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vendredi, 01 octobre 2010

Une conférence à Nice sur la démocratie directe de type helvétique

Le Bulletin célinien n°323 (oct. 2010)

Le Bulletin célinien n°323 - Octobre 2010

 

Au sommaire du Bulletin célinien n°323 d'octobre 2010:

Marc Laudelout : Bloc-notes
M. L. : Les souvenirs de Naud et Tixier
David Alliot : Céline et ses juges
Thierry Bouclier : La défense de Tixier-Vignancour
André Brissaud : Louis-Ferdinand Céline est amnistié (1951)
Éric Mazet et Pierre Pécastaing : Naud le temporisateur
M. L. : L’accueil critique de « Bagatelles pour un massacre »
G. P. : Le paysage urbain crépusculaire dans « Voyage au bout de la nuit » et « Mort à crédit » (II)
M. L. : Céline et les châtaignes grillées

Le numéro 6 euros à :
Le Bulletin célinien
B. P. 70
B 1000 Bruxelles 22

 

 

Le Bulletin célinien n°323 - Bloc-notes

 

Louis-Daniel Hirsch fut le directeur commercial des éditions Gallimard de 1922 à 1974. « Hirsch, ses amis, les cocos, Sartre, etc... » (1). Dixit Céline dans un bel amalgame. En exil, il est plus incisif : « C’est Hirsch qui commande la NRF comme Mayer commande la justice. Le reste est blabla (2). ». Vieilles obsessions… Mais il faut prendre garde à ne pas se laisser abuser par un être plus ambivalent que le laissent supposer ses ultimes invectives.
C’est le piège dans lequel est tombé Mikaël Hirsch, petit-fils du précédent, qui signe un roman dans lequel Céline tient une grande place (3). Le personnage central est Gérard Cohen qui se définit « demi-juif ». Jeune coursier des éditions Gallimard dans les années cinquante, il se rend fréquemment à Meudon pour y apporter le courrier mais se garde bien de révéler son identité. Crédible. Ce qui l’est moins, c’est que, dès la première rencontre, Céline l’appelle « mon p’tit Gérard » (!). Vétille…
Pour le reste, c’est un Céline conforme à sa légende noire qui est imaginé par l’auteur : « J’étais tout ce qu’il haïssait profondément. (…) Eût-il su qui j’étais, son attitude aurait certainement changé du tout au tout. » Voire... Mikaël Hirsch serait sans doute bien étonné d’apprendre qu’à la même époque, Céline sympathisait avec un militant sioniste, ancien agent du groupe terroriste Stern qui avait lutté contre la colonisation britannique en Palestine. Voici son témoignage : « Quand la presse israélienne, à l’époque, eut vent de ma correspondance avec Céline, elle m’a attaqué de façon absolument ignoble. Ce qui ne m’a pas empêché de rencontrer Céline à deux reprises chez lui, à Meudon. Nous avons évoqué bien entendu la question juive. À sa demande pressante, je lui ai décrit l’aventure des premiers colons socialistes qui rêvaient d’une société nouvelle et s’étaient acharnés, dans des conditions impossibles, à défricher des marais, à fertiliser des déserts. “Je dois vous dire que j’admire profondément ces gens-là”, me disait-il, et je savais qu’il était sincère, qu’il avait une très grande considération pour l’État d’Israël (4) ». Singulier contraste avec l’antisémitisme rabique attaché à la figure de Céline jusque dans les dernières années de sa vie. Ainsi récolte-t-on ce que l’on a semé…
L’antisémitisme est chez lui l’arbre qui cache la forêt : un profond attachement à la sauvegarde de la race. À un autre admirateur juif, il écrivait : « Il est temps que l’on mette un terme à l’antisémitisme par principe, par raison d’idiotie fondamentale, l’antisémitisme ne veut plus rien dire — On reviendra sans doute au racisme, mais plus tard et avec les juifs — et sans doute sous la direction des juifs, s’ils ne sont point trop aveulis, avilis, abrutis. » Et dans une lettre ultérieure : « ...Les juifs sont précisément les premiers et les plus tenaces racistes du monde. Il faut créer un nouveau racisme sur des bases biologiques, les éléments existent (5). »
Ceci nous éloigne assurément de la figure convenue de l’ermite de Meudon décrite par Mikaël Hirsch. Dommage car, dans un roman évoquant le Céline des dernières années, il y avait là un thème qu’il eût été intéressant d’esquisser. Cette simplification n’enlève rien au talent de l’auteur. Le constat vaut pour le style et cette manière de transcender ses obsessions et sa fascination mêlée de répulsion pour un écrivain de génie.

Marc LAUDELOUT

1. Lettre à Gaston Gallimard, 8 décembre 1954 in Lettres à la N.R.F., 1931-1961, Gallimard, 1991, p. 264.
2. Lettre à Pierre Monnier, 12 mai 1950 in P. Monnier, Ferdinand furieux, L’Age d’homme, 1979, p. 133.
3. Mikaël Hirsch, Le réprouvé, L’Éditeur, 2010.
4. Éric Mazet, « Quatorze lettres à Jacques Ovadia » in L’Année Céline 1991, Du Lérot / Imec, 1992, pp. 55-66.
5. Lettres à Milton Hindus des 14 juin et 10 août 1947 in M. Hindus, L.-F. Céline tel que je l’ai vu, L’Herne, 1969, pp. 148 et 161.

Financièrement, la Première Guerre mondiale se termine dimanche

Financièrement, la Première Guerre mondiale se termine dimanche

Ce dimanche 3 octobre 2010, les Allemands pourront enterrer officiellement la Première Guerre mondiale. C’est en effet ce jour-là que l’Allemagne soldera définitivement sa dette héritée de la Grande Guerre, près d’un siècle après le début de celle-ci, rapporte le journal allemand Bild.

«Le montant restant à payer est de 69,9 millions d’euros, une somme prévue au point 2.1.1.6 du budget fédéral 2010, intitulé « Dettes réglées à l’étranger »», précise le quotidien. «La plupart de l’argent ira à des particuliers, des fonds de pensions et des sociétés d’emprunts obligataires, comme convenu dans le cadre du traité de Versailles», ajoute The Daily Telegraph.

Une dépêche AFP relayée par Cyberpresse.ca expliquait l’année dernière pourquoi, 92 ans après la fin du conflit, l’Allemagne continue à payer. En 1919, le traité de Versailles imposait aux Allemands le paiement de 132 milliards de marks-or. Ruiné et frappé par une grave crise économique au début des années 1920, puis par la Grande Dépression, le pays était cependant incapable de s’acquitter de ces colossales réparations. L’Allemagne avait alors emprunté pour satisfaire aux exigences du traité.

En 1932, le moratoire Hoover annulait finalement ces réparations, mais il restait encore à l’Allemagne à rembourser les emprunts contractés pour leur paiement avant cette date.

 

L’Allemagne nazie avait cessé les remboursements pendant la Seconde Guerre mondiale. A l’issue de celle-ci, l’Accord de Londres signé en 1953 entre la RFA et une vingtaine d’autres pays renvoyait à l’après-réunification la question des remboursements. La charge des intérêts incombant encore à l’Allemagne devait être réglée sur une période de vingt ans après la réunification, qui n’était alors qu’une hypothèse.

Le 3 octobre 1990, la RFA et la RDA se sont réunifiées, et le paiement des intérêts a repris. Ainsi, «entre 1990 et 2010, presque 200 millions d’euros ont été payés» par l’Allemagne à ses créanciers, affirmait fin 2009 Boris Knapp, le porte-parole de l’Agence financière allemande, en charge de la dette. Dimanche, pour le vingtième anniversaire de sa réunification, l’Allemagne tournera donc une nouvelle page de son histoire.

Slate

(Merci à Erwinn)

L'Afghanistan, coeur géopolitique du nouveau grand jeu eurasiatique

L’Afghanistan, cœur géopolitique du nouveau grand jeu eurasiatique

Par Aymeric Chauprade

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Le nouveau grand jeu en Afghanistan n’est plus bipolaire. Il n’est plus la vieille opposition du XIXe siècle, dont on a tiré la formule de «Grand Jeu », entre l’Angleterre présente aux Indes et la poussée russe vers les mers chaudes ; il n’est pas plus réductible à l’opposition du XXe siècle entre les intérêts américains et russes.

Le nouveau grand jeu en Afghanistan est à l’image de la géopolitique mondiale : il est multipolaire.

Trois grandes puissances mondiales s’entrechoquent en Afghanistan : Etats-Unis, Russie, Chine. Deux puissances régionales s’y livrent ensuite, par délégation, une guerre féroce : Pakistan et Inde. Dans ces rivalités de premier ordre, interfèrent des intérêts de second ordre, mais qui peuvent influer fortement sur le jeu afghan : les intérêts de l’Iran, ainsi que ceux des républiques musulmanes indépendantes, ex-soviétiques (en particulier, pour des raisons à chaque fois spécifiques, l’Ouzbékistan, le Kirghizstan et le Turkménistan).

 

Combiné à ces rivalités géopolitiques classiques de trois ordres (rivalités identitaires, stratégiques, énergétiques), le jeu du fondamentalisme sunnite est également à prendre en compte. L’islamisme est un acteur global, une créature ancienne, mais réveillée et excitée durant les années 1980 et 1990 par les apprentis-sorciers américains et pakistanais de la CIA et de l’ISI (Inter Services Intelligence), au point de finir par échapper à l’autorité de ses maîtres, sans pour autant avoir complètement rompu avec eux.

Pour quelles raisons le grand jeu en Afghanistan est-il triangulaire ?

Tout d’abord, parce que les Etats-Unis veulent refouler d’Asie centrale au moins autant la Chine que la Russie.

Ensuite, parce que la Russie veut non seulement limiter l’influence de Washington dans ses ex-républiques musulmanes soviétiques aujourd’hui indépendantes, mais également empêcher la Chine de combler le vide que les Américains laisseraient s’ils s’avisaient de quitter l’Afghanistan. Car pour la Russie, l’influence de Pékin en Asie centrale, ce n’est pas la parenthèse artificielle d’une Amérique projetée trop loin de sa terre ; c’est la réalité implacable d’une histoire millénaire, celle des routes de la Soie.

Enfin, le grand jeu en Afghanistan est triangulaire, parce que la Chine ne sera la première puissance géopolitique mondiale que lorsqu’elle aura chassé la flotte américaine du Pacifique et que ses trains rapides atteindront les rivages de l’Atlantique, en France, après avoir parcouru des milliers de kilomètres à travers l’Asie centrale et les plaines d’Europe.

Les Etats-Unis tentent aujourd’hui d’éliminer une force, les Talibans, qu’ils ont contribué à amener au pouvoir à Kaboul en 1997, avant de les en déloger en 2001.

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Les Talibans sont l’aboutissement ultime d’une stratégie de radicalisation des mouvements islamistes, entamée à la fin des années 1970 par l’ISI soutenu par la CIA, au profit d’un triple djihad : contre les chiites pakistanais menacés par l’influence de la Révolution islamique iranienne, contre les communistes pro-russes en Afghanistan, contre les Indiens dans le Cachemire.

Après que des seigneurs de la guerre afghans soient devenus, comme résultat de cette stratégie, à la fois des seigneurs du djihad et de la drogue (lire l’encadré [1] pour comprendre l’importance essentielle du « facteur drogue »), et que les Soviétiques aient reflué (1989), les Américains se sont aperçus que leur société pétrolière UNOCAL n’arriverait jamais à tendre un gazoduc, du Turkménistan au Pakistan, à travers un territoire afghan tribalisé, rançonné par des clans en lutte pour le contrôle du pouvoir politique et de l’héroïne.

Leurs amis pakistanais de l’ISI, également agacés de ne pouvoir contrôler des chefs de guerre féodaux turbulents, ont alors suggéré les Talibans comme solution. Des fanatiques absolus, essentiellement issus de l’ethnie majoritaire d’Afghanistan, les Pachtouns (ethnie divisée par la ligne Durand de 1893, qui deviendra la frontière entre Afghanistan et Pakistan), décidés à imposer la chape de plomb d’un « islam pur des origines », au-dessus des clans, et qui présentaient l’avantage, aux yeux du gouvernement démocrate de William Clinton qui les soutint dès 1994, d’être une solution d’ordre et un interlocuteur unique avec lequel négocier le passage des hydrocarbures.

Puis les Américains se sont fâchés avec les Talibans en 1998, un an après leur arrivée, et c’est ainsi que s’est nouée l’alliance entre les Talibans et Oussama Ben Laden, semble-t-il également fâché depuis lors avec la CIA.

En 2001, en se projetant en Afghanistan, et pour cela également en Ouzbékistan et au Kirghizstan, quels avantages géopolitiques Washington pouvait-il attendre ?

A ce moment, le Groupe de Shanghaï, constitué par les Chinois et les Russes, coopérait fortement dans la lutte contre le terrorisme islamiste, mais également dans le domaine énergétique. L’irruption des Etats-Unis brisa cette dynamique eurasiatique et contribua à repousser la Chine pour quelques années.

Aujourd’hui, la Chine est revenue en force. Elle est, depuis 2009, à la fois le premier partenaire commercial de l’Asie centrale ex-soviétique et le premier fournisseur de l’Iran, devant l’Allemagne qui l’avait été ces vingt dernières années. Or, Moscou n’entend pas voir les Américains remplacés par les Chinois.

Quelle est alors la stratégie des Russes ? Laisser les Américains contenir l’islamisme en Afghanistan, mais devenir incontournables pour eux, stratégie identique à celle suivie sur le dossier nucléaire iranien. D’où le soutien officiel de la Russie aux opérations de l’OTAN en Afghanistan ; d’où, également, l’accord russo-américain de transit aérien de juillet 2009, qui, à mi-avril 2010, avait permis d’acheminer 20 000 militaires occidentaux en Afghanistan (en théorie, l’accord autorise une moyenne de 12 vols américains par jour mais, un an après, la moyenne n’est que de 2).

Pour Moscou, obliger les Américains à passer par la Russie, revient à les chasser de sa périphérie musulmane.

Le 7 octobre 2001, les Etats-Unis avaient signé un accord antiterroriste avec Tachkent (l’Ouzbékistan partage une longue frontière avec l’Afghanistan). Les bases aériennes et l’espace aérien du pays le plus peuplé de l’Asie centrale ex-soviétique leur étaient ouverts. Un an plus tard, le 5 décembre 2002, Washington prenait pied également au Kirghizstan grâce à la base de Manas. Mais en 2005, après la répression d’Andijan (une région turbulente à l’est du pays, où les islamistes sont forts), et refusant l’ingérence démocratique américaine, les Ouzbeks décidaient de se tourner de nouveau vers la Russie (et la Chine) et contraignaient l’armée américaine à plier bagages.

Aujourd’hui, la base de Manas au Kirghizstan et son corridor de 1500 km par voie terrestre jusqu’en Afghanistan, constitue la seule base arrière solide pour les Américains. Environ 35 000 soldats transitent entre Manas et l’Afghanistan chaque mois. La base assure aussi le ravitaillement en vol des avions militaires et apporte beaucoup de sang (100 kg en moyenne chaque nuit, par des vols entre Manas et Kandahar).

Mais les Russes admettent difficilement cette implantation. Le 23 octobre 2003, le président Poutine inaugurait une base aérienne russe de soutien à Kant, à quelques kilomètres de la base américaine.

Ces dernières années, les Kirghizes, conscient de l’immense valeur stratégique de cette base pour la réussite des opérations en Afghanistan, ont fait monter les enchères entre Moscou et Washington. En 2009, les Russes qui avaient sans doute reçu des assurances, ont versé 2 milliards de dollars sous forme de prêt sans intérêt au Kirghizstan ; non seulement le président Bakiev n’a pas fermé la base, mais il a accepté la présence américaine pour une année supplémentaire, en échange d’un triplement du loyer. Le Kirghize a payé sa crapulerie par son renversement début avril 2010, sans doute avec l’appui discret des Russes.

Quelques jours plus tard, les Américains étaient autorisés à rester un an de plus à Manas. Désormais, cela dépend davantage de Moscou. C’est une donnée essentielle.

Plus le temps passe, moins l’action américaine en Afghanistan ne peut se faire en contournant les Russes. C’est, pour Moscou, une assurance devant la montée des Chinois en Asie centrale ex-soviétique.

On oublie que la Russie est le premier pays à avoir soutenu Washington, le lendemain du 11 septembre 2001, dans son action globale contre le terrorisme islamiste. Poutine ne cherchait pas seulement, comme on l’a dit, l’assurance de ne plus être gêné par les critiques occidentales sur la Tchétchénie. Il cherchait un partenariat équilibré avec Washington face à la montée de Pékin, [partenariat] qui eût été possible si Washington n’avait pas étendu l’OTAN jusqu’aux portes de la Russie en 2002, installé dans la périphérie de Moscou des gouvernements proaméricains (Révolutions colorées de Géorgie en 2003, d’Ukraine en 2004) et convaincu d’anciens pays soviétisés (République tchèque et Pologne) d’accepter un bouclier anti-missiles sur leur sol.

Aujourd’hui, la donne est redevenue favorable aux Russes : si les Américains ont reculé sur le bouclier antimissile, c’est qu’ils ont besoin des Russes sur l’Afghanistan et l’Iran, et qu’ils ont aussi perdu l’Ukraine.

Ce que craignent Washington comme Moscou en Asie centrale, dans une perspective de plus longue durée, va au-delà du retour d’un islamisme fort : c’est la domination de la Chine. Investissant dans les hydrocarbures et l’uranium du Kazakhstan, dans le gaz du Turkménistan, construisant des routes pour exporter ses productions vers le Tadjikistan et le Kirghizstan, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Asie centrale ex-soviétique en 2009.

Washington est au moins autant en Afghanistan dans le cadre de sa vaste stratégie globale de contrôle de la dépendance énergétique chinoise et d’encerclement de l’Empire du Milieu (voir notre article dans le n°2 de la NRH, sept. Oct. 2002 : « Comment l’Amérique veut vaincre la Chine », que les années passées ont confirmé), que dans sa lutte contre un islamisme devenu incontrôlable.

La Chine a son Turkestan, le Xinjiang, avec sa minorité turcophone ouïghour que les Etats-Unis tentent d’agiter. Elle ne peut relier sans risque son Turkestan à l’ex-Turkestan russe, qu’à la condition de jouir d’une influence politique et économique forte dans le second. Ainsi, ni l’Afghanistan, ni l’Asie centrale ex-soviétique ne risqueraient d’être des bases arrière du séparatisme ouïghour. Ainsi, son grand projet de « China’s Pan-Asian railway », ces routes de la Soie du XXIe siècle, qui mettraient Londres à deux jours de train de Pékin deviendrait possible avant 2025 [2].

En 2006, dans un pays sous tutelle américaine, la Chine n’a pas hésité à investir 3 milliards de dollars dans la mine de cuivre d’Aynak, une des plus grandes du monde. En 2010, les présidents chinois Hu Jintao et afghan Hamid Karzaï ont signé d’importants accords économiques et commerciaux et l’Afghan a commencé à menacer les Américains de se tourner vers Pékin, alors que ceux-ci critiquaient la manière dont l’élection présidentielle s’était déroulée.

L’intérêt de la Chine pour l’Afghanistan ne peut qu’aller croissant, depuis qu’Hamid Karzaï a annoncé (le 30 janvier 2010) ce que les Américains savaient depuis longtemps : « les gisements d’hydrocarbures d’Afghanistan valent sans doute plus d’un millier de milliards de dollars », en plus des gisements de cuivre, de fer, d’or, de pierres précieuses, qui restent non exploités. Ainsi, l’Afghanistan n’est plus seulement une route stratégique pour le désenclavement des richesses ; il est aussi un territoire riche en ressources stratégiques.

La Chine n’est pas la seule future superpuissance à regarder vers l’Afghanistan. Depuis la chute des Talibans en 2001, l’Inde a engagé 1,3 milliards de dollars dans la reconstruction de l’Afghanistan, soit dix fois plus que la Chine ; cela fait de New Delhi le premier donateur de la région (signe politique fort : le nouveau Parlement afghan a été financé par l’Inde).

Si les Etats-Unis se retiraient d’Afghanistan, l’Inde pourrait devenir l’allié du régime afghan face aux Talibans. C’est le cauchemar du Pakistan qui, sous pression américaine, doit réduire ses créatures fondamentalistes. L’ISI a façonné des groupes fanatiques pour massacrer l’Indien dans le Cachemire et il est probable que les attentats graves qui ont frappé les intérêts indiens à Kaboul (en 2007 et 2009 contre l’ambassade) soient encouragés par le service pakistanais, lequel s’emploie à pousser l’Inde hors de l’Afghanistan.

Sans l’Afghanistan, le Pakistan a encore moins de profondeur stratégique, ce qui est déjà sa faiblesse face à l’Inde (le déficit en puissance conventionnelle du Pakistan expliquant sa doctrine nucléaire de première attaque). Islamabad a donc comme priorité stratégique absolue d’empêcher la formation d’une alliance stratégique Kaboul-New-Delhi.

L’Inde et le Pakistan, qui se sont fait trois guerres depuis l’indépendance de 1947, mènent une nouvelle guerre par procuration en Afghanistan. La stratégie d’inflammation du rapport entre les deux voisins, menée par les groupes pakistanais les plus radicaux (attentats de Bombay en 2008 et de nombreux autres depuis), a fonctionné.

L’ISI ne peut plus contrôler les monstres qu’il a créés. Et d’ailleurs, comment pourrait-il expliquer à ses monstres de continuer à massacrer les Indiens dans le Cachemire et en Afghanistan, et de se calmer en même temps contre les « mécréants occidentaux» ? Les systèmes politiques reviennent toujours à leurs gènes. Or l’islam radical est au cœur du génome pakistanais.

Cet islam du Pachtounistan (terre des Pachtouns, à cheval sur l’Afghanistan et le Pakistan, notamment les fameuses zones tribales) menace l’équilibre régional et peut-être même au-delà. Il est certain que si les Etats-Unis se désengageaient maintenant, un autre acteur majeur serait contraint de s’engager, dans le but de prévenir le double risque de basculement de l’Afghanistan et du Pakistan (pays doté de l’arme nucléaire) dans les mains d’un régime sunnite fanatique. On voit mal les Russes revenir, ne reste que l’Inde. Mais que ferait alors le Pakistan, si les troupes indiennes débarquaient en force sur le territoire afghan ?

L’Inde a besoin d’une Asie centrale stable, pour satisfaire ses besoins énergétiques. Deux routes d’alimentation essentielles s’offrent à elle : le gazoduc IPI (Iran Pakistan Inde), qui lui amènera du gaz iranien provenant du gisement géant de South Pars dans le Golfe Persique (le Pakistan, après des années d’hésitation a fini par signer en mars 2010 le projet de pipe) ; et le fameux gazoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan, Inde) voulu par UNOCAL, un tuyau lui-même raccordé vers l’Ouest aux autres « routes américaines » (celles qui concurrencent le réseau russe), le corridor transcaspien et le BTC (Bakou Tbilissi Ceyhan).

Les Etats-Unis, qui soutiennent depuis longtemps ce projet de pipe vers l’Inde et l’Asie du Sud-est, depuis le Turkménistan et à travers l’Afghanistan et le Pakistan, veulent absolument doubler l’Iran et empêcher le régime chiite de devenir incontournable pour l’Asie (Chine, Japon, Inde) ; ils n’ont pas pu empêcher le Pakistan de signer l’IPI avec l’Iran, car ils ont besoin de la coopération d’Islamabad dans la lutte contre les Talibans. Ils sont par ailleurs empêchés de réaliser le TAPI, à cause de la situation sécuritaire en Afghanistan.

L’Iran (en plus de la Chine) est bien l’une des cibles que les Américains veulent atteindre depuis l’Afghanistan. Les accusations américaines concernant une hypothétique collaboration entre Téhéran et les Talibans se sont multipliées en 2009 et 2010. Ainsi, l’amiral américain Mullen a parlé (fin mars 2010) de fournitures d’armes et d’entraînement militaire par les Pasdarans. On sait que les Américains remuent aussi le séparatisme baloutche (le peuple baloutche est à cheval sur l’Est de l’Iran, le Sud de l’Afghanistan et l’Ouest du Pakistan) contre Téhéran.

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L’intérêt réel des Iraniens est-il de voir les Talibans triompher en Afghanistan ? Certainement pas. Mieux vaut un Afghanistan infecté, dans lequel les Américains s’engluent sans jamais l’emporter (d’où la possibilité d’éventuels coups de pouce dosés aux Talibans), plutôt que l’installation d’un régime sunnite radical, violemment anti-chiite, à Kaboul. Les intérêts iraniens et pakistanais se rejoignent, d’une certaine manière, dans l’idée suivante : « une bonne dose de Talibans, mais pas trop, de sorte que les Américains restent là où ils sont aujourd’hui ».

Cependant, rien ne prouve que l’Iran aide les Talibans. Pour accuser Téhéran, les Américains s’appuient sur des déclarations de Talibans qui se sont vantés de cette aide. Mais nonobstant même le problème de l’incompatibilité idéologique entre Iraniens et Talibans, on peut imaginer que ces Talibans qui ont intérêt à ce que les Américains ouvrent un second front en Iran, s’amusent à mettre de l’huile sur le feu…

On le voit, nombreuses sont les puissances qui ont intérêt à ce que les Américains restent en Afghanistan sans jamais l’emporter vraiment : Russes, Chinois, Iraniens, Pakistanais, Indiens même. Dans ces conditions, il n’est plus certain que les Américains et les Européens qui les suivent mènent une guerre pour leurs intérêts propres.

En réalité, aucune victoire durable n’est possible en Afghanistan, sans une transformation profonde du Pakistan lui-même. Or, en se démocratisant, le Pakistan a ouvert d’immenses perspectives aux fondamentalistes (contrairement aux régimes anti-islamistes forts d’Asie centrale ex-soviétique). En toute logique, une arme nucléaire qui existe déjà et qui est susceptible de tomber dans les mains de Talibans devrait inquiéter davantage Washington, qu’une arme qui n’existe pas dans les mains d’Iraniens bien plus pragmatiques que les islamistes pachtouns et finalement potentiellement capables d’équilibrer… le danger nucléaire pakistanais.

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Notes :

[1] Cet encadré est manquant dans l’article original, reproduit ici (Note de Fortune).

[2] Ce projet de train à grande vitesse traversant l’Eurasie à travers Asie centrale doit relier 17 pays reliés suivant 3 routes différentes et au total 81 000 km 1/ la route du Sud allant de Kunming sur les contreforts du Tibet en Chine jusqu’à Singapour à travers l’Asie du Sud Est 2/ la route de l’Europe depuis Urumqi (capitale du Xinjiang) jusqu’à l’Allemagne, à travers l’Asie centrale 3/ la route de l’Europe du Sud enfin, depuis Heilongjiang au nord est de la Chine jusqu’à l’Europe du Sud Est à travers la Russie.

Aymeric Chauprade est professeur de géopolitique, directeur de la Revue Française de géopolitique et du site www.realpolitik.tv. Il est l’auteur de l’ouvrage de référence «Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire», éd. Ellipses.

Realpolitik.tv

Bricht Irland zusammen?

Bricht Irland zusammen?

Michael Grandt

Ex: http://info.kopp-verlag.de/

Hinter den Kulissen von Brüssel rumort es, denn Irland könnte sich in kurzer Zeit zu einem zweiten Griechenland entwickeln und ebenfalls externe Finanzhilfen anfordern, um das Schlimmste zu verhindern.

Zuerst die gute Nachricht: Irland konnte sich am 21. September am Kapitalmarkt neues Geld im Umfang von 1,5 Milliarden Euro leihen. Das war es aber auch schon, denn für die achtjährige Anleihe muss der »keltische Tiger« nun 6,023 Prozent Zinsen zahlen. Zum Vergleich: Im Juni waren es noch 5,088 Prozent gewesen. Bei der vierjährigen Anleihe werden 4,767 Prozent fällig, nach 3,627 Prozent im August.

Die Lage ist mehr als dramatisch: Irland hat das höchste Haushaltsdefizit in der gesamten EU, das sogar noch höher als das der Griechen ist. Zudem werden hohe Kosten für die Rettung der maroden Großbanken der Insel erwartet, weshalb die Ratingagentur Standard & Poor’s das Land bereits Mitte August von »AA« auf »AA–« mit »negativem Ausblick« herabgestuft hatte. Eine weitere Senkung der Bonitätsnote ist möglich. Das schlechte Rating verteuert den Schuldendienst der Iren und erschwert die dringend notwendige Sanierung der Staatsfinanzen zusätzlich.

 Regierung und Banken unter Dauerdruck

Über Jahrzehnte hinweg flossen finanzielle EU-Hilfen in Milliardenhöhe nach Irland, das so zu einem der wohlhabendsten Länder in Europa aufstieg. Aber das Geld heizte auch einen fast beispiellosen Immobilienboom an. Jeder dritte Euro an Steuereinnahmen kam schließlich aus dem Immobiliensektor. Als die Blase platzte, kollabierten auch die Staatseinnahmen. Seither stehen Regierung und Bankensystem unter Dauerdruck. Alle großen Finanzinstitute sind bereits teilverstaatlicht und die Regierung hat ihnen ihre faulen Hypothekenkredite abgenommen. Doch das reicht bei Weitem nicht, die Lage unter Kontrolle zu bekommen.

Standard & Poor´s rechnet damit, dass die irische Regierung für die Stabilisierung ihrer maroden Banken insgesamt 90 Milliarden Euro aufbringen muss. Das sind zehn Milliarden Euro mehr, als bisher angenommen. Die gewaltige Summe entspricht etwa einem Drittel der gesamten irischen Wirtschaftsleistung – das ist doppelt so viel, wie die Bankenkrise in Japan 1997 gekostet hatte. Zudem kämpft Irland mit einer zunehmend hohen Arbeitslosigkeit, die fast 14 Prozent beträgt, dem höchsten Stand seit den 1990er-Jahren. Kein Wunder also, dass die Angst vor einer Zahlungsunfähigkeit umgeht.

Wer lügt, wer spricht die Wahrheit?

Zwischenzeitlich rumort es auch in der EU-Kommission. Sie hatte die Regierung in Dublin erst vor wenigen Tagen aufgefordert, ihren derzeitigen Sparkurs noch einmal »drastisch« zu verschärfen, weil nur so das Staatsdefizit von derzeit 14,3 Prozent des BIP bis zum Jahr 2014 unter den EU-Grenzwert von drei Prozent gedrückt werden könne.

Natürlich will die EU trotz alledem keine negativen Gerüchte in die Welt setzen und tut – ähnlich wie damals bei Griechenland – alles dafür, die Lage schön zu reden. So sagte EU-Wirtschaftskommissar Olli Rehn, er habe »volles Vertrauen«, dass Irland die zusätzlichen Sparmaßnahmen bewältigen werde. Auch Klaus Regling, der Leiter der »Europäischen Finanzmarktstabilisierungsfazilität« (EFSF) und einer der Architekten des Stabilitätspaktes, sah die Lage in Irland erwartungsgemäß nicht so dramatisch und sprach von Märkten, die »überreagieren«, und dass er es sich »nicht vorstellen könne«, dass die irische Notenbank die Sparziele infrage stellt. Zum Schluss gibt er allerdings kleinlaut zu, dass es »natürlich« noch weiterhin »Risiken in der Eurozone« gäbe, »das ist klar«.

Doch hinter den Kulissen in Brüssel machen sich immer mehr Zweifel bemerkbar, ob Irland seine finanziellen Probleme tatsächlich noch allein schultern kann. Die irische Nationalbank ist ebenso skeptisch, denn der Raum für weitere Einsparungen ist nur noch sehr klein. Erstmals räumte jetzt auch der Chef der irischen Notenbank, Patrick Honohan, ein, dass die Haushaltssanierung auch scheitern könnte.

So wird die Möglichkeit immer wahrscheinlicher, dass Irland nach Griechenland der zweite EU-Mitgliedsstaat sein könnte, der einen Hilfskredit der EU benötigt, um einen Staatsbankrott abzuwenden. Genau das hat Irlands Finanzminister Brian Lehnihan aber bereits bestritten und geht damit auf Konfrontationskurs zu seinem eigenen Notenbankchef.

Wer lügt und wer recht hat, wird sich in den nächsten Wochen und Monaten zeigen. Ich kann dazu nur sagen: »Griechenland, ick hör dir trapsen!«

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Quellen:

Handelsblatt vom 22.09.2010

http://www.welt.de/newsticker/dpa_nt/infoline_nt/wirtscha...

Neonazi wordt orthodoxe jood

Neonazi wordt orthodoxe jood

Ex: http://yvespernet.wordpress.com/

Een opmerkelijk verhaal uit Polen. Daar ging een vrouw op zoek naar haar afkomst, waardoor ze ontdekte dat ze van Joodse afkomst is. Nogal pijnlijk wanneer je rekening houdt met het feit dat haar vriend een overtuigde neonazi was toen. En met “toen” bedoeld ik wel degelijk een voltooid verleden tijd. De man ging immers zelf op zoek naar zijn afkomst en ontdekte dat hij ook van joodse afkomst was. Na een paar dagen stevig drinken om dit te doen bezinken, besloot hij zijn leven om te gooien.

De neonazi van toen is een orthodoxe jood nu. Of hoe de dingen in de wereld kunnen veranderen. Het ganse verhaal is hier te lezen en te bekijken: http://edition.cnn.com/2010/WORLD/europe/09/23/poland.jew...

Gerd Bergfleth: critique des Lumières palabrantes

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1986

 

Gerd Bergfleth: critique des Lumières palabrantes

 

Drei-Schwaetzer-a17821823.jpgLes essais et articles de Gerd BERGFLETH, philosophe et penseur d'avant-garde qui vit à Tübingen, méritent une ample attention. Quand on les lit, quand on y réfléchit, on admettra qu'ils nous offrent une réelle expérience euphorique et euphorisante. Ces textes constituent une véritable déclaration de guerre à l'Aufklärung vulgaire qui a stérélisé la pensée allemande de notre après-guerre.

 

Comme Jean BAUDRILLARD à Paris, BERGFLETH (qui à préfacé et explicité l'édition allemande de L'échange symbolique et la mort, livre paru chez Gallimard en 1976) tente de sortir de l'impasse où nous a égaré cette pensée dominante marquée du sceau de la raison raisonnante. BERGFLETH veut des thèmes nouveaux. Il résume sa pensée iconoclaste en dix thèses qu'il baptise "Dix thèses pour une critique de la Raison". Il y constate la faillite de la Raison en tant qu'instance dominante de la philosophie et proclame le divorce entre sa vision personnelle et l'Aufklärung de la gauche de facture habermasienne. BERGFLETH s'insurge contre cette pensée propre à la gauche libérale des années 70 et croit pouvoir annoncer la fin de l'alliance entre la Raison, couplée à ses interdits, et le pouvoir, porté par les technocrates. Il écrit: "Décisive est la Subversion de la domination de la Raison et de la Raison de la domination par la nature humaine". Il faut pour cela redécouvrir le rêve et la folie, l'érotisme et les passions. En bref, ce qu'il faut retrouver, c'est la plénitude totale de notre nature humaine, que l'industrie de la consommation et la bourgeoisie ont domestiquée.

 

BERGFLETH va encore plus loin: "La Vie ne se réduit pas à la pensée mais nous avons tout de même besoin de la clarté passionnée de la pensée, si nous voulons retrouver une Vie de passions". Gerd BERGFLETH se permet une révolte, s'offre le luxe d'une révolte. Tous ceux qui sentent qu'un tel destin de révolté leur est propre l'accompagneront sur la barricade qu'il dresse. L'enjeu: l'intensité sacrée de la Vie. Les réflexions de BERGFLETH montrent qu'une nouvelle culture est possible. Mieux: qu'une nouvelle culture est nécessaire.

 

Deux essais de BERGFLETH méritent le détour: 1)Der geschundene Marsyas qui évoque les voies qui conduiront, au-delà de la crise des valeurs, à la réconciliation entre la Raison et la Nature et 2) Über linke Ironie, ensemble de réflexions qui, par leur pertinence incisive ébranlent les idées les plus chères à la gauche philosophique, libérale, propagandiste et superficielle. Mais pour les victimes de cet assaut conceptuel, il reste une vigoureuse introduction à Nietzsche, une introduction pour débutants dont les ingrédients proviennent de France. Dans Die zynische Aufklärung BERGFLETH règle ses comptes avec les dogmes et les traditions de cette gauche libérale qui a règné en dictateur impavide depuis la "reeducation" imposée à l'Allemagne vaincue par les armées yankees. L'individuel s'est évanoui dans le néant, telle est la caractéristique la plus méprisable de notre dernière décennie. Idem pour l'idée d'égalité qui a présidé au processus de "démocratisation", au perfectionnement, au nivellement et à l'uniformisation. Citons BERGFLETH: "Dans la notion d'égalité, on trouve entière la tendence à aplatir et araser qui est inhérente à tout universalisme abstrait, dont le propre est d'exterminer toute espèce de différences". Ou encore: "Car la domination de l'égalité équivaut à la domination de la terreur".

 

BERGFLETH le sage, BERGFLETH l'homme qui sait, n'ignore pas, bien sûr, de quel complexe souffre la nation allemande; il écrit à ce propos: "Car sans Heimat personne ne peut vivre, pas même l'homme de gauche; le bourgeoisisme planétaire trouve son pendant dans l'apatridisme, l'Heimatlosigkeit ". Le misérabilisme spirituel de la Bundes- republik méritait d'être agressé et secoué. BERGFLETH s'est chargé de ce boulot salutaire . C'est son grand et immense mérite. Il est devenu un homme dont il faudra tenir compte.

 

Martin Werner KAMP.

 

Gerd BERGFLETH et al., Zur Kritik der palavernden Aufklärung, Matthes & Seitz Verlag, München, 1984, 200 S., 19,80 DM.

jeudi, 30 septembre 2010

Les Etats-Unis laissent-ils couler le dollar?

Les Etats-Unis laissent-ils couler le dollar ?

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Fini le temps où Washington assurait au monde qu’il voulait un dollar fort. Alors que le billet vert a plongé à un plus bas de cinq mois contre l’euro mercredi, le gouvernement américain semble très bien s’accomoder de la tendance.

Caricature américaine, août 2010. Sans commentaire...

Les Américains laissent-ils délibérément plonger le dollar ?

«Un dollar fort est dans l’intérêt des Etats-Unis» : cette phrase rituelle des secrétaires au Trésor américain, Timothy Geithner ne l’a pas prononcée en public depuis maintenant un an. Si les Etats-Unis ne le reconnaissent pas officiellement, personne n’est dupe : ils ont tout intérêt à laisser le dollar tomber, s’ils veulent booster la compétitivité de leurs produits et atteindre l’objectif lancé en janvier par Obama, de doubler les exportations américaines en cinq ans.

La Fed est d’autant plus incitée à maintenir un dollar faible, que quasiment toutes les grandes banques centrales mondiales font la même chose avec leur monnaie.

A la mi-septembre, la Banque du Japon est intervenue directement sur le marché des changes, pour la première fois en six ans, afin de freiner l’ascension du yen, emboîtant ainsi le pas à la Suisse, qui bataille depuis plus d’un an pour empêcher une envolée du franc suisse. Quant à la Bank of England, elle s’apprête, comme la Fed, à lancer une nouvelle vague d’assouplissement quantitatif.

Sauf que «si tout le monde cherche à déprécier sa monnaie, cela devient un jeu à somme nulle», met en garde Nordine Naam, économiste à Natixis.

Comment font les Etats-Unis pour affaiblir le dollar ?

 

L’Etat n’a même pas besoin d’intervenir directement sur le marché des changes en vendant du dollar. Le billet vert se déprécie naturellement, pour plusieurs raisons.

D’abord, «la crainte d’une récession, voire d’une déflation aux Etats-Unis cet été, a pesé sur le dollar», explique Nordine Naam.

Ensuite, la pression que Washington exerce sur la Chine pour qu’elle laisse sa monnaie s’apprécier, commence à porter ses fruits. La Chambre des représentants doit notamment se prononcer, vendredi, sur un projet de loi qui imposerait des mesures de rétorsion visant les produits chinois importés aux Etats-Unis. Résultat, le yuan a atteint mardi un de ses plus hauts niveaux depuis 1993 à 6,7 yuan pour un dollar.

Enfin et surtout, l’annonce mardi soir de la Fed qui s’est dite «prête à mener un assouplissement supplémentaire si nécessaire pour soutenir la reprise économique», autrement dit à faire marcher la planche à billets, n’a pas manqué de faire plonger le billet vert. «Il est désormais probable que de nouvelles mesures soient adoptées avant la fin de l’année», a estimé Simon Derrick, de BNY Mellon.

Or, plus de dollars en circulation signifie que chaque billet vert risque de valoir un peu moins. Mercredi, les cambistes ont donc acheté des euros, poussant le cours de la monnaie unique à son plus haut niveau depuis cinq mois.

Cela entraînera-t-il de l’inflation ?

C’est bien ce que souhaiterait la Fed. Elle ne s’en est pas caché, puisqu’elle a déclaré mardi que la faiblesse actuelle de l’inflation n’était pas «compatible» avec sa «mission».

De fait, «l’inflation hors énergie et alimentation était de 0,9% en août, un niveau jamais vu depuis janvier 1966», fait remarquer l’économiste de Natixis. «Or, vu le taux de chômage, l’inflation ne pourra pas venir d’une hausse des salaires», explique-t-il. «En laissant chuter le dollar, la Fed contribue indirectement à renchérir le prix des importations et créer ainsi un peu d’inflation».

Car l’inflation présente un tas d’avantages. Elle permet, d’abord, de réduire le poids de la dette souveraine, qui a dépassé les 13.000 milliards de dollars. [Il] est sûr que «plutôt que de réduire les dépenses publiques ou augmenter les impôts, il est tentant de laisser l’inflation faire le sale boulot», résume Michael Kinsley, du site The Atlantic. C’est d’ailleurs grâce à une inflation de 13% qu’en 1979, le pays a réussi à éliminer 100 milliards de dollars sur ses 830 milliards de dettes.

Deuxième intérêt, en théorie, de l’inflation : elle encourage la consommation. Si les prix ont tendance à grimper, il vaut mieux ne pas attendre pour acheter. Alors que la consommation des ménages, moteur traditionnel de l’économie américaine, est plombée par la nécessité de se désendetter et le chômage, un peu d’inflation serait donc bienvenue, pour booster les dépenses. Mais encore faut-il que les salaires suivent, pour ne pas déteriorer le pouvoir d’achat.

Le problème, c’est qu’en réalité, «la transmission de la politique monétaire ne marche pas dans un contexte de désendettement des agents économiques», explique Nordine Naam. La Fed a beau avoir gonflé son bilan à 2.300 milliards de dollars et inonder le marché de liquidités, l’inflation est restée en deçà de son objectif de 2%. La Fed peut injecter autant de liquidités qu’elle veut, tant que l’activité stagne et que le chômage explose, la demande des ménages est trop fragile pour tirer les prix à la hausse.

L’Expansion

11/9: Liegt Ahmadineschad völlig falsch?

11/9: Liegt Ahmadineschad völlig falsch?

Udo Schulze

Ex: http://info.kopp-verlag.de/

 

Irans Staatschef Mahmud Ahmadineschad gilt in Sachen Wahrheit nicht immer als Garant dafür, dass die Inhalte seiner Aussagen auch in der Realität abgebildet sind. Doch den Mann generell als notorischen Fantasten zu bezeichnen, ist möglicherweise auch nicht richtig. Das aber haben sich Europa und Israel unter Führung der USA zum Ziel gesetzt. So können sie auch leicht des Iraners Thesen zu den Terroranschlägen vom 11. September 2001 als frei erfundene Geschichten abtun. Nur: Ahmadineschad sprach in der Tat zumindest einige Ungereimtheiten an, als er vor der UN-Vollversammlung sagte, die Anschläge seien möglicherweise von den USA (mit)inszeniert worden.

 

Während der Rede des Iraners verließen zahlreiche Delegierte, besonders aus Europa und USA, den Sitzungssaal in New York. Bundesaußenminister Guido Westerwelle (FDP) sprach heute im Deutschlandfunk davon, Ahmadineschads Äußerungen seien »abwegig und verletzend«, wobei sich in diesem Zusammenhang die Frage stellt, wie etwas verletzend sein kann, wenn es gleichzeitig abwegig ist? Und da wären wir auch schon beim Kern der Sache: Der besteht darin, dass sich der Mainstream aus Politik und Medien seit neun Jahren gebetsmühlenartig gegenseitig in der Aussage unterstützt, die USA hätten mit den Terroranschlägen nur als Opfer, nicht aber als (Mit-)Täter zu tun. Inzwischen scheinen die Vertreter dieser Meinung nicht mehr mitzubekommen, dass ein Teil der Bevölkerung in aller Welt anderer Auffassung ist. Während die Zeitung Die Zeit noch immer davon spricht, Ahmadineschad stoße »Verschwörungstheorien« aus, existieren inzwischen in der wirklichen Welt außerhalb von UN-Gebäuden und Chefetagen von Parteien und Medien Massen an Büchern und Filmen zum Thema »USA und ihre Verwicklungen in die Anschläge«. Die Fragen, die darin diskutiert werden, mögen zu unterschiedlichen Schlüssen führen, aber sie müssen gestellt werden - und beantwortet. Vielleicht stellen sich Westerwelle, Zeit und Co. auch einmal die ein oder andere Frage, wir sind gern dabei behilflich:

  • Wieso stürzte ein drittes Gebäude des World-Trade-Center-Komplexes, das »WTC 7«, weit nach der Zerstörung des Nord- und Südturms ein, obwohl dort kein Flugzeug hineingerast war?
  • War es Zufall, dass in diesem Gebäude eine Geheimdienstabteilung untergebracht war?
  • Woher wussten hohe Kreise in den USA bereits weit vor den Ereignissen, dass es einen Angriff aus der Luft geben würde?
  • Wer war der Kameramann, der den Himmel absuchte und sich erfreut zeigte, als er mit seinem Objektiv die noch weit vom WTC entfernte, anfliegende zweite Maschine erhaschte?
  • Warum gab es den »Chef«-Terroristen Mohammed Atta offensichtlich zweimal?
  • Was hat es mit dem Flugzeug auf sich, das sich Minuten nach dem Einschlag in den Nordturm dort in der Nähe befand und aussah wie die Air Force 2, mit der der damalige US-Vize-Präsident Dick Cheney unterwegs war?
  • Wieso behauptete Präsident George W. Bush, er habe im TV gesehen, wie die erste Maschine in den Nordturm flog, obwohl es davon (offiziell) überhaupt keine Bilder gab? Die ersten wurden gedreht, als der Turm bereits getroffen war.
  • Warum gab es kurz vor den Anschlägen in den USA eine Übung, bei der das Szenario auf Häuser stürzender Flugzeuge angenommen wurde?

Dieses sind nur einige Fragen, die Forschern und Journalisten in aller Welt bei der Untersuchung der Vorgänge vom 11. September 2001 aufgefallen sind. Von den politisch »Korrekten« bleiben sie unbeachtet. Offensichtlich sind die üblichen Verdächtigen aus der UN-Vollversammlung geflohen, weil sie unbequeme Fragen nicht hören wollten. Oder aber, weil sie diese nicht beantworten können.

Türkische Regierung ist Schutzherrin türkischer Parallelgesellschaften in Europa

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Türkischer Regierung ist Schutzherrin türkischer Parallelgesellschaften in Europa 

Ex: http://www.andreas.moelzer.at/

Premier Erdogan will europäische Kultur mit türkischer impfen und nun will Außenminister Davutoglu Europa „multikultureller“ machen – Beitrittsverhandlungen sind sofort abzubrechen

Die Europäische Union müsse unverzüglich die Beitrittsverhandlungen mit der Türkei abbrechen, forderte heute der freiheitliche Delegationsleiter im Europäischen Parlament, Andreas Mölzer, angesichts der vom türkischen Außenminister Ahmet Davutoglu am Wochenende in Interviews mit österreichischen Tageszeitungen getätigten Aussagen. „Wenn Davutoglu verlangt, Europa müsse multikultureller werden, und behauptet, Türken würden in Europa an den Rand der Gesellschaft gedrängt werden, dann soll der Ausbreitung türkischer Parallelgesellschaften der Weg bereitet werden“, betonte Mölzer.

Offenbar sähe Ankara, so der freiheitliche EU-Mandatar, keine Notwendigkeit, dass sich in Europa lebende Türken integrierten oder gar assimilierten. „Davutoglus Aussagen sind nichts anderes als eine Fortsetzung der Äußerungen des türkischen Ministerpräsidenten Erdogan, der bekanntlich in seiner berühmt-berüchtigten Kölner Rede Assimilierung als ‚Verbrechen gegen die Menschlichkeit‘ bezeichnet hatte und der die europäische Kultur mit der türkischen ‚impfen‘ will. Was Erdogan und Davutoglu so von sich geben, ist nichts anderes als eine gefährliche Drohung, was auf Europa alles zukommen wird, wenn die Türkei eines Tages EU-Mitglied sein sollte“, warnte Mölzer.

Außerdem wies der freiheitliche Europa-Abgeordnete darauf hin, dass Ankara unter Partnerschaft ausschließlich die Durchsetzung der eigenen Positionen verstehe. „Kompromissbereitschaft und Nachgeben kennen die Türken nicht, erwarten es aber von Europa. Daher würde ein EU-Beitritt nicht die Türkei europäisieren, sondern Europa türkisieren, weshalb die Beitrittsverhandlungen mit Ankara abzubrechen und Gespräche über eine privilegierte Partnerschaft aufzunehmen sind“, schloss Mölzer.

Allochtonen verwerpen multiculturaliteit

Allochtonen verwerpen multiculturaliteit

 

Pascal Smet, minister van Onderwijs en Gelijke Kansen, was er nog zo enthousiast over. Deze film, over de relatie tussen een Turkse man en een Vlaamse vrouw, zou volgens Smet een belangrijke bijdrage vormen aan het debat over multiculturaliteit in onze samenleving. In samenwerking met KifKif, de Unie van Turkse Verenigingen en het Steunpunt Allochtone Meisjes zou hij zelfs laagdrempelige vertoningen organiseren. Daarna zouden ook leerkrachten hem moeten komen zien zodat ze daarna de schoolgaande jeugd verder kunnen indoctrineren over de niet-bestaande rijkdom van de multiculturele samenleving.

De allochtone gemeenschap heeft alvast getoond hoe leuk ze de film vinden en hoe ze tegenover de boodschap van multiculturaliteit staan. In Antwerpen verlieten bij de avant-première, voor een in meerderheid Turks publiek, meerdere mannen de zaal uit protest. Daarbij vergaten ze hun vrouwen, die ze daarna terug zijn komen halen. Alsof die niet zelf in staat waren te beslissen of het een goede film was. Men zou bijna denken dat de mannen zoiets als hun jas vergeten waren i.p.v. hun vrouw.

Tot zover deze poging tot multiculturaliteit. Maar ik ben zeker dat we desondanks nog steeds verder moeten aanhoren hoe leuk deze multiculturele knoeiboel wel niet is… “Hand in hand, terug naar eigen land” moet een duidelijke keuze worden van politici. Het is immers duidelijk dat de culturen niet compatibel zijn en elk op hun eigen gebied van oorsprong behoren.

La révolte selon Gerd Berglfleth

Arno_Breker_-_Camarades.jpgArchives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1986

 

La révolte selon Gerd Bergfleth

 

Il faut rendre hommage à un petit livre pratique qui n'aborde pas le mic-mac du guignol politicien mais se penche, au fond, sur le politique en soi. Ce livre est l'anthologie d'une révolte, celle de Bernd MATTHEUS et d'Axel MATTHES. Mieux qu'une anthologie, ce livre est une symphonie à la radicalité. Ces textes, cette valse de théories et de littérature tranchée et osée feront vibrer les cœurs hardis, les cœurs qui contestent toutes les formes de médiocrité. Les grands ancêtres, les maîtres éternels de toutes les révoltes y ont contribué en fournissant leurs sentences les plus incisives, les plus mordantes: Bataille et Céline, Hölderlin et Pessoa, Nietzsche et le Marquis de Sade. Les partisans cultivés de la révolte radicale œuvrent ici en commun. Des aphorismes épiques aux essais philosophiques, nous découvrons un thème, celui de la révolte, dans une sarabande de méditations subversives, où l'on se découvre jouisseur et prospecteur. Mais ce menu, les auteurs nous l'offrent avec la prudence qui s'impose; en effet, la lecture n'en est pas aisée. "La révolte est signe. Signe de ce ou celui qui se trouve en dehors de toute espèce d'ordre. La révolte possède de nombreux visages. La révolte est une chose, son expression en est une autre. Il y a la révolte de l'homme sans envergure et celle du démagogue, qui visent à accentuer encore le rabougrissement de l'homme, qui se plaisent à soumettre et opprimer, qui aiment à cultiver la médiocrité et l'esprit grégaire. Mais il y a aussi la révolte de l'esseulé rebelle et rétif. Le soumis qui courbe le cap et celui qui ignore la crainte évaluent le concept de révolte d'une manière fondamentalement différente. Le fait que l'Eglise ait envoyé tous les grands hommes en enfer, est une sorte de "révolte" qui déplaisait déjà souverainement à Nietzsche. Ce que moi j'affirme, c'est la révolte contre tout discours établi sur la révolte". Et Axel MATTHES poursuit: "La radicalité doit pouvoir s'afficher, il faut pouvoir la lire dans des actes, des instants uniques, des gestes, des formes qui témoignent d'une attitude bien particulière et unique... La radicalité n'est pas en fin de compte une question de goût, mais un état d'esprit. Etre radical est une chance: la chance de trouver du neuf".

 

Enfin, voici quelques délicatesses de cette "symphonie à la radicalité":

 

"De tout cela, je déduirais que la voie vers la délivrance conduit à travers l'enfer lui-même, mais seul celui qui devine déjà la délivrance, pourra trouver l'issue" (BERGFLETH).

 

"Qu'aimes-tu donc en fait, toi l'Original? Ma nostalgie." (ROZANOV).

 

"Pour l'homme vraiment religieux, rien n'est péché" (NOVALIS).

 

"Plus l'homme progresse, moins de choses il trouvera, auxquelles il pourra se convertir" (CIORAN).

 

"Se donner ses propres normes et s'y tenir" (Alain de BENOIST).

 

Le lecteur qui voudra trouver un néo-moralisme évitera de lire cette anthologie. Ceux qui, en revanche, cherchent à honorer nos vieux dieux et veulent vivre existentiellement l'audace de la révolte, devront trouver dans cet ouvrage le fil d'Ariane du parfait révolté. Comme MATTHES et MATTHEUS, permettez-vous la révolte !

 

Martin Werner KAMP.

 

Bernd MATTHEUS / Axel MATTHES (Hrsg.), Ich gestatte mir die Revolte, Verlag Matthes & Seitz, München, 1985, 397 S., 22 DM.

00:05 Publié dans Livre, Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, révolte, livre | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mercredi, 29 septembre 2010

Les Etats-Unis draguent les "leaders" musulmans en France

Les Etats-Unis draguent les « leaders » musulmans en France


WASHINGTON (NOVOpress) – Al Kanz s’en fait l’écho aujourd’hui [1] : les Etats-Unis s’intéressent aux chefs d’entreprise musulmans qui prospèrent notamment en France. A l’initiative de l’IVLP (International Visitor Leadership Program), « 26 entrepreneurs, tous musulmans, sont pour trois semaines les hôtes du gouvernement américain », se félicite le site des consommateurs musulmans. Parmi ces invités, Nabil Djedjik [2], secrétaire général du syndicat patronal SPMF (synergie des professionnels musulmans de France)», et propriétaire de plusieurs restaurants « certifiés halal » en région parisienne.

Depuis plusieurs années, l’ambassade des Etats-Unis développe un réseau de partenariats avec des élus locaux, des associations, des entrepreneurs et des « leaders culturels ». Elle dispose pour cela d’un budget annuel de 3 millions de dollars pour soutenir des projets de rénovation urbaine, des festivals de musique et des conférences. Jeudi dernier, le site du journal La Croix rappelait que l’ambassadeur « a récemment fait venir en France l’acteur américain Samuel L. Jackson (photo) et invité des groupes de rap français à se produire dans sa résidence. Des jeunes des banlieues, en particulier des musulmans, participent chaque année au programme qui invite 20 à 30 « jeunes leaders » Français pour un séjour de plusieurs semaines aux Etats-Unis ». But de la manœuvre ? [3] « tenter d’établir un lien avec la prochaine génération de leaders en France et cela inclut les banlieues ». Autrement dit, la « diversité » au service d’une société de consommation indifférenciée sert les plans du libéralisme américain.


[cc [4]] Novopress.info, 2010, Dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
[http://fr.novopress.info [5]]


Article printed from :: Novopress.info France: http://fr.novopress.info

URL to article: http://fr.novopress.info/68051/les-etats-unis-draguent-les-%c2%ab-leaders-%c2%bb-musulmans-en-france/

URLs in this post:

[1] fait l’écho aujourd’hui: http://www.al-kanz.org/2010/09/27/spmf-usa/

[2] Nabil Djedjik: http://fr.linkedin.com/pub/nabil-djedjik/17/581/140

[3] But de la manœuvre ?: http://francois-d-alancon.blogs.la-croix.com/banlieues-francaises-la-difference-americaine/2010/09/23/

[4] cc: http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/

[5] http://fr.novopress.info: http://fr.novopress.info

Europäische Ohnmacht

Europäische Ohnmacht

Die EU fehlt in der Außenpolitik der Wille zur Macht

Von Andreas Mölzer / Ex: http://zuzeit.at/

1539495951.jpgBei einem Sondergipfel debattierten in der Vorwoche die Staats- und Regierungschef der Mitgliedstaaten darüber, wie das außenpolitische Gewicht der Europäischen Union erhöht werden kann. In der Tat besteht in diesem Punkt dringender Handlungsbedarf, zumal Europa in der Welt – sofern es überhaupt wahrgenommen wird – als Lachnummer gilt. Grundsätzlich sind die angestrebten strategischen Partnerschaften mit den aufstrebenden Weltmächten China, Indien und Brasilien ein taugliches Mittel zur Beendigung der außenpolitischen Ohnmacht. Denn die Europäische Union muß sich aus der außen- und sicherheitspolitischen Umklammerung der USA lösen und wird aus eigener Kraft heraus nicht in der Lage sein, einen Gegenpol zu Washington bilden zu können.

Eine andere Frage ist jedoch, ob die beim Brüsseler Sondergipfel getätigte Absichtserklärung auch mit Leben erfüllt wird. Schließlich plant die Europäische Union seit Jahren schon eine strategische Partnerschaft mit Rußland, deren Bedeutung von der EU-Polit-Nomenklatura regelmäßig beschworen wird. Umgesetzt wurde bisher nichts, und die Beziehungen zwischen Brüssel und Moskau haben sich zuletzt sogar etwas abgekühlt. Und großer Nutznießer der europäischen Ankündigungspolitik sind die USA, die naturgemäß ein großes Interesse daran haben, daß Europa unter ihrer außen- und sicherheitspolitischen Kuratel bleibt. Denn ohne die willigen Helfer jenseits des Atlantiks, die sich der Illusion hingeben, sie könnten im Rahmen der sogenannten transatlantischen Partnerschaft Einfluß auf die US-amerikanische Außenpolitik nehmen, wäre es für Washington wesentlich schwerer, als Weltpolizist aufzutreten.

Ein außenpolitisches Instrument, das bislang keine Rolle gespielt hat und das auch künftig nicht zur Anwendung kommen wird, sind die immensen Zahlungen an Entwicklungshilfe und sonstiger „humanitärer Hilfe“ nach Kriegen oder Naturkatastrophen. Hier werden wegen des schlechten Gewissens der früheren europäischen Kolonialmächte sowie aus anderen politisch korrekten Zwängen heraus bereitwillig die Spendierhosen angezogen, ohne daß der weltweit größte Geldgeber daraus einen politischen Nutzen zöge. Anstatt bereitwillig auf Kosten der Steuerzahler das Scheckbuch zu zücken, müßte der Grundsatz „wer zahlt, schafft an“ gelten. Aber dazu fehlt der Europäischen Union der politische Wille wie auch der Mut.

Poutine-Medvedev, le mythe de la discorde ou quand l'Occident se fait plaisir au détriment de la réalité

Poutine-Medvedev, le mythe de la discorde ou quand l'Occident se fait plaisir au détriment de la réalité

Par Xavier Moreau

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

L’élection de Dimitri Medvedev à la présidence russe a été accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par les milieux atlantistes occidentaux. L’allure moins martiale du successeur de Vladimir Poutine a nourri l’espoir que la Russie serait de nouveau ouverte aux différentes tentatives de déstabilisation de la part des ONG pro-occidentales, lesquelles n’ont jusqu’à présent réussi que dans les pays où les élites sont facilement corruptibles.

La résolution du conflit russo-géorgien d’août 2008 a été une première douche froide pour les atlantistes, qui n’auront pu envoyer en renfort aux unités américano-géorgiennes en déroute, qu’une poignée de philosophes ex-maoïstes sans grande influence sur les parachutistes russes… La manière dont Dimitri Medvedev a alors dicté ses conditions au Président Sarkozy aurait dû enterrer définitivement tout espoir de dislocation du pouvoir russe.

Il est désormais clair, pour un observateur un tant soit peu lucide, que les deux anciens élèves d’Anatoly Sobchak * forment un tandem redoutable, mettant en œuvre de manière implacable le projet politique initié par Vladimir Poutine. Rien de secret dans tout cela d’ailleurs ; le recueil intitulé « NatsionalnyPriorität », composé de textes et de déclarations des deux hommes et publié en 2005, est un manifeste de ce que va être la politique intérieure des dix prochaines années en Russie. Concernant les relations internationales, c’est encore et toujours le discours poutinien de février 2007 à Munich, qui reste le texte de référence d’une politique étrangère menée sans état d’âme par Sergueï Lavrov.

 

Sacrifiant sans hésiter sa position présidentielle pour mieux servir l’idée qu’il se fait de la Russie, Vladimir Poutine a endossé le costume de premier ministre sans arrière-pensée, alors que l’intelligentsia occidentale, décidément incapable de saisir le jeu subtil de l’ancien espion, attendait une manipulation constitutionnelle à la sud-américaine. Depuis deux ans, le tandem fonctionne parfaitement, entretenant parfois, d’ailleurs non sans un certain humour, les opinions occidentales dans le fantasme de la concurrence.

Le conflit géorgien avait déjà démontré qu’un Poutine sur le terrain, qui rend compte à un Medvedev décisionnaire au Kremlin, était une image particulièrement bien reçue par la population russe. Le modèle a servi encore, avec le même succès, lors des incendies, si bien que même les commentateurs les plus hostiles au Kremlin ont fini par admettre que la discorde entre les deux hommes n’existe pas. Comme pour décourager les derniers espoirs atlantistes, le Président Medvedev a fait voter, en juillet dernier, une loi qui renforce les pouvoirs du FSB.

La « grande » presse française continue de tromper le public en entretenant ce fantasme de la dispute. Il y a pourtant bien longtemps que les spécialistes de la Russie ont écarté cette hypothèse. La palme du contresens revient une nouvelle fois au Figaro et à son correspondant, Pierre Avril, lequel encore récemment, en utilisant des déclarations de Vladimir Poutine grossièrement tronquées, tentait malhonnêtement d’accréditer cette idée, à propos de la protection de la forêt de Khimki (pour l’intégralité des déclarations à ce sujet, se reporter au site de RussiaToday).

Ce manichéisme atlantiste, confusion classique de l’analyse avec les espoirs, partage d’ailleurs avec l’antisionisme le même déni du réel. Les deux idéologies tendent à nier la realpolitik au profit d’une lecture purement idéologique de l’événement. C’est ce qui explique que les antisionistes aient été profondément déçus par le vote russe des sanctions contre l’Iran. Ils n’en cernent pas les causes véritables.

Le vote des sanctions contre l’Iran par les Russes n’est en fait que le résultat de l’affrontement russo-turc dans le Caucase, et du recadrage par Moscou de Téhéran, à cause du projet Nabucco. La mise en route de la centrale nucléaire de Busher, le 21 août dernier, est là pour confirmer la permanence de la politique étrangère russe.

Thierry Meyssan a immédiatement interprété ces sanctions comme une défaite de la Russie au Moyen-Orient, déçu que celle-ci ne reprenne pas l’étendard de la lutte antisioniste. Comme le Président Ahmadinejad, il concentre ses attaques sur le Président Medvedev. Le leader musulman doit justifier devant son électorat le « lâchage » russe, dont la politique iranienne vis-à-vis de la Turquie est pourtant la seule responsable.

La mécompréhension de la politique russe est sans doute également liée à l’influence sur l’intelligentsia antisioniste du penseur philosophe « folklorique » Alexandre Douguine, autoproclamé conseiller de Vladimir Poutine et qui, dans ses cours de sociologie, disponibles sur son blog, dénonce les espions pro-occidentaux qui tourneraient autour de Vladimir Poutine et dont ferait partie Dimitri Medvedev.

Les prochaines élections présidentielles démontreront sans doute la vacuité de ces simplifications idéologiques. Elles confirmeront probablement que la Russie ne retombera dans aucune idéologie, ni marxiste, ni atlantiste, ni sioniste, ni antisioniste.

La seule règle qui s’impose à Dimitri Medvedev et à Vladimir Poutine, est ce qu’ils jugent être l’intérêt supérieur de la Russie. Refuser de l’admettre, c’est se condamner à rejoindre les médias français dans leur incompréhension totale et maladive de la réalité russe. Pour conclure sur la relation entre les deux hommes, le mieux est de laisser Vladimir Poutine la qualifier lui-même : « Nous sommes issus du même sang et de la même vision politique ».

* Ancien maire de Saint-Pétersbourg et premier grand réformateur russe. Une bonne partie de la nouvelle élite politique russe est issue de la Faculté de Droit de Saint-Pétersbourg et ses plus éminents représentants sont d’anciens élèves et collaborateur d’Anatoli Sobchak, comme Vladimir Poutine ou Dimitri Medvedev.

Realpolitik.tv

(Pour rendre plus aisément accessible cet article « difficile », des liens supplémentaires ont été insérés dans le texte par fortune.fdesouche.com)

Alain Finkielkraut, écrivain critique de la modernité

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Alain Finkielkraut, écrivain critique de la modernité

par Pierre LE VIGAN

Agrégé de lettres, Alain Finkielkraut enseigne à l’École polytechnique les Humanités et sciences sociales. Il anime l’émission « Répliques » sur France-Culture; il a beaucoup écrit et beaucoup publié. L’homme est un des intellectuels généralistes qui comptent dans les débats d’idées. Il plaît à quelques-uns et déplaît à beaucoup. Il ne laisse pas grand monde indifférent; l’homme a du nerf, de la passion, des coups de sang, des emportements, et parfois des remords ou en tout cas des craintes de ne pas avoir été compris. Reste à savoir si on l’aime ou le déteste pour de bonnes raisons.

 

Alain Finkielkraut s’est fait connaître par Le nouveau désordre amoureux (1977) qu’il a écrit avec Pascal Bruckner. Il y critiquait l’idée de la « révolution sexuelle ». Selon lui, cette idée aboutissait à nier l’existence même de l’amour au profit d’une survalorisation de la sexualité. Les femmes seraient selon notre auteur les premières victimes de cette dévalorisation de l’amour [notons que trente ans plus tard, on peut se demander si les hommes ne sont pas plus encore perdants dans cette évolution].

 

La défaite de la pensée, en 1987, marque un tournant important. L’irruption et même l’invasion de toute une pseudo-culture y est critiquée. Elle aboutit à une défaite de la pensée et de la raison. La mise à égalité de n’importe quels rythmes musicaux avec la musique non seulement classique mais tout simplement élaborée, de n’importe quel type d’écriture avec un art d’écrire travaillé, l’idée, en d’autres termes, que par exemple Christine Angot ferait en quelque sorte le même métier que Maupassant ou Albert Camus, est dénoncée comme un égalitarisme culturel par le bas : c’est l’idée que tout vaut tout. Avec comme conséquence l’idée que, comme certaines choses ne valent rien ou en tout cas pas grand chose, au fond, rien ne vaut quelque chose. L’invention d’une « culture » sans pensée aboutit selon Finkielkraut à une pensée sans culture, qui se retourne contre la pensée elle-même et explique aussi le déclin de la capacité d’éduquer, donc le déclin de l’école comme institution centrale de la République. C’est l’une des conséquences de l’esprit du temps mais aussi de la politique culturelle de Jack Lang.

 

À partir de ce livre, Alain Finkielkraut ne cesse de dénoncer, à la suite de Hans Jonas, « la nature quasiment compulsive du progrès ». Avec Le Mécontemporain (1992), Finkielkraut réhabilite Charles Péguy et sa lutte prémonitoire contre la « panmuflerie sans limite ». C’est une protestation contre les conséquences de la course au « progrès » et contre le développement de la technique sans limites. L’inclassable Charles Péguy, socialiste, catholique, patriote écrivait : « Ce sera un grand malheur pour l’humanité dans son âge moderne, un malheur qui ne sera peut-être pas réparé, que d’avoir eu en mains cette matière, que d’avoir été conduite par le progrès peut-être inévitable de sa technique industrielle à être libre, à être maîtresse, à tripoter librement cette matière qui se prête à tout, qui ne se donne à rien, qui se prête à tous, qui ne se donne à personne, cette matière libidineuse, sans astreinte, presque sans résistance. À ce jeu en ce temps-ci, une humanité est venue, un monde de barbares, de brutes et de mufles; plus qu’une panbéotie [inculture, lourdeur. L’expression a d’abord été employée par Renan], plus que la panbéotie redoutable annoncée, plus que la panbéotie redoutable constatée : une panmuflerie sans limites; un règne de barbares, de brutes et de mufles; une matière esclave; sans personnalité, sans dignité; sans ligne; un monde non seulement qui fait des blagues, mais qui ne fait que des blagues, et qui fait toutes les blagues, qui fait blague de tout. Et qui enfin ne se demande pas encore anxieusement si c’est grave, mais qui inquiet, vide, se demande déjà si c’est bien amusant. » (Deuxième élégie).

 

Alain Finkielkraut marque son opposition au communautarisme et au multiculturalisme au nom d’un républicanisme « national » c’est-à-dire qui voit la nation comme un creuset indispensable. « Nationiste » mais non pas nationaliste à la Maurras. Alain Finkielkraut défend le principe de la nécessité  de l’assimilation des immigrés plus que de leur simple « intégration » qui lui parait une juxtaposition des différences sans dépassement de celles-ci et fusion dans le creuset national. C’est logiquement qu’Alain Finkielkraut a aussi dénoncé ce qu’il appelle le « sans-papiérisme », idéologie visant à attribuer une fonction quasi-rédemptrice  aux immigrés séjournant illégalement en France.  Dans le même axe de refus de la négation des appartenances, des liens et des frontières, Alain Finkielkraut a voulu revaloriser, avec L’ingratitude (1999), la place des héritages intellectuels et de l’admiration, contre l’idéologie de la table rase et le refus contemporain de se reconnaître des maîtres à penser (« Ni Dieu ni maîtres »).

 

Ce  tableau montre une capacité à poser des questions qui fâchent, assez éloignées de la pensée « bisounours » – la pensée du « tout le monde il est gentil » qui produit des moutons de Panurge ou mieux encore de faux rebelles que Philippe Muray appelait justement « Mutins de Panurge », les gens qui parlent d’un film qui « dérange » (sic) quand un film prétend faire pleurer sur le sort des clandestins qui tentent de s’installer ailleurs que chez eux au mépris de toute loi et de toutes les règles de l’hospitalité qui sont de ne venir chez les autres qui si on y est invité. Alain Finkielkraut le remarque : il n’y a plus que « le parti dans le sens du poil ».

 

Alain Finkielkraut a aussi pris des positions globalement favorables à la politique de l’État d’Israël, ce qui l’a fait accuser de communautarisme, lui qui en est un adversaire revendiqué. Ses positions ont aussi amené certains de ses adversaires à lui objecter qu’il était surprenant qu’il soit compréhensif face à un nationalisme [qui serait supposé être celui de l’État d’Israël dans ce raisonnement] dans le même temps que notre auteur critique radicalement bien des aspects de la modernité dont le nationalisme est un des aspects. De quoi se faire beaucoup d’ennemis et créer bien des équivoques. Osons toutefois écrire qu’il n’y a que les penseurs sans profondeur qui ne soulèvent pas d’équivoques ni de passions, ni ne vivent sans quelque contradiction. Alain Finkielkraut est un penseur contrarié et contrariant. Et alors ?

 

C’est précisément parce que Alain Finkielkraut a trop souvent été au cœur de trop rapides polémiques qu’il faut lire son enquête sur les systèmes philosophiques de la modernité : Philosophie et modernité (Éditions de l’École polytechnique/Ellipses, 2009). Il s’agit selon l’auteur  des systèmes postérieurs aux Lumières. La construction du livre est simple : l’auteur a suivi le chemin intellectuel de quelques penseurs majeurs dans l’analyse des tournants qu’a pris la modernité.

 

Premier personnage de l’enquête : Rousseau. C’est un critique du progrès mais avec l’idée qu’une nouvelle sociabilité sauvera l’homme et restaurera un lien social égalitaire et un lien d’amour généralisé. Pour Rousseau, la réparation est possible et c’est l’histoire humaine qui la réalisera. Cette société réconciliée, c’est l’objet du « contrat social ». Les clauses du contrat social « se réduisent toutes à une seule – savoir, l’aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté : car, premièrement, chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous; et la condition étant égale pour tous, nul n’a intérêt de la rendre onéreuse aux autres. […] Enfin, chacun se donnant à tous ne se donne à personne; et comme il n’y a pas un associé sur lequel on n’acquière le même droit qu’on lui cède sur soi, on gagne l’équivalent de tout ce qu’on perd, et plus de force pour conserver ce qu’on a. Si donc on écarte du pacte social ce qui n’est pas de son essence, on trouvera qu’il se réduit aux termes suivants: “ Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale; et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisible du tout ”. » (Le contrat social, Livre 1, chap. 6, 1762).

 

Avec Marx, ce qui importe est l’idée que c’est le travail et non Dieu qui a créé l’homme. Tocqueville est une autre figure majeure. Avec lui, ce qui est mis en avant est l’idée que l’inégalité économique qui subsiste après la Révolution française n’est plus relayée par une inégalité symbolique et que, par là, naissent les frustrations et  les risques de nouvel absolutisme de l’État (on dirait aujourd’hui de nouveau totalitarisme et il en s’agirait pas seulement de celui de l’État mais aussi de celui du marché généralisé). Tocqueville ne croit ni à l’idée libérale comme quoi l’intérêt général est la somme des intérêts particuliers, ni à l’idée rousseauiste que le peuple ne s’exprime que d’une seule voix (la « volonté générale » qui, dit Rousseau, « doit partir de tous pour s’appliquer à tous ») et que la démocratie c’est l’unanimité et la dictature de l’intérêt général. Tocqueville a ainsi une terreur quasi-religieuse de la tendance moderne au « tous semblable », qui aboutit à croire que nous avons « tous les mêmes besoins », et que devons tous être sous la même chape étatique (et inter-étatique bien sûr car la collaboration entre États n’a jamais été aussi forte et le totalitarisme jamais aussi mondialisé).

 

Nietzsche ensuite. Ce Nietzsche, justement, s’élevait contre les « mensonges passionnés » de Rousseau selon qui il était possible de se « sauver » du péché originel par la rédemption par l’histoire et le « progrès ». Pas de berger, un seul troupeau : c’est ce monde, le monde moderne, dont Nietzsche annonce à la fois l’avènement et le danger. Abolir toutes les distances, toutes les frontières, toutes les hiérarchies, c’est le grand danger contre lequel réagit Nietzsche.

 

Freud. Sa principale idée est la « narration dépurative » (une narration qui rend plus pur). En d’autres termes, dire guérit. L’effet des théories de Freud, c’est l’extension du narcissisme à l’inconscient. Le droit d’ « être absolument soi-même » aboutit à un centrage sur soi et à l’oubli des autres et de la société elle-même. La pensée « identitaire », une certaine pensée identitaire en tout cas, et les revendications identitaires participent souvent de cet « être soi » étendu collectivement. Un narcissisme collectif. Nietzsche avait écrit : « Nous en sommes à la phase où le conscient devient modeste ». C’était au moment où la « découverte » de l’inconscient rendait modeste sur le conscient. C’est maintenant l’inverse, l’inconscient est supposé d’une richesse qui permet à chacun de surenchérir sur ses potentialités prétendument uniques.

 

Une autre figure est celle d’Heidegger. Son apport à la compréhension de notre monde est considérable. Nous sommes passés d’une technique qui permettait d’entrer en connivence avec la nature, qui était un simple prolongement de l’homme à une technique qui s’oppose à la nature, qui consiste à la transformer, à la dominer, et est toute entière conçue en vue de la  puissance. Dans ce dispositif (Gestell), tout « fonctionne » et entraîne un nouveau déploiement des fonctionnalités. Tout devient consommable, la pensée méditante est remplacée partout par la pensée calculante. Dans une société où chacun est obnubilé par sa propre identité, la disparition des normes collectives amène à ce que les personnalités psychorigides laissent la place aux personnalités psychofluides plus à l’aise dans une société « liquéfiée » (Zygmunt Bauman) – la société liquide de l’équivalence généralisée de tout, la société du « tout est consommable ».

 

Avec Carl Schmitt, c’est la grande politique qui est en question. Comme Hobbes, Carl Schmitt pense que le remède aux guerres civiles est l’État souverain. Mais celui-ci nécessite une homogénéité du peuple, ce que ne permet pas le libéralisme. Le principal apport de Carl Schmitt est non pas la distinction ami – ennemi mais la distinction entre l’ennemi et le criminel. Pour Schmitt, l’ennemi est un adversaire, ce n’est pas un ennemi absolu, ce n’est pas le criminel. Il n’est pas à exterminer. Cette conception s’oppose donc radicalement avec celle qui est née avec la Révolution française, celle de Carrier et des guerres contre les Vendéens en 1793 – 94, ou encore celle de l’Épuration en France en 1944 – 45. La guerre selon Carl Schmitt ne peut être exterminatrice. Schmitt défend l’idée du katechon, celui qui retarde la fin des temps, contre l’eschaton, celui qui amène la fin des temps.

 

Selon Schmitt, le droit public européen aurait été en période d’équilibre, c’est-à-dire de non-démonisation de l’ennemi, entre les traités de Westphalie de 1648 mettant fin aux guerres de religion et la veille de la Révolution française. On peut en fait considérer que, hormis la parenthèse de 1792 – 1794, cette période s’étend jusqu’en 1918 et les traités attribuant à l’Allemagne toute la responsabilité de la guerre, ces traités qui ont consacré, avec les principes de l’Américain Wilson (les « Quatorze Points ») la fin du droit public européen.

 

Alain Finkielkraut aborde ensuite Emmanuel Lévinas. Ce qu’aime Finkielkraut en lui, c’est le pascalien. Pascal écrivait : « “ Ma place au soleil. ” Voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre. » (Pensées; section V, « La justice et la raison des effets »). Lévinas se demande à son tour si chacun ne prend pas la place de quelqu’un d’autre. Lévinas est aussi celui qui nie que le monde soit « pure expansion de l’être », ce que voulait être le nazisme selon Finkielkraut. Un point de vue discutable mais stimulant.

 

Continuons l’enquête en suivant les pas d’Alain Finkielkraut. Le monde moderne se résume par la formule : Scientia propter potentiam. La science sert à la puissance. C’était la maxime de Francis Bacon (1561 – 1626). C’est aussi la visée de Descartes (1596 – 1650). « Nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Un peu plus de cent ans plus tard, Rousseau, déjà abordé plus haut, apparaît comme un anti-Descartes. On connaît sa formule : « L’homme qui médite est un animal dépravé ». Toutefois, la généalogie de la déchéance humaine qu’entreprend Rousseau débouche sur un remède. Selon lui, ce remède est l’engendrement de l’homme par l’histoire. Retourner à l’état de nature, ou retrouver un nouvel état de nature, c’est bien sûr une autre façon d’être constructiviste, même si l’état de nature est pour lui «  une fiction qu’il utilise pour expliquer l’apparition des phénomènes sur lesquels s’exerce sa critique » (Alain de Benoist, « Relire Rousseau », in Études et Recherches, n° 7, 1989, et in Critiques – Théoriques, L’Âge d’Homme, 2003). Rousseau comme Descartes veut retrouver un autre état de l’humanité que le réel actuel. En ce sens, l’anti-Descartes Rousseau est peut-être plus encore « un autre Descartes ». Quant à Marx, il reprend, considère Alain Finkielkraut, à la fois le projet de Descartes et celui de Rousseau.

 

Après ces grands inventeurs de système, l’apport de Hannah Arendt est tout autre. C’est une remise en perspective de la place de  l’homme dans l’histoire. Nul n’est l’auteur de sa propre vie : telle est peut-être la formule qui définit le mieux la vision de l’homme qu’a Hannah Arendt. « Quelqu’un a commencé l’histoire [de sa vie]. Et en est le sujet au double sens du mot, l’acteur et le patient, mais personne n’en est l’auteur. »  Pourquoi ? Parce que l’homme est libre, mais n’est pas souverain. L’homme ne peut ainsi être l’auteur de sa propre histoire. La praxis, l’action humaine, excède toujours la simple poièsis, la fabrication, qu’il s’agisse de la fabrication des objets ou de la fabrication de l’histoire. La poièsis est une action qui n’a de valeur qu’en fonction de la fin qui est la sienne, de l’objet qu’elle produit, tandis que la praxis est à elle-même sa propre fin : il s’agit d’agir pour exprimer la vie elle-même, ainsi de la danse qui n’a d’autre fin qu’elle-même. En ce sens, le faire n’est qu’une modalité de l’agir, une modalité qui est subordonnée à une fin. Le faire ne résume jamais la totalité de l’agir humain. Agir n’est pas seulement faire. Agir, c’est aussi contempler, méditer, danser, rêver.

 

Selon Hannah Arendt, au nom du progrès, les hommes deviennent des moyens. Ceci l’amène à conclure que croire au progrès est contraire à la dignité humaine (Juger. Sur la philosophie politique de Kant, Le Seuil, 1991). Au nom du progrès on croit que le faire est plus important que l’agir, que la poièsis est plus importante que la praxis. On en arrive ainsi à justifier les pires horreurs au nom de l’idée que « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ». Telle est la conséquence du remplacement de l’agir libre et gratuit par la « fabrication » (fabrication d’un avenir radieux, d’un homme nouveau, d’une histoire rédimée, etc). Cette obsession d’une histoire qui « s’accomplisse », qui remette le monde « en ordre », c’est la matrice de tous les totalitarismes. Cela passe bien souvent par l’utopie d’un pouvoir-philosophe, ou d’un roi-philosophe, ou d’un « socialisme scientifique », qui fut l’utopie centrale du XXe siècle.

 

L’origine de ces conceptions est dans la volonté de construire un monde parfait, ce qui est bien autre chose qu’un mode meilleur. « Il faudrait que les philosophes deviennent rois, ou les rois et souverains de ce monde réellement et sincèrement philosophes » écrivait Platon (La République, livre V, 473c). En ce sens, Alain Finkielkraut note : « Platon est ainsi l’inspirateur de toutes les utopies ». Les deux derniers siècles ont montré, parce qu’ils furent des siècles du faire et des siècles de fer, jusqu’où l’homme pouvait se perdre en croyant faire son histoire. Utopies, totalitarismes et dualisme entre monde parfait et monde réel ont partie liée. Quand le monde est sous le signe du « deux », – « qui n’est pas avec moi est contre moi » – le totalitarisme n’est jamais loin. C’est notamment ce que ne veut pas voir Alain Badiou dans son livre De quoi Sarkozy est-il le nom ? (Lignes, 2007). Cette pensée binaire de Badiou dans ce domaine, c’est celle que résumait Paul Nizan : « Dans un monde brutalement divisé en maîtres et en serviteurs, il faut enfin avouer publiquement une alliance longtemps cachée avec les maîtres, ou proclamer le ralliement au parti des serviteurs. Aucune place n’est laissée à l’impartialité des clercs. Il ne reste plus rien que des combats de partisan » (Les chiens de garde).

 

Contestant ce dualisme, Hannah Arendt écrivait : « Le mal radical existe mais pas le bien radical. Le mal radical nait toujours lorsque l’on espère un bien radical. Il ne peut y avoir de bien et de mal qu’entre les hommes qui ont des relations entre eux. La radicalité détruit la relativité et de ce fait les relations elles-mêmes. Le mal radical est toute chose qui est voulue indépendamment  des hommes et des relations qui existent  entre eux [souligné par nous]. » En d’autres termes, les principes absolus font les crimes absolus. Prenons l’exemple de ce que Robespierre disait à propos du jugement de Louis XVI : « Nous invoquons des formes parce que nous n’avons pas de principes ». Il ajoutait : « Il faut le condamner sur le champ à mort, en vertu du droit d’insurrection. » Il poursuivait : « Il n’y a point de procès à faire, Louis n’est point un accusé. Vous n’êtes point des juges. Vous n’êtes, vous ne pouvez être que des hommes d’État et les représentants de la nation. Vous n’avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre, un acte de providence nationale à exercer. Un roi détrôné dans la République n’est bon qu’à deux usages : ou à troubler la tranquillité de l’État et à ébranler la liberté, ou à affermir l’une et l’autre à la fois » [en le tuant bien sûr].

 

Ce qu’indique Robespierre, c’est que, si nous avons vraiment des principes, les formes n’importent pas. Des formes qui ne sont rien d’autres que le droit de se défendre, de se justifier, d’expliquer, de situer le contexte. Dans la conception de Robespierre, l’ennemi des principes justes (la « Liberté » en l’occurrence) doit être condamné sans jugement, doit être « liquidé ». Dans ce même esprit, Danton disait, toujours  à propos de Louis XVI : « Nous ne voulons pas juger le roi, nous voulons le tuer ». « Louis Capet, disait de son côté Jeanbon (dit Jeanbon Saint-André), a été jugé le 10 août, mettre son jugement en question, ce serait faire le procès de la Révolution et ce serait vous déclarer rebelles. » Le même Jeanbon vota la mort du roi en déclarant : « un roi par cela seul qu’il est roi, est coupable envers l’humanité, car la royauté même est un crime ». C’est encore la primauté des principes abstraits sur toute autre considération.

 

Comme le montre Hannah Arendt, les théories de l’histoire dégradées en politiques sont toujours une escroquerie sentimentale et sanglante. À son origine, la société américaine issue de la Guerre d’Indépendance, assise sur le désir d’exceller, échappait, – tout en ayant d’autres travers -, à ces utopies et à ces totalitarismes. Mais Hannah Arendt voit très bien que la « société de consommation de toutes choses » tue le peuple en sa pluralité et en sa majesté. Si la consommation devient l’unique horizon, le peuple lui-même devient, écrit justement Tocqueville « une foule innombrables d’hommes libres et égaux tournant sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils remplissent leur âme » (De la démocratie en Amérique). C’est ce que le même Tocqueville appelle justement les « traits nouveaux du despotisme. » Dans le même temps, c’est le monde de l’homme, le monde des productions culturelles de l’homme, les livres, les arts, les universités, les paysages, qui est dévasté. C’est alors la fin de la civilisation, c’est-à-dire de ce qui enjambe, et de ce qui réunit les générations, de ce qui constitue l’âme des peuples. C’est la fin de toute transmission et de toute filiation : c’est la fin de la « durabilité » du monde. C’est la fin de la « patrie non mortelle des mortels que nous sommes », selon l’expression d’Hannah Arendt (Condition de l’homme moderne). C’est ce qui est jeu. Sous prétexte de « lever les freins à la croissance » – c’est le titre et l’objet de la commission de Jacques Attali, dite encore « pour la libération de la croissance » (sic) – on accepte de détruire le monde par la multiplication des supermarchés, la suppression de la spécificité du dimanche, l’ouverture plus grande encore des frontières, la destruction des professions organisées, etc. Mais comme le rappelle Alain Finkielkraut, nous ne sommes pas seulement des consommateurs, nous sommes aussi des habitants du monde. Et cela ne va pas sans obligations vis à vis du monde. C’est la nécessité de la phronésis, la prudence,  opposée à l’hubris, l’excès. Ceux qui réduisent le monde à la consommation ne comprennent pas que le monde est toujours neuf. « Un chant d’oiseau surprend la branche du matin » écrit le poète René Char (Le Poème pulvérisé).

 

Pierre Le Vigan

 

• Paru dans Écrits de Paris, août – septembre 2009 et remanié pour la présente mise en ligne.


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Ludovici on Feminism & Emasculation

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Ludovici on Feminism & Emasculation

Anthony M. Ludovici

Ex: http://www.counter-currents.com/

Illustration: Picture by Cristofano Allori: Judith with the Head of Holofernes (1613)

Each sex has the instincts, emotions and mental powers related to the kind of life that it will have to lead, and the corresponding limitation in selecting and rejecting. For instance, the male as the active par­ticipator in coition is the wooer and initiator; he has to awaken desire for himself in the female, and finds his pleasure in these roles. The fe­male finds pleasure in being captivated, in surrendering herself, in yielding to initiation, provided that she approves of the male.

In his role of initiator, man develops boldness, leadership, the habit of dominance, responsibility, originality, independence. In her role of passive partici­pator, woman develops shyness, prudery and coyness, sequaciousness, irresponsibility, imitativeness, dependence. (These are the oldest psy­chical consequences of sexual dimorphism and probably antecede by millions of years the qualities of mind which are associated with par­enthood.)

The active role in procreation leads to the rivalry of other males, and develops courage, fighting powers and a marked tendency to violent jealousy in the male, particularly when he is old. But the fe­male, finding her sex-adaptations normally arranged for her, will not need to fight, nor will she develop courage and jealousy to the same extent as the male at this stage.

Happiness will be pursued by each sex in trying to fulfill the specialized functions that derive from its own role. And if the object be to make either sex miserable, this will be best achieved by compelling them to break bounds. Sexual desire is thus the need to perform a specialized function, and love for the opposite sex is attachment to the sexual object which makes this performance possible. Happiness comes with performance.

Each sex will find pleasure in the adaptations peculiar to its own role, and will pursue happiness by seeking those adaptations. The female will find pleasure in exhibitionism, while the male will find pleasure in voyeurism or, to put in plainly, in feasting his eyes. If the wooing has been successful—that is to say, if the female has been captivated—each sex will display its instincts to the full. There will be in­creased preliminary exhibitionism on the part of the female, and a cor­responding increase of pleasure for her. In the same way there will be increased male voyeurism, and a like increase of pleasure for him. There will be a short period of increasing familiarity, the play of the sexes, which may be confined merely to secondary sexual characteristics. This will all be natural and clean. It has its basis deep down in the ancestors of the mammalia, and we cannot now eradicate the instincts that urge us to it. And during this time, while eagerness and pleasure will increase for both, barriers will break down. Each will then find further and greater joy in his or her particular part in the consummation. The passive, yielding role, if it is ably directed by the male, will be en­joyed the female, while the violent active role, if he is versed in the arts of life, will be enjoyed by the male, and each will be grateful and proud . . .

History, science, fiction, the lives of all great peoples, the experience of every one of us—evidence of every kind and from every corner of the compass tells us convincingly how fundamental and how won­derful this relationship is. Some of the greatest and noblest acts of heroism have been performed precisely for the sake of this love which unites two people of different sexes, and examples could be multiplied ad infinitum to show the extremes of devotion, fidelity and happiness which it inspires. (Man: An Indictment, pp. 15–18)

The history of most cultures seems to teach the following moral: that the relation of the sexes is always a fluctuating balance of male and female elements, and that at every stage in social development the bisexual components of each man and each woman tend to assert themselves to the utmost of their capacity, within the limits allowed by the values and the customs of the people. The check upon the expression by the male of his latent femininity thus consists of: (a) virile values, (b) masculine pursuits, (c) the single-minded preoccupation with male problems, and (d) the process of selection, which, operating through the taste imposed by the values, tends to keep down the proportion of males with prominent feminine characteristics. Thus the femininity of the male, where such checks exist, becomes what psychologists term recessive and may remain latent for centuries.

The check upon the expression by the female of her latent masculinity consists of: (a) her male environment, (b) the feminine pursuits, (c) the single-minded preoccupation with female problems, and (d) the process of selection, which, operating through the taste imposed by values, tends to keep down the proportion of females with pronounced masculine characteristics. Thus the masculinity of the female, where such checks exist, also becomes recessive and may remain latent for centuries.

Surrounded by males who maintain masculine standards, and who are capable of giving the highest expression to masculine ability and taste, the male elements in women tend to grow furtive, timid and averse from expression. A woman then knows that she only make herself ridiculous by trying to measure her rudimentary maleness against masculinity of the full-fledged brand. In an environment of masculine men, therefore, her femininity tends to be expressed with boldness, and selection operates in favour of females with only latent masculinity.

The moment, however, she finds, as she does in periods of male degeneracy, that the expression of her latent masculinity does not make her appear ridiculous—that is to say, that the amount of her masculinity can, without appearing absurd by comparison, be measured against the masculinity of her menfolk—there is no longer anything to make her male elements recessive, and her maleness is likely to become developed at the cost of her femaleness, while the process of selection will operate in favour of a multiplication of females with excessive mascu­linity, and vice versa.

This does not mean that the female with strong male elements is necessarily to be deprecated. For, provided her male environment is always sufficiently beyond her in masculinity to make her male side recessive, no harm is likely to arise, and the multiplication of maleish women then contributes without evil results to the cultivation of a virile people. This happened in Sparta and was successful from the ninth to the fourth century BC without the appearance of a woman’s movement, because until the fourth century there was no marked degeneration of the male.

It also happened in England. And the presence of a large proportion of masculine women in our midst today is not in itself a proof of the degeneracy of our men. For as a virile culture we required mas­culine women who would not introduce too much of the feminine ele­ment into our stock. It is the present unadaptedness of these women, their present free expression of their maleness at the cost of their femaleness, which is a sign of male degeneracy, because it means that their menfolk have not remained sufficiently beyond them in male characters to make their masculinity recessive.

The question, therefore, is whether there are always signs of masculine degeneracy, accompanied by female virility, in societies where women tend to dominate. The test is whether the male elements in the woman are being freely expressed. That there were such signs in an­cient Athens, Rome and eighteenth-century France, I have already shown. The fact that the hetairai of Athens consorted with the philosophers, and instructed so famous a man as Socrates, is a comment at once upon the Socratic philosophy and upon the hetairai, while the historical proofs we have of the wanton cruelty of Roman matrons in the period of the decline, and of the viragoes that Rome produced during the Empire, leave us in no doubt that the male elements in the Ro­man women of the first century AD had long ceased to be recessive.

Cruelty in woman, which is the morbid expression of that part of her male elements that includes sadism, is always a sign of unrestrained bisexuality, and although it is by no means the only sign it occurs again and again in periods of masculine decline. The diabolical cruelty of the women of the French Revolution revolted even the male terrorists themselves, and we must not forget that, since extravagant and maudlin humanitarianism is only an inverted and socially permitted form of sadism, the display of excessive humanitarianism in modern England is really as suspicious as was the cruelty of the later Roman matrons. (Man: An Indictment, pp. 87–91)

From The Lost Philosopher: The Best of Anthony M. Ludovici, ed. John V. Day (Berkeley, Cal.: ETSF, 2003), available for purchase here.

La aventura del rebelde

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LA AVENTURA DEL REBELDE

Ex: http://imperium-revolucion-conservadora.blogspot.com/

La existencia de una supuesta tendencia humana hacia la igualdad, la nivelación en todos los órdenes, fenómeno que Ratheneau calificaba como la invasión vertical de los bárbaros o la revolución por lo bajo (Revolution von unten) de Spengler, es una afirmación rigurosamente inexacta. El hombre es un ser naturalmente inconformista, competitivo y ambicioso, al menos, en un sentido progresivo y evolutivo. El mito de la igualdad deja paso a la lucha eterna por la diferenciación. Y este concepto dinámico se integra en la sociedad mediante dos polos opuestos que originan en ella un movimiento de tensión-extensión: minorías y masas, formadas por hombres-señores o por hombres-esclavos, estos últimos seres mediocres en los que se repite un tipo genérico definido de antemano por los valores imperantes de la moral burguesa o progresista triunfante en cada momento o por los dictados de la modernidad, siervos de una civilización decadente que pugna por la nueva nivelación-igualación consistente en rebajar o disminuir a los que se sitúan por encima atrayéndolos a un estrato inferior. El combate por la libertad cede ante la búsqueda de una felicidad gratuita.
Nietzsche expuso su antítesis entre una “moral de señores”, aristocrática, propia del espiritualismo en sentido europeo intrahistórico, y una “moral de esclavos”, de resentimiento, que correspondería al cristianismo, al bolchevismo y al capitalismo demoliberal. Es la naturaleza la que establece separaciones entre los individuos “espirituales”, los más fuertes y enérgicos y los “mediocres”, que son mayoría frente a “los menos”, una “casta” que anuncia el advenimiento del “superhombre” (Übermensch). El “mensajero del nihilismo” fue un predicador militante contra el orden caduco y la moral convencional, pero lo hacía desde un profundo individualismo que se oponía a las distintas formas de dominio ejercidas sobre las masas con el oscuro objetivo de anular toda personalidad.
Y es aquí cuando percibimos que la figura solitaria, dramática y patética del rebelde, del anticonformista, parece haber desaparecido de la sociedad posmoderna. El declive del romanticismo y el advenimiento de la sociedad de masas han puesto de manifiesto la crisis del héroe, del intelectual comprometido con la disensión y la protesta, reduciéndolo a un mero personaje de ficción literaria. El neoconformista interpreta toda renovación como un atentado contra su seguridad. Atemorizado por el riesgo y la responsabilidad inherente al difícil ejercicio de la libertad personal, aprieta filas con el modelo colectivo. Es el hombre heterodirigido de Riesman o el hombre masa de Ortega y Gasset. Sin embargo, a lo largo del pasado siglo, diversos movimientos han respondido, intuitivamente en la mayoría de las ocasiones, enérgicamente las menos, contra esta homogeneización de las formas de vida.
Durante la década de los cincuenta aparecieron los llamados jóvenes airados o generación beat, espíritus extravagantes caracterizados por sus deseos de romper con las reglas del orden constituido. Forman un grupo promiscuo de bohemios, artistas fracasados, vagabundos, toxicómanos, asociales inadaptados y genios incomprendidos. Mezclan, en extraña confusión, ciertos gestos incomformistas respecto al sexo, las drogas, la amistad, con actitudes intolerantes hacia las formas de vida social, familiar e individual establecidas. Viven en pequeñas comunidades, desprecian el dinero, el trabajo, la moral y la política. Su culto a la rebelión anárquica se resuelve en una técnica existencial autodestructiva que suele concluir en el psiquiátrico, el reformatorio o el presidio. Los beats, en medio de la alucinación y el desespero intelectual, degeneron en lo absurdo, porque absurdo era el mundo en el que estaban obligados a vivir.
Marcuse, símbolo de la protesta estudiantil de los sesenta, intuía la contracultura como una gran negación y, como toda actitud negativa, suponía la afirmación de unos valores opuestos a la cultura en su sentido clásico. El mayo francés, con su imaginación al poder, dio vida efímera al fenómeno de la contracultura.: su temporalidad se debió, sin duda, a su carácter de negación, «porque aquel que reacciona contra algo afirmado no tiene iniciativa en la acción», en expresión de Evola. La contracultura intentó construir una alternativa diferente al futuro tecno-industrial, renovando la caduca cultura occidental a través de una revolución psicológica de la automarginalidad.
Por otra parte, la infracultura delincuente constituye una auténtica anticultura, cuyo código de honor consiste en trastornar las normas justas –o, al menos, aceptadas colectivamente- de la cultura dominante, a través de la ritualización de la hostilidad gratuita y el vandalismo, erigidos como principios éticos que no se dirigen a la obtención de un lucro inmediato, sino a la posesión del placer por lo ilícito, del riesgo por la violación de un tabú. Su comportamiento es incontrolado, carente de toda lógica, y su actuación es hedonista, inmediata, no programada, lo que la diferencia de la delincuencia profesional. Este tipo de rebelde fracasado, surgido de los sectores menos favorecidos –ahora la extracción se produce también entre los niños pijos consentidos-, ve en la propiedad ajena el símbolo tangible del éxito, razón por la cual su apropiación o destrucción constituye una singular venganza, un camino más sencillo que el de la autodisciplina, el sacrificio o el valor del trabajo.
La cultura urbana, a través de expresiones musicales como el rock y sus más modernos ritmos afroamericanos y de sus depresiones alucinógenas –mezcla de drogas, alcohol, música e imágenes estereotipadas-, ha creado nuevos tipos de protesta uniformada, es decir, una paradójica protesta neoconformista, totalmente absorbida por el sistema y por las corrientes de la moda. En nuestro país, este fenómeno de hastío moral degeneró en la movida, un mero gesto contradictorio expresado por las vías del espectáculo huero y el sensacionalismo absurdo. La movida, de repente, reaccionando en sentido contrario a la ley física que le dió su nombre, se detuvo. La vaciedad de su contenido provocó su muerte prematura.
De todo lo anterior se desprende que los hijos de la posmodernidad han aprendido una lección: la inutilidad del acto de protesta institucionalizado y la conveniencia de aceptar las leyes de la sociedad capitalista. Y he aquí que el antiguo revolucionario cambia de uniforme y se entrega en manos de la ambición desmedida, de la competitividad, el consumismo y la seducción. Es el prototipo del nuevo burgués descrito por Alain de Benoist. Mientras los medios de comunicación difunden este tipo humano robotizado, la publicidad lo eleva al altar como único ejemplo de valores eternos que merece la pena imitar. La fórmula lucro-especulación más placer teledigirido, divulgada por la estética urbana, fría y despersonalizada, ha triunfado finalmente.
En el lado opuesto se sitúan, incómodos y descolgados del tren pseudoprogresista, los nuevos bárbaros, personajes que parecen extraídos de los mitos de la literatura fantástica. Son auténticos rebeldes que rechazan, a veces cruentamente, el código cultural y moral hegemónico. Retorno a las formas naturales, gusto por el misticismo, espíritu de combate, tendencia al caudillismo y al sectarismo organizativo, pretensiones literarias y filosóficas, actuación marginal, a veces incluso extremista, son las líneas básicas que los definen, como si constituyesen una recreación de las bestias rubias de Nietzsche. Su inconfesable propósito es sustituir el espacio cibernético de Spielberg por la espada mágica de Tolkien.
Pero también hoy nos encontramos con un nuevo tipo de rebelde, que lucha por hacerse un sitio en el bestiario de la sociedad tecno-industrial. Es el hombre duro, incombustible emocional y espiritualmente, eternamente en camino, en constante metamorfosis nietzscheana, que ejerce su profesión como actividad no especulativa, que defiende su ámbito familiar y relacional como último e inviolable reducto de su intimidad, que participa con actitud militante en la formación de la opinión pública, que en fin, subraya sus rasgos propios frente a la masa y que está dispuesto a sacrificar su individualismo en aras de valores comunitarios superiores. No es hombre de protestas gratuitas o solemnidades falsamente revolucionarias. Busca la autenticidad a través de la resistencia a lo habitual, como un gerrillero schmittiano, aunque esta resistencia sea dolorosa y desgarradora porque se dirige, sobre todo, hacia el interior de sí mismo. En ocasiones también, su dramática existencia y el repudio de la sociedad demoliberal, le acercan a la revolución nihilista de los nuevos bárbaros. Este proyecto humano es aventura, destino no propuesto, la dimensión heróica y trágica del rebelde de Jünger, del nuevo hombre que resulta enormemente peligroso para el inmovilismo.
[Publicado en ElManifiesto.com]

mardi, 28 septembre 2010

Steiermark: FPÖ verdoppelt Stimmenanteil

Steiermark: FPÖ verdoppelt Stimmenanteil

 Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Wahlplakat der FPÖ Foto: JF

GRAZ. Die FPÖ hat bei der Landtagswahl in der Steiermark ihren Stimmenanteil nahezu verdoppelt. Die Partei erhielt am Sonntag laut vorläufigem Endergebnis (ohne Briefwahl) 10,8 Prozent der Stimmen, was einem Zuwachs von 6,2 Prozent entspricht. Das Bündnis Zukunft Österreichs (BZÖ) des verstorbenen Kärntner Landeshauptmanns Jörg Haider auf 3 Prozent (plus 1,3 Prozent).

Wahlsieger war trotz Verlusten (minus 3,3 Prozent) die SPÖ, die 38,4 Prozent der Stimmen erhielt. Gefolgt von ÖVP (37,1 Prozent), Grünen (5,2 Prozent) und der Kommunistischen Partei Österreichs (KPÖ), die es auf 4,4 Prozent brachte.

SPÖ kündigt Gespräche mit FPÖ an

SPÖ-Spitzenkandidat Franz Voves kündigte an, sowohl mit der ÖVP als auch mit der FPÖ in Verhandlungen über eine mögliche Regierungskoalition treten zu wollen. „Beide Parteien sind für mich gleichermaßen Ansprechpartner und wir werden sehen, was die ersten Gespräche ergeben“, sagte Voves der Kleinen Zeitung.

Die FPÖ hatte im Wahlkampf unter anderem mit einem Anti-Moschee-Computerspiel für Schlagzeilen gesorgt. Das Spiel, bei dem man aus dem Boden schießende Minarette stoppen mußte, brachte den Freiheitlichen eine Strafanzeige der Grünen wegen Volksverhetzung ein.

Ebenfalls für Aufsehen sorgte die Mitgliedschaft des Spitzenkandidaten und Landesparteiobmanns der FPÖ, Gerhard Kurzmann, in einer Veteranenorganisation der Waffen-SS. Kurzmann hatte die Mitgliedschaft in einem Interview mit den Worten verteidigt, er wolle nicht, daß die Kriegsgeneration seines Vaters pauschal kriminalisiert werde. (krk)

1974-2010: la mise en oeuvre du libéralisme économique

1974-2010 : La mise en oeuvre du libéralisme économique

Tribune libre de Paysan Savoyard

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

La crise du milieu des années 70

Les Trente glorieuses s’achèvent avec la crise économique qui survient en 1974 et touche les pays industrialisés. Elle est déclenchée par le « choc pétrolier » provoqué en 1973 par les pays producteurs qui, groupés en cartel, décident de tripler brusquement les prix (un second choc pétrolier interviendra en 1979). Dans le même temps les États-Unis décident, en 1973, de supprimer le lien qui rattachait le dollar à l’or, inaugurant un système de flottement général des monnaies : la forte instabilité des monnaies qui résulte de cette décision sera elle aussi, à l’instar du choc pétrolier, préjudiciable à la croissance (l’instabilité monétaire est en effet gênante pour les entreprises, dont elle perturbe les prévisions).

La forte baisse de la croissance qui intervient dès 1974 est certes déclenchée par l’augmentation des coûts de l’énergie : elle résulte cependant, plus fondamentalement, du fait que le monde industrialisé atteint alors la fin d’un cycle économique exceptionnel, qui était alimenté depuis 1946 par la reconstruction d’après-guerre et par la décision des pays européens d’adopter, à l’imitation des États-Unis, le système de production et de consommation de masse.

La crise se traduit, comme nous venons de le dire, par une baisse immédiate du taux de croissance du PIB, qui va être divisé par deux par rapport à son rythme des Trente glorieuses (entre 1975 et 2006, la croissance a été en France de 2,3 % en moyenne et en volume par an, contre 5,6 % entre 1960 et 1974). La crise entraîne également une hausse de l’inflation ainsi qu’une forte hausse du chômage.

La victoire des thèses libérales

 

Depuis les années 1960 dans les universités américaines, les économistes libéraux, autour de Milton Friedman et des « monétaristes », contestaient les politiques mises en place après la guerre, qui donnaient une place importante à un État puissant venant encadrer et réguler l’économie de marché. Ils prônaient pour leur part la mise en place de politiques libérales : un État se limitant aux missions régaliennes ; une baisse des prélèvements publics ; la mise en concurrence et la privatisation des monopoles publics ; une politique économique neutre se donnant pour objectif premier d’éviter l’inflation, à l’opposé des préceptes keynésiens en vigueur.

Pour faire prévaloir leurs thèses, les libéraux vont utiliser la crise économique qui commence au milieu des années 70, en affirmant qu’elle est la conséquence des recettes étatistes mises en place à l’après-guerre. Ces thèses vont l’emporter politiquement à la fin des années 1970, avec la victoire de dirigeants se proposant d’appliquer une politique économique libérale, R. Reagan et M. Thatcher.

En 1982 la gauche adopte la « politique de rigueur » et effectue à son tour le virage libéral

En France le gouvernement de R. Barre (1978) adopte également une orientation libérale. Mais la victoire de la gauche en 1981 remet à l’honneur les politiques keynésiennes et interventionnistes traditionnelles : dans le but de relancer l’activité économique et de diminuer le chômage (qui atteint en 1981 1,5 million de personnes), le gouvernement de gauche procède en particulier à une augmentation forte des salaires des fonctionnaires, du SMIC et des diverses allocations sociales, ainsi qu’à l’embauche de fonctionnaires supplémentaires (il adopte également d’autres mesures de type socialiste, comme la hausse de l’impôt sur les revenus élevés, la nationalisation des banques, l’octroi d’une cinquième semaine de congés payés et le passage du droit à la retraite de 65 à 60 ans).

Cette politique va cependant être rapidement abandonnée par les socialistes, pour la principale raison suivante. La relance de la consommation et le décalage de croissance que cette politique produisit avec les partenaires européens déclenchèrent immédiatement une relance de l’inflation et une hausse des importations, provoquant par là-même un fort déficit des échanges et une chute du Franc. Or la France participait au Système monétaire européen (SME) et s’était engagée à maintenir la parité de sa monnaie dans certaines limites. Dès lors le gouvernement de gauche était conduit à choisir entre deux solutions : soit poursuivre la politique de relance, accepter une dévaluation de la monnaie et sortir du SME (ce qui impliquait une crise politique européenne majeure et probablement un éclatement de la CEE) ; soit mettre en place la même politique de rigueur que celle appliquée par ses partenaires, afin de réduire l’inflation et le déficit extérieur et pouvoir ainsi soutenir la monnaie. C’est ce second choix qui a été effectué par F. Mitterrand, la volonté de poursuivre la construction européenne ayant probablement joué dans sa décision un rôle majeur.

La gauche mit alors en place à compter de 1982 une politique de « rigueur » et de « désinflation compétitive », consistant en particulier en un blocage des salaires, suivi de la désindexation des salaires sur les prix. Le résultat voulu fut atteint rapidement : l’inflation a été maîtrisée en moins de quatre ans ; l’équilibre du commerce extérieur a été rétabli ; la monnaie a repris sa place dans le SME. La politique de rigueur a eu un prix : le chômage, dont l’augmentation avait un temps été stoppée grâce à la politique de relance, repartit à la hausse avec l’abandon de celle-ci, atteignant 2 millions dès 1983.

Cependant le gouvernement de gauche ne s’est pas contenté de prendre des mesures de rigueur : il a procédé également à un changement de cap libéral. La date de 1982 est donc décisive : à compter de ce moment en effet en France, tous les gouvernements, de gauche et de droite, mettront en œuvre et poursuivront, comme dans les autres pays occidentaux, des politiques économiques libérales.

La politique de libéralisation est mise en œuvre depuis maintenant près de 30 ans

Cette politique de libéralisation (qui est aujourd’hui toujours à l’œuvre) va prendre les formes suivantes, touchant tous les compartiments de la vie politique et sociale et remettant en cause progressivement des parties importantes du système d’économie mixte qui avait été mis en place après la guerre (voir la tribune précédente) :

- Libération des prix.

- Déréglementation de secteurs réglementés, afin de laisser jouer les mécanismes de marché (on peut citer par exemple la création d’un « marché monétaire ouvert » ; la banalisation des organismes publics chargés jusque-là de distribuer des crédits « bonifiés » dans différents secteurs ; la déréglementation du transport routier de marchandises…).

- Privatisations (les banques qui avaient été nationalisées en 1982 ont été progressivement privatisées à partir de 1986 ; la privatisation s’est ensuite poursuivie dans de nombreux secteurs sous les différents gouvernements, de gauche comme de droite, qui se sont succédé).

- Mise en concurrence des services publics jusque-là en situation de monopole (cette politique résulte d’une décision prise par les différents gouvernements européens dans le cadre de l’UE) : EDF, SNCF, Télécom…

- Mise en œuvre de diverses mesures favorables aux entreprises (on peut relever par exemple la baisse de l’impôt sur les bénéfices des sociétés, passé de 50 à 33 % ; les allégements de cotisations sociales ; la prise en charge par l’État d’une partie de la taxe professionnelle; la suppression de l’autorisation administrative de licenciement ; l’augmentation des cas où les entreprises sont autorisées à recourir à l’intérim et au travail à durée déterminée….).

- Adoption de nombreuses mesures fiscales favorables aux revenus élevés et aux détenteurs de patrimoine (sont à signaler par exemple la baisse continue du taux supérieur de l’impôt sur le revenu, IR, qui était monté à 65 % en 1982 et qui n’est plus aujourd’hui que de 40 % ; la multiplication de « prélèvements libératoires » et de niches fiscales permettant d’échapper au barème de l’IR ; la baisse du poids de l’IR au profit de prélèvements proportionnels, comme la CSG, ou non liés au revenu, comme la TVA ; l’instauration récente d’un « bouclier fiscal »).

- Adoption de différentes décisions se traduisant par un recul des moyens et des prérogatives de l’État (on peut citer par exemple : la décentralisation ; le développement des procédés de contractualisation, qui viennent remplacer les mesures unilatérales de l’État ; la vente du patrimoine immobilier de l’État ; la diminution de la part des impôts d’État dans le total des prélèvements obligatoires). En outre l’actuelle majorité a engagé depuis trois ans, en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur deux partant en retraite, une politique de réduction des effectifs des fonctionnaires (il est vrai que ces effectifs n’avaient cessé d’augmenter ces trente dernières années ; c’est ainsi que les effectifs des trois fonctions publiques et de leurs établissements publics administratifs, hors emplois aidés, qui étaient en 1990 de 4,3 millions, sont passés à 5,2 millions en 2007 ; source : INSEE TEF 2010 p. 53).

Cette politique de libéralisation, qui se poursuit sous l’actuel gouvernement, a d’ores et déjà atteint ses objectifs stratégiques :

* Les mécanismes de marché occupent désormais dans le système économique et social une place sensiblement accrue ;

* La répartition de la valeur ajoutée est devenue nettement plus favorable aux entreprises (alors que la part des salaires dans la VA se situait entre 70 et 73 % durant la période 1960-1974 avant d’augmenter et d’atteindre jusqu’à 76 % en 1982, elle a fortement diminué à partir de 1983 et s’est stabilisée depuis 1989 aux alentours de 68 %) ;

* La fiscalité pesant sur les hauts revenus et sur les patrimoines a fortement diminué (voir ci-dessus) ;

* L’inflation est maintenue à un niveau peu élevé (depuis 1986, l’inflation annuelle, telle du moins qu’elle est calculée par l’INSEE, est comprise entre 1 et 3 % par an environ ; elle était supérieure à 5 % depuis 1968 et était montée jusqu’à plus de 13 % en 1981) (NB : la lutte contre l’inflation, constitue un objectif prioritaires des politiques libérales : l’inflation en effet est fortement défavorable aux détenteurs de patrimoines, du moins lorsque ces derniers sont détenus sous forme mobilière).

La persistance des déséquilibres : chômage et déficits publics

Ce bilan s’accompagne de deux déséquilibres majeurs : un chômage élevé et persistant ; et des déficits publics devenus eux-aussi permanents.

Comme nous le notions plus haut, le chômage a commencé à croître à compter de la crise de 1974 (il ne touchait jusqu’alors que moins de 500 000 personnes). Depuis lors, le chômage varie selon les périodes entre 2 et 3 millions de personnes, ce qui représente entre 8 et 11 % de la population active.

La persistance du chômage massif a quatre causes principales : la croissance démographique, qui entraîne une augmentation de la population d’âge actif ; les investissements de productivité (investissements dans les machines, dans l’informatique…) effectués par les entreprises afin de réduire le nombre d’emplois et la masse salariale ; les délocalisations d’emplois dans les pays à bas coûts (nous reviendrons sur ce point dans un futur article). Il résulte également d’une inadaptation d’une partie des chômeurs à la réalité du marché de l’emploi, les emplois manuels et d’exécution disponibles faisant l’objet d’un phénomène de rejet massif, y compris de la part des personnes sans qualification qui auraient normalement vocation à les occuper.

Afin de limiter l’impact social du chômage élevé et persistant, les pouvoirs publics ont mis en place depuis les années 1980 une politique massive de « traitement social du chômage », qui prend les formes suivantes : le versement d’allocations-chômage de longue durée (elles sont actuellement non dégressives et d’une durée de 2 ans ; de 3 ans après 50 ans) ; la création de revenus minimum : ASS, RMI, RSA… ; la création de dispositifs de préretraite ; la création d’emplois publics « aidés », type emplois-jeunes.

Ces différents dispositifs ont abouti à la mise en place d’un système qui conduit une partie importante de la population d’âge actif qui se déclare désireuse de travailler et perçoit le plus souvent telle ou telle allocation, à ne pas travailler ou à ne pas occuper un emploi véritable.

Il est nécessaire d’insister quelques instants sur ce point complexe et sensible (NB : les chiffres donnés ci-dessous concernent la métropole).

Le nombre de chômeurs « officiels » est actuellement (second trimestre 2010) de 2,6 millions (il s’agit des chômeurs qui, conformément aux normes du bureau international du travail BIT, sont immédiatement disponibles pour occuper un emploi, n’ont pas travaillé du tout au cours du mois précédent et ont fait au cours du mois précédent une démarche de recherche active d’emploi). Ce nombre des chômeurs (qui constituent ce que l’INSEE et Pôle emploi appellent la catégorie A) est le nombre officiel rendu public régulièrement. C’est ce nombre sur la base duquel est calculé le taux de chômage (le taux de chômage, rapport entre ce nombre et la population active, est actuellement de 9,3 %). C’est ce nombre, enfin, qui alimente le débat public (Source Insee).

Il est à noter au passage que le gouvernement a restreint à différentes reprises le champ de cette catégorie A. Ces opérations statistiques étaient sans doute légitime puisque destinées à se conformer aux normes internationales : il n’en reste pas moins qu’elles ont eu pour les pouvoirs publics le grand intérêt de réduire sensiblement le nombre des chômeurs officiels (c’est ainsi qu’en 1992 le gouvernement – de gauche – a retiré du nombre des chômeurs officiels les personnes ayant exercé une activité réduite le mois précédent, ce qui a diminué le nombre officiel d’environ 300 000 ; en 2003 le gouvernement – de droite – a à son tour retiré de la statistique différentes personnes, notamment celles qui n’ont pas rencontré de conseiller ANPE au cours du mois précédent : cette opération a eu là encore pour effet de réduire le chômage officiel d’environ 200 000 personnes).

Signalons également cette bizarrerie à propos du chiffre officiel du chômage. Le chiffre « officiel » rendu public par le gouvernement est celui de l’INSEE (qui procède à une enquête statistique). Il se trouve qu’il est inférieur de 200 000 environ à celui du ministère du travail (DARES-Pôle emploi), qui résulte lui d’un recensement exhaustif des demandeurs d’emploi, alors que l’un et l’autre chiffre portent sur la même catégorie A. L’inspection générale des finances a demandé en 2007 que des mesures soient prises pour mettre fin à cette discordance.

Rappelons enfin que la qualité de demandeur d’emploi ne veut pas dire que l’on perçoit une allocation chômage, le droit à allocation étant fonction, comme chacun sait, de la durée de versement de cotisations au cours des périodes d’activité (2 265 000 demandeurs d’emploi des différentes catégories A, B, C, D et E étaient indemnisés en mai 2010 ; source : DARES indicateurs n° 48 p.7).

Ces détails passés en revue, venons en maintenant à l’essentiel. L’opinion, les responsables politiques et les journalistes ont tendance à considérer que le nombre « officiel » correspond à celui des chômeurs et que, donc, toute personne qui n’est pas comptabilisée comme « chômeur » a un travail. Or il n’en est rien, loin s’en faut, nous allons le voir : le chômage, c’est-à-dire le fait de ne pas occuper un emploi « normal », d’être inscrit sur les listes de demandeurs d’emplois et/ou de toucher une allocation, est en réalité bien plus considérable. Au nombre des chômeurs au sens strict, qui est donc actuellement de 2,6 millions, il faut en effet ajouter, pour appréhender l’ampleur réelle du chômage, les catégories de personnes suivantes, qui ne figurent pas dans la catégorie « officielle » :

- Les demandeurs d’emploi ayant exercé au cours du mois précédent une activité réduite (par exemple dans le cadre d’une mission d’intérim) et qui souhaitent occuper un emploi à temps plein. Dans le recensement des demandeurs d’emploi effectués par Pôle emploi (ex ANPE), ils constituent la catégorie B (moins de 78 heures effectuées le mois précédent) et C (plus de 78 heures). Leur nombre est de 1,3 millions (chiffre juin 2010 ; source : DARES indicateurs juillet 2010 n° 48).

- Les demandeurs d’emplois placés par l’ANPE en stage de formation ou conversion (ils appartiennent à la catégorie D) : ils sont 225 000 (chiffre 2008, source : INSEE TEF 2010 p. 49).

- Les demandeurs d’emploi âgés, qui sont dispensés de recherche d’emploi en raison de leur âge (ils appartiennent également à la catégorie D) : 434 000 (chiffre 2008, source idem précédente) ;

- Les bénéficiaires d’une préretraite (catégorie D là encore) : 24 000 (chiffres 2008, source idem). (Le système des préretraites a été massivement utilisé dans les années 80 et 90 ; il a été quasi abandonné depuis, en raison de son coût pour le régime d’assurance chômage).

L’évaluation du chômage total et du sous-emploi commande également de prendre en compte quatre autres catégories de personnes :

- Les personnes qui souhaitent travailler mais qui ne sont pas comptabilisées comme chômeurs. Soit parce qu’elles n’ont pas réalisé « d’action de recherche d’emploi » (certaines études ont montré que le découragement de chômeurs de longue durée peut les inciter à cesser toute démarche auprès de Pôle emploi) : c’est ainsi que Pôle emploi procède chaque mois à environ 250 000 radiations de sa liste des demandeurs d’emploi en catégorie A, B et C pour « défaut d’actualisation du dossier » (source : DARES indicateurs n° 48 p.10). Soit parce qu’elles ne sont pas immédiatement disponibles (par exemple en raison de leur situation de santé). Ces personnes constituent ce que l’INSEE appelle le « halo du chômage » : elles sont 767 000 (chiffre 2008 source : INSEE Première n° 1272 Décembre 2009).

- Les titulaires d’emploi-aidés dans le secteur non marchand (c’est-à-dire la fonction publique et les associations para publiques). Ces « emplois », dénommés actuellement Contrats d’avenirs et contrats d’accompagnement dans l’emploi, ne sont pas de véritables emplois : réservés aux personnes sans diplôme ni qualification, ils relèvent du traitement social du chômage (il existe également des emplois aidés dans le secteur marchand, mais il s’agit là de véritables emplois, bénéficiant d’une exonération de charges) : le nombre des emplois aidés dans le secteur non marchand est actuellement de 185 000 (chiffre 2008 INSEE TEF 2010 p. 49) ;

- L’appréhension de la réalité de l’emploi doit conduire à prendre en compte également les personnes qui relèvent des dispositifs d’assistance et qui se situent en dehors de toute démarche d’emploi : ils appartiennent à ce que l’on peut appeler la sphère de l’assistanat. Le nombre de ces personnes n’est pas officiellement évalué. M. Hirsch, alors Haut commissaire aux solidarités, indiquait en 2007 que 50 % des titulaires du RMI n’étaient pas inscrits à Pôle emploi (source : AFP 07/11/07). Si l’on se fonde sur cette donnée, on peut estimer le nombre des personnes en situation d’assistanat à environ 600 000 (les bénéficiaires du RMI sont en effet 1,2 millions ; ceux de l’allocation spécifique de solidarité ASS – allocation délivrée par l’État aux chômeurs ayant épuisé leur droit à indemnisation – sont 348 000 ; chiffres 2008 INSEE TEF 2010 p. 71). Faisons ces deux remarques : la situation d’assistanat ne concerne donc qu’une partie (environ la moitié) des Rmistes et titulaires de l’ASS ; les autres bénéficiaires de ces minima sociaux, qui eux souhaitent réellement travailler, appartiennent au halo du chômage évoqué plus avant. Notons qu’une partie des personnes en situation d’assistanat travaillent de façon irrégulière (travail « au noir »).

- Il faut enfin tenir compte des personnes qui travaillent à temps partiel et souhaiteraient pouvoir travailler davantage. Ces personnes en sous-emploi (on utilise l’expression de « temps partiel contraint ») sont 1,2 millions (chiffre 2008. Source : INSEE Première n° 1271 décembre 2008).

Le chômage au sens du chiffre officiel INSEE, qui ne concerne que les chômeurs au sens strict, ne rend compte donc que d’une partie de la réalité du chômage. Pour prendre la mesure de l’ampleur réelle du chômage et du sous-emploi, il faut ajouter au nombre des chômeurs au sens strict (2,6 millions actuellement) les autres situations de chômage ou de non emploi sous divers statuts (1,3 M + 225 000 + 434 000 + 24 000 + 767 000, soit 2,75 millions au total), les bénéficiaires des pseudo emplois dits « aidés » dans la fonction publique et les associations (185 000) et les personnes en situation d’assistanat (600 000). Le nombre total qui reflète la réalité du chômage au sens large, assistanat compris, est donc d’environ 6 millions de personnes, soit environ 20 % de la population d’âge actif ayant vocation à travailler, ce qui représente le double du taux de chômage officiel (le taux officiel, actuellement de 9,3 %, est calculé sur la base d’une population active occupée de 25,5 millions et d’un nombre de chômeurs de 2,6 millions ; le taux de 20 % résulte lui du rapport entre les 6 millions de sans-emplois et la population ayant vocation à occuper un emploi, soit 31,5 millions, addition de 6 et de 25,5). S’ajoute en outre un phénomène de sous-emploi, qui touche, on l’a vu, 1,2 millions de personnes

Disons les choses autrement, afin de souligner cette constatation : depuis plus de trente ans désormais, environ 20 % de la population d’âge actif ayant vocation à travailler ne travaille pas ou n’occupe pas d’emploi véritable. Cette situation malsaine a d’importantes conséquences délétères sur l’état de la société (nous reviendrons sur ces conséquences dans un prochain article).

Il convient d’indiquer en outre que le nombre des fonctionnaires et celui des étudiants a fortement augmenté depuis les années 80 et 90. Cette politique de recrutement de fonctionnaires et de massification des études a permis de réduire fortement le nombre de chômeurs (même s’il ne s’agissait pas là, bien entendu, de son objectif affiché) :

- Le nombre des personnes employées dans le « secteur administré » a en effet fortement augmenté (le secteur administré, également appelé « secteur non marchand », est constitué de l’ensemble des institutions financées sur fonds publics : fonction publique, établissements publics administratifs, associations parapubliques). Ce secteur employait 5 millions de personnes en 1980 (en « équivalent temps plein ») soit 23 % de la population active occupée ; il emploie actuellement 7 millions de personnes, soit 29 % de cette population (autrement dit environ un tiers de la population qui travaille occupe un emploi dans le secteur public ou para public). (source : INSEE Tableaux de l’économie française 2009, p.57)

- Le nombre des personnes effectuant des études supérieures a, lui, presque doublé en trente ans : il est passé de 1,2 millions en 1980 à 2,2 millions en 2008 (source : Ministère de l’éducation nationale, Repères et références statistiques 2009 p.19). Notons que l’on peut exprimer certains doutes sur l’utilité sociale de cette politique de massification des études (indépendamment de l’impact positif sur la situation du chômage dont nous venons de parler) : l’on constate en effet que parmi les étudiants qui s’inscrivent dans les universités, 43 % en sortent sans aucun diplôme (le cas échéant après plusieurs années de redoublement) ; (source : Ministère de l’éducation nationale, Repères et références statistiques 2009, p. 202 et 248 à 252).

Le chômage élevé est lui-même pour partie à l’origine du second déséquilibre majeur qui caractérise la période ouverte depuis le milieu des années 70 : la persistance de déficits publics élevés (le chômage en effet induit à la fois une baisse des recettes publiques – moindres cotisations – et une hausse des dépenses – allocations chômage et autres actions de traitement social du chômage).

Les budgets publics (État, collectivités locales, sécurité sociale) sont depuis trente ans chaque année en déficit (en 2008 le besoin de financement des administrations publiques a atteint le niveau record de 66 milliards d’euros). De ce fait la dette publique ne cesse de gonfler : alors qu’elle ne représentait que 3 % du PIB en 1974, elle a atteint en 2009 75 % du PIB. Conséquence particulièrement défavorable de cette situation pour les finances publiques : le paiement des intérêts de la dette représente une part croissante des dépenses de l’État (il absorbe ainsi désormais l’équivalent des recettes tirées de l’impôt sur le revenu).

***

Trois points méritent d’être soulignés en conclusion :

Depuis la crise du milieu des années 1970, moment à compter duquel s’installe le chômage massif, les différents gouvernements ont choisi d’en atténuer l’impact social par la politique de traitement social (ainsi que par l’embauche de fonctionnaires et par la massification des études). Cette politique se traduit par des dépenses publiques élevées, provoquant des déficits eux-mêmes élevés, et ce malgré le maintien d’un haut niveau de prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales). Ces choix sont tout à fait contraires aux préceptes libéraux. Nous avons vu plus haut que les politiques publiques suivies ont été fortement libéralisées depuis trente ans : il n’en reste pas moins que cette libéralisation reste encore circonscrite, les politiques mises en œuvre pour amortir l’effet du chômage restant fortement interventionnistes et étatiques. Le haut niveau des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires pratiqués confirme qu’en dépit de la politique de libéralisation, la France se situe encore dans le groupe des pays qui sont gérés de façon « social-démocrate » (le taux de prélèvements obligatoires, c’est-à-dire le rapport entre le niveau de ces prélèvements et le PIB, est l’indice du degré de socialisation de l’économie : il est proche de 50 % dans les pays d’Europe du nord ; de 44 % en France ; de 40 % en Allemagne. Il est très inférieur dans les pays nettement libéraux : 35 % au Royaume-Uni ; inférieur à 30 % aux États-Unis et au Japon).

Second point de notre conclusion. La période qui s’est ouverte au milieu des années 1970 et qui a vu se mettre en œuvre la politique de libéralisation que nous venons d’évoquer a commencé avec la crise de 1974 : ce n’est pas pour autant que la période de trente-cinq ans qui s’est écoulée depuis doit être considérée dans son ensemble comme une période de crise. Certes le chômage massif s’est installé. Certes le taux de croissance moyen a diminué de moitié par rapport à celui des Trente glorieuses. Il reste que ce taux de croissance annuel de 2,3 % en moyenne correspond en réalité, sans doute, à celui que peut connaître une économie mure, tandis que le taux de croissance des Trente glorieuses était lui exceptionnel, découlant de la reconstruction et de l’adoption d’un système économique nouveau fondé sur la production et la consommation de masse.

Surtout il faut voir que ce taux de croissance moyen qu’a connu l’économie nationale ces trente-cinq dernières années équivaut sur la période à un quasi doublement du revenu national annuel en volume. Il convient donc de ne pas se tromper d’analyse : au cours de la période de trente-cinq ans qui a commencé à la fin des Trente glorieuses et malgré les crises ponctuelles qui peuvent survenir (comme celle qui a conduit à une récession en 2009), notre société, a jusqu’à présent continué à s’enrichir significativement (ce qui ne veut pas dire que la majorité des Français ont vu leur situation s’améliorer de la même manière ; nous reviendrons sur ce point important dans un prochain article).

Dernier élément de conclusion. Il faut signaler que la politique de libéralisation accompagnée de traitement social poursuivie depuis 1982 a donné lieu à un rapprochement majeur entre les deux camps structurant la politique française. Lorsqu’elle est au pouvoir, la droite, certes, prend différentes mesures libérales et « d’ajustement structurel », tandis que la gauche se consacre plutôt aux politiques de traitement social et de recrutement de fonctionnaires. Mais le fait remarquable est le suivant : aucun des deux camps ne remet substantiellement en cause les mesures prises par son adversaire. Mieux, la gauche a pu elle-même prendre des mesures d’inspiration libérale (à titre d’exemple le gouvernement conduit par M. Fabius premier ministre avait en son temps augmenté le taux de TVA et accru le nombre des ménages exonérés d’impôt sur le revenu) et la droite des mesures « sociales » (par exemple elle vient de créer le RSA). La répartition des rôles qui s’est mise en place ces trois dernières décennies entre la gauche et la droite masque donc, nous semble-t-il, leur accord profond sur les politiques économiques et sociales à conduire.

La politique de libéralisation interne de l’économie française, sujet auquel était consacrée la présente tribune, s’est accompagnée également d’un processus de mondialisation du libéralisme ; de la poursuite de la construction européenne sur un mode libéral ; ainsi que d’une politique d’immigration massive, qui constitue en quelque sorte un processus de « délocalisation importée ». Tout cet ensemble cohérent a eu des effets majeurs sur la société française, qui est désormais profondément différente de celle des Trente glorieuses (notamment parce que la répartition de la richesse en son sein a été substantiellement modifiée). Ces différents points feront l’objet des prochains articles de cette série consacrée aux politiques économiques et sociales conduites depuis 1946.

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Elbrouz

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Elbrouz

L’Alborz mythique et le monde iranien



La montagne représente pour toutes les civilisations l’effort de la terre entravée dans l’atteinte du ciel pur et vertigineusement illimité. Inutile donc d’expliquer dans quelle mesure ce poing de la terre, menaçant le ciel inatteignable, est doté d’un symbolisme puissant auprès des hommes. L’attrait qu’elle possède ne se limite pas à représenter les tentatives de l’Homme pour s’élever au-delà de sa condition et découvrir la Vérité au travers de l’atteinte du ciel, une vérité que sa faiblesse originelle empêche de connaître, ou au moins de reconnaître quand il la perçoit. La montagne est tout autant gardienne hautaine des hommes, séjour des dieux et des héros des mythes, lieux de Révélation des grandes religions, du zoroastrisme à l’islam, du judaïsme au bouddhisme. Elle est donc un lieu particulier de l’imaginaire des hommes, toit du monde d’où les dieux observaient souverainement la vie de leurs sujets. Cette quasi-sainteté de la montagne explique peut-être également qu’elle ait ses irréductibles, attirés par ce lieu défendu, où seuls les initiés sont admis. La montagne est donc finalement un élément incontournable de la conscience universelle des hommes. Outre sa dimension philosophique et ontologique, elle est avant tout une partie du paysage matériel de la vie terrestre, important pour tous, en particulier pour les peuples qui vivent sous son ombre.

Les Iraniens ont établi tout au long de leur histoire une relation profonde, durable et inévitable avec la montagne. De la Perse antique à l’Iran actuel, ils ont toujours vécu dans un environnement montagneux. Aujourd’hui encore, tous les persanophones, qu’ils soient Iraniens, Tadjiks, Afghans ou Ossètes, vivent à proximité des hauts plateaux du monde. Des contreforts du Pamir au plateau anatolien en passant par les innombrables chaînes demontagnes de l’Iran, ainsi que les hautes vallées de l’Hindu Kush et du Caucase, c’est toute l’histoire et l’imaginaire des peuples iraniens qui a été façonnée par la montagne. Ainsi, les références à cet élément, à une montagne mère de toutes les autres, sont très anciennes dans la mythologie persane. On les trouve déjà dans les Yashts, les chants religieux de l’Avesta, le Livre des mazdéens. Et parmi toutes les montagnes, c’est de l’Alborz dont on parle.

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Sâm retrouve Zâl dans le nid de Simorgh, Attribué à Sâdeghi, Shâhnâmeh du roi Shâh Esmâïl II, 1567, Musée Réza Abbâssi
Livre de Negârgari

Aujourd’hui, le nom "Alborz" désigne la chaîne de montagnes qui traverse tout le nord de l’Iran, dont le plus haut sommet, le Damâvand, surplombe le smog perpétuel de la capitale iranienne. Mais avant cela, et pour toujours, dans le panthéon légendaire iranien, l’Alborz est la montagne mythologique par excellence, semblable à l’Olympe grec dans son inaccessibilité.

En effet, les livres saints mazdéens de l’Alborz la présentent non pas comme le prototype des autres montagnes, mais comme la montagne idéale dans le sens platonicien, une montagne-souche, génitrice de toutes les autres. Unemontagne aux dimensions irréelles, irréalistes, ne pouvant exister que dans l’Univers des prototypes. Elle est le séjour des Dieux et lieu de passage des âmes mortes. Elle est un lieu où n’existe ni froid, ni chaleur, ni brouillard.

C’est d’abord dans des textes spécifiquement préislamiques qu’apparaît l’Alborz qui, en tant que montagne sacrée, première et primitive, possède le même caractère de prototype que le premier fleuve ou le premier homme, dans la sphère idéale et vierge de toute impureté démoniaque des premiers millénaires de la création de lumière d’Ahura Mazda. Selon Les récits de Dârâb Hormozdyâr, ouvrage de théologie mazdéenne, l’Alborz est ainsi faite :"Ourmozd [Ahura Mazda] créa le monde tel une sphère et ainsi fut fait depuis le plus haut des cieux jusqu’à la planète Terre. Et la montagne Alborz fut créée au milieu du monde. De manière à ce que son sommet dépasse le plus haut des cieux et que sa base fut plus basse que la surface de la terre. Et Ahriman fut attaché sous sa base." [1] Ailleurs, dans ce livre, il est précisé que l’Alborz est le pilier du ciel, et que le soleil, la lune et les étoiles tournent autour d’elle. [2] Les indications données par cet ouvrage sont complétées par celles des livres saints mazdéens plus récents tels que le Bondaheshn, le Vendidâd ou le Dênkard, transcrits entre les VIIIe et XIe siècles pour échapper à la destruction. Cependant, l’Avesta, le plus important des livres saints du zoroastrisme, demeure la source d’information la plus fiable concernant les origines mythologiques de cette montagne. Dans cet ouvrage, rédigé entre le IIe millénaire et le Ve siècle av. J.-C., l’Alborz est désigné sous le terme avestique de "Hara" ou "Haraïti", qui deviendra plus tard le "Harborz" de la langue pahlavi. Les références à l’Alborz de l’Avestasont en particulier rassemblées dans la partie des Yashts ou Yeshts, chants honorant les izâds, c’est-à-dire les "anges créateurs" du mazdéisme. La plupart de ces chants comportent une allusion à la grande montagne mythologique, l’Alborz, et permettent de compléter la description avestique de ce mont. Ainsi, dans le Rashnu Yasht, chant 23, l’Alborz est ainsi décrite : "Parce que tu veilles, ô juste Rashnu, sur la Hara Berezaiti [Alborz] d’une étendue immense, brillante, où il n’y a ni nuit ni ténèbres ; ni vent froid ni chaleur ardente ; ni maladie qui cause de nombreuses morts ni impureté causée par les Dévas. Il n’est point de brouillards qui s’élèvent sur la Hara Berezaiti. Nous invoquons et bénissons Rashnu (…)." [3] Description complétée par le chant 25 : "Parce que tu veilles, ô juste Rashnu, sur le somment de la Haraiti sur lequel s’avancent les étoiles, la lune et le soleil. Nous invoquons et bénissons Rashnu (…)". [4]

Ailleurs dans l’Avesta, l’Alborz est également le lieu d’où le soleil se lève et où il se couche. Ainsi, on peut lire dans le Mehr Yasht (Yasht de Mithra), chant 13 : "Par cet hommage apporté ici-bas, que je m’élève au lieu des hommages de là-haut. Comme le soleil s’avance et s’élève à travers le Hara Berezaiti, qu’ainsi, par mon offrande d’ici-bas, je m’élève à celles de là-haut, ô très saint !? travers le désir (contraire) d’Anro-Mainyus [Ahriman], l’esprit méchant. Par son éclat, (…)". [5] L’izâd Mehr ou Mithra, souvent confondu avec le Soleil auquel il est associé, vit au même endroit que le Soleil, c’est-à-dire dans la montagne Alborz. De là peut-être l’association de ces deux éléments. " Nous honorons Mithra... Le premier Yazata [izâd] céleste qui s’avance au-dessus du Hara, marchant devant le soleil immortel, aux coursiers rapides ; qui, le premier paré de l’éclat de l’or, atteint les sommets brillants d’où il embrasse, favorisant les êtres, tout le sol aryaque". [6]

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Simorgh emporte Zâl vers son nid, miniature du XVIIe siècle, Wellcome Library, Londres.

Cet izâd de la justice et du respect des traités, vit donc dans la montagne Alborz, dans un palais divin, décrit dans le Yasht de Mehr, chants 49 à 51 : "49.Nous honorons Mithra...

50. Pour qui Ahura-Mazda, le créateur, a construit une demeure immense, brillante, au sommet du Hara Berezaiti, là où il n’y a ni jour ni nuit, ni vent glacé ni chaleur ardente, ni maladie, cause de morts nombreuses, ni souillure produite par les Dévas ; sur le sommet du Haraiti, il ne s’élève point de brouillard.

51. Les Amesha-اpentas l’ont faite, cette demeure, en union avec le soleil, en esprit de bienveillance, par disposition de dévouement (pour Mithra) qui, du haut du Haraiti, s’étend sur le monde corporel tout entier". [7]

Lieu de vie d’un izâd, l’Alborz ne peut qu’être une montagne idéale et irréelle, n’ayant qu’une fonction religieuse, soulignée par les descriptions données par ces chants avestiques. Place divine, cette montagne est un lieu où règne éternellement la lumière créée par Ahura Mazda lors des premiers mille ans de la création originelle, durant lesquels nulle impureté de div ne l’a corrompue. De plus, l’izâd Mehr est un ange-divin chargé de veiller sur le respect des engagements et des traités et de ce fait, sa mission va jusqu’à la surveillance du respect du traité existant entre le Bien et le Mal, Ahura Mazda et Ahriman.

C’est pourquoi il doit dominer toute la création et tous les êtres. L’Alborz, en tant que son observatoire, est donc l’unique lieu qui surplombe toute la création, en particulier la terre aryenne.

Ces caractéristiques de la montagne Alborz, mythologique, séjour des Dieux, lieu où le soleil commence et finit, entité plus vaste que la terre et les cieux et place éternellement lumineuse et pure, sont complétées par les rajouts des corpus mazdéens postérieurs. Ainsi, le Bondaheshn ouBondahesh, qui signifie littéralement "Création primaire" décrit plus en détail la formation de l’Alborz. On y lit, au chapitre 12 : "La naissance desmontagnes dura dix-huit ans, mais Alborz atteignit la perfection en huit cents ans. En deux cents ans, elle atteignit l’orbite des étoiles, en deux cents ans, elle atteignit l’orbite de la Lune, en deux cents ans, elle atteignit l ’orbite du Soleil, et en deux cents autres ans elle atteignit la roue de la lumière infinie (Anirân) et les deux mille deux cents quarante quatre autres montagnes de la terre sont nées d’elle". [8]

L’importance religieuse de l’Alborz est en particulier soulignée par sa fonction de pilier du pont de Tchinoud, détaillée dans les Gathas, la partie la plus ancienne de l’Avesta. Le pont Tchinoud, qui correspond au pont Sirat de la tradition musulmane, joue un rôle capital dans le mazdéisme, puisqu’il est le passage obligé des âmes mortes, dans leur voyage vers le paradis. Pourdâvoud, iranologue et correcteur de l’Avesta précise dans sa préface des Yashts : "Le Dênkard, œuvre majeure du mazdéisme pahlavi explique, dans son dix-neuvième chapitre (…), la fonction de ce pont :"Le pont de Tchinoud s’étend depuis la montagne Daïtik [9]. en Iranvij jusqu’à l’Alborz. Sous le pont, et en son milieu, se trouve la porte de l’Enfer. Tchinoud est un passage que tous, pieux et pécheurs, doivent traverser. Pour les pieux, ce pont s’élargit autant que la longueur de neuf javelots, chacun long comme trois flèches, mais pour les pécheurs, il devient plus mince que le fil du rasoir." [10]

Le pont de Tchinoud est également décrit dans le chapitre 21 d’un autre recueil mazdéen, le Dâdestân Daïtig, qui explique : "Le pont Tchinoud s’étend de l’Alborz jusqu’à la montagne Daïtik, par des chemins qui y mènent, certains larges, d’autres étroits. Les grandes routes sont larges, de la taille de vingt sept flèches mais les petites routes sont étroites comme le fil du rasoir. Quand un croyant atteint ce pont, il est dirigé vers la route large et quand il y pose le pied, ce pont s’élargit de la taille de neuf javelots, chacun des javelots de la taille de trois flèches, et quand le pécheur atteint le passage, il devient étroit comme le fil du rasoir. Le croyant traverse ainsi le pont et atteint le paradis, et le malfaiteur tombe et rejoint l’enfer". [11]

L’Alborz n’est donc pas une montagne réelle. C’est un mont sacré, une montagne imaginale n’existant que dans le monde des idées platoniciennes. Mais l’Alborz également est la montagne génératrice de toutes les autres. Selon le Bondaheshn, le nombre des monts dérivés de l’Alborz s’élèvent à 2244 chaînes et plateaux montagneux, tous indépendants de l’Alborz.

Deux des monts générés par l’Alborz sont plus importants que les autres, et possèdent en soi une fonction religieuse. Le premier est le Taerd, devenu en pahlavi le "Tëdrk" ou "Tirak", qui signifie aujourd’hui "sommet". La première référence au Taerd est citée dans le Bondaheshn pahlavi qui précise que "les étoiles, le soleil et la lune tournent autour du "sommet" du Harborz". [12] Le second mont sacré de l’Alborz est le Hokar, que l’on voit dans l’Avesta sous forme de "Hukairya". Selon Pourdâvoud, ce mot signifie "celui qui a une bonne action" [13]. C’est du haut de ce mont que le fleuve sacré, qui est aussi le fleuve prototype des autres, le fleuve Ardviçûra Anâhid, coule d’une hauteur équivalente à celle de mille hommes debouts, pour finalement rejoindre la mer mythologique et sainte de Farâkhkart. Hommage est rendu à ce fleuve dans l’Avesta dans les chants 1 et 3 du Yasht d’Aban : "1. Ahura-Mazda dit à Zarathustra-le-saint : Honore pour moi, saint Zarathustra, Ardviçûra Anâhitâ au large cours, qui guérit (les maux) et chasse les Dévas, soumise à la loi d’Ahura, digne de sacrifice pour le monde corporel, digne d’honneur pour le monde corporel, (eau) pure qui développe l’activité, (eau) pure qui fait prospérer les troupeaux, pure qui fait prospérer les êtres terrestres ; pure qui fait prospérer les possessions terrestres ; pure qui fait prospérer les contrées ;

3. Eau immense, qui se fait entendre au loin, qui est telle par sa grandeur que toutes les eaux qui coulent sur la terre ; eau qui coule avec force du sommet du Hukairya vers la mer Vourukasha [Farâkhkart]". [14]

Le chant 97 du même Yasht honore également ce mont : "Je veux honorer le pic Hukairya, digne de tout honneur, fait d’or, du haut duquel Ardviçûra Anâhitâ coule pour moi (en un flot) élevé, de la grandeur de mille dos d’hommes. Elle brille d’un éclat aussi (grand) que celui de toutes les eaux qui coulent sur cette terre, elle roule ses flots avec grande force. Par son éclat, (…)". [15]

De ces chants avestiques, l’on peut conclure que ces deux montagnes possèdent en propre une signification religieuse importante.

Ces mêmes descriptions sont données concernant le rôle et la fonctionnalité des montagnes dans les autres ouvrages mazdéens, qu’ils soient antérieurs à la naissance de J.-C. ou qu’ils aient été rédigés après l’invasion islamique au VIIIe siècle. Ainsi, l’Alborz religieuse mazdéenne demeure consignée dans ces livres purement théologiques et religieux, sans que sa représentation ne se fige pour autant. En effet, au-delà de la sacralité de cette montagne que l’on découvre au travers des écrits avestiques et mazdéens, c’est le grand recueil de la mythologie persane, le Shâhnâmeh(Livre des Rois), qui contient les plus nombreuses allusions à cette montagne et qui a réussi à la doter d’un symbolisme sacré très puissant, qui a été exploité durant des siècles par les divers courants mystiques musulmans.

Pourtant, le Shâhnâmeh, qui est une compilation très travaillée des divers mythes préislamiques, n’a pas détruit la dimension ésotérique de cettemontagne mazdéenne. En réalité, cette montagne, tout en préservant sa sacralité, est devenue "mythologique" en s’intégrant dans les récits du Livre des Rois. On peut d’ailleurs dans une certaine mesure prétendre que les transformations des fonctions de l’Alborz dans cet ouvrage sont le miroir des transformations d’une société perse sassanide et mazdéenne en train de devenir une société persane musulmane, désireuse de conserver malgré les changements son histoire et ses mythes.

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Montagnes de Karakoram, Passu, Pakistan.
Traveljournals

L’Alborz est cité 28 fois sous son nom entier et douze fois sous la forme de la "montagne de Borz" dans le Shâhnâmeh. Parfois même, ces mots sont utilisés en tant qu’adjectifs, ce qui n’est pas nouveau. On voit également dans des textes antérieurs le mot "borz" utilisé en tant qu’adjectif qualificatif de grandeur. Ceci dit, l’Alborz du Shâhnâmeh n’est guère mieux situé que l’Alborz mazdéen et baigne dans le même flou temporel et spatial qui singularise tous les lieux mythologiques. Ainsi, en tentant de restituer dans le monde réel l’Alborz du Livre des Rois, le professeur Karimân, reconstituant son positionnement selon les indications de cet ouvrage, a découvert que ces indications ne sont pas semblables et qu’elles déplaçaient à chaque fois cette montagne dans une région mythologique différente. Avec les recoupements et l’orientation géographique basée sur le Livre des Rois, nous avons une Alborz en Inde, une en Transoxiane, une en Afghanistan, et la plus importante dans le Caucase.

L’Alborz de l’Inde

C’est en particulier dans le chapitre concernant la naissance du père de Rostam, Dastân ou Zâl que l’Alborz paraît correspondre aux montagnes du nord de l’Inde. A sa naissance, Dastân, père de Rostam et fils de Sâm, grand héros iranien, est blanc de cheveux et son corps cramoisi est couvert d’un duvet également blanc. Son père, persuadé qu’il est démoniaque et mauvais, demande à ses gardes de l’emmener dans un lieu écarté pour que les animaux sauvages le dévorent. Les gardes déposent donc l’enfant au pied d’une très haute montagne. C’est là que le retrouvera le Simorgh, l’oiseau fabuleux, qui l’emportera avec lui dans son nid, situé au sommet de cette montagne qui est l’Alborz, et se prenant d’affection pour lui, lui enseignera la sagesse. Simorgh vit dans l’Alborz mais un Alborz subliminal, que ses caractéristiques séparent totalement du monde matériel et de la société humaine. Quelques années plus tard, Sâm fait un rêve qui lui signifie d’aller retrouver son fils abandonné. Dans ce rêve, il avait vu venir à lui, du haut de "La montagne de l’Inde", une grande armée dirigée par un héros puissant portant l’étendard de la royauté iranienne. Il rejoint donc lamontagne Alborz, et retrouve son fils élevé par l’oiseau mythique. Dans les vers qui narrent ce récit, on voit que l’Alborz est situé en Inde, puisqu’il est également indifféremment désigné sous le nom de "la Montagne de l’Inde" [16]. Quelques années plus tard, quand Sâm s’oppose au mariage de son fils avec l’héritière de Zahhâk, ce dernier lui rappelle avec quelle cruauté il avait été abandonné dans ce qu’il appelle Alborz ou "La montagne des Hindous". [17]

Auparavant, un passage significatif du Livre des Rois avait situé l’Alborz, montagne-refuge du roi-saint Fereydoun, alors enfant, lors de la prise de pouvoir par le roi sémite et mauvais Zahhâk, en Inde. En effet, lorsque le père de Fereydoun, Abtine, est assassiné par Zahhâk, sa mère décide de se diriger vers l’Hindoustân, où, en arrivant, elle confie son enfant à un homme sage qui vit dans l’Alborz. [18]

Un autre chapitre du Livre des Rois permet également de situer l’Alborz en Inde, même si ce passage, contrairement aux récits cités, ne précise pas expressément la situation géographique de la montagne. Il s’agit du récit qui précède le couronnement du roi Keyghobâd. Ce dernier, ermite, vit dans l’Alborz et quand vient son tour de monter sur le trône, Zâl envoie Rostam auprès de lui, pour qu’il le persuade d’accepter la couronne car le pays est en danger. Rostam obéit, mais doit se battre en chemin contre des Touraniens qui lui tendent une embuscade. Il les vainc et ces derniers vont rapporter leur défaite à leur roi, le puissant touranien Afrâssiâb. Ce dernier envoie son héros Gholoun pour freiner l’avance des Iraniens. Rostam a alors rejoint Keyghobâd et lui a exposé la situation, et l’héritier a décidé de l’accompagner et de rentrer en Iran. Mais Gholoun les arrête sur le chemin du retour, une bataille a lieu, terminée par la victoire des Iraniens. [19] Cette escarmouche entre les deux armées iranienne et touranienne prouve bien que la montagne Alborz est dans ce chapitre situé à l’est de l’Iran, étant donné que le territoire des Touraniens, peuple iranien nomade, plus tard assimilé aux peuplades turcophones, vivait à l’est du territoire proprement iranien, dans les steppes et les montagnes de l’actuelle Asie centrale. Et à l’est de l’Iran se trouvait l’Inde. Par ailleurs, il s’agit précisément du nord de l’Inde, territoire des hauts plateaux du Pamir et du Karakoram. Ainsi, l’Alborz, dans cette théorie, correspondrait aux montagnes du Pamir.

L’Alborz de Balkh (Bactres)

La localisation des lieux mythologiques demeurant bien évidemment imprécise, il existe également des passages du Shâhnâmeh où la montagne de Balkh correspond à l’Alborz mythologique. C’est en particulier dans le livre consacré au règne de Gashtâsb, et le chapitre "L’arrivée d’Esfandiâr dans la montagne auprès de Gashtâsb" dans lequel ce dernier apprend la mort de Lohrâsb et décide de lancer la guerre contre Arjâsb, que la théorie d’un Alborz de la Bactriane trouve son appui. La montagne réelle à laquelle pourrait correspondre l’Alborz mythique est la célèbre Borz Kouh, qui est le diminutif d’ "Alborz Kouh" c’est-à-dire la "montagne Alborz", et qui est située près de la ville de Balkh. Dans le récit, cette montagne est située à "deux jours de voyage en caravane" de distance de la ville de Balkh. Gashtâsb, après avoir payé la solde de l’armée décide de rejoindre Balkh mais il est vaincu par Arjâsb, chef de l’armée touranienne et doit se réfugier dans cette montagne, où le rejoint peu de temps après son fils Esfandiâr. Et c’est également dans cet endroit que ce dernier, héros sacré et invincible, promet à son père le roi de le venger, promesse à laquelle se joignent également ses compagnons. [20] Cette montagne correspondrait à celles de l’Hindu Kush qui traverse l’Afghanistan.

L’Alborz dans le Fârs

Il existe également des chapitres où la montagne Alborz correspondrait à une montagne située dans la région de Fârs. C’est dans l’une des parties relatant l’histoire des plus anciennes dynasties, c’est-à-dire les Pishdâdi, dynastie perse mythologique, que l’on voit cette référence étrange. En effet, c’est à la suite de la défaite de l’un des premiers rois de la mythologie iranienne face aux Touraniens, Nowzar le Pishdâdi, que ce dernier demanda à ses plus proches compagnons, tous saints de la Résurrection mazdéenne, d’aller dans le Fârs et de se réfugier dans une crevasse ou une grotte de la montagne Alborz. [21]

L’Alborz caucasien (L’Elbrouz russe)

Il existe également une théorie selon laquelle les montagnes du Caucase seraient celles correspondant le plus avec les montagnes mythiques de l’Alborz.

Lors du règne de Zahhâk, Fereydoun, l’héritier sacré, est élevé dans les montagnes d’Alborz auprès d’un homme sage et pieux. Plus tard, quand l’injustice et la cruauté du roi Zahhâk atteignit son apogée, il descendit du haut de la montagne et prépara son armée pour le défaire. Dans cette armée, il y avait également ses deux frères, qui tentèrent de le tuer en faisant rouler des rochers sur lui, lors d’une halte dans l’Alborz, mais une prémonition divine fit comprendre à Fereydoun le danger et il réussit à arrêter la course des rochers. Il est précisé dans le passage que la célèbre rivière Arvand, nom donné par les Iraniens au fleuve Tigre, prend naissance dans ces montagnes. On peut donc conclure qu’il s’agit des montagnes du nord-ouest de l’Iran de cette époque, ce qui correspond actuellement au plateau anatolien et aussi aux montagnes du Caucase.

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Houme sort Afrâssiâb de sa grotte, artiste inconnu, Shâhnâmeh de Ferdowsi, 1424, Musée Réza Abbâssi
Livre de Negârgari

Un autre récit qui fait de l’Alborz l’Elbrouz du Caucase est à lire dans la partie finale des chapitres duShâhnâmeh consacrés à l’ère héroïque. Ces chapitres narrent la mort de l’ennemi irréductible des Iraniens, le grand touranien Afrâssiâb, tué par un saint homme, Houme, un descendant du roi Fereydoun. L’histoire se passe sous le règne de Keykhosrow, nouvellement couronné. Afrâssiâb, sentant l’affrontement avec ce dernier devenir inévitable, s’enfuit et erre de longues années avant de se réfugier dans une grotte près de Barda’, nommée "Grotte d’Afrâssiâb". Houme, ermite vivant dans lamontagne pour prier Ahura Mazda, entend un jour ses gémissements et plaintes, le découvre, l’attache et d’autres péripéties s’ensuivent qui se terminent par la mort du roi touranien. [22] Il est précisé dans ce récit que la grotte d’Afrâssiâb est située près d’une montagne nommée Alborz, où les ermites viennent pour prier Ahura Mazda dans la paix et la solitude. Et la ville de Barda’, près de laquelle sont situées cette montagne et cette grotte, est située dans le Caucase.

Cette théorie, qui fait de l’Alborz une montagne caucasienne, est appuyée par le récit du Livre des Merveilles, selon lequel "La grotte d’Afrâssiâb" est située dans les monts de l’Alborz : "Kang-e Afrâssiâb (Grotte d’Afrâssiâb) est un immense palais situé au sommet de l’Alborz. Il a été construit par Afrâssiâb, le roi des Turcs. Il avoisine d’une part l’eau et d’autre pat la montagne, et a huit farsang [23] de haut. Il y mit un trône d’or et l’aigle atteint difficilement la hauteur de ce palais…". [24]

L’Avesta, source principale du Shâhnâmeh et des légendes préislamiques, rapporte également dans les Yashts, chants seize à dix-huit, l’existence d’un mage saint, Houme, qui vécut dans l’Alborz et qu’il y offrit une offrande à Darvâsb, ange protecteur des troupeaux, pour que cet ange lui procure la victoire dans son combat contre Afrâssiâb : "16. Nous honorons Druâçpa...

17. ہ qui Haoma qui développe et guérit, Haoma brillant et royal, aux yeux couleur d’or, sacrifia sur le sommet le plus élevé, sur le Haraiti, (par une immolation de) cent chevaux, mille bœufs, dix mille bêtes de petit bétail.

18. Il lui demanda cette faveur : Donne-moi, ô bonne et vivifiante Druâçpa, de lier le destructeur touranien, Franraçyâna ; que je l’emmène chargé de fers et que je le conduise lié, prisonnier, à Kava Huçrava ; que Huçrava le tue au-delà de la mer Caeçaçta, profonde, étendue, (…)". [25]

Le même Yasht narre également l’offrande du roi Keykhosrow (Huçrava) qui souhaitait également se voir accorder la victoire contre Afrâssiâb (Franraçyâna) : "20. Nous honorons Druâçpa...

21 .ہ qui le valeureux Huçrava, qui unit en (un) royaume les contrées aryennes, offrit au-delà de la mer Caeçaçta, aux eaux profondes et larges, un sacrifice de cent chevaux, de mille bœufs, de dix mille bêtes de petit bétail et avec des Zaothras, (disant) :

22. Donne-moi cette faveur, ô bonne Druâçpa, que je tue le meurtrier touranien, Franraçyâna ; derrière la profonde et vaste mer Caeçaçta (…)". [26]

Parmi ces montagnes véritables que nous avons citées, aucune ne peut réellement être l’Alborz avestique, dont les caractéristiques soulignent sa dimension religieuse et divine. Cependant, les recherches menées jusqu’à aujourd’hui, en particulier les travaux du professeur Karimân, tendent à confirmer la théorie d’une Alborz primitive caucasienne, correspondant à l’Elbrouz actuelle, située sur le territoire russe, qui est le plus haut mont d’Europe. Cette hypothèse est d’autant plus acceptable qu’elle est appuyée par les traités de géographie islamique des siècles passés. On peut citer l’exemple du Nezhat-ol-Gholoub, important ouvrage de géographie, qui situe l’Alborz dans le Caucase : "L’Alborz est une montagne immense, bordée par la ville de Darband. [27] Elle s’étire depuis le Turkestan jusqu’au Hedjaz sur plus de mille farsang. Elle est clôturée à l’ouest par lesmontagnes géorgiennes de Lezgi. Sa partie qui s’étire jusqu’à Shamshat [Samosata] et Malatya est nommée Kalika, et Lokam quand elle rejoint Antioche (…). En Syrie, elle devient les montagnes du Liban, et dans le Hedjaz, est nommée montagnes d’Ar. Son autre face, appuyée auxmontagnes du Jebâl et de l’Azerbaïdjan est nommée Ghafgh [Caucase] ; au centre de l’Iran et dans le Guilân, devient la montagne Torghol ; et quand elle rejoint Ghoumess [Dâmghân] et le Mâzandarân, est nommée Mâzz ; et dans les pays du Khorâssân, est nommée Sounj". [28]

Cette description est également donnée dans d’autres traités de géographie des premiers siècles de l’hégire.

Mais il existe également d’autres ouvrages importants qui soulignent cette théorie. On peut citer le Sharaf-Nâmeh de Nezâmi. Cet ouvrage poétique raconte la légende d’Alexandre le Macédonien. On y lit qu’Alexandre décida de conquérir le monde entier comme condition préalable à son retour. Le chemin qu’il avait choisi pour arriver jusqu’à l’Alborz traversait le Caucase du nord au sud. Dans ce même texte, on lit que l’armée d’Alexandre, dans sa traversée de l’Alborz, passa par la région de Shervân, qui comprenait une grande partie du sud et du centre du Caucase actuel. [29]

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Les monts Elbruz, République du Daghestan, Russie.
Puserve

Dans L’histoire du Daghestân ou Gulistân-i Iram, l’écrivain caucasien Abbâssgholi Bakikhanov précise : "L’expression Ghâfghâs [Caucase] provient du nom de la tribu des Ghâss et du nom de la montagne "Ghâf" [Qâf] cité dans le Coran. C’est un lieu de merveilles, que l’on cite dans les livres de légendes, comme le lieu de repos des diables et des fées…. (…) Il y a près de Darband deux hauts massifs, qui sont le grand Qâf et le petit Qâf, que les Arabes, en raison des grandes victoires qu’ils ont eues dans ces montagnes, ont nommé les "Montagnes de la victoire". [30]

Quelle qu’ait été le véritable Alborz, l’importance de cette montagne auprès des peuples iraniens fut telle, qu’elle fut confondue avec beaucoup d’autres monts et les voyageurs perses, découvrant les hauteurs des contrées qu’ils visitaient, étaient parfois persuadés d’avoir retrouvé la mythique Alborz. Il existe des dizaines de récits de voyages ou de romans d’aventures situant l’Alborz dans les régions les plus inattendues. En témoignel’Ajâyeb-nâmeh, qui fait correspondre la mythique montagne Zeïtoune du Sri Lanka, dotée d’une importante signification religieuse, avec l’Alborz : "La montagne Zeïtoune, également nommée "Montagne de Serendib", sur laquelle est imprimée la trace du pied de notre père Adam, est bordée par l’Alborz". [31]

Quoiqu’il en soit, peu d’écrivains et de voyageurs passionnés cherchent désormais à retrouver le secret des hauteurs éternelles. La montagneconserve aujourd’hui beaucoup de son mystère et l’Alborz n’échappe pas à cette règle. Pourtant, il demeure toujours pour les Iraniens le symbole d’une identité commune, d’autant plus importante qu’elle subit des mutations profondes. Les géologues prévoient dans les ères à venir l’augmentation de la hauteur des montagnes d’Iran, du fait de la pression mutuelle des plaques africaines et asiatiques. Ainsi, l’Alborz ne fera que se perdre encore davantage dans les nuages, retrouvant peut-être ainsi sa sacralité.

Bibliographie

KARIMAN Hossein, Pajouheshi dar Shâhnâmeh, Editions Sâzmân-e Asnâd-e Melli, 1996, p.102.

BAHAR, Mehrdâd, Pajouheshi dar asâtir-e Irân, Editions Touss, 1983.

MESHKAT, Mohammad-Javâd, Joghrafiaye Târikhi-e Irân-e bâstân, Editions Donyâ-ye Ketâb, 1992.

Avestale livre sacré des anciens Perses, version électronique, présentation et annotation de Guy Rachet, Edition Sand.

Les récits de Dârâb Hormozd Yâr, Bombay, 1919.

HAMEDANI Mohammad ibn Mahmoud, Ajâyeb-nâmeh (Livre des Merveilles), éditions Nashr-e Markaz, 1996.

POURDAVOUD, Ebrâhim, Les Yashts, Bombay, 1922.

HAMDOLLAH MOSTOWFI, Nezhat-ol-Gholoub, corrigée par Mohammad Dabir Siâghi, Editions Hadith, 2004.

Bakikhanov, Abbasgulu, Golestân-i Iram (The Blooming Flower Garden), manuscrit de l’Université de Téhéran.

Ferdowsi, Shâhnâmeh, édition de Moscou.

Notes

[1] Les récits de Dârâb Hormozd Yâr, Tome 2, Bombay, 1919, p. 64.

[2] Ibid., p.56.

[3Avesta, le livre sacré des anciens Perses, version électronique, présentation et annotation de Guy Rachet, édition Sand, p.255.

[4] Ibid., p.255.

[5] Ibid., p.224.

[6] Ibid., p.224.

[7] Ibid., p.230.

[8] POURDAVOUD, Ebrâhim, Les Yashts, Bombay, 1922, p. 131.

[9] Selon Ebrâhim Pourdâvoud, la Daïtik correspond au fleuve Oxus et signifie "Fleuve juste et égal". Ainsi, la montagne Daïtik signifierait la montagne qui bénéficie de la justice divine. Il s’agit également d’une montagne mythologique, située au cœur de l’Iranvij, le pays originel des Aryens et en conséquent, au centre de l’Univers

[10] POURDAVOUD, Ebrâhim, Les Gathas, deuxième correction, p.55.

[11] Ibid., p.55.

[12] POURDAVOUD, Ebrâhim, Op.cit., p.330.

[13] Ibid., p.577.

[14Avesta, le livre sacré des anciens Perses, op.cit., p.188.

[15] Ibid., p.188.

[16Shâhnâmeh, édition de Moscou, pp.139-143.

[17] Ibid., Chapitre "Lettre de Zâl à Sâm", pp. 177-179.

[18] Ibid., Chapitre "La naissance de Fereydoun", p.58.

[19] Ibid., Chapitre "Récit du voyage de Rostam auprès de Keyghobâd", pp.56-61.

[20] Ibid., Chapitre " L’arrivée d’Esfandiâr dans la montagne auprès de Gashtâsb", pp. 143-157.

[21] Ibid., Chapitre "Deuxième bataille d’Afrâssiâb avec Nowzar", p.20.

[22] Ibid., Chapitre "Afrâssiâb tombant aux mains de Houme, de la race de Fereydoun", pp.365-367.

[23] Unité de mesure équivalente à 1320 mètres.

[24] Mohammad ibn Mahmoud Hamedâni, Ajâyeb-nâmeh (Livre des Merveilles), version sur microfilm, traduit par l’auteur, p. 112.

[25Avesta, le livre sacré des anciens Perses, op.cit., p.219.

[26] Ibid., p.220.

[27] Darband ou Darbent : ville caucasienne, actuellement capitale de la République du Dagestan, en Russie, fondée par le roi sassanide Anouchirvân au VIe siècle. L’étymologie de son nom, Darband ("porte fermée") ou "Porte des Portes" est tirée de la légende qui voulait que nul ne pouvait pénétrer dans le territoire iranien si les portes de cette ville étaient fermées. Elle fut également nommée "Irân Dej" (Forteresse de l’Iran).

[28Nezhat-ol-Gholoub, Troisième article, traduit par l’auteur, p.191.

[29] Nezâmi, Sharaf-Nâmeh, pp.310-315.

[30] Bakikhanov, Abbasgulu, Golestân-i Iram (The Blooming Flower Garden), manuscrit de l’Université de Téhéran, pp.12-14.

[31] HAMEDANI Mohammad ibn Mahmoud, op.cit., p.81.

 

http://www.teheran.ir/spip.php?article793

El Hombre Multidimensional - 11 Tesis sobre el Hombre

El Hombre Multidimensional
11 TESIS SOBRE EL HOMBRE
 
SEBASTIAN J. LORENZ
 
 
 
tremois_visage_a_l_aigle_2004-02_conte_prd.jpgFrente al concepto totalitario y reduccionista del hombre como entidad unidimensional, acuñado por Herbert Marcuse, nosotros diversificamos lo que desde una posición clásica-liberal se vería como un único nivel, en multitud de dimensiones que –básicamente- se reagrupan en cuatro grandes estadios: la dimensión microfísica (la energía elemental), la macrofísica (la materia), la biológica (la vida como sistema orgánico) y la histórico-cultural. Así, el fundamento de lo específicamente humano se da por la intercombinación de las cuatro dimensiones, que sin ser de la misma naturaleza, guardan entre sí un equilibrio armónico, como un 'compositum', es decir, como un elemento estructural del que interesa retener, no difuminar, sus elementos reales y sustantivos.
La idea de un 'hombre multidimensional' parte de la concepción nominalista que se perfila en contraposición a todo universalismo, lineal y ecuménico, como reivindicación a ultranza de la diversidad específica (la desigualdad humana), que Heidegger utiliza en su análisis de la existencia humana (Dasein) como fase previa para dilucidar la cuestión más amplia del 'ser'.
1ª Nominalismo versus Esencialismo
Para Aristóteles y la filosofía escolástica las esencias de las cosas son realidades inmutables que se materializan, con variaciones accidentales, en todos los individuos de la especie. La esencia se realiza en distintas porciones de materia, dando lugar así a los individuos de la especie, quienes difieren entre sí no solo por ser materialmente distintos, sino tambien debido a diferencias accidentales, que no modifican su esencia. Este fundamento deriva en una clasificación subjetiva, no exenta de ambigüedades. Ya un filósofo neoplatónico, Porfirio, en un comentario a la lógica aristotélica, identifica a la especie humana por medio del género inmediato y la diferencia específica.
En biología, la concepción esencialista de la realidad se conoce como la concepción 'tipológica' de las especies. Pero la idea de que existe un modelo de hombre o tipo de hombre, con el cual se conforman todos los individuos de su especie es presumiblemente descabellada. De ahí que el nominalismo afirme que las especies carecen de realidad objetiva y que sólo los individuos existen. Las esencias de las cosas, los universalismos, son simplemente 'flatus vocis', nombres atribuidos para facilitar la comunicación. Cualquier sistema de clasificación de los organismos está basado en semejanzas accidentales. La validez de una u otra clasificación depende exclusivamente de su utilidad en la comunicación inter-humana, y esto ha de ser para nosotros un objetivo secundario en estos momentos.
Toda concepción no-igualitaria del hombre es fundamentalmente nominalista. Así, las diferencias entre los hombres no son acomulables comparativamente, de tal forma que solo el afán simplista articula conceptos universales a partir de observaciones concretas. "Para el nominalismo, dice Alain de Benoist, no hay existencia en sí: toda la existencia es particular. No hay hombre general, una humanidad, solo existen hombres particulares". El centro de la polémica se sitúa, pues, en el binomio diversidad-esencia, con lo que queda aclarada la base filosófica que debe guiar toda la disciplina anti-igualitaria y diferencialista.
La dicotomía entre filosofía nominalista y esencialista no es fácil de resolver, ni siquiera con alternativas intermedias. Si nosotros defendemos una concepción nominalista del hombre es por una razón simple: los hombres NO son creados de acuerdo a una esencia determinada, inmutable, en todos los individuos de la especie. Y ello, en aras del principio de diversidad y diferenciación.
2ª Herencia orgánica y herencia superorgánica
La investigación de la naturaleza humana puede comenzarse estudiando las semejanzas y diferencias biológicas entre el hombre y los antropoides. De ahí se llega pronto a descubrir caracteres únicos en la especie humana u homínida que, aunque fundamentados en su naturaleza biológica, van más allá de la biología. La evolución biológica ha producido al hombre, y al hacerlo, se ha superado a si mismo por la cultura.
Así existe en la hominidad dos clases de herencia: la biológica y la cultural, que también pueden ser llamadas herencia orgánica y herencia superorgánica. la herencia biológica es, en el hombre, semejante a la de los demás organismos dotados de reproducción sexual y está basada en la transmisión de la información genética codificada. La existencia de una herencia cultural se basa en un hecho simple: la diferencia con los demás animales reside precisamente en la dimensión cultural del hombre. La cultura abarca todas las actividades humanas no biológicas. En el sentido del término aquí usado la cultura es el resultado del hombre en su acción creador. Todo ese bagaje cultural conforma la 'tradición acomulativa' que se transmite de generación en generación. Los animales son capaces de aprender por instinto o por experiencia, pero no de transmitir esas experiencias a sus descendientes, al menos de forma eficiente. Esa es la diferencia fundamental que observa Ortega y Gasset entre el hombre y el animal: la posesión íntima por el ser humano de una 'memoria social' suceptible de ser transmitida acomulativamente, además de una 'memoria individual' que es característica común a todos los animales.
La herencia cultural o superorgánica hace posible la evolución cultural, es decir, la evolución de todos aquellos elementos que constituyen la cultura, y que ha originado un fenómeno de adaptación del hombre a la civilización fruto de esa herencia, o un contra fenómeno de rechazo, como advertía Lathrop Stoddard.
La adaptación humana por medio de la cultura prevalece sobre la adaptación biológica. Sin embargo ambas están íntimamente relacionadas. La cultura sólo puede apreciarse, e incluso aparecer, si existe previamente una base biológica adecuada. Al mismo tiempo, la cultura extiende sobremanera el poder adaptativo de la naturaleza biológica y constituye la fuente más importante de los cambios que emanan de la evolución biológica del hombre, dando por supuesto el concepto de evolución como 'devenir' histórico- orgánico. En definitiva, el hombre es un ser cultural por tradición acumulatva, y por ello sólo él es capaz de hacer historia, de transmitirla y también de destruirla.
3ª Sistema de valores: lo específico y lo innato
La concepción de que los hombres son seres éticos por naturaleza, diseñada por Aristóteles y Sto Tomás de Aquino, estaría, para ellos, enraizada en la naturaleza humana, es decir, en el propio proceso de hominización: el hombre no es sólo 'homo sapiens' sino también 'homo moralis'. Pero la evolución biológica añade una nueva dimensión del problema, ¿está la capacidad ética de los seres humanos determinada por su naturaleza biológica? ¿Están los principios y códigos morales determinados por ella?
Para la sociobiología no es que la justificación de las normas morales pueda encontrarse en la biología, sino que la evolución nos predispone a aceptar ciertos valores éticos, a saber, los que están de acuerdo con los objetivos de la selección natural. De ahí que la mayoría de las normas morales estén de acuerdo con tales objetivos y estén dirigidas, en gran parte, a promover los mismos resultados que la selección natural.
La ciencia y la ética pertenecen a dominios lógicos distintos, es decir que del examen de la realidad natural no se puede concluir cual sea la conducta moralmente recta o deseable, pues de lo contrario incurriríamos en la falacia naturalista. Para Wilson "la necesidad de un enfoque evolutivo de la ética es evidente, es igualmente claro que no es posible aplicar un código único de normas a todas las poblaciones humanas ni tampoco a personas de distintas edades, sexo o características. El imponer un código homogéneo es, por lo tanto, crear dilemas morales complejos e insolubles".
Para nosotros 'el pluralismo moral es innato'. La biología nos ayuda a determinar que ciertos códigos morales, especialmente los que pretenden ser universalistas, no son compatibles con la naturaleza humana y, por ello, son inaceptables. Incluso podemos llegar más lejos, como por ejemplo las capacidades de respuesta emocional que lo impulsan y lo guían, es la técnica indirecta por la cual el material genético humano ha sido y será mantenido intacto. "La moralidad no tiene otra función última demostrable".
Varios de los principios morales generalmente aceptados concuerdan con los comportamientos promovidos por la selección natural. Y es que la misma naturaleza biológica nos puede predisponer a aceptar ciertos valores éticos, pero no nos determina necesariamente a aceptarlos, es decir que no debemos confundir la 'influencia' o 'predisposición' con un determinismo salvaje. La aceptación de determinadas conductas morales no se realiza 'naturalmente' sino, en última instancia, por la conjunción libertad- elección de la personalidad o a través de consensus social.
En esta línea autores como Konrad Lorenz o Robert Ardrey, han propugnado que la agresividad y el imperativo territorial son tendencias naturales o impulsos elementales, como 'norma normarum', de los que surgen todas las demás pautas de comportamiento por ritualización, redirección o transformación, como son el principio de autoridad, el de jerarquía, etc. Este modelo preprogramado del comportamiento humano no es una restricción de la libertad sino una 'lex natura' condicionada por la memoria genética.
4ª Autoridad Ontogénica y Altruismo Intraespecífico
El hombre está predispuesto a la aceptación social de la autoridad, como atributo directamente favorecido por la selección y la evolución. Los seres humanos aparecen en condiciones de insuficiencia biológica mucho más acusada que en otros animales. La inmadurez biológica y la incapacidad de autosuficiencia es la base de los principios de sociabilidad y jerarquía. Especialmente en una hominidad primitiva (sin excluir por ello a la actual tecno-industrial), los miembros de un clan tienen mayor probabilidad de sobrevivir si acatan la autoridad. De esta forma, mutaciones genéticas que predisponían a la aceptación de la autoridad fueron favorecidas por el devenir selectivo y evolutivo, y llegaron a establecerse gradualmente en todas las comunidades. La existencia de un comportamiento altruístico intraespecífico, tanto en el hombre como en los animales, no parece explicarse como resultado de una selección natural realizada a través de un sistema de valores éticos progresivamente implantados, pues el hombre arriesgado, el héroe portador del alelo altruista, tendría pocas esperanzas de sobrevivir y, por tanto, el comportamiento altruista sería eliminado al cabo de ciertas generaciones.
Si consideramos el concepto sociobiológico de 'eficacia biológica inclusiva', para discernir la incidencia del comportamiento altruista, hay que tener en cuenta no sólo el riesgo del hombre como 'acción arrojada', sino también el beneficio obtenido por el resto de los portadores del alelo altruista. En definitiva, autoridad ontogenética y altruismo intraespecífico son de facto pulsiones vitales innatas, biológicamente predeterminadaas, que contribuyen a reafirmar el carácter multidimensional de nuestro nuevo hombre.
5ª Los principios de Jerarquía y Organicidad
La Etología ha demostrado que la agresividad es un impulso elemental del que derivan todas las demás pautas de comportamiento. La agresividad intraespecífica establece unas relaciones de tipo jerárquico en el interior del grupo, porque el instinto gregario de formar grupos sociales en la especie humana deriva de la doble acción de ese instinto de agresividad (no olvidemos por ello la división funcional de los grupos sociales): reorientado hacia fuera e inhibido hacia dentro, produce el nacimiento de una jerarquía que impone el orden y aumenta la cohesión interna frente a la presión exterior. El mito rousseauniano del 'buen salvaje' bien podría ser una utopía libertaria, pero carece de base científica alguna. Así los mecanismos filogenéticos que han fijado en nuestro material hereditario la tendencia agresiva, han previsto también como instinto inhibitorio y compensatorio la tendencia innata a la sociabilidad. Ahora bien, si estos fenómenos son elementales, se hacen cada vez más complejos, no ya por motivaciones biológicas, sino por el condicionamiento de la memoria cultural de la especie. La libertad del hombre reside, precisamente, en la aceptación de sus principios innatos, por un lado, y en su liberación de todo determinismo unidimensional por otro.
6ª El problema de la naturaleza del Hombre
El hombre no tiene naturaleza. La naturaleza es una idea intepretativa que arranca desde la perspectiva de la invariabilidad de sus leyes. En lugar de naturaleza el hombre tiene Historia, tiene Cultura. Aunque el hombre se mueve en el interior de esa naturaleza, no pertenece a ella, sino al contrario, se sitúa como ser de acción, frente a ella, afirmando su propio ser. El hombre entonces no es invariante ni perpétuo sino que está en constante devenir evolutivo. Al no poseer un ser dado, debe buscarlo eternamente, creándose un mundo nuevo. Y si el hombre es un ser histórico-cultural, pretenderá crear esa nueva forma através de su dimensión técnica. Nuestro estilo de hombre se diferencia del hombre-esclavo en que aquel se enfrenta no-violentamente a la naturaleza mediante la cultura tecnocientífica, mientras éste, el esclavo, considera la cultura y la técnica como naturaleza, sin ahondar en sus raices ni descubrir su propia dinámica. Porque según Alain de Benoist, entre los hombres y la Naturaleza existe una relación privilegiada de interdependencia dialéctica: el hombre actúa sobre la naturaleza y, por consiguiente, sobre sí mismo y sobre su especie, convirtiéndose en dueño y no en primitivo, en reformador y no necesariamente en destructor de su medio
7ª El Hombre Etnopluralista frente al Hombre Etnocéntrico
El hombre etnocéntrico considera a su grupo como centro de todo, proclama su superioridad y desprecia a los 'otros'. Divide al mundo en dos vectores contrapuestos: el grupo-de-nosotros que encarna el bien y la verdad, frente al grupo-de-otros, que según dice Pareto quedan reducidos a la posición simbólica del mal. De este modo todo hombre etnocéntrico (o en tanto que actua como etnocéntrico) es potencialmente culpable de etnocidio. Sin embargo, las ciencias antropológicas demuestran la variedad de la historia, el pluralismo de las culturas, la policromía del mundo y el polimorfismo del hombre. No existe en las culturas uniformidad y homogeneidad que expliquen o atestigüen la presuntuosa unidad del hombre. Frente a la imagen obsesionante de un hombre igual e inmutable, proponemos la visión dinámica de un hombre que se crea y se recrea, inventando, con una libertad que se mueve entre unos determinismos constantes, su propio estilo, en medio de la discontinuidad y la heterogeneidad. El hombre sectario o etnocéntrico se define por una mentalidad estrecha que considera su propio grupo como el único válido y objetivo.
Nuestra misión es combatir el prejuicio etnocéntrico, criticar el absolutismo dogmático, renunciar al orgullo de la única verdad. El hombre etnopluralista parte de una concepción que cree en la multiplicidad de 'etnos', en la pluridimensionalidad de la cultura, como riqueza no patrimonial de los grupos concretos.
8ª El Hombre como héroe
El heroísmo es una actividad del espíritu, por lo que en palabras de Ortega y Gasset, 'todos somos héroes'. Pero ese heroísmo no se limita, no está adscrito a ciertos sentidos específicos de la vida. Es por ello que el heroísmo alcanza la categoría de dimensión del hombre.
La biología, la sociedad y la cultura conforman la herencia real, pero el héroe no se contenta con la realidad, la hace y reforma en virtud de un 'proyecto que no es', sino que 'pretende ser'. De ahí que el hombre es héroe cuando es él mismo, cuando se convierte en hombre auténtico: esa autenticidad le hace abandonar la inercia colectiva y cualquier forma de socialización.
El hombre héroe se hace auténtico por su resistencia a lo habitual y por su invención de gestos originales (lo que Heidegger denominaba Man), pero esa resistencia es dolorosa y desgarradora porque no sólo se dirige al exterior, sino también hacia el interior de si mismo, despojándose de sus partes inauténticas, haciéndose íntegro. Este proyecto de si mismo es aventura, esencial vaivén constitutivo del hombre.
La dimensión heroica del hombre se basa, pues, en la Voluntad de éste; voluntad concebida no como facultad psíquica, sino como presión proyectiva de seguir adelante. Y por ello se complementa con la dimensión trágica del hombre, que no es fatalidad determinista, sino destino propuesto, no elegido, pero si querido por el hombre, como vocación.
9ª La Sociobiología, punto de partida
La aplicación de los descubrimientos de la biología general y del comportamiento animal al estudio del hombre y de la sociedad podría cambiar -como apuntó en su día Koestler- todo lo que se considera definitivamente establecido por la sociología convencional. E. O. Wilson define la sociobiología como 'una prolongación del darwinismo al estudio del comportamiento, que establece un lazo entre la evolución del organismo, la del pensamiento y la del espíritu'. Es decir, una disciplina que intenta demostrar cómo el hombre-social se adapta al medio por evolución y cómo ésta ha marcado sus comportamientos actuales. En la sociobiología confluyen varias corrientes: la Etología desde su enfoque sociobiológico, la teoría neodarwiniana y la aportación de la Ecología.
La sociobiología reconoce que cada hombre constituye una unidad biológica única y original, que afecta a las diferencias psíquicas e intelectuales entre individuos, haciendo válida la afirmación de Galton sobre la herencia de la inteligencia y la personalidad, porque la disparidad entre los seres humanos se basa, ante todo, en las aptitudes para tratar las informaciones, combinarlas, asociarlas e integrarlas. El punto de partida es, pues, que los hombres son desiguales por naturaleza
10ª La Filosofía, vía de Reflexión
La filosofía y las ciencias empíricas necesitan estar en armonía. En cuanto la filosofía trata de la posible naturaleza humana, la dimensión evolutiva de la realidad es inevitable. La filosofía intenta darnos una comprensión del hombre que va más allá de la observación directa, pero, aún así, no puede ignorar los resultados de la ciencia.
La filosofía es en sí misma inmutable y está fundamentada en los principios de identidad, contradicción y racionalidad suficiente. La Metafísica o la filosofía del Ser y de la trascendencia, por su generalidad y abstracción, trasciende todos los mundos posibles, pero por la misma razón, la metafísica no describe ningún mundo concreto entre los posibles. Según la tradición filosófica cristiana, ninguna concepción del hombre que contradiga los principios fundamentales de la metafísica es válida, pero cualquiera sería en principio posible si no los contradice. Sin embargo la labor del intelectual trasciende todas las limitaciones metafísicas y ahonda, sin cortapisas, en el campo de la reflexión, de la mano de la ciencia.
Por eso, toda filosofía de la naturaleza humana solo puede existir en dependencia del conocimiento científico, y no en contradicción con él. El concepto 'hombre', abstracción dinámica y evolutiva, es el ejemplo más claro en el que la ciencia provee a la filosofía con nociones fundamentales que deben ser tenidas en cuenta por cualquier sistema filosófico que pretenda ser auténtico. Ese debe ser nuestro primer objetivo.
11ª Hacia una nueva Antropología
Desconfiemos en estos temas de las indicaciones ofrecidas por el lenguaje de la obviedad y la evidencia, y aún más de los engañosos enunciados metafísicos o teológicos que todavía alardean de establecer apriorística o introspectivamente qué es o debe ser el hombre, cuál es la perenne estructura ontológica de la condición humana, su inmutable esencia, y cuáles son los fines últimos y absolutos de su existencia. El hombre, el objeto más difícil para el conocimiento, rechaza cualquier definición y se convierte en el punto de confluencia y de encuentro de toda una serie de investigaciones que se fundamentan en la complementariedad de las ciencias del hombre y de la Naturaleza.
Los fenómenos sociales, culturales e históricos son procesos caracterizados por una estratificación epistemológica muy compleja. Dicha estratificación implica que los problemas culturales y espirituales de la significación y el valor tengan siempre una premisa: una base biológica existencial que no es posible ignorar. En cuanto la naturaleza homínida es, en muchos casos, original e inventiva, no determinable con parámetros extrahistóricos o extraculturales, una antropología filosófica es una reflexión sobre la difícil posición del hombre en la naturaleza y el cosmos. El hombre está vinculado a sus ciclos vitales, a ritmos biológicos, a su patrimonio genético. Pero todo ello es un “terminus a quo”, un punto de partida, no un itinerario obligado que pre-determine la aventura del hombre en el tiempo y en la historia.

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Jean Thiriart, the Machiavelli of United Europe

Jean Thiriart, the Machiavelli of United Europe

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

Our picture: one of the last photographs of Thiriart alive, taken in August 1992 with Alexander Dughin in Moscow

x_24e1ab05.jpgA diligent reader of Hobbes, Machiavelli, and Pareto, the Belgian Jean Thiriart (1922–1992), founder of the pan-European Jeune Europe (Young Europe), is the theorist of a Greater Europe from Galway to Vladivostok.

Born in 1922 to a liberal family in Liege, Belgium, Jean Thiriart was a young militant in the ranks of the Marxist extreme left as part of the Unified Socialist Young Guard and the Socialist Antifascist Union. He greeted the Molotov-Ribbentrop pact of 1939 with enthusiasm: “The most beautiful, the most exciting part of my life, I admit, was German-Soviet pact.”[1] Because, for him, “National Socialism was not an enemy of Communism, but a competitor.”[2]

 

From One War to Another

In 1940, at the age of 18, he joined the Amis du Grand Reich allemand (AGRA–Friends of the Greater German Reich), the association in occupied French-speaking Belgium of secular and socialist supporters of collaboration, not Rexists. He also belonged to the Fichte Bund, a movement based in Hamburg that emerged from the National Bolshevik current. Condemned to three years of prison after the liberation, he gave up all political activity.

He became reengaged only in 1960, at the age of 38, during the decolonization of the Belgian Congo, taking part in the foundation of the Comité d’action et de défense des Belges d’Afrique (CADBA—Committee of Action and Defense of the Belgians of Africa). Quickly, the defense of the Belgians of the Congo transformed into a fight for the European presence in Africa, including the French in Algeria, and CADBA turned into the Mouvement d’action civique (MAC—Movement of Civic Action). Thiriart, assisted by Paul Teichmann, transformed this Poujadist inflected group into a revolutionary structure that effectively organized Belgian support networks for the OAS [L'Organisation armée secrète, the Secret Army Organization—the French resistance to the decolonization of Algeria—Ed.].

On March 4th, 1962, at a meeting in Venice under the aegis of Sir Oswald Mosley, the leaders of MAC, the Movimento Sociale Italiano (MSI—Italian Social Movement), the Union Movement, and the Reichspartei moved to found a “National European party centered on the idea of European unity.” But nothing concrete came of it. Vowing to create a true European revolutionary party, in January 1963 Jean Thiriart transformed MAC into Young Europe, a transnational European movement under the sign of the Celtic cross. Although established in 6 countries, it never had more than 5,000 members in all of Europe, and this, even Thiriart admitted, “only by scraping the bottom of the barrel.” Of the total, two thirds were concentrated in Italy. In France, because of its support of the OAS, Young Europe was banned, which forced the movement to remain semi-clandestine and explains its weak influence, its manpower not exceeding 200 members.

 

The National European Communitarian

In 1961, in Le Manifeste à la Nation Européenne (Proclamation of the European Nation), Jean Thiriart declared himself for “a united powerful, communitarian Europe . . . opposed to the Soviet and US blocs” [3]. He presented his ideas at greater length in a book published in 1964, Un Empire de 400 millions d’hommes : L’Europe (An Empire of 400 Million Men: Europe). Quickly translated into the seven principal European languages, this work—which was supplemented in 1965 by a booklet of 80 pages, La Grande Nation, L’Europe unitaire de Brest à Bucarest (The Great Nation, United Europe from Brest to Bucharest), deeply influenced the cadres of the European extreme right, particularly in Italy.

The originality of Young Europe lies in its ideology, National European Communitarianism, that Thiriart presents as a “European and elitist socialism,” de-bureaucratized and given a spine by European nationalism. Challenging the romantic concept of the nation inherited from the nineteenth century, which falls under a determinism that is ethnic, linguistic, or religious, he prefers the concept of a dynamic nation: moving, becoming, corresponding to the nation/community of destiny described by José Ortega y Gasset. Without rejecting the common past completely, he thinks that “this past is nothing compared to the gigantic common future . . . What makes the Nation real and viable is its unity of historical destiny” [5].

Describing himself as a “Greater European Jacobin,” he wanted to build a united nation and advocated the “fusion state,” centralized and transnational, the political, legal, and spiritual heir of the Roman Empire, which will give all its inhabitants European omni-citizenship. In 1989, he summarized: “The main axis of my politico-historical thought is the unitary state, the centralized political state, and not the racial state, the nostalgic state, the historical state, the religious state.” Nothing is more foreign for him than the “Europe of a hundred flags” of Yann Fouéré or the “Europe of the carnal fatherlands” dear to Saint-Loup.

Thiriart’s nationalism is based solely on geopolitical considerations. According to him, the only nations that have a future are those of continental scale like the United States, the USSR, or China. Petty traditional nationalisms are obstacles, even anachronisms manipulated by the great powers. Thus to return to grandeur and power, Europe should be unified.

Unification would take place under the aegis of a European Revolutionary Party, organized on the Leninist model of democratic centralism, which would organize the masses and select the elites. A historical party, following the example of Third World experiments like the FLN in Algeria or the FNL in Vietnam, it would be an embryonic state developing into the united European state. It would have to carry out the national liberation struggle against the American occupation, its dedicated collaborators, thousands of “Quislings” from the System parties, and the colonial troops of NATO. Thus Europe would be liberated and unified from Brest to Bucharest, 400 million strong, and would then be able to conclude a tactical alliance with China and the Arab states to break the American-Soviet condominium.

In spite of their geopolitical lucidity, Thiriart’s theses, rationalist and materialist to the extreme, are perplexing in their eminently modern character. As the traditionalist Claudio Mutti, a former militant of Giovane Europa, stressed: “the limit of Thiriart consisted precisely in his secular nationalism, supported by a Machiavellian worldview and deprived of any justification of a transcendent nature. For him, historical confrontations were resolved by brute power relations, while the state is nothing more than incarnated Nietzschean Will to Power in service of a project of European hegemony marked by an exclusivist, blind, and conceited pride” [7].

On the economic plane, Thiriart offered, as an alternative to “the profit economy”—capitalism—and the “utopian economy”—Communism—an “economy of power,” whose only viable dimension is European. Taking as a starting point the economists Fichte and List, he recommended “the autarky of great spaces.” Europe would have to leave the IMF, adopt a single currency, protect itself by tariff barriers, and work to preserve its self-sufficiency.

From Young Europe to the European Community Party

After 1963, dissensions in connection with Haut-Adige [South Tyrol—Ed.] caused a radical schism, which led to the birth of the Europa Front in Germanic countries like Germany, Austria, and Flanders.

However, the year 1964 marks the militant apogee of the movement, which played a leading role, thanks to Doctor Teichmann, in the strike of Belgian doctors opposed to the nationalization of their profession, and took part in communal elections in Quiévrain. Its working class members organized themselves as the Syndicats communautaires européens (SCE—European Community Trade Unions). In August 1964, the journalist Emile Lecerf and Doctor Nancy resigned because of ideological differences with Thiriart. Lecerf went on to head the Révolution européenne group, more or less aligned with the positions of Europe-Action in France, a “nostalgic” and “literary” movement according to Thiriart. The departure of this historic leader, followed in December 1964 by that of Paul Teichmann, caused the militant decline of the organization.

In 1965, Young Europe became the Parti communautaire européen (PCE—European Community Party). Doctrinal concerns then distracted it from militant activism. The theoretical review the European Community came out monthly while Young Europe’s weekly publication became semi-monthly. After October 1965 the party’s Cadre Schools took place across Europe, Thiriart having worked out a “physics of politics” based on the writings of Machiavelli, Gustave Le Bon, Serge Tchakhotine, Carl Schmitt, Julien Freund, and Raymond Aron.

Moreover, the party published, between 1965 and 1969, a monthly magazine in French, La Nation Européenne, and Italian, Nazione Europea, which offered a counter-current to the traditional extreme right by placing the continental unit above the nation, opposing NATO and promoting the autonomous deterrent force wanted by De Gaulle, denouncing in America as the new Carthage, sees in the regimes of Eastern Europe a kind of national Communism, and taking an interest in the liberation struggles of the Third World to the point of describing Cuba, the Arab countries, and North Vietnam as allies of Europe! The magazine, distributed by the NMPP in France, had 2,000 subscribers and printed 10,000 copies of each issue.

In June 1966, Jean Thiriart met in Bucharest with the Chinese prime minister Chou en Lai on the initiative of Ceausescu. Beijing then spoke about a “tri-continental” struggle. Thiriart  advocated a  “quadri-continental” struggle, proposing to foment a Vietnam within Europe. For that, he envisaged creating “European brigades” on the Garibaldian model, which, after having fought in the Middle East or in Latin America, would return to fight a war of liberation in Europe.

It should be noted that following this discussion, the Italian militants of Giovane Europa carried out united actions with local Maoists, unified by a minimal common program of hostility to the two superpowers, rejection of the Yankee occupation of Europe, anti-Zionism, and support for Third World liberation struggles). This fundamental collaboration was not without consequences. Various National European cadres ultimately joined the Maoist ranks. Thus in 1971 Claudio Orsoni, nephew of the fascist leader Italo Balbo and a founding member of Giovane Europa, would create the Center for the Study and Application of Maoist Thought. In 1975, Pino Bolzano, the last director of La Nazione europea, went on to lead the daily paper of the extreme left group Lotta Continua [The Struggle Continues—Ed.] Renato Curcio would join the Marxist-Leninist Italian Communist Party before founding . . . the Red Brigades!

Young Europe had supporters in certain countries in Eastern Europe and the Middle East. Thus, on August 1st, 1966, Thiriart published an article in Serbo-Croatian, entitled “Europe from Dublin to Bucharest,” in the official diplomatic review of the Yugoslav government Medunarodna Politika.  Ferociously anti-Zionist, the Belgian leader was in contact with Ahmed Shukeiri, predecessor of Arafat as the head of the PLO, and the first European to fall with weapons in hand at the side of the Palestinians was a French engineer and member of Young Europe, Roger Coudroy.

Thiriart also had ties to Arab secular-socialist regimes. In  the autumn of 1968, he made a long voyage to the Middle East at the invitation of the governments of Iraq and Egypt. He had discussions with several ministers, gave interviews to the press, and took part in the congress of the Arab Socialist Union, the party of Nasser, whom he met on this occasion. Disappointed by the lack of concrete support from these countries, in 1969 he renounced militant combat, causing the breakup of Young Europe.

The Euro-Soviet Empire

He would continue, however, his rich theoretical reflections. When Washington approached Beijing in the 1970s, he suggested a Euro-Soviet alliance against the Sino-American axis, in order to build a “very large Europe from Reykjavik to Vladivostok,” which he thought was the only way to resist the new American Carthage and billion-strong China. This is what led him to declare in 1984: “If Moscow wants to make Europe European, I preach total collaboration with the Soviet enterprise. I will then be the first to put a red star on my cap. Soviet Europe, yes, without reservations” [8].

Thiriart’s dream of a Euro-Soviet Empire, which he described as a “hyper-nation state equipped with a de-Marxified hyper-communism”[9], merges with Eurosiberia: “Between Iceland and Vladivostok, we can join together 800 million men . . . and find in the soil of Siberia all our strategic and energy needs. I say that Siberia is the economically most vital power for the European Empire” [10]. He then worked on two books: The Euro-Soviet Empire from Vladivostok to Dublin: After-Yalta and, in with José Cuadrado Costa, The Transformation of Communism: Essay on Enlightened Totalitarianism, which remained on the drawing board because of the sudden collapse of the USSR. He left his political exile only in 1991 to support the creation of the Front européen de libération (FEL—European Liberation Front). In 1992, he went to Moscow with a delegation of the FEL and died of an heart attack shortly after his return to Belgium, leaving a controversial but original body of theoretical work, which inspires to this day Guillaume Faye, the preacher of Eurosiberia, and Alexander Dugin, the prophet of Eurasia.

Notes

1. C. Bourseiller, Extrême-droite. L’enquête (F. Bourrin, 1991), p. 114,.
2. Ibid.
3. Nation-Belgique, no. 59, September 1, 1961.
4. J. Thiriart, La Grande Nation. L’Europe unitaire de Dublin à Bucarest (1965).
5. Ibid.
6. C. Bourseiller, p. 119.
7. Notes complémentaires de C. Mutti à G. Freda, “La désintégration du système,” supplément to Totalité, no. 9 (1980).
8. Conscience Européenne, no. 8, July 1984.
9. Ibid.
10. J. Thiriart, “L’Europe jusqu’à Vladivostok,” in Nationalisme & République, no. 9, September 1992.

 

Source : Réfléchir & Agir, no. 21, Fall 2005, pp. 44–47.

Online source here, articles by Jean Thiriart here

lundi, 27 septembre 2010

La guerre des monnaies

La guerre des monnaies

Ex: http://fortune.fdesouche.com/

Un article du Monde vient de mettre en exergue un phénomène qui ne date pas d’hier. En effet, on apprend dans cet article que le Japon a décidé de façon unilatérale de faire descendre la valeur de sa monnaie. Cette dernière n’a pas cessé de s’accroître ces derniers mois et la cause principale [en est le] changement dans la politique monétaire de la Chine. En effet, cette dernière souhaite de plus en plus se débarrasser de ses bons du Trésor américains ; les Chinois se sont donc naturellement rués vers les bons japonais. Ce faisant, ils font grimper de façon artificielle la monnaie japonaise, alors que la situation économique au Japon ne justifie en rien cette hausse.

Cette affaire montre le caractère totalement instable du système de changes flottants mis en place dans les années 70, suite à la déconnexion du Dollar et de l’or, qui était pourtant le pilier du système de Bretton Woods. Si le système a fait illusion jusqu’à présent, avec tout de même quelques graves crises, que ce soit dans les pays émergents ou développés comme en 1987, en 1992, en 1997, en 2002, c’est parce que l’Amérique et ses déficits étaient là. Or, la crise actuelle est plus grave, parce que le mécanisme qui permettait à la machine de continuer à fonctionner a disparu. Ce sont les déficits commerciaux américains toujours croissants et les politiques semi-keynésiennes de relance sans protection, qui ont permis à la croissance de continuer, en évitant ainsi une guerre mondiale des monnaies.

Sans la surconsommation américaine, le système à changes flottants montre son instabilité intrinsèque, chaque pays cherchant à profiter de ses excédents pour croître au détriment du voisin. Tout le monde comprime sa demande et, au final, il n’y a plus de croissance nulle part. Sans un pays consommateur absorbant tous les excédents, la planète est condamnée à la dépression et à la guerre monétaire.

 

C’est ce que cette affaire du Yen révèle, nous arrivons au bout de la logique du système à changes flottants. Les nations vont devoir, petit à petit, se résoudre à mettre fin à la libre circulation des capitaux et aux flottements monétaires. Le Japon, par exemple, n’empêchera pas éternellement sa monnaie de croître, en respectant les règles actuelles. Pour l’instant, la BoJ [Bank of Japan : Banque du Japon] réussit à faire plonger le Yen, grâce à des injections massives de monnaies, mais combien de temps pourra-t-elle le faire, sachant que les Chinois ont décidé d’acheter du Yen pour se prémunir d’un effondrement du Dollar ?

On retrouve ici le problème que l’on a également dans le commerce : il est impossible de réguler l’économie en utilisant uniquement les faibles instruments monétaires. De la même manière que la monnaie et les taux d’intérêts régulent mal le commerce, ils empêchent aussi difficilement les flux de capitaux d’entrer, si ces derniers l’ont décidé.

Pour réguler tout ça, il faut se diriger vers des mécanismes extérieurs à la raison libérale. La Chine, elle, contrôle parfaitement sa monnaie, elle ne la laisse pas flotter et elle a un cours forcé. De la même manière, la puissance chinoise ne laisse pas entrer ou sortir les capitaux librement ; il serait peut-être temps que nos pays reconsidèrent ce qu’ils croient être la meilleure façon de faire en matière de politique monétaire.

On ne peut pas réguler l’économie par les seuls taux d’intérêts, et le système à changes flottants est naturellement chaotique comme je l’avais expliqué dans ce texte. En décloisonnant tout et n’importe quoi, en laissant les capitaux et les marchandises aller où ils veulent, en laissant n’importe qui acheter n’importe quoi, n’importe quand, nous avons créé de toutes pièces un système instable.

Il faut découpler les variables

Le système économique mondial actuel est de type chaotique au sens mathématique du terme car, en multipliant les acteurs et les interactions, nous avons fabriqué un système inintelligible pour l’être humain. Ainsi, les interactions monétaires rendent-elles impossible l’équilibre des monnaies à l’échelle mondiale. Un changement monétaire au Japon déséquilibre les monnaies européennes qui, à leur tour, peuvent dévaluer et ainsi de suite. Il n’y a pas d’équilibre stable trouvable, car il y a trop de monnaies différentes en circulation pour pouvoir trouver un équilibre mondial.

Il en va de même pour la libre circulation des capitaux : ces derniers, toujours pris entre leur désir de hauts rendements à court terme et leur désir de sécurité, vont se balader sur toute la planète en déstabilisant les nations, aujourd’hui toutes trop petites pour les accueillir en masse. Ainsi voit-on les monnaies japonaise ou suisse flamber, parce que les investisseurs ont peur de perdre leur argent.

En général, en physique, lorsque l’on se retrouve avec un problème de ce type, on essaie de réduire les interactions entre les variables, pour permettre à notre cerveau de trouver une solution au problème. Car une multitude d’interactions produit mécaniquement un phénomène chaotique, à la manière du célèbre vol de papillon qui produit un ouragan. Mais la grosse différence entre le climat et l’économie, c’est que nous ne pouvons pas modifier le système climatique : il est comme il est ; alors que le système économique est le fruit de décisions politiques.

Les changes flottants, le libre-échange, la liberté de circulation des capitaux, sont des choix politiques qui peuvent très bien êtres défaits. La politique protectionniste et d’autosuffisance, dans ce cadre, peut être en quelque sorte considérée comme une astuce visant à découpler les variables du problème, c’est-à-dire faire en sorte que les nations interactives deviennent autonomes. Ce n’est que sous cette condition que l’on pourra à nouveau mettre de l’ordre au chaos et stabiliser à nouveau l’économie mondiale.

Vers un nouveau Bretton Woods

L’ancien système de Bretton Woods découplait déjà les variables de l’économie-monde ; en effet, les protections tarifaires, l’étalon-or et les mécanismes de séparation entre les banques de dépôt et les banques commerciales, faisaient offices de mécanisme de découplage. Dans ce cadre, les nations pouvaient faire des choix qui n’impactaient pas leurs voisines : la France produisait surtout pour la France, l’Allemagne pour l’Allemagne, etc. Quand un ralentissement apparaissait aux USA, cela n’avait pratiquement aucune incidence sur les économies européennes ou japonaise ; il suffit de regarder les chiffres des années 50-75 pour s’en convaincre. Ainsi, chaque peuple pouvait faire sa propre politique dans son coin ; même s’il y avait tout de même quelques interactions, elles étaient négligeables en regard des transactions internes à chaque pays.

C’est cette mécanique que la globalisation néolibérale a détruite. Persuadées que le commerce était à la source de la croissance, alors qu’il n’en est que le résultat, les instances internationales n’ont cessé de prôner le démantèlement des différentes barrières que l’Histoire d’après 1929 avait laissées derrière elle.

C’est par nostalgie de l’ancien système de Bretton Woods [que les Européens ont été poussés] à créer l’Euro ; malheureusement, dans leur précipitation, [ils] ne sont pas allés au bout de leur logique. S’ils ont réussi à construire un système monétaire stable entre les Européens, à l’image de l’étalon-or de Bretton Woods, ils ne sont pas allés plus loin, oubliant les contrôles tarifaires visant à équilibrer les balances des paiements des pays membres, laissant ainsi les faibles à la merci des forts. Ils n’ont d’ailleurs pas plus régulé les capitaux, comme c’était pourtant le cas dans Bretton Woods.

En fait, l’Euro n’est que le lointain écho du système d’après guerre ; l’Europe, soumise comme elle l’est aux influences des lobbies de toutes sortes, ne pouvait guère produire autre chose qu’un système bâtard, incapable de survivre au temps. Nous sommes orphelins d’un système stable et nos hommes politiques ne cessent de se référer à cette fameuse conférence où le sort du monde fut décidé.

Ainsi, Nicolas Sarkozy vient-il a nouveau d’en parler dans une conférence, en déclarant :

« Le premier chantier du G-20 sera «la réforme du système monétaire international». La France plaide pour la mise en place d’un instrument qui évite la volatilité excessive des monnaies. «Je proposerai l’organisation d’un séminaire international avec les meilleurs spécialistes monétaires internationaux, pourquoi pas en Chine». Un Bretton Woods bis. Trois pistes seraient à l’étude, dont le renforcement des mécanismes de gestion de crise et des mécanismes internationaux d’assurance. «C’est la règle qui protège la liberté et l’absence de règle qui détruit la liberté». »

Mais c’est oublier que Bretton Woods fut un moment particulier de l’Histoire humaine, un moment où peu de nations contrôlaient la totalité de la puissance mondiale. Les deux premières se lançant dans un risque de confrontation monstrueuse, l’URSS et les USA. Ce sont ces conditions politiques qui ont permis Bretton Woods.

Aujourd’hui, personne, pas même la Chine, ne peut imposer une telle unité, [ni] donc imposer des règles mondiales. Les prochains Bretton Woods, s’ils doivent apparaître, seront plutôt des systèmes locaux rassemblant plusieurs nations, ou purement nationaux.

Si les Européens avaient été moins bêtes, ils auraient pu mettre le premier système en place. Avec une fermeture commerciale de l’UE, une monnaie commune et des systèmes de régulations internes, l’Europe aurait retrouvé son rôle d’exemple. Malheureusement, les européistes ont voulu faire de l’Europe un Etat fédéral, ce qui produira une explosion à long terme et des incohérences qui produisent aujourd’hui la fameuse eurodivergence.

C’est donc plutôt en Asie ou en Amérique du Sud que se trouveront les solutions à long terme. L’Asie, structurée autour de la Chine, pourrait très bien mettre [en place] un système semblable à celui de Bretton Woods, avec la Chine dans le rôle des USA ; même chose en Amérique du Sud, [avec] le Brésil.

En tout cas, s’il est difficile de prévoir quelle sera l’organisation économique de demain, il est certain que le système actuel, totalement chaotique, ne pourra pas durer. Le nouveau ralentissement économique américain, en 2010-2011, va produire de graves incidents sur le reste de la planète, en attendant la fin du dollar comme monnaie de réserve.

Le Bon Dosage

Conservadurismo revolucionario frete a neoconservadurismo

 CONSERVADURISMO REVOLUCIONARIO FRENTE A NEOCONSERVADURISMO

ReCons versus NeoCons

SEBASTIAN J. LORENZ
fidus-schwertwache.jpgBajo la fórmula “Revolución Conservadora” acuñada por Armin Mohler (Die Konservative Revolution in Deutschlan 1918-1932) se engloban una serie de corrientes de pensamiento contemporáneas del nacionalsocialismo, independientes del mismo, pero con evidentes conexiones filosóficas e ideológicas, cuyas figuras más destacadas son Oswald Spengler, Ernst Jünger, Carl Schmitt y Moeller van den Bruck, entre otros. La “Nueva Derecha” europea ha invertido intelectualmente gran parte de sus esfuerzos en la recuperación del pensamiento de estos autores, junto a otros como Martin Heidegger, Arnold Gehlen y Konrad Lorenz (por citar algunos de ellos), a través de una curiosa fórmula retrospectiva: se vuelve a los orígenes teóricos, dando un salto en el tiempo para evitar el “interregno fascista”, y se comienza de nuevo intentando reconstruir los fundamentos ideológicos del conservadurismo revolucionario sin caer en la “tentación totalitaria” y eludiendo cualquier “desviacionismo nacionalsocialista”.
Con todo, los conceptos de “revolución conservadora” y de “nueva derecha” no son, desde luego, construcciones terminológicas muy afortunadas. Por supuesto que la “revolución conservadora”, por más que les pese a los mal llamados “neconservadores” (sean del tipo Reagan, Bush, Thatcher, Sarkozy o Aznar), no tiene nada que ver con la “reacción conservadora” (una auténtica “contrarrevolución”) que éstos pretenden liderar frente al liberalismo progre, el comunismo posmoderno y el contraculturalismo de la izquierda. Pero la debilidad de la derecha clásica estriba en su inclinación al centrismo y a la socialdemocracia (“la seducción de la izquierda”), en un frustrado intento por cerrar el paso al socialismo, simpatizando, incluso, con los únicos valores posibles de sus adversarios (igualitarismo, universalismo, falso progresismo). Un grave error para los que no han comprendido jamás que la acción política es un aspecto más de una larvada guerra ideológica entre dos concepciones del mundo completamente antagónicas.
Tampoco la “nueva derecha” representa un nuevo tipo de política conservadora frente a la ya tradicional economicista, gestionaria y demoliberal, sino que se sitúa en algún lugar “neutro” (no equidistante) entre la derecha y la izquierda (extramuros de la política), como se desprende inmediatamente de la antología de textos de Alain de Benoist publicada por Áltera (“Más allá de la derecha y de la izquierda”). Recordemos que, cuando a Drieu La Rochelle le preguntaron por su adscripción política, jugando con la posición que ocupan en los parlamentos los distintos grupos políticos a la derecha o a la izquierda del presidente de la cámara, el pensador francés se situaba, precisamente, justo por detrás de éste. Toda una declaración de principios.
El propio Alain de Benoist, en la citada antología, se pregunta cuáles son las razones del retraimiento progresivo de la interferencia entre las nociones de derecha y de izquierda, precisando que «desde luego que la derecha quiere un poco más de liberalismo y un poco menos de política social, mientras que la izquierda prefiere un poco más de política social y un poco menos de liberalismo, pero al final, entre el social-liberalismo y el liberalismo social, no podemos decir que la clase política esté verdaderamente dividida» Y citando a Grumberg: «El fuerte vínculo entre el liberalismo cultural y la orientación a la izquierda por un lado, y el liberalismo económico y la orientación a la derecha por otro, podrían llevar a preguntarnos si estos dos liberalismos no constituyen los dos polos opuestos de una única e igual dimensión, que no sería otra que la misma dimensión derecha-izquierda.»
Pero seguramente ha sido Ernst Jünger (“El Trabajador”) quien mejor ha descrito estos conceptos políticos. El conservador genuino –escribe Jünger- no quiere conservar éste o aquél orden, lo que quiere es restablecer la imagen del ser humano, que es la medida de las cosas. De esta forma, «se vuelven muy parecidos los conservadores y los revolucionarios, ya que se aproximan necesariamente al mismo fondo. De ahí que sea siempre posible demostrar la existencia de ambas cualidades en los grandes modificadores, en las que no sólo derrocan órdenes, sino que también los fundan». Jünger observaba cómo se fusionan de una manera extraña las diferencias entre la “reacción” y la “revolución”: «emergen teorías en las cuales los conceptos “conservador” y “revolucionario” quedan faltamente identificados …, ya que “derecha” e “izquierda” son conceptos que se bifurcan a partir de un eje común de simetría y tienen sentido únicamente si se los ve desde él. Tanto si cooperan como si lo hacen al mismo tiempo, la derecha y la izquierda dependen de un cuerpo cuya unidad tiene que hacerse visible cuando un movimiento pasa del marco del movimiento al marco del estado.» Sin comentarios.
Por todo ello, queremos subrayar aquí que, con la denominación de “Nueva Derecha” –aunque no nos agrade tal calificación y optemos por la de “Conservadurismo Revolucionario”--, se hace referencia a un estilo ético y estético de pensamiento político dirigido al repudio de los dogmatismos, la formulación antiigualitaria, el doble rechazo de los modelos capitalista y comunista, la defensa de los particularismos étnicos y regionales, la consideración de Europa como unidad, la lucha contra la amenaza planetaria frente a la vida, la racionalización de la técnica, la primacía de los valores espirituales sobre los materiales. El eje central de la crítica al sistema político “occidental” lo constituye la denuncia del cristianismo dogmático, el liberalismo y el marxismo, como elementos niveladores e igualadores de una civilización europea, perdida y desarraigada, que busca, sin encontrarla, la salida al laberinto de la “identidad específica”. En el núcleo de esta civilización europea destaca la existencia del “hombre europeo multidimensional”, tanto al nivel biológico, que en su concepción sociológica reafirma los valores innatos de la jerarquía y la territorialidad, como al específicamente humano, caracterizado por la cultura y la conciencia histórica. Constituye, en el fondo, una reivindicación de la “herencia” –tanto individual como comunitaria-, fenómeno conformador de la historia evolutiva del hombre y de los pueblos, que demuestra la caducidad de las ideologías de la nivelación y la actualidad de la rica diversidad de la condición humana. Un resumen incompleto y forzado por la tiranía del espacio digital, pero que sirve al objeto de efectuar comparaciones.
Entre tanto, el “Neoconservadurismo” contrarrevolucionario, partiendo del pensamiento del alemán emigrado a norteamérica Leo Strauss, no es sino una especie de “reacción” frente a la pérdida de unos valores que tienen fecha de caducidad (precisamente los suyos, propios de la burguesía angloamericana mercantilista e imperialista). Sus principios son el universalismo ideal y humanitario, el capitalismo salvaje, el tradicionalismo académico, el burocratismo totalitario y el imperialismo agresivo contra los fundamentalismos terroristas “anti-occidentales”. Para estos neconservadores, Estados Unidos aparece como la representación más perfecta de los valores de la libertad, la democracia y la felicidad fundada en el progreso material y en el regreso a la moral, siendo obligación de Europa el copiar este modelo triunfante. En definitiva, entre las ideologías popularizadas por los “neocons” (neoconservadores en la expresión vulgata de Irving Kristol) y los “recons” (revolucionarios-conservadores, de mi cosecha) existe un abismo insalvable. El tiempo dirá, como esperaban Jünger y Heidegger, cuál de las dos triunfa en el ámbito europeo de las ideas políticas. Entre tanto, seguiremos hablando de esta original “batalla de las ideologías” en futuras intervenciones.
[Publicado por "ElManifiesto.com" el  20/08/2010]