accord sur le nucléaire, il s'est planté en 3D. La marche de Téhéran vers l'alliance sino-russe est inarrêtable. Coopération militaire renforcée avec Pékin, navires iraniens invités en Russie, et bien sûr une position commune sur les grands dossiers internationaux dont la Syrie. L'entrée de l'Iran dans l'OCS n'est qu'une question de temps.

Les liens énergétiques entre Téhéran et Pékin sont déjà anciens mais se consolident chaque jour. Ceci en attendant l'oléoduc irano-pakistanais qui verra prochainement le jour, reliant la base chinoise de Gwadar avant, un jour, de remonter tout le Pakistan et rejoindre la Karakoram Highway dans les somptueux décors himalayens."

Et le 25 octobre :

"Quant à l'Iran, qui ne sert désormais plus de prétexte fallacieux au bouclier anti-missile, sa lune de miel avec Moscou est à la hauteur de la désillusion de l'administration Obama qui espérait sans doute, avec l'accord sur le nucléaire, intégrer Téhéran dans son giron et l'écarter du grand mouvement de rapprochement eurasien. Et bah c'est raté, et drôlement raté...

En l'espace de quelques jours : accords sur des projets d'infrastructure (dont une ligne ferroviaire. Eurasie, Eurasie) d'une valeur de 40 milliards, établissement d'une banque commune pour favoriser les échanges (qui se feront évidemment en monnaies locales. Dédollarisation, dédollarisation). Cerise sur le gâteau, l'Iran va participer la banque des BRICS.

Leur future victoire en Syrie rapprochera encore Moscou et Téhéran, qui entrera bientôt, sous les auspices chinoises, dans l'Organisation de Coopération de Shanghai."

En ce moment, ô temps géopolitiquement excitants, pas une semaine ne passe sans qu'un jalon supplémentaire ne soit posé. Il y a quatre jours, l'Iran a proposé à la Chine d'organiser des exercices militaires communs. Pékin devrait évidemment accepter. Avant-hier, le fameux contrat pour la livraison des S-300 russes à Téhéran a enfin été signé, qui mettra à peu près définitivement l'Iran à l'abri de toute intervention aérienne étrangère.

Résumons :

  • dans le domaine militaire : manoeuvres/coopération sino-russes + sino-iraniennes + russo-iraniennes.
  • sur le plan énergétique : contrats gaziers du siècle sino-russes en 2014 + achats massifs de pétrole iranien par Pékin + entente russo-iranienne vis-à-vis de l'Europe (blocage des pipelines qataris et saoudiens en Syrie, accord sur le statut de la Caspienne...)
  • dans le domaine politique, géopolitique et géo-économique : entente totale des trois sur le dossier syrien, opposition commune aux tentatives unilatérales américaines, marche à la dédollarisation. Future entrée de l'Iran dans l'OCS sino-russe et participation à la banque des BRICS.

Il paraît que Brzezinski en a renversé son bol de café...

En 2013 paraissait un intéressant essai géopolitique intitulé Chine, Iran, Russie : un nouvel empire mongol ? La présentation de l'éditeur mérite qu'on s'y attarde :

"Le 20 mars 2013, le Homeland Security Policy Institute désignait des hackers chinois, russes et iraniens comme auteurs des attaques déstabilisant les systèmes de sécurité américains. Non contents de multiplier les cyber-intrusions, la Chine, la Russie et l'Iran collaborent aujourd'hui de façon croissante dans le domaine des nouvelles technologies. Dans un contexte marqué par l'effacement des frontières, ces trois pays sont-ils en train de fonder un nouvel empire mongol ou à l'inverse tentent-ils désespérément de préserver leurs influences régionales respectives ? Contrairement à la construction politique de Gengis Khan, ayant unifié l'Eurasie à partir d'un centre turco mongol, ces alliés encerclent une aire de civilisation turque dont ils se sont détournés. Cette alliance pragmatique, fondée sur l'axe sino-iranien, se matérialise par des appuis géopolitiques réciproques, une coopération étroite avec l'arrière-pays énergétique russe et la diffusion d'une vision du monde allant à rebours de nos propres stéréotypes. Étrangers à la chimère du dépassement des cultures par l'abolition des frontières, la Chine, la Russie et l'Iran peuvent puiser dans leurs histoires respectives des raisons d'exister sous une autre forme que celle d'une citadelle continentale résistant à la mondialisation océanique. Au delà de ses carences maritimes, le nouvel empire souffre toutefois de nombreuses fragilités telles que son affaiblissement démographique ou les intérêts parfois divergents des pays qui le composent. Aussi pourrait-il bouleverser soudainement nos repères géopolitiques avant de connaître une recomposition."

Si certaines bases de la coopération Moscou-Pékin-Téhéran étaient déjà là, que de chemin parcouru en deux petites années... Les "intérêts parfois divergents" ont presque totalement disparu, balayés par la dangereuse hystérie états-unienne en Ukraine et en Syrie. C'est désormais un triangle, pardon, un anneau extrêmement solide qui émerge, uni par des liens énergétiques, militaires et géopolitiques irréversibles.

A noter l'intéressante référence historique au coeur turco-mongol, centre de l'empire de Gengis Khan mais naine blanche de la nébuleuse annulaire russo-sino-iranienne, tournée vers les extrémités de l'échiquier eurasien. Les pays turcophones d'Asie centrale, qui appartiennent déjà à l'OCS et/ou à l'Union eurasienne, ne feront que suivre le mouvement, se coupant sans doute encore un peu plus d'une Turquie d'ailleurs elle-même embarquée dans un voyage bien turbulent...

Les seigneurs de l'anneau

mercredi, 11 novembre 2015

China’s Xinjiang Problem – Made in USA

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Author: Tony Cartalucci
Ex: http://journal-neo.org

China’s Xinjiang Problem – Made in USA

China’s western region of Xinjiang, a vast area home to some 21 million people, is one of several hubs of destabilization maintained by the US State Department and its vast network of nongovernmental organizations (NGOs), covert programs, and overt political meddling. America’s “Xinjiang game” is part of a larger, long-term goal of encircling, containing, and undermining China in a bid to maintain American hegemony across Asia.

Were one to believe the rhetoric emanating from any of these NGOs or the US State Department itself, the majority of Xinjiang’s population groans under the unbearable, despotic, inhumane rule of the Chinese Communist Party (CCP).

US-based and funded NGOs claim that ethnic Uyghurs are regularly persecuted, discriminated against, and have their human rights consistently and unreasonably violated by Beijing. Of course, most of these claims are referred to by even the Western media as “allegations,” not documented facts, with the vast majority of these claims coming from a handful of Uyghur groups funded directly by the US State Department through its National Endowment for Democracy (NED). 

And most of these allegations are in regards to individuals and organizations directly linked to US efforts to destabilize the region.

NED’s website even refers to China’s Xinjiang province parenthetically as “East Turkistan,” the name of the fictional state separatists seek to carve out of Chinese territory (with US backing).

Xinjiang’s People – Uyghur or Han – Choose Stability 

In reality, 45% of Xinjiang’s 21 million people (some 10 million) are Uyghurs, and it is likely that if even half of them felt slighted by Beijing and supported separatist movements, China’s Xinjiang region would already no longer be Chinese.

China is currently developing the far flung region’s infrastructure in hopes of accelerating economic growth, and providing opportunities to all of the region’s people. The last thing China needs – a nation of 1.3 billion people and growing, scattered over a vast amount of ethnically and geographically diverse terrain – is a sizable portion of this terrain to become divided along ethnic lines, destabilized, and mired in chaos.

To that end, China has embarked on programs to help give Uyghurs the ability to participate in China’s growing fortunes, including language courses to allow them to speak Mandarin and thus secure better jobs not only in Xinjiang, but all across China. The move was immediately condemned by the US and its proxy NGOs. 

The US State Department’s “Radio Free Asia” (RFA) reported in an article titled, “China’s Mandarin Teaching Drive Sparks Uyghur Anger,” that:

Authorities in the Chinese capital have sent dozens of volunteer teachers to the troubled northwestern region of Xinjiang in a bid to boost comprehension of Mandarin among local ethnic minority Uyghurs, official media reported. 

The move was promptly slammed by exile groups as a bid to further wipe out Uyghur language and culture, assimilating it into the culture of the majority Han Chinese population.

The “exile groups” referred to by RFA is in fact the Washington D.C.-based World Uyghur Congress (WUC), openly funded by the US National Endowment for Democracy. That this so-called “exiled group” is literally sitting in Washington D.C., funded by the US State Department, and serving the convenient role of destabilizing China, widely acknowledged by the US itself as an adversary it must encircle, contain, and undermine, clearly explains why efforts to teach Uyghurs Mandarin and thus secure a better future, is opposed, with no viable alternative provided.

A Long Game 

Realistically however, learning a language takes time, and mastering it may take a lifetime. The perceived marginalization Uyghurs face, due in part undoubtedly to an inability to speak proper Mandarin alone might take a generation to overcome. China’s only hope of draining the swamps of poor education and poverty within which Beijing’s enemies seek to plant the seeds of division and chaos, is to commit itself to long-term plans to create a more inclusive environment for Uyghurs.

While doing this, Beijing will have to stalwartly weather the chaos of division attempting to prevail in Xinjiang.

Such division suits China’s enemies quite well, constituting the age-old strategy of “divide and conquer.” By dividing the ethnic Uyghurs against Han Chinese, including the funding and backing of armed groups carrying out deadly terrorist attacks – not only in Xinjiang, but across greater China – the US hopes to make Xinjiang ungovernable, forcing Beijing to commit greater resources to quelling violence, instead of  fostering unity and moving economic progress forward.

For every long thought-out strategy to educate and empower Uyghurs to participate in greater China’s growing economy, spanning years and costing millions to implement, a single terrorist attack carried out by US-backed separatists can fuel animosity on both sides, and undo any progress made in just hours or days.

While the vast majority of Xinjiang’s population appears intent on choosing the stability Beijing offers versus the violence and chaos offered by the US State Department and its stable of terrorist organizations, the ability of a horrific mass knife attack to disingenuously reframe reality to suit Washington and Wall Street’s interests versus reality still seems unmatched.

It will take Beijing time to formulate the right balance to defend against this tactic – all while ensuring it doesn’t fall into the trap of simply “cracking down” in Xinjiang and only adding fuel to the West’s intentionally lit fire.

Two Roads Ahead – Only One Has a Final Destination 

For the Uyghur people, there are two choices. One is to indulge in fantastical notions of an “East Turkistan,” where virtually no economic activity will take place, infrastructure will rot, and Western-backed militancy will reign  for the primary purpose of pushing the chaos successfully created to carve off Xinjiang, deeper into China.

The other choice is to commit to Beijing’s long-term vision of integrating Xinjiang’s ethnic minorities into Chinese society where they can enjoy the same opportunities as China’s 1.3 billion other citizens.

Ironically, with US-backed NGOs using Uyghur’s as proxies in what is basically a terror campaign by with the ultimate goal of seizing Chinese territory, it is not Beijing that poses the greatest threat to the culture and traditions of the Uyghur people, but rather the NGOs “protecting Uyghur rights” while hiding a proxy war serving foreign interests behind them.

Just as Islam today suffers collectively because of Western-backed terror groups which in reality constitute but a fraction of 1% of all Muslims – and who practice an ideology that is in fact, the antithesis of Islam – Uyghurs will continue to suffer collectively because of a small minority of violent, loud, well-funded, and well-organized proxies propped up by the West – some literally based in Washington D.C. itself – for the West’s own ends.

While it appears China is still able to successfully move its plans in Xinjiang forward despite the West’s greatest efforts to disrupt them, Beijing could benefit greatly from better educating the world regarding the state of Xinjiang’s sociopolitical landscape, including highlighting Uyghur groups that are working to both preserve their culture and traditions, as well as work together with Beijing to improve the opportunities of the Uyghur people within greater China.

For now, when one types in “Uyghur conflict” into Google, they will be faced with a torrent of headlines providing only one side of the story – and it isn’t Beijing’s.

Tony Cartalucci, Bangkok-based geopolitical researcher and writer, especially for the online magazineNew Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/11/10/chinas-xinjiang-problem...

lundi, 09 novembre 2015

Shinzo Abe’s Visit to Mongolia and Central Asia

 
Shinzo Abe’s Visit to Mongolia and Central Asia
 
Ex: http://journal-neo.org

From October 22 to 28 this year, the Japanese Prime Minister Shinzo Abe made a tour to Mongolia, Turkmenistan, Tajikistan, Uzbekistan, Kyrgyzstan and Kazakhstan. This trip was the second one after almost a similar tour in 2006 of Junichirō Koizumi – the Prime Minister of Japan of that time, who is considered to be Abe’s “political father”.

The current Prime Minister’s “hurricane visits” to each of the six countries were marked by further actualization of the key foreign policy challenge, which is perceived by Tokyo as a factor directly linked to the development of China as the second global power.

Nearly all the regions of the world point out that the two major Asian powers are implementing the strategy known to football fans as “man-to-man marking” towards one another. In this regard, the Central Asian tour of the Japanese Prime Minister is no exception. It was made in response to Beijing’s desire to involve the Central Asian countries in the reconstruction of the land route of the Silk Road project.

As it has been repeatedly pointed out in the NEO, in recent years, there is a trend of the growing importance of the “power” component in Japan’s “toolbox” intended to address its foreign policy objectives, including those caused by strategic confrontation with China. However, its third economy status, as well as its image as one of the global centers of technological progress and potential investor in the national development projects of its partner countries remain the most important of them (and, apparently, they will remain like that in the foreseeable future).

By intensifying relations with them, Japan is resolving its “genealogical” problem, which the country faced after it went the way of westernization in the second half of the 19th century. We are talking about a complete absence of mineral resources within the territory of the country that are crucial for the functioning of a modern economy. Nevertheless, if you do not have them, you can buy them abroad in some way. This “some way” may vary. For about one hundred years since the beginning of the period of the “Meiji Restoration”, the principal means of solving this problem were political and military expansion into the neighboring countries that finally resulted in the national disaster of 1945. The entire postwar history of Japan shows a significantly more effective solution of the same problem using the nation’s current main instrument – the 50 “agents” (representing the leading Japanese financial and industrial conglomerates) who formed the core of the team, and accompanied Abe on his Central Asian tour.

Comments about the tour focus attention on the fact that, along with their important strategic position, the visited countries are also extremely rich in natural resources. In particular, they specify the countries’ shares in percentages of the world’s oil, gas and uranium ore reserves found in their territories, for control over which several leading players have been drawn in the struggle.

As a matter of fact, Mongolia can hardly be included in the Central Asian region. However, the mere fact that on the way to the five countries belonging to that region the Japanese Prime Minister felt it necessary to make a preliminary stop-over in Ulaanbaatar once again demonstrates the growing importance of control over the Mongolian territory for the world’s leading players. To be more politically correct, securing a privileged spot in the list of Mongolia’s partners plays an increasingly important role for each of them. In particular, it already played the role of a mediator in an attempt to normalize relations between Japan and North Korea under the pretext of resolving “the problem of the kidnapped” two dozen Japanese during the 70’s. From the standpoint of maintaining an independent state status, implementation of the so-called “third neighbor strategy”, which stipulates the development of relations with the “non-regional” leading countries of the world, is becoming increasingly important for Mongolia.

Thus, the entire tour of Abe can be divided into two separate parts – his visit to Mongolia and his trip to the Central Asian countries.

It is noteworthy that at that time an article appeared in the Chinese Global Times with seemingly abstract reasoning of the benefits of a neutral positioning in the international scene for small countries (including Mongolia), as well as for the whole world.

During the talks between Shinzo Abe and the Prime Minister of Mongolia Chimediin Saikhanbileg, the Partiesreaffirmed their desire to incorporate specific content into the Agreement on economic partnership signed in February 2015 during the latter’s visit to Tokyo. Among other things, it provides gradual withdrawal of tariff barriers in bilateral trade in respect of 96% of goods and services supplied to each other by 2030.

This Agreement is the first such document for Mongolia and the fifteenth for Japan, which supplies mainly engineering products, and purchases coal and other mineral resources, wool and light industry products from its partner.

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Today, amid the decline in China’s growth rate – the main trade partner of Mongolia – as well as falling prices for mineral raw materials in the global markets (the main Mongolian export product), development of relations with the third economy in the world is particularly important for Ulaanbaatar. During his visit, Abe expressed Japan’s readiness to continue participation in the infrastructure projects in Mongolia, including its key national project – the development of the giant coal deposit at Tavan Tolgoi.

Special attention should be given to two aspects in the statement of the Japanese Prime Minister at the final press conference. First, he expressed gratitude to the leadership of Mongolia for its support of Japan’s adoption of a package of new laws in the defense sphere. Second, Abe noted that the two countries agreed to develop strategic partnership, and called for the involvement of the United States in the format of these relations.

The latter is not a fiction, taking into account the growing interest shown by Washington to Mongolia, especially in the development of cooperation in the field of defense. It will suffice to mention that the multilateral military exercises – Khaan Quest – are held annually in Mongolia under the auspices of the USA. The last Khaan Quest-2015 exercises involved 22 countries to different extents.

It should also be noted that the Japanese Prime Minister enjoyed a very favorable reception in Mongolia and Central Asia, which was quite understandable. All the neighbors of China deriving considerable benefits from the development of their economic relations with China show a clear commitment to insure against risks (real or imaginary ones – this is a separate issue) due to the entire fact of its transformation into the second global power.

Against the emerging decline in the shares of the main “insurance company” in the region (and in the entire world), whose role is still played by the US, the significance of “insurance company No. 2″, i.e. Japan, is increasing. Its leader arrived in the region with a proposal of financial and technological support for projects that are extremely important for the countries visited, such as those associated with the development of the Galkynysh gas field in Turkmenistan, the reconstruction of the Manas airport in Kyrgyzstan, and development of the transport infrastructure in Tajikistan.

Experts, however, have noted the apparent time lag in the Japanese reaction to China’s economic expansion that have taken place in Central Asia and Mongolia for a long time.

As for Russian interests, the potential spread of the China-Japan struggle to Central Asia (especially in a format that has already been noted in South-East Asia) may give rise to a number of new and complex issues during selection of the optimal strategy of behavior with respect to each of Russia’s two most important Asian neighbors.

Vladimir Terekhov, expert on the issues of the Asia-Pacific region, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.

jeudi, 05 novembre 2015

Los caprichos fronterizos de Asia Central

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Los caprichos fronterizos de Asia Central

Hablar de fronteras nunca es sencillo, probablemente porque tras cada una de ellas se esconden siglos de gestación, en no pocos casos violentos. Lo que sí es fácil de aclarar es el hecho de que todas las fronteras del mundo son una construcción humana. Si por algo se ha caracterizado la humanidad desde hace miles de años es por haber superado los límites que la naturaleza le imponía, fuesen cordilleras nevadas u océanos. No obstante, también hay que considerar que en otros muchos casos la geografía ha facilitado la separación de distintas comunidades humanas, un distanciamiento que con el paso de los siglos se ha naturalizado y profundizado mediante el surgimiento de rasgos culturales diferenciados, caso de la religión, la lengua e incluso distintas formas de organización social y política.

Con la proliferación del estado-nación a partir del siglo XVII, los procesos de fronterización han estado a la orden del día. Cada estado debía, lógicamente, tener unos límites definidos para no crear malentendidos con los vecinos. Sin embargo, esta obsesión por marcar los límites de cada ente estatal, de profundo carácter occidental, ha llevado en muchos casos a cometer auténticos desaguisados. Y es que aunque en el mundo occidental haya una alta correspondencia entre los límites del Estado y la homogeneidad social y cultural, en muchas otras partes del planeta esto no es así. A pesar de ello, la imposición de fronteras por parte de países europeos ha llevado, a menudo buscando los propios intereses, a que hoy día podamos observar estados cuyas fronteras son altamente artificiales –partiendo de la base de que toda frontera estatal es de por sí artificial–, generando numerosos conflictos y tensiones, algo que con un trazado más sensible a cuestiones étnicas, lingüísticas o simplemente históricas podría haberse mitigado.

La región de Asia Central es una de esas zonas del planeta en las que la dictadura del mapamundi es tremendamente nociva. A las particularidades sociales, económicas y culturales que durante siglos han caracterizado a los pueblos de esta región se le añaden las injerencias de distintos poderes externos y su afán de modelado, dando como resultado estados más grandes de lo “nacionalmente lógico”, otros más pequeños, alguno inexistente y terceros surgidos de la nada.

Del nomadismo al homo sovieticus

La aparición del nacionalismo en los actuales “tanes” centroasiáticos es un suceso enormemente tardío. En un ángulo muerto de los acontecimientos globales de la época contemporánea, la región, al abrigo del Hindukush, los montes Tian Shan y la vasta llanura siberiana, no supo de potencias, nacionalidades ni estados hasta bien entrado el siglo XIX.

Hasta entonces, la mezcla étnica, lingüística y los distintos modos de vida eran la norma en aquel territorio sin nombre. Su importancia histórica radicaba en haber sido un núcleo de gran importancia en la primigenia Ruta de la Seda medieval. Ciudades como Samarcanda, Mirv o Bujará se convirtieron en centros del comercio de gran importancia para la región, con su correspondiente florecimiento artístico y político. Y es que la zona centroasiática, comerciantes aparte, se caracterizó por ser siempre de paso. Desde las etnias y tribus locales de carácter nómada o seminómada, dedicadas al pastoreo entre las llanuras centroasiáticas y el piedemonte de las enormes cordilleras que guardan Asia Central, hasta otros poderes imperiales como los árabes, los persas y los chinos, aquella región que puenteaba Asia oriental con Oriente Medio vio pasar todo tipo de poderes foráneos, con las correspondientes influencias religiosas y lingüísticas.

A pesar de haber evidentes señas distintivas entre los pobladores de la zona, las identidades no se basaban en las que actualmente se pueden considerar “normales” en muchas partes del mundo, como la religión, el idioma o la etnia de cada uno. En Asia Central todo se construía en torno a dos factores: el lugar de pertenencia –la ciudad o el pueblo de origen o residencia– y una división de tipo económica, en la que los distintos grupos étnicos –que se subdividían en tribus y éstas, a su vez, podían ser nómadas o sedentarias– realizaban mayoritariamente determinadas actividades productivas. Este factor hacía interdependiente a toda la sociedad en el plano económico. Así, lo habitual era que los kirguizos y los turkmenos se dedicasen al pastoreo; los tayikos de las ciudades al comercio y la artesanía; los eslavos a labores administrativas y de cierta capacitación; los uzbekos a los cultivos de trigo y algodón y los judíos a la medicina o la enseñanza. Además, todas estas comunidades vivían entremezcladas en muchos puntos de Asia Central, especialmente en las ciudades, si bien en otras zonas, las tradicionales para esa etnia, su presencia era mayoritaria.

Llegó sin embargo el siglo XIX, y con él los británicos y los rusos. La potencia anglosajona posó sus ojos en Asia Central, una región ignota para los ingleses y con la que Rudyard Kipling fantaseó recurrentemente –sirva de ejemplo ‘El hombre que pudo reinar’. Deseaban expandir el imperio desde India hacia el norte, a una región sin poder foráneo desde Alejandro Magno. Desde el norte se extenderían los rusos, poseedores de un vasto pero despoblado imperio y acechantes de cara a abrirse paso hacia el Índico. Por ello, la región centroasiática fue testigo de lo que se denominó como el “Gran Juego”, en el que rusos y británicos pujaron por sus intereses de manera tan decidida que a poco estuvieron de entrar en conflicto directo. La solución vino de un clásico de la geopolítica: un estado-tapón llamado Afganistán.

Al tiempo que el siglo XIX llegaba a su fin, Asia Central ya había sido convenientemente anexionada a la Rusia zarista. Los kazajos, turkmenos, uzbekos, kirguizos, tayikos y demás etnias de la zona quedaban así bajo el poder de San Petersburgo y lejos de los incipientes movimientos panturquistas y panislamistas, algo que la élite rusa consideraba enormemente peligrosos para sus intereses. Sin embargo, el imperio zarista no tuvo especial interés en promover el nacionalismo ruso. El hecho de que como tal no existiese en Asia Central un fuerte sentimiento identitario nacionalista, así como la ya asumida multietnicidad y multirreligiosidad del imperio –nada que ver los eslavos “europeos” con las etnias del Cáucaso o los rusos del extremo oriental–, fueron motivos lo suficientemente poderosos para no intentar encontrar solución a un problema que no existía. De hecho, no sería el régimen zarista sino su sucesor, el soviético, el que plantaría la semilla del actual y exacerbado nacionalismo centroasiático.

A principios de los años veinte del siglo pasado, con la guerra civil rusa a punto de acabar, se procedió al rediseño territorial de la URSS. Dentro de la lógica soviética, la consecución del socialismo requería irremediablemente de la superación del nacionalismo tradicional. Sin embargo, y con el fin de reconocer a los entes federados dentro de la Unión Soviética, las repúblicas socialistas se dibujaron en base a esos criterios nacionalistas.

Paradójicamente, la URSS quiso fomentar cierto nacionalismo para después vaciarlo y transformarlo en un sentimiento soviético. Esto, en las repúblicas del continente europeo o caucásicas sí fue relativamente sencillo al existir previamente un nacionalismo propio y diferenciado. Sin embargo, la cuestión en Asia Central distaba mucho de ser tan fácil. ¿Cómo superar un nacionalismo si este ni siquiera existe? La solución promovida por Stalin era simple: se crea.

Mapa étnico de Asia Central. Fuente: http://www.oocities.org/ethnics_of_central_asia/

Mapa étnico de Asia Central. Fuente: http://www.oocities.org/ethnics_of_central_asia/

En aquellos años, el pensamiento soviético asociaba de manera inseparable la idea de nación –cultural– con la idea de lengua. Así, un grupo étnico con idioma propio podía ser perfectamente una nación, lo que la podía convertir en República Socialista y de ahí pasar a subsumirse en la URSS y llegar al socialismo. Sin embargo, la cuestión lingüística en Asia Central no seguía unas pautas tan uniformes. Si bien existían grupos étnicos con su propia lengua, otros tantos no disponían de un idioma exclusivo, utilizando normalmente una lengua túrquica compartida con los uzbekos o los tayikos. Con todo, este factor fue obviado por los responsables soviéticos, y la nacionalidad –como comunidad singular dentro de la URSS– fue concedida a los grupos étnicos hoy convertidos en “tanes”, mientras que otros grupos de enorme peso, como los sartos, fueron diluidos en el nuevo entramado multinacional soviético.

Sin embargo, en Moscú redoblaron los esfuerzos para dotar a las recientes nacionalidades de un sustrato que acentuase las diferencias. El primer paso fue trazar las fronteras internas, de carácter administrativo, pero que ya establecían límites geográficos –y sobre todo mentales– a las comunidades centroasiáticas. A un diseño bastante arbitrario de estos límites se le sumó el hecho, bastante habitual en la URSS, de ir traspasando territorios de una república a otra con la única razón de equilibrar económicamente a los territorios o, como ocurrió con Crimea, hacer un simple regalo. Así, ciudades uzbekas como Osh o Uzgen pasaron en 1924 a estar en Kirguizistán por el único motivo de que esta última república carecía de núcleos industriales.

Tras la fronterización vendría la creación de un nacionalismo propio para cada una de las recién creadas entidades. Identitariamente se empezó a etiquetar a la sociedad centroasiática, ya que además de ser ciudadanos de la Unión Soviética, también eran identificados como miembros de una república y una etnia concreta. Así, este continente étnico-nacional, bastante vacío en sus inicios, fue llenándose paulatinamente a partir de la Segunda Guerra Mundial –Gran Guerra Patriótica en la retórica soviética–. Se promovió la simplificación folclórica para crear una historia y una cultura diferenciada. Esto irremediablemente llevó a la apropiación de la identidad centroasiática compartida por cada una de las nacionalidades. Así, el arte, la arquitectura, la historia o la etnia cada vez fueron haciéndose más homogéneas en las fronteras impuestas desde Moscú. Ahora sí, en Asia Central existían las naciones bajo el paraguas de la Unión Soviética.

MÁS INFORMACIÓN: Identidad y espacio en Asia Central

El escenario que probablemente no se plantearon los responsables soviéticos fue el de un Asia Central fuera de la URSS, o directamente los problemas derivados de la inexistencia del estado soviético. Así, para cuando en diciembre de 1991 la Unión Soviética se disolvió, en la región centroasiática no se había realizado ningún tipo de transición hacia el ideal socialista. De hecho, estos territorios se hallaban en un frenesí nacionalista, algo que aprovecharon y alimentaron los responsables soviéticos de la región, ahora reconvertidos en presidentes de las nuevas repúblicas.

Kazajistán, Uzbekistán Tayikistán, Kirguizistán y Turkmenistán nacían oficialmente como estados a finales de 1991. Desde el primer día los ilógicos trazados fronterizos heredados de la época soviética remarcaron las dificultades que iba a tener esta región para revertir aquella situación. Si a eso se le sumaba el declive económico en los años posteriores a la desaparición de la URSS y a la carrera nacionalista, el panorama no podía ser más desolador.

Desde entonces, no hay estado centroasiático que no tenga problemas con sus vecinos por la cuestión fronteriza por tierra, mar –el lago Aral– y aire. Cierres de fronteras, campos minados y conflictos étnicos han estado a la orden del día desde entonces, y sólo dos factores han evitado que los problemas fuesen a más: las etnias repartidas por varios países y la interdependencia económica. En definitiva, las variables que históricamente han sido el nexo de unión regional. No es casualidad. Así, que dos o más de estos países no hayan entrado en conflicto abierto responde a que una importante comunidad del país atacante viviría en el país atacado y viceversa, actuando éstas de potenciales “rehenes”, un coste político imposible de asumir. Del mismo modo, la organización agrícola, industrial y energética de la región provoca que en muchos casos las actividades estén diferenciadas entre las distintas repúblicas. Así, el país industrial necesita de la energía del país energético, al igual que del agrícola y este del que dispone de los recursos hídricos. Un conflicto en Asia Central significaría el derrumbe de toda la economía regional.

MÁS INFORMACIÓN: Las conflictivas fronteras de Asia Central

A día de hoy el gran punto caliente es el valle de Fergana, vergel y centro de producción agrícola de la región. Su composición multiétnica y la importancia zonal de este territorio mayoritariamente uzbeko hace que sea deseado por muchos. Por ello, el ejercicio de fronterización de este valle es exhaustivo; trazado milímetro a milímetro entre las montañas para no dejar a nadie descontento. Sin embargo, las tensiones entre estados –y líderes–; los habituales conflictos interétnicos, que han ocasionado cientos de muertos y miles de desplazados o la todavía no resuelta cuestión sobre el control de los ríos hacen poco halagüeño el futuro de estas repúblicas, que unido al desinterés de la comunidad internacional podría alargar este problema durante décadas.

ARTÍCULO RELACIONADO: Asia Central, región geoestratégica (Juan Pérez Ventura, Marzo 2013)

Mortimer Durand o el Salomón de los pastunes

En 1893, el funcionario colonial británico Mortimer Durand fue enviado a la frontera noroccidental de la India para negociar con el emir afgano Abdur Rahman Khan una solución al conflicto entre los británicos y las tribus pastunes lideradas por el emir. Los casacas rojas habían intentado durante medio siglo establecer un control efectivo sobre Afganistán, pero, para su desgracia, este apenas había llegado más allá de las ciudades, haciendo imposible llevar el control de la Corona a las agrestes montañas afganas. Por ello, las revueltas de caudillos y señores locales habían sido frecuentes, infligiendo severas derrotas a los británicos.

La finalidad de aquellas negociaciones no eran las de trazar una frontera al uso, sino demarcar hasta dónde podía llegar la autoridad del emir y de la colonia británica. En el fondo, lo que se dirimía era la influencia sobre las tribus pastunes establecidas entre el Hindukush y la llanura fluvial del río Indo. Durand, en vista de que el Imperio no iba a poder someter a los pastunes y para que el emir afgano no acaparase demasiado poder, optó por la vieja táctica de “divide y vencerás”. Para ello, en las negociaciones trazó una línea desde la cordillera del Pamir, entonces territorio del imperio ruso, hacia el suroeste, acabando en la frontera con Persia –hoy Irán. En dicho recorrido seccionó por la mitad las áreas tribales pastunes, quedando la mitad bajo control afgano y la otra mitad bajo control inglés. Esta división pasaría a la historia como Línea Durand.

Trazado de la Línea Durand, el “Pastunistán” y las zonas tribales. Fuente: Le Monde Diplomatique

Trazado de la Línea Durand, el “Pastunistán” y las zonas tribales. Fuente: Le Monde Diplomatique

Este trazado no produjo demasiados problemas en las décadas siguientes. Los pastunes, como la práctica totalidad de las etnias de la zona, no habían interiorizado ningún tipo de sentimiento nacionalista, y la porosidad de la frontera era tan elevada que a efectos prácticos no limitaba los movimientos de un lado a otro.

La idea de Durand se convertiría en un asunto espinoso cuando los británicos abandonasen el continente indio, dejando tras de sí dos estados abiertamente enfrentados, India y Pakistán. El estado pakistaní, autofabricado a partir de un acrónimo y la fe musulmana, se encontró arrinconado entre un país del que se declaraba enemigo, unas fronteras al noreste sin definir –la región de Cachemira– y la Línea Durand, que de un día a otro había pasado de ser un trazo en el mapa a ser la frontera entre los pakistaníes y los afganos.

Y es que esa frontera, totalmente naturalizada en los mapas y reconocida por todos los estados del mundo, no es del gusto de Afganistán ni de Pakistán. Consideran la Línea Durand como una imposición colonial que perjudica a ambos entes. Sin embargo, la resolución de la cuestión es tan espinosa que lleva décadas empantanada. Cada estado defiende la postura de recoger en su territorio a todas las zonas de mayoría pastún, lo que supondría tanto para Afganistán como para Pakistán perder importantes zonas de territorio. Por ello, tampoco desean alimentar un nacionalismo pastún que podría traer inestabilidad y conflicto a una zona que en la actualidad escapa al control de ambos estados.

Recordemos que este área pastún, las conocidas como “zonas tribales”, parte vital del concepto del AfPak, han sido el refugio de los talibanes desde la invasión norteamericana de Afganistán en 2001. La extrema porosidad de la frontera, la colaboración de los pastunes y la incapacidad –o desinterés– de Pakistán en realizar un control efectivo sobre esta zona han sido un factor determinante en la imposibilidad norteamericana de zanjar esa guerra, retirándose del país sin haber eliminado la amenaza talibán y con un estado afgano tremendamente frágil. Otro motivo más de la extrema influencia que tiene el trazado de una frontera.

La región centroasiática sigue abocada al reto de tener que vivir con unas fronteras que ellos no crearon, algo que ha provocado unas dinámicas nocivas para la región y tremendamente disfuncionales. El equilibrio existente hasta hace menos de un siglo fue roto por las potencias que ahora se desentienden, aunque los problemas no hayan desaparecido. El terrorismo islamista transnacional, por ejemplo, es uno de ellos, y creciente. Que en el mundo occidental las fronteras se den por sentadas y naturalizadas no implica que en otras partes del planeta deban ser repensadas.

Fernando Arancón

 
Nacido en Madrid, en 1992. Graduado en Relaciones Internacionales en la UCM. Máster en Inteligencia Económica en la UAM. Analista de Inteligencia. Especialista en geopolítica y entornos estratégicos.

mercredi, 04 novembre 2015

Brzezinski, Obama, l’Islamisme et la Russie

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«Brzezinski, Obama, l’Islamisme et la Russie»

Auteur : Bruno Adrie 
Ex: http://zejournal.mobi
 

« Qui domine l’Europe orientale, domine le Heartland, qui domine le Heartland domine l’île mondiale », c’est à-dire l’Eurasie. C’est grâce à cette phrase, écrite en 1904, que le géographe Halford Mackinder est devenu célèbre. Or le Heartland (la zone pivot), lorsqu’on regarde la carte publiée dans l’article de Mackinder, c’est grosso modo la Russie actuelle, européenne et asiatique, le Caucase, l’Asie Centrale et l’Iran.

Dans le numéro de septembre/octobre 1997 du magazine Foreign Affairs, Zbigniew Brzezinski signe quant à lui un article intitulé « A Geostrategy for Eurasia » dans lequel il prétend pousser plus loin la pensée hégémonique de son prédécesseur.

Pour lui, la Russie vit actuellement recluse dans la nostalgie de son passé impérial, une nostalgie qui l’empêche de voir le présent et d’envisager l’avenir avec pragmatisme. Plutôt que de faire preuve de réalisme, la Russie est régulièrement tentée de « s’engager dans un effort futile afin de regagner son statut de puissance mondiale ». Or ça, pour Zbigniew Brzezinski, c’est du passé, et la Russie doit cesser de vivre dans la contemplation de ce passé doré comme les cieux des vieilles icônes. D’abord, la Russie souffre d’une perte de vitesse démographique qui ne lui permettra pas de continuer à gouverner un pays de 17 millions de kilomètres carrés. Ensuite, sa bureaucratie, trop lourde et centralisée, n’a pas permis à cet immense territoire de se développer. Aussi, pour que l’ensemble reste tenable et évolue, le pays doit-il « se moderniser » et se décentraliser. Zbigniew Brzezinski, que rien n’arrête et qui pense à tout, prend la carte de la Russie et, en deux traits pointillés, nous fabrique une « confédération » de trois Etats: à l’ouest, la Russie d’Europe, au centre, une République sibérienne et une République extrême orientale donnant sur l’océan Pacifique (voir l’image d’en-tête), un découpage qui, selon lui, permettra de libérer les forces vives trop longtemps contenues et d’accroître les relations commerciales de ces territoires nouveaux avec leurs voisins. Et il ne s’arrête pas là. Dans un ouvrage intitulé The Choice: Global Domination or Global Leadership (2004), il approfondit son idée en prétendant qu’« un effort international pour développer et coloniser la Sibérie pourrait stimuler un authentique rapprochement entre les Européens et les Russes ». Pour lui, la Sibérie est une nouvelle « Alaska », une nouvelle « Californie », « un Eldorado pour des pionniers aventuriers », une « source de grande richesse » et d’« investissements profitables ». Pris dans son élan géopolitique, il envisage même la transformation de la Sibérie en un bien commun eurasiatique exploité dans un esprit de partage. Pour lui, cette évolution aurait l’avantage de « stimul[er] une société européenne repue » grâce à cette « excitante nouvelle frontière » à conquérir. Une sorte de « Drang nach Osten pour le développement » en quelque sorte. Mais, précise-t-il, on n’y parviendra pas facilement car il faudra passer par un changement intérieur, par la consolidation d’ « un pluralisme géopolitique en Russie ». C’est d’ailleurs là que réside, selon lui, « une des principales tâches qui incombent à la société euro-atlantique » qui va devoir lutter contre les « ambitions impériales résiduelles de la plus grande partie de [l’] élite politique [russe] ». Par quel moyen? En plaçant « des obstacles à toute tentative de restauration impériale » (The Choice). Une idée très ancrée dans la tête du Doctor: une Russie décentralisée « serait moins susceptible de se mobiliser en tant qu’Empire » (Foreign Affairs).

En ajoutant quelques détails pris dans ses écrits, nous pensons pouvoir résumer ainsi le credo de Zbigniew Brzezinski. Il se décline en trois nécessités fondamentales que nous explicitons :

- La Russie doit cesser de vouloir être un challenger des Etats-Unis et se laisser inféoder par l’Union Européenne et par l’OTAN. Ainsi, elle ne constituera plus une menace pour les Etats-Unis qui pourront sans doute, on le devine, exercer leur pression militaire ailleurs, pourquoi pas en mer de Chine.

- La Russie doit se démocratiser, selon la définition qui confond démocratie et adhésion au système occidental du suffrage universel. Cette démocratisation permettra, on le voit partout en Europe et aux Etats-Unis, de porter au pouvoir des technocrates opportunistes, des membres des réseaux atlantistes, pas vraiment intéressés par la question des libertés fondamentales et plutôt indifférents aux questions environnementales. Ces agents agiront conformément aux intérêts des oligarques locaux et étrangers et seront rémunérés par leurs lobbies. Ils fermeront les yeux sur la régulation des opérations des marchés bancaires, accueilleront les délocalisations dans un cadre propice où le code du travail ne mettra pas de barrière à l’exploitation de la main-d’œuvre et feront pression pour que la politique fiscale ne nuise jamais aux profits de ceux qui ont toujours profité. Dit simplement, afin d’augmenter les bénéfices des actionnaires locaux et envahisseurs, ils répandront partout la corruption.

- La Russie doit accepter d’être démantelée et de devenir une terre d’accueil de pionniers pour permettre de tirer plus de profits des richesses que recèle un sous-sol inexploité qui deviendra, dès lors, puisque tous les hommes sont frères dans l’extraction, un terrain neutre, une sorte de zone de partage économique. Or, ça tombe bien parce la République de Sibérie, la partie centrale du découpage, correspond précisément au bassin de Sibérie occidentale qui détient, selon un rapport de l’USGS de 2003 (Petroleum, Geology and Resources of the West Siberian Basin, Rusia, par Gregory F. Ulmishek), le plus grand bassin pétrolier du monde, un bassin couvrant une superficie de 2,2 millions de kilomètres carrés, exactement situé entre l’Oural et le fleuve Ienisseï et délimité au nord par la mer de Karal. Comportant plusieurs dizaines de champs pétroliers et gaziers géants et super-géants, il produit les ¾ du pétrole et du gaz de Russie et, en dépit du forage de gros volumes, il reste modérément exploré. Si nous nous tournons maintenant vers le BP Statistical Review of World Energy de 2015, pour nous faire une idée de cette manne à l’échelon mondial, nous découvrons qu’aujourd’hui, la Russie possède 6,1% des réserves mondiales prouvées de pétrole (contre 2,9% pour les Etats-Unis) et qu’elle possède aussi 17,4% des réserves mondiales prouvées de gaz (contre 5,2% pour les Etats-Unis). Remarquons d’autre part que l’Iran détient 18,2% des réserves mondiales de gaz, 9,3% pour le Turkménistan. Inutile de préciser que ces deux pays sont situés dans le Heartland de Mackinder.

On sourit quand on voit la liste des abandons que le Dr. Brzezinski exige de la Russie, tant sur le plan politique (abandon du régime qui permet au pays de garder son indépendance pour le remplacer par un régime apparemment démocratique mais en réalité uniquement électif et, par conséquent, poreux à tout le lobbying et à toutes les corruptions dont sont porteuses les multinationales), qu’économique (abandon de sa souveraineté sur des territoires qui offrent de nombreux avantages économiques grâce à leurs ressources, à leurs infrastructures, et à leurs voies de communication) et stratégique (perte de bases militaires, de bases nucléaires, et d’ouverture sur les mers).

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Il est donc difficile de garder son sérieux devant une telle plaisanterie si sérieusement adressée à un lectorat qu’on imagine uniquement préoccupé par l’accroissement de sa puissance et de ses revenus, plus précisément de sa puissance par ses revenus. Un lectorat à l’esprit « pionnier » et qui voit dans la Sibérie une nouvelle Californie, une nouvelle Alaska, l’occasion d’une nouvelle ruée vers l’or, d’une nouvelle Drang nach Osten qui n’aura rien de pacifique mais qui sera, au contraire, un pillage de plus, un pillage en grand, le pillage en technicolor d’un Heartland définitivement conquis et dont la soumission signifiera sans doute, pour ceux qui y croient encore, la fin de l’Histoire.

Rappelons-nous ce qu’a dit le président Obama au sujet du Doctor: que celui-ci a, pendant des décennies, formé les spécialistes de la politique étrangère dans les deux partis (c’est le cas de Madeleine Albright) et que cet universitaire exceptionnel, ce penseur exceptionnel, cet ami exceptionnel lui a personnellement beaucoup appris en plus de le soutenir pendant sa campagne présidentielle (les deux allant de pair, évidemment).

Il semble très cohérent que cet Obama-là, poupée politique façonnée et portée à la présidence par les puissants que représente Zbigniew Brzezinski, mène aujourd’hui une guerre contre la Russie, une guerre qui a commencé par un coup d’Etat en Ukraine, qui s’est poursuivie par l’application de « sanctions » et a fini par une tentative de déstabilisation de l’allié syrien, favorisée il est vrai par l’apparition opportune d’une organisation terroriste justifiant l’ingérence étasunienne dans un Etat souverain, à travers des bombardements et un soutien apporté à une armée de libération composée d’islamistes dits modérés, des islamistes bien utiles et peut-être pas si modérés qu’on le dit, comme ceux que le Doctor avait armés dès 1979 en Afghanistan afin d’offrir aux Russes leur « guerre du Vietnam ».

Le but de l’Amérique d’Obama, qui est celle de Brzezinski et qui est celle des élites qui décident de la politique étrangère depuis le Council on Foreign Relations, c’est de faire reculer la Russie, de l’enfermer dans ses frontières afin de l’assiéger, de la soumettre et de la faire éclater en trois blocs affaiblis, plus faciles à écraser sous les grosses pattes des dinosaures de la mondialisation.

En espérant que ces réflexions permettront au lecteur indécis de mieux comprendre M. Poutine, sa défense de la Syrie, sa résistance devant l’Ukraine, son invasion de la Géorgie et sa politique face aux mouvements « islamistes » dont il conviendrait de connaître les sources de financement avant de clore toute analyse.


- Source : Bruno Adrie

dimanche, 25 octobre 2015

LE PROJET CHINOIS “UNE ROUTE, UNE CEINTURE”

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LE PROJET CHINOIS “UNE ROUTE, UNE CEINTURE”
 
Des ambitions irréalistes ?

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr

Il y a 100 ans, en mai 1915, les anglo-américains avaient chargé un paquebot de munitions, le Lusitania. Alors que les Allemands avaient rappelé que cela était prohibé par les lois de la guerre, ils le firent volontairement pour entrer en guerre avec le but final de faire mainmise sur le continent européen. En un siècle, les mêmes utilisent toujours les mêmes méthodes pour ramener l’Europe et tout l’Occident à un niveau d'inhumanité très comparable. Dans ce contexte, on a pu lire avec intérêt les nouveaux projets chinois qui pourraient ramener un peu de civilisation dans ce monde dirigé par l’association des Al Capone fanatisés. Le projet chinois s’intitule “une route, une ceinture” et l’on doit au site “Les crises”  d’en avoir publié une version française. Particulièrement surpris de l’obsession anglo-américaine pour la guerre, l’auteur chinois Qiao Liang reconnaît volontiers que l’astuce et le fanatisme de l’oligarchie occidentale l’a conduite à promouvoir deux grandes ignominies : le terrorisme aveugle et la guerre financière. Le premier devoir d’une élite consiste évidemment à bien comprendre ce que cela signifie en pratique pour ne plus en être la victime. 


Les impérialismes se ressemblent mais…


Dans les instituts d’études politiques, on enseignait que l’Impérialisme provenait d’une différence de potentiel qui incitait certaines puissances à en dominer d’autres. Le développement de la Chine répond à ce scénario traditionnel et ne surprend personne. Tant les Russes que les Chinois souhaitent en premier lieu obtenir une part du gâteau que les oligarchies anglo-américaines ont su s’approprier depuis la première guerre mondiale. Mais dans l’univers de la mafia, il ne faut pas “toucher au grisbi” surtout lorsque les chefs se considèrent comme une race élue destinée à administrer les richesses du monde à leur seul profit. Les oligarques occidentaux refusent en général de partager. Les impérialismes naissants doivent donc bâtir une stratégie de puissance originale tout en évitant une confrontation directe avec l’Occident qui ne rêve que guerres, destructions, pillages et génocides. 


L’art de la conquête s’avère primordial et l’auteur chinois propose deux pistes 

- Fixer des objectifs principaux sur terre et sur mer, puis des objectifs secondaires. La partie matérielle la plus connue est terrestre. La Chine souhaite construire des réseaux vers l’Europe, en particulier des trains à grande vitesse dont ils sont désormais les grands spécialistes, des pipelines et des oléoducs. La partie financière est encore plus fondamentale. Entre l’Internet et les échanges en ligne, le rôle de la monnaie américaine doit diminuer inexorablement. Les sites chinois permettent déjà des paiements sans utiliser de dollar. La lutte principale réside pour eux comme pour nous tous dans la libération de l’esclavage monétaire.


- Aider les fanatiques qui dominent l’Amérique à scier les branches sur lesquelles ils sont assis : l’innovation dans l’internet, les bases de données, les nuages ne doivent pas être monopolisés par les gangs anglo-américains et leurs serviteurs européens. La Chine se considère comme étant sur la même ligne de départ pour ces nouvelles technologies et entend progresser au même rythme pour éviter la dépendance. Surtout, ses élites apprennent à décrypter les pièges habituels des voyous de la finance car ils ne veulent pas demeurer niais et bêtes comme les européens face à leurs bourreaux. Qiao Liang détaille la guerre financière, observant le phénomène de l’accordéon. La finance anglo-américaine gonfle des créances puis les dégonfle. Il remarque avec subtilité que le dégonflement suit une crise organisée par l’oligarchie. Elle détruit les pays qui en sont victimes et enrichit Wall street et ses diverses activités financières car il n’y a désormais rien d’autre aux États-Unis en dehors de la finance. Il est fondamental pour les criminels en col blanc de contrôler les fluctuations de tous les marchés monétaires et financiers car sans cela ils ne peuvent plus maintenir leur niveau de vie et s’appauvrissent. Les crises sont fondamentales pour remplir les poches des employés de la finance et toute la politique occidentale vise à les provoquer à intervalle régulier. 


Sauf grain de sable, l’empire du néant va durer


Pierre Leconte, qui appartient à la tradition libérale autrichienne, propose sur son Forum de se dépouiller de toute illusion sur l’évolution à court terme du programme de terreur et de destruction massive piloté par le pouvoir. 


Comme libéral, Leconte défend deux thèses pour lesquelles on peut être en désaccord: la création monétaire à partir du métal précieux; la concurrence des monnaies. Par contre, nous sommes tout à fait convaincus du bien-fondé des réformes qu’il propose pour soulager les misères des populations victimes des néantologues financiers: casser les monopoles de la finance car ils font régner la terreur sur les hommes politiques; supprimer le FMI qui est un appareil prédateur; interdire l’escroquerie du grand marché transatlantique; sanctionner la publicité mensongère sur les actifs financiers; éliminer les armes de destruction massive que sont les marchés à terme. Quand aux USA, leur ressemblance avec l’ex-Union Soviétique est désormais frappante: le Plunge Protection Team est la main très visible chargée de manipuler les marchés. Pour construire cet autre monde, le chinois Qiao Liang se berce d’illusions sur son pays. Le dollar va rester encore longtemps la principale monnaie malgré le système de destruction massive qui le contrôle, le produit, l’agite. La chute d’un empire monétaire prend du temps. Il en sera de même à propos des organisations terroristes manipulées, contrôlées, entretenues par l’axe de l’inhumanité. Elles ne permettront ni à la Chine ni à la Russie de faire chuter l’horreur vétérotestamentaire. Il faudra des résistances multiples, des refus d’obéissance systématiques, pour que l’inhumanité retourne dans son lit… Sauf si, à la manière du grain de sable, divers phénomènes imprévus (épidémies?, aveuglements? …) favorisaient la dislocation des réseaux de la haine et de la corruption.


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samedi, 24 octobre 2015

Asia Central, región geoestratégica

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Asia Central, región geoestratégica

Muchas veces la división del territorio mundial en continentes no es suficiente para realizar estudios detallados de ciertas zonas del Planeta. Por eso, el mundo se divide en varias regiones o subregiones, aceptadas y diferenciadas por la Organización de las Naciones Unidas (ONU).

Una de estas regiones del mundo es la zona de Asia Central. Localizada entre el Mar Caspio y la frontera oeste de China, esta región, antiguamente conocida como el Turkestán, está formada actualmente por cinco repúblicas ex-soviéticas: Kazajistán, Kirguizistán, Tayikistán, Turkmenistán y Uzbekistán.

Geografía física

Al norte de Irán, Afganistán y Pakistán se encuentran los países del Asia Central, una extensa región de más de 4 millones de kilómetros cuadrados. Los “Cinco -stán” se pueden dividir en dos grupos: los llanos y los montañosos. Mientras que Kazajistán, Uzbekistán y Turkmenistán son extensas llanuras, Kirguizistán y Tayikistán son dos pequeños países montañosos.

Los tres primeros países tienen una superficie mucho mayor y deben su planitud a la gran Meseta de Ustyurt, de 200.000 kilómetros cuadrados. En esta zona el clima es árido y el suelo rocoso, siendo la altitud media de 150m. Tradicionalmente, la población de los alrededor de Ustyurt se ha dedicado a actividades relacionadas con el pastoreo, con rebaños de cabras, ovejas y camellos, sin llegar a asentarse definitivamente en ningún lugar.

National_emblem_of_KyrgyzstanPor otro lado, Kirguizistán y Tayikistán, mucho más pequeños, son dos países rodeados por importantes cordilleras montañosas. En el caso de Kirguizistán, el escudo del esta ex-república soviética simboliza el relieve que predomina en el país. Es en ocasiones llamado la “Suiza de Asia Central”, debido a que la región montañosa de Tian Shan cubre el 80% del territorio.

Tayikistán no es menos montañoso, ya que a las montañas del Tian Shan se une la cordillera del Pamir, lo cual hace que más del 50% de la superficie de este país se encuentre por encima de los 3.000 metros.

Las cordilleras de Tian Shan y del Pamir son dos de los relieves más importantes del mundo, junto con los Himalayas, las Montañas Rocosas y los Andes. Esta región del mundo está bajo la influencia de grandes relieves montañosos, lo cual hace que Asia Central sea un lugar inhóspito y de difícil acceso.

Aun así, en Kirguizistán y Tayikistán encontramos también tierras bajas y valles, donde se encuentran la mayoría de ciudades y donde se concentra la actividad económica. En en el noroeste de Tayikistán se encuentra el Valle de Ferghana, la zona más fértil de todo Asia Central.

Aral_mapLa región de Asia Central es atravesada por dos importantes ríos: el Syr Darya por el norte y el Amu Darya por el sur.

El río Syr Darya nace en las montañas de Tian Shan, mientras que el Amu Darya nace en la Cordillera del Pamir. Ambos llegan hasta el Mar de Aral y suponen la principal fuente de agua de la región.

El clima de Asia Central está marcado por una continentalidad extrema, que limita las posibilidades de explotación de la tierra y de asentamiento de la población. Con excepción de algunas zonas, como el ya mencionado Valle de Ferghana (compartido por Uzbekistán, Kirguizistán y Tayikistán) con una tierra fértil, una buena provisión de agua y un alta densidad de población.

El resto de Asia Central se distingue por paisajes desérticos, desde el desierto de arena de Turkmenistán que forma parte de la depresión aralo-caspiana, hasta las herbosas estepas de Kazajstán que anticipan Mongolia, y por paisajes montañosos, como los que ofrecen las cordilleras Pamir y Tian-Shan, cadenas montañosas al norte del Himalaya.

El desierto de Karakum cubre el 80% del territorio de Turkmenistán, y el desierto de Kyzylkum una gran parte de Uzbekistán. Por otro lado, y como ya hemos dicho, el 41% de la superficie de Kirguistán y casi la mitad de la territorio de Tayikistán se encuentran a una altitud de más de 3.000 m. (fuente: casaasia.es)

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fuente del mapa: stantours.com

Geografía económica: ¿dónde se localizan los recursos?

Con casi 65 millones de habitantes, Asia Central es una región muy poco poblada. La densidad de población es de 16 habitantes por kilómetro cuadrado. Las ciudades más importantes son Almatý (1.400.000 hab.), Astaná (700.000 hab.), Taskent (2.100.000 hab.), Biskek (800.00 hab.) y Asjabad (1.000.000 hab.). Otras, como Dushanbe (Tayikistán) muestran este fantasmagórico aspecto.

800px-Киргизские_кибитки_на_реке_ЧуAl contrario que otras regiones como el Sudeste Asiático, que están superpobladas, la zona de Asia Central se ha caracterizado siempre, desde los tiempos de la Ruta de la Seda, por ser una región despoblada y utilizada principalmente como de paso.

La vida en la estepa y entre las montañas no es fácil. La mayoría de la población ha sido siempre nómada (en el dibujo de la izquierda, casas kirguizas fácilmente desmontables).

Las pocas ciudades grandes actuales, sin embargo, sí que representan centros de relativa importancia económica. Astaná se presenta como una ciudad moderna que puede llegar a ser un importante centro financiero y de negocios, líder de la región.

La población de esta región se concentra en dos zonas principalmente: el norte de Kazajstán (zona de la capital, Astaná) y el Valle de Ferghana (confluencia de Uzbekistán, Tayikistán y Kirguizistán). El Valle de Ferghana es la zona más fértil de la región de Asia Central, y allí la gente se ha podido asentar gracias a los cultivos de arroz, patatas y algodón.

Pero aunque la agricultura es la base de la economía real para las gentes que viven en el Valle de Ferghana, en esas tierras existen recursos mucho más importantes que los agrícolas. Es una zona rica en petróleo, gas y minas de jade.

En Asia Central, aunque la mayoría de la población siga subsistiendo de la actividad pastoril y agrícola, los gobiernos han comprendido que el crecimiento económico y el desarrollo se basan en su capacidad para exportar materias primas. En otras palabras, con un rebaño de cabras uno puede vivir, pero con un yacimiento de gas uno puede hacerse millonario.

Por eso mismo los gobiernos de Asia Central quieren desmarcarse de la tradicional imagen de nómadas y agricultores, para pasar a ser potenciales exportadores de importancia mundial.

En relación al petróleo y el gas, son los países más cercanos al Mar Caspio los que se benefician de los yacimientos. Las reservas de petróleo de Asia Central se estiman en 50.000 millones de barriles. Kazajstán tiene el 3,2% de las reservas petrolíferas del mundo, y Turkmenistán el 8,7% de las reservas de gas.

TABLA: Países por reservas probadas de gas natural (Wikipedia)

TABLA: Países por reservas probadas de petróleo (Wikipedia)

Pero no sólo es importante el hecho de tener materias primas, sino también tener la posibilidad de moverlas y exportarlas. Y los países de Asia Central están sabiendo hacerlo. Por ejemplo, en Kazajstán, los importantes yacimientos de Kashagan (petróleo) y Karachaganak (gas), están conectados mediante oleoductos y gasoductos con Rusia, a través del Caspian Pipeline Consortium, un consorcio entre varias empresas privadas y públicas para la gestión de dicha ruta entre Kazajstán y Rusia. En 2008 se movilizaron 35 millones de toneladas de petróleo.

En el siguiente epígrafe analizaremos las distintas rutas que siguen oleoductos y gasoductos desde Asia Central hacia el resto del continente.

Las potencias tradicionales (Reino Unido, Francia, Alemania, Estados Unidos…) están dejando paso a las potencias regionales en el control de los recursos de Asia Central. De esta forma, los gobiernos ruso y chino, junto a los de Kazajstán, Turkmenistán y Uzbekistán, están realizando el reparto de los yacimientos en el entorno del Mar Caspio. De forma que son los países de la región los que explotan y exportan las materias.

NOTICIA: La inglesa BP vende a la rusa Lukoil su participación en el yacimiento kazako de Tenguiz

Por otro lado, a parte de gas y petróleo, la zona de Asia Central es rica en recursos minerales. Como vimos en el artículo Minerales codiciados, Kazajistán es un país emergente en la exportación de estas materias primas. Dispone del 30% de las reservas mundiales de mineral de cromo, el 25% del manganeso y el 10% del hierro. Además, Kazajstán es el tercer productor mundial de titanio y el mayor productor de uranio del mundo.

INTERESANTE: El uranio en Kazajstán: Industria atómica (Invest in Kazahstán)

En el siguiente documento (hacer click aquí) el gobierno de Uzbekistán hace una llamada a inversores japoneses para que se adentren en la industria de la minería. El documento (una presentación powerpoint) es toda una publicidad del país, que se ofrece como gran socio comercial y como un lugar perfecto para desarrollar proyectos empresariales.

De la misma forma, Kirguizistán está realizando una reforma de la industria minera y en el año 2012 concedió más de 500 licencias a empresas para explotar sus recursos mineros.

NOTICIA: Kirguizistán promueve la reforma de la industria minera (Ministerio de Economía y Competitividad, Gobierno de España)

Todos estos recursos naturales suponen grandes oportunidades de negocio en Asia Central. La riqueza que ha llegado a países como Kazajstán al convertirse en exportadores de materias primas ha permitido que se desarrollen todo tipo de proyectos punteros y modernos.

También se puede observar el progreso y la modernización en fotos de la ciudad de Astaná, una ciudad que está siendo construida de nuevo, con arquitectura futurista gracias al dinero obtenido por la exportación de gas, petróleo y minerales.

Gracias a este redescubrimiento de Asia Central, han aparecido nuevas empresas que se localizan allí y realizan no sólo tareas de explotación de recursos, sino que se adentran en el sector terciario y algunas han aparecido como empresas de servicios, como la del siguiente caso:

INTERESANTE: La empresa Manuchar se encarga de asistir a los fabricantes de materias primas del Este a comercializar sus productos en Occidente, al mismo tiempo que ayuda a los fabricantes orientales a conseguir los materiales necesarios para poder desarrollar su actividad empresarial. Es una empresa que ofrece servicios desde el principio hasta el final de cada transacción e informa sobre las tendencias de mercado en la zona en cuestión. (web: www.manuchar.com)

Como hemos dicho, los de Asia Central son países que se han dado cuenta de la riqueza que tienen bajo su tierra, y están encantados con el libre comercio y la economía de mercado que predominan en el mundo. Tienen la oportunidad de establecer importantes lazos comerciales y no van a desaprovechar la oportunidad. Como muestra, esta carta redactada por el Ministerio de Petróleo, Gas y Recursos Minerales de Turkmenistán: abrir pdf aquí. Dice textualmente: “The aim of this event is to provide the Asian business community with a better insight into the wealth of investment opportunities available in Turkmenistan’s oil and gas sector, and to both reinforce and establish new business relationships between Turkmenistan and other countries.” Es decir, que el gobierno de Turkmenistán ofrece a empresas de otros países a que acudan a invertir en el sector del petróleo y del gas.

KAZAKHSTAN-ASTANA-AREALFotografía: vista de Astaná, la moderna capital de Kazajstán

Posición geoestratégica en el conjunto de Eurasia

Recogiendo el testigo de la época de la Ruta de la Seda, cuando el Turkestán era una importante zona de paso que comunicaba Europa con China, actualmente Asia Central sigue siendo un punto geoestratégico por su localización en el conjunto del continente euroasiático. Pero no sólo es una cuestión geográfica, sino también económica, ya que Asia Central se redescubrió en el S.XX como una prominente región en cuanto a las materias primas.

Como hemos visto en el anterior subapartado sobre Geografía Económica, bajo el suelo de Asia Central se encuentran millones de metros cúbicos de gas y petróleo, así como innumerables recursos minerales. Pero lo que vamos a analizar ahora es la ventaja de la localización geográfica.

Eduardo Olier, en su libro Geoeconomía: las claves de la economía global (2012), resume el contexto geoestratégico de Asia Central de la siguiente manera:

“En este complejo escenario, las rutas energéticas del área se presentan como un elemento geoeconómico esencial. Primero, hacia el Norte, favoreciendo a Rusia. En segundo lugar, hacia el Oeste, ruta pretendida por Azerbaiyán que favorece los intereses de Estados Unidos, Turquía e, incluso, Georgia, para facilitar el tráfico con Europa. Tercero, la ruta Sur, más viable económicamente que, sin embargo, pone a Irán en el eje estratégico y por lo tanto dificulta los intereses americanos. Cuarto, la ruta Este hacia China, una costosísima infraestructura que sólo en Kazajstán deberá atravesar 2000 kilómetros. Y, finalmente, la posibilidad de atravesar Afganistán por el Sudeste para llegar a Pakistán y la India. Un complejo escenario de intereses geopolíticos que convertirá esta zona en una de las más sensibles del planeta en los próximos años.”

Al ser una zona de paso y que conecta los mundos Occidental y Oriental, Asia Central está repleta de puntos estratégicos. La mayoría de ellos son pasos o corredores entre las montañas, que permiten llegar desde las llanuras de Asia Central hasta países importantes como Pakistán, China o India, donde el desenfrenado crecimiento económico requiere abastecerse de las materias primas que los países de Asia Central les pueden proveer.

Los principales pasos que conectan Asia Central

El Paso de Torugart, en las montañas Tian Shan, une la Provincia de Naryn (Kirguizistán) con la enorme región de Xinjiang, la más grande de China. Es un paso importante porque constituye la ruta principal para conectar los países de Asia Central con China.

Otra localización importante es el Paso de Khunjerab, un alto paso de montaña a 4.700m, en la cordillera del Karakorum, estratégicamente situado en la frontera norte de Pakistán con China. Es el cruce internacional de frontera pavimentada más alto en el mundo, además de ser el punto más alto de la famosa carretera del Karakorum, que une la ciudad de Kashgar (China) con Islamabad (capital pakistaní).

800px-Afghanistan_18El norte de Afghanistán, que también se puede incluir en la región geográfica de Asia Central, es una zona de importancia geoestratégica, ya que este país está, desde 2001, ocupado por tropas estadounidenses y de otros países. Afghanistán es un país en guerra.

Aunque las principales campañas militares se están desarrollando en el sur y en el este del país, controlar los pasos fronterizos del norte es un objetivo estratégico.

En la fotografía de la derecha se puede observar un tanque, símbolo de la presencia militar en la zona, y al fondo la gran cordillera del Hindu Kush, que domina la mitad norte de Afghanistán.

El Corredor de Wakhan es uno de los lugares geoestratégicos más importantes de Asia Central. Situado al noreste de Afghanistán, se encuentra en la Cordillera del Pamir, haciendo frontera con Tayikistán al norte, China al este y Pakistán al sur. Este corredor fue abierto por el Imperio Británico a finales del S.XIX para impedir que Rusia llegara a la India durante el Gran Juego.

También entre Afghanistán y Pakistán se encuentra el importante Paso de Khyber, uno de los pasos más antiguos de la historia, que ya era utilizado en la época de la Ruta de la Seda. Situado en la parte noroeste de las montañas Safēd Kōh, es una ruta comercial entre Asia Central y el Subcontinente Indio, además de una localización militar estratégica.

Geoestrategia energética: petróleo y gas

En el mapa Asia Central: una posición geoestratégica se observa de manera simplificada las cuatro direcciones principales que siguen las exportaciones desde Asia Central. Aunque hay importantes socios comerciales en Europa, el Golfo Pérsico y la India, el mayor receptor de minerales, gas y petróleo está siendo el gigante asiático, China.

Las proyecciones indican que en un futuro más cercano que lejano China consumirá 7 millones de barriles de petróleo al día. Necesitará abastecerse no sólo de Arabia Saudí y de Irán. Asia Central es y será cada vez más un socio exportador para China.

AsiaCentralMapaEn esta región, las reservas de petróleo y gas suelen estar en el entorno del Mar Caspio, de forma que los pequeños Kirguizistán y Tayikistán no se benefician de estos recursos. Desde Asia Central parten varios oleoductos y gasoductos en todas direcciones.

Por ejemplo en 2005 se inauguró un oleoducto de 1000km entre las ciudades de Atasu (Kazajstán) y Alashankou (China).

Otro oleoducto une los campos petrolíferos de Tenguiz (Kazajstán) con el puerto ruso de Novorosslysk, através del Mar Negro.

También existen gasoductos que unen los yacimientos de la costa este del Mar Caspio con el Mar Mediterráneo, a través de Rusia, Azerbaiján y Turquía.

Esto pone de manifiesto que, aunque no tengan salida al mar y estén situados en zonas remotas, los países de Asia Central se mantienen vivos y activos en el mercado internacional de exportaciones debido a las buenas comunicaciones que se han desarrollado gracias a la inversión de países poderosos como China o Rusia, que ayudan a que las materias primas consigan llegar desde Asia Central hasta Europa, la India y China.

MUY INTERESANTE: Las rutas del petróleo en Asia Central (Real Instituto Elcano)

Además del petróleo, el otro recurso que se mueve a través de tuberías por las llanuras de Asia Central, en todas direcciones, es el importantísimo gas natural, muy presente entre los yacimientos que rodean el Mar Caspio.

INTERESANTE: KazMunayGas, empresa kazaka dedicada a la exportación de gas desde Kazajstán hacia Rusia y China principalmente.

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La India también está interesada en Asia Central, tal y como muestra el proyecto Trans-Afghanistan Pipeline (TAP), que supondrá un enorme gasoducto que unirá los yacimientos del Mar Caspio con Pakistán y la India, a través de Turkmenistán y Afghanistán.

TAP-pipeline-3El proyecto TAP podría transportar 30.000 millones de metros cúbicos de gas al año, una cantidad muy importante. Este gas sería utilizado por los superpoblados y emergentes Pakistán e India, dos países que consumen cada vez más recursos.

El gasoducto trans-afghano transportará gas desde el yacimiento de Dauletabad, en Turkmenistán, hasta la ciudad india de Fazilka, en el estado de Punjab (30 millones de habitantes). Un recorrido de casi 1700km.

INTERESANTE: Turkmenistán-Afghanistán-Pakistán-India Gas Pipeline: South Asia’s Key Project

Desde el yacimiento de Dauletabad en Turkmenistán también parten otros importantes gasoductos en otras direcciones, como por ejemplo el Dauletabad-Sarakhs-Khangiran Pipeline, inaugurado en 2010, que llega hasta la ciudad de Khangiran, en Irán. Este gasoducto transporta 12.000 millones de metros cúbicos de gas cada año.

En los últimos años, Turkmenistán, poseedor del 8,7% de las reservas de gas del mundo, ha comprometido toda su exportación con tres países: Rusia, China e Irán, lo cual supone una derrota de las potencias occidentales (Estados Unidos y Europa). En la guerra geoestratégica por los recursos, se puede decir que la “batalla de Asia Central” la está ganando el bloque oriental.

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Con China realizando inversiones multimillonarias y con Irán cerrando pactos con países como Turkmenistán, queda por analizar qué movimientos está realizando Rusia.

La empresa rusa Gazprom, líder mundial en la extracción y distribución de gas, no ha tardado en ocupar una posición privilegiada en la zona de Asia Central. Actualmente controla un sistema de gasoductos que van desde Turkmenistán hasta Rusia, pasando por Uzbekistán y Kazajstán.

Esta red de gasoductos controlada por Gazprom se alimenta de los campos de gas del sudeste de Turkmenistán y de los yacimientos de la costa este del Mar Caspio. Además de llegar hasta Rusia, está planeado que los gasoductos lleguen un día hasta China.

MÁS INFORMACIÓN: Central Asia-Center gas pipeline system (Wikipedia)

Los expertos en Asia Central, Marlène Laruelle y Sébastien Peyrouse, resumen la situación de esta manera: “Se trata de países rentistas que funcionan principalmente gracias a la exportación de materias primas (petróleo, gas, algodón, uranio, oro, minerales raros…) y a la importación de productos manufacturados, principalmente de China, pero también de Europa. Situados entre Rusia, China e Irán tienen dificultades para encontrar su lugar en el contexto de la economía mundial, y se ven frenados en su globalización por un entorno geopolítico inestable y una fuerte caída del capital humano.”

MUY INTERESANTE: Asia Central en el contexto de la economía mundial

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Mapa superior: principales gasoductos y oleoductos de la región (fuente: realinstitutoelcano.org)

Las principales potencias mundiales y su relación con Asia Central

EEUU y Europa han extendido la OTAN hacia el este europeo incluyendo antiguas “democracias populares” y repúblicas soviéticas. La expansión hacia el oriente no ha parado ahí y, a partir de 2002, la OTAN ha creado los Planes de Acción de Asociación Individual (Individual Partnership Action Plans) con otras antiguas repúblicas soviéticas como Georgia, Azerbaiján, Armenia, Kazajstán y Moldavia. Por último, en el marco de la invasión de Afganistán, EEUU consiguió establecer bases militares en Kirguizistán y Uzbekistán. El mundo occidental ha movido sus piezas en una zona controlada por la URSS durante la guerra fría. (Fuente: www.historiasiglo20.org)

Como respuesta a estos movimientos de las potencias occidentales, la presencia de China en Asia Central ha aumentado considerablemente en los últimos años, lo cual ha generado ciertos recelos hacia el gigante asiático por parte de Kazajstán y Kirguizistán, que temen sobre sus posibles aspiraciones hegemónicas.

China está extendiendo su influencia económica a lo largo de su frontera de 2.800 kilómetros con Asia Central para compensar la presencia estadounidense y rusa, en una región con enormes reservas minerales y de recursos energéticos, como ya hemos visto.

NOTICIA: China expandirá su presencia en Asia Central con una inversión de $10.000 millones (Reuters)

En Asia Central se han desarrollado importantes organizaciones intergubernamentales, como la Organización de Cooperación de Shangai (OCS), una de las iniciativas de cooperación regional más prometedoras de Asia. Esta organización incluye a China, Rusia, Kirguizistán, Tayikistán y Uzbekistán. Además, otros socios son Pakistán, Irán, Mongolia e India (estos últimos tienen un estatus de observadores).

China lidera la OCS y, por tanto, las cuestiones energéticas y comerciales de la región están muy influenciadas por los intereses chinos. No es de extrañar, pues, que la mayoría de los nuevos oleoductos y gasoductos estén proyectados en dirección este, hacia territorio chino.

Aunque en la declaración fundacional de la Organización de Cooperación de Shanghai se afirma que no es una alianza hecha contra otras naciones o regiones, la mayor parte de los analistas coinciden en que uno de los objetivos principales de la OCS es hacer de contrapeso a la OTAN y a EEUU.

INTERESANTE: Página web oficial de la Organización de Cooperación de Shanghai

Además de la Organización de Cooperación de Shanghai (OCS), otros proyectos intergubernamentales se están poniendo en marcha. Por ejemplo, en 2012 el ministro de Asuntos Exteriores de la India habló de que su país iba a comenzar una política de conexión con Asia Central, con el objetivo de reforzar las relaciones políticas y económicas con países como Kazajstán o Turkmenistán, así como apoyar a las tropas internacionales en el conflicto armado de Afghanistán.

Una de las bases para la cooperación entre India y Asia Central tendrá que ver con el intercambio de materias primas por tecnología y equipamientos médicos. La India es un país puntero en los campos de la tecnología y la medicina, y Asia Central, como hemos visto, es una tierra rica en recursos naturales. La cooperación y el entendimiento entre países se apoyará en las necesidades de cada parte, para construir una importante relación comercial y política.

INTERESANTE: La importancia de Asia Central

Presencia militar en la zona de Asia Central

pipelineEstados Unidos tiene bases aéreas desplegadas por toda la región: en Uzbekistán, Kiguizistán, Tayikistán, Pakistán y, cómo no, en Afghanistán. Con Rusia vigilando desde el norte, China apretando desde el Este, e Irán atento en el Sur, la zona que rodea al Mar Caspio se convierte en un tablero de ajedrez en el que cada movimiento genera tensión en el contrincante. Hay muchos recursos en juego.

En la infografía de la derecha podemos ver una clara relación entre yacimientos petrolíferos y presencia militar. Es una zona donde convergen los intereses de las potencias tradicionales (Occidente) y las nuevas potencias emergentes (países asiáticos como India, China, Irán o Pakistán).

VER MAPA: Inestabilidad en Oriente

En Kirguizistán, Estados Unidos tiene la base de Manás, a pocos kilómetros de la capital, Bishkek. Esta base tiene el objetivo geoestratégico de vigilar la inestable zona de Afghanistán.

Por su parte Rusia también quiere mantener su influencia en la zona. Tiene en Kazajistán una base de lanzamientos espaciales en Baikonur, y está construyendo otra base de lanzamiento en Baiterek. También tiene bases en Kirguizistán y en Tayikistán.

Pero tanto Estados Unidos como Rusia están perdiendo esta guerra geoestratégica ante el poder de China, que, mediante la Organización de Shanghai, promueve sus intereses y recorta territorio a sus vecinos Tayikistán y Kirguizistán, obligándoles a firmar nuevos tratados fronterizos. China, con el poder del dinero, ha conseguido lo que Estados Unidos y Rusia no han podido con el poder militar.

NOTICIA: EEUU busca crear su mayor base militar en Asia Central (RT.es)

NOTICIA: Rusia toma medidas para no perder más terreno en Asia Central (elpais.com)

Gustavo Sierra, escribiendo para el diario argentino Clarín, hace este interesante resumen de la situación en Asia Central: (fuente: Clarín.com)

Asia Central fue escenario del “Gran Juego” que practicaron Rusia y Gran Bretaña en el siglo XIX. Ahora, vuelve a ser el terreno de una disputa aún más grande de la que participan no sólo los antiguos contrincantes sino Estados Unidos, China, In dia y las otras grandes potencias europeas.

En el centro de la disputa están las inmensas reservas petroleras y gasíferas de la región. Y para obtener ventaja en “el juego” las potencias aumentan su presencia militar en todo centroasia. En el aeropuerto de Dushanbé, la capital de Tayikistán, se puede ver una escuadrilla de modernos bombarderos franceses. No muy lejos de ahí, los ingenieros indios reconstruyen una enorme pista soviética. Los rusos mantienen aún en ese valle rodeado por las míticas montañas del Panshir una unidad de 10.000 soldados. En la vecina Kirgyzstán, sobrevuelan los KC-135 estadounidenses, los Sukhoi-27 rusos de la base cercana de Kant, y los bombarderos chinos.

Y las repúblicas “stán” (todos sus nombres tienen esa terminación) reciben presiones de todos lados. Kazajstán debe decidir si continúa sacando su petróleo por la red de oleoductos rusa o si se conecta con la nueva línea Baku-Ceyhan, recientemente construida con el apoyo de EE.UU. China compró una de las petroleras más grandes de ese país y construyó un oleoducto de 2.000 kilómetros para transportar el fluido a Beijing.

Claro que la región es un polvorín donde no para de crecer el radicalismo islámico. En particular en el valle de Fergana que cruza las fronteras de Uzbekistán, Tajikistán y Kirgyzstán. Allí es poderoso el movimiento de Hizb ut-Tahrir, que forma parte de Al Qaeda.

Pero las potencias cuando necesitan de algo o alguien no tienen reparos.Y para continuar recibiendo gas y petróleo al tiempo que mantienen a raya al radicalismo islámico, siguen apoyando a los regímenes autoritarios de la zona, desde el tadyico, Imomali Rakhmon, hasta el brutal kazako, Nursultan Nazarbayev. (fuente: Clarín.com)

MUY INTERESANTE: Geopolítica petrolera en Asia Central y en la cuenca del Mar Caspio

Tian_Shan_PanoramaFotografía: panorámica de las montañas Tian-Shan

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Juan Pérez Ventura

Autor y Director de la web 'El Orden Mundial en el S.XXI'. Graduado en Geografía por la Universidad de Zaragoza y Máster en Relaciones Internacionales Seguridad y Desarrollo por la Universitat Autònoma de Barcelona. Inquieto por comprender cómo funciona el mundo y apasionado de la divulgación de conocimiento. Además de blogger, soy un viajero incansable.

mardi, 15 septembre 2015

L'Atlantide contre l'Atlantisme

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L'Atlantide contre l'Atlantisme

par Laurent James

Voici le texte de mon intervention aux Rencontres Eurasistes de Bordeaux, le 5 septembre dernier

Le but de mon intervention est de montrer les principes de l’Atlantide et de l’atlantisme afin d’éviter toute confusion entre les deux. La confusion contemporaine entre l’eurasisme et le mondialisme est fondamentalement basée sur les mêmes erreurs, et j’expliciterai les raisons pour lesquelles ce sont, précisément, le nationalisme, le marxisme et le complotisme (tous regroupés sous le terme générique de « dissidence » qui la propagent.
 
On peut trouver sur le site de VoxNR un texte inédit de Douguine. Il s’agit du chapitre 3 d’un livre titré « Misterii Evrazii » (Les Mystères de l’Eurasie »), un ouvrage paru en Russie en 1996, puis traduit en espagnol et en italien mais pas encore en français. Douguine y développe les motivations ésotéristes du combat eurasiste, lesquelles ne sont pas tellement connues.
 
A ce sujet, on peut noter que c’était précisément pour présenter ces aspects, que nous l’avions invité à Rennes-le-Château le 18 janvier de cette année pour une journée de conférences avec, entre autres, André Douzet, Erik Sablé, Walid Nazim, Tony Baillargeat et Constantin Parvulesco. Ce dernier devait présenter à cette occasion des « Interprétations alchimiques du Saint-Suaire ». J’en profite pour insister sur un point évoqué dans mon dernier texte paru sur le blog de Parousia, à propos de Paul-Eric Blanrue. Selon la tradition, le Suaire est le Linceul, cité par les Evangiles, qui servit à envelopper le corps du Christ au tombeau. Il renvoie directement à la réalité de la Passion, et c’est pour cette raison que Jean-Paul II l'a défini comme étant le « miroir de l'Evangile ». Tous les révisionnistes du Saint-Suaire sont nos ennemis absolus, à nous autres catholiques intégraux et soldats du Christ. Que cela soit bien clair !
 
Excusez-moi de parler de ça cinq minutes encore, même si ça semble hors sujet. Ça ne l’est pas, en réalité. Certains me reprochent de parler parfois de sujets subalternes, comme la querelle entre Yann Moix et Paul-Eric Blanrue. Je trouve au contraire qu’il est très intéressant d’insister sur le fait que ce n’est pas parce que le premier est un atroce écrivain béhachélien que le second a forcément raison. Voici ce que Blanrue a écrit dans le n°141 de « L’Homme libre, fils de la terre (Recherche d’une psychologie libératrice) », en octobre 1994 :
 
"J’aimerais aborder tranquillement les questions de l’historicité du Christ (rien ne prouve que Jésus soit autre chose qu’un mythe syncrétiste judéo-païen), de la mystification de la Salette (une des rares « apparitions » à avoir été jugée comme arnaque), des problèmes archéologiques liés à la découverte un peu trop providentielle du Saint Sépulcre (trois siècles après les prétendus événements)".
 
C’est le problème principal du révisionnisme, ça ne s’arrête pas aux portes des chambres à gaz. Dans le même texte, il parle de « la vieille Eglise catholique en pleine phase déliquescente ».
 
Lorsqu’on passe des années à saper les fondements du catholicisme en usant d’une arme aussi profane qu’est le zététisme voltairien (il faut savoir que Voltaire est la référence majeure de Blanrue), et que l’on se convertit ensuite à l’islam après avoir constaté qu’il n’y avait plus de valeurs dans le catholicisme, je pense qu’on est inconséquent, c’est le moins que l’on puisse dire. Pourquoi Blanrue ne continue-t-il pas sur sa lancée voltairienne, et ne démontre-t-il pas maintenant, par exemple, que la Kaaba n’a jamais été construite par Abraham ? Il publierait son étude sous le titre « Le secret de la Kaaba : autopsie d’une escroquerie », et là, il aurait une certaine cohérence !
 
On peut se convertir à l’islam pour de très bonnes raisons, mais on peut aussi le faire pour de très mauvaises. De manière générale, le mot conversion est banni de mon vocabulaire. La seule conversion légitime est le retour à la foi de ses parents, ou de ses grands-parents. A condition que celle-ci soit légitime et justifiée, bien sûr ! Pour rester dans le monde chrétien : la fidélité à ses parents quand ils sont évangélistes ou Témoins de Jéhovah est, en réalité, une trahison complète envers la Tradition. Un de mes amis a trahi la foi protestante helvétique de sa famille, en venant se faire déprotestantiser à Marseille par le Père Zanotti-Sorkine. Voilà un bel exemple de fidélité absolue !
 
Revenons à Rennes-le-Château. Douguine connait parfaitement l’importance métahistorique de la région du Razès. Il désirait établir avec nous une connexion solide entre le Royaume d’Araucanie et la Sainte-Russie sur une des places fortes de la Gaule surnaturelle et enchantée. Ainsi que je l’ai dit, sa conférence devait porter sur les racines ésotéristes de l’eurasisme.
 
AtlantideScience.jpgComme vous le savez peut-être, une poignée de très sombres individus a réussi à faire capoter le projet cinq jours avant qu’il n’ait lieu. La version officielle réside dans la lâcheté de l’organisateur, qui en trahissant Alexandre Douguine, a également trahitoute la famille Parvulesco : le grand-père Jean, le père Constantin (qui avait immédiatement décidé d'annuler sa venue en apprenant la censure de Douguine), et le fils Stanislas. Mais nous sommes aussi parfaitement au courant des manipulations effectuées dans l’ombre par d’autres personnages, ésotéristes de troisième zone et guénolâtres stériles. Certains d’entre eux se sont d’ailleurs publiquement réjouis de l’annulation de cette conférence, assurés de leur impunité. Qu’ils sachent que nous les avons tout à fait identifiés, et que la riposte sera à la hauteur de leur lâcheté.
 
Je reviens à ce chapitre écrit par Douguine, diffusé sous forme de samizdat en 1988, portant sur « L’Amérique, ou la Terre verte ». Il y examine les « dessous mythologiques de l’Amérique », disant que (je cite) « si une telle idée de l’Amérique a pu s’enraciner dans la conscience géopolitique universelle et devenir quelque chose de néo-sacral, il doit y avoir à cela des raisons très sérieuses associées à l’inconscient collectif de l’humanité, et à cette géographie secrète continentale qui plonge ses racines dans les millénaires mais dont le souvenir continue à vivre comme archétypes psychiques ».
 
Il commence par noter que le continent américain était connu, « longtemps avant le voyage de Christophe Colomb », notamment par les Vikings. Ceci est aujourd’hui validé par presque tout le monde, et l’arrivée de Leif Erikson à Terre-Neuve, par exemple, est une chose établie. Sans parler du grand voyage de saint Brendan de Clonfert et saint Malo jusqu’au Québec au VIè siècle. Sur la question des Vikings en Amérique, je ne saurais trop conseiller de lire les ouvrages de Jacques de Mahieu (dont le fils Xavier Marie se livre aujourd’hui à des activités politiques intéressantes en Argentine). Jacques de Mahieu, professeur et directeur de l'Institut des Sciences de l'Homme de Buenos Aires dans les années 70 et 80, a étudié de nombreuses cartes géographiques précolombiennes, dont la célèbre carte de l’amiral ottoman Piri Reis, dérobée à un compagnon de Colomb après un combat naval. Cette carte représente de manière très précise l’Amérique du nord et du sud, ainsi que le Groenland et l’Antarctique. Pour Jacques de Mahieu, ces connaissances géographiques remontent au moins jusqu’aux Vikings, qui se seraient implantés au Pérou pour y fonder l’empire de Tiahanacu, ancêtre des Incas, et qui seraient à l’origine de la production métallurgique dans ce pays (mines d’or et d’argent). Il pensait même que la richesse des Templiers, qui financèrent la construction de 80 cathédrales gothiques en moins de cent ans, provenait de l’exploitation industrielle de ces mines et de leur réception au « port secret du Temple », celui de la Rochelle.
 
Cependant, la connaissance du continent américain est peut-être bien antérieure encore. L’amiral Piri Reis affirmait que, parmi les documents ayant permis à Colomb d’entreprendre son expédition, se trouvait également « un livre datant de l’époque d’Alexandre le Grand ». Mais est-ce bien de l’Amérique dont il s’agit ?
 
1)      L’Atlantide
 
Rappelons brièvement que l’Atlantide tenait elle-même ses principes civilisationnels de la Tula hyperboréenne, l’île polaire sacrée placée sous la protection de la constellation de la Grande Ourse. Lorsque l’on évalue les dates principales de notre cycle en se basant sur les ères précessionnelles de 2160 ans, la Chute, soit le passage de l’Age d’Or à l’Age d’Argent, ou encore la naissance du mal dans l’histoire humaine, s’est produite il y a environ 39 000 ans. Ce qui correspond à l’irruption de l’Homme de Cro-Magnon en Europe, mais ceci est un autre sujet.
 
L’Age d’Argent dura ensuite près de 20 000 ans, puis l’Age de Bronze débuta en – 17000 (ce que l’on appelle historiquement le magdalénien). Il se manifesta notamment par l’irruption de ce cataclysme spirituel irrévocable qu’est l’œuvre d’art plastique (art pariétal), et par la naissance de l’Atlantide sous le signe de la Balance.
 
Rappelons que tous les cyclologues, de Platon à Gaston Georgel, en passant par Guénon, situent la fin de l’Atlantide dix mille ans avant notre ère, soit en plein milieu de l’Âge de Bronze. – 10000 : c’est la fin de la glaciation de Würm II, avec une élévation importante du niveau des eaux, et le tout début de l’avènement du néolithique. Six mille ans plus tard, en – 4300, l’Age de Bronze se termine brutalement et débouche sur l’Age de Fer avec le Déluge de Noé, que Platon nomme le Deucalion.
 
Attention à ne pas confondre le Déluge de Noé avec le Déluge de l’Atlantide, 6500 ans les séparent.
 
Une fois, Douguine me demanda de lui dire en quelques mots ce que représentait pour moi l’eurasisme. Je lui répondis : c’est la meilleure manière de guérir du traumatisme du néolithique. Guérir notre continent d’une plaie infiniment douloureuse et lancinante, le traumatisme infligé par la submersion de l’Atlantide, la perte du dernier foyer de connaissance qui nous liait à l’Hyperborée primordiale, ce qui signa la fin du nomadisme métaphysique des peuples européens par leur sédentarisation agricole de plus en plus stérile et dissolvante : c’est donc ce que l’on nomme historiquement le néolithique, advenu durant les ères successives du Cancer et des Gémeaux, qui ont précédé le Déluge de Noé en – 4320.
 
On considère généralement qu’il y a eu deux récepteurs de la civilisation atlantéenne, deux filles de l’Atlantide : l’Egypte et la Chaldée, toutes deux émergeant durant l’ère précessionnelle du Cancer (8640/6480 av. J.-C.), soit deux mille ans avant la fin de l’Age de Bronze.
 
Le cas de l’Egypte est, de loin, le plus étudié. Voir, par exemple, les travaux de Schwaller de Lubicz sur la très haute civilisation de la « théocratie pharaonique » originelle. De nombreux auteurs ont mentionné que les pyramides étaient des images de l’axe polaire hyperboréen, dont les proportions arithmosophiques provenaient d’un enseignement atlantéen, et qu’elles avaient certainement été construites à une époque antédiluvienne.
 
Quant à la Chaldée, de nombreux auteurs l’ont en partie associé à la Celtide.
 
Jean Phaure relevait « l’identité sémantique de la terre celte et de la Chaldée (keltoï désignant en grec la caste sacerdotale) ». Il est possible que les celtes originels constituaient la caste sacerdotale de la société chaldéenne.
 
Je cite René Guénon, dans « Symboles fondamentaux de la science sacrée » : « La tradition celtique pourrait vraisemblablement être regardée comme constituant un des points de jonction de la tradition atlante avec la tradition hyperboréenne, après la fin de la période secondaire où cette tradition atlante représenta la forme prédominante et comme le substitut du centre originel déjà inaccessible à l’humanité ordinaire ».
 
Notons par ailleurs que la Chaldée et l’Egypte furent également deux étapes successives de l’histoire du peuple juif, avec les figures d’Abraham et de Moïse. Sem vécut d’abord chez Japhet avant de se rendre chez Cham. Cela explique la présence de la tradition atlantéenne dans l’Ancien Testament, comme l’avait étudié Guénon.
 
Alexandre Douguine «  La Terre verte – l’Amérique » [partiel]
 
« L’Atlantide est ce paléocontinent dont parlèrent Solon, Platon et beaucoup d’autres après eux. L’Atlantide est le continent sacré occidental, où prospéra une grande civilisation spirituelle, qui périt à la suite d’un terrible cataclysme et d’une inondation. La destruction du continent est le plus souvent décrite comme un événement graduel : après l’abaissement de sa partie continentale, de sa partie principale, située à l’ouest de l’Europe et de l’Afrique, survécurent pendant un certain temps quelques îles dans l’Atlantique Nord, où se concentrèrent les dernières souches atlantes, dépositaires de la tradition ancienne. L’une de ces terres, d’après Hermann Wirth, fur Mo-Uru, qui fut à son tour submergée beaucoup plus tard, plusieurs millénaires après le cataclysme principal. »
 
« Dans l’image sacrée (et par conséquent dans le nom) de l’Amérique doit d’abord se refléter l’idée de son origine ‘extrême-occidentale’. Selon les travaux du professeur Wirth, le plus ancien centre sacré de l’Occident était la terre de Mo-Uru, l’île de Mo-Uru, située dans l’Atlantique du Nord-Ouest. Ce nom est mentionné dans le Bundahishn (un texte sacré zoroastrien), où il vient en troisième position après l’Aryanam-Vaejo des grands ancêtres aryens (l’Aryanam-Vaejo se trouvait directement au Pôle Nord, sur le continent arctique ‘Arctogaïa’, disparu il a déjà de nombreux millénaires) ».
 
C’est probablement ce que les Grecs nommaient l’Hyperborée.
 
« C’est justement avec l’aide de ce mot-clé Mo-Uru, et en se fondant sur le déchiffrement des runes et des symboles proto-runiques que le professeur Wirth parvint à pénétrer les secrets de plusieurs cataclysmes ethniques et raciaux de la préhistoire ».
 

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« Il existe une doctrine sacrée mentionnée par Guénon, affirmant que la tradition judaïque est ‘occidentale’ par son origine symbolique et préhistorique. Ur en Chaldée, d’où Abraham partit vers la terre promise, apparaît comme un substitut de Mo-Uru, de la ‘Ur nord-atlantique’, puisque même le Zohar affirme que Ur, où résidait initialement Abraham, symbolise ‘l’état spirituel supérieur’, dont Abraham, par nécessité providentielle, ‘descendit’ vers le bas (il est intéressant de remarquer que les juifs partagent assez souvent ce point de vue concernant l’origine occidentale de leur tradition, comme cela apparaît à travers les premiers projets sionistes de l’organisation d’un ‘Etat juif’ en Amérique ou dans les livres de Simon Wiesenthal sur la préhistoire juive de l’Amérique et de Edmund Weizmann sur ‘L’Amérique, Nouvelle Jérusalem’). De cette manière, l’énigmatique nom Mo-Uru désigne précisément le continent sacré extra-européen, situé à l’Ouest, dans l’Atlantique ».
 
« Cependant le continent Amérique, selon nous, n’est pas le contient le plus occidental de la géographie sacrée (l’Atlantide), mais sa ‘continuation’ vers l’Occident. En d’autres mots, l’Amérique est une ‘Outre-Atlantide’, c’est-à-dire une terre située ‘de ce côté, vers l’Ouest’. Il est possible que ce déplacement sacralement symbolique de l’Amérique explique l’inquiétant secret associé à celle-ci dans le contexte de la géographie sacrée des civilisations traditionnelles de l’Eurasie.
 
 En accord avec cette géographie sacrée, à l’Occident se trouve la ‘Terre Verte’, la ‘Terre des morts’, une sorte de monde semi-matériel, qui rappelle l’Hadès ou le Shéol. C’est le pays du Crépuscule et du Coucher, d’où la sortie est impossible pour les simples mortels, et auquel peut accéder seulement un prédestiné. On pense que le nom du Groenland (littéralement, le ‘Pays Vert’) se réfère justement à ce lieu symbolique. Le ‘Pays Vert’ n’est pas l’Atlantide (et Mo-Uru non plus !), mais quelque chose se trouvant plus à l’Occident de celle-ci, le ‘monde de la mort’, le ‘royaume des ténèbres’. Et cet aspect ultra-mondain du continent américain se révèle d’une manière surprenante dès le premier regard sur une chose aussi banale que le symbole du dollar. René Guénon a remarqué un jour que le symbole $ sur la monnaie américaine est une simplification graphique de l’emblème sacré qui se rencontre sur les monnaies anciennes de la région méditerranéenne. Initialement les deux lignes verticales étaient des représentations des ‘colonnes d’Hercule’ qui, selon la tradition, se trouvaient à l’extrême-occident, après le détroit de Gibraltar. Sur ce symbole apparaissait initialement l’inscription symbolique ‘nec plus ultra’, qui signifiait littéralement ‘rien au-delà’. Ces deux symboles désignaient une frontière, la limite occidentale de la géographie sacrée humaine, au-delà de laquelle se trouvaient les ‘mondes non-humains’. Et ce symbole ‘frontalier’, indiquant qu’on ne peut pas aller au-delà de Gibraltar, est devenu d’une manière paradoxale le symbole financier de l’Amérique, d’un pays qui se trouve ‘au-delà de la frontière’, ‘là où on ne peut pas aller’, là où l’inscription sur le prototype du dollar interdisait justement d’aller ».
 
« Dans une telle perspective, la redécouverte du continent américain par Colomb porte en elle-même une signification assez funeste, puisqu’elle indique l’apparition à l’horizon de l’histoire de ‘l’Atlantide submergée’, et même pas de l’Atlantide, mais de son ‘ombre’, de sa continuation négative dans l’Occident symbolique, dans le ‘monde des morts’. Et la coïncidence chronologique de cette ‘redécouverte’ avec le début du brusque déclin de la civilisation européenne (et eurasienne en général), qui commença dès ce moment à perdre rapidement ses principes spirituels, religieux, qualitatifs et sacrés, est assez significative à cet égard »
 
« Sur le plan purement culturel-philosophique, l’Amérique devient dès lors le lieu de projection idéal de toutes les utopies profanes, athées ou semi-athées. On peut comparer le cycle historique de l’Amérique à celui d’une ‘Nouvelle Atlantide’, sortie de la profondeur des eaux, mais il ne s’agit pas de la vraie Atlantide ressuscitée, mais d’une autre, chimérique, contrefaite, fantomatique, qui s’est consacrée à faire revenir ‘l’âge d’or’, mais de laquelle émane l’odeur du continent-tombe ».
 
« L’eschatologisme pénètre la conception même d’un ‘Nouvel Ordre Mondial’ qui répète et développe les projets idéologiques américains, et cette conception présuppose l’expansion du modèle américain sur tous les territoires restants de la planète. Ainsi, émergeant des profondeurs d’un inquiétant mystère ésotérique, le ‘Nouveau Monde’ tente de se présenter comme la ‘nouvelle terre’ spirituelle dont parle l’Apocalypse et qui doit apparaître après la Fin des Temps. Mais pour le continent américain l’époque post-apocalyptique est déjà arrivée : la victoire des armées alliées dans la seconde guerre mondiale – qui a conduit les Etats-Uns à la domination mondiale – ainsi que la signification symbolique des vicissitudes des Juifs (de cette nation mystique si importante dans l’histoire) en Allemagne, tout cela a fusionné dans la théorie de ‘l’Holocauste’, de ‘l’ultime sacrifice de l’histoire’, après lequel l’Outre-Atlantide, unie au ‘Nouvel Israël’, est entrée dans la période du ‘Grand Sabbat’, de ‘l’époque heureuse’, de ‘l’ère d’abondance’. L’attente des temps messianiques a commencé, et la conscience continentale américaine archaïque, ‘l’esprit’ inquiet du continent ‘ré-émergé’, donne aux tendances messianiques et eschatologiques une force mystique enracinée dans la perception symbolique du monde d’une humanité qui conserve la conscience du lien et des correspondances de l’espace et du temps au cours des longs millénaires ».
 
On pourrait résumer cette prodigieuse analyse de cette manière :
 
L’atlantisme outrepasse l’Atlantide et contrefait la Jérusalem Céleste.
 
Il double l’origine et parodie la fin.
 
Parmi des milliers de citations, en voici une de  George Washington : « Les Etats-Unis sont la Nouvelle Jérusalem, établie par la Providence dans un territoire où l’homme doit atteindre son plein développement, où la science, la liberté, le bonheur et la gloire doivent se répandre en paix ».
 
Je reprends un paragraphe du texte de Douguine, «  La Terre verte – l’Amérique », portant sur l’Age d’Or.
 
« Si l’on ne tient pas compte du rôle symbolique de l’Outre-Atlantide dans son ensemble supra-temporel et méta-historique, ce pathos messianique restera incompréhensible et toute la dimension de fausse spiritualité qui se trouve derrière lui ne pourra pas être comprise et évaluée. Comme dans toutes les eschatologies ‘parodiques’, nous avons affaire ici à la confusion de ‘l’âge d’or spirituel, qui arrivera immédiatement après la Fin de l’histoire, avec la période temporelle précédent cette Fin ».
 
L’atlantisme est une eschatologie parodique, prétendant établir directement sur terre le nouvel Age d’Or (exactement comme l’a été le bolchevisme). L’eurasisme, quant à lui, propose l’établissement d’un rapport entre civilisations qui précéderait ce nouvel Age d’Or. Il s’agit de préparer les Temps de la Fin, et en aucun cas de faire advenir la Fin des Temps dont saint Matthieu nous dit bien «  Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul » (XXIV.36). Tout en rajoutant au verset suivant quelque chose de fondamental « Ce qui arriva du temps de Noé arrivera de même à l’avènement du Fils de l’homme » (XXIV.37).
 
Et le déluge de Noé, c’est justement l’éradication de toutes les colonies atlantes, à l’exception – comme je le disais tout à l’heure – de la Chaldée (Japhet), de l’Egypte (Cham) et des juifs faisant la jonction entre les deux (Sem). C’est aussi, à cette occasion, le début de l’écriture. J’y reviendrai à la fin de mon intervention.
 
L’eurasisme n’a donc aucune prétention à établir un nouvel Age d’Or terrestre. L’Empire Eurasiatique ne constitue en aucun cas un pendant, un succédané ou une prolongation de l’empire américain. Penser et écrire cela, c’est justement ne rien comprendre à l’opposition radicale entre Atlantide et atlantisme. Ces sempiternelles accusations de contre-initiation à l’égard de Douguine et de l’eurasisme proviennent toujours de ces mêmes milieux de guénolâtres sectaires et dogmatiques, qui dressent une barrière autour de leur Idole (ils se défendent tous de ce terme, mais il est ici usité dans son acception la plus exacte) afin de la conserver dans sa pureté d’ivoire. Ces guénolâtres sont obsédés par les derniers chapitres de « Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps », attachés à traquer derrière la moindre parole ou le moindre geste de ceux qu’ils n’aiment pas (c’est-à-dire tous ceux qui tentent d’agir concrètement pour la beauté et la justice) les indices de « contre-initiation », de « contre-tradition », ou tout simplement de satanisme. Ces guénolâtres tentent de faire passer leur pauvreté ontologique, humorale et physique pour le résultat d’un grand travail guénonien de dépersonnalisation. On ne sera pas étonné d’apprendre, d’ailleurs, que certains d’entre eux font justement partie du groupe d’individus dont je parlais tout à l’heure, qui ont tout tenté pour faire capoter la venue de Douguine à Rennes-le-Château.
 

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Pour ces gens-là, Léon Bloy est également un contre-initié de première classe. J’ai justement retrouvé un texte extraordinaire de Léon Bloy : c’est la conclusion de son Exégèse des Lieux Communs. Je vais vous le lire partiellement, et vous verrez à quel point les visions du catholique intégral sont proches des nôtres, notamment sur cette opposition fondamentale entre atlantisme et Atlantide.
 
Léon Bloy Conclusion de « L’Exégèse des Lieux Communs » [partielle]
 
« On a souvent demandé où pouvait bien être situé le Paradis terrestre. Platon et mon savant ami de l’Institut, Pierre Termier, m’ont donné les moyens de l’identifier.
 
Le Paradis terrestre, le lumineux Eden d’où furent expulsés nos premiers Parents n’était et ne pouvait être que l’Atlantide.
 
Je sais que cela a été dit déjà par j’ignore quels Américains qui voudraient faire croire que ce continent disparu depuis tant de siècles fut autrefois une partie considérable de leur continent et que l’Amérique actuelle prolonge, en cette manière, à travers les âges, le biblique Jardin de Volupté. Il suffit d’avoir vu, ne fût-ce qu’en passant, le soi-disant béatifique empire du Dollar, pour savoir ce qu’il faut penser de cette prétention. Mais ils ajoutent sottement et lourdement que le Déluge qu’on croyait universel est assez expliqué par la submersion de la seule Atlantide et l’anéantissement simultané du premier Eden. Je cesse alors d’écouter ces protestants spécieux et je reviens au divin Platon qui ne savait rien du Paradis terrestre, mais qui paraît avoir été l’irrécusable témoin d’une tradition archi-séculaire.
 
En son admirable conférence à l’Institut océanographique, le 30 novembre 1912, Pierre Termier a supérieurement démontré, par les plus récentes acquisitions de la science géologique, la véracité du grand philosophe qui raconte, imperturbablement, depuis vingt-quatre siècles, l’histoire de l’Atlantide en ses Dialogues ».
 
2)      L’Atlantisme historique
 
Sur le plan strictement historique, Robert Steuckers nous explique dans son texte fondamental titré « Eurasisme et atlantisme : quelques réflexions intemporelles et impertinentes », que l’atlantisme est d’abord une alliance européenne et chrétienne contre l’islam.
 
« L’atlantisme naît évidemment de la découverte des Amériques par Christophe Colomb en 1492. Mais l’objectif premier des puissances européennes, surtout ibériques, sera d’exploiter les richesses du Nouveau Monde pour parfaire un grand dessein romain et “alexandrin”, revenir en Méditerranée orientale, reprendre pied en Afrique du Nord, libérer Constantinople et ramener l’Anatolie actuelle dans le giron de la “Romania”. Le premier atlantisme ibérique n’est donc que l’auxiliaire d’un eurasisme “croisé” ibérique et catholique, allié à la première offensive de l’eurasisme russe, et portée par un dessein “alexandrin”, qui espère une alliance euro-perse. Une telle alliance aurait reconstitué le barrage des empires contre la steppe turco-hunnique, alors que les empires antérieurs, ceux de l’antiquité, se nourrissaient de l’énergie des cavaliers de la steppe quand ceux-ci étaient indo-européens. »
 
La naissance de l’atlantisme correspond donc historiquement à celle de la modernité. Il est identitaire et non-traditionaliste, puisqu’il est profondément ancré dans une époque qui se détourne radicalement du monde tri-fonctionnel médiéval.
 
Mais l’atlantisme se détache ensuite de notre continent, puis se constitue objectivement contre celui-ci. Son caractère anti-traditionaliste se renforce contre l’identité de l’Europe.
 
« L’atlantisme proprement dit, détaché dans un premier temps de tout projet continentaliste eurasien, nait avec l’avènement de la Reine Elisabeth I d’Angleterre (1558-1603). […] Le décès prématuré de Marie Tudor amène Elisabeth I sur le trône en 1558; elle y restera jusqu’en 1603: motivée partiellement par l’ardent désir de venger sa mère (Anne Boleyn), la nouvelle reine enclenche une réaction anti-catholique extrêmement violente, entraînant une cassure avec le continent qui ne peut être compensée que par une orientation nouvelle, anglicane et protestante, et par une maîtrise de l’Atlantique-Nord, avec la colonisation progressive de la côte atlantique, prenant appui sur la réhabilitation de la piraterie anglaise, hissée au rang de nouvelle noblesse après la disparition de l’ancienne aristocratie et chevalerie anglo-normandes suite à la Guerre des Deux Roses, à la fin du XV° siècle.
 
C’est donc une vendetta familiale, un schisme religieux et une réhabilitation de la piraterie qui créeront l’atlantisme, assorti d’une volonté de créer une culture ésotérique différente de l’humanisme continental et catholique. Elle influence toujours, dans la continuité, les linéaments ésotériques de la pensée des élites anglo-saxonnes, notamment ceux qui, en sus du puritanisme proprement dit, sous-tendent la théologie politique américaine. »
 
« Le terme d’atlantisme apparaît lors des accords entre Churchill et Roosevelt, scellés au beau milieu de l’Océan en 1941. En 1945, l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale forment un ensemble, qui deviendra l’OTAN, une alliance centrée sur l’Atlantique-Nord, que l’on qualifiera rapidement, dans les écrits polémiques, d’ “atlantisme”. »
 
Parler d’atlantisme pour évoquer le pouvoir judéo-anglo-saxon est certes réducteur, comme l’écrit Steuckers, parce que l’Empire est tri-océanique (Atlantique, Pacifique et Indien). Le vocable « atlantisme » n’est donc pas véritablement géographique, tout comme le vocable Occident, par ailleurs : c’est le monde entier qui est occidentalisé, d’Est en Ouest et du Nord au Sud. C’est la raison pour laquelle l’Occident – tout comme l’atlantisme, dont il est rigoureusement synonyme - est aujourd’hui une notion absolument délocalisée. Cela pourrait même constituer une véritable définition de l’Occident, tout à fait paradoxale mais juste : l’Occident est le terme qui désigne une zone du monde géographiquement délocalisée. Tout ce qui est géographiquement délocalisé est occidental. C’est-à-dire qu’il est tout à fait logique que la zone du monde qui se soit accaparé toutes les autres soit justement celle dénuée de toute racine, c’est-à-dire de toute valeur ontologiquement spirituelle. On reproche souvent son prosélytisme à la religion quelle qu’elle soit, mais en réalité, la laïcité, l’athéisme franc-maçon et le matérialisme libéral sont infiniment plus prosélytes que n’importe quel jésuite ou salafiste.
 
On peut donc parler d’Empire du non-être, puisque c’est un Empire qui ne possède aucun contour physique, aucune armature idéologique et aucune transcendance spirituelle.
 
3)      Nationalisme
 
En ce qui concerne l’eurasisme, le premier véritable changement de paradigme a eu lieu avec Konstantin Leontiev, diplomate, écrivain et philosophe russe de la seconde moitié du dix-neuvième siècle.
 
L'eurasisme russe était majoritairement pro-occidental (indo-européanisant) et anti-musulman jusqu'à l'avènement de la guerre de Crimée de 1853. Or, Konstantin Leontiev, à cette époque, a complètement changé les perspectives en proposant (je cite Robert Steuckers)."une alliance anti-moderne des chrétiens orthodoxes et des musulmans contre le libéralisme et le démocratisme modernes, diffusés par les puissances occidentales. Leontiev suggéra dès lors une alliance entre Russes et Ottomans, qui constituerait un bloc de Tradition contre le modernisme occidental" Il se trouve que l'eurasisme "douguinien" promeut très activement cette vision des choses.
 
C'est une des raisons principales pour laquelle la plupart des extrême-droites européennes sont anti-douguiniennes, ce dernier étant islamophile et se revendiquant d'une "race" russe (mélange de slaves, de scandinaves et de mongols). Douguine intègre l'épopée du khanat et de la Horde d'Or dans l'histoire de la Russie, et la revendique pleinement. Ce qui agace particulièrement les nationaux-socialistes racialistes, tous favorables à l'Ukraine pro-Otan (et racialement slave, non "contaminée" par les mongols).
 
Je pense personnellement que la guerre du Donbass est également motivée par des critères raciaux, surtout du côté ukrainien où l’on considère généralement que les russes sont des faux slaves. J’ai rencontré l’ukrainien Andriy Voloshyn à Zvenigorod en octobre 2011, lors du congrès « Against Post-Modern World ». C’est un homme très intéressant, bon poète et connaisseur de la littérature française. C’est en discutant avec lui et ses amis que j’ai découvert pour la première fois l’existence d’une animosité raciale ukrainienne contre le « faux slavisme » russe. Voloshyn est aujourd’hui chef adjoint des relations internationales pour Svoboda.
 
Je cite un exemple précis.
 
2906785185_1_3.jpgLe site nationaliste Breiz Atao a mis en ligne en août 2014 un texte titré « Alexandre Douguine ou la subversion de la Russie orthodoxe », très violemment opposé au penseur de l’eurasisme. Le texte cite un entretien de Douguine de 2002 donné au journal russe Kommersant-Vlast : « La Russie est seulement sauvée par le fait que nous ne sommes pas de purs Blancs. Les corporations multinationales prédatrices, oppressantes et détruisant tous les autres, sans parler de MTV, des gays et des lesbiennes – c’est le fruit de la civilisation blanche, dont il est nécessaire de se débarrasser. Donc je suis pour les rouges, les jaunes, les verts, les noirs, mais pas pour les blancs. » On imagine ce que ce trait d’humour peut provoquer chez des racialistes un peu crispés.
 
Le même article reproche à Douguine le fait d’estimer que la Russie ne soit pas un pays européen, contrairement à Poutine qui a déclaré “Les valeurs russes ne diffèrent pas des valeurs européennes”. Or, les principes premiers de l’eurasisme excluent d’autorité toute valeur commune entre l’Europe et la Russie, puisque les principes premiers de l’eurasisme relèvent de la spiritualité, et que l’Europe est (ou devrait être) catholique et protestante (malheureusement) et la Russie est orthodoxe. On peut travailler au rapprochement entre le catholicisme et l’orthodoxie, et c’est même la plus grande tâche à accomplir aujourd’hui, mais la Russie et l’Europe ne peuvent pas être confondues ni mises sur le même plan.
 
Rappelons que l’eurasisme politique, dont les bases intellectuelles se trouvent dans le concept de multipolarité civilisationnelle, promeut le rejet de toute norme internationale dans quelque domaine que ce soit et la promotion de la coexistence des civilisations au niveau mondial.
 
Je vais dire à nouveau ce que j’ai dit à Bruxelles en octobre dernier, parce que l’eurasisme politique est quelque chose d’absolument fondamental, et qu’il n’est pas vain ni inutile de rappeler ce paragraphe qui est en opposition frontale avec tous les schémas de pensée nationaliste, que l’on trouve notamment dans la fameuse dissidence française nationalisto-marxisto-complotiste.
 
Les civilisations sont les pôles du monde multipolaire, et leur définition repose sur le substrat de ce qu’est une civilisation au sens traditionnel, c’est-à-dire sa spiritualité ; ces civilisations sont (je cite Douguine dans son ouvrage "Pour une théorie du monde multipolaire") : la civilisation orthodoxe (« Son guide est l’union eurasienne, dont les étapes sont l’intensification de la coopération militaro-stratégique au sein de l’Organisation du Traité de Sécurité Collective, le partenariat économique au sein de la Communauté économique eurasienne, l’Union entre la Biélorussie et la Russie, le projet de l’espace économique commun, incluant l’Ukraine en partie, ainsi que les structures de la CEI ») ; la civilisation islamique (« recouvrant la Conférence islamique, la Banque islamique de développement, l’espace chiite commun incluant l’Iran, l’Irak et le Liban, ainsi que les projets fondamentalistes du nouveau califat »)
 
ce point est particulièrement important, dans la mesure où la dissidence nationalisto-marxisto-complotiste voit systématiquement derrière tout mouvement "islamiste radical" un complot américano-sioniste. Ces conceptions se retrouvent également dans son ouvrage "La Quatrième Théorie Politique". Voir, notamment, son chapitre "L'empire islamique (le califat mondial)" où il écrit clairement : "Le fait que les islamistes radicaux aient désigné les Etats-Unis comme leur principal ennemi constitue une preuve suffisante du fait que nous avons affaire à un projet sérieux et responsable". Bien sûr, le terme de califat utilisé par Douguine n’a rien à voir avec l’actualité, ses ouvrages étant antérieurs à 2013. Ce qui compte véritablement, c’est que puisse surgir «un Etat musulman supranational qui serait parvenu à unifier et restructurer le monde musulman» (je cite Soleiman Al-Kaabi, spécialiste de la temporalité coranique, et qui nous fait l’honneur d’être présent dans cette salle).
 
; la civilisation hindoue (« renforcement de l’influence indienne en Asie du Sud, sur le sous-continent indien, au Népal et dans certains pays du bassin du Pacifique, proches de l’Inde géopolitiquement et culturellement ») ; la civilisation chinoise (confucianiste) incluant la Chine, Taiwan, l’émergence de la zone du yuan or ; la civilisation japonaise ; la civilisation catholique (Europe d’un côté et Amérique latine de l’autre) ; la civilisation bouddhiste (Asie du sud-est) et la civilisation africaine (« Organisation de l’unité africaine, les Etats-Unis d’Afrique »).
 
Je répète, donc, ce que j’ai dit en octobre dernier à Bruxelles : Comprendre l’Empire Eurasien, c’est favoriser la gouvernance globale civilisationnelle contre la révolte des nations bourgeoises. La révolte des nations bourgeoises, comme par exemple la révolte de l’Ukraine atlantiste et occidentale contre l’Empire civilisationnel russe, contre la Novorossiya et ses hommes encadrés par Igor Strelkov, tous prêts à donner leur vie pour Jésus-Christ. Alors qu’en face, chez Svoboda ou le bataillon Azov, on se bat pour l’Ukraine indépendante.
 
Le texte de Breiz Atao cité tout à l’heure continue en ces termes :
 
« On comprend dès lors que Douguine ne souscrive absolument pas au principe de vérité révélée seule détenue par l’Eglise, orthodoxe ou catholique, et qu’en conséquence son approche géopolitique consiste à défendre un strict cosmopolitisme spirituel. Acquis à l’idée gnostique que la connaissance éclaire l’homme et le sauve et que la vérité est partout, pour qui sait la voir, Douguine veut donc dresser l’ensemble des civilisations non-occidentales, contre l’Ouest démocratique paradoxalement né dans les mêmes cercles.
 
Cette approche hérétique du point de vue orthodoxe comme catholique sert pourtant de base idéologique à l’intellectuel “eurasiste” afin de se faire passer comme le tenant d’une Russie orthodoxe intransigeante.
 
Ce confusionnisme spirituel, il le partage avec celui qui est de mise aux USA où les sectes et groupes religieux de toute nature sont particulièrement puissants, de l’Eglise de Scientologie à la maçonnerie, en passant par les églises évangélistes, les organisations musulmanes ou bouddhistes. »
 
Une confusion maximale est encore atteinte ici entre l’atlantisme et la Tradition héritée de l’Alantide. La proposition de Douguine en matière de religion consiste à éviter toute notion de conversion ou de mission religieuse : les conceptions politiques de la multipolarité s’étendent à la sphère spirituelle. C’est-à-dire que l’on condamne toute propagande religieuse. Par exemple, il est normal qu’un orthodoxe prétende que sa religion possède un caractère universel, et que tout le monde devrait être orthodoxe. Mais le principe de la multipolarité veut qu’il s’occupe d’abord de sa propre civilisation orthodoxe, qu’il la bâtisse correctement afin qu’elle soit belle, juste et cohérente. S’il convainc d’autres personnes de devenir orthodoxe, ce sera grâce à la perfection de l’exemple qu’il pourra donner. L’eurasisme est radicalement anti-colonialiste sur tous les plans, y compris – et peut-être même surtout – sur le plan religieux. Le traditionalisme pratiqué par Douguine sert surtout à comprendre que, si chaque religion est la seule valable pour la personne qui la pratique, le fait que toutes les religions justifiées procèdent d’une même substance permet de ne pas voir le croyant d’une autre religion comme un ennemi mais comme un allié face à l’athéisme marchand. Chacun sait qu’il a raison dans son for intérieur de posséder sa propre foi, mais chacun sait également qu’il a raison de ne pas vouloir convaincre l’autre par tous les moyens d’abandonner sa foi pour rejoindre la sienne. C’est justement cela, la multipolarité, et c’est la meilleure politique possible au XXIIè siècle. Et cela n’a strictement rien à voir avec ce « cosmopolitisme spirituel » dont parle le site Breiz Tao. Toujours cette confusion entre atlantisme et Atlantide. Par ailleurs, j’ai bien parlé de religions justifiées, telle que celles citées précédemment : orthodoxie, islam, hindouisme, confucianisme, shinto, catholicisme et bouddhisme. Les spiritualités modernes (Scientologie, maçonnerie ou Témoins de Jéhovah) n’ont pas leur place dans un monde eurasiste. Il n’y a aucune tolérance ni aucun confusionnisme spirituel dans les principes eurasistes.
 

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J’ai assisté il y a peu à une conférence de Mgr Williamson à Marseille. Il affirme que, lorsque l’on discute avec un orthodoxe comme M. Poutine par exemple, le but premier de la conversation est de pouvoir amener par tous les moyens son interlocuteur au catholicisme. Je pense, personnellement, qu’il y a d’autres urgences que de vouloir convertir à tout prix les masses russes à la foi catholique, et que, par ailleurs, il n’est pas tout à fait certain que l’on puisse y parvenir aussi facilement que cela.
 
Dans la perspective eurasiste, ce sont donc les alliances de civilisations, et conséquemment des spiritualités authentiques, qui renverseront la matrice du non-Etre. En tant que construction bourgeoise élaborée par la classe marchande pour élargir ses intérêts socio-économiques, la nation est la première ennemie du monde traditionnel, surtout dans notre patrie où, comme je l’ai déjà expliqué dans d’autres conférences, la France s’est construite de manière particulièrement visible contre la Gaule au bénéfice intégral de ses fausses élites, à tel point que la centralisation française et la destruction concomitante de nos terres enchantées sont devenues le modèle structurel et archétypal de l’occidentalisation du monde.
 
Pour des raisons historiques liées à leur anti-atlantisme originel, la plupart des mouvements nationalistes en Europe faisaient partie des dernières forces politiques à n’avoir pas succombé aux sirènes états-uniennes. Mais cette époque est bel et bien terminée, et la guerre du Donbass les a presque tous fait tomber dans le piège.
 
Je pense notamment à Zentropa ou Casapound. Je sais bien qu’il existe de nombreux courants de pensée en interne vis-à-vis de ces questions-là, mais enfin, il est quand même évident qu’ils relaient essentiellement des messages anti-NovoRossiya.
 
Ceux qui écoutent de la musique industrielle ou neofolk (ou autres) le savent aussi bien que moi : presque tous ces groupes musicaux sont passés du côté de Svoboda. Je pense notamment à la dernière série de concerts de Death In June, cette année en France, et à leur nouvelle version de « Liberté c’est un rêve ». Après l’incantation « Où est Klaus Barbie », Douglas Pearce rajoute « Où est Ben Laden, où est Poutine ? ». Ils appellent même ça le « Bin Putin mix ». Ce qui signifie bien, par ailleurs, qu’il n’y a jamais eu aucune ambiguïté depuis le début avec ce titre, Barbie étant considéré comme un méchant absolu au même titre que Ben Laden et Poutine, exactement comme le pense n’importe quel journaliste du Nouvel Observateur. Le groupe a également joué à Kiev, à Odessa, même à Marioupol, sur la mer d’Azov, « en hommage à leurs frères d’armes » ont-ils proclamé. De manière plus anecdotique, mais tout aussi révélatrice, un type comme Claus Larsen (de Leatherstrip) qui nous soulevait d’enthousiasme en 1992 avec son titre « Anti US », chante aujourd’hui « The evil in Putin’s Eyes ».
 
En réalité, ce n’est pas la première fois que les nationalistes tombent dans ce type de piège tendu par l’atlantisme.
 
J’ai relu cet été « Les Décombres » de Lucien Rebatet. J’ai été frappé par de nombreuses analogies avec notre époque. La volonté de guerre de l’Occident face à l’invasion des Sudètes par Hitler (en septembre 1938) fait songer à la propagande belliciste face au rattachement de la Crimée par Poutine. 1938 : les allemands des Sudètes, minorité ethnico-linguistique en danger au sein d’un pays fictif comme la Tchécoslovaquie. 2015 : les Russes de Crimée et du Donbass, minorité ethnico-linguistique en danger au sein d’un pays fictif comme l’Ukraine. Et, à l’époque, comme aujourd’hui, les nationalistes qui poussent à la guerre aux côtés de l’Occident. Rebatet, lui, faisait partie du camp de la paix.

Lucien Rebatet « Les Décombres – Ch. III Pour l’amour des Tchèques » [partiel]

« A une volonté de guerre aussi extravagante et frénétique, il fallait certainement des ressorts considérables. A Je Suis Partout et à l’Action Française, on les avait décrits sans répit depuis des mois. Le clan de la guerre tchèque était le même qui avait livré Mayence, remis Strasbourg sous le feu des canons allemands, vomi l’insulte contre Dollfuss, reçu Schussnigg à Paris dans une gare de marchandises, traité en hors la loi Mussolini, le garde du Brenner. La sécurité territoriale, la suprématie et la prospérité de la France lui importaient fort peu. Encore moins l’Autriche. Il l’avait condamnée e 1919. Il avait sournoisement précipité sa fin en lâchant et vilipendant ses défenseurs.
 
Mais la Tchécoslovaquie était sa chose, sa création de choix. J’hésitais souvent devant les explications un peu grosses et populaires d’un événement politique. Mais cette fois, l’erreur eût été de subtiliser. Hitler eût pu exiger sans courir le moindre risque le retour de plusieurs millions d’autres Allemands dans le giron nazi. Il réclamait ses Sudètes, Allemands de la tête aux pieds, en vertu d’un droit des peuples codifié et contresigné par les démocrates eux-mêmes. Mais le droit genevois variait selon les hommes et l’heure autant que la liberté et la justice des républicains. Il n’y avait pas plus de droit des peuples pour les Sudètes que de droits de l’homme pour Maurras en prison.
 
Nos boutefeux eussent peut-être bien livré sans coup férir deux millions d’Alsaciens authentiques. Mais le dessein de Hitler portait atteinte à un fief élu de la grande maçonnerie. Il menaçait de forcer la porte d’une Loge illustre entre toutes les loges.
 
La construction tchécoslovaque était manifestement ridicule et branlante. Mais c’était justement la meilleure raison pour que les hommes de toutes les expériences idiotes, des faillites socialistes, des pactes lunaires, des finances de cirque, des avions contre Franco, des sanctions contre le Duce, des tendresses à Staline, des ambassades de Guignol, l’adoptassent comme leur rejeton amoureusement couvé. Il avait fallu un collage laborieux et des spoliations indignes pour donner consistance à cet Etat chimérique. Mais nos hommes le caressaient comme le chef-d’œuvre de leur traité. Sur leurs cartes, les Allemands le coloriaient du vermillon dévolu aux pays contaminés par le bolchevisme. C’était bien en effet sa nature et sa fonction : au cœur de l’Europe, un instrument choisi du despotisme marxiste, des intrigues, des capitaux, des vetos et des haines du Triangle et d’Israël. Hitler menaçait là quelque chose d’infiniment plus essentiel aux yeux de bien des gens que la plaine d’Alsace ou la vie d’un million de nos fantassins. M. Benès avait fait le grand signe de détresse. Il ne s’agissait plus d’une des mésaventures ministérielles qu’on résout avec quelques pelotons de gardes mobiles et deux ou trois assassinats. Le grand branle-bas de combat répondait à l’appel de Frère ».
 
Rebatet confortera ensuite dans Je suis Partout sa position pacifiste, fasciste et grand-continentale. Un an après, la même histoire recommençait avec la Pologne. Et la guerre totale s’enclencha…
 
L’hitlérisme était un eurasisme par bien des côtés, et la lecture de Drieu La Rochelle nous le confirme, lui qui disait que la seule chose qui le gênait au début dans le fascisme, c’était le nationalisme, et qu’il avait définitivement rejoint le fascisme après qu’il se soit débarrassé de cette erreur. La victoire concomitante du libéralisme et du communisme en 1945 ont plongé l’Europe, et même le monde, dans une nuit profonde. L’intensité de l’oppression démocratique, médiatique et financière augmente chaque jour en France depuis 70 ans, tant et si bien que l’on est aujourd’hui persuadé qu’il est impossible que la libération ne provienne de forces internes à notre pays. Revenons à l’hitlérisme : c’était bien sûr un eurasisme partiellement dévoyé, car non ancré dans une authentique spiritualité justifiée et bien établie. Jean Parvulesco en dresse un court bilan dans Un retour en Colchide, son dernier ouvrage – son dernier roman – publié en 2010. Vous allez voir qu’on est très loin du discours « dissident » actuel.
 

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Jean Parvulesco « Un Retour en Colchide » [partiel]
 
« Si ce matin, au réveil, je ‘écrie Acqua Alta, c’est que je sens que nous entrons en des temps de très hautes marées. Des puissances immenses, tout à fait insoupçonnées jusqu’à présent, s’apprêtent à être de retour en force ; des choses se passeront que nous n’avions jamais encore vues, et cela d’un instant à l’autre. D’autre part il est certain que, malgré l’état authentiquement révolutionnaire de ses débuts, le Troisième Reich hitlérien a dû assumer, jusqu’à la fin et même au-delà, quatre grandes erreurs fondamentales, erreurs qu’il a dû payer de sa totale destitution politico-historique, de son évacuation irrévocable de la réalité de ce monde, comme s’il n’avait jamais existé. Ces quatre erreurs sont les suivantes – c’est le moment de les rappeler.
 
(1)   L’inconcevable imbécillité criminelle de la Shoah, de la conception et de la mise en œuvre dans les conditions que maintenant l’on sait du projet visant l’anéantissement du peuple juif dans toutes ses dispersions européennes ».
 
Afin de couper court aux critiques qui pourraient immédiatement fuser de la part des milieux « dissidents » actuels, je précise que Parvulesco n’écrivait pas ceci dans le but de passer à la télévision, d’entrer à l’Académie française ou d’avoir son siège au comité directeur du Groupe Bilderberg : il avait 81 ans, était rongé par la maladie et ne pouvait plus sortir de son lit. Mais Parvulesco, en tant qu’authentique ésotériste traditionaliste, a toujours proclamé sa passion pour la véritable mystique juive et pour la Kabbale (tout comme Guénon, d’ailleurs, je le signale aux guénolâtres antisémites qui courent un peu partout).
 
Je reprends.
 
« (2) Le mépris paranoïaque de toutes les nations slaves, et de la Russie en premier lieu, dans la perspective finale d’une vaste entreprise de colonisation des espaces continentaux de l’Est européen ».
 
On peut d’ailleurs penser que l’antisémitisme hitlérien n’était rien d’autre qu’un sous-produit de son anti-slavisme irréductible.
 
« (3) L’hostilité à l’égard de l’Eglise catholique, dont la partie la plus ardente eût dû constituer le substrat eucharistique de la grande révolution continentale européenne que menait le IIIè Reich.
 
(4) Ne pas avoir su reconnaître et encore moins utiliser, sur son front de combat intérieur, des penseurs de la taille d’un Martin Heidegger, ou de Karl Haushofer, ce dernier idéologue du rapprochement continental germano-russe, et avoir préféré à leur place les services d’un crétin subalterne comme Alfred Rosenberg et tous les débiles de la même classe d’indigence mentale (exception faite, peut-être, pour les niveaux supérieurs, ‘ultimes’, de certaines hiérarchies intérieures secrètes de la SS). 
 
Derrière ces terribles erreurs – derrière ces malédictions indélébiles – il y eut cependant une partie incomparable de grandeur réalisée, de surpuissance visionnaire et d’engagement irrationnel, abyssal, d’exploitation symbolique, révolutionnaire, de l’histoire européenne en marche, une part qui ne lui sera jamais enlevée ».
 
Pierre-Antoine Cousteau, dans son Dialogue des Vaincus avec Rebatet, publié en 1950, lâche cette stupéfiante prophétie : « L ’Amérique a mis le doigt dans un drôle d’engrenage. Ca se terminera peut-être très bien, par l’établissement sur cette planète d’une sorte de pax americana, à base de Coca-Cola, de bulletins de vote et de télévision. Ou ça se terminera très mal par un étripage général et des effondrements de gratte-ciel ».
 
4)      Marxisme
 
Les marxistes considèrent que le conflit entre Russie et Occident est une dispute intra-capitaliste, un combat entre deux entreprises multinationales, une lutte économique entre deux entités atlantistes. C’est assez similaire au discours des complotistes « catholiques » comme Pierre Hillard, qui considèrent que le conflit ukrainien n’est qu’une guerre entre deux sectes juives. On retrouve aussi ce discours chez des ésotéristes anti-chrétiens obsessionnellement anti-eurasistes, qui voient dans tout ceci un combat obscur entre deux forces concurrentes de la contre-initiation, Poutine étant issu du KGB et donc de la contre-initiation absolue, évidemment.
 
En fait, personne n’a avalé la désoviétisation de la Russie, effectuée entre autres sous l’impulsion de Jean-Paul II. Il est vrai que ce dernier a pu mener cette opération avec, en partie, le financement de Ronald Reagan. Mais Jean-Paul II l’a fait au nom de la Vierge Marie.
 
Les premiers à regretter la désoviétisation de la Russie sont les marxistes, bien sûr. Certains d’entre eux regrettent que la Russie n’en ait pas profité pour adopter le « véritable communisme » au lieu de se jeter la gueule ouverte dans le Christ ou Mahomet. Dès qu’ils en ont eu la possibilité, les 150 millions de Russes ont choisi de se jeter à corps perdu dans la foi vivante de leur religion retrouvée. Les 120 millions d’orthodoxes ont renoué avec le Christ dont ils avaient soif depuis plus de soixante ans, les 20 millions de musulmans ont retrouvé le chemin de leur mosquée, et les autres ont pu ré-embrasser Bouddha, la Torah ou la main de leur chamane.
 
Il n’y a pas que l’économie dans la vie. Pratiquer la religion ardente de ses ancêtres, avec les valeurs qui l’accompagnent, c’est aussi une façon de résister à l’Occident.
 
La structure économique russe est aujourd’hui faite de capitalisme et de corruption, parce que le caractère totalitaire du capitalisme financier est d’une puissance phénoménale. Mais, contrairement à l’Europe de l’ouest qui a choisi en 1945 de se faire coloniser par l’Amérique, le peuple russe a choisi au début des années 2000 des valeurs fondamentalement anti-occidentales, toutes basées sur l’orthodoxie ou bien l’islam.
 
Contrairement à ce que tentent de nous faire croire les nationalistes engagés du côté de Kiev, tous les partis communistes européens sont aujourd’hui délibérément anti-russes. Et le PCF en tout premier lieu.
 
Exemple n°1, communiqué du 27 novembre 2014. "Le régime de Poutine continue l’œuvre de la restauration capitaliste en ex-URSS, la liquidation des acquis sociaux, de pans entiers de l’appareil de production, l’accaparement des richesses par quelques oligarques. Il s’appuie sur les forces les plus réactionnaires, religieuses, nationalistes, souvent racistes. Il ne tolère les organisations syndicales et politiques, y compris celles dénommées « communistes », que lorsqu’elles lui restent docilement soumises. Le régime est répressif, policier, militariste."
 
Exemple n°2 : communiqué du 20 août 2012, relayé par « L’Humanité ».
 
 « A Moscou, la condamnation à 2 ans d'incarcération des Pussy Riot suscite de multiples protestations dans le monde au nom de la liberté d'expression et pour la défense d'une jeunesse russe qui supporte de moins en moins un système Poutine fermé et répressif.
 
Le Parti communiste français condamne ce qui apparait comme un procès politique qui a du mal à se cacher derrière les accusations de "blasphème" et "d'incitation à la haine religieuse". Il exprime sa consternation devant une peine aussi lourde dont la vocation manifeste est de chercher à freiner un mouvement de protestation populaire et d'aspirations démocratiques qui grandit en Russie.
 
Ce qui aurait pu rester comme une exhibition contestataire et insolente est devenu une affaire nationale qui pose la question des principes et des pratiques d'un Etat de droit, du respect des libertés et des conditions de la laicité et de la démocratie en Russie.  
 
Signé : Parti communiste français »
 
Exemple n°3. Communiqué du 1 mars 2015 : Le Parti communiste français a jugé ce dimanche 1er mars que l'assassinat de l'opposant russe Boris Nemtsov à Moscou avait un "mobile politique évident". Il "condamne avec la plus grande fermeté l'assassinat de Boris Nemtsov et souhaite que l'enquête puisse aboutir dans les plus brefs délais sur l'arrestation des responsables de ce crime, des hommes de main jusqu'aux donneurs d'ordre, et sur des poursuites judiciaires". "C'est un dû à l'ensemble de la société russe qui souffre déjà trop de carences et dénis démocratiques", ajoute le parti dirigé par le sénateur Pierre Laurent.
 
Etc., etc.
 
Il n’y a aucun « rangement délibéré et permanent du PCF derrière l’empire des terres », comme on veut parfois nous le faire croire.
 
Etre marxiste, c’est considérer qu’une Russie soviétique vaut toujours mieux qu’une Russie orthodoxe, quelle que soit la réalité du soviétisme vécu.
 
Etre catholique, c’est considérer qu’une Russie redevenue orthodoxe grâce à l’action de Jean-Paul II est un miracle historique qui devrait être célébré chaque jour avec joie. Bien que polonais, il est notoire que Jean-Paul II aimait la Russie : il avait lu Vladimir Soloviev et Nicolas Berdiaev, ce même Berdiaev qui avait écrit : « La culture occidentale est une culture de progrès. Le peuple russe, quant à lui, est le peuple de la fin ». La doctrine de la « toute-unité » de Soloviev, concernant la question de l’unité chrétienne, était : unité maximale dans la multiplicité maximale. En l’an 2000, pour le centenaire de la mort de Soloviev, Jean-Paul II avait déclaré : « En faisant mémoire de cette personnalité russe d’une profondeur extraordinaire, qui avait très bien perçu le drame de la division des chrétiens et le besoin urgent d’unité, je voudrais inviter le monde à prier pour que les chrétiens d’Orient et d’Occident [de Russie et d’Europe] retrouvent au plus vite la pleine communion ».
 

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Etre catholique, c’est étudier la pneumatologie orthodoxe, avec Saint Grégoire Palamas par exemple, ce saint du XIVè siècle né à Constantinople, qui fit son éducation monastique au Mont Athos, et qui recommanda la méthode d’oraison hésychaste (purification de l’intelligence et maîtrise du souffle) comme expérience directe avec Dieu. Saint Grégoire Palamas a passé sa vie à développer cette idée fondamentale : « Dieu s'est fait homme, pour que l'homme devienne Dieu ».
 
Etre catholique, c’est appeler à une unité retrouvée entre catholicisme et orthodoxie. Non pas dans un sens œcuménique, comme le dira l’orthodoxe Constantin Parvulesco tout à l’heure, c’est-à-dire que le but n’est pas de convertir les orthodoxes au catholicisme. Le but, comme l’écrivait Jean Parvulesco le catholique, c’est de parvenir à trouver le secret de la suprême jonction entre l’orthodoxie et le catholicisme, et ce secret réside dans le dogme du couronnement de la Vierge Marie associé à l’amour intransigeant du Paraclet.
 
Jean Parvulesco parlait de « l’immense bataille théologique et métahistorique en train de constituer actuellement les fondements du renouveau révolutionnaire grand-continental européen du troisième millénaire, qui verra la nativité dogmatique d’une nouvelle religion impériale grand-continentale axée sur la figure de Marie couronnée, de Marie souveraine maîtresse des cieux et de la terre ».
 
Etre catholique, c’est vénérer la Royauté Absolue et Cosmique de la Sainte Vierge, comme dans les visions de Joachim de Flore, comme la décrit saint Jean au chapitre XII de son Apocalypse.
 
Après deux millénaires de représentations picturales et sculpturales du Couronnement de la Vierge, de très nombreux courants chrétiens demandent aujourd’hui la reconnaissance dogmatique de la titulature de la Vierge comme co-médiatrice, co-rédemptrice, Mère de l’Eglise, Reine du monde… Comme l’écrit le Père Zanotti-Sorkine : « En reconnaissant que Marie a sauvé le monde avec son fils, l’église permettrait à sa royauté d’apparaître sous un jour unique, jamais atteinte par aucune tête couronnée de la terre. »
 
Enfin, être catholique, c’est être définitivement anti-marxiste, anti-démocrate, et anti-républicain.

 

 

5)      Complotisme
 
Au début de mon exposé, je rappelais que l’écriture est supposée être née vers – 3500, durant l’ère précessionnelle du Taureau, la première ère de l’Age de Fer qui débuta par le déluge de Noé.
 
Et le déluge de Noé, c’est justement l’éradication de toutes les colonies atlantes, à l’exception – comme je le disais tout à l’heure – de la Chaldée (Japhet), de l’Egypte (Cham) et des juifs faisant la jonction historique entre les deux (Sem).
 
J’aimerais insister sur le lien structurel et signifiant entre l’écriture et son support, et également entre la lecture et son support.
 
Contrairement à ce que proclament les évolutionnistes, toute irruption dans l’histoire d’une nouvelle technologie est un signe direct de l’affaiblissement des connaissances humaines. Plus l’homme est intelligent, et moins il connaît. Et c’est même parce qu’il connaît de moins en moins, du fait de l’éloignement progressif et historique des origines de sa création, que son intelligence analytique se complexifie afin de pouvoir reproduire des phénomènes qu’il savait contrôler auparavant par d’autres moyens que technologiques : des moyens cognitifs et spirituels. L’invention de la roue - et de la charrette – ne prouve rien d’autre le fait que l’homme était alors devenu suffisamment moderne pour ne plus savoir se déplacer autrement que par des moyens matériels.
 
L’écriture est née en même temps que la roue, et au même endroit : en Mésopotamie vers 3600 avant Jésus-Christ. La première écriture montre le besoin de fixer des connaissances sous forme de traits gravés dans l’argile, c’est l’écriture cunéiforme. Puis, quelques centaines d’années plus tard, on trouve les premiers hiéroglyphes en Egypte sur la palette de Narmer. Comme je le disais tout à l’heure, on trouve la présence des trois fils de Noé : deux sont sédentaires, Japhet et Cham, et le troisième, Sem, est nomade. Dans la cité de Japhet (la Chaldée), Sem s’appelle Abraham avant de se rendre dans la cité de Cham (l’Egypte), où il s’appellera Moïse. La vision philosémite des événements consiste à dire que les Juifs récupèrent à chaque fois l’écriture, c’est-à-dire les traces visibles de la religion – d’abord Gilgamesh puis Amon – afin de sauver l’essentiel de chaque civilisation avant qu’elle ne s’écroule. L’Arche d’Alliance pourrait alors être le cœur non-écrit de l’écrit, le centre vide du rouleau, la part interne et non divulgable réservée à la caste sacerdotale La vision antisémite consiste, au contraire, à dire que ce sont les Juifs qui provoquent à chaque fois l’écroulement de la civilisation, d’abord chaldéenne puis égyptienne, afin de pouvoir lui dérober son trésor spirituel. Ce n’est pas mon sujet.
 
Je veux insister sur le fait qu’avec l’écriture se révèle désormais à tout homme une partie des principes spirituels, alors que toutes les religions pratiquées depuis l’expulsion du Paradis étaient jusqu’alors basées sur des principes transmis de manière exclusivement orale et réservés à la connaissance des hommes en mesure de les comprendre.
 
L’invention de l’écriture correspond ainsi à une divulgation partielle des principes. C’est ce qui fait dire à un ami que Moïse, avec ses Tables de la Loi, a été le premier démocrate de l’histoire. Les grandes étapes de l’écriture ont ensuite été les suivantes : l’imprimerie, seconde moitié du XVè siècle (si l’on met de côté la xylographie pratiquée en Asie depuis 700 ans) ; les lettres sont désormais isolées les unes des autres, ce qui segmente la phrase. C’est à cette époque que surgissent à la fois l’humanisme et le protestantisme, deux pensées modernes et hérétiques qui se basent sur une version lettriste du monde, c’est-à-dire qui analysent les choses au pied de la lettre. Notons qu’en même temps, et comme par un effet de contre-réaction, on trouve Rabelais, Marsile Ficin, tous ces écrivains qui tentent d’utiliser la nouvelle technologie en la contournant, afin de retourner le plus efficacement possible aux sources du savoir.
 
Pour François Rabelais, et c'est indiqué très nettement dans le Pantagruel, Platon est le prince des philosophes. Il y fait beaucoup référence dans ses cinq livres. 
 
Il est souvent représenté, à tort, comme un humaniste.
 
Mais Rabelais était un excellent catholique, il voulait revenir aux sources de sa religion. Il disait qu'il fallait parler la langue arabe pour lire le Coran, ainsi que maîtriser l'hébreu et le grec. Rabelais nous parle de la Sibylle de Cumes qui annonça la venue du Christ et nous rappelle par là les origines helléniques (et donc égyptiennes), et non pas seulement juives, du christianisme. Il évoque la cyclologie, il situe la "création du monde" (entrée dans l'âge de fer) quatre mille ans avant Jésus Christ. Rabelais insiste sur la double origine du judaïsme, par l'analogie des épouses d'Abraham, l'une chaldéenne et l'autre égyptienne. Rabelais insiste également sur le rôle apocalyptique de la Vierge Marie. En bref, ce corpus est celui d'une pensée traditionaliste en totale opposition avec la pensée humaniste des lumières, de la naissance de la modernité. 
 
Par ailleurs, ce n’est certainement pas un hasard si l’invention de l’imprimerie en Europe correspond à la création, pour la première fois, de sociétés ésotériques profanes, laïques, telle que la Société Angélique à Lyon.
 
La rupture technologique suivante dans l’histoire de l’écriture, après l’imprimerie, est l’ordinateur. Après que la phrase ait été fragmentée par le système de l’imprimerie, c’est la lettre elle-même qui se fragmente sous l’effet de la pixellisation numérique. Comme l’avait très bien vu Abellio dans son roman La Fosse de Babel publié en 1962.
 
Au chapitre VI, le policier Pirenne exhibe sa gigantesque machine automatique de gestion d’informations sur les individus : c’est une « trieuse d’âmes ». « Vous êtes ici en présence du premier chef-d’œuvre de la police quantitative », explique Pirenne. « On raconte l’histoire de ce fantassin de l’armée Vlassov qui, étant ivre, en juin 44, à Sotteville, près de Rouen, coupa le doigt d’une jeune fille pour lui voler sa bague. On le retrouva en trois jours, à Strasbourg, un an et demi après, en sachant seulement qu’il était blond, mesurait environ 1 m 80 et avait une fossette au menton… Un jour, chaque homme aura sa fiche et on pourra, en un point quelconque du monde, à des milliers de kilomètres de chez lui, remonter instantanément dans son passé. Il n’y aura plus de distance et plus de passé ».
 
Raymond Abellio prophétise en ce roman en 62 le règne totalitaire de l’ordinateur qui abolit le temps et l’espace.
 
On retrouve ainsi une parfaite similarité entre l’évolution de l’écriture et les phases principales de la modernité chez l’homme décrites par Guénon : la lettre et l’être connaissent la même régression spirituelle : d’abord la coupure du lien transcendantal (invention de l’écriture), puis la coupure des liens horizontaux et la naissance de l’individualisme (isolement des lettres par l’imprimerie), et enfin la dissolution de l’être (pixellisation de la lettre). On ne lit pas un texte sur ordinateur, on le regarde, c’est tout à fait différent.
 
Enfin, voici la phase ultime. Avec internet, tous les ordinateurs du monde sont reliés les uns aux autres, et chaque pixel est instantanément délocalisé et mis en réseau. Le protestantisme est né avec l’isolement de la lettre ; le flicage généralisé des uns par les autres (la police parfaite) est né avec l’ordinateur ; avec la mise en réseau des pixels, est née la pensée en toile d’araignée : le complotisme.
 
J’ai suffisamment écrit sur le complotisme pour ne pas avoir à m’étendre sur le sujet. Lisez mondernier texte sur le sujet, mis en ligne sur le blog de Parousia le 16 février 2014, et titré « Le complotisme, cet anaconda dont nous écraserons la tête à coups de talon ». Je rajouterais simplement que cette pensée spécifiquement infantile produit des dégâts considérables en matière de religion et de politique.
 
Le versant religieux du complotisme se voit dans le succès grandissant du sédévacantisme, cette hérésie typiquement moderne où chacun prétend avec sa propre science infuse que le Vatican n’est plus le Vatican. Même Mgr Lefèvre n’a jamais été sédévacantiste ! On voit des traces de satanisme partout, sur le moindre cheveu du moindre curé de campagne.
 
Mais les ravages du complotisme en matière de politique sont tout aussi ahurissants.
 
On peut trouver sur internet une vidéo titrée « Incroyable : Poutine est juif et veut le nouvel ordre mondial ! », toujours relayée par les mêmes ahuris. En voici quelques commentaires.
 
7mn40 : On voit Poutine serrer la main du Pape François. « Tout le côté pseudo chrétien et anti-corruption de Poutine, c’est du théâtre ». Il est vrai que dans l’ombre des extra-terrestres, les illuminati à la tête du Vatican mettent la Cabale au sein de la prochaine société antéchristique…
 
9mn15 : « Il faut savoir que Poutine est juif, par sa mère qui s’appelle Maria Ivanovna Shalomova ». Il faut savoir que je suis moi-même juif, mon véritable nom est Laurent Jamesovitch, et je suis un ashkénaze infiltré dans les milieux eurasistes pour tout balancer aux flics. Je vous assure que c’est ce que l’on raconte dans certains milieux !
 
12mn50 : « Il faut savoir que Poutine a du sang sur les mains : Boris Nemtsov, Anna Politkovskaya ». La source ? Bloomberg News !
 
13mn42 : « Illuminati Puppets »
 
33mn : A propos de l’eurasisme : « Ca permet de brouiller les cartes des nations, et de faire croire que les nations, c’est dépassé ». Pour les complotistes, l’eurasisme est un mondialisme. Toujours cette confusion sempiternelle, ancrée – comme je l’ai montré – dans la confusion entre Atlantide et atlantisme.
 
34 mn : « Douguine, c’est un Brzezinsky russe »
 
« Ca me rappelle la deuxième guerre mondiale, où on avait d’un côté un camp inspiré par Marx (les russes), et de l’autre par Nietzsche (les allemands). A chaque fois, c’est des faux théoriciens qui viennent donner une idéologie pour permettre aux gouvernants d’être suivis par la foule ».
 
41mn30 : « Forcément, nos élites ne vont pas nous montrer le mauvais côté de la Russie, si c’est la Russie qui doit diriger le nouvel ordre mondial. C’est logique. Il faut forcément que le nouvel ordre mondial donne envie aux gens. Donc c’est pour ça que l’ancien ordre mondial, donc l’occident, qui se fait détruire parce qu’il est chrétien et que c’est l’ennemi des juifs, est déprécié. Donc en fait on montre une Russie complètement forte et largement supérieure à l’occident, parce que justement le but c’est d’écraser l’occident. Voilà, j’espère que vous avez compris la stratégie ». « Le but est l’instauration d’un nouvel ordre mondial communiste ».
 
Le complotisme est une pensée extrémiste fabriquée par internet pour lutter frontalement contre la pensée radicale.
 
Le complotisme est une force structurellement démotivante (puisque les Etats-Unis, les illuminati et les lézards contrôlent tout, y compris Douguine et le Vatican), mise en avant pour détruire de l’intérieur la révolution eurasiste.
 
Le complotisme est la maladie infantile de l’eurasisme.
 
Je termine avec le dernier paragraphe du texte de Douguine « La Terre verte – l’Amérique ».
 
« En premier lieu, les archétypes inconscients associés à la structure spatiale et temporelle du cosmos doivent être examinés à la lumière d’une tradition métaphysique véritable et orthodoxe, qui seule peut remettre les chose à leur juste place à l’intérieur de l’ordre divin. Au contraire, s’ils restent au niveau inconscient, ces archétypes, étant efficaces et puissants, pourront toujours attirer non seulement des individus particuliers, mais aussi des nations entières, des races et des civilisations vers les conséquences les plus imprévisibles et les plus destructrices. Mais pour atteindre la tradition métaphysique capable d’illuminer par le rayon de l’intelligence divine la profondeur abyssale du psychisme, il faut faire un effort intellectuel et spirituel presque incroyable dans les circonstances actuelles, afin de s’arracher aux ‘dogmes’ infondés de la pensée profane et matérialiste qui s’est emparée de la plupart de nos contemporains, mais sans pour cela tomber dans l’occultisme chaotique, le néo-mysticisme ou le néo-spiritualisme. La meilleure voie pour cela, et même la seule, est d’accepter une religion traditionnelle et, par la pratique spirituelle, rituelle et intellectuelle de cette religion, de pénétrer dans ses aspects ésotériques et secrets, dans ses mystères.
 
Deuxièmement, seules deux traditions religieuses sont moins exposées à l’influence de la ‘Terre verte’, à savoir le christianisme orthodoxe […] et l’islam orthodoxe. En tout cas, l’orientation verticale et métaphysique de ces religions, à conditions qu’elles soient épurées à la fois de toutes leurs stratifications modernes et de leurs associations archaïques, apparaît comme une garantie suffisante d’authenticité et d’efficacité spirituelle.
 
Et enfin, il est nécessaire de former un concept purement géopolitique et non-religieux de ‘bloc eurasien’ (‘Kontinentalblock’, comme on disait autrefois), qui unirait tous les peuples et tous les Etats eurasiens dans un seul complexe autonome et soustrait au paradigme parodique-eschatologique qui opprime le monde traditionnel. Aujourd’hui, après le démantèlement du système socialiste, il n’est pas vraiment important de savoir sous quelle forme politique et étatique cela surviendra. Au niveau mondial, il est maintenant beaucoup plus important qu’un seul peuple et qu’un seul Etat affrontent ‘l’Atlantide réémergeante’ et sa mission. C’est pourquoi l’idée d’une ‘Eurasie des peuples’ ou d’une ‘maison commune’ qui aurait une forte orientation anti-atlantique et qui ferait appel aux ressources intérieures, spirituelles, religieuses, économiques et matérielles, n’est aujourd’hui pas aussi abstraite et utopique qu’elle peut le sembler à première vue. La foi dans les ‘ancêtres morts’, dans les fabricants de coca-cola, est-elle plus réaliste et plus objective ?
 
Quant au continent Amérique, la période de son expansion, selon les correspondances cycliques précises, probablement, sera tendue, orageuse, pleine d’événements inquiétants, mais aussi extrêmement brève, puisque le ‘New Age’ dont l’arrivée a été annoncée par les partisans mystiques de la ‘Nouvelle Jérusalem’, mais qui n’a pas encore commencé, finira par arriver. Son arrivée sera signalée par un grand cataclysme géographique. Et qui sait si l’Amérique, la ‘Terre Verte’, ne connaîtra pas le même destin que celui qui frappa jadis un autre continent situé dans l’Atlantique ? »

 

Contre le triptyque Nationalisme, Marxisme et Complotisme :
Eurasiste, Catholique et Révolutionnaire ! 


Laurent James, Sainte-Foy-la-Grande, 5 septembre 2015

samedi, 12 septembre 2015

Monde multipolaire: Chine, Russie, quelles stratégies?

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VERS UN MONDE MULTIPOLAIRE

« Chine-Russie : quelles stratégies ? »

Alexandre ORLOV*
Ex: http://metamag.fr
 
Parler de la Russie et de la Chine, c'est parler,  non seulement du présent, mais aussi de l'avenir , de l'ordre mondial de demain.

Nous comprenons tous que la portée des relations russo-chinoises dépasse largement le cadre bilatéral. Elles constituent un facteur puissant de formation d'un monde multipolaire.

Oui, notre monde est en passe de devenir multipolaire. C'est un processus objectif et irréversible. On peut toujours essayer de le ralentir, mais personne n'est désormais en mesure de l'arrêter.

De fait, dans l'ambition d'assurer leur hégémonie, de maintenir la domination unipolaire, les Etats-Unis suivent le cap de l'endiguement de nouveaux pôles d'influence – avant tout la Russie et la Chine.

A l'égard de la Russie, cette politique d'endiguement prend une forme ouvertement agressive. On inflige à mon pays des sanctions chaque fois nouvelles – et ce, sans plus aucun lien avec la situation en Ukraine. Des bases militaires américaines et de l’OTAN poussent sur ses frontières tels des champignons, on y construit le bouclier antimissile américain. On lui livre une guerre médiatique, psychologique et économique.

Pour la Chine, cette même politique d'endiguement revêt un caractère latent, voilé. C’était d'ailleurs pareil pour la Russie, jusqu'à ce que la crise en Ukraine ne fasse tomber les masques.

La tactique utilisée est pourtant la même. 

Pour justifier cette politique d'endiguement, on impose à l'opinion publique toutes sortes de mythes – sur la "menace" russe ou chinoise ou sur "l'antagonisme idéologique" entre l'est et l'ouest.

Mais en réalité, ni ces menaces imaginaires, ni l'antagonisme idéologique, propres à l'époque de la guerre froide, n'existent. Il n'y a que l'ambition américaine de domination universelle. De la géopolitique à l’état pur.

Il faut bien comprendre que, malgré toute la diversité des systèmes politiques ou des valeurs, la multipolarité moderne n'est pas de nature idéologique. Au contraire, elle résulte en grande mesure du fait que le modèle du développement capitaliste né en Europe Occidentale et aux Etats-Unis s'est enraciné dans d'autres régions du monde. Tout espoir de bloquer l'émergence d’un monde multipolaire est illusoire. Toute tentative d'empêcher ce processus porte un grave préjudice au système de  sécurité universelle et sape le développement économique global. 

On a beau s'y accrocher, le modèle unipolaire restera immanquablement dans le passé. Il ne correspond plus au monde moderne, qui est bien trop varié et bien trop complexe. Aucun pays, aucun groupe, aussi puissant soit-il, n'est capable aujourd'hui de résoudre les problèmes universels à lui-seul.

Les États-Unis ont échoué dans le rôle de leader universel 

Ils se sont comportés tel un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ils ont piétiné le droit international – en Yougoslavie, en Irak, en Libye ou au Yémen. Ils ont poussé le Moyen Orient dans le bourbier du chaos et des guerres civiles, ils ont libéré de sa bouteille l’esprit de l’islamisme radical. Ils ont trahi la confiance de leurs alliés les plus proches, car eux-mêmes ne faisaient confiance à personne, les considérant comme des Etats satellites ou des vassaux, d’où l'espionnage et l'ingérence dans les affaires intérieures, y compris par l'application extraterritoriale des décisions de justice américaine.
 
Pour beaucoup d'Occidentaux l'émergence d'un nouveau monde multipolaire apparaît comme chaotique, mais c'est parce que les vielles méthodes unipolaires de prise de décisions et de règlement des conflits ne fonctionnent plus. Nos partenaires occidentaux n'ont toujours pas appris, ou ne veulent tous simplement pas apprendre à travailler d'une façon nouvelle – par le compromis. Ainsi ils associent la fin de l'ordre unipolaire à la fin de l'ordre tout court, à l'arrivée du chaos universel.
 
Je tiens à souligner que la Russie, aussi bien que la Chine, j'en suis certain, sont sincèrement intéressés à développer avec les Etats-Unis, qui étaient et restent une grande puissance mondiale, des relations étroites et mutuellement avantageuses. Pourtant, le vrai partenariat ne serait possible que lorsque Washington et les milieux atlantistes d'Europe abandonneront l'idée de leur exclusivité et leur droit à la domination globale.

Le monde multipolaire – c'est une lourde responsabilité
 
Il peut devenir un monde de confrontation de blocs, de lutte pour les sphères d'influence, d’hostilité. Mais il peut aussi bien être un monde de coopération et d’intégration. Telle est la philosophie des nouveaux formats universels initiés par la Russie et la Chine. Je parle des BRICS et de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai). L'égalité des membres, la culture du compromis, toute décision comme dénominateur commun des intérêts nationaux de chacun, voici ce qui distingue ces forums du fonctionnement d'alliances économiques ou politico-militaires traditionnels avec leur subordination et leur discipline de bloc.

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Les états des BRICS ou de l'OCS se rassemblent non pas "contre" quelqu'un, mais pour un ordre mondial plus juste et plus démocratique, qui serait fondé sur le droit international et le rôle central de l'ONU. Nos pays mettent au centre de leurs préoccupations le principe de sécurité égale et indivisible à tous les niveaux – aussi bien global que régional. Cela signifie que la sécurité des uns ne doit pas être assurée en dépit de celle des autres. Cette vision du monde est aux antipodes de la mentalité des blocs propre à l'OTAN.

En juillet dernier la ville d’Oufa a accueilli les Sommets des BRICS et de l'OCS sous la présidence de la Fédération de Russie. Ces rencontres, qui ont réuni les représentants de plus d'une moitié de la population globale, n'ont pas seulement détrôné le mythe de "l'isolement de la Russie", n'ont pas seulement confirmé la similitude des approches des pays-membres aux grands problèmes politiques et économiques du monde. Elles ont avant tout démontré, une fois de plus, la viabilité du modèle de prise de décisions collectives qui, j'en suis fermement persuadé, sera la base du monde multipolaire.
 
Les relations russo-chinoises se présentent aujourd'hui comme "un partenariat tous azimuts et une coopération stratégique". C'est bien cette définition qui figure dans la déclaration commune des deux chefs d'états adoptée en mai 2014, lors de la visite du Président Poutine à Pékin.
Nous évitons sciemment le terme "allié" ou "alliance" car ils reflètent la logique des blocs, incluent l'idée d'identification "friend-or-foe" – ami/ennemi. Encore une fois: les relations Moscou-Pékin ne sont pas "contre" qui que ce soit. Car ni la Russie, ni la Chine (du moins, pour autant que je sache) ne revendiquent la domination globale. Notre coopération se développe sur une base pragmatique, tenant compte des intérêts des deux peuples et des réalités du monde multipolaire en gestation. 

Il faut reconnaître pourtant que les intérêts russes et chinois ne coïncident pas forcement. Nous pouvons avoir une vision différente sur certains problèmes internationaux. Il existe entre nous une concurrence rude en ce qui concerne les marchés régionaux. Les Chinois, il faut le reconnaître franchement, sont des partenaires difficiles et des négociateurs redoutables lorsqu'ils défendent leurs priorités. Mais les principes de base de nos relations – l'égalité et le respect de chacun, permettent toujours de trouver des solutions mutuellement acceptables. 
Entre la Russie et la Chine il n'y a pas, et j'espère qu'il n'y aura jamais, de lutte pour les sphères d'influences – comme celui que les Etats-Unis et l'Union Européenne nous ont imposé ces dernières années, notamment sous la forme du "Partenariat oriental".

C'est l'Union Européenne qui a placé l'Ukraine devant le choix – "être avec nous ou avec la Russie". Ce choix artificiel qui a fracturé le pays et l'a poussé dans une guerre civile qui dure toujours. Ni la Russie ni la Chine n'ont jamais imposé à leurs voisins ce choix – être "avec" ou "contre" nous.

Au contraire, en dépit de leur concurrence économique (qui est naturelle), nos deux pays voient le continent eurasien comme un espace de coopération prometteuse, capable d'assurer la synergie des ressources humaines et en matières premières, des potentiels économiques, industriels et scientifiques de différents pays.
 
L'Union économique eurasienne et l'initiative chinoise de la "Ceinture économique de la Route de la Soie" nous paraissent parfaitement complémentaires et ouvrent d'excellentes opportunités pour la Chine comme pour la Russie. En tant qu'espace économique commun, donc – sans frontières douanières, l'Union économique Eurasienne offre de façon objective le meilleur tracé possible pour cette nouvelle "Route de la soie".

La concurrence russo-chinoise pour les marchés de l'Asie Centrale ne change rien sur la donne principale: nos deux pays ont un intérêt commun – la prospérité de cette région. Le "Grand Jeu" pour l'Asie Centrale, que menaient au XIX-ème siècle la Russie et la Grande Bretagne, n'a pas sa place dans les relations entre Moscou et Pékin. Au contraire, nous cherchons à joindre nos efforts et nos capacités dans la réalisation de grands projets économiques et industriels, et aussi pour contrer la menace de l’islamisme radical qui vient du Sud. Autrement dit – plus nos pays-voisins seront (..) riches et stables, mieux ce sera pour la Russie et pour la Chine. 

En même temps, la Russie a des raisons de croire que l'idée de déstabiliser l'Asie Centrale selon le scénario moyen-oriental – c'est-à-dire sur le fond de discours sur les ''transformations démocratiques" et sous les drapeaux de l'islamisme radical, – peut être envisagée aux Etats-Unis comme une des "options" en vue d'affaiblir la Russie et la Chine, de créer sur leurs frontières des foyers permanents de tension, de semer la discorde entre eux. Nous devrons, ensemble, contrecarrer ces tentatives.

Aujourd'hui, l'économie russe traverse une période difficile, due à la baisse du prix du pétrole et aux sanctions occidentales, et l'économie chinoise tourne elle-aussi au ralenti. Apparemment, la tâche de renforcer les liens commerciaux et d'investissements entre nos pays revêt dans ces conditions une importance particulière. 

La multipolarité possède des dimensions différentes – politique, économico- financière et culturelle.

La Russie et la Chine attachent une attention particulière à la réforme du système monétaire global. Il nous parait évident que le monopole du dollar constitue désormais une source de risques de plus en plus importants, qui sont de nature non seulement financière, mais aussi politique. L'affaire de "BNP-Paribas" – est un exemple par excellence de où peut mener un tel monopole, qui va de pair avec l'application extraterritoriale de la justice américaine. Cela vaut la peine de rappeler que la France avait proclamé la réforme du système monétaire global comme une des priorités de sa présidence au G-20 en 2011. Pourtant, rien n'a bougé depuis. 

Moscou et Pékin comptent élargir progressivement l'utilisation de leurs monnaies nationales dans les échanges commerciaux bilatérales ainsi que dans le commerce régional. A cet égard, les décisions des BRICS sur la création d'un pool de réserves monétaires propres et de la Nouvelle banque de développement, constituent un pas important vers une nouvelle architecture monétaire internationale. Il est important qu'une grande partie des projets de la Nouvelle banque de développement soit financée en monnaies nationales. La Russie a rejoins également La Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank) créée sur l'initiative de la Chine.

Ces nouvelles institutions ne représentent pas une alternative au FMI ou à la Banque mondiale, mais un complément nécessaire et attendu aux institutions de Bretton Woods, qui ne répondent plus aux besoins de l'économie mondiale. Nous estimons que le FMI et la BM ont besoin d'être réformés – ils ne doivent plus rester les outils politiques de Washington. 

Autre domaine prioritaire de coopération entre la Russie et la Chine qui contribue à un ordre mondial plus juste et plus sûr : les technologies informatiques. Les Etats-Unis abusent de leur monopole dans ce secteur, ce qui engendre des risques pour la sécurité et la souveraineté de nos pays. Ce n'est pas par hasard que la déclaration finale du sommet d’Oufa évoque la nécessité de créer un mécanisme de gestion d'Internet "basé sur un processus transparent, qui ne serait pas soumis à l'effet des décisions unilatérales".

D'une manière générale, les sanctions occidentales à l'encontre de la Russie – sont un signal lancé à tous les pays, qui devraient réfléchir sur leur indépendance financière, technologique et informatique face aux Etats-Unis qui usent sans scrupules de leur supériorité pour exercer la pression politique et le chantage.

Ces derniers temps, on entend souvent que la Russie s'est détournée de l'Europe pour se tourner vers la Chine. C’est faux. La Russie ne se détourne de personne, encore moins de l'Europe. De Saint-Pétersbourg à Vladivostok, la Russie était, reste et restera une partie inaliénable et importante de la civilisation et de la culture européennes. On ne peut pas se détourner de soi-même. En même temps la Russie est une puissance Eurasienne. Il est donc logique et important qu'elle ait de bonnes relations avec ses voisins à l'Est comme à l'Ouest. Regardez nos armoiries – L'aigle bicéphale qui y est représenté regarde bien des deux cotés.
  
Il faut reconnaître pourtant que le grand potentiel de nos relations avec la Chine est longtemps resté inexploité. Quoique le besoin de se tourner vers l'Asie-Pacifique était évident bien avant la crise actuelle dans nos relations avec l'Occident, jusqu'à ces derniers temps une partie majeure de nos liens économiques, commerciales et en matière d'investissements était orientée vers l'Union Européenne. Apparemment, avions nous trop confiance en nos partenaires européens, et espérions naïvement avancer vers un espace économique et humain communs. Les sanctions se sont révélées être une douche froide, confirmant une fois de plus la vielle sagesse populaire – il ne faut pas mettre tous ses œufs dans un même panier.
 
La Russie a pris le cap de diversification de ses liens économiques, mais elle ne se détourne néanmoins pas de l'Union Européenne. Au contraire, c'est l'Europe, docile à une volonté étrangère, qui cherche en dépit de ses propres intérêts à se démarquer de la Russie. Ce qui pousse naturellement notre pays à chercher des partenaires et des débouchées dans d'autres régions du monde.

Ceux qui veulent "l'isolement" de la Russie paraissent avoir oublié que nous ne sommes plus au XIX-ème siècle, et que depuis longtemps, la "communauté mondiale" ne se limite plus à l'Europe et à l'Amérique du Nord. La nature a horreur du vide. D'autres pays, dont la Chine, n'attendaient que cela pour élargir leur présence sur le marché russe et prendre la place occupée jadis per nos partenaires occidentaux, au détriment de ces derniers.

En tout cas, la coopération avec la Chine ne contredit pas mais complète nos liens traditionnels avec l'Union Européenne. C'est un complément nécessaire, attendu, et riche en perspectives en matière d'échanges commerciaux et technologiques, d'investissement et de développement des territoires. 

La question de savoir si la Russie doit choisir dans ses relations l'axe européen ou asiatique est purement artificielle. La France – doit-elle choisir entre l'Espagne et l'Allemagne? Autre idée préconçue – se retournant vers la Chine, la Russie est condamnée au rôle auxiliaire de son fournisseur de matières premières. Jusque là nous avons vécu une expérience de rapprochement avec l'Union Européenne qui effectivement réduisait la Russie au rôle de fournisseur de l'Occident. Apparemment c'était la seule place qu'on nous réservait.
 
Certes, nous allons utiliser toutes les opportunités qu'offre le marché chinois pour le commerce de matières premières et d'hydrocarbures. Un accord a été signé sur la construction du gazoduc "la Force de la Sibérie" (ainsi est nommé le tracé oriental), et des négociations sont en cour pour le gazoduc "Altaï" (ainsi est nommé le tracé occidental). Il s'agit de dizaines de milliard de mètres cubes de gaz.

Ces projets d'envergures permettent à la Russie de diversifier les débouchées de ses hydrocarbures, ce qui n'est pas sans importance, surtout sur fond d'appels politisés à renoncer à notre gaz, qui résonnent de plus en plus fort en Union Européenne. En limitant la coopération énergétique avec notre pays, l'UE se tire une balle dans le pied et scie la branche sur laquelle elle est assise. Elle réduit ainsi elle-même sa compétitivité. 

Néanmoins, – et c'est capital, – la coopération russo-chinoise ne se limite pas au commerce des matières premières. Elle s'étend aussi sur les secteurs et les industries de pointe. La Russie garde et renforce ses positions sur le marché chinois notamment en ce qui concerne la coopération militaire et le commerce d'armes modernes, mais aussi dans le secteur nucléaire, dans l'industrie aérienne (avions et hélicoptères), la pétrochimie, les transports… Autre volet important – la coopération spatiale. Ainsi, nous travaillons sur l'inter-connectivité de nos systèmes de navigation par satellite GLONASS et "Beidou".

Mais le principal – est que notre partenariat avec la Chine s'appuie sur le respect mutuel des intérêts de chacun, tandis que l'Union Européenne cherchait toujours à nous imposer des conditions unilatérales, en dépit des intérêts de la Russie mais "en application du règlement européen". La troisième directive énergétique en est un exemple par excellence. 
Notre colloque porte dans son nom la question "quelles stratégies?". Et bien, les stratégies, on pourrait en inventer de toutes sortes, mais le critère de leur efficacité restera toujours le même – le réalisme.

Certains préfèrent vivre dans un monde imaginaire – se croire exceptionnels; inventer des mythes sur les "menaces" russes et chinoises; alimenter en armes et en argent l'inexistante "opposition modérée" en Syrie; croire que des tribus moyenâgeuses peuvent en un jour se transformer en démocraties de type occidental; se persuader que les Criméens ont voté leur réunification avec la Russie sous la menace des armes… Mais le monde réel revient toujours et le dégrisement peut être amer. Le carrosse de Cendrillon se change en citrouille, les "opposants modérés" en djihadistes, les "démocrates ukrainiens" en nationalistes agressifs…

Sauf qu'en se battant contre des moulins à vent, on risque de laisser passer les vraies menaces. Je suis persuadé que la stratégie de la communauté internationale doit consister à se mobiliser pour résoudre les vrais problèmes et faire face aux réelles menaces, dont la plus dangereuse est aujourd'hui l'islamisme radical.

* Intervention d'Alexandre ORLOV, ambassadeur de la Fédération de Russie à Paris, lors du Colloque du 28 août 2015

 

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Global Gladio: NATO Terror Network Reaches into Asia

Ex: http://landdestroyer.blogspot.com

 
NATO terror network implicated in Bangkok blasts, appears to have been running Uyghur terrorists through Asia, into Turkey and onward to fight NATO's proxy war in Syria. 

September 4, 2015 (Tony Cartalucci - LD) - An unprecedented blast in Bangkok, Thailand last month left 20 dead and over 100 injured. The blast was the latest in a string of violence carried out by US-backed proxy Thaksin Shinawatra, who himself was ousted from power in 2006 and finally had his political party removed from power completely in 2014 after massive street demonstrations and a military coup toppled the regime headed by his own sister, Yingluck Shinawatra.

 

Image: NATO created and funded the Grey Wolves terrorist network during the Cold War as part of its stay behind networks. Instead of fighting non-existent Soviet invaders, they were used instead to kill NATO's political enemies by the thousands. Today, the Grey Wolves are represented by the Nationalist Movement Party (MHP), the third largest in Turkey's parliament. They are reported to operate globally, including terrorist training camps in Xinjiang, China. 


 
While the blast represented an escalation in violence, it should be remembered that terrorist networks operating in support of Shinawatra have carried out egregious acts of violence in the past, including fielding up to 300 armed militants in Bangkok's streets in 2010 leading to weeks of gunbattles between Thai troops and Shinawatra's armed supporters, leaving almost 100 dead and culminating in city-wide arson.

As for bombings themselves, while generally these networks have used grenades to attack institutions and individuals perceived as enemies of Shinawatra and his foreign sponsored agenda, precisely the same pipe bombs used in the August blast have been implicated in explosions in 2010 and 2014 where bomb makers accidentally killed themselves while assembling devices. In February 2015, a double pipe bombing would be carried out just down the street from where the most recent blast occurred. The devices used were linked to the 2010-2014 incidents
 
And while it is clear the bombing was used as a form of violent coercion against a Thai government increasingly drifting away from accommodating both Shinawatra and the foreign interests he represents and closer toward regional partners including China, what was not certain was which networks specifically these interests used to carry out the attack.

Recent evidence has emerged as several suspects have been identified and arrested, suggesting this network includes NATO's "Grey Wolves" and several other Uyghur groups long backed, funded, and directed by the US as a means of eliminating its enemies across Eurasia and up to and including China. In addition to carrying out attacks in Thailand, they appear to have also been moving militants from across Asia and feeding them into NATO's proxy war in Syria. 
 

Global Gladio, Target Thailand  

In the immediate aftermath of the bombing in Bangkok, the BBC would be the first to float the idea the blasts were in retaliation for Thailand's deportation of Uyghurs to China - Uyghurs apparently on their way to fight in NATO's proxy war in Syria - according to Reuters' report, "Uighurs 'on way to jihad' returned to China in hoods."

 

 

Images: The US State Department's NED refers to China's Xinjiang region as "East Turkistan," a fictional realm that does not exist. The US seeks to either destabilize or carve off a vast sum of Chinese territory through supporting terrorism in western China.  

On the very same day when the deportations occurred, Thursday July 9th, protests broke out in Turkey, both in Ankara the capital, and in Istanbul at the Thai consulate. Leading the protests in Ankara was the World Uyghur Congress (WUC), a US-funded, Washington D.C. and Munich based political front that specializes in supporting terrorism under the guise of defending "human rights." 
 

 

Image: Thailand's consulate in Istanbul Turkey was destroyed on the same day Thailand deported Uyghur terror suspects back to China. One may find it difficult to speculate who on Earth currently possesses the operational capacity to organized a same-day retaliation anywhere in the world besides a handful of actors - NATO among them. 

 

WUC admits that violence broke out among the mobs it was leading in Ankara but denied any affiliations with the protesters in Istanbul who attacked the consulate and destroyed it on the same day, in the same country, over the same alleged grievances. WUC itself suggested it was the work of the "Grey Wolves," an organization they admit was "clandestinely funded by the US government."

The Grey Wolves are comprised of Turks and Uyghurs, and throughout the Cold War served as part of NATO's "stay behind networks" referred to as Gladios. They were used to purge NATO's enemies from Turkey in bloody violence that would leave over 6,000 dead. Since the Cold War, the Grey Wolves have set up operations internationally, including terrorist training camps in Xinjiang, China - all indicating that NATO's Gladio has gone global.  
 

 

Image: The US-based and funded World Uyghur Congress admits it led mobs on the same day the Thai consulate was attacked. Their mobs in Ankara also turned violent, however Turkish police were able to maintain control. While WUC claims they have no ties to the Grey Wolves they claim were likely behind the consulate attack, they admit they, like WUC itself, have been funded by the US government. 

  

During the days following the Bangkok blast, the Foreign Correspondents Club of Thailand (FCCT) would give a presentation implicating the Uyghur-linked Turkish "Grey Wolves" terrorist network.

The FCCT is a group of foreign journalists from several of the most prominent Western news networks including the BBC, CNN, Reuters, the New York Times, Associated Press, and Agence France-Presse. They have systematically manipulated events in Thailand in efforts to support the regime of Thaksin Shinawatra. The goal of the FCCT's recent presentation was to help deflect as much blame as possible from Thaksin Shinawatra over the bombings and to suggest Thailand faces "international terrorism."

Despite the detailed presentation the FCCT provided and the immediate headlines across the Western media attempting to sell the theory to the public, no mention ever was made of the Grey Wolves' NATO or US funding. Similarly, no mention has been made by the Western media regarding US funding and support behind many, if not all Uyghur opposition groups both in Xinjiang and beyond.

What is clear is that Thailand has inadvertently stumbled upon a highly organized, well-funded, international criminal and terrorist network operating from Xinjiang, China, across Southeast Asia, and as far as Turkey and Syria. This terrorist pipeline appears to have been "tapped" by those seeking to undermine the Thai government, causing its toxic contents to spill over into the ongoing crisis already racking Thailand.

That the Grey Wolves, Uyghur opposition front, and Thaksin Shinawatra are all backed by the US and instruments of US global hegemony, indicates that such instruments often share resources when necessary and are even used interchangeably. NGOs created and maintained in Thailand to support the regime of Shinawatra now cover for Uyghur terrorism, and Uyghur terrorism used against China and Syria is now used to strike hard at Shinawatra's political foes.

America's One-Size-Fits All Global Terror Racket 

NGOs the United States funds and directs in Thailand, and primarily used to undermine the current government and defend the remnants of Shinawatra's political front, were quick to not only condemn the Thai government for deporting terror suspects back to China, but have since then attempted to justify the bombing as Thailand's deserved return for doing business with China. One Bangkok Post op-ed penned by a former Reuters employee titled, "Should Regime Not Deported Uighurs?" attempted to argue that:
In retrospect, should Thailand not have expelled the Uighurs to China? Or to be more precise, should the ruling junta, which is not fully recognised by the democratic world, have been less responsive to Chinese demands?

National interest always comes first in a country's diplomacy. But being so accommodating to a superpower's demands, making Thailand the target of an international outcry and what is looking increasingly like an international terror attack, does not bode well for the country in the long term.  
The ransacking of the Thai consulate in Istanbul failed to alert the Thai security services that the anger was real and long-lasting, and could possibly turn into a calamity 
It should be noted that the author uses the term "international" to describe what is exclusively the US and Europe's "recognition" and "outcry." 
 
This op-ed and many like it pervading the Western media are sending a message to the Thai government that failure to comply to the demands of the "international community" will result in terrorism - whether it is a mob destroying your consulates abroad, or bombs exploding in the heart of your nation's capital. And while this "international community" has many terrorist proxies to use against Thailand, it appears they have selected their "Uyghurs" to stand in the front ranks. 
 
Ousted-exiled dictator Thaksin Shinawatra most likely still possesses the terrorist networks and paramilitary organizations he created and eagerly used during his time in power. However, by using them, he would only further justify the current government's moves to permanently uproot Shinawatra from Thailand's political landscape. Just as NGOs assigned by the West to support Thaksin Shinawatra have now become instrumental in justifying and manipulating the recent Bangkok bombing, the West's terrorist networks used to destabilize nations elsewhere from China to Syria have had terrorism in Thailand apparently outsourced to them.

So far, the investigation suggests this network has been in Thailand for years, long before the deportation of Uyghurs in July. Evidence also suggests a link between the uncovered terror network and previous terror networks uncovered at the height of Shinawatra's violence in 2010 and 2014. A large amount of forged Turkish passports and ties to Uyghur trafficking networks appear to implicate the terror network in what Syrian and Chinese authorities have attempted to expose for years now - a terror pipeline feeding militants from all over the globe first into Turkey where they are armed, trained, and staged, then into Syria to fight NATO's proxy war against the government in Damascus.

Do Business With China and Die 

It should be stated that the vast majority of China's Uyghurs do not support the aspirations of the terrorists and US-funded fronts which claim to represent them. Forty-five percent of Xinjiang's population - some 10 million people - are Uyghurs. It is likely that if even half of them supported violent separatism, they would have already gained their "independence."

In reality, Uyhgurs are perhaps the first and foremost victims of US-backed terrorism in Xinjiang and beyond. Those who seek to live in peace and stability with their Chinese compatriots, and who condemn the means and methods of US-backed groups are themselves attacked. The most prominent example of this is that of Imam Jume Tahir, 74 years old, hacked to death in front of China's largest mosque by terrorists.

The imam had openly condemned US-backed violence and in particular called for street clashes with Chinese police to end.

 

Image: Uyghurs in China who attempt to lead normal lives often find themselves the primary target of US-backed terrorism. The mosque pictured above, the 600 year old Kah Mosque, saw the murder of its imam, Jume Tahir, by US-backed terrorists for the "crime" of condemning violent protests. 


In the wake of his brutal murder, the Western press would write him off as a "state-appointed leader," while the US-funded World Uyghur Congress would repeatedly justify the murder throughout the Western media. In the New York Times article, "Chinese Court Sentences Teenagers to Death in Killing of Jume Tahir, Islamic Cleric," it was reported that:
Dilxat Raxit, a spokesman for the World Uyghur Congress, an exile group based in Germany, condemned the harsh sentences for the defendants in the imam’s murder, saying they would do little to stem the rising tide of Uighur discontent. 
“The Chinese government should examine the roots of the problems, which are caused by coercive policies that Uighurs find unbearable,” he wrote. “It should respect the Uighur religion and traditional way of life, and stop provocations to avoid triggering new turmoil.” 
In another report titled, "The Day Imam Tahir Died," the World Uyghur Congress again justify the murder:
Dilxat Raxit, spokesman for the exiled political organization World Uyghur Congress, told Reuters that local Uighurs, “suspected that he had a special relationship with China’s Ministry of Public Security” and that he helped the authorities monitor Uighur religious activity. His support for Beijing most likely bred resentment among Kashgar’s Uighurs, many of whom disdain the central government.
No where can it be found in WUC's many US-funded press releases, congressional assemblies, or publications anything even closely resembling condemnation for the murder of an unarmed elderly man who advocated non-violence. WUC's message, like that of the Western media in the wake of the Bangkok blast is simple - do business with China and you will die.
 
America's Grand Strategy in Asia in One Word - Primacy 
 
In this it is clear that "Uyghur terrorism" is simply another attempt to conceal what is essentially yet another tool devised to achieve and maintain American global hegemony. Looking at a map of China, it is clear why this otherwise minuscule, obscure ethnic group has been propelled to center stage by American interests.

 
Image: The US has much to gain by backing separatists in western China. 
The Xinjiang region along with Tibet, if successfully destabilized or carved off from China, would sever Beijing's long-laid plans to construct a modern-day Silk Road. It would deprive China of both its territory, its resources, and drive tens of millions of its people eastward from their homes in a refugee crisis that would strain the very stability of Chinese society.
 
And because the US-Uyghur cause is not genuine nor enjoys popular support even in Xinjiang, it is no surprise that those willing to participate can be persuaded to fight overseas in other projects of American hegemony - essentially as mercenaries.

The use of minority groups to divide and destroy a targeted nation is a tactic as old as empire itself. And while the Western media works ceaselessly to explain how various organizations, advocacy groups, and militant fronts all operate in an apparent vacuum, only "coincidentally" propelling US foreign policy forward, it is clear through both a study of history and current US policy papers that global hegemony is still at the very heart of Western ambitions globally and includes all forms of coercion, from propaganda to paramilitary groups.

In one of the  most recent US policy papers on the subject, published this year by the influential Council on Foreign Relations - a corporate-funded think tank that represents the collective interests of some of the most powerful Western corporate-financier interests on Earth - the goal of maintaining "primacy in Asia" is literally spelled out.

Their report, "Revising U.S. Grand Strategy Toward China," states in no uncertain terms:
Because the American effort to 'integrate' China into the liberal international order has now generated new threats to U.S. primacy in Asia—and could result in a consequential challenge to American power globally—Washington needs a new grand strategy toward China that centers on balancing the rise of Chinese power rather than continuing to assist its ascendancy. 
The report was written by US political administrator and political lobbyist Robert Blackwill who has throughout his career played a role in grooming prospective client regimes in Asia through which the US planned to maintain its regional primacy. Among these client regimes was Thaksin Shinawatra himself. The use of violence and terrorism by Shinawatra to take and maintain control over Thailand is well documented. To think that the US would simply abandon its aspirations to control Thailand, or other nations throughout Southeast Asia vis-a-vis China would be misguided. What would be predictable would be instead an increase in terrorism and political destabilization.

Thailand is now being coerced through a concerted campaign of propaganda and organized violence, seized on by Shinawatra's supporters who are eagerly exploiting the socioeconomic and political damage the recent bombing has incurred, while so-called "rights" advocates invent creative defenses for otherwise indefensible violence directed at entirely innocent people.

Dismantle the Pipeline

Gladio was successful throughout the Cold War because those among NATO who employed such tactics did so within their borders. "Global Gladio" has networks stretching around the world, vulnerable to police and military operations carried out by host countries.

While the bombing in Bangkok appears to have been aimed at the government for its continued attempts to remove Shinawatra from power and divest from American interests by moving closer to China, the bombing itself stands as the single greatest example of just why Thailand has chosen to change tack in the first place. Accelerated military and counter-terrorism cooperation with China will  now be necessary to ensure the peace and security of both nations. As long as one serves as a base of operations for terrorism aimed at the other, neither will be safe.

For Thailand specifically, it is clear that Shinawatra's political existence was meant to infiltrate and overwrite Thailand's current political order. While threats and terrorism are being used to coerce Thailand into accommodating Shinawatra, it should be noted that by doing so, violence, division and destruction are all that await Thailand as a guarantee. The slow, patient dismantling of his political networks, along with a measured pivot toward Beijing appears to be Thailand's best bet.

For the rest of the world - NATO's "Gladio" networks are vast and varied. From Ukraine to Syria to Thailand, the most violent and criminal elements in any given society have been organized by the West in a bid to divide, destroy, and dominate the planet. From the original Gladio program in Western Europe, the means of expertly manipulating these criminal gangs has been perfected. Increasing awareness of how Gladio works will not only better arm society to take action against it, but perhaps even dissuade eager criminal elements from joining organizations that are essentially cannon fodder for NATO. 
 
 

vendredi, 11 septembre 2015

Les rencontres eurasistes à Bordeaux (5 sept. 2015)

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Les rencontres eurasistes à Bordeaux (5 sept. 2015)

Compte-rendu de A. Soleiman Al-Kaabi

Les éditions Nawa ont reçu l’aimable invitation de Laurent James, l’un des chefs de file du courant eurasiste en France, aux « Rencontres eurasistes » organisées ce 5 septembre 2015 dans la région bordelaise, sous le thème du Donbass et de l’actuel conflit ukrainien.

Un des fondateurs des éditions Nawa, ainsi que moi-même (A. Soleiman Al-Kaabi) avons assisté aux conférences. Nous avons grandement apprécié la qualité des différentes interventions et de l’événement en général qui nous a permis d’échanger des idées et des références et peut-être établir à l’avenir des passerelles entre nos différentes approches et alimenter notre propre réflexion géopolitique.

Parmi les sujets abordés, on notera l’intervention du théoricien belge Robert Steuckers[1] qui a évoqué les références bibliographiques incontournables du courant eurasiste, ainsi que des pistes de recherche sur les origines de l’opposition entre la thalassocratie anglo-saxonne et la tellurocratie russe. Il a rappelé que le « grand jeu » (la politique impérialiste anglaise dans les Indes au XIXe siècle) avait pour but initial de contrebalancer le projet russe de transsibérien. Il a à cette occasion esquissé une définition de la vision géopolitique russe à travers les concepts de « cohérence territoriale ». L’alliance des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) constituerait une cohérence impériale face à la domination déterritorialisée des puissances anglo-saxonnes. Pour mieux comprendre la vision impériale russe et son empreinte sur la pensée eurasiste, il a conseillé la lecture des biographies des Tsars de Henri Troyat. Il a aussi vivement conseillé la (re)lecture de l’économiste allemand du XIXe siècle, Friedrich List, dont la pensée économique représente une alternative crédible au capitalisme, comme au socialisme, et qui pourrait inspirer le modèle économique du monde multipolaire souhaité par les partisans de l’eurasisme. L’approche « listéenne » expliquerait, selon lui, le décollage économique de la Chine depuis l’adoption de cette doctrine sous la présidence de Deng Xiaoping.

Cette rencontre a aussi été l’occasion pour Alexandre Douguine, qui est le principal théoricien de l’eurasisme contemporain, de s’exprimer sur l’actuel conflit ukrainien. Il a confié ses craintes de voir éclater une guerre généralisée en Europe, voire dans le monde, dans les mois qui viennent, à la suite d’une possible escalade militaire en Ukraine et en Syrie. Cette « guerre civile européenne » permettrait aux USA d’affaiblir mutuellement l’Europe et la Russie. Il estime d’ailleurs un conflit « inévitable » entre l’OTAN et la fédération de Russie, du fait de l’échec de la tentative de déstabilisation en Ukraine et du succès des républiques séparatistes dans l’est du pays. Il a insisté sur le fait que ce conflit ne doit pas être interprété comme un simple conflit d’intérêt entre l’Occident et la Russie, mais une opposition « géopolitique » profonde entre l’unipolarisme américain et le modèle multipolaire dont la Russie est l’un des promoteurs les plus actifs. L’issue de cette confrontation déterminera de la survie ou non de l’actuelle hégémonie américaine, et de la transition vers un système multipolaire, où les grands Etats et pôles de civilisation assumeront conjointement et équitablement la gouvernance mondiale. Dans cette confrontation, la pensée représente la force principale, comme le prouve l’inquiétude des élites atlantistes envers la montée du courant eurasiste. A ce sujet, Alexandre Douguine a rappelé que la pensée eurasiste est une sensibilité et non une « idéologie », dans la mesure où elle n’impose aucun « dogme » préétabli et tolère les divergences de vue.

Laurent James a conclu la série de conférences avec le thème de l’ « Atlantide et de l’Atlantisme ». Il a commencé par exposer la vision traditionnelle de la vraie « préhistoire », en évoquant les premiers « âges » depuis l’Atlantide, le Déluge jusqu’aux civilisations plus tardives (chaldéenne et égyptienne), sur la base des travaux du philologue allemand Herman Wirth. Cette approche historique très intéressante rejoint certaines de nos propres analyses sur les premières civilisations évoquées dans le Coran (al-qurûn al-ûlâ).

Laurent James a ensuite soutenu l’idée que « le christianisme orthodoxe et l’Islam orthodoxe » représentent les deux principales forces de résistance à l’ordre unipolaire actuel et à l’« Atlantisme ». Il a rappelé à ce sujet que la politique d’expansion maritime anglo-saxonne sous le règne d’Élisabeth Ière d’Angleterre (1558) avait d’abord été dirigée contre le monde musulman, puisque les expéditions outre-mer avaient pour but initial de concurrencer les voies commerciales du monde musulman. Il a ensuite brièvement résumé l’histoire de l’eurasisme dans son rapport avec l’Islam : « L’eurasisme russe était majoritairement pro-occidental (indo-européanisant) et antimusulman jusqu’à l’avènement de la guerre de Crimée de 1853. Mais Konstantin Leontiev, à cette époque, a complètement changé les perspectives en proposant “une alliance anti-moderne” des chrétiens orthodoxes et des musulmans contre le libéralisme et le démocratisme modernes, diffusés par les puissances occidentales. Leontiev suggèrerait à cette époque une alliance entre Russes et Ottomans, qui constituerait un bloc de Tradition contre le modernisme occidental ». Puis, citant une correspondance que nous avions échangée, il a conclu sur la « nécessité d’aider à l’émergence d’un Etat supranational musulman (Califat) capable d’unifier et restructurer le monde islamique ». Cet Etat supranational, qu’Alexandre Douguine nomme « Califat mondial » dans son livre La Quatrième Théorie Politique, serait le prélude à une refonte totale de l’ordre mondial sur un mode multipolaire, qui abolirait l’universalisme occidental au profit du respect des spécificités civilisationnelles.

Cet événement nous a permis aussi de constater certaines divergences à l’intérieur de ce courant sur la question de l’Islam. Certains sont clairement hostiles à l’Islam, d’autres appellent à soutenir les forces arabes laïques, alors que d’autres, comme Alexandre Douguine et Laurent James, soutiennent une alliance objective avec l’Islam « orthodoxe » et combattant pour résister efficacement contre la domination atlantiste. Laurent James a dénoncé à ce propos les tentations de s’allier avec les nationalismes arabes laïcs, puisque l’eurasisme est « anti-national » dans la mesure où il défend l’idée que les identités se forment dans le cadre des civilisations, et non des nations. Au même titre, que les eurasistes revendiquent l’unité de leur civilisation eurasiatique « de Dublin à Vladivostok », il est légitime que les musulmans revendiquent l’unité de leur espace civilisationnel et cherchent à ériger un Etat supranational qui transcenderait les nations arabes sous leur forme actuelle

Pour terminer, Laurent James a rappelé cette distinction très utile entre « extrémisme » et « radicalité ». La volonté de défendre une identité, de soutenir des positions « radicales » et contestatrices, ne doit pas dériver vers l’exclusivisme, le repli sur soi et la haine de l’autre.

C’est un juste milieu que les musulmans dans l’histoire récente ont très difficilement pu atteindre, et que nous essayons quant à nous d’appliquer, que ce soit à l’échelle de la France ou au niveau international. D’un côté, certains musulmans justifient au nom de l’œcuménisme et de l’ouverture sur l’autre, un véritable larbinisme envers les élites politiques françaises de tous bords. Et d’autres (plus minoritaires), par rejet des premiers et du fait d’une interprétation abusive des concepts d’« allégeance et de désaveu » récusent tout échange et relation pacifique avec les non-musulmans. Il faut savoir garder nos spécificités, revendiquer nos valeurs, préserver nos intérêts, sans sombrer dans l’extrémisme, compris ici comme le rejet de l’autre. L’eurasisme est un cadre dans lequel ce type de relations respectueuses et constructives est possible, car justement il ne s’agit pas d’une « idéologie », mais d’une pensée qui accepte les nuances et les divergences, sans sombrer dans le relativisme.

Ces rencontres eurasistes furent donc un événement très enrichissant et stimulant, qui appelle les musulmans à actualiser leur réflexion géopolitique. Au sortir de cette rencontre, plusieurs problématiques émergent :

-Où les musulmans devront-ils se situer dans la confrontation entre le modèle unipolaire occidental et les aspirations multipolaires des puissances émergentes telles la Russie, la Chine ou certains Etats d’Amérique latine ?

-Quel est la vision géopolitique de l’Islam ? Quel « ordre mondial » alternatif les musulmans proposeront-ils ?

-Quel rôle joueront-ils dans les mutations en cours dans l’ordre mondial ?

Peut-être des livres en perspective…

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Steuckers

Pour mieux connaitre les analyses de Robert Steuckers, on suggère la lecture de cet article récent sur la décision de François Hollande d’entamer des frappes aériennes en Syrie (http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2015/09/09/la-guerre-comme-extension-du-bordel-francais-par-d-autres-mo-5682169.html).

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samedi, 05 septembre 2015

The Big Five, Eurasian Security and Other Projects

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The Big Five, Eurasian Security and Other Projects

By Leonid Savin
Ex: http://katehon.com

Back in 2001, a leading analyst of the American banking company Goldman Sachs Group Inc., Jim O'Neill, used the acronym BRIC to describe the growing economies. Though he had used it in the context of a global neoliberal paradigm, Russia "coopted" the term, proposing Brazil, India and China to build up a multilateral cooperation. In a relatively short period, much has been done to develop mechanisms of interaction. Later, South Africa joined the four countries (and the acronym BRICS came to life).


Now, the five countries, which hold 26% of the planet's land area, represent 42% of the world population and generate 27% of the world GDP, are considered to be the new collective actor of the multipolar world based on the principle of decentralization and the ability to respond to the challenges of the XXI century. As the Russian Foreign Minister Deputy Sergei Ryabkov, in his briefing at the BRICS/SCO Summits in Ufa on July 9, 2015, said, "the practice of the BRICS has no precedent in international politics," and the group of states has become "an important factor in international relations." The BRICS is gradually becoming the new "Big Eight", but only on the basis of equality, transparency and consensus among all members.

The last summit in Ufa showed that the informal tone in which the cooperation was based did not prevent the creation of a full-fledged international association, more democratic than other alliances of the past century. In Ufa, a plan for future actions was approved─a kind of summary of BRICS' matrix operation of the near future. It includes a declaration of finalities, the strategy of the economic partnership and announces the opening of a virtual department─the official BRICS' website, which will publish official documents and relevant materials. The BRICS Bank was launched and a pool of foreign exchange reserves was formed. Their combined capital is 200 billion dollars. The first financed projects will take place in the spring of 2016, not limited to the five countries, but holding a global character. Essentially, it is a financial alternative to the International Monetary Fund of the Rothschilds, making investments in needed sectors of the countries' real economy, and not conducting speculative transactions and providing onerous loans, as do foreign banks, stock exchanges and funds.

Also, amongst the BRICS countries cooperation will be reinforced in financial and economic matters. Particularly, the director of the European and Central Asian Affairs Gui Congyou noted that Russia is a priority to Chinese investments, which will be made not only in infrastructure but in the construction of affordable housing and high technology as well.

The year of the Russian chairmanship of the BRICS has been very dynamic. As the President of Russia Vladimir Putin said on July 9 "in the year of the Russian presidency we have conducted the first meetings for BRICS' Civil, Parliament, and Youth forums. The creation of the BRICS Network University is in process as much as the establishment of the Council of Regions of our organization."

It should be added that the cooperation is happening now not only in the financial and economic fields of the block: ministerial meetings have been held on health, education, agriculture, taxation, science and technology, social security, communications, labor and employment and culture. Increasing co-ordination between the countries affected virtually all acute international issues, from regional conflicts and threats of narcotraffic to the space sector and maritime piracy. For this, all techniques that can make multilateral relations bureaucratic were deliberately avoided. The leaders of all the BRICS countries agreed on the opinion that the current anti-bureaucratic format must be kept henceforth.

This indicates the civilian side of the BRICS likewise. The issue, addressed at the summit in Ufa, was also discussed in the eve of the forum in Moscow with the participation of experts. In particular, through the BRICS Business Council many agreements were reached, while union leaders gave their recommendations to the BRICS' Heads of State. The Chairman of the Federation of Independent Trade Unions of Russia, Mikhail Shmakov, at a meeting with Vladimir Putin, also signaled the necessity to avoid any methods of neo-liberalism, who is to blame for all the world's current crises. This is an important observation showing that the BRICS is in consensus on the level of political ideology, one that will guide the participating countries.

The BRICS can also be regarded as a club where members follow the principle of reciprocity. Indian Prime Minister Narendra Modi during a larger format meeting of BRICS leaders indicated the importance of completing a reform in the UN and its Security Council. According to him, this will help to more effectively respond to any calls. Quite telling was the statement of the Indian leader about sanctions─that only UN sanctions have power, while all the rest is the attempt of some countries to dictate their terms, which is unacceptable. Dilma Rousseff, President of Brazil, also raised the issue of UN reform and the readiness to participate in various projects from harmonization of migration flows to climate change control.

It is significant that other countries are showing an increased interest in the BRICS. For example, at the financial forum BRICS/SCO, which took place on June 8, the vice-president of the Industrial Development Bank of Turkey Çiğdem İçel was also present; furthermore, the formal participation of the SCO's Heads of State at the BRICS Summit as guests greatly enhanced the status of the event. However, apart from the official agenda, the leaders could communicate in an informal setting, discussing a number of issues that are equally important for building a trusting partnership.

The West behaved on its characteristic manner of double standards and information war. For example, Bloomberg's publication was totally manipulated, as if the aggregate BRICS economy had almost caught up with the US economy. This is not true, once according to the IMF China alone has surpassed the United States already in 2014; the Council on Foreign Relations, speaking more realistically, pointed out that the BRICS is going to reduce the influence of the West. Stratfor added that the BRICS and the SCO have evolved to a sort of platform in order to deploy resistance against the United States. Ostensibly, USA analysts have not heard or did not want to hear the repeated statements of the first persons and ministers that the BRICS is not directed against any state or power, having an open agenda. Similarly, the SCO was established to resolve issues of regional security in Eurasia, as well as to engage in energy production and the creation of transport corridors.

But, of course, the two structures will adequately respond to the attempts of undermining sovereignty or interference in internal affairs. At the summit, the Chinese and Russian sides have time and again stated the importance of preserving historical justice and the need for immediate response to any efforts in rewriting history and justifying such phenomena as fascism and Nazism.

The SCO summit, happening immediately after the events of the BRICS on the same site, was also marked by important decisions. For the first time in the existence of the organization the reception of new members, India and Pakistan, took place. In addition, there was an agreement in the raising of the participation status of the Republic of Belarus to that of a SCO observer State. In the quality of partners of the organization's dialogue, joined Azerbaijan, Armenia, Cambodia and Nepal. At one of the briefings in Ufa, a Western journalist raised the question of the various problems between India and Pakistan and how they could cooperate, if differences and the potential for conflict remained. The point is that the SCO is working on a completely different paradigm than the West, which adheres to the school of political realism, with practices of elements such as deterrence, confrontation, conflict of interests and so forth. The SCO is developing an entirely new approach to collective security, while respecting interests and the sovereignty of all members of the organization. It is likely that, through this format, it could even be able to help normalizing relations between Armenia and Azerbaijan.

Very important is the fact that the adhesion of India and Pakistan to the SCO makes of this a four-nuclear-power alliance. Uzbek President Islam Karimov added that this could change the balance of forces in the world. Not less relevant is the question of the future membership of the Islamic Republic of Iran. While Tehran is under UN sanctions, it is not possible. But, as said by the Russian Minister of Foreign Affairs Sergey Lavrov, Iran has made significant progress in talks between the six countries and we can expect that in the near future this problem will be solved─if only the West does not try to review the framework agreements reached earlier, as has happened on previous stages.

At the SCO summit a program of cooperation in the fight against terrorism and separatism in the years 2016-2018 was also approved (it is worth noticing that, by then, the direction of the Executive Committee of the SCO will be on the hands of Russia) and the development of the SCO Convention on Combating Extremism was started, as well as the establishment of the Center for Counteraction to Threats and Challenges to Security of the SCO member states on the basis of the Regional Antiterrorist Structure (RATS). The terrorist organization "Islamic State" was reputed as a serious threat and all SCO members reiterated their intention to combat it and other international extremists.

The development strategy of the SCO to 2025 was accepted and Ufa Declaration for SCO, adopted. The strategy says that the SCO will work "in favor of the construction of a polycentric democratic system of international relations," referring also to the foundation of an indivisible security space. Also important are the designated principles and values of states and peoples, wherein the historical features and identity of all Member States are taken into account.

In his speech dedicated to the results of the two summits, Russian President Vladimir Putin showed that work is ongoing "to create the SCO Development Bank and the SCO Development Fund (Special Account). The idea of having institutions on the basis of the SCO Interbank Association of the International Center of Project Financing is very promising." In addition, the Russian leader called for more active use of the SCO possibilities inherent to the BRICS.

But apart from the pair BRICS-SCO, there is a lot of regional projects that will naturally join both formats. So, the leaders of Russia and China declared that they are ready to work closely on the implementation of the two projects of integration─the Eurasian Economic Union and the Silk Road Economic Belt. Added to that, there are trilateral relationships, such as Russia-Mongolia-China. On the sidelines of the BRICS summit, the leaders of the three countries settled to intensify works on a variety of fronts─from the creation of infrastructure projects to cultural and information activities. As the chairman of the government of China Xi Jinping put, "it is necessary to form a community of mutual destiny and promote multipolarity."

The BRICS will also coordinate the defense of their position within the Group of Twenty (G20). Besides, this platform will be used for different projects within the BRICS and the G20 summit in November this year, to be held in Turkey, continuing to discuss the preparation of the bank and other tasks identified in the Ufa Declaration.

All this automatically means that any try of external manipulation, even under plausible pretexts (for example, USA is actively promoting the project of a New Silk Road), will be doomed to failure. And the world with the assistance of the BRICS and the SCO will be more secure and harmonious.

vendredi, 04 septembre 2015

Los cinco grandes, seguridad euroasiática y otros proyectos

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Los cinco grandes, seguridad euroasiática y otros proyectos

por Leonid Savin

Ex: http://paginatrasversal.wordpress.com

Ya en 2001, un destacado analista de la empresa bancaria estadounidense Goldman Sachs Group Inc., Jim O’Neill, utilizó el acrónimo BRIC para describir las economías en crecimiento. A pesar de que lo había utilizado en el contexto de un paradigma global neoliberal, Rusia “cooptó” el término, proponiendo a Brasil, India y China construir una cooperación multilateral. En un período relativamente corto se ha hecho mucho para desarrollar mecanismos de interacción. Más tarde, Sudáfrica se unió a los cuatro países (y el acrónimo BRICS cobró vida).

Ahora, los cinco países, que suman el 26% de la superficie terrestre del planeta, representan el 42% de la población mundial y generan el 27% del PIB mundial, son considerados como el nuevo actor colectivo del mundo multipolar basado en el principio de la descentralización y la capacidad de responder a los desafíos del siglo XXI. Como dijo el viceministro de Exteriores ruso, Sergei Ryabkov, en su informe en las Cumbres BRICS/OCS en Ufa, el 9 de julio de 2015: “la práctica del BRICS no tiene precedente en la política internacional”, y el grupo de estados se ha convertido en “un factor importante en las relaciones internacionales”. El BRICS se está convirtiendo en el nuevo “Big Eight” [G8], pero sólo sobre la base de la igualdad, la transparencia y el consenso entre todos los miembros.

La última cumbre en Ufa mostró que el tono informal en el que se basó la cooperación no impidió la creación de una asociación internacional de pleno derecho, más democrática que otras alianzas del siglo pasado. En Ufa fue aprobado un plan para futuras acciones, una especie de sumario matriz de las operaciones del BRICS en el futuro próximo. Incluye una declaración de finalidades, la estrategia de la asociación económica, y anuncia la apertura de un departamento -el sitio web oficial del BRICS – que publicará los documentos oficiales y los materiales relevantes. Se puso en marcha el Banco de los BRICS y se formó un fondo de reservas de divisas. Su capital combinado es de doscientos mil millones de dólares. Los primeros proyectos financiados se llevarán a cabo en la primavera de 2016, y no se limitan a los cinco países, sino que tienen un carácter global. En esencia, se trata de una alternativa financiera al Fondo Monetario Internacional de los Rothschild, realizando inversiones en sectores necesarios de la economía real de los países, y no llevando a cabo transacciones especulativas y concediendo préstamos onerosos, como hacen bancos extranjeros, bolsas de valores y fondos.

Además, la cooperación entre los países BRICS será reforzada en asuntos financieros y económicos. En particular, el director de los Asuntos europeos de y de Asia Central, Gui Congyou, señaló que Rusia es una prioridad para las inversiones chinas, que se harán no sólo en infraestructura, sino en la construcción de viviendas asequibles y alta tecnología.

El año de la presidencia rusa de los BRICS ha sido muy dinámico. Como dijo el Presidente de Rusia, Vladimir Putin, el 9 de julio: “en el año de la presidencia rusa hemos llevado a cabo las primeras reuniones de los foros Civil, del Parlamento y de la Juventud de los BRICS. La creación de la Red Universitaria BRICS está en proceso así como la creación del Consejo de las Regiones de nuestra organización”.

Debería añadirse que ahora la cooperación está teniendo lugar no sólo en los ámbitos financieros y económicos del bloque: se han celebrado reuniones ministeriales en los campos de la salud, la educación, la agricultura, la fiscalidad, la ciencia y la tecnología, la seguridad social, las comunicaciones, el trabajo y el empleo y la cultura. El aumento de la coordinación entre los países afecta prácticamente a todas las cuestiones internacionales, desde los conflictos regionales y las amenazas del narcotráfico hasta el sector espacial y la piratería marítima. Por ello, todas los procedimientos que pueden conducir a relaciones multilaterales burocráticas se evitaron deliberadamente. Los líderes de todos los países BRICS coincidieron en la opinión de que en adelante debe mantenerse el actual formato anti-burocrático.

Esto indica el aspecto civil del propio BRICS. El tema, abordado en la cumbre en Ufa, también se discutió en la víspera del foro, en Moscú, con la participación de expertos. En particular, se alcanzaron muchos acuerdos a través del Consejo Empresarial de los BRICS, mientras que los líderes sindicales dieron sus recomendaciones a los Jefes de Estado de los BRICS. El Presidente de la Federación de Sindicatos Independientes de Rusia, Mijaíl Shmakov, en una reunión con Vladimir Putin, también señaló la necesidad de evitar los métodos del neoliberalismo, que es el culpable de todas las crisis actuales del mundo. Esta es una observación importante que muestra que el BRICS guarda un consenso en la ideología política que guiará a los países participantes.

El BRICS también puede ser considerado como un club donde los miembros siguen el principio de reciprocidad. El primer ministro indio Narendra Modi, durante una reunión de mayor formato de los líderes de los BRICS, indicó la importancia de completar una reforma de la ONU y de su Consejo de Seguridad. Según él, esto ayudará a responder más eficazmente cualquier llamada. Muy elocuente fue la declaración del líder indio sobre las sanciones: que sólo las sanciones de la ONU tienen poder, mientras que el resto es el intento de algunos países por imponer sus condiciones, lo cual es inaceptable. Dilma Rousseff, presidenta de Brasil, también planteó la cuestión de la reforma de la ONU y la disposición a participar en diversos proyectos, desde la armonización de los flujos migratorios hasta el control del cambio climático.

Es significativo que otros países estén mostrando un creciente interés en los BRICS. Por ejemplo, en el foro financiero BRICS / OCS, que tuvo lugar el 8 de junio, también estuvo presente el vice-presidente del Banco de Desarrollo Industrial de Turquía, Çiğdem İçel; además, la participación formal como invitados de los Jefes de Estado de la OCS en la Cumbre del BRICS, realzó enormemente el estatus del evento. No obstante, aparte de la agenda oficial, los líderes pudieron comunicarse en un ambiente informal, discutiendo una serie de cuestiones que son igualmente importantes para construir una relación de confianza.

Occidente se comportó según su manera característica a base de doble moral y guerra de la información. Por ejemplo, la publicación de Bloomberg fue totalmente manipulada, como si la economía conjunta de los  BRICS casi hubiera alcanzado a la economía de Estados Unidos. Esto no es cierto, una vez que, de acuerdo con el FMI, China en solitario ha superado a Estados Unidos ya en 2014; el Council on Foreign Relations [Consejo de Relaciones Exteriores], hablando de manera más realista, señaló que los BRICS van a reducir la influencia de Occidente. Stratfor agregó que los BRICS y la OCS han desarrollado una especie de plataforma con el fin de desplegar la resistencia contra Estados Unidos. Aparentemente, los analistas de Estados Unidos no han oído o no quieren escuchar las repetidas declaraciones de las líderes y los ministros de que el BRICS no está dirigido contra ningún Estado o poder, teniendo una agenda abierta. Del mismo modo, la OCS fue creada para resolver los problemas de seguridad regional en Eurasia, así como para participar en la producción de energía y en la creación de corredores de transporte.

Pero, por supuesto, las dos instituciones responderán adecuadamente a los intentos de socavar la soberanía o de interferir en los asuntos internos. En la cumbre, chinos y rusos han declarado una y otra vez la importancia de preservar la justicia histórica y la necesidad de responder a cualquier esfuerzo de reescribir la historia y justificar fenómenos como el fascismo y el nazismo.

La cumbre de la OCS, celebrada en el mismo lugar inmediatamente después de la cumbre de los BRICS, también estuvo marcada por decisiones importantes. Por primera vez en la existencia de la organización tuvo lugar la recepción de nuevos miembros, la India y Pakistán. Además, hubo acuerdo en elevar el estatus de participación de la República de Bielorrusia como Estado observador de la OCS. En calidad de socios de diálogo de la organización, se unieron Azerbaiyán, Armenia, Camboya y Nepal. En una de las reuniones informativas en Ufa, un periodista occidental planteó la cuestión de los diversos problemas entre la India y Pakistán y cómo podrían cooperar si las diferencias y el potencial de conflicto permanecen. El asunto es que la OCS está trabajando con un paradigma completamente diferente al occidental, que se adhiere a la escuela del realismo político, practicando elementos tales como la disuasión, la confrontación, el conflicto de intereses, y así sucesivamente. La OCS está desarrollando un enfoque completamente nuevo de la seguridad colectiva, respetando los intereses y la soberanía de todos los miembros de la organización. Es probable que, a través de este formato, podría ser capaz incluso de ayudar a normalizar las relaciones entre Armenia y Azerbaiyán.

Muy importante es el hecho de que la adhesión de la India y Pakistán a la OCS hace de esta una alianza de cuatro potencias nucleares. El presidente de Uzbekistán, Islam Karimov, añadió que esto podría cambiar el equilibrio de fuerzas en el mundo. No menos relevante es la cuestión de la futura adhesión de la República Islámica de Irán. Mientras que Teherán esté bajo sanciones de la ONU, ésta no es posible. Pero, como dijo el ministro ruso de Asuntos Exteriores, Serguéi Lavrov, Irán ha hecho progresos significativos en las conversaciones entre los seis países y podemos esperar que en un futuro próximo este problema será resuelto – únicamente si Occidente no trata de revisar el marco de los acuerdos alcanzados anteriormente, como ha ocurrido en etapas anteriores.

En la cumbre de la OCS fue aprobado también un programa de cooperación en la lucha contra el terrorismo y el separatismo para los años 2016-2018  (vale la pena notar que, para entonces, la dirección del Comité Ejecutivo de la OCS estará en manos de Rusia), y comenzó el desarrollo de la Convención sobre la lucha contra el extremismo de la OCS, así como la creación del Centro contra las amenazas y desafíos a la seguridad de los estados miembros de la OCS, sobre la base de la Estructura Antiterrorista Regional (RATS). La organización terrorista “Estado Islámico” fue reputada como una amenaza grave y todos los miembros de la OCS reiteraron su intención de combatirlo, así como a otros extremistas internacionales.

La estrategia de desarrollo de la OCS hasta 2025 fue aprobada, y se adoptó la Declaración Ufa para la OCS. La estrategia afirma que la OCS trabajará “a favor de la construcción de un sistema democrático policéntrico de relaciones internacionales”, en referencia también a la fundación de un espacio de seguridad indivisible. También son importantes los designados principios y valores de los Estados y los pueblos, en los que las características históricas y la identidad de todos los Estados miembros se han tenido en cuenta.

En su discurso dedicado a los resultados de las dos cumbres, el presidente ruso Vladimir Putin puso de manifiesto que se está trabajando “para crear el Banco de Desarrollo de la OCS y el Fondo de Desarrollo de la OCS (Cuenta Especial). La idea de tener instituciones sobre la base de la Asociacion Interbancaria de la Asociación del Centro Internacional de Financiación de Proyectos de la OCS es muy prometedora”. Además, el líder ruso llamó a un uso más activo de las posibilidades de la OCS inherentes a los BRICS.

Pero, aparte del par BRICS-OCS, existe una gran cantidad de proyectos regionales que, naturalmente, unirán ambos formatos. Así, los líderes de Rusia y China declararon que están dispuestos a trabajar en estrecha colaboración en la ejecución de los dos proyectos de integración ─ la Unión Económica Euroasiática y el Cinturón Económico de la Ruta de la Seda. Añadido a esto, existen relaciones trilaterales, como la de Rusia-Mongolia-China. Al margen de la cumbre del BRICS, los líderes de los tres países acordaron intensificar los trabajos en una variedad de frentes, desde la creación de proyectos de infraestructura hasta actividades culturales y de información. Como manifestó el presidente del gobierno de China, Xi Jinping, “esto es necesario para formar una comunidad de destino mutuo y promover la multipolaridad.”

El BRICS también coordinará la defensa de su posición dentro del Grupo de los Veinte (G-20). Además, esta plataforma será utilizada para diferentes proyectos dentro de los BRICS y la cumbre del G-20 en noviembre de este año, que se celebrará en Turquía, continuando las conversaciones para la preparación del banco y otras tareas identificadas en la Declaración de Ufa.

Todo esto significa automáticamente que cualquier intento de manipulación externa, incluso bajo pretextos plausibles (por ejemplo, EEUU promueve activamente el proyecto de una nueva ruta de la seda), estará condenada al fracaso. Y el mundo, con la ayuda de los BRICS y la OCS, será más seguro y armonioso.

23/08/2015

(Traducción Página Transversal)

Fuente: Katehon

dimanche, 30 août 2015

Le Big Bang du pivot de l’Eurasie

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Le Big Bang du pivot de l’Eurasie


Par Pepe Escobar 

Source TomDispatch

Ex: http://lesakerfrancophone.net

Les quelques centaines de républicains qui ont jeté leurs chapeaux dans l’arène pour la course à la présidentielle 2016 et les faucons de guerre du Congrès (principalement républicains mais pas seulement) sont déjà en mode turbo pour hurler à propos de l’accord nucléaire avec l’Iran à Vienne.

Jeb Bush a pris environ deux secondes pour étiqueter l’accord apaisement, convoquant instantanément l’image du Premier ministre britannique Neville Chamberlain cédant à Hitler, à Munich en 1938, avant la Seconde Guerre mondiale. L’ancien gouverneur de l’Arkansas Mike Huckabee n’a épargné aucune métaphore dans la description de l’accord, «un accord qui permet au régime iranien de mettre à exécution sa menace de rayer Israël de la carte et de mettre à mort l’Amérique», le sénateur Lindsey Graham l’a qualifié de «peine de mort pour Israël»; le premier candidat milliardaire de cette année, Donald Trump, résume son opinion sur l’affaire en un mot dans le style vous-êtes-viré : «ridicule», le sénateur John McCain décrit le secrétaire d’État John Kerry, qui a négocié l’accord, comme «délirant»; et le sénateur … pardon, je veux dire, le premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou a retourné, infâme moqueur, l’expression de Chamberlain «la paix dans notre temps» en «la paix à tout prix», en rejetant l’accord comme une catastrophe remplie d’«absurdités», puis est apparu sur tous les médias américains possibles pour le dénoncer. Et cela c’est juste pour entamer la liste des habituels suspects. Même le sénateur Rand Paul a juré qu’il votera contre l’accord (bien que son père a dit que c’était «au profit de la paix du monde»), tandis que le gouverneur du Wisconsin Scott Walker était typique des candidats républicains en jurant qu’il saborderait personnellement l’accord dès son premier jour dans le bureau ovale.

Ceci est, en bref, la version folle de la politique internationale qui fait de Washington une chambre d’écho claustrophobe. Après tout, le choix n’est pas réellement d’empêcher l’Iran d’avoir une capacité nucléaire maintenant et de la retrouver d’ici 15 ans (comme la présente affaire semble offrir) ; le choix est entre un accord pour 15 ans de vérification de la non-possession des armes et une garantie de rien du tout à part ça. Et si vous avez coché cette dernière option (avoir rien du tout),  l’alternative est, en quelque sorte, d’écraser les Iraniens, pour les forcer à se soumettre. Il s’agit, en d’autres termes, d’une version de la guerre. Deux questions à ce sujet : quel succès a eu la guerre, utilisée comme arme de la politique américaine dans le Grand Moyen-Orient, ces 13 dernières années? Et qu’est-ce-qui fait croire à tout le monde que, alors même que Dick Cheney et sa bande n’ont pas pu se résoudre à appuyer sur la gâchette à propos de l’Iran, Jeb Bush ou l’un quelconque des autres candidats sera probablement susceptible de le faire dans un monde affublé d’un État islamique en 2017?

Lorsque vous avez répondu, pour votre compte, à ces deux questions, considérez le contexte plus large, rarement discuté, au sein duquel la politique nucléaire du XXIe siècle a évolué. Dans ces dernières années, les Pakistanais, les Indiens, les Russes et les Américains, pour ne citer que quatre puissances nucléaires, ont soit augmenté, soit modernisé leurs stocks d’armes nucléaires de façon significative. Et Dieu sait ce que les Israéliens faisaient avec leur super-secret-de-polichinelle, jamais officiellement reconnu, mais potentiellement dévastateur de civilisation, c’est à dire leur arsenal atomique de 80 ou plus d’ogives nucléaires, tandis que les Nord-Coréens sont eux-mêmes devenus un mini-pouvoir nucléaire. Il n’empêche, le centre d’attention nucléaire et la question du désarmement sont restés presque exclusivement focalisés sur un pays qui n’a pas de telles armes, qui les a officiellement désavouées, et à ce jour au moins, n’a même pas de programme pour en fabriquer. Et notez bien que, dans tout Washington, il n’y a absolument personne pour trouver tout cela, pour le moins, un peu étrange.

C’est dans ce contexte, que l’irrépressible chroniqueur régulier de TomDispatch, Pepe Escobar, ouvre une autre focale de l’objectif pour élargir le champ de vision sur l’affaire iranienne. Il se concentre sur un sujet que Washington n’a pas encore pleinement absorbé : l’évolution des relations en Eurasie. Peu de gens ici l’ont remarqué, mais alors que l’accord de Vienne était négocié, la Russie et la Chine, des pays que le Pentagone vient officiellement de qualifier de menaces, ont déplacé des montagnes (littéralement, dans certains cas) pour intégrer toujours plus de parties dans cette grande masse de terres cruciale, cette île du monde pour en faire une vaste zone économique qui, si tout va comme ils le souhaitent, sera au-delà de la puissance et du contrôle de Washington. C’est un développement remarquable qui, malgré deux mois de bruit et de fureur à propos de l’Iran, ne sera pas au sommet des nouvelles dans les médias aux ordres, ce qui explique pourquoi vous avez besoin d’un site web comme TomDispatch pour rester en phase avec les temps nouveaux.

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LE BIG BANG EURASIEN, COMMENT LA CHINE ET LA RUSSIE PRENNENT LE DESSUS SUR WASHINGTON

Par Pepe Escobar

Commençons par le Big Bang géopolitique  au sujet duquel vous ne savez rien, celui qui a eu lieu il y a à peine deux semaines. Voici ses résultats : à partir de maintenant, toute menace de future attaque contre l’Iran proférée par le Pentagone (en conjonction avec l’Otan) serait essentiellement un assaut contre un ensemble de d’organisations verrouillées – les nations du BRICS (Brésil, Russie, Inde , la Chine et l’Afrique du Sud), l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai), l’EEU (Union économique eurasienne), l’AIIB (la nouvelle banque d’investissement asiatique pour les infrastructure fondée par la Chine ), et de la NDB (Nouvelle banque de développement du BRICS) – tous étant des acronymes que vous avez peu de chances de connaître. Pourtant, ils représentent un nouvel ordre émergent en Eurasie.

Téhéran, Pékin, Moscou, Islamabad et New Delhi ont activement verrouillé des garanties pour leur sécurité. Ils ont simultanément relevé le défi du bluff atlantiste quand il s’agit des roulements de tambour ininterrompus à l’attention du fragile cliché de l’Iran «le programme d’armes nucléaires». Et quelques jours avant que les négociations nucléaires de Vienne ne finissent par aboutir à un accord, le BRICS et l’OCS ont rejoint un sommet jumeau à Oufa, en Russie – un endroit dont vous n’avez sans doute jamais entendu parler et qui n’a retenu aucune attention aux États-Unis. Et pourtant, tôt ou tard, ces développements assureront que le parti de la guerre à Washington et les néoconservateurs républicains (ainsi que les néoliberaux-cons démocrates), qui crachent déjà abondamment sur l’accord avec l’Iran, vont réduire la mitraille au fur et à mesure que s’écroulent leurs mythes sur la façon dont le monde fonctionne.

La Route de la Soie eurasienne

Au cours des interminables négociations de l’accord de Vienne, que j’ai eu le douteux plaisir de suivre de près, le ministre des Affaires étrangères iranien Javad Zarif et son équipe diplomatique ont tiré, du chapeau froissé d’un improbable magicien, un accord qui pourrait réellement mettre fin aux sanctions contre leur pays dans un conflit asymétrique largement fabriqué.

Pensez à cette réunion à Oufa, capitale du Bachkortostan en Russie, comme à un préambule identique à la façon dont l’accord longtemps retardé à Vienne a fini par être conclu. Cette réunion a fondé la nouvelle dynamique du continent eurasien et signalé l’avenir géopolitique du Big Bang formé par tout cela. A Oufa, du 8  au 10 juillet , le 7e sommet du BRICS et le 15e sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai se chevauchaient tout comme l’accord de Vienne dévorait l’une après l’autre les dates limites.

Considérez cela comme un coup de maître diplomatique de la Russie de Vladimir Poutine d’avoir fusionné ces deux sommets avec une réunion informelle de l’Union économique eurasienne (de EEU). Appelez cela la déclaration de guerre douce d’une puissance naissante contre la logique impériale de Washington, qui mettait en évidence l’ampleur et la profondeur d’un partenariat stratégique sino-russe en évolution. En mettant tous ces chefs d’État participants à l’une ou l’autre de ces organisations sous un même toit, Moscou a offert une vision d’une structure géopolitique coordonnée émergente, ancrée dans l’intégration eurasienne. D’où l’importance de l’Iran : peu importe ce qui se passera après Vienne, l’Iran sera un élément vital concentrateur/nœud /carrefour de l’Eurasie pour cette nouvelle structure.

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Si vous lisez la déclaration qui est sortie du sommet du BRICS, un détail devrait vous frapper : l’Union européenne caracolant sur son austérité est à peine mentionnée. Et ce n’est pas un oubli. Du point de vue des dirigeants des principales nations du BRICS, ils offrent une nouvelle approche de l’Eurasie, à l’opposé de la langue des sanctions.

Voici quelques exemples de l’activité vertigineuse qui a eu lieu à Oufa, tout cela ignoré par les grands médias occidentaux. Lors de leurs entretiens, le président Poutine, le président chinois Xi Jinping, et le Premier ministre indien Narendra Modi ont travaillé d’une manière concrète pour faire avancer ce qui est essentiellement une vision chinoise de la future Eurasie unie grâce à une série de verrouillages de nouvelles routes de la soie. Modi a approuvé davantage d’investissements chinois dans son pays, tandis que Xi et Modi se sont engagés à travailler ensemble pour résoudre les questions frontalières obstinées qui ont miné leurs pays et, dans au moins un cas, ont conduit à la guerre.

La NDB (Nouvelle banque de développement), réponse du BRICS à la Banque mondiale, a été officiellement lancée avec $50 Mds de capital au démarrage. Axée sur le financement de grands projets d’infrastructure dans les pays du BRICS, elle est capable d’accumuler jusqu’à $400 Mds en capital, selon son président, Kundapur Vaman Kamath. Plus tard, elle prévoit de se concentrer sur le financement de tels projets dans d’autres pays en développement à travers le Grand Sud – le tout dans leur propre monnaie, ce qui implique de se passer du dollar américain. Compte tenu de sa composition, l’argent de la NDB sera étroitement lié aux nouvelles Routes de la soie. Comme l’a souligné le président de la Banque de développement du Brésil, Luciano Coutinho, dans un proche avenir, il pourra également aider les États européens non membres de l’UE comme la Serbie et la Macédoine. Pensez à cela comme une tentative de la NDB de briser le monopole de Bruxelles sur la Grande Europe. Kamath a même avancé la possibilité d’aider un jour à la reconstruction de la Syrie.

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que, tant la nouvelle Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures que la NDB, ont leur siège social en Chine et vont travailler à complémenter leurs efforts. Dans le même temps, le bras d’investissement à l’étranger de la Russie, le Fonds d’investissement direct (RDIF), a signé un protocole d’entente avec des fonds provenant d’autres pays du BRICS, lançant ainsi un consortium d’investissement informel dans lequel le Fonds chinois de la Route de la soie et la Compagnie financière pour le développement des infrastructure en Inde seront des partenaires clés.

Domination sur toute la gamme des moyens de transport

Sur la terre ferme, il faudrait considérer cela comme une partie du nouveau Grand Jeu en Eurasie. Sa contrepartie occidentale est le Partenariat trans-pacifique et la même version pour l’Atlantique, le TTIP, partenariat pour le commerce et l’investissement transatlantique, qui sont tous deux promus par Washington afin de maintenir la domination des États-Unis sur l’économie mondiale. La question soulevée par ces plans concurrents est de savoir comment intégrer les échanges commerciaux à travers cette vaste région. Du point de vue chinois et russe, l’Eurasie doit être intégrée via un réseau complexe d’autoroutes, de lignes ferroviaires à grande vitesse, de ports, d’aéroports, de pipelines et de câbles à fibre optique. Par terre, mer et air, les nouvelles Routes de la soie sont destinées à créer une version économique de la doctrine du Pentagone de «Full Spectrum Dominance» – une vision qui montre déjà des dirigeants d’entreprises chinoises sillonner l’Eurasie en signant des contrats pour la réalisation des infrastructures.

Pour Pékin, le retour à un taux de croissance de 7% au deuxième trimestre de 2015 – malgré une quasi-panique récente sur les marchés boursiers du pays –  est d’une logique économique parfaite : alors que les coûts du travail augmentent, la production sera transférée de la côte Est du pays vers ses confins occidentaux moins chers, tandis que les débouchés naturels pour la production d’à peu près tout seront situés le long de ces ceintures parallèles et interconnectées des nouvelles Routes de la soie.

Pendant ce temps, la Russie pousse à moderniser et à diversifier son économie dépendant trop de l’exploitation de l’énergie. Entre autres choses, ses dirigeants espèrent que l’effet conjoint du développement des Routes de la soie et de la fusion de l’Union économique eurasienne (Russie, Arménie, Biélorussie, Kazakhstan et Kirghizistan) se traduira par une myriade de projets de transport et de construction pour lesquels le savoir-faire dans l’industrie et l’ingénierie se révéleront cruciaux.

Comme l’EEU a commencé à établir des zones de libre-échange avec l’Inde, l’Iran, le Vietnam, l’Égypte, et le Mercosur, le bloc de l’Amérique latine (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela), les premières étapes de ce processus d’intégration s’étendent déjà au-delà de l’Eurasie. Pendant ce temps, l’OCS, qui a commencé comme un forum sur la sécurité, est en pleine expansion dans le domaine de la coopération économique. Ses pays, en particulier les quatre centrales asiatiques en stan (Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan), seront de plus en plus appelés à compter sur les banques chinoises, l’AIIB et la NDB. A Oufa, l’Inde et le Pakistan ont achevé un processus de mise à niveau dans lequel ils sont passés du statut d’observateurs à celui de membres de l’OCS. Cela en fait un G8 alternatif.

En attendant, quand on en arrive à l’Afghanistan assiégé, les nations du BRICS et de l’OCS ont maintenant appelé «l’opposition armée à désarmer, à accepter la Constitution de l’Afghanistan, et à couper les liens avec al-Qaïda, ISIS, et d’autres organisations terroristes». Traduction : dans le cadre de l’unité nationale afghane, l’organisation accepterait les talibans dans le cadre d’un futur gouvernement. Leurs espoirs, avec l’intégration de la région à l’esprit, serait un avenir stable en Afghanistan en mesure d’absorber plus de Chinois, des investissements russes, indiens et iraniens, et la construction – enfin! – d’un pipeline de gaz de $10 Mds, long de 1 420 km traversant le Turkménistan, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde (TAPI), prévu de longue date. Du gaz qui pourrait bénéficier à ces nouveaux membres de l’OCS qui ont soif d’énergie, le Pakistan et l’Inde. (Ils recevront chacun 42% du gaz, les 16% restants étant pour l’Afghanistan.)

L’Asie centrale est, pour le moment, une page vierge pour la convergence des projets économiques de la Chine, de la Russie et de l’Inde. Ce ne fut pas un hasard si, sur son chemin vers Oufa, le Premier ministre Modi a fait escale en Asie centrale. Comme les dirigeants chinois à Pékin, Moscou attend avec impatience (comme un document récent le dit) «linterpénétration et l’intégration de l’EEU et de la ceinture économique de la Route de la soie» dans une Grand Eurasie et «le développement, d’un voisinage commun sûr et stable» à la fois pour la Russie et la Chine.

Et ne pas oublier l’Iran. Au début de 2016, lorsque les sanctions économiques seront entièrement levées, il devrait rejoindre l’OCS, la transformant en un G9. Comme son ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, l’a récemment précisé sur la chaîne 1 de la télévision de la Russie, Téhéran considère les deux pays comme des partenaires stratégiques. «La Russie, a-t-il dit, a été le participant le plus important au programme nucléaire de l’Iran et elle continuera, sous l’accord actuel, à être un partenaire nucléaire majeur de l’Iran.» Il en sera de même, a-t-il ajouté, «au sujet de la coopération dans les secteurs du pétrole et du gaz», compte tenu de l’intérêt commun de ces deux nations, riches en énergie, dans le «maintien de la stabilité des prix du marché mondial».

On a un corridor, on voyagera

À travers l’Eurasie, les nations du BRICS se dirigent vers des projets d’intégration. Un corridor économique Bangladesh-Chine-Inde-Myanmar en développement est un exemple typique. Il est maintenant en cours de reconfiguration en route à voies multiples entre l’Inde et la Chine. Pendant ce temps, l’Iran et la Russie développent un corridor de transport depuis le golfe Persique et le golfe d’Oman jusqu’à la mer Caspienne et  la Volga. L’Azerbaïdjan sera relié au niveau de la mer Caspienne à ce couloir, tandis que l’Inde envisage d’utiliser les ports du sud de l’Iran pour améliorer son accès à la Russie et à l’Asie centrale. Maintenant, ajoutez à cela un couloir maritime qui va s’étirer de la ville indienne de Mumbai vers le port iranien de Bandar Abbas, puis de là, par voie terrestre en Iran, puis maritime dans la mer Caspienne, à la ville d’Astrakhan au sud de la Russie . Et cela ne fait qu’effleurer une partie de la planification en cours.

Voilà des années que Vladimir Poutine avait suggéré qu’il pourrait y avoir une Grande Europe s’étendant de Lisbonne, au Portugal, sur l’Atlantique, à la ville russe de Vladivostok sur le Pacifique. L’UE, sous la férule de Washington, l’a ignoré. Ensuite, les Chinois ont commencé à rêver de la planification de nouvelles Routes de la soie qui, à rebours du voyage de Marco Polo, iraient de Shanghai à Venise (et ensuite à Berlin).

Grâce à un ensemble de pollinisations croisées des institutions politiques, des fonds d’investissement, des banques de développement, des systèmes financiers et les projets d’infrastructures qui, à ce jour, restent largement ignorés des radars de Washington, un cœur eurasien de libre-échange est en train de naître. Un jour il reliera la Chine et la Russie à l’Europe, à l’Asie du Sud, et même à l’Afrique. Cela promet un progrès incroyable. Gardez votre attention, si vous le pouvez, sur l’accumulation des faits sur le terrain, même s’ils sont rarement couverts par les médias occidentaux. Ils représentent le Nouveau Grand – accent sur ce mot – Jeu en Eurasie.

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Géographie, géographie, toujours géographie

Téhéran est maintenant profondément investi dans le renforcement de ses liens avec cette nouvelle Eurasie et l’homme à surveiller sur ce point est Ali Akbar Velayati. Il est le chef du Centre pour la recherche stratégique en Iran et conseiller principal pour la politique étrangère du guide suprême l’ayatollah Khamenei. Velayati souligne que la sécurité en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Asie centrale et dans le Caucase dépend de la poursuite du renforcement d’une triple entente Pékin-Moscou-Téhéran.

Comme il le sait, géo-stratégiquement l’Iran est à la bonne place. Ce pays offre le meilleur accès pour ouvrir les mers dans la région, en dehors de la Russie, et est de toute évidence le seul trajet est-ouest/nord-sud pour le commerce de l’Asie centrale des stan. Pas étonnant alors que l’Iran soit bientôt un membre de l’OCS, alors même que son partenariat avec la Russie est certain d’évoluer. Ses ressources énergétiques sont déjà cruciales pour la Chine, qui les considère comme une question de sécurité nationale et, dans la pensée des dirigeants de ce pays, l’Iran remplit également un rôle clé en tant que plaque tournante dans les Routes de la soie qu’ils projettent.

Ce réseau croissant de routes, de lignes ferroviaires et de pipelines, comme TomDispatch l’a déjà signalé, représente la réponse de Pékin à l’annonce par l’administration Obama d’un pivot vers l’Asie et à l’envie de l’US Navy de se mêler des affaires dans la mer de Chine méridionale. Pékin choisit de projeter sa puissance par l’intermédiaire d’un vaste ensemble de projets d’infrastructures, en particulier les lignes ferroviaires à grande vitesse qui s’étendront profondément dans l’Eurasie, à partir de sa côte Est chinoise. De cette façon, le chemin de fer construit par les Chinois d’Urumqi, dans la province du Xinjiang, à Almaty au Kazakhstan, sera sans aucun doute un jour étendu à l’Iran et traversera ce pays sur son chemin vers le golfe Persique.

Un nouveau monde pour les planificateurs du Pentagone

Lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg le mois dernier, Vladimir Poutine a dit à Charlie Rose de CBS que Moscou et Pékin avaient toujours voulu un véritable partenariat avec les États-Unis, mais ont été éconduits par Washington. Alors, chapeau bas au leadership de l’administration Obama. D’une certaine manière, il a réussi à réunir les deux anciens rivaux géopolitiques, tout en solidifiant leur grande stratégie pan-eurasienne.

Même le récent accord avec l’Iran à Vienne est peu susceptible – surtout compte tenu des faucons de guerre au Congrès – de mettre fin à 36 ans de Grande Muraille de méfiance de Washington à l’encontre de l’Iran. Au lieu de cela, les chances sont que l’Iran, libéré des sanctions, va en effet être absorbé dans le projet sino-russe d’intégration de l’Eurasie, ce qui nous amène au spectacle des guerriers de Washington, incapables d’agir efficacement, se lamentant comme des banshees. 1

Le Commandant suprême de l’Otan, Dr. Folamour, le général américain Philip Breedlove, insiste pour que l’Occident crée une force médiatique de réaction rapide – en ligne sur internet – pour contrer les faux récits de la Russie.

Le Secrétaire à la défense Ashton Carter prétend sérieusement considérer unilatéralement le redéploiement de missiles nucléaires en Europe.

Le candidat à la tête du Joint Chiefs of Staff [État-major interarmes, Ndt], le Commandant de Marines Joseph Dunford, a récemment qualifié directement la Russie de véritable «menace existentielle» pour l’Amérique ; le Général Paul Selva, de l’US Air Force, désigné pour être le nouveau vice-président du Joint Chiefs, a appuyé cette évaluation, en utilisant la même phrase et a rajouté à la Russie, la Chine et l’Iran, dans cet ordre, comme plus menaçants que État islamique (ISIS). Dans l’intervalle, les candidats présidentiels républicains et un ramassis de faucons de guerre du Congrès ne savent que vociférer et pester quand on en vient aux affaires iranienne et russes.

En réponse à la situation ukrainienne et à la menace d’une résurgence de la Russie (derrière laquelle se dresse une résurgence de la Chine), la militarisation de l’Europe, américano-centrée, se poursuit rapidement. L’Otan serait actuellement obsédée par ce qu’elle appelle «repenser la stratégie» – par exemple l’élaboration de scénarios futuristes détaillés de guerre sur le sol européen. Comme l’économiste Michael Hudson l’a souligné, même la politique financière est militarisée et liée à la nouvelle Guerre froide de l’Otan 2.0.

Dans sa dernière stratégie militaire nationale, le Pentagone suggère que le risque d’une guerre américaine avec une autre nation (par opposition à l’épouvantail du simulacre terroriste), bien que bas, augmente et identifie quatre nations comme des menaces : la Corée du Nord, un cas à part et, de manière prévisible, les trois nations qui forment le nouveau noyau eurasien : la Russie, la Chine et l’Iran. Ils sont représentés dans le document comme «des États révisionnistes», défiant ouvertement ce que le Pentagone identifie comme «la sécurité et la stabilité internationale» dans ce qui reste du terrain de jeu éventré entièrement créé par la mondialisation, l’exclusion, le capitalisme de casino en mode turbo et par la marque du militarisme de Washington.

Le Pentagone, bien sûr, ne fait pas dans la diplomatie. Apparemment pas au courant des négociations de Vienne, il a continué à accuser l’Iran de se doter d’armes nucléaires. Et que l’option militaire contre l’Iran est toujours sur la table.

Donc considérez la suite comme la Mère de toutes les superproductions hollywoodiennes [Blockbusters] et regardez comment le Pentagone et les faucons de guerre du Congrès vont réagir à la suite de l’accord de Vienne, et aussi – bien qu’il ait été à peine remarqué à Washington – le nouvel environnement suite au sommet eurasien de Oufa, en particulier avec un nouveau tenancier du bordel de la Maison-Blanche en 2017.

Ce sera un spectacle. comptez là-dessus. La prochaine version de Washington essayera-t-elle de faire avec une Russie perdue ou enverra-t-elle des troupes? Verra-t-on contenir la Chine ou le califat de ISIS? La collaboration avec l’Iran va-t-elle fonctionner pour lutter contre ISIS ou va-t-on la dédaigner? Verrons-nous vraiment un pivot vers l’Asie pour de bon et un abandon du Moyen-Orient ou vice-versa? Pourrait-il tenter de contenir la Russie, la Chine et l’Iran simultanément ou trouver un moyen de les jouer les uns contre les autres?

En fin de compte, quoi que fasse Washington, ce sera certainement le reflet de la crainte de l’augmentation du développement économique stratégique entre la Russie et la Chine, une réalité déjà visible à travers l’Eurasie. A Oufa, M. Poutine a déclaré à Xi sur le dossier : «En combinant nos efforts, il n’y a aucun doute que nous [la Russie et la Chine] pourrons surmonter tous les problèmes qui se présenteront à nous

Par efforts, il faut comprendre de nouvelles Routes de la soie, l’Union économique eurasienne, la croissance du BRICS, l’expansion de l’Organisation de coopération de Shanghai , les banques basées en Chine, et tout le reste de ce qui ajoute à ce début d’intégration de parties importantes de la masse terrestre eurasiatique. Quant à Washington, volera-t-il comme un aigle? Dites plutôt : se lamentera-t-il comme une banshee.

Pepe Escobar est correspondant itinérant pour Asia Times, analyste pour RT et Spoutnik, et habitué de TomDispatch. Son dernier livre est l’Empire du Chaos. Suivez-le sur Facebook en cliquant ici.

Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone

 

  1. Dans les légendes du folklore irlandais et écossais, la banshee est décrite comme une messagère de mort, une créature surnaturelle féminine qui commence à gémir ou crier quand quelqu’un est sur le point de mouri… La banshee est souvent comparée à d’autres créatures légendaires d’Europe ou du monde, comme la Dame blanche. Wikipédia

samedi, 29 août 2015

Brzezinski’s Final Solution

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Brzezinski’s Final Solution

Zbigniew Brzezinski’s book Between Two Ages – America’s Role in the Technetronic Era has become something of a conspiracy theorist’s holy – or rather “unholy” – writ. Ironically, this came to pass precisely in the wake of the fulfilment of some of Zbig’s predictions that littered the margins of the first third of his book. Yes, he really does mention the possibility of weaponizing the weather, exercising mind control by psychotropic means, and the creation of a certain “global consciousness.” All of this he expresses in a curious, morally vague, manner: you really can’t pinpoint whether he exalts the possibility or warns the reader about it. However, if you think that this means that he is simply being scientifically neutral, you are dead wrong. Between Two Ages is not a scientific treatise, albeit it disguises itself as such. It is one of two things: either it is a philosophy of history or political pamphlet. The truth lies, it seems, somewhere in between.

“Conspiracy theorists” are picking on Brzezinski’s narrative for all the wrong reasons – the book is, admittedly, authored by global mover and shaker, but the essence of his insidiousness is not to be found in passing remarks about geoengineering or smart-grid projects plaguing our present and foreshadowing our future. Although it may all very well be true, conspiracy theorists fail to see just how much they in fact share Brzezinski’s outlook and method. To clarify: by conspiracy theorists, I don’t mean independent researchers of deep politics or analysts of the age of transition – incidentally, a recurring term throughout Between the Two Ages. This pejorative and derogatory label signifies people who believe that history is a planar surface which can be explained and made transparent by “connecting the dots” – where dots signify people, events and institutions. So, for instance, the mere eventuality that someone prominent was casually connected to some contingent fact, say: attended Columbia University at the time of Brzezinski’s tenure, and later became a prominent public figure, serves as proof of the dots sinisterly connecting.

A prime example of this is David Icke’s assertion that Roman Pope John Paul II was connected with Nazis because, we are informed, he was allegedly working for some subsidiary of I.G. Farben during the German occupation of Poland. Icke is not an entirely serious man, but he serves as an exemplar of “conspiracy theorists” and displays all the peculiarities of this outlook. Namely, he fails to recognize that young Wojtyla was in all probability a semi-slave laborer employed in the cause of building his mortal enemies’ war machine.  It is hard to believe that it was a dream job for which he applied along with hundreds of volunteers, all Poles in love with the Nazi cause and the opportunities it presented. It was more likely that he just got lucky to slave away in a factory, rather than to hang out with his unemployed buddies around concentration camp cantina. “Conspiracy theorists” jump to such conclusions because they are eager to produce an absolute, all-pervading system of knowledge. And for this purpose they pick the worst approach imaginable: the science of history. It is here they mirror the methods of some of their designated bogeymen, including Zbigniew Brzezinski himself.

Waging jihad for GMO Big Macs, Disneyland, and Caitlyn Jenner.

Waging jihad for GMO Big Macs, Disneyland, and Caitlyn Jenner.

History has a peculiar feature of forever defying the absolute – Hegel tried to demonstrate that absolute and failed, Marx gave it a shot and inspired millions executed in the process, and Auguste Comte simplified it to birth to sociology as a science of social engineering. And this last instance is precisely what makes Between Two Ages such an ominous book. Brzezinski cloaks a fairly crude philosophy of history in sociological guise, endeavoring to remake our past, present and future as total, transparent inevitabilities. Amorphous “Change” pervades his narrative, conceived while Barack Obama, whose first presidential campaign stamped this nebulous principle onto everyday language of politics, was just a juvenile, but it serves as a convenient stamp for the image Zbig wants to impose on the world.

Brzezinski proclaims that humanity is on the path of “Progress,” which begins with the advent of institutionalized religions. We then proceed to nationalism, which shall in turn be denounced by the more perfect methodical worldview of Marxism, and finally, at the time of his writing, history’s purpose would be fulfilled in the advent of technetronic era. The book is named Between Two Ages, as the last phase of progress is in fact a culmination – and the purpose – of the historical process. And just what is that purpose? The final elimination of man as such.

It is a peculiarity of sociology that it is cannot define the reality of its objects of study, and consequently, its proper methods. While some of its classics, such as the works of Max Weber, solved the problem by making sociology a kind of empirical social philosophy, using material from all other social sciences to produce strictly specialized and approximate theories and shunning predictions of the future as the devil shuns incense, others – and Brzezinski is by and large one of them – did the opposite. Namely, sociology in its crudest, most Comtean form projects mirror reflections of reality taken as absolutes and uses them to predict, or better yet impose, the future.

In Between Two Ages all known history is divided into four parts, and we are expected to believe that this enormous sea of time is practically sucked into these epistemological sponges until nothing else remains. Dividing history in such a manner is possible only in one’s imagination, not in fact, and therefore we are dealing with a projected image. And Brzezinski, practical man that he is, does not project images for the sake of entertainment. He is drafting a plan for manifest destiny. All those quantitative tables, insightful empirical observations, etc. are merely a ruse, for as every true scientist knows, there is no amount of data that can support such a theoretical construction laid out in just a little over a hundred pages. Its true persuasive power is found in reliance upon the on mirror of reality, but not just any mirror. It relies on the mirror of matter.

This may seem an odd proposition for most. Matter is usually understood as opaque being, that which offers resistance, or it is not understood – meaning defined – at all. However, its original notion is that of the receptacle of form. As sociologists don’t believe in Aristotelian, or, God forbid, Platonic forms, it is quite strange to observe them inverting these notions. Namely, when someone like Brzezinski talks about “religion”, “ethics”, “technetronic society”, “internal man” and “external man” he is in fact manipulating images reflected in matter. This is obvious inasmuch he doesn’t believe there is any reality to these ideas except for what they could mean to us. For instance, read how “the inner man” – in truth his very essence – will fare in the technetronic society:

Instead of accepting himself as a spontaneous given, man in the most advanced societies may become more concerned with conscious self-analysis according to external, explicit criteria: What is my IQ? What are my aptitudes, personality traits, capabilities, attractions, and negative features? The “internal man”— spontaneously accepting his own spontaneity—will more and more be challenged by the “external man”— consciously seeking his self-conscious image.

The dialectic of inner and external man is the real purpose of Between Two Ages, and we’ll come to that shortly. But the most interesting aspect is Brzezinski’s method: inner man is depicted as challenged, not as a real being, but as a historically projected image. Institutionalized religion gave him first principles and definitions; nationalism transformed him in sentimental romantic; Marxism endeavored to reconcile him with external man in revolutionary praxis; technology will finally revoke him. Inner man originally denoted a very definite thing: for Greeks it was nous or active mind, while in Christianity it is a receptacle of Christ – a space where the Truth can find shelter. In more or less each of us, it is a place where the World can’t reach us.

Observe now what Brzezinski does. He historicizes this notion, thereby fashioning it as a projected image. This method of his sociology can be more or less reduced to self-conscious dialectical materialism; self-conscious inasmuch it knows that there’s nothing real behind the image. Every object of science is an image reflected in a mirror of matter. Its meaning is projected and can be depicted, but in itself it is a reflection of the amorphous mirror. Hence the ease of constructing an all-encompassing conceptual framework and reducing it to a minimum suitable for the author’s intentions. There is no essential difference in Comte’s and Brzezinski’s approach – they are both evolutionary, professing “Progress” and, above all, “Change,” and essentially superficial in relation to reality. But such formulations are quite suitable for their purpose, and that is: the Aufhebung – abolition – of inner man in external man.

The true conspiratorial and most insidious aspect of this book – far more so than teasers about weather weapons, global consciousness and mind control – is the quest to demonstrate – and explicitly so – that the technetronic era is an age of eradication of inner man. What Brzezinski calls an “increase in knowledge” as an essence of technetronic era is denoted as a sort of ‘outing’ of inner man, because accumulation of knowledge ever expands into infinity, pressuring man to subject himself to infinite forms of tests, trainings, improvements, life-long learning, etc. It is knowledge without an inner principle of unity, and therefore something rather akin to ‘ignorance’ or, better still, a re-imagining of oneself. Man becomes not a subject of knowledge, but its object. Who is the subject, then? Only his reflection in an infinite, splintered mirror of Faustian technology.

If we approach reality as Brzezinski does, with the implicit intention to re-cast it, then it really doesn’t matter what is real and what is image. The image of inner man is the inner man; an image can be made more or less ‘real.’ In this sense, technology, which in the technetronic era is to finally become our environment – including the nature itself observed as a system – represents a perfected mirror of matter. While reflections in matter are crude and thus retain some semblance of its models, technology is a kind of refinement of this mirror, and not by polishing, but by making it more fluid – like dark water or molten, yet cold, steel. In the mirror of the will all kinds of things can be reflected as reality, and everything is external to it.

Our celebrated abolition, die Aufhebung, is quasi-dialectical, as nothing shall remain within – only the void. External man must cease to be man, i.e. he must forfeit his inner being. We could compare the knowledge of this un-man not to the ‘docta ignorantia’ of Cusanus or Socrates, but rather to the learned ignorance of today’s ‘knowledge-based society.’ Learning eradicates the learner. And for all Brzezinski’s geopolitical subtleties and well-documented political leverage exercised in the past 45 years, his greatest crime is to propagate this alchemical exterminism as a manifest destiny for humanity. How can there be a destiny for one who is no one?

On a final note, it is saddening to realize that the quasi-academic style of a dystopian pamphlet can convince so many people that it is anything more than a letter of intent. Further dumbed down and “disseminated” through a myriad of posters, leaflets, sound bites and propaganda clips of globalist institutions from the UN to the EU, such jarring imagery today is more relevant and more convincing to the masses than it was 45 years ago. The technetronic era is an exercise in remodeling the man unto nothingness through the inversion of knowledge – a logical assassination.

All accumulation of knowledge is exercised through sound and vision, as Brzezinski explicitly states. Sight and sound themselves are weaponized to annihilate interior being, quite literary forcing the inside out. Life-long learning, as required by the technetronic principle, is the unlearning of inner life and integral identity for the sake of letting oneself being remolded from the outside, according to demands of ever-changing technological reality. History ends by making oneself external to oneself, with the destination of an absolute un-identity. Lest you find this farfetched, observe how EU legislators see the citizens of the future:

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The shattered mirror of liberal technocratic society.  http://ectr.eu/documents

A picture speaks a thousand shrieks. Behold the progress of dehumanization, played out in Faust’s mirror. Identities fractured and reassembled at will, essences revoked – the victory of “Tolerance.” If Arbeit could macht frei, why not try out Toleranz next?

So conspiracy theorists beware! Brzezinski might very well be one of you. Or you could just be a reflection in his distant mirror.


Branco Malic writes on philosophy, culture, and politics at Kali Tribune.

mardi, 25 août 2015

El eurasismo, ¿alternativa a Occidente?

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ADRIANO ERRIGUEL:

El eurasismo, ¿alternativa a Occidente?
Ex: http://ww.elmanifiesto.com
Nuestra época está marcada por una corriente arrolladora hacia la unificación mundial. El planeta se hace más pequeño al compás de la globalización, y una visión turística del mundo sustituye a las antiguas confrontaciones. Con la victoria total del capitalismo y de los mercados, el liberalismo es la única ideología posible en el siglo XXI. La globalización es también la victoria de Occidente: un modelo único para toda la humanidad. Pero se encienden focos de rebelión. Uno de ellos se llama eurasismo.
Rusia no es tanto un país como una civilización aparte, esto es, una forma particular de ser y de estar ante el mundo. El eurasismo es el intento de teorización de ese convencimiento. Un sistema de pensamiento con ambición de totalidad, tan metafísico como científico, tan político como filosófico, que trata de resolver los interrogantes abiertos durante dos siglos sobre la identidad rusa, sobre su cultura y sus valores. En ese sentido el eurasismo – y no el bolchevismo – es la única ideología genuinamente rusa surgida en el siglo XX. La única que, en vez de intentar imponer un cuerpo de doctrinas foráneas, trata de elaborar su propia lógica y su propio lenguaje. El eurasismo se configura como una teoría de ruptura frente al discurso de valores occidental[1].
De la misma forma que “Occidente” no designa hoy tanto una realidad geográfica cuanto que un tipo de civilización – la globalización neoliberal de hegemonía norteamericana – la expresión “Eurasia”, en el sentido que le confieren los “eurasistas”, no se limita a su significado geográfico. El eurasismo remite ante todo a una actitud filosófica, metafísica, existencial. Pero su punto de partida es la geografía, a la que asigna el lugar que en la visión occidental del mundo ocupa la historia. Para el eurasismo es la geografía – y no la historia – la que moldea la identidad de los pueblos. Es a partir de constantes geográficas como cabe aprehender la especificidad de los pueblos, no a partir de un historicismo que divide a las naciones en “atrasadas” y “modernas” según un canon cronológico-progresista de impronta occidental. Es por ello por lo que los eurasistas denuncian el “imperialismo epistemológico” occidental e invitan a Rusia a que “desaprenda Occidente”[2].
El eurasismo es una reivindicación del derecho a la diferencia, identitaria y metodológica, de todo lo que no es occidental. Rusia no es Occidente, es “un continente específico, un individuo geográfico, una totalidad definida por sus especificidades territoriales y geopolíticas, linguísticas y etnológicas. Por ello las ciencias susceptibles de revelar la ’esencia’ eurasiática están sometidas al primado del suelo y de la geografía”[3]. Elemento clave en este sistema de pensamiento es el rechazo del concepto occidental de temporalidad, que los eurasistas denuncian como una “colonización de los espíritus”. ¿Es posible una “historia sin tiempo”? ¿En qué consiste la idea eurasista de la historia?

Historia cíclica, historia esteparia
La aportación más novedosa del eurasismo es la sustitución del tiempo por el espacio, el sometimiento del primero al segundo. Ideología “geografista” por excelencia, la diferencia entre Europa y Rusia “se conjuga para los eurasistas en el modo espacial: la estepa está en el centro del pensamiento eurasista; la estepa conforma el mundo del movimiento, de la geografía. La estepa es también el mundo de la repetición. Según el geógrafo P. N. Saviskiy, Eurasia no conoce más que una única dinámica: la de la unidad, la de los imperios de las estepas que se extienden del Este al Oeste. La historia del mundo nómada – continúa Saviskiy – ofrece un material rico para la construcción de toda una teoría de la repetición de los fenómenos históricos. Y la historia de Eurasia se resume por sus constantes intentos de unificación interna. Al desplazarse del Oeste hacia el Este el pueblo ruso no hizo otra cosa que retomar en un sentido inverso el movimiento nómada, un movimiento cuya línea de continuidad es tan clara que puede hablarse de una repetición geopolítica de los acontecimientos[4].
Las implicaciones filosóficas de esta perspectiva – en la que reverberan las viejas concepciones “cíclicas” del tiempo histórico – son grandes. Es la ruptura de la concepción lineal de la historia, heredada del judeocristianismo. Para el eurasismo “diferentes tiempos históricos pueden convivir simultáneamente en el espacio eurasiático, que no puede por lo tanto ser situado de manera unívoca en una escala temporal lineal”. Dicho de otra forma: un mismo fenómeno social puede conocer – según el historiador G.V. Vernadsky – “cambios analógicos que se sobreponen al tiempo y al espacio. Dentro de un mismo espacio, un fenómeno social evoluciona siguiendo el tiempo. Pero dentro de un mismo período de tiempo, el fenómeno social varía según el espacio. A medida que retrocedemos en perspectiva, percibimos con mayor intensidad una serie de círculos fijos: las irradiaciones de aquellos fenómenos que, si antes estaban en el epicentro de la historia, hoy hace tiempo que están extinguidos”.
Una historia esteparia, una historia cíclica, un doble fenómeno de repetición que sustrae a Eurasia del campo de la Historia y la proyecta a un espacio atemporal, inmutable, no sometido al tiempo histórico. El Eurasismo como utopía retroactiva, una utopía que “puede proyectarse también en un futuro escatológico que pretende existir desde tiempos inmemoriales (…). Y si Eurasia existe fuera del tiempo, su historiografía no puede ser más que una historiosofía: el relato de una revelación donde cada acontecimiento encuentra su sentido”[5].
¿Mística o ciencia? ¿Historia o metafísica? Plantearlo en estos términos supone ya situarse en la perspectiva occidental. Pero el discurso eurasista se sustrae a esa dicotomía y elabora su propia lógica, que avanza a partir de sus propios presupuestos. “Frente al Occidente portador de la ratio, Oriente es el único que tiene conciencia del tiempo, de que la historia no puede ser ni una progresión mecánica sometida a leyes invariables ni el resultado del azar. Pensar la historia supone reconocer tanto la irracionalidad del hombre como el determinismo divino que preside el destino de los pueblos”. Si la historia tiene un sentido, para el eurasismo éste sólo puede captarse a partir de un marco de pertenencia colectiva. El tiempo y el espacio son nacionales, y el auténtico historicismo es siempre nacional. Por eso – señala Marlène Laruelle – “los eurasistas recusan de forma general toda posibilidad de comunicación entre las civilizaciones. El mundo debe ser policéntrico. Es preciso restablecer áreas de civilización iguales en derechos, autónomas unas de otras. Es preciso concebir el mundo como una serie de áreas culturales supranacionales, porque el Estado-nación es una construcción artificial de Occidente”[6]. Según esta idea los miembros de la comunidad mundial no serían Inglaterra, Rusia, Nicaragua, etc, sino Eurasia, India, Europa, América latina, del Norte…
El eurasismo es un discurso en ruptura con el progresismo occidental. Rechaza toda clasificación de los pueblos y las culturas según una escala de perfeccionamiento o de “progreso”. Por el contrario defiende el principio de la inconmensurabilidad cualitativa: ninguna nación tiene derecho a juzgar a otra. Un relativismo cultural extremo – apunta Marlène Laruelle – en el que se advierte la influencia del romanticismo alemán, con su defensa de la diversidad de culturas nacionales como portadoras de “porciones de la totalidad divina”. El eurasismo abomina de la globalización homogeneizadora del mundo. Porque “una “cultura universal” sería necesariamente racional, mecánica, espiritualmente vacía. Si no quiere ser una mera abstracción, la cultura no puede ser más que nacional”. O como señalaba el etnógrafo N. S. Troubetzkoy, la multiplicidad de las culturas es una “respuesta divina” a la construcción de Babel. En ese sentido “existe un paralelismo entre Europa y la humanidad de Babel: un éxito tecnológico proporcional al vacío espiritual, a la autocelebración blasfema de una humanidad que se cree autosuficiente”[7].

Un pueblo imperial
El eurasismo introduce un giro copernicano que contrasta con la tradición eslavófila. Ambas corrientes coinciden en su antiindividualismo, en la idea de que el hombre no es el centro del universo sino el agente de una misión que le trasciende. Pero el zócalo sobre el que se asientan las identidades colectivas no es el mismo para ambas corrientes. Si para los eslavófilos – nacionalistas panrusos, influidos por la idea del Volkgeist – las colectividades humanas se definen ante todo por la pertenencia étnica, para los eurasistas los grupos humanos se constituyen en torno a una determinada “idea”. Mejor dicho, en torno a una comunidad de destino.
¿Comunidad de destino? El eurasismo es partidario de la idea de la convergencia histórica. Autores como Trubestkoi y Saviskiy desarrollaron un concepto que sería más tarde adoptado por otras disciplinas: “la similitud a través del contacto”. La similitud como resultado no de una herencia común, sino de la vecindad continuada y del desarrollo paralelo. “La ideología eurasiática – señala el politólogo Stefan Wiederkehr – sostiene que los pueblos de Eurasia, a pesar de tener distintos orígenes y de no estar genéticamente emparentados, han desarrollado, con el correr del tiempo, una semejanza cada vez mayor y evolucionan hacia un mismo objetivo”. Eurasia es lo que los eurasistas denominan un “espacio de desarrollo común” (mestorazvitija); un “individuo geográfico” (P. N. Saviskiy). Pero el eurasismo introduce también un cierto sentido de predestinación. De la misma forma que un embrión desarrolla todo su potencial hasta convertirse en un ser adulto, Eurasia no es el producto de una casualidad (una serie de pueblos coincidentes un mismo espacio) sino que responde a una evolución necesaria. “La naturaleza de Eurasia – decía N. S. Trubetskoy – reside en su predestinación histórica a devenir una unidad. La unidad estatal de Eurasia es, desde el principio, un resultado inevitable”. La nación eurasiática es en este sentido producto “no del pasado y de la descendencia, sino del futuro y la teleología”[8].
A pesar de sus numerosas metáforas orgánicas, el biologismo y la genética no son admitidas por el discurso eurasista. Éste permanece “en el reino platónico y hegeliano de las ideas; la nación es religiosa y cultural; la historia del hombre no es la de una lucha sangrienta entre los fuertes y los débiles”[9]. Ni rastro pues de darwinismo social, ni de nacionalismo etnicista. En el contexto de la escalada del nazismo los eurasistas tomaron posición, desde el punto de vista cristiano, contra lo que llamaron la “barbarización de Europa”. Igualmente denunciaron el antisemitismo como un materialismo antropológico extremo. No podía ser de otra manera. El rechazo del racismo está en sintonía con la diversidad étnica del pueblo ruso. También con la propia idea de “Eurasia” como continuidad heterogénea en su origen pero homogénea en su destino. El discurso euroasiático no es un discurso sobre la nación sino sobre el imperio, en el sentido más tradicional y más auténtico del término.
¿Qué es Rusia? La eterna pregunta. Para los eurasistas Rusia se asimila a Eurasia. Lo cual no significa afirmar – precisa Marlène Laruelle – que Rusia sea Asia, sino que existe un Asia rusa. Eurasia no es ni una simbiosis ni un mestizaje, puesto que en ella se reúnen distintos pueblos y culturas – europeas y asiáticas – que no por ello renuncian a su alteridad. Pero si Eurasia existe “lo es gracias a que el pueblo ruso reúne en él todas las identidades de ese viejo continente. Rusia es eurasiática en su misma esencia, con o sin Eurasia, y la supranacionalidad eurasiática es la expresión de una ’rusidad’ que engloba en ella las diversidades nacionales”[10]. Dentro de esa diversidad eurasiática el pueblo ruso es el agente cohesionador. Sin él, no habría una totalidad que dé sentido a las partes. En ese sentido podríamos decir que el pueblo ruso es un pueblo con unamisión. Un pueblo imperial. Rusia estaba llamada a tomar la dirección, tarde o temprano, de toda Eurasia. ¿Como empezó todo?

Reivindicación de Gengis Khan
Para los eurasistas el Principado de Kiev – el primer Estado eslavo, surgido entre el siglo IX y las invasiones mongolas del siglo XIII – es un episodio importante, pero históricamente marginal a los efectos de la construcción de Eurasia. El embrión de la misión histórica de Rusia es el Principado de Moscovia, formado a partir del siglo XIV. En él se produjo el sincretismo definitorio de la identidad rusa: el elemento eslavo precristiano, la tradición bizantina y la aportación tártaro-mongola. En realidad todo empezó con los mongoles…
Gengis Khan marca un antes y un después. El conquistador de Asia “cristaliza la identidad rusa y la transforma en entidad euroasiática”. El imperio mongol no fue un modelo para Moscovia sino más bien una “pálida anunciación del destino ruso”[11]. Inversión radical de perspectivas: la invasión mongola no fue ni una catástrofe ni la causa del retraso histórico de Rusia, sino el crisol donde se forjó su identidad. Gengis Khan, el Carlomagno de las estepas.
¿Reivindicación de la horda? ¿Apología de la brutalidad? No se trata de eso. Los eurasistas afirman que Occidente, llevado de su egocentrismo, desconoce la realidad del imperio mongol. Los historiadores Vernadsky y Xara-Davan insistían en la importancia de lo espiritual – más que de lo económico y político – en la voluntad imperial de Gengis Khan. El Imperio mongol estaba concebido como un instrumento del Cielo eterno para establecer el orden en el universo. Una voluntad mesiánica que se materializaba en la edificación de un poder estatal, en una jerarquía político-administrativa, en el desarrollo del comercio, en la unión geopolítica de Eurasia. Una prefiguración, en suma, del mesianismo ruso: expansión territorial, sí, pero sustentada en un Imperium, en una fuerza espiritual. “Moscú como Tercera Roma encuentra una referencia en el absoluto político-religioso del imperio mongol”[12]. Lo que es también una escatología: un modelo de historicidad – señala Marlène Laruelle – “menospreciado por Occidente pero, según los eurasistas, específico de Rusia”[13].
Inversión radical de perspectivas: la influencia mongola habría contribuido no sólo a fortalecer la religión ortodoxa, sino a diferenciarla también del cristianismo occidental. El sentido religioso tártaro-mongol – con la importancia otorgada a la experiencia y al rito – se habría comunicado a la ortodoxia rusa: una religión que privilegia el ritualismo y la experiencia cotidiana sobre el enfoque intelectualizado del cristianismo occidental. Si las religiones paganas son meros cultos – y no religiones reveladas –, el cristianismo ortodoxo sería el único que habría sido capaz de conjugar la Revelación de Cristo con el ritualismo característico de las religiones ancestrales. La omnipresencia social del ritual pone de manifiesto que, como en la antigua Roma, la ortodoxia rusa es ante todo una religión de la polis.[14]
¿Es posible un imperio sin imperium? Sí lo es. Su nombre es imperialismo. El imperialismo es – observaba Julius Evola – una degeneración de la idea del Imperio, un expansionismo generado por la fuerza bruta, una superestructura mecánica y sin alma. Pero el eurasismo no propugna el dominio de un pueblo sobre otros sino una convergencia de etnias, de lenguas y de culturas dentro de un mismo territorio. Recogiendo esa idea el geógrafo P. Saviskiy definía al eurasismo como un “Imperialismo sano”. Pero tal vez no sea éste el término adecuado. La concepción eurasiática se aproxima mas bien a la idea tradicional del Imperio, tal y como se manifestaba en la Roma republicana: un pueblo federador (primus inter pares); una religión cívica basada en el rito; una tolerancia religiosa; una multiplicidad étnico-cultural; una integración bajo un principio rector. ¿Qué es todo ello sino el principio del Imperium, entendido como “la voluntad – en palabras de Julius Evola – de realizar en la tierra un orden y una armonía cósmica siempre amenazada”?; el imperium como “unidad de contrarios, como armonía de lo uno y lo múltiple, como conciliación de lo universal y lo particular” (Moeller Van der Bruck).

Una cultura de la otra Europa
El Eurasismo es una invitación a desaprender Occidente. A una ruptura con la epistemología occidental. Ello exige la elaboración de un lenguaje y de una lógica propia. Pocas corrientes intelectuales han sido tan fecundas a la hora de dar a luz nuevas ramas del saber: geosofía, etnosofía, historiosofía; o de acuñar nuevos términos: topogénesis, ideocracia, etnogénesis, pasionariedad. Términos y disciplinas difícilmente homologables a los estándares científicos de Occidente. Pero el enfoque eurasista no busca homologarse, sino diferir del occidental: mientras éste se pregunta por el “cómo” de las cosas, el primero se pregunta por su finalidad o sentido. El eurasismo es ante todo una hermenéutica, en cuanto interpreta los fenómenos como símbolos o signos de algo trascendente. Es también un pensamiento holista, en cuanto intenta mostrar la unidad de los fenómenos descritos, situarlos como partes de un “todo”. El holismo científico es “una aspiración a la unidad de los saberes, una constante del pensamiento ruso”[15]. Para el eurasismo las ciencias son también una expresión de la identidad nacional.
Pero es preciso no engañarse: esa subversión de la lógica occidental tiene sus matrices intelectuales en Europa. El eurasismo recoge la herencia de Hegel en primacía que otorga las “ideas” como motor de la historia. Se apropia de las teorías de Herder en su defensa del particularismo de los pueblos. Asume la perspectiva neoplatónica en su creencia en un “sentido oculto” de las cosas. Se inspira en la Naturphilosophie alemana en su defensa del organicismo científico. Recurre a las ideas de Nietzsche en su oposición entre “cultura” y “civilización”. Continúa la obra de Spengler en su visión cíclica de la historia. Integra la filosofía de Bergson en su crítica del cientifismo. Y así sucesivamente.[16]
A pesar de la originalidad de sus enunciados y del carácter irreductiblemente ruso de sus intuiciones, el eurasismo participa del clima europeo de su época – los años 20 y 30 del pasado siglo –. En este sentido puede ser considerado como una “revolución conservadora” rusa, o como la versión rusa de la “revolución conservadora” alemana. Al igual que ésta el eurasismo incorpora los saberes occidentales y se sitúa en el corazón de la modernidad, pero lo hace para subvertirla y llevarla por otros cauces. Frente al tradicionalismo pasivo que se aferra al pasado, el eurasismo es un antioccidentalismo activo que no reniega de la idea de revolución. Por otro lado, el hecho de que se defina en contraposición a Europa no significa que los eurasistas sean antieuropeos. Lo que sí son es antioccidentales. Y sólo son antieuropeos en la medida en que Europa se ha convertido en Occidente – en un proyecto uniformizador y mundialista – y ha dado la espalda a lo que hizo su grandeza. Los eurasistas se incluyen por derecho propio en una tradición cultural europea: en la revuelta que, desde el romanticismo, se expresa contra la civilización racionalista y burguesa. La cultura de la otra Europa.
Pero el eurasismo ejemplifica, sobre todo, lo que puede dar de sí un pensamiento metapolítico llevado a su más alto nivel de exigencia. “El eurasismo clásico – subraya el politólogo Stefan Wiederkher – fue una corriente original que, en apoyo de un programa político antiliberal, desarrolló enfoques científicos innovadores y experimentó con modelos teóricos que en esa época (…) estaban ya encontrando su lugar en el mainstream de la investigación histórica – tales como la interdependencia entre geografía e historia o el estudio de las mentalidades”.[17] Escuela de pensamiento multidisciplinar, entramado de alto nivel teórico, ambición de totalidad, voluntad de construir una cosmovisión. El eurasismo es la plasmación de una filosofía que da la primacía a las ideas como motor de la historia. Fue, en este sentido, el movimiento metapolítico par excellence.[18]
Un movimiento que, más de medio siglo después, habría de retornar con fuerza, entre la incertidumbre y el caos de la disgregación de la Unión Soviética.


[1] El eurasismo fue una ideología elaborada principalmente en los ambientes intelectuales y académicos de la emigración rusa en Europa, principalmente en Praga, París y Berlín, durante los años 20 y 30 del pasado siglo. Los principales teóricos eurasistas (y figuras señeras en sus respectivas disciplinas) fueron siete: el geógrafo y economista P. N. Saviskiy (1895-1968); el etnógrafo N. S, Trouvetskoy (1890-1938); el lingüista Roman Jakobson (1896-1982); el filósofo L. P. Karsavin (1882-1952); el historiador G. V. Vernadsky (1887-1973); el pensador religioso G.V. Florovskiy (1893-1979); el filósofo del derecho N. N. Alekséev (1879-1964).
 
[2]Marlène Laruelle, L’idéologie eurasiste russse, ou comment penser l'empire. L’Harmattan 1999, pag 26. Esta eslavista francesa está considerada como la principal referencia en Europa sobre el movimiento eurasista. A éste ha dedicado, aparte de la obra citada, el libro: La quête d’une identité impériale. Le néo-eurasisme Dans la Russie contemporaine (Petra Editions 2007). En la exposición que sigue nos apoyamos preferentemente en estas obras.
 
[3]Marlène Laruelle, Obra citada, pag. 30.
 
[4]Marlène Laruelle, Obra citada, pags. 101-102.
 
[5]Marlène Laruelle, Obra citada, pags. 103-104.
 
[6]Marlène Laruelle, Obra citada, pags. 95-96.
 
[7]Marlène Laruelle, Obra citada, pag 97.
 
[8] Stefan Wiederkehr, Die Eurasische Bewegung. Wissenchaft und politik in der russischen emigration der zwischenkriegszeit und in postsowjetischen Russland.  Böhlaug Verlag 2007, pags. 72-74.
Vinculado a la idea de “espacio de desarrollo común” (mestorazvitija) está el concepto (también desarrollado por los eurasistas) de “lenguas aliadas” (Sprachbund): grupos de lenguas que han desarrollado estructuras similares por contacto mutuo, en contraposición a las “familias lingüísticas” (Sprachfamilie), grupos de lenguas con un mismo origen.
 
[9]Marlène Laruelle, Obra citada, pag. 179
 
[10] Marlène Laruelle, Obra citada, pag. 193.
 
[11]Marlène Laruelle, Obra citada, pag. 193
 
[12]Marlène Laruelle, Obra citada, pag. 269
 
[13]Marlène Laruelle, Obra citada, pag. 104.
 
[14] Para los eurasistas “la Iglesia rusa es una Iglesia abierta, que no pretende más que una parte de la verdad, capaz de reconocer otras expresiones religiosas. Según algunos podría hasta ser acusada de panteísmo (...) por sus fuertes influencias paganas (...) La iglesia rusa es una ortodoxia próxima del paganismo de algunos pueblos eurasiáticos, sin vinculación con la ortodoxia griega y balcánica, alejada del cristianismo occidental”. Marlène Laruelle, Obra citada, pag. 194.
 
[15] Marlène Laruelle, Obra citada,, pags 109-111.
 
[16] Marlène Laruelle, Obra citada,, págs. 82-86.
 
[17] Stefan Wiederkehr, Die Eurasische Bewegung. Wissenchaft und politik in der russischen emigration der zwischenkriegszeit und in postsowjetischen Russland.  Böhlaug Verlag 2007, pags. 297-298.
 
[18] Como movimiento metapolítico el eurasismo es ante todo – señala M. Laruelle – “una atmósfera, una concepción del mundo”. Nunca contó con una plataforma ideológica común, mucho menos con un partido político. De hecho, los itinerarios políticos de los eurasistas fueron divergentes. Puede hablarse de rama “praguense” (Saviskiy, Troubetskoy) muy hostil a la URSS, y de una rama “parisina”, próxima al régimen soviético. La primera tuvo a sus principales interlocutores en la “revolución conservadora” y otras corrientes europeas de “tercera vía”. La rama “parisina” – que acentuaba el papel “ontológicamente revolucionario” del eurasismo – sería infiltrada por los servicios soviéticos. Varios de sus miembros, retornados a la URSS, acabarán en campos de concentración o fusilados. El clima de radicalización de los años 30 redundó en la división del eurasismo y en su práctica extinción en vísperas de la segunda guerra mundial. 

samedi, 22 août 2015

The Eurasian Idea from a Swedish Perspective

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The Eurasian Idea from a Swedish Perspective

By Tommy Rydén

Sweden is at the outskirts of the Eurasian geographical area, as it has been presented to us. For historical and practical reasons, Russia is in any case what comes to our minds when we talk about Eurasia from a Swedish viewpoint, since we are almost next door neighbours. It has been said that ”In the broader sense, Eurasianism can be considered as a form of continentalism for the project of the creation of a European-Russian common space — the Greater Europe stretching from Lisbon to Vladivostok”. Sweden could play an important part in this, if she chooses to.

Known historically for its neutrality, or at least some form of independence from other nations war agendas, and with an enthusiasm for international diplomacy, Sweden was initially oriented towards German culture during the first half of the 20th century. With the outcome of the second World War this changed to USA and the United Kingdom. The German language was replaced by the English language as the primary second language in the school system, and with that followed that people tends to orientate more towards that culture than anything else, especially in popular culture. Yet, Sweden is in no way a carbon copy of the Anglo-Saxon mindset.

There is nevertheless a cultural and political obstacle in our way. Advancing the idea of an expanded friendship with the Russian federation and Eurasia must, in order to fully develop and survive in the long run, be done through presenting the idea relentlessly, by trade and cultural exchange: step by step.

For this long-term change to take place we must first and foremost plant the idea that it even could take place, among key decision makers, and above all in the minds of the younger generation who share an interest in business and politics and will be our future leaders and decision makers. We need think-tanks, we need young bold politicians who dare to question the status quo, various educational associations, the use of social media and anything else that will put this idea into the mainstream in a responsible manner. There is no need for any great popular movement, only that influential individuals and groups connect and gets the word out. Quality is more important than numbers in getting the work done.

The Swedish tradition, even if not without faults and lately quite sabotaged, of diplomacy and until recently also in its avoidance of any open military alliances, could play an important role in the coming new world, as a liaison between Eurasia and the ”lands of the sea”.
There are some problems that must be dealt with in connections with this, one is about the NATO-partnership and another one is the incorrect image of Russia.

Sweden has unfortunately since the end of the Cold War in the 90ś, increasingly abandoned its honorable tradition of neutrality and true diplomacy, and the governments of late have oriented even further towards the North Atlantic Treaty Organization (NATO). Even European Union mutual agreements is seen by Sweden to include possible military assistance, if a member state who perhaps because of membership in NATO is subjected to an act of war.. The Swedish Minister of Defense concluded in a speech five years ago that Sweden no longer, practically speaking, could be regarded as military nonaligned.

During the end of 2014 there was a sudden comeback in Sweden of the submarine hysteria from the 1980ś, when the defense department once again, this time in coalition with NATO-friendly politicians, made claims about hostile submarines in the coastal area. They failed in actually finding a submarine of any kind, and did not produce any other proof that would stand up in court.
Yet, a survey in 2014 showed that 75% of the Swedes questioned believed the submarine stories as told by the media, certain politicians and the defense ministry. Only 11% percent said flatly no to the presentation . Consequently, the public support for NATO membership increased from 28% to 37% in 2014. Although never proven, the underlying message was that these submarines were Russian. Fredrik Bynander, Associate Professor of Political Science at the National Defence University, commented it somewhat critical by saying “media coverage has been very positive for how the defense presented it. It was a lineup of politicians who supported the Armed Forces version of what had happened.”

For myself, who served as a conscript in the Swedish Army at Revingehed in the 1980ś this sounds all so familiar. I remember how our commanding officer, a former Swedish volunteer in the American Rangers during the Vietnam war, spoke to us about sightings of “divers running across a small island” and “jumping into the sea at the other end”(!), indications of “submarines” or “suspicious sounds” in the coastal area, and we watched informational films where “enemy soldiers” we all understood were the Russians although this was not said openly, in a fictional scenario cut the throats of Swedish key people, like fighter jet pilots at their doorstep. In preparation for an invasion of Sweden. But back then we thought we had valid reasons to oppose the Communist ideology as a real threat, and this made it difficult not to believe any and all bad news coming from that part of the world.

The cost for the hysteria in 2014, with hundreds of Swedish navy personnel and several battleships involved in a futile search, was at least 20 million SEK and no submarine whatsoever was found. But facts have become irrelevant, the stories told now have their own lives, like folk tales, and with bits and pieces not related to the actual submarine search, are added as “proof” of the evil intentions of the Russian Federation and especially its supposed mastermind Vladimir Putin.

The most recent agreement between Sweden and NATO, which was forced upon the population without any public debate (many are even unaware about its existence), will allow NATO to deploy troops on the ground in case of an ”emergency”, although we are promised this is to be finally determined by the Swedish government in a case-to-case scenario. This whole deal would have to be rejected since this kind of agreement do not serve any Swedish national interests but only the geopolitical agenda of Washington and makes us a pawn in their man-made conflicts with others. In fact, it makes the peaceful country of Sweden a possible target for a military attack if there is an international conflict. The opponent would have to target their missiles on the non-Swedish NATO forces on Swedish soil in order to prevent these from taking off for their final destination.

Prior to this dilemma Sweden moved from regarding itself ”neutral” to officially labeling itself ”military nonaligned”, so this shift has been gradual, but by purpose. Nonaligned meant that we were supposed to not enter into any mutual defense guarantees and that Sweden was responsible for its own defense.

The European Union leadership, not to mention Washington, will most likely resist our plan for a greater openness towards Russia. The very idea of the European Union since start was to simplify trade within the European Union, to form a bloc. But over time it has also unofficially come to serve as a proxy for the interests of Washington in this geographical area, due to some major member states close relationship with that country. There were also early warnings about EU changing from a free market economy into the creation of a super state that could end up serving other masters. Yet, ”Binding together the EU as a whole is not only the self-interest of its national components but also the reality that no feasible alternative exists in the absence of a willingness to relinquish European identity as a distinct civilization.”

Nevertheless the marketing of business ventures in Eastern Europe, Russia and after that its neighboring countries will attract a growing interest among the many entrepreneurs who always want to explore new areas and escape the status quo of their own world. Not to mention tourism. We must not let the current political landscape lure us into believing this current situation will be for forever. There are signs that EU could implode in due time if changes are not made. ”It’s nothing at all to do with Europe, it’s to do with the political construct that is the Union. An unnecessary, inefficient and disposable layer of government. So, let us dispose of it. There’s absolutely nothing at all wrong with Europe or any aspect of it. It’s the political system of the European Union that is the problem” as one European writer formulates it. In any case Sweden needs to see to its own best interests.

We have to expect many citizens in Sweden to react with distrust at first to this idea. Even for some considerable time. This is because of how they have been conditioned by the media and ruling political class. In Sweden there is an old distrust of the ”Russian bear” which is of a much older date than the Cold War era, although the stated reasons for this stance has varied over time.

The Russophobia in Sweden, which clearly exist, is not easily explained. It is used from time to time by politicians who wants Sweden to move closer to NATO, or used by other interest groups who for an example dislike the Russian rejection of postmodernism and wants the latter to adopt so-called modern European values. Old tales and even prejudice have been inherited and passed on to new generations. Presumed conflicts of interest are over time then added to the mixture as to prove that the original distrust of Russians is indeed called for. Very often one really don’t know why we have to distrust Russians, only that we should.

Replace Russian with ”Jews” or for that matter ”witches” and there would be a public outcry or laughter. But to demonize Russians, who for some reason are expected to be millions of exact replicas of the current political leadership in the Russian Federation and with no individual ability to think and arrive at their own conclusions, is regarded as more or less accepted behavior. Among minor curiosities this has also generated appeals in numerous charismatic Christian groups, who for years have traveled to the border areas but even into Russia, with copies of the Bible, in order to make those of Russian ancestry, and others, into “Christians”. Which proves their lack of historical and cultural knowledge as far as the old church and Eastern Orthodoxy is concerned.

To begin with, this approach towards Russia began even before the Russian defeat of the Swedish forces at Poltava 1709 although Sweden was humiliated for a considerable time with the defeat at Poltava. The German aristocrat Sigmund von Herberstein published a book named ”Rerum moscoviticarum commentarii” already in 1549, after visiting Russia twice, This book was translated into several languages and was read by the political elite in Sweden. In the book ”Mosvovites” were described as more or less puppets in the hands of their ruler, with no mental ability to question anything. Human robots who could be a threat to all of Europe, or just anyone, in case they were ordered by their ruler to act. This image of the Russian man and woman is broadcasted very much the same today.

To Swedish minds an expansive Russia was viewed as possible geopolitical threat or at least a problem when the following tzars made Russia a greater and more unified country. Although there were from time to time intermarriages and good relations. But too be a friend of the Russian Federation or a friend of a country like Serbia, who acts as a bridge already between these two worlds, is in this authors opinion not to be anti-European, or subversive to our cultural heritage, but to reconnect with the God of the old church, core values and even various cultural expressions Europe lost due to its divisive Protestantism and today’s post-modernism. Gems that were preserved in Eastern Europe and Russia in spite of atheist rule.

Oddly enough, Sweden has been trading with Russia since the time of the Vikings and was by year 2013 one of ten largest direct investors in Russia. Participating in the Eurasian vision would be to take part in a project with a future, with all its resources and vast areas, where growth is to take place. Instead of merely as a pawn or outside player used by the western powers in their own scheme of divide and conquer.

An official partnership, similar to the one existing right now between Sweden and NATO, with the Russian Federation is too big a leap for the average man, and would not be workable at this time and age, perhaps not even beneficial to us or the Eurasian project at all if it was a mirror image of the kind of agreements we have made with USA and need to get out of. Sweden’s traditional role of neutrality and diplomacy should be emphasized in my opinion. We can however take small but important baby steps in a direction that will build trust and friendship and make Sweden a neutral ground were the business world and politicians can meet up.

Do we, the Swedes and peoples of Eastern Europe and Russia, share any common cultural values of today or have we lost it all to post-modernism? Are we too different?

I dare say we do have a lot in common, and it was recently manifested in the political life of this nation. In the election of 2014 the self-described socially conservative political party, the Sweden Democrats (SD), became the country’s third largest party with 13% of the vote. In a strength of power they voted down the new Socialist government's budget, forcing the prime minister to declare a snap election. Surveys showed SD could gain 16-20% in the upcoming snap election. However, this made the center parties, who lost the general election to the minority coalition of Social Democrats and the Environmental Party, cut an eight year deal with the government, promising to support the ruling Social Democrat/partner government in order to sidestep the elections results and prevent the possibility of SD getting even more support in a new election.

Swedes, at heart and generally speaking, don’t like to be bullied or manipulated by outside powers, we prefer to chose our own path. So do the Russians.

The party SD is described by the establishment media and various opponents as harboring people with negative feelings about immigrants, due to their opposition to liberal immigration policies, while the SD party leadership itself has promised to take action against anyone who promote a racist agenda. They view themselves as nationalists or lately preferably as socially conservative, and have gained considerable support among disappointed Conservative Party members and voters, since the latter party has moved to the center and can hardly be viewed as even traditionally conservative anymore. In this authors opinion it would benefit us all if they moved even more from a tendency of ethnic nationalism to a focus on values and aspirations shared not only by Swedes.

Despite decades of Swedish presumably Social Democratic or liberal governments trying to impose ”equality” and dictating how parents should live their family lives, with women forced to work outside of the home as much as possible, they have not succeeded and have nowadays resorted to making threats to enact laws that will force women to leave home early and dad to stay home in the name of total gender equality. No matter if this is the best solution or not for the specific family. These ideas are shared by the leaderships of the center parties, with the exception of the Christian Democrats who still try to attract the more culturally conservative voters. Once again, these centrist politics can be seen as an expression for the Swedish habit of trying to achieve consensus, which now has ended up with the almost all the parties looking very much the same.

A survey in 2013 showed that 4 in 5 Swedes reject this forced gender equality idea when it comes to the family structure and thinks it should be up to the family not the government to decide. This despite the fact that the equality agenda is promoted all the time in media and politics.

Unfortunately the leadership of that party is also somewhat caught up in the ”distrust Russia” hysteria, but there are other more understanding voices in the youth league. Overall it's in any case a positive indicator that something is happening in an otherwise sleepy Sweden. It would be healthy for the sake of cultural preservation, aside of pure economical reasons, to move closer to Russia and Eurasia.

Nevertheless, the electoral success since 2010 for this party is an indicator that a growing percentage of the Swedish population, in spite of a massive almost day and night assault by the media and the older political establishment telling them to vote against SD, likes the idea of preserving the traditional family and promoting other socially conservative ideals in a country where dissident conservative voices are suppressed, ridiculed or labeled in a negative manner. This indicator is important, although a political party should not be seen as a replacement for any long-term work at depth. In order for real changes to take place in a population, and not just end up as a temporary vote, one need to work from the bottom and up, not from the top and down to not dissolve with any temporary political winds in the future. We can do this by involving key people, quality people, who get the message out to their respective groups, churches, associations, newspaper people or other places where they have some influence on their peers. Numbers are less important. Connecting with the right people who can influence others, and get the message out there through them, is far more important than hoping for the masses to wake up by themselves.

If we can convince a large enough percentage of the population, through the work of influential individuals and groups, that the countries who supports cultural preservation and core family values the most, not only in words but in action, are to be found in the East and not in the West, then it will help our cause.

This could be done with or without involvement of the European Union. It should be noted that many Swedes express doubts about the nations membership in EU. ”Swedes in favors of being part of the union came in at 45 percent” in 2013, since the membership has given Sweden no visible benefits aside of making it easier to travel between the member states.

However, in order to make improvements between Sweden and Russia and avoid unnecessary conflicts we need to get rid of a bunker mentality which only our common cultural enemies can benefit from. A recent Russian poll showed that 36% of the Russians wish for Russian to distance itself further from the West. It is understandable and would perhaps even be applauded by those who think there can be nothing good in the West whatsoever. But the problem is this; in for an example Sweden people are made to believe the worst about Russians, and in Russia – due to the ongoing onslaught on that country from Western geopolitical interests – people tend to think the worst about the West, sometimes on valid grounds but also because of cultural and linguistic differences. A more hostile population on any side of this fence will in the long run only benefit those who wish to dismantle Europe as well as Eurasia.

Viewed from the outside, Sweden is an open democracy where everyone can express their opinion. But those who have lived here even a short time has quickly become aware that even if that is the case then there is an expectation that everyone should be in agreement. Anyone who deviates in any matter which the media and establishment determined the limits of, as for an example the message that the Russians want to harm us, will promptly be regarded as strange and deviant. It is not unlikely that in time they will consider those individuals and organizations who question the rapprochement with NATO and oppose the idea that the West is the savior of the East as subversive elements and a threat to national security.

When writing this in the month of February, Swedish TV viewers are bombarded every day with slanted news reports where the Russian Federation is presented in a negative light and repeatedly said to have caused all the problems in Ukraine, adding that the rest of us can ”become the next target” for ”Russian expansion”. They have completely forgotten the West's major responsibility in how this conflict occurred. In the same breath we are told that the United States and Sweden will conduct joint air exercises because of the "growing threat" (from Russia). It is like preparation for a war, where the propaganda has taken over completely and people have lost their ability to think critically. They try to apply simple explanations to complex problems. ”We” and ”them”.

But we cannot let these sometimes dark clouds fence us in.

The core idea with the European Union was to encourage and simplify trade and travel between European countries. This was a noble idea. It's an ever more grandiose idea, and truly more international, to open up for trade and cultural exchange with the Eurasia. Now it's up to Sweden to decide which role to play in this new world, either as a bystander or important participator.

dimanche, 16 août 2015

Rencontres eurasistes, Bordeaux, 5 septembre 2015

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dimanche, 21 juin 2015

Chinas maritime und eiserne Seidenstrassen: Mittel zur Weltherrschaft?

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Chinas maritime und eiserne Seidenstrassen: Mittel zur Weltherrschaft?
 
Ex: http://strategische-studien.com

Die Aufrüstung Chinas in der Gegenwart und die Vorbereitungen zum asymmetrischen Krieg auf See

In den letzten Jahren hat China gemäss Publikationen des US-Verteidigungsministeriums in verschiedene wichtige militärische Programme investiert. Es sind dies Waffensysteme, mit denen die chinesischen Seestreitkräfte in einem Konfliktfall mit den USA einen asymmetrischen Krieg führen könnten und dadurch China die Herrschaft über das Ost- und das Südchinesische Meer erlangen dürfte. Dazu gehören nuklear- und dieselelektrisch angetriebene U-Boote, ballistische Lenkwaffen gegen Flugzeugträger, Waffen zur U-Boot-Abwehr, Marschflugkörper gegen Schiffe und Landziele, moderne Überwasserkriegsschiffe und sogar ein Flugzeugträger. Gleichzeitig baut China verschiedene Stützpunkte auf den Spratley Islands und nimmt an der Piratenbekämpfung im Golf von Aden teil. Des Weiteren investiert China in Cyberspace, im Weltraum und im elektromagnetischen Spektrum.[1] Am Ende könnte China dank dieser Rüstungsprogramme die USA aus dem westlichen Pazifik verdrängen und dadurch auch das amerikanische Allianzsystem zerstören. Diese Aufrüstung – 2014 soll China für seine Verteidigung offiziell 136.3 Milliarden US-Dollar ausgegeben haben[2] – könnte aber als Tarnung für eine weit subtilere Strategie dienen.

Die Perlenkette im Indischen Ozean

In den letzten Jahrzehnten hat China den Bau verschiedener Häfen in Staaten des Indischen Ozeans finanziert. Dazu gehören Gwadar in Pakistan, Hambantota in Sri Lanka, Chittagong in Bangladesch und Sittwe in Myanmar. Offiziell dienen die Häfen China dazu, seinen Import an Erdöl aus dem Mittleren Osten und Afrika zu schützen. China bezieht pro Tag über das Meer u.a. aus Saudi-Arabien 997‘000 Barrel, aus Angola 816‘000 Barrel, aus Oman 597‘000 Barrel, aus dem Irak 573‘000 Barrel und aus dem Iran 551‘000 Barrel.[3]

Bei der Versorgung über das Meer ist China mit dem Problem konfrontiert, dass zwei wichtige Chokepoints durch die USA kontrolliert und beherrscht werden. Es sind dies die Strasse von Malakka und die Strasse von Hormoz. Für die Umgehung der Malakkastrasse hat China bereits eine Erdöl- und Erdgaspipeline vom Hafen von Sittwe in Myanmar in den Südosten Chinas gebaut. Diese Pipeline weist eine Länge von 2‘414 km auf und soll seit 2013 für das Umladen von Erdöl aus dem Mittleren Osten einsatzfähig sein.[4]

Im April dieses Jahres hat der chinesische Präsident Xi Jinpeng mit Pakistan einen Vertrag zur Errichtung eines Wirtschaftskorridors zwischen Pakistan und China unterzeichnet. China hat bereits in den Bau des Hafens von Gwadar 200 Milliarden US-Dollar investiert. Der Bau einer Schnellstrasse, einer Eisenbahnlinie und einer Pipeline von Gwadar nach Kashgar in der autonomen Provinz Xinjiang will China mit 46 Milliarden US-Dollars finanzieren.[5]

Mit seiner Perlenlette der Häfen im Indischen Ozean und den erwähnten Pipelines dürfte China die Absicht verfolgen, die Kontrolle der Malakkastrasse durch die USA teilweise zu umgehen und damit die Gefahr eines Unterbruchs seiner Erdöl- und Erdgasversorgung in einem Konfliktfall zu mindern. Diese Perlenkette an Häfen und die zwei Pipelines werden als Chinas maritime Seidenstrasse bezeichnet.

Die eiserne Seidenstrasse

China will sich nicht nur dem Würgegriff der Seemacht USA entziehen, sondern strebt auch die Vorherrschaft über Eurasien an. Geopolitiker wie Halford Mackinder haben schon vor dem Ersten Weltkrieg Eurasien aufgrund seiner geographischen Lage, seiner Ressourcen und seiner Bevölkerungsgrösse als das Zentrum der Welt bezeichnet. Wer Eurasien beherrschen kann, beherrscht die Welt, so Mackinder in einem Referat 1904.[6] China baut nicht nur Pipelines nach Kasachstan und Russland für seine Erdöl- und Erdgasversorgung, sondern errichtet bis 2030 ein Schienennetz von 25‘745 km Länge für Hochgeschwindigkeitszüge für 300 Milliarden US-Dollar. Mit diesem Netz werden alle Städte Chinas miteinander verbunden sein.[7]

Gleichzeitig verbindet China schrittweise die Eisenbahnnetze der Nachbarstaaten mit dem eigenen. Dieses Projekt hat 2008 begonnen und soll zur Eurasischen Landbrücke führen. In Ergänzung zur Transsibirischen Eisenbahn wird eine zweite Eisenbahnverbindung von China über die zentralasiatischen Staaten Kasachstan, Usbekistan und Turkmenistan zum Normalspurnetz Europas gebaut. Mit dieser eisernen Seidenstrasse soll eine direkte Verbindung zwischen dem Osten und dem Westen Eurasiens erreicht werden. Wie im Mittelalter sollen Güter aus China ohne Hindernisse und Verzug die Märkte Europas erreichen. Computer, Autoteile, hochwertige Produkte werden innert 20 Tagen die 10‘780 km von Chongqing in China zu deutschen Städten wie Leipzig zurücklegen.[8] Der Zeitaufwand von 35 Tagen, die der Transport über die Meere benötigt, wird auf beinahe die Hälfte gekürzt werden.

Durch die eiserne Seidenstrasse Chinas soll die Vorherrschaft der Seemacht USA ausmanövriert werden. China plant übrigens den Bau weiterer Eisenbahnstrecken, wie z.B. die Verbindung von Brasilien an die Pazifikküste von Peru. Damit sollen die Nahrungsmittel und Rohstoffe Brasiliens auf chinesischen Schiffen im Pazifik verschifft werden und damit direkt – ohne den Umweg über den Panamakanal, der nach wie vor von den USA kontrolliert wird – China erreichen.[9] Die Machthaber in Beijing planen auch den Bau einer Hochgeschwindigkeitsverbindung zwischen Beijing und Moskau für 230 Milliarden US-Dollar. Innert 2 Tagen sollen die 7‘000 km durchfahren werden.[10]

Fazit

Dieses Jahrhundert könnte nicht nur den Baubeginn der chinesischen Eisenbahnprojekte erleben, sondern möglicherweise dank dieser Eisenbahnnetze bis 2050 auch die Herrschaft Chinas über ganz Eurasien. In diesem Fall würde die Seemacht USA trotz ihrer gegenwärtigen see- und luftstrategischen Überlegenheit ihre Herrschaft über Eurasien verlieren und am Ende auf Nordamerika zurückgedrängt sein.

[1] Office of the Secretary of Defense, Annual Report to Congress, Military and Security Developments Involving the People’s Republic of China 2015, Washington DC, 2015, p. 31.

[2] Office of the Secretary of Defense, p. 50.

[3] Office of the Secretary of Defence, p. 25.

[4] McCoy, A., The Geopolitics of American Global Decline, Washington Versus China in the Twenty-First Century, Informations Clearing House, 2015, p. 7.

[5] McCoy, A., p. 5.

[6] McCoy, A., p. 1-3.

[7] McCoy, A., p. 6.

[8] McCoy, A., p. 6.

[9] Stratfor, Chinese Rail: Fostering Regional Change With Global Implications, May 26, 2015.

[10] McCoy, A., p. 6.

vendredi, 12 juin 2015

Eurasia y Europa: diálogo de “Grandes Espacios”

por Natella Speranskaja

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

natella-speranskaya.jpgCarl Schmitt consideraba la tierra como un todo único y buscaba su misión global. Este “todo” fue recogido por Schmitt en el concepto de Nomos. Schmitt usó la palabra griega derivada del verbo «nemein», que es idéntico al alemán “nehmen”, “tomar”. El Nomos comprende tres actos del drama: la “toma”, “la división y distribución de lo tomado”, “la explotación y el uso de lo tomado y distribuido”. Según Schmitt, el Nomos de la Tierra existió siempre. El Primer Nomos es descrito como la “tierra prometida” de los pueblos antiguos. Es el Nomos de la antigüedad y la Edad Media. Dejó de existir después de la exploración de los grandes océanos y el continente americano. Así comenzó el Segundo Nomos, el Nomos de los estados nacionales soberanos que tenían estructura eurocéntrica. Los acontecimientos de la Segunda Guerra Mundial condujeron a su destrucción, por lo que la tierra fue dividida en este y oeste, ambos en un estado de “guerra fría”. No se trata de meros opuestos geográficos, sino de contraposiciones más originales y profundas. Carl Schmitt escribió: “Toda la historia de la confrontación planetaria de Oriente y Occidente en su totalidad es reducible al dualismo fundamental de los elementos: la tierra y el agua, la tierra y el mar. Lo que ahora llamamos el Oriente, es una sola masa de sólida tierra: Rusia, China y la India – un enorme pedazo de tierra, la “Tierra Media” [“Middle Earth”], como es llamada por el gran geógrafo inglés Sir Halford Mackinder. Lo que hoy llamamos Occidente, es uno de los océanos mundiales, un hemisferio donde se sitúan los océanos Atlántico y Pacífico. La confrontación de las potencias, de los mundos marítimo y terrestre, es la verdad global que está en el corazón de la explicación del dualismo de civilizaciones que genera constantemente una tensión planetaria y estimula todo el proceso de la historia”. Por lo tanto, el nacimiento de un tercer Nomos fue causado por la división del mundo entre el Oeste y el Este. Sin embargo, fue destruido con la caída del muro de Berlín y el colapso de la Unión Soviética.

La interpretación de Schmitt de “tres Nomos de la Tierra” nos lleva a la pregunta: ¿cuál será el cuarto Nomos de la Tierra? Alexander Dugin, el fundador de la teoría de un mundo multipolar, el fundador de la escuela rusa de geopolítica, cree que el nuevo Nomos de la Tierra será un Nomos de lógica gran continental del continente euroasiático. Sin duda, la peor opción posible sería un Nomos unipolar, globalista. Cuál Nomos será el establecido depende de la decisión estratégica del Heartland, Rusia, la civilización de la tierra.

El politólogo italiano Tiberio Graziani piensa que Rusia “tiene todo lo necesario para cumplir con el papel histórico de piedra angular de todo el sistema mundial”, y se refiere a su ubicación en el corazón de Eurasia como uno de sus elementos más importantes. Es por eso que todas las decisiones estratégicas de los atlantistas implican la fragmentación del Heartland, considerando que este proceso proporcionará el acceso a un orden unipolar. Alexander Dugin dice: “Por eso, de si Rusia puede ser suficientemente debilitada, dividida y desestabilizada, y sus fragmentos sometidos a poderes externos, depende en gran medida el destino de la globalización”. Y más aún: “Para cualquier persona que se tome en serio la contra hegemonía estadounidense, la globalización y la dominación planetaria del Occidente (atlantismo), el axioma debe ser la siguiente declaración: el destino del orden mundial se decide por el momento solamente en Rusia, por Rusia y a través de Rusia”. Para describir el momento en el que vivimos ahora, el prominente sociólogo Zygmunt Bauman aplica el concepto de interregno – así se llamaba en la antigua Roma el período entre la muerte del César y la llegada del siquiente. Es un estado de inestabilidad, de incertidumbre, de imprevisibilidad, cuando la demolición del viejo orden es tan obvia como el surgimiento del nuevo. Pero lo que vaya a ser este nuevo orden (y, en consecuencia, el nuevo Nomos) no se sabe. En el contexto de los cambios del nuevo orden mundial, podemos hablar de un desplazamiento paradigmático desde el “momento unipolar” hacia la formación de un orden mundial multipolar. En otras palabras, el foco debería ponerse en el final de la era de la unipolaridad, porque existen todas las condiciones esenciales para la realización del proyecto alternativo. Según Huntington, el estado unipolar es capaz de “hacer frente eficazmente a todos los grandes problemas internacionales por sí solo, y ninguna de las uniones de otros estados puede, incluso hipotéticamente, ser capaz de detenerlo”. Es difícil negar que la potencia hegemónica representada por los Estados Unidos no tiene ahora un rival serio, ya sea una coalición de estados o, aunque parezca increíble, un solo estado que muestre un potencial tan fuerte que implique inevitablemente la rápida restauración del orden bipolar.

Según Zygmunt Bauman, hace unos 60-70 años ocurrió un hecho que contribuyó a un cambio fundamental en la política mundial: la brecha entre Macht [Fuerza] y Staat [Estado] – en otras palabras, entre la Fuerza y la Política, la Fuerza y el Estado (que son aspectos integrales del Poder) – condujo a la situación en la que Macht (la Fuerza) se trasladó al espacio supranacional. Por lo tanto, el Estado-nación ya no podía controlarla. En el paradigma unipolar concretamente los estados nacionales son los actores de las relaciones internacionales. Dicha brecha significa ni más ni menos un deslizamiento gradual hacia la no-polaridad. Es decir, según Richard Haass, director de Estudios de Política Exterior en el Instituto Brookings y jefe del CFR, esto será lo que determine las relaciones internacionales en el siglo XXI. Los estados-nación son casi privados de la posibilidad de la eficiencia “de hacer cosas” (como Bauman entiende Macht), surgiendo un estado de parálisis política. Antonio Gramsci trata el interregno como un período en el que lo viejo ya no funciona, y lo nuevo aún no ha aparecido.

Estamos “atrapados” entre la unipolaridad y la multipolaridad, y no tenemos ni idea de cuál debería ser la solución a esta situación. Por supuesto, surge la pregunta: ¿qué hacer? Y, sobre todo, a los propios estados-nación, que de iure retuvieron la capacidad de tomar decisiones. Pero Zygmunt Bauman sostiene con razón que, en las actuales circunstancias, la pregunta debería ser formulada de una manera diferente: ¿quién va a hacer lo que es necesario en lugar de lo que hay que hacer? ¿Qué actor asumirá la responsabilidad de las acciones que resuelvan los problemas fundamentales? Claro es que nosotros no lo consideramos como los estados-nación. En su lugar, nos dirigimos a la teoría desarrollada por Alexander Dugin, la Teoría del Mundo Multipolar.

En su libro con el mismo título, Dugin ofrece una imagen clara de lo que está sucediendo hoy en el campo de las relaciones internacionales: cuando el modelo bipolar del orden mundial cambió a uno unipolar, esto vino a significar el triunfo de la ideología liberal-democrática. Occidente ha modelado los valores y directrices de un sistema que se impone sobre el mundo como universal. Por lo tanto, Occidente llegó a la aplicación constante del control (la dictadura) de las esferas cognitivas y estratégicas. El campo de las relaciones internacionales se convirtió en la “Ciencia Norteamericana”, el contenido de las discusiones se redujo a la confrontación polémica entre realistas y liberales. El propio cuerpo diplomático se formó en el mundo unipolar y en el discurso occidental, en la mentalidad occidental, donde los actores políticos son los estados nacionales. Otro modelo de orden mundial, a saber, el modelo multipolar, implica una forma de organización de los espacios en base a varios actores, “civilizaciones”, como ha señalado acertadamente Samuel Huntington. Esto nos conduce a la formación de un nuevo cuerpo diplomático y un nuevo lenguaje diplomático basados en un orden mundial multipolar. Y los pensadores políticos más progresistas ya han llegado a alguna conclusión sobre la necesidad de cambiar el paradigma de las relaciones internacionales. Uno de ellos acaba de plantear la cuestión de qué será lo próximo, otros han encontrado la respuesta y aplican libremente los conceptos básicos del nuevo sistema. Es imposible no reconocer el hecho de que la gran mayoría de las figuras políticamente comprometidas permanecen bajo el viejo paradigma, sin percibir el cambio en curso que dará comienzo al nuevo período histórico, cambiando por completo el panorama de la política mundial. El mundo unipolar ya es el ayer. Aquí y ahora estamos discutiendo el cambio del paradigma unipolar a uno multipolar, poli-civilizacional.

La teoría del mundo multipolar sugiere establecer nuevos actores en las relaciones internacionales, que son las civilizaciones, y cada una de ellas, por definición, tiene un centro estratégico que sirve como sujeto de diálogo en las relaciones internacionales y, por lo tanto, como sujeto de poder. La transición de los estados nacionales a las civilizaciones es una consecuencia inevitable de la ruptura descrita por Zygmunt Bauman.

El profesor Adam Roberts, especialista en Relaciones Internacionales, señala la pérdida del papel de liderazgo de los Estados Unidos en el orden mundial actual. A la pregunta sobre quién ejercerá como sustituto, da una respuesta completamente obvia: nadie. Más precisamente, todavía no hemos entrado en el período de interregno, solamente nos hemos acercado, y todo lo que está sucediendo en la política global es la agonía del César moribundo (los EEUU).

La genuina aparición del interregno sucederá con la pérdida definitiva del papel de Estados Unidos como potencia hegemónica en el mundo y la cancelación del “momento unipolar”. Es aquí cuando aparece el peligro: en el período de interregno, y en la aplicación coherente de las etapas de formación de un orden mundial multipolar llegará “la geometría variable” de la no polaridad, y todo estará en el crisol de la globalización; estamos inmersos en la modernidad líquida (Z. Bauman), cuya característica principal es la “no-direccionalidad de los cambios”, es decir, la ausencia de una dirección estricta, de una directriz, lo que en última instancia nos deja sin preparación para responder a los desafíos repentinos, difíciles de determinar desde cualquier tipo de cálculo o proyección. El colapso de la Unión Soviética ocurrió repentinamente, como el relámpago, cambiando por completo el panorama de la historia. La no-polaridad que parece venir puede llegar a ser un respiro necesario, un período de posibilidad de formación del pleno valor del nuevo modelo de orden mundial, pues es imposible negar el hecho de que el cambio de paradigma, seguido por la demolición de numerosas estructuras, no será capaz de crear rápidamente, en todos los ámbitos de la vida política, todas las condiciones necesarias para la entrada en el orden multipolar. La no polaridad, el interregno en el siglo XXI, es el funeral del César retirado y la preparación para la entronización de los nuevos gobernantes (en plural), es decir, el ascenso de los polos, de los centros de poder.

La no-polaridad supone la “decapitación” de los EEUU, pero al mismo tiempo puede ser definida como un intento de la potencia hegemónica por mantener su influencia a través de la auto-dispersión, de la disolución. Bajo estas circunstancias, es estrictamente necesario evitar retrasos, quedarse atrapado en el entorno post-liberal, así como humildad en una “no-polaridad coherente”. Los nuevos actores deben desafiar ahora la posmoderna “no direccionalidad de los cambios” y tomar conscientemente la responsabilidad absoluta de las decisiones y de las acciones estratégicas en el campo de la práctica política. El principal investigador asociado de la Fundación New America, Parag Khanna, analizando la situación actual y la precaria situación de los EEUU, aborda la función crítica de la diplomacia, hacia la cual debería ser desplazado el enfoque. Para la mejora de la estructura diplomática mundial se contempla la responsabilidad de la consolidación de la hegemonía estadounidense. Sin embargo, esto no tiene en cuenta el hecho de que el lenguaje diplomático está experimentando un reformateo significativo en el contexto del cambio paradigmático al modelo multipolar, y este proceso es irreversible. En la actualidad tenemos que hablar del diálogo de civilizaciones. El diálogo se construye en un nivel completamente diferente, que está más allá de las reglas del diálogo entre los estados nacionales (es decir, fuera del discurso occidental impuesto), con los EEUU teniendo el poder de la toma de decisiones final. A menos que entendamos que la batalla por la dominación del mundo no es entre civilizaciones, sino entre una sola civilización (la occidental) contra todos los “otros” – y en la que se ofrecen sólo dos opciones: 1) estar del lado de esa civilización, 2) o estar contra ella defendiendo el derecho a la propia independencia y singularidad – no seremos capaces de formular un nuevo lenguaje diplomático para el diálogo de civilizaciones. Y esto debería ser entendido, sobre todo, por la élite de la civilización responsable, según Alexander Dugin, de conducir el diálogo. Si todos los “otros” están de acuerdo con el proyecto unipolar, nuestra batalla está perdida, pero si escogen una opción radicalmente diferente, estaremos a la espera del “ascenso del resto” (Fareed Zakaria). Deberíamos tener en cuenta que el mundialmente famoso politólogo británico Paul Kennedy, ha expresado su preocupación por la aparición de diferencias ideológicas entre los EEUU y Europa, debido a la oposición a uno de los proyectos del orden mundial – unipolar o multipolar. En el entorno actual deberíamos confiar, no sólo en el aumento de los conflictos entre Europa y América, sino preparar la situación de ruptura y de división de la primera respecto a la influencia hegemónica de la segunda. Aquí Rusia tiene un papel especial.

CS-4499VTL.jpgSin embargo, debemos admitir que durante las últimas décadas, Rusia se alejó cada vez más de su propósito original de ser un puente entre Oriente y Occidente. El interregno puede ser nuestra oportunidad de recuperarse, una oportunidad para Rusia para convertirse y ser. La teoría de un mundo multipolar puede ser considerada como el punto de partida del fin de la era unipolar y el de entrada en el período “post-norteamericano”, una característica del cual será la presencia de varios polos (los sujetos del diálogo inter-civilizacional), y la segura eliminación de la crisis de identidad, porque en un mundo multipolar la identidad adquiere un carácter civilizatorio. Hoy nuestro diálogo con Europa es un diálogo de “grandes espacios”; en el nuevo sistema de relaciones internacionales el Großraum [el “Gran espacio” de Carl Schmitt] se convierte en un concepto operativo de la multipolaridad. Alexander Dugin ofrece el modelo “CUATRO polar” o “cuadri-polar” del mundo, que consta de cuatro zonas.

En la primera zona, bajo el control total de los Estados Unidos, hay dos o tres “grandes espacios.” Tenemos dos “grandes espacios” mediante la combinación de los EEUU y Canadá por un lado, e Iberoamérica por otro. Según Alexander Dugin, pueden surgir tres “grandes espacios” cuando “dividimos aquellos países de Iberoamérica suficientemente bien integrados con los EEUU y que están completamente bajo su control, y aquellos que tienden a crear su propia zona geopolítica, desafiando a los EEUU”.

La segunda zona es la zona Euro-Africana, con la Unión Europea como su polo indudable. Aquí aparecen tres “grandes espacios”: la Unión Europea, el África negra y el Großraum árabe.

La tercera zona es Eurasia, con Rusia (el Heartland) como su polo. El profesor Dugin indica que hay también una serie de centros regionales de poder, como son Turquía (si elige el camino de Eurasia), Irán, Pakistán y la India. Por lo tanto, la zona de Eurasia se compone de varios “grandes espacios”: Rusia y los países de la CEI son el Großraum ruso-euroasiático; tres “grandes espacios” son también Turquía, Irán, e India y Pakistán.

La cuarta zona es la región del Pacífico. Su polo puede ser ya sea China (que es un “gran espacio”), o Japón (un potencial Großraum que tiene todos los factores esenciales -económicos, geopolíticos, tecnológicos, etc.- para su recuperación).

Al justificar las directrices básicas para la acción práctica de construir un mundo multipolar, el profesor Dugin se centra en las siguientes direcciones:

1. Reorganización estratégica del Heartland.

Esto implica la actividad geopolítica de la “tierra media” y la puesta en práctica de proyectos de integración dirigidos a fortalecer el modelo multipolar.

2. Cambios en la mentalidad de la élite política de Rusia.

Principalmente se centra en la adquisición de pensamiento geopolítico, así como un alto nivel de competencia en el campo de las ciencias sociales, la sociología y la historia. “La élite de Rusia debe entenderse a sí misma como la élite del Heartland, debe pensar en categorías euroasiáticas, no sólo a escala nacional, siendo al tiempo claramente consciente de la no aplicabilidad del escenario atlantista y globalista para Rusia” – escribe A. Dugin. No podemos hablar de ningún despertar de la élite hasta que se haga una elección consciente hacia el eurasianismo, rechazando las ciegas tentativas de jugar a los escenarios anti-rusos de las estrategias atlantistas.

3. El modelo de la construcción de las relaciones entre Rusia y Estados Unidos.

Comprendiendo las destructivas políticas estadounidenses encaminadas a desmantelar Rusia por el control absoluto de toda Eurasia, dichas relaciones se convierten en irreversiblemente hostiles. Tenemos que emprender acciones drásticas para evitar la presencia de la OTAN en el “gran espacio” de Eurasia y el debilitamiento del Heartland.

4. El modelo de la construcción de relaciones con Europa.

Este modelo implica una asociación estratégica con los países, adheriéndose a la política de la tradición continental – Francia, Alemania, Italia y España. Aquí es apropiado hablar sobre el proyecto del eje “París-Berlín-Moscú”. Otra situación distinta se presenta con los países de la “nueva Europa”, así como Inglaterra, que están orientados contra Rusia y tienen una tendencia a adaptarse a las exigencias de Washington.

5. El proyecto “Gran Europa del Este.”

Este proyecto incluye a los eslavos (eslovacos, checos, polacos, búlgaros, serbios, croatas, eslovenos, bosnios, macedonios, serbios musulmanes), y a los ortodoxos (macedonios, serbios, búlgaros, griegos y rumanos). El Prof. Dugin dice que los húngaros son el único pueblo que no entra en la categoría “ortodoxos”, y al mismo tiempo no puede ser llamado “eslavo”. Los húngaros tienen un origen eurasiático-turanio.

6. Los países del Heartland y del CEI occidentales.

Se trata de la integración multipolar de Rusia, Ucrania y Bielorrusia, que pertenecen a la zona del Heartland, en una sola estructura estratégica. Esta acción política evitará el riesgo de entrada de Bielorrusia y Ucrania en la OTAN. Se presta especial atención a Moldavia, cuya integración con Rumania, que es una parte de la OTAN, parece imposible hasta la ejecución del proyecto de la “Gran Europa del Este.”

7. Oriente Medio euroasiático y el papel de Turquía.

El Prof. Dugin menciona el «Proyecto del Gran Medio Oriente» estadounidense en relación con Oriente Medio. El mismo implica la democratización y la modernización de las sociedades de Oriente Medio, y el fortalecimiento de la presencia militar de los EEUU y la OTAN. Guiados por intereses antagónicos, la estrategia del Heartland en esta dirección debe incluir acciones políticas dirigidas a la salida de Turquía de la OTAN y la creación del eje “Moscú-Ankara.” Por otra parte, el proyecto del eje “Moscú-Teherán” se debe tomar con la máxima atención. Según Alexander Dugin, Irán es un “espacio estratégico que resuelve automáticamente el problema de la conversión del Heartland en una fuerza en el mundo global”. Ni Rusia ni Irán deben permitir la ejecución del escenario establecido en el proyecto de la “Gran Asia Central” (Greater Central Asia Partnership). Su puesta en marcha conduciría inevitablemente a la aparición del “cordón sanitario” que separaría Rusia de Irán. Adicionalmente, al incluir países como Georgia, Afganistán, Armenia, Azerbaiyán, Kirguistán, Kazajstán, Uzbekistán, este cordón dejaría a estos países controlados por la influencia norteamericana. La unión de Rusia e Irán, por supuesto, resolverá otro problema fundamental, es decir, se abrirá el “anillo de la anaconda”, privando a los estrategas estadounidenses de cualquier posibilidad de impedir las operaciones marítimas de Rusia.

La estrategia del Heartland debe incluir proyectos de integración de Rusia, Kazajstán y Tayikistán en un único espacio económico y aduanero. A su vez, la relación con Pakistán debe ser construida en estricta conformidad con la estrategia de desalojo de las fuerzas estadounidenses de esta zona. Alexander Dugin apunta a la necesidad de un nuevo modelo de relaciones con la mayoría pastún de Afganistán.

8. El eje “Moscú-Nueva Delhi”.

Las relaciones con el “gran espacio” políticamente neutral de la India deberían estar dirigidas a lograr la asociación. El principal objetivo de este eje es impedir los intentos de Washington de desplegar su dominio en la región del sur de Asia.

9. Relaciones ruso-chinas.

El prof. Dugin se centra en dos cuestiones difíciles, como son:

– La propagación demográfica de los chinos en zonas poco pobladas de Siberia;

– La influencia de China en Asia Central.

Es necesario construir una relación equilibrada con China, centrándose en el punto fundamental de contacto estratégico, de apoyo de la idea de un mundo multipolar.

10. Relaciones ruso – japonesas.

El prof. Dugin indica la necesidad de Japón de liberarse de la influencia estadounidense y el apoyo de Japón como potencia regional soberana. Aquí es apropiado hablar del proyecto del eje “Moscú – Tokio” como parte integrante de la política asiática de Eurasia. “La alianza con Japón es vital – dice Alexander Dugin en su obra “Las bases de la geopolítica“- el eje Moscú-Tokio, contrariamente al eje Moscú-Beijing, es importante y proporciona tales perspectivas para la construcción del imperio continental que finalmente compondrá una Eurasia geopolíticamente completa, debilitando sumamente al mismo tiempo el imperio atlantista de Occidente, si no destruyéndolo finalmente”.

11. La geopolítica de la zona ártica.

Los siguientes países tienden a controlar esta zona: EEUU, Canadá, Noruega, Dinamarca y Rusia. Todos estos países (excepto Rusia) son miembros de la OTAN. Conquistando territorios en la región polar, y uniéndose a la carrera para explotar grandes depósitos de minerales, Rusia incluyó en sus planes futuros la creación de un sistema de comunicación y seguimiento en el Ártico a gran escala. Rusia reclama una zona polar con un tamaño de 1,2 millones de kilómetros cuadrados, con el entrante Polo Norte. En 2011, un valiente movimiento de los investigadores rusos que plantaron una bandera rusa en el fondo marino del Océano Ártico, fue muy publicitado por los medios de comunicación estadounidenses.

No hay duda de que entramos en una batalla por cambios fundamentales en las reglas del discurso político, realizando la tarea de socavar los principios básicos de la hegemonía occidental. La ejecución del proyecto multipolar, en contra de las consideraciones de los politólogos occidentales escépticos, depende del curso político al cual Rusia se adhiera. La elección hacia el eurasianismo muestra un acercamiento a la disposición de dar el siguiente paso en la construcción de un nuevo orden mundial.

(Traducción Página Transversal)

Fuente: Fourth Way Platform

 Extraído de: La Cuarta Teoría Política en español.

mardi, 09 juin 2015

Chine: routes de la soie et haute mer

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Chine: routes de la soie et haute mer

Auteur : Pepe Escobar
Traduit par jj, relu par Diane pour le Saker Francophone
Ex: http://zejournal.mobi

La semaine dernière, l’annonce par Pékin de son nouveau livre blanc militaire, qui présente une doctrine dépassant le concept de défense offshore pour aller vers une défense en haute mer, n’a pas manqué d’ébranler les certitudes de plus d’un tenant de l’exceptionnalisme états-unien.

Ce que l’on appelle également le projet de Nouvelle route de la soie – dénomination qui a toutes les connotations romantiques d’un certain âge d’or – ne se limite pas à de nouvelles routes, à des chemins de fer à grande vitesse, à des pipelines et à la fibre optique : c’est également un réseau maritime qui s’étend de l’Extrême-Orient au Moyen-Orient et à l’Europe.

Ainsi, l’expansion chinoise en haute mer, de la mer de Chine méridionale au Pacifique occidental et à l’océan Indien, devait être étroitement liée à la protection de la Route de la soie maritime.

Affaire conclue, c’est parti

À mesure que le réseau One Road, One Belt prend forme malgré sa complexité délirante, pas une semaine ne s’écoule sans que la Chine ne signe un nouveau contrat pour la construction d’un pipeline, d’une centrale électrique, d’un réseau de fibre optique ou encore d’une usine en vue d’accélérer l’intégration eurasienne – du Pakistan aux Stans d’Asie Centrale, en passant par tout ce qui relie, par le rail ou la route, la Chine occidentale à la mer d’Arabie et aux installations portuaires de la Corne de l’Afrique.

La logique commerciale qui sous-tend ce déferlement de contrats d’infrastructure est solide : il s’agit d’absorber l’énorme excédent de la capacité industrielle chinoise. Bien entendu, ce processus est étroitement lié à la stratégie énergétique complexe de Pékin, dont le leitmotiv est principalement d’échapper à Malacca 1

La coopération étroite de membres des BRICS tels que la Chine et l’Inde sera absolument décisive pour le succès de l’intégration eurasiatique. Ce processus est déjà en marche avec la banque des BRICS – la Nouvelle banque de développement – qui aura son siège à Shanghai et sera dirigée par un banquier indien. Ce n’est pas un hasard si l’Inde fait également partie des membres fondateurs de la BAII.

Le premier président de la BAII sera Jin Liqun, ancien vice-ministre des Finances et vice-président de l’Asian Development Bank (ADB), dont la direction est nippo-américaine. Les allégations des suspects habituels selon lesquelles la BAII sera une sorte de société secrète chinoise ne tiennent pas debout. Le conseil d’administration sera constitué de représentants de plusieurs puissances mondiales développées et en développement.

La BAII s’annonce déjà comme incontournable dans toute l’Eurasie. Il n’est pas surprenant que les Japonais, se sentant exclus, aient été contraints de relever la barre et d’annoncer l’intention de Tokyo de s’engager à hauteur de pas moins de 110 milliards de dollars dans le financement de projets d’infrastructures d’ici 2020. Le grand sujet de conversation du moment dans toute l’Asie est la guerre des infrastructures.

L’appel de l’Ouest

Il ne faut pas oublier que ce que j’ai appelé le Go West Young Han de l’expansion de l’influence commerciale de la Chine a en fait commencé dès 1999. La première étape s’est traduite par une vague de délocalisation d’usines de la province du Guangdong vers les provinces de l’intérieur. Au bout de quelques années, dans le Triangle du Guangdong – aujourd’hui beaucoup plus riche que bien des pays industriels –, des entrepreneurs soucieux du cycle de vie des produits se sont lancés dans une accélération technologique frénétique. Dans la mégalopole de Shenzhen, les autorités vont d’ailleurs jusqu’à repousser les entreprises moins axées sur la technologie vers la périphérie de la ville.

Dans le domaine des ports de marchandises, sur les dix plus grands ports du monde, pas moins de sept sont en Chine. À lui seul, ce chiffre est révélateur de la domination écrasante de la Chine dans le commerce maritime mondial.

En termes de gestion, le plan 125 – c’est-à-dire le 12e plan quinquennal chinois – expire en 2015. En Occident, peu de gens savent que les objectifs des sept domaines technologiques où la Chine voulait dominer ont été atteints et même, dans certains cas, dépassés. Le grand bond en avant technologique explique pourquoi la Chine est aujourd’hui capable de construire des réseaux d’infrastructures, chose qui semblait auparavant impossible.

Le prochain plan quinquennal s’annonce encore plus ambitieux. Il sera axé, entre autres conséquences de la restructuration du modèle économique de la Chine, sur le lancement par Pékin d’une vague de construction de nouvelles mégalopoles.

The China Dream, qui vient d’être publié par le professeur Liu Mingfu, un spécialiste de premier plan des questions militaires, donne une idée d’ensemble au moment de la montée en puissance de la Chine dans le domaine des infrastructures en Eurasie. Un clash avec les États-Unis semble désormais inévitable.

Les murmures de mécontentement incessants du Pentagone au sujet de la mer de Chine méridionale ne sont que la partie visible de l’iceberg (mortel), mer que Washington considère finalement comme un Grand Lac américain.

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Liu Mingfu, à l’instar d’autres grands analystes chinois, souhaiterait que Washington finisse par trouver un modus vivendi avec la superpuissance mondiale émergente, un peu comme l’Empire britannique a transféré sa domination maritime mondiale aux États-Unis au début du XXe siècle.

Cela n’arrivera pas. Dans l’immédiat, selon la doctrine du pivot vers l’Asie de l’administration Obama annoncé en 2011 par le Pentagone, l’endiguement sera musclé. Toutefois, cela ne marchera que si l’Inde, membre des BRICS, est entièrement solidaire. Et c’est assez peu probable.

En attendant, Washington va continuer d’être submergé de ce type d’analyse paranoïde d’un ancien conseiller stratégique du haut commandement US/OTAN en Afghanistan.

Pendant ce temps sur la Terre…

Ce qu’il faut retenir, et ce qu’a déjà fait une écrasante majorité des pays du Sud, c’est que la stratégie One Road, One Belt de la Chine vise avant tout à établir des relations commerciales équitables. Cette politique la situe à des années-lumière de ce que fait l’Empire avec ses bases militaires et sa sempiternelle guerre bushienne contre le terrorisme, ses infernales listes d’assassinats illégaux et ses bombardements de pays récalcitrants (généralement des républiques arabes séculaires) en vue de leur faire avaler la démocratie à leur sauce.

Le projet One Road, One Belt, immensément ambitieux, couplé à la protection par la marine chinoise des intérêts nationaux en haute mer, s’inscrit en droite ligne dans le plan directeur du Rêve chinois du président Xi Jinping. La meilleure manière de bâtir une société modérément prospère est de construire des infrastructures modernes à l’intérieur du pays avant de se tourner vers l’extérieur et le monde.

Une fois encore, la Chine exportera l’énorme excédent de sa capacité industrielle, poursuivra la diversification de ses sources d’approvisionnement en énergie et étendra son influence commerciale de l’Asie centrale à l’Europe en passant par l’Iran, la Turquie et la Grèce.

La Chine a les moyens financiers de résoudre l’un des problèmes les plus insolubles de l’Inde, à savoir la reconstruction de son infrastructure sclérosée. Dans l’idéal, ces deux membres des BRICS sont appelés à signer contrat sur contrat (d’infrastructure) aux côtés d’un autre membre, la Russie, et d’un Iran qui a regagné la confiance de l’Occident. Cela implique que tout ce qui a trait à la ou aux nouvelles Routes de la soie touche directement pas moins d’un tiers de la population mondiale. Zone d’influence, dites-vous ?

À Washington, on a beaucoup grondé que personne n’a droit à une zone d’influence – en dehors des États-Unis, bien entendu. Pourtant, les efforts économiques, financiers, diplomatiques et géopolitiques de Pékin en vue d’unifier l’Eurasie représentent la surenchère suprême dans l’exercice d’une influence mondiale. Finalement, la tactique habituelle inspirée des Romains, Divide et impera, appliquée par l’Occident, pourrait bien se révéler inopérante.

Notes du traducteur :

(1)Le détroit de Malacca est un passage obligé du trafic pétrolier vers tous les pays d’Extrême-Orient. Il est sous l’étroit contrôle de l’US Navy pour se procurer un maximum de pétrole et de gaz en contournant les eaux où patrouille la marine US.

Sa ruée vers l’Ouest, conséquence naturelle d’une politique officielle lancée en 1999 mais, à l’époque, limitée principalement au Xinjiang, conduit Pékin à s’ouvrir de plus en plus sur le monde. Pour s’en convaincre, il suffit de voir le nombre de pays orientaux et occidentaux qui ont intégré la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII).

samedi, 06 juin 2015

Le condominium Russie-Chine et la Nouvelle Route de la Soie font réfléchir le Maître de l’univers

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Le condominium Russie-Chine et la Nouvelle Route de la Soie font réfléchir le Maître de l’univers (Asia Times)

Quand les flottes russes et chinoises mènent conjointement des exercices navals en Méditérranée et en Mer de Chine de méridionale, les véritables Maîtres de l’univers qui ne sont peut-être pas météorologues commencent à flairer le sens du vent. L’histoire dira peut-être que tout a commencé cette semaine à Sotchi, lorsque leur camelot de service, le secrétaire d’État John Kerry, a rencontré le ministre des Affaires étrangères Lavrov, puis le président Poutine.

Ce qui a mis la puce à l’oreille des véritables Maîtres de l’univers, c’est sans doute la vue de ces soldats de l’Armée Populaire de Libération, défilant côte à côte avec les militaires russes sur la Place Rouge le Jour de la Victoire. Jamais on n’avait vu des troupes chinoises défiler sur la Place Rouge, même à l’époque de l’alliance entre Staline et Mao.

Comme rappel à l’ordre, c’est digne du système de défense antimissiles russe S-500. Les adultes dans les officines à Washington ont peut-être fait les calculs qui s’imposent et conclu que Moscou et Pékin pourraient être sur le point de signer des protocoles militaires secrets similaires au Pacte germano-soviétique (Molotov-Ribbentrop). Le nouveau jeu des chaises musicales a vraiment de quoi rendre fou de rage le « docteur Zbig » qui a fait de l’Eurasie son obsession.

Et voilà que soudain, en lieu et place de la diabolisation incessante de la Russie et des hauts cris de l’OTAN à propos d’une agression russe proférés toutes les dix secondes, nous avons Kerry qui dit que le respect de Minsk-2 est la seule façon de s’en sortir en Ukraine et qu’il mettra sérieusement en garde son vassal Porochenko de ne pas exécuter sa menace de bombarder l’aéroport de Donetsk et ses environs afin de réintégrer le tout dans le giron de la démocratie ukrainienne.

Le sempiternel réaliste Lavrov a qualifié la rencontre avec Kerry de « merveilleuse ». Pour sa part, le porte-parole du Kremlin Dmitry Peskov a décrit la nouvelle entente US-Russie comme « extrêmement positive ».

Ainsi donc, les tenants de la politique autoproclamée tentant d’éviter les « conneries » de l’administration Obama semblent avoir fini par comprendre, en apparence du moins, qu’isoler la Russie ne sert à rien et que Moscou ne reculera jamais sur deux fronts : pas question que l’Ukraine intègre l’OTAN et pas question que les Républiques populaires de Donetsk et Lougansk soient écrasées par Kiev, par l’OTAN et par qui que ce soit d’autre.

Ce dont il a été vraiment question à Sotchi (mais rien n’en est ressorti), c’est de déterminer comment l’administration Obama pourra se sortir du bourbier géopolitique dans lequel elle s’est elle-même enfoncée à la frontière occidentale russe sans trop perdre la face.

À propos des missiles…

L’Ukraine est un État en déliquescence maintenant converti en colonie du FMI. L’Union Européenne n’acceptera jamais de l’accueillir comme membre ou de payer ses factures astronomiques. Le véritable enjeu, aussi bien pour Washington que pour Moscou, c’est l’Iran. Ce n’est pas un hasard si la très suspecte Wendy Sherman, la négociatrice en chef des US dans les pourparlers sur le nucléaire entre l’Iran et le P5+1, faisait partie de la délégation accompagnant Kerry. Un accord détaillé avec l’Iran ne pourra être conclu sans la collaboration essentielle de Moscou sur tout, de l’élimination du combustible nucléaire usé à la levée rapide des sanctions imposées par l’ONU.

L’Iran joue un rôle clé dans le projet chinois des Nouvelles Routes de la Soie. Les véritables Maîtres de l’univers ont dû s’apercevoir (il était temps !) que tout gravite autour de l’Eurasie qui, c’était à prévoir, a volé la vedette lors de la parade du Jour de la Victoire le 9 mai. Après son arrêt d’une portée significative à Moscou (où il a signé 32 accords distincts), le président chinois Xi Jinping est allé conclure des ententes avec le Kazakhstan et la Biélorussie.

Bienvenue dans le Nouvel ordre mondial (des Routes de la Soie) : de Pékin à Moscou par TGV, de Shanghai à Almaty, Minsk et au-delà, de l’Asie centrale à l’Europe de l’Ouest.

Nous savons maintenant que cette aventure commerciale et géopolitique à vitesse grand V est inéluctable, avec la participation de la Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures (AIIB), sous la direction de Pékin avec l’appui de Moscou, et de la Banque de Développement des BRICS. L’Asie centrale, la Mongolie et l’Afghanistan (où l’OTAN vient de perdre une guerre) sont inexorablement attirés vers cette orbite commerciale et géopolitique qui englobe tout le centre, le nord et l’est de l’Eurasie.

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Ce qu’on pourrait appeler la Grande Asie est en train de prendre forme, non seulement de Pékin à Moscou, mais aussi de ce centre commercial qu’est Shanghai à la porte de l’Europe qu’est Saint-Pétersbourg. C’est la conséquence logique d’un processus complexe que j’examine depuis un certain temps déjà, c’est-à-dire la rencontre entre la Ceinture économique de la Route de la Soie et l’Union économique eurasiatique, menée par Moscou, que Poutine a décrite comme un nouveau genre de partenariat.

Les véritables Maîtres de l’univers ont peut-être remarqué aussi les discussions très approfondies entre Sergueï Choïgou, ministre de la défense russe, et le général Fan Changlong, vice-président de la Commission militaire centrale de la Chine. La Russie et la Chine comptent effectuer des exercices navals en Méditerranée et dans la mer du Japon, en donnant la priorité absolue à leur position commune en ce qui concerne le bouclier antimissile mondial des US.

À cela s’ajoute cet aspect non négligeable qu’est la découverte, par le Pentagone, que la Chine possède jusqu’à 60 silos de missiles balistiques intercontinentaux (les CSS-4) capables de frapper l’ensemble des US, à l’exception de la Floride.

Dernier point, mais pas le moindre, le déploiement par les Russes du système de défense antimissile ultra perfectionné S-500, qui protégera la Russie contre la Force de frappe mondiale rapide (Prompt Global Strike) des US. Chaque missile S-500 peut intercepter dix missiles balistiques intercontinentaux à une vitesse pouvant aller jusqu’à 24 912 km/h, atteindre une altitude de 185 km et parcourir une distance horizontale de 3 500 km. Moscou soutient que le système ne sera fonctionnel qu’en 2017. Si la Russie est capable de déployer 10 000 missiles S-500, ils seront en mesure d’intercepter 100 000 missiles balistiques intercontinentaux lorsque la Maison-Blanche aura un nouveau locataire.

Les véritables Maîtres de l’univers semblent avoir refait leurs calculs à ce chapitre aussi. La Russie ne peut être réduite en poussières. Le Nouvel ordre mondial (des Routes de la Soie) ne peut être changé. Il vaudrait peut-être mieux alors s’asseoir et discuter. Mais il est préférable de bien tenir votre bride (géopolitique), car ils pourraient encore changer d’idée.

La version française de US wakes up to New Silk World Order (Pepe Escobar / Asia Times) a été reproduite avec l’aimable autorisation du Saker francophone.

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vendredi, 05 juin 2015

China: Silk Roads and Open Seas

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China: Silk Roads and Open Seas

By Pepe Escobar
RT.com

Ex: http://www.lewrockwell.com

Beijing’s disclosure earlier this week of its latest military white paper, outlining a new doctrine moving beyond offshore defense to “open seas” defense, predictably rattled every exceptionalist’s skull and bone.

Almost simultaneously, in Guangzhou, the annual Stockholm China Forum, hosted by the German Marshall Fund and the Shanghai Institute for International Studies, was mired in deep thought examining the vast Eurasian integration project known in China as “One Road, One Belt”.

What is also known as the New Silk Road project – displaying all the romantic connotations of a remix of a golden era – is not only about new roads, high-speed railways, pipelines and fiber optics, but also about a naval network from East Asia all the way to the Middle East and Europe.

So Chinese maritime expansion in the “open seas” – from the South China Sea to the Western Pacific and the Indian Ocean – had to be intimately tied to protection of the Maritime Silk Road.

Got deal, will travel

As the maddeningly complex One Road, One Belt network takes form, not a week passes without China clinching pipeline/power station/fiber optic/ manufacturing plant deals to accelerate Eurasian integration – from Pakistan to the Central Asian “stans”, and including everything from a road/railway linking Western China to the Arabian Sea to naval hubs on the way to the Horn of Africa.

The business logic behind this flurry of infrastructure deals is sound: to absorb China’s enormous excess industrial capacity. This process is of course enmeshed with Beijing’s complex energy strategy, whose main mantra is the famous “escape from Malacca”; to obtain a maximum of oil and gas bypassing waters patrolled by the US.

As Beijing “goes West” – the natural consequence of an official policy launched in 1999, but at the time mostly concerning Xinjiang – it becomes increasingly more open to the world. Just check the array of East and West nations that joined the Chinese-led Asian Infrastructure Investment Bank (AIIB).

Close cooperation between BRICS members China and India will be absolutely key for the success of Eurasia integration. It’s already happening via the BRICS bank – the New Development Bank – that will be based in Shanghai and headed by an Indian banker. It’s not by accident that India is also a founding member of the AIIB.

AIIB’s first president will be Jin Liqun, a former deputy finance minister and former vice-president of the Japanese/American-led Asian Development Bank (ADB). Complaints by the usual suspects that AIIB will be a secret Chinese club are nonsense; the board making decisions includes several developed and developing world powers.

Across Eurasia, AIIB is bound to be the place to go. No wonder the Japanese, feeling excluded, were forced to raise the bar, announcing Tokyo is willing to commit a whopping $110 billion to finance infrastructure projects across Asia until 2020. The talk of the town – actually many mega-towns – across Asia is now all about the “infrastructure wars”.

Dreaming of going West

It’s fascinating to remember that what I called the Go West Young Han story of China’s expanding its trade/commercial clout actually started back in 1999. The first stage was a wave of factories moving from Guangdong province to the inward provinces. After a few years, in the Guangdong Triangle Area – which is now much wealthier than many an industrialized nation – product life-cycle timeline entrepreneurs embarked on frantic technology acceleration. Within the megalopolis of Shenzhen, the authorities actually push lower tech companies to move out of the downtown core area.

In terms of container ports, of the top 10 largest global ports no less than seven are based in China. That’s a graphic indication of China’s overwhelming predominance in maritime trade.

In terms of management, the 125 plan – that is, the 12th Chinese 5-year plan – expires in 2015. Few in the West know that most of the goals encompassing the seven technology areas China wanted to be leading have been achieved and in some cases even superseded. That technology leap explains why China can now build infrastructure networks that previously were considered almost impossible.

The next five-year plan is bound to be even more ambitious. It will focus, among other items, on Beijing’s drive to build a wave of huge new cities, a by-product of China’s restructuring of its economic model.

The China Dream, a new book by Professor General Liu Mingfu – a top military analyst – offers the Big Picture as China’s infrastructure drive across Eurasia gathers pace. A clash with the US is all but inevitable.

The Pentagon’s non-stop rumblings about the South China Sea are just the tip of the (lethal) iceberg; after all Washington considers it an American lake.

Li, as well as other leading Chinese analysts, would like to think Washington eventually finds a modus vivendi with the emerging superpower – as in relinquishing sovereignty, much as the British Empire did to the United States in the early 20th century.

That’s not going to happen. For the foreseeable future, according to the Obama administration’s own “pivoting to Asia”, announced in 2011 at the Pentagon, it will be hardcore containment. That might work only if BRICS member India is totally on board. And that’s quite unlikely.

In the meantime, Washington will continue to be submerged by this type of paranoid analytics, perpetrated by a former strategic adviser to the top US/NATO commander in Afghanistan.

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Check that sphere

The crucial point, already absorbed by the overwhelming majority of the Global South, is that China’s One Belt, One Road strategy is all about trade/commerce/”win-win” business; nothing remotely similar to the Empire of Bases, the never-ending “war on terra”, “kill lists”, and bombing recalcitrant nations (usually secular Arab republics) into “democracy.”

The immensely ambitious One Belt, One Road project, coupled with the Chinese Navy protecting its national interests in the “open seas”, fit into President Xi Jinping’s Chinese Dream in terms of a business master plan. The best way to build a “moderately prosperous society” is by building modern infrastructure internally and by reaching out to the world externally.

Once again, China will be exporting its massive surplus industrial capacity, will keep diversifying its energy sources and will extend its commercial influence from Central Asia all the way to Europe via Iran, Turkey and Greece.

China has the funds to solve one of India’s absolutely intractable problems – the rebuilding of its creaky infrastructure. The optimal scenario sees these two BRICS nations involved in deal after (infrastructure) deal, side by side with BRICS member Russia and “rehabilitated by the West” Iran. This means everything revolving around the New Silk Road(s) directly affecting no less than one-third of the world’s population. Talk about a “sphere of influence.”

There has been many a rumbling in Washington, ruling no one is entitled to a “sphere of influence” – except the US, of course. And yet Beijing’s economic, financial, diplomatic and geopolitical drive to unite Eurasia is the ultimate bid for a global sphere of influence. Against it, the usual Western, Roman-based Divide et Impera tactic may finally not work.

Reprinted from Russia Today.

dimanche, 31 mai 2015

China’s New Roads to Russia

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China’s New Roads to Russia

I know of no comparable global Great Project to equal what is now unfolding, bit-by-bit, as China reveals more about her Silk Road Economic Belt high-speed railway infrastructure network. And it’s now clear that the road will be filled with entire new cities, industrial zones, construction, improving standards of living for hundreds of millions of people previously abandoned. The implications for founding a new global alternative to the bankrupt dollar system are immense.

The Chinese don’t dither around when they’ve reached a consensus. The project of President Xi Jinping to develop a new economic space across Eurasia from Beijing to the borders of the European Union, which he unveiled during one of his first foreign visits as President in 2013 in Kazakhstan, is now known as the New Silk Road Economic Belt.

The project is emerging as the centerpiece of a renaissance in infrastructure construction that will transform and lift the entire world economy for decades. For the economic space encompassing China and Asia, a recent study estimated that over the next years some $8 trillion of infrastructure investment will be needed to bring those economies into modern standards of commerce and development.

A rail renaissance

China began several years ago drawing up plans for a colossal Eurasian and Asian rail infrastructure series of high-speed railroads to provide a future alternative to transport trade to the world. In 2010 Wang Mengshu of the Chinese Academy of Engineering revealed in an interview that China was examining plans to construct a high-speed railway system that will weave together high-speed rail links across Asia and Europe by 2025.

That same year China began what then was the first leg of three planned rail legs. The domestic Chinese part of one route starts in Kunming in Yunnan Province and runs south to Singapore. A second route starts in Urumqi, capital of the Xinjiang Uyghur Autonomous Region, and connect Central Asian countries such as Kazakhstan, Uzbekistan and Turkmenistan with Germany. A third line will connect the city of Heilongjiang in northern China with Eastern and Southern European countries via Russia. At that time China’s aim was to create a pan-Asian rail network to connect 28 countries with 81,000 kilometers of railways.

With Chinese diligence, the country began buying the state-of-the-art high-speed rail equipment from Germany, France, Japan and Canada. By 2010 China had developed its own high-speed rail systems, with advanced trains which run at over 350 kilometers per hour. By 2012 China had built 42 high-speed lines inside China, conceived in their national planning as preparation to launch the greater Eurasia and Asia expanded rail links. China understands the economic value of infrastructure as few nations today. Given the extent of deployment internally since then, today China stands to become the world’s leading exporter of advanced high-speed railway technology to the nations of Asia and Eurasia including Russia, Kazakhstan and Belarus.

On September 7, 2013 in a speech before Kazakhstan President Nursultan Nazarbayev, China’s newly-installed President Xi proposed, for the first time officially, his global New Silk Road strategy, suggesting that China and Central Asia join to build a “Silk Road Economic Belt” to boost cooperation.

Xi proposed that Kazakhstan and other relevant Central Asian countries, including Russia, increase communication and promote regional economic integration in terms of both policy and law. He proposed concretely that China and Central Asian countries compare notes on their respective economic development strategy and work together to formulate plans and measures for regional cooperation. Xi also said that they should work to improve traffic connectivity to open the strategic regional thoroughfare from the Pacific Ocean to the Baltic Sea, and set-up a network of transportation that connects Eastern, Western and Southern Asia. Xi also proposed trade be done with local-currency settlement and not via the US dollar to improve their immunity to financial risks from US future financial warfare, the kind of financial warfare the US Treasury initiated around that time against Iran oil payments and in March 2014 against Russia.

At that time Russia was focused on the war in Syria, on hosting the showcase Sochi Winter Olympics and had not yet clearly formulated its own Eurasian Economic Union in detail. The US coup d’etat in Ukraine that began with Maidan Square protests in November 2014 and escalated into a de facto war situation on the part of NATO against Russia since then, dramatically concentrated Russian energies on developing alternative strategies and firm partners and allies to withstand what were clear threats to Russia’s very existence as a sovereign nation. At the same time China was being confronted by US encirclement in the East China Sea and across Asia known as Washington’s military “Asia Pivot,” aka China Pivot strategy, of containing China’s future economic and political emergence. Ironically, those very US escalations of military pressure brought the two giants of Eurasia—China and Russia—closer together than ever in history.

New Silk Road begins

Those events, which no one could have clearly foreseen in 2010, catalyzed the most dramatic series of changes in world geopolitics since May, 1945. Only this time, as the American Century is sinking in debt and economic depression, Eurasia is rapidly emerging as the most dynamic and far the largest and richest region in the world in terms of resources and especially human resources.

This fact was underscored by the recent visit of China president Xi to three key member countries of the Eurasian Economic Union. A day before Xi was to be one of the honor guests at the May 9 Victory Day celebrations, he had closed door talks with Vladimir Putin. After those talks Putin announced that the two countries had signed a decree on cooperation in connecting the development of the Eurasian Economic Union with the Silk Road Economic Belt project. “The integration of the Eurasian Economic Union and Silk Road projects means reaching a new level of partnership and actually implies a common economic space on the continent,” Putin said.

China agreed to also invest $5.8 billion in the construction of the Moscow-Kazan High Speed Railway, a major boost at a critical time for a project that will be extended to China through Kazakhstan, a part of the route of the new Silk Road project. The total cost of the Moscow-Kazan high speed railroad project is $21.4 billion.

Wasting no time, on May 13, China Railway Group announced it had won a $390 million contract from Russia to build the Moscow-Kazan high-speed railway which is to be further extended to China as part of the new Silk Road project. A consortium led by China Railway with two Russian companies will jointly survey and conduct regional development planning and design for the Moscow–Kazan segment of the Moscow–Kazan–Yekaterinburg high-speed railway line in 2015-2016 according to a report from RT in Moscow.

Chinese participation in the planned Moscow-Kazan. Ekaterinburg High-Speed Rail segment will integrate Russia into the New Silk Road Economic Belt

The day before, on May 7, China’s Xi was in Astana meeting with Kazakhstan President Nazarbayev to concretize Kazak participation in the New Silk Road. China, Kazakhstan and Russia are all founding members of the Shanghai Cooperation Organization as well. Construction on the China-Kazakh part of the New Silk Road high-speed rail line is already underway from China’s side.

The visits of Xi to Kazakhstan and Russia were followed with a three day visit of Xi to Belarus on May 10. Belarus is geographically a critical potential link in a more peaceful world, between the countries of the European Union and the Eurasian countries within the developing New Silk Road project. After their meetings Belarus President Alexander Lukashenko announced he too had agreed to make Belarus a platform for the development of the New Silk Road Economic Belt. Lukashenko revealed that 20 years before as a member of the Parliament of the new independent Belarus as the Soviet Union dissolved he made a visit to China: “I adopted China’s step-by-step economic reform style in Belarus…” That puts the three key countries of the new Eurasian Economic Union—Russia, Kazakhstan, Belarus—fully in the New Silk Road Economic Belt project.

Opening Eurasia to real development

One intriguing and potentially very strategic side benefit of the vast Silk Road Eurasian Economic Union integration that has just been decided will be the dramatic change in the development possibilities of some of the world’s richest undeveloped raw materials, including of gold. Russia and Central Asian states hold perhaps the world’s largest reserves of every imaginable metal and minerals.

Both China and Russia have been building their central bank gold reserves as rapidly as possible. Economic exploitation of gold reserves in Central Asia could become a significant support for that effort.

During Soviet times gold was part of Soviet National Bank reserves but considered a “capitalist relic.” After 1991, in the chaotic collapse of the Soviet Union, Western intelligence agencies in cooperation with Italian organized crime and criminal former Soviet senior bureaucrats organized the theft of the entire gold reserves, more than 2,000 tons of bullion, from the Soviet Gosbank vaults, a crime announced by bank chairman Geraschenko, himself reportedly a secret participant in the theft, to an astonished Russian parliament.

Since Putin became president in 1999, the Russian central bank has been steadily restocking its central bank gold. Today according to official IMF statistics, Russia’s Central Bank has managed to accumulate 1238 Tons of gold reserves. In April alone Russia bought 30 tons.

The existence of central bank gold reserves has been shrouded in mystery for the country allegedly the world’s largest gold reserve holder, the US Federal Reserve Bank. In 2011 IMF Director General Dominique Strauss-Kahn demanded an independent physical audit of Federal Reserve gold. The Federal Reserve gold has never been audited. Strauss-Kahn reportedly had information that the 8000 tons of gold reported to be held by the US was gone.

The IMF head became concerned reportedly after the United States began “stalling” its pledged delivery to the IMF of 191.3 tons of gold agreed to under the Second Amendment of the Articles of Agreement to fund what are called Special Drawing Rights (SDRs). Some days later a bizarre hotel sex scandal forced the abrupt resignation of Strauss-Kahn and an end to IMF calls for a gold audit.

Whatever the true state of US Fed gold reserves, it’s clear that both Russia and China are stocking gold bullion to back their currencies as they carefully create a new architecture to replace the US dollar system.

Despite US financial warfare efforts, Russia state finances are also remarkably healthy in comparison with those in the West. In the USA government debt officially is well over $17 trillion or 105% of GDP. Greek debt is 177% of GDP. The Eurozone countries average debt to GDP is 91% and Germany 74%.

In Russia state debt is about 18% of GDP. China’s debt is around 43% according to latest IMF data.

Belarus, Kazakhstan, Russia and China have all substantially increased their official gold reserves since the first quarter of 2000. Now it emerges that gold is intended to be a vital element in the OBOR—One Bridge, One Road—Silk Road project.

At a Dubai commodities conference in April this year, Albert Cheng, Managing Director of the World Gold Council, revealed that China is consciously looking to integrate its search for gold with the Silk Road economic project over the next ten years. He cited a statement from Xu Luode, President of Shanghai Gold Exchange and a National People’s Congress (NPC) delegate who proposed to integrate gold market development into the strategic development plan of Silk Road Economic Belt at the March, 2015 meeting of the Chinese Central Committee. He suggested a mechanism to involve major gold producers and users along the new rail routes through Kazakhstan and Russia. He also proposed that the Chinese government’s development of those resources make the Shanghai Gold Exchange the trading hub, and be integrated into the Silk Road Economic Belt plan.

The opening of the new network of Eurasian high-speed rail infrastructure will open entire new areas of mineral riches to development. On May 11, 2015, China’s largest gold mining company, China National Gold Group Corporation (CNGGC), signed an agreement with Russian gold miner Polyus Gold to deepen ties in gold exploration. Announcing the deal, Song Xin, general manager of CNGGC and President of the China Gold association, said, “China’s Belt and Road Initiative brings unprecedented opportunities for the gold industry.” Song Yuqin, Deputy General Manager of the Shanghai Gold Exchange stated, “The gold trade is expected to become a significant component of transactions by ‘Belt and Road’ countries.”

The Eurasian region in fact holds every conceivable mineral and rare earth metal known in vast quantities. That will now become economically feasible to develop with presence of high-speed freight rail infrastructure.

The Great Silk Road Economic Belt is clearly going to happen and fast. The emerging reality of the network of New Silk high-speed rail infrastructure, a wide-spanning network of road and rail links between all Asian and Central Asian nations, will be the heart of a new economic world. It is a well-known phenomenon of economics that as transportation infrastructure is developed there is a stronger GDP growth in each connected nation, a multiplier effect as entire new markets grow up. Clearly Eurasia is the place to be as Vladimir Putin and Xi Jinping have demonstrated.

F. William Engdahl is strategic risk consultant and lecturer, he holds a degree in politics from Princeton University and is a best-selling author on oil and geopolitics, exclusively for the online magazine “New Eastern Outlook”.
First appeared: http://journal-neo.org/2015/05/28/china-s-new-roads-to-russia/

jeudi, 28 mai 2015

La Russie étend son influence au sud

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La Russie étend son influence au sud

Auteur : The Saker
Ex: http://zejournal.mobi

La Russie projette d'inviter l'Inde, le Pakistan et l'Iran dans l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). C'était en discussion depuis longtemps, mais cette fois, c'est officiel : Sergei Lavrov vient de déclarer que lors du prochain sommet des pays membres de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), la Russie proposera d'entamer le processus menant à l'adhésion de l'Iran comme membre effectif, ainsi que de l'Inde et du Pakistan.

Petit rappel. Les pays suivants sont actuellement membres de l’OCS : Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, Russie, Tadjikistan et Ouzbékistan ; les pays suivants sont actuellement observateurs et, par conséquent, candidats possibles : Afghanistan, Inde, Iran, Mongolie et Pakistan, tandis que le Belarus, le Sri Lanka et la Turquie sont des partenaires de dialogue. La prochaine future OCS inclurait donc, comme membres titulaires : la Chine, l’Inde, l’Iran, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Pakistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan.

Il est important de rappeler que l’OCS est une organisation de sécurité incluant une forte composante militaire. Alors que son objectif principal est la coordination des États membres dans leur lutte contre le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme, l’OCS a mené un certain nombre d’exercices militaires. L’OCS n’est pas une alliance militaire formelle, mais elle compte en son sein des pays qui sont membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à savoir la Russie, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Nous pourrions dire très approximativement que la fonction de l’OCS est similaire à celle de l’OTAN alors que celle de l’OTSC peut se comparer à celle du Grand Quartier général des puissances alliées en Europe (Supreme Headquarters Allied Powers Europe – SHAPE). Cette comparaison n’est pas à prendre à la lettre, mais de même qu’en Europe nous pouvons observer une alliance économique (l’UE), une alliance politique de sécurité (OTAN) et un commandement purement militaire (SHAPE), nous voyons en Asie l’Union économique eurasiatique (UEE), qui est l’alliance économique, l’OCS comme organisation politique de sécurité, et l’OTSC, l’organisation purement militaire.

Inutile de dire que tout cela horrifie positivement la Maison Blanche : non seulement les États-Unis se sont opposés à la création de l’OCS, de l’OTSC et de l’UEE à chaque étape du processus, mais la consolidation de ces organisations est une illustration vivante de leur perte d’influence et de puissance. Les États-Unis ont tenté de le bloquer, ils ont exercé des pressions énergiques pour empêcher quiconque d’y adhérer et ont même tenté de l’ignorer – et ils ont échoué : l’OCS croît en augmentant ses membres et son influence.

Pour dire les choses clairement, les États du BRICS sont maintenant parvenus à lancer un défi direct à l’hégémonie économique des États-Unis sur notre planète.  Les gens de Washington commencent à prendre lentement conscience de l’ampleur de la menace à laquelle l’Empire est confronté.

Ces développements illustrent aussi le contraste dramatique entre les méthodes et les objectifs diplomatiques des États-Unis et de la Russie. Alors que les États-Unis favorisent la méthode classique du diviser pour mieux régner, la Russie privilégie la méthode unir et diriger, conçue pour réunir d’anciens ennemis (comme l’Inde et le Pakistan ou la Chine et l’Inde) et construire de larges coalitions.

La perspective que l’Iran rejoigne l’OCS est perçue par Washington comme une provocation ouverte, un soufflet au visage de l’Empereur, tout particulièrement à un moment où les États-Unis et le royaume d’Arabie saoudite sont en guerre au Yémen, précisément dans le but de contenir l’Iran (évidemment, contenir la Russie, la Chine et l’Iran en même temps n’était pas un plan très intelligent, pour commencer!).  La réponse des États-Unis est prévisible : punir tous ceux qui sont impliqués dans le chaos. Cette fois, c’est la minuscule Macédoine qui fait l’objet de l’agression US (via les terroristes du Kosovo membres de l’UCK téléguidée par la CIA) avec l’intention délibérée d’envoyer à tout le monde le message suivant : mettez-vous du côté de la Russie et vous le payerez très cher. Il y a donc eu des avertissements d’analystes russes sur les risques des entraînements d’ISIS/EI en Géorgie ou une reprise de l’insurrection tchétchène, mais cette fois, avec le soutien direct des Ukronazis. Oncle Sam tente apparemment de frapper la Russie dans son ventre mou, mais ce plan n’a aucune chance de réussir parce qu’un tel ventre mou n’existe plus.

Le mythe de ventre mou de la Russie

Parmi les nombreux mythes de la géopolitique ancien style, il y avait le fameux ventre mou de la Russie. Pour être honnête, il y avait un peu de vérité là-dedans, mais pas beaucoup. Aujourd’hui, cependant, c’est tout à fait faux.

En réalité, les résultats combinés des deux guerres en Tchétchénie, de la guerre en Géorgie, de la guerre civile en Ukraine, de la menace terroriste au Daghestan, de l’insurrection wahhabite au Tadjikistan et du chaos provoqué par les États-Unis en Irak ont tous contribué à la définition et à la mise en œuvre d’une politique à long terme de la Russie pour cuirasser son maillon faible.

La toute première manifestation de cette politique a été la décision de déployer la division d’élite motorisée 201 au Tadjikistan en soutien direct aux gardes qui surveillent la frontière russo-tadjike.  Plus tard, cette décision a été rebaptisée 201e Base, pour refléter les compétences uniques de cette unité. Actuellement, des sous-unités de cette base sont cantonnées dans trois villes tadjikes, d’où elles couvrent toutes les zones sensibles. La 201e est, selon tous les standards, une force formidable, de loin supérieure à tout ce que le Tadjikistan ou l’Afghanistan pourraient déployer. Mais les Russes ont fait un pas de plus : les capacités récemment testées des forces aéroportées russes à se déployer en quelques heures au Tadjikistan ; sans aucun avertissement, des éléments de la 98e Division aéroportée ont été mis en alerte et transportés avec tout leur équipement et leurs armes au sud du Tadjikistan.

Cet exercice a été spécifiquement mené sous l’égide des forces de réaction rapide du CSTO et était destiné à tester la capacité russe de projeter sa puissance militaire exactement à la frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan.

Actuellement, la position russe en termes de sécurité à l’égard de l’Afghanistan repose sur les éléments suivants : d’abord, maintenir de bonnes relations avec la population tadjike du nord de l’Afghanistan ; ensuite, renforcer les gardes-frontière et les forces armées régulières tadjiks en leur fournissant des instructeurs et de l’équipement ; déployer des troupes de gardes-frontières russes aux côtés de leurs collègues tadjiks ; puis maintenir une puissance de combat pugnace sous la forme de la 201e Base et, enfin, être prêt à renforcer cette 201e avec des forces aéroportées. Résultat, la Russie est maintenant capable de déployer un groupe de combat extrêmement puissant en 48 heures n’importe où, à l’intérieur ou à proximité du Tadjikistan.

Un autre exemple du ventre blindé de la Russie est la non moins formidable 58e armée basée dans et autour de la Tchétchénie, dont le récent record au combat comprend la défaite des Tchétchènes wahhabites en 2000 et celle de l’armée géorgienne en 2008.  La 58e armée est l’une des mieux entraînées et équipées des forces russes. Aujourd’hui, elle peut aussi compter sur le soutien total des forces tchétchènes loyales à Ramzan Kadyrov, et qui sont sans aucun doute les forces armées les mieux entraînées et les plus expérimentées du Caucase. Si les fous d’ISIS/EI tentent de pénétrer dans le Caucase (disons, par la Géorgie), ils se heurteront à une force militaire extrêmement puissante, qui serait supérieure à tout ce que la Syrie ou l’Irak pourraient déployer.

Enfin, il y a la Flotte de la mer Noire, considérée à l’époque soviétique comme la moins capable et, franchement, la moins importante des quatre Flottes soviétiques (Nord, Pacifique, Baltique et, en dernier, mer Noire – par ordre d’importance). Maintenant, avec la guerre civile en Ukraine et après la guerre en Géorgie, la flotte en mer Noire a retrouvé de l’importance, spécialement comme Flotte de Crimée. Les dirigeants russes ont annoncé qu’ils renforceront considérablement non seulement le groupe de forces en Crimée, mais également la Flotte de la mer Noire.

La solution choisie par la Russie a été la création, en Crimée, d’un groupement militaire séparé comprenant 96 formations et unités, dont la tâche inclura non seulement la protection des intérêts russes en mer Noire et dans le district fédéral de Crimée, mais aussi la réponse aux défis sur toute la distance de la zone maritime. En d’autres termes – projection de puissance.

La forteresse de Crimée, la Flotte de la mer Noire, la 58e armée et la 201e Base font toutes partie d’une nouvelle ceinture de force solidement blindée sur le ventre de la Russie, qui est tout à fait prête à faire face à toute menace venant du sud.

Conclusion

Au cours des dernières décennies, la Russie a investi des ressources considérables dans le développement d’une politique à multiples dimensions vers le Sud et l’Est. Au niveau politique, des organisations telles que l’OCS, l’OTSC et les BRICS forment un réseau d’alliances sur le soutien desquelles la Russie peut compter. Sur un plan militaire, la Russie a installé des verrous militaires sur son flanc sud en mer Noire, au Caucase et en Asie centrale et a développé ses capacités d’envoyer des renforts puissants à ces verrous. En effet, la Russie a créé un cordon sanitaire pour se protéger elle-même de l’instabilité sur sa frontière méridionale.  Cette combinaison de mesures politiques et militaires a donné à la Russie un haut niveau de souplesse pour répondre à n’importe quelle crise ou défi.

- Source : The Saker