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lundi, 03 octobre 2016

Itinéraire celtique - Avec Jean Markale et Charles Ravier

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Itinéraire celtique

Avec Jean Markale et Charles Ravier

Les samedis de France Culture - Itinéraire celtique. Par Philippe Arrii-Blachette - Avec Jean Markale et Charles Ravier (1ère diffusion : 06/11/1976)

vendredi, 30 septembre 2016

Ripartire da EVOLA!

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samedi, 24 septembre 2016

La Théogonie d'Hésiode

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La Théogonie d'Hésiode

 
Ex: http://lesocle.hautetfort.com 

Si nous devons remonter aux sources premières de notre mémoire, quel sont nos plus anciens textes sacrés ? Aux côtés de l'Iliade et de l'Odyssée, piliers premiers de notre tradition, on trouvera immanquablement la Théogonie d'Hésiode. Décrivant la naissance des Dieux, la Théogonie nous rappelle notre véritable nature, celle d'enfants des Dieux à qui nous devons nous efforcer de ressembler. Pour y parvenir, Hésiode nous chante l'ordre cosmique incarné par les Dieux et le premier d'entre eux: Zeus. Comprendre cet ordre, c'est ce qui nous permet de méditer notre métaphysique: la métaphysique de l'Absolu, élément indispensable d'une nouvelle Renaissance européenne.  

Structure de l’œuvre: La Théogonie est un hymne aux Dieux. L'appréhension par le lecteur de sa dimension lyrique et religieuse est donc fondamentale pour faire vivre l'hommage d'Hésiode aux Muses et aux souverains de notre monde.

Gwendal Crom, pour le SOCLE

La critique positive de la Théogonie au format .pdf

H-1.jpgLa Théogonie 1 d'Hésiode s'ouvre par l'honneur rendu aux Muses, filles de Zeus, celles qui font les grands rois et les grands poètes en rendant leurs paroles plus douces que le miel. Hésiode tient son pouvoir d'elles, filles de la Mémoire (Mnémosyne), merveilleuses créatures baignant leur corps dans la Fontaine du Cheval (l'Hippocrène), en la montagne Hélicon, « grandiose et inspirée ». Ces rires et ces chants que perçoit le poète, ce sont ceux de la mémoire, dont les échos rebondissent sans fin sur l'onde de la source pérenne.

Ainsi se dessine la volonté des Dieux, tel est le devoir religieux des poètes (les aèdes) : transmettre la mémoire des hommes et de ceux qui ne meurent pas. Citons Diodore de Sicile : « Parmi les Titanides, on attribue à Mnémosyne l'art du raisonnement : elle imposa des noms à tous les êtres, ce qui nous permet de les distinguer et de converser entre nous ; mais ces inventions sont aussi attribuées à Mercure. On doit aussi à Mnémosyne les moyens de rappeler la mémoire des choses passées dont nous voulons nous ressouvenir, ainsi que son nom l'indique déjà » 2. Car nommer, c'est-à-dire, donner une vie, une signification, c'est ce qui permet de donner un sens à la Vie elle-même. Une Vie que l'on met en relation avec la Vie d'hier et la Vie de demain par les flots de la destinée. Une Vie, un Cosmos que les Muses célèbrent et que l'on célèbre à travers elles.

Filles de Zeus, les Muses inspirent poètes et rois. Elles illuminent l'accord passé entre les hommes et les Dieux. Les Rois guident les hommes quand Zeus guide les Dieux mais toujours existe un incessant échange entre ces deux mondes, et ce, par le biais du poète. Parler de deux mondes est d'ailleurs une erreur. Il n'en existe qu'un et c'est au travers de la personne du poète que se fait jour cette vérité. Plus prosaïquement, le fait que les Muses inspirent ces deux types d'homme illustre parfaitement la dualité de la première fonction dans la tripartition indo-européenne : un versant politique et un versant sacré 3,4 ainsi que leur intrication.

I. Une généalogie

Cet hommage rendu, commençons par le commencement. Au commencement se trouve Faille (Chaos) dont naissent Gaïa (la Terre), Nyx (Nuit), Erèbe (Ténèbres) et enfin Eros (Amour), le principe d'union des contraires. Nuit et Ténèbres donnent naissance à Feu d'en haut (Ether) et lumière du jour (Héméra). Puis Gaïa donne naissance à Ouranos (Ciel) et Pontos (Océan infertile, dît le Flot). Enfin, Ciel et Terre donnent naissance à Océan. Ciel engrosse ensuite Terre continuellement. Mais Ouranos est un Dieu jaloux qui refuse de partager avec ses enfants. Il enferme sa progéniture dans les replis de la Terre. Tous ces enfants nés de lui, Ouranos les appelle « Titans ». Le dernier-né parmi eux, c'est Cronos Pensées-Retorses. Malgré la haine farouche que tous les enfants du Ciel éprouvent pour leur père, lui seul a le courage de répondre à l'appel de sa mère outragée (vers 170):

« Mère, moi, je l'ai promis ;

et je saurais l'exécuter, l'acte.

Je n'ai aucun respect pour ce père

indigne de son nom, le nôtre.

Il a, le premier, inventé des méfaits écœurants ».

Une nuit, alors que Ciel vient s'étendre sur Terre pour l'engrosser à nouveau, Cronos suit le plan élaborée par sa mère. Il saisit la longue serpe qu'elle a confectionnée et il émascule ce père tyrannique. Il jette les testicules au loin dans la mer. De l'écume bouillonnante en sort alors Aphrodite, déesse de l'amour, celle qui a Eros pour compagnon et que Désir suit partout. Avant que les testicules n'atteignent la mer, elles laissent échapper quelques gouttes de sang sur le sol dont jailliront après quelques années les Géants, les Erinyes et les Nymphes.

Avant d'aller plus avant vers la naissance de Zeus, Hésiode nous entretient de la descendance de la Nuit et des Ténèbres. Elle compte « le triste Destin et la noire Tueuse, et la Mort » mais aussi le Sommeil et les Rêves. Parmi ses enfants, on trouve les trois Moires qui donnent à leur naissance, leur part à chaque être, homme comme Dieu. Nuit enfanta également Indignation, Tromperie et Bonne Amitié, Vieillesse et Jalousie. Jalousie enfanta à son tour Travail, Oubli et Faim ainsi que Souffrances, Querelles et Combats, Assassinats et Massacres d'Hommes. Jalousie encore enfanta Réclamations, Mépris des lois et Démence (« qui s'accordent ensemble » nous dit Hésiode) et enfin Serment « qui plus que tout autre fait souffrir sur la terre les hommes, lorsque l'un d'eux, sachant ce qu'il fait, se parjure ».

Vient ensuite la progéniture de Pontos et de Gaïa : Nérée, Thaumas, Porkys, Kètô et Eurybiè. Ce sont là des divinités marines primordiales. De nombreuses créatures mythologiques (Sirènes, Harpies, Gorgones...) les ont pour parents. Naissent les Vents, les Fleuves, le Soleil, l'Aurore, la Lune et les Etoiles. On voit ici que chaque élément du Cosmos est sacré, divin. Les concepts eux-mêmes sont divins tels Vouloir-être-premier, Victoire, Pouvoir et Force, qui partout accompagneront Zeus et obéiront à lui seul. Enfin, une place de choix est accordée à la déesse Hécate qui conservera ses prérogatives après la prise de pouvoir du puissant Cronide.

De Zeus enfin il est question. Rhéïa, forcée par Cronos, donne naissance à plusieurs Dieux immédiatement avalés par Cronos. Car lui aussi ne veut pas partager son pouvoir, lui aussi sombre dans l'hubris (soit le fait d'avoir voulu plus que sa juste part, d'avoir sombré dans la démesure). Et ses parents Terre et Ciel lui avaient prédit qu'il serait détrôné par l'un de ses enfants. Rhéïa demande donc conseil à ses parents (Ciel et Terre également) et elle lange une pierre qu'elle donne à Cronos pour qu'il la mange à la place de Zeus. Zeus grandit ensuite sur la montagne Aïgaïôn puis au moyen de la ruse, revient faire vomir ses frères et sœurs à Cronos.

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Figure I: Roi des Dieux et Dieu des Rois, Zeus incarne la première fonction et l'ordre cosmique des Indo-européens.

Alors se déclenche la guerre entre les Dieux Olympiens commandés par Zeus et les Titans fidèles à Cronos. Zeus reçoit le Foudre des trois cyclopes ouraniens, arme et symbole de celui qui commande aux Dieux et aux hommes. Mais pendant dix longues années, les Titans et les Olympiens se combattent sans que ne se dessine un vainqueur. Zeus délivre alors les puissants Hécatonchires prisonniers du Tartare où Cronos les avait enfermés. L'un d'eux (ils sont trois comme les Cyclopes), Kottos le parfait, lui répond en ces termes (vers 655):

        « Ô puissant, ce que tu révèles, nous le savons.

        Mais aussi savons que ton esprit est fort et plus forte ta pensée.

        Tu as sauvé les Immortels du froid des malédictions.

        Grâce à ta sagesse échappant au brouillard obscur,

        Echappant aux entraves cruelles, nous sommes revenus ici,

        Prince fils de Cronos, quand nous n'espérions plus.

        Maintenant l'esprit tendu, avec réflexion, nous nous battrons pour vous

        Dans la dure bataille nous affronterons les Titans en un combat Terrible ».

La guerre qui suit est apocalyptique. Les Hécatonchires (ils ont cent bras) font pleuvoir un déluge de roche sur les Titans pendant que Zeus fait s'abattre sans répit la foudre sur eux (vers 700).

        « Un brûlure monstrueuse atteignit la Faille.

        C'était pour qui voyait avec ses yeux, entendait avec ses oreilles,

        Comme si la terre, comme si le ciel immense par-dessus se heurtaient ».

Les Titans sont vaincus. Ils sont enfermés dans le Tartare, gardés pour l'éternité par les puissants Hécatonchires. Furieuse du sort réservé à ses enfants, Gaïa couche avec le Tartare et enfante alors Typhôeus, la plus puissante entité jamais engendrée par la Terre. De ses épaules jaillissent cent têtes de serpents dont les yeux crachent le feu et sa voix fait trembler les montagnes. Zeus se lève alors et après un combat tout aussi apocalyptique que le précédent, il détruit Typhon, et sa dépouille enflammée fait fondre la Terre. Zeus sera le seul maître, l'Univers jusqu'à Faille elle-même en fut le témoin. La Terre devra donc s'y plier.

II. Un ordre nouveau

Généalogie des Dieux et des concepts, la Théogonie porte en elle est une conception de l'univers et des hommes. L'ordre et les conflits qui règnent chez les Dieux sont un reflet des combats qui animent le monde des hommes ainsi que de l'ordre idéal qui doit y régner. Comme le dit Alain de Benoist 5, il y a toujours un échange, une incessante réciprocité entre le monde des Dieux et celui des hommes mangeurs de pain. Comme l'illustre l'acte du sacrifice (vers 555), les hommes et les Dieux partagent, les hommes et les Dieux communient ensemble. Ils évoluent dans un monde sacré comme nous l'avons vu dans la partie précédente. Le Cieux et la Terre, les Vents et les Flots, le Soleil et la Lune sont tout aussi divins que Zeus et Héra. Ils dessinent un monde où l'enchantement va de pair avec le respect. Qui oserait piller une Terre divine, qui oserait polluer une nature sacrée ?

Mais cela va au-delà des considérations sur la simple nature. L'enseignement principal, c'est que l'homme ne saurait se rendre maître du Cosmos. Comme dans les autres traditions indo-européennes, le mythos grec donne naissance à un homme libre (dont l'aboutissement est le héros) mais contenu dans les limites de la mesure sans quoi il aura à en payer le prix. Et les Moires qui ont donné leur part à chaque homme et chaque Dieu veilleront à punir celui qui se sera montré coupable d'hubris. D'hubris il est question lorsque Cronos engloutit un à un ses enfants ou quand Ouranos enferme les siens dans les replis de leur mère la Terre. Pleins d'hubris, ils refusent de partager, de laisser à chacun sa juste part. Ouranos, Gaïa et leurs descendants Titans sont prompts à sombrer dans l'hubris par nature. Ces Dieux anciens personnifient les forces primitives, chaotiques de la Nature. Ils sont la Terre, le Ciel, forces brutes qui ignorent la notion d'ordre et d'harmonie, ils détruisent immédiatement ce qu'ils ont créé et ne laissent subsister qu'un monde bouillonnant, fertile mais sans forme ni sens. Ce sont des forces du passé (sans doute représentent-elles les divinités pré-indo-européennes) que remplacèrent les forces nouvelles des Dieux indo-européens. On pensera notamment au panthéon nordiques où les Dieux Vanes (liés à la fécondité) après un temps en lutte avec les Dieux Ases (liés à a souveraineté et à la guerre) conclurent une trêve avec ces derniers 6. Les divinités de la nature ne sont pas exclues (pas plus que l'homme en deviendrait le maître) mais elles ne sont plus prépondérantes (les Titans sont exilés dans le Tartare pendant que Perséphone et Aphrodite sont vénérées par les hommes).

D'un point de vue terrestre, il semble inéluctable dans l'histoire des hommes, nécessaire pour ces derniers, de passer d'une société tributaire des aléas de la nature à une société où l'homme se trace un destin et où la société dans son ensemble s'organise autour de cette idée. Telle est l'essence des Dieux Olympiens et des hommes qui les suivent : le pouvoir de rentrer dans l'histoire et de la faire.

Tel est donc le nouvel ordre olympien. Un panthéon où Zeus est le maître incontesté mais où il agit en souverain et non en tyran. Il compose avec les autres Dieux et leur demande leur avis. On pensera aux honneurs que Zeus accorde à Hécate (vers 410), à l'aide qu'il requiert de la part des Hécatonchires (vers 640) et à la reconnaissance qu'il accorde à Styx (vers 400). Préfigurant l'ordre régnant dans les sociétés indo-européennes, Zeus est le souverain des Dieux tout comme le roi est le souverain des hommes libres. Et si c'est en invoquant Zeus que les hommes prêtent serment 7, ce n'est pas par son nom que jure les autres Dieux (comme nous le verrons par la suite). La tyrannie d'un seul sur tous les autres n'existe pas et comme le montre la Théogonie, tout ceux qui s'y essayent (Ouranos, Cronos) finissent immanquablement par chuter.

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Figure II: Les remords d'Oreste par William Bouguereau. Chez les hommes comme chez les Dieux, malheur au parjure, malheur à celui qui attente au sacré !

Tout comme la société humaine, la société divine est régie par les mêmes fondements (respect de l'ordre cosmique, vision tripartite du monde) et les mêmes codes. L'un de ceux-ci, le plus remarquable, est le rituel du serment. Ce Serment que la Théogonie présente comme l'enfant de la Nuit et qui « plus que tout autre fait souffrir sur la terre les hommes, lorsque l'un d'eux, sachant ce qu'il fait, se parjure » (vers 230). Remarquable en effet de constater que selon la Théogonie, la plus grande cause de souffrance pour les hommes est le parjure. Remarquable enfin de trouver naturellement en écho à la souffrance des hommes qui parjurent, un écho dans le rituel du serment chez les Dieux. Nous parlions précédemment de la reconnaissance qu'a accordée Zeus à Styx. Ce qu'il lui a donné en récompense c'est d'être celle par laquelle les Dieux jureront (vers 780). Lorsque la parole d'un Immortel est mise en doute, alors l'on envoie quérir l'eau du Styx et l'Immortel la verse à terre en prêtant serment. Comme chez les hommes, malheur au parjure ! (vers 790)

        « Si l'un de ceux qui ne meurt pas, seigneur des neiges de l'Olympe,

        La verse à terre pour faire un serment qui n'a pas de vérité,

        Il cesse de respirer, reste à terre pendant toute une année.

        Il ne peut pas s'approcher de l'ambroisie ni du nectar qui nourrissent ;

        Il est étendu sur un lit qu'on lui a fait,

        Sans souffle et sans paroles, dans un coma dangereux.

        Quand, après une longue année sa maladie se termine,

        Il subit une épreuve nouvelle, qui vient après l'autre.

        Pendant neuf ans il reste à l'écart des Dieux qui vivent sans fin.

        On ne le laisse se mêler ni aux conseils, ni aux fêtes,

        Pendant neuf années entières.

     A la dixième année il revient se mêler aux Immortels qui ont leur maison sur l'Olympe ».

Telle est la sanction pour l'Immortel qui a failli : la perte de son immortalité. Cela montre à quel point la société des Dieux est le reflet idéal de celle des hommes, à quel point les hommes sont donc capables en retour de divinité s'ils se montrent « pareils aux Dieux ». On ne s'étonnera donc pas de remarquer que le qualificatif le plus accordé aux héros dans l'antiquité hellénique est « divin ». Plus qu'une capacité d'ascension pour les hommes, la divinité est un idéal, une tenue que les meilleurs représentants de la race se doivent d'atteindre. Le poète est entre autres là pour rappeler cette évidence aux hommes et aux rois, que la Théogonie appelle à juste titre les « élèves de Zeus » (vers 80). La frontière est pourtant claire entre les hommes et les Dieux. De démesure, il ne saurait être question. Il faut le rappeler, l'hubris est la pire faute que puisse commettre un homme. Le « Connais-toi toi-même » gravé sur le fronton du temple de Delphes n'est pas un appel à l'introspection. Il enjoint chacun à connaitre sa place dans l'univers. A chacun, homme comme Dieu de remplir son rôle, et de la manière la plus parfaite qui soit. C'est la condition de l'harmonie.

III. Une métaphysique de l’Absolu

L'harmonie : c'est ce qui se dessine au sein de la Théogonie. C'est un « cosmos », soit étymologiquement un « monde ordonné » et non un chaos. La Théogonie c'est l'arrivée de l'ordre dans la création afin de lui donner un sens, une harmonie. L'ordre n'est pas seulement amené par l'accession de Zeus au trône divin et qui n'en est que le parachèvement. L'ordre, ce sont aussi des règles métaphysiques intangibles, comme le peut être la gravitation dans notre monde. Ces règles naissent avec le Cosmos lui-même et se diversifient, se complexifient en même temps que lui.

Nous avions déjà parlé des Muses, filles de la Mémoire et de Zeus. Remontons encore une fois au tout début. De Faille survint Gaïa, Nyx (la Nuit), Erèbe (Ténèbres) et Eros (Amour). De Nuit et de Ténèbres viendront Feu d'en haut (Ether) et Lumière du jour (Héméra). On retiendra de ce Fiat Lux la survenue depuis le quasi-Néant (Nuit et Ténèbres sont un peu plus que l'absence de toute chose), de l'énergie et de la matière. Mais surtout, notre attention est attirée par Eros. L'un des quatre premiers principes/concepts/Dieux est celui de l'Amour. Il est le Dieu de la puissance créatrice, il est l'incarnation de « l'union des contraires » si cher aux Hellènes. Il est important de préciser qu'Eros n'est pas le Désir qui est une entité distincte. C'est précisément ici qu'intervient le génie de l'antique paganisme. Les Anciens n'ignoraient pas la dualité des principes régissant l'existence mais ils en recherchaient le dépassement. Ils ne faisaient pas un choix qui verrait magnifier un principe aux dépens de celui qui lui était associé. Ils ne choisissaient pas non plus une voie qui amènerait les deux principes à se neutraliser, sorte de juste milieu. Non. Pour nos ancêtres, la solution résidait dans l'union des contraires par leur dépassement dialectique. Prenons la figure d'Aphrodite. Née des testicules d'Ouranos tranchées et jetées à la mer par Cronos, il est dit d'elle que partout où elle allait (vers 195) :

        « Eros fut son compagnon,

        Et le beau Désir la suivit,

        Dès le moment de sa naissance,

        Puis quand elle monta chez les Dieux »

Aphrodite est le dépassement dialectique de l'Amour et du Désir. Elle permet le dépassement du concept de perpétuation, d'union que constitue Eros et de celui du simple désir amoureux que constitue Désir. Aphrodite, c'est l'écume (la semence) née du Ciel venue fertiliser la Terre et ses habitants. A la fois violente comme le peut être le désir et douce comme la tendresse, Aphrodite a pour époux Arès, le Dieu des fureurs guerrières. De par ses prérogatives et les relations qu'elle noue avec les autres entités, elle montre l'étendue et les limites de son champ d'action. Elle montre également qu'il ne saurait y avoir de concept agissant seul, isolé, sans conséquences sur le monde extérieur. La plupart d'entre nous préfèrerons la compagnie d'Aphrodite à celle d'Arès mais nous ne devons pas nous faire d'illusion sur le risque toujours existant de le voir faire irruption quand nous frayons avec elle.

On pensera alors à l'Iliade 8. C'est à cause du désir de Pâris pour la belle Hélène que la guerre de Troie eut lieu.

Ce n'est l'un qu'un exemple parmi d'autre, et parmi les plus simples à comprendre. Toute la Théogonie est construite selon cette logique. Elle dessine une totalité dialectique où chaque divinité, chaque concept, chaque homme a son importance dans la perfection, dans l'ordre de l'univers.

athbor2141_small_1.jpgFigure III: Athéna à la borne. Comme pour la déesse, nos méditations doivent porter sur la notion de limite, d'absolu, de perfection.

Poursuivons maintenant avec la progéniture de la Nuit. Tout d'abord, les trois Moires qui accordent leur part de bien et de mal à chaque homme (de bonheur et de malheur) et qui soulignent de par leur naissance, que la destinée n'est que l'enchainement des causes et des conséquences que chaque homme se doit d'assumer. S'accorde à la divinité celui qui (homme comme Dieu) saura rester à la place qui lui est due. Cela ne doit pas laisser penser que la société des Hellènes est fataliste comme pouvait l'être celle des Etrusques. Non, la part qui revient à chacun peut émerger après une longue lutte. Ce que nous dit l'existence des trois Destinées, c'est que la vie ne peut être appréhendée sans sa dimension tragique, que l'on ne peut vouloir toujours plus sans en avoir à en payer le prix un jour ou l'autre et que l'homme sage ne maudira point les Dieux et l'Univers quand il sera frappé par les coups du sort (des conceptions que l'on retrouve bien exprimée dans le stoïcisme 9,10).

Et ces coups du sort sont également enfants de la Nuit. La Mort bien évidemment mais également la Misère qui fait mal, la Tromperie et la Vieillesse effroyable, la Jalousie qui enfanta à son tour bien des maux. Ce sont l'Oubli et les Souffrances, les Querelles et les Combats et, nous dit la Théogonie, le Mépris des lois et la Démence qui « s'accordent ensemble ». C'est enfin, rappelons-le une dernière fois, ce Serment qui fait tant souffrir les hommes quand ils se parjurent. Même les maux participent à l'ordre du monde et sont sacrés, incarnés par des divinités. Un monde sans souffrance ne serait plus le monde tout comme il est insensé de s'étonner de la présence de la Mort, nécessaire au renouvellement perpétuel des générations.

Nous avons évoqué précédemment la figure de la déesse Styx, fille d'Océan et fleuve des Enfers. Elle accouru la première à l'appel de Zeus pour combattre les Titans. Le fait que parmi les enfants de Styx se trouvent Vouloir-être-premier, Victoire aux belles chevilles, Pouvoir et Force ne devra donc étonner personne, surtout lorsque l'on sait que depuis cet appel (vers 385):

        « Ils n'ont pas de maison, où ils seraient loin de Zeus,

        Pas de lieu, pas de route, où ils iraient sans l'ordre du Dieu ;

        Toujours ils occupent un siège près de Zeus Fracas-de-Foudre ».

Nous le voyons encore une fois. Tout est sacré, même les sentiments et les idées, les concepts comme les sensations. Les Dieux sont les forces profondes animant l'univers et que l'homme sage se doit de vénérer. Car le but de l'homme sage est de vivre en harmonie avec l'univers. Donc de connaître les lois qui l'animent. Les stoïciens arrivèrent à la même conclusion par l'usage de la raison. Ceci n'est pas étonnant, car quand bien même un philosophe utilise uniquement la logique pour arriver à ses conclusions, ce sont les mythes qui ont façonné l'âme de son peuple et dont il est l'un des dépositaires qui déterminent ses représentations fondamentales. Les penseurs hellènes n'étaient pas de joyeux athées accessoirement doués pour la philosophie et les sciences. Toute leur âme répondait à une métaphysique bien précise. Cette métaphysique est celle de la borne, de la limite. C'est la métaphysique de l'Absolu. C'est une métaphysique dictée par le rejet d'une faute majeure : l'hubris. Savoir trouver sa place, la mesure en tout, l'intrication du beau et du bien, la sacralité de l'univers, la perfection comme horizon... ce sont là quelques manifestations de cette métaphysique de l'Absolu contenue dans la Théogonie. On est loin de la métaphysique de l'illimité qui gouverne aujourd'hui nos existences. Un monde de la consommation, de la croissance sans fin. Un monde où la nature (aujourd'hui circonscrite à la Terre mais demain extensible à l'Univers entier) est une vaste réserve de matière première. Un monde où l'homme est devenu la démesure de toute chose pour prendre à rebours les propos de Protagoras. Une sécularisation du « Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l'assujettissez; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre » de la Genèse 11.

Invoquons de nouveau l'Iliade et la description du bouclier d'Achille dont nous parlions dans une précédente critique positive 12 :

« Dans ce texte sacré de notre continent, le plus ancien écrit d'Europe, composé au VIIIe siècle avant notre ère, nous pouvons trouver la figuration de la cité sur le bouclier d'Achille (chant XVIII de l'Iliade). Forgé et décoré par Héphaïstos, le bouclier montre la société antique, représentée par deux cités, l'une en paix, l'autre en guerre mais toutes deux inscrites dans l'ordre cosmique (symbolisé par la voute céleste) défini par la tri-fonctionnalité européenne. La première ville représente le 1er ordre (cérémonies, justice, cercle sacré). La seconde ville représente le 2nd ordre (guerre). En plus des deux villes est représenté le monde agricole (3ème ordre), joyeux et opulent. A l'extrême bord du bouclier est placé l'Océan (notion de limite, de borne). Ici, le monde agricole est richesse et joie, il permet l'émergence des villes et en garantie l'harmonie. La séquence nature-surnature-civilisation est une continuité et non une rupture. Non seulement le divin les englobe mais ces trois composantes participent également au divin ».

Cette métaphysique est notre bien le plus précieux. Malmenée depuis des siècles, oubliée par bien des nôtres, il n'appartient qu'à nous d'y revenir. Comment ? En nous laissant traverser par la perfection des sculptures antiques de Praxitèle et de Phidias dont Rodin fut l'un des plus dignes descendants. En s'imposant une plus grande frugalité sans sombrer dans l'ascétisme, comme le recommandait Dominique Venner, pour se concentrer sur les choses fondamentales. En cultivant l'esprit (l'exigence) d'excellence dans nos travaux. En renouant avec le sentiment de la nature comme nous l'enseignent et nous l'ont enseigné tant de nos maîtres. Toutes ces choses que Dominique Venner nous a enjoint de retrouver, d'entretenir en nous et parmi les nôtres 13. La Théogonie est avec l'Iliade une des sources majeures de ce grand ressourcement. Les autres sources immémoriales de l'Europe partageant les mêmes eaux, chacun pourra y trouver cette métaphysique de l'Absolu. Du cycle arthurien aux Eddas, de la figure de Cúchulainn à celle de Siegfried, de la sagesse des druides à celle des stoïciens, nous avons à portée de main de quoi renouer avec notre véritable relation au cosmos, celle de nos origines.

Pour le SOCLE 

L'enseignement fondamental de la Théogonie est de revenir à une métaphysique de l'Absolu. Ce que nous percevons à travers ce témoignage d'Hésiode pour y parvenir, c'est:

  • La condamnation de l'hubris
  • Le Cosmos est sacré
  • Tout est partie du Cosmos : hommes, Dieux, forces, concepts, idées...
  • Hommes et Dieux doivent être guidés par les mêmes principes
  • L'importance du serment
  • L'ordre est voulu, le chaos est permanent

Bibliographie

  1. Théogonie. Hésiode. Folio Classique
  2. Bibliothèque historique, V, LXVII. Diodore de Sicile
  3. Jupiter, Mars, Quirinus. Georges Dumézil. NRF Gallimard
  4. Vu de droite. Alain de Benoist. Le labyrinthe
  5. Comment peut-on être païen ? Alain de Benoist. Albin Michel
  6. Les religions de l'Europe du nord. Régis Boyer, Evelyne Lot-Falck. Fayard-Delanoël
  7. Dictionnaire de la mythologie gréco-romaine. Annie Collognat. Omnibus
  8. L'Iliade. Homère. Traduit du grec par Frédéric Mugler. Babel
  9. Le Manuel. Epictète. GF-Flammarion
  10. Pensées pour moi-même. Marc-Aurèle. GF-Flammarion
  11. Genèse 1:28
  12. Critique positive de « Comment peut-on être païen». Gwendal Crom. Le SOCLE
  13. Un samouraï d'Occident. Dominique Venner. Editions Pierre-Guillaume de Roux

jeudi, 22 septembre 2016

The Indo-European Concept of Cyclical History and the Quest to Acquire Lost Wisdom

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The Indo-European Concept of Cyclical History and the Quest to Acquire Lost Wisdom

Ex: http://www.geopolitica.ru

Despite all of the bad things one could say of Hitler’s Germany during the Second World War (and there are plenty of “bad things” to be said!), it is a fact of history that prior to the war (from 1933 to 1939) the German government pursued a scientific-cultural quest for lost knowledge which was unprecedented in the annals of recorded history. Specificallythe German Reich sought to acquire as much of the lost knowledge orwisdom of the ancient Indo-European peoples as possible. It was the special task of the Ahnenerbe (the cultural and scientific division of the SS) to research and investigate all aspects of the Indo-European or, as they put it, the“Aryan” past.

Needless to say, this massive scientific undertaking was by no means confined to the European continent, but spanned an area encompassing the entire globe. From Germany to Tibet to South America and beyond – wherever a great civilization was said to have arisen and mysteriously vanish – the Ahnenerbewas there “on the scene,” as it were, conducting extensive archeological fieldwork and employing other integrated methods of scientific research.

This admirable if not entirely praiseworthy endeavor, regardless of the variousideologically-based shortcomings of the National Socialist regime itself, is what prompted Eurasianist leader Alexander Dugin to say in his 1997 article “Fascism – Borderless and Red” that the Ahnenerbe was “an intellectual oasis in the framework of the National Socialist regime.”In fact, this statement is entirely accurate. In great contradistinction to the undeniablyethno-chauvinist and hyper-militarist aspects of the National Socialist regime – and the overtly boorish culture of bureaucracy which therefore emerged and was typified by the likes of Martin Bormann – the Ahnenerbe was indeed a great “intellectual oasis”which accumulated a vast wealth of scholarly information that the Western allies either ignored or openly refuted. The result is that, to this day, the majority of people in the West remain totally ignorant of many of the proven historical findings which were “common knowledge” to the cutting-edge scholars of the Third Reich (most of whom are now deceased).

revmodwelt.jpgOne thing which became clear to the Ahnenerbe, early on, was that all pre-Christian Indo-European cultures seemed to conceive of history as being cyclical rather than linear. In other words, all ancient “pagan” Indo-European cultures believed in an organic rhythmical order to both Time and Space. This conception of cyclical history – first expounded upon in modern times by Nikolai Danilevsky (1822-1885) and then Oswald Spengler (1880-1936) – stands in stark contrast to the Semitic-derived, “Abrahamic” belief in a purely linear or teleological conception of Time.

Perhaps the most convincing evidence supporting the cyclical conception of Time is the recurring “Four Ages of Man” theme which appears in many of the world’s ancient Indo-Europeancultures. The great Italian mystic and self-designated “Radical Traditionalist”Julius Evola is to be credited for his scholarly study of the Four Ages, most notably in his Revolt Against the Modern World (first published in 1934).

As Evola points out in his work, the Greco-Roman description of the Four Ages comes down to us from the ancient Greek and Roman authors Hesiod and Ovid, who associated each period with a particular metal. They outlined the Four Ages thus: (1) the Gold Age, (2) the Silver Age, (3) the Bronze Age, and (4) the Iron Age. The reader should note that these last two epochs bear no relation whatsoever to the mainstream historical Bronze and Iron ages. Rather they correspond to the cyclical periods of Indo-Aryan (Hindu) cosmology known as Yugas, which are (in order): (1) Satya or “Krita” Yuga, (2) Treta Yuga, (3) Dvapara Yuga, and (4) Kali Yuga or the “Dark Age.” In Hesiod’s model, a fifth “Age of Heroes” was inserted between the Bronze and Iron Ages. Evidently the Age of Heroes was a partial yet short-lived restoration of the high primordial state (the Gold Age) as recounted in the numerous heroic tales of mythology, which all point to a deeper esoteric meaning. Our own present epoch, which includes both modernity and postmodernity, is that of the Kali Yuga or Dark Age – the era of unbridled human degeneracy.

The Doctrine of the Four Ages fundamentally supports the concept of humanity’s devolution or “fall” from a primeval state of higher consciousness. In fact both devolution and evolution (in the non-Darwinian sense) are in complete harmony with the beliefs of most traditional cultures worldwide. Indeed both evolution (i.e. the quest for higher spiritual awareness) and devolution (submission to materialist degeneracy) are viewed organically, as continually interacting positive and negative charges to Nature’s cosmic balance or “dance.”Thus, the concept of devolution maintains that as spiritual decadence set in among the original Hyperborean and Atlantean races, their respective cultural declines also ensued. Such devolution can be found in many other civilizations known to the historical record, perhaps most famously in the Egyptian civilization which, many Egyptologists insist, mysteriously began at its apex.

Devolution is essentially the concept behind the biblical story of the fall of man. This “fall,” famously described in the Book of Genesis, is a metaphorical reference to the literal separation of man from the Spiritual realm. In other words, the fall of man symbolized the separation of original mankind, created in God’s image, from its spiritual Source. As man deviated further and further from hisoriginal godly or “Hyperborean” source (during the Golden Age), man became more hybridized and animalistic, both spiritually and physically. Man became more human.

The many similar stories of conflict between the primordial race of men descended from the gods and the rest of animalistic humanity, as described in the Indo-European epics, confirm the quintessential truths of devolution, though in a highly mythologized form. For example, the Norse tradition tells of a great battle between the divine Aesir and the nefarious Giants. The Hellenic tradition depicts the Olympians and Heroes fighting the various Titans and monsters. In the East, the Aryan devas battle against the materialistic asuras. In Celtic lore the noble TuathaDéDanann triumphed over the Fomorians. All of these legends are still greatly relevant to people of Indo-European stock, as they speak to the absolute essence of what it means “to be” – i.e. to be created in the image of the Divine Source or Deity.

Below is a concise description of the Four Ages as they relate to the various Indo-European peoples and the lands associated with them:

I. The Gold Age

The Gold Age or “Golden Age” represents the primordialcivilization which was in total harmony with the traditional spirit. It was an era of Being, not becoming. In the words of Evola, “Purity of heart, justice, wisdom, and adherence to sacred institutions are qualities that characterized every caste during the first age.”[1]The Hindu name for the Golden Age is Satya Yuga (or Krita Yuga). Satya means “being” and “truth”; the Roman Saturn, Father of the gods and King of the Golden Age, is derived from the older Sanskrit root. This was an Age of Ur, which is to say of Or-igin, not derivation. Hence the oldest of the gods have their roots in the Golden Age, and consequently their names reflect a common Indo-European origin – e.g. Ur-anus, Sat-urn, Buri, Pur-usha, etc. In the terminology of the late Russian esotericist Nicolai Levashov (1961-2012), this was an Age of “Urs” and “Ruses.”

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The Gold Age is a time in which both men and gods shared one immortal life – when Kings or Leaders embodied the gods and had no need to communicate their divine authority via a caste of high priests. It was an Age of polar unity, and not “polarization.” Attached to the primordial polar epoch are the supreme gods of the Indo-European pantheon which include: Dyeus (Proto-Indo-European), Dyaus Pita (Indo-Aryan), Zeus (Hellenic), Deus or Dis Pater or Jupiter (Roman), TiwazorTyr (Norse) – again, these are all etymologically related names for the same supreme “sky deity” or force which is scheduled to return at the start of the new Golden Age.

The primordial Northern Land, Hyperborea, is associated with the Golden Age. Fundamentally, the legend of Hyperborea is characterized by a polar, arctic, celestial, “Uranian” spirituality – a primordial spirituality of the greatest purity, above the solar and degenerated lunar/Demetrian tradition of the Silver Age.

All of the ancient divine centers of the gods – Mount Meru, Olympus, Asgard, Agartha, AiryanaVaejo, Ultima Thule, etc. – are referring to the same primeval Hyperborean Land, the same polar center inhabited by the otherworldly ancestors of the Indo-Europeans or Aryans:the Aesir/Olympians. In fact, the word “polar” (consisting of the two syllables “pol” and “ar”) literally means “pole of the Aryans.” The current lands bordering the “Ar-ctic” Ocean are said to be the geographic remnants of the ancient polar continent of Hyperborea. This includes Scandinavia, Iceland, Greenland, northern Canada, and northern Eurasia.

As for the primordial Hyperborean “race” or people: they were at the same time kingly and priestly, regal and ascetic, warrior-like and spiritual. The Hyperboreans (aka “Boreads”) were of a tall stature and Nordic in appearance. Some traditions state that they were androgynous, possessing a semi-etheric/semi-physical body type and had many superhuman qualities. The Arcane Tradition connects the Hyperborean stock to the transcendental “Great White Brotherhood.”

In any caseit is clear that the Hyperboreans (original mankind), at some point, devolved from their original godlysource and did not evolve from apes as suggested by the thoroughly materialist adherents of Darwinism. As the Hyperborean species strayed spiritually and physically from its original Arctic/polarorigin and as it was drawn more and more toward the demonic energy of the South (toward Materialism), it began its downward descent toward the ape, which is to say toward humanity. This highlights the great geographic/geomantic divide which exists on this planet (to this day) between North and South (Spirit and Material).

II. The Silver Age

The Silver Age is associated with Atlantis and the “mystery of the West,” as opposed to the Golden North. The Atlantean Civilization epitomized the Silver Age, with its solar symbolism in contradistinction to the Hyperborean symbolism of the immobile Pole. Whereas Hyperborea represented a superior state of Being, Atlantis symbolized the inferior state of becoming. Atlantis is also characterized by an eventual descent from (and abandonment of) the solar tradition, as the Silver Age is symbolic of a reflective/feminine lunar light. As the Masculine Force gives life, the Feminine Force receives life.

And so, prior to the total collapse of Atlantis, a degenerate lunar tradition took root: the Cult of the Mother Goddess or “Demetrism” as Julius Evola described the phenomenon. Geographically, it is difficult to say with certainty where Atlantis was located. Perhaps in the Atlantic or Mediterranean, or perhaps it was more immediately connected to Hyperborea as a distorted continuation of that original Northern Civilization.It is difficult to determine. What is certain, however, is that the Atlanteans inhabited Atlantis (wherever it might have been located), and they had degenerated considerably from the original Hyperborean stock.

Here it is important to mention that the Atlanteans were neither “Mongolian” in appearance nor the progenitors of the Mongoloid race, as traditional Theosophists have consistently claimed. Rather the Atlanteans developed, as a result of a spiritual/biological metamorphosis, out of the least tainted or diluted segment of the old Hyperborean race. For example, the Atlanteans preserved the golden hair, light eyes and fairappearance of the Hyperboreans. They also retained much of the mental capabilities and thus the inherited wisdom of the Hyperboreans. Nevertheless they were not completely free of baser elements or what could rightly be called “Lemurian” characteristics.

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By all accounts, the Atlantean Civilization (as a more physical/materialist offshoot of the Hyperborean) was truly remarkable. Many technological marvels were achieved that have not been replicated since. Through the efforts of their divinely inspired scientists who had tapped into the universal Akashic Records, the Atlanteans acquired the secrets of universal energy. The universal knowledge of the five elements – earth, water, fire, air, and cosmic ether – formed the basis of a global sustenance. Mirroring the universal five elements are the five dimensions of all existence. Here, the Atlanteans understood and harnessed the power of pyramidal structures.

Pyramids were constructed on geomantic gates of energy in order to mark the power-centers of the earth. The High Priests of Atlantis used pyramids as natural portals or gateways. Symbolically, pyramids reflect the divine mission of mankind to progress upward through four dimensions, and finally into the fifth dimension which is the dimension of Cosmic Completion. This fifth dimension is perfectly symbolized by the center of the Swastika – the fifth point from which the four arms (twelve points and eight directions) of the Cosmos derive their collective energy.

Human beings have five fingers on each hand and five toes on each foot, and also four limbs projecting from a central body simply because we descend from – and were created for – the fifth dimension. As bearers of the hidden Akashic knowledge, the Atlanteans understood that they were an extension of the Supreme God Force on earth, and that absolutely nothing exists separately from this Almighty Force.

III. The Bronze Age

Sometime during the latter part of the Silver Age there was a polarizing shift in the moral outlook of the Atlantean Civilization and society. It was at this time that the malevolent effects of the Bronze Age began to appear. The Bronze Age was defined by “violence and injustice, [a] yearning for power, and covetousness.”[2]It was an era of lawlessness and pride, exhibiting all the degenerative features described by Plato in his Critias.The majority of the Atlantean population became selfish and materialistic, using their technology for evil endeavors rather than for the common good.

And so, the Atlanteansdescended into pitiful, abject materialism. Eventually a cataclysmic set of disasters (earthquakes and floods) wiped out Atlantis and its civilization. Again, the biblical account is not to be dismissed, as the story of Noah corresponds to the submergence of Atlantis beneath the sea – even though the biblical account is obviously flawed in its claim that only a handful of people were said to have survived and also in the suggested time period of the cataclysm.

In any event, the forces of Light represented the last hope of the Atlantean Civilization in all things good and spiritual, while the forces of Darkness were agents of immorality and materialism. Theforces of Light would later be remembered as the Aesir, Olympians and Heroes of the various Indo-European traditions, and the forces of Darkness would be associated with the ever-subversive Giants or Titans. The Aesir/Olympians/Heroes represented the Golden cycle and the Giants represented the sinister usurpers. The Aesir embodied the spiritual-kingly element, and the Giants embodied the temporal-priestly. It was during the Bronze Age, this time of epic schism, that the priestly caste (the Giants) rebelled against the superior regal-warrior caste (the Aesir) and for the first time endeavored to usurp the latter’s powers.

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This marked the beginning of a power-struggle that has erupted time and again between Pharaoh and Priest, Emperor and Pope, legitimate ruler of a masculine-solar essence and illegitimate pretender of a feminine-lunar essence – between those who stand for Authority, Hierarchy, Tradition and Order versus those who stand for mass-leveling, chaos and decadence. In esoteric circles the Bronze Age is known as the Age of the Giants – the Age in which materialism and usurpation ultimately triumphed over the Atlanteanand higher traditions. Overall, the Age was characterized by a population that no longer valued the spiritual principle as it related to a masculine warrior caste. And so, the decadence of the Giants effectively brought the polar and solar traditions to an end.

From Atlantis the “Atlanto-Aryan” race spread all over the world, as did the rival factions of Light and Darkness. The war between these two diametrically opposed sides continues to this day. It has been waged covertly by competing secret societies who, through their “moves” on the Great Geopolitical Chess Board, have manipulated the course of world history, and for thousands of years.On one side is the Darkness, manifesting itself in International Banking and Freemasonry – two offshoots of the same brazen international scheme of the medieval Knights Templar, now championed by the Atlanticist powers (the United States and Britain).And on the other side is the remnant of the True Light of Hyperborea (i.e. Eurasia), comprised of all those forces which stand for continental values such as Truth, Order and Tradition – those fighting to restore the warrior-principle as it existed in its purest state during the Golden Age.

IV. The Iron Age

After the chaos of the Bronze Age, which stretched into the postdiluvian world, the Iron Age or Dark Age began – this still remains the current epoch of our planet’s history. The Iron Age is characterized by a total lack of any earthly connection to the divine element. The wolf of Norse tradition swallowed the Sun and caught the Moon – meaning that both the solar and lunar spiritual cycles of the Silver and Bronze Ages were finished. And so, lacking any higher guidance, the earth was abandoned to its own internal anarchy. The Iron Age is equivalent to the Hindu tradition’s Age of Kali Yuga. The defining feature of the Age has been mankind’scollective Struggle against the forces of darkness in order to push back the murky tide of decadence.The Crusades represent one such period of “push back” in the history of the Dark Age. They were initiated, on the esoteric level, as a great rebellion against the Darkness or rather Ignorance of the time. Sadly, this rebellion was doomed to fail due to the overwhelming greed and vanity of all the parties involved.

During the Crusades, the various knightly brotherhoods and orders were primarily on a quest for spiritual and scientific truth – or rather, a quest for the lost “Science of the Spirit” which thegreatest philosophers have sought to recapture since time immemorial. The exoteric mainstream belief that the knights were formed simply to “fight the Muslim Infidel” is wrong. The various knightly orders were instead searching for truth, as they disagreed with the unruly and degenerate head of the Roman Catholic Church: the Pope. This is especially true of the Teutonic Knights who upon reaching Syria met an old esoteric master called the “Elder of the Days.” He revealed to them the lost wisdom, history and traditions of Atlantis and Hyperborea.

The new revelations greatly impacted Europe, ultimately leading to massive building programs, a great technological boom, an increase in exploration, and the establishment of the modern banking system. Since it was the knightly brotherhoods that were in sole possession of this vast amount of wisdom, they came to be viewed as dangerous by the Pope and were subsequently persecuted and disbanded. Thus, the knights had no choice but to go underground, forming secret orders with various new names. Of course the most famous Order to go into hiding was the Knights Templar which eventually allied itself to the forces of World Zionism and, through proxy organizations (like the so-called “Order of Christ” in Portugal),went on to found various other black magician orders such as the Rosicrucians, Jesuits, Freemasons, Ordo TempliOrientis, Church of Satan and other derivative Satanic groups which happen to wield a great amount of power in the nations of the West and especially in the United States – a country which, it could accurately be said, was founded on the intertwined “Templar”principles of commerce, militarism and occultism.

Of the Templars it could be saidthat they originally set out on their great journey as legitimate Christian warrior-ascetics, however they returned to Europe as little more than money-lending vampires. Somewhere along the way the Templars became totally corrupt, adopting the wicked, usurious ways of the money-lending Levantines with whom they came into contact in the Holy Land. The Teutonic Knights, on the other hand, remainedtrue to their ancient “white magician” (i.e. Christian) roots.A Teutonic capital that survived well into modern times was Vienna. At Heiligenkreuz, the Teutonic Knights established several monasteries and castles on sacred geomantic energy sites. There they kept part of their newly acquired knowledge and scriptures upon returning from the Levant. For centuries, much of the wisdom acquired by the Teutonic Order was hidden in and around Vienna.

Theozoologie - Electron of the Gods - Deutschland und Ostmark - Peter Crawford - copy.pngAt the turn of the twentieth century there was a Catholic monk in Vienna who was a member of the old Teutonic Order. Disillusioned and disgusted with mainstream Christian dogma, he eventually left the monastery and assumed the name of “Lanz von Liebenfels.” He is most famous for writing Theozoology – a philosophical work that centers on the perennial earthly Struggle between Man(created in the image of God) and the hominid/apeling masses of the soulless, material world. It is said that von Liebenfels had an epiphany in his native Austria upon seeing a statue of a knight standing victoriously on top of a primate. Of course the knight symbolized a Noble, a true Man, a Man of the divine – and the primate symbolized the great bulk of animalistic humanity.

Von Liebenfels realized the great fact of Nature that the biological aristocrat (the God-man) is designed and destined to stand in unabashed superiority over the degenerate materialistic masses, as symbolized by the primate. It should be noted that, through the ages, human degenerates or animalistic “sub-humans” have also been depicted as serpents, dragons, demons, and other such reptilian creatures. In any event, it is the God-man’s responsibility to crush all those that seek to drag the God-man downward and ultimately destroy him through wanton immorality. Hence the reality of a spiritually-oriented God-like race existing in perennial opposition to a thoroughly materialistic, degenerateand animal-like human race. Although perhaps radical by nineteenth century standards, Lanz von Liebenfels’ philosophy was merely a reiteration of a much older spiritual philosophy. This philosophy, also prevalent in the fin desiècle works of Nietzsche, is part of a much broader tradition stretching all the way back to the epics of Aryan India.

Aware of the older traditions, von Liebenfels mingled his preexisting Teutonic knowledge with the spiritual/historical truths of the Bhagavad Gita, which describes the great battle of Atlantis. He thus came to the conclusion that the “Aryan Race” was in fact descended from the original God Race, and that the Chandalans were degenerate animal-men. Both sides were involved in endless battles throughout history, as confirmed in Hindu mysticism. The ancient Zoroastrian tradition also makes use of a similar theme describing the relationship between the Ashavan and the Anashvan. The Ashavan represent the pure, faithful and blessed on earth and in heaven – those who boost the power of the principle of light – and the Anashvan represent the impure ones opposed to the principle of light.

Von Liebenfels further taught that the Aryansare the descendants of the original Hyperborean-Atlantean god-men, and their noble origin can be discerned from their physical characteristics – i.e. their blond hair, blue eyes, fine features and fair skin. And so here we are, at the end of the Iron Age or Dark Age (i.e. Kali Yuga) – here we are, fighting as ever against the advances of the infernal Materialist Enemy.

To the fatalistic adherents of priestly/monastic prayer, these are the famous “End Times” of Revelation. To those who hold true to the primordialWarrior Wisdom, this is the era of Kali Yuga – an era that will soon give way to the new Golden Age or Krita Yuga. Regardless of one’s spiritual/religious inclination, this much is clear: the many disasters which currently threaten humanity – the earthquakes, volcanic eruptions, mysterious animal deaths, famines, diseases, miscegenation, immorality, unbridled avarice, widespread violence, wars – all these things have been predicted by countless seers and spiritual men through the centuries.They accurately foresaw the tumultuous events unfolding in our own time. So take heed and take solace! These things must come – the darkness must come into the world (and as black as night!) before the New Dawn can commence.

According to the ancient Vedic tradition, the end of the Dark Age does not translate to mean the destruction or “end of the world,” but rather the end of a long, dark epoch in world history and the correspondingly dark world order. More so than the Christian Bible, the Mahabharata outlines the dark period of Kali Yuga (our current age) quite vividly. It is a period defined by quantity, not quality – a time in which the majority of the earth’s inhabitants are Sudras, or materialistic slave-like people. They are wicked, deceitful, quarrelsome, vulgar, parasitical and beggar-like. They value the degraded and live in cities full of thieves. The men are dominated by their womenfolk who are shallow, garrulous, lascivious, and who bear too many inferior children. During this time, there are many famines and wars. Great migrations occur during this period as well; it is a time of uprooting and unfamiliarity, as opposed to kinship, localism and permanence. Rulers levy taxes unfairly, and abandon any interest in the spiritual or religious life of their people. Greed, lust, drug-addiction, anti-natural behavior, criminality – all these are just some of the evil pursuits indulged in by man. Does any of this sound familiar? It should. For this is the current age in which we live: the Kali Yuga. And the Mahabharata predicted it all.

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In the Indo-Aryan tradition the end of our current era shall witness the return of God to earth. A new glorious Golden Age shall then be upon us. His coming will initiate a Great War, and then he will set up his millennial kingdom on earth. This is the Age of Krita Yuga described in the ancient Hindu texts – an age of justice, duty, virtue and happiness; a time when the “Great White God” of the heavens reigns supreme on earth. In the Hindu religion it will be the tenth and final avatar of Lord Vishnu who returns: Kalki the Destroyer.


[1]Evola, Julius. Revolt Against the Modern World. Rochester, VT: Inner Traditions International, 1995, p. 184 (see footnote 1).

[2]Ibid., p. 219.

 

lundi, 12 septembre 2016

Julius Evola - Tom Sunic & E. Christian Kopff

Julius Evola - Tom Sunic & E. Christian Kopff

 

Tom Sunic interviews renowned educator, classicist and writer Dr. E. Christian Kopff. Topics include:

- How Tradition get passed down through the generations
- The mind of Julius Evola and what he meant by “revolting against the modern world.”
- Evola’s thoughts on the “masses.”
- Evola’s thoughts on Western Tradition
- Evola’s thoughts on masculinity
- Evola’s relevance for Americans and the rest of the modern West
- Evola’s criticism of Communism and its comparison to Capitalism
- The spiritual life vs. racial science; the State vs. the People
- Ezra Pound
- Aleksandr Solzhenitsyn

Recorded April 20, 2010

dimanche, 11 septembre 2016

Basarab Nicolescu : l'esprit en éveil La Lucarne et la Nuit

Basarab Nicolescu : l'esprit en éveil

 


Rencontre avec Basarab Nicolescu, théoricien de la transdisciplinarité, qui interroge le réel sur le plan de la logique, du langage, de l'imaginaire, de la philosophie, de la vie psychique, de la spiritualité, de la religion, de la société et de la vie de tous les jours.

Prônant une vision transdisciplinaire de l'être humain, Basarab Nicolescu souhaite "l'élaboration d'une approche ouverte, en permanente évolution, qui se nourrirait de toutes les connaissances humaines et replacerait l'homme au centre des préoccupations de l'homme." Cette "méta-science" inclurait la pensée symbolique traditionnelle dans la mesure où, ce que la tradition découvre dans la richesse de la vie intérieure, la science le découvre, par isomorphisme, dans la corporéité des systèmes naturels". Chercheur honoraire au CNRS, Professeur à l'Université de Cluj-Napoca (Roumanie), Membre de l'Académie Roumaine, Président-fondateur du Centre International de Recherches et Études Transdisciplinaires (CIRET), il est aussi l'auteur, entre autres, de Nous, la particule et le monde (EME éditions, 2012); Qu'est-ce que la Réalité ? (Liber 2009), L'homme et le sens de l'Univers - Essai sur Jakob Boehme (Le Félin, 1995), Théorèmes poétiques (Editions du Rocher, 1994), La transdisciplinarité, manifeste (éditions du rocher, 1996).

Dans son dernier ouvrage, René Daumal et l'enseignement de Gudjieff, (Le bois d'Orion, 2015) Basarab Nicolescu, en collaboration avec Ana Maria Wangeman, Claude Auger, Patrick Décant et Jean Pian, présente des archives inédites, conservées notamment à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet. Ont été rassemblés ici entre autres les lettres d'Alexandre de Salzmann à René Daumal, de mars 1933 à avril 1934, des documents rares sur son travail sur le théâtre ou l'alphabet qu'il avait créé, mais aussi le carnet dans lequel René Daumal notait ses réflexions sur l'enseignement, les lettres échangées avec Jeanne de Salzmann relatives au « travail » pratiqué dans les groupes Gurdjieff... ainsi que des études approfondies.

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samedi, 23 juillet 2016

Les confréries initiatiques et culturelles : Les varous

Les confréries initiatiques et culturelles: Les varous

varou273_3211.jpgLes Francs, les Saxons et les Scandinaves sont venus s'installer sur nos cotes et dans l'intérieur de nos terres, on pense généralement qu'ils oublièrent très rapidement leurs anciennes traditions. Il s'agit là de conceptions simplistes ; les Traditions ne sont pas une mode que l'on change au gré du temps et des vents. Nos Traditions sont éternelles ; elles sont au plus profond de nous même. Nos Ancêtres les ont exprimées suivant leurs instincts et leurs aspirations profondes. Elles nous conviennent parce que liées à notre tempérament. Si elles sont momentanément étouffées, elles sont latentes en nous et ressurgiront car notre Etre est éternel et ne peut être modifié dans son essence profonde. Le Peuple les a maintenues avec obstination alors que leur sens était oublié, mais leur maintien était un besoin impératif ; quelquefois elles se manifestent inconsciemment. Nos Traditions sont nos façons de concevoir le monde et de vivre en harmonie avec lui.

Ainsi, les Vikings ne purent être aussi facilement « assimilés » qu'on le dit - l'assimilation totale est impossible car il y a toujours des caractères irréductibles incompressibles, ce qu'on appelle le « tempérament normand ».

Arrivés dans une population en fait peu différente, puisque sur le vieux fond originel étaient venus se greffer les Celtes, puis les Saxons et les Francs, de même origine et Civilisation que les Scandinaves, nos Vikings défendirent leurs traditions. Rioulf se souleva avec les Normands de l'Ouest contre la dynastie ducale et fut défait avec ses troupes au Pré-de-la-Bataille en 935 après avoir fait le siège de Rouen, un siècle plus tard Guillaume écrasait les Cotentinais et Bayeusins révoltés. Ils transmirent bien autre chose à leurs descendants qu'un « tempérament » et une pigmentation à dominante « claire ».

Ils marquèrent de leur empreinte les noms de champs, le vocabulaire agricole et maritime et, surtout, ils transmirent à leurs descendants une partie de leur mythologie et de leurs croyances religieuses. Pour qui sait chercher on peut trouver dans nos traditions normandes des traces de l'ancienne religion nordique ; à notre connaissance cette question n'a encore jamais été étudiée d'une manière sérieuse et approfondie. Jusqu'à présent quelques rares publications ont examinées les faits folkloriques en tâchant de leur donner un certain nombre d'explications. Nous procéderons d'une manière plus logique - en étudiant l'origine de nos Traditions, puis en examinant leurs survivances.

Parmi les traditions normandes, en feuilletant les recueils de contes et légendes, nous découvrons des histoires de Varous. Ce nom d'origine germanique désigne un « homme-loup » et correspond exactement au danois moderne varulv, werwolf en allemand, (wair/wer : homme, wolf/ulf/ulv : loup). Il s'agit donc là d'une tradition Scandinave qui a traversé les siècles.

Les antiques confréries...

GERMANIA-FRONTCOVERweb.jpgDans la Germanie (C XLIV), l'historien latin Tacite nous donne la plus ancienne mention d'une confrérie guerrière, celle des Harii (dont le nom signifie probablement les « guerriers ») : « Quant aux Haries, leur âme farouche enchérit encore sur leur sauvage nature en empruntant les secours de l'art et du moment: boucliers noirs, corps peints ; pour combattre, ils choisissent des nuits noires ; l'horreur seule et l'ombre qui accompagnent cette année de lémures suffisent à porter l'épouvante, aucun ennemi ne soutenant cette vue étonnante et comme infernale, car en toute bataille les premiers vaincus sont les yeux ».

Dans un autre passage, Tacite présente des traditions analogues adoptées par tout un peuple, celui des Haltes (les ancêtres des hessois actuels) - « dès qu'ils sont parvenus à l'âge d'homme, ils laissent pousser cheveux et barbe et c'est seulement après avoir tué un ennemi qu'ils déposent un aspect pris par vœu et consacré à la vertu. Sur leurs sanglants trophées ils se découvrent le front, alors ils croient avoir enfin payé le prix de leur naissance, être dignes de leur patrie et de leurs parents ; les lâches et les poltrons restent dans leur salelé. Les plus braves portent en outre un anneau de fer, ce qui est ignominieux chez cette nation, en guise de chaîne, jusqu'à ce qu'ils se rachètent par la mort d'un ennemi (C. XXXI)».

L'archéologie nous apporte aussi sa contribution, sur des plaques de bronze du 7e siècle de notre ère provenant de l'île d'Oland (Suède), nous voyons quelques scènes qui doivent se rattacher à des danses rituelles. Sur ces quatre plaques nous apercevons :

- un personnage tenant en laisse un animal ou un monstre,

- un guerrier entre deux ours ;

- deux guerriers porteurs d'une lance et coiffés d'un casque à cimier en forme de sanglier.

- un personnage, porteur de deux lances et coiffé d'un curieux casque, qui exécute une sorte de danse, à côté de lui, un guerrier est revêtu d'une peau de loup - il s'agit probablement d'une danse rituelle.

On pense que le casque, dont proviennent ces plaques, devait appartenir à un membre d'une confrérie cultuelle. Sur le casque de Sutton-Hoo (Cf. Heimdal N° 7, p. 8) nous trouvons des guerriers, analogues à celui de la quatrième plaque, qui exécutent une danse.

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Plus tard, à l'époque des Vikings, nous apprenons que les Chefs Scandinaves aiment s'entourer d'une garde formée de guerriers d'élite, les Bersekir. Comme leur nom l'indique, ces guerriers sont vêtus d'une peau d'ours. Ils sont insensibles aux armes et au feu, dans le combat ils sont pris de « fureur » et ne craignent aucun danger ; ils en ressortent complètement épuisés. A la même époque nous trouvons un autre type de guerriers qui eux s'identifient à des loups. Les Ulfhedhnar. Tacite notait déjà que les princes s'entouraient de suites de jeunes guerriers et les Sagas nous racontent les aventures des Vikings de Jomsburg qui formaient une sorte de confrérie.

La mythologie nous apprend que les guerriers morts étaient dédiés à Odin. Les Valkyries venaient les chercher sur le champ de bataille pour les emmener au Valhal. Pour se préparer au Ragnarök, le « crépuscule des dieux », ils passaient la journée à se battre, le soir les morts ressuscitaient. Ces Einherjar formaient l'armée d'Odin, l'armée des morts

La philologie nous apportera un dernier élément ; le terme hansa n'a pas à l'origine un sens commercial, il signifie «suite, cohorte, troupe». Sur une pierre runique de Bjälbo nous trouvons le terme kiltar, une guilde de Frisons, mais dans les anciens glossaires du vieil-haut-allemand, gelt est synonyme de bluostar (« sacrifice »). Ainsi, à l'origine, les hanses et guildes sont des confréries cultuelles qui exécutent des sacrifices rituels.

... au rituel initiatique

Les travaux des spécialistes de la religion nordique, ceux du grand savant néerlandais Jan de Vries, ont permis de mettre en évidence l'importance des confréries cultuelles chez les anciens peuples du Nord.

A première vue on serait tenté de les répartir en deux catégories - les confréries guerrières et les confréries cultuelles En fait, cela serait peu fondé car à cette époque tout homme libre est un guerrier, d'autre part le sacré est présent dans toute action guerrière. Avant la bataille, pour dédier les ennemis à Odin, on envoie une lance (son attribut) au dessus d'eux. La coutume des Haries a plus un sens religieux que celui d'une ruse de guerre ; ils s'identifient magiquement à l'armée des esprits, la « Chasse sauvage ».

Quels sont les rites de ces confréries ? Nous avons peu de documents sur cette question : il s'agit de rites occultes (donc secrets), christianisés ou poursuivis quand ils ne pouvaient être assimilés, bien des éléments ont disparu. Toutefois. Jan de Vries (Altg. Rel., T. 1, pp 454 et 499) a pu établir qu'il existait une coutume initiatique. L'admission dans une confrérie est considérée comme l'entrée dans la communauté des esprits des Ancêtres. « Le postulant est coupé du monde auquel il appartenait et pour pénétrer dans le monde des ancêtres il connaît la mort symbolique puis la renaissance qui est liée à l'attribution d'un nouveau nom. Les mystères de la Tribu lui sont alors dévoilés ; on lui montre les objets sacrés, on lui apprend les rites et on l'informe de l'Histoire mythique de la Nation, des dieux et de la création du monde, des règles de morale et des tabous. Enfin des rites particuliers doivent le réintroduire dans le monde profane » (op. cit. p. 499). Ainsi, nous remarquons le rôle prééminent donné au culte des Ancêtres au sein de ces confréries, la communauté des morts et des vivants forme un tout (Cf. notre article sur le clan dans le N° 7 de Heimdal), cette communauté a sa source dans un mythe originel.

Des défilés rituels...

bersd52d4dee3d12c2aa44b.jpgQuant aux manifestations de ces rituels, les membres des confréries défilent recouverts de peaux de bêtes - peaux de loup (animal d'Odin), d'ours, de cerf... - ou même de feuillage. Ils s'identifient à l'armée des morts mais aussi à des animaux ou à des éléments naturels car le culte des morts est lié au culte de la nature et de la fécondité - il s'agit de penser à la mort et à la renaissance de la nature qui trouve son parallèle dans la mort des Ancêtres et leur réincarnation dans un de leurs descendants.

S'identifiant aux morts et aux animaux dont ils portent la dépouille, ils parcourent le pays en exécutant des danses rituelles au caractère magique et sont transportés par une « fureur sacrée ». Dans la Saga d'Egill on parle de Kveldulfr (« loup du soir ») qui, d'après Gamillscheg, serait à l'origine de l'expression française « courir le guilledou »

... au Carnaval

Ces processions avaient lieu pendant les douze jours de chaos qui se situent entre le Jul (Noël) et la nouvelle année, le Carnaval avec ses corporations, ses personnages étranges, son « déchaînement » en est une manifestation maintenue à travers les siècles mais vidée d'une partie de son sens. En Norvège, pendant la période du Jul, des groupes, grimés en animaux, traversent les villages. Le carnaval vit encore dans une bonne partie de l'Europe du Nord - défilé du Jol, défilé de Perchta, Fastnacht...

 

Mais on trouve d'autres survivances. La Hanse, les guildes et corporations médiévales sont les héritières des confréries de l'ancien Nord. Jusqu'à une époque récente, les corporations d'étudiants, avec leur « bizutage », leurs « beuveries rituelles » et leurs défilés colorés n'étaient pas sans rappeler cette tradition. On pense même que les danses rituelles christianisées seraient à l'origine des mystères médiévaux.

En Normandie, les varous

Mais ces croyances ont bien souvent été rejetées et qualifiées de « démoniaques » après l'implantation du christianisme.

Tel est le cas des Varous, tradition bien attestée en Normandie. Le Varou « Tous les soirs, au coucher du soleil il revêt une peau de loup, de chèvre ou de mouton. Cette peau s'appelle une hure. Le diable, auquel ce malheureux est échu en partage, le traite fort durement ; les coups de bâton trottent, les croquignoles et les nasardes ne sont point épargnées ; les gourmades et les horions pleuvent à foison : le pauvre patient souffre cruellement. C'est ce qui arrive surtout, si à l'heure que Satan lui a fixée, le possédé ne se trouve pas exactement au rendez-vous qui est ordinairement le pied d'un if; le malin va et pour le bon exemple, au centre de chaque carrefour, et devant toutes les croix du voisinage ». (Du Bois, Recherches.-, sur la Normandie, p 299).

Dans les anciennes lois normandes (Leges régis Henrici primi), pour le châtiment de certains crimes, il est dit que le coupable soit traité comme loup) («Wargus habeatur »).

Jusqu'au 18e siècle, des prêtres, se faisant l'auxiliaire de la justice, tenaient des monitoires, cérémonies au cours desquelles ils adjuraient les témoins de certains crimes de se faire connaître ; ceux qui n'obéissaient pas « aux injonctions d'un monitoire étaient excommuniés, changés en loup et forcés de courir la nuit dans les campagnes pendant un certain nombre d'années» (J. Lecceur, Esquisses du Bocage Normand, II, p. 403). Ils devenaient varous.

Le thème du Varou a donné naissance à de nombreuses histoires et légendes, entre autres celle du Varou de Gréville recueilli par J. Fleury et celle de la jeune fille Varou de Clécy présentée par Jules Lecoeur (Ces deux textes sont rassemblés dans l'ouvrage de Marthe Moricet).

wj9cdb2d9343a80d88099acd7b1.jpgMais ce qui nous semble encore plus intéressant c'est l'étude des « périodes d'activité » des Varous. Ils courent la nuit comme les Harii ou la « Chasse Sauvage » et particulièrement autour de la période de Noël, pendant l'Avent du côté de Pont-Audemer, de Noël à la Chandeleur dans la Manche. Il est un dicton du Bessin qui dit : « A la Chandeleur, toutes bêtes sont en horreur ». M. Moricet s'en étonne, en fait cela correspond à la période de chaos des douze nuits pendant laquelle Odin faisait chevaucher l'armée des morts. Tout est clair.

Nous pouvons aussi supposer qu'une partie de ces traditions n'a pas été rejetée dans la « démonologie ». Les Confréries de Charitons, typiquement normandes, sont apparues dès l'époque ducale alors que les traditions nordiques étaient encore relativement vivaces, ce sont des confréries à caractère religieux et qui sont chargés du « culte des morts », donc sur le plan chrétien l'exact correspondant des confréries initiatiques cultuelles originelles. On peut même envisager une étape intermédiaire, il y a à Jumièges une antique confrérie qui élit son Grand Maître lors du feu de la Saint-Jean, le Confrérie du Loup Vert, nous en reparlerons... Dans notre prochain numéro, pour la période du Jul, nous étudierons le mythe normand de la Mesnie Hellequin, nous suivrons Odin et sa chasse sauvage.

Georges BERNAGE.

BIBLIOGRAPHIE :

Louis de BEACKER, de la Religion du Nord de la France avant le christianisme, p. 189 à 193 (le Weerwolven flamand).

Amélie BOSQUET, La Normandie Romantique et Merveilleuse -

rééd. Le Portulan, Brionne, 1971. p. 223 à 243.

Marthe MORICET, Récits et Contes des Veillées Normandes, Caen, 1963. p. 65 à 75.

Jan de VRIES, Altgermanische Religionsgeschichte, p. 488 à 505. Roy CHRISTIAN,   Old   English   Customs,   1972.   p.   21   à   26.

Source : HEIMDAL (Normandie-Europe du nord) N° 13 – Automne 1974

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dimanche, 10 juillet 2016

Von China lernen – Konfuzius für Krisen

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Von China lernen – Konfuzius für Krisen

von Holger Schnepf

Ex: http://younggerman.de

Wenn etwas in der eigenen Zivilisation so richtig schief läuft, wie bei uns in der Westlichen Kultur, dann lohnt ein Blick aus einer höheren Warte, dass man einmal inne hält und versucht, einen neuen Blickwinkel zu finden. Zu leicht verliert man sich im Kleinen, in den Niederungen der politischen Programme, im Gefeilsche um 3% mehr dort oder 2% weniger hier. Die Westliche Welt ist in einer grundlegenden Krise, und die Zeichen sind in den USA ähnlich zu sehen, wie in den westeuropäischen Staaten. Daher Westliche Welt: schon Osteuropa tickt in vielem ganz anders.

Manch einen mag die Vorstellung, historische Wurzeln und philosophische Ansätze heranzuziehen, um die gegenwärtige Krise zu verstehen, erst einmal irritieren. Die Realität aber ist, dass unser ganzes Denken auf eine sehr grundlegende Weise nicht Zufall ist, sondern in der Tat das Resultat von Jahrtausenden der Zivilisations-Geschichte. Geschichte ist unsere zweite Haut, unser zweites Ich. Es durchdringt unser Fühlen, aber wir sind uns dessen nicht bewusst. Und darin ist jedes Volk ebenso eigen wie jeder Kulturkreis. Es ist eben ein Irrtum der Linksgrünen zu glauben, es seien „nur“ kulturelle Unterschiede, welche in Europa oder in der Migrationskrise zu bewältigen seien; als sei Kultur etwas, das man leicht hinter sich lässt.

Die meisten haben so leider nur eine vage Vorstellung davon, wie stark uns historische Entwicklungen und bestimmte Philosophien beeinflussen. Zwei Beispiele.

Die Deutschen sind schon immer ein Volk in der Mitte Europas, eingekreist von anderen Völkern und Nationen. Die lange, verheerende Invasion deutscher Staaten im 30jährigen Krieg (1618 – 1648), bei der in manchen Gegenden bis zu 90% der Menschen getötet wurden und eine ungeheure gewaltsame Verrohung herrschte, hinterließ ein tiefes Trauma, dass die Deutschen kollektiv bis ins 20. Jahrhundert beherrschte, es prägte das politische Handeln und Tiefenempfinden der Deutschen: nie wieder so schwach, so zerstritten und isoliert sein, dass sich dieses Trauma der Invasion von allen Seiten, die totale Verwüstung, wiederholt. Der ganze deutsche Militarismus entstand als Folge dieses Traumas, und dominierte 400 Jahre deutscher Geschichte.

Unser philosophisches Erbe aber ist der Individualismus. Wie stark uns das von allen anderen Kulturen der Welt unterscheidet, ist den meisten Europäern kaum bewusst. Dass wir Dinge vom Individuum her denken, scheint uns ganz normal, ganz selbstverständlich. Wenn man Menschen in außer-europäischen Kulturen fragt, was uns Europäer kennzeichnet, wird man dies unisono hören: euer Individualismus. Und meist ist der Tonfall dabei nicht, als würde das beneidet. Für die Asiatischen Kulturen ist der westliche Individualismus ein Irrweg, eine Art Marotte, wie sie trotzige kleine Kinder haben. Der Grund für diesen zunächst etwas überheblich klingenden Blick ist wiederum die Geschichte.

Europas zersplitterte Geschichte

Europa kannte nur eine Zivilisation in seiner Geschichte, das Römische Reich, und dieses Projekt ein geeintes Europa zu schaffen, ging komplett unter. Was danach folgte, waren über 1000 Jahre Finsternis, das Mittelalter; eine Zeit deren Herrscher nüchtern betrachtet kaum mehr als Raubritter waren, bar aller Gelehrsamkeit und ewig im Krieg mit sich selbst. Eine stagnierende Epoche. In Asien verlief die Geschichte komplett anders. Wenn man sich die Weltkarte ansieht, wird man bemerken, dass China den Löwenanteil der Landmasse ausmacht. Dabei ist es ein Irrtum, China als einen Nationalstaat wie Deutschland oder Frankreich, nur in groß zu sehen. China war von Anfang an ein Vielvölkerstaat, ähnlich wie später Russland, mit einer dominierenden Ethnie: den Han-Chinesen. Auf diese Weise kann ein großes Reich funktionieren, wenn es eine Leit-Kultur und Leit-Ethnie gibt. In Russland sind das die Russen, in China die Han-Chinesen. Der Versuch, mit einer Römischen Leitkultur Europa zu einen, ging dagegen in die Binsen. So stehen wir heute als gespaltene Völkergruppen da, mit 1500 Jahren getrennter Geschichte.

Neben dem historischen Aspekt möchte ich aber hier vor allem den Philosophischen betrachten. Für uns Westler ist die westliche Philosophie, welche die politischen Ideale des Westens prägte, der Mittelpunkt der Welt, quasi das einzig Gültige. Mit Sokrates, Plato und Aristoteles fing das an, die beiden großen, prägenden Gedanken: Von Plato kam der Universalismus, von Aristoteles die Logik.

Universalismus das ist, dass wir dauernd all-gültige abstrakte Werte suchen. Etwas muss an sich richtig sein. Wir kennen das von Kants Kategorischem Imperativ: Handle stets so, dass dein Handeln Maxime für alle sein kann. Das ist Platonische Ideenlehre in modernere Begriffe gekleidet. Es ist die typische westliche Vorstellung, es müsse abstrakte Ideen und Gedankengebilde geben, die an sich, a priori richtig und wahr sind. Wir können uns kein relatives Gutes vorstellen. Schon das ist schwer zu begreifen. Ich will ein Beispiel geben. Das Gegenteil von Universalismus ist Partikularismus, also ein Gutes für eine begrenzte Gruppe. Zum Beispiel Tribalismus, eine Stammes-Moral. Ein Mensch, der statt einem Universalismus einem Tribalismus anhängt, für den würde nur das Wohl des eigenen Stammes gelten. Regeln, Gesetze, Gut und Böse, das gibt es im Tribalismus nur innerhalb des eigenen Stammes. Nur die eigenen Leute muss man recht und gut behandeln. Weite Teile Afrikas und Arabiens werden noch immer im Wesentlichen durch eine Stammesmoral beherrscht. Für sie gibt es kein abstraktes Gutes. Der Gedanke scheint uns so selbstverständlich, dass das Gute etwas universelles sein sollte, dass immer und allen gegenüber auf gleiche Weise gilt. Menschenrechte zum Beispiel. Die hat jeder Mensch. Das ist aber ein typisch westliches Denken.

Von Aristoteles kommt die Logik, und daraus erwuchs der Individualismus. Der Einzelne entscheidet was richtig ist, nur aufgrund von Rationalität, also von der Frage ist es für mich richtig. Das hat sich erheblich ausgewirkt. Richtig in Fahrt kam das mit Martin Luther. Er wollte sich nicht mit biblischen Deutungen der Obrigkeit zufrieden geben, er wollte sich seine eigene Meinung bilden, er wollte, dass die Bibel alle in ihrer eigenen Sprache lesen können, so dass jeder durch eigene Überlegung entscheidet, wie er die Bibel deutet. Für uns scheint das heute ganz normal, auch in Fragen jenseits der Bibel. Für die Zeit des späten Mittelalters war dies ein Affront, eine Ungeheuerlichkeit, dass ein Einzelner sich anmaßte aufgrund seines eigenen Verstandes zu urteilen. Damit ist die ganze Entwicklung zur Individualität in Europa losgetreten.

Ich musste hier so weit ausholen, damit man versteht, dass unser Denken, politisch und philosophisch, eben uns ganz eigen ist. Das Problem ist, wenn ich so sagen darf, dass uns heute diese Vergötterung des Individuums, das Genick bricht. Man hat eine an sich gute Idee, die Freiheit des Einzelnen, so weit ins Extrem getrieben, dass es heute keinen Zusammenhalt mehr gibt, jeder ist ein Einzelkämpfer, die Zahl der Singles und Alleinerziehenden explodiert, damit einhergehend fallen die Geburtenraten. Auch der Sozialstaat ist überfordert, als eine Folge: früher gab es Großfamilien, die einen Großteil der sozialen Aufgaben übernahmen. Man musste weder Kindergärten finanzieren, weil Mütter die Kinder aufzogen, noch Seniorenheime, da die Familie die Eltern pflegte. Je vereinzelter die Menschen sind, desto teurer wird es für den Staat. Man sehe sich zum Unterschied eine türkische oder arabische Familie an: hier wird keiner, der arbeitslos wird, hängen gelassen: man findet eine kleine Arbeit im Laden eines Familienangehörigen oder Bekannten. Man hat Netzwerke, in die man sich einfügt und die einen auffangen. Was wiederum ein Hemmnis der Integration ist – man hat Sicherheit in der Sippe, kaum einer, der diese Sicherheit im Familienclan und der eigenen Ethnie hat, will als Araber oder Türke in die Hyper-Individualisierte Vereinzelung und Einsamkeit der westlichen Menschen fallen.

confucm_565.jpegDie Lehre von Konfuzius

Wenn man Menschen heute von chinesischer Philosophie erzählt und was wir davon lernen können, so muss man oft erst dumme Klischees beseitigen. Der witzige Chinese, der dümmlich lispelt, der Zwang zum immer Lächeln und das Gesicht wahren, die Idee lächerlicher Kalender-Sprüche. Das ist ein Zerrbild wie das vom Deutschen in Lederhose. Keiner bestimmte das Denken ganz Asiens so sehr, wie Konfuzius. Seine Ideen und Vorstellungen haben den ganzen kulturellen Raum Asiens tief geprägt. Es gibt im Westen gar keine einzelne Person, die unser westliches Denken so im Alleingang geprägt hat, wie Konfuzius das Denken Asiens.

Konfuzius lebte zwischen 551 und 479 v. Chr. In einer Zeit, da China gespalten und tief zerstritten war, da allgemein ein Verfall von Sitten und eine starke Verrohung der Menschen herrschte. Er versuchte die Frage zu beantworten, wie dies kommen konnte, und wie man dem abhelfen konnte. Dabei standen für ihn keine hochtrabenden politischen Programme im Vordergrund, sondern ethische und philosophische Grundlagen. Für Konfuzius waren dies fünf Punkte, die alle aus einer Grunderkenntnis heraus entstanden.

Die Grunderkenntnis von Konfuzius war, dass nur in einer richtigen gesellschaftlichen Ordnung ein gutes Leben in Ethik und sinnhaften Handeln möglich ist. Das ist quasi eine auf den Kopf Stellung gegenüber dem westlichen Denken: für uns scheint das Gute immer aus dem Einzelnen zu kommen. Für Konfuzius dagegen entspringt Freiheit nur aus einer rechten Ordnung. „In einer gerechten Gesellschaft, ist es eine Schande arm zu sein; in einer ungerechten Gesellschaft, ist es eine Schande, reich zu sein.“ Das ist ein Ausspruch, der sein Denken kennzeichnet. Das Gerechte, das Gute und die Entfaltung hängen von der ganzen Ordnung ab, die die Menschen umgibt. Für Konfuzius aber waren die Regeln, die Ordnung, kein Selbstzweck, und schon gar kein Zwang, der einem von der Obrigkeit erteilt wurde, sondern etwas wie Spielregeln: alle einigen sich darauf, weil nur so ein sinnvolles Handeln möglich wird. Es ist ein gemeinschaftlicher Akt der Einsicht.

Fünf Lehren

Die fünf Pfeiler auf denen sich diese Ordnung gründet sind Menschlichkeit, Gerechtigkeit, Pietät, Sitten und Bildung. Für Konfuzius ist der Kern aller menschlichen Ordnung die Familie. Sie ist die Keimzelle der Gesellschaft, innerhalb der Familie lernt der Mensch alle notwendigen sittlichen und emotionalen Fähigkeiten. Sie, und nicht das Individuum, machen den Kern der konfuzianischen Lehre aus. Daher haben bis heute in Asien die Familienclans und familiäre Gemeinschaften die überragende Bedeutung; das Individuum entfaltet sich nur im Einklang mit dieser.

Das Li Gi, ein konfuzianisches Grundlagenwerk, beschreibt diesen Gedanken so:

„Die Familienordnung als Grundlage der Menschheitsordnung: Die Liebe leitet sich von den Eltern her und stuft sich ab nach oben hin bis zum Urahn des Geschlechts. Die Pflicht leitet sich von den Urahnen her und steigert sich nach unten hin bis zum heimgegangenen Vater. So ist der Weg des Menschen die Liebe zu den Nächsten.

Die Liebe zu den Nächsten führt zur Verehrung der Ahnen; die Verehrung der Ahnen führt zur Achtung vor den näheren Vorfahren; die Achtung vor den Vorfahren führt zum Zusammenhalt des Stammes; der Zusammenhalt des Stammes führt zur Heilighaltung des Ahnentempels; die Heilighaltung des Ahnentempels führt zum Wichtignehmen der Landessitten; das Wichtignehmen der Landessitten führt zur Liebe zum Volk.

Die Liebe zum Volk führt dazu, dass die Strafen gerecht werden; sind die Strafen gerecht, so leben die Leute in Sicherheit; leben die Leute in Sicherheit, so sind genügend Güter da; sind genügend Güter da, so kann man alle seine Absichten verwirklichen; kann man seine Absichten verwirklichen, so nehmen die Traditionen und Sitten feste Formen an. Haben Traditionen und Sitten feste Formen, so folgt die Freude.“

Der Einzelne lernt die moralischen Qualitäten in der Familie. Die Liebe und Leitung der Eltern ist das Vorbild für eine gerechte Staatsführung: der ideale Herrscher leitet das Volk wie Eltern ihre Kinder: mit Liebe, Gerechtigkeit und klaren Regeln. Die Liebe zu anderen lernen Menschen hier überhaupt nur als Ableitung aus der familiären Erfahrung. Dies ist verwurzelt in einer festen ethnischen und regionalen Bindung. Ein Mensch sieht sich nicht als eine zufällige einzelne Erscheinung, sondern als Erbe seiner Ahnen, die die Region, das Land und die Kultur aufbauten. Diesen schuldet er alles, was er hat, wie er selbst ein Ahne wird, und das weitergibt, was er empfing. Es ist höchste Verpflichtung für ihn, die Bewahrung und Weiterentwicklung.

Im Kern steht, anders als der Konfuzianismus im Westen manchmal wahrgenommen wird, keine autoritäre Härte, sondern die Menschlichkeit. Sie macht den Kern der Lehre aus. Ohne dieses Verlangen nach Menschlichkeit wäre die Philosophie in der Tat nur eine hohle Sittenlehre. Und gerade das war nicht die Absicht. Wie sich diese definiert, zeigt wiederum das Li Gi auf:

„Die Sittsamkeit verlangt, dass man zu den Vornehmen ehrerbietig ist, zu den Alten ehrfürchtig, zu den Kleinen liebevoll, zu den Jugendlichen freundschaftlich, zu den Geringen gnädig ist; das ist Sittsamkeit. Heute aber sind die Menschen gegen die Oberen aufsässig, die Unteren werden in Not gebracht, das Rechte wird missachtet und man setzt sich mit Gewalt durch.“

Konfuzius waren Gewalt und Unterdrückung zutiefst zuwider, und ein klares Kennzeichen einer Gesellschaft, die im Ganzen den Weg verloren hat. Konfuzius wollte Menschen sanft auf den richtigen Weg führen, durch Vorbild und Bildung. Er betont dies immer wieder. „Der Edle kennt keinen Streit.“ Und: „Irrlehren angreifen, das schadet nur.“

Damit überall Menschlichkeit walten kann, muss Gerechtigkeit bestehen, d.h. eine unparteiische Ordnung, in welcher die Guten hoch kommen und die Ungerechten nieder gehalten werden, also in dem nicht Gauner und Betrüger nach Oben kommen. Wenn oben die Sitten verfallen, so verfallen sie am Ende auch unten. Das ist für uns im Westen eine seltsame Sicht. Nur wenige kämen auf den Gedanken, die private Lebensführung unserer Politiker zu hinterfragen. Dass viele sich mehrfach scheiden lassen, im Privaten unleidliche und niedere Typen sind, das interessiert uns wenig; wir schauen nur nach den politischen Programmen. Damit aber setzt der Verfall ein, weil Menschen immer die ihnen oberen imitieren. Das Beispiel von oben, eben auch das Schlechte, setzt sich im Volk fort.

confuciusparoles26148971.jpgKonfuzius geht es nicht um eine abstrakt definierte Moral, sondern um eine individuelle, durch persönliches Beispiel gelebte Sittlichkeit. Er lehrte nicht durch logische Erklärungen, sondern Umschreibungen. „Als der Stall niederbrannte und Konfuzius zurück kehrte, fragte er: ‚Wurde jemand verletzt?‘ Er fragte nicht nach den Pferden.“ Dieses berühmte Zitat beleuchtet die Lehrweise Konfuzius und wie er Menschlichkeit definiert. Er sorgt sich nicht um den Besitz – die Pferde. Aber er sagt es nicht direkt, das Gleichnis umschreibt es nur. Es ist eben kein Kantianischer Imperativ, sondern eine Ermutigung zum persönlichen Vorbild. Von ihm stammt die berühmte Goldene Regel: „Füge anderen nicht zu, was du nicht willst, dass dir zugefügt wird.“ Dabei steht der Konfuzianismus zwischen den Extremen des Universalismus und Tribalismus. Es gibt eine Moral, eben die Menschlichkeit, die man allen Menschen gegenüber walten lässt; dennoch ist das Verhältnis der Einzelnen zueinander wichtig. Man verhält sich den Obigen gegenüber mit Respekt, den Unteren gegenüber mit Milde. Die Eltern leiten die Kinder mit Strenge und Güte, die Kinder achten die Eltern mit Respekt. Dies setzt sich in allen Bereichen fort: es gibt eben keine Gleichheit, aus der die Moral entspringt, sondern was sittlich ist, bestimmt das Verhältnis der Menschen, wie sie zueinander stehen. Damit wird die gesellschaftliche Ordnung aufrecht erhalten. Die Rollen der Menschen sind eben unterschiedlich, und das Urbild dazu ist die Familie. Der Vater als Beschützer und Leiter, die Mutter als nährend und umsorgend, die Kinder folgsam und respektvoll. Auch die Rollen von Mann und Frau können nicht die gleichen sein, sie sind Abbilder von Yin und Yang, dem männlichen Himmelsprinzip und dem weiblichen der Erde: der Himmel beleuchtet und überwölbt, die Erde trägt und nährt. Es ist keine Unfreiheit, keine Ungleichheit der Würde, aber es sind sich ergänzende Rollen, wie eben im Yin-Yang Symbol: zwei Teile deren gegensätzliche Rollen einander zu einem Ganzen ergänzen, da sie sich ihren natürlichen Anlagen entsprechend einbringen. Ethik von der Familie als Kern aus zu denken, ist die Balance zwischen Universalismus und Tribalismus. Die Familie steht einem näher als alle anderen, ihr ist man zuhöchst verpflichtet, danach kommt die eigene Region, und dann die Nation, der Staat, und erst danach die Menschheit als Ganzes. Es ist aber auch kein Tribalismus, in dem nur dem eigenen Stamm moralische Pflicht gilt. Die Menschlichkeit und Gerechtigkeit gelten gegen alle, aber die moralische Pflicht ist vom inneren Kreise, von der Familie ausgehend, abgestuft. Dem Eigenen gilt die höhere Pflicht als dem Fremden.

Im Kern muss aber die Sanftheit, die Menschlichkeit stehen, sie darf kein Zwang, keine Gewalt sein. Als Konfuzius Richter war und ein Vater seinen Sohn verklagt, weil dieser ihm ungehorsam war, sperrte er einige Zeit beide ein, da er sagte, durch seine Härte habe auch der Vater seine Pflicht, seinen Sohn weise und gerecht zu leiten, missachtet. Bei Menzius, dem Schüler Konfuzius wird dies auch auf die Politik ausgedehnt: eine Regierung verliert ihr „Mandat des Himmels“, wenn sie gegen das Wohl des Volkes handelt. Es ist bei aller Betonung von Respekt und Sittlichkeit kein einseitiges Vorrecht der Oberen, sondern eine auf Gegenseitigkeit beruhende Ordnung. Die Pflicht der Oberen ist Vorbild zu sein auch in der privaten Lebensführung, sonst hört sie auf wahre Obrigkeit zu sein und wird Tyrann.

Pietät, Sitte und Bildung

Das dritte Standbein der Philosophie macht die Pietät aus. Das meint durchaus eine religiöse Komponente. Auch wenn China keine Religion im Sinne fest stehender Dogmen kennt und eine eher sanfte Religiosität übt, war für Konfuzius die Religion wichtig. „Ein Mensch ohne Glauben ist wie ein Wagen ohne Joch und Deichsel: wie soll der voran kommen?“ Die religiöse Pietät wurzelt im Chinesischen wie in allen heidnischen Religionen, in der Verehrung der Ahnen. In jedem Haushalt ist ein Ahnenschrein, vor ihm finden die täglichen Andachten statt. Man ist mit den eigenen Ahnen verbunden, eine in fast allen vor-Christlichen Religionen verbreitete Vorstellung. Ahnen und Götter sind etwas in der Küche, im Haushalt, etwas Persönliches und kein ferner, abstrakter Gott auf einem Thron. Das ist eine nahe, weltliche und persönliche Religiosität. Wohl gibt es auch Hohe Gottheiten, den Himmel und die Erde, der wichtige Bezug aber sind die eigenen Ahnen, die aufgestiegen sind, in deren Reihe man sich verpflichtet fühlt. Das Gefühl der Verbundenheit umfasst so die Lebenden in der Familie, ebenso wie die Verstorbenen. Man verliert das Band der eigenen Geschichte nicht, weil es jeden Tag in der pietätvollen Andacht ins Gedächtnis gerufen wird.

Pietät ist ein sich zurück nehmen, man sieht sich als Teil eines größeren Ganzen, eines Erbes, das einen verpflichtet, und das man würdig weiter gibt. Das ist ein ganz anderes Bewusstsein, als der Individualismus des Westens, in dem jeder Einzelne als „seines Glückes Schmied“ angesehen wird, und die Einzelleistung gegenüber der Sippe, der Gemeinschaft, den Vorrang hat. So nehmen wir immer die Geschichte als eine Aneinanderreihung einzelner „Genies“ war, als ob diese quasi aus dem Nichts sich selbst erschaffen hätten und ihren Status niemand anders, keinem Vorangegangenen schulden würden. Mit entsprechendem Leichtsinn wird denn auch heute das Alte zerschlagen. Es gibt keinen Respekt für das Gewachsene. Konfuzius betont die Bedeutung des Gewachsenen immer wieder. Geduld und Selbstbeherrschung, seine Zeit abwarten, nichts Erzwingen, sich im Einklang mit dem natürlichen Wandel bewegen, das sind in ganz Asien herausragende Vorstellungen.

In Japan gibt es das Sprichwort, der Nagel der herausragt, wird eingeschlagen. Was für uns Individualisten erst einmal grausam klingt, kann man auch ganz anders sehen. Ich hatte die Gelegenheit, zweimal nach Japan zu reisen. Meine Erwartungen waren ähnlich wie die vieler Westler: eine Kultur erzwungener, falscher Höflichkeit, die nur Maske sei. Die Doppelstadt Tokio – Yokohama ist ein gigantisches Menschengewusel, von einem Ausmaß, das man sich als Deutscher nicht vorstellen kann. Dennoch herrscht eine sehr große Ruhe in der Öffentlichkeit. Nie habe ich schreiende, tobende oder laute Kinder erlebt, nie zankende Menschen. Das Spannende ist: man fühlt sich durch diese allseits geltende Höflichkeit schnell extrem entspannt. Man wird selbst höflich und sanft, weil man weiß: niemand macht mir den Platz streitig, niemand motzt mich an, ich laufe nicht durch die Großstadt wie durch ein Kriegsgebiet. Die Wirkung ist enorm. Innerhalb kurzer Zeit verliert man die Abwehrhaltung, die gespannte Aufmerksamkeit, die man als Großstädter ansonsten erworben hat. Und nicht umsonst: Japan zählt zu den sichersten Ländern der Welt. Obwohl es Japan ist, dient es als Beispiel gut, weil man in Japan, mehr als im durch die kommunistische Revolution verdorbenen China, besser den Geist konfuzianischer Werte im Alltag erleben kann; sie prägen und dominieren ganz Asien.

Das ist was Sittlichkeit meint: ein sich zurücknehmen, aber keine Kriecherei. Konfuzius betont immer wieder, die Form wahren. Was uns als Zwang scheint, ist eigentlich ein Sicherungsmechanismus gegen ein Übermaß.

„Ehrerbietung ohne Einhaltung der Form wird zu Kriecherei. Vorsicht ohne Einhaltung der Form wird zu Ängstlichkeit. Mut ohne Einhaltung der Form wird zu Auflehnung. Aufrichtigkeit ohne Einhaltung der Form wird zu Grobheit.“

Dieses Konzept der Sittlichkeit ist eine Selbstbeherrschung, durch die man sich voreinander schützt, aber auch, durch das man sich selbst schützt, vor einem sinnlosen Übermaß, vor geistloser Kriecherei und Unterwürfigkeit, die Konfuzius Lehre eben gerade nicht ist. Der „Edle“ in der konfuzianischen Lehre ist kein Superkapitalist, der das Maximum an Profit für sich sucht, wie es das individualistische Ideal der westlichen Moderne darstellt, sondern er ist Teil seines Bezugsrahmens: der Familie, der Nachbarschaft und dem Staat. Diese verfällt von oben, wird aber von unten her erneuert. „Wenn du den Staat verbessern willst, musst du erst die Regionen verbessern. Wenn du die Regionen verbessern willst, musst du erst die Städte verbessern. Wenn du die Städte verbessern willst, musst du erst die Nachbarschaften verbessern. Wenn du die Nachbarschaften verbessern willst, musst du erst die Familie verbessern. Wenn du die Familie verbessern willst, verbessere erst dich selbst.“ Die Ethik geht in immer größeren Kreisen vom Kleinen aufwärts. Sie ist keine Schulmeisterei eines Obrigkeitsstaates.

confucius-philosophe-de-la-chine-pierre-savouret-amsterdam-1688.jpgDen fünften Grundpfeiler macht die Bildung, sie ist für Konfuzius Mittel und Selbstzweck zugleich. Unbildung war für ihn ein großer Fluch. „Ein Volk ohne Bildung in den Krieg führen, das heißt, es dem Untergang weihen.“ Hier kommen zwei Übel zusammen: ein ungebildetes Volk und eine Führung in Krieg und Gewalt: das kann nur schlecht ausgehen. Nur Bildung ermöglicht Verstehen, ermöglicht, seinen Platz und seinen Weg in der Gemeinschaft finden. Aber für Konfuzius, der sein Leben lang nicht den Erfolg seiner Lehre erlebte, war Bildung auch ein Trost, etwas um das man sich immer bemüht, um sein Wissen und seinen Charakter immer zu bessern. Für Konfuzius bezeichnet der Weg des Edlen Fleiß, Hingabe und immer wieder Selbstverbesserung, Lernen und Bildung erlangen. „Wer sich nie schämt, wie kann der sich bessern?“ Es ist diese Scham, die den Menschen heute abhanden gekommen ist im Westen. Man will sich nicht bessern, ja man kann sich gar nicht mehr bessern, weil keiner mehr ein rechtes Gefühl für die eigenen Unzulänglichkeiten hat. Jeder ist ein kleiner König, von Kindesbeinen an werden Menschen ermutigt, sich nicht zu ändern, dass alles was sie tun recht und billig sei. Wir wurden überschwemmt mit Ratgebern, die uns sagen, wir sind ok, egal wie wir sind, wir müssen alles akzeptieren und eine kritische Selbst-Befragung, die Notwendigkeit sich zu bessern, haben wir damit verloren. Es wurde den Menschen aberzogen sich zu schämen. Dumme, rohe, derbe Menschen werden uns überall vorgeführt, im Fernsehen, in der Politik ebenso. Es sind oben wie unten Menschen unfähig der Scham, eine schamlose Gesellschaft, die keinen Sinn für die eigenen Charakterschwächen mehr hat, die eigene Unbildung und Primitivität. „Die Alten hielten mit ihren Worten zurück, denn sie schämten sich, mit ihren Taten hinter ihren Worten zurück zu bleiben.“ Heute agieren die Leute im Westen genau umgekehrt: wer am lautesten Schreit und am größten angibt, der bekommt. Damit kommen die Dummen und die Primitiven nach oben.

Was uns die Perspektive Asiens und Konfuzius sagen könnte, damit ließe sich viel sagen. Mich erfüllt in der Betrachtung klar das Gefühl, dass wir auf eine ganz grundlegende Weise in die Irre gegangen sind, und dass es hier keine schnellen Lösungen gibt, sondern nur ein sehr geduldiges Aufbauen, oder erst einmal ein Bewahren für die Zeit des erneuten Aufbaus. Konfuzius glaubte in seiner Lebensaufgabe gescheitert zu sein; er erlebte das Ende der Zeit des Chaos nicht mehr, noch erlebte er, welch überragenden Einfluss seine Lehre in ganz Asien erreichen würde. Dennoch ließ er sich nicht verdrießen, sondern lehrte gelassen und heiter bis an sein Ende.

„Nicht, dass ich kein Amt erhalte, sollte mich betrüben, sondern dass ich nicht würdig sei, ein Amt zu erhalten.“

Einige gesammelte Aphorismen

Der Weise hat in seiner Einstellung zur Welt weder Vorlieben noch Vorurteile. Er ist auf der Seite des Rechts.

Dem Menschen, der der Menschlichkeit entbehrt, helfen keine frommen Gesten.

Geschickte Reden und eine zurechtgemachte Erscheinung sind selten Zeichen von Mitmenschlichkeit.

Der Weise ist friedliebend, aber er kennt keine Kompromisse. Der gewöhnliche Mensch macht Kompromisse, aber ist nie friedliebend.

Der Edle ist kein Gerät.

Gute Menschen machen die Schönheit eines Platzes aus. Wer die Wahl hat, und nicht unter guten Menschen wohnt, wie kann der weise genannt werden?

Der Gebildete richtet sein Streben auf die Wahrheit; aber wenn einer sich schlechter Kleidung und schlechter Nahrung schämt, der ist noch nicht reif, um mitzureden.

Wer sich selbst regiert, was sollte der Schwierigkeiten haben zu regieren? Wer sich nicht selbst regieren kann, was geht den die Regierung von anderen an?

samedi, 09 juillet 2016

Sept films à voir ou à revoir sur le Cycle arthurien

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Sept films à voir ou à revoir sur le Cycle arthurien

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Issu d'un ensemble de textes médiévaux autocentrés autour de la figure du roi Arthur, le Cycle arthurien compte parmi les plus merveilleuses gestes européennes. Loin de constituer un texte unique, la légende arthurienne s'est au contraire enrichie, à partir du 9ème siècle, de divers apports issus des traditions orales bretonnes et, plus généralement celtiques, compilés par plusieurs générations d'écrivains. C'est le poète du 12ème siècle Chrétien de Troyes qui, le premier, fixe par écrit la légende dans ses Romans de la Table Ronde et fait émerger la Quête du Graal, voyage initiatique parsemé d'embuches visant à la découverte du vase contenant le Sang du Christ. De la même manière, l'amour que se portent le chevalier Lancelot et Guenièvre préfigure-t-il les romans d'amour courtois qui dicteront une part importante de la littérature médiévale. Et la Quête de transcender très rapidement les frontières du monde celte pour s'internationaliser et former la quintessence de l'aventure européenne, jusque dans les mondes germanique et slave qui conservent le souvenir de la Table Ronde dans le Royaume mythique de Bretagne, regroupant une majeure partie de l'Angleterre contemporaine et un territoire non défini de la Bretagne armoricaine. L'unité de temps est également conservée quelque soit sa forme et les influences internationales subies. Aussi, le Cycle arthurien prend-il place après le départ des troupes romaines d'Angleterre à la fin du 5ème et au début du 6ème siècles. Transformée, réécrite, adaptée, la littérature arthurienne parvient jusqu'à notre monde moderne, popularisée de nouveau par les écrits de Xavier de Langlais ou Jean Markale au 20ème siécle. Et il ne sera pas exagéré d'indiquer, qu'avec Homère et Virgile, le Cycle arthurien est père de toute la littérature de contes et légendes initiatiques ; Le Seigneur des anneaux de John Ronald Reuel Tolkien demeurant la plus parfaite illustration. Païen et chrétien solaire, le Cycle arthurien a massivement débordé le cadre de la littérature pour être largement repris dans l'ensemble des autres arts, de la peinture au théâtre en passant par le chant, et bien évidemment le cinéma. Plus ou moins inspirés, dans tous les sens du terme..., du Cycle arthurien, plus ou moins fidèles aux textes initiaux ou, au contraire, en totale confrontation, on dénombre pas moins d'une soixantaine de films, téléfilms, dessins animés et séries s'y rattachant. Et le phénomène semble s'accélérer dans la seconde moitié du 20ème siècle. Rentré de plein fouet dans notre ère désenchantée et matérialiste, le cinéma, majoritairement anglo-saxon , entreprit de contribuer au réenchantement du monde. Le chef-d'œuvre en la matière est signé John Boorman qui rend à la légende ses lettres de noblesse païenne, évolienne et eliadienne pourrait-on dire. Par ailleurs déjà auteur de Lancelot et la reine chevalerie hyperboréenne et féminité, l'écrivain Nicolas Bonnal, dans son dernier ouvrage Le Paganisme au cinéma, indique qu'Excalibur "est une grande réussite : la fin de cette chevalerie arthurienne est une fin de notre monde. Bienvenue après au centre commercial et à la salle de bains américaine". Plus qu'un film, Excalibur est un crachat lancé à la figure hideuse de la médiocrité contemporaine. Excalibur et quelques autres à découvrir maintenant ! Et la Quête ne fait que commencer en réalité. Le destin de l'Europe est à ce prix...

avalon-2001.jpgLES BRUMES D'AVALON

Titre original : The Mists of Avalon

Film américano-germano-tchèque d'Uli Edel (2001)

Une invasion barbare se précise sur les côtes anglaises. Les hommes de Camelot se préparent à défendre le Royaume d'Avalon dont Viviane est la grande prêtresse de ce monde invisible aux impies. Elle est la Dame du Lac chargée de la préservation des traditions et mythes païens du royaume. Même pour les fidèles, Avalon devient un lieu mystérieux de plus en plus introuvable tant sont nombreux ceux qui se détournent de la Déesse-Mère. Il faut un roi à la Bretagne ! Et c'est aux femmes qu'il revient de le trouver. Viviane est rejointe dans sa quête par Morgaine, désignée à sa succession un jour, et sa sœur Morgause, femme du Roi Lot qui, au prix de nombreuses infamies, intrigue en vue de capter l'héritage du trône à son profit. L'irréversible combat que vont se mener ces trois femmes va changer à jamais la destinée du Royaume d'Arthur Pendragon et de ses chevaliers...

Réalisée pour la télévision, cette mini-série de deux téléfilms est bien évidemment tirée de deux romans du Cycle d'Avalon de l'écrivaine américaine Marion Zimmer Bradley qui assume une réécriture de fond en comble des mythes arthuriens. Sacrilège !, ne manquerons pas de hurler certains d'entre nous. Fidèle au roman, Edel filme son histoire à l'aune de ses personnages féminins narrant l'histoire d'Arthur au cours de trois heures de téléfilm à grand spectacle qui contiennent cependant de nombreuses longueurs. Et c'est peu dire... Le réalisateur filme, en revanche, magnifiquement certaines scènes, à l'instar des feux de Beltaine. On pourrait croire au premier abord à un film de contes et légendes pour enfants. Les têtes blondes feront pourtant bien de ne pas regarder certaines scènes de mœurs assez... "païennes".

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CAMELOT

Film américain de Joshua Logan (1967)

Roi du pays pacifié de Camelot, ceint par une merveilleuse forêt enchantée, Arthur épouse Guenièvre et fonde la confrérie des chevaliers de la Table Ronde. Ce mariage arrangé devenu romance procure au royaume une forte période de stabilité, de liberté et de justice, dont les chevaliers doivent constituer le fer de lance. Arrive de France Lancelot du Lac qui formule le vœu de rejoindre l'ordre chevaleresque. Arthur voit en celui-ci un fils mais le chevalier trahit son roi en tombant éperdument amoureux de la reine Guenièvre dont il devient bientôt l'amant. Cet amour interdit précipite la fin de la confrérie...

Le Cycle arthurien se décline à toutes les sauces. Aussi en 1960, Alan Jay Lerner et Frederick Loewe produisent-ils une comédie musicale à Broadway, adaptée d'un roman de Terence Hanbury White, dont la réalisation de Logan constitue l'adaptation cinématographique revisitée. A titre d'exemple, sont manquants les personnages de Viviane et la fée Morgane. Idem, la Quête du Graal. Camelot est l'anti-Excalibur de Boorman et développe un curieux univers Flower Power, il est vrai bien contemporain en 1967. Une plaisante mise en scène, des décors et costumes soignés, et pourtant, Camelot laisse un goût amer. La faute peut-être à une théâtralisation trop académique qui peine à convaincre. A plus forte raison, le film dure trois heures... De même, la qualité des chansons mises en scène laisse à désirer. Pour une camelote musicale, c'est un comble !

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LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE

Titre original : The Knights of the Round Table

Film anglais de Richard Thorpe (1953)

Au 6ème siècle, au sein d'un royaume miné par les dissensions internes, le Roi Arthur s'appuie sur Merlin l'Enchanteur et le chevalier Lancelot pour ramener la paix sur l'ensemble de ses terres. L'ordre des Chevaliers de la Table Ronde qu'Arthur fonde doit pourvoir à ce but. A la cour, l'intrépidité et l'élégance du chevalier Lancelot font l'unanimité auprès de tous. Presque tous..., car Mordred, un des chefs de clan rebelle jalouse le prestige dont jouit le chevalier et cherche par tous les moyens à ourdir contre lui. La reine Guenièvre est son talon d'Achille ; Lancelot et la reine éprouvant de forts sentiments auxquels leur loyauté empêche de se livrer. La fée Morgane, mère de Mordred, diffuse la calomnie dans tout le royaume. Afin de faire taire les médisances, Lancelot épouse dame Elaine et fuit la cour pour guerroyer. Les périls pointent à l'horizon. Lancelot absent, la malédiction s'abat sur le royaume sans protection face à l'appétit saxon, affaibli qu'il est par les tensions au sein de l'ordre de chevalerie...

Une année après Ivanhoé, la société de production hollywoodienne Metro-Goldwyn-Mayer récidive en confiant à Thorpe une adaptation du Cycle du Graal. Et la M.G.M. met le paquet dans cette superproduction à très haut budget pour l'époque. Pour qui n'est pas un héraut fanatique de l'imaginaire arthurien, le résultat est à la hauteur grâce à un subtil mélange de romance dramatique et de guerre chevaleresque, accompagné d'une sublime musique de Miklos Rózsa. Il est une curieuse tradition pour chaque réalisateur s'essayant au cinéma arthurien : gommer certains personnages et parties de l'intrigue. Ici, c'est à Viviane d'en faire les frais tandis que Merlin et la Quête du Graal ne sont quasiment pas évoqués. Une fois n'est pas coutume, Ava Gardner peine à convaincre, à la différence de Robert Taylor, grande figure de la geste cinématographique médiévale anglo-américaine. Un petit bijou.

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EXCALIBUR

Film américain de John Boorman (1981)

De Merlin l'Enchanteur, Uther Pendragon reçoit l'épée Excalibur sortie des eaux par la Dame du Lac. A Uther revient la mission d'unir et de pacifier le Royaume de Bretagne. Mais les espoirs de Merlin sont bientôt ruinés par les amours du Roi qui convoite la belle Ygraine, épouse du duc de Cornouaille. Afin qu'Uther séduise Ygraine, Merlin use de sa magie et offre les traits du duc à Uther. Du lit illégitime nait Arthur qu'enlève Merlin à son père en échange de l'utilisation de ses pouvoirs. A la mort d'Uther, Excalibur demeure scellée dans une stèle de granit. Il est dit que seul celui qui parviendra à retirer l'Epée deviendra Roi. Seul Arthur parvient à extraire le métal de la pierre et le brandir. Quelques années plus tard, le nouveau Roi épouse Guenièvre en même temps qu'il fonde la Table Ronde. Sa demi-soeur, la fée Morgane intrigue et parvient à enfanter un bâtard d'Arthur. L'enfant va provoquer la perte du Roi...

Si le film de Boorman peut sembler avoir vieilli sous certains aspects, quel chef-d'œuvre il demeure ! Le réalisateur livre l'adaptation cinématographique la plus fidèle au Cycle arthurien dans sa chronologie malgré quelques entorses imposées par la nécessité de ne pas produire une œuvre trop longue. Elle est également la transposition la plus païenne de la légende au cinéma tant un grand soin est apporté aux rapports de l'homme à Dame Nature et aux apports prodigués par celle-ci. Boorman fait également la part belle à la Quête du Graal en opposition avec les autres réalisations arthuriennes. Cet Excalibur résonne, en outre, comme une tragédie grecque dans laquelle le destin de chacun est aliéné, empêchant toute possibilité d'échappatoire. Quant aux mélomanes, ils apprécieront, à n'en pas douter, l'immixtion précieuse d'œuvres de Richard Wagner et Carl Orff. A voir et à revoir!

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LANCELOT DU LAC

Film franco-italien de Robert Bresson (1974)

La Quête du Graal se solde par un échec et a décimé les chevaliers de la Table Ronde l'un après l'autre au cours de furieux combats. Parmi les derniers survivants contraints au désespoir maintenant que l'ordre chevaleresque est sur le point de disparaître, le chevalier Lancelot regagne la cour du Roi Artus. Il y retrouve Guenièvre qui, bien que Reine entretient une relation adultérine avec le noble chevalier. Lancelot se persuade que l'échec de sa Quête est une punition divine exigée par Dieu pour que le chevalier expie sa relation cachée. Humblement, Lancelot demande à son amante de le délivrer de son serment de l'aimer ; ce que la Reine refuse. Gauvain exhorte à la poursuite de la Quête tandis que Mordred, souffrant du prestige du chevalier, entend user de tous les stratagèmes pour le déshonorer. Plus que tout autre, il devine la passion adultère qui unit les amants et en apporte la preuve irréfutable à Artus...

Spécialiste de l'adaptation au cinéma des œuvres de Georges Bernanos, mais encore de Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski, Bresson prend le risque de s'attaquer au mythe arthurien. Le film n'est pas le meilleur du genre mais conserve un intérêt certain dans l'"identité" cinématographique française de l'œuvre. A la différence des adaptations américaines ou anglaises, le présent film offre une transcription plus austère et plus dépouillée, plus cérébrale et plus théâtrale également. Cela manque certainement de panache mais l'intention est louable. Bresson ne conserve qu'un seul personnage féminin en la personne de Guenièvre. Exit les autres ! Mais on ne restera pas insensible à la scène lors de laquelle elle prend un bain. Moins spectaculaire que les autres, il n'en est pas moins à voir. Le Lancelot de Bresson est largement supérieur en tout cas à celui de Jerry Zucker réalisé deux décennies plus tard.

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MONTY PYTHON, SACRE GRAAL

Titre original : Monty Python and the Holy Grail

Film anglais de Terry Gilliam et Terry Jones (1974)

Recruter des chevaliers de la Table Ronde, tel est le défi qui anime le Roi Arthur. L'entreprise n'est pas sans difficultés et les tentatives d'approches du chevalier noir ou de paysans anarcho-syndicalistes s'avèrent vaines. Au cours du procès d'une sorcière, Sir Bedevere le Sage accepte de se joindre au Roi, bientôt rejoints par d'autres chevaliers sans montures. Cheminant vers Camelot, la petite troupe part en Quête du Graal à la suite d'une divine rencontre. Un château renfermant des soldats français serait détenteur d'un Graal. Qu'à cela ne tienne, nos courageux chevaliers entreprennent la construction d'un lapin de Troie afin de pénétrer à l'intérieur des lieux. Mais le sort s'acharne contre les chevaliers qui oublient de se cacher à l'intérieur de la structure. Les hommes d'Arthur sont contraints d'abandonner toute velléité de tenir plus longtemps le siège car les Français se battent vaillamment en lançant des vaches domestiques depuis la muraille. Et encore ne sont-ils pas au bout de leur dangereuses aventures. Heureusement, la police motorisée veille...

Hilarant que cette parodie du mythe arthurien, la plus montypythonesque qui soit ! Ça n'est que succession de gags tous plus loufoques les uns que les autres, anachronismes surréalistes, danses absurdes, redondances abrutissantes ; le tout apparaissant dès la première seconde du générique. Il paraît que les loufiats Gilliam, Jones et consorts ne pouvaient produire que des navets. Alors l'industrie cinématographique anglaise refusa d'y mettre le moindre penny. Le film put quand même être produit grâce aux largesses de Led Zeppelin, Pink Floyd ou encore des Rolling Stones. Comme quoi l'Angleterre a quand même pu léguer à l'humanité quelques bonnes choses. En cherchant bien... Même Henri Béraud eut pu esquisser un sourire à la vision de ce film irrésistible ! A côté de Monty Python, la série, quoique réussie, de Kaamelott, fait figure de thèse d'histoire médiévale !

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PERCEVAL LE GALLOIS

Film français d'Eric Rohmer (1978)

Perceval est un jeune valet éduqué par sa mère loin de toute présence masculine. Aussitôt qu'il croise par hasard des chevaliers, Perceval rêve d'en épouser le code et ses dangers. Malgré la farouche opposition de sa mère qui a vu mourir au combat son mari et ses deux autres fils, Perceval quitte le château maternel afin de gagner la cour du Roi Arthur et être adoubé à son tour. Il y apprendra le maniement des armes et aura à venger une offense faite à une damoiselle dont l'honneur a été bafoué par un triste personnage que Lancelot tue sans sourciller. Il est désormais temps pour le preux chevalier de partir en Quête mais auparavant de saluer sa mère. Se dresse alors sur son chemin un étrange château où le chevalier est invité à demeurer le temps d'un étrange festin...

A l'instar de Bresson, Rohmer fait une brève incursion dans l'imaginaire médiéval avec cette curieuse adaptation du Perceval de Chrétien de Troyes. Curieuse mais réussie ! Curieux décors en papier mâché en effet qui ne sont pas sans rappeler l'art de l'enluminure médiévale, en ce qui concerne la disproportion des perspectives, mélangés à des décors de séries animées pour enfants des années 1970 et en contraste total avec le grand soin apporté aux costumes. D'aucuns seront effarés de cette hardiesse mais le style esthétique est intéressant. A plus forte raison, si Rohmer traduit en langue moderne le roman courtois du 12ème siècle, il en conserve la versification. La musique est composée de chœurs s'inspirant d'airs médiévaux. Loin de l'argot célinien, Fabrice Luchini dans l'un de ses tous premiers grands rôles. Ce film est un bijou majestueusement conservé dans son écrin !

Virgile / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

vendredi, 08 juillet 2016

René Daumal, une révolte poétique et spirituelle

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René Daumal, une révolte poétique et spirituelle

Ex: http://www.zones-subversives.com

La trajectoire de René Daumal permet de présenter la créativité poétique qui alimente la première partie du XXème siècle. Il est surtout associé à la revue du Grand Jeu et aux marges du surréalisme.

« Prenez garde, André Breton, de figurer plus tard dans les manuels d’histoire littéraire, alors que si nous briguions quelques honneurs, ce serait celui d’être inscrit pour la postérité dans l’histoire des cataclysmes », prophétise René Daumal. Ce poète méconnu n’a pas tenté de créer une Église, à l’image de Breton ou Debord. Mais il incarne une certaine forme de révolte spirituelle et métaphysique. Il rejette le matérialisme dialectique mais pas la perspective révolutionnaire. Toutefois, Daumal et la revue du Grand Jeu privilégient l’expérimentation poétique, qui peut devenir une force comme une limite.

Le groupe « simpliste »

René Daumal né le 16 mars 1908 à Boulzincourt dans les Ardennes, région d’Arthur Rimbaud. Son père, Léon Daumal, s’active dans le militantisme socialiste. René Daumal découvre Alfred Jarry, l’auteur d’Ubu roi, une pièce de théâtre jugée scandaleuse. Au début du XXème siècle, Alfred Jarry s’inscrit dans le courant du symbolisme, la seule théorie d’Art véritablement nouvelle. Ce mouvement littéraire « lavé des outrageantes signifiances que lui donnèrent d’infirmes court-voyants, se traduit littéralement par le mot Liberté et, pour les violents, par le mot Anarchie », décrit Rémy de Gourmont. Jarry ne cesse de choquer le petit monde littéraire et son attitude perturbe la bienséance bourgeoise de la bonne société parisienne. Si Jarry meurt en 1907, avant la naissance de René Daumal, ce poète marque durablement les avant-gardes littéraires du XXème siècle.

Mais René Daumal ne tarde pas à rencontrer d’authentiques poètes. En classe de seconde, à Reims, il fréquente Roger Gilbert Lecomte, Robert Meyrat, Roger Vailland. René Daumal amène ce trio de farceurs à se poser de véritables questions pour pousser la réflexion, témoigne Robert Meyrat. René Daumal, adolescent discret et rêveur, écrit des poèmes qui tournent en dérision les petits évènements de la vie du lycée. Mais le groupe des « quatre R » se replie sur lui-même pour s’engager dans son aventure spirituelle. Ils méprisent les autres lycéens qu'ils condamnent à la médiocrité. René Daumal expérimente l’alcool, le tabac, le noctambulisme, l’asphyxie. Il se tourne vers les marges de la poésie et de la philosophie.

Le groupe qui se définit comme « simpliste » s’active à des gamineries. Les jeunes poètes se distinguent par des caractères différents mais partagent la même curiosité pour l’expérimentation et les mêmes affinités mystiques. Le simplisme est décrit comme « troué, effondré, malmené, une non-œuvre, une contre-œuvre pour finir » selon Yves Peyré. Le groupe simpliste, formé en 1924, utilise la drogue et l’opium pour ses expérimentations métaphysiques. Meyrat propose aux trois autres « phrères » simplistes de jouer à la roulette russe. Il vide les barillets mais ses compagnons ne sont pas au courant et prennent le jeu au sérieux. Les simplistes jouent avec leur vie de manière enfantine, comme s’il s’agissait d’une farce. L’enfance est alors considérée comme une source d’inspiration métaphysique.

René Daumal se réfère à Nerval, écrivain du rêve. Il pratique l’hypnose pour atteindre l’isolement sensoriel et un sentiment de vertige. Le simplisme est une philosophie qui « va se fonder sur cette métaphysique expérimentale, celle de "l’identité de l’existence et de la non-existence du fini vers l’infini" », selon H.J. Marxwell. Les simplistes recherchent un « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens », selon la formule d’Arthur Rimbaud.

La création de la revue le Grand Jeu

daumalGJ.jpgEn 1925, René Daumal rentre en khâgne au lycée Henry IV à Paris. Lecomte et Meyrat sont restés à Reims. Mais Vailland et surtout Minet ont également rejoint la capitale. Pierre Minet, surnommé Phrère Phluet, fréquente les milieux marginaux de la bohème parisienne et joue un rôle important dans la dynamique de création d'une nouvelle revue: le Grand Jeu.

Les collaborateurs du Grand Jeu proviennent d'origines géographiques et idéologiques différentes. Le premier numéro doit être publié en 1928 pour être consacré à la Révolte. Daumal insiste “pour ne pas donner une place excessive aux poèmes”, “pour ne pas avoir l'air de jeunes gens qui veulent être imprimés. D'ailleurs, qu'importe ? - Trop de poèmes ennuient vite, la partie poétique sera d'ailleurs aussi importante que la philosophique”. René Daumal prend la direction éditoriale du projet en raison des absences de Gilbert-Lecomte et Vailland.

Mais le Grand Jeu reste dans l'ombre des surréalistes qui valorisent également la révolte. La dimension individualiste et réfractaire de cette révolte débouche, pour André Breton et les surréalistes, vers les idées anarchistes. La poésie permet également d'exprimer un dégoût pour la société et de dénoncer les contraintes sociales et morales.

La trajectoire de René Daumal croise donc celle d'André Breton mais aussi celle d'Alfred Jarry et de la pataphysique. Pour René Daumal, “Le particulier est absurde”, “Le particulier est révoltant”, toute forme prise au sérieux devient absurde. Pour Jarry, le rire pataphysique devient “la seule expression humaine du désespoir”, pour “exorciser l'absurde”. René Daumal partage avec la pataphysique une philosophie de la table rase comme préalable. Mais il s'aperçoit rapidement des limites d'une simple critique ravageuse de l'existant sans perspective. C'est ce qui explique sa dérive dans l'orientalisme mystique.

René Daumal présente la réflexion de la revue Le Grand Jeu dans un texte intitulé “Liberté sans espoir”. L'adolescent doit forger son propre jugement sans subir la moindre influence. Il doit construire son propre espace de liberté, avec une révolte sans objet. L'ironie, qui devient alors centrale, constitue la réalisation d'“actes gratuits” dans lesquels la volonté ne se soumet à aucune règle. La valeur de l'acte se mesure à “la volonté pure”. Surtout, l'être humain doit renoncer à son individualité pour s'éveiller à la dimension universelle de l'esprit humain.

Ce discours métaphysique complexe permet aux membres du Grand Jeu d'attaquer violemment la société occidentale et ses dogmes. “Faire désespérer les hommes d'eux-même et de la société” devient le but du Grand Jeu. La négation et la destruction de la société avec ses règles idiotes devient un projet salutaire. Le premier numéro du Grand Jeu comprend trois essais sur la “Nécessité de la révolte”. Ensuite, le revue intègre plusieurs poèmes.                    

Convergences et oppositions avec les surréalistes

Le Grand Jeu se rapproche des surréalistes mais aucun accord n'aboutit. En effet, le Grand Jeu accueille les exclus et dissidents du mouvement surréalistes qui critiquent l'autoritarisme d'André Breton.

L’écriture automatique émerge avec la découverte de l’inconscient par la psychanalyse. Un groupe, autour de Breton et Soupault, fonde la revue Littérature en 1919. Ce projet commence « par la démolition de tout ce qui pourrait nous accaparer. Ne pas permettre. La réussite, pouah. La première bataille se livre contre le poème, le pohème, le peau-aime, etc », écrit le jeune Aragon. Breton et Soupault écrivent le poème des Champs magnétiques, réalisés sous la dictée magique de l’inconscient. Les mots et les phrases apparaissent d’eux-mêmes. La découverte de l’aventure surréaliste par Daumal et les jeunes Rémois fait écho à leurs propres préoccupations. Mais le mouvement dada s’attaque directement à la forme poétique. « Il est parfaitement admis aujourd’hui qu’on peut être poète sans avoir écrit un vers, qu'il existe une qualité de poésie dans la rue », estime Tristan Tzara. A Paris, le mouvement dada organise des conférences destinées à créer des scandales. Le 23 janvier 1920, les acteurs sur scène massacrent un texte de Breton. Puis Tzara lit un article de journal dans un concert de crécelles. Pour Breton, cette destruction de l’art incarne « l’idée moderne de la vie ». Mais les surréalistes se séparent de dada qui combat également la poésie. L’expérimentation surréaliste peut passer par des activités médiumniques. Breton tente de supprimer le contrôle qu'exerce la raison sur l’esprit pour libérer une force spirituelle. L’investigation surréaliste se tourne alors vers l’écriture automatique et le récit des rêves.

daumalcontreciel.jpgL’esprit humain doit se libérer de ses conditionnements selon les surréalistes. En 1925, ce mouvement pose des bases précises avec, pour préalable, « un certain état de fureur ». L’action surréaliste ne se préoccupe pas de « l’abominable confort terrestre » mais vise à « changer les conditions d’existence de tout un monde ».

Mais Breton tente de démolir le Grand Jeu à partir de positions politiques de certains de ses participants. Par exemple, Vailland fait l’éloge du préfet de police de Paris dans la presse. Le Grand Jeu interdit dès lors les contributions individuelles dans la presse. Mais Breton s’attache à conserver le monopole de la contestation poétique.

Le Grand Jeu se considère comme communiste dans la destruction de l’ordre établi mais ne rejoint pas le Parti. Les intellectuels communistes sont considérés comme des policiers serviles. Mais l’aventure du Grand Jeu s’essouffle et René Daumal se tourne vers de nouveaux horizons. Le Grand Jeu, depuis les simplistes, demeure une expérience collective qui dépasse les prétentions individuelles. « L’Occident individualiste-dualiste-libre-arbritriste, triste, capitaliste-colonialiste-impérialiste et couvert d’étiquettes du même genre à n’en plus finir, il est foutu, vous ne pouvez vous en doutez comme j’en suis sûr », constate Daumal.

La trajectoire de Daumal et du Grand Jeu s’ancre dans la créativité poétique de son époque. Mais la critique de la vie quotidienne débouche vers une fuite dans la poésie et la métaphysique. Le rêve, l’expérimentation s’apparentent à une fuite hors du monde et de la civilisation occidentale. Daumal, pourtant critique lucide de l'institutionnalisation du surréalisme, ne s’inscrit pas dans une démarche de dépassement de la société marchande par l’émancipation individuelle et collective. La révolution intérieure prime sur la révolution sociale. Alors que les deux devraient être étroitement liés. Sa dérive vers la culture orientale et une forme de religiosité hindouiste révèle l’impasse d’une révolte uniquement spirituelle pour ré-enchanter.

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Sur René Daumal:

Jean-Philippe de Tonnac, René Daumal, l'archange, Grasset, 1998

Emission Surpris par la nuit sur René Daumal 

Emission radio consacrée à René Daumal

Dans la revue Clés

Court-métrage de Marion Crépel sur les simplistes

Sur le Grand Jeu:

Site consacré au Grand Jeu

Dans La revue des ressources: Régis Poulet, "Le Grand Jeu de René Daumal, une avant-garde à rebours"

Sur le site Traces autonomes, "Le Grand Jeu, une avant-garde critique"

Dans Libération : Frédérique Roussel, "Le cercle des phrères disparus"

Conférence : Zéno Bianu, "Rien ne va plus, faites le Grand Jeu"

mardi, 05 juillet 2016

Ultreïa n°8

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Ultreïa N°8

 

Eté 2016

Sommaire

Phares

Kabîr, maître et poète universaliste

Jean-Claude PERRIER

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Dans les pas des pèlerins de l'absolu

Arnaud Desjardins, le passeur entre deux mondes

Bernard CHEVILLIAT

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Dans les pas des pèlerins de l'absolu

Hauteville, un lieu pour croître

Christophe BOISVIEUX

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L'esprit des lieux

Fès, ville de l'esprit

Brice GRUET

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L'esprit des lieux

Souvenirs de Fès capitale spirituelle du Maroc
A la mémoire de Titus Burckhardt.

Roland et Sabrina MICHAUD

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A la croisée des chemins

Rencontre avec Sylvie Germain
" Notre besoin de sens n'a ni fin ni mesure, c'est le plus lancinant et inassouvissable des besoins."

Sylvie GERMAIN

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Nœuds et Labyrinthes - Dossier

Le CHAMANISME,
une NOUVELLE MÉDECINE de L' ÂME ?

Florence QUENTIN, Patrick CICOGNANI, David DUPUIS, Laetitia MERLI, Anne PASTOR, Audrey MOUGE, Corine SOMBRUN

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Nobles voyageurs - PORTFOLIO

Les Himalayas de Matthieu Ricard

Matthieu RICARD

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Figures libres

Charles de Foucauld ou le grand retournement

Christiane RANCÉ

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Les Cahiers Métaphysiques

Cahiers métaphysiques n°8

Muriel CHEMOUNY, Dr Jean-Marc KESPI

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Oasis

Francis Hallé pour l'amour des arbres

Claude ALBANESE

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Aux quatre angles du monde

La cité interdite sous le signe du yin-yang

Cyrille J.-D. JAVARY

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Rythmes & Sons

Les derviches tourneurs, une mystique de la danse

Père Alberto Fabio AMBROSIO

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Bivouac

La grande vision de Black Elk
Récit graphique - Episode 1/2

Jean-Marie MICHAUD

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Billet vagabond

Multiples sont les chemins des hommes ...

Jacqueline KELEN

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Édito par Florence QUENTIN

« De tous ses yeux la créature
voit l’Ouvert. Seuls nos yeux
sont comme retournés et posés autour d’elle
tels des pièges pour encercler sa libre issue.
Ce qui est au-dehors nous ne le connaissons
que par les yeux de l’animal. Car dès l’enfance
on nous retourne et nous contraint à voir l’envers,
les apparences, non l’ouvert…
Mais nous autres, jamais nous n’avons un seul jour
le pur espace devant nous, où les fleurs s’ouvrent
à l’infini. Toujours le monde, jamais le
Nulle part sans le Non, la pureté
insurveillée que l’on respire,
que l’on sait infinie et jamais ne désire.”
Rainer Maria Rilke, Élégies de Duino

Voir l’Ouvert. Respirer la pureté insurveillée et infinie. Rejoindre le Nulle part sans le Non. L’oeuvre de Rilke, poète orphique, est parcourue de ces fulgurances chamaniques qui l’inscrivent dans la lignée immémoriale des intermédiaires entre deux mondes, des Maîtres du désordre qui conversent avec les Esprits et guérissent les âmes. Depuis l’aube de l’humanité, couvrant de leurs manteaux célestes et chtoniens les Cinq Continents, les chamans se sont mis au service de la communauté pour maintenir le lien qui unit le clan à l’univers. Notre monde éreinté par l’inconséquence des hommes redécouvre ces traditions qui revivifient la terre, réensemencent les consciences et nous alertent sur l’imminence d’une catastrophe écologique et sociale, comme le montre notre dossier qui voit peut-être dans le retour du chamanisme une “nouvelle médecine de l’âme”.

Passée au crible d’anthropologues, cette expérience constitutive de la condition humaine est éclairée par les témoignages de voyageuses occidentales qui l’ont vécue au sein de traditions éloignées les unes des autres, mais qui se rejoignent sur le fond. La Grande Vision du Sioux Black Elk, notre nouveau récit graphique, sert une même idée d’inspiration céleste.

Le rituel de l’extase se retrouve dans la danse des derviches, à la fois tension vers l’Absolu et retour à l’Origine. Une quête qui irrigue aussi la vie d’Arnaud Desjardins, passeur inlassable, tout autant que celle de Kabîr, hindou shivaïste qui oeuvra pour une fraternité aux pieds d’un même Dieu, ou encore celle de Charles de Foucauld, qui témoigna “d’une âme poreuse à Dieu” ( C. Rancé ). Dieu-Rien. Dieu-Aucun qui stupéfie l’homme en “lui dévoilant l’éclat éblouissant de son vide, le silence vibrant de son appel, la pure nudité de sa richesse”, comme l’envisage quant à elle l’écrivain Sylvie Germain dans l’entretien qu’elle nous a accordé.

De part en part, ce Souffle parcourt Fès, dont Titus Burckhardt – à qui Roland Michaud rend ici hommage – disait qu’elle était construite “pour le bonheur des hommes, pour répondre à leurs besoins fondamentaux, physiques, sentimentaux et spirituels”.

L’aspiration au pinacle ne se fait jamais aussi pressante que dans l’Himalaya, où Matthieu Ricard nous entraîne à sa suite avec des images saisissantes qui parlent autant de monastères au bord du vide ou de ferveur populaire que de sa propre intériorité.
Et Rilke, en écho : “Nous devons accepter notre existence aussi loin qu’elle puisse aller; tout, même l’inouï doit y être possible. C’est là au fond le seul courage que l’on exige de nous : être assez courageux pour accueillir ce qui peut venir à notre rencontre de plus étrange, de plus extravagant, de plus inexplicable.” (Lettres à un jeune poète)

Au fil de ce numéro retrouvez nos dix chroniques :

Mosaïque du Ciel par Olivier GERMAIN-THOMAS –  Le pin et l’icône

Méditer en chemin par Fabrice MIDAL – La méditation et l’éthique

Le fil de l’émerveillement par Bertrand VERGELY – Un toast pour la bonne humeur

Ubiquité de la prière par Christiane RANCÉ – A l’écoute d’Eloa 

L’instant soufi par Éric GEOFFROY –  Conscience, quand tu nous tiens ! 

Il n’y a qu’une seule religion par Patrick LAUDE – Dieu de l’exclusion, Dieu de l’inclusion

La couronne du ciel par Frank LALOU – Mazel Tov ! 

Le buffle et la tortue par Cyrille J.D.JAVARY – « Entretiens » avec un ami chinois

Mais aussi  Signe & Traces, Rites & Repères

Symbolique universelle d’un signe, d’une gestuelle, d’un rite ou d’un mythe… 4 pages illustrées par Stéphanie LEDOUX.

jeudi, 30 juin 2016

Evola ’43-’45. Intervista a Gianfranco de Turris

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Evola ’43-’45. Intervista a Gianfranco de Turris

Ex: http://blog.ilgiornale.it

Evola-GdT2.pngÈ appena uscito per Mursia, firmato da Gianfranco de Turris, Julius Evola. Un filosofo in guerra. Il sottotitolo, 1943-1945, dovrebbe accendere qualche spia nei lettori del pensatore romano, essendo il periodo più misterioso della sua vita, quello di cui ha parlato di meno, con più lacune da un punto di vista biografico. Ora, finalmente, questo saggio ci svela ciò che fece in quegli anni, i viaggi in Italia ed Europa, la permanenza al Quartier Generale di Hitler e i nove mesi a Roma «città aperta», i rapporti con l’SD e il soggiorno a Vienna per studiare documenti massonici, il bombardamento in cui decise di saggiare il destino, interrogando tacitamente la sorte… Una trama che si sviluppa in un continente messo a ferro e fuoco da un conflitto mondiale, ricostruita con una minuzia storiografica esemplare: enorme la mole dei documenti citati, assieme a interviste e testimonianze personali. Ne abbiamo discusso con l’autore, domandandogli anzitutto quale sia stata la genesi di questo testo.

Il mio libro ha origine da una conferenza, tenuta a Milano alla fine degli anni Novanta, dedicata agli uomini della Repubblica Sociale, poi pubblicata in volume. Anche se Evola non può essere considerato in senso vero e proprio un “uomo della RSI”, ho scritto quel che si sapeva allora, sulla base dei suoi articoli pubblicati sul «Popolo Italiano» e riuniti sotto il titolo Con Mussolini al Quartier Generale di Hitler. Ho usato queste fonti come filo conduttore, aggiungendo altri particolari. In seguito, nel 2001, ne ho pubblicata una versione migliorata – ma non troppo – sulla rivista «Nuova Storia Contemporanea» di Francesco Perfetti. Da quel momento in poi, non ho mai smesso di raccogliere materiale.

Come si è mosso attraverso questo immenso corpus di fonti?

Sono state le parole di Evola a orientarmi, quel che diceva e che non diceva, ciò cui alludeva in quelle che possiamo chiamare le sue – pochissime – memorie. Ho messo insieme un mosaico d’informazioni e riferimenti – spesso indiretti – tratti da libri italiani e stranieri, insieme a testimonianze di persone che l’avevano conosciuto o che erano in contatto con altri protagonisti di questa storia. Ma spesso, devo dire, si è trattato anche di colpi di fortuna!

Le testimonianze raccolte hanno sostanzialmente confermato quel che si sapeva di lui in quegli anni, cruciali per l’Europa?

In genere hanno confermato tutto: i viaggi, gli incontri, gli spostamenti… Le uniche cose che sono state smentite sono tutte le leggende metropolitane, come, ad esempio, la questione della sua paralisi agli arti inferiori, avvenuta durante il famoso bombardamento a Vienna, che secondo alcuni aveva avuto invece origini “magiche”…! Ricordo che lui stesso rideva di queste dicerie… Ebbene, alcuni dei documenti rintracciati (come le lettere a Walter Heinrich che Hans Thomas Hakl mi ha messo a disposizione, insieme al rapporto medico allegato) hanno finalmente smentito tutto

Ma che ci faceva Evola a Rastenburg, al Quartier Generale di Hitler? E con il Duce, per giunta?

Evola parte da Roma alla fine dell’agosto 1943, con un gruppo di persone di cui non ha mai fatto il nome. Viaggia verso Berlino, per render conto ai tedeschi della situazione effettiva del Paese, ancora sotto il governo Badoglio. In Germania c’erano due tendenze: chi credeva in Badoglio, come il Ministero degli Esteri, e chi no, come l’SD e le SS. Questo contrasto impediva ai tedeschi di prendere qualsiasi decisione. Ebbene, Evola arriva in Germania, va a Berlino, parla con chi deve parlare. A quel punto, scopre che Giovanni Preziosi lo sta cercando, e va nella cittadina in cui risiede. Intanto, gli altri membri del gruppo tornano in Italia: quando decide di fare lo stesso, è l’8 settembre. Voleva partire il 9, ma la notte precedente sente l’annuncio dell’armistizio. Viene chiesto a lui e a Preziosi di parlare in radio, a nome di chi non intende sottoscrivere l’armistizio. L’annuncio non ha luogo, anche se alcuni storici affermano il contrario. I due vengono trasportati in aereo a Rastenburg, dove, mimetizzato in un bosco, c’è il Quartier Generale di Hitler. Vi giungono probabilmente il 9. Nel frattempo, Mussolini viene liberato dai paracadutisti di Student e dalle SS di Skorzeny e, dopo una o due tappe, arriva a Rastenburg, dove incontra una serie di personalità che si trovano sul luogo, tra cui il figlio Vittorio, Pavolini, Buffarini Guidi e Farinacci. Tra l’arrivo di Evola e Preziosi e la liberazione di Mussolini hanno luogo, come ampiamente documentato da storici come Attilio Tamaro, lunghe conversazioni su cosa si debba fare con l’Italia, ipotesi di governi diversi da contrapporre alla resa e al Regno del Sud, che si sarebbe creato di lì a poco.

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Gianfranco de Turris

Di questo incontro rimane la celebre scatola di sigari firmata dopo una serata di festeggiamenti da quasi tutti i presenti, poi conservata dal filosofo romano e riportata nel libro (©Fondazione J. Evola, qui riprodotta per gentile concessione).

I presenti – che risiedevano, assieme ad altre personalità italiane, nei vagoni di un treno, scrive Evola, «immobile» come la situazione politica del momento – firmarono una scatola di cubani Walter E. Beger, a ricordo del loro incontro. Dall’alto in basso le firme sono: Giovanni Preziosi, un nome tedesco incomprensibile, Alessandro Pavolini, Orio Ruberti, Cesare Rivelli, Ugo Valla, Angelo Vecchio Verderame, J. Evola, uno sconosciuto A. Zinay, Vittorio Mussolini e Renato Ricci. Manca la firma di Farinacci, in quel momento assente poiché, scrive Evola, convocato dal Duce in udienza privata.

Un altro documento molto particolare è quello selezionato per la copertina…

Questa immagine è stata scelta perché è quella più singolare, e sicuramente colpisce il lettore, per un libro di questo genere. Di solito è poco riprodotta: è una delle molte scattate il pomeriggio del 20 luglio 1944, dopo l’attentato di von Stauffenberg, avvenuto la mattina. Per un insieme di casualità della storia – dimostrazione del fatto che nulla è già scritto – l’attentato del conte non raggiunse il suo scopo. Nella foto, oltre al Duce e al Führer si distinguono Bormann, Göring e l’ammiraglio Dönitz. Alle sue spalle, in terza fila, si scorge il profilo di un uomo in borghese con i calzoni alla zuava, così sembra. Dalla Germania, anni fa, giunse la segnalazione che secondo alcuni si trattava di Julius Evola. Guardandolo bene, in effetti, è impossibile non notare una qualche vaga somiglianza – i capelli, il naso, eccetera eccetera – ma un esame dei fatti pratici dimostra che è impossibile. Il 20 luglio Evola era a Vienna, sotto falso nome. Ciononostante, si tratta di un’immagine molto curiosa, che analizzo nel libro.

Quanto rimane ancora da scoprire sulla vita di Evola di quegli anni?

Poiché di testimoni diretti non ne esistono più, occorre basarsi su materiali di archivio, pubblici o privati. Ad esempio, le lettere di Evola a Heinrich di cui ho già parlato, venute alla luce solo nel 2014, che hanno rivelato la data del bombardamento che l’ha travolto, il nome falso che aveva a Vienna e altre cose. Ma si può anche andare per induzione, integrando le lacune di alcuni documenti usandone altri. Certo, di cose da scoprire ce ne sono ancora. Ad esempio, se si riuscisse ad avere – ma penso siano andate distrutte o perdute – le lettere di Evola a Goffredo Pistoni, potremmo sicuramente avere dettagli aggiuntivi. Oppure le missive che il filosofo scriveva ai suoi amici quando era in ospedale: alcune le abbiamo recuperate, molte no. Altro non credo ci sia: ad esempio, da dove potrebbero mai uscire dettagli del viaggio che fece da Roma a Firenze e poi da Firenze a Verona, dopo l’arrivo degli Alleati? E cosa fece esattamente nella città scaligera?

Un mistero destinato a restare tale, insomma…

Sarà sempre così, proprio perché non ci sono fonti dirette su tutta questa vicenda, che può essere rischiarata solo a partire da deduzioni. Nelle linee generali e complessive, però, i fatti accaduti sono questi. Non credo che altre acquisizioni possano modificare sostanzialmente questa ricostruzione, che mi ha impegnato per anni ma che finalmente getta luce su uno dei periodi più enigmatici della vita di Julius Evola. Se il mio libro, pur con tutte le sue ipotesi, servisse a stimolare ricordi, indicazioni, nuove deduzioni, avrebbe già assolto parte del suo compito.

Les fanatiques de l’Apocalypse, de Norman Cohn

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Les fanatiques de l’Apocalypse, de Norman Cohn

Ex: http://oratio-obscura.blogspot.com

Au nombre des méfaits commis par les figures dirigeantes du Parti socialiste, il convient d’ajouter la propagation de l’ignorance –ceci, non pas seulement en matière de réformes éducatives, mais également dans le dénigrement public de la science. Je pense en particulier à l’hostilité de nos élites vis-à-vis des effets de dévoilement produits par la sociologie qui, non contente de souligner les conditions matérielles et historiques permettant l’apparente majesté du pouvoir, dissout également l’apparente opacité des faits du monde social. Dans ces conditions, tous les pouvoirs qui aspirent à la peur des masses, afin se poser comme remparts (incritiquables) face aux ténèbres, n’ont qu’un recours : tuer le messager. Ainsi, de Lionel Jospin à Manuel Valls, les soi-disant progressistes qui passent leur temps à parler du social (« lien social », « dialogue social », « justice sociale », etc.), n’ont eu de cesse de rejeter toutes tentatives d’explications des causes sociales de phénomènes tels que la délinquance ou le terrorisme islamiste. Pour les politiciens paresseux et les intellectuels faussaires, il est en effet plus confortable de faire des individus des sujets à la Sartre, nageant dans la pure liberté. Et les petits constructivistes de gauche qui veulent, sous couvert de la laïcité, créer une société religieusement neutre, sont bien contents de faire de la religion la source de la violence, comme si la religion n’était pas elle-même un produit des conditions d’existence des hommes, comme si les diverses interprétations et pratiques religieuses n’étaient pas produites dans des circonstances historiques toujours particulières, pour répondre à des objectifs donnés.

norman82805900471FS.gifC’est pour rompre avec cet obscurantisme officiel que j’invite le lecteur à parcourir quelques extraits du premier chapitre de l’excellente étude de l’historien britannique Norman Cohn, Les Fanatiques de l’Apocalypse (1957). Au travers du cas particulier du millénarisme antique et médiéval, on peut aisément s’apercevoir que la religion n’est pas une force transhistorique flottant au-dessus de la vie sociale, mais au contraire un produit de l’activité des hommes, fluctuant dans les remous de l’Histoire.

« De la fin du XIème siècle jusqu’à la première moitié du XVIème siècle, l’Europe vit à plusieurs reprises les pauvres, désireux d’améliorer leurs conditions de vie, mêler ce désir au rêve chimérique d’un nouveau Paradis terrestre, d’un univers libéré de la souffrance et du mal, d’un Royaume des Saints.

L’histoire de ses siècles est, bien entendu, parsemée de luttes innombrables entre les privilégiés et leurs inférieurs : soulèvements des villes contre leurs seigneurs, des artisans contre les négociants capitalistes, des paysans contre les nobles. En règle générale, ces soulèvements ne se proposaient que des objectifs strictement limités –obtention de certains privilèges, abolition de certaines injustices- ou alors il s’agissait d’explosions de fureur destructrice suscitées par la misère pure et simple, et dont la Jacquerie constitue un exemple célèbre. Certains soulèvements revêtirent toutefois une portée différente. Le Moyen Age avait hérité de l’Antiquité –des Juifs et des chrétiens primitifs- une tradition prophétique qui connut un fantastique regain de vitalité. Pour parler le langage qui s’impose ici, celui des théologiens, il se constitua une eschatologie (un corps de doctrine concernant le sort ultime de l’univers) d’ordre chiliastique (dans le sens le plus large du terme, c’est-à-dire qui prédisait l’avènement d’un Millénium non pas limité à mille ans, mais pratiquement illimité, au cours duquel le monde serait habité par une humanité à la fois parfaitement bonne et parfaitement heureuse). Cette eschatologie, riche d’un réconfort que la doctrine officielle de l’Église médiévale s’interdisait de prodiguer, finit par exercer sur le peuple une fascination puissante et durable. Chaque génération s’adonnait, ne fût-ce que temporairement, à l’espoir fébrile de quelque événement subit et miraculeux qui entraînerait la transformation intégrale du monde, ou de quelque prodigieuse lutte finale qui, opposant les cohortes du Christ à celles de l’Antéchrist, constituerait à la fois l’apogée et la justification de l’histoire. Il serait certes simpliste d’assimiler le monde de l’exaltation chiliastique à celui de l’agitation sociale. Mais il n’est douteux qu’à maintes reprises les masses affligées et mécontentes furent séduites par quelque « prophète » millénariste. Des mouvements se constituaient alors qui, en dépit de leurs proportions réduites et de leur caractère éphémère, nous frappent rétrospectivement par l’analogie qu’ils présentent avec les grands mouvements totalitaires contemporains.

Ce rapprochement ne manquera pas de susciter certaines réserves. N’est-ce pas projeter sur une civilisation disparue des préoccupations qui n’appartiennent qu’à notre temps ? Je ne le pense pas. Je n’irai certes pas jusqu’à nier que dans cet imprévisible kaléidoscope que nous appelons l’histoire, chaque constellation éphémère possède son irréductible spécificité. Mais l’histoire des conduites sociales révèle certains schèmes récurrents, dans leurs grandes lignes du moins, et dont les analogies semblent très frappantes. Cela n’apparaît nulle part plus clairement que dans les mouvements de masse éminemment émotionnels qui constituent le sujet de notre étude. On ne compte pas les cas où les gens se groupèrent au sein de mouvements millénaristes d’une sorte ou d’une autre, et ceci à différentes époques de l’histoire, dans bien des régions et au sein de sociétés fort diverses du point de vue de leurs techniques, de leurs institutions, de leurs valeurs et de leurs croyances. Leur ton allait de l’agressivité la plus outrancière au pacifisme le plus doux. Leur but, de la spiritualité la plus éthérée au matérialisme le plus vil. On ne saurait dénombrer ni les différentes représentations du Millénium ni les voies pour y parvenir. Mais les analogies apparaissent autant que les différences, et plus l’on compare les explosions du chiliasme social militant de la deuxième moitié du Moyen Age aux mouvements totalitaires modernes, plus on est frappé par leurs ressemblances. Une tyrannie mondiale va succomber sous peu sous les coups du peuple élu guidé par une élite infaillible et inspirée. Ce conflit imminent revêtira une importance incomparable et unique, car il permettra de purifier à jamais l’univers du mal qu’il renferme et amènera l’histoire à sa consommation prévue de toute éternité. Ces chimères n’ont rien perdu de leur puissance de fascination. Même si les vieux symboles et les slogans d’autrefois ont été remplacés, la structure des rêves fondamentaux n’a pratiquement pas changé. […]

La genèse de cette eschatologie n’a fait jusqu’à présent l’objet d’aucune étude détaillée. Les sectes les plus strictement religieuses, qui naquirent et disparurent durant cette même période, ont au contraire été amplement analysées. L’histoire des cathares, dont la religion gnostique s’épanouit sur de vastes secteurs de l’Europe méridionale, et celle des vaudois que certains considèrent comme des précurseurs de la Réforme, ont suscité une littérature plus qu’abondante. On a beaucoup parlé également de ces chiliastes particulièrement ascétiques, les franciscains dits spirituels. Mais on s’est rarement interrogé sur la façon dont, pendant près de quatre siècles et demi, les doctrines apocalyptiques cristallisèrent les aspirations, les rancœurs et les angoisses sociales qu’elles dotèrent en retour d’un dynamisme nouveau. […] Ces différents mouvements ne peuvent être considérés (ils ne le furent pas de leur temps) comme constituant une secte hérétique unique dotée de caractéristiques propres. Les documents attestent plutôt l’existence d’une longue tradition salutiste populaire fondée sur des croyances pour la plupart tolérées par l’Église à une époque ou à une autre, mais qui, par l’interprétation qui en était donnée et la façon dont elles s’exprimaient, mettaient en péril l’ordre social existant. Le présent ouvrage se propose, dans la mesure du possible, de suivre l’évolution de cette tradition dans certaines parties de l’Europe au Moyen Age. » (p.7-11)

Norman Cohn (photo)

norman24566.jpg« Déjà les livres prophétiques de l’Ancien Testament, dont certains remontent au VIIIème siècle, décrivaient une immense catastrophe cosmique, dont émergeraient une Palestine qui ne serait rien de moins qu’un nouvel Éden, un paradis reconquis. Ayant négligé son Dieu, le peuple élu devait connaître la famine, la peste, la guerre et la captivité, avant d’être soumis à un jugement qui, par sa sévérité, effectuerait une rupture totale avec un passé coupable. D’abord viendra le Jour de Jéhovah, le jour de colère. Le soleil, la lune et la étoiles seront enveloppés de ténèbres, les cieux se replieront comme un parchemin qu’on roule, et la terre tremblera. Alors sonnera l’heure du Jugement qui verra les mécréants (c’est-à-dire les élus qui n’auront pas eu foi dans leur Seigneur et les païens, ennemis d’Israël) jugés et éliminés, sinon totalement anéantis. Mais ce ne sera pas tout : certains Juifs, « les restes salvifiques », survivront à ces châtiments et deviendront l’instrument des desseins de Dieu. Le peuple élu ainsi amendé et régénéré, Jéhovah renoncera à sa vengeance et se muera en Libérateur. Les Justes […] se regrouperont en Palestine et Jéhovah viendra s’établir parmi eux. Il sera leur Seigneur et leur Juge. Il régnera sur Jérusalem reconstruite, sur Sion devenue capitale spirituelle du monde, vers laquelle convergeront tous les peuples. […]

Les textes apocalyptiques, destinés aux couches inférieures de la population juive et qui représentent une forme de propagande nationaliste, frappent par leur grossièreté et leur démesure. Ceci, dès le premier texte apocalyptique, la vision ou songe du chapitre vu du Livre de Daniel, rédigé vers 165 avant Jésus-Christ, à une période particulièrement difficile de l’histoire juive. Après l’exil de Babylone, les Juifs de Palestine avaient joui, plus de trois siècles durant, d’une sécurité et d’une paix relatives sous l’égide des Perses, puis de la dynastie des Ptolémées. Mais la situation changea lorsque, au IIème siècle avant Jésus-Christ, la Palestine tomba aux mains de la dynastie gréco-romaine des Séleucides. Les Juifs eux-mêmes étaient en proie à d’amères divisions : si l’aristocratie mondaine adoptait d’enthousiasme les mœurs grecques, le peuple, lui, persévéraient avec une résolution accrue dans la foi de ses pères. Lorsqu’Antiochus IV Épiphane, de la dynastie des Séleucides, intervint en faveur du parti grécophile, allant jusqu’à interdire l’observance des rites judaïques, il se heurta à la riposte populaire : ce fut la révolte des Macchabées. Dans le Songe de Daniel, composé au moment où cette révolte faisait rage, quatre bêtes symbolisent quatre puissances mondiales successives : les Babyloniens, la dynastie mythique des Mèdes,  les Perses et les Grecs ; la quatrième bête : « sera différente de tous les royaumes et … dévorera toute la terre, la frappera et la brisera. » (Daniel, VII, 23). A la chute de l’empire, Israël, incarné par le « Fils de l’Homme », « vint dans les nuées des cieux… et il vint jusqu’à l’Ancien des jours… et il lui fut donné la seigneurie et l’honneur et le règne… et tous les peuples et les nations le servirent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera point… et les Saints du Souverain receveront le Royaume et y règneront jusqu’au siècle des siècles » (Daniel, VII, 13-14, 27). Aucun des prophètes n’était allé aussi loin. Pour la première fois, le royaume glorieux de l’avenir embrasse, dans l’imagination d’Israël, non seulement la Palestine mais l’ensemble de l’univers.

apocalypse.jpgOn retrouve là l’essentiel de ce qui allait devenir le thème central de l’eschatologie révolutionnaire. L’univers est dominé par une puissance maléfique et tyrannique dont la capacité de destruction est infinie, puissance d’ailleurs conçue comme surhumaine et démoniaque. Sous cette dictature, les outrages se multiplient, les souffrances des victimes deviennent de plus en plus intolérables, jusqu’à ce que sonne l’heure où les saints de Dieu seront à même de se dresser pour l’abattre. Alors les saints eux-mêmes, le peuple élu, ce peuple saint, qui n’a cessé de gémir sous le joug de l’oppresseur, héritera à son tour de l’hégémonie universelle. Ce sera l’apogée de l’histoire. Le Royaume des Saints surpassera en gloire tous les règnes antérieurs : bien plus, il n’aura pas de successeurs. C’est par cette chimère que l’apocalyptique juive et ses nombreux dérivés, devaient exercer une incomparable fascination sur tous les insurgés, sur tous les mécontents à venir. » (p.16-19)

« Baruch prédit l’avènement certain d’une ère de souffrance et d’injustice terribles, l’ère du dernier empire, celui des Romains. C’est alors, au moment même où le mal aura atteint son apogée, que paraîtra le Messie. Formidable guerrier, il sèmera la déroute parmi les cohortes ennemies qu’il réduira à néant. Il fera prisonnier le chef des Romains et le traînera enchaîné sur la montagne de Sion, où il le mettra à mort. Le royaume qu’il instaurera durera jusqu’à la fin du monde. Toutes les nations qui ont régné sur Israël seront passées au fil de l’épée ; certains peuples survivants seront placés sous la coupe du peuple élu. Une ère de béatitude s’ouvrira. » (p.20)

«Simon bar-Cochba qui mena la dernière guerre d’indépendance juive, en 131, fut encore acclamé comme messie. Mais la répression sanglante de ce soulèvement et la suppression d’Israël en tant que nation mirent un terme à la foi apocalyptique et à l’ardeur militante des Juifs. Si au cours des siècles suivant, un certain nombre de soi-disant messies surgirent au sein des communautés essaimées dans divers pays, ils ne prétendaient plus créer un empire mondial eschatologique, mais se proposaient seulement de reconstituer le foyer national. […] L’élaboration des prophéties messianiques, dans la tradition du Songe de Daniel, était passée des mains des Juifs à celles des chrétiens, et ce furent eux qui continuèrent à s’en inspirer. » (p.21)

« Comme les Juifs, les chrétiens réagirent contre l’oppression dont ils étaient l’objet, en proclamant avec une vigueur accrue, à la face du monde et d’eux-mêmes, leur foi dans l’imminence de l’ère messianique qui verrait les tors redressés et les ennemis de Dieu jetés bas. » (p.23)

« En 156 après Jésus-Christ, un certain Montanus de Phrygie se proclama l’incarnation du Saint-Esprit, de cet Esprit de Vérité qui selon le quatrième Évangile devait dévoiler les choses à venir (Jean XV, 26, XVI, 13). Autour de lui se regroupèrent bientôt un certain nombre d’extatiques qui s’adonnaient généreusement à des expériences visionnaires auxquelles ils attribuaient aveuglément une origine divine, et qui constituaient pour eux le Troisième Testament. Leurs illuminations avaient pour thème l’avènement prochain du royaume : la nouvelle Jérusalem allait descendre des cieux sur la terre phrygienne où elle deviendrait le tabernacle des saints. Ils appelaient en conséquence tous les chrétiens à se rendre en Phrygie pour y attendre la parousie –ou Second Avènement-, dans le jeûne, la prière et les larmes du repentir. […]

Rien n’était aussi propice à l’expansion du montanisme que la persécution : aussi, lorsqu’à partir de 177 les chrétiens furent l’objet de nouvelles persécutions dans nombre de provinces romaines, le montanisme perdit soudain son caractère local pour se propager non seulement en Asie Mineure mais aussi en Afrique, à Rome et même en Gaule. […] Tertullien, le plus célèbre théologien occidental de ce temps […] se joignit au mouvement montaniste. » (p.25-26)

« Irénée, originaire lui aussi d’Asie mineure, porta ces prophéties sur la terre de Gaule vers la fin du premier siècle. Évêque de Lyon et théologien émérite, il fit probablement plus que tout autre pour enraciner les croyances chiliastiques en Occident. » (p.28)

« C’est dans l’œuvre de Commodianus, très médiocre poète latin du Vème siècle, que ces chimères traditionnelles, où la vengeance est inséparable du triomphe, se résument pour la première fois en un appel aux armes, première esquisse de l’esprit de croisade chiliastique qui devait déferler sur l’Europe médiévale, puis à notre époque. » (p.29-30)

Nuremberg_chronicles_f_117v_1.png« Au IIIème siècle eut lieu la première tentative visant à discréditer les doctrines chiliastiques : Origène, le plus influent peut-être des théologiens de l’Église, assure en effet que l’avènement du Royaume se situera non pas dans l’espace et dans le temps, mais uniquement dans l’âme des fidèles. A une eschatologie millénariste collective, il substitue donc une eschatologie de l’âme individuelle. […] De fait, ce déplacement d’intérêt répond admirablement aux besoins d’une Église désormais organisée, jouissant d’une paix pratiquement ininterrompue et d’un statut universellement admis. Lorsqu’au IVème siècle, le christianisme établit son hégémonie sur le monde méditerranéen et devint la religion officielle de l’Empire, l’Église prit de plus en plus nettement ses distances à l’égard des théories chiliastiques. L’Église catholique, institutionnalisée, puissante et prospère, suivait une routine solidement établie, et ses responsables n’éprouvaient aucune envie de voir les chrétiens se cramponner à des rêves démodés et trompeurs d’un nouveau paradis terrestre. Au début du Vème siècle, saint Augustin élabora la doctrine correspondant à ces circonstances nouvelles. La Cité de Dieu explique que l’Apocalypse doit être interprétée comme une allégorie spirituelle. Quant au millénium, la naissance du christianisme en avait marqué l’avènement et l’Église en était la réalisation sans faille. Cette théorie prit rapidement valeur de dogme, au point que le Concile d’Éphèse (431) condamna la croyance au Millénium comme une superstition aberrante. » (p.32)

« Si les mouvements révolutionnaires d’inspiration plus ou moins eschatologique furent relativement nombreux en Europe au Moyen Age, ils furent pourtant loin d’être universels ou continus. Rien ne prouve qu’il s’en soit produit avant les dernières années du XIème siècle, et même par la suite (du moins pour l’Europe du Nord), seule la vallée du Rhin possède une tradition chiliastique révolutionnaire presque interrompue jusqu’au XVIème siècle. Une telle tradition marque, de la fin du XIème jusqu’au milieu du XVIème siècle, l’histoire de certaines régions de l’actuelle Belgique ou du Nord de la France, et de certaines parties de l’Allemagne centrale et méridionale, du milieu du XIIIème siècle jusqu’à la Réforme ; on la retrouve ensuite en Hollande et en Westphalie. […] Les régions où les prophéties millénaristes séculaires revêtent soudain une signification nouvelle révolutionnaire, et connaissent un regain de vigueur, sont celles où l’essor économique est particulièrement rapide et se double d’une forte expansion démographique. » (p.41-42)

« Si le dénuement, la misère et l’oppression […] pouvaient suffire à faire naître un millénarisme révolutionnaire, celui-ci aurait connu un essor considérable dans les rangs de la paysannerie médiévale. Ce ne fut que très rarement le cas. Des serfs souvent tentés de prendre la fuite, des efforts réitérés de communautés paysannes pour arracher certaines concessions, des révoltes sporadiques éphémères, tout cela relevait presque du quotidien dans plus d’un domaine seigneurial de l’époque. Toutefois, il est très rare que des paysans, nantis d’une terre, aient consentis à se lancer dans la quête du Millénium. S’ils le faisaient, c’est qu’ils se trouvaient entraînés dans un mouvement plus vaste qui avait pris naissance dans des couches sociales très différentes, ou que leur propre mode de vie traditionnel se dégradait, ou encore, et c’était le cas le plus fréquent, pour ces deux raisons ensemble. » (p.44-45)

« Le réseau des liens sociaux dans lequel le paysan se trouvait jeté dès sa naissance était si puissant et si solidement ancré qu’il rendait impossible tout désarroi radical. […] La notion même d’un bouleversement social était impensable. Dans une économie uniformément primitive où personne n’était extrêmement riche, rien ne venait susciter des besoins nouveaux ; rien, en tout cas, ne pouvait inciter à des rêves de puissance ou de faste. » (p.46-47)

cohn98292.jpg« Cet état de choses se mit à évoluer à partir du XIème siècle, plusieurs régions d’Europe bénéficiant d’une paix assez durable pour permettre l’accroissement de la population et l’essor du commerce. […] Dès le XIème siècle, le Nord-Est de la France, les Pays-Bas et la vallée du Rhin avaient atteint une densité de population telle que le système agricole traditionnel se révélait incapable d’en assurer la subsistance. Nombre de paysans se mirent à défricher des forêts, des marécages et des franges côtières, ou prirent la route de l’Est pour participer à la grande colonisation allemande des terres slaves : ces pionniers eurent généralement la vie plus facile. Restaient de nombreux paysans sans terre, ou que leur lopin ne suffisait pas à nourrir : il leur fallait donc se débrouiller tant bien que mal. Une partie de cette population excédentaire alla grossir les rangs du prolétariat rural. D’autres affluèrent dans les nouveaux centres urbains et industriels pour donner naissance à un prolétariat urbain. » (p.48)

« Aux XIème, XIIème et XIIIème siècles apparu une industrie textile florissante qui ne cessa de croître jusqu’à ce que l’actuelle Belgique et le Nord-Est de la France fussent devenus un district manufacturier unique, la région la plus industrialisée d’une Europe qui demeurait à prédominance agricole. […] Au XIIème siècle, les négociants flamands trafiquant le long du Rhin, rejoints aux XIIIème siècle par ceux de la vallée du Rhin elle-même, finirent par règner sans conteste sur le commerce international de l’Europe septentrionale. Ils transitaient le tissu flamand vers les marchés nouveaux de l’Allemagne centrale et méridionale, ou vers le Levant. » (p.48)

« L’industrie se concentrait dans les villes : or, tout serf qui cherchait asile dans une ville y recouvrait sa liberté. En outre, il y était infiniment plus facile pour un pauvre, surtout au début de l’expansion économique, d’améliorer sa condition. […] L’horizon économique et social s’élargissant, la misère et le dénuement cessèrent d’apparaître comme le sort inéluctable du peuple.

Nombreux, cependant, furent ceux qui se contentèrent d’acquérir de nouveaux besoins sans pouvoir les satisfaire. Le spectacle d’une munificence dont nul n’aurait osé rêver quelque siècle auparavant éveillait en eux un sentiment d’amère frustration. Dans toutes ces zones surpeuplées où l’urbanisation et l’industrialisation étaient fort avancées, une foule d’individus vivait en marge de la société dans un état d’insécurité chronique. Même à ses meilleurs jours, l’industrie n’était pas en état d’absorber cet excédent de population. Les mendiants pullulaient dans la moindre bourgade : ils erraient par bandes dans les rues, ou cheminaient d’une ville à l’autre. Un grand nombre se faisaient mercenaires […]. » (p.49)

« Le prolétariat urbain ou rural (paysans déshérités ou incapables de subvenir à leurs propres besoins, mendiants, vagabonds, journaliers et manœuvres, chômeurs et ouvriers menacés de chômage), tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ne pouvaient parvenir à un statut stable et reconnu, vivaient dans un état de frustration et d’anxiété perpétuelles qui en faisaient l’élément le plus instable et le plus impulsif de la société médiévale. » (p.51)

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« Cette population excédentaire et marginale eut toujours tendance à élire pour chef un laïque ou un moine défroqué qui s’imposait non seulement comme saint homme, mais aussi comme prophète et sauveur, sinon comme Dieu vivant. Arguant des révélations ou des pensées inspirées qu’il prétendait tenir de Dieu, ce chef assignait à ses disciples une mission collective d’importance cosmique. La certitude de cette mission, et de l’élection divine pour des tâches prodigieuses, dotait ces hommes déçus et désemparés de points de repères stables et d’espoirs nouveaux. Non seulement ils trouvaient ainsi une place dans le monde, mais cette place unique et rayonnante se situait au centre des choses. […] Ces confréries avaient conscience de constituer une élite distincte, supérieure au commun des mortels, sur laquelle rejaillissaient les mérites prodigieux de leurs chefs et leurs pouvoirs miraculeux. En outre, la mission qui fascinait le plus ces masses devait naturellement trouver son couronnement dans la transformation radicale de la société. Elles trouvaient dans les prophéties eschatologiques, héritées d’un passé immémorial et issues du monde oublié du christianisme primitif, un mythe social parfaitement adapté à leurs besoins. […] Ces hommes éprouvaient le besoin pressant de frapper l’infidèle afin de redonner corps, par la souffrance infligée aussi bien que subie, à ce royaume ultime où les saints assemblés autour de la grande figure protectrice de leur Messie, jouiraient d’une richesse, d’un confort, d’une sécurité et d’une puissance éternels. » (p.53-54)

-Norman Cohn, Les fanatiques de l’Apocalypse. Courants millénaristes révolutionnaires du XIème au XVIème siècle, Bruxelles, Editions Aden, coll. « Opium du peuple », 2011 (1957 pour la première édition anglaise), 469 pages.

Publié par Johnathan Razorback

mercredi, 15 juin 2016

Julius Evola ou la mystique du détachement

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Julius Evola ou la mystique du détachement

À mi-chemin entre le métaphysicien et le samouraï, Julius Evola a élaboré une vision de la politique et de la Tradition qui l’éloigne de la plupart des théoriciens politiques et des tenants du traditionalisme. Son approche repose sur un principe intangible : se détacher du monde tel qu’il est.

À l’âge de vingt-trois ans, alors qu’il est décidé à mettre fin « librement » à ses jours, à la façon des philosophes Otto Weininger et Carlo Michelstaedter, Julius Evola a une illumination en lisant un texte du Majjhima Nikaya : « Celui qui prend l’extinction comme extinction, qui pense l’extinction, qui pense à l’extinction, qui pense ‘L’extinction est mienne’ et se réjouit de l’extinction, celui-là, je le dis, ne connaît pas l’extinction. » Evola comprend que la liberté par laquelle il désire en finir est encore un lien, une ignorance opposée à la vraie liberté. Dès lors, il sent naître en lui une « fermeté capable de résister à toute crise » existentielle et, plus largement, à la crise du monde moderne.

Julius Evola soumettra ainsi ses connaissances et expériences, si diverses, à cette seule discipline : le détachement ferme. Lorsqu’il sera victime d’un bombardement à Vienne, qui lui causera une lésion partielle et une paralysie des membres inférieurs, il ne se sentira pas particulièrement touché par cette incapacité physique, son activité spirituelle et intellectuelle n’en étant en aucune façon compromise. Il manifestera également très tôt une insensibilité, voire une certaine froideur d’âme, envers la manière de vivre de ses contemporains. Son souci de considérer les arts, la philosophie, la politique, le sacré, malgré son détachement intérieur, s’expliquent par ce qu’il appelle son « équation personnelle » : une impulsion, dès sa prime jeunesse, vers la transcendance ; et une disposition de kshatriya, terme hindou désignant un type humain « guerrier », enclin à l’action et à l’affirmation, par opposition au brahmâna, type sacerdotal ou contemplatif. Ces deux tendances détermineront entièrement Evola dans son rapport au monde.

De l’Individu absolu à la Tradition

On retrouve nettement dans ses écrits l’influence de trois philosophes : Carlo Michelstaedter, sur la question de l’autonomie de l’être (Phénoménologie de l’Individu Absolu) ; Otto Weininger, sur sa lecture de la déviation matriarcale de la spiritualité (Révolte contre le monde moderne) ; et enfin Friedrich Nietzsche, dans sa vision antibourgeoise de l’homme différencié (Chevaucher le tigre).

evindab1105650752.JPGSi Evola naît dans une famille catholique et bourgeoise, il en rejette rapidement ces deux aspects. Le catholicisme, moral et sentimental, lui semble étranger à une véritable sacralité et une haute ascèse, loin de l’idéal « viril et aristocratique » du bouddhisme aryen. Son mépris de la vie bourgeoise lui fait refuser une chaire universitaire.

En marge de l’existentialisme, Evola développe une phénoménologie complexe de l’Individu absolu. Introduction philosophique à un monde non philosophique, il s’agit d’un retour à l’être transpersonnel, « sous le signe de la liberté réelle et de la puissance ». Selon Evola, la philosophie, qui culmine dans l’idéalisme transcendantal, fait inévitablement banqueroute dans l’idéalisme magique. Son idée consiste donc à penser à un développement qui, sans retomber dans la philosophie, fait franchir un pas, le dernier pas, à la spéculation occidentale. La théorie de l’Individu absolu est une sorte d’existentialisme positif. L’homme n’y est pas brisé par sa situation métaphysique.

Après un intérêt vif pour le tantrisme et le paganisme, Julius Evola découvre l’œuvre de René Guénon. Si son équation personnelle l’éloigne de l’orientation essentiellement intellectuelle de Guénon, il comprend néanmoins l’intérêt d’une critique cartésienne du monde moderne, le monde anormal, et la contre-partie positive de cette critique : le monde normal au sens supérieur, celui de la Tradition. Le monde de la Tradition, dont les différentes traditions particulières pré-modernes sont des émanations, des reflets ou des adaptations, désigne la civilisation organique, hiérarchisée, où toutes les activités humaines sont orientées vers le haut, avec à sa tête une élite qui incarne l’autorité légitime et impersonnelle. Dès lors, Evola cherche non seulement à concilier l’idée de l’Individu absolu, « sans lois, destructeur de tout lien », avec l’idée de Tradition, qui lui semble opposée ; mais aussi à recourir davantage dans son œuvre à l’idée de mythologie, à travers l’origine nordique, hyperboréenne, de la Tradition primordiale.

Evola emprunte à Johann Jakob Bachofen sa lecture de la morphologie des civilisations, en rejetant l’aspect évolutionniste, y préférant la thèse involutive de Guénon. Tout au long de l’histoire connue, on a assisté à une altération du monde de la Tradition, avec notamment la dissociation entre autorité spirituelle et pouvoir temporel, inséparables aux origines. La civilisation, à l’origine, est patriarcale, héroïque, solaire, olympienne, virile ; elle se détériore sous les influences altératrices de la civilisation matriarcale, lunaire, tellurique, chtonienne, et aboutit à l’âge sombre, au kali-yuga.

De la révolte à l’apoliteia

Pour Evola, l’idée de Tradition est, surtout au sein du monde moderne, proprement révolutionnaire. S’il a d’abord vu dans le fascisme et le national-socialisme de possibles moyens d’expression des valeurs de la Tradition hyperboréenne, il ne ménage guère ses critiques envers les deux tendances. Dans un ouvrage au titre amusant, Le fascisme vu de droite, il ira même jusqu’à leur reprocher, outre leur nationalisme étriqué et leur racisme biologique, leur culte typiquement plébéien du travail. Après un procès dans lequel on l’accuse d’être le maître à penser de mouvements activistes néo-fascistes, Evola, relaxé, rédige un ouvrage dans lequel il transpose politiquement les idées de la Tradition. Son objectif est de promouvoir la formation d’un rassemblement de Droite authentique (au sens spirituel, pas uniquement politique), par rattachement aux principes contre-révolutionnaires. Cependant, malgré la bonne réception de l’ouvrage au sein de la droite radicale, Evola ne croit plus en la solution politique.

CAVALCARE-LA-TIGRE.jpgSon ouvrage Chevaucher le tigre est un bilan de ses expériences, et un constat de réalisme ferme : rien ne peut être fait, ni artistiquement, ni religieusement, ni politiquement, pour provoquer un bouleversement positif au sein du monde moderne. Le seul horizon, c’est le chaos. Ce livre s’adresse aux hommes différenciés, ceux qui n’appartiennent pas intérieurement au monde moderne, qui sont de l’autre civilisation. Selon une image extrême-orientale, « si l’on réussit à chevaucher un tigre, on l’empêche de se jeter sur vous et, […] en outre, si l’on ne descend pas, si l’on maintient la prise, il se peut que l’on ait, à la fin, raison de lui. » Evola s’adresse aux « convives de pierre », aux Individus absolus, ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se détacher du monde actuel, et qui sont prêts à y vivre « sous les formes les plus paroxystiques ». Evola y examine, sous formes d’orientations existentielles, les possibilités d’émancipation totale de l’être par la mise en confrontation avec les processus destructeurs du monde moderne.

Mais surtout, on retrouve là, comme magnifiée, la constante du cheminement spirituel et intellectuel de Julius Evola, le détachement, expression parfaite de son équation personnelle : inclination à l’action, détachement affectif. Pour Evola, l’homme différencié doit faire ce qui doit être fait, de façon impersonnelle, sans égard pour la victoire ou la défaite d’une action, sans le souci d’être approuvé ou désapprouvé. Une « action sans désir ». Dans Chevaucher le tigre, Evola recourt au principe d’apoliteia, « l’irrévocable distance intérieure à l’égard de la société moderne et de ses valeurs ». Le refus du « moindre lien spirituel ou moral » avec elle. Avant d’être un penseur de la Tradition et un théoricien politique, Julius Evola est avant tout un apôtre de la mystique du détachement.

samedi, 04 juin 2016

The Geopolitics of Athos

Athos and Russia: Byzantine Symphony on the Holy Mountain

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Poutine au Mont Athos

Athos and Russia: Byzantine Symphony on the Holy Mountain

Ex: http://ww.katehon.com

The special status

Mount Athos has a special status within the Orthodox world. Under the Byzantine Emperor Alexius Comnenus, the Athos monastic republic gained autonomy from the Patriarchate of Constantinople. Athos enjoyed self-rule even under the Ottomans. In modern Greece, Athos, as the "Autonomous monastic state of the Holy Mountain", also enjoys a special status. Athos, from a geopolitical point of view, is a unique state-like entity that does not fit in the territorial order of national states of the modern era. For traditional society, the special self-governing status of the holy places, marked by the special presence of the sacred, is a rather normative phenomenon. Modernity takes the issue differently. It unifies polity and deprives everything connected to religion of special status. It is called securitization. Even the ultra-religious Saudi Arabian Mecca, the holy city of Muslims, is devoid of autonomous status under the control of the Hashemite clan, which it enjoyed for more than 700 years. Athos is still a state within a state.

In the period between the First Balkan War of 1912-1913 and the signing of the Lausanne Peace Treaty of 1921, which recognized the sovereignty of Greece on the Athos peninsula, the transformation of Mount Athos in the territory under the control of all the Orthodox nations was actively discussed. The main engine of this idea was Russia. The fact that special attention was paid to Athos by the Russian Empire until 1917 is no accident, as well as the increased interest of the Russian authorities to the Holy Mountain after Vladimir Putin became Russian President.

Empire of the spirit

The legal specialness of Athos is a phenomenon unique in the modern world, reflecting its spiritual nature. Athos is important as the center of Orthodox spirituality and the region, which is under the direct control of God. This place brings together earthly and heavenly dimensions. From the point of view of secular geography - it's just a mountainous peninsula in northern Greece, but for the orthodox believers all over the world - this place has a universal, ecumenical significance. Athos is the universal Orthodox monastic republic. On its territory you can meet representatives of all the Orthodox nations: Russian, Greeks, Romanians, Serbs, Bulgarians, Arabs, Albanians, Macedonians, as well as who took the Orthodox representatives of other nations and cultures and visit Russian, Serbian, Bulgarian, and Georgian monasteries.

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The peninsula is under the omophorion of the Patriarchate of Constantinople, but is autonomous from it and condemns all its recent ecumenical innovations. Athos is a republic of the monks, as it is often called, and at the same time it is the universal Orthodox spiritual empire in miniature form. In this comparison there is nothing paradoxical, as the Byzantines inherited the Roman Empire and the Roman Republic, and at least formally retained some of the attributes of the former republican Rome. Getting to Mount Athos and becoming a monk, monastery worker, pilgrim, or a novice does not lose its former ethnic and national identity, but acquires a new, Byzantine one - universal and imperial. Athos is an orthodox empire of the spirit, which further contrasts against the background of the small peninsula, the symbol and embodiment of universal Orthodox spiritual unity.

This explains why so much attention was paid to Athos by sovereigns of countries applying for continuity of Byzantium, fallen under the blows of the Turks in 1453. Moldavian and Wallachian princes and rulers in Moscow sent rich gifts. But only the last, in the end, won the right to the Byzantine imperial status. Vladimir Putin was the first Russian ruler who visited Athos in history in 2005, thereby restoring the interrupted communication not only with the Russian imperial past, but also with the Byzantine heritage. The Russian President and the Patriarch’s joint visit to Athos demonstrates its Katehonical nature as a force orientated to the preservation of the Christian faith and Christian values in a godless world in the face of impending apostasy. Can you imagine that Western, nominally Christian leaders can undertake something like that?

Athos and Katehon

Russia since its Christianization has always been closely connected with the spiritual life of Athos. The founder of Russian monasticism in Russia and the first monastery of Kiev Pechersk Lavra, Anthony of the Caves, for a long time lived on the Holy Mountain. From there the Athos tradition of eldership and tacit prayer spread throughout Russia. Its relationship with Russia Athos, as Ivan Kontsevich in his famous work "The acquisition of the Holy Spirit in the ways of ancient Rus' noted, was a fruitful source of spiritual activity in Russian monasteries themselves. The times when this relationship was weakened (XVII-XVIII), was characterized by religious discord in Russia itself (but not without the influence of the Greek and the participation of some afonites).

At the time when in Russia there was high a risk the emasculation of the inner spiritual essence of Orthodoxy, the substitution of Hesychasm by the purely external ritual side of Church life, or even secularization of Church and empire ascetics like the Nile of Sora and later Paisius Velichkovsky, associated with the Athos, restored delicate balance between the internal and external imperial power of the state, and the wealth of the church and the living experience of Orthodoxy, the epitome of which was the institution of eldership. St. Paisius’ threads of spiritual succession are already drawn to the Elders of Optina and St. Seraphim of Sarov. Thus, if we recognize that Russia was (and still is) Katechon, the force holding the world from the coming of the Antichrist, the Athos performed a Katehonical function in relation to Russia preserving the inner prayer of heart as a core and essence of Orthodoxy.

Athos and Russian Logos

The flowering of Russian monasticism on Mount Athos began since the second half of the 19th century, and peaked during the reign of the last Russian Tsar. It is significant that disputes on the place of worship were at that time the focus of public attention, and even issue of the state policy. The "gunboat diplomacy", solution to the complex theological issue may be not the best method, however, it demonstrated the seriousness of the problem for the whole Russian society at the time - that Russia lived in religious philosophy, and Russian Athos lived in it. This Russian Athos, among other things, gave us a the wonderful Saint Silouan the Athonite and many other devotees, such as Archimandrite Sophronius Sakharov or Elder Tikhon (Golenkov), and mentor Saint Paisius Athonite. Spiritual activity in Russian Athos continued during the Bolshevik persecutions in Russia. Thus, Athos for modern Russia is a link with its own history, culture, and spirituality. Unlike most of us, Athos is not post-Soviet, it is namely Russian.

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The geopolitical significance of the Russian president and Patriarch of the Russian Orthodox Church’s visit to Mount Athos lies not in the strengthening of Russian presence on Athos, but in the imparting of an explicitly imperial, Orthodox, and Byzantine meaning to foreign state and Church policy, and the acceptance of the Athonite imperial mission and Athonite zeal in faith in opposition to Western liberalism and lukewarm ecumenism. The joint symphonical Byzantine visits of the head of the Russian state and the Patriarch symbolically steers the movement in this direction.

lundi, 30 mai 2016

Los alevíes, del misticismo a la lucha antisistema

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Los alevíes, del misticismo a la lucha antisistema

AVT2_Hac-Bektas-Veli_5345.jpegSin lugar a dudas, a primera vista, el ojo inexperto sería incapaz de distinguir a una persona aleví del resto de musulmanes. Incluso sus centros de culto, decorados en ocasiones con cúpulas y minaretes, podrían pasar, vistos desde el exterior, como una mezquita más. No obstante, a medida que se curiosea con mayor detalle, se dará cuenta de las enormes diferencias existentes entre la comunidad alevi y los suníes y shiíes. Pero, ¿quiénes son los alevíes?

Una fe nacida en las montañas

Los alevíes son fieles pertenencientes a una de las ramas no ortodoxas del Islam. Su tradición bebe de las enseñanzas del místico Hacı Bektaş, que vivió en la península de Anatolia entre 1209 y 1271 d.C. Su filosofía se basaba en el respeto hacia el resto de seres humanos y en la modestia y la equidad como formas de demostrar el amor por Dios y purificar la propia alma. No obstante, lo cierto es que no era teólogo ni llevó a cabo estudios en ninguna madrasa –escuela coránica–, sino que sus conocimientos los adquirió en sus viajes, por sus contactos con diferentes cofradías sufíes y por herencia de las tradiciones de tipo chamánico de su propia tribu, de origen turconamo. De hecho, siempre se mantuvo más cerca de la gente común que de los doctores de la ley islámica.

A Bektaş se le atribuirían poderes de inspiración divina, tales como la adivinación o la sanación, lo que poco a poco iría congregando una cofradía a su alrededor. Así se configuraría un culto que mezclaba ritos islámicos con prácticas chamánicas procedentes de Asia central, a lo que se añadían prolongados períodos de meditación y el uso de sustancias alucinógenas como forma de liberar al espíritu del cuerpo y acercarse a Dios. Todo ello características comunes entre las ramas gnósticas de la religión de Mahoma, presentes en todo el mundo islámico.

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De las tribus turcomanas que seguirían las enseñanzas de Bektaş surgiría la comunidad aleví, la cual se impregnaría, de una forma u otra, de influencias de otros cultos y sectas que arraigarían en la dinámica península de Anatolia. Allí confluirían el shiismo en sus diversas corrientes y el sunismo, además de prácticas ancestrales de origen tribal y procedentes de toda Asia, traídas por las tribus nómadas en sus desplazamientos por el continente. Entre estas influencias se encontraría la de los Ahi, una cofradía religiosa-gremial, creada por el gran maestro Ahi Evren Veli, que bebía de la tradición de la futuwwa, la caballería islámica. Y también los hurufíes, una doctrina islámica cabalística con claras influencias shiíes y con elementos preislámicos.

Posteriormente, diversos acontecimientos reforzarían la autoconciencia de los alevíes como una secta particular. En primer lugar las matanzas de shiíes que el Sultán Selim I el Severo llevó a cabo en la Anatolia ante la amenaza de los persas safávidas –los cuales harían del shiísmo la religión oficial de Irán– y que afectarían a las comunidades alevíes por sus semejanzas doctrinales con esa rama del islam. En segundo término, también en este período, los dirigentes otomanos reforzarían el sunismo y su ortodoxia, hasta ese momento algo ambigua. Todo ello obligaría a los alevíes a huir y esconderse en las zonas montañosas. Allí, separados del resto de la comunidad musulmana, a salvo de la represión imperial y sin influencias de otros cultos, desarrollarían su fe y consolidarían la doctrina aleví. No obstante, es notable comprobar que no se les llamaría como tal hasta el siglo XIX, siendo hasta entonces considerados herejes, blasfemos o, simplemente, ateos.

Un culto particular

En definitiva, en la forja de Anatolia se configuraría una fe muy especial, que si bien compartiría infinidad de creencias, símbolos y prácticas con alguna de las ramas del Islam, diferiría en muchas otras. Así pues, los alevíes creen –de manera similar al Islam shií– en la trinidad formada por Dios, Mahoma y Alí –yerno del profeta–, además de divinizar a diversos personajes, como el propio Hacı Bektaş o el Shah Ismail. Por otra parte, algo curioso de los alevíes es que no creen en la muerte como un hecho definitivo, ni en Dios como un juez que condena al cielo o al infierno en función de los actos en el mundo terrenal, sino en la reencarnación del alma en otro cuerpo tras el fin de cada vida, y en la unidad del mundo con la divinidad. En función de ello consideran a sus grandes héroes y heroínas como reencarnaciones del propio Alí. Asimismo, y aunque como el resto de musulmanes también consideran sagrados la Biblia o la Torá, no usan el mismo Corán que los musulmanes suníes, sino el Corán que supuestamente fue memorizado por Alí.

Por otro lado, no practican rituales fundamentales del Islam suní, tales como el ramadán o las cinco oraciones diarias, sino que tienen su propio ayuno, los doce primeros días del mes de muharram –el primer mes del calendario musulmán–, y además practican ayunos para purificarse cuando sufren alguna dolencia física o espiritual. De la misma forma, el ritual de la oración aleví es distinto, cumpliendo la función tanto de ceremonia religiosa como de reunión social, y llevándose a cabo en medio de bailes y al son de la música. Todo ello configurando un rito cuya función es tanto la de unirse con Dios como la de purificarse del mundo material.

Además, algo muy característico de los alevíes, que remarcaría sus enormes diferencias con el resto de musulmanes, es la concepción igualitaria entre hombres y mujeres dentro del espacio para el culto. Y es que, a diferencia de los que ocurre en las mezquitas suníes o shiíes, no existen espacios separados para cada género en el ineterior de los templos, y tanto mujeres como varones pueden encargarse de dirigir la oración de la comunidad.

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Los otros hijos de Atatürk

En 1919, tras la Primera Guerra Mundial, lo que quedaba del mesmembrado Imperio Otomano, y que constituiría el territorio de la futura República de Turquía, quedaría dividida y ocupada por las potencias vencedoras de la contienda. No obstante, esta situación no iba a durar mucho, pues la resistencia nacionalista, dirigida por Mustafa Kemal Atatürkpadre de los turcos–, se reagruparía en el noroeste, iniciando la guerra de independencia. Los alevíes también se unirían a la guerra, atraídos por los valores que promulgaba el líder turco, tales como el laicismo, el republicanismo o la igualdad de género, el cual además rendiría respetos a su querido santo Hacı Bektaş.

Los turcos saldrían victoriosos del enfrentamiento contra los invasores y en 1923 se proclamaría la República. No obstante, y si bien el Estado turco se construiría impulsado por un nacionalismo de tipo secular, en el cual política y religión debían estar separados en dos ámbitos diferenciados, en la práctica no todas las religionas vendrían a gozar del mismo respeto. El objetivo de Mustafa Kemal no sería tanto el erradicar la religión, consciente de la importancia que tenía ésta para muchos de los habitantes del Estado que pretendía diseñar, construir y gobernar, sino someterla al control burocrático del aparato estatal, adecuándola así a su propósito de configurar una conciencia nacional desde cero. Las instituciones creadas para ello fueron el Directorio de Asuntos Religiosos y el Directorio de Fundaciones Religiosas. No obstante, estas instituciones no representarían la pluralidad religiosa de la nueva república, sino que impondrían el Islam suní mayoritario como la versión verdadera de la fe. Con ello, las comunidades no suníes, entre ellas los alevíes, quedarían totalmente excluidas, los cuales, a pesar de conformar alrededor de un 20% de la población hasta nuestros días, serían obligados a reprimir su identidad cultural, haciéndose pasar por suníes si querían ser tratados como miembros iguales de la nación turca en la esfera pública.

Los alevíes en Turquía se concentran especialmente en la zona central de Anatolia
Los alevíes en Turquía se concentran especialmente en la zona central de Anatolia

A partir de ese momento los alevíes, que se habían visto sometidos a diversos tipos de persecución, comenzarían a experimentar discriminación a muchos niveles. Por ejemplo, sería muy difícil encontrar alevíes en puestos prominentes de la burocracia o el ejército. Y, por supuesto, la educación religiosa que se llevase a cabo en los colegios sería exclusivamente suní. Además, los clérigos suníes y sus mezquitas recibirían sueldos y financiación estatal, un privilegio del que jamás gozarían las comunidades alevíes, cuyos centros de culto, las llamadas cemevis, ni siquiera serían considerados como tal.

Posteriormente, durante las primeras décadas de la república, se producirían una serie de levantamientos protagonizados por el pueblo kurdo, que reclamaba para sí la autodeterminación y la formación de un Estado propio, algo que los tratados internacionales del fin de la guerra les habían negado. Muchos kurdos-alevíes participarían en dichas revueltas –las cuales serían brutalmente aplastadas–, lo que llevaría a que a lo largo de las sucesivas décadas el discurso hegemónico kemalista equiparara a los alevíes con los kurdos, justificando así ataques contra los primeros. Si tenemos en cuenta la articulación del nacionalismo kemalista alrededor de una fuerte identidad étnica turca, que considera a los kurdos como un pueblo atrasado y oscurantista o, en el mejor de los casos, como turcos que han olvidado su turquicidad y que hay que reeducar, podemos entender el estigma con el que los alevíes fueron marcados.

A pesar de todo, lo cierto es que los alevíes fueron de los grupos más receptivos a la hora de aceptar la nueva coyuntura, viendo el proceso de secularización impulsado por el Estado como un avance, y no cuestionaron su posición dentro del orden político hasta décadas recientes. De hecho, con la llegada del sistema pluripartidista en los años 40 muchos alevíes votarían al Partido Democrático (DP), heredero de la tradición republicana. Asimismo, aún a día de hoy continúan siendo uno de los apoyos sociales más amplios de los partidos políticos kemalistas.

Cuando las calles se tiñeron de rojo

Más adelante, el aumento de las libertades propiciado por la constitución de 1961 llevaría al desarrollo de organizaciones alevíes, impulsadas además por unas élites intelectuales que comenzarían a fomentar el desarrollo de una identidad particular. No obstante, sería en los 70  cuando la polarización política turca alcanzara su punto culmimante, la época en que los alevíes adquirirían un mayor y más determinante peso político. Durante este tiempo, los partidos conservadores turcos se inclinarían cada vez más hacia la derecha, identificándose política e ideológicamente con el espectro reiligioso suní. A su vez, los partidos de izquierdas de inspiración marxista también se radicalizarían, atrayéndose hacia sí a los grupos nacionalistas kurdos, y también a los alevíes. Serían los particulares años de plomo para Turquía, que vio como las guerrillas de uno y otro bando tomaban las calles, con el ejército y las fuerzas de seguridad del estado participando activamente en las batallas urbanas, apoyando a los grupos de extrema derecha, y con más de 20 asesinatos al día durante la mayor parte de la década.

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Todo ello vendría a ligar irremediablemente a la comunidad aleví con el eje político de la izquierda radical, siendo considerados un grupo subversivo; además se reforzaría su equiparación con el pueblo kurdo, que además en las décadas siguientes vendría a adquirir la connotación de terrorista. Esto tendría una enorme importancia especialmente a partir del golpe de estado de 1980, cuando la represión estatal hacia los movimientos de izquierda, de los kurdos y de cualquier tipo de oposición política se dispararía. Pero de hecho, incluso antes, durante los propios años 70, los grupos de extrema derecha llevarían a cabo progroms contra comunidades alevíes, como es el caso de la masacre ocurrida en 1978 en la ciudad de Kahramanmaraş, perpetrada por los Lobos Grises y que acabaría con la vida de más de cien personas. Este tipo de sucesos se repetirían en las décadas siguientes, como en la masacre de Sivas de 1993, esta vez a manos de un grupo de radicales salafistas.

La síntesis turco-islámica

En definitiva, de nuevo los alevíes se verían definidos por el discurso dominante de las instituciones del Estado como una amenza para la estabilidad de la nación. Un hecho que se uniría a la potenciación por parte de los militares de la síntesis turco-islámica a partir del golpe de Estado de 1980, que pretendía movilizar la religión para combatir la movilización política antiestatal, y que desarrollaría una conciencia nacional turca reforzada con una buena dosis de conservadurismo religiosos de tipo suní, que volvería a situar a la comunidad aleví ante una encrucijada: asimilar el Islam suní mayoritario como propio o verse abocados a la marginación. Los alevíes volvían así a la casilla de salida de los primeros días de la república con Mustafa Kemal.

No obstante, a su vez sería el proceso de neoliberalización económica iniciado en los 80 el que pondría en cuestión el modelo estatocéntrico de modernización, impulsando las posturas que favorecían a los individuos frente al Estado. Una situación fomentada también por las cada vez más estrechas relaciones con la Unión Europea (UE) y la Organización para la Seguridad y la Cooperación Europea (OSCE) en las sucesivas décadas, que pedirían a Turquía aplicar de manera progresiva una serie de criterios fundamentales en materia de derechos humanos. En este contexto, los alevíes, los cuales se sumarían también al éxodo rural hacia los grandes núcleos urbanos turcos, donde les sería complicado seguir con sus rituales tradicionales, empezarían a reclamar con mucha más fuerza su reconocimiento oficial como un colectivo diferenciado de la mayoría suní, lo que llevaría asociado la demanda de una serie de derechos políticos y sociales determinados.

Los alevíes y el nuevo sultán

alev220-BIG.jpgPosteriormente, tras la década de 1990, los movimientos islamistas articularían una identidad nacional alternativa que definiría la nación como una civilización otomana esencialmente islámica, en contraste con la identidad oficial, laica y occidentalizada. De esta nueva concepción de la república turca nacería, en agosto de 2001, el Partido de la Justicia y el Desarrollo  (AKP por sus siglas en turco), liderado por el actual presidente, Recep Tayyip Erdogan. Quince meses después se celebrarían las elecciones, iniciándose una nueva era para la política de la república.  Y es que cuando en 2002 el partido AKP se alzara victorioso en las elecciones, se iniciaría un proceso que cambiaría la política turca hasta la actualidad. Por un lado, el poder que los militares habían ostentado hasta el momento sería puesto bajo control de una forma que no había ocurrido en los casi 70 años de la república turca. Por otro, la cuestión kurda se pondría sobre la mesa con el diálogo de por medio, un cambio fundamental tras una guerra de casi 20 años que se había cobrado decenas de miles de vidas. En definitiva, los discursos frente a temas fundamentales en la historia política turca cambiarían radicalmente.

También respecto a la cuestión aleví habría novedades, pues sería el primer gobierno de la historia de Turquía en tomarse en serio oficialmente el problema aleví. Esta postura se vería plasmada en lo que se denominó el “Alevi Opening” (la Apertura Aleví), celebrándose distintos talleres y reuniones  entre los representantes de la comunidad aleví y los miembros del gobierno, llegando a participar el propio Erdogan en una de las celebraciones de ruptura del ayuno aleví. No obstante, las verdaderas intenciones del líder turco pronto saldrían a la luz, comprobándose que la verdadera voluntad del partido AKP era más la asimilación dentro de la mayoría suní que el reconocimiento de los derechos de la minoría. Así, las cemevi siguen siendo consideradas meros centros culturales –a pesar de que el Directorio de Asuntos Religiosos se financia con los impuestos de todos los habitantes de Turquía, alevíes incluidos– y las llamadas de atención que el Tribunal Europeo de Derechos Humanos ha dado a Turquía respecto a esta cuestión –por ejemplo, respecto a la discriminación que sufren los alevíes en las escuelas al ser obligados a aceptar el programa educativo de religión, exclusivamente suní– no han tenido ningún resultado. Asimismo, la identidad religiosa de los alevíes continuaría utilizándose como arma política contra la oposición y las protestas sociales, dándose casos de puros insultos hacia la comunidad.

Por último, la masiva participación de los alevíes en las protestas sociales que estallaron en 2013, las llamadas protestas de Gezi, su posicionamiento junto a los partidos de izquierda y de oposición frente al conservadurismo de Erdogan, así como la perseverancia de la comunidad en seguir reclamando sus derechos y la postura contraria que han manifestado respecto a la postura del gobierno turco en Siria, han acentuado el antagonismo entre los alevíes y el AKP.

En definitiva, la lucha de la comunidad aleví deberá continuar. No obstante, los esfuerzos asimilatorios de un partido AKP cada vez más beligerante contra el disentimiento interno, dispuesto a fomentar fracturas sociales de todo tipo para asegurar su mantenimiento en las estructuras de poder, no parece presentar un panorama optimista a corto plazo para las reivindicaciones de los alevíes.

samedi, 28 mai 2016

Julius Evola ou la mystique du détachement

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Julius Evola ou la mystique du détachement

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À mi-chemin entre le métaphysicien et le samouraï, Julius Evola a élaboré une vision de la politique et de la Tradition qui l’éloigne de la plupart des théoriciens politiques et des tenants du traditionalisme. Son approche repose sur un principe intangible : se détacher du monde tel qu’il est.

À l’âge de vingt-trois ans, alors qu’il est décidé à mettre fin « librement » à ses jours, à la façon des philosophes Otto Weininger et Carlo Michelstaedter, Julius Evola a une illumination en lisant un texte du Majjhima Nikaya : « Celui qui prend l’extinction comme extinction, qui pense l’extinction, qui pense à l’extinction, qui pense ‘L’extinction est mienne’ et se réjouit de l’extinction, celui-là, je le dis, ne connaît pas l’extinction. » Evola comprend que la liberté par laquelle il désire en finir est encore un lien, une ignorance opposée à la vraie liberté. Dès lors, il sent naître en lui une « fermeté capable de résister à toute crise » existentielle et, plus largement, à la crise du monde moderne.

Julius Evola soumettra ainsi ses connaissances et expériences, si diverses, à cette seule discipline : le détachement ferme. Lorsqu’il sera victime d’un bombardement à Vienne, qui lui causera une lésion partielle et une paralysie des membres inférieurs, il ne se sentira pas particulièrement touché par cette incapacité physique, son activité spirituelle et intellectuelle n’en étant en aucune façon compromise. Il manifestera également très tôt une insensibilité, voire une certaine froideur d’âme, envers la manière de vivre de ses contemporains. Son souci de considérer les arts, la philosophie, la politique, le sacré, malgré son détachement intérieur, s’expliquent par ce qu’il appelle son « équation personnelle » : une impulsion, dès sa prime jeunesse, vers la transcendance ; et une disposition de kshatriya, terme hindou désignant un type humain « guerrier », enclin à l’action et à l’affirmation, par opposition au brahmâna, type sacerdotal ou contemplatif. Ces deux tendances détermineront entièrement Evola dans son rapport au monde.

De l’Individu absolu à la Tradition

jev$_35.JPGOn retrouve nettement dans ses écrits l’influence de trois philosophes : Carlo Michelstaedter, sur la question de l’autonomie de l’être (Phénoménologie de l’Individu Absolu) ; Otto Weininger, sur sa lecture de la déviation matriarcale de la spiritualité (Révolte contre le monde moderne) ; et enfin Friedrich Nietzsche, dans sa vision antibourgeoise de l’homme différencié (Chevaucher le tigre).

Si Evola naît dans une famille catholique et bourgeoise, il en rejette rapidement ces deux aspects. Le catholicisme, moral et sentimental, lui semble étranger à une véritable sacralité et une haute ascèse, loin de l’idéal « viril et aristocratique » du bouddhisme aryen. Son mépris de la vie bourgeoise lui fait refuser une chaire universitaire.

En marge de l’existentialisme, Evola développe une phénoménologie complexe de l’Individu absolu. Introduction philosophique à un monde non philosophique, il s’agit d’un retour à l’être transpersonnel, « sous le signe de la liberté réelle et de la puissance ». Selon Evola, la philosophie, qui culmine dans l’idéalisme transcendantal, fait inévitablement banqueroute dans l’idéalisme magique. Son idée consiste donc à penser à un développement qui, sans retomber dans la philosophie, fait franchir un pas, le dernier pas, à la spéculation occidentale. La théorie de l’Individu absolu est une sorte d’existentialisme positif. L’homme n’y est pas brisé par sa situation métaphysique.

Après un intérêt vif pour le tantrisme et le paganisme, Julius Evola découvre l’œuvre de René Guénon. Si son équation personnelle l’éloigne de l’orientation essentiellement intellectuelle de Guénon, il comprend néanmoins l’intérêt d’une critique cartésienne du monde moderne, le monde anormal, et la contre-partie positive de cette critique : le monde normal au sens supérieur, celui de la Tradition. Le monde de la Tradition, dont les différentes traditions particulières pré-modernes sont des émanations, des reflets ou des adaptations, désigne la civilisation organique, hiérarchisée, où toutes les activités humaines sont orientées vers le haut, avec à sa tête une élite qui incarne l’autorité légitime et impersonnelle. Dès lors, Evola cherche non seulement à concilier l’idée de l’Individu absolu, « sans lois, destructeur de tout lien », avec l’idée de Tradition, qui lui semble opposée ; mais aussi à recourir davantage dans son œuvre à l’idée de mythologie, à travers l’origine nordique, hyperboréenne, de la Tradition primordiale.

jev815b580768e60befa324a4.jpgEvola emprunte à Johann Jakob Bachofen sa lecture de la morphologie des civilisations, en rejetant l’aspect évolutionniste, y préférant la thèse involutive de Guénon. Tout au long de l’histoire connue, on a assisté à une altération du monde de la Tradition, avec notamment la dissociation entre autorité spirituelle et pouvoir temporel, inséparables aux origines. La civilisation, à l’origine, est patriarcale, héroïque, solaire, olympienne, virile ; elle se détériore sous les influences altératrices de la civilisation matriarcale, lunaire, tellurique, chtonienne, et aboutit à l’âge sombre, au kali-yuga.

De la révolte à l’apoliteia

Pour Evola, l’idée de Tradition est, surtout au sein du monde moderne, proprement révolutionnaire. S’il a d’abord vu dans le fascisme et le national-socialisme de possibles moyens d’expression des valeurs de la Tradition hyperboréenne, il ne ménage guère ses critiques envers les deux tendances. Dans un ouvrage au titre amusant, Le fascisme vu de droite, il ira même jusqu’à leur reprocher, outre leur nationalisme étriqué et leur racisme biologique, leur culte typiquement plébéien du travail. Après un procès dans lequel on l’accuse d’être le maître à penser de mouvements activistes néo-fascistes, Evola, relaxé, rédige un ouvrage dans lequel il transpose politiquement les idées de la Tradition. Son objectif est de promouvoir la formation d’un rassemblement de Droite authentique (au sens spirituel, pas uniquement politique), par rattachement aux principes contre-révolutionnaires. Cependant, malgré la bonne réception de l’ouvrage au sein de la droite radicale, Evola ne croit plus en la solution politique.

jevTIUL320_SR226,320_.jpgSon ouvrage Chevaucher le tigre est un bilan de ses expériences, et un constat de réalisme ferme : rien ne peut être fait, ni artistiquement, ni religieusement, ni politiquement, pour provoquer un bouleversement positif au sein du monde moderne. Le seul horizon, c’est le chaos. Ce livre s’adresse aux hommes différenciés, ceux qui n’appartiennent pas intérieurement au monde moderne, qui sont de l’autre civilisation. Selon une image extrême-orientale, « si l’on réussit à chevaucher un tigre, on l’empêche de se jeter sur vous et, […] en outre, si l’on ne descend pas, si l’on maintient la prise, il se peut que l’on ait, à la fin, raison de lui. » Evola s’adresse aux « convives de pierre », aux Individus absolus, ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se détacher du monde actuel, et qui sont prêts à y vivre « sous les formes les plus paroxystiques ». Evola y examine, sous formes d’orientations existentielles, les possibilités d’émancipation totale de l’être par la mise en confrontation avec les processus destructeurs du monde moderne.

Mais surtout, on retrouve là, comme magnifiée, la constante du cheminement spirituel et intellectuel de Julius Evola, le détachement, expression parfaite de son équation personnelle : inclination à l’action, détachement affectif. Pour Evola, l’homme différencié doit faire ce qui doit être fait, de façon impersonnelle, sans égard pour la victoire ou la défaite d’une action, sans le souci d’être approuvé ou désapprouvé. Une « action sans désir ». Dans Chevaucher le tigre, Evola recourt au principe d’apoliteia, « l’irrévocable distance intérieure à l’égard de la société moderne et de ses valeurs ». Le refus du « moindre lien spirituel ou moral » avec elle. Avant d’être un penseur de la Tradition et un théoricien politique, Julius Evola est avant tout un apôtre de la mystique du détachement.

dimanche, 22 mai 2016

ULTREÏA ! 07

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ULTREÏA ! 07

Collectif ULTREÏA !

Magazine-livre - Printemps 2016

19,90€

228 pages

Le numéro de printemps s’ouvre sur le portrait d’un éminent “serviteur de la paix”, Lanza del Vasto, dont l’oeuvre prolifique n’est que le reflet d’une vie orientée vers la non-violence, la sobriété et la spiritualité. Un riche parcours qui demeure plus que jamais d’actualité.

Quête d’absolu et somme spirituelle traduite dans le monde entier que l’on retrouve chez le métaphysicien Frithjof Schuon, qui porta l’idée d’ “unité transcendante des religions” et de sagesse pérenne qu’il opposa au nihilisme du monde moderne en une pensée d’une rare acuité.

L’ésotérisme est-il (encore) une voie ? Dans ce dossier, nous avons questionné des auteurs de plusieurs disciplines et religions pour savoir si celui-ci était universel et s’il pouvait être une opportunité pour notre temps. Et être une voie de liberté face à la perspective souvent très légaliste de l’exotérisme, la religion conventionnelle ?

À la croisée des chemins, dans un long et riche entretien, Matthieu Ricard revient sur son parcours singulier, expose sa perspective bouddhiste et partage ses réflexions sur l’altruisme, le bonheur ou la conscience.

Dans un beau portfolio, Tuul – photographe d’origine mongole – et Bruno Morandi nous emmènent dans les steppes de Mongolie à la rencontre des chamanes qu’ils connaissent bien.

À Philae, dans l’extrême sud égyptien, nous goûterons à la magie de l’île d’Isis qui fut sauvée des eaux dans les années 1960. Aux portes de la Nubie, ce territoire dédié au féminin sacré “enchante” véritablement ceux qui le foulent.

Nous mettrons aussi nos pas dans ceux de Nicolas Bouvier, célèbre écrivain-voyageur suisse, qui, pour raconter le monde, tissa un “langage à l’exigence splendide”. Un être rare et jubilant qui accepta que le voyage le fasse… et le défasse.

Christiane Rancé rendra un ultime hommage à René Girard.

Puis nous bivouaquerons à Sheikh Hussein, au cœur même du pèlerinage extatique et universaliste de l’Aréfa, en Éthiopie, en Bolivie, dans les pas de Charles de Foucault. Enfin, Florian Rochet nous invitera à être des « nomades contemplatifs « .

Pour en découvrir plus (interview, vidéos, sommaire détaillé…) : www.revue-ultreia.com

Feuilleter et découvrir quelques pages du n°07 

Format : 21cm x 27cm

ISBN :978-2-37241-022-9

samedi, 21 mai 2016

La Tradición Romana: Julius Evola y Guido De Giorgio

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La Tradición Romana: Julius Evola y Guido De Giorgio

Ex: http://www.hiperbolajanus.com

Durante la década que comprende los años 1924 a 1934 hubo en Italia un desarrollo importante de las corrientes tradicionalistas, con la emergencia de representantes de gran valía dentro de las mismas, como bien pudieran ser Julius Evola, Arturo Reghini o Guido De Giorgio, junto con otras figuras de menor importancia que colaboraron activamente con publicaciones e iniciativas culturales de diversa impronta. El cometido de este artículo no es más que sondear aspectos generales de esta época, la cual fue especialmente fecunda dentro del Tradicionalismo, y que eclosionó, especialmente en los casos de Evola y De Giorgio, a la sombra de René Guénon, que pese a que siempre renunció a la posibilidad de tener a discípulos y continuadores de su doctrina siempre fue algo que rechazó de forma expresa. En el caso de Reghini es evidente que sus motivaciones y los referentes intelectuales de su obra tenían su origen en el siglo XIX, en la masonería y  las ideas ligadas al Risorgimento italiano. Por otro lado, podemos hablar de «Tradicionalismo Romano» en la medida que existía un ambiente intelectual y una serie de cenáculos y lugares de referencia en los que se veía renacer la función Tradicional de Roma vinculada a una guía o dirección de nuestro siglo.

tradizione-romana.jpgDurante estos años, y bajo el influjo permanente de los escritos de René Guénon surge, primero como un artículo de la revista Atanor, en 1924, y posteriormente como libro, concretamente en 1927, El rey del mundo. Un año después, en 1928, tendría lugar la publicación de otra obra de vital trascendencia; Imperialismo pagano, de Julius Evola, quienes representaban ya en aquella época dos mentalidades y formas de interpretar el mensaje de la Tradición desde polos más o menos diametrales, aunque con un punto de confluencia donde, finalmente, habrían de congeniar. Mientras Guénon trataba de encontrar aquellos centros espirituales y supremos, con sus respectivos puntos de referencia al margen de todas las vicisitudes temporales, Evola reclama una idea de Tradición estrechamente vinculada a la historia italiana y sus devenires temporales. De todos modos, la obra de Guenon permanece como imprescindible en la medida que hace referencia a los Principios últimos, muy necesarios en su comprensión, y que no pertenecen al ámbito de lo contingente en sus aplicaciones. El libro de Evola, mucho más relacionado con ese ámbito de la contingencia se presenta con una función y un cometido claro y contundente: afirmar, merced a la sapiencia itálica y pagana, la irrenunciable función imperial de la Roma precristiana, la cual tratará de hacer confluir con los intereses mismos de la «Revolución Fascista» y además persigue, con igual tenacidad, la resurrección de la esencia misma de la Romanidad, en sus términos clásicos e imperiales, con la intención de regenerar espiritualmente a la Italia de su tiempo, aquella que estaba bajo el mandato de Benito Mussolini.

Durante estos años, entre mediados de los veinte y casi la mitad de los treinta, Evola se encuentra a la expectativa respecto al cometido del fascismo, a sus posibilidades reales como representante cualificado de las ideas Imperiales y Tradicionalistas, frente a la Europa de las democracias liberales, que asumiendo la terminología gibelina del Medievo, califica como representantes de la ideología guelfa. En este sentido Evola se ve como un intérprete del fascismo pero desde fuera, sin pertenecer oficialmente, y en sentido estricto, a la jerarquía misma del régimen. Para el pensador romano el fascismo debía erigirse como líder hegemónico e incontestable de la Tradición mediterránea, como generador de un Principio aristocrático capaz de revivir la naturaleza iniciática y realizadora de antiguas corrientes sapienciales. Solamente de esta manera sería posible volver a forjar una Europa con referentes cualificados y válidos y, en definitiva, con una élite intelectual en el sentido Tradicional del término. Se trata del concepto de Imperium como fundamento Trascendente, que el fascismo mussoliniano debía asumir.

Como hemos comentado la anti-Europa, aquella que representa valores descendentes y de subversión es la que viene determinada por el güelfismo, y que, como en el contexto del conflicto de las investiduras, nos remite al papel de la Iglesia. El Cristianismo como tal es considerado como el comienzo del fin del Imperio Romano, un factor clave en la decadencia y destrucción de éste a nivel material y de estructuras así como a nivel de símbolos y aquellos elementos que estaban en conexión con lo Trascendente. Además cuando Evola nos habla del cristianismo en Imperialismo Pagano hay que entender que no nos habla solamente de una cuestión propiamente doctrinal, sino que establece una conexión directa entre el cristianismo histórico y todos los procesos disolutivos que desde la Reforma Protestante a la Revolución Francesa, pasando por el desarrollo del anarquismo y el bolchevismo, y el modelo de sociedad anglosajona han conducido, de forma inexorable, a la edad moderna como tal. Frente a todos estos procesos destructivos existe lo que Evola concibe como la Tradición Mediterránea y una cadena ininterrumpida de Misterios y secretos que se han ido transmitiendo en el devenir de los siglos que preceden al advenimiento del cristianismo. Evola no dudo un momento en reclamar al fascismo la restauración de la Italia pagana e imperial, así como la renuncia hacia toda suerte de tradición cristiana y católica, la cual es considerada por el pensador romano como totalmente desprovista de elementos tradicionales. Esta misma idea la mantendrá viva durante largo tiempo. De hecho, en Revuelta contra el mundo moderno sitúa el síncope de la Tradición europea occidental en el ascenso del cristianismo. Incluso durante los años de la constitución del Grupo de Ur, en los que Evola apuesta por la magia, se sigue manteniendo la idea de la existencia de un centro sagrado e iniciático, vinculado a la Tradición Romana, que podría mantenerse vivo hasta nuestros días. De igual manera encontramos en la figura de Guido De Giorgio ideas muy similares, y éste creía en la existencia de un centro oculto e inaccesible consagrado al culto de Vesta.

perennitas1.jpgEvola mantiene un discurso constante en el que asocia todas las formas de decadencia europea actuales, en lo que se refiere a mentalidades, estructuras sociales, en la filosofía y la ciencia positiva así como en las supersticiones de nuestro tiempo, que relaciona de forma indefectible con el cristianismo. En este sentido Evola hace una acusación directa al Cristianismo, y habla de éste como portador de una forma de «ascesis bolchevique», y más concretamente bajo lo que está en el origen del cristianismo, como es el concepto de ecclesia, entendida como una mística de la comunidad que subvierte todo el conjunto de valores jerárquicos e imperiales del mundo antiguo greco-romano. De ahí que el fascismo tuviese entre sus más importantes funciones destruir el cristianismo y apostar por una restauración pagana para salvar a Italia y a Europa de la hecatombe final. Evola busca claramente la confrontación llevada al extremo de un principio gibelino e imperial frente a otro güelfo y vaticano, es en este enfrentamiento donde se debe dirimir el destino de Europa, o bien hacia su renacimiento y cima o hacia su destrucción y ocaso. No obstante, es esencial aclarar también que al hablar de Imperio Evola no se remite a la concepción moderna del término, no habla de las categorías profanas y materiales del imperio, de la forma en la que modernamente se ha concebido tal término, al cual es totalmente opuesto en su formulación burguesa e industrial, y que nada tiene que ver con las modernas formas de colonialismo promocionadas por el capitalismo en sus estadios más desarrollados. Es evidente que los pactos lateranenses de 1929 fueron contrarios a las expectativas que se había generado el propio Evola, y que el fascismo decidió apostar por la vía güelfa de la anti-Europa de la que el propio autor romano había hablado en Imperialismo pagano. En este sentido los reproches del pensador romano hacia el fascismo estaban encaminados a denunciar que éste no poseía una espiritualidad y cultura propia. La idea de Imperio universal y gibelino implica ante todo la asunción de un principio de autoridad del Estado sobre la Iglesia, pero no desde una perspectiva anti-clerical o anti-espiritual, tal y como ocurre a día de hoy, sino desde la comprensión profunda del cristianismo a nivel doctrinal, entendida en su dimensión exotérica y popular, como una forma de «realidad espiritual» tolerada y adaptada a determinados estratos sociales, pero en ningún caso depositaria de las formas trascendentes y metapolíticas que sí representa la Tradición Mediterránea. Esta idea es tomada directamente de Guénon en el aspecto de entender la Tradición como una realidad unitaria de base netamente metafísica y sapiencial, estableciendo a su vez la idea de la existencia de distintos niveles y estadios jerárquicos en su realización, generando así una pluralidad de formas de realización espiritual. La postura de otros tradicionalistas romanos, como es el caso de Arturo Reghini, es totalmente concordante con aquella de Evola, al presentar la Tradición como una realidad inmutable, aunque en su caso la Tradición Mediterránea está en conexión directa con las enseñanzas pitagóricas. Pese a todo Reghini es, evidentemente, mucho más heterodoxo que Evola o De Giorgio, especialmente en la medida que concibe como parte de la Tradición ideas, movimientos y personajes que forman parte del marco histórico y temporal incluyendo a católicos, liberales, socialistas y hombres de poder que van desde Maquiavelo, Napoleón o Garibaldi o corrientes laicistas y anticlericales, que lo ubican en un espacio y realidad completamente antitético respecto a los grandes autores de la Tradición Perenne.

giorgioWcMro4lYVvPUfzOrF0.jpgEl otro gran representante de la Tradición Romana es Guido De Giorgio, el principal discípulo del pensamiento de René Guénon en Italia, un hombre oscuro, tanto en su trayectoria vital como en aquella intelectual, de una moral espartana, y definido por el propio Evola como un «iniciado en estado salvaje». Su principal obra, La Tradición Romana, fue publicada póstumamente, en el año 1973, y todavía a día de hoy existen obras inéditas del autor, que no han visto la luz todavía. Las premisas del pensamiento de Giorgio, como ocurre con Guénon, parten de un punto de vista absoluto, metafísico, sacro y Tradicional. No obstante su visión de la Tradición como tal cuenta con la confluencia de muy variadas influencias, entre las cuales podemos encontrar a los neoplatónicos, cristianos, hinduistas y musulmanes. A las citadas fuentes que nutren su pensamiento podemos añadir una peculiar forma de escribir, muchas veces teñida de una cierta iluminación, de una intuición muy sutil, y lo enigmáticos que resultan muchos de los pasajes de su obra. Un ejemplo de esta confluencia de ideas y doctrinas la vemos en sus consideraciones, de matiz claramente cristiano, en las que habla de la fe como la base de la Tradición por excelencia, al tiempo que contempla la concepción no dualista del Principio Supremo en lo que es un concepto de impronta hinduista. Sin embargo, la perspectiva islámica es la que toma mayor protagonismo en el conjunto de sus ideas, y es precisamente en base a esta visión de lo Absoluto a través del filtro de la doctrina islámica, la forma en la que De Giorgio comienza a edificar su Tradicionalismo Romano. Lo más llamativo de todo es que Guido De Giorgio jamás se convirtió al Islam, pero sin embargo, hay ideas relacionadas con éste, que son recurrentes en sus escritos. La idea fundamental que vertebra a través de las doctrinas esotéricas islámicas es aquella de la inefabilidad del Principio Supremo, la idea de la unicidad en el principio de la Creación y la ruptura de ese Principio a través de la acción del pecado, que actuando a través del hombre, rompe esa armonía. El mundo es Dios porque Él contiene al mundo en sí, y al mismo tiempo si el hombre se mantiene como tal se mantendrá asimismo ese principio de dualismo en el mundo. Se trata de una idea de clara inspiración sufí. En el límite de lo inefable se encuentran los defensores de lo Inaccesible, los santos de Dios que son los maestros y guías de la Realidad Suprema. De modo que es ese Principio de Unicidad el que resuelve cualquiera de las cuestiones doctrinales y metafísicas que puedan derivarse de otras fuentes como el cristianismo o el hinduismo.

De todos modos, lo fundamental es conocer cómo concibe De Giorgio la vuelta de Occidente al ámbito de la Tradición, y en este sentido, pese a las influencias del islamismo sufí, De Giorgio piensa en la vuelta a una Tradición propiamente romana y cristiana, al margen de otro tipo de influencias ajenas a su desarrollo histórico. A diferencia del anti-cristianismo de Evola, en el caso de De Giorgio hay un puente y una vía de entendimiento que reconcilia a la religión romana con el cristianismo en el contexto de una Roma que tiene una función metafísica y Trascendental de primer orden. En este contexto hay una serie de elementos simbólicos que nutren la citada función de la ciudad eterna, y es el caso del símbolo del Jano, que se completa en un contexto más amplio, con aquel simbolismo universal de la cruz del que nos habló Guénon en su momento. Por otro lado, Dante Alghieri representa la expresión más elevada y genuina de la Tradición Romana, quién representa a ojos de De Giorgio el aglutinador de las dos tradiciones de Roma; la pagana y la cristiana. Roma representa para nuestro pensador la función de centro mediador entre Occidente y Oriente, de equilibrio entre la vida contemplativa y aquella activa. Roma permite, a través de Eneas y Cristo, la realización de un principio de universalidad que la convierte en el faro de Occidente, y mientras Roma viva también vivirá la Tradición en Occidente. Pese a que De Giorgio coincide con Guenon al considerar la existencia de una Tradición Primordial, unitaria y sagrada en los comienzos, de la cual las restantes no son sino derivadas, considerada fundamental la función sagrada de Roma a través de sus símbolos, los cuales va desgranando en su obra cumbre La Tradición Romana y de la cual hablaremos en próximas entradas.

En conclusión el horizonte intelectual y las reflexiones acerca de la Tradición en la Roma del periodo de entreguerras nos ofrece un panorama rico y variado en cuanto a la producción de obras, ideas y doctrinas. Hoy hemos repasado algunos aspectos fundamentales de las obras de Evola y De Giorgio, teniendo siempre presente la enorme influencia que René Guénon tuvo en su momento, y sigue teniendo a día de hoy, sobre cualquier reflexión intelectual y metafísica sobre la Tradición Perenne.

vendredi, 20 mai 2016

The Value of Truth & the Virtue of Honesty

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The Value of Truth & the Virtue of Honesty

Ex: http://www.counter-currents.com

“Even apart from the value of such claims as ‘there is a categorical imperative in us,’ one can still always ask: what does such a claim tell us about the man who makes it?” — Nietzsche (Beyond Good and Evil, Section 187)

warch.jpgI have been reflecting of late on the concept of truth, both as a philosophical concept and as a value. Growing up, I always took the notion of truth completely for granted. “Tell the truth,” I was taught from an early age. “Don’t lie – not to your parents, your elders, and above all not to God.” Truth and falsehood was a primary duality, like light and darkness, good and evil.

As I got older, I started to question some of the things I had been taught as a child. First, God. Was there really an all-powerful puppet-master in the sky, watching everything I did, said, and thought, and also controlling everything that happens in the world? I went through my adolescent rebellion against religion, which in the Western world is often caused in part by the incongruities between the Bible – especially the Old Testament – and the innate Indo-European sensibility.

In the course of being an angry young atheist, I lost God and found Nietzsche. At first I was just attracted to the sheer power of his writing, his philosophizing with a hammer. But later, I started to actually develop some understanding of his ideas. In his transvaluation of values, Nietzsche rejected not merely the god of the Bible – something most intelligent teenagers learn to do – but most of the metaphysical underpinnings of the entire Western worldview as I knew it, including the very concept of truth itself.

In spite of my admiration for Nietzsche, I never quite bought his rejection of truth and his embrace of Hassan i Sabbah’s “Nothing is true, everything is permitted.” It wasn’t that I had thought it through and developed a coherent philosophical counter-position; it was just an instinct. The argument against truth itself always seemed to me an absurdity, because to even assert that “There is no truth” is to say, implicitly, “The truth is that there is no truth.”

The Classical Value of Truth

Herodotus tells us that the ancient Persians taught their children but three things: to ride a horse, to shoot the bow-and-arrow, and to tell the truth. Among the Greeks, aletheia was a prominent or even dominant concept and goal in philosophy, especially for Plato. This carried over directly into the New Testament – which I regard as primarily an Indo-European document, in spite of the abundant Judaic themes and references, both because it is written in Greek and because the figure of Jesus Christ, in his essential characteristics and certainly in the esoteric traditions of European Christianity, has deeper roots in Indo-European solar mythology than in Jewish tradition.

In the Jewish Ten Commandments, Yahweh tells the Hebrews that they should not bear false witness in court. But Christianity re-interpreted this as a prohibition against all lying. This is because in Christianity, which for better and for worse was the religion of Europe for over a thousand years, truth is actually equated with God.

Christians often point out that Jesus is unique among religious figures and prophets because, while many men throughout history have claimed to know the truth, Jesus alone said, “I am the truth, the way, and the life.” Thus the worship of truth becomes a legitimate form of worship of God, just as with beauty and goodness. As Hans F. K. Günther notes in his Religious Attitudes of the Indo-Europeans, the Good-and-Beautiful – kaloskagathos in Greek – is an ancient Indo-European concept that pre-dates Christianity, but which was incorporated into Christian theology and to which was added the value of truth, thus becoming a trinity and a kind of analogue to the trinitarian God.

Our high valuation of truth is also related to a high valuation of loyalty. In the motto of the German SS – Mein Ehre heisst Treue, “My honor is loyalty” – the German treue is cognate with the English true, and we can see the relation in the dual meaning of true as both “not false” and “loyal,” as in “true to his people.” This loyalty also finds expression as fidelity in marriage, which is uniquely valued by Indo-Europeans, in contrast to the polygamous practices of many other cultures. For us, all of these values – truth, loyalty, faithfulness – are related, and come from the same source, like Platonic Ideals that all emanate from the Good.

Honesty

hfkg.jpgGünther, in the same book, also notes that honor and honesty may share a common root, if not etymologically, then at least morally, for it is difficult to imagine an honorable man being fundamentally dishonest. The virtue of honesty is a corollary of the value of truth, and the history of Indo-European moral and ethical philosophy demonstrates a tradition of high regard for this virtue.

The most extreme example of this is probably the philosophy of Immanuel Kant, who famously argued that if a murderer knocked at your door looking for someone whom you knew to be hiding nearby, you should not lie to the murderer. While Kant’s moral philosophy strikes most people, even fellow Indo-Europeans, as absurd, it clearly shows the degree to which we have taken seriously the moral imperative of truthfulness. It also illustrates how some of our values can be both a strength and a weakness, depending on the situation we find ourselves in.

Years ago, a female acquaintance of mine became enamored with a book called Radical Honesty by Brad Blanton, a therapist who describes himself as “white trash with a PhD.” Though I haven’t read the book, it seems to advocate a kind of Kantian extremism in truth-telling – to tell the truth, the whole truth and nothing but the truth, always at all times, no matter what. Or at least, that is how this woman interpreted it. She managed to convince some of her friends to read the book and attempt to practice “radical honesty” with her in their relations, and they were doing so when I knew them. It was a well-intentioned enterprise that was supposed to strengthen their bonds of affection and trust, though I thought they wasted an awful lot of time expressing feelings and opinions that were fleeting, unimportant, and which need not be dwelt upon, or even expressed at all.

Of course, this woman and her two friends were white, and also a bit on the hippy side. What they were attempting to do is, on the one hand, rather laughable – the sort of thing that a non-white comedian might use as material for jokes about “those wacky white people.” But on the other hand, it’s entirely consistent with our tradition of valuing truth and honesty. It’s part of the reason why, as Greg Johnson noted, “Western civilizations, white civilizations, tend to be high trust societies, whereas non-Western civilizations tend to be low trust societies.” [2]

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While trust and truth apparently do not derive from the same etymological root, they most certainly share a common moral root, like honor and honesty. We trust our neighbors and kinsmen because we expect them to be honest and honorable with us, and us with them. This level of trust and honesty is difficult to maintain even in a small homogeneous group, as my hippy friends learned through experience. In a larger, heterogeneous group, it is considerably more difficult – some would say virtually impossible.

The West and the Rest

In reflecting on the concept of truth and its role as a value of Indo-European civilizations, I have come to believe that it is not, in fact, a universal value. While it is not unique to IE peoples as a concept, what is unique is the high value that we place on it. One of the mistakes that people often make is to assume that all human beings think the same way they do.

In his book about China, The Hundred-Year Marathon, Michael Pillsbury writes:

At first, it seemed impossible to me that any thinking person in China would believe that American presidents from John Tyler to Barack Obama had all somehow learned the statecraft axioms of the Warring States period and decided to apply these little-known concepts to control China. But then I realized that many in China think of these axioms as universal truths. They know America is the most powerful nation in the world, and they assume America will act as selfishly, cynically, and ruthlessly as did every hegemon in the era of the Warring States.

In contrast to these Chinese leaders who believe that Americans are as sly and sneaky as themselves, there are the American and European liberals, who believe that inside each Chinese, Arab, and African is a good little white man who is just waiting for the right dose of democracy, feminism and capitalism to bring out his full potential so he can become just like us, only darker. Indeed, some Leftist critics of Western imperialism and colonialism have addressed this ignorant and false assumption.

The tendency to assume equivalence of perspective and intention amongst peoples is perhaps universal, or at least is not limited to White peoples. But whereas the Chinese assumption of American duplicity may lead them to reject sincere gestures for want of trust (though more often than not, it’s probably just the smart position for the Chinese to take, given who runs American foreign policy), the Western assumption of universal goodwill leads to gullible and foolish policies like mass immigration, and all its concomitant problems like rising crime and social upheaval.

The Death of Truth and the Decline of the West

The high regard for truth in the Indo-European tradition is directly related to Europe’s subsequent development of science. What we call science – from the Latin word for “knowledge” – is in fact largely the accumulated knowledge of Europeans about the natural world. It is universal in its application, but not in its origin.

But this same love of truth, which motivated the Pre-Socratics in their primary investigations of phenomena, and Socrates in his endless questioning, and which reached its apotheosis in Christian doctrine, eventually became its own undoing. As scientific knowledge developed, truth ultimately came to be seen as being in conflict with religion. The Christian worship of truth as God and God as truth, incarnated as Jesus Christ, gave way to the terrible realization that truth did not, in fact, accord with Christian teachings on the nature of the world. For Nietzsche, this progression was a laughable irony – “Christianity ate itself, ha ha ha!” But he was being glib. Western man has not even begun to recover from this catastrophe. After the collapse of European Christianity in the 18th and 19th centuries, it was only a short time before even the notion of truth itself was then questioned and dismissed, firstly and most famously by Nietzsche himself. For a people with such a unique love of truth, there may well be no recovering from such a fundamental loss.

Much discourse on the Right concerns being honest about uncomfortable truths, such as racial and gender differences, or the friend-enemy distinction at the root of politics. I believe that, at its best, this is a further expression of the Indo-European spirit’s love of truth. But because the contemporary West lacks a comprehensive philosophical and spiritual framework, these little truths lack any connection to notions of higher, permanent, transcendent Truth. Unless and until the West can establish, or reestablish, that connection, it’s difficult to imagine that we will find the strength of belief that is necessary in order to survive. One begins to realize why Heidegger’s final conclusion was, “Only a god can save us.”

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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mardi, 17 mai 2016

Aux origines de carnaval - Un dieu gaulois ancêtre des rois de France

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Chronique de livre:

Anne Lombard-Jourdan: Aux origines de carnaval - Un dieu gaulois ancêtre des rois de France

(Odile Jacob, 2005)

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

cernunnos, hellequin, herlequin, légendes, folklore, mythologie celtique, livre, traditions, Au nombre des grands mythes transversaux européens est celui de la cavalcade surnaturelle menée par un chef divin. Dans le monde germanique c'est la wütendes Heer, qui parcourt les airs, réminiscence du cortège des walkyries et einherjer mené par Odin/Wotan. Dans le monde celte, c'est la chasse sauvage ou wild hunt, que le Moyen-Age dit composée de nobles damnés, de fantômes et de créatures surnaturelles, démons et fées et menée par un avatar de Cernunnos : Hellequin.

C'est à ce thème et à ce personnage, dans leurs expressions françaises que s'intéresse l'historienne Anne Lombard-Jourdan dans son ouvrage paru en 2005 chez Odile Jacob et préfacé par Jacques Le Goff : Aux origines de carnaval ;Un dieu gaulois ancêtre des rois de France. A travers son exploration de la symbolique du cerf dans la culture française médiévale et en particulier au sein de la lignée royale, Anne Lombard-Jourdan dégage une mythologie gallicane fondée sur l'alliance complémentaire de la fée serpente Mélusine (dont se réclamèrent de nombreuses familles outre les Lusignan) et du dieu cerf Cernunnos. Elle fait de ce dernier, en étayant abondamment sa thèse, le tutélaire, l'ancêtre totémique des rois de France.

L'auteur s'intéresse tout d'abord, dans une démarche comparatiste dumézilienne, aux mythes du cerf et du serpent et à leurs liens dans le monde indo-européen et en particulier en Gaule, à travers les héritages celte, latin et germanique. C'est ensuite le personnage de Gargantua qu'elle analyse comme avatar du dieu-cerf à travers lequel Rabelais aurait exprimé, sous forme parodique, les rites et symboles du mythe gaulois. Dans la droite ligne de Claude Gaignebé, elle lit, au delà des pastiches truculents, l'expression de liens mythiques entre éléments et divinités en voie d'oubli. Cornes et viscères ne sont plus des références au "bas corporel" et aux tribulations sexuelles mais les attributs des dieux : bois et serpents.

Le thème rabelaisien conduit naturellement à celui du carnaval, moment de jaillissement du refoulé païen et des rituels de fertilité au sein du calendrier chrétien. Masques, cornes, franges et cordes y réactivent de façon farcesque les mystères chamaniques liés au cerf et à la serpente. Une autre survivance du rituel se trouve dans la chasse au cerf, la plus noble entre toutes, dont l'historienne étudie, à travers manuels de vénerie et évocations littéraires, les codes. Ils témoignent d'une déférence particulière, de celles qu'on a face au totem, que seul peut chasser son "clan" : la maison royale et ceux qu'elle a anoblis.

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Ayant ainsi déployé l'héritage secret de Gargantua-Cernunnos, Anne Lombard-Jourdan s'intéresse à sa parèdre, Mélusine, et à leurs relations de complémentarité symbolique : dans le rapport à l'eau (soif insatiable de l'un, milieu naturel de l'autre), dans l'opposition de l'aspect solaire (le cycle des bois, entre perte et renouveau, suit celui des saisons) et terrestre de l'un à l'aspect lunaire et aquatique de l'autre. Elle n'en fait ni des époux divins (ce qui serait une invention de toutes pièces) ni ne les apparente, mais y voit des polarités qui fondent une mythologie proprement française.

cernunnos_by_faeorain-d4couqm.jpgL'ouvrage revient alors sur la place dévolue au cerf dans la maison de France à travers les légendes mettant en scène ses membres et des cerfs surnaturels souvent liés à la figure christique, les illustrations et la présence physique des cerfs dans les demeures royales, et les métaphores littéraires qui rapprochent monarque et cervidé. C'est dans le cerf ailé (présenté en couverture) que les rois trouvent leur emblème totémique, lié non pas, comme la fleur de lys, au Royaume de France dans son entièreté, mais à la fonction monarchique en particulier. Enfin, le don de guérison des écrouelles, le rôle thaumaturgique du roi, est analysé comme un héritage chamanique lié au culte du dieu-cerf.

L'auteur revient en profondeur sur ce dieu-cerf, en en différenciant les avatars : Dis Pater s'incarnant tantôt en Cernunnos, tantôt en Sucellus, et leurs compagnes Herecura et Nantosuelta, la femme-biche et la déesse des eaux, entourée de serpents. En Angleterre, c'est le roi légendaire Herne, ou Herle qui semble recueillir l'héritage du dieu-cerf, tandis qu'en France certains saints se le partagent. Le roi Herle ne peut que rappeler notre Herlequin ou Hellequin original, et c'est en effet lui qui clôt cette étude avec sa mesnie. Les herlequins, ou hellequins, sont les "gens" (/kin), la famille de Herle, le chasseur éternel et cerf lui-même. Le christianisme en a fait une cavalcade démoniaque, mais elle demeure liée aux dates ancestrales de l'ouverture du sidh, ce monde de l'au-delà où Cernunnos se portait garant pour ses enfants. De nombreux attributs physiques et vestimentaires furent attachés à cette menée. Des figurations celtes aux carnavals populaires, des évocations féeriques aux "arlequinades", on les y retrouve. Certains, comme le couvre-chef d'invisibilité, renforcent le lien entre wütendes Heer et chasse sauvage.

A l'issue de cette enquête, on trouve encore des annexes éclairantes : un dossier étymologique, indispensable à toute personne intéressée par le folklore et ses symboles, des documents archéologiques, diverses sources littéraires ainsi qu'une étude sur l'utilisation politique de la Mesnie Hellequin entre France et Angleterre.

Mythes, totémisme, royauté, folklore, transversalité européenne et gallicanisme, cette lecture a de quoi intéresser et enrichir à plus d'un degré quiconque s'intéresse à son héritage, mais pourra tout aussi bien permettre au gamer d'approfondir les thèmes du dernier opus de
The Witcher (Wild Hunt), et aux métalleux de comprendre ce qu'il en est historiquement et culturellement de la Mesnie Herlequin.

Mahaut pour le C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

A World Turned Upside Down: Finding True North in the Last Hour

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A World Turned Upside Down:
Finding True North in the Last Hour

Michael Tung

Ex: https://sidneytrads.com

In this essay I will attempt to sketch out the Traditionalist view of the cosmos and the framework of its decline, with some emphasis on religious aspects—in the basic sense of religio as ‘connection’ between man and Reality, in accordance to the Vedantic maxim: “God is Reality, the world is appearance.” I take my cue partly from Livy’s ‘abstract’ to his monumental history, where he invites the reader to follow his exposition of Rome’s moral decline “while the old teaching was allowed to lapse; then finally the downward plunge which has brought us to the dark dawning of our modern day, when we can endure neither our vices nor their cure.”1

This is a work of synthesis: I have borrowed freely from the findings of philosophy, literature, and science, as well as the wisdom of different traditions, where I found them to speak in concord. Full responsibility is taken for any errors of interpretation and discursive leaps in the dark the reader may find, but I owe all insights herein to the great Traditionalist masters of the 20th century: René Guénon, Frithjof Schuon, and Julius Evola.

I

Disenchantment

The dominant mentality of the Modern world is one of disenchantment, a condition described by Max Weber as a world “robbed of gods.” The pre-modern, ‘organic’ view of the world as a web of symbols and ritual spaces imbued with supernatural power—a living organism—where everything is a symbol that speaks of God, was replaced with a hard, dry, mechanistic world of physical necessity and scientific exactitude, more akin to a machine in its utilitarian functions.

axis4f91ed8d02f6da9c4c872.jpgDescartes, amongst other seminal Modern thinkers, provided the philosophical impetus for the forces which would reduce human life to a set of Cartesian coördinates plotted within Weber’s Iron Cage along an x-axis: Reason, and a y-axis: Will—a parody of the Axis Mundi or the double Axe of the ancient god-kings (the prehistoric Cross) which served as the central symbols of the Traditional world. Philosophy was converted from a pursuit of eternal truths into a secular science which emphasized the power of human reason to manipulate the world. Nietzsche was perfectly justified in concluding, if flippantly, that “reason is only an instrument, and Descartes was superficial.”2

Secular life, in Heidegger’s formulation, is typically characterized by submergence in mundane ‘Everydayness,’ oblivious to ultimate Reality—most men, as Heraclitus said, spend their entire lives asleep. This is due to a by-product of the mechanistic worldview, the predominance of technology, or Technics/Technique, as it is termed by the philosophers Spengler and Ellul: “Science brings to the light of day everything man had believed sacred. Technique takes possession of it and enslaves it.”3

Heidegger painted our contemporary technological predicament—“the darkening of the world, the flight of the gods, the destruction of the earth, the massification of man”—with remarkable prescient colours in 1935:

Once the furthermost corner of the globe has been technologically conquered and opened up to economic exploitation, when every possible event in every possible place at every possible time has become as accessible as quickly as possible […] the questions which hover over this whole grotesque charade like ghosts are: for what?—where to?—and what then?4

Ellul summarised the two fundamental characteristics of Technics as rationalism and artificiality. He defines rationalism as the process which “tends to bring mechanics to bear on all that is spontaneous or irrational,” reducing human action “to its logical dimension alone.”5 The artificial nature of Technics is seen in its destruction, elimination, and subordination of the natural world: it “does not allow this world to restore itself or even to enter into a symbiotic relation with it.”6

The mechanistic view of nature nurtures a deadly confusion between ends (purpose) and means (instrument), to the point where relativists deny the concept of ‘purpose’ altogether. This can be seen most clearly in the extent to which human activity in the spheres of sexuality and economics, for example, has been twisted from its natural relationship to the procreation of children and the social good of the community. It is the rationalistic, capitalist doctrine of maximum efficiency and maximally ‘free’ markets which has thrown the native working classes of the West into competition with the cheaply fecund labour of the Global South.

Marx claimed that society was all ‘about the economy, stupid,’ while Freud reduced the motivation of all human endeavour to sex. These prophets of modern orthodoxy relegated the truly important aspects of individual life – culture, spirit – to the status of ‘superstructure’ and ‘false consciousness.’ They are wrong: from the raising of the pyramids to the great cathedral-building age of 12th century France, economic activity has always sprung from religious needs, not vice versa.7

II

The Veil of Illusion

But their senses were made dull. For, until this present day, the selfsame veil […] remaineth not taken away.
– II Corinthians iii.14

Traditionalists are easily accused of taking a sour-grapes approach to the ‘real world.’ Some criticize Traditionalism as mere reaction, invented to rationalise malcontent toward the modern world. In fact, the reverse is true: it is the modern world which is ‘unreal,’ created in direct opposition to Tradition, the world of the eternally Real. This opposition emerged with the rise of rationalism and materialism, which interposed the Veil of Maya, or Illusion—to borrow Schopenhauer’s Sanscrit term—between man and heaven. With Disenchantment, man loses all contact with transcendent truths: “the Shadow,” in Eliot’s words, falls “Between the idea/ And the reality… Between the essence/ And the descent.” The scientific quest, which began with the aim of improving life on earth, ends by creating the most poisonous substances known to man.

The act of living consciously in the Universe, which Ortega y Gasset equates with philosophy, produces truths which are founded on a holistic, integral conception of the world, truths qualitatively different from those of empirical science. “Scientific truth” however, is exact but “incomplete and penultimate; it is of necessity embedded in another kind of truth, complete and ultimate.”8 Science is underlain by man’s “thirst for the essential,” beyond “the limited plane of physical phenomena alone.”9

Heidegger’s Phenomenology offers a partial lifting of the Veil and a possibility for man to regain apprehension of the invisible world of Forms which underlies and gives meaning to the visible world of sense-perception. The first insight of Phenomenology, like that of Gasset, is that man’s primary encounter with the world is not as a world of atomized particles or biological mechanisms such as that investigated by empirical science, but a world of lived spaces and societies imbued with a priori meaning and significance for humans. The Cartesian dualism between mind and reality is thus transcended. Every aspect of belief depends on how we see the world, a metaphysical vision which, as D. H. Lawrence expounded,

is then unfolded into life and art […] We’ve got to rip the old veil of a vision across […] And we’ve got to put it down in terms of belief and of knowledge […] Rip the veil of the old vision across, and walk through the rent.10

III

The Last Hour

Traditionalists live as men amongst a world of ruins. A question which cuts to the heart of Tradition’s validity is this: “Have these things been foretold”? This question was addressed by Rama Coomaraswamy in a 1978 article in response to the seemingly inexorable march of Modernism.11 The answer is that these things have indeed been foretold throughout the Traditional world, in both symbolic depth and sociological detail.

St. Paul writes that End Times will be preceded by a great apostasy from true religion, when Antichrist will “sit in the temple of God”: “Let no man deceive you by any means: for that day shall not come, except there come a falling away first” (II Thessalonians ii.3). In expounding the teaching of the Church Fathers on this great apostasy, Cardinal Newman proposed that the régime of Antichrist would be built up on the same bases as the French Revolution: the idols of “liberty, equality and fraternity.”12 A great warning-sign of this time is the “abomination of desolation” of which we are warned by Christ himself:

And because iniquity shall abound, the love of many shall wax cold […] When ye therefore shall see the abomination of desolation […] stand in the holy place […] then shall be great tribulation, such as was not since the beginning of the world… nor ever shall be.
– St. Matthew xxiv.11, 12, 15, 21

The reference itself is to Daniel’s prophecy that the Eternal Sacrifice in the Temple of the Christian faith would be replaced by a display of blasphemy: “The Victim and the Sacrifice shall fail: and there shall be in the Temple the abomination of desolation.” (Daniel ix.27) Again and again it is prophesied that the dominant climate in this last age will be one of widespread deception, where even the faithful will be led astray from Tradition by false Messiahs “and false prophets [who] shall shew great signs and wonders.”

The degeneracy of the present is mirrored in even greater accuracy by the prophecies of ancient India regarding the Kali Yuga or Dark Age, whose darkest terminal phase we have already entered according to various concordant indications in traditional doctrines:13

People will follow the customs of others and be adulterated with them; peculiar, undisciplined barbarians will be vigorously supported by rulers, whilst purer tribes are neglected, and the people will perish […] Money alone will confer nobility […] Boldness and arrogance will be substituted for learning […] Men of all degrees will presumptuously regard themselves to be the equals of Brahmins […] Princes, instead of protecting, will plunder their subjects […] Vaishyas [yeomen] will abandon agriculture and commerce and will earn their living by servitude or the exercise of mechanical professions.14

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No doubt is left by the warning of St. John the Divine that we live indeed in the End Times: “Little children, it is the last hour: and as ye have heard that Antichrist shall come, even now are there many Antichrists…” (I John ii. 18)

If the Last Hour is indeed come, how shall we tell that time?

IV

The Cosmic Clock: Doctrine of Four World-Ages

Helical-clock.jpgFrom the Indo-Europeans to Mesoamerica, we find that the great traditional civilisations divided world history into Four Ages, a cosmic cycle between Creation and final destruction in which the overall trend is one of inevitable entropy and degeneration. Hesiod, Ovid, and the ancient Iranians, amongst others, identify the successive ages with Gold, Silver, Bronze (or Copper), and Iron. The Traditionalist conception of time is helical: neither linear (contra the myth of Eternal Progress) nor an endless cycle of Eternal Returns—pacĕ Nietzsche, Eliade, and modern Hinduism). The helix is made up of a succession of ever-decreasing cycles of cultural and spiritual disintegration, like the diminishing periods of a free-swinging pendulum) around a central axis. Heraclitus never stepped twice in the same river, and history never exactly repeats itself, but the beginning of a cycle foreshadows its end.15

In the Indo-Aryan tradition, which contains the fullest exposition of the Manvantara (cosmic cycle), the ages or Yugas are named Krita or Satya, Treta, Dvapara, Kali, each of which is shorter than the last, accordingly as one of the hoofs of the bull representing Dharma (traditional law) fails, hence the ratio 4: 3: 2: 1 for the duration of the Yugas. Applying the esoteric principle ‘All is number,’ the total duration of the Manvantara is represented by the symbolically perfect number, 10 = 4 + 3 + 2 + 1, an inversion of the sacred Pythagorean Tetraktys. In Western Hermeticism, this formula expresses precisely the relation of the end of a cycle to its beginning.16

Where do these ages fit into our historical time? No orthodox tradition has ever encouraged explicit ‘fortune-telling’ with regard to eschatological events—“of that day and hour knoweth no man”—and so the actual numbers have always been more or less carefully concealed through mathematical operations.17 However, the World-Ages can be dated in historical time by reference to a cosmological phenomenon of cardinal importance to the ancient world, the Precession of the Equinoxes:18 the slow ‘wobble’ in the Earth’s rotation which causes the spring Sun to rise under a different constellation of the zodiac every 2160 years, passing through all twelve houses of the zodiac – hence the astrological Age of Leo, Pisces, Aquarius, and so on – every 25,920 years. There much evidence that most ancient civilisations used the Precession of the Equinoxes as a ‘cosmic clock.’

The archæologist H. V. Hilprecht, after examining literally thousands of mathematical cuneiform inscriptions, discovered that the figure of the Great Platonic Year went back at least to the fourth millennium B.C. He wrote, “All the multiplication and division tables from the temple libraries of Nippur and Sippar and from the library of Ashurbanipal are based upon 12,960,000.” And as he pointed out, 12,960 x 2 = 25,920.19 The Assyrian King Sardanapalus prided himself on having mastered the esoteric science of his time:

I received the revelation of the sage Adapa [Adam], the hidden secret tradition […] I considered the heavens with the learned masters […] I have solved complicated mathematical problems that have not been understood before. I read the cunning tablets of Sumer and the dark Accadian tongue […] I took pleasure in examining stones inscribed before the Flood.20

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Painting of Delacroix: Sardanapalus' death

A cuneiform tablet from the great library Sardanapalus compiled at Nineveh contains a single enigmatic sum which works out to 195,955,200,000,000. This number expresses in seconds, “an exact multiple of any revolution or conjunction period of any planet, comet, or satellite of the solar system […] exactly down to several decimal points.”21 The sacred number of Nineveh also equates, in seconds, to exactly 240 cycles of the Precession of the Equinoxes, that is 480 Platonic Great Years.22 It seems that this is the long lost number called the “Great Constant of the Solar System,” fabled amongst alchemists, astrologers, and astronomers.23 It contains only a single apparent inaccuracy: the Nineveh Constant of 2268 million days is out by a mere 1.0368 seconds when divided into tropical years. This can be explained by the annual decrease of the tropical year by 0.000016 seconds ever since the Constant was first calculated, which can thus be worked out to approximately 62,800 B.C.24

Guénon found that the duration of the four ages could be found by taking the Platonic Great Year of the Persians and the Greeks—12,960 years, exactly half a full Precession of the Equinoxes—and multiplying it by five (the number of world-ages in Mesoamerican tradition).25 Thus our Manvantara is made up of 64,800 years: with the Krita, Treta, Dvapara, and Kali Yugas lasting respectively 25,920, 19,440, 12,960, and 6480 years.26

Based on concordant traditional data given by Guénon27 and the historian Gaston Georgel,28 an approximate chronology of the Four Ages is given below:

62,800 B.C. – Beginning of Golden Age, Satya/Krita Yuga
36,800 B.C. – Beginning of Silver Age, Treta Yuga [Deluge]

23,900 B.C. – Foundation of Atlantean civilisation
17,400 B.C. – Beginning of Bronze Age, Dvapara Yuga
10,900 B.C. – Cataclysm which ended Atlantean civilisation [corresponds with Younger Dryas meteor impact]

4400 B.C. – Beginning of Iron Age, Kali Yuga [corresponds with Indo-European invasions of Europe]

This accords with the best harmonization of scientific data with the Genesis Creation account.29 Eden was a state ‘above time,’ without death, seasons, or religion—which, after all, exists merely as a means to restore the human-divine connection which had not then been lost. The Golden Age opens after the Fall with the emergence of man in a state of near-perfection. The further he descends from the Principle, as the primordial Breath of God sounds ever more faintly in him, the lower he falls. All civilisations except the modern have been conscious of having fallen away from the perfection of Primordial Man, the beacon of which has been kept alight by an initiatic chain of prophets and saints across the millennia.30

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The Golden Age by Lucas Cranach the Elder.

V

Ex Septentrione Lux: “Light from the North”

The most ancient layer of Tradition univocally affirms the primacy of the North as the sacred direction, the place of origin for mankind. Guénon, in many places, alludes to the Hyperborean source of the Primordial Tradition. In symbolic geography the North represents the closest point between Heaven and the temporal sphere of Chronus-Saturn, god of entropy and exiled King of the Hyperborean Golden Age who slumbers beside the frozen Chronian (Arctic) Sea.31

Zend-Avesta,_trad._Anquetil-Duperron,_volume_1.djvu.jpgThe North is the land where the sun never sets, a place of undying light. Every sacred tradition honours the Centre, the point where contrasts are resolved, the symbolic place not subject to the laws of cosmic entropy. The North was the cardinal point chosen whereby the primæval Logos would reveal itself in History. Every divine revelation in human history represents a reëstablishment of that Centre.

In Mediæval European and ancient Indian cosmology we find a high mountain at the top of the world and water flowing out from this mountain in four streams to the four cardinal points, which William Fairfield Warren, founding president of Boston University, identified as the original, Edenic home of mankind in all the major traditions of Eurasia.32

References to a sacred Arctic homeland abound in the Zend Avesta, the ancient Persian scripture, which describes the polar mountain, Hara Berezaiti, arising at the “beginning of the world” in the North, inhabited by gods and heroes.33 The sun, Hvar, as well as the moon and stars revolve around it. Next to the High Hara, there is a sea containing a paradisal land. On this island “They call a year a day.”34

Analysis of the oldest Indo-Iranian, Greek, and Celtic source traditions reveals a deep collective memory amongst the Indo-Europeans of an original homeland in “the glacial zone of the Arctic […] a home which was abandoned […] upon the onset of intense cold.”35

tilakprint2.jpgThe Indian nationalist scholar, Bal Gangadhar Tilak, came to the same conclusion based on his analysis of the most ancient Hindu scriptures, the Vedas: “the poets of the Rig-Veda were acquainted with the climatic conditions witnessible only in the Arctic regions […] described by them […] directly in plain and simple words.”36

Metaphysical ‘Northernness’ transcends the physical compass point. Our respective nations in the South Seas are, after all, typologically Northern. Dante reminds us prophetically of this paradox by situating the Earthly Paradise at the summit of Mount Purgatory (an implicitly Polar image) under the four stars of the Southern Cross—symbolizing the four Cardinal Virtues, Prudence, Temperance, Fortitude, and Justice—together with the constellations of the Arctic North, mysteriously hinting that Adam and Eve had been the first to gaze upon the Crux Australis.37

A memory of the Primordial North lingers in the human psyche as a nostalgia for the origins, an indescribable yearning or Sehnsucht for ‘Northernness,’ as C. S. Lewis called it—a numinous moment which he first experienced in childhood after reading the first lines of a Norse saga mourning the death of Balder, the Norse Messiah: “instantly I was uplifted into huge regions of northern sky […] cold, spacious, severe, pale, and remote.”38 On a providential level it is no coincidence that Lewis the future Christian thinker would be so moved by a reference to the Norse sun-god, “the just and benignant—whom the early Christian Missionaries found to resemble Christ.”39

Lewis describes his rediscovery of this “authentic Joy” many years later upon glimpsing one of Rackham’s illustrations to Siegfried and the Twilight of the Gods:

Pure ‘Northernness’ engulfed me […] the same world as Balder and the sunward-sailing cranes […] there arose at once, almost like heartbreak, the memory of Joy itself, the knowledge […] that I was returning at last from exile and desert lands to my own country.40

VI

Axis Mundi: “The Vertical Dimension”

Amongst almost all ancient civilisations, the concept of the Northern paradise was closely connected to that of the pillar or tower linking the Centre or omphalos of the earth with the Pole Star or Sun at the centre of the skies: “This was why the Tree of Life stood in the middle of the Garden of Eden.”41

EphremSyrian-ppa-55-800.jpgThe Sun—with its qualities of immobility, immutability, and stability—symbolized the supreme God, and the positive, masculine principles of his divine nature.42 The axial motif of the Sun radiating from the summit of the Tree at the world’s Centre symbolized the Saviour or divine Son. For example, the Orphic Hymn to Apollo—grandson of the Titan Polus, ‘Pole’—praises the god for harmonizing the opposite poles of the cosmos with his lyre. This imagery harks back to the falcon Horus—god of the sun and the Pole—king and messiah of Egypt, who is depicted as alighting upon the Djed or column of Stability at the creation of the Earth.

Much of this symbolism entered the patrimony of the early Church, where Christ was depicted in mosaic as Apollo in the Vatican catacombs and at the villa discovered at Hinton St Mary. St. Ephraim the Syrian, in fact, equates the Cross with “the Tree of Life […] the sun of Paradise.”43 This was no mere naïve syncretism, but the sign of an acknowledgement amongst the earliest Christians that the promised Saviour Son-god of the ancients had arisen as their “Sun of Righteousness.”44 The Peace of the Church marked a victory for the Apollonian qualities of mercy, discipline, clarity, proportion, and good taste.

The two pillars of Modernity are Reason and Will, to the exclusion of man’s spiritual faculty, the third dimension—the transcendent or vertical, which is represented by the Axis Mundi.

When the Divine Influence acts directly on our world, or ‘vertically,’ the resulting display of supernatural power is commonly known as a ‘miracle.’ Within the usual course of things, transcendent forces act ‘horizontally,’ without directly interfering in or suspending the laws of nature. The error of materialism, as Frithjof Schuon noted, is to restrict all causality to the material world, so that only the horizontal dimension exists.

Henry Corbin, the philosopher of Sufi and Christian mysticism, equated this denial of the vertical dimension to man’s loss of a spiritual Centre, cast adrift in a meaningless, aimless cosmic void without “this celestial dimension, archetypal, angelic, which is the celestial pole without which the terrestrial pole of his human dimension is completely depolarised in vagabondage and perdition.”45

VII

The Occult Temptation: Psychics, Drugs, and Orientalism

[…] for Satan himself transformeth him into an angel of light.
– II Cor. xi.14

A Traditional belief system can only be founded on structured authority, as found in initiatory orders or priestly hierarchies. Many of those who realise that Modernity is seriously lacking in the spiritual dimension fall into the trap of seeking an answer in counterfeit traditions bereft of such authority, in highly dubious ‘channelling’ or neopagan ‘Eastern wisdom,’ often cloaked in a thick fog of anodyne mysticism (and pot). A common thread uniting such pseudo-gurus is the typically Modern arrogance that moves them to claim ‘discoveries’ of traditional truths which have never been or can be ‘lost,’ merely hidden from profane view.

uptonjZ7EGErL.jpgCharles Upton, a student of Guénon, observed that the success of the Theosophists of yesterday and neopagans of today, in repackaging Hermetic teachings stripped of their religious and traditional context—along with, for example, belief “in UFOs and alien entities that bear all the marks of classical demons”—merely adds an ‘esoteric flavour’ to the Modern habit of explaining the mysteries of the world by reference to purely material causes: psychic powers, biological race, astronomical events and the like.46

The insipid abandonment to substances which relax self-control and warp one’s perception of reality, so popular in youth counterculture, can only be regarded as another manifestation of what Evola called the irrational, ‘Dionysian’ spirit of intoxication and surrender.47 Some of its more pretentious epigones claim a transcendent aspect for their ‘highs,’ citing the initiatory techniques of shamanic cultures which supposedly made use of amanita and other narcotics, as if such ‘legitimate’ employment of psychoactive drugs, within highly complex and structured ritual contexts, could find any parallel in the commercial hedonism of adolescent ‘stoners.’ No less a New Age guru than Castaneda reveals, after his famous description of supposedly peyote-fuelled Toltec magi in his first two books, that the development of higher, supranatural states of perception is in fact independent of psychotropic ingestion.48 The authority on Nordic shamanism, Åke Ohlmarks,49 distinguished between the sub-Arctic form of shamanism, in which trances are produced artificially through drug or dance, and the original, ‘true’ Arctic shamanism, in which these states occurred naturally.

For those who imagine that the answer to Western spiritual malaise is to found in the ‘unspoilt’ tradition of the East, Philip Sherrard has noted that forms of scientific rationalism and materialism had developed in the Eastern civilisations far in advance of Christendom.50 In the social sciences, Han Fei Tzu’s rejection of Confucian metaphysics and his theories of sovereign absolutism and innate selfishness, which provided the political doctrine for the régime of the First Emperor, anticipate the Occidental upstart Hobbes by eighteen centuries.

The main philosophical sideshows of the last three centuries—Spinoza, the arithmeticians of Empiricism, and the occult distractions of Masonry and New Age cultism—have done little more than provide sanitised versions of Talmudic and Cabbalist speculation for Gentile audiences, the main attraction being their superficial similarity to authentic metaphysical traditions. In a similar vein, the big tussle in political economics of the last two centuries was between Marx’s rip-off of Hegel’s teleology and Plato’s social theory, on the one hand, and the global merchant-financier nexus on the other. The cosmetic divisions between these Modernist factions allow Modernity’s adherents to throw off their critics as ‘conspiracy theorists.’ The truth is that all these movements tend toward the subversion of whatever is left of Traditional society.

VIII

Philosophia Perennis

AKCooma.JPGTraditionalism posits that all religions are derived from a body of core truths, a Divine Revelation, known as the Philosophia Perennis or ‘Perennial Philosophy.’ The Philosophia Perennis is fundamentally monotheistic, as can be seen in its Semitic and even its apparently polytheistic Indo-European branches; this has been argued most cogently by Ananda Coomaraswamy.51 The Traditional doctrine—that monotheism belongs to the earliest, primordial layer of every religion, only later degenerating into polytheism and idolatry—was proven by Pater Wilhelm Schmidt, founder of the Vienna School of ethnology.52

Count de Maistre noted with great insight that many languages of remote tribes contain references to concepts originating from formerly higher states of civilisation and knowledge;53 this is echoed by Joseph Campbell’s observation that most ‘primitive cultures’ represent “degenerations, and immensely old fossilisations of folkways that were developed in very different lands, often under much less simple circumstances.”54

Although the general trend of cosmic history is downwards, as is recorded for example in Genesis, Providence intervenes at crucial points to restore the Primordial Tradition, when the divine Principle enters the world in the person of a great redeeming figure.55 This characterizes the great religious revelations – such as those of Moses or the prophets – when “a small nucleus of humanity was snatched up and placed on a spiritual summit to act as an ideal and a guiding light for future generations.”56

Before Christ such redeemers were sent only to limited dispensations of people or culture: Zarathustra for Iran, Quetzalcoatl for the Mesoamericans, Buddha to the Indians. The advent of Rome and the World-Empire prepared the world of the Fourth Age for a World-Saviour. The descent of the Only-Begotten Son into the world can be seen as a divine gamble, an ultimate revelation which made possible a universalism of Good; its satanic inversion in Modernity has produced a universalism of Evil.

IX

Sacrament

I suppose it remains for me here to offer some religious solutions to the present turmoil.

In the above synthesis I have hoped to throw some light on Count de Maistre’s affirmation that “that all of Paganism is nought but a system of truths corrupted and displaced; which only need cleansing, so to speak, and reinstatement in their proper position, to shine forth in their full brilliance.”57 I have also tried to suggest that this ‘cleansing is to be found in the Christian tradition, which “in its early days, was for the Christians an initiation, and for the rest a system, a philosophic or theurgic sect.”58

A serious critique of Christianity amongst the major Traditionalist thinkers was that its sacraments no longer represented valid initiatory rites due to the modern Church’s emphasis on exoterism over esoterism. These reservations were addressed by Frithjof Schuon’s strong protest in favour of the full and continued validity of the Christian sacraments, the denial of which would constitute “a betrayal of the Spirit.”59 René Guénon himself confirmed that the Islamic tradition considered Christianity “to have been a tarīqah, that is, essentially an initiatic ‘way’”60 To this I would add that a conscientious Westerner does himself a great disservice to surrender lightly the traditional patrimony of at least a millennia of his immediate ancestors. Through the Christian sacraments, the subject integrates realities in life that are beyond human understanding, forces and powers that existed before and point beyond our limited individual lives: birth, growth, procreation, frailty, guilt, vocation, communion through sacrifice, weakness and mortality.

Remember that I have remembered,
mia pargoletta,
and pass on the tradition.
– Ezra Pound, Canto LXXX

Michael Tung is a graduate in Ancient History and Political Studies at the University of Auckland and is currently training for registration as a high school teacher. His contribution to last year’s Symposium (“quo vadis conservatism, or do traditionalists have a place in the current party political system?”) was titled “Ride that Tigre; or The Party’s an Ass”.

Bibliographic Note:

Of particular interest to any inquirers into Traditional and the Perennial Philosophy are these works:

Endnotes:

  1. “[…] velut desidentes primo mores sequatur animo, deinde ut magis magisque lapsi sint, tum ire coeperint præcipites, donec ad hæc tempora quibus nec vitia nostra nec remedia pati possumus perventum est.” (Titus Livius, Ab Urbe Condita, Book I, Preface: § 9).
  2. Friedrich Nietzsche, Beyond Good and Evil, Part V, §191.
  3. Jacques Ellul, The Technological Society, John Wilkinson (trans.), (London: Jonathan Cape, 1965), p. 139.
  4. Martin Heidegger, An Introduction to Metaphysics, Ralph Manheim (trans.), (New Haven: Yale University Press, 1959), pp. 37–38.
  5. Jacques Ellul, op. cit., p. 78.
  6. Ibid. p. 79.
  7. Joseph Campbell, The Masks of God, IV: Creative Mythology (New York: Viking Penguin, 1976), p. 47.
  8. José Ortega y Gasset, History as a System, and Other Essays. Toward a Philosophy of History, Helene Weyl (trans.), (New York: W. W. Norton & Co., 1941), cap. I: “Sportive Origin of the State”, p. 16.
  9. Frithjof Schuon, Roots of the Human Condition (Bloomington: World Wisdom, 2002), p. 20.
  10. H. Lawrence, Fantasia of the Unconscious, Foreword.
  11. Rama P. Coomaraswamy, “Have These Things Been Foretold?The Roman Catholic I, No. 1, (1978).
  12. John Henry Cardinal Newman, “The Patristical Idea of Antichrist”, in Discussions and Arguments on Various Subjects (London: Longman, Green, & Co., 1907), pp. 44–107.
  13. René Guénon, Crisis of the Modern World, Arthur Osborne, Marco Pallis, Richard C. Nicholson (transs.), (Hillsdale: Sophia Perennis, 2001 [1946]), p. 17.
  14. Vishnu Purana, Book IV, Chapter 24; Book VI, Chapter 1.
  15. Laurent James, “Parousia”, Apex: Avant-garde et tradition, No. 1: La fin des temps—La lutte finale (August 2010), 5–11: 5.
  16. René Guénon, “Some Remarks on the Doctrine of Cosmic Cycles”, in Samuel D. Fohr (ed.), Traditional Forms and Cosmic Cycles Henry D. Fohr (trans.), (Hillsdale: Sophia Perennis, 2003 [1970]), pp. 1–12: 6.
  17. Ibid.
  18. Giorgio de Santillana and Hertha von Dechend, Hamlet’s Mill: An Essay on Myth and the Frame of Time (Cambridge: Harvard University Press, 1969).
  19. Hermann V. Hilprecht, Mathematical, Metrological and Chronological Tablets from the Temple Library of Nippur: Vol. XX, part I, of H. V. Hilprecht (ed.), The Babylonian Expedition of the University of Pennsylvania, Series A: Cuneiform Texts, (Philadelphia: Dep’t of Archæology, Univ. of Penn., 1906).
  20. Ibid.
  21. Maurice Chatelain, Nos ancêtres venus du cosmos, Orest Berlings (trans.), (Garden City: Doubleday, 1978), p. 29.
  22. Ibid. p. 26.
  23. Ibid. p. 28.
  24. Ibid. p. 29.
  25. René Guénon, “Some Remarks on the Doctrine of Cosmic Cycles,” op. cit., (2003 [1970]), pp. 1–12: 7.
  26. Ibid. pp. 1–12: 8.
  27. René Guénon, “The Place of the Atlantean Tradition in the Manvantara,” op. cit., (2003 [1970]), pp. 23–26: 25.
  28. Gaston Georgel, Le cycle judéo-chrétien, sceau et couronnement de l’histoire humaine (Milan: Archè, 1983), p. 40.
  29. Hugh Ross, A Matter of Days: Resolving a Creation Controversy (Colorado Springs: NavPress Publishing, 2004).
  30. Martin Lings, Chapter 4: “The Past in the Light of the Present and the Rhythms of Time” in Martin Lings and Clinton Minnaar (eds.) The Underlying Religion: An Introduction to the Perennial Philosophy (Bloomington: World Wisdom, 2007) pp. 35–54: 51.
  31. Pliny, Naturalis Historia, IV.16.
  32. Chet Van Duzer, “The Mythic Geography of the Northern Polar Regions: Inventio fortunata and Buddhist Cosmology”, Culturas Populares: Revista Electrónica, No. 2 (May-Aug. 2006); William Fairfield Warren, founding president of Boston University, Paradise Found—The Cradle of the Human Race at the North Pole: A Study of the Prehistoric World (Boston: Houghton, Mifflin and Co., 1885).
  33. Greater Bundahishn, VI (C); Lesser Bundahishn, VIII.1–5 [Hara is the origin of the Iranian toponym Alburz]; William Fairfield Warren, op. cit., Part IV, Chapters 1 and 5, especially pp. 133–4.
  34. Zend Avesta, “Vendidad”, Fargard II.40 (131). Cf. James Darmstetter’s translation: The Zend Avesta [Sacred Books of the East, Vol. IV] (Oxford: Clarendon Press, 1880), Part I,  20.
  35. Onorato Bucci, “Airyana Vaejah: La dimora originaria degli Arii e la formazione storica del principio dell’armonia cosmica”, in Antichi popoli europei: Dall’unità alla diversificazione (Rome: Editrice Universitaria – La Goliardica, 1993), The writer’s translation.
  36. Bal Gangadhar Tilak, The Arctic Home in the Vedas: Being Also a New Key to the Interpretation of Many Vedic Texts and Legends (Poona City: Kesari, 1903).
  37. Dante Alighieri, Purgatorio, Cantos I.22–7, XXX.1–3.
  38. S. Lewis, Surprised by Joy, chapter 1.
  39. Thomas Carlyle, On Heroes, Hero-worship, and the Heroic in History, Lecture I.
  40. S. Lewis, Surprised by Joy, Chapter 5.
  41. Ivar Lissner, Man, God and Magic [Aber Gott War Da] J. Maxwell Brownjohn (trans.), (London: Jonathan Cape, 1961), p. 267.
  42. Samuel Angus, The Religious Quests of the Græco-Roman World (New York: Biblo and Tannen, 1967), p. 275.
  43. Ephraim the Syrian, Hymns on Paradise Sebastian Brock, (trans.), (Crestwood: St. Vladimir’s Seminary Press, 1990), III.2, p. 90.
  44. Malachi iv.2; St. Augustine, Sermon VIII, § 7.
  45. Henry Corbin, The Man of Light in Iranian Sufism, Nancy Pearson (trans.), (New Lebanon: Omega Publications, 1994), p. 3; Henry Corbin, Le paradoxe du monothéisme (Paris: L’Herne, 1981), p. 243.
  46. Charles Upton, System of Antichrist: Truth and Falsehood in Postmodernism and the New Age (Hillsdale: Sophia Perennis, 2001), p. 419.
  47. Julius Evola, Ride the Tiger, Joscelyn Godwin and Constance Fontana (trans.), (Rochester: Inner Traditions, 2003), Part VI, Chapter 24, p. 167.
  48. Carlos Castaneda, Journey to Ixtlan (New York: Simon & Schuster, 1972), Introduction.
  49. Åke Ohlmarks, Studien zum Problem des Schamanismus (Lund: Gleerup, 1939).
  50. Philip Sherrard, “Modern Science and the Dehumanisation of Man”, in Martin Lings and Clinton Minnaar (ed.) op. cit., pp. 70–91.
  51. Ananda K. Coomaraswamy, “Vedic ‘Monotheism’”, Journal of Indian History, Vol. XV (1936), 84–92. [SydneyTrads Editors: the writer relies on Coomaraswamy’s original published work, as cited here. However, readers may be interested to note that this article was subsequently republished as “Vedic ‘Monotheism’” in Roger Lipsey (ed.), Selected Papers: Metaphysics, Bollingen Series 89 (Princeton: Princeton University Press, 1977), Vol. II, pp. 166–177.]
  52. Wilhelm Schmidt, Der Ursprung der Gottesidee: Eine historisch-kritische und positive Studie (Münster: Aschendorff, 1912–55), 12 vols. English translation: The Origin and Growth of Religion: Facts and Theories, H. J. Rose (trans.), (London: Methuen, 1931).
  53. Joseph de Maistre, Soirées de St-Pétersbourg (1821), Second Dialogue.
  54. Joseph Campbell, The Hero with a Thousand Faces, chap. II. 4.
  55. René Guénon, op. cit. (2001 [1946]), pp. 8, 9; Jean Phaure, Le Cycle de l’Humanité Adamique: Introduction à l’étude de la cyclologie traditionnelle et de la fin des Temps (Paris: Éditions Dervy, 1994), p. 269.
  56. Martin Lings, “The Past in the Light of the Present and the Rhythms of Time”, in Martin Lings and Clinton Minnaar (ed.) op. cit., pp. 35–54: 47.
  57. Joseph de Maistre, op. cit., Eleventh Dialogue.
  58. Ibid., Ninth Dialgue.
  59. Frithjof Schuon, “Les mystères christiques”, Études traditionnelles, No. LXIX (July-Aug. 1948), pp. 191–203.
  60. René Guénon, Insights into Christian Esoterism, Henry D. Fohr (trans.) Samuel D. Fohr (ed.), (Hillsdale, N.Y.: Sophia Perennis, 2001), p. 6.

Citation Style:

This article is to be cited according to the following convention:

Michael Tung, “A World Turned Upside Down: Finding True North in the Last Hour” SydneyTrads – Weblog of the Sydney Traditionalist Forum (30 April 2016) <sydneytrads.com/2016/04/30/2016-symposium-michael-tung> (accessed [date]).

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dimanche, 15 mai 2016

La Xvarnah des Perses

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La Xvarnah des Perses

La religion de la Perse ancienne, le zoroastrisme, parle d'une Lumière de gloire, la Xvarnah, une énergie à l'œuvre depuis l'instant initial de la Création et qui perdurera jusqu'à l'acte final de la transfiguration du monde [1]. Cette lumière est la substance qui constitue Ahura Mazda. L'iconographie la représente comme un nimbe lumineux, une aura glorieuse. Cette gloire est la Terre céleste, la mère du monde, Spenta Armaiti, une divinité qui correspond à notre Sophia occidentale. Elle intervient dans la relation entre l'âme et le Divin, qui s'opère dans un monde intermédiaire entre le monde de la matière et celui du pur esprit : le mundus imaginalis (monde imaginal).Ce monde est celui où les formes sensibles s'immatérialisent et où les intelligences pures prennent une corporéité spirituelle. Sur ce plan imaginal, la Terre est perçue comme un ange, Spenta Armaiti.

Source: http://www.philosophe-inconnu.com/Etudes/corps_glorieux01.htm

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vendredi, 06 mai 2016

Le cinéma et les mondes païens

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Le cinéma et les mondes païens

Ex: http://www.breizh-info.com & http://francephi.com

Paganisme-cinema-e.jpgEnfin un livre sur le paganisme au cinéma : les héros, les mythes, les épopées, le voyage initiatique, l’âge d’or, la femme fatale, l’enlèvement saisonnier, tout vient en fait du paganisme !

Le conte a souvent mauvaise presse, étant confondu avec la sorcellerie ou la spiritualité New Age. Pourtant cette sensibilité cosmique et féerique continue toujours d’inspirer notre quotidien, malgré le rationalisme et la médiocrité moderne.

Ce livre tente de recenser les nobles inspirations du paganisme dans le septième art. Il évoque bien sûr le cinéma français, soulève l’importance excessive du cinéma américain et notre inspiration anglo-saxonne. Puis il évoque d’une manière plus originale la source païenne dans le cinéma soviétique ou japonais de la grande époque, sans oublier celles du cinéma allemand, surtout celui de l’ère muette. L’ouvrage célèbre les contes de fées, les épopées, les adaptations des mythes fondateurs de la tradition nippone ou européenne. Il ignorera certaines cinématographies, quand il insiste sur d’autres. Mais le sujet est bien vaste…

Si l’on devait donner quelques noms prestigieux pour illustrer notre livre, nous donnerions ceux de Walsh, Lang, Kurosawa, celui de son compatriote Inagaki, génie païen oublié (lion d’or et oscar en son temps) du cinéma. Et bien sûr ceux des soviétiques négligés comme Alexandre Rou – officiellement « folkloriste » – et le grand maître ukrainien Ptushko. Mais la France mystérieuse, celle de Cocteau, Rohmer et Duvivier, a aussi son mot à dire…

Nous espérons que notre ouvrage redonnera à ce cinéma populaire et cosmologique quelques-unes de ses plus belles lettres de noblesse.

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Entretien avec Nicolas Bonnal sur le paganisme au cinéma

Les éditions Dualpha publient « Le paganisme au cinéma » rédigé par Nicolas Bonnal , écrivain auteur notamment d’ouvrages sur Tolkien.

Mondes païens, épopées, contes de fées… Enfin un livre sur le paganisme au cinéma : les héros, les mythes, les épopées, le voyage initiatique, l’Age d’or, la femme fatale, l’enlèvement saisonnier, tout vient en fait du paganisme !

Rédigé par un cinéphile passionné et érudit, ce livre trouvera une place de premier choix dans votre bibliothèque non conforme.

Nous avons interrogé Nicolas Bonnal, qui a accepté de nous parler de son livre.

Breizh-info.com : Pouvez-vous vous présenter ?

Nicolas Bonnal : Je suis historien de formation, ancien IEP Paris. J’ai beaucoup voyagé et je vis depuis quinze ans à l’étranger. Mes voyages m’auront sauvé. Je collabore avec la presse russe et avec des sites rebelles. Mes livres sont liés à des commandes et à des passions personnelles : étude ésotérique de Mitterrand (Albin Michel puis Dualpha) ou de Tolkien (les Univers d’un Magicien) ; livres sur le cinéma ou la culture rock (Damnation des arts, chez Filipacchi). Les sujets liés à l’initiation m’ont toujours plu : mon guide du voyage initiatique, publié jadis aux Belles Lettres.

Mais mes pépites sont mes recueils de contes (Les mirages de Huaraz, oubliés en 2007) ou mes romans, notamment Les maîtres carrés, téléchargeable en ligne. Plus jeune, je rêvais de changer le monde, aujourd’hui de vivre agréablement en Espagne et ailleurs. J’ai un gros penchant pour la Galice, terre extrême et bien préservée. Sinon je suis très polémiste de tempérament, mais cela apparaît peu dans mes livres.

Breizh-info.com : Loin des clichés et des mythes, qu’est ce que le paganisme ?

Nicolas Bonnal : Pour moi c’est la Tradition primordiale hyperboréenne. C’est la seule relation de vérité et de beauté avec le monde. Tout est bien lisible dans Yourcenar ou dans Nerval.

Le paganisme, c’est la beauté, la blondeur, l’élévation sentimentale, la danse céleste, le voyage initiatique ou la guerre héroïque, le lien avec le cosmos et avec les dieux. Le reste est laid et inutile.

Breizh-info.com : Votre ouvrage se focalise presque intégralement sur un cinéma « que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre » comme dirait la chanson. Le cinéma des années 90 et 2000 serait donc vide de tout paganisme ?

Nicolas Bonnal : Non. Vous avez un chapitre sur le cinéma contemporain. J’explique des films récents que j’ai bien aimé, Twilight, Point Break, le treizième guerrier, le Seigneur des Anneaux, Apocalypse Now (le colonel Kurtz est lié au rameau d’or ou à Jamie Weston, donc au Graal).

Pour le reste il faut redécouvrir le monde recouvert par la merde médiatique contemporaine et par une ignorance crasse dans tous les domaines. Donc je parle des grands films soviétiques et japonais ou du cinéma muet. Je suis obligé de le faire. Je permets aussi au jeune Français de redécouvrir son patrimoine : Pagnol, Renoir, Cocteau.

Et si c’est mieux que Luc Besson ou les films cannois, je n’y peux rien. Ressentir le paganisme est une grande aventure spirituelle et intellectuelle, un effort intelligemment et sensiblement élitiste.

Donc pas de feuilletons américains interdit au moins de dix-huit ans ! Il faut le dire sans arrogance mais il faut le dire. Il faut oublier Avatar, et découvrir Ptouchko, Inagaki. Dans sa cabane de rondins, l’américain Thoreau tentait d’ignorer son affreux pays, philosophait et lisait en grec l’odyssée. C’est cela être païen.

Je vous invite à découvrir Taramundi par exemple en Galice pour y aller philosopher ou travailler le fer.

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Breizh-info.com : Que diriez vous à des cinéphiles qui – comme moi et je pense qu’ils sont nombreux – ont un mal fou bien que férus de légendes, de mythologies et d’histoire, à regarder un film en noir et blanc ou les premiers films couleurs ? Comment les inciteriez vous à changer de regard sur ce cinéma, techniquement moins abouti qu’aujourd’hui et difficile à suivre pour l’œil ?

Nicolas Bonnal : Oui, TNT avait colorisé les films pour contourner la paresse du spectateur moyen ! Mais c’est céder à l’ennemi. La facilité nous tuera tous. C’est le triomphe de la pornographie sur l’amour fou.

J’adore le cinéma populaire. Je cite beaucoup de films en couleur, bien plus beaux qu’aujourd’hui car ils étaient en cinémascope. C’est pourquoi je défends même certains beaux « classiques » américains (les comédies musicales, surtout Brigadoon) ! Les films soviétiques ou japonais sont superbes, le Fleuve de Renoir aussi. Le noir et blanc expressionniste de Fritz Lang inspire toujours les bons cinéastes, et Metropolis comme les Nibelungen sont une date dans l’histoire.

Donc je le répète, il faut découvrir, il faut chercher, faire un effort. Il y a bien des gens qui vont dans les Himalayas escalader des pics, alors pour le cinéma ou la littérature on peut faire de même et devenir un athlète de la cinéphilie ! Il faut aussi redonner un sens pratique et initiatique au mot solidarité, créer des ciné-clubs communautaires et sensibles, échanger grâce aux réseaux sociaux autre chose que sa détestation pour Gaga ou Obama.

Et puis il faut s’ouvrir au vrai orient. Actuellement le cinéma chinois est à la pointe sur le plan technique, initiatique, héroïque. Voyez les films de Donnie Yen ou Jet Li (ses films chinois !). Ils sont à un centime sur amazon.co.uk, souvent extraordinaires.

Je recommanderai surtout les films historiques de Zang Yimou et le cinéma de Donnie Yen, extraordinaire athlète et acteur. Ici il n’y a plus aucune excuse pour refuser cette leçon. Mais quel plaisir noble que de découvrir Orphée de Cocteau ou de retrouver Naissance d’une Nation, sa célébration de la féodalité sudiste…

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Breizh-info.com Quels sont les films qui vous ont le plus marqué concernant la thématique que vous abordez dans le livre, et pour quelles raisons ?

Nicolas Bonnal : Les deux Fritz Lang cités plus haut. J’aime beaucoup la Belle et la Bête de Cocteau, Perceval de Rohmer, bien enracinés dans notre vieille France initiée. Je célèbre Inagaki pour son culte du Japon solaire, cyclique, héroïque, mythologique. C’est lui aussi qui a réalisé la plus grande adaptation des 47 rônins remis au goût du jour récemment. Il faut voir Rickshaw man (voyez un génial extrait sur Youtube, Toshiro Mifune battant le tambour)) et les Trois trésors.

Tout cela est disponible via Amazon (essayez plutôt pour économiser et trouver plus amazon.co.uk ou amazon.es) et Youtube. Il y a un site russe Mosfilm. J’ai adoré donc les films de Ptouchko (Ilya Murometz, phénoménal, ou les Voyages de Sadko) et de Rou, un irlando-grec né en Russie et maître du cinéma folklorique soviétique. Voyez ses films sur Babayaga, Kochtchei, Vassilissa.

Breizh-info.com : Comment expliquez-vous qu’à l’heure actuelle, les Européens (Russie exceptée) semblent dans l’incapacité de tourner des films à la gloire d’un passé, d’une mythologie, d’une civilisation ? Pourquoi ont-ils laissé Hollywood massacrer nos mythes ?

Nicolas Bonnal : Il y a eu un bon Hollywood avec Griffith, Walsh, Hathaway : Peter Ibbetson est un sommet du cinéma érotique, lyrique et onirique. Même les films d’Elvis sont très bons, voyez ceux sur Hawaï, ils vous surprennent. Le King était une belle figure. Pour répondre à votre question, Guénon a rappelé que le peuple contient à l’état latent les possibilités initiatiques. Le paganisme est d’essence populaire et l’on détruit simplement les peuples à notre époque.

Jusqu’aux années cinquante et soixante, ce paganisme de masse avec touche éducative s’est maintenu au cinéma. Il y avait encore une civilisation paysanne en France, au Japon, en Russie, en Ukraine. Les films mexicains étaient très bons par exemple. Puis la mondialisation sauce néo-Hollywood et la société de consommation sont arrivées : on supprime tout enracinement (celui visible encore chez Renoir, Pagnol ou même Eric Rohmer), et on le remplace par un Fast-food visuel pour société liquide. Ensuite il y a une autre raison plus grave, si l’on veut. Le kali-yuga, l’âge de fer d’Ovide. On n’est pas païen si l’on est n’est pas lucide ou pessimiste. Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas résister.

Mais je répète que toutes nos traditions ont été convenablement défendues jusqu’aux années 70, et j’ai souligné le rôle païen, libertaire et positif (cinéma allemand façon Schroeder ou Herzog) de cette décennie. Ensuite on est entrés dans le trou noir absolu. De temps en temps une petite lueur. Je répète ce que j’ai dit : il faut découvrir le cinéma chinois avec ses épopées, son féminisme magique, des arts martiaux à touche taoïste (fabuleux duel du début de Hero !), son moyen âge héroïque. Là je vous garantis qu’on est loin des tortues ninjas de Marvel.

(Propos recueillis par Yann Vallerie)

Pourquoi un livre sur le paganisme au cinéma?

Propos recueillis par Fabrice Dutilleul

Pourquoi ce livre ? Par goût du paganisme ou du cinéma ?

Par cinéphilie ! J’étais un jour dans un bus au Pérou, à 4600 mètres, tout près d’Ayacucho. On projetait un film à la télé à bord, et les jeunes indiens se sont comme arrêtés de vivre. Ils ont fusionné avec le film. C’était L’Odyssée. Je me suis dit alors : il y a quelque chose de toujours vrai et de fort ici, puisque les descendants des incas adorent cette épopée et les voyages d’Ulysse.

Et vos références ?

Je suis un vieux cinéphile et j’ai toujours aimé les films à forte résonnance tellurique ou folklorique. Jeune, j’adorais Excalibur ou Apocalypse now. On se souvient que le colonel Kurtz lit Jamie Weston et Le Rameau d’or. Ensuite, j’ai découvert dans un ciné-club à Grenade (merci Paco !) le cinéma japonais, dont le contenu païen est très fort, avec Inagaki et, bien sûr, Kurosawa. Puis, je me suis plongé grâce à ma belle-famille dans le cinéma populaire soviétique qui s’inspire des contes de fées (skaska) et des récits de chevaliers (bogatyr) ; les grands maîtres sont Rou et Ptouchko. Dans ce cinéma d’ailleurs, des femmes inspirées ont joué aussi un très beau rôle tardif. Voyez la Fleur pourpre (Belle et Bête revisitées) de mon amie Irina Povolotskaya.

Il y a une tonalité nostalgique dans tout le livre.

C’est une des clés du paganisme. Il était lié à une civilisation agricole qui a disparu. Relisez Ovide ou Hésiode. Il est aussi lié à une perception aigüe de la jeunesse du monde. Dans ce livre, on regrette le cinéma muet, expressionniste, le cinémascope, les grands westerns, le cinéma enraciné des Japonais, à l’époque où il y a encore une agriculture avec ses rites. Tout cela est parti maintenant, et on regrette les âges d’or et même la nostalgie évanouie. C’est évident pour le cinéma français des années 30 à 50. On pleure en pensant Pagnol, Renoir, Duvivier. Regain, le Fleuve et Marianne sont des hymnes au monde, quand la France était encore de ce monde.

Il y a aussi une tonalité mondialiste !

Pas mondialiste, mais mondiale. C’est beau d’aimer le monde. On ne peut se limiter à connaître le cinéma américain parce qu’on est colonisé culturellement, ou notre seul cinéma français. Donc vive le Japon, l’Allemagne de Weimar, la Russie enracinée de la Grande Guerre patriotique ! En se basant sur des données traditionnelles, on voit les troncs communs de la spiritualité païenne, qu’on a tant oubliée depuis.

Et le paganisme proprement dit ? Comment le considérez-vous ?

C’est ici une affaire de sensibilité et de culture, pas de pratique religieuse… les héros, l’aventure, les mythes, le crépuscule, l’âge d’or : tout cela donne ses lettres de noblesse au cinéma, avec les couleurs du cinémascope et les cheveux blonds des héros russes. Le paganisme est la source de toute la littérature populaire d’aventure et donc du cinéma. On ne peut pas comprendre Jules Verne ou Conan Doyle si l’on n’est pas au fait de ces croyances, de cette vision poétique du monde.

Vous avez partagé votre livre en cinématographies ?

Pas tout à fait. J’étudie bien sûr les grands moments du cinéma russe ou japonais, ceux du cinéma allemand muet ou moderne (de Fritz Lang à Herzog), les beaux moments du cinéma français (Renoir, Rohmer, Duvivier…). Puis je reviens au cinéma américain, via les grands classiques du western et de la comédie musicale (Brigadoon) et le beau cinéma orangé des années 70. Et je commence mon livre par un aperçu de notre culture païenne expliquée par les spécialistes et réintégrée dans la culture populaire depuis le romantisme !

Si le sujet de ce livre est le paganisme, quel en est l’objet ?

Connaître des cinématographies, les comprendre et les aimer. Le cinéma est venu quand le monde moderne a commencé à tout détruire, les contes et légendes, les paysages, les danses folkloriques, les cadres de vie, tout !

ptushtDA4xyL.jpgCette industrie artistique a aidé à comprendre (même si elle a parfois caricaturé ou recyclé) la beauté du monde ancien, tellurique et agricole qui allait disparaître. Le cinéma japonais est magnifique dans ce sens jusqu’au début des années soixante. Et donc l’objet de ce livre est de pousser la jeunesse à redécouvrir l’esprit de la Genèse, la nature, les animaux, les cycles, les hauts faits, les voyages et les grandes aventures initiatiques. Les romains, dit déjà Juvénal dans ses Satires, connurent le même problème, les enfants ne croyant même plus aux enfers ! C’est un livre sur la poésie de la vie et des images qui nous aident à l’affronter aux temps de l’existence zombie et postmoderne.

Quelques films pour commencer ?

Ilya Murometz de Ptouchko. Kochtchei de Rou. Les Trois Trésors d’Inagaki. Les Nibelungen de Fritz Lang. Le Fleuve de Renoir.

Pourquoi toujours ce Fleuve ?

Parce que c’est l’eau, c’est Héraclite et son fleuve où l’on ne se baigne pas deux fois.  C’est le chant des bateliers aussi. C’est le Gange, avec vie et mort. C’est l’éternité du monde avant l’industrie. C’est la famille aussi. Et c’est la nostalgie.

Le paganisme au cinéma de Nicolas Bonnal – 354 pages –  31 euros – éditions Dualpha, collection « Patrimoine du spectacle », dirigée par Philippe Randa.