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mardi, 03 juin 2008

Morts malfaisants dans le droit et les croyances des Romains

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Morts malfaisants dans le droit et les croyances des Romains

Les éditions Exergue viennent de rééditer une œuvre de ré­férence pour tous les folkloristes et depuis longtemps in­trou­vable: Les Morts malfaisants d'après le droit et les cro­yances populaires des Romains écrit en 1924 par Emile Job­bé-Duval. L'éditeur écrit: «Pour cette nouvelle édition, une préface de Claude Lecouteux, spécialiste renommé du fol­klore européen pré-chrétien et médiéval, vient rappeler l'im­portance de cet ouvrage, qui n'a rien perdu de sa fraî­cheur et de sa pertinence. De plus, toutes les citations lati­nes sont maintenant accompagnées de leur traduction fran­çaise. En revanche, les éditeurs ont jugé bon d'abréger cet ou­vrage d'un immense appendice qui ne traitait que de sub­ti­lités du droit romain, sans rien apporter de nouveau sur le plan de l'ethnohistoire proprement dite. Ce livre constitue une étude précise et exhaustive sur les croyances et cou­tu­mes des Romains relatives aux morts qui, par besoin de ven­geance ou tout autre attachement émotionnel, erraient près des vivants, menaçant en permanence leur santé et leur équilibre» (JdB).

Emile JOBBÉ-DUVAL, Les morts malfaisants d'après le droit et les croyances populaires des Romains, 2000, Edi­tions Exergur (298 rue Nicolas Parent, F-73.000 Chambéry), 206 p., 115 FF. A la même enseigne est paru Sauvages et velus. Yéti, Sasquash, Almasty, Barmanou, Bigfoot... En­quête sur des êtres que nous ne voulons pas voir de Jean Roche. Le livre est dédié à la mémoire de Vladimir Pouch­karev, disparu en 1978 dans une expédition solitaire au nord-ouest de la Sibérie pour tenter d'approcher ce qui fait l'objet du présent ouvrage. 222 pages. 129 FF.

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vendredi, 02 mai 2008

Connaître et aimer Knut Hamsun

Avec Michel d’Urance, une invitation à connaître et aimer Knut Hamsun

Pierre Le Vigan

Avec Michel d’Urance, une invitation à connaître et aimer Knut Hamsun
Dans la collection Qui suis-je ? de Pardès (initiative sympathique si ce n’est son dispensable thème astral qui clôt chaque volume), le jeune essayiste Michel d’Urance, rédacteur en chef d’Eléments, aborde un homme du grand Nord, et aussi un grand homme du Nord, l’écrivain norvégien Knut Hamsun. Le petit et gracieux ouvrage constitue une introduction à l’œuvre et à l’homme très rigoureuse, très complète sans être exhaustive bien entendu, et une excellente invitation à la lecture ou à la relecture, que l’on pourra aisément compléter par le numéro de Nouvelle Ecole sur le même thème (56, 2006).

Né en 1859, mort en 1952, Hamsun – ce « personnage original et puissant » comme disait Octave Mirbeau – est déjà de notre temps, de la première modernité en tout cas, sans l’être tout à fait : il n’a connu que la première phase de son déchaînement, il est vrai significative puisqu’elle comporte Hiroshima, Dresde février 45, les camps nazis, les camps staliniens, et aussi la TSF, l’avion, le téléphone. Hamsun a connu cela, et il a connu aussi le temps d’avant, celui que chacun d’entre nous n’a pas connu, le temps des chevaux, des charrettes, des dialogues sur la place du bourg, des amours cachés dans les foins et non sur le web.

Dans une œuvre longue, ponctuée par le prix Nobel en 1920, pour Les fruits de la terre (traduit sous le nom de L’éveil de la glèbe), le héros hamsunien, note d’Urance, « figure son époque par delà l’infinité ou la différence des personnages. » « Fixer l’ambiance d’époque, devenir un mémorialiste de son temps » c’est à cela, écrit encore justement d’Urance, que l’on reconnaît un grand écrivain. Ce héros hamsunien dit, comme celui de Balzac, l’époque et l’époque qui change – et l’homme qui change avec son époque. « Nous changeons même si c’est infime, dit l’un des personnages d’Hamsun. Aucune volonté, aussi stricte soit-elle, ne peut avoir d’influence sur cette progression naturelle (…). Du point de vue historique, le changement est un signe de liberté et d’ouverture » (Crépuscule, 1898).

Knut Pedersen-Hamsun a voyagé, notamment aux Etats-Unis, et a exercé plusieurs métiers. Il a vu les nuances du monde et c’est pourquoi il convient de porter sur lui un jugement plein de nuances. En Amérique, il est frappé par la solidité des bases morales données par la religion ainsi que par le patriotisme exagéré des Américains (August le marin, 1930). Il note l’excès de morale et la faiblesse de l’analyse, la faiblesse de ce que les Français appellent « l’esprit » qui caractérise ce peuple. Il est encore frappé par quelque chose d’une extrême dureté que l’on trouve selon lui dans la mentalité des Américains. En Caucasie, au contraire, ce qui lui parait décisif c’est que plus on va vers l’est, plus on va vers le silence, plus le sort de l’homme devient non plus de parler, mais d’écouter la nature, celle-ci devenant de plus en plus massive, de plus en plus tellurique. « J’en aurais toujours la nostalgie » écrit Hamsun.

Patriote norvégien – il est pour l’indépendance de son pays en 1905, au moment de la séparation avec la Suède -, moderniste en littérature, dénué de xénophobie et d’antisémitisme, qu’est-ce qui a poussé Knut Hamsun à se « rallier », avec des nuances bien entendu, au régime pro-allemand de Quisling de 1940 à 1945 et d’une manière plus générale à la cause de l’Allemagne national-socialiste et de l’Axe (un de ses fils sera combattant dans une unité de Waffen SS comme nombre de nordiques et de Baltes).

Ce choix aventureux - dans lequel Hamsun avait beaucoup à perdre et rien à gagner - n’est de fait pas venu par hasard, et Michel d’Urance éclaire de manière fine cet épisode qui donne un caractère de souffre à l’approche d’Hamsun dont les amitiés littéraires (il fut préfacé par André Gide notamment) n’avaient strictement rien de « fasciste ». Pour autant, il est exact que Hamsun était critique quant à la modernité, il est exact qu’il souhaitait un équilibre entre celle-ci et des valeurs traditionnelles comme la proximité avec la nature, l’expérience personnelle, toutes choses qui amenaient à critiquer les sociétés de masse, à refuser le communisme, à ne pas se satisfaire non plus du libéralisme et son culte du commerce. D’où un intérêt pour tout système paraissant ouvrir une nouvelle voie.

Il est de fait aussi que, trente ans avant l’arrivée de Hitler au pouvoir, Hamsun avait manifesté sa sympathie pour l’Allemagne. Il est de fait que l’Allemagne devenue nazie, sa sympathie n’a pas faibli. Comme beaucoup, Hamsun n’a pas voulu voir la réalité de l’antisémitisme nazi et a sous-estimé son extrême violence (dont les manifestations et l’aboutissement criminel n’étaient pas forcément décelable vu de Norvège, les nazis ayant mis en place une politique du secret et du camouflage qui trompa bien des observateurs). Bien entendu, des facteurs plus personnels sont à prendre en compte : Hamsun a 81 ans en 1940, et il est sourd. Sans aller jusqu’à dire que sa surdité explique sa cécité ( !) sur le nazisme, il est certain que ce handicap l’éloigne du monde. Hamsun est toutefois parfaitement lucide durant ces années. En 1940, il souhaite publiquement l’arrêt des combats et la collaboration de la Norvège avec le Reich. Sa principale motivation est la détestation des anglo-saxons et de leur civilisation. Nulle hystérie antisémite chez lui. Très vite, Hamsun est déçu de la forme que prend la politique de collaboration. Il reste toutefois fidèle à ses prises de position initiale. Le 7 mai 1945, il rend hommage dans la presse à Hitler en des termes lyriques et quasi-christiques (on pense à Alphonse de Chateaubriand), le présentant comme un homme qui « proclamait son évangile de la justice pour toutes les nations » et « une de ces figures éminentes qui bouleversent le monde » (la seule chose que l’on ne contestera pas, c’est le fait qu’Hitler ait bouleversé le monde en parachevant la catastrophe inaugurée en 1914 et qui a vu l’Europe presque au bord de la sortie de l’histoire. Cf. Dominique Venner, Le siècle de 1914, Pygmalion, 2006). En vérité, un entretien d’Hamsun avec Hitler en 1943 avait montré l’ampleur des malentendus, comme le montre bien Michel d’Urance. Hamsun était un idéaliste et rêvait d’une Europe nordique fédérée, faisant vivre une civilisation débarrassée des excès de l’économisme et Hitler était avant tout un pangermaniste darwinien, scientiste et ultra-moderniste qui souhaitait que la Norvège lui cause le moins de souci possible.

En 1945, Hamsun est mis en résidence surveillée puis jugé. Il est libéré au bout de 5 ans, il a alors 90 ans et est complètement ruiné. Il meurt 2 ans plus tard. On ne connaît pas de personnes qui ait été arrêtées suite à des dénonciations venant de lui, par contre, plusieurs personnes lui doivent la vie ou leur libération suite à des interventions qu’il a faite durant la guerre auprès des Allemands. Il avait écrit : « Il est bon que certains gens sachent comment un homme de fer se comporte devant une morsure de serpent ».

notes

Michel d’Urance, Hamsun, Qui suis-je, Pardès, 2007, 128 p., 12 €.

mardi, 29 avril 2008

Paul Nothomb: le délire logique

Paul Nothomb: le délire logique

 

Les éditions Phébus rééditent Le délire logique de Paul No­thomb. L'éditeur écrit: «Malraux resta toujours fidèle à sa première impression. Le délire logique, qui se donne pour­tant comme un roman, était bien, pour lui, "le premier témoignage sur la Gestapo où l'auteur ne romance pas". Paul Nothomb raconte ici l'histoire d'un homme qui, torturé par la police militaire allemande pendant la guerre, com­men­ce par résister aux coups, puis finit par comprendre dans la nuit de sa cellule qu'il ne pourra bientôt éviter de parler, et invente pour ses bourreaux une fable si délirante qu'elle lui vaudra d'échapper à leurs tourments. L'auteur à l'é­poque avait vécu une aventure presque semblable et l'a­vait fait savoir. On ne lui avait pas pardonné: il était peut-être permis de parler sous la torture (surtout si c'était pour sauver les copains), non de raconter qu'on l'avait fait. Un grand demi-siècle après, il a voulu remettre au jour ce tex­te (publié en 1948 par Gallimard), accompagné ici d'un nou­vel appareil de présentation —et de trois lettres inédites d'André Malraux. "Pour en finir avec quelques mensonges pieux qui empoisonnent notre histoire" (PM).

 

Paul Nothomb, Le délire logique, 1999, 180 pages, Editions Phébus, 119 FF.

 

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mercredi, 23 avril 2008

Un livre sur la pensée de Keynes

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Sur la pensée économique de Keynes

 

On se trouve ici face au meilleur texte d’introduction à l’œuvre de Keynes actuellement en circulation. Non seule­ment le plan a été remarquablement construit, en deux par­ties de trois chapitres, mais le style est limpide, cou­lant, et donne envie de continuer de sorte qu’on regrette d’ar­river si vite à la fin. Keynes (1883-1946) a fondé un pa­radigme, c’est-à-dire une conception générale et élaborée de l’économie. Il a résolu des questions que Marx et Walras avaient posé : pourquoi la baisse du taux de profit conduit-elle à la crise? Comment comprendre la stabilité des crises (sous-consommation ou sur-accumulation)? Le problème de la durée des déséquilibres entre offre et demande... Key­nes étudie l’économie du capitalisme de marché, où la con­cur­rence est essentielle. Il est motivé par la misère ouvriè­re qui règne dans ce capitalisme marchand industriel. Il a un souci de méthode scientifique, en tenant compte de l’é­po­que  Sa réflexion macroéconomique a stimulé l’étude de la répartition globale entre salaires et profits ainsi qu’un in­térêt pour la notion de crise financière. Sa relance de l’a­nalyse monétaire dans le cadre d’une économie de pro­duc­tion a permis de comprendre que le vieux rêve des alchi­mis­tes était réalisé: la monnaie ne tient sa valeur que d’ê­tre un signe. Enfin, le débat sur un juste et légitime pro­tec­tionnisme lui doit beaucoup… (JD).

 

Frédéric POULON, La pensée économique de Keynes, Du­nod, Coll.Topos, 126 p.

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jeudi, 13 mars 2008

Le Zen en guerre

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Le Zen en guerre

 

Moine soto zen depuis 1964, Brian Victoria pu­blie Le Zen en guerre. Ce livre est intéressant en dépit de sa tonalité politiquement trop cor­recte. J. P. Berthon écrit en préface: « L'une des caractéristiques du bouddhisme japonais con­cerne son étroite relation avec l'Etat. Ce der­nier lui exprime souvent son soutien, tout en le contrôlant au niveau de son clergé et de ses organisations. En retour, le bouddhisme a tou­jours offert au pouvoir son support spirituel. Dans certains cas, comme celui de l'école de Ni­chiren et de sa revendication de l’“établisse­ment de la Loi juste pour la paix dans le pays” au XIIIè siècle, le bouddhisme put même pren­dre à l'occasion des accents menaçants en de­mandant des réformes immédiates de la part de l'Etat. Ce que propose le bouddhisme de l’é­poque Meiji, ce sont, également, des "doctrines pour temps de guerre" qui entraînent l’ensem­ble des sectes dans le sillage du système impé­rial sans que les savants des études bouddhi­ques ne fassent entendre la moindre voix dis­sonante à l'encontre de ce choix pour le moins singulier. L'aventure militariste à laquelle fut as­socié le bouddhisme japonais au cours de la pre­mière moitié du XXe siècle ne manquera pas d’intriguer le lecteur occidental » (JdB).

 

Brian VICTORIA , Le Zen en guerre 1868-1945. Le Seuil. 2001. 368 pages. 138 FF.

 

L’opinion de Jean DESSALLE :

 

Le découpage temporel est un exercice délicat. Le risque est toujours de construire un récit à par­tir d’une idéologie ou d’un savoir actuel qui amè­nent à opérer un tri regrettable parmi les do­cu­ments. La dénonciation du bouddhisme en tant que moyen psychique de la plus efficace des cultures militaires, celle des bushis nip­pons, oublie la dimension d’experts martiaux à la limite des capacités humaines qu’ils ont in­carnée. Parallèlement, le bouddhisme n’a-t-il pas porté, depuis vingt-trois siècles, l’expan­sion politique d’empires parmi les plus vastes qui aient jamais existé ?  Comment l’auteur s’é­tonne-t-il que cette philosophie et cette psy­chologie aient si bien servi les arts de la poli­ti­que, de la guerre, comme d’ailleurs ceux de l’es­thétique, malgré la non-violence, le déta­che­ment et l’introspection de la pensée com­plè­te ? N’en est-il pas de même en Occident avec les monothéismes ? Il est normal que les phi­losophes bouddhistes se soient posées la ques­tion de la compatibilité avec les multiples dimensions de la vie sociale et aient apporté une réponse. D’autant que le bouddhisme n’est pas un dogme et n’en contient pas ; qu’il ne dis­pose même pas d’écritures saintes : tous les tex­tes ne font que proposer et préconiser (JD).

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dimanche, 09 mars 2008

Nagarjuna, doctrine de la vacuité

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Nagarjuna, doctrine de la vacuité

Jean-Marc Vivenza publie une très bonne étude sur Nâgârjuna et la doctrine de la vacuité. Moi­ne bouddhiste du IIe-IIIe siècle, il est consi­dé­ré comme le grand métaphysicien du boud­dhis­me Mahâyâna. Une métaphysique qui ne con­cerne pas seulement les bouddhistes com­me le remarque fort justement l'auteur qui é­crit: «... l'enseignement de Nâgârjuna n'est pas détachable, isolable d'un contexte religieux spécifique, d'une tradition spirituelle bien pré­ci­se, qui joueront un rôle éminemment impor­tant, tant dans sa formation que dans l'expres­sion de son discours. Mais il ne serait pas ju­ste, il ne serait pas objectif de ne pas recon­naî­tre, de ne pas percevoir la portée d'une telle pensée, portée dont la validité ne s'arrête pas aux frontières du seul bouddhisme, mais dé­bor­de très largement sur les larges domaines de la pensée philosophique universelle (...). On peut l'affirmer sans crainte, Nâgârjuna se pro­po­se rien de moins que d'offrir la possibilité d'un nouveau rapport à l'être, non par une on­to­logie particulière, mais par l'auto-abolition de l'ontologie commune, non par une ontologie né­­gative, mais par la négation de toute on­to­lo­gie possible. Pensée vide du vide, la doctrine de la vacuité est une pensée de l'au-delà de l'ê­tre et du non-être. Une pensée souveraine de la nescience, une science libératrice de "non-pensée"» (JdB).

Jean-Marc VIVENZA, Nâgârjuna et la doc­tri­ne de la vacuité, 2001, Editions Albin Michel, 250 pages, 120 FF.                      

 

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