Bulletin célinien
Janvier 2019
Sommaire :
Réhabilitation littéraire
Aux céliniens d’en bas
Céline à Drouot
Le choc de Breugel
Le Prix Renaudot et la participation du lauréat
Quand Jacques Ovadia écrivait à Céline et à Pauvert
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.
Bulletin célinien
Janvier 2019
Sommaire :
Réhabilitation littéraire
Aux céliniens d’en bas
Céline à Drouot
Le choc de Breugel
Le Prix Renaudot et la participation du lauréat
Quand Jacques Ovadia écrivait à Céline et à Pauvert
Intolérable « réhabilitation littéraire » de Céline ! C’est le sens implicite d’un article de Philippe Roussin * (qui se trouve être, comme Taguieff et comme Anne Simonin, directeur de recherche au CNRS). Selon lui, cette réhabilitation s’est faite au prix du refoulement de son antisémitisme. Paradoxal car, depuis une trentaine d’années, on ne peut plus lire un article sur Céline sans que ne soit inévitablement rappelé son passé de “collabo” et son antisémitisme patenté. Affirmer que cela a été mis sous le boisseau apparaît ébouriffant. C’est à croire que cet universitaire ne lit pas les journaux et ne regarde pas la télévision. Chaque commentateur se fait un devoir de rappeler cette composante de l’œuvre. Par ailleurs, ces vingt dernières années, les essais, opuscules et articles sur l’idéologie célinienne se sont multipliés.
Retour en arrière : dans un entretien paru il y a quelques années ¹, Roussin confiait que lorsqu’il était étudiant, il lisait avec passion la revue Tel quel de Sollers, « alors la seule université digne de ce nom ». C’était l’époque où ce trimestriel, très impliqué en politique, célébrait la “réussite” de la révolution culturelle chinoise. Aujourd’hui, Roussin déplore le virage que cette publication prit ensuite, lorsqu’elle « se détourna de la politique et hissa la littérature française au rang d’un absolu ». Sollers et ses amis redécouvrirent alors puis revendiquèrent Céline « comme leur champion incontesté ». Et proclamèrent qu’on ne peut pas juger un écrivain sur des critères moraux. C’était prendre le contre-pied des thèses sartriennes qui ont, on l’aura compris, l’aval de Roussin. Pour celui-ci, la littérature doit nécessairement se soumettre au jugement politique. Bien entendu il est résolument contre une réédition scientifique des pamphlets car ce serait leur donner « une caution exagérée ». Et d’ajouter (il se refuse naturellement à détenir ces textes chez lui) : « Ceux qui veulent les lire n’ont qu’à faire comme moi, aller en bibliothèque. ».
Sur deux pages, il passe douloureusement en revue les nombreux aspects de la gloire posthume de Céline : le fait qu’il soit reconnu à l’égal de Proust, sa consécration éditoriale dans la Pléiade, l’inscription (1993) de Voyage au bout de la nuit au programme de l’agrégation de littérature française, l’achat du manuscrit par la B.N.F, la dizaine de biographies à lui consacrée, le succès des adaptations théâtrales, etc. Heureusement, « la réhabilitation littéraire a ses limites » : retrait en 2011 du “Recueil des célébrations nationales” et suspension l’année passée du projet de réédition des pamphlets par Gallimard face aux protestations qu’il a suscitées. Roussin considère que l’actualité célinienne n’est plus seulement d’ordre littéraire mais aussi d’ordre politique en raison notamment du climat « xénophobe » en France et en Europe. Claire allusion au souhait des peuples de vouloir à la fois restreindre l’immigration de masse et l’accueil des migrants. De là à évoquer une “révolte des indigènes”…
• Philippe Roussin, « Réhabiliter Céline » in L’Histoire, n° 453, novembre 2018, pp. 62-64.
00:05 Publié dans Littérature, Revue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue, céline, louis-ferdinand céline, marc laudelout, littérature, littérature française, lettres, lettres françaises | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: https://www.entelekheia.fr
Un texte qui a le mérite d’exposer le principal danger posé par les Gilets jaunes : l’effet dit « domino », autrement dit la contagion internationale. De fait, l’histoire enseigne que les révoltes ont tendance à se propager de pays en pays, et si jadis, ce processus pouvait prendre des années, parfois des décennies, aujourd’hui, avec la mondialisation des communications, il pourrait être considérablement abrégé.
Une bonne raison pour lâcher du lest avant que les choses ne s’enveniment pour de bon – ou est-il déjà trop tard ?
Par Kevin Zeese et Margaret Flowers
Paru sur Popular Resistance et MintPress News sous le titre What Would a Yellow Vest Movement Look Like in the United States?
S’il y a une vérité sur les mouvements, c’est qu’ils sont multiformes. Ils se transforment, évoluent et se déplacent à l’intérieur d’un pays ou même dans le monde entier. Cela peut prendre des mois et souvent des années.
L’époque du mouvement américain Occupy a eu lieu dix mois après le printemps arabe et six mois après le mouvement des Indignados espagnols — les matrices d’Occupy. Il a commencé à New York, puis s’est répandu aux États-Unis et dans d’autres pays. C’était une révolte mondiale contre les 1% qui a changé la politique aux États-Unis et qui continue d’avoir des répercussions aujourd’hui.
Le mouvement des Gilets Jaunes en France, qui a un impact majeur et attire l’attention de la communauté internationale, s’étend déjà à d’autres pays, dont certains, comme l’Égypte, ont interdit la vente de gilets jaunes pour éviter que la protestation ne s’y propage. Le mouvement montre qu’en perturbant le statu quo, on obtient des résultats. Arrivera-t-il aux États-Unis ? Quelle forme cela prendrait-il ici ? Qu’est-ce qui pourrait déclencher l’équivalent des Gilets jaunes aux États-Unis ?
Il est courant qu’une manifestation se développe dans une partie du monde, puis s’installe dans un autre pays. C’est encore plus courant à l’époque moderne, où l’économie s’est mondialisée et où la communication entre les différents pays est devenue plus facile.
La révolution américaine contre la Grande-Bretagne s’inscrivait dans le Siècle des Lumières, qui remettait en question l’autorité traditionnelle et mettait l’accent sur les droits naturels à la vie, à la liberté et à l’égalité, ainsi que sur l’émancipation et la liberté religieuse [aux USA, NdT]. La Révolution française a suivi 13 ans après les États-Unis, en 1789. Elle a entraîné des changements politiques au Royaume-Uni, en Allemagne et dans toute l’Europe. Le Grand Libérateur Simon Bolivar a enchaîné en libérant les colonies de l’empire espagnol, notamment le Venezuela, la Colombie, le Panama, l’Équateur et le Pérou. Ces pays sont devenus indépendants et se sont brièvement unis en une seule nation.
Les révolutions démocratiques de 1848 connues sous le nom de Printemps des Peuples faisaient partie d’une période révolutionnaire généralisée qui a touché 50 nations en Europe. Elles avaient débuté en France et s’étaient étendues sans aucune coordination apparente. Les questions concernaient les droits démocratiques et les droits des travailleurs, ainsi que les droits de l’homme et la liberté de la presse. Elles ont conduit à l’abolition du servage dans certaines nations et mis fin à la monarchie au Danemark. La monarchie française a été remplacée par une république, des constitutions ont été créées et des empires ont été menacés par des pays en quête de souveraineté.
A l’époque de la décolonisation de l’Afrique et de l’Asie, 1945 et 1960, trois douzaines de nouveaux États sont devenus autonomes ou totalement indépendants de leurs dirigeants coloniaux européens. En Afrique, un Congrès panafricain en 1945 a exigé la fin de la colonisation. Des troubles s’étaient généralisés et des révoltes s’étaient organisées dans les colonies de l’Afrique du Nord et subsaharienne. Protestations, révolutions et parfois transitions pacifiques ont mis fin à l’ère de la colonisation.
Les années 1960 ont été une époque de protestation qui a culminé en 1968 dans le monde entier. De multiples questions ont été portée sur la place publique, notamment les droits du travail et le socialisme, le mouvement féministe, les protestations contre la guerre et le militarisme, et contre le racisme et la dégradation de l’environnement. Des manifestations ont eu lieu aux États-Unis, en Europe, dans le bloc soviétique, en Asie et en Amérique latine.
Plus récemment, la mondialisation économique et Internet ont accéléré les protestations mondiales. Le mouvement antimondialisation en est un exemple. Au fur et à mesure que les entreprises ont pris le contrôle des accords commerciaux et ont commencé à biaiser les règles du commerce au profit des entreprises transnationales, des gens, à travers le monde, ont pu en constater l’impact sur leurs communautés et ont riposté.
Le soulèvement zapatiste du Chiapas, au Mexique, le 1er janvier 1994, a coïncidé avec le début de l’Accord de libre-échange nord-américain (NAFTA). L’Armée Zapatiste de Libération Nationale était un soulèvement de la population locale indigène contre leur exploitation par le commerce mondial. Leur action a été une source d’inspiration pour d’autres. Un mouvement anti-NAFTA s’est développé aux États-Unis, puis a muté en mouvement antimondialisation.
La crise financière de 1997 en Asie du Sud-Est, suivie de la restructuration de la dette par le Fonds monétaire international à travers des politiques austéritaires, a suscité des protestations en Corée, en Indonésie et en Thaïlande contre la mondialisation économique et l’influence excessive du capital transnational.
Tout cela a donné lieu à la Bataille de Seattle, en 1999, lors des réunions de l’Organisation mondiale du commerce où 50 000 personnes des États-Unis et du monde entier ont manifesté dans les rues de Seattle pendant quatre jours pour faire fermer les réunions. Il s’agissait d’un mouvement qui englobait de nombreux groupes particuliers en une force trop puissante pour que les élites puissent la censurer. Depuis lors, les réunions de l’OMC font l’objet de protestations massives, de même que les réunions du FMI et d’autres réunions économiques. Cette situation entraves aujourd’hui l’adoption d’accords commerciaux avec les entreprises aux États-Unis. Par exemple, les gens ont stoppé le TPP et Trump aura de la difficulté à faire approuver le NAFTA-2.
Le mouvement français des Gilets jaunes est composé de travailleurs qui protestent tous les samedis contre une économie injuste. Le 8e « Acte », qui s’est tenu ce samedi, a été plus important que prévu, alors que le gouvernement et les médias affirmaient pendant les vacances que le mouvement s’essoufflait, contre le mouvement qui, pour sa part, disait que loin d’être terminé, il ne faisait que commencer.
Le mouvement a commencé par une protestation contre une taxe sur l’essence, mais il est rapidement devenu évident que ce n’était que la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase contre une série de politiques économiquement déstabilisatrices. Le président Macron a appliqué un programme néolibéral au nom des plus riches, réduisant leurs impôts tout en multipliant les coupes sombres dans les services sociaux.
Macron a réagi au mouvement en éliminant la taxe sur les carburants, en augmentant le salaire minimum et en réduisant les impôts des retraités, mais ils continuent de demander au « président des riches » de démissionner. La popularité de Macron est tombée aux alentours de 20 % dans les sondages, tandis qu’une majorité de Français soutiennent les protestations des Gilets jaunes. Le mouvement révèle des fractures, en France, qui ne peuvent pas être résolues par les systèmes économiques et politiques actuels.
Tout en faisant des concessions, Macron a aussi traité les manifestants de voyous et d’agitateurs. Les tactiques policières ont été répressives et violentes face à des manifestations en grande majorité pacifiques. Ils ont arrêté Eric Drouet, un participant des Gilets jaunes qualifié de « leader » par les médias, sur la base d’accusations floues de manifestation non-autorisée, ce qui a suscité encore plus d’indignation. Les médias l’étiquettent leader, tout en disant que ce mouvement sans leader échouera parce qu’il n’a pas de leader. Cela nous rappelle un traitement similaire des médias américains pendant Occupy.
Le mouvement a transcendé les clivages politiques parce qu’il englobe des gens d’extrême gauche, d’extrême droite et de partout entre les deux. Il comprend des jeunes et des moins jeunes, des hommes et des femmes. Il montre des gens qui s’unissent dans une révolte contre un système économique injuste et ses répercussions sur les travailleurs. Ils appellent également à la démocratie participative en exigeant des initiatives citoyennes où les citoyens pourront voter sur les législations, licencier des personnes nommées par les partis politiques ou même modifier la constitution, s’ils recueillent suffisamment de signatures. Les Gilets jaunes dénoncent des problèmes systémiques, qui exigent un changement à la fois du système économique et du système politique.
Une grande partie des problèmes que connaissent les Français sont les mêmes qu’aux États-Unis. L’économie américaine a été conçue pour les riches pendant des décennies et les politiques du président milliardaire Trump ont aggravé cette réalité. Le peuple ne s’est jamais complètement remis de l’effondrement économique de 2008, lorsque des millions de personnes ont perdu leur maison et leur emploi, ont vu leurs revenus baisser et leur dette augmenter.
L’économie mondialisée qui a été conçue pour les sociétés transnationales a mal servi la population des États-Unis. Les États du Midwest sont exsangues. Les hôpitaux ruraux ferment un à un, à mesure que l’économie locale disparaît. Dans les zones urbaines du pays, des décennies de négligence et de manque d’investissement ont créé des conditions d’appauvrissement généralisé. Des services de police racistes et violents ont été utilisés pour prévenir toute rébellion et contenir d’éventuels troubles. Les gens luttent pour survivre. Les taux d’addictions et de suicide sont en hausse. Le désespoir s’est généralisé.
Un effondrement économique se profile à l’horizon. Comme l’écrit Alan Woods dans New Year, New Crisis, « La question n’est pas de savoir si cela arrivera, mais seulement quand. » L’économie américaine est dominée par Wall Street, qui a terminé l’année en crise. Le cours de l’action Citigroup a baissé de 30 % par rapport au début de l’année, celle de Goldman Sachs de 35 %, pour Morgan Stanley de 24 %, pour la Bank of America de 18 %, et JPMorgan a enregistré une perte de 10%. Woods souligne que l’économie chinoise ralentit, tout comme l’économie allemande, et les problèmes des autres nations européennes signalent tous un ralentissement mondial auquel les dirigeants ne peuvent pas réagir faute de disposer des outils nécessaires, car les taux d’intérêt sont déjà bas et la dette publique est déjà élevée.
Lorsque la récession frappera, l’insécurité économique de la population s’aggravera. Comme en France, les riches s’enrichissent de plus en plus et échappent à l’impôt en cachant des milliards à l’étranger. Et le gouvernement fait le contraire de ce qui est nécessaire, par exemple en réduisant les impôts des plus riches alors qu’il devrait y avoir un impôt de 70% pour les millionnaires, et en bloquant le Green New Deal.
Et, quand la crise économique frappera, les gens en rejetteront la faute sur Trump. Beaucoup d’électeurs l’ont soutenu parce qu’il avait promis de rompre avec un système conçu pour favoriser les plus riches. Leur expérience leur démontre aujourd’hui qu’il a fait le contraire. « Stop au Trumpisme ! » deviendra un cri de ralliement pour tous, et ce président, dont la popularité a toujours oscillé autour de 40% se retrouvera dans les sondages à 30%, ou moins, au moment du lancement de la campagne électorale.
L’économie est souvent un élément déclencheur, comme ce fut le cas pour Occupy, et nous savons déjà qu’il y aura des grèves massives des enseignants en 2019 ; en effet, les plans de grève, à Los Angeles, devraient s’intensifier. Les 40 000 personnes en passe de perdre leur emploi à la suite de la fermeture de quatre usines américaines de General Motors pourraient perdre leur maison et subir d’autres pressions économiques qui les inciteraient à la révolte. Le refus du Congrès de prendre au sérieux les propositions d’assurance-maladie nationale pour tous, alors que des dizaines de milliers de personnes meurent chaque année simplement parce qu’elles ne sont pas assurées, pourrait allumer l’étincelle.
Les Américains ne portent peut-être pas de gilets jaunes, mais nous savons, grâce à d’autres mouvements de protestation récents, que des Américains sont prêts à fermer les rues et les autoroutes et à stopper leurs activités habituelles. D’autres pourraient les rejoindre, si un sursaut de radicalisation s’ensuit, maintenant qu’ils ont vu le modèle fonctionner en France.
De nombreux catalyseurs sont susceptibles de déclencher des manifestations de masse en 2019. Attachez vos ceintures.
Traduction et note d’introduction Entelekheia
01:49 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gilets jaunes, états-unis, révoltes populaires | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Christophe Hamelin
Ex: https://lesmoutonsenrages.fr
Je tiens à faire un avant-propos à cet article dans la mesure où ce que je vais essayer d’expliquer ne va pas de soi. C’est pourquoi je demande, aux jeunes en particulier, de faire preuve de discernement en le lisant. La jeunesse déborde de générosité et est sensible aux oripeaux que développe la gauche. Je fais appel ici à la lucidité en demandant de remettre en cause les évidences d’un discours en apparence généreux par lequel il me semble que l’extrême-gauche dissimule en réalité intolérance et détestation du peuple. En ce sens, l’extrême-gauche est un rouage du fascisme ambiant. Telle est la démonstration que je vais tenter dans cet article. Enfin, je tiens à préciser qu’il ne s’agit pas ici d’affirmer que la droite est meilleure que la gauche mais bien plutôt que les deux tendent vers le même point. Contrairement aux apparences…
Ce qu’il y a d’intéressant à notre époque, c’est que plus le capitalisme se contracte sous l’effet de ses contradictions, plus la situation devient radicale et plus les masques tombent. Ainsi le mouvement des Gilets Jaunes a-t-il révélé la haine du peuple qui régie la mentalité de plusieurs groupes sociaux. On pourrait citer des métiers comme les professeurs (il faudra quand même un jour s’intéresser sérieusement à ce que les professeurs ont dans la tête et questionner les motivations de cette « belle vocation »), grands absents du mouvement, mais aussi les gauchistes, eux aussi aux abonnés absents. Et c’est bien de ce dernier groupe dont il va ici être question.
Penchons-nous sur la littérature internet de groupuscules tels que Rebellyon, la Horde, la Rotative, Paris-Lutte.info, etc. Nous sommes-là dans la mouvance antifa, donc qui se veut « anti-fasciste ». Mais nous allons voir que, en matière de fascisme, rien n’est simple et qu’il ne suffit pas de proclamer être son contraire pour ne pas l’être… Huey Pierce Long, gouverneur autoritaire et corrompu de Louisiane avant-guerre, aurait déclaré : « Quand le fascisme arrivera aux États-Unis, on l’appellera antifascisme ! » (notez que la phrase n’est pas de cet escroc de Churchill). J’ai bien peur que les antifas soient la concrétisation de cette triste sentence. Ils se disent anti-capitalistes mais sont pour les migrations, pour la PMA et la GPA (voir ici par exemple), etc. À quoi l’on peut répondre que soit ils n’ont pas compris que les migrations actuelles sont le résultat de la destruction de l’Afrique et du Proche-Orient par le capitalisme et que l’oligarchie les promeut parce qu’elles sont un moyen de destruction des identités au profit de la création d’une identité mondialisée de consommateur, soit ils l’ont compris et ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place1. Soit ils n’ont pas compris que la PMA et la GPA représentent la mise en place d’un marché mondialisé de la fabrication d’enfants par des multinationales, soit ce sont des collaborateurs de l’ordre fasciste en place. La liste de leurs prises de position qui font d’eux des fascistes est trop longue pour être ici égrainée. C’est pourquoi nous allons ici nous concentrer sur une seule d’entre elles : leur opposition au Referendum d’Initiative Citoyenne (RIC) que l’on peut lire iciou encore là article repris là et là , etc.). Ces groupuscules qui volent l’appellation d’extrême-gauche au champ politique considèrent que le RIC est une porte de sortie pour le pouvoir bourgeois. « Le RIC est alors apparu, comme un moyen de s’épargner la révolution » écrivent-ils. Il y a, dans ce propos, une telle inculture de ce qu’est l’histoire que les bras m’en tombent. Mais qu’est-ce qu’une révolution pour eux ? Croient-ils qu’elle se décrète ? Ils n’ont tout simplement pas compris que le RIC est profondément révolutionnaire en lui-même. Pourquoi ? Parce qu’il représente une remise en cause de la représentation. Or la représentation politique est l’outil principal de la domination politique aujourd’hui. Il est d’ailleurs tout à fait frappant d’observer qu’un des articles les plus repris sur ces sites d’extrême-gauche méconnaît la différence entre le vote pour un représentant (caractéristique de l’oligarchie) et le vote pour une décision (caractéristique de la démocratie2) : « Le RIC, comme les élections de représentants, c’est avant tout un bulletin de vote dans une urne. C’est-à-dire l’abandon d’une puissance collective au profit d’une démarche individuelle. » Justement non, c’est là que réside la différence : la souveraineté consiste dans la volonté générale, comme le disait Rousseau, et la volonté ne se représente point. Elle est ou elle n’est pas. La souveraineté est prise de décision et non abandon de ce pouvoir au profit de représentants. Les débats qui mènent à cette prise de décision sont la démocratie en exercice. En ce sens, le RIC doit être une tentative de formalisation de cette volonté générale. Je pèse mes mots : il faut vraiment ne rien avoir compris à ce qu’est la démocratie pour affirmer, comme le fait la Rotative, que le vote pour une décision équivaut au vote pour un représentant.
Le RIC est le premier pas vers l’instauration d’une démocratie en France. Le peuple de France tente de prendre du pouvoir à l’oligarchie qui le domine outrageusement depuis l’instauration des dictatures bourgeoises en occident au XVIIIème siècle, ceci est une première pour le XXIème siècle ! Soyons clairs : le RIC est législatif, abrogatoire, constituant et révocatoire. Qui pense sérieusement qu’une telle mesure pourrait être entérinée par l’oligarchie fasciste qui règne actuellement en France ? C’est bien simple : jamais elle n’acceptera ce qui signerait la fin de son hégémonie. Bien sûr, pour que le RIC existe, il ne faut pas demander aux juristes bourgeois de le dessiner pour nous. Non, eux ça suffit aussi : ces incultes arrogants ont fait suffisamment de mal au peuple. Il faut que le peuple donne sa forme au RIC. Pour ça, il faut mettre en place un deuxième temps du mouvement Gilets Jaunes, c’est-à-dire installer partout des ateliers pour mutualiser les idées qui donneront naissance et légitimité au RIC, cela sans abandonner les manifestations. Car disons le franchement : si le mouvement a eu un tel impact, si le monde entier nous regarde aujourd’hui avec admiration3, c’est du fait de notre capacité à nous comporter comme un peuple face au pouvoir et à répondre de façon virile4 à sa violence5. On voit ici le potentiel révolutionnaire !
Cependant, Paris-Luttes.info écrit : « Pour autant, et en réalité nous le savons tous, rentrer chez nous avec le RIC, c’est retourner au chagrin, sans rien de plus dans le frigo ». Si on les écoute, cela signifie qu’il faut repartir avec des mots d’ordre de type syndical, ceux-là même qui ont si bien marché pour nous mener là où nous sommes aujourd’hui, au bord du gouffre… Avec des revendications de type syndical, on réclame des droits à nos maîtres. Par là, nous reconnaissons leur domination et ne nous attaquons pas aux racines du mal, aux causes qui font que la situation du peuple est intenable. Ce que ces militants de gauche doivent comprendre, c’est que si nous demandons du pain à l’oligarchie, nous n’aurons jamais que des miettes ; or, avec le RIC, ce que nous demandons, c’est la boulangerie6. La position de ces pseudo-intello de gauche est absolument intenable : d’un côté, ils nous parlent sans cesse de révolution, mais quand le mouvement est là, ils s’en tiennent à des revendications de droits (tel est d’ailleurs le piège que le féminisme tend au peuple, piège que Hannah Arendt avait pourtant déjà décrit en son temps : quémander des droits est l’inverse de la démocratie). Nous n’avons plus envie de revendiquer des droits : nous voulons instaurer une démocratie – enfin – pour que cesse notre oppression.
Pour nous désespérer quant à l’avènement d’une telle démocratie, c’est-à-dire un régime dans lequel le peuple serait souverain, Paris-luttes.info donne l’exemple de pays comme la Grèce et l’Argentine où, comme en France, le résultat des référendums ont été annulés par la bourgeoisie. Mais il est fallacieux d’utiliser de telles comparaisons ! Dans ces pays, le RIC n’existe pas ! L’oligarchie dessine encore la vie institutionnelle de ces pays. Rien à voir avec ce que nous demandons. Le RIC étant révocatoire, les politiciens n’obéissent pas aux ordres du peuple ? Ils dégagent ! On est loin de « l’appel à la pitié » dont Paris-luttes.info affuble le RIC. Encore une fois, il faut vraiment ne rien avoir compris pour écrire une chose pareille !
Toujours dans la critique du RIC, on a aussi ce type d’arguments : « il faut aussi noter que les partis d’extrême-droite ont une forte tendance à utiliser les outils référendaires pour avancer un agenda politique raciste ». Bon alors il ne reste plus qu’à mettre l’extrême-gauche au pouvoir pour être sûr que seules les idées compatibles avec notre bonheur seront adoptées. Blague à part, on voit ici l’absence totale de confiance dans le peuple : comme l’extrême-gauche possède la vérité, il est normal qu’elle sache mieux que nous ce qui est bon pour nous. C’est déjà ce que disaient Karl Marx ou Pierre Bourdieu : le scandale des scandales pour la petite-bourgeoisie – et l’extrême-gauche est désormais un mouvement petit-bourgeois – est de ne pas être reconnue pour ce qu’elle s’imagine être, ne pas pouvoir concrétiser en terme de pouvoir, la domination éthique qu’elle fait peser sur les classes populaires. La petite-bourgeoisie gauchiste reste impuissante politiquement et n’est bonne qu’à râler parce que ses valeurs (qu’elle partage bien souvent avec la bourgeoisie fasciste à l’image de sa haine de l’identité ou encore son dégoût de la nature que, en accord avec les multinationales, elle veut modifier au nom, par exemple, d’un supposé droit à l’enfant, etc.) ne sont pas reconnues par ce satané peuple qu‘il faudra bien changer tôt ou tard en l’éduquant. La posture de l’extrême-gauche face au RIC est révélatrice de sa haine du peuple7.
Des humains de qualité ne peuvent apparaître que dans un contexte où règne la confiance, où tout n’est pas formalisé, où l’on s’autorise à explorer. Faire confiance, c’est, par exemple, écouter l’autre sérieusement et avec bienveillance, pas comme un imbécile qu’on veut réformer. C’est dans la confiance que la beauté se révèle, pas dans la surveillance et le soupçon. Ceux qui prétendent sans cesse « qu’on n’y arrivera pas sans éduquer le peuple » se trompent complètement. On n’éduque pas un peuple, on le met en confiance en lui faisant confiance. À mort toutes les écoles et tous les éducateurs, vive la confiance et le partage, seul terreau de toutes les qualités humaines.
Bien sûr, avec le RIC, l’appareil médiatique actuel devra être démantelé : il n’est pas possible de mener un débat sérieux avec l’intervention de journalistes. Toute cette clique de fainéants aux ordres de l’oligarchie n’a d’autre fonction que de nous faire douter de nous, de nous rapetisser, de tirer tout débat vers le bas. Eux sont capables de tenir le RIC en échec, de le frelater et de faire en sorte que nous soyons déçus de nous-mêmes. C’est dans un tel contexte que les idées les plus nocives collectivement risquent de passer, du fait de ce complexe journalistique qui ne fait que jouer sur nos peurs.
Il y a enfin le cas extrêmement grave d’Étienne Chouard, que la Rotative présente comme « Blogueur très apprécié de différentes tendances d’extrême-droite avec qui il partage régulièrement l’estrade. » Comme le RIC qu’il promeut d’ailleurs de toutes ses forces, Chouard est un révélateur. On se frotte les yeux quand on lit ce qui lui est reproché : avoir discuté sur Internet avec des gens d’extrême-droite, avoir osé dire qu’ils n’avaient pas tort sur tout. Voilà les réflexes idéologiques qui font office de réflexion à l’extrême-gauche : si on est pas d’accord avec toi et que quelqu’un te parle, il devient par là notre ennemi. Plus encore : comme vous êtes d’extrême-droite et que pour nous, l’extrême-droite c’est le fascisme, vous avez tort sur tout. Hitler a dit que l’Angleterre était une île ? Alors c’est faux, elle ne peut pas être une île ! Pourquoi ? Parce que Hitler est très très méchant ! Comme il est très très méchant et qu’on veut que tout le monde sache qu’on est contre lui, on contredit tout ce qu’il dit. Cela semble caricatural mais en observant précisément le contenu des critiques adressées à Chouard, on s’aperçoit qu’elles sont pourtant de ce tonneau.
Il y a chez les gauchistes aujourd’hui un fantasme de destruction de l’Autre, de ce qui est différent. Si on parle avec l’extrême-droite, c’est qu’on est d’accord avec elle, c’est qu’on est contaminé, c’est comme une maladie. Il est inadmissible qu’une sorte de police de la pensée naisse ainsi chez ceux qui prétendent être le parti de l’émancipation. Le refus du dialogue avec l’Autre, le fantasme de sa destruction me semble bien plus proche du fascisme que tout ce que je vois à l’extrême-droite. L’attitude qu’il faut avoir dans ces temps difficiles est au contraire une posture de dialogue avec tout le monde, dire nos peurs, écouter celles de l’Autre, essayer de les comprendre, c’est-à-dire considérer l’Autre comme aussi intelligent que soi et dialoguer pour fonder un monde commun comme dirait Arendt.
Malheureusement, Chouard s’est excusé pour avoir dialogué avec l’extrême-droite. Il a reconnu que Soral, par exemple, avait eu des paroles inadmissibles. Ce qui est vrai mais ne veut pas dire qu’il ait tort tout le temps ! Et ça, ça n’est pas négociable quelque soit la violence de la police de la pensée gauchiste car c’est de la logique, et la logique n’a que faire de la police de la pensée, n’en déplaise à un Frédéric Lordon ou un François Ruffin8. Et voici donc ces quelques paroles échangées sur le net qui transforment Chouard en blogueur qui « partage régulièrement l’estrade » avec l’extrême-droite. Il n’y aura jamais de pardon mon pauvre Étienne, pas avec ces gens ; tu n’auras jamais de pardon pour une faute qui, de toute manière, n’existe que dans les esprits embrigadés de tes accusateurs. Du coup, on obtient le syllogisme suivant : Chouard = extrême-droite ; Chouard = RIC ; donc RIC = extrême-droite. Exemple tiré de La Horde : « C’est donc sans surprise qu’on voit ressurgir des personnalités comme Étienne Chouard, qui refuse de reconnaitre le danger que représente l’extrême droite parce que cela rentre en contradiction avec son projet de démocratie intégrale. De même, présenter le référendum d’initiative citoyenne (RIC) comme la solution miracle à tous les problèmes est en soi un problème. » CQFD. Au passage, j’aimerais bien que la Horde nous explique ce qu’est la « démocratie intégrale ». Elle s’opposerait, j’imagine, à une « démocratie partielle » ? De quoi s’agirait-il ?
En fait, ces individus endoctrinés veulent infiltrer le mouvement des Gilets Jaunes pour en exclure les franges du peuple qui ne leur conviennent pas et faire correspondre le mouvement à leurs obsessions. Ils veulent le rationaliser9. Ils n’ont aucune légitimité pour faire cela. Ce mouvement ne leur appartient pas : ils peuvent y venir mais pas y imposer leurs buts ou leur mono-obsession de l’extrême-droite. Plus encore, en empêchant le dialogue entre des strates du peuple que les stratégies de l’oligarchie sont parvenues à opposer, ils l’affaiblissent face à l’unité de la classe dominante et, par conséquent, sont des traîtres au peuple. Ils sont des mécanismes du maintien de l’ordre fasciste qui règne en occident. Ils ont beau s’appeler « antifa », ces petits-bourgeois sont les nouveaux fascistes : intolérants, persuadés de détenir la vérité, imperméables au doute. Ce n’est pas parce qu’ils se sont achetés des drapeaux rouges et noirs qu’ils sont à l’abri de l’accusation d’être des fascistes. Ils me rappellent ces paroles du chansonnier Pierre Selos dans sa chanson « Les cons sont là » :
« ceux qui n’ont pas compris l’histoire,
les fossoyeurs de la mémoire,
et qui refont tous les faux-pas :
les cons sont là. »
La question qui se pose alors me paraît être celle-ci : comment fait-on quand on est contre le progrès (défendu par la gauche) et contre l’autoritarisme et la hiérarchie (défendus par la droite) ? Il n’y a nulle part où aller sur l’échiquier politique. Hé bien tant mieux car heureusement, une alternative populaire vient de naître : le mouvement des Gilets Jaunes.
Christophe Hamelin
Notes:
1 Il est assez fascinant de constater leur entêtement à ne pas analyser les migrations modernes dans leur contexte capitaliste. Ainsi le site La Horde écrit-il : « De même, refuser de considérer comme un problème le nationalisme assumé des gilets jaunes à travers à la fois des symboles et une façon de se définir (« les Français ») est d’autant plus dangereux que, en particulier sur les réseaux sociaux, cette identité nationale est non seulement interclassiste, mais également construite contre un cosmopolitisme associé dans l’esprit des gens au capitalisme sans frontière. » L’incapacité, toute idéologique, de l’extrême-gauche à comprendre le phénomène profondément humain qu’est l’identité en fait un rouage de l’actuel ordre fasciste. Dans la mythologie totalitaire du progrès, les identités sont effacées. Mais au profit de quoi ? D’une identité politique ? Mais alors il s’agit d’un endoctrinement puisque la personnalité de l’individu est déterminée par des idées hétéronomes. Plus encore, dans l’ordre actuel, l’effacement des identités se produit au profit de la constitution d’une identité de consommateur mondialisé. Or cela est la marque du totalitarisme aujourd’hui. Un monde sans identité, d’individus déracinés, dans lequel il n’y a plus de résistances autonomes à l’ordre. Par conséquent, faire l’apologie des migrations revient à adouber l’ordre fasciste que cherche à instaurer l’oligarchie. Donc, les gauchistes sont des néo-fascistes. Cette inversion de termes (appeler « fascistes » les « antifa ») peut paraître choquante a priori mais mérite réflexion.
2 Je conseille aux gauchistes de se pencher sur Aristote, Les politiques, IV, 9, 1294b4.
3 Je ne lis malheureusement que l’anglais donc je ne peux pas dire pour les autres peuples mais allez voir sur les forums anglo-saxons, en particulier états-uniens : la teneur des propos sur le mouvement Gilets Jaunes change complètement du « french bashing » habituel. Ils sont estomaqués et nous admirent.
4 La virilité est bien sûr une caractéristique du genre masculin mais concerne les deux sexes.
5 Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés.
La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première.
La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.
Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue.
Helder Camara, évêque brésilien
6 Allégorie entendue par un pote sur un rond-point.
7 Par contre, je n’ai aucun doute sur le fait que les gauchistes sont incapables de comprendre un mot de ce que je raconte. En effet, ils se gargarisent de slogans pro-peuples style : « Les muscles de cette société, ce sont les millions de prolos. La seule force capable de s’opposer à celle du capital, la voici. » (Paris-luttes.info) mais sont incapables de voir que leur posture dit exactement l’inverse de ce type de propos standardisés.
8 Les récentes hésitations de Ruffin sur Chouard ne changent rien au fait qu’il s’est rendu coupable d’avoir participé à son lynchage.
9 C’est-à-dire qu’ils veulent le faire correspondre à une idée.
01:40 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes, référendum, ric, référendum d'initiative citoyenne, politique internationale, gilets jaunes, gauches antidémocratiques, gauches, extrême-gauche | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Traduction française par Chlodomir
J’aimerais commencer par le cœur de la question : il est clair que la majorité des attaques terroristes qui ont eu lieu depuis la fin du XXe siècle s’identifient à un mouvement principal et peut-être même unique : l’islam. En fait, je n’ai jamais entendu parler d’attentats orthodoxes ou catholiques. Ainsi, la pièce commence, le rideau se lèvre, mais les acteurs sont encore inconnus. Qui est l’auteur, qui est le directeur, le producteur, qui aide derrière la scène, qui s’occupe du son, de l’éclairage et des effets spéciaux – on ne le sait pas non plus.
Supposons que l’islam soit le principal coupable du terrorisme dans le monde. Mais de quel genre d’islam s’agit-il ? Et qui tire vraiment les ficelles des marionnettes qui se déplacent constamment devant nos yeux ? Je veux dire Ben Laden, Al-Qaïda, Al-Nosra, ISIS, Daesh, Boko Haram...
Pour vous faire comprendre qui soutient actuellement ces organisations terroristes, j’aimerais vous lire ce passage du New York Times du 23 janvier 2016 :
« Quand le président Obama autorisa secrètement la CIA à commencer à armer les rebelles armés en Syrie en 2013, l’agence de renseignement savait qu’elle aurait un partenaire bien disposé pour aider à financer l’opération secrète. C’était le même partenaire à qui la CIA avait fait confiance pendant des décennies pour l’argent et la discrétion dans les conflits lointains : le Royaume d’Arabie Saoudite. »
Depuis lors, la CIA et son homologue saoudite ont maintenu un arrangement inhabituel pour les missions de formation des rebelles, auxquelles les Américains ont donné le nom de code de Timber Sycamore. Selon l’accord, ont dit des officiels ou des ex-officiels de l’administration, les Saoudites contribuent avec des armes et de vastes sommes d’argent, et la CIA s’occupe de former les rebelles avec des fusils d’assaut AK-47 et des missiles antichars.
Le soutien aux rebelles syriens n’est que le dernier chapitre de la relation datant de plusieurs décennies entre les services de renseignement de l’Arabie Saoudite et des Etats-Unis, une alliance qui a résisté au scandale de l’Irangate et des Contras, au soutien aux moudjahidines contre les Soviets en Afghanistan, et aux guerres par procuration en Afrique. Parfois, comme en Syrie, les deux pays ont travaillé à l’unisson. Dans d’autres cas, l’Arabie Saoudite a simplement écrit des chèques pour couvrir les activités secrètes américaines.
Le programme conjoint d’armement et de formation, auquel d’autres nations du Moyen-Orient contribuent, continue alors que les relations de l’Amérique avec l’Arabie Saoudite – et la place du royaume dans la région – sont en train de changer. Les anciens liens du pétrole bon marché et de la géopolitique qui ont longtemps lié les deux pays se sont quelque peu relâchés alors que la dépendance de l’Amérique vis-à-vis du pétrole étranger se réduit et que l’administration Obama se dirige sur la pointe des pieds vers un rapprochement diplomatique avec l’Iran.
Et pourtant l’alliance persiste, restant à flot sur une mer d’argent saoudien et sur la reconnaissance d’intérêts mutuels. En plus des immenses réserves de pétrole de l’Arabie Saoudite et de son rôle d’ancre spirituelle du monde musulman sunnite, les longues relations dans le domaine du renseignement aident à expliquer pourquoi les Etats-Unis ont été réticents à critiquer ouvertement l’Arabie Saoudite pour ses atteintes aux droits de l’homme, son traitement des femmes, et son appui à la tendance extrême de l’islam, le wahhabisme, qui a inspiré beaucoup des mêmes groupes terroristes que combattent les Etats-Unis. L’administration Obama n’a pas publiquement condamné l’Arabie Saoudite pour avoir décapité un religieux chiite dissident, le Sheikh Nimr al-Nimr, qui avait défié la famille royale.
Bien que les Saoudiens aient reconnu publiquement leur aide à l’armement des groupes rebelles en Syrie, l’étendue de leur partenariat avec la campagne d’action secrète de la CIA et leur appui financier direct n’ont pas été révélés. Des détails ont été connus par des interviews avec une demi-douzaine d’officiels et ex-officiels américains et des sources venant de plusieurs pays du Golfe Persique. La plupart ont parlé sous anonymat parce qu’ils n’étaient pas autorisés à parler du programme.
Dès le moment où l’opération de la CIA a commencé, l’argent saoudien l’a soutenue.
« Ils comprennent qu’ils ont besoin de nous, et nous comprenons que nous avons besoin d’eux », a dit Mike Rogers, l’ancien parlementaire républicain du Michigan qui était président du House Intelligence Committee quand l’opération de la CIA a commencé. Mr. Rogers a refusé de discuter en détail du programme classifié.
Les officiels américains n’ont pas révélé l’ampleur de la contribution saoudienne, qui est de loin la plus grande devant toute autre nation pour le programme destiné à armer les rebelles contre l’armée du président Bachar el-Assad. Mais des estimations ont placé le coût total de l’effort d’armement et de formation à plusieurs milliards de dollars.
Puisque c’est de l’histoire moderne, revenons en arrière dans le temps.
Les historiens connaissent le rôle joué par les Britanniques depuis le XVIIIe siècle, et comment ils ont contribué à l’arrivée au pouvoir de la dynastie saoudite, soutenant une union entre celle-ci et la famille el-Wahhab afin de créer une voie vers l’Inde, ou plus proche de nous, mais le même but géostratégique fut choisi par Roosevelt en 1945, créant des liens avec l’Etat wahhabite.
Nous devrions nous souvenir du rôle des Britanniques dans la création des Frères Musulmans en Egypte dans les années 1920. Et qu’est-ce que les Frères Musulmans, sinon une franc-maçonnerie islamique, destinée à servir ou du moins à soutenir les intérêts anglo-saxons dans tous les pays où elle existe. Pour les jeux spéciaux d’équilibre et de coups d’Etat, dont les Anglo-Saxons sont les grands maîtres, je vous propose de vous intéresser aux événements qui sont arrivés en Turquie dans les années récentes, et où nous pouvons voir l’Etat kémaliste maçonnique (se tenant même du coté de l’Occident, mais probablement pas assez anti-russe) se transformer en Etat islamique avec les Frères Musulmans à sa tête.
Il y a des documents sur ces liens entre la Grande-Bretagne, l’Amérique et les Frères Musulmans, et bien sûr durant le Printemps Arabe, ces réseaux de la Tunisie à la Syrie en passant par la Libye furent utilisés par les services de renseignement américains et britanniques.
En d’autres termes, en dépit du fait que l’islam est réellement au centre de l’« environnement terroriste », à mon avis ce n’est pas de sa faute, ni même son but, mais il est simplement un instrument obéissant et manipulé des parrains anglo-saxons, et cela implique des buts géopolitiques, économiques, militaires, religieux et culturels, qui ont pour but ultime la domination mondiale de ceux qui se considèrent comme les seuls qui peuvent le contrôler.
Mais toutes ces attaques, ces « révolutions colorées », les régimes renversés, ne sont que les symptômes aigus d’autres maladies, plus graves et plus installées dans le monde, que j’appelle l’idéologie anglo-saxonne.
Si nous ne comprenons pas où se trouvent les racines des grandes confrontations apportées par la vision-du-monde occidentale, nous sommes comme des docteurs qui ne traiteraient que les symptômes sans diagnostiquer la maladie. Ce que le docteur Poutine est en train de faire en Syrie, et nous savons pourquoi il doit le faire, c’est de la chimiothérapie pour éviter la mort du patient.
Et nous savons que les métastases de cette maladie peuvent demain apparaître à un autre endroit, en Macédoine ou au Monténégro, dans le Caucase du Nord ou en Moldavie, et en Transnistrie ou en Ossétie.
Essayons de comprendre comment cette idéologie anglo-saxonne est apparue.
On sait que les nations font la guerre depuis longtemps, et que l’invasion et l’incursion ou le massacre font partie de la nature humaine, et qu’aucune nation dans le monde n’est exempte de cela. Que ce soit pour envahir de nouveaux territoires ou pour défendre le leur, les peuples ont mené des guerres depuis le début des temps, et cela ne peut être changé qu’en changeant la nature humaine.
Cette vérité générale ne nous empêche pas d’examiner les détails des faits historiques et géopolitiques du passé, et d’observer que la majorité des guerres, des coups d’Etat, des révolutions et des crises qui sont apparus dans le monde avaient une source anglo-saxonne. Les guerres en Corée et en Syrie, au Vietnam, en Iran, en Angola, au Panama, en Afghanistan, en Irak, en Géorgie, en Ukraine et beaucoup d’autres sont venues de cette source. L’idéologie anglo-saxonne existe dans la réalité, et nous devons ensuite nous demander : à quoi ressemble l’idéologie anglo-saxonne, et d’où est-elle venue ?
Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne et comment fut-elle créée ?
Je pense qu’il faut remonter à l’époque élisabéthaine de la monarchie anglaise, au tournant des XVIe et XVIIe siècles. Cette époque est caractérisée par des guerres religieuses, causées par la fondation du protestantisme, et sur la scène européenne, par les affrontements entre la monarchie française et la dynastie des Habsbourg. La population de l’Angleterre dans les années 1600 était seulement de 4 millions d’habitants, alors que celle de la France était de 20 millions. Cette faiblesse démographique, comparée aux puissances continentales, incluant la France et l’empire des Habsbourg, et la menace extrême de tentative d’invasion par l’Invincible Armada du roi d’Espagne Philippe II sont probablement la source de la politique que l’élite britannique mène maintenant (c’est-à-dire la politique du faible au fort) ; cela signifie causer la division et le conflit entre tous les ennemis potentiels. Son seul avantage était la Navy, et elle devait l’utiliser par tous les moyens possibles, incluant la piraterie et le commerce (les Vikings prouvèrent que les deux sont souvent liés).
A mon avis, le grand rêve britannique de puissance et d’hégémonie mondiale apparut après le retour de Francis Drake le 26 septembre 1580, quand une partie du butin qui avait été volé à l’empire espagnol et remis à la reine Elizabeth atteignit 50% du budget annuel du royaume. Pour comprendre à quel point c’est énorme, imaginez un oligarque revenant en Russie, ayant visité toutes les bourses financières dans le monde, et remettant au président Poutine environ 3 trillons de dollars pour la Sainte Russie.
Quelque chose de similaire survint à la fin du XVIe siècle avec le dernier représentant de la dynastie Tudor. Imaginez ce que furent les sentiments des « gentlemen » anglais devant cette transformation de Francis Drake, qui commença comme un non-noble, comme un homme de mer, et qui devint l’un des hommes les plus riches d’Angleterre, et fut même anobli par la Reine après avoir volé les trésors du royaume d’Espagne. Après ses exploits il devait devenir un exemple à suivre, et en particulier l’un de ses nombreux continuateurs dont il faut se souvenir est Walter Raleigh, puisque je sais qu’il fut le premier à comprendre l’hégémonie anglo-saxonne dans le monde. En fait, ce gentleman (une sorte de pirate et d’aventurier, qui fut décapité à la Tour de Londres), jusqu’à sa mort, réussit à écrire un ouvrage simplement intitulé « Histoire du Monde », qui déclare : « Qui commande la mer commande le commerce ; qui commande le commerce du monde commande les richesses du monde, et par conséquent le monde lui-même ».
Il me semble que cet extraordinaire exploit de pirate causa ce désir de parvenir à la domination mondiale grâce à la Navy et à la capture de la richesse des autres peuples.
Ce désir fut transmis de génération en génération pendant des siècles dans le monde anglo-saxon (à travers deux canaux, souvent reliés l’un à l’autre : le canal exotérique de l’Université et le canal ésotérique de la Maçonnerie), et en particulier, les paroles de Mackinder soulignent cela : « Qui domine l’Europe orientale commande le Heartland ; qui domine le Heartland commande l’Ile Mondiale ; qui domine l’Ile Mondiale commande le monde ».
Le fait le plus intéressant est que ces trois hommes de trois époques différentes partagent tous trois un rêve commun de domination absolue sur le monde. C’est la nature profonde de l’idéologie anglo-saxonne : une complète hégémonie dans toutes les affaires mondiales, ce qui signifie qu’elles sont décrites, avec l’arrogance habituelle, comme la gouvernance globale et la continuation du Grand Jeu que Kipling, un franc-maçon, décrivit au XIXe siècle.
Et ce Grand Jeu doit être gagné par la majorité des grands acteurs sur la scène mondiale ; cette petite nation britannique, dont la population au XVIe siècle était seulement de 4 millions d’habitants, a répandu dans le monde les pseudopodes du Commonwealth et de la Grande Amérique : ce qu’ils appellent les « cinq yeux » (le Royaume-Uni, les USA, l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande).
En d’autres mots, le terrorisme, couvé par les Anglo-Saxons (haute finance, mafias, services secrets, et cercles de réflexion), auquel le monde fait face, est une arme pour la déstabilisation partielle (le World Trade Center, Charlie Hebdo, les attaques terroristes de Paris le 13 novembre), créée pour choquer les gens et leur faire accepter de profondes transformations sociales qu’ils n’accepteraient pas dans un contexte normal, ou une arme de déstabilisation complète (Libye, Syrie), créée pour conduire des coups d’Etat politiques ou la dissolution d’un pays en structures différentes. Les mêmes méthodes de terrorisme « modéré » peuvent être utilisées, comme la manipulation des têtes faibles (Anders Breivik), pour punir tout pays dont l’orientation politique est « mauvaise ». Il est clair que les attaques terroristes des dernières années en Russie entrent dans cette catégorie.
Puisque la matrice de l’idéologie anglo-saxonne existe encore, le monde va faire face à des conflits incessants.
Les nations libres peuvent s’opposer à l’idéologie anglo-saxonne et à ses fantaisies dans le monde, mais le monde ne compte plus beaucoup de nations libres, et le cancer occidental a affecté de multiples régions du monde.
La Russie est l’une de ces nations libres qui sont capables de guider le monde et l’éloigner de l’hégémonie anglo-saxonne.
La principale condition préalable est qu’elle doit vouloir le faire !
Pour qu’elle ait la volonté de le faire, il faut qu’elle ait une vision-du-monde développée et qu’elle rejette l’« idéologie » mondiale, ce qui peut être une véritable alternative au système qui tue les nations. Cette alternative (conservatrice, bien sûr) doit s’exprimer, se développer, et offrir des perspectives au monde, ainsi que la séparation et l’opposition vis-à-vis du monde occidental, qui est enfermé dans ses propres contradictions et dans son idéologie pernicieuse.
La Russie doit trouver en elle-même ses propres ressources – elle les a – pour se restructurer en utilisant ses propres valeurs, tourner le dos à toutes les idées matérialistes, marxistes et libérales, et remettre l’omnipotence de l’argent à sa juste place. Peut-être est-il temps de refermer la fenêtre ouverte par Pierre le Grand ? La Russie n’est pas en retard.
La Russie existe, c’est un fait, et c’est très simple : c’est la Mère-Patrie, la matrice, et le pays de tous les commencements.
Mais pour que cette révolution arrive (cette fois-ci, une révolution bénéfique), il faut que la Russie se débarrasse du système occidental et de ses virus exportés, nommés la « cinquième colonne » par certains experts.
L’année dernière, passant à Moscou avec des amis, avant de me rendre dans le Donbass, je fus très surpris de voir qu’il y a un World Trade Center sur les rives de la Moskova ! Un World Trade Center ? Pour qui ? Pour les Russes ou pour les traders de Wall Street ?
Et le coté diabolique du système occidental est parfois caché dans les plus petits détails, incluant les détails juridiques, par exemple dans la Constitution.
Prenez par exemple l’article 13 de la Constitution Russe de 1993, dont le premier paragraphe déclare : « Dans la Fédération Russe, la diversité idéologique sera reconnue » (je ne suis pas sûr que l’idéologie de Navalny ou des Femen apporte quelque chose de positif à la Russie), et le second : « aucune idéologie ne peut être établie comme idéologie d’Etat ou obligatoire » (partie 1.2, article 13 de la Constitution).
En d’autres termes, la Russie ne s’autorise pas à avoir une vision-du-monde. Lorsqu’une nation ne s’autorise pas à avoir une vision-du-monde qui serait la sienne, cela signifie qu’elle suivra inévitablement l’idéologie dominante. Aujourd’hui l’idéologie dominante est l’omnipotence de l’argent.
Je crois fermement que la Russie veut jouer un rôle crucial dans les années à venir, afin de ramener l’équilibre dans le monde. Il est difficile de transmettre cette idée, parce que l’âme russe est à la fois introvertie et modeste, et elle n’a pas l’habitude de prétendre être universelle, du moins dans l’interprétation française ou anglo-saxonne de l’universel.
La Russie a proclamé sa vérité au monde deux fois dans son histoire. La première fois fut au nom de la Sainte Alliance, quand Alexandre 1er tenta de dévier les idées néfastes de la Révolution française. La seconde fois fut au contraire au nom de ces mêmes idées que les bolcheviks répandaient sur le territoire russe, en même temps que l’idéal prolétarien. Cela peut être compris comme la résistance à l’idéologie bourgeoise et à l’omnipotence de l’argent. Tout n’est pas mauvais dans l’idéologie de Marx.
En dehors de ces courtes périodes de l’histoire russe, l’ours russe préfère rester dans sa tanière et surveiller son miel, donnant de temps en temps un coup de patte à ceux qui s’approchent trop près.
Mais cependant, imaginez avec le moine Philothée que Moscou soit la Troisième Rome depuis la chute de Constantinople, que sa mission est d’assurer l’Orthodoxie, c’est-à-dire au sens littéral la juste doctrine : alors Moscou ne peut pas se limiter à la protection de l’Orthodoxie sur son seul territoire. Ivan III, par son mariage avec Zoé Paléologue, qui fut la nièce du dernier empereur de l’Empire romain d’Orient, fit de la Russie l’héritière de l’aigle à deux têtes, un symbole d’harmonie, de paix et de lien spirituel. Ce puissant symbole, regardant à la fois vers l’Occident et vers l’Orient, et figurant aussi sur les armoiries russes, fait que les héritiers de Vladimir Monomaque étendent leurs vues au-delà des frontières.
La Russie du XXIe siècle, faisant face à l’idéologie occidentale qui a des racines anglo-saxonnes et qui est maintenant définie par le nihilisme et l’absence de toute guidance spirituelle, devrait proposer aux Nations Unies une nouvelle Sainte Alliance, pour rallumer l’espoir en un monde meilleur.
Alors que l’idéologie du système veut faire disparaître toutes les nations, transformer toute l’humanité en un affreux magma d’individus privés de leurs racines et de leurs cerveaux, la Russie doit proclamer sa parole au nom de toutes les nations, pas seulement au nom des BRICS et de l’Organisation de Coopération de Shanghai.
Chaque Russe sait par cœur la dernière phrase du Manifeste communiste : « Travailleurs du monde entier, unissez-vous ! ». Le nouveau slogan de la Russie, pour débarrasser le monde de ses oppresseurs, devrait être : « Patriotes du monde entier, unissez-vous ! ». C’est cela qui devrait être une fière affirmation russe, débarrassez-vous de tous les complexes de l’Occident ! La Russie peut donner au monde bien plus que du pétrole ou du gaz. Par ses valeurs intérieures, par son amour de la liberté, par ses innombrables martyrs qui furent victimes du fascisme et du bolchevisme, elle a gagné le droit, et même le devoir, de se lever dans le but de débarrasser le monde du libéralisme anglo-saxon, qui est le dernier avatar de l’idéologie des siècles passés.
L’Idiot de Dostoïevski a cette belle phrase : « La beauté sauvera le monde ».
Dostoïevski avait raison : la beauté est un bienfaiteur qui peut sauver le monde, en s’opposant à la laideur de la société sur laquelle règne l’argent. La Russie est-elle prête aujourd’hui à réaliser le rêve du Prince Michkine, et à forger un avenir de puissant pays, en s’opposant au Royaume de Mammon ?
00:45 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, terrorisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Prologue: the Anatomy Lesson of Carl Schmitt and Robert Steuckers[1]
Without power, righteousness cannot flourish,
without righteousness, the world will flounder in ashes and dust
- Guru Gobind Singh
Some aspects of the intellectual heritage of German legal philosopher Carl Schmitt (1888-1985) have already been dealt with by the author in general terms[2] - this essay is meant to look at Schmitt’s scientific oeuvre in more detail. The recent publication of the latest book of Belgian Traditionalist publicist Robert Steuckers affords a suitable opportunity for revisiting Schmitt’ work in a more comprehensive fashion. In the Low Countries, Steuckers’ book Sur et autour de Carl Schmitt represents the first substantial monograph dedicated to the rehabilitation of Schmitt’s highly original - and highly topical philosophy of law.[3] For many years, Schmitt’s intellectual universe and life-world were effectively ‘taboo’ due to his - complex and therefore easily vulgarized - association with the Nazi regime. It is a fact that Schmitt became a member of the NSDAP in May 1933, only a few months after Hitler’s seizure of power, and that he supported Hitler’s authoritarian amputation of the Weimar institutions - as did nearly all other German men and women at the time. It is a fact that he was interned by the American occupation authorities after the downfall of the Third Reich[4] and that he consistently refused to be subjected to the politically correct ‘second baptism’ of semi-obligatory ‘denazification’. His principled stance against foreign occupation cost him his academic career and social status. This stance, however, was not inspired by any great enthusiasm - or even basic respect - for the Nazi regime: in Schmitt’s view, this regime was fatally flawed in terms of higher legitimacy and historical authenticity.[5] After Stunde Null, Schmitt simply refused the new ideological Gleichschaltung demanded by the occupying powers. Irrespective of the exact degree to which Schmitt’s work can be considered intrinsically ‘tainted’ in the context of the virulent excesses of National Socialism, the fact remains that his life’s work was placed in the same post-war quarantine that befell the life work of other great European thinkers. It ended up in history’s cabinet of curiosities, together with that of Italy’s Julius Evola, France’s Louis-Ferdinand Céline, Romania’s Mircea Eliade, Norway’s Knut Hamsun and America’s Ezra Pound.
But seventy years later it is becoming increasingly evident that the historical-materialist mythology of ‘progress’ and ‘constructability’, now raised to the status of standard doctrine (with a socialist variety in the Eastern Bloc and a liberal variety in the Western Bloc), has brought Western civilization to the brink of extinction. After the fall of Eastern Bloc Realsozialmus, the entire Western world has fallen prey to what may be termed ‘Cultural Nihilism’: a poisonous cocktail of neo-liberal ‘capitalism for the poor and socialism for the rich’ and cultural-marxist ‘identity politics’ (the new ‘class struggle’ of old against young, female against male and black against white). This Cultural Nihilism is characterized by militant secularism (destroying religious cohesion), monetarized social-darwinism (destroying social-economic cohesion), totalitarian matriarchy (destroying family cohesion) and doctrinal oikophobia (destroying ethnic cohesion) and it is practised through the Macht durch Nivellierung (‘power through levelling’) mechanism of the totalitarian-collectivist Gleichheitsstaat.[6] The prime carrier of Cultural Nihilism is still the forever young ‘baby boomer’ generation of rebels without a cause, but that generation is now replacing itself by a time-less, shape-shifting ‘hostile elite’, feeding off continuous new discoveries of ‘repressed minorities’ (resentful feminists, ambitious immigrants, psychotic LBTG-activists). The power of this hostile elite resides in two distinct but intricately linked force fields: (1) the globalist institutional machinery (the ‘letter institutions’ - UN, IMF, WTO, WEF, EU, ECB, NATO) that allows it to overrule state sovereignty and electoral correction and (2) the universalist-humanist discourse of ‘human rights’, ‘democracy’ and ‘freedom’ that allows it to monopolize the ‘moral high ground’. This double trans-national and meta-political power position allows the hostile elite to systematically elude any responsibility for the stupendous damage it is inflicting on Western civilization. The crimes committed by the hostile elite - industrial ecocide (anthropogenic climate change, environmental degradation, diabolical bio-industry), hyper-capitalist exploitation (‘free market’, ‘privatization’, ‘social return’), social implosion (matriarchy, feminization, transgenderism) and ethnic replacement (‘asylum policy’, ‘labour migration’, ‘family reunification’) - go unpunished within an institutional and ideological framework that operates literally ‘above the law’. Only an entirely new legal framework can end the legal immunity enjoyed by the hostile elite. Carl Schmitt’s philosophy of law provides that new frame: it offers a restoration of the lost link between institutional law and authentic authority and of what is found between these two - actual justice. To restore this link, Schmitt uses the concept of ‘political theology’, i.e. the assumption that all political philosophies are shaped, directly or indirectly, by theological positions that may or may not take on an ostensibly ‘secularized’ shape. From that perspective, the political imperative of promoting institutional laws aimed at immanent justice is derived from transcendently - theologically - defined authority.
The time has come to end the entirely anachronistic and increasingly untenable ‘taboo’ on Carl Schmitt’s work and thought - and to investigate its relevance during the contemporary Crisis of the Postmodern West.[7] Robert Steuckers’ Sur et autour de Carl Schmitt permits us not only a fascinating visit to a monumental past. It also permits us to find the weapons that are needed in the here and now - it gives us access to the mighty ‘Arsenal of Hephaestus’.[8]
(*) As in the earlier review of Steuckers’ work Europa II,[9] the reviewer has chosen for a double presentation of Steuckers’ original French text - sharp and acidic as usual - as well as an English translation. As stated in that earlier review, the reviewer shares the view of patriotic publicist Alfred Vierling that the French literary culture is essentially different from the English literary culture to a degree that virtually precludes one-on-one ‘translation’. This means that French language skills are actually indispensable for any conscientious studia humanitatis. The lack of such skills among the younger generations of the West, however, is not primarily due to any intellectual complacency: it can be directly attributed to the hostile elite’s anti-education policy of deliberate ‘dumbing down’. The reviewer is therefore willing to meet younger readers half-way by presenting both Steuckers’ original text and his own somewhat ‘free’ English translation. Obviously, the reviewer acknowledges his responsibility for the less successful attempts at transposing Steuckers’ ‘biting’ Walloon-French into English. A glossary of Steuckerian neologisms is added at the end of the text.
(**) This essay is not only meant to provide a review, it is also meant as a metapolitical analysis and a contribution to the patriotic-identitarian deconstruction of the Postmodern Western hostile elite. It is important to know who the enemy is, what he aims at and how he thinks. Carl Schmitt’s life work provides an ‘anatomical’ dissection of the hostile elite’s legal philosophy - it effectively deprives the hostile elite of any authentic foundation. Robert Steuckers has achieved a brilliant rehabilitation of Schmitt’s work - the patriotic-identitarian movement of the Low Countries owes him gratitude and congratulations.
(***) On the one hand, those readers that have still been traditionally educated are asked for patience with the somewhat ‘patronizing’ explanatory notes: these are meant to assist those younger readers that have been deprived of their basic intellectual heritage by decades of anti-education. On the other hand, those readers that lack a traditional education - and that may feel ‘put off’ by any ‘pretentious’ text - are asked for an effort at bettering themselves. They should realize that what may appear ‘pretentious’ reflects, in fact, nothing else than their own stolen heritage - the heritage of Western civilization. If the patriotic-identitarian movement is meant to protect anything of value, then it is exactly that: Western civilization itself - ΜΟΛΩΝ ΛΑΒΕ.[10]
1. The World of Normativism as Will and Representation[11]
auctoritas non veritas facit legem
[power, not truth, makes law]
Steuckers commences his extensive overview of the life and work of Carl Schmitt with a reconstruction of the cultural-historical roots of post-war Western legal-philosophical thought. He retraces the historical-materialist reduction - one might say ‘secularization’ - of the Western philosophy of law to the Reformation and the Enlightenment.[12] The religious wars of the 16th and 17th Centuries resulted in the temporary regression of Western civilization into a ‘state of nature’ which could only be partially compensated for by the ‘emergency measure’ of classical Absolutism during the second half of the 17th and the first half of the 18th Century.[13] This ‘emergency brake’ Absolutism is characterized by a highly stylized personification of totally sovereign monarchic power as the last protection of a traditionalist community against the demonic forces of modernist chaos. After the abolition of the old securities of the sacred and feudal order, the ‘absolutist’ monarchs intervene in order to channel the disruptive dynamics of early mercantile capitalism, the incipient civil rights movement and the escalating tendency to religious decentralization. From a cultural-historical perspective, this ultimate resort to ‘hyper-personalized’ Auctoritas can be interpreted as a temporary ‘emergency measure’: ...en cas de normalité, l’autorité peut ne pas jouer, mais en cas d’exception, elle doit décider d’agir, de sévir ou de légiférer. ‘...in normal circumstances, [such an absolute] authority does not play a role, but in exceptional circumstances, it must act in a decisive, over-ruling and legislating fashion.’ (p.4) But this absolutist ‘emergency measure’ is only locally and temporarily effective: the pioneering nations of modernity, such as Great Britain and the Dutch Republic, remain exempt - despite ‘semi-absolutist’ measures such as the Stuart Restoration and the stadtholderate of William III. Even in its heartland, Absolutism reaches its expiry date in less than a century - the American and French Revolutions mark the end of Absolutism and the final Machtergreifung of the bourgeoisie as the new dominant force in the Western political arena.
The bourgeois-capitalist Wille zur Macht is abstractly expressed in a political doctrine that is based on the effective inversion of the preceding Traditionalist philosophy of law (i.e. of the clerical-feudal ‘political theology’): this new Normativism, constructed around bourgeois-capitalist interests, abstractifies and depersonalizes state authority - Thomas Hobbes already describes it as the mythically invisible ‘Leviathan’.[14] Abstractification is achieved through ideologization and depersonalization is achieved through institutionalization: both processes are directed at the foundation and consolidation of the new bourgeois-capitalist hegemony in the political sphere. Rigid routines and mechanical procedures (‘bureaucracy’, ‘administration’, ‘legislation’) replace the human measure and the personal dimension of Traditionalist power: concrete power is replaced by abstract ‘governance’. L’idéologie républicaine ou bourgeoise a voulu dépersonnaliser les mécanismes de la politique. La norme a avancé, au détriment de l‘incarnation du pouvoir. ‘The republican and bourgeois ideology needs to depersonalize the mechanics of politics. It favours normative power over embodied power.’ (p.4) The first consistent experiment with Normativism as Realpolitik ends with the Great Terror of the First French Republic: it illustrates the totalitarian reality that necessarily results from the consistent application of the do-or-die motto that covers the bourgeois-capitalist power project in its formal (republican) as well as its informal (freemasonic) forms: liberté, égalité, et fraternité ou la mort, ‘liberty, equality and fraternity - or death’. The ethical discrepancy between the utopian ideology and the practical application of this power project is ideologically covered by - and established as a norm in - 19th Century Liberalism. Liberalism is the political ‘default setting’ of modernity. The propagandistic surface of Liberalism - its utopia of ‘humanism’, ‘individualism’ and ‘progress’ - covers its deeper substances: the pseudo-scientifically (social-darwinistically) justified economic disenfranchisement (‘monetarization’, ‘free market’, ‘competition’) and social deconstruction (‘individual responsibility’, ‘labour marker participation’, ‘calculating citizenship’) that mathematically result in social implosion (Karl Marx’ Entfremdung and Emile Durkheim’s anomie). In the long term, Liberalism results in a ‘superstructure’ that is based on a very puritanical - and therefore highly resilient - form of Normativism: Liberalism has the highest totalitarian potential of all modernist (historical-materialist) ideologies. Thus, Alexander Dugin historical analysis, translated into English as The Fourth Political Theory, points to the intrinsic - logically-consistent and existentially-adaptive - superiority of Liberalism. ...[L]e libéralisme-normativisme est néanmoins coercitif, voire plus coercitif que la coercition exercée par une personne mortelle, car il ne tolère justement aucune forme d’indépendance personnalisée à l’égard de la norme, du discours conventionnel, de l’idéologie établie, etc., qui seraient des principes immortels, impassables, appelés à régner en dépit des vicissitudes du réel. ‘...[S]till, Liberal Normativism is coercive - it is even much more coercive than the power exerted by any mortal ruler, because it does not tolerate any form of personalized autonomy with regard to its own ‘norm’ (conventional consensus, standard ideology, political correctness), which is elevated to an eternal and unapproachable principle that is permanently exempt from the vagaries of real life’. (p.5) From a sociological perspective, the totalitarian superstructure of Liberal Normativism can be described as ‘hyper-morality’.[15]
The apparently inviolable foundation of the Liberal Normative monolith in the bedrock of Postmodern social psychology raises the question of whether or not it is possible to dislodge by the application of legal philosophy. An affirmative answer to that question depends on breaking through the ‘event horizon’ of Liberal Normative Postmodernity, i.e. stepping beyond its epistemological boundary. A break-out from the ‘timeless’ dimension of Liberal Normativism is by means of an ‘Archaeo-Futurist’ formula: the simultaneous mobilization of re-discovered ancient knowledge and newly discovered strength will provide the necessary combination of imagination and willpower.
2. Through the Glass Ceiling of Postmodernism
ΔΩΣ ΜΟΙ ΠΑ ΣΤΩ ΚΑΙ ΤΑΝ ΓΑΝ ΚΙΝΑΣΩ
[give me a place on which to stand, and I will move the Earth]
- Archimedes
One of the most important childhood diseases of the patriotic-identitarian resistance movement, now rising up against the globalist New World Order throughout the entire Western world, is its inability to correctly assess the nature and power of the hostile elite. The widening (‘populist’) public anger and incipient (‘alt-right’) intellectual criticism that feeds this resistance movement are partially characterized by superficial pragmatism (political opportunism) and emotional regression (extremist conspiracy theories). Both of these phenomena can be understood as the political and ideological reflections of the natural instinct of self-preservation: in a confrontation with direct existential threats, such as the ethnic replacement of the Western peoples and the escalating psychosocial deconstruction of Western civilization, political purity and intellectual integrity simply lack priority. Still, it is of vital importance that the patriotic-identitarian movement outgrows these childhood diseases as quickly as possible - especially its ‘quick fix’ political islamophobia and its ‘shortcut’ ideological anti-semitism.[16] It should be empathically stated that this does not imply any recourse to the kind of ‘preventive self-censorship’ that is now practised by the politically correct journalistic and academic establishment with regard to legitimate cultural-historical questions that are embedded within the larger discourses of ‘islamophobia’ and ‘anti-semitism’. The patriotic-identitarian movement is bound to prioritize authentic - not merely legalistic - freedom of expression: it is bound to the position that politically correct (self-)censorship and repressive media policies are counter-productive because they increase public distrust and because they feed political extremism. The obvious ‘pride and prejudice’ of the system press (which stigmatizes every rational cost-benefit analysis of ‘mass-immigration’, ignores the ethnic profiles of ‘grooming gangs’ and re-interprets incidents of islamist terror) and the governmental policy of ‘shoot the messenger’ with regard to critical media (through ‘fake news’ projections, ‘Russian involvement’ smear campaigns and digital ‘deplatforming’) have caused the public to abandon the journalistic and political ‘mainstream’. The downfall of the traditional (paper and television) media and the splintering of the political landscape merely represent the surface reflections of this development. Now it is up to the patriotic-identitarian movement to lead the defence of the old freedoms of press and opinion, freedoms that have been now been discarded by the hostile elite as superfluous - and dangerous.[17] The task of defending Western civilization, which has been sold out by the neo-liberals and betrayed by the cultural-marxists, has now devolved upon the patriotic-identitarian movement. A correct assessment of the nature and power of the hostile elite is now its highest priority - without it, a winning strategy is impossible. A short-cut identification of the ‘enemy’ as ‘the Islam’ or a ‘Jewish world conspiracy’ simply does not stand up to cold calculus and ruthless realism required from this assessment.
The correct identification of the hostile elite requires more than a simple - albeit ethically and existentially correct - reference to its undeniably ‘demonic’ quality. The absolute evil that results from industrial ecocide, bloodthirsty bio-industry, neo-liberal debt slavery and matriarchal social deconstruction is self-evident.[18] But more is needed: it is necessary to achieve a legal understanding and a political strategy that ‘frames’ the hostile elite in a definitive manner. In this regard, Robert Steuckers’ analysis of Carl Schmitt’s ‘political theology’ is of great value: it offers the intellectual tools that are necessary to complete this - possibly greatest - task of the Western patriotic-identitarian movement.
3. Liberalism as Totalitarian Nihilism
...le libéralisme est le mal, le mal à l’état pur, le mal essentiel et substantiel...
[...liberalism is evil, evil in its purest form, evil in essence and substance...] (p.37)
Steuckers analyzes Liberal Normativism as the ‘default ideology’ of the hostile elite, i.e. the ideology that ultimately legitimizes its hold on power: Le libéralisme... monopolise le droit (et le droit de dire le droit) pour lui exclusivement, en le figeant et en n’autorisant plus aucune modification et, simultanément, en le soumettant aux coups dissolvants de l’économie et de l’éthique (elle-même détachée de la religion et livrée à la philosophie laïque) ; exactement comme, en niant et en combattant toutes les autres formes de représentation populaire et de redistribution qui s’effectuait au nom de la caritas, il avait monopolisé à son unique profit les idéaux et pratiques de la liberté et de l’égalité/équité : en opérant cette triple monopolisation, la libéralisme et son instrument, l’Etat dit ‘de droit’, prétendant à l’universalité. A ses propres yeux, l’Etat libéral représente dorénavant la seule voie possible vers le droit, la liberté et l’égalité : il n’y a donc plus qu’une seule formule politique qui soit encore tolérable, la sienne et la sienne seule. ‘Liberalism monopolizes (1) the law (and the right to legislate) by [permanently] setting its boundaries, by not allowing for any fundamental adaptations and by exposing it to the ‘dissolving’ effects of [an uncontrolled] economy and [borderless] ethics (ethics that escape any religious framework and are hijacked by ‘secular philosophy). By denying and sabotaging all other forms of (2) [non-party political] representation and (3) [non-monetarized economic] redistribution for the sake of its own exclusive profits, liberalism also monopolizes the [entire] ideal and practical [discourse] of freedom, equality [and] fairness. Through this triple monopoly [and] through its state-enforced ‘legal order’, liberalism is able to claim [an absolute] universal validity. In its own eyes, the liberal state represents the sole possible [and sole redeeming] way to achieve law, freedom and equality. Thus, only one acceptable political formula remains: liberalism - and liberalism alone.’ (p.38) This is the background on which neo-liberal globalism is able to project ‘universal’ and ‘absolute’ values such as ‘good governance’ and ‘human rights’. From a Traditionalist perspective, Liberal Normativism as defined by Steuckers represents the political and ideological ‘infrastructure’ that reflects the higher but intangible cultural- and psycho-historical ‘superstructure’ that was here earlier defined as ‘Cultural Nihilism’, viz. the experiential reality that is pre-conditioned by social-economic Entfremdung, psycho-social anomie, urban-hedonist stasis and collectively-functional malignant narcissism.[19] This Traditionalist perspective fits seamlessly into Steuckers’ analysis of the tangible cultural-historical effects of Liberal Normativism. Steuckers explicitly describes Liberal Normativism as ....[le] principe dissolvant et déliquescent au sein de civilisation occidentale et européenne. ...[L]e libéralisme est l’idéologie et la pratique qui affaiblissent les sociétés et dissolvent les valeurs porteuses d’Etat ou d’empire telles l’amour de la patrie, la raison politique, les mœurs traditionnelles et la notion de honneur... ‘...[t]he ‘dissolving’ principle and ‘rot’ in the heart of Western and European civilization. ...[L]iberalism represents the ideology and practice that most effectively weakens communities and that most effectively dissolves the values on which state[s] and empire[s] are build: love of country, responsible statesmanship, traditional loyalty and authentic honour.’ (p.36-7)[20]
From a Traditionalist perspective, the cultural-historical effects of Liberal Normativism are determined by larger meta-historical dynamic, i.e. the downward time spiral that Hindu Tradition interprets as Kali Yuga and that the Christian Tradition interprets as ‘Latter Days’. The historical agency of Liberal Normativism as a carrier of a contextually functional Wertblindheit is explicitly recognized in Steuckers’ prognosis: ...une ‘révolution’ plus diabolique encore que celle de 1789 remplacera forcément, un jour, les vides béants laissés par la déliquescence libérale ‘...[it is] inevitable that, someday, an even more [openly] demonic revolution than that of 1789 will fill the gaping void that has been caused by the liberal rot.’ (p.37) A first indication of the deeper ‘outer dark’ that still lies hidden beyond the Liberal Normativist facade is found in the recent monster alliance between neo-liberalism and cultural-marxism in Western politics (in Dutch politics this alliance is visible in the program of the governing coalition parties, which combines the ‘disaster capitalist’ agenda of the VVD and the ‘deep nihilist’ agenda of the D66).[21] Steuckers highlights Schmitt’s doubly philosophical and theological interpretation of the regressive cultural-historical tendency of Liberal Normativism. Schmitt draws attention to the consistent Liberal-Normativist support for pre-Indo-European primitivism (Etruscan matriarchy, Pelagianist ‘katagogic’ theology) at the expense of Indo-European civilization (Roman patriarchy, Augustinian ‘anagogic’ theology).[22] Traditionalism associates this tendency with a meta-historical movement towards a ‘neo-matriarchy’: this explains the chronological relation between the Postmodern hegemony of Liberal Normativism and typically Postmodern symptoms such as feminization, xenophilia and oikophobia.[23] In sociological terms, this phenomenology can be accurately described as befitting the development of a ‘dissociative society’.[24] The spectre of an absolute nihilist void is already casting ahead its shadow in Postmodern discourses such as ‘open borders’ (genocide-on-demand), ‘transgenderism’ (depersonalization-on-demand), ‘reproductive freedom’ (abortion-on-demand) and ‘completed life’ (euthanasia-on-demand) - discourses that are straightforwardly demonic in any authentic Tradition.[25]
Leaving aside the natural interethnic (effectively ‘neo-tribal’) conflicts of contemporary ‘multicultural societies’ (conflicting bio-evolutionary strategies, interracial libido trajectories, post-colonial inferiority complexes), the prime trigger of the existential conflict between indigenous Westerners and non-Western immigrants is found in the increasingly diabolical life-world of Liberal-Normativist Western ‘society’. For every traditional Muslim from the Middle East, for every traditional Hindu from South Asia and for every traditional Christian from Africa the Liberal-Normativist ‘open society’ or the Postmodern West not only an abstract (theological) evil but also a lived (experiential) horror. Even if the armed terror of the islamicist jihad is (a tolerated) part of the offensive ‘divide and rule’ strategy of the hostile elite in form, in substance it can also be understood as a defensive mechanism against the blasphemous and dehumanizing experience of life under Liberal-Normativist rule. From a Traditionalist perspective, it could be said that for the Western peoples an Islamic Caliphate would, in fact, represent a (very relatively) ‘better’ alternative to the bestial dehumanization that will logically result from the ‘harrowing of hell’ of fully-implemented Liberal Normativism.
Thus, the greatest enemy of all the Western peoples - in fact, the common enemy of all peoples that still live according to authentic Traditions - is politically identified: totalitarian-nihilist Liberalism. Liberal Normativism is politically realized through Liberalism: the program of the hostile elite is shaped by Liberalism. In this regard, it is important to note the fact that, since the Second World War, Liberalism has gradually gained the status of ‘standard political discourse’. Liberalism has infiltrated, disfigured and transformed its political rivals, including Christian Democracy (the Dutch CDA and CU, which have joined the liberal governing coalition without the slightest compunction), Social Democracy (the Dutch PVDA and SP, which have been marginalized through decades of compromise) and Civil Nationalism (the Dutch PVV and FVD, which have failed to formulate a viable alternative vision of society). This process has advanced to point of eradicating any trace of authentic democratic-parliamentarian opposition in key areas such as economic and social policy. Steuckers views this process of ‘politicide’ as a function of Liberalism’s intrinsic power of ‘ideological sterilization’. Even outside of the core party cartels (in the Netherlands these are represented by standard ‘governing parties’ of VVD, D66, CDA, CU and PVDA) Liberalism has become a political habitus[26] - all other parties automatically (largely unintentionally) take on the role of ‘controlled opposition’. The result is ‘mainstream politics’ (in the Netherlands it is explicitly referred as the all-levelling ‘polder model’), now dominating the entire West since the 1980’s rise of ‘Neo-Liberalism’: the rise to power of Margaret Thatcher in Britain, Ronald Reagan in America and Ruud Lubbers in the Netherlands.
4. Liberalism as Politicide
A ‘democratically elected’ parliament can never be the place for authentic debate:
it is always the place where collectivist absolutism issues its decrees.
- Nicolás Gómez Dávila
The formation of Liberalist-led party cartels and Liberalist-guided consensus politics is largely due to the simple practice of parliamentarism: the parliamentary technique of the hyper-democratically dumbed-down and hyper-regulated unrealistic ‘debate’ reduces all ‘opinions’ and ‘viewpoints’ to their lowest common denominator, which is always found in grossly materialist and totally amoral Liberalism. The all-levelling debate replaces quality with quantity (‘democracy’), thought with feeling (‘humanism’), concrete justice with abstract governance (regulation, bureaucracy, protocol) and collective future planning with individual impulse gratification. ‘Purchasing power’ always outweighs generational legacy, ‘lifestyle’ always prevails over ecological sustainability and ‘relationship experiments’ always have priority over family life. Parliamentarism is nothing but the political and institutional reflection of the collectivist levelling sentiment that underpins bourgeois Liberalism: it represents the reductio ad absurdum of politics - politics as talk show entertainment.[L]’essence du parlementarisme, c’est le débat, la discussion et la publicité. Ce parlementarisme peut s’avérer valable dans les aréopages d’hommes rationnels et lucides, mais plus quand s’y affrontent des partis à idéologies rigides qui prétendent tous détenir la vérité ultime. Le débat n’est alors plus loyal, la finalité des protagonistes n’est plus de découvrir par la discussion, par la confrontation d’opinions et d’expériences diverses, un ‘bien commun’. C’est cela la crise du parlementarisme. La rationalité du système parlementaire est mise en échec par l’irrationalité fondamentale des parties. ‘[T]he essence of parliamentarism is found in debate, discussion and publicity. Such parliamentarism may prove itself an asset in an Aeropagus [assembly][27] of rational and clear-minded gentlemen, but this is no longer the case when rigidly ideological parties are confronting each other with claims of possessing the ultimate truth. The latter debate is no longer loyal: the aim of its participants is no longer the discovery of the ‘higher cause’ through a discussion and an exchange of opinions and experiences. Herein lies [the cause of] the crisis of [comtemporary] parliamentarism. The rationality of the [present] parliamentary system fails due to the fundamental irrationality of the parties.’ (p.18-9)
It is inevitable that this self-reinforcing crisis is increasingly fed by groups that were previously ‘invisible’ in the political landscape. The escalating process of political levelling is fed by the individual ambitions and resentments of the self-appointed ‘representatives’ of supposedly ‘discriminated’ groups. Seek and you shall find: there are always more ‘under-privileged’ groups (to be invented): young people, old people, women, immigrants, homosexuals, transgenders. Totalitarian nihilist Liberalism is the deepest (maximally ‘deconstructed’, maximally ‘desubstantivized’ political sediment - and sentiment - that results from this implosive process: it is the political ‘zero position’ that remains after the all-levelling ‘debate’, i.e. after the neutralization of all attempts at political idealism, political intelligence and political willpower.
Liberalism realizes the political (parliamentarist, partitocratic) dialectics of the Liberal-Normativist ideology. In Schmitt’ view, the dialectically vicious circle that results from this ideology can only be broken by a fundamental restoration of political authority. Steuckers states this as follows: Dans [cette idéologie], aucun ennemi n’existe : évoquer son éventuelle existence relève d’une mentalité paranoïaque ou obsidionale (assimilée à un ‘fascisme’ irréel et fantasmagorique) - ...il n’y a que des partenaires de discussion. Avec qui on organisera des débats, suite auxquels on trouvera immanquablement une solution. Mais si ce partenaire, toujours idéal, venait un jour à refuser tout débat, cessant du même coup d’être idéal. Le choc est alors inévitable. L’élite dominante, constituée de disciples conscients ou inconscients de [cette] idéologie naïve et puérile..., se retrouve sans réponse au défi, comme l’eurocratisme néoliberal ou social-libéral aujourd’hui face à l’[islamisme politique]... De telles élites n’ont plus leur place au-devant de la scène. Elles doivent être remplacées. ‘In [this ideology] a [real] enemy cannot be conceived of: even to suggest the possible existence of such an [enemy] is ‘proof’ of the paranoid or obsessive mentality (always associated with an unreal and imaginary ‘fascism’) - ...there are only ‘debating partners’. With [such partners] debates are organized and these debates always end in a solution. But if, one day, this partner - always thought of in abstract terms of rational perfection - would actually refuse the debate, then the ideal [‘discussion’ model] would immediately fail. An [existential] shock would be inevitable. The ruling elite, which is [entirely] made up of conscious and unconscious adherents to [this utterly] naive and infantile ideology..., would have no answer to this challenge - in the same manner that neoliberal and social-democrat eurocrats [have no answer] to [political islamism]... Such elites do not deserve a place on the [political] stage - they have to be replaced.’ (p.245)
5. Liberalism as Anti-Law and Anti-State
A Marxist system can be recognized by its protection of criminals
and its criminalization of opponents.
- Alexander Solzhenitsyn
Sometime during the aftermath of the Machtergreifung of the soixante-huitards the hostile elite has taken the strategic decision to replace the indigenous peoples of the West.[28] Its underlying logic is as clear as it is ruthless. The European peoples have proven to be historically incompatible with Modernity, as it is defined by Culture Nihilism: this is why they have to be mixed with and replaced by more malleable - less intellectual, less demanding, less self-conscious - slave peoples. The European peoples are demographically infertile under totalitarian dictatorship, they are economically unproductive in urban-hedonist stasis and they are politically unreliable in debt slavery.[29] But the ethnic replacement of the Western peoples is a project with considerable risks: even the most optimally calibrated Umvolkung recipe and the most carefully calculated dosage of its various ingredients (mass immigration, ethnically selective natalist policy, affirmative action, native economic deprivation) demand a political balancing act of unparalleled refinement. To achieve the political ‘point of no return’ (the demographically-democratically checkmate of the Western peoples) the hostile elite runs the risk that its amputation-transplantation operation will fail when the double psychological and spiritual anaesthesia fails, causing the patient to awake on the operating table. Until that point is reached, the expiry date of the hostile elite depends on two main anaesthetic medicines: (1) the hedonist-consumerist defined level of ‘wealth’ and ‘wellness’ and (2) the educative-journalistic manipulated politically correct consensus. If one of these two elements fall under a certain critical measure (a measure that is gradually revised downward), the danger of the patient awakening increases exponentially. Thus, a certain minimum remnant (constantly revised downward as well) of the welfare state, labour legislation, political pluriformity and freedom of opinion must be maintained until the process of ethnic replacement has been completed. The neoliberal-globalist ideals of entirely ‘open borders’, of an entirely amoral ‘open society’ and a total social-economic bellum omnium contra omnes can only be fully realized after the ethnic replacement project has reduced the native Western population to the status of ‘endangered species’, confined to marginal ‘reservations’. Until that time, the transition process creates a legal predicament for the hostile elite: it has to carefully manage the maximum speed with which Western state institutions and laws can be demolished and replaced with Liberal anti-state institutions and anti-laws. If this demolition and replacement take place too quickly, the Liberal anti-state risks an uncontrollable backlash: an early overdose of chaos and injustice in the public sphere risks a premature alienation and collective countermovement among the native Western populace.
The increasingly grotesque side-effects of the Liberal demolition of state institutions and legal safeguards are particularly problematic in case of those privileges that are the exclusive preserve of the ‘immigrants’ (‘affirmative action’, ‘preferential treatment’, ‘housing priorities’, ‘targeted subsidies’) and of those sanctions that are explicitly aimed at the natives (student loans, commercial credit and administrative fines for natives vs. scholarships, grants and prosecution dismissal for ‘immigrants’). The contrast between the bureaucratic hurdles, fiscal pressure, labour market congestion and housing shortages faced by the native population (particularly its unfortunates: the homeless, the infirm, the poor) and the red carpet treatment (free legal assistance, free shelter and free money followed by priority housing, start-up facilities and full access to social support) provided to foreign colonists (including masses of fraudsters, thieves and rapists) is becoming more grotesque every year. As the immigrant population explodes due to ‘managed migration’ (‘Marrakesh’),‘family reunification’ (‘human rights’) and ‘child allowances’ (‘legal equality’) - always at the expense by the native population - the hostile elite risks pushing the native population into electoral resistance (‘populist parties’) and civil disobedience (gilets jaunes) too soon and too far. The hostile elite is attempting to abolish the historical gains of 150 years of Western civilization - legal recourse, labour law, social security, educational opportunity, universal healthcare, administrative integrity, responsible governance - in the space of no more than two generations. Here, the generational divide (essentially the divide between baby-boomer and post-baby-boomer) is essential because it is vitally important to ‘clean’ the collective memory of the Western populace: to make sure that inconvenient concepts such as ‘educational standards’, ‘living wage’, ‘income security’, ‘old age insurance’ and ‘justice for all’ are eradicated as quickly as possible. The hostile elite is close to achieving this aim, even if it is not fully ‘in the clear’ yet.
The Liberal anti-state and anti-law of the hostile elite has already basically reduced its hardworking, conscientious and naive indigenous subjects to ‘milk cows’ and ‘slaughter cattle’ to be exploited on behalf of a rapidly increasing mass of ruthless, unproductive, fraudulent and criminal ‘immigrants’. The sickening burden of this colonizing immigration is particularly crushing for the most vulnerable indigenous groups: day labourers, small entrepreneurs, pensioners, the physically and mentally handicapped and single-parent families. The hostile elite is silencing their feeble protests against demographic inundation and social-economic marginalization with mind-twisting and utterly cynical one-liners such ‘multicultural enrichment’ and ‘humanitarian duty’, ‘market forces’ and ‘private responsibility’. In the Dutch context, their situation is best symbolized by a caricature picture that is now frequently becoming reality: the humble indigenous bicyclist who is stopped in the pouring rain by the traffic police to be fined for a defect light, when a few yards away an ‘immigrant’ drugs lord is speeding through the red light in his sports car on the way to launder his ill-gotten riches in the ‘convenient store’ of his family clan.
But worse is yet to come - and many are starting to experience this ‘in the flesh’. Worse is the experience of indigenous girls and women: with the clients of their ‘lover boys’[30] during their school years, with their ‘rapefugee’ stalkers during their college years and with their ‘#metoo’ affirmative action ‘bosses’ during their working lives. And the worst is hidden still: the murderous decolonization (Lari 1953, Algiers 1956, Stanleyville 1964, Kolwezi 1978, Air Rhodesia Flight 827 1979) and the postcolonial atavism (Macías Nguema in Equatorial Guinea 1968-79, Muammar Kaddafi in Libya 1969-2011, Idi Amin in Uganda 1971-79, Pol Pot in Cambodia 1976-79, Saddam Hussein in Iraq 1979-2003) of the Third World bode ill for the future of the remnant native population of the West once it is fully colonized by primitive Africans and resentful Asians. Perversion is already the becoming the standard modality of Western bureaucracies and judiciaries as the indigenous Western peoples are abandoned and left to face terrorism, criminality and persecution without effective recourse. They are left with a toothless police that is caught up in red tape, a matriarchal anti-judiciary that is protecting criminals against victims, a silent media cartel that is hiding the ‘colour of crime’[31] and a perverted political system that prioritizes ‘public perception’ over public responsibility. These collective experiences, however, are now fast accumulating into a critical mass that threatens the whole ethnic replacement: they are, in fact, creating space for an effective collective challenge to the hostile elite. The moral legitimacy of the native resistance is giving it the status of an ‘Authority in the Making’, empowering it to tear up the seemingly inescapable but wholly fraudulent ‘IOU from history’ that the hostile elite is foisting on the Western peoples. The traffic light of history is flashing yellow for Liberalism. The gilets jaunes have already shown the Liberal hostile elite the ‘yellow card of history’: it is now up to the Western peoples to write out its red card - and to transfer it from the political stage to the penalty box of history.
6. The Patriotic-Identitarian Resistance as Authority in the Making[32]
And that, knowing the time, that now it is high time to awake out of sleep:
for now is our salvation nearer than when we believed.
The night is far spent, the day is at hand:
let us therefore cast off the works of darkness,
and let us put on the armour of light.
- Romans 13:11-12
The basis of a successful campaign of Liberal Normativism as an ideological model and of Liberalism as a political force is the realization that both are the mortal enemies of Western civilization. For the Western peoples, the annihilation of Liberalism as a political force is an absolute precondition for a successful reconquista of state sovereignty and ethnic identity. In this case, the absolute right of survival coincides with the ethical imperative of resistance. This ethical imperative applies to all nations with ‘their back against the wall’, as formulated by Marek Edelman, the last leader of the Zydowska Organizacja Bojowa (‘Jewish Combat Organization’): We knew perfectly well that we had no chance of winning. We fought simply not to allow the Germans alone to pick the time and place of our deaths. We knew we were going to die.[33]
In this regard, the Western patriotic-identitarian movement would be well advised to take to heart what Steuckers has to say about the illusion of ‘dialogue’ with the hostile elite. Reasonability and dialogue end - have to end - when one is faced with an existential threat: ...l’ennemi n’est pas bon car il veut ma destruction totale, mon éradication de la surface de la Terre: au mal qu’il représente pour moi, je ne peux, en aucun cas et sous peine de périr, opposer des expressions juridiques ou morales procédant d’une anthropologie optimiste. Je dois être capable de riposter avec la même vigueur. La distinction ami/ennemi apporte donc clarté et honnêteté à tout discours sur le politique. ‘...the enemy simply cannot be good, because he seeks my total destruction [and] my eradication from the face of the Earth: I cannot, when faced with the [absolute] evil that he represents to me, apply the legal and moral prescriptions of [a misguided] anthropological optimism - if I do so, I will become extinct. I must be able to retaliate with equal vigour. Thus, the distinction between friend [and] enemy provides the political discourse with clarity and honesty.’ (p.51)
The hostile elite, which speaks through Liberal Normativism and which acts through Liberalism, has declared war on the Western peoples and on Western civilization: the Western peoples are simply left with no other choice than to fight for their lives and to appoint a newly-legitimate ‘authority in the making’. The weapons with which the Western patriotic-identitarian resistance can deal the intellectual deathblow to the hostile elite can be found in the arsenal of Carl Schmitt - Robert Steuckers’ Sur et autour provides the key to this arsenal. One of the weapons to be found there is Schmitt’s philosophical validation of the restoration of authentic Auctoritas.
7. Decisionism as State Theory
In Gefahr und grosser Noth
Bringt der Mittel-Weg den Tod
[In danger and distress
The middle way leads to death]
- Friedrich von Logau
The weakness of the hostile elite’s pseudo-philosophy of law is ruthlessly exposed in Steuckers’ analysis of Schmitt’s basic notions of the inevitably concrete and personal dimension of all authentic forms of legitimate law and power. The concrete and personal dimensions of law and power are best illustrated in its unavoidable incarnation in the person of the judge: the person of the judge bridges the gap between abstract and historically determined law (legal code, jurisprudence) and the concrete and contemporary reality (event, circumstance). La pratique quotidienne des palais de justice, pratique inévitable, incontournable, contredit l’idéal libéral-normativiste qui rêve que le droit, la norme, s’incarneront tous seuls, sans intermédiaire de chair et de sang. En imaginant, dans l’absolu, que l’on puisse faire l’économie de la personne du juge, on introduit une fiction dans le fonctionnement de la justice, fiction qui croit que sans la subjectivité inévitable du juge, on obtiendra un meilleur droit, plus juste, plus objectif, plus sûr. Mais c’est là une impossibilité pratique. ‘The daily, inevitable and undeniable practice of due legal process contradicts the Liberal-Normativist illusion that laws and norms can [somehow] be realized without a flesh-and-blood intermediary. By imagining an ‘absolute law’ that eliminates the person of the judge, it introduced a legal fiction: a fiction that proposes a better, more just and more objective law without the inevitable subjective [mediation of the] judge. But, [of course,] no such thing is possible in practice.’ (p.5-6) No legal verdict can be conceived of without the physical presence of a Vermittler, i.e. a man of flesh and blood who is - consciously or unconsciously - shaped by values and sentiments. Thus, no legal order can be conceived of without the imprint of the specific (historically and contextually experienced) charisma of the judge. In the Postmodern context, this charisma will tend to be of a collectivist-tainted, resentment-fed and downward-directed negative nature. Parce qu’il y a inévitablement une césure entre la norme et le cas concret, il faut l’intercession d’une personne qui soit une autorité. La loi [et] la norme ne peu[vent] pas s’incarner toute[s] seule[s]. ‘Because there will always be a gap between the [abstract] norm and the concrete [case], mediation by personalized authority is a necessity. [Thus,] the law [and] the norm can never incarnate themsel[ves].’ (p.6) The same concrete and personalized dimension apply with regard to political power: the entirely abstract, institutionalized and bureaucratized form of political power that is wished for, believed in and aimed at my Liberal Normativism is simply impossible. Thus, the inevitable and indispensable incarnation of political authority remains ...le démenti le plus flagrant à cet indécrottable espoir libéralo-progressisto-normativiste de voir advenir un droit, une norme, une loi, une constitution, dans le réel, par la seule force de sa qualité juridique, philosophique, idéelle, etc. ‘...the most definitive argument against the incorrigible liberal-progressivist-normativist hope that it will be possible, one day, to achieve a real-world law, norm [and] order that is solely based on judicial, philosophical and idealist quality.’ (p.6)
Under the aegis of totalitarian Liberal Normativism, however, Postmodern West politics has no longer any space for rational debate and superior argumentation: only ‘might is right’. L’idéologie républicaine ou bourgeoise a voulu dépersonnaliser les mécanismes de la politique. La norme a avancé, au détriment de l‘incarnation du pouvoir. ‘The republican and bourgeois ideology is aimed at the depersonalization of the mechanics of politics. It favours normative power at the expense of personalized power.’ (p.4) The contemporary power of Liberal Normativism is psychosocially anchored in an anti-rational matriarchal conditioning that abolishes all personalized forms of authentic authority in a hyper-collectivist règne de la quantité.[34] Dramatic illustrations of this increasingly oppressive matriarchal reality can be found in the Western European ‘ground zero’ of Postmodernity: in the ex-nation states of ‘Anti-Frankrijk’ en ‘Anti-Germany’ the policies of anti-tradition, anti-nationalism and anti-masculine are now metastasizing into openly sadomasochistic projects of self-mutilating and suicidal Umvolkung à l’outrance. In this context, every form of collectivist resistance (parliamentary ‘opposition’ and extra-parliamentary ‘activism’) against the idiocratic and absurdist excesses of Liberal Normativism is doomed to failure because it will limit itself to pragmatic ‘symptom management’. By limiting themselves to the matriarchal-collectivist (doubly politically-institutional and psycho-social) ‘frame’ of Liberal Normativism, such parliamentary opposition (the AfD in Germany, the FvD in the Netherlands) and such extra-parliamentary activism (the Reichbürger movement in Germany, the gilets jaunes movement in France[35]) are effectively reduced to ‘lightning conductors’. There exists only one true remedy for the matriarchal-collectivist ‘anti-authority’ of Liberal Normativism: patriarchal-personalized authority as defined in Traditionalist Decisionism.
The Decisionist approach to law and politics is always concrete, and therefore also physical and personal. In legal-philosophical terms, it is primarily concerned with the physical protection of the concrete (geographically and biologically bounded) realities of state and ethnicity. In Decisionism, earthly realities always take priority over abstract norms: ist erdhaft und auf Erde bezogen [the law is earth-bound and refers to earthly reality]. In metapolitical terms, it proceeds from the recognized necessity of personalized authority in order to meet physical calamities as well as overdoses of ‘normative’ power. It sanctions personalized authority for the effective management of existential threats against the state and the people: Ausnahmezustand, ‘state of emergency’, Ernstfall, ‘case of emergency’, Grenzfall, ‘borderline case’. This highest command authority is based on the (temporary) suspension (in fact: correction) of (normative) law through its (temporary) personification: this emergency measure is applied whenever the legal order, the power of the state or the survival of the nation are undermined or shaken. ...[E]n cas de normalité, [cet] autorité peut ne pas jouer, mais en cas d’exception, elle doit décider d’agir, de sévir ou de légiférer. ‘...[U]nder normal circumstances, th[is] authority stands outside daily life, but in case of emergency it is obliged to act, to rule and to legislate [directly].’ (p.4) This ‘emergency power’ kicks in case of existential threats from without (natural disaster, enemy invasion) and from within (rebellion, treason). In Traditional societies, this personalized authority is permanently (institutionally) available in the ‘reserve functionality’ of sacred office. In pre-modern Western societies, this reserve functionality is institutionally represented in the Monarchy, regulated either through election or succession. The sacred nature of the highest command authority is derived from the transcendental (and therefore anagogical) concept of state and nation that prevailed in all pre-modern societies. Carl Schmitt’s philosophy of law - inspired by the Traditionalist-Catholic state theory of Donoso Cortés[36] - retains this sacred element in its transcendental definition of a holistically conceived unity of state, nation and society. This unit, as qualified through the ancient notions of Unitas Ordinis, ‘Unified Order’, Societas Civiles, ‘Civil Society’ and Corpus Mysticum, ‘Mystical Body’, is taken to represent a creation that is naturally organic as well as divinely ordained - as such it can never be wholly encompassed by any political institution. The man that fate has called upon to defend the life of this mysterious ‘creature’ is held to be imbued with a sacred vocation of the highest order.
Thus, from a Traditionalist perspective, the state-nation-society agglomerate constitutes a living organism and a historical community with a mystical destiny that constitutes a political a priori: politics should be shaped around its needs and interests and politics serves it. ...[L]e peuple... n’est pas chose formée (par une volonté humaine et arbitraire) mais fait empirique et n’est jamais ‘formable’ complètement; il restera toujours de lui un résidu rétif à tout formatage, un reste qui échappera à la volonté de contrôle des instances dérivées de certaines ‘Lumières’... [L]a souveraineté populaire ne peut être entièrement représentée (par des députés) car alors une part plus ou moins importante de sa présence concrète est houspillée hors des institutions de représentation, lesquelles ne représent[e]nt plus que les intérêts ou des réalités fragmentaires. ‘...[T]he people... is not a ‘construct’ (to be made and unmade according to human will), but rather an empirical given fact that can never be entirely ‘malleable’ [in a political sense]: it always retains an indivisible residue that resists [all attempts at] ‘construction’ - a residue that remains intangible in terms of the kind of institutional control that derives from ‘Enlightenment’ [thought]... [N]ational sovereignty [and electoral mandates] can never be entirely representative through ‘representation’, because a [certain] - larger or smaller - part of the concrete presence [of the nation] will always be excluded from institutional representation, [because such a representation] will be inevitably focussed on fragmentary interest and realities.’ (p.33) The Traditionalist definition of the state-nation-society agglomerate is found in the vision of ... la ‘nation unie’, non mutilée par des dissensions partisanes, donc une nation tournant ses forces vives vers l’extérieur, et non pas vers sa seule sphère interne en y semant la discorde et en y désignant des ennemis, provoquant à terme rapide l’inéluctable implosion du tout. La Nation comme l’Eglise doit être un coïncidentia oppositorum : elle doit faire coïncider et s’harmoniser toutes les forces et différences qui l’irriguent, en évitant les modi operandi politiciens qui sèment les dissensus et ruinent la continuité étatique... ‘...the ‘unified nation’, undivided by partisan strife - a nation that directs its vital force outwards, and not merely inwards, where [that force] will create frictions and factions, results in inevitable and early total implosion. As in the case of the Church, the Nation is called upon to constitute a coïncidentia oppositorum: it must focus all [its] powers and harmonize the differences that feed its growth. It must avoid all politicized modi operandi - [factional divides and party-political narrow-mindedness] - that would cause [societal] friction and that would endanger the continuity of its state [sovereignty]...’ (p.38)
From this follows the double theological and legal imperative of a trans-democratic and trans-secular state authority which is simultaneously open in a downward (earthly) and upward (heavenly) direction and which guarantees the historical continuity of the nation(s) that it represents. A built-in permanent Decisionist ‘reserve option’ - a (temporal) ‘dictatorial’ command structure to deal with the Ernstfall - is an indispensable part of this state authority. Within the Traditionalist philosophy of law of the Christian world this reserve option is always ‘framed’ - and limited - by the higher transcendental principle of Caritas, which is explicitly expressed in the key principles of Catholic politics: Community, Solidarity and Subsidiarity. Caritas: the ‘anthropologically pessimistic’ Christian ethical imperative and pious practice of magnanimity with all creatures that need protection and assistance. First and foremost these are those people that are vulnerable, incapacitated or weak-minded - children, women, the poor, the sick, the handicapped and the dying. But these are also the animals and plants that cannot speak up for themselves and that are subject to man’s dominion. Noblesse oblige. In the Traditionalist philosophy of law of the Christian world the Monarchy was the highest natural and legitimate carrier of Decisionistically defined Auctoritas: ...les familles royales, qui incarnent charnellement les Etats dans l’Ancien régime, offrent de successions de monarques, différents sur le plan du caractère et de la formation, permettant une plus grande souplesse que les régimes normatifs et normateurs. Elles permettent la continuité dans l’adaptation et le changement, apportés par les héritiers de la lignée. En ce sens, les monarchies constituent des contrepoids contre le déploiement purement technique de la raison normative, qui fait basculer les Etats dans l’abstraction et apportent, in fine, la dictature. ‘...royal families - which are made to literally embody the state during the [Absolutist] ancien régime - offer a [continuous] succession of [ever new generations of] monarchs differ in character, upbringing and education: they offer a [‘built-in’ and] much greater flexibility than ‘normative’,... [democratically liberal] regimes. In this sense, monarchies offer a counterbalance against the purely ‘technocratic’ rule of normative ‘reason’ that reduces states to legal abstractions and, eventually, to [normative] dictatorships.’ (p.36) In a Monarchy the principle of Subsidiarity postulates an additional and derivative role for other ‘privileged’ institutions as well: the Clergy and the Nobility are called upon to carry many responsibilities - they are burdened with a secondary Decisionist Pflicht zur Tat, or ‘obligation to act’. All of these Traditional institutions were assumed to take on a number of natural and legitimate obligations on the basis of an existential quality that is simply unimaginable under the aegis of Liberal-Normativist modernity - a quality that can best be grasped in a number of concepts of more ‘aristocratically minded’ languages: solemnidad, ‘solemnity’, gravedad, ‘gravity’, Haltung, ‘composure’, Würde, ‘dignity’. In this regard, Steuckers points to the ‘Roman Form’ that is essential to this existential orientation - an orientation that was largely eliminated from the originally Roman-Catholic Church during the 20th Century aggiornamento that is now associated with Second Vatican Council (1962-65).[37] This Roman Form views ...l’homme... comme un être combattant, un être sans cesse préoccupé de limiter le chaos naturel des choses, de donner forme au réel, de maintenir les continuités constructives léguées par l’histoire... ‘man... as a warrior creature, a creature that is waging an incessant struggle against the chaotic state of the natural [world and that is called upon] to give structure to the reality [around himself and] to maintain the constructive continuities that he has inherited from history...’ (p.41)
This Roman Form is deconstructed in the utterly false ‘anthropological optimism’ of Liberal Normativism, which sets ‘self-made’ - cosmologically ‘autonomous’, sinless ‘free’, morally ‘self-determining’ - ‘modern man’ aside from Divine Creation, the Divine Order and Divine Providence. Liberal Normativism does not offer - cannot offer - any alternative for the Roman Form that it has ‘deconstructed’: Liberal Normativism is an exclusively negative ideology that can only thrive on denial, deconstruction and destruction. In political terms, it represents the abdication of Fortitudo, ‘fortitude’, and its replacement with administrative chaos and legal impunity. In economic terms, it represents the abdication of Temperantia, ‘self-restraint’, and its replacement with greedy materialism and unbridled consumerism. In social terms, it represents the abdication of Castitas, ‘chastity’, and its replacement with public feminization and private immorality. In psychological terms, it represents the abdication of Humilitas, ‘humility’, and its replacement with megalomania and narcissism. Thus, in the sense of Carl Schmitt’s politische Theologie, Liberal-Normativism can be interpreted as the political application of theological antinomianism.
8. The Antinomianist Project of the Hostile Elite
errare humanum est, perservare est diabolicum
[to err is human, to persist is diabolic]
Liberal-Normativism is entirely incompatible with any form of positive (eudaemonic, anagogic) - let alone Traditionalist (holistic, Decisionistic) - philosophy of law or concept of state. Its antinomianism - its pretence to be exempt from Divine Order and the Divine Law - places it outside and under and transcendentally inspired form of philosophy and statecraft. In the words of Robert Steuckers: Le normativisme se place en dehors de tout continuum historique puisque la norme, une fois instaurée, est jugée tout à la fois comme un aboutissement final et comme indépassable et, en théorie, le normativisme exclut toute dérogation au fonctionnement posé une fois pour toutes comme ‘normal’, même en cas d’extrême danger pour les choses publiques. ‘Normativism places itself outside all forms of historical continuity because, as soon as it is installed, its norm achieves the status of necessary and unsurpassable finality. Strictly speaking, normativism excludes any kind of exemption from the once-and-for-always established ‘normal’ functionality [of state power], even if the greater good is threatened in an unprecedented manner.’ (p.35) The epistemological and ontological ‘steel cage’ of Liberal Normativism closes with mathematical precision - in its doctrinal perfection, it wholly excludes all corrective possibilities. In this regard, Steuckers designates the legalism of Liberal Normativism as the ultimate arcanum of Western Postmodernity. This pharisaic legalism guarantees the (mentally preventive) ‘deconstruction’ of all authentic visions of a societas perfecta. It literally rules out the Decisionist (pragmatic, flexible, temporary) Auctoritas that is built into every Traditionalist concept of state power and philosophy of law.
In the chapter La décision dans l’oeuvre de Carl Schmitt, ‘The Decision in the Work of Carl Schmitt’, Steuckers provides a precise analysis of Schmitt’s intellectual Werdegang. He points to the remarkable parallelism between Schmitt’s intellectual development and the 20th Century development of the Liberal-Normativist epistemological-ontological ‘steel cage’. The three phases that Steuckers distinguishes in Schmitt’s work and life can be interpreted as three phases in the development of the antinomian project of the hostile elite, i.e. three phases in the construction of the Liberal-Normativist totalitarian dictatorship that is nearing completion under the aegis of Western Postmodernity. Steuckers names each of these three phases after the historical function of the ‘decision-maker’ - the symbolic personification of highest command power - during the phase in question. In the framework of this essay, which aims at a ‘short anatomy of the ideology of the hostile elite’, it is useful to briefly review each of these three ‘decision makers’ according to an improvised - artificial but investigative - ‘timetable’.
(1) The phase of the Beschleuniger, the ‘Accelerator’, which covers the forty years between two symbolically important years in Western history, viz. 1905, marking the first military-political victory of a non-Western over a Western great power (the Russo-Japanese War) and the ‘constitutionalization’ of the last Traditional Western autocracy (First Russian Revolution), and 1945, marking the final military-political victory by late-modern trans-nationalism (Grossraum, American and Soviet superpower) over the classic-modern nation-state (Lebensraum, Axis powers).[38] This phase is characterized by an ‘engineering ideology’ that allows for a technical acceleration of power, in the sense of a chronological break-through as well as a spatial break-out. Here, ‘1905’ expresses a double breaking-point in terms of significant power expansions in technique (submarine exploration, aviation, ether communication, spectrum analysis) as well as cognition (Einstein’s annus mirabilis, the Weber Thesis, de Saussure’s semiotics, Durkheim’s social fact-finding). The technical suppression of the classic-modern nation-state during this phase starts with an acceleration of sea power (1905 marks the launch of the Dreadnought and the start of the Naval Arms Race) and ends with a break-out into literally supra-terrestrial power: the launch of V-2 Wunderwaffe number MW18014 on 20 June 1944 marks the start of the Space Age and the ‘Trinity Test’ of 16 July 1945 marks the start of the Nuclear Age. It is ironic that the pursuit of revolutionary and transformative forms of power was most explicitly incorporated in the ideologies of the geopolitical losers of 20th Century, viz. in Italian Futurism and in German Technical Idealism.[39] In this regard, Steuckers points to the fact that Schmitt’s legal-philosophical analysis of the economically and technologically motivated Beschleuniger can only be properly understood as an expression of the new ‘titanic’ ontology that is incarnated in German Technical Idealism, i.e. the same ‘spectral’ spirituality that inspires technocrats of the Third Reich such as Albert Speer and Wernher von Braun. The German Technical-Idealist aim of transformative Beschleunigung also characterized the parallel philosophical explorations of Martin Heidegger.[40] Here it should be noted that the search for a way out of the dead-end of Western Postmodernity would benefit from a systematic revaluation of the ideal content of German Technical Idealism - such a revaluation would be much more interesting than the endless ruminations over its ideological weight. A revaluation of German Technical Idealism can proceed from its emphasis on a productive (qualitatively measured) rather than a commercial (quantitatively measured) economy and on an explorative rather than a utilitarian science.
(2) The phase of the Aufhalter, the ‘Inhibitor’, which covers the forty years between the Götterdämmerung of German Technical Idealism and the Promethium Sky over Hiroshima[41] from 1945 till 1985. 1985 is not only the year of Carl Schmitt’s death; it is also symbolically significant as the year after George Orwell’s 1984 and as ‘point of no return’ in anthropogenic global warming - it marks the point at which the Postmodern ‘fall into the future’[42] becomes inevitable and at which all ‘inhibitions’ fail. This phase is characterized by a protracted ‘delaying action’ of the (political, social, cultural) traditional institutions of Western civilization against the rising tide of (doubly technical-industrial and psycho-social mobilized) proto-globalism that starts to flood the Western heartland in 1945. During this phase, these traditional institutions (Monarchy, Church, Nobility, Academy) are gradually pushed back in their role as Katechon. As Aufhalter the Katechon represents the ‘shield of civilization’ that surrounds any Traditional society.[43] Le katechon est le dernier pilier d’une société en perdition; il arrête le chaos, en maintient les vecteurs la tête sous l’eau. ‘The katechon is the last pillar of a society in dissolution: it holds back the [forces of] chaos by holding [its] vectors below the surface.’ (p.10) During this phase, the roots of authentic philosophy of law are gradually cut away: its Ortungen (as expressed in Schmitt’s adage Das Recht ist erdhaft und auf die Erde bezogen, ‘the law derives from the Earth and refers back to the earthly realm’) are abolished in a global process of de-naturalization, de-territorialization and de-location. During this phase, the Katechon institutions are no longer able to stop the literally all-mobilizing but teleologically negative process of globalization - they mere retain a residual function as a temporary inhibitor.[44] The political reflection of this cultural-historical process is found in the deliberate globalist demolition of the nation-state: states and ethnicities are stripped of their sovereign rights and authentic identities. The geopolitical force field is increasingly dominated by an all-mobilizing, all-liquefying and border-less thalassocracy: the all-monetarizing ‘sea power’ that gradually expands outwards from its Atlantic-Anglo-Saxon heartland through tides of money and commerce.[45] Globalist fata morgana’s such as ‘universal human rights’, ‘international law’, ‘free market mechanisms’ and ‘open borders’ are raised to the status of ‘norm’ in the political arena. L’horreur moderne, dans cette perspective généalogique du droit, c’est l’abolition de tous les loci, les lieux, les enracinements, les im-brications. Ces dé-localisations, ces Ent-Ortungen, sont dues aux accélérations favorisées par les régimes du XXe siècle, quelle que soit par ailleurs l’idéologie dont ils se réclamaient. ‘The modern horror that finds expression in this genealogy of law is the eradication of all loci - all placements, all roots [and] all enclosures. These ‘displacements’, these Ent-Ortungen, result from the accelerations that are favoured by all 20th Century regimes, irrespective of the [formal] ideological [discourses] that they claim to represent.’ (p.10)
(3) The phase of the Normalisateur, the ‘Normalizer’, approximately coincides with the Postmodern Era. During this phase, the structural inversion of the traditional institutions and values of Western civilization is basically completed. The political-institution and legal-philosophical role of the Katechon, which was previously determined by the positive (anagogic) trajectory of Western civilization is now reversed and replaced by that of the ‘Normalizer’, i.e. by the political-institutional and legal-philosophical ‘anti-christ’ in pursuit of the negative (katagogic) norm of globalist Postmodernity. This is the phase of fully-fledged Liberal Normativism. Steuckers points to the ‘Weimar Standard’ as the ‘factory setting’ of Liberal Normativism: this standard provides, as it were, the ‘sacred’ reference point and the ideal form of secular-bourgeois Liberalism. The thalassocratic ‘New World Order’, enforced by the ‘letter institutions’ (UN, IMF, WEF, EU, NATO), implements this ‘Weimar Standard’ on a global scale, hijacking the technical (digital, virtual) innovations that are now directly linking ‘borderless’ products and services to ‘borderless’ demands and emotions (world wide web, social media, virtual reality). Instability becomes the standard modality in all spheres of life. In the political sphere, ‘open borders’ prevail. In the social sphere, ‘open relations’ prevail. In the psychological sphere, ‘open access’ prevails: relations are reduced to ‘role-playing’, interactions are reduced to narcissist ‘ego communication’ and intimacies are reduced to the ‘pornosphere’. In the cultural sphere, ‘open sources’ prevail: knowledge is reduced to ‘resource management’ and publicity is reduced to ‘(b)log activity’ - Schmitt uses the term Logbücher. The spiritual ‘melt-down’ of Western civilization during this nearly literal new ‘Age of Aquarius’ is a fact. Against this background the role of the ‘Normalizer’ becomes clear. La fluidité de la société actuelle... est devenue une normalité, qui entend conserver ce jeu de dé-normalisation et de re-normalisation en dehors du principe politique et de toute dynamique de territorialisation. Le normalisateur, troisième figure du décideur chez Schmitt, est celui qui doit empêcher que la crise conduirait à un retour du politique, à une re-territorialisation de trop longue durée ou définitive. La normalisateur est donc celui qui prévoit et prévient la crise. ‘The fluidity of society... has [now] become ‘norm’: the [dialectic] process of de-normalization and re-normalization is permanently put beyond the grasp of political power and territoriality. The normalizer, the third avatar of the ‘decision-maker’ in Schmitt[’s work], is appointed to manage all crises in such a way as to prevent any definitive or prolonged return to the [exercise of] political power or re-territorialization. Thus, the normalizer is the one that foresees and prevents such crises.’ (p.14) Effectively, the ‘Normalizer’ is charged with the permanent maintenance of the Liberal-Normativist anti-order: he must prevent the widespread recognition of the Ernstfall and the resulting declaration of a state of emergency. In religious terms, this would be the classical function of the ‘anti-christ’. This ‘Normalizer’ is now incarnated in the hostile elite of the Postmodern West. The functionality of the hostile elite as ‘Normalizer’ explains the extreme forms of its antinomian project: institutional oikophobia, rabid demophobia, politically correct totalitarianism, Orwellian censorship, matriarchal ‘anti-law’, idiocratic anti-education, social deconstruction and ethnic replacement.
9. The Decisionist Alternative
In the beginning of a change the patriot is a scarce man,
and brave, and hated and scorned.
When his cause succeeds, the timid join him,
for then it costs nothing to be a patriot.
- Mark Twain
An answer to the question of whether or not the fast-growing patriotic-identitarian movement in the heavily battered nation-states of the West is able to politically destroy the globalist New World Order in its old heartland will depend on its meta-political - philosophical, ideological - ability to break out of the ‘frame’ of Postmodernity, which was here identified as the ‘steel cage’ of Liberal-Normativism. Within the limited framework of this essay, extensive consideration of this problem is impossible - all that can be done here is to indicate the approximate direction in which this ability must be sought.
Martin Heidegger already pointed to the profound psycho-social conditioning that follows from the ontological quality of Western Modernity. Liberal Normativism can be defined as the psycho-social reflection of this ontological quality, which Heidegger exposes as embodied in the Modern-Western Gestell, or ‘technical frame’. Jason Jorjani has pointed to the necessity of an explicit re-orientation on the Techne as an autonomous and self-creative force field that determines this Gestell: only a brand-new technical-idealist ‘re-thinking’ of this Techne will provide control over the Gestell. Jorjani has started this process of re-thinking: his Archaeo-Futurist approach encapsulates this Techne and is thus able to break through the epistemological ceiling of historical-materialism. Jorjani’s break-out from historical-materialist discursive dialectics has delivered a fatal blow to the Liberal-Normativist ideology that is based upon these dialectics - but only if and when that break-out is followed up by a ruthless exploitation of its final (political, economic, social, cultural) consequences. In terms of this exploitation, Carl Schmitt’s philosophy of law is highly relevant, because it offers a possibility of an Archaeo-Futurist deconstruction of Liberal Normativism in its political and legal guises. It provides a ‘crowbar’ with which to wrench open the political-legal ‘steel cage’ of the Liberal-Normativist anti-state and anti-law. This crowbar is found in Decisionism, as sanctioned by Carl Schmitt’s philosophy of law. Carl Schmitt breaks down the (abstract, deconstructive) discursive dialectics of Liberal Normativism by the (concrete, constructive) Realdialektik of Decisionism. Decisionism recovers the habitus of Ordnungsdenken and it restores the authentic (flexible, pragmatic) counter-norm of the Obrigkeitsstaat. Decisionism offers the patriotic-identitarian movement an Archaeo-Futuristically valid deconstruction of Liberal Normativism.
Steuckers’ reconstruction of Schmitt’s philosophy of law provides the building blocks of a new, Archaeo-Futuristically framed Decisionism as a remedy for Liberal Normativism. An Archaeo-Futuristically determined Decisionism will have to take its cue from the institutional and legal-philosophical Western Tradition: Tout avenir doit être tributaire du passé, être dans sa continuité, participer d’une perpétuation, faute de quoi il ne serait qu’une sinistre farce, un projet éradicateur et, par là même, criminel. ‘Every [vision of the] future must recognize itself as heir of the past and as [carrier of historical] continuity: otherwise, it will be nothing more than a sinister farce, a project of destruction and, therefore, a criminal [enterprise].’ (p.60-1) At the same time, it is important to build in an important caveat: Steuckers points to the need for a pragmatic application of Decisionism, befitting the contemporary reality: ...il y a... deux dangers à éviter, celui de caricaturer la tradition, [comme] éloigné[e] de tout véritable souci du...’ politique politique’, et celui de l’abandonner au profit de maigres schémas normativistes. ‘... two dangers must be avoided: [first,] a caricature of tradition, divorced from an effective concern for... a [always pragmatic] ‘political politics’, and, [second,] an abandonment of tradition in favour of substance-less normativist schemes.’ (p.63) Accordingly, there can be no neo-reactionary return to anachronistic forms of Decisionism: ...les régimes pré-libéraux... étaient plus stables sur le long terme, [m]ais... on ne pourra pas les restaurer sans d’effroyables bains de sang, sans une sorte d’apocalypse. [On] doit dès lors éviter l’enfer sur terre et œuvrer au maintien des stabilités politiques réellement existantes. ‘...the pre-liberal forms of government [that ruled the pre-modern world]... were more stable in the long term, [b]ut... they cannot be restored without a horrific bloodbath [and] a kind of apocalypse. [It] is imperative to avoid hell on earth and to work within the framework of such political stability as can still be found.’ (p.31) Thus, modern Decisionism should avoid anachronistic purism: it should seek organic development.
Key elements of such an organic development can be found in Steuckers’ reconstruction of the historical trajectory of Western Decisionism. Partially secularized, but still transcendentally-inspired aspects of a Decisionism that serves the ‘greater good’ can be found in a series of chronologically sequential but organically related notions that are scattered throughout the history of the Western philosophy of law. These include: the Corpus Mysticum of Francisco Suárez (1548-1617), the volonté générale of Jean-Jacques Rousseau (1712-78), the élan vital of Henri Bergson[46] (1859-1941), the omul nou of Corneliu Codreanu (1899-1938) and the Reichstheologie of Erich Przywara (1889-1972). These notion transcend all 19th and 20th Century ‘isms’: the transcend fascism (which tends to wrongly view the state as an aim instead of a means), nationalism (which tends to wrongly ascribe an active instead of a passive role to the nation) and parliamentarism (which tends to wrongly prioritize procedures over problem-solving). Thus, there exists an uninterrupted (semi-)Traditionalist continuity that develops alongside - and in constant opposition to - the gradual modernist devolution that has now resulted in the Liberal Normativist New World Order, realized through the (trans-national and informal) potestas indirecta of the hostile elite. This alternative Decisionist continuity offers a guideline for an Archaeo-Futurist deconstruction of Liberal Normativism: it offers an exit from the total Staatsdämmerung of neo-Liberalism and the permanent Ersatz-Revolution of cultural-marxism.
In the peripheral areas of the West, the first signs of a proto-Archaeo-Futurist reaction to Liberal Normativism are already becoming visible: these are the ‘Enlightened Decisionisms’ of Vladimir Putin, Viktor Orbán and Recep Erdogan, very accurate defined as ‘illiberal’ by the Liberal-Normativist propaganda machine. The Western hostile elite is now scrambling to prevent the spread of this Decisionist reactive movement into the Western heartland, a spread that can already be discerned in phenomena such as ‘Brexit’, ‘Trump’ and ‘M5S’. The hostile elite is opting for a Flucht nach vorn, a ‘flight forward’, by an accelerating of its core strategies: the introduction of totalitarian matriarchy (anti-white ‘multiculturalism’, anti-male ‘transgenderism’, anti-intellectual ‘political correctness’), the fostering of social implosion (‘no-fault divorce’, ‘birth control’, ‘sexual revolution’) and the enforcement of ethnic replacement (‘refugee quotas’, ‘migration pacts’, ‘high-skill migration’).
The success of the Western patriotic-identitarian movement in its struggle with the hostile elite depends not only on an intellectual re-armament through the re-instatement of a Decisionist (meta-)political discourse, but also on the inner re-enactment of a deeper Wehr- und Waffen-Instinkt, or ‘defence and armament instinct’.[47] In this regard, Steuckers emphasizes the importance of traditional Western ethics of the crusader, i.e. the double monastic and knightly archetype of the ‘military Katechon’. There is a direct psycho-historical relation between the Crisis of the Modern West and the abolition of the Western monastic and knightly traditions. Steuckers points to the crucial role of crusader ideal in Western history, which tends to recur in highly stylized forms in heroic figures such as Johann Tserclaes Count von Tilly, commander of the Catholic League from 1610 till 1632, Prince Eugene of Savoy, victorious over the French hereditary enemy at Blenheim (1704) and Oudenaerde (1708) and over the Turkish archenemy at Zenta (1697) and Belgrade (1717). The capacity of the Western patriotic-identitarian movement to mount a credible Decisionist challenge against the Liberal-Normativist hostile elite will also depend on a re-enactment of the Western Wehr- und Waffen-Instinkt. This means the capacity to wage war in all spheres: physical, psychological, intellectual and spiritual. The ‘training’ required to reach a sufficient level of ‘fitness’ will have to start with a therapeutic confrontation with the psycho-historical traumas of the West. Session One: a positive inner re-enactment of the existential attitude that is expressed in - obviously German and Prussian - ‘taboo words’ such as Beharrung, ‘persistence’, Kleinkrieg, ‘guerrilla’, Zermürbung, ‘attrition’, totaler Widerstand, ‘total resistance’, totaler Krieg, ‘total war’. Session Two: a transformative projection of this re-enactment into brand-new ‘catch phrases’ that call for peaceful but effective civic resistance: ‘Take the Hit’ (Jared Taylor) and ‘Great White Strike’ (Frodi Midjord). Session Three: the development of an unwavering commitment through a permanent confrontation with the enemy: inward in what the Islamic Tradition terms al-jihad al-akbar, or ‘Greater Holy War’, and outward in what the Augustinian Tradition terms the bellum justum, or ‘Just War’. The discipline and courage that will result from these exercises will bring the hostile elite to its knees soon enough: the hostile elite maybe malicious - it is also cowardly.
Noch sitzt ihr da oben, ihr feigen Gestalten.
Vom Feinde bezahlt, dem Volke zum Spott.
Doch einst wird wieder Gerechtigkeit walten, dann richtet das Volk.
Dann genade Euch Gott!
[Still you are on top, you cowardly figures,
paid by our enemy, ridiculed by our people.
But one day righteousness will prevail - on you will be judged by our people.
On that day, may God be with you!]
- Theodor Körner
10. The Eurasianist Dimension
à tous les coeurs bien-nés que la patrie est chère
[to all well-born hearts the fatherland is dear]
The struggle against the globalist hostile elite, which is thinking and operating on a planetary scale, demands more than a patriotic-identitarian intervention at the national level within each Western nation-state: it also demands a certain degree of geopolitical coordination at an international level. In this regard, Steuckers’ brilliant ‘update’ of Schmitt’s Land und Meer analysis[48] is highly relevant. Steuckers points to the fact that the approaching apogee globalism - effectively the apogee of Atlanticist-Anglo-Saxon thalassocracy analyzed by Schmitt - is characterized by ‘pyro-politics’, i.e. a compulsive resort to globalist ‘arson’ in all parts of the world that are not directly accessible to sea power-based globalism. Les forces hydropolitique cherchent à détruire par tous les moyens possibles cette terre qui ne cesse de résister. Pour parvenir à cette fin, l’hydropolitique cherchera à provoquer des explosions sur les lambeaux de continent toujours résistants ou même simplement survivants. L’hydropolitique thalassocratique va alors chercher à mobiliser à son profit l’élément Feu comme allié, un Feu qu’elle ne va pas manier directement mais confier à des forces mercenaires, recrutées secrètement dans des pays ou des zones urbaines en déréliction, disposant d’une jeunesse masculine surabondante et sans emplois utiles. Ces forces mercenaires seront en charge des sales boulots de destruction pure, de destruction de tout ce qui ne s’était pas encore laissé submerger. ‘The hydro-political powers are pursuing the destruction of all land[power] that persists in resisting [globalist thalassocracy] with all means at their disposal. To achieve that aim, hydro-politics is seeking to provoke explosions in all remnants of continent[al power] that continue to exist, or simply continue to survive. To this end, thalassocratic hydro-politics is attempting to mobilize the Fire element as an ally - an [element] that it cannot apply directly, but which it entrusts to those mercenary forces that it secretly recruits from the unemployed surplus male youth [found] in [backward] countries and derelict suburbs. These mercenary forces are committed to the ‘dirty work’ of wanton destruction - [to] the destruction of everything that has not yet allowed itself to be submerged [by globalism].’ (p.241)
Thus, Steuckers explains a number of contemporary geopolitical patterns, such as the waves of ‘humanitarian interventions’ (Somalia 1992, Kosovo 1999, Libya 2011), ‘proxy wars’ (Chechenia from 1994, Sinkiang from 2007, Syria from 2011) and ethnic émeutes, or ‘city riots’ (Los Angeles 1992, Paris 2005, London 2011). Other phenomena that can be explained through the prism of Steuckers’ pyro-politics are the hostile elite’s deliberate creation of ‘colour revolution’, ‘separatism movements’ and ‘failed states’. The writer of this essay proposes to extend this pyro-political analysis to even greater contemporary patterns. Thus, anthropogenic climate change (‘fired up’ through global-scale hyper-consumerism and industrial ‘outsourcing’ to the Third World), global overpopulation (‘fired up’ through ‘development aid’ to the Third World) and intercontinental migration (‘fired up’ through ‘refugee resettlement’ and ‘humanitarian assistance’) can be understood as calculated experiments in globalist pyro-politics. ...[L]a stratégie thalassocratique de mettre le Feu à des régions entières du globe en incitant à des révoltes, en ranimant des haines religieuses ou des conflits tribaux n’est certes pas nouvelle mais vient de prendre récemment des proportions plus gigantesque qu’auparavant dans l’histoire. C’est là le défi majeur lancé à l’Europe en cette deuxième décennie du XXIe siècle. ‘...[T]he thalassocratic ‘scorched earth’ strategy, which is [now] affecting entire regions of the globe by inciting revolts, stoking up religious hatreds and reanimating tribal conflicts, is certainly not new, but it has recently taken on historically unprecedented proportions. This is the greatest challenge facing Europe in the second decade of the 21st Century.’ (p.243)
Steuckers points to Schmitt legal-philosophical validation of a geopolitical vision that offers Europe an alternative to globalist pyro-politics: a European Monroe Doctrine. This alternative finds its legal-philosophical validity in the Decisionist priority of earthly Realpolitik over abstract ‘normative politics’: das Recht ist erdhaft und auf die Erde bezogen, ‘the law derives from the Earth and refers back to the earthly realm’. In the geopolitical vision of Schmitt that has been reconstructed by Steuckers, the atrocious atavism of globalist pyro-politics is directly caused by the philosophical regression that runs parallel to America’s rise as a thalassocratic superpower - the American intervention in the First World War marks the fatal turning point. ...[L]e droit n’existe pas sans territoire et... les civilisations se basent sur une organisation spécifique de l’espace (Raumordnung), d’où découle un jus publicum admis par tous. En Europe, de la fin du Moyen Age jusqu’au début de notre siècle, l’histoire a connu un jus publicum europaeum où l’on admettait que chaque Etat, chaque Nation menaient une guerre juste de son point de vue. Ce respect de l’adversaire et des [motives] qui le poussent à agir humanisera la guerre. Avec Wilson, on assiste à un retour à la discrimination entre les ennemis car l’Amérique s’arroge le droit de mener seule une guerre juste. ‘...[T]here can be no law without territory and... all civilizations base themselves on their own particular Raumordnung, or ‘spatial order’, from which they derive a jus publicum, or ‘public law’, that is recognized by all. From the late Middle Ages till the beginning of the [20th] Century, the history of Europe is determined by a jus publicum europaeum which recognizes the legitimate right of every State and every Nation to wage war, commensurate to its lawful interests. This respect for the enemy and for the motives that cause him to act led to a [relative] ‘humanization’ in [European] warfare. But during [the presidency of Woodrow] Wilson, there is a regression into discrimination between enemies, because [under his leadership] America claims the exclusive right to wage a just war.’ (p.19)
The abstractly normativist philosophy of law that underpins globalist geopolitics and that continues to follow the Wilsonian path can only be deconstructed by a systematic return to concrete legal-philosophical Ortungen, i.e. by literal re-territorializations and the reconstitution of multiple place-bound legal orders. This is the legal-philosophical basis for a viable multipolar geopolitical order - a multipolarity that forms the basis for the Neo-Eurasianist project proposed by Alexander Dugin.[49] Dugin’s work reflects the re-territorialization of the Russian State and Nation after the seventy-year de-territorialization of the trans-national Soviet project. Thus, what Steuckers already predicted in 1985, before Gorbachev’s Glasnost and Perestroika, has come true : Quand les Russes cesseront de se laisser gouverner par de vieux idéocrates, ils seront à nouveau eux-mêmes: le peuple théophore, le peuple porteur du sublime. ‘When the Russian stop allowing themselves to be ruled by old ideocrats, they will again be what they were before: the theophoric people, the people that carry the Sublime’. (p.27) The miraculous resurrection of Russia from the ashes of Soviet Communism can inspire the Western peoples: it sets a precedent for their own resurrection from the ashes of Liberal Normativism.
Thus, the basis of a Eurasianist ‘Monroe Doctrine’ that can protect the peoples and civilizations of Eurasia from globalist thalassocracy must be sought in a concrete legal-philosophical Ortung. Si l’Europe a un droit à l’identité, il convient de définir cette identité à la lumière du concret, en rappelant les lourdes concrétudes de l’histoire et sans ressasser ces pseudo-arguments complètement stériles qu’avancent tous les fétichistes adorateurs d’idéaux désincarnés. Parce que l’Europe n’est pas d’abord une idée, belle et abstraite... L’Europe, c’est d’abord une terre, un espace, morcelé en Etats nationaux depuis le XVIIe siècle, balkanisée avant la lettre en son centre géographique depuis ce pré-Yalta que furent les traités de Westphalie conclus en 1648. ‘If Europe has the right to an identity, then it is necessary to define that identity in the light of concrete [reality], recalling the burdensome concrete facts of [its] history without regressing into the entirely vacuous and sterile pseudo-arguments that have been launched by the adoring fetishists of abstract ideas. Because Europe is not a beautiful and abstract idea... Above all, Europe is a territory, a space that has been divided up into nation-states since the 17th Century, and that has been ‘balkanized’ avant la lettre since the proto-Yalta of the Westphalia Treaties signed in 1648.’ (p.25) Accordingly, the Eurasianist project aims at re-territorializations: politically in restored state sovereignty, socially in restored ethnic identity and economically in restored autarky (i.e. a maximum of self-sufficiency in the production of food, energy and industry for each of its regional ‘welfare spheres’). L’économie, par la crise, nous défie et nous accuse d’avoir fait fausse route. La géopolitique nous dicte ses vieux déterminismes que personne ne peut contourner. Il n’y a que nos volontés qui vacillent, qui ne suivent pas l’implacable diktat du réel et de l’histoire. ‘[Chronic] economic crises are challenging us and they prove to us that we have chosen the wrong path. Geopolitics forces us to deal with the older [earth-bound] realities that cannot be overturned by anybody. It is only our will that is [still] lacking: [we should recover our] determination to follow the incontrovertible signposts of [earthly] and historical reality.’ (p.27)
To defeat the globalist hostile elite, the patriotic-identitarian movement of the West must gain insight into the enemy’s mind and motives. In this respect, it has much to gain by simply revisiting the great thinkers of the Western Tradition. It therefore owes a great debt of gratitude to Robert Steuckers for providing updated access to the rich heritage of Carl Schmitt - and for providing the weaponry it needs to destroy the hostile elite.
Behold, I have created the smith that bloweth the coals in the fire,
and that bringeth forth an instrument for his work;
and I have created the waster to destroy.
No weapon that is formed against thee shall prosper;
and every tongue that shall rise against thee in judgment thou shalt condemn.
This is the heritage of the servants of the Lord,
and their righteousness is of me, saith the Lord.
- Isaiah 54:16-17
Glossary
Decisionism |
doctrine of directly-concrete and physically-embodied command authority, opposite of indirectly-abstract and psychologically-manipulative Normativism (Rex vs. Lex); |
Kakocracy |
‘government by the worst’, rule of the hostile ‘fake-elite of counterfeits’[50]; |
Normativism |
totalitarian doctrine based on the absolute ‘anti-political’ norm established by the combined praxis of neo-liberal nihilism and culture-marxist deconstruction; |
Partitocracy |
political ‘hostage-taking’ of parliamentary institutions by party-political interests and party-cartels; mechanism behind Politicide; |
Politicide |
destruction of political plurality through a monolithic politically-correct party-cartel, introduction of dogmatic political-correctness as ‘public consensus’ (‘1984’); |
Pyro-politics |
geopolitical ‘scorched earth’ strategy of the globalist hostile elite to ‘burn away’ all multipolar resistance to its New World Order; |
Quiritary |
inflexibly legalistic interpretation of political command authority, historically reflected in some of the totalitarian practices of fascism and nazism. |
Notes
[1] An oblique reference to the title of one of the most famous works of Dutch Golden Age painter Rembrandt, entitled ‘The Anatomy Lesson of Dr. Nicolaes Tulp’ (1632).
[3] Alaine de Benoist’s Carl Schmitt actuel (2007), which provides a concise and updated introduction to Schmitt’s work, has recently been published in English translation by Arktos Publishing – for a review cf. https://www.counter-currents.com/carl-schmitt-today/.
[4] On the day of Hitler’s death Schmitt was arrested in Berlin by Red Army troops, but he was released almost immediately after a short interview. Later, he was re-arrested and interned by the Americans as a potential suspect in the Nuremberg Trials. Plettenberg, the place of Schmitt’s birth, residence and death, is located in Westphalia and it was therefore located in the American Zone of Occupation.
[5] The following excerpt from his diary elucidates Schmitt’s deeply critical attitude to the subrational-collectivist (‘popular democratic’) roots of the Nazi regime: Wer ist der wahre Verbrecher, der wahre Urheber des Hitlerismus? Wer hat diese Figur erfunden? Wer hat die Greuelepisode in die Welt gesetzt? Wem verdanken wir die 12 Mio. [sic] toten Juden? Ich kann es euch sehr genau sagen: Hitler hat sich nicht selbst erfunden. Wir verdanken ihn dem echt demokratischen Gehirn, das die mythische Figur des unbekannten Soldaten des Ersten Weltkriegs ausgeheckt hat. [Who is the true criminal and the true perpetrator of Hitlerism? Who invented this figure? Who has birthed this monstrous episode of horror? To whom we owe these 12 million [sic] dead Jews? I can tell you very exactly: Hitler did not invent himself. We owe hi[s appearance] to the truly democratic brain that concocted the mythical ‘unknown soldier’ of the First World War.]
[6] A reference to the title of a work by German legal philosopher Walter Leisner.
[7] For convenience sake, the ‘West’ will here be defined as the agglomerate of European nation-states that are historically associated with the Western Roman/Catholic Tradition rather than the Eastern Roman/Orthodox Tradition – in short: Western Europe plus the overseas Anglosphere.
[8] In Classical Antiquity (Greek) Hephaestus (Latin: Vulcan) was the smith of the gods and the guardian divinity of smithery: German Schmitt is English ‘Smith’.
[10] The ‘laconic’ bon mot of Spartan king Leonidas at the Battle of Thermopylae (480 BC), where he faced hopeless odds and was summoned by his Persian enemy to put down his weapons - the meaning is a stronger version of ‘Come and take them’.
[11] An oblique reference to the title (and contents) of the main work of German philosopher Arthur Schopenhauer (1788-1860), Die Welt als Wille und Vorstellung.
[12] Cf. Alexander Wolfheze, The Sunset of Tradition and the Origin of the Great War (2018) 53ff and 367ff (preface freely accessible under the button ‘View Extract’ at https://www.cambridgescholars.com/the-sunset-of-tradition... - review freely available at https://www.counter-currents.com/tag/alexander-wolfheze/ ).
[13] An important cultural-historical reflection of this regression may be found in Thomas Hobbes’ mid-17th Century concept of a universally projected (proto-social-darwinist) bellum omnium contra omnes.
[14] For a literary analysis of the 20th Century cultural-historical consequences of Normativism cf. Tom Zwitzer, Permafrost: een filosofisch essay over de westerse geopolitiek van 1914 tot heden (2017).
[15] Cf. Jost Bauch’s Abschied von Deutschland: Eine politische Grabschrift (2018).
[16] Dutch patriotic-identitarian working group IDNL has already addressed these issues in the Dutch context: cf., respectively, http://www.identitair.nl/2018/08/laat-de-islam-met-rust.h... en http://www.identitair.nl/2018/12/van-jq-naar-iq.html .
[18] For a cultural- and psycho-historical analysis of the hostile elite cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/living-dead .
[19] For an overview of the most important cultural-historical phenomena that coincide in this ‘superstructure’, cf. Alexander Wolfheze, The Sunset of Tradition and the Origin of the Great War (2018) 9-12.
[20] A bio- and psycho-social analysis of the cultural-historical effects of Liberal Normativism may be found in the work of German sociologist Arnold Gehlen (1904-76). His structural opposition between (anagogically directed) Zucht and (katagogically directed) Entartung allows for the objectively scientific calculus of the Liberal-Normativist process of de-socialization (social ‘deconstruction’).
[21] The VVD (‘People’s Party for Freedom and Democracy’) is the ex-‘classic liberal’ and now utterly corrupt banksterite-globalist party of PM Mark Rutte; the D66 (‘Democrats [19]66’) is the ex-‘progressive liberal’ and now militantly anti-normative (anti-royalist, anti-national, anti-family, anti-religious) party that was until recently led by Alexander Pechtold, who had to resign after a series of scandals in the public and private sphere.
[22] A theological reference to an early Christian doctrinal controversy that was originally resolved by the recognition of the doctrine of original sin (Augustine 354-430) and the rejection of its denial by Pelagius (360-418).
[23] For a cultural-historical development of neo-matriarchy, cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/living-dead - for a descriptive insight into the experiential reality of neo-matriarchy, cf. https://www.counter-currents.com/2018/12/against-escapism/ .
[24] Cf. Jost Bauch’s Abschied von Deutschland: Eine politische Grabschrift (2018).
[25] The spectre of the ultimate totalitarian state, i.e. a life-world in which the entire social and individual sphere is controlled by the state, already provided the central theme of 20th Century dystopian literary classics such as Jevgeny Zamjatin’s My (1924), Aldous Huxley’s Brave New World (1932) and George Orwell’s Nineteen Eighty-Four (1949).
[26] A sociological concept covering social-psychological conditioning (hexis, mimesis) developed by Pierre Bourdieu.
[27] A reference to the hill near the Acropolis where the Athenian senate met during Classical Antiquity.
[28] A proto-type strategy of ethnic replacement is found in the political writings of one of the ideological founders of the trans-national project ‘European Union’, Richard Count von Coudenhove-Kalergi (1894-1972). The possible existence of an anti-European ethnocidal ‘Kalergi Plan’ to implement his vision is the subject of a controversial conspiracy theory, but that vision itself is as clear as it needs to be: The man of the future will be of mixed race. Today's races and classes will gradually disappear owing to the vanishing of space, time, and prejudice. The Eurasian-Negroid race of the future, similar in its appearance to the Ancient Egyptians, will replace the diversity of peoples with a diversity of individuals. (Praktischer Idealismus p.22-3, cf. https://en.wikipedia.org/wiki/Richard_von_Coudenhove-Kale... ).
[29] From Alexander Wolfheze, Alba Rosa. Ten Traditionalist Essays about the Crisis in the Modern West (forthcoming, advance ordering: https://www.goodreads.com/book/show/43409181-alba-rosa ).
[30] In the Netherlands, ‘lover boy’ is a politically-correct euphemism that describes the same ‘grooming gang’ phenomenon that is terrorizing Great Britain.
[31] A reference to the title of a work by Jared Taylor, freely available at https://www.amren.com/the-color-of-crime/ .
[32] A reference to Carl Schmitt’s legal philosophical analysis of the partisan as ‘authority in the making’ in the context of the popular insurrections led by Mao Tse-Tung in China, Vo Nguyen Giap in Vietnam and Ernesto ‘Che’ Guevara in Congo.
[33] On 8 May 1943, Marek Edelman succeeded to the highest command position after the suicide of Mordechai Anielewicz in the bunker of 18 Mila Street. The author had the privilege of speaking to several eye-witnesses of the Warsaw Ghetto Uprising – he lived near Edelman in the Polish city of Lodz (Edelman was anti-zionist, fought for Poland during the Warsaw Uprising of 1944 and thereafter lived in Lodz till his death in 2009).
[34] Cf. René Guénon, Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps (1945).
[35] References to, respectively, the German civil rights movement that denies the sovereignty of the Federal Republic of Germany and the French civil rights movement that demanded the resignation of President Macron.
[36] A reference to the Spanish political philosopher Marquis Donoso Cortés (1809-53).
[37] An ‘Archaeo-Futurist’ revaluation of this theme may be found in John Leonard’s recent analysis of the ‘CQ’ (‘Catholic Question’) within the context of Western Postmodernity, cf. https://arktos.com/2018/12/20/the-problem-of-christianity... .
[38] Chronological terminology according to the scheme of Alexander Wolfheze, The Sunset of Tradition and the Origin of the Great War (2018), 390-2 (Early Modernity 1488-1776, Classic Modernity 1776-1920, Late Modernity 1920-1992, Post-Modernity 1992-present).
[39] Cf. Alexander Wolfheze, The Sunset of Tradition and the Origin of the Great War (2018) 237ff.
[40] A first systematic attempt at resuming the Heideggerian line of exploration, directed at a break-through of the historical-materialist Gestell of Western Modernity and a break-out into the ‘spectral space’ that encapsulates it, is found in the work of Jason Jorjani.
[41] A reference to Jason Jorjani’s ‘magical’ interpretation of the ontological (Atlanticist) transformation of Japan, enacted in the collective experience of nuclear warfare.
[42] A reference to the cultural-historical analysis of Peter Sloterdijk’s Die schrecklichen Kinder der Neuzeit. Über das anti-genealogische Experiment der Moderne (2014).
[43] The theme of the Katechon in its Dutch setting is explored in https://www.geopolitica.ru/en/article/dutch-ernstfall .
[44] Carl Schmitt projected this role on Adolf Hitler as ‘Protector of the Law’ (der Führer schützt das Recht) against the revolutionary power of atavist chaos that was (temporarily) disabled during the Nacht der langen Messern, the ‘Night of the Long Knives’.
[45] For a short introduction to the theme of ‘thalassocracy’ cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/le-rouge-et-le-noir... .
[46] A notion that implies morpho-genetic synergy that he develops in his best-known work, L’Evolution créatrice – for its Archaeo-Futurist reinterpretation cf. Jason Jorjani’s Prometheus and Atlas (review freely available at https://www.geopolitica.ru/en/article/archaeo-futurist-re... ).
[47] A reference to Friedrich Nietzsche’s usage of Martin Luther’s theme ‘A mighty fortress is our God, a good defence and weapon’.
[48] A reference to Carl Schmitt’s Land und Meer. Eine weltgeschichtliche Betrachtung (1942).
[49] For a brief introduction to Eurasianism cf. https://www.geopolitica.ru/en/article/le-rouge-et-le-noir... .
[50] A reference to the title of a Dutch political treatise written by Martin Bosma, second in command of Geert Wilders’ patriotic party PVV (De schijn-élite van de valsemunters (2010), made freely available by Bosma at https://gratis-boek.nl/martin-bosma-de-schijn-elite-van-d... ).
00:36 Publié dans Livre, Livre, Philosophie, Révolution conservatrice, Synergies européennes, Théorie politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : carl schmitt, robert steuckers, synergies européennes, philosophie, philosophie politique, révolution conservatrice, théorie politique, politologie, sciences politiques | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Traduction française par Chlodomir
L’Occident est obligé de prêter attention à la Russie, mais l’Occident ne comprend pas la Russie. La Russie était sonnée pour le compte après la chute du mur de Berlin, laissant la voie libre à l’Occident pour que celui-ci réalise sa destinée manifeste et chevauche le globe triomphalement. Mais maintenant il y a de la confusion et de la consternation en découvrant que la Russie a regagné sa conscience, est à nouveau debout, et se trouve à nouveau sur le chemin de l’Occident ; ne cherchant pas seulement à donner des petits coups, mais ayant l’intention de mettre l’Occident knockout. La Russie déclare impudemment à son adversaire : « Je suis là, je reste là ! ».
Winston Churchill décrivit fameusement la Russie comme une devinette enveloppée dans un mystère à l’intérieur d’une énigme. L’Occident, ayant passé les derniers siècles à regarder son propre reflet avec admiration, trouve difficile de comprendre l’Autre, d’autant plus que c’est à l’Autre de rejoindre Narcisse dans l’appréciation de sa propre beauté, plutôt que l’inverse. Mais la Russie, pense l’Occident, semble n’avoir aucune compréhension ou d’appréciation de la beauté, laissant l’Occident s’interroger sur la raison.
La religion est un concept inévitable. Tout le monde a une religion – un ensemble d’hypothèses fondamentales sur la métaphysique, l’épistémologie et l’éthique. Comme l’a reconnu le jugement de la Cour Suprême US dans l’affaire Torcaso contre Watkins, même l’humanisme laïc est une religion. Mais si affirmer que tout le monde a une religion pose problème, alors nous pouvons au moins reconnaître que tout le monde a une Weltanschauung, une vision-du-monde.
Et c’est en regardant la question de la religion que l’on peut commencer à comprendre la Weltanschauung russe, l’Idée russe. L’Occident, pendant les derniers siècles, a lentement apostasié le christianisme, cette apostasie s’accélérant à partir des années 60. Aujourd’hui l’Occident souligne l’étendue de sa rébellion contre Dieu en célébrant des choses comme l’homosexualité, en appelant bien ce qui est mal et mal ce qui est bien.
Mais la Russie a maintenu le cap et a refusé de tuer et d’enterrer Dieu, comme Nietzsche a reconnu que l’Occident l’avait fait. Cela confirme dans l’esprit de nombreux Russes que le christianisme orthodoxe oriental est la forme la plus vraie et la plus fidèle du christianisme, justifiant leurs raisons originelles pour se séparer du christianisme occidental en 1054. En ce qui les concerne, la direction que le christianisme occidental prit après ce schisme ouvrit la voie à l’apostasie finale de l’Occident, menant à ce christianisme décrépit d’aujourd’hui qui a pratiquement fait son temps, réclamant même l’existence de la Gaystapo.
Nicolas Berdiaev est un penseur russe qui offre à l’étranger curieux une fenêtre dans l’âme russe. « Les Russes », explique-t-il dans son livre L’Idée russe, « appartiennent au type religieux et sont religieux dans leur constitution spirituelle ». Même durant la plus grande partie du XXe siècle où leur pays était officiellement sans Dieu,
« …ils sont croyants même lorsqu’ils professent le communisme matérialiste. Même parmi ces Russes qui non seulement ne professent pas la foi orthodoxe mais mènent même une persécution contre l’Eglise orthodoxe, il reste dans les profondeurs de leurs âmes une strate qui est formée par l’Orthodoxie. »
Il semble que même quand les Russes font leur lit en enfer, l’Orthodoxie est encore là !
Découlant de cette constitution religieuse et spirituelle russe, il y a l’idée messianique russe qui informe largement le modus operandi historique de la Russie. « Le peuple russe est un peuple porteur-de-Dieu », explique Berdiaev, faisant écho à Dostoïevski, qui inventa cette expression. Au début du livre, Berdiaev cite Pierre Tchaadaïev pour donner une idée du sentiment messianique russe :
« J’ai le profonde conviction que nous avons la vocation de résoudre un grand nombre des problèmes d’ordre social, d’amener la réalisation d’un grand nombre d’idées qui sont apparues dans les sociétés du passé, et de donner une réponse à des questions de grande importance qui préoccupent l’humanité. »
Berdiaev lui-même affirme : « Les Russes sont un peuple du futur ; ils décideront des questions que l’Occident n’a pas encore la force de décider, qu’il ne pose même pas dans leur pleine profondeur ».
Cette allusion au futur est liée à un autre thème récurrent que Berdiaev voit comme définissant l’idée russe, à savoir un type russe d’eschatologie. « La pensée russe est essentiellement eschatologique et cette eschatologie prend des formes variées », explique-t-il. Elle est « inconsciente, et exprimée dans une philosophie pitoyable, un effort vers la fin, une tension vers l’état ultime… l’enlèvement des ornements frauduleux, le refus d’accepter le monde qui ‘se trouve dans le mal’ ». L’interprétation de l’eschatologie russe par Berdiaev est « active et créative, non passive. La fin de ce monde, et la fin de l’histoire, dépend aussi de l’acte créatif de l’homme ». Ce dernier point, concernant l’acte créatif de l’homme, semble faire allusion au curieux concept de Katehon, qui fait référence à ce qui retarde l’arrivée de l’antéchrist, d’après la Deuxième Epître aux Thessaloniciens, 2: 6-7.
Une partie de cette résistance katéchonique au prince de ce monde se reflète dans l’engagement russe pour la fraternité des hommes, un motif important dans L’Idée russe. A cet égard la mentalité russe contraste avec la mentalité occidentale, qui a cherché à subjuguer et dominer l’Autre :
« Les Russes ont pensé que la Russie était un pays absolument spécial et particulier, avec sa propre vocation spéciale. Mais la chose principale n’était pas la Russie elle-même mais ce que la Russie apporte au monde, avant tout la fraternité de l’homme et la liberté de l’esprit … Les Russes ne cherchent pas un royaume de ce monde ; ils ne sont pas mus par la volonté de puissance et de pouvoir. »
Berdiaev reproche à Nietzsche d’être une métonymie de l’Occident :
« [Nietzsche] voulait connaître le divin lorsqu’il n’y avait pas de Dieu, quand Dieu avait été tué, connaître l’extase quand le monde était si dégradé, connaître l’exaltation jusqu’aux hauteurs quand le monde était plat et qu’il n’y avait pas de hauteurs. Dans l’analyse finale il exprima son thème religieux dans l’idée du surhomme dans lequel l’homme finit son existence. L’homme n’était qu’une transition ; tout ce qu’il avait à faire était de fertiliser le sol pour l’apparition du surhomme. Ici se produit une rupture avec la moralité chrétienne et la moralité humaniste, l’humanisme se transforme en antihumanisme. »
Si les nazis représentaient l’expression la plus prononcée de cet antihumanisme, il en voyait une expression générale dans l’Occident, même si elle était un peu moins violente. L’Autre était ethniquement purifié, asservi, ou déclaré être le lien manquant reliant l’homme à ses prédécesseurs animaux. L’Occident s’était repenti de ces péchés particulièrement depuis les années 60, mais les événements récents suggèrent une possibilité de récidive. Berdiaev explique les suppositions opposées entre l’Occident et l’Orient, qui ont conduit et conduisent à leur comportement différent :
« Il y a deux interprétations de la société ; soit la société doit être comprise comme nature, soit la société doit être comprise comme esprit. Si la société est nature, alors la violence du fort contre le faible, la sélection du fort et du mieux adapté, la volonté de puissance, la domination de l’homme sur l’homme, l’esclavage et l’inégalité, l’homme comme un loup pour l’homme, sont justifiés. Si la société est esprit, alors la plus haute valeur de l’homme et les droits de l’homme, la liberté, l’égalité et la fraternité sont affirmés. »
Un corollaire intéressant de cette vision est que les Russes « adoptent une attitude différente envers le péché et le crime », parce que leurs idées éthiques sont très différentes de celles de l’Occident. Ils ont « pitié pour les déchus et les avilis ». Ainsi on peut comprendre l’attitude étrangement indulgente des Russes envers les Allemands. « L’Etat allemand est l’ennemi historique de la Russie », dit Berdiaev. Cependant, continue-t-il, « Nous sommes attachés à désirer des relations fraternelles avec le peuple allemand qui a accompli beaucoup de grandes choses, mais à condition qu’il répudie la volonté de puissance. A la volonté de puissance et de domination, il faut opposer le pouvoir masculin de défense » (oui, la Russie a un gros bâton, le brandissant actuellement vers les Etats-Unis). Ainsi s’exprime l’engagement russe en faveur de la communauté et de la fraternité de l’homme, même pour ceux qui ont apporté tant de souffrances aux Russes.
Il est difficile, sinon impossible, de réprimer cette nature spirituelle, même avec l’athéisme officiel : « Moscou la Troisième Rome et Moscou la Troisième Internationale étaient toutes deux reliées à l’idée messianique russe ; elles en représentaient une forme déformée ». Et maintenant que l’idée russe peut à nouveau déployer ses ailes, nous voyons son impact sur le monde, la Russie poursuivant une fois de plus sa vocation.
Le livre de Berdiaev L’Idée russe donne un aperçu éclairant sur l’âme russe, la vision-du-monde russe, aidant l’étranger curieux à découvrir le mystère qu’est la Russie, à expliquer et à comprendre son énigme. Mais le gouffre millénaire séparant la pensée occidentale et la pensée orientale est tel qu’il vaut peut-être mieux commencer par quelque chose comme l’excellent livre de James R. Payton Jr. Light from the Christian East: An Introduction to the Orthodox Tradition, qui aide le chrétien occidental à commencer à comprendre ce qui autrement semblerait si étrange et même si bizarre dans l’Orthodoxie. Puisque l’Orthodoxie est au cœur de l’Idée russe, il vaut peut-être mieux apprendre d’abord à marcher avant d’essayer de courir. Dès que cela est fait, on peut alors tenter de pénétrer plus profondément dans la pensée des gens comme Berdiaev et les autres slavophiles.
17:44 Publié dans Philosophie, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nicolas berdiaev, philosophie, russie | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Dominique G. Boullier
Professeur des universités en sociologie EPFL, Lausanne
Ex: https://lesmoutonsenrages.fr
Divide et impera, ne va pas servir à grand chose, le peuple a compris qu’uni, il serait le plus fort. Une analyse sociologique de la situation depuis le début, qui éclaire sur la volonté de la macronie de diviser les gens pour tenter de garder le contrôle.
Source: LE BLOG DE DOMINIQUE G. BOULLIER via ArrêtsurInfo
L’incapacité à contrôler les actions violentes reste très étonnante compte tenu des effectifs mobilisés. On paye, sur le plan technique, un aveuglement par l’état d’urgence et, sur le plan politique, une approche méprisante de tout public qui manifeste. Sans réponse politique, l’apprentissage de l’émeute qui se produit actuellement peut conduire à un «mai rampant» de funeste mémoire en Italie.
Comment peut-on en arriver à un tel désordre après des années d’état d’urgence et une pratique constante de répression de toutes les manifestations, les plus diverses, alors même qu’on y met les moyens en effectifs ? La faillite touche tous les maillons : les capteurs (le renseignement), les articulations (les transmissions), la décision (le commandement et le politique), la mise en œuvre (le personnel sur place).
Après avoir travaillé pendant plusieurs années à observer in situ et à comprendre les méthodes de maintien de l’ordre jusqu’au début 2010, et avoir publié un livre sur le sujet (« Evénements et sécurité. Les professionnels des climats urbains », Presses des Mines, 2013, avec S. Chevrier et S. Juguet), je constate une évolution catastrophique des méthodes et des principes, tout en admettant les limites de mes informations actuelles, basées sur les médias, sur les récits et sur mes observations dans le secteur des Champs Elysées.
La perte de contact avec le pays réel, la faillite du renseignement
Le mouvement des gilets jaunes n’est pas structuré, il n’a pas de leader, de service d’ordre, il vient d’émerger, etc. Doit-on en conclure qu’on ne peut rien en connaitre ? Non, certainement pas, et le suivi des réseaux sociaux par les services de renseignement français s’est d’ailleurs déplacé depuis récemment sur les mouvements dits « extrémistes » puisque le terrorisme et la radicalisation islamique semblaient se mettre en veilleuse. On a donc des infos sur ce qui se dit, sur la conversation, sur sa tonalité (beaucoup d’agences font cela pour les marques), voire sur les comptes des personnes qui parlent, qui agissent pour la plupart sans masque. On peut donc savoir le degré d’énervement, les cibles potentielles, les déplacements prévus, tout au moins en partie. Evidemment, ça ne permet pas une analyse fine in situ, au moment des manifestations et sur les barrages, car dans ce cas, il faut du personnel, sur place, infiltré ou non, pour tenter de comprendre ce qui se passe et quels sont les leaders potentiels. Si cette infiltration archi connue de la part des RG à une époque ne se fait plus, serait-ce dû à la fusion des services qui a connu quelques ratés, c’est le moins qu’on puisse dire ? ou serait-ce parce qu’on ne comprend le renseignement direct que comme une arme de répression et non un outil de pilotage ? Car avec un mouvement aussi peu structuré, le travail de renseignement devrait paradoxalement servir à les aider à se structurer (et non à les casser ou à les embarquer indistinctement).
L’affrontement comme premier réflexe pour rendre impossible une vraie manifestation
Lorsque des manifestants sont arrivés sans consigne au bas des Champs Elysées lors de l’acte II, il était possible d’aller parlementer, de chercher des leaders, de les fabriquer même, de les encourager à faire un service d’ordre, si toutefois le maintien de l’ordre s’entend aussi comme protection du droit de manifester et des manifestants. Au lieu de cela, ils ont été bombardés de lacrymo immédiatement et sans distinction en absence de toute activité à risque, ce que tous les observateurs ont noté le premier samedi matin. Toutes ces personnes ont vécu un traumatisme qui s’est répercuté toute la journée et qui a détruit la confiance dans la police. Aucune discussion, aucun pilotage en commun de la manifestation n’étaient plus possibles. Mon hypothèse était qu’il fallait surtout faire peur, faire peur à de « pauvres gens » « désorganisés » qui seraient, de cette façon, rentrés chez eux à la première alerte. Et ainsi éviter de donner le spectacle d’une grande manifestation pacifique, nombreuse et réussie sur les Champs Elysées. La décision est, me semble-t-il, politique avant tout, une gestion de crise qui croit disqualifier une dynamique sociale en lui bloquant les accès et le droit de manifester.
Petit récit du 1er décembre : à la recherche de l’ombre jaune
Le comble, c’est que la même stratégie, même si appliquée de façon totalement différente, a été mise en œuvre le samedi suivant 1er décembre. La sanctuarisation des champs Elysées a abouti à empêcher un accès de masse, à grand renfort de filtrage établi sur un seul point d’entrée. J’ai pu constater que tout accès vers la partie Nord des Champs était impossible. Les groupes de gilets jaunes erraient à chercher une entrée et se retrouvaient soit repoussés vers la place de l’Etoile, soit occupaient certains carrefours, par exemple avenue de Friedland. Vraiment pas violents mais vexés d’être repoussés en marge une fois de plus alors que certains venaient de loin. Et sans qu’on sache bien d’où venait la décision, quelques-uns, peut-être plus radicaux mais pourtant pas du tout extérieurs, décidaient de créer un début de barricade et tout le monde les regardait voire même les aidait, face à une quinzaine de CRS, pas plus, auxquels se sont joints des membres de la BAC, revêtus pour certains de gilets jaunes et qui commençaient à canarder la barricade avec des lacrymo et se repliaient aussitôt. Mais rien de tout cela n’était construit ou pensé, ni d’un côté ni de l’autre d’ailleurs. A un moment, le feu a pris et la tension est montée, puisqu’un groupe a entrepris d’attaquer l’agence bancaire tout proche en y mettant le feu. Mais les CRS présents ne pouvaient strictement rien y faire, les gilets jaunes présents soutenaient plutôt, car après tout une agence bancaire semblait un objectif plus justifié qu’autre chose. Les pompiers sont arrivés, les gilets jaunes les ont laissé intervenir, car il y avait des risques pour le reste de l’immeuble. Des voitures électriques publiques avaient aussi été incendiées tout près un peu avant. Tout cela seulement au milieu de l’après-midi (16h30), bien avant l’intervention des commandos de casseurs dont on nous a parlés et qui ont occupé le terrain plus tard, à la nuit tombante. Des compagnies avec leurs camions sont arrivées sur toute la largeur de l’avenue de Friedland et ont fait fuir tout le monde qui s’est regroupé dans les rues adjacentes en errant pour trouver un but. C’est seulement plus tard, vers saint Augustin, qu’on a pu trouver un rassemblement significatif qui tenait la place, en effrayant d’ailleurs les chevaux de la police montée, dont on se demande ce qu’ils faisaient là dans un contexte aussi dangereux. Le cortège était beaucoup plus significatif avenue de l’Opéra et on peut dire que ce fut le seul moment où la foule a trouvé son compte, c’est-à-dire celui on l’on se compte, où l’on se regarde manifester et on se dit qu’on a réussi à faire masse.
Comment favoriser l’apprentissage des émeutiers
Que cherchaient les forces de l’ordre pendant tout ce temps ? Elles couraient à droite à gauche, intervenaient quand les risques d’incendie ou de pillage (qui n’interviennent vraiment que le soir, avec une autre population) devenaient trop importants mais tout l’environnement pouvait servir aux émeutiers improvisés, puisque les chantiers n’avaient pas été nettoyés de leur matériel et les voitures particulières étaient toujours en place…. et disponibles pour les incendies ! A aucun moment, si ce n’est pour certaines manœuvres place de l’Etoile, en début de soirée, ne furent organisées des opérations de conquête réelle et durable du terrain. Pour une bonne raison, c’est que les effectifs étaient insuffisants pour tenir ce terrain regagné, puisqu’une grande partie avait été consommée pour fermer les champs et pour faire en sorte que les lieux du pouvoir fussent protégés (Beauvau et l’Elysée). Le choix de protection des Champs pouvait se comprendre mais jamais cela ne s’est traduit par une stratégie de canalisation des manifestants pour leur proposer des débouchés. Résultat, leur état groupusculaire fut encore renforcé, ce qui constitua une aubaine de plus pour les groupes radicaux qui intervenaient au fur et à mesure de la journée.
Or, il était certainement possible de laisser cette manifestation se dérouler sur les Champs, quitte à ce qu’elle montre sa puissance et fasse image spectaculaire (ce qui entraîne un prix politique certain) tout en étant largement sécurisée par les effectifs présents tout autour (à condition de laisser des portes de sortie comme toujours). Mais pour cela il eût fallu aider à sa structuration, de façon à la couper un peu plus des radicaux. Quel choix a été fait au contraire pour empêcher toute visibilité à cette manifestation ? Celui de laisser se propager le chaos comme on l’a vu, sans avoir les moyens de le résorber, si ce n’est par épuisement très tard dans la soirée. L’effet de jonction entre les radicaux et les gilets jaunes a été renforcé, l’expérience d’une forme de guérilla urbaine a été rendue facile et attractive pour des primo-manifestants, déjà très remontés, mais pas au point de passer à l’acte si on les avait encadrés. Mais n’oublions que cet apprentissage se fait aussi dans les régions. Là aussi, comme à Marseille, la réaction brutale des forces de l’ordre, incompréhensible et injuste, encourage la rage, la haine, orientée vers la police, ce qui politiquement ne donne rien mais du point de vue de l’énergie dégagée se propage très vite car le message est très simple. Préfecture brûlée ou péages détruits semblent désormais faire partie du prix à payer pour tous les manifestants et la condamnation des violences ne se traduit plus par une condamnation du mouvement, ce qui est un signe d’échec total d’emprise sur les esprits, qui redouble l’échec dans le contrôle des corps des manifestants.
Une coupure police/ peuple organisée politiquement
Depuis les capteurs jusqu’à la mise en œuvre, des maillons importants ont failli, comme par exemple, la coordination étroite avec la Mairie de Paris. La préfecture de Police a tout concentré alors qu’il eût fallu s’assurer de l’appui de toutes les parties prenantes. Mais le maillon le plus faible est à coup sûr celui de la décision, à la fois technique et politique. Les politiques ont renforcé encore le modèle sécuritaire sans se préoccuper de la liaison avec ce mouvement insaisissable. Or, des personnels de police dédiés (et des politiques) auraient pu aussi travailler à établir cette liaison non pas pour disqualifier le mouvement mais pour aider à le structurer. Paradoxalement, la meilleure chose qu’aurait pu faire le pouvoir pour sa propre survie aurait été d’aider à cette structuration, du point de vue politique comme du point de vue sécuritaire, car ce sont désormais les radicaux qui vont faire son éducation, sur la base d’une détestation radicale de la police.
Ces erreurs se sont déjà produites en banlieue, au point de créer zones de non-droit puisque la police ne peut plus y intervenir. Elles se sont produites aussi vis-à-vis de toutes les manifestations non encadrées officiellement par les partis ou les syndicats (manifs pour les migrants, pour la Palestine, pour les ZAD, etc.). Dans tous ces cas, la réaction policière a été disproportionnée, et cela dès le début de l’état d’urgence avec une manif climat Place de la République immédiatement gazée. Cette habitude de consommation élevée de lacrymo dans des contextes très pacifiques au seul motif que ces manifestations ne sont pas déclarées, crée en fait les conditions de préparation, d’entrainement même, d’éléments de plus en plus nombreux et de plus en plus radicaux qui ne reviendront plus dans le rang ou dans un processus de co-sécurisation des manifestations. Or, c’est la seule solution pour que le droit de manifester se traduise par la sécurité des manifestants eux-mêmes et du coup de tout l’environnement.
La coupure totale du gouvernement avec la population, sur le mode technocratique qui est le sien, semble se répéter du point de vue sécuritaire puisque rien n’est fait pour créer des liens, structurer les mouvements, tous immédiatement traités comme des ennemis de la république. Cette culture finit par s’étendre dans l’esprit des fonctionnaires de terrain eux-mêmes qui peuvent se sentir tout puissants et cela d’autant plus qu’ils sont en réalité impuissants à endiguer durablement ces mouvements politiquement motivés. Mais cette culture d’ennemis s’étend aussi chez les manifestants de toutes les causes, qui peuvent aisément adopter le discours anti-flic que certains développent.
Le commando Macron face à la haine qu’il a engendrée
C’est là le grand danger. Car au bout du compte, tous ces manifestants, gilets jaunes aujourd’hui mais ZAD auparavant, ont des objectifs politiques, et n’obtiennent aucune réponse (sauf dans le cas de la ZAD, au forceps comme on le sait et avec des dérapages dans le maintien de l’ordre là aussi incroyables, visant à disqualifier et à humilier, pour être sûr qu’ils n’enregistrent pas une victoire). Or, ces sentiments d’amertume, puis de rage se transforment petit à petit en haine, ciblée clairement contre Macron lui-même (comme l’a relevé François Ruffin), avec une contagion même dans l’administration qui ne comprend ni l’arrogance ni la rigueur de ce mode de traitement non-politique des problèmes. Car on peut dire tout le mal que l’on veut du vieux monde politique, son obsession pour sa réélection et pour sa réputation était utile pour corriger le tir dès lors que le rapport de force politique était défavorable. Ce déni de politique déteint sur la politique sécuritaire qui ne sait plus créer de lien, ni de réseau, ni offrir d’alternative. C’est déjà la façon dont Valls a procédé avec une brutalité qui est encore renforcée par le modèle technocratique de gestion des confits du commando Macron (puisqu’ils admettent avoir pris le pouvoir en mode commando). Mais le commando risque de trouver à très court terme de vrais commandos en face de lui, dans la rue voire ailleurs, car leur haine pour l’instant désorganisée commence à se cristalliser grâce à l’apprentissage actuel à grande vitesse. Et la faillite du maintien de l’ordre face à des foules désorganisées ne pourra qu’être encore aggravée par les débuts de structuration violente qui pourrait en résulter.
Le spectre d’un mai rampant et de ses conséquences
Cette évolution sera présentée comme une radicalisation mais ce genre de grille d’analyse n’est d’aucune utilité pour comprendre cette diffusion d’une forme de « sécession institutionnelle » : aucun relais institutionnel ne peut plus avoir prise sur ces colères et les plus positifs du mouvement finissent par reconnaitre que seule la violence permet de capter l’attention du pouvoir. Cette situation n’est pas inédite, contrairement à ce qu’on dit. C’est celle du « mai rampant » italien en 68. Les partis institutionnels étaient aussi disqualifiés malgré la force du PCI à l’époque ou en tous cas ne savaient pas répondre à la crise profonde des couches ouvrières du Piémont ou de Lombardie en particulier. Contrairement à la France, aucune explosion violente ni de grève générale durable n’avaient permis de faire soupape, d’obliger le gouvernement à de grandes négociations. La frustration qui est en résulté s’est transformée progressivement en terreau idéal pour le terrorisme des Brigades Rouges en particulier (mais Lotta Continua y a aussi participé). Dix ans de troubles et de blocages politiques jusqu’à l’assassinat de Aldo Moro n’ont pas permis d’ailleurs de réinventer des projets politiques attractifs. La décomposition des partis institutionnels français et la difficulté des partis mouvements à encadrer des mouvements populaires ne peuvent que créer les conditions favorables à une telle dérive, alors qu’elle avait été évitée (de peu) en France après 68. Sans doute que la demande de grève générale et le renfort du mouvement ouvrier organisé pourraient atténuer cet effet de dérive lente mais certaine de nombreux éléments des gilets jaunes.
Le libéralisme autoritaire ou l’isolement définitif d’une oligarchie
De ce point de vue, la remarque de E. Todd, sur France 2, sur l’attrait du coup d’Etat est très judicieuse et inquiétante. Car toutes ces logiques de révoltes dans un contexte de dépolitisation délibérée par les élites libérales sont privées de toute chance de se construire un avenir, puisque nous vivons dans le monde de TINA. On peut dès lors comprendre ce qui se met en place du point de vue sécuritaire comme une préparation des esprits à la mainmise totale d’une oligarchie, déjà réussie sur le plan économique, réussie aussi sur le plan institutionnel par le commando Macron, et complétée par l’Etat autoritaire que l’expérience sécuritaire actuelle, aussi désastreuse soit-elle, ou parce qu’elle est désastreuse, prépare. La composante sécuritaire du libéralisme extrême est déjà mise en place idéalement en Chine à partir d’un tout autre référentiel et ne cesse de faire des envieux, tous ceux qui veulent se débarrasser une fois pour toutes du politique, c’est-à-dire du débat, et du débat contradictoire, ce contradictoire le droit permet dans nos démocraties et sur lequel elles reposent mais qui semble sans cesse réduit au profit du « solutionnisme technico-libéral » que représente si bien le slogan macronien de la start up nation.
Via ArrêtsurInfo
Voir aussi :
Méfiez-vous du peuple ! Vous l’avez mis dans la rue, mais vous aurez du mal à la faire rentrer
Todd: « Face aux Gilets jaunes, le gouvernement cherche le chaos pour provoquer une rupture »
10:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, affaires européennes, france, gilets jaunes, emmanuel macron, maintien de l'ordre, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.zejournal.mobi
Auprès du Palais de Verre des Nations Unies, à New York, se trouve une sculpture métallique intitulée “Le Mal terrassé par le Bien”, représentant Saint Georges qui transperce un dragon avec sa lance. Elle fut donnée par l’URSS en 1990 pour célébrer le Traité FNI (INF) stipulé avec les USA en 1987, qui éliminait les missiles nucléaires à courte et moyenne portée (entre 500 et 5000 km) avec base à terre. Le corps du dragon est en effet réalisé, symboliquement, avec des morceaux de missiles balistiques étasuniens Pershing-2 (auparavant basés en Allemagne de l’Ouest) et de SS-20 soviétiques (auparavant basés en URSS).
Mais maintenant le dragon nucléaire, qui dans la sculpture est représenté à l’agonie, revient à la vie. Grâce aussi à l’Italie et aux autres pays de l’Union européenne qui, à l’Assemblée Générale des Nations Unies, ont voté contre la résolution présentée par la Russie sur la “Préservation et la mise en oeuvre du Traité FNI”, rejetée avec 46 votes contre 43 et 78 abstentions.
L’Union européenne -dont 21 des 27 membres font partie de l’Otan (comme en fait partie la Grande-Bretagne sortant de l’Ue)- s’est ainsi uniformisée à la position de l’Otan, qui à son tour s’est totalement uniformisée à celle des États-Unis. L’administration Obama d’abord, puis l’administration Trump ont accusé la Russie, sans aucune preuve, d’avoir expérimenté un missile de la catégorie interdite et ont annoncé leur intention de se retirer du Traité FNI. Ils ont en même temps lancé un programme visant l’installation à nouveau en Europe contre la Russie de missiles nucléaires, qui seraient basés aussi dans la région Asie-Pacifique contre la Chine.
Le représentant russe à l’ONU a prévenu que “cela constitue le début d’une course aux armements à part entière”. En d’autres termes il a prévenu que, si les États-Unis installaient à nouveau en Europe des missiles nucléaires pointés sur la Russie (comme l’étaient aussi les Cruise basés à Comiso dans les années 80), la Russie installerait à nouveau sur son propre territoire des missiles analogues pointés sur des objectifs en Europe (mais ne pouvant pas atteindre les États-Unis).
Faisant fi de tout cela, le représentant Ue à l’ONU a accusé la Russie de miner le Traité FNI et a annoncé le vote contraire de tous les pays de l’Union parce que “la résolution présentée par la Russie dévie de la question qui est en discussion”. En substance, donc, l’Union européenne a donné son feu vert à l’installation possible de nouveaux missiles nucléaires USA en Europe, Italie Comprise.
Sur une question de cette importance, le gouvernement Conte, renonçant comme ses prédécesseurs à exercer la souveraineté nationale, s’est aligné sur l’Ue qui à son tour s’est alignée sur l’Otan sous commandement USA. Et de tout l’arc politique aucune voix ne s’est élevée pour demander que ce soit le Parlement qui décide comment voter à l’ONU. Et aucune voix non plus ne s’est élevée au Parlement pour demander que l’Italie observe le Traité de non-prolifération, imposant aux USA de retirer de notre territoire national les bombes nucléaires B61 et de ne pas y installer, à partir de la première moitié de 2020, les nouvelles et encore plus dangereuses B61-12.
Ainsi est à nouveau violé le principe constitutionnel fondamental que “la souveraineté appartient au peuple”. Et comme l’appareil politico-médiatique maintient les Italiens dans l’ignorance de ces questions d’importance vitale, est violé le droit à l’information, dans le sens non seulement de la liberté d’informer mais du droit d’être informés.
Ou bien on le fait maintenant ou demain il n’y aura pas de temps pour décider : un missile balistique à portée intermédiaire, pour atteindre et détruire son objectif avec sa tête nucléaire, met 6-11 minutes.
10:23 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, états-unis, otan, atlantisme, bellicisme américain, europe, affaires européennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Propos recueillis par Bruno Favrit
Ex: http://archaion.hautetfort.com
Le Prince d’Aquitaine est votre douzième livre et votre cinquième roman. Comment qualifier ce livre et, tout d’abord, pourquoi ce titre d’inspiration nervalienne ?
Vous avez raison de souligner l’origine du titre, qui évoque de manière explicite, par le biais d’une citation des Chimères, l’un des plus mystérieux poèmes de Nerval, et l’un des plus sublimes sonnets de notre littérature – El Desdichado : « Je suis le Ténébreux, - le Veuf, -l’Inconsolé, Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie ; ».
Le Prince d’Aquitaine est en fait un chevalier de la suite de Richard-Cœur-de-Lion, dépossédé (tel est le sens de l’espagnol desdichado) de son trône, celui de Castille, par Jean-sans-Terre. Ce prince évincé se réfugie en Languedoc, si l’on en croit Walter Scott dans Ivanhoe, un roman de chevalerie qu’avait dévoré Gérard de Nerval. L’Aquitaine, ici, est une terre mythique, de même que le prince est légendaire. Le sonnet tout entier baigne dans une atmosphère mystique et hermétique qui a fasciné et continue de fasciner ses lecteurs. Le Prince d’Aquitaine incarne à mes yeux la solitude du chevalier médiéval, la lente remontée depuis le monde des Enfers d’un homme frappé par le cruel destin, mais qui survit à l’épreuve. Il faut aussi savoir que l’un des manuscrits du poème, celui qui appartint à Eluard, porte comme titre non pas El Desdichado, mais Le Destin.
Mon roman illustre le combat mené, entre misère et orgueil, entre la nuit la plus noire et le soleil le plus éclatant, par un jeune chevalier contre des destins contraires – j’insiste sur le caractère symbolique, et donc universel, du récit, qui ne se réduit pas à une banale autobiographie. D’où, je pense, son caractère anachronique au sens noble – à rebours du siècle. Le dernier mot du livre, katharsis, purification en grec ancien, rappelle qu’il s’agit d’une tragédie, qui, selon Aristote, se définit par la purification qu’elle impose au spectateur. Il s’agit bien d’un roman initiatique, doublé d’une description quasi clinique d’un phénomène de résilience - comment d’anciennes cicatrices se referment, comment une armure muée en prison tombe en pièces, désormais inutile.
Dans vos deux premiers romans, Le Songe d’Empédocle et Maugis (L’Age d’Homme), vos personnages sont en quête de sacré, à rebours d’une époque anémique. Dans Le Prince d’Aquitaine, le procédé semble différent, même si le lecteur n’en sort pas indemne. Qu’en est-il ?
Deux ou trois mots sur le roman proprement dit, pour éclairer le lecteur.
Le Prince d’Aquitaine est un itinéraire affectif, esthétique et philosophique, qui s’étend sur un siècle, des tranchées de l’automne 1914 à nos jours. C’est aussi le dialogue d’un fils avec l’ombre de son père, qui trace un portrait parfois cruel du monde « d’avant » – celui des années 50 à 80.
On y lit des réflexions sur le dandysme, sur la vision tragique de l’existence, sur les blessures trans-générationnelles – un obus allemand occasionnant ici des plaies qui durent cent ans. Drieu, Stendhal, Léautaud sont convoqués. C’est le fruit de dizaines d’années d’observations, d’expériences et de réflexions, dans un esprit antimoderne.
Comme dans mes précédents romans, le sujet central est bien ce combat millénaire que se livrent les forces du chaos, ici incarnées par un personnage littéralement possédé, le père du narrateur, et celles de la lumière, ou, pour citer Empédocle d’Agrigente, Arès aux noires prunelles, figure de la Haine et de la division, et Aphrodite aux mille parfums, figure de l’Amour et de la concorde. Mon narrateur, né dans une famille éclatée, dévastée par le nihilisme contemporain, étouffe et risque de perdre le combat qu’il mène, d’abord de manière inconsciente dans son enfance, contre ces forces infernales. Tout le récit narre comment ce fils du Soleil triomphe, malgré les blessures, et regagne son royaume, évitant ainsi d’être stérilisé et de rejoindre le vaste troupeau des âmes mortes.
On trouve, au fond, dans votre roman une opposition entre la mémoire, la tradition, le sacré et ce que leur impose « l’époque » par ses injonctions modernistes et son mépris affiché envers qui prétendrait devenir ce qu’il est. Ce qui est fascinant, c’est de suivre le narrateur tout au long d’un parcours où il s’efforce de se construire face à un père fantasque, insaisissable, et qui ne ménage pas les siens. Derrière cette figure paternelle, il y a une tension, une tragédie, n’est-ce pas ?
Exactement. Un fils s’adresse au fantôme paternel non pour régler des comptes, mais pour les apurer et pour se libérer d’une ombre maléfique, car possédée par l’autodestruction, ici symbolisée par l’alcool.
Il ne s’agissait pas de déballer je ne sais quels banals secrets de famille, besogne dépourvue d’intérêt comme de tenue. Dans ce roman, qui est avant tout une construction littéraire, l’essentiel réside dans la colère froide du narrateur, dans la tension tragique vécue par une jeune âme qui tente de surnager face au courant qui l’emporte vers le gouffre. Pour reprendre la métaphore nervalienne, le « dépossédé » au sens de déshérité se lance à la reconquista de son royaume intérieur et devient ainsi ce qu’il est. Parfois, il faut le savoir, l’ennemi n’est pas au pied de nos murailles, mais dans la place, dans notre dos, voire en nous-mêmes !
Quand je parle d’héritage, je songe surtout à cet héritage immatériel que, pour la première fois dans l’histoire de notre civilisation, une génération d’ingrats refuse de transmettre par haine de soi. Et en même temps, le narrateur, de possédé au sens d’aliéné, devient « dépossédé » au sens de libéré. Cette tension dont vous parlez se résout par la joie tragique et grâce au triomphe de l’Amour.
Christopher Gérard
Propos recueillis par le confrère Bruno Favrit.
Août XVIII
02:17 Publié dans Belgicana, Entretiens, Littérature, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christopher gérard, livre, entretien, belgicana, littérature belge, lettres belges, bruxelles, littérature belge de langue française, lettres belges de langue française | | del.icio.us | | Digg | Facebook
01:36 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, tradition impérial, reich, europe, histoire, traditions, traditionalisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
The Cultural Circle of Thule
Bachofen’s idea of a primordial matriarchy and his theory of “cultural circles” were developed by another historian and archaeologist, a specialist in paleo-epigraphy, Herman Wirth (1885-1981).
Wirth’s theories are based on the hypothesis borrowed from the Indian author Bala Gandhara Tilak (1856-1920) [1], that the original Proto-Indo-European civilization was formed in the late Paleolithic (the Aurignacian culture) in the lands of the northern polar circle. This hypothesis was based on the interpretation of the data of Indian astrology, Vedic texts, and the myths of the Hindus, Iranians, and Greeks which speak of the existence in remote antiquity of a populated country lying in the Far North (Hyperborea). This continent was described in the Vedas as the “land of the white boar”, Varahi, and the “island of light”, or Sweta Dvipa. The Zoroastrian tradition speaks of the ancient abode of the first man, the city of Vara, located in the Far North, from which he was forced to descend southwards as the dark deity Angra Mainyu, the enemy of the god of light, Ahura-Mazda, unleashed a “great cold” across these lands. Tilak argues for the existence of this “Nordic” proto-civilization on the basis of Indian astrology, the symbolism of which, according to Tilak, becomes clear only if we accept that the constellations were originally observed in the circumpolar regions, where the day of the gods is equal to the year of men.
Wirth adopted this hypothesis and constructed his own theory upon it, the “Hyperborean theory” [2] or theory of the “cultural circle of Thule” [3], which represents the Greek name for the mythical city lying in the country of the Hyperboreans. According to this theory, before the latest wave of global cooling, the circumpolar zone in the North Atlantic Ocean was home to inhabitable lands whose inhabitants were the creators of a primordial cultural code. This culture was formed under conditions when the natural environment of the Arctic was not yet so harsh, and when its climate was similar to the modern temperate Central European climate. There were present all the annual and atmospheric phenomena which can be observed in the Arctic today: the Arctic day and Arctic night. The yearly solar and lunar cycles of the Arctic are structured differently than their counterparts in middle-range latitudes. Thus, the symbolic fixations of the calendar, the trajectory of the sun, the moon, and the constellations of the zodiac necessarily had a different form and different patterns.
On the basis of an enormous swathe of archaeological, paleo-epigraphical (cave paintings, Paleolithic symbols, ancient carvings, etc.), mythological, and philological material, Herman Wirth undertook an attempt to reconstruct the primordial system of this Arctic proto-civilization’s cultural code. At its heart he put the reconstructed proto-calendar, the last traces of which Wirth believed are constituted by the Scandinavian runes, which he attributed to remote antiquity. Wirth proposed to examine this calendar, which records the key moments of the Arctic year, as the key to all later versions of mythological, religious, ritualistic, artistic, and philosophical heritages which continued and developed this primordial algorithm over the course of the wave-like migrations of the bearers of “Thulean culture” into the southern regions. When applied to other climatic conditions, however, many of the symbolic patterns of this calendar, otherwise crystal clear in the Arctic, lost their meaning and rationale. They were partially transferred to new realities, partially frozen as relics, and partially lost their meanings or acquired new ones.
First and foremost, this change entailed a fundamentally new understanding of the basic unit of time: instead of the Hyperborean day, equal to a year, the daily circle, which is much more clearly defined in the regions south of the polar circle, became the measure of events of human life. What is more, the localizing points of the spring and autumn equinoxes changed in relation to southward movement. All of this gradually confused the crystal clarity and simplicity of the primordial matrix.
Wirth believed that his reconstruction of the sacred complex of the culture of Thule lay at the heart of all historical types of writing and language, as well as musical tones, the symbolism of colors, ritual gestures, burials, religious complexes, etc.
Studying this culture formed the basis of Wirth’s attempts at reconstructing what he called the “proto-writing” or “proto-script” of humanity. Wirth published the results of his studies in two monumental works, Der Aufgang der Menschheit (The Emergence of Mankind) [4] and Die Heilige Urschrift der Menschheit (The Sacred Proto-Script of Mankind) [5], both equipped with an enormous lot of synoptic tables, comparative illustrations of archaeological excavations, writing systems, etc.
Nordic matriarchy
Wirth embraced Bachofen’s notion of primordial matriarchy and attributed to the “Thule culture” a matriarchal form of civilization. He suggested that the belief that the female gender is inclined towards materiality, corporeality, chthonicity, and empirical specifics is purely a product of patriarchal censorship, and that matriarchy could be no less, indeed even more of a spiritual phenomenon than patriarchy. Wirth believed that societies dominated by women and female priesthoods, religions, and cults represented the more advanced types of Hyperborean culture, which he termed the “culture of White Ladies” (weisse Frauen).
Wirth thus presented an altogether peculiar view on the relationship between matriarchy and patriarchy in the archaic culture of the Mediterranean region. In his point of view, the most ancient forms of culture in the Mediterranean were those established by bearers of the Hyperborean matriarchy, who in several stages descended from the circumpolar regions, from the North Atlantic, by sea (and that ships with shamrocks on the stern were characteristic of them). These were the people mentioned in ancient Near Eastern artifacts as the “sea-peoples”, or am-uru, hence the ethnic name of the Amorites. The name Mo-uru, according to Wirth, once belonged to the very main center of the Hyperboreans, but was transmitted along with the natives of the North in their migration waves to new sacred centers. It is to these waves that we owe the Sumerian, Akkadian, Egyptian (whose pre-dynastic writing was linear), Hittite-Hurrian, Minoan, Mycenaean, and Pelasgian cultures. All of these Hyperborean strata were structured around the figure of the White Priestess.
Patriarchy, according to Wirth, was brought by immigrants from Asia, from the steppe zones of Turan, who distorted the primordial Hyperborean tradition and imposed upon the Mediterranean cultures quite different – rude, violent, aggressive, and utilitarian -values which contrasted (for worse) the pure spiritual forms of the Nordic matriarchy.
Thus, in Wirth we have the following reconstruction: the Hyperborean cultural circle’s primordial, spiritual and highly-developed type of matriarchal culture spread from a circumpolar center, mainly be sea, penetrating the Mediterranean, scraping Africa, and even reaching the southern coast of Asia all the way down to Polynesia, where the Maori culture still retains traces of the ancient Arctic tradition. Another offshoot of the center of Mo-uru in the North Atlantic migrated to North America, where it laid the foundations of the cultural code of many tribes. One of Wirth’s undertakings was to demonstrate a homology between these two branches that dispersed out of the culture of Thule – the European, Mediterranean, and further African and Pacific on the one hand, and the North-American on the other.[6]
Meanwhile, in continental Asia there formed a cultural pole which represented the embryo of proto-patriarchy. Wirth associated this culture with crude naturalism, phallic cults, and a martial, aggressive, and utilitarian type of culture, which Wirth believed to be lower and Asian. We have devoted a whole separate volume to a more detailed outline of Herman Wirth’s views.[7]
The significance of Wirth’s ideas to geosophy
Many aspects of Herman Wirth’s unjustly forgotten works deserve attention in the study of plural anthropology. First of all, his extremely fertile hypothesis of the cultural circle of Thule, which is usually discarded from the outset without any careful analysis of his argumentation, is so rich that it deserves serious attention in itself. If such an hypothesis allows for the resolution of such numerous historical and archaeological problems associated with the history of symbols, signs, myths, rituals, hieroglyphs, the calendar, writing, and the most ancient views of the structure of space and time, then this alone is enough to warrant thorough inquiry. Even though Wirth’s works contain many claims which seem either unequivocally wrong or highly controversial, we can set them aside and try to understand the essence of his theory which, in our opinion, is an extraordinarily constructive version that expands our understanding of the archaic epochs of the ancient history of mankind. The theory of the cultural circle of Thule need not be unconditionally accepted, but an assessment of its interpretive potential is necessary.
Secondly, Wirth’s positive appraisal of matriarchy is extremely interesting and adds weight to sympathy for Bachofen. Indeed, we are dealing with an interpretation of a conditionally reconstructed matriarchal civilization from the position of what is the, in the very least nominal, patriarchy to which our society has become accustomed. Wirth proposes an alternative interpretation of the female Logos, an attempt to view the Logos of the Great Mother through different eyes. This is also an extremely unconventional and fertile proposal.
Thirdly, in Wirth’s theories we can see clear analogues to the reconstructions of both Spengler and Frobenius. If Frobenius and especially Spengler took the side of Indo-European (Turanian, Eurasian) culture, i.e., the side of patriarchy as they interpreted it, then Wirth proposes to look at things from the standpoint of the civilization of the White Ladies, i.e., from the position of the primordial Mediterranean culture that preceded the invasion of the “people on war chariots.”
Footnotes:
[1] Tilak, B.G., Arkticheskaiia rodina v Vedakh (Moscow: FAIR-PRESS, 2001). In English: Tilak, B.G., The Arctic Home in the Vedas: Being Also a New Key to the Interpretation of Many Vedic Texts and Legends (Poona City: Tilak Bros, 1903).
[2] Dugin, A.G., Znaki Velikogo Norda: Giperboreiskaiia Teoriia (Moscow: Veche, 2008). English translation of introduction available here.
[3] Wirth, H., Khronika Ura-Linda. Drevneishaiia istoriia Evropy (Moscow: Veche, 2007). In German: Wirth, Herman. Die Ura-Linda Chronik (Leipzig: Koehler & Amelang, 1933).
[4] Wirth, H., Der Aufgang der Menschheit. Forschungen zur Geschichte der Religion, Symbolik und Schrift der atlantisch-nordischen Rasse (Jena: Diederichs, 1928).
[5] Wirth, H., Die Heilige Urschrift der Menschheit. Symbolgeschichtliche Untersuchungen diesseits und jenseits des Nordatlantik (Leipzig: Koehler & Amelang, 1936).
[6] The full title of Wirth’s Die Heilige Urschrift der Menschheit specifies “on both sides of the North Atlantic.” See footnote 5.
[7] See footnote 2.
Translator: Jafe Arnold
Chapter 22 of Part 2, “Theories of Civilizations: Criteria, Concepts, and Correspondences”, of Noomachy: Wars of the Mind – Geosophy – Horizons and Civilizations (Moscow, Akademicheskii Proekt, 2017).
00:42 Publié dans Révolution conservatrice, Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : herman wirth, théorie de la civilisation, tradition, traditions, traditionalisme, alexandre douguine, révolution conservatrice | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.zejournal.mobi
Hormis les bruits de bottes qui résonnent aux quatre coins de la planète, une guerre réelle et meurtrière à maints égards fait rage dans la plus grande indifférence. Cette guerre, c’est la guerre commerciale que mène, telle une croisade païenne, le 45ème président des États-Unis. Il fut élu, à la surprise générale des diplomates, experts, journalistes, prévisionnistes de tout poil, sur un slogan simple, pour ne pas dire simpliste, l’Amérique, d’abord et avant tout (« America First »). Les mêmes feignaient d’ignorer que Donald Trump n’était pas issu du sérail politique des bords du Potomac. Et qu’il avait un grave défaut pour un politicien traditionnel, il fait ce qu’il dit, y compris pour mener à bien ses idées les plus baroques. Le président américain n’a que faire du droit, des conventions internationales. Il veut imposer un sérieux aggiornamento des règles du commerce mondial et se lance dans un durable bras de fer avec la Chine. Pour ce qui est de la désunion européenne, il s’agit d’une simple promenade de santé tant le courage n’est pas la vertu cardinale de ce colosse aux pieds d’argile.
UN AGGIORNAMENTO DES RÈGLES DU COMMERCE MONDIAL
Donald Trump est avant tout un homme d’affaires qui sait ce que compter veut dire. Il ne s’embarrasse pas de théories fumeuses. Il est un praticien dur en négociation. Pour lui, tout échange doit être équilibré, gagnant/gagnant. Fini le temps des concessions octroyées par ses prédécesseurs aux Chinois qui inondent le marché américain de produits « made in China » tout en lui pillant ses technologies de pointe, aux Européens (plus spécialement les Allemands) qui exportent aciers, automobiles… Pour l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais, il était grand de temps de mettre un point final à cette symphonie d’une Amérique bienveillante, aux contrats qu’il juge léonins, à cette pétaudière multilatérale. Désormais, c’est la loi du talion qui doit gouverner les relations internationales. Au diable, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui fait le jeu des Chinois alors que ces derniers ne respectent pas les règles du jeu. Au feu, les G7 et autres G20 et leurs communiqués à l’eau de rose qui servent les délinquants du commerce international. Le mot d’ordre est clair, réciprocité. Le signal est rapide, le Tweet ravageur qui règle en 140 signes un problème complexe. Le procédé est simple, sanction et extraterritorialité du droit américain. Au passage, on se débarrasse des concurrents encombrants que sont les actionnaires d’Airbus que l’on met à genou pour favoriser Boeing, sous de fallacieux prétextes(1). La méthode est brutale. Téhéran ne veut pas répondre au Diktat américain, on lui inflige des trains de sanctions dont l’Iran aura le plus grand mal à se remettre. Il n’y a plus d’alliés dans cette guerre mondiale. Il n’y a que des concurrents ennemis potentiels de l’Amérique impériale. Gare à celui à qui il viendrait l’idée saugrenue de se mettre en travers du bulldozer américain. Il lui en coûtera. Le cadre général du débat est posé. Pour ceux qui n’auraient pas compris le message de l’homme à la mèche blonde tel qu’il ressort de ses déclarations et de ses saillies, on demande au secrétaire d’État américain (l’équivalent de notre ministre des Affaires étrangères), Mike Pompeo (ex-directeur de la CIA) de faire la leçon aux Européens dans leur capitale d’opérette en carton-pâte qui a pour nom Bruxelles(2). Une sorte de village Potemkine à la sauce libérale.
UN BRAS DE FER DURABLE AVEC LA CHINE
Donald Trump considère qu’il n’est plus possible de tolérer un tel déficit commercial avec une Chine impériale et « impérieuse »(3), pas qu’un pillage systématique des technologies américaines. Il faut y donner un sérieux coup d’arrêt. Le différend prend deux dimensions.
Une dimension commerciale, tout d’abord. Washington lance ses premières fatwas qui ne sont pas suivies d’effet du côté chinois. Et comme Pékin semble ne pas comprendre la méthode douce, on passe aussitôt (mars 2018) à la méthode force : coercition et sanction pour démontrer sa détermination à ne pas laisser les choses traîner. On allume alors le deuxième étage de la fusée en imposant des droits de douane dissuasifs sur une impressionnante de produits chinois. Et ce qui devait se produire se produit. Dès le mois d’avril, la Chine réplique par l’imposition de taxes sur 123 produits américains. Et le jeu des sanctions et des contre-sanctions se prolonge. Il faudra attendre le G20 de Buenos Aires (censé traité de la réforme des règles du commerce mondial et de l’OMC) pour qu’en marge de cette réunion Donald Trump et Xi Jinping décide d’une trêve. Mais pour combien de temps encore ? Une réunion entre experts des deux pays a lieu à Pékin le 7 janvier 2018. C’est le remake de la célèbre politique du bâton et de la carotte.
Mais, le problème prend une dimension diplomatique, ensuite. Quand les États-Unis mènent une guerre commerciale, ils ne lésinent pas sur les moyens. Ils exigent et obtiennent du Canada l’arrestation à Vancouver de Meng Wanzhou, directrice financière du géant chinois des telécoms Huawei, qui est à Pékin ce qu’Apple est à Washington. Que lui reproche-ton ? Rien d’autre que d’avoir violé l’embargo américain contre l’Iran, et de tomber sous le coup d’une législation que les Américains entendent imposer au monde entier. Les Chinois réagissent en arrêtant deux Canadiens sur leur territoire. La réponse du berger à la bergère. Les États-Unis et le Canada demandent, le 21 décembre 2018, la « libération immédiate » de deux Canadiens emprisonnés en Chine et au centre d’une crise diplomatique entre Ottawa et Pékin après l’arrestation au Canada d’une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei. Affaire à suivre… Derrière l’affaire qui touche les géants des télécoms se joue la rivalité stratégique entre la Chine et les États-Unis(4).
« Quelle que soit l’issue de ce bras de fer, les Européens seraient bien inspirés de ne pas rester l’arme commerciale au pied, en jouant les idiots du village global »(5). Or, nous n’en sommes pas encore là !
UNE PROMENADE DE SANTÉ AVEC L’UNION EUROPÉNNE
Les Diktats commerciaux américains (menaces d’imposition de droits de douanes exorbitants sur l’acier et l’aluminium, en mars 2018, en violation des règles de l’OMC accompagnées de l’application extraterritoriale du droit américain) s’accumulent régulièrement sur l’Union européenne (ainsi que sur ses États membres, en particulier l’Allemagne). Et sans que cela ne suscite, jusqu’à présent du moins, de réactions dignes de ce nom, hormis quelques borborygmes inaudibles (Tweets du genre : « Donald Trump est du mauvais côté de l’histoire ») de la commissaire européenne au commerce, Anna Cecilia Malmström (suédoise au nom prédestiné) ou de menaces de porter l’affaire devant l’Organisation mondiale du commerce dont le fonctionnement est paralysé par l’Amérique du nord. L’Union européenne, qui exerce une compétence entière sur ces matières, a-t-elle définie une stratégie claire, un plan d’action, un dialogue stratégique ou tout autre gadget du genre dont elle a le secret ? Pas du tout. Elle préfère s’occuper à des questions techniques ou juridiques qui n’ont pas le moindre intérêt pour les citoyens européens. Laissant ainsi le soin à chacun des Vingt-Sept États membres de réagir à sa manière. Berlin va négocier directement à Washington pour faire exempter de droits de douanes ses exportations d’automobiles vers les États-Unis. Paris, par la voix de son inefficace ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, multiplie les déclarations lyriques et viriles qui ne changent rien à l’affaire. Il est vrai que l’addition de vingt-sept lâchetés n’a jamais conduit à une politique commerciale européenne courageuse et crédible face à la détermination de Donald Trump et à ses Oukases. Le fameux diviser pour mieux régner fonctionne à la perfection. Lors du sommet UE/Chine du 16 juillet 2018 à Pékin, le tandem Juncker/Tusk ne saisit pas l’occasion du différend américano-chinois pour poser le problème du commerce entre la Chine et l’Europe en termes de réciprocité et mettre des propositions concrètes sur la table. On préfère s’en tenir aux toasts diplomatiques célébrant la vigueur de l’amitié entre l’Empire du milieu et l’empire du néant.
Au-delà de sa dimension purement commerciale qui n’est pas négligeable, cette crise est avant tout une crise de la mondialisation. Crise qui n’est traitée jusqu’à présent que par des gesticulations, des provocations verbales, de coups de communication. Ces faux remèdes ne font qu’aggraver le mal. Les institutions internationales compétentes sont neutralisées. Les chefs d’État s’exposent dans une surcommunication à outrance, pratiquant le narcissisme stérile et l’irresponsabilité totale. Résultat, les crises s’ajoutent aux crises : celles de la mondialisation, de la régulation internationale, du multilatéralisme, de l’Europe, de l’autorité…, en vérité une crise géopolitique (« l’ère des cauchemars », Nicolas Tenzer). Cependant, tout cela n’aura aucun sens si l’on croit s’en tirer grâce à un remède miracle. Il faudra bien répondre un jour à la question de l’avenir de la gouvernance mondiale au XXIe siècle. Le veut-on ? Le peut-on ? Si le diplomate-écrivain, Jean Giraudoux écrivait en 1935 « La guerre de Troie n’aura pas lieu », nous pouvons dire, sans grand risque d’erreur en cette fin d’année 2018 et en ce début d’année 2018, que la guerre commerciale avec les États-Unis aura bien lieu.
Notes:
(1) Chloé Aeberhadt/Marie-Béatrice Baudet/Vincent Nouvet/Stéphanie Pierre, La justice américaine enquête sur Airbus, Le Monde, Économie & Entreprise, 21décembre 2018, pp. 1-2-3.
(2) Guillaume Berlat, Mike Pompeo : Requiem pour le multilatéralisme, www.prochetmoyen-orient.ch , 17 décembre 2018.
(3) Éditorial, La Chine, puissance impérieuse, Le Monde, 22 décembre 2018, p. 19.
(4) Alain Frachon, Huawei dans la bataille, Le Monde, 21 décembre 2010, p. 22.
(5) Jack Dion, Le symbole Huawei, Marianne, 14-19 septembre 2018, p. 30.
11:17 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Economie, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, géopolitique, politique internationale, guerre commerciale, chine, états-unis, europe, affaires européennes, union européenne | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Aside from some of Julius Evola’s writings, there is a dearth of writing on worldly matters from a Traditionalist standpoint. As John Morgan mentioned in a recent review [2], most Traditionalist writers focus solely on spirituality while evading the implications that Tradition has on more practical matters. Considering this, it was refreshing when I first discovered Frithjof Schuon’s two expansive essays, “The Meaning of Race” and “The Meaning of Caste.”[1] [3]
In these two essays, Schuon describes the significance of castes and races in regard to human nature, or more aptly, human being. His view rejects the notion of these categories as being fundamentally socially conditioned, constructed, or accidental, and instead analyzes them as expressions of human nature.
Schuon’s two essays discussing race and caste were published together and are complementary, but here I will only discuss “The Meaning of Race.” However, a quick overview of what the terms “caste” and “race” mean for Schuon is first necessary.
Unlike Evola, who put forward the idea of the “race of the Spirit,” Schuon classifies race in a completely separate category from psychic or spiritual heredity. While Evola and Schuon both believe there is a metaphysical component of the human being, Schuon denotes the “spirit” of a person strictly by the term “caste.” For those unfamiliar, “caste” for Schuon refers primarily to the fundamental character types present throughout all of humanity. The Indo-Aryan caste system, according to Tradition, was merely founded upon these natural distinctions. However, like Evola and the rest of the Traditionalist school, Schuon holds the view that the metaphysical component of a human being is more “absolute,” or more “real,” than the physical. He writes:
Caste takes precedence over race because spirit has priority over form; race is a form while caste is a spirit. Even Hindu castes, which were in origin purely Indo-European, cannot be limited to a single race: there are Tamil, Balinese and Siamese brahmins.
It is not possible, however, to hold that race is something devoid of meaning apart from physical characteristics, for, if it is true that formal constraints have nothing absolute about them, forms must nevertheless have their own sufficient reason . . . (147)
For Schuon, race has no metaphysical component, but rather is a “formal constraint” upon the expression of spirit: race is essentially a “style” through which the formless spirit is expressed, defining the “being,” and by extension the activity, of a people. In the same way that artistic genius has different ways of expressing itself depending on the particular culture it is expressed within, so spirit, which is universal, expresses itself through various racial styles. It could be compared to a single light shining through different colors of glass, the light gaining a different appearance and character depending on the color through which it shines. For Schuon, race is the root of culture, for culture is the creative activity of a race in which its inherent qualities and predispositions are exteriorized and formalized.
Schuon considers “black,” “white,” and “yellow” to be the three principal races. Of course, these are extremely broad categories, but he believes that all peoples fit into these categories, or else fit somewhere between them. The logic behind these three categories lies partly in his understanding of race as correlating to the three gunas, or modes, of Hinduism (tamas [sleep, ignorance], sattva [goodness], and rajas [passion], respectively) and lies partly in his analysis of racial styles. For example, while the Chinese and Japanese have distinct languages and cultures, Schuon would claim that they both exemplify the yellow race because both races exhibit a non-dramatic, “intuitive delicacy” in the field of art, and other qualitative similarities, such as a disdain for eloquence and a penchant for sober, elliptical expression in language. These qualities can be observed in most Asian cultures.
In elaborating on the qualities of the races, Schuon waxes rather poetic, using a method of what I would call “cultural physiognomy.” His descriptions of the qualities of the races attempt to link the physiognomies commonly found in certain peoples with the culture of a people. For example:
The originality of each of the various races is especially apparent in the eyes: those of the white man, generally deep-set, are mobile, piercing and transparent; his soul “goes out” in his look and at the same time shines, in its passivity, through it. The eyes of yellow men are quite different: physically at skin level, they are generally indifferent and impenetrable; their look is dry and light like a brush stroke on silk. As for the black man, his eyes are slightly prominent and heavy, warm and moist . . . it is the deep and latent look of the earth. (149)
It should be noted that Schuon’s idea of “white” is much broader than is commonly understood by the term. Under the category “white,” Schuon does not only categorize Europeans, but also Semitic whites (Arabs and Jews) and (Aryan-descended) Indians. For Schuon, there is a great diversity of style within the white race: it exemplifies a greater “disequilibrium” than the yellow and black races, which is why it has given birth to such different cultures and civilizations. The mental diversity of white peoples can be evidenced by the diversity of religions (Hinduism, Christianity, Islam, Judaism, Greco-Roman, and Germanic paganism) that have gained predominance in white cultures. However, all the languages of these peoples produce “long, rich, incisive sentences,” and all the white cultures are marked by a dramatic opposition between man and nature, at least compared to black and yellow peoples. Likewise, a higher degree of mental proclivity is present in white peoples. Schuon writes that the element of the white race is “fire.” Fire can either be tame like a burning candle, or wild, consuming, and restless. The former is best represented by the contemplativeness of the Hindus, and the latter is represented by the strong inclination towards action and expansion in Westerners.
As stated earlier, Schuon correlates the three races with the three gunas of Hinduism. According to Schuon, the white race exemplifies sattva through the bright and ascending fire element, the yellow race exemplifies rajas through the mobile and clear water element, and the black race exemplifies tamas through the heavy and inert earth element. He writes:
The precarious nature of the ascending tendency explains both the Greco-Roman and modern deviations: that which is intellectual penetration and contemplativity among Hindus has become mental hypertrophy and inventiveness among Westerners . . . The conquests of the yellow peoples swept along like a tidal wave throwing down everything in their path but not transforming their victims as did the white man’s conquests; the yellow races conserve like water and do not transmute like fire . . . As for the black race, they are, as we have said, “existential” and this explains their passivity and inaptitude for radiating outwards, even within the fold of Islam. (164)
As evidenced by the Spanish rule of South America that completely reshaped the people of that continent, and the lasting British influence in India, as well as the Arab conquests, one can understand Schuon’s claim that the territorial expansion of whites completely changes the language and character of a people. English is the current lingua franca across the world. On the other hand, the imperialism of yellow peoples, such as Japan’s half-century rule over Taiwan, often leaves the subject people’s culture comparatively intact. Black peoples are mostly stagnant and self-contained, with no significant or reshaping influence on any non-black people of note in the present day.
According to Schuon, while the elements of the races are unique, they are all, in a way, contained in each other:
It could be said that the white and yellow races, insofar as they correspond to the elements “fire” and “water,” meet in the element “air.” Air has the two qualities of lightness (sattva) and mobility (rajas) . . . But there is also destructiveness (tamas) in fire and transparency (sattva) in water . . . (165-166)
While the predominant character of each race is dominated by different elements, the races are not in watertight compartments, and each race exemplifies the predominant element of another, to a greater or lesser degree, in its own predominant element. As stated above, the luminous, fiery, creative quality of Westerners (sattva) also has a certain destructiveness (tamas) about it. The earth element is heavy (tamas), but also fertile (rajas), and earth, by its nature, contains luminous crystals and minerals (sattva).
On the topic of race-mixing, Schuon has a nuanced view. Like Spengler, he believes that race-mixing can sometimes be positive for a racial stock, albeit the positivity is dependent upon the races being mixed. In his words, if the mix is compatible, race-mixing has the ability to “aerate” a stock that has become too “compact.” However, if the races are too distinct from each other, mixing will corrupt a race with unique qualities. In one of the footnotes, Schuon defends the phenomenon of black Africans mixing with Mediterranean whites in North Africa, claiming that both races have been inhabiting the same climate and environment for thousands of years, rendering a similarity of type. On the other hand, Schuon staunchly opposes race-mixing between blacks and whites in North America, where the whites are predominantly Germanic, going so far as to defend segregation between blacks and whites, if the segregation were truly “unilateral” and “conceived in the interest of both races.”
While Schuon takes a firm stance against the “anti-racists” of his day, he is quick to critique Eurocentrism with regard to the judgment of certain physical traits in other races that have historically been viewed as marks of inferiority. For Schuon, the prognathic jaw line, low forehead, and thick lips, historically referenced by Westerners to compare blacks with apes, are not marks of inferiority, but rather signify a racial type that is less predisposed to thinking, more vital, and more “centered on being” than races in which the orthogonal jawline is more common. These traits are not indicators of barbarism: he cites certain barbarous peoples that are predominantly orthogonal and civilized peoples that are predominantly prognathic. I found this particularly interesting, as it puts forth a fundamental reason for why black peoples typically have lower IQs than whites, since it is due to their consciousness being generally less mental. On the upside, blacks are usually more grounded or “down-to-earth” than whites, which is perhaps why they are underrepresented in fields that require abstract thinking, but otherwise seem less prone to the anxiety, overthinking, and unrest that engulfs many white minds.
Schuon is sure to emphasize that, for the individual of a particular race, the race to which he belongs is of secondary importance to the condition of his soul. He writes:
. . . for us the question is not: “What is our racial heritage?” but rather: “What are we making of that heritage?” To talk about racial value is, for the individual, quite meaningless, for the existence of Christ or of the Vedantic doctrine adds nothing to the value of a white man with a base nature any more than the barbarism of certain African tribes takes anything away from a black man of saintly soul; and as for the effective value, not of a race, but of an ethnic atavism, this is a question of “spiritual alchemy,” not of scientific or racist dogmatism. (168)
If Schuon can be said to be an ethnonationalist, his ethnonationalism is anti-egalitarian. As stated earlier, for Schuon and other Traditionalists, being part of the same race is no justification for disregarding the natural differences between individuals. In fact, since caste takes precedence over race, it logically follows for Schuon – and he explicitly states – that individuals of a different race, but of the same caste, are more fundamentally, or metaphysically, similar to each other than individuals who are of the same race, but of different caste. However, this view should not be confused with the view that sharing the same caste makes two people equal, regardless of race. Rather, Schuon means that they share the same type, and a “vertical” equality of caste is more real than a “horizontal” equality of race.
Schuon’s essay, like his other writings, is rather scattered and spontaneous, so this is just an attempt to lay out the essentials of Schuon’s thoughts on race. As a result, there are many remarks that were not covered here, so I would highly recommend reading the essay itself. Schuon offers an extremely balanced and fair view of the human races, and the love he has for human diversity is strongly apparent in his writing, to the extent that even an honest Leftist would be hesitant to label his views “racist.” I even think that this essay would offer a great entry point for people of a spiritual and intellectual bent to the concepts of ethnonationalism. Schuon offers a very positive view of a diverse, yet unified, humanity, in which all races are different, yet all uniquely aspire to the same divine reality.
Note
[1] [4] Language of the Self (Bloomington, Indiana: World Wisdom Books, 1999), pp. 147-175.
11:15 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : frithjof schuon, traditions, traditionalisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
02:29 Publié dans Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amérique, amérique du nord, états-unis, géopolitique, terre, mer | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Oscar Fortin
Ex: http://www.zejournal.mobi
L’histoire de l’Amérique latine nous apprend que cette dernière a été et continue d’être considérée comme « la cour arrière des États-Unis ». La doctrine Monroe en consacre la légitimité et donne à Washington tous les pouvoirs sur le Continent.
1) Les États-Unis ont reconnu, l’année précédente, l’indépendance des nouvelles républiques latino-américaines ; en conséquence de quoi, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud ne sont plus ouvertes à la colonisation européenne.
2) Les États-Unis regardent désormais toute intervention de leur part dans les affaires du continent américain comme une menace pour leur sécurité et pour la paix.
3) En contrepartie, les États-Unis n’interviendront jamais dans les affaires européennes.
La doctrine de Monroe se résume en définitive comme suit : « l’Amérique aux Américains ».
De fait, la reconnaissance de l’indépendance des nouvelles républiques latino-américaines de la part de Washington permettait à ce dernier de se défaire de la présence des pays colonisateurs européens tout en ouvrant toute grande la porte pour qu’il puisse y régner en maître. L’indépendance de ces pays serait respectée dans la mesure où ces derniers harmoniseraient leurs politiques avec ses propres intérêts. De là l’expression bien connue qui qualifie l’Amérique latine comme étant la « cour arrière des États-Unis ».
On ne saurait comprendre ce qui se passe, présentement, en Amérique latine sans faire référence à cette Doctrine Monroe qui ne répond qu’aux intérêts de Washington. L’histoire des conflits du siècle dernier et ceux d’aujourd’hui illustrent de manière claire et sans équivoque le veto unilatéral de Washington sur l’indépendance et la souveraineté des pays du Continent latino-américain.
La révolution du Peuple cubain (1958-1959), sous la direction de Fidel Castro, visant la destitution du dictateur Batista, en était une qui reposait sur l’indépendance et la souveraineté de ce peuple. De toute évidence, Batista était l’homme de main de Washington lui permettant d’agir à sa guise à Cuba. Nous connaissons de plus en plus l’histoire de cette révolution qui fut et est toujours victime de l’interventionnisme de Washington. Le seul « blocus économique » qui dure depuis plus de 59 ans et que condamnent, année après année, les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies représente un véritable crime contre l’humanité.
La révolution du Peuple chilien (1973) reproduit les mêmes comportements de Washington à l’endroit de l’indépendance et de la souveraineté de ce Peuple. À la différence de Cuba où régnait un dictateur, Salvador Allende prit le pouvoir en respectant le cadre démocratique prévu à la constitution chilienne. Ses politiques se sont concentrées sur la récupération des richesses du pays, dont le cuivre occupe une place importante, pour en faire bénéficier le peuple. Il a agi avec les pouvoirs d’un État indépendant et souverain, dans le respect du droit international. C’était déjà trop. Washington avait déjà préparé tout son arsenal politique, économique et militaire, pour en finir avec le gouvernement de Salvador Allende. Nous connaissons l’histoire des bombardements de la Moneda (édifice du parlement chilien), de la trahison du général Augusto Pinochet ainsi que tous les crimes qui en ont suivi.
La révolution du peuple vénézuélien (1998), sous la direction d’Hugo Chavez s’impose par une élection libre et démocratique qu’il remporte avec grande majorité. Donnant suite à ses promesses électorales, il procède dès les premiers instants à la rédaction d’une nouvelle constitution, écrite et voulue par le peuple. Soumise à un référendum, l’année suivante, elle fut acceptée avec une très grande majorité. Il s’agit d’une révolution qui consacre la démocratie participative, donnant ainsi au peuple un droit de regard et d’intervention dans l’exercice des pouvoirs de l’État. Il s’agit également d’une révolution de format socialiste, humaniste, chrétien et anti-impérialiste. Encore là, Washington et les oligarchies locales ne l’entendirent pas de la même manière. Au diable, la démocratie, en avril 2002, le gouvernement est victime d’un Coup d’État et son président, Hugo Chavez, est enlevé de force et détenu en un endroit secret. En un rien de temps, le peuple et l’armée restée fidèle sont descendus dans les rues et ont repris le contrôle de la résidence du Président et arrêter les auteurs de ce coup d’État. Depuis lors, les tentatives d’intervention pour éliminer ce gouvernement n’ont cessé. Le 11 janvier prochain, on annonce une intervention musclée pour empêcher l’assermentation du président Nicolas Maduro, élu avec grande majorité, en mai dernier, pour le mandat allant de 2019 à 2025.
Je pourrais ajouter à ces révolutions celles de la Bolivie, avec Evo Morales, du Brésil, avec Lula et Dilma Rousseff, de l’Équateur, avec Rafael Correa, du Nicaragua, avec Daniel Ortega, d’Argentine avec Hector y Cristina Kirchner. Le format d’intervention est toujours le même : guerre économique, désinformation sous toutes ses formes , mise à contribution des épiscopats catholiques qui s’apparentent bien souvent aux forces de l’opposition politique.
C’est dans ce contexte que se présente la grande alliance du Vatican et de Washington. Pendant que ce dernier veut récupérer ses pleins pouvoirs sur les gouvernements de l’Amérique latine, le Vatican veut se défaire de tout ce qui raisonne communisme, socialisme, anti-impérialisme, etc. À toute fin pratique, les deux s’entendent sur les mêmes ennemis sans pour autant partager les mêmes objectifs.
En 1982, à la bibliothèque du Vatican, un premier Pacte a été signé entre le pape Jean-Paul II et Ronald Reagan. Ils en étaient à leur premier contact. Il s’agissait, à cette époque, de la Pologne et des mouvements socialistes en A.L, dont la théologie de libération qui en faisait partie.
En 2014, un second Pacte est signé, cette fois entre le pape François et Obama. Ce dernier n’arrive toujours pas à se libérer de Maduro au Venezuela, de Lula et Dilma Rousseff au Brésil, de Daniel Ortega au Nicaragua, etc. L’aide du Vatican et des épiscopats nationaux de ces pays s’impose.
Dans certains de ces pays, les épiscopats utilisent à plein régime la « religion » avec tous ses symboles pour discréditer les gouvernements au pouvoir et soulever le peuple contre ces derniers. Ils assument, pratiquement en totalité, les fonctions d’une opposition qui a perdu toute crédibilité. Ils en arrivent eux-mêmes à perdre la leur. Ça sent beaucoup la « religion opium du peuple ».
Liens:
https://www.mondialisation.ca/nouveau-pacte-entre-le-vati...
http://www.elcorreo.eu.org/Nouveau-pacte-entre-le-Vatican...
https://www.courrierinternational.com/article/2005/04/07/...
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/lamerique-latine...
01:18 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amérique latine, amérique du sud, amérique ibérique, géopolitique, politique internationale, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Alexandre Douguine
Tout d’abord, le fait que les mouvements populistes soient dirigés contre l’élite politique dans son ensemble, sans faire de distinction, qu’elle soit de droite ou de gauche, est frappant. C’est le « soulèvement de la périphérie de la société contre son centre ». Dans son célèbre ouvrage, le sociologue américain Christopher Lasch (1932-1994) a désigné la forme de gouvernement qui prévaut dans la société occidentale moderne comme la « révolte des élites ».Au début du XXe siècle, il était d’usage de suivre le discours de José Ortega y Gasset sur la « révolte des masses », dont l’influence croissante sur la politique menaçait, semble-t-il, de détruire la culture occidentale – le logos européen.
Une personne ordinaire maintient encore quelques traditions culturelles ; il est presque impossible de trouver un « prolétaire pur ». Mais les élites capitalistes modernes, qui n’ont pas de sens aristocratique, sont avides de pouvoir, de position et de confort. Dans le même temps, de plus en plus de types marginaux ont commencé à pénétrer dans la « nouvelle élite », des personnes appartenant non pas à des groupes périphériques, mais à des groupes minoritaires – ethniques, culturels, religieux (souvent sectaires) et sexuels – et sont devenus dominants parmi eux. C’est cette populace perverse, selon Christopher Lasch, qui forme la base de l’élite mondialiste moderne, qui détruit les fondements de la civilisation.En conséquence, le populisme – y compris le populisme des gilets jaunes – peut être considéré comme un soulèvement de représailles du peuple contre les élites, qui ont complètement perdu leur lien avec la société. Les élites ont construit leur propre monde dans lequel le deux poids, deux mesures, les normes du politiquement correct, la démagogie libérale règnent.
Les gilets jaunes se rebellent contre Macron comme contre l’élite libérale au pouvoir. Mais aujourd’hui, ce n’est déjà plus un mouvement de la droite ou de la gauche classique. Macron est de gauche en faveur de la migration, de la protection des minorités, de la légalisation de la dégénérescence et du soi-disant « marxisme culturel », mais de droite (droite libérale) sur le plan économique, défendant fermement les intérêts des grandes entreprises et de la bureaucratie européenne. C’est un pur mondialiste, qui ne dédaigne pas une déclaration directe de son appartenance à la Franc-maçonnerie (son fameux signe de la main, représentant un triangle), même avec des slogans directs sataniques : « Faites ce que vous voulez, votez pour Macron. » La révolte des gilets jaunes est précisément contre cette combinaison de droite libérale et de gauche libérale.Si Mélenchon et Marine Le Pen ne peuvent être unis politiquement, l’un trop à gauche et l’autre trop à droite, alors les gilets jaunes le feront à la place des dirigeants politiques qui cherchent à diriger un mouvement populiste. Les gilets jaunes ne sont pas seulement contre la politique économique ou l’immigration – ils sont contre Macron en tant que symbole de tout le système, contre la mondialisation, contre le totalitarisme libéral, contre « l’état actuel des choses ». Le mouvement des gilets jaunes est une révolution populiste et populaire. Et le mot « peuple » (populus, le peuple) dans le concept de « populisme » doit être compris littéralement.
09:55 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alexandre douguine, actualité, france, europe, affaires européennes, gilets jaunes, populisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Brandon Smith
« Les puissances du capitalisme financier avaient un autre objectif de grande portée, rien de moins que de créer un système mondial de contrôle financier aux mains d’entités privées capable de dominer le système politique de chaque pays et l’économie du monde dans son ensemble. Ce système devait être contrôlé de manière féodale par les banques centrales du monde entier agissant de concert, par des accords secrets conclus lors de fréquentes réunions et conférences privées. Le point culminant du système devait être la Banque des règlements internationaux à Bâle, en Suisse, une banque privée détenue et contrôlée par les banques centrales du monde entier qui étaient elles-mêmes des sociétés privées. Chaque banque centrale cherchait à dominer son gouvernement par sa capacité à contrôler les prêts du Trésor, à manipuler les devises étrangères, à influencer le niveau de l’activité économique dans le pays et à influencer les politiciens coopératifs par des récompenses économiques ultérieures dans le monde des affaires. »C’est une notion facile à comprendre, je pense. C’est-à-dire que l’idée d’oligarques, le 1% si vous voulez, qui contrôlent les 99% restants par le biais d’un levier économique est quelque chose dont la plupart des gens peuvent convenir, qu’ils s’identifient à la droite politique ou à la gauche politique. Ils n’ont peut-être qu’une vague idée des faits derrière cette conspiration, mais ils l’ont vue en action dans leur vie quotidienne et ils savent qu’elle est réelle. C’est ici que la plupart d’entre eux commencent à perdre de vue l’ensemble de la situation….
« Le plus grand tour que le diable ait jamais joué était de convaincre le monde qu’il n’existait pas. »
09:49 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, crise économique, guerre psychologique, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
09:41 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rené guénon, tradition, traditionalisme, nicolas bonnal, festivisme, moeurs contemporaines | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.dedefensa.org
Le ministre de l’Intérieur et vice-Premier ministre italien, Matteo Salvini, doit effectuer un voyage en Pologne le 9 janvier, pour envisager une alliance avec le parti PiS au pouvoir, de tendance populiste et eurosceptique comme l’est Salvini. (Tout de même, le PiS est plus de type traditionnaliste-conservateur que de pur populisme, mais ils se retrouvent sur une ligne approchante.) Breitbart-UK donne des indications sur cette visite, et également sur les opérations de rassemblement populiste déjà réalisées par Salvini avant les européennes.
« Le ministre populiste italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, doit s'entretenir avec le chef du parti du droit et de la justice polonais, Jarosław Kaczynski... [...] Salvini et Kaczynski se rencontreront le 9 janvier à Varsovie pour discuter de la possibilité de l’alliance entre la Liga et le PiS en vue des élections au Parlement européen de mai, a rapporté la chaîne de télévision polonaise TVN24. La porte-parole de PiS, Beata Mazurek, a déclaré aux médias italiens : “Les sujets des discussions intéressent les deux parties, polonaises et italiennes.”
» Cette visite constitue la première visite officielle de Salvini en Pologne depuis son arrivée au pouvoir l'an dernier. Le vice-Premier ministre devrait également discuter de questions économiques pendant son séjour dans le pays.
» Au cours des derniers mois, M. Salvini a noué des liens avec plusieurs autres dirigeants conservateurs et populistes de premier plan en vue de constituer une grande alliance avant les élections au Parlement européen, notamment le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui a qualifié Salvini de “mon héros” et lui a promis de travailler avec lui. En octobre, Salvini a annoncé que la dirigeante populiste française Marine Le Pen rejoindrait également son alliance aux élections européennes, le couple annonçant la création d'un "front de la liberté" réunissant les autres partis pro-souverainetés opposés à la domination de l'UE. Salvini a également rencontré le dirigeant du Parti de la liberté autrichien, Heinz-Christian Strache, et aurait cherché à obtenir le soutien du leader des démocrates suédois, Jimmie Åkesson. »
Cette visite de Salvini en Pologne est très intéressante parce qu’il s’agit d’un éventuel partenaire puissant dans le rassemblement populiste que veut mettre en place Salvini, mais surtout d’un partenaire qui a des vues diamétralement opposées à celles de Salvini (et de la plupart des autres populistes) sur quelques points très importants de politique étrangère et de sécurité : les Polonais sont hyper-antirusses et hyper-atlantistes, fortement au contraire de Salvini.
La question qui se pose est de savoir si cette divergence très sérieuse et très exacerbée essentiellement de la part des Polonais sera écartée pour permettre l’alliance populiste. Selon la logique de l’essentiel et de l’accessoire, cela devrait être aisément surmontée parce que le caractère essentiel, significatif, fondamental qui est jeu ici est le populisme, tandis que les positions vis-à-vis de la Russie sont complètement, essentiellement du côté polonais, corrodées, toxiques, sinon complètement inverties par une passion déchaînée ; la position polonaise vis-à-vis de la Russie est injustifiée, déraisonnable, et fait le jeu du Système.
(Les rapports avec les USA constituent un aspect plus complexe, puisque les USA, aujourd’hui, suscitent effectivement une sujétion transatlantique des pays européens qui est difficilement acceptable surtout d’ailleurs par rapport aux ambitions du populisme ; mais les USA, c’est aussi un Trump et son trumpisme qui ont tendance à appuyer la poussée populiste et qui sont anti-UE. Ainsi Trump peut-il dire« Je me fiche de l’Europe » lorsqu’il parle des pouvoirs en place et des Européens-UE et -OTAN ; et il peut dire également, comme il l’a fait, « Je pourrais être la personne la plus populaire en Europe », si l’on considère sa position sur les questions du populisme.)
Il s’agit d’un test intéressant, qui donnera une bonne mesure de la puissance et de la diversité possible du mouvement populiste. C’est en effet la problématique qui est aujourd’hui développée, de la capacité et de la signification de la dynamique populiste si forte en Europe, considérée d’un point de vue transnational.
Sur le site Spiked, Frank Furedi donne une analyse générale du mouvement populiste en Europe, estimant qu’il est arrivé à un degré de maturation où ce mouvement commence à distinguer les véritables enjeux de son propre développement. Il s’agit du remplacement, – une autre sorte de “Grand Remplacement”, – des traditionnelles questions socio-économiques par les questions désormais brûlantes de type sociétal-culturel dans le sens le plus large. Dans son article, Furedi estime que le courant populistes est arrivé à un point où il doit rechercher une expression politique opérationnelle efficace, – ce à quoi, nous semble-t-il, Salvini, qui a certainement la plus forte personnalité et un très fort soutien populaires, est en train de travailler :
« À moins que le populisme puisse développer une plus grande clarté politique et développer une vision inspirante de la citoyenneté démocratique, il aura du mal à progresser. Face au pouvoir considérable des institutions politiques et culturelles, il ne peut progresser que s'il développe une alternative cohérente aux valeurs de l'ordre dominant. Il y a beaucoup en jeu dans les années à venir. Nous avons besoin d’une version éclairée et démocratiquement informée de la politique populiste. »
Pour nous, il s’agit d’une évolution décisive de la question de ces “valeurs” qui dépendent des enjeux socio-économiques auxquels elles doivent donner après coup une dimension pseudo-morales qui fait le jeu des élitesSystème ; vers la question des “principes” qui doivent être dans le sens contraire les déterminants des questions sociétales-culturelles (identité, souveraineté, etc.) et présupposent une dimension structurante au-dessus de la morale déterminant le cadre de ces questions, selon un processus rejeté par les élitesSystème parce que hors de leur contrôle et de leur orientation idéologique. Les “valeurs” sont déduites des enjeux socio-économiques et dépendent donc de domaines maîtrisés par le Système ; les “principes” induisent à partir d'une logique hors-Système les enjeux sociétaux-culturels et échappent par conséquent à la maîtrise du Système.
L’irruption massive des enjeux sociétaux-culturels depuis trois à quatre décennies, avec une accélération pressante et très grande ces dernières années, s’est faite jusqu’ici sans se référer aux “principes” dont ils devraient dépendre. L’enjeu suprême est donc de réaliser effectivement cette connexion, ce qui devrait être le rôle d’une véritable “politique-populiste”. Les élitesSystème s’y opposent de toutes leurs forces en imposant une morale correspondantes à leurs propres privilèges socio-économiques. C’est à ce point que se noue l’affrontement. Les “principes” constituant des valeurs structurantes échappant au Système (hors-Système), doivent s’imposer naturellement dans l'affrontement comme antiSystème, par leur forme même, quel que soit leur contenu (mais ce contenu ne pouvant être que structurant).
C’est pour cette raison qu’à notre sens, toutes les poussées populistes, et notamment celle des GJ (Gilets-Jaunes) qui est nécessairement populiste, se définissent nécessairement en termes d’affrontement contre le Système puisque poussées par des principes structurants. Les GJ ont tant de mal à formuler leurs revendications parce que ces revendications mettant en cause le Système ne prennent corps qu’à partir d’une position permettant d'embrasser le Système dans sa globalité pour conclure à l'impossibilité absolue de sa réforme. De ce point de vue et selon les moyens disponibles et les arguments débattus, on en déduit que le mouvement des GJ, comme le populisme lui-même, ne peut être ni satisfait, ni apaisé, ni étouffé. Il s’agit d’une lutte à mort.
09:36 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilets jaunes, populisme, france, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Traduction française par Chlodomir
Le passé de l’Allemagne projette encore son ombre. L’été dernier, les Grecs protestant contre les termes rigoureux du renflouement de l’UE brandissaient des portraits d’Angela Merkel portant une moustache à la Hitler et un brassard nazi avec la croix gammée à la place du symbole de l’euro.
De telles images restent puissantes mais elles empêchent de poser les vraies questions concernant la manière dont l’Allemagne utilisera son actuelle influence économique et politique et dans quelle mesure l’UE peut ou doit endiguer cette puissance. Pour répondre à cela, nous devons regarder dans le passé, à l’époque où l’Allemagne faisait partie du Saint Empire Romain.
L’empire semble à peine digne de discussion aujourd’hui. S’il conserve une résonance minime, c’est généralement grâce à la formule de Voltaire selon qui l’empire n’était « ni saint, ni romain, ni un empire ». Fondé par Charlemagne le jour de Noël de l’an 800, l’empire sembla se diriger vers le déclin presque immédiatement jusqu’à ce qu’il soit balayé comme une chose obsolète et inutile par Napoléon en 1806. Selon les mots de James Madison, quatrième président des Etats-Unis, l’empire était « un corps sans nerfs, incapable de réguler ses propres membres, sans défense contre les dangers extérieurs et agité de fermentations incessantes dans ses propres entrailles ».
Savoir pourquoi l’empire a été interprété de cette manière peut nous aider à comprendre la position de l’Allemagne actuelle en Europe, en particulier son rôle dirigeant dans l’UE.
L’héritage des deux guerres mondiales a encouragé les voisins de l’Allemagne à craindre son leadership comme une hégémonie potentielle, mais l’histoire du Saint Empire Romain révèle une époque où l’Allemagne faisait partie d’un ordre plus large et pacifique.
L’interprétation négative de l’empire vient du fait qu’on le voit comme une série de tentatives manquées pour créer un Etat-nation allemand. Dans cette version de l’histoire, une succession de monarques tenta de créer des institutions centrales capables d’imposer un système uniforme de gouvernement, et n’en fut empêchée que par les ambitions égoïstes des petits princes allemands.
En fait, l’empire ne fut jamais seulement l’« Allemagne ». Il recouvrait ce qui est maintenant l’Autriche, la Suisse, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, la République Tchèque, une bonne partie de l’Italie, et certaines parties de la France et de la Pologne.
Dans tous ces pays, les historiens ne trouvèrent pas d’intérêt à l’empire lorsqu’ils entreprirent d’écrire leurs histoires nationales au XIXe siècle. Pour eux, comme les manifestants grecs, « empire » signifiait domination étrangère.
L’aspect impérial de l’empire est peut-être le plus difficile à comprendre pour nous aujourd’hui, en grande partie parce que nous tendons à concevoir l’empire à travers l’expérience de la puissance coloniale européenne.
Nous nous attendons à ce que les empires aient un noyau clair et stable habité par un peuple impérial imposant sa volonté aux régions périphériques. Mais le Saint Empire Romain n’avait pas de noyau central, parce qu’il ne posséda jamais un clair centre de gouvernement, ni même de capitale officielle. Au contraire, le pouvoir fut toujours multiple et pluriel. L’organisation de la vie quotidienne était laissée à des pouvoirs plus locaux.
Le changement le plus important au cours des siècles ne fut pas une fragmentation progressive d’un pouvoir originellement centralisé, comme le crurent les précédentes générations d’historiens.
Ce fut plutôt un renforcement graduel des pouvoirs locaux qui tiraient leur légitimité de leur relation avec l’empire dans son ensemble. Les chartes et les lois impériales reconnaissaient les droits locaux et les libertés locales.
Des couches additionnelles furent ajoutées avec le temps en réponse aux circonstances, plus particulièrement durant les XVIe et XVIIe siècles, quand les protestants obtinrent les mêmes droits juridiques que les catholiques romains.
Cependant, longtemps avant cela les Juifs avaient reçu des droits protecteurs qui fonctionnaient généralement mieux que ceux garantis par les monarques dans les royaumes plus centralisés d’Europe.
Et c’est ici que nous voyons le plus clairement ce que l’empire peut nous dire sur l’avenir possible de l’Europe. Ses habitants s’identifiaient généralement positivement avec lui, parce qu’il préservait leurs autonomies et leurs modes de vie.
Cela ne peut pas être un plan pour l’UE d’aujourd’hui, parce que l’ordre social qui étayait cette autonomie locale était aussi criblé d’inégalités que nous trouverions inacceptables.
Pourtant cela suggère une alternative au difficile choix entre l’UE conçue comme un super-Etat unique et homogène et un affaiblissement fatal de la position mondiale de l’Europe par sa fragmentation en une mosaïque d’Etats nationaux.
12:49 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : empire, reich, europe, affaires européennes, idée d'empire, union européenne | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Traduction française par Chlodomir
Conférence Internationale “Financial capitalism and its alternatives for the 21st century. Contributions to the 4th Economic Theory” (Le capitalisme financier et ses alternatives pour le XXIe siècle. Contributions à la 4e Théorie économique).
Chișinău, 15 décembre 2017
J’ai récemment lu l’interview du Pr. Douguine dans le magazine The Economist. C’est une interview très intéressante qui permet d’exprimer notre vision-du-monde à une audience non-eurasiste plus grande. J’ai moi-même distribué le matériel à un certain nombre de gens et il a été apprécié même par des personnes qui n’ont pas forcément la même perception de la réalité que nous. Le professeur s’avère être un intellectuel hautement distingué, un digne adversaire du libéralisme et cela peut être apprécié par des gens neutres et même par des ennemis.
Cependant, je prends l’exemple d’une question posée par l’interviewer et de la réponse du Pr. Douguine, où je proposerais une approche différente. La question posée était : « Pourquoi pensez-vous que l’autre civilisation, l’anglo-saxonne, réussit économiquement mieux que la civilisation eurasienne ? », et la réponse fut la suivante : « Précisément parce que l’économie est, pour vous, le destin. Pour nous, c’est l’esprit qui est le destin. Si vous placez une valeur matérielle comme la plus haute valeur, alors vous avez mieux réussi en cela ».
Bien que je comprenne le raisonnement philosophique et religieux qui se trouve derrière la réponse, incluant que l’on ne peut pas servir deux maîtres, Dieu et Mammon, je préférerais une approche plus directe et économiquement orientée à une telle question. Etonnamment ou pas, Marx, du moins dans ses premiers écrits, avait une approche similaire à celle du Pr. Douguine sur cette question.
En ce qui me concerne, je voudrais d’abord noter la manière dont la question est structurée. C’est une affirmation : « L’Occident est meilleur pour développer des systèmes économiques », déguisée en une question. Répondre à la question en tentant de donner une explication revient à accepter la supposition de l’interviewer. C’était un piège. A mon avis, la réponse aurait dû être la suivante : « La civilisation anglo-saxonne n’est pas meilleure pour développer des systèmes économiques. Sa prospérité actuelle est due au fait qu’elle peut imprimer une quantité illimitée d’argent à partir de rien et qu’elle a la capacité militaire et politique à obliger les autres à l’accepter comme moyen de paiement ». C’est un vol déguisé. Obliger les autres à abandonner leurs valeurs pour rien est une forme de vol. C’est la source de leur prospérité, pas seulement leur obsession pour les biens matériels. En d’autres mots, l’Occident est meilleur pour imposer son point de vue dans le monde entier, pas pour développer des systèmes économiques supérieurs.
Et ils sont très bons pour quelque chose d’autre aussi, pour présenter leur propre intérêt comme étant, d’une manière ou d’une autre, dans l’intérêt général de l’humanité, de l’humanité en général. Ils sont les maîtres du culot ! C’est comme si un dealer de drogue, ou un voleur, demandait à un enseignant ou à un ouvrier : « Pourquoi pensez-vous que je suis plus riche que vous ? ». La réponse peut être philosophique : « Vous êtes préoccupé par l’argent », mais elle peut aussi être plus directe : « Parce que vous êtes un voleur ».
C’est un aspect important, ce n’est pas quelque chose à négliger. Puisque nous sommes en guerre, du moins dans le domaine des idées, ne laissons pas l’ennemi tenir le haut du pavé. Stratégiquement nous ne voulons pas mener une bataille pénible. Nous avons l’avantage moral même dans le monde de l’économie, et il faut rappeler cela à l’ennemi et au grand public. Nous avons affaire à un empire bâti par des voleurs, des pirates et des dealers audacieux, qui arrivent toujours au nom d’idées généreuses, comme la « liberté » et le « libre-échange », et qui repartent les poches pleines d’argent. Ce sont les gens qui nous font la leçon aujourd’hui !
Donc, mon premier message est : ne laissez pas l’ennemi prendre l’avantage moral. J’étayerai mes affirmations plus tard, avec quelques cours d’histoire, plus précisément sur les guerres de l’Opium.
Mais nous allons faire une très brève récapitulation de la nature de l’actuel système économique, et des manières possibles de le rendre plus juste.
Comme je l’ai dit avant, la prospérité de l’Occident est basée sur deux facteurs : l’impression de monnaie et la capacité d’obliger les autres à l’accepter. Puisque n’importe qui, n’importe quelle nation ou même des non-nations peut émettre de la monnaie (à Hong-Kong par exemple les billets de banque sont imprimés par des banques commerciales), il est évident que dans cette équation le facteur important est la capacité à imposer son usage. L’actuel système monétaire a un nom, le pétrodollar. Ce n’est pas par hasard. Cela vient du fait qu’en 1971, quand les Américains mirent fin à la convertibilité du dollar en or, ils la remplacèrent par la convertibilité en matières premières, et spécialement, mais pas exclusivement, en pétrole. La capacité militaire et politique des Américains à imposer leurs vues aux producteurs de pétrole, et à les obliger à vendre leurs produits en dollars, est la clé du système. La même logique peut être étendue à toutes les matières premières et au commerce international en général. La présence de troupes américaines au Moyen-Orient assure la domination du dollar sur le marché pétrolier, leur présence en Europe assure une certaine parité entre l’euro et le dollar, et ainsi de suite. Je n’entrerai pas dans les détails, mais je voulais souligner qu’en fin de compte tout se ramène au pouvoir. Ce pouvoir n’est pas limité à la capacité d’imposer un certain accord commercial à une troisième nation, mais aussi à sécuriser les voies d’approvisionnement ainsi que certaines régions.
Pour créer un système économique meilleur et plus juste, il ne suffit pas de signer des accords de commerce bilatéraux exprimés dans d’autres monnaies. Des corridors de transit et de protection pour les pays désireux de commercer en utilisant d’autres monnaies devront être assurés. Bien sûr ce sont des réalités bien connues. L’initiative chinoise de la Nouvelle Route de la Soie et les événements du Moyen-Orient sont la preuve du fait que ces idées de base ont été comprises et que des pas sont faits dans la bonne direction. Nous devons sortir le pétrole du pétrodollar. C’est le second message du jour.
Enfin, je voudrais attirer votre attention sur une zone plus cachée, opaque, que je considère comme importante. Il y a un précédent historique au pétrodollar, en tant que monnaie fiduciaire basée sur la projection de pouvoir. Je parle de la narco-livre (britannique). Au début du XIXe siècle, les Britanniques enregistrèrent des déficits considérables dans leur commerce avec la Chine. A ce propos, c’est la Chine, et non l’Occident comme l’affirme erronément le reporter de The Economist, qui, sauf pendant 150 ans, fut le centre de l’activité économique de la planète.
Au début du XIXe siècle, exactement comme aujourd’hui, la Chine n’était pas intéressée par les produits que les Britanniques pouvaient lui offrir en échange et demandait que les dettes commerciales soient réglées par le paiement d’argent réel sous la forme de lingots d’argent. Quelle fut la solution découverte par les Britanniques pour stopper l’écoulement du « fleuve » d’argent ? Ils obligèrent les Chinois à s’adonner à la drogue, et quand ces derniers tentèrent de s’y opposer, ils déclarèrent la guerre à la Chine. Deux fois. Tout cela au nom du libre-échange et de la paix, bien sûr. Je voudrais ajouter que certaines des plus grandes banques et sociétés commerciales d’aujourd’hui ont leurs racines dans cette affaire infâme : HSBC, Jardine Matheson, Swire, etc. On peut dire la même chose de nombreuses familles « nobles », qui devinrent des lords, des pairs et des chevaliers de l’Empire britannique. Mais nous ne les nommerons pas aujourd’hui.
Pourquoi cela est-il important aujourd’hui ? Parce qu’aujourd’hui, tout comme 200 ans auparavant, le trafic de drogue est entre les mains des mêmes réseaux. L’opium est produit en Afghanistan à des niveaux record, même selon les statistiques officielles de l’ONU. Même chose pour la cocaïne de Colombie, un autre protectorat. Pourquoi cela a-t-il lieu ?
Certains disent que c’est parce que l’argent généré par les drogues est nécessaire pour financer les opérations clandestines, les dénommées « black-ops ». Peut-être, mais pour moi cette réponse est insuffisante. Ce genre d’argent est requis pour des pays de second ordre. Le système qu’utilisent la CIA et le Pentagone dispose déjà de la machine à imprimer l’argent ! Il peut envoyer tout l’argent qu’il veut, partout où il le désire. Il peut créer des sociétés fictives et leurs comptes peuvent être remplis à volonté. Donc pourquoi ont-ils besoin de contrôler le marché de la drogue et en quoi cela est-il relié au pétrodollar ?
Le système monétaire lui-même est dirigé exactement comme un cartel de la drogue. La FED américaine est l’équivalent du producteur, les banques nationales représentent les réseaux de distribution, et les banques commerciales représentent les dealers de rue. Un système de blanchiment assure la distribution des fonds et des profits. Le produit fini, l’argent, génère bien sûr sa propre addiction.
L’argent qui provient des drogues a deux caractéristiques : il est en grandes quantités et il est généré en cash. Le problème pour le syndicat de l’argent est de s’assurer que cet argent est réintégré dans le système bancaire, sinon il pourrait finir dans de mauvaises mains, qui pourraient demander des avoirs réels en retour. Cela pourrait bien sûr générer des déséquilibres majeurs et des fluctuations de la monnaie. Alors que dans le système bancaire, l’argent sera blanchi et distribué à travers le mécanisme du blanchiment.
Vous souvenez-vous de Pablo Escobar qui cachait des milliards de dollars en cash dans la jungle colombienne ? Je suis certain que c’est l’une des principales raisons de son élimination. Ce n’était sûrement pas pour éliminer le trafic de drogue, qui a explosé depuis. Nous devons sortir le dollar du narcodollar. C’est le troisième et dernier message pour aujourd’hui. Pourquoi ?
Pour l’instant le système n’a pas besoin du trafic de drogue pour financer les opérations clandestines « black-ops », mais il a besoin de s’assurer que ce trafic, comme tout trafic, soit effectué dans sa monnaie et que l’argent cash revienne dans le système. De même que le pétrole, l’énergie, le cuivre ou le zinc, l’héroïne et la cocaïne doivent être payés en argent généré à partir de rien, en dollars.
Il est aussi important d’avoir la capacité de cibler avec des drogues la population des Etats rivaux. De ce point de vue, l’Afghanistan est idéalement situé à la frontière des deux principaux rivaux du système, la Chine et la Russie. En même temps, ce pays présente l’avantage que les réseaux de distribution qui en proviennent traverseront les pays musulmans d’Asie Centrale, et donc des réseaux de distribution de drogue à base ethnique peuvent être développés, créant des prémisses pour de futurs conflits interethniques.
L’annihilation des centres de production de drogue n’est pas seulement nécessaire pour le bien de la population. Leur sortie hors du système du dollar créera d’importants déséquilibres monétaires. La monnaie sortira du système et ne reviendra plus jamais, ajoutant une pression supplémentaire aux déficits commerciaux existants. Les bénéficiaires secondaires dans les pays secondaires devront être financés directement et cela requerra la redistribution des ressources.
C’est une ironie du destin, ou une justice karmique peut-être, qu’en sortant le dollar du narcodollar, l’Eurasie pourra rendre au monde anglo-saxon le cadeau empoisonné que ce dernier lui a donné il y a 200 ans. Nous ne parlons pas d’encourager la consommation de drogue de la manière dont l’ont fait les Anglo-Saxons, parce que ce serait une infamie, mais la neutralisation de cette arme, aujourd’hui encore entre les mains du système, tout en concurrençant le pétrodollar, fera renaître le « fleuve d’argent » qui sortait de l’Occident et entrait en Eurasie au XVIIIe siècle. Cela signifierait le retour à l’économie réelle.
Bogdan Herzog.
12:42 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique internationale, pétrodollar, hydrocarbures, pétrole, narcodollar, narco-trafiquants, états-unis, dollar | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Après avoir publié un excellent livre d’entretiens de Laurent Ozon et les souvenirs de Frédéric Lynn au Donbass, les éditions Bios ont fait paraître, il y a un an, trois recueils d’articles, d’entretiens et de conférences de Robert Steuckers consacrés à l’histoire, à la géopolitique et à l’avenir de l’Europe. Quelle prodigieuse triple somme ! Certes, un esprit chagrin pourrait regretter de lire ici ou là quelques répétitions, mais c’est la loi du genre; ces inévitables répétitions demeurent didactiques.
Bruxellois parlant depuis l’enfance le français, le néerlandais flamand et l’allemand, Robert Steuckers enseigne l’anglais et connaît l’italien et l’espagnol. C’est un « bon Européen » au sens que l’entendait le Grand Frédéric. Infatigable militant métapolitique et culturel de la cause identitaire européenne, il se considère pleinement comme un sujet de l’Âme sacro-impériale romaine germanique et de ses déclinaisons historiques, bourguignonne, habsbourgeoise et hispanique. Ce n’est pas un hasard si Robert Steuckers apprécie la Franche-Comté, cette terre bourguignonne puis espagnole annexée sous Louis XIV et dont maintes familles paysannes se faisaient enterrer pendant plus d’un siècle en tournant le dos à Paris pour signifier leur allégeance véritable à la Couronne espagnole.
Fidélité à l’Empire
Robert Steuckers estime que l’idée impériale a une histoire et donc un avenir qu’il importe de forcer. Cependant, « toute notion d’empire aujourd’hui doit reposer sur les quatre vertus de Frédéric II Hohenstaufen : justice, vérité, miséricorde et constance. L’idée de justice doit se concrétiser aujourd’hui par la notion de subsidiarité, donnant à chaque catégorie de citoyens, à chaque communauté religieuse ou culturelle, professionnelle ou autre, le droit à l’autonomie, afin de ne pas mutiler un pan du réel. La notion de vérité passe par une revalorisation de la “ connaissance ”, de la “ sapience ” et d’un respect des lois naturelles. La miséricorde passe par une charte sociale exemplaire pour le reste de la planète. La notion de constance doit nous conduire vers une fusion du savoir scientifique et de la vision politique, de la connaissance et de la pratique politicienne quotidienne (I, p. 138) ». Il regrette bien sûr les tentatives impériales avortées à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance. Le décès de la reine Mary Tudor a des « conséquences […] catastrophiques pour l’Espagne, les Pays-Bas, le Saint-Empire et, finalement, l’Europe entière (I, p. 102) ». Avant que l’Espagne et le Portugal ne forment pour six courtes décennies l’Union ibérique (1580 – 1640), on oublie qu’« en 1554, l’héritier de la couronne d’Espagne et du Cercle de Bourgogne (les Pays-Bas), Philippe II, épouse Mary Tudor, reine d’Angleterre. […] Pendant quatre ans donc, les Pays-Bas, l’Angleterre, l’Espagne, le Milanais et le Royaume de Naples et des Deux-Siciles connaîtront une direction unique, celle de Philippe II, allié aux Habsbourg d’Autriche, qui détiennent la titulature impériale (I, p. 101) ».
Outre la Sainte-Alliance post-napoléonienne imaginée par le chancelier Metternich, Robert Steuckers se félicite à rebours de Mélancolie française d’Éric Zemmour (Fayard – Denoël, 2010) du « renversement des alliances » de 1756 validé par Louis XV et poursuivi par son petit-fils Louis XVI. « Nous avons une alliance tacite, eurasienne avant la lettre […], entre la France de Louis XVI (réconcilié avec l’Autriche par son mariage avec Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine), l’Autriche de Marie-Thérèse puis de Joseph II et la Russie de Catherine II la Grande. Cette alliance tacite […] offrait un espace stratégique de la Bretagne atlantique, voire de l’Espagne des Bourbons éclairés notamment sous le règne de Carlos III, jusqu’aux confins pacifiques de la Sibérie orientale. Cette alliance eurasienne a permis, entre l’avènement de Louis XVI en 1774 et la révolution française, d’esquisser une unité géostratégique entre les trois principales puissances continentales européenne (où la France avait acquis une supériorité navale dans l’Atlantique Nord suite à la guerre d’indépendance des États-Unis) (II, p. 4). »
Judicieux rappels historiques pour quiconque souhaite la libération et l’affirmation de la civilisation européenne ! « L’Europe-croupion, que nous avons devant les yeux, est une victime consentante de la globalisation voulue par l’hegemon américain (II, p. 17). » En effet, pour la puissance thalassocratique étatsunienne, « l’ennemi, c’est l’Europe qu’il faut ré-enclaver et qu’il faut faire imploser de l’intérieur en la livrant en permanence à des politiciens écervelés et en y déversant constamment des populations hétérogènes et inassimilables, débarquant à Lampedusa et sur les îles de l’Égée grecque (II, p. 63) ». Dans ces conditions, il importe d’éliminer impitoyablement ses trois ennemis prioritaires : « L’intégrisme religieux / terroriste de pure fabrication, le banditisme organisé et les cénacles manipulateurs et pervers d’économistes néo-libéraux (II, p. 150). » Ce n’est hélas ! pas gagné…
L’influence hydrologique
N’y aurait-il donc plus aucun espoir ? Non, si l’on accepte enfin de renouer avec l’héritage du Grand-Duché d’Occident. « Comme Philippe le Bon entendait reconstituer la dorsale lotharingienne pour mieux unir l’Europe et comme l’Ordre de la Toison d’Or était destiné à devenir l’instrument de cette politique, l’épine dorsale spirituelle et militaire d’une future Europe unifiée, la “ matière bourguignonne ”, dans sa rutilante diversité, recèle in toto les linéaments de notre “ mission nationale et impériale ”. Il n’y en a pas d’autre (II, p. 170). » Robert Steuckers fait sien ce projet grandiose « repris par Maximilien Ier, dès son mariage avec Marie de Bourgogne; le projet bourguignon fusionne, dès la fin du XVe siècle, avec l’impérialité romaine – germanique; il y a donc continuité entre ce projet bourguignon et les actions du binôme austro-hongrois d’une part, et avec celles de l’Espagne et de l’Ordre de Malte en Méditerranée, d’autre part (II, p. 168) ».
Outre la dimension historique, il s’attarde en outre sur les aspects religieux et culturels ainsi qu’aux données géographiques au point qu’il recourt au concept perspicace d’« hydropolitique ». Les cours d’eau principaux et leurs affluents expliquent en dernière analyse la configuration des espaces politiques. « La dynamique de l’histoire romaine […] ou la logique de l’expansion territoriale romaine, repose in fine sur la bonne maîtrise de ces trois bassins fluviaux d’Europe (I, pp. 151 – 152) » : le Rhône, le Rhin et le Danube. D’antiques logiques stratégiques continuent leur œuvre aujourd’hui.
L’autre précision qu’apporte Robert Steuckers concerne le caractère forcément bigarré des empires européens. Il souligne le côté polyculturaliste de tout cadre impérial conséquent et réel. Polyculturalisme et non multiculturalisme, nuance de taille ! Le polyculturalisme est l’agencement politique des cultures autochtones européennes tandis que le multiculturalisme fait cœxister sur le même sol des peuples à l’esprit divergent. « Dans un empire cohabitent diverses communautés et, partant, vu l’extension territoriale importante de tout empire, divers peuples, que l’on ne songe pas à fusionner dans un magma insipide et indifférencié. Les empires sont généralement pluri-ethniques. C’était le cas de la monarchie austro-hongroise, dernière détentrice de l’impérialité romaine-germanique, où des hommes de toutes origines ethniques ont servi (I, pp. 157 – 158). » S’il ne croit pas au cadre stato-national réductionniste normativiste forcené et négateur des différences ethno-culturelles vivantes, il n’en est pas moins favorable au concept d’État. En lecteur attentif et assidu de Carl Schmitt et de Julien Freund, il estime que l’État s’adapte aux manifestations géographiques du politique, qu’il se fonde en cité, en région, en nation ou en empire. Là encore intervient l’influence des aires hydrologiques. « La dynamique de l’histoire allemande est centrifuge parce que les bassins fluviaux qui innervent le territoire germanique sont parallèles les uns aux autres et ne permettent pas une dynamique centripète comme en Russie d’Europe et en France. Un pays dont les fleuves sont parallèles ne peut être aisément centralisé. Les bassins fluviaux restent bien séparés les uns des autres, ce qui sépare également les populations qui se fixent dans les zones très œcuméniques que sont les vallées (III, p. 2). »
Une vision originale
Tout étudiant en histoire, en géographie et en sciences politiques devrait se procurer cette trilogie Europa de Robert Steuckers ou, pour le moins, demander aux fonds universitaires d’acquérir cette somme magistrale mille fois plus profitable qu’une énième étude quelconque sur le prétendu genre. On pourrait toutefois être dérouté par l’ampleur du champ de vision de l’auteur. Très mobilisé par le sort de notre grande patrie européenne, Robert Steuckers n’hésite pas à aborder d’autres champs sur d’autres continents. Dès le tome II, il se prononce « pour une “ grande alliance ” eurasienne et ibéro-américaine (p. 133) », se manifestant entre autres par un « soutien total à l’Arménie (II, p. 143) », la rupture de « l’alliance entre Washington et Ankara (II, p. 141) » et un « soutien total à Chavez (II, p. 144) ». Certes, cette prise de position paraît maintenant dépassée avec le naufrage, en partie prémédité par Washington, du Venezuela de Maduro et au moment où l’Amérique du Sud retrouve des dirigeants de droite libérale-conservatrice atlantiste (Chili, Argentine, Colombie, Brésil). La démarche demeure néanmoins actuelle en s’appuyant sur le justicialisme argentin et l’indigénisme andin présent au Bolivie, en Équateur et au Pérou.
Dans les trois volumes se trouvent aussi ses notes sur l’Afghanistan, l’Iran, le monde arabe, le Tibet, le Japon ou le Pakistan. À chaque fois, une vision historique de la très longue durée se combine aux interprétations psychologiques des peuples, aux faits géopolitiques les plus complets possibles et à l’arrière-plan – primordial – de la spiritualité et de la culture. Il s’agit de saisir à un instant précis la vigueur des civilisations, des peuples, des États et des nations face au « monothéisme globaliste » d’essence marchande. Le réveil et l’affirmation des peuples constituent d’excellentes nouvelles pour tous ceux qui estiment que « le monde est un “ pluriversum ” (II, p. 104) ». Il revient par conséquent aux Européens les plus éveillés la délicate mission d’obtenir une « synthèse nouvelle entre ouverture et fermeture, pour reprendre la terminologie inaugurée par Popper, [qui] postule un rejet de l’extrémisme néo-libéral, un planisme souple de gaullienne mémoire, une volonté de provoquer la “ dédollarisation ” de l’économie planétaire et de créer une alternative solide au système anglo-saxon, manchestérien et néo-libéral (II, p. 104) ». Tel est donc le combat engagé par Robert Steuckers depuis plus de quarante ans. Gageons que les nombreux jalons qu’il a dès à présent posés indiqueront aux peuples albo-européens et à leurs véritables élites organiques la juste direction à suivre.
Georges Feltin-Tracol
• Robert Steuckers, Europa. Valeurs et racines profondes de l’Europe, Éditions Bios, 2017, 338 p., 25 €; Europa. De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale, Éditions Bios, 2017, 316 p., 25 €, et Europa. L’Europe, un balcon sur le monde, Éditions Bios, 2017, 342 p., 25 €, les trois volumes à 80 € (75 € + 5 € de frais de port).
Pour toute commande directe chez l'éditeur: https://editionsbios.fr
12:20 Publié dans Géopolitique, Livre, Livre, Révolution conservatrice, Synergies européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robert steuckers, europe, histoire, livre, synergies européennes, éditions bios | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Peur des élites
par François Bernard Huyghe
Ex: http://www.huyghe.fr
11:10 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : françois-bernard huyghe, élites, gilets jaunes, france, europe, affaires européennes, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Jean Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
En Irak, où les précédents présidents américains avaient officiellement fait appel à Blackwater, celle-ci s'était fait connaître par les crimes multiples, des massacres de civils notamment, qu'il l'avaient quelque peu discréditée. Mais les mercenaires formant ses effectifs sont restés sur place, lourdement armées. Ils sont toujours également très actifs en Afghanistan. Aujourd'hui, il semble qu'ils soient toujours présents en Syrie et dans les différents conflits régionaux où l'armée américaine n'intervient pas officiellement. Leur présence semble très appréciée par Israël. Qui les finance ? Mystère. Sans doute en partie des fonds secrets de la Présidence.
Or aujourd'hui Blackwater ferait un grand retour 1). Elle s'en vante 2). James Mattis a bruyamment démissionné de son poste de secrétaire à la défense, au prétexte du retrait de l'armée américaine de Syrie et bientôt sans doute d'Afghanistan. Mais selon les informations qui filtrent et dont nous ne pouvons évidemment pas garantir la fiabilité , Donald Trump aurait décidé de maintenir les mercenaires de l'ex-Blackwater dans ces territoires. Ils sont quelques milliers et pourraient fort bien remplacer les 2.000 à 4.000 militaires américains qui seront progressivement retirés. Erik Prince a toujours été un conseiller privé de Donald Trump. Il l'est encore. C'est sans doute lui qui a inspiré à Trump ces récentes décisions.
Donald Trump aurait une telle confiance dans Prince et dans ses mercenaires qu'il envisagerait par ailleurs de leur confier le rôle de garde de sécurité privée à la Maison Blanche, en doublure de première ligne des militaires jouant encore ce rôle. Il craindrait en effet à la suite des menaces actuellement formulées contre lui d'être enlevé ou assassiné avec la complicité des militaires.
Il faut cependant se demander quel rôle auraient joué les militaires dans la décision de Donald Trump de faire appel à Blackwater. A lire l'article de Military Times, Blackwater est fort mal vu par les généraux, ces mêmes généraux qui avaient jusqu'ici inspiré à Trump ses précédentes interventions militaires. Mais l'on pourrait supposer que ce serait avec l'accord de ces généraux que Trump avait décidé le retrait de Syrie. La condition qu'ils auraient mise serait que Blackwater reste sur place et continue à faire le travail de « containment » de l'Iran et de la Russie. La société de sécurité, convenablement financée, en serait tout a fait capable.
Ceci voudrait dire qu'il ne faudrait pas se fier en apparence. Les généraux verraient d'un très bon œil Blackwater se substituer à l'US Army en Syrie et en Afghanistan. Cela éviterait à cette dernière de futures pertes humaines toujours fort mal vues par l'opinion. Ils garderaient celle-ci disponible pour intervenir sur d'autres théâtres, dans le Pacifique, mais aussi en Ukraine, dans la perspective d'un affrontement direct avec l'armée russe. 3)
On pourra relire à ce sujet notre article du 25/12. 4)
Références
1) https://www.militarytimes.com/news/your-military/2018/12/...
2) Blackwater USA took out a full page ad in the January/February 2019 issue of "Recoil" magazine with the company's logo and a message: "We are coming."
3) http://www.atimes.com/recent-us-moves-reflect-its-shiftin...
4) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=3404...?
Note au 28/12
En fait, la visite surprise de Trump en Irak la veille de Noël montre bien qu'il ne veut pas se désengager de la guerre au Moyen Orient. Il s'est seulement débarassé de Mattis, sans doute pour incompatibilité d'humeur
10:55 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, blackwater, mercenariat, donald trump | | del.icio.us | | Digg | Facebook
par Jean Paul Baquiast
Ex: http://europesolidaire.eu
Bref résumé de la première partie de l'article.
Nos commentaires en caractères italiques
1. Un nouvel ordre du monde
L'ordre du monde international qui s'était imposé depuis plus d'un siècle s'est trouvé remis en cause depuis 2017-2018. une cause en a été l'élection de Donald Trump et la volonté américaine d'éliminer la Russie et la Chine des institutions en charge de le définir et le protéger. Mais plus en profondeur cet ordre du monde s'est heurté aux conflits grandissants entre puissance qui jusqu'ici s'était accordés sur la nécessité d'un tel ordre du monde. Tout laisse penser que l'ordre du monde ancien est en cours d'effondrement et qu'un nouvel ordre pourrait s'imposer. La Russie a de bonnes chances de pouvoir être un des principaux moteurs de cette transformation. Sous son influence, le nouvel ordre du monde pourrait plus équitable, stable et pacifique.
Les auteurs de l'article sont russes. On pourra objecter qu'ils défendent une thèse favorable à la Russie. Mais dans la suite de l'article ils apportent des arguments très sérieux en faveur de leur point de vue. Nous pensons que la plupart de ceux-ci mériteraient d'être pris en considération.
Malheureusement, ce nouvel ordre du monde demandera beaucoup de temps pour s'imposer. En attendant, l'état actuel des relations entre les Etats-Unis et la Russie ne contribue pas à prévenir le risque d'une 3e Guerre Mondiale qui verrait la disparition de ces deux puissance, comme sans doute de toutes les autres.
Dans ce domaine, la Russie s'efforce d'agir comme un facteur de sécurité à travers ses politiques internationales et de défense. Les réalisations actuelles de la Russie dans le domaine de nouvelles armes, exposées par Vladimir Poutine dans son discours de 2018, devraient jouer un rôle essentiel. Il s'agira d'une force de dissuasion visant à décourager les politiques d'agression des Etats-Unis.
Ceci paraîtra peu crédible au lecteur mal informé, car de nouvelles armes, aussi efficaces soient-elles en termes dissuasif, peuvent également être mises au service de politiques d'agression. Mais nous avons nous-même à l'époque indiqué que cela ne devrait pas être le cas. Un simple missile hypersonique du type de celui mis au point par la Russie, qui pourrait à lui seul détruire un porte-avions, ne pourrait jamais, à moins d'être doté d'une charge nucléaire – ce que Moscou refuse - soutenir une politique d'agression, au contraire de la flotte de porte-avions dont s'est dotée l'Amérique . Ceci étant la Russie dispose en Europe de forces terrestres largement supérieures à celles de l'Otan. Là encore il sera essentiel que la Russie continue, comme elle l'a fait jusqu'à présent, à maintenir une politique de non-agression, essentielle pour un éventuel dialogue constructif avec Washington.
Le « pivot » vers l'Asie de la Russie, se traduisant par un rapprochement avec la Chine, contribuera à créer une « Grande Eurasie ». Vu l'étendue des territoires et l'importance des forces concernées, cet ensemble pourra être un élément essentiel pour le futur ordre du monde, contrairement à ce que serait une Chine livrée à ses propres forces pour se faire respecter. De plus, la Russie s'efforcera de développer un partenariat étendu avec l'Inde et une coopération avec des alliés de l'Amérique, notamment le Japon, la Corée du sud et si possible les Etats européens. Ces différents pays cherchent à atténuer les confrontations entre l'occident et la Russie, comme entre les Etats-Unis et la Russie. Aucun n'a à y gagner.
Ceci dit, notamment pour des raisons de politique intérieure, aucun des Etats occidentaux ne paraît prêt dans les 10 prochaines années à accepter un nouvel ordre international incluant la Russie. Lorsque les élites actuellement au pouvoir auront été remplacées dans les 10 ou 20 ans prochains par d'autres plus ouvertes, c'est-à-dire vers 2030-2040, le nouvel ordre devrait devenir possible.
2) Pourquoi l'ordre du monde international actuel est-il en voie d'effondrement ?
3) La situation de l'Occident
4) Une Russie victorieuse, mais non sans problèmes
5) Les enjeux de sécurité
6) Le rôle de la Russie pour créer autour de l'Eurasie de futures politiques internationales plus ouvertes
Notes et sources
Référence de l'article
https://eng.globalaffairs.ru/pubcol/A-new-world-order-A-v...
10:47 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : russie, actualité, europe, affaires européennes, géopolitique, politique internationale | | del.icio.us | | Digg | Facebook