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mercredi, 29 avril 2020

André Suarès, une vision paraclétique

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Luc-Olivier d’Algange:

André Suarès, une vision paraclétique  

« Lucere et ardere, perfectum est. » 

Saint-Bernard 

« Ils m'ont tant méconnu, qu'enfin je me connais.

Ils m'ont tant dépeuplé que j'ai créé dans le désir un monde.

Ils m'ont fait si solitaire que j'ai passé tous les déserts sans  encombre: j'ai été d'oasis en oasis jusqu'à la source délicieuse, de flamme fraîche et d'ombre blonde » 

André Suarès

         Nul ne fut plus artiste qu'André Suarès; nul mieux que lui n'osa concevoir le sens de l'Art comme une question de vie ou de mort. Pour André Suarès, voir le monde en artiste, ou en poète, ce n'est pas seulement opposer la vie à la mort, vouloir le triomphe de la vie sur la mort, c'est aussi discerner ce qu'il y de mort chez les vivants, et les en vouloir délivrer; et pressentir dans la mort, dès lors que nous cessons de la craindre, pour l'avoir défiée, la possibilité inépuisable d'une renaissance immortalisante. On a parlé, à propos d'André Suarès d'une « mystique de l'Art », qui précéderait celle de Malraux. Toutefois l’Art, selon André Suarès, ou la poésie,  ne se substituent pas exactement à la Religion mais s'en trouvent être la manifestation précellence et l'expression essentielle. Il serait ainsi plus exact d'évoquer une métaphysique de l'Art.

Si la nature symbolise avec l'Art, l'Art lui-même symbolise avec une réalité qui lui est supérieure sans en être distincte ni lui être antérieure. L'Art témoigne mais ce dont il témoigne se tient tout entier dans le témoignage. Lorsque l'homme, conquis par sa plus haute exigence, laisse derrière lui le monde tel que le conçoivent les utilitaires et les « « sots moralisateurs », il s'empare des mots, des sons, des lignes, des couleurs, autrement dit des formes et des idées (au sens grec, l'idéa n'est autre que la forme) et s'achemine, à travers les œuvres qu'il suscite, vers une gloire qui n'est plus de ce monde. Il témoigne alors d'une autre réalité qui n'est point antérieure ni séparée mais qui se trouve être au cœur, son propre cœur bruissant, flamboyant: ce buisson ardent de l'herméneutique spirituelle en attente du Paraclet, qui laisse aux visages, aux paysages et aux Cités une chance d'être en concordance avec ce qui les dépasse et dont ils procèdent. Cette chance cependant n'est point donnée mais conquise, ou, plus exactement, donnée, elle doit encore être reconquise contre tout ce qui, en ce monde, conspire à nous faire méconnaître ce don, à nous l'obscurcir, à nous en tenir éloignés. Mieux que d'autres en son temps, André Suarès nous avertit que l'Art est un combat contre son temps, contre cet insensé rabougrissement de l'imagination et de l'entendement que les « progressistes » nous proposent comme une « libération » ou un accomplissement final de l'humanitas.

51a6zLEF2LL.jpg         « Tout est voile en plein ciel. Rien n'est allégorie et tout est Symbole ». Là se précise la métaphysique d'André Suarès dont l'œuvre toute entière semble destinée à nous délivrer de la fadaise allégorique et à laisser resplendir en nous la beauté et la vérité du Symbole. Alors que l'allégorie s'abolit dans ce qu'elle allégorise, qu'elle n'est qu'une formulation provisoire, vouée à périr dans l'abstraction qu'elle désigne, le Symbole sauvegarde le visible dans l'invisible et l'invisible dans le visible. La part visible du Symbole est inséparable de sa part invisible; elle demeure dans le mystère ingénu de sa forme, de sa vocation; et de ne point s'étioler dans l'invisible auquel elle se rapporte, lorsque nous l'atteignons, elle acquiert, ici-bas, comme pour la première fois, la splendeur de la beauté dont elle est le nom et l'épiphanie.

         Loin de se laisser traduire d'un langage à l'autre, comme l'allégorie, de se laisser convertir du concret à l'abstrait, le Symbole demeure dans sa vérité de part et d'autre de l'orée qui distingue et unit le sensible et l'intelligible. Cette « voile en plein ciel » est notre songe et notre ivresse. Elle est aussi le voile qui révèle en revoilant. Ce monde où tout est Symbole nous lance dans les Hauteurs car tout Symbole symbolise lui-même avec un autre Symbole: telle est la clef de la grandeur, de la vastitude. Toute chose symbolise, et sans doute n'y a-t-il que l'espace qui ne symbolise avec rien d'autre qu'avec lui-même.

         Le métaphysicien le plus aigu, l'herméneute spirituel le plus audacieux, se trouvent ainsi, dans leur méditation du Symbole, plus proches de la simple croyance, de la naïve et lumineuse ferveur, que de la Théologie rationnelle qui change les Symboles en allégories et finit par ne voir en celles-ci que des ombres inutiles de quelque « morale citoyenne ». Si la procession liturgique, l'Ange et toute la splendeur architecturale et musicale de la Religion sont, en effet, des Symboles d'une réalité plus haute, leur réalité ici-bas n'en est que plus réelle, leur « acte d'être », offert à nos sens, n'en est que plus intense et plus adorable.

         Prenons, mais nullement au hasard, pour exemple, les récits de la légende arthurienne et de la Quête du Graal. Le cheminement, les combats, le Graal lui-même symbolisent avec une réalité supérieure, mais est-ce à dire qu'ils s'abolissent pour autant en celle-ci, qu'ils disparaissent dans la réalité qui les suscite ? Si le Graal est la vérité ultime, la « rejuvénation » du monde et de l'âme, celles-ci n'en demeurent pas moins le Graal. L'herméneutique spirituelle des Symboles se fonde ainsi sur la reconnaissance d'un surnaturel concret, d'une vérité qui est réelle et d'une réalité qui est vraie et non point sur une simple résorption du sensible dans l'intelligible. Si Dieu est bien « ce trésor caché qui aspire à être connu », les formes qui le manifestent sont aussi indispensables à cette aspiration que l'Intellect qui, par l'intuition lumineuse, le rejoint. Telle serait la mission paraclétique de l'œuvre d'Art.

suares.jpg        Les ultimes pages écrites par André Suarès, réunies sous le titre Le Paraclet (et que nous devons lire exactement, selon la formule consacrée, comme son « testament spirituel ») ressaisissent en un seul geste les préoccupations esthétiques, métaphysiques, religieuses et morales de l'auteur. Elles sont à la fois son Ecce homo et un viatique pour ses successeurs. Elles récapitulent non moins qu'elles annoncent. Le dernier mot est toujours un avant-dire.

         Le ressouvenir de ces grands intercesseurs, que furent pour André Suarès les écrivains et les artistes qu'il aima, s'accomplit, en ces pages frontalières (voiles dans le ciel !) dans le pressentiment de l'accomplissement prophétique. Ces formes de la beauté qui frémissent et brûlent, ces  « ombres blondes », ces « sources de flamme fraîche » », cette terre paradisiaque qui ondoie dans le piano de Ravel ou les orchestrations de Debussy, sont annonciatrices. Elles ne se résolvent point dans leurs mécanismes; elles ne renvoient point seulement à elles-mêmes; elles ne s'éteignent point dans les objets qu'elles inventent: elles préfigurent l'advenue d'un Règne, et ce Règne est celui du Saint-Esprit, du Paraclet, qu'annonce l'Evangile de Jean.

         Avant d'être cet « esthète », cet amoureux exclusif du Beau à quoi l'on s'obstine à le réduire, André Suarès fut le héraut d'une métaphysique radicale de l'Art. Qu'est-ce que la Beauté, si elle ne symbolise, sinon une catégorie, par surcroît relative, du sentiment, à la merci des époques, des modes, ou d'autres capricieuses variations d'humeur ? Vaudrait-elle ce combat, ces héros et ces martyrs dont André Suarès récita la geste ? Ne serait-elle point alors un banal épiphénomène de l'entendement; et destinée, alors, à rendre ses armes, toutes ses armes étincelantes de jeunesse, de courage, de légèreté et de rêve, à ces hommes sérieux, ces Messieurs Homais qui planifient le monde et entendent objectivement le « gérer », selon ce mot ignoble qui souille désormais toutes les bouches.

         Le parti-pris de laideur, d'insignifiance, de vulgarité (qui se veut « dérision ») d'une certaine production « artistique » moderne abonde en cette hypothèse qui procède elle-même d'une volonté idéologique d'éradiquer, dans l'Art comme dans la vie, toute survivance métaphysique ainsi que toute attente eschatologique. Je ne vois, pour ma part, rien de plus pompier que ces « installations » qui ravissent les « gogos du vieil art moderne », et rien de plus fastidieusement allégorique que les commentaires spécialisés qui les accompagnent, ces modes d'emploi pour demeurés, qui conjuguent un jargon digne des bulletins officiels de l'Education nationale avec la fumisterie éventée. Quelle tristesse ! Ce nihilisme de pacotille ne cesse d'apporter la démonstration massive que l'informe est au principe des pires conformismes. Observons, en passant, comment ces cléricatures se défendent contre ceux qui osent les contester: ces gens-là, qui s'affichent « contestataires » manient l'excommunication et le lynchage avec la même diligence dont ils usent, en général, à mettre la main sur les subventions de l'Etat. Il existe bien un « art officiel » de ces dernières décennies et il se trouve être aussi bourgeois et pompier, mais avec le savoir-faire artisanal en moins, que « l'art officiel » du dix-neuvième siècle. Cet « art » qui se vante de n'avoir pas de sens, qui s'édifie, et de la façon la plus bonhomesquement édifiante, sur la négation du Sens, ne s'en oriente pas moins vers les poubelles de l'Histoire. Il n'en restera pas davantage que des scènes mythologiques léchées ou les portraits empesés des notaires de province que les critiques préféraient naguère à Monet ou à Cézanne.

2bbd241f62129dde0fb4bfe764e365bc.jpg        Ne nous leurrons pas davantage: l'Art sera paraclétique ou ne sera pas. Tout Art est sacré par définition, c'est-à-dire par provenance et par destination. L'Art profane fut une utopie fallacieuse qui finit comme nous la voyons: en calembredaines publicitaires. Le grand Art moderne fut une reconquête du sacré contre les bondieuseries et les saintsulpiceries « réalistes ». Le retour aux ibères et aux étrusques de Picasso, le catholicisme mystique de Cézanne (dont il conviendrait de relire les écrits), les subtiles épiphanies de Vuillard qui irisent et approfondissent le réel, qui dévoilent ce réel qui est vrai et cette vérité qui est réelle, offrent au regard ce qu'il faut bien considérer comme les étapes d'un cheminement, les moments d'un combat qui ne sauraient se résoudre en une théologie rationnelle. « Paraclet, Paraclet, Saint-Esprit, sois l'hôte: reçois et sois reçu ».

         Le traité du Paraclet d'André Suarès se distribue en trois livres: Livre I, La Voie, livre II, Le Seuil, livre III, Le Règne. Ces trois moments procèdent de cet appel premier, de cette métaphysique de l'être à l'impératif qui est aussi une éthique de l'hospitalité. « Le monde, écrit Hugues de Saint-Victor, est la grammaire de Dieu ». Tout le mystère de l'Esprit se joue, en effet, dans ce dépassement du substantif et de l'infinitif et dans la brusque surrection de l'impératif.  « Par Saint-Esprit, j'entends l'intuition pure, le miracle intérieur, la lumière sans méthode, sans étude et sans règle, éclairant tout d'un coup la pensée, pliant les mœurs et la conduite. Intuition: vue du fond par le dedans: quel que puisse être le sens rationnel par où l'on doive conclure ». Le Dieu dont le Paraclet est l'intercesseur ne saurait donc être un « étant suprême », un potentat auquel on pourrait se contenter d'obéir, une « entité » plus puissante, mais semblable à d'autres qui peuplent le monde: c'est assez dire qu'il n'est pas un substantif. Il n'est pas davantage l'être, à l'infinitif, dont nous parle l'ontologie, de Parménide à Heidegger, qui repose dans son « éclaircie ». Il est l'être à l'impératif, esto !, l'Un dans le chacun, c'est-à-dire l'hôte, au double sens du mot: celui qui reçoit et celui est reçu.

         Cette métaphysique de l'être à l'impératif éclaire la morale d'André Suarès toute entière dévouée à s'arracher à la nature, à l'infantilisme et à la bestialité. L'Art est ainsi non plus « l'Art pour l'Art » (encore que l'Art pour l'Art soit aux yeux d'André Suarès infiniment préférable à l'Art au service d'un grégarisme) mais l'Art pour l'au-delà de la vie et de la mort: « Humble superbe, quasi divine superbe divinité qui s'humilie. On s'élève dans l'ordre de l'esprit, le seul qui compte. On se fait soi-même un être neuf et grand au long parcours. On se crée enfin, car tel quel l'homme n'est pas créé: il est encore à naître. Qu'est-ce qu'une vie qui ne s'est pas dépassée ? »

         L'Art, comme métaphysique de l'être à l'impératif, tient ainsi ensembles dans son geste, la morale, l'esthétique et le sacré. La morale qui correspond à cette métaphysique ne saurait être qu'une morale héroïque, au sens exact, chevaleresque, c'est-à-dire une morale, non de bourgeois, mais de Noble Voyageur. Dans cette hiérarchie des « actes d'être » qui vont du plus épais au plus subtil, du plus lourd au plus léger, du moins intense au plus intense, l'Art apparaît à André Suarès comme une trans-ascendance guerroyant: « On entre alors dans une lutte sans merci. La lutte est la somme de l'être et de l'homme. La lutte est ouverte contre tous les anges et tous les démons: ils sont postés sur toutes les routes pour perdre l'homme: ils font le guet pour le noyer comme  un chat dans son destin. La nature n'aime pas l'homme: ils sont ennemis. La ruine propre de l'homme engage la ruine de la pensée et du monde ».

1403863863589277.png         C'est assez pour comprendre que le Paraclet est à la fois au principe d'une Quête chevaleresque et d'une attente eschatologique. Toutefois cette attente ne sera point passive: elle ne sera pas ce consentement au destin que les matérialistes nomment déterminisme et que certains dévots veulent faire passer, en la profanant odieusement, pour un assentiment à la divine Providence. Pour André Suarès, le Règne n'advient que pour autant que nous le fassions advenir. L'attente n'est point soumise, elle est ardente: elle est cette attention ardente qui est le sens et la vertu même de la poésie, de l'acte d'être à l'impératif de celui qui crée dans le péril, dans l'attente extrême où tout se joue dans l'instant et à jamais: « A chaque pas, le coup de dé: le risque de tout perdre se joue contre une chance éternelle. Il ne s'agit pas de repos: la paix est dans la victoire, et l'on ne vainc que dans la lutte. Cette palme pousse sur l'arbre sacré de la connaissance. Le jardin de l'esprit est l'Eden, dont nul ne peut être chassé, s'il entre. Ouvre-le, Paraclet: c'est ton paradis. En proie à ton désir insatiable, l'homme en quête de son éternité, Paraclet, t'invoque: il t'appelle, entends sa voix et réponds-lui ».

         Révolte contre le destin, la nature, les religiosités soumises, les cléricatures de toutes sortes, le Paraclet est, au vrai, une Convocation et cette Convocation, cet Appel est, en même temps « seule réalité ».  « Paraklétos est le terme sacré, le cri qui répond à la condition humaine: il veut dire le Prié, l'Invoqué, l'Appelé au secours ». Il s'agit bien, dans l'ardeur de l'attente, de répondre à l'Appel de toutes ses forces car le secours vient de part et d'autre et il n'est rien moins allégorique. Le Paraclet exige de nous autant que nous attendons de lui; et sa première exigence est de nous délivrer du narcissisme religieux qui nous fige derrière la représentation que nous nous faisons de nous-mêmes, à travers nos Eglises, nos Dogmes, nos « raisons » plus ou moins bonnes ou mauvaises. « Voici le seuil de la maison divine: le Paraclet. Qu'il a fallu de siècles, et d'efforts, de douleurs et d'Apocalypses pour y atteindre. Parsifal est le pèlerin du Paraclet. Il croit chercher le Saint Graal; mais cette coupe où brûle à jamais le sang d'un dieu, est le Paraclet: il l'ignore. La quête du Paraclet est le destin et l'espoir de l'homme racheté ».

         Le Paraclet est à la fine pointe de ce que nous disent l'Evangile de Jean, l'Apocalypse, et les récits de la Quête du Graal. Il y aurait ainsi une Ecclésia spiritualis, distincte, et même opposée aux cléricatures, et annonciatrice d'un autre Règne, celui de l'Esprit succédant aux Règnes du Père et au Règne du Fils. Que dit, en effet l'Apocalypse de Jean ? « Puis je vis le Ciel ouvert, et voici: parut un cheval blanc. Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice. Ses yeux étaient comme une flamme de feu; sur sa tête étaient plusieurs diadèmes; il avait un Nom écrit que personne ne connaît si ce n'est lui-même; et il était revêtu d'un vêtement teinté de sang. Son nom est la parole de Dieu. Les armées qui sont dans le Ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues de lin fin, blanc et pur... Il avait sur son vêtement et sur la cuisse un nom écrit: Roi des rois et Seigneur des seigneurs. »  Comment comprendre cette vision, sans la réduire à l'allégorie ? La distinction qu'établit André Suarès entre l'allégorie et le Symbole s'avère ici particulièrement opérative. Le Tiers Règne qu'annoncent ses écrits paraclétiques, celui-là même dont parle Joachim de Flore, suppose la reconnaissance de toute chose, non plus comme allégorie, mais comme Symbole. Dans un commentaire d'un extraordinaire récit initiatique ismaélien, Henry Corbin, revient sur cette aperception apocalyptique, ce retour de la chose vue à son « apparaître même » qui « réalise », au sens alchimique, le sens de l'herméneutique spirituelle: « Il ne s'agit point, écrit Henry Corbin, de faire de la vision une allégorie, ni d'en abolir ou détruire les configurations concrètes, puisque c'est précisément la réalité intérieure cachée qui provoque le phénomène visionnaire et soutient la réalité de la vision. Il s'agit de percevoir ce qu'annonce chacune de ses apparentiae reale. » Ainsi, le « ciel ouvert » est le sens intérieur du Verbe. Le « cheval blanc » est l'intelligence spirituelle et le cavalier est le Verbe de Dieu. Après le Règne du Père, c'est -à-dire de la prophétie législatrice, après de Règne du Fils, c'est-à-dire celui de l'amour sacrifié viendra le Règne de l'Esprit, de la révélation du sens caché des textes sacrés. Alors, comme il est dit dans l'Evangile de Jean, nous ne serons plus serviteurs mais amis.

001070019.jpg        Nulle âme ne fut moins servile que celle d'André Suarès, nulle n'aspira avec une telle ferveur, faite d'humilité et de colère, à l'amitié divine. D'où sa méfiance constante pour les religiosités légalitaires, les théologies rationnelles, et les dévotions grégaires. « Après le Père, le Fils; après le Fils, le Saint-Esprit: les grandeurs ne se distinguent pas, elles s'accomplissent. Le Troisième Règne n'est pas la confusion ni l'opposition des deux autres, mais leur révélation dans la conscience de l'homme. Et l'homme alors possédé par l'Esprit, doit entrer en possession. Les plus amants de Dieu, les plus spirituels et les plus mystiques sont les plus suspects d'hérésie. »

         Cette hérésie, au demeurant, est moins une hérésie à l'égard du Dogme qu'une hérésie à l'égard de la société, de ce qu'en langage platonicien, Simone Weil, nomme « le gros animal » en quoi s'accomplissent, dans l'hybris, la vulgarité, la cupidité et la laideur, toutes les bestialités à visage humain : « J'ai su, dès longtemps, que nous étions à la fin d'une ère. On pouvait déjà voir les forces en guerre, celles que l'on croit en déclin, parce qu'elles ne savent plus se défendre, et celles qui se vantent de l'ascension. Toute la crasse de la conscience est sous nos yeux: la haine de la brute pour l'esprit, la rage de Caliban le Romain contre Archimède; la fureur de l'antisémite, qui masque le dessein d'anéantir l'Evangile; l'assaut du nombre et des masses; la rébellion de la matière, le monde aveugle du ventre et de l'automate contre le génie libre; la technique, cette servante maîtresse, dressée contre l'esprit qui, après l'avoir su créer, ne sait plus la tenir à la chaîne: enfin, tout ce qui doit obéir et qui n'est plus contenu, tout ce qu'il faut contenir et qui met la main sur le règne. »

         Le Mal, pour André Suarès n'est autre que la Matière où s'abolissent toutes les formes, où s'éteignent les « actes d'être » de la forme. D'où précisément la mission paraclétique de l'Art. L'esthétique et la métaphysique, loin de s'exclure ou de parcourir des voies parallèles, n'existent que l'une par l'autre. La beauté est une victoire métaphysique de la forme sur la Matière: elle est aussi une victoire de la vérité et du bien. Cette victoire métaphysique est l'accomplissement de cette métaphysique de l'être à l'impératif qui s'écarte du dogme lorsque le dogme nous présente le destin indifférent comme une manifestation de la divine Providence. Pour André Suarès, il n'est pas question de se soumettre à la laideur, au mal, à la mort, sous prétexte qu'ils seraient eux aussi l'expression de la volonté divine. La Mal est privation du vrai, du beau et bien; il est ce paradoxal « être du non-être » qu'il faut affronter et surmonter par la remémoration et l'invention des formes. Le Mal est l'informe qui nous lie, nous englue, et tend à nous dissoudre dans cet égoïsme grégaire, dans cet individualisme de masse qui n'est autre que le triomphe de la Matière. « Le sort de la métaphysique est lié à celui du Paraclet. On ne vivra plus pour la misérable vie d'ici-bas, si bornée, si vaine, et qui est toute inscrite dans le cercle de l'intérêt égoïste: on cessera d'être en viager, pour toucher la rente d'une âme basse et sordide. Toute vie devra tendre à la sphère immortelle, où chacun n'aura et ne peut avoir que la place qu'il s'y est faite. »

         Il ne saurait y avoir de véritable métaphysique de l'Art sans un double refus essentiel. Ni la pure soumission au destin (qu'abusivement des clercs fallacieux nommeront Providence), ni le refus du monde ne sauraient satisfaire à l'exigence chevaleresque d'André Suarès. Au renoncement, comme au consentement au destin comme il va, Suarès le Condottiere oppose un vigoureux: non possum ! Le Mal n'appartient pas à Dieu; il n'en est que l'absence ou l'oubli, comme la Matière n'est que l'absence de la Forme. Quand bien même il voit le monde comme l'espace tourmenté d'un combat contre le Mal, Suarès n'en demeure pas moins plus plotinien que manichéen ou cathare. Ce monde odieux, qui inclinerait presque au taedium vitae, au dégoût de la vie, n'est que la privation d'un autre monde, celui du Paraclet, qui flamboie dans l'attente ardente, sur l'horizon eschatologique. « L'ennui des grandes âmes ne vient pas d'elles-mêmes, mais des autres. On ne s'ennuie qu'avec les hommes, avec tous les neutres. On ne s'ennuie pas avec Dieu. »

   9782246444121-T.jpg      Ce monde est « en creux » du Paraclet. Il est le « non-être », l'ennui, l'informe, le malheur que l'on combat et ce combat est de chaque seconde car, en chaque seconde, se tient la promesse du Paraclet, du Tiers Règne, que nous faisons advenir. « Ce qui nous sépare de l'Esprit est le seul malheur qui compte: hélas, il surgit de toute part; tout lui est occasion de nous faire obstacle. Ce mal nous guette, il est partout. » L'attente paraclétique est ainsi, non point passivité, mais activité créatrice où les formes nouvelles renaissent des formes vaincues, où l'instrument même de l'Art en vient à modifier celui qui en use, dans une connaissance plus profonde du monde et de lui-même. « Connaître Dieu, c'est être et faire. Etre dans le faire, et faire dans être. Tel est le miracle: une connaissance si adéquate de l'objet qu'elle est l'objet même ». L'être est « acte d'être », le « faire », autrement dit la poésie, est l'être même. Il n'est point antérieur à l'être; il est sa puissance instauratrice, éternellement contemporaine de ce qu'elle instaure. L'Art métaphysique est ce site incandescent où l'être et le faire sont une seule et même réalité.

         L'Art paraclétique, tel que le conçoit André Suarès, en ressaisissant dans un même geste la métaphysique et la poésie, le vrai et le réel, serait ainsi le principe moral et politique par excellence : « Quel homme, s'il pense et se connaît digne de penser n'a pas senti qu'il tombe s'il ne s'élève ? » Azizoddin Nasafî, le grand philosophe persan de lignée ismaélienne et d'inspiration paraclétique, Jacob Böhme, Joachim de Flore, Marsile Ficin et les autres néoplatoniciens de la Renaissance tel que Pic de la Mirandole ou le Cardinal Egide de Viterbe, ne disent pas autre chose: l'homme dispose du pouvoir d'être, selon son cœur, supérieur aux Anges ou inférieur aux bêtes. L'humanitas n'est point une espèce parmi d'autre, comme le songent creusement les écologistes et les darwiniens, mais, en chaque individu, la possibilité magnifique, la liberté indicible d'être l'au-delà ou l'en-deçà de lui-même : « Fi de ce monde épais, compact et brutal. La masse est compacte. Le nombre est brutal. Tout ce qui est du nombre et de la masse est de la bête: la brute sent alors sa force et se connaît des droits contre l'esprit. Saint-Michel contre le dragon, Persée qui délivre Andromède, toujours l'esprit qui tombe vertical sur la brute. Tous les insectes tendent à l'unité dans le bonheur de la matière: plus de termites un à un, mais une seule termitière, et bientôt toutes les termitières en une seule. Le train mécanique du monde favorise ce mouvement: un seul tissu, le plus grossier de tous, et un organe unique. »

         Cette termitière mondialiste, nous y sommes. Le Tribulat Bonhomet de Villiers de l'Isle-Adam y règne en maître, grosse termite forant ses galeries technologiques et financières dans les poutres du vieux monde. Nul compromis possible avec cette épaisseur, cette compacité, cette brutalité ! La rupture est totale, la guerre de tous les instants. Les âmes les plus conciliantes, les plus naturellement éprises de paix, les plus assoiffées de réconciliation, les plus douces, si elles sont grandes, sont conduites ainsi à un combat sans merci, à un cheminement, entre la Mort et le Diable, vers le scintillement nocturne de la Jérusalem Céleste. Là, enfin, si nous résistons (et la partie n'est point gagnée, loin s'en faut), notre esprit tombera vertical sur la brute, le Paraclet effusera en nous et la divine seigneurialité sera notre statut !

         « Rien n'est moins près du Paraclet, que le dogme et le docteur, le temple et la théologie. La religion vit d'hérésie et meurt de scholastique. » Ces phrases dures, ces phrases qui heurtent ne sont pourtant pas le fait d'un homme qui méconnaît les splendeurs et les vérités de la Théologie. Mais que reste-t-il, à dire vrai, de la Théologie, quel office est celui des docteurs ? Ne s'accordent-ils point trop au monde comme il va ? L'hérésie telle que la nomme André Suarès ne serait-elle point ce retour à la « flamme blonde » et « l'ombre fraîche » de la véritable et immémoriale Sapience ? Si le Paraclet doit advenir, si le Tiers Règne transparaît déjà dans les œuvres des poètes et des métaphysiciens, dans le courage et le silence d'or de la sainteté, dans la ferveur des Amis de Dieu, n'est-ce point à dire que les théologies anciennes, les prophéties législatrices, les dogmes sont aussi destinés à s'ouvrir, à révéler enfin, comme la pierre brute les gemmes qu'elle dissimule, d'autres éclats, d'autres couleurs que les « docteurs de la loi » méconnurent ? Le Paraclet sera la Parole Retrouvée après la Parole Perdue, mais ces retrouvailles nous appartiennent; elles ne se délèguent point, elles ne se laissent point endiguer: elles emportent torrentueusement l'âme du pèlerin dans des épreuves qui n'appartiennent qu'à lui, de même que les œuvres d'un artiste, pour impersonnelles ou supra-personnelles qu'elles soient, n'en appartiennent pas moins à celui-ci, « par la triple précellence de la priorité, de la recherche et de la lutte »

     AScornwall.jpg    Nous empruntons cette citation, non plus à André Suarès, mais à ce roman initiatique ismaélien, commenté par Henry Corbin, auquel nous faisions allusion plus haut: «  Savoir, c'est recevoir une information d'un autre. Comprendre, c'est voir soi-même de ses propres yeux. » Le Paraclet n'appartient point au dogme, il ne se récite point, il n'administre aucune conformité, il advient, il est le regard même, lorsque les yeux de chair se changent en yeux de feu. L'espace et le temps profanes sont alors frappés d'inconsistance, car le temps est devenu espace. Et ce qui se disait dans le secret des gnoses iraniennes entre en concordance avec l'attente de Caërdal et du Condottiere, ces deux figures suarésiennes. Il est ainsi permis de voir en André Suarès à la fois l'héritier et l'intercesseur, le continuateur et le recréateur de cet éternel combat entre le dogme oublieux de son propre sens, et le sens reconquis, la Parole Retrouvée par ses propres forces, par l'entremise d'un homme. « La vue du Paraclet est à moi. Tout ce qu'elle a de merveilleux est mien (...), je ne veux pas me laisser dépouiller d'une vaste espérance. Je ne laisse pas mon droit d'aînesse pour un plat de lentilles véreuses, bouillies dans un journal ». La révolte d'André Suarès est légitime, sa vision lui appartient, même si elle apparût à d'autres, et par-delà dix siècles le philosophe inconnu iranien lui donne raison: « C'est qu'en effet celui qui cherche le vrai sans connaître les portes de la recherche, celui-là sera d'autant plus prompt à accuser les autres d'erreur, et cela parce que les éclats du faux se manifestent par l'hypocrisie et l'accord des opinions, le conformisme ou de dogmatisme du groupe, tandis que les éclats du Vrai se manifestent par l'épreuve que l'on affronte et les passions que l'on déchaîne contre soi. »

         Les « éclats du vrai » pour être les éclats d’une vérité universelle, verticale, n'en appartiennent pas moins, comme son espérance, à celui qui affronte l'épreuve et déchaîne les passions contre soi. Suarès, au contraire de tant d'écrivains de son siècle, prompts à se reposer dans quelque idéologie, poursuit son périple, jusqu'à la fin, sans égards pour tout ce qui peut affaiblir son élan, assourdir ses appels, l'incliner enfin vers l'un ou l'autre bords qui feignent de s'affronter mais qui ne vivent que l'un de l'autre, complices histrionesques et meurtriers, où le dévot n'existe que par l'anticlérical et inversement, où les opinions, de plus en plus rudimentaires tiennent lieu de pensée, reléguant toute véritable pensée dans la marge. « Dans la marge où s'allument les étoiles et la lumière, au flanc de la révélation et de la réalité religieuse, il y a une métaphysique de Saint-Paul et de Saint-Jean: elle est héroïque, à mon sens comme elle est sainte: une pensée nouvelle est là, un monde neuf de l'esprit. La plupart des théologiens sont les esclaves de l'expression. »

         Ne pas être esclave de l'expression, tout est là. Retourner en amont dans la chose dite vers le Dire lui-même, le Logos ou le Verbe. « La connaissance, nous dit le récit ismaélien, est vastitude ». Nous n'eussions pas été surpris de trouver la même phrase sous la plume de Suarès. Rien d'étonnant à cela puisque le « Javanmard » persan, le chevalier spirituel, et le poète français cherchent la même chose, sont en attente du même bien, avec la même violence du cœur, avec la même grandeur d'âme.

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  Il est difficile de contenter une grande âme. Les idéologies, ces hochets babouinesques, n'y parviennent. Les « grandes idées » elles-mêmes, lorsqu'elles sont générales, y défaillent. Le Paraclet quoiqu'on en veuille, n'appartient pas aux médiocres mais aux indomptables, il n'annonce pas une conformité nouvelle, une autre Loi, d'autres doctorales certitudes, mais une vastitude jusqu'alors impressentie. Les charmes du beau langage, les puissances rhétoriques ne suffisent point à combler, elles ne sauraient tenir lieu de révélation. Entre Bossuet et Pascal, Suarès choisit Pascal, qui résiste: « L'indomptable génie qui s'élève au plus haut dans l'ordre de la charité, rien n'est si grand. Au prix de cette grandeur, les politiques et les conquérants sont des bousiers ». Il y a chez les clercs, enclins à la trahison, cette honte, cette mauvaise conscience poisseuse dont ils croient s'affranchir en s'adonnant à une puissance du temps, un déterminisme majeur qui peut être le prolétariat ou la race, l'Etat ou l'économie, peu importe. Si craintifs dans leur solitude studieuse, dont ils déméritent, dont ils ne savent pas voir ni soutenir la grandeur, ils s'agrègent à tout ce qui leur semble devoir être le « sens de l'histoire », le « progrès », l'avancée du monde comme il va. De la sorte, ils se rendent superflus en croyant se rendre nécessaires, voire en s'affirmant à  « l'avant-garde » de cette nécessité. De ce lamentable mensonge,  de cette odieuse traîtrise, André Suarès fut bien l'un des rares à être entièrement exempt. Ces chantres de la termitière ne troublèrent jamais son jugement, et ce qu'il dit de Pascal vaut pour lui-même: « seul contre tous » ! Cette solitude toutefois n'est pas une pure autarcie; elle est une solitude de communion, de prière. Elle n'est pas même, comme on l'a dit assez bassement, « ombrageuse ». Pour le caractère, une devise suffit: ne pas aboyer avec les chiens, ne pas être de la meute. Cette exigence morale suffit-elle à nous faire « ombrageux » aux yeux du monde: c'est alors que le monde est bien pénombreux !

         « On ne doit rien rendre à César que ce qui ne vaut pas la peine qu'on le garde. La prise de César sur le Paraclet fait horreur, comme celle du corps sur l'Esprit, et de la pourriture sur l'âme. La chair est vouée à la corruption, quoiqu'il arrive. Le désastre de l'âme est qu'elle soit corrompue: car elle peut être incorruptible. » C'est assez dire que le Paraclet n'est pas un mouvement de la dialectique de l'Histoire, qu'il ne succède point, dans le temps, à d'autres puissances dont l'abrogation ne serait qu'un changement de masque. Le Paraclet ne vaut que pour l'Esseulé, et c'est alors qu'il vaut pour tous, pour tous les hommes et tous les anges, tous les arbres, tous les oiseaux, toutes les pierres, et même pour les insectes ou les reptiles blafards qui vivent sous les pierres. « On fait soi-même sa vie éternelle. On n'est jugé que par soi. »

         Que n'avons-nous tressé des louanges à la France, que n'avons-nous chanté l'Europe clairvoyante et musicienne ! Que de liens subtils nous unissent à notre histoire, et pour commencer ce fil d'Ariane du langage écrit qui trace ses boucles infiniment au fil de notre pensée. Nous sommes les premiers à nous reconnaître héritiers et presque inépuisablement redevables aux hommes qui nous précédèrent; mais cette gratitude, il nous appartient encore de la dire; cette lieutenance nous incombe dans la solitude. Et dans les temps obscurs, il advient qu'un « seul contre tous » soit, dans son esseulement même, la sauvegarde de tous les autres, qu'il soit la mémoire préservée et la révolte sainte contre le destin. Cet "Unique pour un Unique", ou, comme l'eût dit Angélus Silésius, cet « éclair dans un éclair » est la pure éclaircie où le Moi s'abolit dans sa lieutenance divine.

         9782846212793_1_75.jpgL'impératif divin, le « soit ! » illuminateur se prouve en faisant de chacun un « unique ». Qu'en ce monde toute chose fût dissemblable, qu'il n'y eût point un flocon de neige à l'exacte ressemblance de son voisin dans la nuit de Décembre, cela vaut bien toutes les démonstrations de l'existence de Dieu. Au demeurant, Dieu n'existe pas. C'est à trop croire en l'existence de Dieu que se gonflent les grenouilles de bénitier, que s'hypertrophie le Moi des fanatiques, ces bœufs attelés. Là où il faudrait se dépouiller, se dénuder, s'abolir, le fanatique se vêt, s'adorne, s'affirme. Il ne mesure nullement ce qu'il convient de restituer à César car il veut être César à la place de César. Le pouvoir l'enivre plus encore que la puissance, l'existence lui paraît plus adorable que l'être, surtout lorsque ce qui existe, il croit le posséder. Le fanatique est ainsi l'avers du progressiste. Là encore Suarès voit juste, avant tout le monde. Ce ne sont point des contraires qui se combattent, mais des semblables, autrement dit deux formes de grégarisme au sein de la même termitière, et l'on hésite franchement à trancher pour savoir laquelle est la pire. Le pire ne se mesure point. « Au fond de tous les fanatiques, grouille l'hydre: le plus hideux amour-propre. Ils font semblant de servir un Dieu; plus d'un le croit peut-être, tant les fanatiques ont de complaisance à eux-mêmes, tant ils sont étroits et obscurcis par leurs propres ténèbres. Mais ils ne respirent que l'orgueil d'être soi. Ils sont prêts à tous les attentats, à tous les crimes pour continuer de prévaloir. Et ils font parler Dieu, l'Etat, la gloire, ou quelque autre abjecte incarnation de l'Empire. Ils sont stupide à la racine; et d'autant plus forte est la racine en eux qu'ils sont plus stupides. Le propre du fanatisme, en attendant que Dieu parle, est de faire parler Dieu. Et, bien entendu, la plupart ils n'y croient pas: il leur suffit de confondre Dieu avec soi. Les plus scélérats y réunissent mieux que les autres. »

         Le Paraclet, le Troisième Règne, est ainsi une tierce voie, à égale distance de l'adorateur de la Matière et du narcissique religieux qui se renvoient l'un à l'autre cette ombre du Mal qu'ils refusent de voir en eux-mêmes. « La venue du Paraclet est une révélation, l'Avent de l'Esprit. Ce que les mystiques de l'Age Chrétien ont entendu par le Saint-Esprit n'est qu'une prophétie, comme celles d'Isaïe annoncent le Nouveau Testament dans la langue, la trame et les mœurs  de l'Ancien. Mais ceux-là ne sont qu'à la surface de la pensée, qui n'ont pas le pressentiment de l'objet réel que la prophétie décèle dans le brouillard même où elle s'enveloppe. Comme le sait si bien le plus vaste des voyants, Shakespeare, il est un monde entre le ciel et la terre: inconnu, il est à connaître, tout de même que l'homme est à être, car il n'est pas. Ou, du moins, pas encore: il ne tient à l'esprit, à la charité et à l'amour que par des radicelles: le grand chêne n'est pas sorti de terre, dans toute sa hauteur et toutes son étendue. »

         La prose d'André Suarès est une rafale de flèches qui, presque toutes, touchent au centre des cibles. S'il est une esthétique du style, chez Suarès, elle est de saisir l'idée au vif de l'instant, de s'emparer d'elle immédiatement. Telle idée laissée à l'abandon, lorsque nous la retrouvons, est moisie. Telle autre, laissée à d'indignes propagandistes devient adipeuse. Le Paraclet, cet « Avent de l'Esprit » choisit ses élus parmi les sveltes et les rapides. La métaphysique de Suarès gagne à son allure stendhalienne. La hâte, l'impatience loin d'être des défauts sont les conditions nécessaires à la justesse, surtout lorsqu'il est question du Paraclet. Car le Paraclet nous tarde; nous n'en pouvons plus d'en être éloigné. Le poète-métaphysicien du Paraclet est, par définition, un impatient. Il ne consent plus aux atermoiements. C'est ainsi que, pour Suarès, le Paraclet ne saurait être une nouvelle prophétie mais bien l'accomplissement présent, dans la lumière et le feu, des prophéties anciennes. Il ne s'agit point de se reporter à quelque futur hypothétique, mais de faire advenir le Paraclet, ou, plus exactement, de prendre conscience qu'il est déjà advenu. « Le Paraclet met fin à toute Eglise. Dieu n'est pas avec les Eglises; car les Eglises mettent la main sur Dieu. Toutes, leur vœu est de tenir l'Esprit en esclavage. Par elles, il tombe sous la tutelle de César, d'Assur et de la force. Le règne du Paraclet n'est rien s'il n'est celui qui met fin au règne de la force. »

         Au règne de la Théologie doit  succéder le Règne de la Théognosis, de même qu'au savoir doit succéder la connaissance et à l'obéissance l'amour. « Voilà enfin la raison qui prend conscience de la raison. » Cette raison qui s'est interrogée sur sa propre raison d'être, qui ne s'est point idolâtrée elle-même comme « déesse raison », est la fine pointe du doute et du réel qui s'offre à la prière. « La France pense toujours dans le concret métaphysique, chaque fois qu'elle s'élève à philosopher. » Cette métaphysique concrète n'est autre que le réel que nous masquent les convictions, les abstractions, les idéologies, les fanatismes de toutes sortes, dont le moindre n'est pas le fanatisme de la raison et de la Matière.

       9791096011360.jpg  Métaphysique concrète, la prière est le « faire advenir », l'acte poétique accomplissant le pressentiment prophétique. « Non plus serviteur mais ami », comme le dit l'Evangile de Jean, l'homme de prière, selon la formule de Maître Eckhart, « ne trafique point avec Notre Seigneur » ni ne renonce aux ressources de la raison. Les œuvres sont des prières destinées à sauver ceux qui ne pas savent prier et ceux-là encore qui savent prier mais n'entendent point d'échos dans les nuées amassées au-dessus de leurs têtes. Ils se courbent alors et veulent convaincre autrui à vivre, comme eux, penchés: ce qu'ils nomment leur « prosélytisme ». L'inclination est forte, chez les dévots, à vouloir faire croire d'autres qu'eux-mêmes à ce dont ils croient si peu. Le fanatisme, dont on glose beaucoup ces derniers temps, n'est pas une intensification de la croyance, mais son épuisement. Les fanatiques ne vivent que dans une seule crainte: n'être pas assez nombreux, n'être pas assez agrégés dans leurs incertitudes. D'où leur girouettisme notoire. Mais ce n'est point le souffle de l'Esprit qui les oriente mais le typhon de l'Histoire humaine « pleine de bruits et de fureurs ».  Ils veulent rassembler, marcher du même pas, chanter ou vociférer en chœur au bord des routes, ou, mieux encore, sur les écrans de télévision. Ils ignorent tout de la solitude du cœur, de l'esseulement de la pensée, de l'Un dont ils se targuent et qu'ils réduisent aux dimensions de leur Moi, voire de leurs petites affaires financières. 

         L'Un instaurateur, le Dieu transcendant exige beaucoup moins et infiniment plus, il nous dit Esto !  Ce « soit ! » à l'impératif, est le principe de la prière qui est vastitude reconquise, délivrance de la bestialité collective. L'homme qui s'offre à la prière, peu lui importe que ces mots s'accordent ou non aux convenances du temps : « Il lui faut un espace sans mesure à la prison où il est confiné. Ne sachant ni le pays ni la route, aveugle même, il vole en esprit: il bondit vers il ne sait qui d'infiniment supérieur à lui-même, et à toute la nature, d'infiniment meilleur, d'infiniment plus beau, plus vrai, plus doux et plus puissant: une réalité qui les contient et les accomplit toutes. En sorte que se connaître pleinement soi-même, c'est déjà être forcé de prier. Et ceux qui ne prient pas ou s'en moquent, si fameux philosophes qu'ils se croient, si libres ou si hardis, sont des oiseaux sans ailes: ils sont bornés à la basse-cour: ces volatiles s'élèvent jusqu'au perchoir logique, ainsi les paons, ces dindons rois de Golconde. Mais ils n'ont pas l'envergure. La prière est de l'amour qui prend son vol vers l'Esprit. »                                                           

vendredi, 17 avril 2020

War Raok n°55 & 56

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War Raok n°55 & 56

EDITORIAL War Raok n° 55

La fidélité à notre Terre et à notre peuple

Le nationalisme breton, si présent et offensif il y a encore peu et plutôt timide en ces temps de grande perturbation, doit reprendre toute sa place, s’affirmer et ainsi combattre les tentacules de cette République française jacobine et coloniale. Il doit également s’opposer de façon drastique aux partisans et aux adeptes de l’uniformisation de l’Europe et de la dissolution des spécificités ethniques dans un horrible mélange artificiel universaliste.

Il faut renverser cette utopie destructrice des peuples et des communautés ethniques ainsi que cet ordre marchand qui menace nos cultures et combat nos aspirations à une vie nationale propre. Le peuple breton, mon peuple, deviendrait-il un peuple sans fierté, un peuple timoré et soudainement frileux qui a honte de sa langue, de sa culture, de son identité… qui n’a pas le courage d’affirmer sa propre souveraineté et d’édifier enfin son propre État, sa propre République ?

Est-il nécessaire de rappeler, encore une fois, que nos droits de peuple sont bafoués mais également que notre propre culture, notre propre identité sont menacées. Cette culture bretonne et celtique, riche et unique, est notre meilleur rempart contre ceux qui souhaitent la dissoudre et créer ainsi une uniformisation criminelle. C’est, pour nous, militants et patriotes bretons, une véritable barricade contre une éventuelle mort culturelle.

Aucune nation ne naît multiculturelle. Le multiculturalisme est une situation artificielle autant que malsaine qui ne peut affecter que les sociétés en déclin général. Une société multiculturelle porte au plus profond d’elle les germes d’une future destruction nationale.

Le mouvement national breton qui lutte contre la politique coloniale de l’État français ne doit pas ignorer que d’autres maux, tout aussi mortifères, menacent l’existence même du peuple breton. Les méthodes sont multiples : violentes, brutales avec déplacement de populations, mais aussi plus fourbes et perfides qui consistent tout simplement à remplacer un peuple progressivement par l’arrivée massive de populations étrangères. Aujourd’hui la méthode préférée et choisie est celle du métissage, ce métissage que certains, (à gauche principalement, mais à droite également sans oublier les traîtres en soutane et les déclarations répétées du Vatican en faveur des migrants), considèrent comme une réalité indéniable et une véritable réponse à la crise démographique des nations occidentales... Pire, les irresponsables qui prônent la promotion de la mobilité universelle et du multiculturalisme et déclarent ouvertement qu’à l’heure de la mondialisation les migrations sont des facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable, ne sont pas uniquement des irresponsables mais des criminels en puissance. Pitoyable cette vision surréaliste vantant un enrichissement humain et culturel ! Cette “culture de rencontre”, cette perception du monde où l’invasion migratoire actuelle constitue l’horizon vital de l’humanité, non seulement nous la réfutons mais nous la rejetons catégoriquement.

Notre rôle de militant politique breton est de donner un éclairage indispensable pour dissiper la pénombre qui rend aveugle notre peuple atteint malheureusement de cécité du fait des mensonges diffusés, répandus et imposés par la bonne presse et sa propagande immonde, par les petits “flics” de la pensée unique, par une oligarchie décadente, sans omettre les manipulations de cet État français, notre geôlier, aux funestes projets de destruction des peuples qu’il embastille. Il nous appartient de résister à cet avenir crépusculaire, de combattre pour un destin nouveau et la sauvegarde de notre Bretagne. Les Bretons ont le devoir sacré de conserver leurs racines, leurs traditions, leur civilisation… leur identité et de transmettre à leurs enfants le magnifique héritage reçu de leurs ancêtres. Pour conclure, je reprendrai cette célèbre phrase de Friedrich Hegel : “L’erreur la plus fatale pour un peuple est d’abandonner ses caractères biologiques”. Aussi complétons sans condescendance l’intitulé de cet éditorial : “Notre foi : la fidélité à notre terre, à notre peuple... à notre sang”.

Padrig MONTAUZIER

SOMMAIRE N° 55

Buhezegezh vreizh

Editorial

Buan ha Buan

Société

Greta Thunberg, nouveau conte pour Occidentaux invertébrés – page 11

Religion

Quand un cardinal africain défend l’identité de l’Europe – page12

Musique

Da Anaon eo aet Yann-Fañch Kemener – page 16

Billet d’humeur

Non à l’idéologie du métissage généralisé – page 18

Hent an Dazont

Votre cahier de 4 pages en breton – page 19

Histoire de Celtie

Mort Ghlinne Comhann / Massacre de Glencoe – page 24

Histoire de Bretagne

Institutions bretonnes et classes sociales au XVe siècle – page 25

Environnement

Les effets de la pollution environnementale – page 28

Civilisation bretonne

Rapports entre principes féminin et masculin – page 32

Nature

Nous avions un ami, pourtant, ce n’était qu’un petit chien... – page 35

Lip-e-bav

Queue de lotte à l’armoricaine – page 37

Keleier ar Vro

Prezegenn Loig Kervoas e Koad-Kew 2019 – page 38

Bretagne sacrée

L’art breton à la fin du Moyen Âge – page 39

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EDITORIAL War Raok N° 56

Un peuple faible est un peuple soumis !

L’année 2019 va s’achever dans quelques jours dans un désordre général qui ronge depuis maintenant tant et tant d’années notre vieille Europe. Pourquoi les peuples européens sombrent-ils de plus en plus dans une dégénérescence, une déchéance voire un déclin qui semblent inéluctables ?

Le mal s’est tellement immiscé dans l’ensemble de nos sociétés qu’il semble qu’il n’y ait plus aucun recours pour un véritable redressement. Personnellement je ne peux pas et ne veux pas céder au pessimisme ambiant et je pense que nous devons avoir la profonde certitude d’un relèvement, d’un sursaut de nos peuples et pour ce qui me concerne, de mon peuple… le peuple breton.

Depuis tant d’années, tant de siècles, les Bretons, privés de leur liberté, doivent sans cesse lutter pour continuer d’exister en tant que peuple, en tant qu’ethnie. Je suis donc optimiste quant à l’avenir des peuples européens, de nos patries charnelles, mais je m’autorise néanmoins d’être critique vis à vis de mon propre peuple et pour ce dernier éditorial de l’année 2019, il m’a semblé judicieux de vous livrer quelques réflexions de notre barde national, Glenmor, qui, avec son talent, sa verve bien connue, n’hésite pas à déranger quand il le faut les bonnes consciences. Il a parfaitement étudié et analysé les comportements d’un peuple qui lui était cher, un peuple dont il était issu, un peuple souvent en errance, dépossédé des ses droits mais toujours debout et déterminé, un peuple viscéralement attaché à ses traditions, un peuple fier de son identité… un peuple bien vivant car on ne meurt que de ses propres faiblesses.  

Il faut savoir parfois être sévère envers son propre peuple, et notre barde a su, avec une grande sagesse, dans un de ses nombreux recueils et en quelques phrases nous brosser un tableau fidèle de la situation d’une nation et d’un peuple aux valeurs importées, un peuple certes conquis mais jamais soumis, un peuple qui en fait a besoin d’une lutte à mener pour se sentir exister.

… « Pour réussir la catastrophe actuelle, la France a depuis des siècles inventé la kermesse en invitant les Bretons à la foire. A toute bonne table, il faut un chien. Nous fûmes la guenille des kermesses que l’Histoire appelle des guerres, le paltoquet que l’économie nomme chantier. L’ennemi, le nôtre, nous a servi des œuvres d’art que l’on appelle monuments aux morts…

Mobiliser la conscience nationale d’un peuple n’est certes pas chose aisée tant il est vrai que celle-ci est diluée dans un fatras de bonnes ou mauvaises volontés… A chaque velléité jacobine, la Bretagne répond par un sourire ou une colère. Le mouvement breton s’embarrasse le plus souvent de détail que d’essentiel. Tel est le sort de toute Nation-colonie.

Il n’y a pas de politique bretonne sans nationalisme, c’est à ce niveau surtout que l’éparpillement est catastrophique. Le phénomène est directement lié au fait que le « politicien » breton a adopté le vocabulaire français. Le concept gallican, sa définition ont fortement marqué nos dernières générations. Nous assistons à la prolifération de partis relevant du gauchisme en Bretagne, les uns aussi sectaires et tout aussi ambigus que les mêmes bourgeonnements de Paris. Tout se passe comme si la Bretagne ne pouvait se définir une ligne politique propre au réel breton, au tempérament de l’homme breton ! Le réel breton débouche sur le nationalisme qui, en somme, n’est qu’une prise de conscience de celui-ci. Gérer ses propres affaires est liberté à tous les niveaux, à plus forte raison au niveau de l’ethnie et du peuple.

Dans le cadre français, d’autrefois et d’aujourd’hui, il n’a été et ne sera jamais possible de réaliser ce nationalisme d’avenir... ».

Extraits du recueil « Le sang nomade » 1975.

Alors devons-nous, comme Glenmor, hurler dans la nuit pour réveiller les Bretons qui refusent obstinément d’ouvrir les yeux ? Oui sans aucun doute en espérant que ce hurlement perce la brume dans laquelle trop de nos compatriotes se bercent.

Si nous combattons pour un idéal, pour une vision de la vie, nous combattons avant tout pour la survie du peuple breton, de notre ethnie spécifique, de notre identité bretonne, celtique et européenne.

Nedeleg laouen ha d’an holl ac’hanoc’h e hetan ur Bloavezh mat 2020.

Joyeux Noël et meilleurs vœux à vous tous pour 2020.

Padrig MONTAUZIER

SOMMAIRE N° 56

Buhezegezh vreizh — page 2

Editorial — page 3

Buan ha Buan — page 4

Politique :

Le temps des assassins — page 11

Société Bretagne 2050 :

Grands scénarios très politiquement corrects — page 13

Tribune libre :

Éclairer l’Europe — page 15

Europe

Pologne : Large victoire des nationalistes — page 16

Billet d’humeur :

Pour certains Bretons, la France est un pays étranger — page 18

Hent an Dazont :

Votre cahier de 4 pages en breton — page 19

Culture bretonne :

Les Beaux-Arts bretons — page 23

Histoire de Bretagne :

La guerre d’invasion de la Bretagne par la France — page 26

Environnement :

Écologisme et nationalisme, un combat indivisible — page 30

Civilisation bretonne :

Rapports entre principes féminin et masculin — page 32

Nature :

La nature au pillage — page 35

Lip-e-bav :

Tripes bretonnes au cidre et aux pruneaux — page 37

Keleier ar Vro :

Retour sur l’incendie de la chapelle de Koad-Keo — page 38

Bretagne sacrée :

Notre-Dame de Bon-Repos — page 39.

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mercredi, 08 avril 2020

Alexis Arette: Du sacré et de la nature

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Du sacré et de la Nature

par Alexis Arette

Ex: Http://www.terreetpeuple.com

Citoyennes et citoyens,

        Avant d’entrer dans le sujet que l’on m’a demandé de traiter, peut-être faut-il que je me présente à votre attention suivant ce que je crois être.

       Je suis Béarnais, je me sens Français, je suis catholique et Nationaliste.

       C’est en tant que nationaliste tout a fait impénitent, malgré ce qu’en disent les immondes, que je prends la parole devant vous, car c’est en cette qualité que nous pouvons nous accorder, croyants divers ou incroyants, soucieux que nous sommes de défendre au mieux, les libertés des peuples qui habitent notre hexagone

       Je considère qu’il y a des échelons d’ordre dans la société. Premier échelon, la Famille qui assemble l’humanité de la Femme et de l’Homme. Deuxième échelon la patrie, la terre des Pères, qui réunit les familles qui partagent le même genre de vie et la  même culture.

       Troisième échelon, la Nation qui rassemble nos petites patries, suivant la terre et la loi qui veut que les moins différents s’unissent face aux plus différents.

      Historiquement, c’est ce qui a réuni Eudes d’Aquitaine et Charles Martel, qui jusqu’alors étaient adversaires, pour écraser les envahisseurs musulmans à Poitiers. C‘est peut-être là que la France a commencé !

      Il semble y avoir un autre échelon, mais infiniment moins naturel : Ce sont les empires, qui ne durent guère que le temps de leur promoteur : tel est le cas d’Alexandre, de Cyrus, de Charlemagne, et de Napoléon. Je ne le retiens pas comme une nécessité.

      J’ai servi ma famille en essayant de transmettre à mes fils, ce que j’avais reçu de mes parents. J’ai servi ma patrie en m’investissant sans cesse dans la défense de l’histoire locale, de la langue et des autres intérêts, comme président de la culture au Conseil Régional d’Aquitaine. J’ai servi la Nation comme combattant volontaire, ce qui m’a valu une balle communiste, que St Michel a dévié à quelques centimètres du cœur, Comme président National d’un Syndicat Agricole,  et comme prisonnier d’Algérie Française, dans les cachots de l’Anti France.

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     J’ai tenu 77 tribunes politiques de Lille à Bastia,  et publié une vingtaine d’ouvrages très engagés, de références culturelles ou politiques. Un dernier est actuellement à  l’édition chez Philippe Randa : C’est : «  la Bible en examen », ou je démontre les dangers de ce texte qui, lorsqu’il fut publié en langue populaire, fit s’écrier a Louis XI, qui pensait aux Chrétiens : « Ils vont perdre la foi !

       Que je vous dise en passant que nous n’en sommes plus là, depuis qu’en 1909 le Rabbin Léonard Lévy osait dire :

       « Autrefois, on croyait que chaque mot de la Bible, était la vérité absolue. Il n’en est plus ainsi. Le travail des chercheurs a établi que la Bible est un produit de l ‘intelligence humaine contenant certaines erreurs et certaines vues inexactes dues à la faillibilité de ses auteurs qui étaient des hommes ! »

       Et il a fallu attendre les années 60 et le concile pour que l’Eglise catholique reconnaisse timidement, qu’effectivement, le livre avait propagé quelques erreurs !

      Mais comme le Livre avait été tenu pendant 2000 ans pour sacré, nous en arrivons à notre propos du jour, puisque l’on m’a demandé de  traiter  du sacré et de la Nature ! Allons-y !

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A première vue, les termes paraissent antinomiques, comme si l’on traitait du matériel et du spirituel. Ce que ne touche pas  le sacré c’est le « profane » : Et le Christ en fait la distinction, quand il dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu! » L’impiété commence à ce que professe Clémenceau : « Il faut rendre à César ce qui est à César, et tout est à César ! ». Mais le poignard de Brutus, va prouver que tout n’était pas à César !

        Moi aujourd’hui, je vais tenter de vous prouver que la  connaissance de la Nature, doit conduire au sacré,  car la nature est un sacré qui s’ignore !  Mais que la « dénaturation »  de la nature, et la profanation du sacré, sont, au sens véritable du terme, « mortifères » pour la société ! Paul Valéry  à pu se plaindre ainsi : «Nous autres, Civilisations, nous  savons maintenant  que nous sommes Mortelles » ! Mais cela signifie que s’il y a des choses qui font mourir les sociétés, comme elles se continuent malgré tout, c’est qu’il y a des choses qui les font vivre !

        Et ce  qu’il nous importe de savoir, nous, combattants nationalistes, c’est évidemment ce qui fait vivre afin d’en informer la société. Mais puisque j’ai dit tout a l’heure qu’avec le même idéal civique, nous pouvions être croyants où incroyants, je voudrais préciser davantage.

       Les Croyants, comportent, les monothéistes qui adorent un seul Dieu, et les païens qui en adorent plusieurs. Mais actuellement, il y a un monothéisme ennemi de tous les autres : C’est l’Islam, avec ce qui est dit dans la sourate 5 : « La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah, et son messager, c’est qu’ils soient tués ou crucifiés, ou qu’on leur coupe leur main et leur jambe opposée ! » Je n’en dis pas plus, car je sais que de cela vous êtes suffisamment instruits

       Chez les athées, il y a ceux qui ne se posent aucun problème  que celui d’exister aussi confortablement qu’il se peut. Mais Il y a aussi ceux qu’on appelait autrefois les « stoïciens », qui se font une morale de comportement pour éviter l’anarchie sociale : De Maurras à Onfray, ce sont les plus intéressants pour notre cause.

      Il y a aussi les hommes qui se veulent athées, peut-être parce que certains scandales religieux les ont détachés de la religion. Parfois on les voit tentés de meubler le néant : Ce sera le cas de Nietzsche, qui inventera une évolution de l’homme vers le surhomme. Nietzsche mourra fou, mais il aura une influence certaine sur Hitler.

      Et puis il y a ceux qui voudraient croire et qui ne peuvent pas ! Ce sera le cas du grand Biologiste Jean Rostand, qui dira à Gustave Thibon : « Vous avez de la chance vous Chrétiens ! Vous dites « Je crois en Dieu »,  et vous n’y pensez plus ! Et moi je n’y crois pas et j’y pense toujours ».

      Mais avant de croire ou de ne pas croire,  ce que l’homme perçoit en premier, c’est la nature des choses et sa propre nature ! Rien n’est plus émouvant qu’un bébé qui découvre ses mains et qu’il peut bouger les doigts. La nature s’identifie à ce que nous percevons par nos sens. Une confidence, quand après 6 mois de détention politique je suis sorti de la Prison de la santé, j’ai eu un véritable choc en revoyant la verdure, j’en avais oublié l’intensité. La nature en prison, ç’avait été des murs et des grilles ! C’est dire combien la nature est relative à ce que nous en percevons, et que nous croyons être la réalité

          La nature, c’est un « donné ». C’est ce que nos sens nous permettent de  saisir et d’apprécier. Mais le pouvoir de nos sens  est limité. Un aigle voit bien mieux  que nous. Un papillon perçoit l’odeur  d’une compagne à des km ! Un chien perçoit des infrasons que nous n’entendons pas. C’est à dire que nous ne percevons qu’une petite partie de la réalité, et nous ne pouvons élargir notre perception que par la science et les outils. Ainsi, notre ciel aujourd’hui n’est plus  cette sorte de couvercle  que nos anciens appelait la Voute céleste, avec des trous qui laissaient passer la lumière de l’au-delà mais nous sommes tellement conditionnés par le passé que nous continuons d’appeler « voute céleste » ce que nous savons être un abîme d’espace inouï. De même, nous savons bien depuis  Copernic et Galilée, que le soleil ne tourne pas autour de la terre, mais nous continuons à parler du lever et du coucher du soleil ! Voyez comme les apparences nous suivent…

         Nous percevons donc, des apparences de la Réalité, et nous appelons cela la Nature.

 Einstein qui a révolutionné le monde avec la découverte de la relativité, écrit :

         «  Nous devons nous souvenir que nous n’observons pas la nature, telle qu’elle est réellement, mais bien que cette nature se révèle à nous, conditionnée par nos moyens de perception. Ce que nous croyons la réalité est une illusion, même si c’est une illusion persistante ! »

          Bref, nos sens nous mentent !

         Et cela s’applique à nous-même, puisqu’on dit d’un homme qu’il est une « bonne » ou une mauvaise Nature, mais avec le temps, nous élargissons notre vision de la nature. Nous découvrons ! Par exemple de temps à autre nos savants voient de nouvelles étoiles s’allumer dans le Cosmos. En réalité, elles ne s’allument pas mais leur lumière qui était en route à 300 000KM  par seconde, ne nous parvient que maintenant après des milliards d’années de voyage. Elles étaient réelles avant que nous en ayons la preuve ! Nous sommes devant l’incommensurable, et nous ne savons même pas si l’univers est fini ou infini ! S’il est fini, il est contenu dans  quoi ? Dans un autre espace ? Mais cet autre espace, dans quoi serait-il contenu ? Dans  le Rien, dans le vide ? Mais le rien et le vide, c’est ce qui n’existe pas. Et l’univers ne peut s’étendre dans ce qui n’existe pas. De lui, nous ne pouvons dire qu’une chose : Il est ! Et quand les savants nous disent que l’Univers a commencé Il y a 14 milliards d’années lumières, non, ce n’est pas l’univers qui a commencé, c’est notre temps qui a commencé. Mais qu’est-ce ce qui l’a fait commencer ? Qu’y avait-il avant le temps puisqu’il ne peut  y avoir d’effet sans cause ?

       Et le temps obéit aussi à la loi de la relativité. La plus proche des étoiles, c’est « Proxima » du Centaure qui se trouve à  un peu plus de 4 années lumières de nous. C'est-à-dire que si nous allions à la vitesse de la lumière, Nous ne mettrions que 9 ans pour un aller et retour.

      Mais ces 9  ans dans le Cosmos correspondraient  à des centaines d’années sur la terre, de sorte que les cosmonautes ne retrouveraient plus rien de ce qui existait à leur départ, et peut-être même que la terre n’existerait plus !

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En sus, il est possible qu’aujourd’hui, nous voyons Proxima, alors qu’elle n’existe plus depuis 4 ans, car, si elle s’est éteinte depuis la lumière pour se retirer mettra autant de temps  qu’elle mettait  nous parvenir !

         Il nous faut donc admettre qu’il y a un état de la nature qui nous est totalement inconnu, et c’est quelque peu ironique que de citer la proposition de Socrate : « Connais-toi toi-même,  et tu  connaîtras l’univers et les Dieux ! » Qui d’entre-nous, n’est pas un inconnu pour lui-même ? Maurras, dans sa « Prière de la fin »  écrira : « Et je ne comprends rien à l’être de mon être, tant de Dieux ennemis se le sont disputé ! »  Et c’est  pourtant cet inconnu qui constitue une autre partie de la réalité,  et cette réalité inconnue exerce sa puissance sur notre environnement et sur nos personnes. Nous sommes entouré de puissances et constitués  de pouvoirs qui nous font exister, et c’est de ces puissances qui règnent sur nos conditions de vie, que va naître le sentiment de ce qui nous dépasse, une Surnature en quelque sorte, qui va constituer le sacré dont nous n’avons que le sentiment !

Le sacré se tient dans les forces qui nous font vivre et que nous ne connaissons pas !

        Et l’humanité va le personnaliser ce sacré  en baptisant ces puissances : les Dieux ! J’ai bien dit les Dieux et non pas Dieu : Pourquoi ?   

             Ce qu’il faut savoir d’abord,  c’est que, dans l’antiquité, on appelle Dieux tous les hommes puissants et quelque peu hors du commun. C’est ainsi que même dans la Bible Hébraïque, qui professe un seul Dieu créateur,  vous trouvez au livre de l’Exode, que le Dieu d’Israël  donne à Moïse l’ordre d’aller discuter avec  le roi d’Egypte. Et comme Moïse ne se sent pas capable de discuter,  avec un personnage aussi considérable, Dieu le rassure en lui disant : «  Je vais te faire un Dieu aux yeux de Pharaon ! »

     Voici à travers la Bible comment évolue la notion de Dieu. C’est d’abord le dieu que croit entendre Abraham, et Abraham en fait  le Dieu de sa famille, il  va devenir ensuite le dieu de son clan puis d’un peuple, celui d’Israël, mais il n’est encore qu’un Dieu parmi les autres. Mais un jour il se dira « le Dieu des dieux », le plus puissant parmi les autres, avant de devenir le Dieu Unique, le dieu Créateur  dont tous les autres dieux ne sont que des créatures. Ainsi,  dans la théologie Héliopolitaine, bien plus ancienne que la Bible  on trouve cet article de foi :

         71GYmRkkhdL._AC_SY879_.jpg« Il est le Grand Dieu qui a parlé ses membres ! Rà a fait de tous ses noms le cycle des Dieux. C’est Rà qui a créé ses membres  devenus des dieux par la suite » ! J’abrège, mais  non seulement les textes Egyptiens sont unanimes, mais les hindous diront la même chose de Brahma !

         Cette évolution est connue des religions polythéistes, c'est-à-dire celles qui adorent plusieurs dieux. Elles finissent par concevoir dans le peuple des dieux un Dieu supérieur à tous les autres, (c’est ce qu’on appelle, « L’Enothisme ») ce Dieu  sera DZeus, pour les Grecs et ce nom de Dieu vient d’un terme Indo-Européen : Dew, qui signifie a peu près : « Le ciel lumineux ! » Ce  sera Odin  pour les Germano-Scandinaves, et  Jupiter chez les Romains.   Jupiter,  signifie Le Dieu-Père ! Il correspond au nom du Dieu Sythique : « Papaïos » ! C'est-à-dire que 1000 ans peut—être avant que  le Christ annonce le Dieu comme Père, les païens en avaient déjà la notion d’une paternité sacrée!

         Je dois vous révéler ce que j’ai découvert  en étudiant les langues anciennes. C’est que les mots importants ont un endroit et un envers qui en prolongent le sens.  Prenons le nom  du Dieu créateur Toum ;  Et si vous inversez, TOUM,  vous obtenez MOUT, qui est le nom Egyptien  de la grande Déesse ! Ainsi le premier nom de la divinité, montre qu’elle est « Patermaternelle » Géniteur-Génitice. Et nous retrouvons ce qui est annoncé dans la genèse Hébraïque « Dieu créa l’homme à son image » ; Il le créa masculin-Féminin, et si l’on suit le texte de la Bible, en  Hébreu, ce sera Aish et Aisha, comme sont une quasi même chose, le Feu et la Flamme.  Ce dieu séparera ensuite les deux sexes, et cela cache un profond mystère : il y a eu quelque part un accident ! Et notre humanité actuelle n’est pas celle de la création, puisque les sexes sont séparés. Et Platon  attribuera à la méchanceté des hommes, que les sexes aient été séparés. Mais cette séparation ne peut être exécutée par un Dieu parfait  ,car la séparation semble s’être mal faite parfois, puisque certains hommes ont des tendances de femmes, et des femmes des tendances mâles ! Mais cela pose un problème pour une meilleure définition du sacré ! Si l’homme actuel est le résultat d’une faute,  il ne peut être totalement sacré ; le sacré ne peut se trouver que dans le « sans-faute », c'est-à-dire dans le créateur, le pouvoir inaccessible à la faute,  Avant la faute, la Nature de l’homme  correspondait donc au sacré.  Alors il faut admettre que la « faute » ou « l’accident » nous à dénaturés ! Nous ne  sommes pas  l’espèce que nous étions à l’origine ! Et pour tenter d’expliquer cette chute, les religions vont imaginer, un être méchant, un tentateur qui nous aurait voulu du mal.  . L’écrivain Vercors dans les années 60 a quelque peu abordé ce mystère dans : « Les animaux dénaturés ». Il posait des questions  auxquelles  on n’a pas trouvé de réponse…

      Les hommes de l’antiquité  ont estimé que le sacré était assimilé à la puissance et à la connaissance qui donnent l’autorité, et ils ont donc  considéré la puissance comme divine et le savoir comme divin. Car il semble qu’au début, les divinités que l’on imagine, n’ont rien de Moral. Ils font ce qui leur plait. Ainsi le Dieu Hébreu de la Genèse,  est jaloux, orgueilleux, inconstant, imprévoyant et il ne se distingue en rien des autres dieux du paganisme. Mais il est puissant ! On dit qu’il décide du mal comme du bien. Il n’est pas question de justice. Il veut être obéi aveuglement. C’est  le prophète Ezéchiel qui rapporte les paroles de ce Dieu qui ordonne de lui sacrifier les enfants premiers nés pour montrer sa puissance. Il n’a aucune ressemblance avec le Dieu-Père que fera connaitre  le Christ, et que bien des philosophes païens  découvriront par intelligence ! D’une certaine façon, le sacré inspiré par ces dieux est terrifiant ! Et par eux les hommes sont destinés aux enfers sans savoir pourquoi !

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  Il me parait important de vous faire remarquer ce qui montre la relativité des grands dieux du Paganisme. C’est que tous se présentent comme des fils qui ont volé leur trône à leur père ! Exemple : Le Dieu Zeus, s’est rebellé contre son père Cronos,  et l’a jeté dans le Tartare !  Mais Cronos déjà s’était révolté contre son Père Ouranos,  et lui avait coupé les génissoires !  Mais Ouranos avait succédé à son père Chaos dont on ne sait rien d’autre ! Les grecs ne faisaient pas remonter plus loin la généalogie de leurs Dieux…Il en est de même chez les Babyloniens : Leur grand dieu est Mardouk , mais si on en fait un Dieu créateur, il a cependant un Père, que l’on connait sous le nom d’Ea ou d’Enlil, mais lui-même est fils du grand Dieu An , mais An aurait aussi détrôné son Père Alallu dont on ne sait plus rien. C'est-à-dire que l’on ne sait rien  du Dieu Primordial, le véritable, le Dieu créateur ! Le Tout !

       Par contre les Egyptiens conçoivent le grand dieu « qui se crée lui-même », et dont la parole donnera les dieux subalternes, et il est très probable que la Genèse hébraïque leur empruntera ce Dieu créateur sous le nom d’Aelohim : C’est le seul nom connu qui est à la fois singulier  et Pluriel, et masculin et féminin. Je vous l’expliquerai si nous avions le temps.

       Logiquement, les anciens vont ensuite assimiler leurs Dieux aux puissances de la nature. C’est toujours la puissance qui sacre les Dieux. Prenons l’exemple du Paganisme Grec. Zeus est en premier lieu, le Dieu de la foudre. Poséidon, le dieu de l’océan, Eole, le Dieu des vents,  Hadès, le Dieu des enfers, Eros le Dieu de l’amour, Cérès la déesse des moissons,  etc,  et ils vont leur donner une existence semblable à ce qu’on constate de la nature, A savoir que la nature  semble mourir avec l’hiver, et ressusciter avec  le printemps.

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Ainsi tous les dieux «  mineurs » sont des dieux de la végétation qui ressuscite.  Même Zeus dit-on aurait eu sa tombe dans l’ile de Crête ! C’est Alexandre le grand qui va porter un coup fatal à la résurrection des dieux. Au cours de ses conquêtes il va  buter sur le tombeau de Melkart, le grand Dieu de Tyr, et il le fait ouvrir pour vérifier que le Dieu est bien ressuscité. Et l’on y trouve un grand Guerrier, baignant dans une huile d’embaumement, ce qui prouve que Melkart adoré comme un Dieu, n’était qu’un grand homme ! Et c’est ce que soutiendra le mythographe Evhémère ! Il déclara avoir découvert un texte qui révélait que les Dieux  n’étaient que de grands hommes divinisés. En fait, il semble qu’Evhémère ait été révulsé par la conduite immorale des prétendus Dieux Olympiens, qui avaient tous les défauts des hommes ! On l’a considéré comme un père de l’athéisme contemporain, alors qu’il a tiré des conclusions logiques du comportement des dieux Olympiens : Un Dieu Zeus  qui soulève toutes les jupes des nymphes qu’il trouve a son goût, ne peut pas être Dieu !

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Et  à notre Moyen Age, on trouvera une opinion semblable émise par Sturlusson le génie traducteur de la Mythologie  Germano-Scandinave laquelle  semble avoir inspiré la renaissance du paganisme contemporain. Dans ses commentaires sur « l’Edda » Strurlusson aurait soupçonné le Dieu Odin, d’être en réalité un grand chef de guerre Indo- Européen, pour ne pas dire Aryen, chassé du Caucase par une glaciation, et qui  aurait trouvé un territoire ou s’établir en Europe du nord. Il y a une relation certaine des « Edda », avec le « livre des Rois de Féridoun » qui retrace la mythologie persique. Je ne puis que signaler ici, le grand intérêt de cet ouvrage, autant pour les chrétiens que pour les païens qui sont en recherche !

     Rechercher, c’est être déjà religieux. Car on cherche la réalité à travers les apparences.

Et je voudrais revenir sur ce que je vous ai dit tout a l’heure des catégories que sont les croyants et les incroyants. Il y a deux incroyants qui me paraissent exemplaires dans leur catégorie. Le premier c’est Claude Allègre, un scientifique qui a quitté le parti socialiste  après avoir tenté de réformer en vain l’éducation nationale. A la fin d’un ouvrage ou il traitait de la science et de la foi,  il se mettait dans la peau d’un poète oriental qui aurait dit à peu près à la fin de sa vie : « Tout le monde sait que je n’ai jamais cru en dieu, mais tout le monde sait que je n’ai jamais menti. Alors, j’ai confiance ! »

         Cela me paraît remarquable, car dans la Bible Hébraïque, le mot qui recouvre la croyance, plus justement que le mot Foi,  c’est la confiance ! Si l’on ne peut croire par sentiment, peut-être est-il possible de croire « raisonnablement ». Car il est difficile d’admettre que nous ne servons à rien ! Et la confiance c’est  déjà l’espérance de découvrir que nous servons à quelque chose si nous sommes honnêtes avec nous-même !

        220px-Charles_Maurras_-_photographie_Frédéric_Boissonnas.jpg Le second personnage ce sera Charles Maurras, condamné comme « Collaborationniste », par la racaille Bolcho-Gaulliste, alors qu’il fut l’anti germaniste le plus virulent de son époque. ! Maurras était muré dans une surdité quasi-totale, ce qui lui avait donné une force de concentration extra-ordinaire. Philosophe de l’école très rationaliste d’ Auguste Conte ,  il n’avait jamais pu croire. Il était plutôt fervent de la sagesse Grecque, ce qui lui avait valu l’antipathie sectaire du Pape Pie XI. Quand il fut grabataire  en prison, et mourant,  il fut gracié par le président Auriol, et interrogé, il avoua même dans l’épreuve n’avoir pas pu faire un pas vers la religion, même après avoir fait une très belle prière poétique. Cependant sur le point de mourir, il accepta qu’un prêtre vienne l’assister, et il se produisit alors un fait extraordinaire. Alors que le prêtre montait l’escalier pour l’assister, Maurras se souleva sur son lit et il déclara : «  Pour la première fois, j’entends venir quelqu’un ! ».

      Moi, croyant, j’ai toujours pensé qu’il était aussi difficile de croire que de ne pas croire, car Dieu est invraisemblable ! Seulement voila, l’homme sans Dieu est encore plus invraisemblable ! Et nous en sommes là dans une réflexion sur le sacré et nous ne pouvons pas en dire grand-chose, puisque le sacré c’est ce que nous ne connaissons pas ! Et pourtant aujourd’hui l’avancée des sciences est un chemin d’accès. Depuis la découverte de la relativité par Einstein, qui ne pratiquait pas selon la synagogue, mais qui se disait croyant, la conception scientiste, c'est-à-dire la conception matérialiste de l’univers est révolue, elle n’est plus concevable par la raison et c’est sur cette note que je voudrais m’acheminer vers une conclusion ouverte.

      Je vais le simplifier au maximum.

      Les anciens  croyants ont cru, que la matière s’opposait à l’esprit. Et c’est ainsi qu’ils interprétaient abusivement la parole du Christ : « L’esprit est prompt et la chair est faible » ! On concevait que la matière était faite de sortes de briques solides, les cellules, elles-mêmes composées de briques plus petites, les atomes. Mais à partir du Microscope électronique, l’appareillage scientifique est devenu tel que l’on a pu constater, que les atomes étaient de petits univers avec des corpuscules en mouvement que l’on nomme  électrons, neutrons,  protons, Photons etc, on a même pu découvrir que les protons sont également composés que plus petites particules nommées les Quarks. Mais quand on veut fouiller les photons, on se rend compte qu’ils sont des grains de lumière, qu’ils ont une vitesse mais qu’ils n’ont pas de poids. Or la matière est composée d’un mouvement, qu’on appelle la Cinétique,  et d’une masse, le poids. Or les photons n’ont pas de poids, ils ne  sont que des points d’énergie lumineuse en mouvement, ils ne sont donc qu’une demi-matière, mais si deux photons se réunissent pour donner un électron, leur énergie donne un poids, c’est l’apparition de la matière. Et cela prouve que la matière nait de l’immatériel, que le visible nait de l’invisible, que la lumière est une énergie, que l’énergie est une pensée, et qu’à l’origine de la pensée il y a un penseur ! Et c’est ainsi qu’un grand Physicien Sir James Jean a pu dire : « L’univers ressemble de moins en moins à une grande mécanique, et de plus en plus à une grande pensée ! » :

          Il y a, dans le fatras de la Genèse Hébraïque une affirmation qui rejoint exactement, ce que je viens très mal de vous exposer. Que fait dire le livre au Dieu lorsqu’il lance la création : « Et Dieu dit : « Que la lumière soit, et la lumière fut ! » Et c’est cette lumière qui, première forme de l’énergie qui a commencé  de tisser  l’univers,  il y a près de 14 Milliards d’années. C’est ce que disent les savants. Pour la première fois, la science rejoint la révélation !

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Il y a 50 ans que j’ai entendu un physicien Français expliquer cela mieux que je ne le fais. J’écoutais la radio  tout en triant des feuilles de tabac, car j’étais planteur de tabac, et j’avais l’impression d’apprendre quelque chose de nouveau. Et voici qu’après avoir démontré que la matière  n’était qu’une apparence d’une certaine forme d’énergie, c'est-à-dire que la création était spirituelle, le savant concluait ainsi : «  Et oui, au terme de nos recherches, voici qu’il nous vient un mot que nous scientifiques pensions interdit, et ce mot est : Dieu ! »

      Quelles sont les conséquences logiques de cela ?  Plus la science  accroit nos connaissance, ce que nous trouvions mystérieux, soit le surnaturel, voila qu’il  devient naturel. Plus derrière les apparences nous découvrons une réalité,  et nous nous trouvons dans ce que Le Christ disait à ses Apôtres : « J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant ; mais quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous mènera vers la Vérité toute entière ! » Et cela, à mon sens correspond,  au texte de Joël, un des petits prophètes d’Israël, qui fait dire à Dieu : «  Après cela, je répandrai mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront,  vos anciens auront des songes et vos jeunes gens des visions ! ». A mon sens, nous sommes entrés dans ce temps d’effusion, qui est lié au cycle du Verseau, qui était représenté par les grecs comme un jeune homme déversant sur terre les ondes de l’esprit, car le Verseau est un signe aérien. Einstein a dit plusieurs fois, « Il va falloir penser autrement ! » et c’est à nous tous qu’il parlait ! Et c’est une prodigieuse intellectuelle, d’origine juive : Raïssa Maritain, convertie avec son mari au Catholicisme, qui semble avoir donné le signal, du règne de l’Esprit qui est celui de l’intelligence en disant : « On a combattu la religion au titre de l’intelligence, c’est aujourd’hui au nom de l’intelligence qu’il faut la défendre ! » Or l’intelligence ne se fabrique pas ; elle peut être cultivée, mais elle  est d’abord donnée de diverses façons,  et nous abordons avec cela un autre mystère ! 

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 Quand Archimède  découvre d’un coup, une des grandes lois de la Physique, il s’écrie, tellement cela est sans palier de réflexion : « Euréka » (J’ai trouvé) ! Quand Paul de Tarse , qui vient de participer au massacre du Chrétien Etienne, est jeté à bas de son cheval par l’esprit si lumineux , on ne peut relever qu’ aveugle  ce n’est nullement sa réflexion qui le convertit, c’est l’intervention inexplicable de l’ailleurs ! Quand Norbert Wiéner Le mathématicien surdoué qui passe pour être l’inventeur de la Cybernétique,  lors d’un cours à ses élèves, s’interrompt brusquement, pour parler du pouvoir des démons dans le monde, qu’il a servi sans le savoir et qu’il veut désormais combattre, quand il s’exprime ainsi, alors qu’il était un juif parfaitement Athée, c’est sous le poids d’une intuition tellement brutale, qu’il faut bien admettre qu’il a été une cible de l’Esprit ! Il écrira ensuite :

        « La science est impossible sans la foi. Par ces mots, je ne veux pas dire que la foi dont dépend la science est religieuse, et implique l’acceptation de n’importe quel dogme de croyances religieuses ordinaires, mais que, si la foi manque en l’idée que la nature obéit à des  lois, il ne peut y avoir de science ! »

        Ainsi  Wiéner ne se relie pas encore à une religion existante, mais il admet, qu’il y a une législation qui tend à « Ordonner » le monde, ce qui suppose un législateur ! Et ce qui, pour une nation, demande des nationalistes.

       Exemple tout à fait différent, quand Françoise Vernay, peut-être la plus grande éditrice de l’époque, dans la logique d’une vie totalement dépravée se fait avorter, à peine aperçoit-elle le petit fœtus flottant dans la cuvette, qu’il lui est révélé qu’elle vient d’accomplir le crime des crimes, c'est-à-dire qu’elle s’est dénaturée : Et du jour au lendemain elle change de vie ; Elle écrira un livre sur le sujet qui vaut la peine d’être lu : « Dieu existe, je l’ai toujours trahi ! »

     André Frossard, lui aussi juif complètement athée, écrira : « Dieu existe, je l’ai rencontré » ! Et il conte comment, s’étant trompé d’adresse, il entre par hasard,  dans une chapelle  ou est exposé l’ostensoir qu’on appelle « le saint sacrement, et il est pénétré d’un coup, par une lumière qui n’est pas d’ordre physique, ce que l’on appelle la lumière « Nouménale » qui est avant la lumière Physique que l’on dit « phénoménale », et il sait d’un coup qu’il est en face du Dieu auquel il n’avait jamais cru !

      Et c’est  un phénomène presque semblable, que va subir un autre juif totalement athée,

A-1308308-1279791915.jpeg.jpgMax Jacob, artiste à la vie de Bohème, accro aux drogues dures et même homosexuel dit-on, à qui apparait l’image du Christ sur le mur de sa chambre ! Et le choc émotionne est tel, qu’immédiatement il se jure d’abandonner ses licences, et il tiendra parole !

      J’ai cité ces cas étranges qui semblent se relier à une façon de savoir qui ne doit rien à la réflexion ! Einstein en a traité  comme d’une donnée, qu’il appelle l’intuition. Et il écrit :

     «  L’intuition  a pour moi les traits d’une opération de  divination (remarquez que dans le mot divination, il y a le « divin ») et il poursuit : « Le plus bel exemple d’intuition, c’est la théorie de la relativité générale ! La seule chose qui vaille au monde, c’est l’intuition ! »

      Il fait savoir que  déjà en son temps le grand peintre, Giovanni Pannini ( 1691-1765) avait écrit : « Quiconque a quelque pratique de l’introspection spirituelle entend en lui des voix

qui ne semblent pas les siennes. Il entend le murmure des suggestions qui lui étaient inconnues plus tôt, des suggestions imprévisibles et incroyables ! Il est faux de dire que nous travaillons avec notre cerveau ! En réalité, nous nous limitons à écouter un inconnu qui nous parle à l’oreille »

       L’immense poète Rainer Maria Rilke ( 1875- 1926) disait dans le même esprit, qu’on lui faisait « don » de ses vers ! Président de la Commission culturelle du Conseil régional à Bordeaux, et ayant créé  et présidé « La renaissance Aquitaine » pendant plus de cinquante ans, je confirme ! Il y a la versification qui est une technique et une fabrication, et la poésie, qui est inspirée, de telle sorte que les anciens en disaient qu’elle était le langage des Dieux : Elle est dans notre nature, comme une descente  du sacré qui peut se présenter a chacun de vous sous une forme différente.  Et cela nous ramène au thème que je devais traiter.   

      Comment oser dire cela, alors que le monde est en crise, parce que toutes les religions sont en crise, et que toutes les formes politiques ont échoué à rendre les peuples heureux ? Et bien c’est parce que l’Apocalypse à laquelle on se réfère comme désignant  un temps d’extrême violence, signifie seulement : « Révélation » ! Et nous y sommes ! Il faut que notre effroyable temps, accouche de la révélation, et il est rare que les accouchements soient indolores. Mais  ils sont dans la nature des choses. L’accouchement est dans la nature des choses ! Ce qui n’est pas dans la nature des choses, c’est de tuer l’enfant que l’on a conçu.

       Lorsque Picasso avouait : «  Ce qui me sauve, c’est que je réussis chaque jour à faire plus laid ! », il avouait dénaturer cette aspiration  vers le beau que l’homme porte en soi ! Quand, la fille de Béria, le pire exécuteur des crimes staliniens, osait dire : « Mon père est un démon ! », et cela malgré qu’elle eut été élevée dans le matérialisme marxiste, elle  démontrait que cette inspiration vers le bien, peut subsister dans la nature humaine, comme déjà une disposition vers la surnature ! Les religieux ont prétendu souvent que l’homme avait  à choisir entre la route du bien, et la route du mal, et c’est faux, car il n’y a qu’une route,  celle qui conduit l’homme au « plus » qu’il n’est ! L’homme qui fait son devoir par  l’aide qu’il apporte aux autres, c’est un homme qui « devient » ! Au contraire l’homme qui se sert des autres, pour ne considérer que son plaisir, il ne s’achemine pas, il se détruit, et il n’a plus à la fin de sa  vie, que l’espérance du néant. Or le néant, c’est ce qui n’existe pas.

       Il y a un mot qui définit la plénitude de l’homme qui devient, c’est le mot « extase ». Il est tiré du Grec et in signifie « Sortir de soi ». C’est un état auquel parviennent de saints personnages, et qui constitue la vision spirituelle de la divinité. Cela peut arriver a certains mourants, qui n’en reviennent qu’un instant pour supplier qu’on les laisse partir pour ce qu’il ont vu de l’au-delà. J’ai connu deux femmes de mon village dans cet état. Le cas le plus célèbre et qui n’est guère connu, c’est celui de Saint Thomas d’Aquin, un des théologiens les plus abondants,  qui se rendant à un concile, tomba en extase pendant le voyage, et il n’en sortit que pour déclarer : « Tout  ce que j’ai écrit, c’est de la paille !» et il mourut sur cela. Et l’Eglise n’a pas commenté, car ç’aurait été avouer, qu’en recevant l’enseignement de St Thomas, elle avait peut-être mangé de la paille !

       Si nous réussissons à détruire l’Islam avant qu’il ne nous détruise, ce qui implique la destruction également de la Vième république complice, nous allons connaître une véritable explosion des sciences, et il semble bien que ce soit la science-fiction qui en a dépeint les possibilités ! Demain, sera en mesure de cloner l’homme, de réaliser l’homme bionique, et grâce à l’intelligence artificielle, d’éradiquer les maladies dès leur apparitions. Demain, le surhomme, pourra modifier le nombre atomique de sa substance, pour traverser les obstacles, comme passa le Christ a travers les portes fermées du cénacle ! Demain comme l’aurait découvert Anton-Parks sur quelques gravures pré sumériennes, il sera possible d’établir des couveuses artificielles, pour libérer la femme de ses grossesses, et pour modifier la génétique, en fonction des nécessités sociales.  Demain, à partir de la découverte du professeur Charon de l’absence de l’espace temps à l’intérieur de l’atome, il sera possible de découvrir dans le cosmos, des tunnels de « Non-Espace-temps » qui nous permettront le voyage intersidéral ! Bref nous deviendrons ce que les légendes antiques nous ont rapporté des dieux de l’antiquité…

         L’ennui, c’est que toutes ces légendes se rapportent à une immense « guerre des dieux » ! Alors allons-nous commettre les mêmes fautes, qui ont ramené ces « civilisations » jusqu’à ne laisser que les éclopés que nous sommes ?

        Je crois qu’il faut se souvenir de la parole du Christ : « Que vaut à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ! »

  Et cependant en tant que  Nationaliste figurez-vous que j’ai confiance, car je sais que mon devoir aujourd’hui c’est seulement de sauver de l’infamie, cette terre qui nous a été donnée, pour y remplir notre vocation

     Mais j’ai confiance aussi parce que mon Seigneur a dit : « Allons, prend ton grabat et marche ! »

     Et ceci dit, je vous remercie de m’avoir écouté !

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vendredi, 27 mars 2020

Evola and Italian Philosophy, 1925–49: Three Biographical and Bibliographical Essays

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Evola and Italian Philosophy, 1925–49: Three Biographical and Bibliographical Essays

by Gianfranco de Turris, Stefano Arcella & Alessandro Barbera

Translation by Fergus Cullen

The following essays all appeared in Vouloir 119–121 (1996), the supplement to the revue Orientations, edited by Robert Steuckers. They centre on Julius Evola’s relations with the two major figures of Italian philosophy in the interwar period.

In “Evola, ultime tabou?” (pp. 1–3), Gianfranco de Turris asks if the rehabilitation enjoyed by such philosophers as Giovanni Gentile, previously denounced as Fascist, might be afforded to Evola. He briefly sketches the case in his favour: unlike the marginal crank of post-War imagination, Evola seems to have maintained relations with such figures of the first rank as Gentile and Benedetto Croce. In “Gentile/Evola: une liaison ami/ennemi…” (pp. 3–5) Stefano Arcella examines Evola’s fertile collaboration with Gentile and Ugo Spirito on the Enciclopedia Italiana. And in “Quand Benedetto Croce ‘sponsorisait’ Evola” (pp. 5–7) Alessandro Barbera investigates the Croce connection, looking in some detail at the correspondence between Evola, Croce, and the publisher Laterza.

French originals:

1—http://www.archiveseroe.eu/evola-a48672110

2—http://www.archiveseroe.eu/gentile-a126198308

3—http://www.archiveseroe.eu/croce-a126196870

PDF of this translation:

https://www.academia.edu/42191919/Evola_and_Italian_Philo...

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Gianfranco de Turris

Evola: the Last taboo?

by Gianfranco de Turris

gdtlivre.jpgWe will surely remember 1994 better than 1984, which Orwell immortalised by writing his celebrated apocalyptic book predicting an ultra-totalitarian world in which we all would have been irredeemably crushed. We will not remember it solely for the political event of 27 March in Italy, but above all for the consequences that this “reversal” might (I insist on the conditional!) have in the cultural sphere. Whatever one may thing of the victory of Berlusconi and his allies, it has already had a first result: the organisation of a colloquium dedicated to the personality of Giovanni Gentile; it was held in Rome on 20 and 21 May 1994 on the initiative of the leftist municipal council (which does honour to the Italian left, as does the other colloquium it dedicated to Nietzsche). We remember he whom we always defined as the “philosopher of Fascism,” fifty years after his death, when he was assassinated by a commando of communist partisans in Florence on 15 April 1944. After having beaten a long and sinuous intellectual course, many post-Marxist philosophers, such as Colletti, Marramao and Cacciari, claimed him for an authentic figure of the left, at least in a decent part of his work.

So Gentile recovers all his dignity for the “official” culture in Italy: of course, this concerns first of all Gentile the philosopher, and not the man and political militant. All the same, his rehabilitation as a philosopher marks a step forward in the liberation of spirits. So the last taboo for Italian intellectuals remains Julius Evola, as Pierluigi Battista nicely put it in the columns of Tuttolibri. Now, this year we also commemorate the twentieth anniversary of Evola’s death (11 June 1974). For Gentile, Italian official culture has at last come to accept, after a half-century and only some years before the year 2000, the position and importance of the “actualist” and Fascist philosopher. For Evola, on the contrary, a silence is always held, even is, imperceptibly, one feels that something is in the process of changing.

Luciferian Dilettante

Evola, in official culture, is thrown from one extreme to the other: on the one hand, he’s a demon, the Devil, an almost Luciferian personage, an ultra-racist to whom salvation is never to be granted; on the other, he’s culture’s sock-puppet, the inexact dilettante, unscientific and superficial, a clown of esotericism, “il Divino Otelma.” In interesting ourselves in him, we then risk toppling into the laughable, unless a more authorised voice begins to speak of him.

So there is still much work to be done on Evola, whether it be as a thinker of multiple interests, as an organiser of colloquia and promoter of intellectual initiatives between the Wars, as a man of culture and innumerable contacts, who received many suggestions from his contemporaries and gave in his turn.

During the twenty years that have passed since his death, few things have been done on his work and person in Italy; and these were the work of a small number of those who had always referred to Evola. We’ve found neither the time nor the manpower. It’s a bitter truth; but it’s so. It suffices to consider archival research: to reconstitute the facts and ideas, to fill in the “voids” in the life and in the evolution of Evolian thought, we need the documents; and these are still not all archived. The documents exist: it suffices to go and search where one thinks they might be found…

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For example, we don’t have access to the complete documentation on the relations between Evola and the Italian philosophical world of the ’20s and ’30s: Croce, Gentile, Spirito, Tilgher… We only finally know what Evola recounts of himself in his “spiritual autobiography,” The Path of Cinnabar. Ultimately, we know what we can deduce of his positions on diverse philosophical systems and on what we surmise intuitively. In general, we only know the views and opinions on Evola of the historians and academics who have especially studied that period of Italian culture: and they say that Evola was an isolated, marginal figure; that his ideas were not taken into consideration; that he was a singular, if not folkloric, figure. But do these opinions really correspond to reality?

We believe that we can today affirm that things were not so simple: that Evola was more relevant in his epoch than we’ve believed him to be. And we affirm this on the basis of a series of indications, hidden until today. The Roman weekly L’Italia settimanale is cataloguing these indications for the first time in a special supplement, in the hope of provoking debate and research.

Sponsored by Croce?

Evola maintained far more complex relations with Croce and Gentile that we’ve believed for many decades. Can we imagine an Evola “sponsored” by Croce? An Evola, collaborator with the Enciclopedia Italiana, patronised by the Mussolinian regime and directed by Gentile? An Evola close to Adriano Tilgher? An Evola in direct contact with Ugo Spirito? We can now divine that these relations were pursued more than we imagined them; but we have neither formal proofs nor the documents that definitively attest to them. The “isolated figure” was not, ultimately, isolated; the marginalised personage, as well, was not marginalised as we wished to say; the intellectual who, under Fascism, had amounted to not much, or missed out on everything, had been, ultimately, of more impact that we’d thought him. I think that we must seek out and recognise our fault: that of not having contemplated this sooner, and having given a truncated picture of Evola; with a complete vision of Evolian words and deeds, we may be able to refute many commonplaces. This won’t be possible unless the Croce Archives at Naples and the Gentile Foundation at Rome agree to let us consult the documents they hold and that concern the relations of Croce and Gentile with Evola.

Better late than never. The future will tell, after our work is done, whether Evola will always be, for progressivist culture, a taboo, will be the Devil, a clown…

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Stefano Arcella

Gentile and Evola: Friends and Enemies

by Stefano Arcella

The relations between Evola and Gentile have always been seen from the perspective of conflict, from the perspective of profound differences between the respective philosophical orientations of the two men. Evola, in his speculative period (1923–7), elaborated a conception of the absolute individual, representing a decisive overcoming of idealist philosophy in all its multiple formulations—notably those of Croce’s idealism and Gentile’s actualism. Evola, in reaching the end of his speculations, already approached the threshold of tradition, understood and perceived as openness to transcendence, and towards esotericism (as an experimental method for the knowledge and realisation of the self). His speculative period had thus been a necessary step on his path towards Tradition.

For all that, in the history of the relations between these two thinkers, there is an element that has remained utterly unknown before now: if we make ourselves aware of it, we acquire a clearer, more direct and more complete vision of the bond that united these two men—enemies to all appearances. This element is the correspondence between Evola and Gentile, which we can now consule, thanks to the courtesy the Fondazione Gentile has shown. This correspondence dates to the years 1927–9, to the time during which Evola directed the revue Ur, a publication aimed at working out a science of the Self, and which was subsequently titled a “revue of esoteric science.”

It was at this time that Gentile, with his collaborators, prepared a work of great scientific importance: the Enciclopedia Italiana, of which he was the first director. The first volume of this gargantuan work, commissioned by the Mussolinian regime, was produced in 1929. The following tomes appeared quarterly.

The most significant letter, at least from an historico-cultural perspective, is that sent by Evola to Gentile on 2 May 1928 (the year in which Imperialismo pagano was published). This letter is on paper with the letterhead of the revue Ur; it thanks Gentile heartily for having acted upon his wish to collaborate on the Enciclopedia Italiana; and Evola, in what follows, makes reference to his friend Ugo Spirito regarding the areas that might fall within his expertise.

This collaboration is confirmed in a letter of 17 May 1929, in which Evola reminds Gentile that the latter entrusted the writing of certain entries to Ugo Spirito, who in turn entrusted them to him. In this letter, Evola doesn’t specify precisely which entries are concerned, which makes our researches more difficult. Currently, we have identified with only one entry with certitude, relating to the term “Atanor,” signed with the initials “G.E.” (Giulio Evola).

These points can be verified in the volume Enciclopedia Italiana: Come e da chi è stata fatta, published under the auspices of the Istituto dell’Enciclopedia Italiana in Milan in 1947. Evola is mentioned in the list of collaborators (Evola, Giulio, p. 182); and also mentioned are the initials which he used to sign the entries of his expertise (G. Ev.), as well as the specialism in which his expertise was incorporated: “occultism.” This term designates the specialisation of the Traditionalist thinker, and not an entry in the Encyclopaedia. Furthermore, the citations, which this little introductory volume indicates beside the matter treated, suggest the volume on which Evola collaborated especially: it was vol. V, published in 1930, whose first entry was “Assi,” and last “Balso.”

Currently, we seek to identify precisely the notes prepared by Evola himself for this volume. We account for the fact that a good number of entries weren’t signed, and that the preparatory material for the Encyclopaedia must constantly be recategorised and put in order under the auspices of the Archivio Storico dell’Enciclopedia Italiana, because these masses of documents were dispersed in the course of the Second World War. Indeed, one part of the documentation had been transferred to Bergamo under the Social Republic.

Another element lets us verify Evola’s participation in this work of broad scope: Ugo Spirito mentions the name Evola in a text of 1947 among the writers of the Encyclopaedia in the domains of philosophy, economy and law. Identical indications are found in vol. V of 1930.

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On the basis of his data, further considerations are in order. The fact that Evola wrote to Gentile on paper with the Ur letterhead, on 2 May 1928, is not random.

Evola was not a man who acted at random, above all when he might be put in contact with a philosopher of Gentile’s standing, a figure of the first rank in the Italian cultural landscape of the era. Evola then didn’t present himself to the theoretician of actualism in a personal capacity, but as the representative of a cultural thread which found its expression in Ur, the revue of which he was the director. Evola hereby attempted to formalise esoteric studies and sciences within the bounds of the dominant culture, at the historical moment at which Mussolinian Fascism triumphed. This purpose is divined immediately when one knows that the discipline attributed especially to Evola in the Encyclopaedia was “occultism.”

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Giovanni Gentile

Gentile then accepts Evola’s collaboration, which represents, in fact, an avowed recognition of the qualifications of the theoretician of the absolute individual, as well as an indication of the attention given by Gentile to the themes treated in Ur, beyond the convictions that oppose one man to the other, and the irreducible differences of a philosophical order that separate them. Evola’s collaboration on the Encyclopaedia directed by Gentile proves that the latter counted him among the first rank of scientific minds, the cultural prestige of which was incontestable in the Italy of that epoch. From these epistolary exchanges between Evola and Gentile, we can deduce, today, a lesson which the two philosophers bequeath us in concert: they both show themselves capable of harmoniously integrating coherences to which they are strangers—coherences which contradict their own principles—which attests to an openness of spirit and a propensity for dialogue; to fertile confrontation and to collaboration, even and above all with those who express a marked otherness in character and ideas. Coherence is a positive force: it is not the rigidity of him who shuts himself up in sterile isolation. A fair play upon which it suits to meditate at this moment, at which some shout their heads off for a new inquisition.

For fifty years, we have witnessed an uncritical, misguided and unfounded demonization of our two thinkers; we’ve observed a gulf of incomprehension, of barriers which, happily, we might begin to break today, in view of the processes of transformation at work in the world of culture. All the same, the degradation of cultural debate in the aftermath of anti-fascism or party spirit is an unhappy reality of our era. To reverse the trend, it suits to return the spotlight on these bonds between Evola and Gentile—between two philosophers belonging to entirely different and opposite schools—in order to launch a debate at the Italian national level; to re-examine the roots of our recent history; to recuperate what has been unjustly stifled since 1945 and scrubbed from our consciousness in a burning fever of damnatio memoriae.

In conclusion, besides the path that the consultation of the Laterza archives offers us to explore the relations between Croce and Evola, we would also like to consult the letters of Croce; but alas, the Croce Archives have told us in so many words that “those letters are not consultable.” These are politics diametrically opposed to those practiced by the Fondazione Gentile, which itself permits one to consult, without difficulty, the letters of which I’ve informed you.

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Alessandro Barbero

When Benedetto Croce “Sponsored” Evola

by Alessandro Barbero

Julius Evola and Benedetto Croce. In appearance, these two thinkers are very distant from one another. That said, for a certain period of their coexistence, they were in contact. And it wasn’t an ephemeral episode, but a link of long standing, lasting for almost a decade, from 1925 to 1933. To be more precise, we should say that Croce, in this relation, played the part of “protector,” and Evola the role of “protégé.” This relation began when Evola entered the prestigious Areopagus of authors at the publisher Laterza of Bari.

In the ’30s, Evola published many works with Laterza, which have been reissued post-War. Now, today, we still don’t know the details of these links within the publisher. In fact, two researchers, Daniela Coli and Marco Rossi, have already furnished us in the past with intelligence on the triangular relation between Evola, Croce and the publisher Laterza. Daniela Coli approached the question in a work published ten years ago with Il Mulino (Croce, Laterza e la cultura europea, 1983). Marco Rossi, for his part, raised the question in a series of articles dedicated to the cultural itinerary of Julius Evola in the ’30s, and published in Renzo de Felice’s review Storia contemporanea (6, December 1991). In his autobiography, The Cinnabar Path (Scheiwiller, 1963), Evola evokes the relations he maintained with Croce, but tells us very little, ultimately: far less, in any case, than we can divine today. Evola wrote that Croce, in a letter, did him the honour of appraising one of his books: “Well ordered, and underpinned by reasoning quite exact.” And Evola adds that he knew Croce well, personally. The inquest leads us straight to the archives of the publishers at Bari, currently deposited at the State archives of that town, which might consent to furnish us with far more detailed indications as to the relations having united these two men.

The first of Evola’s letters that we find in Laterza’s house archives isn’t dated, but must trace to the end of June 1925. In this missive, the Traditionalist thinker replies to a preceding negative response, and pleads for the publication of his Teoria dell’individuo assoluto. He writes:

It is assuredly not a happy situation in which I find myself, I, the author, obliged to insist and to struggle for your attention on the serious character and interest of this work: I believe that the recommendation of Mr. Croce is a sufficient guarantee to prove it.

Theory of the Absolute Individual

The liberal philosopher’s interest is also confirmed in a letter addressed by Laterza to Giovanni Preziosi, send on 4 June of the same year. The publisher writes: “I have had on my desk for more than twenty hours the notes that Mr. Croce sent me concerning J. Evola’s book, Teoria dell’individuo assoluto; and he recommends its publication.” In fact, Croce visited Bari around 15 May; and it was on this occasion that he transmitted his notes to Giovanni Laterza. But the book was published by Bocca in 1927. That was the first intervention, of a long series, by the philosopher in Evola’s favour.

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Some years later, Evola returned to knock at the door of the Bari publisher, in order to promote another of his works. In a letter sent on 23 July 1928, the Traditionalist proposed to Laterza the publication of a work on alchemical Hermeticism. On this occasion, he reminded Laterza of the Croce’s intercession on behalf of his work of a philosophical nature. This time once more, Laterza responded in the negative. Two years passed before Evola reoffered the book, having on this occasion obtained, for the second time, Croce’s support. On 13 May 1930, Evola wrote: “Senator Benedetto Croce communicated to me that you do not envisage, in principle, the possibility of publishing one of my works on the Hermetic tradition in your collection of esoteric works.” But this time, Laterza accepted Evola’s request without opposition. In the correspondence of that era between Croce and Laterza that one finds in the archives, there are no references to this book of Evola’s. This is why we may suppose that they had spoken of it in person at Croce’s house in Naples, where Giovanni Laterza has in fact stayed some days previous. In conclusion, five years after his first intervention, Croce succeeded finally in getting Evola into Laterza’s catalogue.

The third expression of interest on the part of Croce probably originated in Naples, and concerns the reedition of Cesare della Riviera’s book, Il mondo magico degli Heroi. Of the dialogues relative to this reedition, we find a first letter of 20 January 1932, in which Laterza complains to Evola of having failed to find notes on this book. A day later, Evola responds and asks that he be procured a copy of the original second edition, that he might cast an eye over it. Meanwhile, on 23 January, Croce wrote to Laterza:

I have seen in the shelves of the Biblioteca Nazionale that book of Riviera’s on magic; it’s a lovely example of what I believe to be the first edition of Mantova, 1603. It must be reissued, with dedication and preface.

The book ended up being published with a preface by Evola and his modernised transcription. A reading of the correspondence permits us to admit the following hypothesis: Croce had suggested to Laterza to entrust this work to Evola. The latter, in a letter to Laterza dated 11 February, gave his view and judged that “the thing was more boring that I’d thought it would be.”

The Anthology of Bachofen’s Writings

The fourth attempt, which was not welcomed, concerned a translation of selected writings by Bachofen. In a letter of 7 April 1933, to Laterza, Evola wrote:

With Senator Croce, we once mentioned the interest which might receive a translation of passages selected from Bachofen, a philosopher of myth much in vogue today in Germany. If this thing interests you (it might eventually join the “Modern Culture” series), I can tell you what it concerns, taking into account the opinion of Senator Croce.

In fact, Croce was preoccupied by Bachofen’s theses, as a series of articles from 1923 demonstrates. On 12 April, Laterza consults the philosopher: “Evola wrote me that you had spoken of a volume that would compile passages selected from Bachofen. Is it a project that we ought to take into consideration?” In Croce’s response, dated the following day, there is no reference to this project; but we ought to account for one fact: the letter has not been conserved in its original form.

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Benedetto Croce

Evola, in any case, had not rejected the idea of producing this anthology of Bachofen’s writings. In a letter of 2 May, he announces that he proposes “to write to Senator Croce, that he might remind him of to what he had alluded” in a conversation between the two. In a second letter, dated to 23, Evola asked of Laterza if he in turn had asked the opinion of Croce, while confirming that he’d written to the philosopher. Two days later, Laterza declares not “to have asked Croce for his opinion” regarding the translation, because, he adds, “he fears lest he approve of it.” This is clearly a deceit. In fact, Laterza had asked the opinion of Croce; but we still don’t know what this opinion was, nor what had been decided. The anthology of selected writings of Bachofen was finally produced, many years later, in 1949, by Bocca. From 1933, the links between Evola and Croce seem to come to an end, at least from what the Laterza house archives permit us to include.

To find the trace of a reconciliation, we must refer ourselves to the post-War period, when Croce and Evola almost met once more in the world of publishing, but without the Traditionalist thinker noticing. In 1948, on 10 December, Evola proposed to Franco Laterza, who had just succeeded his father, to publish a translation of a book by Robert Reininger, Nietzsche e il senso de la vita. After having received the text, on 17 February, Laterza wrote to Alda Croce, the daughter of the philosopher: “I enclose to you a manuscript on Nietzsche, translated by Evola. It seems to me a good work; might you see if we can include it in the ‘Library of Modern Culture’?” On 27 of the same month, the philosopher responds. Croce considers that the operation might be possible; but he provides a few reservations all the same. He postpones his decision till Alda’s return, who was a few days in Palermo. The final decision was taken in Naples, around the 23 March 1949, in the presence of Franco Laterza. The opinion of Croce is negative, seemingly under the influence of his daughter Alda. On 1 April, Laterza confirms to Evola that “the book was much appreciated [without specifying by whom] on account of its quality,” but that, for reasons of “expediency,” it had been decided not to publish it. The translation appeared much later, in 1971, with Volpe.

This refusal to publish puzzled Evola, who didn’t know the real whys and wherefores. A year later, in some letters, returning the issue to the table, Evola raised the hypothesis of a “purge.” This insinuation irritated Laterza. Following this controversy, relations between the writer and the publisher cooled. In the final analysis, we can conclude that Evola was introduced to Laterza thanks to Croce’s interest in him. He left on account of a negative opinion offered by Alda, Croce’s daughter, on one of his proposals.

mardi, 24 mars 2020

Interview de Monsieur K à l'occasion de la réédition de "Révolte contre le monde moderne" de Julius Evola

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Interview de Monsieur K

à l'occasion de la réédition de "Révolte contre le monde moderne" de Julius Evola

 
L’équipe d’E&R Lille recevait Monsieur K le 21 décembre 2019 pour une présentation du livre de Julius EVOLA « RÉVOLTE CONTRE LE MONDE MODERNE », et a profité de sa présence pour lui poser quelques questions diverses et variées.
 

dimanche, 22 mars 2020

L’homme cosmique et la Tradition primordiale

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L’homme cosmique et la Tradition primordiale 

Conférence Mont-de-Marsan, 28 mars 2020

par Pierre-Emile Blairon

Bonjour, chers amis,

L’Europe : une longue mémoire

Tout le monde peut constater que chaque jour qui passe amène son lot de folie, de mensonges, de turpitudes, de déni de tout ce qui a fait la grandeur de l’Europe depuis des milliers d’années. J’ajouterai cette épidémie de coronavirus qui nous tombe sur le dos, et qui fait partie du dispositif - l’épidémie, créée ou non par l’Homme, est l’un des éléments majeurs de la conjonction des catastrophes d’une fin de cycle.

L’heure est donc à l’urgence.

Je veux d’abord rendre ici un hommage à nos héros qui ont porté les valeurs chevaleresques de l’Europe, celles qui ont donné aux Européens la maîtrise de leur destin et de leurs frontières, rendre un hommage à nos savants qui lui ont donné ses armes techniques, surtout dans le domaine de la médecine - merci, Docteur Alexis Carrel - !, rendre hommage à nos poètes et nos artistes - merci, Lovecraft, merci, Tolkien - et tant d’autres ! qui ont façonné ce qui fait la force originale de l’Europe : je veux parler de sa faculté de se projeter dans un imaginaire que nous avons été les seuls à concevoir et à habiter, sans l’aide de substances artificielles, je veux rendre hommage à notre faculté de création, notre faculté d’inventer de nouveaux mondes, au jour le jour, s’il le fallait.

Si nous sommes toujours capables d’étonner le monde, c’est parce que nous sommes porteurs d’une longue mémoire, sans que nous en soyons toujours conscients, une mémoire cachée au plus profond de notre être, une mémoire qui réapparaît aux moments les plus cruciaux de notre longue histoire et qui nous force à combattre, une mémoire qui nous vient de nos ancêtres hyperboréens, qui ont créé le monde dont nous vivons les plus néfastes moments, mais c’est dans l’ordre des choses, et  nous avons à assurer la pérennité de nos lointaines origines. Nietzsche disait : « Regardons-nous en face. Nous sommes des hyperboréens, — nous savons suffisamment combien nous vivons à l’écart. « Ni par terre, ni par mer, tu ne trouveras le chemin qui mène chez les hyperboréens » : Pindare l’a déjà dit de nous. Par-delà le Nord, les glaces et la mort — notre vie, notre bonheur… Nous avons découvert le bonheur, nous en savons le chemin, nous avons trouvé l’issue à travers des milliers d’années de labyrinthe. Qui donc d’autre que nous l’aurait trouvé ? »

L’heure est à l’urgence parce que nous sommes à la fin, à la fin de la fin, d’un grand cycle. Je reviendrai tout à l’heure sur la notion de cycle qui est la base même de nos connaissances européennes et de notre statut, pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ce concept fondamental et incontournable.

Continuer à se battre

Il faut le redire : les jeux sont faits, rien ne va plus, toutes les valeurs sur lesquelles s’appuyaient nos peuples sont inversées ; les forces négatives qui nous traquent depuis des millénaires semblent prendre le dessus. Elles ne le pourront pas, in fine, parce que nous ne pouvons pas rester sans agir ; on a dit de nos ancêtres gaulois qu’ils étaient de fameux guerriers ; l’un des plus puissants caractères de l’homme européen est de continuer à se battre même lorsqu’il semble que tout est perdu ; nous n’acceptons pas la fatalité comme les musulmans. Il faut que cette ténacité et ce courage servent cependant à quelque chose.

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Notre ami Maurice Martin, ou Robert Dun, l’avait déjà compris il y a trente ans quand il disait : « Nous sommes à l’âge missionnaire qui doit suivre toute grande prophétie. Chacun de nous a le devoir de devenir missionnaire. Mais cela exige de se cultiver, de lire et de réfléchir beaucoup, de développer son élocution et ses capacités de discussion calme et efficace. Cela exige donc de connaître l’adversaire. C’est certes plus pénible que d’attendre l’apparition d’un problématique chef charismatique et même de vendre des journaux, de coller des affiches et de tenir des meetings. Prendre le pouvoir ? Qui peut espérer encore en avoir le temps ? »

Effectivement, nous n’avons plus le temps. Les hommes de ma génération et ceux de la génération qui l’a précédée après-guerre, ont tenté de faire reculer l’échéance inévitable de cette fin de cycle. Ils ont tenté de conserver intacts les principales facettes du génie européen, avec les moyens et l’esprit hérités du monde ancien, c’est-à-dire surtout le combat viril, celui qui est traditionnellement réservé à la deuxième fonction chez les Indo-européens, la fonction guerrière.

Ce sont souvent les mêmes qui ont constaté l’inanité du combat militant - on nous appelait « activistes » - et ce sont les mêmes qui ont ensuite privilégié le combat métapolitique, tout aussi infructueux. Nous n’étions pas très futés.

Il faut bien admettre que 60 ans de militantisme acharné ne nous ont pas permis d’accéder au pouvoir, ni politique, ni électoral, ni culturel. La gauche, les progressistes, les mondialistes règnent sur le continent européen comme jamais.

Paganisme : croyance ou savoir ?

Nous avons cependant eu le mérite de réveiller le tréfonds religieux de nos peuples européens, ce qui fut autrefois appelé le paganisme, à l’heure du christianisme naissant, expression destinée à humilier les forces vives paysannes de nos terroirs ; le temps a passé, les antiques valeurs européennes ont perduré ici et là à travers différentes manifestations sacrées, comme le cycle du Graal, puis, dans les années 1960, au sortir de la guerre d’Algérie, nous avons voulu établir d’autres fondements, nous avons espéré rebâtir la vieille charpente du paganisme préhistorique ; mais nous avons agi légèrement, sans bien comprendre les bases essentielles de ce passé spirituel que nous venions de redécouvrir et nous avons alors engendré une croyance hybride qui balançe entre un athéisme hédoniste et un animisme qui se contente timidement de la Voie des pères – la lignée - , pour assurer une continuité, sans faire l’effort de tenter d’accéder à la Voie des dieux, olympienne et transcendante, selon la distinction faite par Julius Evola qui disait : « avec l'avènement de l'humanisme et du prométhéisme, il a fallu choisir entre la liberté du souverain et celle du rebelle, et l'on a choisi la seconde[1]."

J’ai employé le mot « transcendante », ce qui veut dire extérieure et supérieure. Mais, nous, petits hommes de cette fin de cycle, nous ne croyons que ce que nous voyons ; d’un iceberg, on ne voit que le dixième ; d’une carotte en terre, on ne voit que les fanes, et si l’on considère l’horizon, on peut croire que la Terre est plate (c’est à la mode) alors que notre œil n’est capable de ne voir, et ne voit effectivement, qu’un infime arc de cercle qui ne paraît pas courbe du tout ; or, il l’est. L’homme se raccroche à la raison et à la matière, de peur de s’envoler vers d’autres mondes de peur de découvrir qu’il est plus que ce qu’il ne paraît. Je vous invite à méditer cette phrase d’un sage indou du Ve siècle : « « On ne peut pas dire qu’une chose n’existe pas parce que les sots ne la perçoivent pas » (Buddhaghosa)

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Les monothéistes ne voient pas leur dieu, mais ils y croient ; les païens d’aujourd’hui voient leurs dieux, mais ils n’y croient pas. Pourtant, ils les voient tous les matins dans leur glace ; c’est Dieu qu’ils voient, sous les milliards de faces des milliards d’hommes vivants sur Terre. L’Homme est Dieu, une parcelle de Dieu plus ou moins grande, un être cosmique dont la stature grimpe jusqu’aux étoiles ou sur le dos de son voisin, selon son degré de sagesse et de connaissance ; c’est là la différence entre le paganisme originel et certains groupes néopaïens - et ces groupes-là foisonnent notamment dans la sphère New-Age ! - ; ces païens modernes ne peuvent être que de leur temps et de ce monde, soumis, dans le meilleur des cas, à la raison héritée des Grecs, d’une part, et à la matérialité, la force brute, héritée des Romains d’autre part ; nulle place pour la spiritualité des Celtes. Les universitaires historiens se sentiraient diminués s’ils avaient à consacrer ne serait-ce qu’un article à autre chose qu’à l’antiquité gréco-latine.

Bien qu’ils n’aient que le mot « sacré » à la bouche, ces gens refusent de franchir le pas vers le monde sacré, d’enjamber l’abime qui les sépare de cet autre monde ; parce que c’est aller vers l’inconnu dont ils ont peur et qu’ils sont bien trop impliqués dans leur monde bourgeois profane et son confort ; les vieux païens, dans des temps très anciens, savaient qu’ils côtoyaient leurs dieux ; ils les voyaient puisqu’ils étaient aussi présents dans chaque élément de la nature.

Nous ne devons pas parler, à propos des rapports avec le divin, de croyance ou de foi ; ces termes ne nous concernent pas ; Jung disait : « je ne crois pas, je sais. » ; nous devons parler de connaissance, qu’elle soit acquise par l’étude, ou par l’intuition, l’intuition qui n’est qu’une réminiscence des temps anciens, un souvenir blotti quelque part dans notre cœur et notre cerveau.

Dans cette volonté de rupture radicale avec le monde moribond qui nous entoure, il faut désormais se recentrer sur l’essentiel, la mission dont parlait Robert Dun, il faut rompre avec les vaines et vaniteuses dialectiques intellectuelles, il faut oublier les commentaires d’actualité qui n’auront plus d’intérêt le lendemain, il faut se garder de verser dans les intrigues et les machinations politiques… Toutes ces activités, si elles nous font plaisir, nous font perdre un temps précieux. Le monde qui vient a besoin de révolutionnaires, pas de réactionnaires, et encore moins d’intellectuels. Notre ami Guillaume Faye disait pertinemment, à ce sujet : « Alors que les barbares assiègent les murailles de Constantinople, on continue de disserter du sexe des anges et à faire de l’intellectualisme ».

Fin de cycle

J’ai parlé d’une fin de cycle ; Chroniques d’une fin de cycle, c’est le titre de mon dernier ouvrage ; mais il y a des fins de cycle qui n’ont rien de commun avec la Tradition.

Les écologistes, sous la férule d’Yves Cochet, inventent la « collapsologie », une sorte de fin du monde liée aux agressions subies par la planète

Certains économistes de « droite », « droite » avec des guillemets, se revendiquent « déclinistes » comme Nicolas Baverez.

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Oswald Spengler, dans son Déclin de l’Occident, un prodigieux ouvrage paru en 1917, avait minutieusement analysé les causes historiques de ce déclin que nous constatons aujourd’hui et il en avait tiré le caractère cyclique des vies et des morts des civilisations. Il a écrit de splendides pages mais, il faut bien le dire, l’ensemble du Déclin de l’Occident, qui foisonne d’érudition, n’est pas accessible au plus grand nombre.

En ce qui nous concerne, nous tirons la connaissance de cette doctrine cyclique des anciennes traditions, celles qui ont constitué l’ossature initiale de la quasi-totalité des peuples de la planète et, spécialement, pour nous, en tant qu’indo-européens, de la Grèce protohistorique et de l’Inde ancienne.

Le symbole de l’ouroboros, le serpent qui se mord la queue, est répandu dans toutes ces antiques traditions, l’ouroboros, cet animal qui se nourrit de lui-même et qui renaît de lui-même, qui est donc le symbole du cycle, de l’infini, du retour aux sources, de l’éternel retour, dont le mythe a été évoqué, par Nietzsche ou Eliade. Ouroboros, quatre « o » dans le même mot pour bien signifier le cercle (du grec boros, manger, et oura, queue).

La Tradition primordiale

En amont de l’Histoire humaine, profane, nous sommes, nous, Européens, les héritiers de la civilisation primordiale, originelle, qui a apporté ses connaissances au monde, ce qu’on a nommé la Tradition primordiale, dont on situe le berceau géographique en une mythique Hyperborée, en Europe de l’extrême nord où le dieu grec Apollon effectuait ses visites annuelles à bord d’un char volant conduit par des cygnes blancs, selon la légende. C’est grâce à la Tradition primordiale qu’on peut comprendre pourquoi des pyramides ou des mégalithes sont disséminés de toutes parts à travers le monde alors que les civilisations qui les ont construits semblent n’avoir aucun lien entre elles.

Chronologiquement, nous nous situons à la fin d’un grand cycle de notre civilisation européenne qui renaîtra de ses cendres, si nous prenons la peine de rassembler les éléments positifs, ceux qui en ont constitué la grandeur. Les fins de cycles possèdent toutes les mêmes caractéristiques ; c’est une convergence de catastrophes naturelles et humaines qui ne laisse sur Terre qu’un infime échantillon de chaque règne : humain, animal, végétal, minéral, destiné à engendrer le cycle suivant. Et même le mythe biblique de l’Arche de Noé participe de cette vision. Il se fait que le cycle qui nous concerne est un grand cycle qui a duré, selon la Tradition, 64800 ans. Il y a eu, dans l’Histoire sacrée, c’est-à-dire la préhistoire, l’Histoire antérieure à l’Histoire profane des historiens et des archéologues officiels, il y a eu plusieurs grands cycles, et des centaines de petits cycles contenus dans les grands cycles. Je ne vais pas m’attarder sur ce point précis, je l’ai déjà souvent développé.

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Avant de poursuivre, je vais citer une phrase de René Guénon qui correspond assez bien à la situation actuelle ; il dit : « Les événements à venir ne pourront pas être compris par la généralité, mais seulement par le petit nombre de ceux qui seront destinés à préparer, dans une mesure ou dans une autre, les germes du cycle futur. Il est à peine besoin de dire que, dans tout ce que nous exposons, c’est à ces derniers que nous avons toujours entendu nous adresser exclusivement, sans nous préoccuper de l’inévitable incompréhension des autres. »

 « Tradition primordiale » : On comprend facilement le sens du mot « primordiale » dans l’expression Tradition primordiale : c’est ce qui est à l’origine de tout. On comprend moins le sens du mot Tradition, un mot galvaudé, utilisé à toutes les sauces. La Tradition n’est pas le passé ; elle ne passe pas, elle reste ; sa principale caractéristique est d’être pérenne ; quand nous terminons un cycle, nous ne retournons pas vers le passé, mais nous remontons vers la source, c’est-à-dire vers notre naissance, vers notre re-naissance. J’ai pris tout à l’heure l’exemple de l’ouroboros, je peux prendre aussi l’exemple de la roue pour bien faire comprendre ce qu’est la Tradition primordiale.

La roue

Dans une roue, le moyeu est immobile, c’est le centre, là où se tient lové le dieu qui fait tourner la roue ; le moyeu représente la pérennité, ce qui est immuable, permanent, éternel ; c’est un principe comme l’était, par exemple autrefois, le principe monarchique ; tout s’agite et tourne autour du moyeu, le dieu-roi fait tourner le monde, les cycles se succèdent. Au moyeu se tient le principe spirituel. Plus on s’éloigne du centre, du moyeu, du pôle, plus on descend vers le cercle extérieur, en contact direct, dur et bruyant avec le sol, plus on descend vers ce cercle, plus on entre dans la matérialité ; les rayons constituent le moyen de dégringoler vers la matérialité ou, à l’inverse, en sens contraire, de monter vers le divin, vers le centre spirituel, vers l’origine, pour se régénérer, se ressourcer, retourner à la source et renaître à nouveau.

Vous aurez tous compris qu’il est bien plus difficile de remonter que de descendre. Julius Evola voyait justement la mode du ski alpin comme un symbole de cette négation de l’effort ; à ski, on ne fait que descendre, et on utilise ensuite des remontées mécaniques pour… recommencer à descendre.

Nous allons nous intéresser à ce monde que fait tourner autour de lui le dieu qui veille dans son moyeu.

Le système cyclique

La cyclologie, le système cyclique, n’est pas un concept utopique ; ce n’est pas non plus le résultat de supputations intellectuelles mûrement élaborées ; le système cyclique est le fondement même de la marche concrète du monde, du cosmos ; rappelons que le mot cosmos lui-même signifie « ordre » en grec. Tout ce qui vit sur Terre est soumis à l’ordre cosmique et à son fonctionnement qui est cyclique dans toutes ses manifestations.

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C’est une constatation d’ordre pratique qui ne laisse aucune place à l’approximation, aux digressions ou à l’émission d’autres hypothèses, la nature est ainsi faite, que ça plaise ou non.

Justement, ça ne plaît pas à tous.

Les monothéismes ont inventé la linéarité : un début, une fin. C’est un concept tout à fait artificiel conçu par l’Homme. Le dogme darwinien constitue un quatrième monothéisme, scientiste cette fois, dans cette perspective linéaire. Nous sommes issus, d’après ce concept, d’un singe et, après quelques millions d’années, nous avons appris à nous servir d’une massue pour fracasser le crâne des animaux et nous avons appris à cueillir des baies et des fruits pour nous nourrir puis il nous a fallu quelques millions d’années encore pour planter quelque chose et élever du bétail, et ainsi de suite jusqu’au siècle dernier où, en quelques années, nous avons peut-être marché sur la lune… Enfin, peut-être.

Evola dit que de l’inférieur ne peut naître le supérieur. Et il dit encore « Pour être précis, il est à nos yeux plus juste de dire que le singe dérive de l’homme par involution que d’affirmer que l’homme dérive du singe par évolution. Comme pour de Maistre, pour nous aussi, les peuples sauvages ne sont pas des peuples primitifs, au sens de peuples originels, mais souvent des restes dégénérés, crépusculaires, nocturnes, de races plus anciennes qui ont entièrement disparu. »

La linéarité suppose une évolution ; l’évolution a créé le dogme du « progrès ». Le progrès n’existe pas, autre que technique, on peut constater qu'il n'y a pas de progrès spirituel, tout le monde continuant à s'écharper de plus belle mais les progressistes, eux, persistent à exister ; ils ont échappé à tous les massacres, hélas.

C’est en observant le mouvement cyclique des planètes que nos ancêtres ont établi une mesure du temps ; les arbres, les fleurs, les saisons, les calendriers : heures, jours, mois, années, les civilisations, les peuples, meurent et renaissent suivant un processus bien ordonné, même s’il paraît aléatoire, de la même façon que le mouvement des planètes est réglé suivant un laps de temps précis mais pas toujours égal, ce que nous avons quelquefois du mal à comprendre, car si le mouvement cyclique consistait en un cercle fermé, ce serait plus simple ; mais le cercle fermé n’offre pas d’avenir autre que similaire à tout ce qui a été ; or, nous voyons bien que l’Histoire n’est pas exactement pareille même si ses épisodes se ressemblent étrangement. De même, les astres ne tournent pas en suivant un cercle bien formé mais selon une figure spiralée – notre galaxie est une spirale – de la même façon que notre planète n’est pas une sphère parfaite mais une figure ellipsoïde. C’est dans cette différence que tient le mouvement, quelquefois légèrement décalé, et ce mouvement, imparfait dans sa rotation, c’est la vie. Le système cyclique n’est pas un système qui suppose que notre destin est tracé une fois pour toutes. Il laisse, en spirale ouverte, une part à l’inconnu. C’est la part qui est destinée à l’âme européenne, celle des dieux.

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La réincarnation

J’ai parlé des civilisations et aussi des peuples dont la vie est réglée de manière cyclique ; je n’ai pas parlé des vies humaines, individuelles ; il s’agit là du concept de réincarnation ; le concept de réincarnation suit aussi un processus cyclique, mais, cette fois, en évolution ; les scientifiques profanes appellent « entropie » la loi de dégradation de l’énergie qui conduit à l’énergie zéro, c’est-à-dire à la mort. Lorsque cette loi s’inverse, on parle d’entropie négative, dans ce cas, le temps ne dégrade plus mais, au contraire, il construit (ce qui, d’ailleurs, n’a rien de négatif, ce serait même positif, allez comprendre le langage des modernes !). En gros, tout ce qui est de l’ordre de la matière sur Terre, tout ce qui concerne le profane, est en involution, et tout ce qui est de l’ordre du spirituel, du sacré, dans le cosmos, est en évolution. Nous avons vu ce processus double à propos de la roue, où l’individu monte ou descend les rayons selon sa qualité ou son absence de qualité, sa paresse ou sa volonté.

Selon le concept de réincarnation, cette doctrine soutenue par les Grecs, notamment par Pythagore et Platon, la Terre est une sorte d’école où les âmes individuelles vivent, meurent et renaissent dans des corps différents tout au long d’une longue vie qui peut se compter en milliers d’années terrestres ; chaque vie doit amener l’âme à devenir meilleure que dans la vie précédente ; l’âme choisit avant de revenir sur Terre le cadre dans lequel elle va vivre sa nouvelle vie, elle choisit donc aussi les parents et la famille, qui vont l’aider pour ce projet ; selon les traditions, notamment indoues, ceux qui se sont comportés comme des êtres nocifs au cours d’une vie doivent payer leur malfaisance et leurs turpitudes dans la vie suivante ; ils revivent donc, cette fois sans avoir le choix, dans les plus tristes conditions : infirmes sur le plan physique ou mental, mal dans leur peau, de quelque couleur qu’elle soit, ou de quelque sexe indéfini qu’elle soit, ces gens sont aussi dédiés à vivre une vie misérable dans des pays miséreux avec des gens qui leur ressemblent, dans des conditions de travail, de santé, d’hygiène, de moeurs épouvantables ; l’ensemble de ces conditions dégradantes s’appelle le karma chez les Hindous ; chez les Européens, ces gens constituent ceux qu’on appelle aujourd’hui les « minorités », tous ces individus décalés qui osent en plus revendiquer un statut au moins égal à ceux qui se sont toujours bien comportés ; il n’y a pas de quoi s’apitoyer sur le sort de ces individus qui tentent de culpabiliser l’Homme blanc et l’Européen avant tout, même s’ils sont eux-mêmes blancs et Européens.

Les forces négatives désormais à la tête de l’ordre mondial manipulent cette masse de disgraciés contre les gens normaux pour qu’elle instaure la « dictature des minorités » en remplacement des structures anciennes existantes ; cette horde de déshérités aux faibles immunités sera à son tour balayée dès la destruction accomplie de l’ancien monde.

Ne nous trompons pas sur l’aspect : Les âmes matérialistes et rationalistes sont de jeunes âmes, des enfants qui apprennent à marcher mais qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez ; je rappelle que, en vertu de l’inversion des valeurs en fin de cycle, ce sont ces gens qui tiennent illégitimement le haut du pavé ; la sagesse n’est pas une question d’âge ; il n’y a aucune raison pour des personnes saines d’être impressionnées par le vieux sénateur bedonnant, bouffi d’orgueil et d’assurance, qui connaît toutes les ficelles pour « faire du fric » ; c’était l’expression employé par Sarkozy quand on lui demandait quels étaient ses projets après avoir perdu l’élection présidentielle.

Selon certaines sources, des personnes ayant souhaité revivre des vies antérieures ont pu le faire sous la conduite d’un hypnotiseur ; selon ces témoignages, certaines d’entre elles ont pu retrouver la maison toujours existante qui a abrité une de leurs précédentes vies, en reconnaissant les lieux avec précision.

La montre

Je vous ai jusqu’à présent exposé ce qui semble être des théories ; Nous allons maintenant entrer dans le concret avec un exemple très simple et accessible à tout le monde.

Regardez votre montre avec ses trois aiguilles qui tournent à une vitesse différente ; ces aiguilles sont généralement pourvues d’une flèche à leur extrémité. Elles sont triomphantes et pleines de santé quand elles pointent en haut sur le midi, mais elles ont la tête en bas quand elles se rejoignent sur le 6, formant ainsi le nombre 666. A ce moment précis, toutes les valeurs qui régissaient une vie ordonnée cosmiquement sont inversées ; c’est l’Apocalypse, la fin d’un monde, mais c’est aussi la Révélation et l’annonce d’un monde nouveau puisque, lorsque tout espoir est perdu et que la situation est devenue catastrophique et cataclysmique, les aiguilles ne s’arrêtent pas et entament leur remontée vers le midi ; il faut que la dissolution de toute forme positive qui subsistait encore soit accomplie pour que les aiguilles puissent symboliser le basculement vers l’Age d’Or, vers le Grand Midi.

Dans la roue qui indique la succession des quatre Ages, on passe directement de l’Age de fer (l’Age du loup, selon les nordiques) ou l’Age sombre, à l’Age d’Or.

L’instant précis où les trois aiguilles se chevauchent sur le 6 marque une conjonction, celle d’un grand cycle.

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Ceux qui possèdent une montre où tous les rouages sont visibles constatent que plusieurs roues dentées de diamètres différents tournent à des vitesses également différentes et se rejoignent donc à un moment pour déterminer cette conjonction. La montre est le reflet du monde en mouvement avec des civilisations différentes qui ne vivent pas au même rythme mais qui finissent par se rejoindre à un moment pour entamer un nouveau cycle général.

Nous en sommes là, à ce moment précis que certains d’entre vous qui m’écoutez auront à la fois la chance et le malheur de vivre.

Les quatre âges

Cet exemple de la montre avec ses engrenages va nous aider à comprendre les différentes durées de cycles qui s’emboîtent les uns les autres comme des poupées russes.

Je le disais : ce sont principalement les Indous et les Grecs qui ont élaboré cette science sacrée qu’on appelle la cyclologie. Nous allons voir que tous les nombres édictés par ces deux grandes cultures ont une répercussion exacte sur la vie de la nature et la vie des hommes, ces deux vies étant inséparables.

L’indianiste Alain Daniélou nous parle d’humanités qui se succèdent, donc qui disparaissent et renaissent et non pas de civilisations dont les durées de vie sont subordonnées à celle de chacune de ces humanités. On peut être surpris par le fait que la tradition shivaïte situe le début du Kali Yuga de notre Humanité, c’est-à-dire le début de la fin de notre cycle, à environ 5000 ans en arrière. Si l’on considère que nous sommes vraiment arrivés au bout du bout de ce grand cycle, déterminé par l’âge de fer, autrement dit le Kali-Yuga, notre déclin aurait commencé vers moins 4460.

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Cette tradition situe même avec précision le début de la fin de ce même Kali-Yuga en 1939, date qui marque une fracture de l’histoire. Les Hindous, tout comme Hésiode, poète grec du VIIIe siècle avant notre ère, distinguent quatre âges pour chaque cycle ; ces quatre âges ont des périodes de vie calculées sur la base proportionnelle 4, 3, 2, 1. L’Age d’or, fort heureusement, est le plus long, et l’Age de fer le moins long ; il existe plusieurs façons de calculer ces âges, selon qu’il s’agit d’un petit cycle ou d’un grand cycle mais les valeurs de base sont toujours les mêmes.

À l’Âge d’or cité par Hésiode correspond, chez les Indous, le Krita Yuga.

À l’Âge d’argent correspond le Treta Yuga.

À l’Âge d’airain, ou de bronze, correspond le Dvapara Yuga.

À l’Âge de fer correspond le Kali Yuga.

Sans entrer dans le détail, je fais remarquer qu’il y a là une hiérarchie des métaux, à partir de l’or, qui est incorruptible et brillant comme le soleil, jusqu’au fer qui se dégrade en rouille pour finir par disparaître totalement.

Mircea Eliade nous dit qu’on « peut calculer de différentes manières la durée relative de chacun de ces quatre yugas ; tout dépend de la valeur qu’on accorde aux années, c’est-à-dire si on a affaire à des années humaines ou à des années « divines » dont chacune comprend 360 ans[2]. »

Revenons aux Yugas ; René Guénon est précis : « évaluées en années ordinaires, ces mêmes durées des quatre yugas seront respectivement de 25920, 19440, 12960, et 6480 ans, formant le total de 64800 ans[3]. » Remarquons que le kali-yuga constitue le dixième du siècle.

Un grand cycle présente une particularité, une « coïncidence », la conjonction (ou la convergence selon le terme employé par Guillaume Faye), la conjonction de plusieurs fins, de la même façon qu’il existe en astrologie des conjonctions extraordinaires ou, tout simplement, des éclipses. Le temps des hommes et celui de la Tradition, ou des dieux, se rejoignent. Le crépuscule du Kali-Yuga coïncide avec la fin d’un christianisme deux fois millénaires mais à bout de souffle, et avec le déclin de l’Occident emporté par la même vague puisqu’il avait identifié son Histoire à celle du christianisme. Les membres des sectes chrétiennes millénaristes espèrent une « apocalypse » - mot pris ici dans le sens de « fin du monde », et non pas de « révélation » - une fin du monde qui verra leur accession au ciel, près du trône de Dieu. Cette conjonction oppose deux vues-du-monde complètement différentes, l’une cosmique pour qui le crépuscule du Kali-Yuga ne représente que la fin d’un cycle et le début d’un nouveau, l’autre chrétienne, qui ne peut envisager d’autre fin que totale, et définitive.

25920, le nombre cosmique

Je vais maintenant vous parler d’un nombre important : le 25920.

Ce nombre est déjà apparu dans la conférence : c’est le temps que dure l’Age d’or en petit cycle. Un nombre qu’on peut au moins prononcer. Ça n’est pas étonnant, c’est un nombre humain. Faisons le calcul d’une journée, mais, cette fois, pour faire un mois : 60 secondes x 60 minutes = 3600 x 24 heures = 86400 secondes. En un mois, moyenne de 30 jours : 86400 x 30 = 2 592 000 secondes.

On pourrait penser qu’il s’agit d’un hasard si je donne un autre calcul à faire : la vitesse de la lumière est de 300 000 km par seconde, comme il y a 86400 secondes en un jour, la lumière parcourt donc 25920 millions de kilomètres par jour.

Encore une coïncidence ? La vitesse de la Terre autour du Soleil est de 30 km par seconde. Elle couvre donc 2 592 000 km par jour.

La Terre tourne sur elle-même et elle tourne autour du Soleil, mais un troisième mouvement l’anime, ce mouvement est connu par l’expression « précession des équinoxes ». Le très ancien laboratoire astronomique de Stonehenge, constitué de mégalithes dressés selon un ordre bien précis, avait parfaitement défini et prévu ce mouvement dans ses phases ultérieures quelques milliers d’années avant les calculs effectués par ordinateur. L’axe de la terre n’est pas fixe, il tourne lui-même selon un mouvement qu’on pourrait comparer à celui d’une toupie en bout de course ; le mouvement du pôle terrestre est cependant régulier et ne va pas s’arrêter, du moins pas avant quelques milliards d’années.

Ce mouvement met…, vous l’avez deviné, 25920 ans pour dessiner une révolution complète.

Ce nombre cosmique est pleinement analogique et prouve que l’Homme est un être cosmique, si l’on considère que le nombre moyen de respirations de l’être humain est de 18 par minute, soit, pour une journée : 25920.

Les ères zodiacales

Sur le plan zodiacal, nous allons entrer dans l’ère du Verseau, qui succède à celle des Poissons. Chacune de ces ères compte 2160 années ; on définit approximativement l’ère des Poissons comme ayant commencé avec la naissance du Christ, voire quelques dizaines d’années auparavant avec la naissance de Mithra dont le Christ est une sorte de calque. La totalité du cycle zodiacal compte 12 ères de 2160 années chacune, soit… 25920 ans.

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Je rappelle, par ailleurs, que le kali-yuga, notre fin de cycle, englobe trois ères zodiacales, qui sont, à mesure de leur apparition, de plus en plus marquées par la dégradation des valeurs originelles européennes, la dernière représentée par le christianisme, l’ère des Poissons, et, actuellement, par un pape dévoyé qui renie toutes les valeurs qui ont eu cours en Europe pendant 2000 ans, même celles revendiquées par les chrétiens. Inutile de parler du dernier avatar monothéiste qu’est l’islam, vous savez ce qu’il faut en penser.         

Le nombre d’or

Un dernier exemple qui prouve de façon incontestable que la nature, et donc le principe divin, avait bien tout prévu. C’est le nombre d’or, 1.618, la divine proportion, divine proportion parce que toutes les mesures harmonieuses du corps humain sont régies par la loi du nombre d’or et que c’est aussi le cas dans la nature pour d’innombrables espèces animales ou végétales ; là encore, le seul mérite de l’Homme est d’avoir découvert ce qui existait déjà. Les plus grands peintres comme Dürer ou Da Vinci et les plus grands architectes comme les constructeurs des abbayes cisterciennes ont fondé leurs oeuvres sur le principe du nombre d’or ; il se retrouve même dans la construction de certains dolmens, comme celui du Goërem à Gâvres dans le Morbihan (daté de – 5000 ans). C’est le symbole, et le secret, de tout ce qui est harmonieux sur Terre. Dans la nature, les exemples sont nombreux, depuis l’ammonite de plus de 100 millions d’années jusqu’aux coquilles d’escargot, les tournesols ou les coeurs de chardon.

L’involution contre le progressisme

Tous ces chiffres que je vous assène ont leur importance ; nous nous situons sur le terrain même de l’ennemi : les chiffres, les nombres, le règne de la quantité ; eh bien, sur ce terrain-là, leur propre terrain, ils ont tort ; ces nombres prouvent que le progressisme est une escroquerie.

Les esprits sont formatés par l’utopie de l’évolution et du progrès depuis au moins 2000 ans. Dire ce que je dis équivaut à faire du révisionnisme spirituel.

Et, pourtant, ces références chiffrées du système cyclique sont tout à fait claires et en conformité avec la science profane, ou moderne, comme vous voulez, qui ne reconnaît que ce qui est statistiquement reproductible.

La doctrine cyclique nous vient du fond des âges ; nous allons voir qu’elle est le plus sûr moyen de contrer l’idéologie progressiste qui est une supercherie, car les cycles naturels terrestres procèdent concrètement de l’involution, exact contraire de l’évolution ou du progrès.

C’est le principal, et définitif, argument que nous avons pour contrer l’utopie progressiste.

Ainsi, de notre vie humaine : les progressistes peuvent-ils aller contre la constatation que, dès que le bébé pousse ses premiers vagissements lui répondent les derniers râles d’agonie de l’homme mourant ? Que, dès nos premiers instants de vie, nous sommes condamnés à la mort. Est-ce ça qu’ils appellent une évolution ou un progrès ? Est-ce ça qu’ils appellent « aller de l’avant », une de leurs expressions favorites ?

Autre exemple :la nuit la plus courte de l’année, au solstice d’été, marque, dès le lendemain, le début d’une régression : les jours commencent à rallonger et, déjà, l’hiver pointe son nez alors que l’été n’est pas encore commencé ; est-ce là un progrès, une évolution ?

Dernier exemple : dès qu’un jour commence, il va vers sa fin pour être remplacé par la nuit, et inversement.

Le concept de modernité

Il est ancré dans les esprits que plus un concept est récent et plus il a de qualités parce qu’il serait le fruit de la modernité. Et les snobs (vous le savez sans doute, mot qui signifie sine nobilate : sans noblesse) de se pâmer devant telle sculpture ancienne aux lignes épurées parce qu’elle est tellement pleine de modernité, comme si l’étalon du beau était définitivement celui de l’art contemporain, de notre époque ; Or, c’est le contraire : plus un concept est récent, et plus il est le résultat, l’incarnation, de la dégradation du cycle, plus il est porteur des miasmes délétères de la fin. Plus quelque chose est nouvelle dans le cycle finissant et plus elle est marquée par une déchéance et une décomposition. Le « nouveau monde » est donc plus vicié que l’ancien, l’Amérique plus décadente que l’Europe ; plus nous allons vers le futur et l’avenir, et plus nous régressons, plus nous nous rapprochons de notre mort, de notre fin. Mais, je le répète, l’involution ne concerne que le monde profane ou moderne.

Christophe Levalois écrivait en août 2000, dans la revue Roquefavour : « Il importe en premier lieu de cerner ce que nous entendons par modernité. Pour nous, ce terme n’est pas synonyme de monde actuel ou encore de présent. La modernité est une vision du monde, une manière d’être et d’agir, qui engendre un type de société. Elle domine sans partage aujourd’hui. Sa caractéristique principale est un refus et un éloignement de l’Esprit (qu’on l’appelle Un, comme Plotin, Dieu, ou encore les Olympiens). La transcendance est non seulement niée, mais totalement incomprise.

Le moderne ignore ce qu’il ne perçoit pas en raison de son incrédulité et, il faut bien le dire, de l’atrophie de certaines de ses perceptions devenues extrêmement grossières et déséquilibrées.

Il a perdu le sens du surnaturel, lequel n’a aucun rapport avec l’irrationnel ou des troubles psychologiques dans lesquels les rejettent les modernes. L’irrationnel est le corollaire du rationnel. Le surnaturel n’est pas une déviance de notre réalité, mais une réalité tout aussi concrète que celle que nous connaissons au quotidien. »

A dire vrai, c’est l’Homme moderne qui présente des insuffisances par rapport à un être différencié ayant conservé l’essentiel de ses facultés de raisonnement. L’être « différencié » ne l’est que par rapport à la dégradation des facultés naturelles de la quasi-totalité des humains qui l’entourent.

Les hommes et les femmes qui vont relancer la roue du nouveau cycle ne feront plus partie du monde profane.

L’être différencié, nous allons en parler pour finir cette conférence ; c’est le volet qui nous concerne tous et fondamentalement.

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L’Homme cosmique

Notre mission ? Celle dont parlait Robert Dun ?

Déjà bien définir l’ennemi.

 D’abord, les mondialistes, quelques hyper-riches qui tiennent la planète sous leur joug, puis leurs laquais qui gouvernent nos pays, puis les masses de progressistes qui les soutiennent, puis les tas de bourgeois apeurés et résignés à se laisser massacrer, grand troupeau de moutons qui se laisse docilement mener à l’abattoir ; puis les hédonistes, après, les minorités dégénérées dont j’ai parlé plus haut, et aussi, dans l’urgence, les islamistes.

Dans l’urgence, nous sommes pris en tenaille d’une part entre les hordes de zombies qu’on appelle de nos jours les « minorités visibles » (et elles font tout pour l’être, Vous n’avez qu’à regarder la vidéo d’une gay pride ou d’un défilé de mode) et, d’autre part, l’autre arme de l’Ordre mondial : les fanatiques islamistes instrumentalisés eux aussi par les entités sataniques qui dirigent le monde. Ces sauvages bourrés de Captagon, sorte de meute déchaînée et hallucinée, sans foi ni loi, comme les orques dans « Le Seigneur des anneaux », vont se répandre comme les barbares à la fin de l’empire romain, dans nos pays européens – et ils ont déjà bien entamé leur mission - dans une apocalypse de feu et le sang. Ce sont ces derniers qui vont s’en prendre d’abord aux LGBT et autres invertis. On peut prévoir que nombre d’homosexuels, hommes et femmes, seront précipités du haut de la tour Eiffel ; puis ils massacreront les masses progressistes ou apathiques avant d’être eux-mêmes exterminés par les milices de l’Ordre mondial. N’oublions pas que l’islam, comme les deux autres religions du livre est en décadence ; les mondialistes – Satan – l’utilisent comme un cheval de Troie pour arriver à leur fin ; l’islam signifiant « soumission », rien ne peut mieux convenir aux élites mondialistes ; le comportement des musulmans va aider les mondialistes qui vont tout faire pour que les musulmans remplacent les Européens. Quand nos gouvernants ne répondent pas à l’invasion, c’est que c’est eux qui l’organisent, il ne s’agit ni de suicide, ni d’imprévision, ni de naïveté.

Le but de nos ennemis, c’est d’atteindre le moyeu de la roue pour arrêter cette dernière et empêcher le démarrage du nouveau cycle. Les transhumanistes veulent remplacer Dieu ; Mircea Eliade écrit dans « Le sacré et le profane » : S’il est vrai que notre monde est un cosmos, toute attaque extérieure menace de le transformer en « Chaos »

Julius Evola appelle « l’être différencié » un certain type de personne qui a renoncé à s’impliquer dans ce monde ; c’est un concept élaboré dans son ouvrage Chevaucher le tigre, un titre qui signifie qu’il convient de vivre dans ce monde tout en n’étant pas dupe du conditionnement cérébral qu’il nous impose.

L’Homme cosmique

Il y a eu les veilleurs qui nous ont aidé à arriver jusqu’à la fin ; maintenant, c’est aux hommes différenciés de prendre le relais : les sages occupant la première fonction vont rassembler les bagages ; une chevalerie va naître pour la deuxième fonction, les producteurs vont nous aider à vivre en autarcie.

Cette chevalerie devra naître sur la base du principe aristocratique, le gouvernement des meilleurs. Ceux qui sont capables de se donner des règles et maintenir pour eux-mêmes et pour les autres un comportement sans taches, impeccable, mot qui signifie sans faute, ou sans péché.

51lngVVkqNL.jpgLa mission des êtres différenciés est triple : elle consiste d’abord à se protéger, à survivre pour faire repartir le nouveau cycle ; inutile de s’investir dans la mêlée ; laissons-les s’entretuer. Le deuxième volet de cette mission consiste à rassembler les bagages pour franchir le gué, c’est le sous-titre de mon livre : La Roue et le sablier ; cette mission consiste à réunir tout ce qui a fait la grandeur de l’Europe. Enfin, le troisième volet consiste, par notre seule présence et notre seule volonté, comme une sorte d’égrégore, à empêcher nos ennemis d’arrêter le mouvement de la roue et la naissance du nouveau cycle.

Concrètement, mais je ne suis pas le mieux placé pour en parler, je suggère que se créent des structures solidaires disséminées – ce ne sont pas inévitablement des regroupements communautaires physiquement installés qui pourraient être trop facilement ciblées par nos ennemis ; je suggère que ces structures solidaires agissent sur le principe du localisme, un mot nouveau pour faire revivre ce qui était la base de nos sociétés indo-européennes ; je suggère que, au sein de chacune de ces structures soit désigné un représentant de chacune des anciennes fonctions indo-européennes : la fonction sacerdotale et royale qui est celle des constructeurs ; la fonction guerrière, celle qui protège les frontière du territoire qui accueille le clan, qui protège ses biens et les membres du clan, c’est celle des protecteurs, la fonction qui assure les besoins vitaux d’une communauté, celle des producteurs. Ces triumvirats seront en contact et en échanges permanents avec les autres triumvirats de chacune des communautés.

J’espère que cette conférence aura servi à quelque chose. Merci de m’avoir écouté.

Notes:

[2] Mircéa Eliade, Images et symboles, Gallimard

[3] René Guénon, Formes traditionnelles et cycles cosmiques, Gallimard

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jeudi, 05 mars 2020

PRÓLOGO A “LOS PROTOCOLOS DEL SACRO IMPERIO”

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PRÓLOGO A “LOS PROTOCOLOS DEL SACRO IMPERIO”

Eduard Alcántara

Ex: https://septentrionis.wordpress.com

Nos resulta tarea inaplazable la de sentar las bases de un proyecto de Europa que supere, hasta en sus más nimios supuestos, el conglomerado agónico y servil en que se ha convertido buena parte de nuestro continente y en el que se han, asimismo, sumido, esas tierras extraeuropeas habitadas por gentes de matriz indoeuropea. Por ello encontramos, además de muy acertado en sus planteamientos, muy oportuna la elaboración de estos Protocolos.

51FF1S9UVeL._SX331_BO1,204,203,200_.jpgEn su elaboración se han tocado, a nuestro parecer, todas las teclas que se debían de tocar: desde las bases socio-políticas en que deberá asentarse esa nueva Europa, que no soslaya cuál será su organización territorial-administrativa, pasando por la geoestrategia que deberá hacer propia, continuando por hasta cuál será la heráldica que deberá representarlo y acabando por tratar la que deberá ser su posición en el tema de la Trascendencia.

Compartimos el espíritu, la letra y el contenido de estos Protocolos y nos adherimos a ellos en todos los ámbitos tratados. Y como no se trata de resultar reiterativos con respecto a lo desarrollado en los mismos nos hemos hecho el propósito de centrarnos, especialmente, en una cuestión: la Espiritual. Y lo hemos decidido así por considerar ésta como la basilar si es que uno pretende plantearse una regeneración sustancial, real y digna de ser considerada como algo más que un simple parche puesto al estado paupérrimo y desolador en el que halla subsumida la gens europoide y al estado degradado de todas sus (en ocasiones no tan suyas) creaciones políticas, jurídicas, sociales, económicas, “culturales”,…

Hemos de tener siempre bien diáfana la idea de que toda institución, estructura y/u organización política, jurídica, social, económica y toda deriva cultural son siempre la consecuencia de una determinada manera de contemplar, entender, percibir y vivir la existencia. Son siempre el fruto de una determinada visión del mundo y de la vida. Son, en definitiva, el producto de una cosmovisión concreta. Pueden ser la consecuencia (tal cual acontece en estos destartalados, desangelados e inorgánicos tiempos agónicos y terminales por los que estamos transitando) de atisbar, sentir y vivir la existencia bajo supuestos de corte positivista, utilitarista, reduccionista, relativista y materialista o, por el contrario, pueden ser el reflejo de una concepción Superior del hombre y de la existencia, que no se ve -por tanto- amputada en su dimensión Trascendente y que postula valores eternos e inmutables.

Si la Europa desnortada, atribulada y alienante que pretendemos subvertir es la del triunfo de la Materia no queda otra que alzar la bandera del Espíritu para voltearla íntegramente. Ninguna alternativa que no contemple al hombre como portador no sólo de un compuesto psíquico-físico sino también de una dimensión Trascendente no debemos considerarla como auténtica e integral alternativa sino como parcheamiento que no hará más que alargar la situación decrépita y crepuscular que estamos padeciendo pero que en ningún caso habrá dado con las claves que explican el porqué del estado de decadencia y postración coetáneos. Podemos, labor titánica por otro lado, conseguir cambiar el actual armatoste político por otro que nos resulte orgánico, jerárquico y antiigualitarista. Podemos, aunque de conseguirse resultaría admirable, reemplazar las relaciones y los engranajes sociales actuales basados en criterios económicos por otros de índole comunitario y gremial-corporativo. Podemos, asimismo, sustituir el sistema capitalista-financiero por otro basado en el trabajo y la producción y no en la usura y en la especulación. Podemos, en definitiva, llevar a cabo una revolución en estos tres órdenes (político, económico, social), pero ésta acabará languideciendo debido a que nunca habrá traspasado el dominio de lo material y del plano mundano de la existencia. Al no estar anclada en una cosmovisión metafísica de la vida y de la existencia la revolución irá deshaciéndose como un terrón de azúcar en un vaso de agua, pues el hombre que la habrá hecho triunfar, el hombre que (por la lucha de otros) de ella se beneficie o el hombre que herede sus frutos no vivirá cada cotidiano actuar suyo como una especie de rito que lo aúne con lo Superior y Sacro, pues la revolución no habrá partido de premisas Espirituales, sino que su adhesión a los logros de la Revolución sólo partirá de su voluntad y ésta puede variar como lo hace aquella voluble psique autónoma que no está subordinada a una dimensión Superior a ella cual es la del Espíritu. El Espíritu es permanente, eterno e inmutable y, por ello, el alma-psique supeditada a aquél está informada por valores permanente y no fluctuantes. Y permanentes y no fluctuantes será la voluntad que en ella anide, así como la adhesión y la fidelidad a los principios de la revolución. Una mente autónoma, sin cordón umbilical que la une al Espíritu, irá cayendo, con mayor o menor celeridad, en la inercia del egoísmo, del individualismo y del consumismo y estos “ismos” acabarán dando al traste con aquel tipo de ordenamiento social orgánico y comunitario conquistado por la Revolución incompleta que se olvidó del plano de lo Trascendente, y acabarán desembocando, de nuevo, en un sistema capitalista que se alimenta de ellos (de los dichos “ismos”).

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Debe quedar, pues, claro que tanto en el Hombre nuevo que sea el propio de ese Sacro Imperio como en la concepción, vertebración y constitución de este último se debe establecer una jerarquización irrenunciable que tiene en su cúspide al Espíritu, por debajo de éste al alma-psique o mente en el hombre y al elemento cultural en el Imperio y en el plano inferior el cuerpo en el ser humano y la organización económica y social en el dicho Imperio.

Tras haber repasado estas premisas creemos llegado el momento de relacionarlas con lo redactado en estos Protocolos a los que se nos ha concedido el privilegio de prologar.

Así, en el Protocolo I, titulado “Proclama para el despertar de Europa”, se realiza la siguiente declaración de principios …opinamos que la misma representa la clave de bóveda de cualquier ulterior desarrollo y/o enumeración de principios:

“Nosotros somos herederos de una Idea perenne y multisecular que trasciende los tiempos”.

No puede, por menos, que venirnos a la mente aquel aserto que Julius Evola incluía en el capítulo VIII de “Orientaciones” cuando afirmaba que “es en la Idea donde debe ser reconocida nuestra verdadera patria.”

Con ello debe expresarse la asunción de que todo ordenamiento humano y todo discurrir en este mundo debe asentarse siempre en la certidumbre de la existencia de un Principio Supremo (la Idea) eterno e inmutable que se halla en el origen de todo el mundo manifestado y en la certidumbre de que el cosmos que de dicho Principio emana se halla constituido y compenetrado por unas fuerzas sutiles y sacras (macrocosmos) que lo vertebran y armonizan y que cualquier construcción política aquí abajo (en el microcosmos) debe ser fiel reflejo del orden (el Ordo del que se hablaba en el Medievo o el Rita del hinduismo) que rige allá en lo alto (en el macrocosmos), por lo cual el Imperium debe ser considerado, desde la óptica de la Tradición, como la forma más fidedigna de implantar, en el plano terrenal, el Orden de los mundos celestes. Un tal Imperium, así, debe recibir el atributo de Sacro.

Así mismo comentábamos que todo discurrir en este mundo debe asentarse siempre en la certidumbre de la existencia del mencionado Principio Supremo, por lo cual el hombre debe ritualizar y sacralizar todo acaecer de su cotidianidad ya que su accionar debe estar en consonancia y en sintonía con el equilibrio y la armonía que rigen lo Alto.

Por igual motivo se deben sacralizar todo tipo de celebraciones (estacionales, agrícolas,…), pues son recuerdo y recreación de los tempos de formación del mundo manifestado y de los ritmos cósmicos. La ritualización de esas celebraciones contribuye a la armonía, al equilibrio y a la interconexión de todo el entramado cósmico.

Volviendo al concepto de la Idea reseñado en este primer Protocolo escribíamos en cierta ocasión, con el propósito de aunarlo con la institución del Imperium, que “la Idea (en el sentido Trascendente) sería el eje alrededor del cual giraría todo un entramado armónico. Una Idea que a lo largo de la historia de la humanidad ha ido revistiéndose de diferentes maneras. Una Idea que -rastreando la historia- toma, por ejemplo, cuerpo en lo que simbolizaba la antigua Roma. Y Roma representará a dicha Idea de forma muy fidedigna. La Idea encarnada por Roma aglutinará a su alrededor multitud de pueblos diversos que, conservando sus especificidades, participarán de un proyecto común e irán dando cuerpo a este concepto de orden en el microcosmos que representa la Tierra. Estos pueblos dejarán de remar aisladamente y hacia rumbos opuestos para, por contra, dirigir sus andaduras hacia la misma dirección: la dirección que oteará el engrandecimiento de Roma y, en consecuencia, de la Idea por ella representada. De esta manera Roma se convertirá en una especie de microcosmos sagrado en el que las diferentes fuerzas que lo componen actuarán de manera armoniosa al socaire del prestigio representado por su carácter sacro (por el carácter sacro de Roma). Así, el grito del Roma Vincis coreado en las batallas será proferido por los legionarios con el pensamiento puesto en la victoria de las fuerzas de lo Alto; de aquellas fuerzas que han hecho posible que a su alrededor se hayan unido y ordenado todos los pueblos que forman el mundo romano, como atraídos por ellas cual si de un imán se tratase.” (1)

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Como sea que en nuestra cita se ha hecho directa alusión a la antigua Roma como buen paradigma de esta idea sacra imperial no estará por menos, con el objeto de ir afinando y perfilando mejor pormenores de esta concretización histórica del Imperium, que acabemos reproduciendo otros desarrollos que de ello hicimos:

“Roma aparece, se constituye y se desarrolla en el seno de lo que multitud de textos Tradicionales definieron como Edad de Hierro, Edad del Lobo o Kali-yuga. Edad caracterizada por el mayor grado de caída espiritual posible al que pueda arribar el hombre: por el mayor nivel de oscurecimiento de la Realidad Trascendente. Roma representa un intento heroico y solar por restablecer la Edad Áurea en una época nada propicia para ello. Roma nada contracorriente de los tiempos de dominio de lo bajo que son propios de la Edad de Hierro. Es por ello que, tras el transcurrir de su andadura histórica, cada vez le resultará más difícil que la generalidad de sus ciudadanos sea capaz de percibir su esencia y la razón metafísica de su existencia (las de Roma). Por ello -para facilitar estas percepciones sacras- tendrá que encarnarlas en la figura del Emperador; el carácter sagrado del cual -como sublimación de la naturaleza sacra de Roma- ayudará al hombre romano a no olvidar cuál es la esencia de la romanidad: la del Hecho Trascendente. Una esencia que conlleva a la sacralización -a través de ritos y ceremonias- de cualquier aspecto de la vida cotidiana, de cualquier quehacer y, a nivel estatal, de las instituciones romanas y hasta de todo el ejercicio de su política.

Con la aparición de la figura del Emperador Roma traspasa el umbral que separa su etapa republicana de la imperial. Este cambio fue, como ya se ha señalado, necesario, pero ya antes de dicho cambio (en el período de la República) Roma representaba la idea de Imperium, por cuanto la principal connotación que, desde el punto de vista Tradicional, reviste este término es de carácter Trascendente y la definición que del mismo podría realizarse sería la de una unidad de gentes alrededor de un ideal sacro. Por todo lo cual, tanto la República como el Imperio romanos quedan incluidos dentro de la noción que la Tradición le ha dado al vocablo Imperium.

Así las cosas la figura del Emperador no podía no estar impregnada de un carácter sagrado que la colocase al nivel de lo divino. Por esto, el César o Emperador estuvo siempre considerado como un dios que, debido a su papel en la cúspide piramidal del Imperio, ejercía la función de ´puente´ o nexo de unión entre los dioses y los hombres. Este papel de ´puente´ entre lo divino y lo humano se hace más nítido si se detiene uno a observar cuál era uno de los atributos o títulos que atesoraba: el de Pontifex; cuya etimología se concreta en ´el hacedor de puentes´. De esta manera el común de los romanos acortaba distancias con un mundo del Espíritu al que ahora veía más cercano en la persona del Emperador y al que, hasta el momento de la irrupción de la misma -de la figura del Emperador-, empezaba a ver cada vez más alejado de sí: empezaba a verlo más difuso debido al proceso de caída al que lo había ido arrastrando el deletéreo kali-yuga por el que transitaba.

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Los atributos divinos del Emperador respondían, por otro lado, al logro interno que la persona que encarnaba dicha función había experimentado. Respondían a la realidad de que dicha persona había transmutado su íntima naturaleza gracias a un metódico y arduo trabajo interior que se conoce con el nombre de Iniciación. Este proceso puede llevar (si así lo permiten las actitudes y aptitudes del sujeto que se adentra en su recorrido) desde el camino del desapego o descondicionamiento con respecto a todo aquello que mediatiza y esclaviza al hombre, hasta el Conocimiento de la Realidad que se halla más allá del mundo manifestado (o Cosmos) y la Identificación del Iniciado con dicha Realidad. Son bastantes los casos, que se conocen, de emperadores de la Roma antigua que fueron Iniciados en algunos de los diferentes Misterios que en ella prevalecían: de Eleusis, mitraicos,… Así podríamos citar a un Octavio Augusto, a un Tiberio, a un Marco Aurelio o a un Juliano.
La transustanciación interna que habían experimentado se reflejaba no sólo en las cualidades del alma potenciadas o conseguidas sino también en el mismo aspecto externo: el rostro era fiel expresión de esa templanza, de ese autodominio y de ese equilibrio que habían obtenido y/o desarrollado. Así, el rostro exhumaba gravitas y toda la compostura del emperador desprendía una majestuosidad que lo revestían de un hálito carismático capaz de aglutinar entorno suyo a todo el entramado social que conformaba el orbe romano. Asimismo, el aura espiritual que lo impregnaba hacía posible que el común de los ciudadanos del Imperio se sintiese cerca de lo divino. Esa mayoría de gentes, que no tenía las cualidades innatas necesarias para emprender las vías iniciáticas que podían hacer posible la Visión de lo metafísico, se tenía que conformar con la contemplación de la manifestación de lo Trascendente más próxima y visible que tenían a su alcance, que no era otra que aquélla representada por la figura del Emperador. El servicio, la lealtad y la fides de esas gentes hacia el Emperador las acercaba al mundo del Espíritu en un modo que la Tradición ha definido como de ´por participación´.” (2)

Este recorrido y análisis por la Roma antigua debe ser completado y compenetrado por otro. Así, la concretización histórica del Imperium se podrá cotejar en más de un caso y ayudará a tener un conocimiento más completo acerca de cuáles pueden ser los ejes y los modelos que contribuyan a que el Sacro Imperio perseguido por estos Protocolos sea concebido y entendido de la manera más fidedigna posible. Por estos motivos no vamos a privarnos de recordar lo que en su día expusimos acerca del Sacro Imperio Romano Germánico que floreció en la Edad Media y que “que nació con la vocación de reeditar al fenecido, siglos antes, Imperio Romano y convertirse en su legítimo continuador” (no en vano se apela, en el artículo 15º del Capítulo II del Protocolo II, al “milenario anhelo de unidad, nacido ya con el Sacro Imperio medieval”):

“El título de ´Sacro´ ya nos dice mucho acerca de su fundamento principal. También, en la misma línea, es clarificador el hecho de que el emperador se erigiera en cabeza de la Iglesia; unificando además, de esta manera, en su cargo las atribuciones o funciones política y espiritual.

De esta guisa el carisma que le confiere su autoridad espiritual (amén de la política) concita que a su alrededor se vayan uniendo reinos y principados que irán conformando esta idea de un Orden, dentro de la Cristiandad, que será el equivalente del Orden y la armonía que rigen en el mundo celestial y que aquí, en la Tierra, será representado por el Imperium.

La legitimidad que su carácter sagrado le confiere, al Sacro Imperio Romano Germánico, es rápidamente reconocida por órdenes religioso-militares que, como es el caso de la del Temple, son dirigidas por una jerarquía (visible u oculta) que conoce de la Iniciación como camino a seguir para experimentar el ´Segundo Nacimiento´, o palingénesis, que no es otro que el nacimiento al mundo del Espíritu. Jerarquía, por tanto, que tiene la aptitud necesaria para poder reconocer dónde se halla representada la verdadera legitimidad en la esfera espiritual: para reconocer que ella se halla representada en la figura del emperador; esto sin soslayar que la jerarquía templaria defiende la necesidad de la unión del principio espiritual y la vía de la acción –la vía guerrera- (complementariedad connatural a toda orden religioso-militar) y no puede por menos que reconocer esta unión en la figura de un emperador que aúna su función espiritual con la político-militar.

Para comprender aún mejor el sentido Superior o sagrado que revistió el Sacro Imperio Romano Germánico se puede reflexionar acerca de la repercusión que tuvo el ciclo del Santo Grial en los momentos de mayor auge y consolidación de dicho Imperio. Una repercusión que no debe sorprender a nadie si nos atenemos a los importantes trazos iniciáticos que recorren la saga griálica y a cómo se aúnan en ella lo guerrero y lo sacro en las figuras de unos caballeros que consagran sus vidas a la búsqueda de una autorrealización espiritual simbolizada en el afán mantenido por hallar el Grial” (3)

En el Artículo 3º del Capítulo I del Protocolo V se nos recuerda que “El Sacro Imperio se mantuvo como entidad predominante en Europa durante mil años hasta que en 1806 fue disuelto por Napoleón contra toda legitimidad.” (4)

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En el Protocolo I se explica que “la Idea no es propiedad de ningún régimen político sino de una Fuerza independiente del tiempo”. Y no se piense que se habla en abstracto, que se lanzan ocurrentes sentencias para rodear esta obra de cierto halo dilettante. No es así. Esa Fuerza no es otra que la que hace de la Tradición algo vivo y cargado de un sentido Superior. Es por ello que en el Protocolo VI, dedicado a “Religión y Espiritualidad”, se propugna una “religiosidad que contempla el Mundo como expresión de una Fuerza sagrada, de un Espíritu que es increado, absoluto y eterno, de un Dios Incognoscible al cual veneramos sin temor pero con respeto.”

Así, Julius Evola nos legó esta definición: “En su significado verdadero y vivo, Tradición no es un supino conformismo a todo lo que ha sido, o una inerte persistencia del pasado en el presente. La Tradición es, en su esencia, algo metahistórico y, al mismo tiempo, dinámico: es una fuerza general ordenadora en función de principios poseedores del carisma de una legitimidad superior -si se quiere, puede decirse también: de principios de lo alto-, fuerza que actúa a lo largo de generaciones, en continuidad de espíritu y de inspiración, a través de instituciones, leyes, ordenamientos que pueden también presentar una notable variedad y diversidad”. (5)

¿Y de dónde proviene esta Fuerza? Pues de lo Alto. Entiéndase, pues, que “las esencias del Mundo Tradicional emanan de de lo Alto; de lo que eleva al Hombre y lo transforma realmente por dentro, liberándolo de las ataduras y condicionamientos que más lo esclavizan: pasiones, egos engordados, impulsos incontrolados, pulsiones incontrolables, sentimentalismos turbadores del ánimo, bajos instintos,… Una alternativa auténtica al materialismo (verdadero meollo del Sistema) no puede pensarse si no es en base a una cosmovisión de corte metafísico; esto es, Tradicional.” (6)

Nos ha parecido muy acertada esa fórmula que, en el Protocolo I, habla de “Hombres contra el tiempo”, porque de ella se extraen múltiples enseñanzas, como la de que ese Hombre va ineludiblemente ligado a las Civilizaciones del Ser y no a las Civilizaciones del Devenir. El Sacro Imperio es el Imperio del Ser. Es el Imperio penetrado hasta el tuétano por la Luz del Espíritu. Es el Imperio asentado en lo Inmutable, Eterno e Imperecedero. Es el Imperio que insufla valores eternos a todos los que forman parte de él. Las Civilizaciones del Devenir, por el contrario, se sustentan en la perecedera materia, en los cambiantes impulsos de la psique y en los arrebatos pasajeros …son, pues, civilizaciones inestables que aunque parezcan todopoderosas, por lo asfixiantes y represivas que resultan, no son más que gigantes con pies de barro.

De esa fórmula también se extraen enseñanzas como la de que son Hombres Integrales los que emergerán al albor del Sacro Imperio. Son Hombres que serán señores de sí mismos y que enarbolarán valores tales como el de la lealtad, la fidelidad, el espíritu de servicio y sacrificio, el heroísmo, el equilibrio interior, la gravedad (tal como, p. ej., entendían la gravitas los antiguos romanos), la derechura interna, el honor o, más aún, el pundonor.  Finiquitarán, pues, esos hombres esclavos de sus pasiones desaforadas, de sus impulsos exacerbados, de sus emociones incontroladas y de sus bajos instintos. Se acabarán esos hombres vulgares, propios de los tiempos crepusculares en los que nos agitamos vermicularmente, carentes de personalidad y que se mueven por los innumerables estímulos externos a que son sometidos y que los convierten en presa fácil del más alienante consumismo, del más obsesivo pansexualismo y del más monstruoso materialismo. Ese hombre fugaz y variable ya no encontrará lugar alguno en el seno del Sacro Imperio.

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A ese hombre fugaz lo pretendimos situar y definir cuando, hace un tiempo, comentábamos que “si la Edad de Oro equivale al Mundo de la Tradición Primordial y puede ser calificada como la Edad del Ser y de la Estabilidad (de ahí su mayor duración) las restantes edades comportan la irrupción de un mundo moderno que puede, a su vez, ser denominado como mundo del devenir y del cambio (de ahí la cada vez menor duración de sus sucesivas edades). En verdad, no en balde, se puede constatar que en los últimos 50 años la vida y las costumbres han cambiado mucho más de lo que habían cambiado en los 500 años anteriores. Los traumáticos conflictos generacionales que se sufren, hoy en día, entre padres e hijos no se habían dado nunca en épocas anteriores (al menos con esta intensidad) debido a que los cambios en gustos, aficiones, hábitos y costumbres se sucedían con más lentitud. Los cambios bruscos, frenéticos y continuos propios de nuestros tiempos han dado lugar a lo que Evola definió como ‘el hombre fugaz’. Hombre fugaz que es el propio de la fase crepuscular por la que atraviesa la presente Edad de Hierro, caracterizada (esta fase) no ya por la hegemonía del Tercer ni del Cuarto Estado o casta (léase burguesía y proletariado) sino por la del que, con sagacidad premonitaria, Evola había previsto, pese a no haber vivido, como preponderancia del Quinto Estado o del financiero o especulador propio del presente mundo globalizado, gregario y sin referentes de ningún tipo. Este sujeto hegemónico en el Quinto Estado equivaldría al paria de las sociedades hindúes que no es más que aquél que ha sido infiel, innoble y disgresor para con su casta y ha sido expulsado del Sistema de Castas para convertirse en alguien descastado y sin tradición ni referentes. El hombre fugaz no se siente jamás satisfecho, vive en continua inquietud y convulsión. Su vacío existencial es inmenso y nada le llena. Intenta distraer dicho vacío con superficialidades, por ello su principal objetivo es poseer, tener y consumir compulsivamente. Cuando consigue poseer algo enseguida se siente insatisfecho porque ansía poseer otra cosa diferente, de más valor económico o de mayor apariencia para así poder impresionar a los demás. Y es que el mundo moderno es el mundo del tener y aparentar, en oposición del Mundo Tradicional que lo es del Ser. Este hombre fugaz se mueve por el ‘aquí y ahora’, pues lo que desea lo desea inmediatamente, no puede esperar. Su agitación no le permite pensar en el mañana.” (7)

Es ante este despojo, cual es el hombre fugaz, ante el que se erige el Hombre Integral. Ese hombre que es capaz de gobernarse a sí mismo porque no depende de los inputs que le pretenden inocular desde afuera. Ese hombre que es consciente, tal como se afirma en el Protocolo I, de que “nuestra fuerza creadora reposa en nosotros y que de nosotros depende dominar la vida” …y no ser dominados por ella.

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En la conclusión del primer Protocolo se nos recuerda esa sentencia vertida por Nietzsche (8) que rezaba así: “Mirémonos de frente: Somos hiperbóreos”.  Y es que resulta esencial ser conscientes de que nuestro Sacro Imperio no será nunca un imperio cosmopolita ni mundialista sino un Imperio cimentado en un hombre concreto, el hombre descendiente de los indoeuropeos de antaño. De los indoeuropeos que vivieron acorde a los parámetros propios del Mundo de la Tradición y que eran portadores de una manera determinada de concebir el Hecho Trascendente que en poco o nada se asemejaba a la que sostenían (y sostienen) otros grupos antropológicos para los cuales no vemos propio el tipo de Imperio Sacro objeto de nuestro estudio y objeto del proyecto presentado en el trabajo que estamos teniendo a bien prologar.

No se trata, en consecuencia, de aspirar a edificar un Imperio sobre una basa inconcreta. No se trata de construir un Imperio sobre el hombre abstracto que el liberal-individualismo ha excretado. No sobre un hombre vaciado de contenido, sin identidad ni referentes. No sobre un hombre intercambiable por cualquier otro del Planeta. No sobre un individuo atomizado sino sobre un hombre concreto, con cara y ojos. Así, leemos en el artículo 14º del Capítulo II del 2º Protocolo que “el Sacro Imperio (…) busca integrar a los pueblos europeos en un solo concepto sagrado sobre la base de la Tradición ancestral y de la identidad étnica.”

Los indoeuropeos de antaño eran, a su vez, los descendientes de los hiperbóreos (o pueblos boreales) aludidos por Nietzsche.

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Para una óptima comprensión, de parte del lector, de este origen hiperbóreo de las gentes indoeuropeas no creemos que esté de más el reproducir algunos fragmentos de nuestro “Prólogo a Rivolta contro il mondo moderno”, tales como los que siguen:

“El mito y las tradiciones y textos sacros nos hablan de un cataclismo, en forma de inhóspita glaciación, que asoló de manera especialmente cruda las latitudes septentrionales de la Tierra. Se trataría del final del benigno -climáticamente hablando- período interglacial propio del geológico pleistoceno. Dichos textos correlacionan -y hacen derivar- esa catástrofe con una caída espiritual de nivel que se habría, pues, reflejado, exteriormente, en la irrupción de esas terribles heladas. Como consecuencia de ellas los hombres boreales hubieron de abandonar su hogar circumpolar y desplazarse hacia el sur, estableciéndose en tierras del norte de Europa y, posteriormente (una vez ya finiquitado el pleistoceno y, por tanto, discurriendo el holoceno -la etapa geológica postglacial por la que, a día de hoy, seguimos transitando) descendiendo hacia el centro de la Península Escandinava, dando, entonces, origen al urheimat -o lugar originario-indoeuropeo. A partir de este momento ya sí se puede hablar de este tronco antropológico y de su correspondiente lengua (el indoeuropeo originario). Este pueblo se desplaza algo más hacia el sur de la actual Suecia dando forma, ya en el llamado Neolítico, a la cultura de Ertebolle-Ellenberck, que es considerada como la vagina gentum de los pueblos indoeuropeos, esto es, la cultura y el enclave a partir de los cuales estos pueblos se irán diversificando y desplazando hacia destinos geográficos diversos. Así, también hacia el sur de la actual Suecia florecería la ‘cultura de los vasos de embudo’, para posteriormente, continuando con estos flujos de poblaciones indoeuropeas, constituirse -hacia zonas no alejadas del Mar del Norte y, sobre todo, del mar Báltico- la ‘cultura de los vasos globulares’ y, tras ésta, la de la ‘cerámica cordada’; también conocida como la del ‘hacha de doble filo’. Siguiendo, desde su original enclave escandinavo, esa diagonal de la que nos habla Evola llegan a tierras de la actual Ucrania y, aquí, aparece la ‘cultura de los Kurganes’ o de los ‘túmulos’ (por ser en lo alto de éstos donde se depositaban en urnas las cenizas de los fallecidos). Posteriormente arribarán donde hoy en día se halla Irán y se constituirá la cultura irania, de cuya concepción del Hecho Trascendente representa insuperable testimonio su libro sagrado: el Avesta; del cual ya mencionamos su descripción estacional, fenomenológica y/o climática del hogar en el que se vivió la Edad de Oro y que no pudo ser otro que el polar y circumpolar de nuestro planeta …certidumbre que también se corrobora en los Vedas de esa India que igualmente alcanzaron después las gentes indoeuropeas; o, ya allí, indoarias.

El por algunos denominado como ‘el último gibelino’ -Evola- nos sigue explicando que desde aquellas tierras del norte de Europa, desde las que tuvo lugar este movimiento migratorio en diagonal que llega hasta la India, también acaeció, con posterioridad, un segundo flujo en dirección norte-sur encarnado en los aqueos y dorios que encontramos en los orígenes de la civilización griega o en los latinos que fundaron Roma. Asimismo nos habla de que, desde ese emplazamiento del norte europeo, aconteció, bastante después, la tercera y última emigración, también en sentido norte-sur, que sería la de los pueblos germánicos que acabaron, a partir del s. V d. C., invadiendo el Imperio Romano occidental: visigodos, francos, ostrogodos, lombardos, vándalos, suevos,…” (9)

Que el Sacro Imperio está indisociablemente ligado a un concreto tipo antropológico se reafirma en Protocolo VI cuando, en su cuarto artículo, se lee que “creemos en la Tradición Indoeuropea que nos habla del concepto de lo divino y trascendente, nos enseña nuestros principios éticos, nuestras costumbres sociales y nuestros ritos y ceremonias familiares o públicos.”

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En la “Exhortación final” al Protocolo I se nos advierte que si aspiramos a constituir el Sacro Imperio “es tiempo de poner la economía al servicio de la política”. Sólo en la antítesis al Mundo de la Tradición, cual es el mundo moderno, se ha podido la economía erigir en la rectora de la sociedad. La política se ha sojuzgado a ella. El demon de la economía lo anega todo. Las castas que en el Mundo Tradicional se hallaban situadas en las franjas inferiores de la pirámide social se han ido arrogando el papel rector en el mundo moderno. Primero, con la irrupción del capitalismo, fueron los mercaderes los que violentaron el natural ordenamiento jerárquico Tradicional. Más tarde les tocó el turno, al menos sobre el papel, a los proletarios, los cuales, en buena parte del orbe, implantaron regímenes comunistas (o, para ser más exactos, ‘dictaduras del proletariado’). Hoy en día son los financieros, especuladores, usureros y accionistas de las grandes multinacionales los que, a menudo en la sombra, se han erigido en amos y señores del actual mundo globalizado (10).

La sociedad de clases que engendró el liberalcapitalismo ya no estructuraba la sociedad según las diferentes funciones que en ella se desempeñaban sino que lo hacía bajo el criterio estrictamente económico, por lo que esta función económica la copó en su totalidad. Ya no sucedía pues, tal cual era lo consutancial al orden estamental, que el cuerpo social se estructurase en orden a las funciones sacro-dirigente, guerrera y productiva.

Es debido a esta anomalía por lo que se habla en el Artículo 3º del Capítulo I del segundo Protocolo de este proyecto de “La supresión tajante de la sociedad de clases, basada en el poder adquisitivo de los individuos y su reemplazo por una sociedad de rangos, basada en el valor de cada persona en su servicio a la comunidad.”

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Si, después de todo lo dicho, aún a alguien no le ha quedado clara cuál es la jerarquía de valores que debe guiar el establecimiento del Sacro Imperio en la mencionada “Exhortación final” de este primer Protocolo se nos habla de “Convergencia de las ideas nobles, de los espíritus libres, de los corazones puros, de los movimientos rebeldes ante este sistema de cosas, hacia un mundo de justicia y libertad, de renacimiento espiritual, de diversidad étnica y cultural en armonía. Ese mundo podemos construirlo si sabemos unir a Europa con vocación imperial.”

Tras los desarrollos que hemos llevado a cabo queda diáfana la idea de que no se trata de desechar el actual armatoste demoliberal y partitocrático para sustituirlo por algo sin referentes previos, sino que la plutocracia tiene su radical alternativa en formas políticas, económicas y sociales que no deben ser una reedición de otras que hayan existido en otras épocas pero que sí deben compartir semejante cosmovisión y mismos valores que las que rigieron en el Mundo de la Tradición. Por esto se debe ser revolucionario no en el sentido que la modernidad le ha otorgado a este vocablo sino en el de “re-volvere”, retornar a las bases existenciales y axiológicas de la Tradición, tal como se lee en el Artículo 6º del capítulo I del Protocolo II:

“Nos definimos como revolucionarios y con ello queremos decir que pretendemos re-volver el sistema, es decir, volver a poner todas las cosas en su lugar natural y racional.”

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Nos resulta grato que en el Protocolo V dedicado a “Heráldica y Vexilografía del Imperio” se elija el águila bicéfala como símbolo imperial, pues su simbolismo tiene esa dimensional terrenal de, tal como se nos explica, “dominar de oriente a occidente” pero también atesora otra de carácter metafísico, parangonable a la caracterización de la importante deidad romana del Janus bifronte, uno de cuyos rostros representaba el solsticio de invierno o renacimiento del Sol Invictus y el otro el solsticio de verano en el que el dicho Sol Invictus se hallaba (y se halla) en su máximo apogeo; siempre teniendo presente que el Sol Invictus simbolizaba, a su vez, el Principio Espiritual.

También nos resulta harto significativo que como emblema se proponga colocar la mencionada águila bicéfala, negra, “sobre escudo blanco que campea en medio de una bandera o estandarte rojo” (artículo 4º del quinto Protocolo), ya que, en un nivel interpretativo de lectura Superior, tal como se nos recuerda en este artículo, “son también estos colores los de la Alquimia tradicional”. (11)

A vueltas con el simbolismo del águila bicéfala seguimos leyendo, en este mismo Protocolo, que “representa por otra parte la potéstas y la auctóritas, es decir, los poderes político y espiritual del Imperio en la línea del gibelinismo medieval”. Tal como era inherente al “Sacro Imperio Romano Germánico, cuya cúspide jerárquica, en la figura del Emperador, aunaba las funciones sacra y temporal (política) como es propio de cualquier ordenamiento Tradicional en el que, por este motivo, el gobernante también ejerce de Pontifex o ´hacedor de puentes´ entre lo terrestre y lo celestial; entre sus súbditos y la Trascendencia.” (12)

En la separación de ambas funciones acaecieron los primeros pasos de la caída que desde el Mundo Tradicional el hombre ha ido padeciendo hasta llegar al marasmo existencial actual: “(…) Esta segunda caída o involución espiritual supuso un mayor alejamiento del hombre con respecto a lo Trascendente y vino aparejada con la separación entre los principios espiritual y temporal y, en consecuencia, entre la autoridad espiritual y la temporal o política. Desaparecieron, pues, la realeza y la aristocracia sacras y de la separación de los atributos espirituales y los temporales aparecieron dos castas autónomas: la sacerdotal (1ª casta) y la regio-aristocrático-guerrera (2ª casta). Esta aristocrático-guerrera quedó desacralizada y la sacerdotal, a su vez, renunció a la vía activa propia del guerrero y perdió, de esta manera, no sólo la vocación hacia la acción exterior sino también la vocación hacia una acción interna que es la única capaz de hacer factible el acometer cualquier intento de transustanciación interior. Renunció, pues, la casta sacerdotal a la Iniciación y, consecuentemente, a la Visión y Conocimiento de lo Absoluto. La casta sacerdotal o bramánica pasó a ocupar la cima de la pirámide social y el poder político quedó delegado en una casta aristocrático-guerrera desacralizada que quedó subordinada a aquélla.” (13)

Por mantenir unidos los atributos sacro y temporal bregó, en una época ya tardía pero como un intento heroico de Restauración del Orden Tradicional, el bando gibelino y por separar ambos se esforzó el güelfo en ese conflicto medieval que tuvo al Sacro Imperio Romano Germánico como adalid del primero y al Papado y a sus aliados como portaestandartes del segundo. El triunfo del güelfismo desacralizó al poder político y, a la postre, a las sociedades por él regidas. Los procesos posteriores ahondan en este alejamiento con respecto al plano Superior de la existencia y conocen del humanismo antropocéntrico renacentista, del racionalismo, de la Ilustración, de las revoluciones liberales y de la irrupción de la democracia capitalista liberal, del comunismo y del actual gregario, nihilista y relativista (hasta la náusea) mundialismo de la Aldea Global postmoderna.

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A lo largo de este prólogo ha sido nuestro empeño el de afirmar la convicción de que este proyecto Sacro Imperial, inaplazable en estos tiempos de zozobra general que padecemos, debe tener su fundamento en una concepción Trascendente de la existencia. El Imperio será Sacro o no será. Hemos querido aprovechar estas líneas para trazar y delinear algunos de los principios, algunas de las esencias y algunas de las concretizaciones históricas de la Tradición y/o del Imperium, así como algunos de los procesos de decadencia que han llevado desde un Orden Tradicional hasta el presente estado de paroxismo y de resquebrajamiento generalizados. Nuestra posición en pos de bases Espirituales para articular el Imperium se ha visto refrendada sistemáticamente a lo largo de estos Protocolos. Véase, en este sentido, y como colofón a estas nuestras líneas, lo expresado en el Artículo 4º del sexto Protocolo cuando se nos habla de “una religiosidad que nos impulsa a buscar la Verdad desde el misterio de los orígenes hasta el sentido de la vida y nuestra razón de ser en el Universo”; ”misterios de los orígenes” que no son otros que los de nuestros ancestros hiperbóreos que en illo tempore (la Edad de Oro o, de acuerdo a la tradición indoaria, Satya-yuga) fueron portadores de un tipo de Espiritualidad Solar (14) …y “razón de ser en el Universo” que no es otra, por un lado, que la de la conquista heroica de lo Eterno en cada uno de los que puedan, por aptitud y por voluntad, aspirar a ello (o la de la ritualización sacral de cada quehacer cotidiano en aquellos congéneres para los que no esté al alcance la transformación de su ser interior) y “razón de ser en el Universo”, por otro lado, que debe ser la de la de la Restauración de la Tradición perdida: la de la Restauración, en definitiva, del Sacro Imperio.

NOTAS:

  1. 1“El Imperium a la luz de la Tradición”. Capítulo IV de “Reflexiones contra la modernidad”. Ediciones Camzo.  https://septentrionis.wordpress.com/2009/02/08/el-imperiu...
  2. 2. Íbidem
  3. 3. Cit.
  4. 4. “A medio camino entre el imperio español (“El Imperio Español”: https://septentrionis.wordpress.com/2015/07/08/el-imperio...) y otros de corte eminentemente antitradicional (por lo mercantilista de los mismos), como el caso del imperio británico (que alcanzó su máxima expresión en el s. XIX) o del conocido como imperialismo ´yanqui´ (tan vigente en nuestros días), podríamos situar al de la Francia napoleónica. Y no sólo lo situamos a medio camino por una evidente razón cronológica, sino que también lo hacemos porque a pesar de haber perdido cualquier orientación de carácter espiritual (el laicismo consecuente con la Ilustración y la Revolución Francesa fue una de las banderas que enarboló), a pesar de ello, decíamos, más que motivaciones de naturaleza económica (como es el caso de los citados imperialismos británico y estadounidense), fueron metas políticas las que  ejercieron el papel de motor de su impulso conquistador. Metas políticas que no fueron otras que las de exportar, a los países que fue ocupando, las ideas (eso sí, deletéreas y antitradicionales) triunfantes en la Revolución Francesa.”
  5. 5. “Los hombres y las ruinas”, Julius Evola. Ediciones Heracles.
  6. 6. “El Tradicionalismo y Julius Evola”: https://septentrionis.wordpress.com/2011/02/23/el-tradici...
  7. 7. “Evola frente al fatalismo”. Capítulo III de “Reflexiones contra la modernidad”. Ediciones Camzo.
    https://septentrionis.wordpress.com/2010/08/19/evola-fren...
  8. 8. No querríamos desaprovechar la ocasión para fijar nuestra posición acerca de la obra del filósofo alemán, pues este ejercicio pensamos que puede contribuir a delimitar y configurar, eliminando ciertos equívocos que se pudiesen tener, cuál debe ser el tipo de hombre sobre el cual sustentar el Sacro Imperio y al cual éste debe tener por empeño “engendrar”. Así, decíamos en cierta ocasión que “la tragedia de Nietzsche estriba en haber ignorado el hecho Trascendente. Su Superhombre es aquel ser humano que se ha conseguido desprender de todo tipo de limitaciones, ataduras, ligazones, morales, miedos, fobias y filias, sentimientos, pasiones,… En este momento, una vez limpia y vacía el alma de apegos y condicionamientos, podría aspirar a ir ´llenándola´ de Ser para experimentar una auténtica Transubstanciación interna, para Renacer -Palingénesis- a otra naturaleza verdaderamente Superior, pero como Nietzsche no concibe lo Metafísico su Superhombre se encuentra -tras haber ´vaciado´ su alma- sin puntos de referencia, sin soportes. No tiene puntos de referencia Superiores ni tiene los puntos de referencia inferiores de los que se ha conseguido desapegar y sin los cuales se ha quedado como sin suelo bajo los pies. Se encuentra, pues, en tal situación, ante la nada, ante un vacío que le empuja a una situación dramática.”——————“Nietzsche no concibió el Hecho Trascendente …esa dimensión metafísica y Superior que anida, aletargada (y a la espera de ser despertada por un tipo de hombre diferenciado que se niegue a ser arrastrado por la inercia existencial del mundo moderno) en el interior del ser humano: el Espíritu. El hombre indoeuropeo y su predecesor arcaico-boreal tienen un origen sacro y el darle la espalda a esto es propio de la modernidad (en sus sucesivas fases: incluyendo la fideísta en la cual sólo se mira a lo Alto cual pasivo creyente pero no cual Héroe capaz de conquistar la Inmortalidad a través del Despertar de lo eterno –Atman– que anida en él). Al judeocristianismo Nietzsche acertadamente lo atacó como semilla del nihilismo que ya en su época se vivía pero no lo hizo para rescatar las esencias divinas del hombre indoeuropeo sino (¡y tampoco es poco!) para ayudarle a sacudirse miedos, complejos, sentimientos de culpa y el estigma del pecado que había convertido al homo europaeus en un ser mediatizado, empequeñecido y acomplejado. El siguiente paso que debería de haberse planteado el gran filósofo alemán debería de haber sido éste: una vez descondicionados –ataraxia o apatheia– de ataduras mentales y existenciales hemos de ir en busca de la transustanciación interior –metanoia– y del conocimiento de los planos Suprasensibles y sutiles de la realidad e incluso, después, hemos de ir en busca de la gnosis del Principio Supremo Inmanifestado e Indefinible (el ´motor inmóvil´ aristotélico) que se halla en el origen del mundo manifestado (del cosmos); gnosis que sólo será posible si hemos conseguido actualizar -Despertar- ese Principio Primero –Brahman– en nosotros mismos: así habremos llegado no sólo a la categoría de dioses sino a ser más que un dios (pues las divinidades no son más que esas fuerzas –numina– que forman parte del entramando sutil del cosmos). La culminación de este proceso -la Gran Liberación- representaría el retorno del hombre a su origen sacro perdido con el fin de la Edad de Oro, que nos narró un Hesíodo, y con la irrupción del mundo moderno (cuya etapa más oscura es el presente kali-yuga; y más aún la fase crepuscular de ésta, por las que estamos transitando).”

    9. “Prólogo a Rivolta contro il mondo moderno”: https://septentrionis.wordpress.com/2017/09/25/prologo-a-...

    10. Sobre este proceso de caída y destrucción total de cualquier residuo de Sociedad Tradicional y en el que la economia domina tiránicamente a la política ya comentamos hace algunos años que: “(…) a partir de entonces y a lo largo de esta ‘edad contemporánea’ la 3ª casta se adueñará del poder, salvo en  los períodos en los que la 4ª casta (sudras) –la de la ‘mano de obra’- dirija (por lo menos aparentemente) los regímenes políticos comunistas e imponga el llamado Cuarto Estado. Bien es cierto que, tras la caída del comunismo en la Europa Oriental a fines de la década de los ’80 del siglo pasado, hay quien ha considerado, acertadamente, que el clásico mundo del liberal-capitalismo burgués (Tercer Estado impuesto por la 3ª casta) ha sido sustituido por un tipo de vida aún más colectivista, gregaria, amorfa, uniformizada y desarraigada que la impuesta por el marxismo y en la que ya cualquier referente ideológico ha sido enterrado. El único impulso, y referente, que actúa es el económico y las actividades que, avasalladoramente, se imponen son la producción y el consumo desaforados. Mundo sin referentes al igual que sucedía, en la India Tradicional, con aquellos individuos que se hallaban fuera y por debajo del sistema de castas (los ‘sin casta’ o parias) y que le habían dado la espalda a cualquier norma formadora y a cualquier tipo de raigambre: los ‘sin tradición’ y ‘sin linaje’. Individuos que por sus disolventes o deshonrosas conductas habían sido expulsados de sus respectivas castas: ‘los desterrados’. Evola predijo de manera magistral este devenir y al tipo de sociedad que del mismo se derivara la definió como la de la hegemonía del Quinto Estado; y que, sin duda, corresponde al actual modelo planetario de globalización y de homogeneización alienante y desenraizadora.” (“Los Ciclos Heroicos”. Capítulo II de Reflexiones contra la modernidad”: https://septentrionis.wordpress.com/2009/02/08/los-ciclos...

    11. Sobre las tres fases de las que habla la tradición alquímica comentábamos en cierta ocasión, a propósito de la tesis doctoral elaborada por un amigo nuestro, que:

    “El ´más allá celestial´ es asimilable al mundo Superior y es al que se accede una vez el Iniciado ha dominado sus vínculos y pulsiones condicionadores -primarios, psíquicos: sentimentales, emocionales, pasionales,…- y se ha convertido en ´señor de sí mismo´; en el Gran Autarca que apuntaba Julius Evola allá por los años ´20 de la pasada centuria. Una vez superado lo cual (una vez superada la ´obra al negro´ o nigredo de que nos habla la tradición hermético-alquímica) el Iniciado accede, de forma definitiva, al conocimiento del plano sutil metafísico de la Realidad y es capaz, incluso, de activarlo en su fuero interno (sería el equivalente a la ´obra en blanco´ o albedo). Más aún, tras estos logros, puede aspirar a la Gnosis de lo Inmanifestado que se halla más allá incluso del plano sacro-sutil de la realidad y puede, paralelamente, aspirar a Despertar en su mismo interior ese Principio Supremo y Primero Inmanifestado Eterno e Indefinible que anida en él y aspirar, así, a Espiritualizar e Inmortalizar su alma (´obra al rojo´ o rubedo), que ya fue purificada de escorias psíquicas y condicionadoras tras la superación de la nigredo.” (“Reseña de La tradición guerrera de la Hispania céltica”:https://septentrionis.wordpress.com/2014/02/22/resena-de-...)

    12. “Evola frente al fatalismo”. Capítulo III de “Reflexiones contra la modernidad”, Ediciones Camzo: https://septentrionis.wordpress.com/2010/08/19/evola-fren...

    13. “Los Ciclos Heroicos”. Capítulo II de Reflexiones contra la modernidad”, Ediciones Camzo: https://septentrionis.wordpress.com/2009/02/08/los-ciclos...

  9. Con el objeto de no airear términos sin dotarlos de contenido queremos comentar que cuando manejamos el de Solar lo hacemos en el sentido en el que en su día escribimos para hablar de los primordiales indoeuropeos:

“Raza portadora de un tipo de espiritualidad y de una cosmovisión solar-uránica, olímpica (inmutable, serena, sobria), viril, patriarcal, ascendente, vertical, jerárquica, diferenciadora, ordenada y ordenadora, heroica (en el ámbito del carácter y en el sentido del que lucha por reconquistar la divinidad, la inmortalidad que se encontraba en estado latente, casi olvidada, en su interior),… Representativa, dicha cosmovisión, de lo que Evola definió como Luz del Norte.”

Para más ahondar en el significado de este concepto (‘Luz del Norte’) también, en ocasiones, lo hemos tratado confrontándolo a su vez con su opuesto: el de una ´luz del sur´ de cuyos nefastos influjos deberíamos ser ajenos:

“La denominada como ´luz del norte´ vendría asociada a conceptos como el de la jerarquía, la diferencia, lo vertical, lo solar, lo estable, lo inmutable, lo eterno, lo imperecedero, lo patriarcal y a valores como el honor, el valor, la disciplina, el heroísmo, la fidelidad,… Y, por el contrario, la calificada como ´luz del sur´ abanderaría conceptos como el del igualitarismo, lo uniforme y amorfo, lo horizontal, lo lunar, lo inestable, lo mutable, lo caduco, lo perecedero, lo matriarcal, lo sensual, lo instintivo, lo hedonista, lo concupiscente,…”

Incluso, circunscribiéndonos a un plano psíquico o anímico “podríamos decir que la Luz del Norte contemplaría a aquél que rebosa autocontrol, equilibrio, serenidad, sobriedad, coherencia, prudencia, templanza, medida, discreción, calma,…, mientras que la Luz del Sur iluminaría a los individuos tendentes a lo disoluto y disolvente, al desenfreno, a la inestabilidad, al desequilibrio, a la jarana, a la embriaguez, al desorden referente a hábitos y modo de vida,…” (“Septentrionis Lux”: https://septentrionis.wordpress.com/2009/08/)

Eduard Alcántara

eduard_alcantara@hotmail.com

dimanche, 01 mars 2020

Carnavals et fêtes des fous: fêtes médiévales pleines de sens

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Carnavals et fêtes des fous: fêtes médiévales pleines de sens

Carnavals et autres fêtes des fous révèlent une fonction unificatrice de la communauté

Ex: https://lepassebelge.blog

Qu’ils parodient un mandement épiscopal de carême ou invitent à danser et à boire, les prolongements littéraires des carnavals et autres fêtes des fous font ressortir leur fonction unificatrice de la communauté locale (XVè-XVIè siècles).

(ndlr: article qui remet les pendules à l'heure au moment où les forces du chaos s'efforcent de détruire nos traditions immémoriales au nom de chimères idéologiques sans consistance  avec l'appui d'un pouvoir politique dévoyé. Sauvons St Nicolas et le Carnaval ! ).

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Le combat entre le carnaval et le jeûne, gravure de Frans Hogenberg, Anvers, 1558. Les armes des combattants sont du poisson (à droite) ou de la viande et des œufs, entre autres (à gauche). (Source: n. 1; Rijksmuseum Amsterdam, RP-P-OB-7664, https://www.rijksmuseum.nl/nl/zoeken?q=RP-P-OB-7664&v...)

   Fetes_des_fous_et_carnavals.jpgDe tout temps, les carnavals et autres fêtes des fous ont compté, parmi leurs fonctions notoires, celle de dire leur fait à ceux qui le méritaient. Magistrats corrompus, seigneurs impitoyables, clercs aux mœurs dissolues… en prenaient pour leur grade. Il y avait là un fond très moral: les satires, même de mauvais ton, donnaient une leçon d’humilité et de sagesse populaires à ceux qui en faisaient les frais, tout en consolant leurs acteurs et spectateurs d’être parfois si mal dirigés. Mais un autre rôle, autrement important que celui d’une soupape de sûreté, peut être mis en évidence: celui de ciment de la vie commune, fût-ce en toute légèreté et sans avoir l’air d’y toucher. Un projet de recherche en cours à l’Université d’Utrecht vise à éclairer sous cet angle la culture festive du Moyen Age finissant et la production littéraire qui lui était liée [1].

   Issu du domaine francophone, le Placcaet vande Vasten, parodie d’un mandement épiscopal de carême, témoigne bien des raisons d’être multiples de ce qui peut être perçu de prime abord comme un simple amusement, en un temps où l’irrévérence envers les autorités est aussi naturelle qu’elle sera périlleuse face aux Big Brothers des XXè et XXIè siècles. Dans sa langue originale ou dans sa version en moyen néerlandais, le texte a circulé amplement dans nos anciens Pays-Bas, bien avant le XVIè siècle, époque des plus anciens manuscrits bruxellois, gantois ou courtraisien ainsi que des imprimés (almanachs, feuilles volantes) par lesquels il nous est connu. Conçu pour qu’on y reconnaisse, y compris à la lecture publique, les instructions de l’évêque relatives aux restrictions alimentaires, à la prière et à d’autres activités propres aux quarante jours de pénitence avant Pâques, le Placcaet prolonge le thème très récurrent du combat métaphorique entre le carnaval et le jeûne. Le carême y est personnifié par les nourritures autorisées: on l’appelle, par exemple, « Coninck der zeevisscherije » (« Roi de la pêche en mer » ) ou encore « Grave van caerpels, snouken » (« Comte des carpes et des brochets » ). Il a pour greffier « Wouter Ijdelbuijck, Vrijheere van magher maeltijt en Co » (« Wouter Ventrevide, baron du repas maigre et Cie » ). De son domaine, appelé « de stadt van gooten hongher » (« la ville de grand faim » ), les mets interdits et les contrevenants que sont, par exemple, « Nichtien selden nuchter » (« Petite Cousine rarement à jeun » ) ou « Jan den smul coningh » (« Jean le roi du régal » ), sont impitoyablement bannis jusqu’à Pâques.

   Pourtant, tout n’est pas que symboles passe-partout dans ce pastiche du discours pastoral. On peut y déceler des allusions à des personnes existantes au sein de la communauté, encouragées à continuer par leurs facéties à mettre temporairement le monde à l’envers (mundus inversus) et rendre la ripaille plus méritoire que la mortification. Par ce moyen, écrivent les chercheuses, « le Placcaet œuvre à renforcer l’identité de groupe et la cohésion sociale » . C’est notamment le cas pour le manuscrit conservé à la bibliothèque de l’Université de Gand, connexe d’autres textes carnavalesques, qui se caractérise en outre par l’emploi de mots et d’expression typiques du parler local. Nombre de chansons déploient des thèmes identiques, tel le Liedt op den vasten, connu par une feuille imprimée du XVIIIè siècle conservée aux Archives de la Ville d’Audenarde, où le « Joncker Swijnaert » (« Gentilhomme Grains » – il s’agit des grains pour cochons), qui distribue jambon, lard et saucisses, est loué bien plus que le maigrichon « Vasten Graef » (« Comte Carême » )… d’autant que le poisson coûte trop cher.

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Carnaval 2019 à Besançon, ville qui, par cette fête populaire et immémoriale, renoue avec son glorieux passé impérial, habsbourgeois, baroque et espagnol, profondément mutilé par la conquête absolutiste du 17ème et par le fatras insipide et cruel de la "république". Une bonne nouvelle (ndlr).

Hors du temps censé s’achever après le Mardi Gras, d’autres festivités offrent l’occasion de divertir la collectivité tout en la soudant. L’Antwerps Liedboek, plus vieux recueil imprimé de chants profanes des Pays-Bas (1544), en porte les traces. Très populaire, réimprimé au moins quatre fois, il contient notamment (lied 17) les paroles d’un air à danser intitulé « Coppelt aen een, den nacht is lanck » (« Joignons nos bras, la nuit est longue » ). Si la parodie est aussi présente – on s’y moque de ceux qui ne participent pas –, d’autres mobiles émergent au fil de ce texte représentatif du genre. L’emploi du pronom personnel « nous » et la répétition de passages à reprendre en chœur apparaissent comme autant de manifestations d’une visée intégrative, sans laquelle nombre d’allusions, de références, de jeux de mots… seraient vides de sens ou inintelligibles. Des personnages ou des localités sont désignés nommément. Les habitants de Dixmude sont tournés en dérision, ce qui leur arrive fréquemment au cours des zottenfeesten. Si des gens, même pauvres, sont présentés comme dépensant sans compter pour profiter de la vie, ils peuvent aussi payer à crédit ou espérer que « thooft van Malen salt al betalen » (« le président van Malen payera tout » ). Une strophe qui donne à penser que le « nous » est ici celui de membres d’une gilde (terme utilisé à la fin), d’une confrérie ou d’une société bibitive, nombreuses à l’époque.

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Un certain théâtre ludique, mettant en scène des thèmes sociaux ou de la vie quotidienne, peut lui aussi contribuer à unifier la population par le rire. Cela va de la compétition remportée par le meilleur imitateur d’un homme ivre assenant des vérités sur la vie (à Arras en 1431) à la parade humoristique où sont ridiculisés, par des scènes jouées sur des chariots, les hommes battus par leur femme à coups de vaisselle (à Lyon, seconde moitié du XVIè siècle). Les mêmes railleries, par l’écrit notamment, passent allègrement d’une région à l’autre. La charité n’y trouve pas toujours son compte, mais c’est parfois le prix de l’harmonie…

P.V.

[1] Katell LAVÉANT, Cécile de MORRÉE & Rozanne VERSENDAAL, « Spot en spel: de vrolijke feestcultuur van de Late Middeleeuwen » , dans Madoc. Tijdschrift over de Middeleeuwen, jaargang 31, n° 3, 2017, pp. 171-179.
https://www.verloren.nl/tijdschriften/madoc, Drift 6, 3512 BS Utrecht, Nederland.

mercredi, 26 février 2020

Le symbolisme de la colonne vertébrale

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Le symbolisme de la colonne vertébrale

Ex: https://lemondeduyoga.org

La colonne vertébrale est porteuse d’un symbolisme plurimillénaire. Les croyances les plus anciennes accordent des vertus surnaturelles aux os qui la composent, et un sens transcendant à sa verticalité. La tradition judéo-chrétienne, notamment, insiste sur sa valeur d’axis mundi et de catalyseur des énergies.

[…] [Le] squelette semble ce qu’il y a de moins personnel. Qu’est-ce qui ressemble plus à un squelette qu’un autre squelette (au bassin près, qui diffère sensiblement selon le sexe…?) Qu’est-ce qui ressemblerait moins à l’être vivant que je suis, que mon squelette.
Et pourtant… il est le dernier élément visible à demeurer après la mort, donc le dernier témoignage sensible de la personne et de son corps. Ce vestige traverse les siècles et vient témoigner aujourd’hui de l’homme préhistorique.

D’ou cette croyance, enracinée dans l’inconscient, qu’en l’os siège l’âme immortelle, qui le quitte à la mort, mais vient le réhabiter en cas de résurrection. Chez certains peuples, cette croyance, liée à l’espoir d’une reviviscence des corps, fonde le refus de l’incinération et un respect scrupuleux de l’intégralité des restes par la momification ou la mise en bière (Égypte, judéo-christianisme). Inversement, on dispersait les os des criminels ou on les jetait dans la fosse commune où ils se mélangeaient, perdant ainsi tout moyen de ressusciter.

Si le squelette est intègre, l’âme peut revenir l’animer. Yahvé le donne à entendre au prophète Ezéchiel, lors de la vision des ossements desséchés qui se recouvrent de chair, de nerfs, de peau et redeviennent des corps vivants. Cette vision annonce le retour d’exil du peuple décimé, mais rien n’aurait pu renaître si les os, c’est-à-dire les restes de la tradition, avaient été dispersés.

Dans ce même monde biblique et bien que, paradoxalement, les os ne soient même pas mentionnés dans la création de l’homme, l’os représente la substance, l’essence de la personne. Pour dire moi-même, toi-même…, on peut dire mon os, ton os… C’est d’ailleurs bien ce que dit Adam en découvrant Eve: « Elle est l’os de mes os », réaffirmant ainsi leur origine unique. Le mot etsem, l’os, se construit sur la racine ets, l’arbre symbolique que nous retrouverons rapidement.
L’os, réceptacle de l’âme dans ce qu’elle a de plus profond, c’est-à-dire du principe d’animation en deçà de la différenciation en sentiments, volonté, raison, a des facultés très particulières du fait de ce lien privilégié. […]

Le symbolisme des éléments de la colonne

ll faudrait parler longuement du pied, dans la mesure ou il constitue notre prise de terre. Les mythes lui accordent un grand intérêt : citons le talon d’Achille, le pied bot d’Oedipe, le pied à l’envers d’Hermès « , mais aussi le lave-ment des pieds des disciples par le Christ, le rite préislamique d’hospitalité et le déchaussement à l’entrée dans le sanctuaire musulman. Le pied représente à la fois la fermeté et la nature charnelle qui devient ou appui ou obstacle l’élévation spirituelle.

On regrettera aussi de ne pas évoquer le genou lié à l’humilité, c’est-à-dire la juste perception de soi par rapport à l’univers ou dans la société : le vaincu « tombe à genoux », le vassal met un genou en terre et le croyant « s’agenouille ».

LE BASSIN, LES AINES ET LES HANCHES: LES CINQ VERTÈBRES SACRÉES ET LES CINQ VERTÈBRES LOMBAIRES

Le bassin, selon l’axe vertical, présente deux orientations, vers le bas et vers le haut.
Vers le bas, il préside à la naissance biologique: l’enfant naît en orientant sa tête vers la terre et en passant entre les deux hanches, les deux aines, qui deviennent le symbole de l’entrée effective dans l’existence marquée par la dualité. Les noms que l’on donne au bassin dans différentes traditions en rendent compte: il est la Porte des hommes dans la spiritualité biblique, il contient et protège svâdhisthâna, le « pôle-espèce » ou « pôle-génétique ».


Vers le haut, le bassin devient – car il ne l’est pas chez l’animal à quatre pattes – la base sur laquelle va se construire la colonne. Dans cette perspective, il contient, pour les Indiens, mûladhâra, le « pôle de base », le « pôle qui fonde » et kundalinî, l’énergie latente, prête à monter. Pour les kabbalistes, il est yesod, le fondement, mais aussi tsedek, la justesse ou l’équilibre. Quelques exemples bibliques de ces fonctions du bassin seront ici proposés:

• Le songe de Jacob
(Genèse 28, 10-19)

Ce songe peut être lu à plusieurs niveaux, en particulier en fonction d’une architecture subtile du corps dans laquelle la ville de Luz, base de l’axis mundi, est identifiée au bassin, l’échelle à la colonne et les anges qui montent et descendent, aux énergies subtiles reliant l’homme à Dieu. Or, luz veut dire « ce qui est caché  » ou enveloppé, l’amande, le noyau, thème qui se retrouve dans une autre dénomination du bassin. Sod, le « secret » ou le « lieu du secret ». Si nous cherchons la traduction de sod en latin, nous trouvons sacer dont le neutre est sacrum. Le sacrum est donc le lieu du secret. […]

• L’Arche de Noé, le passage de la Mer Rouge

Dans le premier sens, celui de la naissance biologique, le bassin s’identifie à l’arche qui contient les espèces, dans le deuxième sens, celui de la naissance spirituelle, l’homme doit fendre la mer (sa nature biologique) pour « passer  » (la Pâque) vers un autre niveau. Dans cette perspective, Annick de Souzenelle rapproche les dix vertèbres sacrées et lombaires des dix plaies d’Égypte, les dix épreuves auxquelles l’homme doit se confronter pour assurer ses bases.

A l’évidence, après la Porte d’Égypte, on voit se multiplier les signes de verticalité: la marche dans le désert, le mont Sinai comme « axis mundi », la colonne de nue le jour et de feu la nuit comme guide, l’érection du serpent d’airain dont la contemplation guérit.

Dans ce sens de l’épreuve, du passage et de la remontée, l’homme commence à se rassembler du deux (les deux hanches) vers le un (la colonne). Cela ne veut pas dire pour autant qu’il soit debout, il a seulement pressenti le sens – signification et direction.

• La lutte de Jacob avec l’Ange

La suite de l’histoire de Jacob montre bien la difficulté à se tenir debout, même lorsqu’on éprouvait une expérience comme celle du Songe. En effet, Yahvé demande à Jacob de revenir à sa nature originelle « Retourne au pays de tes pères, dans ta patrie et je serai avec toi (Genèse 31,3). Jacob part donc et, à un endroit appelé le gué de Yabboq, il fait passer toute sa famille, restant à l’arrière lui-même; la nuit tombe. Et toute la nuit, il lutte avec un être surhumain qui lui laisse deux signes: un « déboîtement » ou une ouverture de la hanche et un nouveau nom : Israel, celui qui a lutté avec Dieu.

C’est un texte absolument extraordinaire, d’une profondeur incalculable. Pour notre propos, la hanche est-elle déboîtée, l’ange signifiant ainsi à Jacob que la blessure ou la boiterie de l’humain demeure et ne doit pas être oubliée, effacée sur son évolution, qu’il doit en garder une conscience aiguë? Ou la hanche est-elle ouverte, libérant le bassin qui peut s’horizontaliser et instituant ainsi la verticalité? Peut-être y a-t-il là une ambiguïté très voulue…

LES DOUZE VERTÈBRES DORSALES

Elles balisent une voie qui va, à peu de choses près, de l’ombilic la parole articulé en passant par le cour. C’est la grande triade des centres subtils : manipura – anâhata – vishuddha. D’autres équivalences traditionnelles se proposent comme:
– les douze mois de l’année
– les douze signes du zodiaque
– les douze travaux d’Hercule
Le chiffre douze indique une totalité, une perfection ; avec lui, donc, un cycle se clôt et un autre niveau d’être se dévoile comme lieu d’un nouveau travail intérieur.

LES SEPT VERTÈBRES CERVICALES

Le cou est isthme, détroit, étranglement; il est le col supérieur, analogue au col de l’utérus, mais orienté vers la tête, vers le haut. Ce segment de la colonne se trouve sous le signe de vishuddha et des centres de la parole : il est accès au Verbe créateur, le « verbe qui s’est fait chair » et sans lequel il n’y a pas de compréhension possible de l’incarnation. Les sept cervicales sont les sept cieux (le septième ciel), les sept dvipa ou étages de la création, « enfilés » sur l’axe du Mont Meru audelà desquels il y a le monde des dieux. […]

LIBRATION, CAPACITÉ D’ÉVOLUTION

La main, la marche, sont les deux grandes acquisitions de la verticalité. On peut dire, sur le plan de l’histoire des idées et des civilisations, que la verticalité crée l’outil et la technologie. C’est évident. Par contre, on oublie souvent de remarquer que le bassin et la tête, dans cette verticalisation, changent d’orientation, deviennent des coupes, des lieux récepteurs. Or ceci est absolument fondamental et détermine symboliquement les relations entre l’homme et le divin, relations où l’homme se fait pur abandon, lâcher-prise, acceptation de l’énergie d’en–haut. A ce point de vue, des mutilations rituelles comme le scalp ou des coupes de crânes, comme dans le shivaïsme, s’expliquent: c’est l’ouverture du crâne qui en fait un vase dans lequel Shiva ou la Shakti versent le nectar divin.

AXE DU MICROCOSME, LIEU DE SON IDENTITÉ AVEC LE MACROCOSME

La colonne vertébrale, dans la Bible et la Kabbale, était identifiée à l’échelle de Jacob, avec ses degrés de la terre au ciel, et sur laquelle montent et descendent les anges, c’est-à-dire les différentes énergies. Ce qui permet à l’homme de se sentir apparent ou analogue au cosmos, c’est sa colonne. Comment s’appelle la colonne du corps subtil en Inde? Le Mérudanda, le « bâton Méru », Méru étant la montagne cosmique ; en Chine? le « Pilier céleste ».

Comment s’habillaient les Grecs et les Romains? À partir d’un rectangle de tissu qu’ils drapaient selon un rite immémorial. « L’enroulement de l’himation ou de la toge autour du corps humain se fait exactement selon le même processus que la révolution du ciel autour de la terre et il est défini relativement au corps humain tout comme la révolution du ciel l’est relativement à la terre ».

Quand on sait, de plus, que les Pythagoriciens comparaient le ciel au vêtement de la divinité, on n’a plus qu’à admirer la parfaite cohérence de ce symbolisme. Toute une civilisation, même dans ses actes les plus concrets comme l’habillement, se construit sur les mêmes harmoniques. […]

Dans les ensembles symboliques où arbre et homme se superposent, les pieds deviennent racines, pôles terrestres et la chevelure, frondaison captant par capillarité les énergies célestes, Carl Gustav Jung a longuement analysé ces représentations dans « Les Racines de la conscience » (Editions Albin Michel). Il les rattache à un archétype fondateur dans lequel l’arbre, image de vie, est pris comme l’analogue d’une croissance psychique, puis spirituelle. Bien évidemment, la Posture de l’Arbre, dans le Yoga classique, active ces dimensions cachées et, en particulier, la circulation entre des pôles qui, autrement, resteraient irrémédiablement séparés. La Chine ancienne use des mêmes données, en attribuant à l’homme le chiffre trois, pour être l’intermédiaire entre le un et le deux, l’impair et le pair, le yang et le yin, le ciel et la terre.

Arbre, l’homme l’est aussi en Islam où le cyprès représente le musulman parfait, qui porte à partir des racines de la méditation les fruits de « l’Esprit ». Il doit avoir un tronc solide, résistant aux tentations, s’élevant droit vers le ciel. Mais en même temps, le cyprès sert de modèle « en raison de sa soumission (Islam) au vent « . N’est-ce pas être à la fois le roseau et le chêne de la fable, être sthira, ferme, et sukha, souple comme dans les Yogasûtras de Patanjali? […]

Les carnets du yoga, n°224, août-septembre 2003, pp. 2-14.

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mardi, 25 février 2020

Nemrod et la Tour de Babel

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Nemrod et la Tour de Babel

 
Réflexions autour de l'épisode biblique de la tour de Babel et du personnage de Nemrod qui en dit long sur les sociétés humaines arrivées en fin de cycle.
 
 

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dimanche, 23 février 2020

»Gegen die moderne Welt« Ellen Kositza empfieht Mark Sedgwick

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»Gegen die moderne Welt«

Ellen Kositza empfieht Mark Sedgwick

 
Ellen Kositza, Literaturredakteurin der Zeitschrift »Sezession«, bespricht Mark Sedgwicks »Gegen die Moderne Welt«.
 
Bestellen kann man den Titel hier: https://www.antaios.de
 

samedi, 22 février 2020

Un auteur et son oeuvre : Julius Evola (1898-1974)

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Un auteur et son oeuvre : Julius Evola (1898-1974)

par Michel Malle

Ex: https:lemondeduyoga.org

De l’orient tantrique au club des seigneurs, en passant par l’hermétisme et le spiritualisme masqué, nombreux sont les sujets de réflexion de Julius Evola. Mais il est des caractéristiques que l’on retrouve dans chacun de ses écrits, donnant à l’ensemble de son œuvre une certaine unité : une compréhension particulière de la magie, l’aspiration à des altitudes inconnues …

« L’homme dont nous allons tracer le portrait tenta de suivre la voie d’un karma yogi, c’est-à–dire qu’il choisit l’action comme voie de réintégration spirituelle : l’action conforme au Dharma (la Norme Universelle). Il a toujours dit: « René Guenon fut mon maître », c’est pourquoi nous envisagerons son oeuvre en rapport avec celle de Guénon, et cela d’autant que, dans son testament, fondant l’association qu’il a laissé, Evola précise ainsi le but visé: « Défendre les valeurs traditionnelles au sens où l’entendait René Guénon, Julius Evola et d’autres auteurs de même doctrine ». Même si nous devrons nous opposer à lui, ce sera donc dans cette sienne optique. « Je ne me suis pas borné à exposer les doctrines traditionnelles, j’ai cherché quels pouvaient être leurs aboutissements dans la réalité » dit-il, en entendant par là « dans l’action « . « J’ai donc cherché les conséquences à tirer des doctrines traditionnelles dans le sens d’une organisation sociale et politique de l’État », et aussi, avec plus de succès selon nous, dans le sens d’une éthique et d’une pratique pour l’homme traditionnel contemporain. Cette volonté d’engagement a conduit Evola à travailler de concert avec les divers mouvements fascistes de ce siècle. Cet aspect de sa vie, indissociable de son oeuvre, est problématique et, pour cette raison, nombre de « spiritualistes » n’osent pas l’aborder ou la déforment. Cette couardise ne sera pas nôtre : l’oeuvre mérite d’être connue, les questions qu’elle pose doivent l’être, et si les réponses ne nous satisfont pas toujours, il nous faudra en trouver de meilleures.
[…]

[…] Il semble qu’il ait dirige lui-même sa formation humaine très tôt et très indépendamment: on ne sait d’ailleurs pratiquement rien de son enfance. Il fit des études techniques et mathématiques qui le menèrent au titre d’ingénieur mais, s’il en garda une tournure d’esprit « scientifique  » (à ne pas confondre avec « matérialiste »), il ne pratiqua jamais, pour des raisons éthiques délibérées. L’attitude anti–bourgeoise, qui est l’un des traits marquants de sa personnalité, semble avoir été précoce. Il en est de même de son caractère guerrier, puisqu’il « s’engage peine âgé de 20 ans et qu’il prend part à la première guerre mondiale en tant que sous-lieutenant d’artillerie sur le plateau d’Asiago » […] Chez lui, la pensée et l’action se développèrent toujours conjointement, ainsi, deux ans avant son engagement, il commença à écrire des poèmes en italien et en français (outre le grec et le latin, il maîtrisait parfaitement les principales langues européennes, ce trait dénote aussi la précocité de son européanisme, qui devait se développer dans le cadre d’une vision impériale). Parallèlement à la poésie, il pratiqua la peinture abstraite. Ce fut sa période « Dada »: il fut en effet, à l’époque, l’un des représentants italiens du mouvement : « J’ai adhéré à ce mouvement comme mouvement limite, et non pas comme mouvement artistique. Si l’on était sérieux, on ne pouvait en rester là. A partir de 1922, je me suis séparé des dadas » […]

Alors commença ce qui fut appelé sa « période philosophique » (1923-1927). II publia deux ouvrages sur « l’individu absolu », dont « la Théorie et la Phénoménologie de l’individu absolu », qui reflètent certaines idées de Nietzsche, Weininger et Michelstädter. II en dira finalement: « Je ne conseillerai à personne de les lire tant ils sont écrits en jargon universitaire ». […]

PREMIER APERCU SUR L’ORIENT TANTRIQUE

JE-yoga.jpgEn 1926 parut: « L’homme en tant que puissance ». C’est un premier essai qui, bien des fois repris, donnera en 1949 « Le yoga tantrique, sa métaphysique, ses pratiques ». Evola s’ouvre à l’Orient, en l’occurrence à la tradition hindoue, et cela est d’autant plus intéressant que l’orient d’Evola n’est pas le même que celui de Guénon, il s’agit essentiellement de doctrines émanant de la caste des ksatriyas, la caste guerrière, et par cet aspect on trouve quelque chose qui consonne remarquablement avec l’ancienne tradition occidentale: il s’agit aussi de science « magique ». Prévenons tout de suite une équivoque possible : ce qu’Evola nomme magie n’a pas grand-chose à voir avec ce que désigne le mot dans le langage courant actuel. […]

LE SPIRITUALISME DEMASQUE ET LA QUESTION DU CHRISTIANNISME

Prolongeant les oeuvres équivalentes de Guénon, il fait paraître en 1932 « Masques et visages du spiritualisme contemporain ». Le grand intérêt de cet ouvrage vient de ce qu’il aborde certains aspects du spiritualisme contemporain que Guenon n’avait pas analysés. […]

REVOLTE ET REVOLUTION TRADITIONNELLE

En 1934, Évola publia « Révolte contre le monde moderne ». Ce livre est considéré par ses disciples comme le plus important. Lorsque, du point de vue des idées, on se questionne sur la valeur de l’apport d’Evola, cette oeuvre, finalement, se dégonfle un peu. Elle présente l’intérêt d’une fantastique érudition retraçant l’histoire du point de vue d’une vision traditionnelle cyclique. De nombreux aspects du monde moderne y sont envisagés, que Guénon n’avait pas soulignés: aspects qui, sans être fondamentaux, méritaient d’être si remarquablement analysés. Le style est fort et, pourrait-on dire, vengeur. Mais, à notre point de vue, ce livre est entaché de cette idée, qui s’affirmera plus encore dans le suivant, que la caste noble est supérieure à la caste sacerdotale. La seule question qui nous intéresse est celle-ci: la connaissance est-elle supérieure à l’action, oui ou non? Si non, l’action ne peut plus se distinguer de l’agitation. Si oui, le spirituel est supérieur au guerrier, il convient alors qu’une civilisation traditionnelle reflète cette hiérarchie et peu importe que le spirituel et le temporel soient aux mains d’un même homme ou aux mains d’hommes différents, reliés hiérarchiquement. Ceci étant établi, l’importance qu’Evola a pu attacher à cette question reste problématique et la façon dont elle est abordée aussi. Dans « la Crise du Monde Moderne », c’est le monde moderne qui est en crise, non celui qui s’y oppose: si une révolution, au sens strictement étymologique, peut être traditionnelle, ce ne saurait être le cas d’une révolte.

Quoi qu’il en soit de ces critiques,  » Révolte contre le Monde Moderne » est un livre à lire, c’est probablement le plus important livre de « métaphysique de l’histoire » qui soit. […]

chev.jpgL’EPEE DE LUMIERE ET LE CHEVALIER D’OCCIDENT

En 1937, dans « Le mystère du Graal et l’idée impériale gibeline », Évola apporte une nouvelle contribution importante à la restauration doctrinale de la tradition occidentale. Malheureusement, et encore une fois, il fausse en partie l’idée civilisatrice traditionnelle. Toute l’argumentation d’Evola consiste à dire que l’Église, en développant les valeurs d’une religiosité féminine, mystique, passive face au monde spirituel se révèle être inférieure à la tradition du Graal, qui représente l’idéal chevaleresque. Mais l’argument est spécieux car, si cette démonstration va de soi, elle ne permet pas d’en conclure que la contemplation puisse être au-dessous de l’action. La Chevalerie est supérieure parce qu’elle est plus profondément spirituelle, et non parce qu’elle manie les armes: quant à l’Église, tant qu’elle ne consiste qu’en un exotérisme religieux, elle ne représente pas la pure autorité spirituelle, elle n’est qu’un pouvoir religieux. Si bien que, si l’Église et la Chevalerie étaient vraiment ce qu’en dit Evola il faudrait dire que la Chevalerie est supérieure à l’Église parce qu’elle est plus spirituelle et non dire que le guerrier est supérieur au contemplatif. Tout ce qu’apporte Evola dans l’affaire c’est une fâcheuse équivoque, car, une fois posé que le guerrier est au-dessus du prêtre, il se laisse aller à considérer toute éthique guerrière comme potentiellement porteuse d’une plus haute spiritualité que le Christianisme ; de là découle l’erreur de son « action politique ».

Quoi qu’il en soit, ce livre se pose comme « une étude sérieuse et engagée sur le Graal et le gibelinisme « , ce qu’il est, incontestablement. […]

LA CHUTE DU CLUB DES SEIGNEURS

Cette même année 1937, il publia « Le mythe du sang » en rapport très étroit avec les doctrines racistes allemandes. Certes, dans cet ouvrage, et dans celui qui suivra en 1941 «Synthèse des doctrines de la race », Evola s’oppose aux idées racistes matérialistes d’un Rosenberg et leur substitue l’idée d’une race de l’esprit » dans laquelle la race physique n’est qu’un élément d’une vaste équation: « L’idée d’une race allemande – dit-il – est une absurdité ». « Mais -dit Guénon de ce livre – le mot même de race nous parait être employé d’une façon assez impropre et détournée car au fond, c’est bien plutôt de caste qu’il s’agit en réalité… alors pourquoi parler encore de « race », si ce n’est par une concession plutôt fâcheuse à certaines idées courantes, qui sont assurément fort éloignées de toute spiritualité? ». En 1941, et toujours dans le même genre d’équivoque, Evola publia « La doctrine aryenne de lutte et de victoire « . […]

Pour situer historiquement son action, précisons qu’il fut très proche des milieux germaniques conservateurs et aristocratiques qui se réclamaient du « prussianisme et cultivaient la nostalgie des chevaliers teutoniques ». « Himmler – continue Evola -me portait un intérêt particulier » ainsi que « le baron von Gleichen, dont j’étais un ami intime » et qui était lui-même le chef du « club des seigneurs ». « Je connaissais en outre intimement le chancelier von Pappen et, en Autriche, Karl Anton von Rohan, dans ce milieu opposé au « populisme dictatorial » du national socialisme ». Voici ce qu’il en fut en Italie du côté fasciste: « Au tout début de la guerre, Mussolini lut ma « Synthèse d’une doctrine de la race » et me fit chercher pour me féliciter et me demander de collaborer avec lui -Mais Duce, je ne suis pas fasciste- car je n’ai jamais été d’aucun parti…  » En fait, il travailla, comme écrivain et comme conférencier en Italie, en Allemagne et en Autriche, à la formation doctrinale de certains milieux proches du pouvoir. […]

Standing_Bodhisattva_Gandhara_Musee_Guimet.jpgLA GRANDE LIBERATION DU PRINCE SIDDHARTA

Très étonnamment, au milieu de tout cela, Evola publia en 1943 « la Doctrine de l’Éveil, essai sur l’ascèse bouddhique ». Le fait que ce livre essentiel et vraiment spirituel ait été publié au coeur de cette période truffée d’erreurs logiques et de drames montre que la personnalité et l’oeuvre d’Evola sont très difficiles à aborder. II existe le double risque d’adhérer à certaines voies d’action sous prétexte qu’elles ont été formulées par un homme dont la doctrine est souvent transcendante et de repousser une doctrine dont l’action qui prétend en découler s’est par trop évidemment fourvoyée.
[…]

L’ASCENSION SOLITAIRE OU LE SOUFFLE LIBRE DE L’ESPRIT

Dans un appendice sur « les limites de la régularité initiatique », Évola reconsidère les notions guénoniennes sur l’initiation dans une optique qui nous parait aussi indispensable qu’intéressante. « Contre le schéma guénonien en lui-même il n’y aurait pas grand-chose à objecter », dit-il, tout en soulignant malicieusement le « caractère presque bureaucratique de cette régularité ». Néanmoins sa critique porte sur plusieurs points. D’abord sur les « débouchés »: « Le Compagnonnage est une organisation initiatique résiduelle d’origine corporative, de portée fort restreinte et d’ailleurs limitée à la France »; « La Franc–Maçonnerie moderne est l’un des cas d’organisation dont l’élément vraiment spirituel s’est « retiré » et chez lesquels le « psychisme » restant a servi d’instrument à des forces ténébreuses, pour qui s’en tient au principe de juger de l’arbre à ses fruits »; quant au « christianisme, c’est une tradition mutilée en sa partie supérieure », toutes choses nous semble-t-il indéniables; ce qui permet à Evola d’ironiser, peut-être un peu facilement,sur les « rares allusions des premiers siècles chrétiens de notre ère ou de certains rites de l’Église grecque orthodoxe à la chasse desquels sont partis certains guénoniens ». Outre ces problèmes pratiques, Évola affirme: « La continuité – « des influences spirituelles » – est illusoire lorsque n’existent plus de représentants dignes et conscients d’une chaîne initiatique donnée ».Il se propose d’éviter deux écueils: d’une part, les fantasmes auto-initiatiques à la Steiner qui ne font qu’appliquer au « domaine de l’esprit l’idéal américain du self made man » et, d’autre part, « une conception proche de celle du – « péché originel » -selon laquelle l’homme, irrémédiablement taré, ne pourrait rien par lui-même ». […]

LE VISIONNAIRE FOUDROYE

« Il fut blessé à Vienne d’un éclat d’obus dans la colonne vertébrale vers les derniers jours d’avril 1945 au cours d’un bombardement aérien soviétique. A partir de cette date il resta paralysé des deux jambes sans aucun espoir de guérison » […]

UN EXPOSE DE LA VRAIE DOCTRINE TRANTRIQUE

C’est en 1949 qu’Évola reprit ses publications avec « Le yoga tantrique, sa métaphysique et ses pratiques », livre qui développait le premier essai de 1926.  » S’il advenait un jour -écrit Jean Varenne à propos d’Evola et de Guénon que fussent éditées les oeuvres complètes de ces deux seigneurs de la pensée, on verrait à quel point elles représentent les deux visages d’un seul et même mouvement ». « L’Homme et son devenir selon le Védanta » et « le Yoga Tantrique » illustrent parfaitement ce propos. […]

je-rcmm.jpgLES HOMMES AU MILIEU DES RUINES

En 1951 il publie un livre au titre évocateur de son sentiment « Les hommes au milieu des ruines ». Il s’agit, comme pour faire le point d’une action passée, de poser les principes d’une reconstitution européenne traditionnelle. Sont envisagées les notions de révolution traditionnelle, d’autorité, de hiérarchie et d’état organique. Evola y développe aussi d’intéressantes considérations sur l’économie moderne et les corporations, sur la stratégie de la guerre occulte et sur le problème de l’explosion démographique. La doctrine y est solide, mais lorsqu’il s’agit de désigner le milieu humain propre à servir de moteur à un tel mouvement, la solution apparaît presque débile: en étant à peine méchant, on pourrait penser qu’un recyclage métaphysique de quelques divisions de parachutistes nourrirait l’espoir d’Evola.

METAPHYSIQUE DU SEXE

Fruit d’une fabuleuse érudition, cet ouvrage parut en 1958. Évola commence par l’indispensable nettoyage d’un terrain qui est loin d’être « vierge ». « Ce n’est pas l’homme qui descend du singe par évolution, mais le singe qui descend de l’homme par involution ». […]

Ceci posé, la doctrine traditionnelle s’épanouit: « de la fréquentation, même sans contact, d’individus des deux sexes, naît, dans l’être le plus profond de l’un et de l’autre, une énergie spéciale ou « fluide » immatériel, appelé « tsing ». Celui-ci dérive uniquement de la polarité du ying et du yang ». Cet enseignement de la tradition chinoise se trouve confirmé par Swamy Shivananda Sarasvati: « La semence est une énergie dynamique qu’il faut convertir en énergie spirituelle (ojas) ». Cette opération, qui va à contresens de l’écoulement nature! des forces, « est appelée viparîta-karanî (opération de l’inversion) ». « Un homme n’aime pas une femme parce qu’elle est belle »; Evola, reprenant une idée connue dit: « Il aime parce qu’il aime, au–delà de toute logique, et précisément ce mystère révèle le magnétisme de l’amour ». « Le substratum du sexe est super-physique, il a son siège dans ce que, avec les Anciens, nous appelons l’âme du corps — »le corps subtil  » – « . « Le sexe qui existe dans le corps, existe aussi et d’abord dans l’âme et, dans une certaine mesure, dans l’esprit même ».
[…]

CHEVAUCHER LE TIGRE

Avec « Chevaucher le tigre », en 1961, Evola fait oeuvre vraiment originale. I! pousse jusqu’à !’extrême ses audaces de pensée et formule un guide de conduite pour l’homme qui doit vivre dans un monde où tout hurle à la face du ciel et qui, refusant de « hurler avec les loups  » veut faire de leurs cris une musique pour son âme. […]”

Les carnets du yoga, n°43, novembre 1982, pp. 2-26.

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mercredi, 05 février 2020

The concept of Empire: Pagan Rome

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The concept of Empire: Pagan Rome

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

In our common understanding the term empire usually denotes a powerful country, in which one ethnicity oppressively rules others. Examples of these can include colonial empires of Spain, France, or Great Britain. Another way the term empire gets used is to describe the most powerful countries in their region that have gained control of that region militarily: examples of such naming conventions include all Chinese ‘empires’ from Qin to Qing, or Mughals in India, or the Mongols. Both these definitions however are later and erroneous ways of using the term empire that came into existence since the European Age of Modernity. However, the primordial definition and traits of an empire go way beyond these simplistic definitions that have stuck to our shared imagination. However, by exploring and un-covering the deep-lying etymological and historical roots of the term Empire it will be possible to transcend the flawed conception imposed on us since the times of Modernity.

There are three main stages through which the term empire has evolved. First stage is the Pagan Roman one – ‘imperium’ – that has its origins during the Roman Kingdom and ends with Constantine the Great. The second is the Christian Roman definition of ‘imperium’ and ‘basilea’ that runs from Constantine the Great all the way to Constantine XI. Finally, the last stage is the Orthodox Russian ‘tsardom’ that runs from Ivan IV up until Nicholas II.

In this first instance I invite you to consider the inception of the term Empire in Ancient Rome, covering the periods from Rome’s foundation in 753 BC to 312 AD, which is the date of Constantine the Great’s victory at the Milvian Bridge.

The term Empire or ‘imperium’ comes from the Latin verb ‘imperō’ – to command or to rule, which itself derives from the Proto-Indo-European root of ‘per’ – to bring forward or to produce.

Given such origin, ‘imperium’ was a political power that enabled a person to command other people, to be the first to propose new legislation or give military commands. In addition, the root ‘per’ suggests primacy and a vertical social relationship between the imperator – the one holding the ‘imperium’ – and those to whom his commands are directed.

The main application of the word ‘imperium’ in Roman Kingdom (753-509 BC) and Roman Republic (509-27 BC) was as a military position of an army general that granted a magistrate legal power to command. Importantly, ‘imperium’ was a social concept that conferred the commanding powers to a person by a group of subordinates. As such, Roman kings had to be elected by a group of patricians who also bestowed them with the power of ‘imperium’. Thus, an ‘imperator’ or emperor was the first man in society, but his powers were hinged upon that very society’s favour, creating a sort of a social contract. An excellent visualisation of imperium being a social contract is seen by another institutional rule of Ancient Rome – the Pomerium. The Pomerium was a legal border of the city of Rome proper which in Roman Republic was prohibited from entry by anyone in possession of army command – generals, imperatores. Any imperator who entered the gates of Pomerium automatically forfeited his social contract, lost the Imperium, and stopped being an army general. As such, it is crucial to understand that throughout the Roman Kingdom and Republic imperium was a commanding power that was bestowed upon a person by the society, and nothing but that.

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Fast forward to Augustus, we come to the period of Roman history generally called the ‘Principate’ in which all emperors from Augustus to Carinus maintained the importance of social contract as their source of power. In truth, Roman Empire should really denote the Roman state ruled by a commander, whose legitimacy derives from the public approval. Indeed, even though the role of the senate and the consuls was greatly diminished, the inner working of the Roman society remained the same as it was during the Republic. This was exemplified by the growing importance of the military class to ensure and dictate the office of Emperor. In particular, the Praetorian Guard, evolved into the elite bodyguard army unit to the emperor himself, by enjoying close proximity to the ruler, were able to orchestrate military coups and even sell the title of emperor on one occasion to Didius Julianus. The epitome of the importance of the army has come during the Crisis of the Third Century, whence the Roman state had seen almost 30 emperors in 50 years. The pretender emperor was usually acclaimed by his legions in exchange for monetary gains and promotions. The choosing of ‘imperator’ as well as his social status therefore remained as they were under the Republic: the emperor was a person vested with commanding powers through a social contract by a group of inferiors. Furthermore, incompetence or unpopularity of an emperor has often led to new pretenders, coups and murders, thus further reinforcing the idea of social contract between the ‘imperator’ and his inferiors.

Crisis of the Third Century brought such a strain on the political and economic bases of Rome that a radical change was necessary. Emperor Diocletian recognised this and implemented an overhaul of the empire creating a ‘tetrarchy’ splitting the power into four, and starting the historical period known as the ‘Dominate’. This period is characterised by the distancing of the ‘imperium’ holder from his inferiors, giving himself larger autonomy to rule and boosting the prestige of the position. Diocletian further divided Roman lands into more numerous provinces under dioceses, making it harder for pretenders to rise and gain support of the military. The next reform was to share the ‘imperium’ between four titleholders: two senior emperors and two junior caesars. Even though Diocletian’s reforms worked in the short term to stabilise Rome, the long term effects were rather inadequate and only really deepened the social contract between emperor and subjects. That is, now the emperor was expected to behave even more as a benevolent master, bestowing more gifts and promoting officials; quite obviously, the failure to do so resulted in civil strife as happened during the time of Constantine the Great. Furthermore, the division of the imperial power into four under ‘tetrachy’ has led in the long-term to the permanent split of Rome into East and West in 395 AD. Given what we have described about the nature of legitimacy of power through ‘imperium’ this split presents itself as unavoidable. The power to command the ‘imperium’ makes the titleholder appear as the first amongst equals by the Roman society as a whole. As such, two men could not simultaneously hold primacy without clashing. Furthermore, with the increasing importance of the role of the emperor during Dominate, the prestige and benefits have become too great to share between two ambitious men.

At the same time, however, Diocletian has set in motion two major developments to the social contract of ‘imperium’. First is the centralisation of the governmental administration on the figure of the emperor, making the entire state dependent on having a strong and capable ruler like never before. This development will come to clear view after the battle of Adrianople later on in 378 AD, which saw the emperor Valens killed on the battlefield. The death of Valens has sent shocks across the entire Eastern Roman administration, and produced a new political system in which emperors almost never left the capital Constantinople in order to preserve the administration, the ‘imperium’, and their lives. This state of affairs continued all the way until emperor Heracleios in 610 AD, who became the first Roman emperor to personally command the army against a foreign enemy since Valens. The second major development that can be attributed to Diocletian is his formal separation of Roman state from the city of Rome. Ever since the Crisis of the Third Century started, the capital of Rome was in practice wherever the acting emperor had his legions, thus diminishing the importance of Rome as a capital. Since the city of Rome was poorly protected from attacks and sieges from pretenders, its possession stopped conferring the same legitimacy as it did under the Principate. As such, Diocletian elevated this practical state of affairs to become legislation by moving his court to Nicaea in Eastern Anatolia. The big significance of this move is the detachment of the legitimacy of ‘imperium’ from one specific place or city. There will be two more major centres of Roman state throughout the rest of Roman history, namely Constantinople and Moscow. However, neither of them will have the Pomerium mentioned earlier, thus legally depriving the capital from having juridical force to grant or take away the power or ‘imperium’.

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This point seems to be a fitting end to the first part of my exploration of the concept of Empire, which concentrated specifically on Pagan Roman period and the usage of the term during this time. The main takeaways would be to underline how the Latin word for Empire – ‘imperium’ implied a social contract by which a person gained rights to command and legislate. This social contract was premised upon appeasing the lower social strata that has put the ‘imperium’ holder in charge. This fact has often led to rebellions, civil strife, and ultimately the Crisis of the Third Century. In the next article I will attempt to explicate the way ‘imperium’ changed when Rome became a Christian state, and the way Divine Favour started to replace social contract.

lundi, 03 février 2020

Coomaraswamy et l’éternel péril occidental

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Coomaraswamy et l’éternel péril occidental

Les Carnets de Nicolas Bonnal

Créature instable et périlleuse, l’occident menace le monde en se menaçant lui-même. Il a tout détruit avec le capital et les bons sentiments qui vont avec. L’impérialisme américain en phase terminale mais hystérique veut exterminer russes, chinois, iraniens et sanctionner ce qui lui résiste. Les européens (petit cap de l’Asie ou de l’Amérique ?) suivent extatiques ou éteints.  En même temps l’occident s’autodétruit rageusement à coups d’oligarchie, d’écologie, de féminisme, d’antiracisme et d’humanitarisme ; il contaminera le reste du monde comme toujours.

Golem dérangé ou marionnette folle, on ne l’arrêtera pas comme cela, cet occident. Sa matrice garde son pouvoir d’attraction étrange en plein Kali-Yuga : rappelons Spengler pour qui le triomphe de l’empire romain était déjà celui du pas grand-chose sur le vide. Ceux qui applaudissent le crépuscule américain oublient que l’on navigue dans la matrice américaine – dans un marécage de signes qui aura tout noyé, traditions, culture, spiritualités.

61TKv-9h3iL.jpgOn sait ce que Guénon pensait de l’occident et de sa mission civilisatrice. On va rappeler le grand hindouiste de Ceylan Coomaraswamy (s’il voyait ce qu’on a fait de son île…) qui écrivait vers 1945 :

« Parmi les forces qui font obstacle à une synthèse culturelle ou, pour mieux dire, à une entente commune indispensable en vue d’une coopération, les plus grandes sont celles de l’ignorance et du parti pris. L’ignorance et le parti pris sont à la base de la naïve présomption d’une «mission civilisatrice». Celle-ci apparaît, aux yeux des peuples «arriérés», contre qui elle est dirigée et dont elle se propose de détruire les cultures, comme une simple impertinence et une preuve du provincialisme de l’Occident moderne. »

Mais il ne faut pas mépriser le provincialisme américain ou occidental. Car il est résilient, insatiable, protéiforme, infatigable, et il a depuis tout corrompu avec son confort et sa propagande. Coomaraswamy écrivait il y a presque un siècle… que de progrès accomplis depuis !

Et Coomaraswamy ajoute sur l’arrogance du blanc :

« A vrai dire, si l’on veut qu’il y ait sur terre un peu plus de bonne volonté, l’homme blanc devra réaliser qu’il doit vivre dans un monde peuplé en grande partie de gens de couleur (et «de couleur» signifie habituellement, pour lui, «arriéré», c’est-à-dire différent de lui-même). Et le chrétien devra réaliser qu’il vit dans un monde à majorité non chrétienne. Il faudra que chacun prenne conscience de ces faits et les accepte, sans indignation ni regret. »

Comme on sait, l’occident est aujourd’hui suffisamment civilisateur pour vouloir effacer et le reste de blancs et le reste de christianisme (le fils de Coomaraswamy lamenta le concile antichrétien de Vatican II). Coomaraswamy rappelle ce complexe de maître d’école (Chesterton parlait de crèche féministe) :

« Avant même de pouvoir songer à un gouvernement mondial, il nous faut des citoyens du monde, qui puissent rencontrer leurs concitoyens sans se sentir gênés, comme entre gentlemen, et non en soi-disant maîtres d’école rencontrant des élèves que l’on instruit «obligatoirement» même si c’est aussi «librement». Il n’y a plus place dans le monde pour la grenouille dans le puits; elle ne prétend juger les autres que par sa propre expérience et ses propres habitudes. »

Et de se montrer polémique sur les réactions à cet occident, à une époque où l’on compte sur l’islam :

« Nous avons ainsi fini par réaliser que, comme l’a dit, il y a peu, El Glaoui, le pacha de Marrakech, «le monde musulman ne veut pas de l’inimaginable monde américain ou de son incroyable style de vie. Nous (les musulmans) voulons le monde du Qoran», et il en est de même, mutatis mutandis, pour la majorité des Orientaux. Cette majorité comprend non seulement tous ceux qui sont encore «cultivés et illettrés», mais aussi une fraction, bien plus importante qu’on ne le croit, de ceux qui ont passé des années à vivre et à étudier en Occident, car c’est parmi ceux-ci qu’il est possible de trouver bon nombre des «réactionnaires» les plus convaincus. Parfois, « plus nous voyons ce qu’est la démocratie et plus nous estimons la monarchie»; plus nous voyons ce qu’est l’« égalité », et moins nous admirons «ce monstre de la croissance moderne, l’État commercialo-financier» dans lequel la majorité vit de ses « jobs», où la dignité d’une vocation ou d’une profession est réservée au très petit nombre et où, comme l’écrit Éric Gill, «d’un côté, il y a l’artiste voué uniquement à s’exprimer, de l’autre l’ouvrier privé de tout “soi” à exprimer». »

Disons-le nûment, l’idéal occidental c’est du point de vue traditionnel le degré zéro de l’humain.

Coomaraswamy ajoute qu’il est bon de résister au commerce :

6700_1425892170.jpg« M. Brailsford objecte que «les seuls obstacles à l’accroissement du commerce intérieur sur une échelle gigantesque sont la pauvreté des villages et l’autarcie qui est propre à leurs plus anciennes traditions... Il existe encore maint village, où les artisans héréditaires, qui servent pour une ration de grains ou quelques arpents de terre franche, tisseront les étoffes dont il aura besoin, forgeront ses houes et tourneront ses pots». Malheureusement, «l’accroissement du commerce intérieur sur une échelle gigantesque » n’est aucunement l’une de nos ambitions principales. Nous tenons encore (avec Philon, De Decalogo, 69) pour vérité patente que l’artisan est de valeur supérieure au produit de son métier, et nous avons conscience que c’est avant tout dans les sociétés industrielles que cette vérité est ignorée. »

Le monde traditionnel est plus « démocratique » (Bernanos et Chesterton l’ont aussi compris, à propos de notre moyen âge des communes et des cités) :

« …le gouvernement traditionnel de l'Inde est bien moins centralisé et bien moins bureaucratique que n’importe quelle forme de gouvernement connue des démocraties modernes. On pourrait même dire que les castes sont la citadelle d’un gouvernement autonome bien plus réel que ce qu’on pourrait réaliser par le décompte de millions de voix prolétaires. Dans une très large mesure, les diverses castes coïncident avec les corps de métier. »

Et de défendre le modèle corporatif (la révolution libératrice supprima comme on sait cent jours fériés et chômés en France) :

« On pourrait dire que si l’Inde ne fut pas, au sens chinois ou islamique, un pays démocratique, elle fut néanmoins la terre aux multiples démocraties, c’est-à-dire aux groupes autonomes maîtrisant pleinement toutes les questions qui sont réellement dans leur compétence, et que peut-être aucun autre pays au monde n’a été mieux formé pour l’autonomie. Mais, comme l’a dit sir George Birdwood, «sous la domination britannique en Inde, l’autorité des corporations s’est nécessairement relâchée»; la nature d’une telle «nécessité» ne supportera guère l’analyse. »

Puis Coomaraswamy décrit l’horreur économique et militariste (et humanitaire, car tout vient avec dans le paquet-cadeau occidental,le bandage avec les bombes, comme dit le capitaine Villard dans le film Apocalypse now) :

« La simple existence de ces grands agrégats prolétariens dont les membres, qui s’exploitent les uns les autres, prolifèrent dans des «capitales» - lesquelles n’ont plus aucun rapport organique avec les corps sociaux sur lesquels elles croissent, mais dépendent des  débouchés mondiaux qui doivent être créés par des «guerres de pacification» et sans cesse stimulés par la «création de nouveaux besoins» au moyen d’une publicité suggestive - est fatale aux sociétés traditionnelles les plus fortement différenciées, dans lesquelles l’individu possède un statut déterminé par sa fonction et, en aucune manière, uniquement par la richesse ou la pauvreté; leur existence ruine automatiquement l’individu dont l’« efficacité » le ravale au niveau de producteur de matières premières, destinées à être transformées dans les usines du vainqueur; et on s’en débarrasse en les vendant à bas prix aux mêmes peuples «arriérés» qui doivent accepter leur quantité annuelle de gadgets, si l’on veut que les affaires prospèrent. »

Guénon aussi perçoit à cette époque que l’orient va craquer bien aidé par les guerres dites mondiales puis par la décolonisation (voyez notre texte sur Burckhardt). 

Puis Coomaraswamy cite le fameux et si peu lu Dr Schweitzer :

« Albert Schweitzer caractérise les conséquences économiques de l’exploitation commerciale (le «commerce mondial»): «Chaque fois que le commerce du bois marche bien, une famine permanente règne dans la région de l’Ogooué.» Lorsque ainsi «le commerce élit domicile dans chaque arbre», les conséquences spirituelles sont encore plus dévastatrices; la «civilisation» peut détruire les âmes aussi bien que les corps de ceux quelle contamine. »

Malheureusement il y a les premiers convertis à la matrice (la jeunesse orientale nage et navigue dedans) :

« Bien entendu, je n’ignore pas qu’il existe une foule d’Orientaux occidentalisés qui sont tout à fait disposés et même impatients de recevoir les dona ferentes de l’industrie sans s’attarder à examiner un seul instant ces «chevaux» donnés… »

A l’époque on résiste dans le cadre de la décolonisation (dont les effets furent pervers) :

wisdom.jpg« Qu’avez-vous exactement à nous offrir, vous qui êtes si pénétrés de votre «mission civilisatrice»? N’êtes-vous point étonnés «qu’il n’y ait plus de peuple dans toute l’Asie qui ne regarde l’Europe avec crainte et soupçon», comme l’a dit Rabindranath Tagore, ou que nous redoutions la perspective d’une alliance des puissances impérialistes dont la «Charte de l’Atlantique» ne devait pas s’appliquer à l’Inde et ne s’appliquera pas à la Chine si on peut l’éviter? »

Depuis on a progressé et tout a été balayé ou presque, même quand on prétend résister au nom du monde soi-disant multipolaire. Ni la Russie ni aucun pays oriental (pauvre Corée du Nord…) ne proposent de modèle alternatif. La Chine est bien compliquée – et combien peu attirante. Quant à Cuba ou au Venezuela…

Un peu de Debord pour compléter le maître, car le monde des années 2020 (ou 1980) est certainement plus effarant que celui des années quarante, hors-zone de guerre occidentale :

« Hormis un héritage encore important, mais destiné à se réduire toujours, de livres et de bâtiments anciens, qui du reste sont de plus en plus souvent sélectionnés et mis en perspective selon les convenances du spectacle, il n’existe plus rien, dans la culture et dans la nature, qui n’ait été transformé, et pollué, selon les moyens et les intérêts de l’industrie moderne. »

Et Debord de dénoncer justement les « inconséquents » qui croient que quelque chose du monde ancien a (ou aurait pu) subsisté :

« Non seulement on fait croire aux assujettis qu’ils sont encore, pour l’essentiel, dans un monde que l’on a fait disparaître, mais les gouvernants eux-mêmes souffrent parfois de l’inconséquence de s’y croire encore par quelques côtés. »

Lucien Cerise conclura logiquement :

« Pour Baudrillard, la véritable apocalypse n’était pas la fin réelle du monde, sa fin physique, matérielle, assumée, mais son unification dans ce qu’il appelait le « mondial », ce que l’on appelle aujourd’hui le mondialisme, et qui signait la vraie fin, le simulacre ultime, le « crime parfait », c’est-à-dire la fin niant qu’elle est la fin, la fin non assumée, donnant l’illusion que ça continue. La Matrice, comme dans le film, si vous voulez. »

Sources 

Ananda K. Coomaraswamy, Les illusions de la démocratie, in suis-je le gardien de mon frère (the bugbear of literacy), Pardes.

Lucien Cerise, gouverner par le chaos

Debord – Commentaires

Jean Baudrillard – La guerre du golfe n’a pas eu lieu (Galilée)

dimanche, 02 février 2020

Imbolc... La fête celtique de la lumière et de la purification

Imbolc... La fête celtique de la lumière et de la purification

[NB: Pour le calcul exact de la date d'Imbolc: Pour Ambiuolcato, il faut que la lune soit gibbeuse montante (entre le premier quartier de lune et la pleine lune) et que le soleil soit dans le Verseau].

Dans la tradition païenne des Celtes, le 1er février se célébrait la fête connue sous le nom d'Imbolc. Cette fête hivernale annonçait le prochain retour du printemps. Imbolc marquait avant tout le retour de la lumière et des forces solaires. Dans le grand rythme des cycles saisonniers, le 1er février est un hymne à la lumière et aux jours qui petit à petit reprennent de la vigueur. Cependant, le mois de février se caractérise dans toutes les traditions indo-européennes par un accent mis sur la symbolique lunaire et les Déesses qui l'accompagnent. Ceci s'explique par le fait que les forces solaires ne sont pas encore au plus fort de leur course cyclique, élément qui nous rappelle le règne hivernal de l'obscurité et de la lune.

Imbolc est ainsi dédié à une Déesse celtique, la Déesse Brigit. C'est elle qui apporte ce retour cyclique de la lumière. Brigit est le nom irlandais de la Déesse, et il correspond à la Déesse Brigantia (actuelle Grande-Bretagne) ainsi qu'à la Déesse gauloise Rigani. Elle est un des aspects de la grande Déesse qui fut très vénérée chez les Celtes. Son nom vient de celui d'une tribu indo-européenne et signifie "altesse", "sublimité". Ce nom de Brigit se retrouve dans la toponymie de nombreux endroits de l'Europe celtique pour lesquels on peut déduire qu'elle y était partciulièrement adorée: Bragana (Portugal), Bregenz (Autriche), Brig (Valais, Suisse), Brega (Irlande), Braint (GB), Barrow (GB), Brent (GB). Ses fonctions sont multiples car son culte est rattché à la protection divine, la prophétie, la médecine, la fertilité et fécondité. Le bétail lui était dédié, ce qui nous renvoie encore une fois aux notions d'abondance et de fertilité. Mais dans la tradition populaire elle est avant tout restée comme une Déesse liée au feu. Cette symbolique du feu la connecte à celle du soleil dont elle incarne le retour en période hivernale. Une tradition toujours très vivante pour Imbolc est celle qui consiste à faire avec du jonc tressé une croix de Brigit. Cette croix que l'on peut voir sur la photo n'est autre qu'un swastika, symbole solaire par excellence. Ce swastika correspond tout à fait au symbolisme du retour de la lumière solaire. De nos jours encore en Irlande existe la coutume de tresser pour le 1er février des croix de Brigit, les enfants dans les maternelles et les écoles s'y donnent à coeur joie. Le culte de la Déesse Brigit était tellement enraciné parmi les peuples celtes, que la christianisation n'arriva jamais à supprimer son culte. Les tentatives furent pourtant nombreuses de la part des chréti(e)ns, mais tout comme pour d'autres Divinités païennes, l'église se vit obligée finalement de la christianiser en faisant d'elle Sainte-Brigid. Ce n'est bien-sûr pas un hasard si la date de cette Sainte-Brigid fut placée au 1er février.

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Une autre caractéristique majeure de la fête d'Imbolc est la norme qui voulait qu'on se lave de forme rituelle les mains, les pieds et la tête. Ceci fait évidemment partie d'un rite de purification. Ce genre de rite est à mettre en parallèle avec les traditions romaines du mois de février comme celle des Lupercalia. Comme nous l'avons récemment vu, "februa" était un terme latin pour désigner les cérémonies de purification. Se purifier lors de la fête celtique d'Imbolc était donc en harmonie complète avec les forces cosmiques qui elles aussi se purifient au mois de février afin de préparer le retour cyclique des forces solaires.

L'étymologie du nom d'Imbolc est également très révélatrice. Imbolc vient de l'ancien irlandais "i mbolg" qui veut dire "dans le ventre". Ce terme fait bien-sûr référence à la grossesse d'une femme enceinte. Cette grossesse est liée à Brigit comme Déesse de la fécondité et protectrice des femmes enceintes. Par ailleurs l'aspect prophétique de la Déesse a lui aussi laissé des traces dans la célébration d'Imbolc étant donné qu'au 1er février on pratiquait beaucoup la divination. Le moment était propice pour interroger les signes afin de savoir ce que l'avenir réserve au foyer et au clan.

Pour Imbolc, n'oubliez donc pas de vous purifier, car vous préparerez de cette manière le grand retour de la lumière solaire, celui qui nous promet de beaux jours pour l'avenir.

JOYEUX IMBOLC À TOUTES ET À TOUS !!!

Hathuwolf Harson

Sources:
"Lexikon der keltischen Mythologie", Sylvia und Paul F. Botheroyd.

http://en.wikipedia.org/wiki/Imbolc

Origines païennes de février dans la tradition romaine: https://www.facebook.com/photo.php?fbid=361818503956964&set=a.305425889596226.1073741835.230064080465741&type=1&theater

Symbolisme du swastika: https://www.facebook.com/photo.php?fbid=315806118558203&a...

jeudi, 30 janvier 2020

Les signes de la Fin des Temps

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Les signes de la Fin des Temps

 
 
Les principaux signes annonciateurs de la fin du monde selon diverses traditions :
 
-Dégénérescence de l'humanité, divisions et dissensions familiales
Seconde bataille de Mag Tured (vieux récit irlandais) : « Je verrai un monde qui ne me plaira pas ; été sans fleurs, vaches sans lait, femmes sans pudeur, hommes sans courage, (…), mauvais avis des vieillards, mauvais jugement des juges, chaque homme sera un traître ». Völuspa (45) : « Les frères s'entrebattront et se mettront à mort ». Ovide, Les métamorphoses (L. I) : « On vit de rapt ; l'hôte n'est pas en sécurité auprès de son hôte, ni le gendre auprès de son beau-père ; entre frères même, la bonne entente est rare. L'époux est une menace pour la vie de son épouse, l'épouse pour celle de son mari ». Vishnou-Purâna (L. VI) : « Les femmes n'obéiront pas aux maris et aux parents. Elles seront égoïstes, abjectes, désaxées, menteuses, et c'est à des dissolus qu'elles s'attacheront (…) Elles deviendront simplement un objet de satisfaction sexuelle ». Lingâ-Purâna : « On tuera les fœtus dans le ventre de leur mère ». Ibn 'Amr affirme que le prophète a dit : « L'Heure ne viendra pas avant qu'apparaissent la bassesse et la vulgarité, les liens de parenté seront rompus et le mauvais voisinage se répandra » (Hadith rapporté par Ahmad).
 
-Calamités naturelles
Matthieu (XXIV, 7) : « On verra s'élever nation contre nation, royaume contre royaume, et il y aura des pestes, des famines et des tremblements de terre en divers lieux ». Maslama Ibn Nufayl affirme que le prophète a dit : « Avant l'Heure, il y aura une épidémie sévère et après viendront les années de séismes » (Hadith rapporté par Ahmad). Vishnou-Purâna (L. IV) : « La terre ne sera respectée qu'à cause des trésors minéraux qu'elle renferme ». Ovide, Les métamorphoses (L. I) : « Les hommes ne se bornèrent point à demander à la terre ses moissons et ses fruits, ils osèrent pénétrer dans son sein; et les trésors qu'elle recelait, dans des antres voisins du Tartare, vinrent aggraver tous leurs maux. Déjà sont dans leurs mains le fer, instrument du crime, et l'or, plus pernicieux encore. La Discorde combat avec l'un et l'autre ».
 
-Régression des castes et métissage
Lactance, Institutions divines (VII, 17) : « Tout sera confus, contraire au droit divin et au droit naturel, tout sera mêlé ». Dans le célèbre « hadith de Gabriel », le prophète Mohammed cite parmi les signes de l'Heure : « Lorsque la servante engendrera sa maîtresse, et que tu verras les va-nu-pieds, les pâtres, se faire élever des constructions de plus en plus hautes ». Vishnou-Purâna (L. VI) : « Les gens du kali-yuga (l'âge sombre) prétendront ignorer les différences des races et le caractère sacré du mariage, la relation de maître à élève, l'importance des rites. Durant le kali-yuga des gens de toutes origines épouseront des filles de n'importe quelle race ». Apocalypse syriaque de Baruch (LXX, 5) : « Les sages se tairont et les fous parleront ».
 

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mardi, 14 janvier 2020

Le symbolisme du Pôle, du Nord et de l'Hyperborée

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Le symbolisme du Pôle, du Nord et de l'Hyperborée

 
Lecture de mon article "Le symbolisme du Pôle et du Nord" concernant le mythe universel du continent nordique primordial d'une nature tant physique que spirituelle.
 
 

samedi, 11 janvier 2020

Iranian Civilization

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Iranian Civilization

by Jason Reza Jorjani

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La civilisation iranienne

Nous republions ici un remarquable article concernant l'Iran et sa civilisation. Elles remontent à la plus haute antiquité. Ce sont cinquante de ses sites archéologiques que Donald Trump a menacé de bombarder. Bombarderait-il également les pyramides en cas de conflit avec l'Egypte? Certainement

Iran Is More Than Just a Country, It Is One of the Great Aryan World Civilizations

Iran is far more than the nation-state that foreigners once widely referred to as Persia. Iran is an immortal idea.

Jason Reza Jorjani


A few countries are more than mere nations. They have been translated from the earthly plane into the spectral geography of ideas. As “Rome” is irreducible to Italy, and the modern state of Israel is only a reemergence of “Zion” into the mundane world, “Iran” is far more than the nation-state that foreigners once widely referred to as Persia. Iran is an immortal idea – a terrible thought in the mind of the gods (devâsdivs). Iran is destined to reemerge as the Leviathan from amongst all of Earth's great nations.

71DjhP+qrKL.jpgUntil 1935, Iran was referred to internationally as “Persia” (or La Perse), and the Iranian people were broadly identified as “Persians.” This was the case despite the fact that Persians always referred to themselves as Iranians (Irâni) and used the term Irânshahr (Old Persian Aryâna Khashatra) or “Aryan Imperium” in order to designate what Westerners call the “Persian Empire.”

The adjective Persian (Pârsi) has only been used by Iranians to describe the national language of Iran, which has been spoken, and especially written, by all Iranians regardless of whether it is their mother tongue. The Persian heritage is at the core of Iranian Civilization.

Civilizations are not as narrow as particular cultures in their ideological orientation. Even cultures evolve and are not defined by a single worldview in the way that a political party has a definite ideology. The inner dialectic that drives the historical evolution of Iranian Civilization is based on a tension between rival worldviews. This is comparable to the numerous worldview clashes that have shaped and reshaped Western Civilization, and is more dynamic than the creative tension between the worldviews of Confucianism, Taoism, Buddhism, and Communism and the cultural characters of the Han, the Manchurians, Mongols, and Tibetans in the history of Chinese Civilization.

The phrase “Iranian Civilization”, has long been in use by academics in the field of Iranology or Iranian Studies. That there is an entire scholarly field of Iranology attests to the world-historical importance of Iran. However, in the public sphere, and even among other academics, Iran has rarely been recognized as a distinct civilization alongside the other major civilizations of world history. Rather, Iran has for the most part been mistakenly amalgamated into the false construct of “Islamic Civilization.”

9781912079933.jpgWe have entered the era of a clash of civilizations rather than a conflict between nation states. Consequently, the recognition of Iran as a distinct civilization, one that far predates the advent of Islam and is now evolving beyond the Islamic religion, would be of decisive significance for the post-national outcome of a Third World War.

Iran is a civilization that includes a number of different cultures and languages that hang together around a core defined by the Persian language and imperial heritage. Besides the Persian heartland, Iranian Civilization encompasses Kurdistan (including the parts of it in the artificial states of Turkey and Iraq), the Caucasus (especially northern Azerbaijan and Ossetia), Greater Tajikistan (including northern Afghanistan and Eastern Uzbekistan), the Pashtun territories (in the failed state of Afghanistan), and Baluchistan (including the parts of it inside the artificial state of Pakistan).

As we shall see, Iranian Civilization deeply impacted Western Civilization, with which it shares common Indo-European roots. There are still a few countries in Europe that are so fundamentally defined by the legacy of the Iranian Alans, Sarmatians, or Scythians that they really belong within the scope of Iranian, rather than European or Western Civilization. These are Ukraine, Bulgaria, Croatia, and, should it ever secede from Spain, Catalonia. The belonging of these European, Caucasian, Middle Eastern, Central Asian, and South Asian ethnicities and territories to an Iranian civilizational sphere is, by analogy, comparable to how Spain, France, Britain, Germany, and Italy are all a part of Western Civilization.

An even closer analogy would be to China, which is also a civilization rather than simply a nation. China, considered as a civilization, includes many cultures and languages other than that of the dominant Han Chinese. For example, the Manchurians, Mongolians, and Tibetans. What is interesting about China, in this regard, is that its current political administration encompasses almost its entire civilizational sphere – with the one exception of Taiwan (and perhaps Singapore). In other words, as it stands, Chinese Civilization has nearly attained maximal political unity.

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Western Civilization also has a high degree of political unity, albeit not at the level of China. The Western world is bound together by supranational economic and military treaties such as the European Union (EU) and the North Atlantic Treaty Organization (NATO). By contrast, Iranian Civilization is currently near the minimal level of political unity that it has had throughout a history that spans at least 3,000 years.

To borrow a term from the Russian philosopher, Alexander Dugin, the Persian ethnicity and language could be described as the narod or pith of Iranian Civilization. This would be comparable to the role of the Mandarin language and the Han ethnicity in contemporary Chinese Civilization, or to the role of Latin and the Italian ethnicity in Western Civilization at the zenith of the Roman Empire when Marcus Aurelius had conquered and integrated Britain and Germany. Although I accept Samuel Huntington's concept of a “clash of civilizations”, I reject his distinction between what he calls “Classical Civilization” and Western Civilization.

This is a distinction that he adopts from Arnold Toynbee, and perhaps also Oswald Spengler, both of whom see the origins of Western Civilization in Medieval Europe. In my view, Western Civilization begins with Classical Greece and is adopted and adapted by Pagan Rome.

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The narod of a civilization can change. If Western Civilization were to prove capable of salvaging itself and reasserting its global dominance in the form of a planetary American Empire, this would no doubt involve a shift to the English language and the Anglo-Saxon ethnicity as the Western narod. The lack of a clear narod in Western Civilization at present is symptomatic of its decline and dissolution following the intra-civilizational war that prevented Greater Germany from becoming the ethno-linguistic core of the entire West. A very strong argument could be made that Germany and the German language were long destined to succeed Italy in this role, which Italy still plays to some extent through the Vatican's patronage of Latin and the Roman Catholic faith.

The alliance of Hitler with Mussolini could have prepared for such a transition. If, for whatever reason, Latin America were to one day become the refuge of Europeans and even Anglo-Saxons fleeing Europe and North America, there would be a very good chance that the Spaniard ethnicity and the Spanish language would become the narod of Western Civilization following this transformative crisis.

In the three thousand years of Iranian Civilization, the narod of the civilization has shifted only once. For the first five hundred years of discernable Iranian history, the Median ethno-linguistic consciousness was at the core of Iran's identity as a civilization that included other non-Median Iranian cultures, such as the Scythians. Actually, for most of this period, the Medes were embattled by the Assyrians and other more entrenched non-Iranian (i.e. non Aryan) cultures, such as the Elamites. It is only for a brief period (on the Iranian scale of history, not the American one) that the Medes established a strong kingdom that included other Iranian cultures and could consequently be considered a standard bearer of an Iranian Civilization rather than a mere culture.

This lasted for maybe a couple of hundred years before the revolt of Cyrus the Great in the 6th century BC saw the Persians displace the Medes and expand the boundaries of Iranian Civilization into the borders of the first true empire in history, one that included and integrated many non-Iranian kingdoms, and encompassed almost the entire known world.

For more than a thousand years after Cyrus, and despite the severe disruption of the Alexandrian conquest and colonization of Iran, we saw a succession of the three empires of the Achaemenids, the Parthians, and the Sassanians. The Achaemenid language was Old Persian, while the Parthians and Sassanians spoke and wrote Middle Persian (Pahlavi). These languages are direct ancestors of Pârsi (or Dari), the New Persian language that, in its rudiments, arose at the time of Ferdowsi (10th century AD) and has remained remarkably stable until the present day.

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For more than 2,500 years, the Persian ethnicity and language have defined the core identity of Iranian Civilization. That was not lost on all of the various Europeans who dealt with Iran as an imperial rival from the days of the classical Greeks, to the pagan Romans, to the Byzantines, the British, the French, and the Russians.

All of them, without exception, always referred to all of Iran and its entire civilizational sphere as “Persia” or the “Persian Empire.” Friedrich Nietzsche wished that the Persians would have successfully conquered the Greeks because he believed that they could have gone on to become better guardians of Europe than the Romans proved to be. Nietzsche claimed that “only the Persians have a philosophy of history.” He recognized that historical consciousness, of the Hegelian type, begins with Zarathustra's future-oriented evolutionary concept of successive historical epochs leading up to an unprecedented end of history.

The will to ensure that the Persian Gulf does not become Arabian, that Persian is not disestablished as the official language of Iran, and, in short, that Iranian Civilization does not disappear, is based on more than just patriotic sentimentality, let alone nationalistic chauvinism. Iran is certainly a civilization among only a handful of other living civilizations on Earth, rather than a lone state with its own isolated culture, like Japan, but Iran is even more than that. As we enter the era of the clash of civilizations, Iran's historic role as the crossroads of all of the other major civilizations cannot be overstated.

In his groundbreaking book The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order, the Harvard political scientist Samuel Huntington argues for a new world order based on a détente of great civilizations rather than perpetual conflict amongst nation-states. In effect, Huntington envisages the end of the Bretton Woods International System put in place from 1945–1948 after the Second World War. He advocates for its replacement with a geopolitical paradigm that would be defined by the major world-historical countries. These are the countries that can each be considered the “core state” of a civilization encompassing many peripheral vassal or client states.

The core state of any given civilization can change over the course of history. For example, Italy was the core state of Western Civilization for many centuries, and as the seat of the Roman Catholic Church it still has significant cultural influence over the West – especially in Latin America.

Currently, however, the United States of America plays the role of the Western civilizational core state, with the North Atlantic Treaty Organization (NATO) effectively functioning as the superstructure of an American Empire coextensive with the West, with the exception of Latin America, where the United States has been economically and diplomatically dominant at least since the declaration of the Monroe Doctrine.

Huntington identifies less than a handful of surviving world-class civilizations whose interactions would define the post-international world order: Western Civilization, Orthodox Civilization, Chinese Civilization, and Islamic Civilization. The core states of the first three are America, Russia, and China. Within the context of his model a number of major world powers lack civilizational spheres. These “lone states” notably include India and Japan. While it has a high level of culture, and deep historical ties to China, Japan is not a part of Chinese Civilization and yet it lacks a civilizational sphere of its own that would encompass other states. Had the Japanese Empire triumphed in the Second World War, Japan might have become a civilization in its own right – one dominating the Pacific.

Référence

https://russia-insider.com/en/history/iran-more-just-coun...

Pour en savoir plus
https://arktos.com/2019/09/01/the-leviathan-of-iranian-ci...

lundi, 06 janvier 2020

Stratagèmes : agir sur les représentations - La leçon chinoise

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Stratagèmes : agir sur les représentations

La leçon chinoise
 
par François-Bernard Huyghe
Ex: http://www.huyghe.fr

Inventant la sophistique et la rhétorique, les Grecs d’il y a vingt-cinq siècles mettaient en formules les premières techniques d’action sur le psychisme humain (les psychagogia). Pendant des siècles propagandistes, démagogues, publicitaires et autres manipulateurs ont cherché à reproduire à l’usage des foules et avec des moyens de masses ce que les orateurs athéniens faisaient à des individus en face à face.

La différence n’est pas mince, dans la mesure où le rhéteur grec se livrait à un duel : argument fort contre argument faible. Certes, il pouvait utiliser des syllogismes trompeurs ou jouer de l’émotion de ses interlocuteurs, mais il s’exposait à une réplique d’égal à égal : le philosophe, l’avocat, ou le politicien partisans la thèse adverse avaient un droit égal à la parole. Ils pouvaient, s’ils en étaient capables, réfuter ses raisonnements et dévoiler ses méthodes. Les plus habiles, comme Socrate, parvenaient à ridiculiser les beaux parleurs qui discouraient en vue de produire un effet et non de découvrir la vérité.

strch-36.jpgLa rhétorique est une stratégie symétrique du verbe : ce que l’un a fait, l’autre peut le défaire ou le contrarier. Les moyens (les arguments) sont disposés en ordre de bataille en vue de la victoire (la persuasion) et affrontent des moyens similaires, meilleurs ou plus faibles. Il y a enchaînement d’arguments comme en escrime, il y a enchaînement de bottes, feintes et parades.

Stratagèmes : agir sur la situation


Mais il est une autre source des stratégies de l’information : c’est la culture du stratagème. Donc de la tromperie. Un stratagème ou une ruse suppose que sa victime soit au minimum inconsciente de l’effet recherché. Par exemple abusée par une habile mise en scène, elle contribuera par ses actes à réaliser sa propre ruine. Ici tout le monde songe au cheval de Troie et aux ruses d’Ulysse. Monter un stratagème, c’est construire une sorte de machine où les actes de l’un et de l’autre vont s’enchaîner jusqu’à produire l’effet recherché C’est organiser des apparences et partant produire les conditions d’une situation. Elle tournera à votre avantage, non pas malgré mais à cause des efforts du rival ou de l’adversaire. Une relation évidemment asymétrique. Non seulement on économise ses moyens pour renverser plus fort que soi, mais surtout on recourt à des moyens auxquels il ne songe même pas. La perception de la réalité que se forme l’adversaire (ou un tiers qui coopérera sans le savoir dans le cas des stratagèmes les plus sophistiqués) est elle même utilisée comme un moyen. Il s’agit d’une tout autre bataille de l’opinion.

Ici, entrent en scène les stratèges chinois, dont le fameux Sun Tzu n’est que le plus illustre.

Certes, il existe d’autres cultures stratégiques de la ruse, notamment indiennes.

Certes il existe une tradition intellectuelle grecque de la ruse (la métis), et en cherchant bien dans l’Illiade, dans l’Anabase ou dans des traités comme celui d’Énée le Tacticien, on trouverait des exemples d’opérations que nous appellerions aujourd’hui de désinformation, d’intoxication, d’action psychologique…

Certes, les penseurs Chinois, de leur côté, n’ignoraient pas le pouvoir du Verbe et celui du raisonnement. Ainsi, il a existé une école philosophique Mingjia («École des noms»), celle des « mohistes » plus divers logiciens et sophistes dont l’habileté à analyser les problèmes sémantiques et à imaginer des paradoxes intellectuels pouvait rivaliser avec celle des Grecs.

Citons le plus célèbre, celui du cheval blanc de Gongsun Long : « Cheval blanc n'est pas cheval [...] Car si vous cherchez un cheval, on peut vous amener indifféremment un cheval jaune ou noir ; mais si vous cherchez un cheval blanc, on ne peut vous fournir ni un cheval jaune ni un cheval noir [...] C'est pourquoi, bien que le cheval jaune et le cheval noir restent identiques, ils ne peuvent correspondre qu'à « cheval » et non à « cheval blanc ». Il est donc évident que cheval blanc n'est pas cheval »

Pourtant, les arts de la persuasion évoquent plutôt le monde grec et les arts du stratagème et de l’influence, plutôt le monde chinois. La raison en est simple : dans chaque cas, il y a eu écriture, donc systématisation et technicisation de la chose. Dès le VI° et V° siècle avant notre ère, des auteurs aux deux extrémités de l’Eurasie notent et classent les méthodes qui assurent la victoire, qui dans un débat, qui dans une bataille.

François Jullien souligne très bien le contraste entre ces deux approches : « les deux procédures qui s’opposent ainsi – persuasion et manipulation – dépassent le cadre historique qui les a formées… soit on fait directement pression sur autrui par sa parole, à l’on fois l’on montre et l’on démontre, on met « sous les yeux » grâce à la véhémence oratoire en même temps qu’on s’attache à la nécessité exigée par le raisonnement ; et de fait l’éloquence contient bien à la fois le théâtre et la logique, les deux composantes grecques de notre histoire. Soit c’est sur la situation qu’on opère pour atteindre indirectement l’adversaire en l’orientant progressivement de façon que, sans se découvrir et par le seul effet de ce qu’on y avait impliqué, elle enserre autrui et le désarme. »

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La victoire en quelques idéogrammes

Aux manuels de rhétorique comme ceux d’Aristote (Topiques, Rhétoriques, Réfutations sophistiques), peuvent s’opposer les grands classiques chinois dont le plus connu est l’art de la guerre de Sun Tzu. Ce n’est pas par hasard que le général chinois du VI° siècle avant notre ère est si souvent cité dans les académies militaires les plus branchées, par les « infoguerriers » qui ont la moindre prétention intellectuelle, sans oublier la plupart des praticiens de l’intelligence économique. Ses sentences lapidaires comme « L’art de la guerre est fondé sur la duperie » ou « Sans mener de bataille, tâchez d’être victorieux » se retrouvent dans les manuels de management, alors que, depuis toujours, en Chine, la possession d’un rare traité de stratégie fait partie des fiertés d’un homme de culture.

Les praticiens connaissent bien d’autres classiques comme « les 36 stratagèmes » datant de la dynastie Ming ou le « Sac à stratagèmes » ou encore « Le Tao du Prince » (Han Fei).

La notion chinoise de stratagème peut se comprendre de deux façons

- soit comme des répertoires de manœuvres guerrières (qui peuvent être aisément généralisées à la lutte politique, aux affaires, voire à la vie personnelle ou amoureuse).

- soit comme une vision générale des relations humaines, une pensée de l’opportunité, de l’efficacité et de l’incitation, un art de faire éclore en amont et en douceur les possibilités latentes dans chaque situation. Bref une première philosophie générale de l’influence.

Dans la première perspective, taxinomique et pratique, les stratagèmes se prêtent à classification. Souvent figés en formules faciles à retenir, ils offrent des recettes, une panoplie toujours prête en cas de besoin et ne demandant qu’à être adaptée au cas qui surgit.

Dans cet esprit, les 36 stratagèmes qu’un des meilleurs commentateurs, Pierre Fayard qualifie de « version vulgarisée de Sun Tzu », fourmillent de ces sentences laconiques en quelques idéogrammes ( 36, le nombre 36 faisant référence aux diagrammes du Yi King). Elles sont illustrées par une série de cas et se déclinent au gré de l’imagination du disciple.

strch-gongsunlivre.gifL’expression est souvent imagée. Ainsi « Tuer avec une épée d’emprunt » signifie qu’il peut être utile de faire accomplir son travail par d’autres. « Cacher dans la lumière » suggère, sur le modèle de la lettre volée d’Edgar Poe, de dissimuler ses plans en semblant agir de la façon la plus banale. « Encercler Wei pour sauver Xaho » plaide en faveur des opérations secondaires qui permettront de profiter des vides qui se créeront dans le dispositif adverse. « Mener grand bruit à l’Est pour attaquer à l’Ouest » peut se comprendre comme une incitation à envoyer de faux signaux à l’adversaire pour l’amener à disperser inutilement ses forces. « Sacrifier le prunier pour sauver le pêcher » est une façon de dire qu’il faut parfois abandonner quelques petits avantages pour en gagner de grands…

Certains stratagèmes se réfèrent à des cas exemplaires historiques. Ainsi, « Montée discrète à Chencan » fait allusion fait allusion à un stratège qui fit très ostensiblement réparer le pont menant à une province ennemie pour, finalement, l’attaquer par un chemin de montagne, là où personne ne l’attendait. « La ville vide » renvoie au coup de génie de ce général qui, sachant que la cité qu’il défendait ne pourrait résister à un siège, en fit ouvrir toutes les portes et s’installa pour jouer de la flute sur la plus haute tour, de telle sorte que l’assiégeant déconcerté n’osa pas s’engager dans ce qui paraissait un piège…

Avec un peu d’imagination, il est possible transposer ces principes chinois aux affaires, à la politique ou aux stratégies amoureuses. Il existe d’ailleurs d’excellents manuels pour cela.

Une philosophie de l'influence efficace


Mais la stratégie chinoise est aussi cette philosophie de l’influence évoquée plus haut.

Elle en interprète d’abord le principe de façon agressive. Utiliser l’information pour vaincre ce peut être dégrader les défenses morales de l’adversaire, l’affaiblir et le diviser en n’utilisant que des mots ou des signes. Ce peut être s’en prendre à ses plans, à son organisation, à son moral, à sa confiance en soi pour le rendre présomptueux afin de le pousser à la faute ou au contraire craintif et indécis.

strchhanfeilivre.jpgSun Tzu dit la chose sans fioritures : « Discrédite le bien, compromets les chefs, ébranle leur foi, utilise des hommes vils, désorganise les autorités, sème la discorde entre citoyens, excite les jeunes contre les vieux, ridiculise les traditions, perturbe le ravitaillement, fais entendre des musiques lascives, fournis des concubines, répands la luxure, débourse, sois renseigné. ».

Il s’agit de s’en prendre à l’adversaire en amont, avant qu’il se soit mis en action et peut-être même avant qu’il songe au conflit. Il s’agit ensuite de l’attaquer en profondeur dans les ressorts mêmes de sa volonté et dans les principes en fonction desquels il évaluera la situation. Il s’agit enfin de le pousser à suivre sa propre pente, à développer le trait de caractère – méfiance, arrogance, mollesse – qui peut le plus le desservir mais qu’il portait déjà en lui.

Sun Tzu consacre un chapitre entier de son traité à la division chez l’ennemi et en propose cinq catégories : division au dehors, division du dedans, division entre les inférieurs et les supérieurs, division de mort, division de vie. La première consiste à détacher du parti adverse les habitants des villes et des villages sous sa domination. La seconde (division du dedans) à corrompre ses meilleurs officiers, la division entre inférieurs et supérieurs à mettre la mésintelligence entre les différentes composantes des forces ennemies. La division de mort correspondrait assez bien à la définition moderne de l’intoxication : faire parvenir à la cible de faux avis sur ses propres forces et ses propres plans, mais aussi faire croire à l’adversaire que ses généraux sont prêts à le trahir pour l’amener à se défier de serviteurs fidèles. La division de vie, enfin, est un pure et simple corruption : répandre de l’argent sur ceux qui viennent du camp adverse se mettre à votre service… Subversion, désinformation, opérations psychologiques, …, il n’y a rien que n’aient inventé les modernes stratèges de l’information et que l’on ne puisse rattacher à un principe de Sun Tzu.

Cette mise en condition de l’ennemi s’inscrit dans une logique de l’anticipation qui s’applique aussi bien au renseignement préalable qu’à la préparation des approvisionnements ou à la prédisposition des troupes : évaluer dès les premiers indices les potentialités de la situation, qu’elles soient matérielles ou psychologiques, pour favoriser celles qui vous sont favorables comme pour saisir immédiatement celles qui vous sont favorables. Cette logique s’inscrit dans les cadres traditionnel de la pensée chinoise, qu’il s’agisse de la notion du « wei wu wei », faire advenir sans agir, de celle d’opportunité ou de celle de « potentiel » de la situation qui peut évoluer, ou encore de l’économie de moyens. « Ceux qui sont experts dans l’art de la guerre soumettent l’armée ennemie sans combat. Ils prennent les villes sans donner l’assaut et renversent un État sans opérations prolongées » dit encore Sun Tzu.

Les choses, les gens, les informations

Les stratèges antiques nous enseignent au moins trois façons d’utiliser l’information pour vaincre :

- Soit réduire sa propre incertitude (avoir un bon renseignement, posséder des connaissances qui permettent d’être plus efficace et de prendre de bonnes décisions). Ceci suppose corollairement de mettre son adversaire en infériorité en ce domaine, tantôt en préservant bien ses secrets pour se rendre impénétrable, tantôt en accroissant son incertitude, en faussant sa perception de la réalité
- Soit envoyer des messages à sa cible pour la séduire, la convaincre, obtenir son assentiment, lui faire peur, bref pour produire directement la réaction psychologique recherchée.
- Soit enfin en rendant l’autre prévisible, en agissant sur sa façon de penser, en changeant son code ( y compris son code moral ou son code linguistique…)

strchtaoprince.jpgLa première méthode agit sur les choses (par le savoir que l’on acquiert et dont on prive l’autre), la seconde sur les gens pour les faire réagir d’une certaine façon (acheter, voter, adhérer, faire la guerre…) Mais la dernière agit sur l’information et sur le sens qu’elle prend pour les acteurs…

Quand Sun Tzu conseille d’avoir des espions partout, cela ressort à la première catégorie, quand il suggère de feindre l’inactivité au moment où on s’apprête à lancer son attaque, à la seconde. Mais quand le général chinois recommande de songer au moral de ses troupes et de démoraliser les adversaires de leur instiller une fausse confiance avant les hostilités, il se range dans le troisième cas de figure.

vendredi, 03 janvier 2020

Royalisme ontologique ou idéologie royaliste ?

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Royalisme ontologique ou idéologie royaliste ?

par Michel MICHEL

Au début des années 60 (il s’est bien amendé depuis), Alain de Benoist, était alors leader maximo d’une Fédération des étudiants nationalistes qui professait une idéologie panblanchiste (« du Cap à Atlanta »). Sous le pseudonyme de Fabrice Laroche, il avait publié un Dictionnaire du nationalisme dans lequel il définissait le nationalisme comme « l’éthique de l’homme occidental ». Dès lors que l’idée de nationalisme était coupée de la réalité de la communauté française, elle devenait le réceptacle de tous les fantasmes et la source des pires dérives.

Je crains qu’à trop se centrer sur une conception ontologique, sans rapport avec la France réelle, ignorant des obstacles concrets qui résistent à notre action, notre royalisme ne devienne au mieux que l’adhésion à un archétype (qui comme tout archétype se suffit à lui-même) et au pire à une idéologie.

Ce n’est pas la Vie, ni l’Enfance que sauve une mère, c’est son enfant.

Vladimir Volkoff écrivait : « Mieux que des Principes, nous avons des Princes. » C’est cette fidélité à une communauté – la France -, à une histoire particulière, à une famille et à un Prince en chair et en os (et non un support de projections), qui permet aux royalistes d’échapper à la folle raison des idéologies.

J’apprécie bien l’œuvre de Maurras pour fonder le royalisme en raison. Mais le raisonnement doit précisément mener à cette fidélité incarnée, sinon, la pure passion idéologique risque de finir dans les néants de la Légion Charlemagne.

En mettant l’accent sur l’être du royaliste, ne risque-t-on pas d’essentialiser le royalisme ? Je suis royaliste parce que je suis Français et que la monarchie capétienne est constitutive de notre nation. Mais la part helvétique que je tiens de mon grand-père se rebifferait si on voulait imposer une monarchie dans une Suisse qui s’est constituée contre la domination des Habsbourg et se porte relativement bien d’une démocratie tempérée par la décentralisation et des mœurs traditionnelles. Et si j’étais Italien, je ne crois pas que je serais partisan de cette Maison de Savoie qui fut porteuse de ce projet subversif que fut le Risorgimento.

Une ontologie de la Royauté passe encore, les idées platoniciennes et le Roi du Ciel pourraient le faire accepter… Mais essentialiser le royalisme ?

Maurras pouvait écrire : « Je suis de Martigues, je suis de Provence, je suis Français, je suis Romain, je suis humain. » « Être royaliste » n’est pas du même ordre; ce n’est pas une identité essentielle mais une conséquence de l’être Français, le moyen de défendre le bien commun de cette communauté de destins qu’est la France.

De la dérive éthique au prince à la carte

Comme ces fidèles des petites Églises parallèles qui se félicitent d’assister à des messes aux rites les plus raffinés où les volutes des encens capiteux baignent les dentelles et les ors, sans se poser la question de l’Église à laquelle se rattache le desservant ni même si le prêtre a été ordonné par un évêque ayant reçu la tradition apostolique, des royalistes se vouent parfois à un Prince lointain, qui, parce que lointain, ressemble tant à leur idéal de chevalier blanc de conte de fées. « Je ne prétends à rien, je suis » aurait dit Luis Alfonso de Borbon, la formule est belle, mais suffirait-elle à légitimer un prince non-dynaste ?

D’autant plus que cette formule pourrait servir de devise à tous les innombrables descendants secrets de Louis XVII, les Grands Monarques et autres élus sur le mode davidique qui, depuis la Révolution, surgissent dans tous les cantons de France et de Navarre.

Je n’ai aucun mépris pour ces prétendants cachés, j’en connais personnellement trois (dont l’un a été un grand esprit); ils relèvent au moins autant d’une pathologie historique et sociale que d’une maladie mentale individuelle. Quand une société subit un traumatisme majeur, – et l’interruption d’une dynastie vieille de mille ans qui a constitué la France est un traumatisme majeur -, la conscience collective cherche à cautériser cette béance par le déni. Cela se traduit par le sébastianisme au Portugal, les tsarévitchs retrouvés en Russie ou les retours prophétisés de Frédéric Barberousse. Cette conscience malheureuse se cristallise sur celui se croit investi pour « re-présenter » le Roi absent.

Je serais plus sévère pour la petite cour de ceux qui, par démagogie et par goût du rêve, flattent ces crypto-prétendants, comme les adultes feignent de croire au Père Noël devant les petits enfants.

Eh bien ! Chacun de ces élus secrets peut s’écrier : « Je ne prétends pas, je suis. » Cette formule reflète peut-être une conviction intérieure mais n’atteste en rien d’une légitimité dynastique.

Quoiqu’il en soit, je suis assez ancien militant pour me souvenir qu’avant les années 1960, la question dynastique ne se posait pas. La distinction entre orléanistes et légitimistes était obsolète depuis la mort du comte de Chambord (« Les princes d’Orléans sont mes fils »). La branche espagnole des Bourbons n’était pas dynaste; non pas tant à cause du traité d’Utrecht qu’en raison des lois fondamentales du Royaume (le principe de pérégrination est fixé depuis le XVIe siècle), de la jurisprudence (la Cour et les Parlements tenaient en permanence le tableau de l’ordre de succession où les Bourbons d’Espagne ne figuraient pas), et l’esprit des lois (c’est pour ne pas dépendre d’un Carolingien vassal de l’Empereur que les barons et évêques francs élisent Hugues Capet et pour ne pas subir un roi anglais que l’on déterre la vieille loi salique).

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Dans les années 60, le comte de Paris qui s’était éloigné de l’Action Française et fréquentait (horresco referens !) des élus radicaux-socialistes et des syndicalistes, avait soutenu De Gaulle lors d’un référendum et une tentative de Restauration appuyée sur le Général s’était amorcée. Or, la plus grande partie des royalistes s’était engagée dans le combat pour l’Algérie française et vouait une haine viscérale à De Gaulle qui se reporta sur le Prince.

C’est dans ce contexte que le malheureux duc de Ségovie se mit à prétendre à la Couronne de France, avec, dit-on, quelques fonds secrets espagnols, Franco ayant fait le choix de Juan Carlos pour lui succéder, il s’agissait d’écarter une des branches concurrente des Bourbons d’Espagne.

L’Action Française, gardienne de l’orthodoxie royaliste, affaiblie dans la défaite de l’Algérie française, certains royalistes par dépit ou par méconnaissance soutinrent la cause du duc de Ségovie comme les ultras de la Ligue avaient soutenu les Guise par défiance envers une Maison soupçonnée de pactiser avec les Huguenots ou comme la passion anti-communiste avaient amené certains à combattre aux côtés des Allemands sur le front de l’Est.

Les partisans du duc de Ségovie et de ses successeurs relevèrent l’appellation de « légitimistes » et qualifièrent ceux qui continuaient à reconnaître Henri comte de Paris pour leur prince légitime, d’« orléanistes »; ce qui était particulièrement injuste car d’une part ces derniers sont évidemment partisans du Roi légitime et d’autre part ils se réclameront certainement plus des « légitimistes » du XIXe siècle que des « orléanistes » de cette époque.

Curieux « légitimisme » qui se présente comme un purisme mais dont les motivations consistent à choisir son Roi en fonctions de critères idéologiques, et qui aboutit enfin à la multiplication des prétendants de fantaisie…

Car le flottement sur la légitimité dynastique va entraîner chez beaucoup une position d’abstention plus ou moins (mal) justifiée par un pseudo-providentialisme (« Dieu désignera son élu »), ou encore un assez vulgaire pragmatisme (« Je reconnaîtrai le premier qui parviendra à se faire sacrer à Reims »); toutes les spéculations deviennent permises : s’il faut ne tenir compte que de la loi de primogéniture, alors ce sont les Bourbons-Busset qui sont les rois légitimes. Pourquoi pas un roi anglais ? Un Carolingien pour faire l’Europe ? Un Mérovingien qui prétendrait être issu du Christ et de Marie-Madeleine pour profiter de la vogue de Da Vinci Code ? (Tiens je n’ai pas encore entendu parler d’un prétendant qui descendrait de Vercingétorix, la place est à prendre). Et puis finalement pourquoi pas cet illuminé qui se prétend descendant secret de petit Louis XVII ? Pourquoi pas moi ? Et si l’humour m’empêche de suivre cette pente paranoïaque, je me résignerai à proclamer : « Vive le Roi de Patagonie ! »

Je ne crois pas que cette dérive réalise « l’Universelle Monarchie » à laquelle faisait allusion Henry Montaigu; elle en est la caricature.

Mon intention ici n’est pas de traiter de la légitimité dynastique, mais il me semble que le détour sur ce thème illustre les aberrations auxquelles peut aboutir une mentalité qui met trop exclusivement l’accent sur l’éthique et l’esthétique en oubliant tout principe de réalité.

Michel Michel

• D’abord mis en ligne sur Action Française, le 27 novembre 2019.

jeudi, 02 janvier 2020

Winter & the European Soul

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Winter & the European Soul

If you’re milling around Counter-Currents, you’re probably savvy to the notion that human beings are biological creatures, that we are shaped and molded by our environment’s ruthless Darwinian pressures into our present form. To think this way is heresy in the contemporary West. To consider the possibility that man is subject to the laws of nature offends the prideful sensibilities of our Gnostic and Luciferian elites. To think of oneself as a thread in the great tapestry of being offends the petty individualism of the modern Westerners. We reject human biodiversity, we arrest speakers at [2] human biodiversity forums, and such forums are besieged by vile, black-clad political terrorists. And yet we need to think that way, and men persist in thinking, researching, meeting and discussing because we are drawn to that most ancient of philosophers’ dictum – Know Thyself, so that we may live in accordance with ourselves.

The first order meanings derived from the facts of human biodiversity are well known: there exist racial differences in IQ, probably racial differences in behavioral patterns, and also sexual differences in behavior. This has enormous implications for every human endeavor where the races and nations of man have to be considered in common. You can always take the reductionist and uninspired route which I like to call Rue du Molyneux after its baldest and most obnoxious traveler, but has been pithily named “IQ nationalism” by cleverer men than me. It entails, among other things, welcoming our new Han overlords because their average IQ is marginally higher (or more exactly, the average IQ of a fellaheen China is higher than the average IQ of a severely degenerated West). Or you can delve deep into what makes the Western soul different from that of other men.

The second order meanings derived from the facts of human biodiversity are not to be found in charts of IQ by race, in FBI crime statistics, or in GDP per capita rankings. Rather, they are to be found in thick, dusty books, in soaring cathedrals, in religious fervor, in thunderous symphonies and the infinite vistas of visual art. Acknowledging our debt to the Taylors, Duttons, Sailers, and Rushtons of the world, we seek out the Spenglers, Evolas, Vicos, and Duchesnes, who can teach us the how, the why and the whence of the Tolkiens, Michelangelos, Bonifaces, Tchaikovskys, and Toulouse-Lautrecs. I find that awe is the sense of being humbled and uplifted at the same time. To experience beauty is to experience the numinous. To experience the numinous is to feel human and alive, to have a momentary respite to the suffering and alienation inherent in modern life. Beauty is to the soul what bread is to the body. Whence this outpouring of incomparable beauty? Do lend me your ears, friends, for I have a theory.

White people are ice people. Our ancestors lived in some of the coldest regions of the planet. They lived through the coldest and darkest of winters by the skin of their teeth. Cold winter theory explains our high IQ and low time preference. But once you’ve built the stout hall and kindled the great fire and loaded the storehouse with food to last until the distant spring, what do you do? And here, I believe, the uniquely European love of beauty arose – beauty was something to think about in those long winter nights, where to leave the house meant death. Beauty of tale, song, and vision. Beauty of togetherness. Beauty of warmth.

Man in deep winter is man under siege. Man the hunter, man the walker, and Indo-Aryan man the horselord in particular is a creature which craves the thrill of roaming. The all-American cult of the open road, the steppe nomad’s reverence of the open sky, the Mediterranean reverence for boat and sea, the pilgrims’ journey to Canterbury, all speak of our love of travel, all reflect the great urge to move about unmolested and unconstrained. Western man’s soul is entwined with the Spenglerian prime symbol of a force vector hurling its energies into infinite space. Western man the explorer, Western man the conqueror loves movement. Winter is a hard limit on that urge. The boxed energies of Western man then turn inwards. I believe that the immeasurable depth of the Western soul is derived from this immense energy burrowing ever deeper into the self, in the dark, dead of winter. The claustrophobia of winter creates the dreams which fuel art, faith and joy. Cold is a prison cell. The body is entrapped by low temperatures, it tends towards motionlessness in winter. To move is to expend valuable energy, to leave the house is to expose oneself to the deep darkness of winter. And yet the mind can be neither slowed down nor stopped.

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In this deep winter, we find ourselves dependent upon our family and friends. I imagine that the long halls of the old kings were full of huddled people, relying on one another to live through the dead of winter. To be white, to be a creature of the North, meant being with others. Alone, man is easy pickings for Jack Frost and his many ravenous nasties. When philosophers talk of a social contract (or more correctly, a social compact), they do not speak of a document which has been signed and notarized, as the autistic libertarian would have you believe. I’ve observed that relations among friends, and lesser financial obligations function much like the electron cloud theory of the atom. Because of Heisenberg’s uncertainty principle, one can either measure the momentum or position of the electron, but not both with sufficient precision. For this reason, the electron cloud represents various probabilities that a given electron is in a given position vis-à-vis the atomic core. I believe that petty obligations between friends, including financial ones work in the same way – minor expenses are not exactly tabulated, but a certain amount of giving is expected from those who mean to take in the future or past, adjusted for the ability to give. This is a good way of accounting for the unaccountable, which is to say living in a society of informal giving and taking with a tolerable dose of uncertainty. For this reason, we have the typical European altruism. In its degenerated form, it is the bane of our people, but this is true of every virtue – it becomes a vice in its excess. But I believe that the electron cloud model of mutual obligations among friends is applicable to the mutual obligations between members of human society, especially European society, which relies on communality and altruism far more than other societies.

In order to avoid this very inhumane accounting for giving and taking, in order to not live as slaves to ledgers, we have cultures of giving. And giving, I wager, is one of those things that keeps us sane. We are paradoxically the people most evolved to be communal, due to the harsh winters, and yet the most individualistic, due to the inward direction of our expansionist energies in the days of dark winter. In the dead of winter, Western man falls prey to solipsism and navel-gazing, alienating himself from his friends and family. This inward thinker has somehow found that it is impossible to prove to oneself that other conscious beings exist. I do not know if my friends exist – they might be fever dreams cooked up by a demon intending to deceive me, as per Descartes. How do we square this circle?

It is my belief that love, in all four of its manifestations, is the answer. Love is the soul’s response to the increased perceived probability of the existence of another soul. And love of one’s neighbor must be reinforced – I do not believe in love without physical action. We who intend to live as men, and not animals, must give if we are to take in the future. We give, even without reward, because we hope, in the future, to receive. We give because we want to live as men among men. And the darkest of days, when we are most at risk of forgetting our place among our people are the days of our festivals of giving. Christmas is a celebration of our nature as creatures both individualistic and communal, of men as threads in a great tapestry, but each king under his roof and each dreamer in his soul. We give to feel human.

A grey chill descends upon my city. It looks like another snowless December, as a dense fog envelops the senses and penetrates deep into my garments. I leave my office for my lunch break to meet my wife. We take a stroll by the river. We see some ducks and a black waterfowl which is larger than a duck, but smaller than a swan. We kiss. “Your mustache is wet.” The fog gets everywhere. It carries the cold with it. The sun looks quite eerie through the fog, a whitish ball of light, like the disembodied eye of some ungodly deepwater fish. I hug my dear. The warmth of her body radiates through many layers of clothing. The warmth of her soul reassures me that I am not alone in the universe.

Orthodox Christmas doesn’t come until January. But in deep December, at the Solstice or thenabouts, we celebrate the feast of St. Nicholas, bishop of Myra, Miracle-worker. I am personally associated with St. Nicholas and his feast for more than one reason. St. Nicholas was born to wealth, but he became a monk and gave away all his wealth to the poor. He gave his wealth to three poor girls so that they may have dowries and find husbands and find joy. He snuck gold coins into their socks as they were drying out. But when the youngest was getting married, it was the dead of winter and the house was boarded shut, so St. Nicholas shimmied down the chimney to drop the gold coins in the girl’s socks, which were hanging from the fireplace.

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In the West, St. Nicholas is Santa Claus, and Santa Claus is a composite figure – not only is he the kind and giving Bishop of Myra, but he is also an avatar of the All-Father, of Odin, who was himself a wanderer and miracle-worker. Santa Claus is many things, but he embodies the principle of giving, of belonging and good cheer even as the days grow ever shorter, even in the longest nights around the Solstice.

The cold, the snow, the darkness, the endless sky have sculpted European man. We are children of winter in a way no other people are. We love winter like no other people do. We fight with snowballs, we ski, we sleigh and we build snowmen. American children look to snow to give them respite from the tyranny of government schools, if even for a day. There is a beauty to a winter night that is to be found in no other landscape image. The European soul is the product of the winter night. It is warm, tender, yet rough and adventurous, both individualistic and communal, at peace with contradiction and uncertainty, basking in that greatest joy of winter — the communal dream of spring.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2019/12/winter-and-the-european-soul/

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2019/12/Pieter_Bruegel_the_Elder_-_Hunters_in_the_Snow_Winter_Detail-scaled.jpg

[2] arrest speakers at: https://www.counter-currents.com/2019/11/greg-johnson-arrested-in-norway-for-thoughtcrime/

 

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vendredi, 20 décembre 2019

The 3,000-Year-Old European Social and Moral Code

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The 3,000-Year-Old European Social and Moral Code

The Iliad and the Odyssey can be read as a guide to common sense as well as a guide to cultural assimilation.

homere-buste.JPGEuropean culture formally began with the books of Homer. These European cultural stories were popularized in Europe approximately 3,000 years ago and then written down by the poet Homer about 2,700 years ago. One of the major themes in Homer is the concept of Xenia. Xenia defines the behavior expected from local European residents toward travelers, strangers, and even immigrants. Xenia also defines the behavior that is expected in return from these guests, these strangers in a strange land. The concepts presented in the Iliad and the Odyssey are considered the foundation of the European cultural tradition termed the code of hospitality or the code of courtesy.

The European tradition of Xenia was incorporated into the emerging Christian traditions in the 1st through 4th centuries. The tradition of Xenia has lasted far better in Eastern Orthodox European cultures than in Western Europe and the English speaking colonial nations. The Eastern Orthodox Church and the countries of Eastern Europe have struggled against many invasions by strangers for over a thousand years. There was the Tartar invasions, Muslim invasions, Roman Catholic inspired invasions and even Communist invasions inspired by the western banking cartels. Xenia remains an important cultural touchstone that is a useful tool in the preservation of European cultural norms. Nowhere in the study of Xenia does the concept of Xenophobia arise. There was no fear of the stranger. Strangers were expected to abide by the European social code defined by Xenia or they could expect to be beaten senselessly or simply killed for their transgressions.

The Iliad and the Odyssey can be read as a guide to common sense as well as a guide to cultural assimilation. In the Iliad we have the hubris and errors of youth presented that destroy great families and great nations. In the Odyssey similar subjects are presented on a more personal level. Odysseus, King of Ithaca, offended the Gods and found himself on a journey for ten years trying to get back home. The better part of the Odyssey can be seen as a study of good Xenia Vs. bad Xenia. The moral lesson of the Odyssey is don’t offend God and practice good hospitality.

So what is Xenia? Good Xenia is to treat a traveler as a guest and give them food, warm clothing if needed, sleeping quarters, protection, entertainment and perhaps a ride home. The guest is expected to return gratitude, courtesy, loyalty, an appropriate gift and then tell their story and revel who they are. It is considered in bad form to lie to make your story sound more impressive.

After the host has provided the guest with hospitality he may reasonably ask the guest who he/she is and what is the nature of their business. The general theory is that the guest could be God in disguise. God could be testing the character of the host to see if he/she has good moral character. If a person is a good host he/she avoids sinning and the resulting punishment and potential retribution of God.

A guest must never overstay their welcome or eat up all the food, or take advantage of the host, or be disloyal. The guest must not be violent or force sex upon women. The reward for bad Xenia is a severe beating or death. Generally speaking, any display of hubris will result in punishment from God. One of the worst things that can happen to anyone is to have the wrath of God fall upon him or her.

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In Eastern Europe these traditions of Xenia are less formal today than they were in earlier centuries, but they are still very much a part of the cultural norm. If you plan on visiting Eastern Europe or doing business there, it is important to study up on Xenia and to follow the general formula of Xenia. Some common traditions are to never eat the last piece of food. Never drink the last of the wine or beer or coffee. It is considered rude. If your host is poor it may place a hardship upon them. If you do business in Eastern Europe, put all your cards on the table. Always bring people appropriate gifts and bring food and drink to meetings. Always buy them the best meal you can reasonably afford.

If you think that you can behave in Eastern Europe like people do in New York City, guess again. If you think that cheating people proves what a cleaver businessman you are, you may get exactly what you deserve. Consider yourself fortunate if they only act like “thugs” and beat you up. You may well succeed in getting the best of an Eastern European in a business deal, but it is unlikely you will live to enjoy it. The reason can be explained in the 3000-year-old cultural tradition of Xenia. Western Europeans would be well advised to dust off their copies of Homer.

vendredi, 13 décembre 2019

Beowulf: England’s Myth

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Beowulf: England’s Myth

Listen, there’s a poem, it speaks in the voice of England’s past like a flame beyond the language of the living. It’s more than a thousand years old and yet it still speaks to us. It’s called Beowulf.
–Michael Wood, Professor of Public History at the University of Manchester

Long before I learned how to read it in its original form, I understood that the Beowulf manuscript was the foundational text of my people: a sort of Nordic Summa Theologica, and a glimpse of what a northern Homer might have produced. It is an epic oral tale of a Swedish hero which, ironically, defines what it means to be English. It is also a quintessentially Anglo-Saxon work of Germanic origin, spoken by warriors with swords gripped firmly in their hands as they sailed up the east-coast estuaries. Their scops stood to recite the poem before war bands who had their minds set on forging a nation:

Yes, we have heard of the glory of the Spear-Danes’ kings in the old days
How the princes of that people did brave deeds.
Often Scyld Scefing took mead-benches away from enemy bands
From many tribes, terrified their nobles – after he was first found helpless.
He lived to find comfort for that
Became great under the skies
Prospered in honors until every one of those who lived about him
Across the whale-road, had to obey him, pay him tribute
That was a good king

Those dry vellum pages of the Beowulf manuscript – which only narrowly survived a devastating fire in Ashburnham House in 1731 – have provided a scintillating word-hoard that has dramatically impacted our indigenous British culture, society, and language. Of this, Merton Professor of Anglo-Saxon J. R. R. Tolkien once wrote, in “Beowulf: The Monsters and the Critics”:

The significance of a myth is not easily to be pinned on paper by analytical reasoning. It is at its best when it is presented by a poet who feels rather than makes explicit what his theme portends – who presents it incarnate in the world of history and geography, as our poet has done.

These expressions are as familiar to us today as the shadows we cast when we stroll our village lanes around Rendlesham in Suffolk, the home to the Wuffinga royal line. They are our ancestral stories, such as the Battle of Brunanburh in 937, perfectly encapsulating the notion of the arrival myth:

Since the Angles and the Saxons
Came up over the broad waves

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It is literally our nation’s most precious relic, relating events of war, vengeance, and battling monsters in late fifth-century Scandinavia. Nevertheless, both its author and the location of its final composition are unknown. Scholars have speculated that it has East Anglian pagan roots, linking it to King Raedwald and Sutton Hoo. Others guess that its Christian overlay was added many centuries later, when it was copied into the Late West Saxon dialect in the scriptorium at Malmesbury.

The work’s descriptions of Anglo-Saxon material culture – ships, rich burials, inscribed swords, elaborately-decorated royal halls – and our ancient customs still resonate today:

Hrothgar presented Beowulf with a gold standard as a victory gift
An embroidered banner, also a breast plate
And a helmet and a sword carried high,
That was both precious object and a token of honor

Kingship was revered in those days, and the people’s trust and tribal loyalty had to be earned. This is symbolized in the poem by the Danish King Hrothgar’s establishment of Heorot:

Now it came into his mind

That he would command the construction of a huge mead hall
A home greater than Middle-earth had ever heard of
And share the gifts god had bestowed upon him with young and old,
There was music of the harp and sweet minstrels singing
Perfect in telling of the remote first making of the race of man

One way for a war-leader to earn such recognition was through acts of valor, an opportunity afforded to Beowulf when Heorot is assailed by a fen-dwelling creature called Grendel:

Gliding through the shadows the walker in the night,
The warriors slept all but one and this man kept an unblinking watch
Waiting pent heart swelling with anger against his foe,
And from off the misty moorlands eerie fells came Grendel stalking
He moved through the dark and saw with perfect clearness the gold plated hall
The mead drinking place of men
The door gave way at the touch of his hands
Raging flames wreckage bent he tore the hall’s jaws
Angrily advancing, from his eyes shot a light,
Before the wall he saw a host of young warriors
And in his heart he exulted, the horrid monster
All his hopes swelling for a glutinous meal,
As a first step he set his greedy hands on a sleeping soldier
He tore him and gnashed at his bone joints bolted huge gobbets
Sucked at his veins and soon had eaten the man down to his fingers and feet,
Then he moved forward to seize our warrior Beowulf,
Stretched out for him with his spite filled fist
But the faster man forestalling rose up on his arm and gripped that sickening hand,
Hateful to each was the breath of the other,
Gripping the giant shoulder frame
Shoulder muscles praised apart
A snapping of tendons, bone-locks burst,
The arm of the demon was severed from his side
And Grendel flew death-sick to his joyless den
Where he knew the end of his life was in sight,
Beowulf had cleansed Heorot
Saved the hall from persecution
And as a signal to all, the hero hung the hand, the arm torn off shoulder
The entire limb, Grendel’s whole grip beneath the soaring roof!

He then follows this up by killing Grendel’s malice-filled mother as well:

Then he saw among the armor on the wall
A great sword from former days,
This wonder was so enormous that no other man
would be equal to bear it in battle play,
The Geat champion shaking now with war rage
Caught it by the rich hilt and careless of his life
Brandished it in circles and brought it down
And thrust it into the neck,
The blade sheared through to the backbone
The sword was gory, he was glad at the deed

Beowulf’s actions bring him fame and glory amongst his own people. This set an example for the Anglo-Saxons, whose own royal houses claimed direct descent from the Danes, Geats, and Swedes such as King Hygelac, who the poem mentions as being one of Beowulf’s relatives, and who we know from other sources lived at the time the oral story is believed to have first been told.

Men and women would have listened intently to the beautifully lyrical evocation of their imagined past as they sat transfixed next to crackling hearth-fires. They would have felt the terror and excitement of their hero’s daring adventures, all the while learning what leadership and manhood really meant through the myth-making fable. The war captain and Bear-Warrior rallies his kinfolk and secures them from external threats, defending his realm in the face of mysterious beasts, which are really cyphers for much deeper psychological fears such as societal fracture, the breakdown of tradition, and the instinctive dread of the unknown other. The poem likewise explores themes of passing time, loss, and the inherent glamor and dangers of masculine societies.

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The manuscript, which is the longest extant poem written in Old English, is kept in the Cotton Vitellius archive. It had first resurfaced during the Elizabethan period in the collections of antiquaries, and was translated into modern English by John Richard Kemble in 1837. Although it was always recognized as a classic of English literature, many scholars at first thought it to be too digressive and confusing. Itwas eventually championed during the Victorian era, when the vogue for all things Anglo-Saxon was at its zenith, due in part to the ethos of the British Empire’s administration attempting to rationalize their success at colonizing most of the known world by explaining their own uniqueness, both to themselves and their subjects.

The poem frequently references German legends that would have been known to its audience, but which are lost to us today. Exceptions are the allusions to Heremod, Finn, Offa, and Eormenric, and a poet at Hrothgar’s court praising Beowulf following his defeat of Grendel and his mother by comparing him to Sigemund. The story opening with reminiscences of Scyld Scefing, the father of Danish and English kings, and explaining how he “was a good King.” This is the key philosophical point underlying the whole poem: It is an exploration of kingship, condemning bad rulers who oppress their people by putting their own interests first while praising those who are generous and prudent, and who take the time to make considered judgments. It is a cogent thesis on power and how it is used in different ways – physical strength, mental determination, and political acumen – and recognizes how each can be used to either good or bad effect, as well as how power and influence grows and withers with time. It likewise acknowledges that despite the fact Beowulf has the strength of thirty men, nature, the seasons, and death will inevitably overcome such transient successes – and power, like the sea, will inevitably overwhelm a low sandy coastline.

This creates a poignancy that is even more effective when one considers that although the final written version is aimed at the sensibilities of a rapidly Christianizing community, and that it speaks of an all-powerful singular God – “God, the guardian of glory, may ever work wonder after wonder” – it was a God whose East Anglian, Northumbrian, and West Saxon armies, made up of recent converts to Christ, were thwarted by the pagan Penda in a number of bitter engagements in the mid-seventh century. Penda’s victorious Mercian men seized a bishop’s headdress, a portable shrine or reliquary, a golden garnet-encrusted cross, helmets, over one hundred fifty swords, and seax fighting knives. One piece bears the very telling inscription: “Rise up, LORD, and let thy enemies be scattered; and let them hate thee before they flee.” This indicates that it was used as a battle talisman during the internecine fighting between the rival early Anglo-Saxon kingdoms. All of these were disfigured as war-booty and buried as offerings to Penda’s ancient gods, only to be discovered in Lichfield fourteen hundred years later as part of what has now become known as the Staffordshire Hoard.

This was find so emblematic of our nation’s birth that it has breathed fresh life into the study of a period that has lain dormant for far too long; a six-hundred-year epoch that solidified an identity that still stands strong. It reiterates the importance of a poem in which Beowulf dies, and is commemorated by pre-Christian rites. His afterlife is forever dependent upon his memory being upheld by the traditions of his people:

A boat with a ringed neck rode in the haven
And there laid out their Lord and Master, the giver of gold
In the waist of the ship in majesty below the mast,
A mound of vast treasures from far countries was fetched aboard her
And it is said that no boat was ever more bravely fitted out
With the weapons of a warrior
Military accoutrement, swords and body armor,
High overhead they hoisted and fixed a gold signum
Gave him to the flood and let the seas take him . . .

This is why it is so important for our children to peer into the tunnel entrance of Wayland’s Smithy in Oxfordshire and to walk the footpaths between the great mounds at Sutton Hoo. Therein lies a lesson for us all, for the perpetuation of our folk-memory in poems, chants, and incantations is as important as the preservation of the blood of our race:

Then the people of the Weather-Geats built a mound on the promonotory
 one that was high and broad, wide-seen by sea-farers
and in ten days completed a monument for the bold in battle
surrounded the remains of the fire with a wall
the most splendid that men most skilled might devise.
In the barrow they placed rings and jewels
All such ornaments as troubled men had taken from the hoard.
They let the earth hold the wealth of earls, gold in the ground
Where now it still dwells, as useless to men as it was before.
Then the brave in battle rode round the mound
Children of nobles, twelve in all
Would bewail their sorrow and mourn their king
Recite dirges and speak of the man.
They praised his great deeds and his acts of courage
Judged well of his prowess.
So it is fitting that man honor his liege lord
Love him in heart when he must be led forth from the body.
Thus the people of the Geats, his hearth-companions
Lamented the death of their lord.
They said that he was of world-kings the mildest of men
And the gentles, kindest to his people
And most eager for fame.

 

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mardi, 10 décembre 2019

TERRE & PEUPLE Magazine n°81

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Communiqué de "Terre & Peuple - Wallonie"

TERRE & PEUPLE Magazine n°81

Le numéro 81 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré autour du thème de la spiritualité païenne.

Sous le titre ‘Tu trembles, carcasse’ de son éditorial, Pierre Vial relève des signes qui ne trompent pas.  En Allemagne, où l’AfD réalise des scores éblouissants.  En Italie, où le refus de l’invasion permet à la Lega de continuer sa progression.  En Flandre, où le Vlaams Belang s’impose comme le premier parti.  Au même moment, en France, Macron confesse que « ses certitudes sur l’économie s’effondrent» !

Brûlant un cierge à la France française, Pierre Vial épingle le hors-série de Valeurs Actuelles consacré à Michel Audiard.

Bernard Lugan démonte l’offensive anti-française de diversion menée par l’Algérie qui, par la voix de l’Organisation Nationale de Moudjahidines, ses anciens combattants de la libération, accuse le colonisateur français de génocide et de pillage.  Ils rêvent de compensations.  Expert des questions africaines, l’auteur rappelle que l’Algérie engloutissait en réalité 20% du budget de la France !  Et qu’elle a raflé le pactole du Sahara avec lequel historiquement elle n’a pourtant rien de commun.  Il fait remarquer que, dans leur grande majorité, ces résistants libérateurs sont des imposteurs : en 1962, l’Algérie a identifié 6.000 moudjahidines, auxquels elle a reconnu d’importants privilèges.  En 1970, ils étaient déjà devenus 70.000 et, en 2017, 200.000 et leurs ayants-droit 1,5 millions !  Le budget du Ministère des Moudjahidines est un des plus lourds de l’Algérie, après l’Education et la Défense.

Pierre Vial introduit le dossier central sur la spiritualité païenne par un appel à l’essentiel alors que, l’âme morte, des masses humaines se précipitent vers l’enfer.  Ecologie panthéiste, l’esprit de vie païen s’attache instinctivement à réenchanter le monde, dans le combat pour nos forêts, nos rivières, nos mers, nos montagnes.  L’âme de nos martyrs nous accompagne.  Dans nos mythes ancestraux, un des symboles les plus forts de notre spiritualité est le Graal, véhicule de la dimension sacrée du sang.

PEB-portraitdevant.jpgSur une batterie de huit questions sur la spiritualité païenne que leur a posée Pierre Vial, deux personnalités consacrées en ce domaine, Pierre-Emile Blairon (La Roue et le Sablier) et Paul-Georges Sansonetti (Chevalerie du Graal et Lumière de Gloire) apportent leur éclairage à partir d’observations et de témoignages heureusement complémentaires.  Le premier répond à toutes les questions pêle-mêle, dans un agréable foisonnement.  Se propose ainsi, dans un ordre de recommencement, d’évolutions et d’involutions, une invitation à saisir au vol les étincelles enthousiasmantes de l’esprit de vie.  Avant Abraham, tous les peuples, les juifs y compris, étaient polythéistes.  Le christianisme des premiers siècles est citadin, produit des masses cosmopolites des grandes mégapoles.  Férues des nouveautés, elles sont méprisantes pour les traditions rurales.  Il y sera néanmoins largement puisé au cours des siècles suivants.  L'invention de l'écriture (-3.300), énorme progrès technique de la modernité, marque une régression de l'intelligence, qui passe de la mémoire humaine aux archives et à la comptabilité : les symboles sont désincarnés.  C'est une involution : à l'inverse du dogme darwinien de l'évolution linéaire vers un progrès continuel, d'un commencement vers une fin, la conception du temps des païens est cyclique, selon une figure en spirale décentrée, comme le mouvement de notre galaxie.  La notion de tradition primordiale fait référence aux artefacts phénoménaux d'origine humaine que l'archéologie est en peine d'expliquer.  Il est profitable de retentir au message d'une pléiade d'auteurs-éveilleurs aux traditions, tant locales que régionales, ethnique et nationales, et à l’idée d’une involution, d’un Âge d’or spirituel à un Âge de fer matériel.  Le mythe de Prométhée, héros tragique pour les uns, dans sa tentative généreuse d’édification du genre humain, n’exprime pour d’autres que la ruse vaine d’un titan suffisant et insuffisant, qui n’ouvre qu’une Voie des pères, en opposition à l’esprit olympien, transparence de l’être qui est la Voie des dieux.  La Voie des pères propose cependant une troisième voie, entre le paradis des monothéistes et le néant des athées. 

PGS-graal.jpgPour sa part, Georges-Paul Sansonetti répond point par point aux huit questions de Pierre Vial:  -1°En assimilant le paganisme à l’athéisme, on se coupe d’un courant, intérieur au christianisme, qui a sauvegardé des notions essentielles de nos civilisations indo-européennes, notamment ce qui a fait que Janus, gardien des deux solstices, se retrouve dans les deux Saint-Jean, l’évangéliste pour l’hiver et le baptiste pour l’été.  -2°Dans les guides autorisés de la spiritualité païenne, il convient d’épingler Mircea Eliade, Georges Dumézil, Pierre Vial, Jean Haudry, René Guénon et Julius Evola.  Sans oublier les auteurs ‘enracinés’ (tels Giono, Vincenot) ni les mythiques (Tolkien, Earl Cox).  -3°A nos groupes d’amis identitaires, l’auteur recommande les échanges de lectures, le culte partagé des vestiges, des pierre levées néolithiques, de la Crète, des Achéens, des Doriens et de leurs mythes olympiens, de Rome, des mythes celtiques, germaniques, slaves.  Et la découverte en commun de nos espaces ancestraux, de nos forêts, de nos montagnes, dans la fraternité d’un effort partagé.  -4° La connaissance du paganisme européen complète heureusement un engagement politique identitaire par la plus longue mémoire : nos ancêtres célébraient il y a dix-huit mille ans la lumière du solstice d’été dans la Grotte de Lascaux.  -5° Ces mythes expriment les principes de survie de nos communautés : une autorité douée de compréhension et de puissance fulgurantes (Zeus), une force défensive de l’ordre établi (Arès), un génie de la communication (Hermès), un sens joyeux de la festivité (Dionysos), une virtuosité technique (Héphaistos), un charme physique (Aphrodite) et le parfait accomplissement intellectuel et corporel (Apollon).  Sans négliger le message des mythologies nordique, celtique, slave etc. -6° Quant aux néo-paganismes, il les qualifie de parodies pénibles.  -7° Pour s’empresser de passer à la condition de notre survie : notre réaction libératrice face à la veulerie de la bien-pensance et au grand remplacement, pour recréer des ensembles sociétaux et territoriaux à la mesure des potentialités des Européens. -8° Il conclut que, au contraire des progressistes travaillés par l’obsession de mondialiser l’Europe, nous voyons dans son effondrement la catharsis nécessaire à notre renaissance

Robert Dragan titre ‘Esprit, es-tu là’ sa réflexion sur les spiritualités, païennes et autres, et sur l’agnosticisme.  Il s’applique à situer la matière -si l’on peut dire- de l’esprit, en l’opposant au corps, dans lequel les neurones ne sont que des contacts électriques et la mémoire est encore un mystère.  Pour les uns, elle est un réceptacle inorganique participant du cerveau et cette âme, don de(s) dieu(x), a un destin propre, une existence dans un au-delà avec lequel il est possible de communiquer.  Pour les autres (dont certains païens et les scientistes), la nature de la pensée et de la mémoire nous est incompréhensible et nous ne pouvons au mieux que nous appliquer à bien vivre, orientés en cela par nos savant et nos poètes.  Les règles que se donne le païen sont modelées sur la nature.  Il construit une société organique.  Mortel, il recherche la survie de son sang.  Ses émotions sont liées particulièrement à celles de ses semblables, de son lignage, de son milieu écologique.

asatru.jpgHalfdan Rekkirsson est un ouvrier du bâtiment.  A 13 ans, a été transplanté de la campagne alpine à la banlieue chaude de Rouen.  Il a été introduit à l’étude (universitaire) de l’histoire du Nord en général, et à celle de l’Asatrù, religion officielle de l’Islande, en particulier par la découverte du Hobbit de Tolkien.  L’Asatrù (fidélité aux Ases) est apparue au début des années ’90, peu après l’engouement pour le port du marteau de Thor.  Des petits clans se sont mis à pratiquer un rituel un peu partout en France.  L’intérêt grandit pour la mythologie, les sagas, les eddas, les gestes héroïques du Beowulf et des Niebelungen.  A un moment où la science moderne, archéologie, linguistique, études comparatives des religions, paléogénétique, affine notre connaissance de l’histoire de nos ancêtres, l’intérêt pour leur spiritualité est éveillé et soutenu par de l’information de qualité.  Toutefois, l’essentiel est de vivre ces grands principes avec notre temps.  Pour la pratique, Halfdan Rekkirsson a créé le Calendrier runique Asatrù, qui invite les fidèles à vivre leur croyance en célébrant « les bonnes fêtes aux bonnes dates ».  Sa pratique personnelle est familiale.  Il répond ainsi aux monstrueux problèmes que nous pose aujourd’hui le progressisme.  La connaissance utile des runes exige une étude sérieuse.  Halfdan Rekkirsson recommande le Hàvamàl, conseils d’Odhinn, et les Eddas. 

solariabaldr.jpgJean-Christophe Mathelin, astronome, a fondé, avec Vincent Decombis et Christopher Gérard, Solaria, le Cercle européen de recherches sur les cultures solaires, et il dirige la revue du même nom.  Il met en place un Musée du Soleil.  D’éducation catholique, comme à 18 ans il aspirait à une religion ‘pure et dure’, il a goûté au Coran, dont les obscurités rencontraient sa tendance au mysticisme.  Un séjour en terre d’islam l’avait persuadé de piocher plutôt dans le bouddhisme, quand il est tombé, en 1979, sur le ‘Thulé, le Soleil retrouvé des Hyperboréens’ de Jean Mabire.  Celui-ci lui a révélé que sa voie est celle des dieux solaires de ses ancêtres indo-européens et que le culte solaire n’est pas le monopole des Egyptiens, des Incas et des Aztèques.  L’Europe possède un riche passé en la matière durant l’âge du bronze (du IIIe au Ier millénaire avant l’ère chrétienne) et notamment avec l’apollinisme (VIe siècle av. EC) et l’engouement pour les mystères de Mithra (IIIe siècle EC).  Eclipsé par le christianisme, le mythe va renaître grâce à l’héliocentrisme de Copernic.  Le culte se pratique aux moments solaires privilégiés, levers et couchers de culminations.  La Grèce et Rome ont laissé de nombreux hymnes et des rituels, feu, encens, sacrifices, libations.  Les Celtes et les Nordiques privilégiaient des sites sacrés naturels.  Quant à une dominance de dieux solaires masculins sur des divinités lunaires féminines, on remarquera qu’Apollon est le dieu du juste milieu et que, pour les Germano-Scandinaves, c’est la Lune qui est masculine et le Soleil qui est féminin.

Robert Dragan livre la synthèse des trois articles du numéro 3 de la revue de linguistique indo-européenne Wékwos.  Celui de Robert Sergent traite des Tokhariens, établis en Bactriane (Kazakhstan), des Sères (producteurs de soies), attestés par Strabon dans la même région, et des Attacores, qui habitaient la Kroraina (nord du Tibet) et que Pausanias considère être les produits d’un croisement de Scythes et d’Indiens.  Ces sources relèvent leur vigoureuse longévité, leur tempérance, leur qualité guerrière, leur grande taille, leurs yeux clairs et leurs cheveux ‘rouges’.  Les linguistes y repèrent un rameau des parlers germanique et balto-slave, précocement séparé du tronc indo-européen dès la seconde moitié du 4ème millénaire AEC, migrant du Kazakhstan au Tarim vers 2000 AEC.  Ils se distinguent des Scythes de Russie et de Sibérie et des Aryens (Iraniens et Indiens), qui ont émigré plus tard vers l’Asie du sud.  Le deuxième article traite des Scythes et de leurs descendants ossètes et bretons.  Les uns comme les autres font référence aux trois fonctions.  Dans la rivalité de trois princes à succéder à leur père, c’est toujours le plus jeune qui l’emporte.  Ce trait se retrouve dans des romans arthuriens, où le héros doit également se révéler un trifonctionnel accompli.  Le troisième article traite des ‘charmes’, formules à prononcer pour la réalisation d’un vœu, notamment une guérison.  Il rapproche des formules gallo-romaines de certaines anglo-saxonnes du IXe siècle EC et d’autres du folklore moderne, francophone comme germanique, slave comme balte.  Y sont invoquées une trinité de femmes (sœurs, vierges, Marie), issues des Parques latines ou des Nornes germaniques.

wekwos.jpgRobert Dragan encore cite Jean-Paul Lelu dans la part de celui-ci à des mélanges à l’intention de Bernard Sergent, où il propose de localiser la ville mythique d’Avallon dans le site moderne de Saint-Nazaire, sur une petite île rocheuse reliée à la côte par un banc de sable.  Il s’y est élevé une petite cité fortifiée, baptisée du nom d’un saint associé aux jumeaux Gervais et Protais, lesquels évoquent les Dioscures dont Diodore indique qu’ils étaient vénérés sur les bords de l’océan.  Dans le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, le roi d’Escavallon, adversaire de Gauvain, porte un écu d’or à bande d’azur, les couleurs des seigneurs de Donges et de Saint-Nazaire.  Les guerriers morts au combat sont censés être accueillis par Morgane et ses suivantes.  Strabon (-60 AEC) évoque, devant l’embouchure de la Loire dans l’océan, une petite île habitée par les femmes Samnites.  Possédées de Dyonysos, elles ne laissent aucun homme y mettre le pied.  Dungjo, en ancien francique, désigne le lieu où travaillent les femmes.

Le druide Lugvidion s’applique à situer le druidisme, tant historique (âge du fer) que contemporain et à démontrer chez ce dernier une religiosité bien actuelle.  L’histoire en cette matière est lacunaire : des auteurs grecs et latins souvent peu objectifs ; des copistes irlandais et gallois qui ne conservent les mythes que sous un vernis chrétien ; le comparatisme avec le brahmanisme qui suggère les pièces manquantes du puzzle ; les folklores régionaux aux colorations celtiques (triades de personnages, 1er mai, 1er novembre) ; des découvertes archéologiques récentes ; les travaux des collèges druidiques qui méritent une lecture critique.  En 1717, le franc-maçon irlandais John Toland a créé le Druid Order, dont se réclament tous les collèges européens.  L’extension du druidisme au sein de communautés élargies à d’autres fonctions sociales que philosophiques (savoir importe plus que croire) lui mérite d’être une religion à part entière.  Il s’agit autant d’une voie philosophique de sagesse sacerdotale que d’une voie d’accomplissement heureux.  Les collèges invitent leurs membres à redécouvrir leurs racines celtiques et leur connexion intime avec la nature.  Ils organisent des cérémonies symboliques en phase avec les cycles naturels : la roue de l’année (les deux solstices et les deux équinoxes) et les quatre fêtes celtiques (Samain, Imbolc, Beltaine et Lugnasad).  Ces pratiques ne sont pas qu’une reconstitution historique.  Outre les cérémonies calendaires, se célèbrent des cérémonies familiales (présentation d’enfant, rite de passage, mariage, funérailles) et des cérémonies initiatiques.  L’initiation par l’introspection s’étend en général sur trois à six années avant la titularisation et l’attribution d’un nom initiatique.  Chaque classe de la société celtique se caractérise par des qualités emblématiques et par les défaillances correspondantes tel le découragement, à peine de déshonneur.  Il s’agit d’œuvrer au ‘retour du printemps’.

Jean-Patrick Arteault cuisine Johan, auteur de la chaîne Youtube La Mesnie païenne, référence à la médiévale Mesnie Hellequin qui est elle-même une allusion à la Chasse sauvage d’Odin.  La mesnie était un organisme clanique typiquement rural que l’émergence des villes a dévitalisé.  Soucieux de réveiller la plus longue mémoire européenne, en vue de reconstruire un paganisme européen du XXIe siècle fidèle à ses fondements, Johan était tombé sur une profusion de chaînes YouTube anglophones qui diffusent des vidéos de qualité sur ce sujet, sans pouvoir trouver d’équivalent francophone.  Il a fait l’acquisition d’une caméra et s’est lancé dans l’aventure de l’animation audio-visuelle de sa communauté païenne, à qui il diffuse des documents de vulgarisation.  Il s’agit autant de données historiques que liées à l’actualité, de fêtes saisonnières ou de symbolique que d’archéologie ou de folklore.  Plus que la culture théorique, le primordial est la pratique vécue, l’ancrage identitaire.  Car, pour lui, le paganisme est avant tout un rapport au monde, condition de survie au moment du déclin du christianisme et de l’émergence de la consommation de masse.  Il s’agit de ne plus opposer le spirituel au matériel, de réconcilier l’âme et le corps.  Johan ne s’est pas assigné d’objectif défini.  Il songe à aborder des sujets complexes, qui nécessiteraient un rythme de parution ralenti.

Pierre Vial poursuit, dans sa cinquième partie consacrée à l’Aliyah, retour (tant spirituel que physique) en Eretz Israël, son étude exemplaire du modèle identitaire juif.  Lors de la première Aliyah (1881-1903) d’une vague de 70.000 migrants, la moitié seulement a résisté aux conditions pénibles, dont il n’y a eu qu’une minorité pour fonder des colonies agricoles.  Jusqu’à ce qu’intervienne le baron Edmond de Rothschild, lequel a investi largement dans des plantations d’agrumes, de thé, de coton, de tabac.  Il a confié ces colonies à l’Association palestinienne pour la colonisation juive, présidée par son fils James.  Aux colons, sont enseignées dans l’enthousiasme la langue et la culture hébraïques.  La deuxième Aliyah (1904-1914), qui est alimentée par les pogroms russes de 1903-1905, allie au sionisme les principes du socialisme.  On crée alors des communautés agricoles collectivistes (kibbouts), qui louent aux colons les terres achetées par des collectivités financées par de généreux donateurs.  La sécurité est assumée par le Ha-Shomer, un corps mobile appelé à intervenir n’importe où.  Le Fonds national juif fonde Tel Aviv (‘la colline du printemps’) avec des ouvriers et des habitants exclusivement juifs (3 604 en 1921 et 54 110 en 1931).  En 1917, dans le cadre de la rivalité franco-britannique sur le Moyen-Orient, Lord Balfour, ministre des Colonies, reconnait dans une lettre à Lionel Rothschild le droit de construire un foyer national juif en Palestine.  En 1920, la Société des Nations donne à la Grande-Bretagne mandat sur la Palestine avec mission d’y favoriser le foyer national juif.  Mais le Congrès panarabe de Damas exige alors la rupture totale.  Des milices attaquent les colonies juives et une émeute ravage le quartier juif de Jérusalem.  Les arabes organisant la guérilla tant contre les britanniques que les sionistes, les juifs se sont formés en milices armées et s’attachent à convaincre la Diaspora que l’Aliyah doit continuer et même s’intensifier.  La troisième Aliyah (1919-1923) est accélérée par la révolution russe et la guerre soviéto-polonaise.  Le mouvement de jeunesse He-Haloutz (de Joseph Trumpeldor et David Ben Gourion) préparait à une vie agricole les jeunes haloutsim, qui se considéraient comme des soldats prêts à remplir toute mission.  En 1920, est fondée l’Histadrouth, fédération des travailleurs juifs porteuse d’un projet de société modèle basé sur la coopération, la solidarité et la justice sociale. (à suivre)

mardi, 03 décembre 2019

Le numéro 51 de Solaria arrive très bientôt !

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Solaria

Le numéro 51 de Solaria arrive très bientôt !

Au sommaire du nouveau numéro de Solaria :

— Entretien : QUESTIONS À OLIVIER MEYER AU SUJET DE SON LIVRE " BALDR AU HELHEIM "

— Entretien : L'ART SACRÉ DU VITRAIL, QUESTIONS À SYLVIE FAGOT, MAITRE VERRIER, MEILLEUR OUVRIER DE FRANCE

— Poème : SOLEIL DE VÉRITÉ

— Tradition : LES ÉPICLÈSES D'APOLLON (V)

— Plus nos rubriques habituelles: Héliothèque (Livres, Revues, CD, DVD, Internet), Vents Solaires (Lauriers de Solaria, Expositions, Le monde en bref, Télévision), Plumes Solaires, Cadeaux…

Les tarifs sont les suivants :

Ce numéro : 9€ +1€ de frais d'envoi

Abonnements:

2 numéros (un an): 18€

4 numéros (2 ans): 34€

8 numéros (4 ans): 66€

France: chèque à l’ordre de Solaria.
Autres pays: euros en espèces (discrètes) ou virement à notre compte (nous le demander).
A envoyer à Solaria, 7 rue Christian Dewet, 75012 PARIS.

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