mardi, 28 janvier 2025
Poker arctique: les États-Unis et la Chine se disputent l’avenir du Groenland
Poker arctique: les États-Unis et la Chine se disputent l’avenir du Groenland
Source: https://report24.news/arktis-poker-usa-und-china-ringen-u...
Au Groenland, une confrontation géopolitique se profile à l’horizon. Ce qui pourrait apparaître à certains comme une simple étendue glacée surdimensionnée devient le théâtre d’un jeu stratégique entre les grandes puissances mondiales. Washington et Pékin manifestent un intérêt croissant pour la plus grande île du monde.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes: avec une population d’à peine 56.000 habitants et un PIB modeste de 3,4 milliards de dollars (en 2024), le Groenland peut sembler être un poids plume économique. Pourtant, cette immense île repose sur une poudrière géopolitique susceptible de bouleverser l’équilibre mondial des pouvoirs. Une lutte d’influence oppose les États-Unis, l’Union européenne, la République populaire de Chine et la Fédération de Russie.
Un sondage récent attire particulièrement l’attention: 57% des Groenlandais se disent favorables à une appartenance aux États-Unis. Une évolution qui provoque des inquiétudes à Copenhague, où le Danemark détient encore officiellement les rênes en matière de politique étrangère et de sécurité.
Deux routes maritimes potentielles traversant l’Arctique – le passage du Nord-Ouest longeant la côte nord-américaine et la route transpolaire au centre de l’océan Arctique – font de cette région un carrefour maritime d’importance croissante.
Alors que les États-Unis tentent de renforcer leur position, la Russie a déjà pris une longueur d’avance. Sa flotte de brise-glaces conventionnels et nucléaires dépasse de loin celle des Américains. Les nouveaux brise-glaces russes de la classe Projet 22220 peuvent traverser en continu des glaces atteignant 3,2 mètres d’épaisseur, soit plus de deux fois les capacités du plus puissant navire américain, l’USCGC Healy.
La coopération croissante entre la Russie et la Chine dans cette région aggrave encore la situation. La Chine, premier constructeur naval mondial, et la Russie, qui détient 53% de l’Arctique, ont uni leurs forces – une alliance qui fait retentir des alarmes à Washington.
Le gouvernement danois est face à un dilemme: d’un côté, il souhaite maintenir son lien colonial avec le Groenland; de l’autre, il manque des ressources nécessaires pour sécuriser efficacement la région et exploiter ses ressources naturelles. L’aide annuelle de 600 millions de dollars est à peine suffisante pour maintenir l’infrastructure de base.
La base spatiale américaine de Pituffik, anciennement connue sous le nom de Thule Air Base, avec ses 700 employés, constitue déjà un facteur économique important. Mais face à l’aggravation de la situation géopolitique, cela pourrait n’être qu’un premier pas vers une présence américaine renforcée.
Les parallèles avec l’histoire du canal de Panama, où la Chine a acquis une influence significative, sont pour les stratèges américains un avertissement. La région arctique, riche en terres rares et autres ressources naturelles, ne doit, selon eux, pas tomber entre de mauvaises mains. La question n’est plus de savoir si les États-Unis renforceront leur position au Groenland, mais comment. Que ce soit sous forme de protectorat ou autrement, les dés dans ce poker arctique ne sont pas encore jetés.
17:56 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique, groenland, arctique, danemark, europe, affaire européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le triomphe de la stupidité
Le triomphe de la stupidité
Par Juan Manuel de Prada
Source: https://noticiasholisticas.com.ar/el-triunfo-de-la-estupi...
Dans son dernier essai, El triunfo de la estupidez (publié chez Plaza y Janés), Jano García aborde une question politique épineuse, à savoir l'intronisation par tout dirigeant malin de la stupidité humaine comme mortier sur lequel fonder son pouvoir. Cette intronisation de la stupidité atteint son paroxysme, selon l'auteur, dans la démocratie, où les masses sont flattées comme dans aucune autre forme d'organisation politique, car le dirigeant a besoin de leur soutien pour rester au pouvoir, et où les passions viles sont élevées au rang de vertus publiques, en particulier l'envie. En fait, en établissant ce lien entre l'envie et la démocratie, Jano García ne va pas plus loin que ce contre quoi de nombreux maîtres nous ont mis en garde ; souvenons-nous, par exemple, de ces vers d'Unamuno qui nous avertissaient que lorsque « l'envie déverse son fiel sur une foule vide/de reconnaissance à l'appel sourd/elle la quitte habituellement et la transforme en une horde/qu'elle est la mère de la démocratie ».
Bien sûr, cette « mère de la démocratie » doit se déguiser en justice sociale. Non seulement pour piller les riches, comme le souligne Jano García, mais en général pour dégrader et humilier tout ce qui est bon ou beau, car les envieux ont besoin de voir piétinées les vertus qu'ils ne peuvent atteindre. L'envieux, comme le souligne Jano García, « ne sera jamais assez satisfait du pillage dont souffre son prochain jusqu'à ce qu'il soit réduit au même niveau que lui ».
C'est en effet le cœur pourri de la démocratie qui, dans cette dernière phase de dégénérescence, atteint son paroxysme par l'intronisation de démagogues qui, en attisant les basses passions de la foule, réalisent leurs desseins les plus néfastes. Dans son essai, Jano García expose avec brio les ravages que cette « envie égalitaire » - pour reprendre l'expression de Gonzalo Fernández de la Mora - est en train de causer à la communauté politique.
Dans son ouvrage de référence La démocratie en Amérique, Alexis de Tocqueville avait déjà prévu ces ravages: « Les nations de notre temps ne peuvent éviter l'égalité des conditions dans leur sein, mais il dépend d'elles que cette égalité les conduise à la servitude ou à la liberté, à la civilisation ou à la barbarie, à la prospérité ou à la misère ». Tocqueville a averti que la démocratie favoriserait une nouvelle forme de despotisme, dans laquelle il suffirait au despote d'aimer l'égalité, ou même de faire semblant de l'aimer, pour que les masses rejettent toute atteinte à l'égalité, en renonçant en échange à leur liberté politique. C'est cette recette qu'utilise le Dr Sánchez, face à une société qui ne bronche pas et à une droite molle, enfermée dans la cage mentale de ses distorsions cognitives.
Jano Garcia nous montre comment l'égalité des chances, si nécessaire au maintien d'une société saine, s'est dégradée en un égalitarisme avilissant qui prétend que les ignorants peuvent réduire au silence les sages, que les paresseux peuvent vivre dans l'opulence aux dépens des travailleurs, que les vils peuvent mépriser et stigmatiser les nobles de manière olympique. Comme l'observait Tocqueville, l'égalité produit deux tendances: l'une conduit directement les hommes à l'indépendance, l'autre les conduit par une voie plus longue et plus secrète, mais plus sûre, au servage. Sans doute notre époque maudite a-t-elle choisi la voie de la servitude, qui aboutit à ce que Tocqueville lui-même appelle « la tyrannie de la majorité », où s'imposent un égalitarisme castrateur et une subversion de toutes les hiérarchies. Et cette passion égalitaire devient encore plus monstrueuse lorsqu'elle se mêle à l'obsession du bien-être, qui transforme l'être humain en victimaire avide de confort matériel et de « nouveaux droits ».
Dans un passage de son ouvrage, Jano García affirme que les stupides sont beaucoup plus dangereux que les méchants, « car un méchant, pour réaliser son plan diabolique, a toujours besoin de la participation des autres pour atteindre son but ». Un dirigeant malfaisant a en effet besoin de masses crétinisées pour se hisser et se maintenir au pouvoir. Mais si ce sont les méchants qui mobilisent les stupides, les méchants sont sans doute les plus dangereux, car ils sont à l'origine du mal, même si l'union des stupides est tragique. En effet, un noble souverain peut transformer les stupides en gens laborieux ; il peut stimuler chez eux les conduites les plus vertueuses et les plus bienfaisantes ; il peut susciter chez eux un désir d'émulation et les ennoblir, enfin, jusqu'à l'héroïsme ou à la sainteté. En revanche, un chef méchant, outre qu'il flatte les stupides, peut aussi les rendre méchants en suscitant en eux les passions les plus viles.
Un noble souverain s'efforce d'ordonner la société de façon hiérarchique, de telle sorte que les capacités de chacun, en prenant la place qui leur revient, agissent au profit des capacités des autres, en les renforçant. Le mauvais souverain, au contraire, ne fera rien d'autre que d'exciter l'envie de ceux qu'il gouverne, pour laquelle il a besoin de subvertir toutes les hiérarchies humaines, de détourner l'éducation, de frelater l'opposition, d'encourager les exigences les plus iniques et les pillages les plus sanglants. Et ainsi de suite, jusqu'à transformer la société qu'il gouverne en un pandémonium où triomphent les satans les plus bas. Mais il y a toujours des hommes bons qui parviennent, avec l'aide de Dieu, à vaincre le mal et la bêtise. Jano García en parle également dans son splendide essai ; mais il doit s'agir d'hommes prêts à être mis en pièces par la meute.
15:56 Publié dans Livre, Livre, Philosophie, Sociologie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : envie, stupidité, livre, philosophie, philosophie politique | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
L'IA chinoise DeepSeek déplace le capital technologique de Palo Alto à Hangzhou
L'IA chinoise DeepSeek déplace le capital technologique de Palo Alto à Hangzhou
Source: https://dissident.one/chinas-deepseek-ai-verplaatst-de-ho...
En l'espace de quelques jours, la nouvelle de la sensation chinoise en matière d'IA, DeepSeek R1, est passée d'une légère brise à un ouragan de force 5. Il est désormais clair que personne dans la Silicon Valley ou à Washington DC n'avait la moindre idée que son monde serait bouleversé par un nouveau produit innovant qui ferait pencher la balance géopolitique plus à l'est, écrit Mike Whitney.
C'est pourtant ce qui s'est passé. Et ce n'est pas seulement parce que la dernière version de DeepSeek égale ou dépasse les performances du meilleur modèle américain, OpenAI, mais parce qu'elle est moins chère, plus accessible et transparente. L'IA est à la portée de tous, quels que soient leur statut et leurs revenus. Son émergence soudaine « de nulle part » a suscité des doutes quant à la capacité des géants occidentaux de la technologie à anticiper les capacités de leurs concurrents ou à diriger une industrie essentielle pour que Washington maintienne son emprise de plus en plus lâche sur le pouvoir mondial. Voici un bref résumé de Venture Beat :
... grâce à la sortie de DeepSeek R1, un nouveau modèle de langage étendu qui effectue un « raisonnement » similaire au meilleur modèle disponible actuel d'OpenAI o1 - prenant plusieurs secondes ou minutes pour répondre à des questions difficiles et résoudre des problèmes complexes, tout en réfléchissant à sa propre analyse étape par étape ou « chaîne de pensée ».
En outre, DeepSeek R1 a obtenu des résultats aussi élevés, voire plus élevés, que le modèle o1 d'OpenAI sur divers benchmarks de tiers... et aurait été formé pour une fraction du coût..., avec beaucoup moins d'unités de traitement graphique (GPU), dans le cadre d'un embargo strict imposé par les États-Unis, le pays d'origine d'OpenAI.
Mais contrairement à o1, qui n'est disponible que pour les abonnés payants de ChatGPT du niveau Plus (20 $ par mois) et des niveaux plus coûteux (comme Pro pour 200 $ par mois), DeepSeek R1 a été publié en tant que modèle entièrement open source, ce qui explique également pourquoi il a rapidement grimpé dans le classement des modèles les plus téléchargés et les plus actifs de la communauté de codage de l'IA Hugging Face. Pourquoi tous les acteurs de l'IA s'inquiètent de DeepSeek? Venture Beat nous l'explique:
« Flipper » est probablement l'euphémisme du siècle. La Silicon Valley est en pleine crise émotionnelle et la voie à suivre est loin d'être assurée. Comme nous le verrons plus loin, les mandarins occidentaux de la technologie devront revenir à la case départ et adapter leur approche à la nouvelle réalité. En bref, l'ordre du jour est fixé par des personnes qui ont des priorités, des valeurs et des croyances différentes et qui vivent à 10.000 kilomètres de là. Ils ne souscrivent pas à l'idée que les progrès technologiques doivent renforcer la surveillance policière ou d'autres formes répressives de contrôle social (comme c'est le cas en Occident). Leur vision de l'avenir est totalement différente, mais invariablement optimiste.
Avez-vous remarqué que « DeepSeek R1 a obtenu un score aussi élevé, voire plus élevé, que l'o1 d'OpenAI (alors qu'un embargo américain strict était en vigueur) » ?
En d'autres termes, ces petits génies chinois ont créé leur version de pointe avec une main attachée dans le dos. Ils se sont affranchis des lourdes sanctions imposées par Washington et ont battu l'Oncle Sam à son propre jeu, ce qui est un véritable exploit (Forbes : « Les contrôles américains à l'exportation sur les semi-conducteurs avancés étaient destinés à ralentir les progrès de la Chine en matière d'IA, mais ils ont peut-être involontairement stimulé l'innovation »). Et ce n'est pas tout :
Grâce à son caractère entièrement libre, des personnes ont déjà affiné et formé de nombreuses variantes du modèle à des fins spécifiques, par exemple en le rendant suffisamment petit pour qu'il puisse fonctionner sur un appareil mobile ou en le combinant avec d'autres modèles libres. Même si vous souhaitez l'utiliser à des fins de développement, les coûts de l'API de DeepSeek sont inférieurs de plus de 90 % à ceux du modèle o1 équivalent d'OpenAI. Reposons la question: pourquoi tous les acteurs de l'IA s'inquiètent de DeepSeek? Venture Beat, une nouvelle fois, répond:
Moins cher, plus adaptable et transparent. Y a-t-il plus ? Oui, il y a davantage :
Le plus impressionnant, c'est qu'il n'est même pas nécessaire d'être ingénieur logiciel pour l'utiliser : DeepSeek dispose d'un site web et d'une application mobile gratuits, même pour les utilisateurs américains, avec une interface de chatbot pilotée par R1 très similaire à ChatGPT d'OpenAI. Seulement, DeepSeek a de nouveau sapé ou « giflé » OpenAI en liant ce puissant modèle de raisonnement à la recherche sur le web - ce qu'OpenAI n'a pas encore fait... Voilà pourquoi tout le monde dans le domaine de l'IA s'affole à propos de DeepSeek.
L'auteur a-t-il raison ? Les magnats de la technologie et leurs alliés fortunés sont-ils en train de « paniquer » à propos de DeepSeek ou considèrent-ils qu'il s'agit d'un petit accroc sur la voie de la suprématie de l'IA ? Voici sa réponse à cette question :
Un article circule sur Blind... suggérant que Meta est en crise à cause du succès de DeepSeek parce qu'il a si rapidement dépassé les propres efforts de Meta pour devenir le roi de l'IA open source avec ses modèles Llama.
Il semble que beaucoup de gens soient inquiets, et pour de bonnes raisons. DeepSeek est une bombe atomique qui a explosé au cœur de la Silicon Valley. C'est un véritable défi lancé à la famille royale de facto des brahmanes américains de la technologie, qui pensaient que leur règne serait éternel. Ils doivent maintenant « rattraper » un groupe émergent d'intellos qui voient leur monde s'effondrer autour d'eux. Plus important encore, l'avenir de l'IA se décide à Hangzhou et non à Palo Alto, ce qui signifie que nous pourrions assister à une pause dans les guerres, l'Oncle Sam ayant plus de mal à financer ses effusions de sang sans fin. Ce serait un soulagement bienvenu.
L'auteur de l'article ci-dessus cite même l'un de mes analystes préférés de l'X, Arnaud Bertrand, une source inestimable d'informations impartiales sur les développements en Chine. Voici ce qu'il a dit :
« Il n'est pas exagéré de dire à quel point cela change profondément tout le jeu. Et pas seulement en ce qui concerne l'IA, il s'agit également d'une énorme mise en accusation de la tentative malavisée des États-Unis d'arrêter le développement technologique de la Chine, sans lequel Deepseek n'aurait peut-être pas été possible... »
Oui, l'embargo sur les semi-conducteurs a échoué de manière spectaculaire, prouvant une fois de plus que nous sommes gouvernés par des gens incompétents et stupides qui aiment punir les gens pour des violations de règles qu'ils inventent sur place. Il suffit de voir le gâchis que ces « génies » ont créé.
Nous terminons avec la critique astucieuse de Bertrand sur le projet Stargate de Trump, d'une valeur de 500 milliards de dollars, qui sera obsolète avant même que la première pierre ne soit posée :
Si le projet Stargate va de l'avant, il risque de devenir l'un des plus grands gâchis de capitaux de l'histoire. En effet :
1) Il repose sur des hypothèses dépassées concernant l'importance de l'informatique évolutive dans l'IA (le dogme « plus gros ordinateurs = meilleure IA »), dont DeepSeek vient de prouver la fausseté.
2) Elle suppose que l'avenir de l'IA réside dans des modèles fermés et contrôlés, malgré la préférence manifeste du marché pour des alternatives démocratisées et à source ouverte.
3) Il s'en tient à un scénario de guerre froide, présentant la domination de l'IA comme une course aux armements matériels à somme nulle, ce qui est en fait diamétralement opposé à la direction que prend l'IA (encore une fois : logiciels libres, communautés mondiales de développeurs et écosystèmes collaboratifs).
4) Elle mise tout sur OpenAI, une société confrontée à des problèmes de gouvernance et à un modèle d'entreprise qui remet sérieusement en question l'avantage de coût de 30 fois celui de DeepSeek.
En bref, cela revient à construire une ligne Maginot du numérique d'un demi-milliard de dollars : un monument très coûteux pour des hypothèses dépassées et erronées. C'est l'OpenAI et, par extension, les États-Unis qui mènent la dernière guerre. (voir: @RnaudBertrand)
Ou, comme l'a dit Jim Fan : le futur de l'IA est la démocratisation.... C'est le raz-de-marée de l'histoire sur lequel nous devons surfer, et non pas nager à contre-courant. (Jim Fan: @DrJimFan).
En effet.
12:01 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : deepseek, chine, états-unis, haute technologie, intelligence artificielle, ia | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
lundi, 27 janvier 2025
Comme le chat avec les souris (comment construire une alternative à Trump)
Comme le chat avec les souris (comment construire une alternative à Trump)
par Vincenzo Costa
Source : Vincenzo Costa & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/come-il-gatto-coi...
Trump joue avec la culture progressiste comme le chat avec les souris. Rien de ce qu’il dit n’est réel, et pour construire une alternative, il faut commencer par se soustraire à son jeu. Lorsque Trump ou Musk parlent ou agissent, ils n’expriment pas ce qu’ils pensent, et leurs gestes ne sont même pas des symboles : ce sont des simulacres, des représentations destinées à d’autres.
Ce ne sont ni des erreurs, ni le signe d’un état d’ébriété avancé, ni d’un trouble quelconque. À ces niveaux, rien n’est involontaire : tout repose sur des analyses, des études, des projets. Ces actes ont un sens, mais ce sens n’autorise pas à révéler leur projet ; il est de forcer le débat sur autre chose.
Leurs paroles et même certains décrets exécutifs ne disent rien de leurs intentions véritables. Leur fonction est opposée : détourner, concentrer l’attention sur autre chose.
Ce sont des milliardaires qui possèdent des données et savent comment fonctionne l’opinion publique progressiste: idéologique, réactive, et, au fond, naïve. Ils le savent très bien et jouent avec cette naïveté. Ils savent que lancer des absurdités, signer certains décrets ou poser des gestes ambigus produit des effets immédiats, envahit et sature l’espace public. Cela le vide de sa substance.
Personne ne sait vraiment ce que Trump fera, ou quel est le projet de Musk. Mais il est certain qu’ils en ont un, et qu’il est puissant. Dans quatre ans, nous vivrons dans un monde différent. L’histoire subira une terrible accélération dans cette période, à tous points de vue.
Et même si nous ignorons leurs intentions, il faut comprendre, si nous voulons vraiment construire une alternative, que ces déclarations sont des spectacles pour captiver le public. Leur but est de diriger l’attention sur certains sujets, pour éviter de parler d’autres questions.
L’objectif est de vider l’espace public : si personne ne sait ce que Trump veut vraiment faire (en Ukraine, face à la Chine, avec la technologie, ou pour l’ordre mondial), alors l’espace public ne peut discuter de rien de concret. Il ne peut que réagir.
Cela empêche l’expression, dans la sphère publique, du malaise qui traverse nos sociétés et l’émergence d’une perspective différente du libéralisme oligarchique dominant.
Trump sait que toute la mythologie progressiste a perdu sa crédibilité. Il va en jouer sans relâche. Lorsque la culture progressiste l’attaque, elle le renforce, car Trump a construit son soutien précisément de cette manière, en exacerbant ces thèmes. Chaque attaque renforce Trump. Il est donc avantageux de stimuler l’indignation de la culture progressiste: décrédibilisée, de plus en plus rhétorique et hypocrite, sourde et arrogante face aux problèmes réels des gens, plus elle critique Trump, plus elle le renforce.
Trump et Musk le savent, car ils disposent des données, ils savent ce qui agite le monde ordinaire. Ils dictent l’agenda : « Parlez de ceci, reprenez vos discours vieux de 40 ans, qui n’ont plus aucun impact sur le réel et que les gens perçoivent comme hypocrites. Nous tirerons de la force de vos critiques. »
Ils savent que les progressistes crieront immédiatement, que l’« antifascisme esthétique » se déclenchera automatiquement. Et ils savent que les gens normaux ont d’autres préoccupations, et que cet antifascisme esthétique ne leur sert à rien.
Cela empêche la naissance d’une alternative qui parle aux gens, qui porte leurs besoins d’émancipation – lesquels ne s’expriment pas dans les termes utilisés par la gauche progressiste de ces 40 dernières années.
Ces simulacres servent à empêcher le débat de se concentrer sur la réalité : c’est la réalité qui ne doit pas apparaître. Et ils savent qu’ils peuvent compter sur les réactions d’une culture aveugle, sur ces idiots qui parlent de « démocratie délibérative », alors que tout le monde au café vous dira : « Mais il n’y a rien à délibérer ! »
Si nous voulons construire une alternative réelle et concrète, il ne faut pas contrer Trump de manière réactive. Il faut comprendre que tout ce qu’ils font et disent ne révèle rien : cela dissimule, cela cache. Personne ne sait quel est leur projet, mais il existe, et il est puissant et déterminé.
Ces simulacres sont une lutte dans le discours. L’alternative ne naîtra pas en laissant Trump et Musk dicter les sujets. Elle naîtra en imposant d’autres thèmes, qui ne peuvent pas être les vieux chevaux de bataille de la culture progressiste des 40 dernières années.
On ne construit pas une alternative avec cet horizon que les gens ont littéralement vomi, ce qui a perdu toute crédibilité. On ne la construit pas avec des figures qui ont détruit leur propre crédibilité. Rien ne naîtra de discours mièvres et rhétoriques.
Trump et Musk savent qu’ils peuvent compter, aux États-Unis comme en Europe, sur une arme redoutable : l’absence de crédibilité de toute alternative. Ils savent qu’en déclenchant ces mécanismes, la crédibilité de toute opposition diminuera encore davantage.
Si l’on veut – et il le faut – construire une alternative, il faut changer de discours, changer d’horizon de pensée, abandonner les icônes et toute la culture des dernières décennies.
Si cette culture était réellement utile, nous ne serions pas ici. Et si nous en sommes là, c’est parce qu’elle est inutile, sectaire, aveuglante. On peut en faire des séminaires, mais on ne peut pas l’utiliser pour construire une alternative populaire et de masse, qui parle aux gens concrets et donne voix à leurs besoins et à leurs désirs.
19:12 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : donald trump, elon musk, états-unis | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Bernanos et la dévaluation des hommes aux temps totalitaires
Bernanos et la dévaluation des hommes aux temps totalitaires
Nicolas Bonnal
On a la tyrannie européenne (avec l’euro tout sera terminé), la guerre, le terrorisme climatique, l’invasion migratoire, mais tout ce la masse réclame c’est plus de censure ici, ou de lutte contre Trump et Poutine et Elon Musk là-bas. Revenons à Bernanos alors, qui croyait avoir tout vu et tout subi en 1945.
Bernanos avait rêvé, au début juste après la Libération, et ça donne la légendaire France contre les robots, livre dépassé un an ou deux après. Le grand esprit déchante vite (« votre place est parmi nous ! » lui chantait de Gaulle qui part vite aussi) et cela donne ensuite les prodigieuses conférences de « la Liberté, pour quoi faire ? », où le grand esprit pragmatique et non visionnaire remet tout le monde à sa place : la démocratie vaut les dictatures et le christianisme est crevé, surtout celui qui veut se moderniser. On relira mon texte fondamental (je pèse mes mots, car on est en enfer, on y est vraiment) sur Bruckberger qui va plus loin que Bernanos quand il découvre que l’Inquisition est la source et le prototype des méthodes totalitaires modernes. Les chrétiens via von der Leyen, Barnier ou Bayrou sont aujourd’hui aux avant-postes du terrorisme néo, béni par Bergoglio.
On commence par « cette masse affreusement disponible » qui vote pour l’Europe, pour Macron-antifasciste-républicain-humaniste, pour la guerre, pour le vaccin, pour l’Europe, pour l’Otan, pour le mondialisme, pour le Grand Reset, pour le totalitarisme informatique, pour tout.
Or cette masse bascule de Pétain à de Gaulle comme cela, par mouvement mécanique, par mouvement de balancier ; et Bernanos écrit donc :
« Il y a des millions et des millions d’hommes dans le monde qui n’ont pas attendu notre permission pour soupçonner que la France de 1940- formée d’une majorité de gaullistes et d’une poignée de pétainistes – ne forme réellement qu’UNE SEULE MASSE AFFREUSEMENT DISPONIBLE, dont l’événement de Munich avait déjà permis de mesurer le volume et le poids, qui s’est retrouvée presque tout entière à l’Armistice pour rouler dans le pétainisme par le seul effet de la pesanteur, jusqu’à ce que l’invasion de l’Afrique du Nord, rompant l’équilibre, l’ait fait choir sur l’autre pente… La masse française, cette masse électorale suicidaire, cherche aujourd’hui à tâtons un autre fait irréparable… Au terme de notre évolution, il ne subsistera de l’Etat qu’une police, une police pour le contrôle, la surveillance, l’exploitation et l’extermination du citoyen (la liberté pour quoi faire ?). »
Et d’ajouter :
« Il y a des millions et des millions d’hommes dans le monde qui n’ignorent plus que la Résistance ayant été l’œuvre d’une poignée de citoyens résolus, qui électoralement ne pouvaient pas compter pour grand-chose, il était fatal que la réorganisation de la Démocratie parlementaire réduisît la Résistance à rien. »
Stefan Zweig écrit sur cette masse affreusement disponible dans son inoubliable Monde d’hier:
« la masse roule toujours immédiatement du côté où se trouve le centre de gravité de la puissance du moment ». Monde d’hier, Livre de Poche, p. 469, pour les curieux. On ajoute pour les gourmets : Ceux qui criaient aujourd’hui « Heil Schuschnigg ! » hurleraient demain « Heil Hitler ! ». C’est la page suivante… Heil Biden ! Heil Davos ! Heil Ursula ! Heil climat !…
On connaît le nombre exorbitant (mais toujours insuffisant) d’homosexuels dans nos élites françaises, européennes et mondialistes. Zweig ajoute cette note page 365 :
« Déjà les sociétés secrètes fort mêlées d’homosexuels étaient plus puissantes que ne le soupçonnaient les chefs de la république… »
On relira mes textes sur Zweig et sur les eunuques de Balasz qui, dans la Chine ancienne, drivaient déjà une économie et une société totalitaires (on ne pouvait ni marcher ni se vêtir comme on voulait, comme au temps du Covid et du changement climatique…). Voir la bureaucratie céleste, Tel, Gallimard, pp. 36-37, 73-75., où Balasz décrit des guerres d’extermination des eunuques, guerres de proportions… bibliques.
Bernanos n’aime pas qu’on le dise pessimiste (le terme est fatigant, c’est vrai) ; mais voici ce qu’il écrit sur l’optimiste :
« L’optimisme est un ersatz de l’espérance, dont la propagande officielle se réserve le monopole. Il approuve tout, il subit tout, il croit tout, c’est par excellence la vertu du contribuable. Lorsque le fisc l’a dépouillé même de sa chemise, le contribuable optimiste s’abonne à une revue nudiste et déclare qu’il se Promène ainsi par hygiène, qu’il ne s’est jamais mieux porté. »
Sur le pessimisme :
« Le mot de pessimisme n’a pas plus de sens à mes yeux que le mot d’optimisme, qu’on lui oppose généralement. »
Le problème, le vrai problème c’est la dévaluation du matériel humain ; et là Bernanos surprend avec des arguments… en or massif (Zweig en parle aussi au début de ses mémoires) :
« Les événements n’ont pas plus de volume qu’avant, ce sont les hommes qui sont dévalués. La dévaluation de l’homme est un phénomène comparable à celui de la monnaie. N’attendez pourtant pas que les dévalués conviennent de leur dévaluation! Si le billet de mille francs pouvait parler, il dirait que le bifteck est devenu aussi précieux que l’or, il n’oserait jamais avouer que c’est lui qui ne vaut plus que cent sous. Ainsi les hommes dévalués préfèrent se venger sur l’histoire de leur dévaluation. Ils sont de plus en plus enclins à nier l’histoire, à ne voir en elle que l’ensemble des fatalités historiques… »
La fin de l’étalon-or a signifié pendant la guerre la tuerie interminable : le citoyen ne valait plus rien et l’Etat pouvait imprimer et exterminer tout ce qu’il voulait.
La fin des hommes c’est la Révolution Française, et la conscription par la Convention ; et Bernanos, qui encense 89 dans la France contre les robots ensuite écrit :
« En décrétant la conscription obligatoire, la Convention nationale a trahi la civilisation et fondé le monde totalitaire. Dès qu’il suffit d’un décret pour que tous les citoyens appartiennent à l’Etat, pourquoi ne lui appartiendraient-ils pas toujours, de la naissance à la mort ? ».
L’homme moderne assisté et dissuadé (cf. mon texte sur Virilio) veut être soulagé ; comme disait le génial australien Pearson, le fardeau de sa personnalité (personne alitée…) lui pèse, et ce, cinquante ans déjà avant Beckett ou Ionesco (voir aussi Nietzsche ou Drumont qui dans ses grands moments le vaut presque) :
Le combat contre l’homme et la liberté est le même partout, derrière les slogans (« tu es à la solde de Wall Street et du mikado ! ») ; Bernanos toujours :
« Tout homme qui pense a compris que l’Amérique et la Russie s’opposent plus économiquement qu’idéologiquement, une nation de trusts est toujours menacée de devenir brusquement totalitaire. La Russie s’emploie de plus en plus à créer un type d’ouvrier à grand rendement aussi semblable que possible à l’ouvrier… »
Les extrêmes (d’ailleurs jamais si éloignés que cela, on l’a vu au moment de notre « pandémie ») ont vite fait de se rejoindre :
« Car ce monde n’est pas nouveau. Capitaliste ou marxiste, libéral ou totalitaire, il n’a cessé d’évoluer vers la centralisation et la dictature. Le régime des trusts ne saurait nullement s’opposer au collectivisme d’Etat, puisqu’il n’est qu’une phase de l’évolution que je dénonce. »
On se demande si Bernanos aurait fini libertarien (Chesterton était considéré comme un chrétien-libertarien, mais vous imaginez un parti ?) : no state, no war, no taxes, comme disent nos amis de lewrockwell.com. Trop simple ou trop évident ?
La course au gigantisme :
« Les trusts ont concentré peu à peu la richesse et la puissance autrefois réparties entre un très grand nombre d’entreprises, pour que l’Etat moderne, le moment venu, distendant sa gueule énorme, puisse tout engloutir d’un seul coup, devenant ainsi le Trust des Trusts, le Trust-Roi, le Trust-Dieu… Non, ce monde n’est pas nouveau. »
Répétons qu’on est en enfer :
« Qui peut croire ce monde digne d’amour? A quoi bon aimer ce qui s’est voué soi-même à la haine ? Dieu n’y réussit même pas, il se résigne à laisser subsister l’enfer. Le Fils de Dieu est mort et on pourrait dire que l’enfer survit au Fils de Dieu. Oh! vous pouvez parfaitement trouver scandaleux de m’entendre comparer le monde moderne à l’enfer. Mais c’est là une impression que n’ont pu manquer d’avoir les habitants de Nagasaki, à moins que le temps hélas ! ne leur ait fait défaut pour cela. »
Car le lendemain de la guerre, rebelote avec déjà le plan Monnet et les prémisses de leur Europe vendue aux trusts et aux bureaucrates (donc démocratie intouchable…) :
« La France a des raisons de ne pas s’enthousiasmer pour le plan Monnet! On lui demande de construire des machines, encore plus de machines, de se sauver par la machinerie. Elle ne croit plus à la multiplication indéfinie des machines… »
Pierre Gille (d’ailleurs écarté depuis) remarque dans son excellente préface :
« Bernanos attendait de la Libération de la France une insurrection des forces de l’esprit…Et que voit-il, ce même monde recommencé comme si rien ne s’était passé…. »
C’est qu’il a ses adeptes ce monde religieusement adoré de l’américanisme. Céline parle dans des pages immortelles des Français parfaitement enthousiastes, Bernanos des amateurs de radiations (elles les rendent radieux !) :
« Supposez que demain – puisque nous sommes dans les suppositions, restons-y – les radiations émises sur tous les points du globe par les usines de désintégration modifient assez profondément leur équilibre vital et les sécrétions de leurs glandes pour en faire des monstres, ils s’arrangeront très bien de leur condition de monstres, ils se résigneront à naître bossus, tordus, ou couverts d’un poil épais comme les cochons de Bikini, en se disant une fois de plus qu’on ne s’oppose pas au progrès. Le mot de progrès sera le dernier qui s’échappera de leurs lèvres à la minute où la planète volera en éclats dans l’espace. »
Et dans ce monde, comme au moment du refus du vaccin nocif et inutile l’homme libre sera la brebis égarée du troupeau Bergoglio et le monstre à abattre :
« La menace qui pèse sur le monde est celle d’une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, sous un nom ou sous un autre, qu’importe ! de l’homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité tout entière, et dont l’existence dans la société future serait aussi insolite que la présence actuelle d’un mammouth sur les bords du lac Léman. Ne croyez pas qu’en parlant ainsi je fasse seulement allusion au communisme. Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l’hitlérisme, que le monde moderne n’en poursuivrait pas moins son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semblent aspirer les démocraties elles-mêmes. »
En 45, Hitler a gagné la guerre (voyez l’amusant livre homonyme de Graziano). Schwab et Ursula y mettront bon ordre :
« Il est clair qu’il reste partout des foyers d’infection totalitaire dans le monde. Le totalitarisme a été battu grâce à ses propres méthodes, par des méthodes totalitaires… Les dictatures ont été les symptômes d’un mal universel, dont souffre toute l’humanité. La civilisation des machines a considérablement amoindri dans l’homme le sens de la liberté. Les disciplines imposées par la technique ont peu à peu sinon ruiné, du moins considérablement affaibli les réflexes de défense de l’individu contre la collectivité. »
On sait que tout passe par le contrôle de l’Etat, surtout aux USA, pays du simulacre libéral, et ce depuis Wilson et Roosevelt et leurs guerres totalitaires contre l’Allemagne (lisez le toujours excellent Goldberg et son essai sur le fascisme libéral) :
« La plupart des démocraties, à commencer par la nôtre, exercent une véritable dictature économique. Elles sont de véritables dictatures économiques. La dictature économique survit presque partout aux nécessités de la guerre, par lesquelles on prétendait la justifier. Il serait difficile de nier que le cadre de l’activité économique… »
Ensuite Bernanos se rapproche du banc des accusés (ben oui…) :
« On voudrait nous faire croire que l’Etat nazi fut une sorte de monstre imprévu, imprévisible, un phénomène absolument fortuit, une espèce de chose tombée de la lune. Mais cet État hitlérien ne différait pas spécifiquement de certains Etats modernes prétendus démocratiques, en voie d’évolution vers la forme totalitaire et concentrationnaire. Démocratique ou non, l’Etat moderne a économiquement tous les droits. »
Je le disais libertarien ? Voyez là :
« Lorsqu’un État prétend disposer, en certains cas, de 83 % du revenu du citoyen, contre la promesse, d’ailleurs toujours révocable, de lui garantir ce qui lui reste, on a bien le droit de se demander où s’arrêteront ses prétentions. Qui dispose des biens finit toujours par disposer un jour des personnes. »
Confiscation de l’épargne, du corps (soumis à la tyrannie vaccinale, voyez Kennedy), des maisons, de de la liberté de se déplacer, demandez le programme !
A la fin on comprend que l’Etat et les partis (presque tous libéraux ou socialos) qui le contrôlent ne rêvent que d’une chose : la grande et belle extermination du citoyen-électeur distrait.
« Et cette bureaucratie, chez les plus atteints, se décomposait elle-même jusqu’à la forme la plus dégradée de la bureaucratie, qui est la bureaucratie policière. Au terme de cette évolution, il ne subsiste de l’État qu’une police, une police pour le contrôle, surveillance, l’exploitation et l’extermination du citoyen. »
Dans ce désastre il ne faut rien attendre des chrétiens (pour ceux qui auraient encore des doutes) ; ici aussi le matériel humain a été dégradé, édulcoré ou autre :
« Des chrétiens sans cervelles, de pauvres prêtres sans conscience, épouvantés à l’idée qu’on va les traiter de réactionnaires, vous invitent à christianiser un monde qui s’organise délibérément, ouvertement, avec toutes ses ressources, pour se passer du Christ, pour instaurer une justice sans Christ, une justice sans amour, -la même au nom de laquelle l’Amour fut fouetté de verges et mis en croix. »
Pour terminer une magnifique remarque : on dégénère en s’endurcissant.
« Le drame de l’Europe, le voilà. Ce n’est pas l’esprit européen qui s’affaiblit ou s’obscurcit depuis cinquante ans et plus, c’est l’homme européen qui se dégrade, c’est l’humanité européenne qui dégénère. Elle dégénère en s’endurcissant. Elle risque de s’endurcir au point d’être capable de résister à n’importe quelle expérience des techniques d’asservissement, c’est-à-dire non pas seulement de les subir, mais de s’y conformer sans dommage. »
Allez, cessons de déprimer : le froncé considère que le danger vient de Trump...
17:08 Publié dans Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lettres, littérature, lettres françaises, littérature française, georges bernanos | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Alexandre Douguine: MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire
MAGA - MEGA - MRGA. L'écouméne chrétien tripolaire
Alexandre Douguine explore le potentiel d'une alliance tripolaire entre le MAGA, le MEGA et le MRGA pour résister au libéralisme mondialiste.
Alexandre Douguine
L'UE, dirigée par les mondialistes libéraux d'extrême gauche, est clairement hostile aux États-Unis de Trump. Mais le mouvement MEGA ("Make Europe Great Again") relève d'une tendance plus délicate. Reconnaissant envers les États-Unis pour s'être libérés de la dictature mondialiste, le mouvement MEGA ne peut pas être un simple outil obéissant aux Américains. Où est la grandeur ? Certainement pas dans la soumission totale.
MEGA ne peut donc pas être inconditionnellement pro-américain. Lorsque Steve Bannon est venu en Europe en 2017 pour tenter de soutenir le populisme de droite, il a découvert que la droite européenne (la Nouvelle Droite en premier lieu) était bien différente de ce qu'il présumait. Elle est gaulliste, sociale, anticapitaliste et anti-américaine. MEGA partage avec MAGA le rejet de DEI ("Diversity, Equity, Inclusiveness"), du wokisme, du libéralisme, du globalisme. Bien sûr, mais les valeurs traditionnelles de la vieille Europe diffèrent considérablement des valeurs traditionnelles du Nouveau Monde - initialement colonie de culture protestante anglo-saxonne, suffisamment éloignée de l'anglicanisme pour ne pas parler de la distance qui la sépare de l'Europe du Sud catholique.
L'Europe en tant que continent n'est pas une simple prolongation des États-Unis, comme pourrait le croire le MAGA. Le mondialisme libéral de gauche n'est pas la seule source d'hostilité virtuelle à l'Amérique de Trump.
Je propose une triple alliance contre le mondialisme: MAGA + MEGA + MRGA ("Make Russia Great Again", pour l'Empire russe, l'Eurasie). Ces trois univers ont des points communs et en même temps des différences. Mais il y a un ennemi commun - les mondialistes libéraux de gauche, le wokisme, le Swamp, Soros.
Les trois univers ont un ennemi intérieur - les élites libérales de gauche sont le principal obstacle pour Trump, pour le populisme européen et pour la Russie également (l'héritage d'Eltsine). Il est facile de prévoir quelle stratégie ces élites adopteront.
Les élites libérales aux États-Unis, en Europe et en Russie essaieront d'opposer les États-Unis à l'Europe et à la Russie, l'Europe aux États-Unis et à la Russie. La Russie à MAGA et MEGA. Elles joueront sur les différences et les gestes impérialistes maladroits de chaque pôle, inévitables avec la montée du patriotisme post-libéral.
Les États-Unis, l'Europe et la Russie ne sont pas des ennemis absolus les uns des autres. L'élite mondialiste libérale de gauche est l'ennemie absolue des États-Unis, de l'Europe et de la Russie. Et cette élite libérale mondialiste tente d'opposer chacun d'entre nous à l'autre en travaillant de l'intérieur. Divide et impera.
MAGA - MEGA - MRGA. Ecoumène tripolaire chrétien.
Ni unis, ni hostiles, ni divisés. Coexistence dynamique.
16:28 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : actualité, alexandre douguine, maga, mega, mrga | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
dimanche, 26 janvier 2025
Le "deep state" européen
Le "deep state" européen
par Enrico Tomaselli
Source : Giubbe rosse & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-deep-state-eur...
On a beaucoup dit et écrit à propos du deep state américain – et, inévitablement, on en a dit tout et son contraire, au point de perdre complètement de vue ce qu’il est réellement –, mais on n’a jamais parlé d’un deep state européen. Pourtant, il existe, et il devient de plus en plus visible. Il y a bien sûr une différence fondamentale avec celui des États-Unis, qui représente un ensemble composite, certes, mais néanmoins focalisé sur le maintien de l’hégémonie américaine sur le monde, tandis que celui de l’Europe est avant tout centré sur la préservation de lui-même et de son propre pouvoir.
Ce deep state européen est essentiellement composé de politiciens, de bureaucrates, de grands commis et de lobbyistes, en connexion croissante avec des militaires du commandement de l’OTAN. Il constitue de fait une sorte de franc-maçonnerie européenne, fortement engagée dans la promotion et la défense de ses membres, mais surtout dans l’exercice d’un pouvoir supranational de plus en plus envahissant – et de plus en plus antidémocratique.
Ce deep state s’est formé principalement au cours des 10 à 15 dernières années et a progressivement dépouillé les divers gouvernements nationaux – les seuls à disposer d’une quelconque légitimité démocratique – de tout pouvoir réel. La Commission européenne s’est de plus en plus caractérisée comme une toute autre "commission" : une véritable coupole de super-pouvoir dépourvue de toute légitimité démocratique.
De manière de plus en plus évidente, des figures occupant des rôles essentiellement représentatifs (président de la Commission européenne, secrétaire général de l’OTAN) ont commencé à agir et à se présenter comme des autorités suprêmes au pouvoir, non soumises à un quelconque contrôle de la part des pays qu’elles sont censées représenter – et qui, de toute façon, ayant progressivement renoncé à tout pouvoir effectif, continuent largement à ne pas s’y opposer, renforçant ainsi le rôle (abusif) de cette coupole.
Cette prise de pouvoir insidieuse s’est réalisée grâce à un parfait alignement avec le bloc de pouvoir dominant aux États-Unis – à savoir l’alliance entre les démocrates et les néoconservateurs – dans l’ombre duquel le deep state européen a prospéré. En d’autres termes, il s’est fait l’instrument docile de la faction dominante du deep state américain, trouvant dans cette soumission docile la garantie de son propre pouvoir sur le continent.
Inévitablement, donc, le changement des équilibres au sein du deep state américain provoque un bouleversement imprévu, et les membres du deep state européen ne savent plus très bien comment se positionner, indécis entre la subalternité historique à l’empire d’outre-Atlantique et la cohérence avec les axes politico-stratégiques auxquels ils se sont longtemps subordonnés.
L’émergence de la vérité brute sur la nature de la relation entre l’empire et ses pays vassaux – avec le désintérêt, voire le mépris, de la nouvelle administration américaine ouvertement affichés – s’ajoute à la prise de conscience qu’une période de marginalisation accrue, mais aussi de plus grande soumission, s’ouvre devant eux. Cela ébranle la coupole du pouvoir européen. La perspective d’une guerre aux portes orientales du continent, et surtout la crainte de devoir y faire face seuls, désoriente les membres du deep state européen, qui cherchent désormais, de manière confuse, à trouver un nouveau point d’équilibre, essentiellement pour préserver leur jardin.
Alors que l’axe géopolitique mondial se déplace inéluctablement vers l’Asie et que les structures de pouvoir européennes vacillent, les élites qui dirigent le continent depuis plusieurs décennies se referment sur elles-mêmes. La restriction des espaces de liberté et de démocratie – déjà largement amorcée pendant la pandémie, puis fortement relancée avec la guerre en Ukraine – devient de plus en plus une obsession dominante.
Pour l’instant, l’absence de forces véritablement antisystème (on ne voit que des mouvements d’opposition partielle) menace tout au plus le personnel politique de haut niveau, mais pas le système en lui-même.
Tristement, la seule perspective visible qui pourrait remettre en question cet état de choses serait une défaite dans la guerre, spectaculaire – et douloureuse.
23:55 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : deep state, actualité, europe, affaires européennes, eurocratie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Identité politico-civilisationnelle et période axiale chez l'égyptologue et philosophe allemand Jan Assmann
Identité politico-civilisationnelle et période axiale chez l'égyptologue et philosophe allemand Jan Assmann
NdlR: Soucieux d'approfondir les thèses énoncées par Jan Assmann, nous présentons ici un résumé succinct des deux thèmes majeurs de sa pensée, en attendant de nous immerger plus complètement dans les méandres de celle-ci. Aborder la notion de "période axiale" implique de se rappeler des thèses de Karl Jaspers et de Karen Armstrong. Les réponses ci-dessous sont "neutres" et ne révèlent pas notre approche critique de cette notion qui interpelle directement notre vision de l'histoire, Armin Mohler et Giorgio Locchi nous ayant légué également une interprétation rupturaliste de la notion de "période axiale".
Le philosophe allemand contemporain Jan Assmann a écrit des pages d'une grande profondeur sur "l'écriture, la mémoire et l'identité politique dans les hautes cultures de l'antiquité". De même, il a consacré un ouvrage à la "période axiale" de l'histoire, thème qu'avait inauguré le philosophe protestant Karl Jaspers. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste sa vision de l'identité politique des hautes civilisations de jadis et en quoi consiste son approche des "périodes axiales de l'histoire, et, accessoirement, quelle est la différence entre son approche et celle de Karl Jaspers?
1) La vision de Jan Assmann sur l'identité politique des hautes civilisations
Jan Assmann, égyptologue et spécialiste de la mémoire culturelle, explore comment les civilisations antiques ont construit leur identité politique autour de pratiques mémorielles, d'institutions religieuses et de formes spécifiques d'écriture. Sa réflexion repose sur plusieurs idées centrales :
L’écriture et la mémoire culturelle
Assmann distingue la mémoire culturelle de la mémoire communicative.
La mémoire culturelle est le socle d’une identité collective, transmise sur plusieurs générations, souvent à travers des supports écrits, des mythes, des rituels et des monuments.
Les civilisations antiques, comme l'Égypte, ont utilisé l’écriture pour archiver leurs lois, rituels religieux et récits fondateurs, qui servaient à structurer et légitimer leur identité politique et culturelle.
L’écriture permet ainsi de figer le temps et de relier les générations présentes aux mythes fondateurs, en construisant une continuité historique et une légitimité politique.
Identité politique et théologie
Assmann souligne que, dans les hautes cultures, l'identité politique est souvent enracinée dans une conception théologique du pouvoir. Par exemple, en Égypte ancienne, le pharaon n’est pas simplement un dirigeant politique, mais l’intermédiaire entre les dieux et les hommes. Cette fusion du pouvoir divin et politique est un trait clé des premières civilisations complexes.
Il introduit également le concept de "distinction mosaïque", en opposition au polythéisme, pour analyser l’émergence du monothéisme (notamment dans le judaïsme) et son rôle dans la formation d’identités politiques exclusives, fondées sur des frontières entre le "vrai" et le "faux" dieu.
Le rôle des récits fondateurs
Les mythes, lois et rituels ne sont pas de simples traditions, mais des outils politiques puissants pour consolider le pouvoir, maintenir l’ordre social et justifier les institutions.
2) La "période axiale" chez Jan Assmann et Karl Jaspers
Le concept de "période axiale" selon Karl Jaspers
Karl Jaspers, philosophe protestant, a introduit le concept de période axiale dans son ouvrage Vom Ursprung und Ziel der Geschichte (1949). Il identifie une période historique charnière, située entre 800 et 200 avant notre ère, où plusieurs civilisations à travers le monde ont simultanément connu des révolutions spirituelles et intellectuelles majeures.
Cette période voit l'émergence de grandes figures fondatrices comme Confucius, Bouddha, Socrate, les prophètes hébraïques, et des textes fondamentaux tels que les Upanishads ou les dialogues platoniciens.
Pour Jaspers, cette période marque un tournant où l’humanité prend conscience de la transcendance, de l’individu et de l’éthique universelle.
La relecture de la période axiale par Jan Assmann
Jan Assmann reprend le concept, mais il y apporte une approche anthropologique et culturelle :
Il insiste sur le rôle des pratiques mémorielles et des textes écrits dans la transmission des idées de la période axiale. Selon lui, cette période est également marquée par une transition vers des formes d'identités collectives basées sur des textes fondateurs et des traditions mémorisées (ex. la Torah dans le judaïsme ou les Védas dans l’hindouisme).
Contrairement à Jaspers, qui met l’accent sur une évolution presque spirituelle et universelle de l’humanité, Assmann analyse les spécificités culturelles et historiques de chaque civilisation. Il soutient que les changements de la période axiale ne sont pas universels, mais fortement dépendants des contextes sociaux, politiques et religieux locaux.
Différences entre Jaspers et Assmann
Approche universaliste vs particulariste :
Jaspers interprète la période axiale comme une évolution collective et presque simultanée de l’esprit humain vers des valeurs transcendantales.
Assmann, au contraire, insiste sur le rôle des systèmes de transmission culturelle et les diversités de chaque culture.
Centralité des textes et de la mémoire :
Jaspers met en avant les idées philosophiques et spirituelles universelles, tandis qu’Assmann insiste sur le rôle des textes écrits et des institutions mémorielles dans la formation des identités politiques et religieuses.
Émergence du monothéisme :
Assmann explore davantage les implications de la période axiale pour l'émergence du monothéisme, qu’il considère comme une révolution culturelle ayant des conséquences profondes sur les identités collectives.
3) En résumé
Jan Assmann apporte une profondeur anthropologique au concept de Jaspers, en examinant comment les textes, les pratiques mémorielles et les institutions ont contribué à structurer les identités politiques et religieuses des hautes civilisations. Là où Jaspers voit une évolution universelle de l'esprit humain, Assmann met en lumière la diversité des réponses culturelles et historiques, tout en montrant comment elles ont influencé la mémoire collective et l’organisation sociale.
Et quel est le rapport entre ces deux philosophes allemands, qui ont planché sur la notion de "période axiale" et les travaux de Karen Armstrong dans l'anglosphère qui, elle aussi, réanime cette thématique philosophique qui avait été quelque peu oubliée?
Karen Armstrong, dans l’anglosphère, reprend et développe le concept de "période axiale" introduit par Karl Jaspers, en y apportant une perspective qui dialogue indirectement avec les travaux de Jan Assmann et enrichit l'approche en l'adaptant à des préoccupations contemporaines. Voici les liens et divergences entre ces trois penseurs :
1) Karl Jaspers et la conceptualisation initiale
Jaspers introduit l’idée d’une période axiale comme une époque historique entre 800 et 200 avant notre ère où les grandes civilisations du monde (Inde, Chine, Proche-Orient, Grèce) ont connu des transformations spirituelles et intellectuelles fondamentales.
Pour lui, cette époque marque la naissance des grands cadres de pensée universelle, comme la quête de transcendance, la réflexion éthique, et l’idée de l’individu en tant qu’agent moral.
Cette vision universaliste a marqué la réflexion philosophique et reste un socle théorique pour les travaux ultérieurs.
2) Jan Assmann et l’approche anthropologique
Assmann reprend l’idée de Jaspers, mais en s'intéressant aux mécanismes culturels qui ont permis la transmission des idées axiales.
Il met un accent particulier sur la mémoire culturelle et les textes fondateurs comme outils de transmission et de structuration des sociétés. Il explore notamment le rôle du monothéisme, qui émerge dans cette période, et ses implications sur l’identité collective et politique.
Là où Jaspers voyait une évolution presque simultanée et universelle de l’humanité, Assmann insiste sur les variations culturelles et les contextes historiques spécifiques des transformations de cette période.
3) Karen Armstrong et la réhabilitation de la période axiale
Dans son ouvrage The Great Transformation (2006), Karen Armstrong revisite le concept de période axiale avec un objectif clair: démontrer la pertinence contemporaine de cette époque fondatrice pour répondre aux crises éthiques, spirituelles et politiques actuelles.
Elle met en avant une lecture plus théologique et humaniste des figures et courants de cette période (Bouddha, Confucius, Socrate, les prophètes hébreux, etc.), en insistant sur leur quête commune: résoudre la souffrance humaine et instaurer une éthique universelle basée sur la compassion et la justice.
Elle partage avec Jaspers l’idée que ces transformations ont eu lieu simultanément dans des régions éloignées, mais elle souligne également leur intemporalité, en montrant comment elles peuvent inspirer le monde contemporain.
4) Points de convergence entre Armstrong, Jaspers et Assmann
Une humanité en quête de transcendance et d'éthique :
Tous trois voient la période axiale comme une étape cruciale où l’humanité a développé des outils pour penser la condition humaine, la souffrance et le sens de l’existence.
Importance des figures fondatrices :
Jaspers met l’accent sur les grands penseurs, Assmann sur leurs textes et contextes, tandis qu’Armstrong explore leur message moral et spirituel.
Relecture de cette période pour le présent :
Armstrong, comme Assmann, fait un lien explicite entre les enseignements de cette époque et les défis contemporains, qu’il s’agisse de violence religieuse, de crise de sens ou de conflits identitaires.
5) Différences entre Armstrong et les philosophes allemands
Avec Jaspers :
Armstrong dépasse la vision purement philosophique ou métaphysique de Jaspers en mettant l’accent sur les dynamiques sociales et pratiques des religions de la période axiale. Elle insiste notamment sur leur rôle dans la création d’une éthique universelle fondée sur la compassion, une dimension que Jaspers aborde moins directement.
Avec Assmann :
Là où Assmann explore la période axiale à travers le prisme de la mémoire culturelle et des textes, Armstrong adopte une approche plus narrative et accessible, centrée sur les enseignements moraux des grandes figures axiales.
Armstrong insiste davantage sur les éléments de continuité spirituelle entre cette période et les enjeux actuels. Assmann, pour sa part, est plus attentif aux ruptures qu’elle introduit, notamment avec la "distinction mosaïque" et les tensions qu’elle crée dans les conceptions religieuses.
6) Une synthèse des trois approches
Karen Armstrong peut être vue comme un pont entre les travaux de Jaspers et Assmann :
Elle partage avec Jaspers une fascination pour les révolutions spirituelles universelles et leurs implications philosophiques.
Elle s’aligne avec Assmann dans son intérêt pour les contextes historiques et culturels spécifiques, mais sans adopter son analyse érudite des textes ou son insistance sur les institutions mémorielles.
Sa vision, plus pratique et centrée sur l’éthique contemporaine, cherche à rendre la période axiale pertinente pour un large public, en tant qu’inspiration pour résoudre les crises modernes.
Conclusion
Les trois auteurs enrichissent le concept de période axiale de manières complémentaires : Jaspers offre une vision philosophique et universaliste, Assmann une lecture anthropologique et contextuelle, tandis qu’Armstrong donne une interprétation théologique et humaniste, axée sur les enjeux contemporains. Ensemble, leurs approches forment une constellation d’idées qui approfondissent notre compréhension de cette période fondamentale de l’histoire humaine.
21:13 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, jan assmann, karl jaspers, karen armstrong, période axiale de l'histoire | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Manigances post-démocratiques aux USA
Manigances post-démocratiques aux USA
par Georges Feltin-Tracol
La momie de la Maison Blanche, Joe Biden, a prononcé dans la soirée du 15 janvier 2025 son ultime allocution télévisée. Au cours de cette intervention pathétique, il a dénoncé l’avènement d’une oligarchie. Il visait les soutiens de Donald Trump originaires de la Silicon Valley, en particulier Elon Musk et Peter Thiel.
En bon pantin de l’État profond yankee, Biden pratique l’inversion accusatoire. Son parti est depuis des décennies la marionnette de l’hyper-classe cosmopolite qui met en coupe réglée les États industriels de la planète. Son attaque insidieuse signale que la ploutocratie mondialiste à la tête de l’Occident global commence à s’inquiéter pour son avenir.
Le samedi 18 janvier, des anti-Trump manifestaient dans diverses villes contre l’investiture du 47e président des États-Unis. On lisait sur leurs banderoles: « Nous sommes le peuple ». Quelle prétention ! Ces manifestants ont perdu dans les urnes avec un écart de deux millions et demi de voix et ils persistent à croire qu’un nouveau Duce s’apprête à bâillonner la statue de la Liberté. Cette expression politique représente un autre symptôme de la post-démocratie dans l’Occident terminal.
En effet, la fin de l’année 2024 a connu de graves événements guère commentés par les officines médiatiques de grand chemin. Le 6 décembre, la Cour constitutionnelle roumaine fomentait un coup d’État en invalidant le premier tour de l’élection présidentielle deux jours avant le second tour et en annulant l’ensemble du scrutin. Tous nommés en alternance par les deux formations naguère hégémoniques du paysage politique roumain, les sociaux-démocrates et les nationaux-libéraux, les membres de cette instance justifient leur décision inouïe par la publication de rapports issus des services de renseignement de Bucarest, documents déclassifiés et autorisés par le président de la République, Klaus Iohannis alias la madone des aéroports internationaux.
Tout au long de ses deux mandats consécutifs de cinq ans, Iohannis a parcouru tous les continents aux frais des contribuables roumains. Populaire en 2014, il aurait dû quitter ses fonctions sous une impopularité record. Il renomme à la charge de premier ministre le social-démocrate Marcel Ciolacu pourtant arrivé troisième à la présidentielle avortée. Le succès inattendu d’une personnalité trouble, Calin Georgescu, ancien haut-fonctionnaire à l’ONU (22,94%), s’accompagne, le 1er décembre suivant, d’une forte poussée nationale-populiste aux élections législatives (31,88 % pour l’AUR – Alliance pour l’union des Roumains -, SOS Roumanie et le Parti de la Jeunesse). Marcel Ciolacu dirige maintenant une coalition gouvernementale pro-européenne et pro-atlantiste avec les sociaux-démocrates, les nationaux-libéraux et les représentants de la minorité hongroise.
Le 12 janvier dernier, des milliers de personnes ont manifesté à Bucarest contre l’interruption du processus électoral présidentiel, la formation d’un gouvernement de vaincus et le maintien en place d’un chef de l’État illégitime. Il faut craindre que ces gigantesques démonstrations de force ne servent à rien. Il devient même plausible que Calin Georgescu ne puisse pas poser sa candidature pour les 4 et 18 mai prochains. Les autorités l’accusent de s’être servi des réseaux sociaux financés par la Russie. Or les dernières enquêtes démontrent au contraire l’intervention massive et discrète des nationaux-libéraux sur Internet dans les derniers jours de la campagne afin de contrecarrer le candidat national-conservateur George Simion. Mais Georgescu ne s’est-il pas inspiré de la campagne victorieuse de Barack Obama en 2008 ?
Depuis la pseudo-révolution de Noël 1989 marquée par la première grande opération de désinformation sur les charniers de Timisoara, la structure politique roumaine procède d’un puissant État profond. D’abord d’émanation gorbatchévienne, il s’est vite tourné vers l’atlantisme, l’occidentalisme et le financiarisme. Aujourd’hui encore, bien des politiciens roumains sont des pions de l’Occident globalitaire.
L’annulation de l’élection présidentielle roumaine indispose le premier ministre slovaque Robert Fico. Il n’oublie pas les réactions faibles et timorées des soi-disant démocraties de l’Ouest quand un illuminé, poète raté, lui tira dessus, le 15 mai 2024 à Handlova. Par chance, Robert Fico échappa à la mort malgré de graves blessures. Cet attentat concluait des semaines de campagne de presse violente orchestrée par des journaux, des radios et des télévisions inféodés au parti de la guerre contre la Russie. Bien sûr, si le déplorable Keir Starmer, premier ministre britannique de son état, avait reçu le moindre postillon de la part d’un fan d’Elon Musk, ce dernier aurait subi une tempête d’accusations maximales !
Les manigances post-démocratiques frappent un autre État européen au cœur du Caucase: la Géorgie. On assiste aux législatives du 26 octobre 2024 au triomphe du parti gouvernemental, Le Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili (53,93%). L’opposition pro-OTAN n’accepte pas sa défaite cuisante. Elle accuse la majorité de manipulations électorales, de corruption des électeurs et de trucages dans les urnes. Elle organise une révolution de couleur. Trump et Le Rêve géorgien gagnent les élections en 2016 et en 2024 grâce aux tricheries nombreuses et à l’ingérence numérique de Moscou selon cette opposition. En revanche, Joe Biden en 2020 et même Emmanuel Macron en 2017 accèdent à la présidence par le choix éclairé des électeurs hors de toute fraude ou de tout coup fourré médiatico-judiciaire. L’Occident global donne l’impression d’être très mauvais perdant. Du côté pile d’une pièce de monnaie, il gagne et, du côté face, son adversaire perd !
Dès le soir de l’élection parlementaire, des opposants protestaient à Tbilissi avec l’appui remarquée de la présidente de la République en fin de mandat, l’ancienne diplomate française Salomé Zourabichvili (photo). Les psychiatres locaux devraient ausculter ces Géorgiens qui brandissent le drapeau de l’Union dite européenne. Il est rare d’observer des personnes prêtes à rejoindre un bagne à ciel ouvert et une prospérité économique illusoire qui masque l’endettement, la spéculation et le wokisme. Certes, la constitution géorgienne mentionne une obligation à moyen terme d’adhésion à l’OTAN et à l’UE. Mais le premier ministre géorgien ré-investi, Irakli Kobakhidze, ne goûte guère les mises en garde péremptoires et les sanctions économiques de la mafia de Bruxelles, d’où la suspension des négociations d’adhésion avec l’UE.
Le 14 décembre, le Parlement géorgien a élu un nouveau chef d’État, le premier au suffrage universel indirect, suite à une révision constitutionnelle adoptée en 2017. Le collège électoral compte 150 députés et 150 élus délégués des conseils municipaux et régionaux. Le nouveau président, Mikheïl Kavelachvili, est un ancien footballeur professionnel, d’abord passé au Rêve géorgien avant de fonder le mouvement Le Pouvoir au peuple. Cette élection a suscité un déluge de commentaires désagréables, expression d’un indéniable mépris de classe. Les manifestants conspuent Mikheïl Kavelachvili qui, faute de diplôme universitaire et incapable de parler l’anglais, n’aurait pas le niveau pour assumer sa charge. C’est du racisme de classe. Paris les encourage et oublie qu’en 1998, lors de la victoire douteuse des Français à la Coupe du monde de football, des milliers d’imbéciles beuglaient sur les Champs Élysées « Zidane président ! »…
Salomé Zourabichvili prétend toujours être la seule présidente légitime. Elle a néanmoins eu la bienséance de libérer le palais présidentiel avant l’arrivée de son successeur, connu pour son franc-parler. Soutenue par le complexe occidental euratlantique, l’opposition aurait aimé renverser le gouvernement en place. Fort heureusement, la Géorgie possède d’excellents kinés de rue, de brillants ostéopathes casqués et d’exceptionnels masseurs en plein air. Sous le label générique de forces de police, ces spécialistes des chocs musculaires et osseux ont su avec dextérité, sang-froid et professionnalisme favoriser la circulation sanguine, l’assouplissement des articulations et la résistance du corps et du crâne de leurs compatriotes hypnotisés par l’eurofolie collective.
Tout en s’occupant des affaires intérieures roumaines et géorgiennes, le marécage politico-médiatique occidental s’indigne des supposées ingérences d’Elon Musk au Royaume Uni et en Allemagne. L’hypocrisie est totale. Les dernières semaines indiquent donc un moment où l’élection reste le prétexte futile pour travestir et détourner les justes aspirations populaires de changement radical. Jusqu’à quand cette mascarade institutionnelle va-t-elle durer ?
GF-T
- « Vigie d’un monde en ébullition », n° 140, mise en ligne le 21 janvier 2025 sur Radio Méridien Zéro.
20:35 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actuélité, états-unis, roumanie, géorgie, europe, affaires européennes, caucase, politique internationale | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le Progrès, une idée de paresseux (Baudelaire)
Le Progrès, une idée de paresseux (Baudelaire)
par Claude Bourrinet
L’idée que l’homme puisse être perfectible est, du point de vue chrétien, une hérésie. Si l’on accepte le postulat biblique du Péché originel, il n’est pas envisageable qu’il existe un quelconque progrès véritable. L’art de la table est susceptible de jouir d’améliorations succulentes, l’électricité a pu être appliquée à des machines, et aboutir à voiler les étoiles du ciel, les armes devenir plus performantes et témoigner du génie humain, les transports voués à la vélocité la plus vertigineuse, de façon que l’on se rend plus vite à son poste d’ennui, les divertissements démultipliés et à la portée de toutes les consciences, de tous les rêves, et la société arrimée au port démocratique, si bien que l’on rend grâce aux urnes d’être arrivé à bon port, la clé du bonheur ayant enfin été trouvée, il n’en demeure pas moins que, égrugée la mince pellicule de civilité laborieusement enduite sur la peau du citoyen satisfait, se découvre encore la chair du Vieil homme éternel.
Il n’y a guère de différence entre un Tatar de la Volga, brave guerrier de l’empire Mongol, et un client bedonnant de McDo, excepté que le premier aura été plus leste pour sauter à cheval. Mais la même soif de sang gît au fond de leurs cœur. Et il en est ainsi pour tous les hommes du présent, du passé, et de l’avenir. Seule l’occasion diffère, pour manifester sa puissance de haine, et son talent de tuer.
Le monde moderne est donc, depuis plusieurs siècles, fondé sur un sophisme. Et, en passant, l'Eglise moderne s'adonne au pélagianisme. La prétention des adeptes du progrès à avoir rendu l’homme meilleur, je ne dis pas seulement moralement, mais aussi dans son aspiration à la beauté, est une escroquerie, qui ne rencontre de succès que grâce à la fatuité de ceux qui entendent ce discours, et qui s'estimeront toujours supérieur à Marc-Aurèle, qui ne connaissait pas le rasoir électrique. En vérité, si, du point de vue de la morale, toutes choses étant égales par ailleurs, un Français du XXIe siècle est aussi vicieux qu’un Hellène du Ve siècle av. J.C., il n’est pas certain que sa capacité à exister sous le soleil soit plus intense.
Au contraire. A ce niveau-là, nous avons régressé. L’homme rapetisse. Il aura bientôt atteint la taille du nain. Le monde est devenu une foire à la monstruosité la plus répugnante, parce que le crime, universel, se pare sans vergogne des oripeaux du Bien. Jadis, quand on trucidait son prochain selon la loi de la nature, on avait le meurtre franc et pour tout dire, honnête. Maintenant, il faut tortiller du croupion sur la chaise d’un Conseil de sécurité quelconque, pour débarrasser la terre de millions de coquins qui la polluaient.
20:07 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : progrès, philosophie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Explosions du Nouvel An - Jeux de guerre et excitation cryptographique
Explosions du Nouvel An - Jeux de guerre et excitation cryptographique
Markku Siira
Source: https://markkusiira.com/2025/01/09/uuden-vuoden-rajahdyks...
« Si vous vous sentez inutile, rappelez-vous qu'il a fallu vingt ans, des milliers de milliards de dollars et quatre présidents américains pour remplacer les talibans par des talibans », commente le politologue et historien Norman Finkelstein à propos des erreurs de la politique étrangère et de sécurité américaine en Afghanistan.
Pour Fabio Vighi, ces actions n'ont pas été vaines pour les États-Unis et leurs sbires. « Les décennies consacrées à la destruction de pays comme l'Afghanistan et l'Irak et au massacre de leurs populations ont été très rentables pour les grandes institutions financières et le complexe militaro-industriel », corrige-t-il.
Plus important encore, elles ont fourni « un levier géopolitique-idéologique crucial pour retarder l'effondrement imminent d'un système qui a subi sa première convulsion majeure avec la crise financière de 2007-2008 ».
« En fin de compte, l'impulsion décisive derrière ces offensives militaires passées et, maintenant, les guerres par procuration en Ukraine, à Gaza et en Syrie est enracinée dans la peur et le déni - un refus de faire face à l'obsolescence d'un capitalisme simulé, hyperfinanciarisé et fondé sur l'endettement », explique M. Vighi pour éclairer l'interaction entre les opérations militaires et les transferts économiques.
Que nous réserve l'horizon 2025 ? Pour Fabio Vighi, il est « difficile d'imaginer une issue à la situation de manipulation intense dans tous les domaines, des données économiques aux opérations sous fausse bannière ». Chaque « événement » est désormais encadré par la logique d'exploitation du « capitalisme de crise », qui reste obstinément dépendant de la « création de crédit pour gonfler les bulles financières ».
« En conséquence, l'horizon de notre monde se replie sur lui-même. La boucle de rétroaction de la dette, de la finance, de la frénésie impérialiste résiduelle, de la récession économique et du contrôle idéologique des perceptions se poursuivra pendant des années encore, obscurcissant notre jugement critique et affaiblissant notre imagination », conclut l'universitaire italien.
Incapable de faire face à sa maladie, l'Occident en phase terminale ne cessera de déverser sa fureur sur tous ses "bons ennemis" pour s'en servir comme levier géopolitique. Cette stratégie ne tente même plus de se déguiser en agence d'exportation de la démocratie ou en défense des droits de l'homme. La violence se révèle désormais comme « la sauvagerie débridée d'une civilisation agressive qui refuse de reconnaître sa dégénérescence et ses limites ».
La question, selon Vighi, n'est pas de savoir « s'il y aura une nouvelle urgence mondiale, mais à quel moment elle se produira ». D'un point de vue géopolitique, l'Iran - un pays déjà aux prises avec une forte inflation, des pénuries d'énergie et un chômage croissant - est un candidat évident pour la prochaine cible.
« Le démantèlement de la République islamique d'Iran, tout comme le démembrement en cours de la Syrie, semble être un objectif aussi urgent que l'était le démantèlement de l'Irak dans le passé », ajoute Vighi avec emphase, en rappelant la liste des États à démanteler, dressée par les États-Unis après le 11 septembre.
Une fois de plus, la pression de la guerre est « un mécanisme de défense intrinsèquement psychotique contre l'introspection systémique ». Elle protège l'Occident contre « l'effondrement de son mode de renouvellement socio-économique surfinanciarisé et surendetté, qui est devenu stérile, dysfonctionnel et socialement destructeur ».
Attiser les flammes du chaos aux confins de l'empire nécessite, entre autres, « le maintien de l'entité sioniste ». À cet égard, Donald Trump, de concert avec Israël, a un rôle crucial à jouer pour accroître la pression sur Téhéran. Une attaque contre l'Iran pourrait retarder le processus de dédollarisation et créer en même temps une crise économique mondiale, qui donnerait un prolongement à la politique actuelle des banques centrales.
Il existe une relation très étroite entre l'élite économique et la guerre. La structure du pouvoir occidental est également caractérisée par un obscur système de portes tournantes: les mêmes technocrates inefficaces et souvent discrédités tournent dans différentes institutions.
Maintenant que l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a pris la présidence du groupe Bilderberg, l'oligarchie qui se cache derrière la société secrète économico-politique s'apprête-t-elle à privilégier les interventions militaires pour renforcer sa fiction financière ? Les hommes d'argent qui détiennent l'industrie de l'armement peuvent espérer un retour important sur les investissements militaires et de défense.
Vighi souligne qu'au-delà du lobbying véreux qui ressort des réunions des Bilderberg, les conflits géopolitiques doivent également être considérés comme « le revers de la médaille des marchés financiers surgonflés par des escroqueries boursières comme celle de Tesla, provoquée par l'une des plus grandes bulles spéculatives de l'histoire du monde ». Les entreprises technologiques surévaluées engrangent des profits insensés tout en favorisant l'automatisation et la hausse du chômage.
« Lorsque les nations encourent des coûts qui dépassent leurs moyens financiers, déclencher de nouvelles guerres devient le moyen le plus rapide de produire de nouvelles monnaies qui n'ont aucune valeur intrinsèque, mais qui ne font que prolonger la douleur et obscurcir l'issue inévitable », explique Vighi.
Si les visions de nombreux techno-moguls ressemblent à une dystopie scientifique, la réalité est que nous vivons déjà dans « le Far West numérique, où le capitalisme de casino surfe actuellement sur la vague de la crypto-tempête ». Pour preuve, la crypto-monnaie humoristique Fartcoin a atteint une valeur de marché explosive de 1,5 milliard de dollars quelques mois seulement après son lancement.
Les jeunes investisseurs en crypto-monnaies jouent avec des obligations de pacotille pour devenir millionnaires. Cependant, les nouvelles financières ne révèlent pas que « la volonté actuelle de rendre les crypto-monnaies courantes, associée à la déréglementation des marchés financiers, contribue à un changement à l'échelle du système vers un panopticon mondial pour toute la tokenisation » (1 - ndt).
Alors que nous approchons d'un tournant critique dans un piège de la dette potentiellement cataclysmique, il semble approprié de nourrir le public de réalités alternatives, de l'incitation à « devenir un roi de la crypto » à la nouvelle montée prévisible du « terrorisme islamique » (comme l'ont montré les événements du jour de l'an à la Nouvelle-Orléans et à Las Vegas).
Vighi estime que le système a besoin d'un « nouveau sauvetage d'urgence ». La prochaine crise « imprévue » obligera la Fed et ses alliés à augmenter la masse monétaire en raison d'un obstacle insurmontable. Et bien qu'il y ait toujours de la place pour l'entropie et l'imprévisibilité systémiques, il est raisonnable de supposer que ceux qui sont assis au sommet, le plus près de la presse à billets, éviteront la plupart des conséquences désagréables, les citoyens ordinaires payant une fois de plus la facture finale.
La société du travail, qui fournissait une valeur socio-économique par le biais de l'emploi, s'évapore à présent dans une « société de la jungle » atomisée où les distinctions de classe traditionnelles n'ont plus cours et où « les critiques de gauche de l'économie politique se sont dissoutes dans un culturalisme insidieux », rappelle avec insistance le professeur Vighi dans son livre Critical Theory.
Les conflits sociaux ont été reconditionnés par les médias appartenant aux entreprises pour façonner les perceptions des masses, et le pouvoir ne peut plus être associé uniquement à « la classe capitaliste qui possède les moyens de production », mais plutôt à « l'élite qui contrôle les flux d'argent, les urgences de la guerre, les opérations psychologiques de type coro na et la vie, plus ou moins directement, de populations de plus en plus jetables ».
Nous avons atteint « un nouveau niveau de misanthropie capitaliste où le travail a été invalidé en tant que médiateur social, tout en étant soumis à une exploitation et à une manipulation sans précédent ». « Soit nous trouvons les moyens de résister à cette tendance destructrice, soit elle nous écrasera », affirme Vighi, qui, comme de nombreux théoriciens, ne propose pas de moyens concrets pour remédier à la situation.
Note:
(1) Voici ce que répond l'IA à la question qui lui demande de définir la "tokenisation"? Nous ne partageons pas son optimisme quant à cette nouvelle "technique de financiarisation":
En économie, le terme tokenisation désigne le processus consistant à convertir un actif ou un droit en un token numérique. Ces tokens sont souvent émis sur une blockchain, ce qui permet de les échanger ou de les transférer de manière sécurisée, transparente et décentralisée. Voici une explication détaillée :
1. Principe de base de la tokenisation
La tokenisation implique de diviser un actif en unités numériques (tokens), qui représentent chacun une fraction ou un droit associé à cet actif. Ces tokens peuvent ensuite être achetés, vendus ou échangés.
Par exemple :
- Un immeuble peut être tokenisé : chaque token représente une part de propriété de cet immeuble.
- Une œuvre d'art peut être divisée en tokens, permettant à plusieurs personnes de posséder une fraction de l'œuvre.
- Les droits sur un flux de revenus (comme des redevances) peuvent également être tokenisés.
2. Pourquoi la tokenisation est-elle pertinente en économie ?
Accessibilité accrue :
La tokenisation permet à des actifs, souvent réservés à des investisseurs fortunés (immobilier, œuvres d'art, etc.), de devenir accessibles à un plus grand nombre de personnes grâce à une fractionnalisation. Par exemple, au lieu d'acheter un immeuble entier, un individu peut acheter un ou plusieurs tokens représentant une part de cet actif.
Liquidité accrue :
Les tokens peuvent être échangés rapidement sur des marchés numériques, augmentant ainsi la liquidité des actifs traditionnellement illiquides (comme l'immobilier ou les objets de collection).
Réduction des intermédiaires :
Grâce à la blockchain, il est possible de réduire les coûts et la complexité associés aux transactions traditionnelles (comme les frais notariés ou les coûts de gestion).
Transparence et sécurité :
Les transactions sont enregistrées sur une blockchain, offrant une traçabilité complète et une protection contre la fraude.
3. Exemples d'applications concrètes
- Immobilier : Une entreprise peut tokeniser un immeuble de bureaux. Chaque token donne à son détenteur une part de propriété et, potentiellement, un droit aux revenus locatifs.
- Financement participatif : Les start-ups peuvent lever des fonds via des tokens, où chaque token représente un droit de propriété ou de vote.
- Marchés financiers : Des actions, obligations ou autres produits financiers peuvent être émis sous forme de tokens.
- Objets de collection : Les œuvres d’art ou les objets rares peuvent être divisés en tokens pour permettre une copropriété.
4. Différence avec les cryptomonnaies
La tokenisation ne doit pas être confondue avec les cryptomonnaies comme le Bitcoin. Les cryptomonnaies sont des actifs numériques natifs de la blockchain, tandis que les tokens sont généralement adossés à un actif sous-jacent (immobilier, art, flux de revenus, etc.).
5. Enjeux et défis
- Réglementation : Les juridictions n’ont pas toutes encore défini un cadre clair pour la tokenisation, ce qui peut limiter son adoption.
- Complexité technique : Le fonctionnement des blockchains et des smart contracts doit être sécurisé pour éviter les failles.
- Fiabilité des actifs sous-jacents : La valeur des tokens dépend directement de celle des actifs qu’ils représentent.
En résumé, la tokenisation est une révolution économique en cours, permettant de rendre les actifs plus accessibles, liquides et transparents grâce à la technologie blockchain.
19:19 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, fabio vighi, financiarisation, économie | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
samedi, 25 janvier 2025
L'étude du latin est-elle réactionnaire?
L'étude du latin est-elle réactionnaire?
par Antonio Catalano
Source : Antonio Catalano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/studiare-il-latin...
Il fallait du camphre pour dire quelque chose de sensé, contre l'hystérie de notre gauche progressiste qui, face à la proposition de réforme du ministre Valditara, pour ne pas changer, crie "au fascisme!'... Eïa, eïa, alalà !
Il n'y a pas de meilleure réponse aux réactions hystériques de notre gauche suite à la publication des lignes directrices récemment énopncées pour les programmes scolaires que le ministre Valditara a brièvement annoncées, il y a quelques jours, que celle de Luciano Canfora, dont on peut tout dire sauf qu'il est un partisan du gouvernement Meloni (par lequel il a également été poursuivi en justice il y a quelque temps).
Ces lignes directrices concernent certaines interventions :
- Réintroduction (facultative) du latin au collège, à raison d'une heure par semaine, pour renforcer le lien avec le patrimoine culturel italien et la langue latine.
- Fin de la géo-histoire, retour à un enseignement séparé de l'histoire (qui portera sur la civilisation grecque, la civilisation romaine, le christianisme, la Renaissance et l'histoire contemporaine occidentale) et de la géographie (fleuves, montagnes...).
- Plus de place pour la lecture et l'écriture, y compris pour des poèmes à apprendre par cœur.
- Des classiques comme Homère, Pascoli, Saba et des auteurs contemporains.
- Aperçu des épopées classiques, de la mythologie grecque et des sagas nordiques.
- Étude de la Bible pour comprendre son rôle dans l'histoire et l'art (considérée comme un texte aux racines culturelles occidentales, à introduire à l'école primaire).
- Accent mis sur la musique: chant choral, instruments de musique et civilisations.
- Renforcement des ateliers artistiques et de l'étude du patrimoine italien.
Une proposition de réforme qui semble aller dans le bon sens pour rendre à l'école sa vocation première, celle d'être un lieu d'éducation capable de former des citoyens dignes de ce nom. Mais il y a encore beaucoup à faire pour rendre à l'école toute sa dignité, car si l'on ne remplace pas définitivement les socles de piètre qualité sur lesquels reposent "l'école de l'autonomie", "l'école des projets", "l'école des compétences", soit l'école de l'abolition des contenus, l'école de l'Agenda 2030, la réforme envisagée par Valditara échouera inévitablement, malgré les bonnes intentions.
Bref, il a suffi qu'une telle réforme se profile pour que notre gauche s'emballe littéralement, elle qui se prétend le meilleur rempart contre cette idée de désintégration des savoirs au profit d'une idéologie de pacotille qui utilise à tout bout de champ et de manière obsessionnelle le petit mot d'« inclusion ». Un petit mot vague et apparemment anodin, mais qui cache insidieusement l'idéologie fondée sur l'idée dystopique de l'effacement des identités (une fixation du mondialisme, fils de la suprématie du capital financier sur le monde de la production réelle). La tactique est toujours la même: sous prétexte d'inclusion, d'éducation au respect (voir Rome de Gualtieri), des cours d'éducation sexuelle sont introduits dans les écoles selon les critères de la soi-disant « identité de genre ».
« La culture progressiste s'interprète comme une tentative d'imposer ce qui doit être à un monde qui n'a pas d'être propre, des valeurs à un monde qui n'en a pas, comme si les communautés n'avaient pas les leurs, comme si le monde de la vie n'était pas déjà un horizon de significations reliées entre elles par des chaînes de renvois, comme si les systèmes d'interactions et les formes de liens n'étaient pas déjà structurés en lui. Pour le code interprétatif du système culturel de la gauche progressiste, les formes de lien existantes deviennent simplement du 'désordre' » (Vincenzo Costa, Catégories de politique).
La secrétaire du PD, Mme Schlein, lors du congrès sur l'école qu'avait organisé son parti, rejette la proposition de réforme comme quelque chose de répressif et de réactionnaire, une vision qui représente « le désir impossible d'un passé qui ne peut pas revenir » et qui risque de faire reculer le système éducatif italien dans le temps ».
Anna Ascani, également figure du PD, députée et vice-présidente de la Chambre des députés, dans une intervention sur FanPage, ne ménage pas sa peine, allant même jusqu'à dire que Valditara s'attaque à la démocratie, que ses orientations proposent « la pire forme d'inégalité possible, celle qui concerne les enfants, qui n'ont ni mérite ni défaut à être nés là où ils sont nés ». Et que Valditara pense à une école élitiste et autoritaire dont le but est de diviser les bons et les mauvais, les suffisants et les insuffisants.
Comme on dit, le masque tombe, démontrant une fois de plus que cette gauche progressiste continue à considérer la réalité comme son principal ennemi. La réalité d'une école en déroute, sans contenu, simplifiée et banalisée, produisant des diplômés ultra-déqualifiés... mais inclusifs. Ils s'en contentent.
Il a donc fallu l'illustre intellectuel Luciano Canfora pour énoncer une évidence, mais comme vous le savez sûrement, nous sommes à l'époque où pour affirmer que l'herbe est verte, il faut tirer l'épée.
« Je sais ce que je sais par cœur », dit notre philologue classique, mais aussi helléniste et historien de la Grèce antique. « La mémoire est l'outil qui nous donne tout ce que nous savons, alors que ce que nous avons oublié n'est plus dans notre esprit. La mémoire doit donc être exploitée au maximum, elle doit être exercée. Vraiment, il me semble que cette insurrection contre l'exercice de la mémoire est un peu hors de toute logique, c'est risible ».
On n'a jamais compris pourquoi le latin devait être considéré comme de droite : c'est pathétique comme raisonnement ». L'étude du latin n'a rien de réactionnaire : « Je ne veux pas citer Concetto Marchesi, un grand latiniste, un des principaux représentants du communisme italien... Je pense qu'il est beaucoup plus sérieux de rappeler que l'étude de l'italien ou de l'espagnol ou du français présuppose une très grande proximité avec la connaissance du latin». "Gramsci disait que l'on étudie le latin non pas pour apprendre à parler latin, mais pour apprendre à étudier".
Il ajoutait ensuite quelque chose de très sérieux: vivifier l'étude historique d'une langue, c'est partir de ses origines. Il est anti-culturel de protester de manière générale contre la connaissance du latin: personne n'est mort du latin jusqu'à présent ».
Sur l'étude de la Bible, qui a provoqué un véritable bouleversement dans la galaxie de la gauche progressiste, Canfora déclare: « Il me semble un peu approximatif de parler de la Bible, parce qu'il s'agit de textes d'une importance historique énorme qui ont été amalgamés au fil du temps, mettant ensemble, avec une certaine difficulté, une tradition juive et une tradition chrétienne ».
Mais Canfora (interviewé par Radio Cusano), se référant à une idée de Beniamino Placido, va plus loin: « La connaissance du grec et du latin, à partir d'un texte simple et très (du moins, espérons-le) connu comme l'Évangile de Marc, est une idée qui est tout sauf à jeter, elle n'est ni rétrograde ni subversive ».
Et à ceux qui objectent qu'il vaudrait mieux approfondir l'étude de l'anglais, Canfora répond que c'est « une façon banale d'éluder une discussion sérieuse, parce que les deux choses ne sont pas en contradiction l'une avec l'autre; il s'agit donc d'une pseudo-objection qui n'a aucune valeur d'un point de vue conceptuel ».
Un Canfora clair et lucide, qui, dans ce cas, fait un peu penser à l'enfant du célèbre conte d'Andersen qui dit le vrai sur les habits neufs de l'empereur. Sauf que notre grand érudit n'a que quelques années de plus.
16:11 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Ecole/Education | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : latin, langue latine, italie, éducation, école, enseignement, europe, affaires européennes | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Cher Monsieur Musk, nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment rendre l'Europe formidable
Cher Monsieur Musk, nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment rendre l'Europe formidable
Lorenzo Maria Pacini
Source: https://telegra.ph/Caro-signor-Musk-non-abbiamo-bisogno-c...
L'Amérique OU la Russie ? Les réflexions de Lorenzo Maria Pacini sur la « renaissance » de l'Europe.
Pardonnez d'emblée le ton de cet article - qui sera moins géopolitique et stratégique et plus politique - car je veux être clair dès le départ : ce n'est pas à Musk de nous dire comment rendre l'Europe grande à nouveau....
Des conseils non sollicités
Il était clair que cela devait arriver tôt ou tard: le nouveau (ou l'ancien, mais caché ?) leader du mouvement MAGA, le milliardaire transhumaniste Elon Musk, a jeté la pierre à l'Europe, histoire de bien faire comprendre quels sont ses projets d'avenir.
Sur son profil X, il a appelé et dit: « Make Europe Great Again ».
Un choix d'infoguerre exceptionnel. L'acronyme MEGA, en effet, en grec ancien μέγα, signifie « grand » et a connu à l'époque moderne un grand succès, devenant le premier élément de nombreux mots composés, notamment dans la terminologie scientifique, puis a été utilisé au 20ème siècle dans le marketing de masse, les dessins animés et les jeux vidéo. MEGA est un mot qui, au-delà de quelques linguistes spécialisés et attentifs, ne résonne pas beaucoup dans l'esprit des générations Baby Boomer et Boomer, mais qui évoque quelque chose d'excitant dans la mémoire des Millennials (aujourd'hui plus ou moins trentenaires) et des générations suivantes Z et Alpha.
Un message clair envoyé aux générations « du futur » ou, plutôt, à ceux qui font aujourd'hui de la politique et qui en feront bientôt, dès qu'ils seront en âge de le faire et qu'ils auront terminé leurs études. Une provocation lancée loin, plus loin qu'il n'y paraît, comme une pierre jetée dans une citerne, qui roule et résonne puissamment.
La campagne de restructuration de l'élite politique européenne a littéralement commencé, avec le même spoil system qui est déjà utilisé depuis un certain temps aux États-Unis et qui se poursuivra bientôt, avec Trump au pouvoir à toutes fins utiles, à un rythme soutenu.
Comme l'a noté l'analyste italien Matt Martini, le soutien à l'AfD, à Meloni, à Le Pen, voire à Farage, visera probablement à renforcer le bloc militaire euro-atlantique et israélien, mais sans aucune possibilité de croissance pour l'Europe, qui devra être définitivement désindustrialisée en faveur de la réindustrialisation des États-Unis, selon toute vraisemblance.
L'idée serait de consolider un bloc euro-atlantique, au moins temporairement, avec des Etats-Unis renforcés et dotés d'une plus grande profondeur stratégique (idéalement après l'annexion du Canada et du Groenland s'ils y parviennent), avec une Europe, réduite à un tampon militaire et économique pour contenir la Russie. La même chose sera recherchée dans le Pacifique en direction de la Chine.
Incapables d'éviter l'urgence multipolaire, les États-Unis chercheront à ériger de hautes clôtures en se retranchant dans leurs propres zones d'influence.
[...] Et comme le rappelait un général américain après la Seconde Guerre mondiale, l'objectif est toujours le même :
Garder les Américains à l'intérieur, les Allemands à terre et les Russes à l'extérieur ».
En bref, les soi-disant « souverainistes » ont très bien réussi à restaurer la souveraineté de l'Europe... ah, non, à restaurer la souveraineté des États-Unis !
Ce qui est bien, c'est que tout cela était déjà prévisible avant les élections, il suffisait de regarder les matrices, les CV, les affiliations aux ordres du pouvoir des candidats choisis, mais le peuple moyen se contente d'un peu de dopamine politique en regardant les talk-shows télévisés, du bien commun de l'état il s'en fout. Chacun, consciemment ou inconsciemment, a ce qu'il mérite.
Il est clair que dans la logique de la protection de la renaissance des Etats-Unis, l'Euro devra rester là où il est, bien maintenu artificiellement, parce qu'il est une arme de contrôle de l'Europe qui a trop de valeur pour les Américains. Peu importe que les banques s'effondrent et manquent de liquidités, que l'énergie coûte aussi cher qu'un dîner au restaurant tous les soirs et que les matières premières soient rares, l'important est de donner l'impression esthétique d'aller bien, en prenant des selfies à l'heure de l'apéritif.
Rien de nouveau, en somme: la soumission d'après-guerre reste telle qu'elle était. Simplement, nous sommes davantage sous la coupe des Etats-Unis et moins sous celle du Royaume-Uni. La classe politique européenne a été correctement préparée à exécuter les ordres qui viennent, tour à tour, de Tel Aviv, de Londres et de Washington.
Spoilers sur la fin de l'épisode : la devise MAGA l'emporte sur la devise MEGA.
Les Américains n'ont aucune intention de nous rendre la liberté, ils ont seulement intérêt à nous remettre un peu sur les rails pour nous préparer à une guerre par procuration afin que nous nous battions à nouveau pour eux.
Si vous saviez l'histoire de l'Europe...
Mais revenons à Elon Musk.
Quand l'Europe était grande, quand il y avait déjà des universités, de l'art, de la science, mon cher M. Musk, dans votre pays d'origine, vous ne saviez pas encore lire et écrire, tout comme en Amérique - cette Amérique que les parias anglais ont envahie et colonisée et où vous vivez maintenant la belle vie d'un milliardaire - là où se trouvent les bâtiments du gouvernement, il y avait des moutons qui broutaient.
Nous n'avons pas besoin que vous nous disiez comment redevenir grands.
Nous n'avons pas besoin de leçons de civilisation de la part de gens qui veulent désintégrer, manipuler et virtualiser la civilisation.
Nous n'avons pas besoin de leçons de politique de la part de gens qui se sont enrichis sur la souffrance d'innombrables peuples, exigeant d'exporter leur modèle à tout prix.
Nous n'avons pas besoin de votre monnaie, créée pour affamer les peuples et les soumettre.
Nous n'avons pas besoin de votre économie ultra-libérale, qui provoque l'esclavage et la destruction de la dignité du travail humain.
Nous n'avons pas besoin de vos guerres, faites-les vous-mêmes, allez d'abord au front au lieu d'imposer la mort aux enfants des autres nations.
Nous n'avons pas besoin de vos « valeurs » qui sont la mort de la civilisation.
Nous n'avons pas besoin de vous.
Nous, Européens, avons des millénaires d'histoire et de civilisation que vous ne daignez même pas essayer d'honorer - mais l'honneur est une vertu disparue aujourd'hui - tout au plus essayez-vous de la copier esthétiquement, en reproduisant les formes, mais en oubliant le contenu. Nous sommes des peuples qui ont construit des empires non pas au cours du siècle dernier, mais pendant des millénaires. Sans notre culture, ou plutôt nos cultures, même l'« Amérique » telle que vous l'avez construite, sur le sang des indigènes qui n'avaient pas non plus besoin de vous, n'aurait jamais vu le jour.
L'Europe redevient grande grâce à l'Europe, pas à l'Amérique
L'Europe est destinée à redevenir grande grâce à l'Europe, et non à l'Amérique.
Pour réveiller l'esprit européen, le Logos qui nous appartient, nous avons de nombreux amis et voisins qui sont bien meilleurs que vous.
La Russie, par exemple, est en partie européenne, tant par sa géographie que par sa culture, et elle est plus proche de nos valeurs et de notre histoire que vous ne l'êtes. Nous sommes conscients que nous séparer de la Russie était une étape essentielle pour maintenir le joug américain sur l'ensemble de l'Europe. Mais la volonté des élites n'est pas celle des peuples.
L'aide que la Russie apporte à l'Europe s'inscrit dans une organicité historique, culturelle et politique qui n'existe pas avec l'Amérique. Alors que les États-Unis tentent de nous exploiter jusqu'au dernier homme et jusqu'au dernier centime, la Russie nous offre la possibilité de nous aider à nous émanciper, à lutter pour supprimer le jeu de l'occupation impérialiste et à réaffirmer ce que nous sommes. C'est de cela dont nous avons besoin, pas de fast food politique américain.
C'est la seule Grande Europe que nous voulons. Et nous voulons être prêts à nous battre pour la défendre contre les États-Unis.
Article original The Strategic Culture Foundation
14:56 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : états-unis, elon musk, europe | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le curieux cas azéri
Le curieux cas azéri
Par Enrico Tomaselli
Source : Giubbe Rosse & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/lo-strano-caso-az...
L’Azerbaïdjan, un pays bien situé dans la zone stratégiquement croissante de l’Asie centrale, se trouve, d’un point de vue géopolitique, dans l’orbite des pays turcophones et constitue sans aucun doute le meilleur allié d’Ankara. Le gouvernement de Bakou a récemment ravivé ses revendications envers l’Arménie, tant concernant l’enclave du Haut-Karabagh (question réglée par le rapide conflit de septembre 2023) que, surtout, sur la question du corridor de Zanguezour, censé relier la République autonome du Nakhitchevan au reste de l’Azerbaïdjan, en passant par la région arménienne du Syunik.
De son côté, l’Arménie, traditionnellement située dans l’orbite russe, a récemment amorcé un rapprochement progressif avec l’Occident (UE, OTAN), s’éloignant de Moscou. Après la désastreuse défaite de 2023, dont Erevan porte une part importante de responsabilité, ce rapprochement s’est encore accentué, notamment via la France – un pays traditionnellement ami, qui accueille une importante communauté issue de la diaspora arménienne.
La question du corridor de Zanguezour est en effet au cœur de tensions plus larges, car l’Iran s’y oppose fermement. Sa création couperait les voies de transit iraniennes vers le nord-ouest, via l’Arménie. De plus, l’Azerbaïdjan – grâce aux oléoducs turcs – est un fournisseur clé de pétrole pour Israël, avec lequel Bakou entretient d’excellentes relations, notamment dans le domaine de la défense. Téhéran a donc plusieurs raisons de se retrouver en conflit avec son voisin.
Par ailleurs, Bakou et Ankara manœuvrent pour mettre l’Iran sous pression, notamment dans le domaine énergétique. La société d’État azérie Socar a annoncé des investissements de plus de 17 milliards de dollars en Turquie, principalement dans la production de composants nécessaires au raffinage. Ainsi, le pétrole azéri, acheminé par l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan qui transporte le brut de la mer Caspienne à la Méditerranée via la Turquie, sera raffiné sur place, renforçant encore davantage le lien entre les deux États.
Cependant, la région du Moyen-Orient élargi est un tel enchevêtrement d’intérêts qu’il peut s’y passer n’importe quoi.
Et voici qu’un accord trilatéral (en cours de définition) entre la Russie, l’Iran et l’Azerbaïdjan est annoncé. Celui-ci prévoit la construction d’un gazoduc qui, traversant l’Azerbaïdjan, fournira initialement à l’Iran 2 milliards de mètres cubes de gaz par an, avec pour objectif d’atteindre 55 milliards de mètres cubes. La capacité maximale prévue de ce gazoduc devrait être équivalente à celle du Nord Stream. Cet accord, d’une durée de 30 ans, permettra de livrer du gaz russe à l’Iran, tant pour la consommation intérieure que pour les pays voisins.
Bien que l’Iran détienne la deuxième plus grande réserve mondiale de gaz naturel (34 trillions de mètres cubes, après la Russie), il fait face à une pénurie de carburant, la demande en gaz dépassant la production. La plupart des réserves restent inexploitées en raison des sanctions imposées par les États-Unis, qui bloquent les investissements et les avancées technologiques. De plus, les principaux gisements de gaz iraniens sont situés dans le sud du pays, alors que les principaux consommateurs se trouvent dans le nord, où le climat est particulièrement rigoureux. Ainsi, en hiver, l’Iran doit faire face à un déficit quotidien d’au moins 260 millions de mètres cubes de gaz, mettant à rude épreuve l’approvisionnement en électricité.
Évidemment, Bakou, en plus de tirer des revenus des droits de passage, pourrait également bénéficier d’une partie du gaz transporté. Si, comme cela semble probable, l’accord est finalisé, une situation d’intérêts partagés plus forte pourrait se créer entre les trois pays. Cela pourrait, à terme et dans une certaine mesure, mener à une résolution négociée des différends entre l’Iran et l’Azerbaïdjan, ainsi qu’à une réduction limitée de l’influence turque dans la région.
En somme, le grand jeu géopolitique continue…
13:48 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : azerbaïdjan, caucase, actualité, iran, russie, géopolitique, politique internationale, gaz, gazoducs, hydrocarbures | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Réalisme croate et fantaisies allemandes
Réalisme croate et fantaisies allemandes
Andrea Marcigliano
Source: https://electomagazine.it/realismo-croato-e-fantasie-tede...
Zoran Milanović a été réélu président de la Croatie. Rien d’extraordinaire. Sa popularité est indiscutable, et il y avait peu de doutes quant à sa reconduction.
Cependant, ce qui compte vraiment, et qui, à bien des égards, étonne, c’est son discours d’investiture.
Un discours décidément inconfortable. Duquel, évidemment, nos grands médias n’ont pas soufflé mot.
Car Milanović a repris les récentes déclarations de la ministre des Affaires étrangères allemande, sans même la citer nommément. Quand je dis "la citer", je parle de Madame Annalena Baerbock, qui aderrière elle une brillante (enfin, façon de parler) carrière d’écologiste chez les Verts, mais sans la moindre expérience en politique internationale.
Et pourtant, depuis 2021, elle dirige le ministère des Affaires étrangères en Allemagne. Elle s’est distinguée par quelques initiatives louables, comme celle qu'elle fit en faveur du Nigeria: la restitution de milliers d’objets d’art entreposés dans les musées allemands.
Pour le reste, son rôle en tant que ministre des Affaires étrangères de Berlin s’est surtout fait remarquer par un alignement total sur les décisions de l’administration Biden: soutien inconditionnel à Zelensky et guerre contre la Russie.
Oui, « guerre ». Car c’est bien le mot qu’a utilisé la maladroite ministre à plusieurs reprises.
Que les dirigeants de l’UE, surtout ceux qui ne sont pas élus, comme les bureaucrates de la Commission, fassent la guerre à la Russie, c’est chose connue et évidente. Cependant, par souci de bienséance, on évite de le dire. D’autant plus qu’au front, ce sont les Ukrainiens qui combattent et meurent, grâce au zèle de Zelensky.
Mais, apparemment, cela ne suffit pas à la belliqueuse ministre allemande, totalement ignorante des règles non écrites, mais bel et bien en vigueur, de la diplomatie. Elle se laisse aller à de telles déclarations, mettant encore plus en difficulté le pauvre Scholz. Ce chancelier, encore en fonction pour un temps limité, a toujours tenté, en vain pour l’essentiel, de donner l’impression que l’Allemagne n’est pas une marionnette entre les mains de Biden et de ses alliés. Et surtout, qu’elle ne mène pas une guerre contre Moscou.
Une fiction pitoyable, et même un peu ridicule, certes. Mais qui, au moins, cherchait à sauver les apparences.
Puis arrive Madame Baerbock et… Je suppose qu’à ce stade, le pauvre Scholz doit attendre avec impatience la fin de ce calvaire.
Le président croate, quant à lui, en profite. Il déclare – rappelons-le, à peine réélu – que si l’Allemagne est en guerre avec la Russie, il lui souhaite bien du courage. Surtout, ajoute-t-il, "espérons que cela ne finisse pas comme la dernière fois…".
Au-delà de la plaisanterie, le discours de Milanović montre clairement une chose:
De plus en plus de pays européens manifestent leur exaspération face à cette politique de confrontation avec Moscou.
De plus en plus, ils revendiquent leur indépendance, leur droit à décider sans subir les diktats de la Commission de Bruxelles.
Les positions bellicistes de cette dernière sonnent de plus en plus faux. Surtout parce que ce ne sont pas les bureaucrates de Bruxelles qui doivent aller combattre et mourir. Et encore moins se priver de quoi que ce soit. Bien au contraire...
La Croatie a clairement exprimé son opinion sur cette guerre. Elle n’est ni la seule, ni la première à le faire.
L’Allemagne, de son côté, se rapproche des élections. Après quoi, vraisemblablement, Madame Baerbock retournera s’occuper des pinsons et des phoques moines. À condition, bien sûr, que les Verts existent encore au Bundestag, ce qui est loin d’être certain.
13:29 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : croatie, allemagne, europe, affaires européennes, zoran milanovic, annalena baerbock | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
vendredi, 24 janvier 2025
La cage d'acier de Weber et le néo-totalitarisme libéral-démocratique
La cage d'acier de Weber et le néo-totalitarisme libéral-démocratique
par Tiberio Graziani
Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-gabbia-d-accia...
Dans le contexte contemporain, caractérisé par l'omniprésence croissante des nouvelles technologies de la communication dans les processus de formation de l'opinion et de prise de décision, les réflexions sociologiques de Max Weber sur la « cage d'acier » s'avèrent être un outil fructueux pour comprendre les avertissements de ce que l'on peut définir comme les dérives du système néo-libéral-démocratique.
En effet, le lien entre rationalisation technocratique, éthique utilitariste et conformisme social et culturel, bien décrit par Weber, trouve aujourd'hui un nouveau souffle dans l'instrumentalisation croissante du phénomène de l'intelligence artificielle, la montée du politiquement correct et la transformation des démocraties occidentales en régimes présentant des traits de néo-totalitarisme.
L'intelligence artificielle : la face rationnelle de la cage d'acier
L'intelligence artificielle (IA), appliquée aux processus industriels, représenterait en quelque sorte l'apogée de la rationalisation théorisée par le penseur allemand. Il s'agit essentiellement d'une technologie qui promet - et permet - l'efficacité et l'optimisation, mais - si elle n'est pas gérée de manière critique et appropriée - au prix d'une aliénation croissante et généralisée. En effet, les décisions automatisées, basées sur des algorithmes, pourraient réduire la capacité de l'individu à influencer les résultats des processus sociaux : du point de vue de la critique du pouvoir, l'utilisation de ces algorithmes semble renforcer une structure bureaucratique qui se nourrit d'elle-même, contribuant à la création d'une « cage d'acier » numérique. Cette « cage d'acier » numérique, apparemment neutre, imposerait ainsi une logique instrumentale qui vide les valeurs humaines de leur sens, poussant les classes dirigeantes vers un contrôle de plus en plus prononcé, envahissant et déshumanisant des sociétés.
L'IA - telle qu'elle est gérée actuellement - se présente comme un instrument supplémentaire de consolidation du pouvoir des classes dirigeantes des États les plus avancés sur le plan technologique et des groupes de pouvoir au sein des grandes sociétés financières et industrielles, produisant des inégalités structurelles dans les sociétés et les sphères de travail. L'accès aux technologies les plus avancées est réservé à quelques acteurs mondiaux, tandis que les citoyens ordinaires deviennent de simples rouages d'un système qu'ils ne semblent pas comprendre. La promesse de liberté, typique du discours néolibéral, se transforme en une forme d'« esclavage algorithmique », où la capacité d'autodétermination est de plus en plus limitée.
Le politiquement correct : symptôme du néo-État éthique occidental
Le politiquement correct, souvent perçu et surtout véhiculé comme un progrès civilisé, peut être interprété - dans le contexte de la critique du comportement social actuel et de l'évolution politique de la société occidentale - comme un symptôme concret de l'affirmation d'un État éthique occidental. Par un contrôle rigide du langage et de l'opinion, on tente de conformer la société à un ensemble de valeurs considérées comme universelles, mais qui reflètent en réalité l'idéologie des classes dirigeantes. Ce phénomène, loin d'être une forme d'émancipation, devient un instrument d'homologation culturelle.
L'imposition du politiquement correct ne restreint pas seulement la liberté d'expression, mais trahit une hétérogénéité des finalités. Les démocraties libérales, nées pour protéger le pluralisme et la diversité, finissent par adopter des pratiques totalisantes qui visent à éliminer la dissidence. C'est ainsi que se réalise une nouvelle forme de totalitarisme doux, dans lequel le consensus se construit par la pression sociale et l'isolement des « déviants », à travers, entre autres, des formes sophistiquées de mise au pilori médiatique (la fameuse « machine à boue »), l'attribution de liens, de relations et de comportements perçus comme embarrassants, socialement et politiquement répréhensibles, et même susceptibles d'être sanctionnés par la coercition.
Totalitarisme et hétérogénéité des fins
La pensée démocratique néolibérale, qui met l'accent sur le marché, les droits individuels et le progrès technologique, semble donc incarner l'apogée de la modernité. Cependant, elle se révèle paradoxalement, dans son explicitation pratique, comme l'aboutissement du cycle historique libéral-démocratique. La recherche incessante de l'efficacité, liée à la concentration croissante du pouvoir économique et financier entre les mains de quelques groupes, comme l'a bien décrit Alessandro Volpi, a conduit à un système qui restreint de plus en plus la liberté réelle, transformant les citoyens en sujets d'un ordre rationalisé et globalisé, dans lequel le débat démocratique, là où il s'exerce encore, prend au mieux le caractère d'un simple rituel sclérosé, au pire, compte tenu de la virulence polarisante croissante qui le caractérise actuellement, d'une forme singulière de névrose.
L'hétérogénéité des fins - le principe selon lequel des actions conçues et entreprises dans un but précis aboutissent plutôt à des résultats opposés impensables - est clairement évidente dans la pratique de la démocratie libérale contemporaine. Les démocraties, telles que nous les connaissons sur notre continent au moins depuis la Révolution française jusqu'à aujourd'hui, nées pour protéger l'individu de l'arbitraire du pouvoir, se sont transformées, en l'espace de quelques décennies, en systèmes qui contrôlent largement la vie des citoyens. Les mécanismes de surveillance, la censure implicite et la manipulation de l'information constituent quelques-uns des instruments d'un pouvoir qui ne se présente plus visiblement comme autoritaire, mais parodiquement paternaliste et salvateur, enveloppé dans une superstructure rhétorique empruntée aux réflexions de Popper.
La nécessité et l'urgence d'une nouvelle critique de la modernité
Raisonner sur la métaphore de la « cage d'acier » de Weber, actualisée au contexte d'aujourd'hui, permet de réfléchir aux dérives du modèle néolibéral-démocratique que nous connaissons actuellement. L'instrumentalisation de l'intelligence artificielle, le politiquement correct et la dynamique d'hétérogénéité des finalités sont des symptômes clairs de la trajectoire d'un système autoréférentiel qui semble se diriger vers l'effondrement.
Pour contenir et échapper à cette nouvelle forme de totalitarisme, il est nécessaire et urgent de retrouver la valeur de la pensée critique et la pratique de l'action collective. Ce n'est qu'en reformulant les rapports entre technologie, éthique et politique qu'il sera peut-être possible de construire un avenir qui ne soit pas dominé par la logique impersonnelle de la « cage d'acier », mais qui redonne une place centrale à l'être humain et à sa dignité.
21:21 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, libéralisme, libéralisme totalitaire, totalitarisme libéral | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Trumpisme et biopolitique
Trumpisme et biopolitique
par Daniele Perra
Source : Daniele Perra & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/trumpismo-e-biopo...
J'ai déjà parlé du trumpisme comme d'une opération biopolitique « foucaldienne ». Je vais essayer de mieux expliquer ce concept. Tout d'abord, je pense qu'il est nécessaire de souligner l'importance des médias (en tant qu'instruments de la « production de pouvoir ») pour l'étude et l'analyse géopolitiques. Déjà Karl Haushofer, en 1928, face à l'impétuosité de la politique de masse, avait compris l'importance de porter les dynamiques géopolitiques à la connaissance de l'opinion publique, même si l'information devait nécessairement être de nature simplifiée et adaptée à l'orientation du public. En d'autres termes, Haushofer a compris avant d'autres que la représentation médiatique fait partie intégrante de la dimension géopolitique et qu'elle est un outil utile pour obtenir un soutien émotionnel (et donc non critique) à l'action.
La sphère de la communication revêt donc une importance fondamentale pour la géopolitique, et les médias eux-mêmes sont interprétés comme les instruments qui représentent la (géo)politique et le pouvoir.
La « géopolitique critique » (née dans les années 1980) étudie en effet le contenu des médias afin de comprendre les intérêts particuliers et le « pouvoir réticulaire/circulaire » des médias. En effet, les représentations spatiales du pouvoir jouent un rôle décisif dans la compréhension des stratégies politiques. En même temps, il faut reconnaître que, assez souvent, ce qu'on appelle le « journalisme géopolitique » devient lui-même un instrument de pouvoir et/ou un producteur de propagande. Par propagande, nous entendons la production délibérée et systématique de représentations médiatiques stéréotypées dans le but de manipuler, sélectionner ou dissimuler des faits et des phénomènes et d'orienter l'opinion publique par des sujets politiques et/ou économiques représentant les centres de pouvoir (pensons aux cas emblématiques de l'Ukraine et de la Palestine).
Or, cette utilisation « stratégique » des médias a historiquement toujours existé. Pendant ce qu'on appelle le « Grand Jeu » ou le « Tournoi des ombres » (la « guerre froide » du 19ème siècle entre la Grande-Bretagne et la Russie en Asie centrale), par exemple, les journaux britanniques n'ont jamais cessé de décrire l'Empire tsariste comme une entité maléfique. Ou encore, plus anciennement (même à l'époque médiévale), la façon dont les émissaires papaux décrivaient Frédéric II.
Cette « utilisation stratégique » a connu une fortune remarquable à l'époque du totalitarisme et, bien qu'elle n'ait jamais cessé, elle a connu une évolution très particulière avec l'avènement d'Internet. En effet, si les médias traditionnels ont une approche verticale (choix, formation et couverture des « nouvelles » par le haut), Internet a une approche horizontale dans laquelle les nouvelles, en apparence, circulent de manière plus fluide et plus libre. En réalité, la multiplication des médias et des plateformes sociales ne correspond pas à une réelle plus grande liberté d'information. Les entreprises qui contrôlent les flux du réseau, pour la plupart (du moins les principales), sont basées aux États-Unis et appartiennent à d'imposantes concentrations industrielles avec des intérêts considérables directement liés à la politique et à la guerre (qui de la politique est la continuation par d'autres moyens, Clausewitz docet). En ce sens, comme les agences de notation, les ONG, les fonds d'investissement, les groupes de pression, les plateformes sociales (Facebook, X, etc.) produisent aussi du pouvoir. Et elles le font d'une manière très particulière. Celles-ci, en effet, comme la finance transnationale, réduisent les espaces et les distances en ce sens qu'elles permettent au pouvoir de s'exercer même dans des sphères extrêmement éloignées de son centre réel. Ce faisant, le réseau exerce un pouvoir fluide capable d'une expansion illimitée.
Par conséquent, à l'ère du capitalisme/impérialisme numérique, le trumpisme s'impose avant tout comme un processus de restructuration du système de pouvoir nord-américain : un processus de substitution entre anciennes et nouvelles oligarchies industrielles dont les intérêts géopolitiques à long terme ne divergent que partiellement (le « méchant “ russe est remplacé par le "super-vilain" iranien ou chinois). Cependant, ce processus de restructuration nécessite ce qui a été décrit précédemment comme un « soutien émotionnel fondé sur une base non critique », bourré de propagande (souvent « visionnaire »). Voici donc l'alignement presque total des plateformes sociales nord-américaines sur l'intérêt stratégique du centre et la création d'un supposé « espace nouveau ou renouvelé » produit par l'interaction entre les « nouvelles/anciennes puissances » qui se stratifient et se solidifient dans l'imaginaire de l'Occident collectif.
21:06 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, biopolitique, média | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Dominique de Villepin, notre Victor Hugo
Dominique de Villepin, notre Victor Hugo
par Claude Bourrinet
Villepin, c'est bien joli, et l'homme ne manque ni de talent oratoire, ni de caractère, ni de courage face à la meute sioniste, mais il est, hélas, l'un des pires symptômes de la civilisation française, qui a pris aux Romains l'art de faire vibrer l'air de pathos et d'inanités sonores, mais sans persévérer dans la force. Villepin aurait peut-être été, en d'autres temps, Danton, ou Robespierre (qui avaient la force), ou même peut-être de Gaulle.
De Gaulle fascinait non par la peur qu'il inspirait, mais par son cabotinage grandiloquent. Les Français étaient pendus au petit écran, comme des mouches, quand il apparaissait, logeant à peine dans le cadre, qu'il outrepassait presque. Car la puissance du Grand Charles résidait surtout dans son verbe, c'est-à-dire dans le vent qu'il expirait, et qui frisait les crânes déjà creux des Français, lesquels n'aspiraient qu'au repos des braves gens.
Cependant, De Gaulle garda en main le gouvernail de la France durant dix ans. Les discours emphatiques et étincelants, c'est surtout beau et bon quand on a, avec la toge, les armes. Donc le pouvoir. Villepin fut premier ministre des Affaires étrangères de Chirac pendant seulement deux ans. Certes, il tint tête aux Américains, comme l'on sait, en 2003, à l'occasion de l'invasion criminelle de l'Irak, et il faut lui en être reconnaissant. Cependant, si l'Allemagne n'avait pas refusé de se joindre aux envahisseurs yankee, cette posture aurait-elle été possible ? L'axe, si plein d'espérances (on a rêvé, alors !) Berlin - Moscou - Paris, est d'abord une initiative allemande. Le chancelier Schröder était très proche des Russes, et l'Allemagne avait beaucoup à gagner à la persistance d'un lien privilégié avec un pays qui lui octroyait des matières premières à volonté et à bon marché. On voit actuellement les conséquences ruineuses de la politique inverse. Il paraît que la diplomatie française a quelque peu traîné des pieds, et s'est laissée persuader. Le ver était dans le fruit. Il ne faut pas oublier que Chirac eut la lâcheté de suivre l'Otan, sans mandat de l'ONU, dans son agression criminelle de la Serbie, en 1999, et qu'à cette occasion, qui ne fut pas la dernière, un tsunami de propagande nauséabonde se déversa sur le pays. Et il aura suffi de l'intrusion d'un agent américain et furieusement sioniste, Sarkozy, pour vider notre politique étrangère comme un poulet. Entre-temps, Villepin a commémoré en grandes pompes, envoyant pour ce faire le Charles-de-Gaulle à l'embouchure de la Tamise, le désastre de Trafalgar, tandis que la misérable Alliot-Marie était projetée en mission sur le plateau d'Austerlitz, sans flonflons ni trompettes.
Villepin fait irrésistiblement penser à Lamartine, à Hugo, à Camus, et à tant de nos Grandes Âmes, qui, pour le monde, sont fâcheusement emblématiques de notre nation. Des enfileurs de poncifs pompeux et des brasseurs de mots vagues et creux, qui ne tourneboulent le coeur que parce qu'ils portent dans les nuages les sanglots de l'émotion (et me voilà moi-même à filer, comme eux, des métaphores foireuses !).
Le problème, avec ce type de chansons, c'est qu'elles sont des chansons, des airs que l'on fredonne en rêvant. La morale, c'est bien, ça soude une grande partie du monde, qui n'est, au fond, pas si méchant que ça, et surtout ça fait pleurer Margot. Une Margot qui pose son petit derrière sur le siège de la balançoire, mais qui n'a pas les pieds sur terre. On a peine à créditer un chef d'Etat qui condamnerait le "pouvoir", la puissance contraignante, voire meurtrière, pour assurer, quand il en est besoin, l'indépendance, ou l'autorité du pays.
Un chef d'Etat incapable de faire la guerre n'est pas digne de ce nom. Poutine a pris ses responsabilités, et la Russie est bien gouvernée. Nous sommes bien d'accord qu'il y a des limites à ne pas dépasser si l'on veut rester une nation qui aura sa place dans le concert des nations civilisées, ce qui n'est pas le cas d'Israël. Mais mettre sur le même plan l'Etat hébreu et l'Etat russe, c'est commettre une faute impardonnable de la part d'un homme qui, apparemment, ambitionne les plus hautes fonctions.
A moins que ce ne soit de la pure propagande électoraliste, et qu'il ne veuille pas se brouiller avec certaines officines de gauche plus ou moins russophobes.
Encore une fois, il vaut mieux Villepin que rien du tout, ou, pire, que ces veules chacals qui pullulent dans les médias, et déshonorent la France en soutenant un criminel tel que Netanyahou, ou bien qui rampent comme des bêtes dressées devant le maître américain.
Mais, finalement, ce qui sauva De Gaulle, qui avait été élevé du temps de Déroulède et de Barrès, c'était son cynisme. Il avait, tout de même, le sens des réalités, et n'hésitait pas à employer, quand il le fallait, les pires moyens, même les plus immoraux. Si l'on est intelligent, de cette intelligence du monde qui tente d'éviter de verser dans la bouillie sentimentale, une intelligence cruelle, certes, et même dégueulasse, il faut reconnaître que la rude réalité humaine n'est pas un système binaire, où il serait aisé de trouver la voie du Bien, en s'opposant au Mal. Cela, il faut le laisser aux gobeurs de propagande, et aux journalistes.
18:16 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, france, europe, affaires européennes, dominique de villepin | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le monde d'aujourd'hui et de toujours: la géopolitique d'un océan à l'autre
Le monde d'aujourd'hui et de toujours: la géopolitique d'un océan à l'autre
Alberto Hutschenreuter
Source: https://nomos.com.ar/2025/01/06/el-mundo-de-hoy-y-de-siem...
La géopolitique n'a jamais quitté la scène mondiale, malgré l'hypocrisie des puissances occidentales qui ont tenté de la faire oublier.
L'ironie du sort veut que, plus de trente ans après avoir décrété la « fin de la géopolitique », ce soit précisément la géopolitique qui menace aujourd'hui la mondialisation et la possibilité de construire un ordre international.
Cela démontre que le volontarisme est de peu d'effet face aux régularités de l'histoire; et nous rappelle, d'une certaine manière, le moment où, à la fin des années 1920, fut signé le Pacte Briand-Kellog ou Traité de renonciation à la guerre (illustration, ci-dessous), un accord qui, selon le polémiste français Gaston Bouthoul, équivalait à ce que les médecins signent un document proclamant la fin des maladies.
Les excès de l'idéalisme en politique internationale conduisent souvent à ce genre de déclarations ou d'aspirations, jusqu'à ce que le mur solide de la réalité s'y oppose et rétablisse l'équilibre.
La géopolitique n'a jamais eu bonne réputation, car elle a été associée à l'annexion de territoires, à la capture de régions riches en ressources, à des sphères ou blocs d'influence, à des « frontières vivantes », à des intentions ou ambitions cachées de la part d'États de se développer au détriment de la sécurité d'autres États, entre autres choses.
Ce discrédit de la discipline a été amplifié par le fait que le régime allemand des années 1930, révolutionnaire d'un point de vue géopolitique, l'a transformée en une méthode basée sur le sol et la race, orientée vers la guerre. C'est sans doute dans ce contexte que la réputation de la géopolitique a été ternie.
Après la Seconde Guerre mondiale, le terme est abandonné, mais non sa pratique. Après tout, qu'est-ce que la guerre froide si ce n'est un affrontement mondial pour contrôler les espaces sis entre des blocs idéologiques et géostratégiques rigides ?
Avec la fin du bipolarisme, la géopolitique semblait avoir disparu en même temps que le conflit qui a dominé la majeure partie du 20ème siècle. De plus, la mondialisation a rapidement « géo-économisé » les relations internationales, laissant peu de place aux phénomènes de rupture. La géopolitique n'a pas disparu, bien sûr, mais elle a acquis un sens presque « sur mesure ». Tout devient alors géopolitique: du paysage financier aux phénomènes climatiques. Par exemple, on a parlé de la « géopolitique de Katrina », comme si l'ouragan obéissait aux logiques politico-territoriales des États.
Or, dans ce monde, il s'est produit des événements où l'interaction entre les intérêts politiques, les territoires et la puissance, c'est-à-dire les composantes qui définissent et animent la géopolitique, était catégorique.
Il a fallu un événement profondément géopolitique, impliquant directement un acteur puissant à l'histoire territoriale marquée (la Russie), pour que des experts autorisés commencent à parler du « retour de la géopolitique ».
En fait, l'annexion par la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 a ramené la géopolitique au centre des débats. Depuis, les études sur la discipline se sont multipliées. La géopolitique est « revenue ».
Mais à proprement parler, la géopolitique n'a jamais vraiment disparu. Si nous jetons un regard plus critique et réfléchi sur les événements qui se sont déroulés depuis les années 1990, nous nous rendons compte que la géopolitique est présente dans tous ces événements. Par exemple, l'expansion de l'OTAN et l'attaque du terrorisme transnational sur le territoire le plus sûr du monde, en ce funeste 11 septembre, sont des événements dans lesquels la relation entre l'intérêt politique et le territoire est évidente. Alors que le premier a représenté un déplacement de pays et de moyens militaires vers des zones russes de plus en plus stratégiques, le second a été la conséquence d'une orientation territoriale globale du terrorisme de nouvelle génération.
En outre, non seulement la géopolitique n'a jamais disparu, mais de nombreux nouveaux thèmes ont contribué à sa pluralisation. C'est le cas du segment ou plan numérique, l'une des « nouvelles territorialités » qui s'ajoute aux anciennes, bien que, contrairement à elles, il s'agisse d'un champ incommensurable. Son utilisation à des fins pernicieuses permet finalement aux États de se dédouaner de leur responsabilité pour des actions menées contre d'autres, grâce à la prolifération de hackers patriotes, globaux et « souverains ».
L'espace extra-atmosphérique est un autre territoire « nouveau mais ancien ». Ce qui est nouveau dans ce « domaine », comme le soulignent les experts américains Dave Baiocchi et William Welser, c'est sa « démocratisation ». Cela signifie qu'en plus de la prolifération des missions spatiales, l'actuelle course à l'espace n'est pas seulement le fait des États. La technologie a rendu l'espace plus accessible que jamais, permettant à de nouveaux acteurs d'y entrer.
À côté de ces réalités, le vitalisme géopolitique se manifeste dans de nombreuses autres situations: des mouvements des puissances dans l'océan Arctique et le continent Antarctique, à la projection régionale, continentale et mondiale de la Chine. Il comprend également l'acquisition d'espaces environnementaux propres par des puissances qui ont presque épuisé les leurs, l'ouverture de nouvelles routes commerciales (comme celle de l'Arctique), le développement de politiques de préservation des espaces maritimes - qui, dans la pratique, reflètent des logiques de pouvoir et de contrôle de la part des puissances, ce que l'on appelle la « diplomatie de la défense » -, la projection vers des régions riches en ressources anciennes et nouvelles, et le développement d'une culture de la sécurité, la projection vers des régions riches en minerais anciens et nouveaux (comme le lithium et les terres rares), l'endiguement multidimensionnel perpétré par les États-Unis contre la Chine, la configuration possible de blocs technologiques ou d'interintelligence artificielle (BI-IA), la revitalisation territoriale possible du terrorisme (en envisageant, par exemple, un scénario de chaos en Syrie), le renouveau du « navalisme » et de la « géopolitique sous-marine ».
Enfin, dans les « deux guerres et demie » en cours dans le monde - en Ukraine, au Moyen-Orient et autour de la plaque indo-pacifique (cette dernière centrée sur la rivalité croissante entre la Chine et les Etats-Unis) - la prééminence de la géopolitique et même les causes de ces guerres ont des racines politico-territoriales.
Comme la guerre et d'autres phénomènes, la géopolitique ne revient pas, tout simplement parce qu'elle n'a jamais vraiment disparu. Par conséquent, au-delà des processus d'interaction sociale et du déclin apparent de l'anarchie internationale, conséquence de l'émergence de nouveaux acteurs et de l'avancée presque inéluctable de la technologie, il est impératif de penser le monde du point de vue des intérêts, des territoires et de la puissance - en particulier pour un « pays-continent » comme l'Argentine, un acteur doté de vastes extensions terrestres, maritimes, aériennes et numériques, mais qui ne dispose pas encore de la puissance nationale nécessaire pour protéger ce statut privilégié.
17:52 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, géopolitique | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
jeudi, 23 janvier 2025
La droite fluide choisit l’anarcho-capitalisme de Musk et oublie Bannon
La droite fluide choisit l’anarcho-capitalisme de Musk et oublie Bannon
Enrico Toselli
Source: https://electomagazine.it/la-destra-fluida-sceglie-lanarc...
Bannon ou Musk ? Giorgia Meloni, unique représentante de l’Union européenne à la cérémonie d'investiture de Trump, ne doit pas seulement jouer le rôle de servante dans la colonie Europe, mais elle doit aussi décider si elle doit recevoir des ordres de Bannon ou de Musk. En d’autres termes, choisir de diriger une droite plus traditionnelle sur le Vieux Continent, toute d'ordre et de discipline – ou du moins toute telle en discours et en apparences – ou bien suivre le joueur de flûte du transhumanisme, un anarcho-capitaliste dans les faits.
Le choix de Giorgia, en réalité, est déjà plus qu’évident, mais il se heurte à une réalité embarrassante. Car la droite de Musk, au-delà de ses objectifs finaux plus ou moins discutables, repose sur un point de départ difficilement compatible avec l’entourage de Meloni. En effet, elle part du principe de l’intelligence. Une qualité qui ne semble pas abonder dans le cercle magique de Meloni à l’intérieur du Grande Raccordo Anulare de Rome.
Cependant, la droite fluide au pouvoir semble de plus en plus éloignée des idées de Bannon. Elle se prépare donc à soutenir les programmes de Musk, renonçant ainsi à faire preuve de toute capacité propre. Elle apportera aux peuples européens la parole de Musk en défense des sacro-saints droits du multimilliardaire.
D’ailleurs, après le film Fascistes sur Mars, voici enfin le personnage capable de transformer cette fiction cinématographique en réalité.
Il vaut donc mieux se préparer à une droite fluide italienne et européenne qui parle anglais, qui rêve de transformer les États européens en États américains ou, au pire, en colonies officielles.
Il faut aussi les comprendre, les néo-melonistes. Autrefois, la Nouvelle Droite italienne pouvait se mesurer à la Nouvelle Droite française, autour d’une culture européenne renouvelée, avec une vision du monde et des changements en cours.
Aujourd’hui, la droite fluide n’a plus qu’un choix: décider quel maître américain suivre en salivant de bonheur.
19:02 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, droite fluide, elon musk, steve bannon | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Jack Kerouac in memoriam
Jack Kerouac in memoriam
Claude Bourrinet
Jack Kerouac est mort il y a un peu plus de 50 ans, le 21 octobre 1969, en Floride, loin de Lowell, dans le Massachusetts, où il est né et où il a passé les dernières années de sa vie, amer, déprimé, miné par l’alcoolisme et le spleen, avec sa mère, Gabrielle L’Evesque. Cette fin d’existence triste comme une gare routière, fin de nulle part, frontière grise avant le grand saut dans la lumière tant désirée depuis longtemps, offre à la mémoire collective un Kerouac catholique, conservateur, redneck louant les sénateurs d’extrême droite, antisémite et fier de son home confortable doté de la télévision et de son téléphone. Ironie des destins personnels… Mais la lassitude, l’usure, le dégoût d’une misère bue jusqu’à plus soif… le corps exténué, malgré sa constitution d’athlète… Mais aussi le refus de l’engagement, de la violence radicale, de la politique… il est anticommuniste, il a toujours été en marge, et de plus en plus, à partir de 1957, date de son « retournement », en marge de la marge du système officiel.
Dans un dernier article, il dit sa haine des Jerry Rubin, Abbie Hoffman, Timothy Leary, David Delliner, Allen Ginsberg, tous très engagés, certains trop arrivistes pour ne pas ployer leur âme un jour devant le fric ou le succès de foire, gueulards gauchistes cabotins et jouisseurs. Hypermédiatisé, à cause de sa gueule de beau gosse, de sa carrure de footballeur, de sa légende sulfurique, il s’égare et bafouille, rougit devant les micros sournois et les pièges matois des intervieweurs patentés. Les critiques condescendantes des gendelettres, les cris horrifiés des petits bourgeois confits dans leurs certitudes aseptisées de lecteurs du Reader’s Digest l’écoeurent. Il est d’ailleurs. Sa révolution, comme il le clame, c’est la révélation. L’enfant demeure, l’innocent, le primitif. Sa religiosité sentimentale le relie à ce qu’il a toujours été, un « mystique à l’état sauvage », comme le Rimbaud de Claudel.
Son chef d’œuvre, Sur la Route, est une quête hallucinée, à travers la route, highway qui ne mène nulle part, qui ne vaut que par le mouvement dont elle est l’instrument et le pré-texte, la recherche d’une Amérique hiéroglyphique, qui défile comme un rêve derrière les vitres ivres de voitures filant comme des météorites, ou vibrant derrière le vent fou des trains sur lesquels se juchent les paumés à la recherche de petits boulots, à la façon des freight-hopping, les travailleurs itinérants jetés dans la misère par la grande Dépression. Comme encore Rimbaud, chemineau de l’Absolu, il sombre dans le dépouillement volontaire, cultive le dérèglement (moins) raisonné des sens, avide de kiks, d’émotions aigües, pour atteindre le sentiment, l’espace d’une éternité, d’une existence éclatant sa plénitude en une jouissance dont le it jazzistique est la pointe. Beat, c’est, dans le jargon du jazz, l’état de celui qui est foutu, mais c’est aussi beato, l’antichambre de la sainteté. Une vie à vau-l’eau, de « clochard céleste », celle du bhikkhu, le moine bouddhiste haillonneux, ou de certains gyrovagues médiévaux, dont la geste scrute des signes dans l’espoir de rencontrer le Graal.
Car Kerouac est fils de Breton, et une fois, en 41, il s’est nommé « Jean, Baron de Bretagne ». En 1965, il part pour la France, à la recherche de ses racines armoricaines, comme il va à Rivière-du-loup pour retrouver un passé québécois. Poursuivant anxieusement sa quête d’identité, il allie des traditions celtiques au Tao chinois ou au bouddhisme, syncrétisme propre à une société déboussolée qui a assassiné la civilisation indienne et croit trouver dans les grands espaces, Far West reculé jusqu’à l’Océan, des racines que son Histoire n’a plus.
Kerouac est l’homme tragique de l’Amérique, son miroir le plus séduisant et le plus tendu vers un sens qui échappe toujours. Il est profondément imprégné de littérature européenne, de Baudelaire, de Rimbaud, de Lautréamont, d’Artaud, de Breton, de Genet, de Michaux, de Kafka, de Nietzsche, de Céline surtout, et enfin de Spengler, dont l’œuvre majeure, Le Déclin de l’Occident, lui offre une échappée anthropologique, un modèle d’existence, chez les « grands peuples fellahs de la terre », ces sociétés protohistoriques solidaires, fraternelles, ancrées dans le sacré, la magie, liées organiquement aux forces cosmiques, peuples de paysans rustres, anti-intellectuels, profondément humains, dont il croit retrouver les traits chez les Indiens mexicains, ou parfois chez les travailleurs, dont il capte le phrasé et le jargon, ayant été sans cesse travailleur lui-même en même temps qu’écrivain, ou chez les Noirs qui vont lui donner sa musique, celle du Be-bop, de ce jazz brûlant, rauque, violent, aussi tumultueux qu’un torrent caillouteux dévalant les pentes du désespoir et de la révolte, qui prit la suite du phrasé élégant de Lester Young, du souffle puissant de Coleman Hawkins, le jazz de Thelonious Monk, de Gillespie, de Max Roach, de Bud Powell, et surtout de Bird, de Charlie Parker le magicien.
L’improvisation sur des motifs, comme la drogue, l’alcool, la vitesse (errance initiatique dont l’Orphée est Neal Cassady, allias Dean Moriarty), et, à la manière des soli de saxo, les phrases interminables comme celles d’un Proust qu’il déclame entre deux orgies (mais il avait parfois des pudeurs d’enfant de chœur, qu’il fut), la perte dans un rythme furieux, rauque, en rafales, agressif et tendre à la fois, fuligineux ou clair comme les aubes, brouillent et disjoignent la conscience du corps, ouvrent le monde comme le territoire d’un spectre possédé par le souffle d’un dieu ivre, dont l’instrument est sa machine à écrire, avec laquelle il dévide, de 50 à 57, 12 livres, et un rouleau de télétype de 33 mètres de long pour le seul On the road.
Si on ne met pas sa vie sur la table, affirme Céline, on n’est pas écrivain. « J’écris ce livre parce que nous allons tous mourir » affirme à son tour Kerouac. Son livre, c’est sa vie, c’est l’enregistrement d’une anamnèse revécue dans la transe, le dégorgé jaculatoire de mots transbordés de New York à San Francisco et jusqu’au Mexique, dans un sac à dos qui hante les chambres sordides, les lieux crasseux où il faut quand même essayer de dormir, ou tout au moins sombrer dans le sommeil agité des ivrognes et des camés. Kérouac est le vates perdu de l’âge atomique. Dans la souffrance, les cris, le délire d’une société gravitant follement autour d’un essieu vide, ses jours alternent entre pure volupté et féerie pour une autre fois, distorsion douloureuse où s’élargit sa conscience, celle du fils d’une Amérique qui n’a pas honte d’être blessée, d’un « Nord Américain exilé en Amérique du Nord ».
18:50 Publié dans Hommages, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hommage, jack kerouac, lettres, lettres américaines, littérature américaine, beat generation | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Trois projets régionaux en confrontation
Trois projets régionaux en confrontation
Ali Reza Jalali
Avec l'effondrement de la Syrie, trois projets géopolitiques différents s'affrontent désormais plus directement, sans plus aucun tampon : la Turquie, Israël et l'Iran.
L'espace géographique qui s'étend du golfe Persique à la mer Méditerranée, et qui comprend ce que le jargon arabo-islamique définit généralement comme le Sham (littéralement, le « Levant », c'est-à-dire la partie orientale du monde arabe, par opposition au Maghreb, l'« Occident ») - c'est-à-dire les États nationaux actuels d'Irak et de Syrie (sans oublier le Liban, sorte d'extension de la « Grande Syrie ») - doit être considéré comme le champ de bataille d'un « grand jeu » au Proche-Orient. Cette région a toujours été au centre des rivalités régionales au cours de l'histoire: Hellènes et Perses, Romains et Perses, Arabes et Byzantins, Safavides et Ottomans se sont tous disputé la domination de cette région. Toutefois, au cours des dernières décennies, le « Levant » arabe a été au centre d'un conflit entre au moins trois projets géopolitiques: le « Grand Israël » des sionistes, le « néo-ottomanisme » des Turcs et l'« axe de la résistance » des Iraniens.
Le Grand Israël
Les immigrants juifs en Palestine avaient un grand rêve : non seulement créer un petit État national juif sur la rive orientale de la Méditerranée, mais aussi étendre les frontières de cette entité, les faisant passer « du Nil à l'Euphrate ». Cela signifie avoir des ambitions dans des contextes tels que le Liban, la Syrie et l'Irak. Au moment où j'écris ces lignes, l'armée sioniste occupe certaines zones du Sud-Liban, ce qui ne s'est jamais produit dans ces conditions au 21ème siècle. En Syrie, l'occupation israélienne s'est étendue ces derniers jours à des zones jamais occupées auparavant, pas même pendant les conflits israélo-arabes du 20ème siècle.
En outre, certains groupes ethnico-confessionnels de la Syrie « libérée » du « dictateur » Assad, comme les Druzes dans le sud de la Syrie et les Kurdes dans le nord-est, ont explicitement demandé le soutien d'Israël. Certains groupes druzes ont même appelé à une annexion à l'État juif, sur le modèle du Golan occupé. Au-delà de l'échiquier syrien, en Irak, la région autonome du Kurdistan représente un allié solide pour Israël dans la construction du plus grand État sioniste. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le seul gouvernement du Moyen-Orient à soutenir explicitement l'indépendance du Kurdistan irakien est celui de Tel-Aviv.
Le néo-ottomanisme
L'entrée triomphale à Damas du « Comité pour la libération du Levant » (Hay'at Tahrir al-Sham), c'est-à-dire de l'ancien « Front Al-Nusra » - la branche syrienne d'Al-Qaïda - dirigé par Muhammad Al Jolani, qui était l'adjoint de l'Iman Al Zawahiri (le successeur de Ben Laden) pour les affaires syriennes, et la chute du gouvernement Assad qui s'en est suivie, ont marqué une victoire importante pour le projet d'Erdogan au Proche-Orient. Les islamistes sunnites turcs de l'AKP (une sorte de Frères musulmans d'Anatolie) ont toujours eu le rêve caché de reconstituer l'Empire ottoman, si ce n'est au niveau de l'État, du moins en tant que sphère d'influence. Dans les plans d'Erdogan, après la Syrie, ce serait le tour de l'Irak.
Pour être juste, la chute d'Assad était prévue entre 2011 et 2013, mais une série de facteurs, comme la résistance de l'Armée arabe syrienne, des milices populaires syriennes (Quwāt ad-Difāʿ al-Watanī, « Forces de défense nationale ») et de l'axe russo-iranien - résistance désormais épuisée et effondrée entre fin novembre et début décembre 2024 - ont retardé d'une dizaine d'années la réalisation du rêve néo-ottoman. En tout état de cause, la victoire turque en Syrie ouvre la voie aux projets du gouvernement d'Ankara dans le Levant arabe qui, avec l'aide du Qatar et des factions irakiennes alliées comme les islamistes sunnites locaux, tentera de promouvoir une sorte de « Comité de libération de l'Irak » sur le modèle syrien.
L'axe de la résistance
Depuis le triomphe de la révolution islamique iranienne, les dirigeants religieux et politiques de Téhéran ont cherché à tisser un réseau de relations privilégiées avec les groupes paramilitaires arabes. La nécessité de cette approche sui generis est née du fait que les entités étatiques régionales n'ont jamais vu d'un bon œil l'expérience khomeiniste. Pour preuve, tous les pays arabes ont soutenu l'effort de guerre irakien contre les Iraniens entre 1980 et 1988. Tous sauf un: la Syrie de Hafez Assad.
Pour cette raison, l'axe de résistance iranien (appelé « croissant chiite » par ses détracteurs, en raison de la prédominance de la composante religieuse dans l'alliance entre l'Iran et les groupes politico-militaires en Irak et au Liban) n'avait, entre hauts et bas, qu'un seul allié stratégique au Moyen-Orient parmi les Etats-nations. Avec la fin de l'expérience baasiste à Damas, le projet régional de l'Iran a subi un coup dur. Non seulement la Syrie est tombée entre les mains des concurrents régionaux de l'Iran - les sionistes et les Turcs - mais la ligne reliant Téhéran au Hezbollah libanais, via Bagdad et Damas, a été interrompue. Sans cet axe, l'approvisionnement de la résistance islamique libanaise ne sera certes pas totalement coupé (les voies de Dieu sont infinies...), mais il sera certainement plus problématique.
L'Irak : la prochaine étape de la confrontation régionale dans le Levant arabe après la Syrie
Le dossier syrien étant clos au détriment de l'Iran et en faveur d'Ankara et surtout de Tel-Aviv - démonstration que la Syrie d'Assad était littéralement un katechon antisioniste - la dispute se déplacera probablement vers l'Irak. Avant d'analyser la situation en Irak, je voudrais faire une brève réflexion sur la Syrie.
Le grand gagnant de la chute d'Assad jusqu'à présent est, comme on l'a dit, Israël. Au-delà des déclarations officielles, la liberté de manœuvre des sionistes en Syrie est sans précédent. Il est vrai qu'Assad n'a pas réagi aux attaques israéliennes, mais en permettant aux Iraniens d'opérer sur son territoire pour soutenir le Hezbollah, c'est comme si les Syriens réagissaient à leur manière aux bombardements et aux sabotages sionistes. Ce n'est pas un hasard si, lorsque Israël a commencé ses opérations terrestres au Sud-Liban à la fin du mois de septembre dernier, la première mesure prise par Tsahal a été de bombarder les routes reliant la Syrie au Liban, dans le but de stopper le flux d'armes.
Bien sûr, rien ne justifie l'absence de réaction d'Assad face aux attaques sionistes de ces derniers mois, puisque tout pays souverain a le droit et le devoir de se défendre contre les attaques étrangères. Cependant, on ne peut comparer l'immobilisme formel d'Assad vis-à-vis d'Israël avec l'immobilisme formel et substantiel d'Al-Jolani face aux bombardements sans précédent effectués par les sionistes après la chute d'Assad en Syrie (certains évoquent l'utilisation d'armes nucléaires tactiques qui auraient provoqué des tremblements de terre) et, surtout, face à l'avancée terrestre de Tsahal à quelques dizaines de kilomètres de Damas. Israël cherche à éliminer ce qui reste du potentiel militaire de la Syrie, dans le but de faciliter le démembrement du pays, ce qui permettrait de créer des zones autonomes alliées à Israël dans toute la région.
Pour la Turquie, la situation est différente. Le problème de l'indépendance kurde, alimenté par Tel-Aviv et combattu par Ankara, fera bientôt retomber les contradictions syriennes sur les Turcs, créant une sérieuse concurrence entre l'expansionnisme sioniste et l'expansionnisme turc. Le scénario le plus probable pour l'avenir de la Syrie est le suivant : une guerre interne dans l'ancien front anti-Assad, qui comprend divers groupes islamistes, des Druzes, des Kurdes, sans oublier les Alaouites de la côte. Dans un contexte de guerre civile permanente et sans gouvernement central fort, le parallèle qui vient à l'esprit est celui du Liban des années 1970 et 1980. Des milices qui s'affrontent sur des bases idéologiques, ethniques et religieuses, sans vainqueur ni vaincu, avec une forte ingérence étrangère et des alliances qui changent tous les jours. C'est le meilleur scénario pour que les Iraniens tentent un retour en Syrie.
Bien sûr, une telle situation n'aura plus l'apparence d'une alliance avec un gouvernement central fort, mais elle servira à démontrer que l'axe de la résistance est toujours vivant et actif, malgré la défaite d'Assad et l'affaiblissement du Hezbollah.
En ce qui concerne l'Irak, nous assistons à court terme à des tentatives d'affaiblir le rôle de l'Iran en faveur de la Turquie par le biais de la diplomatie, tout comme cela a été fait avec Assad. Actuellement, le gouvernement officiel de Bagdad envisage, sous la pression des États-Unis, de dissoudre les milices pro-iraniennes. Si cette option n'aboutit pas, tout comme la demande faite jadis auprès d'Assad d'expulser les Iraniens de Syrie, une nouvelle vague d'attaques contre les groupes proches de Téhéran dans le sud de l'Irak est probable ; une opération qui serait menée par des factions idéologiquement alignées sur le groupe d'Al-Jolani. Après tout, ce dernier a combattu dans le mouvement djihadiste international qui a plongé le Moyen-Orient dans le chaos au cours des deux dernières décennies, et l'existence d'un réseau entre la Syrie et l'Irak sur le modèle d'ISIS n'est pas à exclure, avec des cellules dormantes prêtes à passer à l'action sous la tutelle des services turcs ou israéliens.
En conclusion, les trois projets continueront à s'affronter en Syrie et en Irak, avec des alliances tactiques qui peuvent changer en fonction des opportunités. Dans un contexte, nous pouvons voir - dans un rôle anti-Assad et anti-Iran - les Turcs et les Israéliens unis, mais dans d'autres, la situation peut changer complètement. Par exemple, la relation entre les Kurdes de Syrie et d'Irak et les trois protagonistes du soulèvement arabe est très difficile à déchiffrer. Les Israéliens, les Turcs et les Iraniens ont tous des amis et des ennemis potentiels parmi les Kurdes. Par exemple, s'il est vrai que les Kurdes syriens et irakiens sont en contact avec les sionistes, l'Iran exerce également une réelle influence, notamment parmi les Kurdes irakiens; et il n'est pas exclu que, dans un rôle anti-turc, cette collaboration intermittente s'étende à l'est de l'Euphrate en Syrie, une zone que les Iraniens connaissent bien en raison de la guerre contre ISIS dans les régions voisines.
Source : Eurasia
18:26 Publié dans Actualité, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : géopolitique, actualité, irak, syrie, turquie, iran, israël, grand israël, néo-ottomanisme, axe de la résistance, proche-orient, levant | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Sur la question de la sécurité pan-eurasienne
Sur la question de la sécurité pan-eurasienne
Leonid Savin
Il y a quelques jours, le ministre russe des affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que la Russie était prête à discuter de garanties de sécurité pour un pays « aujourd'hui appelé Ukraine », mais que le contexte eurasien serait déterminant pour la conclusion d'un accord.
Le haut diplomate a clairement indiqué que « la partie occidentale du continent [de l'Eurasie] ne peut pas s'isoler de géants comme la Chine, l'Inde, la Russie, le golfe Persique et l'ensemble de l'Asie du Sud, le Bangladesh et le Pakistan. Des centaines de millions de personnes peuplent cette région. Nous devons développer le continent pour faire en sorte que les questions relatives à sa partie centrale, l'Asie centrale, le Caucase, l'Extrême-Orient, le détroit de Taïwan et la mer de Chine méridionale soient traitées par les pays de la région plutôt que par l'ancien secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, qui a déclaré que l'OTAN opérerait dans la région parce que la sécurité de l'alliance dépendait de la région indo-pacifique ».
Si l'on considère qu'à la fin du mois de janvier, il y aura un changement dans l'administration américaine qui, en la personne du président nouvellement élu Donald Trump, parle déjà de la nécessité de redessiner géopolitiquement la carte du monde, il est possible de tirer des conclusions sans équivoque que les négociations avec la partie américaine sur l'Ukraine et l'Eurasie dans son ensemble ne seront pas faciles.
Toutefois, les discussions sur la sécurité à l'échelle de l'Eurasie sont importantes et nécessaires. Elles correspondent non seulement à l'esprit du temps, mais reflètent également la même logique historique. Cela n'est pas seulement dû à l'idée d'une grande Eurasie et d'un espace économique unique de Dublin à Vladivostok. Dans son livre Guns, Gems, and Steel, le scientifique américain Jared Diamond explique qu'en Eurasie, l'échange d'informations, d'expériences et d'inventions techniques a été plus rapide qu'ailleurs, ce qui a conduit à une sorte d'« intégration » bien avant que le mot n'apparaisse.
Cela aurait dû contribuer au rapprochement entre les peuples à l'époque moderne, et encore plus aujourd'hui, quand on parle du triomphe du progrès et de la science. Cependant, l'ère moderne a coïncidé avec l'ère des grandes découvertes géographiques et, dans le même temps, certains peuples de l'Eurasie, dans sa péninsule occidentale, appelée Europe, sont tombés dans une terrible ignorance, qui a conduit à l'émergence d'idées de supériorité raciale, puis au nazisme et au fascisme. La fin de la Seconde Guerre mondiale était censée mettre fin aux conflits et penser à une coexistence pacifique (cette formule a été développée plus tard par la Chine et l'Inde). Mais ici, le Royaume-Uni et les États-Unis sont intervenus activement et ont commencé à participer au destin des peuples eurasiens non seulement politiquement et économiquement, mais aussi idéologiquement, en disant effectivement aux pays européens ce qu'ils devaient faire.
Aujourd'hui, en tant que satellites de Washington, l'UE est devenue l'otage des intérêts anglo-saxons et sape sa propre économie au détriment de ses propres pays et de ses propres peuples. D'autre part, la lassitude face à l'impasse dans laquelle se trouvent les peuples et une partie des élites politiques de l'UE est manifeste. Dans ce contexte, les possibilités d'émergence de partis et de mouvements plus appropriés se multiplient.
Si aux États-Unis, au moins sur le plan rhétorique, la nouvelle administration entend réimposer la doctrine Monroe (les discours sur le Canada, le Groenland, le golfe du Mexique et le canal de Panama font partie de l'espace des Amériques), leurs partenaires européens sont néanmoins condamnés à coopérer sur le continent eurasiatique.
Et la question clé est de savoir ce qu'il en sera. Soit la confrontation de type guerre froide se poursuivra, soit il y aura un dégel des relations et une architecture de sécurité commune sera créée ensemble.
L'option de la confrontation est assez probable, au moins parce que l'administration Trump tentera d'inciter l'UE et d'autres partenaires à agir comme un seul bloc contre la Chine. La Russie n'est pas considérée par Trump et les siens comme une menace existentielle pour les États-Unis, mais la Chine, qui est le principal partenaire stratégique de la Russie, demeure le problème numéro un tant pour Biden que pour Trump, notamment en raison de la croissance rapide de la puissance de ce pays et de l'extension de son influence géopolitique.
En outre, Xi Jinping a parlé ouvertement au chef du Conseil européen de l'importance de la coopération commerciale et économique et du soutien de Pékin à l'autonomie stratégique de l'UE. Cette autonomie signifie une moindre dépendance à l'égard des États-Unis en termes politiques et stratégico-militaires.
Cependant, à côté de l'UE, l'OTAN, qui couvre un territoire plus vaste que l'UE, y compris la Turquie, continue d'exister. Les États-Unis continuent de jouer un rôle de premier plan au sein de l'Alliance.
Outre l'UE, le Royaume-Uni, qui a quitté l'UE mais continue de jouer un rôle actif dans la politique du continent, représente une certaine menace pour la sécurité pan-eurasienne. Historiquement, le Royaume-Uni a contrôlé de vastes territoires en Eurasie, de l'Égypte au sous-continent indien et à la Chine, et possède toujours un territoire dans le détroit de Gibraltar.
Le Royaume-Uni tente d'exploiter les contradictions actuelles et de renforcer sa position dans divers domaines. Par exemple, le British Council on Geostrategy note que le pays est confronté à des vulnérabilités critiques dans ses chaînes d'approvisionnement logistiques et ses capacités de transport maritime. L'approvisionnement des forces armées est menacé par des capacités de transport maritime limitées et vieillissantes, contrôlées par le gouvernement, par une flotte marchande en perte de vitesse et par une dépendance excessive à l'égard des affrètements spéciaux.
La nostalgie du bon vieux temps est clairement visible ici, lorsque la Grande-Bretagne s'autoproclamait maîtresse des mers. Aujourd'hui, elle souhaite faire revivre ce statut dans de nouvelles circonstances.
Le site web du Conseil affirme le rôle central de la Grande-Bretagne dans la zone de responsabilité euro-atlantique et dans l'OTAN. Il convient d'ajouter que cette organisation a un projet appelé China Watch, qui surveille un large éventail d'activités chinoises qui menaceraient les intérêts de Londres. En outre, il existe une initiative trilatérale (Grande-Bretagne, Pologne et Ukraine), dont l'un des objectifs déclarés est « une campagne de lutte économique et politique contre la Russie, afin de briser la machine militaire russe et d'affaiblir l'influence du Kremlin dans les pays dits du “juste milieu”, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et dans d'autres endroits ».
Ainsi, la sorcière britannique continuera à jeter ses sorts à la fois sur la Russie et sur la Chine. Par conséquent, dans les affaires de l'Eurasie, une attention particulière doit être accordée aux initiatives britanniques qui, ouvertement ou secrètement, viseront toujours à saper l'unité de l'Eurasie.
Quant à la consolidation des efforts des principaux centres, elle ne concerne pas seulement l'interaction entre la Russie et la Chine. La signature de l'accord de partenariat global dans tous les domaines entre la Russie et l'Iran renforce l'axe eurasien. La Russie et la Corée du Nord ont déjà conclu un accord similaire, bien que les Coréens ne jouent pas un rôle aussi important dans la sécurité de l'ensemble du continent et se concentrent davantage sur les problèmes de la péninsule coréenne et de l'impérialisme américain.
L'Inde est un autre pôle du monde multipolaire émergent, également intéressé par le renforcement de la sécurité régionale. Outre la question non résolue du Cachemire (à laquelle s'ajoutent les intérêts du voisin nucléaire du Pakistan) et les questions litigieuses avec la Chine, New Delhi coopère dans plusieurs domaines avec les pays de l'UE, et les sanctions à l'encontre de la Russie entravent clairement cette interaction. D'autre part, l'Inde est impliquée dans le développement du corridor Nord-Sud à travers l'Iran et la Russie et s'intéresse également au développement de l'Arctique. Dans le contexte du développement d'un monde multipolaire, le gouvernement Modi agit de manière tout à fait rationnelle, étant également membre des BRICS et de l'OCS.
Reste le bloc arabo-musulman d'Eurasie, où la région souffre clairement de l'attention excessive des États-Unis - l'occupation de l'Irak et de la Syrie, le soutien d'Israël au génocide des Palestiniens, la pression sur le Liban et le maintien de bases militaires américaines au Qatar, à Bahreïn, en Jordanie et en Arabie saoudite. Mais si l'on tient compte des cas concrets concernant la Palestine et l'occupation israélienne, il est évident que le monde arabo-musulman est aujourd'hui clairement divisé et enclin à la pensée tribaliste-nationaliste, ce qui réduit considérablement les possibilités d'une large coopération pour résoudre divers problèmes avec les centres eurasiens. Une autre raison est l'attitude attentiste de certaines élites de la région, qui espèrent un nouveau déclin de l'hégémonie américaine, lorsqu'il sera possible de ne pas avoir peur d'agir plus ouvertement.
Toutefois, d'une manière générale, la consolidation des efforts de la Russie, de la Chine, de l'Iran et de l'Inde indique déjà l'existence d'un bloc non seulement en Eurasie, mais aussi dans la majorité mondiale, avec une position commune sur des questions d'une importance fondamentale.
11:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Eurasisme, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, europe, asie, affaires européennes, affaires asiatiques, eurasie, géopolitique | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
mercredi, 22 janvier 2025
Il n'y a pas d'histoire sans philosophie
Il n'y a pas d'histoire sans philosophie
Alexandre Douguine
L'histoire est une séquence de blocs sémantiques appelés « événements ». Ceux-ci comprennent des personnalités, des processus, des changements, des oppositions, des catastrophes, des réalisations, des paysages sur lesquels tout cela se déroule et, en fin de compte, tout ce riche bloc de réalité à plusieurs niveaux s'élève jusqu'à sa signification. Et la signification d'un événement, à son tour, est inextricablement liée à la signification d'autres événements. C'est ainsi que se tisse la trame de l'histoire. En même temps, le sens d'un événement inclut la richesse infinie de ce qui constitue sa nature, son fondement.
L'histoire est donc quelque chose de spirituel, qui ne se révèle qu'à l'esprit philosophique rompu à la pratique de la contemplation des idées. L'histoire est un concept philosophique et même théologique; ce n'est pas par hasard que l'on parle d'histoire sacrée, où le sens des événements est révélé par des dogmes et des axiomes religieux, qui à leur tour révèlent ces dogmes et ces axiomes de manière détaillée et riche.
Toute l'histoire est structurée comme l'histoire sainte. Seules les versions séculières ont des dogmes et des axiomes différents - athées et matérialistes. Ici, à la place de Dieu, de l'Alliance, de l'Incarnation, du Salut, de la Providence, de l'eschatologie, se trouvent les lois immanentes de la terre, de la société, de la bio- et physio-logie, de la lutte inter- et intra-espèces, du destin, du climat, de la technologie, de la volonté de puissance, des formations historiques, etc.
L'histoire n'existe pas en dehors d'un système religieux ou idéologique
L'histoire n'existe pas en dehors d'un système religieux ou idéologique. Nous sommes aujourd'hui sur la voie des Lumières historiques. Il y a tout un décret présidentiel à ce propos. Mais nous n'avons pas de décret sur l'idée russe et la philosophie russe. Cela reste facultatif. De même, l'histoire reste suspendue dans un vide dogmatique et axiomatique. Pour l'un, cet événement signifie une chose, pour l'autre une autre, un troisième nie la signification même de cet événement, un quatrième en nie la réalité. Et il est impossible de réduire de force ce chaos et cet arbitraire en quelque chose d'unifié par un décret portant sur la seule histoire. Dans le meilleur des cas, un modèle artificiel superficiel sera formé, qui ne vivra de toute façon pas, même s'il est imposé à tous.
Nous devons nous engager à fond dans la philosophie
Jusqu'à présent, les autorités n'y prêtent aucune attention et la société ne s'y intéresse pas. Or, la philosophie, c'est le travail sur le code de programmation de la société. C'est le travail des programmateurs spéciaux de l'Esprit. Si nous n'avons pas de programmateurs souverains de l'Esprit, toutes nos disciplines historiques, sociales et humanitaires seront créées en dehors de la Russie, ce qui signifie que nous ne pouvons pas parler de souveraineté. Si l'État-Civilisation n'a pas de philosophie souveraine, cette souveraineté n'est finalement qu'une fiction.
Les philosophes sont en charge du sens des événements. Cela signifie qu'ils gèrent aussi les événements eux-mêmes. Il n'y a d'histoire à part entière que dans la société où il y a une philosophie à part entière. Sinon, la société et le pays vivent à la périphérie d'une autre civilisation, extérieure, dont les codes sont définis à l'extérieur et restent incompréhensibles. L'absence de souveraineté fait d'une société sans philosophie, et sans histoire, une société contrôlée de l'extérieur.
C'est pourquoi nous, Russes, n'avons pas de consensus sur les débuts de la Rus - sur les Slaves, Rurik, la tradition pré-chrétienne, l'acceptation du christianisme.
Nous n'avons pas de consensus sur l'État kiévien, ni sur sa fragmentation, ni sur les conquêtes mongoles et l'existence de la Russie en tant que partie de l'empire de Gengis Khan et de la Horde d'or.
Nous n'avons pas de consensus sur Ivan le Terrible, la zemshchina, l'oprichnina et la théorie de Moscou-Troisième Rome. L'interprétation de la relation de notre Église avec le Phanar n'est pas claire.
Nous n'avons pas de consensus sur les premiers Romanov, et nous comprenons encore moins le schisme russe.
Nous avons une divergence d'opinion totale sur le 18ème siècle pétrinien.
Nous n'avons pas de vision commune du 19ème siècle et de son tournant conservateur. La querelle entre slavophiles et occidentaux est réduite à peu de choses, elle est abandonnée, bien qu'elle ne soit pas terminée.
Il n'est pas surprenant que nous n'ayons pas de consensus sur les événements de 1917. Aujourd'hui, nous ne comprenons apparemment pas la signification de ces événements et sommes enclins à croire qu'ils n'ont pas eu lieu du tout.
Nous ne comprenons pas du tout pourquoi l'URSS a pris fin et comment il se fait que les années 90 ont commencé et que le pays s'est effondré et a perdu sa souveraineté, se transformant en une colonie de l'Occident.
Nous ne comprenons pas comment et d'où vient Poutine en tant que phénomène historique. Nous comptons beaucoup sur lui, mais nous ne sommes pas en mesure de l'expliquer ou de l'interpréter, ni de comprendre les conditions qui ont conduit à son règne. Je veux dire dans le contexte historique où la philosophie fonctionne.
Nous ne comprenons pas la raison d'être de Medvedev, ni ce qu'il fait aujourd'hui sur son canal Telegram.
Nous ne comprenons pas bien pourquoi nous avons commencé l'Opération militaire spéciale en 2022 et pourquoi nous ne l'avons pas fait en 2014. Il n'y a pas de consensus. Chacun à sa manière de voir et d'interpréter l'événement.
Personne n'est déconcerté par le fait qu'au cours des 40 dernières années, presque la même élite russe a changé à plusieurs reprises d'idéologie pour en adopter une autre, mais avec une apparence intelligente et importante, aujourd'hui grise et décrépite, elle continue à enseigner au peuple aveugle quelque chose qui lui est propre et que l'on ne comprend guère. Nous ne pouvons expliquer à personne, et d'abord à nous-mêmes, comment un membre du Komsomol devient un libéral, et un libéral devient un anti-libéral et un patriote, et ensuite, très probablement, un libéral et un anti-patriote à nouveau. La seule clé d'interprétation dont nous disposons est la célèbre chanson de la popstar Instasamka (photo).
Mais à partir de tout cela, il est tout simplement impossible de tresser le tissu spirituel de l'histoire russe. Et une nation qui n'a pas d'histoire n'a pas d'avenir. Or, l'avenir est aussi l'histoire, sa dimension nécessaire.
Dans un récit de Yuri Mamleyev, il y avait un personnage, une femme victime de violence, qui, lorsque le juge lui demandait s'il y avait eu violence ou non, bégayait soudain et répondait une seule phrase étrange : « C'est tombé tout seul ». C'est à cela que ressemble notre histoire: quelque chose est tombé tout seul. On ne sait pas très bien quoi, quand, où, qui l'a poussé, pourquoi... Mais ce n'est pas ce qu'est l'histoire. Ce n'est pas du tout cela.
18:47 Publié dans Actualité, Histoire, Nouvelle Droite, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : actualité, russie, alexandre douguine, hisoire, philosophie, nouvelle droite, nouvelle droite russe | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook
Le rôle des États-Unis dans l'attaque ukrainienne contre TurkStream
Le rôle des États-Unis dans l'attaque ukrainienne contre TurkStream
Interview de Mehmet Perinçek et Onur Sinan Güzaltan au quotidien russe Izvestia
Le ministère russe de la défense a annoncé que l'armée ukrainienne avait attaqué, à l'aide de drones, une station de compression de la région de Kransnodar qui fournit du gaz naturel au gazoduc TurkStream. La déclaration indique que les neuf drones utilisés dans l'attaque ont été détruits par les systèmes de défense aérienne et que le gazoduc a continué à fonctionner normalement.
Mehmet Perinçek et Onur Sinan Güzaltan, auteurs à l'UWI, ont évalué l'attaque des drones de l'armée ukrainienne contre le gazoduc TurkStream pour le quotidien russe Izvestia.
L'Ukraine et l'accord avec les États-Unis contre le TurkStream
Perinçek a déclaré que l'attaque ukrainienne n'était pas surprenante et a évalué la question comme suit : « Cette attaque n'est pas surprenante, car il ne s'agit pas de la première tentative. Kiev avait déjà essayé de détruire le gazoduc TurkStream, il y a donc eu d'autres tentatives. Et non seulement cela, mais ils ont également annoncé officiellement qu'ils voulaient interférer avec le travail du TurkStream, ils ont signé un mémorandum avec Washington il y a 5 ou 6 ans. Les États-Unis et l'Ukraine ont officiellement annoncé qu'ils voulaient coopérer contre le TurkStream ».
Il ajoute que le projet de fonder un « régime de Kiev » a été créé artificiellement, car les autorités ukrainiennes ne reflètent pas la volonté du peuple. Par conséquent, a souligné l'interlocuteur de la publication, ce projet est dirigé non seulement contre la Russie, mais aussi contre la Turquie, dans le contexte de la politique américaine et dans le cadre de la crise au Moyen-Orient.
« Les plans américains en Ukraine, en Syrie et en Méditerranée orientale sont tous liés. Par conséquent, la réponse à cette attaque [des forces armées ukrainiennes] ne peut se faire qu'en coopération avec la Russie et d'autres pays qui souffrent également de l'agression américaine », a conclu l'expert.
Perinçek a souligné que pour assurer la sécurité dans la mer Noire, la Turquie et la Russie devraient travailler selon un plan commun.
L'attaque de TurkStream en Ukraine et la rencontre Trump-Poutine
Güzaltan, quant à lui, a attiré l'attention sur le fait que l'attaque s'est produite au moment où la rencontre entre Trump et Poutine avait été prévue et il a énoncé l'analyse suivante :
« Je pense que l'« État profond » américain est derrière ces attaques, ainsi que les Britanniques, et je suis sûr qu'il s'agit d'une attaque majeure contre les relations turco-russes. Ils ont déjà attaqué les gazoducs Nord Stream pour endommager et perturber les relations russo-européennes. Et je crois qu'ils essaient maintenant de faire la même chose contre les relations turco-russes, pour que la Turquie condamne la Russie ».
Selon lui, le gouvernement turc comprend que cette provocation a eu lieu
Cette attaque a eu lieu juste avant les négociations prévues entre le président américain nouvellement élu, Donald Trump, et le dirigeant russe Vladimir Poutine. L'expert a admis qu'Ankara condamnerait l'attaque. « Aujourd'hui, le problème de l'énergie est le problème numéro un dans le monde. Et bien sûr, le gaz russe joue un rôle très important pour la Turquie. De plus, ces gazoducs sont également importants pour l'Europe. Je veux dire que maintenant que le passage du gaz de la Russie à l'Ukraine vers l'Europe est bloqué, l'Europe souffre. Par conséquent, ceux qui ont causé le problème du gaz en Ukraine essaient de causer le même problème entre la Turquie et la Russie. Mais la cible principale sera l'Europe », a conclu M. Güzaltan.
Article original par United World International :
https://unitedworldint.com/36228-the-uss-role-in-the-ukra...
18:24 Publié dans Actualité, Affaires européennes | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : russie, turquie, ukraine, mer noire, gazoducs, gaz, hydrocarbures, turkstream | |
del.icio.us |
|
Digg |
Facebook