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dimanche, 17 septembre 2017

TERRE & PEUPLE Magazine n°72 - Hommage à Dominique Venner

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Communiqué de "Terre & Peuple-Wallonie" -

TERRE & PEUPLE Magazine n°72

Le numéro 72 de TERRE & PEUPLE Magazine est centré sur le message de notre maître et ami Dominique Venner, qui s'est sacrifié le 21 mai 2013 pour que nous nous maintenions en éveil.  A cet appel, nous répondons : « Présent. »

Dans son éditorial intitulé 'Le poison libéral', Pierre Vial recadre et met en relief la réflexion que Michel Onfray, philosophe inclassable, a confiée à Valeurs Actuelles sur Macron : « produit d'appel du grand capital vendu avec ses méthode marketing », « marionnette de l'Etat maastrichien placée sur le trône ».  Il était temps -car un vent de révolte se levait sur la République- et les larbins des media sont radieux, avec une pointe d'inquiétude.  En effet, le triomphe libéral est fondé sur 67,3% d'abstentions ou bulletins blancs ou nuls.  Et, sur 573 députés, les 444 élus REM le sont par moins de 25% des électeurs.  La Corse, avec ses trois élus nationaux, montre la voie qui prime : celle de la survie de l'identité.

Jean-Pierre Dereu se fonde sur le tout récent film germano-danois Under Sandet (Les oubliés) pour nous rappeler le devoir de mémoire du martyr des vaincus, ici les milliers de très jeunes (15 à 18 ans) soldats allemands faits prisonniers dans les derniers jours de la guerre et utilisés ensuite, au mépris superbe de la Convention de Genève qui interdit toute exploitation des militaires prisonniers, notamment pour le déminage !  Le film les montre réels, vulnérables et transis d'effroi.  Plus de mille seront gravement mutilés, quand ils n'auront pas perdu la vie.  L'auteur de l'article renvoie au documentaire Quand les Allemands reconstruisaient la France, eux aussi des soldats prisonniers de guerre.  La guerre étant alors finie, plus de vingt mille y laisseront leur vie !  Les mutilés n'ont même pas été répertoriés.

Jean-Patrick Arteault esquisse le portrait de Jean Monnet, puissance et domination qui trône dans l'empyrée du mondialisme occidental et est, dans le même temps, un illustre inconnu.  Qui sait qu'il a animé la reconstruction de l'économie française dans l'immédiat après-guerre et conseillé Roosevelt durant celle-ci et qu'il a été, au nom des Américains, le numéro 2 de la Société des Nations.  C'est lui qui a décidé de rester dans l'ombre, conscient que le vrai pouvoir ne s'expose pas à la lumière.  Né en Charente dans une famille de la bourgeoisie moyenne, il a été un élève intelligent, mais indiscipliné, qui n'a même pas décroché le bac !.  Son père, producteur de cognac, l'envoie en 1904 en apprentissage auprès d'un contact commercial londonien.  Il est heureusement réformé quand éclate la guerre, en août 1914. Il n'a alors que 26 ans, mais obtient aussitôt du président du Conseil René Viviani un rendez-vous , pour lui suggérer un plan d'approvisionnement unitaire franco-britannique, qui est aussitôt approuvé !  Ce prodige s'explique par les liens de confiance et d'amitié qu'il a su nouer, au cours de la décennie écoulée, avec de jeunes aristocrates anglais.  Ceux-ci, membres de structures philosophico-politiques telles que la fondation de Cecil Rhodes ou le 'Kindergarten' de Lord Alfred Milner, s'estimaient investis d'une mission quasi-messianique d'éduquer, dans le cadre d'une société ouverte (open society !), les peuples du monde entier à la culture anglo-saxonne (on notera que les deux Clinton ont tous deux été des boursiers Rhodes).   Très lié au mouvement pan-européen du comte Coudenhove-Kalergi, il va, au cours de sa période bancaire à Wall Street entre 1920 et 1940, passer d'un engagement pro-Britannique à un engagement pro-américain.  Commissaire général au Plan, il va devenir l'homme de l'américanisation de l'économie française et, ensuite, l'inspirateur des Communautés européennes conformes aux intérêts américains et à la pensée du mondialisme occidentaliste.

Avec sa générosité coutumière, Claude Valsardieu gratifie les lecteurs par une substantielle explication, richement documentée, des bonnes raisons pour lesquelles certains se sont choisi sainte Barbe comme patronne.  Il s'agit notamment des mineurs de fond ou encore des pompiers et de ceux qui protègent contre le feu néfaste, mais aussi des métallurgistes et autres manipulateurs du feu purificateur, tels les artilleurs.  C'est pour ces mêmes raisons sans doute que l'Eglise conciliaire se montre réticente à l'endroit de cette sympathique personnalité.  Un de ses attributs est une tour, que les alchimistes voient comme l'inverse de la cavité d'un puits.  L'auteur remarque que celui de la crypte de la cathédrale de Chartres, puits celtique, s'enfonce à 39 mètres et se trouve représenté sur le portail nord sous la forme d'une tour ronde, alors que, dans cette crypte, se tient encore une barbare vierge noire appelée Notre-Dame-de-Dessous-Terre.  Il n'y a pas lieu de s'étonner que soient évoquées plus loin les gravures rupestres de la Vallée des Merveilles, dans le parc du Mercantour.  Un autre attribut de sainte Barbe est sa couronne, où notre ami retrouve les consonnes de Kronos, et celles de cairn, et même celles de Coran !

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Claude Perrin remarque que ses quelques dizaines de millénaires d'occupation de la planète par l'Homo Sapiens Sapiens (qui sait qu'il sait) n'en font pas le propriétaire définitif, quand on note que les dinosaures l'ont tenue 150 millions d'années.  Des civilisations antiques, qui ont rayonné des siècles, sont aujourd'hui ensevelies dans les sables de déserts.  L'humain paraît destiné à disparaître, non pas à cause de la surproduction de CO², mais par la destruction, voire l'extinction, d'espèces végétales et animales, qu'il cause à un rythme sans cesse accéléré par la surconsommation et le gaspillages et par une explosion démographique.

Rappelant que le 21 mai est désormais la date de commémoration du geste sacrificiel de Dominique Venner, Pierre Vial introduit le dossier central qui lui est consacré avec une citation tirée du livre de Dominique Venner 'Histoire et tradition des Européens' : « Vivre selon la tradition, c'est se conformer à l'idéal qu'elle incarne, cultiver l'excellence par rapport à sa nature, retrouver ses racines, transmettre l'héritage, être solidaire des siens.  Cela veut dire également chasser de soi le nihilisme, même si l'on sacrifie en apparence aux normes pratiques d'une société qui lui est asservie par le désir.  Cela implique une certaine frugalité afin de se libérer des chaînes de la consommation.  Cela signifie retrouver la perception poétique du sacré dans la nature, l'amour, la famille, le plaisir et l'action. »

Claude Jaffres évoque Dominique Venner « jeune et charismatique chef de guerre » qu'il a côtoyé au sein du Mouvement Jeune Nation, un grand frère qui était soucieux qu'on comprenne le sens profond du combat mené, un combat avant tout politique, malgré la dimension militaire qu'il a parfois été amené à prendre.  Témoin des derniers temps, il s'émerveille que Dominique Venner ait su « garder la vertu de jeunesse ».

Alain Cagnat retrace l'histoire, au début des années '60, de la fondation de la revue Europe Action par Dominique Venner en collaboration avec Jean Mabire.  C'est le temps où les gaullistes, appelés au pouvoir pour sauver l'Algérie française, viennent de la larguer au prix du sang des Pieds-noirs et des Harkis.  L'un comme l'autre ont fait la guerre en première ligne. Venner a fait de la prison comme membre de l'OAS.  Pour lui, n'est légitime que le pouvoir qui respecte les lois non-écrites de la Nation révélées par l'histoire.  Ce sont ses buts qui caractérisent une révolution.  Les moyens utilisés sont fonction des circonstances.  Il croit, comme Georges Sorel, qu'il n'y a pas de révolution sans violence.  Celle-ci nous restitue à nous-mêmes.  Il fallait plus d'audace pour crier Europe Action à Saint-Denis que pour voyager dans l'espace.  La somme de sang et d'effort consentis exige le succès complet et durable.  Pour Jean Mabire, rédacteur en chef, le nationaliste révolutionnaire doit être bien conscient de

la réalité actuelle, « car l'histoire ne repasse jamais les plats ».  Dans un opuscule qu'il a rédigé en prison, Dominique Venner dénonçait déjà le penchant à la mythomanie de nombre de militants identitaires : « La révolution n'est pas un bal costumé. »  Il dénonçait « la dictature hypocrite du capitalisme international sur les démocraties d'Occident», au profit d'une caste nombreuse de privilégiés liés par la complicité, qui monopolisent le pouvoir politique et économique, sous couvert d'une démocratie qui est « le nouvel opium des peuples ».  Il est le premier à démasquer l'entreprise délibérée de destruction des Européens blancs par leur auto-culpabilisation : « Celui qui prêche l'amour de l'agresseur (Ils n'auront pas ma haine.) n'est pas un moraliste, mais un complice. »  Dans le même temps, Jean Mabire stigmatise, dans la liberté promise dans « l'empire mondial, universaliste et indifférencié », la plus gigantesque des tyrannies, empressée d'effacer la longue mémoire de l'identité.  Dès 1964, Dominique Venner désigne l'immigration comme l'arme fatale dirigée contre les peuples blancs, dont la démographie faiblit.  Le plan, mûrement concerté des groupes financier (qui dissimulent mal derrière des idéaux prétendument humanistes de liberté et de décolonisation leur unique objectif d'accélérer la croissance de leur puissance) est de dissoudre l'identité des peuples européens, arrogants et exigeants, « dans un grand brassage universel ».  En 1966, Jean Mabire écrit : « Des masses innombrables attendent dans l'ombre des continents exotiques l'heure de la vengeance.  Ils n'en veulent pas seulement à nos empires.  Ils en veulent d'abord à nos consciences, à notre volonté de vivre et de lutter contre le monde entier, même sans armes et même sans amis. »   Dans le numéro 47 d'Europe Action, Dominique Venner, qui pensait être devenu inaccessible au désespoir, laissait déjà un testament : « L'homme libre qui veut le rester, ou mieux le devenir et assurer la liberté de sa descendance, est voué à se battre sur tous les fronts, celui de la connaissance, de l'art, de la pensée, de la politique. (...) Nous savons bien qu'un noyau homogène, habile, tenace et audacieux peut tout espérer, car son gigantesque adversaire est atteint par son propre poison : la désintégration. »

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Pour situer la dimension mystique de l'ordre de chevalerie que postule Dominique Venner, Pierre Vial cite 'Balticum'(Laffont, 1974) et l'épopée des Corps Francs (1918-1923), les volontaires qui ont su préserver l'Allemagne de la vague rouge des bolcheviques.  Il témoigne que, en 1958, Dominique Venner avait tout d'un chef de Corps Franc, d'un pêcheur d'âmes : Pierre Vial, qui avait alors 15 ans, avait écrit une lettre enthousiaste à la revue 'Jeune Nation'.  Il n'escomptait pas une réponse et avait été surpris que Venner fasse le déplacement et, après l'avoir sondé, sorte une liasse de journaux et se mette, en plein centre de Lyon, à crier à tue-tête : « Jeune Nation pour l'Algérie française, contre De Gaulle, contre le système ».  Coupant ainsi avec ses réflexes bourgeois, il lui a montré l'exemple du militantisme de terrain.  Selon la tradition guerrière, le chef passe le premier.  C'est l'éthique du chevalier, celui qui figure en couverture de son livre-testament 'Un samouraï d'occident', le Chevalier, la Mort et le Diable, de Dürer.  Fraternité guerrière initiatique, la chevalerie s'est développée dans un moyen-âge où la culture est une synthèse des traditions grecque, romaine, celte et germanique dans un syncrétisme pagano-chrétien.  La caution morale et religieuse de la Milice du Temple est saint Bernard de Clervaux, qui définit la vocation des Templiers à réunir les fonction de la prière et de la guerre, la guerre juste où tuer n'est pas homicide, mais malicide.  Mais la guerre, totale, n'est pas que militaire et économique, elle est aussi idéologique et culturelle, c'est pourquoi Dominique Venner a choisi d'appliquer l'essentiel de son énergie au levier qu'est l'histoire : « J'étais voué à l'épée.  Il en est sûrement resté quelque chose dans l'acier de ma plume. »  Il l'a mise au service des deux revues qu'il a fondées, 'Enquête sur l'histoire' et 'La nouvelle revue d'histoire'.  Pierre Vial révèle que, avec ses voeux pour la nouvelle année 2013, Dominique Venner lui a confié : « En cette année 2013 se posera une nouvelle fois pour moi la question 'Que faire,'.  Mais je connais la réponse.  Elle sera en accord avec ce qui a soudé notre amitié combattante. »  L'Institut Iliade s'est donné pour mission de transmettre l'héritage de Dominique Venner.

Llorenç Perrié Albanell souligne le caractère agraire et aristocratique de la société des états sudistes américains.  Il en fait un peuple antinomique de celui des états nordiste, avec une morale de l'honneur et de la responsabilité du fort à l'égard du faible (auquel le nordiste dit : « Sois libre... et que le diable t'emporte ! »).  La prohibition de l'esclavage n'est que le prétexte de la guerre civile du Nord industriel, préfigurant le capitalisme débridé, contre le Sud agricole, attaché aux valeurs traditionnelles.  L'élection de Lincoln mettra le feu aux poudres.  Le génie militaire du général Lee, qui osera marcher sur Washington, donnera même une chance de victoire aux sudistes.  Le premier Ku Klux Klan mènera d'utiles opérations de représailles contre les occupants et leurs kollabos.  Dans 'Le blanc soleil des vaincus', Dominique Venner professe que si « le Sud est mort, il continue de vivre dans le coeur des hommes généreux. »

Robert Dragan effeuille 'Le coeur rebelle', récit autobiographique de la jeunesse de Dominique Venner (1935-1960).  Enfant de bonne famille, qui a vécu la guerre, il fugue à 14 ans pour rejoindre la Légion, à l'instar d'Ernst Jünger.  Au cours de la guerre d'Algérie, il monte l'opération Gerfaut, un coup de main armé sur l'Elysée.  En 1956, il anime le raid sur le siège parisien du tout-puissant parti communiste, lors de l'insurrection de Budapest.  Démobilisé, il devient combattant de rue pour l'Algérie française.  Les effectifs sont squelettiques (2 contre 10), pour des raids éclairs, dans « une petite guerre féodale, sans batailles rangées ni beaucoup de morts, une petite guerre qui s'était trompée de siècle », ou on a la révélation de l'imposture et de la calomnie.  « Défendant nos berceaux et nos cimetières, nous menions une guerre cent fois plus juste qu'en 1914 et en 1939. »  Il ressent la décolonisation  comme « un phénomène essentiellement raciste : chasser le Blanc. »  Sa violence est née de sa souffrance à voir son pays cultiver la bassesse et abandonner les siens.  Robert Dragan confie que le retrait de Dominique Venner dans le seul combat culturel, avec comme objectif de réveiller l'Europe de sa dormition, posture d'observateur, l'a plusieurs fois « énervé », ses écrits paraissant propres à endormir les lecteurs plutôt qu'à réveiller sa résistance.  Mais, à l'écart de la médiocrité du combat politique, on doit à nouveau évoquer Jünger et la position de l'anarque :  nous servons à dire la vérité qui rend libre.

Roberto Fiorini fait parler deux camarades qui ont entrepris de présenter sur leur blog et sur leur compte Facebook, à la manière de Zentropa (une image et un petit texte), l'oeuvre et la personne de Dominique Venner.  Ils soulignent d'abord que son choix de la cathédrale comme lieu de son sacrifice, loin d'être une profanation, est une 'devotio', une re-sacralisation pour réveiller notre résistance.  Pour soutenir le message de l'ouvrage posthume de Dominique Venner 'Un samouraï d'Occident, bréviaire d'un insoumis', ils ont trouvé d'admirables images, certains concepts, tels que l'excellence, leur posant plus de problèmes que d'autres, tels que la beauté, la nature, la forêt.  Nombre d'images sont miraculeusement expressives de leur texte.  Ce numéro de TP Magazine en reproduit une vingtaine et invite à aller en admirer et méditer d'autres sur http://breviaireduninsoumis.tumblr.com/ et www.facebook.com/breviaireduninsoumis/?fref-ts

Une bonne "Oktoberfest" à tous !

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Une bonne "Oktoberfest"

à tous !

13:05 Publié dans Actualité, Evénement | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, événement, oktoberfest, munich, allemagne | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 16 septembre 2017

Les leçons d’Irma

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Les leçons d’Irma

par Laurent Ozon

Ex: https://www.breizh-info.com

Les populations touchées par l’Ouragan Irma ont été secouées par des crises particulièrement révélatrices : anarchie, pillages, violences inter-ethniques et intersociales, désespoir viral sur les réseaux sociaux, peurs contagieuses, critique de l’absence de moyens de secours et d’assistance des institutions.

Ces effets contrastent avec ce qui s’est passé au Japon par exemple. Un pays dont la population très homogène a pourtant été touchée par des tsunami, des tremblements de terre et une catastrophe nucléaire ces dernières années. Une population qui est pourtant restée solidaire, travailleuse et pudique sur ces souffrances, sans pour autant renoncer à exercer une pression réelle sur l’Etat afin qu’il fasse le bilan et tire les conséquences de ses inconséquences. Alors pourquoi ces différences ?

On pourrait évoquer de nombreux facteurs mais la récurrence des actes de pillages et de violences en Louisiane durant l’ouragan Katrina qui avait entrainé l’intervention de l’armée, comme ceux d’Haïti ou de Saint-martin ne laissent pas de doutes sur leurs causes réelles.

Les catastrophes révèlent en effet l’état du lien social et la nature réelle des solidarités. Ces évènements fabriquent de véritables épidémies de stress qui soudent, délitent et recomposent les communautés humaines sur des bases organiques. Les êtres humains se regroupent et s’organisent sur des bases d’intérêts perçus, d’affinités identitaires et les liens artificiels se disloquent.

Lorsque dans ces moments, l’armée ou la police perdent leurs moyens, on mesure la sincérité des liens générés par le vivre-tous-ensemble. Et le constat est simple et évident : Les pillages et violences qui suivent les catastrophes et le recul de l’Etat dans les sociétés multi-ethniques démontrent que la peur de la police est leur seul ciment. Raphaël Enthoven nous le rappelait récemment sur Europe 1, « c’est la peur et non l’amour qui fonde le vivre-ensemble « . Raphael Enthoven confond seulement le vivre-ensemble avec  le vivre-tous-ensemble qui semble devoir continuer à être le programme commun de toutes les formations politiques, des Insoumis ou Front National. Pourtant, ce que nous dit Irma est simple: Le « contrat social » ne peut suffire à faire tenir ensemble des peuples sans un État policier et un contrôle serré des citoyens. Lorsque l’État s’affaiblit, la société révèle sa véritable nature. Nous en avons eu, une fois de plus, l’évidente démonstration.

On peut le regretter mais c’est ainsi. Le destin des sociétés multi-ethniques confrontées aux aléas inévitables de l’histoire et à leurs passions centrifuges, est de devenir des sociétés coercitives, liberticides et étatistes et ce faisant, de justifier la désolidarisation des peuples qui les composent et veulent finalement s’en affranchir lorsque l’Etat engage sa spirale descendante.

Les catastrophes, qu’elles soient sociales, sanitaires, économiques ou naturelles accélèrent l’histoire des hommes. Les besoins de sécurité, de liberté et de bien-être des peuples imposent toujours des recompositions. Celles-ci disloquent les constructions artificielles soudés par l’idéologie, le contrôle et la force et recomposent des communautés génératrices de sécurité, de liens, et finalement de nouvelles institutions.

Irma nous parle de notre futur. L’hiver arrive.

Laurent Ozon.

Crédit photo : wikipedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2017, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Sur l'Europe: le dernier livre de Georges Feltin-Tracol

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Sur l'Europe: le dernier livre de Georges Feltin-Tracol

En trois quarts de siècle, le projet européen en partie formulé par les milieux non-conformistes de l’Entre-deux-guerres est devenu un cauchemar pour les peuples du Vieux Continent. Dans le cadre d’une mondialisation désormais illimitée, les sectateurs mondialistes de l’actuelle imposture européenne ne cachent même plus leur volonté d’intégrer au plus vite cet espace dans un ensemble planétaire global.

Cette terrible désillusion favorise le souverainisme national et les
revendications régionalistes. Faut-il pour autant rejeter toute idée européenne?

Non, affirme Georges Feltin-Tracol qui en appelle à une salutaire lucidité.
Ancien animateur de la revue L’Esprit européen et collaborateur naguère à Éléments pour la civilisation européenne, ce Français d’Europe (ou Européen de France) considère que l’Europe n’est pas ouvert aux populations du monde entier, mais l’héritage des peuples boréens. Se détournant à la fois de l’État-nation dépassé, du mondialisme mortifère et d’un altermondialisme parodique, il envisage un autre défi continental, soucieux de la personnalité historique de ses cultures et susceptible d’assumer un destin de puissance géopolitique.

Contribution révolutionnaire pro-européenne à la grande guerre des idées, ce recueil d’articles, d’entretiens, de conférences et de recensions démontre la persistance d’un authentique esprit européen, surtout si de nouvelles chevaleries militantes surgies des communautés populaires enracinées relèvent le nouvel enjeu civilisationnel du XXIe siècle : maintenir la spécificité albo-européenne. Pendant que se prolonge l’éclipse de l’Europe, c’est dans la pénombre que s’esquissent quelques jalons fondamentaux d’une nouvelle Europe polaire, fière et solsticiale.

Pour commander l'ouvrage:

http://www.ladiffusiondulore.fr/home/669-l-europe-pas-le-...

Né en 1970, collaborateur aux revues dissidentes Réfléchir & Agir et Synthèse nationale, rédacteur en chef et co-fondateur du site identitaire de langue française Europe Maxima, présent sur des sites Internet rebelles comme EuroLibertés, Georges Feltin-Tracol est aussi conférencier, chroniqueur radio et essayiste.
Auteur, seul ou en collaboration, d’une dizaine d’ouvrages, il a publié en 2016 aux Éditions du Lore Éléments pour une pensée extrême.

Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

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Dae’ch et les autres : bienvenue dans le « monde VUCA » !

Richard Labévière
Journaliste,
Rédacteur en chef  du magazine en ligne : prochetmoyen-orient.ch
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

L’ensemble de la presse mondiale a, dernièrement commémoré le premier anniversaire de la Coalition internationale qui a déclenché ses premiers bombardements contre des positions de l’organisation « Etat islamique » (Dae’ch) en Irak et en Syrie, le 2 août 2014. Un an plus tard, tout le monde s’étonne que cette « alliance », réunissant quand même les armées les plus puissantes du monde, n’ait pas réussi à éradiquer une organisation constituée de quelque 30 à 35 000 fusils tout au plus. Le même constat vaut également pour Jabhat al-Nosra et les autres résidus d’Al-Qaïda ayant prospéré en Asie, en Afrique ou en Europe.

Pourquoi un tel étonnement, sinon une telle cécité ? La réponse est pourtant aussi claire et limpide que La Lettre volée d’Edgar Allan Poe, posée  là, sous nos yeux, alors que personne ne veut vraiment la voir… Les experts militaires américains, qui donnent le « la » en matière de « guerre contre la terreur » depuis quatorze ans, l’ont dit, redit et écrit : il ne s’agit nullement d’éradiquer le terrorisme, d’en neutraliser définitivement les protagonistes, de casser définitivement ses inspirateurs et d’en assécher les financements. L’objectif principal est de « gérer » son développement, ses mutations et l’évolution de sa cartographie afin d’accompagner la reconfiguration, la modernisation et la diversification de l’hégémonie stratégique, économique et politique des Etats-Unis et de leurs alliés.

En août dernier, le président de la République française - à l’unisson avec ses homologues américains, britannique et allemand -, l’a expliqué très clairement à ses ambassadeurs : « la guerre contre Dae’ch va durer dix, quinze ou vingt ans ». Cette fatalité de la longue durée correspond, non pas à une espèce de complot centralisé ni à une conspiration globale, mais s’inscrit dans la logique d’un « procès sans sujet », conforme aux motivations, aux stratégies et aux intérêts de la mondialisation néo-libérale. Cette incapacité à éradiquer Dae’ch est d’autant plus assumée par les grands décideurs mondiaux qu’ils savent parfaitement que l’action militaire extérieure n’est qu’un segment limité de la panoplie contre-terroriste. Ils savent tout aussi pertinemment que Dae’ch ne pourra être éradiqué durablement sans « assécher » politiquement et idéologiquement l’extrémisme sunnite dont les bailleurs de fonds sont devenus nos meilleurs partenaires commerciaux. Dae’ch est une chose, les affaires en sont une autre : vive la « politique sunnite » de François hollande et Laurent Fabius ! 

Orphelines de l’ennemi communiste, les officines stratégiques du Pentagone, leurs tutelles politiques et les industries de défense occidentales de l’après Guerre froide (garantissant des millions d’emplois et de sous-traitants) devaient impérativement - au risque d’entrer en déshérence -, trouver une autre figure du « mal », définir une menace « globale », autrement dit se fabriquer un nouvel ennemi commun. Ce fût chose faite dès le 11 septembre 2001. Là encore, soyons clairs : il ne s’agit pas de céder à la moindre tentation des théories conspirationnistes et autres « effroyables impostures » ayant fait florès après l’effondrement des tours du World Trade Center, mais bien de restituer rigoureusement pourquoi et comment les administrations Bush successives et celles qui suivirent, ont magistralement « utilisé » cette tragédie afin de pousser leurs pions.

A l’époque, plusieurs économistes réveillés relevaient que le budget du Département américain de la Défense avait enregistré ses hausses les plus importantes depuis la guerre de Corée. Avec un certain étonnement, les mêmes constataient que George W. Bush - digne héritier de Ronald Reagan et de  Margaret Thatcher -, adepte d’un monétarisme des plus classiques et de toutes les recettes les plus libérales, s’était brusquement converti à une politique budgétaire farouchement keynésienne ! En effet, les attentats du 11 septembre 2001 ont fortement contribué à la relance de l’économie américaine qui marquait alors le pas. Mais ce bon usage de la terreur ne profita pas qu’aux seuls investisseurs américains et devait impulser une nouvelle révolution dans les affaires militaires qui s’esquissait depuis la fin des années 90.

Dans les amphithéâtres de l’US-Army-War-College de Carlisle en Pennsylvanie, des professeurs de stratégie militaire commençaient alors à populariser un nouveau concept en quatre lettres pour résumer le monde : VUCA, pour Volatility, Uncertainity, Complexity, Ambiguity. Dans le monde de la fin des années 90, ces experts nous expliquaient que toute espèce de projets et d’actions étaient devenus « volatiles ». Par conséquent, chaque option stratégique était appelée à changer extrêmement rapidement, la visibilité à moyen terme n’étant pas seulement devenue « incertaine », mais proprement impossible. La « complexité » des interactions, des facteurs d’influence et des acteurs devenait la norme, l’ « ambiguïté » étant désormais la règle et non plus l’exception.

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Et toujours très positifs, nos amis américains se félicitaient que dans un tel monde devenu « VUCA », l’incertitude ne constituait nullement un problème, mais présentait au contraire une chance à saisir comme levier d’innovation et de performance. « Les acteurs qui réussissent », affirmaient ces professeurs, « sont ceux qui investissent dans la connaissance de soi, cultivent le succès collectif et encouragent l’agilité et la fluidité efficaces ». La loi de la variété requise, développé par R. Ashby en 1956 (dans An Introduction to Cybernetics) stipule que seule la « variété » peut répondre à la variété. En d’autres termes : plus une personne ou un système génère et active « sa diversité », plus elle est capable de s’adapter aux changements provenant de son environnement et d’assurer son existence. Appliquée à VUCA, cette loi nous enseigne que seul VUCA sait répondre à VUCA.

Les nouveaux chefs (militaires, économiques et politiques) doivent donc incarner un « projet de sens » qui libère les engagements tout en laissant s’exprimer les ruses de la volatilité, comme autant d’opportunités à saisir et à utiliser afin de promouvoir des « changements incessants ». L’incertitude invite ces chefs à profiter des situations inédites pour apprendre… Au lieu de renforcer les procédures de contrôles connues et des actions propices à la reproduction du système en vigueur. Ils « trouvent alors le courage de créer des espaces de liberté, de créativité et d’expérimentation rapide ». La complexité oblige les acteurs clés à coopérer et à privilégier le succès collectif. Pour saisir la complexité d’une situation, ses multiples enjeux et ses différents leviers, il est obligatoire de créer des groupes divers, transversaux et hétérogènes. Pour trouver des solutions véritablement innovantes, il s’agit donc de travailler en grand groupe, d’oser le chaos provisoire, de privilégier l’expérimentation ciblée au lieu de déployer un plan convenu. Sont alors privilégiées « les dynamiques alternatives ». L’ambiguïté se manifeste à travers des figures ambivalentes, par la non-cohérence d’un projet, le mélange des responsabilités, les multiples interprétations d’un concept. Cette ambiguïté doit devenir la culture dominante des nouveaux chefs : celle consistant à vivre avec une variété de solutions au lieu de s’attacher à l’obsession de la clarification, à la recherche d’une cohérence, ainsi qu’à celle d’une quête de « la » solution à déployer. Dans un monde VUCA, rien n’est acquis d’avance, rien n’est durablement stable et tout est opportunité !

Enfin, nos professeurs édictaient cinq principes à l’usage des nouveaux chefs voulant réussir « dans la joie » : 1) dans un monde VUCA, l’agilité d’une organisation se débloque en passant de la réaction à l’action par le « sens » ; 2) dans un monde VUCA, tout se transforme quand le système se libère d’une obsession de performance opérationnelle pour privilégier la recherche d’excellence relationnelle ; 3) dans un monde VUCA, le chaos devient créateur, le vide faisant place à de nouvelles solutions ; 4) dans un monde VUCA, l’individu peut se sentir perdu mais l’intelligence collective en action s’affirmera comme le nouveau levier de performance ; 5) Dans un monde VUCA, la notion de « leadership » est renversée pour laisser place à la puissance d’une nouvelle posture … celle du « Followership ». Bref, dans ce meilleur des mondes possibles, les chefs et, en définitive tous les acteurs qui savent conjuguer la joie et le « sens » vont être en mesure d’inventer des formules inédites de performance.

C’est presque aussi bien que La Richesse des nations d’Adam Smith et c’est à Donald Rumsfeld - secrétaire d’Etat à la Défense (2001-2006) - que l’ont doit l’application de cette idéologie aux affaires militaires. Sans y changer une seule virgule, la première administration Obama renonçait ainsi aux réponses classiques : les guerres conventionnelles et de contre-insurrection. On assistait alors à des redéploiements élargis dans les zones économiques et stratégiques considérées prioritaires pour les grandes sociétés (armements, aéronautiques, BTP et infrastructures, etc.). Enfin, selon un officier général des Forces spéciales, le Pentagone cherchait à maintenir autant que faire se peut la « clandestinité la plus totale afin de privilégier des campagnes médiatiques et de communication parfaitement maîtrisées ».

En juin 2014, dans une conférence publique tenue à Beyrouth, nous expliquions alors, que cette « non doctrine » militaire s’articulait sur sept piliers : 1) montée en puissance des forces spéciales ; 2) prééminence du renseignement ; 3) extension de la géographie des drones ; 4) choix de la cyber-guerre ; 5) développement d’ « armées de substitution » ; 6) formation et manœuvres avec les partenaires ; et enfin 7) médiatiser et communiquer. Ce dernier pilier chapeaute l’ensemble ! Le plus vieux métier du monde ! Pour qu’elle atteigne ses objectifs, toute opération militaire doit être non seulement comprise mais aussi « partagée » par les opinions publiques du ou des pays qui la mènent. Sont alors appelés en renfort les bataillons de journalistes « embeded » chargés d’expliquer et de diffuser les raisons et le phasage de la « guerre juste », forcément juste. Au hardpower des armées doit s’adjoindre organiquement le softpower -madame Clinton préfère parler de smartpower -, des journalistes, des « experts » et autres « communicants ». Ces sept piliers requièrent, non pas la « sagesse » de Lawrence d’Arabie, mais une transparence imposée, c’est-à-dire opaque, la clandestinité et le secret.

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Dans le meilleur des mondes VUCA possibles, Dae’ch, Al-Qaïda, Nosra et les autres ne peuvent et ne doivent pas être éradiqués parce qu’ils sont absolument nécessaires à la reconfiguration permanente du « sens », de la « joie » et des « profits » des nouveaux chefs militaires, économiques et politiques du monde. Sur le plan intérieur, les recettes VUCA servent tout aussi bien à déconstruire les frontières nationales, le droit du travail et toute autre loi garante du contrat social des vieilles républiques pour nous convertir aux fluidités multiples d’une mondialisation heureuse où tout devient possible et principalement le retour à l’état de nature où règne, en définitive, la loi du plus fort.

Lorsque notre ami Alain Joxe souligne, à juste titre, que les Etats-Unis ont régulièrement perdu les guerres asymétriques qu’ils ont déclenchés depuis la fin de la Guerre froide, il n’en tire pourtant pas la conclusion ultime : ces défaites apparentes sont en réalité des victoires inestimables pour les stratèges du Pentagone, de Tel-Aviv, de Wall Street, de la City et de Bruxelles. D’un état de non guerre conventionnelle, les délices du monde VUCA nous embarquent dans celui d’une guerre asymétrique généralisée, permanente et nécessaire. 

Richard Labévière, 15 septembre 2015

Le terrorisme par téléphone

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Le terrorisme par téléphone

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Il n'est même plus nécessaire aujourd'hui de placer des engins explosifs dans des espaces ciblés par le terrorisme, et moins encore de les faire exploser, pour perturber le fonctionnement de villes entières.
Les 12 et 13 septembre, 8 écoles de Moscou ont reçu des appels téléphoniques provenant de sources alors non identifiées prévenant que des bombes placées dans divers endroits de la ville allaient exploser. Les auteurs des appels se disaient militants de l'Etat islamique (EI).

Comme ce n'était pas la première fois que des attentats avaient été commis à Moscou, ou ailleurs en Russie, et comme le 1er septembre deux individus se disant membres de l'EI avaient été arrêtés alors qu'ils prévoyaient de se faire exploser, les autorités moscovites n'ont pris aucun risque. Elles ont fait évacuer 130.000 personnes des 420 immeubles pouvant souffrir des explosions, ce qui a désorganisé pendant quelques heures la vie de la cité.

Cependant les inspections ne permirent pas d'identifier le moindre explosif. Manifestement, il ne s'agissait que de menaces verbales. Des recherches sur les réseaux numériques ont été immédiatement organisées, mais elles ont été rendues difficiles par le fait que les messages provenaient de sources cryptées.

Elles ont par contre permis d'indiquer que les sources étaient situées en dehors de Russie, dans des régions menacées de terrorisme. Ils n'a donc pas été possible de procéder à leur arrestation.

Ceci ne devrait pas manquer de faire réfléchir les gouvernements engagés dans la guerre contre l'EI.

Le « terrorisme verbal » peut mettre en difficultés des régions entières. Comme il est peu envisageable de ne pas le prendre au sérieux, des attentats n'ayant rien de verbal pouvant se produire ici et là pour justifier les menaces, on mesure la capacité de l'EI ou organisations djihadistes analogues à rendre difficile la vie des pays en lutte contre le terrorisme. Des parades seront certainement trouvées, mais pour le moment, à notre niveau du moins, on ne voit guère lesquelles.

 

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vendredi, 15 septembre 2017

En Syrie, le plus grand fiasco de la CIA ?

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En Syrie, le plus grand fiasco de la CIA ?

Maxime CHAIX
Ex: https://www.legrandsoir.info

Alors qu’il n’est plus tabou de critiquer le rôle trouble des puissances moyen-orientales dans le renforcement des réseaux djihadistes au Moyen-Orient, la coresponsabilité de leurs partenaires de l’OTAN ne peut et ne doit plus être éludée

Récemment, le Washington Post a annoncé la fin du soutien de la CIA en faveur des rebelles « modérés », confirmant qu’en 2015, ceux-ci menaçaient de renverser Bachar el-Assad mais que cette issue chaotique fut empêchée par l’intervention militaire directe de la Russie cette même année. Chaotique, car le chroniqueur du Post, David Ignatus, vient de souligner dans ce même journal que Washington et ses alliés ne pouvaient proposer d’alternative politique viable, démocrate et modérée face au gouvernement syrien.

D’après le spécialiste de la Syrie Charles Lister, qui regrette ouvertement la fin de cette guerre secrète coordonnée par la CIA, l’Agence aurait constitué une force de 45 000 combattants à travers cette opération, dont nous savons depuis janvier 2016 qu’elle a pour nom de code « Timber Sycamore ».

Or, comme le rappelle l’universitaire américain Joshua Landis, ces rebelles « modérés » appuyés par la CIA et ses partenaires ont combattu jusqu’en janvier 2014 aux côtés de la milice terroriste qui allait devenir l’« État islamique » (EI) six mois plus tard, lors de la proclamation du « califat » par Abou Bakr al-Baghdadi. Cet argument est confirmé par l’expert de la Syrie Fabrice Balanche, qui a souligné à l’auteur de ces lignes que « les rebelles n’ont combattu Daech qu’à partir de l’hiver 2013-2014. Avant cette période, ils étaient main dans la main avec cette organisation. » 

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Depuis qu’ils ont rompu avec l’EI, ces groupes soutenus par la CIA et ses alliés se sont majoritairement coordonnés avec la branche d’al-Qaïda en Syrie, qui s’est appelée le Front al-Nosra jusqu’en juillet 2016, avant de changer de nom et de rompre superficiellement son allégeance au réseau de feu Oussama ben Laden.

Comme le New York Times le soulignait en octobre dernier, lors de la bataille finale pour la reprise d’Alep-Est, « onze parmi la vingtaine de groupes rebelles menant l’offensive ont été approuvés par la CIA et ont reçu des armes de l’Agence, d’après Charles Lister, un chercheur et spécialiste de la Syrie au Middle East Institute, à Washington. [...] Monsieur Lister et d’autres experts ont déclaré que la vaste majorité des factions rebelles approuvées par les États-Unis à Alep combattaient en pleine ville, et qu’ils pilonnaient massivement les troupes du gouvernement syrien en appui des combattants affiliés à al-Qaïda, qui se chargeaient de l’essentiel des combats sur la ligne de front. “La triste vérité, cependant, est que ces groupes soutenus par les États-Unis [et leurs alliés] restent d’une manière ou d’une autre dépendants des factions affiliées à al-Qaïda dans ces opérations, en termes d’organisation et de puissance de feu”, selon l’experte Genevieve Casagrande, une spécialiste de la Syrie au sein de l’Institute for the Study of War à Washington. »

Comment la CIA et ses alliés ont soutenu le djihad en Syrie

Plusieurs éléments troublants sont à relever dans cette opération. Tout d’abord, sachant que les États-Unis se revendiquent en guerre contre le terrorisme depuis septembre 2001, appuyer pendant près de cinq ans des groupes qui combattent aux côtés d’al-Qaïda n’a pas semblé poser problème aux décideurs américains et à leurs alliés occidentaux – ce qui est pour le moins déroutant.

Et comme l’a pertinemment souligné Joshua Landis, le gouvernement des États-Unis savait depuis le milieu de l’année 2012 que les armes livrées massivement par la CIA et une quinzaine de services spéciaux depuis la Turquie et la Jordanie équipaient principalement des groupes djihadistes, un processus dévoilé par le New York Times en octobre 2012.

Comme l’auteur de ces lignes avait eu l’occasion de le défendre, le réseau qui a majoritairement bénéficié de ces milliers de tonnes d’armements a été le Front al-Nosra ; ce fut d’ailleurs le cas jusqu’à récemment dans le gouvernorat d’Idleb, dont la capitale vient d’être prise par cette organisation, aujourd’hui rebaptisée Hayat Tahrir al-Cham.

Ces graves dérives ont été notamment confirmées par le journaliste spécialisé Gareth Porter, dans un article explicitement intitulé « Comment les États-Unis ont armé des terroristes en Syrie ». « Cet afflux massif d’armes [coordonné par la CIA] vers le territoire syrien, ainsi que l’entrée de 20 000 combattants étrangers dans ce pays – et ce principalement depuis la Turquie –, ont largement défini la nature de cette guerre », a souligné Gareth Porter en se référant au vaste réseau de trafic d’armes mis en place par la CIA et ses alliés depuis les Balkans et la Libye, de même qu’à l’acquisition de 15 000 missiles TOW made in USA par l’Arabie saoudite. Fabriqués par Raytheon, ces missiles antichars ont été introduits en masse dans ce conflit à partir de 2014, et les pertes infligées aux forces syriennes avec ces armements auraient été le principal facteur de l’intervention militaire russe au début de l’automne 2015.

Dans cet article solidement documenté, Gareth Porter ajoute que « les armes [injectées par la CIA et ses partenaires dans le conflit syrien] ont contribué à faire de la branche d’al-Qaïda en Syrie [...] et de ses proches alliés la plus puissante des forces anti-Assad dans ce pays – et elles ont aussi permis l’émergence de Daech ».

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Rappelons qu’à l’origine, le Front al-Nosra et le futur « État islamique » ne faisaient qu’un avant leur scission au printemps 2013, qui déboucha sur une guerre fratricide entre ces deux factions. Plus exactement, les combattants majoritairement irakiens de ce qui était alors appelé l’« État islamique d’Irak » (EII) ont fondé, à partir de l’été 2011, la milice qui allait devenir le Front al-Nosra en janvier 2012.

Encore aujourd’hui à la tête de ce réseau, leur leader, Mohammed al-Joulani, un djihadiste syrien ayant affronté la coalition de George W. Bush en Irak, avait été chargé par Abou Bakr al-Baghdadi de combattre les forces de Bachar el-Assad en 2011. D’après Foreign Policy, lors de cette scission d’avril 2013 entre ces deux entités terroristes, « une large majorité de commandants et de combattants d’al-Nosra en Syrie ne suivirent pas [leur chef al-Joulani] » et prêtèrent allégeance au futur « calife » d’al-Baghdadi, ce qui aurait représenté « jusqu’à 15 000 combattants sur environ 20 000 », d’après une estimation du chercheur Fabrice Balanche.

Toujours selon Foreign Policy, « partout dans le nord de la Syrie, Daech s’empara des quartiers généraux d’al-Nosra, des caches de munitions et des dépôts d’armes » durant cette séparation, qui conduisit à la création de l’« État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), rebaptisé « État islamique » au milieu de l’année suivante.

En d’autres termes, le gigantesque trafic d’armes et de munitions organisé par la CIA pour équiper les rebelles en Syrie a, directement ou non, profité à Daech et favorisé sa montée en puissance dès janvier 2012. Le fait que si peu d’experts et de journalistes occidentaux l’aient souligné (ou remarqué) est incompréhensible.

Derrière l’alibi des « rebelles modérés »

Même conséquence pour le versant « formation militaire » de ce programme de l’Agence et de ses alliés, qui a conduit les Forces spéciales détachées auprès de la CIA à entraîner malgré elles une forte proportion de djihadistes officieusement affiliés à al-Nosra ou à Daech – selon des sources anonymes du SOCOM et de l’Agence qui étaient directement impliquées dans cette opération.

En clair, de nombreux mercenaires anti-Assad recrutés par la CIA ont dissimulé leur appartenance à (ou leur attrait pour) ces groupes terroristes, le processus de sélection des combattants étant particulièrement laxiste. Or, la simple existence de cette procédure a permis à la CIA de maintenir une façade de respectabilité en affirmant qu’elle ne formait que des « rebelles modérés ».

En réalité, pour quiconque s’affranchit de cette notion orwellienne, les dynamiques de cette opération peuvent être résumées ainsi : supervisés par la CIA et quatorze autres services spéciaux, dont ceux de la France, du Royaume-Uni, d’Israël, de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar, le financement, la formation et l’approvisionnement en armes des rebelles depuis les territoires turc et jordanien ont profité à l’ensemble des groupes armés, y compris à Daech et au Front al-Nosra.

En des termes plus parlants, qui sont ceux du spécialiste Sam Heller, « la majeure partie du soutien américain fut dirigée vers des factions de l’“Armée syrienne libre” (ASL), qui ont en fait servi d’auxiliaires et de sources d’armements à de plus puissantes factions islamistes et djihadistes, dont la branche d’al-Qaïda en Syrie ».

Ces dérives ne furent toutefois pas systématiquement intentionnelles. L’exemple de « Cheg Cheg », devenu le plus grand trafiquant d’armes syrien durant cette guerre, pourrait l’illustrer. Mort dans l’explosion de son véhicule en avril 2016, ce baron de la contrebande d’armements avait vendu à des intermédiaires bédouins un certain nombre d’armes issues des bases supervisées par la CIA, dont la mise en place en Turquie et en Jordanie avait dynamisé ses affaires. Or, ces intermédiaires les avaient achetées pour le compte du malnommé « État islamique », ce que « Cheg Cheg » n’ignorait pas

À l’origine de ces révélations, le quotidien émirati TheNational.ae évoqua des transferts « involontaires » d’armements de la CIA et de ses alliés vers l’EI, à travers les réseaux de « Cheg Cheg ». Pourtant, selon différentes enquêtes approfondies, dont une récemment publiée par le JDD, il ne fait plus aucun doute que les services spéciaux des pétromonarchies du Golfe – essentiellement ceux de l’Arabie saoudite – ont sciemment armé Daech en Syrie comme en Irak, en particulier via une ligne d’approvisionnement Balkans-Moyen-Orient mise en place avec l’aide discrète de la CIA à partir de janvier 2012.

Ambassadeur américain en Syrie de 2011 à 2014, Robert S. Ford est persuadé de l’implication de l’Agence dans ces manœuvres, qui furent d’après lui « strictement confinées aux réseaux des services secrets ». Étonnamment, cette enquête du JDD ne fait pas mention de ce rôle central de la CIA dans la création de ce trafic d’armes produites dans les Balkans. Toutefois, son auteur a répondu à une demande de clarification en soulignant que « les propos de Robert S. Ford, qui s’est exprimé plus en détail sur ce sujet dans le New York Times, portent davantage sur l’approvisionnement en armes du Front al-Nosra... dont a ensuite profité Daech. »

Une telle franchise est malheureusement trop rare dans les médias occidentaux, et en particulier francophones. En réalité, alors qu’il n’est plus tabou de critiquer le rôle trouble des puissances moyen-orientales dans le renforcement des réseaux djihadistes en Irak et au Levant, la coresponsabilité de leurs partenaires de l’OTAN dans ces politiques catastrophiques ne peut et ne doit plus être éludée par les médias.

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L’opération Timber Sycamore : un fiasco historique

Pour dresser le bilan de cette désastreuse politique, que la majorité de la presse occidentale a dissimulée au profit d’une narration séduisante impliquant des rebelles « modérés » n’ayant qu’un poids limité sur le terrain, on peut dire que la CIA et ses partenaires ont imposé à la Syrie une guerre secrète meurtrière, et que celle-ci a eu comme conséquence des dizaines de milliers de morts dans les rangs de l’armée syrienne et de leurs alliés, ainsi qu’un nombre indéterminé de victimes civiles, de blessés, de réfugiés et de déplacés internes.

Cette coresponsabilité majeure des puissances occidentales dans ce conflit a été durablement occultée du débat public, à travers ce qui pourrait être considéré un jour comme l’un des plus grands échecs collectifs de l’histoire du journalisme contemporain.

Bien qu’indiscutablement condamnable, le gouvernement Assad a bénéficié d’un soutien populaire suffisant pour tenir face à la rébellion, et il s’est maintenu au pouvoir grâce à l’intervention décisive de la Russie, ce qui n’avait pas été anticipé par les stratèges d’Obama.

Censées être en guerre contre le jihadisme depuis l’automne 2001, les puissances occidentales ont fait le pari cynique de couvrir diplomatiquement et d’aider militairement leurs alliés régionaux dans leur soutien en faveur de groupes extrémistes éprouvant la même détestation à l’égard de notre modèle démocratique qu’envers l’État syrien laïc et ses alliés russes et chiites.

Provoquant un véritable désastre humanitaire, la fulgurante montée en puissance de Daech en 2014 est en bonne partie la conséquence de cette politique inconsciente et court-termiste, dont l’Arabie saoudite a été le principal financeur – le rôle de nos « alliés » turc et pétromonarchiques dans l’essor du djihad armé dans cette région (et au-delà) n’ayant d’ailleurs jamais fait l’objet d’une quelconque protestation officielle de la part d’États occidentaux pourtant frappés par le terrorisme.

Après d’innombrables hésitations, ces derniers ont fini par accepter le réel. De ce fait, ils ont progressivement abandonné l’objectif de renverser Bachar al-Assad ; et ils ont mis en priorité la lutte contre un monstre Frankenstein en grande partie engendré par leurs propres errements stratégiques et diplomatiques, encouragés dans ces dérives par leurs « alliés » néo-ottomans et wahhabites.

À l’aune du sévère bilan que l’on peut dresser de l’interventionnisme occidental au Moyen-Orient, en Asie centrale et en Afrique du Nord, il serait plus que jamais salutaire que les journalistes, les experts et d’éventuels lanceurs d’alertes dénoncent plus explicitement le rôle majeur de nos États dans l’élaboration, la conduite et la dissimulation de ces politiques clandestines inconsidérées.

En attendant, espérons que le potentiel aggiornamento du président français Emmanuel Macron sur le dossier syrien, et la conclusion du programme anti-Assad de la CIA décrétée par son homologue américain, marquent la fin durable de ces stratégies aventuristes à l’origine de tant de souffrances et de destructions – officiellement imposées au nom de la démocratie, de la paix et des droits de l’homme.

Dans tous les cas, au regard des conséquences dramatiques de cette ultime guerre secrète de la CIA – que le Washington Post avait décrite en juin 2015 comme étant « l’une [de ses] plus vastes opérations clandestines » –, il n’est pas impossible que les historiens la considèrent un jour comme le plus grand fiasco de l’Agence ; un désastre aux conséquences potentiellement plus graves que celles de la baie des Cochons, ou de la tentative de recrutement de deux futurs pirates de l’air du 11 septembre par la CIA et les services secrets saoudiens. Comme l’avait relaté un ex-agent spécial du FBI à l’auteur de ces lignes, cette opération illégale conduisit l’Agence à dissimuler à la police fédérale la présence de ces hommes de Ben Laden aux États-Unis, ce qui aurait empêché le Bureau de déjouer ces attentats.

Visiblement, cette tragédie était bien loin dans les mémoires des responsables du programme Timber Sycamore, qui ont massivement armé la nébuleuse terroriste contre laquelle les autorités américaines et leurs alliés se revendiquent en guerre depuis 2001.

Maxime Chaix

http://maximechaix.info/

»» http://www.middleeasteye.net/fr/opinions/en-syrie-le-plus...
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Dominique Lormier déconstruit le « Mythe du Sauveur Américain »

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Simulacre-USA, à l’origine : Dominique Lormier déconstruit le « Mythe du Sauveur Américain »

14 juin 2017 – Il est entendu que John “Black Jack” Pershing débarquant du bateau et posant le pied sur le sol français, et proclamant “Lafayette, We Are Here” (ce qu’il n’ jamais dit, la chose ayant été dite avant lui par Charles E. Stanton et réattribuée, mythe déjà en formation, à Pershing par un officier des RP) ; les Sammies défilant par milliers dans les villes françaises en 1917, les journaux français chantant la gloire de la bannière étoilée illustrent l’événement du début de l’hégémonie de communication des USA sur la France (sur l’Europe), qui s’illustre par l’acte décisif qui permit la victoire de 1918. Je ne discuterais pas la première proposition, mais en remplaçant le mot “hégémonie” par l’expression “simulacre d’hégémonie” ; quant à la seconde, elle est outrageusement fausse, un mythe, une idole de la nouvelle religion transatlantique à laquelle la France en premier fit acte de “servitude volontaire”.

Il est important de déconstruire cette architecture subversive de déconstruction de la vérité historique (“déconstruire une déconstruction”). Il est essentiel de savoir que les USA jouèrent un rôle opérationnel très mineur, – à peine supérieur à celui des valeureux Belges, qui sont tout de même dans une autre échelle de puissance, – dans la victoire de 1918. Au contraire, cette victoire fut assurée pour l’essentiel par une armée française irrésistible, absolument transformée, reconstituée, renée en une puissance opérationnelle, humaine et industrielle, comme la première armée du monde après la terrible année 1917 (Le Chemin des Dames suivi des mutineries) ; et l’armée française secondée dans l’irrésistible victoire stupidement sacrifiée sur l’autel d’une diplomatie où la trahison s’exprima de tous les côtés chez les Alliés, par la participation étonnante de puissance et de courage de l’armée italienne contre l’Autriche-Hongrie.

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Un petit bouquin qui ne paye pas de mine vous règle tout cela, allant dans le sens que j’ai toujours eu intuitivement à partir de certains faits militaires avérés. L’intérêt du Mythe du Sauveur Américain – Essai sur une imposture historique de Dominique Lormier (*) est dans ceci qu’il nous donne une synthèse rapide du phénomène (l’imposture), charpentée sur une multitude de détails essentiels et de citations venues des archives, sur les effectifs, les matériels, la répartition des forces, les opérations et les chefs qui les dirigèrent, durant cette période décisive entre la fin du printemps 1918 (avril-mai) et l’armistice du 11 novembre. Une place essentielle est faite sur la posture des forces américaines, leurs effectifs, leurs opérations, leur comportement.


Le livre commence par un chapitre consacré aux opérations entre le 21 mars et le 1er mai 1918, ou comment l’armée française sauva l’armée britannique du désastre sans la moindre participation américaine. (Foch comme généralissime des forces alliées depuis mars joua un rôle d’influence prépondérant dans cette opération, convainquant un Pétain [commandant en chef de l’armée française] qui pensait à garder ses forces de réserve essentiellement pour couvrir Paris, d’en détacher une partie pour soutenir l’aile droite des Britanniques, avec leur VIème Armée en pleine déroute.) Le 1er mai 1918, les Français tiennent 700 des 850 kilomètres du front de l’Ouest, alignant 110 divisions, avec 12 divisions belges, 46 britanniques, 4 américaines et 2 italiennes, contre 204 divisions allemandes. Le 1er août 1918, il y a 1.300.000 soldats américains en France, mais seulement 150.000 ont été engagés dans les combats. Ce contingent a participé avec grand courage à la deuxième victoire de la Marne de juillet, la bataille décisive de la fin du conflit, alors que les Français alignent 1.100.000 combattants qui se battent non moins courageusement dans cette même bataille. Le 1er novembre 1918 sur la ligne du front de l’Ouest en France, l’armée américaine aligne 400.000 combattants, dont 200.000 considérés comme non encore aguerris, tandis que l’armée française déploie 2.600.000 combattants, l’armée britannique 1.700.000, l’armée belge 170.000 et l’armée italienne 60.000. La France dispose d’une écrasante supériorité matérielle qu’elle utilise avec une souplesse et une efficacité exceptionnelles. (Pour les chars par exemple, 2.600 suppléés par les 610 de l’armée britannique, et 250 chars français livrés aux Américains, contre 50 chars du côté allemand)

 

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Directement derrière l’armée française, on trouve comme contributrice essentielle à la victoire générale l’armée italienne avec ses 2.204.000 combattants, qui obtient la capitulation de l’Autriche-Hongrie huit jours avant l’armistice du 11 novembre. Lormier insiste sur la façon indigne dont l’Italie fut et reste traitée dans l’historiographie de la Grande Guerre, y compris par des historiens français, et bien entendu abondamment par les historiens anglo-saxons qui limitent la vista et la puissance des forces alliées dans la Grande Guerre aux seuls Britanniques renforcés par les glorieux Américains. Il cite les observations admiratives du courage des Italiens de Pétain et de Mangin, et rapporte cette note du maréchal Hindenburg : « Beaucoup plus que l’engagement de quelques divisions américaines sur le front occidental, ce fut la défaite de notre allié austro-hongrois contre l’Italie qui nous poussa à conclure aussi rapidement un armistice avec les Alliés. La perte d’une soixantaine de divisions austro-hongroises était pour nous un désastre irrémédiable… »


A la litanie des chiffres absolument impressionnants s’ajoute celle des faiblesses de l’armée US. L’amateurisme des Américains, leur absence d’organisation, leurs difficultés à mettre en place des commandements capables de maîtriser les opérations, leurs déficiences en matériels, leurs erreurs tactiques, le peu d’attention portée aux pertes par Pershing, tout cela doit être pris en compte pour pulvériser le mythe qui a été imposé à nos mémoires, sans pour autant ignorer le courage exceptionnel que montrèrent certaines unités, notamment durant la deuxième bataille de la Marne, et le combat légendaire livré par une brigade des Marines dans la bataille du bois de Belleau.


Ainsi pulvérise-t-on le mythe simplement en découvrant ce qui, justement, a permis au mythe de s’installer, confirmant le caractère absolument inverti de la modernité et l’avantage donné au simulacre contre le modèle. Les difficultés américaines à s’adapter et à intégrer les enseignements des détachements (français) chargés de les entraîner, leur tendance à ajouter du poids là où la qualité ne s’affirme pas et à mettre l’accent sur l’abondance de la logistique pour dissimuler la faiblesse de la participation au combat, – ce qui débouche sur une armée d’un million six cent mille hommes installée en France pour 400.000 soldats déployés sur le front et en réserve opérationnelle le 11 novembre, – tout cela donne à la population et aux différents moyens de communication (presse & le reste) l’impression d’une force gigantesque installée en France, en cela véritable simulacre. Les consignes du pouvoir politique d’acclamation et de publicité exaltées de l’aide US font le reste, dans une occurrence où les chefs militaires les plus expérimentés ne sont parfois pas en reste.


(La phrase de Pétain après sa prise du commandement en chef et l’apaisement des mutineries en juin-juillet 1917 pour résumer sa stratégie, — « J’attends les chars et les Américains », – est extrêmement malheureuse, parce qu’à moitié vraie et à moitié fausse : qu’il ait attendu les chars, tout le monde le comprend et partage cette attente, d’autant que les Français produisent les meilleurs chars, très rapidement, et sont les plus habiles à en comprendre l’emploi et l’efficacité. Mais “attendre les Américains” ? A part l’apport psychologique de cette attente en 1917 où le moral français était très atteint, c’était bien inutile et l’on comprend aisément que le but prioritaire de Pershing en France était de constituer et de garder à tout pris l’autonomie de son armée de l’emprise des Alliés, pour imposer à Washington D.C. le fait accompli de l’installation d’une grande institution militaire. Pour le reste, Pershing comme Wilson était persuadé que la guerre durerait jusqu’à la fin de 1919 et consacrerait opérationnellement la prédominance institutionnelle de l’U.S. Army.)

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L’entreprise de la construction du mythe de l’invincibilité de la puissance de l’américanisme (utilement complété par le “déclinisme” français débouchant sur l’auto-flagellation actuelle) qui va empoisonner tout le XXème siècle jusqu’à nous, et qui se poursuit en ce début de XXIème siècle, cette construction s’achève par la faute majeure du pouvoir politique, notamment le français qui ne semble pas avoir réalisé que la puissance française sur le terrain lui donnait la capacité d’imposer une nouvelle situation stratégique pour la victoire, qui aurait totalement modifié la suite. Les grands chefs militaires (Foch, Pétain, Mangin, Castelnau) jugèrent catastrophique que l’armistice ait empêché « la puissante offensive en Lorraine [sous les ordres de Castelnau], avec les VIIIème et Xème armées françaises, regroupant 20 divisions et 600 chars. Ce coup de grâce devant permettre d’envahir l’Allemagne, uniquement avec des unités françaises, n’aura pas lieu. [… Les chefs militaires] estiment que c’est une faute capitale d’annuler cette offensive. En effet, l’Allemagne préserve pour le moment son territoire de toute occupation étrangère, donnant ainsi le sentiment à la population et à ses militaires qu’elle n’a pas été réellement vaincue. »


Les pacifistes sont satisfaits de terminer au plus vite “la der des ders” et, quant aux autres dont nous-mêmes, nous héritâmes de Hitler & le reste en prime.

Note
(*) Le Mythe du Sauveur Américain – Essai sur une imposture historique de Dominique Lormier, éditions Pierre de Taillac, Paris 2017.

jeudi, 14 septembre 2017

Régis Debray. ‘Civilisation. Comment nous sommes devenus américains’

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Régis Debray. ‘Civilisation. Comment nous sommes devenus américains’

On aurait pu attendre des guillemets à « américains » dans le sous-titre car, Debray le sait mieux que personne, les Chiliens ou les Cubains sont aussi des Américains. On se fiche que la partie soit prise pour le tout comme dans Make America great again.

Mais ne boudons pas notre plaisir devant cette brillante démonstration selon laquelle si une « culture construit des lieux », une civilisation « construit des routes » avec un gros bâton (celui de la big stick policy), une flotte, des armées, aujourd’hui des drones.

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Depuis qu’il a raflé le Texas, l’empire américain n’a gagné en surface que quelques centaines de milliers de kilomètres carrés. Alaska y compris. Mais les 2 000 implantations militaires sur les cinq continents ne seraient rien sans les 35 000 McDo. Et vice versa.

Au milieu des années soixante, j’habitais Montdidier, petite sous-préfecture balzacienne de la Somme. Á l’époque, une ville de 5 000 habitants comptait encore bon nombre de magasins de toutes sortes. Le magasin d’habits, qui ne désemplissait jamais, avait pour enseigne “ Aux surplus américains ”. Nous étions heureux de nous fournir pour pas cher dans une échoppe qui proclamait sans vergogne qu’elle nous vendait des rebuts, les franchisés profitant de notre naïveté pour nous refiler du trop-plein. La civilisation zunienne avait gagné chez Balzac : on ne savait pas d’où venaient ces frusques, dans quelles conditions elles avaient été stockées, ce qu’elles avaient coûté aux producteurs. Ces vêtements n’étaient même pas toujours ricains. C’était notre deuxième peau. Au XVIe siècle, le paysan d’Amboise, voisin de Léonard de Vinci, ne parlait pas un mot d’italien. Aujourd’hui, il écoute Beyoncé dans son tracteur climatisé.

Quand, demande Debray, l’Europe a-t-elle cessé de « faire civilisation » ? En 1919, au Congrès de Versailles. Les États-Unis n’ont pas alors pleinement conscience qu’ils vont devenir la première puissance mondiale. Mais le président exige que le traité soit également rédigé en anglais. Jusqu’alors, observe Debray, il y avait à l’ouest une civilisation européenne avec sa variante américaine. Dans les cinquante années suivantes, on aurait une civilisation américaine avec des variables d’ajustement européennes. Dans tous les domaines. Je n’entre pas dans les détails, mais même dans la natation, les catégories d’âge de nageurs qui dataient d’un siècle (poussins, minimes, cadets etc.) se sont alignées cette année sur les catégories zuniennes.

Plus graves que nos bassins chlorés, la République française, l’État français, les pouvoirs publics ont plié le cou devant les méthodes zuniennes. En 2008, sous Sarkozy, nos ministères furent inspectés, mieux : évalués, par une entreprise privée zunienne.  Comme si le corps des inspecteurs des Finances n’existait plus. L’État français fut dès lors appréhendé dans son fonctionnement à l’aune des méthodes du privé d’outre-Atlantique. Les hôpitaux (les universités, les commissariats de police etc.) furent mis en concurrence, les partis politiques devinrent des familles et cessèrent d’élaborer des programmes en se contentant de projets, on nous obligea à aimer le modèle des primaires et les candidats à la présidentielle nous proposèrent des offres.

Á Sciences-Po, « réformée » par un chairman of the board plus ricain que ricain qui mourut dans des circonstances hollywoodiennes jamais élucidées, 60% des cours sont dispensés en anglais. Et, précise Debray, le cours sur les politiques culturelles en France est dénommé « Cultural Policy and Management ».

Á bas les anciennes catégories marxisantes (bourgeoisie, classe, capitalisme) ! Ne dites plus « prolétaires » mais « milieux défavorisées » (d’ailleurs les prolétaires ne savent plus qu’ils sont prolétaires, c’est du moins ce que pensent les bobos) ; de votre langage, « bannissez » (sic) « clochards », « SDF » étant beaucoup plus indolore.  Ne dites plus « santé gratuite pour tous » mais care, « avion présidentiel » mais « Sarko One ». Et, surtout, représentez-vous Bri-Bri d’amour en termes de First Lady. Envoyez vos enfants, en bons Ricains, délirer chez les voisins avec des masques d’Halloween alors que cette fête appartient au paganisme celte. Martelez comme il convient que l’équipe de France de foot est black-blanc-beur. Forcément, puisque la quête de l’égalité a été remplacée par le mirage de la diversité et que le sociétal a étouffé le social.

easyriders-l300.jpgLa thèse fondamentale de cet essai est que l’Amérique c’est de l’espace tandis que l’Europe c’est du temps. Aux États-Unis, on part sur la Route 66 en bon Easy Rider. On conquiert un territoire – au besoin avec un colt – alors qu’en Europe on labourait un terroir (on guerroyait un peu aussi, quand même). Mais tout a changé. Il n’y a plus chez nous que des « espaces » (salle d’attente, dégustation de vin, voies piétonnières, open spaces un peu partout, surtout quand ils sont agrémentés par des open bars). Je ne te demande pas qui tu es mais où tu es grâce à ma géolocalisation à un mètre cinquante près. Dans les espaces, explique Régis Debray, pas de peuple, mais une « population », c’est-à-dire une projection préfectorale ou municipale. Un peuple, c’est autre chose : une langue, des habitus, un passé, une gastronomie, du et des liens.

Á des populations hors-temps, on peut faire gober tout ce qu’on veut. Par exemple, que les États-Unis sont la nation qui a le plus contribué à la défaite de l’Allemagne alors que les Français de 1945 pensaient que c’était l’Union Soviétique. D’ailleurs si Poutine assista au 70ème anniversaire du Débarquement en Normandie, le Young Leader Hollande ne lui rendit pas la pareille à Moscou. On peut même faire croire à tous les publics, à toutes les populations de la Terre, que Rambo a gagné la guerre.

Lors du vote du Traité de Maastricht, on nous a seriné que nos enfants voyageraient, séjourneraient dans le continent et apprendraient quantités de langue européennes. Le russe et l’allemand sont cinq fois moins enseignés qu’il y a cinquante ans. Arte n’a aucune émission de débats entre intellectuels franco-allemands mais consacre dix minutes à un malaise de Mrs Clinton. Les fonctionnaires de Bruxelles communiquent dans la langue d’un pays qui ne fait plus partie de l’Union européenne. Des anciens pays de l’Europe de l’Est se sont dépêchés d’admettre sur leur sol des centres secrets de torture de la CIA. Il faut désormais endurer un président pour qui « Belgium » est une ville et qui pense avoir envoyé 59 missiles vers l’Irak alors que c’était vers la Syrie. Ça tombe où ça peut, où ça doit. L’important, c’est que ça « frappe » (plus de bombardements, des frappes), que ça terrorise, quel que soit le degré d’improvisation.

Debray nous rappelle qu’en affaires l’empire est féroce, voyou. BNP a accepté de payer une amende bidon, une rançon de 8,9 milliards de dollars (vous me direz : elle les avait) sans que nos gouvernants s’émeuvent, sans que notre médiacratie s’étonne. Quant à imaginer une réciprocité… Debray cite Pierre Lellouche, homme politique bien à droite, pas vraiment hostile à l’aigle impérial : « Un obscur accord fiscal franco-américain transformera notre ministère des Finances en supplétif de l’International revenue Service. Cet accord ne fait que traduire dans le droit français une loi américaine obligeant nos institutions financières à déclarer au fisc américain tous les comptes détenus par des citoyens ou entités américains en France dès lors que leur solde est supérieur à 50 000 dollars. Mais sans réciprocité : ce que le fisc français donnera à l’IRS, le Trésor américain ne le fera pas dans l’autre sens parce que la loi américaine ne le permet pas. »

Une des dernières réflexions de l’auteur porte sur la notion de laïcité que nous, tous seuls avec nos petites mains, avons réussi à américaniser. Je vous laisse découvrir comment.

Les moins jeunes d’entre nous s’en souviennent. Ce livre, publié en octobre 1967, fut l’un des plus énormes succès de librairie en France. Certes, il bénéficia du battage hebdomadaire de L’Express, beaucoup plus prescripteur qu’aujourd’hui. Son éditeur avait prévu un tirage de 15 000 exemplaires. Il s’en vendit 2 millions en France et 10 millions dans le monde.

(*) Régis Debray. Civilisation. Comment nous sommes devenus américains. Collection Blanche, Gallimard. 2017

Source: https://blogs.mediapart.fr/bernard-gensane/blog/150617/re...

Les habits neufs de l’aliénation

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Les habits neufs de l’aliénation

Par André Bellon, ancien Président de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, auteur de Une nouvelle vassalité (Les mille et une nuits, 2007) et Président de l’Association pour une Constituante.

Le dogme est de retour, plus insidieux qu’autrefois car il se coule dans les déguisements inattendus de la raison. L’Homme peut-il résoudre cette aporie ?

Le néo libéralisme, nouvelle idéologie de la pensée économique, se pare, en effet, des attributs qui caractérisent traditionnellement la science. Ainsi des économistes tels que Kydland et Prescott, « prix Nobel*1 » 2004, appellent à enserrer dans des règles incontournables une démocratie jugée trop soumise à l’incertitude. De nouveaux grands inquisiteurs dénoncent les hérétiques et fulminent contre eux des anathèmes. Le livre intitulé « Le négationnisme économique : et comment s’en débarrasser ?*2 » dessine ainsi les buchers modernes au nom de la science.

L’esprit critique

Le développement de ces thèses s’est fait avec le soutien plus ou moins assumé des forces dites de gauche. La phrase honteuse de François Mitterrand, « Contre le chômage, on a tout essayé » fut prononcée dans le cadre d’un discours politique qui se voulait rassembleur sur la base d’une « France unie » autour d’un discours européen commun. La mondialisation sert de justification à l’extension universelle de cette pensée présentée comme une vérité.

Mais, comme le rappelle Alain Supiot*3, « les véritables scientifiques savent que les lois découvertes par les sciences de la nature sont inhérentes aux phénomènes observés, alors que celles qui donnent ordre et sens à la vie humaine sont nécessairement postulées. Les scientistes au contraire croient trouver dans une science fétichisée les vraies lois qui régiraient l’humanité et s’emploient à les faire régner ». En présentant la mondialisation comme un fait de nature et non comme une construction humaine contestable, les principales forces politiques ont fermé la discussion sur les politiques menées.

Paradoxalement donc, des méthodes dites scientifiques détruisent l’esprit critique qui est pourtant la base fondamentale de la science*4.

Méthode ou apparence ? S’interroge-t-on sur la manière dont sont conçus les chiffres qui abreuvent le public, par exemple le taux de prélèvements obligatoires*5, véritable épouvantail des faux-débats de plateaux télévisés ?

Méthode ou vocabulaire ? Je repense souvent à Horace, ce personnage d’Eugène Labiche qui déclare à un parvenu plutôt méprisant : « Nous avons de par le monde une bande de petits poseurs… sérieux, graves, avec de grands mots dans la bouche… ça étonne les imbéciles »*6.

Certes le monde est complexe, suivant une formule largement répandue. Mais la complexité doit-elle être le paravent d’un refus d’analyser ou d’une renonciation à comprendre ? Doit-elle in fine servir à empêcher toute contestation ?

La mythification de la complexité aboutit à magnifier les experts, nouvelle élite censée porter la vérité. Que des experts soient utiles pour éclairer la décision publique, pour aider aux choix démocratiques, va de soi. Mais éclairer ne veut pas dire choisir. Car l’expertise se présente de plus en plus comme le substitut à l’échange et à la confrontation des arguments. Elle permet trop souvent d’empêcher la contestation. On est loin du « débat libre et raisonné » proposé par Condorcet. L’esprit critique se méfie des évidences, il questionne, il cherche, il se confronte aux autres, il construit une pensée. A l’inverse, la vision dominante aujourd’hui tend à imposer des a priori.

Dans sa Tour en Gironde, au plafond de son bureau, sur les poutres du plafond, Montaigne avait fait peindre des maximes, généralement tirées de la bible. L’une d’elles est particulièrement d’actualité : « Malheur à vous qui vous pensez sages !*7 ». Peut-on revenir à ce précepte ?

Le peut-on alors que, de plus, les médias jouent un rôle très négatif en simplifiant à outrance les enjeux, en déséquilibrant la parole publique au profit de la pensée dominante, en plaçant sur le même plan simples témoignages et travaux scientifiques ? Qui plus est, l’absence de critique résulte également de l’évolution des contenus enseignés dans les écoles : la diminution des heures de philosophie n’est-elle pas un signe de ce refus d’analyse ?

On ne s’étonnera pas, dans ce contexte, de la propagation du complotisme et des intox (fake news). Une société qui a désappris à réfléchir et à débattre est particulièrement vulnérable à ces phénomènes et démunie pour les combattre. Mais, au fond, l’irréalisme du complotisme n’est-il pas le miroir de l’irréalisme du discours dominant ?

Au-delà de ces considérations, c’est la conception même de l’être humain qui est en jeu. Car l’esprit critique est le fondement de l’Humanisme qui donne au citoyen le rôle de décideur dans la cité, à l’homme la maitrise de son propre destin.

La défaite de la volonté

Pour sa part, la pensée dominante magnifie les émotions au détriment de la raison*8. Elle se caractérise par une justification des démissions face aux défis extraordinaires d’un tournant historique profond. Loin de mobiliser les volontés, elle privilégie les remords et les condamnations sans conséquences. Non seulement les porte-paroles les plus écoutés dégoulinent de bonne conscience, mais ils croient de plus faire œuvre novatrice en ressassant les mêmes prêches. On ne peut plus ainsi évoquer la République sans s’indigner des abominations de la colonisation, la nation sans s’apitoyer sur les malheurs de la guerre, le peuple sans évoquer les débordements de violence. Dans le panthéon des personnages historiques, la victime a remplacé le héros. Parmi les symboles de cette dérive, évoquons le choix consternant du monument érigé à Paris pour représenter le Général Dumas, père de notre grand écrivain, né esclave et devenu héros de la Révolution*9. Alors qu’un projet d’Ousmane SOW représentant la force et la fonction du général avait été proposé, la mairie de Paris a inauguré, le 4 mai 2009, une énorme chaîne d’esclave. Ainsi, un symbole de la fraternité révolutionnaire, de la promotion républicaine, de la volonté nationale, est-il réduit à son ancienne condition servile.

L’Histoire ne peut alors plus mobiliser une volonté collective. L’analyse de la Révolution française, considérée par le grand écrivain Carlos Fuentes comme « la meilleure révolution du millénaire*10» n’est présentée qu’au travers des violences, conduisant par exemple Jean-François Copé à déclarer qu’il régnait « en France, une ambiance malsaine de nuit du 4 Août*11 », anathème porté contre l’abolition des privilèges, symbole historique jusqu’alors consensuel. Nombre d’intellectuels dits de gauche se laissent aller à ces facilités. Ainsi, François Ewald et Dominique Lecourt s’indignent-ils publiquement que, « sous la Terreur, (les révolutionnaires) éliminaient les scientifiques eux-mêmes (Bailly, Condorcet, Lavoisier) » … parce qu’ils voulaient « rabaisser l’arrogance du savant que son savoir distinguait trop du peuple des sans-culottes*12 ». Analyse stupide quand on connait la fascination scientiste de la Révolution et le rôle qu’a joué, sous la Convention, le comité des savants avec Berthollet, Chaptal, Lakanal, Monge … Ces déclarations ne seraient jamais que des interjections anecdotiques absurdes si l’invasion du politiquement correct ne formatait pas les pensées des citoyens, si les lois mémorielles ne restreignaient pas la liberté de pensée au bénéfice des juges, si le champ du débat n’était pas par ces biais réduit à la peau de chagrin.

Notre propos n’est pas de justifier la violence. Mais la volonté de ne regarder l’histoire, ou du moins les moments que l’on choisit de condamner*13, qu’au travers des violences, est totalement contraire à toute utilisation de la raison. Il ne reste à l’homme ramené à une condition de pécheur qu’à demander l’absolution.

La démocratie

Ce sont alors la volonté, la souveraineté populaire, le suffrage universel, en un mot la démocratie, qui sont attaqués. On ne compte plus les déclarations ramenant le suffrage universel à sa caricature au travers d’allégations plus ou moins subtilement discutables. Ainsi, anathème commode, le suffrage universel aurait créé Hitler*14.

Que le suffrage universel soit bafoué ou que le mépris du suffrage soit amplifié par des institutions antidémocratiques est une évidence que le référendum de 2005 a particulièrement éclairée. Mais en quoi cela remet-il en cause son principe ?

Les attaques contre le suffrage universel sont en fait des attaques contre la raison humaine présentée comme dangereuse ou antisociale. Ainsi la volonté fort répandue de promouvoir le tirage au sort est une insulte à la particularité, à la parcelle de souveraineté que porte tout être humain. Au nom de l’égalité, on promeut par ce biais l’uniformité comme si tous les individus étaient interchangeables. Comme par hasard, les thuriféraires d’une telle idée proposent que les heureux gagnants de cette loterie soient entourés par des experts qui vont guider leur réflexion. Coucou, les revoila !

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L’Histoire de la République est évidemment contradictoire. Rappeler ceux qui se sont battus pour ses valeurs essentielles, pour la libération de l’humanité et la démocratie, ne peut être que salutaire. C’est Jean Jaurès qui souhaitait amplifier l’œuvre républicaine et déclarait « Ceux qui prévoient la prise de possession brusque du pouvoir et la violence faite à la démocratie, ceux-là rétrogradent au temps où le prolétariat était réduit à des moyens factices de victoire*15 ». C’est Pierre Mendes-France qui, votant contre le traité de Rome, proclamait son refus « de la délégation des pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique*16 ».

Nous sommes loin de telles pensées. Aujourd’hui, loin de chercher à identifier et résoudre les conflits, la vie politique cherche à imposer des consensus, à empêcher l’expression des divergences fondamentales, bref à marginaliser le rôle créatif de l’esprit critique dans la vie publique.

Demain n’est pas fatal

C’est donc la place et le rôle mêmes de l’Homme qui doivent être le cœur du débat aujourd’hui. C’est de lui que doit émaner le pouvoir car c’est la seule manière de faire face efficacement aux défis de ce moment dramatique. C’est dans cette logique que l’élection aux Etats généraux de 1789 avait été précédée par l’élaboration des cahiers de doléances.

Une telle perspective ne saurait émaner des institutions actuelles. Elle doit être construite par les citoyens en même-temps qu’elle construit les citoyens. Et, tout particulièrement, la présidentielle, élection particulièrement aliénante, ne peut rebâtir la citoyenneté. La logique du scrutin présidentiel est personnalisante et destructrice de la liberté de pensée. En acceptant les moyens, elle privilégie le « faire » par rapport au « penser ».

La reconstruction démocratique doit être un travail philosophique autour de la liberté. Il ne saurait évidemment être lié à un extérieur autoritaire qui enserre la pensée en même temps qu’il donne plus ou moins les réponses. Il doit, de plus, se construire de façon la plus décentralisée possible pour affirmer la place et la force des initiatives les plus locales possibles. La commune, aujourd’hui massacrée par les pouvoirs successifs, nationaux autant qu’européens, peut être la base de cette dynamique. C’est dans un tel cadre que les initiatives associatives nombreuses peuvent trouver une capacité de synergie.

L’objectif démocratique peut trouver ainsi sa réalisation car une telle démarche allie la liberté de l’individu à la recherche de l’intérêt général. Notre époque n’est plus à la présentation de solutions clefs en main, mais à la reconnaissance de la volonté humaine sur son propre destin.

1 Il s’agit du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, généralement appelé prix Nobel d’économie
2 Pierre Cahuc et André Zylberberg, Flammarion 2017
3 L’esprit de Philadelphie, La justice sociale face au marché total, Alain Supiot, Seuil, 2010
4 André Bellon, Science sans critique…, La jaune et la rouge, août-septembre 2015
5 Censé représenter la part de la richesse nationale affectée aux agents publics, il est le rapport entre un chiffre d’affaire et une valeur ajoutée, ce qui n’a aucun sens.
6 Les vivacités du capitaine Tic, Acte II, Scène 6
7 Jérémy, V
8 Voir La stratégie de l’émotion, Anne-Cécile Robert, Le Monde diplomatique, Février 2016.
9 Sur cette place du général Catroux existait avant la guerre les statues des trois générations, soit le général, son fils Alexandre Dumas et son petit-fils, l’auteur de La dame aux camélias. Celle du général fut détruite par les allemands sous l’occupation.
10 Carlos Fuentes, Ma révolution préférée, Le Monde, 23 septembre 1999.
11 France Inter, 20 juillet 2010
12 Voir François Ewald et Dominique Lecourt, Les OGM et les nouveaux vandales, Le Monde, 4 septembre 2001
13 Faut-il rappeler que la semaine sanglante de liquidation de la Commune par Thiers ou même la répression du mouvement ouvrier de 1848 firent plus de morts que la Terreur ?
14 Hitler, en dépit de résultats très importants n’a jamais été majoritaire seul. Ce sont des alliances avec d’autres partis très présentables et le soutien de la bourgeoisie allemande qui lui ont donné les pleins pouvoirs.
15 Jean Jaurès, « Question de méthode », article-préface du 17 novembre 1901 au Manifeste communiste de Marx et d’Engels.
16 Discours de Pierre Mendès France à l’Assemblée nationale le 18 janvier 1957

mercredi, 13 septembre 2017

Olivier Hanne: «une très grande fragilité de tous les systèmes importés au Moyen-Orient»

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Olivier Hanne: «une très grande fragilité de tous les systèmes importés au Moyen-Orient»

Propos recueillis par Edouard Chanot
Ex: https://fr.sputniklnews.com

Le Moyen-Orient reste mystérieux pour les occidentaux. Olivier Hanne propose d’en comprendre les frontières physiques et mentales.

La frontière nous obsède, à l'heure de la mondialisation. Les partisans du nomadisme voudraient la voir, les voir disparaître, tandis que les sédentaires du XXIème siècle voudraient leur grand retour. Dans l'absolu, comprendre les frontières, c'est comprendre les fractures, et donc les particularismes. Comprendre comment elles sont définies, c'est comprendre ceux qui la définissent…

Justement cette approche pourrait nous aider à comprendre une région du monde qui nous a toujours paru mystérieuse. Mystérieuse et conflictuelle, aujourd'hui comme depuis des centaines d'années.

Direction donc le Moyen-Orient compliqué, avec notre invité du jour, Olivier Hanne, chercheur à l'Université d'Aix Marseille, islamologue. Il vient de publier 'Les seuils du Moyen-Orient, histoire des frontières et des territoires', aux éditions du rocher. Un ouvrage volumineux, de plus de 500 pages, qui comprend — heureusement, devrais-je dire — un cahier de cartes, sans doute indispensables. Une approche originale: Olivier Hanne dévoile une généalogie des frontières, une histoire frontalière. Il puise dans le temps long, du quatrième millénaire avant notre ère jusqu'à l'Etat islamique, les permanences de la région.

 

Extraits:

Frontières physiques et mentales

« [Il y a] d'abord des frontières de guerre, des frontières culturelles. Mais il y a des frontières mentales qui ont parfois autant d'importance, si ce n'est plus, que celles qu'on pourrait tracer sur une carte: la fameuse ville de Deir Ezzor dont on parle beaucoup, qui a été une capitale, une métropole de l'Etat islamique, a toujours joué un rôle, un rôle de seuil: de passage d'un Etat à un autre, de centre de monopolisation des enjeux politiques et militaires. Par exemple, durant l'époque médiévale, elle était un siège de villégiature califale, dans l'antiquité, un poste avancé de l'empire romain et en 1915, le terminus des convois d'Arméniens qu'on massacrait sur place. Les frontières mentales peuvent entraîner une mobilisation populaire autant si ce n'est plus qu'une invasion. »

Le mirage de l'unification musulmane

« Dès sa naissance l'islam est parcouru par des tendances centrifuges gigantesques. Finalement, on se rend compte que les provinces sont assez autonomes. Dès le Xè siècle, le calife abbasside ne contrôle que le sud de l'Irak actuel. Dans toute la zone nord, le Kurdistan, au moyen-âge, échappe au pouvoir des califes, ainsi que l'Egypte, qui malgré son islamisation et son arabisation précoces, a toujours su maintenir une autonomie culturelle et politique. Il est important d'avoir ça en tête: quand on aborde le Moyen-Orient, on a trop tendance à dire que dès lors que ce sont des populations musulmanes, elles ont une unité. Ce n'est pas vrai quand on regarde la construction des structures de pouvoir. (…) On a des pays, des empires, qui se comportent déjà en puissances, et n'ont pas forcément en tête uniquement l'aspect religieux. On a trop tendance à dire: l'Arabie Saoudite est wahhabite, sa géopolitique est wahhabite, l'Iran est chiite, sa géopolitique est chiite. Dès le XVIè siècle, toutes ces puissances jouent sur plusieurs cordes pour développer une stratégie qui leur est propre et n'est pas forcément que religieuse. »

Imposer un système culturel?

« La longue histoire nous apprend qu'il y a une très grande fragilité de tous les systèmes importés de l'extérieur. Même l'unification par la religion musulmane n'a pas réussi à dépasser 50 à 80 ans de pérennité, de stabilité des frontières. Dès le IXè siècle apparaissent les tendances centrifuges. Quel que soit le système que vous abordez, une géopolitique, une idéologie extérieure: l'hellénisme, la romanisation, le 'grand Moyen-Orient', la démocratie, vous n'avez que quelques dizaine d'années devant vous avant de voir les prémisses d'une fracture. C'est ce que nous avons vu avec l'idéal d'une société démocratique qui s'est manifesté en 2011. Mais peu à peu, les forces locales l'emportent et jouent leur propre partition. »

Revoir Sykes-Picot?

« Il est dangereux de dire l'Irak et la Syrie n'existent pas car les frontières ont été tracées de l'extérieur. N'imaginons pas redécouper ces pays. (…) Aujourd'hui vous avez des structures politiques qui existent. Toutefois, il faut prendre en compte les complexités des sociétés, irakienne, syrienne. Il faut conserver leurs frontières quitte à proposer différents degrés d'allégeance, tout en maintenant l'unité administrative. Le système fédéral est typiquement occidental, cela signifierait des référendums. Peut-être faut-il accepter cette complexité. »

Printemps arabe?

« On a confondu l'appel à la dignité, ou à l'humanité au sens de ‘je suis un homme digne de respect', cette conception orientale. Nous l'avons confondue avec l'appel à une démocratisation. L'avons-nous confondu parce qu'on la comprenait mal ou parce que cela nous arrangeait bien, c'est une autre question! »

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Nieuw verschijnsel in Duitsland: intellectuelen die openlijk zeggen ‘rechts’ te zijn

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Götz Kubitschek thuis in zijn werkkamer, Duitsland © Sven Doring / Agency Focus / HH

Nieuw verschijnsel in Duitsland: intellectuelen die openlijk zeggen ‘rechts’ te zijn

Duitse ondergangsdenkers

‘Alleen barbaren kunnen zich verdedigen’

Een nieuw verschijnsel in Duitsland: intellectuelen die openlijk zeggen ‘rechts’ te zijn, rechtser dan de CDU, wat tot voor kort taboe was. ‘Ik voel dat echt, de ondergang van de Duitse cultuur.’

Laat het duidelijk zijn, zegt filosoof Marc Jongen, leerling van Peter Sloterdijk en over drie weken hoogstwaarschijnlijk politicus voor de AfD in het Duitse parlement: ‘We bevinden ons in een cultuurstrijd, met ons eigen overleven als inzet.’ Zacht, bedachtzaam spreekt de 49-jarige Jongen op dit terrasje in het rustieke Karlsruhe. Ver weg lijken de woedende leuzen die de aanhangers van zijn partij, de Duitse variant van de Nederlandse pvv en het Franse Front National, op bijeenkomsten scanderen, tegen Angela Merkel, tegen haar vluchtelingenbeleid. Maar, zegt Jongen: ‘Ik voel dat echt, de ondergang van de Duitse cultuur. We kunnen er nu nog iets tegen doen.’

Het is snel gegaan. Jongen was de afgelopen jaren een onbekende docent filosofie op de Hochschule für Gestaltung, even verderop. Hij schreef zijn proefschrift bij Peter Sloterdijk, Duitslands bekendste levende filosoof en tot 2015 rector van de HfG, onder de zeer academische titel Nichtvergessenheit: Tradition und Wahrheit im transhistorischen Äon (2009). Enkele jaren was hij ook Sloterdijks assistent.

Alles werd anders in 2013, toen Jongen als reactie op Merkels Europa-beleid besloot zich bij de Alternative für Deutschland te melden. Inmiddels is hij woordvoerder van de partij in de deelstaat Baden-Württemberg en wordt hij in de Duitse media groots als de ‘partijfilosoof van de AfD’ betiteld. Hij werkt aan een boek, dat de cultuurfilosofische basis van zijn politieke werk moet leveren, natuurlijk over de dreigende ‘ondergang van de Duitse cultuur’. Door zijn hoge plaats op de landelijke lijst denkt hij zeker te zijn van een plek in de Bondsdag. In de peilingen staat de AfD tussen de acht en tien procent. Ook diverse schandalen hebben dat niet veranderd, zoals net nog de uitspraak van partijleider Alexander Gauland over een Turks-Duitse staatssecretaris die wat hem betreft wel in ‘Anatolië entsorgt kon worden’, omdat ze gezegd had dat de Duitse cultuur op de taal na niet bestaat – Gaulands woordgebruik was volgens veel commentatoren ontleend aan het nazisme.

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Voor Nederlandse begrippen is dat percentage niet opzienbarend, maar voor Duitsland is het een harde breuk met de strengste ongeschreven regel van het parlement sinds de oprichting in 1949: een partij ‘rechts van de cdu’ dient, na de ervaring met het nationaal-socialisme, boven alles vermeden te worden.

Dat het nu anders loopt, heeft direct te maken met de vluchtelingencrisis van 2015, zegt Jongen, dat ‘trauma’ voor de hedendaagse Duitse samenleving: ‘Het binnendringen van cultuur-vreemde mensen was een psycho-politieke geweldsdaad, als in een oorlog.’ Maar in plaats van dat de Duitse politiek de burgers ertegen beschermde, bespeurt hij eerder een vorm van ‘resignatie’. Anderen moeten daarom de verdediging van Duitsland op zich nemen, zoals hijzelf, al is hij pas sinds 2011 Duits staatsburger. Hij is opgegroeid in Duitstalig Zuid-Tirol, was van moederszijde half Italiaans, van vaderszijde Nederlander.

Jongen past bij een nieuw fenomeen in de Duitse openbaarheid: een intellectueel die openlijk zegt ‘rechts’ te zijn, een bekentenis die nog geen drie jaar geleden onmogelijk zou zijn geweest. Je zou hen de Thierry Baudets van Duitsland kunnen noemen, of een vorm van Duitse alt-right, maar al deze varianten hebben zo hun eigen tradities, woordgebruik en gevoeligheden.

Een paar maanden geleden hield Jongen een lezing bij het ‘Instituut voor Staatspolitiek’ in het Oost-Duitse dorpje Schnellroda. Dit ‘instituut’ is in feite een soort huiskamerinitiatief dat afgelopen jaren is uitgegroeid tot het symbolische trefpunt van allerlei Duitse publicisten en activisten die zich ‘nieuw-rechts’ noemen. De bijeenkomsten worden georganiseerd door Götz Kubitschek, uitgever, publicist, officier van de Bundeswehr-reservisten, en zijn vrouw Ellen Kositza, publicist en zelfverklaard ‘rechts feministe’. Hun levensstijl hebben ze volledig aan de eigen cultuurtheorie aangepast. Het zijn zelfverzorgers, ze hoeden geiten en verbouwen groenten. Ze hebben zeven kinderen, die ‘oud-Germaanse namen’ als Brunhilde dragen, zoals het groeiend aantal media dat over het paar bericht niet nalaat te vermelden.

Kubitschek is al vijftien jaar actief, eerst als auteur, daarna als uitgever, Pegida-spreker en AfD-ondersteuner. Maar pas deze zomer beleefde hij zijn nationale finest hour, al hielp het toeval ook een handje mee. Een Spiegel-journalist plaatste als jurylid het boek Finis Germania, ‘Het einde van Duitsland’, op een eerbiedwaardige landelijke lijst van ‘boeken van de maand’. Het boek is geschreven door de historicus Rolf Peter Sieferle, en uitgegeven door Kubitschek.

Sieferle, die in 2016 stierf, gold tot voor kort als een gerespecteerd professor, historicus van de milieubeweging, van de ‘conservatieve revolutie’ in de jaren twintig, en later ook auteur over migratie. Het nagelaten Finis Germania is een verzameling notities en aforismen waarin hij de omgang van Duitsland met de eigen cultuur beklaagt, evenals de dominante positie van Auschwitz in de nationale identiteitsvorming.

Nog geen week later verwijderde de Spiegel-hoofdredactie het boek van haar eigen bestsellerlijst, waar het inmiddels op terecht was gekomen. Het zou ‘rechts-radicaal, antisemitisch en revisionistisch’ zijn. Ook ster-politicoloog Herfried Münkler beschuldigde Sieferle ervan Auschwitz te relativeren. De landelijke cultuurjournalistiek stortte zich erop, en door het schandaal kwam Finis Germania op Amazon Duitsland op de eerste plaats van best verkochte non-fictieboeken – en Schnellroda werd en masse door de pers opgezocht.

Duitsland is niet bereid, ‘zoals het voor een cultuurnatie eigenlijk logisch zou moeten zijn, het eigene te beschermen’

Een Rittergut noemen Kubitschek en Kositza hun groot uitgevallen boerderij. De term is historisch juist, maar past vooral bij de zwaarmoedig-nostalgische boodschap over de ‘naderende ondergang van de Duitse cultuur’ die men hier uitdraagt. Niet toevallig heeft Kubitschek zijn uitgeverij Antaios genoemd. Antaios is de naam van een reus uit de Griekse mythologie die, voordat hij door Hercules werd verslagen, het land van de Berbers tegen de vreemdelingen beschermde. Schrijver Ernst Jünger had in de jaren vijftig zijn tijdschrift zo genoemd.

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Met dergelijke verwijzingen echoot bij Kubitschek heel bewust een intellectuele traditie die in het openbare Duitse debat lang vergeten leek: de ‘conservatieve revolutie’ uit de jaren twintig. Hiertoe worden onder anderen auteurs als Ernst Jünger gerekend, die militarisme en een elitaire levensinstelling verheerlijkte, en Oswald Spengler met Die Untergang des Abendlandes. Ze zijn in het hedendaagse Duitsland uiterst omstreden, omdat ze de fascisten in de kaart zouden hebben gespeeld. Dit blijft nog steeds het belangrijkste argument tegen denkers die ‘conservatieve posities’ zeggen in te nemen.

In de 21ste eeuw was de politicus Thilo Sarrazin de eerste – en nog steeds de meest succesvolle – die bij de traditie van Duits ondergangsdenken aansloot. Hij constateerde de ‘afschaffing van Duitsland’ door de toename van het aantal moslims in Duitsland. Sarrazin werd in media en politiek unaniem verketterd, maar zag zichzelf als sociaal-democraat, en wees iedere band met nieuw-rechts af.

Sinds de vluchtelingencrisis is het debat echter voorzichtig losgebroken, vooral omdat het werd aangevuurd door meerdere respectabele intellectuelen. Schrijver Botho Strauß, al decennia bekennend anti-modernist, schreef een artikel over ‘De laatste Duitser’, waarin hij de ‘steeds heerszuchtiger wordende politiek-morele conformiteiten’ aanviel. Rüdiger Safranski, de gelauwerde kenner van Goethe en Schiller, keerde zich tegen het beleid van Merkel. En Peter Sloterdijk sprak van ‘Überrollung’ van Duitsland door de vluchtelingen en noemde de media een ‘Lügenäther’.

Götz Kubitschek lijkt zichzelf als een soort activistische schakel te zien tussen de Wutbürger van Pegida en de intellectueel-conservatieve traditie in Duitsland. Hij praat al even bedachtzaam als Marc Jongen, ook met een licht zuidelijk accent (Swaabs), maar kiest nog scherpere woorden. Voor Kubitschek bevindt Duitsland zich in een ‘geestelijke burgeroorlog’. De Duitsers zijn decadent geworden, schrijft hij in zijn boek Provokation (2007), ze moeten weer barbaren worden, want ‘alleen barbaren kunnen zich verdedigen’, zoals volgens hem Nietzsche gezegd zou hebben, die andere inspiratiebron van nieuw-rechts.

Alleen teksten zijn Kubitschek niet genoeg als remedie. Graag geziene gast in Schnellroda is Martin Sellner, de 29-jarige voorman van de Oostenrijkse Identitäre Bewegung. Sellner, student filosofie, is bedenker van inmiddels beruchte acties zoals de verstoring van een toneelstuk over vluchtelingen van Elfriede Jelinek in Wenen. Ook hij heeft bij Antaios een boek uitgegeven: Identitär! De Identitäre Bewegung is vorig jaar door de Duitse inlichtingendienst als ‘extreem-rechts’ ingeschaald, onder andere door haar mogelijke invloed op gewelddadige radicalen. Tot voor kort ontkenden daarom AfD’ers die nog vooruit wilden in de Duitse politiek iets te maken te hebben met het instituut van Kubitschek.

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Dat is nu voorbij. AfD’ers uit de deelstaat Saksen-Anhalt laten zich openlijk door Kubitschek adviseren en Jongen trad zonder problemen op dezelfde middag in Schnellroda op als Sellner. Sellners strijdbare taal is ook bij Jongen te horen. Een ‘avant-gardistisch conservatief’ noemt Jongen zich. Een paradox, waarmee hij wil aangeven dat hij een ‘revolutie van rechts’ beoogt, niet met geweld, maar in de mentaliteit van zijn landgenoten.

Jongen wil naar een ander tafeltje. Andere gasten op het terras zijn te dichtbij komen zitten. Hij kan dan niet meer vrij praten, is zijn ervaring. Hij wijst op de posters van de AfD in Karlsruhe, die voor het merendeel verscheurd of beklad zijn. Sterker: ook hij mag zijn mening niet eens verkondigen, meerdere keren zijn openbare debatten na protesten afgezegd. Voor Jongen is dit tekenend voor het ‘Merkel-regime’. Het intellectuele klimaat in Duitsland ziet hij als ‘onder een dictatuur in de twintigste eeuw’ – een links-liberale dominantie. Net als andere AfD-politici ziet hij dat als een gevolg van een ‘door 68’ers besmet Duitsland’. De sluipende verlinksing van het land eind jaren zestig is geculmineerd in een ‘conservatieve kanselier die radicaal-linkse beslissingen heeft genomen’.

Toen de AfD in 2016 op vijftien procent in de peilingen stond, klopten links-liberale bladen als Die Zeit en de Süddeutsche Zeitung toch gefascineerd bij hem aan voor uitgebreide interviews. Maar die opening is nu, vlak voor de verkiezingen, weer gesloten, meent Jongen: ‘Juist omdat ik genuanceerd ben, word ik van “geraffineerde demagogie” beschuldigd. Maar men wordt slechts boos op de brenger van de slechte boodschap.’ De kiezers in Duitsland leven volgens hem in een ‘illusie’ dat alles wel goed komt. Het land is een ‘Lethargocratie’ geworden, citeert hij zijn voormalige chef Sloterdijk. De shock van de vluchtelingen dringt daardoor niet in de bewuste regionen door. Over hun integratie wordt in de Duitse politiek en media niet eens meer gedebatteerd.

De stilte sterkt Jongen in zijn diagnose. Veel Duitsers lijken zelfs ‘blij te zijn dat hun Duits-zijn wordt uitgewist’, zegt hij. Duitsland is niet meer bereid, zegt hij, ‘zoals het voor een cultuurnatie eigenlijk logisch zou moeten zijn, het eigene te beschermen en te verdedigen, veel meer stelt men in een overdreven, neurotisch humanitarisme het vreemde tegenover het eigene’.

‘Multiculturalisme schept een machtsvacuüm, en dat zou betekenen dat de sterkste de macht kan grijpen: de islam’

Hij heeft er een filosofisch woord voor. Duitsland heeft naast ‘logos’ en ‘eros’ ook ‘thymos’ nodig. ‘Thymos’, ook een begrip van Sloterdijk, kun je negatief met ‘woede’ vertalen, maar ook met ‘zelfbewustzijn’ en ‘trots’. Het Duitse gebrek hieraan is een gevolg van het schuldcomplex van de holocaust. Bij zijn lezing in Schnellroda stelde Jongen daarom voor dat ‘het land aan een training wordt onderworpen die de thymos weer op peil brengt, die noodzakelijk is om te overleven’.

Vandaag op het terrasje zegt hij het meer politiek: Duitsland moet een ‘Leitkultur’ voorop stellen, in plaats van ‘multiculturalisme’. ‘Multiculturalisme schept een lege ruimte, een machtsvacuüm, en dat zou betekenen dat de sterkste de macht kan grijpen: de islam, die politieke religie.’ Zijn voorbeelden: in sommige Duitse schoolkantines wordt geen varkensvlees meer aangeboden, vanwege islamitische leerlingen; de kerstmarkt in het multiculturele Berlijn-Kreuzberg heet geen kerstmarkt meer, maar ‘wintermarkt’.

Eigenlijk had Jongen voor het gesprek over de Leitkultur een oer-Duits ‘Gasthaus’ voorgesteld, met Maultaschen-soep op het menu en genoemd naar een grote historische zestiende-eeuwse Duitser. Maar het Gasthaus bleek op zondag dicht, alleen de Italiaan op de hoek (met Poolse bediening) blijkt open. Geeft niet, zegt Jongen – culinaire versmelting, hard werkende migranten, dat is allemaal het probleem niet – een ‘kitschige situatie’ wil hij niet scheppen. Europa heeft altijd een ‘fascinatie voor het exotische’ gehad, hijzelf heeft dat ook, hij heeft zich in Sanskriet verdiept, hij was in India. ‘Maar na de uitstapjes naar het vreemde moet je ook weer terug naar het eigene kunnen komen.’ Er is een punt bereikt waar het evenwicht weg is. ‘Het eigene wordt weggedrukt door te veel vreemde invloeden.’

Hoewel meerdere cdu-politici precies hetzelfde zeggen, heeft de cdu volgens Jongen alleen maar een ‘verwaterde’ opvatting van Leitkultur in de aanbieding. De AfD is compromislozer, vindt hij, vooral ten opzichte van de islam, die volgens hem niet, zoals Merkel vindt, ‘bij Duitsland hoort’. Jongen zegt zich niet per definitie met de aanpak van Geert Wilders – of Donald Trump – verwant te voelen, maar wel wat betreft de posities tegenover de islam.

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Wat die ‘Duitse cultuur’ dan wel precies is, blijkt minder makkelijk te formuleren. Jongen noemt westerse ‘man-vrouw-verhoudingen’ en ‘christendom’. Maar dat is natuurlijk niet typisch Duits. ‘Auschwitz is de kern van de Duitse identiteit’, zei Joschka Fischer ooit. Het is dan ook precies dit heetste hangijzer van de Duitse geschiedenis dat de AfD ‘ruimer’ wil gaan zien. De nationale identificatie is te veel op dit ene moment blijven steken, zegt Jongen. Niet meer iedere schoolklas moet naar een concentratiekamp op bezoek. In Zuid-Tirol leerde hij op school toch ook gewoon over Auschwitz, zonder dat men zich daar zélf schuldig over hoefde te voelen? De blik op de Duitse geschiedenis moet breder worden. Met andere woorden: een positief zelfbeeld moet voorop komen te staan, ‘want zonder dat is iedere integratie van migranten onmogelijk’.

Nog specifieker over de ‘Duitse cultuur’ werd Jongen onlangs op een lezing voor AfD-aanhangers in Karlsruhe: ‘Duitsland is geen land voor iedereen, maar van het Duitse volk’, zei hij daar. In het AfD-partijprogramma wordt dit concreet: niet iedereen mag van de AfD meer zomaar Duitser worden. De partij wil de soepele Duitse regeling rond het staatsburgerschap uit 2000 terugdraaien. Afstamming van Duitse ouders wordt weer bepalend of je bij het Duitse volk hoort. En, als het aan politici als Gauland ligt, kunnen burgers ‘mit Migrationshintergrund’ met een gebrek aan respect voor die cultuur ook het land worden uitgezet.

De theorie van nieuw-rechts steunt hiermee op oude begrippen, zoals Die Zeit onlangs schreef: ‘gemeenschap’ staat tegenover ‘samenleving’, ‘natie’ tegenover ‘globalisering’ en het diepe ‘Kultur’ tegenover het oppervlakkige ‘Zivilisation’. Maar Jongen haast zich erbij te zeggen dat het niet, zoals bij ‘oud-rechts’, om ‘nationalisme’ gaat dat superioriteit tegenover anderen impliceert, maar om ‘patriottisme’.

Met deze cultuuropvatting past de AfD goed bij andere nieuw-rechtse bewegingen. Het oorspronkelijk Franse begrip ‘etnopluralisme’ wordt hierbij vaak aangehaald. ‘Etnopluralisme betekent dat we de culturele uitdrukking van de anderen waarderen, en niet van plan zijn op de een of andere manier missionarisch, bepalend of vormend te willen zijn’, zegt Götz Kubitschek in een interview. ‘Deze houding impliceert dat men hoopt dat de anderen ook etnopluralistisch zijn en ons met rust laten.’ Maar al is vermenging aan de grenzen van culturen mogelijk, zegt Kubitschek, die zelf afstamt van Poolse migranten uit de negentiende eeuw, het is niet nastrevenswaardig.

De nieuw-rechtse denkers zelf menen dat er na een tijd van linkse dominantie nu een rechts tijdperk zal aanbreken. Deze herfst mag Kubitschek voor het eerst meedoen op de Frankfurter Buchmesse, dat machtige symbool van het Duitse Bildungsbürgertum. En Marc Jongen bereidt zich voor op een politiek leven in Berlijn.

Midden augustus publiceerde de linkse socioloog Thomas Wagner het boek Die Angstmacher: 1968 und die Neuen Rechten. Wagner ziet de opkomst van nieuw-rechts als een verlate reactie op de linkse revolutie van 1968. In de krochten van de nieuwe linkse debatcultuur ontstond de kiem van conservatief verzet ertegen, dat nu pas echt naar buiten is getreden. Zijn verrassing: het blijkt dat nieuw-rechts veel klassiek linkse posities en activistische vormen heeft overgenomen. Ze eisen meer directe democratie, ze zijn tegen het establishment, bekritiseren de ‘Lügenpresse’ met haar ‘politiek-correcte leugens’, ze vinden dat de vrouwenrechten te weinig verdedigd worden tegen moslimmannen. Zelfs een geheel eigen rechtse vorm van antiglobalisme speelt erin mee, waarin de regionale culturele eigenheid voorop staat, tegenover mondiaal geproduceerde eenheidsproducten. ‘Echt ecologisch zijn is altijd identitair’, vindt Kubitschek: ‘Fairtrade kiwipasta uit Bolivia is niet ecologisch. Ecologisch is als we in onze eigen regio in de winter Kraut und Schlachtplatte eten.’

Wagners boek is in korte tijd het derde Duitstalige boek over dezelfde Duitstalige sleutelfiguren van de beweging. Maar Wagner neemt als eerste publicist een andere positie in. Hij laat diverse nieuw-rechtse denkers zelf aan het woord en neemt geheel on-Duits niet de positie van waarschuwende criticus in. Hij wordt er door recensenten opvallend om geprezen. Volgens Wagner heeft Duitsland een meer democratische debatcultuur nodig, waar niet alleen al het luisteren naar een rechtse gedachte als een ‘capitulatie voor het slechte’ moet worden gezien. En ondertussen blijkt het met de rechtse revolutie zo’n vaart nog niet te lopen, zegt hij.

Politiek gezien is in Duitsland bij de komende verkiezingen een Amerikaanse situatie immers ondenkbaar. De komst van de AfD in het parlement lijkt eerder een conservatieve correctie van Merkels ‘linkse’ koers van de afgelopen jaren dan een politieke aardverschuiving. Meedoen in het debat blijkt iets anders dan het te bepalen. Voor Marc Jongen is het niet genoeg. Duitsland moet van de basis af opnieuw gestructureerd worden, en de AfD moet de ‘parlementaire steun’ van de nieuwe beweging worden, met als direct doel de cdu, en daarmee het midden van Duitsland, grondig ‘om te polen’. Voordat het te laat is.

Israël face à l'Iran

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Israël face à l'Iran

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Nous avons indiqué dans un article du 07/09 « Libération de Deir Ezzor. Perspectives pour l'EI » 1) que les forces syriennes soutenues par l'Iran, le Hezbollah et l'aviation russe allaient prochainement être confrontées aux forces de la coalition arabo-kurdes (SDF) soutenues par l'armée américaine à l'est de la province syrienne de Deir Ezzor.

Ces deux coalitions combattent l'Etat islamique EI auquel elles ont infligés de nombreuses pertes, mais elle visent également à contrôler les réserves pétrolifères à l'est de Deir Ezzor, encore aux mains des combattants islamiques.

Depuis la coalition syrienne s'est efforcée d'occuper la route stratégique Deir Ezzor -Damas. Ceci signifie qu'elle n'est plus séparée de la SDF que par une bande large de 15km autour de l'Euphrate.

Les djihadistes tiennent toujours une partie de Deir Ezzor et de sa banlieue, ainsi que des poches de territoires près de Homs et de Hama à l'ouest. De là ils peuvent procéder à de petites contre-offensives. Plus préoccupant est le fait que la SDF n'a pas encore réussi à s'emparer entièrement de Raqqa, dont l'EI avait fait sa capitale. Elle aurait très certainement pu le faire en y concentrant toutes ses forces, plutôt que se disperser vers Deir Ezzor. Pourquoi ne pas l'avoir fait.

La responsabilité des Etats-Unis

La réponse paraît évidente. Les Etats-Unis ont apparemment renoncé à renverser Bashar al Assad ou à en éliminer les bases militaires russes, mais ils refusent toujours de laisser celui-ci dominer l'ensemble de la Syrie. Il faut se demander pourquoi ils continuent à mener une guerre qui pourrait paraître sans espoir à terme.

La raison en est qu'outre l'accès aux territoires pétrolifères, les Américains n'ont pas renoncé à une présence sur la frontière Iraco-Syrienne le long de l'Euphrate et plus au sud dans les régions est et sud-est de la Syrie. Or sur ces territoires, la Syrie pourrait établir un pont terrestre permettant de relier Damas à Téhéran via Bagdad en Syrie. Ce pont serait nécessairement un pont chiite dont la perspective fait très peur aux alliées musulmans sunnites de l'Amérique. Mais surtout ce sera un pont permettant d'augmenter considérablement l'influence de l'Iran au Moyen Orient. Celle-ci est en passe en effet de devenir une puissance régionale dominante. Comme jusqu'à ce jour, malgré quelques tensions, elle est restée l'alliée de la Russie, cette perspective signifierait un nouveau recul, peut-être définitif, de l'influence américaine. Washington fera donc beaucoup d'efforts pour combattre le renforcement de Téhéran.

Un autre facteur, plus important encore, joue. Pour les Kurdes alliés jusqu'à ce jour des Etats-Unis, et surtout pour Israël, une influence accrue de l'Iran, éventuellement capable de devenir une puissance nucléaire, est déjà considérée comme une menace considérable. Israël n'a pas beaucoup de moyens militaires, hors l'arme atomique, pour contrer une éventuelle offensive iranienne de grande ampleur. L'éventualité en parait aujourd'hui très improbable, mais Tel Aviv se fait fort afin de survivre de prévoir à long terme.

Aussi aux Etats-Unis le « lobby juif » dit Aipac exerce de fortes pressions pour que les Etats-Unis ne permettent pas la mise en place de ce pont chiite sous contrôle de l'Iran. Directement, Israël multiplie les pressions sur Washington pour qu'il ne cède rien au front syro-irako-iranien et qu'il le fasse savoir à Moscou.

Il est dommage qu'Israël n'adopte pas de positions diplomatiques plus subtiles que celles consistant à s'abriter exclusivement sous le parapluie militaire américain. Beaucoup de pays non-musulmans considèrent que sa survie face à la montée inexorable, ne fut-ce qu'en termes démographiques, de 300 millions de musulmans tentés par le djihad serait essentielle. C'est le cas des pays européens, de l'Inde et aussi, dans une large mesure, de la Russie. Ces divers pays seraient près à jouer de leur influence auprès de l'Iran pour qu'en aucun cas celle-ci n'essaye, comme un ayatollah l'avait dit il y a quelques années, de « rayer Israël » de la carte.

Mais des opérations militaires telles que le raid israélien, mené il y a quelques jours, contre les usines militaires syriennes à Masyaf, au prétexte que celles-ci continueraient à fabriquer des armes chimiques, ne paraissent pas une bonne façon de dialoguer avec Damas, Bagdad et surtout Moscou.

NB

Sur la question, non abordée dans cet article, concernant les relations complexes entre Kurdes, Américains, Syriens et Russes, on pourra lire un excellent article daté du12/09, signé par Adam Garrie dans The Duran
http://theduran.com/syria-turkey-and-the-kurds-a-devils-t...

1) Voir http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2680...

 

mardi, 12 septembre 2017

Géopolitique du blé : un produit vital pour la sécurité mondiale

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Géopolitique du blé : un produit vital pour la sécurité mondiale

 
 
Sébastien Abis est administrateur au Secrétariat général du CIHEAM, chercheur associé à l'IRIS. Il répond à nos questions alors qu'il présentera son ouvrage “ Géopolitique du blé, un produit vital pour la sécurité mondiale” dans le cadre du colloque “Le blé, enjeux géopolitiques et diplomatie économique” organisé par l’IRIS et l’AGPB le jeudi 18 juin 2015 : - Le colloque organisé par l'IRIS le jeudi 18 juin sera l'occasion de discuter des enjeux géopolitiques du blé. Quels sont-ils ? Dans quelle mesure cette céréale est-elle déterminante pour la sécurité mondiale ? - Vous consacrez une partie de votre ouvrage à la "géohistoire d'un grain au cœur du pouvoir". En quoi le blé a-t-il contribué à l'histoire du monde ? - Dans quelle mesure les matières premières agricoles, et notamment le blé, sont-elles révélatrices des tensions et des compétitions entre les États ?
 

"L'Arabie saoudite, pays géniteur du radicalisme"

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"L'Arabie saoudite, pays géniteur du radicalisme"

VIDÉOS. Ancien haut fonctionnaire à la Défense, Pierre Conesa explique comment notre grand allié a diffusé son islam ultra-rigoriste dans le monde.

Propos recueillis par et Pauline Tissot
Ex: http://www.lepoint.fr

C'est un tabou français que Pierre Conesa tente de briser. Grande alliée (et argentier) de la France au Moyen-Orient, la richissime Arabie saoudite possède sa face sombre : soixante ans d'une diplomatie religieuse qui a exporté en catimini dans le monde entier son « wahhabisme », version la plus rigoriste et intolérante de l'islam sunnite, qui a inspiré les pires djihadistes d'Al-Qaïda comme de Daech. Ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, Pierre Conesa s'est livré dans Dr. Saoud et Mr. Djihad* à une enquête passionnante et inédite sur les rouages de ce prosélytisme d'État adoubé à Paris comme à Washington. Des secrets explosifs sur le véritable géniteur du radicalisme sunnite.

Le Point.fr : Vous parlez de mensonge d'État à propos du 11 Septembre et du rôle de l'Arabie saoudite. Mais la récente déclassification des 28 pages polémiques n'a-t-elle pas dédouané l'Arabie saoudite ?

Pierre Conesa : La déclassification de ces 28 pages, quinze ans après le 11 Septembre, prouve qu'un certain nombre des auteurs des attentats ont été en contact avec des diplomates saoudiens et des familles proches de ceux-ci qui les ont logés et entretenus. Et puis il y a une évidence. Sur les dix-neuf terroristes du 11 Septembre, quinze étaient saoudiens. Or, le discours de George W. Bush en janvier 2002 consiste à accuser l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord, alors qu'il n'y a aucun Iranien, aucun Irakien et aucun Nord-Coréen dans le groupe terroriste. De la même façon, les Saoudiens constituaient le plus gros contingent aux côtés des Afghans lors du conflit contre les Soviétiques dans les années 1980, et ils fournissent le plus gros lot de djihadistes étrangers à Daech aujourd'hui. C'est donc qu'il existe quelque part une matrice idéologique – le wahhabisme – qui explique aujourd'hui une grande partie des crises et des actes terroristes qui frappent la planète.


Pierre Conesa : « La diplomatie religieuse... par LePoint

Mais existe-t-il un lien direct entre le financement du djihad et l'Arabie saoudite ?

Le système saoudien est une sorte de soft power américain avec une multiplicité d'intervenants qui vont de la politique publique aux grandes fondations privées et aux universités islamiques : une conjonction d'acteurs qui permet toujours au pouvoir saoudien de prétendre qu'il n'était pas au courant. Et c'est vrai, car dans un pays où le budget du roi et celui de l'État ne sont pas vraiment séparés, on peut toujours prétendre qu'il existe quelqu'un aux intentions moins louables et dont les agissements ne sont pas connus du roi. Ainsi, lorsque les Américains ont mis en garde les Saoudiens sur le financement du terrorisme après le 11 Septembre, ils ont eux-mêmes listé 265 organisations dont il fallait tarir ou interdire l'activité ! Mais, d'après moi, le financement du terrorisme me paraît être un second problème. Parce qu'un attentat terroriste ne coûte rien. Les attentats du 11 Septembre n'ont coûté que 11 000 dollars et on estime qu'ils ont fait 40 milliards de dollars de dégâts entre effets directs et indirects. La question importante à mon sens est celle de l'idéologie.

En quoi l'idéologie saoudienne inspire-t-elle les terroristes ?

L'Arabie saoudite possède également un côté soviétique. Les Saoudiens ont formé à peu près 25 000 personnes à l'université islamique de Médine, qui est l'équivalent saoudien de l'université soviétique Lumumba, et qui diffuse une idéologie totalitaire : le wahhabisme, ou salafisme. Un théologien musulman français m'a dit un jour que le wahhabisme était la version la plus sectaire, la plus raciste, la plus antisémite, la plus homophobe, et la plus misogyne de l'islam. À la différence des autres universités islamiques dans le monde, les étudiants de Médine obtiennent des bourses, sont logés et entretenus, à la condition de retourner chez eux pour faire de la prédication, donc de la propagande, comme à l'époque des commissaires politiques de l'université soviétique Lumumba. D'après mes chiffres, 30 000 personnes ont été formées dans ces universités islamiques saoudiennes. On va les retrouver dans toute la bande sahélienne, au Mali, au Niger, en République centrafricaine. Chaque année, les Saoudiens dépensent 7 à 8 milliards de dollars pour leur diplomatie religieuse, soit autant que pour leur diplomatie de défense ! C'est à peu près deux fois plus que l'URSS à la belle époque.

Mais n'y a-t-il tout de même pas une différence entre le salafisme, qui est quiétiste, et le djihadisme ?

Pas à mon sens. Lorsque vous avez un discours raciste, antisémite, vous légitimez d'une certaine manière la violence. En France, on réprime les propos antisémites, racistes, sectaires. Or, en Arabie saoudite, vous avez une idéologie qui reprend exactement tous ces mots en la légitimant par la religion. L'étude qu'a faite Antoine Sfeir sur les manuels wahhabites est d'ailleurs extrêmement claire. Dans les programmes scolaires wahhabites, on n'apprend pas Freud, Marx ou Darwin, mais l'antisémitisme et la dénonciation des autres religions… On est dans le système de l'intolérance absolue. Vous préparez littéralement des citoyens à basculer tout à coup dans la violence, parce que vous estimez que les « mécréants », terme utilisé par les salafistes pour désigner les autres croyants, sont des individus de seconde zone. Pour moi, le salafisme quiétiste est une préparation psychologique à la violence.

Mais l'idéologie djihadiste n'est-elle pas un mélange de salafisme et de théories révolutionnaires des Frères musulmans ?

L'identité islamiste a été constituée par plusieurs mouvances qui ont justifié par différents propos le passage à la violence. Saïd Qotb, qui est souvent celui qui est cité comme le légitimateur de la violence, la concevait surtout contre les régimes arabes qui, d'après lui, se prétendaient musulmans mais n'appliquaient pas le Coran. Par la suite, il y a eu la justification du djihad contre les Soviétiques auquel nous, Occidentaux, avons nous-mêmes adhéré, puisqu'on pensait que les ennemis de nos ennemis ne pouvaient être que nos amis. Aujourd'hui, la défense de la terre de l'islam est légitimée par tous les théologiens, quelle que soit leur mouvance. Cela a été le cas après l'intervention américaine en Afghanistan, en Irak… Il y a donc eu un processus de légitimation progressive de la violence.

Comment expliquer ce conservatisme religieux en vigueur en Arabie saoudite ?

Il faut revenir au pacte originel entre Mohammed Ibn Saoud, patriarche de la dynastie Saoud, et l'imam ultraconservateur Mohammed Abdelwahhab, scellé en 1744, et qui est à l'origine du premier État saoudien. À cette époque, Abdelwahhab a utilisé le terme de djihad pour que les Saoud puissent conquérir le territoire d'Arabie contre les autres tribus. L'imam a également appelé au djihad pour lutter contre l'Empire ottoman. Ainsi, le djihad est-il constitutif de l'identité nationale saoudienne. Dès le départ, l'Arabie saoudite est un système à deux pieds, avec, d'un côté, la famille Saoud (la dynastie en place) et, de l'autre, le corps des oulémas (théologiens), dirigé par la famille al-Shaikh, c'est-à-dire les descendants d'Abdelwahhab. En échange du pouvoir, ceux-ci régissent la société saoudienne, ainsi que l'action extérieure du pays. Le problème est que les Saoudiens ont à plusieurs reprises sollicité les Occidentaux – des « mécréants » – pour défendre leur régime, que ce soit en 1979 lors de l'occupation de la Grande Mosquée de la Mecque (par des islamistes radicaux, NDLR) ou en 1991 lors de l'invasion du Koweït par Saddam Hussein. À chaque fois, les oulémas les plus radicaux sont montés au créneau pour dénoncer une « invasion de croisés » en terre d'islam. Pour se légitimer, le régime Saoud a donc obtenu des oulémas une justification théologique. En contrepartie, les religieux ont gagné plus de droits sur la société et la diplomatie saoudienne. En 1979, les gendarmes français du GIGN ont même été convertis à l'islam pour libérer la Grande Mosquée des étudiants islamistes radicaux qui dénonçaient la corruption du régime ! On voit ici résumée toute l'hypocrisie du système saoudien. En Arabie saoudite, c'est « la violence ailleurs, mais touche pas à mon prince ».

Comment l'Arabie saoudite a-t-elle procédé pour exporter le wahhabisme ?

Outre la formation d'imams étrangers dans ses universités, l'Arabie saoudite s'est appuyée sur des organisations religieuses. C'est notamment le cas de la Ligue islamique mondiale, créée à l'époque de Nasser. Ce leader arabe possédait un discours très critique à l'égard des pays du Golfe et brandissait le panarabisme. En réaction, l'Arabie saoudite a prôné le panislamisme, dont le vecteur porteur a été la Ligue islamique mondiale. Il s'agit d'une ONG, toujours dirigée par un Saoudien, qui porte une conception wahhabite de l'islam, et dont les financements sont très opaques. Sous le couvert de la défense des musulmans et de la construction de mosquées, la Ligue islamique mondiale a souvent été le faux nez de l'action saoudienne à l'étranger. Or, l'Arabie saoudite étant un pays allié combattant à l'époque la « laïcité » soviétique, l'Occident a laissé faire.

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L'Arabie saoudite est-elle, comme on peut l 'entendre, à l 'origine de la création de Daech ?

Pas du tout. L'Arabie saoudite n'a pas créé Daech. En revanche, elle a créé le salafisme, qui en est le géniteur. D'ailleurs, les deux régimes décapitent tous deux massivement en public, et détestent les chiites. Lorsque Abu Bakr al-Baghdadi proclame le califat, il conteste directement les Saoud. Car ces derniers, s'ils se sont toujours autoproclamés serviteurs des lieux saints, n'ont aucune légitimité par rapport à la dynastie du Prophète. Ainsi, lorsqu'un individu comme al-Baghdadi s'autoproclame calife, il rétrograde de fait les Saoudiens. Voilà pourquoi les Saoud sont aujourd'hui dans la concurrence, et non dans la confrontation, avec Daech. C'est-à-dire qu'ils veulent délégitimer l'État islamique en montrant qu'ils sont les meilleurs défenseurs de la cause sunnite. Et donc en réprimant davantage qu'eux les chiites.

Comment expliquer qu 'un pays aussi conservateur soit notre meilleur allié au Moyen-Orient ?

En Occident, on nous rappelle sans cesse que ce pays est notre ami, ainsi que notre meilleur client, et il existe une sorte de tabou dans la critique de l'Arabie saoudite. Or, j'estime que nos intérêts commerciaux ne doivent pas primer la sécurité de nos concitoyens. Il est d'ailleurs intéressant de noter que cela fait vingt ans que l'on nous parle d'une prévision de dix milliards de dollars de contrat avec le royaume. Or, cela ne reste que de la prévision. Certains contrats se réalisent, d'autre pas. Mais cela ne peut être en aucun cas le raisonnement d'une stratégie diplomatique dont les effets sécuritaires sont aussi dramatiques que ceux que l'on connaît aujourd'hui. Pendant des années, on leur a vendu des armes, qu'ils n'ont jamais utilisées… jusqu'à la guerre au Yémen (depuis mars 2015), où l'on constate leur absence totale de retenue en ce qui concerne les dommages collatéraux. Entre le radicalisme chiite et le radicalisme sunnite, nous n'avons pas à choisir. Or, nous l'avons fait.

Pourquoi les Saoudiens ne sont-ils pas davantage impliqués dans la coalition contre Daech ?

En effet, dès qu'ils sont intervenus au Yémen, l'Arabie saoudite et les autres pays arabes ont retiré tous leurs avions de la coalition contre Daech. Pourquoi l'Arabie saoudite a-t-elle mobilisé toute son aviation au Yémen, qui n'est pourtant pas sa menace principale ? Comment expliquer que nous, Occidentaux, sommes les seuls aujourd'hui à combattre l'État islamique ? Aujourd'hui, nous avons du mal à définir qui est notre ennemi. Notre ennemi, c'est le salafisme, dont Daech est une application pratique. Mais le géniteur, le docteur Frankenstein, c'est l'Arabie saoudite. Et nous sommes dans la position schizophrénique où l'on combat le radicalisme tout en protégeant son géniteur. Or, dans le roman de Mary Shelley, le monstre disparaît avec son créateur.

* "Dr. Saoud et Mr. Djihad : la diplomatie religieuse de l'Arabie saoudite" est paru aux éditions Robert Laffont.

lundi, 11 septembre 2017

Homenaje a Philippe Muray

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Homenaje a Philippe Muray

Ex: http://www.geopolitica.ru

Juzgado desde el punto de vista del pensamiento, Philippe Muray (1945-2006) fue un escritor y ensayista francés que, más allá de novelas, obras de teatro y otras yerbas, escribió dos libros liminares que valen la pena de ser leídos: el Imperio del Bien (1991) [1]y Festivus, Festivus (2005). Este último es una serie conversaciones de junio de 2001 a diciembre de 2004.

En el Imperio del Bien realiza como lo hicieran antes que él, Kart Lowith[2], Eric Voegelin[3] o nuestro Julio Meinvielle[4], la genealogía de la modernidad mostrando como el ocultismo, o mejor la gnosis, es la base irracional de Las Luces y la Ilustración.

Festivus, Festivus, se puede resumir así: “La ridiculización del mundo tal como va es una disciplina que está aun en pañales. Reírse de este universo lamentable, en el cual el caos se equilibra con el canibalismo y la criminalización, entre fiesta continua y la persecución, es la única manera hoy de ser rigurosamente realista”.

En Exorcismos espirituales se pregunta: “Quién es el enemigo: el mundo contemporáneo y su homegeneización totalitaria. Ningún entendimiento con él es posible”. Encontramos allí la crítica más profunda a la teoría del multiculturalismo. La matriz ideológica de lo contemporáneo en sí mismo es la indiferencia ontológica que se manifiesta en la abolición del conflicto entre el Mal y el Bien, entre identidad y diferencia, que termina con la absolutización de “lo Mismo”, exterminando a lo Otro. La ideología de “lo Mismo” termina anulando las diferencias esenciales entre hombre-animal, naturaleza –cultura, saber-ignorancia, masculino-femenino, orden natural-orden simbólico, sagrado-profano, niño-adulto, fuerza-violencia, ser-ente, nación-conglomerado, pueblo-gente.

El homo festivus termina festejando la fiesta en una frivolidad aterradora, borrando su fundamento teológico que es el culto, como lo mostraron Joseph Pieper y Otto Bollnow, entre otros.

En el fondo de este razonamiento se halla “un catolicismo de combate” como muy bien señala Paulin Césari, quien estudió su pensamiento en profundidad.[5]

Como afirmó el filósofo Jean Baudrillard en sus exequias: “Con Philippe Muray desparece uno de los raros, de los muy raros conjurados de esta resistencia subterránea y ofensiva al “Imperio del Bien”, a esa pacificación grotesca del mundo real, a todo aquello que procede de la hegemonía mundial”.

[1] En castellano tiene dos obras editadas por la editorial española El imperio del bien en 2013 y Querido Yihadistas en 2010. Además están los trabajos del joven Rodrigo Agulló o Adriano Erriguel o como quiera que se llame, pues no se sabe si es mejicano o gallego ni su verdadero nombre, pero que valen la pena leerlos.

[2] Löwith, Kart: El hombre en el centro de la historia, Ed. Herder, Madrid, 2009

[3] Voegelin, Eric: El asesinato de Dios y otros escritos políticos, Ed. Hydra, Bs.As. 2009

[4] Meinvielle, Julio: De la Cábala al progresismo, Ed. Epheta, Bs.As. 1994

[5] Césari, Paulin: Philippe Muray, penseur catolíque, Le Figaró Magazine, 16/1/2915 

 

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dimanche, 10 septembre 2017

GLOIRES ET MISÈRES DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE ESPAGNOLE

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GLOIRES ET MISÈRES DE LA LÉGION ÉTRANGÈRE ESPAGNOLE

Ex: http://www.cerclearistote.com

À la suite du double attentat islamiste ou islamique (?) de Las Ramblas de Barcelone et de Cambrils, le 17 août 2017, les Mossos d’Esquadra (force de police de la Catalogne) ont abattu cinq terroristes. Quatre l’ont été par un même agent de la force publique, un ancien légionnaire espagnol. À cette occasion, plusieurs lecteurs m’ont interrogé sur l’origine et l’existence de la Légion étrangère espagnole corps de soldats professionnels crée il y a près d’un siècle sur le modèle de la Légion étrangère française. Voici la réponse [1].

À l’instar de son aînée française, la Légion étrangère espagnole est très tôt entrée dans la légende. Notamment, grâce au célèbre roman français de Pierre Mac Orlan, La Bandera (1931), et, plus encore, à l’adaptation de celui-ci au cinéma, quatre ans plus tard, par Julien Duvivier. Ayant rencontré un immense succès, ce film met en scène l’histoire d’un jeune homme, Pierre Gilieth (Jean Gabin), qui, accusé de meurtre, s’enfuit à Barcelone pour s’engager dans le Tercio de extranjeros (« Tercio des étrangers »). Attiré par la prime juteuse offerte à qui permettra de le capturer, l’indicateur de police Fernando Lucas (Robert Le Vigan) se lance sur les traces du présumé coupable.

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Figure au grand cœur, Pierre Gilieth s’éprend de la belle Aischa Slaoui (Annabella) qu’il épouse avec l’espoir de refaire sa vie. Mais le terrible destin ne cesse de le rattraper. Il tombe bientôt en héros sous les balles des rebelles du Rif, rédimé par son sacrifice, non sans avoir, avant de mourir, serré la main de Lucas devenu compagnon de combat. Seul survivant de la section décimée, l’ex-chasseur de prime énumère la longue liste des « morts au champ d’honneur » ; Pierre Gilieth est décoré et promu au grade de caporal à titre posthume.

Julien Duvivier avait obtenu l’autorisation et l’aide du gouvernement de la République espagnole pour réaliser ce film. Plusieurs scènes furent tournées sur le territoire du Maroc sous protectorat espagnol, en particulier près du quartier général de la Légion. Deux détails anodins éclairent, d’une certaine manière, la nature des controverses dont le Tercio allait être ultérieurement l’objet : d’abord, l’apparition fugace d’un officier borgne et manchot, claire allusion à son fondateur, José Millán-Astray ; ensuite, la dédicace appuyée à son commandant de 1923 à 1926, le lieutenant-colonel Francisco Franco -, qui sera supprimée du générique au lendemain du « soulèvement national » de juillet 1936.

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À l’origine de l’épopée légionnaire espagnole il y a donc José Millán-Astray y Terreros [2], un officier cabossé et couturé de partout. Né le 5 juillet 1879, il est le fils d’un avocat et écrivain. Entré, après avoir entamé des études de droit à contrecœur, à l’Académie d’infanterie de Tolède, admis, à dix-sept ans à l’École supérieure de guerre, il s’engage comme volontaire aux Philippines où son courage et sa volonté lui valent la Gran Cruz de Maria Cristina (Grand croix de Marie Christine de Habsbourg, alors reine régente).
De retour en Espagne, le jeune José réintègre l’École de guerre dont il sort, en 1909, officier diplômé d’état-major. Capitaine puis commandant, il fait carrière dans les regulares, les troupes indigènes d’Afrique réputées pour leur combativité, notamment à la tête du 2e tabor de Larache (1915), un bataillon de goumiers marocains sous encadrement espagnol. Au Maroc, il se couvre de gloire : blessé quatre fois, il perd un bras, un œil et une partie de la mâchoire. Cela lui vaut la Médaille militaire.

L’année 1919 se révèle décisive. Tirant les leçons des échecs du contingent en Afrique du Nord et des troubles sociopolitiques qu’ils ont suscités dans la Péninsule, Millán-Astray estime que la solution réside dans la création d’un corps de soldats professionnels, sur le modèle de la Légion étrangère française. Enthousiaste, opiniâtre et persuasif, il obtient un entretien avec le ministre de la Guerre, le général Tovar, qui ordonne à l’état-major d’étudier son projet. Le haut commissaire espagnol au Maroc, le général Dámaso Berenguer, lui apporte son soutien et, le 5 septembre 1919, il part pour Alger, à la tête d’une commission chargée d’étudier le fonctionnement de la Légion française. « On nous reçut avec beaucoup d’amabilité et de camaraderie, écrira Millán-Astray dans son livre La Légion (1923). Par la suite, nous apprîmes que cet accueil si cordial était dû à la reconnaissance des Français pour l’action de notre roi en faveur de leurs prisonniers pendant la guerre européenne ». De retour le 27 octobre, il transmet son étude aux autorités madrilènes. Le 7 janvier 1920, il est nommé lieutenant-colonel et, le 28 du même mois, un décret royal crée le Tercio de Extranjeros.

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Aux XVIe et XVIIe siècles, sous les Habsbourg, les « tercios » étaient les unités d’élite de l’armée espagnole. Composés de volontaires, souvent comparés aux légions romaines et aux phalanges macédoniennes, ils assurèrent, pendant plus d’un siècle, l’hégémonie militaire de l’Espagne. C’est donc en référence à ce passé prestigieux que fut choisi le nom du nouveau corps. Crée en 1920 par Alphonse XIII et son ministre de la guerre le vicomte d’Éza, Le Tercio de Extranjeros deviendra le Tercio de Marruecos, en 1925, puis la Legión, en 1937.

C’est cependant le 20 septembre 1920, jour de l’engagement du premier légionnaire, qui sera retenu comme date de naissance officielle de la Légion étrangère espagnole. Le lieutenant-colonel Millán-Astray en prend le commandement, choisissant comme premier adjoint le commandant Francisco Franco. Comme lui, ce dernier s’est couvert de gloire en Afrique. Grièvement blessé au ventre alors qu’il était jeune lieutenant des regulares, détenteur de deux médailles militaires et décoré de la Légion d’honneur par la France, il va gravir tous les grades et devenir, à trente-trois ans, le plus jeune général d’Europe.

Franco est l’organisateur de la Légion, mais c’est Millán-Astray qui lui imprime son caractère et sa physionomie. Notamment en rédigeant un credo du légionnaire, largement inspiré du Bushido, le code d’honneur médiéval du chevalier nippon au XIIe siècle redéfini à l’aube du XXe siècle par le général Nogi Maresuke, le vainqueur de Port Arthur lors de la Première Guerre sino-japonaise (1894). À l’esprit de camaraderie et de solidarité sans condition, au culte de la bravoure et du sacrifice, s’ajoutait un souverain mépris de la mort (et non son apologie, comme on l’affirme parfois au prix d’un contresens), exprimé, notamment, par le célèbre cri « Viva la muerte ! » (« Vive la mort ! ».)

Pendant quelques mois, les hommes du Tercio entonnent une version adaptée de La Madelon. Mais très vite ils adoptent deux chants plus en accord avec leur style de vie : Le fiancé de la mort et La chanson du légionnaire. Outre un pas de défilé plus rapide que celui des autres unités — à l’inverse de leurs homologues français —, un point essentiel distingue les légionnaires espagnols : la place accordée à la religion. « Pour être un bon chevalier légionnaire, écrivait encore récemment le commandant Fernando Jorge Perez Blanca, il faut seulement être un bon chrétien et un bon Espagnol de naissance ou d’adoption ». Ainsi la Légion est-elle omniprésente lors des processions de la Semaine sainte. À cette occasion, ses hommes rendent hommage au Cristo de la Buena Muerte (Christ de la Bonne Mort) qu’ils portent tour à tour sur l’épaule ou à bout de bras, déclenchant les acclamations de la foule. Une tradition qui s’enracine au plus profond de l’histoire et de l’âme espagnole. Au XVIe siècle, le plus grand général des Tercios, l’italien Alexandre Farnèse (1545-1592), gouverneur des Pays-Bas, ami du fils de Charles Quint don Juan d’Autriche, lui-même vainqueur de Lépante, n’avait-il pas pour habitude de faire agenouiller ses soldats avant de combattre pour prier la Vierge Marie et l’apôtre Saint-Jacques, patron de l’Espagne ?

Le premier quartier du Tercio est établi sur le mont Garcia Aldave, à Ceuta. Une position occupée par l’Espagne depuis 1860 et qui lui permet de contrôler le détroit de Gibraltar. Les légionnaires s’y maintiendront jusqu’en 2008. De sa fondation, en 1920, jusqu’à la fin du conflit, en 1927, le Tercio participe à toute la guerre du Rif contre Abdelkrim. En juillet 1923, Franco – devenu entre-temps colonel — succède comme commandant au lieutenant-colonel Rafael Valenzuela (qui avait lui-même succédé à Millán-Astray), tombé à la tête de ses hommes à Tizzi Azza. Il s’illustre, en septembre 1925, lors du débarquement dans la baie d’Alhucemas, entre Ceuta et Melilla. Engageant 13 000 Espagnols, sous les ordres du général Miguel Primo de Rivera, et un petit contingent français, cette opération est une des plus célèbres de la Légion espagnole. Il s’agit aussi du premier débarquement aéronaval de l’histoire (il sera étudié lors de la préparation du débarquement de 1944 en Normandie). La part décisive qu’il y a prise vaut à Franco d’être élevé, en février 1926, au grade de général de Brigade.

Au lendemain de la chute d’Alphonse XIII et de l’avènement de la IIe République (1931), les Cortès décident de réformer l’armée afin de se débarrasser d’officiers jugés peu fiables. La fin de la guerre du Rif permet de réduire les effectifs militaires à commencer par ceux du Tercio. Une période délicate semble s’annoncer pour celui-ci. Mais, en octobre 1934, le gouvernement de la République (une coalition de radicaux et de libéraux conservateurs), fait appel aux légionnaires et aux troupes indigènes pour affronter un soulèvement révolutionnaire socialiste rapidement circonscrit aux Asturies [3]. Les 3e, 5e et 6e banderas étouffent l’insurrection. Coordonnant les opérations depuis Madrid, le général Franco apparaît alors comme le défenseur de la légalité, le « sauveur de la République », face aux factieux d’un parti socialiste bolchevisé appuyé par les communistes et, dans une moindre mesure, par les anarchistes.

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Les 17 et 18 juillet 1936, lorsqu’éclate l’insurrection contre le gouvernement issu de la victoire électorale du Frente popular cinq mois plus tôt, le Tercio est sous les ordres du colonel, plus tard général, Juan Yagüe. Il le restera jusqu’à la fin de la guerre civile, en 1939. Il s’agit du seul officier supérieur ouvertement national syndicaliste, admirateur déclaré du fondateur de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera [4]. Pour nombre de jeunes officiers africanistes, farouchement anticommunistes mais non moins partisans de réformes sociales radicales, il est une sorte d’icône vivante.

Pendant la guerre civile, les légionnaires de Yagüe sont engagés dans plus de 3000 actions. Au début des hostilités, la Légion est composée de 6 banderas. À la fin, elle atteint son effectif maximum avec 18 banderas. Après avoir assuré le succès initial du soulèvement dans la zone du protectorat, le Tercio joue un rôle clé dans son extension en Espagne proprement dite. Notamment en assurant, dans des conditions particulièrement périlleuses, le transport aérien de plus de 2000 légionnaires de Tétouan à Séville — un millier d’autres étant acheminé par mer. Onze ans après le premier débarquement aéronaval d’Alhucemas, la Légion espagnole est ainsi l’auteur du premier pont aérien de l’histoire. Et dès septembre, elle contribue puissamment à la libération de l’Alcazar de Tolède, qui était encerclé depuis deux mois par les troupes gouvernementales et les miliciens du Frente popular. On les retrouvera, ensuite, en première ligne, lors des terribles combats pour la prise de Madrid. Son nom, entre autres, est associé aux batailles de Brunete, Jarama, Aragon Teruel, de l’Ebre, etc.

Parmi les nombreux volontaires qui intègrent des unités légionnaires, il ne faut pas oublier les Viriatos portugais et la Compagnie française Jeanne d’Arc [5]. Plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, des légionnaires seront présents sur le Front de l’Est, d’abord dans la Division bleue (1941-1943) puis dans la Légion bleue (1943-1944).

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Tragédie pour l’Espagne, la guerre civile fut aussi une tragédie pour sa Légion étrangère. Deux épisodes ont alors terni sa réputation. Le premier est le massacre de quelque 500 prisonniers par les hommes de Yagüe après la prise de Badajoz, le 14 août 1936. Le second est la célèbre altercation entre Millán-Astray, — devenu général de brigade — et le philosophe catholique-libéral, Miguel de Unamuno dans l’amphithéâtre de l’université de Salamanque, le 12 octobre 1936, lors de la « fête de la race » ou « de l’hispanité ». Le professeur Maldonado ayant critiqué vertement les Basques et les Catalans, Unamuno prend courageusement leur défense, sans se laisser impressionner par le cri de « Viva la muerte ! », qui retentit dans la foule. Il prend même directement à partie Millán-Astray en fustigeant : « le mutilé, sans la grandeur de Cervantès, qui trouve un réconfort dans la multiplication des invalides en Espagne ». Laissant alors éclater sa colère, ce dernier lance : « ¡ Muera la intelectualidad traidora ! » (« Mort à l’intellectualité traîtresse ! » que l’on a souvent traduit improprement — à dessein — par « Mort à l’intelligence ! »). Nombreux sont désormais les adversaires du fondateur de la Légion, y compris dans l’armée, qui ne se privent pas de le traiter d’histrion et de provocateur. Placé quelques mois à la tête du service de presse et de propagande, puis député aux Cortès, il est finalement écarté et nommé directeur du corps des mutilés de guerre.

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Après la Seconde Guerre mondiale, la Légion se recentre sur sa base marocaine d’origine. Mais l’heure est à la décolonisation. Comme la France, l’Espagne accorde l’indépendance au Maroc, en 1956, gardant toutefois les territoires d’Ifni et le Sahara occidental. Mais ceux-ci entrent bientôt en rébellion. En novembre 1957, la Légion doit dégager les villes de Sidi Ifni et d’El Aiun, encerclées par les indépendantistes. Le territoire d’Ifni sera finalement cédé au Maroc, douze ans plus tard, par les accords de Fez. Reste le Sahara occidental, revendiqué tant par le royaume chérifien et la Mauritanie que par le Front Polisario, soutenu par l’Algérie. En 1973, la Légion est à nouveau mobilisée pour faire face aux premières attaques du Front Polisario. Profitant de l’isolement international de l’Espagne et de la lente agonie de son vieux Caudillo, le Maroc organise alors la fameuse « Marche verte », vers le Sahara, au cours de laquelle les légionnaires canalisent et repoussent plusieurs dizaines de milliers de marcheurs. Deux ans plus tard, l’Espagne se retire définitivement du Sahara au profit du Maroc et de la Mauritanie. Le Tercio se replie sur Melilla, Ceuta et l’île de Fuerteventura, dans l’archipel des Canaries.

La paix revenue, la Légion doit affronter de nouvelles difficultés. Aux problèmes d’adaptation et de frustration, s’ajoute, dans les années 1980, l’hostilité de plusieurs membres des gouvernements socialistes et, surtout, de certains milieux médiatiques qui, mettant en cause son passé et son recrutement (il lui est reproché notamment de recruter des « délinquants »), réclament sa dissolution. Le corps fait face à ces attaques en renonçant à certaines de ses particularités, ou en les altérant. Ainsi, la possibilité pour les hommes du rang de devenir sous-officiers, voire lieutenants ou capitaines, est-elle supprimée. Surtout, l’engagement des étrangers est-il restreint aux seuls Hispano-Américains et Guinéo-Équatoriens.

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Mais à partir des années 1990, à la faveur des nouvelles obligations internationales de l’Espagne, la Légion va devenir incontournable. L’histoire, dit-on, balbutie. Ici, elle se répète. Les mêmes causes engendrent les mêmes effets. À nouveau l’hostilité à l’appel du contingent impose le recours aux volontaires et professionnels. Avec les parachutistes d’infanterie de marine et les forces spéciales, la Légion demeure l’une des rares unités espagnoles performantes et efficaces. À l’instar des légionnaires français, ses 4000 hommes et leur savoir-faire sont indispensables aux missions de l’Organisation des Nations Unies (ONU), de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ou de l’Union européenne. C’est ainsi que, depuis vingt ans, de la Bosnie-Herzégovine à l’Afghanistan, en passant par le Kosovo, l’Irak, la République démocratique du Congo et le Liban, la Légion étrangère espagnole ne cesse plus d’être sollicitée.

Arnaud Imatz

[1] Une première version abrégée de cet article a été publiée dans Le Spectacle du Monde, nº 592, septembre 2012.
[2] Sur le sujet on peut lire en particulier : José Luis Rodriguez Jiménez ¡ A mi la legión ! De Millán-Astray a las misiones de paz, Barcelone, Planeta, 2005 et Luis Togores, Millán-Astray: Legionario, Madrid, La Esfera de los libros, 2003. Il existe un livre sur les Espagnols engagés dans la Légion étrangère française : Joaquin Mañes Postigo, Españoles en la legión extranjera francesa, Barcelone, Inédita Ediciones, 2009.
[3] Sur les origines et les antécédents de la guerre d’Espagne, on peut se reporter au livre de Stanley Payne, La guerre d’Espagne. L’histoire face à la confusion mémorielle, préface d’Arnaud Imatz, Paris, Le Cerf, 2010.
[4] Voir Luis Togores, Yagüe : El general falangista de Franco, Madrid, La Esfera de los Libros, 2010.
[5] Sylvain Roussillon leur a consacré deux chapitres dans son livre, Les brigades internationales de Franco, Paris, Via Romana, 2012.

Ingénierie sociale : une petite histoire de la libération sexuelle

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Ingénierie sociale : une petite histoire de la libération sexuelle

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com

 

L’histoire de la « libération sexuelle » est celle d’une ingénierie sociale qui est parvenue à faire de l’individu isolé la cellule de base de la société, conformément à ce qu’énonçaient Rousseau et les révolutionnaires de 1789. Cette ingénierie est passée par trois phases : une phase légale, une phase idéologique et une phase psychosociale de reconditionnement des instincts sexuels. Cette dernière phase correspond à ce que nous appelons la « libération sexuelle ». C’est en fait un processus d’animalisation qui a permis d’enchaîner l’individu à des instincts « libérés » peu compatibles avec une vie de famille stable.

Le Système, fondé sur le préjugé obscurantiste d’un individu préexistant au groupe, va naturellement faire de la Famille la cible de toutes ses attaques. Dès la période révolutionnaire, le Système naissant a compris que la famille, héritée de notre patrimoine phylogénétique, sublimée par les cultures et les religions, serait le dernier bastion à résister au projet totalitaire d’esseuler les hommes. Pour connaître le but de tout ceci, il suffit de lire Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley (1932). Ce livre, qui n’est pas un roman de science-fiction mais le projet révélé d’une caste, nous apprend que dans le futur Etat mondial il n’y aura plus ni pères, ni mères, ni familles, ni même reproduction sexuée. En 2017, cela n’est plus vraiment une utopie : on y est presque ! Voici en quelques lignes comment cela s’est passé.

La Révolution, premier acte de la destruction de la Famille

Dans la société traditionnelle européenne, le mariage relève du sacré. Indissoluble, il est béni par le prêtre et fait partie, avec le baptême ou l’eucharistie, des sept sacrements. On se marie devant Dieu, qui délivre sa grâce, dans le but de former un couple et de fonder un foyer.

Le mariage n’est pas seulement l’union d’un homme et d’une femme. C’est aussi l’union de deux familles qui ont donné leur accord par l’intermédiaire des parents. Cette « alliance » de deux groupes familiaux n’est pas que symbolique. Elle implique un devoir de solidarité et une exigence d’entraide qui peut aller jusqu’à l’obligation morale de venger un affront dont l’allié aurait été victime (Robert Muchembled, Cultures et société en France du début du XVIe Siècle au milieu du XVIIe siècle, Sedes, 1995).

Traditionnellement, c’est uniquement dans le cadre du mariage qu’une sexualité est possible. Celle-ci a pour finalité l’agrandissement de la famille par de nouvelles naissances. De plus, puisque le mariage est un sacrement, la sexualité et la reproduction qui en découle prennent à leur tour un caractère sacré.

Dès l’époque révolutionnaire, les républicains vont donc attaquer la famille en sapant le mariage. Ils vont d’une part rompre son lien au sacré, d’autre part remettre en cause son indissolubilité, enfin le dissocier de la reproduction de la lignée. Tout cela va se faire à coup de lois et de décrets et n’aura, pendant des décennies, quasiment aucune incidence sur les mœurs et coutumes de la société française.

En août 1792, l’Assemblée nationale vote une loi autorisant le divorce « sur simple allégation d’incompatibilité d’humeur » : c’en est fini de l’indissolubilité du mariage. En septembre de la même année, une loi institue le mariage civil. Celui-ci n’est plus défini comme un sacrement mais comme un contrat entre deux individus : c’en est fini du caractère sacré du mariage. Le 12 brumaire An II (20 novembre 1793) est votée une loi qui stipule que tous les enfants nés hors mariage seront admis à la succession de leur père. L’enfant naturel ou illégitime entre ainsi dans la filiation légale : c’en est fini du mariage comme seul moyen légitime de perpétuer la lignée.

En attaquant le mariage, la République attaque la clé de voûte de la famille. Car c’est bien la famille qu’il s’agit de déconstruire et d’affaiblir, de nombreux écrits républicains en font foi. La famille serait ainsi un « détournement d’énergie citoyenne », un « vol fait à la cité » selon le conventionnel Courtois (Danton : « Les enfants appartiennent à la République avant d’appartenir à leurs parents », intervention à la Convention lors de la séance du 22 frimaire an II). On doit être « enfant de la Patrie » et non de ses parents ! Il convient donc de distendre les liens familiaux (Sieyès : « Un législateur éclairé verrait jusqu’où on peut permettre les liens de famille ») en permettant le divorce, en affaiblissant la sacralité du mariage ou même en attaquant le pouvoir du père, notamment à travers la loi successorale de 1794 (cette loi impose l’égalité entre les héritiers. Elle présente trois avantages d’un point de vue républicain. D’une part, elle permet à la République de s’immiscer au sein même de la famille à déconstruire pour prendre un pouvoir traditionnellement dévolu au Père, ce qui au passage diminue le prestige de celui-ci. D’autre part, le Père n’ayant plus la possibilité de sanctionner (ou d’avantager) l’un ou l’autre de ses enfants, ceux-ci auront plus de latitude pour remettre en question son autorité. Enfin cette loi a pour conséquence d’émietter les biens familiaux et de diminuer ainsi la puissance économique de la famille). 

Dès la période révolutionnaire, nous voyons clairement s’ébaucher une volonté non dissimulée d’en finir avec le mariage, la famille, la filiation dans un cadre familial, les liens de parenté et la place du Père (assimilé au Roi, quand ce n’est pas au tyran). Tout cela reste au niveau légal et garde un impact sociétal très faible. Néanmoins, l’opération-Système est réussie : le ver est dans le fruit ! Car le Système « raisonne » en décennies, voire en siècles. Peu importe le temps : l’essentiel est que le pourrissement soit inéluctable.

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L’amour libre

La Restauration va abolir le divorce en 1816. Il sera rétabli en 1884, dès que la République se sera solidement réinstallée au pouvoir. Persévérant dans son entreprise de destructuration de la famille, la République va, par une loi de 1896, restreindre le droit de regard des parents sur le mariage de leurs enfants et par une autre, de 1907, mettre fin à l’obligation du consentement des parents par des « actes respectueux ». Tout cela est conforme à l’idéologie du contrat social : il s’agit toujours de réaffirmer l’individu isolé et libéré de ses « obligations familiales » contre le « corps intermédiaire ». A travers la mise à l’écart des parents, garants des intérêts globaux de la famille et chargés notamment de prévenir les mésalliances, la République pose que le mariage est affaire de désir individuel et non d’alliance entre des groupes familiaux. Insensiblement, le régime politique impose l’idée romantique que le mariage est affaire d’amour et que l’amour doit être libre.

L’idée sera bientôt reprise et utilisée contre le mariage. Car si l’individu est la cellule de base de la société, et si la liberté et les « passions » de celui-ci priment sur les corps intermédiaires qui l’oppriment, alors le mariage est une prison, peu importe qu’il soit civil ou religieux. En substituant le mariage civil révocable au mariage religieux irrévocable, la République-Système avait certes affaibli l’institution mais ne l’avait pas fait disparaître.  Poussant la logique républicaine jusqu’au bout, un courant d’idée va, au nom d’une liberté individuelle qui passe par la liberté sexuelle, proposer l’abolition du mariage et l’union libre entre les individus.

Les partisans de « l’amour libre » ne se contentent pas de contester l’institution du mariage, qu’ils décrivent comme un esclavage sexuel. Ils font en effet la promotion des comportements sexuels non procréateurs, dont l’homosexualité, et entendent ainsi libérer le désir sexuel : « L’amour libre ne peut être de l’immoralité puisqu’il est une loi naturelle ; le désir sexuel ne peut être une immoralité puisqu’il est un besoin naturel de notre vie physique » (Madeleine Vernet, l’Anarchie, 1907). Aux Etats-Unis l’hebdomadaire Lucifer, The Light-Bearer (Lucifer, Le Porteur de Lumière) fondé en 1883 par Moses Harman  décrit le mariage comme une conspiration contre la liberté et la justice. Le journal fait la promotion de la liberté sexuelle, du contrôle des naissances et de l’eugénisme. Dans une conférence de 1907, l’anarchiste Voltairine de Cleyre, qui publie aussi dans Lucifer, déclare : « la tendance sociale actuelle s’oriente vers la liberté de l’individu, ce qui implique la réalisation de toutes les conditions nécessaires à l’avènement de cette liberté ». Et elle ajoute : « je souhaiterais que les hommes et les femmes organisent leurs vies de telle façon qu’ils puissent être toujours, à toute époque, des êtres libres, sur ce plan-là [sexuel] comme sur d’autres ». Et ailleurs, très luciférienne : « je ne m’inquiète pas de la repopulation de la Terre, et je ne verserais aucune larme si l’on m’apprenait que le dernier être humain venait de naître ».  

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Voltairine de Cleyre

Le courant anarchiste ou « d’extrême gauche » semble en pointe dans le combat pour l’amour libre. Ce n’est qu’une illusion car ce courant a historiquement toujours servi les intérêts de la Caste et a toujours été à sa remorque. Les internationalistes marxistes, qui entendent alors détruire la famille bourgeoise, sont les idiots utiles des mondialistes libéraux qui voient dans le « libéralisme sexuel » une transposition du libéralisme économique. Il est tentant pour ces derniers d’analyser la libido comme un capital qu’on serait libre d’investir où l’on veut. Les frontières imposées par le couple et la famille représenteraient alors, pour la libido, un obstacle équivalent à ce que sont les frontières nationales pour l’argent. On peut trouver un exemple typique de cette collusion entre la gauche radicale et le capitalisme le plus débridé en la personne de Margaret Sanders. Sanders est à la fois anarchiste, féministe et une eugéniste partisan du contrôle des naissances comme de l’amour libre. Avec le soutien financier de la famille Rockefeller, consciente de leurs convergences idéologiques, elle va fonder en 1921 l’American Birth Control League qui deviendra en 1942 le Planning familial (Planned Parenthoud).  

Côté Caste, Richard Nikolaus Eijiro von Coudenhove-Kalergi (1894-1972) est dans l’entre-deux guerres l’un des représentants les plus en vue de l’oligarchie. On le connaît surtout pour son influence dans la construction de l’Union européenne. Celle-ci lui doit l’hymne européen, la « journée de l’Europe », la CECA, le Conseil de l’Europe qui inspira le Parlement européen et même la monnaie unique qui fut proposée par Valéry Giscard d’Estaing sous les auspices du Xème Congrès du mouvement Paneuropéen que Coudenhove-Kalergi a fondé en 1922. Titulaire de plusieurs prix et décorations, proposé pour le prix Nobel, Coudenhove-Kalergi a été en relation avec tous les hommes de pouvoir de son temps.

praktischer-idealismus-richard-de-coudenhove-kalergi.jpgDans son ouvrage Praktischer Idealismus édité en 1925, Kalergi expose clairement sa conception eugéniste du monde. Dans la société planétaire qu’il appelle de ses vœux, l’humanité sera, expose-t-il, divisée en deux groupes : d’une part une Caste oligarchique toute puissante, d’autre part une masse humaine de moindre valeur, métissée et assujettie (voyez ici notre article sur ce triste personnage).

Le mariage et la reproduction sexuée seront réservés aux « élus » de la Caste : « Seule sera libre l’alliance des hommes les plus nobles avec les femmes les plus nobles, et inversement » (Page 46). Le « mariage » et « l’eugénisme », écrit-il, seront à la base d’une « noblesse de reproduction » (Sic ! la traductrice de l’ouvrage souligne que le terme « Zuchtadel » peut aussi se traduire par « noblesse d’élevage » !). Le système que Kalergi veut voir s’installer « culminera dans la production (NDT : Züchtung : élevage) de la noblesse, dans la différentiation de l’humanité. C’est ici, dans l’eugénisme social, que réside sa plus haute mission historique » (page 46).

La masse métissée aura quant à elle une condition très différente. Coudenhove-Kalergi poursuit : « Les personnes de valeur moindre devront se satisfaire de personnes de valeur moindre. Ainsi le mode d’existence des personnes de valeur moindre et médiocre sera l’amour libre, celle des élus : le mariage libre » (Page 46).

 Coudenhove-Kalergi est le porte-parole d’une Caste au pouvoir qui se sert accessoirement des mouvements sociétaux de gauche et d’extrême gauche. Il s’agit d’installer une société où les oligarques  auront tout loisir de se reproduire dans un cadre protecteur (la famille) et où ceux qui appartiennent à « l’humanité de quantité » seront autorisés à assouvir leurs instincts sexuels avec les « personnes » de  leur choix (peu importe donc le sexe de celles-ci) sans pouvoir se reproduire. Aux uns le mariage et la reproduction, aux autres l’amour libre mais stérile.

L’idée eugéniste de maîtriser la reproduction de l’espèce à travers la prohibition de la famille et la libération des instincts sexuels apparaît très clairement dans le meilleur des mondes de Huxley. Cet ouvrage est davantage une annonce politique qu’un roman de science fiction. Aldous Huxley fait partie de la Fabian society, véritable institut d’ingénierie sociale qui entend « altérer l’opinion publique » pour lui faire accepter le pouvoir d’une élite mondiale. Il est le frère de Julian Huxley, vice président puis président de la Eugenic Society entre 1937 et 1962, fondateur de l’UNESCO et du WWF dont le premier président sera le Prince Bernhard par ailleurs co-fondateur du groupe de Bilderberg. Dans le meilleur des mondes selon Huxley, le gouvernement est mondial, les Alphas forment l’élite dominante, les hommes sont conditionnés, la sexualité est libre dès l’enfance mais stérile et sans amour, la reproduction humaine est artificielle, le mariage et la famille n’existent plus, les mots orduriers de « parents », « père » et « mère » font rougir de honte.

Aldous Huxley connaît André Breton avec qui ils échangent en français. Les surréalistes, parfois accusés de « pédérastie », prétendent dans les années 1920 lutter contre les valeurs reçues et libérer la libido de tous les préjugés, notamment sexuels. Ce serait, selon eux, une condition indispensable d’accès à une certaine forme de connaissance. De ce point de vue, la famille leur fait horreur. André Breton, dira que la religion et la famille sont des pièges pour la passion amoureuse et que par conséquent : « Tout est à faire, tous les moyens doivent être bons à employer pour ruiner les idées de famille, de patrie, de religion » (Second manifeste du surréalisme, 1929). Voilà bien une idée que l’Administrateur Mustapha Menier aurait pu soutenir dans Le meilleur des mondes !

L’ingénierie sociale qui est sous-tendue ici isole l’individu sous prétexte de le libérer et le met sans défense face au pouvoir global, que celui-ci se nomme « gouvernement mondial » ou « république universelle ». Le schéma a été proposé par la république « française ».  Il sera repris  par l’ensemble des mondialistes de « gauche » comme de « droite », notamment du monde anglo-saxon. La remise en cause de la famille par l’idéologie de l’amour libre entre 1880 et 1940 a dans cette période reçu le soutien passif des plus hautes instances politiques républicaines. N’oublions pas que l’ouvrage Paneurope de Coudenhove-Kalergi (1927) est porté par des gens comme Aristide Briand, Ministre (et Président de l’Union Paneuropéenne !), Joseph Caillaux, ministre et ancien Président du Conseil, Edouard Herriot, Henri de Jouvenel, Paul Painlevé ou Albert Thomas.

L’ère Kinsey : détruire le chef de famille et la maîtresse de maison

Les bases légales de l’éclatement de la famille ont été posées par la révolution « française ». Elles ont peu à peu été reprises par l’intégralité des Etats occidentaux. L’idéologie de l’amour libre a quant à elle proposé un moyen pour rendre effectif cet éclatement : «  libérer » les instincts sexuels de l’individu. Cependant,  ni la loi républicaine, ni les promoteurs de l’amour libre n’ont eu de réel impact sur les comportements des populations. Pour que le basculement s’opère, il faudra une gigantesque entreprise de manipulation mentale, significativement appelée par ses promoteurs : « Restructuration de l’attitude sexuelle » (« Sexual attitude Restructuring » ou SAR). Cette opération visant ouvertement à animaliser le comportement sexuel humain fut conduite par les milieux eugénistes dès la fin de la seconde guerre mondiale, à partir des travaux menés par un « scientifique » nommé Alfred Kinsey. Nous nous référons ici aux travaux de Judith Reisman et notamment à son livre absolument fondamental, Kinsey, la face obscure de la révolution sexuelle, paru en français aux éditions Kontre Kulture (2016).

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Il est établi aujourd’hui qu’Alfred Kinsey était un dangereux déviant sexuel sans compétence scientifique en sexologie (c’était un biologiste spécialisé dans l’étude des guêpes). A partir de « biographies sexuelles » que Kinsey est majoritairement allé chercher dans les prisons (629 biographies de criminels incarcérés sur 4120 biographies répertoriées), les bars homosexuels (630 biographies d’homosexuels sur 4120), auprès de délinquants sexuels, pédophiles et psychopathes (1600 sur 4120), de faibles d’esprit, de nourrissons et d’enfants victimes de sévices sexuels en laboratoire (317 selon les décomptes de Judith Reisman)… Kinsey va tirer des conclusions qu’il étendra à l’ensemble de la population américaine. Les deux rapports « scientifiques » de Kinsey, publiés en 1948 (sur la sexualité des hommes) et en 1950 (sur celle des femmes) vont être puissamment relayés par les publications grands publics et provoquer un véritable électrochoc dans la société américaine.

Des ouvrages de Kinsey, il ressort que 37% des hommes américains ont eu des relations homosexuelles, que 17% d’entre eux ont eu des rapports sexuels avec des animaux, que 69% ont fréquenté des prostitués, que 45% ont commis l’adultère et qu’au total 95% ont violé les lois sur les crimes sexuels. Côté femmes, les conclusions ne sont guère plus reluisantes : 24% ont été « abordées sexuellement » durant leur enfance (avec des conséquences bénignes !) ; 1,7% des femmes ont eu leur première expérience sexuelle avec des animaux ; 3,6% des femmes adultes ont eu des rapports sexuels avec des animaux ; 90% des femmes enceintes célibataires ont eu recours à l’avortement ainsi que 22% de celle qui étaient mariées ; 64% des femmes ont connu l’orgasme avant leur mariage ; 12% sont émoustillées par le sadomasochisme ; 50% ont eu une expérience sexuelle avant le mariage et 40% ont été ou seront infidèles après le mariage !

Le moins que l’on puisse dire est que l’image du « chef de famille » et de la « maîtresse de maison » en prend un sacré coup ! Dégrader l’image du père et avilir celle de la mère n’est toutefois pas le seul objectif.

Il faut savoir que les « travaux » de l’équipe de déviants sexuels réunie autour de Kinsey, lui-même pédophile, ont été financés par la fondation Rockefeller. Cette fondation était (et reste !) ouvertement eugéniste et ne cachait pas sa volonté de limiter ce que Coudenhove-Kalergi appelait « l’humanité de quantité ». Pour cela, il fallait en passer par une ingénierie sociale qui supposait la disparition de la famille, lieu sacré de la reproduction humaine, et l’installation d’un modèle de société individualiste proche de ce qu’avait imaginé la révolution « française ».

Dès avant la guerre, la fondation Rockefeller s’était beaucoup intéressée au « management social », aux techniques de contrôle des populations, aux manipulations mentales visant à orienter l’opinion publique. Après la guerre, elle a recruté des experts en guerre psychologique directement issus des services de renseignement américains ainsi que des spécialistes en communication de masse. Leur mission a consisté à fabriquer le « consentement des masses » au projet d’eugénisme social de la Caste.

Au début des années 1950, on savait déjà que le comportement social des individus est essentiellement conditionné par le mimétisme et le conformisme (expérience de Asch par exemple). Etre conforme signifie ne pas dévier de la norme admise. Il est en effet très difficile pour un individu de ne pas se conformer à ce que pense le groupe… ou à ce qu’il croit que pense le groupe. La manipulation mentale, ici la « restructuration de l’attitude sexuelle », va consister essentiellement à persuader l’individu que son comportement (sexuel) est en décalage avec celui du reste du groupe. L’instinct grégaire, le besoin de recevoir l’approbation du groupe, la peur de s’en distinguer vont obliger l’individu à modifier son attitude de manière à rentrer dans ce qu’il pense être la « norme ». Pour cela, il est indispensable que la source d’influence soit crédible et que l’expertise de celle-ci ne puisse être remise en question. En 1950, ce qui est crédible n’est plus la religion, mais la science. Cela tombe bien : Alfred Kinsey est présenté par les médias comme un scientifique d’envergure et son travail est unanimement reconnu comme irréprochable.

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Un véritable rouleau compresseur médiatique va reprendre et populariser les chiffres mais aussi la thèse centrale de Kinsey, à savoir que chacun doit pouvoir vivre librement sa sexualité, quelles que soient les orientations de celle-ci. Les thèses de Kinsey vont être incorporées aux manuels universitaires et être enseignées dans les écoles via les programmes scolaires «d’éducation sexuelle ».  La Loi elle-même va évoluer pour être en adéquation avec les comportements de la population, tels qu’ils sont décrits par Kinsey : « Le modèle de code pénal élaboré en 1955 par l’American Law Institute est pratiquement un document Kinsey… Dans l’un des chapitres, par exemples, Kinsey y est cité 6 fois en 12 pages » (Jonathan Gathorne-Hardy, cité par Judith Reisman). L’action de la fondation Rockefeller associée à l’Institut Carnegie est ici encore déterminante. L’American Law Institute a ainsi reçu d’importantes sommes d’argent en provenance de la fondation Rockefeller. Par pure philanthropie ?

Kinsey « démontre » que les rapports sexuels hors mariage, l’avortement, l’adultère, l’homosexualité, la bisexualité, mais aussi la pédophilie ou la zoophilie sont choses banales et font partie des pratiques habituelles et « normales » de l’Américain moyen. Le regard sur la notion de trouble sexuel devait donc évoluer en conséquence. En 1973, l’American Psychiatric Association retire l’homosexualité de sa classification des désordres mentaux. En 1985, l’homosexualité est retirée du Diagnostic and Statistical Manuel of mental disorder (DSM). En 1991, l’OMS retire l’homosexualité de la liste des maladies mentales. En 1994, à la suite du rapport Roth, le Parlement européen lance un appel en faveur de la reconnaissance des couples homosexuels. Entre 2001 et 2017, 22 Etats ont accordé le mariage aux couples homosexuels, stériles par définition.

Mais il y a pire car en 1994 l’American Psychiatric Association a retiré la pédophilie, le masochisme et le sadisme de la liste des troubles mentaux de son DSM 4. La légalisation du sexe entre adultes et enfants, pratique courante dans l’entourage de Kinsey, a fait l’objet, y compris en France, d’un important battage médiatique favorable dans les années 1970-1980. Dans Le Monde et Libération les « pétitions contre la majorité sexuelle »  se succèdent dans les années 1970. On y parle en toute liberté de la « sodomisation des enfants » au nom de la remise en cause des interdits. C’est l’affaire Dutroux (1996) qui mettra vraiment un coup d’arrêt brutal au processus de légalisation de la pédophilie. Pour combien de temps ?

Kinsey a aussi voulu présenter l’avortement comme une chose commune et sans conséquence sur la femme, si bien que sa légalisation allait de soi. En 1955, il a remis à Planned Parenthood (le Planning familial) un rapport préliminaire reprenant ses données truquées sur l’avortement. C’est à partir de ces données, constamment invoquées dans « l’ère post-Kinsey », que pourra s’organiser une gigantesque manipulation qui débouchera sur la légalisation de l’avortement dans de nombreux Etats : en 1973 aux Etats-Unis, en 1975 en France…

On le voit, la « restructuration de l’attitude sexuelle » consiste essentiellement à « libérer » l’individu pour qu’il s’adonne à des pratiques sexuelles « stériles » (homosexualité, pédophilie, sadomasochisme, zoophilie…) ou pouvant être aisément corrigées par l’avortement et la contraception (sexualité hors mariage). On comprend bien que dans ce cadre la famille traditionnelle, en tant que cellule de base de la société, est un obstacle qu’il s’agit d’abattre. Ce serait une erreur toutefois de penser que la Caste voulait absolument livrer l’humanité aux bas instincts que Kinsey prétendait avoir scientifiquement révélé. La Caste voulait seulement abattre la famille. Rationnellement, le meilleur moyen était d’en faire sortir les hommes au nom de leurs « droits sexuels ». C’est ce qu’elle a fait, sans état d’âme.

En résumé…

La destruction de la famille est une entreprise qui a commencé avec la révolution « française ». Celle-ci a postulé, conformément à la doctrine du Contrat social de Rousseau, que l’individu était la cellule de base de la société et que tout ce qui s’intercalait entre celui-ci et la « volonté générale » était liberticide.  Au nom de la libération de l’individu, la République a donc coupé la famille de sa source sacrée (Dieu) et entrepris de la détricoter à coup de lois qui permettaient aux individus de se libérer du couple et aux enfants de s’affranchir des parents. La raison profonde de cette entreprise est évidemment politique. Le projet consistait moins à libérer l’individu du groupe familial protecteur qu’à l’esseuler pour mieux le contrôler. Les rassemblements, les associations libres, les groupes structurés et d’une manière générale tout ce qui contrecarre l’isolement des individus, sont la hantise de tous les régimes totalitaires.

Le despotisme paternel étant assimilé au despotisme royal, la famille est décrite par la bourgeoisie révolutionnaire comme un lieu d’oppression (Cambacérès à la convention nationale, 9 août 1973 : « Qu’on ne parle plus de puissance paternelle. Loin de nous ces termes de plein pouvoir, d’autorité absolue, formule de tyran, système ambitieux que la nature indignée repousse… ». Robespierre décrivait quant à lui la famille comme un « fédéralisme domestique, qui rétrécit les âmes en les isolant » - Comité de salut public, 18 floréal an II). Les plus radicaux des héritiers spirituels de la révolution « française » vont prendre pour argent comptant cette justification morale de la destruction de la famille sans voir l’arrière-pensée nauséabonde qui la sous-tend (isoler pour mieux régner).

Anarchistes, féministes et marxistes vont vouloir anéantir la « famille bourgeoise » au nom de la lutte des classes alors que paradoxalement l’abolition de la famille était depuis la Révolution l’un des objectifs principaux de la haute bourgeoisie oligarchique. Influencés sans doute par la psychanalyse qui met le sexe au centre de sa problématique, ils vont assimiler le mariage à un « esclavage sexuel » et la famille, lieu de l’exploitation, à une cage qui emprisonne le désir sexuel. Avec l’idéologie de l’amour libre, le droit au plaisir sexuel non conditionné au mariage, qu’il soit civil ou religieux, et le droit au vagabondage sexuel sont invoqués pour justifier l’abolition de la famille. L’argumentaire républicain contre la famille patriarcale liberticide est bien sûr repris mais s’y ajoute ainsi une dimension que les écrits révolutionnaires ne semblent pas avoir abordés : l’institution de la famille refuse aussi aux individus leur liberté sexuelle.

Au tournant du siècle, ces « radicaux » marxisants vont plus particulièrement se soucier de l’émancipation de la femme de la structure patriarcale. Les enfants apparaissant comme autant de chaînes qui retiennent la mère à sa famille, ils vont très rapidement s’intéresser à la problématique de l’avortement, du contrôle des naissances, de l’eugénisme, de l’homosexualité, de la stérilisation et bientôt de la contraception. Or, nous l’avons vu, les  fondations oligarchiques comme la fondation Rockefeller ou l’Institut  Carnegie, travaillent elles-aussi, durant cette période, sur les mêmes problématiques. Coudenhove-Kalergi reprend ces théories et les propose en Europe : mariage et reproduction des hommes et femmes de l’élite ; amour libre et stérilisation des masses humaines dégénérées par le métissage. De cette association des « révolutionnaires » marxistes et des oligarques qui les financent sortira la stratégie anti-famille mise en œuvre dès le sortir de la seconde guerre mondiale, à partir des rapports Kinsey.

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Les rapports Kinsey donnent une représentation volontairement falsifiée de la sexualité aux Etats-Unis et par extension dans le monde occidental. Ils sont financés par la fondation Rockefeller dont le but est de modifier les comportements des populations en utilisant ce qu’enseignent les sciences sociales ainsi que les nouvelles techniques de guerre psychologique et de manipulation des populations. La « science », les médias, les ouvrages universitaires, les programmes d’éducation sexuelle, bientôt les films et les séries télévisées vont puissamment relayer les conclusions de Kinsey et imposer ainsi une nouvelle norme. Une femme qui ne couchera pas avec le premier venu passera pour coincée. Un homme qui agira avec délicatesse sera « un peu vieux jeu ». Quant à l’adultère, l’homosexualité ou l’avortement, il conviendra de faire comme si c’était choses tout à fait normales sous peine de passer pour ringard, réactionnaire ou homophobe. Une représentation falsifiée des réalités s’est ainsi substituée, via les médias de masse et la caution de la science, à la réalité vécue. Les occidentaux ont été persuadés que cette représentation falsifiée de la sexualité était la réalité, que les pratiques un peu bizarre qui étaient décrites par les « scientifiques » étaient réellement celles de l’immense majorité de leurs compatriotes. Or, c’est une réaction psychologique primaire que de considérer que le groupe ne peut se tromper. Chaque individu a donc eu tendance à se conformer aux normes (supposées) de la majorité. Les « droits sexuels » et le « droit au plaisir » ont progressivement dictés les comportements. Il ne restait plus à la famille, obstacle à « l’épanouissement personnel », qu’à disparaître. 

Qui a bénéficié de cette disparition programmée de la famille ?

Certainement pas l’individu esseulé, devenu l’esclave de ses pulsions et condamné à poursuivre des fantasmes toujours plus difficiles à atteindre. 

Certainement pas les femmes soustraites au prétendu pouvoir de leur mari pour être confiées à celui, bien réel, d’un patron.

Certainement pas les hommes déchargés, au prix de leur masculinité, du devoir d’être père.

Certainement pas les enfants, sans véritables parents, qui subiront tôt ou tard une légalisation de la pédophilie.

C’est l’oligarchie mondiale, celle qui en France a pris le pouvoir en 1789, qui profite de la disparition de la famille. L’oligarchie était confrontée autrefois à une société organisée et structurée selon ses propres valeurs ; elle doit aujourd’hui mener un agrégat d’individus constitués comme un troupeau de moutons. Que pourrait-elle demander de mieux, si ce n’est de décider du nombre de têtes ?

Antonin Campana

samedi, 09 septembre 2017

Eric Voegelin and the "Orient"

Review: Éric Voegelin et l’Orient: Millénarisme et religions politiques de l’Antiquité à Daech. Renaud Fabbri. Editions L’Harmattan, 2016.

EvoeBook1.jpgRenaud Fabbri is a professor of political science at l’Université de Versailles. Over the past few years he has been quietly blogging away at a post-secular age, applying the ideas of Eric Voegelin to Hinduism and Islam. Éric Voegelin et l’Orient seems to be his first book and it is a very welcome addition to Voegelinian thought indeed. Just about anyone familiar with Voegelin’s output should be able to admit that what he had to say in relation to India and Islam, two of the most important players in world history, was inattentive at best and perhaps downright woeful, Eurocentric and dismissive at worst. Voegelin was a very prolific thinker, yet one cannot do equal justice to everything one supposes. Happily, Fabbri is seeking to remedy this by charting what he sees as a decline in Hindu and Muslim luminosity into immanentism, nationalism and millenarianism in the form of contemporary phenomena such as Daesh (ISIS) and the Iranian Revolution. As one might expect a great deal of the blame for these eastern “political religions” falls squarely (and rightly) on “Gnostic” influences absorbed from the West during the colonial period: Hegel, Marx, Nietzsche, “process theology”.

At 123 pages Eric Voegelin et l’Orient is a very short text. My overwhelming sense when reading it the first time was that it is simply an opening salvo for a much larger and more detailed work we can expect from Fabbri in the near future. Moreover, one can tell Fabbri is a blog writer. Even in producing a monograph he writes in linked short bursts of a few pages on certain important figures in the history of the two religions in question. However, this is not to denigrate the book; rather we should celebrate it for its adventurousness. Fabbri is an abstract and thematic thinker, like Voegelin at his most experimental. Anyone picking up this book expecting something akin to the Voegelinian-Straussian The New Political Religions, written not long after 9/11 on the pneumatopathological history of Islamic terrorism (including its eye-opening essay on the ethics of suicide bombing), is going to be more than a little surprised.[1] Fabbri leaps around, he reads between the lines and conjures up obscure thinkers, both as nodes in the history of the decline of Islamic and Hindu religious experience, and as accessories to aid him in his explorations.

The two most important accessories Fabbri uses besides Voegelin are the French thinkers René Guénon and Henry Corbin, the former of which he uses largely in his discussions on Hinduism and the latter on Islam. Many readers may not be familiar with either of these so perhaps a little explanation is in order. Guénon is the father of an esoteric movement known commonly as Traditionalism or Perennialism. He believed that for all the diversity of the world’s religions, they call contained a transcendental unity of shared truth. Ergo, Guénon was a universalist, a very unpopular opinion in our post-colonial era. However, he was a very eccentric universalist, even for the early 20th century. The basis of Guénonian history is the idea that the cosmos passes through cycles of decline, from all quality and no quantity (=God) to all quantity and no quality. This comes to a final Kali Yuga, a scientistic “reign of quantity”. Finally the world collapses into total atomisation and spiritual decay before another Golden Age begins.[2]

However, this does not tend to make Traditionalists millenarians trying to force the Golden Age to come back. There is of course the exception of far-right outliers such as Julius Evola and Russian “New Rasputin” Aleksandr Dugin, in whom there is at least as much Nietzsche as Guénon.[3] In my experience with Traditionalists (all my teachers when I was an undergrad religious studies student were Guénonians), there is a far more profound sense of a pessimistic acceptance of a pre-determined order to things. There are no “Guns, Germs and Steel”, theories about millenarian “political religions” or Heideggerian blame-Plato-for-the-reign-of-quantity in Guénon.[4] The West simply drew the short straw in a natural cosmic process. Nonetheless, in Guénon’s successor Fritjof Schuon one can certainly find the idea that the West was metaphysically broken from the start because of Greek rationalism, scepticism and materialism. To Schuon Islam and Christianity got more out of the Greeks than they got out of themselves:

“The true “Greek miracle, if a miracle there be – and in this case it would be related to the “Hindu Miracle”- is doctrinal metaphysics and methodic logic, providentially utilized by the monotheistic Semites”.[5]

The aim for the Traditionalist becomes to find what is left of an imagined universal sophia perennis of esoteric truth in Sufism, Hinduism, the Western Hermetic traditions – the part of inferno that is not inferno, so to speak. Thus, as one might imagine, Fabbri seems to believe that the Guénonian narrative of decline can be laid over the Voegelinian narrative of pneumatopathology. There are problems with this, perhaps. Compared with Voegelin’s open-ended “order in history” as the produce of human experiences of social crisis, there is very little metacritical about the deterministic Guénonian historical narrative. All of this is amusingly epitomised by the Guénonian who put me on to Fabbri and his book: “Oh Voegelin? Too historicist for my liking. But then again you have to be if you want the academy to take you seriously.” However, I think that what Fabbri has done, nonetheless, is attempt a highly original experimental dual focus using both thinkers well, yet erring on the side closer to Voegelin and historicity.

Fabbri utilises the ideas of Guénon to patch up what he sees, quite reasonably, as Voegelin’s faults in understanding India. For Voegelin India had never been the recipient of any great historical upheavals, as occurred in the Ancient Near East with the collapse of the ancient cosmological empires. Thus no one ever really had to think about rationalising an order to history. Moreover, because God/Brahman in Hinduism is always atman (the self) and never Other, this also prevented any emergence of a “differentiation in being” to take place. Voegelin writes:

“In the culture of Hinduism, historical consciousness is muted by the dominance of late-cosmological speculations on the cosmos as a “thing” with a beginning and an end, as a “thing” that is born and reborn in infinite sequence. The hypostasis of the cosmos, and the fallacious infinite of cosmological speculation, can be identified as the stratum in the Hinduist experience of reality that has not been broken by epochal events comparable to the noetic and pneumatic theophanies in Hellas and Israel. As a consequence, the Brahmanic experience of reality does not develop the self-consciousness of the Platonic-Aristotelian philosophy as a noetic science; in its self-understanding it is a darshana, a way of looking at reality from this particular thinker’s position… The most striking manifestation of this phenomenon is the nonappearance of historiography in Hindu culture.”[6]

Now, so one might think, to Voegelin all this would be a good thing – none of the dualism and millenarianism that caused the decline of Near Eastern and Western religious experience into secular political religions. However, Voegelin simply seems to snub India as something which never really went anywhere. He shows some passing interest in the Greco-Bactrian cultural exchange, but the only thinker of note is Shankara with his advaitya vedanta. This is perhaps because of similarities between the neti neti (God is not this, not this) of Shankara and the via negativa (negative theology) of the Christian Cloud of Unknowing, which Voegelin initially took to be a Gnostic text, but later came to embrace because of its refusal of “Gnosis”- ultimate positive knowledge.[7] There are other problems, small but niggling. We are never even told by Voegelin whether, as with China and its t’ien hsien (all under heaven), anyone in Indian history ever attempted to symbolise a universal “humanity”.[8] Even more invitingly, as Fabbri (p. 39) suggests, we are left wondering why Voegelin never had anything to say about the great Indian epic the Mahabharata. Let’s hope that Fabbri or someone else in the near future gets around to fixing this. I would love to read such a thing.

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Fabbri attempts to turn Voegelin’s remarks on their head. From a Guénonian perspective India’s atman and lack of “historicism” makes it far more spiritually healthy. To Fabbri India represents a more complete primordial view of things, spared from the dualism inherent in monotheism that leads to obsessions with mastery over nature and the millenarian immanentisation of an alien God (pp. 40-1). This only begins to come apart with the introduction of Western ideas during the colonial period (p. 43). Fabbri’s main target of interest is Sri Aurobindo, a British-educated turn of the century figure who reshaped Hinduism towards a progressive view of history – a Hegelesque “integral” view of the world. The whole world comes to be united in a futuristic enlightened communist consciousness emanating from India and its god-man sages (pp. 49-60). Indeed Aurobindo and those like him such as the Theosophists have done a lot of damage to Indian thought. Without them there would have been none of the “New Age” millenarianism of the 60s that the West (and India) came to be soaked in. What is curious, and what Fabbri fails to mention, is that Guénon initially had some enthusiasm for Aurobindo, but eventually realised that his evolutionism was a modern corruption of the traditional Hindu cyclic view of history.[9] However, the supreme sin of Aurobindo for Fabbri is the fact that he transformed Maya, the veil of illusion separating the individuated entity from realising it is part of atman, to Lila, merely the cosmic playfulness of entities coming into being and perishing (p. 57). The phenomenal world becomes a joyous, immanentised plenitude, reminiscent of “process theology”. Such views in my experience are of course extremely prevalent in New Ageism and its gutting of Hindu thought, especially the twee Spinozism of “Deep Ecology”.

This brings us to two curious absences in Fabbri’s take on India. The first is that although he traces the influences of Aurobindo down to modern Indian nationalism and communism and New Age gurus, he does this perhaps too succinctly. For instance, he mentions Radhakrishnan only in passing (p. 48). This thinker not only actively engaged in attempting to square Hindu thought with western progress narratives, science and “process thought”, but also played an enduring part on the international stage as a representative of Indian nationalism.[10] At least something on this figure would have been welcome. The second issue is that although Fabbri (p. 41) mentions the idea of the kalki-avatara, the tenth and final avatar of Vishnu, who is supposed to come at the end of this cosmic cycle to renew the world, he never queries whether even this idea might have come from the millenarianisms of the Abrahamic religions. Some thinkers have certainly asked this before, as also in regard to the closely related legend of the eschatological kalki kings and armies of Shambhala in Buddhism, for which at least some Islamic influence has been posited.[11] Nonetheless, Fabbri (p. 42) is very much right to remind us that there are thousands more years of the to go before any kalki-avatara might be expected. Anyone, especially all those dubious New Age gurus, who claim otherwise, seem testament to the idea that millenarianism should perhaps be called the opiate of the Kali Yuga. Everyone wants out but Great Disappointments keep on coming.

Fabbri then moves from India into tracing a similar history in Islam. In fact India disappears for the rest of the book. This largely seems to be because Islam is a far greater issue in relation to contemporary global politics. Fabbri’s (p. 67) understanding of Islam takes its bearings from two things. The first is the idea that Islam has always been troubled by a “noeud gordien” (Gordian Knot), wherein prophesy and empire-building have had an uneasy coexistence. He attributes the origins of this understanding to Voegelin, which does not actually seem to be the case, though the conception still seems quite valuable. Rather, if we are to look at what Voegelin has to say about Islam in The Ecumenic Age, the results are even more woeful than what he has to say about India. All we get is a couple of pages, most of which are simply block-quotes from the Koran and the declaration that Islam was little more than the combined empire-and-church approach of the Byzantine and Sassanid ecumenai. These, so Voegelin says, formed the “horizon” in which Mohammad thought:

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“Mohammed conceived the new religion that would support its ecumenic ambition with the simultaneous development of imperial power. The case is of special interest as there can be no doubt that Islam was primarily an ecumenic religion and only secondarily an empire. Hence it reveals in its extreme form the danger that beset all of the religions of the Ecumenic Age, the danger of impairing their universality by letting their ecumenic mission slide over into the acquisition of world-immanent, pragmatic power over a multitude of men which, however numerous, could never be mankind past, present, and future.” [12]

Whether we are talking about “Gordian Knots” or “sliding over”, for all the briefness of Voegelin’s observations, there would certainly seem to be something profound to work with here. It seems that Islam, like Christianity with its Heavenly and Earthly City, millennium and later its “two swords” of Church and State, was troubled from the moment it began to set down concrete notions of the historical finalisation of the nature of things.

This brings us to the second basis for Fabbri’s history of Islamic spiritual decline – his reliance on the ideas of Henry Corbin (pp. 70, 83-5). Like Guénon, the name of Corbin in not well-known (except perhaps within Islamic mystical circles or in the writing of Norman O. Brown). Corbin was the first French translator of Heidegger, but his main importance comes from his enterprising work on angelology and proposed Zoroastrian influences in Shi’a Islam.[13] Corbin describes the existence of a “mundus imaginalis” (imaginal world) – a medial realm between man and God –  peopled by angelic beings. This Nâ-Kojâ-Abâd, “Country of Non-Where”, or “Eighth Clime”, is accessible only through the consciousness and is the organ for the reception of the visions and prophesies that are brought to men from God via the angels. The “imaginal” is not to be confused with modern western understandings of the “imagination”, which largely view this term to mean simply a source for entertaining aesthetic produce or downright falsity. Imagination isn’t “fantasy”. However, so I am tempted to propose, if one looks closely at the history of these two terms their confusion seems to lie in the mediaeval reception of the ideas of Avicenna in Europe. Many tangled arguments ensued over which term meant a purely receptive capacity for external images and inner divine visitations, and which the organ of active creativity from pre-received material.[14]

What both Corbin and then Fabbri do is chart the history of Islam as the history of the decay and forgetting of the angelic reality – the death of ongoing prophesy. As one might imagine Fabbri finds similarities between the medial nature of this “mundus imaginalis” and Voegelin’s metaxy or In-Between and his reading of history as the breaking down of this dynamic experiential system into dualism and then immanentism. Without a “resolving third” full of intramundane spirits and myths one’s ecumene and consciousness becomes very empty indeed. Fabbri also sees this inherent in the discarding of the cult of the gods, the Ishtadevas, in Hinduism by thinks such as Aurobindo. In a later essay I would like to return to such questions in relation to the history of the West and its own loss of angels. However, for now it is more important to emphasise that all this means that both Corbin and Fabbri come down hard on the side of Shi’a rather than Sunni Islam. The root of Islam’s issues is the “tragédie fondatrice” (founding tragedy) of the Sunni-Shi’a division (the fitna), just as much as the “Gordian Knot” of prophesy and empire mentioned above. For the Shi’a, prophesy kept on going to a certain point, depending on how many Imams each faction take to be rightfully guided, up to the Great Occultation of the mahdi – the imam in hiding. For the Sunnis, Muhammad was the “seal of the prophets” and that was that. This means that those claiming to be the recipients of new prophesies and divine knowledge have always had a strained relationship with mainstream Islamic thought.

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Fabbri (pp. 74-7) lays out the history of these difficulties through figures such as Al Farabi, whose mixture of Platonism and Islamic revelation produces an image of a proto-Kantean world state ruled by “philosopher kings”. Following Corbin, Fabbri (p. 75) ponders whether Farabi was a “crypto-Shiite” trying to think beyond the Grand Occultation of the last imam. Another important thinker is the Sufi Ibn Arabi who represented the rulers from Adam to Muhammad as God’s representatives on Earth, and those thereafter as simply secular rulers. History instead is controlled from the outside by the saints and angels. As Fabbri (pp. 88-9) notes there is something strongly anti-millenarian and “realist” about this. Yet, at the same time, this descacralisation of the caliphate opens up the space for a “spiritual anarchy” where the secular rulers are unimportant compared with the Gnostic claims of holy men.

The “Gordian Knot” problem leads down to the “presque schmittienne” (almost Schmittian p. 90) political theorisations of Ibn Taymiyya. Here maintaining the sharia and the temporal rule of the Islamic states against heathens becomes the onus. So too is the cult of the saints pejorated as idolatry, leaving no intermediaries or intercessors between man and God. The genesis of Islamism then emerges in a kind of dual spiritual desperation. On the one hand there is the destruction of the Caliphate by the Mongols (and later the collapse of the Ottoman Empire). On the other there in an increasing shutting out and disappearance of prophetic claims and the intercession of saints. What then emerges is a kind of panicked assumption that if the Caliphate is restored, Islamic consciousness then too will be restored to how it was during its early period. Increased persecution of Sufis, attempts to rid foreign corruptions from an imagined pure, original Islam and abject literalism ensue through Abd al-Wahhab, Sayyid ibn Qutb and other prominent thinkers among contemporary Sunni Islamists. Fabbri (pp.91-3), in comparison with The New Political Religions, only gives these influential thinkers a couple of pages and he has nothing to say about Westernised Pan-Arabist movements like Ba’aathism. He remains far more interested in the stranger, more obviously “Gnostic” cases.

Fabbri (pp. 95-101) then descends into the influence of Western political religions on Islam during the colonial period. The most important thinker here is Muhammad Iqbal, who attempted to square Einsteinian cosmology, and the “process” thought of Whitehead and Bergson with Islam, and ends up producing a series of bizarre “Gnostic” visons about modernity. Marx becomes the angel Gabriel of the new age, feminism appears manifest as a monstrous Priestess of Mars. Reading all this strongly reminds me of the way in which in the Soviet Era the old religious and heroic oral epics of “minorities” in the USSR were secularised to replace millenarian heroes such as Geser Khan and his titanic foes with Marx, Engels and Lenin flying through the cosmos battling the fifty-headed hydra of capitalism.[15] The strange syncretism of the old religions and the political religions seems to have got into everything in the twentieth century.

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Finally, Fabbri (pp. 103-11) comes to Ali Shariati, Khomeyni and the Iranian Revolution. Fabbri deftly notes the influence of a number of Western thinkers such as Sartre and Marx (“red Shi’ism”) on the formation of these ideas and the degeneration into millenarian theocracies ruled by Gnostic “philosopher kings”. Yet, there is one very obvious absence in his analysis. This is Heidegger. Fabbri mentions Heidegger numerous times throughout Eric Voegelin et l’Orient in connection with globalism, subjectivity, technology and nihilism (pp. 30, 46, 50, 58, 100). However, like his references to Leo Strauss (ie. pp. 99-100), Heidegger is always cited as a kind of minor accessory – one of the “good guys” – but not as important as Corbin, Guénon and of course Voegelin himself. Fabbri does not at all mention how the influential concept gharbzadegi (“westosis/weststruckness”- being infected with western nihilism) from the Iranian Revolution is nearly entirely down to Heidegger’s influence through Ahmad Fardid, who propagated Heidegger’s ideas about cultural “authenticity” in Iran and organised a group of “Iranian Heideggerians” in the 1970s.[16] Fabbri (p.104) in passing names Jalal al-e-Ahmad who popularised the concept, but Ahmad and his Heideggerianism is never dealt with at all.

Heidegger is a very troublesome thinker, far more than the occasional ritualistic hand-wringing about his Nazi period in contemporary continental philosophy usually conveys. Heidegger’s embrace of Nazism has its basis in the idea that the Germans had a unique primordial and “authentic” link with the Greeks and Being, which was under threat by the flattening effects of capitalist and communist nihilism.[17] There is quite a profound legacy to this idea of one’s people possessing an ancient and unique manifest destiny and identity to overcome global nihilism. Shortly after Heidegger’s infamous Rektor speech in 1933, some of the Japanese philosophers of the “Kyoto School” such as Keiji Nishitani, who studied with Heidegger, took this up, replacing Being with the Zen Void, to construct a Japanese imperial manifest destiny.[18] “Reactionary” Heidegger returns in the Iranian Revolution and more recently in the “Fourth Political Theory” of Aleksandr Dugin and his obsessions with building a Eurasian Empire to combat the “post-liberal” monster of globalised American consumer culture.[19] As Foucault said of the Iranian Revolution – it was to be the first great rebellion against the Western “world system”. Just as much as Heidegger, his reputation never managed to live this down.[20] Thus, I think that Fabbri should have expended at least some attention on dealing with the millenarian and deforming aspects of Heidegger’s ideas outside the West.

In comparison, perhaps, as Chinese Heideggerian Yuk Hui has recently shown with his book The Question Concerning Technology in China, which touched upon the uneasy Heideggerian legacy in Dugin and the “Kyoto School”, there might be some hope of using Heidegger’s later ideas to undertake culturally-specific “rememberings of Being” without it all just turning into a “metaphysical fascism”. This possibility is based around re-investigating how imported Western conceptions of technology have covered over the ongoing relationship between Qi and Tao in Chinese philosophy. Knowing the dangers of an emerging China simply repeating Western global empire building and technological nihilism seems to be the first step; to live with technology China must learn to reintegrate it, the world, life and society together into a “cosmotechnics”. One can only hope this doesn’t backfire and we end up with some sort of exceptionalist Taoism with a transhumanist immortality complex.[21] Heideggerian “traditionalism” remains a dangerous animal.

Fabbri draws his book to a close by attempting to consider how to deal with contemporary Islamism. Although one is unsure of his political leanings, he does seem very much aware of the weaknesses of the contemporary left and right in Europe (though it could be America, Australia…) in understanding Islam and its history. To the liberal left Islam is a magical victim, which must be defended at all costs, often to the point of naivety; to the increasingly reactionary right and the actively anti-religious left it is simply anathema – it has no place in Western society (p. 121). Fabbri’s (pp. 116-9) beginning of an answer to this is in the vague hope he seems to find in the figure of Tariq Ramadan, a popular Islamic public intellectual. Ramadan believes that Islam needs to reform the Sharia for the “complexities” of the modern world and understand that there is a “double revelation of God” – the koran and nature.

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What is it that Fabbri finds promising about Ramadan? It simply seems to be that he is not necessarily a priori against the ideas from Sufi thinkers (p. 118). This doesn’t really sound like much. Fabbri himself recognises that Ramadan’s attitude towards the metaphysical aspects involved in the nature of modernity and Islam are gravely lacking. Moreover he admits that Ramadan is rather “naïve” in his attempts to square Islam with modern science. All in all to Fabbri (p. 116), Ramadan “illustre bien la vitalité mais aussi les limites de cette literature de résistance au fondamentalisme en terre d’Islam” (illustrates well the vitality but also the limits of this literature of resistance to fundamentalism in the Islamic world). These days there seem to be “Ramadans” everywhere, many far worse than the man himself. Some of them are atheists simply flying the identity politics flag of “cultural Islam”. They people TV talk show panels and public lectures telling everyone of the wonders of some liberal Islamic reformation, which seems to exert almost no influence outside of educated liberal Western circles. As to how the Islamic world might actually go about such a thing, and moreover, how it might do so without losing even more of its spirit than it already has done through the “Gordian knot” and Western influence, seems extremely fanciful.[22] Nonetheless, it seems difficult to consider how the Islamic world might actually go about a renewal of the spirit, and moreover, how it might do so without losing even more of its spirit than it already has done through the “Gordian knot” and Western influence.

Although things might seem rather dark, Fabbri (p. 122) ends his book with the optimistic hope for a “New Axial Age”, a renewal of Islam, Hinduism (and presumably Western traditions too) that might emerge by looking back over their histories and rediscovering the moments of luminosity that produced them. Yet because of the narratives of spiritual decline inherent in Voegelinian and Guénonian perspectives, there might seem no real exit beyond simply enduring “modernity without restraint” as best one can. In the words of Peter Sloterdijk on Voegelin, one of the few popular thinkers to engage with his ideas in recent years: “defences of philosophia perennis in the twentieth century frequently become involuntary obituaries instead.”[23] Here Sloterdijk might as well have been speaking of Guénon. The elephant in the room, however, is whether announcing a new epoch like this is not an act of millenarianism in itself. In light of this one should perhaps recall Georges Sorel’s apt observation that it is pessimist desperation that gives rise to millenarian will-to-deliverance and revolution, not optimistic images of the world.[24] Maybe the best we can do is stay positive about what remains of esoteric tradition, name the devil of millenarianism for what it is, and keep an open mind to different traditions, experiences and ecumenical histories. All in all Fabbri has written an amazing little book, as much as it cannot help but seem to be slightly tinged with obituary. I look forward to finding out more about this “New Axial Age”.

Notes

[1] Barry Cooper, The New Political Religions, or, An Analysis of Modern Terrorism, University of Missouri Press, Columbia and London, 2004.

[2] René Guénon, The Essential René Guénon, World Wisdom, Sophia Perennis, Bloomington, 2009.

[3] Julius Evola, Ride the Tiger: A Survival Manual for Aristocrats of the Soul, trans. Jocelyn Goodwin, Inner Traditions, New York, [1961] 2003; Aleksandr Dugin, The Fourth Political Theory, Arktos, London, 2014.

[4] For an example of just how dependent upon the idea of deterministic primary causes in the narrative of the cosmos Guénonian thought is, compare Voegelin’s conceptions of order and history with this: Fritjof Schuon, The Essential Fritjof Schuon, edited by Seyyed Hussein Nasser, World Wisdom Publishers, Bloomington, Indiana, 2005,  p. 181:”…traditions having a prehistoric origin are, symbolically speaking, made for “space” and not for “time”; that is to say, they saw the light in a primordial epoch when time was still but a rhythm in a spatial and static beatitude…the historical traditions on the other hand must take the experience of “time” into account and must foresee instability and decadence, since they were born in periods when time had become like a fast-flowing river and ever more devouring, and when the spiritual outlook had to be centred on the end of the world.”

[5] Fritjof Schuon, The Essential Fritjof Schuon, p. 144. Cf. p. 138 uses the anti-philosophical arguments of the Sufis against the philosophical obsessions with laws of causation and the “outer world”. Here Schuon refers to the “best of the Greeks” as those who saw immanent Intellect at work in the world, but even here he has to emphasise that he believes the Arabic mismatch of Plato, Plotinus and Aristotle was superior because Islamic thinkers considered them holy men and used their ideas as a combined instrument to search for the truth. Also see: Ibid, Art from the Sacred to the Profane: East and West, World Wisdom Publihsers, Bloomington, Indiana, 2007, p. 48.  Perhaps an anecdote might shed some light on the occasional habit among Traditionalists to pejorate the “Western tradition” in favour of Hinduism and Islam. Many years ago when my old teacher Roger Sworder hired Harry Oldmeadow for his Philosophy and Religious Studies Department at Latrobe University Bendigo, Australia he asked him one important question over the phone: “What do you think of Guénon and Schuon’s attitudes towards the Greeks?” The appropriate answer that got him the job was “They said Plato was the best the West had available. They didn’t say enough.” Sworder spent his whole life in many ways trying to redeem the Greeks (especially the Neo-Platonic tradition) from a Traditionalist perspective. See: Roger Sworder, Mining, Metallurgy and the Meaning of Life, Sophia Perennis, San Rafael CA, [1995] 2008.

[6] Eric Voegelin, Collected Works of Eric Voegelin Vol. 17: Order in History Vol IV: the Ecumenic Age, University of Missouri Press, Columbia, 2000, p. 394. Cf. Idem, Anamnesis, trans. Gerhart Niemeyer, University of Missouri Press, Columbia and London, 1990, p. 123 on India: “but no historiography.”

[7] Idem, Collected Works of Eric Voegelin Vol. 21: History of Political Ideas Vol. III: The Later Middle Ages, University of Missouri Press, Columbia, p. 177: “the civilizational destruction perpetrated by a peasant group fighting for the perfect realm does not differ in principle from the annihilation of the world content in the…Cloud of Unknowing.” Cf. Eugene Webb, Eric Voegelin: Philosopher of History, University of Washington Press, Seattle, 1981, pp. 28-9.

[8] Eric Voegelin, The Ecumenic Age, esp. pp. 375-6.

[9] Pierre Feuga, “Rene Guenon et l’Hindouisme,” http://pierrefeuga.free.fr/guenon.html#_ftnref25 last accessed: 11th July 2017. Also see: René Guénon, Studies in Hinduism, trans. Henry D. Fohr and Cecil Bethell, Sophia Perennis, Hillsdale NY, 2004, p. 168 where he quotes Aurobindo at length against the Freudian unconsciousness.

[10] See: Radhakrishnan, An Idealist View of Life, Unwin Books, London, 1970.

[11] Mahabharata Vol. II, trans. and ed. by J. A. B. van Buitenen University of Chicago Press, Chicago and London, 1975, Book III. section 188.86-189.12. See: A. L. Basham, The Wonder that Was India, Rupa, Calcutta, 1986, p. 309 which mentions similarities with Christ’s second coming on a white horse as a similarity with Kalki; Zoroastrianism and Buddhism are mentioned as possible sources for the myth too. Wendy Doniger, The Hindus: An Alternative History, Oxford University Press, Oxford, 2010, pp. 486-7. On Shambhala, Kalki and Islam see: Alexander Berzin, “Holy Wars in Buddhism and Islam,” Alexander Berzin Archive:www.studybuddhism.com/en/advanced-studies/history-culture...islam last accessed: 19th June 2016; Jan Elvserskog, “Ritual Theory Across the Buddhist-Muslim Divide in Late Imperial China,” in A. Akasoy, C. Burnett and R. Yoeli-Tlalim, (eds) Islam and Tibet: Interactions Along the Musk Road, Ashgate, Farnham UK, 2011, pp. 1-16 and 293-312. On the Soviet use of the Shambhala myth to spread communism: Alexander Znamenski, Red Shambala: Magic, Prophesy and Geopolitics in the Heart of Asia, QuestBooks, Theosophical Publishing House, Wheaton, 2011.

[12] Eric Voegelin, The Ecumenic Age, pp. 198. The koranic quotes are carried over onto pp. 199-201. Perhaps Voegelin didn’t like Islam very much, as is suggested in The New Science of Politics, University of Chicago Press, Chicago, 1952, pp. 139-42 where he uses the term “koran” pejoratively to indicate the Gnostic habit of writing heretical third testaments to biblical history.

[13] Henry Corbin, Creative Imagination in the Sufism of Ibn Arabi, trans. Ralph Manheim, Princeton University Press, Princeton N.J., 1969. Idem, “Mundus Imaginalis, or, The Imaginary and the Imaginal,” Zurich, Spring 1972, available from:  https://ia600201.us.archive.org/28/items/mundus_imaginali... last accessed: 6th July 2017.

[14] For a commensurate overview see: Dennis L. Sepper, Descartes’ Imagination: Proportions, Images and the Activity of Thinking, University of California Press, Berkeley, 1996, pp. 19-25.

[15] Jonathan Ratcliffe, “The Messianic Geser: from Religious Saviour to Communism,” Paper delivered at Geser Studies Conference, 23rd June 2016, Buryat Scientific Centre, Ulan Ude. English and Russian versions. http://anu-au.academia.edu/JonathanRatcliffe last accessed: 6th July 2017.

[16] Mohammad Rafi, “Re-Working the Philosophy of Martin Heidegger: Iran’s Revolution of 1979 and its Quest for Cultural Authenticity,” Telos Press, 19th April 2013, http://www.telospress.com/re-working-the-philosophy-of-ma... last accessed: 6th July 2017.

[17] Martin Heidegger, “The Self-Assertion of the German University,” in Richard Wolin, The Heidegger Controversy, MIT Press, London, 1993, pp. 29-39; idem, Nature History and the State 1933-1934, trans. Gregory Fried and Richard Polt, various contributors, Bloosmbury, London, 2015.

[18] Yuk Hui, The Question Concerning Technology in China: An Essay in Cosmotechnics, Urbanomic, Falmouth, UK, 2016, pp. 241-69.

[19] Aleksandr Dugin, The Fourth Political Theory; Alexander S. Duff, “Heidegger’s Ghosts,” The American Interest 11/5 25th February 2016, http://www.the-american-interest.com/2016/02/25/heidegger... last accessed: 17th September 2016.

[20] Janet Afary and Kevin B. Anderson, Foucault and the Iranian Revolution, University of Chicago Press, Chicago, 2005. Cf Slavoj Žižek, In Defence of Lost Causes, Verso, New York, 2008, esp. pp. 107-17.

[21] Yuk Hui never talks about transhumanism, but is very much dependent upon Joseph Needham, Science and Civilisation in China Vol II: History of Scientific Thought, Cambridge University Press, Cambridge, 1956.  However as noted by one of the most millenarian thinkers of the last century: Norman O. Brown, Life Against Death, Wesleyan University Press, Middletown Connecticut, 1959, p. 311: “But Needham’s enthusiasm for Taoism as a human and organismic response to life in the world must be qualified by recognising that the Taoist perfect body is immortal: Taoism does not accept death as part of life.”

[22] Exemplary is this book: Paul Berman, The Flight of the Intellectuals, Scribe, Melbourne, 2010. This is little more than a kind of rather ineffectual beat-up about Ramadan, all based on his father’s connections with the Muslim Brotherhood rather than the thinker’s own character. The conclusions of its author were simple: replace the public intellectual Ramadan with another, Ayaan Hirsi Ali. What’s so special about Ali? She’s an ex-muslim, she loathes Islam and campaigns against it. Ergo, the only good Islam in Europe (or possibly everywhere) is no Islam.

[23] Peter Sloterdijk, In the World Interior of Capital, trans. Wieland Hoban, Polity, Cambridge UK, 2016, p. 283 n.4.

[24] Georges Sorel, Reflections on Violence, trans. J. Roth and T.E. Hulme, Collier Books, New York, 1961, pp. 34-6.

 

Written by

 

Jonathan Ratcliffe is a doctoral candidate in Asian History at the Australian National University. He is working with Chris Heggie-Brown on a history of technology and politics, provisionally titled "Voegelin Among the Machines."

vendredi, 08 septembre 2017

La Birmanie confrontée à un djihad d'inspiration américano-saoudienne

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La Birmanie confrontée à un djihad d'inspiration américano-saoudienne

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

La Birmanie ou Myanmar est un pays d'Asie du Sud-Est continentale ayant une frontière commune avec le Bangladesh, la Chine, l'Inde, le Laos et la Thaïlande. Elle est bordée par la mer d'Andaman au sud et par le golfe du Bengale au sud-ouest, avec environ 2 000 kilomètres de côtes au total.

Le pays a connu dès les temps les plus anciens de l'hominisation, soit 400.000 ans, la présence de l'Homo erectus utilisateur d'outils et celle de ses successeurs. Une suite compliquée d'influences et d'Empires, non résumable ici, s'y sont disputés le pouvoir depuis l'an 1.000. Il suffit de savoir que la colonisation britannique, attirée par la position stratégique du pays et ses considérables ressources et réserves naturelles, après plusieurs échecs, avait réussi en 1886 à faire de la Birmanie une composante de l'Empire britannique. Les Birmans sont en très grande majorité bouddhistes.

La Birmanie a été une dépendance de l'Empire jusqu'à 1937. La capitale en était Rangoon. A cette date, sous la pression incessante des nationalistes birmans, il a acquis le statut de colonie britannique distincte. Envahie par le Japon au début 1942, la Birmanie avait pris le parti de ce dernier. L'homme politique indépendantiste Ba Maw a dirigé un gouvernement pro-japonais entre août 1943 et mars 1945. Des combats incessants entre les militaires américains et et les birmans indépendantistes ralliés aux Japonais ont ravagé le pays jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Malgré leur succès militaires, les Britanniques et les Américains n'avaient pas pu à cette date refaire de la Birmanie la quasi-colonie qui auraient voulue. Ils ont officiellement renoncé à cet objectif devant les résistances des indépendantistes et l'insécurité en découlant. Le 19 juillet 1947, le pays est devenu indépendant,puis a quitté le Commonwealth le 4 janvier 1948 . Le premier ministre U Nu y a instauré une démocratie dite officiellement « parlementaire ». Mais le pays a connu depuis 1962 une série de régimes autoritaires militaires, qualifiés de dictatures militaires par les Occidentaux. Ceux-ci avaient surtout le tort de vouloir résister militairement aux oppositions suscités et financées par les Etats-Unis. Ils avaient aussi le tort de se tourner vers l'URSS, relativement favorable aux indépendantistes.

De 1988 à 2011, la Birmanie a été officiellement dirigée par un pouvoir militaire, qualifié de « junte » par les Occidentaux, qui s'était nommé Conseil d'État pour la paix et le développement. Celui-ci a laissé la place en 2011 à un pouvoir civil dirigé par l'un de ses anciens membres. Il a incontestablement imposé une relative libéralisation s'inspirant des principes de la démocratie occidentale, mais le poids de la hiérarchie militaire est resté prépondérant dans les faits.

La  libéralisation du pays qui s'est confirmée depuis a conduit l'Union européenne et les États-Unis à suspendre ou lever en 2012 l'embargo qu'ils imposaient au pays depuis les années 1990, exception faite des ventes d'armes. Mais les Occidentaux, poussés par les Etats-Unis qui n'avaient jamais renoncé à mettre le pays sous leur influence directe, n'ont cessé de susciter des oppositions internes au pouvoir Birman.

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Pourtant, aux élections législatives de novembre 2015 , la National League for Democracy (NDL) d'Aung San Suu Kyi avait remporté une écrasante victoire sur le Parti de l'union, de la solidarité et du développement (USDP) du président Thein Sein. Lors de l'élection présidentielle du 15 mars 2016, Htin Kyaw, un proche d' Aung San Suu Kyi, a succédé à Thein Sein . L'emblématique Aung San Suu Kyi est devenue "ministre du conseil d'État", nouvelle fonction qui s'apparente à un premier ministre sans grandes responsabilités. Tous deux entendent désormais poursuivre la transition démocratique pacifique. Il reste qu'ils demeurent sous la tutelle des militaires, qui n'entendent pas laisser la Birmanie devenir une sorte de colonie américaine, comme le voudrait Washington. Ils ont raison de se méfier car, selon la politique classique du « regime change », ce dernier encourage tous les opposants, éventuellement armés, qui pourraient créer des difficultés au gouvernement de Naypyidaw (la capitale depuis 2005).

Malgré cette transition démocratique, la Birmanie reste présentée par tous les médias occidentaux comme une dictature. La capitale est décrite comme une « ville-fantôme ». Il y a du vrai dans ces descriptions, mais il faut bien voir que sans les ressources d'une puissance militaire, la Birmanie aurait été envahie et défigurée par les intérêts américains. On peut à cet égard comparer le régime birman à celui de la Corée du Nord. Il leur faut préserver leur indépendance et leur singularité par tous les moyens.

Les Rohingya

C'est en tenant compte de cet historique, sur lequel l' « Occident » se garde bien de faire la lumière, qu'il faut étudier les efforts faits par certains musulmans Rohingya pour se rendre indépendants du pouvoir central en s'appuyant ce faisant sur les moyens généreusement consentis par les Etats-Unis, en dollars et en mercenaires, afin de provoquer une crise de régime.

arakan.gifLes Rohingya, descendants lointains de commerçants et de soldats arabes, mongols et turcs, se sont convertis à l'Islam au 15e siècle, alors qu'à l'époque la région était un État vassal du Bengale. Des colonies musulmanes existent en Arakan (Rankine ou Rakhine) depuis la venue des Arabes au 8e siècle. Les descendants directs des colons arabes vivent au centre de l'Arakan près de Mrauk U et de Kyauktaw.

De 1824 à 1826, lors de la première guerre entre l'empire britannique et la Birmanie, les Rohingyas étaient supplétifs dans l'armée britannique et considérés comme des traitres par les indépendantistes birmans. Après la Seconde guerre mondiale, ils soutiennent de nouveau les Anglais face aux Birmans. En 1948, comme rappelé ci-dessus, la Birmanie retrouve son indépendance et les Rohingyas sont alors rejetés voire persécutés, au regard des critères de la démocratie occidentale.

L'arrivée des Rohingya en Birmanie à la fin du 19e siècle est, en grande partie, liée à la politique d'immigration encouragée par l'administration coloniale durant la période du régime colonial dit Raj britannique, ceci afin de les employer comme main d'œuvre bon marché dans les exploitations agricoles. La majorité d'entre eux vit dans l'État actuel d'Arakan (dont ils forment environ la moitié de la population), séparés de la Birmanie proprement dite par l'Arakan Yoma (voir carte). Leurs effectifs globaux sont d'environ 800.000 personnes.

Ils ont fui massivement vers le Bangladesh, en 1978 tout d'abord, puis en 1991-1992 pour échapper au gouvernement birman. ce qui a ainsi amené plusieurs centaines de milliers d'entre eux à rester confinés dans des camps de réfugiés au Bangladesh. Dans les deux cas, la question centrale est liée au fait que le gouvernement birman considère que les Rohingya sont en grande partie des immigrants clandestins et leur refuse toute citoyenneté, alors qu'eux-mêmes s'appuient sur le fait que leur présence dans la région remonte avant son rattachement à la Birmanie. Ils ont incontestablement subi quelques violences « ethniques » et religieuses de la part des majorités birmanes bouddhistes.

Ceci dit, les gouvernements et les opinions occidentales, toujours à l'affut de ce qui pourrait déstabiliser le gouvernement birman, avaient donné un écho excessif à ces violences. Human Rights Watch, à l'unisson avec le président « musulman modéré » turc Erdogan, avaient appelé l'Occident au soutien des musulmans Rohingya « persécutés ». Les gouvernement occidentaux, qui partout ailleurs combattent le terrorisme musulman, ont décidé d'encourager, voire susciter, des mouvements insurrectionnels djihadistes en lutte contre le gouvernement de Naypyidaw.

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Les acteurs derrière cette insurrection Rohingya sont aujourd'hui, outre les services américains, l'Arabie saoudite et les royaumes arabes sunnites. L'Arakan est en effet appelé à jouer un rôle important dans les projets chinois dits One Belt One Road Initiative, OBOR, dont il constituera le débouché vers l'océan Indien et où des investissements chinois importants sont prévus. Des pipe-lines de la côte birmane vers la Chine permettront les importations chinoises de pétrole en évitant le Détroit de Malacca et la mer de Chine méridionale ou la marine américaine renforce constamment sa présence.

Un djihad Rohingya ?

Les Américains et les Saoudiens ont donc cherché à susciter un djihad Rohingya susceptible de mettre en difficulté les projets chinois. Pour cela, récemment, ils ont encouragé un mouvement insurrectionnel dit Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA) dirigé par un certain Ataullah abu Ammar Junjuni, agitateur djihadiste provenant d'une communauté Rohingya présente au Pakistan et ayant vécu récemment en Arabie saoudite.

Selon le journal pakistanais Dawn (voir https://www.dawn.com/news/amp/1165299 ), les Rohingya sont plus de 500.000 à Karachi et la région, où ils forment une communauté islamique très agressive, au contraire des Rohingya de Birmanie. Le Pakistan et l'Arabie Saoudite les ont utilisés pour conduire en 2016 différents actions anti-birmanes à la frontière de ce pays. Les populations bouddhistes de l'Arakan ont eu de nombreux morts à la suite de ces attaques. Les terroristes ont ensuite attaqué plus de 30 postes militaires et de police birmans, tuant environ une douzaine de policiers. Le gouvernement birman a réagi de sa façon habituelle (et attendue), en incendiant des villages musulmans susceptibles d'abriter des terroristes.

Comme attendu également par la conspiration américano-saoudienne, des populations Rohingya ont fui en grand nombre vers le Bangladesh, tandis que les populations bouddhiste se réfugiaient dans la capitale de l'Arakan. Seules les premières ont attiré l'attention de l'opinion occidentale.

On peut penser cependant que ces mouvements de populations et les accusations portées contre le pouvoir Birman dans les médias occidentaux ne remettront pas en cause les projets birmano-chinois autour de l'OBOR. Les intérêts en cause sont trop importants pour que le gouvernement birman laisse fuir cette opportunité, en cédant à des provocations américano-saoudiennes prenant en otage les musulmans birmans.

The 13 Books That Have Taught Me the Most About Manhood and Masculinity

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The 13 Books That Have Taught Me the Most About Manhood and Masculinity

By

The Art of Manliness 

In every time period, and all across the world, men have been very interested in the question of what it means to be a man. Some of their answers were learned intuitively by watching their peers and mentors, while other aspects of manliness were taught to them and imparted intentionally and explicitly.

In primitive times, the “secret knowledge” of manhood was passed down from elders to boys in elaborate coming-of-age ceremonies.

In ancient times, philosophers contemplated the virtues and qualities that constituted the attainment of arete — a word meaning “excellence” that was sometimes used interchangeably with andreia or “manliness.”

In our own times, men experience few knowledge-imparting rites of passage, and the meaning of manliness is not often discussed by present-day philosophers. Most unfortunately, the chains of intuitive manhood — the mentor relationships which offer a chance to learn manhood by example — are all too often severed or nonexistent.

As a result, many men are unsure of what it means to be a man — how they’re different from women, why they sometimes act the way they do, and what kinds of virtues and behaviors they need to cultivate in their lives in order to understand who they are, fulfill their potential, and live a satisfying life.

I know when I started the Art of Manliness back in 2008, I had only the foggiest idea of what exactly manliness meant. My ideas had mostly been picked up unconsciously from various streams of popular culture and absorbed without much examination.

In the last 8 years, I’ve dived headfirst into getting an education in the meaning and nature of manhood. I’ve read dozens of books on the biology, psychology, anthropology, and philosophy of masculinity, all in search of developing a multi-faceted answer to the big questions surrounding the male experience: What is manliness and where does it come from? Why is it that we associate aggression, risk-taking, and bravado with manhood? How did past cultures harness the traits of masculinity for good rather than evil?

Most of the books that I’ve read on the subject were okay, but a select few have done a masterful job of explaining the answers to these questions. Below you’ll find the ones I think are the best of the best. They’ve influenced how I approach the topic of manliness on the site immensely and have given me insights into my own life and place in the world. My series on honor, the 3 P’s of manhood, and male status relied heavily on research from these books, and they’re ones I have found myself returning to year after year — often re-reading them only to find new insights.

Some of the books focus on one aspect of manliness, like the evolutionary origins of male physical and psychological traits or how men behave in groups, while others take a big picture approach to looking at manliness as a cultural imperative or a set of virtues. I don’t agree with all the conclusions that most of the authors draw. And that’s okay. It’s good to have your ideas challenged and it’s still possible to get something out of a book even if you don’t end up agreeing with the author’s final thesis.

In a time where ideas about manliness are often fuzzy or contradictory, if they’re even discussed at all, these books give you insights into history, culture, and understanding more about who you are; they’ll help you discover a “secret knowledge” that’s largely been lost in the past several decades. If you’d like to further your understanding of what it means to be a man, give these books a read.

The Way of Men

way of men book cover jack donovan

Arguably the modern classic on masculinity. Jack Donovan works to strip away all the culturally/religiously relative definitions of manhood that exist in order to arrive at the very essentials of what makes men, men. He calls these essentials the “tactical virtues” and they include: strength, courage, mastery, and honor.

While the amoral nature of Donovan’s idea of masculinity may make some uncomfortable, that is in many ways its greatest strength. Whenever my thinking on manhood gets muddled by all the competing definitions and claims out there, I return to The Way of Men to get reacquainted with the very core of masculinity. It’s a short, accessible book, with pithy, muscular prose — there’s really no reason every man shouldn’t read it and consider its forceful and challenging ideas. Once you do, you can take Donovan’s vision of the foundation of masculinity and stop there, or you can add a moral/philosophical layer onto it. For that task, I’d recommend the next book.

Listen to my podcast interview with Jack Donovan.

The Code of Man: Love, Courage, Pride, Family, Country

code of man book cover waller newell

If the The Way of Men is the book on the biological/anthropological nature of manhood, The Code of Man is the book on the philosophical vision of manhood.

In The Code of Man, Dr. Waller R. Newell argues that modern men have lost touch with the values and virtues that have defined manliness for thousands of years. Consequently, many men (particularly young men) are lost, confused, and angry. Newell believes that the road to recovery is taken along the five paths to manliness: love, courage, pride, family, and country. Using Western writers and thinkers like Aristotle and Plato, Newell attempts to guide men down the path to achieving a “manly heart.”

Newell’s idea of honorable and virtuous manliness is aligned almost perfectly with the conception of manliness that we espouse on AoM. I’ve actually read this book again several times since my initial reading a few years ago and I still find it as stirring and as relevant as the first time I read it.

Listen to my podcast interview with Dr. Waller Newell.

Manhood in the Making: Cultural Concepts of Masculinity

manhood in the making book cover david gilmore

If you enjoyed our 3 P’s of Manhood series, then you’ll want to read the book that inspired it. Manhood in the Making is by far the most enlightening book on manhood I’ve ever read. In it, anthropologist David Gilmore shares the results of his cross-cultural study of manliness around the globe. Gilmore found that the concern for being manly and the idea of being a “real man,” is hardly a culturally-relative, social norm-based phenomenon, but instead has been shared by nearly every culture in the world, both past and present.

While every society’s idea of what constitutes a “real man” has been molded by their unique histories, environments, and dominant religious beliefs, Gilmore found that almost all them share three common imperatives or moral injunctions — what I call the 3 P’s of Manhood: a male who aspires to be a man must protect, procreate, and provide.

Despite being an academic book, Manhood in the Making is a fairly easy and enjoyable read. I couldn’t put it down after I started it and several times could sense a veritable light bulb going off above my head.

Is There Anything Good About Men? How Cultures Flourish by Exploiting Men

anything good about men book cover baumeister

In Is There Anything Good About Men?, eminent professor of psychology Roy F. Baumeister flips the feminist argument that it’s only women who have been oppressed and exploited from the beginning of time. Baumeister argues that, in many ways, men are the ones that society “exploits” (even if they accept their responsibilities willingly). He explores the fact that throughout history men have been seen as far more expendable than women; they’re the ones who went to war, took the dirty jobs, and sacrificed their lives to advance civilization.

That might seem like a controversial thesis to some, but Baumeister lays it out in a very sensible, straightforward, non-inflammatory, and ultimately hard-to-argue-with way. He uses studies from the growing fields of evolutionary psychology and sociobiology to explain why cultures have exploited men the way they have. And he explains how and why certain aspects of male and female behavior are hardwired and that these differences should be used to complement each other rather than as fodder in the gender wars.

The book is a really interesting read, but honestly, the article he wrote that became the book sums up his main points much more succinctly and for free!

Listen to my podcast interview with Dr. Roy R. Baumeister.

Men In Groups

men in groups book cover lionel tiger

You’ve probably heard the phrase “male bonding.” Well, this is the book where it originated from. In Men in Groups, anthropologist Lionel Tiger takes a look at the ingrained male propensity to form and act in gangs. Looking at primatology, sociobiology, and anthropology, Tiger highlights the fact that human males are very adept at forming male-only coalitions in order to dominate something — be it a competing tribe, a competing business, or even nature itself. He argues that this tendency for human males to organize in male-only coalitions is an evolved trait; similar male grouping patterns are seen in our closest primate relative, the chimpanzee. He goes on to describe how across cultures, males often bond with one another through competition amongst themselves and that this intra-group competition may be a way to prepare for inter-group competition with other teams/gangs.

Men in Groups was written in 1969 so a lot of the research in it is old and outdated. Even so, the main thesis of the book is still relevant today, and many modern sociologists and anthropologists have built on the initial work done by Tiger.

Also be sure to check out Tiger’s The Decline of Males for an interesting treatise on how the advent of birth control has impacted modern masculinity.

Listen to my podcast interview with Dr. Lionel Tiger.

Plato and the Hero: Courage, Manliness, and the Impersonal Good

plato and the hero book cover angela hobbs
 
I’m a classics guy, so the ancient Greeks and Romans inform a lot of my ideas about what manliness means, particularly how they equated manliness with living a life of virtue. One of the best books that I’ve come across on how the Greeks saw manliness as intwined with virtue is by professor of philosophy Angela Hobbs. In Plato and the Hero: Courage, Manliness, and the Impersonal Good, Hobbs goes into detail clarifying Greek concepts related to manliness, including andreia (courage), thumos (spiritedness), and time (honor). She hones in on Plato’s uneasiness with these wild, masculine, Homeric virtues and shows how part of his philosophy was an attempt to harness these virtues for the greater good of society.
 

The Professor in the Cage: Why Men Fight and Why We Like to Watch

professor in the cage book cover jonathan gottschall

Research shows that men are drawn to violence, be it the criminal or sporting kind. Why is that? In The Professor in the Cage, english professor Jonathan Gottschall takes us on a personal as well as interdisciplinary tour to answer that question.

Using his experience training to be an MMA fighter, as well as looking to research from biology, anthropology, and sociology, Gottschall argues that men are both made and conditioned to fight. We’ve got a fighting spirit inside of us that can be used for good or evil — simply depending on how this energy is directed. Gottschall does a great job tying together all the research about manhood and the male fighting instinct in an accessible, enlightening, and entertaining read. If you enjoyed our honor and manhood series, then you’ll certainly get a lot out of this book.

Listen to my podcast interview with Jonathan Gottschall. 

The Poetics of Manhood: Contest and Identity in a Cretan Mountain Village

poetics of manhood book cover michael herzfeld

While many of the books on this list concentrate on broad, general examinations of masculinity, The Poetics of Manhood brings the discussion down to earth and into the specifics. During the 1960s, anthropologist Michael Herzfeld lived among the people inhabiting a small, mountainous village on the island of Crete, observing their culture of masculinity. The resulting field study Herzfeld wrote up isn’t always the clearest or easiest read, but the book is chockfull of interesting tidbits on the nature of lived manhood, with insights on why men are drawn to meat, risk, competition, and improvisation. This is the book where the idea of “being a good man vs. being good at being a man” originates, though the Cretans used it in a slightly different way than it’s come to be understood in the modern manosphere.

The Hunting Hypothesis

hunting hypothesis book cover robert ardrey

In The Hunting Hypothesis, playwright and paleoanthropologist Robert Ardrey eloquently lays out the case that hunting is what made humans, humans. Not only did the meat from hunting increase the brain size of our early human ancestors, but hunting acted as a selection method for traits that we consider uniquely human. Ardrey argues that speech, large group co-operation, abstract thinking, and tool making can all trace their roots back to hunting. What’s more, he argues that men in particular were selected for hunting due to their larger stature, strength, and propensity for risk taking. While Ardrey’s theory was originally controversial when first published in 1976, it’s now accepted by many anthropologists, evolutionary biologists, and psychologists.

What I love most about this book is how absolutely fun it is to read. Ardrey’s talent as a playwright and screenwriter shine through in his work and he’s able to take complex ideas like paleoanthropology and make them accessible to the layman.

Another Ardrey book to check out that’s tangentially related to The Hunting Hypothesis is The Territorial ImperativeIn that book he takes a look at the human drive toward territoriality and the implications it has on property ownership and nation building. It doesn’t really get into the topic of gender differences or why men are the way they are like The Hunting Hypothesis does, but it’s still a fascinating and worthwhile read.

Heroes, Rogues, & Lovers: Testosterone and Behavior

heros rogues lovers testosterone book cover james dabs

We all know that testosterone is what makes men (generally) stronger and more aggressive than women, but how does this hormone affect other areas of a man’s life? In Heroes, Rogues, & Lovers: Testosterone and Behavior, cognitive psychologist James M. Dabbs (along with his wife Mary) highlight research showing testosterone’s effect on behavior in the workplace, in school, in the bedroom, and even in utero. This is one of the most fascinating and engaging books I’ve read. No other book out there tackles the topic of testosterone’s effect on human behavior like this one. If you want a more complete understanding of why men behave the way they do, pick up a copy.

Fighting for Life: Contest, Sexuality, and Consciousness

fighting for life book cover walter ong

Walter J. Ong was a Jesuit priest who spent his career as an academic studying and writing about how humanity’s transition from an oral to written culture changed human consciousness. In Fighting for Life Ong takes a look at how competition — particularly male competition — has shaped human consciousness. He focuses on how the male drive for competition influenced philosophers and academics from ancient Greece through the Enlightenment to create a learning environment that was agonistic  and competitive. Ong argues that after the Romantic Era, education became much more “feminized” and an emphasis on co-operation rather than competition began to pervade classrooms. Fighting for Life was originally published in 1981, but the insights Ong had have later been confirmed by researchers exploring how boys and girls learn differently. For example, check out Boys Adrift by Dr. Leonard Sax which highlights research showing that boys thrive academically when there’s an element of competition in the classroom.

Roman Honor: The Fire in the Bones

roman honor book cover carlin barton

Back in 2012, we published a series on the history and decline of traditional manly honor in the West. I thought I had turned over every rock when researching those posts, but a few months after we wrapped up the series, I came across Roman Honor: The Fire in the Bones by Carlin Barton, a professor of ancient history at the University of Massachusetts. I wish I had known about this book when I was researching and writing my series on honor. Roman Honor is the best book I’ve read on honor — bar none. Barton masterfully explores how honor shaped the lives of ancient Rome from the early days of the Republic and all the way through the fall of the empire. She shows how small, intimate groups are vital for honor to survive and how imperialism kills it. This book is a hard read, but it’s well worth the effort. The insights are so brilliant they’re almost startling, and even the footnotes are packed with fascinating asides.

Listen to my podcast interview with Dr. Carlin Barton.

Manvotionals: Timeless Wisdom and Advice on Living the 7 Manly Virtues

manvotionals book cover manly virtues brett mckay

I promise this isn’t a shameless plug (at least not entirely!); Manvotionals is an anthology of letters, speeches, quotes, etc., from history’s eminent men, so I can’t at all take credit for the wisdom contained therein! I can only say that putting together this collection really helped refine my vision and understanding of what I consider the 7 manly virtues: manliness (it’s a distinct virtue in and of itself), courage, industry, resolution, self-reliance, discipline, and honor (integrity). This is my favorite book we’ve ever put out, and I still return to it personally in order to revitalize my vision and aim for becoming the kind of man I want to be: one who maximizes his full potential in body, mind, and soul, effectively uses his abilities to fulfill his life’s purposes, and overcomes setbacks and challenges to make a difference and leave a real and lasting legacy.

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Neocons Are About to Run Amok

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Neocons Are About to Run Amok

Trump has made a deal with the devil; neocon foreign policies in return for backing on the domestic front

In the past few days, it became quite clear to me that Donald Trump made a deal with the Neocons in Washington. He traded part of his domestic agenda for ceding control of foreign policy to the D.C. establishment.

It’s obvious when you connect the dots. Signing the sanctions bill, the non-shift in Afghanistan policy, the tit-for-tat diplomatic aggression with Russia, weapons to Ukraine, etc.  I’ve written extensively about this. Graham is suddenly touting his Obamacare replacement bill.

But, taking Graham at his word what this means is that the whole repeal vote was nothing more than a setup, because in no way could they have put this together in the last few weeks.

Therefore, this was held back from Trump and the rest of Congress for the purpose of finalizing a number of foreign policy initiatives that Trump was hostile to, namely expanded sanctions on Russia and Iran and a troop surge in Afghanistan.

Remember, Graham said after Trump’s Afghanistan speech (cribbed almost verbatim from previous speeches made by National Security Advisor Gen. H. R. McMaster) that he was finally proud of his President.

These moves make sense only if you realize that Lindsay Graham and John McCain ran an operation on Trump that was all about regaining control of foreign policy at any cost. And the costs were enormous.

It goes farther than Obamacare. We’re talking tax cuts now. Graham also withheld crucial information about former FBI Director James Comey’s conduct during his investigation into Hillary Clinton’s email server last year.

And this may give Trump enough room to cut a deal with the GOP to pardon Julian Assange to corroborate Hillary’s crimes as Secretary of State. And all of that, in the end, is to the good. I’ll believe it when I see it but there’s the strong chance that a number of prominent people from the Obama administration and the DNC could wind up in jail.

Neutering Trump

Now, that said, none of that is important. Because what is important is Trump’s neutering as a change agent for foreign policy. You can disagree with me all you want but I do believe Trump was sincere in his desire to change the course of U.S. policy in Central Asia and Europe.

If he wasn’t then the U.S. ‘Deep State’ wouldn’t have been so apoplectic at his election. They wouldn’t have spent so much political capital in trying to rein him in. As that nexus, Trump has served us valuably.

Because now these people have been unmasked as to just how vile and depraved they truly are to a huge swath of the American public.  Trump, like Putin in Russia, will be able to play the victim card here. He’ll be able to say that this is all an external attack on him by traitors in the GOP.

He can still go to his base and weakly sell the Neocon’s agenda because that’s part of the deal.

But, it will ring false.

And very few in the base will believe it.

Moreover, many of them will gladly take tax relief and Obamacare repeal (or do I repeat myself?) for a few more thousand troops in Afghanistan and open conflict in Ukraine. Sad to say, but all politics stops at the water’s edge here in the States.

So, Trump will stump for reformers. He’ll focus on domestic improvements. And he’ll let them own foreign policy. Most Americans simply don’t care. And the GOP handing him domestic wins (which are necessary) plays to his long-term survival.  Remember Reagan.

Trump is not about to go to bat for Jeff Flake in Arizona. He’ll take the wins handed to him and play them for what they are worth while looking to the mid-terms and beyond.

Because if Lindsay Graham and John McCain think the old-guard, “uniparty” GOP leadership will survive the next three years, they are kidding themselves. The visceral hatred of these men here in the U.S. is beyond palpable.

What happens next, unfortunately, is not good.  We will have to suffer another couple of years of insane foreign policy from Washington. Russia will be treated like the world’s biggest leper colony while Putin, Xi and the rest of the opposition make strategic moves to divest themselves of Washington.

The Neocons will lash out everywhere. In fact, they are doing so right now. Winning makes you sloppy. Simply note the desperation of Israeli Prime Minister Netanyahu in the past two weeks to see how things are changing now that Syria is effectively settled.

Things are not as bad as they seem. Because with the military effectively running foreign policy in the White House there is little chance of a major war. This is the difference between having men who have seen battle making policy and those who only dream of it.

And when push comes to shove and Graham et.al. push too far, I have faith that Putin will step up and force the issue to its crisis, like he did in Syria multiple times. And that’s how this insanity ends. But, that’s not today.

Today, they will run amok to the detriment of us all.

Reprinted from Russia Insider.

jeudi, 07 septembre 2017

Terrorisme : « le doigt et la Lune »...

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Terrorisme : « le doigt et la Lune »...

par Caroline Galactéros

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Caroline Galactéros, cueilli sur son site Bouger les lignes et consacré à la façon dont l'Europe refuse de faire face à la menace islamiste. Docteur en science politique et dirigeante d'une société de conseil, Caroline Galactéros est l'auteur de  Manières du monde, manières de guerre (Nuvis, 2013) et publie régulièrement ses analyses sur le site du Point et sur celui du Figaro Vox.

Terrorisme : « le doigt et la Lune »

La terreur ne prend pas de vacances. Levallois-Perret, Marseille, Barcelone, Cambrils, Turku, jusqu'à Surgut en Sibérie… Les plages se vident, les enfants font leurs cartables et taillent leurs mines pour apprendre, grandir, aimer la vie et les autres…, tandis que les islamistes affûtent leurs poignards, bourrent leurs sacs à dos d'explosifs, se ceinturent de Semtex ou de pâte à modeler, louent des camionnettes ou empruntent des voitures pour les détruire. Chacun va donc faire ses devoirs et les services de police et de renseignement feront ce qu'ils peuvent – ce qui n'est pas rien mais ne peut tout –, modernes Sisyphes d'un monde occidental qui s'étourdit dans le déni. Combien d'attentats déjoués en vérité ? Combien à venir ? Doit-on s'y habituer, comme certains responsables politiques osent nous y inviter, comme on accepte sans broncher qu'un cambriolage ait lieu en France toutes les deux minutes ?

Le terrorisme « fait-il partie de notre vie », chacun devant vaquer à ses affaires dans une indifférence désabusée, espérant échapper aux prochaines rafales par des calculs de probabilité rassurants ? Croit-on sérieusement qu'en ignorant le défi qui nous est lancé, en le minorant, en réduisant la menace à des passages à l'acte d'individus psychiatriquement atteints – dans un tiers de cas nous répète-t-on désormais à l'envi –, on va faire disparaître la menace et lasser l'adversaire qui nous laissera en paix ? L'accent mis sur la maladie mentale est une inquiétante défausse. Cette tentation du politique grandit à mesure que se manifeste l'ampleur du phénomène et que monte le sentiment d'impuissance des pouvoirs publics.

Que des individus fragiles ou même malades agissent de manière mimétique par rapport au modus operandi des terroristes, certes, mais 120 bonbonnes de gaz ont été retrouvées en Espagne pour faire exploser la Sagrada Familia et d'autres monuments ! Ce sont désormais les symboles les plus éclatants de la chrétienté en déroute qui sont ciblés en Europe même, et non plus seulement dans le lointain Orient. Ce sont les dirigeants européens qui « sont dans le gaz » ! À moins que leur calcul implicite ne soit plus cynique encore : notre mode de vie, le choix de nier les problèmes pour ne pas devoir les traiter, suppose un certain ratio de pertes humaines, en quelque sorte incompressible, qu'il faut accepter et faire admettre d'une manière ou d'une autre à nos concitoyens, « parce que nous le valons bien » et qu'on s'en sortira... Fermez le ban.

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Une guerre que nous ne voulons pas voir

Refusons cette coupable inhibition. Prenons nos responsabilités. La première d'entre elles est la lucidité : chaque attentat n'est pas l'expression d'une violence exceptionnelle, incompréhensible voire inévitable, mais scande une étape sanglante supplémentaire dans une guerre qui nous a été déclarée et que nous ne voulons pas voir.

On ne fait d'ailleurs pas davantage le lien – sans être taxé de racisme ou d'islamophobie primitive – entre cette « problématique sécuritaire », qui rythme désormais tragiquement notre quotidien, et la vague migratoire qui inonde l'Europe, gonfle en silence, charriant dans son écume d'innombrables malheureux, mais aussi moult individus dangereux, et des centaines de milliers d'autres dont on sait très bien qu'ils sont en train de faire changer notre continent de nature… et de culture. Réfugiés économiques ou politiques, migrants, demandeurs d'asile, légitimement fondés à venir en Europe ou pas, est-ce finalement la question ? Évidemment non.

Cet exode massif programmé n'est pas le fruit d'un odieux « complot » mais celui d'un enchaînement de circonstances, d'intérêts, et aussi de (nos) décisions politiques folles. Il est surtout une calamité que chacun pressent, mais que nul n'ose dénoncer sans honte et surtout sans s'exposer à la vindicte « d'élites » confites dans l'aveuglement et la repentance délirante… Nos politiques, pour la plupart complaisants et démagogues, pratiquent l'omerta trans-partisane et refusent de traiter sérieusement cet immense péril. Eux aussi espèrent passer entre les gouttes jusqu'au prochain scrutin… Et puis, s'ils devenaient courageux, il leur faudrait encourir l'opprobre du chœur des vierges aux yeux crevés et l'impopularité immédiate, se montrer durs, forcément injustes, oser traiter des nombres et non plus des destins particuliers, imposer des devoirs et restreindre des « droits », traiter « le local » avant « le global », le national avant l'universel. Pas très valorisant ni valorisable électoralement parlant. Il leur faudrait surtout cesser d'invoquer l'Europe, dont chacun sait qu'elle ne peut rien, car elle n'est que la somme des volontés de ses États membres… et donc de leur absence. Aussi préfèrent-ils maquiller le danger manifeste en aubaine pour l'emploi ou la diversité…

En plein délire, en plein déni

On nage donc en plein délire et surtout en plein déni. Même Angela Merkel, maîtresse de l'Europe au grand cœur, réalise désormais amèrement le prix de sa naïveté. R. T. Erdogan vient de lui donner une cinglante leçon d'ingérence et poursuit son chantage à l'ouverture des vannes migratoires. Cela lui a rapporté beaucoup déjà. Désormais, il va plus loin encore. La chancelière critique l'évolution autocratique de son pouvoir et renvoie l'intégration de la Turquie dans l'UE aux calendes grecques ? Il appelle publiquement contre elle les Turcs d'Allemagne à ne pas voter pour la CDU ou ses alliés dans quelques semaines. Cela ne changera probablement pas sensiblement l'issue du vote. Certes, mais il y a plus de trois millions de Turcs en Allemagne et c'est là encore voir la paille et non la poutre. Car le signal est limpide : les communautés musulmanes d'Europe sont devenues, bon gré mal gré, les vecteurs d'une entreprise de déstabilisation progressive du Vieux Continent aux fins de sa submersion politico-culturelle et de sa subversion idéologico-religieuse. Ces chevaux de Troie, activés par d'habiles leaders d'influence locaux ou lointains, peuvent à tout moment prendre le mors aux dents et jeter à terre leurs piètres cavaliers sans éperons ni étriers.

Rappelons, pour éviter tout malentendu ou procès d'intention, que les Français de confession musulmane sont dans leur immense majorité les cibles, les otages, les victimes d'une instrumentalisation politique extérieure, exactement comme les populations civiles d'un pays en guerre. Ils sont la matière première semi-consciente d'une entreprise globale de subversion d'un ordre ancien qui se structure dans l'indifférence générale. Le gros de ces populations est pacifique, travaille, et pratique (ou pas) un islam modéré, c'est-à-dire compatible avec les lois de notre République. Car la question n'est pas, rappelons-le aussi, d'adapter la République aux religions et communautés présentes sur le sol français, mais de définir la marge possible d'expression et de pratique de ces religions dans la seule mesure où elles ne remettent pas en péril les lois, pratiques et équilibres de la République ni la cohésion nationale, et cela dans le respect du cadre historico-politique d'un pays d'histoire et de culture chrétiennes multiséculaires. En toute rigueur, cela suppose, très spécifiquement pour l'islam, qui est par essence un système politico-religieux holistique et ne reconnaît pas la primauté de la loi des hommes sur celle de Dieu, une réforme intellectuelle sérieuse (sur le plan de l'exégèse même du Coran) et en tout cas une constriction, une compression du domaine légitime et légal d'expression et d'observance de la foi musulmane en France.

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Plus immédiatement encore, cela impose aux autorités françaises d'exiger des représentants des Français musulmans (et non des « musulmans de France » !) un grand « ménage » dans les mosquées et les associations et de les appuyer dans cette œuvre de salut public, afin de nous débarrasser de tous les imams salafistes et agents prosélytes prêcheurs de haine et de régression. Car c'est en ces lieux, où se mêlent ignorance, ingérences et pressions extérieures, que s'exprime le rapport de force politico-religieux et que l'on sent la volonté de faire progressivement plier la République devant le poids démographique et électoral croissant d'une communauté de plus en plus réduite à son identité confessionnelle. Or, là est le drame. Car la confessionnalisation de la violence politique, que l'Occident a sciemment encouragée notamment depuis le tournant du siècle, gangrène désormais le monde entier et a transformé, en France, des parents inoffensifs et travailleurs, des enfants revendicatifs et des petits-enfants remplis de haine envers leurs pays nourriciers en une arme à double détente par destination.


Confessionnalisation

Pour en revenir à l'attitude de la Turquie, l'appel du néo-Sultan à la désobéissance civique et surtout à l'obéissance à une appartenance communautaire politico-religieuse supérieure transcende l'autorité du pays d'installation et la méprise ouvertement. Cela se passe aujourd'hui en Allemagne. Mais il y aura d'autres appels. Car il sera de plus en plus facile d'activer ces masses humaines globalement insérées, mais en fait désincarnées de la chair nationale d'États en décomposition, et de les mobiliser contre leurs pays d'accueil au service d'un dessein plus vaste. Dans les mosquées ou sur les réseaux sociaux. Question d'opportunité, de mûrissement communautaire et d'affadissement perçu de la volonté d'appareils d'États déliquescents et craintifs.

Cela rappelle fortement une autre situation, celle de la Bosnie-Herzégovine en 1991, avec l'instrumentalisation tragique de la nationalité confessionnelle des « Musulmans de Bosnie » (avec un grand M), invention de Tito en 1968 pour mieux dominer Serbes et Croates en introduisant un troisième larron dans leur face à face conflictuel. Rebaptisés « Bosniaques », majoritaires en nombre par rapport aux catholiques croates et orthodoxes serbes, les Musulmans de Bosnie (« ethniquement » serbes ou croates !) virent dans l'implosion de l'ancienne Fédération yougoslave – après celle de l'URSS et la réunification allemande – l'occasion inespérée d'une émancipation politique et d'une domination communautaire sous le couvert de conquête démocratique. On connaît la suite…

La confessionnalisation de la revendication politique, économique et sociale est un engrenage extrêmement dangereux. Le jour venu, en France, en Allemagne ou ailleurs en Europe, ceux qui n'ont pas même encore conscience de cette part de leur identité, quand on leur intimera l'ordre de choisir, pourraient adopter tout naturellement cette forme de « nationalité sans nation », conforme à ce qu'est l'Islam, un système politico-religieux total. Des voisins vivant jusque-là en bonne intelligence autour d'un socle national laïque commun se définiraient alors tout à coup autrement, comme des ennemis prêts à se déchirer. Impossible, improbable ? Délirant ? À voir. Ou plutôt à ne pas voir. Nous devons conjurer ce péril terrifiant, cette dynamique destructrice et faire en sorte que ceci n'arrive pas.

Que faire alors ? Au moment crucial de poser un diagnostic, il faut prendre garde à un leurre redoutable : le « discours d'expert » sur le terrorisme. Il a évidemment ses vertus : il cherche des explications - souvent des excuses -, décompose les modus operandi, fait des liens, remet en perspective, essaie d'anticiper. Il permet aussi d'expurger une frayeur et un dégoût qui nous saisissent devant le caractère apparemment irrationnel, indiscriminé, injustifiable des cibles de ces « voyous barbares », brebis égarées de la mondialisation transformées en « loups solitaires » ou en meutes morbides. Mais ce discours coupe aussi artificiellement le symptôme du mal. Il fait comme si le terrorisme était un phénomène en soi, qu'il suffisait de bien analyser et de combattre pour le circonscrire et l'éradiquer. Comme dans un jeu vidéo.

Or, il faut s'interroger : ces brebis sont-elles égarées ou, au contraire, se sentent-elles (re)mises sur La Voie ? C'est la vraie question. Celle qui nous gêne tant, nous terrifie même, car elle met en échec tout notre référentiel. On leur a, dit-on, « lavé le cerveau », pour les lancer, décérébrées et désespérées, contre d'innocents civils ou des représentants de l'autorité, pour faire trembler dans les chaumières et provoquer la sidération progressive d'une nation qui se défait et sa paralysie avant sa reddition ultime. Est-ce si sûr ? N'est-ce que cela ? Ne peut-on penser que ces individus, pour la plupart, s'engagent en toute connaissance de cause dans un combat en fait très cohérent à leurs yeux, qui leur paraît absolument valable et louable ? Ils échappent, par leur sacrifice (le don de leur vie biologique), à la confusion que nos démocraties hyper-individualistes ont opérée entre vie et existence. La vie, tout à la fois souffle et commandement divin, traverse les corps et les justifie, inscrit l'individu dans un dessein transcendant, appelle comme un salut sa mort terrestre au service d'une cause, d'un sens, et le démarque ainsi des « infidèles » prisonniers d'une « existence » réduite à leur pure matérialité biologique et surtout à un matérialisme déspiritualisé… C'est là, on en conviendra, une puissante réponse à la perte de repères spirituels et moraux que fait subir la modernité occidentale à ses enfants les moins aptes à la mobilité mentale et sociale.

Mais en Occident, nous confondons depuis longtemps déjà vie et vivant. C'est précisément ce que l'on appelle la modernité. Nous sommes de ce fait quasi incapables de reconnaître une quelconque validité à un tel « délire ». Car il défie notre idole absolue : « le progrès », essentiellement technique et technologique, entré désormais en complète symbiose avec le marché. Admettre que ce que nous considérons comme un « égarement » régressif et pathologique dans l'acte terroriste est, aux yeux des acteurs de cette terreur, l'aboutissement d'une quête spirituelle que le monde d'ici-bas ne peut assouvir nous est proprement impensable. Car cela revient à admettre que certains individus, élevés au bon lait de la modernité occidentale et souvent loin de toute misère sociale ou intellectuelle, rejetteraient en toute connaissance de cause et en bloc les étalons lumineux de l'Occident consumériste. Un Occident qui se prétend toujours référent ultime du progrès humain, veut éradiquer toute idée même de mystère ou de destinée, et vogue désormais béatement vers les rivages prometteurs du transhumanisme, sa nouvelle idole, bien décidé à remettre Dieu à sa place pour offrir tout seul l'immortalité et l'omniscience à l'homme…

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Attention ! Que l'on me comprenne bien ! Je ne justifie évidemment rien. C'est exactement l'inverse. Tout combat commence par l'évaluation froide et la plus ouverte possible de l'adversaire. Notre difficulté est que nous sommes incapables d'une grille de lecture lucide sans autocomplaisance. La « conversion du regard » indispensable pour comprendre le fonctionnement de l'autre (non pour l'excuser) nous est inaccessible. Car nous confondons les deux et nous nous fermons intellectuellement de peur d'excuser l'inexcusable en comprenant. Or, le fait de considérer comme de simples fous déséquilibrés ou délirants les auteurs d'attentats nous prive d'un regard à la mesure de la menace que leur élan destructeur fait peser sur notre monde développé.

Ces individus ne versent pas dans le salafisme parce qu'ils sont mal insérés socialement ou économiquement dans nos sociétés. On peut être pauvre, marginalisé ou inculte sans prendre les armes pour égorger son prochain. La source de l'islamisme violent et de son expression terroriste n'est donc pas sociale (chômage, désinsertion, etc.), pas plus qu'elle ne relève du dérèglement mental ou de « l'égarement » religieux. Elle est PO-LI-TIQUE ! Le religieux est ici massivement instrumentalisé, avec un franc succès, auprès de ses cibles (les masses musulmanes) comme auprès de ses victimes (les populations non musulmanes et les systèmes politiques des États ciblés). Il sert de leurre à une offensive géante qui essaime de manière virale dans des esprits fragiles ou structurés. Une offensive politique donc, mais appuyée, justifiée par la radicalité structurelle d'une Foi qui opère la symbiose totale entre le terrestre et le spirituel et offre donc une cohérence. Le moteur du « sacrifice » consenti et de l'action destructrice des agents de la terreur est infiniment puissant car il est cohérent. C'est en conséquence non une désorientation, mais une réorientation radicale qui les meut.

Refuser de concevoir cette cohérence intime retrouvée, et nier la globalité du défi qui nous est lancé appauvrit notre analyse et notre capacité de riposte. Réduire la lutte antiterroriste à une « guerre asymétrique » est séduisant mais indigent. « Tuer des terroristes », comme vient de le dire modestement Donald Trump à propos de la nouvelle « stratégie américaine » en Afghanistan, n'a aucune chance, jamais, de mettre fin au terrorisme. On peut faire cela jusqu'à la fin des temps. Car le véritable théâtre de cette guerre globale est sans frontières. Ce sont le communautarisme et le confessionnalisme présents au cœur même de nos propres Nations qui sont nos véritables ennemis. Et personne ne veut les voir ni les combattre autrement qu'à mots couverts. On les laisse prospérer, quand on ne les encourage pas.

Dès lors, la concentration de l'attention politique sur la dimension militaire de ce qui n'est qu'un pan, un mode d'action d'une stratégie globale, nous fait manquer l'essentiel. Le terrorisme n'est que l'autre nom de la guérilla, technique de combat vieille comme le monde. Ce n'est pas une fin en soi ni une absurdité, c'est l'un des moyens mis au service d'une entreprise d'ordre révolutionnaire, au long cours, tous azimuts, qui se joue simultanément au loin et chez nous. Une entreprise qui rassemble de nombreux acteurs qui jouent sur les faiblesses et la pusillanimité des démocraties modernes, sur leur renoncement à l'autorité, à la sélection, à la punition. Une entreprise qui vise le renversement de l'ordre politique occidental et son remplacement par un ordre politico-religieux dont le référent unique serait l'islam sunnite dans sa pureté originelle, pour lequel la Foi, la Loi et le Droit ne font qu'un, et qui tient les catégories occidentales de la modernité politique et sociale, sa rationalité et les concepts de liberté ou d'égalité pour des pêchés mortels contre Allah lui-même.

En conséquence, la focalisation sur les modus operandi de la terreur comme le discours actuel sur le recul (réel) du groupe État islamique ou de ses avatars, effectivement engagé dans une phase de déterritorialisation en Syrie et en Irak, qui tirerait pathétiquement ses dernières cartouches en inspirant encore quelques consciences troublées réduites à des modes d'action primitifs (le camion ou la voiture lancée dans la foule, les attaques au couteau, etc.) sont donc séduisants, rassurants…, mais parfaitement insuffisants. Ce récit transpire la peur et le renoncement. Un story telling complaisant qui laisse penser, à l'ennemi notamment, que c'est gagné, que l'on est incapable de lui opposer ne serait-ce qu'une claire conscience de ce qu'il est et veut véritablement. Il faut dire que le renoncement est dans l'air du temps : il y a quelques jours, il s'est bien trouvé une « experte » pour expliquer doctement à la radio que l'empoisonnement des œufs au fipronil était comparable à l'effet d'un café où nagerait une mouche : désagréable mais toujours buvable ! De la même façon que nous devons nous débarrasser de tous ces poisons qui posent un problème de santé publique colossal, mais ne font parler d'eux que lorsqu'il y a quelques « blessés » ou morts non camouflables, nous devons éradiquer sans pitié l'engeance islamiste qui empoisonne graduellement le corps de la nation mais dont on ne réalise la nocivité que lorsqu'elle nous frappe spectaculairement. Mais nos démocraties sont fortes nous dit-on, pleines de « résilience ». « Nous n'avons pas peur » et ne changerons pas d'un iota notre attitude collective ni individuelle. C'est là que le bât blesse. Car il faut tout changer.

En premier lieu, il faut cesser de sous-estimer l'ennemi et comprendre la nature et l'ampleur de la guerre qui nous est menée. Le terrorisme n'est, nous l'avons dit, que l'un des modes d'action d'une guerre de nature révolutionnaire à finalité idéologico-religieuse qui nous est faite à très grande échelle en profitant du lent dépérissement des États depuis 1990, de l'hyper-mondialisation et de l'idéologie ultra-individualiste qui l'accompagne. La question du « complot » et de la folie américaine initiale du financement massif de l'islamisme contre l'URSS, celle de « la vengeance » du monde arabo-musulman sont sans intérêt. Stupidité stratégique, complot ou pas, une dynamique imperturbable s'accélère et accule progressivement les régimes démocratiques pris au piège de leurs propres « valeurs » et utopies et surtout de l'effet boomerang de leur égalitarisme tant porté aux nues qu'il a fini par dissoudre la cohésion nationale.

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En second lieu, il faut en finir avec cette culture de l'excuse implicite dans nos démocraties schizophrènes, qui ont intégré la repentance à un point tel qu'elles se sentent coupables d'être et d'offrir le gîte, le couvert, le savoir, la sécurité à ceux qui les méprisent, les haïssent et les frappent.

En troisième lieu, il faut rompre le pacte avec le Diable conclu par complaisance et surtout ignorance par des politiques de tous bords. J'explique depuis longtemps, et reste convaincue, que l'incohérence entêtée d'une ligne diplomatique qui nous fait, contre quelques contrats ou prébendes, soutenir des États suppôts directs ou indirects du salafisme et mécènes d'un prosélytisme religieux qui déstructure nos nations entretient un cercle vicieux redoutable et nous asservit en profondeur. Comment ne pas voir non plus l'absurdité, l'irresponsabilité d'une politique au petit pied, sans vision, qui nous a conduits à abattre des États autoritaires mais laïcs au nom de la démocratie et de la protection des populations, alors que nous tenons un discours permanent sur la vertu de la laïcité pour la coexistence paisible des diverses croyances autour d'un socle national partagé ? Il est vrai que notre antienne est de plus en plus formelle, car dans les faits, nous laissons dépérir ce socle et confortons le communautarisme dans nos villes et banlieues au nom même d'une liberté qui masque un autorenoncement à l'autorité de l'État et à l'imposition d'un référentiel commun. Nos politiques avalent depuis des lustres, le nez bouché et en mettant un cierge, la potion amère des associations musulmanes d'obédiences diverses qui leur promettent paix sociale, soutien électoral ou financements en échange de l'acceptation de leur implantation locale « au service des habitants ». Il est urgent de redécouvrir les vertus de la verticalité. L'horizontalité noie les responsabilités, accentue les réflexes de défausse, transforme les libertés offertes en violence et finalement creuse les disparités. C'est un paradoxe qu'il faut enfin regarder en face.

La guerre qui nous est faite est certes asymétrique, évidemment, puisque nos armées constituées et formatées pour le combat de haute intensité font face à des commandos, des individus, des milices qui les harcèlent au long cours avec des ruptures de rythme incessantes. Mais il faut bien comprendre que la négation obtuse du lien entre ce qui se passe au loin et ce qui se passe sur le territoire national nous affaiblit. Engager une contre-offensive crédible requiert une détermination et une vision globales et déjà une remise au diapason républicain de communautés entières, elles-mêmes « travaillées » au corps et au cœur comme la pâte à modeler de la domination future.

J'entends déjà les cris d'orfraie ! Catastrophisme ! Raisonnement fasciste, islamophobe ! Il est impossible, illégal, illégitime, antirépublicain d'engager une telle résistance ! À nous la méthode Coué, l'incantation extatique sur « le vivre ensemble », la danse de la pluie ! Mais « le vivre ensemble » ne se décrète pas. Il se fait respecter. Mais notre République se meurt à force de s'offrir repentante, à ceux qui veulent l'abattre. Mais la résilience ne suffit pas. Mais les fleurs et les bougies sont indécentes. Mais voir les familles des victimes elles-mêmes dénoncer les photos terrifiantes de leurs proches en morceaux signe un inquiétant déni de réalité. Plus de corps, plus de mort ? Plus de danger ? L'euphémisation du réel est impardonnable. On peut le comprendre d'un parent perdu par le chagrin de la perte d'un être aimé, pas d'un État qui doit protéger ses concitoyens.

Car c'est une guerre globale mais soigneusement « perlée » qui nous est faite. Le rythme des attentats, leur occurrence en salves sporadiques et étendues géographiquement en témoignent. Un rythme suffisamment régulier pour maintenir la pression et faire grandir la peur dans la population, mais insuffisamment massif encore pour déclencher la fureur populaire et contraindre les pouvoirs publics à l'action martiale. Le risque est pourtant grand, à moyen terme, de la procrastination régalienne. C'est donc l'ennemi qui donne le tempo. Il peut décider d'en changer et monter en intensité subitement. Sommes-nous prêts ? Et puis, les moutons pourraient cesser d'accepter leur sacrifice aléatoire et se rebeller ; sans berger, décider de se défendre seuls, en dressant quelques chiens. Et là, ce serait la fin de la République et de l'État de droit. Et l'irruption de la guerre civile.

Caroline Galactéros (Bouger les lignes, 29 août 2017)

Guerre économique contre l’Europe

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Guerre économique contre l’Europe

par Eberhard Hamer, professeur d’économie

Ex: http://www.zeit-fragen.ch/fr

«L’Amérique d’abord», le slogan de Trump, doit être considéré non seulement d’un point de vue militaire mais également économique. Toutefois, la prédominance des Etats-Unis dans l’industrie cinématographique, le traitement des données, le monopole sur les semences par la génétique et la suprématie mondiale de l’industrie américaine d’armement, ne suffisent plus pour financer la demande d’importation de machines européennes, de produits chimiques, de voitures de luxe ainsi que de produits pour les besoins du quotidien, dont la production de masse est délocalisée en Asie. Avec 600 milliards de dollars de dettes annuelles sur les ventes, les Etats-Unis seraient depuis longtemps insolvables s’ils n’avaient la possibilité de faire marcher la planche à billets sur un rythme effréné en émettant des dollars comme monnaie de référence pour couvrir leurs dépenses mondiales. Ainsi s’édifie une montagne de dettes, augmentant chaque année, d’actuellement 20 billions (!) de dollars, dont le collapsus financier n’est repoussé que par les taux d’intérêt artificiellement créés par la FED.


Les Etats-Unis doivent donc soit épargner, soit retirer leurs forces armées du monde (600 milliards de dollars par an) ou alors exporter plus et importer moins.


Pour l’application de cette dernière ligne stratégique, ils ont choisi l’Europe.
Les exportations vers les Etats-Unis sont systématiquement combattues:

  • Le but de la lutte contre les moteurs diesel est non seulement de protéger l’industrie américaine, mais encore d’empêcher l’importation de véhicules diesel européens. Les normes arbitraires concernant les gaz d’échappement sont une attaque généralisée contre les voitures diesel européennes, non seulement aux Etats-Unis mais aussi en Europe, alors qu’on ignore totalement la pollution massive produite par les poids lourds.
  • L’application de tarifs douaniers est faite pour paralyser les importations d’acier venant d’Europe.
  • Le droit américain et le statut juridique des multinationales américaines devaient être garantis par le TTIP, même à l’encontre des normes de protection européennes et du Parlement européen.
  • La justice américaine poursuit systématiquement les sociétés européennes pour leur porter préjudice en leur infligeant des amendes pénales (actuellement déjà plus de 20 milliards de dollars).
  • Les tribunaux américains considèrent que tout contrat conclu en dollars, où que ce soit dans le monde, relève automatiquement de la juridiction américaine, et peut donc ainsi faire l’objet des sanctions appliquées selon cette même juridiction.
  • Le sénat et le gouvernement américains recourent régulièrement à des sanctions, des menaces et des amendes, partout au monde où des entreprises européennes mettent en danger la concurrence américaine. Suite aux sanctions à l’encontre de la Russie, par exemple, auxquelles ont adhéré les Européens, le commerce extérieur européen avec ce pays a diminué de moitié, alors que celui des Etats-Unis a doublé.

En outre, des mesures au niveau national et légal sont utilisées afin de réaliser la suprématie américaine dans les secteurs économiques.

  • Dans la lutte pour la domination sur le marché mondial du gaz, les Etats-Unis tentent actuellement d’exclure l’Europe de l’approvisionnement en gaz russe bon marché en menaçant de sanctions de toutes les sociétés qui participeraient à la construction du gazoduc North Stream II par la mer Baltique.
  • En Syrie, ils cherchent une interzone déserte afin de construire un gazoduc menant à la Méditerranée pour le gaz qatari – un arrière-plan essentiel de la guerre en Syrie.
  • Par des manipulations de prix sur le marché pétrolier, ils tentent de faire exploser l’OPEP pour récupérer leur propre hégémonie pétrolière.
  • Ayant le monopole mondial des réseaux de données, ils ont en tout temps l’accès aux serveurs et aux «clouds» demeurés aux Etats-Unis, en espionnant simultanément de manière générale l’économie européenne en faveur de leur propre économie, sans que les gouvernements européens, et notamment le gouvernement allemand, risquent de s’opposer à cet espionnage économique total.
  • Les consortiums américains ont aussi appelé à la guerre économique contre la Russie pour empêcher et soumettre aux sanctions toute coopération économique dangereuse pour eux entre l’Europe et la Russie. (Doctrine de l’OTAN: «To keep the Americans in, the Russians out and the Germans down!»)

Les Etats-Unis mènent une guerre économique contre l’économie européenne, avant tout contre celle exportant aux Etats-Unis. Elle lutte donc contre toute collaboration économique entre l’Europe et la Russie, afin de maintenir leur règne économique sur l’Europe, contre l’euro et tous les efforts européens visant aux économies, contre les tentatives européennes d’empêcher l’espionnage américain total et la position d’hégémonie des Etats-Unis sur l’Europe en matière de numérique et de sanctionner l’avance de la concurrence des entreprises européennes à l’égard des Etats-Unis au plan mondial.


Aux Etats-Unis même, l’élite financière, les consortiums électoraux, le complexe militaire, sont les soutiens de l’impérialisme économique américain. A l’extérieur, ces soutiens sont représentés par l’administration de l’UE, Angela Merkel et d’autres hommes politiques détestant les Russes, les partis allemands parce qu’ils ne s’opposent pas à l’espionnage total des Etats-Unis et ne s’opposent pas même aux organisations américaines dites «privées» ou «non gouvernementales» (Fondation Soros et autres).


Alors qu’actuellement l’Allemagne se réjouit encore de l’accroissement de ses excédents d’exportations, nos «amis» ont depuis longtemps commencé à saper les bases de ces excédents. Si notre industrie automobile mondialement reconnue perd de son attractivité, si nos inventions techniques continuent à se retrouver plus vite aux Etats-Unis qu’elles sont développées chez nous, si l’industrie gazière américaine évince en Europe le gaz russe meilleur marché et si l’industrie américaine de la finance encourage sans aucun scrupule l’endettement des pays méditerranéens, entrainant également l’écroulement de l’euro malheureusement garanti par l’Allemagne, toujours davantage de lumières s’éteindront en Europe et en Allemagne et la prospérité en Europe, issue du commerce international, diminuera rapidement.


Soros et Angela Merkel ont, en outre, régularisé l’immigration de masse avec chaque année des centaines de milliers de bénéficiaires de prestations sociales supplémentaires, surchargeant les systèmes sociaux allemands, et défavorisant ceux qui contribuent à la production et au financement de ce système.
En Allemagne, deux tiers de la population vivent déjà des prestations sociales. Dans 10 ans, le rapport sera de trois pour un, peut-être pire encore.


L’allégresse des organismes confessionnels et des institutions sociales sur l’immigration de masse des bénéficiaires de prestations sociales cédera déjà bientôt à l’horreur, lorsque nos excédents d’exportation fondront, que le nombre des supports économiques payant leurs charges diminuera tandis que la vague de bénéficiaires des prestations sociales continuera d’enfler.


Notre génération a joui du niveau de confort et de prospérité le plus haut qu’ait connu l’Allemagne. Cette prospérité est attaquée tant par l’administration américaine que par une politique sociale et démographique certes pleines de bonnes intentions, mais destructive – et nous ne nous y opposons pas. Pour cela, la génération montante nous insultera tout comme nous avons insulté nos parents parce qu’ils n’avaient pas voulu ou pu empêcher Hitler et ses destructions.     •
(Traduction Horizons et débats)

La guerre djihadiste en Europe Pourquoi notre silence?

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La guerre djihadiste en Europe Pourquoi notre silence?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

On nous accusera encore de tomber dans la dramatisation. Comment cependant faire silence devant les avertissements du Coordinateur Européen pour le Contreterrorisme, Gilles de Kerchove? Celui-ci apparemment n'a rien d'un amateur cherchant à justifier son poste. Selon lui, plus de 50.000 « radicaux », autrement dit djihadistes, vivent actuellement en Europe, entrés avec les migrants et pouvant à tous moments entrer en action.
C'est ce qu'il vient de déclarer au journal espagnol El Mundo http://www.elmundo.es/espana/2017/08/31/59a70a48ca4741f75... Pas besoin de traduction.

Le Spiegel annonce pour sa part que les autorités allemandes recherchent actuellement – sans succès apparemment – des douzaines de membres du groupe terroriste syrien, Jabhat al-Nusra, entrés en Allemagne comme « réfugiés ». Celui-ci a massacré des centaines de syriens, militaires de Bashar al Assad ou civils. Ils proviennent de l'organisation Liwa Owais al-Qorani, détruit en 2014 par le gouvernement syrien, avec l'appui des Russes. Ils se cachent actuellement dans des dizaines de villes allemandes, attendant de passer à l'action, ou faisant des émules parmi les musulmans allemands. Voir http://www.spiegel.de/spiegel/terroristen-fahnder-jagen-6...

La Police criminelle allemande (Bundeskriminalamt, BKA) annonce rechercher ainsi 400 migrants, entrés en Allemagne comme chercheurs d'asile, à la suite de la décision inexplicable de la Chancelière allemande Angela Merkel ouvrant les frontières en 2016 à un million de « réfugiés ». Cette même chancelière est actuellement en compétition avec Martin Shulz pour le poste de chancelier. Celui-ci, dans le débat do 03/09, a été très discret sur la question précise de l'entrée des terroristes cachés en demandeurs d'asiles politiques. Voir http://www.handelsblatt.com/politik/deutschland/bka-beric...

Mais l'Allemagne n'est plus la seule cible des entrées systématiques de terroristes. Ceux-ci arrivent depuis longtemps en Italie des côtes libyennes en se prétendant réfugiés. Dorénavant, ils préfèrent passer par l'Espagne (voir notre article déjà ancien, daté du 11/08, http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2655...=

Depuis, la situation ne fait que s'aggraver. Une fois entrés, grâce à la suppression des frontières intra-européennes, ils peuvent se dissimuler au mieux dans tout l' « Espace Schengen », attendant le moment favorable pour conduire des attentats déstabilisants pour nos démocraties. Voir entre autres The Times https://www.thetimes.co.uk/article/migrant-crisis-europe-...

Frontex, la police européenne des frontières, avait dès 2016 déjà prévenu du danger, ne recueillant que le silence de la part des gouvernements. http://frontex.europa.eu/assets/Publications/Risk_Analysi...

Depuis, de nouvelles voies s'ouvrent désormais, à travers la Mer Noire. Les terroristes visent dans un premier temps la Roumanie. Voir http://www.balkaninsight.com/en/article/romania-cautious-...

Celle-ci ne pourra pas faire face à ces invasions, non plus que la Hongrie, malgré les efforts pour se protéger faits par Victor Orban, condamné pour ce fait par l'ensemble des autres pays de l'Union. Derrière les Balkans, les organisations terroristes visent évidemment les voisins de la Russie et la Russie elle-même.

Ces djihadistes « physiques » ne doivent pas faire oublier ce que l'Etat Islamique et ses homologues ont nommé le « Califat virtuel ». A travers des milliers de sites celui-ci endoctrine et recrute en Europe. Il peut le faire en toute tranquillité du fait que les législations européennes s'interdisent, au nom de la protection des libertés individuelles, toute investigation de la police et de la justice.