vendredi, 01 novembre 2024
La Géorgie sous pression: course au contrôle et à la souveraineté
La Géorgie sous pression: course au contrôle et à la souveraineté
Source: https://www.pi-news.net/2024/10/georgien-unter-druck-wett...
Lors des élections législatives en Géorgie, république du Caucase du Sud, la commission électorale a déclaré vainqueur le parti national-conservateur «Rêve géorgien» du milliardaire Bidzina Ivanichvili avec 54% des voix.
Par Elena Fritz
Les dernières élections législatives de Géorgie, lors desquelles le parti « Rêve géorgien » (Georgian Dream - GD) a de nouveau assuré la majorité du gouvernement, illustrent la manière dont le pays se retrouve de plus en plus pris entre les fronts des grandes puissances. La situation stratégique dans le Caucase fait de la Géorgie un point névralgique dans la lutte géopolitique entre l'UE, l'OTAN et la Russie. Les acteurs occidentaux cherchent à intégrer étroitement la Géorgie dans leur zone d'influence, tandis que le gouvernement de Tbilissi tente de maintenir un équilibre neutre sous l'égide de GD - une approche qui est à la fois défiée par les tensions politiques internes et les tentatives de pression extérieures.
Pour l'Union européenne, la Géorgie est plus qu'un partenaire du Partenariat oriental: c'est un allié potentiel qui fait interface avec la Russie. Depuis des années, l'UE s'efforce de lier la Géorgie à elle sur le plan économique et politique; les programmes de soutien, les projets d'infrastructure et les conditions de réforme étant des éléments essentiels de cette stratégie. Bruxelles se présente ici comme un soutien, mais les conditions liées à ces programmes laissent peu de place à une politique nationale indépendante.
Un exemple est le financement continu par l'UE d'organisations de la société civile qui promeuvent les valeurs occidentales et renforcent souvent les forces pro-occidentales. Cela contribue à la polarisation de la société géorgienne et pousse le gouvernement à s'aligner plus clairement sur les intérêts occidentaux - une orientation qui remet de plus en plus en question la politique pragmatique de GD vis-à-vis de la Russie. En outre, l'UE met également la Géorgie sous pression en matière de politique de sécurité, par exemple en développant la coopération militaire avec l'OTAN. La stratégie est claire : en tant que partenaire de l'OTAN, la Géorgie doit devenir à long terme un avant-poste occidental dans le Caucase.
Intégration à l'OTAN : sécurité ou facteur de risque ?
La coopération avec l'OTAN, y compris les exercices communs et l'adaptation militaire aux normes de l'OTAN, rapproche dangereusement la Géorgie d'une confrontation avec la Russie. Moscou considère le Caucase comme faisant partie de sa sphère d'influence et a clairement fait savoir à plusieurs reprises qu'un élargissement de l'OTAN dans la région serait perçu comme une menace existentielle. Le conflit autour des régions géorgiennes séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud reste également un sujet sensible. Tout nouveau pas en direction de l'OTAN provoquerait des réactions politiques et militaires de la Russie - un scénario qui pourrait devenir une menace directe pour la Géorgie.
Le parti GD a reconnu ce facteur de risque et renonce donc officiellement à exiger une adhésion rapide à l'OTAN. Mais le rattachement croissant à l'OTAN via le « statut de partenariat » remet en question cette politique de neutralité et pourrait pousser la Géorgie dans un rôle qui présente des avantages stratégiques pour l'Occident, mais qui pourrait provoquer une escalade pour la Géorgie elle-même.
Des divisions internes: la déchirure de la société géorgienne
La société géorgienne est profondément divisée: l'opposition, sous la bannière du « Mouvement national unifié » (MNU) et de la « Coalition pour le changement », fait ouvertement campagne pour une intégration claire à l'Occident et attaque le gouvernement GD en le qualifiant de « pro-russe » ». Ces fronts politiques ne sont pas seulement de nature idéologique, mais ont un impact réel sur la stabilité politique interne. La présidente Salomé Zourabichvili, par exemple, appelle la population à protester et parle d'« élections russes ». De telles positions reflètent les divisions profondes qui existent en Géorgie, où les électeurs des grandes villes, pro-occidentaux, veulent faire avancer le courant pro-européen, tandis que les éléments plus conservateurs du pays ne veulent pas rompre complètement les relations plus traditionnelles avec la Russie.
De son côté, l'UE soutient indirectement ces tensions en encourageant les ONG et les mouvements politiques pro-occidentaux qui font pression sur le gouvernement et menacent ainsi l'équilibre interne. Ces tensions pourraient être de plus en plus utilisées de l'extérieur pour déstabiliser le gouvernement géorgien et imposer un leadership clairement pro-occidental si le « Rêve géorgien » maintient son cap axé sur la neutralité.
Options de politique réelle pour la Géorgie dans l'ordre multipolaire
En théorie, la Géorgie pourrait jouer un rôle clé dans un ordre mondial multipolaire, dans lequel elle serait un acteur souverain et entretiendrait à la fois des partenariats économiques avec l'UE et des relations pragmatiques avec la Russie. Mais la voie est étroite: les programmes occidentaux et la coopération militaire ont placé la Géorgie dans une position où elle reste dépendante du soutien de l'Occident.
Des partenariats alternatifs, par exemple avec la Chine ou d'autres acteurs eurasiens, pourraient certes apporter des avantages économiques à la Géorgie, mais entraîneraient la perte du soutien occidental et un renforcement des sanctions.
Dans cette constellation, une coopération plus étroite avec d'autres acteurs eurasiens - par exemple en tant que plaque tournante logistique dans le commerce avec la Chine - pourrait certes constituer une alternative stratégique, mais la dépendance vis-à-vis des investissements de l'UE et du soutien de l'OTAN laisse peu de marge de manœuvre au gouvernement. L'ordre mondial multipolaire pourrait théoriquement permettre à la Géorgie d'être plus indépendante, mais il manque actuellement des alternatives concrètes à l'Occident.
Conclusion : l'avenir de la Géorgie - entre intégration et souveraineté
La Géorgie est prise dans un dilemme: la véritable autonomie à laquelle aspire le gouvernement du « Rêve géorgien » est limitée par les mécanismes d'influence occidentaux. L'UE et l'OTAN continueront à défendre agressivement leurs intérêts pour lier fermement la Géorgie à leur sphère d'influence. Il ne reste guère de possibilité réaliste pour la Géorgie de se positionner en tant qu'acteur indépendant sans risquer de perdre le soutien de l'Occident.
Tant que la Géorgie sera liée à l'Occident sur le plan de la politique de sécurité et de l'économie, elle ne disposera guère de l'autonomie stratégique qui serait possible dans un ordre multipolaire. Les années à venir montreront si le « rêve géorgien » pourra maintenir la politique d'équilibre à long terme - ou si la Géorgie deviendra définitivement une sphère d'influence occidentale.
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L'impératif? La puissance russe!
Portrait de Dimitri Donskoï par le peintre Victor Matourine.
L'impératif? La puissance russe!
Alexandre Douguine
Source: https://www.geopolitika.ru/article/imperativ-russkoy-vlasti
Le huitième congrès de Tsargrad, qui s'est tenu dans la cathédrale du Christ-Sauveur, a été d'une incroyable pertinence. Voici, en substance, ce qui s'y est dit.
Il est évident que nous vivons dans une société où l'idéologie est en train de changer - elle passe du libéralisme à la russéité. Et ce processus ne peut être arrêté. Il ne s'agit pas d'une décision ponctuelle des autorités, mais de la logique du temps, d'un ultimatum fixé par l'histoire elle-même.
L'Opération militaire spéciale a radicalement changé le paysage idéologique de la Russie. L'ère des technocrates idéologiquement neutres est révolue, celle des patriotes idéologiquement motivés a commencé.
Un nouveau type de fonctionnaire apparaît - qu'il soit gouverneur, ministre, dirigeant. Désormais, les représentants de l'État sont constamment confrontés à la mort, à la douleur, à l'horreur, à l'âme des gens. Ils ne peuvent se contenter d'instructions, de remplir des conditions formelles et de se corrompre tranquillement sur cette toile de fond. Ils sont impliqués dans l'histoire, et l'histoire exige de la subjectivité, un choix volontaire, une décision prise avec le cœur. Par conséquent, les personnes au pouvoir doivent faire un choix: soit elles sont du côté de la caste, soit du côté du peuple. Soit ils sont du côté de la guerre, ils y prennent une part active, soit leur cause demeure en marge (de l'histoire qui se fait). Être technocrate, c'est désormais choisir le camp de ma cause. Sinon, il faut changer sa vision du monde ou admettre ouvertement les opinions russes qui ont été formées auparavant et passer ouvertement du côté de la cause russe.
Là encore, chacun doit déterminer sa propre position. Il s'agit d'un tournant idéologique. Le libéralisme est complètement épuisé, même s'il existe encore par inertie. Mais aujourd'hui, la technocratie exécutive ne suffit plus. Face à la guerre, face aux ennemis intérieurs des cinquième et sixième colonnes, face aux migrations destructrices et à la démographie catastrophique, face aux valeurs traditionnelles et non traditionnelles, chacun doit faire un choix. Un choix clair et net. Non pas en chuchotant sotto voce, mais en parlant haut et fort. Et nous devrons répondre de ce choix et le mener jusqu'au bout. Peut-être jusqu'à notre propre fin, car nous sommes en guerre. Aujourd'hui, être russe ne signifie pas déposer une marque. Être russe, c'est rejoindre les rangs de la cause russe, c'est se réaliser en tant que nation, c'est tout sacrifier - y compris sa vie - pour le bien du pouvoir.
Le temps des compromis et des demi-mesures touche à sa fin. Le choix,qui est posé maintenant, aura une signification irréversible.
L'Évangile parle des ouvriers de la dernière heure. Ils se sont engagés plus tard que tous les autres, mais ils se sont engagés. Et on leur promet une part du Royaume des cieux. Mais après cette dernière heure, il sera vraiment trop tard.
C'est maintenant la dernière heure pour la cause russe. Il est temps d'apporter à la Patrie, à la Foi, au Pouvoir et au Peuple notre dernier serment.
Oui, depuis les années 80, la trahison est devenue une norme sociale, idéologique et psychologique. Chacun vivait pour soiet pour soi seul. Mais cette époque est révolue.
L'époque est foncièrement différente aujourd'hui. Elle n'est pas seulement illibérale, elle est incompatible avec la technocratiesans âme, sans épaisseur. C'est le temps de l'Idée qui est advenu. De l'idée russe (de l'idée ancrée dans notre réalité vivante). Il est enfin arrivé, ce temps de la décision ultime.
Pas un seul problème de la Russie contemporaine ne peut être considéré comme purement technique. Tous les problèmes, au contraire, ont une dimension idéologique. Ils sont apparus pour des raisons idéologiques et leur solution se trouve dans le domaine idéologique.
Pourquoi l'Opération militaire spéciale a-t-elle été déclenchée ? Parce que les libéraux et les Occidentaux de Russie ont pris la décision idéologique, en 1991, d'effondrer l'Empire (l'URSS). Et nous serons en guerre tant que nous n'aurons pas inversé les résultats de cette trahison.
D'où viennent les migrations ? Du fait que l'idéologie libérale nie, même en théorie, les facteurs ethnique et culturel-religieux. Et le principe capitaliste d'optimisation du profit exige la main-d'œuvre la moins chère et socialement la moins protégée possible. Et c'est cela l'idéologie libérale.
D'où vient le déclin démographique ? Du principe de l'individualisme et de l'engorgement des villes. Et aussi de la destruction systémique des valeurs familiales et du démantèlement du patriarcat classique. Il s'agit d'attitudes idéologiques qui ne peuvent être éliminées par des moyens techniques.
D'où vient la corruption ? De l'égoïsme dogmatique et du cynisme obligatoire, massivement retransmis par la culture: ils conduisent inévitablement à l'érosion de la responsabilité envers la société et à l'opportunisme juridique.
Et puisqu'il en est ainsi, nous avons besoin d'un organe idéologique. Qu'il s'agisse d'un système de contrôle de l'exécution et de la mise en œuvre des décrets présidentiels 809 et 314 et du concept de sécurité nationale. Ou de quelque chose d'autre. Et naturellement, l'idéologie patriotique russe devrait être introduite en douceur dans la société et gérée par des patriotes russes.
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Nerval et la fin de la France druidique
Nerval et la fin de la France druidique
Nicolas Bonnal
Sylvie a émerveillé des générations de lectrices et de lecteurs de sensibilité médiévale et romantique. C’est que ce bref roman conte la fin de la France initiatique et irréelle. Ce qui avait pu rester va être détruit (cf. Balzac qui décrit le processus dans toute son œuvre, du passage de cette France des druides et des chevaliers à celle des Macron) ou réduit à l’état de spectacle ou d’illusion (cf. cette fascination pour le théâtre ou les actrices qui caractérise Nerval).
L’arrivée du chemin de fer, machine apocalyptique dont Dostoïevski a si bien parlé dans l’Idiot (voyez mon livre) va tout modifier ; c’est la fin des distances, c’est la fin du mystère et du pèlerinage de la vie :
« Senlis est une ville isolée de ce grand mouvement du chemin de fer du Nord qui entraîne les populations vers l’Allemagne.
– Je n’ai jamais su pourquoi le chemin de fer du Nord ne passait pas par nos pays, – et faisait un coude énorme qui encadre en partie Montmorency, Luzarches, Gonesse et autres localités, privées du privilège qui leur aurait assuré un trajet direct. Il est probable que les personnes qui ont institué ce chemin auront tenu à le faire passer par leurs propriétés. – Il suffit de consulter la carte pour apprécier la justesse de cette observation. »
Citons cet extrait de Gautier que nous avions repris déjà :
« C'est un spectacle douloureux pour le poète, l'artiste et le philosophe, de voir les formes et les couleurs disparaître du monde, les lignes se troubler, les teintes se confondre et l'uniformité la plus désespérante envahir l'univers sous je ne sais quel prétexte de progrès. Quand tout sera pareil, les voyages deviendront complètement inutiles, et c'est précisément alors, heureuse coïncidence, que les chemins de fer seront en pleine activité. »
Chez Nerval le rêve est comme dans film Brazil (tourné à Marne-la-Vallée…) le seul moyen (avec le théâtre, et on aurait invoqué encore la cinéphilie dans les années soixante) de fuir la réalité et de retourner vers les lieux de la Source :
« Je me représentais un château du temps de Henri IV avec ses toits pointus couverts d’ardoises et sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierres jaunies, une grande place verte encadrée d’ormes et de tilleuls, dont le soleil couchant perçait le feuillage de ses traits enflammés. Des jeunes filles dansaient en rond sur la pelouse en chantant de vieux airs transmis par leurs mères, et d’un français si naturellement pur, que l’on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le cœur de la France… ».
Puis vient l’apparition mi-théâtrale mi religieuse d’Adrienne :
« Tout d’un coup, suivant les règles de la danse, Adrienne se trouva placée seule avec moi au milieu du cercle. Nos tailles étaient pareilles. On nous dit de nous embrasser, et la danse et le chœur tournaient plus vivement que jamais. En lui donnant ce baiser, je ne pus m’empêcher de lui presser la main. Les longs anneaux roulés de ses cheveux d’or effleuraient mes joues. De ce moment, un trouble inconnu s’empara de moi. – La belle devait chanter pour avoir le droit de rentrer dans la danse. On s’assit autour d’elle, et aussitôt, d’une voix fraîche et pénétrante, légèrement voilée, comme celles des filles de ce pays brumeux, elle chanta une de ces anciennes romances pleines de mélancolie et d’amour, qui racontent toujours les malheurs d’une princesse enfermée dans sa tour par la volonté d’un père qui la punit d’avoir aimé. La mélodie se terminait à chaque stance par ces trilles chevrotants que font valoir si bien les voix jeunes, quand elles imitent par un frisson modulé la voix tremblante des aïeules. »
On a toute la symbolique des récits du Graal que j’ai décryptée dans mon livre (anneau, blondeur, danse, baiser, brumes, tour…) grâce à des auteurs consacrés comme Guénon, Fulcanelli ou Coomaraswamy (oh, cet essai sur le fier baiser…) ; on a la référence à Dante et à l’origine avec le chant :
« À mesure qu’elle chantait, l’ombre descendait des grands arbres, et le clair de lune naissant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle attentif. Elle se tut, et personne n’osa rompre le silence. La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis. – Je me levai enfin, courant au parterre du château, où se trouvaient des lauriers, plantés dans de grands vases de faïence peints en camaïeu. Je rapportai deux branches, qui furent tressées en couronne et nouées d’un ruban. Je posai sur la tête d’Adrienne cet ornement, dont les feuilles lustrées éclataient sur ses cheveux blonds aux rayons pâles de la lune. Elle ressemblait à la Béatrice de Dante qui sourit au poète errant sur la lisière des saintes demeures. »
L’apparition est brève et promise au couvent (que de merveilles perdues ou sacrifiées dans ces couvents – Michelet en a bien parlé) :
« Adrienne se leva. Développant sa taille élancée, elle nous fit un salut gracieux, et rentra en courant dans le château. – C’était, nous dit-on, la petite-fille de l’un des descendants d’une famille alliée aux anciens rois de France ; le sang des Valois coulait dans ses veines. Pour ce jour de fête, on lui avait permis de se mêler à nos jeux ; nous ne devions plus la revoir, car le lendemain elle repartit pour un couvent où elle était pensionnaire… »
Sylvie la brune (ou la grecque, l’autre étant blonde et nordique) est de ce monde et souffre de l’égoïsme poétique du narrateur :
« Quand je revins près de Sylvie, je m’aperçus qu’elle pleurait. La couronne donnée par mes mains à la belle chanteuse était le sujet de ses larmes. Je lui offris d’en aller cueillir une autre, mais elle dit qu’elle n’y tenait nullement, ne la méritant pas. Je voulus en vain me défendre, elle ne me dit plus un seul mot pendant que je la reconduisais chez ses parents… »
Mais les bons parents vont nous priver d’Adrienne :
« La figure d’Adrienne resta seule triomphante, – mirage de la gloire et de la beauté, adoucissant ou partageant les heures des sévères études. Aux vacances de l’année suivante, j’appris que cette belle à peine entrevue était consacrée par sa famille à la vie religieuse. »
Il n’en reste qu’une figure.
Remontons le temps. On est sans doute dans les années 1820, sous Charles X, roi dont Stendhal pensa le plus grand bien. La France aristocrate et traditionnelle a de beaux restes :
« Quelques années s’étaient écoulées : l’époque où j’avais rencontré Adrienne devant le château n’était plus déjà qu’un souvenir d’enfance. Je me retrouvai à Loisy au moment de la fête patronale. J’allai de nouveau me joindre aux chevaliers de l’arc, prenant place dans la compagnie dont j’avais fait partie déjà. Des jeunes gens appartenant aux vieilles familles qui possèdent encore là plusieurs de ces châteaux perdus dans les forêts, qui ont plus souffert du temps que des révolutions, avaient organisé la fête. De Chantilly, de Compiègne et de Senlis accouraient de joyeuses cavalcades qui prenaient place dans le cortège rustique des compagnies de l’arc… ».
Le narrateur ne pouvait rien avec Adrienne, mais il a perdu l’amour de Sylvie (promise à l’industrie et au grand frisé) :
« Je m’excusai sur mes études, qui me retenaient à Paris, et l’assurai que j’étais venu dans cette intention. « Non, c’est moi qu’il a oubliée, dit Sylvie. Nous sommes des gens de village, et Paris est si au-dessus ! ». Je voulus l’embrasser pour lui fermer la bouche ; mais elle me boudait encore, et il fallut que son frère intervînt pour qu’elle m’offrît sa joue d’un air indifférent. Je n’eus aucune joie de ce baiser dont bien d’autres obtenaient la faveur, car dans ce pays patriarcal où l’on salue tout homme qui passe, un baiser n’est autre chose qu’une politesse entre bonnes gens… »
Pourtant la belle grecque a mûri :
« Je l’admirai cette fois sans partage, elle était devenue si belle ! Ce n’était plus cette petite fille de village que j’avais dédaignée pour une plus grande et plus faite aux grâces du monde. Tout en elle avait gagné : le charme de ses yeux noirs, si séduisants dès son enfance, était devenu irrésistible ; sous l’orbite arquée de ses sourcils, son sourire, éclairant tout à coup des traits réguliers et placides, avait quelque chose d’athénien. J’admirais cette physionomie digne de l’art antique au milieu des minois chiffonnés de ses compagnes… »
C’est Nietzsche qui évoque cette observation du voyageur Cicéron sur la beauté athénienne…
Vient la grande scène : on rend visite à la tante et on va remonter dans le Temps, dans le vrai Temps, celui d’avant 89 (époque sur laquelle il ne faut pas trop se faire d’illusions, voir Taine) :
« Je la suivis, montant rapidement l’escalier de bois qui conduisait à la chambre. – Ô jeunesse, ô vieillesse saintes ! – qui donc eût songé à ternir la pureté d’un premier amour dans ce sanctuaire des souvenirs fidèles ? Le portrait d’un jeune homme du bon vieux temps souriait avec ses yeux noirs et sa bouche rose, dans un ovale au cadre doré, suspendu à la tête du lit rustique. Il portait l’uniforme des gardes-chasse de la maison de Condé ; son attitude à demi martiale, sa figure rose et bienveillante, son front pur sous ses cheveux poudrés, relevaient ce pastel, médiocre peut-être, des grâces de la jeunesse et de la simplicité. »
La vieille tante s’émeut et nous aussi car on atteint le sommet de la prose française (comme disait Jean Richer, père de mon ami et préfacier Nicolas, l’œuvre de Nerval ne compte pas par sa quantité mais par sa magie) :
« La tante poussa un cri en se retournant : « Ô mes enfants ! » dit-elle, et elle se mit à pleurer, puis sourit à travers ses larmes. – C’était l’image de sa jeunesse, – cruelle et charmante apparition ! Nous nous assîmes auprès d’elle, attendris et presque graves, puis la gaieté nous revint bientôt, car, le premier moment passé, la bonne vieille ne songea plus qu’à se rappeler les fêtes pompeuses de sa noce. Elle retrouva même dans sa mémoire les chants alternés, d’usage alors, qui se répondaient d’un bout à l’autre de la table nuptiale, et le naïf épithalame qui accompagnait les mariés rentrant après la danse. Nous répétions ces strophes si simplement rythmées, avec les hiatus et les assonances du temps ; amoureuses et fleuries comme le cantique de l’Ecclésiaste ; – nous étions l’époux et l’épouse pour tout un beau matin d’été. »
La fin du livre est plus sombre et Nerval compte ses ruines avec une émouvante référence à Byzance, qui accueillit les Saxons en fuite après 1066 :
« Cette vieille retraite des empereurs n’offre plus à l’admiration que les ruines de son cloître aux arcades byzantines, dont la dernière rangée se découpe encore sur les étangs, – reste oublié des fondations pieuses comprises parmi ces domaines qu’on appelait autrefois les métairies de Charlemagne… »
Le narrateur revoit Adrienne, mais comme actrice :
« La scène se passait entre les anges, sur les débris du monde détruit. Chaque voix chantait une des splendeurs de ce globe éteint, et l’ange de la mort définissait les causes de sa destruction. Un esprit montait de l’abîme, tenant en main l’épée flamboyante, et convoquait les autres à venir admirer la gloire du Christ vainqueur des enfers. Cet esprit, c’était Adrienne transfigurée par son costume, comme elle l’était déjà par sa vocation. »
Il revoit Sylvie qui va se jeter dans les bras du « grand frisé » (un suspect, ce Nerval ?) et s’adonne à l’industrie des gants :
« Elle soupirait et pleurait, si bien que je ne pus lui demander par quelle circonstance elle était allée à un bal masqué ; mais, grâce à ses talents d’ouvrière, je comprenais assez que Sylvie n’était plus une paysanne. Ses parents seuls étaient restés dans leur condition, et elle vivait au milieu d’eux comme une fée industrieuse, répandant l’abondance autour d’elle. »
On est loin de la Fiancée du Cantique des cantiques :
« Mon frère de lait parut embarrassé. J’avais tout compris. – C’est une fatalité qui m’était réservée d’avoir un frère de lait dans un pays illustré par Rousseau, – qui voulait supprimer les nourrices ! – Le père Dodu m’apprit qu’il était fort question du mariage de Sylvie avec le grand frisé, qui voulait aller former un établissement de pâtisserie à Dammartin. Je n’en demandai pas plus. La voiture de Nanteuil-le-Haudoin me ramena le lendemain à Paris. »
Balzac a parlé très prosaïquement des illusions perdues ; et ici :
« Telles sont les chimères qui charment et égarent au matin de la vie. J’ai essayé de les fixer sans beaucoup d’ordre, mais bien des cœurs me comprendront. Les illusions tombent l’une après l’autre, comme les écorces d’un fruit, et le fruit, c’est l’expérience. Sa saveur est amère ; elle a pourtant quelque chose d’âcre qui fortifie, – qu’on me pardonne ce style vieilli. »
La fin arrive sur un ricanement :
« J’oubliais de dire que le jour où la troupe dont faisait partie Aurélie a donné une représentation à Dammartin, j’ai conduit Sylvie au spectacle, et je lui ai demandé si elle ne trouvait pas que l’actrice ressemblait à une personne qu’elle avait connue déjà. – À qui donc ? – Vous souvenez-vous d’Adrienne ? Elle partit d’un grand éclat de rire en disant : « Quelle idée ! » Puis, comme se le reprochant, elle reprit en soupirant : « Pauvre Adrienne ! elle est morte au couvent de Saint-S…, vers 1832. »
La France des origines c’est terminé. La suite est chez Flaubert ou chez Céline.
Sources:
https://www.sos-grannygeek.com/wp-content/uploads/2020/03...
https://www.vousnousils.fr/casden/pdf/id00180.pdf
https://www.amazon.fr/Perceval-reine-%C3%A9tudes-litt%C3%...
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Delivrance ou la mort du grand Pan
Delivrance ou la mort du grand Pan
André Waroch
Le gauchisme n’a pas que du mauvais. Ainsi le mouvement soixante-huitard américain nous débarrassa-t-il du carcan puritain qui obligeait jusque là Hollywood à mettre en scène des héros au cœur pur défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Les années soixante-dix vont réinventer le cinéma dans tous les domaines, avant qu’un nouveau puritanisme, le politiquement correct, ne prenne le pouvoir dans les années quatre-vingt. Entre les deux bien-pensances, dix ou quinze ans de films d’une audace incroyable, financés par des producteurs fous.
Mais cette révolution n’a pas libéré que les « progressistes ». Ainsi verra-t-on surgir bon nombre de films réactionnaires, répressifs, héroïques, qui n’ont absolument rien à faire avec la morale de gauche, mais qui n’avaient pas non plus le droit d’exister sous l’ère John Wayne. Les films de Clint Eastwood ou ceux de Charles Bronson en sont un bon exemple, en particulier Un justicier dans la ville, où un bourgeois excédé se promène dans New-York, Magnum 357 dans la poche, et se met à flinguer à vue la racaille, dont une bonne moitié de Noirs.
Où situer Délivrance ? Déjà, resituer le film dans l’œuvre de John Boorman, Nietszchéen par excellence, conservateur par essence, comme il le prouva ultérieurement avec La forêt d’émeraude, film-plaidoyer dénonçant la destruction de l’habitat naturel des indiens d’Amazonie (l’éradication de la nature, due à une conception desséchée du monde qui met l’humain et la rationalité au centre de tout, est de gauche par essence) ou la mise en scène des mythes arthuriens dans son fameux Excalibur.
Délivrance met en scène quatre citadins voulant descendre le cours d’une rivière sauvage, alors que l’ensevelissement de ladite rivière et de l’ensemble de la vallée qui l’entoure par un lac artificiel est déjà programmée. Ces hommes vont rencontrer une population de rednecks oubliée, immensément arriérée, en sursis comme le pays qu’elle habite.
L’incontestable leader du groupe, c'est Lewis, Nietszchéen en acte, qui méprise la mollesse de son époque. Sûr de lui, bras musculeux en avant, il cherche l’authenticité et la vérité en voulant redevenir un homme des bois. Inversant le sens du « retour à la terre » prôné par les hippies pacifistes, il prône le recours aux forêts, en appelle à la violence rédemptrice, à la chasse et à la guerre à l’arme blanche, au combat régénérateur pour la survie dans une nature sauvage et indomptée.
Il y a Bobby, sorte d’antithèse de Ed, gras, méprisant, jugeant et mesurant tout ce qu’il voit à l’aune de la seule chose qu’il connaisse, la vie moderne. La nature n’est pour lui qu’un objet de consommation parmi d’autres, à part peut-être quand elle existe par elle-même, qu’elle n’est pas prévue pour le confort des humains, quand par exemple il s’agit d’une forêt primaire comme celle au milieu de laquelle ils vont naviguer. Dans ce cas très précis, la nature lui apparaît comme une anomalie à éradiquer, comme les Amérindiens encore païens sont apparus à ces authentiques fanatiques religieux qu'étaient les conquistadors. Bobby épouse totalement leur héritier, le fanatisme moderniste évangélisateur. Mais aucun mysticisme chez lui. Il vit, travaille et mange sans se poser aucune question, parfaitement à l’aise dans le monde urbain qu’il habite, et trouvant parfaitement normal que le monde se bétonnise peu à peu totalement.
Drew est une sorte de scout, macroniste avant la lettre, jouant de la guitare, portant sur tout ce qu'il voit un regard candide. Un peu comme Bobby, mais dans un autre style, il croit à la démocratie, à la civilisation.
Quant à Ed, il est finalement le plus subtil, le moins caricatural des quatre, trimbalant sa pipe en promenant sur toute chose un regard songeur et contemplatif. Les trois autres, en réalité, représentent les trois tendances de son esprit indécis. Ed est tiraillé entre l’appel de la forêt et le confort de sa petite vie. Il n’est pas fixé. Il se cherche.
L’opposition la plus frontale, sur le plan philosophique et humain, a lieu entre Lewis et Bobby. Comme à l'occasion de ce mini-dialogue entre les deux personnages après une descente de rapides particulièrement musclée :
- On l’a vaincu, Lewis ! On a vaincu cette rivière !
- Non, répond Lewis, elle est invincible.
Dans l’euphorie de ce qu’il considère comme une victoire sur une nature encore vierge et non domestiquée, Bobby cherche à créer une camaraderie de vainqueurs entre lui et son co-pilote de canoé. Lewis, en une réponse définitive, lui signifie là où vont ses allégeances, établissant ainsi entre eux deux une séparation et une hostilité difficilement surmontables.
Puis, lors d’une scène qui appartient à l’histoire du cinéma, Ed et Bobby, ayant fait halte sur les berges en pleine forêt vierge, se font agresser par deux autochtones menaçants et armés, surgis d’on ne sait où. L’un deux finit par violer le gros Bobby sous les yeux de son ami, avant de se faire tuer d’une flèche par Lewis arrivé à la rescousse, pendant que l’autre parvient à s’enfuir.
Ces deux autochtones, bien que revêtant le même aspect pouilleux, brutal et dégénéré que les autres habitants de la vallée rencontrés par le groupe avant de commencer la descente de la rivière, n’apparaissent pas une seule fois avant cette scène et disparaissent totalement par la suite. Personne ne saura jamais qui ils sont, d’où ils viennent, ni s’ils avaient prémédité leur crime.
Rien de moins anecdotique, en réalité, que cette histoire racontée par Boorman. Tout y est message, tout y est symbole, tout y est de l’ordre du subliminal. Et rien de moins gratuit que ce viol ignoble commis par deux êtres surgis du néant.
Boorman, rompant avec toute la tradition chrétienne et occidentale, met en scène, de la manière la plus délibérément radicale, la vengeance de la nature, de la nature qui s’apprête à être souillée une fois de plus. Elle envoie pour cela deux fantasmagoriques hommes des bois, représentants d’une population ancienne, présentée comme primitive et consanguine, mais qui aura pourtant réussi à vivre pendant plusieurs siècles au coeur d’une gigantesque étendue sauvage sans jamais avoir l’idée d’y construire des hôtels, des banques et des supermarchés. Et cette vengeance s’exerce sur le plus parfait représentant de la bonne conscience éradicatrice occidentale.
Après ce viol, les quatre hommes ont une âpre discussion, et, sous l'impulsion de Lewis, décident de ne pas prévenir la police et d'enterrer le corps, sachant que la vallée est sur le point d'être inondé et que personne ne le retrouvera jamais.
S'ensuit une scène qui, si on s'en tient à la simple rationalité du récit, n'a absolument aucun sens : les quatre hommes, de manière totalement absurde, sans aucun motif, déplacent le corps à plusieurs dizaines de mètres de là, ahanant et trébuchant, alors qu'ils auraient très bien pu l'enterrer sur place.
Boorman veut tourner cette scène parce que, consciemment ou inconsciemment, il veut filmer cet incroyable tableau qui montre Ed, Lewis, Bobby et Drew transporter leur victime suppliciée, les bras en croix.
C'est en réalité, à un véritable rituel auquel on assiste. Et, comme chacun le sait, ou comme le savent ceux qui ont déjà assisté à des cérémonies funèbres, quatre est le nombre règlementaire des proches chargés de porter le cercueil du mot.
Mais qui est celui qu'on on enterre ? Qui est-il réellement ?
Voilà, à mon sens, l'ultime vérité de ce film : cet homme n'est pas un homme. Il est la personnification de la nature sauvage et indomptée. Cet homme, c'est Pan, le dieu de la nature chez les grecs, d'une laideur inouïe, obsédé sexuel, qui rôdait par les campagnes et les bois, Pan qui poursuivait ses victimes pour les violer. Pan, le seul dieu de la mythologie grecque qui soit mort, sous la plume de Plutarque.
C'est donc en 1972, sous l'oeil de la caméra de John Boorman, que que le grand Pan fut assassiné une seconde fois par des citadins en week-end, dans une des dernières forêts primaires des Etats-Unis, qu'il y fut enterré, que sa tombe fut ensuite recouverte par d'infinies trombes d'eau, et que la nature sauvage disparut définitivement. Ad maiorem Dei gloriam.
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jeudi, 31 octobre 2024
L'OTAN et la théorie des États porte-avions
L'OTAN et la théorie des États porte-avions
Carlos X. Blanco
En 1999, l’OTAN a lancé une action militaire en attaquant un pays européen. Les États-Unis, à la tête de l’OTAN, ont une fois de plus bombardé une nation souveraine de notre continent, la République fédérale de Yougoslavie. Depuis 1945, la Luftwaffe (armée de l’air allemande) n’avait pas attaqué un autre pays européen. En 1999, cette même force aérienne a encore tué. De même, l'armée de l'air espagnole, incapable de contenir l'expansionnisme marocain depuis au moins l'époque d'un Franco sénile, détenait néanmoins en Bosnie l'honneur douteux d'avoir été la première à être entrée au combat. Un autre « honneur » pour un pays comme l’Espagne, qui utilisait son armée depuis des siècles pour tuer ses propres compatriotes plutôt que pour se défendre contre des ennemis étrangers, même s’il s’agissait d’ennemis de pays pauvres ou de pays du tiers monde, était que l'on avait nommé secrétaire général de l’OTAN le « scientifique » et socialiste Javier Solana. Cependant, à part les troupes et les bouffons comme l’Espagne, l’Allemagne et d’autres partenaires de l’organisation, nous savons tous que l’action de guerre a été promue et menée par les États-Unis.
On estime que plus de 9000 tonnes de bombes se sont abattues sur ce pays européen. Les Serbes et d’autres peuples yougoslaves sont morts en grand nombre. Entre 1200 et 5000 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées par les bombes de l’OTAN à l’aube du 21ème siècle. Il a été certifié que certaines bombes étaient fabriquées à l'uranium appauvri, ce qui est de mauvais augure pour le rôle de l'OTAN dans les conflits actuels et futurs: l'Europe ne sera jamais un sanctuaire protégé et l'OTAN n'est pas une copie d'une « armée européenne » puisqu'il s'agit d'un conglomérat militaire dirigé par les Américains. Au contraire, l’OTAN est une organisation dangereuse pour les peuples européens, dont le comportement expansif et agressif (contrairement à tous ses documents fondateurs) peut les mettre au bord de la destruction. Avec le même casus belli des « nettoyages ethniques » yougoslaves (ce fut, de fait, le casus belli du massacre de l’OTAN en 1999), de nombreux pays démocratiques et libéraux auraient dû être bombardés, sans parler des petites puissances alliées de l’oncle Sam (Israël, Arabie Saoudite, Maroc, etc.), à cause d'atrocités dont l'OTAN et son leader nord-américain détournent le regard.
Depuis la création de l’OTAN en 1949, une fois le Traité de Washington signé, cette organisation était présentée, dans le contexte de la Guerre froide, comme une alliance « défensive ». En tant qu’alliance militaire, une attaque contre l’un des membres doit susciter une réaction défensive de la part de tous les alliés. "Attaquer l'un de nous, c'est nous attaquer tous". Ce contexte de guerre froide n’était rien d’autre que le contexte supposé des blocs idéologiques: les Russes, nous disaient-ils, auraient atteint Lisbonne et implanté le communisme sans consulter leur ami américain. Cet ami devrait conduire une Europe détruite et affamée, à la fois sur la voie d’une reconstruction capitaliste et sur l’autre voie nécessaire: celle vers un renforcement militaire des partenaires et alliés de la puissance yankee.
Aujourd’hui, depuis les massacres contre la Yougoslavie (principalement contre les Serbes) de 1999, et plus encore depuis la guerre en Ukraine (débutée avec l’Euromaïdan de 2014), les yeux de nombreux citoyens du « vieux continent » se sont ouverts. . Mais pas assez. Le voile tombe peu à peu: l'OTAN ne protège pas la souveraineté des peuples et des nations d'Europe, mais peut (et de fait) doit compromettre leur indépendance et leur souveraineté, en les empêtrant dans des conflits qui ne répondent pas à leurs propres et légitimes intérêts, mais obéissent à la logique de pouvoirs autres que les leurs.
En d’autres termes très simples : faire partie de l’OTAN n’apporte pas de la sécurité, mais plutôt de la peur.
Une OTAN agressive (comme cela a été démontré en Yougoslavie et en Ukraine) est dangereuse pour les peuples et les nations mêmes celles qui sont immergées dans le Traité. C'est une OTAN qui les oblige à remilitariser les structures étatiques (recrutement forcé, envoi obligatoire de missions à l'étranger, augmentation de la fabrication d'armes, coupes sociales...) mais pas pour leur propre bénéfice, et en faveur de leur souveraineté nationale légitime, mais au profit de la propre logique de l'Oncle Sam, qui se révèle de plus en plus contradictoire avec celle de l'Europe. Ce qui est bon pour les Américains est mauvais pour les Européens, et vice versa.
D’un autre côté, le précédent agressif de 1999, contraire à la Charte des Nations Unies, a été le début d’une ombre qui est aujourd’hui sur le point de couvrir l’Occident. Le « jardin » de Josep Borrell, un autre socialiste espagnol raté, comme le chef de l’OTAN de l’époque, Solana, a été assombri par le meurtre de Serbes. Cette partie du monde, le paradis occidental, destinée à apporter les valeurs des Lumières et des Droits de l’Homme au reste d’une « jungle » et d’une humanité arriérée, a commencé à apparaître comme une jungle, ou mieux encore, comme sauvage elle-même. L’Europe était (encore une fois) redevenue une jungle et un bourbier en 1999.
L’OTAN et sa branche civile, l’Union européenne, ne pourront plus enseigner à qui que ce soit les droits de l’homme et les valeurs des Lumières. Les pays des BRICS, parmi lesquels figurera bientôt la Turquie d'Erdogan, se tordent de rire en entendant ces discours « occidentaux ». Même le dernier concierge de l’administration de ces États non occidentaux en est conscient: l’OTAN tue beaucoup depuis les airs. Sur le terrain, elle manque de capacité combative. Le nouvel « axe du mal » composé de la Russie, de la Chine et de l’Iran est bien conscient de l’évolution naturelle que suivra l’OTAN après sa défaite en Ukraine: le terrorisme. On parle beaucoup de « guerre hybride », mais les opérations entreprises par l’Empire d’Occident présentent toutes les caractéristiques des attentats terroristes. L'incapacité sur le terrain de maintenir une armée approvisionnée de manière régulière et homogène, excluant l'Apocalypse d'un scénario de guerre mondiale globale et déchaînée (avec recours aux armes thermonucléaires), fera de l'OTAN une sorte d'essaim mondial "type Israël". En quoi consiste ce modèle ? Enfin, dans une généralisation à d’autres latitudes de la formule de l’État artificiel-terroriste, comme l'est Israël.
Là où il y a un vide de souveraineté territoriale ou là où l’espace géopolitique est chaotique et où, en raison d’actions hybrides antérieures, l’État est déclaré « en faillite » (cas de l’Ukraine), l’OTAN procède à l’armement jusqu’aux dents d’une oligarchie locale, porteuse d'un "néo-Etat".. Les groupes nazistes ou fondamentalistes, selon les coordonnées géographiques et culturelles de la région, et par interposition, déclareront la guerre à tous ceux qui s'opposent ou ne collaborent pas aux plans hégémonistes nord-américains. À l’instar de certaines guerres de l’Antiquité, les ennemis sont attaqués au moyen de « néo-États » tampons et de mercenaires. Il ne s’agit plus seulement de recruter des étrangers de tous les pays imaginables, prêts à tuer et à mourir pour de l’argent. Il s’agit de louer et contracter des « néo-États », entités qui, au départ, étaient elles-mêmes des artifices créés ad hoc, ou des entités entretenues et reprogrammées si elles existaient déjà auparavant, en vue d’affronter une puissance ou une entente constituée de plusieurs pays. L'exemple d'Israël va se répandre, et sera suivi par le Kosovo, l'Ukraine de Zelensky ou le Maroc de Mohamed VI. Ces États artificiels sont comme de grands porte-avions statiques, implantés au milieu d’une zone conflictuelle ou stratégique. S’il s’agit d’une région pacifique ou pacifiée, les États-Unis parviennent à modifier cet état de fait et à semer le chaos pour affronter des ennemis, des concurrents ou même des neutres qui ne se sont pas montrés suffisamment consentants.
Actuellement, les pays d’Europe occidentale courent un très grave danger. Ces États artificiels sont créés sur le modèle Israël-Kosovo-Ukraine. La liste des nouveaux territoires hautement militarisés et convertis en États défaillants ou en États poubelles ne peut que s’allonger dans les années les plus immédiates. Il ne s’agit plus seulement d’une accumulation d’actions terroristes dans des pays souverains proches de la frontière russe, satellites ou alliés de Vladimir Poutine. C'est dans le « jardin » Europe.
D’un côté, nous avons l’Espagne au milieu de la tension maroco-israélienne: de nombreux éléments militaires sionistes ont été détectés dans ce pays du Maghreb. À la présence de personnel militaire et d'espionnage, il faut ajouter les investissements croissants dans la technologie de guerre de pointe qui comprend, entre autres, la surveillance par satellite, la technologie des drones , les logiciels d'espionnage (rappelez-vous le scandale d'espionnage du téléphone portable de Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, à travers des technologies auxquelles ni le Maroc ni Israël ne sont étrangers).
L'armée marocaine, bien qu'elle soit théoriquement inférieure à l'armée espagnole, est considérée comme l'une des plus puissantes d'Afrique (parmi les cinq premières dans de nombreux paramètres d'évaluation) et, de toute façon, étant une monarchie despotique-féodale, elle est beaucoup moins liée (et plus consciente que l'Espagne) en termes de scrupules concernant le droit international, les droits de l'homme et les engagements de paix. Il a les mains libres pour attaquer. En fait, la monarchie maghrébine n’a jamais cessé de vivre en guerre (de faible intensité la plupart du temps) avec ses voisins et avec le Front Polisario. À cela s’ajoute le fait notable de bénéficier d’un énorme soutien de la part des « Trois Grands » de l’Occident : les États-Unis, la France et l’Entité sioniste (Israël).
Le royaume alaouite est depuis de nombreuses années un partenaire et un allié privilégié, et est considéré comme un acteur majeur au niveau régional. Clé d'accès à deux mers, l'océan Atlantique et la Méditerranée, il est bien plus accessible aux souhaits de l'Empire d'Occident, et fait office de chien de garde qui dégage l'accès à la Mare Nostrum et au Sahel . Concernant la mer Méditerranée, à l’autre extrémité de laquelle se trouve le plus grand porte-avions de la marine américaine, qui est l’État d’Israël lui-même, le Maroc est un partenaire essentiel du sionisme. Un blocus du détroit de Gibraltar analogue à celui de la mer Rouge (cette dernière, menée par les Houthis yéménites ) serait fatal et étoufferait à jamais l’entité sioniste. Pour y parvenir, il faut éviter, comme le prévoient les stratèges du Pentagone, toute inconstance religieuse national-populaire fondamentaliste ou laïque, en Afrique du Nord, inconstance solidaire avec la cause arabo-palestinienne, qui en Espagne, tant à l'époque de Franco qu'au sein de la gauche démocratique, a toujours été la cause la plus populaire, au-dessus des idéologies.
Le projet de l’Empire d’Occident (ou « Occident collectif ») ne consiste plus à générer un ordre, conforme à une certaine doctrine économico-politique, à partir duquel produire des idéologies ou des visions du monde. Bien que le nom de « néolibéralisme » soit généralement attribué à ce projet, la vérité est que les analystes les plus pointus n’ont trouvé rien d’autre que du nihilisme . C'est le cas du célèbre livre d'Emmanuel Todd sur l'échec de l'Occident, bien attesté par la guerre en Ukraine. Qu’une idéologie néolibérale ait triomphé en Europe occidentale n’est pas un fait en soi: c’est une formule rhétorique, guère plus qu’une verbalisation de faits objectifs qui déchirent nos sociétés comme le feraient des poignards: les gens ne croient plus à rien parce que. la famille disparaît, la motivation d'avoir un partenaire stable avec qui remplir le pays d'enfants, le désir d'épargner et de prospérer grâce à une profession ou une petite et moyenne entreprise, la force du code éthique qui fait que les jeunes refusent l'indulgence systématiques, les drogues et les comportements hédonistes anti-vitaux... Todd , en bon wébérien , est un idéaliste et, du point de vue du matérialisme historique orthodoxe, c'est un scientifique qui met, comme on dit, « la charrue avant les bœufs". Cependant, à la manière d’un médecin clinicien, avec son aide, nous devons nous occuper des symptômes de la mort de l’Occident. L’Occident néolibéral est devenu improductif, son mode de production est celui d’un capitalisme ultra-financiarisé qui a coupé les ponts avec la réalité économique qui, elle, n’est que Production. Et ici, la guerre et l’économie se rencontrent.
Depuis la fin du 20ème siècle, les États en faillite et les États indésirables ne peuvent plus être analysés en termes de PIB, de dette et d’autres paramètres de l’économie classique. Qui peut réaliser un audit économique sur des entités comme le Maroc, Israël, le Kosovo...? Les mêmes « nations canoniques » qui formaient autrefois cet Occident hautain qui a colonisé le reste du monde (Espagne, France, Royaume-Uni), que sont-elles aujourd’hui en termes de productivité? Les bases sociales et culturelles de ces entités sont aujourd’hui complètement mises à mal. Ce sont des sociétés qui, après la guerre civile (dans le cas de l'Espagne) ou la guerre mondiale (dans le reste de l'Europe, où il y avait aussi des aspects de guerre civile, comme en France ou en Italie) ont été complètement ruinées, et leur reconstruction d'après-guerre a été soigneusement pilotée par les États-Unis. Les Américains n'ont pas créé l'OTAN uniquement et peut-être pas tant pour opposer une force militaire suffisante au communisme soviétique, car les États-Unis auraient pu le faire seuls sans avoir besoin d'organisations de front ou de superstructures formatées en pseudo-alliances (l'Europe occidentale était, bien sûr, en fait, occupée et détruite), mais pour avoir l'Europe occidentale elle-même sous son contrôle.
Les renseignements nord-américains s’étaient nourris de milliers et de milliers d’émigrants et d’exilés, d’agents de toutes conditions et de toutes couleurs, depuis les rouges et les juifs antisoviétiques jusqu’aux nazis reconvertis. Tous ces agents, dûment rémunérés par le gendarme américain, ont rendu compte en détail des conditions qui ont conduit l'Europe au gouffre de 1939-1945 (avec l'avancée de la guerre mondiale qu'était déjà la guerre d'Espagne entre 1936 et 1939, un massacre qui fut déclenchée à son tour lors de la révolution asturienne de 1934). Mais ce n’était pas l’analyse historique qui intéressait seulement le pouvoir yankee. L’important était de concevoir le monde futur, le monde d’après-guerre : un monde dans lequel se produirait le changement culturel le plus gigantesque jamais signalé.
Ce changement culturel pourrait être appelé « américanisation » (American way of life) ou, comme le marxiste italien Preve l’a détecté avec précision, la « mondialisation ». Il s’agissait de faire en sorte que chaque Espagnol, Italien, Allemand, Français, Belge, etc. devienne un crétin américanisé , inconscient de toute tradition, étranger à la Haute Culture, plongé dans une consommation idiote et émoussé à l'extrême par l'industrie du divertissement. L'impact de la néo(pseudo)-culture d'Amérique du Nord et de l'anglosphère était telle (rappelez-vous simplement les ridicules fêtes d'Halloween organisées dans les écoles espagnoles, fêtes contre nature. La société de l'Europe occidentale a cessé, en quelques décennies, de cultiver tout ce qui concernait sa propre survie :
- 1. Cessation de l'activité productive. Les pays de l' OTAN ont délocalisé leur industrie et subissent l'intervention permanente des grandes entités de la finance de récupération (BlackRock, Vanguard, etc.). Ce sont des pions progressivement endettés qui financent la dette envers ceux qui doivent le plus: les États-Unis eux-mêmes. La dette s'est accrue à outrance, le secteur des services est devenu excessif et, en son sein, le tourisme est devenu un cancer pour l'Europe du Sud, qui finira par la détruire et la ruiner à jamais (voir Espagne).
- 2. Cessation de l’activité reproductive, avec l’anéantissement culturel et économique, sans parler de l’anéantissement militaire, qui accompagne l’hiver démographique et « l’importation » d’étrangers. L'Espagne est sauvée en partie parce qu'un grand nombre de ses émigrés sont originaires d'Amérique latine et, dans une large mesure, ne peuvent pas être considérés comme des étrangers étant donné que leur culture et leur langue sont les mêmes que celles de l'Espagne et que l'intégration est facile. On ne peut pas en dire autant des Marocains et des autres Africains, qui sont aussi ignoblement utilisés comme une bombe avec laquelle Mohamed VI et son clan affaiblissent toujours plus l'Espagne. La même chose peut être dite à propos d’autres pays européens, envahis et donc culturellement perturbés. La traite des êtres humains, à son tour, entraîne une renaissance du continent en réponse.
- 3. Cessation de la capacité défensive. L'Europe a renoncé à se défendre et accepte, si possible, de se mêler des problèmes des autres. Les maigres capacités militaires de nos armées nationales ne sont pas utilisées pour défendre nos points faibles, ceux où l'invasion de la souveraineté est menacée par les mafias et les satrapies africaines (voir l'africanisation rapide des îles espagnoles et d'autres côtes européennes de la Méditerranée, et le manque de protection de Ceuta et Melilla, villes que l'OTAN ne défendra pas lorsqu'elles seront, tôt ou tard, occupées par le Maroc). La Russie n’est pas l’ennemie de l’Europe: la Russie est une puissance européenne et, en outre, elle a sauvé les peuples de notre continent lorsqu’il était menacé, soit par les Turcs, soit par les nazis, ou par d’autres ennemis. Mais c'est là que nous en sommes.
Tandis que des vies et des euros sont brûlés dans une guerre perdue, comme celle en Ukraine, l’Europe laisse ses arrières découverts au sud. Alors que nous vivons tous dans les limbes du consumérisme et sous les effets psychotropes de la « démocratie libérale », notre âme meurt parce que la gouvernance américaine a brisé notre trépied: 1) produire, 2) avoir des enfants, 3) prendre les armes, mais uniquement pour se défendre nous-mêmes. Les trois choses doivent être bien faites, avec la justice sociale (culture du travail, socialisme), familiale (natalisme et soutien aux femmes mères) et le sens de la défense nationale (retour aux armées nationales, dont la haute mission est patriotique et non « missionnaire ». Abandon d'un agenda 2030 ou de droits humains éthérés.
En tant qu'Espagnol, qui peut presque voir l'Afrique par temps clair, je vois aussi de trop près les manœuvres du Pentagone, alors que de nouveaux États poubelles sont en train d'être conçus, comme le nouveau « Grand Maroc ». L'Europe a cessé d'intéresser les États-Unis. Cette vision spenglérienne de l’entité yankee comme un « peuple blanc », transplanté d’Europe sur des terres qui appartenaient auparavant aux Indiens, a disparu depuis longtemps… L’entité yankee, contrôlée par des financiers sans âme ni race (ils sont des capitaux, rien de plus) a trouvé son modèle exact en 1948: le sionisme. Même si Israël tombait, écrasé par ses ennemis, il existe des répliques mutantes de ce porte-avions intégré qu’est aujourd’hui l’entité sioniste, et il y a le Grand Maroc, la honte du Kosovo, ou la très artificielle et belliqueuse Ukraine. Demain, une Catalogne indépendante ou n'importe quelle néo-république ridicule et inventée seront des artifices qui serviront à asservir, comme le nouveau porte-avions de l' US Navy , une population de plus en plus appauvrie, aliénée et soumise à une colonisation féroce.
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"En Thaïlande, nous nous dirigeons vers une catastrophe"
"En Thaïlande, nous nous dirigeons vers une catastrophe"
Peter W. Logghe
Source: https://www.facebook.com/peter.logghe.94
Comme certains États d'Europe occidentale, la Thaïlande a légalisé le cannabis il y a environ deux ans. En conséquence, la violence liée à la drogue a augmenté dans ce pays de vacances prisé par de nombreux Européens et les drogues provoquent des nuisances, comme le montre un rapport de l'hebdomadaire conservateur allemand Junge Freiheit. Bangkok, en particulier, et la fameuse Khaosan Road, subissent le poids de ces nuisances. Dans les agences de voyage, on trouve toutes sortes de cannabis à vendre. Le cannabis est partout.
Un Thaïlandais l'explique ainsi : « Après la légalisation, il y a eu un véritable boom. Tout le monde voulait cultiver du cannabis, faire du commerce et créer des entreprises ». De nombreux agriculteurs pauvres y ont vu une opportunité de compléter leurs revenus. Le prix de vente est bas: 200 bahts par gramme, soit environ 4 euros. En Europe, on paie rapidement 10 euros, et jusqu'à 40 euros dans les coffee shops d'Amsterdam. Sans surprise, cela a attiré en Thaïlande des masses de touristes de la drogue, qui ne se contentent plus de visiter les temples et les plages. La politique antidrogue sévère menée par la Thaïlande ces dernières années a fait place à une politique pro-cannabis et des milliers de boutiques de cannabis ont poussé comme des champignons.
La Thaïlande va réduire la portée de la légalisation
Une mère de trois enfants, gérante d'un restaurant sur Khaosan Road : « La légalisation sera une véritable catastrophe pour notre pays. Le nombre de toxicomanes a fortement augmenté, avec pour conséquence immédiate la violence. J'espère que cette mesure sera bientôt retirée ». Le ministère thaïlandais de la santé a récemment déclaré qu'il était presque impossible de traiter les problèmes de santé mentale. Avant la légalisation, le nombre de patients traités pour des problèmes de drogue était encore bien inférieur à 40.000 ; après la légalisation, ce nombre est passé à plus de 60.000.
Le nouveau gouvernement thaïlandais tire la sonnette d'alarme et souhaite revenir sur la légalisation d'ici la fin de l'année, de sorte que la vente de cannabis ne soit plus possible que pour des raisons médicales. Mais un nouveau problème est apparu entre-temps: l'explosion du nombre de magasins de cannabis et la croissance de la culture du cannabis ont provoqué l'émergence de groupes de pression qui veulent absolument empêcher une nouvelle interdiction du cannabis. Des sommes considérables ont été investies et l'industrie part du principe que les drogues resteront légales, de sorte que leurs investissements seront rentables. Le vieux mythe de la boîte de Pandore, pour ainsi dire. Les gouvernements d'Europe occidentale qui proposent des plans de légalisation devraient tenir compte de l'expérience thaïlandaise à cet égard.
20:14 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, thaïlande, asie, affaires asiatiques, tourisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Evola et le catholicisme
Evola et le catholicisme
Troy Southgate
Source: https://troysouthgate.substack.com/p/evola-and-catholicis...
Une lettre écrite en mai 1945 par Julius Evola à un ami catholique, le père Clemente Rebora (1885-1957) (portrait, ci-dessous), donne un aperçu fascinant de l'état d'esprit du philosophe traditionaliste au lendemain des blessures qu'il avait subies lors d'un bombardement à Vienne.
Bien que le prêtre rosminien et ancien poète athée ait rendu visite à Evola à l'hôpital quatre jours auparavant, pour lui demander s'il souhaitait l'accompagner en train à Lourdes - ce qui a donné lieu plus tard à la spéculation erronée selon laquelle Evola était sur le point de se convertir au catholicisme - ce dernier a écrit pour dire que, bien qu'il soit reconnaissant de l'offre qui lui était fairte d'entreprendre un tel voyage, cela impliquerait ipso facto que tout ce qui l'intéressait était d'obtenir la grâce qui ne mènerait à rien de plus que la possibilité de guérison de ses blessures physiques. Bien que, pour de nombreuses personnes, cela semble être une raison parfaitement compréhensible de visiter le célèbre sanctuaire pyrénéen, il poursuit en expliquant que
"S'il fallait demander une grâce, ce serait plutôt de comprendre le sens spirituel de ce qui s'est passé, que cela reste ainsi ou non, et plus encore de comprendre la raison pour laquelle il faut continuer à vivre".
Après tout, la raison précise pour laquelle Evola s'était exposé à toute l'horreur d'une attaque aérienne soutenue des Alliés était précisément de répondre à cette question. Le résultat, bien sûr, suggère qu'en dépit du fait qu'il ait été confiné dans un fauteuil roulant pendant les vingt-neuf années suivantes, un rôle crucial l'attendait encore. Comme il l'expliquera plus tard dans les pages de son autobiographie, Il cammino del cinabro (1963):
« Rien n'a changé, tout s'est réduit à un empêchement purement physique qui, en dehors des soucis pratiques et de certaines limitations de la vie profane, ne m'a pas du tout affecté, mon activité spirituelle et intellectuelle n'étant en aucune façon altérée ou ébranlée ».
La guérison d'Evola était donc bien moins importante que sa capacité à poursuivre le Grand Œuvre.
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Entretien avec Manuel Quesada, Ediciones EAS, pour Diario16
Entretien avec Manuel Quesada, Ediciones EAS, pour Diario16
Source: https://euro-sinergias.blogspot.com/2024/10/entrevista-manuel-quesada-ediciones-eas.html
Manuel Quesada : « Nous représentons ce qui nous est propre culturellement en tant que développement archéofuturiste et avant-gardiste ».
Manuel Quesada, directeur de la maison d'édition EAS, nous a accordé une interview à l'occasion du dixième anniversaire de son entreprise. Comme le savent les lecteurs de Diario16+, la maison d'édition EAS nous permet de connaître des aspects historiques méconnus et, dans une certaine mesure, abandonnés par l'« académisme », ou des auteurs hautement qualifiés de la nouvelle droite mondiale que l'on ne trouve généralement pas dans les maisons d'édition plus « commerciales ». Ce fut un plaisir de discuter avec Manuel et de vous faire connaître un peu plus Editorial EAS.
D16. Editorial EAS a déjà dix ans, comment vous est venue l'idée de créer cette maison d'édition ?
L'idée est née il y a bien plus de dix ans, lorsque ma passion pour la lecture m'a fait voir les lacunes qui existaient dans le monde du livre. D'une part, il y avait des œuvres que je voulais lire mais c'était impossible, soit parce qu'elles étaient épuisées, soit parce qu'elles n'avaient pas été traduites dans notre langue. Cela signifiait que, pour ma formation intellectuelle et personnelle, il était impossible de les acquérir. D'autre part, et après avoir approfondi les lectures que j'ai trouvées sur mon chemin, j'ai détecté la distorsion que les secteurs de l'industrie éditoriale exercent sur les écrivains et les œuvres; il est chaque jour plus difficile de trouver un contenu sérieux qui s'adapte à la réalité de l'œuvre et de l'auteur, sans distorsions. La manipulation des textes et de leurs messages est de plus en plus évidente, et tant les médias que les réseaux sociaux encouragent cette distorsion sans limites. Des séries où l'on voit un Achille chauve et subsaharien, aux études sur l'indo-européanisme qui tentent d'imposer la thèse de la steppe en écartant les mouvements de peuples basés sur les constructions mégalithiques du nord et du nord-ouest de l'Europe, en passant par la manipulation en littérature, comme on le voit dans l'œuvre de Tolkien, et bien sûr, en terminant par l'éradication de la richesse des contes pour enfants en échangeant des archétypes de beauté dans des films tels que Blanche-Neige.
Face à une telle situation, j'avais le choix entre deux voies: d'une part, continuer ma vie heureuse en m'adaptant aux lectures que je trouvais dans les librairies et en acceptant ce que « le monde offre », ou d'autre part, faire un pas en avant et développer un projet dont non seulement je bénéficierais en tant qu'individu, mais aussi, à long terme, beaucoup d'autres personnes qui, comme moi, demandaient également cette série de lectures, des personnes qui ont vu et voient qu'il y a de graves lacunes dans le monde du livre en particulier et dans la culture européenne en général, et qui aspirent donc à la recherche de la connaissance basée sur les principes du Kulturkampf, ou bataille culturelle, proposée par la maison d'édition EAS.
D16 : EAS est-elle une maison d'édition anti-establishment ?
Les éditions EAS ne peuvent en aucun cas être qualifiées d'anti-système, on ne pourra jamais dire que notre maison d'édition est « anti-quelque chose », car toute personne dont le travail vise à développer une bataille culturelle d'idées dans le domaine littéraire est un créateur, un créateur de culture, d'idées, de pensée, est libre, et la recherche du bien, de la vérité et de la beauté d'un point de vue littéraire ne peut jamais aller à l'encontre de ce qui ne va pas dans le même sens, mais en faveur de ce qui est pur et vrai, de l'essence européenne (puisque notre maison d'édition est un projet qui transcende les frontières nationales), de ce que l'Europe représente pour les Européens de souche et pour le monde: la culture propre comme développement et avant-garde archéofuturiste, exprimée par une plume qui transcende le temps.
D16 : Quel est l'auteur que vous êtes le plus fier d'avoir édité?
Il est difficile de répondre à cette question en raison du nombre d'auteurs avec lesquels j'ai eu la chance de travailler.
Malgré tout, et puisque vous me demandez de me risquer à donner un nom, je vais le faire. Pour sa grande qualité littéraire, feu l'écrivain, poète, explorateur et diplomate chilien Miguel Serrano. Son œuvre littéraire est vaste et magnifique, digne du prix national de littérature, qu'il n'a jamais reçu dans son pays natal pour des raisons politiques. Neveu de Vicente Huidobro (père du créationnisme littéraire), il a eu une vie mouvementée qui l'a amené à se lier d'amitié avec de grandes personnalités comme Indira Gandhi, Nehru, le Dalaï Lama (ayant été le seul étranger à l'accueillir dans l'Himalaya lorsqu'il a échappé à l'invasion chinoise du Tibet), Hermann Hesse, Carl Gustav Jung,... Sa vie est fascinante: en tant qu'ambassadeur du Chili, il a eu l'occasion de rencontrer le maréchal Tito et la reine Élisabeth II, entre autres, et en tant qu'explorateur, il a été le premier civil chilien à poser le pied en Antarctique (1948).
Année après année, nous publions ses œuvres littéraires, et cette année nous venons de publier Elella, libro del amor mágico, qui, avec Las visitas de la reina de Saba (également publié par l'EAS), pourrait être considéré comme ses deux œuvres les plus importantes.
D16 : Et quel est l'auteur qui vous échappe toujours ?
Tout d'abord, il faut savoir « où l'on se trouve sur la carte » (comme le disait un bon ami). Une maison d'édition comme la nôtre doit savoir ce qu'elle peut offrir et à qui elle peut l'offrir. Je n'irais pas jusqu'à proposer notre marque à des écrivains de l'envergure de Pérez-Reverte ou de Santiago Posteguillo ; sans aller plus loin, j'ai maintenu une relation de longue date avec Sánchez-Dragó (qui a acquis tous nos titres), mais nous ne lui avons jamais proposé de publier chez nous, car cela aurait été très prétentieux de notre part.
Cela dit, jusqu'à présent, aucun auteur ne nous a échappé et nous avons été particulièrement intéressés par la publication de ses livres. Certains résistent, comme l'ancien vice-chancelier autrichien H.-C. Strache, mais nous finissons toujours par nous entendre avec les auteurs et par publier les ouvrages.
D16 : Grâce à des maisons d'édition comme la vôtre, nous pouvons lire des auteurs et des penseurs qui, autrement, n'atteindraient pas le marché espagnol.
Il y a effectivement un rejet médiatique, nous vivons dans une culture de l'annulation, tout ce qui n'est pas aligné sur la direction dictée par certains secteurs est dénigré et annulé, il n'est pas possible d'avancer sur certains chemins, et cela rend difficile la publication de livres libres en Europe.
D'autre part, nous vivons à « l'époque du principe d'Archimède », c'est-à-dire qu'il existe une réaction proportionnelle et inverse à ce qui est exercé dans la société, de sorte que, même si nous n'atteignons pas tout le public que nous voulons atteindre, une grande partie du public nous atteint par le biais de la recherche des œuvres que nous publions. En fin de compte, une certaine ligne stoïque qui survit dans l'individu et se retrouve en lui, de manière innée, à travers l'archétype collectif, éveille un intérêt particulier pour le contraire de ce que la post-modernité a à offrir.
En résumé: il faut être, persister, résister et ne jamais abandonner, rester ferme et inaltérable comme une pierre, couler avec les éléments que la postmodernité nous offre comme si nous étions de l'eau, et s'enraciner, croître et fructifier comme un arbre.
D16. Vous exportez désormais vos livres en Amérique latine. Pensez-vous qu'ils y seront bien accueillis ?
Le problème en Amérique (puisque nous vendons également aux États-Unis) est le rapport salaire/prix. Le coût de la vie dans les pays hispanophones est très élevé et les salaires sont très bas. Petit à petit, nous allons nous développer sur ces marchés, mais c'est très difficile, à moins de prendre un engagement financier très fort.
D16 : Vous avez déjà atteint l'âge de dix ans, la prochaine étape est d'atteindre vingt-cinq ans, n'est-ce pas ?
Vous devez comprendre que Editorial EAS n'est pas particulièrement mon projet. Je peux dire que je le gère et le dirige, mais EAS appartient vraiment à chacun des lecteurs qui participent au développement de la maison d'édition en achetant nos ouvrages et en se délectant de l'illusion que nous essayons de partager avec eux dans chaque mise en page, conception de couverture, image, photographie,... Tout le travail qui se cache derrière chacun des livres que nous publions et que nous partageons avec les lecteurs permet à notre maison d'édition de continuer.
Cela dit, EAS continuera aussi longtemps que les lecteurs le voudront, ce projet est plus le leur que le nôtre.
D16 : Combien d'offres de livres recevez-vous chaque année que vous devez refuser ? Entre nous, maintenant que personne ne nous lit, quelles sont les principales raisons de ce refus ?
MQ : Une question quelque peu humoristique, cher Santiago. Nous recevons en moyenne trois ou quatre demandes par semaine pour éditer des livres, nous en rejetons 90%, nous transmettons les 10% restants au studio et, dans le meilleur des cas, nous en acceptons 5%.
La raison pour laquelle nous en rejetons autant est très simple: il est trop fréquent que certains des écrivains qui nous contactent et nous envoient leurs manuscrits n'aient pas la courtoisie d'entrer dans notre site éditorial pour voir quel type d'ouvrages nous publions. Je ne pense pas qu'il soit juste d'attendre de nous que nous passions du temps à examiner leurs œuvres alors que ces auteurs ne prennent pas la moindre considération pour examiner notre site web, où vous pouvez clairement voir tous les sujets que nous couvrons, qui, comme vous le savez, sont principalement des essais. En ce qui concerne les manuscrits que nous examinons et qui sont rejetés, nous avons rencontré toutes sortes de situations, depuis l'impossibilité de parvenir à un accord commercial entre les deux parties, jusqu'au fait que l'auteur souhaite une édition à très court terme et que nous ne sommes pas en mesure de répondre à ses besoins, en passant par l'examen du texte et la constatation qu'il ne correspond pas à notre ligne éditoriale. Dans de tels cas, nous proposons généralement des alternatives aux auteurs et nous les orientons vers d'autres maisons d'édition qui pourraient éventuellement servir de plateforme pour la publication de leurs œuvres. Et nous savons que cela a été le cas.
En fin de compte, notre travail consiste également à conseiller les auteurs le mieux possible, à savoir comment s'engager avec l'auteur lorsque le projet est réalisable, à lui indiquer clairement que sa proposition dépasse nos capacités ou n'est pas conforme à la ligne éditoriale.
D16. Au cours des deux dernières années, nous avons remarqué que l'EAS était présent à divers événements européens. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Nos amis roumains de l'Institutul Conservator Mihai Eminescu m'ont invité à prendre la parole au Parlement roumain l'année dernière, et cette année, j'ai participé en tant qu'invité à l'événement qu'ils ont organisé au même endroit, J'y ai rencontré des écrivains, des journalistes, des chercheurs, des scientifiques et des hommes politiques du monde entier, et j'ai pu partager l'espace avec le scientifique Robert Malone, le cinéaste mexicain Eduardo Verastegui et l'activiste américaine Alveda King (nièce de Martin Luther King), entre autres... J'ai également participé à plusieurs reprises à des conférences et réunions au Parlement européen, j'ai été invité en tant qu'orateur par la fondation flamande Hertogfonds à Anvers, j'ai participé en tant qu'invité au congrès du réseau Patriots au Parlement flamand, où j'ai pu rencontrer de jeunes intellectuels de la plupart des pays d'Europe et des États-Unis. J'ai été invité à la conférence contre la mondialisation au Parlement slovaque et j'ai reçu une audience privée au Sejm en Pologne.
Nous avons même publié (en autoédition) en Flandre les ouvrages du premier vice-président du Parlement flamand, Filip Dewinter, et de l'écrivain Renaud Camus, Omvolking (= Le grand remplacement), et j'ai eu une importante réunion d'édition à Vienne avec l'ancien vice-chancelier d'Autriche H.-C. Strache.
En somme, des expériences enrichissantes, qui nous aident à grandir.
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dimanche, 27 octobre 2024
L’Outre-mer ne répond plus
L’Outre-mer ne répond plus
par Georges Feltin-Tracol
En 1976, Jean-Claude Guillebaud publiait aux éditions du Seuil dans la collection « L’histoire immédiate » Les confettis de l’empire. Son enquête portait sur les derniers vestiges de l’ancien empire colonial français, à savoir les possessions ultra-marines bientôt dénommées DOM – TOM (départements et territoires d’Outre-mer).
Hormis l’Asie, la France est présente sur tous les autres continents sous la forme insulaire, à l’exception de la Guyane en Amérique du Sud et de la Terre-Adélie en Antarctique. Par le jeu des ZEE (zones économiques exclusives), Paris détient derrière les États-Unis d’Amérique le deuxième domaine maritime mondial. À l’encontre d’une idée reçue, ce n’est pas la Fédération de Russie qui compte le plus grand nombre de fuseaux horaires (onze continus), mais la France avec treize (discontinus) !
Ce constat contredit par conséquent la vision d’une France « tellurocratique ». Elle détient de solides atouts en matière de thalassopolitique. Pour combien de temps encore? En effet, la présence d’Emmanuel Macron bouleverse la donne en Outre-mer. Longtemps chasse gardée de la gauche socialo-communiste et des gaullistes (Michel Debré, maire d’Amboise en Indre-et-Loire est de 1963 à 1988 député de La Réunion), les territoires ultra-marins adoptent une variété de pratiques protestataires. Au moment des Gilets Jaunes en 2018 – 2019, La Réunion dans l’océan Indien et l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon dans l’Atlantique Nord deviennent des foyers virulents des revendications. Pendant la crise covididienne, la Martinique et la Guadeloupe se caractérisent par un taux élevé de refus de vaccination des personnels soignants qui perdent leur travail. L’élection présidentielle de 2022 confirme l’adhésion des populations locales aux candidats d’opposition. Au premier tour, Jean-Luc Mélenchon arrive en tête en Martinique (53,10 %), en Guadeloupe (56,16 %), en Guyane (50,59 %) ou à La Réunion (40,26 %). Au second tour, Marine Le Pen remporte 69,60 % en Guadeloupe, 60,87 % en Martinique, 59,56 % à La Réunion, 55,42 % à Saint-Martin et Saint-Barthélémy ou 59,10 % à Mayotte.
Aux législatives de 2022, les Antilles envoient plusieurs élus qui siègent ensuite au GDR (Groupe républicain et démocrate) aux côtés des communistes ou au groupe centriste charnière LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires). Ainsi la Polynésie française élit-elle trois députés indépendantistes. Les législatives anticipées de 2024 confirment cette tendance même si les indépendantistes polynésiens perdent deux sièges au profit des autonomistes et des macronistes. Les deux premiers députés du Rassemblement national proviennent de Mayotte et de La Réunion.
À la différence du gouvernement de Gabriel Attal qui avait placé l’Outre-mer sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, le gouvernement de Michel Barnier a mis les affaires ultra-marines sous la tutelle directe de Matignon. Le sénateur Les Républicains du Rhône et ancien maire d’Oullins, François-Noël Buffet, en est le titulaire. On n’aimerait pas être à sa place tant la situation de l’Outre-mer est explosive.
Fragilisée par un afflux migratoire constant venu des Comores et désormais d’Afrique orientale, Mayotte est en proie à une insécurité endémique. Le maintien de l’ordre public y est problématique. Plus de la moitié de la population est dorénavant étrangère. En outre, l’archipel mahorais connaît des pénuries d’eau potable fréquentes et sort à peine d’une épidémie de choléra. La dégradation des conditions sanitaires y est manifeste.
Toujours dans l’océan Indien, le Royaume-Uni vient de rétrocéder à l’île Maurice la souveraineté effective des îles Chagos qui gardent néanmoins une base militaire stratégique étatsunienne. L’État malgache souhaiterait que la France s’en inspire pour céder les Îles éparses situées dans le canal du Mozambique ou au large de Madagascar. Or, contrairement aux Chagos où les habitants ont été déportés, Europa, Bassas da India, Juan de Nova, Tromelin et les Glorieuses sont inhabitées. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ne s’y applique pas, à moins de faire voter les espèces animales et florales locales…
Dans les Antilles, la Martinique est en proie à des violences nocturnes. À la fin du mois d’août 2024 surgit une vive agitation (incendie d’entreprises, pillage des boutiques, affrontements avec les policiers et les gendarmes) contre les effets de l’inflation et le coût élevé de la vie quotidienne. Les biens de première nécessité coûtent 40% de plus qu’en métropole sans oublier que 80% des produits parviennent par la voie maritime. Le préfet réplique par l’imposition d’un couvre-feu et l’interdiction de toutes manifestations. Par ailleurs, le Conseil d’État vient d’annuler une délibération de l’assemblée de Martinique qui entérinait l’usage administratif de la langue créole martiniquaise. Ces tensions rappellent la protestation de la Guadeloupe en 2009 contre la « Pwofitasyon » (l'exploitation outrancière). Pour quels résultats ? De nombreuses promesses et un déversement supplémentaire de subventions publiques considérables.
La situation demeure enfin inquiétante en Nouvelle-Calédonie. Le projet de loi constitutionnelle de lever le gel du corps électoral au printemps dernier plonge le « Caillou » dans une ambiance de guerre civile larvée. Les accords de Nouméa de 1998 interdisent aux citoyens français installés en Nouvelle-Calédonie après cette date de s’exprimer aux référendums d’autodétermination et aux élections provinciales. Les Kanak craignent un « grand remplacement démographique » de la part des Européens sans se faire accuser de racisme, de xénophobie et de complotisme. Tenu en pleine période covididienne le 12 décembre 2021, le troisième référendum donne 96,50% de non à l’indépendance, mais l’abstention assumée des indépendantistes monte à 56,13%. Le 7 juillet dernier, pour la première fois depuis 1988 un indépendantiste kanak, Emmanuel Tjibaou, fils de Jean-Marie Tjibaou, co-signataire des accords de Matignon en 1988, accède au Palais-Bourbon grâce aux électeurs de la seconde circonscription de la Nouvelle-Calédonie qui s’étend à l’ensemble du territoire moins le grand Nouméa et les îles Loyauté. Le 24 septembre 2024, fête de la citoyenneté calédonienne, les responsables kanak proclament la souveraineté des chefferies sur leurs territoires coutumiers. Il faut comprendre d’abord un territoire, et donc un ancrage géographique, un enracinement, ensuite, une population structurée dans un réseau de relations organisées, au-dessus duquel se trouve le grand chef coutumier et, enfin, des alliances au-delà des seules limites foncières. N’est-ce pas un exemple à travailler ?
Les violences, les pillages et les barrages édifiés sur les principaux axes routiers de l’île plongent la Nouvelle-Calédonie dans un profond marasme économique. On observe une augmentation des départs de familles européennes vers la métropole. Outre un contexte politique instable, les activités économiques de cet archipel redoutent la faillite annoncée de l’industrie du nickel, premier pourvoyeur des revenus. Ancienne ministre macronienne et présidente de la province Sud, Sonia Backès défend la fédéralisation régionale de la Nouvelle-Calédonie dans une perspective de partition. Or la partition n’est pas une solution valable. On le voit bien avec la séparation de Mayotte du reste des Comores qui attire volontiers les Comoriens paupérisés.
Département aux infrastructures déficientes, la Guyane se confronte à deux problèmes: le vandalisme écologique dû aux garimpeiros, les orpailleurs illégaux, et une arrivée massive d’étrangers clandestins venus du Surinam et du Brésil. Il est courant de rencontrer à Cayenne des immigrés syriens ou afghans. Des réseaux de passeurs transnationaux poussent les candidats au voyage à arriver au Brésil qui n’impose aucun visa. Les migrants franchissent ensuite la frontière franco-brésilienne. Leur venue attise des tensions communautaires dans un territoire déjà marqué par une forte insécurité.
Des puissances étrangères (États-Unis, Chine, Russie, Australie, Azerbaïdjan) attisent enfin le sentiment anti-français dans les derniers « confettis » de l’Hexagone. Elles encouragent au départ définitif des Français de ces portions ultra-marines. On peut bien sûr souhaiter l’indépendance de ces possessions extra-métropolitaines. Mais, sans l’approbation référendaire des peuples concernés, cela risque d’être difficile sauf si la France sombre dans des déficits abyssaux qui la rendront moins attractive pour les populations ultra-marines. Paris ne tient plus ses périphéries. La faute à une république une et indivisible qui assassine toute solution ethno-différencialiste réaliste. Il serait temps de fonder une VIe République, une république fédérale et plébiscitaire des peuples autochtones de France.
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 130, mise en ligne le 22 octobre 2024 sur Radio Méridien Zéro.
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Entretien avec Markus Buchheit: les Allemands veulent des changements fondamentaux
Entretien avec Markus Buchheit: les Allemands veulent des changements fondamentaux
Qu’est-ce que les citoyens allemands reprochent le plus à la coalition "feu tricolore": la désindustrialisation, l’aide à l’Ukraine ou la politique migratoire?
Cet article a été initialement publié sur le portail serbe « Eagleeyeexplore »
Source: https://eagleeyeexplore.com/en/2024/10/23/interview-with-markus-buchheit-germans-want-fundamental-changes/
Le mécontentement généralisé des agriculteurs fin 2023 a déclenché une série de manifestations à travers le pays. Grâce à sa machine de propagande, le gouvernement a réussi à détourner l’attention du public et à relativiser ces protestations. J’espère que d’autres groupes d’intérêt prendront enfin position contre la politique absurde de la coalition "feu tricolore" et défendront plus fermement les droits des citoyens. Il est probable que l’establishment politique qualifie à nouveau cela d’extrémisme. J'appelle cela une participation démocratique, déclare Markus Buchheit, membre d'Alternative pour l'Allemagne (AfD), membre du Parlement européen, coordinateur de la commission du commerce extérieur et membre de la délégation de l'Assemblée parlementaire euro-latino-américaine, dans une interview pour notre portail.
Qu'ont montré les élections dans trois Länder allemands - était-ce la négation des résultats du parti le plus fort - et en même temps la délégitimation de l'électeur en tant que détenteur du pouvoir souverain ? Comment les « combattants déclarés pour la démocratie » issus des rangs de la coalition "feu tricolore" expliquent-ils cette destruction des principes démocratiques ?
Les récentes élections régionales en Thuringe, en Saxe et dans le Brandebourg ont clairement montré que de plus en plus d'Allemands souhaitent un changement politique fondamental. Néanmoins, les anciens partis tentent d’exclure l’AfD de la participation gouvernementale et même des fonctions parlementaires importantes par le biais de coalitions absurdes en termes de contenu. Il n’existe aucune base argumentative qui pourrait justifier cela. Au contraire, cela jette un éclairage significatif sur la compréhension que les anciens partis ont de la démocratie et sur la mesure dans laquelle ils respectent la volonté des électeurs.
Le chef du groupe parlementaire AfD-Thuringe a déclaré: «Lors des dernières élections, nous avions 12% des voix, lors des trois dernières, nous avons obtenu 33% des voix. Jusqu’à quand comptez-vous jouer à ce jeu? La limite supérieure pourrait-elle être dépassée lors des prochaines élections et le jeu de la construction d’une coalition sans principes visant à exclure l’AfD du jeu politique pourrait-il être inutile dans de telles circonstances?
Un premier obstacle important consiste à parvenir à une minorité de blocage dans autant de parlements que possible. Les anciens partis ne pourront alors éviter de dialoguer avec l’AfD et de conclure des compromis. Cela est déjà le cas depuis longtemps au niveau local. Par exemple, tout récemment, un membre de l'AfD a été élu à Bautzen avec vingt voix de plus que le nombre de membres du groupe parlementaire de l'AfD.
Ces élections étaient une sorte de référendum pour ou contre la Russie, pour ou contre le gaz russe, c'est-à-dire pour ou contre la désindustrialisation du pays. Comment expliquez-vous que la volonté du peuple et celle du gouvernement dans une coalition ne coïncident pas du tout ?
À mon avis, ces élections n’ont pas porté exclusivement sur la question du pour ou du contre la Russie. La désindustrialisation d’origine politique était certainement un aspect des décisions électorales. Mais dans l’ensemble, il s’agit d’une politique erronée de plus en plus évidente, qui va de l’immigration de masse à la transition absurde de l’énergie et des transports en passant par des projets idéologiques tels que l’intégration de la "dimension de genre", qui sont également rejetés par de nombreuses personnes. L’AfD est le seul parti à émettre des critiques notables à ce sujet et à proposer des arguments et des solutions solides. Apparemment, de plus en plus d’électeurs l’apprécient.
Quel prix l’Allemagne paie-t-elle pour sa position irrationnelle dans le conflit ukrainien?
Je ne qualifierais pas l’attitude de la politique étrangère allemande d’irrationnelle, mais je dirais qu’elle est fausse. L’Allemagne fait partie des perdants suite aux sanctions et les représentants allemands, y compris le ministre allemand des Affaires étrangères, ont à plusieurs reprises alimenté le conflit par leurs rhétoriques. Il serait plus sage d’œuvrer à une paix rapide.
Quelles peurs hantent l'Allemand moyen: la pauvreté, la guerre nucléaire, le terrorisme...?
Il existe diverses enquêtes sur ce sujet qui, bien qu'elles montrent des chiffres différents, font pour l'essentiel les mêmes constats. La plupart des Allemands s’inquiètent de l’inflation et de l’augmentation du coût de la vie, de l’immigration massive, de la pauvreté, etc. La peur des conflits militaires joue également un rôle.
Si cette politique n’est pas corrigée, la coalition gouvernementale pourrait-elle bientôt être une nouvelle fois confrontée à des protestations citoyennes soutenues par tous les mécontents ?
Il y a déjà eu de violentes protestations lors des grandes manifestations d’agriculteurs à travers le pays fin 2023. Le gouvernement a réussi à détourner l’attention des gens de cette affaire grâce à un coup de propagande. J’espère que d’autres groupes d’intérêt s’opposeront enfin à la politique absurde du gouvernement "feu tricolore" et feront davantage usage de leurs droits de citoyens. L’establishment politique qualifiera probablement cela d’extrémisme, une fois de plus. Moi, j'appelle cela la participation démocratique.
Les élections, non seulement en Allemagne mais aussi en Autriche, montrent un fort virage à droite. Combien de temps peut-on ignorer ce fait ?
Ma crainte est que les partis établis et la majorité des journalistes de gauche vont tenter d’ignorer ce fait le plus longtemps possible. Toutefois, dans certains pays, on constate déjà un relâchement. Par exemple, les Pays-Bas veulent expulser davantage, le Danemark a également modifié sa politique migratoire et la Pologne veut même la bloquer complètement. Si cette politique prévaut dans la majorité des pays européens, elle aura également un impact sur d’autres pays.
Au Parlement Européen, l’AfD fait partie d’une alliance qui s’engage à préserver les valeurs nationales, la souveraineté et le nouveau modèle européen. Ses voix et décisions sont-elles solitaires voire dénuées de sens ?
Bien entendu, il est plus efficace de travailler en grands groupes. Mais même en tant que groupe relativement restreint, nous disposons de nombreuses possibilités d’intervenir efficacement dans le processus de prise de décision politique. Nous voulons moins de droits pour Bruxelles et davantage pour les États-nations. Nous y travaillons.
À quelles tâches l’AfD est-elle désormais confrontée?
Selon moi, l’une des tâches essentielles consiste à créer un contre-public stable. C’est la seule façon pour nous de nous défendre efficacement contre les excès de l’establishment politique et de son réseau médiatique. Nous devons veiller à ce que les citoyens fassent l’expérience directe ou équitable de nos positions et non à travers le filtre manipulateur des médias du système.
12:16 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, affaires européennes, entretiens, markus buchheit, afd, allemagne, europe | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Le voyage de l’ONU à Kazan (Canossa)
Le voyage de l’ONU à Kazan (Canossa)
Nicolas Bonnal
Il y a un an, Guterres, encore patron de l’ONU, expliquait que la planète bouillait et qu’il faudrait se priver de tout (air y compris) pour sauver le climat. Depuis il a mis de l’eau dans son vin et s’est fait rabrouer notamment par Netanyahou qui lui a expliqué que l’ONU était une succursale des USA qui sont eux-mêmes une succursale d’Israël promis par tous ses prophètes à la domination sans partage du monde. Au début de la cata Internet, je rappelais Esaïe déjà :
« 2 Voici, les ténèbres couvrent la terre, Et l'obscurité les peuples; Mais sur toi l'Éternel se lève, Sur toi sa gloire apparaît.
3 Des nations marchent à ta lumière, Et des rois à la clarté de tes rayons.
L’immense prophète ajoute même :
9 Car les îles espèrent en moi, Et les navires de Tarsis sont en tête, Pour ramener de loin tes enfants, Avec leur argent et leur or, A cause du nom de l'Éternel, ton Dieu, Du Saint d'Israël qui te glorifie.
10 Les fils de l'étranger rebâtiront tes murs, Et leurs rois seront tes serviteurs; Car je t'ai frappée dans ma colère, Mais dans ma miséricorde j'ai pitié de toi.
11 Tes portes seront toujours ouvertes, Elles ne seront fermées ni jour ni nuit, Afin de laisser entrer chez toi les trésors des nations, Et leurs rois avec leur suite.
12 Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront, Ces nations-là seront exterminées. »
On poursuit gaiement :
« 13 La gloire du Liban viendra chez toi, Le cyprès, l'orme et le buis, tous ensemble, Pour orner le lieu de mon sanctuaire, Et je glorifierai la place où reposent mes pieds.
14 Les fils de tes oppresseurs viendront s'humilier devant toi, Et tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds; Ils t'appelleront ville de l'Éternel, Sion du Saint d'Israël. »
Et pour ceux qui craindraient pour leur sécurité (Esaïe donc, 60-62, voyez mon chapitre sur Internet entre Bible et Kabbale) :
6 Sur tes murs, Jérusalem, j'ai placé des gardes; Ils ne se tairont ni jour ni nuit. »
C’est toujours amusant de voir des crétins ne pas comprendre où mène leur judéo-christianisme. Il y aussi les imbéciles qui se jettent sur l’Apocalypse comme dans les bras de leur grand-mère, sans savoir ni comprendre pour quel agenda cet opus a été mis en place depuis notamment les débuts du judéo-protestantisme (relire Rothbard).
Mais venons-en à Kazan: Guterres y est allé comme à Canossa, et quelqu’un a compris pourquoi, une des excellentes chroniqueuses (marrant de voir que comme dans un pays non féministe comme la Russie les femmes excellent) de Ria.ru. Il s’agit d’Irina Alksnis. On l’écoute :
« Et il est extrêmement significatif que Moscou n’ait pas caché d’informations sur la visite de Guterres. Parce que s'il n'avait pas pris l'avion pour Kazan, cela aurait été un coup dur, avant tout, pour lui-même et pour l'organisation qu'il dirigeait. Et l’ONU et Guterres lui-même ont déjà subi tellement de pertes en matière de réputation, ces derniers temps, qu’ils n’en ont absolument pas besoin d’une autre, surtout d’une comme celle-ci».
Irina n’y va pas par quatre chemins: Kazan c’est Canossa et Guterres père d’une Onu socialo, écolo, woke et déconsidérée, y va pour se faire pardonner ses crimes ou tout au moins pour redresser la situ: car c’est l’Occident, vieilli et affaibli militairement et industriellement, qui s’isole, ce n’est pas Poutine, génie politique sans équivalent. Mais attention: ne comptez sur l’abruti spectateur de nos médias zombis pour l’apprendre. Il sera crevé avant, avec le dollar.
Irina encore :
« Il convient de rappeler que le dernier scandale très médiatisé s'est produit il y a moins d'un mois, lorsqu'Israël a déclaré le secrétaire général persona non grata, c'est-à-dire qu'un client des États-Unis a publiquement giflé un autre client américain . Si les relations privilégiées de Tel-Aviv avec Washington n’ont jamais été un secret, la transformation de l’ONU (plus précisément de l’appareil de l’organisation) en un vassal des Américains, au service de leurs intérêts et de leurs ordres, est devenue relativement récemment ouverte. »
Les bons peuples du sud et d’ailleurs ont enfin compris quels intérêts sert l’ONU:
«Cependant, cela semble si obscène que l’organisation internationale la plus influente et la plus importante des huit dernières décennies est en train de perdre rapidement son autorité sur la scène mondiale. En ce sens, la démarche d’Israël est très révélatrice: l’ONU est en train de se transformer en un lieu vide et son secrétaire général peut être effacé en toute impunité».
En fait les USA (imaginez un Trump élu et nerveux) pourraient se débarrasser du machin eux-mêmes :
«Et pour l’ONU, son appareil et ses dirigeants, la perte du prestige de l’organisation constitue un problème très grave. Les mêmes Américains n’en auront besoin que tant qu’il restera utile, tant qu’il sera capable d’influencer les processus mondiaux, tant que le monde écoutera leur opinion, tant qu’il sera véritablement perçu comme le cœur du système politique mondial et une plate-forme pour l'élaboration des décisions majeures de la communauté internationale».
Le laquais mondialiste n’a pas de futur :
«Et jouer le rôle de laquais de Washington détruit très rapidement tout le capital symbolique et politique acquis par l'ONU au cours des près de 80 années précédentes. Surtout maintenant, alors que les États perdent leur statut hégémonique et que l’opposition géopolitique de certaines voix faibles se transforme en un chœur amical de la majorité mondiale, qui forme activement des mécanismes alternatifs».
Les trois mousquetaires (USA et le duo franco-britannique) iront jusqu’au bout, n’en doutons pas. La classe politique y est trop nécrosée (cf. Barnier ou le reniement national) et la masse trop abrutie de télé ou de journaux (moment de relire McLuhan pour comprendre pourquoi et comment – et depuis quand…). Mais le reste comprend.
Guterres à Kazan, c’est une bonne nouvelle: mais si l’agenda impérialiste occidental est compromis, le reste des agendas est toujours là et usera comme on sait des Brics (pensez à Lula-vaccin qui n’était pas là) et du reste pour s’appliquer: lutte contre le carbone et donc la vie humaine, CBDC, contrôle informatique et totalitaire de l’humanité, vaccination high-tech pour n’importe quel bobo, etc.
Guterres à Kazan c’est comme Trump à Washington (si le Deep State le laisse repasser): une bonne et une mauvaise nouvelle à la fois. L’Adversaire mute pour la énième fois. Il ne sait faire que ça pour faire avancer sa cabale.
Sources :
https://ria.ru/20241023/guterresh-1979484954.html
https://www.biblegateway.com/passage/?search=%C3%89sa%C3%...
https://www.amazon.fr/INTERNET-SECRETS-MONDIALISATION-Nic...
https://www.amazon.fr/Internet-d%C3%A9clin-d%C3%A9mocrati...
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Le capitalisme de guerre fait place à la technocratie totale
Le capitalisme de guerre fait place à la technocratie totale
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2024/10/24/sotakapitalismi-raivaa-tilaa-totaaliteknokratialle/
Le professeur Fabio Vighi de l'université de Cardiff, habitué à citer Jean Baudrillard et à analyser les bobards hollywoodiens, n'a au moins pas rejoint l'Occident™ dans la guerre de l'information contre le reste de l'humanité (comme l'a fait, par exemple, le « pop-philosophe » slovène et ultra-gauchiste Slavoj Žižek), mais aborde la crise actuelle du capitalisme d'un point de vue plus (dé)réaliste.
Comme le prédisaient déjà les films hollywoodiens déprimants des années 1970, à la fin «personne ne gagne, un camp perd juste plus lentement que l'autre». La méga-crise qui se dessinait déjà à l'époque était, pour Vighi, le signe d'une «catastrophe socio-économique, culturelle et psychologique structurelle et bientôt mondiale, qui entre à présent dans une phase d'escalade rapide (bien que cette fois-ci Hollywood soit en plein déni de l'effondrement)».
Vighi, qui comprend également l'économie, a répété à maintes reprises que le système cynique dans lequel nous vivons «ne survit aujourd'hui qu'en commercialisant efficacement les situations d'urgence: pandémies, conflits militaires, guerres commerciales et autres catastrophes qui attendent patiemment dans la file d'attente».
Le chaos et l'instabilité de toutes sortes sont instrumentalisés au profit du pouvoir de l'argent, car « les problèmes d'intérêt mondial sont le seul atout restant d'une civilisation qui s'effondre ». Le capitalisme est devenu dépendant d'une « série ininterrompue de chocs géopolitiques » qui servent d'alibi pour continuer à créer des « actifs » à partir de rien et à les « canaliser » sur le marché boursier.
Un système économique fondé sur l'endettement est un « jeu de simulation qui nécessite un traumatisme constant ». Le capital « cannibalise violemment son propre avenir dans une tentative désespérée de dissimuler son insolvabilité - une astuce qui ne fonctionnera que tant que la monnaie fiduciaire représentée par les obligations ne sera pas réclamée en tant que titres » (et qui le ferait?).
Vighi, également spécialiste du cinéma, estime que ce Truman Show criminel en chair et en os «approche du point où le voilier heurte le faux horizon de carton». Mais où pouvons-nous échapper à cette brutale réalité (artificielle)?
Le problème sous-jacent devrait être évident : « les champions de la mondialisation se noient dans la dette et la consommation improductive ». Pour Vighi, ce n'est pas sans ironie, puisque « l'émetteur de la monnaie de réserve mondiale est en train de mourir de la maladie même qu'il inflige aux autres pays depuis des décennies, en les asséchant ».
La nation la plus puissante du monde, les États-Unis, est « engagée dans une lutte futile et désastreuse pour empêcher l'effondrement de son hégémonie mondiale en essayant de faire circuler le fardeau de la dette, véritable roche de Sisyphe ». La superpuissance a désormais besoin de « l'aide de l'inflation pour dissimuler ses actions insoutenables à la lumière du jour » et « pour empêcher la masse croissante d'obligations de révéler leur nature de pacotille ».
Il y a donc une « lutte existentielle dans les cercles financiers, qui exige des mesures toujours plus manipulatrices, irrationnelles et destructrices ». Étant donné qu'une grande partie du monde capitaliste est collatéralisée par la dette publique américaine, il semblerait légitime de conclure, dans une litote américaine, que « la merde a frappé le ventilateur mondial ».
Le déclin de l'Occident a conduit de nombreux acteurs géopolitiques à se retirer pragmatiquement du jeu dicté par l'hôte insolvable. Le processus en cours marque la fin de la domination du dollar, mais la lutte à mort a « déclenché des conflits intra-systémiques (en Ukraine et au Moyen-Orient) qui pourraient facilement dégénérer et détruire un grand nombre de vies humaines sur la planète ».
La corporatocratie capitaliste, reposant sur l'intérêt, qui domine l'Occident cherche à maintenir son hégémonie économique en parrainant des guerres, des confrontations et d'autres urgences mondiales, dont l'objectif essentiel est de justifier l'impression irréfléchie de plus d'argent.
Il est probable que toutes les puissances, grandes et petites, s'inquiètent de la situation en coulisses, car même si nous nous dirigeons vers un « monde multipolaire », une nouvelle infrastructure économique basée sur les monnaies numériques est déjà en cours d'élaboration, dans laquelle les « amis et les ennemis », au sens défini par Carl Schmitt, malgré leurs désaccords, sont tous impliqués.
La population mondiale a déjà été préparée avec succès à l'action civique par le biais d'une urgence coronaviresque. Les technocraties du futur proche pourront manipuler les masses plus efficacement et même normaliser la violence extrême, suivie en temps réel par des citoyens engourdis sur les écrans des appareils intelligents, comme dans le cas du génocide à Gaza.
Selon M. Vighi, les gens ressemblent de plus en plus à des «zombies marchant vers leur sinistre destin», les yeux rivés sur leur smartphone. En raison de la dépendance technologique, tout peut arriver «là-bas»: de petits enfants peuvent être écrasés sous des bombes démocratiques produites par des fabricants d'armes éthiques et approuvées par des gouvernements libéraux qui ont gagné la confiance des «citoyens décents».
Vighi, après avoir répété ses arguments, tente toujours de suggérer (peut-être un peu découragé ?) que «nous devrions trouver d'urgence des moyens de déprogrammer les esprits humains», sinon «même le bruit d'une explosion nucléaire ne les fera pas sortir de leur consentement inoculé».
Pourtant, lui aussi a observé que « depuis la grande expérience coronaviresque, le village mondial est de plus en plus habité par d'étranges créatures programmées pour discuter des pronoms à attribuer (aux nouvelles catégories sexuelles) plutôt que de critiquer les processus destructeurs de la machine à tuer qu'est le capital ». Mais comment les gens ordinaires peuvent-ils avoir un impact sur les guerres des banquiers ?
11:10 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabio vighi, capitalismede guerre, capitalisme, technocratie, actualité | | del.icio.us | | Digg | Facebook
vendredi, 25 octobre 2024
Un motif de guerre explosif: en Ukraine, il s'agit d'énormes gisements de lithium
Un motif de guerre explosif: en Ukraine, il s'agit d'énormes gisements de lithium
Washington/Kiev. Fin décembre 2023, le « faucon » de la CDU Roderich Kiesewetter avait vendu la mèche lors d'une interview sur la chaîne ARD. Il avait déclaré sans ambages que l'UE dépendait du lithium de l'est de l'Ukraine pour son « tournant énergétique ». Les plus grands gisements d'Europe se trouvent dans la région de Donetsk-Luhansk, avait alors expliqué Kiesewetter. Plus tard, l'homme de la CDU a fait la une des journaux avec sa demande explosive selon laquelle la guerre devait être « portée en Russie ».
En effet, le lithium et d'autres matières premières comme les terres rares jouent un rôle important dans le « tournant énergétique ». Le lithium est considéré comme la matière première centrale de la transition énergétique. Ce métal est utilisé pour les batteries et les voitures électriques.
Chaque étoile représente un gisement de lithium.
Il n'est pas surprenant que les Etats-Unis voient les choses de la même manière: là aussi, on ne cache pas que les gisements de lithium dans l'est de l'Ukraine sont l'une des raisons de l'engagement américain aux côtés de Kiev. L'Ukraine est « assise sur des minéraux d'une valeur de mille milliards de dollars qui seraient bons pour notre économie », a laissé entendre le sénateur républicain américain Lindsey Graham lors d'une visite à Kiev en septembre, avant de poursuivre : « Je veux donc continuer à aider nos amis en Ukraine ».
Déjà auparavant, en juin, Graham avait également souligné sur la chaîne de télévision CBS que les « minéraux critiques » en Ukraine valaient dix à douze billions de dollars. Il ne veut pas « donner cet argent et ces actifs à Poutine pour qu'il les partage avec la Chine », a-t-il déclaré. Il faut donc aider l'Ukraine à gagner la guerre contre la Russie. Les États-Unis ne peuvent « pas se permettre » de la perdre.
Les convoitises américaines pour le lithium ont une longue histoire. Déjà début mars 2022, quelques jours après l'invasion russe, le New York Times rapportait que peu de temps auparavant, 17 experts militaires américains s'étaient adressés au secrétaire à la Défense Lloyd Austin en exigeant que les Etats-Unis s'assurent l'accès aux minéraux et métaux rares comme le lithium. En fait, le gouvernement de Kiev, dirigé par Zelensky avait déjà autorisé les Etats-Unis à exploiter le lithium dans le Donbass en 2021, a fait savoir le juriste russe et ancien directeur du bureau russe d'Interpol Vladimir Ovtchinski dans une analyse en septembre 2022. Il s'appuyait sur des informations ukrainiennes.
Le soutien de l'OTAN à l'Ukraine n'a donc pas grand-chose à voir avec les « valeurs occidentales » tant vantées et avec leur défense. Il s'agit, comme d'habitude dans de tels cas, de pure propagande. En réalité, il s'agit de matières premières, de beaucoup d'argent et de la protection de ses propres positions stratégiques - des deux côtés (mü).
19:59 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, actualité, lithium, ukraine, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ni Washington, ni Moscou: la chimère d'une «troisième voie»
Ni Washington, ni Moscou: la chimère d'une «troisième voie»
Yena Prinskin
Source: https://elmanifiesto.com/mundo-y-poder/325025725/Ni-con-Washington-ni-con-Moscu-La-quimera-de-una-tercera-via.html
Certains militants identitaires (peu nombreux) défendent cette voie. « Hay gente pa todo », disait El Gallo.
Cet article est une réponse aux arguments avancés lors d'une conférence à la Casa Pound italienne intitulée « Ni Washington, ni Moscou », véhiculant confusion et imposture idéologique à laquelle je m'empresse de répondre.
Une partie de la droite radicale s'est ralliée à la logique de Kiev, soutenant l'idée d'une attaque russe contre l'Europe, et affirme que l'armée russe mène une opération militaire dans l'intérêt des Etats-Unis. C'est en substance l'idée d'un Yalta II, qui permettrait une fois de plus d'écraser l'Europe au profit de ses ennemis historiques, les Etats-Unis et la Russie précisément.
Évitons ici de reconstituer les événements que tout le monde connaît et qui ont conduit, après l'Euromaïdan, à un gouvernement fantoche de l'Occident et à la fourniture d'armes aux groupes para-nazis par les forces de l'OTAN, et passons directement aux questions abordées par les orateurs.
Dans « Ni Washington ni Moscou », on retrouve le slogan de la droite radicale en vogue jusque dans les années 1980.
Aujourd'hui, l'idée de voir les Etats-Unis et la Russie sur un pied d'égalité est tout simplement déconnectée de l'histoire, car les soi-disant pro-russes (et plus précisément les droitiers) n'attendent pas que ces derniers les « libèrent » ou remplacent les bases de l'OTAN par les leurs. Nous sommes actuellement une colonie des Américains, comme le rappellent volontiers les analystes géopolitiques Lucio Caracciolo et Dario Fabbri.
Ainsi, l'objection binaire : « Vous voulez être occupés par les chars de l'Armée rouge », pouvait s'appliquer lorsque le monde était encore divisé en blocs, pas aujourd'hui. Il n'est pas question de soumettre l'Europe à qui que ce soit, ni aux Américains, ni aux Chinois, ni aux Russes, et encore moins d'adhérer au système de valeurs de ces derniers.
Une autre idée faussement en vogue dans certaines franges animées par ces « camarades » est l'imposture dialectique selon laquelle « la Russie, en envahissant l'Ukraine, a ressuscité l'OTAN », comme si l'OTAN ne s'était pas rapprochée progressivement de son étranger proche en englobant pas moins de 14 républiques de l'ancien Pacte de Varsovie. De plus, la Finlande et la Suède ont toujours fait partie du camp militaire occidental, et leur entrée officielle dans l'OTAN rompt un équilibre qui avait existé jusqu'au 22 février 2022, avec l'attaque russe en réponse à la décision du Joker de Kiev de violer l'état de neutralité exigé par la Russie pour des raisons de sécurité nationale. Plusieurs sources, dont celle du professeur Orsini, mentionnent également le projet de l'armée ukrainienne d'attaquer la Crimée. L'attaque russe aurait donc été inévitable.
Contrairement à ce qui a été dit lors de la réunion de Casa Pound, Biden et Johnson, et plus particulièrement ce dernier, ont tout fait pour pousser l'Ukraine à poursuivre le conflit, alors que le 22 mars 2022, Zelensky était prêt pour un accord de paix. Voilà pour la proposition de reddition et le gouvernement en exil à Londres !
Aujourd'hui encore, ceux qui parlent de sacrifier le sang ukrainien le font avec une conscience tachée de ce même sang.
Face à la menace « eurasienne », une renaissance industrielle, technologique et militaire est proposée. Sur la chimère d'une armée européenne, il faudrait consacrer un article à part entière, mais on peut rappeler les mots de Dario Fabbri : « Combien de Lituaniens mourraient pour l'Italie, et vice-versa? Une question dont la réponse est implicite. De plus, les orateurs bien intentionnés oublient que l'un des objectifs de cette guerre était de couler et de désindustrialiser l'Europe, et que l'Allemagne a connu avant tout une récession économique et industrielle due aux sanctions et à la rupture des approvisionnements en gaz. Est-il nécessaire de rappeler aux patriotes européens autoproclamés qui a fait sauter le gazoduc Nord Stream? Si le premier acteur du continent est à genoux, il le doit aux Américains et à leurs partenaires polonais qui leur servent de supplétifs décérébrés.
Toutes les bonnes intentions d'une Europe dotée d'une dissuasion nucléaire et d'une armée propre se heurtent à la réalité de pays individuels mus par leurs propres intérêts. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la divergence entre l'Europe balte et les pays méditerranéens. Alors que l'on augmente le budget militaire pour promouvoir l'autonomie politico-stratégique vis-à-vis du souverain américain, on ne peut s'empêcher de penser que ce dernier profitera de la russophobie des pays de l'Est pour saboter toute velléité d'unité d'action en Europe et, par là même, d'autonomie. A l'heure où nous écrivons ces lignes, la Pologne et les pays baltes réclament des fonds de l'UE pour créer des infrastructures de défense et des armements supplémentaires. L'augmentation des budgets militaires de chaque pays pourrait même avoir l'effet inverse de celui escompté.
Une Europe illibérale face aux États-Unis et à la Russie ?
Le modèle actuel de l'UE est une émanation directe du modèle de valeurs anglo-américain. Nous baignons dans le libéralisme économique et sociétal, et parler d'un retour à des modèles de socialisation de l'entreprise, de participation des travailleurs, sent la naphtaline et ne va pas plus loin que l'habituelle nostalgie social-fasciste. Dans les discours prononcés lors de la réunion de Casa Pound, les mots habituels, « mythe », « destin », etc. reviennent toujours, mais sans aucune construction ou possibilité de réalisation concrète.
Au-delà, l'Europe ne semble pas porteuse d'un modèle de civilisation alternatif à celui de l'Amérique ou de l'Asie. Nous sommes au moins aussi immergés dans le mondialisme capitaliste que les Américains, avec toutes ses ramifications et les scories idéologiques formées par l'idéologie verte, woke et LGTBIQ+. La Russie et la Chine sont également des systèmes d'économie de marché, avec l'énorme différence que l'État et ses appareils filtrent et freinent toutes les dérives individualistes qui dissolvent l'Occident libéral. Bien sûr, les distorsions et les contradictions ne manquent pas, et personne ici ne défend les modèles de valeurs importés « d'Asie ».
La défense de cette UE où, à un moment donné, tout le monde se trouve être occidental, alors que cette UE est le fief de la bureaucratie et de la finance anglo-américaines, représente sa forme dégénérée, et ne justifie pas les actions de Macron et Draghi comme figures de transition vers un modèle plus authentiquement souverain. Les dirigeants européens actuels ont abdiqué leur rôle de médiateur entre les deux prétendants et se sont pliés à toutes les directives et à tous les ordres émanant de la Maison Blanche et du Pentagone. Si l'Europe est dans cet état de nanisme géopolitique, c'est à cause de ces personnages ineptes.
Au moment où j'écris, je me réfère à un article d'Adriano Scianca dans Primato Nazionale dans lequel il rappelle que même des intellectuels de la Nouvelle Droite comme Jean Thiriart et Guillaume Faye voyaient l'UE comme un organisme imparfait, un projet in itinere et encore valable aujourd'hui comme un sujet de transition vers une « Europe Puissance ».
Sans la Russie, il n'y a pas d'« Europe puissance ».
Il convient de mentionner que les intellectuels susmentionnés ont ouvertement parlé d'un continent eurasien. Ce détail semble avoir échappé à Adriano Scianca et Adinolfi, fils et père... Guillaume Faye lui-même a parlé plus explicitement d'une « Euro-Russie », évoquant cette dernière comme une force nationale qui libérerait l'Europe de la colonisation islamique, du chaos et du nihilisme individualiste des sociétés libérales-occidentales.
Exclure la Russie de ce processus d'intégration, c'est faire le jeu des Américains. En effet, comment rendre les Russes responsables d'une attaque contre l'Europe « commanditée » par les Etats-Unis si, comme l'a également rappelé Lucio Caracciolo, George Friedman du think tank Stratford a déclaré : « Nous avons fait quatre guerres pour empêcher l'Europe et la Russie de se rapprocher », suivant le slogan habituel: «Germans down, Russians out».
Il ne s'agit donc pas de renaître Européens pour ne pas mourir Occidentaux ou Asiatiques. Il n'y a pas aujourd'hui de « troisième voie », et ceux qui creusent des « tranchées européennes » en Ukraine le font en idiots utiles qui, une fois de plus, n'ont pas compris l'enjeu.
Pour ceux qui sont restés en 45, et pour ceux qui n'ont besoin que de deux runes (mais celles des chars russes ne comptent évidemment pas) pour ressusciter des schémas idéologiques qui ne tiennent pas la route face au présent. Et tout cela en exposant l'Europe à la destruction économique et militaire, tandis que ses manipulateurs pro-ukrainiens agitent le croque-mitaine « rouge » avec la bénédiction des von der Leyen et des Borrell, qui cautionnent l'attaque de missiles sur le territoire russe. Et ce, une fois de plus, pour le compte des Anglo-Américains qui veulent une Europe faible et en état de subordination permanente.
A ceux qui creusent des « tranchées » pour le compte de Washington, nous répondons qu'il n'y a pas de renaissance européenne sans la Russie. Les De Gaulle, les Thiriart, les Faye et même les Silvio Berlusconi l'ont toujours su, eux qui rêvaient d'une Europe de l'Atlantique à l'Oural (et bien au-delà). Certains patriotes européens autoproclamés l'ont oublié ou font semblant de ne pas l'avoir su, et penser mal, a dit quelqu'un, c'est souvent avoir raison. Que ceux qui veulent comprendre comprennent.
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Union européenne et post-démocratie : une analyse
Union européenne et post-démocratie: une analyse
Francesco Ingravalle
Source: https://www.kulturaeuropa.eu/2024/09/23/post-democrazia-e-unione-europea/
Rome, le 7 octobre - En 2003, le politologue britannique Colin Crouch a introduit le concept de « post-démocratie » dans les études politiques et sociales pour désigner un système politique qui, bien que régi par des normes et des institutions démocratiques, est en fait gouverné par de grands lobbies (transnationaux ou multinationaux) et par les médias de masse (qui en dépendent, directement ou indirectement) ; formellement, donc, une démocratie (pouvoir du « démos », du « peuple »), substantiellement une oligarchie.
La post-démocratie : le problème
Dans le livre III de la Politique, Aristote écrit : « Puisque constitution signifie la même chose que gouvernement et que le gouvernement est l'autorité souveraine de l'État, il est nécessaire que le souverain soit ou bien un seul homme, ou bien un petit nombre, ou encore un grand nombre. Lorsque l'un ou le petit nombre ou le grand nombre gouvernent pour le bien commun, ces constitutions sont nécessairement correctes, tandis que celles qui veillent à l'intérêt soit de l'un, soit du petit nombre, soit de la masse, sont des déviations [...] ». Il ajoute que « ou bien ceux qui prennent part au gouvernement ne doivent pas être appelés citoyens, ou bien ils doivent participer aux avantages communs ». La situation dans laquelle le petit nombre, les plus riches, gouvernent pour le petit nombre le plus riche est appelée « oligarchie » (considérée comme la déviation de l'aristocratie, c'est-à-dire le règne du petit nombre au profit du bien commun).
Plus de deux mille ans plus tard, Charles Wright Mills (1916-1962) écrit à propos de la démocratie américaine: « Les décisions ont tendance à avoir des effets unitaires, les dirigeants de chacun des trois groupes - les “seigneurs de la guerre”, les grands hommes d'affaires, les dirigeants politiques - ont tendance à marcher ensemble pour former l'élite qui détient le pouvoir en Amérique ».
Le terme « élite » renvoie à Vilfredo Pareto, un terme qui se réfère avant tout, mais pas exclusivement, à la dimension quantitative du groupe dirigeant, comme chez Aristote et comme chez Wright Mills: le petit nombre, les plus riches, pas nécessairement les meilleurs. La hiérarchie politique n'est pas fondée sur des critères éthiques. L'aristocratie, pour Aristote, pour Pareto et pour Wright Mills, est un devoir-être, pas une réalité. Une indication qu'il faut garder à l'esprit: la théorie politique est une chose, la réalité politique en est une autre; la théorie démocratique et la pratique démocratique sont des choses complètement différentes, au point de configurer une contradiction: le gouvernement démocratique du petit nombre et des plus riches; démocratique dans la forme, oligarchique dans la substance.
Le problème a été soulevé par Karl Marx dans son article de 1844 intitulé Die Judenfrage (La question juive): ce n'est que lorsque l'homme réel et individuel résume en lui le citoyen abstrait et qu'en tant qu'homme individuel, dans sa vie empirique, dans son travail individuel, dans ses relations individuelles, il devient un être appartenant à son espèce, ce n'est que lorsque l'homme a reconnu ou organisé ses « forces propres » en tant que forces sociales et qu'il ne sépare donc plus la force sociale de lui-même sous la forme de la force politique, ce n'est qu'alors que l'émancipation humaine s'accomplit. L'égalité juridique ne suffit pas à garantir la mise en œuvre des droits de l'homme, il faut l'égalité sociale. A l'époque, le suffrage universel n'existe pas en Europe, qui ne garantirait alors que l'égalité juridico-politique, sans toucher aux inégalités sociales; partout où le droit de vote existe, il est lié à la richesse. La démocratie, sur le plan théorique, n'est pas simplement liée au droit de vote, mais à la possibilité d'influencer effectivement la formation de la volonté collective, quelle que soit sa position dans la production de la richesse sociale. Sur la formation de la volonté collective, c'est-à-dire la formation du pouvoir de légiférer. La théorie démocratique est confrontée à l'obstacle du progrès technologique et scientifique qui a modifié la réalité objective sur laquelle le pouvoir législatif doit légiférer, ce qui pose le problème de la compétence des décideurs et dissout le mythe (remontant au philosophe grec Protagoras d'Abdère et contesté par Platon dans la République) de la compétence politique « naturelle » de tout être humain.
Socio-psychologie de la post-démocratie
À l'ère de l'anthropocène, c'est-à-dire à l'ère de l'agression capitaliste contre la biosphère, il n'est plus possible de légiférer sans savoir, et la décision politique est obligée de s'appuyer sur l'expertise techno-scientifique, quoique non neutre, des experts. Si cela complique le problème de la démocratie comme forme réelle de régime, cela n'affecte pas significativement la réalité de l'oligarchie; au contraire, la non-neutralité même des experts expose la législation à des torsions oligarchiques. Mais le problème de la démocratie théorique est qu'elle ne peut être efficace que si elle est fondée sur une citoyenneté active et critique et, donc, sur un système éducatif (école et médias) qui prépare l'opinion publique en ce sens. Or, on sait que dans la société de masse, ce n'est pas la fonction réelle de l'éducation (école, université) et de la communication sociale (médias); comme l'écrivait Wright Mills, à propos des États-Unis d'Amérique, au milieu des années 50: « D'une part, les structures de détention du pouvoir se sont renforcées et centralisées, d'autre part, les hommes se sont fragmentés en cercles étroits; des deux côtés, il y a eu une dépendance accrue à l'égard des moyens formels d'information et de communication, y compris de l'éducation proprement dite. Mais l'homme qui vit dans la masse ne reçoit pas de ces médias une vision qui l'aide à s'élever; au contraire, il reçoit une expérience stéréotypée, qui l'abaisse encore plus: il ne peut pas se procurer le détachement nécessaire pour observer ses expériences, et encore moins pour les évaluer - et encore moins pour évaluer ce qu'il ne peut pas expérimenter directement. Sa vie, au lieu de s'accompagner d'une discussion interne que nous appelons réflexion, se déroule en adhérant à un monologue inconscient, faisant écho à des modèles reçus de l'extérieur.
Ainsi, l'homme-masse n'a pas de projet propre [...] il se laisse porter, il respecte les habitudes, son comportement est un mélange gratuit de critères confus et de perspectives non critiques empruntées à des gens qu'il ne connaît pas et en qui il n'a plus confiance, si tant est qu'il en ait jamais eu ».
Plus de soixante ans plus tard, Tom Nichols écrit : « Le plus gros problème est que nous sommes fiers de ne pas savoir les choses. Les Américains en sont venus à considérer l'ignorance, surtout en matière de politique publique, comme une vertu. Pour les Américains, rejeter l'avis des experts, c'est affirmer leur autonomie, une façon d'isoler leur ego de plus en plus fragile et de ne pas s'entendre dire qu'ils font quelque chose de mal [...]. Tout est connaissable et n'importe quelle opinion sur n'importe quel sujet est aussi bonne que celle de n'importe qui d'autre. Non seulement les gens croient à des absurdités, mais ils « résistent activement à l'idée d'en savoir plus, de peur d'abandonner leurs croyances erronées ».
Tel est l'arrière-plan socio-psychologique de la post-démocratie: une opinion publique non critique est utilisée efficacement par les élites au pouvoir. On pourrait même affirmer que la post-démocratie commence bien avant l'âge sur lequel le diagnostic de Crouch était basé.
Les exécutifs post-démocratiques conduisent le monde à l'autodestruction, et les problèmes d'une opinion publique critique se posent donc avec une urgence particulière; il faut rappeler que les institutions sont, dans leur fonctionnement effectif, les structures de la réalité socio-psychologique qui les fait exister: cela explique qu'une même idée politique puisse être mise en œuvre de manière non seulement différente, mais opposée, l'une par rapport à l'autre. Mais les structures de la réalité socio-psychologique sont configurées par les rapports sociaux de production; la post-démocratie est la face institutionnelle de la dynamique capitaliste, surtout après la dérégulation des marchés de 1989 à 2007.
La post-démocratie et l'Europe
Il existe cependant un ensemble de processus concrets qui transcendent les différentes formes de post-démocratie en Europe: un ensemble de processus appelé « construction européenne » ou, si vous préférez, « intégration européenne » (que nous utilisons ici comme des expressions synonymes).
Ceux qui retracent les étapes de la construction de l'Union européenne actuelle peuvent constater que son principe moteur est la tension diplomatique des États constitutifs pour structurer des accords de marché supranationaux qui, de six États participants, se sont étendus à vingt-sept États participants en un peu plus de soixante-dix ans. La C.E.C.A. (1951), la C.E.E. (1957) construisent un espace de marché intégré dans lequel est affirmé le principe de la primauté du droit communautaire (depuis 1963), qui développe l'unité des exécutifs des trois communautés (C.E.C.A., C.E.E., plus connue, pour cette dernière, sous le nom d'« Euratom », créée avec la C.E.E. en 1957).
L'instance supranationale a une origine claire : la nécessité pour les États-Unis, dans l'Europe d'après-guerre, d'intégrer les marchés et de surmonter les nationalismes face au « danger soviétique » ; on pourrait donc dire que l'intégration européenne est un épiphénomène de la « guerre froide ». Il s'agit cependant d'un épiphénomène qui tend à dépasser les limites de l'intégration des marchés pour aboutir presque à une intégration politique, surtout après l'implosion du système hégémonique russo-soviétique, lorsque l'appellation « Union européenne » commencera à être utilisée dans les textes officiels. Cela n'est guère surprenant : l'intégration des marchés implique, dans une certaine mesure, l'intégration des systèmes juridiques et administratifs et, à tout le moins, la compatibilité des systèmes financiers. Ce corps qui s'agrandit progressivement ne manque pas de tête, le pouvoir législatif formé entre les traités de Maastricht (1992) et les traités de Lisbonne (2007).
Il doit légiférer sur des matières relevant de la compétence exclusive de l'UE (soigneusement énumérées) avec un système décisionnel inhabituel. Un système décisionnel inhabituel car il réunit dans une même procédure des institutions qui fonctionnent selon des logiques différentes: la Commission européenne, organe de nomination, bien que sous la tutelle des États membres, travaille selon une logique technocratique pour élaborer le schéma qui sera soumis à la codécision (dans le cadre de la procédure législative ordinaire) le Conseil des ministres de l'Union qui, dans ses différentes compositions, travaille selon la logique diplomatique de défense des intérêts de chaque État membre parce qu'il est l'expression des exécutifs de gouvernement de chaque État membre, et le Parlement européen (élu au suffrage universel par les citoyens de l'Union) qui travaille selon la logique démocratique de la dialectique majorité/minorité.
L'Union européenne, qui, depuis le début du 21ème siècle, dispose également d'une monnaie commune, l'euro (bien que gérée par une institution qui ne dépend d'aucune institution de l'UE), n'est pas un État, mais elle n'est pas non plus une organisation internationale comme les autres: ses lois, en effet, affectent directement chaque citoyen de l'Union.
Pourtant, dans son fonctionnement législatif, l'Union européenne mêle opportunément le principe de compétence, le principe de représentation des Etats membres et le principe de représentation démocratique des citoyens de l'Union, mais, comme on l'a dit, exclusivement, sur un nombre limité de matières législatives (union douanière, règles de concurrence pour le fonctionnement du marché intérieur, politique monétaire pour les pays qui ont adopté l'euro comme monnaie, conservation des ressources biologiques de la mer dans le cadre de la politique commune de la pêche, politique commerciale commune); pour la législation dans les matières qui ne relèvent pas de la compétence exclusive, l'action de l'Union est régie par les principes de subsidiarité et de proportionnalité, qui prévoient que l'action de l'Union ne doit se substituer à celle des États membres (et des collectivités infra-étatiques) que dans le cas où ceux-ci ne sont pas en mesure d'atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés par l'intermédiaire de l'Union, et seulement dans la mesure où son intervention est proportionnée aux objectifs de la Communauté.
L'hypothèse fédérale
Si l'Union européenne était un État (fédéral), elle représenterait une réponse institutionnelle aux problèmes de la post-démocratie, aux problèmes de la torsion oligarchique de la démocratie et aux problèmes connexes de la société de masse. Cependant, cet Etat fédéral pourrait difficilement représenter une réponse économique et sociale à ces problèmes. Ce ne sont pas les institutions qui créent la société, mais la société qui crée les institutions; une société capitaliste tend intrinsèquement vers l'oligopole, et l'oligopole tend vers le monopole qui, dans la politique concrète, se traduit par le système des élites de pouvoir, c'est-à-dire par l'oligarchie.
La gestion communautaire du marché unique appartient certes à la typologie du capitalisme encastré, du capitalisme intégré par des politiques sociales et d'autres objectifs communautaires. Mais elle assemble des ordres capitalistes de configurations diverses dans l'espace hégémonique de l'organisation militaire qu'est l'O.T.A.N., ce qui n'est pas négligeable du point de vue des contraintes qui pèsent sur la politique économique, et donc sociale, de la collectivité. Il faut également noter que ce sont les Etats membres qui sont les auteurs des traités communautaires et que ce sont les Etats membres, dans leurs différences de poids économique, qui sont les « seigneurs des traités ».
Toute hypothèse de transformation de l'Union européenne dans le sens de l'Etat fédéral nécessite, bien entendu, un sujet politico-culturel européen porteur d'un objectif aussi complexe. Un sujet dont on ne trouve aucune trace, face à des orientations ouvertement ou secrètement hostiles à la perspective d'une fédération européenne.
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Ingérence russe dans les élections américaines?
Ingérence russe dans les élections américaines?
An Jacobs
Source: Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°193, octobre 2024
La Russie pourrait s'être déjà rendue coupable d'ingérence dans l'élection présidentielle américaine pour favoriser Trump. Une telle faute est difficile à prouver, et l'enquête prendra sans doute des années. Du moins si l'on cherche la vérité, et non à faire tomber quiconque ne s'inscrit pas dans le système dominant. D'un autre côté, les États-Unis ne devraient-ils pas balayer devant leur porte en matière d'ingérence ?
John Bonifield, journaliste de CNN, a été filmé par une caméra cachée lors d'une interview en 2017. On peut l'entendre affirmer que les États-Unis eux-mêmes tentent d'interférer dans les élections russes, et que la CIA n'est pas loin derrière lorsqu'il s'agit de tenter d'influencer et de contrôler des gouvernements étrangers. Certaines de ces actions sont également bien connues, notamment dans le cadre du conflit entre l'Ukraine et la Russie.
Pression de l'administration Biden lors de la crise de Covid
Il semble que les États-Unis n'interfèrent pas seulement dans d'autres États de manière directe, mais aussi par le biais de Meta, anciennement Facebook Inc, le géant américain qui possède notamment Facebook, Instagram, WhatsApp et Threads. L'entreprise affirme que la propagande sur ses réseaux provient principalement de la Russie. Toutefois, à en croire Mark Zuckerberg, les États-Unis ne dorment pas non plus lorsqu'il s'agit de contrôler les plateformes d'information sur Internet, et pas seulement en ce qui concerne la Russie.
Mark Zuckerberg a ainsi confirmé que l'administration Biden avait encouragé, pour ne pas dire armé, Meta à censurer certains posts lors de la crise Co vid 2021. Twitter a également subi cette pression. A l'époque, Joe Biden estimait que faire circuler des informations fausses ou supposées fausses sur les vaccins revenait à tuer certaines personnes qui y croyaient ou pouvaient potentiellement tomber dans le panneau. Mais cette censure - car c'est bien de cela qu'il s'agit dans la pratique - ne concernait pas seulement les publications considérées comme conspirationnistes, ce qui est tout de même problématique, mais aussi les contenus humoristiques...
Au total, plus de 20 millions de contenus ont été supprimés par Facebook. La Maison Blanche nie totalement avoir fait pression sur Meta, et Renée DiResta, experte en désinformation et ancienne conseillère du Congrès américain, affirme que Mark Zuckerberg « ne fait rien d'autre que de céder à la pression de la droite ».
Ne pas être en décalage est plus important que d'avoir raison, semble-t-il
Il n'est pas toujours évident pour un site web de médias de vouloir simplement supprimer les fausses informations. Cependant, la vérité est toujours mieux servie en réfutant les idées fausses qu'en les interdisant. Dans ce cas de figure, la censure peut exceptionnellement se comprendre: la lutte pour la vérité coûte ce prix dans certains cas exceptionnels. Il a cependant fallu attendre mai 2021 pour que Facebook cesse de supprimer les posts affirmant que l'épidémie de Cov id-19 était due à une fuite en laboratoire du virus SARS-CoV2.
Entre-temps, nous savons que c'était pourtant la vérité et que l'épidémie de Cov id-19 n'était pas d'origine naturelle et n'avait donc rien à voir avec les pangolins ou les chauves-souris. Par conséquent, la suppression des rapports sur une fuite de laboratoire était tout à fait illégitime et n'a eu lieu que parce que cette déclaration ne convenait pas à ceux qui étaient au pouvoir - sans nécessairement savoir pourquoi.
C'est aussi pour cela que la censure de certaines informations jugées fausses est dangereuse: il est difficile d'être sûr que ces informations ne seront pas prouvées dans quelques mois ou quelques années. Et puis vous êtes là, en tant que journaliste ou auteur. Mettre certaines informations sous le boisseau est une vieille mais bonne recette.
Une mauvaise information est une information qui dérange ceux qui détiennent le pouvoir
L'administration Biden, et plus largement le parti démocrate, semble être au cœur de la stratégie de censure de Meta. En 2021, un scandale a failli éclater autour de Hunter Biden, le fils du président américain. Son ordinateur aurait pu contenir certains documents le liant à des affaires de corruption en Ukraine. Or, lorsque l'ordinateur a été réquisitionné par la CIA, il s'est avéré tellement cassé que les données ont été irrémédiablement perdues. C'est difficile à croire. D'abord parce que cet ordinateur aurait dû se trouver dans une pièce sécurisée, ensuite parce que les données ne disparaissent pas comme ça. Si vous cassez votre clé USB en deux, mais que la carte mère qui contient la RAM (ou mémoire interne) reste intacte, vos données sont facilement récupérables.
L'affaire aurait donc dû délier les langues. Si ce n'est pas le cas, c'est en partie ou à cause de Meta, qui a retiré de sa plateforme certaines contributions sur le sujet, toujours sous le prétexte d'une ingérence russe. Moscou est toujours un bon prétexte... Selon Mark Zuckerberg, il s'agissait d'une réaction excessive à « certaines » demandes liées à C ovid-19. C'est possible, mais il faut noter que cela a entamé sa crédibilité, pour ne pas dire plus.
La gauche n'est tout simplement pas favorable à la liberté d'expression
Ce n'est pas parce que les démocrates américains déclarent qu'ils sont parmi les bons que c'est effectivement le cas. En réalité, tout ce qui se rapproche de la censure est monnaie courante chez eux. À tel point que la candidate à la présidence Kamala Harris a affirmé que la liberté d'expression n'était pas un droit, mais un privilège. Un concept que l'on retrouve également dans de nombreux pays européens: seule la gauche a le droit de s'exprimer, parfois de dire des choses horribles, d'insulter grossièrement les gens ou de diffuser des informations d'une inexactitude ahurissante. La bonne cause, quoi. En revanche, la droite devrait vraiment se battre pour avoir le droit de donner sa version des faits. Et en plus, elle ne devrait jamais oublier le nécessaire choix ultra prudent des mots. Question de ne pas être immédiatement censuré.
Tous ces efforts ne sont même pas efficaces. Plutôt qu'une arme pour éviter que la vérité ne soit contaminée par de fausses informations dues à des ingérences étrangères, la censure semble être un moyen pour un camp vociférant, aux idées minoritaires, d'empêcher qu'une réalité qui ne leur convient pas ne devienne trop visible. Par exemple, les théories sur l'apparition d'un virus ou les informations sur la possible corruption de la famille d'un chef d'État sont efficacement supprimées.
Co vid-19, le regret tardif
Aujourd'hui, Mark Zuckerberg dit regretter d'avoir cédé aux pressions de l'administration Biden et d'avoir restreint la visibilité de certaines opinions. Si l'eurodéputée Marion Maréchal qualifie ces regrets, et surtout l'intention de Mark Zuckerberg de ne plus obéir aveuglément, de « séisme sans précédent », il est facile de se satisfaire trois ans après les faits, alors que la vérité sur l'information en question a été établie. Et Mark Zuckerberg profite de cette facilité.
Sa lettre, envoyée à la commission juridique de la Chambre des représentants des États-Unis, est on ne peut plus explicite. Quelque chose dont le parti républicain profite. Le PDG de Meta jure de prendre la ferme décision de ne plus céder aux pressions de quelque gouvernement que ce soit.
Les paroles ne sont guère suivies d'actes
Cependant, nous attendons toujours de voir les conséquences de ces souhaits. Au contraire, l'interdiction des médias russes n'est-elle pas la preuve que ces paroles ne seront pas suivies d'actes ? C'est encore l'administration Biden qui est à l'œuvre, et ce sont encore les médias qui perdent de la notoriété, des abonnés et de l'argent.
Autant de pertes qu'il est difficile de compenser. La lettre de Mark Zuckerberg peut être le signe d'une véritable contrition, tout comme elle peut être une assurance-vie qui lui permettra de ne pas céder aux éventuelles pressions d'une administration Trump, ou à la recherche du buzz alors que son concurrent X (ex-Twitter) fait régulièrement parler de lui.
Comment Meta a pris la seule décision raisonnable
Sans surprise, les médias européens sont du côté de Meta. D'ailleurs, s'ils n'y sont pas déjà obligés, ils y sont fortement encouragés puisque RT France est désormais interdite. RT America et RT UK ont déjà été sous pression pour fermer en 2022 et RT Deutsch en 2023. Un média qui dénoncerait l'interdiction des médias russes, même au nom de la liberté d'expression, pourrait être considéré comme un défenseur d'une certaine propagande russe.
Il risquerait alors de perdre ses droits de diffusion, sans parler des subventions. Le quotidien gratuit français 20 Minutes montre tous les signes de bonne volonté dès le début de son article: « Prévention - La Russie est la plus grande source d'influence secrète que Meta a découverte depuis 2017 », affirme-t-il un peu rapidement. Blâmer l'ennemi le plus rapidement possible est une vieille tactique. En ce qui concerne la liberté d'expression, il n'est pas évident de comprendre pourquoi certains points de vue dissidents ne devraient pas être couverts.
Comment le savez-vous, me demandent souvent les journalistes, les sourcils froncés. Ce n'est pas difficile, il suffit de regarder un peu plus loin que le bout de son nez (1).
Note:
(1) La question de savoir quand les discours de haine sont autorisés sur Facebook et WhatsApp peut être consultée sur ce site web et à bien d'autres endroits, entre autres (voir: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2024/10/24/quand-les-propos-haineux-sont-ils-autorises-sur-facebook-et-whatsapp.html ) .
Meta, le propriétaire de Facebook, Instagram, WhatsApp et Threads, a changé de cap depuis le début de la guerre entre la Russie et l'Ukraine et autorise désormais « provisoirement » les appels à la violence et d'autres formes de discours de haine s'ils sont anti-russes. De même, pour la réaction russe, The Guardian est ma principale source.
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jeudi, 24 octobre 2024
De la mort de la crédibilité allemande
De la mort de la crédibilité allemande
Source: https://www.pi-news.net/2024/10/vom-tod-der-deutschen-gla...
Le Commander Task Force Baltic à Rostock viole de manière flagrante le traité « Deux plus Quatre » de 1990 à Moscou.
Par Rainer K. Kämpf
L'ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne à Moscou, Alexander Graf Lambsdorff, a été convoqué au ministère russe des Affaires étrangères. La raison, nous la connaissons, c'est la violation du traité deux-plus-quatre.
Le Commander Task Force Baltic de Rostock viole de manière flagrante l'ordre d'après-guerre convenu de manière multilatérale en Allemagne et en Europe.
Et la suite ? Pour le bon ordre, l'ambassadeur a dû se présenter. Que va-t-il se passer ensuite ? C'est la question que nous nous posons tous, et certainement les Russes en premier lieu. Après l'élargissement continu, effectué au grand galop, de l'OTAN après 1990, l'Occident va directement à la confrontation et ne s'offusque nullement de violer aussi manifestement les traités établis. On semble certain que rien d'autre ne suivra. Mais quoi d'autre ?
Le GSSD (Groupe des forces soviétiques en Allemagne) ou, dans le cas présent, ses éventuels successeurs, ne réinvestiront pas leurs anciennes installations en Allemagne centrale. Il n'y a pas besoin de conséquences politiques, diplomatiques ou économiques, puisque les relations interétatiques sont de toute façon presque au plus bas. D'accord, le thermomètre chute vers le bas et il fera certainement encore plus froids de quelques degrés. Mais qu'est-ce que cela change ? Les responsables de ce coup de l'OTAN pensent certainement la même chose.
Mais à long terme et de manière très douloureuse, l'Occident se tire une balle dans le deuxième genou. Quelle leçon les Russes en tirent-ils ? Il ne vaut pas la peine de négocier et de conclure des contrats avec l'Occident, et en particulier avec l'Allemagne. Ils ne valent pas le papier sur lequel ils ont été couchés. A cela s'ajoute la perte de confiance prévue à très long terme. L'Allemagne n'est plus considérée comme un partenaire fiable.
Et le Russe se demande, en fronçant les sourcils, ce que peuvent encore représenter des « négociations de paix » et combien de temps durerait un « traité de paix » ? Ils ne vont certainement pas perdre leur temps à négocier avec une partie dont la crédibilité est proche de zéro.
La politique allemande actuelle s'est privée d'avenir pour longtemps. Qu'Annalena Baerbock reste ou non aux Affaires étrangères. Quelle importance ? Le ridicule serait un moindre mal. Désormais, c'est le stigmate de la Lumpenpolitik qui nous frappe.
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Plans radicaux de colonisation: Israël débat de l'avenir de la bande de Gaza
Plans radicaux de colonisation: Israël débat de l'avenir de la bande de Gaza
Source: https://report24.news/radikale-siedlungsplaene-israel-deb...
Plusieurs politiciens et députés du gouvernement israélien ont appelé, lors d'une conférence, à l'expulsion des Arabes de la bande de Gaza pour que les Israéliens s'y installent. Les nationalistes israéliens veulent faire avancer leur projet de création du Grand Israël de l'Euphrate au Nil.
Des membres haut placés du gouvernement israélien et des députés de la Knesset se sont réunis pour une conférence consacrée à la recolonisation de la bande de Gaza. L'événement, intitulé « Préparer la recolonisation de Gaza », s'est tenu dans le sud d'Israël, près de la frontière de Gaza, et a été organisé par l'organisation de colons Nachala en collaboration avec des représentants du Likoud. Parmi les participants se trouvaient d'éminents membres du gouvernement tels que la ministre des Affaires sociales May Golan et le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, connu pour ses positions controversées. La conférence, qui a attiré plusieurs centaines de participants, est devenue une plate-forme pour des revendications territoriales de grande envergure.
Les déclarations de la ministre Golan, qui a établi un parallèle historique avec la « Nakba », ont été particulièrement remarquées. Dans son discours, elle a annoncé : « Nous les confronterons là où ça fait mal - dans leur pays. Ceux qui utilisent leur pays pour planifier un autre holocauste verront de notre part, avec l'aide de Dieu, se déclencher une autre Nakba dont ils parleront à leurs enfants et petits-enfants pendant 50 ans ».
Ben Gvir, qui a été accueilli par des chants de l'assistance tels que « Regardez, c'est notre prochain Premier ministre » et « Peine de mort pour les terroristes », s'est également exprimé sans ambiguïté : « Nous encouragerons la réinstallation volontaire de tous les habitants de Gaza. Nous leur donnerons la possibilité de partir vers d'autres pays, car cette terre nous appartient ».
Daniella Weiss, une figure de proue de l'organisation de colons Nachala, est allée encore plus loin dans ses déclarations. « Dans moins d'un an, vous pourrez m'appeler et me demander si j'ai réussi à réaliser mon rêve », a-t-elle déclaré aux journalistes. « En fait, vous n'avez pas besoin de m'appeler. Vous verrez par vous-même comment les Juifs iront à Gaza et comment les Arabes disparaitront de Gaza ». Weiss a également esquissé une vision du « grand Israël » : « Les véritables frontières du grand Israël se situent entre l'Euphrate et le Nil ».
La conférence marque un moment important dans la politique israélienne, reflétant la radicalisation croissante du débat sur l'avenir de la bande de Gaza. Les positions qui y ont été exprimées sont en nette contradiction avec le droit international et risquent de tendre encore davantage les relations déjà tendues avec les territoires palestiniens. Comme l'a récemment rapporté le journal israélien Haaretz, le gouvernement israélien ne cherche pas actuellement à relancer les pourparlers de cessez-le-feu avec le Hamas, mais fait plutôt avancer les plans d'annexion progressive de grandes parties de la bande de Gaza.
19:22 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, gaza, israël, sionisme, levant, proche-orient | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Netanyahu marque un but contre son camp: Israël rapproche encore plus l'Iran et la Russie
Netanyahu marque un but contre son camp: Israël rapproche encore plus l'Iran et la Russie
Achgabat. C'est un signe à l'adresse d'Israël : le chef du Kremlin Poutine a déclaré lors d'une rencontre avec le nouveau président iranien Massoud Pezechkian que les relations avec l'Iran constituaient une priorité pour la Russie et se développaient avec succès. Jusqu'à présent, les deux chefs d'État n'avaient eu que des contacts téléphoniques.
La rencontre a eu lieu lors d'un sommet régional à Achgabat, la capitale du Turkménistan. Elle revêt une importance particulière dans le contexte des tensions israélo-iraniennes actuelles ; le gouvernement de Tel-Aviv n'ignore pas non plus que Téhéran et Moscou ont intensifié leurs relations et notamment leur coopération militaire et technologique au cours des dernières années. Cela donne une certaine sécurité au gouvernement de Téhéran. D'autre part, il s'est montré tout à fait modéré lors de la récente attaque de missiles iraniens contre Israël et n'a attaqué que des cibles militaires.
« Moscou et Téhéran coopèrent activement sur la scène internationale et se rejoignent souvent dans leur appréciation des événements mondiaux », a déclaré Poutine à Achgabat avant de faire un exposé : “Cette année, nous assistons à une augmentation du volume des échanges commerciaux entre les deux pays et à leur bon développement”.
Pezechkian, quant à lui, a qualifié les relations entre l'Iran et la Russie de « sincères et stratégiques ». Il a évoqué un accord de partenariat stratégique global entre l'Iran et la Russie. Il espère que la signature du document correspondant sera accélérée. « J'espère que nous conclurons cet accord lors du sommet des BRICS qui se tiendra dans la ville russe de Kazan ce mois-ci », a-t-il ajouté, en gardant également à l'esprit le conflit actuel avec Israël.
Pezechkian a remporté les élections iraniennes en juillet après la mort accidentelle du président Ebrahim Raisi. Il a pour objectif de renforcer la coopération bilatérale avec la Russie afin de pouvoir faire face aux sanctions « cruelles » de l'Occident.
Poutine a également invité Pezechkian à participer au sommet des BRICS en octobre en Russie, où les deux pays devraient signer un accord stratégique global. (mü)
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Quand les propos haineux sont-ils autorisés sur Facebook et WhatsApp?
Quand les propos haineux sont-ils autorisés sur Facebook et WhatsApp?
An Jacobs
Source: Nieuwsbrief Knooppunt Delta, n°193, octobre 2024.
Déconcertant : parfois, les messages de haine sont autorisés sur les grands réseaux sociaux. Du moins pour Meta car leur propriétaire ne les supprime pas. L'aspect juridique, quant à lui, relève, lui, d'une autre dimension. Mais laissez-nous vous raconter toute l'histoire.
Meta Platforms Inc, Meta en abrégé, anciennement Facebook Inc, est un géant américain qui possède notamment Facebook, Instagram, WhatsApp et Threads. Ce dernier réseau social est un concurrent récent de X, alias Twitter. À l'approche de l'élection présidentielle américaine de novembre 2024, Meta a annoncé qu'il allait bannir de ses plateformes certains médias russes, comme Russia Today (RT) et Rossia Segodnya.
Cette décision n'est pas anodine: RT comptait plus de 7,2 millions d'abonnés sur Facebook et 1 million sur Instagram. Meta affirme avoir pris cette décision pour empêcher l'ingérence de la Russie dans les élections américaines. Mais les précédents montrent que Meta est habitué à exercer la censure. Et plus encore, qu'il ne s'agit pas de « limiter les ingérences étrangères », mais plutôt d'encourager les ingérences américaines ou les tentatives de réécriture de la réalité.
Comment Meta combat la Russie, et vice versa
Meta annonce l'interdiction globale de Rossia Segodnya et de RT. Leurs comptes seront suspendus. Ils ne pourront donc plus partager leur contenu, mais les autres utilisateurs de Meta qui les suivent pourront le faire. YouTube annonce également avoir supprimé 230 chaînes liées à Rossia Segodnya et AVO TV Novosti, alors que ces deux chaînes étaient auparavant interdites.
Russia Today, qui dispose de versions française, anglaise, espagnole et arabe en plus de l'original russe, était présent dans de nombreux pays européens avant l'interdiction de 2022. Rossia Segodnya est un peu différente, il s'agit de l'organisme financier de RT, créé par décret de Vladimir Poutine fin 2013.
Meta contre la Russie : une guerre sans merci
L'inimitié entre Meta et la Russie ne date pas d'hier, loin s'en faut. Meta n'en est pas à sa première allégation d'ingérence russe dans les élections américaines. Avant l'interdiction de Meta, les médias russes avaient déjà été interdits de diffusion de publicités et leur portée était limitée. En conséquence, leur visibilité a été réduite et leurs ressources financières diminuées.
La réponse russe à cette politique est plus récente. En mars 2022, alors que la guerre entre l'Ukraine et la Russie venait de commencer, Facebook et Instagram ont été interdits en Russie parce qu'ils étaient considérés comme « extrémistes ». Ils ont pourtant été largement utilisés par les opposants à Poutine, dont certains seraient proches de « l'extrême droite » et souhaiteraient une action militaire plus violente et décisive contre l'Ukraine, ou d'autres (étiquetés « extrême gauche ») qui attendent au contraire le retour du communisme.
La guerre en Ukraine, un discours de haine recherché ?
Alors que Donald Trump gêne considérablement certaines élites américaines, des rumeurs d'« ingérence russe » circulent en permanence, pour tenter de le discréditer. Cependant, il ne s'agissait souvent que de paroles ou de faits difficilement prouvables, et donc difficiles à sanctionner officiellement. Ce n'est évidemment pas le cas de la guerre entre l'Ukraine et la Russie.
En 2022, le géant ajustera donc ses règles en matière d'« incitation à la haine ». Dès lors, les utilisateurs pourront exprimer leurs sentiments à l'égard de la Russie, de préférence négatifs, sans être dérangés. C'est en réponse à cela que Moscou qualifie Meta d'« organisation extrémiste » et bloque Instagram et Facebook sur le sol russe.
En réalité, le choix de Meta est loin d'être spontané. L'interdiction de Meta sur les médias russes fait suite à la pression du gouvernement américain. Celle-ci se fait de plus en plus pesante, maintenant qu'une victoire démocrate est quasiment acquise. Donald Trump soulève les foules et semble même immortel après deux tentatives d'assassinat. Pendant ce temps, Joe Biden a dû démissionner. Et la campagne de Kamala Harris ne décolle pas aussi bien que prévu.
Le risque d'un second mandat pour Trump est donc réel, et pour l'éviter, les démocrates ont recours aux accusations d'ingérence russe, entre autres. Cette pratique n'est pas nouvelle. En 2017, une enquête fédérale a été menée pour savoir si la Russie avait influencé l'élection de 2016 en faveur de Donald Trump. En 2021, la communauté du renseignement américain a publié un rapport faisant état d'une ingérence lors de l'élection de 2020, remportée par Joe Biden. Derrière l'interdiction des médias russes se cache donc l'intention d'éviter une troisième ingérence, bien que les deux premières soient discutables.
Pourquoi Washington craint-il les médias russes ?
Les médias russes sont accusés de déstabiliser l'opinion publique, de diviser les Américains et de s'appuyer sur des influenceurs et des médias d'extrême droite. Le ministère américain de la Justice accuse une trentaine de sites de désinformation, dont Tenet Media. Ce site employait des influenceurs accusés d'être d'extrême droite et surtout indirectement financés par la Russie via Rossia Segodnya.
Mais TM assure n'avoir aucune connaissance à ce sujet. Quoi qu'il en soit, sous la pression de ces accusations, Tenet Media a fait faillite en septembre 2024. Selon le secrétaire d'État américain Antony Blinken, ces médias sont également des ramifications des services de renseignement russes.
Washington tente de discréditer les médias russes
Meta n'est pas la seule entreprise, en son domaine, à subir les pressions américaines pour s'opposer à la Russie - ou du moins à en connaître l'existence. Le quotidien français 20 Minutes écrit que le département d'État américain indique qu'il fait lui-même des « efforts diplomatiques » pour encourager « les gouvernements du monde entier » à, littéralement, « limiter la capacité de la Russie à interférer dans les élections étrangères et à obtenir des armes pour son pays dans la guerre contre l'Ukraine ».
Depuis sa création en 2005, Russia Today est considéré en Occident comme un organe de propagande destiné à déstabiliser les Occidentaux et à les rallier à la cause russe. La France, par exemple, a fermé sa filiale française RT France en janvier 2023, au début de la guerre entre l'Ukraine et la Russie, après que l'Union européenne a gelé ses comptes bancaires.
18:58 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : facebook, réseaux sociaux, whatsapp, ingérence russe, meta | | del.icio.us | | Digg | Facebook
mercredi, 23 octobre 2024
La Moldavie à la croisée des chemins entre l'Europe et la Russie
La Moldavie à la croisée des chemins entre l'Europe et la Russie
La Moldavie se trouve à la croisée des chemins, et l'issue de cette partie d'échecs géopolitique aura des conséquences importantes pour toute la région.
Par Elena Fritz
Source: https://www.pi-news.net/2024/10/moldawien-am-scheideweg-zwischen-europa-und-russland/
Les récentes élections et le référendum en Moldavie ont massivement remis en question l'orientation de longue date du gouvernement moldave en matière de politique européenne. La forte résistance, inattendue, à l'intégration souhaitée dans l'Union européenne et le net rejet de la population ont montré que la tentative d'intégrer fermement le pays dans la zone d'influence européenne a échoué. Les partisans de l'adhésion à l'UE ont été nettement distancés pendant une grande partie du dépouillement des votes. Mais à la fin, une « magie du dépouillement » a semblé équilibrer les opinions et diviser le pays.
Avant les élections, on s'attendait à une majorité stable en faveur du cours pro-UE - les sondages prévoyaient 55 pour cent d'approbation. La réalité a toutefois montré une autre image. Ceux qui s'opposent à l'adhésion ont nettement gagné en popularité et ont remis en question le cours actuel de la politique étrangère de Chisinau.
La décision d'inscrire l'adhésion à l'UE comme objectif stratégique de la Moldavie dans la Constitution revient désormais au Parlement. Les forces pro-européennes pourraient alors avoir des surprises. La présidente Maia Sandu (photo) a peut-être obtenu des succès ponctuels, mais son discours maintes fois reporté parle de lui-même: les défis socio-économiques du pays pèsent lourdement sur la population moldave, et de nombreux citoyens d'obédience prorusse regardent Sandu avec hostilité.
Peu d'alternatives à Alexandr Stoianoglo au second tour
Malgré cette évolution, l'opposition moldave n'a pas réussi à battre Sandu au premier tour. L'une des raisons en est la désunion des forces d'opposition qui n'ont pas réussi à s'unir. Chacun a tenté de sécuriser son propre potentiel électoral.
Mais au second tour, il n'y aura guère d'alternative à Alexandr Stoianoglo (photo), qui dispose d'un large soutien et pourrait bien battre Sandu. Même si Sandu remporte ce scrutin, elle sera confrontée en 2025 à des élections législatives décisives qui réorganiseront les rapports de force. Le Parlement, qui nomme le Premier ministre et le gouvernement, a bien plus d'influence que le président.
Les perspectives pour le parti de Sandu, le PAS, sont sombres. Un adversaire de taille se dessine déjà: le populaire maire de Chisinau, Ion Ceban (photo), qui ne se présente pas aux élections présidentielles, mais qui jouera probablement un rôle central lors des élections législatives.
Il est toutefois peu probable que la Moldavie se rapproche radicalement de la Russie si le camp Ceban remporte les élections. Il est plus probable que la Moldavie adopte une position neutre, similaire à celle de la Géorgie, en suivant une ligne de politique étrangère équilibrée, axée sur la paix et la coopération économique. Pour y parvenir, l'opposition moldave doit toutefois entreprendre d'importantes réformes internes. Les socialistes autour de Dodon et Stoianoglo, la force politique la plus importante du pays, tentent déjà de se distancer de l'image d'un parti prorusse. Stoianoglo a été désigné comme candidat à la présidence principalement parce que Dodon n'aurait que peu de chances de remporter les élections en raison de son image négative de politicien prorusse.
La Russie soutient l'homme d'affaires Ilan Shor
La Russie soutient en particulier l'homme d'affaires Ilan Shor (photo), dont les relations avec les socialistes sont toutefois tendues. Shor et ses représentants ont même été exclus de la participation politique, ce qui laisse planer le doute sur la stratégie de son soutien par la Russie.
La division régionale de la Moldavie est particulièrement frappante. Stoianoglo, originaire de Gagaouzie, a obtenu 48,67 % des voix dans la région autonome de Gagaouzie, tandis que Sandu n'y a obtenu qu'un maigre 2,26 %. En Transnistrie, où un référendum sur l'adhésion à l'UE a également été organisé, environ 70 pour cent des électeurs ont voté contre l'intégration européenne. Ce profond rejet de l'intégration européenne illustre le potentiel d'une éventuelle division du pays.
Si le cours d'intégration européenne échoue, on peut s'attendre à ce que l'UE, les Etats-Unis et l'OTAN prennent des mesures plus dures et plus efficaces pour réorienter la Moldavie. D'autre part, le sort des régions prorusses de Gagaouzie et de Transnistrie dépend des développements géopolitiques dans la région. La Russie ne pourrait soutenir ces régions que si elle parvenait à contrôler la mer Noire jusqu'à Odessa. L'avenir de la Moldavie dépendra donc en grande partie du succès des opérations militaires russes en Ukraine.
La Moldavie se trouve à un carrefour décisif et l'issue de cette partie d'échecs géopolitique aura des conséquences importantes pour l'ensemble de la région.
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La crise haïtienne s'aggrave: le Kenya va-t-il aider?
La crise haïtienne s'aggrave: le Kenya va-t-il aider?
Leonid Savin
De l'extérieur, il est évident qu'Haïti est devenu ce que l'on appelle communément en sciences politiques un État en faillite. Les multiples crises et problèmes qui ont frappé le pays ont abouti au fait que les forces de sécurité internationales, qui sont présentes sur place sur décision du Conseil de sécurité des Nations unies, ne suffisent pas. La situation humanitaire reste également désastreuse, avec au moins 3661 personnes tuées en conséquence directe du banditisme en 2024 à la fin du mois de septembre, selon les Nations unies. Au moins 700.000 personnes ont fui leur domicile dans tout le pays et près de la moitié de la population - au moins 5,4 millions de personnes - souffre d'insécurité alimentaire.
Des gangs bien armés, au nombre d'environ 200, contrôlent une grande partie de la capitale Port-au-Prince et continuent de s'emparer de territoires. Récemment, des membres du gang Gran Grif ont perpétré l'une des attaques les plus horribles de ces dernières années, tuant au moins 115 personnes dans une zone agricole, selon le maire local.
Le 30 septembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé à l'unanimité d'autoriser le déploiement d'une force de sécurité internationale pour lutter contre les gangs armés en Haïti pour une année supplémentaire, mais une proposition américaine visant à transformer la force en une mission de maintien de la paix des Nations unies a été retirée de la résolution en raison de l'opposition de la Russie et de la Chine.
Plus tard, le 11 octobre, il a été révélé que c'était le Kenya qui enverrait 600 policiers supplémentaires en Haïti le mois prochain pour renforcer la mission internationale de lutte contre les gangs, selon le président William Ruto. Une dizaine d'autres pays se sont engagés à envoyer un total d'environ 2900 soldats pour participer à la mission menée par le Kenya.
Alors qu'environ 430 soldats seulement sont actuellement stationnés en Haïti, près de 400 d'entre eux sont originaires du Kenya. Avec la police locale, ils sont bien moins nombreux que les gangs, dont les membres sont au nombre de 15.000 environ.
Pourquoi le Kenya ? Parce qu'il est un satellite et un client des États-Unis, et qu'il fait le travail demandé par Washington. Ce n'est pas un hasard si Joe Biden a signé en juin 2024 un mémorandum désignant ce pays africain comme le principal partenaire des États-Unis en dehors du bloc de l'OTAN.
Les Américains ont besoin du Kenya non seulement pour pénétrer le continent africain, mais aussi pour l'utiliser comme un outil à des fins diverses, y compris en Haïti. Bien qu'il soit évident que la police kenyane, ne parlant pas français et ne connaissant pas les traditions culturelles locales, ne sera probablement pas efficace pour éradiquer le banditisme. Ils sont plus susceptibles de convenir en tant que troupes punitives auxiliaires et comme personnel pour organiser des barrages routiers.
Les États-Unis eux-mêmes avaient un contingent de 25.000 hommes en Haïti, mais ils ont eux aussi échoué dans la construction de l'État. Ils n'étaient probablement pas vraiment intéressés par l'indépendance et la prospérité du pays, mais se sont contentés de soutenir des régimes corrompus.
Après l'ingérence des États-Unis dans les élections haïtiennes de 2010-2011 (Washington Proxy - l'Organisation des États américains a forcé Jude Célestin à retirer sa candidature au second tour), Michel Martelly a gagné, dont le régime a eu un impact sur la création de la situation actuelle, en particulier en ce qui concerne le commerce et l'importation d'armes légères utilisées par les gangs. L'année dernière, un rapport de l'ONU a également affirmé que l'ancien président avait financé, négocié et établi des relations avec des gangs, les utilisant pour étendre son influence sur certaines zones et « contribuant à la persistance de l'instabilité, dont les effets se font encore sentir aujourd'hui ».
Les États-Unis ont imposé des sanctions à Michel Martelly (photo) en août 2024 suite à des accusations liées au trafic de drogue, un responsable américain citant le rôle qu'il a joué, avec d'autres, dans « la perpétuation de la crise actuelle en Haïti ».
Les résultats de l'enquête sur l'assassinat du président haïtien Jovenel Moise en 2021 montrent également un rôle clair des États-Unis dans l'affaire.
Walter Wintemilla, homme d'affaires du sud de la Floride, et sa société Worldwide Capital Lending Group ont financé le complot. Il est accusé d'avoir prêté 175.000 dollars à une société de défense basée en Floride, CTU Security, qui serait à l'origine de l'assassinat. Cette société a engagé plus de vingt mercenaires colombiens qui ont tué le président. Parmi eux se trouvaient Pretel Ortiz, informateur du FBI, et Antonio Intriago, également accusé par le gouvernement bolivien d'avoir planifié le coup d'État manqué d'octobre 2020 contre le président Luis Arce. Alejandro Rivera Garcia, officier de l'armée colombienne à la retraite, était également présent en Bolivie avec le groupe et c'est lui aussi qui a conduit le groupe d'auteurs à Haïti.
Antonio Intriago est un citoyen américain d'origine vénézuélienne, et il était l'un des organisateurs du concert Venezuela Live Aid 2019 à la frontière entre la Colombie et le Venezuela, dont même les principaux médias américains ont admis qu'il visait à promouvoir un changement de régime au Venezuela.
Fait révélateur, Christian Sanon, originaire de Floride, a annoncé son intention de diriger un gouvernement de transition de trois ans en Haïti dans une lettre adressée à Julie Chang, secrétaire adjointe du Bureau américain des affaires de l'hémisphère occidental au département d'État, six semaines avant l'assassinat.
Quant à l'ONU, on sait que depuis l'ouragan de 2010, lorsque la mission était stationnée dans ce pays, de nombreuses filles et femmes locales ont été victimes de viols collectifs, y compris par des casques bleus de l'ONU. On sait toutefois que de tels actes avaient déjà été commis par l'ONU dans le passé.
En outre, l'ONU a été impliquée dans la propagation du choléra sur l'île, ce dont le secrétaire général de l'organisation s'est officiellement excusé.
Mais pourquoi les États-Unis ont-ils eu besoin de soutenir des régimes corrompus et même d'introduire leurs troupes sur l'île ? La réponse pourrait être les intérêts géoéconomiques de Washington.
La Commission économique pour l'Amérique latine (CEAL), qui fait partie du Comité des Caraïbes pour le développement et la coopération, a publié dès mai 1980 un rapport décrivant la probabilité de l'existence d'importants gisements de pétrole dans les Caraïbes, y compris au large de Port-au-Prince, en Haïti.
Selon certains rapports, les réserves de gaz naturel au large d'Haïti sont également estimées à des milliers de milliards de dollars.
Serait-ce la véritable raison pour laquelle les États-Unis veulent prendre le contrôle total de ce pays afin d'en exploiter davantage les ressources ?
19:39 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, caraïbes, haïti | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Sommet des BRICS: un tournant dans le système multipolaire et la réponse des États-Unis
Sommet des BRICS: un tournant dans le système multipolaire et la réponse des États-Unis
Jamal Wakim
Le groupe des BRICS s'apprête à tenir son sommet dans la ville de Kazan, située dans le bassin de la Kama, du 22 au 24 octobre. Les neuf pays membres participeront à ce sommet: la Russie, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil (pays fondateurs), ainsi que l'Égypte, l'Éthiopie, l'Iran et les Émirats arabes unis (nouveaux membres). De nombreux autres pays aspirent également à rejoindre l'organisation, qui vise à rompre avec l'unipolarité et à instaurer un monde multipolaire, au détriment d'un système dominé par les États-Unis.
Il convient de noter que plus de 40 pays ont récemment exprimé leur désir de rejoindre les BRICS, dans un climat régional marqué par un grand optimisme quant à la mise en place de mécanismes économiques visant à réduire la domination du dollar, dans un contexte de hausse des taux d'intérêt de la monnaie américaine. Parmi ces pays figurent la Syrie, qui espère tirer des avantages économiques de son adhésion malgré le blocus occidental, et l'Algérie, qui se sent encerclée par la France et le Maroc, ce dernier pays étant de plus en plus proche d'Israël.
Quant à la Turquie, elle souffre des politiques américaines visant à redessiner la géographie du Moyen-Orient. L'adhésion de la Turquie aux BRICS serait une compensation à sa déception vis-à-vis de l'Union européenne, qui lui refuse l'entrée, selon le ministre turc des affaires étrangères Hakan Fidan. Pour la Russie, cette adhésion représenterait un coup dur pour l'OTAN, Ankara disposant de la deuxième puissance militaire au sein de l'Alliance, après les Etats-Unis. Ce rapprochement turc signifie un éloignement de l'Occident et un rapprochement de l'orbite eurasienne.
Sous la direction de la Russie, les BRICS ont renforcé leurs partenariats stratégiques dans les domaines du commerce, de l'investissement, de l'innovation, de la technologie et des initiatives sociales pour soutenir la croissance économique des pays membres. L'objectif central et le plus important poursuivi par Moscou est la création d'une monnaie unique pour le groupe, comme alternative au dollar américain, qui a été le principal pilier de l'hégémonie mondiale des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette monnaie unique porterait un coup sévère à la domination financière des États-Unis dans le monde.
Cela peut expliquer la sensibilité avec laquelle les États-Unis traitent le sommet des BRICS. Le lancement d'une monnaie commune soustrairait environ 45 % de l'économie mondiale à la sphère d'influence du dollar, ce qui provoquerait un afflux massif de capitaux sur le marché américain et augmenterait l'inflation dans l'ensemble du monde occidental. Elle affaiblirait également l'hégémonie financière des États-Unis établie par les accords de Bretton Woods, qui ont fondé le Fonds monétaire international et la Banque mondiale en 1944, consolidant ainsi la domination économique des États-Unis après la Seconde Guerre mondiale.
Cette situation a non seulement alarmé les responsables américains, mais elle a également exaspéré les élites financières mondiales, contrôlées par des familles basées aux États-Unis et en Occident, telles que les Rothschild, les Goldman et les Schiff, qui voient leur domination financière, commencée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, menacée par la perte d'influence croissante du dollar, principal instrument de domination du capitalisme financier, au même titre que la livre sterling.
Ce contexte a poussé Washington, et en particulier les néoconservateurs - fer de lance du capital financier sioniste - à intensifier leurs actions contre le bloc eurasiatique, en particulier la Russie et la Chine. Cela s'est manifesté par des pressions exercées sur l'Ukraine pour qu'elle lance une offensive dans la région de Koursk et par des tensions accrues avec la Chine en Asie de l'Est. Le point le plus alarmant a été l'escalade israélienne contre le Liban il y a environ un mois, avec des attaques contre le Hezbollah et l'assassinat de ses chefs militaires, y compris son secrétaire général, Sayyed Hassan Nasrallah.
Selon le philosophe russe Alexandre Douguine, ces événements marquent le début d'une troisième guerre mondiale. Il affirme qu'Israël, après avoir commis un génocide contre des civils devant le monde entier, a lancé une guerre totale contre le Liban. Tout comme les Israéliens à Gaza ont préféré prétendre qu'ils combattaient le Hamas plutôt que les Palestiniens, Netanyahou parle maintenant d'affronter le Hezbollah tout en menant des attaques massives contre des civils dans un pays souverain. Voilà ce qu'est la guerre. L'Occident soutient pleinement cette agression israélienne contre le Liban.
Douguine ajoute que sur le front ukrainien, l'Occident est en guerre contre la Russie par l'intermédiaire des nazis ukrainiens, tout en combattant les musulmans chiites par l'intermédiaire des (aske)nazis israéliens. L'Occident est également prêt à entrer en guerre contre la Chine avec le soutien des "nazis taïwanais", en s'alliant avec l'Inde, le Japon et la Corée du Sud.
Ainsi, le monde se trouve actuellement à un tournant, symbolisé par le sommet des BRICS qui se tiendra à Kazan, en Russie. On espère que ce sommet prendra des décisions qui accéléreront la transition d'un système unipolaire à un système multipolaire, marquant ainsi la fin de l'hégémonie occidentale qui a débuté au milieu du 18ème siècle, ainsi que du capitalisme financier sioniste. Cela expliquerait les efforts violents des États-Unis, des néo-conservateurs et d'Israël pour stopper cette transformation en intensifiant les conflits en Ukraine, en Asie de l'Est et au Moyen-Orient.
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Aspects géopolitiques de l'arrestation de Pavel Durov
Aspects géopolitiques de l'arrestation de Pavel Durov
L'arrestation en France de Pavel Durov, fondateur et directeur de Telegram, revêt plusieurs dimensions liées aux intérêts de l'Occident collectif, au fonctionnement d'Internet et à la liberté d'expression. Adoptant une position libertaire de principe, Pavel Durov avait refusé de collaborer avec les services de sécurité russes pour identifier les criminels utilisant Telegram. Pour cette raison, il s'était installé aux Émirats arabes unis, où il avait obtenu la citoyenneté et avait participé à une série de projets liés aux opérations de blockchain sur les crypto-monnaies. Cependant, même avant l'opération militaire spéciale (OMS), il était clair que l'Occident tolérerait difficilement l'existence de projets non conformes à son programme politique. Une attaque contre Telegram n'était qu'une question de temps. Dans ce cas, une bonne occasion s'est présentée de la mener à travers la France, où Pavel Durov s'est imprudemment rendu. Comme il a également la nationalité française, il sera tenu pour responsable en vertu des lois de ce pays, ce qui réduit considérablement les chances d'une assistance de la part de la Russie et des Émirats arabes unis. Même si cette situation conduit clairement à une augmentation des tensions entre la Russie et la France, et peut-être aussi entre les Émirats arabes unis et la France.
L'aspect intéressant est que l'Internet en tant que tel s'est développé à l'intersection de deux tendances clés: le libertarianisme, dont l'aile était représentée par des scientifiques et des théoriciens de l'ingénierie, et le segment relevant du pouvoir, puisque le réseau a été créé comme une alternative aux communications militaires et civiles existantes dans l'éventualité d'une guerre nucléaire. Bien qu'il existe des groupes libertaires conventionnels aux États-Unis (par exemple, l'Institut Cato), ils sont toujours intégrés dans le système politique et n'entreprennent aucune action susceptible de bousculer le programme général, et encore moins de concurrencer les géants de la technologie et l'establishment.
Dans le cas de Telegram, nous disposons toujours d'un produit concurrentiel qui a connu un succès considérable et qui: 1) était perçu comme une véritable alternative aux réseaux sociaux mondiaux existants; et 2) n'avait, du moins officiellement, aucun lien avec les services de renseignement et de sécurité d'autres États. Les EAU se sont probablement limités à quelques interactions formelles, mais n'ont pas eu accès aux codes et aux algorithmes, comme c'est le cas aux États-Unis avec Meta (Facebook) et Google; 3) a fait preuve de succès dans la sélection de l'équipe, puisque Pavel Durov est le visage du projet, derrière lequel il y a des centaines de personnes impliquées dans la programmation, l'ingénierie, la logistique, etc. Par conséquent, la question peut être soulevée non seulement en termes de tentatives d'accès à la correspondance, aux bases de données et aux algorithmes, mais aussi comme une tentative de prise de contrôle de l'entreprise par l'Occident, effectuée par le truchement de la France.
La toile de fond économique peut également s'exprimer dans les éventuels problèmes de capitalisation de Telegram, puisque la nouvelle de l'arrestation de Durov a entraîné l'effondrement des crypto-monnaies Toncoin (TON et NOT), qui sont les principaux actifs de la plateforme blockchain de Telegram. Ces actions, pour utiliser une allégorie historique, sont une sorte de vol et de piratage. Le techno-féodalisme occidental, représenté par des entreprises telles qu'Amazon, Google, Meta, Microsoft, Apple, ainsi que l'État profond, tente donc d'éliminer un « seigneur féodal » indésirable, bien qu'assez puissant, pour contrôler une grande partie du cyberespace informationnel.
Il convient également de rappeler l'histoire de TikTok, lorsque des représentants de cette société (ByteDance) ont été arrêtés et emprisonnés aux États-Unis et au Canada. Dans le contexte de la confrontation géopolitique entre la Chine et les États-Unis, les tentatives continues d'expulser ByteDance du marché occidental et son interdiction dans plusieurs pays témoignent également de la lutte pour la domination des flux d'information, bien que sous une forme postmoderne.
Dans ce contexte, Telegram était une plateforme purement libertaire dont les idées ont été constamment défendues et promues aux États-Unis pendant de nombreuses années. Mais là-bas, en raison du totalitarisme néolibéral, elle n'est restée qu'un rêve.
Si vous regardez les médias, cet incident est décrit de différentes manières, selon la facette de l'histoire que vous prenez sous les yeux. Le journal turc Sabah, par exemple, estime que l'arrestation de Pavel Durov visait à faire taire ce qui se passait dans la bande de Gaza, car diverses chaînes palestiniennes et pro-palestiniennes couvraient régulièrement les atrocités commises par l'armée israélienne. Comme Telegram a été utilisé dans l'espace post-soviétique, le contexte géopolitique devrait être recherché ici. Tout d'abord, le sujet du conflit en Ukraine et en Russie est abordé. Bien qu'il faille admettre que Telegram a été utilisé par des services de renseignement et des propagandistes ukrainiens et occidentaux, ainsi que par des putschistes contre la Russie et ses citoyens, il n'en reste pas moins que Telegram a été utilisé par les services de renseignement et les propagandistes ukrainiens et occidentaux. En Asie centrale et dans le Caucase, les utilisateurs de Telegram sont très nombreux - et ces régions subissent aujourd'hui une pression évidente de la part des États-Unis et de l'Union européenne, car elles sont considérées comme des entités étatiques situées dans le ventre de la Russie. C'est pourquoi il n'est pas exclu que les planificateurs de l'arrestation de Durov aient également envisagé l'espace post-soviétique sous l'angle d'une expansion technologique-informatique, visant à travailler idéologiquement la population dans un sens pro-occidental.
Les accusations officielles portées contre Pavel Durov sont certainement absurdes, car tout fournisseur d'accès à Internet ou toute société de transport susceptible d'être utilisé par un criminel pour commettre des actions illégales pourrait être accusé des mêmes délits. On sait que sa détention a été prolongée par les autorités françaises, apparemment pour faire pression sur lui afin qu'il parvienne à un accord.
Dans le même temps, il semble assez étrange qu'il n'y ait pas de manifestations de masse en soutien à Durov et que les communautés de hackers ne mènent pas de cyber-attaques contre les institutions françaises, comme cela s'est produit, par exemple, avec Julian Assange. Même si d'importantes fuites d'informations gouvernementales sont régulièrement publiées sur les canaux de Telegram, où les dirigeants du réseau social ne sont pas impliqués. Ce phénomène devrait être surveillé dans un avenir proche. L'ancien président russe Dmitri Medvedev a sans doute eu raison de souligner que, comme Durov est russe (malgré ses autres nationalités), il sera traité comme un Russe et non comme un autre gourou de l'internet et militant de la liberté d'expression.
Du point de vue de la réglementation mondiale de l'internet, il est clair qu'il est nécessaire de parler d'une nouvelle polarisation de l'espace internet. Les mondialistes ont peu de chances de réussir dans leurs tentatives d'établir leurs règles et leur domination, car ils seront confrontés à une Chine technologiquement avancée et à des acteurs politiques importants tels que la Russie et l'Iran. Sans parler des divisions traditionnelles sur la souveraineté et le malthysteicholdering de l'espace Internet. Si, d'une part, l'État profond et l'establishment néolibéral continueront d'exercer leur pression, d'autre part, cela ne peut qu'entraîner l'émergence de nouvelles zones de résistance et une fragmentation accrue de l'internet.
De plus, d'une manière ou d'une autre, les frasques de la France sont une autre démonstration claire de l'effondrement de l'État de droit et de la liberté d'expression dans l'Union européenne. Et dans le contexte global du conflit entre la Russie et l'Occident et de ses nuances métaphysiques, il est clair que nous devons prendre des décisions plus appropriées et plus efficaces sur les fronts de notre lutte, sans nous préoccuper des vestiges pourrissants de l'ancien ordre mondial.
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mardi, 22 octobre 2024
La « neutralité » des membres arabes des BRICS
La « neutralité » des membres arabes des BRICS
À la grande surprise de certains, les nations arabes des BRICS restent neutres sur la question palestinienne. Elles montrent même souvent des signes de sympathie à l'égard d'Israël. Pourquoi ?
L'Asie occidentale est au cœur d'une guerre régionale entre Israël et l'Axe de la Résistance. Elle a commencé après l'attaque furtive du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a provoqué la punition collective qu'inflige Israël aux Palestiniens de Gaza, punition que ses détracteurs considèrent comme un nettoyage ethnique et un génocide. Peu après, le Hezbollah (Liban) et Ansarullah (Yémen) (également connu sous le nom de Houthis) ont rejoint la mêlée en solidarité avec le Hamas. Israël a alors commencé à bombarder des cibles dans ces deux pays, dans la Syrie voisine et dans l'Irak tout proche.
Tout s'est intensifié à la mi-septembre, lorsqu'Israël a fait sauter des milliers de localisateurs du Hezbollah avec des explosifs piégés, puis des radios, dans un acte considéré comme du terrorisme en raison des dommages collatéraux causés à la population civile. Il s'en est suivi des bombardements à grande échelle au Liban, qui se poursuivent encore aujourd'hui. Le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, est mort un vendredi, ce qui représente le dernier coup porté à la Résistance, après qu'Israël a tué le chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran au cours de l'été.
Malgré la punition collective infligée par Israël aux Palestiniens arabes et le bombardement de plusieurs autres nations arabes, l'Arabie saoudite, l'Égypte et les Émirats arabes unis, membres du groupe BRICS, sont restés militairement neutres. Ils ont condamné les actions d'Israël à Gaza et continuent d'exiger qu'Israël reconnaisse la Palestine comme un État indépendant, mais ils ne vont pas plus loin. Le Premier ministre israélien Benjamin (« Bibi ») Netanyahou n'en a cure et considère même ces trois pays comme une « bénédiction » pour Israël.
Il l'a fait savoir dans un mémorandum qu'il a présenté à l'Assemblée générale des Nations unies la semaine dernière, dans laquelle Bahreïn, l'Inde, la Jordanie, l'Égypte et le Soudan sont décrits comme « la bénédiction », tandis que l'Iran, l'Irak, la Syrie et le Liban sont condamnés comme « malédiction ». En outre, Israël est soupçonné d'avoir reçu secrètement l'autorisation de l'Arabie saoudite d'utiliser son espace aérien pour bombarder l'Ansarullah du Yémen, malgré l'absence de liens formels entre les deux pays. On sait qu'ils entretiennent des relations étroites en coulisses, il est donc probable que cette rumeur soit fondée.
Ainsi, l'Arabie saoudite n'est pas vraiment « neutre » dans cette dimension plus large du conflit, alors qu'elle, l'Égypte et les Émirats arabes unis (ces deux derniers ayant des liens formels avec Israël) semblent même sympathiser avec les objectifs militaires d'Israël dans cette guerre régionale. Cette deuxième observation est formulée en dépit du fait que ni le Hamas ni le Hezbollah ne sont reconnus par eux comme terroristes, puisque la Ligue arabe a retiré cette désignation au Hezbollah en juin. Cela suggère qu'ils sont les alliés silencieux d'Israël à toutes fins utiles.
Par conséquent, leurs condamnations publiques semblent être des gestes pour « sauver la face » devant la communauté internationale et surtout devant leurs propres populations pro-palestiniennes. Ni l'Égypte ni les Émirats arabes unis n'ont menacé d'annuler leur reconnaissance d'Israël en signe de protestation, ni même de le sanctionner, tandis que l'Arabie saoudite maintient apparemment ses liens étroits avec Israël en coulisses. Ce qui a été pendant des décennies la cause de la solidarité arabe a cessé d'exister en raison des calculs idéologiques et stratégiques de ces trois pays.
Bien qu'il s'agisse de pays musulmans, leurs formes de gouvernement diffèrent de celles inspirées par l'islamisme défendu par le Hamas et le Hezbollah, qu'ils considèrent comme une menace pour le pouvoir de leurs élites. Ils n'ont pas non plus les meilleures relations politiques avec l'Iran d'après 1979, qu'ils soupçonnent depuis longtemps de soutenir des mouvements révolutionnaires idéologiquement alignés à l'intérieur de leurs frontières. Il convient également de mentionner qu'ils sont d'étroits partenaires militaires des États-Unis, malgré leurs divergences occasionnelles au fil des ans.
La combinaison de ces facteurs explique pourquoi ils feignent la « neutralité » face à la guerre régionale entre Israël et la Résistance, mais sympathisent en réalité avec les objectifs militaires de l'État juif autoproclamé. Sa position attire l'attention sur la diversité politique au sein des BRICS, que les enthousiastes interprètent souvent à tort comme un bloc anti-occidental, opposé à l'Occident sur toutes les questions importantes telles que ce conflit. Cependant, ce n'est pas le cas, c'est pourquoi nous allons dire quelques mots ci-dessous sur les BRICS afin de clarifier leur objectif.
Les BRICS ont toujours été une simple association de pays qui coordonnent volontairement certains aspects de leurs politiques financières afin d'accélérer cette dimension de la multipolarité. Il ne s'agit que d'une association et non d'une organisation, puisqu'elle n'a pas de secrétariat et que tout ce que ses membres acceptent est volontaire, puisqu'il n'y a pas de mécanisme, et qu'il n'y en aura probablement pas, pour les obliger à s'y conformer. Les asymétries économiques et financières entre ses membres font que toute évolution dans ce sens signifierait la fin des BRICS.
Il existe également de sérieuses divergences politiques entre ses membres. Il a déjà été fait mention des soupçons que les nouveaux membres arabes des BRICS nourrissent à l'égard de l'Iran, tandis que la Chine et l'Inde sont impliquées dans un féroce conflit frontalier et que les tensions entre l'Égypte et l'Éthiopie s'intensifient à propos du Nil et de la Somalie. Les membres des BRICS entretiennent également des relations différentes avec les États-Unis, notamment en ce qui concerne leurs interdépendances économiques et financières avec ce pays, ainsi qu'avec des partenaires régionaux des États-Unis tels qu'Israël.
Cependant, ils continuent tous à essayer d'étendre la coopération socio-économique et politique entre eux, malgré ces obstacles, y compris dans le domaine des relations inter-civilisationnelles. Le problème, cependant, est que ces obstacles sont très redoutables et imposent de réelles limites à la coopération. Ces contradictions ne seront pas résolues de sitôt, voire jamais, et personne ne doit donc s'attendre à ce que les BRICS deviennent un bloc anti-occidental. Il est donc probable qu'ils resteront une simple association volontaire préconisant la multipolarité financière.
Cela ne signifie pas que les BRICS sont inutiles, car même une coordination limitée visant à accélérer les processus de multipolarité financière peut contribuer à remodeler l'ordre mondial. Cependant, les enthousiastes devraient tempérer leurs attentes quant aux résultats à atteindre en corrigeant leurs perceptions. Cette perception permet aux observateurs de mieux comprendre pourquoi les membres arabes des BRICS sympathisent avec les objectifs militaires d'Israël dans sa guerre régionale contre la Résistance et l'aident même indirectement à les atteindre, comme le fait l'Arabie saoudite avec Ansarullah.
Malgré l'alignement de l'Égypte, de l'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis sur l'allié israélien des États-Unis, il serait inexact de les qualifier de vassaux des Américains, car chacun d'entre eux a fièrement rejeté les pressions américaines pour se retourner contre la Russie. L'Égypte est le principal partenaire commercial de la Russie en Afrique, les Émirats arabes unis sont son principal partenaire arabe et l'Arabie saoudite continue de gérer le prix mondial du pétrole avec la Russie dans le cadre de l'OPEP+. Le président Poutine s'est également rendu dans ces deux derniers pays du Golfe en décembre dernier, afin de montrer à quel point leurs relations restent étroites malgré les pressions américaines.
Ainsi, même si beaucoup peuvent être déçus par le manque de solidarité dont font preuve les membres arabes des BRICS dans le cadre de la guerre régionale entre Israël et la Résistance, qui s'étend à plusieurs nations arabes au-delà de la Palestine, ils restent au moins attachés à la cause de la multipolarité financière et entretiennent des liens étroits avec la Russie. La conclusion est que la transition systémique mondiale vers la multipolarité a révélé les différences entre de nombreux partenaires sur des questions sensibles, mais ces différences ne doivent pas nécessairement ruiner leurs relations.
Chacun d'entre eux donne la priorité à ses intérêts nationaux, comme ses dirigeants le jugent sincèrement nécessaire, pour autant qu'il s'agisse de pays véritablement souverains, comme ces trois pays l'ont montré, et non de vassaux littéraux des États-Unis, comme l'UE (à l'exception de la Hongrie et de la Slovaquie). Par conséquent, ce que leurs partenaires peuvent percevoir comme les intérêts nationaux de ces pays n'est pas toujours partagé par leurs dirigeants respectifs, comme le montre la contradiction entre les membres arabes des BRICS et l'Iran dans cette guerre régionale.
Dans une telle situation, alors que les militants sont censés soutenir l'un ou l'autre camp, les analystes doivent faire tout leur possible pour conserver leur objectivité et ne pas laisser leur jugement être entaché d'illusion. Ni l'Égypte, ni l'Arabie saoudite, ni les Émirats arabes unis ne sont prêts à intervenir directement aux côtés d'Israël contre la Résistance, et encore moins à attaquer l'Iran. Ils défient également les demandes des États-Unis de se débarrasser de la Russie. Ces trois pays ont donc encore un rôle à jouer dans l'accélération des processus de multipolarité, même s'ils ne sont pas aussi importants que certains l'avaient espéré.
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