Les manifestations populaires, celles des Gilets Jaunes, comme celles des opposants au projet gouvernemental de réforme des retraites, ont rarement été aussi massives avec aussi peu de résultats à la clé. Depuis plus d’un an, des millions de Français ont manifesté contre les projets gouvernementaux sans que cela ne stoppe ni même n’enraye la mécanique implacable de casse sociale et de spoliation des plus faibles initiée par Macron. Le mot « dédain » revient régulièrement dans la bouche des commentateurs : dédain pour les travailleurs, dédain pour les plus modestes, dédain pour les Français en général… Seul le dédain et le mépris peuvent en effet expliquer ce refus ostensible de considérer les souffrances et les inquiétudes des gens qui descendent dans la rue.
En 1968, plusieurs semaines de grèves ont abouti aux accords de Grenelle (avec notamment une augmentation de 35% du SMIG). En 1986-1987, 28 jours de grèves ont fait capoter le projet de grilles des salaires à la SNCF. En 1995, 22 jours de grève ont fait plier Alain Juppé. Certes, toutes les grèves que la France a connues n’ont pas débouché sur des avancées sociales significatives. Certaines furent des échecs. D’autres obtinrent quelques concessions seulement. Mais aucune de celles qui ont eu l’envergure du mouvement social qui a commencé le 05 décembre, n’a été confrontée à une telle indifférence du pouvoir. Aucune concession significative n’a permis aux grévistes de sauver la face. Au contraire, ils ont encaissé pendant plusieurs semaines les railleries, la condescendance, le mépris et l’arrogance des membres de la Majorité. Comme si leur action n’avait en soi aucune importance ! Même chose d’ailleurs pour les Gilets Jaunes, écartés d’un revers de main, après que médias et macroniens les aient catalogué homophobes, racistes et antisémites !

Ce qui peut surprendre, si l’on considère l’agitation sociale dans notre pays depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes jusqu’aux grèves de décembre et janvier, est moins l’échec de cette importante contestation sociale, que la manière dont elle a été traitée par le pouvoir. Macron est le premier du genre à avoir clairement signifié à tous les Français qu’il se moquait totalement de la paralysie du pays et des conséquences économiques d’un an de manifestations, de grèves et de blocages. L’essentiel était que sa feuille de route soit suivie. Entêtement d’un enfant-roi devenu président du régime, ou conséquence d’une évolution des rapports de forces ?
Economie réelle et économie financière
Jusqu’aux années 80, la richesse des élites oligarchiques était basée sur le travail productif national. C’était la bonne marche de l’industrie, du commerce et des transports du pays qui assurait les fortunes. Autrement dit, plus les ouvriers, les employés et tous les salariés faisaient régulièrement et correctement leur travail, plus l’oligarchie était prospère. L’oligarchie redoutait donc les grèves et concédait régulièrement quelques miettes aux gens qu’elle exploitait. L’oligarchie avait aussi grand intérêt à investir dans l’appareil global de production : ses usines mais aussi, via l’Etat à son service, les réseaux de transport (routes, autoroutes, voies ferrées…), les infrastructures du pays (ouvrages d’art, réseaux électriques, télécommunication…) et même l’établissement de routes migratoires (pour disposer d’une main d’œuvre servile)…
Au début des années 80, les ultralibéraux prennent le pouvoir. Partout, c’est la fin du contrôle du mouvement des capitaux. Autrement dit, l’argent que l’oligarchie devait nécessairement investir dans le pays pourra désormais servir à construire des usines dans des pays à la main d’œuvre bon marché, avec bien sûr, à la clé, la fermeture des usines du périmètre national. C’est le début des « délocalisations ».
Les ultralibéraux vont également imposer (à partir de 1983 en France), la dérégulation des marchés financiers. Les règles qui imposaient des contraintes et des limites à l’imagination des banquiers, des investisseurs et des spéculateurs sont abolies. Le monde de la banque et de la finance devient un casino. Le capital financier devient une marchandise que l’on manipule et sur laquelle on parie.
Progressivement, la richesse oligarchique qui dépendait autrefois de l’économie réelle va ainsi dépendre de l’économie financière.
Les chiffres sont aujourd’hui sans appel.

La sphère économique mondiale
(Unité : le Téra dollar soit le millier de milliards de dollars)
Source : www.financeglobale.fr
Il y a deux manières de calculer le poids de la sphère financière (cf. l’économiste Raphaël Didier). Soit, comme le fait l’économiste Patrick Artus, en additionnant, au niveau mondial, l’encours de crédit, l’encours d’obligations, l’encours de produits dérivés et la capitalisation boursière. Soit, comme le fait l’économiste François Morin, en additionnant les marchés dérivés, les marchés des changes et les marchés financiers (tableau). Dans le premier cas, la sphère financière représente plus de 1100 % du PIB mondial, soit 12 fois plus que l’économie réelle. Dans le second cas, les flux financiers sont près de 60 fois supérieurs aux flux de l'économie réelle !
La seule activité bancaire en France représente 4.2 fois le PIB du pays, sans même prendre en compte l’activité de la banque centrale. Le bilan de la BNP est à lui seul équivalent au PIB de la France (voyez ici) ! Que pèsent dans ces conditions la SNCF, Michelin et ce qu’il reste de l’industrie française ?
Mettez-vous à la place d’un oligarque ou d’un fond d’investissement. Préféreriez-vous investir votre agent dans une économie réelle qui stagne ou dans une économie financière en pleine croissance ? Préféreriez-vous gérer les revendications d’une masse salariale indisciplinée ou miser anonymement dans un casino qui vous assure de gagner des sommes colossales à tous les coups ? Préféreriez-vous investir en bourse ou dans une usine du Pas-de Calais ?
En fait, l’oligarchie a déserté l’économie réelle pour se gaver dans l’économie financière. Les deux économies sont aujourd’hui totalement découplées. Même l’arrêt économique de la Chine, suite au Coronavirus, n’empêche pas les bourses de grimper (pour le moment !). Alors une grève en France ! L’indice Baltic Dry mesure le transport maritime global. En 5 mois et demi, il s’est effondré de 83.52%. On pourrait penser que c’est autrement plus préoccupant que l’occupation d’un rond-point dans la Creuse, n’est-ce pas ? Et bien pas du tout : dans le même temps le Cac 40 est passé de 5400 points à 6100 points !
Les oligarques évoluent aujourd’hui dans un univers parallèle alimenté par les banques centrales. Celles-ci inondent les marchés financiers et ignorent totalement l’économie réelle. Les tombereaux de Dollars, d’Euros, de Yen imprimés par les banques centrales atterrissent, via le Casino, dans les poches d’oligarques qui s’enrichissent à hauteur que la population s’appauvrit.
L’économie réelle n’a plus aucun intérêt pour les 0.01%, d’autant que tout ce qui compte « stratégiquement » leur appartient désormais : l’eau (y compris en France, via des firmes comme Veolia, Suez ou Saur), l’énergie, les transports, la santé, l’agro-alimentaire, les médias, Internet, les télécommunications, etc.

De ce constat objectif, il découle que les cheminots, les agents de la RATP, les infirmières, les enseignants ou les dockers peuvent faire grève autant qu’ils le désirent. Cela n’aura aucune chance de toucher, même de manière très superficielle, le train de vie des oligarques qui spéculent sur les marchés. Mettez en rapport le marché des changes (FOREX) ( 5100 milliards de dollars qui changent de mains tous les jours. Six fois plus qu’en 1992. Plus de deux fois le PIB français !) et le chiffre d’affaire de la SNCF (33 milliards d’Euros… par an) et vous comprendrez que la grève des cheminots et la galère des usagers n’aient pas beaucoup ému nos élites bancaires et financières !
C’est un fait et cela explique largement l’échec du mouvement des Gilets Jaunes, l’échec des grèves contre la réforme des retraites et l’arrogance gouvernementale : pour l’essentiel, la richesse des dominants ne provient plus de l’économie réelle ! La contestation sociale ne touche plus les « gros » comme à l’époque de Zola, comme en 1968, ou même, encore, comme en 1995 !
Mais Macron et le gouvernement, me direz-vous, ne sont-ils pas impactés par la contestation sociale ?
Bien sûr, ils encaissent les coups, mais c’est leur job. Ils sont payés pour ça. Les « élus » sont élus parce-que les médias oligarchiques et les milieux économiques ont organisé leur promotion. Ce sont des larbins de l’oligarchie. Tant que la contestation sociale ne met pas en péril la situation de leurs maîtres, leur rôle consiste à être sourd et aveugle à la détresse de leur peuple, tout en continuant à faire remonter vers l’oligarchie les biens réels qu’ils peuvent encore voler à celui-ci (réseaux d’eau, ports et aéroports, cotisations retraite, Française des Jeux, Métros…). Cependant, ces « élus » n’ignorent pas qu’ils tiennent, pour l’oligarchie, un rôle de fusible ; qu’ils sont, pour l’oligarchie, des leurres chargés de dévier les coups qui pourraient atteindre les possédants. La contestation sociale fait peur aux politiciens car ils savent que leur tête pourrait finir au bout d’une pique. Aussi, s’entourent-ils de leurs propres larbins, chargés de les protéger en éborgnant et mutilant les récalcitrants. Aussi font-ils parfois, sans déroger à leur mission, quelques concessions symboliques, qui tiennent plus de la trouille que de l’esprit de justice. Aussi tiennent-ils un discours sur le réchauffement climatique qui justifie leurs politiques de spoliation… mais aussi, indirectement, la volonté de leurs maîtres de déconnecter définitivement l’économie financière de l’économie réelle.
Sacrifier l’économie réelle pour sauver la planète
Au dernier Forum de Davos, il était piquant de voir les grands promoteurs de la mondialisation se soucier avec force de la « planète ». Les mêmes qui se sont arrangés jusque là pour que nous ne puissions rien acheter qui n’ait préalablement parcouru plusieurs milliers de kilomètres, les mêmes qui ont délocalisé sans scrupules notre industrie, générant largement la pollution qu’ils dénoncent, déclaraient à qui voulait les entendre qu’ils allaient maintenant, foi de Greta Thunberg, « sauver la planète ». Peut-on rappeler ici qu’un porte-conteneurs pollue autant qu’un million de voitures ?
Les vraies raisons de cet hypocrite préoccupation écologique sont à rechercher dans ce que nous avons exposé plus haut : l’économie financière est aujourd’hui totalement déconnectée de l’économie réelle. Celle-ci lui est désormais plus un boulet qu’un atout. L’économie financière « hors sol » peut maintenant sacrifier ce par quoi elle avait autrefois vécu. Le Forum économique mondial de Davos (FEM) qui s’est tenu du 21 au 24 janvier 2020 a organisé la mise en scène sanglante de ce sacrifice. Ravalée par les Grand Prêtres de l’économie financière (banquiers centraux, BlackRock, fonds d’investissements…) au rang de bouc émissaire du réchauffement climatique, l’économie réelle a été donnée en offrande au dieu du Climat afin de « sauver la planète » (voir aussi l’article de William Engdahl mis en ligne sur le site du Centre de Recherche sur la Mondialisation ).
Le rôle de l’économie financière est de soutenir l’économie réelle. Il fallait une bonne raison pour justifier la réorientation des flux de capitaux de l’économie réelle vers les produits financiers, beaucoup plus rentables. Le « réchauffement climatique » induit par l’économie réelle était une raison toute trouvée. A Davos, nous avons ainsi assisté à la bénédiction Urbi et orbi d’une opération que la Finance a commencé il y a déjà plusieurs années.

Ainsi, dès 2011, BlackRock, Goldmans Sachs et différents fonds de pension américains ont fondé le Conseil des Normes Comptables de Soutenabilité écologique (Sustainability Accounting Standards Board (SASB). Le but de cette structure est d’orienter les différents investissements en fonction de leurs adéquations aux impératifs écologiques. Parmi les organisations « philanthropiques » qui animent le Conseil et fixent les normes on relèvera notamment, outre BlackRock et Goldman Sachs, State Street Global, Carlyle Group, Rockefeller Capital Management, Fidelity Investments, Bank of America, Merril Lynch, UBS…
En 2015, la Banque des Règlements Internationaux (B.R.I.), associée à BlackRock, a lancé le Groupe de Travail sur la Divulgation Financière relative au Climat (TCFD). Le groupe est alors dirigé par Mark Carney, Gouverneur de la Banque d’Angleterre. Carney, ancien de Goldman Sachs, est aussi membre du Conseil du Forum de Davos ainsi que président du Conseil de Stabilité Financière de la B.R.I. Il vient d’être nommé Conseiller au changement climatique de Boris Johnson ( !).
En 2016, le TCFD a lancé « l’Initiative Finance Verte » (G.F.I). Le but : canaliser l’économie financière vers des investissements « verts », des investissements « résilients au changement climatique », en vue de « limiter les émissions de CO2 ». Les banquiers centraux de la B.R.I. ont nommé 31 membres dirigeants, parmi lesquels les représentants de BlackRock, de Generation Investment Management dirigé par Al Gore, de J P Morgan Chase, de Barclays, de HSBC, du Crédit Agricole…
Tout ce petit monde de banquiers centraux, de financiers, de fonds de pension, de fonds d’investissement, de banques d’affaires… s’est donc logiquement retrouvé à Davos pour décréter qu’il était urgent de « sauver la planète ». Comment ? On l’a vu, c’est très simple : il suffit de canaliser les investissements vers les secteurs d’activité qui émettent le moins de CO2 et de sanctionner éventuellement ceux qui ne se soumettent pas à une discipline « écologique » de fer !
Ainsi, Mark Carney (le Gouverneur de la Banque d’Angleterre devenu expert en climat auprès de Boris Johnson), déclare à la BBC, sur la foi d’une analyse d’un fond de pension ( !) : « si vous additionnez les politiques de toutes les entreprises ici-bas aujourd’hui, elles correspondent à un réchauffement de 3,7/3,8°C » (avec, bien sûr, élévation de 9 mètres du niveau des océans et famines à la clé) et d’avertir que les fonds de pension qui ignorent le changement climatique risquent à présent la banqueroute (cité par William Engdahl). Autrement dit, les fonds de pension qui continuent à investir dans l’économie réelle polluante (les « entreprises ») et ignorent les conseils de BlackRock, Goldman Sachs ou Rockefeller seront poussés à la faillite !
BlackRock justement (12 500 milliards de dollars de chiffre d’affaire, 7000 dollars d’investissements, 6 fois le PIB de la France) a clairement mis les points sur les i, quelques jours avant le forum de Davos de 2020. Son PDG, Larry Fink, a fait savoir dans une lettre datée du 16 janvier que le « risque climatique » force une « recomposition fondamentale de la finance » et un « changement dans l’allocation des capitaux » qui sera plus rapide que le climat lui-même. Larry Fink prédit : « Dans le futur proche (et plus proche que certains n’anticipent), il y aura une réallocation incitative du capital ». BlackRock construira son portefeuille en fonction de la « soutenabilité [écologique] » des entreprises. Il se défaussera « d’investissements qui présentent un haut risque en termes de soutenabilité [écologique], comme les producteurs de charbon thermique », il lancera « de nouveaux produits d’investissement qui examinent de plus près les énergies fossiles » et renforcera « [son] engagement vers la soutenabilité [écologique] ».
Dit plus clairement : sous prétexte de risque climatique, BlackRock annonce que les capitaux iront de plus en plus vers des « produits d’investissements » indépendants des énergies fossiles et des émissions de CO2, c’est-à-dire de l’industrie et des entreprises de l’économie réelle. Les « nouveaux produits » en question seront donc de plus en plus des produits purement financiers. Cela tombe bien, ce sont aussi les plus lucratifs ! Ce « changement dans l’allocation des capitaux », déjà très largement entamé, menace donc directement l’économie réelle. Les financiers somment hypocritement l’économie réelle de se tourner résolument vers les « énergies vertes », tout en sachant que les « énergies vertes » ne permettront pas à l’économie réelle de fonctionner, ni même de nourrir, de loger et d’habiller 7 milliards et demi d’êtres humains !
A moins de trouver une nouvelle source d’énergie, il n’est donc pas possible aujourd’hui de dissocier l’activité de production des énergies fossiles. En décidant de ne plus financer les projets liés aux énergies fossiles, la Banque Européenne d’Investissement, outil de la Commission européenne, signe l’arrêt de mort de l’économie réelle. Produire oblige à émettre du CO2, et cesser d’émettre du CO2 revient à cesser de produire. L’argent est le sang des entreprises. Priver les entreprises de financements pour lutter contre le changement climatique revient à asphyxier l’économie. Mettre des limites à l’économie réelle provoquera des faillites, du chômage, de la misère et de la contestation sociale. C’est pourtant ce que font en toute lucidité les 0.01% à la tête de l’économie financière.
Et tout cela pour sauver la planète ? Allez, sans rire ?
Et maintenant, que peut-il se passer ?
Seulement 13.5% des placements des assureurs « français » sont dirigés vers des entreprises non financières. A peine 5% des transactions financières à travers le globe correspondent à des biens et des services réels. Sous perfusion des banques centrales qui lui assurent de gagner à tous les coups, l’économie financière ne veut plus de l’économie réelle : celle-ci n’offre plus aux investisseurs des débouchés aussi rentables que les actifs financiers ou les produits dérivés. Aussi se donne-t-elle de bonnes raisons pour réorienter les flux de capitaux de l’économie réelle vers les produits financiers et la spéculation. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage, dit-on.

Mauvais calcul des 0.01% ? On pourrait le penser, car que se passera-t-il quand les banques centrales cesseront de faire fonctionner la planche à billet ? Jusqu’à présent, le système financier est alimenté en argent frais par les banques centrales. Il peut donc tourner en circuit fermé. Mais demain ?
Admettons que pour une raison ou une autre, la perfusion financière soit coupée. Immédiatement, les bourses commenceraient sans doute à dévisser. Quelques fonds d’investissement seraient ruinés, des banques systémiques feraient sans doute faillite, mais au final qui serait réellement touché ? Les 0.01% prévenus à l’avance de la manœuvre ou les petits épargnants qui ne pourraient même plus retirer des banques leurs maigres économies ? Voyez ce qu’il s’est passé à Chypre, voyez ce qu’il se passe au Liban. Et puis regardons les faits : en 40 ans, l’essentiel des biens réels a été transféré aux 0.01% ! Ces derniers finissent aujourd’hui d’acheter avec de la monnaie de singe les derniers biens réels qu’ils n’ont pas. Et après que se passera-t-il ? Pensez-vous que, pour les ultra-riches, il soit vital que les usines et les industries dont la seule fonction est de fabriquer de quoi nourrir, habiller et loger le petit peuple, continuent à fonctionner ? Bien sûr que non, puisque ces entreprises ne leur rapportent rien.
Ici nous en revenons aux Gilets Jaunes, au mouvement de grèves et à l’indifférence des gouvernements nommés par les 0.01%. Les maîtres et leurs larbins se fichent de la contestation sociale car désormais la contestation sociale ne leur cause aucun préjudice. Bloquer l’économie réelle est obsolète car, du point de vue oligarchique, elle n’a plus aucune utilité, si ce n’est pour nourrir des masses humaines sans importance.
C’est quasiment acté : les 0.01% ont fait sécession ! Ils travaillent depuis 40 ans à s’exfiltrer de la population anonyme. Et ce processus d’exfiltration est sur le point d’aboutir. Ce qu’il se passera ensuite au sein de cette population ne les concernera plus. L’effondrement économique qu’ils auront causé, et qu’on mettra sur le compte du réchauffement climatique, fera connaître aux peuples la misère et la barbarie. Mais ce ne sera pas le problème des 0.01% : que le peuple crève !
Néanmoins, il reste une chose que l’oligarchie ne possède pas encore totalement : la sécurité. Bien sûr, les larbins gouvernementaux surveille la population grâce à des lois toujours plus liberticides. Bien sûr, des forces de police importantes sont chargées d’assurer la protection des dominants. Mais cela suffira-t-il ?
On sait que la société créée par l’oligarchie est une société multiraciale et multiculturelle. Pense-t-elle, cette oligarchie, que la misère fera se jeter les unes contre les autres les différentes communautés ? Pense-t-elle qu’elle se fera ainsi oublier ? Espère-t-elle, cerise sur le gâteau, qu’elle pourra même manipuler à son avantage les différents groupes en conflit ?
Antonin Campana




del.icio.us
Digg








S’il est difficile de se replacer derrière le voile d’ignorance tant nous sommes conditionnés par la place spécifique que nous occupons déjà dans la société, cette expérience de pensée permettra de nous orienter beaucoup plus sûrement vers un terrain d’entente. Il se peut que je consomme trop d’eau ou que je pollue, non pas parce que j’en tire un plaisir intrinsèque, mais parce que cela satisfait mon intérêt matériel : je produis plus de légumes, ou j’économise des coûts d’isolation, ou je me dispense de l’achat d’un véhicule plus propre. Et vous qui subissez mes agissements, vous les réprouverez.
D’une part, elle peut orienter le débat vers les objectifs incarnés dans la notion de bien commun en les distinguant des instruments qui peuvent concourir à leur réalisation. Car trop souvent, comme nous le verrons, ces instruments, qu’il s’agisse d’une institution (par exemple le marché), d’un « droit à » ou d’une politique économique, acquièrent une vie propre et finissent par perdre de vue leur finalité, allant alors à l’encontre du bien commun qui les justifiait de prime abord. D’autre part, et surtout, l’économie, prenant le bien commun comme une donnée, développe les outils pour y contribuer.




José Ortega y Gasset affirmait que se proclamer de droite ou de gauche, c’était accuser dans l’un et l’autre cas une hémiplégie morale. Nulle possibilité que François Sureau tombât dans une quelconque infirmité. Il se campe de longue date en défenseur de la liberté, de toutes les libertés publiques. C’est le rôle impérieux qu’il s’arroge, une fois encore, avec la rigueur du juriste et la verve de l’avocat et écrivain qu’il est, dans son opuscule 












Likewise, Fernández-Armesto’s book Pathfinders is described as “a study of humankind’s restless spirit,” but once he reaches the period after the 1500s, he has no explorers outside the West to write about. This may explain why he becomes disparaging toward European explorers, particularly those who came after the 1700s, describing them (David Livingstone, Henry Morton Stanley, Roald Amundsen, and others) as “failures,” “naïve,” “bombastic,” “mendacious,” “useless,” and “incompetent.”







Durch komplexe Überwachungssoftware wie PRISM, Tempora und XKeyscore werden diese Datenberge sodann von der NSA durchforstet und mit der CIA und anderen Behörden gemeinsam weiter verwertet.
L’innocent argent de poche de l’hyperclasse…



Philippe Grasset a comparé l’américanisme au germanisme. Siegfried rappelait :
Et comme Ortega Y Gasset à cette même et lucide époque, Siegfried dénonce le péril collectiviste américain et il pressent ce que l’européen va perdre :



Lucien appelait à une saine réaction populaire, comme disait Pie X dans les prédictions qu’on lui prête. Mais tout cela a fait long feu et les sondages donnent Macron vainqueur aux prochaines élections… Ou Sarkozy. On continuera de tonner contre (Flaubert) puis on fera la queue devant Picard, McDonald, ou chez le marchand d’or.
Villiers-de L’Isle-Adam le disait déjà dans ses Contes cruels : « le premier des bienfaits dont nous soyons, positivement, redevables à la Science, est d’avoir placé les choses simples essentielles et « naturelles » de la vie HORS DE LA PORTEE DES PAUVRES. »
Cela c’est quelque chose que les leaders de Davos appliquent. Pas d’humanitarisme, privons le peuple et il se calmera. Il ne s’agit pas de donner plus, comme au cours des Trente Glorieuses, quand on avait une U.R.S.S. un peu plus convaincante que la Russie miniature de Poutine, des syndicats marxistes et des partis communistes. Car si on lui donne, il demandera plus. Faisons-lui peur avec la dette, le climat, le machisme, les attentats, il se soumettra. Trottinette/bicyclette, jeûne et smartphone au programme. Dix mètres carrés pour mille euros. Voyez le film Marie-Francine, de Valérie Lemercier, qui a très bien compris tout cela. Quatre ans plus tard le mouvement social se contente d’empuantir un peu plus Paris, avec sa grève des éboueurs qui ne débouche sur rien.

L’autre version est plus ouvertement radicale dans ses prescriptions politiques, et pourrait être comprise comme le bras écologique de la Nouvelle Gauche. Elle trouve son armée parmi les adhérents des mouvements post-1980 « Earth First ! » et des Fronts de Libération de la Terre ou des Animaux, ainsi que parmi les anarchistes verts, les anarcho-primitivistes et les éco-féministes ; ses tactiques sont les manifestations de masse, la désobéissance civile, et les actes mineurs de sabotage qui sont parfois qualifiés d’« éco-terrorisme ». Les activistes souscrivant à ces vues tendent à rejeter complètement la civilisation, et travaillent à combattre ses nombreux maux – hiérarchie, racisme, patriarcat, spécisme, homophobie, transphobie, les classes, l’étatisme, le fascisme, privilège blanc, capitalisme industriel, et ainsi de suite – pour mettre fin à l’exploitation et à l’oppression de toute vie sur Terre. « Libération totale » est leur cri de ralliement. Bien que s’inspirant du primitivisme romantique et du Transcendantalisme de la Nouvelle-Angleterre, les fondements philosophiques de l’écologie gauchiste peuvent être retrouvés plus directement dans la contre-culture des années 60, la critique de la théorie des races, le féminisme, et les mouvements pour la paix et les droits civiques.
Finalement, pour s’opposer au développement du libéralisme des Lumières, du socialisme, du matérialisme scientifique et de l’industrialisme dans l’époque moderne, le romantisme et l’idéalisme allemand offrirent une nouvelle expression artistique et philosophique de l’ancienne vision-du-monde holistique, qui trouva plus tard son expression la plus radicale dans l’anti-anthropocentrisme de Nietzsche, Heidegger, and Robinson Jeffers.
Bien sûr, étant donné notre nature défectueuse et déchue, la plupart des humains resteront attachés à leur volonté propre et à leurs intérêts matériels. Ainsi, alors que la religion de l’égalitarisme propose un anthropocentrisme fondamental par lequel tous les humains sont égaux simplement du fait qu’ils sont humains, dans la doctrine traditionnelle cela est nié par le fait de l’inégalité humaine. Comme l’a observé Savitri Devi, un beau lion a plus de valeur qu’un humain dégénéré, étant donné la plus grande conformité du lion vis-à-vis de l’ordre naturel et de l’Eidos divin. Pour cette raison, la métaphysique traditionnelle aussi bien qu’une écologie vue de droite requièrent le rejet de l’humanitarisme sentimental de la gauche moderne, d’après lequel chaque vie humaine (ou même chaque vie non-humaine, dans le cas des droits des animaux) a une valeur égale.
Pour l’écologiste de droite, cependant, la fin de toutes les choses humaines n’est pas un argument pour ne pas vivre avec honneur et combattre sans passion contre les forces de désintégration et de chaos. L’Homme contre le Temps peut, sur le long terme, être voué à échouer dans ses entreprises terrestres, mais cela ne diminue pas sa résolution. C’est parce qu’il agit avec le sens du détachement noble – le karma yoga de la Bhagavad Gita, le wou-wei de Lao-Tseu, ou l’Abgeschiedenheit de Maître Eckhart – par lequel l’action découle de la pureté de son être et de son rôle dans le cosmos plutôt que d’un calcul utilitaire ou d’un effort volontaire. Soutenir l’ordre naturel demande de défendre ses expressions les plus pures : le saint, l’innocent et le noble parmi l’humanité, ainsi que les arbres et les loups et les rochers qui étaient là avant nous, qui respectent dans une harmonie inconsciente l’ordre cosmique auquel l’homme peut seulement aspirer.
Dans un 

Ces sirènes ont été sculptées par Tullio et Antonio Lombardo, fils de Pietro Lombardo, maîtres vénitiens de la fin du XVe et du début du XVIe siècle – « et Tullio Romano a sculpté les sirènes, comme le dit l’ancienne gardienne : de sorte que depuis lors, personne n’a pu en sculpter d’autres pour la boîte à bijoux, Santa Maria dei Miracoli », comme on peut le lire dans le Canto 76.
La dolce vita aura 60 ans en 2020. Tout comme les sirènes de Pound, le tour de force aujourd’hui légendaire de Fellini à Rome est comme un palimpseste en celluloïd noir et blanc d’une époque révolue, la naissance des Swingin’ Sixties. Marcello (Marcello Mastroianni) et Maddalena (Anouk Aimée), impossiblement cool et chic, apparaissent comme la dernière femme et le dernier homme avant le déluge de « vulgarité bon marché ». À la fin, Fellini nous montre Marcello désespéré par la laideur et, oui, la vulgarité qui s’immiscent dans son magnifique mini-univers – l’esquisse de la culture trash fabriquée et vendue par le ‘leader du système’ qui allait rapidement nous engloutir tous.

Spykman est un personnage assez fascinant. De nombreux auteurs de géographie politique le classent parmi les géopoliticiens « matérialistes », uniquement préoccupés de quantification des facteurs de force, en particulier militaires, et obnubilés par les déterminismes liés à la localisation des acteurs étatiques.
L’interdépendance économique est certes une réalité. Elle l’était aussi à la veille de 1914.
Dans son récent essai, L’affolement du monde, Thomas Gomart dit que nous vivons un moment « machiavélien », au sens où l’analyse des rapports de force, qui était passée au second plan à l’ère des grandes conférences sur le désarmement, reprend une importance fondamentale dès lors que les trois principales puissances, Etats-Unis, Russie et Chine, réarment comme jamais. Après avoir contribué à stabiliser le monde, ce que le général Gallois appelait « le pouvoir égalisateur de l’atome » est-il en train de devenir obsolète ?
Du point de vue des apprentissages, la « géopolitique » n’y fera rien, ni l’économie, ni la « communication ».



Soulignons également que l’époque antique est celle où les dieux étaient les garants de l'harmonie du cosmos. Ils interviennent par ailleurs dans les rêves des hommes pour leur délivrer des messages. A plusieurs reprises, Athéna intervient dans les songes d’Ulysse pour le guider.
Or, le feu et le rêve appartiennent au même monde. Ils partagent les mêmes propriétés peu à l’aise avec celles de ce monde. Le rêve est comme le feu, immatériel, fluctuant, instable, prompte à retourner dans son monde nocturne.
Poussée par force nostalgie, l’humanité est parvenue à se hisser dans l’espace. L’homme a marché sur la lune, escale retour d’un aller métaphorique vers la planète terre, vers le plan matériel, dont la mémoire s’est perdue. Vu sous cet angle, la conquête de l’Espace n'est qu’une manifestation de la nostagie profonde qui habite l’homme.
A travers ces exemples, on est saisi par l'idée qu'un immense et implacable dispositif concerté a visé, depuis des temps immémoriaux (serait-ce même la pente de l'Histoire ?), a assécher l'imaginaire des peuples par un imaginaire de substitution. Ce dispositif est apparu historiquement avec le pouvoir centralisateur de l'Empire Romain, les Conciles, et devenu totalement incontrôlable par la suite, comme une machine planétaire devenue folle. Il poursuit aujourd'hui sa course folle avec la réplique de l'Empire qu'est l'Empire Américain, le Soft Power, le Nouvel Ordre Mondial qui contrôle à la fois le capitalisme avec sa technoscience destructrice de l'environnement et l'imaginaire de l'écologie et des médias.






The Decline of the West, I discovered, as neither a traditional history book or a dirge predicting the end of civilization as we know it. Instead, Spengler opened up vast and profound vistas of world cultures, often with startling insights like this:


En este mundo que cambia, los grandes poderes económicos británicos quieren caminar solos; ponen sus intereses estratégicos en el centro y, desde su autonomía, buscarán alianzas con Europa; mejor dicho, con algunos países europeos. Nadie cuestiona sus acuerdos de fondo con los EEUU, y el Reino Unido seguirá en ellos con voz e intereses propios. El otro lado de la cuestión debería suscitar alguna reflexión a los europeístas de andar por casa que hoy nos abruman. El dato más relevante para los hombres y mujeres que estamos en el marco de la UE es que a más integración, menos capacidad de Europa para ser un sujeto autónomo y diferenciado en unas relaciones internacionales donde las grandes potencias están definiendo intereses y marcos de actuación.
Manolo Monereo