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mercredi, 03 octobre 2018

Neoconservatisme : Qu’est ce que la doctrine de dominance énergétique de Trump signifie pour le monde

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Neoconservatisme : Qu’est ce que la doctrine de dominance énergétique de Trump signifie pour le monde

Par Alastair Crooke

Source Strategic culture

Il y a deux semaines, nous écrivions sur la façon dont la politique étrangère du président Trump s’était en quelque sorte « transmutée » en un « néo-américanisme », et nous avions cité l’expert concernant les affaires étrangères états-uniennes, Russell-Mead, qui suggérait que la métamorphose du 8 mai de Trump (la sortie de l’accord iranien), représentait quelque chose de nouveau, un changement de direction (abandonnant son style d’âpre négociateur), pour adhérer à – selon les termes de Russell-Mead – « une ère néo-américaine dans la politique mondiale – plutôt qu’une ère post-américaine [de style d’Obama] ». « L’administration veut élargir le pouvoir américain, plutôt que s’adapter à son déclin (comme l’aurait fait Obama). Pour l’instant, le Moyen-Orient est la pièce maîtresse de cette nouvelle tendance ». Russell-Mead explique que cette nouvelle direction prise par Trump provient de « son instinct (celui de Trump) lui disant que la plupart des Américains sont tout sauf avides d’un monde ‘post-américain’. Les partisans de M. Trump ne veulent pas de longues guerres, mais ils ne sont pas prêts non plus à une acceptation stoïque du déclin national ».

Il y a là quelque chose de paradoxal : Trump et sa base déplorent le coût de l’engagement dans cet immense parapluie de défense américaine, disséminée dans le monde entier par les mondialistes (sentiments aggravés par l’ingratitude supposée de ses bénéficiaires) – mais le Président veut « élargir le pouvoir américain, plutôt que de s’adapter à son déclin ». C’est-à-dire qu’il veut plus de pouvoir, mais moins d’empire. Comment pourrait-il résoudre cette quadrature du cercle ?

Eh bien une indication est apparue presque un an plus tôt lorsque, le 29 juin 2017, le Président a utilisé un mot tout à fait inattendu lors d’un discours donné à une conférence du département de l’énergie intitulée : « Libérer l’énergie américaine ». Au lieu de parler de l’indépendance énergétique américaine, comme on pouvait s’y attendre, il a plutôt annoncé une nouvelle ère de « dominance » énergétique américaine.

Dans un discours « qui cherchait à souligner une rupture avec les politiques de Barack Obama », note le Financial Times« M. Trump a lié l’énergie à son programme America First… »« La vérité est que nous avons maintenant des réserves d’énergie presque illimitées dans notre pays », a déclaré M. Trump. « Nous sommes vraiment aux commandes, et vous savez quoi : nous ne voulons pas que d’autres pays nous enlèvent notre souveraineté et nous disent quoi faire et comment le faire. Ça n’arrivera pas. Avec ces ressources incroyables, mon administration recherchera non seulement l’indépendance énergétique américaine que nous recherchons depuis si longtemps, mais aussi la dominance énergétique américaine. ».

Il semble, comme l’explique Chris Cook, que Gary Cohn, alors conseiller économique du Président, ait joué un rôle dans la genèse de cette ambition. Cohn (alors chez Goldman Sachs) a conçu en 2000, avec un collègue de chez Morgan Stanley, un plan pour prendre le contrôle du marché mondial du pétrole par le biais d’une plateforme de trading électronique, basée à New York. En bref, les grandes banques ont attiré d’énormes quantités d’argent (provenant de fonds spéculatifs, par exemple), vers ce marché, pour parier sur les prix futurs (sans qu’elles ne prennent jamais réellement livraison de pétrole brut : le commerce de « pétrole papier », plutôt que de pétrole physique). En même temps, ces banques travaillaient en collusion avec les principaux producteurs de pétrole (y compris, plus tard, l’Arabie saoudite) pour préacheter du pétrole physique de telle manière que, en retenant ou en libérant du brut physique sur le marché, les grandes banques de New York pouvaient « influencer » les prix (en créant une pénurie ou une surabondance).

Pour donner un ordre d’idée de la capacité de ces banquiers à « influencer » les prix, au milieu de 2008, on estimait que quelque 260 milliards de dollars d’investissements « gérés » (spéculatifs) étaient en jeu sur les marchés de l’énergie, éclipsant complètement la valeur du pétrole qui sort effectivement de la mer du Nord chaque mois, peut-être de 4 à 5 milliards de dollars, tout au plus. Ces jeux d’options pétrolières « papier » l’emporteraient donc souvent sur les « fondamentaux » de l’offre réelle et de la demande réelle par l’utilisateur final.

Pour Cohn, la première étape consistait donc, pour les États-Unis, à gérer ce marché commercial, à la fois en termes de prix et d’accès, les antagonistes américains tels que l’Iran ou la Russie pouvant accéder au marché à des conditions inférieures, voire pas du tout. La « deuxième étape » présumée a été de pousser la production américaine de schistes, de construire de nouveaux terminaux américains d’exportation de GNL et d’ouvrir l’Amérique à la poursuite de l’exploration pétrolière et gazière, tout en forçant tout le monde, de l’Allemagne à la Corée du Sud et à la Chine, à acheter des exportations américaines de GNL. Et troisièmement, avec les exportations de pétrole du Golfe déjà sous l’égide des États-Unis, restaient alors deux grands producteurs d’énergie du Moyen-Orient au-delà des frontières de l’« influence » du cartel (tombant davantage dans le « cœur » stratégique producteur d’énergie de la Russie rivale) : l’Iran – qui fait maintenant l’objet d’une tentative de changement de régime et d’un blocus économique sur ses exportations de pétrole, et l’Irak, qui fait l’objet d’intenses (mais douces) pressions politiques (comme la menace de sanctionner l’Irak en vertu de la loi dite Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act) pour forcer son adhésion à la sphère occidentale.

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Que signifie donc cette notion « trumpienne » de dominance énergétique dans un langage simple ? Les États-Unis – si cette dominance énergétique réussissait − contrôleraient simplement le robinet du développement économique – ou son absence – pour des rivaux comme la Chine et le reste de l’Asie. Et les États-Unis pourraient diminuer les revenus de la Russie de cette façon aussi. En bref, les États-Unis pourraient mettre un frein aux plans de développement économique de la Chine et de la Russie. Est-ce la raison pour laquelle les accords avec l’Iran ont été révoqués par le Président Trump ?

Voici donc la quadrature du cercle (plus de puissance américaine, mais moins d’empire) : les objectifs américains de Trump pour la « dominance », non pas par le biais de l’infrastructure permanente des globalistes de la défense américaine, mais par l’effet de levier intelligent du dollar américain et du monopole de compensation financière, par la protection et le maintien de la supériorité technologique américaine, et par la domination du marché de l’énergie, qui à son tour représente le robinet marche/arrêt de la croissance économique pour les rivaux américains. De cette façon, Trump peut « ramener les troupes à la maison », tout en faisant que l’Amérique garde son hégémonie. Le conflit militaire ne servant plus qu’en dernier recours.

Le conseiller principal Peter Navarro déclarait cette semaine sur NPR que « nous pouvons les empêcher [les Chinois] de mettre nos entreprises de haute technologie hors service ‘et’ d’acheter nos joyaux technologiques …. Chaque fois que nous innovons, la Chine vient l’acheter ou le voler. »

Est-ce le plan de Trump : par la domination du marché et la guerre commerciale, prolonger la « supériorité » de l’Amérique en matière de technologie, de finance et d’énergie – et ne pas être obligée d’une manière ou d’une autre de s’adapter au déclin ? Et en agissant de la sorte, réduire – ou du moins retarder – l’émergence de rivaux ? Dans ce contexte, deux questions se posent immédiatement : cette formule est-elle l’adoption d’un néo-conservatisme, par l’administration américaine, que la propre base de Trump déteste tant ? Et, deuxièmement, cette approche peut-elle fonctionner ?

Il ne s’agit peut-être pas de néo-conservatisme, mais plutôt de retravailler un ancien thème. Les néo-conservateurs américains voulaient surtout utiliser un marteau contre les parties du monde qu’ils n’aimaient pas ; et le remplacer par quelque chose qu’ils voulaient. La méthode de Trump est plus machiavélique dans sa forme.

Les racines de ces deux courants de pensée résident cependant – en grande partie – dans l’influence de Carl Schmitt sur la pensée conservatrice américaine par l’intermédiaire de son ami Leo Strauss, à Chicago (que Trump ait lu ou pas l’un ou l’autre penseur, les idées circulent toujours dans l’éther américain). Schmitt soutenait que la politique (contrairement à la pensée libérale/humaniste) n’a rien à voir avec l’équité ou la justice dans le monde – c’est-à-dire le travail des moralistes et des théologiens – la politique, pour Schmitt, concerne le pouvoir et la survie politique, et rien de plus.

Les libéraux (et les globalistes), suggérait Schmitt, ont du mal à utiliser le pouvoir pour écraser les forces alternatives qui émergent : leur vision optimiste de la nature humaine les amène à croire en la possibilité de médiation et de compromis. L’optique schmittienne rejetait comme dérisoire l’opinion libérale et mettait l’accent sur le rôle du pouvoir, pur et simple – basé sur une compréhension plus sombre de la vraie nature des « autres » et des rivaux. Ce point semble être la racine de la pensée de Trump : Obama et les « libéraux »étaient prêts à échanger les « joyaux de la couronne » de « Notre culture »(expertise financière, technologique et énergétique) par le biais d’« actions positives » multilatérales qui aideraient les États moins développés (comme la Chine). C’est peut-être la raison pour laquelle Trump s’est retiré de l’Accord sur le climat : pourquoi aider des rivaux potentiels, tout en imposant des handicaps volontaires à sa propre culture ?

C’est sur ce dernier point commun, assez étroit (l’impératif de garder le pouvoir américain intact), que les néo-conservateurs et les trumpistes, s’unissent : et tous deux partagent aussi leur mépris pour les libéraux utopiques qui gaspilleraient les joyaux de la culture occidentale – pour de soi-disant idéaux humanitaires – et permettraient aux rivaux déterminés de l’Amérique de se dresser pour renverser l’Amérique et sa culture (selon leur point de vue).

Le terrain d’entente entre ces deux courants s’exprime avec une candeur remarquable à travers le commentaire de Berlusconi selon lequel « nous devons être conscients de la supériorité de notre civilisation [occidentale] ». Steve Bannon dit quelque chose de très similaire, bien qu’exprimée sous la forme de la préservation d’une culture judéo-chrétienne occidentale (menacée).

Ce sens de l’avantage culturel qui doit à tout prix être récupéré et préservé explique peut-être un peu (mais pas totalement) l’ardent soutien de Trump envers Israël : s’adressant à la Channel Two israélienne, Richard Spencer, un leader éminent de l’Alt-Right américain (et une composante de la base de Trump), soulignait le sentiment profond de dépossession des Blancs, dans leur propre pays [les États-Unis] :

« …. un citoyen israélien, quelqu’un qui comprend votre identité, qui a le sentiment d’être une nation et un peuple, ainsi que l’histoire et l’expérience du peuple juif, vous devriez respecter quelqu’un comme moi, qui a des sentiments analogues à l’égard des Blancs. Vous pourriez dire que je suis un sioniste blanc – dans le sens où je me soucie de mon peuple, je veux que nous ayons une patrie sûre pour nous tous et pour nous-mêmes. Tout comme vous voulez une patrie sûre en Israël. »

Ainsi, la tentative d’exploiter et d’utiliser comme une arme la culture élitiste américaine – par le dollar, l’hégémonie supposée dans le domaine de l’énergie et son emprise sur le transfert de technologie − peut-elle réussir à faire perdurer la « culture » américaine (selon la vision réductionniste de la base électorale de Trump) ? C’est la question à soixante-quatre mille dollars, comme on dit. Cela peut facilement provoquer une réaction tout aussi puissante ; et beaucoup de choses peuvent se produire au niveau national aux États-Unis, entre aujourd’hui et les élections de mi-mandat de novembre, qui pourraient soit confirmer le pouvoir du président – soit le défaire. Il est difficile de faire une analyse au-delà de cet horizon.

Mais un point plus important est que si Trump se passionne pour la culture américaine et l’hégémonie, les dirigeants non occidentaux d’aujourd’hui ressentent tout aussi fortement qu’il est temps pour « le siècle américain » de céder la place. Tout comme après la Seconde Guerre mondiale, les anciens États coloniaux voulaient l’indépendance, les dirigeants d’aujourd’hui veulent la fin du monopole du dollar, ils veulent la fin de l’ordre mondial dirigé par les États-Unis et de ses institutions dites « internationales » ; ils veulent « exister » selon leur culture propre et ils veulent retrouver leur souveraineté. Il ne s’agit pas seulement d’un nationalisme culturel et économique, mais d’un point d’inflexion significatif − loin de l’économie néolibérale, de l’individualisme et du mercantilisme brut – vers une expérience humaine plus complète.

La marée, dans le sillage de la Seconde Guerre mondiale, était certainement irréversible à l’époque. Je me souviens même que les anciens colonialistes européens ont ensuite déploré leur retrait forcé : « Ils vont [les anciennes colonies] le regretter », prédisaient-ils avec confiance. (Non, ce ne fut jamais le cas.) La marée d’aujourd’hui est tout aussi forte et s’est même étendue à l’Europe. Qui sait si les Européens auront la force de repousser les machinations financières et commerciales de Trump ? Ce sera un test important pour la suite.

Mais ce qui est différent aujourd’hui (par rapport à l’époque), c’est que l’hégémonie monétaire, les prouesses technologiques et la « dominance »énergétique ne sont plus du tout des possessions assurées de l’Occident. Elles ont commencé à changer de mains, il y a déjà quelque temps.

Alastair Crooke

Traduit par Wayan, relu par Cat pour le Saker Francophone.

http://lesakerfrancophone.fr/quest-ce-que-la-doctrine-de-...

The Geopolitics of India: A Shifting, Self-Contained World

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The Geopolitics of India: A Shifting, Self-Contained World

Ex: https://www.geopolitica.ru

Editor's Note

This is the fifth in a series of Stratfor monographs on the geopolitics of countries influential in world affairs. It was originally published on Dec. 16, 2008.

The geopolitics of India must be considered in the geographical context of the Indian subcontinent — a self-contained region that includes India, Pakistan, Bangladesh and, depending how one defines it, Nepal and Bhutan. We call the subcontinent "self-contained" because it is a region that is isolated on all sides by difficult terrain or by ocean. In geopolitical terms it is, in effect, an island.

This "island" is surrounded on the southeast, south and southwest by the Bay of Bengal, the Indian Ocean and the Arabian Sea. To the west, it is isolated by mountains that rise from the Arabian Sea and run through Pakistan's Baluchistan province, stretching northward and rising higher and higher to the northwestern corner of Pakistan. There, at the Hindu Kush, the mountain chain swings east, connecting with the Pamir and Karakoram ranges. These finally become the Himalayas, which sweep southeast some 2,000 miles to the border of Myanmar, where the Rakhine Mountains emerge, and from there south to India's border with Bangladesh and to the Bay of Bengal. The Rakhine are difficult terrain not because they are high but because, particularly in the south, they are covered with dense jungle.

The Geography of the Subcontinent

The subcontinent physically divides into four parts:

                        The mountainous frame that stretches in an arc from the Arabian Sea to the Bay of Bengal.

                        The North Indian Plain, stretching from Delhi southeast through the Ganges River delta to the Myanmar border, and from the Himalayas in the north to the southern hills.

                        The Indian Peninsula, which juts southward into the Indian Ocean, consisting of a variety of terrain but primarily hilly.

                        The deserts in the west between the North Indian Plain and Pakistan's Indus River Valley.

Pakistan occupies the western region of the subcontinent and is based around the Indus Valley. It is separated from India proper by fairly impassable desert and by swamps in the south, leaving only Punjab, in the central part of the country, as a point of contact. Pakistan is the major modern-day remnant of Muslim rule over medieval India, and the country's southwest is the region first occupied by Arab Muslims invading from what is today southwestern Iran and southern Afghanistan.

The third major state in the subcontinent is the Muslim-majority Ganges delta state of Bangladesh, which occupies the area southeast of Nepal. Situated mainly at sea level, Bangladesh is constantly vulnerable to inundations from the Bay of Bengal. The kingdoms of Nepal and Bhutan rest on the heights of the Himalayas themselves, and therefore on the edge of the subcontinent. There is also a small east-west corridor between Nepal and Bangladesh connecting the bulk of India to its restive northeastern states and its eastern border with Myanmar. In this region is India's easternmost state, Arunachal Pradesh, whose territory is also claimed by China.

The bulk of India's population lives on the northern plain. This area of highest population density is the Indian heartland. It runs through the area around Lahore, spreading northwest into Pakistan and intermittently to Kabul in Afghanistan, and also stretching east into Bangladesh and to the Myanmar border. It is not, however, the only population center. Peninsular India also has an irregular pattern of intense population, with lightly settled areas intermingling with heavily settled areas. This pattern primarily has to do with the availability of water and the quality of soil. Wherever both are available in sufficient quantity, India's population accumulates and grows.

India is frequently compared geographically to non-Russian Europe because both are peninsulas jutting out of the Eurasian land mass. They have had radically different patterns of development, however.

The Europeans developed long-standing and highly differentiated populations and cultures, which evolved into separate nation-states such as Spain, France, Germany and Poland. Their precise frontiers and even independence have varied over time, but the distinctions have been present for centuries — in many cases predating the Roman Empire. The Indian subcontinent, on the other hand, historically has been highly fragmented but also fluid (except when conquered from the outside). Over fairly short periods of time, the internal political boundaries have been known to shift dramatically.

The reason for the difference is fairly simple. Europe is filled with internal geographic barriers: The Alps and Pyrenees and Carpathians present natural boundaries and defensive lines, and numerous rivers and forests supplement these. These give Europe a number of permanent, built-in divisions, with defined political entities and clear areas of conflict. India lacks such definitive features. There are no internal fortresses in the Indian subcontinent, except perhaps for the Thar Desert.

Instead, India's internal divisions are defined by its river systems: the Ganges, the Brahmaputra, the Narmada and so on. All of India's major cities are centered around one of these river systems, a fact that has been instrumental in the rise of so many distinct cultures in India — Punjabis, Gujaratis, Marathis, Tamils and others — which have manifested in modern times as states within India. That said, Indian nationalism is very strong and counters the separatist tendencies. There is a balance between a strong central governance and substantial regional autonomy.

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What is permanent in the subcontinent is the frame, the mountains, and beyond these the wastelands. We can see this most clearly when looking at the population distribution of the surrounding regions. The subcontinent is isolated as a population center, surrounded by comparatively empty regions. It is not only a question of the mountains around it, although those are substantial barriers; the terrain beyond the mountains in every direction is sparsely populated, and in many ways its resources are insufficient to support a sizable, sedentary civilization. As a result, India has rarely demonstrated an appetite for adventurism beyond the subcontinent. If India can find a way to manage Pakistan and Bangladesh, there is little pressure to do anything more.

India's Geopolitical Imperatives

The geography of the subcontinent constrains the behavior of governments that arise there. If there is to be an independent India, and if it is to be a stable and secure nation-state, it must do the following things:

Geopolitical Imperatives

                        Achieve suzerainty in the Ganges River basin. The broad, braided plains of the Ganges basin are among the most fertile in the world and guarantee a massive population. India must become the premier power in this heartland. This does not mean that such power must be wielded by a unified, centralized authority. A coalition of powers can be functional, and even somewhat hostile powers such as Bangladesh can be tolerated so long as they do not challenge India's authority or security.

                        Expand throughout the core of the subcontinent until it reaches all natural barriers. Forests, hills and rivers aside, there is little else in the confines of the subcontinent that limits India's writ. "Control" of the additional territories can be a somewhat informal and loose affair. The sheer population of the Ganges basin really requires only that no foreign entity be allowed to amass a force capable of overwhelming the Ganges region.

                        Advance past the patch of land separating the Ganges basin from the Indus River basin and dominate the Indus region (meaning Pakistan). The Indus Valley is the only other significant real estate within reach of India, and the corridor that accesses it is the only viable land invasion route into India proper. (Modern India has not achieved this objective, with implications that will be discussed below.)

                        With the entire subcontinent under the control (or at least the influence) of a centralized power, begin building a navy. Given the isolation of the subcontinent, any further Indian expansion is limited to the naval sphere. A robust navy also acts as a restraint upon any outside power that might attempt to penetrate the subcontinent from the sea.

These imperatives shape the behavior of every indigenous Indian government, regardless of its ideology or its politics. They are the fundamental drivers that define India as a country, shaped by its unique geography. An Indian government that ignores these imperatives does so at the risk of being replaced by another entity — whether indigenous or foreign — that understands them better.

A History of External Domination

India's geopolitical reality — relative isolation from the outside world, a lack of imposed boundaries, the immense population and the dynamic of a central government facing a vast region — has created localized systems that shift constantly, resist central authority, and ultimately cannot be organized into a coherent whole, either by foreign occupiers or by a native government. It is a landscape of shifting political entities, constantly struggling against each other or allying with each other, amid an endless kaleidoscope of political entities and coalitions. This divided landscape historically has created opportunities for foreign powers to divide India and conquer it — and indeed, the subcontinent was under foreign domination from the 11th century until 1947.

Externally, the threats to India historically have come from the passes along the Afghan-Pakistani border and from the sea. India's solution to both threats has been to accommodate them rather than resist directly, while using the complexity of Indian society to maintain a distance from the conqueror and preserve the cultural integrity of India. (In a sense, Mahatma Gandhi's strategy of nonviolent resistance represents the foundation of India's historical strategy, although the historical basis for Indian nonviolent resistance has been more commercial than ethical.) But essentially, India's isolation, coupled with its great population, allows it to maintain a more or less independent foreign policy and balance itself between great powers.

Between the 11th and 18th centuries, India was ruled by Muslims. The first invasion occupied the area of what is today Pakistan. Over the centuries — under various rulers and dynasties, particularly the Mughals — Muslims expanded their power until they dominated much of India. But that domination was peculiar, because the Muslims did not conquer the Hindus outright. Except in the area west of the Thar Desert and the Ganges delta, they did not convert masses of Indians to their religion. What they did was take advantage of the underlying disunity of India to create coalitions of native powers prepared to cooperate with the invaders. The urge to convert Hindus to Islam was secondary to the urge to exploit India's wealth. Political and military power was a means toward this end, rather than toward conversion, and because of this, the Hindus were prepared to collaborate. In the end, the Indians' internal tensions were greater than their resentment of outsiders.

European powers followed the Muslims into India en masse. Unlike the Muslims, they arrived from the sea, but like the Muslims, their primary motive was economic, and they sought political power as a means toward economic ends. The British, the most permanent European presence in the subcontinent, used India's internal tensions to solidify their own position. They did not conquer India so much as they managed the internal conflicts to their advantage.

What was left behind when the British departed was the same sea of complex and shifting divisions that had defined India before they came. Most of the regions that were Muslim-majority areas became Islamic entities, eventually dividing into Pakistan and Bangladesh. The rest of India was united under a single government, but in a sense, that government ruled in the same way the British had.

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The Geopolitics of Modern India

Modern India has its origins in the collapse of the British Empire. Indeed, it was the loss of India that ultimately doomed the British Empire. The entire focus of imperial Britain, from the Suez Canal to Gibraltar and Singapore, was to maintain the lines of supply to India. Many of the colonies and protectorates around the world secured by Britain in the 19th century were designed to provide coaling stations to and from India. In short, the architecture of the British Empire was built around India, and once India was lost, the purpose of that architecture dissolved as well. The historical importance of India could not be overestimated. Lenin once referred to it as the supply depot of humanity — which overstated the case perhaps, but did not overstate India's importance to Britain.

The British gave up India for several reasons, the most important of which was commercial: The cost of controlling India had outstripped the value derived. This happened in two ways. The first was that the cost of maintaining control of the sea-lanes became prohibitive. After World War II, the Royal Navy was far from a global navy. That role had been taken over by the United States, which did not have an interest in supporting British control of India. As was seen in the Suez crisis of 1956, when the British and French tried to block Egyptian nationalization of the canal, the United States was unprepared to support or underwrite British access to its colonies (and the United States had made this clear during World War II as well). Second, the cost of controlling India had soared. Indigenous political movements had increased friction in India, and that friction had increased the cost of exploiting India's resources. As the economics shifted, the geopolitical reality did as well.

The independence of India resulted in the unification of the country under an authentically Indian government. It also led to the political subdivision of the subcontinent. The Muslim-majority areas — the Indus Valley region west and northwest of the Thar Desert, and the Ganges River basin — both seceded from India, forming a separate country that itself later split into modern-day Pakistan and Bangladesh. It was this separatism that came to frame Indian geopolitics.

India and Pakistan, for the bulk of their mutual existence, have had an adversarial relationship. For a long time, the Indian sentiment was that Pakistan's separation from India could have been avoided. This attitude, coupled with Pakistan's own geographic, demographic and economic inferiority, has forced Islamabad to craft its entire foreign policy around the threat from India. As a result, the two sides have fought four wars, mostly over Kashmir, along with one that resulted in the hiving off of Bangladesh.

As noted earlier, the Indian heartland is the northern plain of the Ganges River basin. This plain is separated from Pakistan's heartland, the Indus Valley, only by a small saddle of easily traversed land; fewer than 200 miles separate the two rivers. If India is to have any ambition in terms of expansion on land, the Indus is the only option available — all other routes end either in barriers or in near-wasteland. Meanwhile, the closeness — and sheer overwhelming size — of India is central to Pakistan's mind-set. The two are locked into rivalry.

China and the Himalayan Wall

Apart from this enmity, however, modern India has faced little in the way of existential threats. On its side of the mountain wall, there are two states, Nepal and Bhutan, which pose no threat to it. On the other side lies China.

China has been seen as a threat to India, and simplistic models show them to be potential rivals. In fact, however, China and India might as well be on different planets. Their entire frontier runs through the highest elevations of the Himalayas. It would be impossible for a substantial army to fight its way through the few passes that exist, and it would be utterly impossible for either country to sustain an army there in the long term. The two countries are irrevocably walled off from each other. The only major direct clash between Indian and Chinese forces, which occurred in 1962, was an inconclusive battle over border territories high in the mountains — both in the northeast Indian state of Arunachal Pradesh and the Kashmiri border region of Aksai Chin — that could lead nowhere.

A potential geopolitical shift would come if the status of Tibet changed, however. China's main population centers are surrounded by buffer states — Manchuria, Inner Mongolia, Xinjiang and Tibet. So long as all are in Chinese hands, the core of China is invulnerable to land attack. If, however, Tibet were to become independent, and if it allied with India, and if it permitted India to base substantial forces in its territory and to build major supply infrastructure there, then — and only then — India could be a threat to China. This is why the Indians for a long time championed the Dalai Lama and Tibetan independence movements, and why the Chinese until fairly recently regarded this as a major threat. Had a pro-Indian, independent government been installed in Tibet, the threat to China would be significant. Because New Delhi held open the option of supporting Tibetan independence, Beijing saw the Indians as engaged in developing a threat to China.

The Chinese tried to develop equivalent threats in India, particularly in the form of Maoist communist insurgencies. Indian Maoists (Naxalites) and Nepalese Maoists have been supported by Beijing, though that support is no longer what it used to be. The Chinese have lost interest in aggressive Maoism, but they do have an interest in maintaining influence in Nepal, where the Maoists recently increased their power through electoral gains. This is China's counter to India's Tibet policy.

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But for both, this is merely fencing. Neither would be in a position militarily to exploit an opening. Stationing sufficient force in Tibet to challenge the Chinese People's Liberation Army would outstrip India's resources, and for little purpose. Using Nepal as a base from which to invade India would be similarly difficult and pointless for Beijing. At the moment, therefore, there is no Indo-Chinese geopolitical hostility. However, these would be points of friction if such hostility were to occur in the distant future.

Russia, the United States and Pakistan

In the absence of direct external threats, modern India's strategic outlook has been shaped by the dynamics of the Cold War and its aftermath. The most important strategic relationship that India had after gaining independence from Britain in 1947 was with the Soviet Union. There was some limited ideological affinity between them. India's fundamental national interest was not in Marxism, however, but in creating a state that was secure against a new round of imperialism. The Soviets and Americans were engaged in a massive global competition, and India was inevitably a prize. It was a prize that the Soviets could not easily take: The Soviets had neither an overland route to India nor a navy that could reach it.

The United States, however, did have a navy. The Indians believed (with good reason) that the United States might well want to replace Britain as a global maritime power, a development that might put India squarely in Washington's sights. The Indians saw in the United States all the same characteristics that had drawn Britain to India. Elsewhere, India saw the United States acting both to hurry the disintegration of the European empires and to fill the ensuing vacuum. India did not want to replace the British with the Americans — its fundamental interest was to retain its internal cohesion and independence. Regardless of American intent — which the Indians saw as ambiguous — American capability was very real, and from the beginning the Indians sought to block it.

For the Indians, the solution was a relationship, if not quite an alliance, with the Soviet Union. The Soviets could provide economic aid and military hardware, as well as a potential nuclear umbrella (or at least nuclear technical assistance). The relationship with the Soviet Union was perfect for the Indians, since they did not see the Soviets as able to impose satellite status on India. From the American point of view, however, there was serious danger in the Indo-Soviet relationship. The United States saw it as potentially threatening U.S. access to the Indian Ocean and lines of supply to the Persian Gulf. If the Soviets were given naval bases in India, or if India were able to construct a navy significant enough to threaten American interests and were willing to act in concert with the Soviets, it would represent a serious strategic challenge to the United States.

In the late 1950s and early 1960s, the United States was facing a series of challenges. The British were going to leave Singapore, and the Indonesian independence movement was heavily influenced by the Soviets. The Egyptians, and therefore the Suez Canal, also were moving into the Soviet camp. If India became a pro-Soviet maritime power, it would simply be one more element along Asia's southern rim threatening U.S. interests. The Americans had to act throughout the region, but they needed to deal with India fast.

The U.S. solution was an alliance with Pakistan. This served two purposes. First, it provided another Muslim counterweight to Nasserite Egypt and left-leaning Arab nationalism. Second, it posed a potential threat to India on land. This would force India to divert resources from naval construction and focus on building ground and air forces to deal with the Pakistanis. For Pakistan, geographically isolated and facing both India and a not-very-distant Russia, the relationship with the United States was a godsend.

It also created a very complex geographical situation.

The Soviet Union did not directly abut Pakistan — the two were separated by a narrow strip of territory in the northeasternmost confines of Afghanistan known as the Wakhan Corridor. The Soviets could not seriously threaten Pakistan from that direction, but the U.S. relationship with Pakistan made Afghanistan a permanent Soviet interest (with full encouragement of the Indians, who wanted Pakistan bracketed on both sides). The Soviets did not make a direct move into Afghanistan until late 1979, but well before then they tried to influence the direction of the Afghans — and after moving, they posed a direct threat to Pakistan.

China, on the other hand, did border on Pakistan and developed an interest there. The aforementioned Himalayan clash in 1962 did not involve only India and China. It also involved the Soviets. India and China were both putatively allied with the Soviet Union. What was not well known at the time was that Sino-Soviet relations had deteriorated. The Chinese were very suspicious of Soviet intentions and saw Moscow's relationship with New Delhi as potentially an alliance against China. Like the Americans, the Chinese were uneasy about the Indo-Soviet relationship. Therefore, China also moved to aid Pakistan. It was a situation as tangled as the geography, with Maoist China and the United States backing the military dictatorship of Pakistan and the Soviets backing democratic India.

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From the Indian point of view, the borderland between Pakistan and China — that is, Kashmir — then became a strategically critical matter of fundamental national interest. The more of Kashmir that India held, the less viable was the Sino-Pakistani relationship. Whatever emotional attachment India might have had to Kashmir, Indian control of at least part of the region gave it control over the axis of a possible Pakistani threat and placed limits on Chinese assistance. Thus, Kashmir became an ideological and strategic issue for the Indians.

Shifting Alliances and Enduring Interests

In 1992, India's strategic environment shifted: The Soviet Union collapsed, and India lost its counterweight to the United States. Uncomfortable in a world that had no balancing power to the United States, but lacking options of its own, India became inward and cautious. It observed uneasily the rise of the pro-Pakistani Taliban government in Afghanistan — replacing the Indian-allied Soviets — but it lacked the power to do anything significant. The indifference of the United States and its continued relationship with Pakistan were particularly troubling to India.

Then, 2001 was a clarifying year in which the balance shifted again. The attack on the United States by al Qaeda threw the United States into conflict with the Taliban. More important, it strained the American relationship with Pakistan almost to the breaking point. The threat posed to India by Kashmiri groups paralleled the threat to the United States by al Qaeda. American and Indian interests suddenly were aligned. Both wanted Pakistan to be more aggressive against radical Islamist groups. Neither wanted further development of Pakistan's nuclear weapons. Both were happy to be confronting the Pakistanis with more and more aggressive demands.

The realignment of Indian relations with the United States did not represent a fundamental shift in Indian geopolitics, however. India continues to be an island contained by a ring of mountains. Its primary interest remains its own unity, something that is always at risk due to the internal geography of the subcontinent. It has one enemy on the island with it, but not one that poses a significant threat — there is no danger of a new generation of Muslim princes entering from Pakistan to occupy the Indian plain. Ideally, New Delhi wants to see a Pakistan that is fragmented, or at least able to be controlled. Toward this end, it will work with any power that has a common interest and has no interest in invading India. For the moment, that is the United States, but the alliance is one of convenience.

India will go with the flow, but given its mountainous enclosure it will feel little of the flow. Outside its region, India has no major strategic interests — though it would be happy to see a devolution of Tibet from China if that carried no risk to India, and it is always interested in the possibility of increasing its own naval power (but never at the cost of seriously reshaping its economy). India's fundamental interest will always come from within — from its endless, shifting array of regional interests, ethnic groups and powers. The modern Indian republic governs India. And that is more important than any other fact in India.

Les fondements de l’ère nouvelle apparaissent

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Les fondements de l’ère nouvelle apparaissent

Par Alastair Crooke

Source Strategic Culture via dedefensa.org

Dans son autobiographie, Carl Jung raconte « un moment de clarté inhabituelle », au cours duquel il a eu un dialogue étrange avec quelque chose en lui : dans quel mythe l’homme vit-il de nos jours ? « Dans le mythe chrétien : est-ce que tu y vis ? » (Jung se le demande). Et pour être honnête avec lui-même, la réponse qu’il donna était « non ». « Pour moi, ce n’est pas dans cela que je vis. » Alors n’avons-nous plus de mythe, demande son moi-intérieur ? « Non », répondit Jung, « évidemment pas ». Alors, de quoi est-ce que tu vis, interroge son moi-intérieur ? « À ce stade, le dialogue avec moi-même est devenu inconfortable. J’ai arrêté de penser. J’avais atteint une impasse », a conclu Jung.


Nombre d’entre nous ressentent aujourd’hui la même chose. Ils ressentent le vide du monde. L’après-guerre – peut-être même l’événement européen des Lumières, est-il parvenu à son terme, selon une opinion courante. Certains le regrettent ; d’autres, beaucoup d’autres s’en inquiète, et ils se demandent ce qui va suivre.

Nous vivons dans un moment de déclin de deux projets majeurs : le déclin de la religion révélée et, simultanément, le discrédit de l’expérience de l’utopie laïque. Nous vivons dans un monde parsemé de débris de projets utopiques qui, bien qu’ils aient été formulés dans des termes profanes, qui niaient la vérité de la religion, étaient en fait des vecteurs du mythe religieux.

Les révolutionnaires jacobins lancèrent la Terreur comme un châtiment violent de la répression des élites – inspiré par l’humanisme des Lumières de Rousseau ; les bolcheviques trotskistes assassinèrent des millions de personnes au nom de la réforme de l’humanité par l’empirisme scientifique ; les nazis firent de même, au nom de la théorie du « racisme scientifique (darwinien) ».

Le « mythe » millénariste américain, à l’époque et aujourd’hui, était (est) enraciné dans la croyance fervente dans la destinée manifeste des États-Unis et n’est, en dernier ressort, qu’un exemple particulier dans une longue lignée de tentatives de provoquer une discontinuité radicale dans l’histoire (à partir de laquelle la société humaine serait reconstituée).

En d’autres termes, tous ces projets utopiques – tous ces prétendants à la succession du mythe judaïque et chrétien apocalyptique – ont envisagé une humanité collective poursuivant sa destinée vers un point de convergence et une sorte de fin des temps (ou fin de l’histoire).

Eh bien… nous ne vivons plus ces mythes désormais, et même l’utopie laïque ne se réalisera pas. Cela ne comblera pas le vide. Les certitudes optimistes liées à l’idée de « progrès » linéaire ont été totalement discréditées. Alors, au nom de quoi continuerons-nous à vivre ? Ce n’est pas un débat ésotérique, ce sont des questions concrètes d’histoire et de destin.

Les élites dénoncent tout ce qui est « alt » (« alternatif ») – comme étant du « populisme » ou de l’« il-libéralisme ». En même temps et de ce fait, elles refusent de voir ce qui se dresse devant elles, c’est-à-dire certaines valeurs émergentes. Quelles sont-elles ? Et d’où viennent-elles ? Et comment pourraient-elles changer notre monde ?

La « valeur » la plus évidente se distingue dans l’émergence mondiale du désir de vivre par et dans sa propre culture –  et de vivre, pour ainsi dire, d’une manière culturelle différenciée. C’est une notion culturelle autonome et souveraine, qui cherche à recréer une culture particulière – dans son cadre traditionnel d’histoire, de religiosité et de liens du sang, de la terre et de la langue. La question de l’immigration, qui déchire et divise l’Europe, en est un exemple évident.

Ce que cette « valeur » laisse entendre, ce n’est pas le simple tribalisme, mais aussi une manière différente d’envisager la souveraineté. Elle englobe l’idée que la souveraineté est acquise en agissant et en pensant d’une manière souveraine. Ce pouvoir souverain naît de la confiance d’un peuple dans sa propre histoire distincte et claire, son héritage intellectuel et sa propre essence spirituelle sur lesquels il s’appuie.

Nous parlons ici d’une culture « vivante » bien structurée, qui formerait les racines d’une souveraineté à la fois personnelle et communautaire. C’est un rejet clair de l’idée que le cosmopolitisme du type « melting pot » puisse engendrer une véritable souveraineté.

À l’évidence, c’est le contraire de la notion mondialiste de l’« humanité » convergeant vers des valeurs communes, vers une « façon d’être » unique, neutre et apolitique. L’homme, dans cette forme-là, n’existait tout simplement pas dans l’ancienne tradition européenne. Il y avait des hommes identifiés et différenciés : des Grecs, des Romains, des Barbares, des Syriens, etc. Cette notion est en opposition évidente avec l’homme universel et cosmopolite. La reprise de ce type de pensée ancienne est par exemple à l’origine de la notion eurasienne de la Russie et de la Chine.

Une seconde valeur émergente découle du désenchantement global pour le style occidental de pensée mécanique, de pensée unique, qui ramène tout à une singularité de sens (supposée avoir été créée empiriquement) qui, placée dans l’ego, est censée donner à chacun une certitude et une conviction inébranlables (au moins pour le penseur européen occidental) : « Nous » disons « la vérité », alors que les autres babillent et mentent.

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L’avers – la vieille tradition européenne – est la pensée conjonctive. La culpabilité, l’injustice, la contradiction et la souffrance existent-elles dans ce monde ? Elles existent, proclame Héraclite, mais seulement pour l’esprit limité qui voit les choses séparément (de manière disjonctive), et non pas connectées entre elles, liées par une continuité ; cette continuité est un terme qui implique non pas de « saisir » le sens, mais plutôt d’être doucement et puissamment « saisi » par le sens.

Qu’est-ce que cela a à voir avec le monde d’aujourd’hui ? Eh bien, c’est la façon dont le leadership chinois néo-confucianiste pense aujourd’hui. L’idée du Yin et du Yang et leur latence pour créer et être en harmonie sous-tendent encore les notions chinoises de politique et de résolution des conflits. Idem pour la philosophie chiite et l’eurasisme russe. C’était autrefois la façon dont les Européens pensaient : pour Héraclite, tous les opposés polaires se co-constituent et se mettent en harmonie d’une manière invisible pour l’œil humain.

Cette « autre » perspective se manifeste précisément derrière la conception multi-latéraliste de l’Ordre Global. L’acceptation d’une qualité multidimensionnelle d’une quelconque personne ou d’un quelconque peuple écarte l’obsession dominante de réduire chaque nation à une singularité de valeur et à une singularité de « sens ». Le fondement de la collaboration et du dialogue s’élargit ainsi au-delà de « l’un-ou-l’autre », pour atteindre les différentes strates de la complexité des identités (et des intérêts). En un mot, c’est cela être tolérant.

Certes, il y a d’autres valeurs : la poursuite de la justice, la vérité (au sens métaphysique), l’intégrité, la dignité, la conduite virile et la connaissance et l’acceptation de qui vous êtes. Ce sont toutes des valeurs éternelles.

Enfin voici le point central : la disparition dans la modernité de toute norme externe ou « mythe », au-delà de la conformité civique, qui pourrait guider l’individu dans sa vie et ses actions. L’expulsion forcée de l’individu de toute forme de structure (classes sociales, Église, famille, société et genre) a suscité un « retour en arrière » vers ce qui était latent si ce n’est encore qu’en partie dans le souvenir, mais ce « retour en arrière » d’une certaine façon était inévitable.

L’aspiration à un retour vers ces anciennes normes – même si elles sont mal comprises et articulées – représente une « redécouverte » de ces anciennes conceptions, restées latentes au plus profond de l’être humain, un retour à ses liens « au monde » et « dans le monde ». Cela se produit de différentes façons, à travers le monde.

Bien entendu, cette considération nouvelle pour « l’Ancien » ne peut être un retour intégral. Ce ne peut être la simple restauration de ce qui était autrefois. Il s’agit d’une avancée, comme lorsqu’un « jeune » qui s’en était allé revient « chez lui » – l’éternel retour si l’on veut, revenu de notre propre décomposition, de l’amas de nos ruines.

Bien entendu, ces « nouvelles-vielles idées » vont directement mettre en cause le monde libéral existant. Notre cadre économique actuel est en grande partie hérité des enseignements d’Adam Smith. Et de quoi s’agissait-il sinon d’une application économique directe des conceptions de la philosophie politique de John Locke et de David Hume (ami proche de Smith) ? Et quelle était la ligne centrale de la pensée de Locke et de Hume sinon le récit, en termes politiques et économiques, de la victoire de l’idée protestante sur l’idée catholique pour la communauté religieuse, dans la mouvance du modèle westphalien ?

Il est inévitable que des valeurs différentes dictent des modèles différents. Quels types de modèles les valeurs émergentes préfigurent-elles ? Tout d’abord, nous pouvons voir un changement dans le sens du refus de l’Occident postmoderne, loin du flou incertain des questions de l’« identité et du genre » au bénéfice d’un retour à une clarté spécifique pour ces aspects, à la centralité de la famille et à la nécessité de valoriser les places de chacun dans la hiérarchie de la vie. En matière de gouvernance, comme en économie, la « valeur » directrice est une perception différente du pouvoir. Le mythe du Christianisme Latin de l’amour, du « tendre l’autre joue », de l’humilité et du recul de l’autorité du pouvoir, est en contradiction avec l’ancienne notion de la conduite « masculine » qui prêchait quelque chose de tout à fait différent : résister à l’injustice et poursuivre votre « vérité ». Cette conception était donc naturellement politique et s’appuyait sur une philosophie où le pouvoir était un attribut normal.

Cette ancienne expression du pouvoir émerge aujourd’hui à travers l’idée qu’un peuple « actif » sur le plan mental, produisant et nourrissant sa vitalité et sa force culturelle peut s’imposer face à un État beaucoup plus riche et mieux armé – mais ainsi doté de cette puissance qui engourdit la pensée et réduit la vitalité.

Ainsi, que ce soit en gouvernance ou en économie, les structures existantes sont destinées à évoluer pour refléter les principes d’autonomie et de re-souverainisation de la nation et du peuple, et l’idée que l’organisation de la société est toujours le terrain naturel pour le développement d’un homme ou d’une femme – un homme capable de trouver son propre pouvoir et de se retrouver lui-même comme l’accomplissement de son propre projet.

Ce qui est frappant, c’est que nous voyons que ces derniers principes jumeaux, l’autonomie et la re-souverainisation qui pourraient sembler devoir générer des tensions entre eux, se concrétisent dans une forme de fusion dans la politique actuelle – même s’ils proviennent de pôles politiques complètement différents. En Italie, le mouvement des Cinq étoiles (considéré comme gauchiste) est au gouvernement avec le Lega (considéré comme droitiste).

Bien sûr, beaucoup diront simplement TINA (il n’y a pas d’alternative). Mais il y en a une et ce train est déjà en train d’arriver à notre gare.

Alastair Crooke

Note du Saker Francophone

L'article est tiré du site dedefensa qui en fait un commentaire éclairé.

Pour Crooke, en effet, des grandes tendances, les « fondements » de « l’ère nouvelle » qu’appelle l’effondrement actuel – l’effondrement du Système, dans notre terminologie – se manifestent au travers de tensions et d’expressions diverses. Pour comprendre ce qui se passe, il s’agit, juge Crooke, de se référer à certaines valeurs anciennes dont la permanence a maintenu au fond de nous-mêmes une invincible latence, et qui réapparaissent aujourd’hui.

Traduit par Philippe Grasset pour le site dedefensa.org

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mardi, 02 octobre 2018

Il viaggio atlantico dell’impubblicabile Jünger

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Il viaggio atlantico dell’impubblicabile Jünger

Andrea Scarabelli

Ex: http://blog.ilgiornale.it/scarabelli

Londra, 1947. A due anni dalla fine del conflitto mondiale viene pubblicato un singolare volumetto, in una collana destinata ai prigionieri di guerra tedeschi detenuti in Inghilterra. È Ernst Jünger l’autore di Atlantische Fahrt, appena uscito con il titolo Traversata atlantica per Guanda, nella traduzione di Alessandra Iadicicco e con una curatela finalmente degna di questo nome. Oltre al testo, infatti, il volume contiene un ricco apparato epistolare, appendici biobibliografiche, una gran mole di note e una recensione di Erhart Kästner del 1948. Ricostruita attraverso questi ricchi apparati, la storia editoriale di Atlantische Fahrt ha del comico. Il primo libro pubblicato da Jünger nel dopoguerra, infatti, non uscì in Germania, complice il repulisti democratico che mise al bando lui e altri numi della filosofia novecentesca, tra cui Martin Heidegger e Carl Schmitt. La piazza pulita culturale e antropologica della nuova Germania finì per colpire anche lui, abbandonato a se stesso, impossibilitato a scrivere e pubblicare eppure stampato e ristampato all’estero (soprattutto in Svizzera, in quegli anni), nonostante una lunga cordata d’intellettuali fosse intervenuta a suo favore. Il veto durerà fino al 1949. Fino ad allora, nulla da fare. «Bisogna essere prigionieri tedeschi per poter leggere un certo autore proibito in Germania?» noterà amaramente lo scrittore Stefan Andres, recensendolo nel 1949.

ej-tratl.jpgAlla fine degli anni Quaranta, insomma, il futuro premio Goethe è in catene: ma Jünger, il reietto, si metamorfosa, cambia pelle, assumendosi il compito di fari aristocratico del dolore, come dirà pochissimi anni più tardi. È la carne degli sconfitti a reclamare attenzione in queste luminose pagine, che la sapienza europea non potrà a lungo ignorare. Un grido che di certo risulterà sgradito a certe anime belle, ma che fa delle sue parole uno dei canti più intensi del secolo XX.

Il libro, ad ogni modo, esce nel ’47, ma è il resoconto di un viaggio compiuto undici anni prima in Brasile: da Amburgo a Belém, Recife, San Paolo, Rio de Janeiro e Bahia. Con uno scalo preliminare alle Azzorre, occasione ideale per fare il punto sulla situazione della Germania, che si è appena lasciato alle spalle: «Il loro arcipelago mi è parso un simbolo della nostra situazione: come una catena di vulcani che, sull’estremo confine dell’Europa, si leva in mezzo a infinite solitudini». Decide di prendersi una pausa da una civiltà di cui comincia a intravvedere le ombre, cambiando emisfero, sotto un sole e costellazioni differenti. Un viaggio che segnerà una svolta profonda nella sua visione del mondo, spostando l’asse dalla situazione della Germania a quella mondiale, nella sua totalità, come nota Detlev Schöttker nel suo saggio in conclusione del libro. Ma Jünger ancora non lo sa, e nel Nuovo Mondo, nella sua sovrabbondanza proteiforme, cerca le immagini, i fenomeni originari di cui ha parlato Goethe nei suoi scritti sulla metamorfosi delle piante. Ognuna di queste immagini risveglia antiche reminiscenze, rendendo ogni uomo artista e artefice. L’Atlantico come specchio, nel quale il poeta delle Tempeste d’Acciaio si riconosce, ritrovandosi. Qui ogni scoperta è una (auto)rivelazione, un ritorno a casa. Lo intuisce scorgendo un pesce dalla forma bizzarra, sconosciuto alle classificazioni occidentali. Qualcosa di sopito si risveglia in lui:

«Alla vista di simili creature favolose, ciò che colpisce è soprattutto l’accordo tra apparizione e immaginazione. Non le percepiamo come se le scoprissimo, ma come se le inventassimo. Ci sorprendono e al tempo stesso le sentiamo intimamente familiari, come fossero parti di noi stessi che si realizzano in immagini. A volte, in certi sogni e, molto verosimilmente, nell’ora della morte, questa immaginazione acquista in noi una forza straordinaria. I miti nascono dove realtà superiori e supreme si accordano con la forza dell’immaginazione».

Ma il Sudamerica non è solo natura incontaminata. Tra i dedali vegetali e gli umbratili argini di fiumi senza fine svettano imponenti megalopoli ancora sconosciute agli europei di quegli anni. È proprio al cospetto di questi vertiginosi agglomerati che avviene la rivoluzione copernicana dello scrittore: la tecnica, vista all’opera nella Prima guerra mondiale e poi nelle industrie, è diventata un fenomeno planetario. Gli accoliti del Lavoratore hanno invaso il globo, trasfigurandolo, ridisegnandone le frontiere. Rio de Janeiro lo sgomenta: «La città esercita su di me un’impressione possente. È una residenza dello spirito del mondo». E proprio in queste pagine compare il nome di Oswald Spengler, che ne Il tramonto dell’Occidente aveva indicato nelle metropoli, inorganiche e amorfe, uno dei sintomi delle fasi terminali di una civiltà. Profezie amare quanto attuali, anche a distanza di un secolo dalla pubblicazione del monumentale trattato di morfologia delle civiltà.

Eppure, come scrisse Hölderlin, dove cresce il pericolo nasce anche ciò che salva, e, nel corso di questo viaggio al termine dell’Occidente, a far da buen retiro, da contrappeso alla sfrenata tecnicizzazione planetaria è ancora una volta la natura selvaggia e illibata. Lo testimonia una lettera a suo fratello Friedrich Georg, scritta il 20 novembre 1936 a Santos: «Da queste parti c’è un proverbio che mi piace tanto; dice: Il bosco è grande, e significa che chiunque si trovi in difficoltà o sia vittima di persecuzioni può sempre sperare di trovare rifugio e accoglienza in questo elemento». Probabilmente la pensano così anche alcuni dei suoi compagni di viaggio, i quali, giunti in Brasile, decidono di scendere dalla nave, non tornando in Germania. Cosa che lui invece farà, vivendo la tragedia europea sino al suo ultimo atto ma portando con sé questa immagine del bosco, sviluppata pochi anni dopo ne Il trattato del ribelle. Nel bosco vedrà l’autentica patria spirituale dell’uomo, contrapposta alla nave, dominio della velocità e del progresso, e il ribelle sarà colui che passa al bosco, dandosi alla macchia – scendendo dalla nave, appunto.

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Di questo, però, non c’è ancora traccia nella sua biografia. Per ora non vi è che mare aperto e isole, l’immensità dell’Atlantico e il riparo di atolli e arcipelaghi, a ribadire quella dualità irriducibile che costituisce la quintessenza letteraria – ma non solo – di Ernst Jünger. L’oceano, nella cui malia «il nostro essere fluisce e si dissolve; tutto ciò che in noi è ritmico si ravviva, risonanze, battiti, melodie, il canto originario della vita che va cullandosi nei tempi. Il suo incantesimo ci fa tornare indietro svuotati, eppure felici come dopo una notte trascorsa danzando». Le isole, invece, che custodiscono la promessa di una gioia «più profonda della quiete, della pace in questo elemento tempestoso mosso fin dai fondali. Anche le stelle sono isole nel mare della luce dell’etere».

Le isole, il mare… Si è fatto tardi. Il nostro viaggiatore annota queste parole mentre torna nella sua Europa, martellata dall’urgenza della storia, squassata da venti che ben presto riveleranno la loro forma mostruosa e titanica. Le ultime parole del diario brasiliano sono datate 15 dicembre 1936:

«Mi sento soddisfatto del viaggio. Eolo e tutti gli altri dèi sono stati propizi. Ancora più intenso appare il piacere che vi ho provato rispetto ai tempi minacciosi che si annunciano in maniera sempre più evidente, le cui fiamme anzi già guizzano all’orizzonte».

Quelle fiamme che finiranno per incendiare una civiltà intera, una civiltà di cui Jünger sceglierà di farsi testimone, pagando in prima persona, come tanti altri, la propria inattualità.

Terra Sarda: il mediterraneo metafisico di Ernst Jünger

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Terra Sarda: il mediterraneo metafisico di Ernst Jünger

Andrea Scarabelli

Ex: http://ilgiornale.it/scarabelli

«Insel, insula, isola, Eiland – parole che nominano un segreto, un che di separato e conchiuso»: Ernst Jünger scrisse queste parole a Carloforte. Vi era giunto per la prima volta nel 1955, passando dall’isola di Sant’Antioco, attratto dalla presenza di un insetto che vive solo lì, la Cicindela campestris saphyrina. Le sue impressioni sull’isola sono riportate nel saggio San Pietro (1957), uscito in italiano nel 2015 nella traduzione di Alessandra Iadicicco. Entomologia a parte, era rimasto folgorato dal luogo, trascorrendovi le vacanze fino al 1978, all’età di ottantatré anni. Jünger era un amante delle isole, e i suoi diari (molti dei quali, purtroppo, ancora inediti da noi) stanno a dimostrarlo; del bacino mediterraneo amava soprattutto Sicilia e Sardegna. Il fascino esercitato dalle isole risale all’inizio dei tempi. Per caratteri come quello di Jünger, ogni isola è beata, nel senso di Esiodo (Le opere e i giorni): «Sulle isole beate, presso il profondo gorgo dell’oceano, vivono gli eroi felici col cuore libero da affanni. La terra feconda offre loro il frutto del miele che matura tre volte nell’anno». Anche D. H. Lawrence, tra i molti altri, era stato in Sardegna, precisamente nell’estate del 1921, assieme alla moglie Frieda. Vi era giunto da Taormina e aveva visitato Cagliari, Mandas e Nuoro. Nel suo libro Mare e Sardegna, contenente il racconto di questo viaggio, riporta un’ottima definizione di insulomania, il male di cui soffre chi prova un’attrazione irresistibile verso le isole. «Questi insulomani nati sono diretti discendenti degli Atlantidi e il loro subcosciente anela all’esistenza insulare». Una diagnosi che si attaglia alla perfezione a Jünger, amante del mare e di ciò che il mare circonda, separandolo dalla terraferma.

terrasa.jpgCome già detto, il futuro Premio Goethe approda a Carloforte nel 1955, ma il suo primo contatto con la Sardegna risale all’anno precedente. Il diario del suo mese trascorso nel piccolo villaggio di Villasimius è uscito in varie edizioni, con il titolo Presso la torre saracena. Tradotto – magistralmente – da Quirino Principe, verrà inserito insieme agli altri “scritti sardi” ne Il contemplatore solitario (Guanda, 2000) e in Terra sarda (Il Maestrale, 1999).

Ecco l’itinerario di quel primo viaggio: partito da Civitavecchia la sera del 6 maggio 1954, il Nostro arriva al porto di Olbia alle prime ore del mattino. Raggiunta Cagliari in treno, un paio d’ore di autobus lo separano da Villasimius (nel diario indicata come Illador): un percorso accidentato, su strade malmesse. Poche case coloniche, il piccolo borgo di Solanas. Dietro a ogni tornante si squadernano panorami mozzafiato, con un mare color zaffiro. Fin da subito capisce di trovarsi in un luogo tagliato fuori dalla civiltà, anche per via di un’epidemia di malaria e una carestia che fino a quel momento hanno reso Villasimius impermeabile al turismo di massa. Ancora per poco, però: proprio nei giorni della sua residenza, gli operai stanno collocando la rete elettrica, dando così il via alla modernizzazione della cittadina, che si concluderà con l’invasione di televisioni, radio, cinema, traffico, caos… La tecnica giungerà, livellando ogni differenza tra sessi e generazioni, demolendo una cultura millenaria e andando a costituire quel brodo di coltura grazie a cui la modernità trionferà anche a Illador. Ma in quel momento di tutto ciò non c’è ancora traccia. La cittadina si trova a un crocevia, e lo scrittore ha modo di fotografarla per quel che fu, «un luogo più cosmico che terrestre, lontano dal mondo». In realtà queste parole sono riferite a Carloforte, ma potrebbero estendersi alla Villasimius di allora, anzi alla Sardegna tutta, che in qualche modo agì su di lui come un «detonatore di emozioni», secondo la definizione di Stenio Solinas, che ha firmato l’introduzione a San Pietro.

Crocevia per la Sardegna, gli anni Cinquanta lo sono anche per Jünger: dopo aver visto l’Europa messa a ferro e fuoco dalle forze scatenate della tecnica, che aveva in qualche modo celebrato nel suo Der Arbeiter, agli inizi degli anni Trenta, il suo sguardo muta radicalmente, dando vita a opere come Il trattato del ribelle, che esce nel 1951, e soprattutto Il libro dell’orologio a polvere, pubblicato lo stesso anno di quel suo primo viaggio sardo. Se il primo è l’invito a riparare in un bosco del tutto interiore, al riparo dalle barbarie della tecnica e della tirannide, l’ultimo è uno studio comparato dedicato agli orologi naturali (clessidre, meridiane, gnomoni e così via) e a quelli meccanici, insieme alle nozioni di tempo che veicolano. Così come c’è un tempo storico, scandito dagli orologi meccanici, ce n’è anche uno cosmico, misurato dalle ombre proiettate dal sole e dall’affastellarsi dei chicchi di grano nelle clessidre. Sarà questa compresenza, come vedremo, a scandire il suo primo soggiorno sardo.

Torniamo alla Villasimius degli anni Cinquanta, la cui case sono ancora illuminate da candele, una cittadina semi-diroccata circondata da immense spiagge deserte e torri in rovina, i cui ospiti non sono miliardari o attricette o parvenu ma pastori, elettricisti, ciabattini e pescatori, insieme a impiegati statali trasferiti lì per qualche oscuro regolamento di conti burocratico. In loro compagnia, annoterà in San Pietro,

«L’uomo della terraferma viene trattato con una benevola superiorità. Gli manca quell’impronta degli elementi che qui ha lasciato il suo segno».

Saranno queste figure semplici, dalla pelle coriacea battuta dal Sole e saggiata dal vento, i compagni di quelle lunghe giornate, anche perché il protagonista della nostra storia si è guardato bene dal portarsi dietro un libro, un giornale o una compagnia umana. Ama stare con la gente comune e partecipa a feste e banchetti, cene e battute di caccia, passeggiate e sessioni di pesca, ben sapendo che è possibile studiare un luogo anche senza orpelli letterario-filosofici. La pensione in cui alloggia – gestita da una certa Signora Bonaria – diventa così il teatro d’interminabili discussioni (ma anche di lunghi silenzi, scanditi da un vino nero come la notte e pranzi pantagruelici). Cogli abitanti del luogo Jünger parla un po’ di tutto, ma perlopiù ascolta, di passato e presente – il futuro, quello, mai – dalle usanze locali alla Storia, che ha ovviamente attraversato anche quei corpi. Dopo cena, talvolta, i doganieri intonano il canto del «Duce Benito», non senza prima essersi tolti le uniformi. Uno dei suoi interlocutori gli dice di esser stato ferito nella Prima Guerra Mondiale e di aver perso un figlio nella seconda. Anche lui ne sa qualcosa. Reclina il capo, mentre il suo pensiero va alle scogliere di marmo di Carrara, dove è caduto suo figlio Ernstel.

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I giorni passano e il Signor Ernesto – così lo chiamano a Illador – fa lunghe passeggiate, attraversando campi imbionditi dai cereali, muraglie di fichi d’India e una macchia mediterranea issatasi eroica sotto un sole sferzante, che dardeggia la costa, irrorata dal mare. Di tanto in tanto il suo sguardo si posa sull’Isola dei Gabbiani e su quella dei Serpenti (oggi Serpentara), nei pressi di Castiadas, sormontate rispettivamente da un castello in rovina e un faro. A colpirlo è l’abbondanza della natura, che non fa economia né lesina in sperperi («è ben oltre la funzionalità», parole che avrebbero sottoscritto Georges Bataille e Marcel Mauss), la stessa che fece esclamare, dall’altra parte del mare, allo Zarathustra nietzschiano:

«Ho imparato questo dal sole, quando il ricchissimo tramonta: getta nel mare l’oro della sua inesauribile ricchezza, così che anche il più povero pescatore rema con remi d’oro! Vidi questo una volta e alla vista non mi saziai di piangere».

Se fu un tramonto ligure a dettare queste parole a Nietzsche, che le scrisse a Rapallo, Jünger cercò il Grande Meriggio di Zarathustra in Sardegna, come disse una volta Banine, sua correttrice di bozze e compagna di viaggio ad Antibes. Ma il Sole e il mare mediterranei gli sussurrano, soprattutto, di avere ancora un’immensa riserva di tempo. E il tempo gli darà ragione, facendolo vivere sino al 1998, all’età di centotré anni.

L’enigma del tempo, che ha incantato Borges e gli spiriti più eletti del Novecento: ecco ciò che Jünger incontra in Sardegna in quella tarda primavera, non ancora estate. Il Contemplatore Solitario si tuffa nel miracolo della storia nei nuraghi presso Macomer, adornati da licheni, che dovettero apparire antichi già ai Fenici. Il suo sguardo si amplia, sfondando gli orizzonti storiografici moderni, andando oltre le sue Colonne d’Ercole, impresa conclusa cinque anni dopo in quello che forse è il suo libro migliore, Al muro del tempo, trattato di metafisica della storia che analizza il tempo storico come una parentesi, nata dalla messa al bando di forze mitiche che stanno per fare ritorno. Ebbene, il passaggio dalla storia del mondo (Weltgeschichte) alla storia della terra (Erdegeschichte) ha luogo forse per la prima volta al cospetto di un nuraghe che, come ha scritto Henri Plard, curatore de Il contemplatore solitario, ricorda a Jünger il fenomeno originario di cui ha parlato il suo maestro Goethe, che si cela dietro a tutte le manifestazioni naturali. Da esso nascerà la torre, il granaio, il castello… Archetipi? Null’affatto. Gli archetipi sono molti, il fenomeno originario è uno.

Questa compresenza, ai suoi occhi, sceglie quello sardo come territorio d’elezione. È come se in certi luoghi la geografia costringesse la storia a venire allo scoperto, esibendo i propri caratteri fondamentali. Anche perché qui il passato vive in una contemporaneità assoluta, plastica. La Sardegna jüngeriana è in grado di cicatrizzare e risanare antiche ferite. Qui tutto è presente, l’eternità coesiste con il tempo: «La storia diventa un mysterium. La successione temporale diventa un’immagine campata nello spazio», parole che – come scrive Quirino Principe – ricordano quelle di Gurmenanz del Parsifal wagneriano: «Figlio mio, qui il tempo diventa spazio». Il cerchio si chiude.

Il sigillo di quel viaggio è una fuoriuscita dalla storia non veicolata dalla ratio ma dalla contemplazione delle forme, del loro stile. È nella continuità delle forme, nella loro metamorfosi, a manifestarsi il fenomeno originario. Che non è un’idea astratta, ma qualcosa d’immanente al reale, la messa in forma di un destino e allo stesso tempo la sua più alta meta. Contemplando il reale e non dissezionandolo, come fa invece la scienza moderna, ci reinseriamo nei meccanismi che regolano il cosmo. Ciò è molto facile in Sardegna – e in Italia – scrive Jünger, dove la compresenza di presente e futuro è visibile a livello geografico, territoriale, elementare, ma anche fisiognomico. Lì può accadere, passeggiando per luoghi affollati, d’incontrare un viso particolare, con tratti inusuali. Allora ci fermiamo, percorsi da un brivido. I tratti intravisti sono antichi, forse addirittura preistorici, e l’osservazione si spinge allora sempre più a ritroso, nelle profondità dei secoli e dei millenni, fino al limite estremo del muro del tempo. «Sentiamo che ci è passato vicino un essere originario, primordiale, venuto a noi da tempi in cui non esistevano né popoli né paesi». Ma la stessa cosa accade anche se ci mettiamo a riflettere su noi stessi: per quale motivo non siamo tutti uguali, ma nutriamo peculiari inclinazioni per la caccia o la pesca, per la contemplazione o l’azione, «per lo scontro in battaglia, per l’occulta magia degli esorcismi? Seguendo le nostre vocazioni, consumiamo la nostra più antica parte di eredità. Abbandoniamo il mondo storico, e antenati sconosciuti festeggiano in noi il loro ritorno».

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È la contemplazione e non l’analisi a permettere questa fuoriuscita dal tempo – la stessa di cui parlò Mircea Eliade, che tra l’altro diresse con Jünger «Antaios», dall’inizio degli anni Sessanta a metà dei Settanta. Ebbene, sulle colonne di quella meravigliosa rivista uscì, nel 1963, lo scritto jüngeriano Lo scarabeo spagnolo, sempre nato in terra sarda. Qui la meditazione su uno scarabeo intravisto sul gretto di un fiume (Riu Campus) diventa occasione per riflettere sulla caducità delle cose. Tutto muore e trapassa nell’inorganico, ma guai a chi non lo inserisce in un contesto più alto. Guai a chi si esaurisce nel presente, nella storia. Guai a non vedere nel transeunte l’orma dell’eterno. Chi abbia il coraggio di avventurarsi nei labirinti della contemplazione, tuttavia, scoprirà scenari inediti, all’interno dei quali anche l’uomo acquisisce facoltà nuove:

«Ognuno è re di Thule, è sovrano agli estremi confini, è principe e mendicante. Se sacrifica l’aurea coppa della vita alla profondità, offre testimonianza della pienezza cui la coppa rinvia e che egli incarna senza poterla comprendere. Come lo splendore dello scarabeo spagnolo, così le corone regali alludono a una signoria che nessuna conflagrazione universale distrugge. Nei suoi palazzi la morte non penetra; è solo la guardiana della porta. Il suo portale rimane aperto mentre stirpi di uomini e di dèi si avvicendano e scompaiono».

Avventurandoci in questa Babele di dimensioni storiche e piani dell’essere, lo stesso linguaggio finisce per rivelare la propria insufficienza e naufraga, laddove la traiettoria di un insetto è in grado di ripetere il moto planetario. Servendoci di un’antica immagine, il linguaggio discorsivo è come una canoa utile per attraversare un fiume, ma che una volta espletato questo compito va abbandonata a riva. Il percorso deve proseguire in altro modo. Così sono i nomi, che non si limitano a designare cose, ma rinviano sempre a qualcos’altro,

«ombre d’invisibili soli, orme su vasti specchi d’acqua, colonne di fumo che s’innalzano da incendi il cui sito è nascosto. Là il grande Alessandro non è più grande del suo schiavo, ma è più grande della propria fama. Anche gli dèi, là, sono soltanto simboli. Tramontano come i popoli e le stelle, eppure hanno valore i sacrifici che li onorano».

Come già accennato, i diari di Illador-Villasimius sono dedicati alla Torre Saracena di Capo Carbonara; vi si arriva facilmente, percorrendo un sentiero – nulla di particolarmente impegnativo – che dalla lunga spiaggia bianca porta alle pendici dell’antica torre di vedetta. L’11 maggio, ai piedi della solitaria costruzione arroventata dal sole (oggi conosciuta come Torre di Porto Giunco), Jünger avverte «un alito di nuda potenza, di pallida vigilanza». Un sentore di perenne insicurezza, d’instabilità. Comprende di trovarsi in un luogo di confine, Giano bifronte che unisce e separa a un tempo, linea di frontiera tra Oriente e Occidente, storia e metastoria. Segno liminare tra terra e mare che impone un aut-aut, ci torna una decina di giorni dopo, assieme a un certo Angelo (uomo mercuriale), armato di martello e scalpello. Lascia una traccia, com’era – ed è tutt’ora – uso fare. Quella traccia è ancora lì, a distanza di oltre cinquant’anni: E. J., 22.V.54. Dopodiché ridiscende il sentiero, fino alla spiaggia. Guardandola dall’alto, si è accorto che presenta singolari striature rosate: sono conchiglie frantumate. Frugando, ne trova una semi-intatta, la cui forma lo sgomenta. È una conchiglia a forma di cuore, la cui perfezione formale rimanda a un ordine che è di questo mondo ma in esso non si esaurisce. È come se la bacchetta di un direttore invisibile avesse dato il la a un’esecuzione di cui non udiamo che gli echi. E, ancora una volta, ecco emergere dalla contemplazione la Terra originaria, in una magnifica assenza di umanità. È ad essa che il piccolo oggetto rinvia: una proprietà, annota Jünger, ben nota a quei popoli antichi che utilizzavano le conchiglie come moneta, al posto dell’oro. La sua forma potrebbe condurci

«a fiammeggianti soli. Colui che vaga per la nostra terra la esibisce come un geroglifico. Il guardiano del portone di fiamma vede a quale sublime configurazione è adatta la polvere che turbina su questa stella. Qualcosa d’immortale lo illumina. Dà il suo segnale: la conchiglia si trasforma in ardore incandescente, in luce, in pura irradiazione. Il portone si apre di scatto».

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Abbiamo detto che la Sardegna segna, in qualche modo, l’approdo di Jünger ai grandi spazi di una storiografia ultraeuclidea, mostrandogli un territorio innervato da un destino antecedente a quello dei manuali. I nuraghi precedono le piramidi, le mura di Ilio e il palazzo di Agamennone. Un giorno si trova nei pressi di Punta Molentis, al largo della quale si dice esserci un antico porto sommerso. Chissà, magari a questo porto corrisponde anche una città, secondo un’antica leggenda diffusa in tutte le coste mediterranee. È un’immagine molto potente del senso della storia. Come ha scritto Predrag Matvejević nel suo magnifico Breviario mediterraneo,

«un porto affondato è una specie di necropoli. Divide lo stesso destino delle città o delle isole sommerse: circondato dagli stessi misteri, accompagnato da questioni simili, seguito dagli stessi ammonimenti. Ciascuno di noi è talvolta un porto affondato, nel Mediterraneo».

Sempre nei pressi di Punta Molentis, dove un’esile lingua di sabbia separa i due mari, trova un’antichissima grotta, addirittura più vecchia degli stessi nuraghi. È stupefatto: per inquadrare questa rudimentale abitazione, occorre adottare scale temporali molto più ampie di quelle storiografiche. Luoghi del genere intimano al visitatore di confrontarsi con regioni sommerse del proprio Io, abbandonando gli orpelli mentali usuali:

«A volte, l’uomo è costretto dall’urgenza del destino a uscire dai palazzi della storia, a venire al cospetto di questa sua primitiva dimora, a domandarsi se ancora la riconosca, se sia ancora alla sua altezza, se ne sia ancora degno. Qui egli è processato e giudicato dall’Immutabile che persiste al fondo della storia».

L’uomo tende a ricacciare questo Immutabile in un lontanissimo passato, nell’alba dei tempi. Una sciocchezza: esso è «al centro, nel punto più interno della foresta, e le civiltà gli girano intorno». Al pari del mito che, come aveva scritto nel Trattato del ribelle tre anni prima, non è la narrazione dei tempi che furono ma una realtà che si ripresenta quando la storia vacilla sin dalle fondamenta.

Meditando su ciò che ha appena visto, con maschera e tubo respiratorio, si getta nell’acqua poco profonda e attraversa la piccola laguna a nuoto. È una delle sue attività preferite, specie in Sardegna. In quel periodo nessuno degli abitanti fa il bagno, ma lui è abituato ad altre latitudini, e non perde tempo. C’è un vecchio epitaffio, inciso sulle rovine accanto al porto di Giaffa, nei pressi di Tel Aviv, che recita: «Nuoto, il mare è attorno a me, il mare è in me, e io sono il mare. In terra non ci sono e mai ci sarò. Affonderò in me stesso, nel mio proprio mare». In queste antichissime righe, c’è tutto Jünger, sospeso sulla superficie acquea di un mare cristallino, a riflettere sui sottili legami tra passato e presente, mito e storia.

Teatro di queste incursioni è il Mediterraneo, qui inteso in senso più che geografico. Agorà e labirinto, «perduto mare del Sé» (Janvs), archivio e sepolcro, corrente e destino, crepuscolo e aurora, apollineo e dionisiaco, «è una grande patria», scrive Jünger, «una dimora antica. A ogni mia nuova visita me ne accorgo con evidenza sempre maggiore; che esista anche nel cosmo, un Mediterraneo?». Se è vero, come scrive Matvejević nel suo libro già citato, che «il Mediterraneo attende da tempo una nuova grande opera sul proprio destino», quella di Jünger potrebbe esserne la bozza. Un destino osservato sulle rocce e sulle piante, abbrivio a dèi ed eroi omerici, simulacri di battaglie cosmiche che si compiono dall’aurora dei tempi. Tutto ciò è riflesso nei volti che ha modo d’incontrare, nelle calette in cui si avventura e negli insetti che osserva, con la discrezione di un entomologo professionista. Tutte maschere di una sola cosa:

«Terra sarda, rossa, amara, virile, intessuta in un tappeto di stelle, da tempi immemorabili fiorita d’intatta fioritura ogni primavera, culla primordiale. Le isole sono patria nel senso più profondo, ultime sedi terrestri prima che abbia inizio il volo nel cosmo. A esse si addice non il linguaggio, ma piuttosto un canto del destino echeggiante sul mare».

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Un mare da cui si accomiaterà il primo giugno, ma solo per qualche tempo (mediterranea è anche, in senso eminente, la certezza del ritorno). Jünger prepara i bagagli, e percorre a ritroso il suo viaggio. Sulla strada verso Cagliari, s’imbatte nei bunker eretti dalla Wehrmacht durante la Seconda guerra mondiale. Forse la foresta se li inghiottirà. Difficile che invecchino bene, come invece il Forte di Michelangelo a Civitavecchia, le macchine da guerra di Leonardo o le prigioni di Piranesi… Prende il treno per Olbia. Dopo settimane di astinenza dalla modernità, compra un giornale, solo per vedere quanto poco il mondo sia cambiato. L’argomento à la page è la bomba atomica, il tono è «come sempre noioso, irritante, indecoroso. Ci si domanda a volte a quale scopo si paghi l’onorario ai filosofi». Chissà cosa direbbe oggi, di fronte a certe querelle da bettola… Dopodiché, in nave fino a Civitavecchia, dove lo attende un treno, diretto a Nord. La linea passa da Carrara, mentre a sinistra c’è sempre il mediterraneo, muto spettatore di un dolore non ancora cicatrizzato. «Il mare è una lingua antichissima che non riesco a decifrare» scrisse il suo amico Jorge Luis Borges nel 1925 (nel saggio Navigazione, uscito ne La luna vicina).

Il congedo di Jünger dalla Sardische Heimat è solo temporaneo. Vi tornerà diverse volte, finché le condizioni di salute glielo permetteranno. Nato sotto costellazioni settentrionali, in quel lontano 1954 ha subito un fascino cui è molto difficile sottrarsi, e ora non può che rispondere periodicamente a quest’appello. «Mare! Mare! Queste parole passavano di bocca in bocca. Tutti corsero in direzione di esso… cominciarono a baciarsi gli uni cogli altri, piangendo» ci rivela Senofonte nelle Anabasi, descrivendo la reazione dei soldati greci, dopo un lungo peregrinare a terra, affacciatisi sul Mediterraneo. Furono forse le stesse parole che rimbombarono nelle orecchie del Contemplatore Solitario a bordo di quell’autobus, tra un tornante e l’altro, tra un mare e l’altro, fino a Illador, oasi di un passato martoriato e misteriosa prefigurazione di un destino a venire.

Réfugiés, terreur et libéralisme institutionnel : comment l’Occident se suicide

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Réfugiés, terreur et libéralisme institutionnel : comment l’Occident se suicide

par Christopher Pisarenko

Ex: https://versouvaton.blogspot.com

Article original de Christopher Pisarenko, publié le 3 octobre 2017 sur le site Katehon
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


Certes, des murs avec des barbelés de fortune ont déjà été érigés sur tout le vieux continent, comme si les Européens ne se souvenaient pas de l’échec total d’une barrière particulière tristement célèbre qui s’est effondrée il y a 26 ans (pour le meilleur ou pour le pire). Bien sûr, la grande différence ici, c’est qu’à l’époque – même dans la frénésie qui s’est développée parmi la foule des Allemands qui ont fini par réduire le mur de Berlin en poussière – il y avait encore deux sociétés ordonnées d’Allemands qui vivaient de chaque côté du mur depuis des décennies.
 
Aujourd’hui, cependant, aucune société ordonnée de ce genre n’existe plus derrière les clôtures de barbelés qui ont vu le jour dans toute l’Europe. Il n’y a que du désespoir et de la haine aux yeux de ceux qui se trouvent dans les camps – le résultat direct d’innombrables années de chauvinisme occidental militairement imposé à l’étranger et de libéralisme institutionnel en Occident même. Certes, le chauvinisme et l’agressivité de l’Occident à l’étranger (c’est-à-dire dans les pays non occidentaux) sont eux-mêmes le résultat direct du libéralisme institutionnel interne qui existe dans toutes les nations occidentales. Ce libéralisme institutionnel est exceptionnaliste ou suprémaciste de par sa nature même – et donc, en ce sens, il ressemble beaucoup au racisme institutionnel occidental. Un autre bon descriptif pour un système aussi fanatique serait le « totalitarisme libéral ». Il faut donc comprendre que les conditions misérables dans lesquelles se trouvent les réfugiés, ainsi que l’énorme crise démographique qui touche les pays européens, en moyenne, sont toutes deux directement liées au chauvinisme libéral institutionnel.

Aujourd’hui, une situation se développe à l’échelle du continent où les camps de réfugiés, comme ce qu’on appelle la « jungle » à Calais [en France, NdT], s’étendent rapidement au-delà de leur pleine capacité, débordant sur les zones voisines peuplées par des indigènes européens craintifs. C’est la recette d’une catastrophe créée délibérément par les gouvernements occidentaux eux-mêmes. Pour aggraver le problème, il existe un nombre croissant de collectivités locales en Allemagne – comme celles de Hambourg, Nieheim et Olpe (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) et Braunsbedra (Saxe-Anhalt) – qui ont confisqué les biens des particuliers et expulsé des personnes de leur foyer pour y loger des réfugiés supplémentaires. En conséquence de ces politiques insensées, il semble y avoir une augmentation soudaine du soutien populaire à un certain nombre de partis d’extrême droite et d’extrême gauche à travers l’Europe. Et c’est en effet un résultat logique.

Cependant, ce qui est manifestement absent de la rhétorique politique incessante entourant la crise des réfugiés, c’est la reconnaissance du fait que le libéralisme institutionnel est la cause profonde du problème. De plus, le libéralisme institutionnel (tant au niveau national, qu’international) est la raison fondamentale pour laquelle l’ensemble du monde occidental semble destiné à l’autodestruction dans un avenir proche. À l’exception des paléo-conservateurs comme Pat Buchanan (aux États-Unis) – qui ont longtemps prédit la « mort imminente de l’Occident » si les politiques actuelles ne sont pas radicalement modifiées – et bien sûr aussi des partisans de la troisième position marginalisée qui, comme Oswald Spengler (1880-1936), parlent encore de « Déclin de l’Occident », il n’y a pas de factions politiques en Occident attirant l’attention sur les politiques chauvines libérales institutionnelles qui ont déjà ruiné des nations comme l’Irak, la Libye et la Syrie, et qui continuent pourtant à détruire les nations occidentales de l’intérieur, socialement, culturellement et économiquement.

Même les groupes néonazis ou fascistes marginaux (eux-mêmes, ironiquement, le produit idéologique du nationalisme libéral du XIXe siècle) – même eux ne portent pas le blâme de sa source. Au lieu de cela, ils ne font que produire ou perroquetter la même vieille rhétorique haineuse contre l’Islam dans son ensemble, ou contre les étrangers dans leur ensemble, ou contre tel ou tel homme politique occidental. Bien sûr, ces derniers (les politiciens) ne sont que de simples marionnettes des grandes institutions libérales transnationales qui ont leur origine aux États-Unis et en Europe occidentale. Ces institutions libérales comprennent, entre autres, les consortiums (p. ex. le Groupe Bilderberg) ; les sociétés de médias (p. ex. Rupert Murdoch’s News Corp.) ; les think tanks (p. ex. Council on Foreign Relations) ; les ONGs (p. ex. George Soros’s Open Society Foundations) ; Wall Street et la Réserve fédérale ; la franc-maçonnerie mondiale ; les multinationales de services énergétiques et pétroliers (ExxonMobil et Halliburton) ; les industries de l’armement (Lockheed Martin, par exemple), etc., etc. Toutes ces institutions économiques, culturelles, sociales, politiques et militaro-industrielles travaillent en synergie au sein de la grande matrice libérale pour produire des résultats mutuellement bénéfiques pour elles-mêmes, c’est-à-dire les élites atlantiques libérales et leurs laquais politiques. Le groupe Bilderberg est peut-être l’exemple le plus grand et le plus puissant d’une super-élite libérale, qui réunit en son sein tous les types d’institutions les plus influents parmi ceux mentionnés ci-dessus, donnant ainsi les meilleurs résultats. Néanmoins, toutes ces institutions – et les élites libérales qui les dirigent – l’emportent complètement sur l’influence dont on pourrait penser qu’un politicien ou un groupe de politiciens occidentaux serait théoriquement susceptible d’avoir, sans parler du « pouvoir » que les réfugiés totalement opprimés auraient (une revendication typique chez les fascistes).

Ne vous y trompez donc pas, c’est le libéralisme – le libéralisme institutionnel – qui est en fin de compte à l’origine des nombreuses erreurs de politique intérieure et étrangère de l’Occident. De la promotion fanatique du multiculturalisme et des normes sociales « politiquement correctes » connexes à la destruction génocidaire de pays comme le Vietnam et l’Irak, en passant par les bombardements aveugles d’autres pays comme la Serbie, la Libye et (jusqu’à l’arrivée de la Russie) la Syrie du président Assad.

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À ceux qui insistent sur le fait que seuls les éléments néoconservateurs de l’élite du pouvoir occidental sont responsables de tels actes, vous avez tort. Les principaux manipulateurs derrière Lyndon Johnson (le ravageur du Vietnam) étaient-ils des néoconservateurs ? Les principaux responsables derrière Bill Clinton (le bourreau de la Serbie) étaient-ils des néoconservateurs ? Et même si une minorité considérable de néoconservateurs travaillent au sein de l’administration actuelle, la majorité des élites tirent-elles les ficelles « néoconservatrices » d’Obama ? Non. Les présidents américains susmentionnés ont tous mené des politiques intérieures et étrangères d’origine spécifiquement libérale – tout cela au nom de l’élite libérale « les pouvoirs derrière le trône ». Seule une partie de ces politiques coïncide avec le néoconservatisme tel qu’il est compris dans sa forme la plus pure à travers les œuvres, les discours et les carrières politiques de personnalités néoconservatrices comme Irving et William Kristol, Nathan Glazer, Norman et John Podhoretz, Charles Krauthammer, David Frum, Paul Wolfowitz. Richard Perle, etc. Essentiellement, les néoconservateurs sont conservateurs, libéraux sur les questions de société et d’économie, fortement pro-Israël et « faucons » quand il s’agit d’affaires militaires et géopolitiques.

Ainsi, pour être honnête, le néoconservatisme n’est qu’une secte ou un microcosme modérément bien défini dans l’ensemble du macrocosme du libéralisme (la première théorie politique). En d’autres termes, le néoconservatisme n’est qu’une souche du virus libéral qui s’adapte sans cesse – une souche qui s’est développée il y a longtemps à partir de la forme la plus libérale du marxisme de gauche (trotskiste), (la seconde théorie politique). Afin de survivre à la guerre froide au sein des nations capitalistes, le virus a commencé à se propager de plus en plus à droite sur l’échiquier politique. Pour l’instant, il suffit de dire que le libéralisme (pris dans son ensemble) est la plus grande maladie à laquelle il faut faire face – il doit être attaqué, repoussé et vaincu sur tous les fronts précisément parce que le libéralisme lui-même attaque sur tous les fronts (ethnique, culturel, politique, social, économique, etc) et par tous les moyens possibles. Lorsque le libéralisme sera finalement détruit, le néoconservatisme sera également anéanti, de même qu’une foule d’autres troubles d’origine libérale. Certes, le libéralisme est l’idéologie principale (ou stimulus radical) responsable de la propagation du terrorisme aux quatre coins du monde.

Et si nous voulons nous pencher sur le problème actuel du terrorisme, nous devons le faire de manière critique. En effet, nous devons traiter la grave maladie du terrorisme de la même manière qu’un médecin traiterait un patient gravement malade. Si nous faisons cela, nous devons alors reconnaître certains faits – en particulier à la suite de l’écrasement du vol Metrojet 9268 au-dessus du Sinaï et des récentes attaques à Beyrouth et à Paris. Plus précisément, nous devons reconnaître que le chaos actuel au Moyen-Orient et la montée de État islamique sont le résultat direct de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003 et, plus récemment, du soutien français et anglo-américain apporté aux « rebelles modérés » en Syrie. Nous devons également reconnaître que l’attaque de l’OTAN contre la Libye en 2011 a fait de ce pays un véritable repaire des activités d’État islamique (ISIS).

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La France, en particulier, est en guerre contre la Syrie (c’est-à-dire le gouvernement Assad) depuis un certain temps. Rappelons qu’en plus de toutes les armes et fonds que le gouvernement français a fournis aux groupes terroristes devenus ISIS/ISIL (en violation flagrante du droit international), la France est aussi la seule nation occidentale à avoir cessé officiellement sa reconnaissance du gouvernement Assad – un gouvernement qui est justement le gouvernement légitime reconnu par l’ONU en Syrie. Le gouvernement français a choisi, pour des raisons de propagande, de reconnaître plutôt un conseil de l’opposition totalement absurde (sinon fictif). Ainsi, depuis quelques années, on a laissé se développer une situation où la République française, institutionnellement libérale, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour délégitimer Assad et, en même temps, aider à la création par les États-Unis de l’actuel « ennemi islamiste », un faux drapeau, qui s’est maintenant libéré sur le sol français. On pourrait donc dire que le gouvernement français, en tant qu’incarnation de la politique libérale occidentale, se tranche finalement lui-même la gorge – tout comme l’Occident au sens large fait de même.

Il convient également de souligner qu’au cours des deux derniers mois, la France a non seulement lutté contre le gouvernement légitime de la Syrie, mais qu’elle a été de facto en guerre avec la Fédération de Russie, qui (aux côtés de l’Iran, de l’Irak et du Hezbollah) a mené la véritable guerre contre le terrorisme jihadiste salafiste ou ce que l’on peut justement considérer comme le grand « Frankenstein » occidental, le symbole de la quintessence de la décadence occidentale. Ainsi, dans un sens, la France, dans son opposition à la Russie (du moins avant les attentats de Paris), est comparable à une patiente hospitalisée mourante qui se bat contre son médecin – un médecin qui a le remède à sa propre maladie auto-infligée. Il s’agit d’un remède qui ne tient pas compte de la dépendance persistante de la France à l’égard de l’Arabie saoudite et des pays du Golfe, qui échangent des armes contre du pétrole. Espérons que le lecteur comprendra déjà que lorsqu’il s’agit d’islamisme, de wahhabisme ou de jihadisme salafiste (quelle que soit l’interprétation extrémiste de l’islam sunnite), toutes les voies mènent au régime saoudien. En effet, les Saoudiens sont responsables à 100 % du financement des mosquées les plus radicales dans le monde.

Cela nous amène directement à un autre point : pour combattre et vaincre efficacement le terrorisme (tant au pays qu’à l’étranger), il est absolument nécessaire que les gouvernements occidentaux combattent et éradiquent d’abord leur propre libéralisme « national ». Par exemple, ceux qui ont commis les attentats du 13 novembre étaient eux-mêmes de Paris et de Bruxelles – ils ont eux-mêmes bénéficié de leurs propres sociétés libérales nationales. À peine symboles d’un islam respectable, ce sont plutôt des symboles (et symptômes) paradigmatiques de la grotesque civilisation postmoderne dans laquelle ils ont grandi. De même, les djihadistes étrangers (non occidentaux) ne doivent pas être considérés comme des représentants de l’islam dans le monde musulman, mais comme de simples symptômes de la politique étrangère occidentale – en fait, ils sont le prolongement de la politique étrangère occidentale.

La crise actuelle des réfugiés en Europe n’a fait qu’attiser les flammes du recrutement pour des activités terroristes dans le monde entier. Il n’est pas nécessaire d’être un « scientifique dans le domaine spatial » pour comprendre qu’il s’agit d’une crise auto-infligée créée par la bête occidentale libérale elle-même. C’est ainsi que les deux problèmes existentiels les plus urgents pour l’Europe ont convergé : le terrorisme et les migrations de masse. Bien sûr, la France, en particulier, reste une cible extrêmement vulnérable pour tout type de terrorisme futur qui pourrait potentiellement se camoufler dans les rangs des réfugiés. Il y a un certain nombre de raisons très évidentes à cela, parmi lesquelles la politique d’ouverture des frontières menée de longue date par la France, sa société fondamentalement ouverte et cosmopolite, et bien sûr le grand nombre de ses citoyens et résidents nés à l’étranger qui sont des adeptes du salafisme.

Sur ce dernier point, il faut savoir que le très respecté institut de sondage ICM a réalisé un sondage en 2014 qui a révélé que jusqu’à 15 % de la population française totale soutient ISIS, et que chez les 18-24 ans, ce chiffre atteint des pics d’environ 25 %. Dire que ces conclusions scientifiques et impartiales sont alarmantes est certainement un euphémisme. Mais ils sont tout à fait crédibles si l’on tient compte du fait que, sur le plan intérieur, les médias français ont constamment diabolisé Bachar al-Assad pendant des années. Dans le même temps, les médias français ont glorifié tous les opposants d’Assad, qu’il s’agisse des islamistes ou des soi-disant « modérés » (qui n’existent pas). Il est donc tout à fait compréhensible que tant de jeunes impressionnables soient attirés par le message des djihadistes radicaux. Par extension, il est aussi facile de comprendre pourquoi toute la classe politique française, à l’exception du Front national, s’accroche encore à la croyance irrationnelle que le principal ennemi de la politique française est la droite nationaliste.

En conclusion, les récents attentats de Paris et la crise des réfugiés qui se poursuit dans toute l’Europe ne sont rien d’autre que des retombées karmiques pour toutes les politiques étrangères et intérieures totalement libérales que les gouvernements français et d’autres pays occidentaux encouragent depuis des générations. Pour résoudre le problème des réfugiés, il faut mettre fin au terrorisme au pays et à l’étranger. Et mettre fin au terrorisme signifie que les Français et les Occidentaux doivent commencer immédiatement à réévaluer le libéralisme institutionnel qui domine leur vie et celle des autres dans le monde (d’où le mondialisme). En d’autres termes, ils doivent au moins commencer à étudier toutes les ramifications négatives du libéralisme institutionnel aux niveaux local, national et international.

La France et les autres pays occidentaux qui ont créé ISIS/ISIL et qui ont été responsables du déclenchement (puis de l’attisement) de la guerre civile en Syrie doivent alors avaler leur fierté mal placée et renverser complètement la vapeur – ils doivent faire un virage complet à 180 degrés moralement et politiquement, puis peut-être culturellement, socialement et économiquement aussi. Ils doivent soit soutenir la coalition internationale de la Russie contre le terrorisme, soit s’y joindre. Tout ce qui est en deçà de ce changement tant nécessaire dans la vision du monde que dans les politiques entraînera certainement la MORT irréversible de l’Occident dans un avenir pas trop lointain.

Mais l’Occident pourra-t-il avaler sa fierté narcissique ? Telle est la question.

Tabou diplomatique

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Tabou diplomatique

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Cet été, les lignes ont semblé bouger dans les Balkans, en particulier entre la Serbie et le Kossovo. Le président de la République de Serbie, Aleksandar Vučić, entama une discussion avec Hashim Thaçi, le chef de l’État kossovar. Depuis 2008, année où le Kossovo a acquis une soi-disant indépendance, la Serbie n’a jamais accepté cette sécession. Avec l’augmentation des flux migratoires extra-européens dans la région, l’intransigeance de la Serbie pose maintenant de graves problèmes puisque Belgrade refuse de fermer une frontière qui n’existe pas à ses yeux. Par ailleurs, le Kossovo, digne valet de l’atlantisme, se transforme progressivement en un narco-État plus ou moins en cours d’islamisation.

Avant de rompre les négociations d’un commun accord dès le 7 septembre dernier, Aleksandar Vučić et Hashim Thaçi ont espéré que leurs États respectifs adhéreraient le plus tôt possible à l’Union pseudo-européenne. Ils étaient même prêts à s’affranchir du tabou diplomatique suprême : l’intangibilité des frontières. Le Nord du Kossovo peuplé de Serbes autour de Mitrovica rejoindrait la Serbie qui en échange céderait au Kossovo des territoires du Sud-Ouest à majorité kossovare (la vallée de Presevo et les villes de Medveda et de Bujanovac). À peine envisagée, cette solution de bon sens fondée sur le critère ethno-linguistique souleva bien des mécontentements. L’Église orthodoxe serbe s’interrogea sur le devenir de ses lieux saints, de ses monastères et des enclaves serbes non contigues à la Serbie. La Russie souhaiterait maintenir le conflit gelé, utile abcès de fixation régionale. Le Premier ministre kossovar, Ramush Haradinaj, s’indigna déjà de rendre la moindre parcelle de terre albanaise aux Serbes. Quant à la gauche populiste souverainiste de Vetëvendosje ! (« Autodétermination ! »), deuxième force politique du pays, elle s’éleva contre cet éventuel échange au nom de la Grande Albanie ethnique qui n’exista que de 1941 à 1944...

Alors que Washington et Paris penchaient vers ce règlement territorial, Bruxelles et Merkel ainsi que les « machins » internationaux s’inquiétaient de ce précédent susceptible d’avoir de fortes répercussions en Bosnie-Herzégovine voisine. Milorad Dodik, le président de la République serbe de Bosnie, réclame en effet depuis longtemps le rattachement des contrées serbes bosniennes à la patrie serbe. Les diplomates occidentaux n’apprécient guère les rectifications territoriales significatives. Ainsi maintes entités étatiques africaines ne sont-elles pas viables du fait de cette règle absurde qui ignore les réalités ethniques et tribales.

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Pourtant, la République française ne rechigne jamais à annexer un espace frontalier si s’en présente l’occasion. En 1918, elle s’empara de l’Alsace-Lorraine et orchestra une incroyable épuration ethnique en expulsant massivement de nombreuses familles germanophones. En 1947, le traité de Paris contraignit l’Italie à céder Tende, la Brigue et les crêtes de Tinée et de Vésubie à l’Hexagone. Neuf ans auparavant, le gouvernement français agressa l’Allemagne en lui déclarant la guerre parce que Berlin contestait l’intangibilité des frontières au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…

La cession réciproque de territoires entre la Serbie et le Kossovo marquerait un arrêt formidable du multiculturalisme post-moderniste au profit d’une perception géopolitique plus concrète. D’une aire balkanique aux entités composites, instables et artificielles, on passerait enfin aux Balkans de communautés de peuples enracinées.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 92, diffusée sur Radio-Libertés, le 28 septembre 2018.

lundi, 01 octobre 2018

La Gran Eurasia se une en el Lejano Oriente ruso

El Foro Económico de Oriente en Vladivostok se ha convertido en una parte crucial de la integración estratégica entre China, Rusia y otros países en el noreste de Asia, una ceremonia de graduación de la integración para transformar el sistema mundial actual.

Xi Jinping y Vladimir Putin participaron en una actividad de cocina conjunta. Panqueques con caviar (blin, en ruso), seguidos por un trago de vodka. Acaba de suceder en el Foro Económico Oriental en Vladivostok. Se habla de una metáfora gráfica (y comestible) que sella la siempre cambiante ‘asociación estratégica integral entre Rusia y China’.

Desde hace unos años, el foro de Vladivostok ofrece una hoja de ruta inigualable que rastrea el progreso en la integración de Eurasia.

El año pasado, en el marco del foro, Moscú y Seúl lanzaron una bomba: una plataforma de comercio trilateral, integrando de manera crucial a Pyongyang, girando en torno a un corredor de conectividad entre toda la península de Corea y el Lejano Oriente ruso.

Los temas de la mesa redonda de este año incluyeron la integración del Lejano Oriente ruso en las cadenas logísticas de Eurasia; una vez más, el enlace ruso con las Coreas, con el objetivo de construir un ferrocarril transcoreano conectado al Transiberiano y una filial de “Gasoductistán” a Corea del Sur a través de China. Otros temas fueron la asociación entre Rusia y Japón en términos de tránsito eurasiático, centrada en la conexión de las actualizaciones del Trans-Siberiano y del Baikal-Amur Mainline (BAM) a un ferrocarril proyectado a la isla de Sakhalin, y luego a todo el camino hasta la isla de Hokkaido.

El futuro: Tokio a Londres, a la perfección, en tren.

Luego hubo integración entre Rusia y la ASEAN, más allá de los proyectos actuales de infraestructura, agricultura y construcción naval para la energía, el sector agroindustrial y la silvicultura, tal como lo definió IvanPolyakov, presidente del Consejo Empresarial Rusia-ASEAN.

Básicamente, todo se trata de la acumulación simultánea de un creciente eje Este-Oeste y también Norte-Sur. Rusia, China, Japón, las Coreas y Vietnam, lenta pero seguramente, están en camino hacia una sólida integración geoeconómica.

Podría decirse que la discusión más fascinante en Vladivostok fue CrossroadsontheSilk Road, con, entre otros, SergeyGorkov, viceministro de desarrollo económico de Rusia; Wang Yilin, presidente del gigante petrolero chino CNPC, y ZhouXiaochun, vicepresidente del consejo de administración del esencial Foro de Boao.

El impulso de Moscú es vincular la Nueva Ruta de la Seda o la Iniciativa de Belt and Road (BRI) con la Unión Económica de Eurasia (EAEU). Sin embargo, el objetivo geoeconómico final es aún más ambicioso; una “asociación mayor de Eurasia”, donde el BRI converge con la UEEA, la Organización de Cooperación de Shanghai (OCS) y la ASEAN. En su núcleo se encuentra la asociación estratégica Rusia-China.

La hoja de ruta futura, por supuesto, implica golpear los acordes correctos en un complejo equilibrio de intereses políticos y prácticas de gestión en medio de múltiples proyectos Este-Oeste. La simbiosis cultural tiene que ser parte de la imagen. La asociación Rusia-China tiende cada vez más a razonar en términos de Go (weiqi, el juego), una visión compartida basada en principios estratégicos universales.

Otra discusión clave en Vladivostok, contó con FyodorLukyanov, director de investigación en el siempre esencial Valdai Discussion Club, y LanxinXiang, director del Centro de OneBelt y One Road Studies en el Instituto Nacional de China para SCO International Exchange. Eso se centró en la geopolítica de la interacción asiática, involucrando a los principales miembros de BRICS, Rusia, China e India, y cómo Rusia podría capitalizarlo mientras navegaba por las terribles sanciones y el pantano de la guerra comercial.

Toda la Potencia de Siberia

Todo vuelve a lo básico y a la asociación estratégica entre Rusia y China en evolución. Xi y Putin están implicados en el núcleo. Xi define la asociación como el mejor mecanismo para “neutralizar conjuntamente los riesgos y desafíos externos”. Para Putin, “nuestras relaciones son cruciales, no solo para nuestros países, sino también para el mundo”. Es la primera vez que un líder chino se une a las discusiones de Vladivostok.

China se está interconectando progresivamente con el Lejano Oriente ruso. Los corredores de transporte internacional, Primorye 1 y Primorye 2, impulsarán el tránsito de carga entre Vladivostok y el noreste de China. Gazprom está por completar el tramo ruso del gran gasoducto Potencia de Siberia hacia China, de acuerdo con CNPC. Se han soldado y tendido más de 2.000 kilómetros de tuberías desde Yakutia hasta la frontera ruso-china. La Potencia de Siberia comienza a operar en diciembre de 2019.

Según el Fondo de Inversión Directa de Rusia (RDIF), la asociación está evaluando 73 proyectos de inversión por valor de más de $ 100 mil millones. El supervisor es el Comité Consultivo Empresarial Ruso-Chino, que incluye a más de 150 ejecutivos de importantes compañías rusas y chinas. El consejero delegado de RDIF, KirillDmitriev, está convencido de que “transacciones particularmente prometedoras tendrán lugar gracias a acuerdos bilaterales que aprovechen la relación entre Rusia y China”.

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En Vladivostok, Putin y Xi una vez más acordaron seguir aumentando el comercio bilateral en yuanes y rublos, evitando el dólar estadounidense, basándose en una decisión mutua de junio para aumentar el número de contratos en rublos y yuanes. Paralelamente, el ministro de Desarrollo Económico, MaksimOreshkin, aconsejó a los rusos vender dólares estadounidenses y comprar rublos.

Moscú espera que el rublo se aprecie a alrededor de 64 por dólar el próximo año. Actualmente se cotiza en alrededor de 70 rublos frente al dólar, arrastrado por las sanciones de Estados Unidos y la utilización del dólar como arma que está causando estragos en los miembros de BRICS Brasil, India y Sudáfrica, así como en los posibles estados BRICS Plus como Turquía e Indonesia.

Putin y Xi reafirmaron una vez más que continuarán trabajando en conjunto en su hoja de ruta intercoreana basada en el “doble congelamiento”: Corea del Norte suspende las pruebas nucleares y los lanzamientos de misiles balísticos mientras que Estados Unidos suspende los ejercicios militares con Seúl.

Pero lo que realmente parece estar capturando la imaginación de las Coreas es el ferrocarril transcoreano. Kim Chang-Sik, jefe de desarrollo ferroviario en Pyongyang, dijo: “Desarrollaremos más este proyecto sobre la base de negociaciones entre Rusia, Corea del Norte y Corea del Sur, para que los propietarios de este proyecto sean los países de la península de Corea. ”

Eso concuerda con lo que el presidente surcoreano Moon Jae-in dijo hace solo tres meses: “Una vez que se construya la línea principal transcoreana, ésta puede conectarse al ferrocarril transiberiano. En este caso, sería posible entregar productos de Corea del Sur a Europa, lo que sería económicamente beneficioso no solo para Corea del Sur y del Norte, sino también para Rusia “.

Comprender la matryoshka

Contrariamente a la histeria occidental, causada por mala información o manipulación, los actuales juegos de guerra de Vostok en el Trans-Baikal del Lejano Oriente ruso, que incluyen 3.000 soldados chinos, son solo una parte de la asociación estratégica mucho más profunda y compleja entre Rusia y China. Todo se trata de una matryoshka: el juego de guerra es una muñeca dentro del juego geoeconómico.

En “China y Rusia: el nuevo acercamiento“, Alexander Lukin, de la Escuela Superior de Economía de la Universidad Nacional de Investigación de Moscú, establece la hoja de ruta en detalle; la asociación económica en evolución, en Eurasia, es parte de un concepto mucho más amplio y completo de “Gran Eurasia”. Este es el núcleo de la entente Rusia-China, que conduce a lo que el politólogo SergeyKaraganov ha calificado como “un espacio común para la cooperación económica, logística e informática, la paz y la seguridad de Shanghai a Lisboa y de Nueva Delhi a Murmansk”.

Sin entender los debates envolventes de la Gran Ilustración, como la reunión anual en Vladivostok, es imposible comprender cómo la integración progresiva de BRI, EAEU, SCO, ASEAN, BRICS y BRICS Plus está destinada a cambiar irreversiblemente el sistema mundial actual.

Cómo EEUU desmanteló Brasil

Vicky Peláez

Ex: http://elespiadigital.com

"Solamente los muertos están contentos en Brasil".

(dicho popular)

Sin embargo, en el caso de Brasil, que siempre ocupó un lugar privilegiado como aliado incondicional de Washington, se le terminó toda ventaja cuando llegaron al poder los gobiernos populistas de Luiz Inacio Lula da Silva y Dilma Rousseff.

Desde el día que Lula da Silva asumió la presidencia, los 'grandes manipuladores' de la democracia: la CIA, la Agencia de Seguridad Nacional (NSA), Soros Quantum Hedge Fund y el Grupo Stonebridge (ASG) de la ex secretaria de Estado norteamericano, Madeleine Albright, promovieron una guerra mediática contra el populismo brasileño a nivel mundial y nacional.

En Brasil, 551 medios de comunicación pertenecientes a seis familias que controlan el 98% de la información divulgada en el país escribieron miles de artículos y presentaron un sinnúmero de informes de TV en los que acusaban al gobierno populista de ser corrupto, ineficiente, incapaz de terminar con la violencia, vendido a los chinos, etc.

De acuerdo con el periodista norteamericano y exempleado de la NSA, Wayne Madsen, la lucha contra el populismo se intensificó después de asumir Dilma Rousseff su segundo mandato en 2014. La Fundación Soros, la Agencia de Estados Unidos para el Desarrollo Internacional (USAID, por sus siglas en inglés), la Fundación Nacional para la Democracia (NED) y cientos de ONG usaron organizaciones como Vem Pra Rua, el Movimiento Brasil Libre para desatar protestas callejeras y tratar de convertirlas en un tipo de Revolución de Colores. No lograron 'crear' una 'revolución', pero sí desestabilizaron al país.

La CIA y la NSA infiltraron, de acuerdo con The Real Agenda News, no solamente instituciones judiciales, legislativas y al propio Gobierno sino que reclutaron a varios líderes de movimientos sociales, inclusive penetraron el Partido de los Trabajadores (PT) en el Gobierno, se contactaron con servicios de inteligencia militar, con los directivos del Banco Central y con ejecutivos de Petrobras.

Lo interesante fue que después de comprobarse por varios estudios geofísicos que frente a Río de Janeiro, en el mar a una profundidad de 2.000 metros, hay más de 100.000 millones de barriles de petróleo, en mayo de 2013 el vicepresidente de EEUU en aquel entonces, Joe Biden, fue a Brasil para convencer a Dilma Rousseff de dar permiso a las corporaciones energéticas norteamericanas y participar en la explotación de aquel yacimiento de oro negro.

El representante norteamericano recibió una respuesta negativa y desde que Biden regresó a su país con las 'manos vacías', las protestas contra el Gobierno de Rousseff se intensificaron y la aceptación de la presidenta bajó estrepitosamente del 70 al 30%, según los medios de comunicación. Inmediatamente a Dilma Rousseff la implicaron en el escándalo de Petrobras por recibir aparentemente de esta corporación estatal dinero usado para 'comprar' votos en el Congreso. Nada de esto fue probado pero el proceso de 'impeachment' contra la presidenta arrancó.

Los impulsores de la destitución de Dilma Rousseff, el presidente de la Cámara de Diputados, Eduardo Cunha, y el presidente del Senado, Renan Calheiros, después de hacer varias consultas con el Departamento de Estado norteamericano promovieron la acusación contra la presidenta de violar normas fiscales para maquillar las finanzas del país. En Brasil, estas decisiones fiscales se conocen como 'pedaladas fiscales' y consisten en usar fondos de bancos públicos para cubrir gastos de programas que están bajo la responsabilidad del Gobierno. No había ningún gobierno brasileño que no recurriera a esta práctica. En realidad, este método lo han estado utilizando prácticamente todos los gobiernos del mundo en el transcurso de la historia para cubrir gastos urgentes.

Sin embargo, el 'impeachment' de Dilma Rousseff fue sancionado en Washington y el 31 de agosto de 2016 después del voto en el Senado, la primera mujer presidenta en la historia del país fue destituida. Dos horas después, Michel Temer, que hasta aquel momento era el presidente interino, se transformó en seguida de vicepresidente y aliado de Dilma en su enemigo y el nuevo presidente de Brasil después de jurar apresuradamente el cargo.

Poco tiempo después, uno de los principales autores de la destitución de Dilma Rousseff, Eduardo Cunha, fue condenado a 15 años de prisión por tener en Suiza cinco millones de dólares provenientes de sobornos por un contrato de Petrobras. El presidente del Senado, Roman Calheiros, tuvo que pasar por 11 investigaciones en la corte suprema por corrupción, lavado de activos, desvío de dinero y fraude público, pero el Tribunal Supremo de Justicia lo absolvió milagrosamente de todas las acusaciones. A la vez, 34 legisladores que votaron por el 'impeachment' de la presidenta terminaron en la cárcel junto con 51 políticos acusados de corrupción y lavado de dinero.

Así, después de una larga 'labor' encubierta, Washington logró terminar con el populismo en Brasil e instalar a un presidente a su gusto, Michel Temer, que en seguida promovió un proyecto elaborado por el Fondo Monetario Internacional, que él mismo bautizó como el 'Plan Puente al Futuro'.

Este plan incluye el recorte de gasto público para los programas sociales de vivienda, educación y combate de la pobreza; reforma del sistema jubilatorio y flexibilización de las leyes laborales y aprobación de un 'contrato intermitente', que se caracteriza por ausencia de jornadas fijas regulares sino esporádicas, de acuerdo a la necesidad del empleador; cierre del programa 'Mi Casa — Mi Vida', que permitía a los trabajadores adquirir su casa propia; revisión del Sistema universal de Salud Pública; privatización de aeropuertos, carreteras, ferrocarriles y empresas energéticas estatales al estilo de Alberto Fujimori en Perú o Mauricio Macri en Argentina. Hace poco el Gobierno anunció 34 licitaciones y subastas de bienes públicos.

Desde la llegada de Temer al poder en 2016, Brasil va camino a su peor ciclo de crecimientos de los últimos 100 años. La expansión del Producto Interno Bruto (PIB) en 2017 era solo de 1% y para 2018 los economistas pronostican un crecimiento del 1,47%, según el Instituto de Investigación Económica Aplicada. Tal es la situación en el país que el 70% de los brasileños considera a Michel Temer como el peor presidente desde el retorno del país a la democracia en 1985.

Los únicos contentos con su llegada al poder son los oligarcas nacionales y los dueños de las transnacionales energéticas y militar-industriales, pues Temer les está ofreciendo las riquezas nacionales a cambio de una simple promesa de inversiones e interés en una cooperación militar. También está feliz el Pentágono que por fin se acerca a su meta de instalarse en la Amazonía brasileña, algo que no logró ni con el Gobierno militar.

Para alcanzar todo esto, los norteamericanos no escatimaron dinero para sus operaciones abiertas y en especial, encubiertas. Según documentos de Edward Snowden, desde 2002 la CIA y la NSA instalaron en conjunto dos estaciones de espionaje y de interceptación de la comunicación electrónica SCS (Special Collection Service) llamado en privado 'College Park'. Precisamente sus datos fueron usados tanto en la Operación Lava Jato, como en la destitución de Dilma Rousseff y el encarcelamiento de Lula da Silva.

Las mismas estaciones conectadas al sistema Primary Fornsat Collection Information (La Red de Interceptación Global de la NSA) fueron instaladas en la Ciudad de Panamá, Ciudad de México, Bogotá y Caracas, de acuerdo a la información revelada por Snowden (estas estaciones están operando actualmente en 88 países, según Electroslaces.net). Precisamente, estos sistemas SCS permitieron a Estados Unidos interferir en las elecciones de 41 países de 1946 a 2000, de acuerdo al estudio de Carnegie Mellon University. Tras analizar los últimos acontecimientos en el mundo, podríamos decir sin equivocarnos que estas interferencias ya pasaron para 2018 el número 50 de lejos.

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A pesar de que los fallidos regímenes populistas representados por Cristina Fernández en Argentina, Dilma Rousseff en Brasil, Rafael Correa traicionado en Ecuador por su aliado, Lenín Moreno, todos estos líderes populistas proclamaron una política de 'Equilibrio y Reconciliación' entre pobres y ricos. No obstante, las élites nacionales toleraron esta política mientras no interfería seriamente con sus ganancias y la rechazaron inmediatamente cuando las condiciones económicas ya no les convenían. Al mismo tiempo, EEUU ha percibido desde el principio que el populismo sería aprovechado en términos geoeconómicos por China y Rusia. En el caso de Brasil, a Washington le irritó inmediatamente la membresía del país en BRICS y el apoyo de Dilma Rousseff a la creación de una nueva moneda de reserva.

Después, cuando el Gobierno brasileño inició la colocación de cables de fibra óptica a través del Atlántico hacia Europa para lograr su propio sistema de telecomunicación independiente de EEUU, inclusive su internet para evitar la interceptación por la NSA, la Casa Blanca se puso en alerta.

Finalmente, todos estos hechos colmaron la paciencia norteamericana y aceleraron el golpe judicial legislativo contra Dilma Rousseff y de paso contra Lula da Silva que se proyectaba como un favorito para las elecciones presidenciales programadas para el próximo 7 de octubre. El candidato de la CIA, NSA y Soros para las elecciones de 2014, Aecio Neves, no está participando en esta contienda electoral, pero la otra favorita del trío, mencionado para las elecciones anteriores, Marina Silva, se está presentando como candidata aunque está bastante 'quemada'.

Para la agencia Bloomberg News, los más visibles candidatos a la Presidencia actualmente son Jair Bolsonaro, un excapitán de las Fuerzas Armadas que representa a la extrema derecha del Partido Social Liberal (PSL), cuyo índice de aceptación aumentó después de sufrir un atentado; lo sigue Marina Silva de Unidas para Transformar Brasil (REDE); y el heredero político de Lula da Silva, Fernando Haddad, del Partido de los Trabajadores (PT) quien es doctor en filosofía. Ultimamente está creciendo la aceptación de Geraldo Alckmin del Partido de la Socialdemocracia Brasileña (PSDB) debido al apoyo de los empresarios. En fin, nada está claro y todo indica que habrá una segunda vuelta el próximo 28 de octubre. Se espera también que un 20% de los votantes se abstenga de dar su voto.

En todo caso, será el pueblo quien decida, como dijo alguna vez Lula da Silva, si seguirán a "los críticos del PT que piensan que debemos empezar el día pidiendo a EEUU permiso a estornudar o a Europa, permiso dee toser" o ser un país orgulloso, independiente y soberano.

Guerre civile et immigration

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Guerre civile et immigration

par André WAROCH

À l’issue des émeutes de 2005, qui firent quatre morts, plus de cinquante blessés parmi les forces de l’ordre, donnèrent lieu à près de trois mille interpellations, occasionnèrent la destruction de 9 000 voitures, et virent l’état d’urgence proclamé en France pour la première fois depuis la guerre d’Algérie, Dominique Venner eut ces mots glaçants : « Nous vivons le début de quelque chose que nous ne connaissons pas, qui n’a pas de précédent sous cette forme. »

Mais les émeutes de 2005 ne sont elles-mêmes qu’une des étapes d’un processus enclenché dans les années 1970. Ces quarante dernières années sont, en effet, l’histoire d’une longue chute dans l’abîme. Le seul écrivain français à avoir tenté de raconter cette histoire sous une forme romancée fut Michel Houellebecq qui tenta ainsi de poser la question centrale, qui est, selon Philippe Muray, celle de la littérature, à savoir : que se passe-t-il ?

Ce qui se passe en France depuis ces quatre dernières décennies, ce qui se joue, est justement la question interdite par excellence. Un déluge de mensonges s’est abattu sur le pays et ses habitants, victimes de ce que Renaud Camus a appelé le « Grand Remplacement », et qu’Éric Zemmour et Valéry Giscard d’Estaing (pourtant lui-même responsable de la mise en place du regroupement familial en 1976) ont qualifié du terme plus prosaïque d’« invasion », terme d’ailleurs lui aussi assez mensonger, puisque renvoyant en premier lieu aux invasions germaniques ayant détruit l’Empire romain d’Occident, c’est-à-dire un événement opposant des soldats à d’autres soldats, l’installation massive des Wisigoths et autres Alamans en Gaule n’étant que la conséquence logique de leur victoire militaire.

Une occupation douce

Rien de tel dans le cas qui nous occupe. Les nouveaux Barbares ne sont venus ni avec des tanks, ni avec des lance-roquettes, ni même avec des fusils, mais dans le plus complet désordre, et les mains nues. Et il ne manque pas de voix médiatiques pour nous expliquer que tout cela « est inéluctable », « qu’on ne peut pas lutter » contre cet afflux de « réfugiés ». Il n’aura pourtant fallu qu’un peu plus d’un mois à la petite Hongrie de Viktor Orban, menacée par ce même afflux de « réfugiés », pour régler le problème, en installant tout simplement une barrière de barbelés tout le long de son flanc Sud. Dorénavant, ne pénètrent en Hongrie que ceux qui y ont été autorisés par un gouvernement national élu démocratiquement. Ce qui est apparemment le pire cauchemar pour les élites politico-médiatiques au pouvoir à l’Ouest.

L’installation des nouveaux Barbares est donc voulue, organisée et planifiée par le pouvoir lui-même, qui agit de ce fait sciemment, et ce depuis plusieurs décennies, contre la population autochtone. Pourtant, la guerre civile qu’on annonce à présent pour demain, et qu’on annonçait déjà hier pour maintenant, n’a toujours pas eu lieu. Cette guerre, qui devait opposer, soit l’État français à des forces islamo-africaines plus ou moins structurées, soit des autochtones constituées en milices à ces mêmes forces étrangères, est restée dans les cartons des intellectuels d’« extrême-droite » ou autres harangueurs « populistes ». Le problème qui se pose pour le premier cas, c’est qu’il impliquerait un système politico-médiatico-judiciaire poussé dans ses derniers retranchements, débordé par ceux dont il a voulu à toutes forces l’installation massive sur son territoire. En réalité, le Système n’est pas du tout débordé, et ne semble pas en passe de l’être dans un avenir proche, par une certaine racaille. Comme pour l’immigration, la situation est en fait sous contrôle, et tout ce qui se passe, se déroule parce que les dirigeants l’ont voulu ainsi. Le second cas, c’est-à-dire l’affrontement entre autochtones et populations immigrées, n’a pas eu lieu non plus. Il semble au contraire n’en avoir jamais été plus éloigné. Il n’y pour ainsi dire aucune réaction – à part la fuite – des Français face à ce phénomène gravissime qui les dépossède, peu à peu, de la terre qui était la leur depuis la plus haute Antiquité.

L’insurrection que le pouvoir redoute par-dessus tout n’est ni celle des enfants de l’immigration, agitation violente, désordonnée et bestiale, qu’ils pourraient en réalité mater très rapidement, par l’action de la police et de la justice (comme au Maghreb, par la bastonnade suivie de détentions de masse), ni celle des « identitaires » qui décideraient de prendre les armes contre les Noirs et les Arabes, mais celle qui pourrait advenir le jour où les autochtones européens dans leur ensemble prendront subitement conscience de la manipulation dont ils ont été les victimes.

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Ils comprendront ce jour-là que ce n’est pas par incompétence que les différents gouvernements agissent contre leurs intérêts, mais parce qu’ils servent d’autres intérêts. Car les exactions commises par les racailles allogènes (qui ne relèvent nullement de la « délinquance » mais du terrorisme, tel que défini par le Larousse : « Ensemble d’actes de violence commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d’insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l’égard d’une communauté, d’un pays, d’un système »), résultat de leur totale inaptitude au « vivre-ensemble » (expression qui désigne l’état qui pourrait être celui de la société française s’il n’y avait pas eu cette immigration qui transforme la France en un immense dépotoir où règne la loi de la jungle), leur violence, la haine qu’ils éprouvent et pratiquent à l’égard du peuple français, ont fait oublier à tout le monde que cette haine est d’abord celle qu’ont les auteurs de cette immigration à l’égard des indigènes d’Europe, qu’ils ont tout simplement livrés aux Barbares.

Nous vivons l’aboutissement logique de la sécession des élites décrite par Christopher Lasch, processus de séparation physique, culturel et anthropologique, qui aboutit, à la fin, à la liquidation physique des peuples occidentaux.

Les manigances de la Caste

La haine des élites françaises à l’égard de leur propre peuple est facilement démontrable : il suffit de constater quels immigrés sont le plus défendus par les médias, et lesquels ne récoltent que de l’indifférence. Chacun a pu entendre, par exemple, ces dernières années, qu’il n’y avait pas assez de Noirs et d’Arabes à la télévision (on confia le journal de TF1 à Harry Roselmack en 2006 pour cette raison, à la suite justement des émeutes de 2005, dont le caractère racial fut donc à cette occasion avoué et assumé par le Régime). J’en ai pour ma part vu un certain nombre. Je ne sais pas combien il en faudrait encore pour que nos petits maîtres soient satisfaits. Certes, ont-ils employé le terme plus hypocrite de « minorités », mais tout le monde comprend ce qu’ils veulent dire. En effet, même depuis cette campagne d’intimidation, je n’ai jamais vu un Asiatique présenter ou animer quoique ce soit : ni le journal de 20 h 00, ni celui de 13 h 00, ni celui de la Nuit, pas un talk-show ou un jeu. Même pas la météo ! Vous pouvez chercher. Allez-y, cherchez-bien. Il n’y en a pas un seul. Qui a protesté ? Et surtout, quel est le crime dont s’est rendue coupable la communauté asiatique pour ne pas avoir droit à la bruyante commisération de nos petits marquis ?

C’est très simple. Ses membres ne s’en prennent pas aux Français. Pas un viol, pas une agression, pas une voiture brûlée. Si problèmes il y a (escroquerie, travail au noir, trafic de contrefaçons), ils relèvent uniquement de la délinquance crapuleuse, c’est-à-dire froide, et lié à l’intérêt économique personnel, alors que les autres se rendent coupables d’innombrables crimes motivés uniquement par la haine. Ce sont donc les communautés les plus violentes, les plus asociales, les plus anti-françaises, les plus anti-blanches, qui sont le plus protégées et favorisés par la caste politico-médiatico-judiciaire.

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À l’heure où j’écris ces lignes, il y a quasiment un égorgement par jour en France, traduit systématiquement, en langage médiatique, par « poignardé à la gorge ». La raison de ce travestissement est très simple : il faut cacher le fait que ce type de meurtre, qui vise très majoritairement des Européens de souche, est exclusivement commis par des Arabo-musulmans. Il s’agit donc de crimes motivés par la haine raciale. Plus les crimes de haine à l’encontre des Français augmentent, plus les effectifs de police se réduisent, et plus le laxisme judiciaire devient la règle. Les courbes qui se croisent illustrent parfaitement cette fameuse phrase de Guillaume Faye : « Ce n’est pas un complot, c’est pire, c’est une logique. »

Ainsi, le racisme anti-blanc, ou racisme anti-français, devient l’idéologie officieuse, ou plutôt, officieusement officielle de la République française. Il faut dire aussi un mot du « féminisme », même si certains naïfs peuvent encore croire que c’est un autre sujet. Derrière ce terme, il n’y a plus, en réalité, qu’une accusation portée sur un individu bien particulier, soupçonné d’être un prédateur en puissance qu’il faudrait castrer au moins symboliquement : l’homme blanc occidental. Alors que celui-ci est censé être dorénavant doux comme l’agneau qui vient de naître, surveillé par les ligues de vertu, les « réfugiés du Sud », eux, ont tous les droits à l’égard des femmes, puisque les dénoncer reviendrait à être « raciste ».

Le rôle des féministes officiels et médiatiques n’est donc en aucun cas de promouvoir les intérêts de la femme, mais de désarmer l’homme blanc (y compris le policier, qui voit la moindre « bavure » impitoyablement sanctionnée) de détruire sa virilité, c’est-à-dire son potentiel de violence, y compris celle qu’il pourrait utiliser pour protéger sa femme des agissements des allogènes. Celle-ci devient donc la proie des harceleurs et autres violeurs surgis du Sud, sans plus personne pour la défendre. Le « féminisme » n’est qu’un des masques du Grand Remplacement.

La révolte gronde…

Toute révolution paraît improbable. La majorité des Français semblent résignés. Le pays s’enfonce toujours plus profond dans l’abîme, et rien ne semble pouvoir freiner cette descente aux enfers.

Installés aux portes de Paris par millions, et avec leurs familles, éduqués dans la haine du peuple qui les accueille, ces « Sudistes » ne doivent pas provoquer la guerre civile, mais, au contraire, l’empêcher. Empêcher que les Français du bas, maintenant exilés dans le péri-urbain et les périphéries, montent à l’assaut de ceux du haut, solidement barricadés dans leurs quartiers, protégés par un cordon de banlieues tiers-mondisées.

Si l’on s’en tient au paradigme démocratique franco-français (c’est-à-dire aux limites qu’ont définies pour nous nos élites), qui se résume à un peuple lobotomisé, à une caste dirigeante toute-puissante et à des minorités haineuses dont ils se servent, la situation est sans issue. On a voulu de toute force nous convaincre que l’avenir ne pouvait résider que dans la mondialisation, l’immigration, la libre-circulation sans limites des biens et des personnes, l’internationalisation définitive, et que nous n’étions que des résidus de l’histoire vaincue. L’histoire mondiale des dix dernières années nous enseigne pourtant tout le contraire. Aux États-Unis, en Russie, en Italie, en Europe centrale, existent maintenant des forces considérables, arrivées au pouvoir par la voie des urnes, déterminées à abattre cette idéologie et ceux qui la soutiennent.

La mondialisation, qui a vaincu et marginalisé les peuples européens sur leur propre sol, peut être demain l’instrument de leur victoire. L’inquiétude qui perce dans les cercles médiatico-politiques concernant la vague « populiste » à travers le Vieux Continent n’est pas qu’idéologique, elle commence à être aussi purement et simplement physique. La Russie nationaliste, en annexant la Crimée et en entretenant une rébellion séparatiste dans l’Est de l’Ukraine, s’est de nouveau avancée vers l’Ouest. Un jour peut-être, les responsables occidentaux de l’immigration passeront-ils devant un autre tribunal de Nuremberg.

André Waroch

Révolte d’un gars d’Amérique

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Révolte d’un gars d’Amérique

par Georges FELTIN-TRACOL

En août 2017, le public européen découvrait lors des incidents de Charlottesville l’existence d’une nébuleuse radicale constituée de suprémacistes blancs, de nationalistes euro-américains, de néo-confédérés sudistes et de membres de l’Alt Right (la « Droite alternative »). Quelques semaines plus tard paraissait en français Un ciel sans aigles, un recueil d’articles de Jack Donovan, déjà signataire chez le même éditeur français de La Voie virile en 2014.

Le gauchisme culturel et les petits-enfants de la sociologie bourdivine ont depuis quelques temps mis en exergue la notion d’intersectionnalité, c’est-à-dire une soi-disant situation de personnes subissant simultanément plusieurs formes de domination ou de discrimination dans une société à majorité blanche. Ainsi peuvent-ils saper les ultimes bases de la civilisation européenne traditionnelle en propageant le féminisme, l’anti-racisme, la lutte contre les phobies LGBTQIAXYZ+++, l’anti-spécisme, le véganisme, l’anti-colonialisme, etc. Jack Donovan pratique lui aussi à sa manière l’intersectionnalité puisque son nouvel ouvrage se situe à la confluence du nationalisme euro-américain, du masculinisme, du néo-traditionalisme et de la pensée libertarienne.

Une autre intersectionnalité

Les sbires du culturo-gauchisme et de l’anti-fascisme convulsionnaire se pavanent d’université en université, tous frais payés, pour répandre leurs folles lubies. Jack Donovan, lui, est un prolétaire. Vivant sur la Côte Ouest des États-Unis, soit l’antre le plus achevé du progressisme ultra-libéral, il se débrouille chaque jour en faisant au gré de la conjoncture économique « trente-cinq boulots différents (p. 121) ». Dans « Le défi physique », il raconte l’un d’eux, payé « douze dollars bruts (p. 121) » de l’heure.

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Il décharge pour le compte d’une brasserie « quarante-quatre sacs de vingt kilos chacun environ (p. 120) ». L’établissement se trouve au deuxième étage et on y accède par des escaliers. C’est un travail éprouvant qui lui convient. Il « aime vraiment travailler dur (p. 121) ». Il décide de porter sur ses épaules deux sacs à la fois. « Il est surprenant de constater ô combien le fait de porter des saloperies dans les escaliers vous fait travailler les abdominaux (p. 124) ». Certes, l’auteur est un solide gaillard qui sait que « s’entraîner est un substitut au travail. Il oblige votre corps à faire ce qu’il désire faire, ce pour quoi il est fait (p. 123) ». Cet exercice physique compense les heures d’entraînement qu’il passe en club de musculation.

Pourquoi alors s’entraîner, s’interroge-t-il dans un autre texte ? Il avoue « s’entraîner pour l’honneur (p. 105) ». Alors que « la véritable norme américaine est un physique empâté, boursouflé, diabétique (p. 117) », Jack Donovan s’« entraîne car il est mieux de s’imaginer comme un soldat s’exerçant physiquement et appartenant spirituellement à un centre d’entraînement, en prévision d’une guerre à venir, qui n’éclatera peut-être jamais, plutôt que d’être dans un monde informe, ennuyeux et traîné dans un futur dystopique et dysgénique (p. 119) ».

Par Crom !

Ce goût pour l’effort physique le distingue de ses compatriotes obèses. Il s’en félicite et se différencie encore plus en n’adhérant pas aux mirages monothéistes. L’auteur aime sculpter son corps comme le faisait Robert E. Howard, le père texan de Conan le Barbare. Ce n’est pas anodin parce que Jack Donovan a pour dieu Crom, la divinité tutélaire des Cimmériens, le peuple de Conan. Bien sûr, il aurait pu choisir le panthéon greco-romain, germanique, viking ou celtique; il a préféré Crom, une invention littéraire, qui « est l’opposé de ces dieux interventionnistes qui s’intéressent aux petits détails de la vie des hommes. Vous ne le priez pas parce qu’il n’écoutera probablement pas, et s’il vous écoute il ne dira sûrement pas qu’il s’intéresse à vous. Crom est l’anti-Facebook (p. 156) ». Il croit plutôt que « Crom ne s’intéresse qu’à une seule chose et cette chose est la VALEUR (p. 156) », c’est-à-dire la force, le courage, la qualité de faire face aux épreuves.

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Jack Donovan s’abstient le jour des élections, car « ne pas voter c’est voter contre le système (p. 61) ». Il reconnaît ne pas être conservateur surtout quand « les conservateurs pensent qu’ils peuvent encore inverser le cours des choses (p. 59) ». Il s’affirme au contraire archéofuturiste ! Il a lu la traduction anglaise de l’essai de Guillaume Faye paru en 1998. Il approuve cette « approche générale visant à créer une vision positive du futur afin de réconcilier les nouvelles technologies et l’informatique dernier cri avec les idées de nos ancêtres sur la nature humaine et ses modes de vie (p. 172) ». Pour lui, « l’archéofuturisme est une approche radicale à ce moment précis de l’histoire (p. 174) ». Par l’archéofuturisme, il soutient la « Fraternité », à savoir les communautés autochtones enracinées.

Il reconnaît enfin être « anarcho-fasciste ». S’il reste volontiers discret sur ce qu’il entend par anarchiste, on peut néanmoins supposer qu’il se méfie de l’intrusion de l’État dans la vie privée et reprend à son compte les critiques libertariennes. Quant au fascisme, il veut surtout renouer avec le faisceau. Ce tribaliste pense que « le faisceau symbolise des gens, prêts à l’action, groupés autour d’une hache, représentant une menace violente ou quelque chose d’« autre encore ». Le faisceau est un avertissement, une promesse de représailles, un signal à destination des traîtres, des jean-foutre et de ceux qui violent la loi (p. 39) ». C’est l’avenir de notre époque dans laquelle « les États bourgeois, efféminés, modernes du “ premier monde ” ne peuvent plus produire de nouvelles cultures de l’honneur (p. 41) ».

Anti-féministe

Jack Donovan combat, vomit même, le féminisme, ce qui est courageux, voire presque insensé, dans le contexte étatsunien. En Amérique du Nord, la soi-disant émancipation féminine a suscité un nouvel ordre moral dément qui réussit l’exploit de cumuler puritanisme, gendérisme et cosmopolitisme. Encore moins aujourd’hui qu’auparavant, « il n’y a aucun honneur à se mesurer aux femmes (p. 72) ». « On ne mélange pas les torchons et les erviettes (p. 76). » Mieux, « quelque chose au plus profond de notre âme nous dit que se battre contre une femme est déshonorant (p. 76) ».

Il s’insurge contre « la seule liberté que le féminisme offre aux hommes est de faire exactement ce que les femmes veulent que les hommes fassent. La liberté de servir (p. 80) ». En masculiniste revendiqué, en viriliste patenté, son avis est tranché. « Les hommes doivent cesser de s’excuser d’être des hommes. Il est en tout premier lieu nécessaire qu’ils arrêtent de demander la permission d’être des hommes (p. 84). »

Cela ne signifie pas que le virilisme de Jack Donovan verse dans la luxure. Attention au piège, prévient-il ! « Nos maîtres féministes et mondialistes aimeraient, par-dessus tout, voir les jeunes hommes totalement absorbés par le sexe, parce qu’ils sont dans toute civilisation la frange la plus dangereuse et potentiellement la plus révolutionnaire de la population (p. 97). » Il réclame une révolution si possible violente.

Salutaire violence

Pour Jack Donovan, elle « est l’étalon-or, le trésor qui garantit l’ordre. En réalité, elle est supérieure à l’étalon-or car elle a une valeur universelle. La violence transcende les bizarreries de la philosophie, de la religion, de la technologie et de la culture (p. 13). » Mieux, d’après lui, « l’ordre exige de la violence (p. 11) ». C’est le moteur du monde; il ne faut ni s’en féliciter, ni le déplorer. « Il est temps d’arrêter de s’inquiéter et d’apprendre à aimer la hache de guerre (p. 18) », surtout si « la Voie virile ne peut être redécouverte que dans la Nuit et le Chaos (p. 41) ».

Jack Donovan ne fera pas la Une du Financial Times, du Washington Post ou du Monde. Il s’en moque : il ne recherche pas la vaine gloriole médiatique. Il œuvre pour un nouvel ordre social dans lequel les hommes et les femmes auront enfin retrouvé leur condition anthropologique initiale respective et complémentaire, très loin des fadaises égalitaristes, féministes et misandriques actuellement en vigueur dans l’Occident globalitaire malade.

Georges Feltin-Tracol

• Jack Donovan, Un ciel sans aigles, Le Retour aux Sources, 2017, 176 p., 15 €.

09:37 Publié dans Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, virilisme, masculinisme, jack donovan, états-unis | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 30 septembre 2018

Conférence: le mouvement völkisch

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Entretien avec Elias Moutran: Le plan Jared Kushner et le national-sionisme pan-arabe

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Le plan Jared Kushner et le national-sionisme pan-arabe

Entretien avec Elias Moutran

 
Analyste et spécialiste de l'histoire politique du Moyen-Orient, Elias Moutran fait le point pour nous sur la situation générale au Moyen-Orient et en Syrie. Il expose ici les grandes lignes du plan Kushner pour la Palestine. Un plan qui prévoit l'établissement d'une série de bantoustans palestiniens en remplacement d'un projet d'Etat palestinien viable voire même du simple droit au retour des populations palestiniennes dans leurs foyers d'origine. Ce plan de redécoupage territorial de grande ampleur s’accompagne aussi de la tentative de faire émerger dans le monde arabe un nationalisme panarabe anti-Iran. Ceci afin de rapprocher les populations arabes des intérêts israéliens et saoudiens dans la région et de les détourner de "l'Axe de la résistance" Russie-Iran-Syrie.
 
Ce pan-arabisme de substitution sera bien entendu hyper libéral et anti-social, à rebours du nationalisme arabe historique. Dans cette perspective, des théories autour d'un complot "séfévide" voire même d'une alliance persane-orthodoxe contre le sunnisme sont des thématiques largement véhiculées par certains mass-médias de langue arabe parmi les plus suivis dans le monde. Un complotisme autorisé qui diffuse aussi l'idée que l'Iran et la Russie aurait comme projet le "grand remplacement" de la population sunnite de Syrie par de nouvelles populations importées. Autant d'éléments de propagande et de "fake news" qu’Élias Moutran dévoile et déconstruit pour nous.
 
Elias Moutran nous rappelle aussi comment l'islamisme politique s'est propagé à partir du Caire dans les années 70 lorsque le président égyptien Anouar el-Sadate décida de contrer l'influence du nationalisme arabe au sein de la jeunesse en appuyant l'islamisme dans les universités. C'est aussi à cette période que l'Egypte se rapprochera d'Israël et tournera le dos à son héritage nassérien. Dans la dernière partie de son intervention, Elias Moutran évoque aussi les similitudes qui existent entre la politique de séduction opérée par Benyamin Netanyahou envers les populistes européens et sa politique de rapprochement avec l'Arabie Saoudite qui vise à contrer l'Iran dans la région. Une stratégie d'influence qui se déploie simultanément en direction des opinions publiques européennes et arabes. Entretien réalisé début septembre 2018.
 
Retrouvez ou contactez les non-alignés pour nous aider ou participer à nos productions : https://www.facebook.com/LesNonAlignes/ contact@les-non-alignes.fr
 

vendredi, 28 septembre 2018

GIVN: een eerlijke kijk op GEOPOLITIEK

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Goethe et les entropies du monde moderne

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Goethe et les entropies du monde moderne

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

Une note sublime - et si juste - pour commencer :

« Les apôtres de liberté m’ont toujours été antipathiques, car ce qu'ils finissent toujours par chercher, c'est le droit pour eux à l'arbitraire. »

Je n’avais pas touché à Goethe depuis plus de quinze ans, trop écœuré peut-être parce qu’est devenue l’Allemagne de la mégère inapprivoisée. Et puis, le génie du web aidant (Gallica BNF), j’ai relu avec émerveillement ses conversations avec Eckermann, qui sont un des livres les plus extraordinaires du monde. Imaginons qu’Homère, Shakespeare ou Rabelais aient eu cette chance ; ou même Nietzsche, Tocqueville ou Voltaire... La chance d’un Eckermann…

Nous sommes à la fin des années 1820, quand le « satanisme de l’aventure industrielle » (Drieu) se dessine, et que les Poe, Balzac et Chateaubriand comprennent que nous allons être mangés par Mammon et le « mob », la canaille.

Le génie olympien tout en gardant sa « balance » a vite fait en tout cas de prendre ses distances avec le monde moderne. Il voit tout venir, à commencer par nos talents avariés, dépréciés :

« Celui qui ne veut pas croire qu'une grande partie de la grandeur de Shakespeare est due à la grandeur et à la puissance de son siècle, que celui-là se demande si l'apparition d'un phénomène aussi étonnant serait possible aujourd'hui dans l'Angleterre de 1824, dans nos jours détestables de journaux à critiques dissonantes? Ces rêveries tranquilles et innocentes, pendant lesquelles il est seul possible de créer quelque chose de grand, sont perdues pour jamais! Nos talents aujourd'hui doivent tout de suite être servis à la table immense de la publicité. Les revues critiques qui chaque jour paraissent en cinquante endroits, et le tapage qu'elles excitent dans le public, ne laissent plus rien mûrir sainement. »

Goethe est le premier à voir la menace journalistique (Nietzsche en parle très bien dans la considération inactuelle sur Strauss), ce règne de la quantité appliqué au style et aux idées. Il ajoute :

 « Celui qui aujourd'hui ne se retire pas entièrement de ce bruit, et ne se fait pas violence pour rester isolé, est perdu. Ce journalisme sans valeur, presque toujours négatif, ces critiques et ces discussions répandent, je le veux bien, une espèce de demi-culture dans les masses; mais pour le talent créateur, ce n’est qu'un brouillard fatal, un poison séduisant qui ronge les verts rameaux de son imagination, la dépouille de son brillant feuillage, et atteint jusqu'aux profondeurs où se cachent les sucs vitaux et les fibres les plus délicates. »

On savourera l’image de la botanique dont ce maître fut un champion, comme Rousseau.

Goethe ajoute avec émotion :

« Et puis la vie elle-même, pendant ces misérables derniers siècles, qu'est-elle devenue? Quel affaiblissement,  quelle débilité, où voyons-nous une nature originale, sans déguisement? Où est l'homme assez énergique pour être vrai et pour se montrer ce qu'il est ? Cela réagit sur les poètes; il faut aujourd'hui qu'ils trouvent tout en eux-mêmes, puisqu'ils ne peuvent plus rien trouver autour d'eux. »

Cette évocation del’affaiblissement des forces vitalesqui est ici une primeur, je l’ai évoquée dans mon étude sur Dostoïevski et l’occident. C’est la splendide tirade de Lebedev dans l’idiot :

« Et osez dire après cela que les sources de vie n’ont pas été affaiblies, troublées, sous cette « étoile », sous ce réseau dans lequel les hommes se sont empêtrés.

Et ne croyez pas m’en imposer par votre prospérité, par vos richesses, par la rareté des disettes et par la rapidité des moyens de communication ! Les richesses sont plus abondantes, mais les forces déclinent ; il n’y a plus de pensée qui crée un lien entre les hommes ; tout s’est ramolli, tout a cuit et tous sont cuits ! Oui, tous, tous, tous nous sommes cuits !… »

Comme on sait cette tirade est liée au réseau des chemins de fer (Dostoïevski évoque même Tchernobyl !).  Or le réseau, Goethe en parle quand il évoque au début du tome deuxième l’avènement inévitable et contrariant de l’unité allemande :

« Nous causâmes alors de l'unité de l'Allemagne, cherchant comment elle était possible et en quoi cite était désirable.

« Je ne crains pas que l’Allemagne n'arrive pas à son unité, dit Goethe nos bonnes routes et les chemins de fer qui se construiront feront leur œuvre. Mais, avant tout, qu'il y ait partout de l'affection réciproque, et qu'il y ait de l'union contre l'ennemi extérieur. »

Il évoque l’ouverture des frontières :

« Qu'elle soit une, en ce sens que le thaler et le silbergroschen aient dans tout l'empire la même valeur; une, en ce sens que mon sac de voyage puisse traverser les trente-six Etats sans être ouvert; une, en ce sens que le passeport donné aux bourgeois de Weimar par la ville ne soit pas à la frontière considéré par remployé d'un grand État voisin comme nul, et comme l'égal d'un passeport étranger… »

Et d’ajouter :

« Que l'on ne parle plus, entre Allemands, d'extérieur et d’intérieur; que l'Allemagne soit une pour les poids et mesures, pour le commerce, l'industrie, et cent choses analogues que je ne peux ni ne veux nommer. »

Que je ne peux ni ne veux nommer : on souligne ?

Par contre il voit tout de suite notre Goethe les futures limites de cette unité allemande qui va mettre fin à la culture allemande sous la brutale férule des bureaucrates bismarckiens :

« Mais si l'on croit que l'unité de l'Allemagne consiste à en faire un seul énorme empire avec une seule grande capitale, si l'on pense que l'existence de cette grande capitale contribue au bien-être de la masse du peuple et au développement des grands talents, on est dans l'erreur. »

C’est que Goethe est contre la centralisation, même la française (lisez l’émouvant passage de la rencontre avec Napoléon). La centralisation stérilise. Il écrit :

« Ce serait un bonheur pour la belle France si, au lieu d'un seul centre, elle en avait dix, tous répandant la lumière et la vie… »

goethestatue.jpgC’est « Paris et le désert français » cent ans avant Jean-François Gravier ; mais pour être honnête Rousseau avait déjà méprisé l’usage inconvenant de l’hyper-capitale Paris pour la France.

Et de faire l’éloge de la prodigieuse diversité allemande de son époque (un des seuls à notre époque à l’avoir compris est l’excellent historien marxiste Hobsbawn, qui évoqua aussi l’Italie stérilisée par son unification) :

« Où est la grandeur de l'Allemagne, sinon dans l'admirable culture du peuple, répandue également dans toutes les parties de l’empire? Or, cette culture n'est-elle pas due à ces résidences princières partout dispersées; de ces résidences part la lumière, par elles elle se répand partout… »

Il insiste :

« Pensez à ces villes comme Dresde, Munich, Stuttgart, Cassel, Brunswick, Hanovre, et à leurs pareilles, pensez aux grands éléments de vie que ces villes portent en elles ; pensez à l’influence qu'elles exercent sur les provinces voisines et demandez-vous ; tout serait-il ainsi, si depuis longtemps elles n'étaient pas la résidence de princes souverains? »

Car Goethe sent le risque que l’unité allemande va faire peser sur le génie germanique :

« Francfort, Brème, Hambourg, Lubeck sont grandes et brillantes; leur influence sur la prospérité de l’Allemagne est incalculable. Resteraient-elles ce qu'elles sont, si elles perdaient leur indépendance, et si elles étaient annexées à un grand empire allemand, et devenaient villes de province? J'ai des raisons pour en douter… »

Equilibre, harmonie, autant de thèmes centraux chez notre génie.

Autre sujet, la perfection. A cette époque on considère que la perfection est de ce monde, mais qu’elle n’est pas allemande mais britannique. Comme on sait ce complexe d’infériorité allemand pèsera lourd au vingtième siècle :

« …mais il y a dans les Anglais quelque chose que la plupart des autres hommes n'ont pas. Ici, à Weimar, nous n'en voyons qu'une très petite fraction, et ce ne sont sans doute pas le moins du monde les meilleurs d'entre eux, et cependant comme ce sont tous de beaux hommes, et solides. »

L’anglais (pas le dandy détraqué, le gentleman bien sûr) est beau pour ces raisons :

« Ce qui les distingue, c'est d'avoir le courage d'être tels que la nature les a faits. II n'y a en eux rien de faussé, rien de caché, rien d'incomplet et de louche; tels qu'ils sont, ce sont toujours des êtres complets. Ce sont parfois des fous complets, je t'accorde de grand cœur ; mais leur qualité est à considérer, et dans la balance de la nature elle pèse d'un grand poids. »

C’est le gentleman idéal, le parfait modèle hollywoodien de l’âge d’or (on pense à Stewart Granger à Cary Grant, à Errol Flynn) remis au goût du jour à notre époque postmoderne par les adaptations des petits romans de Jane Austen.

Mais Goethe souligne le déclin de notre perfection de civilisé :

« Du reste, nous autres Européens, tout ce qui nous entoure est, plus ou moins, parfaitement mauvais; toutes les relations sont beaucoup trop artificielles, trop compliquées; notre nourriture, notre manière de vivre, tout est contre la vraie nature; dans notre commerce social, il n'y a ni vraie affection, ni bienveillance. »

Goethe évoque alors en disciple de Rousseau (beaucoup plus germanique que français, et si mal compris en France le pauvre…) le modèle du sauvage :

« On souhaiterait souvent d'être né dans les îles de la mer du Sud, chez les hommes que l'on appelle sauvages, pour sentir un peu une fois la vraie nature humaine, sans arrière-goût de fausseté. »

Parfois même Goethe succombe au pessimisme, quant à la misère de notre temps :

« Quand, dans un mauvais jour, on se pénètre bien de la misère de notre temps, il semble que le monde soit mûr pour le jugement dernier. Et le mal s'augmente de génération en génération. Car ce n'est pas assez que nous ayons à souffrir des péchés de nos pères, nous léguons à nos descendants ceux que nous avons hérités, augmentés de ceux que nous avons ajoutés… »

Goethe alors rêve du paysan, pas encore trop pollué par la civilisation (un petit malin pourrait citer Walter Darré mais aussi les écolos, alors…) :

« Notre population des campagnes, en effet, répondit Goethe, s'est toujours conservée vigoureuse, et il faut espérer que pendant longtemps encore elle sera en état non seulement de nous fournir des cavaliers, mais aussi de nous préserver d'une décadence absolue ; elle est comme un dépôt où viennent sans cesse se refaire et se retremper les forces alanguies de l'humanité. Mais allez dans nos grandes villes, et vous aurez une autre impression… »

Et il insiste encore, au début du tome deuxième de ses entretiens, sur l’affaiblissement des hommes modernes :

« Causez avec un nouveau Diable boiteux, ou liez-vous avec un médecin ayant une clientèle considérable - il vous racontera tout bas des histoires qui vous feront tressaillir en vous montrant de quelles misères, de quelles infirmités souffrent la nature humaine et la société… »

Une vingtaine d’années avant, le jeune Kleist avait évoqué dans son théâtre des marionnettes cette nostalgie et ce regret de la perfection antérieure, nous invitant à remanger de l’arbre de la connaissance pour accéder à un stade supérieur (le transhumain à l’allemande ?).  Citons Kleist :

En sorte, dis-je un peu rêveur, qu’il nous faudrait de nouveau manger du fruit de l’arbre de la connaissance, pour retomber dans l’état d’innocence ?

— Sans nul doute, répondit-il ; c’est le dernier chapitre de l’histoire du monde.

Goethe sentait aussi cette disparition d’innocence, de simplicité (sujet allemand, qu’on retrouve chez Schiller comme dans les élégies II et VIII de Rilke) :

« Ah! nous autres modernes, nous sentons bien la grande beauté des sujets d'un naturel aussi pur, aussi complètement naïf; nous savons bien, nous concevons bien comment on pourrait faire quelque chose de pareil, mais nous ne le faisons pas ; on sent la réflexion qui domine, et nous manquons toujours de cette grâce ravissante… »

Tout cela était déjà dans le Théâtre de Kleist (écrit donc vingt ans avant) :

« Je dis que je savais fort bien quels désordres produit la conscience dans la grâce naturelle de l’homme. Un jeune homme de ma connaissance avait, par une simple remarque, perdu pour ainsi dire sous mes yeux son innocence et jamais, dans la suite, n’en avait retrouvé le paradis, malgré tous les efforts imaginables. »

Et puisqu’on évoque Kleist et ses cardinales marionnettes, c’est dans Werther que l’on trouve cette note intéressante :

« Les objets ne font que paraître et disparaître à mes yeux, et je me demande souvent si mon existence elle-même n’est pas un vain prestige. Il me semble que j’assiste à un spectacle de marionnettes. Je vois passer et repasser devant moi de petits bons hommes, de petits chevaux, et je me demande souvent si tout cela n’est pas une illusion d’optique. Je joue avec ces marionnettes, ou plutôt je ne suis moi-même qu’une marionnette. Quelquefois je prends mon voisin par la main, je sens qu’elle est de bois, et je recule en frissonnant. »

Werther expédiait aussi à sa manière l’homme sans qualités de la modernité :

« Mais, entre nous, l’homme qui cédant sottement à l’influence d’autrui, sans goût personnel, sans nécessité, consume sa vie dans de pénibles travaux pour un peu d’or, de vanité, ou quelque autre semblable fumée, cet homme-là est à coup sûr un imbécile ou un fou. »

Pour terminer sur une note plus prosaïque, évoquons cette belle vision de la mondialisation. Car la maître voit tout venir, (comme son disciple et traducteur Nerval qui voit nos réseaux arriver dans Aurélia). Goethe pressent aussi la future domination américaine :

« Mais ce qui est sûr, c'est que, si on réussit à percer un canal tel qu'il puisse donner passage du golfe du Mexique dans l’Océan Pacifique à des vaisseaux de toute charge et de toute grosseur, ce fait aura d'incalculables résultats et pour le monde civilisé et pour le monde non civilisé. Je m'étonnerais bien que les États-Unis manquassent de se saisir d'une œuvre pareille. On pressent que ce jeune État avec sa tendance décidée vers l'Ouest, aura aussi pris possession, dans trente ou quarante ans, des grandes parties de terre situées au-delà des montagnes Rocheuses, et les aura peuplées… »

Goethe voit le nouveau monde se peupler américain, se remplir :

« On pressent aussi  bien que tout le long de cette cote de l'océan Pacifique où la nature a déjà creusé les ports les plus vastes et les plus sûrs, se formeront peu à peu de très-importantes villes de commerce, qui seront les intermédiaires de grands échanges entre la Chine et l'Inde d'un côté et les États-Unis de l’autre… »

Canal de Panama donc :

« Aussi, je le répète, il est absolument indispensable pour les Etats-Unis d'établir un passage entre le golfe du Mexique et l'océan Pacifique, et je suis sûr qu'ils l'établiront. Je voudrais voir cela de mon vivant, mais je ne le verrai pas. Ce que je voudrais voir aussi, c'est l’'union du Danube et du Rhin… »

Et canal de Suez :

« Et enfin, en troisième lieu, je voudrais voir les Anglais en possession d'un canal à Suez. »

Les Français eurent l’initiative de ces deux canaux qu’ils se firent chiper par les anglo-saxons. Je ne saurais trop inviter mes lecteurs à lire ou redécouvrir ce livre. 

 

Sources

Conversations de Goethe et d’Eckermann, Gallica, BNF

Nietzsche - Considérations inactuelles (Wikisource.org)

Goethe – les souffrances du jeune Werther

Nerval - Aurélia

Heinrich Von Kleist - Sur le théâtre des marionnettes

Dostoïevski - L’Idiot (ebooksgratuits.com)

Nicolas Bonnal - Dostoïevski et la modernité occidentale 

jeudi, 27 septembre 2018

Laurent Obertone à Lille

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mercredi, 26 septembre 2018

La stratégie de diabolisation de la Russie

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La stratégie de diabolisation de la Russie

Auteur : Manlio Dinucci 
Ex: http://www.zejournal.mobi
(image: Davide Bonazzi pour "The Boston Globe")

Le contrat de gouvernement, stipulé en mai dernier par le M5Stelle et par la Lega, confirme que l’Italie considère les États-Unis comme son “allié privilégié”. Lien renforcé par le Premier ministre Conte qui, dans sa rencontre avec le président Trump en juillet, a établi avec les USA “une coopération stratégique, presque un jumelage, en vertu duquel l’Italie devient un interlocuteur privilégié des États-Unis pour les principaux défis à affronter”. En même temps cependant le nouveau gouvernement s’est engagé dans le contrat à “une ouverture à la Russie, à percevoir non pas comme une menace mais comme un partenaire économique” et même comme “potentiel partenaire pour l’Otan”. C’est comme concilier le diable avec l’eau bénite.

On ignore de ce fait, au gouvernement comme dans l’opposition, la stratégie USA de diabolisation de la Russie, visant à créer l’image de l’ennemi menaçant contre qui nous devons nous préparer à combattre.

Cette stratégie a été exposée, dans une audition au Sénat (21 août), par Wess Mitchell, vice-secrétaire du Département d’État pour les Affaires européennes et eurasiatiques : “Pour faire face à la menace provenant de la Russie, la diplomatie USA doit être soutenue par une puissance militaire qui ne soit seconde à personne et pleinement intégrée avec nos alliés et tous nos instruments de puissance”.

Augmentant le budget militaire, les États Unis ont commencé à “re-capitaliser l’arsenal nucléaire”, y compris les nouvelles bombes nucléaires B61-12 qui à partir de 2020 seront déployées contre la Russie en Italie et d’autres pays européens.

Les États-Unis, précise le vice-secrétaire, ont dépensé depuis 2015 11 milliards de dollars (qui monteront à 16 en 2019) pour l’ “Initiative de dissuasion européenne”, c’est-à-dire pour potentialiser leur présence militaire en Europe contre la Russie.

À l’intérieur de l’Otan, ils sont arrivés à faire augmenter de plus de 40 milliards de dollars la dépense militaire des alliés européens et à établir deux nouveau commandements, dont celui pour l’Atlantique contre “la menace des sous-marins russes” situé aux USA. En Europe, les États-Unis soutiennent en particulier “les États sur la ligne de front”, comme la Pologne et les pays baltes, et ils ont supprimé les restrictions à la fourniture d’armes à la Géorgie et à l’Ukraine (c’est-à-dire aux États qui, avec l’agression contre l’Ossétie du Sud et le putsch de Place Maïdan, ont amorcé l’escalade USA/Otan contre la Russie).

Le représentant du département d’état accuse la Russie non seulement d’agression militaire mais d’opérer aux États-Unis et dans les États européens des “campagnes psychologiques de masse contre la population pour déstabiliser la société et le gouvernement”. Pour conduire ces opérations, qui entrent dans le “continuel effort du système poutinien pour la domination internationale”, le Kremlin utilise “la panoplie de politiques subversives employé autrefois par les Bolcheviques et par l’État soviétique, mis à jour pour l’ère digitale”.

Wess Mitchell accuse la Russie de ce dans quoi les USA sont les maîtres : ils ont 17 agences fédérales d’espionnage et subversion, parmi lesquelles celle du Département d’État. Celui-là même qui vient de créer une nouvelle figure : “le Conseiller senior pour les activités et tendances malveillantes de la Russie”(1), chargéde développer des stratégies inter-régionales. Sur ces bases, les 49 missions diplomatiques étasuniennes en Europe et Eurasie doivent mettre en oeuvre, dans leurs pays respectifs, des plans d’action spécifiques contre l’influence russe.

Nous ne savons pas quel est le plan d’action de l’ambassade USA en Italie. Mais, en tant qu’”interlocuteur privilégié desÉtats-Unis”, le premier ministre Conte le saura. Qu’il le communique au parlement et au pays, avant que les “activités malveillantes” de la Russie ne déstabilisent l’Italie.

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

(1) Senior advisor forRussian malign activities and trends” ou SARMAT, nom aussi du dernier missile intercontinental russe. “Réaction amusée de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères : «C’est une violation des droits d’auteur», a déclaré Mme Zakharova. https://fr.sputniknews.com/russie/201808241037798441-depa...(NDT pour la version française)

mardi, 25 septembre 2018

Il barone Ungern e il cuore di tenebra dell’Asia

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Il barone Ungern e il cuore di tenebra dell’Asia

Andrea Scarabelli

Ex: http://blog.ilgiornale.it

Ripercorrere la vita del barone Ungern von Šternberg è un po’ come risalire il fiume alla ricerca del Kurtz di Cuore di tenebra. A unire il «Dio della guerra» e il colonnello conradiano è tutta una visione del mondo, l’idea di sperimentare un piano del reale differente interrogando la sorte, combattendo una personalissima guerra anche nei ranghi altrui, a muto convegno di forze ancestrali che, come la lava al di sotto della crosta terrestre, periodicamente riaffiorano, sussurrandoci quanto sia vano e scialbo il concetto di “civiltà”. Ad accomunare Kurtz e Ungern è questo timor panico, nonché l’idea di un destino individuale che, se percorso fino in fondo, si apre alle vastità della Storia, captandone le linee direttrici: non resta allora che interpretare, come antichi aruspici, il corso dei secoli, e magari forzarli un po’, modernissimi rivoluzionari in un mondo di ombre – le loro, le nostre. Di carne l’uno, di carta l’altro (differenza del tutto trascurabile) il loro impatto sull’immaginario contemporaneo è stato ed è notevole. Se, nella celebre pellicola di Coppola, Kurtz/Brando è finito in Vietnam, su Ungern sono usciti nel corso degli anni parecchi libri, anche in italiano, da Il dio della guerra di Jean Mabire a Il signore terribile di Mehmet Frugis, fino al meno interessante Il barone sanguinario di Vladimir Pozner. Il Barone (di volta in volta «pazzo», «sanguinario», «nero» e chi ne ha più ne metta, a rimpolpare la logorrea aggettivale di certa critica) è uno di quegli sconfitti che periodicamente torna a infestare l’immaginario collettivo, spesso raggiungendo lidi inaspettati. C’è chi vince nello spazio, e chi nel tempo.

La sua figura ha affascinato molti, moltissimi, tra cui (in ordine sparso e senz’ansie di esaustività) il Custine delle Lettere dalla Russia, che il genio eretico di Piero Buscaroli – ben prima di Adelphi – volle inserire nella collana La Torre d’Avorio di Fògola. Tra i “mostri sacri” di Eduard Limonov (assieme a de Sade, Lenin, Mao, Freud e altri), lo troviamo anche nei fumetti, ad esempio in Corte Sconta detta Arcana di Hugo Pratt (uscito su «Linus» nel 1974) e nel recente Ungern Khan. Il dio della guerra di Crisse, edito da Ferrogallico. Come tutti i miti, Ungern si è staccato pian piano dalla realtà storica per raggiungere quella archetipica, quella che non si esaurisce nel puro movimento. Se n’era accorto Jacques Bergier, che nella sua autobiografia spirituale, Je ne suis pas une légende, nel terzo capitolo evocò

Baron_Freiherr_Roman_Nikolai_Maximilian_von_Ungern-Sternberg_2.png«i cavalieri liberi del barone Ungern von Sternberg, che sognava di ricostituire in Asia l’impero di Gengis Khan. Un giorno salì a cavallo e disse ai suoi: “Vado su Alpha Centauri”. Nessuno lo vide mai più».

Ma chi era Roman Fëdorovič Ungern von Šternberg? Nato a Graz nel 1886, aristocratico di origini tedesche avvicinatosi al buddhismo, ebbro di sogni euroasiatici e fucilato dai bolscevichi nel 1921, fu uno di «quei personaggi del XX secolo che fecero il ben noto percorso durante il quale il cavaliere errante si trasforma in bandito da strada, il sognatore in boia e il mistico in dottrinario». A scrivere queste parole è Leonid Juzefovič, autore della monumentale biografia – per cui vale la pena spendere il termine definitiva – edita da Mediterranee nella traduzione di Paolo Imperio, Il Barone Ungern. Vita del Khan delle steppe. Una puntuale ed esaustiva ricostruzione della vita e del contesto storico nel quale operò il protagonista di questa storia, ricca di dati e testimonianze di prima mano.

Quell’uomo, che scelse di partecipare e forzare il volgere dei tempi, vi compare in tutte le sue sfaccettature, dalla Prima guerra mondiale, che lo trovò nella Galizia polacca a combattere contro turchi e austriaci. Nella Grande Guerra vide l’opportunità di una rigenerazione del mondo – nell’ottima compagnia, se è per questo, d’insospettabili come Sigmund Freud e Thomas Mann – nonché la fine della borghesia occidentale, a cui scelse di giurare vendetta. Anche perché, più che la posta in gioco, a lui interessava la dimensione avventurosa della guerra, il suo aspetto, per così dire, “ludico”. A prescindere da cause e finalità, insomma, l’importante è non deporre le armi. D’altronde, dirà tempo dopo, liquidando una volta per tutte la faccenda, «è soltanto ora, negli ultimi trent’anni, che si combatte per un’idea». Ungern insegue la guerra come altri vezzeggiavano la pace, il vino o le donne, e questo sembra non piacere a molti suoi commilitoni: alcuni temono addirittura gli venga assegnata una promozione…

Croce di San Giorgio, dopo la rivoluzione di febbraio del 1917 viene spedito nell’Estremo Oriente, collocandosi nel mezzo del complesso scacchiere di quegli anni contro tutto e contro tutti, insieme all’ataman cosacco Semënov. In un mondo che guarda verso altri lidi, si dichiara fedele agli Zar, adepto di un culto appena rovesciato. «La più alta incarnazione dell’idea di Zarismo è nel collegamento della divinità con il potere umano» dirà sotto interrogatorio, ribadendo una concezione anagogica della regalità. Ma a chi fare riferimento per restaurarla? Secondo solo alle battute di caccia, lo sport prediletto dagli aristocratici è il regicidio; per quanto riguarda la borghesia, neanche a parlarne. Il bolscevismo? Una teologia politica tra le altre. La Terza Internazionale? È nata tremila anni fa e risponde al nome di Babilonia. I rivoluzionari? Dei posseduti. Cosa pensasse della rivoluzione ce lo dice anche Ferdinand Ossendowski nel suo Bestie, uomini e dèi, sempre edito da Mediterranee, che contiene un lungo dialogo dell’autore con il Barone, nella città di Urga (l’attuale Ulan Bator). Ne citiamo solo un estratto:

«Nei testi buddhisti leggiamo apocalittiche profezie relative all’epoca in cui comincerà la guerra tra gli spiriti buoni e quelli maligni. Allora si scatenerà la Maledizione sconosciuta che travolgerà il mondo, distruggendo la civiltà, annientando tutti i popoli. La sua arma è la rivoluzione. Durante ogni rivoluzione, l’intelligenza creatrice che si fonda sul passato viene sostituita dalla giovane forza bruta del distruttore. L’uomo verrà allontanato da tutto ciò che è divino e spirituale».

Intanto, in Russia infuria la guerra civile tra Rossi e Bianchi: la capitolazione dei secondi è ormai questione di mesi. Così, abbandona la Russia ma non si accoda agli altri comandanti che riparano in Europa. Ha sete di Oriente e sceglie la Mongolia, in cui si reca con un manipolo di volontari che costituiscono la sua Divisione di cavalleria. Vi giunge nel 1921: da due anni il paese è occupato dall’esercito cinese, e il suo capo spirituale, il Bogd Kan, ottavo Buddha reincarnato, è agli arresti domiciliari a Urga. Dopo aver chiesto un pronostico ai lama, con forze di gran lunga inferiori ai difensori, attacca e conquista la città, liberando il Bogd Kan ed espellendo dalla Mongolia le truppe cinesi. È il febbraio del 1921.

Nominato Kan, i Mongoli guardano a lui come una figura circonfusa dei misteri più insondabili: è anzi da quel momento in poi che si va formando intorno a Ungern un’aura mitologica, con tanto di poteri soprannaturali, invulnerabilità e invisibilità (concessa per intercessione di alcuni spiriti con cui è in contatto). Si dice che di notte cavalchi in valli e steppe accarezzate dagli ululati dei lupi e ricoperte da ossa umane (una variante lo vuole invece a bordo di una carrozza senza cavalli, scagliata nell’oscurità), si mormora che parli con i gufi, animali psicopompi per eccellenza. Il «Dio della Guerra» sperimenta l’ebbrezza – molto russa prima che nietzschiana, molto superominista, molto Raskol’nikov – di essere al di là del bene e del male. Non lesina – come non ha mai lesinato – in punizioni e torture, talune di una crudeltà spaventosa: d’altronde, non c’è tempo per la morale, quando ci si trova nell’occhio del ciclone che solvet saeclum in favilla.

Agli inizi del marzo 1921, la Mongolia viene proclamata monarchia indipendente. Temuto per la sua efferatezza («non era un sadico per natura» scrive Juzefovič, «ma un ideologo della violenza come ultima risorsa capace di poter ragionare con un’umanità decaduta») e ammirato per i suoi innegabili successi militari, la sua ombra si proietta sul futuro, dando il la a una leggenda che nemmeno la morte s’incaricherà di estinguere. Si dice sia la reincarnazione di Gengis Khan: è suo, tra l’altro, l’anello che porta al dito, di rubino, con uno swastika, simbolo del rapporto tra uno e molteplice (dopo la sua morte verrà sequestrato da Bljucher e passerà poi a Žukov). A questo proposito, è molto interessante la testimonianza di George Roerich, figlio del più famoso Nikolaj, pittore metafisico delle altezze himalayane: «Lui per i Mongoli non è morto… nelle canzoni mongole il Barone dorme lontano dalla portata dei mortali, rifugiato nelle profondità del Tibet, nel Regno di Shambala. Il giorno predestinato questo potente Bator, grande come una montagna, risvegliato, agiterà il mondo. Le sue imprese partiranno dalla Mongolia radunando sotto la sua bandiera i popoli e gli porteranno gloria e onore senza precedenti».

Ex Oriente lux recita l’antica sentenza. Era anche il motto del Barone, per cui la Mongolia non rappresentava che una prima tappa; le sue ambizioni erano più ampie. Riconquistato l’Oriente, avrebbe fatto lo stesso con l’Occidente, in una lunga guerra dal retrogusto escatologico che avrebbe liberato la Russia e poi l’Europa da se stesse. Un grandioso quanto utopistico progetto dal respiro eurasiatico: l’Occidente declinante, precipitato in quel nuovo Medioevo che siamo soliti chiamare modernità, avrebbe ricevuto nuova linfa. Fu proprio con l’idea di sparigliare le carte, rovesciando la bussola della Storia, facendo sorgere il sole ad Ovest, che nel 1921, con quattromila soldati, provò a invadere la Russia sovietica, certo dell’appoggio delle popolazioni siberiane. Dopo qualche barlume di vittoria, la catastrofe fu totale, e un tradimento perpetrato dai suoi stessi uomini dettò il passo agli eventi successivi.

Catturato dai bolscevichi, fu processato pubblicamente il 15 settembre 1921 a Novonikolaievsk (l’attuale Novosibirsk) e fucilato lo stesso giorno, eletto a simbolo del peggio di quel passato. Di ciò che gli accadde dopo l’arresto c’è poco da dire, salvo i suoi interrogatori, durante i quali espose la sua visione del mondo. Una sola cosa: poco prima che il plotone facesse fuoco – consegnando le sue spoglie ad Alpha Centauri, al firmamento di ciò che resiste allo scorrere del tempo – ingoiò la croce di San Giorgio assegnatagli tanti anni e tante vite prima, per salvarla dalle mani rapaci dei boia.

¿Rojos o liberastas?

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¿Rojos o liberastas?

Por Adriano Erriguel

Ex: https://prensarepublicana.com

Deconstrucción de la izquierda posmoderna

Toda lucha por la hegemonía política comienza por una definición del enemigo. Pero siendo la política el ámbito por excelencia del antagonismo, está claro que esas definiciones nunca pueden ser neutrales. No estamos aquí en el campo de la probidad intelectual, ni en el de las pautas verificables de objetividad y precisión. Toda lucha política aspira a movilizar un capital emocional, se apoya en recursos retóricos, intenta arrastrar al antagonista hacia un terreno de juego amañado. En esa tesitura, aquél que determina los códigos lingüísticos ha ganado la partida. No en vano, la hegemonía consiste precisamente en eso: en un juego. O más exactamente, en juegos de lenguaje.

El pensamiento hegemónico de nuestros días – todo eso que el politólogo norteamericano John Fonte bautizaba hace años como progresismo transnacional – ha impuesto de forma aplastante su definición del enemigo. Todo aquél que se enfrente a su visión mesiánica del futuro – un mundo postnacional de ciudadanía global, en el que una gobernanza mundial irá desplazando a las soberanías nacionales – se verá inmediatamente tildado de reaccionario, de ultraconservador o de populista, cuando no de algo peor.[1]

Caben pocas dudas: en el debate público actual casi todas las cartas están marcadas. Si bien el lenguaje nunca es neutral, hoy está más trucado que nunca. Pocos diagnósticos más erróneos – entre los formulados en el siglo XX– que aquél que profetizaba el “fin de las ideologías”. Hoy la ideología está por todas partes. La prueba es que asistimos a la imposición de un lenguaje extremadamente ideologizado, si bien de forma subrepticia y con el noble aval de poderes e instituciones.

¿Un lenguaje ideologizado? Aunque por su omnipresencia parezca invisible, ese lenguaje existe y es el instrumento de una sociedad de control. El control comienza siempre por el uso de las palabras.

¿Qué tipo de palabras? ¿Cómo se organizan?

Si intentamos una clasificación somera podemos distinguir varias categorías. Por ejemplo: las palabras–trampa, aquellas que tienen un sentido reasignado o usurpado (“tolerancia”, “diversidad”, “inclusión”, “solidaridad”, “compromiso”, “respeto”); las palabras–fetiche, promocionadas como objetos de adoración (“sin papeles”, “nómada”, “activista”, “indignado”, “mestizaje”, “las víctimas”, “los otros”); los términos institucionales, santo y seña de la superclase global (“gobernanza”, “transparencia, “empoderamiento” “perspectiva de género”); los hallazgos de la corrección política (“zonas seguras”, “acción afirmativa”, “antiespecista”, “animalista”, “vegano”); los idiolectos universitarios con pretensiones científicas (“constructo social”, “heteropatriarcal”, “interseccionalidad”, “cisgénero”, “racializar”, “subalternidad”); los eufemismos destinados a suavizar verdades incómodas: “flexibilidad” y “movilidad” (para endulzar la precariedad laboral), “reformas” (para designar los recortes sociales), “humanitario” (para acompañar un intervención militar), “filántropo” (más simpático que “especulador internacional”), “reasignación de género” (más sofisticado que “cambio de sexo”), “interrupción voluntaria del embarazo” (menos brutal que “aborto”), “post–verdad” (dícese de la información que no sigue la línea oficial).

Especial protagonismo tienen las “palabras policía” (George Orwell las llamaba blanket words) que cumplen la función de paralizar o aterrorizar al oponente (“problemático”, “reaccionario”, “nauseabundo”, “ultraconservador”, “racista”, “sexista”, “fascista”). Destaca aquí el lenguaje de las “fobias” (“xenofobia” “homofobia”, “transfobia”, “serofobia”, etcétera) que busca convertir en patologías todos aquellos pensamientos que choquen con el código de valores dominantes (pensamientos que, inevitablemente, formarán parte de un “discurso de odio”). Sin olvidar las palabras–tabú: aquellas que denotan realidades arcaicas, inconvenientes y peligrosas (“patria”, “raza”, “pueblo”, “frontera”, “civilización”, “decadencia”, “feminidad”, “virilidad”). [2]

La “Nuevalengua” (Newspeak) de la corrección política tiene dos características: 1) se transmite de forma viral por el mainstream mediático 2) su utilización funciona como un código o “aval” de conformidad con la ideología dominante. El objetivo de la Nuevalengua– como Orwell demostró en “1984”– es determinar los límites de lo pensable. Por eso la hegemonía construye su propio vocabulario, decide sobre sus significados y se atribuye el monopolio de la palabra legítima. De esta forma, cualquier atisbo de rebelión contra el “pensamiento único” se encuentra, ya de entrada, “encastrado” en el campo semántico del enemigo.

Pero ¿qué enemigo?

Los objetores al pensamiento único necesitan definir a qué se enfrentan aquí. Y como estamos hablando de relaciones de antagonismo, la definición, lejos de ser neutral, debe contener un elemento peyorativo que asegure su eficacia política. Los objetores al pensamiento único deben construir su propio campo semántico, deben aprender a jugar los juegos de lenguaje.

¿Quién manda aquí?

En los estudios sobre filosofía del lenguaje es un lugar común citar un famoso pasaje de “Alicia a través del espejo”, de Lewis Carroll. Recordemos el episodio. Alicia dialoga con Humpty Dumpty, el grotesco personaje con forma de huevo, criatura del folklore inglés. En un momento dado, Humpty Dumpty utiliza palabras con un significado aparentemente ajeno al contenido de la conversación. Cuando Alicia se lo reprocha, el diálogo sigue de la siguiente forma:

– “Cuando yo uso una palabra – dijo Humpty Dumpty en un tono desdeñoso – quiere decir lo que yo quiero que diga… ni más ni menos.

– la cuestión – insistió Alicia – es si se puede hacer que las palabras signifiquen tantas cosas diferentes.

– la cuestión – zanjó Humpty Dumpty – es saber quién es el que manda…, eso es todo”.

En su fabulación, Lewis Carroll capturaba de forma sencilla algo que, años más tarde, se convertiría en el gran campo de minas de la filosofía posmoderna: el cuestionamiento de la idea de significado, el desafío a las teorías tradicionales del lenguaje y de la cultura, el post–estructuralismo y la deconstrucción. Básicamente, lo que los filósofos del lenguaje venían a decir – en la línea de Wittgenstein y de Humpty Dumpty – era que el lenguaje se constituye en una serie de “juegos”, y que los enunciados o declaraciones se agrupan en tipologías diferentes que dependen de reglas compartidas y producen una relación entre los hablantes, de la misma forma en que los juegos requieren reglas y generan una relación entre los jugadores. En ese sentido los diálogos pueden ser vistos como una “sucesión de maniobras”: “hablar es luchar” en el sentido de “jugar”. La conclusión esencial de todo esto es que “al ganar una ronda, al replicar de forma inesperada, al alterar los términos del debate, al disentir frente a la posición dominante, podemos alterar las relaciones de poder, aunque sea de forma imperceptible”.[3]

La cuestión es saber quién manda. Aquél de los jugadores que acepte como propio el campo semántico del enemigo, o que maneje un código lingüístico obsoleto, está perdido de antemano.

La lucha por el lenguaje forma parte de un gran fenómeno posmoderno: las guerras culturales.

El Gran Juego

Nuestra aldea global está inmersa en un “gran juego”. Ese juego puede definirse acudiendo a un concepto nacido en el mundo anglosajón: las “guerras culturales”. Lo que ese concepto quiere decir es que la política ha desbordado el ámbito estricto de las doctrinas políticas y los programas electorales. Hoy más que nunca – como lo vio Gramsci hace casi un siglo– todo es política. Tradicionalmente es la izquierda la que mejor lo ha comprendido, y por eso lo ha politizado absolutamente todo: el lenguaje por supuesto, pero muy especialmente todo aquello que atañe a la vida privada y a los aspectos más íntimos de la persona. En la parte que le toca, la derecha – inspirada en los principios del liberalismo clásico – abandonó la vida privada al albedrío de cada individuo y se centró en la gestión de la economía. Una derecha gestionaria frente a una izquierda de valores: esa ha sido – grosso modo y simplificando mucho – la situación durante las últimas décadas. Pero algo ha cambiado en los últimos años. El primer resultado tangible de ese cambio se ha visto en los Estados Unidos, el laboratorio principal de esa “izquierda de valores” que sigue constituyendo, hoy por hoy, el pensamiento hegemónico.

Los meses que precedieron a la victoria de Trump en noviembre 2016 no fueron una campaña electoral al uso, sino más bien la culminación de una “guerra cultural” que se venía librando desde hacía años. Más allá de las estridencias del personaje, lo importante de Trump es el fenómeno social y cultural que representa, y que hizo posible la incubación de este inesperado terremoto político. Lo que ocurrió fue que, ante la dictadura de la corrección política, las fuerzas disidentes habían empezado a construir su propio campo semántico, a quebrar el “marco” lingüístico definido por el enemigo.

Las “guerras culturales” se configuran como un concepto clave para los años venideros. La vieja derecha – la llamada derecha “civilizada”– con su discurso legalista y tecnocrático se encuentra en este terreno completamente perdida. Confiada en el fondo en su superioridad intelectual (acreditada, a su juicio, por la gestión económica) esa derecha se limita a asumir como propias las cruzadas culturales definidas desde la izquierda, transcurridos (eso sí) los plazos preventivos de aclimatación. La razón de fondo es que, en realidad, esa derecha asume el mismo marco mental que la izquierda: la historia tiene un “sentido” que sigue el curso del progreso.

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Pero volvemos a la pregunta anterior. Para los disidentes frente al pensamiento hegemónico: ¿cómo definir al enemigo?

La cosa se complica tras la irrupción, durante los últimos años, de un nuevo elemento: una izquierda populista estimulada por la crisis financiera de 2008. En realidad, esto no constituye ninguna sorpresa. La llegada del populismo de izquierdas se ha visto preparada, durante las últimas décadas, por el aplastante predominio – en los ámbitos cultural, académico y mediático– de la izquierda posmoderna. Existe una relación de continuidad entre los nuevos movimientos de izquierda (llámense populistas, radicales, de extrema izquierda o como se quiera) y la izquierda posmoderna. Ambos comparten los mismos dogmas, el mismo sustrato cultural, la misma mitología progresista. Ambos son el ecosistema natural de la “corrección política”. Ambos son coetáneos del período de máxima expansión del neoliberalismo (una coincidencia nada casual a la que nos referiremos más tarde). Para calificar al pensamiento de esa izquierda posmoderna algunos utilizan el término de “marxismo cultural”. Para calificar a esa izquierda populista muchos continúan refiriéndose al comunismo o al “neo–comunismo”, como si éste fuera una amenaza real, como si éste tuviese la capacidad de reproducir la experiencia totalitaria del siglo XX.

Pero estas definiciones responden a categorías obsoletas. No nos encontramos aquí frente a “marxismo cultural”, ni frente al “marxismo” a secas, ni mucho menos frente al comunismo. Todo lo contrario. La izquierda posmoderna –y esta es la tesis central que defenderemos en estas páginas– tiene muy poco de marxista y sí mucho de neoliberalismo cultural puro y duro.

Pero eso es algo que a primera vista no parece tan claro. Es muy cierto que la izquierda radical usa y abusa de una retórica “retro” (el “antifascismo” en primer lugar) y reclama para sí el patrimonio moral de las luchas “progresistas” del pasado. Pero con ello lo único que hace es parasitar una épica revolucionaria que no le corresponde. En realidad, la apuesta ideológica de la izquierda en todas sus variedades (desde la socialdemócrata hasta la más radical o populista) se inscribe de facto en la agenda de la globalización neoliberal. Y si su pensamiento es a veces calificado como “marxismo cultural”, ello obedece al peso del viejo lenguaje, así como a la rutina mental de la derecha habituada a categorizar como “comunista” todo lo que no le gusta.

Pero no, no nos encontramos en vísperas de un “asalto a los cielos” leninista, ni en el de una socialización de los medios de producción, ni en el de una dictadura del proletariado. Todo lo contrario: el escenario es el de la dictadura de una “superclase” (overclass) mundializada, apoyada en técnicas de “gobernanza” posdemocrática. Un escenario en el que la izquierda radical ejerce las funciones de acelerador y comparsa, preparando el clima cultural propicio a todas las huidas hacia adelante de la civilización liberal. Frente a los desafectos, la izquierda radical asegura – con su celo vigilante e histeria correctista– una función intimidatoria y represora que adquiere tintes parapoliciales. Tareas todas ellas perfectamente homologadas por el sistema.

¿De dónde vienen, pues, los equívocos? En el mundo de las ideas no hay blancos y negros. El vocabulario actual de la corrección política se nutre, sin ninguna duda, de una incubación en el posmarxismo de la Escuela de Frankfurt y sus epígonos. Ahí está el origen de un malentendido – el pretendido carácter “marxista” de la ideología hoy dominante – que la guerra cultural anti–mundialista debería deshacer de una vez por todas, si quisiera asumir una definición eficaz del enemigo.

Conviene para ello hacer un poco de historia.

Los auténticos enterradores del marxismo

Suele pensarse que el fin del marxismo como ideología política tuvo lugar en 1989, con la caída del “socialismo real” y el derrumbe de la URSS. Pero lo cierto es que el marxismo había sido enterrado muchos años antes, y que bastantes de sus enterradores pasaban por ser discípulos de Marx.

En realidad, el acontecimiento que supuso el canto de cisne del marxismo fue la revolución de mayo 1968, el momento en que el movimiento obrero fue desplazado por un sucedáneo: el “gauchismo” liberal–libertario.[4] Pero la epifanía progre de los estudiantes de París y de Berkeley había sido prefigurada – con varias décadas de antelación – por el corpus teórico (también llamado “teoría crítica”) de la “Escuela de Frankfurt”. Fueron los intelectuales del “Instituto para la Investigación Social” fundado en 1923 en esa ciudad alemana los que provocaron, desde dentro, la implosión del marxismo. Muchas de las ideas y temas impulsados por esos intelectuales se encuentran en el origen de los condensados ideológicos que hoy conforman la ideología mundialista.

Desde sus primeros años y durante su etapa de exilio en los Estados Unidos, la Escuela de Frankfurt arrumbó en el desván de la historia el dogma central del marxismo ortodoxo: el determinismo económico, la idea de que son las condiciones materiales y los medios de producción (la infraestructura) los que determinan el curso de la historia, la visión fatalista de un triunfo inevitable del socialismo. Lo que a los intelectuales de Frankfurt les interesaba era la acción sobre la “superestructura”, puesto que son las condiciones culturales – más que la economía – las que determinan la reificación y la alienación de los seres humanos. Algo que Georg Lukács ya apuntaba en “Historia y conciencia de clase” (1923), la obra fundadora del marxismo occidental. No en vano todas las luminarias de la escuela – Max Horkheimer, Theodor Adorno, Erich Fromm, Herbert Marcuse – se centrarían casi exclusivamente en la crítica cultural, dejando de un lado las cuestiones económicas. Lo cual nos lleva al segundo golpe – todavía más letal – que la escuela de Frankfurt iba a propinar al marxismo ortodoxo.

Al centrar sus denuncias en la reificación y la alienación de los seres humanos – y no en las condiciones económicas de explotación capitalista– estos intelectuales desplazaban el fin último de la transformación social: ésta ya no se reduciría a la abolición de las injusticias sociales, sino que se centraría en la eliminación de las causas psicológicas, culturales y antropológicas de la infelicidad humana. En esa línea, estos autores se esforzarían en establecer pasarelas entre el materialismo histórico y pensadores ajenos a esa tradición, tales como Freud (es el llamado “freudo–marxismo”) o – en un improbable ejercicio de malabarismo intelectual – el mismísimo Nietzsche. En realidad, la escuela de Frankfurt es un abigarrado taller de herramientas intelectuales donde se puede encontrar un poco de todo: las intuiciones más brillantes se codean con las amalgamas más precarias, y una crítica extremadamente perspicaz de la modernidad y sus condiciones de desenvolvimiento se ve mezclada con un empecinamiento utópico abocado al dogmatismo. Todo ello bañado en una atmósfera de virtuosismo y de elitismo intelectual que sellaba el extrañamiento definitivo entre los “intelectuales orgánicos” y la gente corriente. O lo que es decir, entre la intelligentsia progresista y el pueblo.

Cosmópolis utópica

La escuela de Frankfurt ofrece una gran paradoja: partiendo del marxismo – o más bien, de una interpretación “humanista” de la obra del “joven Marx” – sus teóricos preparaban el terreno para la ideología orgánica de la globalización neoliberal. El primer puente entre ambos mundos tiene mucho que ver con el fetiche ideológico de estos intelectuales: la idea de utopía. Para la escuela de Frankfurt, la utopía no es un “día del Juicio” o fin de la historia en el sentido marxista – el advenimiento de una sociedad sin clases –, sino que, insuflando una nota de realismo, admiten que si bien nunca alcanzaremos la Salvación o Redención final, el mantenimiento del Ideal – el sueño de la Redención – es un bien en sí mismo, puesto que nos impele a una mejora indefinida de la Humanidad. Es el “principio esperanza” definido por el filósofo Ernst Bloch. Bajo el baremo implacable de la Utopía, el presente se ve así sometido a una acusación perpetua, se ve impelido a avanzar por la senda del cosmopolitismo y de la “tolerancia” en pos del (siempre distante) espejismo utópico. Pero no se trata aquí de una utopía colectivista del tipo de la “sociedad comunista” del marxismo clásico. Desde el momento en que se vincula a una idea de “felicidad” personal, la utopía frankfurtiana concierne sobre todo al individuo. Lo que nos conduce al segundo gran puente con el neoliberalismo.

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Que la “felicidad” como reivindicación individual es un viejo fetiche del liberalismo, es algo que no requiere grandes demostraciones. Basta con leerlo en la Constitución de los Estados Unidos. La aportación de la Escuela de Frankfurt consistió en encauzar hacia esa reivindicación una parte del capital teórico del marxismo, remodelándolo como una especie de filosofía “humanista” y relegando sus enfoques de clase y sus aspiraciones revolucionarias. La llave maestra para ello consistió en el descubrimiento del “joven Marx” – el de los “Manuscritos Económicos y Filosóficos de 1844”– con sus “inclinaciones utópicas y su visión de un hombre nuevo y liberado del egotismo, de la crueldad y de la alienación. La revolución contra el capitalismo se sustituyó por algo parecido a un intento de transformación de la condición humana. El socialismo pasaba así a identificarse con una forma de tratar a la gente, más que con un modelo institucional y político”.[5] Aquí se consuma el auténtico entierro del marxismo.

Frente a las categorías materialistas y positivistas del marxismo – empeñadas en una analogía con las ciencias naturales –, la “Escuela de Frankfurt” enfatizaba los elementos éticos, subjetivos e individuales de la “teoría crítica”, de forma que ésta se configuraba como una teoría general de la transformación social, a su vez espoleada por un deseo de “liberación” entendida en sentido individual. La “liberación” y la “emancipación” eclipsaban así el objetivo de la revolución y se fundían en el horizonte utópico de una “felicidad” orientada al desarrollo personal. No es extraño que Wilhelm Reich – con sus trabajos sobre sexología– o Erich Fromm – con obras como “El concepto de hombre en Marx”– alcanzaran gran popularidad y fueran ampliamente leídos en los medios radicales norteamericanos.

¿Qué quedaba entonces del marxismo? Una retórica, una jerga académica, una dialéctica opresores/oprimidos, una cáscara de romanticismo subversivo al servicio del único sistema que, de hecho, hace tangible ese grial utópico de la “liberación” individual indefinida: el liberalismo libertario en lo cultural, el neoliberalismo en lo económico; lo que es decir: el capitalismo en su estadio final de desarrollo.

Del posmarxismo al neoliberalismo

La primera regla de la guerra cultural es saber leer al enemigo. El legado de la escuela de Frankfurt es demasiado rico como para ser arrojado en el cómodo saco del “marxismo cultural”; de hecho, buena parte de sus postulados admiten una lectura “de derecha”. El caso más evidente – e interesante – es la perspectiva “antiprogresista” desarrollada por una parte de esta escuela.

Una de las paradojas de la teoría frankfurtiana consiste en su crítica sistemática de la modernidad. En realidad, se trata de la única crítica de la modernidad y de la idea de “progreso” que haya sido formulada desde la izquierda, o al menos desde una tradición no conservadora o no reaccionaria. Posiblemente sea también la más brillante de las realizadas hasta la fecha. La experiencia de Auschwitz y la consiguiente ruina del optimismo progresista son las bases sobre las que se construye la obra seminal de Max Horkheimer y Theodor Adorno: “Dialéctica de la Ilustración”. En esa obra, lo que ambos autores vienen a decir es que, después de todo, tal vez el precio a pagar por “el progreso” sea demasiado alto, y que los ideales racionalistas, cuando son absolutizados, revierten en su opuesto: en un nuevo irracionalismo. En su enfoque crítico sobre la Ilustración, ambos autores rechazan la narrativa tradicional que se focalizaba sobre la evolución de las instituciones, las ideas políticas o el progreso tecnológico, y se centran en una crítica antropológica: los daños causados por el despliegue de la razón instrumental en una sociedad totalmente administrada, con sus corolarios de reificación alienación de la persona. Desde esa perspectiva, el panorama de la modernidad y del progreso podía ser muy sombrío. Hay por lo tanto en la Escuela de Frankfurt una apertura hacia un cierto conservadurismo cultural.[6] No en vano Horkheimer señalaba que, así como hay cosas que deben ser transformadas, hay otras que deben ser preservadas, y que un verdadero revolucionario está más cerca de un verdadero conservador que de un fascista o de un comunista.

Pero aceptadas estas premisas, la diferencia con una auténtica “crítica de derecha” es clara: allí donde ésta hubiera puesto el énfasis en la denuncia de la uniformización cultural, el desarraigo identitario y la ruptura del vínculo comunitario (fenómenos todos ellos impulsados por la modernidad), Horkheimer y Adorno tienen un enfoque individualista: la denuncia de la pérdida de “autonomía” personal, el rechazo a los “procesos de dominación” que afligen al individuo. Sea como fuere, la crítica frankfurtiana a la modernidad sigue siendo una píldora dura de tragar para la vulgata progresista y el “pensamiento positivo” de nuestra época. Por eso mismo continúa siendo una aportación insoslayable para todos aquellos que, ya sea desde la derecha o desde la izquierda, desean acometer una deconstrucción teórica de la modernidad, la Ilustración y el “progreso”.

Pero el genio del liberalismo consiste en su capacidad para absorber todas las críticas, su habilidad para transformarlas en “oposición controlada”. El éxito de la “teoría crítica” frankfurtiana marcó su integración en las instituciones, algo que los propios Horkheimer y Adorno habían ya previsto cuando señalaban que, en la medida en que una obra gana en popularidad, su impulso radical se ve integrado dentro del sistema. El liberalismo desechó la parte más auténticamente subversiva de la Escuela de Frankfurt – la crítica de la razón instrumental, el análisis sobre la desacralización del mundo, la reivindicación de los valores no económicos, la denuncia del consumismo, el rechazo a la mercantilización de la cultura, la advertencia sobre la pérdida de “sentido” – y adoptó sus postulados más individualistas y libertarios de “emancipación” y de rechazo a la “dominación” ejercida por la familia, el Estado y la iglesia. La “dialéctica negativa” desarrollada por la Escuela de Frankfurt sirvió así de instrumento a toda una generación de radicales americanos y europeos empeñados en una reconfiguración profunda de la sexualidad, la educación y la familia.

A un nivel teórico más profundo, la “dialéctica negativa” frankfurtiana enlazaba sin solución de continuidad con una nueva generación más radical y carente de los escrúpulos “conservadores” de Horkheimer y sus amigos: la generación del posmodernismo y del post–estructuralismo, de Foucault y de Derrida, de la deconstrucción y de la ideología de género. A partir de los años 1970 se sentarían las bases de una nueva cultura y de un “hombre nuevo”.

Quedaba expedito el camino hacia el neoliberalismo.

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[1] John Fonte, Investigador del Instituto Hudson (Washington), acuñó en 2001 el término “progresismo transnacional” para dirigirse a la ideología de la post–guerra fría. Se trata de una de las mejores descripciones de la ideología mundialista realizadas hasta la fecha. Según Fonte, entre las creencias promovidas por esta ideología figuran: 1) promover las identidades de grupo (género, etnia) sobre las identidades individuales; 2) una visión maniquea de opresores/oprimidos; 3) una promoción de las minorías oprimidas a través de cuotas; 4) la adopción de los valores de estas minorías por parte de las instituciones; 5) el inmigracionismo; 6) la promoción de la “diversidad” frente a la idea de asimilación en países de destino; 7) la redefinición de la democracia para acomodar la representación de las minorías; 8) la deconstrucción “posmoderna” de las naciones occidentales, y su sustitución por el multiculturalismo.   https://www.hudson.org/content/researchattachments/attach...

[2] Para esta clasificación nos apoyamos, de forma bastante libre, en la obra magistral de Jean–Yves Le Gallou y Michel Geoffroy, Dictionnaire de Novolangue. Ces 1000 mots qui vous manipulent. Via Romana 2015, pp. 10–11.

[3] Catherine Belsey, Poststructuralism. A very Short Introduction. Oxford University Press 2002, pp.97–98.

[4] Adriano Erriguel, Vivir en Progrelandia. Mayo del 68 y su legado. www.elmanifiesto.com

[5] Stephen Eric Bronner, Critical Theory. A very short introduction. Oxford University Press 2011, p. 48.

[6] Es lo que el crítico cultural británico Jonathan Bowden llamaba el “secreto íntimo” de la Escuela de Frankfurt. Jonathan Bowden, Frankfurt School Revisionismhttps://www–counter–currents.com)

El libro “Dialéctica de la Ilustración” de Adorno y Horkheimer fue una influencia mayor en los orígenes de la corriente de ideas conocida como la “Nueva derecha” francesa.

elmanifiesto.com

lundi, 24 septembre 2018

La Nouvelle Entreprise Entretien avec Valérie Bugault

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La Nouvelle Entreprise

Entretien avec Valérie Bugault

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

[...] L’un des axes forts du travail de Mme Bugault est de faire prendre conscience à un public le plus large possible que le “fait économique” a pris le pouvoir sur le “fait politique” depuis bien longtemps et que le sort du monde se décide bien plus dans des conseils d’administration de multinationales que dans des parlements nationaux. Derrière ces entreprises se cachent les deux pinces d’une même tenaille, l’anonymisation et la concentration des capitaux d’un côté, la dérégulation financière et la libéralisation des flux de l’autre.

Très méthodiquement, l’auteur démonte les mécanismes historiques qui ont permis à cette nouvelle classe de “banquiers-commerçants” de s’accaparer le pouvoir. Il aura fallu patiemment détricoter les rouages de l’État moderne à commencer par le droit continental, hérité du droit romain, pour lui substituer un droit anglo-saxon porteur d’une autre philosophie, individualiste, prédatrice. Il aura aussi fallu développer un système bancaire et financier toujours plus complexe et centralisé autour du système des Banques Centrales pour faire circuler l’argent et donc le pouvoir en dehors des États, privant ces derniers et leurs peuples de toute souveraineté jusqu’à faire craindre la destruction de notre civilisation.

Le message est taillé à la serpe et après une 1ère partie à charge où on fait le tour des suspects habituels, FED, BRI, FMI, OMC, paradis fiscaux et des mécanismes mis en place pour permettre cette domination, Valérie Bugault nous propose une autre vison de l’entreprise et donc de la société à travers la redéfinition des rôles des différents acteurs, les apporteurs de travail, les apporteurs de capitaux, les dirigeants et au milieu, dans le rôle d’arbitre, un État régulateur.

Il s’agit d’une reforme en profondeur qui devrait irradier sur la structure même de la société ou se déploierait cette Nouvelle Entreprise, avec la fin de l’anonymat des capitaux et donc des trusts et des paradis fiscaux, la fin de la déresponsabilisation des dirigeants au travers de la personnalité “morale” et donc le retour du droit romain. Valérie Bugault déclare la guerre au monde financier d’origine anglo-saxonne.

Elle décrit longuement les relations qu’elle imagine entre ses différents acteurs, non pas pour faire disparaître par miracle toutes tensions, mais plutôt pour organiser juridiquement le cadre de ce rapport de force pour ne léser ni les travailleurs sans qui aucune richesse ne peut être produite, ni les apporteurs de capitaux, dont les capitaux sont maintenant exclusivement issu d’un travail réalisé et d’un report de consommation pour permettre le développement économique.

Les dirigeants ne seraient plus liés aux capitaux mais l’objet de négociations entre les partis pour développer un projet d’entreprise plus consensuel en lien avec la société civile. L’État retrouverait son rôle d’arbitre, garant des règles et de la sécurité juridiques des acteurs. Il suffit de se lamenter, il existe des solutions comme l’initiative Monnaie Pleine pour le secteur bancaire, Valérie Bugault nous propose un nouveau modèle d’Entreprise, clé en main.

Interview de Valérie Bugault du 23 Septembre 2018

la-nouvelle-entreprise-722x1024.jpgValérie Bugault est docteur en droit de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. à l’occasion de sa thèse portant sur le droit de l’entreprise, elle a élaboré une théorie juridique unifiée, qualifiée « d’iconoclaste », de l’entreprise. Elle a travaillé comme avocate fiscaliste dans le domaine des prix de transfert ainsi qu’en droit fiscal interne avant de cesser sa carrière d’avocate pour se consacrer à l’analyse des problématiques de géopolitique économique. Elle a notamment publié, en 2016, sur le site du Saker francophone une série d’études intitulée « décryptage du système économique global ».

SF – Pourquoi un livre sur une nouvelle entreprise, l’entreprise actuelle est-elle si défaillante ? Certaines comme les multinationales se portent très bien ?

VB – Les sociétés commerciales sont, dans leur version moderne, nées en France à l’occasion de la loi du 24 juillet 1867. 1 Toutefois, l’idée même des multinationales que nous connaissons aujourd’hui est bien antérieure, elle remonte à ce que la plupart des pays européens ont connu et développé sous le terme générique de « Compagnie des Indes ». Ces entités, mélanges de capitaux privés et de pouvoir militaire, disposaient de toutes les prérogatives de puissance publique, y compris celles de battre monnaie et d’engagement militaire.

Mon expérience familiale alliée à mon expérience professionnelle, y compris celle acquise dans le domaine des « prix de transfert » m’ont permis de comprendre que la structure de la société par actions était en réalité un instrument de captation du pouvoir économique ; et que cet instrument, derrière les apparences, ne servait en réalité que les plus grands détenteurs de capitaux. Ces structures capitalistiques sont organisées de façon hiérarchique au profit de leurs propriétaires majoritaires. Or, l’évolution et la généralisation de l’utilisation des marchés de capitaux, induit une concurrence, plus ou moins forte en fonction des secteurs d’activité et des époques, qui génère une concentration mécanique des capitaux, les plus gros « avalant » les plus petits. Cette concentration a été d’autant plus insidieuse que les propriétaires dominants, souvent très minoritaires, sont, pour ce qui est des entreprises cotées appartenant à des « groupes », dans une très large mesure, anonymes. Ainsi, la pratique des marchés, largement développée par la libéralisation des flux de capitaux imposée par l’idéologie dominante, a permis une énorme concentration des richesses dans des mains de personnes qui restaient, le plus souvent, anonymes. Ce phénomène a été, bien entendu, très amplifié par l’arrivée d’acteurs anonymes, largement incontrôlés, qui gèrent d’énormes masses de capitaux (fondations, fonds de pension, hedges funds, fonds vautours…) ; ajoutons que les « prix de marchés » ont définitivement fini d’être libres à l’arrivée du High Frequency Trading.

L’entreprise commerciale, à structure capitalistique, a été l’instrument discret d’une prise de pouvoir économique des plus gros détenteurs de capitaux sur les plus petits. Dans cette « pièce de théâtre », que l’on ne distingue réellement qu’une fois l’acte final écrit, les petites et moyennes entreprises, les vrais entrepreneurs, les individus créatifs et volontaires, ont finalement servi de « faire-valoir » aux gros capitalistes qui ont, d’une façon ou d’une autre, asservi les PME et mis sous tutelle toute velléité de création de richesse par des individus indépendants.

Ces principaux capitalistes ont été malins et rusés, ce qui est la caractéristique première des banquiers-commerçants issus des orfèvres changeurs du Moyen-Âge, dont ils sont les descendants directs. Ils ont avancé pas à pas, et surtout masqué, en mettant en avant la liberté du commerce et les immenses possibilités de développement social que procurerait un système fondé sur le financement capitalistique. Ils ont fait en sorte que chaque avancée règlementaire du système soit rendue nécessaire par l’avancée précédente. De fil en aiguille nous en sommes collectivement arrivés au point où personne n’imagine plus possible un autre système de développement social.

Or, décrypter les différentes avancées techniques que ce « système intégré » a suivi permet justement de comprendre pourquoi et comment il fonctionne fondamentalement de façon viciée, autour du seul concept de « domination économique ». Cela permet de comprendre également que ce système est devenu le modèle de fonctionnement de la Société politique moderne. Tous les pays du monde sont aujourd’hui concernés par ce modèle déficient qui a, par capillarité, infecté tous les autres « systèmes politiques » en vigueur. Je précise ici qu’il faudrait parler de « système économique » appliqué à l’ensemble de la collectivité humaine ; parler de « système politique » est impropre dans la mesure où justement le concept politique a totalement disparu, il a été phagocyté par le principe commercial de nature économique.

Le type de travail que j’ai effectué, à partir d’un domaine juridique technique, m’a emmené sur un terrain politique et géopolitique. Il m’a également, par un lien de causalité évident, amené à m’interroger, en tant que juriste sur le phénomène monétaire, qui a été, avec l’entreprise capitalistique, l’autre outil, extrêmement puissant, de la prise du pouvoir politique par la caste des « banquiers-commerçants ». De fil en aiguille, on peut dire que ma théorie juridique de l’entreprise m’a logiquement amenée, de façon naturelle et grâce à ma rencontre de Jean Rémy, à faire une théorie juridique de la monnaie. (2)

Finalement, j’ai pu constater que, d’un point de vue sociétal, la monnaie et l’entreprise ont beaucoup de points communs. Fondamentalement, il s’agit de deux « institutions » qui ont un rôle social fondamental à jouer : celui de permettre et de faciliter les échanges de biens et services entre individus, le tout sous le contrôle politique d’un État, c’est-à-dire, nécessairement, à l’intérieur de frontières clairement définies. Cette assertion rend évidemment nécessaire de s’interroger sur la notion d’État, c’est-à-dire sur les sous-jacents juridico-socio-politique de l’État. J’ai ainsi perçu qu’il existait une nécessité vitale d’expliquer au public ce qu’est un État ; qui n’a – vous l’aurez compris – rien à voir (strictement rien) avec l’État qui nous est vendu, par urnes interposées. Nous vivons une époque de perte total de sens philosophique, politique et sémantique. Il faut, absolument retrouver la véritable signification des choses pour reprendre collectivement le chemin de la civilisation.

droitmonnaie.jpgRetrouver le véritable sens politique de l’État permettra au « droit », en tant qu’outil de régulation des comportements socialement toxiques, de reprendre les lettres de noblesse qu’il a lâchement abandonnées au profit des « sciences économiques » chargées de mettre en musique le nouveau modèle de Société, celui de la domination intégrale, sous lequel nous vivons. De technique, mon travail m’a conduite à une réflexion de nature sémantique et quasi philosophique. Cette réflexion, tout à fait vitale, doit être partagée par le plus grand nombre de personne car elle conditionne aujourd’hui et demain la pérennité du genre humain. On en est véritablement et précisément là !

SF – Quelles voies voyez-vous pour mettre ce projet en place ? On voit par expérience que c’est difficile en Russie par exemple avec un État fort et soutenu par son peuple ou en Chine où, sous une autre forme, l’État à la main, les mécanismes du capitalisme “domine” aussi dans des formes assez sauvages.

VB – La première chose à comprendre sont les postulats sous lesquels nous sommes sommés de vivre. Ensuite, ces postulats identifiés, il convient d’identifier les « roues » qui empêchent de sortir de ces postulats idéologiques. En l’état actuel des choses, ce travail collectif n’a pas été fait, il est donc impossible d’agir en vue d’un éventuel changement. Les États forts que vous mentionnez, la Russie et la Chine, ne fonctionnent pas autrement que selon le principe commercial, le principe économique ayant lui-même pris le pas sur le principe politique.

Un combat existe néanmoins dans ces pays, comme d’ailleurs dans la plupart des pays du monde, où certaines personnes commencent à comprendre que le problème ne réside pas dans le faux choix entre « droite-gauche » ou « conservateur-progressiste » mais dans la profonde distinction qui existe entre les partisans du globalisme, qui veulent imposer leur projet de gouvernement mondial, et ceux du nationalisme étatique qui veulent rester maîtres de leurs destins collectifs.

Mon travail ne pourra réellement porter ses fruits que le jour où les gens auront collectivement compris que le problème essentiel réside dans le fait que les collectivités d’individus ont perdu le contrôle de leurs destins collectifs, qui est aujourd’hui largement concentré dans les mains des principaux propriétaires de capitaux. Mes travaux doivent en quelques sorte être considérés comme étant les moyens techniques permettant la mise en place d’un système de remplacement immédiatement opérationnel. Mon travail ne pourra être fonctionnel, opérationnel, que le jour où la collectivité des individus aura décidé de reprendre le contrôle politique de ses institutions ; il restera, par nécessité politique, lettre morte jusqu’à ce que ce jour arrive.

SF – Comment va-t-on organiser cette nouvelle justice qui va avec la nouvelle entreprise ? Ne va-t-on pas assister à de nouvelles concentrations du capital menant à des volontés d’accaparement des rouages de l’État ?

VB – La question de la « justice » est en effet importante, pour ne pas dire « essentielle », elle est intrinsèquement liée au concept politique. Car organiser la vie en commun dans d’acceptables conditions de sérénités, ne peut faire l’économie d’un questionnement sur la « justice ». Sans aller jusqu’à la « justice immanente », sans doute pas de ce monde, l’aspiration à la « justice » est la condition qui permet aux individus de sublimer leurs intérêts individuels ou catégoriels immédiats afin de faire des concessions à d’autres intérêts ou groupe d’intérêts. Ces concessions ne peuvent se faire que si existe un « intérêt commun supérieur » que chaque groupe aura conscience de défendre en faisant les concessions demandées. Cela suppose aussi l’existence d’un « arbitre », chargé de faire appliquer et respecter cet « intérêt commun supérieur ».

L’État, comme la direction des entreprises, existe précisément pour organiser la gestion d’intérêts contradictoire. Le pouvoir politique, tout comme la direction des entreprises, n’ont qu’un seul rôle à jouer : celui d’arbitrer, de faire des choix, entre des intérêts contradictoires. Ce type d’organisation ne peut être mis en œuvre qu’à partir du moment où tous les intérêts présents sont, à un moment où à un autre, pris en considération d’un point de vue social, c’est-à-dire que tous les intérêts ont dument la capacité d’être représentés par les institutions étatiques, qui forment l’organisation de la Société politique.

Ainsi, la mise en œuvre de la justice passe d’abord et avant tout par une juste représentation politique des intérêts en présence ; c’est précisément à cet objectif que répond ma théorie juridique de l’entreprise. Du point de vue « politique », il est parfaitement clair que le principe de séparation des pouvoirs (tels qu’actuellement conçus) allié au modèle parlementaire anglais est tout à fait inapte à répondre à ce besoin. Nos démocraties parlementaires modernes sont disqualifiées pour répondre au besoin de justice dont toute société (au sens de collectivité d’individus) a besoin pour fonctionner de façon satisfaite. Ce modèle d’organisation social qui a été imposé à la suite des Révolutions françaises, américaines etc. est un modèle déficient car il permet justement un accaparement du pouvoir par des groupes anonymes. Ce modèle d’organisation social ne permet pas aux différents groupes d’intérêts en présence de lutter à armes égales car, n’étant pas institutionnellement représentés et contrôlés par un mandat impératif, les décisions sont prises de façon opaques ; les « décisions politiques » font l’objet de tractations plus ou moins douteuses, opérées largement en coulisse, dans le silence et l’anonymat des « cabinets ou des couloirs », et non de façon ouverte et publique avec un médiateur-arbitre pour trancher ouvertement les litiges.

C’est précisément la raison pour laquelle j’ai proposé de revoir l’organisation sociale, politique, autour du concept de « corps intermédiaires ». (3) Là encore, mon travail sur l’entreprise a servi de fil directeur à mon travail institutionnel. C’est aussi la raison pour laquelle j’insiste, dans mon travail sur l’entreprise, pour que les dirigeants prennent la pleine mesure de leur fonction qui est de trancher, d’arbitrer, en toute indépendance et avec l’intérêt social comme ligne directrice, entre les intérêts antagonistes des « apporteurs de capitaux » et des « apporteurs de travail ».

Il faut comprendre que le « pouvoir », qu’il soit « politique » ou, s’agissant d’entreprise, « économique », n’est pas « gratuit » : il correspond fondamentalement à une fonction d’arbitrage et de prise de position entre des intérêts divergents. Ces prises de position ne sont pas sans contrepartie car le « pouvoir » doit être sanctionné si, sur une certaine durée, il s’avère incapable d’œuvrer dans le sens du bien collectif ou, s’agissant d’entreprise, de l’intérêt social. Le pouvoir (et les hommes qui l’incarnent) doit être sanctionné lorsque la collectivité s’aperçoit qu’il a dévié du droit chemin pour emprunter la seule voie de la défense d’un ou plusieurs intérêts catégoriels, au détriment de l’intérêt général.

Qu’il s’agisse de l’entreprise, ou du pouvoir politique, l’essentiel se situe dans le fait d’organiser des institutions capables de représenter tous les intérêts en présence et un pouvoir politique dont le rôle est d’arbitrer entre les intérêts en présence ; ce pouvoir politique doit par ailleurs être, institutionnellement, structurellement, sanctionné s’il dévie du droit chemin de la défense de « l’intérêt commun » pour emprunter celui de la seule défense d’intérêts catégoriels. La politique et le pouvoir se résume finalement à « une entité chargée de défendre l’intérêt du groupe au détriment des intérêts catégoriels ».

SF – Une question plus technique. Comment va se faire la destruction du capital ? Les acteurs ne voudront-t-ils pas en appeler à l’État pour les protéger, les sauver ?

VB – Les acteurs économiques dont vous parlez ont justement phagocyté l’État de telle façon que celui-ci intervienne dans le seul sens de leurs intérêts bien compris. Ce que vous redoutez n’est pas nouveau, cela fait, au bas mot 400 ans que cela dure, depuis globalement, la période dite des Grandes Découvertes, qui a donné le coup d’envoi de l’essor capitalistique avec les différentes Compagnies des Indes. Par ailleurs, parler de « destruction du capital » me gêne en raison de sa connotation idéologique. Il ne s’agit pas tant de détruire le capital que d’empêcher les principaux capitalistes de prendre un pouvoir politique absolu. Il ne s’agit pas de lutter contre un système en soi, il s’agit de lutter contre un système qui est en réalité conçu et utilisé comme une arme de guerre pour s’emparer du pouvoir politique sur les peuples.

En d’autres termes, il ne s’agit pas de lutter contre le pouvoir du capital, il s’agit d’empêcher ce dernier d’être utilisé à des fins de domination. De la même façon, préconiser un juste retour du principe politique n’a pas pour effet de faire disparaître le commerce des activités humaines. Il s’agit, tout au contraire, de remettre les choses à leur juste place en considération de leur utilité sociale ultime : le commerce ne doit pas devenir « principe politique », le commerce ne doit pas devenir le seul moyen de reconnaissance et d’élévation sociale… Pour tourner les choses autrement : je ne prétends pas empêcher les individus créatifs, volontaires, intelligents et honnêtes de s’enrichir mais je prétends, par mes travaux, soumettre la validité des actions de tels individus au jugement collectif, confronter la valeur de leurs apports à l’intérêt collectif, à « l’intérêt social ».

Dans ce nouveau système d’organisation (que je préconise), seuls s’élèveront les hommes et les idées qui apporteront un mieux être à la collectivité, ou à l’entreprise, dans son ensemble. Alors que chacun peut constater que les choses aujourd’hui sont à l’exact opposé : actuellement, seuls s’élèvent dans l’ordre (qui est un réel désordre) social les individus les plus nuisibles, notamment par leur créativité, au groupe, à la Société prise dans son ensemble.

SF – Et à l’international ? Les pays sont plus ou moins bien loti géographiquement ou en termes de ressources, et plus ou moins puissant dans un éventuel rapport de force, comment ce bouleversement va impacter la géopolitique mondiale ?

VB – La question des atouts stratégiques en matière première (énergie, terres arables, terres rares…) reste un véritable sujet. Néanmoins, il ne faut pas voir ce sujet comme un mur infranchissable. Il y a beaucoup d’autres façon d’apprécier la qualité d’un territoire, et notamment en fonction de sa qualité de vie (climat, degré de pollution etc.). Et surtout il existe la possibilité que la créativité humaine contourne ces questions de dotation en matière première par l’innovation et la créativité.

Un des gros problèmes du système de domination sous lequel nous vivons actuellement est justement que la valeur créative des individus peut très difficilement émerger. Il est, par exemple, très difficile pour un individu isolé de déposer et défendre un brevet en raison de la double barrière des coûts et des contraintes administratives.

Dans les projets « d’entreprise », « de monnaie » et « d’État » que je défends, toute personne pourra créer une entreprise innovante en soumettant son projet à 1°) un collectif de personnes qui connaissent le sujet, pour validation et 2°) à l’État – lequel serait à nouveau maître ultime de son principe monétaire, pour financement. Ensuite, une fois lancé, le projet pourra faire appel à l’épargne publique par différents moyens dont, pourquoi pas (?), le système de la blockchain.

Je ne voudrai surtout pas que les gens croient que mon projet d’entreprise rénovée sera un obstacle à l’innovation, il sera, tout au contraire, un catalyseur d’innovations. C’est précisément la raison pour laquelle j’ai expressément mentionné, à l’occasion de ma thèse, que la réalisation d’un bénéfice n’était pas une condition sine qua non de l’entreprise. La première condition de l’entreprise est d’avoir un projet professionnel, qui sera financé en fonction de l’intérêt qu’il présente pour la collectivité.

Vous voyez ainsi que la réforme de l’entreprise telle qu’ici conçue ne pourra voir le jour que si, parallèlement, les États, redevenus des entités politiques, récupèrent leur entière souveraineté monétaire. Car qui détient la monnaie a le pouvoir d’affecter les ressources. Le principe monétaire a aujourd’hui été détourné et subverti par son appropriation par la caste des banquiers-commerçants ; il en résulte, naturellement, que les ressources ne sont pas correctement affectées dans la Société.

SF – On peut aussi voir votre projet comme un énorme coup de frein à la vitesse de rotation des flux de marchandises, une baisse de la quantité pour plus de qualité ? Que fait-on du système économique actuel, des montagnes de dettes ?

Là encore, considérer les choses de cette façon, c’est être victime d’illusion. Car enfin, la multiplication du nombre des entreprises ne suppose en aucune façon un ralentissement des échanges, c’est l’inverse. Plus il y aura d’entreprises viables gérées conformément à leur intérêt propre en fonction du développement de l’intérêt collectif, et plus il y aura d’échanges productifs au sein de la Société. Quant au système économique actuel, il sera peu à peu remplacé, un peu à la façon d’une bonne monnaie qui chasserait la mauvaise.

Concernant les dettes, aujourd’hui contractées par les États sous la pression des principaux détenteurs de capitaux, il conviendrait évidemment d’en faire un audit politique sérieux au regard de leur utilité sociale, qui est également le fondement de leur légitimité. Je rappelle que, de façon fondamentale, un droit qui s’occupe de l’intérêt social du groupe, comme le faisait le droit continental traditionnel, ne fait pas passer l’intérêt catégoriel des créanciers devant l’intérêt général. Il en va, évidemment bien différemment sous la domination actuelle du droit anglo-saxon, qui est fondamentalement un principe de régulation aux mains des plus gros propriétaires de capitaux. La règlementation à l’anglo-saxonne est abusivement qualifié de droit, elle n’est pas un « système juridique » comme l’était le droit continental traditionnel, mais une succession de règlementations utilitaires et opportunistes au bénéfice de la caste capitalistique dominante. C’est précisément dans ce sens que vont les règlementations applicables en comptabilité internationale des entreprises mais c’est également dans ce sens que vont toutes les réformes imposées à la France par les institutions européennes.

SF – Il y a encore d’autres fonctions de la société à remettre debout, l’éducation, l’écologie peut-être, le militaire ? D’autres livres en perspective ?

VB – L’entreprise, et la Société, réformées dans le sens que je préconise peuvent, sinon remédier à tout, du moins produire une organisation sociale viable qui permettra de remédier aux problèmes structurels que nous rencontrons à peu près dans tous les domaines de la vie. Il ne s’agit pas de trouver les clefs du paradis terrestre, mais il s’agit, a minima, de fermer la porte aux paradis artificiels, que sont les paradis fiscaux et de permettre un rééquilibrage des forces institutionnelles en présence au sein d’une collectivité politique. Je n’ai en revanche aucune vocation personnelle à tenter d’améliorer chaque individu, ni à supprimer le mal qui peut, à un moment où à un autre, émerger de tout être humain. Il faut aussi rester modeste et considérer qu’il arrive que des actions ou des règles mues par de bonnes intentions débouchent sur des catastrophes collectives alors qu’à l’inverse, des actions ou des règles justifiées par des intentions plus ou moins honnêtes peuvent aboutir à une amélioration du bien-être collectif.

C’est précisément aux effets pervers des règlementations que « le droit », tel que conçu en Europe continental, était chargé de réfléchir et de répondre. C’est aussi sur la conscience fondamentale que « trop de droit tue le droit » que le droit continental traditionnel fondait ses préoccupations. C’est enfin sur une conception humaniste dans laquelle l’individu était pris en considération dans son contexte collectif (l’intérêt du groupe étant supérieur aux intérêts individuels ou catégoriels) que le droit continental traditionnel était bâti. Précisions ici que c’est à ces préoccupations que répondaient les rédacteurs du Code civil de 1804. Ce Code était conçu dans la droite ligne des anciennes « codifications régionales », sa seule innovation fut dans la centralisation qui s’opérait désormais au niveau de l’État et non plus à celui des régions.

Cette conception du droit est en voie de disparition rapide depuis que le principe de domination capitalistique, notamment représenté par le concept de « propriété économique », inhérente à la règlementation anglo-saxonne est peu à peu venu remplacer le droit continental traditionnel. Aujourd’hui, avec les « modernisations » successives du « droit », nous assistons au phénomène selon lequel les principes du droit civil ne sont plus le « droit commun ». Le Code de commerce conçu en 1807 comme un droit d’exception est aujourd’hui devenu, sans le dire, le véritable droit commun applicable à la collectivité politique. L’inversion du sens des institutions politiques se double d’une inversion profonde des valeurs qui s’imposent à la collectivité.

Quant à l’avenir : mes deux livres (« La nouvelle entreprise » et « Du nouvel esprit des lois et de la monnaie »), les articles que j’écris (que le Saker Francophone à l’extrême amabilité de diffuser), les émissions et conférences que je donne sont le cœur de mon travail ; je le continuerai dans la mesure du possible. Il reste très important de diffuser ces informations et analyses afin de faire réellement bouger les lignes de force sociales. L’objectif est de réconcilier les habitants, de rétablir une coopération entre les gens qui représentent des tendances idéologiques différentes ou adverses. Car les divisions sociales, savamment entretenues depuis trop longtemps, ont pour effet direct et indirect de pérenniser la domination des banquiers-commerçants.

SF – Merci Mme Bugault

Notes

1-Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_du_24_juillet_1867_sur_... ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64790264.texteImage ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k64790264.texteImage
2-Cf. « Du nouvel esprit des lois et de la monnaie », co-écrit avec Jean Rémy, publié en juin 2017 aux éditions Sigest
3-cf. http://lesakerfrancophone.fr/de-nouvelles-institutions-po... 
 

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La trahison conservatrice

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La trahison conservatrice

par Georges FELTIN-TRACOL

Chers Amis de Radio Libertés,

Dans la soirée du 12 septembre 2018, la caste médiatique hexagonale ne pouvait pas s’empêcher de jubiler et d’avoir une éjouissance journalistique. À l’instigation d’un député Vert féminin néerlandais de seconde classe, le Parlement prétendu européen déclencha par 448 voix, et nonobstant 48 abstentions, la procédure prévue à l’article 7 contre la Hongrie pour une violation putative de l’État de droit.

Quelques heures plus tôt, arrivé spécialement de Budapest, le Ministre-président de la Hongrie, Viktor Orban, n’eut qu’une petite dizaine de minutes pour se défendre devant un parterre de clampins peu représentatifs du fait d’une abstention élevée aux élections européennes. Le chef du gouvernement hongrois, lui, a été triomphalement réélu pour la deuxième fois consécutive avec la confiance massive de ses concitoyens qui furent nombreux à participer au scrutin. Ce si court temps de parole accordé à un authentique représentant du peuple ne surprend pas de la part de ce zoo illégitime qui ne sait que donner des leçons à la terre entière sans jamais se les appliquer.

La surprise de ce vote scandaleux surgit des rangs du Parti populaire européen (PPE), la coalition conservatrice à laquelle appartient le Fidesz. Si les élus de Forza Italia ! ont soutenu le dirigeant magyar à l’instar de leurs compatriotes de la Lega et des autres groupes eurosceptiques, soit un total de 177 voix, les eurodéputés du M5S ralliant le camp majoritaire, le PPE a étalé de profondes divisions. Par exemple, sur les dix-huit Les Républicains, dont le président Laurent Wauquiez tient dans les médiats une ligne dure sur l’immigration, seuls trois d’entre eux dont la sarközyste Nadine Morano ont défendu le gouvernement hongrois tandis que neuf illustres inconnus tels Tokia Saïfi, Jérôme Lavrilleux alias « Le chialeur du 20 heures » ou Alain Lamassoure, ont accepté la doxa immigrationniste. Enfin, huit autres ne prirent pas part au vote ou s’abstinrent. Il faut en nommer certains, réputés pour leurs convictions soi-disant de « droite » : Michèle Alliot-Marie, Brice Hortefeux, Rachida Dati et Geoffroy Didier, ancien animateur d’une « Droite forte » (seulement devant les caméras).

Pis, le chancelier conservateur, Sebastian Kurz, président semestriel de l’Union dite européenne, a ordonné à sa délégation conservatrice d’approuver le rapport gauchiste. Il sort ainsi de l’ambiguïté et prouve qu’il garde plus d’affinités avec la rombière de Berlin qu’avec le fringant dirigeant hongrois. L’Autrichien a tout bonnement enterré toute coopération néo-« austro-hongroise » avec le très surfait Groupe de Visegrad. L’attitude de Vienne démontre que le conservatisme actuel préfère se diluer dans le libéralisme et s’éloigne ainsi de l’innovation illibérale. Quant à Viktor Orban, malgré des prises de position pro-israéliennes et libre-échangistes remarquées, il prendra peut-être enfin conscience de l’ampleur de la collusion entre la « droite d’affaires » et l’égalitarisme cosmopolite.

Au même titre que les groupes gauchiste, socialiste, vert-régionaliste et centriste-libéral, le groupe PPE devient plus que jamais un foyer infectieux évident d’économisme bêlant et de droit-de-l’hommisme affligeant. Président de ce groupe à Bruxelles – Strasbourg, le Bavarois de la CSU Manfred Weber, par ailleurs candidat à la présidence de la Commission, avoue volontiers collaborer avec les anti-Européens. « Je me suis engagé durant cette période législative, rassure-t-il au Monde (du 11 septembre 2018), pour qu’aucune force d’extrême droite ne puisse atteindre un poste important [au sein de ce Parlement]. Le PPE a même voté pour des communistes afin de préserver ces postes. » En évoquant les représentants de l’« extrême droite », Weber estime que « ces gens sont des ennemis et ils ne doivent avoir aucun rôle dans les institutions de l’Union ». Quant au président du PPE, l’Alsacien Joseph Daul, il affirme en digne expert de la novlangue mondialiste que « l’Union européenne est basée sur la liberté, la démocratie, l’égalité, la liberté académique, l’État de droit, le respect des droits de l’homme et une société civile libre. Ce sont des valeurs inviolables. Le PPE ne fera aucun compromis, quelles que soient les appartenances politiques (dans Le Figaro du 12 septembre 2018) ». Par cette intervention hilarante s’est révélé un brillant comique, expert en haute-fumisterie !

Largement influencé par des penseurs anglo-saxons d’hier ou d’aujourd’hui comme Edmund Burke et Roger Scruton, le conservatisme continental de ce début du XXIe siècle et sa métastase politicienne, la fameuse « union des droites », contribuent eux aussi au désarmement intellectuel des Européens. Ils ne peuvent pas être des réponses viables aux enjeux fondamentaux du Vieux Continent. Ils incarnent un autre mal que les révolutionnaires traditionalistes communautaires doivent extirper au plus vite de l’opinion. Souhaitons donc que le vote du 12 septembre dernier accélère la décomposition des supposées « droites » européennes !

Bonjour chez vous !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 91, diffusée sur Radio-Libertés, le 21 septembre 2018.

Michel Jobert

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Michel Jobert

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Qui se souvient encore de Michel Jobert qui se présentait comme « un phénomène insolite dans la vie politique française » ? Né à Meknès au Maroc le 11 septembre 1921 et mort à Paris le 25 mai 2002, combattant dans l’Armée d’Afrique en 1944 – 1945, cet énarque de la promotion « Croix de Lorraine » 1947 – 1948 intègre la Cour des Comptes, puis participe à différents cabinets ministériels parmi lesquels ceux de Pierre Mendès France en 1954 et de Georges Pompidou de 1966 à 1968. Georges Pompidou le nomme ensuite Secrétaire général de la présidence de la République en 1969. En 1973, il devient ministre des Affaires étrangères. En une année, il réaffirme la politique d’indépendance de la France, conteste la double domination planétaire des États-Unis et de l’URSS, tient tête à Henry Kissinger, refuse que le lien transatlantique entérine la soumission des Européens aux volontés de Washington, soutient la cause palestinienne et encourage le dialogue euro-arabe.

Partisan de Jacques Chaban-Delmas à la présidentielle anticipée de 1974, il entre aussitôt dans l’opposition à Valéry Giscard d’Estaing et fonde le Mouvement des Démocrates qu’il situe « ailleurs », au-delà de la gauche et de la droite. Ne pouvant pas réunir les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle de 1981, il se rapproche de François Mitterrand qui le nomme ministre d’État, ministre du Commerce extérieur. Ne disposant d’un cabinet opérationnel que bien longtemps après son entrée en fonction, Michel Jobert tente alors une politique commerciale néo-colbertiste sabotée par les manœuvres de l’Élysée. Constatant finalement qu’« il occupait un poste mal défini, qui n’avait jamais répondu aux nécessités de l’heure », il démissionne en 1983 et poursuit un engagement politique fort loin des modes médiatiques. Ainsi n’hésite-t-il pas à condamner l’intervention occidentale au moment de la Deuxième Guerre du Golfe en 1990 – 1991.

jobertmémoire.jpgLors du référendum de Maastricht de 1992, il appelle à un « oui » critique au nom de l’intérêt de l’Europe, car Michel Jobert est très européen. « L’Europe, si elle nous tient à cœur, n’aura de visage, d’identité, que si elle est capable d’assurer elle-même sa sécurité, au lieu de faire semblant de ne pas voir que, au-dessus d’elle, le parapluie nucléaire américain est troué depuis des années et que les États-Unis se replient d’Europe, à l’évidence (dans L’aveuglement du monde occidental. Chroniques de politique internationale 1993 – 1996, Albin Michel, 1997, p. 334). » Parfois désabusé, il estime par exemple que « la fameuse trilogie – monnaie unique, politique étrangère commune, défense commune – est, malgré les étapes et les dates fixées dans l’accord de Maastricht, du domaine de l’imaginaire ou de l’approximation (op. cit., p. 25) ».

En 1984, il publie Vive l’Europe libre ! Réflexions sur l’Europe avec le centre d’études du Mouvement des Démocrates (Ramsay). Il y avance déjà que « le paradoxe éclatant et pitoyable de l’Europe tient justement dans le contraste entre sa force économique et son inexistence politique. Toutes ces richesses et toutes ces capacités réunies ne sauraient garantir l’existence d’une communauté de destins, sans la détermination d’exister, réaffirmée jour après jour. En un mot, il ne saurait y avoir de Communauté européenne sans volonté de l’Europe (op. cit., p. 10) ».

Réaliste, Michel Jobert propose dans cet ouvrage une monnaie européenne de réserve autonome, une banque centrale européenne et une union monétaire. Il précise en outre « qu’il n’est pas de partisan sincère d’une Europe indépendante qui ne mette, comme condition indispensable à son existence, la réalisation prioritaire d’une politique de défense (op. cit., p. 148) ». Cela implique la formation au-dessus des États-membres d’une Confédération européenne avec un gouvernement désigné par le Conseil européen et qui s’occuperait d’environnement, de culture, de consommation, de famille, de monnaie et de défense. Cet exécutif confédéral serait contrôlé par un Sénat des États et responsable devant l’Assemblée des peuple d’Europe.

Michel Jobert le devinait. Tôt ou tard, « l’Europe entrera dans une zone grise, où il lui manquera l’essentiel : la volonté politique des États d’agir ensemble pour occuper une place sur un échiquier mondial en mutation (L’aveuglement…, op. cit., p. 45) ». Il savait fort bien que « la vocation de la France européenne n’est pas de s’aligner sur “ un consensus mou ” mais de faire fructifier le patrimoine commun des nations européennes, en valorisant d’abord le sien (op. cit., p. 243) ». Il était clair que pour Michel Jobert, « l’Europe sortira de la décadence ou du non-être si elle sait affirmer sa détermination, ses analyses et ses choix pour les imposer, à elle-même d’abord (Vive l’Europe…, p. 61) ».

Il annonçait enfin, visionnaire : « Mais comment ne pas sentir que dans l’Europe, alors que l’Italie, la Yougoslavie et l’Espagne hésitent devant leur destin, la France peut être une inspiratrice et un modèle ? Et qu’elle ne trouvera les recettes d’avenir que dans la participation de tous à cette recherche ? Oui, nous avons la liberté collective de définir et de bâtir notre vie. Les techniciens du pouvoir et leurs commissions n’y suffiront pas. La France est encore un pays colonial; elle a encore sa libération à faire (Mémoires d’avenir, Grasset, 1974, p. 16). » Michel Jobert savait que l’Europe ne sera indépendante qu’avec la fin de la présence délétère étatsunienne.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 19, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 11 septembre 2018 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

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dimanche, 23 septembre 2018

L’art de la provocation

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L’art de la provocation

par Pierre-Emile Blairon

De grosses bulles

Voici le troisième volet de notre série consacrée aux agressions de la subversion mondiale qui concerne les domaines de notre vie quotidienne, là où elle peut s’exercer avec le maximum de retentissement et de dégât. Après l’architecture (lire Architecture contemporaine : le triomphe de la vanité) et la mode (lire La mode : les manipulations physiques de la subversion mondiale) , voyons comment ce qu’on appelle l’Ordre mondial, mais qui n’est qu’un chaos organisé, s’évertue (ce dernier mot employé dans la perspective d’un total renversement des valeurs) à saper tout l’héritage du passé dans le domaine de l’art. Nous verrons au cours de cet article que la subversion mondiale actuelle reste dans la continuité logique de la subversion totale qu’a constituée la Révolution française et celles (notamment soviétique) qui s’en sont inspirées : du passé faisons table rase.

L’art contemporain est, par définition, l’art exercé par des artistes vivants ; on a fixé le début de sa vie après‐guerre, il succédait à l’art moderne (1850−1945). Le spectre des pratiques artistiques concernant l’art contemporain est très vaste, allant du figuratif, réaliste, surréaliste, voire hyperréaliste, à l’abstraction. On a retenu de l’art contemporain qu’il est exclusivement abstrait, ce qui n’est pas le cas en réalité. Pourtant, la médiatisation n’en retient que quelques provocations qui finissent par occuper l’ensemble de la communication. Imaginons une marmite où de l’eau bout. De grosses bulles occupent le dessus et finissent par exploser ; en‐dessous, des milliers de petites bulles s’agitent qui vont remplacer les grosses. On ne voit que les grosses. Celles qui nous occupent, et préoccupent, sont emblématiques du règne de la quantité, qui est aussi celui de l’argent. Les petites bulles sont le futur.

Provocations sans risque

Vous me permettrez de ne pas utiliser dans cet article consacré à l’imposture de l’art contemporain (que nous appellerons l’art provocateur ou subversif pour ne pas faire d’amalgame) des guillemets qu’il conviendrait de placer à presque tous les mots, à commencer par celui d’artiste.

Je me servirai donc du jargon pédant, souvent d’origine anglaise, ou plutôt américaine, qui accompagne, en manière de justification péremptoire ou d’explication alambiquée, les productions de ces artistes.

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La performance de Deborah De Robertis qui s’est exposée nue le 31 août 2018 à l’entrée de la grotte de Lourdes (illustration ci‐dessus) a eu le retentissement que la performeuse recherchait. Cette ancienne Femen s’inscrit d’une part dans le processus de provocation initiée par ses anciennes compagnes vaguement politisées mais plus sûrement manipulées, d’autre part, dans un courant blasphématoire qui a produit des artistes comme Andres Serrano dont l’œuvre qui a fait scandale en 1987, Piss Christ, représentait un crucifix baignant dans de la pisse, œuvre soutenue financièrement (on se demande ce qu’elle a bien pu coûter en moyens mis en œuvre !) par un organisme émanant de l’État fédéral américain. On reste à peu près dans le même registre en pensant que le pionnier de cet art provocateur fut le Français Marcel Duchamp qui présenta en 1917 Fontaine, un urinoir qui devint le chef-d’œuvre de l’artiste et qui inspira peut‐être aussi l’actuel maire de Paris, madame Hidalgo, pour répandre ses uritrottoirs dans les rues de la capitale.

urinoir-duchamp.jpgOn a peu vu ces rebellocrates – une espèce qui prolifère de nos jours (ça ne risque rien et ça peut rapporter gros) – en faire autant devant une mosquée ou une synagogue.

À une autre époque, au XVIe siècle, Giordano Bruno était brûlé vif par l’Inquisition pour ses écrits scientifiques jugés blasphématoires et le chevalier de la Barre sera torturé et décapité au XVIIIe siècle pour ne pas s’être découvert au passage d’une procession.
On a beaucoup dit à propos de ces provocateurs qu’ils étaient christianophobes alors qu’ils se contentent de faire parler d’eux sans risque en choquant les chrétiens qui ne sont plus en mesure de se défendre comme autrefois, confondant charité et masochisme. .

Une franche rupture avec le passé

De fait, ces artistes contemporains ne s’en prennent pas exclusivement aux lieux de culte chrétiens mais tentent d’occuper l’espace de tous les édifices emblématiques en France. Notre étude ne porte que sur la France mais on peut supposer que tous les pays occidentaux, avec plus ou moins d’intensité, sont concernés. On peut cependant observer des similitudes dans cette démarche, qui permettent de dégager une constante : si les œuvres de certains artistes contemporains exposées dans ou aux abords des lieux de culte étaient destinées à désacraliser ces lieux, celles placées dans ou aux abords des monuments anciens sont là pour marquer une franche rupture avec le passé, une sorte de désacralisation du travail appliqué de nos ancêtres, de leur génie de la main, de leur savoir‐faire, du symbole historique que peut représenter tel ou tel lieu. Volonté de rompre brutalement avec le passé, voire avec le simple ordonnancement que constitue une harmonie : nous avons déjà constaté cette rupture dans notre article sur l’architecture contemporaine.

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Les thèmes de ces œuvres exposées dans ces lieux emblématiques d’une haute civilisation restent les mêmes : tout ce qui concerne les orifices de déjection et sexuels sont traités, souvent sur le mode monumental, par l’artiste qui pose là, sans plus de ménagement, ses excréments et les productions extrêmes de ses perversités ; parmi les plus connues de ces œuvres : le vagin de la reine du britannique Anish Kapoor installée dans le parc du château de Versailles et le plug anal géant de l’Américain Paul Mac Carthy au beau milieu de l’élégante place Vendôme4.

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Et si l’installation de Paul McCarthy avait été la « provocation » de trop, celle risquant de mettre à nu les ressorts du système économique de l’art contemporain : une coterie de riches, de critiques et de fonctionnaires de la Culture s’accaparant l’espace public pour décréter « œuvres » des signes qui servent de plus en plus la rente financière et sa défiscalisation massive ? (Éric Conan, in Marianne, 26.10.2014)

Les pseudo‐rebelles de mai 68, vite convertis au mondialisme et au règne de l’argent, ont succédé aux bourgeois de la Révolution française et ont parachevé le travail de destruction à grande échelle du patrimoine français commencé par leurs ancêtres idéologiques.

Les motivations des uns et des autres restent dans la continuité : les révolutionnaires de 1789 s’en prenaient à l’Ancien Régime en voulant en effacer jusqu’à la moindre trace ; les hommes et les œuvres que l’Histoire de France avait produits avant l’avènement de la République devaient être éradiqués par tous moyens. La subversion mondiale du XXIe siècle ne pense ni n’agit autrement..

L’art provocateur ? Une monnaie virtuelle

Par quelle manipulation sordide cette imposture que constitue l’art contemporain médiatisé, que nous avons appelé l’art provocateur, peut‐elle perdurer ? Le processus est finalement très simple à comprendre : les premières consignes consistaient à doubler systématiquement, en inversion, chaque signal important –ou pas, nous verrons qu’une duplication à petit niveau s’est instaurée par mimétisme – du patrimoine afin de le dénigrer et de rabaisser sa valeur spirituelle. On a ainsi créé un art dit abstrait qui, du fait même de son absence de références, ne pouvait être contesté puisque l’appréciation de sa valeur appartenait à chacun ; voilà qui ouvrait la voie à toutes les dérives ; c’est ainsi qu’on vit la pathétique classe des bobos, parisiens ou non, s’extasier avec la gravité de l’intellectuel averti devant des taches jetées sur une toile, un tas de gravats déversés sur le sol d’un vénérable musée ou une boîte d’excréments mis en conserve. Ce processus a été bien compris et expliqué en peu de mots par Éric Conan (voir ci‐dessus).

Les super‐riches de l’Ordre mondial n’ont pas mis beaucoup de temps à comprendre que cette arnaque qu’ils ont eux‐mêmes initiée pouvait être aussi utile à leurs portefeuilles ; comme l’art provocateur est virtuel, ils ont créé une monnaie adéquate : l’art provocateur lui‐même.

Ainsi donc, les tableaux, sculptures, installations et autres performances ne sont rien d’autre qu’une monnaie virtuelle dont ils se servent avec profit puisqu’ils se sont débrouillés pour faire en sorte que les œuvres d’art soient défiscalisées quand leurs entreprises achètent des œuvres d’artistes vivants. On comprend bien que la qualité des œuvres n’a aucune importance dans la mesure où l’artiste a su les vendre avec le maximum de publicité, les publicitaires et les médias, appartenant eux aussi aux super‐riches, assurant le service après‐vente.

Le trio infernal

Aude de Kerros, qui dénonça, parmi les premiers critiques, avec force et pertinence l’imposture que constitue cet art contemporain détourné, avait déterminé l’existence d’un trio infernal : l’artiste, le financier et le fonctionnaire.

Nous savons ce qu’il en est de l’artiste et du financier. Intéressons‐nous au fonctionnaire, terme générique pour désigner la présence active et nocive de l’État dans tous les domaines où le citoyen est susceptible d’être manipulé (ce qu’il peut faire avec une facilité déconcertante étant donné l’apathie des Français).

Les fonctionnaires du Ministère de la culture, qui se savent soutenus par leur hiérarchie (qui a elle‐même partie liée avec les spéculateurs et les artistes) et qui espèrent la juste rémunération de leur zèle, sont très actifs dans leur volonté de mettre en avant les productions de l’art subversif. Il s’est même dégagé de leurs rangs des inspecteurs de la création artistique, sorte de police qui a pour mission d’imposer ses diktats dans le domaine du théâtre, de la danse, des arts plastiques, de la musique. Ce corps de fonctionnaires a été créé en 1993 par Jack Lang, juste avant de quitter ses fonctions. « Un plan de 22 mesures fut donc élaboré en urgence et mis en place par les services des ministères de la culture et du travail. Une de ces mesures consista à subordonner le versement des subventions au respect des obligations sociales. Après avoir largement subventionné tous ses amis, sans autre critère que son bon plaisir, le ministre entendit enfin instituer un minimum de contrôle et faire peser sur son successeur des règlements dont il s’était lui‐même allègrement dispensé. Bien entendu, ce décret contient un chapitre de dispositions transitoires qui a permis l’intégration dans la fonction publique de tous les contractuels qui occupaient ces postes depuis quelques années. Jack Lang a pu caser tous ceux qu’il avait embauchés au ministère et en garder ainsi, peu ou prou, le contrôle. C’est ainsi que la majorité des fonctionnaires de la création artistique actuellement en poste n’a pas passé de concours et n’a pratiquement pas de formation administrative ».(1)

On peut supposer que, depuis, la plupart de ces amis ont pris leur retraite. Le site officiel actuel de ces inspecteurs laisse cependant présager du pire : la responsable de ces fonctionnaires se fait appeler cheffe.

Bien évidemment, ce système corrompu à plus haut niveau s’est trouvé imité dans toutes ses organisations subordonnées et dans toutes les innombrables structures institutionnelles nationales, régionales, départementales, etc. qui gèrent notre pays, le fameux « millefeuille ».

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C’est ainsi qu’édiles de petites villes ou simples chefs de service locaux se sont empressés de placer leurs amis artistes, moyennant une ristourne ou même gratuitement, uniquement pour faire comme les grands et se sentir importants et cultivés, voire intelligents, l’œuvre d’art étant bien sûr payée par le contribuable local auquel on n’a pas demandé son avis. Ne voyez pas d’autre explication à ces sculptures loufoques installées au beau milieu des ronds‐points de tous les Trifouilly‐les‐Oies de France.

Il est évident qu’il reste des artistes honnêtes qui survivent difficilement, que leur art soit considéré comme contemporain ou pas. Mais l’honnêteté de ces véritables artistes ne leur permettra jamais de vivre de leur travail.

Autrefois, dans une société qui avait la tête dans les étoiles et les pieds bien enracinés dans le sol, l’artiste était le modeste intercesseur entre les hommes et les dieux ; il avait pour mission d’exalter le génie de son peuple afin que les dieux soient reconnaissants des efforts qu’avaient fournis ce dernier pour se surpasser et leur rendre hommage.

Pierre‐Émile Blairon

(1) Source : http://www.nodula.com/5apresmoisledeluge.html
Notre illustration à la une : Domestikator, par Joep Van Lieshout, devant le Centre Pompidou

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La politique continue de faire fi de la volonté du peuple

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La politique continue de faire fi de la volonté du peuple

De la diplomatie secrète à la manipulation médiatique

par Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

«Les conséquences en sont grotesques et amères. Là, où les guerres économiques, et d’autres choses encore pires sont imminentes, l’existence de millions d’humains est mise en question. Les PR et les médias ne servent pas uniquement à cacher le machiavélisme en politique, la violation continue du droit, l’ignorance politique derrière la dignité humaine et les droits de l’homme. Il s’agit également d’y habituer les gens petit à petit. Et la stratégie implique encore autre chose: les représentants des relations publiques savent que cette ignorance est évidente pour chacun qui sait réfléchir un peu. Mais les gens réfléchissant et empathiques doivent se sentir impuissants. Voilà, homme qui pense, tes idées et sentiments ne nous intéressent pas, tu es insignifiant, nos moyens pour le maintien du pouvoir sont plus forts, nous te rions au nez, le mépris est notre boulot, nous sommes en position de force, les ‹masses› nous suivront! Combien de temps encore?»

Cinq mois après le crime présumé, le gouvernement des Etats-Unis a décidé d’introduire des sanctions économiques strictes contre la Russie dès le 22 août 2018. La justification de leurs nouvelles sanctions se fonde sur l’accusation d’une transgression de la «ligne rouge» du législateur américain en utilisant la neurotoxine («arme chimique») «novitchok» pour tenter d’assassiner l’ancien double agent Skripal (ayant également travaillé pour le service de renseignement militaire de l’armée soviétique GRU).


Les nouvelles décisions ont été prises au moment de la publication de deux soi-disant rapports d’investigation du Scotland Yard britannique. Selon ces documents, deux suspects auraient été identifiés, deux agents du service de renseignement militaire russe GRU séjournant en Russie. La Première ministre britannique Theresa May devrait décider, selon ces rapports, d’une demande d’extradition adressée à la Russie. Si la Russie refusait, ceci aggraverait encore davantage les relations britanniques et russes.
Concernant les prétendus résultats d’investigation de Scotland Yard on lit: «Selon les rapports non confirmés, les auteurs présumés du crime ont été identifiés après plusieurs mois de recherches. Des centaines de détectives ont comparé le matériel d’innombrables caméras vidéo avec les données de voyageurs étant entrés ou ayant quitté la Grande Bretagne autour de la date de l’attentat du 4 mars.» («Neue Zürcher Zeitung» du 7/8/18).

Différentes conclusions

Quelles conclusions sont possibles? Certains diront: maintenant, il est évident que les Russes sont les auteurs de la tentative d’assassinat. Alors, il est juste que le gouvernement des Etats-Unis en tire les conséquences, et que Donald Trump, l’inepte sympathisant de Poutine, soit forcé à faire le nécessaire: introduire des sanctions encore plus strictes contre la Russie.


D’autres se demanderont de quel droit le gouvernement américain décide de nouvelles sanctions, alors que dans le cas Skripal rien du tout n’est prouvé jusqu’à ce jour et que toutes les anciennes assertions se sont avérées fausses» (p. ex. que le «novitchok» n’existerait qu’en Russie). Si même la «Neue Zürcher Zeitung» parle de «rapports non confirmés» et d’«auteurs du crime présumés», et utilise des termes extrêmement flous comme «le matériel d’innombrables caméras vidéo», «des centaines de détectives», «les données de passagers», on peut s’imaginer tout ce qu’on veut, mais il n’y a rien de concret qui soit convaincant ou qui vaille comme preuve. Les réactions russes officielles ne sont donc pas si déraisonnables, parlant d’une «guerre économique» de l’administration américaine contre la Russie et appelant le procédé du gouvernement contraire au droit international.

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1918: Le président américain Wilson s’opposa à la diplomatie secrète

Au début novembre 1918, il y a bientôt 100 ans, c’était la fin de la Première Guerre mondiale. Les Etats de l’Europe étaient détruits, les gens étaient las des souffrances de la guerre… et se demandaient à juste titre: comment fut-il possible que l’on ait réussi à nous impliquer dans une telle tuerie de masse?


Le président américain Woodrow Wilson utilisa ces sentiments des peuples et formula ses 14 thèses, ayant trouvé leur entrée dans les manuels d’histoire. Déjà la première retient que «les accords de paix doivent être conclus de manière transparente et publiquement.» Puis, dans la deuxième phrase de ce premier point: «Des ententes internationales secrètes n’auront plus leur raison d’être, la diplomatie devra toujours se pratiquer honnêtement et aux yeux de tout le monde.» Ceci correspondait au désir et à la volonté de millions de personnes. Jusqu’à ce jour, on recherche les causes de la guerre mondiale, les controverses se maintiennent, les archives sont toujours fermées. Il y eut de nombreuses ententes secrètes entre les gouvernements et les discrets milieux influents impliqués.

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Wilson n’agit pas comme il avait parlé

Malheureusement, Wilson n’agit pas comme il avait parlé. Au contraire: vu dans la rétrospective, il faut supposer que ses dires n’étaient que de la propagande de guerre, habilement appliquée pour tirer les habitants de l’Europe (et des Etats-Unis) de son côté. Wilson avait engagé un spécialiste de la propagande: Edward Bernays. «Edward Louis James Bernays, né à Vienne le 22 novembre 1891 et mort à Cambridge (Massachusetts) le 9 mars 1995 est un publicitaire austro-américain.» Selon Wikipédia «il est considéré comme le père de la propagande politique institutionnelle et de l’industrie des relations publiques, ainsi que du consumérisme américain.» Puis on lit: «En 1917, durant la Première Guerre mondiale, Bernays fait partie du ‹Committee on Public Information› crée par le président Wilson pour retourner l’opinion publique américaine et la préparer à l’entrée en guerre.» Sa campagne fut conduite sous le slogan «Make the world safe for democracy» – Amère dérision!

L’apparence doit être démocratique, mais tout doit être sous notre contrôle

Wilson et Bernays savaient que les méthodes du XIXe siècle étaient obsolètes. Il n’était plus possible de dire aux peuples que la politique n’était pas leur affaire et ne concernait que les gouvernements. La politique avait besoin de nouvelles formes de «légitimation». Depuis la fin de l’absolutisme, la référence au droit divin du souverain n’était plus opportune. L’argumentation de Hegel, selon laquelle l’Etat (prussien) ne devait être pas moins que l’apogée de l’«incarnation» de l’esprit du monde (Weltgeist hégélien) convainquait, elle aussi, de moins en moins les gens. «L’apparence doit être démocratique, mais tout doit être sous notre contrôle», devint le nouveau principe, attribué bien plus tard à Walter Ulbricht de la RDA. Les moyens appropriés pour le réaliser étaient les relations publiques (public relations, PR) et les médias qui reprirent les contenus des PR et les divulguèrent sans vergogne. Il en est ainsi jusqu’à l’heure actuelle.

En position de force, combien de temps encore?

Les conséquences en sont grotesques et amères. Là, où les guerres économiques, et d’autres choses encore pires sont imminentes, l’existence de millions d’humains est mise en question. Les PR et les médias ne servent pas uniquement à cacher le machiavélisme en politique, la violation continue du droit, l’ignorance politique derrière la dignité humaine et les droits de l’homme. Il s’agit également d’y habituer les gens petit à petit. Et la stratégie implique encore autre chose: les représentants des relations publiques savent que cette ignorance est évidente pour chacun qui sait réfléchir un peu. Mais les gens réfléchissant et empathiques doivent se sentir impuissants. Voilà, homme qui pense, tes idées et sentiments ne nous intéressent pas, tu es insignifiant, nos moyens pour le maintien du pouvoir sont plus forts, nous te rions au nez, le mépris est notre boulot, nous sommes en position de force, les «masses» nous suivront!
Combien de temps encore? 

La lutte pour le pouvoir à l’intérieur des Etats-Unis met en péril la paix dans le monde

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La lutte pour le pouvoir à l’intérieur des Etats-Unis met en péril la paix dans le monde

L’Allemagne adhère encore à l’alliance belliciste américaine

par Willy Wimmer

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

Au cours d’une seule semaine, nous nous sommes aperçus de la dimension des événements auxquels nous tous sommes confrontés, même en n’étant pas Américains. Deux personnes ont posé les jalons, représentant les phares de l’establishment belliciste dominant de Washington.

L’un est l’ancien sénateur John McCain, auquel fut rendu un dernier hommage dans le pays entier et dont le cercueil fut placé de façon spectaculaire dans la salle à coupole du Capitole, un traitement d’honneur tout à fait à l’opposé du peu de considération accordé à l’actuel président Donald Trump. Chaque année, il se manifestait à la fameuse conférence de Munich, et il était évident que nul ne pouvait contester sa réputation d’«archiprêtre de la guerre» au sein du parti républicain. Il n’était pas seul, cela fut visible avec l’alliance des va-t’en-guerre englobant également le parti démocratique et sa dernière candidate suprême Hillary Clinton.

Pour des millions d’Américains, Trump est le contrepoids à l’alliance des va-t’en-guerre

Des millions d’Américains ont perçu Washington comme insensible à leurs besoins et ont pensé devoir placer un contrepoids sous forme du président Donald Trump pour sauver l’«Amérique» en tant que pays libre. Toutefois, la Washington politique actuelle éprouve une telle haine contre son propre président, perçu comme «arriviste politique», que l’on doit se demander comment un chef d’Etat peut survivre à une telle menace subversive. Avec John McCain une icône républicaine de la coalition belliciste a disparu, et aucun successeur n’est en vue. La prochaine guerre sera-t-elle donc renvoyée à plus tard?

Bob Woodward: «La grande peur dans la Maison Blanche»

Non, ni à Washington, ni parmi les partisans internationaux des troupes de la sainte croisade washingtonienne, on est forcé d’attendre. Avec la prépublication du livre rédigé par le fameux auteur américain Bob Woodward et intitulé «Fear: Trump in the White House» [La grande peur: Trump à la Maison Blanche], on prépare le terrain. Il semblait que la situation à Washington ne pouvait empirer. Après la mort de John McCain, tout ce qu’on voulait pouvait être mis en route à Washington. Mais une seule chose ne pouvait se faire: attendre jusqu’à ce que le bouquin sur cet abominable actuel habitant de la Maison Blanche sorte de presse – car il ne fallait surtout pas perdre de temps …

Depuis presque deux ans, le président Trump est constamment mis sous pression. Le livre de Bob Woodward est sensé contribuer à l’éliminer de sa présidence et de toute influence politique. Nous Européens pourrions observer cette vision d’autodestruction américaine en nous délectant dans notre fauteuil. Cela est cependant la dernière chose que nous pouvons nous permettre. Pourquoi? Parce que l’establishment washingtonien et ses éminences grises londoniennes sont en train de bricoler des prétextes pour déclencher la prochaine guerre, tant en Syrie qu’avec l’empoisonnement des Skripal. En Europe, nous devons garder les yeux ouverts. Entre la prochaine guerre et nous Européens, il n’a plus que Donald Trump. Selon Sigmar Gabriel, cette guerre pourrait nous éliminer tous. Tant que le président américain ne déclenche pas sa propre guerre, on ne peut prouver le contraire, même si notre espoir de paix ne tient plus qu’à un fil, vu la rage belliqueuse washingtonienne.

Souvenez-vous des mots de Roosevelt – une caractérisation de la politique américaine

On n’a qu’à prendre en compte les transformations de la situation mondiale dont les Etats-Unis sont principalement responsables depuis des décennies. Selon l’auteur allemand Wolfgang Effenberger, dans son livre sur la «Pax Americana» paru déjà en 2004, le président de l’époque Roosevelt a affirmé le 5 octobre 1937 à Chicago dans son texte écrit que «sous la terreur actuelle de l’absence du droit international, des peuples innocents sont brutalement sacrifiés sur l’autel de l’avidité du pouvoir et de la domination sans égard pour la justice et le respect humain.»


Suite à ce discours, il est difficile de s’opposer à l’impression que Roosevelt aurait également – concernant l’Europe et ses régions limitrophes – fustigé à juste titre la politique menée par son pays depuis le déclenchement de la guerre criminelle contre la République fédérale de Yougoslavie et tout ce qui a suivi.

Précarité de la situation actuelle pour nous tous

Cela met en évidence à quel point la situation est précaire pour nous tous qui aimons notre vie tout autant que la vie d’autrui. Le système qui a produit ces guerres doit être maintenu sans pitié, car sinon il faudrait s’attendre à une vague mondiale de procès contre les criminels de guerre. La situation syrienne est hautement dangereuse pour nous tous, car la situation qui s’y dessine à l’horizon est perçue par l’alliance des va-t’en-guerre de Washington comme un gros feu rouge» pour la poursuite de leur politique interventionniste pratiquée depuis 1999. Des bouleversements géopolitiques pourraient suivre presque immédiatement.

«Shareholder Value» et l’establishment libéral de gauche

En analysant de plus près la situation de «Washington», nous réalisons que ce ne sont pas que les guerres qui nous menacent. La campagne électorale du candidat présidentiel Bernie Sanders nous l’avait déjà montré. Tout ce qui pourrait s’opposer au «Shareholder Value» et à l’establishment libéral de gauche doit être abattu inconditionnellement. Ainsi, les rencontres entre la chancelière allemande et le président américain Obama [juste après l’élection de Donald Trump, ndlr.] ayant eu lieu avant et pendant le «Kirchentag protestant allemand» à Berlin font sens: si déjà l’alliance multipartite belliciste avec sa candidate présidentielle Hillary Clinton n’a pas réussi à empêcher l’accès au pouvoir de Donald Trump, il fallait qu’au moins l’establishment libéral de gauche au sein de l’OTAN puisse survivre. Toutes les forces furent mobilisées. Si on analyse la situation en Allemagne, on voit que cette clique défendra sa position de pouvoir avec «bec et ongles».

Le sombre rôle de l’Allemagne

C’est depuis longue date qu’il ne s’agit plus de chercher le «meilleur pour la cité». Après l’expérience de cette dernière élection présidentielle aux Etats-Unis, on ne veut plus remettre en question le système social. Depuis de longues années déjà, les pourfendeurs de l’«économie de marché sociale» sont insultés et étiquetés de «communistes». Quiconque exige que l’«Etat de droit démocratique» soit le fondement pour les droits humains et citoyens est exposé à des attaques, par l’entremise d’agents provocateurs, rappelant le passé allemand, et on leur montre ainsi qu’on ne lâchera plus jamais le pouvoir. Au pire des cas, on mobilisera la Bundeswehr contre son propre peuple, ce qui est d’ailleurs prévu dans le malfamé Traité de Lisbonne de l’Union européenne.


Les sbires du dernier système d’injustice en terre allemande sont mobilisés avec de l’argent étatique pour s’attaquer aux démocrates sincères, pour influencer les gens avec des diffamations auto-fabriquées. On se sert du bourbier politique «rouge-brun» pour obtenir les résultats souhaités en Allemagne.

En Europe, on ne respecte plus les voisins

La candidature de Manfred Weber – candidat de pointe du PPE (parti populaire européen) pour le poste de président de l’organe exécutif de l’UE – illustre parfaitement de quoi la politique berlinoise est capable. Plus personne ne cache le fait que le comportement de la Berlin politique est une des causes principales du Brexit. Avec la chancelière Angela Merkel, le principe du respect pour les voisins, recette du succès de la politique allemande de l’après-guerre, a été abandonné. Manfred Weber fut un éminent pourfendeur de l’immigration de masse organisée par Mme Merkel. Que veut-on atteindre avec un tel président allemand pour l’UE? Servir l’Europe ou plutôt le système de pouvoir berlinois, entièrement soumis à l’alliance des va-t’en-guerre washingtoniens?    •


(Traduction Horizons et débats)