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lundi, 07 novembre 2011

La double monarchie, une solution pour la Belgique et l’Europe ?

La double monarchie, une solution pour la Belgique et l’Europe ?

par Georges FELTIN-TRACOL

En 1991, le germaniste et géopoliticien Pierre Béhar écrivait L’Autriche-Hongrie, une idée d’avenir. Vingt ans plus tard, le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme relance cette idée au sujet de la Belgique. D’une famille à la fois européenne (Espagne, Parme, Écosse, Autriche…) et française, l’auteur donne, avec cet essai rédigé après de nombreux mois d’enlisement politique, son avis sur la crise institutionnelle belge.

Le Prince se sent des affinités avec la Belgique. Il n’oublie pas qu’au cours de la Grande Guerre civile européenne de 1914 – 1918, son père et son oncle, les princes Xavier et Sixte, participèrent au conflit sous l’uniforme de ce pays. En 1917, quand ils tentèrent de négocier une paix séparée avec leur beau-frère, l’empereur Charles d’Autriche-Hongrie, le roi des Belges Albert Ier, soutint leur initiative sabotée par cette crapule de Clemenceau.

Le prince Sixte-Henri de Bourbon-Parme souffre du blocage politique outre-Quiévrain et déplore par anticipation tout risque éventuel d’éclatement ou d’« évaporation ». « La Belgique vaut certainement mieux que ce qui se prépare à la remplacer : une république provisoire de Wallonie travaillant pour le retour des sans-culottes et de la France; et une république flamande immédiatement confrontée à la difficulté de se faire reconnaître par la gendarmerie belge… (p. 12) » Certes, le  système politique en place est parvenu à ses limites et la paralysie est largement dépassée ! Que faire alors ? « Si tout le monde politique belge est donc d’accord pour envisager le divorce, aucune solution de séparation ne fait l’unanimité; tout projet de sortie de crise trouve au contraire un insatisfait, un opposant irrésistible. Une république flamande serait forcément amputée de Bruxelles et la Belgique maintenue entre francophones ne ressemblerait plus qu’à un trognon d’État. Cette double impossibilité semble exclure l’idée de deux États souverains séparés et ramener vers le confédéralisme actuel… qui, lui, ne fonctionne pas (p. 13). » Le Prince condamne par avance l’annexion possible de la Wallonie (avec ou sans Bruxelles) par la France, car c’est le « projet […] des jacobins français les plus débridés (p. 73) ». Ce n’est pas faux : Jean-Luc Mélanchon y est favorable.

S’inspirant du précédent austro-hongrois, mais aussi d’autres exemples historiques qu’on retrouve en annexe du livre (la Finlande et la Russie, les Îles anglo-normandes et la Couronne britannique, la Suède et la Norvège, la République des Deux-Nations de Pologne et de Lituanie…), l’auteur propose « une solution de compromis [qui] n’a jamais été réellement imaginée en Belgique : c’est celle d’une double monarchie construite, à partir de la souveraineté reconnue de deux États (p. 14) ». La Belgique pourrait devenir une « Union Belgique » composée d’un État flamand et d’un État wallon et dont le lien personnel s’incarnerait dans la dynastie régnante des Saxe – Cobourg – Gotha.

Actualité de la double monarchie

Ce « double État – Belgique » serait une union personnelle qui « établit une relation entre deux ou plusieurs États souverains considérés auparavant comme séparés, mais qui ont une même personne comme chef d’État (p. 17) ». Par cette suggestion originale que défendent le socialiste francophone José Happart et le démocrate-chrétien flamand Hendrick Bogaert avec une terminologie différente, il s’agit clairement de sauver la Belgique. En effet, le Prince considère que « la Belgique existe […] depuis dix siècles d’abord sous la forme d’un réseau cohérent et relativement solidaire de principautés et de républiques urbaines établies au Moyen Âge. Sous l’appellation de Pays-Bas du Sud, Pays-Bas espagnols ou Pays-Bas autrichiens, la “ Belgique ” forma un État dès 1581 après la scission des Pays-Bas entre la partie Sud catholique et la partie Nord calviniste (p. 46) ». Le Prince prend néanmoins acte du multilinguisme belge. Outre les États flamand et wallon, il envisage que les cantons germanophones puissent soit former un territoire autonome en union personnelle héréditaire avec le roi des Belges, soit devenir le district européen suggéré par le fédéraliste Maurice Allais. Pour Bruxelles, il penche pour un condominium flamand – wallon ou pour une entité autonome titulaire d’une « nationalité co-belge (p. 59) ». Bruxelles serait alors la capitale de l’Union européenne, de l’« Union Belgique » et des États wallon et flamand. En revanche, il balaie toute perspective de district européen bruxellois dissocié du reste du territoire belge.

Comment s’agenceraient les pouvoirs publics de cette double monarchie belge ? Même si l’auteur est prêt à entériner une forme de « suédisation » de la monarchie (à Stockholm, le roi n’a qu’un rôle protocolaire, honorifique sans aucune influence politique), il défend pourtant que « le pouvoir exécutif est directement assuré par le Roi. Sans aucune ambiguïté, ni réserve (p. 66) ». Son autorité s’exercerait en Flandre et en Wallonie par des lieutenants-représentants, membres de sa famille, qui n’auraient qu’une fonction honorifique. Le roi des Belges nommerait un « Chancelier de Belgique » et des ministres pour la défense et les affaires étrangères. Régulièrement, le souverain présiderait un « Conseil belge » constitué du Chancelier et des Premiers ministres flamand et wallon. Par ailleurs, le Prince juge que « la “ double monarchie ”, sur le modèle austro-hongrois, est également un outil institutionnel de décentralisation sans pareil (p. 14) ».

Sixte-Henri de Bourbon-Parme apporte une série d’arguments historiques en faveur de sa thèse. Il rappelle que le Commonwealth est une union personnelle pluricontinentale puisque la reine d’Angleterre, Elisabeth II, est aussi souveraine du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, etc., mais pas de l’Inde qui est une république ! Les Bourbons assumèrent une union personnelle tout théorique entre la France et la Navarre. Si le Prince signale l’occasion manquée au début des années 1990 d’une association entre la Roumanie et la Moldavie, il ne mentionne pas en revanche l’Union très virtuelle Russie – Bélarus… Il ne cache pas non plus que certaines unions personnelles n’ont guère duré : le royaume franco-anglaise issu du traité de Troyes de 1420 pendant la Guerre de Cent Ans, les quatre-vingt ans d’union ibérique entre l’Espagne et le Portugal ou l’Union de Kalmar de 1397 entre le Danemark, la Norvège et la Suède. Il aurait pu aussi évoquer le projet Monnet d’Union franco-britannique du 15 juin 1940 afin de maintenir la France dans le conflit. Il lui arrive aussi de se méprendre quand il déclare que la Communauté française voulue par le général de Gaulle en 1958 est morte-née. Cette Communauté accompagna les colonies africaines de l’Hexagone à l’indépendance dans les années 1960 et fonctionna deux – trois ans…

À partir de tous ces exemples, Sixte-Henri de Bourbon-Parme postule que la double monarchie doit être « une union entre deux ou plusieurs monarchies (p. 30) », « une union entre deux nations d’une importance sensiblement égale (p. 31) », ce qui suppose une association précise d’au moins deux souverainetés et non le phagocytage de l’une par l’autre ainsi qu’une vision géopolitique et des intérêts communs ou complémentaires. Il y ajoute en outre la nécessité d’une dynastie « sacralisée par l’histoire (p. 32) ».

L’héritage bourguignon des Habsbourg

Pour l’auteur, « la plus puissante union personnelle connue fut celle construite sous Charles Quint (p. 132) » pour qui la « Bourgogne [était] sa véritable patrie de cœur (p. 135) » si bien que l’Empereur-Roi « restera un prince bourguignon (p. 134) ». L’esprit bourguignon devenu habsbourgeois  s’adaptera ensuite à l’Europe danubienne au point que, malgré d’indéniables difficultés, l’Autriche-Hongrie paraît de nos jours comme d’une « parfaite modernité “ post-nationale ” (p. 152) ». « Le strict équilibre de puissance entre l’Autriche et la Hongrie et la parfaite parité de statut qui en découla naturellement sont une autre explication au succès métapolitique et sentimental de la double monarchie dans les nostalgies actuelles. Non seulement, la double monarchie préfigure l’Europe telle qu’elle devrait être, c’est-à-dire un ensemble construit au détriment d’aucune de ses nations constitutives, mais elle offre la quintessence de l’utilité de l’institution monarchique, puisqu’il paraît évident […] que la double monarchie est le plus sûr moyen de profiter aujourd’hui d’une dynastie réellement investie de poids et de responsabilités affectives sur les affaires politiques majeures (p. 30). » Oui, la double monarchie ne s’appliquerait pas qu’à la seule Belgique. D’autres pays européens pourraient en profiter. Le Prince en vient à évoquer l’Espagne et ses tensions nationalitaires au Pays basque et en Catalogne. Une union personnelle entre les royaumes d’Espagne, d’Euskadie et de Catalogne serait-elle souhaitable ? Héraut de l’idée carliste traditionnelle, Sixte-Henri de Bourbon-Parme juge que « le carlisme est le digne héritier de l’antique conception anti-centraliste d’un “ Royaume des Espagnes ”. […] À mi-chemin entre l’Espagne uniformisée et l’implosion, il y a donc la voie carliste préconisant une Espagne certes unie, mais sachant se faire suffisamment aimer afin de pouvoir décentraliser largement dans l’esprit des anciens fueros (p. 37) ».

Son approche originale peut même s’appliquer à l’Union européenne. Il constate que la désignation du président du Conseil européen par les chefs d’État et/ou de gouvernement des États-membres reproduit la procédure d’élection de l’empereur du Saint-Empire romain germanique. « L’idée prit subitement une nouvelle vigueur lorsque le 19 novembre 2009, suite au traité de Lisbonne, l’Union des 27 États européens se choisit un président en la personne du politicien belge Herman van Rompuy (p. 25). » Van Rompuy « est un chef d’État aux pouvoirs très limités, mais un chef d’État quand même (p. 42) ». Bref, « la nomination d’Herman van Rompuy à ce nouveau poste ouvre une nouvelle ère en Europe, en créant une fonction point encore optimisée, mais si franchement taillée pour un représentant d’une des grandes dynasties européennes ! (p. 26) » Le Prince insiste beaucoup sur le fait qu’« une union personnelle européenne – au moins pour l’Europe centrale – serait LA solution à la problématique jamais résolue des besoins contradictoires de souveraineté et d’union qui s’opposent en Europe, entre aspirations légitimes à l’État-nation et mouvement de raison vers une Confédération intégrée… (p. 43) » Et si l’Union européenne était couronnée ? Pendant longtemps, Otto de Habsbourg-Lorraine aurait pu prétendre à cette fonction. Qui depuis sa disparition ? Et pourquoi pas un Bourbon-Parme ? Hélas, les dirigeants du « Machin de Bruxelles » ne voudront jamais placer à leur tête un prince de sang de France…

Regrettons cependant que le Prince n’aborde pas une autre union personnelle éventuelle qui touche au premier chef sa famille : l’union dynastique entre la France et l’Espagne avec les Bourbons. Le traité d’Utrecht de 1713 interdit aux Bourbons d’Espagne et de leurs ramifications italiennes de prétendre au trône de France. Sous la pression militaire de l’Angleterre et du Régent, son aïeul, Philippe V d’Espagne, petit-fils de Louis XIV, renonça pour lui et ses descendants à ses droits sur la Couronne de France. Or cette renonciation est invalide pour les Lois fondamentales du Royaume des Lys comme l’a prouvé l’oncle du Prince, Sixte de Bourbon-Parme, dans sa thèse de droit en 1914.

Censé arrêter la Guerre de Succession d’Espagne (1701 – 1715), le traité d’Utrecht marque en fait le début de la domination thalassocratique anglaise sur l’Europe. Soutenue par les Provinces-Unies, l’Angleterre tenait à éviter la formation à terme d’un royaume franco-espagnol qui aurait été un solide rempart continental aux menées subversives de la Mer, du Marché et du calvinisme puritain. Conscient de cette nouvelle donne géopolitique, Louis XV conduisit à la fin de son long règne une adroite politique tellurocratique. Il conclut en 1761 un « Pacte de Famille » entre les Bourbons de France, d’Espagne et de Parme, mais sans le roi Bourbon des Deux-Siciles soumis à une forte coterie anglomane, qui instaure une solidarité entre les trois États bourboniens. Complété par le relèvement de la marine de guerre et adossé à la puissance autrichienne grâce au renversement des alliances de 1756, cet accord politico-familial prépare une « alliance latine » et esquisse les contours d’un bloc continental et naval catholique tourné contre l’Angleterre, la Prusse et les Provinces-Unies. Malheureusement, la genèse de cet ensemble continental est avorté à Paris par les agissements incessants du « parti de l’étranger » anglophile, parlementaire et orléaniste. N’en déplaise aux ultimes dinosaures orléanistes partisans d’une famille connue pour sa duplicité héréditaire, il serait bien de déchirer le traité d’Utrecht et de sa mentalité anglomorphe préjudiciable aux intérêts français et européen.

Par cet essai intéressant, Sixte-Henri de Bourbon-Parme énonce une solution baroque et décalée. Une double monarchie au moins pour la Belgique, pourquoi pas finalement ? Ses réflexions témoignent pleinement que ce fils de France est un véritable Français d’Europe.

Georges Feltin-Tracol

Sixte-Henri de Bourbon-Parme, Une double monarchie sauverait la Belgique. Observations d’un ami du Royaume. Essai politique, Paris, Éditions Godefroy de Bouillon, 2011, 163 p., 17 €.


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dimanche, 06 novembre 2011

Territoire enraciné ou nouvelle région artificielle ?

Territoire enraciné ou nouvelle région artificielle ?

par Robert PAGAN

Aujourd’hui, le sujet qui fait débat au sein de la classe politique locale concerne le projet de métropole qui doit voir le jour très bientôt. Le moins que l’on puisse dire est que ce projet qui sera porté sur les fronts baptismaux en janvier 2012 semble plutôt mal parti.

Déjà, le nom qui a été choisi nous semble assez peu heureux : « Métropole Côte d’Azur » qui donne une orientation touristique et économique. Il eut été plus judicieux de faire un choix historique en choisissant de l’appeler « Métropole Comté de Nice » qui a pour elle de définir un territoire historique et culturellement homogène, en regroupant toutes les communes de notre ancien Comté. Cette option nous aurait permis de redéfinir un territoire qui a une longue histoire et d’obtenir, à l’image de la Catalogne vis-à-vis de l’Espagne, toutes proportions gardées, une certaine autonomie dans notre pouvoir de décision. Nous aurions pu envisager une grande région européenne en nous liant aux provinces du Piémont et de la Ligurie.

Mais nos politiciens, aux ordres de la République française une et indivisible, ont préféré faire le choix de ce concept de Côte d’Azur qui n’a pas de réalité charnelle et reprend le côté « bling-bling » mis au goût du jour par le président hexagonal. Ils ont préféré cautionner la division de notre pays qui a été, depuis 151 ans, intégré dans un ensemble hétérogène qu’est le département pour ensuite être mis sous la coupe d’une ville rivale dans une région sans nom, sans âme et sans passé. Au lieu de reformer un ensemble cohérent qui a une légitimité historique, ils ont accolé des villes d’outre-Var telles Saint-Laurent-du-Var, Cagnes-sur-Mer et Vence (non pas que nous voulions rejeter celles qui souhaiteraient nous rejoindre) à l’agglomération niçoise tout en rejetant Le Broc et Gattières (cette dernière qui fait tout de même partie du Comté de Nice). Et, à cet égard, le début de l’aventure n’augure rien de bon : l’ensemble des communes qui ont adhéré à cette nouvelle structure rejette le projet présenté par le gouverneur français (le préfet des Alpes-Maritimes), la première adjointe de Nice – Côte d’Azur s’est abstenue lors du vote constitutif, ce qui n’a pas manqué d’étonner tout le monde, Le Broc et Gattières sont maintenus à l’écart, Coaraze veut s’en aller, La Tour n’est pas encore admise, Saint-Jean – Cap Ferrat ne veut pas entrer, Beaulieu est plus que sceptique et la communauté mentonnaise qui comprend plusieurs commune du Comté de Nice, après avoir voulu intégrer cette métropole, lui tourne le dos à présent.

C’est réellement une occasion historique qui a été gâchée, une de plus me direz-vous, mais les politiciens locaux qui se disent Niçois dans l’âme, qui viennent nous faire de grandes déclaration de leur attachement à cette terre et à cette culture, auraient été bien inspiré de saisir l’occasion qui leur était donné de récréer un territoire ancré dans la mémoire collective du Peuple Nissart, de saisir l’occasion de s’affranchir tant que faire se peut du centralisme jacobin si pesant, de sortir de cette région artificielle symbolisée par un sigle de quatre lettres, de se retourner vers l’Est, où est son avenir, pour retrouver, enfin, les six communes du Comté de Nice sous administration italienne (Apricale, Dolceacqua, Isolabona, Perinaldo, Pigna et Rochetta-Nervinia), nos six sœurs abandonnées.

Oui, notre avenir est à l’Est, cela semble si évident. Qu’est-ce que 150 années comparé à près de cinq siècles d’histoire (entre la dédition de 1388 à la Savoie et l’annexion par la France, 472 années se sont écoulées), ceci pour faire court puisque le Pays Niçois existait bien avant cette date, sans aucun lien (ou dépendance) avec la France : notre pays existait même avant que la France, elle, n’existe. Ce poids de l’histoire, nous le ressentons tous, d’autant plus que ce furent des siècles où les libertés et privilèges du peuple nissart étaient préservées, alors que depuis 1860 nous nous sentons enfermés dans des ensembles administratifs pesants et coercitifs (l’État, la région et le département).

Cela est dû, en grande partie, au fait que nous sommes en concurrence, dans une région dominé par une métropole qui a une mentalité totalement différente de la nôtre, parce qu’elle a une histoire différente de la nôtre, une culture différente de la nôtre, cette ville qui se veut l’alter ego de la capitale française, la deuxième ville de France. Une ville qui, ne pouvant supplanter sa capitale, veut tout dominer dans le territoire qu’on lui a donné à contrôler et ne veut surtout pas lâcher la bride à celle qu’elle considère comme une concurrente dangereuse, la cinquième ville de France qui n’en a que le titre sans les prérogatives, je veux parler de Nice. Oui, nous sommes en concurrence avec Marseille sur tout les plans et elle le sait : notre avenir est bouché à l’Ouest et il ne faut rien en attendre. En revanche, vers l’Est, nous avons des possibilités de retrouver nos libertés en étant un des piliers du trépied GénovaTorinoNissa (Gènes – Turin – Nice), villes qui ont tout pour être complémentaires et qui souhaitent un peu s’affranchir de leurs capitales respectives.

D’ailleurs, certains de nos hommes politiques l’ont bien compris quand on voit certaines positions ou déclarations de leur part. Quand Christian Estrosi souhaite une ligne à grande vitesse de Gènes à Nice. Quand Bernard Asso déclare dans Nice Matin qu’il nous faut nous tourner vers le Piémont pour nos besoins énergétiques. Quand Jean-Marc Giaume et Bernard Asso mettent en place un jumelage avec nos sœurs piémontaises. Quand nos échanges culturels se multiplient de part et d’autre des Alpes. Nous le pensons depuis longtemps, notre avenir va finir par rejoindre notre passé. Et, nous pensons, nous l’avons déjà dit, que la ligne ferroviaire à grande vitesse que l’État français n’a pas été capable de construire pour rapprocher Nice de l’Europe du Nord, cette ligne-là, doit passer par Turin et Chambéry (nos anciennes capitales) pour rejoindre Lyon, Paris, Bruxelles, Londres et Amsterdam avec une bifurcation vers Milan pour mettre Nice à portée directe de l’Europe centrale et orientale. Voilà où est notre avenir.

C’est pourquoi lorsque l’on entend le maire de Nice déclarer que la métropole aura un vocation mondiale, nous ne comprenons pas qu’il n’ait pas fait le choix d’une « Métropole Comté de Nice » seule à même à susciter l’émergence d’une grande région européenne aux marches de l’Hexagone à l’instar de ce que préfigure la Catalogne (encore une de nos tranches d’histoire).

Nous avons la chance d’avoir un territoire qui a longtemps eu le privilège d’être une île non entourée d’eau, cette insularité qui nous a longtemps préservé de l’assimilation dont ont été victimes de nombreuses régions de France et qui nous a permis de développer une culture originale, ouverte à tous, sans se renier elle-même.

Allons-nous, longtemps encore, accepter d’être sous double tutelle de Paris et de Marseille ? Quand allons-nous saisir les chances qui se présentent à nous de nous émanciper ? Cette chance se présente aujourd’hui, avec l’opportunité de créer (ou de recréer) notre territoire historique riche d’une grande et longue histoire : il faut faire comprendre aux maires de nos communes que le peuple nissart souhaite autre chose que leur « Métropole Côte d’Azur ». Nous voulons que soit institué une nouvelle métropole : la « Métropole Comté de Nice » afin de retrouver une partie de notre souveraineté et de notre dignité. Et, nous pourrons dire, à l’inverse du titre d’une œuvre célèbre : « À l’Est, il y a du nouveau ! »

Robert Pagan

Paru d’abord dans l’info-lettre mensuelle Le « Ficanas » enchaîné, n° 32, mai 2011.


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mardi, 01 novembre 2011

Piet Tommissen, gardien des sources

Robert Steuckers:

Piet Tommissen, gardien des sources

La communauté académique connait Pïet Tommissen comme un grand spécialiste de Vilfredo Pareto et surtout de Carl Schmitt, depuis la parution régulière de la collection “Schmittiana” chez Duncker & Humblot à Berlin. Comment l’oeuvre précise et minutieuse de cet homme a-t-elle pu voir le jour, comment a-t-elle émergé idiosyncratiquement? De son cheminement personnel, Piet Tommissen nous livre un récit émouvant, tendre, autobiographique en une langue néerlandaise naturelle et spontanée. Malheureusement, ce beau récit sera trop souvent négligé par la communauté scientifique, qui suivra ses traces, car les écrits en néerlandais ne sont que rarement pris en compte par ceux qui ne maîtrisent pas cette langue. A la fin de sa vie, dans son charmant petit appartement d’Uccle, près de Bruxelles, Piet Tommissen a rédigé deux courts volumes de souvenirs, intitulés “Een leven vol buitenissigheden” (= “Une vie pleine d’extravagances”). Ils nous livre la clef de l’oeuvre, le fil d’Ariane d’une quête que notre professeur disparu a menée jusqu’à son dernier souffle. La première de ces plaquettes évoque une jeunesse sans histoire, passée à Turnhout en Campine, une région de landes de bruyère, assez aride, en lisière de la frontière néerlandaise, où son père était fonctionnaire des douanes et accises. Il y terminera pendant la seconde guerre mondiale ses études secondaires au Collège Saint Victor. Après la guerre, il occupe un premier emploi dans la petite localité de Baulers, près de la belle ville de Nivelles en Brabant wallon. C’est une époque où il se rend fréquemment à Bruxelles pour visiter libraires et bouquinistes et pour acquérir les principales revues intellectuelles françaises de l’époque, comme “Les temps modernes” ou “Synthèses”.

“La petite fleur en papier doré”

Au cours d’une de ces promenades bibliophiliques dans le Bruxelles de la fin des années quarante, en 1947 plus précisément (car la mémoire des dates est proverbiale chez Tommissen), il pousse la porte d’un des plus charmants estaminets de la ville, qui porte encore et toujours aujourd’hui le nom poétique de “La petite fleur en papier doré”, rue des Alexiens. Cet estaminet était le lieu de rendez-vous des surréalistes bruxellois autour de Magritte, Scutenaire, Mariën et les autres. L’exploitant de l’époque était collectionneur d’art et tenait une galerie: il se nommait Geert van Bruaene. Quand Tommissen entre dans le local sombre et agréable de cet extraordinaire bistrot, chauffé par un poêle de charbon, c’est van Bruaene qui sert les bières aux clients: dans la conversation qu’il entame, il parle au nouveau venu du théoricien avant-gardiste flamand Paul Van Ostaijen. Quasi inconnu en dehors des Flandres et des Pays-Bas, ce jeune révolutionnaire des années 20 avait rédigé un manifeste avant-gardiste, où il préconisait, outre une certaine écriture automatique (comme le fera plus tard Henry Michaux, côté wallon), un retour aux sources de toutes les formes de mystique religieuse dans les cadres nationaux et linguistiques: pour rompre avec la modernité positiviste et rationaliste, il faut retourner, disait Van Ostaijen, aux pensées mystiques que les peuples avaient développées aux stades antérieurs de leur histoire. Ce recours aux formes mystiques n’était pas une simple nostalgie ni une volonté passéiste de revenir à une sorte de moyen âge intellectuel car, pour Van Ostaijen, la mystique est “anarque” par excellence: elle balaie par la hauteur, la fraîcheur, la simplicité et la puissance de sa pensée les lourdeurs des systèmes et les banalités des périodes triviales dans l’histoire des peuples et des sociétés. Les Flamands, pour Van Ostaijen, doivent revenir à leurs mystiques médiévales, avec le mouvement des béguines, Soeur Hadewych et surtout Ruusbroec l’Admirable, dont Maurice Maeterlinck, Prix Nobel de littérature en 1911, avait réalisé une traduction française, tout en indiquant que ce mystique médiéval, retiré à Groenendael dans la Forêt de Soignes en lisière de Bruxelles, représentait la quintessence des aspirations mystiques flamandes et brabançonnes, tout comme, sans nul doute, Maître Eckhart représentait en Rhénanie la quintessence des aspirations mystiques allemandes. Piet Tommissen venait de découvrir le monde des “avant-gardes”, qui restera toujours présents chez lui, derrière sa façade officielle de “Schmittien”. Un monde d’avant-gardes qui n’était toutefois pas fermé aux aspirations religieuses.

Urbain Van de Voorde, Leo Picard, Wies Moens

En fréquentant van Bruaene et les joyeux convives de “La petite fleur en papier doré”, Piet Tommissen finit par faire connaissance avec Urbain Van de Voorde, responsable des pages littéraires du quotidien flamand “De Standaard”. Il écrit: “Les conversations que j’ai eues avec Van de Voorde, à cette époque et plus tard, ont été enrichissantes à tous points de vue. J’ai entendu pour la première fois prononcer les noms de Gottfried Benn, d’August Stramm, de Guillaume Apollinaire, d’André Breton, de Michel de Ghelderode, etc. D’où, je puis dire avec sérénié que Van de Voorde et quelques autres, ..., sont à la base de mon intérêt pour les ‘ismes’ de l’histoire de l’art, qui se sont déployés en Europe avant et après la première guerre mondiale”(p. 32). Piet Tommissen devint ainsi collaborateur occasionnel des pages littéraires du “Standaard”. Il prend le goût d’écrire, le goût de la recherche aussi, du détail piquant qui explique la genèse d’une oeuvre, d’un poème ou d’une toile, d’une esquisse ou d’une somme philosophique. Dans le cadre de ses activités au “Standaard”, il rencontre l’historien flamand Leo Picard (qu’on ne confondra pas avec le leader socialiste belge Edmond Picard). Leo Picard avait été le disciple préféré de Henri Pirenne, dont on se souvient partout en Europe pour ses thèses sur l’histoire médiévale et sur l’époque carolingienne. Mais Pirenne opte pour une vision “nationale” de l’histoire belge. Pour cette vision pirennienne, la Belgique est née, du moins sur le plan territorial, de la reconquête des Pays-Bas du Sud par les armées royales espagnoles; elle est, depuis 1598, affirme-t-il, détachée de ses environnements septentrional (la Hollande calviniste devenue indépendante) et oriental (l’Allemagne en tant que Saint Empire fragmenté par la Kleinstaaterei). Leo Picard critique cette vision, estime que les liens avec le Nord et l’Est ont toujours subsisté et que la Belgique indépendante de 1830 a été dominée par une bourgeoisie sans autre idéologie qu’un mixte confus de positivisme et de cosmopolitisme, une bourgeoisie qui a coupé tous liens organiques avec le peuple, surtout avec sa composante flamande. La dimension socio-économique de la vision flamande de Picard mérite toujours le détour en Flandre et nourrit sans doute secrètement, ou par les multiples avataras qu’elle a suscités, les contestations radicales de l’établissement économique belge dans les cercles du patronat et des PME (= “petites et moyennes entreprises”) en Flandre, parmi lesquels sans doute le “Marnixkring”, dont Tommissen fut longtemps le zélé secrétaire. Notons qu’il y a passerelle entre l’écriture positiviste de l’historien Leo Picard, formé par Pirenne, et l’idéal organique et “expressionniste” d’un autre poète avant-gardiste flamand, Wies Moens, auquel Tommissen consacrera plusieurs études. Picard examine les structures du pouvoir et constate qu’il y a “placage” d’un pouvoir inorganique sur l’organisme national flamand; Wies Moens exalte pour sa part (et dans le sillage de Camille Lemonnier) la vigueur d’un peuple flamand appelé à secouer le joug de l’établissement. L’idéal que se forge Piet Tommissen à la fin des années 40 repose sur ce double pilier intellectuel: d’une part, l’analyse organique et positiviste de Picard, un homme formé par Pirenne; d’autre part, les idéaux vigoureux, expressionistes et mystiques (Moens et Van Ostaijen) des avant-gardes flamandes, réclamant l’avènement d’un populisme révolutionnaire et organique, traduction politique d’un certain expressionnisme.

Vesperkring, Erasmusgenootschap, Aristo-Groep

En dépit de cette marque très particulière, très vernaculaire flamande, difficilement communicable en dehors de l’espace linguistique néerlandais, Tommissen ne demeure nullement sourd, bien sûr, aux grands courants intellectuels qui traversent l’Europe en général et la France en particulier. La fin des années 40 et le début des années 50 sont marqués à Paris par l’existentialisme des Sartre, Camus et de Beauvoir, dont Tommissen suit les avatars via la revue “Les Temps modernes” mais le bon petit virus qui est en lui et qui lui a été communiqué par van Bruaene, lui-même “contaminé” par le manifeste de Van Ostaijen, a créé des garde-fous contre toutes les dérives abstraites et extrémistes, contre toutes les bouffoneries de l’existentialisme parisien/sartrien. Dans ses mémoires, Tommissen confesse avoir été marqué par la lecture des écrits existentialistes français mais conclut en disant que, pour lui, et pour ses compagnons des avant-gardes flamandes et de l’équipe du “Standaard” autour d’Urbain Van de Voorde, il était impossible de dissocier l’essence de l’existence, le corps de l’âme. Le personnalisme d’Emmanuel Mounier et de la revue “Esprit” rencontre sans doute davantage d’approbation, catholicisme oblige, mais c’est dans des cercles flamands ou néerlandais aujourd’hui disparus ou oubliés par les historiographes que Tommissen va parfaire sa formation intellectuelle et spirituelle: il cite, dans ses mémoires, le “Vesperkring” (= “Cercle Vesper”) du Père Kallist Fimmers de l’Abbaye de Tongerloo, l’ “Erasmusgenootschap” (= “Le Compagnonnage Erasme”) animé à Gand par le poète Johan van Mechelen et l’ “Aristo-Groep” (= Le “Groupe Aristo”) du fascinant prêtre hollandais Wouter Lutkie. Celui-ci, fils de négociant en peaux, est au départ un militant espérantiste, qui consacre son temps à toutes sortes d’oeuvres caritatives complètement dépolitisées, puis devient un prêtre “démocrate chrétien” animé par le principe de charité et par les encycliques de Léon XIII, pour lesquelles il faut agir avec dévouement et humilité sans développer d’idées politiques abstraites et séditieuses. Disciple des Français Léon Bloy et Ernest Hello, Lutkie en vient, dans une phase ultérieure de son itinéraire, à dénoncer, comme eux, les hypocrisies de la démocratie bourgeoise: celle-ci n’a rien à voir avec les vertus morales (qu’elle proclame bruyamment), avec les efforts en matières éthiques et caritatives préconisés par l’Evangile ou avec la religion tout court. La démocratie bourgeoise, disent Bloy et Lutkie, a basculé dans le mensonge, s’est muée en une “idéolâtrie du nombre”. Lutkie fait alors du zèle à la Bloy, fustige le “démocratisme” avec une langue au vitriol: l’évêque de ’s Hertogenbosch le démet de ses fonctions de chanoine. Il s’installe alors dans un “cottage” du village de Nuland, où il oeuvrera comme “prêtre-publiciste”, activité qui conduira à la création de l’Aristo-Groep. Deux autres prêtres philosophes, les frères Walgrave, influenceront l’itinéraire intellectuel de Tommissen; rappellons aussi que J. H. Walgrave fut en Flandre le seul grand hispaniste qui nous ait laissé une étude magistrale sur José Ortega y Gasset (tout en étant un grand spécialiste de l’oeuvre du Cardinal Newman). Cette errance fructueuse dans les cercles intellectuels flamands permettent à Tommissen d’amorcer son oeuvre: pour le compte de ces cercles, il écrit dans diverses publications à modestes tirages mais de haute voltige intellectuelle. Nous avions, à la charnière des années 40 et 50, un catholicisme exceptionnel, d’une densité intellectuelle inégalée, aujourd’hui disparu sous les coups du consumérisme et de l’américanisme généralisés, d’une vulgate démocratiste chrétienne marquée d’anti-intellectualisme, des positions démissionnaires de Vatican II et de ses multiples avatars “modernistes”.

Avec Armin Mohler à Bâle et à Zürich

Mais c’est la rencontre avec l’oeuvre d’Ernst Jünger qui sortira Tommissen d’un ancrage exclusivement flamand. Fidèle à sa mémoire des dates, Tommissen nous rappelle que c’est le 30 janvier 1949 qu’il acquiert à Anvers, chez le bouquiniste Moorthaemers, un exemplaire de “Der Krieg als inneres Erlebnis” (= “La guerre comme expérience intérieure”). Sur le trajet Anvers/Baulers, notre homme lit ce livre d’une seule traite. Enthousiasmé et bouleversé par la lecture de cet ouvrage, il veut impérativement rencontrer l’auteur. Via Van de Voorde et la rédaction du “Standaard”, il apprend qu’Ernst Jünger vit dans le Würtemberg. Tommissen écrit: il jette sa petite bouteille à la mer... Armin Mohler, alors secrétaire d’Ernst Jünger, lui répond. Le contact est pris. Et le 25 octobre 1950, Tommissen monte dans le train de nuit pour Bâle. Arrivé au petit matin dans la métropole alémanique, il est reçu par la chère Edith Weiland, la future épouse d’Armin Mohler. Le lendemain, il s’embarque pour Zürich, où Mohler avait organisé une causerie sur Oswald Spengler. Dans les débats qui s’ensuivirent, un des participants évoque la figure de Carl Schmitt. Tommissen avait entendu parler de ces deux géants de la “Konservative Revolution” allemande dans les monographies que leur avaient consacré le Professeur Victor Leemans et d’autres exposants de la “Politieke Akademie” de Louvain. Piet Tommissen a rendu hommage à maintes reprises au travail de cette “Politieke Akademie”, dont il entendait pérenniser ou ressusciter l’esprit.

C’est à la suite de ce voyage à Zürich que Piet Tommissen entamera sa longue quête schmittienne. Il quitte au même moment l’entreprise qui l’employait à Baulers. Pendant de longues journées, au fil des semaines, Piet Tommissen va travailler à la Bibliothèque Royale de Bruxelles pour extraire toutes les informations possibles et imaginables sur l’oeuvre et la personnalité de Carl Schmitt, méritant, dès cette étape de sa vie, le surnom dont l’affublait avec tendresse Armin Mohler: “l’écureuil des Flandres”, qui glâne avec fébrilité des notes, recense des articles, cherche dates de naissance et de décès, comme le rongeur roux de nos chênaies ramasse glands ou noisettes. Chaque découverte est aussitôt envoyée à Carl Schmitt, qui, heureux que l’on fasse ce travail pour lui, le proscrit de la nouvelle Allemagne, répond toujours chaleureusement et finit par inviter Tommissen et son épouse Agnes à Plettenberg dans le Sauerland. Le couple y restera deux semaines. Le destin de Tommissen est scellé. Il deviendra et demeurera le fidèle disciple.

A Plettenberg pour le premier “Liber Amicorum” des amis de Carl Schmitt

Cette double expérience suisse et allemande fait de lui le porte-paroles en Flandre de ce qui subsiste de la “Révolution Conservatrice” dans les pays germanophones. C’est au sein de la revue “De Tafelronde” d’Ivo Nelissen (un ancien du “Vesperkring”) qu’il s’exprimera sur ces sujets. Les discussions avec l’abondante rédaction de la revue, et surtout, rappelle Tommissen, avec Koen Van den Bossche, portaient sur tous les thèmes de cette “Révolution Conservatrice”. En juillet 1953, l’ “Academia Moralis”, qui regroupe les amis de Carl Schmitt, ceux qui entendent l’aider dans le besoin et la détresse de l’immédiat après-guerre, décide de publier un “Liber Amicorum”, à l’occasion des 65 ans du grand juriste. Pour marquer le coup au jour de cet anniversaire, l’ “Academia Moralis” sort également de presse une première bibliographie de Carl Schmitt, fruit du travail de Tommissen à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Le jour de la remise officielle du “Liber Amicorum” à Schmitt, chaque participant, face à un Tommissen rouge de confusion et de bonheur, reçoit un exemplaire de cette bibliographie. Victor Leemans est présent, avec l’éditeur anversois Albert Pelckmans; il dit à Tommissen: “Ta bibliographie est plus précieuse pour la recherche ultérieure que le Liber Amicorum lui-même”. Leemans présente alors à Tommissen le philosophe “révolutionnaire-conservateur” Hans Freyer auquel le professeur louvaniste avait consacré avant-guerre une courte monographie dans le cadre de la “Politieke Akademie”. C’est ainsi que l’on a pu dire, qu’après la disparition de Leemans, Piet Tommissen a été le véritable vulgarisateur des thèses de la “révolution conservatrice” allemande en Flandre.

Force est de dire que l’esprit politique schmittien n’a pas trop imprégné la pensée politique flamande contemporaine, même dans ses marges censées demeurer germanophiles: en effet, les modes de pensée en sociologie et en sciences politiques sont désormais calquées sur leurs équivalents anglo-saxons, notamment à cause du recul général de l’enseignement de l’allemand et de l’omniprésence de l’anglais (le même phénomène s’observe en philosophie et en théorie littéraire). Plusieurs étudiants flamands m’ont déclaré que de jeunes assistants en sciences politiques à Louvain, dans les années 90, ignoraient jusqu’au nom de Carl Schmitt! Cette ignorance doit certes être en recul aujourd’hui, vu l’abondance de publications sur Schmitt en français et en anglais. En revanche, il est exact que les nombreux articles de Tommissen, qui introduisaient le lecteur flamand aux thèmes et aux figures de la “Révolution Conservatrice”, publiés dès le début des années 50, ont permis de maintenir un intérêt général pour ces thématiques. Mais l’exemple que nous lègue Tommissen, son inlassable engagement pour défendre et illustrer l’oeuvre de Carl Schmitt ou pour rappeler l’excellence des travaux de la “Politieke Akademie” de Victor Leemans, est celui d’une fidélité. Mais d’une fidélité à quoi? Aux “sources”.

Sources politiques et sources mystiques

Reste à déterminer quelles sont ces sources pour Piet Tommissen. Elles se répartissent en deux catégories: d’une part, les idées et les lectures que fait naître dans l’esprit d’un jeune adulte le sentiment de vivre dans un Etat qui n’est pas harmonieux, qui constitue une sorte de “cacocratie” en dysfonctionnement permanent et ne tient pas compte des aspirations profondes du peuple ou d’une majorité du peuple, objectivement discernable par l’appartenance ethno-linguistique; pour mettre un terme à la domination de cette forme “cacocratique”, il faut oeuvrer à proposer sans relâche des formes nouvelles et positives, qui n’ont pas la négativité des idéaux habituellement classés comme “révolutionnaires” (les oeuvres d’Orwell et de Koestler nous indiquent clairement quels sont les vices rédhibitoires voire criminels du totalitarisme “révolutionnaire” des gauches européennes de l’entre-deux-guerres). D’autre part, les individualités inclassables, qui peuplent le monde sympathique des avant-gardes, proposent des provocations qui se veulent dissolvantes de l’ordre établi; mais toute dissolution volontaire d’un ordre établi postule de ne pas tomber ou retomber dans les schémas froids du révolutionnisme des gauches: dans l’aventure du surréalisme belge (et surtout bruxellois), l’équipe dominante, autour de Scutenaire, Mariën et Magritte, ajoutait à ses provocations avant-gardistes une adhésion a-critique et provocatrice au communisme, affichée bruyamment sans être concomittante d’une réflexion profonde et véritablement politique. Par le fait de cette lacune, cette posture du groupe surréaliste bruxellois est parfaitement qualifiable de “poncif”, selon la terminologie même adoptée par les surréalistes qui s’inscrivaient dans le sillage d’André Breton. Paul Van Ostaijen, lui, propose une nouvelle immersion dans l’héritage mystique, sans doute suite aux travaux de Maerterlinck sur le mystique médiéval brabançon, Ruusbroec l’Admirable: il n’aura qu’un disciple parmi la première équipe des surréalistes de Bruxelles, l’ami de Tommissen, le peintre Marc. Eemans. Dans ses travaux philosophiques, celui-ci réhabilitera d’abord la mystique flamande Soeur Hadewych, provoquant l’ire des surréalistes engoncés dans leurs poncifs rationalistes et “révolutionnistes”: pour eux, Eemans sombrait dans les bondieuseries et s’excluait ipso facto du cercle des “vrais révolutionnaires”.

Au cours des années 30, Marc. Eemans et son compagnon René Baert éditeront la revue philosophique “Hermès” qui suggèrera, par la publication de premiers textes introductifs, de réamorcer une étude systématique de l’héritage mystique médiéval de Flandre et de Rhénanie. Aujourd’hui, le “Davidsfonds”, fondation culturelle flamande de très haut niveau liée à l’Université Catholique de Louvain (KUL), propose à ses lecteurs diverses études sur Ruusbroec, dues à la plume de philosophes et de médiévistes patentés, comme Paul Verdeyen. Aux Pays-Bas, Geert Warnar a publié chez l’éditeur Athenaeum/Polak-Van Gennep, un ouvrage très pointu sur Ruusbroec: ce sont là des études bien plus fouillées que les textes pionniers de la revue “Hermès”. De même, Jacqueline Kelen, en France, vient de publier un premier ouvrage sur Soeur Hadewych. Une lacune a été comblée, mais, hélas, dans le désintérêt général de la culture aujourd’hui dominante.

Hugo Ball et Ruusbroec l’Admirable

L’intérêt de Tommissen pour les avant-gardes, ou pour des peintres comme Propser De Troyer, Edgard Tytgat ou Alfred Kubin, relève évidemment d’un intérêt esthétique général, que l’on comparera utilement au rapport qui a existé entre Carl Schmitt et Hugo Ball. On sait que l’ancien dadaïste allemand Hugo Ball, pacifiste pendant la première guerre mondiale parce qu’il critiquait l’évolution négative qu’avait suivie l’Allemagne depuis Luther jusqu’au militarisme post-prussien du Kaiser Guillaume II, à l’instar des cabarettistes bavarois d’avant 1914. Sa critique du complexe protestantisme/prussianisme, qui n’avait pas l’aval de Carl Schmitt qui y voyait un “occasionalisme” sans aucune rigueur, l’avait amené à se replonger dans un catholicisme vigoureux (comparable à celui de Bloy) et à briser quelques bonnes lances pour défendre, d’une manière fort originale, les positions théologico-politiques du Schmitt du début des années 20. Eemans, lui, partira de la mystique flamande, à l’instigation du manifeste de Van Ostaijen, pour déboucher, à la fin des années 70 dans l’étude de l’oeuvre de Julius Evola, lui aussi ancien dadaïste dans l’entourage de Tristan Tzara. Tommissen s’intéressera également à Evola, dont il analysera surtout la vision de la décadence, au moment où son ami Julien Freund consacrait un livre entier, et solidement charpenté, à ce sujet.

Pour Tommissen, la fusion entre les notions politiques schmittiennes ou “révolutionnaires-conservatrices” (surtout Spengler et Freyer) et l’héritage religieux (catholique en l’occurrence) se trouvait toute entière dans les travaux de la “Politieke Akademie”, également édités par le “Davidsfonds” avant 1940. La “Politieke Akademie” du Prof. Victor Leemans n’avait pas voulu suivre une tendance fâcheuse, observable dans le corps académique après 1918: celle d’abandonner tout contact avec la pensée allemande pour lui substituer des modes françaises ou anglo-saxonnes. Elle avait résolument pris le parti d’étudier et de vulgariser, à l’intention des étudiants de première année, les grands thèmes de la pensée non libérale et non marxiste qui germaient en Allemagne. Victor Leemans, pour résumer ses thèses de manière didactique et pour léguer une sorte de manifeste, avait publié en 1938 un opuscule intitulé “Hoogland”, qui se voulait sans doute une sorte de calque flamand de la revue catholique allemande “Hochland” (celle-là même où Hugo Ball avait publié son maître-article sur Schmitt en 1925). Le texte de ce manifeste fourmille de phrases clefs pour comprendre le milieu dans lequel Tommissen s’est inséré après la seconde guerre mondiale. Victor Leemans plaide pour que la priorité soit sans cesse donnée aux hommes (et aux peuples dont ils émanent) et non aux idéologies, pures constructions intellectuelles procédant de l’esprit de fabrication (Joseph de Maistre), déplore la “politisation” —au sens trivial du terme— de la vie sociale en Belgique, exhorte les intellectuels et les universitaires à communier avec le peuple, pour l’élever moralement, en passant d’un socialisme de société à un socialisme de communauté (Tönnies). Rien de ce texte, 73 ans après sa publication ne pourrait être incriminé ni rejeté: il est un témoignage de sérénité et de charité, un véritable code de déontologie pour le candidat à la vie politique. Et là, nous revenons à Ruusbroec, maître spirituel qui enseigne la sérénité; en parlant des apôtres, Ruusbroec écrivait: “Ils vivent dans l’esprit sans crainte, sans peur ni souci, sans chagrin. Ils savent en leur esprit, qui procède de l’esprit de Dieu, qu’ils sont les fils choisis de Dieu. Cette assurance, personne ne peut la leur ôter. Car ils sentent la vie éternelle en leur esprit” (cf. G. Warnar, p. 278). Piet Tommissen a géré les matières jugées explosives des doctrines “révolutionnaires-conservatrices” et schmittiennes avec cette sérénité exprimée par Ruusbroec. En quelque sorte, la boucle, qui va de Van Ostaijen à Schmitt, est bouclée: la matière schmittienne a été traitée avec la sérénité préconisée par Ruusbroec. Ou pour oser une hypothèse: avec la quiétude que recherchait Ball après les tumultes et soubresauts de sa vie agitée d’avant-gardiste?

Le doctorat sur Pareto

Sans diplôme autre que celui de ses études secondaires à Saint Victor de Turnhout, Tommissen ne pouvait faire valoir à fond le fruit de ses innombrables recherches. Son entourage l’exhorte à passer tous les examens requis pour ensuite présenter une thèse de doctorat. C’est le Professeur Ernst Nolte qui induira directement Piet Tommissen à franchir le Rubicon; de Berlin, il ne cessait de lui envoyer des doctorants (sur le rexisme, sur Pierre Drieu La Rochelle, etc.). Pour gagner en crédibilité, Tommissen avait besoin d’un diplôme universitaire: il commence par suivre un cours de langues anciennes (latin et grec) puis par s’inscrire à la “Handelshogeschool Sint-Aloysius” (“Haute Ecole Saint Aloïs”) à Bruxelles, où il obtiendra avec brio, au bout de cinq ans, le titre belge de “Licencié” (équivalant à quatre ou cinq ans d’études universitaires). Tommissen, âgé de près de quarante ans, travaillait le jour et suivait les cours après 17 heures, avec la bénédiction et les encouragements de son épouse Agnès: on admirera au passage le courage, l’opiniâtreté et l’abnégation de notre homme. Il sera ensuite le premier docteur reçu par la nouvelle Université d’Anvers, l’UFSIA, avec sa thèse sur “l’épistémologie économique de Vilfredo Pareto”. Piet Tommissen pouvait commencer sa carrière universitaire.

De 1973 à 1976, il publie une revue en français avec Marc. Eemans, “Espaces”, qui consacrera notamment un numéro entier à la figure de Paul Van Ostaijen. Piet Tommissen, en dépit de ces cinq années d’isolement universitaire et du travail considérable qu’avait exigé sa thèse de doctorat, demeurait fidèle à son engouement pour les avant-gardes.

“Gardien des sources”

Dans ses “Verfassungsrechtliche Aufsätze”, Schmitt rend hommage à Savigny et appelle à la défense d’un droit comme expression d’un “ordre concret”, inséparable de l’histoire en laquelle il a émergé, s’est déployé et dont il procède. Il conteste simultanément le “monopole de légalité” que s’arroge l’Etat légaliste (ou nomocratique), fustige aussi les “Setzungs-Orgien” (les “orgies légiférantes” ou la multiplication anarchique des réglements) qui sont le propre des “pouvoirs législatifs déchaînés”. Schmitt évoque alors Jacob Bachofen (dont on connaît l’influence sur Julius Evola et sur quantité d’autres auteurs dont Ludwig Klages) et écrit cette phrase capitale à mes yeux: “Il ne s’agit pas aujourd’hui de donner un tour de vis de nature réactionnaire (en lisant Bachofen et ses émules, ndt) mais de conquérir une richesse incroyable de connaissances nouvelles, qui pourraient s’avérer fécondes pour les sciences juridiques actuelles et dont nous devons nous emparer en les travaillant et les façonnant. En vue de cette tâche à accomplir, nous pouvons laisser le positivisme mort du 19ème siècle enterrer ses morts” (p. 416). Et Schmitt conclut: “Savigny argumente en évoquant l’enfance, la jeunesse et la maturité des peuples. Il perçoit comme signe de la jeunesse d’un peuple le fait que la science (des sources, des racines, ndt) guide la vie du droit et garde les sources. Savigny pose cette science du droit comme autonome, tant contre la théologie et la philosophie que contre le pur artisanat qu’est cet art de fabriquer des lois. C’est là que réside le sens de sa démarche ‘historique’ et de son retour au droit romain et aux sources pures” (p. 420). Ne peut-on pas inscrire la démarche de nos avant-gardistes (Van Ostaijen, Eemans, etc.) et celle de nos “académiciens politiques” (Leemans, Tommissen, etc.) dans le cadre que posent implicitement ces citations de Schmitt? C’est en ce sens que Tommissen, à la suite de Leemans et d’Eemans, a été un “gardien des sources”.

Après le décès prématuré de son épouse Agnès, Piet Tommissen se retirera dans un appartement à Uccle, au sud de Bruxelles, où il rédigera plusieurs opuscules et plaquettes, notamment sur bon nombre de sujets que nous avons évoqués dans le présent hommage, ainsi que les deux précieux petits volumes autobiographiques, qui abondent en renseignements divers sur la vie culturelle flamande entre 1945 et 1965, dans le sillage de Victor Leemans. Nous mesurons par là tout ce que les générations ultérieures, dont la mienne, ont perdu en intensité et en qualité. Mais dans ce récit autobiographique, qui rend hommage aux maîtres et aux compagnons de jadis, je crois déceler un appel un peu angoissé: ces matières, ces revues et cercles, ces hommes, ces prêtres de la trempe des frères Walgrave ou de Lutkie, seront-ils oubliés, définitivement, sans qu’un “Master” (en langage de Bologne) ou un doctorant ne se penche jamais sur leurs oeuvres? La part de travail de Tommissen est achevée. Celle des autres doit commencer. Tout de suite.

Robert Steuckers,

Forest-Flotzenberg, 29 octobre 2011.

Sources:

Piet TOMMISSEN, Een leven vol buitenissigheden, I, APSIS, La Hulpe, 2009.

Piet TOMMISSEN, Een leven vol buitenissigheden, II, APSIS, La Hulpe, 2010.

Adresse des éditions APSIS:  koenraad.tommissen@2bhunt.eu

 

lundi, 31 octobre 2011

La naïveté européenne cache une régression menaçante dans le monde arabe


La naïveté européenne cache une régression menaçante dans le monde arabe

par realpolitiktv

Pire que la Grèce, la Californie !

Pire que la Grèce, la Californie !

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Le déficit californien atteint désormais 88 milliards de dollars (65 milliards d’euros) et la Californie, malgré les efforts de son nouveau gouverneur Jerry Brown, est désormais le seul Etat américain dont la notation financière est inférieure à celle de la Grèce…

L’État californien est terriblement endetté, mais il n’est pas seul. Beaucoup de ses municipalités, y compris celle de certaines de ses plus grandes villes sont très mal en point. Quelques exemples précis permettent de constater les dégâts, et certaines aberrations, qui rapprochent la Californie de… la Grèce.

En janvier 2009, l’Express posait la question : « La Californie est-elle au bord de la faillite ? » en rappelant les chiffres si souvent entendus « La Californie est l’Etat américain le plus riche et le plus peuplé. Indépendant, ce territoire de la taille de l’Italie et habité par 36,5 millions de personnes, serait la huitième économie mondiale » … Mais en ajoutant que son déficit atteignait alors 40 milliards de dollars.

En février 2009, « L’agence de notation Standard and Poor’s (S&P) a abaissé la note de la dette de l’État de Californie en raison de la crise budgétaire que traverse le territoire. Du coup, la Californie est désormais considérée comme le débiteur le moins fiable des États-Unis. » notait le quotidien la Tribune.

En février 2010, The Trumpet s’interrogeait « La Californie sera-t-elle la prochaine Grèce ? » et citait une réflexion du patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet (qui va quitter la direction de la BCE dans quelques jours). The Trumpet estimait la dette californienne à 200 000 dollars par habitant… et ajoutait que si l’Europe peut survivre sans la Grèce, l’économie américaine ne survivrait pas à une faillite de la Californie qui abrite un Américain sur huit.

Aujourd’hui, ce n’est plus de 40 milliards de dollars dont il faut parler, mais de 88 milliards de dollars (65 milliards d’euros) et la Californie, malgré les efforts de son nouveau gouverneur Jerry Brown, est désormais le seul État américain dont la notation financière est inférieure à celle de la Grèce

 

Le mensuel Vanity Fair s’intéresse à son tour à la Californie, et plus particulièrement à deux villes qui illustrent sa situation derrière l’apparence d’un des États les plus prospères des États-Unis, et bien sûr, à son ancien gouverneur, le très médiatique Schwarzenegger.

Mais Vanity Fair évoque aussi une inconnue, Meredith Whitney, analyste indépendante qui dirige sa propre société à Wall Street : le 14 décembre 2010, dans la célèbre émission d’information « 60 Minutes », elle se fait remarquer en soulignant que c’est au niveau local, au niveau des municipalités que l’Amérique est en train de couler.

Elle déclenche une salve de critiques mettant en cause son expérience, et l’accusant de parler sans savoir. En juillet 2011, l’agence Bloomberg écrit que la catastrophe qu’elle annonçait ne s’est pas produite, que sa crédibilité est remise en cause, et y consacre une longue dépêche pour réfuter sa thèse.

Pourtant, en cette fin d’année 2011, Vanity Fair estime qu’elle n’a peut être pas tort, et prend l’exemple de la Californie, la quintessence de l’Amérique et de son rêve avec Hollywood et la Silicon Valley. Elle s’étend le long de la côte du Pacifique de San Diego (frontière mexicaine) au sud, jusqu’à San Francisco au nord, sur plus de 800 Km mais elle ne couvre que 400 000 Km2, soit deux fois moins que la France.

Le journal considère que l’ancien gouverneur de l’Etat, Schwarzenegger y a réalisé quelques réformes importantes, mais que sur les recettes et les dépenses de la Californie, il a connu un échec total. A son arrivée au pouvoir en 2003, il atteignait 70% d’opinions favorables et l’on croyait que son mandat servirait à résoudre les problèmes financiers de la Californie. mais quand il est parti en 2011, sa cote de popularité était en dessous de 25%, et il n’a presque rien résolu.

Schwarzenegger répond qu’il n’a jamais eu les outils pour agir. David Crane, ancien conseiller économique démocrate, souligne que les pensions des fonctionnaires de l’État faisaient un trou deux fois plus grand dans le budget au départ de Schwarzenegger qu’à son arrivée.

Et il donne des détails précis et choquants : la Californie dépense 6 milliards de dollars pour moins de 30 000 gardiens de prison. Celui qui commence sa carrière dans une prison à 45 ans, peut prendre sa retraite 5 ans après avec une pension égale à la moitié de son ancien salaire… Le psychiatre en chef des prisons californiennes est le fonctionnaire le mieux payé de Californie : 838 706 dollars par an.

Si la Californie dépense 6 milliards pour ses prisons, elle ne consacre que 4,7 milliards à ses universités qui abritent 33 campus et 670 000 élèves, à comparer aux 30 000 gardiens. En 1980, un étudiant californien payait 776 $ par an en frais de scolarité ; en 2011, il paie 13 218 $. Partout, l’avenir à long terme de l’État est sacrifié.

Schwarzenegger reconnaît s’être rendu compte que quelque chose n’allait pas, lorsque mi-2007, les impôts ont rapporté 300 millions de moins en un mois, puis le mois suivant c’était 600 millions. En fin d’année, il manquait un milliard de dollars. Vanity Fair cite deux exemples. D’abord celui d’une grande ville que ceux qui ont parcouru la Californie connaissent, mais que les Français ne voient pas, aveuglés par San Francisco, qui n’est pas loin.

Déjà San Jose est une ville de près d’un million d’habitants. Elle se trouve à l’autre bout de la Silicon Valley qui commence aux portes de San Francisco. San Jose abrite le siège d’Adobe (éditeur du logiciel Photoshop etc.) et d’autres entreprises célèbres… Mais elle est au bord de la faillite. Ses malheurs ont, en fait, commencé dans les années 1990 avec le boom Internet, tout le monde s’est cru riche et les fonctionnaires municipaux ont voulu aussi leur part de gâteau, comme les policiers et les pompiers. En 2002, les policiers avaient été augmentés de 18%, puis les pompiers ont obtenu 23%. Les policiers ont réclamé une compensation pour être au même niveau.

Le maire de la ville, Chuck Reed, va jusqu’à dire qu’ils gagneront encore plus en retraite que lorsqu’ils travaillaient mais il espère ne pas en être au niveau de la Grèce en matière d’endettement. Pourtant les retraites et les mutuelles représentent plus de la moitié du budget, et ces dépenses continuent d’exploser.

Du coup, bien que la ville ait 250 000 habitants de plus, elle a dû réduire de près d’un tiers son nombre d’employés qui est passé de 7 450 à 5 400, soit le niveau de 1988. Les bibliothèques sont fermées trois jours par semaine, elle a licencié des pompiers et des policiers. Heureusement via un fonds fédéral de 15 millions de dollars, la ville a pu réembaucher, le 25 août dernier, 15 pompiers comme le montrent ces photos.

Si la situation ne s’arrange pas, en 2014, San Jose, 10e ville des USA ne pourra plus employer que 1 600 fonctionnaires. Les négociations avec les pompiers et les policiers n’avancent pas car ces deux corporations se considèrent comme indispensables, toutes les économies doivent donc se faire sur d’autres services à leurs yeux.

L’exemple de Vallejo, une autre ville californienne, qui se trouve près du bord nord-est de la baie de San Pablo, qui s’enfonce dans les terres au-delà de la baie de San Francisco illustre-t-il ce qui attend la Californie ? Le hall d’entrée de la mairie est vide, il y a un bureau d’accueil, mais personne derrière. Beaucoup de bureaux dans les étages sont vides. Cette ville de 117 000 habitants a fait faillite en 2008, les charges salariales des employés municipaux dévoraient 80% du budget municipal. Le taux de chômage en ville atteint 15,8%.

En août 2011, un juge a validé la banqueroute de Vallejo : ses créditeurs ont récupéré 5 centimes pour chaque dollar que la ville leur devait, rien de plus.

Atlantico

Da Giovane Europa ai Campi Hobbit

Da Giovane Europa ai Campi Hobbit

 

Ex: http://www.centrostudilaruna.it/

 

La narrazione della storia più recente è affidata soprattutto alla memorialistica, il cui peccato veniale – e limite spesso insuperabile – è l’autocompiacimento. Nel libro di Giovanni Tarantino, giovane storico palermitano e giornalista freelance (già redattore di EPolis e collaboratore del Secolo d’Italia, di cui è firma apprezzata), che le edizioni Controcorrente di Napoli hanno appena dato alle stampe, Da Giovane Europa ai Campi Hobbit (pp. 201, € 10), non ce n’è traccia.

 

Per l’autore, classe 1983, nessuna militanza politica alle spalle, gli anni tra il 1966 e il 1986 – «vent’anni di esperienze movimentiste al di là della destra e della sinistra», recita il sottotitolo – sono stati essenzialmente materia di studio e, non a caso, il saggio prende vita dalla sua documentata tesi di laurea in storia contemporanea. Una ricerca arricchita da testimonianze inedite, tutt’altro che facile da realizzare e anche per questo particolarmente preziosa, come certifica nella postfazione Luigi G. de Anna. La ricostruzione, senza ammiccamenti né omissioni, del cammino di più generazioni di militanti, in un dopoguerra che sembrava non finire mai, verso sintesi nuove che avrebbero consentito loro di farla finita con i miti incapacitanti, le parole d’ordine, tanto perentorie quanto anacronistiche, l’anticomunismo di maniera, il reducismo fine a se stesso e tutto l’armamentario, estetico ed estetizzante, del neofascismo italiano. Uscire dal tunnel del neofascismo, per dirla con una felice espressione coniata proprio dalla Nuova Destra, il movimento d’idee su cui Tarantino si sofferma con dovizia di particolari, sottolineando il filo rosso che lo lega ai “fratelli maggiori” della Giovane Europa, l’organizzazione fondata dal belga Jean Thiriart nel 1962. Con la “scoperta” dell’europeismo – l’Europa dei popoli, non certo quella dei banchieri – e il superamento del nazionalismo patriottardo, avviene una vera e propria mutazione antropologica e culturale prima ancora che politica. Se fino a quel momento, infatti, i neofascisti si erano limitati alla testimonianza di un mondo che non c’era più, in cui quel che contava era – come suggeriva Julius Evola – rimanere in piedi tra le rovine, con Giovane Europa facevano finalmente irruzione nell’attualità, uscendo dai vecchi recinti di appartenenza, senza complessi, scoprendosi parte integrante del proprio tempo.

 

«Proprio facendo riferimento al mondo giovanile dal quale queste realtà nascevano – sottolinea Tarantino – emergeva un dato fondamentale: le pulsioni di chi le animava erano assolutamente contestualizzate nell’ambito dei grandi fenomeni generazionali di due determinati periodi, il ’68 e il ’77, di cui hanno rappresentato espressioni compiute e legittime».

 

Il conservatorismo del Msi, intento a coltivare la rendita di posizione del partito d’ordine, fece sì che quella del ’68 divenne «un’occasione mancata» – come la definì Marco Tarchi –per i giovani di destra. Collocazione, quest’ultima, su cui nel libro di Tarantino si registra l’affettuoso «contrasto» tra il prefatore, Franco Cardini, e lo stesso Luigi G. de Anna, entrambi ex militanti di Giovane Europa e successivamente interlocutori privilegiati della Nuova Destra. «Eravamo ragazzi che avevano sbagliato collocazione», scrive nelle prime pagine lo storico fiorentino. «Noi, però, non fummo mai di sinistra», puntualizza il secondo, malgrado la pluralità di riferimenti non confinati al solito pantheon di autori di destra e la condivisione, con i coetanei di sinistra, dello spirito libertario della contestazione e l’infatuazione per icone “rivoluzionarie” come Che Guevara. Sta di fatto che il racconto sui due movimenti, sia pure diversi per contesto storico e ambizioni, non può certo esaurirsi tout court con la convenzionale collocazione storiografica nel solco dei gruppi neofascisti, o postfascisti che dir si voglia. L’insofferenza per l’ambiente di provenienza, del resto, era talmente forte da necessitare di un radicale cambio di mentalità, nuove forme di comunicazione – fumetti (autoironici come La voce della fogna) e radio libere – ma anche di strappi politici e simbolici. A cominciare dalla croce celtica, introdotta proprio da Giovane Europa e poi sventolata nei Campi Hobbit che si tennero tra il 1977 e il 1981, malgrado i vertici del Msi l’avessero dichiarata “fuorilegge”.

 

Tarantino nel libro cita, al riguardo, la spiegazione offerta da Gianni Alemanno, militante e poi segretario nazionale del Fronte della Gioventù: «Era la rottura con la vecchia cultura simbolica del partito – dice il sindaco di Roma – e l’affermarsi di un gramscismo di destra che prevedeva l’uso della metapolitica per conquistarsi la società civile». Mentre sull’Italia scendeva la nube della lotta armata, i ragazzi dei Campi Hobbit affilavano le armi della vivacità culturale, scatenando un’offensiva a tutto campo su temi innovativi: dalla musica “alternativa” alla scoperta dell’ecologismo, dal regionalismo – ben prima che nascesse la Lega – alla critica radicale all’occidentalismo e alle cosiddette esportazioni di democrazia.

 

Su quell’esperienza si è detto e scritto molto, troppo spesso nel tentativo di appropriarsi di un patrimonio che appartiene prima di tutto alle migliaia di ragazzi e ragazze che vissero quelle giornate in barba a ogni direttiva di partito o di corrente coniugando militanza e libertà. Così com’era accaduto per i giovani di Giovane Europa, coloro che parteciparono a quell’epopea sono cresciuti e hanno scelto strade diverse, spesso contrastanti. Il tentativo di sviluppare nuove sintesi si è dimostrato velleitario e il progetto è naufragato, ripiegando su una dimensione meramente intellettuale e impolitica. Un dato innegabile, tuttavia, emerge, pagina dopo pagina, dal lavoro dello storico palermitano: le esperienze e le elaborazioni della Giovane Europa, prima, e della Nuova Destra, poi, hanno fatto sentire i loro effetti nei decenni successivi rinnovando e “sdoganando” l’area politico culturale della destra italiana, contribuendo a creare una classe dirigente (non soltanto “di” e “a” destra) in grado di affrontare con maggiore consapevolezza e lucidità le complesse sfide della modernità.

 

* * *

 

Tratto, con il gentile consenso dell’Autore, da Area di ottobre 2011.

Warum schweigt der Internationale Strafgerichtshof zum Tode Gaddafis?

Warum schweigt der Internationale Strafgerichtshof zum Tode Gaddafis?

Alexander Mezyaev

Die Tötung des libyschen Machthabers Muammar al-Gaddafi rückt entscheidende Fragen des Völkerrechts ins Zentrum der Aufmerksamkeit. Der russische Außenminister Sergej Lawrow forderte eine genaue Untersuchung der Umstände des Todes Gaddafis. Auch die weltweit führende Menschenrechtsorganisation Amnesty International hat zu der Angelegenheit Stellung genommen. Aber der Internationale Strafgerichtshof (ICC) in Den Haag schweigt. Warum?...

Als Gaddafi gefangengenommen wurde, lebte er noch. Wenig später war er tot – die Videoaufzeichnungen zeigen ein Einschussloch in seiner linken Schläfe. Allein das reicht schon aus, seinen Tod als Kriegsverbrechen einzustufen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/alexander-mezyaev/warum-schweigt-der-internationale-strafgerichtshof-zum-tode-gaddafis-.html

dimanche, 30 octobre 2011

Bataille pour la survie de l’Europe?

Bataille pour la survie de l’Europe?

Par Alexandre Latsa

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

« Ce siècle doit être un siècle américain. Dans un siècle américain, l’Amérique a la plus forte économie et la plus forte armée du monde. Dieu n’a pas créé ce pays pour être une nation de suiveurs. L’Amérique n’est pas destinée à être sur un pied d’égalité avec plusieurs puissances mondiales d’importance comparable. L’Amérique doit guider le monde, ou quelqu’un d’autre le fera.

Ces propos agressifs et militaristes n’ont pas été tenus par un pasteur évangéliste extrémiste, ni par un élu d’un parti d’extrême droite marginal sur la scène politique américaine, mais par Mitt Romney, l’un des principaux candidats à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle américaine de  2012. Dans le même discours, Mitt Romney a parlé de la Chine, qui veut devenir une « superpuissance » et de la Russie, « dirigée par un homme qui croit que l’Union soviétique était le bien et non le mal. » Mitt Romney n’en reste pas là, il souhaite aussi « intensifier les relations des États-Unis avec leurs alliés, dont Israël et la Grande-Bretagne, renforcer l’opposition américaine à l’arme nucléaire iranienne, renouer avec la défense antimissile, accélérer la construction de navires de guerre, pour passer de 9  bâtiments par an à 15, et intensifier les efforts diplomatiques au Moyen-Orient.« 

Tout un programme pour ne rien changer! Si des propos équivalents avaient été tenus par Vladimir Poutine ou par le président Chinois Hu-Jintao, peut on imaginer quelle aurait été l’hystérie du Main-Stream médiatique occidental? Se rappelle-t-on par exemple de l’hystérie qui a suivi et poursuit encore Vladimir Poutine pour une phrase mal interprétée (volontairement?) sur les conséquences tragiques pour des millions de russes de la chute de l’Union Soviétique?

Il est intéressant de comparer par ailleurs ces principes inchangés de la droite américaine avec d’autres courants d’idées à propos du patriotisme, en Russie et au sein de l’Union Européenne. La Russie au contraire de l’Amérique ne verse pas dans la désignation d’ennemis planétaires, mais comme dans tous les pays a forte croissance du monde d’aujourd’hui (comme la Chine, l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du sud…) l’identité nationale et le patriotisme n’y sont ni bannis, ni même mal vus.

En Russie le patriotisme est le socle fondamental du maintien de l’unité du pays et désormais presque tous les partis politiques de Russie jouent la carte patriotique pour rester en accord avec la pensée populaire dominante. J’ai souvent souligné  le fait que Russie Unie était un parti politique centriste et conservateur, qui insiste sur l’identité multiple du peuple russe et sur l’unité des Russies dans une fédération solide.

Récemment, le nationaliste Dimitri Rogozine (ambassadeur de Russie auprès de l’Otan) a également pris position pour Vladimir Poutine. De même, le parti libéral-démocratique et nationaliste de Vladimir Jirinovski est depuis une quinzaine d’années un acteur majeur de la scène politique russe. Enfin, plus  récemment encore, c’est le puissant parti communiste de Russie qui a pris des positions nationalistes assez inattendues, en publiant un programme axé sur la renaissance de la Russie, de l’âme russe et des traditions russes. Cette effervescence patriotique traduit bien une tendance lourde en Russie: « le patriotisme est  l’idéologie de base actuellement en Russie », comme le rapportait l’ambassadeur de France Jean de Gliniasty lors d’une audition au sénat français en octobre dernier.

L’Union Européenne est sur ce sujet aux antipodes de l’Amérique républicaine ou de la Russie de Russie-Unie. En son sein, il y a beaucoup d’hésitations sur ces sujets. L’Union Européenne fait figure de grand corps mou, sans réel organe politique souverain, et qui dénonce de façon un peu obsessionnelle tous les partis jugés populistes, c’est-à-dire qui auraient des prétentions politiques, comprenez une volonté de préservation des identités nationales, ou des idées de souveraineté et d’indépendance vis-à-vis de la tutelle américaine et de la logique militaire de l’Otan.

Ainsi, dans l’Union Européenne de 2012, le patriotisme et la religion (refus d’inscription dans la constitution européenne de l’héritage chrétien comme fondement historique et culturel de l’Europe) sont vus avec méfiance, et l’union reste avant tout économique et commerciale. L’idée d’un patriotisme européen à inventer est fortement contrariée par l’idéologie dominante, mondialiste, qui interdit pour l’instant toute réelle souveraineté politique européenne et par la même probablement toute capacité à répondre énergiquement à la crise actuelle.

Les situations de ces trois blocs liés par des intérêts économiques croisés sont donc très différentes. Les États-Unis sont encore et toujours l’hyper-puissance dominante, mais une hyper-puissance qui se trouve, selon Erik Kraus, « au bord du chaos et dans une situation similaire à l’empire romain au 4ème siècle, ou à l’URSS de 1989. » La Russie vit elle son printemps post soviétique. Elle  se reconstruit, elle est déjà un acteur actif du monde actuel et elle essaie de contribuer activement à la construction d’un monde multipolaire car il est désormais fort probable que le monde unipolaire et américano-centré qui a émergé après la chute de l’URSS va céder la place à une structure multipolaire. De son côté, l’Union Européenne s’interroge sur son endettement et se cherche un avenir.

Or la question de la transition et surtout de l’architecture du monde après la chute de l’hyper-puissance est désormais posée et est cruciale pour les vieilles nations européennes de l’ouest, empêtrées dans une situation sociale et économique plus qu’instable. Empêcher le démembrement de la monnaie européenne, revenir à des politiques budgétaires raisonnables, créer une direction politique, donner à l’Union Européenne une souveraineté dans le monde qui se dessine, c’est la tache des dirigeants européens et de plus en plus de citoyens doutent foncièrement que ceux-ci puissent y parvenir.

En parallèle, une autre Europe semble émerger plus à l’est, en Eurasie, avec l’union économique et politique de la Russie, du Kazakhstan et de la Biélorussie. Ce bloc euro-eurasien (que devrait sans doute à court terme rejoindre une Ukraine dont on ne peut que douter qu’elle n’intègre une Union-Européenne exsangue) pourrait constituer un nouveau pôle de puissance.

Pour une Europe occidentale dynamique, ce pourrait être dans l’idéal un partenaire vital tant sur le plan politique qu’économique et un tremplin vers l’Asie. Mais il faudrait sans doute pour cela que les dirigeants de l’Union Européenne prennent rapidement les mesures nécessaires pour éviter le naufrage, comme les élites russes surent le faire à un moment ou le pays était proche d’une faillite économique totale,  il y a de cela seulement 14 ans.

Ria Novosti

« La finance grise doit être mise à contribution pour solder la dette des Etats »

« La finance grise doit être mise à contribution pour solder la dette des Etats »

Entretien avec Jean-Philippe Robé, avocat aux barreaux de Paris et New York.

Carte des paradis fiscaux, 2009 - Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Vous établissez un lien entre la crise de la dette et les paradis fiscaux. Pourquoi ?

On estime qu’actuellement plus de 10.000 milliard de dollars sont détenus dans ces «pays à fiscalité privilégiée» via 400 banques, les deux tiers des 2.000 fonds spéculatifs (hedge funds) et deux millions de sociétés écrans installés – de façon très virtuelle – dans ces Etats. Et ce stock augmenterait à un rythme actuel de 1.200 milliards de dollars par an. Ce sont autant de capitaux qui, pour l’essentiel, échappent à la fiscalité des Etats classiques qui ont des besoins budgétaires réels à satisfaire.

La crise de la dette n’est pas qu’une crise de la dépense publique ; c’est aussi une crise de la recette et les stratégies prédatrices des paradis fiscaux, en érodant la base fiscale des Etats classiques, créent un problème fondamental.

Mais comment le traiter, sachant qu’on se heurte au principe fondateur du droit international, la souveraineté des Etats ?

 

En effet, si un Etat ne veut pas taxer les capitaux détenus chez lui, s’il veut assurer le secret absolu des transactions et des investisseurs, tel est son droit. On ne peut imposer à un paradis fiscal… de ne pas l’être, si ce n’est en modifiant les conventions fiscales internationales, ce qui est un exercice très difficile par les désavantages comparatifs que cela peut entrainer. Mais la crise de la dette nous donne l’opportunité de contourner ce problème.

Par quel moyen ?

Le traitement d’un problème de solvabilité tel qu’il se pose aujourd’hui est d’une simplicité brutale : tous les créanciers ne seront pas remboursés de la totalité de leurs créances. La question qui se pose est de déterminer qui va supporter la charge du non-remboursement, et dans quelle proportion. Les discussions portent aujourd’hui sur l’identification de la nationalité des contribuables à qui on va imposer un transfert de ressources au profit des créanciers.

Il y a pourtant une alternative simple dans son principe : décider par traité que ne seront payées dans leur intégralité que les créances dont les bénéficiaires finaux, personnes physiques, seront identifiés. Dans le cas où le créancier est une personne morale, une société, un trust, une fondation, etc., il lui reviendrait d’identifier les personnes physiques bénéficiaires ultimes du remboursement de la créance ; ou de donner les informations permettant de remonter la chaine des détentions des titres de créances ou de capital jusqu’à arriver aux personnes physiques. Seuls certains types de personnes morales strictement définis selon des critères de transparence, celles qui obéissent aux règles du KYC («know your customer» [connaissez votre client]) par exemple, pourraient échapper à cette obligation de déclaration.

Et c’est là que l’on retrouve nos fameux paradis fiscaux. Sur les 10.000 milliards de dollars détenus via les écrans juridiques qu’ils offrent, une partie au moins l’est en titres de créances émis par les Etats ou les banques. En mettant une condition de déclaration du bénéficiaire final du paiement, on ne touche pas à leur souveraineté ; on ne touche pas aux droits de créance. Seulement, les individus bénéficiaires indirects de droits de créance auront le choix : soit ne pas se faire connaître, et ils ne toucheront rien ; soit se faire connaître et, éventuellement, devoir rendre des comptes…

Nul doute qu’un certain nombre d’entre eux préféreront le premier choix ; mais qui viendra les plaindre ? Ce faisant, on aura réglé au moins en partie le problème d’un stock de dettes excessif ; on aura en partie purgé l’économie mondiale des circuits de recyclage des fonds accumulés grâce à la fraude, aux trafics ou aux crimes. On aura commencé à nettoyer les écuries d’Augias de la finance grise.

Mais les techniques juridiques utilisées sont tellement opaques que certaines structures n’ont elles-mêmes pas de moyen de connaître leurs bénéficiaires.

Rien ne les empêche d’inviter, par exemple par voie de presse, leurs bénéficiaires à se faire connaître. A défaut de quoi, la structure détenant des créances ne pourra pas les recouvrer. Et ainsi de suite le long de la chaîne de détention des créances qui va des émetteurs de titres aux personnes physiques bénéficiaires. Si on décide d’un transfert de ressources des contribuables aux créanciers, qu’au moins ce transfert ne bénéficie pas à ceux des créanciers qui ont un titre de créance obtenu grâce à la fraude ou au crime !

Le Monde

Rassismus im neuen Libyen

Rassismus im neuen Libyen

Unter dem alten Regime  hatten die Libyer dunkler Hautfarbe (Staatsbürger aus dem Süden des Landes) oder schwarzafrikanische Gastarbeiter nichts zu befürchten. Mag Gaddafi zuletzt auch ein paranoider Despot gewesen sein, Rassist war er offensichtlich keiner.                                                                                                                                             Anders die neuen Herren: Internierungslager, Massenvergewaltigungen, Folter, Lynchjustiz  und Plünderungen kennzeichnen die Einstellung der ach so demokratisch und humanistisch gesinnten  libyschen Rebellen schwarzafrikanischen  Gastarbeitern und der eigenen schwarzen  Minderheit gegenüber. Inzwischen fordern selbst mehrere US-amerikanische Kongressabgeordnete deshalb eine Untersuchung.

Seit Anbeginn der Kämpfe (Februar 2011) gibt es Hinweise darauf (und auf weitere schwere  Kriegsverbrechen) was die (von solchen Verbrechen selbst nicht freigesprochene  NATO)  nicht daran hinderte, Al Kaida und anderen Islamisten-Gruppierungen nahestehende Rebellen auf Händen zu ihrem mit unvorstellbar grausamen Verbrechen errungenen  persönlichen und  politischen Ziel zu tragen.                                                         

Entsprechende Hinweise über von der NATO geduldete Kriegsverbrechen und ethnische Säuberungen kamen und kommen nicht nur von Gaddafi-loyaler Seite, sondern sind u. a. Berichten unabhängiger Reporter, etwa des Kansas City Star, zu entnehmen.

Wenig oder gar nichts haben bisher allerdings  deutschsprachige  Medien darüber berichtet. Wo konnte man denn schon lesen, daß ganze Städte von Schwarzen gesäubert wurden. Für diese Drecksarbeit  wurde eine eigene Brigade aufgestellt, die ganze Arbeit leistet: In Tawergha, Küstenstadt in der Nähe von Misrata, mit seinen einst mehrheitlich 10.000 schwarzen Einwohnern, herrscht gespenstische Stille. „Tawergha existiert nicht mehr“, so ein Rebellen-Kommandant stolz  zu einem Vertreter des Wall Street Journal.

.An den sprichwörtlichen Kragen geht es den Schwarzen – bequemerweise von den Rebellen und gewissen Medien zu Gaddafi-Söldnern gestempelt – selbst in Tripolis, wie der Sydney Morning Herald berichtet. Die Zustände in den Hauptstadt-Gefängnissen seien schrecklich, so die Reporterin. In manchen Zellen habe man, schlecht versorgt, bis zu 25 Schwarze  regelrecht hineingepfercht.                                                                                         

Es werde ihnen auch medizinische Hilfe  verwehrt, obwohl ein Krankenhaus in der Nähe sei. Beinahe jeder der eine  schwarze  Hautfarbe  habe, egal ob Gaddafi-Freund oder nicht, könne in Tripolis Ziel eines tätlichen Angriffs sein, heißt es.

Ein Reporter des Independent berichtet, wie in einem Krankenhaus von Tripolis dutzende Schwarze, Personal wie Patienten, von Rebellen ermordet oder  schwerverletzt (mit am Rücken zusammengebundenen Händen)  einfach liegen gelassen wurden.
Längst haben Amnesty International  und Human Rights Watch diese Verbrechen, die vom Übergangsrat lange vertuscht wurden,  angeprangert.                                                  

Doch weiterhin bleibt den Schwarzen vorerst nur die Flucht in den Süden des Landes oder weiter. Dieses rassistische Verhalten ist auch ein Grund, warum viele afrikanische Staaten die neue libysche Regierung noch nicht anerkannt haben.

Nun frage ich: Wie konnten unsere Regierungen (oder die EU) die Rebellen einfach anerkennen, obwohl man über deren Verbrechen längst Bescheid gewußt haben mußte?  Haben der österreichische und der deutsche Außenminister die hier erwähnten  und weitere  Ungeheuerlichkeiten bei ihrem Besuch in Libyen zur Sprache gebracht und Bedingungen gestellt? Was hört man von Westerwelle und Spindelegger zu dem schändlichen Umgang mit der sterblichen Hülle des ehemaligen Machthabers?                  

Und wie steht es übrigens mit jenen Kriegsverbrechen, die der NATO vorgeworfen werden?  Sollten die nicht auch untersucht werden oder kommt,  in Absprache mit Tripolis, über alles der Schwamm drüber?

Dittatura dell'economia e società mercantilistica

Stefano Vaj

Dittatura dell'economia e società mercantilistica

 

Predominio della sotto funzione mercantile – Determinismo economico - Lo spirito di calcolo - La priorità del benessere economico individuale - La decadenza dello Stato

 

3-hanson.jpgLa società in cui viviamo la nostra esistenza conosce oggi come carattere qualificante quella situazione di unidimensionalità che si è convenuto chiamare “dittatura dell'economia” e che può essere ricondotta all'ipertrofia patologica di una funzione sociale nel quadro di un predominio culturale degli ideali bor­ghesi. Caratteristica a sua volta distintiva di questa ipertrofia nell'insieme dei suoi effetti secondari, è la tendenza a fagocitare successivamente le varie espressioni della realtà umana. Nietzsche scriveva già, in una pagina di Aurora: “La nostra epoca che parla molto di economia è ben soffocante; essa soffoca lo spirito”.

Non è nuovo del resto come le classi politiche di tutte le nazioni europee pongano oggi al centro del proprio interessamento il problema dei consumi, in vista della creazione di un'immensa classe media ipergarantita comprendente tutta la popolazione ed unificata dal livello di vita. La cultura, in questo mo­dello sociale, deve necessariamente spogliarsi di quei caratteri che possono ostacolarne la distribuzione consumistica generalizzata, mentre la politica viene ridotta alla gestione. È superfluo sottolineare il carattere estraneo all'autentica civiltà europea di questa centralità del fatto economico nella sfera sociale.

Le tre funzioni sociali millenarie delle culture indoeuropee, funzione politi­co-sacrale, funzione guerriera, funzione produttiva, presupponevano infatti un ordinamento gerarchico tra le stesse; ordinamento che in particolare compor­tava un predominio dei valori inerenti alle prime due funzioni. Ora, non sol­tanto la funzione produttiva si trova oggi dominata da una delle sue sottofun­zioni, l'economia, ma quest'ultima è ancora a sua volta dominata dalla sua sot­tofunzione mercantile. Così che tutto l'organismo sociale è patologicamente sottomesso ai valori espressi dalla funzione mercantile.

Il liberalismo, storicamente, non ha altro significato che l'aver gettato le basi teoriche per questa usurpazione della sovranità da parte del dato economi­co. Ideologicamente esso si configura, similmente al marxismo stesso, come uno degli svariati riduzionismi contemporanei. Gli uomini all'interno della specula­zione neoliberale moderna non possono essere compresi, se non ridotti a fattori astratti che intervengono su un mercato: clienti, consumatori, unità di mano d'opera, ecc...

Le specificità culturali, etniche, politiche, umane, tutto ciò che si oppone all'intercambiabilità, costituiscono altrettante “anomalie provvisorie” in vista del progetto da realizzare: il mercato mondiale, senza frontiere, senza razze, senza singolarità. Quello che Julius Evola chiamava americanismo, la fine della storia in una visione commerciale planetaria, costituisce probabilmente oggi la principale minaccia, in quanto questa utopia è ancora più estremista di quella dell'egualitarismo “comunista”, e più realizzabile perché più pragmatica. Si può dire sotto questo aspetto che la società americana è più democratica di quanto l'Unione Sovietica non sia comunista, e che questo democratismo mon­dialista, nella sua versione europea, costituisce per noi veramente l'ultimo fla­gello.

La nostra quindi è la “società dei mercanti”, ma non bisogna pensare che sia particolarmente basata sullo scambio ed il commercio. Quando noi parliamo oggi di “società dei mercanti” ci riferiamo non solo e non tanto a strutture socio-economiche, ma a una mentalità collettiva , un insieme di valori che carat­terizza oltre all'economica tutte le altre istituzioni. I valori del “mercante”, utili ed indispensabili al suo solo livello, determinano il comportamento di tutte le sfere sociali e dello Stato stesso.

Non intendiamo con questo lanciare anatemi contro il denaro ed il profitto e non siamo certo moralizzatori in preda all'odio per l'economia, o fautori di un nuovo riduzionismo opposto pregiudizialmente alla funzione mercantile in quanto tale.

Noi sosteniamo semplicemente che i valori e la funzione economica sono da accettarsi, ma in quanto subordinati ad altri valori; e significativo è anche come il privilegiare sistematicamente l'economia ed il benessere individuale porti a breve termine, oltre che all'instaurazione di un sistema inumano ed alla deculturalizzazione dei popoli, persino ad una cattiva gestione economica.

“società dei mercanti” significa quindi società dove i valori non sono che mercantilistici. A scopo di chiarezza possiamo, con Guillaume Faye, Segretario del Dipartimento Studi e Ricerche del G.R.E.C.E., classificare schematica­mente in tre grandi partizioni i principi che di questi valori si fanno ispiratori: la mentalità determinista, lo spirito di calcolo, la sistematica priorità del benessere economico individuale.

La mentalità determinista è utile solo in campo economico, in quanto serve a massimizzare gli utili con l'agganciare la propria attività, come variabile di­pendente, ad alcune regole e funzioni: curve dei prezzi, leggi di mercato, con­giunture, andamento monetario, ecc... Ma, adottata dall'insieme complesso di una società tende inevitabilmente a diventare un alibi per non agire, per non rischiare. Quando l'insieme dell'economia nazionale e, ancora peggio il potere politico, si sottomettono e si lasciano condurre da sistemi teorici deterministici costruiti all'uopo, rinunciando ad osare e a ricercare soluzioni creativamente, la società si “gestisce” solo a breve termine, e resta irrimediabilmente sotto l'e­gemonia di previsioni economiche pseudoscientifiche ritenute ineluttabili (la mondializzazione della concorrenza internazionale, l'industrializzazione pro­gressiva del terzo mondo, la necessaria evoluzione verso la “crescita zero”, ecc). Tutto ciò mentre paradossalmente non si tiene conto delle più elementari tra le evoluzioni politiche a medio termine: per esempio l'oligopolio dei deten­tori del petrolio.

Le nazioni mercantilistiche rinunciano così alla loro libertà politica e le gestioni liberali degli stati non sanno andare che nel senso di ciò che esse cre­dono essere meccanicamente determinato, in quanto razionalmente formulato, dimenticando che alla fine è l'uomo a stabilire le regole del gioco. Nel secolo della prospettiva, della previsione statistica e informatica, ci si lascia andare all'immediato e si è più ciechi dei monarchi dei secoli passati. Si procede come se le evoluzioni sociali, demografiche, geopolitiche non avessero alcun effetto. Così la società mercantilistica, sottomessa alle evoluzioni ed alle volontà esterne, per il fatto di credere al determinismo storico, rende i popoli europei oggetti della storia .

 

Un'altra chiave interpretativa della mentalità mercantilistica è lo spirito di calcolo, anch'esso adatto alla funzione mercantile ma inapplicabile alla totalità dei comportamenti collettivi. Lo spirito di calcolo non afferma, come potrebbe sembrare, che il denaro è diventato la norma generale, ma più semplicemente che ciò che non si può misurare non “conta”più, ha solo una “realtà” par­ziale. Egemonia quindi del quantificabile sul qualificabile, sostituzione sistema­tica del meccanico all'organico che applicano a tutto l'unica griglia del costo economico teorico. Si pretende di “calcolare”tutto: si programmano le ore di lavoro, il tempo libero, i salari, la frequenza dei rapporti sessuali, i consumi, la produzione artistica. In infortunistica si calcola persino un preciso “costo della vita umana”, legato alla produttività ipotetica unitaria media lungo l'arco della esistenza personale.

Ma tutto ciò che sfugge al calcolo dei costi, ovvero a nostro avviso le cose più importanti, è trascurato. Gli aspetti non quantificabili economicamente della vita umana e dei fatti socioculturali, come le conseguenze sociali dello sradicamento dovuto ai movimenti migratori, diventano indecifrabili e vengono quindi ritenuti insignificanti. L'individuo “calcola” la propria esistenza ma, perdendo di vista le sue radici, non ha più il senso della propria identità. Gli stati non prendono in considerazione che gli aspetti “calcolabili” della loro azione. Una regione muore di anemia culturale? Che importa, se per il turismo di massa il suo tasso di crescita è positivo.

Questa superficialità appartiene principalmente a quella “gestione tecno­cratica”, che costituisce la grottesca caricatura mercantilistica della funzione sovrana, e che tende ad assimilare le nazioni a grandi società anonime (vera definizione delle società per azioni) di cui i governi costituiscono il consiglio di amministrazione. In questa ottica, ogni politica estera che non ha lo scopo di procurare sbocchi commerciali immediati, ad esempio la difesa, non ha senso. Persino l'economia vi si trova danneggiata in quanto questo mercantilismo a breve termine non è certo in grado di sostituire una vera politica economica.

Terzo aspetto infine della società mercantilistica è, come dicevamo, la prio­rità sistematica del benessere economico individuale che ingenera direttamente un “ deperimento politico dello stato” attraverso la sua trasformazione in stato-­provvidenza, stato dolcemente tirranico. Arnold Gehlen, definisce la “dittatura del benessere individuale” come la situazione in cui l'individuo, costretto a entrare nel sistema provvidenzialista dello stato, vede la sua personalità disinte­grarsi nell'accerchiamento consumistico, in cui perde ogni padronanza del pro­prio destino. Il neoliberalismo opera così un doppio riduzionismo: da una parte lo stato e la società non sono ritenuti dover rispondere ad altro che ai bisogni economici della gente; d'altro lato questi sono ricondotti esclusivamente al “tenore di vita” individuale - cosa peraltro già molto diversa dal concetto di “qualità della vita”. E da qui discende anche la preminenza, in seno alla fun­zione economica stessa del “sociale” e del “consumistico” sulla produzione e sull'innovazione creatrice.

In questo quadro emerge chiaramente quindi come, per un liberale, la sola ineguaglianza tra i popoli e tra gli uomini è la differenza circa il potere di ac­quisto: per cui sarà sufficiente, per raggiungere l'“égalité”, diffondere nel mondo l'idea mercantilistica. Ed ecco riconciliarsi l'umanitarismo universalista e gli “affari”, la giustizia e gli interessi, “Bible and business”, secondo una frequente espressione di Jimmy Carter. Il fatto che i particolarismi culturali, etnici, linguistici siano degli ostacoli per questo tipo di società spiega il motivo per cui l'ideologia moralizzatrice dei liberalismi politici spinga all'internaziona­lismo, alla mescolanza dei popoli e delle culture, all'integrazione razziale ed alle diverse forme di centralismo antiregionalista.

La società mercantilistica ed il modello americano minacciano dunque tutte le culture della terra. In Europa ed in Giappone la cultura è stata ridotta ap­punto a un way of life , che è l'esatto opposto di uno stile di vita. La personalità dell'uomo è “cosificata”, ovvero assorbita dai beni economici posseduti, che soli strutturano la sua individualità; si cambia di “personaggio” quando cam­bia la moda e non si è più caratterizzati né dalle origini (commercializzate nel folklore ) né dalle opere, ma solo dal consumo. Nel sistema contemporaneo i tipi dominanti sono il consumatore, l'assicurato, l'assistito, neppure il produttore o l'imprenditore, giacché il mercantilismo diffonde un tipo di valori per cui ven­dere e consumare appare più importante che produrre. E non vi è niente di più livellatore che la funzione del consumo: il produttore, o l'imprenditore, si dif­ferenzia per le sue azioni, mette in gioco delle capacità personali; il consumo invece è l'attività passiva , la non attività per eccellenza, a cui tutti possono in­differentemente accedere.

Ma un'economia di consumo non può alla fine che risultare inumana per­ché l'uomo è un essere attivo, un costruttore. Fanno in questo senso sorridere amaramente le accuse di sapore biblico di certa sinistra culturale sull'essere e l'avere, sulla “maledizione del danaro” e sulla “volontà di potenza” della civiltà europea. La società contemporanea, pur conservando a tratti una vitali cancerogena e decadente, per noi solo preoccupante, non afferma assoluta­mente nessuna volontà, né a livello di destino globale, come neppure sul mero piano di una vera strategia economica.

Stefano Vaj

 

samedi, 29 octobre 2011

L’or noir libyen suscite bien des convoitises

L’or noir libyen suscite bien des convoitises

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Etats et sociétés pétrolières rivalisent d’ingéniosité pour s’attirer les faveurs du nouveau régime.

Dès 2013, la production de pétrole devrait être revenue à la normale en Libye. C’est ce qu’affirment à la fois une étude du cartel des pays producteurs, l’OPEP, et l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Avec 1,6 million de barils livrés par jour, soit 2,3% de la production mondiale, la Libye n’est certes qu’un petit exportateur. Mais, avant sa chute, le colonel Kadhafi avait prévu de doubler les capacités nationales, dont 85% prennent le chemin de l’Europe. Surtout, le pays abrite les plus vastes réserves d’or noir du continent africain, estimées à 44 milliards de barils. Facile d’accès, ce potentiel classe la Libye au neuvième rang mondial.

Autant dire que le bouleversement induit par la chute du régime, en place depuis 1969, suscite des rivalités. Si le Conseil national de transition (CNT) a promis qu’il honorerait les contrats en cours, une redistribution des cartes est néanmoins à l’ordre du jour. Etats et majors pétroliers se disputent les faveurs des nouveaux puissants.

 

Les gouvernements avancent leurs pions

A l’instar de ce qui s’est passé en Irak suite à l’invasion américaine, les gouvernements ayant soutenu les insurgés, comme la France et la Grande-Bretagne, devraient être les premiers servis. Moins présents historiquement, les Etats-Unis pourront profiter eux aussi de la légitimité tirée de leur participation à l’intervention militaire. Et chercheront à accroître les parts de sociétés comme ConocoPhilips ou Marathon Oil. Les tièdes, soit la Russie, la Chine et le Brésil, qui ont refusé de signer la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, ont, eux, commencé à pâlir lorsque les rebelles ont pris Tripoli, la capitale.

Quant à l’Italie, elle joue gros. Elle a fini par se rallier à la coalition, mais elle avait auparavant fortement aidé à rendre Kadhafi fréquentable. Dans la péninsule, des voix craignent qu’elle ne perde, au profit de la France, sa place de premier fournisseur de la Libye (12 milliards d’euros d’échanges en 2010). C’est pourquoi Rome s’est engagée à verser rapidement au CNT 350 millions d’euros, soit une partie des avoirs libyens gelés dans les banques italiennes. Cette annonce fait suite à la Conférence de Paris lors de laquelle le dégel de ces fonds a été lancé.

La société pétrolière italienne ENI, qui tire 28% de sa production du sol libyen, devrait conserver ses concessions. Son président, Paolo Scaroni, était déjà dans le pays moins de dix jours après la chute du régime. Il s’est déclaré prêt à fournir de grandes quantités de pétrole et de gaz afin de pallier les besoins de la population. Cela sans qu’un paiement immédiat ne soit exigé. De plus, ENI, comme l’espagnole Repsol, aurait signé des accords préliminaires sur de nouveaux permis pétroliers avec le CNT, selon la publication Intelligence Online.

Les sociétés s’activent

Souvent soutenues par leurs gouvernements respectifs, les sociétés pétrolières et de négoce ne ménagent pas non plus leurs efforts. Leur savoir-faire logistique allié à leur quête de nouveaux marchés en fait des acteurs clés dans cette course aux hydrocarbures. Forcément chaotique après les combats, la situation est classique pour ces sociétés : le géant suisse des matières premières Glencore n’a-t-il pas signé un contrat pétrolier avec le Sud-Soudan trois jours après que celui-ci ait accédé à l’indépendance ?

Déjà au bénéfice d’une concession sous le régime de Kadhafi, la société de trading Vitol s’est illustrée durant le conflit en acheminant un navire de gasoil à Benghazi, fief des rebelles. Basée à Genève, Vitol a confirmé au Monde avoir «eu des accords commerciaux avec Agoco (l’Arabian Gulf Oil Company, contrôlée par les autorités provisoires), qui achetait des produits pétroliers au nom du Conseil national de transition depuis le début du conflit». Là encore, le numéro un mondial du commerce pétrolier n’exige pas de paiement immédiat. Il serait poussé, semble-t-il, par Londres qui a placé en avril un ancien de Vitol, Alan Duncan, à la tête d’une officine chargée de lutter contre Kadhafi à travers le pétrole.

Qatar Oil aussi a fourni des services logistiques aux rebelles. L’émir de la monarchie, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, leur a apporté un soutien décisif. [Il] s’est même déclaré «chez lui» dans la nouvelle Libye.

De son côté, Glencore a signé un contrat avec la National Oil Company de Libye pour l’approvisionner en essence et produits raffinés. Cet accord devait attendre la levée imminente des sanctions onusiennes pour pouvoir entrer en force, décidée à la fin du mois de septembre. Les contreparties de ces prises de risque demeurent pour le moment inconnues. Il ne fait toutefois aucun doute que ces services rendus seront récompensés. Mais il faudra patienter jusqu’à l’élection d’un nouveau gouvernement, a précisé le 12 octobre, Ali Tarhouni, le nouvel homme fort en Libye.

Le trader russe Gunvor est également en lice. Il a affrété un tanker de gasoil pour venir en aide au CNT. Il se murmure dans la place genevoise du négoce que cette initiative viserait à redorer le blason du Kremlin auprès du nouveau gouvernement. En elle-même, l’intervention de Gunvor n’a cependant rien d’étonnante, puisque le groupe diversifie ses sources de brut, notamment en Afrique, depuis quelques années déjà.

Le front russe

L’Europe fera tout ce qui est en son pouvoir pour écarter les Russes de la partie. Les autorités du Vieux-Continent avaient en effet très peu apprécié l’accord passé entre Kadhafi et le géant étatique Gazprom. Déjà très dépendante du gaz russe, l’Union européenne aurait ainsi été prise en tenaille à la fois par l’Est et le Sud. Par ailleurs, la Libye comporte deux avantages de taille pour l’Europe, et surtout pour la France : sa proximité géographique et la qualité de son pétrole, léger et pauvre en soufre, particulièrement adapté aux raffineries des environs de Marseille et de Feyzin.

Quoi qu’il advienne, les vainqueurs ne manqueront pas de travail. Déjà obsolètes et peu développées avant le conflit, les infrastructures pétrolières nécessitent de grands investissements. Même si Ali Tarhouni assure que seules 10 à 20% des installations ont été endommagées, beaucoup, telle l’AIE, en doutent. Les observateurs s’accordent néanmoins sur un point : le retour à la normale de la production constitue une priorité pour le régime de transition. Il y a tout intérêt, le brut comptant pour 75% du budget de l’Etat et pour près de 90% des exportations nationales.

Bilan

Six mois après le 11 mars, le Japon en perdition ?

Six mois après le 11 mars, le Japon en perdition ?

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Au lendemain du tsunami du 11 mars dernier, la dignité et le courage des Japonais ont fait l’admiration de l’Occident. Puis est venu l’étonnement, devant l’accumulation de fautes qui a causé la catastrophe nucléaire de Fukushima (mépris des règles de sécurité, faillite des organismes de contrôle vassalisés par le lobby nucléaire, panique à la centrale le jour du cataclysme). Aujourd’hui, sur fond de rancunes personnelles qui déchirent le parti démocrate japonais (PDJ) au pouvoir depuis 2009 et alors que le premier ministre vient de changer pour la sixième fois en six ans, l’incompréhension domine devant ces divisions, dans un pays où l’union nationale semblerait de rigueur.

Le Japon n’est plus conforme à l’image que l’Occident s’en était forgée. Où sont les vertus, la cohésion et le dynamisme qui en ont fait une si grande nation ? Comment est il possible, au pays d’Hiroshima, que le débat sur le nucléaire – dont 70 % des Japonais veulent sortir – soit en train d’être étouffé, alors que la situation reste critique à Fukushima ; que 110 000 personnes qui vivent dans un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale ont été chassées de chez elles, où elles ne reviendront certainement pas ; que 76 000 de plus pourraient l’être, et qu’à moins de 250 kilomètres de Tokyo, une région vaste comme six fois Paris intra muros est désormais inhabitable ? Ce qui n’a pas empêché le très puissant groupe de pression des entreprises du nucléaire d’obtenir des autorités, pour la première fois depuis le 11 mars, le redémarrage d’un réacteur qui avait été arrêté pour maintenance.

Depuis 20 ans, l’économie japonaise est en crise. Les dégâts sociaux sont énormes : chômage, précarisation massive du travail, explosion des inégalités et du taux de pauvreté.

 

Cette crise est, aujourd’hui, aggravée par les conséquences des événements du 11 mars, mais aussi par la malédiction d’une monnaie contracyclique, qui s’apprécie quand la conjoncture mondiale se détériore, au détriment des exportateurs nippons. Alors que le PIB s’est contracté de 1,4 % au premier semestre, le yen a atteint son plus haut historique face au dollar le 19 août. Nul besoin d’être grand clerc pour penser que nombre d’entreprises japonaises pourraient délocaliser une partie au moins de leurs activités de production dans des pays où la nature est moins menaçante et les fluctuations monétaires moins défavorables.

Le Japon est accablé par une dette publique qui dépasse 220 % du PIB. L’agence de notation Moody’s l’a récemment dégradé à Aa3 – sans aucun effet pratique, puisque l’État japonais emprunte presque exclusivement auprès des investisseurs institutionnels nippons, à des taux aussi bas que ceux dont l’Allemagne bénéficie sur les marchés. Depuis 20 ans, cette facilité permet aux gouvernements de gérer la crise à coups de plans de relance, dont le dernier en date représente l’équivalent de 44 milliards d’euros. Mais l’épargne accumulée dans l’Archipel (habituellement évaluée à 12 000 milliards de dollars) n’y suffira pas éternellement.

L’augmentation de la TVA, aujourd’hui à 5 %, procurerait des recettes considérables. Le gouvernement veut partager avec l’opposition la responsabilité d’une décision si impopulaire.

Or celle-ci, sans rien promettre, en a déjà profité pour imposer au PDJ d’abandonner l’essentiel de son programme social. Ce recul signe l’échec d’une alternance que les Japonais avaient attendue pendant 64 ans. La crédibilité de la classe politique est anéantie.

Les démocrates y ont contribué par leur amateurisme et leurs querelles suicidaires. Mais la responsabilité incombe, plus encore, aux médias dont la chasse aux hommes politiques est le sport favori : la donation minime d’un résident étranger à un homme politique 5 ou une expression maladroite aussitôt reprise en boucle suffisent aujourd’hui à mettre en difficulté un chef de gouvernement ou à détruire un ministre. Ce faisant, les médias – toutes tendances confondues – flattent une opinion revenue de tout et imposent leur puissance à une classe politique qu’ils terrifient.

Les déficiences de cette dernière ont longtemps semblé être compensées par l’efficacité de l’État. L’Administration a souvent été créditée du « miracle » qui a rétabli le Japon dans son rôle de grande puissance après 1945. Mais, six mois après le tsunami, près de la moitié des ruines n’a pas été déblayée, des dizaines de milliers de sinistrés vivent encore dans des refuges provisoires et plus d’un millier de corps attendent toujours d’être identifiés. Un maquis de règlements entrave la reconstruction. Impossible de détruire l’épave d’un véhicule sans l’autorisation de son propriétaire, fût-il mort ou disparu, impossible également de déplacer les bâtiments publics détruits hors des zones ravagées par le tsunami, car les textes prévoient des subventions uniquement pour reconstruire sur le lieu de la catastrophe.

Autour de Fukushima, le flou et l’arbitraire prévalent dans la délimitation des zones dangereuses et la fixation, par les autorités, du niveau « acceptable » de radiations.

Le moral du pays est ébranlé, comme en témoigne l’effondrement de la natalité (1,3 enfant par femme), ou les résultats du très inquiétant sondage 2011. La jeunesse du monde, qui montre que les jeunes Japonais ont peur de la mondialisation, sont mécontents, voire pessimistes, n’ont pas plus confiance en eux qu’en les autorités et sont dépourvus de tout désir de s’engager. Le choc du 11 mars aurait pu ressouder et redynamiser la nation. Mais les médias ont beau multiplier les reportages sur les volontaires qui s’activent dans les zones sinistrées, on semble loin de l’élan qui avait porté un demi-million de citoyens vers Kobé au lendemain du séisme de 1995. Et, au lieu de la solidarité espérée, les déplacés de la catastrophe nucléaire semblent exposés au même ostracisme que celui qui a fait des hibakusha des parias dans leur propre pays. Ainsi, des plaquettes votives fabriquées dans le bois des pins déracinés par le tsunami et qui portaient des messages destinés aux 2 140 victimes de la commune de Rikuzen Takata ont été envoyées à la ville de Kyoto pour alimenter symboliquement le bûcher de O-Bon le plus célèbre du Japon. Elles ont été froidement retournées à l’envoyeur, par peur des radiations…

Les maux dont souffre le Japon – économie en berne, société en souffrance, endettement, État en perte d’efficacité, classe politique décrédibilisée, doute et cynisme de l’opinion – se retrouvent, peu ou prou, dans tous les « vieux » pays développés. Mais l’Archipel doit faire face à une menace qui ne pèse que sur lui : déplacé de plus de cinq mètres par le gigantesque séisme du 11 mars, il repose sur un assemblage de plaques tectoniques en plein réajustement. La probabilité qu’il soit frappé par un nouveau cataclysme majeur au cours des prochaines décennies ne saurait être écartée et la région de Tokyo est particulièrement menacée. Le pays a les moyens techniques et même financiers, de s’y préparer. Tout comme il a ceux de faire des zones ravagées par le tsunami le laboratoire d’un nouveau modèle d’urbanisme et de (re)mise en valeur du territoire, prenant en compte toutes les exigences du développement durable. Mais il faut pour cela des ressources qui semblent aujourd’hui en voie de disparition, et pas seulement au Japon : une vision à long terme, une forte cohésion nationale et la foi dans l’avenir.

LeMonde

Amerikanische Regierungsvertreter verbreiten falsche »Geheimdienstinformationen«, um angebliches Terrorkomplott zu untermauern

Amerikanische Regierungsvertreter verbreiten falsche »Geheimdienstinformationen«, um angebliches Terrorkomplott zu untermauern

Gareth Porter

Vertreter der Regierung des amerikanischen Präsidenten Barack Obama haben in den vergangenen Tagen gezielt Informationen »durchsickern« lassen, die angeblich auf der Geheimhaltung unterliegenden Berichten beruhen, um so die Behauptung zu untermauern, zwei hochrangige Angehörige der Iranischen Revolutionsgarden seien an einem Mordkomplott in der amerikanischen Hauptstadt gegen den saudischen Botschafter in den USA Adel al-Dschubeir Washington beteiligt gewesen. Die daraufhin veröffentlichten Medienberichte trugen dazu bei, von der Tatsache abzulenken, dass keine überprüfbaren Beweise für eine offizielle iranische Beteiligung an dem angeblichen Mordkomplott vorliegen, auch wenn von Regierungsseite immer wieder das Gegenteil behauptet wird. Aber die Informationen über die beiden iranischen Vertreter, die an NBC News, die Washington Post und die Nachrichtenagentur Reuters weitergegeben wurden, sind eindeutig falsch und irreführend, wie in einem Fall offizielle Dokumente zeigen und im anderen Fall durch einen früheren hochrangigen Geheimdienstmitarbeiter aus dem Bereich der Terrorbekämpfung bestätigt wird.

Die gezielten Fehlinformationen richten sich vor allem gegen Abdul Reza Schahlai, der von der Regierung Obama offiziell als »stellvertretender Kommandeur der Quds-Brigaden« [Spezialeinheiten] der Islamischen Revolutionsgarden bezeichnet wird. Schahlai wird von US-Vertretern seit Langem als Schlüsselfigur in den Beziehungen zwischen den Quds-Brigaden und der Madhi-Miliz des schiitischen irakischen Geistlichen Muqtada as-Sadr betrachtet.

Scheinbar versuchte das FBI mit dieser seit Juni laufenden »Sting-Operation« [ein Vorgehen, mit dem Regierungs- oder Strafverfolgungsbehörden versuchen, Zielpersonen unter Vorspiegelung falscher Tatsachen dazu zu bringen, ein Verbrechen zu begehen, wobei die Behörden oft in die Vorbereitung der Straftat verwickelt sind], an der auch der Amerikaner iranischer Abstammung Mansur Arbabsiar  und ein Informant der amerikanische Rauschgiftbekämpfungsbehörde DEA beteiligt waren, Arbabsiar dazu zu benutzen, Schahlai in einen Terroranschlag zu verwickeln. Die amerikanischen Beamten waren von ihrem DEA-Informanten darüber informiert worden, Arbabsiar habe behauptet, ein Cousin Schahlais zu sein.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/gareth-porter/amerikanische-regierungsvertreter-verbreiten-falsche-geheimdienstinformationen-um-angebliches-ter.html

 

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Note sul potere culturale e sul gramscismo

 

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Stefano Vaj

Note sul potere culturale e sul gramscismo

Le radici di un dibattito Augustin Cochin, Antonio Gramsci e le cause delle rivoluzioni La struttura del potere culturale nella società.

Le radici di un dibattito

Negli ultimi tempi ha ripreso vigore in Europa il dibattito sui nuovi modi di fare politica. Due sono a nostro avviso i fattori che stimolano oggi questo dibattito. Da un lato il definitivo fallimento dei grandi progetti del dopoguerra di trasformazione della società e delle loro espressioni parlamentari e armate: in occidente le opposizioni pare vadano oggi al potere solo quando sono ormai indistinguibili dalle forze di governo e completamente recuperate alla difesa dei regimi politici vigenti. Dall'altro la realtà sempre più vistosa dello svuotamento della politica, come è comunemente intesa, svuotamento non solo in termine di reale potere decisionale, ma addirittura in termini di incidenza sociale.

Rimandando ad una prossima occasione un'analisi globale dei due fenomeni, delle loro cause e delle loro conseguenze sul piano strategico nei confronti di clii si situa al di fuori del sistema oggi dominante, va notato subito come essi abbiano contribuito a rilanciare il tema del cosiddetto « potere culturale », che si presenta oggi come assolutamente centrale nella politologia più avanzata.

Il prendere coscienza dell'importanza di questo argomento e una sua minimrivisitazione in termini storici e analitici risultano del resto preliminari indispensabili all'articolazione del discorso sulla politica — sia in termini scientifici che di progetto — che si andrà sempre più sviluppando dalle pagine della rivista.

Augustin Cochin, Antonio Gramsci e le cause delle rivoluzioni

Vale innanzitutto la pena di limitare il discorso al periodo politico moderno, quello cioè caratterizzato dal situarsi della politica sul piano dello scontro interno tra le ideologie nate dal mito egualitario e progressista. Ciò perché, allargare il discorso ad ogni epoca ed area culturale, lo renderebbe tanto generico da divenire insignificante. Ristretto in tal modo il campo, vanno citati, ad un primo livello, gli scrittori controrivoluzionari dell'ottocento francese. Lo shock creato dal crollo verticale di tutto un ordine costituito, shock ancora operante a distanza di decenni per autori sentimentalmente e dottrinariamente legati all'ancien régime ed alla ideologia della Restaurazione, spingeva di per sé alla ricerca dei sintomi, dei presupposti, dei meccanismi della grande ondata rivoluzionaria che aveva bruscamente posto termine al regno di Luigi XVI.

Sono poi autori come Tocqueville, Taine, e soprattutto Augustin Cochin ad approfondire questa linea di indagine, arrivando a disegnare a proposito della rivoluzione del 1789 un modello di analisi storica che è stato proprio negli ultimi anni grandemente rivalutato per finezza interpretativa e capacità di penetrazione. Cochin, morto a trentanove anni, volontario nella prima guerra mondiale, senza aver potuto completare la sua monumentale opera sulla rivoluzione francese, ha fatto comunque in tempo a rivelarsi il più grande storico circa idee rivoluzionarie e del percorso da esse compiuto nella società francese.

Nei suoi scritti non troviamo tanto una banale e scolastica constatazione del ruolo assunto dal movimento illuminista nell'elaborazione delle dottrine che poi incarnerà più o meno fedelmente lo stato rivoluzionario, quanto riscontriamo invece una puntuale e minuziosa ricostruzione del ruolo preciso, operante ed attivo assunto dal potere culturale illuminista — quindi dal libero-pensiero, dai club, dalle società di pensiero, dalle accademie, dalle logge — ‘ nella costruzione di un contropotere radicato nella società e in grado di sostituire le vecchie istituzioni. Ricostruzione comunque che non si fa per nulla precorritrice delle moderne teorie sulla « storia occulta », e che resta strettamente legata al dato obiettivo. Né vi erano in realtà per questi autori necessità particolari di immaginare complotti o di sconfinare nel campo dell'illazione, dal momento che i fatti in questione erano ben noti anche al tempo in cui si svolgevano, così come le società segrete erano ben poco segrete e circa le idee rivoluzionarie si discuteva pubblicamente nelle università e nei salotti, essendo il regime politico assai poco in grado, per il suo ritardo storico, di reagire efficacemente alle une ed alle altre.

La rivoluzione francese perde in quest'ottica il suo carattere apparente di fulmine a ciel sereno, di esplosione maturata in pochi anni o in pochi mesi e acquista l'aspetto di un evento preparato, reso possibile e attuato da una strategia di conquista della società che, senz'altro inconsapevole del suo sbocco e probabilmente incosciente ed implicita in larga parte, arrivò a far crollare un regime monarchico-nobiliare sclerotizzato e chiuso alla circolazione delle élites, largamente infiltrato e in preda alla cattiva coscienza, nonché ormai completamente isolato dalla base sociale. Il che venne reso realizzabile dalla possibilità che questa strategia aprì di rimettere in discussione lo stesso principio di legittimazione dell'ordine politico vigente, quindi, a termine, di sostituirlo.

Di fronte alla vittoria di un'altra rivoluzione, quella fascista in Italia, sarà tra gli altri un autore di orientamento e cultura molto diversi ad accostarsi ancora alla questione della meccanica rivoluzionaria: Antonio Gramsci. Soltanto che, mentre per quanto riguarda la rivoluzione francese l'analisi del ruolo assunto dal potere culturale veniva fatta meramente in base ad un interesse prima polemico, come negli ideologi della Restaurazione, poi essenzialmente storiografico, Gramsci, coerentemente con la sua formazione marxista, tenta di fare di questa analisi una teoria della prassi, con risultati indubbiamente interessanti e stimolanti. Scrittore abbastanza noioso, politico ingenuo e nel complesso fallito, Gramsci sembra sostenere la teoria della centralità degli intellettuali nel processo rivoluzionario quasi per ragioni di rivincita personale nei confronti degli altri dirigenti comunisti, e resta inoltre ampiamente dominato in tutta la sua produzione teorica da influenze relativamente contingenti. Ciò nonostante i suoi scritti sono abbastanza originali e spesso abita in essi una notevole lucidità.

In realtà l'artefice de L'Ordine nuovo comincia ad occuparsi seriamente del problema di cui trattiamo a partire dall'inizio della sua carcerazione, (una condanna a vent'anni di prigione irrogatagli nel periodo successivo allo scioglimento e alla forzata clandestinità del partito comunista). Limitato nella sua libertà di azione dalla detenzione, politicamente sempre più isolato anche nell'area marxista, Gramsci ha, nel periodo dall'imprigionamento alla morte, il tempo e il modo di tentare, nei Quaderni del carcere, una riflessione globale sulla travolgente affermazione della rivoluzione fascista e sulle ragioni della sconfitta socialista degli anni venti. Com'è possibile, si chiede l'autore, che la coscienza degli uomini si trovi in ritardo rispetto a ciò che la coscienza di classe dovrebbe loro dettare? A proposito della risposta che Gramsci si dà, va tenuto conto innanzitutto che nell'esperienza storica di allora rientrava ormai la rivoluzione russa e la pratica di movimenti totalitari come il futurismo ed il fascismo. Ciò rende sotto certi aspetti postmarxista la concezione gramsciana dei mutamenti sociopolitici e ne aumenta l'interesse.

Gramsci distingue la « società politica » (l'apparato dello stato e dei partiti) dalla « società civile » in senso hegeliano, cioè l'intero corpo sociale a prescindere dalle istituzioni e dagli apparati politici, « società civile » di cui invece fanno parte le istituzioni culturali. L'ideologia collettiva, fondamento del consenso sociale e della stabilità egemonica della società politica, si elabora nella società civile. Questa ideologia collettiva implicita, basata su valori ammessi dalla maggioranza dei consociati, costituisce il mezzo tramite il quale lo stato « organizza il consenso » — e comprende la cultura, i costumi, le idee, le tradizioni, la mentalità corrente. Lo stato per mantenersi durevolmente deve non soltanto conservare un potere coercitivo, ma altresì continuare a gestire un potere culturale diffuso e potente, secondo un modello che ha portato gli autori neomarxisti a formalizzare la distinzione tra « apparati repressivi » e « apparati ideologici » dello stato.

 

Ed è questo potere culturale a innervare e a formare al tempo stesso l'in­frastruttura reale, il fondamento su cui poggiano le società esistenti. Da qui l'essenzialità della sostituzione dell'«egemonia culturale proletaria » all'egemonia borghese, attraverso un lungo lavoro ideologico nella società civile.

 

Sostituiti i valori socialisti ai vecchi valori, attraverso un lavoro di metodica sovversione degli spiriti, i regimi politici perderanno la loro legittimazione e la loro forza reale situata a livello dell'arretratezza della coscienza popolare e saranno facile preda di un attacco diretto dalla forze rivoluzionarie. A condurre questa lotta vengono chiamati individui proletarizzati o spontaneamente espressi dal seno della classe operaia; intellettuali che sono definiti organici perché deputati ad omogeneizzare, a dare conoscenza di sé, a rappresentare le forze vive della produzione. Questa avanguardia legata al proletariato, prende così nella teoria il ruolo di soggetto della storia pur continuando ad essere soltanto l'espressione dell'evoluzione storica intesa secondo la dialettica marxista, il che è esattamente ciò che intende l'intelligenza marxista italiana quando parla oggi di Gramsci come del teorico o perlomeno del riscopritore della soggettività storica. Con il suo lavoro di termite, tale avanguardia aprirà la strada e creerà i presupposti per il riscatto definitivo dal sistema capitalistico.

Nel delineare le modalità concrete di azione di questa avanguardia metapolitica, Gramsci resta abbastanza nel vago, si ispira direttamente alla prassi dell'area politico-culturale fascista e prefascista, o dà indirizzi propagandistici tanto banali da apparire ovvi. È però tanto intelligente da intuire che l'eventuale postfascismo europeo sarà il terreno ideale per mettere in opera questo tentativo di instaurare l'egemonia della « cultura della classe operaia ».

Benché le tesi gramsciane contraddicano le concezioni marxiste e liberali ortodosse, secondo le quali l'infrastruttura sociale sarebbe economica, esse sono state realmente alla base dei più consistenti sforzi politici operati dai partiti comunisti occidentali nel dopoguerra, tesi a fare pienamente leva sul primato morale delle forze marxiste nella lotta al fascismo. E probabilmente sono state anche alla base dei relativi successi da questi riportati. Successi comunque vanificati dalla mancata percezione della progressiva trasformazione del sistema e del panorama sociale, dalla tara cioè costituita dal trovarsi sempre in « ritardo di una guerra ».

La struttura del potere culturale nella società

Benché rappresenti un progresso nell'analisi e nella comprensione del concetto di potere culturale, e in qualche modo una sorta di razionalizzazione dell'avvento della rivoluzione fascista (di cui comunque Gramsci non capisce il significato e la portata), l'analisi gramsciana paga un pesante pedaggio al suo contesto marxista in termini di schematismo, di meccanicisno e di adesione dogmatica a categorie politiche assai poco verificate come lo stesso concetto di « classe », presentandosi così in gran parte superata. Il teorico comunista resta inoltre legato al pregiudizio razionalista di poter trovare una volta per tutte la « chiave », le « regole » del divenire storico, mentre là caratteristica precipua della storicità quale attributo specificamente umano, è invece proprio il fatto che non soltanto le società e le culture si trasformano eternamente, ma mutano eternamente anche le leggi che governano questo divenire; per cui l'evoluzione storica è si deducibile — nel senso che è giustificabile e se ne possono spiegare le ragioni —, ma solo a posteriori.

Ritornando alla questione che qui ci interessa, potremmo dire che ciò che fonda in realtà una data società, localizzata storicamente nel tempo e culturalmente nello spazio, è la sua concezione globale del mondo, che comunque resta tra l'altro inevitabilmente legata, come invece non coglieva Gramsci, alla sua percezione del mondo (Weltsich) e radicata a livello biologico e della « costituzione mentale » di quel particolare popolo. Questa concezione globale del mondo può essere definita come la risultante, la somma vettoriale delle particolari « concezioni del mondo » presenti in essa; e di essa, l'«infrastruttura culturale » in senso stretto non è che una componente. Componente che ha però la particolarità di dar luogo ad un « clima ideologico » e ad un sistema di valori politici con o senza consenso attivo (il fatto che oggi in Italia nessuno sia presumibilmente disposto a farsi uccidere per la democrazia, non cambia ad esempio il fatto che la democrazia sia oggi un valore politico dominante), e che genera comunque un certo tipo di istituzioni e di rapporti sociali ed economici.

A loro volta, queste istituzioni e questi rapporti «producono » la società politica: tipo di partiti, classe politica, costituzione reale dello stato. A differenza di Gramsci, che non vedeva che due livelli, due termini legati tra loro in modo statico, se ne scoprono così tre: una infrastruttura culturale, una mediostruttura istituzionale, economico-sociale, giuridico-militare e una sovrastruttura « politica » nel senso corrente e superficiale del termine, assimilabile alla «società politica » gramsciana. Partizione che però è valida soltanto tenendo poi presente che società civile e società politica non sono due realtà tra loro indipendenti e dialetticamente contrapponibili, e che la seconda non è altro che un momento, un'estrinsecazione della prima, così come il potere politico èanch'esso un potere di tipo culturale, dando al termine un senso ampio, antropologico, anzi è una parte del potere culturale all'interno di una società.

 

Non ha quindi molto senso la tesi gramsciana secondo la quale il leninismo in Russia ha potuto trionfare in quanto non esisteva nel paese per arretratezza storica una « società civile »; ciò è altrettanto assurdo quanto il sostenere che il fascismo in Italia vinse perché non esisteva il popolo. In realtà invece la rivoluzione russa e proprio un esempio tipico del processo di costruzione di un contropotere sociale da parte di un'avanguardia mirante a sostituirsi ad un potere costituito. Quanto vi è di specificamente russo in questa rivoluzione, anche come rivolta ad un regime progressivamente occidentalizzato, ne è una riconferma.

Le influenze tra i tre livelli precedentemente individuati si presentano infine come reciproche: esistono cioè fenomeni di retroazione facilmente riscontrabili. Ma è altrettanto vero che le influenze realmente determinanti, rilevanti e a lungo termine sono quelle dirette dal basso verso l'alto. D'altro canto, passando dalle «infrastrutture » alle «sovrastrutture », per continuare ad usare questo linguaggio, si passa da realtà di lunga durata e portata a meri epifenomeni sociali.

Il «regime» politico, per esempio, ha soprattutto oggi un carattere più «spettacolare» e cotitingente che istituzionale. La sua influenza in quanto tale sui costumi e sul politico stesso è in realtà ancora più tenue di quanto si creda, mentre aumenta sempre più il suo aspetto di sottoprodotto ad utilità decrescente del sistema di cui è espressione.

Gramsci insiste sulla conquista del « potere culturale » come preambolo alla manomissione della « società politica ». Noi possiamo andare più lontano: la lotta « culturale » in senso ampio, la conquista eversiva degli spiriti e della società non costituiscono soltanto una « fase preparatoria » della « conquista dello stato », né esistono due fasi distinte di questo tipo. Ciò in quanto l'azione tesa alla « conquista dello stato » è esattamente un momento, e nemmeno quello finale, della lotta « culturale » e metapolitica; fa cioè parte di questa.

 Stefano Vaj

 

vendredi, 28 octobre 2011

Vers l'Eurasie!

Vers l'Eurasie !

Alexandre LATSA

Ex: http://fr.rian.ru/

Le-lynx-d-Eurasie.jpgLa semaine dernière, j’ai écrit une tribune dans laquelle je soutenais que l’Europe de l’ouest aurait intérêt à sortir du giron atlantiste pour construire une alliance économique et politique avec le bloc euro-oriental en création autour de l’alliance douanière Russie/Biélorussie/Kazakhstan. Il me semble que pour une union européenne endettée, en panne d’élargissement, et très dépendante sur le plan énergétique, cette orientation pourrait apporter de nouveaux marchés à l’exportation, la sécurité énergétique, un potentiel de croissance économique important et aussi une vision politique nouvelle.

Suite a la publication de ce texte, un de mes lecteurs, David, m’a envoyé le commentaire suivant : "j'ai du mal à saisir ce que ton union eurasienne pourrait faire avec l'UE (…) Tu vois l'Europe aller jusqu'au Kazakhstan"?

La question de David est fondamentale, à mon avis. La première réponse que j’ai envie de lui faire est la suivante: L’Europe n’est pas que l’UE, dont la dernière vague d’élargissement date de 2004, et sachant qu’aucune autre vague d’élargissement n’est à ce jour sérieusement envisagée.  L’espace européen compte 51 états, et l’UE n’en est qu’à  27 membres. L’UE n’est à mon avis en rien une finalité, mais une étape dans la construction d’une grande Europe continentale, allant de Lisbonne a Vladivostok, une Europe par nature eurasiatique puisqu’étalée géographiquement en Europe et en Asie.

Les discussions sur les limites de l’élargissement de l’UE ont amené à des contradictions: La Russie ne serait pas européenne peut on souvent lire, alors que généralement pour les mêmes commentateurs, l’Ukraine, la Biélorussie ou la Turquie devraient à contrario  intégrer l’Europe. Il faudrait en effet expliquer en quoi la Russie ne serait pas européenne, si l’Ukraine, la Biélorussie ou encore la Turquie le sont. Aujourd’hui, ni l’UE à 27 en état de quasi banqueroute, ni la Russie seule n’ont cependant la force et les moyens de pouvoir faire face aux géants que sont l’Amérique sur le déclin, ou les deux grands de demain, l’Inde et surtout la Chine, quasi-assurée de devenir la première puissance mondiale au milieu de ce siècle. La Russie comme les états européens de l’ouest sont donc aujourd’hui et chacun de leur côté engagés dans une politique de création d’alliances afin de renforcer leurs positions régionales, et leur influence globale. 

Après l’effondrement de l’Union Soviétique, l’extension vers l’est de l’union européenne semblait inévitable. Cette extension, accompagnée d’un élargissement de l’OTAN, s’est faite dans un esprit de confrontation avec le monde post soviétique. Mais la renaissance de la Russie ces dernières années et le choc financier de 2008 ont lourdement modifié la situation. La crise financière terrible que connaît l’union européenne est sans doute la garantie la plus absolue que l’UE ne s’agrandira plus, laissant certains états européens sur le seuil de la porte, Ukraine en tête. Andrei Fediachine le rappelait il y a quelques jours: "En cette période de crise, peu de puissances européennes veulent penser à une éventuelle adhésion à l’UE d’un autre pays pauvre de la périphérie orientale (…l’Ukraine…) Qui plus est l’extension à un pays de près de 46 millions d’habitants qui connaît constamment une crise politique et économique". 

Quand à la Russie, membre à part de la famille européenne, il serait bien naïf de penser que sa reconstruction ne se fasse pas via une consolidation maximale des relations avec les états de son étranger proche, c'est-à-dire dans l’espace post soviétique, et dans une logique eurasiatique.

Alors que l’Europe de l’ouest sert actuellement de tête de pont à l’Amérique, qui lui impose un réel bouclier de Damoclès avec le bouclier anti-missile, il est grand temps d’envisager une collaboration entre l’Europe et l’espace post soviétique et de s’intéresser à ce qui se passe à l’est, autour de cette nouvelle union douanière animée par la Russie. La semaine dernière a d’ailleurs été riche en événements de très grande importance. La récente condamnation de l’égérie de la révolution orange à sept ans de prison a sans doute contribué à éloigner un peu plus l’Ukraine de l’union européenne et la rapprocher un peu plus de l’union douanière animée par la Russie. Pendant que le président russe se trouvait la semaine dernière en Ukraine, l’union européenne annulait une rencontre avec le président ukrainien alors même que les discussions concernant la création d’une zone de libre échange avec l’Ukraine étaient en cours. Au même moment les 11 états de la CEI (l’Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan, la Moldavie, l'Ouzbékistan, la Russie, le Tadjikistan, le Turkménistan et donc l'Ukraine) ont signé un accord sur la création d’une zone de libre échange. Le même jour le Premier ministre Mykola Azarov a affirmé que l’Ukraine réfléchissait désormais a une adhésion à l'Union douanière Russie-Bélarus-Kazakhstan, ne jugeant pas contradictoire la potentielle appartenance a ces deux zones de libre échange.

Plus à l’est, c’est de Moscou qu’est venu la plus forte onde de choc puisque le premier ministre Vladimir Poutine a annoncé la plausible constitution d’une union eurasienne a l’horizon 2015. Le premier ministre a du reste rappelé que la coopération dans le cadre de la Communauté économique eurasiatique (CEEA) était la priorité absolue pour la Russie. Ce projet d’union eurasienne s’appuie sur l’Union douanière en vigueur avec la Biélorussie et le Kazakhstan, et a laquelle peuvent adhérer tous les Etats membres de la Communauté économique euro-asiatique. Le Kirghizstan (union douanière) et l’Arménie (union eurasienne) ont du reste déjà affirmé leur soutien à ces projets d’intégration eurasiatique.

L’organisation en cours, au centre du continent eurasiatique n’est pas qu’économique ou politique, mais également militaire, avec la création en 2001 d’une structure de collaboration militaire eurasiatique: l’organisation de la coopération de Shanghai. Cette organisation comprend 6 membres permanents que sont la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. L’Inde, l’Iran, la Mongolie et le Pakistan sont des membres observateurs, tandis que le Sri Lanka et la Biélorussie ont le statut de partenaires. L’OCS rassemble donc aujourd’hui 2,7 milliards d’habitants.

Cette année, c’est l’Afghanistan qui a demandé le statut d’observateur tandis que la Turquie (seconde puissance militaire de l’OTAN) à demandé elle à adhérer complètement a l’organisation. Des états arabes comme la Syrie ont l’année dernière également manifesté leur intérêt envers la structure. On peut aujourd’hui légitimement se demander quand est ce que des états européens choisiront d’adhérer à l’OCS, pour compléter cette intégration continentale.

Cette évolution globale traduit le glissement inéluctable vers un monde multipolaire qui ne sera plus sous domination occidentale. Pour les européens de l’ouest, il est temps de regarder vers l’est et leur continent. Le nouveau pôle eurasiatique, qui s’organise autour de la Russie, est probablement le plus prometteur.

Die Moral von der Geschichte

Mouammar-Kadhafi-mort.jpg

Die Moral von der Geschichte

Helmut MÜLLER

Insgesamt 26000 mal sind NATO-Flugzeuge aufgestiegen um die Flugverbotszone über Libyen zu überwachen. Dabei blieb es aber nicht. 9.600 mal flog sie völkerrechtswidrig Angriffe gegen militärische und zivile Ziele, dabei kamen – neben Verlusten von mehr als 1.000 Panzern, diversen andern Fahrzeugen, Waffen-und wertvoller Infrastruktur  –  auch tausende Menschen, Soldaten wie Zivilisten ums Leben. Wie schon in Ex-Jugoslawien und im Irak „bloß“ Kollateralschäden eben. Und jetzt doch auch noch als langersehnter „Hauptgewinn“ Gaddafi! Alles spricht dafür, daß dessen Gefangennahme und Tötung erst durch einen weiteren von der Weltgemeinschaft nicht gedeckten NATO-Angriff ermöglicht wurde. Recht und Moral gingen wieder einmal im sprichwörtlichen Kanonendonner unter.                                       

Der Tod Gaddafis, sofern nicht ein Doppelgänger erwischt wurde, soll also ein Ende des Krieges verheißen. Er könnte aber auch die bereits existierenden unter Gaddafi lange unterdrückten  stammesgeschichtlich, politisch und religiös begründeten Spannungen in Libyen in gefährlicher Weise anheizen und alle Pläne der westlichen Öl-Räuber über den Haufen werfen. Mit allen für uns Europäer daraus resultierenden Konsequenzen.

Wirklich empörend ist jetzt aber im konkreten Fall Gadaffi eines:  Die Art und Weise wie mit dem erst gefangenen, dann getöteten „Revolutionsführer“  umgegangen wurde. „Selbst Gaddafi hätte“, meint der britische Guardian einen „privaten Tod“ verdient. Und der Corriere della Sera schlägt in dieselbe Kerbe, wenn er schreibt: “ Lynch-Justiz ist aber die falsche Grundlage für einen jungen Staat,..Die verunstaltete Leiche Gaddafis ist der schlimmste Auftakt für das neue, befreite Libyen“.  Wie wahr!                                                  

Mitschuldig machten sich auch Medien, die Photos des blutenden und geschändeten Toten hemmungslos in den Blatt-Vordergrund stellten .Und der Tod Gaddafis verhindert jetzt auch noch eine restlose Aufklärung dessen vierzigjährigen Herrschaft. Denn dabei müssen ihm wohl einige geholfen haben. Nicht nur deshalb könnten, wie das niederländische NRC Handelsblatt befürchtet,“ nach der Freude harte Zeiten“ anbrechen.

Das Libyen-Finale der NATO kommentiert der von mir unlängst erwähnte Andy Borowitz mit gekonntem Spott. Obama läßt er sagen „Meine Hoffnung ist, Libyen werde bald eine funktionierende Demokratie haben, und die Vereinigten Staaten eines Tages auch“. Fromme Wünsche wären das wohl

The Shock of History

The Shock of History

By Michael O"Meara

Ex: http://www.alternativeright.com/

A propos:
Dominique Venner.
Le choc de l’Histoire. Religion, mémoire, identité.
Versailles: Via Romana, September 2011.

 

“The future belongs to those with the longest memory.” –Nietzsche

Conservative thinking, Karl Mannheim notes, is essentially historical thinking—in that it orients to the concrete, to ‘what is’ and ‘what has been’, instead of to ‘what ought to be’ or ‘what can be’. ‘Properly understood’, historical thinking (as créatrice de sens) reveals the ‘Providential’ design evident in the course and test of time.

Some anti-liberals are wont thus to situate their ‘conservative’ project within the frame of Europe’s historical destiny and the higher design informing it.

The most renowned of such historical thinkers (representing what Carolina Armenteros calls the ‘the French idea of history’) was the father of European anti-liberalism, Joseph de Maistre—though he is not our subject.  Rather, it is the foremost contemporary avatar of anti-liberal historical thought: Dominique Venner.

The 75-year-old, French-speaking European of Celt and German descent, father of five, Venner is a historical scholar, a writer of popular histories and of various works on firearms and hunting, as well as the editor of two successful, artfully illustrated historical journals.

But whatever his genre, Venner bears the knightly (or legionnaire) standard of Europe’s multi-millennial heritage—the heritage, he claims, that took form with the blind poet, who is the father of us all—the heritage whose Homeric spirit knows to honor the brave, bare-foot soldiers of the Confederacy and the social banditry of Jesse James—and, most insistently, the heritage that expects a future commensurate with Europe’s incomparable past.

Venner is not your average academic historians; indeed, he’s not an academic at all. His life has been lived out on the last of France’s imperial battlefields; in Parisian street politics, in the outlawed OAS, in prison, and in laying the conceptual foundations of the European New Right; and finally, since his early thirties, in the various libraries, archives, and communal memories he’s searched to produce the 50 books he’s written on the key historical upheavals of the last century or so.

Unsurprisingly, his historical sense is ‘over-determined’—not solely by an  intelligence steeped in the life of the mind, but also by disciplines acquired in those schools of initiands known only to the political soldier.

His latest book—Le Choc de l’Histoire—is not a work of history per se, but a series of meditations, in the form of a book-long interview (conducted by the historian Pauline Lecomte) on the historical situation presently facing Europeans. These meditations approach their subject in parallel but opposite ways: 1) one approach surveys the contours of Europe’s longue durée—those centuries of growth that made the great oak so venerable—and, in the spirit of the Annales School, reveals her ‘secret permanences’, and, 2) a very different but complementary approach that silhouettes the heroic individuals and individual events (Achilles and the Iliad foremost) exemplifying the Homeric spirit of European man—disclosing his possibilities, and offering him thus an alternative to his programmed extinction.

Venner’s thesis is that: Europeans, after having been militarily, politically, and morally crushed by events largely of their own making, have been lost in sleep (‘in dormition’) for the last half-century and are now—however slowly—beginning to experience a ‘shock of history’ that promises to wake them, as they are forced to defend an identity of which they had previously been almost unconscious.

Like the effect of cascading catastrophes (the accelerating decomposition of America’s world empire, Europe’s Islamic colonization, the chaos-creating nihilism of global capitalism, etc.), the shock of history today is becoming more violent and destructive, making it harder for Europeans to stay lulled in the deep, oblivious sleep that follows a grievous wound to the soul itself—the deep curative sleep prescribed by their horrendous civil wars (1914-1918 and 1939-1945), by the ensuing impositions of the Soviet/American occupation and of the occupation’s collaborationist regimes, and, finally, today, by a demographic tsunami promising to sweep away their kind.

The Sleep

 

The Second European Civil War of 1939-1945, however it is interpreted, resulted in a cataclysmic defeat not just for Hitler’s Germany, but for Europe, much of which, quite literally, was reduced to mounds of smoldering rumble. Then, at Yalta, adding insult to injury, the two extra-European super-powers partitioned the Continent, deprived her states of sovereignty, and proceeded to Americanize or Sovietize the ‘systems’ organizing and managing the new postwar European order.

As Europe’s lands and institutions were assumed by alien interests, her ancient roots severed, and her destiny forgotten, Europeans fell into dormition, losing consciousness of who they were as a people and a civilization—believing, as they were encouraged, that they were simply one people, equal among the world’s many peoples.

Worse, for their unpardonable sins—for what Europeans did to Jews in the war, to Blacks in the slave trade, to non-White peoples in general over the course of the last 500 years—for all the terrible sins Europeans have committed, they are henceforth denied the ‘right’ to be a ‘people’. In the Messianic spirit of Communism and Americanism, the Orwellian occupiers and collaborators have since refused them a common origin (roots), a shared history, a tradition, a destiny. This reduces them to a faceless economic-administrative collectivity, which is expected, in the end, to negate the organic basis of its own existence.

The postwar assault on European identity entailed, however, more than a zombifying campaign of guilt-inducement—though this campaign was massive in scale. Europe after Jahre Null was re-organized according to extra-European models and then overwhelmed with imported forms of mass consumerism and entertainment. At the same time and with perhaps greater severity, she was subject to an unprecedented ‘brain-washing’ (in schools, media, the so-called arts, public institutions, and private corporations)—as all Europe’s family of nations, not just the defeated Germans, were collectively made to bear a crushing guilt—under the pretext of the Shoah or the legacy of colonialism/imperialism/slavery—for sins requiring the most extreme penance. Thus tainted, her memory and identity are now publicly stigmatized,

Venner’s Europe is not, of course, the Soviet/New Class-inspired EU, just as she is not the geographical entity labeled ‘Europe’. Rather than a market, a political/administrative structure, a geographic category—rather even than a race (though in a certain sense it is all about race in the end)—Europe for him is a multi-millennial community of closely-related national families made up of Germans, Celts, Slavs, and others, having the same ancient (Indo-European, Borean, Cro-Magnon) roots of blood and spirit: that is, having the same Thirty-thousand Years of European History and Identity.

This makes his Europe a community with a common civilizational heritage that stretches back to the depths of prehistoric time. Historically, the tradition and identity of this heritage has informed Europe’s representations and values in ways distinguishing/identifying her and her peoples from other civilizations and peoples.

Tradition, though, is not  for Venner the metaphysical abstraction of the perennialists or the historical repository of the Burkeans: it is not something outside history nor is it something forged once and for all in the night of time.

Tradition for him is precisely that which does not pass.  It is the perpetual spirit that makes Europeans who they are and lends meaning to their existence, as they change and grow yet remain always the same. It is the source thus of the ‘secret permanences’ upon which their history is worked out.

Tradition may originate in Prehistory, but Venner claims it is preeminently contemporary—just as every origin represents a novel outburst of being. It serves thus as a people’s inner compass. It directs them to what and whom they are. It renders what was formed and inspired in the past into a continually informed present. It is always new and youthful, something very much before rather than behind them. It embodies the longest memory, integral to their identity, and it anticipates a future true to its origin. Life lived in reference to tradition, Venner insists, is life lived in accordance with the ideal it embodies—the ideal of ‘who we are’.

In one sense, Venner’s Europe is the opposite of the America that has distorted Europe’s fate for the last half-century. But he is no knee-jerk anti-American (though the French, in my view, have good cause to be anti-US). He’s also written several books on the US War of Secession, in which much of America’s Cavalier heritage is admired. Knowing something of the opposed tendencies shaping American ‘national’ life, he’s well aware of the moral abyss separating, say, Jesse James from Jay Gould—and what makes one an exemplar of the European spirit and the other its opposite.

Modeled on the Old Testament, not the Old World, Venner claims America’s New World (both as a prolongation and rejection of Europe) was born of New England Calvinism and secularized in John O’Sullivan’s ‘Manifest Destiny’.

Emboldened by the vast, virgin land of their wilderness enterprise and the absence of traditional authority, America’s Seventeenth-century Anglo-Puritan settlers set out, in the spirit of their radical-democratic Low Church crusade, to disown the colony’s Anglo-European parents—which meant disowning the idea (old as Herodotus) that Europe is ‘the home of liberty and true government’.

Believing herself God’s favorite, this New Zion aspired—as a Promised Land of liberty, equality, fraternity—to jettison Europe’s aesthetic and aristocratic standards for the sake of its religiously-inspired materialism. Hence, the bustling, wealth-accumulating, tradition-opposing character of the American project, which offends every former conception of the Cosmos.

New England, to be sure, is not the whole of America, for the South, among another sections, has a quite different narrative, but it was the Yankee version of the ‘American epic’ that became dominant, and it is thus the Yankee version that everywhere wars on Americans of European descent.

Citing Huntington’s Who Are We?, Venner says US elites (‘cosmocrats’, he calls them) pursue a transnational/universalist vision (privileging global markets and human rights) that opposes every ‘nativist’ sense of nation or culture—a transnational/universalist vision the cosmocrats hope to impose on the whole world. For like Russian Bolsheviks and ‘the Bolsheviks of the Seventeenth century’, these money-worshipping liberal elites hate the Old World and seek a new man, Homo Oeconomicus—unencumbered by roots, nature, or culture—and motivated solely by a quantitative sense of purpose.

As a union whose ‘connections’ are essentially horizontal, contractual, self-serving, and self-centered, America’s cosmocratic system comes, as such, to oppose all resistant forms of historic or organic identity—for the sake of a totalitarian agenda intent on running roughshod over everything that might obstruct the scorch-earth economic logic of its Protestant Ethic and Capitalist Spirit. (In this sense, Europe’s resurgence implies America’s demise).

The Shock

What will awaken Europeans from their sleep? Venner says it will be the shock of history—the shock re-awakening the tradition that made them (and makes them) who they are. Such shocks have, in fact, long shaped their history. Think of the Greeks in their Persian Wars; of Charles Martel’s outnumbered knights against the Caliphate’s vanguard; or of the Christian forces under Starhemberg and Sobieski before the gates of Vienna. Whenever Europe approaches Höderlin’s ‘midnight of the world’, such shocks, it seems, serve historically to mobilize the redeeming memory and will to power inscribed in her tradition.

More than a half-century after the trauma of 1945—and the ensuing Americanization, financialization, and third-worldization of continental life—Europeans are once again experiencing another great life-changing, history-altering shock promising to shake them from dormition.

The present economic crisis and its attending catastrophes (in discrediting the collaborators managing the EU, as well as de-legitimatizing the continent’s various national political systems), combined with the unrelenting, disconcerting Islamization of European life (integral to US strategic interests) are—together—forcing Europeans to re-evaluate a system that destroys the national economy, eliminates borders, ravages the culture, makes community impossible, and programs their extinction as a people. The illusions of prosperity and progress, along with the system’s fun, sex, and money (justifying the prevailing de-Europeanization) are becoming increasingly difficult to entertain. Glimmers of a changing consciousness have, indeed, already been glimpsed on the horizon.

The various nationalist-populist parties stirring everywhere in Europe—parties which are preparing the counter-hegemony that one day will replace Europe’s present American-centric leadership—represent one conspicuous sign of this awakening. A mounting number of identitarian, Christian, secular, and political forces resisting Islam’s, America’s, and the EU’s totalitarian impositions at the local level are another sign.

Europeans, as a consequence, are increasingly posing the question: ‘Who are we?’, as they become more and more conscious—especially in the face of the dietary, vestimentary, familial, sexual, religious, and other differences separating them from Muslims—of what is distinct to their civilization and their people, and why such distinctions are worth defending. Historical revivals, Venner notes, are slow in the making, but once awakened there is usually no going back. This is the point, Venner believes, that Europe is approaching today.

The Unexpected

History is the realm of the unexpected. Venner does not subscribe to notions of historical determinism or necessity. In contrast to Marxists and economic determinists, anti-Semites and Spenglerians, he believes there are no monocausal explanations of history, and unlike liberals such as Fukuyama, he believes there’s no escape from (no ‘end’ to) history.

In history, the future is always unknown. Who would have thought in 1980 that Soviet Russia, which seemed to be overtaking the United States in the ‘70s, would collapse within a decade? Historical fatalities are the fatalities of men’s minds, not those of history.

History, moreover, is the confluence of the given, the circumstantial, and the willful. This makes it always open and hence potentially always a realm of the unexpected. And the unexpected (that instance when great possibilities are momentarily posed) is mastered, Venner councils, only in terms of who we are, which means in terms of the tradition and identity defining our project and informing our encounter with the world.

Hence, the significance now of husbanding our roots, our memory, our tradition, for from them will come our will to power and any possibility of transcendence. It’s not for nothing, Dominique Venner concludes, that we are the sons and daughters of Homer, Ulysses, and Penelope.

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Guillaume Faye - La ragnatela mondiale del sistema

Guillaume Faye

La ragnatela mondiale del sistema

Il conflitto dei tempi a venire Verso un unico modello umano Un pianeta senza poesia L'infezione del sistema Spoliticizzazione della società La tecnica e l'autoaffermazione dei popoli Il falso mito dell'occidente.

Ex: http://www.uomolibero.com/

occident.jpgUn avvenimento considerevole si produce nel mondo contemporaneo, un avvenimento lento, silenzioso, invisibile: le culture, le civiltà, le nazioni, i paesi vengono fusi progressivamente in una struttura tiepida che trascende le divisioni destra/sinistra, est/ovest, nord/sud, che assorbe le distinzioni politiche e ideologiche, che pialla le geografie, che pietrifica la storia.

Questa struttura è il Sistema planetario. « Sistema », e non « civilizzazione ». Non esiste una civilizzazione mondiale, a dispetto delle fantasticherie di Léopold Senghor, giacché una civilizzazione rimane pur sempre culturale, organica, umana. Ora, il Sistema appare come la metamorfosi mostruosa della civilizzazione occidentale in un gigantesco meccanismo tecnoeconomico.

Il grande conflitto dei tempi a venire non opporrà più il capitalismo al socialismo, ma l'insieme delle forze nazionali, culturali, etniche, alla macchina cosmopolita del sistema occidentale, che sostituisce ai territori le sue « zone », alle sovranità le sue regioni economiche, alle culture il suo discorso massificante. La Terra diventa così un grande circo in cui il Sistema è il domatore.

Esso non ha niente di un impero mondiale, poiché non emerge da una potenza politica, ma dalla cancerizzazione della società dei consumi che si spande su tutta la planisfera. Non ha altro sovrano che un individuo astratto — l'homo universalis nato dall'incontro dell'ideologia del diritto naturale e dell'Illuminismo — dai bisogni omogenei e universali. Non ha altro governo che una convergenza di reti economiche e burocratiche transnazionali, che relegano le sovranità politiche e le volontà dei popoli al magazzino degli accessori. Gli è riuscita una rivoluzione: quella di aver smagliato il tessuto delle società, un tempo formate da insiemi organici, istituzioni, tradizioni, mestieri, gruppi e ritmi diversificati, per rifonderne la trama secondo la logica omogenea dei settori di attività tecniche ed economiche, frammentate le une in rapporto alle altre, organizzate in aggregati, come gli ingranaggi di un motore senza nessuno che lo diriga.

La crescita del Sistema è tanto più temibile in quanto i suoi funzionari si pretendono investiti di una missione, quella dell'umanismo mondiale, del pacifismo mercantilista o del socialismo riparatore delle ingiustizie. Per la loro amenità caramellosa, questi ideali appaiono più pericolosi e alienanti di tutti gli imperialismi tradizionali. Il Sistema forma una totalità sprovvista di centro, ma il cui punto focale è la società americana, i suoi trust, il suo mercato ed i suoi costumi. Si espande, dopo l'Europa occidentale e l'estremo oriente, nei paesi socialisti e nelle parti industrializzate del terzo mondo. Questa espansione, che non è più capitalista di quanto non sia socialista, utilizza le società commerciali, le istituzioni internazionali, le burocrazie nazionali come agenti economici intercambiabili, incaricati di diffondere ovunque le stesse mercanzie e le stesse strutture mentali. L'incubo che il gelido ottimismo dei tecnocrati liberali e il mondialismo ingenuo della vecchia sinistra tentano di dissipare, prende forma poco a poco: è il « migliore dei mondi ». L'alchimia della sua crescita tentacolare si compone sempre degli stessi ingredienti: le strutture tecnoeconomiche multinazionali, l'ideologia universalista ed egualitaria, la sottocultura mondiale di massa.

* * *

L'unificazione dei costumi e dei bisogni fonda un tipo umano egemonico: il regno della molle figura del piccolo borghese universale è cominciato. Sul mondo occidentalizzato si installa una borghesia mondiale, in cui prendono il loro posto anche le classi agiate dei paesi poveri e la « nomenklatura » dei paesi socialisti. Allineare i modi di vivere sul presunto modello della classe media americana, è l'aspirazione implicita di tutti i partiti, degli ambienti d'affari e di quel sottoprodotto dei mass-media che si è soliti chiamare « opinione pubblica ». Questa invoca, con buona coscienza, l'argomento dell'innalzamento del tenore di vita; impostura manifesta, che passa sotto silenzio la distruzione delle economie tradizionali e la pauperizzazione di miliardi di uomini. Questo « razzismo » incosciente, che afferma il modello economico mondiale di « sviluppo » come preferibile e superiore alle culture tradizionali dei popoli, rischia di produrre uno psichismo umano unico. La nostra specie, in questo caso, privata della diversificazione delle sue strutture mentali, non sarebbe più in grado di dare, alle sfide globali del mondo a venire, che un solo tipo di risposta, e probabilmente non certo la migliore, né la vincente.

* * *

In questo universo mentale unico, l'uomo occidentale non si definisce più per la sua origine, ma solo per il suo modo tecnoeconomico di esistenza. Un impiegato di banca di Singapore è in questo senso più occidentale di un tirolese o di un bretone radicati nella propria identità.

La Terra si trasforma in un insieme settorializzato di reti e di circuiti che lasciano spalancati degli spazi morti. Spoetizzato (1), il nostro pianeta è oggetto di « messa a frutto » non è più oggetto di conquista. Senza la padronanza del proprio spazio, i popoli non controllano più la propria geopolitica; la loro geografia, quella dell'habitat poetico e del territorio politico, resta cancellata di fronte alla divisione in zone commerciali e amministrative del Sistema. Non siamo più abitanti dei nostri luoghi, ma semplici residenti. Il Sistema non ha distrutto le patrie; le ha fossilizzate sovrapponendovisi. L'idea nazionale non è più condannata; essa è stata neutralizzata, non malgrado, ma a causa delle reverenze accademiche che le fanno con cinismo i discorsi dei politicanti. Ogni nozione di provenienza territoriale langue in questo universo di turismo di massa, d'uniformità alimentare e vestimentale, di diplomi americani, di films internazionali. Pare che Ford intenda realizzare un'automobile « globale », fabbricata in dieci paesi differenti e destinata a tutti gli automobilisti del mondo.

Come gli uomini, così anche gli oggetti non vengono più da nessuna parte. « Penso », dichiarava Gilbert Trigano, del Club Mediterranée (2) « che l'avvenire del Club risieda nell'avvento di un'atmosfera veramente cosmopolita ». Ma l'avvenire del Club Méditerranée non è quello dei popoli di cultura: l'avvento del cosmopolitismo non sarebbe per essi un'apertura come immagina Guy Scarpetta, ma un soffocamento.

Il Sistema, che non « vive », ma « funziona », sottrae i popoli al tempo storico. Fondato su mode, movimenti di consumo, flussi economici, correnti d'opinione, si iscrive puramente nella cronaca. Un popolo, al contrario, va da qualche parte e viene da qualche parte. Per il Sistema la coscienza storica è sovversiva perché essa non forma buoni clienti né buoni telespettatori. Se la caratteristica propria alla Storia è quella di modificare il senso delle cose, il Sistema non è interessato che a cambiare le forme esterne: forme dei prodotti, mode. Ciò che si teme più di tutto sono le perturbazioni della storia, quelle dei Cesari e degli Imam.

Il Sistema è uno stabilizzatore. Nell'ordine mondiale stabile, le microvariazioni delle novità e delle innovazioni contrastano con la macrofissità dell'insieme. Costumi, stili artistici, etichette e ideologie politiche non si evolvono più. Il walkman (3) non è un'innovazione, ma un aggravarsi di una forma di vita già ben installata: il narcisismo tecnologico. Siamo rientrati di fatto nella storia ciclica, nel circolo vizioso dell'eterno ritorno delle « riscoperte » e dei revival. I media accentuano la fissità conservatrice del sistema trasformando le idee in mercanzie che si confrontano con mercati d'opinione stabili.

Evacuata, la storia dei popoli lascia dietro di sé un grande silenzio che il cicaleccio vuoto dei media tenta di coprire; messo da parte, il mondo dei popoli, quello delle strategie continentali, delle rivolte religiose, dei grandi disegni politici, lascia il posto ai piccoli programmi di vita individuale, alla fine dei quali non vi è altro che la pensione. In queste condizioni, il sistema occidentale non lascerà tracce di civiltà. È senza memoria e non se ne conserverà il ricordo. Nella logica dell'ideologia lockiana e del protestantesimo laicizzato, esso ritiene di aver già compiuto la sua rivoluzione. Il suo « progresso » non è che la continuazione, il perfezionamento della sua espansione.

Ciò spiega come i marxisti siano disarmati di fronte alle società contemporanee, che sono, in fondo, postrivoluzionarie; e soccombano come gli altri all'appello del Sistema, appello alla fusione, alla fetalizzazione della specie umana.

* * *

Il Sistema ha conosciuto un precedente storico con la Cristianità. Anch 'essa tentò di costruire — progetto che non è stato d'altronde abbandonato — un mondialismo al di sopra delle singolarità dei popoli.

L'omogeneizzazione delle culture in nome della « salvezza » si è trasformata in omogeneizzazione in nome del diritto alla felicità borghese. Il monoteismo cambia di forma: oggi esso prende quella di complesso economico-culturale.

Il che significa che l'installazione di strutture economiche multinazionali e la diffusione di una cultura mondiale unica, costituiscono due processi globalmente legati. L'imposizione del « sistema di oggetti » occidentale presuppone l'adozione di una cultura semplicista e pragmatica che determina un'involuzione e un impoverimento spirituale. Il Sistema deve acculturare i popoli ai costumi dell'homo consumans internazionale i cui bisogni si postulano unificati. L'economia e l'infracultura del Sistema si sono costituite in insieme reciproco ». Le merci comportano lineamenti culturali e inversamente la sottocultura americano-occidentale prepara gli spiriti al consumo di merci unificate.

Le fasi culturali di entrata nel Sistema sono tre. Prima fase: lo spettacolo. Le popolazioni di cultura sono messe in presenza del modello attraverso l'intermediazione delle loro « élites » occidentalizzate, che funzionano da vetrina. Seconda fase: la normalizzazione. Si tratta di eliminare le scorie culturali « indigene » relegandole in zone « sottosviluppate » o « ritardate » che si è in precedenza contribuito a creare. L'ideologia umanitaria della pretesa lotta contro la miseria serve qui da strumento di penetrazione. Terza fase: il consolidamento. E in opera nei paesi industrializzati. La cultura dominante è completamente incorporata all'economia. Le mode di massa costituiscono le armi di questa spersonalizzazione degli individui in un'esistenza narcisistica e iperpragmatica. Esse compensano la noia di un modo di vivere omogeneo (che rischierebbe di sfociare in rivolte, in rivendicazioni di ritorno alla storia) attraverso lo stordimento indotto dalle pseudonovità. In questa cultura obsolescente, non appare alcuna « nuova generazione culturale ». Non vi è più che un gigantesco prodotto culturale, sottomesso alla funzione mercantilistica, semplice settore contabile nelle colonne di cifre del supermercato mondiale.

Le tradizioni dei popoli sono divenute anch'esse branche di un sistema economico e tecnico. In musei morti, noi celebriamo il nostro passato senza viverlo. Ricordo, ma non più memoria, il passato è visitato, ma non più abitato (4). Un vero popolo interiorizza il suo passato e lo trasforma in modernità. Il Sistema ne ha fatto un ornamento, neutralizzato e sterilizzato, che viene consumato così come si consuma anche l'esotico. Il passato e le tradizioni sono divenuti pianeti nella galassia dei passatempi.

Questa cultura-prodotto universale è più « occidentale » che americana. Oggi l'America è dappertutto. Il Sistema dipende tanto dalla dominazione degli Stati Uniti come nazione quanto dall'estensione a tutta la Terra della società americana. I fondamenti ideologici del Sistema sono gli stessi di quelli dei padri fondatori degli Stati Uniti: mercantilismo e umanitarismo. Ma l'egemonia strettamente americana è probabilmente destinata a declinare: Goldrake è giapponese e le hit-parades sono prodotte in Europa. L'americanomorflsmo succede all'americanismo e rappresenta in fondo l'essenza dell'occidentale. E questo il più grande pericolo. Saremo ancora capaci di rigettare ciò che viene da noi stessi?

L'America è in noi: formula terribile che se diventasse completamente vera starebbe a significare che noi siamo già dei morti viventi.

A dirigere il Sistema non è del resto un potere politico più di quanto sia l'America. Il Sistema non ha capo: non ha nient'altro che dei regolatori, senza progetto d'insieme. Gli stati maggiori delle grandi società, le burocrazie nazionali e internazionali, le reti dei media, incrociano le loro decisioni al di sopra delle sovranità politiche. Carì Schmitt e Jürgen Habermas hanno ben colto la natura oppressiva e invadente di questa autoregolazione anorganica che spoliticizza i popoli. Questa oppressione si giustifica con una pratica e un'ideologia antiautoritarie che sostituiscono alle decisioni, ai destini, ai poteri visibili, l'intruppamento nella placenta delle organizzazioni, in cui gli assoggettati, autoalienati, vivono in seno al sistema come presso ad una madre fraterna. Le finalità settoriali hanno rimpiazzato la politica; le opinioni si spoliticizzano e le ideologie politiche diventano ornamentali. Non viene più cantata l'Internazionale quando la sinistra vince le elezioni, ma ci si dondola al suono di un rock americano. Il Sistema non ha più bisogno di una legittimazione politica: la multinazionale Americana , la banca inglese, la burocrazia francese, i politicanti italiani vedono le loro strategie convergere spontaneamente grazie al cemento dello stesso programma implicito che le abita tutte: realizzare la società mercantilistica mondiale.

La sola politica ancora praticata nel Sistema obbedisce a ciò che Claus Offe qualificava come « sottomissione a imperativi di schivata ». Detto altrimenti, schivare gli sconvolgimenti, evitare le grandi crisi per gestire meglio le piccole.

* * *

In questo deserto del politico, il mondo non ha più destino. La fine del ventesimo secolo vede installarsi la paralisi dei popoli: lo status quo uscito da Yalta conserva globalmente il suo equilibrio; l'Europa politica non si è mai realizzata; l'Islam resta disunito; la decolonizzazione rimane una parola; i progetti rivoluzionari finiscono nel sangue di tirannie medievali o nella società burocratica. In compenso, le esportazioni di grano verso l'URSS o i trasferimenti di mano d'opera e di industrie vanno a meraviglia. La storia del mondo diventa quella dei suoi mercati di consumo. Questa falsa storia, spoliticizzata, dipende da un macchinario autoperpetuantesi appena infastidito dalle bombe dei desperados, furiosi che la loro utopia rivoluzionaria — sempre più minoritaria — non trovi più eco presso i loro antichi fratelli vinti dal mortale tepore del Sistema.

La spoliticizzazione provoca un'alienazione di nuovo tipo. Il Sistema non fa più ricorso che secondariamente alla coercizione o alla persuasione ideologica, perché le sue strutture comportamentali sono assimilate dalle popolazioni. Da qui la vanità e il carattere velleitario di ogni forma di contestazione che si situi su un piano meramente politico.

La politica è organizzata in spettacolo dai media del Sistema, e l'opinione pubblica, falsamente politicizzata — « politicantizzata » si potrebbe dire — costituisce il simulacro di un sentimento popolare. Contrariamente alle vedute della scuola di Francoforte non esiste un direttore d'orchestra clandestino che si celi dietro la razionalità delle pratiche economiche. L'essenziale non è che si contesti o meno il governo, ma che non si trovi niente da ridire quando si fanno gli acquisti al drugstore, che si aderisca implicitamente ai valori pratici dell'edonismo borghese. E questa la ragione per cui la sola vera contestazione è quella che rimette globalmente in causa, da un punto di vista metapolitico e culturale, la concezione del mondo del Sistema, nella quale individualismo, edonismo, razionalismo e mondialismo umanitario sono indissociabilmente legati da una logica implacabile.

La trappola in cui sono caduti Marcuse e Habermas consiste nel non aver percepito che il Sistema riposa su una Weltanschauung che è anche la loro. Da qui il « recupero » totale del loro discorso e la sconfitta storica della scuola di Francoforte. Rompendo col razionalismo della felicità individuale, col mondialismo umanitario per situarci dalla parte dei popoli, della loro volontà di affermazione, di differenza e di destino, noi pretendiamo costituire la vera alternativa; noi pretendiamo essere i soli, nel paesaggio ideologico uniforme di oggi, a non essere compromessi con i valori — o i non valori — dell'occidentalismo egualitario e mercantilistico, a non fare nostro il postulato di base del Sistema secondo cui ciò che importa è la « realizzazione razionale della felicità economica individuale ».

Aurelio Peccei, presidente e fondatore del Club di Roma, ha ben riassunto il programma nichilista che noi intendiamo combattere con le armi più efficaci, quelle della lotta metapolitica e culturale, quando dichiarava: « Bisogna arrivare a un sistema mondiale governabile che dovrebbe utilizzare le tecniche tanto efficienti del marketing ». Sogno insano, che condividono a destra e a sinistra, dalla parte dei liberali come da quella dei socialisti, tutti gli alleati oggettivi della morte dei popoli. Essi vogliono trasformare il pianeta in una rigatteria della piccola felicità, in cui i popoli, filializzati come i dipartimenti di una multinazionale, vivrebbero nella pace perpetua di una clinica psichiatrica, disciplinati dai dieci comandamenti dell'ideologia dei Diritti dell'Uomo. Mentre il « Gran Fratello » regna sul migliore dei mondi.

* * *

Questa ideologia dei Diritti dell'Uomo, parliamone. Preparando gli spiriti all'idea dell'uniformità dei bisogni, piazzando l'individuo « garantito » e astratto al di sopra delle comunità di appartenenza, essa attua un razzismo occidentale-centrista che svolge una funzione precisa: legittimare il Sistema mercantilistico mondiale. L'ideologia dei Diritti dell'Uomo è il discorso « povero » del Sistema, verso cui sono ripiegati, come a un più piccolo denominatore comune, le ideologie egualitarie, dal marxismo al conservatorismo, perché l'egualitarismo, non avendo più bisogno di essere convalidato da un discorso teorico, si contenta della vecchia filosofia borghese del diciassettesimo e diciottesimo secolo. E se ne contenta tanto più volentieri in quanto essa ha preso corpo, nella sua forma attuale, nella società americana nascente, in cui questa assemblava i postulati evangelici con la filosofia del capitalismo incipiente.

Ma sorge una temibile contraddizione: tra il Sistema da un lato, interamente intriso di questa filosofia della felicità massificata, e la tecnica, che porta nella sua essenza la tentazione della potenza e dell'avventura ma che tuttavia costituisce oggi l'armatura dell'universalismo. Contraddizione tra il dramma della tecnica e la sdrammatizzazione dell'ideologia. Contraddizione tra il fantasma cibernetico di una tecnica che si vorrebbe neutra e le forze di mobilitazione e di penetrazione del mondo che essa cela in sé.

Il Sistema non comprende la natura della tecnica; non coglie, come scrive Heidegger, « il mistero della sua essenza ». Dai marxisti ortodossi ai teorici del management-development del Massachusett's Institute of Technology, regna la stessa interpretazione ingenua e « pacificata » della tecnica, nella linea razionalista e progressista dei sansimonisti. Grazie alla tecnica noi saremo un giorno, secondo il vecchio adagio biblico, « liberati dal lavoro ». Oggi d'altronde è significativo veder svilupparsi, persino negli ambienti socialisti, una contestazione del lavoro in quanto tale. Possiamo vedere in ciò una conseguenza della mentalità borghese, poiché il Sistema sente in contraddizione l'ideologia e la tecnica, così come i valori del benessere e la necessità del lavoro sociale.

L'interpretazione attuale della tecnica non ne coglie la dimensione faustiana; come accade per il lavoro, la si banalizza, la si strumentalizza al servizio del confort, senza vedere la sua grandezza né il suo pericolo. La tecnica moderna invece, « inquietante » e rischiosa, è un appello all'autoaffermazione dei popoli, appello demiurgico e pagano al potere creatore degli uomini.

Soltanto gli avversari della tecnica ispirati da certe correnti della scuola di Francoforte sono coerenti con se stessi, ovvero con l'ideologia pacifista e umanitaria che essi condividono col Sistema. Hanno compreso cioè che l'edonismo è contraddittorio con la « crescita di potenza » di una cultura fondata sulla tecnica moderna. Tra noi e loro vi è conformità di analisi, ma divergenza di valori.

Hanno capito che l'ideale-tipo del borghese pacifico — e non quello del rivoluzionario — era realmente il loro, nonché quello dei liberali, dei cristiani, dei marxisti. Mentre il nostro non può che essere quello dell'uomo, appartenente ad una cultura e ad un popolo.

Appartenere all'area culturale europea, significa ammettere la tecnica moderna. Non come strumento di domesticazione e di alienazione, ma di creazione. Habermas diceva che non si può concepire una « poesia nucleare ». Disgraziatamente per lui, sì.

Un sistema che pretende eliminare ogni rischio appoggiandosi sulla tecnica, l'attività più « rischiosa »: ecco il pericolo supremo.

L'ambiguità dell'universo tecnoeconomico attuale non sarà superata se non quando i valori che presiedono all'utilizzazione della scienza e della tecnica assumeranno e domineranno il loro « rischio » e l'incorporeranno nel progetto storico di un popolo, invece di asservirlo al confort massificato. La tecnica presuppone non soltanto la creatività collettiva, contraddittoria con gli ideali del sistema, ma ugualmente la riabilitazione del lavoro, ripensato sotto la categoria aristocratica della mobilitazione spirituale della comunità. Bisogna farla finita con la concezione punitiva e svalutativa del lavoro generata dal biblismo, dall'edonismo mercantilistico e dal nostro passato indtistriale, in cui il capitalismo liberale faceva del lavoro uno strumento di « spossessamento di se ».

Schizofrenico, il Sistema rimuove il tipo dell'Operaio (Arbeiter) (5) come figura dominante, perché in fondo disprezza il lavoro del popolo, di tutti i popoli, cioè la loro cultura nella misura in cui il lavoro è l'essenza stessa della « cultura ». Ripensare i popoli come comunità creatrici secondo la propria volontà; farla finita con questa espropriazione che priva gli uomini della loro cultura e propina loro uno spettacolo opportunamente elaborato nei media, fabbricato da istrioni senza provenienza: questo è lo sbocco della sola visione del mondo che concili il lavoro, la tecnica e la valorizzazione delle radici.

* * *

L'avvenire appartiene alle rivoluzioni culturali, spirituali, nazionali; l'avvenire appartiene alla distruzione dell'ordine economico internazionale e al perseguimento di un'idea che ha già cominciato ad agire: il riaccentramento di spazi economici autonomi attorno ad aree culturali.

Ma in Europa come nel Terzo mondo queste idee saranno battute se esse non vanno fino in fondo in questo loro tentativo, se esse cioè non tagliano i ponti con l'ideologia occidentale, sia essa marxista, tecnocratica, democristiana o liberale, l'ideologia che possiamo definire con un brutto neologismo « reazionario-umanitaria ».

Quanto ai popoli d'Europa, bisogna che essi sappiano progressivamente operare una revisione, evidente per alcuni, lacerante per altri: rompere la solidarietà con l'«Occidente », quest'Occidente in cui non ci riconosciamo più, se mai ci siamo riconosciuti, quest'Occidente che non è che un gigantesco bazar; quest'Occidente che mutila sotto i nostri occhi la nostra cultura millenaria trasformandola in uno stress in cui non regna che la coscienza pratica.

Destino di un popolo è di lasciare la sua impronta nella Storia, nello spa­zio continentale e nello spazio del tempo, — che è anche quello dello spirito. Noi non vogliamo più continuare a vivere in una cosmopoli senza gioia, senza desideri, senza avventure.

Guillaume Faye

 

 

(1) « Spoetizzato » », come più avanti « poetico », « abitanti », « abitare », « patria ». « dramma », « inquietante », « tecnica » ed altre parole riportate in corsivo sono usate nell'auto­re nella loro accezione etimologica. (N.d.T.).

(2) Le Monde, 5 luglio 1980.

(3) Cuffia stereofonica da passeggio.

(4) Vedinota 1.

(5) Abbiamo preferito tradurre « Travailleur » con Operaio in quanto è trasparente il riferimento alla figura delineata nell'omonima opera di Ernst Junger. (N.d.T.).

Cyberkrieg, massives »Hackerähnliches Eindringen«: USA suchen nach der absoluten Waffe

Cyberkrieg, massives »Hackerähnliches Eindringen«: USA suchen nach der absoluten Waffe

Boris Volkhonsky

Am Dienstag letzter Woche traf die amerikanische Außenministerin Hillary Clinton in der libyschen Hauptstadt Tripolis ein. Im Gepäck hatte sie einige Millionen Dollar an Hilfsgeldern für die Übergangsregierung und eine Botschaft des Friedens und der Ermutigung für das libysche Volk. Wie die Washington Post berichtete, stand bei ihrem Gesprächen die Frage im Mittelpunkt, »wie man die Grundlagen für eine langfristige, völlig neuartige, sowie tiefe und weitgehende Partnerschaft zwischen den Vereinigten Staaten und Libyen legen kann«.

 

Es mag Zufall oder doch ein genau geplanter Schachzug gewesen sein, aber einen Tag vor dem Clinton-Besuch in der libyschen Hauptstadt, berichteten mehrere amerikanische Zeitungen über frühere Pläne des Pentagons, mit Cyberangriffen gegen Muammar Gaddafis Luftverteidigung vorzugehen. Die genaue Art der Vorgehensweise, mit der das amerikanische Militär die Luftverteidigung des Landes zerschlagen und damit die Sicherheit für die Kampfflugzeuge der USA und der NATO erhöhen wollte, unterliegen immer noch der Geheimhaltung, aber im Großen und Ganzen ergibt sich folgendes Bild: Über ein massives Eindringen in die entsprechenden Computeranlagen, wie man es »normalerweise« von Hackern kennt, sollten alle Computernetzwerke des libyschen Militärs gestört oder zum Absturz gebracht und so verhindert werden, dass das Radarfrühwarnsystem die gesammelten Informationen an die Raketenbatterien weiterleitet.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/boris-volkhonsky/cyberkrieg-massives-hackeraehnliches-eindringen-usa-suchen-nach-der-absoluten-waffe.html

 

 

jeudi, 27 octobre 2011

The Decline & Fall of Muammar el-Qaddafi

The Decline & Fall of Muammar el-Qaddafi

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

Portuguese translation here [2]

Col. Muammar el-Qaddafi ruled Libya for 42 years. He came to power in a military coup against Libya’s King Idris, who was basically the satrap of international capital, ensuring that the exploitation of the country’s oil wealth benefited foreign oil companies and himself, but not the Libyan people. 

Qaddafi forced the oil companies to share their wealth with the Libyan people. He funded schools, clinics, and infrastructure. Literacy, health, and life-expectancy soared. But he did not want Libyans to become lazy and corrupt like the citizens of the oil-rich Gulf States. He constantly reminded Libyans that the oil would run out someday and they would have to work to become self-sufficient.

Qaddafi seems daffy to most westerners, but his political philosophy and practice were actually quite consistent: he rejected homogenizing modernity. He saw both capitalism and communism as essentially the same in their materialism, globalism, and leveling. He advocated a third way in which traditional forms of life, which are ineradicably plural and particular, might selectively embrace modernity. He funded national liberation groups such as the PLO and the IRA. He supported anti-globalization movements and leaders like Hugo Chavez. He enjoyed thumbing his nose at the United States. After the fall of the USSR, he did everything he could to frustrate the emergence of a completely unipolar pax Americana. He was as nationalistic as any leader can be when saddled with a universalistic religion.

Qaddafi committed many crimes. He indulged in many expensive follies. He had terrible taste.

But perhaps Libya would be at peace not in ruins, and perhaps Qaddafi would be alive and in charge today, if he had not made a single fatal error: he decided to play patty-cake with America. After 9/11, he shared intelligence on Al Qaeda with the United States. He agreed to abandon nuclear weapons research, even though a nuclear deterrent is the only way a country can maintain its independence in the world today. He tortured Muslims on behalf of the United States and the UK so they could, with typical Anglo-Talmudic hypocrisy, maintain their pretenses of legality.

He referred to Condoleeza Rice as “Leeza, Leeza, Leeza,” and vowed that he “loved her” as if he were a star-struck hairdresser not a serious head of state. Perhaps he was auditioning for Inside Edition. As far as I know, he never hosted Saturday Night Live or made it on Oprah.

Throughout most of his rule, Qaddafi was both loved and feared. He was loved because he increased the well-being of his people and because of his increasingly eccentric charisma. He was feared because he dealt harshly with his enemies. But one can retain power while being feared. In fact, it helps. One cannot, however, rule while being held in contempt. And by truckling with America, Qaddafi made himself contemptible in the eyes of his people.

Becoming a whore for America might have compensated Qaddafi for the loss of his people’s esteem if it had won him a faithful friend and stable ally. But America is incapable of such friendship. All alliances are, of course, conditional on serving the self-interest of all parties. But America is given to infantile fits of moralistic enthusiasm which trump considerations of national self-interest. America’s leaders really believe their bullshit.

So when the Arab world was all atwitter about “democracy” and “change” and overthrowing “dictators,” all calculations of national self-interest, all realism about prospects for democracy in Arab countries, even the ultimate good (namely Israel’s self-interest) went out the window. Qaddafi had to go, under a round-the-clock barrage of liberal pieties and bombs.

I don’t know if Qaddafi ever regretted his opening to the “West,” but his defiance right up to the end almost redeemed him in my eyes.

The lessons should be clear to other Arab rulers who are being targeted by the same forces: one can afford to be feared and hated, but one can never risk becoming contemptible in the eyes of one’s own people by seeking the friendship of the United States. The United States, moreover, is a fickle and worthless friend, unworthy of betraying one’s own people to court. The only path to safety in this world is that of North Korea and Iran. A nuclear deterrent is the sole guarantee of sovereignty left on this planet.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/10/the-decline-and-fall-of-muammar-el-qaddafi/

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Unser moralischer Niedergang: Blutdurst in den Straßen Libyens als Ersatz für Gerechtigkeit

Unser moralischer Niedergang: Blutdurst in den Straßen Libyens als Ersatz für Gerechtigkeit

Patrick Henningsen

Offenbar wurde das endgültige Urteil gegen den früheren libyschen Machthaber Muammar al-Gaddafi bereits durch die NATO-Rebellen verhängt und vollstreckt, aber möglicherweise ist die westliche Zivilisation, die sich von ihren moralischen Werten abgewendet hat, bereits in ein noch blutigeres und entsetzlicheres Schicksal verstrickt.

Der Mann, der sein Land 1969 von der tyrannischen Diktatur des damaligen Königs Idris I. befreite, wurde am vergangenen Donnerstag angeklagt und mit Schüssen hingerichtet. Gaddafi nahm sich Umar al-Muchtar (1862-1931) als Vorbild. Muchtar war der einzige andere Anführer, der sich an die Spitze eines genuinen und unabhängigen libyschen Widerstandes gestellt und gegen die brutale Kolonisierung durch Italien 1927 gekämpft hatte. Heute ist Gaddafi nur ein weiterer toter Diktator.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/patrick-henningsen/unser-moralischer-niedergang-blutdurst-in-den-strassen-libyens-als-ersatz-fuer-gerechtigkeit-.html

 

Gli eroi sono stanchi

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Guillaume Faye

Gli eroi sono stanchi

La giovinezza nelle società tradizionali e nel mondo moderno

La gioventù come laboratorio sperimentale del consumismo

La concezione organica dell'uomo.

Ex: http://www.uomolibero.com/

Ogni epoca ha la mitologia che si merita. La nostra ha fatto della gioventù il suo idolo onnipresente, a cui riserva un culto permanente e ossessionante. E come se la preoccupazione essenziale dei nostri contemporanei fosse di essere giovani, o, non essendolo, di atteggiarsi a tali. Ed è l'abuso di questo termine che genera (o per lo meno dovrebbe generare) il sospetto.

Bisogna infatti porsi riguardo alla gioventù la stessa domanda di Jean Baudrillard riguardo al nuovo: in un mondo in cui tutto si vuole nuovo, com'è che c'è così poco rinnovamento? Parimenti, proprio quando la giovinezza assume un significato magico, com'è che i valori dominanti che guidano la mentalità collettiva dei giovani (il benessere materiale minimale, l'umanitarismo, l'assistenza, ecc.) sono valori così « da vecchi » ? Come render conto del paradosso di una società che porta la gioventù sugli scudi e che rifiuta, nella sua ideologia come nei suoi valori, il gusto del rischio, della sfida, del combattimento?

Ma, in primo luogo, che cos'è la giovinezza?

Etologicamente, essa costituisce la fase di formazione dell'uomo adulto, più esattamente il passaggio dall'infanzia all'età matura. La fisiologia umana conosce durante questo periodo, che va pressapoco dai diciotto ai venticinque anni, la sua fase di massimo dinamismo. L'uomo, essere dalla gioventù persistente, vive in questa fase della sua esistenza, del bisogno di curiosità e di avventura, bisogno che può arrivare fino al sacrificio della vita. Quando entra nell'età matura, l'uomo è capace (è ciò che lo distingue dall'animale) di conservare queste qualità della giovinezza che sono la sete d'esperienza e il gusto del rischio, poiché è un essere mai finito.

Niente di strabiliante, stando così le cose, se molte culture hanno rappresentato l'«uomo tipo » come individuo giovane.

È l'età dei kuroi che si possono ammirare al museo del Partenone; è anche l'età dei guerrieri cinesi delle incisioni dell'epoca Ming.

Anche nelle società tradizionali, quelle che precedono la rivoluzione industriale, gli uomini non accedevano più tardi alle responsabilità. Non c'era transizione fra l'infanzia e l'età adulta. A Roma, si passava in un sol colpo dalla veste pretesta alla toga virile a diciotto anni. Nel Medioevo, da quando un apprendista cominciava a lavorare, quale che fosse la sua età, era integrato nel mondo degli adulti. I generali di Napoleone Bonaparte avevano spesso tra i venti e i venticinque anni, esattamente come i comandanti della battaglia di Cunaxa, descritta da Senofonte, che conducevano in battaglia le truppe di Sparta. I valori della gioventù erano organicamente integrati all'insieme sociale, allo stesso titolo di quelli dell'età matura e della vecchiaia, che rappresentavano la riflessione e l'esperienza. Gli uni controbilanciavano gli altri, senza conflitto. Certo la gioventù si ritrovava durante le feste tradizionali, ma non in quanto «classe d'età» (nel senso in cui oggi si ha una « terza età »). Si trattava spesso di riunire i giovani da sposare o quelli che arrivavano all'età di portare le armi. Giovinezza significava tutto il contrario di quanto significa oggi: non una seconda infanzia prolungata, ma l'ingresso nel mondo degli uomini, nel mondo vero. Per farla breve, non c'era giovinezza, ma la « giovanilità » penetrava i valori sociali.

È a partire dall'epoca romantica, e poi soprattutto con la rivoluzione industriale, che la gioventù, considerata come classe e come valore, fa la sua apparizione.

L'allungamento medio della durata della vita obbliga a differire l'età della presa di responsabilità. Un'età intermedia appare progressivamente fra l'infanzia e la vita professionale. Nelle società. tradizionali, a basso indice di scolarizzazione, era la comunità che trasmetteva il sapere agli individui, mischiando tutte le classi di età. A partire dal diciannovesimo secolo, l'educazione obbligatoria e il servizio militare vanno a far fronte comune con la famiglia ridotta al suo nucleo per isolare la gioventù in maniera funzionale. Al contempo, si constata che la società avvia un processo gerontocratico: le occupazioni vengono strutturate a carriera; si fissano soglie d'età per l'esercizio delle responsabilità.

Dal 1890 le opere sugli adolescenti si fanno sempre più numerose. La giovinezza adolescenziale diviene un valore, connotata da temi avventurosi e guerrieri. Lo scoutismo nasce sotto forme decisamente paramilitari. Il servizio militare obbligatorio trasforma gli eserciti europei in raggruppamenti delle gioventù nazionali e non più in truppe professionali d'età mista. Dappertutto si vedono sbocciare dei movimenti della gioventù che indossano l'uniforme e che si vogliono portatori di una rigenerazione sociale e politica. Nei collegi e nei licei la gioventù imparerà a vivere insieme e a riconoscersi come categoria a parte.

Fra il 1890 e il 1910, la letteratura comincia ad appassionarsi alla adolescenza e le inchieste sulla gioventù si succedono sulla stampa: se ne contano cinque in Francia nel solo 1912. Raymond Radiguet e Colette illustrano, nei loro romanzi, il culto della gioventù « perdonabile di ogni suo eccesso », mentre Montherlant osserva nel 1926 che si va sviluppando un nuovo fenomeno, « l'adolescentismo », nuovo rivale del femminismo. Nel frattempo il culto dello sport e dell'olimpismo nasce e si sviluppa, appoggiato su di un'esaltazione della giovinezza, spesso intesa come portatrice d'un rinnovamento pagano. Per liberare la gioventù dal giogo borghese della famiglia, Gide lancia il suo famoso «Famiglie, io vi odio », e i regimi totalitari ed autoritari che nascono in Russia, in Germania, in Italia, in Grecia, in Ungheria, ecc. si considerano tutti delle «dittature della gioventù ».

La modernità delle nuove tecniche, quella dei pionieri dell'aviazione o degli eroi della velocità dell'automobile, è interpretata come di competenza della gioventù, come d'altra parte — quasi paradossalmente — un certo desiderio di ritorno alla natura, ben rappresentato da movimenti come il Wandervogel in Germania. C'è, in entrambi i casi, la medesima pulsione di purezza selvaggia ed aggressiva, la medesima rivendicazione da' parte della gioventù di un reinvestimento di una funzione creatrice e guerriera dimenticata dal mondo borghese.

Un'inversione di senso si produce però grosso modo dopo la seconda guerra mondiale. Progressivamente, all'«adolescentismo » va a sostituirsi l'era dei teen agers. La gioventù «precipita» nella funzione mercantile: a livello di ideologia e discorsi, essa conosce il suo trionfo, ma nei fatti, i valori giovanili crollano. Essere giovane non significa più donare la propria vita per una causa, ma « consumare » una sottocultura fabbricata per i giovani.

Similmente ai loro eserciti, funzionali e burocratici — a dispetto della giovane età di reclutamento — le società occidentali s'impegnano ad addomesticare i giovani utilizzando il dinamismo formale dell'ideale di gioventù ereditato dall'anteguerra. Due movimenti paradossali sono osservabili a partire dagli anni cinquanta: la gioventù perde le sue organizzazioni, le sue istituzioni, spesso considerate troppo « militari » dalla società dei consumi; l'ideologia esalta più che mai la gioventù in quanto frangia sociale munita di diritti (si denuncia il «razzismo anti giovani ») e di una cultura propria, quella dei teen agers di ispirazione americana. La gioventù diviene un surrogato del proletariato, e gli epigoni della scuola di Francoforte lanciano il tema della lotta generazionale. Da un lato, la società si individualizza e la gioventù fisicamente organizzata scompare; dall'altro, l'ideologia e la cultura costruiscono ciò che non è altro che un simulacro della giovanilità.

L'arrivo sul mercato delle numerose classi di età del dopoguerra, è coinciso, nei paesi occidentali, con la nascita di una « cultura per i giovani », apparsa per la prima volta negli Stati Uniti. Lanciata negli anni cinquanta da una serie di films dei quali James Dean è l'eroe, poi proseguita per trent'anni con mode di abbigliamento (i jeans), musicali (il rock, il pop, la disco, ecc.), alimentari ed ideologiche, questa cultura della gioventù, d'obbiedienza anglo-americana e a vocazione internazionale, ha avuto per funzione quella di staccare le giovani generazioni dalle loro culture nazionali e di includerle nella « nuova società dei consumi » dominata dai canoni culturali americani. Veniva così creata una nuova « classe internazionale », che costituiva di fatto la prima categoria di consumatori integralmente « occidentali ». L'idea di gioventù, ereditata dall'anteguerra, veniva così sfruttata come veicolo commerciale e, più o meno consciamente, svuotata del suo significato e privata di ogni energia rivoluzionaria. Le nuove generazioni nate dopo il trauma della guerra offrivano, rispetto ai genitori, il vantaggio di essere più facilmente avulse dalle loro tradizioni specifiche. La cultura dei giovani, cosiddetta contestatrice e liberatrice, fu così il primo grande tentativo di massificazione e di omogeneizzazione culturale ed economica esercitato su di una generazione « cavia ». Il processo è culminato alla fine degli anni sessanta — è l'epoca di Woodstock — nel momento in cui i giovani di vent'anni, erano i più numerosi. Successivamente il fenomeno subisce una pausa, ma la gioventù resta sempre il laboratorio sperimentale dell'occidentalismo, delle sue mode, dei suoi costumi.

È dunque necessario guardare con un minimo di critica e di sospetto alle dottrine della « guerra delle generazioni », sostenute per esempio da Marcuse, e sulla validità dei movimenti contestatari che mobilitavano la gioventù fino alla metà degli anni settanta. Questi, così come le culture underground pretenziosamente « di rottura» col mondo borghese, sono state non solo recuperate dal Sistema, ma molto peggio, gli hanno fornito nuovo fiato. In effetti, la funzione dell'«ideologia della rottura » fra le generazioni era di integrare la gioventù, con un processo di acculturazione, a una nuova forma di capitalismo mondiale, tecnocratico e non più patrimoniale, basato su di uno stile « americanomorfo» e su costumi permissivi, atti a staccare i giovani dalle specifiche morali etno-nazionali.

I discorsi antiborghesi e l'aspetto rivoluzionario della controcultura non devono alimentare illusioni: essi veicolano un'ideologia di stordimento e modelli comportamentali che conducono diritto filato all'iperindividualismo e al culto del benessere materiale minimale. Theodor Adorno ha avuto almeno il merito di mostrare che le musiche ritmiche costituiscono niente più che una parvenza di rivolta, e hanno per vero scopo quello di smobilitare la gioventù prima di condizionarla al consumismo.

In queste condizioni, non c'è da stupirsi che le teorie della guerra tra le generazioni, i movimenti contestatari e lo stile ribelle delle controculture conoscessero il loro declino in questo inizio degli anni ottanta: una volta realizzata l'integrazione nell'«americanosfera » esse non servono più se non sotto forme sempre più asettiche, quasi accademiche e in realtà conservatrici. Un'autentica controcultura delle giovani generazioni, in continuo rinnovamento, e che veicolasse temi realmente mobilitanti dell'eroismo e dell'avventura, farebbe paura alla cultura umanitaristico-borghese. Va meglio l'individualismo della falsa rottura e della pseudo-marginalità, nel quale si riconoscono i giovani « omologati » d'oggi e i loro genitori di quarant'anni, i vecchi teen-agers degli anni sessanta, che immaginano di essere restati giovani, mentre non lo sono stati mai.

Molti studi sociologici contemporanei, fra cui quelli del Centro di Comunicazione Avanzata, attestano della nascita fra i giovani di due nuovi tipi di mentalità: l'«omologazione » — o integrazione — che è maggioritario, e la « sfasatura » — o disadattamento — ancora minoritaria, ma in costante aumento fra i soggetti al di sotto dei vent'anni.

Gli « omologati » ritornano al Sistema, dopo averlo combattuto, perché si rendono conto più o meno consciamente, che esso veicolava i loro stessi valori. Disincantati quanto alle virtù del « rivoluzionarismo », questi nuovi piccoli borghesi hanno conservato della « sinistra » le idee umanitarie, ecologistiche e pacifiste. L'avvenire auspicato è quello di un mondo in cui la « pace » debba essere preservata ad ogni costo. I valori dominanti non sono più la rivoluzione sociale, e nemmeno l'ambizione personale dei « giovani quadri dinamici », bensì la sicurezza e la tranquillità di una vita privata senza costrizioni, fatta di libertà estetizzante, di molto tempo libero e di redditi « sufficienti ». I grandi problemi sociali o nazionali non interessano più gli omologati, anche se — grandi fruitori di mass media — piangono sulla Polonia e approvano sempre Amnesty International. Se militano, lo fanno per la « qualità della vita », al fine di costruire una società sedata e conviviale. Il dinamismo e la potenza nazionale sono biasimati da questi nuovi adepti di un petainismo freddo. Amanti dei magnetoscopi e delle riviste pratiche, riservano il loro immaginario avventuroso ai palmizi di un Club Méditerranée, e vivono la liberazione sessuale per procura. Hanno bisogno di un circondanio televisivo, musicale e umano, rassicurante e sorridente. La vita, per loro, è in primo luogo, la vita privata, il nido o il bozzolo, lontano dal furore delle militanze e delle vere competizioni.

Gli « sfasati », che rappresentano già il 20% dei giovani fra i 15 e i 25 anni, sono, a differenza degli « omologati », non coinvolti. Non contestano e non approvano « si disinteressano ». Neppure utopisti, si chiudono nel loro narcisismo costituendo, il più delle volte, dei micro gruppi frammentari provvisti ognuno di un proprio stile. La loro creatività è spesso notevole, ma è indirizzata verso la sfera individuale o la ricostruzione di piccoli mondi fatti di parvenze e di sogni. Bambini perenni e adulti disillusi al tempo stesso, questi giovani divengono schizofrenici: lavorano per vivere — spesso con impieghi volanti — ma la loro vera vita è altrove. Essi sono mentalmente assenti sia dal proprio lavoro che dalla propria società. Eternamente alla ricerca dell'evasione, spingono il loro psichismo di sognatori in una marginalità culturale e in una indifferenza ideologica che non impediscono il loro inserimento sociale effettivo. In fin dei conti bisogna ben « consumare », ed essi non ne fanno certo a meno. Lo Stato-Provvidenza non ha da lamentarsi di questi nuovi giovani, la cui schizofrenia interiore lascia piena libertà d'azione a qualsiasi dittatura amministrativa di tipo materno. Il calo d'ambizioni, la dipendenza ombelicale e il neo-tribalismo prefigurano una mentalità adattissima alle strutture economiche di una società mercantile socializzata, a fonte tasso di disoccupazione, a bassa progressione di reddito, e dominanta da un'assistenza burocratica generale.

Ecco ben evidente l'«implosione dei sensi » di cui parla Baudrilland: all'abbondanza dispersa degli stili, dei ghiribizzi feticisti e dei valori intimisti, risponde un gran silenzio: dalla gioventù non viene nessun discorso, nessun progetto, nessun ideale.

In questa era in cui la « rande muta non è più l'esercito, ma la gioventù, tutti parlano, come per compensazione, di gioventù. Viviamo una nevrosi della gioventù.

Essa diviene una qualità a se stante, puramente estenionizzata, nel momento stesso in cui cessa di essere una disposizione dello spirito. Apparente e fisica, questa falsa gioventù si vuole eterna, la qual cosa ben si adatta ad una società fissata sul presente. Un'autentica cultura giovanile presupponebbe, al contrario, che l'adolescenza costituisca un passaggio verso il mondo adulto, uno stato transitorio. Il vero adulto — il vir dei Romani, il kalòs kàgathòs dei Greci — faceva coabitare in sé una giovinezza dionisiaca e una padronanza apollinea, ma soprattutto non intendeva « restare » giovane, proprio per poter attualizzare, in quanto adulto padrone di se stesso, quella parte del suo animo che, qualsiasi cosa succedesse, restava sempre creativa e giovanile. Noi siamo ben lontani da questa concezione organica dell'uomo...

All'infantilizzazione del mondo adulto corrisponde ciò che bisogna ben chiamare, con un barbaro neologismo, l'«adultizzazione » dei bambini e dei giovani in generale. Il bambino-re degli anni cinquanta e sessanta è diventato un giovane vissuto, ma i suoi genitori sono rimasti rimbecilliti e continuano a leggere Topolino. Giocano a fare i giovani e immaginano che sia sufficiente averne i vestiti, l'atteggiamento o il linguaggio per restare tali.

Questi tratti puerili della cultura di massa sono compensati da un'ostentazione generale dell'« esprit de sérieu ».

La liberalizzazione dei costumi, seriosamente prognammata come una nuova morale, nasconde male l'irrigidimento dei comportamenti. Le etichette sociali e il funzionalismo capillare della vita quotidiana spengono ogni gioiosità, ogni spontaneità dei rapporti sociali. Il canto, il riso, la mimica, il bisticcio, non caratterizzano più le relazioni umane, apparentemente « senza costrizioni », ma in realtà imprigionate in circuiti rigidi. Le feste della gioventù sono le danze tristi o le copulazioni elettroniche con i simulatori delle « guerre spaziali », successori dei sorpassati flippers.

La sparizione della giovanilità nei rapporti sociali corrisponde d'altra parte all'intellettualismo che domina la nostra epoca. Lo spirito geometrico supera ovunque quello dotato di acume, e questo, insieme con la « sfera letteraria », di cui parla Aldous Huxley, è stato inghiottito dalla « cultura matematica ». I giovani d'oggi sono allo stesso tempo formati, in maniera pensino esagerata, alla matematica, e completamente neopnimitivi nel loro linguaggio, nel loro comportamento, nel loro stile di abbigliamento, nei loro gusti musicali, ecc. Contemporaneamente, l'ascesa dello spirito iperanalitico distrugge ogni freschezza comportamentale nell'insieme della società. La gioventù moderna rischia fortemente di essere l'avanguardia di una nuova borghesia, barbara adepta del confort e delle comodità elettroniche, limitata dal pragmatismo tecnologico e smussata nella sensibilità a contatto con la sottocultuna americana.

Tutto accade come se, per compensare l'invecchiamento demografico e l'installarsi dei valori senescenti dell'egualitanismo di massa, l'ideologia sociale avesse creato un simulacro di giovinezza e avesse incarcerato la gioventù in un mondo artificiale, per prevenire un'autentica rivolta contro questo stato di fatto.

Ma l'artificio può niginansi contro chi lo maneggia. Gli ideatori della falsa gioventù stiano in guardia: finché ci sarà qualcuno che veglia, tutto è sempre possibile. La gioventù, un giorno o l'altro, può sentirlo. Come il fiume della vita, essa ritorna sempre ad ogni generazione.

E quelli che vegliano ci sono. Essi seminano. Non per questo mondo. Non per questa gioventù, ma per l'altra, quella che viene.

 

Guillaume Faye

 

L’Empire selon Bourrinet

L’Empire selon Bourrinet

 

par Pierre LE VIGAN

 

L’âge de fer, le politique, quelques figures d’écrivains et le sacré : c’est ainsi que chemine le livre de Claude Bourrinet, L’Empire au cœur. Notre âge est celui du triomphe du sentimentalisme, de l’oubli des codes, et du factice. Notre société nie les disciplines qui font les civilisations et c’est pourquoi elle nie en fait l’École au sens fort à mesure qu’elle parle de plus en plus et à tort et à travers d’éducation. Rendant hommage au Finkielkraut de Nous autres modernes. Quatre leçons, Bourrinet met en cause dans l’émergence et la domination d’une « littérature sans estomac » (Pierre Jourde), le rationalisme desséchant. Il en appelle à la nature, au cosmos englobant et en même temps vertigineux. Bourrinet met aussi en cause la religion du travail avec toute l’ambiguïté qui s’y attache : quand le travail est œuvre (Beruf), il est honorable et donne sens à la vie de l’homme, quand il est répétitif, idiot, aliénant, simple dépense usante d’énergie (Arbeit), il fait perdre à l’homme au contraire son ancrage en lui-même, et la possibilité de déployer même ses capacités d’invention, d’initiative, de maîtrise des savoirs-faire. Sur ce point, l’anti-calvinisme de l’auteur ne convainc pas car valoriser l’œuvre c’est bel et bien faire l’éloge de la face positive du travail. L’école devrait justement être le lieu d’apprentissage des savoirs pour faire ensuite naître – telle une seconde naissance liée à l’éducation – des citoyens pensant par eux-mêmes. C’est pourquoi l’art d’enseigner n’est pas une science mais justement un art, c’est-à-dire un équilibre entre transmission et reformulation des savoirs.

 

Si l’enseignement au sens noble du terme est dévalué, c’est que l’hyperclasse mondiale, ou encore « nouvelle classe dirigeante transnationale », n’a plus besoin de citoyens. Elle n’a besoin que de consommateurs et d’électeurs passifs dont les différences ne soient plus que de minimes segmentations de marketing. De là s’impose la nécessité selon Bourrinet de mener, Européens et non Européens, un même combat pour exister humainement et politiquement. « Je me sens plus proche d’un griot Peul que d’un bouffeur blanc de hamburger. »

 

 

L’introduction que fait Bourrinet aux figures de Simone Weil, de Corneille, de François Augiéras l’ermite du Périgord, d’Albert Camus « le nietzschéen » (en un sens), de Jack Kérouac sont des façons de prendre le contrepied de notre monde : en s’opposant au puritanisme contemporain, qui réussit à associer l’impudeur la plus grande avec l’esprit le plus coincé qui soit, en opposant les voyageurs aux semelles de vent, ceux qui pensent en marchant aux demi-intellectuels assis. En opposant l’homme face au cosmos et à Dieu à l’homme de la pensée calculante.

 

C’est, à côté des arts tel le cubo-futurisme, la poésie, celle d’un Michel Deguy, qui inspire à Bourrinet ses plus belles pages, celles où lui paraissent possibles le retour de l’engagement citoyen, et les passions sanguines, et le retour de l’Empire, fondé sur la subsidiarité et sur le règne néo-platonicien, et plotinien, de l’Un (ce qui n’empêche pas l’auteur de prendre ses distances avec la méfiance de Platon envers le corps). L’Empire doit être celui de la protection, de la prévoyance (la pronoia), mais aussi de l’élévation. D’où l’association de l’idée d’Empire à celle de sacré. En ce sens, l’Empire qui est la garant de l’unité de ses peuples en une culture commune et reconnaît aussi les différences, c’est la paix dit justement Bourrinet. Si l’Empire au cœur est discutable sur certains points comme de voir à l’origine de la modernité contemporaine, si désastreuse, la Réforme protestante et la Contre-Réforme catholique, Claude Bourrinet nous a donné ici une réflexion exigeante et essentielle.

 

Pierre Le Vigan
 
Claude Bourrinet, L’empire au cœur, préface de Georges Feltin-Tracol, Éditions Ars Magna, 2011, 384 p., 33 € (+ 2 € pour le port), chèque à l’ordre des Éditions Ars Magna, B.P. 60426, 44004 Nantes C.E.D.E.X. 1.

 


 

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L'importance des études indo-européennes par Jean Haudry

L'importance des études indo-européennes par Jean Haudry

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