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mardi, 11 mars 2014

Le Martyre du Kosovo

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« Le Martyre du Kosovo » de Nikola Mirković

par Camille Galic

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com

« Les Serbes résiduels n’y constituent plus qu’une infime minorité assiégée et menacée de disparition résultant d’un véritable “nettoyage ethnique” ».

Il n’est question que de la Crimée et de son séparatisme qui, encouragé par le Kremlin, provoque l’indignation de toutes les chancelleries occidentales. « Il faut que l’Europe soit très ferme », déclare Laurent Fabius cependant que Washington réclame l’envoi « immédiat » d’observateurs de l’OSCE (Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe) pour « veiller au respect de l’intégrité territoriale » de l’Ukraine. Et si l’on reparlait du Kosovo, foyer national arraché à la Serbie par les mêmes Occidentaux qui y tolèrent parfaitement les persécutions infligées à ses occupants légitimes, désormais ultra-minoritaires, et sa transformation en plaque tournante de tous les trafics, y compris la traite humaine ?

Ignorance crasse ou omerta, les médias, qui, aujourd’hui, félicitent le président Obama et son secrétaire d’Etat John Kerry pour leur fermeté vis-à-vis de la Russie menacée de sanctions économiques si elle ne met pas immédiatement un terme à ses menées en Crimée, semblent avoir oublié comment les Etats-Unis d’Amérique, nonLivre contents de s’être emparés de la Californie et du Texas hispaniques, suscitèrent une insurrection armée dans la province colombienne de Panama, qui fit bientôt sécession et devint indépendante, puis chassèrent les Espagnols de Cuba en 1898 à la faveur d’une provocation annonçant Pearl Harbour et les armes de destruction massive attribuées à l’Irak. De la vieille histoire ? Certes, mais l’invasion américaine, intervention la plus importante depuis la Guerre du Vietnam, sur l’île antillaise de la Grenade, indépendante depuis 1974 et où les intérêts nationaux états-uniens n’étaient nullement menacés, ne date, elle, que de 1983.

Une partition plébiscitée : celle de la Serbie

Quant à l’éventuelle partition de l’Ukraine, que redoutent tant nos démocrates qui, dès le 25 février, y mettaient un veto formel, elle a un précédent plus récent encore : celle de la Serbie, amputée du Kosovo (que, dans les années 1970, on appelait encore Kossovo, traduction du cyrillique Kocobo, avant que ne prime la graphie anglo-saxonne), proclamé indépendant le 17 février 2008 par le toujours premier ministre Hashim Thaçi avec la bénédiction de la « communauté internationale » et sous la protection de la KFOR, force d’interposition otanesque.

Le Martyre du Kosovo, titre de l’indispensable livre du Franco-Serbe Nikola Mirković *, dure maintenant depuis plus de six siècles. Depuis ce jour de juin 1389 où, à Kosovo Polje, le Champ des merles, les armées du prince Lazare furent défaites par celles du sultan turc Murat Ier. En quelques décennies, cette « Vieille Serbie » riche et prospère, sur laquelle la dynastie des Némanjides a édifié plus de quinze cents églises et monastères – dont ceux, admirables, de Gracanica et de Veliki Decani –, se voit occupée et en partie ruinée. La situation s’aggrave encore après la chute de Byzance, le joug ottoman n’ayant alors plus de freins. Soumis à des tributs extravagants et au système du devchirmé – l’enlèvement d’enfants mâles déculturés et islamisés pour alimenter le corps des janissaires – le pays s’étiole et pâtit d’un important exode vers le nord, 37.000 familles s’exilant pour échapper aux exactions, aux conversions forcées et au massacre.

Substitution de population

Et le pire est à venir : à partir du XVIIe siècle, les voisins albanais jusqu’ici chrétiens se convertissent en masse à l’islam et, en récompense, reçoivent « les terres fertiles des Serbes » et « des postes importants dans le gouvernement ottoman ». Dès lors, commente Nikola Mirković, « la physionomie religieuse et ethnique du Kosovo et de la Métochie (province ecclésiastique autour du patriarcat de Peć) commence à changer sensiblement. Quarante-deux grands vizirs du régime sont albanais et font preuve d’une brutalité et d’une violence inouïes à l’égard de leurs anciens coreligionnaires chrétiens ». De plus, ils encouragent évidemment l’afflux des « Shkipetars » (fils du Pays des Aigles) sur le territoire serbe. Pourtant peu favorable aux orthodoxes, l’archevêque catholique Mathieu Massarek déplore cette substitution de population à la vue des villes désormais « pleines de mahométans albanais turcisés, de bandits et de tueurs qui se déchirent entre eux, exerçant la terreur » sur les chrétiens. Il est à noter que, depuis la plus haute antiquité, le Kosovo n’avait jamais été albanais et la meilleure preuve en est que le nouvel Etat porte toujours son nom slave évoquant les merles, Kosova, une seule lettre ayant été changée. Il s’agit donc non d’une reconquête mais d’une spoliation pure et simple, le gouvernement communiste de Tito ayant poursuivi l’entreprise des Turcs en favorisant la ruée des Albanais vers le Kosovo, et en accordant à celui-ci, par la constitution de février 1974, un statut autonome dans une « égalité de droit » avec la Serbie, toujours suspectée de nationalisme.


Une « guerre juste » menée par un « Ange miséricordieux » ?


Est-ce pour cela que, quand Belgrade tenta en 1997-98 de « briser des velléités séparatistes » dont les conséquences allaient se révéler incalculables sur les plans historique, économique et géopolitique, l’Armée de libération du Kosovo (UÇK, dont le futur premier ministre Thaçi était l’un des chefs) bénéficia de tant de protections bien qu’elle fût considérée, aux USA notamment, comme une organisation terroriste ? Toujours est-il que, sous prétexte de prévenir un « nouveau génocide » contre lequel les opinions publiques occidentales étaient ameutées depuis des mois, l’OTAN lança de mars à juin 1999, et « sans mandat de l’ONU », une guerre aérienne qui ravagea la Serbie : « 82 ponts sont détruits, toutes les raffineries pétrolières, 14 centrales thermoélectriques, 13 aéroports, 20 gares ferroviaires et 121 usines sont anéantis », rappelle l’auteur. Et il faudrait ajouter des milliers d’immeubles abattus lors de ces frappes dites « chirurgicales » – ainsi que, à Belgrade, la tour de la télévision, l’ambassade de Chine et une partie de la cathédrale russe. Le pays tel qu’il m’apparut en août 1999, alors que je m’y étais rendue régulièrement depuis 1965 (y compris au Kossovo), était méconnaissable. Et dire que l’opération avait pour nom de code « Ange miséricordieux»!


Un Etat riche… et mafieux


Reste à connaître les motifs d’un tel acharnement, qu’avait précédé une telle accumulation de mensonges. Car « Fer à cheval », le fameux « plan génocidaire » prétexte à l’agression était un faux, concocté à Berlin sous l’égide du chancelier SPD Schröder. Quant aux « immenses charniers » décrits par le Français Kouchner et Bernard-Henri Lévy promus ministres de la (propagande de) guerre, les Américains Madeleine Korbel-Albright, William Cohen (respectivement secrétaire d’Etat et secrétaire à la Défense de Bill Clinton) ou James Rubin, les observateurs de l’ONU (que l’on s’efforcera de faire taire) constateront plus tard, trop tard, qu’ils ne contenaient en fait que quelques dizaines de corps chacun – de guérilleros de l’UÇK et non de civils. Reprenant l’analyse d’Aymeric Chauprade selon laquelle, avec « Ange miséricordieux », l’OTAN a tracé une « ligne continue » visant de l’Adriatique à l’Afghanistan à « ceinturer la Russie » pour la priver de tout accès aux mers chaudes, Méditerranée et mer Noire, Nikola Mirković y ajoute d’autres raisons : la dépendance de nos pays vis-à-vis des Etats pétroliers du Golfe qui ont importé le wahhabisme au cœur des Balkans et la richesse minière du Kosovo lorgnée par les compagnies internationales et singulièrement américaines, celles-ci préférant négocier avec des gouvernements profondément corrompus, qu’elles tiennent en outre par leur connaissance de leur lourd passé terroriste et mafieux. Car si, voici cinquante ans, le pavot était l’emblème du Kosovo, sa culture est maintenant généralisée et fonctionne à plein régime, sous l’œil indifférent de la KFOR, les usines assurant sa transformation en héroïne, qui envahit l’Europe et rapporte au nouvel Etat « plus de 3 milliards d’euros par an ». De même les « filles de l’Est », qui forment désormais les gros bataillons de la prostitution dans l’Union européenne, sont-elles souvent sous la coupe de Kosovars, également très actifs comme passeurs d’immigrés en Italie et, de là, sur tout notre continent.


Thaçi, grand manitou du trafic d’organes


Et pendant ce temps, le martyre du Kosovo perdure. En 2008, la Suissesse Carla del Ponte, ancien procureur général au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie créé à seule fin de juger les crimes de l’ancien président serbe Slobodan Milosevic (mort en mars 2006 en détention aux Pays-Bas) sortait, sous le titre La Chasse, moi et les criminels de guerre (**), une véritable bombe. Elle affirmait dans ce livre, preuves à l’appui, que « des Serbes et des non-Albanais ont été transportés en 1999 du Kosovo jusqu’en Albanie où […] des chirurgiens prélevaient leurs organes ensuite envoyés depuis l’aéroport de Tirana vers des cliniques à l’étranger ». « Les dirigeants des deux niveaux : intermédiaires et élevés de l’UÇK, étaient […] impliqués de manière active dans la contrebande des organes », précisait Mme Del Ponte, dont les accusations ont été confirmées par son compatriote Dick Marty, sénateur et rapporteur au Conseil de l’Europe, qui a officiellement adopté son rapport, accablant notamment pour Hashim Thaçi. L’indéboulonnable premier ministre, accusait M. Marty, « doit sans aucun doute son ascension au soutien politique et diplomatique des Etats-Unis et d’autres puissances occidentales » – dont, pour notre plus grande honte, la France. Submergée par l’immigration, la France devrait en effet réfléchir au destin du Kosovo où les prolifiques Albanais, qui ne formaient que 2% de la population au XIVe siècle, sont aujourd’hui ultra-majoritaires (90%) au Kosovo. Tandis que les Serbes résiduels, de plus victimes de la « peste blanche » qu’est la dénatalité, n’y constituent plus qu’une infime minorité assiégée et menacée de disparition résultant d’un véritable « nettoyage ethnique ».


Camille Galic, 6/03/2014


http://www.polemia.com/le-martyre-du-kosovo-de-nikola-mirkovic/


Notes :


(*) Nikola Mirković, Le Martyre du Kosovo, Editions Jean Picollec, novembre 2013, préface de Jean-Louis Tremblais, avec deux cartes, index, 196 pages.
(**) Carla del Ponte, La Chasse, moi et les criminels de guerre, Editions Héloïse d’Ormesson, 2009, 648 pages

 

lundi, 10 mars 2014

Le origini interne della strategia geopolitica statunitense

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Le origini interne della strategia geopolitica statunitense

di Giulia Micheletti

Fonte: eurasia [scheda fonte]

 

“[…] ma se dobbiamo usare la forza, è perché noi siamo l’America: siamo la nazione indispensabile.”

Le parole di Madeleine Albright, Segretario di Stato durante la seconda amministrazione Clinton, sono state analizzate, criticate, citate in innumerevoli articoli, saggi e libri sugli Stati Uniti. Sebbene estrapolata dal contesto in cui venne usata, questa frase descrive con grande precisione e puntualità non solo il pensiero comune retrostante la politica estera statunitense, ma anche e soprattutto una visione del mondo, unica nella storia delle relazioni internazionali contemporanea.
È inoltre un buon punto di partenza per ripensare la strategia geopolitica degli Stati Uniti, visualizzandola come prodotto di processi più interni che internazionali. Le teorie classiche delle relazioni internazionali considerano solo Stati e organizzazioni come agenti che interagiscono con la struttura internazionale. Poco spazio è dedicato all’analisi dei processi formativi di politica estera, considerata variabile indipendente e non rilevante a fini esplicativi e di teorizzazione. Utilizzando invece l’analisi della politica estera si può comprendere la genesi e la natura della politica estera di un singolo Paese, e come agisce sul campo internazionale. Esaminando le variabili che intervengono nei processi decisionali, si può interpretare l’azione esterna degli Stati Uniti, e la loro postura geopolitica, come risultato di dinamiche e modelli comportamentali domestici. Si può dunque ipotizzare che, utilizzando le teorie dell’analisi della politica estera, e particolarmente il modello della rivalità burocratica e il modello del processo decisionale elitario, si possano meglio comprendere le difficoltà che gli Stati Uniti incontrano nell’operare un riassetto strategico e geopolitico che vada oltre schemi decisionali residui della Guerra Fredda.

 

Uno di questi residui cognitivi ed emotivi è perfettamente riflesso nelle parole della Albright: gli Stati Uniti si sono assunti il compito di “poliziotto del mondo”, e nella coscienza collettiva statunitense la percezione di essere “eccezionali” è forte e ben radicata. L’eccezionalismo americano è un concetto fondamentale per l’identità statunitense: un Paese nato da una guerra di liberazione coloniale non può non essere destinato, agli occhi dei cittadini, a essere un modello di libertà per il resto del mondo e ad avere la missione di rimodellare il mondo a propria immagine. È da quest’idea di “eccezionalità” che deriva la propensione “missionaria” degli Stati Uniti di promozione della democrazia; né d’altro canto è sorprendente che da essa derivi anche un’enfasi persistente sulla propria supremazia nell’ordine globale. Le ultime due affermazioni sono tra di loro collegate: un Paese eccezionale, che, secondo l’ottica occidentale, godrebbe del miglior sistema democratico del mondo, ha non solo la responsabilità di essere un buon esempio per gli altri Paesi, ma ha anche la responsabilità di controllare e sorvegliare l’ordine internazionale. Non è dunque un caso che in ogni National Security Strategy, il documento che delinea l’indirizzo strategico statunitense, obiettivo costante è il mantenimento dell’influenza globale (intesa sia come soft power che come tradizionale proiezione del potere) degli Stati Uniti; influenza che garantirebbe, dunque, autorità agli Stati Uniti e permetterebbe loro di legittimare le proprie azioni a livello internazionale.

 

Questo particolare modo di concepire se stessi e la realtà internazionale spiega l’atteggiamento unilaterale che gli Stati Uniti privilegiano negli affari internazionali: gli interventi internazionali, le guerre in Iraq e in Afghanistan, la gestione ambigua e discontinua della questione iraniana, e una certa propensione a considerare con distacco le regole e normative imposte dalla struttura internazionale. Certi atti di politica estera possono essere interpretati come sintomi di imperialismo o effetti di una cultura politica realista; si può invece ipotizzare che la costanza e la coerenza di tali atti sia dovuta a un mancato ripensamento di schemi cognitivi e interpretativi. Ciò avviene a causa di modalità di decisione disfunzionali che hanno luogo a livello dell’esecutivo, e in particolare nei gruppi e dipartimenti burocratici preposti a definire la politica estera statunitense.

 

Molto è stato scritto in tempi recenti sui cosiddetti BRICS, sulla loro ascesa nell’arena internazionale, sul ruolo che in essa possano avere, e sull’incertezza che Paesi come la Cina, la Russia o anche il Brasile possano accettare di entrare a far parte di una struttura internazionale la cui architettura è di origine prevalentemente statunitense. Questo dibattito è spia di un processo in atto, di cui difficilmente si potrà invertire la rotta: il passaggio da un sistema unilaterale a un sistema multilaterale. Questo passaggio comporta sicuramente una nuova dimensione diplomatica, che sia inclusiva e negoziale, nell’approccio agli affari internazionali; potrebbe comportare una ridefinizione delle norme che ne regolano lo svolgimento. La politica estera statunitense nell’ultima decade ha segnalato una certa confusione riguardo a questo processo: la “dottrina Bush” era su un versante completamente unilateralista, mentre l’amministrazione Obama ha prodotto dei cambiamenti, ma non ha chiarito il ruolo degli Stati Uniti in un nuovo mondo multilaterale. La mancanza di chiarezza sul ruolo statunitense (nazione indispensabile o partner multilaterale?) ha impedito un serio ripensamento della postura geopolitica e strategica degli Stati Uniti: in questo senso il pivot verso l’Asia è la ripetizione di un vecchio schema, che ha come obiettivo il mantenimento di una posizione di supremazia, mascherato da cambiamento strategico. Gli Stati Uniti si muovono sullo scacchiere internazionale secondo una logica da Guerra Fredda, che impone supremazia militare ed economica e strategie regionali tese a proteggere incondizionatamente i Paesi alleati. Cosa impedisce un ripensamento di questo modello anacronistico di concepire le relazioni internazionali?

 

La fine della Guerra Fredda non ha solo lasciato gli Stati Uniti nella posizione di unica superpotenza globale, ma ha riportato in vita conflitti etnici, nazionali e religiosi rimasti sopiti per oltre quarant’anni. Questa situazione di micro e macro-conflittualità regionale ha lasciato perplessa una nazione entrata nella scena internazionale con la prima grande guerra, e divenuta superpotenza dopo la seconda: l’approccio statunitense è sempre stato globale, non regionale. La difficoltà nell’interpretare fenomeni vecchi e nuovi, slegati da un contesto di balance of power internazionale, ha causato una grande confusione strategica negli anni ’90, confusione che è solo peggiorata dopo l’attacco terroristico dell’11 settembre 2001. Incapaci di interpretare il terrorismo come un fenomeno tattico, e non strategico, gli Stati Uniti lo hanno sostituito al comunismo come nuova minaccia esistenziale e hanno dato il via alla disastrosa politica mediorientale di inizio millennio. Il contesto mediorientale si presta bene all’analisi di una politica estera restia a ripensamenti strategici e ideologici, poiché alla difficoltà di creare un nuovo ruolo per gli Stati Uniti nella regione si aggiunge un radicato “orientalismo” come ulteriore complicanza. Il concetto di orientalismo, sviluppato dal teorico post-colonialista Edward Said, ripensa la contraddizione tra Est e Ovest interpretandola come il risultato di una distorsione intellettuale operata da scrittori, teorici e politici occidentali, i quali hanno contribuito a creare una percezione dell’Oriente (e del Medio Oriente) come insieme di realtà “altre”, stereotipate e immutabili. L’orientalismo americano, ben presente nella coscienza collettiva dei gruppi decisionali, segue questa teorizzazione classica e vi aggiunge elementi di profonda sfiducia e diffidenza nei confronti della religione islamica.

 

Vecchi schemi cognitivi sono dunque vivi e persistenti nella politica estera statunitense. La difficoltà nel sostituirli trova una spiegazione nel particolare modello decisionale adottato dagli Stati Uniti, modello che esalta la funzione dell’esecutivo, in primo luogo nella figura del presidente, e ne incoraggia la natura elitaria, favorendo dunque fenomeni come rivalità burocratiche e “groupthink”. Combinati con la pervicacia del Congresso nella difesa della natura “eccezionale” degli Stati Uniti, questi modelli possono gettare luce sulle modalità disfunzionali con cui la politica estera viene decisa e dunque, di conseguenza, su quanto la stessa politica estera sia, una volta implementata, fallace o fallimentare.

 

Il concetto di groupthink è stato elaborato da Graham Allison nel 1969, e prende come esempio la crisi missilistica cubana per esaminare le dinamiche decisionali in un gruppo elitario. In questo modello, gli individui che operano in un gruppo ristretto tendono a conformarsi al pensiero maggioritario, eliminando l’elaborazione critica e la valutazione oggettiva dei dati. Diverse variabili intervengono in questo processo, e il suo risultato dipende anche dalla personalità del presidente, dall’accessibilità o meno di agenti esterni al gruppo, dal tipo di gerarchie che si stabiliscono e dalla sua struttura interna. Questo modello è utile soprattutto in caso di crisi internazionali, dove il potere è nelle mani del presidente e del suo entourage, che consiglia e fornisce informazioni. La presenza di groupthink è più probabile in gruppi coesi, ed è stato notato che il modello si adatta bene all’esecutivo statunitense. Ovviamente i consiglieri presidenziali sono stakeholder nel gruppo: ognuno di loro avanza la proposta che meglio si accorda con i propri interessi (siano essi politici, economici, ideologici, personali) ed entra in conflitto con gli altri. La soluzione di questo conflitto può essere il compromesso, o la paralisi decisionale, in casi di minore coesione interna. Se il gruppo è invece più coeso, la soluzione di politica estera è spesso una decisione maggioritaria. Dunque la conformità, o il minimo comun denominatore, determinano la politica estera: in entrambi i casi il dissenso e la ricerca di nuovi metodi e interpretazioni sono ostacolati dal groupthink.

 

Il modello della decisione politica elitaria spiega molte delle decisioni prese dagli Stati Uniti riguardo la regione mediorientale. Nel suo ultimo libro, Fawaz Gerges pone l’accento sulla cronica mancanza di esperti di area nell’entourage presidenziale. Ciò è vero per ogni area del mondo, e dunque anche per il Medio Oriente; cosa comporta per lo sviluppo di una politica estera efficace? Gli esperti di area conoscono le sfaccettature e le dinamiche di una regione, e sarebbero dunque in grado di fornire una valutazione corretta delle informazioni e di suggerire risposte complesse a problemi complessi. Rappresentano però una parte minoritaria dei gruppi decisionali, dove il prevalere di un processo decisionale conforme impedisce la ricerca di nuove soluzioni e lo sviluppo di nuove strategie.

 

Al modello del groupthink va aggiunto il modello delle rivalità burocratiche. In presenza di rivalità burocratiche, la politica estera è la soluzione o la mediazione di un conflitto tra diversi rami e dipartimenti governativi: ciascuno di essi ha un’idea precisa, e diversa, di cosa sia l’interesse nazionale e di come dovrebbe essere perseguito: da queste differenti definizioni nascono i conflitti burocratici. Il Congresso, il Dipartimento di Stato, il personale diplomatico, la comunità dell’intelligence sono spesso in conflitto con e di fronte all’esecutivo per quanto riguarda la politica estera. Un facile esempio è l’approccio alla questione del nucleare iraniano: in questo caso, il Congresso, dove la pratica del lobbismo è diffusa (in questo caso fu forte la spinta all’intervento da parte dell’American Israel Public Affairs Committee) fece pressioni per un intervento armato, durante l’amministrazione Bush, mentre la CIA e il Dipartimento di Stato si espressero duramente contro questo tipo di soluzione. Le rivalità burocratiche, in ogni caso, emergono più facilmente in contesti di rilevanza minore, quando è assente la pressione dettata dall’urgenza di una crisi internazionale. Questo tipo di modello può essere utilizzato per spiegare i contrasti che spesso dividono esecutivo e Congresso, e può spiegare l’estrema riluttanza da parte di quest’ultimo a partecipare alla stesura di norme internazionali, e di conseguenza a rispettarle. Innumerevoli trattati, che diplomatici statunitensi hanno contribuito a redigere, non sono mai stati ratificati dal Congresso, una mancanza giustificata da una presunta minaccia alla sovranità nazionale degli Stati Uniti. Sembra dunque logico affermare che il Congresso crede prioritario il mantenimento dello status di nazione super partes nel consesso internazionale.

 

Unendo le due teorie, emerge la grande complessità del processo decisionale di politica estera statunitense. La rivalità tra Congresso ed esecutivo, aggravata nell’ultimo decennio dall’inasprimento della lotta partitica, è parte della difficoltà nel generare una postura geopolitica corretta: la supremazia statunitense e la superiorità alle regole internazionali mal si adattano a uno scenario globale multilaterale. A questo malfunzionamento politico si aggiungono gli effetti del groupthink e l’impatto deviante che hanno sull’elaborazione di una politica estera efficace e dinamica. Conformità, mancata elaborazione critica, difetti di informazione e persistenza di schemi cognitivi usurati guidano la politica estera seguendo schemi di comportamento familiari e non problematici. Nuove soluzioni, originate da schemi cognitivi rinnovati, non sono né cercate né trovate.

 

La strategia geopolitica statunitense può dunque essere interpretata come prodotto di processi domestici. È a causa loro che gli Stati Uniti faticano a ridefinire l’idea di se stessi e del loro ruolo nel mondo e, di conseguenza, ad adottare una nuova visione strategica che tenga conto delle esigenze e dei problemi di un mondo multipolare.

 

*Giulia Micheletti è laureata in Geopolitics and Grand Strategy presso la University of Sussex


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Pourquoi les Allemands n’ont guère envie de se fâcher avec Poutine

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Pourquoi les Allemands n’ont guère envie de se fâcher avec Poutine

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com

 
La Russie fournit un tiers du gaz naturel et du pétrole [consommé par] l’Allemagne. Et leurs économies sont si imbriquées que l’idée même de sanctions effraient les champions de l’exportation.
 
Sanktionen nein danke ! S’il est un patronat qui veut éviter toute sanction économique contre Moscou, c’est bien l’allemand. Les deux économies sont tellement imbriquées que Berlin aurait énormément à perdre. Les échanges entre l’Allemagne et la Russie s’élèvent à près de 80 milliards d’euros (4 fois plus que la France).
 
L’hebdomadaire Wirtschaftswoche résumait cette semaine : “Plus de 6.000 entreprises, de la multinationale aux PME, sont présentes en Russie, où elles ont investi directement plus de 20 milliards. 300.000 emplois dépendent en Allemagne de ces échanges“. Berlin est le deuxième fournisseur de Moscou, après Pékin (la France, 8ème).
 
D’ailleurs jeudi 6 mars, alors que la crise ukrainienne battait son plein et que le Kremlin ne semblait pas disposé à faire baisser la tension, Sigmar Gabriel, ministre de l’économie et Vice chancelier est allé à Moscou, en voyage officiel et a rencontré Poutine. Cette visite “prévue de longue date“, a-t-on précisé à Berlin, portait sur la “politique énergétique et de développement économique“. Elle va tout à fait dans le sens de la diplomatie allemande : pas de coup de menton, un pragmatisme qui respecte les intérêts bien compris de chacun.
 
Des sanctions qui pourraient coûter cher
 
Car la Russie pourvoit aux besoins énergétiques de notre voisin : elle lui fournit 31% de son gaz naturel (contre moins de 10% en France) et 35 % du pétrole qu’elle consomme. En échange, l’Allemagne lui vend des biens pour une valeur d’une quarantaine de milliards d’euros, essentiellement des machines-outils, de la chimie et des automobiles. Metro, Volkswagen, BMW ou Daimler sont des acteurs de poids.
 
Tout au long de la semaine, la presse Outre Rhin y est allée de ses avertissements contre les sanctions, comparées par exemple à “un poison coulant dans le sang“, par le quotidien Süddeutsche Zeitung. “Chaque sanction a son prix“, mettait en garde le quotidien des affaires Handelsblatt, en écho à l’hebdomadaire Focus qui parlait de “spirale des sanctions“.
 
L’économiste star, Wener Sinn, patron de l’institut de Munich IFO, estimait, quant à lui que les représailles économiques contre Moscou mettraient en danger la transition énergétique allemande, qui rend le pays “encore plus dépendant des importations russes“.
 
Schröder fait du [lobbying] pro-russe
 
Le 3 mars, l’ex chancelier Gerhard Schröder était à l’ambassade d’Allemagne à Paris devant un parterre de politiques et d’hommes d’affaires français. Soucieux de pacifier le débat, il a émis des doutes sur l’utilité des armes économiques. “A quoi servirait d’appeler au boycott de la Russie, alors que l’on ignore qui va en pâtir le plus ?“, avait notamment déclaré ce proche de Poutine, qui appelle le patron du Kremlin son “ami” et qui l’a invité à la fête de ses 60 ans.
 
Il n’est pas le seul Allemand proche de Moscou. Plusieurs politiques et hommes d’affaires de premier plan se sont reconvertis dans le lobbying pour la puissance orientale. Dernier en date, Peter Löscher, ancien président de Siemens qui vient tout juste d’être embauché par un oligarque.
 
 

L’Inde soutient la Russie dans la crise ukrainienne

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L’Inde soutient la Russie dans la crise ukrainienne

Ex: http://www.dedefensa.org

Notre estimé MK Bhadrakumar attire notre attention sur une intervention du conseiller de sécurité nationale du gouvernement indien Shivshankar Menon (notamment rapportées par le Times of India de ce 7 mars 2014). Menon estime que la Russie a des “intérêts légitimes” en Crimée, ce qui revient, pour le moins, à “comprendre” avec une nuance presque approbatrice la position russe en Crimée et vis-à-vis de la crise ukrainienne.

Cette position indienne est doublement surprenante, d’une part parce qu’elle marque un engagement inhabituel de ce pays dans une crise majeure, contre le bloc BAO et les USA, d’autre part parce qu’elle surpasse largement le “soutien” ambiguë de la Chine à la Russie. La Chine favorise en général les coups d’arrêt à l’hégémonie du bloc BAO, ce qui implique un certain soutien à la Russie, mais se montre intraitable sur la question du principe de la souveraineté, ce qui porte une ombre sur ce soutien dans la circonstance présente, – et bien qu’il reste à savoir qui est investi et protecteur de ce principe lorsqu’on mesure les circonstances ayant mené à la chute de Ianoukovitch ... (Selon MK Bhadrakumar, «China is indulging in doublespeak. Its propaganda apparatus queers the pitch for the West’s confrontation with Russia and, in fact, blatantly admits that Moscow is also fighting China’s cause by resisting western hegemony, while at the same time, Beijing’s diplomacy marks a careful distance from the Russian stance and takes to the high ground of ‘principles’.»)

La position indienne est une marque de plus des bouleversements en cours dans la situation internationale, avec surprises et désordre à mesure... Voici comment Bhadrakumar salue cette prise de position de son pays, lui qui est rarement tendre pour l’équipe au pouvoir, le 7 mars 2014 sur son Indian PunchLine) :

«The National Security Advisor Shivshankar Menon’s remark to the effect that Russia has “legitimate interests” in the Ukraine developments, as much as other interests are involved, is a statement of fact at its most obvious level.

»Russia’s interests in a stable, friendly Ukraine are no less than what India would have with regard to, say, Nepal or Bhutan. Delhi simply cannot afford to have an unfriendly government in Kathmandu or Thimpu, and it is hard to overlook the gravity of Russian concerns that ultra-nationalists staged a violent coup in Kiev. But Menon’s statement inevitably becomes a big statement, not only because he is a profoundly experienced and thoughtful scholar-diplomat but also given the high position he holds and his key role as an architect of India’s foreign policy in the recent years. Simply put, he is India’s voice on the world stage.

»To be sure, what Menon said will reverberate far and wide and would have been the content of many coded cables relayed by the antennae atop the chancelleries in Chanakyapuri to the world capitals yesterday. The point is, what Menon said is one of the most significant statements made by Delhi in a long while regarding the contemporary international situation. No doubt, the Ukraine is a defining moment in the post-cold era world politics and by reflecting on its templates, Menon voiced India’s concern over the dangerous drift in world politics...»

dimanche, 09 mars 2014

L'Allemagne, future puissance européenne tournée vers l'Est?

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L'Allemagne, future puissance européenne tournée vers l'Est?
 
Conséquence de l’affaire Ukraine-Crimée

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Que se passe-t-il ? L'Otan ne forme même plus des officiers loyaux dans ses cours ! Les nouvelles autorités euro compatibles de Kiev voient, en effet, leur armée se réduire de jour en jour. Hier, c’était le chef de la marine ukrainienne, l’amiral Denis Berezosvki, qui prêtait allégeance aux autorités pro-russes de Crimée. Puis, le gouvernement de Crimée a annoncé le ralliement de la 204ème brigade d’aviation de chasse des forces aériennes d’Ukraine dotée d’avions de chasse MiG-29 et d’avions d’entraînement L-39. Selon les autorités de Crimée, 800 militaires déployés sur la base aérienne de Belbek sont passés dans le camps du « peuple de Crimée ». Au total 45 avions de chasse et 4 avions d’entraînement se trouvent sur l’aérodrome. Précédemment dans la journée, les autorités de Crimée avaient annoncé que plus de 5 000 militaires des troupes de l’Intérieur, du service de garde-frontière et des forces armées d’Ukraine étaient passés aussi sous leur commandement. On parle donc de 22.000 militaires ukrainiens et plusieurs dizaines de systèmes de missiles sol-air S-300, passés sous l'autorité du gouvernement de la république autonome de Crimée. C'est pour Poutine, sans faire même couler le sang, un exploit et pour l'Otan, un sérieux revers et surtout un beau manque de loyauté après tous les cocktails servis !
 
Ainsi, toute la journée du 4 mars, on a suivi de part et d'autre la frégate Hetman  Sahaydachny, vaisseau amiral des forces navales d'Ukraine, entrer dans le détroit des Dardanelles. Quel pavillon battait-elle ? Pavillon ukrainien ? Pavillon russe ? A un moment, la presse russe avait indiqué que la frégate  refusait de suivre les ordres de Kiev et arborait le pavillon de Moscou. De son côté, le ministère de la Défense ukrainien démentait les allégations selon lesquelles le Hetman Sahaydachny aurait pris le parti de la Russie. On en est donc là à une guerre de pavillons en Mer Noire ! 

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Craignant un coup d'Etat comme à Kiev, les habitants de Crimée ont créé des comités d'autodéfense et pris le commandement des unités militaires locales. Le Conseil suprême de Crimée avait déjà décidé, fin février, de tenir un référendum sur l'élargissement des pouvoirs de la république autonome ukrainienne de Crimée. Initialement fixée au 25 mai, la date du référendum a depuis été avancée au 30 mars. Par ailleurs, le premier ministre de Crimée, Sergueï Aksenov a renouvelé sa demande d'aide légitime et légale au président russe Vladimir Poutine. L’Otan quant à elle ne devrait pas intervenir en Crimée, mais selon le politologue russe, Alexandre Douguine, une filiale d’Academi (les ex-Blackwater d'Irak), Greystone Limited, aurait déjà débuté son déploiement en Ukraine. Les mercenaires arriveraient par groupe, en civil, avec de lourds paquetages, à l’aéroport de Kiev, d’où ils seraient envoyés vers Odessa. C'est eux que l'on évoquait hier.
 
L'Allemagne nouvelle puissance européenne d'équilibre 

Que se passera-t-il ? Les médias surenchérissent et dramatisent mais cela s'éclaircit et rappelle ironiquement l'épopée syrienne terminée par une victoire diplomatique russe et une humiliation des Etats-Unis et de la France. La France menace la Russie de sanctions, mais Laurent Fabius est  coincé: la Russie lui a fait immédiatement savoir, par ambassadeurs interposés, que cela entraînerait de facto la suspension immédiate de ses contrats militaires avec Paris, soit la suspension immédiate de la commande faite à la France en 2011 de deux bâtiments BPC (bâtiment de projection et de commandement) de type Mistral, plus une option pour deux autres. La France à genoux économiquement n'a plus les moyens de ses menaces.
 

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Petit à petit, l'unanimité européenne face à la Russie se lézarde. Londres est de plus en plus eurosceptique et pense aussi à son économie : qui paiera la partition de l'Ukraine ? Londres tient un double langage. Alors que David Cameron menaçait Vladimir Poutine il y a quelques jours de «conséquences économiques, politiques, diplomatiques et autres» (sic), une note confidentielle du Ten Downing Street a fuitée permettant réellement de douter de sa sincérité. On y lit que le Royaume-Uni «ne doit pas, pour l'instant, soutenir de sanctions commerciales contre la Russie ou lui bloquer la City». Le texte recommande également de «décourager» toute discussion de représailles militaires notamment à l'Otan !
 
Au sein de l'Union Européenne, ce sont donc les Allemands devenus pro-russes qui mènent la danse ! Pourquoi ? L'Allemagne est d'abord le premier exportateur vers la Russie. 35% du gaz et 35% du pétrole consommés en Allemagne viennent de Russie. L'Allemagne sait que la Crimée est, pour la Russie, non négociable. Comment ne pourrait-elle pas le savoir ? Enfin, et ce n'est pas négligeable dans les relations internationales, l'Allemagne n'a pas apprécié les propos de Nuland mais surtout l'espionnage par Prism des conversation téléphoniques d'Angela Merkel. N'oublions pas qu'Angela Merkel parle russe (Poutine parle aussi couramment allemand) et qu'elle a été élevée en RDA. Elle connaît presque intimement le caractère et la valeur de chef d'état de Poutine.
 
La crise ukrainienne risque d'avoir par ricochets un drôle d'effet collatéral, un effet choc pour l'Union Européenne. Elle accélère le rapprochement à l'est de l'Allemagne, une Allemagne qui se tournera donc de plus en plus vers l'Est et non vers la France. Or, sans le couple franco-allemand, l'UE n'est plus rien. Il est inutile de rappeler les liens historiques entre l'Allemagne et la Russie et d'évoquer ici la reconnaissance allemande toujours forte envers l'Union Soviétique de Gorbatchev qui a rendu possible la réunification. Les liens entre l'Allemagne et la Russie sont naturels et stratégiques: la Russie est maintenant incontournable pour l'Allemagne puissance. Enfin, le potentiel des relations économiques avec la Russie est pour l'Allemagne sans commune mesure  avec ce qu'elle peut attendre maintenant de son partenaire français en voie de paupérisation et de déliquescence manifeste. Tous les politiciens et les hommes d'affaires allemands en sont bien conscients. Ils misent maintenant tous sur l'essor d'un marché à l'Est qu'ils connaissent en plus très bien. La partition de l'Ukraine pourrait même être carrément négociée secrètement avec la Russie, la partie non russophone offrant ainsi à Berlin sur un plateau d'argent une main d'œuvre très bon marché et plus proche de la main d'œuvre chinoise qui, par ailleurs, se renchérit !

Alors, la France dans tout ça ?... 

Le porte-parole du Quai d’Orsay sait-il au moins que la pointe extrême de la Crimée abrite Sébastopol, le grand port militaire russe fondé par Catherine II en 1783 ?  Sans doute mais il feint l'ignorance pour tomber dans la caricature grossière et  outrancière de Poutine. Dans toute la crise, la France a été  indécrottable dans l'idéologie et Bernard-Henri Lévy, l'émissaire à peine voilé de Fabius. 

La France n'a en fait plus aucune vision des relations internationales sauf des obsessions idéologiques, des idées fixes. C'est là l'effondrement des compétences diplomatiques pour paraphraser le texte de notre collaborateur Raoul Fougax. Il en va de même aux Affaires étrangères comme à l'Intérieur ou à l'Education. La France voit des Hitler partout, même sous les sofas des Ambassadrices ! Elle ne peut du coup rien récolter sauf quelques lauriers jaunis pour les Droits de l'Homme. La France s'est ainsi coupé de l'Allemagne pragmatique. C'est donc l'Allemagne et non la France qui conforte à l'Est sa place d’interlocuteur européen privilégié de la Russie.

Aux sources de l’idéologie sioniste

Robert STEUCKERS:

Aux sources de l’idéologie sioniste

Extrait d’une conférence sur le Proche Orient, prononcée à la tribune du “Cercle Proudhon” à Genève, avril 2010

Le sionisme suscite l’enthousiasme dans une bonne part de la communauté juive, tous pays confondus, chez les “chrétiens sionistes” américains, qui sont des fondamentalistes protestants, et chez les occidentalistes et les atlantistes de toutes obédiences (de gauche comme de droite). En revanche, pour beaucoup d’autres, et a fortiori dans les pays arabes et les communautés arabo-musulmanes immigrées dans les pays occidentaux, le sionisme est considérée comme une forme de racisme juif dont les victimes sont les Arabes de Palestine. Une vive passion s’est emparée de toutes les discussions relatives à cette question, tant et si bien que les parties prenantes de ce débat ont une vision généralement propagandiste et militante sur le fait sioniste, oublieuse, comme toutes les autres visions propagandistes et militantes, des racines historiques du complexe d’idées qu’elles exaltent ou qu’elles vouent aux gémonies. L’esprit partisan est toujours rétif aux démarches généalogiques. Il répète à satiété ses “ritournelles”, sans tenir compte ni du réel ni du passé.

Le Prince de Ligne et Napoléon

ottoman.gifNotre position ne peut être ni propagandiste ni militante car nous ne sommes ni juifs ni arabes, car nous ne pouvons raisonnablement nous identifier aux uns ou aux autres, tout en étant désireux de ne pas voir l’ensemble du Levant et du Moyen Orient plongé dans une guerre sans fin, qui, dans tous les cas de figure, serait contraire à nos intérêts. Le sionisme, c’est-à-dire la volonté de transplanter tous les juifs d’Europe dans l’ancienne Palestine romaine ou ottomane, n’a pourtant pas, au départ, des origines juives. Le tout premier à avoir émis l’hypothèse d’une telle transplantation est mon compatriote, le Feldmarschall impérial Charles-Joseph de Ligne, envoyé comme attaché militaire autrichien auprès de Catherine II la Grande en guerre contre l’Empire ottoman, auquel elle arrachera la Crimée, sanctionnant ainsi la prépondérance russe en Mer Noire. A cette époque qui a immédiatement précédé les délires criminels de la révolution française, Russes et Autrichiens envisageaient de porter un coup final à cet empire moribond qui avait assiégé l’Europe du Sud-Est pendant plusieurs siècles. Pour y parvenir, le Prince de Ligne a suggéré d’envoyer toute la population des ghettos d’Europe centrale et orientale dans la partie médiane de l’Empire ottoman, de façon à ce qu’un foyer de dissidence se crée, au bénéfice des Russes et des Autrichiens, entre l’Egypte, province de la Sublime Porte, et l’Anatolie proprement turque. L’objectif de ce “sionisme” ante litteram, non idéologique et non religieux mais essentiellement tactique, était donc de séparer l’Egypte de la masse territoriale anatolienne, sur un territoire, qui, dans l’histoire antique, avait déjà été âprement disputé entre les Pharaons et les souverains hittites (bataille de Qadesh) voire, aux temps des Croisades européennes, entre Fatimides d’Egypte, alliés occasionnels des rois croisés, et Seldjouks.

La révolution française, fomentée par Pitt pour venger la défaite de la flotte anglaise à Yorktown en 1783 lors de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, va distraire Russes et surtout Autrichiens de la tâche géopolitique naturelle qu’ils s’étaient assignée: parfaire la libération de l’Europe balkanique, hellénique et pontique afin de conjurer définitivement la menace ottomane. Napoléon Bonaparte, fervent lecteur des lettres galantes et coquines du Prince de Ligne, reprendra l’idée à son compte, sans pouvoir la réaliser, sa campagne d’Egypte s’étant soldée par un fiasco total avec la défaite navale d’Aboukir. En occupant provisoirement l’Egypte, Bonaparte s’oppose à l’Empire ottoman, déjà considérablement affaibli par les coups que lui avaient portés les armées russes et autrichiennes près d’une vingtaine d’années auparavant. Les visées françaises sur l’Egypte obligent, d’une part, les Anglais à soutenir les Ottomans (aussi contre les Russes qui font pression sur les Détroits) et, d’autre part, Napoléon à envisager de créer une sorte d’Etat-tampon juif francophile entre une future Egypte tournée vers la France et la masse territoriale anatolienne et balkanique, d’où étaient généralement issus les meilleurs soldats ottomans, dont les pugnaces janissaires et leurs successeurs. L’enclave juive devait servir à protéger le futur Canal de Suez encore à creuser et les richesses du Nil, notamment les cultures du coton, richesse convoitée par la France révolutionnaire. Le militant sioniste de droite Jabotinski, ancêtre intellectuel des droites israéliennes, faisait directement référence à ces projets napoléoniens dans ses écrits militants, marqués par des linéaments idéologiques bonapartistes, garibaldistes et... mussoliniens. Mais les projets du Prince de Ligne et de Bonaparte resteront lettre morte. Ce sionisme non juif et purement tactique sera oublié pendant plusieurs décennies après la défaite napoléonienne à Waterloo et les dispositions prises lors du Traité de Vienne.

Lord Shaftesbury

Le projet sera réexhumé dès la fin des années 30 du 19ème siècle quand l’Empire ottoman sera déchiré par une guerre interne, opposant le Sultan d’Istanbul, soutenu par l’Angleterre, et Mehmet Ali, d’origine albanaise, khédive d’Egypte appuyé par la France. A Londres, Lord Shaftesbury relance l’idée dans les colonnes de la revue Globe et dans un article du Times (17 août 1840); il réclame dans ces publications “a land without a people for a people without a land” (“une terre sans peuple pour un peuple sans terre”), esquissant un plan, qui, finalement, se concrétisera un peu plus d’un siècle plus tard, lors de la création de l’Etat d’Israël. Le père du “sionisme”, qui n’a pas encore de nom, est donc un lord conservateur anglais. Outre le fait qu’il émet l’idée fausse d’une Palestine vide, prête à accueillir une population errante en Europe et jugée indésirable, Lord Shaftesbury préconise dans son article la création d’un Etat indépendant en Syrie-Palestine ouvert à la colonisation juive (et donc non entièrement juif), un Etat qui fera tampon entre l’Egypte et la Turquie, projet où l’Angleterre aura le beau rôle du “nouveau Cyrus” qui ramènera les juifs en Palestine. Disraëli, d’origine juive, relance à son tour l’idée en lui donnant une connotation plus romantique, un peu dans le style du “philhellénisme” de Lord Byron, autre figure tragique et originale anglaise qui a permis à Londres d’intervenir dans le bassin oriental de la Méditerranée. Mais l’idée “pré-sioniste” est très vite abandonnée après la Guerre de Crimée où la France et l’Angleterre s’allient à l’Empire ottoman contre la Russie, afin de la contenir au nord du Bosphore. L’Angleterre devient la protectrice de l’Empire ottoman, le soutient à fond lors de la guerre russo-turque de 1877-78 tout en occupant Chypre et en étendant sa protection à l’Egypte en 1882: Albion ne fait rien pour rien! Dans un tel contexte, il est donc bien inutile de fabriquer un Etat-tampon entre deux entités d’un même empire dont on est l’allié ou dont on “protège” le fleuron. On ne ressortira l’idée sioniste du placard que lorsque l’Empire ottoman s’alignera progressivement sur l’Allemagne de Guillaume II, faute d’une politique cohérente de ses alliés français et anglais, qui ont d’abord protégé la Sublime Porte contre la Russie, entre 1853 et 1856 (Guerre de Crimée) et en 1877-78, quand Russes, Bulgares et Roumains envahissaient les possessions balkaniques du Sultan, tout en menaçant Constantinople. La politique franco-anglaise était marquée par la duplicité: les alliés occidnetaux avaient deux fers au feu: protéger l’Empire ottoman moribond, tout en le dépouillant de ses territoires les plus stratégiques; imaginer une politique de dislocation de ce même Empire ottoman, en pariant sur l’éventuelle royauté d’Abdel Khader au Levant ou en créant une élite arabe pro-occidentale au Liban et en Syrie (cf. infra), pour affaiblir le nouvel allié du Kaiser allemand.

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Abdel Khader

Après la guerre “inter-ottomane” entre le Sultan et Mehmet Ali, en 1847, Abdel Khader capitule et se rend aux Français en Algérie, pays auquel il avait voulu rendre l’indépendance. Le Duc d’Aumale, vainqueur, lui accorde sa garantie et sa protection. Il croupit d’abord dans une prison française de 1848 à 1852 puis s’exile à Damas en Syrie en 1853. Il est autorisé à y séjourner avec sa suite, une troupe d’un millier de soldats maghrébins aguerris, avec leur famille. Cette émigration hors de l’Algérie devenue française permet au Second Empire de se débarrasser des éléments les plus turbulents de la première révolte algérienne et, comme nous le verrons, d’exploiter leur dynamisme et leur fougue guerrière. Les Ottomans ne contestent pas cette présence: ils ont besoin de leurs nouveaux alliés français contre la Russie qui a attaqué les ports turcs de la Mer Noire, déclenchant ainsi la Guerre de Crimée. En 1860, après cette guerre qui a ruiné les principes pan-européens (et eurasistes avant la lettre) de la Sainte-Alliance, des troubles éclatent au Liban et dans le Djebel druze, où la population locale musulmane ou druze massacre les chrétiens, obligeant la France, protectrice de jure de ces minorités chrétiennes dans l’Empire ottoman, à intervenir. Abdel Khader, devenu instrument militaire de la France avec son armée algérienne installée en Syrie, intervient et sauve les chrétiens syriens du massacre. Ces troubles du Levant avaient éclaté parce que le Sultan avait envisagé d’accorder aux puissances européennes, surtout la France et l’Angleterre, toutes sortes de concessions, notamment celles qui consistait à lever le statut de dhimmitude pour les chrétiens d’Orient et à autoriser les puissances chrétiennes à ouvrir des écoles dans tous les vilayets entre Antioche et le Sinaï. La politique occidentale, franco-anglaise, n’est plus, alors, de créer un Etat-tampon juif mais de créer une nation arabe moderne, favorable à l’Occident, en rébellion contre la Sublime Porte, formant un verrou grand-syrien cohérent entre l’Egypte et l’Anatolie. Dans ce projet, la France et l’Angleterre visent surtout à asseoir leur domination sur le Liban actuel, où on fabriquera, grâce aux nouvelles écoles catholiques ou protestantes, une élite intellectuelle occidentalisée, au départ de groupes de Maronites nationalistes arabes, hostiles à la Sublime Porte, qui ne les avait pas protégés en 1860 dans le Djebel druze.

En 1876, Abdülhamid monte sur le trône ottoman. En 1877-78, ses armées sont écrasées par les Russes qui volent au secours des Bulgares et des Roumains qui venaient de proclamer leur indépendance. Les territoires balkaniques de l’Empire ottoman se réduisent comme une peau de chagrin, entraînant une crise générale dans tout l’Empire. Il est fragilisé à l’extrême: les Bulgares ont campé devant les murs de Constantinople et sont désormais en mesure de réitérer cette aventure militaire avec l’appui russe. La Turquie ottomane se tourne de plus en plus vers l’Allemagne, tandis que les Français rêvent d’un royaume arabe du Levant, dont le souverain serait... Abdel Khader. On ne songe plus à envoyer dans la région les juifs d’Europe.

Rabbi Alkalai, Zvi Hirsch Kalisher, Joseph Natonek

L’idée sioniste est alors quasiment absente dans les ghettos juifs d’Europe, a fortiori au sein des judaïsmes émancipés dont les représentants n’ont nulle envie d’aller cultiver la terre ingrate du Levant. On peut cependant citer des prédécesseurs religieux, dont le rabbin de Sarajevo Alkalai (1798-1878), sujet ottoman, qui énonce, non pas l ‘idée d’aller s’installer en Palestine, mais une idée neuve et révolutionnaire au sein du judaïsme européen: le judaïsme ne doit plus être la religion qui attend en toute quiétude que revienne le Messie. Pour Alkalai, il ne faut plus attendre, il faut se libérer activement et le Messie viendra. Pour développer une action, il faut un projet, qu’Alkalai n’énonce pas encore mais son refus de l’attitude d’attente de la religion mosaïque traditionnelle implique ipso facto de sortir de sa quiétude impolitique, de se porter vers un activisme qui attend son heure et ses mots d’ordre. Par ailleurs, à Thorn en Posnanie prussienne, Zvi Hirsch Kalisher (1795-1874) propose, pragmatique à rebours de son collègue de Sarajevo, la création d’une société de colonisation en 1861-62. C’est le premier projet “sioniste” juif non purement tactique, émanant d’une géopolitique française, russe ou autrichienne. On notera que ces projets constituent une réaction contre l’émancipation (qui, disent ces pré-sionistes, va aliéner les juifs par rapport à leur héritage ancestral) et non contre les persécutions. Leur attitude est dès lors assez ambigüe: il faut rester juif mais non pas à la mode traditionnelle et “quiète”; il faut le rester en pratiquant un nouvel activisme qui, dans ses principes, serait juif, non transmissible aux non-juifs, mais simultanément non traditionnel, ce qui conduit les traditionalistes quiets à rétorquer qu’un activisme ne peut être juif, mais seulement copie maladroite des manies des “goyim” et que seul l’attente est signe de judaïsme véritable.

Un peu plus tard, Joseph Natonek (1813-1892) élabore un plan plus précis, celui que reprendra Herzl et son fameux “Congrès sioniste” de 1897. Natonek suggère la création d’un “Congrès juif mondial”, de demander ensuite une charte aux Turcs, d’amorcer une colonisation agricole puis de favoriser une émigration de masse vers la Palestine et de créer une langue hébraïque moderne. Natonek ne donne pas de nom à son projet: on ne peut pas parler de sionisme, puisque le terme n’existe pas encore. Personne ne suit Natonek: l’alliance israélite universelle refuse ses plans en 1866 et se borne à aider, via des initiatives philanthropiques, les juifs ottomans de Palestine, ceux du “vieux peuplement” ou “vieux yishuv”. Natonek, dépité, se retire de tous les débats que ses idées avaient lancés. Deux membres de sa famille partent en Palestine pour fonder une colonie agricole, la toute première de l’histoire du sionisme.

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Moïse Hess

Le socialiste allemand de confession juive Moïse (Moshe) Hess, issu de l’écurie des Jeunes Hégéliens comme Karl Marx (avec qui il se disputera), observe, après 1848, l’agitation politique que suscitent les mouvements nationaux partout en Europe, surtout en Italie, en Pologne et dans les Balkans. Il voyait la faiblesse du judaïsme dans son particularisme, face à un christianisme qui se voulait universel (positions assez différentes de celles, bricolées, d’un Bernard-Henri Lévy qui, lui, voit des peuples goyim indécrottablement “particularistes” ou “vernaculaires” et un judaïsme essentiellement universaliste). Errant dans un espace idéologique sans limites perceptibles, dans un flou conceptuel, le socialisme de Hess l’induit d’abord à lutter pour l’émancipation du prolétariat, indépendamment de toute appartenance religieuse. Plus tard, il revient au judaïsme, noyau religieux de la “nationalité juive”, et réclame le droit des juifs à avoir un Etat à eux puisque personne ne veut les assimiler, les accepter. Il en déduit que les juifs sont inassimilables et que cette “inassimilabilité” —qu’il juge finalement positive— caractérise leur nationalité, en même temps que leur particularisme. Par conséquent, il pense que la France, qui a défendu les Maronites de Syrie contre les Druzes avec l’aide des guerriers d’Abdel Khader, pourrait aider les juifs d’Europe à se créer un foyer au Levant qui, en même temps, serait un modèle de société socialiste et égalitaire. Il n’est pas pris au sérieux par la majorité de ses co-religionnaires d’Europe occidentale et centrale qui le prennent pour un utopiste (exactement comme Marx!).

Leo Pinsker

Avant le manifeste de Theodor Herzl, qui lancera le sionisme proprement dit, une idée motrice émerge dans le monde intellectuel juif, chez un certain Leo Pinsker: celui-ci préconise un “retour à la normalité”. Il argumente: c’est parce que les juifs ne sont pas “normaux” qu’il y a de l’antisémitisme. Si les juifs revenaient à une “normalité” qu’ils partageraient avec les autres citoyens des Etats dans lesquels ils vivent, l’antisémitisme n’aurait plus raison d’être. Or l’antisémitisme devenait virulent en Europe orientale: les pogroms se succèdaient en Russie et la Roumanie, devenue indépendante, ne reconnaissait pas les juifs comme citoyens; de même, les émeutes et les pillages antijuifs, commis par les Européens de souche et les autochtones arabo-berbères en Algérie française se multiplient dans les années 90 du 19ème siècle. L’idée sioniste, avant la lettre, trouvera par conséquent un large écho en Roumanie. Parmi les tout premiers immigrants juifs du “nouveau yishuv”, on comptait beaucoup de ressortissants des ghettos de Roumanie, mal accueillis par leurs coreligionnaires du “vieux yishuv”. Quant aux juifs de Russie, la route de l’immigration leur est barrée en 1893 par ordre du Sultan, qui craint que les Russes appliquent l’idée purement tactique du Prince de Ligne et de Napoléon, en créant, par l’envoi massif de juifs de Russie, un judaïsme fidèle à l’ennemi slave sur le flanc sud de l’Anatolie turque. Par la volonté du Sultan, les juifs russes ne peuvent donc plus acheter de terres en Palestine. En 1890, Nathan Birnbaum forge le mot de “sionisme” dans la revue Kadima, en faisant référence à la colline de Sion à Jérusalem. Mais Birnbaum abandonne bien vite l’idée sioniste: il plaidera pour l’éclosion de “judaïsmes nationaux”, notamment en Allemagne, dont la langue serait le yiddisch et non pas un “nouvel hébreu” comme l’avait demandé Natonek. Il tranche ainsi à sa manière le dilemme activisme/quiétude: il replonge dans les traditions juives/yiddish tout en refusant l’activisme sioniste/moderniste (et “simili-goy”). Mais Herzl est un disciple de Birnbaum, qui ne retient que l’idée de revenir à la colline de Sion, d’y créer un Etat où les juifs pourraient vivre la vie de citoyens modernes normaux, selon les critères préconisés par Pinsker (et aussi, avant lui, par Hess).

Théodore Herzl

TheodorHerzl.jpgJusqu’à la parution du petit livre de Théodore Herzl en février 1896, intitulé L’Etat juif, le sionisme est une idéologie vague et confuse, affirmée puis critiquée, acceptée puis reniée. Le livre de Herzl n’était pas moins confus car il ne disait rien de précis sur le site géographique de ce futur et très hypothétique “Etat juif”. Il pourrait se situer en Palestine mais aussi ailleurs dans le monde. Son manifeste, bien que confus, attire quelques personnalités influentes (Nordau, Kahn, Lazare, Goldschmidt, Montagu, etc.) et recueille les signatures de milliers d’étudiants juifs d’Europe centrale. Mais les assimilationistes et les quelques colons de Palestine (issus du mouvement ‘Hovevei Zion) ne le soutiennent pas, parce qu’ils craignent d’éveiller un nouvel antisémitisme ou de voir les frontières des vilayets ottomans du Levant se fermer à tous nouveaux arrivants par crainte d’une submersion. Herzl développe alors une véritable “diplomatie sioniste” tous azimuts pour tenter, vaille que vaille, d’arriver à ses fins, avec l’appui, non pas d’une bourgeoisie juive assimilationiste, mais de dizaines de milliers de petites gens qui n’ont guère d’espoir d’avancer socialement, surtout en Pologne, en Russie et en Roumanie. Cette agitation autour de Herzl va, suite au “Congrès de Bâle” d’août 1897, donner naissance au sionisme moderne, autonome, capable, théoriquement, de faire avancer ses idées sans le soutien d’une puissance impériale. Guillaume II d’Allemagne, qui n’est certainement pas antisémite, décourage cette volonté romantique de faire l’alya (le retour à la Terre de Sion) pour ne pas heurter son nouvel allié turc. Les Russes, qui auraient pu pratiquer à leur profit la politique jadis préconisée par le Prince de Ligne ou Napoléon, répugnent à le faire. Le rêve sioniste de Herzl ne pourra cependant pas se concrétiser sans la “Déclaration Balfour” de 1917 qui donnera le coup d’envoi à la colonisation massive des terres de Palestine par des colons juifs venus d’Europe après la première guerre mondiale, surtout de Russie (ceux qui refusaient la bolchevisation de l’Empire des Tsars comme Jabotinsky) et d’Europe centrale, après les réactions hongroises et roumaines contre le régime “judéo-bolchevique” de Belà Kun à Budapest.

Conclusion

Les origines de cette idée sioniste, assortie d’une volonté de créer un nouvel Etat au Levant, sur territoire ottoman, ne sont cependant pas juives au départ. Elles résultent de calculs froids et cyniques de militaires européens soucieux de briser la cohérence territoriale de l’Empire ottoman en enfonçant, tel un coin, une entité nouvelle, à leur dévotion, entre l’Egypte et l’Anatolie: cette entité envisagée a été tour à tour juive, avec de Ligne et Napoléon, puis arabe, avec Abdel Khader ou les Maronites occidentalisés. Pendant la première guerre mondiale, les Britanniques avaient d’ailleurs parié sur les deux: sur les Hachémites avec Lawrence d’Arabie, sur les juifs avec la “Jewish Legion” et la “Déclaration Balfour”. Par conséquent, il ne serait pas faux d’affirmer que tout sionisme pratique découle d’un calcul stratégique non juif, parfaitement impérial, destiné à contrôler le Levant et à affaiblir et l’Egypte (grande puissance potentielle au temps de Mehmet Ali) et la Turquie ottomane: le “sionisme” des non juifs n’est pas au départ une volonté de faire du “favoritisme” au bénéfice des juifs; ce n’était ni le cas hier, où l’on était parfois naturellement cynique, ni le cas aujourd’hui, où l’on camoufle ses hypocrisies derrière une façade d’humanisme; le mobile principal est d’avoir une population, quelle qu’elle soit —au départ exogène (les Algériens d’Abdel Khader ou les juifs sionistes) ou minoritaire, en conflit avec son environnement géographique et historique— mais qui puisse toujours servir à créer un Etat-bastion pour disloquer les territoires de l’ancien Empire ottoman, pour empêcher la soudure Egypte/Anatolie, pour tenir l’ensemble de la Méditerranée jusqu’à son “bout” sur les côtes du Levant, pour garder les approches du canal de Suez, pour avoir une fenêtre sur la Mer Rouge (le port d’Elat à côté d’Akaba en Jordanie). L’attitude de la Grande-Bretagne de Lloyd George, désireuse d’affaiblir les Turcs et de créer une zone-tampon en lisière du Sinaï et du Canal de Suez, pour protéger le protectorat britannique sur l’Egypte, ne relève pas d’un autre calcul.

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Les Anglais, toutefois, voulaient un “foyer” juif et non un Etat juif car ils devaient ménager leurs protégés arabes grâce auxquels ils avaient pu chasser les Turcs du Levant. L’idée de “foyer” permet d’avoir un territoire disloqué, présentant une mosaïque de diversités, sans cohésion aucune et donc plus facilement contrôlable. Les sionistes d’extrême-droite, dont l’idéologue principal fut au départ Vladimir Jabotinsky, voudront un Etat en bonne et due forme et ne se contenteront pas d’un simple “foyer”, immergé dans une population arabe majoritaire, dont ils ne partageaient ni les moeurs ni les aspirations. Ces sionistes radicaux, qui, au fond, ne voulaient de cette mosaïque judéo-arabe envisagée par les stratèges londoniens, se révolteront contre la puissance mandataire britannique en s’inspirant des écrits de Michael Collins, le leader révolutionnaire irlandais, et de l’action de l’IRA. Jabotinsky ne suivra pas ses disciples les plus virulents sur cette voie maximaliste et terroriste: il était un officier britannique de la “Jewish Legion”, d’origine russe, fidèle à l’Entente franco-anglo-russe et hostile aux Bolcheviques de Lénine. Il restera donc loyal à l’égard de l’Angleterre. Aujourd’hui, l’Etat d’Israël, né en 1948, ne survit que pour une seule raison: il est la zone-tampon au Levant dont se sert une nouvelle puissance impérialiste, américaine cette fois, pour asseoir sa domination dans le bassin oriental de la Méditerranée, pour tenir l’Egypte, la Syrie et, éventuellement, la Turquie en échec.

 

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La preuve la plus tangible de cette inféodation d’Israël à l’hegemon américain est, bien entendu, la présence permanente de la flotte US de la Méditerranée, qui y a évincé toutes les flottes européennes riveraines, faisant automatiquement de l’Etat d’Israël la “tête de pont” de cette redoutable flotte au fond de cette mer qui s’enfonce très profondément dans les terres “eurafricaines” et qui, par cette configuration géographique, a acquis pour l’éternité une importance stratégique cardinale. Les Israéliens lucides, dubitatifs face aux outrances de leurs gouvernants ou de leurs extrémistes, savent que ce statut d’Etat-tampon est fragile sur le long terme: d’une part, ils craignent aujourd’hui que les Etats-Unis ne reviennent à leur ancienne alliance avec l’Iran, situation qui les déforcerait considérablement, déplorent le chaos créé en Syrie, savent que les Etats-Unis ne peuvent indéfiniment froiser le monde arabo-musulman, où ils perdraient alors tous leurs avantages stratégiques. D’autre part, ces Israéliens lucides commencent à réfléchir sur la fragilité des mythes sionistes (pures fabrications?) avec l’école dite “post-sioniste” qui développe une critique argumentée de l’idéologie et des pratiques du sionisme réellement existant et s’interroge sur la substantialité réelle de toute la mythologie politique de l’Etat d’Israël, né au lendemain de la seconde guerre mondiale par l’afflux des “personnes déplacées”, suite aux expulsions et déportations qui ont tragiquement marqué les années 1945-1950, où l’Europe n’était qu’un champ de ruines où régnait la misère et la famine. Pour pallier ces doutes et ces inquiétudes, bien présentes dans la société israélienne, les forces sionistes qui structurent l’Etat hébreu comptent essentiellement sur deux facteurs: sur l’électorat juif des Etats-Unis et, surtout, pour faire poids et masse, sur les millions de “Christian Zionists” fanatisés par les téléprédicateurs d’Outre-Atlantique. Tant que les juifs d’Amérique et les “Christian Zionists” seront capables d’imposer et de ré-imposer, par leurs voix, une politique pro-israélienne aux Etats-Unis, le rêve sioniste des innombrables juifs jadis manipulés par les grandes puissances restera réalisable mais dans la douleur et dans une tension permanente, harassante, décourageante.

Robert Steuckers.

(Forest-Flotzenberg, Fessevillers, Genève & Nerniers, avril 2010; rédaction finale: mars 2013).

Bibliographie:

Delphine BENICHOU (éd.), Le sionisme dans les textes, CNRS Editions, Paris, 2008.

Alain BOYER, Les origines du sionisme, PUF, Paris, 1988.

Gudrun KRÄMER, Geschichte Palästinas – Von der osmanischen Eroberung bis zur Gründung des Staates Israel, Verlag C. H. Beck, München, 2002-2006 (5. Auflage).

Shlomo SAND, Les mots et la terre – Les intellectuels en Israël, Flammarion, coll. “Champs”, n°950, Paris, 2010.

Colin SHINDLER, Israel, Likud and the Zionist Dream – Power, Politics and Ideology from Begin to Netanyahu, I. B. Tauris, London, 1995.

Zeev STERNHELL, Aux origines d’Israël, Gallimard, coll. “Folio”, n°132, Paris, 1996-2005.

 

samedi, 08 mars 2014

Le problème bosniaque dans les Balkans

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Bernhard TOMASCHITZ:

Le problème bosniaque dans les Balkans

Les désordres qui ont secoué la Bosnie ont pour motif la situation économique dramatique du pays mais ces désordres vont aussi dans le sens voulu par Washington

La Bosnie-Herzégovine semble avoir emprunté la voie pour devenir un “Etat failli”. Dans plusieurs villes de la partie la plus grande du pays, celle qui se trouve sous l’autorité de la “Fédération croato-bosniaque”, des milliers de citoyens sont descendus dans la rue pour protester contre la gabegie régnante: une économie chancelante, une corruption généralisée et un chômage qui atteint les 45% de la population active. Au cours de ces nombreuses manifestations, les protestataires se sont heurtés aux forces de l’ordre.

Cet Etat balkanique multiethnique et multiconfessionnel pose désormais problème au beau milieu de la péninsule balkanique, une région qui devait abriter cette Bosnie-Herzégovine “stable, viable, multiethnique et unie”, comme le voulait l’UE quand elle posait ses objectifs politiques pour rendre définitivement indépendante cette république autrefois constitutive de l’ancienne Yougoslavie fédérale et socialiste. De ces voeux pieux, rien ne subsiste aujourd’hui. On sait très bien pourquoi la “communauté internationale”, c’est-à-dire l’UE et les Etats-Unis, se trouvent face à un champ de ruines en Bosnie. Le Traité de Dayton a certes pu mettre un terme à la guerre mais n’a pas pu faire émerger un Etat pour tous, capable de fonctionner sans heurts, en dépit des clivages qui opposaient entre eux les Bosniaques, les Croates et les Serbes.

“L’ordre politique fabriqué lors des accords de Dayton est intenable”, expliquent les organisations protestataires actuelles que sont “Udar” (le “Coup”) et “Revolt”, animatrices des manifestations qui ont secoué le pays. L’objectif de ces organisations est donc clair: les manifestations doivent faire pression pour aboutir à une réforme constitutionnelle afin que l’appareil d’Etat, trop complexe et trop lourd, fasse la place à une forme étatique plus svelte et plus centralisée. Les Serbes de Bosnie, dont la “Republika Srpska” jouit d’une large autonomie, se sont opposés, jusqu’ici, et avec succès, à toute tentative de centralisation.

Les organisations “Udar” et “Revolt” veulent, par leurs revendications, s’aligner sur une politique voulue en dernière instance par l’UE et les Etats-Unis. Ces derniers sont profondément agacés par l’édifice étatique qui structure la Bosnie aujourd’hui parce que l’objectif américain est d’inclure le pays dans l’OTAN. La décentralisation bosniaque empêche toute manoeuvre en ce sens. Comme le rappelle Patrick Keller de la “Fondation Konrad Adenauer” en Allemagne, “l’intérêt pour une adhésion à l’OTAN n’est guère populaire en Republika Srpska”. Voilà pourquoi, subitement, en dépit des accords de Dayton, on plaide maintenant pour la création d’un Etat bosniaque unifié et “fort”.

Pour téléguider les événements de Bosnie dans le “bon sens”, les Américains ne s’épargnent ni peine ni argent. L’USAID, l’instance chargée d’aider au développement, déclare vouloir “aider la Bosnie à parfaire les réformes nécessaires pour pouvoir adhérer à l’UE et à l’OTAN”. Dans son budget de 2013, l’USAID a dégagé la somme de 45,5 millions de dollars, notamment pour créer “une structure militaire unitaire, laquelle répondrait aux critères nécessaires pour assurer la sécurité du pays et pour aboutir à une adhésion à l’OTAN”. En 2008, Washington a enregistré un bon succès en Bosnie, lorsque Sarajevo a adhéré à une “Charte Adriatique”, initiative visant à préparer les Etats des Balkans occidentaux à entrer dans l’OTAN.

Dans les postes “Financements militaires à l’étranger” et “Formation et écolage militaires à l’échelle internationale”, 5,5 millions de dollars sont prévus pour la Bosnie. Avec ces budgets, il faudra, selon les Américains, “combler les déficits graves dans la formation des personnels” chez “ce parternaire potentiel de l’OTAN” et former des “unités spéciales”, dont l’Alliance Atlantique “a un besoin réel”, c’est-à-dire des unités capables d’éliminer des matériels de combat, des troupes d’infanterie, des équipes d’ingénieurs militaires. Le rapport de l’USAID se fait louangeux à l’endroit de l’armée bosniaque parce qu’elle a fourni 55 hommes pour l’IASF en Afghanistan.

Le deuxième objectif majeur des Américains, et aussi de l’UE, est de promouvoir en Bosnie “une société civile”. Pour le réaliser, on a surtout mobilisé le “National Endowment for Democracy” (NED), le bras civil de la CIA, de même que les fondations attachées aux grands partis américains, la NDI (“National Democratic Institute”) et l’IRI (“International Republican Institute”). La “Fondation Konrad Adenauer” est également très active.

En 2012 (pour 2013, on ne dispose pas encore de chiffres), la NED a soutenu toute une série d’organisations bosniaques visant la création de cette fameuse “société civile”. “Revolt” a reçu 31.500 dollars, notamment pour contrôler “les travaux du gouvernement local et cantonal de Tuzla” et pour mener une campagne de mobilisation “de jeunes activistes pour préparer les élections locales”. L’année précédente, “Revolt” avait reçu 30.000 dollars de la NED pour mener à bien des activités similaires.

Les Occidentaux veulent donc créer en Bosnie une démocratie de type occidental et financent la formation et l’écolage d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui permettront, à terme, de réaliser plus aisément le grand but de la dite “communauté internationale”, soit de créer une Bosnie “multiethnique”. Dans les rapports de la “Fondation Konrad Adenauer”, on peut lire: “Investir dans les futurs cadres porteurs des structures démocratiques constitue l’action première de notre travail. Prodiguer des conseils, imaginer des scénarios, organiser des journées d’écolage et des séminaires interactifs, bref, offrir une formation politique permanente aux forces d’avenir, voilà les principales activités que nous menons à bien en Bosnie-Herzégovine”.

Les Etats-Unis ont réellement pris les choses en mains en Bosnie, au détriment des Européens, parce que les Bosniaques sont mécontents de la politique menée jusqu’ici par l’UE. Déjà en 2009, le magazine “Foreign Policy” écrivait: “L’UE n’a pas de politique réellement porteuse en Bosnie, si bien que Washington est contraint de jouer de son influence pour faire avancer les choses pour qu’à terme le pays puisse adhérer à l’UE”.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienn, n°8/2014, http://www.zurzeit.at ).

 

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vendredi, 07 mars 2014

La Russie, l’Occident, le fondamentalisme islamiste et l’Ukraine

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La Russie, l’Occident, le fondamentalisme islamiste et l’Ukraine

Entretien avec Peter Scholl-Latour

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Q.: Monsieur Scholl-Latour, en 2006 vous avez écrit un livre où vous dites que la Russie se trouve prise en tenaille entre l’OTAN, la Chine et l’Islam. Depuis la rédaction de cet ouvrage, la pression sur la Russie a-t-elle, oui ou non, augmentée?

PSL: Pour le moment je ne vois aucun conflit poindre à l’horizon entre la Chine et la Russie parce que ces deux grandes puissances sont suffisamment intelligentes pour remiser les conflits potentiels qui pourraient les opposer et qui les opposeront un jour, notamment celui qui aura pour cause la démographie chinoise en Extrême-Orient sibérien. Tant les Russes que les Chinois n’ont aucun intérêt à s’engager dans des conflits sur deux fronts avec l’Occident.

Q.: L’Occident en revanche attise les conflits; en effet, l’actualité nous montre que sa volonté de frapper Moscou a le vent en poupe...

PSL: Il est très étonnant que l’Occident adopte une attitude si hostile à la Russie actuellement. Cette hostilité vient de la personnalité de Poutine, que l’on critique sur un mode extrême. Ce ton, adopté par l’ensemble de l’Occident, relève de la pure sottise, car cet Occident se comporte comme si la Guerre Froide n’était pas terminée. Que Poutine en Russie soit un autocrate ou ne le soit pas, cela ne nous regarde pas. Sous Gorbatchev, la Russie avait fait l’expérience de la démocratie occidentale, ce qui avait été très avantageux pour l’Occident —la réunification allemande a été rendue possible à cette époque— mais absolument catastrophique pour la Russie. A cette époque-là, la démocratie et le capitalisme avaient précipité la Russie dans une misère et une incertitude jamais vues auparavant. C’est la raison pour laquelle toutes les spéculations occidentales sur une éventuelle insurrection du peuple russe contre Poutine sont pures chimères.

Q.: Comment jugez-vous les événements qui agitent actuellement l’Ukraine, voisine de l’UE?

PSL: Ce qui se passe actuellement en Ukraine est également une grosse sottise commise par l’Occident. Il est certes juste de dire que les Ukrainiens ont le droit de décider de leur propre destin, mais nous n’avons pas à nous en mêler, à déterminer le mode de cette auto-détermination. L’Occident, y compris les Européens, s’est malheureusement habitué à intervenir en tout. Et voilà que l’on soutient maintenant les diverses oppositions au Président Yanoukovitch qui, ne l’oublions pas, a tout de même été élu démocratiquement. Nous ne devons pas oublier non plus que l’Ukraine est en soi un pays déjà divisé. Nous devons plutôt espérer que les tensions qui agitent l’Ukraine ne débouchent pas sur une guerre civile.

Q.: Au début des années 1990, l’effondrement de l’Union Soviétique semblait annoncer aussi la désagrégation de la Russie. Ce danger est-il désormais conjuré?

PSL: Cette désagrégation de la Russie a commencé avec la dissolution de l’Union Soviétique car les régions, devenues indépendantes sous Gorbatchev, avaient fait partie de l’Empire des Tsars. L’Ouzbékistan actuel n’était pas, à l’époque, une conquête soviétique mais appartenait déjà à la Russie impériale. Lénine avait renoncé à d’énormes portions de territoires à l’Ouest parce qu’il croyait qu’une révolution mondiale était imminente et réunirait bien vite le tout sous la bannière rouge.

Q.: Quelle intensité la menace de l’islamisme fondamentaliste peut-elle faire peser sur la Russie, si l’on tient compte de la situation dans le Caucase du Nord?

russland-im-zangengriff-cover.jpgPSL: Les Américains commencent, petit à petit, à reconnaître le danger que représente l’islamisme, sujet principal de la politique américaine, en dépit de la montée en puissance de la Chine. Ils savent aussi que l’islamisme est bien présent en Russie aussi. Les observateurs internationaux sont conscients de cette menace parce que les peuples musulmans du Caucase ont constitué récemment des facteurs de turbulences voire des facteurs nettement belligènes. Je ne pense pas tant à la Tchétchénie aujourd’hui mais plutôt au Daghestan. Les Russes se sentent très menacés par le fondamentalisme islamique, facteur qui n’existait pas auparavant. Lorsque je visitais l’Asie centrale en 1958, le fondamentalisme n’était pas un sujet de discussion mais, entretemps, les choses ont changé par l’attitude prise par les dirigeants locaux, tous jadis hauts fonctionnaires du PCUS comme Nazarbaïev au Kazakstan. En un tourne-main, tous ces dirigeants communistes se sont mués en despotes orientaux mais ils doivent agir sous la pression de forces radicales islamistes, surtout en Ouzbékistan.

Q.: La crainte de l’islamisme ne constitue-t-elle pas le motif majeur de l’appui qu’apporte la Russie au président syrien Al-Assad?

PSL: Le soutien apporté à la Syrie repose sur plusieurs motifs: la Syrie a toujours été un allié de l’ex-Union Soviétique et les Russes n’ont aucun intérêt à ce que la Syrie tombe aux mains des extrémistes musulmans qui combattent aux côtés de l’opposition ni aux mains d’Al Qaeda qui entend créer un “Etat islamique d’Irak et de Syrie”. Obama semble lui aussi reconnaître, mais un peu tard, dans quelle mélasse il est allé patauger. Nous ne devons pas oublier que la Fédération de Russie elle-même —c’est-à-dire ce qui reste de la Russie après la désagrégation de l’Union Soviétique— abrite au moins 25 millions de musulmans. Ceux-ci n’habitent pas seulement dans les régions au Nord du Caucase mais aussi dans le centre même de la Russie, le long de la Volga. A Kazan, où les aspirations à un nationalisme tatar ne se sont pas encore faites valoir, on a édifié une gigantesque mosquée qui, en dimensions, est bien plus vaste que le Kremlin construit par Ivan le Terrible. J’ai appris qu’y oeuvraient des extrémistes musulmans. Comme d’habitude, ces derniers reçoivent le soutien de prédicateurs haineux venus d’Arabie saoudite.

Q.: Dans quelle mesure peut-on évaluer la méfiance que cultivent Poutine et bon nombre de dirigeants russes à l’endroit de l’Occident, surtout si l’on tient compte de l’élargissement de l’OTAN à l’Est?

PSL: Ils ont raison de se méfier! Comme je l’ai déjà dit, on a l’impression que la Guerre Froide n’est pas terminée. Si, à la rigueur, on peut comprendre qu’une grosse portion de l’Ukraine veut demeurer purement ukrainienne et ne pas être occupée par la Russie, directement ou indirectement, on ne doit pas oublier non plus que la Russie est née à Kiev, lorsque les autres princes russes croupissaient encore sous le joug tatar. C’est à Kiev que la Russie s’est convertie à la chrétienté orthodoxe byzantine.

Q.: Par conséquent, estimez-vous que l’UE, face à la question ukrainienne, et face à la Russie, devrait adopter une position plus souple, plus pondérée?

PSL: L’Europe ferait bien mieux de s’occuper de ses propres problèmes au lieu de chercher encore et toujours à s’étendre. On tente en Allemagne d’étendre sans cesse l’Europe alors que ce fut une bêtise gigantesque d’accepter la Roumanie et la Bulgarie dans l’UE. Et voilà que maintenant on veut aborber l’Ukraine quand l’Europe souffre déjà de son hypertrophie. Si les insurgés ukrainiens s’imposent sur la scène politique, l’Ukraine se dégagera de son partenariat étroit avec la Russie et s’orientera vers l’Europe qui, alors, s’étendra presque jusqu’à l’ancienne Stalingrad! Mais ce n’est pas là le but de la manoeuvre!

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°6-7/2014, http://www.zurzeit.at ).

jeudi, 06 mars 2014

Chikungunya et Zika

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Chikungunya et Zika
 
Après Panama, le retour du grand canal

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Concernant l’épidémie de Chikungunya relatée dans l'article de notre collaborateur Hervé Montbard, des consignes de silence n'ont pas été données aux journalistes. Les journalistes ne font tout simplement pas leur travail. Ils se contentent des dépêches et ne vont pas chercher l'info ailleurs que sur leurs écrans d'ordinateurs.
 
Comme bien précisé, les autorités médicales d'Outre-mer, le plus souvent, en pleine crise budgétaire, retardent volontairement les statistiques. Cela a été particulièrement le cas en Polynésie française pour l'épidémie de Zika, ce nouveau virus dont nous avions déjà parlé en brèves. Le Zika est une sorte de Chikungunya, une dengue plus faible certes mais gênante et paralysante pendant au moins une semaine. Le Zika a fait une percée fulgurante en novembre et décembre tout juste au début de la saison humide dans les archipels de Polynésie française. Les autorités ont été lentes à réagir. Elles ont d'abord atténué les chiffres puis réimprimé de vieilles brochures, vieux papiers métropolitains conseillant de nettoyer les gouttières et de ne pas laisser traîner les vieux pneus ! Or, le Zika est un virus encore mal connu qui n'exclut pas des complications tardives. Des cas de paralysie ont d'ailleurs été relevés à Papeete dont celui, grave, d'une personne âgée qui a exigé un rapatriement en métropole. L'information n'a pas été communiquée hors des services médicaux.
 
On note toujours dans l'administration française cette propension au secret et à la non transparence. A l'ère d'Internet, c'est une erreur. On n'ose imaginer la réaction de nos autorités face à un accident nucléaire sur le sol français. Il faudrait réformer toute l'administration française car dans tous les cas épidémiologiques ou de catastrophes technologiques, c'est toujours la transparence qui est porteuse de réactions positives.

Une mauvaise publicité pour le tourisme
 
En plein marasme économique, le Zika, c'est effectivement aussi une mauvaise publicité pour le tourisme. Le 18 décembre, tous les médias du Japon annonçaient en grands titres que le premier cas du virus du zika avait été détecté dans le pays par l'Institut national japonais des maladies transmissibles. Ils précisaient que la victime était un touriste nippon infecté lors de son séjour à Tahiti, sur l'île de Bora, entre le 2 et le 7 décembre. Une campagne de pulvérisation d'insecticides a été lancée début janvier sur quelques îles mais elle a suscité immédiatement le tollé des associations locales d'apiculteurs, les insecticides utilisés étant souvent non autorisés par l'Union Européenne. Il faut donc nettoyer les ravines, ramasser effectivement les pneus. Il faut embaucher mais qui paiera ? Il faut aussi peut-être couper les fleurs à calices si prisées par les Vahiné. Effectivement, ce sont souvent ces plantes qui sont des réservoirs à moustiques et en particulier de l'Aedes Aegypti, porteurs de la dengue, du Chikungunya et de la Zika. Traitant du problème des fleurs porteuses de dengue et de zika on apprend au passage dans un article local décalé (Tahiti Pacifique n°270) pourquoi le Canal de Panama fut américain et non pas français.

Le canal de Panama a cent ans

Après le succès du Canal de Suez, Ferdinand de Lesseps lança la construction du Canal de Panama en 1880. Or, cette entreprise se termina en faillite retentissante car, en particulier, les ouvriers tombaient comme des mouches à cause de la malaria. Plus tard, les Américains découvrirent la raison de cette flambée de malaria : les malades étaient transportés alors à l'hôpital de Cristobal où les bonnes sœurs françaises pour faire plaisir aux malades, avaient posé des pots de fleurs à toutes les fenêtres, et surtout des bromélias, des fleurs à calices qu'elles arrosaient religieusement. Hélas, les moustiques qui y naissaient piquaient les malades. Ce n'est qu'après la découverte en 1901 que le vecteur de la malaria et de la fièvre jaune étaient les moustiques que les travaux sur le Canal reprirent sous la houlette des gringos. Les Américains avaient fait prendre conscience aux ouvriers comment éradiquer les moustiques. Ils poursuivirent alors la construction. Le canal de Panama fut terminé en 1914, il y a tout juste cent ans et ce fut à l'époque, le plus grand chantier du monde.

Le retour du rêve du Grand Canal

Plus d'un siècle après et alors que les travaux d'élargissement du canal ont repris en février, un nouveau projet de canal interocéanique reliant les océans Pacifique et Atlantique vient de ressortir des tiroirs en Amérique centrale.
  
 
Le président du Nicaragua, Daniel Ortega et le magnat chinois Wang Jing, président de la société HKND basée à Hong Kong, l'ont annoncé en janvier : les travaux de construction de ce canal pharaonique devraient débuter fin 2014. Six trajets potentiels sont à l'étude et l'on parle de 30 milliards d'euros d'investissement pour établir une nouvelle route maritime à travers le pays, longue de 286 km sur 520 mètres de large en passant par l'immense lac Nicaragua . Outre le canal, la construction d’un aéroport, de deux ports, de deux zones franches, d’un oléoduc et même d’un canal ferroviaire entre les deux océans serait envisagée. Le trajet entre New York et San Francisco serait raccourci de 800 kilomètres par rapport à la voie actuelle par le canal de Panama. Ce futur canal pourrait aussi accueillir des supertankers de 280 000 tonnes transportant 400 000 tonnes de frets avec 12 000 conteneurs, ce que ne peut pas faire Panama. L'objectif serait ainsi de capter 5% du commerce mondial quand Panama n'en fait transiter que 3%, en tablant sur une croissance du trafic mondial maritime de l'ordre de 240 % d'ici 2030. Près de 40 000 emplois pourraient être crées au Nicaragua et le PIB du pays multiplié par deux alors que le pays reste l'un des Etats les  plus pauvres d'Amérique centrale.
 
Ce chantier aux coûts exorbitants a été confié à un milliardaire chinois. La société chinoise HKND a obtenu du Parlement du Nicaragua une concession de 50 ans renouvelable une fois pour la même période .Malgré les coûts exorbitants, le patron de l'entreprise, Wang Jing, à la tête d'une vingtaine d'entreprises de télécommunication et  propriétaire de mines d'or est, semble-t-il, prêt à affronter ce défi.

Un menace pour l'environnement 

Le Nicaragua ne dispose pas d'infrastructures routières ou ferroviaires suffisantes pour apporter le matériel mais aussi pour déblayer les millions de tonnes de gravas. Les défenseurs de l'environnement et des peuples menacés dénoncent la destruction de la jungle locale, habitée par des populations indigènes mais aussi les risques de pollution du lac Nicaragua, immense réserve d'eau douce.

Si de nombreuses zones d'ombre subsistent, ce canal permettrait à la Chine de sécuriser ses voies maritimes en prenant le contrôle de plusieurs ports dans le monde. De surcroit, par le canal du Nicaragua, la Chine renforcerait ainsi son implantation en Amérique centrale à quelques centaines de kilomètres des Etats-Unis. Ainsi, progressivement, la puissance chinoise devient maritime comme au temps de Zheng He. Le conflit final, le conflit du grand katekon sera-t-il finalement celui de deux puissances navales, de deux Léviathan et non pas celui de la terre et de la mer ?

De la guerre civile en Irak

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Bernhard Tomaschitz:

De la guerre civile en Irak

L’année 2014 sera terrible pour l’Irak

Comme en Syrie, l’Arabie saoudite attise le conflit

Près de onze années se sont écoulées depuis l’agression délibérée, contraire aux principes du droit des gens, que les Etats-Unis ont perpétrée contre l’Irak en 2003. Aujourd’hui, ce malheureux pays risque bien de sombrer dans le chaos et l’anarchie. Les combattants de l’ISIL (“Pour un Etat islamique en Irak et au Levant”), une organisation terroriste qui, dit-on, serait étroitement liée à Al Qaeda, ont pris le contrôle de vastes portions de la province occidentale d’Al-Anbar. Les attentats ponctuent chaque journée qui passe. Pourtant le premier ministre irakien Nuri al-Maliki reste serein. Il a confiance en ses troupes: “Nous vaincrons Al Qaeda”, affirme-t-il.

A Washington, on analyse la situation avec un oeil plus réaliste. Les Etats-Unis livrent des armes légères à l’armée irakienne, dans l’espoir qu’avec cet arsenal réduit cette armée, théoriquement alliée, va pouvoir à terme empêcher qu’un territoire assez vaste et cohérent de l’Irak et de la Syrie soit soustrait à l’influence des islamistes. Mais ce qu’il faut surtout rappeler c’est que des voix se font entendre à Washington qui critiquent le retrait des troupes américaines en 2011 et réclament dès lors un nouvel engagement combattant dans le pays ravagé par la guerre civile. Récemment donc deux sénateurs influents, John McCain et Lindsey Graham, ont déclaré: “Que les choses soient claires: la position du gouvernement, qui voulait aller dans le sens du gouvernement irakien et ne voulait pas maintenir les forces armées américaines au-delà de l’année 2011, était manifestement erronée”. Al-Maliki voit les choses autrement, bien sûr, et défend sa décision d’hier de faire partir le plus vite possible les soldats américains.

Al-Maliki n’est toutefois par entièrement innocent: il est partiellement coupable de la détérioration de la situation. Chef du gouvernement, il appartient à la majorité chiite de la population, que le régime de Saddam Hussein avait réduit à l’insignifiance politique. Al-Maliki s’est ensuite efforcé de marginaliser les sunnites. Par voie de conséquence, la loyauté de ces derniers envers le nouvel Etat irakien post-baathiste, pour autant qu’elle ait jamais existé, s’est évanouie comme neige au soleil. Cette disparition de toute loyauté sunnite a favorisé le développement de groupes comme Al Qaeda ou l’ISIL.

La politique actuelle d’Al-Maliki vise à amener les Américains à livrer davantage d’armes. Il a transmis à Washington une liste d’armements jugés nécessaires pour chasser les islamistes de la province d’Al-Anbar. Pourtant les armes arrivent depuis assez longtemps. En décembre 2013, le “New York Times” rapportait qu’une cargaison de 75 missiles anti-chars Hellfire était arrivée en Irak. Ensuite, le Pentagone s’est déclaré prêt à livrer en 2014 au gouvernement de Bagdad des chasseurs F-16, des hélicoptères Apache et, surtout, des dizaines de drones d’observation. Mais les experts militaires cités par le “New York Times” sont très sceptiques: même dotés de ces armements sophistiqués, ils doutent que l’armée irakienne soit capable de vaincre les insurgés sunnites.

Le ministre irakien des affaires étrangères, Hoshyar Zebar, quant à lui, a avoué qu’une intervention américaine directe, par le biais de drones, était de plus en plus envisageable “depuis quelques mois”. Si le conflit gagne en intensité, l’engagement de troupes américaines n’est pas une option à exclure, même si Kerry affirme encore aujourd’hui que “les godillots des GI’s” ne fouleront plus le sol irakien.

Cependant, il faut bien constater que les islamistes irakiens ne seraient pas aussi forts, comme leurs homologues syriens d’ailleurs, s’ils ne bénéficiaient pas d’un soutien massif des Saoudiens. Le royaume wahhabite du désert arabique joue effectivement un rôle clef dans ces conflits d’Irak et de Syrie. On sait qu’il est riche de sa rente pétrolière, que sa religion d’Etat est le wahhabisme, forme la plus rigide de l’islam, qu’il soutient partout dans le monde les tenants de ce rigorisme. Le 4 janvier 2014, l’agence iranienne de presse “Fars News Agency” écrivait: “Tandis que la Turquie a fermé de large portions de sa frontière aux terroristes et tandis que la Jordanie songe à restreindre le droit d’entrer et de circuler sur son territoire aux ressortissants saoudiens qui cherchent à entrer en Irak via le royaume hachémite de Jordanie, les frontières de l’Irak en plein désert sont à peine contrôlées par les militaires irakiens et les pistes de ce désert constituent dès lors les voies de pénétration pour le soutien logistique et militaire que l’Arabie saoudite apporte aux terroristes syriens”.

La question se pose quant au rôle douteux que joue ce grand allié des Etats-Unis au Proche Orient —le deuxième après Israël— souligne Andreï Akoulov du centre d’études stratégiques russe “Strategic Culture Foundation”: “L’Arabie saoudite constitue la principale menace pour la paix au Proche Orient. Les guerres régionales et les conflits religieux dans cette région du monde sont financées et armées par Ryad”. La tragédie syrienne, pour l’expert russe, est une “conséquence directe” de l’immixtion saoudienne, appuyée par les Etats-Unis. L’Irak, dès lors, devra faire face à “une nouvelle vague d’attentats à la bombe”, parce que les Saoudiens tentent de créer un équilibre régional à leur seul profit et au détriment de l’Iran.

L’Arabie saoudite est en mesure de pratiquer cette politique belligène tout simplement parce que celle-ci est la suite logique des guerres fomentées et déclenchées par les bellicistes néo-conservateurs qui ont tenu le haut du pavé à Washington sous la présidence de George W. Bush. Un autre expert russe, actif dans la même fondation, Nikolaï Bobkin, souligne la responsabilité des Etats-Unis dans l’éclosion du conflit. En effet, les interventions américaines, en Afghanistan d’abord, en Irak ensuite, “ont bouleversé l’équilibre fragile des forces et enclenché un processus de concurrence entre Iraniens et Saoudiens pour la maîtrise du Proche Orient”.

Une question cruciale demeure cependant ouverte: pendant combien de temps les Etats-Unis miseront-ils encore sur un allié qui contrecarre leurs intérêts au Proche Orient, bien plus intensément que ne le firent jamais les Iraniens? Voilà sans doute pourquoi, à court ou moyen terme, on voit se profiler un rapprochement entre Washington et Téhéran.

Bernhard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°4/2014; http://www.zurzeit.at ).

Geopolitics & Oligarchy in the Ukraine Crisis

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Geopolitics & Oligarchy in the Ukraine Crisis

By Kerry Bolton

Ex: http://www.counter-currents.com

The situation in the Ukraine follows the same scenario as sundry other states that have been brought into the globalist fold. The riots on the streets of Kiev and elsewhere amount to a “color revolution” of the sought that went like a dose of salts through the states of the former USSR, and recently through North Africa in the so-called “Arab Spring.”[1] Interestingly, there are presently globalist sponsored revolts in three states simultaneously: Venezuela,[2] Syria[3] and Ukraine; all associated with Russian interests. 

Ukraine: Target of Globalists

The “Cold War” against Russia as a world power since 1945, after Stalin scotched globalist plans for a world state under United Nations auspices,[4] only had a brief respite during the Gorbachev and Yeltsin years, Gorbachev having since shown his true colors as a globalist.[5] Hence the present crisis over the Ukraine does not represent a “return to the Cold War,” as foreign policy pundits have been claiming; the “Cold War” hardly stopped. The U.S. policy makers have stated plainly that post-Yeltsin Russia remains an enemy and that anyone who aims to reassert Russia as a world power – as Putin has – is a legitimate target of the USA.[6]

As we might expect, the Ukraine has been one of the states that is of much interest to the National Endowment for Democracy. One might see from NED’s financial program that here again NED has been avidly sponsoring young cadres in various sectors of society, including “educating” electorates on how to vote in the October 2o12 elections. This is flagrant interference in the political processes of what the globalists are now ranting in regard to the Ukraine sovereignty being under threat from Russia. The 2012 NED financial report (the latest published) lists the NGO’s in the Ukraine that received $3,380,834 during that year.[7] The amount represents the upper end of funds sent by NED throughout the world.

Ukraine was among the states targeted for a “color revolution” in 2004; the “Orange Revolution.” Hence, ever since it has not been regarded as sufficiently “democratic,” a euphemism for not being sufficiently under the influence of US/globalist hegemony. A symposium on the Ukraine held by the NED-linked International Forum for Democratic Studies laments that “following its failure to consolidate the democratic gains of the much-celebrated 2004 ‘Orange Revolution,’ Ukraine under the rule of authoritarian President Viktor Yanukovych has suffered numerous setbacks in its struggle to achieve a more democratic system.”[8]

Veteran globalist foreign policy adviser, Zbigniew Brzezinski, who continues to work at 86 for the Center for Strategic and International Studies, when interviewed by Ukrainian Pravda, a journal connected with NED, lauded the rioting youth that, as with other “color revolutions,” precipitated the present situation in the Ukraine. He has praised their sense of “nationhood,” as “an optimistic sign.”[9] Brzezinski speaks of “independent nationhood.” This praise of Ukrainian nationalism by Brzezinski is odd coming from someone who has spent decades, since his days as a young academic, condemning nationalism and asserting that international capitalism, founded upon a globalist elite that transcends territorial borders, is the next phase of historical evolution in a dialectical process. Brzezinski does not even believe in “independent nationhood.” He believes that it is passé.[10] However it is the line followed by all the other mouthpieces of globalization, including the USA and the E.U., and all the pontificators at the United Nations, who are condemning Russia and upholding this “Ukrainian nationhood.” None, of course, are champions of nationalism, which they regard as anathema. It is another means of undermining Russia as the primary state that remains in the way of the “brave new world,” or the “new world order” as it has been called. Hence, “nationalism” is only used as a dialectical strategy as part of a globalist agenda.

Brzezinski also alludes to what is the real bugbear of the globalists: the fear that Russia will lead a Eurasian bloc which, we might add, would also find allies across the world, from India, to Venezuela to Syria;[11] hence the simultaneous actions against the latter two states, fomented by the same forces that are backing the situation in the Ukraine. Brzezinski, as a principal spokesman for the globalists, talks of an “expansion of Europe.” Brzezinski openly states that the globalists want the Ukraine to be part of the E.U. as the start of a process that will integrate Russia also. He states that this is the wave of the future, and that a Russia-led “Eurasian union” will fail. However, if the E.U. represented a truly independent third force, it would have been targeted as avidly by the globalists as Russia and the previous Soviet bloc. Unfortunately, the E.U. has not emerged as a third force, but as an appendage of U.S. foreign policy, and its position on the present Ukraine situation is yet another example of this.

From Brzezinski’s statements, we can see why the globalists were so eager to oust theYanukovych regime, with the prospect of the Ukraine coming closer to Russia rather than opting for the E.U. The Ukraine is clearly an important part of the globalist agenda.

Brzezinski refers to Russia increasingly interfering in Ukrainian affairs, yet the interference of NED, funded by U.S. Congress, and other such agencies, is long and pervasive.

NED funding for a new “Orange Revolution” includes the rather obvious organization named Aplesin (meaning “Orange”), more formally entitled “Center of Progressive Young People, founded in 2001. Aplesin lists its “international financial partners” as the U.S. Embassy; NED; Freedom House; Polish-Ukrainian Cooperation Foundation[12]; International Relief and Development, another U.S.-based globalist front;[13] Princes Foundation Benefactors Ostrozki Ruslan Kraplych, a Ukrainian based organization receiving funding from Microsoft Ukraine and USAID; among others.[14]

The George Soros network of globalist subverters operates in the Ukraine through the International Renaissance Foundation.[15] The Foundation has been active is assisting rioters injured in fighting with authorities.

Oligarchs Given Fiefdoms

One of the first actions of the regime that ousted Yanukovych was to give Ukraine oligarchs their own fiefdoms. Suddenly, oligarchs have become “patriots” and “nationalists.” Rinat Akhmetov, the wealthiest of the oligarchs, head of the SCM group employing 300,000 people and spanning the entirety of the Ukraine, pledged to defend his homeland — although he had lived at One Hyde Park, London — in the event of a Russian invasion. The previous day two other oligarchs, Igor Kolomoisky and Serhiy Taruta, accepted governorships over two regions and responsibility for preparing defense against a Russian invasion. Kolomoisky, “a prominent member and supporter of the country’s Jewish community,” now heads the regional government of Dnipropetrovsk in eastern Ukraine. Taruta is governor of Donetsk, in the far east of the Ukraine. Another oligarch, Dmytro Firtash, rallied to the cause, “speaking on behalf of business circles.” Rabbi Shmuel Kaminezki, head of the Jewish community in Dnipropetrovsk, expressed his support for Kolomoisky, as the Jewish community likewise finds its Ukrainian nationalist voice.[16]

As for Akhmetov, he is said to have had influence over a bloc of forty members of the Ukraine parliament,[17] and one might wonder if it was this influence that was instrumental in the ouster of Yanukovych?

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Petro Poroshenko, billionaire confectionery and automobile manufacturer, TV channel owner, and former Minister of Foreign Affairs and of Trade and Economic Development, also headed Ukraine’s National Bank (2007-2012). He was a major supporter of the 2004 “Orange Revolution,” and chief campaign manager for Viktor Yushchenko’s Our Ukraine Bloc. Forbes’ recent profile states of Poroshenko that he “was a major supporter of anti-government protesters in the Ukraine.” He is a member of parliament and is considered a likely presidential contender. His business focus is on external markets, particularly in E.U. states, having been excluded from Russia.[18] Perhaps this explains his enthusiasm for Ukraine’s entry into the European market?

Victor Pinchuk is second wealthiest oligarch in the Ukraine, behind Akhmetov, and has impeccable globalist credentials. He is founder of EastOne LLC investment, London, a media magnate, and a proponent of Ukraine’s entry into the E.U. His international links include being an adviser for the Brookings Institution, and a friend of former U.S. president Bill Clinton, British prime minister Tony Blair, and globalist wire-puller George Soros. He founded the Yalta European Strategy (YES) to promote Ukrainian entry into the E.U.[19]

The stated aim of YES is to integrate the Ukraine into “key international systems.”[20] The Pinchuk Foundation is associated with the Open Ukraine Foundation, which focuses on youth leaders. Open Ukraine was founded by Arseny Yatsenyuk, Minister of Economics (2005-2006), Minister of Foreign Affairs (2007), and chairman of the Supreme Council (2007-2008). He headed the Front for Change party (2009-2012), and during the last half of 2012 headed the “United Opposition, ” also known as the All-Ukrainian Union Fatherland.

Co-founder of Open Ukraine is Dzhymala Zbigniew, director of the financial and industrial group Inter-Groclin.[21] Pinchuk is a member of the governing body of Open Ukraine. Other O.U. luminaries include corporate board directors such as Roman Speck, CEO of JSC Alfa-Bank. Association with the Front for Change party is continued through party leader Svetlana Wojciechowski.[22] “Partners” of Open Ukraine include the Victor Pinchuk Foundation; the veteran globalist think tank Chatham House; Black Sea Trust for Regional Cooperation (BST), “a project of the German Marshall Fund,” a U.S. entity founded in 1972 to promote “Atlantic relationships,” “in the spirit of the Marshall Plan;[23] NATO Information and Documentation Center; “Democracy, Public Affairs Section,” U.S. Embassy in the Ukraine; International Renaissance Foundation, the Soros Open Society front in the Ukraine; Embassy of Poland; Horizon Capital Advisers LLC, focusing on investments in Ukraine, Moldova and Belrus.[24]

Open Ukraine has made its position unequivocal, proclaiming the “eternal memory and glory of the heroes” involved in the riots causing the present crisis.[25]

The Front for Change, with its close relationship with the oligarchs and globalists, merged into the All-Ukrainian Union Fatherland in 2013. The Fatherland Union, or United Opposition, traces its origins to the 2004 “Orange Revolution.” What is being played out in the Ukraine now is the attempt to complete what was attempted in 2004.

IMF in Ukraine

Arseny Yatsenyuk has been appointed interim Prime Minister. An article in Forbes calls Yatsenyuk “Washington’s man.” Correspondent Kenneth Rapoza alludes to a leaked phone call where Victoria Nuland, U.S. Assistant Secretary of State for European Affairs, told the Ukrainian ambassador that the USA wants “Yats” in. “Yats” was elected by the Ukraine parliament, with just one dissenting vote, despite previously being behind other opposition leaders as choice of prime minister, because he “had friends in high places and while he does not have strong support of the electorate, and would have no chance of winning an election, he is pro-IMF austerity and apparently the bulk of parliament is as well.”[26]

Yatsenyuk’s most immediate measure is to secure loans from the IMF and U.S. and E.U. banks. Yanukovych resisted IMF demands to raise taxes and devalue the currency.[27] Indeed, Yatsenyuk had stated that talks with the E.U. and the IMF are his top priorities.[28] An IMF team arrived in the Ukraine on March 4, Yatsenyuk having stated just prior to the delegation, that Ukraine would meet all IMF requirements.[29] The IMF had suspended loans to the Ukraine twice since 2008 because of the failure to carry out IMF policies. In December 2013 the IMF and the Ukraine failed to reach agreement in talks. The new government under the oligarchs has pledged to the IMF that it would undertake “wide ranging reforms,” according to the Fund’s spokesman Gerry Rice.

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Yatsenyuk has stated he expects to be the most unpopular leader in Ukraine’s history, indicating that, in keeping with usual IMF demands, the first measures will include cuts in state subsidies, particularly for domestic energy consumption, and welfare. U.S. Secretary of State John Kerry wants to rush through a U.S. guaranteed loan of $1 billion, with the E.U. likely to offer a similar amount. Russia had previously promised $15 billion, an offer that has now been withdrawn.[30]

What the outcome will be is predictable: as in other states that have thrown themselves upon the IMF, Ukraine’s economy will be privatized; her resources thrown open to global predators, and the Ukrainian Nationalists, who are already at odds with the social democrats now running the Ukraine, will have provided some of the street fodder for a process that will see the Ukraine enslaved not to Russia, but to global plutocracy – unless Russia stands firm.

Notes

[1] K. R. Bolton, “Tunisian revolt, another Soros/NED jackup,” Foreign Policy Journal, January 18, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/01/18/tunisian-revolt-another-sorosned-jack-up/ [2]

[2] See for example, National Endowment for Democracy, “Venezuela,” 2012 annual report, http://www.ned.org/where-we-work/latin-america-and-caribbean/venezuela [3]

[3] K. R. Bolton, “Attack on Syria planned nearly two decades ago,” Foreign Policy Journal, September 16, 2013, http://www.foreignpolicyjournal.com/2013/09/16/attack-on-syria-planned-nearly-two-decades-ago/ [4]

[4] K. R. Bolton, Stalin: The Enduring Legacy (London: Black House Publishing, 2012), 125-139.

[5] K. R. Bolton, “Mikhail Gorbachev, globalist superstar,” Foreign Policy Journal, April 3, 2011, http://www.foreignpolicyjournal.com/2011/04/03/mikhail-gorbachev-globalist-super-star/ [5]

[6] K. R. Bolton, Stalin, op. cit., 137-139.

[7] National Endowment for Democracy, NED 2012 Annual report, http://www.ned.org/where-we-work/eurasia/ukraine [6]

[8] “Ukraine’s Lessons Learned: From the Orange Revolution to the Euromaidan,” National Endowment for Democracy, February 12, 2014, http://www.ned.org/events/ukraine-lessons-learned-from-the-orange-revolution-to-the-euromaidan [7]

[9] Segei Leshchenko, “Zbigniew Brzezinski: Yanukovych understand that has no chance of fair elections. So went under the umbrella of Putin,” Ukrainian Pravda, January 15, 2014, http://www.pravda.com.ua/articles/2014/01/15/7009577/ [8]

Note that Leshchenko, who conducted the Brzezinski interview, is a NED Fellow.

[10] Zbigniew Brzezinski, Between Two Ages: America’s role in the technotronic era (New York: The Viking Press, 1970), 29.

[11] K. R. Bolton, Geopolitics of the Indo-Pacific: emerging conflicts, new alliances (London: Black House Publishing, 2013), 174-180.

[12] In December 2013, the Foundation was calling on the USA and E.U. to freeze the bank accounts of the “Yanukovych regime.” The sponsors of the Foundation include the Charles Stewart Mott Foundation, E.U., and NED, among others. The stated purpose of the Foundation, founded in 1999, is to make the Ukraine into a “market economy,” “to integrate the Ukraine into Euro-Atlantic structures,” based on the experiences of Poland, and to involved the Ukraine in fomenting regime change in Russia and former Soviet bloc states.

[16] Roman Olearchyk, “Akhmetov joins Ukraine oligarchs in pledging to protect homeland,” Financial Times, March 2, 2014, http://www.ft.com/intl/cms/s/0/a99fc964-a189-11e3-a29e-00144feab7de.html#axzz2uwAezm48 [12]

[17] Edward Malnick, “The Ukrainian oligarchs living it large in London,” The Telegraph, London, February 23, 2014, http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/ukraine/10655081/The-Ukrainian-oligarchs-living-it-large-in-London.html [13]

[18] “Petro Poroshenko,” Forbes, March 2014, http://www.forbes.com/profile/petro-poroshenko/ [14]

[19] See “About Victor Pinchuck,” Victor Pinchuck Foundation, http://pinchukfund.org/en/about_pinchuk/biography/ [15]

[20] Yalta European Strategy, http://pinchukfund.org/en/about_pinchuk/biography/ [15]

[21] Open Ukraine, “Founders,” http://openukraine.org/ua/about/founders [16]

[22] Open Ukraine, “Governing bodies,” http://openukraine.org/ua/about/management [17]

[23] “About the GMF,” http://www.gmfus.org/about-gmf/ [18]

[24] Co-founded in 2006 by Jeffrey C. Neal, formerly chairman of Merrill Lynch, and a board member of the Chicago Council of Global Affairs. Founding partner and CEO is Natalie A. Jaresko, who formerly worked for the U.S. State Department, and as chief economic adviser to the U.S. embassy in the Ukraine. See Horizon Capital, http://www.horizoncapital.com.ua/our-team [19]

[26] Kenneth Rapoza, “Washington’s Man Yatsenyuk setting Ukraine up for ruin,” Forbes, February 27, 2014, http://www.forbes.com/sites/kenrapoza/2014/02/27/washingtons-man-yatsenyuk-setting-ukraine-up-for-ruin/ [21]

[27] Ibid.

[28] “Talks with E.U., IMF are new Ukrainian government’s top priorities,” ITAR/TASS, February 27, 2014, http://en.itar-tass.com/world/721208 [22]

[29] “IMF mission in Kiev to assess economic situation in Ukraine,” ITAR/TASS, March 4, 2014, http://en.itar-tass.com/world/721953 [22]

[30] Sandrine Rastello and Terry Atlas, “IMF history with Ukraine leaders may cloud aid negotiations,” Bloomberg News, March 1, 2014, http://www.bloomberg.com/news/2014-02-28/imf-history-with-reneging-ukrainian-leaders-may-cloud-fresh-aid.html [23]

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/geopolitics-and-oligarchy-in-the-ukraine-crisis/

EU Prepares Poisoned Loan for Ukraine

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EU Prepares Poisoned Loan for Ukraine

By

Pravda.ru

Ex: http://www.lewrockwell.com

The EU reported its willingness to provide significant financial assistance to Ukraine. This is allegedly done to cover the need of $35 billion for this and subsequent years. Experts believe that the EU will strongly promote their loan because geopolitical ambitions are at stake. But what would it mean for Kiev? Pravda.Ru tried to figure this out.

The economic situation in Ukraine is close to a collapse. The new authorities have announced that the treasury was empty, while the upcoming expenses will be significant. By July, Ukraine will have to pay $410 billion dollars of debt, and about $3 billion to Russia (including Gazprom). By the end of 2015, Ukraine must pay foreign creditors $17 billion, not including interest. The total financial needs of Ukraine for the current year are estimated by Russian economists at $25 billion, Bloomberg reported.

Given that “the treasury is empty,” and Russia has frozen the remaining $12 billion in financial aid, Ukraine must urgently find creditors. Private creditors are not promising considering 8 percent budget deficit (the EU requirements for their countries is 3 percent), the recession in the economy for the past five months, and capital flight (only direct withdrawals from accounts over two months of the Maidan protests have reached $3.1 billion dollars).

“The collapse may occur as early as March if capital flight continues at the same rate,” warned the IIF. Therefore Ukraine will be only provided a loan because of a political motivation, and will be much smaller than Ukraine requested and under strict conditions. “The big bailout plan Ukraine is currently seeking will not be implemented through international donors and non-inclusive weak government,” told Bloomberg senior economist of IHS Global Insight in London Lilit Gevorgyan.

ukraine_and_european_union_2129785.jpgPolitical conditions include the signing of the Association Agreement with the EU and legitimization of the government. Relevant agreements have been reached between the parties, and the agreement will likely be signed after the presidential elections in Ukraine on May25. The conditions include: reduction of the budget deficit that means devaluation of hryvnia, cuts in  pensions, benefits and salaries to state employees, raising of the retirement age, the removal of subsidies to coal and other underperforming industries, the growth of natural gas prices, and other unpopular measures.

However, assistance to Ukraine will have a negative impact on the European Union where many economies are in distress. Assistance to the country that is not a member of the European Union may be seen by the member countries as waste and politicking. This will lead to strengthening of the position of the nationalists in the upcoming elections to the European Parliament to be held on the same day with the Ukrainian election on May 25.

The Nationalist right block (Marine Le Pen) calling into question the existence of the EU is already gaining 25 -28 percent of vote according to a conservative estimate, and because of the Ukrainian events may significantly increase their representation in the European Parliament.

“Any major EU program will draw criticism of the nationalists in the EU and will allow these parties to gain points,” told Pravda.Ru Andrei Kortunov, General Director of the Russian Council on Foreign Affairs. “The situation is catastrophic, in some countries unemployment is at 50 percent among young people. They will think: “Why are we helping Ukraine that has put itself into this situation? Why should we fund such a large program although we understand that in the future Ukraine will not join the EU?” I do not rule out that this funding will have an impact on the election results.”

There are other considerations about the plan of “salvation” of Ukraine that strictly speaking does not exist. So far there is nothing but emotions from the euphoria of victory over Russia.

“I cannot imagine how this money can be quickly procured, the more so that the Ukrainian economy is unable to send it in the right direction. This is an oligarchic economy with no accountability, and the EU simply has no idea what will happen with the money,” told Pravda.ru Alexander Rahr. The expert believes that European politicians who are now handing out promises “will speak for the EU until June, and then there will be re-election, there will be another commission.”

“These European commissioners talk in terms of geopolitics: not to lose Ukraine for the second time, to help strengthen the government, take the situation completely under control. But national leaders are much more cautious about the assistance to Ukraine. If you ask Ms. Merkel or Mr. Hollande, they will say that they will give the money, but not from the EU, rather, from the IMF and the Treasury, where there is American, Japanese, Chinese, Russian, and European money, international money.” This issue is likely to be solved by a collegial council of the IMF, Rahr believes.

“I think that if the EU decided to help, they will help, another question is how the money will be used by Ukraine,” told Pravda.Ru Viktor Uspaskich, Lithuanian businessman and politician, leader of the Labor Party, a member of the European Parliament from the Republic of Lithuania. “Half of the money will probably be misused, so the 25 billion euros will not make much difference. In such a large country this money will be quickly used up. Even in Lithuania that is allocated 2 billion dollars a year, and that is nearly 15 times smaller than Ukraine, the money is spent quickly, without any significant impact. This assistance will not save Ukraine, it needs about $200 billion, or good management, control structure to effectively use this money. ”

“Indeed, the situation in the EU is very complicated, and the Union has not yet emerged from the crisis, although there are signs of recovery. Debt crisis continues in Spain, Italy, Greece, but it threatens France with its two trillion debt,” told Pravda.Ru professor, political scientist Petko Ganchev, chairman of the geopolitical center of Eurasia – Sofia. “The situation is not too optimistic in many countries of the former Eastern Europe, including Bulgaria. Unemployment is too high and poverty is terrible.

I think that in this geopolitical game the EU is not following its own interests, and under pressure from the U.S. is sacrificing their countries and peoples just to drag Ukraine to its side. Ukraine is a very important link in the geopolitical strategy of the U.S. attack on Russia, and in the future, China.” Petko Ganchev believes that “promises will be replicated, “but gradually requirements will be put forward to clarify the situation and isolate right-wing nationalists from power.

“The EU has a wealth of experience in providing financial assistance to its members in such a way that this assistance is not seen by these countries,” told Pravda.Ru Serbian economist Branko Pavlovic. “In the case of Greece, it was only formally aid to Greece, but in reality funds were allocated to banks owned by legal entities from Germany and France. For example, Romania was allocated 8 billion euros, but Romania did not manage to fulfill the conditions under which it could spend the money, so in reality it only managed to use one billion euros.

Third, when the recipient country manages to get money from the EU, 85 percent of the funds received should be later returned to legal entities of the countries involved in their provision. In fact, funding by the EU is at best a cover for the financing of the economies of the first tier and never leads to the development of the economy of the countries receiving the assistance. Moreover, the economy weakens and debts only increase.”

Reprinted from Pravda.ru.

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mercredi, 05 mars 2014

Gerhard Schröder tacle les Occidentaux

Gerhard Schröder tacle les Occidentaux

Ex: http://aucoeurdunationalisme.blogspot.com
 
Gerhard Schröder s’était déplacé pour parler de l’avenir de l’Union européenne – mais c’est l’avenir de l’Ukraine qui s’est imposé à l’ancien chancelier allemand comme le sujet dominant d’une intervention hier à Paris organisée par l’ambassade d’Allemagne. Le prédécesseur d’Angela Merkel s’est en effet très vite saisi de l’occasion pour sévèrement critiquer la position prise par la France et d’autres puissances occidentales envers la Russie dans la crise ukrainienne.
 
 
Par Leo Klimm
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Selon Gerhard Schröder, isoler la Russie ne fait qu’aggraver les risques d’une escalade militaire.
 
« Dans une telle crise, toute mesure qui nous prive de possibilités de discussion est une fausse décision », dit-il en se référant à la menace d’exclure la Russie du cercle des puissances économiques, le G8.
 
Tout en préconisant une solution diplomatique pour rétablir l’intégrité territoriale de l’Ukraine, l’ex-chancelier s’en est pris à l’Union européenne et à l’Otan. L’organisation de défense nord-atlantique avait réuni son conseil ce week-end.
 
« L’Otan n’a pas de fonction politique. L’Otan n’oeuvre pas pour plus de confiance mais ne fait que créer des craintes. » Quant à l’Union européenne, elle a, selon lui, contribué au déchirement de l’Ukraine en rendant un accord d’association incompatible avec une union douanière entre Kiev et Moscou.
 
« L’Ukraine est un pays culturellement divisé et l’Union européenne n’en a pas assez tenu compte », a estimé Gerhard Schröder qui s’exprimait devant des politiques et des chefs d’entreprises français.

Le social-démocrate, qui a exclu tout rôle de médiateur, entretient des liens amicaux avec le président russe Vladimir Poutine. Il est aussi président du conseil de NordStream, société contrôlée par le géant russe Gazprom, qui alimente l’Allemagne en gaz. Face à la question de savoir si l’Allemagne pourrait se permettre d’être plus ferme vis-à-vis de Moscou malgré sa dépendance énergétique, Gerhard Schröder a répondu :
« Les boycotts doivent être employés de telle façon qu’on n’en subisse pas soi-même le plus grand préjudice. »


Pour lui, la solution de la crise passe par un dialogue direct entre les pouvoirs russes et ukrainiens au sein de l’OSCE.


lesechos.fr


http://fortune.fdesouche.com/331421-gerhard-schroder-tacle-les-occidentaux#more-331421

Ukraine- Crimée : du droit de la démocratie à disposer des peuples

Ukraine-Crimée: du droit de la démocratie à disposer des peuples
 
L’ingérence nous met au bord de la guerre

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

Le président Obama a déclaré que les Ukrainiens devaient décider de l’avenir de l’Ukraine. C’est le fameux « droit des peuples à disposer d'eux même ». Mais aujourd’hui on en est bien loin. Le nouvel impérialisme, c’est l'impérialisme démocratique, la démocratie s’accordant le droit de disposer des peuples. Il y a, au niveau mondial, une subversion démocratique tentant de remplacer des régimes pour mettre à leur place des pouvoirs pro – atlantiques, Usa- Europe de Bruxelles.

La phrase d Obama s’appliquait en fait à la crise de Crimée. Or le peuple de Crimée, si on le faisait voter, voudrait redevenir totalement russe. La Crimée cédée par Kroutchev à l’Ukraine n’a jamais été ukrainienne. Il n’est même pas sûr que si tous les ukrainiens votaient, les pro-européens l’emporteraient. La démocratie mondiale fait peu cas de l’histoire des nations et sa suffisance universelle met le monde en danger.

La Crimée est exemplaire

La Crimée, république soviétique autonome, était attachée à la Russie, lorsqu'après la Deuxième Guerre mondiale, Staline décida de rabaisser son statut à celui d'Oblast, signifiant « simple « région », mais toujours dans la Russie. En outre, en 1948, le port de la flotte russe de la mer Noire, Sébastopol, fut administrativement détaché de l'Oblast de Crimée pour être rattaché directement à la RSFSR (République socialiste fédérative soviétique de Russie). Sébastopol n'a alors rien d'Ukrainien. 

Pour fêter le tricentenaire de l'unification Ukraine-Russie, qui scellait l'union indéfectible entre les deux peuples en 1654, Nikita Khrouchtchev eut une idée: solidifier encore un peu plus cet esprit. Khrouchtchev était né sur la frontière russo-ukrainienne, avait épousé une ukrainienne, mais était quand même russe. Il était surtout communiste. Il a appliqué les pires mesures répressives staliniennes en Ukraine, y compris la famine dirigée. Il aurait pensé qu'administrativement, le rattachement de la Crimée à l'Ukraine était géographiquement et économiquement plus rationnel. Il habilla alors le transfert de la Crimée depuis la Russie vers l'Ukraine en "cadeau". En 1990, la Crimée a obtenu, à quelques mois de la dissolution de l'URSS, de redevenir une République soviétique socialiste autonome dans l'Ukraine. Avec l'indépendance de l'Ukraine, la Crimée maintient un statut de République autonome de Crimée à l'intérieur de l'Ukraine! Dans tout cela, le statut de Sébastopol actuel est  particulier : ville autonome dans une République autonome, et toute entière tournée vers l'accueil de la Flotte Russe.

Il y eut déjà, pour le contrôle de la Crimée, une guerre internationale.

La guerre de Crimée oppose de 1853 à 1856 l'Empire russe à une coalition comprenant l’Empire ottoman, le Royaume-Uni, l'Empire français de Napoléon III et le royaume de Sardaigne. Relativement coûteuse en hommes, principalement à cause des maladies (comme le choléra) qui furent plus meurtrières que les combats, elle s'acheva par une défaite russe. Elle révéla une certaine inefficacité du commandement britannique et français : mauvaises conditions sanitaires, problèmes d'approvisionnement des corps expéditionnaires, généraux ayant été nommés par opportunisme politique plus qu'en fonction de leurs compétences. Par ailleurs elle montra que les Russes avaient sous-estimé la valeur des Turcs. Les russes sont battus mais sont restés.

Une autre date clé de l’histoire de la région est l’année 1300, qui vit les cavaliers mongols déferler sur l’Europe, conquérir la Crimée et instaurer l’islam comme religion principale, et ce, pour plusieurs siècles. Peu après, en 1427, fut créé par les Tatares à la suite de la défaite de la Horde d’Or, le Khanat de Crimée avec pour capitale Bakhchisarai, qui fut jusqu’au 18ème siècle un centre important de pouvoir dans la région.

La fin de la guerre russo-turque en 1774 et le traité de Kutschuk-Kaïnardji marqua la fin d’une certaine indépendance de la Crimée. La région, finalement annexée par l’Empire russe grâce à la victoire finale du Prince Potemkine en 1783, fut déclarée par l’impératrice Catherine la Grande « terre éternellement russe ».

A la suite de cette annexion, une grande partie de la population tatare alla se réfugier dans l’empire Ottoman. Parallèlement à cette russification de fait, les tatares étant devenus dès lors minoritaires, l’impératrice favorisa l’implantation de colons venus d’Europe de l’Ouest.

En 1905, le pouvoir du tsar vacilla lorsque des matelots mécontents se rebellèrent et organisèrent une mutinerie sur le cuirassé Potemkine, mouillant à l’entrée du port de Sébastopol, déclenchant la Révolution de 1905-1907.

Après la révolution de 1917, la Crimée connut les affres de la guerre civile. Des années durant, ni les révolutionnaires bolchéviques, ni les russes blancs restés fidèles au tsar ne parvinrent à en prendre le contrôle. Ce n’est qu’en novembre 1920 que l’Armée Rouge, sous la conduite de Mikhaïl Frounze, chassa les derniers combattants blancs de la presqu’île.

A l’automne 1941, les troupes d’Hitler marchant sur la Russie envahirent la presqu’île. Seule la forteresse de Sébastopol put être conservée par l’Armée Rouge, qui réussit à résister à 250 jours de siège avant d’abandonner la ville. La Crimée fut reconquise en 1944 par l’Armée Rouge au terme de combats sanglants, durant lesquels la ville de Sébastopol fut réduite en cendres. Seules 9 maisons restèrent intactes. Churchill lui-même s’en émut lorsqu’il visita la ville en 1945 en marge de la conférence de Yalta, et déclara qu’il ne faudrait pas moins de 50 ans à la ville pour se relever. Staline, pris au vif, déclara la reconstruction de la Sébastopol comme priorité nationale et y parvint en cinq ans au prix de privations et d’efforts surhumains. Dès 1945, il décerna à la ville le titre de ville-héros de l’Union Soviétique. En qualité de base principale de la flotte de la Mer Noire, l’accès à Sébastopol fut longtemps interdit aux étrangers.

Mais que savent de tout cela Barak Obama et les démocrates qui croient que les dogmes du présent peuvent se passer de la connaissance du passé.

Tune Out the War Party!

 

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Tune Out the War Party!

By

Ex: http://www.lewrockwell.com

With Vladimir Putin’s dispatch of Russian troops into Crimea, our war hawks are breathing fire. Russophobia is rampant and the op-ed pages are ablaze here.

Barack Obama should tune them out, and reflect on how Cold War presidents dealt with far graver clashes with Moscow.

When Red Army tank divisions crushed the Hungarian freedom fighters in 1956, killing 50,000, Eisenhower did not lift a finger. When Khrushchev built the Berlin Wall, JFK went to Berlin and gave a speech.

When Warsaw Pact troops crushed the Prague Spring in 1968, LBJ did nothing. When, Moscow ordered Gen. Wojciech Jaruzelski to smash Solidarity, Ronald Reagan refused to put Warsaw in default.

These presidents saw no vital U.S. interest imperiled in these Soviet actions, however brutal. They sensed that time was on our side in the Cold War. And history has proven them right.

What is the U.S. vital interest in Crimea? Zero. From Catherine the Great to Khrushchev, the peninsula belonged to Russia. The people of Crimea are 60 percent ethnic Russians.

And should Crimea vote to secede from Ukraine, upon what moral ground would we stand to deny them the right, when we bombed Serbia for 78 days to bring about the secession of Kosovo?

Across Europe, nations have been breaking apart since the end of the Cold War. Out of the Soviet Union, Czechoslovakia and Yugoslavia came 24 nations. Scotland is voting on secession this year. Catalonia may be next.

Yet, today, we have the Wall Street Journal describing Russia’s sending of soldiers to occupy airfields in Ukraine as a “blitzkrieg” that “brings the threat of war to the heart of Europe,” though Crimea is east even of what we used to call Eastern Europe.

The Journal wants the aircraft carrier George H. W. Bush sent to the Eastern Mediterranean and warships of the U.S. Sixth Fleet sent into the Black Sea.

But why? We have no alliance that mandates our fighting Russia over Crimea. We have no vital interest there. Why send a flotilla other than to act tough, escalate the crisis and risk a clash?

The Washington Post calls Putin’s move a “naked act of armed aggression in the center of Europe.” The Crimea is in the center of Europe? We are paying a price for our failure to teach geography.

The Post also urges an ultimatum to Putin: Get out of Crimea, or we impose sanctions that could “sink the Russian financial system.”

While we and the EU could cripple Russia’s economy and bring down her banks, is this wise? What if Moscow responds by cutting off credits to Ukraine, calling in Kiev’s debts, refusing to buy her goods and raising the price of oil and gas?

This would leave the EU and us with responsibility for a basket-case nation the size of France and four times as populous as Greece.

Are Angela Merkel and the EU ready to take on that load, after bailing out the PIIGS — Portugal, Ireland, Italy, Greece and Spain?

If we push Russia out of the tent, to whom do we think Putin will turn, if not China?

This is not a call to ignore what is going on, but to understand it and act in the long-term interests of the United States.

Putin’s actions, though unsettling, are not irrational.

After he won the competition for Ukraine to join his customs union, by bumping a timid EU out of the game with $15 billion cash offer plus subsidized oil and gas to Kiev, he saw his victory stolen.

Crowds formed in Maidan Square, set up barricades, battled police with clubs and Molotov cocktails, forced the elected president Viktor Yanukovych into one capitulation after another, and then overthrew him, ran him out of the country, impeached him, seized parliament, downgraded the Russian language, and declared Ukraine part of Europe.

To Americans this may look like democracy in action. To Moscow it has the aspect of a successful Beer Hall Putsch, with even Western journalists conceding there were neo-Nazis in Maidan Square.

In Crimea and eastern Ukraine, ethnic Russians saw a president they elected and a party they supported overthrown and replaced by parties and politicians hostile to a Russia with which they have deep historical, religious, cultural and ancestral ties.

Yet Putin is taking a serious risk. If Russia annexes Crimea, no major nation will recognize it as legitimate, and he could lose the rest of Ukraine forever. Should he slice off and annex eastern Ukraine, he could ignite a civil war and second Cold War.

Time is not necessarily on Putin’s side here. John Kerry could be right on that.

But as for the hawkish howls, to have Ukraine and Georgia brought into NATO, that would give these nations, deep inside Russia’s space, the kind of war guarantees the Kaiser gave Austria in 1914 and the Brits gave the Polish colonels in March 1939.

Those war guarantees led to two world wars, which historians may yet conclude were the death blows of Western civilization.

Ukraine: comprendre la position russe

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Ukraine: comprendre la position russe

par Guillaume Faye

Ex: http://www.gfaye.com

Les ”événements” d’Ukraine ont une origine : c’est la proposition de l’Union européenne d’une association commerciale et économique, prélude à une entrée de l’Ukraine dans l’UE puis dans l’OTAN, qui a tout déclenché. Le président Ianoukovitch (aujourd’hui déchu) a accepté cette proposition, du fait de la situation financière de son pays. Le pouvoir russe ne pouvait que réagir à ce qu’il ressentait comme une provocation, c’est-à-dire faire sortir l’Ukraine de sa sphère d’influence pour l’arrimer à l’Occident, le binôme UE-USA. Les Russes ont alors fait une contre-proposition d’aide financière à l’Ukraine. Le gouvernement ukrainien a cédé et dénoncé l’accord avec l’Europe, pour se retourner vers la proposition du Kremlin.

Ce fut là l’amorce de l’explosion, de la révolte, pilotée par le nationalisme ukrainien anti-russe et ”pro-européen”, selon le vocabulaire journalistique. Au terme d’émeutes qui ont fait environ 150 morts (niveau très inférieur aux anciens affrontements d’Irlande du Nord) (1), ce que les Russes appellent un coup d’État a été opéré. Le parlement ukrainien (Rada) s’est retourné et a destitué V. Ianoukovitch, qui avait pourtant été élu au suffrage universel, mais qui, il est vrai, n’a jamais été apprécié par le Kremlin.  

La Russie profite évidemment de ces événements pour reprendre le contrôle de la Crimée, cédée à la république soviétique d’Ukraine (geste purement symbolique) par Nikita Krouchtchev en 1954 et peuplée majoritairement de russophones. La réalité géopolitique est la plus forte et la réaction de Poutine est très compréhensible –  bien qu’il outrepasse la légalité internationale – puisque la flotte russe du Sud est stationnée à Sébastopol. Le Kremlin ne peut pas, stratégiquement, admettre que l’Ukraine, dont l’est et le sud sont russophones et russophiles et qui fut le berceau de la Russie, tombe dans le ”camp occidental”, c’est-à-dire pour Poutine, l’ensemble UE-Otan sous influence américaine.  

Il est certain que M. Ianoukovitch était un satrape et un autocrate, mais pas plus que 60 % des dirigeants des pays du monde. Et son régime n’avait rien à voir (comme d’ailleurs celui de la Russie) avec les despotismes qu’on observe en Chine, au Venezuela, dans maints pays d’Asie, d’Afrique ou arabo-musulmans, avec lesquels le ”monde libre” autosatisfait, celui des Droits de l’homme, entretient les meilleures relations. La présentation par les politiciens et les médias occidentaux de l’affaire ukrainienne comme un combat pour la démocratie (avec toujours BHL qui vient faire le clown aux premières loges) est complètement erronée. Il s’agit d’enjeux géostratégiques au sein d’un pays, l’Ukraine, coupé en deux entre une population pro-russe et russophone et une population anti-russe et pro-occidentale. Une situation tragique au cœur de l’Europe, qu’il ne fallait surtout pas envenimer.

À cet égard, l’Union européenne a joué un rôle de provocatrice irresponsable, donnant un coup de pied dans la fourmilière, en proposant à l’Ukraine une adhésion à terme (2). De même, le parlement ukrainien, retourné, après l’établissement du nouveau régime provisoire, a voté la suppression du russe comme langue officielle dans un pays en partie russophone, ce qui ne constitue pas vraiment une preuve de démocratie. Voilà qui a apporté sur un plateau d’argent des arguments à M. Poutine : ce dernier accuse le nouveau régime, illégal à ses yeux,  de nationalisme et de ”fascisme” et aussi de menacer la sécurité des russophones dont la Russie se veut la garante.     

Mais le pire est l’impudence de la réaction du gouvernement  américain. Le président Obama et le secrétaire d’État John Kerry  (sur lesquels  se sont alignés les socialistes français, devenus encore plus atlantistes que la droite chiraquienne et sarkoziste) ont menacé la Russie de sanctions économiques et de l’exclure du G8 en lui signalant qu’elle violait le droit international et la Charte de l’ONU par son intrusion militaire dans un pays souverain.  M. Kerry  a parlé de l’ « invasion et de l’occupation de l’Ukraine ». Il a déclaré : « au XXIe siècle, vous ne devriez pas vous comporter comme au XIXe siècle en envahissant un autre pays. »  Le secrétaire général de l’Otan,  Anders Fogh Rasmussen, comme pour ajouter à la provocation (qu’est-ce que l’Otan, après tout, vient faire là-dedans ?) a précisé : « ce que fait la Russie en Ukraine viole les principes de la Charte des Nations unies. Cela menace la paix et la sécurité en Europe. La Russie doit cesser ses activités militaires et ses menaces »

Quel invraisemblable culot…Les Etats-Unis ont envahi l’Irak sous un prétexte mensonger sans aucun mandat de l’ONU, dont ils ont allègrement violé la Charte, en y laissant une situation de chaos, et ils se permettent de donner des leçons à la Russie. On croit rêver. Cette nervosité occidentale s’explique aussi par la claque diplomatique prise par les chancelleries sur l’affaire syrienne face à la Russie.

Un point important mérite d’être remarqué : à l’inverse de la France socialiste qui s’aligne sur Washington  (3), l’Allemagne de Mme Merkel adopte une position ”gaullienne” et s’impose comme la meilleure interlocutrice de la Russie, la plus apte à négocier la sortie de crise. M. Frank-Walter Steinmeïer, ministre des Affaires étrangères, a rejeté la proposition américaine d’exclure la Russie du G8, position réaliste, opposée à celle du Quai d’Orsay, du Foreing Office et du secrétariat d’État américain. 

On peut tirer de tout cela des conclusions provisoires, parce que la crise ukrainienne n’est pas terminée.

1) Il est vraiment dommage que tels conflits éclatent en Europe, entre Européens de même souche (en l’occurrence entre Slaves apparentés) alors qu’une invasion colonisatrice, extra-européenne, que nous connaissons bien, a déjà commencé.  Cela fait penser à la guerre civile d’Irlande du Nord. On s’écharpe entre nous alors que nos ennemis réels sont tout autres.

2) L’Ukraine n’est probablement pas un pays viable à moyen terme. Sa partition, avec le rattachement de l’est et du sud à la Russie est à la fois une évidence politique et un problème insurmontable pour l’ordre international.  C’est toute la question de la doctrine des nationalités qui fonde le droit international public. L’Ukraine éclatera, tôt ou tard. Le droit cède toujours devant les faits. Cedat lex reibus.

3) Cette crise ukrainienne  va relancer la guerre froide contre la Russie, ce qui est une erreur dramatique. 

4) Les Ukrainiens qui se disent ” pro-Européens”  n’ont aucune idée de ce qui les attend s’ils adhèrent à l’Union européenne : une immigration incontrôlable bien pire que la menace russe fantasmée, une perte des protections frontalières et d’une partie de la souveraineté. 

NOTES

(1) Aucune enquête sérieuse n’a déterminé qui étaient les responsables des morts, ni qui étaient les snipers (tireurs solitaires) qui ont tué des manifestants. La responsabilité du régime de Ianoukovitch n’est pas établie. Les médias occidentaux n’ont jamais identifié les tireurs.

(2) L’entrée de l’Ukraine dans l’UE serait un casse-tête économique. Faire miroiter cette possibilité relevait d’une manœuvre politique, que le Kremlin a interprétée comme une provocation.

(3) M. Hollande a été reçu comme un roi de la Lune à Washington par M. Obama (visite d’État) et s’est fait totalement embobiner. Flatté comme un caniche, il voulait redorer son blason mais n’a rien compris au film : remettre la France dans le droit chemin de l’atlantisme au moment où l’Allemagne s’en détache et vise un partenariat  économique majeur avec la Russie.

Das heimtückische Spiel der EU mit der Ukraine

Ewald Stadler

Das heimtückische Spiel der EU mit der Ukraine

lundi, 03 mars 2014

The Partitioning of Iraq

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The Partitioning of Iraq: Will the Country Remain on the Map?

Anton VESELOV

Ex: http://www.strategic-culture.org

 
Recently news from Iraq has all but disappeared from the reports of world news agencies. As if on command, the largest Western media outlets have begun to strictly measure out coverage of events in this country. The multistage Iraqi scheme, which has required colossal expenses and huge casualties, is failing, and the situation is threatening to go completely out of control and progress in an entirely different direction than that which was scripted.

The occupation of Iraq in 2003 and the overthrow of Saddam Hussein and the Ba’ath party marked the beginning of massive repressions of those who had held more or less significant posts in the previous regime. However, soon minor functionaries began to be subject to persecution, and then ordinary citizens, mostly from among Sunnites. The ruling Shiite bloc of Nouri al-Maliki has conducted an openly discriminatory policy toward Sunnites throughout the years of its governance. More than once the state bureaucracy, the armed forces, the police and intelligence agencies have been purged of people who confess Sunni Islam. All attempts by various political forces, including on the parliamentary level, to start a dialog for the purpose of national harmony have been left unanswered by the authorities, and peaceful demonstrations all end the same way: with crackdowns and numerous casualties. Purges, raids and «preventative arrests» took on such proportions that a backlash was inevitable.

Over 9,000 people were killed in Iraq in 2013, and over 1000 in January 2014 alone. Propagandistic attempts to blame everything on the machinations of outside forces and hosts of foreign al-Qaeda insurgents are no longer working: it is becoming obvious that the country is in the grip of a civil war. It is becoming increasingly more violent and is sweeping over more and more regions of the country, increasing casualties and limiting possibilities to choose a future. 

Iraq is experiencing a very dramatic period in its history, when the disintegration of the country could become a reality at any moment. Iraqi Kurdistan is already essentially no longer under Baghdad's control and is self-sufficient, with almost all of the agencies, symbols and attributes of an independent state. The situation with regard to security in the provinces of Baghdad, Salah ad-Din, Ninawa, Diyala and several others is extremely tense; the armed conflicts and terrorist attacks which take place each month number in the triple digits. The situation has become most acute in the country's largest province by area, al-Anbar. Since December of last year fierce battles have been being fought there between the government forces, which in Iraq are called the «Shiite Militia of al-Maliki» and local Sunnite tribes who have despaired of gaining equal rights through peaceful means. 

On December 28, commando and army forces conducted yet another operation to wipe out the tent camps of protesters by force. Casualties were numerous. The next day a member of parliament from the al-Anbar province who tried to act as a mediator in negotiations with Baghdad was arrested, despite his parliamentary immunity; the legislator received gunshot wounds when his house was stormed, and his brother and four bodyguards were killed. Local sheikhs issued a call to arms. Support arrived from other provinces to aid their brothers in faith. A day later the army and police had been driven from many districts and the armed opposition had taken control of almost all of the al-Anbar province, including the provincial capital Ramadi and the large city of Fallujah, which in Iraq is glorified as «the stronghold of the spirit and the symbol of resistance» - American troops were only able to enter the city a year and a half after their «declaration of victory», having lost over 400 men in battle.

Despite the arrival of reinforcements (according to some reports, another 90,000 troops and policemen were deployed to the province), the many attempts by government forces, commando troops and the police to enter the cities did not meet with success, and in mid-January a siege began: the suburbs are completely blocked off, and residential neighborhoods are coming under intensive fire from artillery, tanks and helicopters. There have been numerous civilian casualties, but those who attempt to leave the battle zone cannot do so, as the bridges on the main highways which connect the cities with neighboring provinces have been blown up, and the back roads have been blocked by the army under the pretext of «preventing the spread of terrorism». The province is on the brink of a humanitarian disaster; On February 6 the head of the UN Mission in Iraq, Nikolai Mladenov, stated that international funds have started sending urgent deliveries of essential commodities to al-Anbar (the first delivery is to be enough for 45,000 people). On February 9 Iraqi Deputy Prime Minister Saleh al-Mutlaq appealed to the European Union to immediately send humanitarian aid to al-Anbar… 

On April 30 there are to be parliamentary elections in Iraq, after which there will probably be some changes. The country has come to a dead end. The parliament is dysfunctional; many members do not participate in sessions as a sign of protest against the government's policies, and the lack of a quorum makes it impossible to make decisions. The draft of the country's 2014 budget has not yet been discussed, and many other important bills are in limbo as well. A huge number of vitally important projects which have not been confirmed and have not received funding remain on paper, while the giant revenues from oil and gas go into accounts opened in the U.S. 

Many in Iraq have a good idea of where this money goes after that; that is why the Ministry of Finance's refusal to observe a law passed in 2013 which was to increase the amount allocated to provincial budgets for oil extracted there from $1 to $5 per barrel for 2014 caused a storm of protest among local authorities. Governors and provincial councils started actively developing coordinated measures for influencing the government. Judging by official statements, provincial leaders are determined and intend to get the draft budget for 2014 revised by any means available. 

On January 11 in al-Diwaniyah, al-Qadisiyyah province, the «Middle Euphrates Convention» was convened with the participation of the governors of five provinces; the convention demanded «the fair distribution of revenues in proportion to the population». On January 25 in Basra, the capital of Iraq's oil extraction, a conference was held with the participation of official representatives of eight oil and gas producing provinces, as well as the parliament's petroleum committee. The next day the governor of Basra, Majid al-Nasrawi, announced that he had filed suit against the Ministry of Finance for its violation of the 2013 law. It is worth noting that the Basra provincial council gave official permission to hold meetings and demonstrations condemning the actions of the country's government and urged everyone to work toward securing «the lawful rights of the residents of the province, which has the richest resources in the country but is at the bottom of the list with regard to prosperity».

According to many analysts, the personal authority, influence and political weight of Nouri al-Maliki and the State of Law Coalition he leads have dropped noticeably. Accusations of authoritarianism, wholesale corruption, inability to maintain security even in the center of the capital (the average number of terrorist attacks with human casualties in Baghdad has grown over the past three years from 70 to 110 per week), and a lack of desire to seek compromise, along with unceasing attempts to physically eliminate his opponents, all seriously reduce Nouri al-Maliki's chances to occupy the post of prime minister and supreme commander in chief for a third time.

Iraqi leaders over the past 10 years have behaved like favored minions. Many former functionaries of the «new democratic government» have already found refuge in prestigious areas of London, starting with the first Minister of Defense, Hazim al-Shaalan (who was once accused of stealing one and a half billion dollars in just the first year in his post). Many current officials have also foresightedly acquired real estate there. According to data from the parliamentary anti-corruption committee, the amount of money embezzled from the treasury and sent abroad is approaching 200 billion dollars.

Foreseeing developments which could be dangerous for them, the current authorities are seriously concerned about preserving the status quo (this is called «continuity of reforms») in order to prevent power from shifting into the hands of their opponents. Recently feverish attempts have been being made to get out of the crisis, including by generating rather unexpected initiatives.

For example, in Baghdad they have officially began talking about redrawing the administrative map of the country, increasing the number of provinces from 18 to 30. Their willingness to do this is supported by a number of official statements, one of which (dated January 21, on the formation of 4 new provinces) was unexpected even for the residents of the municipal district of Fallujah itself, to say nothing of the leadership of the al-Anbar province. The cunning of the idea of fragmentation is that it simultaneously accomplishes several aims, namely:

- dismembering «rebellious» provinces with mostly Sunnite populations while at the same time attempting to bring representatives of the tribes which have joined the Sahwa («Awakening») movement to power; in particular, it has already been decided to turn a number of municipal districts in the provinces of al-Anbar, Salah ad-Din and Ninawa into provinces;

- knocking some of the trumps out of the hands of the leaders of Iraqi Kurdistan by turning 4-5 municipal districts into separate provinces, which would lead to a reduction in the territory and population of the current autonomous region and a diminishing of its weight and influence on the country's political arena. And this regards not only the disputed territories in the provinces of Wasit, Diyala, Ninawa and Kirkuk, but also the «traditionally Kurdish» Dohuk and as-Sulaymaniyyah;

- changing the overall alignment of forces in the country by putting loyal people into the leadership of the newly formed provinces. At the municipal elections in 2013 the ruling coalition lost gubernatorial posts even in such strategically important provinces as Baghdad and Basra, retaining fewer than half of the gubernatorial seats, and that with restrictions.

However, considering the weakness of the state machinery and the growing centrifugal tendencies of the local authorities, the process could get out of control, and the repartitioning of territories could bring about the opposite effect, causing entire regions to split off and create autonomous regions (following the example of Kurdistan). For example, the governor of the Ninawa province has already stated that if practical steps are taken to split municipal districts off from the province as has been announced, all efforts will be made to turn the province into an autonomous territory. This statement received widespread support, including from the oil-rich South. In the provinces of Basra and Maysan there have already been demonstrations in support of giving the status of provinces to several municipal districts, including those located in oil-producing regions, with the subsequent formation of a «Southern Confederacy» on the model of Kurdistan.

Today practically all the conditions have been created for the transformation of Iraq into a federative state with dozens of provinces grouped into 3-4 autonomous territories (tentatively Shiite, Kurdish and Sunnite ones) on the basis of tribal connections, religious affinity and economic interests, with severe restriction of the powers of the Center.

Outwardly such a program seems difficult to implement; in order to legislatively formalize such decisions there will need to be parliamentary conciliatory commissions, committees, secondary legislation, etc., to say nothing of amendments to the country's constitution. However, if one looks at the matter more attentively, the thought arises that perhaps that is the common interest of the key players who are influencing developments.

The West, headed by the United States, as well as Iran, Saudi Arabia, Turkey, and obviously Israel, have an interest in keeping Iraq from ever again rising to the position of a powerful regional state; they need it to remain a manageable supplier of high-quality petroleum with minimal costs for extraction and export, and also to serve as a bargaining chip in resolving problems of another order.

Most likely the future state structure of Iraq and the country's fate are being decided now not in Baghdad, but in back room negotiations between «very interested parties»... There have been many examples in the history of the Middle East where states appeared or disappeared from the political map during a game of bridge, and the borders between them were drawn with an ordinary ruler. In spite of all the technological achievements of the past decades, in geopolitics and geo-economics little has changed since then.

_________________________________ 

* The Sahwa movement was created by the U.S. in the beginning of the occupation by paying off tribal sheikhs in exchange for their non-resistance. Many Iraqis to this day see the members of Sahwa as traitors and collaborators, and they are one of the main targets of armed attacks.

dimanche, 02 mars 2014

US Agents Incite Civil War in Venezuela

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US Agents Incite Civil War in Venezuela

Nil NIKANDROV

Ex: http://www.strategic-culture.org

 
Leopoldo López, the leader of radical opposition Popular Will (El Movimiento Voluntad Popular), has taken a decision to hand himself over to government forces. What has made him do so? Upon getting the news the arrest warrant was issued, he went in hiding, then tried to escape abroad. He changed his mind after the Bolivarian National Intelligence Service (el Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional - SEBIN) made public a taped phone conversation. Two men from a Miami-based ultra-right emigrant group discussed the plans to physically liquidate Lopez and then shift the blame on the government of Nicolas Maduro. 

A number of terrorist groups were sent to Venezuela, they had accomplices in the ranks of Lopez’s team. The residence of US Central Intelligence Agency in Caracas knew about the terrorists’ plans. It never moved a finger to protect Lopez. He was doomed to face cold blooded and politically motivated action undertaken against him to serve the United States’ interests. Conspirators hoped this «sacred sacrifice» would give an impetus to the process of the country’s destabilization and make people hit the streets. The assassination had to cement the leading position of Enrique Capriles, an old time rival of Lopez, among the opposition ranks. 

Tensions run high in Venezuela. Lopez has created many problems for the ruling regime. At that, Diosdado Cabello Rondó, the President of the National Assembly (parliament), personally called the family of Lopez to give a warning about the imminent threat. The wife of Lopez said in an interview with CNN that she had no doubt the recording was genuine. The Lopez family knew well the people involved in the bugged conversation. Lopez was personally accompanied by Diosdado Cabello on his way to the Palace of Justice. He was given guarantees that the investigation of the events on February 12 would be just and impartial. The actions on the part of radical opposition leaders resulted in human loss of life, damage to administrative buildings and city’s infrastructure, including metro (underground). No doubt Lopez is guilty because it was him who called for «resolute actions». He is in high security prison now, the inquiry is underway. 

Talking to PDVSA (Petroleum of Venezuela, the Venezuelan state-owned oil and natural gas company - Petróleos de Venezuela, S.A.) employees, President Nicolas Maduro said that Venezuelan reactionaries, who get funds from Miami, planned to assassinate ultra-right politician Lopez, their own fellow traveler, and spark a civil war in the country. Maduro remembered that the plotters have established a multi-million fund to provide for the activities of extremists, militants and murderers. Nevertheless, he said Leopoldo Lopez will be protected. The President said his father and mother were against them (Bolivarians) but deep inside their hearts they realized that the authorities were saving their son’s life. Maduro said another group of US diplomats was expelled from the country, claiming they gave promises to grant preferential visas and used their consulate cover to infiltrate universities and incite further students’ unrest. Venezuelan Foreign Minister Elias Jaua said the three were: second secretary, Breeann Marie McCusker, and Vice Consuls Jeffrey Gordon Elsen and Kristofer Lee Clark. The expulsion does not create any serious problems for US special services using embassy cover, the operatives strength exceeds 200. Technically it is hard enough to keep them under the SEBIN surveillance. It’s not excluded that the number of diplomats will be limited to prevent subversive actions. No doubt such a step will decrease the intensiveness of the CIA and other hostile agencies operating in the country. 

Venezuelan political scholars unanimously say the United States embassy in Caracas is the main coordinating center of large-scale anti-government plot. The strategic goal of Washington is to establish control over the Venezuela’s riches – its mineral resources. The mission to be accomplished by conspirators is to shake the foundations of regime and smear its leadership, first of all President Nicolas Maduro, the successor of Hugo Chavez. It’s is becoming more evident that Washington is pursuing the goal of sparking a bloody civil war in Venezuela which would serve as a pretext for direct military intervention of the Empire. The springboards of the US armed forces Southern Command are already deployed along the Venezuelan border in Columbia, the countries of Central America and the Caribbean… 

The 4th operational fleet regularly hones its capability to block the Venezuelan coastline and prevent any attempts of the ALBA (the Bolivarian Alliance for the Peoples of Our America - Peoples’ Trade Treaty, Spanish - Alianza Bolivariana para los Pueblos de Nuestra América - Tratado de los Comercios de los Pueblos) to lend a helping hand. 

The economic war has been raging since the regime of Chavez came to power, it started to pick up steam during the Maduro’s tenure. The Venezueal media reports that huge piles of counterfeited goods from Venezuela, especially food and petrol, are daily comfiscated at the border with Columbia, Gayana and Brazil. Entrepeneurs are dissatisfied with the government actions aimed at preventing the process to get out of hand. So they hide everyday life goods. According to the so called Bolivarian people’s intelligence, there are secret caches of sugar, vegetable oil, milk powder etc. The commodities are immediately confiscated and sold through Mercal, a network of state-owned shops. As a result, the arsons are on the rise, they set of fire the «people’s» shops selling goods at low prices. 

The government is opposed by Fedecámaras (the Venezuelan Federation of Chambers of Commerce (Spanish: la Federación de Cámaras y Asociaciones de Comercio y Producción de Venezuela) composed of chambers of commerce in twelve basic trade groups: banking, agriculture, commerce, construction, energy, manufacturing, media, mining, ranching, insurance, transportation, and tourism. They have their own TV channels and radio stations, newspapers and established internet-web portals. Up to 80% of media outlets belong to the opponents of the government. To no avail Chavez and Maduro tried to reach a compromise with their owners. The anti-government slander campaign never stops. Time and again influential mass media outlets follow the CIA instructions. Maduro and Diosdado Cabello regularly come under attacks, even direct threats, as they are predicted to follow the fate of Saddam Hussein and Gaddafi. The threats are tainted with fascist ideology; they are addressed to the families of Bolivarians, including children. This information terrorism is directed against all the politicians, who have fallen out of favor with the Empire, including the post-Soviet space. There is a question in Spanish often asked by internet users – what country will Maduro find safe haven in when toppled by the people’s uprising? The very same question is asked now about Ukrainian President Yanukovych. 

The law enforcement agencies prevent many attempts to create hot beds using the «Maidan technology» and «relevant Ukrainian experience» of toppling the legal government. Specially trained groups of young people are used after they receive training in Miami, Costa-Rica, Panama and other countries. Scores of burnt cars and buses, roadblocks, barricades erected…More and more often police reports tell about the crimes committed without any motivation, random shots fired at passers-by to incite public discontent because the government is unable to stop the criminals going on a rampage. Before this kind of tactics had been used by Mexico and Mexico drug cartels, now it is honed further by the US Central Intelligence Agency… 

Finally, there is a coordination of activities aimed at overthrow of governments in Venezuela, Ukraine and Russia’s allies. Could it be an attempt to take revenge for the failure in Syria? 

 

samedi, 01 mars 2014

Leave Ukraine Alone!

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Leave Ukraine Alone!

By

Ron Paul Institute

Ex: http://www.lewrockwell.com

Last week Ukraine saw its worst violence since the break-up of the Soviet Union over 20 years ago. Protesters occupying the main square in the capitol city, Kiev, clashed with police leaving many protesters and police dead and many more wounded. It is an ongoing tragedy and it looks like there is no end in sight.

The current conflict stems from a divide between western Ukraine, which seeks a closer association with the European Union, and the eastern part of the country, which has closer historic ties to Russia.

The usual interventionists in the US have long meddled in the internal affairs of Ukraine. In 2004 it was US government money that helped finance the Orange Revolution, as US-funded NGOs favoring one political group over the other were able to change the regime. These same people have not given up on Ukraine. They keep pushing their own agenda for Ukraine behind the scenes, even as they ridicule anyone who claims US involvement.

A recent leaked telephone conversation between two senior government officials made it clear that not only was the US involved in the Ukrainian unrest, the US was actually seeking to determine who should make up the next Ukrainian government! 

Senator John McCain, who has made several trips to Ukraine recently to meet with the opposition, wrote last week that the US must stand up to support the territorial integrity of Ukraine, including Crimea.

Why are US government officials so eager to tell the Ukrainians what they should do? Has anyone bothered to ask the Ukrainians? What if might help alleviate the ongoing violence and bloodshed, if the Ukrainians decided to re-make the country as a looser confederation of regions rather than one tightly controlled by a central government? Perhaps Ukraine engaged in peaceful trade with countries both to the west and east would benefit all sides. But outside powers seem to be fighting a proxy war, with Ukraine suffering the most because of it.

If you asked most Americans how they feel, my bet is that you would discover they are sick and tired of the US government getting involved in every crisis that arises. Certainly the American people want none of of this intervention in Ukraine. They understand, as recent polls have shown, that our interventionist foreign policy is only creating more enemies overseas. And they also understand that we are out of money. We could not afford to be the policemen of world even if we wanted to be.

And I bet if we asked the Ukrainians, a vast majority of them would prefer that the US — and Russia and the European Union — stay out their affairs and respect their sovereignty. Is it so difficult to understand why people resent being lectured and bribed by foreign governments? All we need to do is put ourselves in the place of the Ukrainians and ask ourselves how we would feel if we were in the middle of a tug-of-war between a very strong Canada on one side and a very strong Mexico on the other. We would resent it as well. So let’s keep our hands off of Ukraine and let them solve their own problems!

See the Ron Paul File

Le conflit en Ukraine : moralisme et réalité

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Le conflit en Ukraine : moralisme et réalité
 
 
 
Ex: http://www.realpolitik.tv
Article de Xavier Moreau initialement publié sur le site de L’Homme Nouveau le 21 février 2014.

Nous avons publié sur ce site [ndrl : L'Homme Nouveau] jeudi 20 février un appel de Myroslav Marynovych, vice-recteur de l’université catholique d’Ukraine, à propos des événements se déroulant dans son pays. Xavier Moreau, géo-politicien, spécialiste de la Russie et collaborateur du site Realpolitik.tv, apporte ici en réponse une autre vision. On pourra trouver ses autres analyses sur le sujet sur Realpolitik.tv, le site de géopolitique créé par Aymeric Chauprade.

Nous avons beaucoup écrit sur l’Ukraine, en essayant d’expliquer l’enjeu géopolitique qu’elle représente pour les États-Unis, la Pologne, l’Allemagne et la Russie. Le conflit qui secoue le pays n’est pas une lutte des gentils manifestants contre les méchants policiers. Nous pourrions, pour répondre du berger à la bergère à Myroslav Marynovych, donner les liens internet où l’on voit les policiers ukrainiens torturés, assassinés, brulés vifs…  mais se jeter les morts et les blessés à la figure ne ferait pas avancer ce débat. Nous nous contenterons donc, de rappeler à Myroslav Marynovych quelques règles de base de la démocratie française, qui pourraient inspirer ses partisans :

– Si une décision du Président ou du Parlement de notre pays, légalement et légitimement élus, ne nous satisfait pas, nous avons le droit de manifester et de voter contre eux aux élections suivantes. Les prochaines élections ukrainiennes ayant lieu en 2015, Myroslav Marynovych n’aura pas longtemps à attendre.

– Le fait d’être, le weekend, entre 100 000, 500 000 ou 1 000 0000 à occuper une place de la capitale ne change pas la première règle, un million de Français peuvent en témoigner.

– Le fait d’être, en semaine, 2000 désœuvrés et armés, ne nous autorise pas non plus, à remettre pas en cause la première règle.

– Si nous dépassons la zone ou l’horaire qui nous sont attribués pour notre défilé, la police nous dispersera. En France, ce sera plus brutalement qu’à Maïdan la première nuit.

– Si quelques milliers de manifestants se barricadent sur la place des Invalides, la police donnera l’assaut immédiatement, jettera les manifestant en prison et condamnera lourdement les meneurs. En France, il est inconcevable, contrairement à l’Ukraine, que les policiers français se fassent incendier par des « cocktails molotov » sans réagir, même si les manifestants sont soutenus par des capitales étrangères.

– Le gouvernement français n’autorisera jamais des bandes armées à occuper une place de la capitale parisienne et à la transformer en camp retranché.

– Comme la plupart des manifestants pacifiques du week-end, Myroslav Marynovych est visiblement mal informés sur l’accord de coopération proposée à l’Ukraine. Il n’a JAMAIS été question de supprimer le régime des visas. Il ne s’agissait pas non plus d’une première étape vers l’adhésion, ni même d’une candidature. Il s’agissait d’ouvrir les frontières ukrainiennes à l’UE et d’adapter la législation ukrainienne aux dizaines de milliers de normes européennes, ce qui prendrait à l’Ukraine une dizaine d’années. Après cela, elle pourrait en effet prétendre à être candidate à l’intégration.

– Même si les Européens prennent des sanctions, cela ne changera rien à la réalité de cet accord, dont vous oubliez qu’il a été préparé par l’ancien gouvernement et souhaité par votre Président. Ce que vous devez réclamer à l’Union Européenne et qui provoquera la signature immédiate de cet accord par Viktor Ianoukovitch, c’est 15 milliards de dollars. Sans cet argent votre pays est en banqueroute immédiate, le hrivna s’effondre, les fonctionnaires ne sont plus payés, les services publics disparaissent.

– En 1993, Jean-Pierre Chevènement rappelait déjà à Bernard-Henri Lévy, que le rôle d’un intellectuel est de rendre les événements intelligibles et non pas d’attiser les tensions en jouant sur l’émotion. En tant qu’intellectuel, votre rôle est d’inviter vos compatriotes à respecter la démocratie et à choisir leur destin dans le bureau de vote et pas dans la rue.

 

vendredi, 28 février 2014

Extension du système mondialiste

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L’ALLIANCE DU PACIFIQUE

Extension du système mondialiste

Auran Derien
Ex: http://metamag.fr
 
L’Alliance du Pacifique (Chili, Pérou, Colombie, Mexique) a été le cadre, début février, d’une signature commune pour éliminer, entre eux, les droits de douane. Juan Manuel Santos, président de la République de Colombie, partisan de l’alliance avec les Etats-Unis, a immédiatement affirmé que le développement de la région en serait favorisé. Cette Alliance pèse 215 millions d’habitants et obéit à la logique des regroupements promue par les organismes financiers.

Qui a intérêt aux regroupements ?

L’intégration recherchée a rarement des bases géopolitiques ou culturelles. Dans les accords de libre-échange, les produits industriels qui sont contrôlés par les multinationales n’ont pas besoin d’être protégés par des droits de douane. Entre les normes, les brevets, le conseil, les subventions de toutes sortes, le produit rapporte suffisamment. Les pays d’Amérique Latine, ayant peu investi dans la recherche et l’éducation sont facilement convaincus d’ouvrir leurs frontières pour contribuer, modestement, à une phase non essentielle d’élaboration d’un produit (exemple : l’aviation). Un pays perd lentement et sûrement la maîtrise de son destin et se retrouve désarticulé comme un puzzle renversé. L’Organisation Mondiale du Commerce se charge d’ailleurs de détruire ce qui reste de politique de développement endogène. Elle offre aux multinationales la possibilité de vassaliser tranquillement les pays de l’Alliance du Pacifique en imposant la vente des activités économiques.
 
Un mécano sans finalités.

 
Les membres de l’Alliance du Pacifique se vantent toujours d’attirer des investissements étrangers. Pour compenser l’influence occidentale, nous avons indiqué que la Chine était en passe de devenir leur deuxième fournisseur derrière les Etats-Unis. La zone de libre-échange prévue regroupe, en plus des quatre pays de l’Alliance, l’Australie, le Canada, le Japon, la Malaisie, Singapour et le Vietnam. Qu’y-a-t-il de commun entre ces cultures, qui puisse fonder une civilisation de paix et de justice ? Rien!

Les multinationales vont et viennent, comme l’aciériste Arcelor-Mittal qui a signé un accord de cinq ans avec le groupe canadien Evrim Resources pour exploiter le minerai de fer qui pourrait encore s’exploiter au Mexique. La rédaction des accords est toujours très technique et très précise pour favoriser les procès, régulièrement gagnés par les multinationales face aux Etats. Les textes des accords de libre-échange sont systématiquement fondées sur trois négations: aucune différence entre les investisseurs (étrangers ou autochtones); aucune contrainte de transfert technologique, aucun apport obligatoire de devises, pas de consommations intermédiaires locales. Enfin, les cadres viennent du vaste monde sans aucun lien avec la culture locale. Au total, l’investissement direct ne profite pas à la communauté; les marchandises circulent sans entraves et sans vérification ; tous les autochtones sont traités avec le plus profond mépris.

La globalisation de l'économie est acceptée et votée car on  fait croire que cela aidera le reste du monde à se développer. Mais la réalité confirme que les financiers nous plongent dans la crise. Toutes les zones disparates de libre-échange créées dans le monde n’ont qu’un seul objectif : assurer des super-profits et, en passant, payer de hauts salaires à des fonctionnaires dévoués.

La génération qui vient devra en finir avec ce monde. 
 

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Eurasianism

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Eurasianism

 
Ex: http://www.geopolitica.ru
 
Russian emigre philosopher and geopolitician Pyotr Nikolaevich Savitsky (1895-1968) was a leading figure of the classical Eurasianist movement that flourished after the Bolshevik Revolution and during the inter-war years. In this excerpt from a 1925 essay, Savitsky expounds the Eurasianist worldview, one based on traditional spiritual values rather than the modern materialists’ reign of quantity.
 
Eurasianists join those thinkers who reject the existence of universal progress…If a line of evolution runs differently through various spheres, then there can be no general ascending movement, no gradual and unbending general improvement; one or another cultural medium, improving in one area (from one point of view), often degrades in another and from another point of view. This position is applicable, in particular, to the European cultural medium: it has bought its scientific and technical “perfection,” from the point of view of the Eurasianists, with ideological and most of all religious impoverishment. The duality of its achievements is distinctly expressed in relation to the economy. Over the course of long centuries in the history of the Old World, there existed a certain singular correlation between the ideological-moral-religious principle on the one hand and the economic principle on the other. More precisely, there existed some ideological subordination of the latter principle to the former.
 
Namely the permeation of the whole approach to economic issues by the religious-moral moment allows some historians of economic theories (for example, the old mid-nineteenth century German-Hungarian historian Kautz, whose works up to now haven’t lost a certain significance) to unite into one group – by their relation to economic problems – such varying texts as Chinese literary fragments, the Iranian code of the Vendidad, the Mosaic law, the works of Plato, Xenophon, Aristotle and the medieval Western theologians. The economic philosophy of these texts is in a well-known sense the philosophy of a “subordinate economy;” the connection between satisfaction of our economic requirements with the general principles of morality and religion is emphasized within all of them as something necessary and proper.
 
The economic philosophy of the European “new era” is opposed to these views. Not always by direct words, but more often by the foundations of worldview, the new European economic philosophy asserts the cycle of economic phenomena as something self-sufficient and of autonomous value, containing and drawing from within itself the objectives of human existence. It would be a sign of spiritual blindness to negate the enormity of those purely cognitive achievements and successes in understanding and viewing economic phenomena that the new political economy has accomplished and accumulated. Yet acting as an empirical science and indeed in a certain and greater degree being such, in a whole host of its attitudes, the new political economy has influenced intellects and epochs as a metaphysic…
 
Just as the economic ideas of the ancient legislators, philosophers and theologians are tied to certain metaphysical conceptions, the economic ideas of the new economists are also tied to them. But if the metaphysics of the first was a philosophy of “subordinate economics,” then the metaphysics of the second is a philosophy of “militant economism.” The latter is in some way the ideological price that the new Europe has paid for the quantitatively tremendous economic growth she has experienced in modernity, especially in the last century. There is something instructive in this picture – both at the close of the Middle Ages and in the course of the new era, the ancient wisdom of moral testament, immemorial and restraining the egotistical instincts of man through words of exhortation and denunciation, the philosophy of “subordinate economics” is crumbling under the offensive of the new modern ideas, with the theory and practice of militant economism conceitedly asserting itself.
 
Historical materialism is the most consummate and dramatic expression of the latter. There is far from an accidental link between the philosophy of subordinated economics on the one hand and militant economism on the other, as we observe in empirical reality, with a certain attitude to questions of religion. If the philosophy of subordinated economics always serves as an appendage to one or another theistic worldview, then historical materialism is ideologically bound to atheism.
 
Like a wolf in fairy tales, the atheistic essence once hiding in historical materialism has now cast off the diversionary sheepskin of empirical science that had covered it: the atheist worldview is perpetrating its historical triumph in Russia, and state power in the hands of atheists has become an instrument for atheist propaganda. Not examining the question of historical responsibility for what has happened in Russia and not wishing to relieve anyone of this responsibility, the Eurasianists at the same time understand that the essence Russia assimilated and implemented, due to the susceptibility and excitability of her spiritual being, is not a Russian essence at its source and spiritual origin. The Communist witches’ Sabbath ensued in Russia as the completion of a more than two-hundred year period of europeanization.
 
To admit that the spiritual essence of Communist rule in Russia is, in a special manner, the reflected ideological essence of Europe’s new era is to make an assertion that is empirically founded to a high degree. (Here we must consider the following: the origin of Russian atheism in the ideas of the European Enlightenment; the importation of socialist ideas into Russia from the West; the connection of Russian Communist “methodology” with the ideas of French Syndicalists; and the significance and “cult” of Marx in Russia.) But having seen the ideological essence of European modernity in the form that was brought to its logical conclusion, Russians, not accepting Communism and at the same time not having lost the ability to think logically, cannot return to the basis of Europe’s latest ideology.
 
In the consciousness of the Eurasianists, there flows from the experience of the Communist Revolution a certain truth, simultaneously old and new – a healthy social community can be based only upon the indissoluble tie of man with God. An irreligious community and an irreligious sovereignty must be rejected; this rejection predetermines nothing in relation to concrete legal-constitutional forms, and there may exist as such a form, in the conception of the Eurasianists, of “separation of Church and state,” for example. Yet essentially, it is nevertheless highly significant that perhaps the first government by a consistently atheistic Communist power that had turned atheism into the official faith proved to be an “organized torment,” in the prophetic words of the profound nineteenth-century philosopher Konstantin Leontiev, a system of shock and destruction of “the common good” (in the name of which Communist power was established) and such an outrage upon the human person that all images pale and all words are powerless in the portrayal of a terrible, unprecedented and blasphemously bestial reality.
 
And we reiterate: the circumstance that the first consistently atheist power proved itself the dominion of the bestial is hardly an accident. Historical materialism, and the atheism that supplements it, deprives man’s primarily animal instincts of their restraint (including the primarily economic instincts, which amount to robbery). The basic defining force of social existence in the conditions of materialism and atheism’s ideological dominance turns out to be hate and delivers its deserved fruits: torment for everyone. And sooner or later it cannot but bring the final fruit – torment to the tormenters.
 
Russia enacted the triumph of historical materialism and atheism, but those laws that manifested in the course of her Revolution concern far from her alone. The cult of primarily economic interest and every sort of animal primacy has also germinated abundantly in the consciousness of peoples outside of Russia, and neither can it be the basis for a long-lived and successful society beyond her borders. The destructive forces gathering in these conditions will sooner or later overcome the power of social creation here, as well. One has to approach the problem in all its depth and breadth. The pressure of the materialist and atheist outlook must be opposed with an ideological essence overflowing with valuable and weighty content. There can be no hesitation. With still unheard-of directness and unbending resolve, on the broadest front and everywhere, it is necessary initiate and lead the struggle with everything associated even in the slightest degree with materialism and atheism. The evil must be traced back to its roots; we need to literally uproot it. It would be a superficial and powerless attempt to fight only with the most pronounced manifestations of historical materialism and atheism, or Communism alone. The problem is set deeper and at a more essential level. War must be declared upon militant economism wherever it might reveal itself. In the name of our religious worldview we must gather our forces, and with ardent feeling, clear thought and the fullness of understanding, combat the specific spirit of the new Europe.
 
Since the Continent has arrived at that historical and ideological frontier where it is at present, we can assert with great probability that in some period of the future, one of two outcomes will occur. Either the cultural medium of the new Europe will perish and scatter as smoke in tortuously tragic upheaval, or that “critical,” in the terminology of the Saint-Simonians, epoch that began in Europe with the close of the Middle Ages should come to an end and be replaced by an “organic” age, an “age of faith.” Past a certain measure, one cannot trample with impunity ancient wisdom, for in it is truth – not on the basis of elevating primarily selfish human instincts into the higher principle upheld in the philosophy of militant economism, but on the basis of an enlightened religious feeling of restraint and control of these instincts, thereby achieving a practicable higher measure of the “common good” on earth. A society given over to exclusive concern for worldly goods will sooner or later be deprived of them; such is the terrible lesson that shows through from the experience of the Russian Revolution.
 
The Eurasianists attempt to conclusively and thoroughly clarify and comprehend this experience, extract all the lessons streaming out of it, and be fearless in the matter. This is in contradistinction to those who have in confusion and timidity reeled from Communism’s beastly image, yet have not refused that which composes the basis or root of Communism; those who seizing the plough, look back; who try and pour new wine into old skins; who, having seen the new truth of Communism’s repulsiveness, are not strong enough to denounce the old abomination of militant economism, whatever forms the latter might assume.
 
Private faith is insufficient – the believing person should be conciliar. The Eurasianists are men of Orthodoxy. And the Orthodox Church is the lamp that illuminates them; they call their compatriots to Her, to Her Sacraments and Her Grace. And they are not troubled by the terrible sedition that has arisen in the heart of the Russian Church through the incitement of the atheists and theomachists. Spiritual strength will be sufficient, the Eurasianists believe; the struggle leads to enlightenment.
 
The Orthodox Church is the realization of higher freedom; its principle is concord, as opposed to the principle of authority that dominates in the Roman Church that separated from her. And it seems to the Eurasianists that in the stern matters of the world, one cannot make do without stern authority, but in matters of spirit and the Church, only grace-filled freedom and concord are good instructors. In some spheres of its worldly affairs, Europe demolishes the efficacy of authority and introduces a tyrannical power. The Orthodox Church has for long centuries been a light only to those nations who stayed faithful to her; she shined with the truths of her dogma and with the exploits of her ascetics.
 
At present, perhaps, a different period approaches: the contemporary Orthodox Church, continuing the succession of the ancient Eastern Church, received from her a whole unprejudiced approach to forms of economic life (so contradictory to the techniques of the Western Church, for example, which for long centuries fought against the collection of interest) and to the achievements of human thought. And therefore, it may be that within the framework of the new religious epoch, namely the Orthodox Church in the greatest measure is called to consecrate the achievements of the latest economic technology and science, having purified them from the ideological “superstructure” of militant economism, materialism and atheism, just as in her time, in the age of Constantine, Theodosius and Justinian, within the framework of a genuine and inspired “age of faith,” the ancient Church was able to consecrate a quite complex and developed economic way of life and considerable freedom in theological and philosophical thought. In contemporary economic life and empirical science, whatever its development, there is nothing that would exclude the possibility of their existence and prosperity in the depths of the new epoch of faith. The combination of modern technology with the ideology of militant economism and atheism is in no way either obligatory or unavoidable.
 
From the religious outlook, economic technology, whatever the limit of its possibilities might be, is a means of realizing the Testament laid by the Creator into the foundation of the human race: “and have dominion over the fish of the sea, and over the fowl of the air, and over every living thing that moveth upon the earth.” Empirical science, from the religious point of view, is the uncovering of a picture of God’s world – whereby through the advance of knowledge, the wisdom of the Creator is ever more fully and completely revealed…
 

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Ukraine- Crimée : de l’insurrection à la guerre

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Ukraine- Crimée : de l’insurrection à la guerre
 
L’Europe gagne un boulet et une crise

Jean Bonnevey
Ex: http://metamag.fr

L’insurrection l’a emporté. Comme partout, quand un  régime autoritaire cède, il s’effondre et il est dévoré par sa propre meute. Rien n’est plus répugnant que le résistant de la 13ème heure se transformant en vengeur.


Certains saluent la victoire de la démocratie et de la liberté. En fait il y a bien, pour le moment un, échec de Poutine. Mais cet échec ne peut changer l’essentiel. L’Ukraine est liée au monde russe plus qu’à l’Europe de Bruxelles. Une Europe qui va devoir payer le prix fort pour éviter un effondrement de ceux qu’elle a soutenu pour chasser le pouvoir pro-russe.


Un pays lourdement endetté

L'Ukraine a besoin de 35 milliards de dollars d'aide internationale sur deux ans et a souhaité obtenir un premier versement dans les jours ou les semaines qui viennent, annonce lundi le ministère des Finances dans un communiqué dont l'agence Reuters a eu copie. « La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, va discuter des mesures nécessaires à prendre pour stabiliser l'économie du pays », a indiqué la Commission européenne. Cet appui reste cependant conditionné à la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international.

Les Ukrainiens vont vite déchanter et comprendre que la pseudo liberté politique passe par  une vraie servilité économique. En décembre dernier, le président russe Vladimir Poutine avait promis de fournir une aide de 15 milliards de dollars (11 milliards d'euros) et de réduire les tarifs du gaz vendu à l'Ukraine après la décision de son homologue ukrainien Viktor Ianoukovitch de ne pas signer un accord d'association avec l'Union européenne. Une première tranche d'aide a été débloquée, mais suite aux récents évènements, la Russie a suspendu l'octroi d'un second versement. « En cas d'accord avec le FMI, d'autres aides internationales pourraient se mettre en place et aider l'Ukraine à se redresser », a souligné un haut fonctionnaire américain. Le nouveau pouvoir sera donc totalement dépendant non plus de Moscou mais de Washington et Bruxelles.


Plus encore que de la banqueroute, la communauté internationale redoute, dans l'immédiat, que la crise creuse le fossé entre l'Est russophone et russophile, majoritaire, et l'Ouest nationaliste et ukrainophone. Sous le règne de l'Union soviétique, les russes ont immigré en masse dans l'est du pays,  qui a fait l'objet d'une rapide industrialisation. L’Ouest est historiquement plus tourné vers la Pologne. Le Premier ministre polonais Donald Tusk, en première ligne, estimait  d'ailleurs, samedi soir, qu'il existait des forces menaçant l'intégrité territoriale de l'Ukraine.


Alarmés, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine ont d'ailleurs souligné l'importance pour l'Ukraine de préserver son intégrité territoriale, lors d'un entretien téléphonique, a indiqué le porte-parole du gouvernement allemand. « Une partition de l'Ukraine ou le « retour de la violence » ne sont dans l'intérêt ni de l'Ukraine, ni de la Russie, ni de l'Union européenne, ni des Etats-Unis », a  assuré une proche conseillère de Barack Obama, Susan Rice. Certes mais, les JO terminés, Poutine va retrouver tous ses moyens.


Le conflit pourrait rebondir en Crimée


Région peuplée principalement de russophones, la Crimée a été rattachée en 1954 à l'Ukraine qui faisait alors partie de l'Union soviétique. Il s'agissait d'une décision purement formelle, car le transfert de ce territoire a été effectué à l'intérieur du même Etat. Après la chute de l'URSS en 1991, la Crimée est restée au sein de l'Ukraine, mais a reçu le statut de région autonome. « La Crimée demandera à se séparer de l’Ukraine en cas de renversement du pouvoir légitime dans le pays », a déclaré le président du parlement régional de la Crimée Vladimir Konstantinov, ajoutant que cette question ne se posait pas pour le moment.


« Nous n'avons qu'une seule voie à suivre: dénoncer la décision du Comité central du PCUS concernant le rattachement de la Crimée [à l'Ukraine]. Un pays a transmis la Crimée à un autre pays, nommé Ukraine, en signe d'amitié éternelle. Nous voyons bien ce qui est advenu à cette amitié. Et si un pays cesse d'exister, les actes juridiques le concernant sont déclarés nuls et non avenus », a affirmé M. Konstantinov à Moscou lors d'une réunion de la fraction libérale-démocrate au parlement russe. Les représentants de la communauté russe et du parti communiste de l’Ukraine se sont exprimé lors de l'événement. Les orateurs se sont opposés à l’entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne, et ont appelé à la sortie de la Crimée du pays.


La crise n’est pas finie.

jeudi, 27 février 2014

Ukraine: L’UE a soutenu un putsch contre un gouvernement démocratiquement élu

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Ukraine: L’UE a soutenu un putsch contre un gouvernement démocratiquement élu

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Par Aymeric Chauprade

Le coup de force organisé par les États-Unis et l’Union européenne soutenant Tiagnibok (seul leader qui contrôlait les émeutiers) pendant les Jeux de Sotchi (les Russes ayant alors les mains liées) a donc fonctionné et débouché à l’effondrement du pouvoir légal la veille de la fin des Jeux (le 23 février).

Quelles leçons pouvons-nous tirer ?

1) Les récents événements dramatiques démontrent qu’il n’existe aucune solution politique viable et durable pour l’Ukraine dans les frontières actuelles car l’Ukraine est divisée géopolitiquement.

2) Le président Ianoukovitch qui a quitté le pouvoir de lui-même, et afin que le bain de sang cesse, avait certes des torts sérieux (corruption, incapacité à agir dès le début de la crise) mais il avait été élu démocratiquement (aucune contestation de l’OSCE) et était le président légal. C’est donc un coup de force, un coup d’État même, qui l’a poussé vers la sortie et ce coup d’État a bel et bien été soutenu par l’Union européenne.

3) Le sang a coulé parce que l’opposition a tiré la première à balles réelles sur les forces de l’ordre. Les premiers morts ont été des policiers. Qu’aurait fait un gouvernement occidental si des manifestants avaient tiré à balles réelles sur ses forces de l’ordre? On se souvient que l’autoritaire M. Valls aura quand même fait jeter en prison des petits jeunes de la Manif pour tous ou de Jour de Colère pour un simple jet de canette !

4) Dans cette situation dramatique, l’Union européenne et les États-Unis portent une très lourde responsabilité. Ils ont encouragé la rébellion qui a débouché sur la violence ; ils ont cautionné un coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu.

5) La trame de fond de cette affaire, ne l’oublions pas, est, premièrement l’affrontement entre les États-Unis et la Russie, les premiers voulant otaniser l’Ukraine, les seconds voulant y conserver leur influence stratégique.

C’est, deuxièmement, un affrontement historique entre l’Allemagne qui a toujours voulu contrôler (Hitler) l’ouest de l’Ukraine (ce qui explique les néo-nazis de Svoboda) et la Russie qui tente de refouler cette influence (ce qui explique les slogans anti-nazis des ouvriers de Donetsk).

6) L’affaire ukrainienne, après la Syrie, la Libye et tant d’autres depuis 1990, apporte la démonstration que l’antifascisme et l’antisémitisme sont une posture pour les partis dominants en France et non un combat réel, posture qui ne vise qu’à diaboliser les forces politiques réellement alternatives. Ce n’est en effet pas une conviction puisque, au nom de l’Union européenne, ces partis inféodés aux oligarchies pro-américaines ont soutenu les néo-nazis ségrégationnistes et antisémites de Svoboda, le fer de lance du coup de force contre le gouvernement légal d’Ukraine.

Une fois de plus, l’Union européenne prouve qu’elle n’est rien devant les tendances lourdes de l’Histoire et les enjeux de puissance. Sa rhétorique sur la démocratie et les droits de l’Homme est instrumentalisée. Les gesticulations bellicistes de BHL en sont l’illustration pathétique.

L’Ukraine face au réel

L’opposition est divisée : que peut-il y avoir de commun en effet entre Ioulia Timochenko et les néo-nazis de Svoboda ?

Les différents clans d’opposants vont devoir faire face à la réalité économique et géopolitique :

- banqueroute de Naftogaz, la compagnie gazière

- plus de service public, fonctionnaires non payés, caisses vides. L’UE ne donnera pas suffisamment. Donc Iatsenouk va devoir aller mendier l’argent russe et on imagine comment il sera accueilli.

- chaos dans l’Ouest de l’Ukraine où des bandes ont pris le contrôle.

- qui fera partir les extrémistes qui tiennent Maïdan ?

Le retour à la Constitution de 2004 n’arrangera rien. Bien au contraire. Leonid Kuchma sentant le vent tourner en sa défaveur pendant la Révolution orange, avait imaginé une constitution perverse qui diluait tout les pouvoirs si bien que personne ne dirigeait vraiment l’Ukraine.

Revenir à cette Constitution sera une catastrophe quand on connaît la fragilité géopolitique intérieure de l’Ukraine et ses difficultés économiques. Selon Standard&Poors, l’Ukraine fera défaut sur sa dette (elle doit rembourser 13 milliards de dollars cette année) si la Russie arrête son aide, ce qui est désormais probable.

Que peut-on souhaiter ?

Pour ramener la paix, il ne reste qu’une solution viable. Diviser l’Ukraine en deux États. Une Ukraine de l’Ouest tournée vers l’Allemagne, la Pologne et donc l’Union européenne. Ce sera l’Ukraine pauvre, nous serons perdants, sauf les Allemands qui vont y trouver une main d’oeuvre à bas coût pour continuer à maintenir leur avantage compétitif sur nous.

Une Ukraine de l’Est, indépendante ou rattachée à la Russie (après tout les habitants y sont russes) avec la Crimée bien sûr, éminemment stratégique pour Moscou.

Conclusion

Nous ne sommes qu’au début du chaos ukrainien et l’Union européenne porte une très lourde responsabilité. Manipulée par les États-Unis, l’Union a voulu exclure la Russie, acteur essentiel dans la zone, du règlement. Rappelons qu’après le Sommet de Vilnius de novembre 2013, le Kremlin a proposé de régler la question de l’Ukraine lors d’une conférence qui aurait rassemblé les Ukrainiens, les Russes et les Occidentaux.

La crise ukrainienne est donc une nouvelle preuve de l’échec de l’Union européenne. L’Union européenne n’est pas un facteur de paix, elle est un facteur de guerre.

 - Source : Realpolitik.tv