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dimanche, 02 juillet 2017

LE CYCLE DES FÊTES CELTIQUES

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LE CYCLE DES FÊTES CELTIQUES

CONFÉRENCE DU DRUIDE JEAN-CLAUDE CAPPELLI

Dans cette conférence, le druide Jean-Claude Cappelli nous parle des quatre grandes fêtes celtiques : Samain (1er novembre), Imbolc (1er février), Beltaine (1er mai), et Lugnasad (1er août). Il évoque la conception druidique d'un temps spirale, le calendrier de Coligny, le comptage soli-lunaire celtique, etc. On nous y présente une vision d'où découlent des rituels nous connectant aux grands cycles cosmiques, aux mouvements de la nature, et au rythme des saisons. Un conférence filmée à La Maison des Sources de Tréhorenteuc.

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lundi, 12 juin 2017

L’épée de l’archange saint Michel : ces sept sanctuaires unis par un fil invisible

 

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L’épée de l’archange saint Michel : ces sept sanctuaires unis par un fil invisible

Une mystérieuse ligne imaginaire unit entre eux sept monastères, de l’Irlande jusqu’en Israël. Simple coïncidence ? Ces sanctuaires sont très éloignés les uns des autres, mais parfaitement alignés. La ligne sacrée de saint Michel archange serait, selon la légende, le coup d’épée que le saint asséna sur le diable pour le renvoyer en enfer.

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Quoi qu’il en soit, le parfait alignement de ces sanctuaires est surprenant : les trois sites les plus importants – le Mont-Saint-Michel en France, l’abbaye Saint-Michelde-la-Cluse et le sanctuaire du Mont-Gargan en Italie – sont équidistants. Un avertissement du saint afin que les lois de Dieu soient toujours respectées et que les fidèles restent sur le droit chemin. Par ailleurs, cette ligne sacrée s’aligne parfaitement avec le soleil levant du solstice d’été.

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1) SKELLING MICHAEL

La ligne commence en Irlande, sur une île déserte, là où l’archange Michel serait apparu à saint Patrice pour l’aider à délivrer son pays du démon. C’est ici que se trouve le premier monastère, celui de Skelling Michael (« Le Rocher de l’archange Michel »).

2) SAINT MICHEAL’S MOUNT

La ligne se dirige ensuite vers le Sud et s’arrête en Angleterre, au St. Michael’s Mount (« Mont Saint-Michel »), une petite île dans les Cornouailles, accessible à marée basse. À cet endroit-même saint Michel aurait parlé à un groupe de pécheurs.

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3) LE MONT-SAINT-MICHEL

Puis la ligne sacrée se poursuit en France, sur une autre île célèbre, le Mont-Saint-Michel, où l’archange Michel serait également apparu. La beauté de son sanctuaire et de l’immense baie qui l’entoure sur la côte normande, en fait l’un des sites touristiques les plus visités de toute la France. Il est inscrit au patrimoine de l’Humanité de l’Unesco depuis 1979. Déjà au temps des Gaules, ce lieu était imprégné d’un fort mysticisme, puis en 709 l’archange apparut à l’évêque d’Avranches, saint Aubert, à qui il demanda de construire une église dans le rocher. Les travaux commencèrent mais ce n’est qu’en 900, avec les moines bénédictins, que l’abbaye fut construite.

4) L’ABBAYE SAINT-MICHEL-DE-LA-CLUSE

À 1000 kms de distance, à l’entrée du Val de Suze, dans le Piémont (Italie), se dresse le quatrième sanctuaire: L’abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse (en italien Sacra di San Michele). La ligne droite unit ce lieu sacré au reste des monastères dédiés à saint Michel. La construction de l’abbaye commence vers l’an 1000, mais lui seront ajoutées de nouvelles structures au fil des siècles. Les moines bénédictins l’ont développée en lui ajoutant aussi une dépendance pour loger les pèlerins parcourant la voie Francigena, réseau de routes et chemins empruntés par les pèlerins venant de France.

5) SANCTUAIRE DE SAINT-MICHEL-ARCHANGE

Mille kilomètres plus loin, la ligne franchit les Pouilles et l’on tombe sur le Gargan, où une caverne inaccessible est devenue un lieu sacré : le Sanctuaire de Saint-Michel-Archange. La construction du site remonte à l’an 490, année de la première apparition de saint Michel à saint Laurent Maiorano, l’évêque local.

6) MONASTERE DE SYMI

Puis de l’Italie, la ligne sacrée de saint Michel arrive au sixième sanctuaire, en Grèce, sur l’île de Symi: le monastère orthodoxe de l’archange Michel « Mixalis » abrite une effigie du saint de 3 mètres de haut, une des plus grandes au monde.

7) MONASTERE DU CARMEL

La ligne sacrée se termine en Israël, au Monastère du Mont-Carmel à Haïfa. Ce lieu est vénéré depuis l’Antiquité et sa construction, comme sanctuaire chrétien et catholique, remonte au XIIe siècle.

Article traduit de l’italien par Isabelle Cousturié.

jeudi, 08 juin 2017

Autonomie et Tradition

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Autonomie et Tradition

par Johann Sparfell

Ex: http://www.in-limine.eu

« Il ne faut pas agir et parler comme nous l'avons appris par l'héritage de l'obéissance ». C'est ainsi qu'Héraclite introduisit sa pensée sur l'autonomie, sur l'art d'acquérir un esprit libre. Il est en effet possible et même indispensable de lier la notion d'autonomie de celle d'une éducation au travers de laquelle l'on devient soi-même, l'on s'élève. Il est bien entendu que par là nous pouvons ainsi faire référence à la nécessité d'une affirmation de l'être de l'homme et, comme d'une conséquence, de la propre personnalité de chacun en ce monde. Mais serait-ce pour autant une autorisation prêtée à l'individu d'accroître sans cesse, pense-t-il naïvement, ses prérogatives, dans une « limite » de la liberté d'autrui, afin de se soumettre toujours davantage à l'illusion de la jouissance ? Au nom d'un tel dévoiement de la notion d'autonomie, nous avons en fait appris à renier cela même qui en faisait l'élément primordial de l'existence des communautés et des hommes : la Tradition.

Mais enfin ! Qu'est-ce donc que cette « autonomie » de pacotille dont on nous serine dans nos oreilles les louanges afin de faire de nous des consommateurs « libres » de leurs choix et de leur « vie » ? Bien sûr une illusion, parce que, plutôt que d'être sans limite, elle en a au contraire beaucoup ! Ce n'est point en ce cas une affirmation de soi, mais une affirmation d'une chose extérieure à soi : d'une norme ! Oui, et c'est en cela qu'elle n'est que pure illusion ; il nous faudrait atteindre un certain état par lequel nous nous mettrions en état de suivre un mouvement que nous « participerions » à faire perdurer. « Participer » peut-être ! Mais certainement pas initier. Et encore moins innerver, c'est-à-dire en déterminer le cours, parce que ce mouvement, ce serait nous-mêmes en acte !

La liberté individualiste, que nous confondons aujourd'hui avec l'autonomie, se mêle inextricablement dans la soupe post-moderne avec l'adaptabilité, la flexibilité, la rentabilité, l'utilitarisme, l'esprit d'innovation techniciste et l'instinct de concurrence ; tout ce qui, en fait, permet au Capital, en tant que rapport social, de faire perdurer l'exploitation des ressorts humains au milieu de l'obsolescence de l'homme, et la domination de classe. Cette « liberté » est un statut, un état fixe et idéalisé, un ensemble de dispositions à atteindre au travers desquels les individus gagnent leur vie. La solvabilité en est par exemple un indice de relative réussite : elle ouvre la voie aux jouissances d'une consommation raréfiée. L' « autonomie » qui lui est liée est en ce cas un simulacre en ce sens qu'elle implique, une fois atteinte, de ne se battre que pour s'y maintenir, seul, et en regard des impératifs d'un procès que l'on ne maîtrise qu'à la mesure de nos renoncements.

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Elles se situent bel et bien là les limites de ce simulacre d'autonomie : à l'horizon bouchée des impératifs d'un économisme totalisant au noms desquels nous nous transformons en entités mécaniques dont le seul but devient de ne point tomber dans le néant du déclassement sociale. Le modernisme a inventé, par l'absolutisme de l'économisme, une nouvelle forme d'hétéronomie qui a su, comme ses prédécesseurs, se voiler des apparats de l'accomplissement humain et d'une certaine forme de rédemption. Or, se « mouvoir », ou plutôt bouger, par l'incitation de cette forme d'hétéronomie ne se résume dans les faits qu'à faire du sur-place en tentant de maintenir les « misérables » acquis dus à notre soumission à l'ordre accumulatif. Lorsque nous y creusons un peu plus, nous y voyons les racines du ressentiment ; d'un ressentiment que l'on ne pourrait croire issu que de ce que l'autre a pu acquérir à notre place, mais en fait provoqué par l'horreur que nous inspire l'image de la futilité d'une quête qui n'est que course vers le néant : nihilisme ! Par lui, nous nous en voulons à nous-mêmes de ne point savoir exister, signe d'une faiblesse inexcusable et d'un manque de savoir-vivre !

Car l'autonomie, au contraire, est bien d'exister par soi-même : exister, sortir du néant, tout simplement, sans artifice, sans préjugés. L'autonomie n'est pas une fixation en un état supposé idéal malgré qu'elle implique de savoir se donner des limites, des lois, par soi-même. Elle est une dynamique, un processus jamais parfaitement accompli d'auto-détermination. Si l'hétéronomie économiste est un effort d'adaptation à un procès dans lequel il s'avère absolument nécessaire de s'intégrer pour « exister », tout en étant un rapport social de domination en sous-main, l'autonomie est une participation à un flux vital dont l'assomption invite l'être à se fonder en soi-même en tant qu'être libre de sa propre détermination : il s'agit en ce cas d'une intégration dans un tissus de relations communautaires par lesquelles l'on coopère à son propre destin et à celui de son environnement – tant humain que naturel ou artificiel.

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L'hétéronomie économiste est une fixation. L'homme échappe ainsi à son devenir, sa responsabilité, en s'enfermant dans un éternel présent, qui s'avère en réalité être un piège vers une néantisation – l'éternel présent, ou le règne de l'immédiateté, est un univers carcéral où l'horizon se résume en une fuite perpétuelle vers un futur idéalisé qui n'est en réalité qu'adhésion, au sens premier du terme. Plus rien ne fait lien dans un monde où domine une dépendance totale à des impératifs quantitatifs, ni les hommes entre eux – car tous concurrents les uns des autres – ni le passé d'avec l'avenir – car l'un et l'autre sont devenus absolument contradictoires. Se donner ses propres règles, selon la définition de l'autonomie, ce n'est nullement se laisser enfermer selon une prescription commandée par une appartenance de classe ou autres dans une actualité sans fin. C'est fort au contraire dépasser l'actualité afin de donner corps à une connivence toujours possible, toujours souhaitable, entre le passé et l'avenir : participer par conséquent au recouvrement d'un lien intime entre les deux.

Plutôt que dans le temps, qui est une constante projection vers l'au-delà du réel, ce qui nous rend absolument dépendants du règne de la mesure temporelle, nous devrions nous inscrire dans la durée, qui est une possibilité perpétuellement donnée de pouvoir affirmer son être. Chaque être est en fait une durée singulière, un devenir qui s'étire de son origine à sa finalité, mais s'inscrivant toujours inévitablement dans une plus longue durée au sein de laquelle il devient un transmetteur, le dépositaire d'une traditio. La longue durée est une suite indéfinie d'événements, un processus global du devenir des civilisations, chacune d'elles imbriquée dans le devenir de l'humanité, et où demeurent les archaïsmes : « ce qui ne passe pas » et que l'on tient en réserve afin de dépasser sa propre condition initiale. Les durées singulières se lient les unes aux autres, transposent d'une génération à l'autre le socle sur lequel chacune participera à bâtir l'histoire à sa façon. Et pour ce faire, il est indispensable de pouvoir réellement exister ! Qu'est-ce à dire ? Que chaque homme, chaque communauté, doit pouvoir construire sur de bonnes bases ses propres règles, donc être autonome et ne plus dépendre de l'arbitraire des dogmes.

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L'existence est une élévation, l'acte de se mettre debout et d'affirmer la singularité de son être au milieu de la pluralité contradictoire de ce, et de ceux qui nous entourent. Exister, réellement, a à voir avec l'autonomie ; c'est un acte de volition qui est la condition même de la réalisation de l'autonomie. Lorsque nous nous mettons à exister « pleinement », non de façon désobligée comme aujourd'hui – l'individualisme ne nous engage plus à rien -, nous nous en tenons à une affirmation qui repose en premier lieu et qui a toute chance de pouvoir prendre son essor à partir d'un socle commun. L'existence est un passage : celui du non-être à l'être au croisement du passé et de l'avenir, où règne l'infini et la négation, l'éternel présent – mais ne s'y attardent que les aventuriers de l'esprit, s'y perdent les autres... les insensés ! -, ce qui implique de devoir y adjoindre un sens. L'existence est une dynamique en quelque sorte, dont l'élément moteur est la Tradition : le « socle » commun. Un « élément » dont la primordialité n'a d'égale que le sens qu'Elle apporte aux hommes et à leurs œuvres, un sens partagé de génération en génération par lequel le monde se voit doté d'une signification sacrée en une « durée » où se déploie l'existence, l'indéfinité des existences influant les unes sur les autres en de multiples « écosystèmes ».

La durée dans laquelle nous nous inscrivons est une épaisseur qui est celle des interrelations par lesquelles il nous est donné de pouvoir construire nos autonomies, tant personnelles que communautaires ; en d'autres termes donc, exister, à chaque instant qu'il nous est donné de pouvoir vivre par soi-même ! A contrario du temps, linéarisé par les besoins d'une foi toute basée sur un type d'homme, que l'on peut s'imaginer telle une meurtrière à travers de laquelle l'on n'a la possibilité de n'apercevoir qu'une frange étroite de la réalité : celle d'objectif qui recule sempiternellement à chaque minute.

La quête de l'autonomie est en nous comme un besoin vital de réaliser notre vie, d'être pleinement nous-même en accord avec le monde. C'est une dynamique qui se prolonge durant « mille vies » et nous transpose à chaque point de cette durée du non-être à la grâce d'être – dynamique symbolisée par la Croix, l'un des plus vieux symbole en ce monde. Elle est le Mythe, le mythos primordial que ne vient pas de l'homme, mais qui néanmoins perdure en l'homme et le fait être tel lorsqu'il en ressent le devoir, c'est-à-dire tant qu'il a en lui ce désir de s'affirmer pour le bien commun de ceux par qui, et quoi, il existe. Elle est en fin de compte l'expression « vitale » de la Tradition Elle-même, son souffle sacré par lequel les mondes se constituent et se succèdent, prennent sens et épaisseur.

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Mais qu'est-ce donc qu'être autonome sinon être soi-même, devenir soi-même, simplement, parmi les autres ? Être un esprit libre comme ont su le dire Héraclite, Montaigne ou Nietzsche, un « barbare » - un être « simple » - en chemin vers la maîtrise de son existence qui se réfère en toute humilité aux leçons et expériences accumulées par les générations qui l'ont précédées. C'est un accomplissement qui se réalise au nom d'une notion de Bien Commun, d'une notion secrètement portée par la Tradition et qui ne peut dépendre que d'un minimum de préjugés sur l'homme et la nature a contrario du respect de la parole donnée. Comme le disait S. Weill, la vérité est enfouie dans le silence des humbles ; la Tradition y a toujours trouvé son ultime refuge. La Tradition est un appel intemporel pour l'homme à s'extraire et s'élever par lui-même, de par ses propres forces, au-delà du magma informe de l' « indifférencié civilisateur » - j'entends par là la tendance historique à la standardisation massificatrice du processus civilisateur dont le marxisme orthodoxe et le néo-libéralisme, qui sont si proches l'un de l'autre dans les faits, en sont les portes-voix modernes -, donc des préjugés et des « héritages de l'obéissance ». Elle est une Connaissance qui engage à l'empathie, donc à l'autonomie.

Que pourrions-nous en conclure en somme ? Que la Tradition, loin d'être une sommation à l'inertie et l'impuissance, est fort au contraire une invitation au développement indéfini de nouvelles manière de « voir » le monde et de le faire nôtre, consciemment. Elle n'est pas une vérité imposée d'une « hauteur » inatteignable mais l'invitation à la recherche constante de la vérité. La Tradition est ce qui ne passe pas, telle une clef intemporelle qui est à même de nous élever à la com-préhension, à la lucidité « raisonnable », de ce qui agit dans le monde au travers de nos êtres et constitue celui-ci à chaque instant, à chaque époque singulière. Loin de pouvoir être interprétée Elle-même telle un carcan ou une « vérité » irréfutable sur l'homme, Elle constitue ce qui au contraire peut nous apporter en tout temps la conscience du devoir de construire nos autonomies, celle de la personne comme celle de ses communautés, afin de toujours pouvoir faire surgir, in limine, la nécessité de concevoir un sens commun au milieu de ce qui n'est, en vérité, que chaos, mais chaos riche d'une multitude de possibilités de créations, mais aussi de destructions. Elle est en somme, la richesse des possibles contenue dans l'existence et qu'il nous appartient de mettre à jour à chaque instant de l'histoire, en faisant l'histoire : en composant de nouvelles harmonies, en donnant du sens à nos vies. Elle est un socle bâti par la multitude d'expériences accumulées par l'homme sur lui-même et son devenir...

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La Tradition accompagne donc la marche de l'histoire, en lui donnant l'ouverture indispensable vers l'ensemble des possibles et des révolutions ; Elle ne saurait par conséquent représenter pour l'humanité éveillée un système clos sur lui-même, une injonction théorique idéalisée dans un système religieux, « politique » ou philosophique : « La transformation de l'activité théorique en système théorique qui se veut fermé c'est le retour vers le sens le plus profond de la culture dominante. C'est l'aliénation à ce qui est déjà là, déjà créé ; c'est la négation du contenu le plus profond du projet révolutionnaire, l'élimination de l'activité réelle des hommes comme source dernière de toute signification, l'oubli de la révolution comme bouleversement radical, de l'autonomie comme principe suprême ; c'est la prétention du théoricien de prendre sur ses propres épaules la solution des problèmes de l'humanité. Une théorie achevé prétend apporter des réponses à ce qui ne peut être résolu, s'il peut l'être, que par la praxis historique. Elle ne peut donc fermer son système qu'en pré-asservissant les hommes à ses schémas, en les soumettant à ses catégories, en ignorant la création historique, lors même qu'elle la glorifie en paroles. Ce qui se passe dans l'histoire, elle ne peut l'accueillir que s'il se présente comme sa confirmation, autrement elle le combat – ce qui est la façon la plus claire d'exprimer l'intention d'arrêter l'histoire. »1

Yohann Sparfell

Note:

1Cornélius Castoriadis in L'institution imaginaire de la société, éd. Du Seuil, 1975, p. 101

jeudi, 01 juin 2017

Les Héros et les Saints - La mythologie grecque selon Paul Diel

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Les Héros et les Saints

La mythologie grecque selon Paul Diel

par Georges Hupin

Président de la Bannière Terre & Peuple Wallonie

Ceci est un condensé de l'ouvrage 'Le symbolisme dans la mythologie grecque' du philosophe et psychologue français d'origine autrichienne Paul Diel (1893-1972). Il est également l'auteur de 'Psychologie de la motivation', de 'Le symbolisme dans la Bible' et de 'Le symbolisme dans l'évangile de Jean'.

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Notre travail n'a d'autre objet que d'inviter à lire ce livre important (éd. Payot 1960-1980-2002, ISBN 9782228896061).
Dans sa préface, Gaston Bachelard (voir le dictionnaire) remarque, à propos des mythes, que « la fonction de symbolisation est une fonction psychique naturelle » et qu'on retrouve dans les mythes la force évolutive sans cesse active du psychisme humain. Il cite Ortega y Gasset : « L'homme n'a pas une nature, mais une histoire. Sa vie est un gérondif, faciendum (qui doit être fait), et non un participe passé, factum (un fait). »

LES HEROS ET LES SAINTS

Comme les saints, les héros mythologiques sont des modèles édifiants, des images proposées à notre réflexion. A la différence des saints, les héros ne sont pas parfaits. Animés d'une notable vitalité, ils ont un objectif, mais ils ne l'atteignent pas toujours, ou pas parfaitement. Ces images sont mythique en ce qu'elles prennent en compte le mystère de l'illimité : l'immensité de l'univers, incommensurable par rapport à l'observateur humain, et l'insondabilité du temps, passé comme à venir.

Plutôt que considérer que ces réalités illimitées, qui sont hors de sa portée, ne concernent pas l'être humain, puisqu'il nous paraît ne rien pouvoir y changer (ce qui n'est d'ailleurs qu'une apparence à nos sens limités), la mythologie, la grecque, comme les autres, a choisi de les approcher quand même, par des images symboliques intuitives. Ces symboles se révèlent d'une subtilité étonnamment pénétrante. Tant pour ce qui est de l'origine de l'univers et de la vie que pour le sens évolutif de celle-ci et pour l'aspiration de l'être humain vers sa perfection, dans la poursuite d'un accomplissement qui trouve sa confirmation dans la joie. Laquelle parvient même à sublimer l'effroi devant la mort, le mystère de la vie incluant le mystère de la mort.

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Pour ce qui concerne cette perfectibilité, indéfinie et peut-être infinie, il est apparu aux Grecs (confrontés à cette 'métaphysique de l'illimité', comme l'appelle un de nos maîtres et amis Dominique Venner) comme une évidence pour l'entendement humain que la prépondérance ne doit pas nécessairement aller à la masse des immensités gigantesques, influences indubitablement considérables. Ils se sont sentis encore plus directement impliqués dans l'illimité dans l'infinitésimal, dans le grouillement vibrionnant de l'infiniment minuscule, complexe et différencié, dont l'organicité préfigure la vie. Il leur était évident que c'est le principe qui gouverne cette métaphysique qui est le ferment de l'appétit de connaissance de leur intelligence et qui lui inspire les images intuitives les plus pénétrantes et subtiles.

Paul Diel s'applique à découvrir que, derrière les images de la symbolique mythologique, il y a, même lorsqu'elles apparaissent curieusement fantaisistes et excessives jusqu'au fabuleux (les ailes de cire qui permettent à Icare de s'envoler si haut qu'il approche trop le soleil; les oreilles d'âne du roi Midas, qui cache dans un trou sa honte que des roseaux soufflent à tous les vents...)  une signification d'une rigoureuse cohérence.

L'origine métaphysique d'un univers généré par l'esprit n'est pas figurée par les Grecs à partir d'un point de vue géocentrique, dans l'acte de l'Esprit divin flottant sur les eaux comme dans la figuration biblique, acte accompli alors en six étapes journalières. L'image de cet esprit divin est celle de la loi de la vie. La justice qui lui est inhérente s'exprime dans une théogonie, récit de l'émanation de cette légalité divine qui se dégage progressivement du chaos initial, big bang avant la lettre. Dans cette théogonie, les Grecs transposent sur le plan de la création cosmique, titanique, surhumaine, la même résistance que celle que l'être humain va opposer ensuite à la loi du sens de la vie. Les contraventions aux lois de la vie, qui sur le plan de la psychologie, voire de la psychopathologie humaine, vont se trouver décrites dans les exploits et les échecs des héros de leur mythologie, les Grecs vont les replacer dans leur représentation de la création du monde par l'esprit divin.

Chez les héros grecs, les infractions qu'ils commettent à la légalité de la vie sont sanctionnées par leur banalisation grossière dans la débauche ou par la nervosité lamentable du refoulement de leur remord. Ces mêmes dépravations vont se retrouver dans la confrontation des forces de la nature, souvent désordonnées par rapport à l'ordre naturel. Il y a une parfaite concordance dans l'évolution de la genèse du monde terrestre et dans celle de la vie de l'humanité, consciente, responsable en fonction de sa capacité de choisir.

Le chaos originel n'est toutefois pas le monde préexistant. Il figure la déroute que rencontre l'intelligence humaine lorsqu'elle cherche à sonder le mystère. Le chaos, c'est l'au-delà non seulement de la matière à analyser, mais également de l'esprit analysateur. La mythologie grecque propose comme image du sens évolutif de la vie une confrontation entre le principe matériel (Titan) et le principe spirituel (Divin). Toutefois, Paul Diel souligne : « Qu'on dise Esprit ou Matérialité, ou en s'exprimant mythiquement Ouranos et Zeus, d'une part, et Gaia et Titans, d'autre part, ce ne sont que des idées et des images représentatives. Ce qui importe, ce sont les images grâce auxquelles le mythe parvient à exprimer la relation entre ces idées fondamentales. Les Titans, fils de Gaia, symbolisent la matérialité et Zeus, descendant d'Ouranos, figure la spiritualité. Mais Zeus est lui-même fils d'un Titan: les Titans deviennent divinité, la matière se spiritualise. Dans ces figures symboliques se trouve condensée toute la légalité évolutive du monde apparent.  ». Le Mystère-Chaos demeurant distinct de ses images symboliques, on peut dire que la mythologie grecque est un monothéisme qui s'exprime par une symbolisation polythéiste et que le mythe grec est un précurseur du mythe judéo-chrétien.

De ce mystère-chaos émergent donc la Matière-Mère, personnifiée en Gaia, et l'esprit-Père, personnifié en Ouranos. Ravagée par les flots diluviens que le ciel déverse sur elle, mais fécondée par eux, Gaia ne se soumet pas volontairement aux principes d'Ouranos. Dans cette union-opposition entre le principe élémentaire et le principe formateur, la prévalence de l'esprit finira par générer la matière animée, et finalement la conscience clairvoyante. Cette opposition évolution-involution, sous la forme de spiritualisation-pervertissement, est le thème commun à toutes les mythologies, dans une alternance de régression vers le préconscient ou de progression vers le surconscient.

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Gaia est la Terre-Matière non encore maculée de vie par Ouranos, le Ciel-Père. Leurs enfants sont les forces cosmiques élémentaires et leurs déchaînements : les perturbations atmosphériques (les Cyclones), la séparation des eaux (les Océans), les éruptions et les cataclysmes par lesquels la terre se prépare à devenir propice à la vie. Les Cyclopes et les Titans sont hostiles au principe de régularité de l'esprit ordonnateur. Ouranos se dresse contre eux pour jeter ces enfants ennemis dans le Tartare, mais Gaïa libère ses enfants et les incite à la révolte ouverte. Chronos (le Temps), le plus indomptable des enfants d'Ouranos, détrônera enfin son père et lui tranchera les organes génitaux avec la faucille (emblème et espérance des moissons) et les jettera dans la mer, expression de l'inconstance et du désordre.

Du sang d'Ouranos naissent les Erinyes, divinités qui président aux châtiments. Chronos symbolise le désir insatiable de la vie grâce auquel s'établit le temporel, durée entre l'appétit et sa satisfaction. De l'écume marine qui entoure le sexe de Chronos naît Aphrodite, symbole de l'amour physique recherché pour la seule prime de jouissance physique que la nature y attache. C'est encore de la mer que proviennent les premiers vibrionnements de vie. Rhéa, l'épouse de Chronos, symbolise ce foisonnement dans la joie de vivre. Rhéa est la Terre-Mère de la vie animale, une vie jubilante que célèbrent les Corybantes. Chronos dévore ce grouillement que son épouse génère. Mais parmi ses rejetons va naître Zeus, fils divin qui saura trouver la voie de la spiritualisation, la voie de l'esprit de vie. Pour sauver ce fils préféré, Rhéa inspirée par l'esprit d'Ouranos va présenter à Chronos une pierre, à engloutir en lieu et place de l'enfant Zeus.

Devenu adulte, Zeus saura contraindre son père de rendre la vie à ses frères et soeurs : le règne de la vie soumise à l'esprit peut s'établir au niveau de la vie consciente. Celle-ci demeure toutefois capable, bien que sensible à l'esprit harmonisateur, de discordances coupables. Le règne de Zeus, symbole des qualités sublimes et de la légalité, continuera de subir l'assaut des Titans, les frères de Chronos. A présent, ils ne figurent plus seulement les forces indomptées de la nature, mais également celles de l'âme, qui anime la matière, mais est réfractaire à la spiritualisation.

Transposant la symbolisation cosmique, le mythe donne au feu la valeur symbolique de l'intellect, par opposition à la lumière-esprit. L'intellect s'attache de préférence à la satisfaction des désirs terrestres, par l'épanouissement de techniques utilitaires, notamment de l'agriculture. Les Cyclopes symbolisent l'intellect qui se met au service de l'esprit, par opposition aux Titans, qui symbolisent l'intellect révolté contre la légalité de l'esprit. Le Titan Prométhée, qui va créer l'homme, en le façonnant dans de la boue, animera celle-ci avec le feu de l'intellect qu'il a dérobé dans l'Olympe. A l'opposé, les Cyclopes vont forger dans le feu de l'intellect l'arme victorieuse de Zeus, l'éclair de la lumière spirituelle intuitive. Toutefois, l'éclair de l'intuition ne peut se produire que par le travail de l'intellect.

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Chronos et les autres Titans vaincus par Zeus seront ensevelis sous les volcans, lesquels expriment leur rage toujours indomptée. Car, malgré la victoire de l'esprit, la révolte est toujours présente dans l'être humain. Sorti de l'animalité, il risque toujours d'y revenir, en sombrant dans la banalisation. Le mythe symbolise cette menace par le monstre Typhon, que Gaia a créé dans une ultime tentative. Son nom signifie 'feu dévorant'. Il est si affreux que, d'horreur, les dieux fuient sa vue. Seul un esprit combattant peut l'affronter et Zeus est le seul à l'oser. Mais Typhon le terrasse et lui coupe les tendons des pieds, lesquels dans la symbolique du mythe représentent le mouvement libre de l'âme. Esprit nullement invulnérable, mais combattant, Zeus guérit de sa blessure et, s'armant de l'éclair lumineux, foudroie Typhon.

Les six enfants de Chronos, vainqueurs de leur père, sont Zeus, Poséidon et Hadès, Hestia, Déméter et Héra. Les trois soeurs symbolisent les étapes de l'évolution du désir humain et les trois frères la légalité qui gouverne l'opposition entre les désirs sublimes et les désirs pervers. On relèvera cette opposition chez les héros, qui sont régulièrement dévoyés de leurs aspirations sublimes vers des banalités grossières ou des refoulements vaniteux et nerveux.

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Hestia, l'aînée des filles de Rhéa, figure la joie de vivre. Elle symbolise la pureté du désir végétatif. Elle a juré de rester vierge et elle refuse la main d'Apollon (idéal spirituel trop élevé) et celle de Poséidon (multiplicité et insatiabilité des désirs). Hestia figure l'idéal élémentaire de modération. Elle est la gardienne de la flamme sacrée du foyer familial. Déméter figure, à la différence de Gaia-terre maculée de vie, la terre peuplée d'humains. Elle symbolise les désirs terrestres légitimes, la terre féconde et labourée par l'homme. Elle est la protectrice de la communauté. Héra, épouse de Zeus-Esprit, symbolise la sublimation parfaite du désir, le don de soi, l'amour, le juste choix sexuel, exclusif et durable. Elle est la protectrice de la loyauté, notamment celle de la monnaie.

Zeus symbolise la légalité qui gouverne la spiritualisation. Poséidon, qui règne sur la mer, symbolise la légalité de la banalisation et de la satisfaction désordonnée des désirs. Hadès, divinité souterraine, figure la légalité qui gouverne le subconscient et l'inhibition des désirs pervers refoulés. Mais cette trinité ne constitue toutefois qu'une essence divine unique, qui gouverne une seule matière : la spiritualisation ou, à son défaut, la banalisation ou la perversion des désirs humains.

DIVERSES FIGURES DE HEROS

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Midas
Plutôt qu'un héros, le roi Midas est un anti-héros. Il avait célébré Dionysos, dieu de la jouissance effrénée et insatiable, dans une dévotion si complète que celui-ci, connaissant le point faible de son adulateur, lui a accordé une faveur de son choix. Midas a choisi de pouvoir acquérir des richesses sans limite, en transformant en or tout ce qu'il touche. Menacé de mourir de faim, Midas reconnaît sa stupidité qu'il regrette. Pardonné, Dionysos lui donne à se prononcer entre la musique sublime de la lyre d'Apollon et la musique orgiaque de la flûte de Pan. Midas, peu sensible à la beauté, dédaigne Apollon, lequel se venge en lui faisant pousser des oreilles d'âne, consacrant sa bêtise à vouloir se faire valoir par des choix vaniteux. Midas cache sa honte sous un bonnet phrygien (symbole de la lubricité levantine). Découvert par son barbier, il prétend refouler son secret en l'enfouissant dans la terre (subconscience) : il le chuchote dans un trou qu'il a creusé : « Le roi Midas a des oreilles d'âne. » Mais un roseau qui a poussé à cet endroit s'est mis a publier à tout vent la malédiction du lucre et de la lubricité vainement refoulés.

Eros et Psyché
Eros est le dieu qui exprime la légalité de la sexualité, aussi bien dans sa forme banalisée de liaison passagère que dans sa forme sublime d'union durable. Psyché, qui symbolise l'âme, s'est laissé subjuguer par l'attrait banal d'un Eros déchaîné, qui la tient prisonnière dans un palais où il ne la rejoint que dans l'obscurité de la nuit, afin de ne pas lui découvrir sa hideur. Enfreignant l'interdit de la lumière, Psyché allume une torche qui lui révèle le vrai visage de la perversion. Elle implore Héra, personnification de la pureté de l'amour du foyer. Celle-ci lui impose des travaux de purification, qui lui restituent sa clairvoyance : Eros lui réapparaît alors sous sa forme olympienne. Héra prend soin d'unir Eros et Psyché.

Mis à part Midas, modèle de banalisation inguérissable, la mythologie grecque représente l'état de banalité plate et sans combat par la figure de l'homme-animal, le Centaure. Les Centaures n'ont guère d'importance personnelle (à l'exception de Chiron, le Centaure médecin) et apparaissent en troupeau avec les Ménades dans la Thiase, le cortège orgiaque de Dionysos. Ils symbolisent le déchaînement dans les facilités de la chute. Celle-ci porte en elle-même son châtiment, dans l'écartèlement entre la multiplicité des désirs contradictoires et dans le déchirement nerveux entre la vanité exaltée et la culpabilité refoulée. Car la frénésie dionysiaque n'est accessible qu'aux sujets de grande envergure qui se sont laissé dévoyer de leurs aspirations sublimes.

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Orphée
Le mythe attribue à ce héros la réforme des Mystères d'Eleusis, par la superposition du culte de Dionysos au rite ancien. Il exprime l'inconstance de l'artiste devant la splendeur de l'art, hésitant entre la dimension sublime d'Apollon et celle perverse de Dionysos. Son chant, qu'il accompagne sur la lyre que lui a prêtée Apollon, émeut jusqu'aux arbres et aux rochers de l'Olympe, mais flatte parfois des pervers et charme des monstres. Son épisode avec Eurydice n'est pas une aventure sentimentale, mais exprime le déchirement entre des désirs contradictoires : l'inconstance de l'artiste, nourri de la vanité de créer des images sublimes multipliées, à laquelle il sacrifie son désir d'aimer la femme de son âme. Eurydice meurt de la morsure du serpent, sinueux et souterrain symbole de la banalité infernale et du refoulement. Hadès, qui règne sur les enfers, cède à l'imploration de l'artiste : Orphée pourra faire revivre Eurydice à condition que son amour nouveau rompe avec les regrets qu'il a chantés. Orphée, au lieu de concentrer sublimement son amour sur le salut d'Eurydice, à l'exclusion de toute autre préoccupation, renoue avec la vanité typique de l'artiste, qui ne peut renoncer aux promesses de son imagination éparpillée ni aux jouissances qui pourraient lui échapper s'il s'attardait à aimer Eurydice. Une version du mythe représente Orphée déchiré par les Ménades de Dionysos. Zeus n'en placera pas moins la lyre d'Apollon parmi les constellations, consacrant le niveau sublime de l'art apollinien, par distinction avec les penchants dionysiaques de nombreux artistes. Malgré une fin peu héroïque, Orphée représente une dimension surhumaine. L'erreur dionysiaque d'Orphée est nourrie par des forces démoniaques et son échec à le sens d'un combat héroïque suivi d'une défaite. Son chant illustre le conflit qui figure dans tous les mythes entre le divin et le démoniaque. Dans une version complémentaire, Orphée, reconnaissant son aberration, se voue à Apollon et ressuscite ainsi une Eurydice symbole de son aspiration au sublime, ce qui pour Paul Diel préfigure dans le mythe chrétien Jésus vainqueur de Satan.

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Icare
Icare est le fils de Dédale, l'architecte qui sur l'ordre du roi de Crète Minos a construit le Labyrinthe, symbole d'une confusion mentale dont le sujet ne peut plus sortir. Dédale est un virtuose ingénieux de l'intellect, faculté propre à échafauder des solutions utilitaires, mais impropre à discerner le sens profond de la vie. Le sage Minos lui a commandé la construction du Labyrinthe pour y enfermer le Minotaure, un monstre mi-homme mi-taureau, né des amours de la reine Pasiphaé qu'a séduite Poséidon, le dieu qui gouverne la légalité de l'inconstance et de l'insatiabilité. Découvrant que Dédale et Icare ont conspiré contre lui avec Poséidon, Minos les fait enfermer dans le Labyrinthe. L'ingénieux Dédale conçoit alors un artifice, imparfait, mais suffisant pour s'échapper : des ailes de plumes qu'il assemble avec de la cire. Il sait que son stratagème est faillible et recommande la prudence à Icare. Mais celui-ci se laisse exalter par son imagination vaniteuse. Tout au plaisir adolescent de surpasser ses pairs, il s'élève trop près du soleil. La cire fond et, tombant dans la mer, Icare, devient la proie de Poséidon : on n'atteint pas la lucidité sublime par des subterfuges astucieux.

Tantale
Grâce à la profondeur de son repentir dans le processus élévations-chutes, Tantale s'approche de la région sublime de l'esprit et devient 'l'aimé des dieux', symboles des qualités idéalisées de l'homme chez qui leur accomplissement s'accompagne de la joie. Toutefois, l'homme parvenu dans la sphère sublime ne peut abdiquer sa condition terrestre. A la différence du mythe chrétien et de son idéal du saint, le mythe grec contraint le héros sublime à 'redescendre sur terre', dans un idéal de juste harmonie des pulsions tant corporelles que spirituelles. Le mythe de Tantale décrit ce héros admis à la table des dieux. Cédant à l'exaltation, il s'imagine leur égal. Il les invite à sa propre table et leur sacrifie le fils de sa chair terrestre, Pélops, qu'il leur sert à manger. Mais les dieux ne sont pas dupes, à la seule exception de Déméter, la mère des fruits de la terre. Zeus ressuscite Pélops et condamne Tantale pour cette exaltation ascétique qui l'a fait s'imaginer à la portée de l'Olympe : il est enchaîné sous un arbre, dont les fruits se retirent quand il veut en manger, les pied dans une source dont l'eau se retire quand il veut en boire.

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Phaéton
Il est le fils d'une mortelle et d'Hélios, l'astre solaire, qui fait mûrir les fruits terrestres, à la différence d'Apollon qui fait mûrir les fruits de l'esprit. Défié par des camarades qui mettent en doute cette filiation, Phaéton part à la recherche de son père. Celui-ci, tout à la joie de voir son fils, lui promet d'exaucer ses souhaits. Préoccupé de confondre ses détracteurs, Phaéton choisit de guider un jour durant les chevaux du char solaire et de jouer le rôle du dieu, au lieu de se contenter d'en être le fils mythique. Pour cette vaniteuse ambition, il sera puni car, s'acharnant, il a mené le char solaire hors de sa carrière régulière et s'est approché trop de la terre. Zeus doit intervenir, en foudroyant le coupable, qui est trop stupide pour reconnaître sa coulpe.

Ixion
Ce héros avait commis d'abominables forfaits, tant contre les dieux que contre les hommes qu'il a dû fuir. Mais il a reconnu ses errements et s'en est repenti. Zeus accueille amicalement le fugitif dans l'Olympe, ce qui incite celui-ci à se croire un modèle. Il s'oublie jusqu'à s'éprendre d'Héra, idéal de l'amour sublimé jusqu'à la bonté. Il veut la posséder et les dieux, ironiquement, lui façonnent un nuage à l'image d'Héra. Au lieu de revenir à la réalité, Ixion exalte son impudicité et abuse de l'image. Zeus reste indulgent tant que l'égaré ne commet pas la faute décisive : il se vante d'avoir séduit Héra et trompé l'esprit, ce qui réveille la colère du dieu, lequel précipite Ixion dans le Tartare, où il sera supplicié : attaché par les serpents de la vanité à une roue de feu qui tourne à la verticale, lui mettant perpétuellement la tête en haut puis en bas, symbolisant la folie de ses élévations et de ses rechutes incessantes.

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Bellérophon
Bellérophon, qu'on ne représente guère que chevauchant Pégase, est le type du héros jeune et innocent, prince charmant, qui surgit à point nommé pour régler son compte au monstre qui désole une contrée. Et pour épouser ensuite sous les vivats la fille du vieux roi fainéant, qui n'a effectivement rien fait pour protéger les siens. Bellérophon est le fils mythique (symbolique) du dieu de la mer, Poséidon. Celui-ci n'est pas, comme son frère Zeus, une divinité de l'Olympe, lieu de la légalité stable et lumineuse. La mer, lieu de la fécondité d'où va naître Aphrodite, est aussi celui d'une légalité mouvante, trouble et souvent perverse.

Débarquant à Argos, Bellérophon qui a éveillé la jalousie du vieux roi local, est envoyé par celui-ci se faire pendre ailleurs : il ira porter un pli fermé au roi de Lycie Jobatès. Le message recommande rien moins que de tuer le messager ! Répugnant à violer ainsi les lois de l'hospitalité, Jobatès, pour que soit quand même accomplie sa mission, obtient du héros qu'il accepte d'affronter le monstre qui dévaste son pays, la Chimère. L'issue ne lui laisse aucun doute. Animal fabuleux composite avec trois têtes, de bouc, de lion et de serpent, la Chimère est à ce titre une triple dévergondeuse d'âmes. Dans le dévoiement sexuel du bouc, consommateur débridé. Dans le dévoiement social du lion, dominateur par la force. Dans le dévoiement, à l'endroit de la lumière de la vérité, du serpent, animal souterrain et tortueux. Face à la Chimère, cancer psychique, le jeune Bellérophon, pur et innocent, ne fait en effet pas le poids.

Choqués par l'inégalité disproportionnée de ce duel, les divinités de l'Olympe décident de fournir au héros le renfort de Pégase, le cheval ailé, source de l'inspiration poétique née du sang de la Méduse décapitée par Persée. Par la vertu de ses ailes, Pégase ne procure pas seulement une position stratégiquement dominante. Il inspire surtout une vision spirituellement élevée, face à quoi la Chimère lubrique, violente et rampante est insignifiante. Bellérophon va la percer de flèches qui figurent les rayons lumineux de la pénétration spirituelle. Mais Bellérophon n'a pas hérité de Poséidon la stabilité et la luminosité nécessaire pour digérer correctement un tel événement. Sa victoire va exalter son imagination vaniteuse et il va se croire maintenant assez fort, avec l'aide de Pégase, pour conquérir l'Olympe, siège de l'esprit. Les dieux ne rient plus : le héros sera précipité dans le Tartare, attaché par les serpents de sa vanité à une roue de feu !

Paul Diel souligne à ce sujet : « L'élévation sublime n'est qu'un état passager de l'âme humaine. L'homme doit redescendre sur terre. Ses désirs corporels exigent qu'il s'en préoccupe. C'est pourquoi il se trouve menacé par le danger chimérique qui l'incite à les exalter. Le vrai héros est celui qui sait résister dans ce combat continuel, qui sait vivre alternativement sur les deux plans : le plan de l'élévation spirituelle et le plan de la vie concrète. C'est l'idéal grec de l'harmonie des désirs. Mais combien grand est le danger que l'homme, ayant atteint la sublimité dans des moments d'élévation, se croie un être sublime à l'abri de toute séduction perverse. C'est par là même qu'il redevient la proie de l'exaltation chimérique. Aussi le mythe grec ne se lasse-t-il pas d'exprimer que la victoire spirituelle -l'élévation, si parfaite semble-t-elle- porte en soi le danger le plus insidieux. L'esprit vainqueur, justement à cause de sa victoire, se trouve menacé de se transformer à nouveau en esprit vaincu, en vanité. Et même en vanité d'autant plus grande que la victoire était éclatante. »

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Persée
Persée est le fils de Zeus et de la mortelle Danaé, mythiquement fécondée, comme dans le mythe chrétien, par une nuée dont est tombée une pluie dorée, symbole de l'esprit divin. Acrise, le père de Danaé et l'ancêtre terrestre de Persée, que l'oracle avait averti qu'il serait tué par son petit-fils, expose la mère et l'enfant, qui sont sauvés par le Zeus, père mythique de Persée. Zeus patronne la puissance sublimante de ce fils-de-Dieu (dont les penchants au pervertissement sont fils-de-l'homme). Comme Bellérophon, Persée est appelé à monter Pégase afin de délivrer Andromède, une vierge qui, s'étant vantée d'être plus belle que les Néréides (notamment Amphitrite, Thétis et Galatée), a été enchaînée par elles à un rocher où la menace un monstre marin envoyé par Poséidon. Celui-ci la juge vaniteuse, asservie aux désirs terrestres et la destine au pervertissement par sa créature monstrueuse. Persée, à la différence de bien d'autres héros (Thésée, Ulysse), n'a pas besoin de la femme pour se tirer des périls. Il sauve Andromède et l'amène à la sublimité en l'épousant. Mais cette victoire n'est encore que passagère et il doit ensuite affronter Méduse, la reine des Gorgones. Méduse, avec ses soeurs Euryale et Sthéno, symbolise la perversion des trois pulsions essentielles (sociale, sexuelle et spirituelle) par la tyrannie, la lubricité et la banalisation de l'esprit ou le refoulement nerveux du regret des erreurs. D'une hideur effroyable (ou d'une séduction magique), Méduse, qui comme les Erinyes du remord a une chevelure faite de serpents, a le pouvoir de pétrifier (psychiquement) ceux qui se laissent méduser en cédant à son invitation à la regarder. Le moyen de vaincre Méduse réside dans la juste mesure (dont Apollon est le modèle) et dans la reconnaissance exacte de ses errements. Car l'exagération de sa propre culpabilité inhiberait l'effort réparateur. Méduse symbolise le désespoir qui envahit l'âme vaniteuse dans ses éclairs de lucidité. Il s'agit de ne pas céder à l'horreur de sa propre culpabilité, mais de capter sa juste image dans le miroir de la vérité. C'est d'Athéna que Persée recevra l'arme du combat, son 'bouclier luisant' qui reflète la vérité, invite à l'amour combatif pour le vrai et à la connaissance véridique de soi-même. Avec le glaive de la force lucide de l'esprit, Persée décapite Méduse. Du sang du monstre jaillit Pégase, le cheval des Muses qui figure l'élévation sublime et ses trois manifestations : le vrai, le beau, le bon. D'un coup de sabot dont Pégase frappe l'Hélicon, jaillit la source de l'inspiration poétique. Euryale et Sthéno veulent venger leur soeur, mais Pégase met Persée hors de leur portée. Cependant, le combat n'est jamais terminé, car la victoire sur la vanité peut se transformer en vanité de la victoire. C'est la lutte inlassable de toute une vie, aussi Persée emporte-t-il avec lui la tête de Méduse, rappel de vérité. Au géant Atlas, symbole de la résistance terrestre à l'esprit qui lui a refusé l'hospitalité, il montre la Méduse et le pétrifie. Toutefois, cette victoire ne se situe qu'au plan de l'essence et le monde terrestre titanique pervertissant survivra à Persée. Lorsque le héros mourra, il léguera la tête de Méduse à Athéna, qui la placera sur son égide, le bouclier lucide que lui a confié Zeus. Persée, champion vainqueur de la vie, sera immortalisé symboliquement sous la forme d'une étoile brillante, image de l'idéal. L'analogie avec le mythe chrétien est frappante : Persée et Jésus, fils mythiques de l'esprit divin, triomphent du principe de perversion.

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Oedipe
L'oracle avait averti qu'Oedipe, fils du roi de Thèbes Laïos, allait tuer son père et épouser sa mère Jocaste. Aussi Laïos fait-il exposer son fils, après avoir pris la précaution de lui faire couper les tendons des chevilles (d'où son nom qui signifie Pieds enflés), infirmité qui souligne symboliquement les faibles ressources d'une âme qui chancèle entre banalité et nervosité. Contrairement à Zeus, esprit combatif s'il en est, qui se guérit de sa mutilation, Oedipe restera estropié. Il compense cette infériorité par une ambition de pouvoir. Eduqué par un berger qui l'a recueilli et qu'il prend pour son père, Oedipe le quitte adolescent par crainte de réaliser l'oracle. Il se rend à Thèbes, qui est alors terrorisée par un monstre, le Sphinx, situation symbolique désastreuse propre aux villes gérée par un prince dévoyé. Moitié femme et moitié lion, le Sphinx dévore ceux qui, dans l'espoir de libérer la ville, l'affrontent, lorsqu'ils se révèlent incapables de résoudre l'énigme qu'il leur pose. Laïos a promis une récompense à qui vaincrait le monstre. A la différence d'un vrai héros libérateur, Oedipe convoite la récompense et, pour vaincre le mal, il ne compte pas sur sa vaillance spirituelle, mais sur la subtilité de son intellect. Dans un chemin creux qui mène à Thèbes, la voie lui est obstruée par un vieil homme qui mène un char et qui le somme de céder le passage. C'est Laïos qui se déplace sans ses insigne royaux. Injurié par ce qu'il croit être n'importe qui, le héros fort peu héroïque perd tout contrôle et tue ignominieusement le vieillard à coup de béquille. Bien loin du rôle de libérateur qu'il se croit appelé à jouer, c'est un comportement d'une banalité consternante. La fameuse énigme que lui pose le Sphinx est symbolique de la aspiration de l'homme à s'élever au-dessus de son animalité. Elle se formule comme suit : Quel est l'animal qui le matin marche à quatre pattes, le midi à deux et le soir à trois ? Oedipe, dont l'énigme décrit précisément le parcours, peut répondre : l'homme. Et le sphinx s'écroule de son rocher pour s'écraser dans l'abîme. Oedipe est acclamé comme roi et il épouse Jocaste. Désireux de compenser sa déficience physique (et spirituelle) par la domination, il n'est pas moins dévoyé dans la perversion de l'esprit que Laïos et un nouveau fléau accable bientôt Thèbes : la peste. Les prêtres affirmant que la calamité n'est que l'effet d'une culpabilité, Oedipe ordonne qu'on découvre le coupable, démontrant ainsi ses lacunes à se connaître lui-même. Le devin Tirésias, porte-voix de l'esprit, accuse Oedipe, à qui il enjoint de reconnaître ses déviances. Oedipe chasse le révélateur. Jocaste, horrifiée, se tue, mais Oedipe continue de se refuser à tout aveu. Cependant, par regret sublime d'avoir tué en lui l'esprit-père pour épouser la terre-mère, il s'arrache les yeux et se fait conduire par sa fille Antigone au sanctuaire des Euménides, à Colonne. Les Euménides sont des Erinyes bienfaisantes qui dispensent, non pas le tourment du remord, mais le regret libérateur de la coulpe reconnue dans la lucidité à l'égard de soi-même. Entraîné dans la chute par sa faiblesse, il puise dans cette chute les ressources de son élévation.
L'erreur de la psychanalyse dans la définition du complexe d'Oedipe est de réduire le moteur de celui-ci à sa seule pulsion sexuelle, qui l'aurait poussé à ne tuer son père que pour épouser sa mère.

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Jason
Chef de la confrérie des Argonautes, au nombre desquels on compte Héraclès, Thésée et Orphée, Jason embarque ses compagnons dans une entreprise commune de libération sur l'Argo (ce qui signifie 'vaisseau blanc'), à la conquête de leur purification : la Toison d'Or. La couleur dorée de la lumière solaire figure la spiritualisation et l'innocence du bélier la sublimation, à la différence de l'or métal qui représente le pervertissement alourdissant de la matière. Les déficiences des Argonautes ne se situent certes pas dans la banalité, mais dans leur tendance perverse à la domination abusive et dans leur incapacité d'une liaison sexuelle durable. La Toison d'Or est gardée par un dragon. L'objet initial de l'expédition est la domination : Jason n'accédera au trône du roi son père, tué par l'usurpateur Pélias, que s'il conquiert le Trésor sous sa signification sublime. S'il réalise l'exploit de manière purifiante, son règne sera bénéfique, tant pour lui-même que pour tout le pays (symboliquement pour le monde entier). A défaut, il ne sera lui-même qu'un usurpateur. Rescapé du massacre, Jason a été recueilli par le Centaure Chiron (ce qui est un indice de banalité). L'oracle a averti Pélias contre « un homme qui ne porte qu'une sandale », indication de la déficience spirituelle que Jason doit compenser. Pélias est disposé à abdiquer si Jason prouve sa légitimité en réalisant l'exploit de rapporter la Toison d'Or. Fait exceptionnel pour un héros libérateur, Jason ne se sent pas de force à accomplir seul l'exploit. Il convainc des compagnons de qualité, qui l'aident à construire l'Argo et à se rendre à Colchos où se trouve la Toison d'Or. En passant les Symplégades, deux rochers qui se rapprochent pour écraser l'Argo, le gouvernail est avarié, ce qui est une indication néfaste. Aétès, roi de Colchos, n'est toutefois disposé à céder la Toison qu'à la condition préalable que Jason attelle à une charrue des taureaux indomptés, dont le souffle est de feu et les pieds d'airin (indice d'une âme vaillante), pour labourer un champ et y semer les dents d'un dragon qu'a tué un autre héros libérateur. Jason y parvient, mais des dents qu'il a semées naissent des hommes de fer qu'il lui faut vaincre. Plutôt que les vaincre par la pureté de son esprit, Jason use d'un stratagème : il ramasse des pierres et les jette tantôt sur les uns et tantôt sur les autres, de sorte que les uns se croient attaqués par les autres et qu'ils s'entre-tuent. Cette victoire, qui n'est pas celle de la vaillance de l'esprit, est une trahison à la mission essentielle de justice des Argonautes. Et c'est une fois encore avec les armes de la ruse que Jason va affronter le dragon. Il séduit la magicienne Médée, fille du roi de Colchos. Héros défaillant, il ne tue pas le dragon au combat : il l'endort avec un philtre préparé par Médée et subtilise la Toison. Il a esquivé le travail intérieur de purification. Poursuivi par Aétès, il ne lui échappe que parce que Médée tue son propre frère Absyrtos et le découpe en morceaux qu'elle jette à la mer. Elle retarde ainsi Aétès qui s'applique à repêcher les lambeaux de son fils, sacrifié à la coulpe du faux héros. Celui-ci rapporte la Toison à Pélias et accède enfin au trône. Victime d'intrigues, il sera bientôt chassé du pays. Pour se soustraire à l'envoûtement de Médée, il l'abandonne. Devenue une Erynie, Médée tue leurs enfants. Désespéré, Jason se repose à l'ombre de l'Argo où il sera écrasé comme par une massue (poids mort des matérialités inanimées) par une poutre qui s'est détachée du navire, en sanction de sa banalité.

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Thésée
Fils mythique de Poséidon, Thésée est le fils corporel d'Egée, roi d'Athènes qui, en voyage loin de son pays, a séduit Actia, mère de Thésée. Obligé de rentrer à Athènes, Egée cache sous un rocher une épée (arme du combattant de l'esprit) et des sandales (arme du pied, expression de la matière animée par l'âme). Adolescent, Thésée est assez fort pour soulever le rocher. Armé et chaussé, il part à la recherche de son père. Sur le chemin d'Athènes, il tue les cruels brigands Procruste et Sinis. Il vainc le géant Sciron qui, assis au bord d'une falaise, humilie les voyageurs en exigeant qu'ils lui lavent les pieds. Alors qu'ils y sont absorbés, Sciron les pousse dans la mer où une tortue géante les dévore. Thésée fait subir le même sort à Sciron. Il s'empare de la massue du géant Péripéthès (qui est lui aussi fils mythique de Poséidon), péripétie qui marque toutefois le début de son déclin. Parvenu à Athène, il se distingue par une bravade superflue. Raillé par les Athéniens pour sa tenue barbare, sa réaction est disproportionnée : il saisit un char à boeufs et le jette par dessus un temple ! Fêté par Egée, il suscite la jalousie de Médée, répudiée par Jason et qu'Egée a épousée entre temps. Convaincue d'avoir tenté d'empoisonner Thésée, Médée est chassée de la cour d'Egée, lequel est délivré de son emprise. Ayant tué le Taureau de Marathon, Thésée a été jugé digne de partager le trône royal avec Egée. Athènes devait alors au roi de Crète Minos un tribut abominable, que son épouse Pasiphaé lui avait suggéré d'imposer: sept jeunes garçons et sept jeunes filles innocents qui sont sacrifiés en pâture au Minotaure, le monstre mi-homme mi-taureau, né des amours de Pasiphaé avec Poséidon. Minos, réputé pourtant pour sa sagesse, a honte du monstre enfanté par son épouse. Il le cache dans le Labyrinthe (figurant le subconscient), oeuvre de l'intellect de l'ingénieux Dédale. Thésée décide de neutraliser son monstrueux frère mythique. Il s'embarque avec les futures victimes du Minotaure sur un navire aux voiles noires ; il a promis de hisser des voiles blanches en cas de victoire. Fils de Poséidon, il est vulnérable à la tentation de céder à la banalité. Il doit surmonter deux périls : le monstre, qu'il doit éliminer, et le Labyrinthe, dont il doit retrouver l'issue. C'est le camp de l'injustice qui va lui fournir l'aide décisive dans la personne d'Ariane, une des filles de Minos, vierge à conquérir qui s'est éprise de lui. Elle lui apporte la pureté de son amour, afin de l'empêcher de s'égarer dans les détours du mensonge, grâce à la pelote de fil conducteur qu'elle lui prête. Vainquant le monstre par la force d'un amour vrai, il aurait suffi à Thésée, pour que sa mission soit parfaitement accomplie, qu'il remplisse sa promesse d'amour en épousant Ariane. C'est là qu'il échoue. Il tue le Minotaure, mais avec la massue du brigand (et non avec le glaive de son esprit). Exploitant l'amour d'Ariane, sa victoire est le fruit d'une trahison, l'exploit d'un pervers qui séduit ensuite Phèdre, la soeur d'Ariane, une nerveuse hystérique, que le mythe présente sous l'image de l'amazone qui combat l'homme pour en tuer l'âme. Thésée quitte ensuite la Crète comme un brigand : il rapte Phèdre et Ariane et abandonne cette dernière à Naxos, où elle va céder à Dionysos et former avec lui un couple infernal orgiaque. Dans cette trahison du héros se retrouve tant la domination abusive que la perversion sexuelle. A l'approche d'Athènes, Thésée oublie de hisser la voile blanche et Egée, le croyant tué par le Minotaure, se suicide. La défaite du héros libérateur est consommée dans la banalité : s'armant contre Pirithos, un aventurier qui pille la contrée, Thésée se lie d'amitié avec lui. Ensemble, ils vainquent les Centaures, mais à seule fin de s'emparer de leur butin et de prendre leur place au festin. Ils enlèvent Hélène, la soeur de Castor et de Pollux et la jouent aux dés. Thésée l'emporte et, pour dédommager son compagnon, il accepte de l'aider à enlever Perséphone, l'épouse de Hadès. Thésée en est arrivé à chercher le dépassement dans l'ignominie, par crânerie cynique absurde. Ce n'est qu'une fausse libération qui va sceller son sort : la chute dans le Tartare, d'où Héraclès, vainqueur de la banalisation, l'arrachera de la pierre à laquelle il a été rivé, mais n'en ramènera que l'âme morte. Son élan héroïque sera ensuite définitivement anéanti par l'emprise de son épouse, Phèdre, qui s'éprend d'Hippolyte, le fils de Thésée. Ulcérée d'être dédaignée par Hippolyte, Phèdre accuse celui-ci de projeter de tuer son père pour régner à sa place. Thésée chasse son fils qui est dévoré par un monstre marin envoyé par Poséidon. La mesure est alors comble et Thésée regagne le Tartare à jamais.

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Héraclès
Héraclès, dont le nom signifie 'gloire d'Héra', est un descendant de Persée et donc de Zeus, qui a fécondé sa mère Alcmène, en prenant les traits de son époux, Amphitryon. Héra, jalouse d'Alcmène, est hostile à Héraclès. L'image de la fécondation spirituelle évacue toutefois toute allusion à une union charnelle. Héra, qui préside à l'amour sublime, sera sanctionnée pour cette mesquinerie possessive : elle sera suspendue par une chaîne d'or entre ciel et terre, attachée à la sphère spirituelle tout en en étant exclue. Cette opposition entre la force de l'esprit et le don de l'amour va déterminer le destin d'Héraclès. Héritier de la puissance d'élan spirituel de son père mythique, il n'est pas fils d'Héra et il devra lutter dans le voie tracée par Héra contre son penchant à la dispersion sexuelle perverse. Zeus, qui souhaite former pour le monde entier un souverain juste et fort, avait décrété que ce serait l'enfant réunissant la force de l'esprit et l'équilibre de l'âme qui naîtrait à la date qu'il avait choisie (celle prévue pour la délivrance d'Alcmène). Pour déjouer ce dessein, Héra est parvenue à retarder la naissance d'Héraclès et c'est Eurystée, sujet ordinaire, qui naît à la date arrêtée par Zeus. Comme dans le mythe chrétien, le sauveur du monde ne régnera pas sur le monde, mais sur l'esprit. Héraclès devra accepter d'être le serviteur d'un médiocre, ce qui le gardera de laisser pervertir sa pulsion sociale par l'usage abusif de sa position dominante. Apollon lui enseignera à dominer sa propre faiblesse, laquelle est son ennemi essentiel. C'est dans un statut de servitude qu'il accomplira ses travaux de purification. Il ne doit pas exalter vaniteusement son élan spirituel combattif et l'oracle du dieu lui commande de se réconcilier avec Héra. Héros purificateur, ses propres faiblesses, fréquentes, ne sont que des épisodes qui, entre les victoires, lui rappellent sa propre faiblesse qu'il doit parvenir à vaincre. Il va étouffer le Lion de Némée, dompter le Taureau de Crète, capturer vivant le Sanglier d'Erymanthe, symbole de débauche effrénée, vaincre les Amazones-tueuses d'homme (auquel elles veulent se substituer au lieu de le compléter = tueuses d'âme). Dans ce combat contre la banalisation, Héraclès nettoie les Ecuries d'Augias, en y faisant passer le fleuve Alphée et en libérant les Boeufs luisants. Il tue l'Hydre de Lerne, serpent aux têtes multiples qui repoussent aussitôt coupées (il en cautérise les blessures avec son flambeau). Il affronte Géryon, un géant à trois têtes (les trois perversions : banalisation, tyrannie, débauche luxurieuse). Il vainc le géant Antée, anti-dieu qui reprend force chaque fois que son pied touche terre, ce dont l'empêchera Héraclès en le soulevant du sol. Il tue Diomède qui jetait ses victimes en pâture à ses chevaux. Il abat de ses flèches les oiseaux du Lac Stymphale, qui obscurcissaient le ciel. Il poursuit une année durant, pour la capturer vivante, la Biche aux Pieds d'airain, figure de sensibilité sublime et de force d'âme. Il va jusqu'au bout du monde pour en rapporter les Pommes d'or des Hespérides et, enfin, il dompte le chien Cerbère, gardien du Tartare, pour en ramener Thésée. En regard de ces exploits héroïques, il y a ses déficiences : Eros, profitant de son sommeil, lui dérobe ses armes ; séduit par Dionysos, il défie le dieu de résister plus longtemps que lui à la beuverie et, vaincu, il est contraint par lui de suivre sa Thiase. Il outrage ses épouses successives. Adolescent, il a épousé Mégare, mais les liens conjugaux le rendent furieux, au point qu'il saccage leur maison et tue leurs enfants avant d'abandonner sa femme. Toute sa vie sera l'expiation de ce crime. Il devient ensuite l'esclave de son épouse Omphale, acceptant de s'avilir en filant et en se parant de robes orientales. Après maintes aventures futiles, il épouse Déjanire qu'il a dû disputer à Achéloos, qui avait pris d'abord la forme d'un serpent et ensuite d'un taureau. Mais Déjanire n'est qu'une femme banale qui, pour traverser un fleuve (celui de la vie quotidienne), accepte l'aide du centaure Nessus, qui tente de la violer. Héraclès parvient à tuer Nessus par les flèches (de son esprit), mais Nessus mourant offre à Déjanire sa tunique trempée de son sang, lui garantissant l'amour de son mari si elle la lui fait porter. Déjanire accepte le présent. Mais le sang du centaure est un venin de débauche et Héraclès tombe amoureux d'Iole. La tunique lui colle à la peau et le brûle. Comprenant enfin qu'il ne parviendra jamais à se purifier de sa tendance à la débauche luxurieuse pour se réconcilier avec Héra, le héros décide de se sacrifier à elle en holocauste. Il dresse un bûcher sur lequel Zeus accepte de lancer son éclair illuminant. Surmontant son penchant dionysiaque, Héraclès renaît, comme le Phénix, en état d'élévation. Zeus accueille son fils préféré et le héros, devenu une divinité de l'Olympe, épouse Hébé, qui sert aux dieux le nectar et l'ambroisie qui leur conservent leur qualité d'âme et d'esprit.

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Asclépios
A l'inverse de l'adage 'mens sana in copore sano', qui affirme que la santé de l'esprit est conditionnée par celle du corps, la médecine à laquelle préside Apollon professe qu'il n'y a pas de vraie santé du corps sans grande santé préalable de l'esprit. Il existe toutefois une technique pour remédier aux défectuosités de la mécanique corporelle et pour permettre de la relancer provisoirement. C'est le centaure Chiron qui en conserve les formules. Cette médecine profane se préoccupe de s'affranchir, par une intellectualisation radicale, des pratiques magiques suggestives de purification. Le mythe veut que Chiron, qui s'obstine à ne soigner que les corps, souffre d'une blessure inguérissable que lui a faite au pied une flèche d'Apollon. Le mythe complète la représentation de la médecine par une troisième divinité, Asclépios, qui considère que tout être vivant est un organisme psycho-somatique. Seul l'intellect de l'homme est assez vaniteux pour concevoir l'idée, pseudo-scientifique, qu'il n'est que soma. Toutefois, la réalité des maladies de l'esprit le contraindra tôt ou tard à la prendre en compte : c'est le rôle d'Asclépios, fils d'Apollon et initiateur de la science médicale. La maladie met le patient dans un état mineur : elle le replace subconsciemment dans le monde magique de l'enfance, vis à vis du médecin dans la position de dépendance qu'il avait vis à vis de son père et, dans bien des cas, l'investit des pouvoirs d'un magicien. Mais Asclépios n'a rien d'une idole. Il figure chaque homme destiné à se purifier, à se 'diviniser' en se guérissant de sa tendance à la banalisation. Est significatif à cet égard le Gorgoneion, qui est porté comme un talisman. Les prêtres d'Asclépios invitaient les malades à venir dormir dans le temple d'Apollon et s'appliquaient ensuite à expliquer leurs rêves. La tentation d'Asclépios est d'ériger en but ultime la nécessité de prendre en compte les contingences. C'est alors la mort de l'âme de la médecine, la banalisation dont le châtiment est la foudre de Zeus. L'effort intellectuel d'Asclépios n'est légitime que tant qu'il est orienté sur les exigences de l'esprit.

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Prométhée
Au contraire du mythe d'Asclépios, qui figure l'effort intellectuel salutaire lorsqu'il est orienté sur l'exigence de l'esprit et le sens évolutif de la vie, le mythe de Prométhée figure l'effort de l'intellect pour se passer de l'esprit. Alors que Zeus a conçu l'homme comme être spirituel, animé du désir essentiel de l'élan évolutif vers le surconscient, Prométhée va le créer conscient et individué, capable de faux choix, qui le font régresser vers le préconscient animal, vers la Terre-mère. Pour modeler sa créature, Prométhée utilise le comble de la banalité : la glaise boueuse. Pour animer celle-ci, il ne prétend pas emprunter la lumière de l'Olympe, mais le feu, qui n'est que sa forme utilitaire. Et il en est réduit à le dérober. Facteur de production, l'intellect démultiplie les désirs et distrait les hommes du désir essentiel. Ils en oublient le sens de la vie et l'intellect est dès lors, bien qu'ingénieux, insensé. Prométhée, dont le nom signifie prévoyant, a un frère, Epiméthée, qui ne réfléchit pas avant d'agir, mais au contraire seulement après coup. Ce qui va l'amener à se laisser séduire par Pandore, qu'il va épouser. Elle lui offre un coffret fermé, symbole du subconscient, qui renferme tous les vices. Comme le fera Eve dans le mythe judaïque, elle va initier l'humanité au pervertissement de la banalisation ou de l'exaltation de l'imagination. Prométhée, bien qu'il ait résisté à Pandore, n'est pas sauvé pour autant, car il est toujours en opposition avec le sens de l'esprit. Il subira le châtiment de la banalisation : il sera enchaîné à la matière-rocher. Il ne sera sauvé que par le sacrifice du Centaure Chiron, principe de la guérison banale qui va céder sa place à la guérison essentielle, acquise par l'évolution de l'intellect dans l'orientation de l'esprit. Chiron va faire don à Zeus de son immortalité afin que Prométhée, revenu de sa révolte, la reçoive enfin. On notera que, Noé avant la lettre, c'est le fils de Prométhée, Deucalion, qui se charge de repeupler la terre après le déluge, en jetant derrière lui des pierres dont naissent les hommes. Compris dans toute son ampleur significative, Prométhée est la représentation symbolique de l'humanité.

samedi, 20 mai 2017

Renaissance des Konfuzianismus oder warum die Chinesen weltweit so erfolgreich sind

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Renaissance des Konfuzianismus oder warum die Chinesen weltweit so erfolgreich sind

Dr. Manfred Osten
Ehem. Generalsekretär der Alexander von Humboldt-Stiftung, langjähriger Mitarbeiter im Auswärtigen Amt und Kenner der fernöstlichen Kultur

Chinas Expansionsdrang zeigt sich inzwischen auch in der Kultur- und Wissenschaftspolitik. Der unter Mao verfemte Philosoph Konfuzius erfährt eine staatlich getragene Renaissance, die sich besonders deutlich auf die Bereiche Erziehung, Bildung und Forschung auswirkt. Was folgt aus dem politisch verordneten Konfuzius-Programm der „harmonischen Gesellschaft“ für das Reich der Mitte und für seine Wettbewerbsrolle im Prozess der Globalisierung? Welche Zielsetzungen verfolgt die chinesische Industrie-, Wirtschafts- und Wachstumspolitik im Namen des Konfuzius und wie kann der Westen sich ggf. darauf einstellen?

dimanche, 14 mai 2017

L'alchimie spirituelle de Julius Evola et la tradition hermétique

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L'alchimie spirituelle de Julius Evola et la tradition hermétique

Conférence de Jean Vaquié : L'alchimie spirituelle de Julius Évola et la tradition hermétique.

dimanche, 07 mai 2017

Ce que la cosmologie celte a encore à nous dire, avec Patrice Lajoye

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Ce que la cosmologie celte a encore à nous dire, avec Patrice Lajoye

Les mythes celtes peuvent nous aider à éclairer les racines profondes de notre identité mais aussi et surtout à mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et les forces à l’œuvre en nous-mêmes.

Avec Patrice Lajoye, historien des religions, spécialiste du monde celte, qui a cofondé la revue Nouvelle Mythologie comparée, aux éditions Lingva et est secrétaire de rédaction des revues Gallia et Histoire des sociétés rurales. Il a publié chez CNRS éditions (collection Biblis), un ouvrage très savant intitulé L’arbre du monde : La cosmologie celte.

Intervenant : Patrice Lajoye (Historien des religions)

dimanche, 26 mars 2017

The Power of Myth: Remembering Joseph Campbell

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The Power of Myth:
Remembering Joseph Campbell

(March 26, 1904 - October 30, 1987)

Joseph Campbell, the famed teacher of comparative mythology, was born on this day in 1904. For many people, including yours truly, he has served as a “gateway drug” into not only a new way of looking at myths, but into a non-materialistic way of viewing the world. And although as a public figure, Campbell mostly remained apolitical, evidence from his private life indicates that he was at least nominally a “man of the Right.”

Campbell was born into an Irish Catholic family in White Plains, New York. He attended Dartmouth College, and then later, Columbia University, where he studied English and medieval literature. He was not strictly a bookish type, either, being an accomplished athlete, and in fact during his time at Dartmouth he was considered to be among the fastest half-mile runners in the world.

JC-2.jpgIt was during his travels to Europe and Asia during the 1920s and ‘30s, as well as a great deal of wide reading while living in a shack in Woodstock, New York, that Campbell developed his interest in world mythology. He also discovered the ideas of C. G. Jung, which were to profoundly influence all of his work. Indeed, he participated in many of the early and historic Eranos conferences in Switzerland alongside not only Jung himself, but such luminaries as Mircea Eliade, Karl Kerényi, and Henry Corbin, among many others. In 1934 Campbell was hired as a professor at Sarah Lawrence College in New York, a position he was to hold until his retirement in 1972, after which he and his wife moved to Honolulu, Hawaii.

Interestingly, in regards to the Second World War, Campbell was a fervent non-interventionist (like his friend, the poet Robinson Jeffers [2]), even in the wake of the Pearl Harbor attack, and in fact gave a public lecture at Sarah Lawrence three days afterwards in which he urged his students not to get caught up in war hysteria and to pursue their educations instead of joining the military. He felt passionately enough about this matter to send a copy of his lecture to the German novelist Thomas Mann, who at the time was working to convince Americans to join the fight against the Third Reich as an exile in California. (Mann sent him a quite angry reply.) And according to Campbell’s biographer, Stephen Larsen, in his journals he comes across as an early Pearl Harbor conspiracy theorist, pointing out that the Roosevelt administration had been trying to goad the Japanese into war for years and discussing the fact that the US Navy had received indications that the Japanese were about to attack in the days prior, but that these warnings were ignored – perhaps deliberately.

While Campbell gave frequent public lectures and published many books, including The Hero with a Thousand Faces [3] in 1949, which was the most thorough overview of his essential ideas, and his four-volume The Masks of God [4] opus, which appeared between 1959 and 1968, in which he attempted to summarize all of the world’s mythologies, he remained relatively obscure outside academic circles until late in his life. His later fame is largely attributable to the endorsements he received from two of his biggest fans. One is Jerry Garcia of the Grateful Dead, who invited Campbell to observe a concert [5] they gave in Berkeley, California in February 1985. (Campbell reported that he was impressed by the event, comparing it to the ancient Dionysian festivals and Russian Easter celebrations.) In November 1986, Campbell and Garcia shared a stage at a conference [6] at UC Berkeley. The other is George Lucas, who frequently cited [7] Campbell’s conception of myth in interviews as being one of his primary inspirations in his writing of the Star Wars films. Indeed, in the 1980s Lucas invited Campbell to come to his Skywalker Ranch to view the entire trilogy (Campbell gave it somewhat guarded praise), and also helped to arrange the most crucial factor in securing Campbell’s late fame: Bill Moyers’ The Power of Myth [8] series.

JC-3.jpgMoyers, a well-respected figure in broadcasting, filmed a series of interviews with Campbell during the mid-1980s, mostly at Skywalker Ranch, that were edited into six one-hour episodes and broadcast on PBS in 1988, along with an accompanying book of the same name [9]. The series introduces and details Campbell’s ideas in a very accessible and entertaining way. It proved to be very popular, both during its original airing as well as in reruns and on video, and cemented Campbell’s reputation as an influential and respected intellectual in the American popular consciousness. Sales of Campbell’s books began to skyrocket as well. Unfortunately, he himself didn’t live to see any of this, as he had passed away the previous year, but he left behind a large body of work in which he had already presented his fully-articulated worldview.

As is frequently the case with prominent white men who don’t pay the proper lip service to political correctness, it wasn’t until after Campbell’s death that some of his former colleagues and acquaintances began to come forward with accusations of racism and anti-Semitism. This charge first appeared in an article by Brendan Gill in the September 28, 1989 issue of The New York Review of Books entitled “The Faces of Joseph Campbell [10],” in which he cited purely anecdotal evidence to support his claim that Campbell had been an anti-Semite, including Campbell’s stance on the war as well as the fact that he had praised the Germanic Jung while disdaining the Jewish Freud, and the fact that he had evinced a love of German culture as well as a general dislike of the Abrahamic religions in his work – all of which is undeniably true.

In the letters [11] that were printed in response, some came to Campbell’s defense while others pressed the attack, including a Sarah Lawrence colleague who claimed that Campbell had reacted to the racial integration of the school with horror. (Although again, no evidence for this was ever produced.) His sympathetic friends indicated that Campbell never tried to hide his conservative sympathies, and pointed out that the fact that Campbell was sympathetic to German and “pagan” cultures while disdaining Judaism and Christianity was hardly evidence that he had been a racist. Nevertheless, these charges have overshadowed Campbell’s work ever since, even if they have had no noticeable impact on the popularity of his work. (I first became aware of the controversy shortly after discovering Campbell, sitting at a restaurant in Ann Arbor, Michigan in 1995, when a passing waiter noticed that I was reading The Hero with a Thousand Faces and felt compelled to ask me, “Reading Joseph Campbell, the ol’ anti-Semite, huh?” I later learned that the waiter was a grad student at the University of Michigan.)

JC-4.jpgRegardless of whether these accusations are true or not, they follow a pattern that is typical for any artist or scholar who refuses to tow the party line. If Campbell had been engaged in “deconstructing” mythology, and showing that the Mahabharata or the Arthurian legends were nothing more than “narratives” expressing patriarchy and sexual repression for example, his personal failings in the eyes of academia would have been ignored. Surely what really bothers academics about Campbell, as well as about scholars with a similar worldview such as Jung, Mircea Eliade, or René Guénon, is that they dared to assert that there is an essential meaning to things, which of course then implies that there may actually be such a thing as values and traditions that are worth preserving.

I first discovered The Power of Myth series on video at my local library in 1995, during a period when I was looking for a new sense of direction and meaning in my life. I was 22, and like most Americans I had been educated in a strictly materialist way of understanding things. For the previous few years I had regarded myself as a Nietzschean, existentialist atheist (in spite of the fact that I only half-understood either Nietzsche or the existentialists). But I soon found this stance to be insufficient as I grew into adulthood and began to better understand the complexities of the human condition. It was my discovery of Colin Wilson, who I have written about elsewhere [12], and Campbell at this time (and through the latter, his own guru, Jung) which persuaded me that there is more to reality and living than what can be known through the five senses. Although I later moved on to other teachers and interests who in some ways surpass them, I will always owe a debt of gratitude to these two figures for “converting” me to something other than a model of a modern major materialist.

The Power of Myth struck me as a revelation, and it caused me to seek out Campbell’s books as well. Like most of us these days, I had always thought of myths as nothing more than quaint stories with some sort of simple moral lesson to be gleaned. Campbell contended that these myths are in fact reflections of a much deeper reality, one that is both metaphysical and which is reflective of deep psychological processes in our unconscious that transcend the individual and are connected to our racial memory. Even more importantly, Campbell first showed me that meaning was in fact anchored in something outside of ourselves, which was certainly very different from what I was being taught in most of my literature classes at the University. I soon began to see everything from a Campbellesque perspective, and I doubt I could have mustered the enthusiasm to finish my degree were it not for the inspiration I derived from him.

The center of Campbell’s worldview is the idea of what he termed the “monomyth.” It posits that underneath all of the world’s mythologies, there is a single structure which they all more or less follow. This structure is timeless, as it is embedded within our consciousness, and can be found in the best modern art and literature – Campbell himself was particularly fond of James Joyce, and in fact the term monomyth itself is derived from Finnegan’s Wake [13] – as much as in the ancient myths. Campbell believed that this monomyth was the expression of the single metaphysical reality which lies hidden behind the mere appearance of things, and that each culture and era develops its own stories to express this unchanging reality. In this sense, he shares some commonality with the traditionalists such as Guénon and Julius Evola. I don’t know of any place where the traditionalists have commented on Campbell directly, but surely they would criticize him along the same lines for which they criticized Jung: namely, that he understood myths as merely containing psychological symbols and “archetypes,” and as depictions of psychic processes, rather than as expressions of an objective reality (this is a complaint that a “true believer” in any religion could make against the Jungian conception of myth).

JC-5.pngSurely a large part of the success of The Power of Myth, as it certainly was in my case, was due to the fact that Campbell comes across in his recorded interviews and lectures as an extremely likeable man with a gift for communicating complex ideas and stories in simple language. He was the very embodiment of your favorite teacher, who (hopefully) turned you on to the wonders of the world of ideas and filled you with the fiery passion to learn more about a particular subject. Like the very best teachers, what you learned from him only marked the starting point in a long odyssey that ended up leading you to other ideas and other destinations in life.

There are certainly many criticisms one can make of Campbell’s conception of things. In addition to the traditionalist objections already mentioned, some scholars have said that not just Campbell’s, but all efforts in the fields of comparative mythology and comparative religion, are flawed in that they emphasize the commonalities between all of the world’s traditions at the expense of the particularities which distinguish them, thus positing a false universalism. There may be some truth in this, but at the same time it seems to me to be symptomatic of the general postmodern disregard for anything which asserts that there is an essential meaning to things. After all, how can a three-thousand-year-old story from ancient Greece teach a present-day American anything more than a Toni Morrison novel can? In fact, those old stories may actually be detrimental, given that they posit a way of life that reinforces old social orders rather than emphasizing the need for racial equality or the fluidity of gender.

At his post-war trial on the charge of promoting Fascism, Evola said about his beliefs, “My principles are only those that, before the French Revolution, every well-born person considered sane and normal.” I suspect that Campbell believed something similar, even if he never couched it in language that was quite so incendiary. When we look at the ancient stories, whether they are European, Indian, Chinese, Native American, or whatever, there is certainly a common outlook there which directly challenges the norms and values which we have come to accept as normal in the modern world.

And this, perhaps, is Campbell’s ultimate value from our point of view. There are certainly greater scholars of myth and religion to read. But especially for newcomers, he can open up the world of primordial, timeless, pre- and anti-modern wisdom that still lurks deep within our souls and continues to shape our lives, whether we are consciously aware of it are not. We are all part of a story that began long before we were born and which will continue long after we die. Campbell brings this story, and our place in it, to light like few others can. And this, in the end, is what the “true Right” is really about.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2017/03/3-26-17-1.jpg

[2] Robinson Jeffers: http://www.counter-currents.com/tag/robinson-jeffers/

[3] The Hero with a Thousand Faces: http://amzn.to/2nTNC8K

[4] The Masks of God: http://amzn.to/2n5LIO1

[5] observe a concert: http://www.tekgnostics.com/DEAD2.HTM

[6] shared a stage at a conference: http://www.dead.net/features/blog/documenting-dead-joseph-campbell-and-grateful-dead

[7] frequently cited: https://www.youtube.com/watch?v=bSyyqctan2c

[8] The Power of Myth: http://amzn.to/2mEbDAI

[9] book of the same name: http://amzn.to/2n5u3WM

[10] The Faces of Joseph Campbell: http://archive.is/LzQM1

[11] letters: http://www.nybooks.com/articles/1989/11/09/joseph-campbell-an-exchange/

[12] written about elsewhere: http://www.counter-currents.com/2013/12/a-heroic-vision-for-our-time/

[13] Finnegan’s Wake: http://amzn.to/2nppj1A

 

jeudi, 23 mars 2017

«René Guénon entre Tradition et Révolution»

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Entretien avec David Bisson:

«René Guénon entre Tradition et Révolution»

Ex: http://frontdelacontre-subversion.hautetfort.com 

Docteur en sciences politiques et historien des idées, David Bisson est chercheur associé à l’Institut du Droit Public et de la Science Politique de l’Université Rennes 1 et chargé de cours à l’Institut Catholique de Rennes.

Spécialiste des courants ésotériques occidentaux, il cherche à analyser les liens qui se tissent entre le champ politique et le champ religieux, et travaille en particulier sur la notion de « métapolitique ». Après avoir réalisé une thèse de doctorat sur René Guénon et le concept de Tradition, il consacre une étude passionnante sur sa pensée politique.

R/ Comment avez-vous découvert l’œuvre de René Guénon ?

J’ai commencé à travailler sur la pensée de Julius Evola dans le cadre d’une maîtrise en science politique. Ce qui m’a naturellement amené à lire Guénon, tout de même quelques années après, le temps de la « décantation » ésotéro-politique pourrait-on dire. Et j’ai alors découvert – ce qui m’a troublé au départ – que l’œuvre de Guénon n’était pas moins politique que celle de son « disciple » italien, même s’il s’agissait d’une autre politique, d’une haute politique. Ce que j’ai finalement tenté de cerner comme une politique de l’esprit.

R/ Vous développez dans votre livre une analyse très fine des étapes du parcours intellectuel de l’auteur du Roi du Monde. Quels furent les jalons marquants de son existence ?

Je crois qu’il est possible, et assez juste, de scinder l’itinéraire de Guénon en trois périodes inégales. La première court de 1906 à 1920 et correspond à la période de formation intellectuelle. Issu d’une famille de la petite bourgeoisie provinciale, et entouré de femmes très pieuses (sa mère et sa tante), il s’installe à Paris à l’âge de vingt ans et intègre plusieurs groupes occultistes avec une facilité déconcertante. Ceci est d’autant plus étonnant que ce mouvement très en vogue fait la part belle aux personnalités flamboyantes (Papus, Ivan Aguéli, Sar Péladan, etc.) et aux polémiques cocasses (« guerre des initiés »). En tous les cas, Guénon y forge ses premières armes conceptuelles et affermit son intuition première, celle de la possibilité d’une gnose comprise comme une connaissance universelle.

La seconde période s’échelonne de 1921 à 1930 et correspond à la notoriété de Guénon dans les milieux intellectuels français. Il se fait d’abord connaître comme un bon connaisseur des doctrines hindoues puis comme un historien très critique à l’endroit de ce qu’il nomme déjà le « néo-spiritualisme » (théosophisme et spiritisme) et, enfin, comme le contempteur implacable du monde moderne. On le devine, ces trois « spécialités » ne s’accordent pas naturellement et renvoient, chacune, à un public bien particulier : les orientalistes, les intellectuels catholiques (liés au néo-thomisme de Maritain) et les milieux proches de l’Action française. Guénon n’est pourtant pas un touche-à-tout, loin de là, puisqu’il possède déjà sa synthèse doctrinale, laquelle s’articule autour de la notion de « Tradition » (fond commun à toutes les religions) et se décline sous une série d’oppositions : Orient spirituel contre Occident matérialiste, Tradition contre Modernité, Essence contre Substance, etc. Cette synthèse est cependant trop originale pour titiller les canons idéologiques de l’époque, et tenter d’enrayer ainsi la marche à la guerre. Finalement, Guénon est relégué dans les marges du monde intellectuel.

David Bisson - Ren Gunon.jpgLa troisième période, la plus longue, s’étire de 1930 à 1951 et correspond à l’accomplissement doctrinal. Retiré dans la ville du Caire, et bientôt marié à une égyptienne, Guénon a tout le loisir d’affiner les éléments de son système et de préciser plusieurs notions importantes, telles que l’initiation, la réalisation métaphysique, le sens du symbolisme, etc. Tout ce travail aurait peut-être été vain s’il ne s’était constitué autour de lui une petite équipe entièrement dévouée à sa pensée, une revue (Le Voile d’Isis, Études Traditionnelles) qui lui servait de relais avec le monde dit « traditionnel » et, bientôt, des groupes initiatiques qui vont constituer le principal lieu de résonance du système guénonien, aussi bien en théorie qu’en pratique. A ce titre, il faut bien avouer que Guénon a écrit un nouveau chapitre des modalités de la réception des idées, celui de réussir à concilier engagement spirituel et combat (méta)politique.

R/ Vous définissez la personnalité de René Guénon comme gnostique. Que recouvre ce terme pour vous ?

Dans son (excellent) ouvrage, Philosophie philosophique, Julien Freund précise que la mystique se distingue de la gnose dans le sens où tout un chacun peut avoir accès à la contemplation pourvu qu’il accepte la discipline du corps et l’ascèse. A l’inverse, la gnose postule d’emblée la distinction entre ésotérisme et exotérisme, entre ceux qui savent (les parfaits ou les initiés) et ceux qui ne savent pas (les hyliques ou les profanes). Sur quoi se fonde cette distinction ? Sur la connaissance illuminante, la connaissance qui éclaire les principes de l’être et les réverbère jusqu’à l’extinction de cette même connaissance. Guénon, qui peut être considéré comme le plus grand ésotériste du XXè siècle, appartient naturellement à la catégorie des « gnostiques », ceux qui approchent Dieu par la connaissance au moyen de « l’intellect pur » (la « supra-rationalité ») ; avec le risque, disons-le, de pécher par orgueil (se prendre pour le « roi du monde ») et la grâce, toujours recommencée, d’épuiser la connaissance par son propre excès de connaissance. La gnose, comme il lui est souvent reproché, est une voie de réalisation réservée aux intellectuels. D’où son danger.

R/ Quel sens donner à l’idée de Tradition dans l’œuvre de René Guénon ? En quoi est-elle une Tradition « réinventée» ? Se rattache t-elle à une Tradition primordiale ?

Pour le dire simplement, la Tradition (écrite avec un « t » majuscule) est l’essence de toutes les grandes traditions religieuses de l’humanité, ce qui en fait un concept universel – c’est à mon sens le « génie » de Guénon – puisqu’il serait possible de retrouver cette essence, autrement dit le noyau spirituel de l’humanité, dans le corps substantiel des autres religions (textes sacrés, symbolisme, rites, etc.). Dès lors, l’homme traditionnel, dans le sens guénonien du terme, est en quelque sorte l’homme qui a creusé sa propre religion jusqu’à y découvrir la sève première, la lumière originelle, qui est partout la même. Ce que Frithjof Schuon appellera « l’unité transcendante des religions ». Cette tradition est « réinventée » en fonction des lieux et des époques où vivent les hommes ; elle est réinventée, bien sûr, dans la façon dont les hommes l’appréhendent, et en témoignent dans leur vécu, mais demeure immobile au regard de la roue du temps qui tourne. L’expression « tradition primordiale » me semble plus problématique dans la mesure où elle permet à Guénon de resituer, tout du moins tenter de le faire, cette tradition dans le cours de l’histoire : il existerait donc une souche primordiale de laquelle partiraient les différentes branches religieuses au cours de l’humanité. Avec un début, l’hindouisme, et une fin, l’islam, soit un processus linéaire, voire téléologique, qui relève davantage de la science moderne que des sagesses traditionnelles. Ce n’est d’ailleurs pas le sujet sur lequel Guénon est le plus à l’aise.

R/ Vous montrez de manière admirable que pour lui la Tradition est aussi un projet métapolitique. Y a t il une vision politique guénonienne ?

Il n’y a pas de politique guénonienne à strictement parler même si Guénon a tenté d’opérer certaines actions d’influence au cours des années vingt pour abandonner cette perspective après son installation au Caire. En revanche, il existe une métapolitique traditionnelle qui joue, me semble-t-il, à trois niveaux. Au niveau des principes, elle consiste à rappeler que le politique se fonde sur la métaphysique, et vise à mettre en harmonie la cité avec les fins dernières qui la constituent, soit permettre à chacun, en fonction de sa nature propre, de se connaître soi-même et par là même de participer à l’œuvre commune. Ce que Platon a développé dans son projet utopique : La République. Au niveau historique, la politique est un moyen (et non une fin) de résoudre les contradictions internes à la vie des sociétés avec le souci, jamais intégralement atteint, d’équilibrer les forces en présence dans le monde. D’où la dimension fuyante, et tragique, de toute action politique. Au niveau existentiel, et c’est là je crois la dimension la plus « moderne » de Guénon, la métapolitique est aussi un projet que chacun porte en soi et qu’il lui appartient de mener à terme, quels que soient les lieux et les époques, à travers un cheminement dit initiatique. Précisons que ces trois entrées restent éminemment politique dans le sens où elles se posent et s’opposent à tous les critères de la modernité.

R/ Quel est le sens véritable des notions d’Orient et d’Occident dans l’œuvre de Guénon ?

A travers les notions (et non pas les espaces) d’Orient et d’Occident, Guénon dresse une grille d’analyse paradigmatique qui lui permet d’articuler sa principale opposition : la Tradition contre la Modernité. Cette lecture qui pouvait se comprendre au moment de la publication d’Orient et Occident (1924), puis deLa crise du monde moderne (1927), est beaucoup plus contestable aujourd’hui puisque l’on assiste à l’occidentalisation générale du monde. Sur ce point, il faut mentionner les travaux de Henry Corbin qui comprenait ces deux notions à partir de leur sens imaginal : chacun quittant « son » Occident pour monter vers « son » Orient et découvrir, au cours de ce chemin, la lumière aurorale du septième climat.

R/ « C’est dans le christianisme seul, disons plus précisément encore dans le catholicisme, que se trouvent, en Occident, les restes d’esprits traditionnels qui survivent encore ». Ce passage de la Crise du Monde Moderne réveille le rapport complexe de l’auteur avec le christianisme. Comment envisageait-il son intégration dans sa vision de la Tradition ?

On peut effectivement dire que l’équation personnelle de Guénon ne correspondait pas à la démarche croyante du catholicisme, et ce, malgré une enfance bercée par cette religion et un rapport très régulier avec l’abbé Gombault jusqu’à son départ pour Le Caire en 1930. De même, son tempérament gnostique s’accordait mal avec la dimension égalitariste du christianisme. D’où son interprétation partielle et figée de la tradition chrétienne, comprise comme une tradition, certes orthodoxe, mais amoindrie par la perte de son ésotérisme. Sur ce sujet précis, il me semble que Frithjof Schuon a développé une analyse plus fine quoique discutable également. Il a fallu attendre les années 1990 pour qu’un lecteur averti de Guénon, Jean Borella, mette les choses au clair dans Esotérisme guénonien et mystère chrétien, et révise de fond en comble le rapport de la Tradition et de la Révélation. Ce qui n’est pas sans soulever des questions importantes pour certains milieux guénoniens – je pense ici à ceux qui veulent enfermer le texte guénonien dans une dogmatique rigide.

R/ Bien qu’issu des milieux occultistes du début de XXè siècle, il a combattu de manière acharnée les « masques de spiritualités contemporaines » que furent le Spiritisme ou la Théosophie. Est-ce paradoxal ?

On peut effectivement dire que cela est paradoxal mais d’une toute autre manière. En effet, cela ne l’est pas au regard du positionnement de Guénon par rapport à l’occultisme puisqu’il s’en est détaché très tôt, comprenant que ce mouvement à la mode n’était qu’une sorte de matérialisme spiritualiste davantage marqué par les théories modernes que par les sagesses ancestrales. Sous un autre angle, cela est plus ambivalent car Guénon a toujours conservé certains invariants occultistes dans sa façon de penser : culte du secret, sentiment conspirationniste, sûreté de son savoir, etc. Et puis il est le « grand codificateur de l’ésotérisme pour le XXè siècle » ; en cela, il a peut-être mené à bien la mission qu’il s’était donné : séparer le bon grain de l’ivraie dans le monde foisonnant et parfois délirant de l’occultisme.

David-Guénon.jpgR/ Les rapports de René Guénon avec la franc-maçonnerie ont fait coulé beaucoup d’encre parmi ses « disciples ». Quelle fut sa réelle opinion sur ce sujet ?

Cela est effectivement surprenant puisque Guénon a toujours été très clair sur la question, que l’on soit d’accord ou non avec ces interprétations. En l’occurrence, il avait une grande estime pour la franc-maçonnerie, considérée comme une tradition initiatique à part entière même si cette dernière a subi, selon lui, une dégénérescence au XVIIIè siècle. C’est d’ailleurs pourquoi il n’a jamais abandonné l’espoir de voir renaître une franc-maçonnerie dite traditionnelle, et qu’il s’est toujours intéressé de très près à tout ce qui se faisait en la matière. La création de la loge La Grande Triade, sous les auspices de la Tradition, en 1946 correspond à ce projet « restaurationiste ». Cela fut en grande partie un échec. Et on peut conjecturer sans grands risques que Guénon aurait été abasourdi par le niveau des francs-maçons aujourd’hui (sauf exception), comme de beaucoup d’autres groupes soit disant initiatiques.

R/ Le départ pour le Caire constitue un tournant décisif dans l’existence de René Guenon. Quelle fut le sens de sa « conversion » à l’Islam ?

Selon ses propres termes, Guénon ne s’est jamais « converti » mais tout simplement « installé » dans l’islam ; la nuance peut paraître mince mais elle signifie que l’auteur d’Orient et Occident n’a jamais abandonné sa lecture universaliste des traditions religieuses. Comme le rappelle d’ailleurs la citation suivante : « Quiconque a conscience de l’unité des traditions […] est nécessairement, par là même, “inconvertissable” » (Guénon). Après, on peut effectivement signaler que Guénon, sans doute soucieux d’orienter ses lecteurs-disciples vers une voie initiatique viable, a privilégié l’islam soufi, notamment au travers des groupes formés par Frithjof Schuon et Michel Vâlsan.

R/ Comment interprétez-vous les rapports entre René Guenon et Julius Evola ? Existe t-il une synthèse de leurs deux approches ?

Guénon et Evola entretiennent effectivement des rapports singuliers qui tiennent, pour une part, à leurs tempéraments et, pour une autre, à leurs visions du monde. S’il est vrai que les deux hommes ont entretenu une correspondance cordiale jusqu’en 1951 (décès de Guénon), ils n’ont jamais été associés à un projet précis. Guénon refusant d’intégrer la signature d’Evola dans sa revue alors même que ce dernier se démenait pour diffuser sa pensée en Italie. Une synthèse est-elle possible ? Cela dépend de quel côté nous nous situons. Du côté d’Evola, la synthèse est effectivement possible puisqu’elle est contenue dans son maître ouvrage Révolte contre le monde moderne. Du côté de Guénon, elle n’est pas même envisageable puisque le système traditionnel se suffit à lui-même. Autrement dit, les lecteurs d’Evola trouveront sûrement un approfondissement dans la pensée de Guénon tandis que les lecteurs de Guénon ne s’enrichiront pas forcément au contact de la pensée évolienne.

R/ A la lecture de votre livre, on croise deux auteurs particulièrement important dans la réception « universitaire » des idées traditionnelles : Mircea Eliade et Henry Corbin. Quels furent leurs rapports exacts avec la Tradition ?

Mircea Eliade entretiendra des rapports ambigus avec la pensée de Guénon tout au long de sa vie. Ambigu dans le sens où il ne révèlera jamais sa dette à l’égard de la pensée traditionnelle, et ce, pour mener à bien sa carrière universitaire. Le passage d’une lettre d’Evola (qui lui est adressé en 1951) est à cet égard symptomatique : le penseur italien lui demande, de façon presque nonchalante, pourquoi il s’évertue à camoufler ses principales références (Guénon, Coomaraswamy, etc.) pour ne mettre en avant que des ouvrages universitaires le plus souvent très insipides. Et finit par s’interroger : est-ce que « le jeu en vaut la chandelle » ? Et Eliade de lui répondre, gêné, qu’il n’a pas d’autres choix que d’entretenir de bons rapports avec la « maçonnerie académique » !

Quant à l’influence intellectuelle de Guénon sur le penseur roumain, elle est effectivement beaucoup plus sinueuse. On peut, en un mot, dire que Mircea Eliade reprend certaines catégorisations établies par Guénon pour les transposer, d’abord, dans son nationalisme archaïque et, ensuite, dans son approche philosophique du religieux.

Quant à Henry Corbin, ses liens personnels avec la pensée de Guénon sont beaucoup plus distendus. Il parvient, cependant, à des conclusions voisines en partant d’un tout autre terrain de recherche : la philosophie iranienne. En cela, on peut dire que Corbin apporte du « grain à moudre » à la pensée guénonienne, quitte à la prendre de biais, et contribue à étoffer ce vaste territoire qu’est le mode visionnaire (par opposition à la raison ratiocinante). C’est pourquoi on peut le considérer, me semble-t-il, comme l’un des philosophes les plus importants du XXè siècle.

R/ Après la mort de René Guenon, son œuvre connaît une diffusion mondiale et de nombreuses interprétations. Quels sont les courants qui ont été influencés par son travail?

Sans revenir sur les nombreuses occurrences dont fait l’objet le nom de Guénon aujourd’hui dans des domaines aussi inattendus que la musique, les arts et la littérature – quoiqu’il faille rappeler l’intérêt que les surréalistes lui ont porté dès les années vingt –, on peut établir trois grands pôles de réfraction de la pensée traditionnelle. Le premier se situe naturellement dans la mouvance initiatique telle que Guénon a tentée de la mettre en place de son vivant. Étrangement, c’est peut-être la plus fragile tant les groupes initiatiques, une fois leurs leaders disparus (Schuon et Vâlsan principalement), tendent à péricliter. En revanche, la reprise des idées guénoniennes dans des cercles spiritualistes plus larges (soufisme, hindouisme, franc-maçonnerie, etc.) est de plus en plus fréquentes.

Le second pôle se situe dans l’orbite du monde universitaire en général et des sciences religieuses en particulier. Il est assez vivace aux États-Unis avec des intellectuels comme Seyyed Hossein Nasr et John Gordon Melton qui propose une version à la fois étoffée et « édulcorée » du traditionalisme (dans le sillage de Schuon). Ce pôle reste, en revanche, très fragmentaire en Europe où seuls quelques chercheurs osent briser l’oukase qui entoure encore le nom de Guénon, tout particulièrement en France…

Le troisième pôle s’inscrit dans le sillage de Guénon et d’Evola pour continuer à développer l’idée d’une politique d’inspiration traditionnelle face à l’accélération de la dissolution du monde moderne. Les groupes à s’y référer sont nombreux sans que l’on sache toujours exactement quelle est la frontière entre la militance politique et l’engagement religieux. Aujourd’hui, le groupe se réclamant volontiers de Guénon (et d’Evola) le plus influent est sans contestation possible celui mené par le philosophe russe Alexandre Douguine.

Entretien paru dans le numéro 61 de la revue Rébellion.

dimanche, 19 mars 2017

The Buddha as Spiritual Lawgiver

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The Buddha as Spiritual Lawgiver

Sayings of the Buddha [2]
Rupert Gethin, translator
Oxford: Oxford University Press, 2008

Anyone who wishes to promote certain values is faced with the challenge of how to maintain those values over time: throughout one’s life, from one generation to the next, and across the centuries. A people’s adherence to values is likely to wane over time, overcome by lower drives, such as the desires for material comfort and personal self-indulgence. We know this well in our own era: the collapse of traditional values has given way to a general slouching into consumerism and individualism. In good times especially, the inner child and the bottomless belly take charge of the soul. The maintenance of values in the face of decadence is no easy thing.

I believe we have much to learn in this respect from the sole ideological systems and spiritual communities which have survived for millennia: the religions. I have personally become convinced that piety, or the religious instinct, plays the critical role in maintaining adherence to values above other impulses. Piety is the only impulse which can be rationally educated. Indeed, that is why I believe the religious instinct – if well-educated – is more valuable than the strictly ethnocentric one: an ethnocentric Frenchman may defend his people, but enter into petty conflicts with genetically very similar neighboring Europeans, whereas a pious European identitarian defends both the French nation and the great European family of nations of which she is a part.

The creed of Siddhartha Gautama, better known as the Buddha, has largely died out in his native India, and yet over five hundred million souls claim to follow his way of life today, mostly in East and Southeast Asia, but increasingly also in the West, where Buddhism has growing appeal to generations of Europeans lost in in an increasingly materialist, relativist, and nihilistic age, looking for spiritual comfort and transcendence.

I am not here judging the content of Buddhist doctrine. What is perhaps the fundamental insight – that one must let go of senses, feelings, the world, all things, indeed the mind itself, for all is flux and vanity – may well be true. But one could also deem this nihilism, and indeed Gautama was accused of this during his own lifetime. What is clear is that Buddhism is evolutionarily maladaptive for its ascetics: the Buddhist monk rejects family life and goes childless. Furthermore, the Buddha explicitly rejected the caste divisions which the Hindus had established to preserve their Aryan blood.[1]

Savitri Devi classes Gautama among the “men above Time” who embody timeless values only by withdrawing from this fallen world, rather than the superior “men against Time” who seek to impose them in this world. Those who wish to see the perpetuation of their people are more likely to be touched by the spirit of the Hindus’ Bhagavad Gita [3], where in the face of the same cosmic oblivion, the Lord commands Prince Arjuna to embrace his duty as a warrior: “Therefore go to it, grasp fame! And having conquered your enemies, enjoy a thriving kingship.”[2]

What I examine here, and what I think is relevant to all who seek to make lasting cultural change, is the Buddha’s practice and advice for sustaining a spiritual community which can survive the ages. (By “the Buddha,” I mean the figure portrayed in the Pali Cannon, which are our earliest records of Gautama’s teachings, as edited by Buddhist disciples generations later. As with other spiritual leaders who left no writings of their own, such as Socrates and Jesus, we are unsure to what extent the Buddha of the scriptures is faithful to the historical Gautama. I will not deal with that question here: I am interested in what the mythical “Buddha” of the scriptures, as established by Buddhist leaders, has to say on what has proved to be a very successful religion.)

I cannot read about Gautama without sensing a certain kinship with our own Western tradition. He was said to have blue eyes and dark hair. He spoke an Indo-European language, descended from the same Aryan conquerors who gave we Europeans most of our languages. Furthermore, though this might appear superficial, I see innumerable parallels between Buddhist insights and practices and those of the Greek philosophical tradition, which began at around the same time. Buddhism and Greek philosophy often wrestle with the very same issues. The early Buddhists debated and bickered about ideas, as one might in a philosophical school. But the parallel between Buddhism and Greek philosophy is most apparent if, like Pierre Hadot [4], we understand that philosophy not as simply a series of ideas or doctrines, but as a way of life cultivating the soul through spiritual exercises.

Like Socrates, the Buddha is more concerned with ethics than metaphysics, and both practiced prolonged meditation (which in Zen Buddhism becomes the central component) and trained themselves in self-control. Like Plato’s Socrates, a fundamental part of the Buddha’s meditation is the contemplation of death, and the Buddhist, like the philosopher, does not fear death.[3] Like Plato, the Buddha is concerned only with the eternal; he polices his own senses and withdraws from this world to the spiritual one. (A difference: Plato’s philosopher-king is reluctantly dragged back into the political world, whereas the Buddha’s seems to withdraw completely.[4]) Like Diogenes, the Buddhist ascetic lives as a homeless beggar, surviving on self-discipline and alms, teaching morals to the people by his example. But whereas Diogenes did so alone and only had isolated followers, the Buddha established not just a philosophical school but a monastic community: the Sangha. Plato’s praise for Pythagoras, the mathematician-mystic who also established a way of life as part of a kind of monastic community, could well be applied to Gautama:

Is there any evidence that, during his lifetime, [Homer] was a mentor to people, and that they used to value him for his teaching and the handed down to their successors a particular Homeric way of life? This is what happened to Pythagoras: he wasn’t only held in extremely high regard for his teaching during his lifetime, but his successors even now call their way of life Pythagorean and somehow seem to stand out from all other people.[5]

For his part, Gautama became, according to the Pali Canon, “a perfect buddha, accomplished in knowledge and conduct, happy, one who understands the world, an unsurpassed charioteer of men to be tamed, teach of gods and men, a blessed buddha.”[6]

Like the Stoics, the Buddha preaches a studious indifference to that which is in flux, a reconciliation with the nature of existence. The philosophers wish to learn about nature, the world, in order to align their ideas and lives with it. For Buddhists, “Dharma” means at once the teachings of the Buddha, the nature of existence, and the Buddhist way of life. Pierre Hadot writes that “despite my reticence against the use of comparativism in philosophy” he cannot resist highlighting the similarities between a Buddhist sutra’s description of the ideal sage and the sage of the Socratic tradition:

Overcoming all
knowing all,
wise.
With regard to all things:
unsmeared. Abandoning all,
in the ending of craving,
released:
The enlightened call him a sage. . . .

The wandering solitary sage,
uncomplacent, unshaken by praise or blame. . . .
Leader of others, by others unled:
The enlightened call him a sage.[7]

The ancient Greeks and Indians did not have the opportunity to interact much in our history. However, it is striking that when Alexander the Great conquered Persia and the two civilizations came into contact, Greco-Indian cultural cross-fertilization proved quite fruitful. The Greeks identified the Indian brahmans (and possibly the Buddhist ascetics) with their own philosophers, calling them “gymnosophists” or “naked sophists.” Evidently, the Greeks were impressed by the yogis’ physical-spiritual exercises. Greek kings ruled parts of India and Afghanistan for only about two centuries after Alexander’s death. And yet, during that time, many of these Greeks embraced Buddhism and created some of that tradition’s finest art with the brief and insufficiently known flowering of Greco-Buddhist culture [5].

All spiritual traditions are confronted with the problem of whether their followers should be householders or ascetics. When should a gifted man dedicate himself to the “distractions” of working and family life, and when should he dedicate himself completely to spiritual exercises? Different traditions give different answers.[8] The Buddha perfected a tradition of young men leaving their household and going childless in order to dedicate their lives as wandering mendicants to meditation. He says in favor of becoming a family-free monk: “It is not easy to practice the spiritual life in all its fullness and purity, like a polished shell, while living in a house.”[9] The monk learns to live with nothing but his ocher robe and his alms bowl, meditating by roots of trees or in deserted houses. That is enough. The monk has nothing he may lose, he is content, having “no desire for joy,” he “applies and directs his mind toward creating a body made of mind.”[10]  He is not a parasitic NEET however, for he is constantly training himself, and serves a useful social purpose: “[H]e brings together those who are divided and encourages those who are united . . . he speaks words that will bring about harmony.”[11]

Much of the appeal of Buddhism is that it requires almost nothing to practice and is far less dependent on speculative metaphysics and fanciful stories than other religions. Buddhism, unlike the long-dead philosophical schools of Antiquity, succeeded in institutionalizing its philosophy and spiritual practice as a religion which endures still today. (I pass over the fact that, obviously, Greco-Roman philosophy was preserved in other senses, e.g. being crystalized in certain Christian practices and doctrines, in inspiring much of the Enlightenment, etc.)

The Buddha created the spiritual community of monks, the Sangha. The state may provide for the Sangha (e.g. alms, donation of parks). However, the spiritual community is independent of the state, the monks ever cultivating their own inner purity. If anything, the state should be informed by the Sangha. The monks honor and revere the great sages who came before them and inspire themselves from their example. The Sangha then moralizes the people towards self-discipline and educates them towards higher truths. One can think of analogous institutions in other traditions.

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The Buddha gives prescriptions not only on how the Sangha may be maintained, but also has advice for householders and statesmen. These precepts are generally conservative and sound. In one sutra, the Buddha describes “the householder’s discipline” in terms which would resonate in all traditional societies. He says there are “six ways of losing one’s belongings” which the householder should not pursue:

  1. being devoted to the recklessness of strong drink and spirits
  2. wandering in the streets at unseemly hours
  3. frequenting fairs” (where one encounters music and spectacle)
  4. being devoted to the recklessness of gambling
  5. being devoted to bad friends
  6. being habitually idle[12]

The Buddha is then obviously, like all true spiritual leaders, hostile to the “spirit of ‘68.” Each way of losing one’s belongings is accompanied by six dangers, a typical Buddhist mnemonic device. The Buddha also advises against friendship with “one who is all talk.”[13]

The Buddha says that the householder’s piety is not expressed through adherence to sacrificial rituals – apparently an attack against Hindu practice – but through one’s way of life. Hindus symbolically sacrifice in six directions during their rituals, in contrast to the Buddhist householder:

These six directions should be seen as follows: the east should be seen as one’s mother and father, the south as one’s teachers, the west as one’s wife and children, the north as one’s friends and companions, the direction below as servants and workers, the direction above ascetics and brahmans.[14]

Furthermore, Buddhist householders are expected to be good family men with the usual adaptive traditional values: parents must educate their children morally, train them for a trade, find them a wife, and give them an inheritance. If one is good to one’s friends, they will “honor one’s descendants.”[15] Without kindness and justice “then neither mothers nor fathers / Win the respect and worship owed them by their sons.”[16]  If Buddhism can be considered maladaptive for ascetics, its precepts for householders are quite healthy. Furthermore, to kill one’s father or mother is considered one of the supreme crimes in Buddhism, akin to wounding a buddha or dividing the Sanhga.[17] Even in Buddhism, as in so many traditional worldviews, one finds a pairing of blood and spirit in the supreme moral rules.

The Buddha’s political advice is similarly traditional. Just prior to his death and his attainment of final nirvana, he is said to have given political and religious advice which may perhaps be taken to be his testament. He describes “seven principles for avoiding decline” which, if maintained, would allow a people (in this case, the Vajji Republic) to “be expected to prosper, not to decline.”[18] These seven principles are:

  1. to meet together frequently and regularly
  2. to sit down together in concord, to get up together in concord, and to conduct their business in concord
  3. not to make pronouncements that have not been agreed, not to revoke pronouncements that have been agreed, but to proceed in accordance with the ancient laws of the Vajjis that are agreed pronouncements
  4. to respect honor, revere, and worship those among them who are their elders, and to listen to what they say
  5. not to abduct and force women and girls of good family into sexual relations
  6. to respect, honor, revere, and worship their ancestral shrines, both those that are central those that are outlying, and not to neglect the appropriate offerings that were given and made in the past
  7. to provide holy men with proper care, protection, and guard, such that those who have not come to their realm are encouraged to come, and those that have come live easily

The Buddha then expresses advice which many would consider sensible: cultivate a spirit of concord and consensus, honor tradition and elders, and respect women and religion.

In this and other sutras, the Buddha and his disciples gives advice on how to have a happy and cohesive Sangha. Some of these are rather amusing, evoking as they do the typical bickering one finds among intellectuals and ideological disciples. The Buddha observes, “[S]ome ascetics and brahmans consume the food offered by the faithful while still addicted to quarrelsome talk.”[19]  Furthermore, the monks must not abuse their position as spiritual leaders by charging fees from superstitious laymen for magic tricks and other “childish arts.”

For a Buddhist monk, excessive talking is a sign of restlessness and of not living the way. One of the Buddha’s disciples calmed monks who were “agitated, uncontrolled, restless, talkative, conversing about this and that; with their minds astray, they were not fully aware, not concentrated; their thoughts wandered and their senses were uncontrolled.”[20]

There was also evidently conflict between monks who specialized in erudition and those who specialized in practice, as a certain Mahacunda said:

Monks who are specialists in the teachings disparage monks who are meditators: “Those meditators, they meditate and meditate, always saying, ‘We are the ones who meditate!’ But what do they meditate for? Why do they meditate? How exactly do they meditate?” . . .

On the other hand, monks who are meditators disparage monks who are specialists in the teachings: “Those specialists in the teachings, who are always saying, ‘We are the ones who are specialists in the teachings!’ – they are agitated, uncontrolled, restless, talkative, conversing about this and their; with their minds astray, they are not fully aware, not concentrated; their thoughts wander and their senses are uncontrolled. But what are they specialists in the teachings for? Why are they specialists in the teachings? How exactly are they specialists in the teaching?” . . .

So, friends, you should train yourselves to think: “As monks who are specialists in the teachings we will speaking in praise of monks who are meditators.” Why must you train yourselves this way? They are remarkable and difficult to find in this world, these people who live having experienced the deathless directly.

So, friends, you should train yourselves to think: “As monks who are meditators we will speak in praise of monks who are specialists in the teachings.” Why must you train yourselves in this way? They are remarkable and difficult to find in this world, these people who reach insight, having penetrated the deep significance of a term by their understanding.[21]

Any spiritual movement will then tend to be divided between scholars and practitioners, and the two must respect each other.

The Buddha also condemned those monks who learn only to better assert themselves in argument, rather than to live better. He likened such “learning” to grabbing a snake without knowing how to hold it properly, and so getting bitten:

Monks, some foolish men learn the teaching – the sayings, chants, analyses, verses, utterances, traditions, birth stories, marvels, and dialogues. Yet after they have learned the teaching they do not use wisdom to consider the purpose of those teachings. And when they do not use wisdom to consider their purpose the teachings don’t succeed in bearing deep reflection: the only benefit those people get from learning the teaching is the ability to argue and counter criticism; the point of their learning the teaching is missed by them.[22]

The Buddha’s most detailed advice for the Sangha, at least in this volume, is to be found in the sutra on his final nirvana, beside his political advice to the Vajjis. Again, the Buddha says that if the Sangha continuously follows these precepts, it can “be expected to prosper, not to decline.”[23] The first seven principles for avoiding decline are:

  1. meet together frequently and regularly
  2. sit down together in concord, to get up together in concord, and to conduct the business of the community in concord
  3. not to make pronouncements that have not been agreed, not to revoke pronouncements that have been agreed, but to proceed in accordance with the precepts that are agreed pronouncements
  4. respect, honor, revere, and worship those monks who are elders, possess the pearls of wisdom, went forth into the religious life long ago, are the fathers and leaders of the community, and to listen to what they say
  5. to not be overcome by the kind of craving that leads to rebirth
  6. to have regard for living in the forest”
  7. individually continue to establish mindfulness, such that well-behaved companions in the spiritual life who have not come are encouraged to come, and that have come live easily

There must then be frequent gatherings of the faithful, respect for consensus, respect for elders, and sticking to the practice (including pride in the austerity of “life in the forest”). This is similar in some respects to the Buddha’s political advice. He provides other advice for monks to preserve the Sangha; among these I highlight:  to not become enamored with pleasure, to avoid bad associates, to “not give up halfway with some inferior achievement,” to maintain the spiritual practices (e.g. mindfulness) and doctrines (e.g. notions of impermanence and illusion of the self), “to show friendliness to their companions in the spiritual life in their acts of body . . . in their acts of speech . . . in their acts of thoughts both in their presence and in private,” to only rightfully own possessions, and to maintain good conduct.[24]

The religious instinct’s power is pervasive in human affairs. This can be so consciously, as with organized religions and certain ideologies, or it can be unconsciously so, as with the hatred of liberal bigots against those who think differently. But that power cannot be denied. I believe more generally that the religious impulse has evolved among humans both as an emotional mechanism to give meaning to their individual lives and as a social mechanism to enforce group norms. Today, the cost of publishing and of spreading memes, at least on a Website, is almost reduced to zero by the wonders of technology. In past ages, the most ancient texts and memes that have survived are typically religious ones, precisely because the religious sentiment is such a powerful drive in ordering human societies and giving meaning to a human life. Only the religions have been able to maintain adherence to certain texts, doctrines, and symbols throughout the millennia.

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We may differ with the Buddha’s apparent contempt for the blood and his withdrawal from the household and the world. Jeremy Turner tells me that with the technology and high standards of living of the modern era, one does not need to reject household life to be a good European activist. But the Buddha’s lessons for how to create and maintain a spiritual community, both within ourselves and as a group, strike me as having enduring relevance. For whatever happens politically, we will need something like a “European identitarian Sangha” independent of the state, training ourselves and perfecting our principles, enlightening the people, and ensuring the prince’s action is righteous. For we all hope for a new spiritual law among the European peoples.

Notes

1. In one story, two disciples report to the Buddha their encounter with high-caste Hindus:

“The Brahman class,” they say, “is the best; the other classes are inferior. The brahman class is fair, the other classes are dark. Only brahmans can be pure, not non-brahmans. Only brahmas are true sons of Brahmá, born from his mouth, coming from Brahmá, created by Brahmá, heirs of Brahmá. You have given up the best class and joined an inferior class, that of those pathetic, shaven-headed, extravagant ascetics, the dark descendants of our ancestor’s feet.” (Gethin, Sayings of the Buddha, Aggañña Sutta [The Origin of Things], pp. 117-8)

The Buddha then rebuts the Hindus.

2. W. J. Johnson (trans.), The Bhagavad Gita (Oxford: Oxford University Press, 1994), Chapter 11, paragraph 33.

3. Nine of the fourteen stages of the Buddha’s meditation for “establishing mindfulness” in the Satipatṭhāna Sutta involve contemplating one’s own body as a corpse in various stages of putrefaction. This grisly embrace of death is something Western Buddhists (and popular yoga practitioners) tend to gloss over.

4. I am thinking of the ideal Buddhist king’s withdrawal from the world into the “Palace of Dharma” in the Mahāsudassana Sutta.

5. Plato (trans. Robin Waterfield), The Republic [6] (Oxford: Oxford University Press, 2008), 600b.

6. Gethin, Sayings, Bodhirajakumara Sutta (Dialogue with Prince Body), pp. 192-193.

7. English translation of the Muni Sutta [7] by Thanissaro Bhikkhu. Pierre Hadot, Qu’est-ce que la philosophie antique? (English: What is Ancient Philsophy? [8]) (Paris: Gallimard, 1995), p. 351.

8. To name only a few: Socrates was a good soldier and a father, albeit a negligent one, ultimately choosing death and abandoning his family in the name of philosophy; the Emperor Julian argued that Cynicism was meant for true asceticism and the easier Stoicism was meant for householders; Catholic priests do not marry, whereas Protestant and Orthodox ones may; good National Socialists are with few exceptions (mostly notably Hitler himself) expected to beget children.

9. Gethin, Sayings, Samaññaphala Sutta (the Fruits of the Ascetic Life), p. 19.

10. Ibid., pp. 29-30.

11. Ibid., p. 20.

12. Ibid., Mahāparinibbāṇa Sutta (the Buddha’s Final Nirvana), p. 131.

13. Ibid., p. 133.

14. Ibid., p. 135.

15. Ibid., p. 136.

16. Ibid., p. 138.

17. Ibid., p. 276.

18. Ibid., Mahāparinibbāṇa Sutta (The Buddha’s Final Nirvana), pp. 39-40.

19. Ibid., Samaññaphala Sutta (The Fruits of the Ascetic Life),  p. 22.

20. Ibid., Moggallāna, p. 239.

21. Ibid., Mahācunda , pp. 260-1.

22. Ibid., Alagaddūpama Sutta (The Simile of the Snake), pp. 159-160.

23. Ibid., Mahāparinibbāṇa Sutta (The Buddha’s Final Nirvana), p. 42.

24. Ibid., p. 44.

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[4] Pierre Hadot: http://www.counter-currents.com/tag/pierre-hadot/

[5] Greco-Buddhist culture: https://en.wikipedia.org/wiki/Greco-Buddhism

[6] The Republic: http://amzn.to/2neNQ9V

[7] Muni Sutta: http://www.accesstoinsight.org/tipitaka/kn/snp/snp.1.12.than.html

[8] What is Ancient Philsophy?: http://amzn.to/2nDB59W

 

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mercredi, 15 mars 2017

Arte e Filosofia in Evola, perché il barone non è un’iconcina da sezione

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Arte e Filosofia in Evola, perché il barone non è un’iconcina da sezione

da Giovanni Sessa
Ex: http://www.barbadillo.it
 
Presentiamo un estratto dalla Prefazione di Giovanni Sessa alla nuova edizione del libro di Gian Franco Lami, filosofo politico dell’Università “Sapienza” di Roma, scomparso improvvisamente nel 2011, Arte e filosofia in Julius Evola, da pochi giorni nelle librerie per Fondazione Evola-Pagine editore, i libri del Borghese (euro 18,00). Nel 1980 fu il primo testo esaustivo dedicato al pensatore tradizionalista. Centrato prevalentemente sulla disamina del momento artistico e di quello teoretico di Evola, giunge a lambire la fase tradizionale di Rivolta contro il mondo moderno, mettendo in luce come la proposta evoliana fosse centrale nel dibattito intellettuale del Novecento europeo.                   

quaderno_fondazione_evola-207x300.jpgEvola, afferma Lami: “imposta…il problema filosofico in chiave individuale, o meglio, ‘esistenziale’, e risolve il metodo filosofico nella filosofia, e quest’ultima in una sorta di fenomenologia dell’individuo” . Da tale asserzione si evincono la potenza e l’originalità, nel panorama filosofico d’allora, non solo del momento speculativo evoliano, ma del suo percorso esistenziale. Infatti, l’attraversamento che egli compie dell’attualismo gentiliano, ritenuto vertice insuperato del pensiero europeo, prende le mosse, e qui Lami coglie pienamente nel segno, da Michelstaedter, dalla sua Persuasione. Questa, nell’esegesi lamiana, si configura quale: “…piacevolissima sensazione, quel piacere morale che si persegue nell’atto della liberazione, dell’auto-redenzione dal macchinamento sociale” .

Il giovane filosofo de La persuasione e la rettorica conduce Evola a comprendere essenzialmente che il significato della vita alberga in noi, nella forza della coscienza e nel “…senso personalissimo che ciascuno di noi riesce a dare alla propria vita” . A conferma di quanto sostenuto da Lami, ricordiamo che Evola nel saggio La potenza come valore metafisico, nel discutere le tesi gentiliane, in particolare in merito alla determinazione del molteplice, affidò all’Io empirico, alla sua fatticità di Einzige, di Unico, l’onore e l’onere, nella propria attività cosmicizzante, di “far essere” il mondo .

Al contrario, l’Atto puro del filosofo di Castelvetrano, con il rinviare all’universale, al trascendentale, introduceva nella prospettiva immanentistica di partenza, il Valore metafisico, il Dio trascendente. Per Evola e Michelstaedter, quindi, “platonici senza platonismo” per usare un’espressione coniata da Lami, sono convinti, contro ogni idealismo meramente gnoseologico, così come in contrapposizione ad ogni realismo ritornante, che l’assoluto, ciò che non ammette mediazioni, non possa essere ricercato che nel concreto, nella presenza dirà Andrea Emo, che con Evola condivise posizioni ultrattualiste.

Ma come poté il filosofo romano, se il quadro di riferimento teoretico che andò sviluppando tra il 1917 e il 1924 nelle opere speculative, era quello dell’immanenza pura e nuda, preservare il suo sistema e l’individuo assoluto dall’esito nichilista e dal rischio soggettivista e solipsista, tipicamente moderni? Come riuscì, allo stesso tempo, a superare il limite “mistico” di Michelstaedter, e il suo“dualismo”, retaggio della tradizione di provenienza del filosofo goriziano, quella ebraica, e evidente testimonianza dell’accettazione della logica eleatica e diairetica? Lo hanno spiegato con estrema chiarezza due esegeti del pensiero filosofico di Evola quali Giovanni Damiano e Massimo Donà: Evola non corse il rischio nichilista, perché il suo pensiero scoprì la libertà assoluta, fu anzi essenzialmente una filosofia della libertà . La libertà è realmente tale a condizione che non si esaurisca nella sua accezione di mero svincolo, libertà-da, di negazione fine a se stessa. Essa ha implicita in sé anche la posizione inversa, quella dell’affermazione. Essa “…propriamente non è nulla,…è “al di là” (dove “al di là” va inteso non come separazione ma, all’opposto, come termine di relazione) di ogni determinazione…sfugge ad ogni tentativo di entificarla” .  Non è riducibile alla “cosalità” preda della morsa nichilista, vi si sottrae.

E’ prius rispetto ad ogni antitesi, fondamento infondato che in quanto assoluto, ha in sé la possibilità del limite, della necessità. In questo senso, sotto il profilo esistenziale, per Evola è sempre possibile che la rettorica possa tornare a darsi dopo la conquista della persuasione e viceversa. Evola al riguardo è chiarissimo: “…libertà significa possibilità e la possibilità indeterminata non ha nulla da cui poter essere contraddetta”. Donà sostiene, in tema, che richiamarsi al Geist: “…nella sua accezione specificatamente idealista significa…vedersi ineludibilmente sospeso ad una “possibilità” che sarebbe sempre potuta non essere in quanto tale” . Sostiene, inoltre, il filosofo veneziano, che in conseguenza di tale acquisizione teorica e pratica in Evola il “già stato” non costituisce un’esperienza data, passata. Tale posizione è talmente radicale da porsi oltre le barriere divisive della logica identitaria, consentendo ad Evola di incontrare il pensiero e la prassi “magica”, nella stagione immediatamente successiva a quella speculativa.

Anche Lami, fin dalla fine degli anni Settanta, mentre l’ermeneutica evoliana più diffusa costringeva il pensatore negli angusti limiti della sola proposta politica, aveva capito tutto ciò: la filosofia dell’esistenza di Evola (si badi!, da non confondersi con nessuna specie di esistenzialismo), si configurava quale modello di filosofia della liberazione, scandita nelle tappe fenomenologiche della Spontaneità, della Personalità, della Dominazione. Lami interpreta la prima come stadio del “vivere animale” dell’uomo. Ciò che il mondo greco chiama anthropos, l’uomo-animale, è perfettamente chiarificato da tale momento della fenomenologia, ed è la “figura” iniziale da cui muovere per giungere all’individuo assoluto. Per questa ragione l’uomo evoliano si fa in un percorso esistenziale sempre fallibile, ma comunque anche effettivamente possibile, non è dato, è una conquista graduale e remissibile.

Con la seconda epoca viene attuata la coscienza riflessa, in funzione della quale ci si sente nel mondo ma distinti da esso. Infine, nella terza epoca, la volontà diviene la base su cui costruire i rapporti tra io ed altro da sé. L’individuo si afferma. Trova vita l’aner, il portatore dell’andreia, “fortezza” esistenziale, che in cammino ascendente realizza in sé, nella concreta fatticità, la libertà. Evola, a dire di Lami, presenta sotto forma di filosofia, le sua esperienza di liberazione, la sua reale Via alla libertà. Si tratta di un processo “purificatorio”, come negli antichi Misteri, in cui progressivamente l’uomo abolisce e riduce la dipendenza dall’esterno e acquisisce, in un percorso mai definitivamente concluso, la capacità di fare centro a sé in ogni circostanza.

Su tale Via ci si lascia alle spalle il torpore vitale che ci avviluppa e ci si impone al reale nei termini dell’appercezione interiore. In tale contesto teorico, Lami rileva l’importanza per la formazione della filosofia di Evola della filosofia della libertà di Rudolf Steiner, ma ciò che stupisce davvero della sua esegesi, almeno nella nostra prospettiva, sta nell’aver colto la prossimità di Evola al filosofo Antonio Banfi. In particolare, in relazione al problema dell’ordine trascendentale, nel quale il pensatore milanese individuò il luogo della connessione tra conoscenza empirica e unità di significato, il quid che qualifica in profondità la vita.

[…] Ciò spiega la presa di distanza di Lami, nell’Appendice di questo libro, uscito da oltre trentacinque anni, da quanti tendevano allora, ma sono troppi ancora oggi, a voler “ridurre” l’evolismo entro gli angusti limiti di “immaginetta” da sezione, da gruppuscolo cospirativo o, a seconda dei casi, ad icona da setta para-esoterica . Evola, così come la sua visione della storia e l’idea di Tradizione, andavano liberati dalle letture deterministiche: questo il compito che si assunse Lami scrivendo le pagine che seguono. In esse, pur non disconoscendo il ruolo svolto da Guénon nel preservare il patrimonio simbolico europeo a beneficio dei venturi, di fatto rileva come l’Età Ultima, il Tramonto spengleriano tematizzato da tanta filosofia della crisi, per Evola dovesse essere vissuta, non come momento cataclismatico dell’origine, ma quale possibilità di un Altro Inizio.

@barbadilloit

Di Giovanni Sessa

mardi, 21 février 2017

Le symbolisme du feu

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Alberto Lombardo :

Le symbolisme du feu

Le mot « feu » vient du latin « focus », signifiant « foyer ». Comme l’écrit Giacomo Devoto, ce terme « n’a pas de connexions évidentes avec l’indo-européen (des origines) ». Dans les langues indo-européennes anciennes prévalent en effet, et pour l’essentiel, deux autres formes communes pour désigner le feu : « *egni -» et « *pur(o) ». Ces formes communes ont été reconstituées sur la base de nombreuses indices dans les langues historiques ; le premier se retrouve dans le latin « ignis », dans le nom de personne hittite « Agnis », dans le lituanien « ugnis », dans le slave ancien « ogni » et dans le sanskrit « agnis ». La seconde racine, soit « *pur(o) », se retrouve de manière encore plus diffuse, couvrant notamment l’aire germanique où elle est largement attestée. Cette racine se retrouve en italien dans le concept de « pur », par l’intermédiaire du latin ; il est demeuré quasi inchangé depuis des millénaires. Il me paraît particulièrement intéressant, quand on aborde le sens de ces deux racines, de relever une observation de Robert S. P. Beekes ; la suivante : « les deux principaux termes (soit « *egni- » et « pur(o) ») signifient tous deux « feu » mais on peut penser qu’ils représentaient à l’origine une opposition. Le premier terme, généralement du genre masculin, représentait le concept de « feu » en tant que force active, d’où sa déification dans l’Inde antique, avec le dieu Agni (dieu Feu), lequel est l’une des divinités les plus invoquées dans le Rg-Veda. Par contraste, « *pur(o) » est du genre neutre et s’interprète traditionnellement comme étant une conception inactive du feu, soit comme une substance purement matérielle ».

Le feu a un rôle extrêmement important dans de très nombreux cultes et traditions religieuses. Son symbolisme est si varié et complexe, et la diversité des significations qu’il recouvre sont tellement nombreuses même auprès des gens simples, qu’il est difficile de rendre compte de l’ensemble de ses caractéristiques fondamentales. Pourtant, comme pour tout symbole, ce sont les mêmes caractéristiques qui le définissent dans sa matérialité : le feu renvoie à l’idée de transformation, de purification, de pouvoir vivifiant et destructeur tout à la fois. De fait, peu de symboles dévoilent leur dualité comme le fait celui du feu : la flamme qui chauffe et qui donne vie peut, avec une égale intensité, détruire. Par voie de conséquence, celui qui est le souverain du feu est simultanément le souverain de ses pouvoirs immenses et devient un avec le dieu du feu. Il y a ensuite ceux qui dominent les potentialités technique du feu, comme les dieux Héphaïstos et Vulcain. Ces dieux-là sont boiteux, c’est-à-dire sont des dieux imparfaits car ils ne sont souverains que du seul aspect « pyrique » du feu donc de la seconde dimension, comme nous l’avons noté supra. En alchimie, le feu est un élément fondamental et nécessaire car il unit et stabilise.

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Le feu a par ailleurs un rôle central chez les peuples indo-européens dans les sacrifices rituels et dans tout véritable culte du feu proprement dit (thématique souvent abordée par Georges Dumézil). Disons, pour l’essentiel, que, dans les très nombreux rites symboliques du feu, avec fonctions cosmiques, on est placé dans une position déterminée à partir de laquelle on peut sans doute lier l’activité des dieux et des démons. En outre, le feu sacré est presque toujours conservé et alimenté par un groupe spécial de préservateurs, connaissant ses mystères et placés sous le patronage de divinités spécifiques (Vesta à Rome, les archanges en Iran, Agni en Inde, etc.)

Alberto Lombardo.

(Ce texte avait été rédigé en 2002, le 6 juin, pour le quotidien milanais La Padania ; il est désormais affiché sur le site http://www.centrostudilaruna.it ).

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samedi, 18 février 2017

Beowulf

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Beowulf

 

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Gianfranco De Turris: “Se Evola (critico degli Usa) viene apprezzato anche alla Casa Bianca”

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Gianfranco De Turris: “Se Evola (critico degli Usa) viene apprezzato anche alla Casa Bianca”

da Michele De Feudis
Ex: http://www.barbadillo.it 
 

Gianfranco de Turris, segretario della Fondazione Evola. Il filosofo di “Cavalcare la tigre” è negli ultimi giorni tornato d’attualità per una citazione di un consigliere del neopresidente Usa Donald Trump, Steve Bannon. In che contesto Bannon ha citato Evola?

“In realtà non è proprio così, anche se il “New York Times” ha lasciato credere questo… Il quotidiano ha tirato fuori solo ora una cosa del 2014, quando Trump non era nessuno, solo per metterlo in difficoltà con quello che è ora il suo consigliere principale. Ma la coincidenza ancora più interessante è che la dichiarazione di Bannon è uscita il 10 febbraio, guarda caso esattamente dieci giorni dopo la sua nomina nel National Security Council! Se due indizi fanno una prova… L’autore dell’articolo sul NYT, Jason Horowitz, che mi ha intervistato per mettere tre righe su mezz’ora di conversazione, è il vaticanista del giornale ed è stato volutamente generico nel riferimento a tre anni fa. Ma in Rete non si perde nulla e si è trovata la fonte primaria della notizia. Bannon in realtà non parla direttamente di Evola ma lo cita en passant, rispondendo ad una domanda, dunque uno spunto occasionale, non programmato. E citando invece esplicitamente Dugin, consigliere, si dice, di Putin. Tutto qui. Una cosa ridicola e strumentale, che comunque ha permesso a “Repubblica” un titolo epocale in prima pagina (!) da incorniciare: “Evola e il Fascismo ispirano Bannon la mente di Trump”. Il titolo dell’articolo è nel classico stile-Repubblica, allarmistico e pomposo: “Il cuore nero della destra americana”. E cioè: Sun Tsu, Spengler, D’Annunzio, Evola e Mussolini! Ah, anche Dart Fener, il cattivo di “Guerre stellari”… Insomma, una “trama nera”, che va dalla Rivoluzione Conservatrice a Star Wars…. Risun teneatis! Incredibile ma vero. A questo giunge la stampa italiana, senza senso del ridicolo. Ma questo ci fa gioco.
Insomma, all’inizio c’è una bufala strumentalizzata ad uso interno statunitense, anche se è perfettamente vero, come mi avevamo detto tempo fa amici americani, che Stephen Bannon è un conoscitore del tradizionalismo e legge e studia non solo Evola, ma anche Guénon, Dugin e de Benoist, che un vero tradizionalista certo non è, ma che comunque collabora anche al sito Breitbart News, cuore della cosiddetta Alt-Right statunitense”.

Ma che cosa interessa a Bannon del tradizionalismo?

“Se ci si deve basare sulla conferenza in Vaticano dove i riferimenti sono generici, si deve pensare che Bannon in realtà riprende piuttosto alcuni concetti della Rivoluzione Conservatrice, condivisi spesso parzialmente e con riserve (vedi il caso del principio di autodeterminazione dei popoli) dal pensiero tradizionale. È ad ogni modo la critica alla modernità che interessa a Bannon del pensiero tradizionale, le accuse al mondialismo, alla globalizzazione mercantilista, ecc. Una forma di anticapitalismo di Destra, insomma, assai diffuso anche al di fuori del pensiero tradizionale. Con risvolti ultrapopulisti che però riprendono più la tradizione americana che quella europea e che di sicuro Evola non avrebbe mai sottoscritto considerando il tipo di critiche che rivolgeva a fascismo e nazismo su questo punto”.

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Evola negli Usa: è studiato dalle élite americane o nelle accademie oltreoceano?

“Macché! La cosa paradossale è proprio questa. Nonostante che tutti i suoi libri maggiori siano tradotti in inglese soprattutto dalla americana Inner Traditions, che io sappia non viene non dico letto dalle élites, ma neppure studiato nelle università, a parte alcuni singoli docenti che se ne sono occupati per aspetti particolari come Richard Drake per l’aspetto politico, Joscelyn Godwin per l’esoterismo o Jeffrey Schnapps per l’arte. Forse questo inaspettato parlarne sui grandi giornali americani potrebbe accendere un vero e serio interesse per la sua opera multiforme, al di là delle sciocchezze che sono state scritte…”.

Il barone dedicò saggi e studi agli Stati Uniti e all’americanismo. Con che orientamento?

“Evola ha scritto sugli Stati Uniti sin dagli anni Trenta con il famoso saggio “Americanismo e bolscevismo” che poi divenne la conclusione di “Rivolta contro il mondo moderno” già nella prima edizione del 1934. Sono le due facce della stessa medaglia, cioè il materialismo, che alla fine stritoleranno l’Europa, in quanto particolare tipo di civiltà. Caduta l’URSS però sono rimasti solo gli USA. Dopo quasi trent’anni adesso a capo degli USA c’è un singolare personaggio, del tutto imprevisto e imprevedibile, gli sviluppi della cui politica non è possibile immaginare, e le cui posizioni potrebbero essere influenzate da Bannon.
Certo è paradossale, una beffa se non una nemesi della Storia che un pensatore che ha visto nell’americanismo un nemico più pericoloso del comunismo in quanto subdolo, e che contro gli USA ne ha scritte di tutti i colori (basti leggere gli articoli riunti da Alberto Lombardo in “Civiltà americana”, quaderno della Fondazione Evola) abbia improvvisamente un accesso al pensiero di un consigliere di un presidente americano! Chi lo avrebbe mai potuto immaginare? La Storia non è già stata scritta e non va in un’unica direzione come pensano i progressisti oggi in grandi ambasce. Non so pensare a come andrà a finire, sempre che si consenta a Trump di arrivare a fine mandato (i casi Kennedy e Nixon insegnano). Mah!”.

L’attualità del pensiero evoliano: resta concretamente spendibile per comprendere gli scenari internazionali?

“Il pensiero di Evola non è un pensiero politico ma metapolitico, non è pratico ma si preoccupa di formare le menti e lo spirito per affrontare la politica-politicante, voleva creare “una destra spirituale” come scrisse ne “Gli uomini e le rovine” nella edizione del 1967. E ciò vale sia nella politica interna che in quella internazionale. Sono i grandi principi, i valori base che contano, il riferimento al sacro, una forma mentis antimoderna e antimaterialistica. E oggi che è tutto impregnato di materialismo, laicismo, dove tutto è secolarizzato soprattutto in USA, è difficile pensare secondo le sue indicazioni. Ma non impossibile. La classe dirigente è stata allevata in base a ben altri criteri. I riferimenti, che hanno fatto alcuni giornali italiani al “predominio della razza bianca” sono ridicoli, se non demenziali”.

Tiriamo le somme: molto rumore per nulla?

“Penso di sì. Non dimentichiamoci che, da quando è stato eletto Trump la grande stampa progressista internazionale è coalizzata contro di lui: il NYT, e qui da noi i grandi quotidiani, dedicano letteralmente un servizio al giorno per screditare lui e i suoi collaboratori. Nel nostro caso è una strumentalizzazione anti Trump di un fatto lontano e tangenziale, indiretto, ripescato nella memoria di un giornalista. Tanto per poter dire, fornendo un’immagine forzata e inventata delle idee di Evola, che gli Stati Uniti potrebbero diventare una nazione autoritaria, se non dittatoriale e fascista, e magari giustificare un golpe bianco contro Trump o il suo assassinio da parte di qualche esaltato che uccide ill tiranno in nome della democrazia. Io credo proprio che Evola se la ridirebbe di gusto… Anche se, considerando le imprevedibilità della Storia recente, non si sa proprio quel che potrebbe accadere”.

@barbadilloit

@waldganger2000

Di Michele De Feudis

mercredi, 08 février 2017

Neturei Karta et autres juifs contre le sionisme

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Neturei Karta et autres juifs contre le sionisme

Par Daniele dal Bosco

(texte tiré de: http://www.centrostudilaruna.it )

« L’antisionisme n’est pas de l’antisémitisme : c’est tout simplement la critique des actions criminelles d’un Etat particulier » (Noam Chomsky).

Beaucoup d’entre nous ont vu à la télévision, dans les journaux ou sur la grande toile des manifestations dans les rues des grandes villes, surtout dans les pays anglo-saxons ou en Israël, organisées par des juifs à longues barbes et à papillotes (payot), brandissant, en guise de protestation, des drapeaux et des fanions palestiniens, des calicots affichant des slogans antisionistes et, au cou, l’effet vestimentaire le plus symbolique des Palestiniens, devenu célèbre dans le monde par Arafat : le keffieh.

Les médias israëliens, et la plupart des médias internationaux, surtout anglo-saxons et européens, les considèrent comme un groupe d’orthodoxes extrémistes qui nient l’évidente connexion qu’il y a entre sionisme et judaïsme. Leur groupe ne compte que quelques milliers de personnes mais, en réalité, ceux qui, tant parmi les juifs que parmi les « gentils »,  semblent s’aligner sur l’essentiel de leurs idées, à la base de leurs protestations, sont bien plus nombreux.  Cependant, la crainte de « blesser » les victimes de l’holocauste, d’être mal jugé ou, pire, d’être taxé de « raciste » est encore profondément ancrée dans le subconscient collectif de l’humanité depuis plus de 70 ans, grâce au colossal travail de la propagande médiatique.

Les membres du mouvement Neturei Karta font partie d’un groupe de juifs orthodoxes, les haredim, qui se composent de plus d’un million de personnes, divisées en plusieurs sous-groupes, plus ou moins extrémistes, lesquels sont majoritairement hostiles au sionisme, hostilité qui se manifeste, par exemple, dans le refus de faire le service militaire imposé par l’Etat israélien. Les Neturei Karta refusent, en plus, toute représentation politique et tout subside économique de la part de l’Etat d’Israël.

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Tout comme le grand intellectuel et linguiste Noam Chomsky et l’historien américain moins connu Norman G. Finkelstein, les Neturei Karta font leurs les expressions les plus fortes de la foi mosaïque et s’opposent au sionisme, idéologie qui, dès les années 40 du siècle passé, était partagée par une majorité de juifs. Un autre groupe de haredim (notamment des hassidiques) était également antisioniste, bien que cet antisionisme ait été diffus. Ce groupe est celui dit de Satmar. Il a été fondé en Roumanie en 1905 par le Rabbin Joel Teitelbaum. Ce dernier a exprimé ses idées antisionistes dans un texte intitulé Vayoel Moshe (paru en 1961). Elles sont à la base des vues du Conseils Orthodoxe de Jérusalem (Edah HaChareidis).

L’antisionisme des Neturei Karta, comme celui des autres groupes orthodoxes juifs, a toujours été pensé comme hostile à l’existence d’un Etat juif en terre palestinienne, sans pour autant nier le caractère sacré que le judaïsme confère à cette terre palestinienne (Eretz Yisrael). Ils se réfèrent aux écritures sacrées des juifs, plus spécifiquement au Talmud, selon lequel il est interdit de créer par la force un Etat juif avant la venue du Messie (Mashiach ben David). De plus, ces textes interdisent explicitement de dominer et d’humilier d’autres peuples. Le Talmud, dans le traité dit Ketubot 111a, affirme clairement que les juifs ne peuvent retourner en masse en terre sainte, ne peuvent se rebeller contre l’épreuve de la diaspora, voulue par Dieu, ni forcer la venue du Mashiach.

Dans la vision sioniste, au contraire, la terre palestinienne, celle de l’antique Israël, est étroitement liée à l’Etat d’Israël, selon la vision du Rabbin Zvi Yehuda Kook, chef de file du sionisme religieux d’après-guerre. Quant au mouvement juif postsioniste, que l’on retrouve principalement dans les milieux universitaires et intellectuels, il propose, dans sa forme la plus courante, un dépassement de l’idéologie sioniste mais sans toucher au lien entre la terre et la souveraineté territoriale de l’Etat d’Israël.

Les Neturei Karta, terme qui signifie, en araméen, les « Gardiens de la Cité », ont leur siège dans le quartier de Mea Shearim à Jérusalem. Le mouvement a été créé en 1938 par les Rabbins Amram Blau et Aharon Katzenelbogen. Ils se référaient tous deux à l’antisionisme de Jacob Israël de Haan, un journaliste juif que les sionistes ont assassiné à Jérusalem en 1924 parce qu’il s’opposait fermement à la création d’un Etat d’Israël.  Le Rabbin Meir Hirsch  -fils de Moshe Hirsch, lui-même gendre de Rabbi Katzenelbogen, chef de file des Neturei Karta et conseiller d’Arafat- soutenait la thèse suivante : « Le sionisme, pour nous, est la continuation de la Haskalah, c’est-à-dire des Lumières juives, qui veulent que le judaïsme ne soit plus observer que dans la vie privée et jamais dans la vie publique. Theodor Herzl, considéré comme le fondateur du sionisme, est un adepte de la Haskalah. Dans ses journaux intimes, il raconte que le sentiment sioniste est né en lui après une querelle avec un passant dans les rues de Paris, passant qui l’avait injurié copieusement, usant de vocalbes antisémites. Herzl a été profondément meurtri par cet incident et s’est mis à penser que l’unique solution, pour les juifs, était de créer un Etat sous le signe de la Haskalah. Le sionisme est donc une idéologie qui a amené tout un peuple à la mécréance, l’arrachant ainsi à sa véritable nature juive » (1).

Herzl, dans son célèbre livre Der Judenstaat (1896), renouait avec les visions proto-sionistes du rabbin sépharade Yehudah Alkalai (1798-1878) (2) qui, en 1838 déjà, dans un pamphlet intitulé Shema Yisrael (« Ecoute, ô Israël »), proposait de commencer à établir des colonies juives sur la terre d’Israël, afin de préparer la venue du Messie. Des idées similaires s’exprimaient également chez l’un de ses contemporains, le rabbin askénaze Tzvi Hirsch Kalischer (1795-1874). A cette époque-là, la majorité des juifs considéraient que de telles idées étaient hérétiques, dans la mesure où ils croyaient, à l’instar des Neturei Karta d’aujourd’hui, que seule l’intervention divine, par l’intermédiaire de l’avènement du Mashiach, allait permettre un retour à la Terre Sainte.  

Pour les Neturei Karta, la diaspora a été une punition divine et, dès lors, les uniques propriétaires de la Palestine sont les Palestiniens. Ils ne vont pas prier au Mur Occidental (Kotel), connu sous le nom de « Mur des Lamentations » parce qu’ils considèrent que toute la ville de Jérusalem-Est est une terre occupée (3). Ils entretiennent des rapports avec le Hamas, le Hizbollah et l’Iran. Ils contestent l’instrumentalisation par les sionistes de l’holocauste. Ils communiquent entre eux en utilisant les pashkvil, des communiqués en forme de manifeste qu’ils collent ou affichent sur les murs dans les rues, mode typique aux communautés juives orthodoxes.

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Il est curieux de noter que les deux partis, antisionistes et sionistes, font référence à la figure d’Amalek, le premier ennemis des Israélites après le passage de la Mer Rouge. Amalek était le petit-fils d’Esaü, le frère jumeau de Jacob (appelé aussi Israël) (4). Esaü avait ordonné à Amalek de poursuivre Jacob pour l’éternité, l’accusant d’ l’avoir privé de son droit d’aînesse et de lui avoir ravi l’amour de leur père, Isaac. Le personnage biblique d’Amalek est instrumentalisé de diverses manières par les sionistes et les antisionistes : certains sionistes considèrent que les Palestiniens sont les descendants d’Amalek, tandis que certains antisionistes, comme les Neturei Karta, associent les sionistes à la descendance d’Amalek. Au-delà de ces associations et références à l’antiquité juive, utilisées à des fins de propagande, on peut admettre que la vision traditionaliste des Neturei Karta est, en milieux juifs, plus proche de l’idée et de la vision traditionnelle et métaphysique. Dans leur vision, le peuple ou la nation d’Israël est une réalité métaphysique, dans la mesure où elle ne peut pas exister sans la Torah et sans la foi ; par voie de conséquence, la forcer à demeurer sur un territoire déterminé, comme on l’a vu ci-dessus, est contraire aux écrits des textes sacrés. En ce sens, ils s’opposent totalement à la vision matérialiste du sionisme, qui déracine le peuple juif, c’est-à-dire l’arrache à ses racines métaphysiques (5).

L’opposition à tout abus dans l’usage du terme « Israël » est, dans cette perspective, une confirmation supplémentaire du caractère traditionnel du mouvement Neturei Karta. Ils déclarent explicitement que « l’Etat qui vient d’être appelé ‘Israël’ devrait cesser d’exister. Si cela n’arrive pas, nous voulons qu’il ne s’appelle plus ‘Israël’ parce que sa nature toute entière est en opposition totale au vrai peuple d’Israël (…). Les chefs sionistes n’ont aucun droit de se poser comme les représentants et les porte-paroles du vrai peuple d’Israël » (6).

Notes:

(1) http://www.tpi.it

(2) Ceci pour démontrer que le sionisme n’est pas une invention purement askénaze, comme on le croit souvent erronément.  

(3) La partie orientale de Jérusalem a été annexée par Israël en 1967, après la guerre des six jours.

(4) « Je ne t’appellerai plus Jacob mais Israël parce que tu as combattu avec Dieu et contre les hommes et tu as vaincu ! » (Genèse, 32, 29).

(5) L’interprétation du peuple d’Israël comme entité métaphysique est typiquement cabbalistique et s’exprime dans la Kabbalah moderne, par exemple chez Michael Laitman, lequel est d’accord avec les Neturei Karta, pour dire que le véritable Israël, c’est-à-dire l’Israël métaphysique, ne pourra se manifester qu’avec l’avènement du Messie. Là où le Messie se manifeste, pour Laitman, est son lignage, non comme celui d’une personne spécifique, mais comme une force de la Lumière divine qui revient vers nous, comme un labeur spirituel qui l’attire vers notre réalité. Toutefois, Laitman et, avec lui, bon nombre de cabbalistes juifs, à la différence des Neturei Karta, ne s’oppose pas au sionisme et à l’Etat d’Israël, les considérant comme un passage nécessaire dans la préparation à la venue du Messie. Cette séparation nette entre métaphysique et « physique » de la réalité, cette vision dualiste, typique de la Kabbalah, est explicitée dans un langage typiquement symbolique, a-logique et interprétable, rendant la vision traditionnelle cabbaliste difficilement confrontable à celle étudiée spécifiquement par les traditionalistes, par les chrétiens, les hindouistes, les musulmans et les taoïstes voire par la Grèce et la Rome antiques. Ce qui est commun, en général, aux diverses visions traditionnelles, sauf dans une certaine vision guénonienne moderne (voir : Sull’origine della visione economica in René Guénon), c’est le manque de séparation entre les parties du réel, entre la métaphysique et la « physique ». La vision islamique, et plus encore soufie, est exemplaire à ce propos.

(6) http://www.nkusa.org

 

jeudi, 02 février 2017

Fête de Sadeh

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Fête de Sadeh

Grandes festivités universelles du feu

Babak Ershadi

Ex: http://www.teheran.ir 

Sadeh (qui veut dire littéralement "centaine" en persan) est la fête de l’apparition du feu, une centaine de jours après la fin de l’été ou une centaine de jours avant le début du printemps, selon la légende. La fête de Sadeh est une fête aussi ancienne que Norouz ou Mehregân. Elle était la plus grande fête du feu de l’antiquité iranienne et également l’une des plus grandes solennités des Perses. A ce titre, elle était célébrée avec magnificence et par des cérémonies publiques. Lorsqu’arrivait le soir de la fête, au dixième jour du mois de Bahman (onzième mois du calendrier persan), sur toute l’étendue du vaste territoire de la Perse antique, la population en liesse célébrait la fête en allumant des feux sur les collines et sur les toits. Les gens se rassemblaient autour des feux et priaient ensemble pour le retour de la saison chaude. Venait ensuite le moment des spectacles, des jeux et des chants d’allégresse autour des feux.

L’histoire de la fête de Sadeh remonte à la plus haute Antiquité. Dès l’origine, Sadeh fut une festivité populaire puisant ses sources dans l’observation par l’homme des changements cycliques des conditions climatiques pendant une année, durée conventionnelle voisine de celle d’une révolution complète de la Terre autour du Soleil. Initialement, la fête de Sadeh n’avait donc aucune origine ethnique ou religieuse : elle était une festivité populaire appartenant à tout le monde, animée du souffle d’un sentiment "cosmique" dans le sens philosophique du terme : sentiment d’appartenir à l’univers considéré comme un système bien ordonné. La fête de Sadeh était célébrée en des temps immémoriaux, et ses sources remontent à une époque si ancienne qu’elle s’est effacée de la mémoire collective. Cette ancienneté est, en réalité, la raison principale de l’hétérogénéité des récits et des légendes que relatent les documents anciens sur les origines de Sadeh, documents qui ne manquent pas d’ailleurs de se contredire parfois concernant la date de l’apparition de la fête de Sadeh.

Dans la mythologie iranienne, la légende attribue l’instauration de la fête de Sadeh au roi Houchang. Dans son "Livre des rois", le poète épique iranien Ferdowsî dépeint la scène de la découverte du feu par l’homme : un jour, le roi Houchang et son cortège suivaient leur chemin au pied de la montagne. Le roi vit un grand serpent noir sur un rocher. Il descendit de cheval, prit une petite pierre et la lança vers le serpent qui avait effrayé les chevaux. La pierre ne toucha pas le serpent, mais le caillou qu’avait lancé le roi Houchang était une pierre à feu, et heurta brusquement une autre pierre à fusil sur le rocher. Le contact brusque des deux petits morceaux de pierre fit jaillir des étincelles. Le serpent prit la fuite, mais les étincelles qui jaillissaient de la pierre mirent le feu à un petit arbrisseau. Le roi Houchang se prosterna devant Dieu et le remercia pour lui avoir appris comment faire du feu. Le dixième jour du mois de Bahman, nous dit Ferdowsî, est devenu ainsi la fête du feu, car l’homme est le seul être qui fasse du feu, ce qui lui a donné l’empire du monde.

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Abû Raihân al-Bîrûnî (973-1048), savant, philosophe, voyageur et historien, a relaté dans Les signes restants des siècles passés (الآثار الباقیة عن القرون الخالیة) et son Comprendre la science de l’astronomie (التفهیم لصناعة التنجیم), que est le roi Fereydoun qui a donné l’ordre, pour la première fois, d’allumer des feux sur les toits. Dans son ouvrage consacré à l’astronomie, Omar Khayyâm (1048-1131) a écrit : "Fereydoun instaura la fête de Sadeh le jour où il vainquit Zahak. Le peuple émancipé de l’oppression de Zahak célébra la fête. Dès lors, les Iraniens et les habitants des pays voisins célèbrent chaque année cette fête pour commémorer les bons rois des époques lointaines."

Les Perses célébraient la fête de Sadeh, une centaine de jours après le début de la saison froide. Ils croyaient que cent jours après le début de la saison froide, l’hiver commençait peu à peu à s’affaiblir. Pour eux, l’hiver était un symbole de stagnation et de chaos, œuvres du diable (Ahriman). Les gens se réunissaient donc dans la plaine, à l’extérieur de leurs villes et villages, pour faire un grand feu au crépuscule. Selon les Perses anciens, le feu était un rayon de la lumière divine et luttait contre le froid. La tradition de faire un grand feu pour la fête de Sadeh s’est institutionnalisée, pour la première fois, à l’époque de la dynastie des Sassanides.

Dans le calendrier ancien des Perses, la fête de Sadeh était célébrée cent jours après le début de la saison froide, et quarante jours après le début de l’hiver. Selon les croyances populaires qui puisent leurs racines dans les légendes mythologiques, au quarantième jour de l’hiver, la terre qui s’est endormie depuis le début de la saison froide, reprend souffle et arrive enfin à respirer. La fête a été appelée "Sadeh" (qui veut dire littéralement "centaine" en persan) car cinquante jours et cinquante nuits après cette fête, commence le printemps.

Selon certains autres récits sur l’origine de la fête de Sadeh, la fête a été appelée ainsi car, dans l’ancien calendrier des Perses, il n’y avait que deux saisons : un été de 210 jours et un hiver de 150 jours. La fête de Sadeh comptait d’une part le centième jour de l’hiver, elle arrivait une centaine de jours avant que ne poussent les céréales, vers le mois de mai (Ordibehesht).

En 226 de notre ère, un grand seigneur perse, Ardeshîr Ier, se rebella contre les Parthes, les battit à la bataille d’Ormuz (en 224 ap. J.-C.) et fonda une nouvelle dynastie perse, les Sassanides. Il fit du zoroastrisme la religion officielle de la Perse. Selon Abu Reyhan al-Birûnî, c’est Ardeshîr Ier qui fit de la fête de Sadeh une fête solennelle. Dans son ouvrage, il relate que cette fête était appelée "Sadeh" (centaine), car le jour de la fête se situait, dans le calendrier ancien, cinquante jours et cinquante nuits avant le début du printemps. Selon des légendes plus anciennes, la fête de Sadeh était le jour où le nombre des enfants du roi Kiyoumars (premier homme et père de la race humaine dans la mythologie perse) était arrivé à cent, et ce jour-là, ils choisirent l’un d’entre eux comme roi.

Le chercheur contemporain, Mehrdâd Bahâr présente une autre théorie pour expliquer l’étymologie du mot "Sadeh" : Selon lui, dans le persan ancien, le mot "Sadeh" voulait dire "apparition", et il était célébré quarante jours après la fête de Yaldâ, la nuit qui précède le premier jour de l’hiver dans l’hémisphère nord, considéré comme jour anniversaire de la naissance du Soleil. Mehrdâd Bahâr écrit : "La fête de Sadeh était célébrée quarante jours après le début de l’hiver. Le même jour, il existait une autre fête avec une origine différente : une fête du feu puisant ses racines dans le mithraïsme, culte de Mithra, dieu de la lumière et de la sagesse dans la Perse antique, qui est devenu plus tard l’une des religions principales de l’Empire romain et le rival du christianisme dans le monde romain. Si la fête de Yaldâ célébrait la naissance du Soleil, la fête de Sadeh était la fête du quarantième jour de sa naissance, comme il est de coutume chez les Iraniens, depuis des temps immémoriaux, de célébrer le quarantième jour d’un événement important." Dans sa recherche étymologique, Mehrdâd Bahâr rappelle que dans l’Avesta, les écritures sacrées zoroastriennes des anciens Perses, le mot "Sadheh" (سذه) a été utilisé à la fois comme "aube" et "crépuscule". Selon les légendes avestiques, il y a cinq mille ans, un événement astronomique se produisit et il devint l’origine de la fête de Sadeh : deux grands astres connus des gens de l’époque apparurent en même temps dans le ciel, l’un en ascension droite, l’autre en déclinaison finale. L’apparition et la disparition de ces deux astres en même temps, créèrent l’idée de la "dualité", notion chère dans l’esprit et les croyances mythiques des Perses d’où, selon Mehrdâd Bahâr les deux significations contradictoires et dualistes du mot Sadeh ou Sadheh dans les textes avestiques.

De nos jours, la fête de Sadeh est célébrée uniquement dans les temples zoroastriens. Cependant, malgré les grands efforts des zoroastriens pour protéger les cérémonies de la fête de Sadeh, une grande partie des us et des coutumes de cette fête ancienne a disparu avec le temps.

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Cérémonies festives de Sadeh

Dans les temps anciens, la cérémonie festive la plus importante de Sadeh était d’allumer un grand feu. La somptuosité de la fête dépendait fondamentalement du feu allumé le dixième jour et le onzième soir du mois de Bahman. Les rois et les grands seigneurs faisaient préparer un très grand feu de bois de tamarix (Gaz), arbuste originaire des pays d’orient. Le feu était parfois si grand que l’on pouvait le voir de très loin. Le célèbre historien de l’époque de la dynastie des Ghaznavides au XIe siècle Beyhaghî relate dans l’un de ses ouvrages que le sultan Massoud de Ghaznî avait fait préparer un très grand feu en l’an 426 de l’Hégire pour la fête de Sadeh, feu dont la lumière était visible, dans la nuit, à une distance d’une dizaine de lieues (environ 40 km). Les grands feux de Sadeh étaient souvent allumés à l’extérieur des villages, dans les plaines, sur les collines ou sur les montagnes. Mais la fête de Sadeh n’était pas seulement une fête royale, car les petites gens aussi la célébraient avec magnificence. Hommes, femmes et enfants sautaient par dessus les feux et chantaient des chants d’allégresse. Aujourd’hui, les zoroastriens célèbrent majestueusement la fête de Sadeh. Ce sont les mages qui allument les premiers feux. Tenant une petite torche à la main, le mage prie et tourne trois fois autour du bois ; il allume ensuite le feu avec sa torche. Les cérémonies, les chants et les jeux s’organisent autour du feu, dans une ambiance de joie et d’allégresse.

Etendue géographique de la fête de Sadeh

La fête de Sadeh était célébrée autrefois dans une vaste étendue géographique, de l’Anatolie, région de l’ouest de l’Asie qui désignait dans l’Antiquité l’Asie Mineure (qui recouvre aujourd’hui l’ensemble de la Turquie d’Asie) à Sin-Kiang, province occidentale de la Chine, en passant par l’ensemble du monde iranien. Les documents historiques témoignent que dans cette vaste partie du monde, la fête de Sadeh était connue des habitants de races, de cultures et de religions différentes, tout comme la fête de Norouz marquant le début du printemps. Aujourd’hui, la fête de Sadeh est propre surtout aux milieux ruraux : les habitants des régions du nord-ouest de la région iranienne du Khorasan, certains groupes ethniques en Afghanistan, en Asie centrale, au Kurdistan iranien, irakien et turc, les habitants des villages du plateau central de l’Iran et les tribus nomades des provinces iraniennes du Lorestan, de Kerman et d’Azerbaïdjan célèbrent encore la fête de Sadeh.

Sadeh à des périodes historiques différentes

Avant la période sassanide :

Comme nous l’avons déjà évoqué, Ferdowsî attribue l’apparition de la fête de Sadeh au roi légendaire Houchang, tandis que pour Abû Raihân al-Bîrûnî et Omar Khayyâm, l’histoire de l’apparition de cette fête remonte au grand roi de la mythologie perse Fereydoun. Les auteurs anciens sont plus ou moins unanimes pour dire que c’est à partir du règne d’Ardeshîr Ier, fondateur de la dynastie sassanide, que la fête de Sadeh fut considérée comme une fête générale dans le calendrier royal.

Pendant la période islamique :

Les grands auteurs de la période islamique tels que al-Bîrûnî, Beyhaghî, Gardizî, ou encore Mekouyeh ont décrit les évolutions des cérémonies de célébration de la fête de Sadeh depuis la dynastie des Ghaznavides (XIe siècle) jusqu’à l’invasion mongole de Gengis Khan et de Tamerlan (XIIe et XIVe siècles). La plupart des documents historiques de cette période décrivent les cérémonies de la fête de Sadeh à la cour des rois perses et des sultans d’origine turque, sans nous donner cependant beaucoup de détails quant à la manière dont le peuple la célébrait.

A l’époque contemporaine :

Dans les régions telles que le Mazandaran, le Lorestan ou le Sistan et le Baloutchistan, les paysans, les éleveurs ou les tribus nomades choisissent un jour de l’hiver, plutôt vers le début ou vers la fin, pour allumer des feux au coucher du soleil, sur le toit d’une maison, au pied de la montagne, près d’un lieu de culte, ou encore près d’une prairie ou d’un champ, sans connaître pour autant la fête de Sadeh, son histoire ou ses cérémonies.

A Kermân, ville du sud-est de l’Iran, chef-lieu de la province du même nom, la population, toutes religions confondues (musulmans, zoroastriens, juifs, …) organise chaque année des cérémonies spéciales le dixième jour du mois de Bahman pour célébrer la fête de Sadeh. Les éleveurs nomades de la province de Kermân, ceux qui vivent aux alentours de Bâft et Sirdjan, allument des feux avec quarante bois, symbole du quarantième jour de l’hiver, au coucher du soleil. Les paysans de la même région allument leurs feux sur la place centrale de leur village, et ils chantent ensemble :

(سده سده دهقانی / چهل کنده سوزانی / هنوز گویی زمستانی)

Sadeh, Sadeh des paysans,

Nous allumons quarante bouts de bois,

Comme si l’hiver allait durer encore très longtemps.

D’après les documents et les ouvrages historiques, la fête de Sadeh est demeurée dépourvue de dimension religieuse, d’autant plus que les légendes et les mythes liés à cette fête ancienne ont tous un aspect profane. Cet héritage culturel appartient donc non seulement aux zoroastriens, mais à tous les Iraniens, héritage que partage également une grande partie des populations des pays voisins de l’Iran.

Du christianisme et de la défense identitaire de l’Europe

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Du christianisme et de la défense identitaire de l’Europe

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Deux ouvrages à la ligne opposée, « Identitaire, le mauvais génie du christianisme » d’Erwan Le Morhedec (Les éditions Cerf) et « Eglise et immigration, le grand malaise » de Laurent Dandrieu, ont relancé le débat sur la compatibilité ou l’incompatibilité entre le combat identitaire et l’affirmation chrétienne, et notamment catholique.

Le premier refuse toute affirmation identitaire englobant le christianisme dans sa réflexion, refusant toute alliance entre « le marteau de Thor et la croix » pour le citer. Son christianisme est celui de l’antiquité pré-constantinienne lorsque la nouvelle religion était à peine sortie de sa matrice proche-orientale. C’est le discours de Saül de Tarse sur l’ouverture à l’Autre et la conversion des gentils. Le second au contraire veut réaffirmer l’identité européenne associée au christianisme, mais se rend parfaitement compte que ce qu’il propose est à l’opposé de l’idéologie promue par le pape et la plupart des évêques et prêtres depuis Vatican II.

Indiscutablement, le christianisme qui s’identifie à l’Europe n’est pas celui de l’antiquité, puisqu’il faudra attendre Constantin pour que le christianisme s’implante réellement en Europe, sachant qu’en 313, date supposée de sa conversion suite à sa victoire du Pont Milvius (sur Maxence), il n’y avait qu’1% de chrétiens parmi la population de l’Europe romaine. Le christianisme représentait une forte minorité en Cappadoce et surtout à Antioche, Alexandrie et Carthage, chez les anciens ennemis de Rome qui n’avaient été vaincus qu’en apparence et reprenaient ainsi leur revanche.

Or le christianisme de Constantin n’est pas celui des premiers chrétiens fait de pardon aux offenses, de martyrat et d’attente messianique de la parousie, une « fin des temps » qui devait être imminente. C’est un « christianisme solaire », expression qui insupporte Erwan Le Morhedec, à savoir la fusion du dieu païen du soleil, Apollon (pour simplifier), et de Jésus, prêtant à ce dernier des traits nordiques qu’on retrouve sur le Christ d’Amiens par exemple. Une représentation au Latran montre ainsi Jésus en train de conduire le char du soleil. Pour faire accepter aux païens le christianisme, Constantin paganise ce dernier, le confondant avec l’Un de Plotin, avec le Soleil Invincible (Sol Invictus) et/ou avec Jupiter en personne. Il attribue à Jésus les fêtes du soleil, équinoxe de printemps (« Pâques ») et solstice d’hiver (« Noël), et le dimanche, jour du soleil (soldi).

Même si ce christianisme solaire amène au fur et à mesure à la persécution massive des Européens païens jusqu’à la conversion totale du continent, qui ne sera accomplie qu’en 1386 après J.C, lorsque le roi lituanien Jogaila (Jagellon) adoptera le catholicisme, c’est la religion qui a reforgé l’Europe après l’abandon forcé de son paganisme national, qui est resté néanmoins vivant dans le cœur de tous les hommes de lettres et de tous les artistes. Le « christianisme des catacombes » n’est pas celui des Européens, qui est au contraire celui de la Reconquista (en Espagne puis dans les Balkans) et des croisades. Ce christianisme que prône le pape François n’est pas le nôtre.

Or le christianisme constantinien, qui a survécu dans l’Europe orthodoxe, a été abandonné en deux phases par l’Europe catholique. En effet, le protestantisme qui est un retour aux évangiles, a justement reproché à l’Eglise d’être encore bien trop païenne. Il faut lire la haine de Luther contre Rome pour se rendre compte de ce qui est visé. Pour contrer la Réforme, par le biais du concile de Trente, l’Eglise décide alors d’engager une « nouvelle évangélisation » de l’Europe restée catholique. Elle consiste à dépaganiser le catholicisme, à mettre fin à ce pagano-christianisme médiéval qu’on nomme en russe la « double foi » (dvoeverie).

ELM-ID-9782204109307.jpgLa conséquence immédiate et imprévue de cette dépaganisation a été une déchristianisation, notamment en France. Coupée des racines païennes sur lesquelles le christianisme de Constantin s’était apposée comme un vernis sur un ongle, le catholicisme dépérissait et cela a été le cas jusqu’à aujourd’hui. Dans ce conflit, le protestantisme a donc vaincu, même là où on pensait qu’il avait échoué. Le protestantisme s’est même emparé du Vatican. Seule l’Europe orthodoxe, plus païenne de fait, y a échappé pour le moment.

Que dit désormais le pape François, qui est censé incarner la ligne officielle de l’Eglise ? Qu’il faut accueillir les migrants, même musulmans, et il a montré l’exemple. Qu’il faut même les défendre davantage que les chrétiens d’orient qui eux sont des victimes privilégiées de l’islamisme. Qu’il faut que les Européens ne cherchent surtout pas un « sauveur qui nous rende notre identité », un tel sauveur étant naturellement assimilé par le pape à Hitler. Qu’il faut dialoguer et non se protéger avec des murs. Ce discours masochiste qui consisterait pour l’Europe, au nom de son christianisme, à se dépouiller, à s’humilier, est odieux.

Tout comme la plupart des partis politiques, surtout de gauche, comme la plupart des syndicats et des loges maçonniques, le discours des Eglises est anti-européen. L’association chrétienne Caritas agit systématiquement en faveur des migrants, alors que les sans-logis européens sont largement ignorés. L’Européen indigène n’est vu que comme un coupable qui doit expier. Il lui est interdit de s’affirmer fier de ce qu’il est, de la grande civilisation dont il est issu. Il doit demander pardon. Non seulement le protestantisme s’est imposé au niveau du dogme, mais l’égalitarisme marxiste est venu en renfort.

Depuis longtemps, l’Eglise a toujours su céder devant les forts et mépriser les faibles. Alors qu’elle a pactisé avec le fascisme et le national-socialisme, par peur du communisme mais aussi par peur du fascisme européen en général, qui était déterminé à terme sans doute à lui régler son compte, elle a condamné l’Action Française de Maurras en 1926, qui était fort peu dangereuse et bien loin du pouvoir en France, une AF qui défendait la tradition catholique contre le retour aux évangiles, définis comme un « venin ». Maurras condamnait d’ailleurs notamment le protestantisme au nom de la tradition latine et du pagano-christianisme.

Nous constatons donc que, contrairement à la tradition chrétienne européenne, qui naît avec Constantin et commence sa marche vers le tombeau à partir de la Renaissance, sous les coups du protestantisme et aussi du retour de l’antiquité païenne dans les esprits, le christianisme contemporain, sauf l’orthodoxie, a décidé de renier l’Europe à laquelle il doit tout pour non seulement accepter la disparition de l’Europe mais pour soutenir ce processus. Cette trahison de l’Eglise pose la question de l’attitude que la résistance identitaire européenne doit adopter à son égard. Nous analyserons ce point dans une seconde partie.

Laurent Dandrieu, dans son ouvrage précédemment cité, explique son désarroi face à une Eglise qui renonce à défendre l’Europe. Cette phrase de son prologue est terrible : « Et pour que l’on ne puisse pas dire que le jour où les Européens auront voulu sauver leur continent du suicide, ils aient trouvé sur le chemin un obstacle insurmontable : l’Église catholique. » Venant d’un chrétien européen, soucieux de défendre son identité, le propos est explicite. Il s’agit pour lui de sauver l’Église malgré elle d’une dérive humanitariste. Là où il se trompe sans doute ou parce qu’il n’ose pas l’écrire, c’est qu’il ne s’agirait pas d’un obstacle insurmontable.

Car si demain les Européens se réveillent et décident enfin de sauver leur continent à la dérive, alors rien ne les arrêtera et certainement pas l’Église. Face à un peuple résolu, elle courbera sans doute l’échine comme à chaque fois qu’elle s’est retrouvée face à une puissance redoutable en face d’elle. Mais pour autant cela ne l’exonérerait pas de ses responsabilités dans la situation actuelle à laquelle nous souhaitons mettre fin. Avoir servi l’Anti-Europe avec zèle ne pourrait rester impuni. Jadis elle avait été sauvée de Garibaldi par les troupes de Napoléon III. Jadis elle avait su triompher du prince humaniste Frédéric II (Hohenstaufen). Et Mussolini lui-même, antichrétien forcené et nietzschéen dans sa jeunesse, avait pérennisé son État par les accords du Latran en 1929. Qui sera là pour la protéger cette fois ?

Quelle peut alors être la réponse identitaire des Européens face à cette église qui non seulement ne se met pas à leurs côtés mais se place face à eux, contre eux même ? Il n’y a que deux réponses possibles, un christianisme de résistance ou un paganisme de combat. Les deux options sont complémentaires et pourraient alors constituer cette alliance européenne « entre le glaive de Mars et la croix du Christ ». Mais cette alliance ne peut exister que si un compromis essentiel entre les deux camps est alors signé.

Première option. Face à l’Église, les chrétiens européens font désertion et lui opposent une Église de résistance, suffisamment forte pour faire céder le Vatican à terme, en lui imposant sa ligne. Cela voudrait dire élire un autre pape dissident, comme cela a pu arriver au moyen-âge, qui nommerait des évêques dissidents, avec ses églises dissidentes. Il s’agirait donc d’une scission mais qui, à la différence de celle de Lefebvre, ne serait motivée que par la volonté explicite de défendre l’Europe. Elle rejetterait donc la lecture humanitariste des évangiles au profit de la tradition pagano-chrétienne, du christianisme européen constantinien. Certains catholiques déjà passent au christianisme orthodoxe, tellement les positions actuelles de l’Église catholique les dégoûtent. Il s’agirait de faire à l’échelle de l’Europe occidentale l’équivalent d’un gallicanisme à l’échelle de la France, un euro-christianisme de rupture avec l’universalisme dominant actuel.

Le point faible du pagano-christianisme, c’est qu’il perd sa magie dès qu’il est révélé. Le paysan médiéval pouvait être pagano-chrétien, car il se pensait ainsi bon chrétien. Il répétait les rites antiques et les prières aux dieux grimés en saints de substitution. Il voyait la terre-mère derrière les traits de Marie mais d’une manière inconsciente. Or aujourd’hui nous connaissons ce pagano-christianisme, et on pourrait presque l’appeler un paganisme christianisé. Nous savons donc que notre bon vieux paganisme a été recouvert à partir de l'empereur Constantin d’un vernis chrétien. Peut-on sciemment y revenir une fois qu’on le sait ?

LD-EGL.jpgSeconde option, la rupture. A partir de la Renaissance notamment, certains penseurs ont théorisé le retour au paganisme européen, ce dernier étant de mieux en mieux connu par deux siècles d’études historiques à son propos, jusqu’à en découvrir la matrice indo-européenne avec notamment Georges Dumézil. Des organisations païennes émergent ainsi dans toute l’Europe, se revendiquant des traditions locales, que ce soit du druidisme (Draoicht), du paganisme germano-scandinave (Asatru), du paganisme slave (Rodnoverie), du paganisme grec (Hellenismos) ou de la religion romaine (Religio Romana). L’Eglise est bien consciente d’ailleurs que la réponse identitaire des Européens pourrait être la résurrection de l’antique paganisme. Au bord du tombeau, comme l’avait annoncé Nietzsche, l’Europe se ressaisira et se relèvera dans un sursaut salvateur. Je suspecte les actuelles autorités catholiques de comprendre qu’un tel mouvement peut arriver, va arriver, et qu’il s’agit de s’en prémunir en sacrifiant l’Europe, prévoyant déjà son avenir en Afrique, en Amérique méridionale et en Asie. Cela voudrait dire que par peur du paganisme, le Vatican s’allierait implicitement avec d’autres forces et ferait ainsi les yeux de Chimène au second monothéisme universel dont la présence en Europe ne cesse d’inquiéter.

Qu’on choisisse le retour au paganisme (indo-)européen ou qu’on choisisse le retour au christianisme européen constantinien est affaire de choix personnel, de conviction et même de croyance. Dans les deux cas, la même volonté de protéger l’identité de l’Europe et des Européens est présente, même si elle se manifeste autrement. Mais ces deux choix doivent être complémentaires. Le païen européen moderne doit traiter le chrétien européen en frère et réciproquement. Le premier ne doit pas voir dans le second un « oriental en religion » et le second ne doit pas voir dans le premier un « suppôt de Satan ». L’intolérance chrétienne vis-à-vis du paganisme doit donc cesser, et cessera ainsi en retour le mépris païen vis-à-vis du christianisme européen.

Le seul obstacle que je vois à cette nécessaire réconciliation identitaire, euro-chrétienne et euro-païenne, qui existe déjà de fait en Russie, est la soumission aux injonctions du pape d’encore bien trop d’Européens, et aussi le manque de sérieux de trop nombreuses organisations païennes actuellement, à qui il manque l’équivalent d’un souverain pontife pour coordonner leurs actions.

Autre obstacle enfin, et non des moindres. La vérité historique. Beaucoup d’Européens catholiques, surtout parmi les plus identitaires, ont du mal à accepter que la christianisation de l’Europe n’ait pas été le roman mensonger qui leur a été vendu. Elle n’a été ni rapide ni pacifique. Elle a duré des siècles et à chaque fois a été matérialisée par des lois liberticides et des persécutions contre les Européens indigènes souhaitant conserver leur foi polythée. Pour quelqu’un comme moi, qui a étudié très précisément les conditions de l’émergence du christianisme dans l’empire romain et les conditions réelles de son succès, voilà quelque chose dont je n’accepte pas le déni.

Ces obstacles devront être surmontés. Tous les Européens ont vocation à combattre unis par un même drapeau identitaire, celui de l’Europe, et alors chrétiens et païens européens seront côte à côte, avec aussi les européens musulmans des Balkans et du Caucase et tous les européens israélites aussi attachés à leur patrie européenne qu’à leur patrie proche-orientale.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

dimanche, 29 janvier 2017

L'Eurasie et ses racines spirituelles

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L'Eurasie et ses racines spirituelles

Visitez le site du Cercle de l’Aréopage :
http://cercleareopage.org

Conférence au Cercle de l'Aréopage:
L'Eurasie et ses racines spirituelles
Par Emmanuel Leroy

Retrouvez les évènements du Cercle :
http://cercleareopage.org/conf%C3%A9r...

Lisez La Relance de la Tradition: Notes sur la situation de l'Église
Broché:
http://tinyurl.com/h6c52ho
Pour liseuse:
http://tinyurl.com/ztehnyd

vendredi, 27 janvier 2017

The Eight Traditional European Celebrations of the Seasons

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The Eight Traditional European Celebrations of the Seasons

The Wheel of the Year: A look into Europe's ancient traditions and myths, that illuminate her time-honored values.

Indigenous Europeans traditionally celebrate eight holidays whose dates are set by significant positions of the Earth as it revolves around the Sun. These positions are the two Solstices, the two Equinoxes, and the four cross-quarter points in between them. These positions of the Earth signify points in the cycle of the seasons, which in turn were linked with the agricultural lives of our ancestors. Before they created modern technology, the lives of our ancestors literally hung in the balance each year according to the fortunes of the weather and their crops. When your food stores have dwindled down to the corner of your cellar and there are no grocery stores, the rising of the Sun and blossoming of life in the Spring is truly a cause for celebration.

Several themes, reflecting European values, are interwoven throughout these celebrations. The need to promote cooperation and unity in the community. The need for careful reflection, assessment, and planning. The need to periodically clean up our refuse and bring order to our lives. The need for frugality, to "save up for a rainy day". And the need to occasionally let go and have fun, to explore, to enjoy the beauty of the Earth, the pleasures of life, and pride in our work and accomplishment. Lost in the madness of the modern world, we would do well to consider the lessons garnered by our forebears.

Imbolc.
Vernal Equinox (Ostara)
Beltane.
Midsummer (Litha)
Lammas/Lughnasadh.
Autumnal equinox (Mabon)
Samhain.
Midwinter (Yule)

http://fjamger.blogspot.al/2016/08/et...

samedi, 21 janvier 2017

Christophe Levalois : comprendre la royauté pour comprendre nos princes contemporains

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Christophe Levalois : comprendre la royauté pour comprendre nos princes contemporains

La fonction royale a marqué les sociétés humaines traditionnelles à travers le monde et son lien avec le sacré était son trait premier. Cette figure peut-elle éclairer l’échec actuel du politique ?

Entretien avec Christophe Levalois, historien, prêtre orthodoxe et auteur de l'ouvrage 'La royauté et le sacré' (Le cerf, 2016) : https://www.editionsducerf.fr/librair...

mercredi, 18 janvier 2017

Een pleidooi voor het studeren van Grieks en het Latijn in het secundair onderwijs

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Paul Cordy:

GOOI ONS CULTUREEL ERFGOED NIET DOOR HET RAAM

Ex: http://www.doorbraak.be

Een pleidooi voor het studeren van Grieks en het Latijn in het secundair onderwijs

Wat hebben de film Troy van de Duitse regisseur Wolfgang Petersen met Brad Pitt in de hoofdrol, het pacifistisch verhaal Kassandra van de Oost-Duitse auteur Christa Wolf, de opera Elektra van Richard Strauss, de song More News From Nowhere van Nick Cave & The Bad Seeds, de roman De Ramkoning van de Vlaamse auteur Rose Gronon, de roman Ulysses van James Joyce of het toneelstuk Troilus and Cressida van Shakespeare met elkaar gemeen? Allen bouwen ze voort op de bijna 3 000 jaar oude Ilias en Odyssee van de Griek Homeros. Dit is slechts een losse greep uit de vele werken die zich op beide boeken baseren of er naar verwijzen.

Geregeld steekt de discussie over de zin en onzin van vakken als Latijn en Grieks in ons secundair onderwijs de kop op. Maar in de marge van de discussie over de hervorming van het secundair onderwijs kreeg die discussie een nieuwe wending. Plots werd de suggestie gewekt dat er onder de noemer klassieke talen niet langer alleen Latijn en Grieks moest worden verstaan. Khalil El Jafoufi, de voorzitter van studentenvereniging Mahara, verwoordde dit in een opiniestuk in De Standaard het duidelijkst: waarom bieden we ook geen Hebreeuws en klassiek Arabisch aan? Per slot van rekening kan je ook van die dode talen iets opsteken. Er zijn echter zeer goede gronden om dat niet te doen en de deur te sluiten voor die piste – iets wat in de kersverse hervorming van het secundair onderwijs ook is gebeurd. Was dit alles een wat vreemde nevendiscussie in het geheel, of is dit toch een fundamentelere oprisping dan men zou denken. Bij mensen als El Jafoufi wellicht wel. Het is niet zo gek om uit zijn idee af te leiden dat hij daarmee een volwaardige erkenning zou opeisen voor de Arabische cultuur in Vlaanderen. Want met een aanbod klassiek Arabisch in ons onderwijs wijzigt ook de culturele status van dat Arabisch.

Er zijn volgens mij twee redenen waarom je tieners zes jaar lang dode talen laat bestuderen. De eerste is dat je hen op die manier leert om het fenomeen taal op een andere manier te benaderen dan wanneer ze, zoals dat bij levende talen gebeurt, moeten focussen op de actieve taalverwerving die het hen mogelijk maakt om in die talen vlot te communiceren. Leerlingen klassieke talen leren teksten zeer grondig te analyseren, ze ervaren hoe je op een wetenschappelijke manier aan taalbeschouwing doet en je daagt ze uit door op een zeer specifieke manier een taal te ontleden. Kan dat enkel met Latijn en Grieks? Wellicht niet. Je zou dezelfde resultaten kunnen bereiken door bijvoorbeeld Sanskriet of een andere klassieke taal aan te bieden.

Maar er is een tweede reden waarom je jongeren oude talen leert, en daar zijn de twee ‘klassieke’ klassieke talen – Latijn en Grieks – van onschatbare waarde, nemen ze zelfs een unieke positie in in onze cultuur. Wie zich zes jaar lang in één van die twee talen of in allebei onderdompelt, krijgt een enorme culturele bagage mee die hem of haar de kunst en cultuur van de eigen leefomgeving – en dat is voor ons toch nog altijd (West)-Europa – beter doet begrijpen. Het belang van die twee talen overstijgt het antieke tijdvak waarin ze gesproken werden. Latijn was jarenlang de lingua franca van onze wetenschap en ons kerkelijk en wereldlijk bestuur. Het is de taal die mee gebruikt werd om in de Renaissance onze samenleving op nieuwe sporen te zetten, het is de taal waarin de basis van ons rechtssysteem is gelegd.

Het lijstje in de inleiding spreekt al boekdelen voor wat betreft het belang van het Grieks. En dan had ik het nog maar over twee boeken, niet eens over de Griekse theaterteksten, filosofie, wetenschap… Gedurende onze hele cultuurgeschiedenis spelen thema’s uit de antieke oudheid een vaak prominente en soms minder zichtbare maar wel aanwezige rol. Je kan sleutelmomenten uit onze geschiedenis zoals de renaissance maar even goed de politieke omwentelingen ten tijde van de Verlichting niet volledig doorgronden als je de klassieke culturele achtergrond niet kent. En Latijn en Grieks zijn niet iets uit het verleden. Zoals bovenstaand lijstje toont worden tot op vandaag kunstenaars uitgedaagd door die duizenden jaren oude thema’s. En uiteraard, ook het klassiek Arabisch heeft boeiende en leerrijke teksten voortgebracht, maar die zullen nooit dezelfde sleutelrol spelen als onze Griekse en Latijnse erfenis wel doet om onze samenleving ten volle te kunnen begrijpen. Laat ons dus verder investeren om onze jongeren met die cultuurschat te confronteren en ze er in onder te dompelen, en laat ons dat Latijn en Grieks in ons secundair onderwijs blijven koesteren als onmisbare fundamenten van onze Vlaamse cultuur.

De auteur is Vlaams Volksvertegenwoordiger voor de N-VA en lid van de Commissie Onderwijs.

 

lundi, 16 janvier 2017

Tradition, Politics and National Identity

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Tradition, Politics and National Identity

By Gwendolyn Taunton

Ex: https://manticorepress.net 

This article was originally published in The Radical Tradition (out of print).

The issue of political identity is not often connected with spiritual sources in the eyes of the average citizen; however on an imperceptible, inextricable level, the two are combined in a myriad of ways which escape the notice of many. Indeed, the application of spiritual and/or mythical elements being deployed as part of a political agenda is nothing new, for it can found in a diverse range of historical epochs from the time of the Roman Empire to contemporary politics. The parallel I wish to draw is between the concept of the Primordial Tradition (standing as a sui generis argument) to the theory of primordialism in political science, with the specific intent of identifying and providing a new definition of cultural identity that is intended to bypass both the political left/right dichotomy and approach identity from a ‘top-down’ perspective, as opposed to a flat, unilateral model of left/right duality. The need for a new theory of national identity is becoming one of paramount importance in the increasingly isolated world of mass ‘individualism’ which has come to predominate the modern world. In the process of cross-comparison between Traditions and primordialism, a clear narrative of interaction will be extrapolated to reveal a blue print for the construction of a new form of political theory that seeks to redefine the common elements in national identities. To begin the discourse, a brief introduction to the twin theories of the Primordial Tradition and primordialism is required.
The Primordial Tradition is rightly defined as being a sui generis argument meaning that it is self-generating – a concept which originated with Durkheim. Essentially a sui generis argument is classified as self-perpetuating because it originates from a concept which is deemed to be existent from the beginning. In the sociology of Émile Durkheim, a sui generis is used to illustrate his theory on social existence. Durkheim states that the main object of sociology is to study social facts. These social facts can only be explained by other social facts. They have a meaning of their own and cannot be reduced to psychological or biological factors. Social facts have a meaning of their own, and are ‘sui generis’. Durkheim also states that when one takes an organization and replaces some individuals with others, the essence of the organization does not necessarily change. It can happen, for example, that over the course of a few decades, the entire staff of an organization is replaced, while the organization still retains its distinctive character. Durkheim does not limit this thought to organizations, but extends it to the whole society: he maintains that society, as it was there before any particular living individual was born, is independent of all individuals. His sui generis (its closest English meaning in this sense being ‘independent’) society will furthermore continue its existence after the individual ceases to interact with it. Society and culture, are therefore naturally arising phenomena.
Sui generis is a Latin expression, literally meaning “of its own kind/genus”, or unique in its characteristics. In this circumstance spirituality and Tradition are deemed to be archetypal concepts which are inherent in the psyche of humans from the beginning of the evolution of consciousness itself. Like, society, they are naturally occurring. This implies a relationship with Jungian thought and links it to Jung’s theory of the subconscious and archetypes as symbols, which whilst are not possessed of a corporeal existence, act as what he called ‘psychoids’. These psychoids are not themselves alive but possess an abstract existence which influences the nature of human thought despite the fact that they themselves are not sentient. This idea is similar to that which was expressed by Plato when he discussed the realm of Ideals in which abstract concepts take on an existence in a theoretical plane of reality. This idea of a Primordial Tradition which serves as an ideological substratum for all of the world’s Traditions to draw upon, in best thought of a repository of universal archetypes which are translated into the various Traditions of the world, each one being shaped by the geographic and cultural phenomena present in the respective Traditions. The language of Tradition is ethno-symbolist in origin; symbols and patterns of belief shape the cultures of the world around them. When minor discrepancies can be found in the archetypes (if examined in a cross-cultural comparison), they are easily explained as being a different translation of the same archetype or symbol, for it is imperative to remember that not all cultural groups in the world share the same set of psychological processes; each culture has been shaped by unique historical, geographical, natural and social forces. Thus the God of an indigenous shamanic population may appear radically different to the God of the Jews or Christians, though all are in fact speaking of the same entity. The foundational premise of the symbol is the same as that of an archetypal phenomena; however the translation itself is parsed through each environment differently.

If we are to accept spirituality as a self-generating phenomena set apart from the world of the mundane by its inherent qualities of the sacred and transcendent, how can we relate this process to the construction of a national identity? The answer to this question arises from an older theory which has fallen out of grace with contemporary political critique – primordialism. Not only is there a great similarity between the titles of the two theories, there is also a significant overlap between the two concepts, for both are self-generating and self-perpetuating without the need for any artificial intervention – in sum, both are organic, living forms of belief and awareness which are to be found in all peoples for they are universal values. Though at first the concept of an organic mode of national identity (and hence also an organic model for political identity) may appear like a radical transition, it is in fact not. The term primordialism (sometimes also known as perennialism) in political theory is the argument which contends that nations are ancient, natural phenomena, and thus shape themselves when constructing an identity. This stands in radical contrast to the inorganic modernist view of nationality, which is shaped and guided by external forces. Alan Bairner explains the distinction between primordialism and modernism (or instrumentalism) below:

It is relatively standard practice in sociological and political studies of nations and nationalisms to differentiate between primordialist (or ethno-symbolist) and modernist perspectives […] Central to the former is the belief that primordial attachments or relations are a matter of the significance attributed to criteria that are perceived to be objective language, ethnicity, geography, religion and which are almost certain to predate the emergence of the modern nation state and of nationalism as a modern political ideology. […] The modernist perspective, on the other hand, focuses on nations and nationalisms as modern inventions which emerge in response to new social and economic challenges.[1]

As the above extract hints, the key to understanding this dyad of political polarity, is that primordialism approaches the nation as a living, organic entity, formed from naturally occurring social bonds, whereas modernism adopts the approach that the nation is in fact an artificial construct. The first mentions of primordialism in this context arise from German Romanticism, and are found in the works of Johann Gottlieb Fichte and Johann Gottfried Herder. Herder’s theories revolved around the use of language in cultural groupings, and for Herder, the concept of the nation was synonymous with its linguistic group, which he also held to be a reflection of the group’s thoughts processes – thus each linguistic grouping would have not only different languages, but a different thought process. This is highly indicative of linguistic groupings being one of the primary sources from which national identities are formed.

Another important element which plays a key role in the assertion of national identities (under the broader context of primordialism) is the landscape itself. As Anthony D. Smith suggests territorial ‘homeland’ components of nations in primordialism indicate that ‘the landscapes of the nation define and characterise the identity of its people’.[2] Land and geographical features will always be a universal within any cultural grouping, for they generate images to which the populace at large can relate to.

Landscape is itself a representation, ‘a medium . . . embedded in a tradition of cultural signification and communication, a body of symbolic forms capable of being invoked and reshaped to express meaning and values’ (Mitchell 1994: 14). The interpretation of landscapes is hence a politically loaded activity: the meaning attributed to them results from an ideologically coded interpretation of society and nation (Nogue´ and Vicente 2004). Landscapes function in nation-building discourses as symbols of national authenticity. For this purpose, nature can be nationalised, but by associating nationhood with a landscape the nation can itself be naturalised (Kaufmann and Zimmer 1998; Smith 1986: 183–90).[3]

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The notion of sacred land is also found in almost all indigenous cultures, particularly in locations where natural phenomenon were unusual; thus not only did land shape the evolution of society, it is also intrinsically wed to spirituality. These sites often become associated with myth, pilgrimage, and ritual. Furthermore, the appeal of the landscape in defining cultural identity is not limited to inhabitants of localised regions; it is also significantly embodied in constructing the identity of diasporic groups. In this respect, the fact that nations are defined territorially (although in relation to diasporic nationals they can also transcend spatial boundaries) is an important factor in their emotional appeal, especially when one considers the importance of the landscape for any territorial entity.[4] An obvious example of the use of the land as a construct of national identity amongst diasporic peoples would the implementation of modern Israel being established as the mythical homeland of the Jews.

It seems a matter of logic to assume that any group of people cohabiting a particular geographic region for a period of time would form the necessary social bonds which would act as a precursor to the formation of a rudimentary community, and that this community would in turn associate the land upon which they lived as part of their national identity. This however, is only a small portion of the factors which compose the totality of primordialism. Clifford Geertz elaborated further on primordialism, and is usually credited in literature as the author who introduced the concept of the primordial attachments and sentiments of an individual to the world.[5]

In Geertz’s theory the factors which constitute primordialism are in fact the assumed normative functions present in human social groupings. In Geertz’s theory one is bound to one’s kinsman, one’s neighbour, one’s fellow believer, ipso facto, as the result not only of personal affection, practical necessity, common interest, or obligation, but in great part by virtue of some absolute importance attributed to the very tie itself.[6] The nature of the attachments themselves are not constants, and vary between individuals and communities.

According to C. Geertz (1963), primordial attachments are also created at the social level when a community shares ideas of (also assumed) blood ties, the same race, speech, territory, religion, customs, and traditions. Many cultures regard primordial communities as universal and eternal. The lineage on both the mother’s and the father’s sides of the family, the history of the religious, ethnic group or nation can be traced back many centuries. History and ancestors are very important in the primordial community (Baèová, V., 1966). The primordial community as a historically developed givenness shows a tendency to dominate individuals. Membership of a primordial community is assigned to an individual and is considered to be hereditary (e.g. a caste but also a religion).[7]

Obviously this definition of primordialism encounters a problem in the modern era, in that immigration renders the above definition of primordialism both unfeasible and inappropriate. It is for this reason, that modernism/instrumentalism has gained prominence in academic circles, with primordialism being regarded as an out moded theory which is now only demonstrated amongst tribal communities. The crux of the argument in regards to the success of primordialism rests on the ethnicity of the actors involved; instrumentalism holds ethnicity as impermanent and an intangible aspect which can be changed. In instrumentalism, ethnic identity is not given to an individual in advance and forever, it is not primordial, but is constructed during one’s development and can undergo changes during one’s life.[8] By contrast, primordialism is defined below:

According to the primordial approach, ethnic identity is given to the individual just like the primordial membership of a community into which he/she was born (i.e. forever). As one cannot change the country, where one was born, or one’s native language, one cannot change one’s identity, which is deeply rooted in him or her. According to P.R. Brass (1991), it is common to all primordial views that ethnicity is based on descent.[9]

Therefore, the reason why primordialism is no longer deemed to a credible theory for national identity is not because it has inherently been proven wrong, but rather because it no longer suits the requirements of the modern state construct which is composed of people from a number of different ethnic backgrounds. The difference between primordialism and instrumentalism is further elaborated below.

The concern about multiculturalism has surfaced also in studies on nationalism which analyse the future of the nation. The two different positions that come here to the fore or ethno-symbolic and modernist can be best exemplified by the works of Anthony D. Smith and Mary Kaldor respectively. According to Smith (2002), while nationalism can certainly be regarded as a modern phenomenon, nations are not. In different forms (clans, tribes, city-states or ethnic communities), ‘nations’ have always existed (Smith, 2002, p. 14). National identities are somewhat perennial, pervasive, and ‘authentic’; while other types of identity gender, class, religion, etc. are situational, i.e. context-dependent (Smith, 2000, pp. 133134). As nations pre-date the rise of the modern state, it is possible that they will also survive its demise. The opposite view is held by modernists, who maintain that nations are not ‘primordial’, but ‘historical’ products, inextricably linked to the rise of the modern state. According to Kaldor (2004), it is therefore likely to expect that as nations came into existence, one day they will disappear.[10]

In the modern era, basing primordialism upon the ethnicity of the actors is not possible. In order to redefine primordialism, other aspects of organic communities must be examined to determine what the actual bonds of primordial attachments are in the modern era of mass relocation. Obviously, a number of factors occur in combination which ensure the normal social bonding processes take place within the community – language, culture, and group psychology will all occur within the formative process. All of this is quite reminiscent of Victor Turner’s theory of communitas. As one of the leading anthropologists, the idea of communitas put forward by Turner revolves around the interplay of spiritual Traditions to form bonds within social groupings – this intangible bond by which people identify their sense of ‘belonging’ is what Turner refers to as communitas. In terms of relevance in assisting us on our quest to redefine primordialism and national identity in terms which are relevant to the circumstances of the current nation/state, it is vital for us to understand what creates the sentiment of communitas which serves to form the primordial attachments and all national identities in terms of group psychology. This concept is what I refer to as the pathos, which is the impetus behind all arts, spiritual/philosophical beliefs and politics. I have chosen to implement the term pathos as being representative of an emotional state which is deliberately evoked as a response to a particular aesthetic. Thus, it is the unseen bond which binds the object of art to its observer though the will and intent of its creator. By using this, the artist attempts to evoke his emotional state in the observer by means of replication. Pathos is the emotional response of the observer to any particular art form, and any piece of successful art will cause pathos to manifest in the observer. Moreover, pathos is not limited entirely to art and it is capable of manifesting in other culture spheres, notably spirituality and politics. Art and spirituality are siblings which are primarily evoked to appeal to the subconscious. In spirituality the need for a successful pathos reaction is required in the participant, not the observer and is a core component of prayer and ritual. The ritual specialist also replaces the artist to elicit the pathos response from the audience. Obviously in spirituality the emotions evoked will be different to those which are often evoked by art, and tend to relate more to abstract mental states and the higher processes of cognition i.e. devotion, bliss, ecstasy, peacefulness. In politics the way in which pathos is evoked is again different, and it is best illustrated in the writings of Gustav Le Bon, whose works dwelt upon irrational impulses in the masses and generating emotional responses from the crowds. For Le Bon ‘crowds were characterised by illogical spirit, instinctive character, and a propensity to be governed by feelings.’[11] Le Bon advised the leader to know the “art of impressing the imagination of crowds,” because that knowledge would enable him to govern them.[12] Thus here the principle of raising a pathos response is the same in art, spirituality and politics, for all three rely on the ability of one person to create an emotional response in many individuals in order for their respective endeavours to be successful. It is undeniable that politics utilises the principle of pathos, and that in the writings of Le Bon on crowd psychology, politics became a mysterious new art form.

Le Bon encouraged leaders to play on the power of representation and to adopt theatrical modes. He equally directed attention to the use of words and language in combination with images. In the same way that representations, “if handled by art.” can turn magic, so words and formulas could become “supernatural powers”. No matter what their meaning, the power of words was relevant, Le Bon claimed. “Words whose sense is the most ill-defined are sometimes those that possess the most influence.” Words had a “truly magical power.” […] By emphasising magic in the leader’s relation to crowds, Le Bon instituted a doctrine of mystification. Since he believed he had scientifically proven the crowd’s irrational nature, Le Bon in effect advised the orators to appeal to their “sentiments, and never to their reason.” He suggested that in order to convince the crowd, it was necessary to know more than the feeling that animated it. One also needed to “pretend to share those sentiments” and possibly to divine from instant to instant the sentiments to which one’s discourse is giving birth.”[13]

220px-Gustave_Le_Bon.jpgThere is very little room for doubt that Le Bon’s theory was directed as using politics as an art form, in which an active leader sought to evoke pathos reactions in a passive crowd, and we can see it enacted in Italian history by Mussolini, who was profoundly influenced by the works of Le Bon. Not only did Mussolini use the works of Le Bon to draw pathos reactions from the people of Italy, he saw politics as an art form, which links it strongly to the need to provoke emotional states in the otherwise passive observers, with the ‘performance’ serving as the medium by which to connect the ‘artist’ (in this example, Mussolini) with the observer (the Italian public). Mussolini describes politics as an art below:

That politics is an art there is no doubt. Certainly it is not a science, nor is it empiricism. It is thus art. Also because in politics there is a lot of intuition. “Political” like artistic creation is a slow elaboration and a sudden divination. At a certain moment the artist creates with inspiration, the politician with decision. Both work the material and the spirit…In order to give wise laws to a people it is also necessary to be something of an artist.[14]

As an art, politics is governed by the same rule as other arts; that it operates by generating an appeal to the irrational, emotive states. By means of generating pathos, the speaker or leader creates a bond betwixt themselves and the crowd. This was by no means limited to Mussolini and is a widely utilised political technique. A political scientist, Walter Connor, analysed the speeches of great leaders of nations, as well as national revivalists and noted a conspicuous uniformity of phraseology that was observable in a number of these speeches.

Phrases and pictures of family, blood, brothers, sisters, mothers, ancestors, home were almost universal. The speeches and phrases were able to mobilize masses and many individuals also believed them in private. W. Connor justifies the force of these appeals to primordial attachments by their emotional strength through which they have affected and continue to affect the human mind.[15]

Connor’s analysis paints a very clear picture of the political uses of not only primordial attachments, but also the effects of the successful raising of pathos in the respective audiences. Furthermore, the fact that these elements were also present in Mao’s speeches suggests that the use of emotive language was not limited to the Right Wing – indeed, as a universal element in the culture spheres, the use of pathos in politics is independent of all political parties and regimes for it is a technique or component and thus could be utilised by any and all political persuasions. A quick examination of speeches from the former American president George W. Bush reveals a highly targeted usage of key words and phrases such as ‘freedom’ and the ‘axis of evil’. Though Bush’s use of pathos in politics pales in comparison to others, attempts to raise pathos in his politic speeches are present, and this is demonstrated by excessive repetition of phrases and carefully selected words which were targeted to rouse the American public. Thus, appeals to the emotions in politics are not limited to the far right or nationalism; the power of words and pathos is merely a tool which could be utilised by any political current.

Pathos, when coupled with the primordial attachments, is a driving force in the construction of national identities both in the world of theory and the application of real politic. In a smaller community, these primordial attachments tend to be stronger, but theorists are still at a loss to explain how they translate into nationalism, where the attachments are weaker. I would tend to argue that this in itself is no great mystery; there is merely a need to generate more pathos to enhance the existing feelings of communitas to a point where primordial attachments manifest at a level wherein they are made to appear even in inorganic constructs such as the ‘nation’. Baèová cites this point, saying that ‘According to some authors, the success of nationalism can today be explained by the fact that it made an efficient use of the strength of human primordial attachments and extended them to a macrocommunity, i.e. to the nation state.’[16]In the context of social theory, these attachments can be rendered in a variety of different forms.

Social categorization theory and research have taught us that there is personality-based identity (‘personal’ identity), and categorical/inscriptive or ‘group’ identity. Likewise, there are two kinds of attraction (Hogg 1992) : personal attraction (caused by the personality of another), and social attraction (caused by the group-membership of another, through the prototyped stereotype attached to such membership). However, this theory takes the (contextless) process of categorization itself to be decisive (Turner et al. 1987) , and proposes no theory about the different kinds of ‘groups’ with which people can identify. There are many kinds of group identities: ethnic, kinship, political, religious, gender, class, racial, regional. Each creates an in-group (where ego is member) and an out-group, and therefore a social boundary, by stipulating certain conditions that members must satisfy in order to be such. But psychologists have in general treated all group identities and in-group/out-group cleavages as resulting from the same, general, stereotype-formation process (for example, Bar-Tal et al. 1989; Leyens/Yzerbyt/Schadron 1994). However, we are probably equipped with specialized psychologies (plural) to process the different kinds of social boundaries that recur in the social world. Group identities are probably ‘domain-specific’, like most other aspects of human cognition (Symons, 1992; Tooby & Cosmides 1992). If so, membership conditions in one domain (political groups) may well be different from those in another (ethnic groups).[17]

The interesting implication which arises here, is that in such a community where pathos is strong enough to forge primordial attachments and enhance the feeling of communitas, is that it would create a friendlier, more caring community – this would stand in a marked contrast to the isolation of a community of ‘individuals’, which is today the hallmark of the majority of nations today. In discussing primordialism and pathos in nationalism, Heam argues that ‘to understand better the importance of human sentiments in the formation of nationalism, what is needed is detailed case and comparative studies that look at the actual interface of primordial discourses of kinship, territory and language, and primary groups in specific social structures, and the workings of national discourses in those contexts, whether playing upon primordialist themes or not’.[18]

Steve Bruce argues that religion is greatly underestimated as a force in contemporary Western society both in terms of literal belief and in terms of symbolic and metaphorical meaning.[19] Furthermore, as structural-functionalism has declined in the social sciences as a theoretical tool of analysis, so too have the functional aspects and relevance of religion been overlooked.[20] Certainly, due to the current climate religion is more misunderstood in the Occident than it was two hundred years ago – with every step taken towards scientific progress, research in the humanities has taken about twenty steps backward. We must not ignore the impact of different spiritual Traditions on national identity either, whether they have had positive or adverse effects, for spirituality, has, and continues to be, a driving force in human culture. As Durkheim concluded, ‘If religion has given birth to all that is essential in society, it is because the idea of society is the soul of religion’.[21] Thus in the eyes of Durkheim, society and religion are linked in a fundamental manner. Indeed, a cursory glance at the etymological origins of both religion and society reveals just how deep the connection betwixt the two is. The word ‘religion’ comes from the Latin religio, meaning bonds of social relations; ‘society’ comes from the Latin socio, meaning bonds of compassion and community.[22]The true role of spirituality is thus one of social relationships, which serve to define a network or community; a definition which would exclude all forms of political religion which define an individual’s role in relationship to the state instead.

Religion thus implies the idea of networks and relations superior to the individual that perform life-enhancing, even life-creating functions that create a sense of community and compassion because its members share relationships, thus was Durkheim able to identify God and religion as society. The relationships one enters into also help form one’s consciousness and culture and thus one’s identity, sense of place and belonging. Relationships convey knowledge and information, ways of interpreting the world and understanding one’s place in it – skills vital to maintaining one’s life in terms of social interaction, economic cooperation, material survival and physical (military) preservation.[23]

Therefore, if used correctly, spirituality should serve to bring a community together – only when spirituality falls into the hands of politics does it become misused for other agendas. Here, on a side note, I would also advocate, in light of the fact that spirituality has replaced religion as the common term for metaphysical beliefs, that both be substituted by the word Tradition when we speak of belief systems that are rooted in cultural and/or ancestral heritage. Having seen how Tradition can be warped by political agendas, it behoves us to explain what the appropriate role of Tradition should be in national identities. Otto says that “if there be any single domain of human experience that presents us with something unmistakably specific and unique peculiar to itself assuredly that is it is that of the religious life.” The individual nature of Tradition ties an individual to culture and community more strongly than ties of ethnicity and in terms of asserting or prescribing national identities it is more effective, particularly in the modern era where cultural groups are composed of mixed ethnicities. Moreover, the acceptance of the same Tradition equates to a similar cultural and ethical viewpoint which creates a more harmonious society, whereas geographical or ethnic primordial attachments create weaker bonds and the principle of communitas is lessened. Thus, I would argue that the principle primordial attachment in the theory of primordialism, is not ethnicity but Tradition. It has previously been asserted by Brass that ethnicity is the prime condition for primordialism, as it cited here.

According to P.R. Brass, it is common to all primordial views that ethnicity is based on descent. The primordial understanding of one’s ethnic membership explains the non-rational behaviour of people, which is against their other (even existential) interests when defending their ethnicity, their willingness to suffer persecution or to die for their nation.[24]

Whilst this may explain the rise of nations in the pre-colonial world, this view is longer feasible for primordialism as it is not sufficient to explain the mixed cultural groupings of the modern era. Not only are there now large communities of mixed ethnicity, there are also the newly emerging micro-communities to consider, which although currently limited to social networking, do exhibit the same patterns as newly emerging nations, in the regard that the social bonds are naturally arising from primordial attachments, usually cultural or lifestyle based. In the current era, any political theory or ideology which holds ethnicity to be the main primordial attachment is ultimately doomed to failure. The previous definition of primordialism is no longer appropriate as it does not allow variance in geography and ties ethnic groups to territorial locations. Thus, the theory needs to be revised to accurately reflect national identity in the modern era. In its current format it also fails to explain newly emergent forms of supra-nationalism such as the EU which will be addressed later in this article. A more feasible stance is advocated by Ernest Gellner.

According to him, nationalism means a transfer of the focus of People’s identity into a culture that is disseminated through literacy and the formal system of education. It is not the mother tongue (i.e. primordial attachment) that is important any more, but the language of alma mater (as an instrumental means of communication). This is a consequence, in Gellner’s opinion, of industrialization and the demands for a standardized system of education, which brought the community (polity) and culture closer together. In these psychological terms nationalism extended the cultural and civilization repertoire of the sources of an individual’s identity. However, nationalism assumes and relies on the efficiency of primordial sentiments.[25]

348980.jpgThus the culmination of national identity, fostered by the primordial attachments, passes through the contemporary education system, and it is this way that all current modes of national identity are disseminated. Language is also reinforced as a prime focus for creating primordial bonds, and is perhaps the most important element in constructing national identity, for without a common linguistic group, there can be no opportunities for bonding within the community. Translated into education via the medium of language, the culture and community prescribe the value of the nation to an individual.[26]

To integrate into a modern society (nation) everyone needs to share a single underlying culture. To integrate into a pre-modern society (ethnic group) one needs to acquire its very specific culture. The difference is that a modern culture has a universality to it that encourages differences, but only if they can effectively exchange and form relations of reciprocity, which requires uniformity and a single truth or system for defining truth. A pre-modern culture requires quite overt conformity to local conditions and so is non-universal, it is in fact very conformist, although the wide variety of different local styles of conformity seems to indicate a greater variety and non-conformity.[27]

So, then in the context of modernity, and accepting the given that this can no longer be based on ethnic descent, how can cultural and national identity be constructed in the modern era? With Brenner we see a new definition emerging providing arguments on both a supra and sub-national basis. Thus the traditional model of the nation-state can be unified at the macro-level and divided at the micro level, making the model not only top-heavy but providing weak foundations on which to build any bonds of communitas. However, the inverse model can also be constructed, with smaller micro-communities at the bottom, which serve to de-stabilise the top strata of the supra-national level by threatening to split the structure from the base, if we think of the macro/micro community to be pyramid shaped in structure. Thus, by disrupting the bottom of the pyramid it is possible to topple the larger macro-nation community structures by dividing communities at the micro level. Whilst the topic has been analysed numerous times, and the process itself has been widely acknowledged, little has been said of how this affects the nation, national identity, and how to rectify the situation, as Antonisch cites below:

All the above-mentioned studies affirm, more or less explicitly, that in the present epoch the nation-state, if not in crisis, is at least experiencing a transformation. Many of these studies, however, limit the analysis of this transformation to only one of the two dimensions of the ‘nation-state’. The focus is almost exclusively on the transformation of the structure and powers of the state. How this transformation affects the nation is somewhat passed under silence.[28]

In regards to supra-national constructs, many have predicted a decline in national identity, which would have an obvious and expected conclusion, given that merging small cultural systems into a larger one should consume the smaller, or least cause it diminish in size and strength. Curiously however, evidence actually points in the opposite direction. National pride has actually increased within the EU, with the exception of Northern Ireland. Whilst other factors could easily have been the cause of this, as opposed to it merely being the result of policy implementation at the supra-national level, the fact remains that it has increased. Whilst supra-nationalism obviously delivers nationalist identity in a few form which has not been utilised before, it is still a nationalist construct – one which remains unscathed by the negative imagery affiliated with nationalism in the post WWII era. Thus, unrecognisable to most as a supra-nationalist construct, it does not trigger the usual ‘knee-jerk’ reaction the public experiences in the presence of nationalist rhetoric. This means the impact of supra-nationalism, contrary to being an impediment to the cultural identity of member states, is actually creating nationalist sentiments, which even if they are not enough to provide a true sense of communitas betwixt inhabitants, is nonetheless generating nationalism, albeit from a macro level. The results of the surveys conducted by Eurobarometer are listed below.

Eurobarometer – The survey question about national pride (‘Would you say that you are very proud, quite proud, not very proud, or not at all proud to be [nationality]?’) was first asked in 1982, but unfortunately it was not included every year in Eurobarometer standard surveys, with a significant gap between 1989 and 1993. Looking at data at the European level, we notice that overall from 1982 to 2005, national identities among the EU-15 countries have not declined. On the contrary, at the European level, national identity has increased by ten percentage points. The countries which mainly account for this increase are Belgium, East Germany, and Italy. Northern Ireland is the only territory which has experienced a major downturn.[29]

This may in fact be an example of Manuel Castells study on identities in the age of the network society. According to Castells, religious fundamentalisms, ethno-nationalisms, regionalist movements, and local communes are today the new identity expressions of the ‘space of places’ which complement the de-territorialised, globalized identity of a technocratic-financial-managerial elite who lives in the ‘space of flows’.[30] Thus, it would be nationalism, but of the kind which is not confined to the ‘space of places’ but rather an example of the new modernist identities created by the ‘space of flows’. In regards to modernist constructs, we are dealing with a new form of nationalism which is not tied to any given community, nor is based on the organic model of Tradition.

In conclusion, the current modern shift towards a social structure based on modernism/instrumentalism, whilst obviously intended to construct cultural and/or national identity in the modern area, is likely to prove a top-heavy and unwieldy model which fails to provide a fundamental solid building base for the creation of communitas. The bonds it seeks to establish between citizens are insubstantial compared to the genuine ties generated by communitas and primordial attachments, both of which rely on the generation of pathos in order to create these bonds. Pathos can be raised through the arts, spirituality, or even charisma itself – the crucial element for success is not the mode, but the reaction itself, which serves to act as a catalyst for forging the primordial attachments that are required to cultivate a healthy society. The failure to generate this essential component makes modernism/instrumentalism incapable of rendering the appropriate amount of pathos required to create an emotional attachment or primordial bond to the inorganic nation/state impossible, which as a consequence also renders the failure of any movement based on national identity. With the inadequacy of modernism/instrumentalism and its failure to deliver any meaningful cultural significance, we are left with its opposite pole in the dyad, primordialism. As an old theory however, primordialism also is lacking in the modern era, due to the impetus it used to place on ethnicity as the defining point of identity – a solution which is at best tenuous in modern society. It is therefore imperative to revise the definition of primordialism so that it no longer bases its philosophy on the ethnicity of actors within the nation. The defining point of cultural identity needs to less rigid than that of fixed biology, and based on common viewpoints – for example a community whom shares the same philosophy is likely to be much more harmonious than one whose identity is based purely on physical characteristics. I therefore propose that the term primordialism be redefined to place greater emphasis of Tradition, spirit and culture – all the integral building blocks of society which render organic and naturally arising communities possible. It is only by creating a new cultural paradigm that is relevant to the modern era that any true spiritual or political reformation can begin.

 

[1] Bairner, A., National Sports and National Landscapes: In defence of Primordialism, in National Identities, Vol. 11, No. 3, (UK: Loughborough University, 2009), 223.
[2] Ibid., 224.
[3]Huysseune, M., Landscapes as a Symbol of Nationhood: the Alps in the Rhetoric of the Lega Nord in Nations and Nationalism, Issue 16 Vol.2, 2010, 355.
[4] Bairner, A., National Sports and National Landscapes: In Defence of Primordialism, in National Identities, 225.
[5] Baèová, V., The Construction of National Identity – on Primordialism and Instrumentalism, in Human Affairs, Issue 8 (Institute of Social Sciences, Slovak Academy of Sciences, 1998), 4.
[6] Ibid., 31.
[7] Ibid., 32.
[8] Ibid., 36.
[9] Ibid., 36.
[10]Antonsicha, M., National Identities in the Age of Globalisation: The Case of Western Europe, in National Identities, Vol. 11, No. 3 (UK: University of Birmingham, 2009), 28.
[11] Falasca-Zamponi, S., Fascist Spectacle: The Aesthetics of Power in Mussolini’s Italy (USA: University of California Press, 1997), 18.
[12]Ibid., 20.
[13] Ibid., 20.
[14] Ibid., 15.
[15]Baèová, V., The Construction of National Identity – on Primordialism and Instrumentalism, in Human Affairs, 41.
[16] Ibid., 38.
[17] Gill-White, F. J., How Thick is Blood? The Plot Thickens…if Ethnic Actors are Primordialists, what Remains of the Circumstantialist/Primordialist Controversy in Ethnic and Racial Studies, Volume 22 Number 5 (USA: Taylor & Francis Ltd, 1999), 800.
[18] Bairner, A., National Sports and National Landscapes: In Defence of Primordialism, in National Identities, 225.
[19] Dingleya, J., Religion, Truth, National Identity and Social Meaning: The Example of Northern Ireland, in National Identities Vol. 11, No. 4, December 2009, 367.
[20] Ibid. 368.
[21] Gates, D.K. & Steane, P., Political Religion – the Influence of Ideological and Identity Orientation in Totalitarian Movements and Political Religions, Vol. 10, Nos. 3–4, Taylor & Francis 2009, 305.
[22] James Dingleya, Religion, Truth, National Identity and Social Meaning: The Example of Northern Ireland, in National Identities, 369.
[23] Ibid., 369.
[24] Baèová, V., The Construction of National Identity – on Primordialism and Instrumentalism, in Human Affairs, 38.
[25] Ibid., 38-39.
[26] Ibid., 39.
[27]Dingleya, J., Religion, Truth, National Identity and Social Meaning: The Example of Northern Ireland, in National Identities, 380.
[28]Antonsicha, M., National Identities in the Age of Globalisation: The Case of Western Europe in National Identities, Vol. 11, No. 3, UK, 2009, 282.
[29] Ibid., 285.
[30] Ibid., 283.

dimanche, 01 janvier 2017

L'ours : portrait d'un roi déchu (histoire des animaux)

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L'ours : portrait d'un roi déchu (histoire des animaux)

Pendant longtemps, en Europe, le Roi des animaux ne fut pas le lion. Un autre animal était l'objet de toutes les admirations. Au Moyen-Âge pourtant, la bête majestueuse est ridiculisée, humiliée. Elle conquiert de nouveaux le cœur des hommes au vingtième siècle, mais sous la forme... d'une peluche. Passer du statut de Roi de la forêt à celui de simple doudou, voilà qui constitue un singulier parcours. Aujourd’hui, Michel Pastoureau nous raconte : l'ours.

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mardi, 27 décembre 2016

Lo sagrado como fuente de poder

Pedro Bustamante

Ex: http://www.elespiadigital.com 

Extracto de la obra Sacrificios y hierogamias: La violencia y el goce en el escenario del poder (dos tomos, Amazon, 2016). 

"Pues bien, el mundo de lo sagrado entre otras características, se opone al mundo de lo profano como un mundo de energías a un mundo de sustancias. De un lado, fuerzas; del otro, cosas". [1]

Todo lo que decimos supone que no se pueden separar religión y poder. Que son dos instituciones independientes, que están en conflicto, no es más que parte de la ficción que el poder-religión pone en escena para enmascarar su verdadera esencia. De nuevo, una cortina de humo más para esconder su obscenidad. Los más santos lo son porque han sido o son también los más criminales. La bondad es siempre sublimación de la maldad. El poder, como la religión, se ejerce en última instancia a través de la máquina hierogámico-sacrificial. El poder es inseparable de la religión, es solo un momento del poder-religión. [2]

Hemos mostrado que en la captura de la energía libidinoso-agresiva natural excesiva juegan un papel fundamental los bíoi sagrados, como intermediarios, canalizadores, acumuladores, emanadores, de estas energías. Que después estos bíoi sagrados se van sustituyendo progresivamente por otros bíoi o por pseudo-objetos, en los que sigue presente esta dimensión sagrada. Se suele decir y se suele experimentar que dichos bíoi o pseudo-objetos sagrados "tienen poder". [3] Pues bien, esto confirma de una forma muy evidente nuestra tesis: que el poder y la religión forman un complejo inseparable, que es lo que denominamos poder-religión, y que este poder-religión se ejerce a través de la máquina hierogámico-sacrificial.

De ahí que en la mayoría de las culturas y épocas poder y religión hayan conformado una unidad. La distinción entre poder y religión es relativamente reciente, está particularmente vinculada a la cultura occidental. Más que una generalidad, es una anomalía, una excepción, una situación que, insistimos, pretende enmascarar la verdadera esencia del poder-religión. Una estrategia de poli bueno y poli malo. Así, incluso cuando estas dos facetas del poder-religión se han disociado, en general han tendido a operar de manera complementaria, a establecer pactos, a dividirse las tareas, en suma, a seguir operando en la práctica como una entidad, más allá de las apariencias y de las tensiones relativas. Pero además de todo esto, la clave para entender la separación aparente de poder y de religión, es que todo ello ha sido promovido por sociedades secretas que han seguido operando como poder-religión en la sombra, pero que han visto en esta separación una estrategia eficaz para enmascararse y al mismo tiempo debilitar y controlar al poder y a la religión aparentes.

Como hemos mostrado, el cometido central de la máquina hierogámico-sacrificial es sacralizar ciertos elementos de la realidad y profanizar otros, distinguirlos netamente, establecer su separación. Pero lo que está en el trasfondo de esta mecánica es, una vez más, la captura de la energía social excesiva. Digamos que en un principio toda la naturaleza está encantada, las fuentes de lo sagrado surgen por doquier, en los fenómenos meteorológicos, en las fuerzas de los astros, en los efectos de los mares y las aguas, en las transformaciones estacionales de la naturaleza. También la naturaleza interior está encantada, el hombre siente lo sagrado dentro de sí. Esta intimidad con lo sagrado se experimenta sobre todo en los momentos en que la comunidad se abandona al éxtasis de la violencia y del goce, de la ingesta caníbal, del incesto y de la orgía.

La máquina hierogámico-sacrificial no hace otra cosa que ordenar este exceso libidinoso-agresivo, de manera que se ponga al servicio de la cultura en lugar de amenazarla. Es en este contexto en el que los bíoi sagrados canalizan dichas energías excesivas, que se transforman en el proceso en energías culturales. Si estos bíoi son sagrados es porque son sacralizados en el marco de esta mecánica, al mismo tiempo que, recíprocamente, los bíoi profanos lo son porque son profanizados. De manera que se crea una suerte de diferencial energético entre lo sagrado y lo profano, que tensa todo el campo social. El modo de orden se puede sostener en la medida en que en el modo de crisis se canaliza, se cataliza, se almacena, este diferencial energético, en la medida en que los vórtices hierogámico y sacrificial tensan la superficie social, le dan relieve.

Todo esto es, insistimos, al mismo tiempo del orden de lo religioso y de lo político. Porque de hecho los bíoi sagrados lo son en la medida en que ostentan poder, en la medida en que se les otorga ese poder, en que se cree que lo tienen, que lo absorben, que lo desprenden, que lo contagian. Como nos ha mostrado René Girard, la clave del mecanismo sacrificial es que la víctima, al ser sacrificada, absorbe las fuerzas del mal y las devuelve transformadas en fuerzas del bien, transmuta las energías maléficas, desintegradoras, destructivas, en energías benéficas, integradoras, constructivas. [4] Esto es el poder catártico, pero también anártico, que no es tanto de los bíoi sagrados en sí como del conjunto de la máquina hierogámico-sacrificial, aunque la tendencia es a creer que ellos ostentan este poder. La creencia religiosa se reduce en última instancia a esto.

El desconocimiento de este mecanismo, la dificultad para comprender cómo opera la máquina hierogámico-sacrificial, implica que se haga responsable a la víctima o a su sublimación, la divinidad, de sus efectos. Tanto para bien como para mal. Que se la demonice o se la divinice. En definitiva, que se la considere la fuente de lo sagrado, la fuente del poder. De ahí que hayamos dicho que es la propia máquina hierogámico-sacrificial la que produce todas las nociones trascendentes, que además se proyectan en determinados bíoi o pseudo-objetos, a los que se considera encarnación del mal o del bien, de la divinidad maléfica o benéfica. No se sacrifican víctimas al dios, sino que, antes que nada, se sacrifica el dios mismo. O mejor, el dios se crea precisamente sacrificando a la víctima, haciéndola sagrada. [5] Pero este proceso hay que entenderlo en el contexto de largas tradiciones rituales. No sucede de la noche a la mañana. Se trata de procesos progresivos de disyunciones y conjunciones, de separaciones y fusiones de lo inmanente y de lo trascendente, del cuerpo y el alma-espíritu. De ahí que no solo el ritual hierogámico-sacrificial y los seres inmanentes que lo protagonizan adquieran poder, sino también sus emanaciones trascendentes, que como decimos son una y otra vez separadas y reintegradas en sus referentes inmanentes.

Pues bien, hay que ver en esta distinción entre lo inmanente y lo trascendente uno de los motivos de la disociación entre el poder religioso y el político. No es una casualidad que esta separación entre poder y religión haya tendido a producirse en ámbitos culturales en los que ha predominado la idea de un dios trascendente, abstracto, desencarnado. Esta forma de entender lo sagrado ha sentado las bases para la separación de un poder terrenal y un poder celestial, de un poder inmanente y un poder trascendente, de la política y la religión. Pero, como sabemos, inmanencia y trascendencia no son más que dos caras de la misma moneda, como realismo o materialismo e idealismo. Las religiones monoteístas con nociones de divinidad trascendentes son aquellas en las que más fácilmente se ha podido disociar el poder inmanente y el poder trascendente, y así ha podido distinguirse más netamente el poder político y el poder religioso. [6] Pero esta separación es, insistimos, artificial. Es disyunción sin conjunción, y por lo tanto parte de la estrategia de la máquina hierogámico-sacrificial. En realidad poder y religión siguen operando de manera conjunta. La religión sigue teniendo poder y el poder sigue siendo religioso. [7] Pero detrás de las bambalinas. Y de forma no declarada. Pero sigue siendo en realidad lo que mueve a las sociedades, se quiera o no, se reconozca o no.

Solo hay que observar la estrecha vinculación entre poder e inmortalidad para entender hasta qué punto el poder-religión es unitario. Hemos mostrado cómo el juicio póstumo es una forma sustitutoria de ritual hierogámico-sacrificial, cómo ambos son vórtices en los que confluyen lo religioso, lo político, lo moral y lo económico. Nos extenderemos sobre este tema cuando hablemos del autosacrificio, pero ahora solo queremos apuntar la íntima vinculación entre el poder y la religión, y cómo esta vinculación se pone especialmente de manifiesto en el fenómeno de la inmortalidad. En efecto, la creencia en la vida después de la muerte ha sido uno de los mecanismos de sometimiento político-religioso más poderosos. La vida del alma recompensaría los sufrimientos de la vida terrenal, hasta el punto de que solo la merecerían aquellos que se sacrificasen en esta vida. Vemos cómo está aquí implícita la idea del intercambio entre la vida y la muerte, la idea de que es necesario dar en esta vida para tener derecho a recibir en la otra. Es evidente que esta ha sido desde hace milenios una de las estrategias centrales del sometimiento político y religioso. Pero también en buena medida económico, como hemos visto al tratar del juicio de los muertos. Toda la actividad productiva, económica, laboral, está impregnada de lo sacrificial, de las nociones de sacrificio y autosacrificio, ofrenda, tributo, acumulación de un excedente que nos sobrevive, intercambio simbólico, etc.

La noción de inmortalidad es una de las claves de bóveda que sostiene todo el sistema de poder-religión. Como sabemos, el Antiguo Egipto ha jugado un papel importante en esto, retomado por la tradición judeocristiana. En general lo que se puede observar en la tradición occidental, por lo menos hasta el Renacimiento, es una suerte de asimetría fundamental en la que la vida está supeditada a la muerte, o si se quiere, a la vida después de la muerte. Lo que no es otra cosa que la supeditación de la mortalidad de los bíoi a la inmortalidad relativa de las zoés. Esta profunda vinculación entre inmortalidad y poder seguirá dominando todo el pensamiento occidental hasta la Ilustración. Y lo sigue haciendo ahora, aunque de una manera menos explícita. Ahora la muerte se ha fusionado con la vida de tal manera que entre ambas apenas hay distinción. A fuerza de querer negar la muerte la cultura moderna ha hecho que la muerte se adhiera a la vida como un doble fondo que la acompaña en todo momento. La vida moderna apesta a muerte por sus cuatro costados.

NOTAS

Pedro Bustamante es investigador independiente, arquitecto y artista. Es autor también de El imperio de la ficción: Capitalismo y sacrificios hollywoodenses (Ediciones Libertarias, 2015). Colabora habitualmente en diversos medios alternativos como El Robot Pescador, El Espía Digital, Katehon, La Caja de Pandora y Csijuan. deliriousheterotopias.blogspot.com

1Roger Caillois, El hombre y lo sagrado, México D. F., Fondo de Cultura Económica, p. 27.

2Cf. Elias Canetti, Masa y poder, Barcelona, Muchnik, 1977, pp. 512 y ss.

3Mircea Eliade, Lo sagrado y lo profano, Barcelona, Paidós, 1998, pp. 15-16.

4René Girard, La violencia y lo sagrado, Barcelona, Anagrama, 2005, pp. 122-123; cf. pp. 313-317.

5Walter Burkert, Homo Necans: Interpretaciones de ritos sacrificiales y mitos de la antigua Grecia, Barcelona, Acantilado, 2013, p. 130; Jean-Pierre Dupuy, La Marque du sacré, París, Flammarion, 2010, p. 141.

6Agamben, El Reino y la Gloria: Una genealogía teológica de la economía y del gobierno, Buenos Aires, Adriana Hidalgo, 2008.

7Cf. René Guénon, El Rey del mundo, s. l., Luis Cárcamo, 1987, p. 19.

lundi, 12 décembre 2016

Le chamanisme d'Asie centrale et de Turquie : histoire et anthropologie / Zarcone Thierry

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Le chamanisme d'Asie centrale et de Turquie : histoire et anthropologie / Zarcone Thierry

Le chamanisme d'Asie centrale et de Turquie : histoire et anthropologie. Conférence de Thierry Zarcone. Date de réalisation : 27 Mars 2012