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vendredi, 20 avril 2012

Le nouveau Kulturkampf

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Le nouveau Kulturkampf

Werner Olles

Ex: http://www.catholica.presse.fr/

[Werner Olles fait partie, comme Günter Maschke ou Botho Strauss, des Konvertiten, ces anciens activistes du mouvement de 1968 qui ont abandonné leurs attaches d’origine. En 1968-1969, Werner Olles militait à Francfort dans les rangs du SDS de Rudi Dutschke. Après être passé dans différents mouvements de la gauche radicale, il est devenu permanent des jeunesses socialistes (Juso) entre 1973 et 1977. Ce n’est que dans la fin des années soixante-dix qu’il rompt avec ce milieu. Il collabore aujourd’hui régulièrement à l’hebdomadaire berlinois Junge Freiheit, organe de presse non conformiste, idéologiquement composite, stupidement désigné du doigt comme néonazi par la propagande marxiste toujours culturellement dominante outre-Rhin, particulièrement haineuse contre les transfuges de son camp.]

C’est dans les années soixante, alors que l’école de Francfort prend ses distances avec le marxisme pour se rallier à la variante antifasciste du libéralisme, que l’on assiste à la fin des débats intellectuels entre gauche et droite. Pour les deux camps, bien qu’ils ne l’avouent pas, il s’agit d’une défaite intellectuelle : pour la gauche, car même si elle conserve certains restes du marxisme, elle poursuit désormais une forme de sentimentalisme moralisateur fondé sur l’antifascisme ; pour la droite conservatrice, dans la mesure où, se définissant par opposition, elle perd son adversaire et donc sa raison d’être intellectuelle.

Dans son cas la crise prend cependant l’allure d’une tempête dans un verre d’eau, car il est difficile d’identifier chez elle le moindre projet, qu’il s’agisse d’un projet intellectuel, populiste, voire même terroriste. L’époque est aux grandes ruptures. L’Eglise catholique n’arrête pas de se réformer et les syndicats se transforment en sociétés d’assurances, tandis que les partis font semblant de faire de la politique. L’extension de l’utilitarisme a joué un rôle important dans cette évolution, avec pour effet de transformer en norme le matérialisme, sous la forme d’une idolâtrie de la marchandise, et de disqualifier la différence entre la vérité et l’erreur, ce qui fait que tout est possible pour arriver à ses fins. Dans cette idolâtrie de la marchandise, les verts allemands, les Grünen, ont joué un rôle d’avant-garde. Le communiste Rudolf Bahro disait à leur sujet : « La classe la plus corrompue psychologiquement est la classe intellectuelle bourgeoise de type alternatif dont le seul objectif est l’expansion de son propre style de vie ». Il y a quelque temps, nous avons eu un grand débat visant à faire le bilan du mouvement de 1968. La conclusion s’est imposée : la protestation révolutionnaire, loin de donner un coup de frein à la société de consommation, a paradoxalement accéléré son développement. L’adaptation a été si parfaite que les soixante-huitards n’ont même pas remarqué qu’ils étaient devenus les défenseurs d’un système qu’ils étaient censés avoir attaqué. C’est l’une des forces de ce système que de pouvoir anéantir ses ennemis par l’intégration. Dans cette grande révolution sociale, on a donc cherché la rupture avec la tradition, mais sans trop savoir vers où on allait, et c’est de cette manière que s’est construite la critique sociale. Mais maintenant que l’Etat est aux mains des soixante-huitards, les masques sont tombés et avec eux les grands idéaux, et le climat est donc au désarroi : désarroi des militants qui ont l’impression d’avoir été trompés, désarroi de la société qui ne parvient plus à distinguer les messages des uns et des autres. Et cette nouvelle situation engendre une crise de confiance vis-à-vis de la sphère politique, chacun prenant peu à peu conscience du décalage entre les discours et les actes. Au-delà des grands objectifs proclamés, il devient manifeste que les hommes politiques constituent une classe homogène qui cherche avant tout son intérêt propre. Le discrédit se porte donc à la fois sur les hommes du fait de leur hypocrisie, et sur les idées qu’ils véhiculent parce qu’elles apparaissent de plus en plus clairement comme un vulgaire alibi. Les grands concepts de souveraineté populaire et de représentation perdent leur brillant et apparaissent brutalement comme des concepts vides visant à masquer la captation du pouvoir par une classe spécialisée.

Dans cette situation de désillusion, il est étonnant de constater à quel point l’imagination politique a pu manquer. Si la classe politique n’a pas intérêt à sortir de ce système, qui constitue son gagne-pain, la société, de son côté, tient aux avantages acquis et ne souhaite en rien sacrifier son mode de vie individualiste et hédoniste. En définitive, c’est la peur de l’inconnu qui domine : même si les gens ne sont pas satisfaits du régime actuel, ils craignent les nécessaires remises en cause que pourrait impliquer un changement. En fait, ils ne sont pas suffisamment désillusionnés pour passer à un rejet militant. Toute forme d’alternative semble impensable, si bien qu’on assiste à la victoire du mot d’ordre de Churchill : « La démocratie est le pire des régimes à l’exception de tous les autres ». Quant aux milieux conservateurs dont on attendrait une opposition plus résolue, c’est le fatalisme du fait accompli qui les anéantit. Ils sont tellement englués dans la réalité quotidienne de l’ordre des choses en vigueur que celui-ci leur masque toute autre perspective. L’imagination et l’audace politique disparaissent, la seule réponse possible restant de nature purement défensive.

Si l’on veut comprendre ce phénomène de résignation désillusionnée ou de désillusion résignée, il faut prendre la mesure de l’extension aux masses de l’utilitarisme ironique. Si personne ne croit plus aux grands discours, seule compte désormais l’utilité individuelle. On retrouve le même processus d’ironisation du côté de l’Etat et du côté du peuple, les deux se conditionnant d’ailleurs mutuellement. Alors qu’autrefois l’Etat était convaincu de la noblesse de sa mission, aujourd’hui tel n’est plus le cas. La crise touche tout autant la classe politique que celle des fonctionnaires qui, persuadés jusque-là d’assurer une mission de bien public, tombent désormais dans la désillusion et se mettent comme les autres à adopter l’utilitarisme ambiant. Du côté de la société, le processus est analogue. A la différence d’il y a une cinquantaine d’années, personne ne croit plus aux grands discours et à la mission de l’Etat. Dans ce climat, chacun se met donc à chercher son bien propre. La société se transforme en une juxtaposition de mafias qui cherchent toutes leur intérêt. Cependant, puisque personne ne croit plus à rien si ce n’est à l’organisation du bien-être personnel, on pourrait imaginer que l’espace public affiche cet individualisme radical. Or, il semble que l’ensemble des acteurs tiennent malgré tout à sauver la face en faisant comme si de rien n’était. Pour maintenir l’illusion, on trouve de nouveaux projets ou, pour reprendre l’expression du président Kennedy, de nouvelles frontières. La construction de l’Europe tout comme le bricolage du vivant remplissent typiquement cette fonction.

Si l’on voulait adopter une perspective de rupture, il faudrait identifier les lieux de production de l’idéologie et du conformisme, car ce sont eux qui font constamment de la publicité pour le monde tel qu’il est. La gauche, qui est allée à pas de géant de Marx à Habermas, n’est plus en mesure d’analyser les structures d’encadrement intellectuel et social des masses. Tout occupée avec sa propre subjectivité, elle n’en finit plus de s’autocélébrer. La « postpolitique » constituant le paradigme dominant, il s’opère une clôture de l’organisation sociale sur elle-même, ce qui fait que plus personne ne pense à la remettre en cause. Il n’y a plus ni ami ni ennemi, mais seulement des malades et des gens en bonne santé. Tout cela débouche sur une nouvelle forme de Kulturkampf, où il n’y a plus de véritable débat, où toutes sortes de placebos sont administrés pour faire face à la dépression de chaque camp et où l’opposant doit être « traité » pour revenir à la normalité. Ce que l’on appelle en Allemagne la « révolte des bien-pensants » (Der Aufstand der Anständigen) est typique de ce phénomène : il s’agit en effet d’une coalition hétéroclite regroupant Eglises, syndicats, partis et bonnes gens de toute couleur politique dont l’objectif est de pourchasser tous ceux qui ne sont pas dans la ligne en les accusant de néonazisme. L’ironie de l’histoire, c’est que ceux qui sont exclus se prennent pour des résistants héroïques au même titre que les bien-pensants, ce qui vient confirmer que l’idéologie actuelle fonctionne comme une machine à fabriquer de l’autosatisfaction.

Même si on ne peut reporter toute la responsabilité sur le mouvement de 1968, il est évident que toute cette agitation a contribué à la déconstruction de l’Etat dans sa forme autoritaire telle qu’elle a existé jusque dans les années cinquante. L’objectif était de casser ce qui pouvait rester d’unité sociale pour aboutir à l’éclatement dans tous les domaines : politique, culturel, et aussi religieux. Et ce processus a pris corps avec la politisation et la démocratisation de tous les secteurs de la vie. L’une des fonctions essentielles de 1968 aura été de faire sauter un certain nombre de verrous. Dans les années soixante, la société était mûre pour se libéraliser tandis que l’Etat travaillait à sa propre dissolution/recomposition (Entkernen). La nouveauté, c’est alors l’éclatement de la société en de très nombreux petits groupes d’intérêt qui fonctionnent tous à la manière de gangs. L’Etat lui-même est devenu mafieux au point qu’il n’est plus possible de le distinguer du reste de la société. Certes, nous ne touchons pas encore le fond et il est difficile de discerner la sortie de ce processus de déclin, mais personne ne paraît aujourd’hui en mesure de donner un coup de frein. En fait, le système a découvert les lois de l’éternelle stabilité ! Il s’agit d’une grande tromperie dont personne n’est dupe mais que tout le monde accepte.

C’est là que la question du « que faire ? » prend tout son sens. Malheureusement, du côté de ceux qui sont censés refuser l’effondrement, on ne peut que constater le manque d’idées visant à arrêter ce dernier. Et pourtant il y a suffisamment de raisons qui devraient pousser à la révolte contre le système technocratique, d’autant plus que si ce dernier est très puissant, il est en même temps très vulnérable. Du fait de cette contradiction interne, je pense qu’il vaudrait mieux parler d’ordre instable. Le paradoxe est si fort que le scénario de l’implosion n’est pas à exclure : ce serait la réitération à l’Ouest de ce qui s’est passé à l’Est pour le régime communiste. Cependant, il nous faut prendre conscience qu’aussi longtemps que la grande coalition de technocrates-chrétiens et des sociaux-technocrates, des réalistes pragmatiques et des gens de droite, s’appuyant sur les restes de la théorie critique, entretiendra son hégémonie culturelle sous la forme de l’évangile de la « société civile » ou sous la forme de l’engagement en faveur des droits de l’homme, toute révolte contre cette technocratie sera impossible et de ce fait devra être pensée dans la durée. Une autre difficulté vient du caractère insaisissable des centres de pouvoir, puisque la technocratie est tout à la fois partout et nulle part. Auparavant, il était facile d’identifier les lieux du pouvoir : c’était l’empereur, le tsar, le roi. Avec la nouvelle technocratie, le pouvoir devient à la fois tentaculaire et anonyme. La révolte devient de ce fait beaucoup plus difficile.

* * *

Plusieurs éléments peuvent cependant jouer à l’avenir et la démographie n’est pas l’aspect le moins important. On va en effet tout droit vers le suicide démographique : il s’agit d’une vague de fond irrésistible. Le système a trouvé malgré tout la parade en recourant massivement à l’immigration. Et je ne crois pas que de ce fait nous allions au devant d’une grande guerre civile, car les nouveaux arrivants vont progressivement s’assimiler et, un jour ou l’autre, ils seront aussi décadents et corrompus que le reste de la population. Certes, on peut imaginer qu’une minorité restée religieuse garde un mode de vie différent, mais il ne peut s’agir que d’une minorité. De toute façon, si elle garde sa religion, ce sera uniquement à titre privé. Même si les futurs immigrés parviennent à constituer une force sociale, ils prendront les mêmes habitudes et deviendront aussi mafieux que les autres. Je ne crois ni à un clash violent ni à la république islamique. En revanche, la décadence occidentale se renforcera.

Aussi, je ne vois aujourd’hui aucune issue dans la décennie qui vient. Même en France où un contexte plus favorable permet l’expression politique dissidente, le système sait gérer cette « crise » en mettant en place tous les contre-feux nécessaires. Je suis donc plutôt pessimiste dans le court terme. Avec la disparition de l’attachement à la religion, à la nation ou à la famille, on assiste à une nouvelle aggravation du drame de l’homme moderne. Il est vrai que la société atomisée peut encore enivrer ses membres avec plus de loisirs, de vacances, de télévision, de consommation et de drogue. Comme dirait mon ami Günter Maschke, il nous faut faire face à un phénomène d’« individualisation sur fond de massification totale ». Tandis que la reproduction industrielle de l’homme est à portée de la main, jamais on ne lui a autant expliqué combien il constituait une créature singulière ! Mais parallèlement l’homme expérimente quotidiennement sa solitude, son désarroi et sa totale impuissance. Il va donc falloir admettre un jour que le projet des Lumières a échoué et que la société moderne est régie par un anti-humanisme. Mais comme personne n’ose le dire — car il faudrait alors admettre que l’existence humaine est une « vallée de larmes » — le train est déjà parti et on ne peut plus l’arrêter.

Pourrait-on reprendre contre le système technocratique la révolte inaugurée par le surréalisme à l’encontre la domination de la raison ? Ce ne serait qu’un jeu, une mise en scène esthétique. « Qui ne fait plus aucune conquête, consent à être conquis », écrivait Cioran. Il est difficile de discerner les contours que la dissidence peut et doit prendre si elle veut échapper à certains courants pessimistes. Sans objectif, elle oscillera en tout cas entre ralliement « réaliste » et opposition totale mais stérile. Je ne vois malheureusement nulle part une volonté politique de dépasser la situation présente. Il se passera encore beaucoup de temps avant que les nappes de brouillard ne se dissipent et que l’on puisse distinguer les nouvelles lignes de front pour que finalement sonne l’heure du politique et du réveil national. Si bien qu’aujourd’hui je pense que notre devoir est de créer un peu de désordre intellectuel dans une sphère publique occupée par un Kulturkampf au rabais, et dont le caractère artificiel tient à la mise en scène stéréotypée des protagonistes, la figure du conservateur jouant le rôle de bouc émissaire. Je ne crois pas au caractère réformable du système et toute stratégie participative, notamment par l’insertion au sein des partis, est vouée à l’échec. En revanche, il est possible à mon sens de travailler dans deux directions. C’est ce que j’ai eu l’occasion d’expliquer, il y a un certain temps, en marge d’une conférence tournant autour de mon article Das Verlust des Politischen (« La perte du politique », Junge Freiheit, 11 août 2000). Une première piste consiste à tisser des liens micro-sociaux. Face à l’isolement, la survie ne peut passer que par l’entretien de relations actives à cette échelle. L’autre piste, c’est le travail intellectuel, sachant qu’il ne faut surestimer aucune des deux pistes. En effet, d’un côté, il y a ceux qui croient à l’activisme — au collage d’affiches ! — mais qui ne se rendent pas compte que cela ne sert à rien, tandis que de l’autre il y a ceux qui écrivent des articles pour une douzaine de personnes qui acquiescent tout en se demandant ce qu’il faut faire. Le drame, c’est que ces deux populations ne se rencontrent pas. Tout se passe comme s’il existait un fossé entre les pragmatiques et les intellectuels. Or il est important d’unir les deux dimensions si l’on veut éviter l’écueil de l’intellectualisme désincarné tout comme celui de l’activisme irresponsable. Mais avant cela, il faut fixer les objectifs et se clarifier les choses à soi-même. Et en ce sens, démystifier l’ordre existant est un moyen de comprendre ce qui se passe et de saisir les occasions quand elles se présentent.


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Quando Céline era solo un giovane corazziere in armi nella Grande Guerra

Quando Céline era solo un giovane corazziere in armi nella Grande Guerra

di Andrea Lombardi

Fonte: barbadillo


Cuirassier-Destouches.jpg Louis-Ferdinand Destouches (in arte Céline), uno dei massimi romanzieri del ‘900, dopo il successo del suo libro di esordio Viaggio al termine della notte (1932) e di Morte a credito (1936), e le polemiche suscitate da Bagatelle per un massacro (1938), operò con i suoi romanzi una vera rivoluzione dello stile narrativo, culminata nella cosidetta Trilogia del nord (Nord, Rigodon e Da un castello all’altro). Uomo dalle molte vite, soldato nella prima guerra mondiale, direttore di piantagioni, membro di una commissione sanitaria della Società delle Nazioni, medico di periferia, scrittore, bohemienne, e infine Collabo e reprobo, la prima vita di Céline sarà quella di corazziere a cavallo: infatti Louis Destouches, nato il 27 maggio 1894 a Courbevoie (Parigi) si arruolerà il 28 settembre 1912, con ferma triennale, nel 12eme Régiment Cuirassiers (12° Reggimento Corazzieri) di stanza a Rambouillet, nel dipartimento degli Yvelines nella regione dell’Île-de-France. Il 12eme “Cuir” era un’unità scelta, con una lunga tradizione militare risalente al 1668: creato da Luigi XIV per suo figlio quale Régiment “Dauphin-Cavallerie”, fu rinominato 12° Reggimento di Cavalleria nel 1791 dopo la Rivoluzione Francese. Il reparto si distinse in numerose battaglie: dalle Campagne del Re Sole alle Guerre della Rivoluzione, subordinato all’Armata del Reno; da Austerlitz, Jena e Waterloo a Solferino, alla disastrosa guerra franco-prussiana del 1870-1871. I primi tempi di servizio presso il 12° ben difficilmente potevano ricordare al giovane Louis queste antiche glorie, preso come doveva essere, da buona recluta, a spalare letame, strigliare il pelo dei cavalli e centellinare i pochi spiccoli della diaria, vessato dalla disciplina di ferro dei sottuff’ di carriera, come ricordato d’altronde da lui stesso in Casse-Pipe! Dopo un anno da militare di truppa, Louis è promosso Brigadiere il 5 agosto 1913, e quindi Maresciallo d’alloggio il 5 maggio 1914.

Il 31 luglio, a Saint-Germain, il Reggimento è mobilitato e il 2 agosto si assembra nella regione a sud di Commercy. Louis accoglierà la notizia della guerra con lo stesso entusiasmo patriottico di milioni di giovani come lui in tutta Europa, come testimoniato da questa lettera ai genitori scritta poco prima della partenza per il fronte, tanto diversa per stile e spirito dal Viaggio al termine della notte:

“Cari genitori: l’ordine di mobilitazione è arrivato partiamo domani mattina alle 9 h 12 per Étain nelle pianure della Voevre non credo che entreremo in azione prima di qualche giorno […] è una sensazione unica che pochi possono vantarsi di aver provato […] Ognuno è al suo posto sicuro e tranquillo tuttavia l’eccitazione dei primi momenti ha fatto posto a un silenzio di morte che è il segno di una brusca sorpresa. Quanto a me farò il mio dovere sino in fondo e se per fatalità non dovessi tornare… siate sicuri per attenuare la vostra sofferenza che muoio contento, e ringraziandovi dal profondo del cuore. Vostro figlio”.

Il 12°, al comando del Colonnello Blacque-Belair, e facente parte della 7ª Divisione di Cavalleria, condurrà numerose missioni di ricognizione tra la Wöevre, la Mosa e l’Argonne nell’agosto e settembre 1914: il terreno dove opererà, boscoso, con campi cintati da muretti a secco tagliati da fossi e canali, è inadatto all’impiego della cavalleria, men che meno quella pesante. La guerra del ’14 inizia a mostrarsi per quello che è: niente eroiche cariche di cavalieri, ma un cieco tritacarne. Louis scriverà allora a casa lettere di ben altro tono rispetto a quelle precedenti; l’assurdità della guerra inizia a far nascere in lui Céline:

“La lotta s’impegna formidabile, mai ne ho visto e ne vedrò di così tanto orrore, noi camminiamo lungo questo spettacolo quasi incoscienti per l’assuefazione al pericolo e soprattutto per la fatica schiacciante che subiamo da un mese davanti alla coscienza si para una specie di velo dormiamo appena tre ore per notte e marciamo quasi come automi mossi dalla volontà istintiva di vincere o morire Nessuna nuova sul campo di battaglia quasi sulla stessa linea del fuoco da 3 giorni i morti sono rimpiazzati continuamente dai vivi a tal punto che formano dei monticelli che bruciamo e in certi punti si può attraversare la Mosa a piè fermo sui corpi tedeschi di quelli che tentano di passare e che la nostra artiglieria inghiotte senza posa. La battaglia lascia l’impressione di una vasta fornace dove s’inghiottono le forze vive delle due nazioni e dove la più fornita delle due sarà la vincitrice”.

Ad ottobre il Reggimento è inviato nelle Fiandre, partecipando a duri combattimenti assieme ad alcune unità di fanteria nel settore tra Ypres e Poelkapelle; il 27 ottobre, quest’ultima località è battuta incessantemente dal tiro dell’artiglieria e delle mitragliatrici tedesche, tanto che sembra impossibile garantire con staffette le comunicazioni tra il 125° e il 66° Reggimento di fanteria, che stanno cercando di strappare l’abitato di Poelkapelle al nemico. È in questo momento che il Maresciallo d’alloggio Destouches, comandato presso il Comando di Reggimento, si fa avanti, dandosi volontario per questa missione quasi suicida. Louis riuscirà a condurre a termine il pericoloso compito, ma al ritorno, intorno alle ore 18, è ferito gravemente al braccio destro. Dopo essersi ricongiunto alla sua unità, data la mancanza di posti disponibili nelle ambulanze o tende-ospedale a causa del gran numero di feriti e moribondi, dovrà raggiungere a piedi, camminando per sette chilometri, un ospedale da campo presso Ypres. Sarà poi da lì evacuato a Hazebrouck, dove sarà operata la frattura del braccio, e poi ricoverato in degenza all’ospedale militare Val-de-Grâce a Parigi, dove subirà un secondo intervento chirurgico il 19 gennaio 1915. Dichiarato inabile al servizio a causa della sua ferita, viene riformato il 2 settembre 1915: finisce così il servizio attivo di Louis Destouches nell’Armée.

Per l’eroismo dimostrato sul campo sarà citato nell’ordine del giorno del 29 ottobre del Reggimento, insignito della Medaglia Militare il 24 novembre 1914 e della Croce di Guerra con Stella d’Argento.

La rivista L’Illustré National del dicembre 1914 dedicherà al fatto d’arme che lo vide protagonista una tavola a colori a tutta pagina: Louis-Ferdinand Céline la mostrerà sempre con orgoglio a ogni suo visitatore nell’eremo di Meudon, tanti anni e tante vite più tardi.

Bibliografia:

Dauphin-Boudillet, Album Céline

Gibault, Céline

Ruby – de Labeau, Historique du 12eme Régiment Cuirassiers (1668-1942)

Le 12eme Régiment Cuirassiers (1871-1928)


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jeudi, 19 avril 2012

Lui, il croit pouvoir !

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Lui, il croit pouvoir !

par Pierre LE VIGAN

 

Voilà un ouvrage sympathique dans son principe et agaçant par son contenu. La perspective de redonner enfin ses droits à la politique ne peut que plaire. L’idée qu’il n’y a pas une seule politique possible ne peut que convaincre. Mais Jacques Généreux, économiste proche de Jean-Luc Mélenchon qui préface son livre, pêche par optimisme. Il donne l’impression qu’une autre politique est non seulement possible mais facile. C’est sous-estimer l’ampleur des mutations à mener.

 

Le diagnostic porté par Jacques Généreux est pourtant juste. Nos gouvernants, dit-il, ont une idéologie : « Une société de marché dans laquelle chacun est seul responsable de son sort et ne doit compter que sur sa capacité à s’engager dans la libre compétition avec tous les autres. » Nos gouvernants ont aussi un projet. Celui-ci n’est pas tant l’État minimal, qui serait conforme à leur doctrine. C’est bien plutôt la démocratie minimale. « Il s’agit de mettre l’État à l’abri des revendications populaires et d’exploiter au contraire sa puissance au service d’intérêts privés. » Le néo-libéralisme colonise ainsi l’État pour en faire sa chose.


La mondialisation du capitalisme va avec sa financiarisation croissante : 98 % des transactions financières portent sur des produits financiers et non sur des biens économiques réels. L’argent n’est plus un moyen d’échange mais un but en soi. Les actionnaires exigent un taux de rendement de plus en plus élevé. L’élargissement de l’Europe (27 États et bientôt 28 avec la Croatie) a été conçue comme le moyen d’un dumping social. La thèse de Jacques Généreux est que ce qu’a fait une politique, une autre politique peut le défaire. On peut faire autrement que les néo-libéraux. « On » ? L’État contrôlé par des forces politiques nouvelles. Ni les libéraux ni les sociaux-libéraux mais la vraie gauche. Comment faire autrement ? En rompant avec le libéralisme. Jacques Généreux propose ainsi de refonder le système bancaire en séparant banques de dépôt d’une part, banques d’affaire et d’investissement d’autre part.  Il faut aussi plafonner le rendement des actions. On doit encore monétiser une partie de la dette, c’est-à-dire la transformer en création monétaire de la Banque centrale. En ce qui concerne l’euro, Généreux préconise d’imposer sa réorientation et de n’en sortir qu’en dernier ressort. Il est, selon lui, possible de réorienter l’euro dans la mesure où seule l’Allemagne aurait intérêt à un euro fort. Un bloc européen pour un autre euro, ou éventuellement pour une euro – Zone Sud, pourrait ainsi peser de manière décisive pour en finir avec l’euro « austéritaire ». Au minimum, l’euro sera sauvé comme monnaie commune. Mais contrairement à Dupont-Aignan, Marine Le Pen et d’autres politiques, y compris à gauche, Jacques Généreux défend l’idée que l’euro pourrait aussi être sauvé comme monnaie unique, sous la forme d’un euro nouveau qui serait moins surévalué et donc meilleur pour la compétitivité de l’industrie française. Comment ? En restant dans la Zone euro mais en sortant du traité de Lisbonne et en imposant une solidarité budgétaire européenne, une nouvelle politique de la Banque centrale européenne, une harmonisation fiscale et sociale par le haut, et le contrôle des mouvements de capitaux. Cela représente beaucoup de conditions. Ce qui est plus grave est que cela sous-estime la force de la logique du capital. Explications. Si les Européens réalisent encore entre eux les deux tiers de leur commerce, la part de celui-ci faite avec des pays, notamment la Chine, dotés d’autres normes économiques, sociales et environnementales, est suffisamment importante pour peser de manière décisive dans le sens de la désindustrialisation de l’Europe, particulièrement en France où la part de l’emploi industriel n’est plus que de 12 %. Le poids de l’industrie ne peut que se réduire encore sans une politique radicale de réindustrialisation. Or Jacques Généreux en refuse les moyens. La délocalisation de notre économie pourra selon lui être arrêtée par des mesures essentiellement fiscales, le plafonnement du taux de rentabilité. On aimerait le croire. Le protectionnisme, même européen, n’est envisagé qu’en dernier recours, et il s’agirait si possible d’un « protectionnisme international », notion contradictoire. On comprend qu’il s’agit en fait d’espaces régionaux autocentrés. Pourquoi Jacques Généreux ne l’explique-t-il pas sous cette forme ? Parce qu’il lui faut à tout prix sauver un internationalisme de principe. Et si les autres pays du monde ne souhaitent pas des espaces autocentrés ? On ne ferait  rien pour ne pas aller vers un protectionnisme unilatéral, fut-il européen ?

 

La question de la dette et du déficit public est aussi complètement minimisée. Il peut y avoir une bonne dette pour des investissements utiles, affirme l’auteur. Mais peut-on sérieusement ne pas s’inquiéter d’une dette servant à payer des dépenses de fonctionnement ? Il y a surtout une philosophie générale du projet de l’économiste du Parti de Gauche qui est d’une navrante faiblesse. Nous avons bien compris qu’il ne s’agit pas de chercher, nous dit-il, « une croissance indifférenciée ». Nous voulons bien « changer de gauche », mais nous aimerions surtout savoir ce que cela changera vraiment. Or Jacques Généreux croit comme les gouvernants qui nous ont amené là où nous sommes au progrès indéfini. Il ne paraît pas croire aux bienfaits de la libre circulation des capitaux mais continue de croire aux bienfaits de la libre circulation des hommes, en tout cas à l’impossibilité morale d’y mettre de quelconque bornes. Il est donc partisan de l’immigration, pensant sans doute que l’on peut, par du volontarisme politique, à la fois mettre au pas le capital qui n’a qu’à bien se tenir, et faire des citoyens français et européens de n’importe quels arrivants venus des quatre coins du monde. Sans doute les immigrés se rendront-ils compte en arrivant qu’ils vivaient dans l’obscurantisme et qu’il n’y a rien de mieux à aimer dans le monde que la France des Lumières et rien de plus urgent que de se débarrasser de leurs mœurs et coutumes, à moins que, séduits par le spectacle quotidien de fierté et d’affirmation nationale de notre pays, ils ne décident qu’il n’y a rien de plus normal que d’être fier d’être français – ce qui reviendra au même. C’est là un stupéfiant irénisme qui ne tient pas le moindre compte des leçons de l’histoire. Mais il n’y a cela rien d’étonnant. À aucun moment dans son analyse des dérives de la gauche s’abandonnant à la séduction du mondialisme, Jacques Généreux ne s’interroge sur la conjonction libérale-libertaire qui est née en son sein et qui a gagné la droite si facilement parce que l’une et l’autre se sont ralliées au libéralisme mondialisateur. À aucun moment Jacques Généreux ne remarque que plus la gauche est devenue libérale au plan économique, plus elle a développé une idéologie de substitution : un pseudo-« antiracisme » aboutissant à nier les problèmes posés par l’immigration de masse, une préconisation de la légalisation du mariage homosexuel qui, comme chacun sait, est un souci majeur du peuple français, les hommes y pensant tous les matins en se rasant, des positions d’« ouverture » (sic) face aux drogues, une complaisance pour toutes les remises en cause des valeurs traditionnelles, et en l’occurrence celles du peuple : le respect du travail, de l’argent gagné proprement, de l’art qui ne se moque pas du public, et même, l’amour raisonnable de la patrie. Il n’est pas étonnant qu’avec une telle myopie intellectuelle sur ce qui a amené la gauche à être une solution de secours parfaitement praticable pour le nouvel ordre mondial et le turbocapitalisme, les solutions préconisées par Jacques Généreux,  même quand elles vont dans le bon sens – et c’est le cas –, témoignent d’un optimisme indécrottable, il est vrai assez caractéristique de la gauche dépourvue du sens du tragique de l’histoire (on pense à Léon Blum, si perspicace, expliquant en 1932 que « la route du pouvoir est fermée devant Hitler »).

 

Voilà donc où en est l’« autre gauche », celle qui se prétend une alternative aux sociaux-libéraux. Or il ne faut pas seulement changer de politique, et bien entendu changer les politiques au pouvoir. Il faut changer de paradigme, sortir de l’idée d’une civilisation universelle, bonne pour tous et partout, qui ne peut mener qu’à l’exact contraire de la « révolution citoyenne » à laquelle se réfère Jacques Généreux. La civilisation universelle de l’économie productiviste mondialisée, de la délocalisation généralisée ne peut être que la fin de toute République. Ce ne peut être que la démocratie réduite au procédural, ce ne peut être que la parodie de l’idée même de citoyen. Ce n’est peut-être pas ce que veut Jacques Généreux mais c’est très exactement ce à quoi nous mènent ses idées internationalistes. Dès lors, à quoi bon son « autre gauche » ? Si le but est d’homogénéiser le monde, qui a mieux montré son savoir-faire que le capitalisme ?

 

Pierre Le Vigan

 

• Jacques Généreux, Nous on peut ! Pourquoi et comment un pays peut toujours faire ce qu’il veut face aux marchés, face aux banques, face aux crises, face à la B.C.E., face au F.M.I., Le Seuil, 140 p., 11 €.

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Mediales Trauerspiel im Syrienkonflikt

Dr. Claus Wolfschlag

Mediales Trauerspiel im Syrienkonflikt

Ex: http://www.jungefreiheit.de

Auch im Syrienkonflikt liefern die deutschen Medien ein Trauerspiel ab. Kaum etwas wird über die Hintergründe des derzeitigen Konflikts berichtet, statt dessen – vor allem im Fernsehen – die übliche Unterhaltungs-Operette aufgeführt.

Es werden altbekannte Stereotypen präsentiert, wenn irgendwelche Regime oder Machthaber primär US-amerikanischen Interessen im Wege stehen: Hier das gute Volk, die nach Freiheit und Demokratie rufenden Bürger, dort der brutale Diktator und seine uneinsichtige Nomenklatura. Mag manch negative Nachricht über die beschriebenen Regime sicherlich stimmen, so führt dieses Kammerspiel doch zu keiner tiefergehenden Erkenntnis. Man erfährt nichts über die Herkunft und Absichten der unterschiedlichen Akteure des Machtspiels und ihrer Hintermänner. Statt dessen eine Aneinanderreihung moralistischer Worthülsen.

Nach Libyen so nun auch in Syrien, wo „das Volk“ gegen Assad und „seine Anhänger“ in Stellung gebracht wird. Marietta Slomka etwa plapperte unlängst im „ZDF heute journal“ sinngemäß darüber, daß bislang „kaum ausreichende Härte“ das Regime in Damaskus getroffen hätte. Von „Wut“ und „Bitterkeit“ war die Rede, etwa weil die syrische Botschaft ein Konto bei der Commerzbank haben dürfe. Caren Miosga bekam offenbar kurz darauf in den „ARD tagesthemen“ den gleichen Text zum Ablesen vorgesetzt, nur sprachlich variiert.

Da war dann von Assads „Krieg gegen sein Volk“ und den „mörderischen Taten“ die Rede. Zwischen solchen Kommentaren sieht man dann oft nicht verifizierte Handyaufnahmen, die alles und nichts zeigen. Man glotzt diese Nachrichtensendungen an und das Aufregen wechselt sich mit Fremdschämen ab. Wie tief gesunken muß man in seinem journalistischen Anspruch eigentlich sein, um täglich stumpfe Polit-Seifenopern als Nachrichtensprecher von sich geben zu müssen?

Sich der Meinungsmache verweigern

Doch Vorsicht: Hinter so viel zur Schau getragener Dummheit stecken im Hintergrund meist ganz andere Leute und deren gezielte politisch-ökonomische Interessen. Die Kasperlefiguren in den TV-Nachrichtensendungen sind so nur die Sprachrohre für die eigentliche Absicht.

Und wenn ein internationaler Interessenkampf entschieden ist, verschwindet ein Thema ja auch ganz schnell wieder aus den Medien. Gerade dann, wenn es interessant wird. Wer hört noch etwas von Libyen? Etwa davon, dass es Anzeichen für den Zerfall des Landes gibt? Wer hört etwas vom niedergeschlagenen „Frühling“ beim US-Verbündeten Bahrain? Oder von den salafistischen Bestrebungen in Tunesien?

Nun – das sei vorweg gesagt – kann auch ich nicht viel zur Erhellung des aktuellen Syrien-Konflikts beitragen. Weder bin ich Nahost-Experte noch je in Syrien gewesen. Gleichwohl kann man sich der derzeitigen Meinungsmache verweigern und versuchen, einige eigene Recherchen anzustellen. Etwa darüber, daß unlängst 19 französische und vier türkische Agenten im syrischen Unruhegebiet festgenommen werden konnten. Über deren dortigen Auftrag kann man nur spekulieren.

Nach dem Sturz von Assad kommen die Muslime-Brüder

Peter Scholl-Latour äußerte im März in der Berliner Zeitung, daß im Falle eines Sieges der Opposition gegen das religiös ausgesprochen moderate alevitische Assad-Regime höchstwahrscheinlich radikale Muslim-Brüder die Macht im Lande übernehmen werden. Viele Angehörige der derzeit tolerierten christlichen Minderheit, immerhin zehn Prozent der Bevölkerung, müßten dann wohl fliehen. Scholl-Latour sprach von einer „Katastrophe“. Eine Parallele zur Entwicklung im Irak und teils in Ägypten also. Nebenbei bemerkt könnte der Sturz des Feindes Assad auch für Israel zu einem Pyrrhus-Sieg werden, der die Sicherheitslage eher verschärft.

Kein politisches System tritt kampflos ab und überläßt bewaffneten Horden einfach das Feld. Wenn aber unsere Medien gebetsmühlenartig an die Adresse der Baath-Partei fragen, wann denn die „brutale Gewalt“ in Syrien aufhöre, dann sollten sie den Appell an die eigenen Regierungen richten. Die Aufständischen bekommen nämlich ihre Waffen aus Saudi-Arabien und der Türkei ins Land geschmuggelt, somit also von engen Verbündeten der USA. Auch das mit US-Stützpunkten gesegnete Emirat Katar hat offenbar beste Beziehungen zu den Rebellenkreisen.

So gesehen braucht Syriens Opposition gar nicht mehr nach internationaler Hilfe rufen. Sie erhält sie längst. Scholl-Latour erläutert die geostrategischen Hintergründe: „Beim besorgten Blick auf Syrien allein verliert man leicht den geheimen Masterplan aus dem Auge: Der große Drahtzieher ist Saudi-Arabien. Es will das Regime der Alawiten, dieser „abscheulichen Ketzer“, zu Fall zu bringen. Den Türken, die die Aleviten früher massakriert haben, käme das auch zupaß. Regionalstrategisch wollen die Saudis eine schiitische Achse vom Iran über die schiitisch dominierten Provinzen des Irak bis zur Hisbollah im Libanon zerschlagen – und dem Iran so den Zugang zum Mittelmeer abschneiden. Diesem Ziel wären sie mit einem von ihnen gelenkten Salafisten-Regime in Damaskus sehr nahe. Letztlich geht es also gar nicht um Syrien selbst, sondern um den Konflikt mit dem Iran.“

Der Westen will Öl und seine Anti-Iran-Strategie durchsetzen

Würden also unsere Regierungen bei ihren nahöstlichen Partnern etwas Druck machen, wäre „die Gewalt“ womöglich schnell beendet. Doch sie ist schließlich beabsichtigt. Man gibt den Saudis nach, erhält dafür Öl und geostrategische Unterstützung gegen den Erzfeind Iran.

Man erfährt übrigens auch nichts darüber, warum gerade die Stadt Homs eine Hochburg der Rebellen zu sein scheint. Konnte man in Libyen noch alte Stammesrivalitäten zwischen Tripolitanien und der Cyrenaika heranziehen, so findet sich dennoch eine Gemeinsamkeit auch zwischen diesen beiden Konflikten: Im Libyen lag das Aufstandsgebiet im erdölreichen Osten des Landes. Und sowohl in Homs als auch im ebenfalls umkämpften Banias befinden sich die beiden wichtigen Erdölraffinerien Syriens. Ein Schelm, der sich dabei gar nichts denkt.

In unseren Medien muß man solche Analyse schon mit der Lupe suchen. Statt dessen jubliert man über kleine Niederträchtigkeiten. So titelte die Bild-Zeitung hämisch gegen Frau Assad: „EU verbietet Diktator-Gattin Luxus-Shopping“. Die Heuchelei ist dabei kaum noch zu überbieten, wenn man weiß, daß Europa als Shopping-Paradies feudaler Saudis gilt, die nicht nur ein paar Schuhe kaufen, sondern gleich Privatflugzeuge. Oder daß Araber aus der Golfregion mal locker 65.000 Euro Wochenmiete für ein Londoner Haus hinlegen.

Weder einer Frau Slomka, noch einer Frau Miosga wurde offenbar bislang ein redaktioneller Zettel vor die Nase gehalten, sich darüber vor der Kamera mit ernstem Blick zu ereifern. Und so bleibt nur die immer gleiche Erkenntnis, daß Medien in seltenen Fällen der Informationsfindung dienen, zumeist aber der Ablenkung und Verschleierung. Medien, die aber gar keine nützlichen Informationen mehr liefern, sind schlicht überflüssig geworden. Man legt sie weg, man schaltet ab.

Dr. Claus Wolfschlag wurde 1966 in Nordhessen geboren. Er ist seit vielen Jahren als Journalist, Kultur- und Geisteswissenschaftler für diverse Magazine, Wochen- und Tageszeitungen tätig. Zudem veröffentlichte er mehrere Bücher zu den Themenbereichen Geschichte, Politik und Kunst. 2007 erschien sein Buch „Traumstadt und Armageddon“ über die Geschichte des Science-Fiction-Films.

Über den Spontaneismus

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Über den Spontaneismus

Werner Olles

Ex: http://www.catholica.presse.fr

[Gespräch im Oktober 2008. Französisch erschienen in der Ausgabe 102 (Winter 2008-2009)]

Während das westliche System am Ende ist, dann befinden wir uns gegenwärtig in einer Übergangszeit, deren Ausgang aus einem Komplex von mannigfaltigen Rekonstruktionsvorgängen hervorgehen sollte, worüber es zweckmässig wäre, nachzudenken. Andererseits sollte man in diesem Zusammenhang die Erstellung einer Alternative erwägen. Zu diesem Zeitpunkt stellen sich zweierlei Fragen : einerseits die der Ziele (wodurch das bestehende System ersetzen ?), andererseits die der zu erwägenden Aktion, um den Übergang zu erleichtern.


Erstere ruft ein Problem hervor, das mit der Mannigfaltigkeit der Meinungen und deren möglichen Kakophonie zusammenhängt. Eine solche Situation deckt die Zerstörungskraft der geistigen Ordnungsgrundlagen bei denen auf, die sie natürlicherweise aufrechterhalten sollten, sowie die Fähigkeit zur unparteiischen Suche nach der Wahrheiten der Sozialordnung. Es herrscht in diesem Bereich ein Gemisch aus Überalterung und Korrosion durch die Grundprinzipien des herrschenden Systems, das auf die Bedeutung des Problems hinweist.


Die zweite Frage verweist uns auf die Theorie der Aktion, die einem ordentlichen Gesellschaftsaufbau vorangeht. Sie ist umso wichtiger als sie den Stolperstein ist, der die Pietisten oder Quietisten (einer deren schärfsten Kritiker Günter Rohrmoser ist) von  allerlei Reformisten, welche sich darüber einig sind, dass sie Einfluss auf die öffentliche Meinung durch Lobbying und Unterwanderung ausüben können, und Spontaneisten, welche für  den hiesigen und jetzigen Aufbau von befreiten, sich mutmasslich erweiternenden Zonen, trennt. Die letzten zwei Kategorien gehen über die Links/Rechts Spaltung hinaus, obwohl beide Begriffe von der Linken herkommen, was nicht unbedeutend ist. Es würde sich lohnen diese Themen zu untersuchen, vor allem durch die Analyse geschichtlicher und theoretischer Vorgänge. In diesem Bereich verfügt die Linke über ein bedeutendes Erbgut, insoweit sie sich durch die revolutionäre Theorie dafür interessiert hat.  Im Hinblick auf den Ausmass der Problematik, werde ich mich auf die Analyse dessen beschränken, was ich Spontaneismus genannt habe, der so aussieht, als wäre er die allerletzte Zuflucht von all den Enttäuschten des Aktivismus. Einige Fragen darüber :

1.

Sicher ist, dass sich der Linksspontaneismus auf der Basis einer Reaktion dem Leninismus gegenüber entwickelt hat, der einer Erbschleicherei der Revolution zugunsten einer Elite von Berufsrevolutionären beschuldigt wurde. Wie sich aus dem oben zitierten Artikel herausstellt, hat die Frankfurter Schule, in die Fusstapfen Trotskis und anderer Denker der Zeit zwischen den beiden Weltkriegen wie Anton Pannekoek oder Georg Lukacs tretend, dazu beigetragen, keinem der beiden –dem Staatskapitalismus sowjetischer Prägung und der freien Marktwirtschaft/dem Liberalkapitalismus– Recht zu geben, indem sie beide dessen beschuldigt hat, dass sie Herrschaftsstrukturen aufrechterhalten. In dieser Nachfolge wird die kommunistische Revolution als « bourgeois » kritisiert, weil sie weder die Produktionsverhältnisse noch den Unterschied zwischen Unterdrückern und Unterdrückten abgeschafft hat. Sich dazu beschränkend, eine herrschende Klasse (das Bürgertum) durch eine andere (die Parteibürokratie) zu ersetzen, führt sie zur Aufstellung eines Staatskapitalismus. Inwieweit kann der Verruf der leninistischen Vorstellung der von Berufsrevolutionären geleiteten Revolution die Entwicklung des revolutionären Spontaneismus, der behauptet, dass die Revolution aus der spontanen  Aktion der sich ihrer Entfremdung bewusst werdenden Massen hervorgeht, verständlich machen ? Was ist über die Entwicklungsetappen der spontaneistischen Ideologie von der Rätetheorie bis zur Arbeiterselbstverwaltung zu bemerken ? Welche sind die  psychologischen Triebkräfte, die diese Entwicklung erklären ? Indem er diese Spannung zwischen Organisation und Spontaneität hervorruft, die in Frankreich viele Diskussionen ausgelöst hat, insbesondere innerhalb der Gruppe « Socialisme ou barbarie » ( Claude Lefort trat für die Spontaneität ein und Cornelius Castoriadis für die Erhaltung eines organisierten Pols), entwickelt der Spontaneismus einen inneren  selbstzerstörerischen Widerspruch. Ausser dem Fall von kleinen Gruppen, die sich aufgrund der beschränkten Anzahl ihrer Mitglieder einzeln organisieren können, liegt das Problem in der spontanen Organisierung der Massen, die nach der Aufstandsphase um der Dauerhaftigkeit willen Strukturen und eine nicht-spontane Organisierung voraussetzt. Diesbezüglich stellt sich die Frage, ob der utopische Träger des Spontaneismus nicht etwa im Vorbild einer automatischen und ungezwungenen Sozialharmonie liegt, die auf Adam Smiths « verborgene Hand » verweist, sowie auf die fourierische Utopie oder auch auf die Soziobiologie. In disem Zusammenhang wäre nicht der Wesenszug des Linksspontaneismus die radikale Ablehnung jeglicher Herrschaftsform, wie sie durch den Leninismus kräftig und unberechtigt aufrechterhalten wurde ?


Das andere Charakteristikum des Spontaneismus besteht in einer Form der Ungeduld. Die Leninisten halten sie für den Wesensmerkmal des Linksextremismus und dessen revolutionären Ungestüm (Mao). Der Spontaneismus zielt auf zügige, konkrete Ergebnisse und gibt deswegen unmittelbar erkennbaren Teilerrungenschaften vor der glücklichen Zukunft den Vorzug. Was für eine moralische und psychologische Schwäche tritt dadurch zutage ?

Antwort zu 1.:

Im Laufe der Durchsetzungsgeschichte der kapitalistischen Warengesellschaften wurden immer wieder ursprüngliche Emanzipationsbewegungen mit entschieden systemoppositionellem Anspruch als Wegbereiter neuer Entwicklungen historisch wirksam. Von der alten Arbeiterbewegung bis zur studentischen Revolte von 1967/68 haben sie letztlich dem zum Durchbruch verholfen, was den Erfordernissen warengesellschaftlicher Modernisierung entsprach. Weil die antikapitalistisch gesinnten Protagonisten den nächsten energischen Schritt hin zur Verallgemeinerung der Warenform permanent mit der drohenden Aufhebung kapitalistischer Herrschaft verwechselten, konnten sie ihre immanent vorwärtstreibende Rolle nur gegen den erbitterten Widerstand der Verteidiger des Staus quo spielen. Die mühsam erkämpfte Anerkennung als legitime soziale Bewegung markierte dann jeweils den Punkt, an dem die linke Opposition vom Outlaw zum Teil der reorganisierten und modernisierten warengesellschaftlichen Ordnung mutierte und ihre überschüssigen leninistischen Momente abzustreifen begann.
In dieser Situation trat der Links-Spontaneismus auf den Plan und wich vom diesem vertrauten Muster entscheidend ab, in dem er eindeutig klarstellte, daß der nostalgische Rekurs auf eine bereits abgeschlossene Epoche eben keinen neuen Entwicklungshorizont eröffnet und beim besten Willen auch nicht mehr mit einem Hinausgehen über die kapitalistische Ordnung zu verwechseln ist, wie es bei dem großen, wesentlich aus dem Kampf der alten Arbeiterbewegung miterwachsenen Etatisierungsschübe der ersten Hälfte des letzten Jahrhunderts noch der Fall war.


Weil der Spontaneismus, zu dem natürlich auch die reformistischen Globalisierungsgegner von Attc & Co. zu zählen sind, jedoch nicht in der Lage ist, eine radikale Gesellschafts- und Wertkritik, und am allerwenigsten eine Krisentheorie zu formulieren, führt er sich nur selbst hinters Licht. Das Gipfel-Hopping wird sich eher über kurz denn über lang totlaufen, gleichzeitig tummeln sich in der gesamten spontaneistischen Bewegung Heerscharen von Obskuranten, Scharlatanen und Sektierern jeglicher Coleur, und der Nachweis, daß die dürftigen Konzepte des Spontaneismus mit der Marxschen Theorie des Kapitals im Allgemeinen nicht zur Deckung zu bringen sind, ist leicht zu führen. Analyse durch die Demonstration guten Willens und moralische Appelle zu ersetzen, um damit auf die Tittelseiten der Zeitungen zu kommen, beweist letztlich doch nur, wie intellektuell herunter gekommen diese gegen die Fakten und logischen Regeln des Marktes und der Ökonomie argumentierende und agierende Bewegung ist. Doch stellt der Spontaneismus nicht die „Kinderkrankheit des Kommunismus“ dar, wie Lenin dies dem Linksextremismus nicht ganz zu Unrecht unterstellte, vielmehr ist er eine Sonderform des Linksextremismus. Die „Spannung zwischen Organisation und Spontaneität“ liegt dabei sicher auch in den Gegensätzen zwischen einer gewissen marxistischen Orthodoxie, für die es immer eine „gute Seite“ der technischen Entwicklung des Kapitalismus zu retten gilt (mikroelektronische Revolution) und einer gegengesellschaftlichen Praxis, die versucht, sich die vitalen Kräfte des Menschen anzueignen, indem sie die Maschinerie zerstört, die diese paralysiert.

2.

Inwieweit mag 1968 –wenn nicht gar explizit, so doch implizit, im Sinne der Uneinigkeit einer eine Vielzahl von Gruppierungen zusammenführenden Bewegung– als der Höhepunkt des Spontaneismus gelten ? Was verbindet die spontaneistische  Durchdringung mit der Tatsache, dass die achtundsechziger Revolution schliesslich zur gesellschaftlichen Integration der Mehrheit ihrer Kader geführt hat ? In seinem Buch L’archéologie d’un échec (Seuil, 1993) hat der französische Sprachwissenschaftler Jean-Claude Milner darauf hingewiesen, dass die Moderne in ihrer Spätphase durch den Verzicht auf die Kompromisslosigkeit und die Übernahme der reformistischen Methode gekennzeichnet wird. Aufgrund seines utopischen Charakters zum Scheitern verurteilt, wäre der Spontaneismus in seiner revolutionären Prägung nur eine Zwischenstation zum allgemeinen Reformismus. Damit wäre das Vermächtnis des Spontaneismus ein Doppelvermächtnis : als Politikum würde es den Weg für den Reformismius frei machen ; als Utopie (eine andere Gesellschaft aufbauen) würde es zur Ghettoisierung und zum Kommunitarismus führen. Auf jeden Fall wird auf das Ziel der sozialen Umgestaltung verzichtet und das Politische abgelehnt. In dieser Hinsicht stellt sich die Frage nach dem Anteil des Spontaneismus an dem sozialen Zusammenbruch und der Entwicklung neuer Formen von Bürgerkrieg. Es sieht alles so aus, als hätte sich das Wesen des Bürgerkriegs gründlich verändert. Die Konfrontation von  zwei identifizierbaren Blöcken (Kirche gegen Laizismus, Kommunismus gegen Kapitalismus) wird durch die Vermehrung der Guerrillas und der  nicht intensiven Konflikte ersetzt.


Der Linksspontaneismus hat sich neu gestaltet und verzeichnet seit Davos, Seattle und Porto Alegre neue Erfolge mit dem Altermondialismus. Es wäre von Interesse, nach dessen Ursprünge zu forschen –insbesondere die Beziehung zu den vom Neo-Zapatismus des Unterkommandanten Marcos angewendeten Techniken– und nach der Anpassung der blanquistischen Tradition an die Erfordernisse der Weltmedien (anscheinend von denjenigen, die die Attentate vom 11. September konzipiert haben, meisterhaft beherrscht).

Antwort zu 2.:

Es ist ein Faktum, daß sich eine linke Gesellschaftskritik, die diesen Namen verdient, in den letzten zwanzig Jahren weltweit zusehends ins Mikrologische zurückgezogen hat. Und dies, obwohl sich das vollmundige Versprechen der Marktideologen, Globalisierung bedeute in letzter Instanz Frieden und mehr Wohlstand für alle, nach zwei Jahrzehnten neoliberaler Offensive gründlich blamiert hat. Daran trägt u.a. die 68er-„Revolution“ ein gerütteltes Maß an Schuld. Zwar war ´68 keineswegs der Höhepunkt des Spontaneismus sondern vielmehr das Datum seiner offiziellen Wiedergeburt, doch weil man sich seitdem auf pure Phantastereien kaprizierte, endeten zahlreiche 68er als Begleitprodukt kapitalistischer Modernisierung und formulieren inzwischen begeistert alternative Regierungsprogramme, die angesichts der laufenden Krisen kein einziges Gramm emanzipatorischen Mehrwirts erwirtschaften. Als Reformer im schlechten Sinne, den dieser Begriff mittlerweile angenommen hat, betreiben diese Leute repressive Krisenverwaltung und beschwören dabei allenthalben eine völlig nebelhaft bleibende „Zivilgesellschaft“ als Träger selbstverantwortlichen Handelns. Die neoliberale Propaganda tut genau dasselbe.


Die „neuen Erfolge“ des Links-Spontaneismus bestehen allerdings unseres Erachtens darin, daß die Attac-Theoretiker Antonio Negri und Michael Hardt mittels ihrer verkürzten und personalisierenden Kapitalismusvorstellung den neuen Elendsunternehmern einreden wollen, ihre „selbständige“ Arbeit sei eine wirkliche Freiheit, weil sie einen Laptop in ihrem Gepäck und keinen Chef nötig haben. In ihrem grundlegenden Werk „Empire“ ist an keiner einzigen Stelle von eigentlicher kategorialer Arbeits- oder Wertkritik die Rede. Als ginge es heute noch um die Arbeitsbedingungen des italienischen Fabrikproletariats der fünfziger Jahre wird dagegen die Marxsche Werttheorie für überholt erklärt und von einer neuen revolutionären Subjektivität als Nachfolgerin der alten Arbeiterklasse schwadroniert. Das ist aufgeklärtes Geschwätz im Endstadium. Rgeression pur. Diese Intellektuellen bewegen sich auf der Ebene vorprogrammierter Arbeitsbienen. Die Zweite Internationale läßt grüßen!
Analog zur Zuckergussvariante dieser verlogenen Öffnungsrethorik, die sich hier einmal mehr als der Weisheit letzter Schluß intoniert und sich dabei selbst ins Delirium versetzt, zeitigt die planetarische Politik des internationalen Terrorismus im Zeitalter der globalen Kulturkämpfe gewisse Erfolge. Da „die teuerste Ware auf dem Weltmarkt nicht Gold oder Diamant, sondern Kultur ist“ (Obi Egbuna, 1970), muß, wer bei kulturellen Bruchlinienkonflikten auch medial Flagge zeigen will, nicht nur den hegemonialen Diskurs der realistischen Theoriebildung und die mediale Klaviatur meisterhaft beherrschen, sondern auch die Kaltschnäuzigkeit besitzen, der Realität eines Westens der Moderne die fremdkulturelle Realität eines Nichtwestens der Vormoderne bzw. Gegenmoderne gewaltsam vor Augen zu führen. Positiv daran ist jedenfalls, daß die imaginierte Verabschiedung des Westens aus der Geschichte als metaphysische Träumerei à la Fukuyama entlarvt wurde, und das Wiederaufleben von ethnischen und religiösen Identitätsbildungen und deren unerwartete Geschichtsmächtigkeit die große Illusion einer Vollendbarkeit der Geschichte endgültig ad acta legten.

3.

Der ursprüngliche Spontaneismus geht auf die französische Revolution zurück (Babeuf), der aber im konterrevolutionären Umfeld immer wieder nachgeahmt wurde. Wenn Joseph de Maistre behaupten konnte, dass « die Konterrevolution keine Revolution in umgekehrter Richtung sondern  das Gegenteil von der Revolution » sei, heisst es eben, dass diese Mimesis eine mit der Revolution zeitgenössischen Realität ist. Wenn auch die konservativen, reaktionären, rechtsradikalen Kreise, usw., politisch auf diesem Weg nie bedeutende Erfolge gehabt haben, haben sie nichtsdestoweniger die Mimesis in ihren theoretischen Vorstellungen gehegt. Angesichts der erwarteten Implosion eines zu Ende gehenden Systems, was für ein theorisiertes Aktionsmodell bleibt uns übrig ? Der Spontaneismus hat ausser im Bereich der reinen Abstraktionen kein politisches Ziel sondern nur ein mikrosoziales moralischer und privater Art, –er beansprucht  eine gewisse Lebensweise. Der Grund dafür  wird wahrscheinlich am besten durch den Immediatismus zutage gebracht : die fehlende Tugend der Seelenstärke (als Unfähigkeit zur Geduld und schliesslich zur Hoffnung ;  Kehrseite der Medaille von der utopischen Abstaktion ?).

Antwort zu 3.:

Ein „theoretisertes Aktionsmodell“ sehe ich auf der Rechten nicht. Die Zerrissenheit zwischen Fortschrittsglauben und Dekadenzbewusstsein kennzeichnen zwar die meisten kulturpessimistischen Endzeitdiskurse, bei denen es immer um alles oder nichts geht, aber vorherrschend bleiben die negativen Konnotationen. Als eschatologische Irrealos zwischen Postmodernismus und Lifestyle kann man sich gerade noch eine Ästhetisierung der Krise des Systems leisten. Die Rechte ist, stromlinienförmig ihrer Epoche entsprechend zwar nicht mehr die alte, aber eben auch keine neue. Als Prototyp für den postmodernen Sozialcharakter kann sie auch alles andere als rechts sein. Das erweist sich aber gerade in seiner rechten Variante als eine Mischung aus Selbstbetrug und Rosstäuscherei, die haarscharf an der ersehnten Eleganz vorbeisegelt. Der alte Rechtsradikalismus wird dabei jedoch nicht aufgehoben, sondern zum bloßen Gestus verdünnisiert, bis von ihm bloß noch ein verbiesterter, spießiger und theoretisierender Snobismus übrig bleibt, der mit Begriffen wie „Revolution“ oder „Konterrevolution“ nur noch äußerlich kokettiert, andererseits aber die Orwellsche Sprache des Liberalismus pflegt. Als blühendes Zeitgeist-Talent betet er im hippen Popgewand geradezu das Evangelium der 89er Loveparade-Generation herunter, der peinlichsten Generation, die es je gab: die Verweigerung intellektueller Kritik und bewußtem Widerstand.


Der Aufstieg der chinesischen Macht und die Dynamik des Islam mögen vielleicht die Notwendigkeit eines christlich-konservativen Gegenfundamentalismus begründen, dem stehen jedoch die inneren Fäulnis- und Verfallsprozesse des Okzidents entgegen. Wir haben unsere kulturellen Grundlagen – und das Wesen aller Kultur ist nach Oswald Spengler Religion – ohne jede Not einfach auf dem Müllhaufen entsorgt, dabei steht der Feind schon im Inneren. Aber auch zur innerstaatlichen Feinderklärung fehlt uns angesichts unserer herunterästhetiserten Politik schlichtweg die Kraft. Stattdessen plantscht man in den seichten Gewässern des postmodernen Diskurses und erklärt die lächerliche Verfallsgestalt des monadisierten, handlungsunfähigen und bis zur offenkundigen Ichlosigkeit regredierten Inividuums zur großen Zukunft.


Da wir aufklärerischer als die Aufklärung sein wollten in dem Wunsch Tabula rasa zu machen, im Ikonoklasmus, im Bruch mit allen Traditionen, bleibt einem nur noch der völlige Neuanfang, ohne auf irgendetwas Überliefertem aufbauen zu können. Die „Kehrseite der Medaille der utopischen Abstraktion“ besteht dann womöglich in der gründlichen Abwendung vom geistigen Gesamtmüll einer negativen Ontologie, die in der Geschichtsmetaphysik der Moderne bis zur Bewusstlosigkeit reinkarniert wird.


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mercredi, 18 avril 2012

Tchétchénie: foyer de turbulence

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Bernhard TOMASCHITZ:
Tchétchénie: foyer de turbulence

L’Occident s’allie aux islamistes pour affaiblir la Russie sur son flanc méridional

Russia-Daghestan-Carte-1.jpgLa Tchétchénie ne fait plus la une des médias internationaux. Officiellement, depuis 2009, la guerre y est terminée: elle a sévi jadis dans cette république autonome de la Fédération de Russie, située sur le flanc septentrional du Caucase. Le détenteur du pouvoir, Ramzan Kadyrov est l’allié de Moscou: il est bien en selle et aucun rival crédible ne le défie. Mais, malgré cela, le feu couve. La résistance islamiste radicale poursuit ses activités dans la clandestinité: la quiétude apparente de la Tchétchénie pourrait bien finir brutalement.

En effet, dans une dépêche secrète du 30 mai 2006, dévoilée par la plateforme “Wikileaks”, l’ambasadeur américain en poste à Moscou, William J. Burns, écrivait, à propos de la Tchétchénie: “Nous nous attendons à ce que le salafisme continue à s’y développer”. La même remarque valait également pour deux autres républiques autonomes de la Fédération de Russie: le Daghestan et la Karbardino-Balkarie.

Au départ, les Tchétchènes pratiquaient un islam relativement modéré. Mais les choses ont changé au moins depuis la première guerre de Tchétchénie (1994-1996), lorsque des combattants arabes sont arrivés dans le pays. Bon nombre d’entre eux avaient auparavant acquis de l’expérience au sein de la résistance afghane contre les troupes soviétiques. La principale source financière de ces combattants islamistes est bien sûr l’Arabie Saoudite, pays où le wahhabisme, expression extrêmement rigide de l’islam, est religion d’Etat. Le Président Kadyrov est considéré comme un musulman modéré et met plutôt l’accent sur l’identité nationale tchétchène, au contraire de son adversaire Chamil Bassaïev, tué en juillet 2006. Ce dernier entendait réintroduire la charia dans le Caucase. Le vide qu’a laissé Bassaïev après sa mort, les islamistes n’ont pu le combler.

Mais dans ce conflit tchétchène, qui dure maintenant depuis près de deux décennies, il ne s’agit pas seulement d’importer cet islam “pur”. La Tchétchénie, qui est grande comme la moitié de la Belgique, est importante sur l’échiquier géopolitique mondial, car son territoire joue potentiellement un rôle-clef dans la stratégie d’encerclement que pratiquent les Etats-Unis contre la Russie. A travers le territoire tchétchène passent gazoducs et oléoducs qui acheminent les hydrocarbures de la région caspienne vers la Mer Noire. Si les Etats-Unis parviennent à interrompre ce flux ou à le contrôler, l’importance de la Russie comme pays de transit de l’énergie serait considérablement diminuée. Et si le transit de l’énergie dans cette région est amoindri, les trajets alternatifs, via l’Azerbaïdjan, la Géorgie ou les côtes méditerranéennes de la Turquie, les consortiums anglo-américains en seraient les grands bénéficiaires. A cela s’ajoute qu’une sécession éventuelle de la Tchétchénie provoquerait une réaction en chaîne: d’autres peuples caucasiens, comme les Ingouches, les Daghestanais ou les Tcherkesses exigeraient à leur tour le droit à l’auto-détermination.

Les indices s’accumulent depuis longtemps déjà qui permettent de conclure à une alliance calamiteuse mais indéfectible entre Washington et le fondamentalisme islamiste, surtout depuis l’entrée des troupes soviétiques en Afghanistan en décembre 1979. En décembre 2009, le Président Kadyrov déclarait que l’Occident voulait détruire la Russie au départ du Caucase. “S’ils obtiennent le contrôle du Caucase, on peut dire qu’ils disposeront alors du contrôle sur la Russie toute entière, car le Caucase est son épine dorsale”. Washington a justement choisi les Tchétchènes pour accroître démesurément les “coûts de l’empire” pour les Russes parce que ce peuple avait déjà opposé une résistance farouche à la pénétration russe dans la région au 19ème siècle.

En plus, il faut aussi savoir que les Etats-Unis et d’autres puissances occidentales ont littéralement couvert les régions nord-caucasiennes d’un réseau comportant environ une centaine d’ONG. Parmi elles: la Fondation Soros du spéculateur en bourse Georges Soros qui avait déjà joué un rôle non négligeable dans les “révolutions colorées” d’Ukraine et de Géorgie; ensuite, la Fondation Carnegie, flanquées toutes deux, de fondations allemandes relevant des principaux partis du spectre politique de la Bundesrepublik, telles la Fondation Konrad Adenauer (CDU), la Fondation Friedrich Ebert (SPD) et la Fondation Heinrich Böll (Verts). Cet ensemble voit ses activités coordonnées depuis Washington. Dans un article publié par le “Center for Research on Globalization”, qui se montre très critique à l’endroit des processus de mondialisation, et dû à la plume de Nikolai Dimlevitch en 2010, la propagande de toutes ces fondations a pour objectif “d’influencer en permanence les peuples du Caucase pour qu’ils cessent d’accepter leur intégration culturelle à la Fédération de Russie, pour que les sociétés du Caucase mettent un terme à leurs orientations pro-russes et pour qu’elles s’imprègnent de l’idéologie haineuse de la russophobie, laquelle doit à terme devenir le fondement d’une nouvelle identité caucasienne”.

Parmi les ONG qui s’affairent à ce long travail de lobbying, il y a notamment l’ “American Committee for Peace in Chechnya” (ACPC), dirigé par Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de l’ex-président américain Jimmy Carter. La liste des membres de l’ACPC se lit comme une sorte de “Who’s Who” des faucons néo-conservateurs: Elliot Abrams, important conseiller de George W. Bush; William Kristol, idéologue en chef des néo-conservateurs; Richard Perle, surnommé le “Prince des Ténèbres” et principal avocat de la guerre contre l’Irak, ou encore James Woolsey, ancien directeur de la CIA. La tâche première de l’ACPC est de créer un climat médiatique toujours favorable à la rébellion tchétchène en présentant la situation de manière partisane et unilatérale, la Russie comme fautrice des malheurs du Caucase, tout en la clouant au pilori comme la puissance qui ne cesse jamais de fouler aux pieds les droits de l’homme.

Pourtant, lors des deux guerres de Tchétchénie, les combattants islamistes tchétchènes ont commis des horreurs, comme l’atteste indirectement un document de 2006, révélé par “Wikileaks” et émanant toujours de l’ambassadeur américain Burns: “Les combats réels ont été menés pendant quelques années par les forces tchétchènes qui ont géré la guerre comme elles l’entendaient et non pas de la façon dont les militaires russes voulaient qu’ils la mènent; cela a eu des conséquences heureuses car elles tuaient tout Russe se trouvant sur leur chemin”.

Bernhard TOMASCHITZ.
(article paru dans “zur Zeit”, n°7/2012; http://www.zurzeit.at/ ).

Waarom men Afghanistan niet kan bezetten?

Peter Logghe:

Waarom men Afghanistan niet kan bezetten?

Ex: Nieuwsbrief Deltastichting Nr. 58 - April 2012

 
Prof. Thomas BargatzkyIn het juni-nummer van TeKoS zal een vrij uitgebreide studie van Francis Van den Eynde over Afghanistan verschijnen, waaruit het geopolitiek belang van de verschillende oorlogen in en om Afghanistan zal blijken. Het is dus niet aan mij om hier al een tipje van de sluier te lichten. Maar professor Thomas Bargatzky, professor ethnologie aan de universiteit van Bayreuth, verduidelijkte in ons Duitse zusterblad Sezession waarom men, waarom de Westerse troepen in dit verre Aziatische land niet kunnen winnen (1).

Hij somde drie redenen op: Ten eerste denkt men Afghanistan een cultureel en historisch geïsoleerd geval is, en dat men daar, als onderdeel van een wereldwijde strijd tegen het terrorisme, aan nation-building moet gaan doen.  Maar nation-building is echter de keerzijde van de strijd tegen het gewapende verzet (counterinsurgency). Ten tweede worden de oude stamstructuren beschouwd als “middeleeuwse” relicten, die moeten worden afgeschaft: een fatale foutinschatting.  En ten derde onderschat men de identiteitsopbouwende kracht van de islam.

Geografisch en etnologisch gezien is Afghanistan een land zonder grenzen, een overgangszone met een bonte verzameling van volkeren, religies en talen, alleen afgebakend in het Westen door Iran, in het Noorden door de centraal-Aziatische staten en in het Westen en het Zuidwesten door India. Steeds weer vielen naburige volkeren hier binnen op weg naar India, of terwijl zij uit India werden teruggedrongen. En in de nasleep tenslotte van de Arabische veroveringen van de 7de eeuw werd hier de islam, de taal en het geschrift binnengebracht.

Afghanistan werd een belangrijke pion in de Great Game (vanaf 1747), het machtspolitiek spel tussen Groot-Brittannië, de Russische tsaren en Perzië – een spel dat zou duren tot de 19de eeuw.  Maar tot vandaag suggereren de min of meer vaststaande grenzen van Afghanistan een eenheid die er ook vroeger al niet geweest was.
 
 
 
Stammen verrassend levendig en vooral aangepast aan moderne tijden
 
Professor Bargatzsky wijst er op dat nation-building willen opleggen in een land als Afghanistan, waar geen enkele Europese randvoorwaarde voorhanden zijn, toch wel getuigt van “enige naïviteit”. De Europese ontwikkeling was in die mate specifiek dat de oude leenverplichtingen uit elkaar vielen. Uit de oude banden ontstonden nieuwe, met “vrijgevochten” individuen die zich in een beginnend kapitalisme als burgers of als arbeiders organiseerden. Een seculiere, moderne lekenstaat, een rechtsstaat in de plaats van een religieus gelegitimeerde oude feodale ordening. Maar hiervan is niets terug te vinden in Afghanistan, aldus professor Bargatzsky, die wijst op het belang van stammen in deze streek. Het gaat om grensoverschrijdende verwantschapsstructuren, die echter niets met onze feodale structuren Pathanente maken hebben, maar het gaat om juridische en loyaliteitsgemeenschappen die door religie en gebruik zijn ontstaan. Op basis van stamboombetrekkingen sluiten afzonderlijke segmenten zich bij bepaalde belangenconflicten aaneen om tijdelijk bepaalde groepen van ongeveer dezelfde omvang een antwoord te kunnen bieden. Na de oplossing van het conflict maken de verschillende componenten zich ook even snel weer los van elkaar. Wat de professor de “complementaire oppositie” noemt, manifesteert zich vooral bij oorlogsconflicten natuurlijk, maar ook in andere politieke spanningsmomenten, zoals de bezetting van bepaalde ambten of functies. Een voorstel, uitgaand van verschillende groepen of stamonderdelen of stammen wordt op die manier mogelijk en bepaalde groepsopportuniteiten worden ten koste van andere op die manier doorgezet. Maar vergis u niet, bij andere conflicten worden dan weer de groepen bijgesprongen, die zich geen functie konden veroveren.

De Pathanen (of Pashtun) maken met hun 40 miljoen eenheden  zo’n segmentaire organisatie. Het is de grootste stamgemeenschap ter wereld. Van de 40 miljoen leven er ongeveer 12 miljoen in Afghanistan (40% van de bevolking) en tot 27 miljoen in Pakistan (ongeveer 15%). De grote Pathaanse stamconfederaties, Ghilzai en Abdali, spelen nog steeds een overduidelijke rol in het grote politieke spel. Als het erom gaat een gemeenschappelijke vijand te counteren, slaan ze de handen ineen, maar een andere keer staan ze met getrokken messen tegenover elkaar.

Het grote Afghaanse verzet tegen de Britten in de Great Game werd voornamelijk door de Ghilzai gedragen. Drie van de procommunistische Afghaanse presidenten waren Pathanen van de Ghilzai (Taraki, Hafizullah Amin en Nadzibullah), maar ook Taliban rekruteert fel in de rangen van Ghilzai. De huidige president van Afghanistan, Hamid Karzai, behoort dan weer tot de Durrani-onderclan van de Popalzai.

GhilzaiHet belang van de interventie van professor Bargatzky bestaat erin te wijzen op het belang van deze stamstructuur. “Het zou een fatale vergissing zijn te denken dat het gaat om “middeleeuwse” structuren. De reden waarom men dat wil denken is duidelijk: op die manier kan men het begrip van “achterlijkheid” verbinden met Afghanistan en moet men deze structuren door nation-building-structuren in de moderniteit trekken. Maar deze stamstructuren zijn veel beter aangepast aan de moderne tijden. In Karatsji leven ongeveer anderhalf miljoen Pathanen, die het private transport beheersen. Pathanen hebben een wereldwijdnetwerk. Deze transnationale stamnetwerken bieden voordelen die een nationaliteit niet kan bieden”. Waarbij hij aansluit op de woorden van oriëntalist Olivier Roy: “Stammen staan open voor de wereld. Het stamsysteem verdwijnt niet, maar het past zich aan aan de globalisering en de supranationale ideologieën. De stam blijft bestaan en slaat haar tentakels over de ganse wereld uit”.
 
Islamitische solidariteit

De islam, aldus professor Bargatzky, heeft altijd al een vrij belangrijke rol gespeeld. Reeds in de tijd voor de Europeanen er de plak zwaaiden – of pretendeerden te zwaaien. Pathaanse stammen, die onder elkaar zeer vijandig waren, werden door de islam aaneen gesmeed in het grote Afghaanse verzet tegen de Moguls in de tweede helft van de 16de eeuw. Het mechanisme van de complementaire oppositie (stammen die elkaar vinden in de strijd tegen een andere, derde, partij) versterkt door de verenigende werking van de islam zou wel eens kunnen leiden tot een soort solidarisering onder de volkeren van Afghanistan en Pakistan tegen het geweld van het Westen. En de Pakistaans-Afghaanse staatsgrens, de zogenaamde Durand-lijn, die door de Britten juist middenin het Pathaans gebied werd aangelegd, zou hier wel eens voor een ontsteking kunnen zorgen. Ghilzai-nomaden trekken er zich al lang niets van aan.

Ook deze bezetting lost helemaal niets op. Nation-building in een staat die doordrongen is van stamstructuren, die blijkbaar minstens even aangepast zijn aan de globalisering en het elektronisch netwerkverkeer. En een strijd tegen de islam, die juist in deze hoek van de wereld bewezen heeft ook de grootste vijanden te kunnen verenigen in de strijd tegen een derde partij. Een derde Vietnam? Zo ziet het er wel naar uit, inderdaad.

Maar nogmaals: met veel plezier verwijs ik u naar het uitgebreid achtergrondartikel van Francis Van den Eynde in het TeKoS-nummer van juni 2012. Te bestellen als los nummer op het volgende Epostadres of door het nemen van een abonnement op deze verwijzing.

(Peter Logghe)

(1) Sezession, nr. 47, april 2010, pag. 28-30. Sezession, Rittergut Schnellroda, D-06268 Steigra. Een abonnement kost 55 euro voor 6 nummers. 
 

A propos de « L’essence du politique »

A propos de « L’essence du politique »

frend.jpgUn commentaire du Passant1 sur mon précédent billet m’amène à anticiper sur une série de billets que j’avais (vaguement) prévus à partir d’une lecture de Julien Freund. Jusqu’ici, je connaissais seulement de Freund ses textes d’introduction à la sociologie de Max Weber ou de Georg Simmel. La lecture de cette étrange conversation imaginée entre un certain Pierre Bérard2 et Julien Freund m’a donné envie d’en savoir plus sur la sociologie de Freund lui-même. J’ai donc profité de l’été pour lire l’ouvrage majeur de Freund qu’est L’essence du politique (1965), en complétant par une relecture de quelques classiques comme Le savant et le politique de Max Weber, Le Prince de Machiavel, mais aussi Les politiques d’Aristote ou L’histoire de la guerre du Péloponnèse.

J’en tire ici quelques réflexions ou questions sans grand ordre. Il y aura peut-être ensuite quelques billets plus systématiques.

Le Passant, dans son commentaire, réagit à la conclusion de mon précédent billet sur la nécessité affirmée par Freund d’éviter tant la moralisation de la politique que la politisation de la morale. Il affirme au contraire que la politique serait par définition une moralisation du politique. Il s’agirait moins de mettre en œuvre des liens d’appartenance ou de participation que de définir les « bons » liens. J’entends dans cette remarque comme un écho de ce que disait Jean Gagnepain sur l’hégétique, que ses lecteurs entendent très souvent comme une légalisation du légitime, mais qu’il définissait lui-même d’une façon plus complexe et problématique qu’on ne veut bien le dire. La messe, en tous cas, n’est pas dite sur ce sujet !

Il faut d’abord savoir si l’on se place 1° – dans une perspective qui est celle de l’action politique et donc de la justification de telle ou telle décision, de tel ou tel régime, ou de telle ou telle définition de ce que devrait être le politique, de même que le personnel politique, ou 2° – dans la perspective scientifique de la description du phénomène politique, quelles que soient les époques, les institutions ou les régimes. Beaucoup de lectures de ce que Gagnepain dit de l’hégétique me semblent se situer dans la première perspective. Elles regrettent que le personnel politique actuel ne soit pas nécessairement un modèle de vertu et affirment qu’à l’avenir, il devra l’être (mais c’était déjà le propos de Platon dans La République !). On est dans l’éthique de conviction au sens de Max Weber. Dans une perspective normative en tous cas. On n’est pas dans l’analyse de ce qu’est le politique.

Si on se place dans cette deuxième perspective, celle du sociologue, qui se doit d’étudier « froidement » le politique tel qu’il existe (ou la politique telle qu’elle existe — je ne me prononce pas pour l’instant sur la différence entre le et la politique), on peut remarquer que les convictions sur ce qui doit être, sur ce que sont les « bons » liens sociaux, etc. font effectivement partie du politique. Il n’y a pas de politique sans convictions, ni même sans passion, comme l’observait bien Weber. Mais ces convictions ou ces passions sont de toutes sortes. Les uns sont convaincus du caractère néfaste du « capitalisme financier », d’autres dénoncent l’immigration, d’autres encore plaident pour un développement durable ou une écologie politique, etc. Tous sont persuadés que leurs convictions sont les « bonnes » convictions, que les liens ou les associations qu’ils veulent tracer sont les « bons » liens, les « bonnes » associations… Le moins que l’on puisse dire est que la définition de ce qui est « bon » ou « bien » est pour le moins conflictuelle, polémique. Dans la perspective de l’action, comment choisir le bon « bien » ? En retenant le camp le plus vertueux ? Mais comment ? Admettons que l’on arrive à sélectionner le personnel politique (comme on sélectionne sur d’autres critères les pilotes de chasse) pour exclure des fonctions politiques celles ou ceux qui sont carrément malades (névrosés, psychopathes, mais aussi pervers et psychotiques en tout genre, car ce n’est pas plus rassurant). Il ne restera donc que des gens à peu près équilibrés, aussi capables de responsabilité que de vertu. Croit-on vraiment que l’on aura tranché la question du bien ? Non, car il y a sans doute autant de gens capables de responsabilité comme de vertu dans les différents camps et l’on retrouvera les conflits et les polémiques sur ce qui est bon et bien. On peut dire que le choix devra se faire de façon « démocratique ». Mais la démocratie elle même n’est qu’une option parmi d’autres. C’est un argument polémique contre ceux qui sont jugés non démocrates. D’ailleurs, il suffit d’avoir assisté aux blocages d’universités de ces dernières années pour constater qu’il n’y a pas accord d’emblée sur ce qui est démocratique. Chacun utilise l’argument démocratique comme argument dans la polémique et l’on se trouve embarqué dans une lutte de « démocraties » : celle des AG et du vote à main levée contre celle des instances universitaires et des cartes d’étudiant !

Autre chose. L’enfer, dit le proverbe, est pavé de bonnes intentions. C’est ce que redit à sa façon Max Weber en écrivant dans Le savant et le politique :

Il est une chose incontestable, et c’est même un fait fondamental de l’histoire, mais auquel nous ne rendons pas justice aujourd’hui : le résultat final de l’activité politique répond rarement à l’intention primitive de l’acteur. On peut même affirmer qu’en règle générale il n’y répond jamais et que très souvent le rapport entre le résultat final et l’intention originelle est tout simplement paradoxal.

On pense évidemment à l’éthique protestante qui aurait, selon Weber, favorisé l’esprit du capitalisme, bien que cela n’était l’intention ni de Luther ni de Calvin (qui n’avaient, et pour cause, jamais entendu parler de « capitalisme »). Les historiens, sans doute, discutent et discuteront longtemps de cette thèse. Mais on peut sans peine multiplier les exemples. Ainsi de Gaulle croyait léguer à la France, avec la constitution de la Cinquième République, ce qui lui permettrait d’échapper au « régime des partis ». Le résultat semble bien différent. Peut-on d’ailleurs échapper aux « partis » et autres « factions » ? Les guelfes et les gibelins n’étaient-ils pas d’autres « espèces » du genre « parti » ? De même que les frondeurs du milieu de notre XVIIe siècle ?

Le constat sociologique est donc que le politique est le domaine du conflit, de la polémique, éventuellement de la guerre. On peut certes s’accorder, passer convention, faire la paix un temps. Mais le conflit resurgira nécessairement, ici ou ailleurs, sur un sujet ou sur un autre, pour un « bien » ou pour un autre. L’histoire n’est pas seulement l’histoire de la lutte des classes, comme le pensait Marx. Elle est plus généralement l’histoire de la lutte, comme le dit Freund, des classes certes, mais aussi des peuples, des religions, etc. Il n’y a pas de « der des der » ! Il est vrai que certains révolutionnaires ont voulu croire qu’avec une bonne lutte finale (qui, justement parce qu’elle serait finale — la « der des der » — légitimerait pour le coup la pire des violences), on pourrait résoudre le problème une bonne fois pour toutes. C’est le « Français (Russes, etc.) encore un effort… C’est vrai, on s’entretue bien cette fois encore. Mais c’est pour la bonne cause. Après, c’est-à-dire une fois que l’on aura éliminé tous les ci-devant (koulaks, etc.), ce sera fini. Promis. Ce sera l’avenir radieux ».

Mais en réalité, on n’en finit jamais avec le conflit (qui bien sûr, ne va pas toujours jusqu’à la guerre). C’est ce que Freund analyse très bien quand il dit que l’une des trois grandes caractéristiques du politique (l’un des trois « présupposés » dans son vocabulaire), c’est la dialectique ami/ennemi. On trouve cela aussi chez Simmel qui insiste sur le rôle socialisateur du conflit. Le conflit fait lien dans la mesure où l’on s’allie contre un tiers. Gagnepain ne dit pas autre chose quand il rappelle dans Les leçons d’introduction que :

Les Romains par exemple définissaient le civis comme le contraire de l’hostis. C’est parce que l’on avait le même ennemi que l’on devenait concitoyens. On ne se ligue jamais que contre.

On trouve cela en d’autres mots passim dans les chapitres sociologiques du Vouloir Dire. Gagnepain s’inscrit ainsi bien plus dans la tradition de Simmel et de Freund, que du fonctionnalisme de Durkheim. De Weber aussi, qui insistait dans Le savant et le politique sur ce qu’il appelait « le polythéisme des valeurs ».

J’ajouterais que c’est vrai aussi bien de la politique étrangère (voir déjà l’alliance des cités autour d’Athènes contre celle autour de Sparte dans la guerre du Péloponnèse), que de la politique intérieure (où la « gauche » n’existe que dans son opposition à la « droite »), le même processus se reproduisant d’ailleurs à l’intérieur de chaque camp un peu comme une même structure se reproduit dans les fractales aux différentes échelles.

Le filon est riche. Je ne pourrai pas tout dire dans un seul billet. Quelques points pour la suite (dans le désordre, en mêlant peut-être perspectives d’action et perspectives de description, mais en insistant plus, je l’espère, sur les secondes) :

  • Weber dit que trois qualités font l’homme politique (on parlerait évidemment aussi bien de la femme politique aujourd’hui) : la passion, le sentiment de responsabilité et le coup d’œil. La première peut se rattacher à ce qu’il appelle l’éthique de conviction (il faut des convictions) ; le second à l’éthique de responsabilité (il faut se préoccuper des conséquences, y compris paradoxales, de ses décisions, bien qu’il soit évidemment impossible de tout prévoir) ; quant au coup d’œil, Weber l’associe à un certain détachement nécessaire, à un « calme intérieur de l’âme ». Je relie ça à ce que dit Gagnepain quand il parle de l’hégétique (DVD II, p. 108) : « L’autorité comme telle ne se fractionne pas et son intime complexité tient plutôt au fait qu’il faut pour l’exercer joindre tactique et probité ». Phrase sibylline comme souvent, mais que Weber me semble éclairer. On est en tous cas dans la même tradition intellectuelle.
  • A propos de la dialectique ami/ennemi. Le mot français ennemi est bien sûr polysémique. Freund rappelle que les Grecs distinguaient, eux, ἐχθρός et πολέμιος, comme les Romains distinguaient inimicus et hostis. Certes, les deux termes étaient eux-mêmes polysémiques en grec comme en latin. Inimicus dans certains textes devient ainsi synonyme d’hostis. Mais les premiers termes de ces paires renvoient nettement, selon les dictionnaires, à la détestation et à la haine, parfois dite « personnelle », alors que les second désignent l’ennemi politique, l’ennemi de guerre, sans cette connotation de détestation. Il y a une surdétermination axiologique ce me semble dans les premiers, pas dans les deuxièmes. Il y aurait sans doute beaucoup à dire et à observer là-dessus, y compris d’un point de vue clinique.
  • Parmi les convictions qui peuvent ou on pu inspirer le politique figurent les enseignements de l’Évangile (voir par exemple le colloque de novembre dernier au collège des Bernardins sur « Charles de Gaulle, chrétien, homme d’État »). Weber insiste sur la contradiction entre la morale des Évangiles (Aimez vos ennemis, Matthieu, 5, 44) et l’éthique de responsabilité, qui amène le politique dans certains cas à entrer en guerre. Mais l’Évangile, d’une part, ne dit pas : « Vous n’avez pas ni n’aurez pas d’ennemis ». Il reconnaît d’une certaine façon que l’on ne choisit pas ses ennemis (un des enseignements clefs de Freund, qui l’avait même conduit à devoir changer de directeur de thèse, Jean Hyppolite ne pouvant supporter cette idée — il était quand même dans le jury.). Mais il demande de les aimer. D’autre part, il n’est pas question de πολέμιος, mais d’ἐχθρός. Matthieu dit : ἀγαπᾶτε τοὺς ἐχθροὺς ὑμῶν (Diligite inimicos vestros). Il s’agit donc de charité (caritas, agapê) et surtout d’absence de haine envers l’echthros (l’inimicus). Il n’est pas question ici du polemios, de l’hostis. A supposer que cette différence terminologique soit pertinente dans le grec des Évangiles, il y a là aussi matière à réflexion (il est d’ailleurs fort probable que les docteurs de l’Église, tant dans la tradition orientale que dans la tradition latine y ont réfléchi : à vérifier). J’y vois en tous cas un point de départ pour une sociologie du ressentiment en lien avec ce que Nietzsche a pu dire sur le sujet dans La généalogie de la morale.
  • Il faudrait encore retravailler les deux autres « présupposés » du politique selon Freund : la dialectique du commandement et de l’obéissance (on est là dans la question de la division des rôles et des fonctions), ainsi que celle du public et du privé (pas de politique sans une séparation du public et du privé, même si la frontière n’est pas absolue, peut se déplacer : Freund insiste sur le fait qu’un pouvoir qui supprime totalement le privé en s’introduisant partout devient totalitaire, pour lui le totalitarisme est même « un gigantesque effort pour effacer la distinction entre l’individuel [le privé] et le public, par élimination de cette réalité intermédiaire […] qu’est la société civile » — encore une piste extrêmement intéressante, y compris cliniquement).
  • Il y a enfin la question de la force (ou de la violence) et de son usage, l’une des caractéristiques du politique pour les sociologues, au moins depuis la célèbre définition de Weber de l’État comme « communauté humaine qui revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime ». Cette définition a fait l’objet de moult commentaires, sans à mon sens mettre un terme à l’ambiguïté des notions de force et de violence (on trouve les deux termes dans les traductions de Weber qui parle lui de Gewaltsamkeit).
  • Et puis encore une dernière chose à propos de la « moralisation du politique ». Weber remarque que « l’éthique peut parfois jouer un rôle extrêmement fâcheux ». C’est le cas de certaines justifications morales (moralisantes) et casuistiques, mais aussi des marchandages de culpabilité (la sienne comme celle des autres), au détriment de ce qu’il appelle « l’éthique de responsabilité ». Encore une piste de réflexion et d’observations…

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  1. J’en profite pour signaler son nouveau blog que je découvre du même coup et qui vaut le détour. []
  2. Non, ce n’est pas le patron du refuge bien connu de tous ceux qui ont fait le tour des Aiguilles Rouges et l’ascension du Buet ! []

À propos de « L’essence du politique » (2)

Julien Freund fait bien entendu référence à Max Weber et à sa célèbre définition de l’État moderne comme « groupement de domination de caractère institutionnel qui a cherché (avec succès) à monopoliser, dans les limites d’un territoire, la violence physique légitime comme moyen de domination et qui, dans ce but, a réuni dans les mains des dirigeants les moyens matériels de gestion » (Weber, 1959, p. 108). Il propose de distinguer les concepts de puissance, de force, de violence. Mais le lecteur reste insatisfait. Gagne-t-on, par exemple, à englober comme Freund, dans la définition de la force, les différents effets de sens possibles du mot, y compris donc la « force » d’une démonstration mathématique ?

Il vaut le coup, donc, de revenir sur ces différents concepts, moins pour réfuter l’argumentation de Freund, que pour la préciser. Nous proposons de réserver le concept de force à la force physique, démultipliée éventuellement ou secondée par différents artifices techniques. Pour être plus encore précis, il serait d’ailleurs possible de retenir la distinction que faisait Aristote entre la force comme puissance (δύναμις) et la force en action (ἐνέργεια)1 , en parlant de puissance dans le premier cas et de force dans le second. La puissance apparaît ainsi comme une force potentielle, qui n’a pas toujours besoin de s’exercer pour produire un effet (la puissance seule peut- être dissuasive sans avoir besoin de s’appliquer comme force, ainsi dans le cas de la dissuasion nucléaire). Il faut remarquer par ailleurs que la puissance et la force ainsi entendues ne sont pas spécifiques à l’homme. C’est d’ailleurs l’un des avantages de notre définition de permettre une extension de ces notions de puissance et de force au monde animal. Chaque espèce animale se caractérise en effet par une certaine puissance ou force physique, celle de l’ours adulte étant supérieure par exemple à celle de l’homme adulte. Mais la puissance dont dispose tel ou tel individu d’une espèce ne se limite pas à sa force musculaire. Une faible force musculaire peut-être compensée par la vitesse, par l’agilité, par l’usage d’un poison (venin)…

Dans le cas de l’espèce humaine, c’est l’outillage technique qui vient compenser une faiblesse relative et démultiplier la puissance : depuis le javelot, l’arc, les flèches, les sagaies, etc., jusqu’aux missiles porteurs de charges thermonucléaires, en passant par les différentes armes à feu, la fabrication de poisons, les pièges, etc. Nous arrivons ainsi à une définition de la puissance et de la force qui relève d’un domaine physico-technique, soit du domaine ergologique au sens de la théorie de la médiation. D’un point de vue clinique, puissance et force seront affaiblies par toutes les atteintes qui réduisent aussi bien la mobilité (lésions des membres, paralysies, etc.) que la capacité technique (atechnies) ou les organes de défense ou d’attaque dans le cas des autres espèces animales (glandes à venin, etc.). Une telle définition reste en accord avec les distinctions que faisait Julien Freund. C’est lui en effet qui liait déjà le concept de puissance au grec δύναμις en proposant de réfléchir à la distinction aristotélicienne entre puissance et acte :

« Il semble que la puissance appartienne à l’ordre de la virtualité plutôt qu’à celle de l’actualité. Être puissant, c’est avoir le pouvoir de, être capable de faire une chose » (Freund, 2004, p. 135).

Mais Freund ne distinguait pas suffisamment à notre sens les différents sens du pouvoir et de la capacité de faire quelque chose, y incluant aussi bien la capacité physique et technique que la capacité légale ou encore la capacité morale, celle qui résulte de l’audace (comme lorsqu’on dit de quelqu’un qu’il n’est pas capable au sens où il n’osera pas). Cette dimension morale a bien sûr son importance (elle joue un rôle dans la dissuasion par exemple : vont-ils oser ?), mais il importe de la distinguer pour l’analyse.

Voilà pour la force et la puissance. Que faire maintenant de la violence ? Cette notion de violence semble ajouter une caractéristique supplémentaire qui est celle d’une non-maîtrise, d’une démesure ou encore d’une malmesure de la force. Il y a de l’ὕβρις dans la violence, alors qu’il n’y en a pas nécessairement dans la puissance et la force en tant qu’elles relèvent seulement d’une capacité physique (anatomo-physiologique) ou technique. Ce caractère excessif de la violence est bien présent dans la définition qu’en donne Julien Freund, qui la distingue comme nous de la force et de la puissance. La violence, dit-il,

« est puissance corrompue ou déchaînée ou parfois poussée volontairement à l’outrance. Non que la force serait innocente, puisqu’il n’y a pas de puissance sans forces2 , mais elle se laisse réglementer et discipliner par des formes, c’est-à-dire elle s’exerce en général dans le respect des règles et des conventions de la légalité. La violence par contre, instinctive et passionnelle par nature, épouvante, massacre, égorge, supplicie et bouleverse tout dans la confusion. Une armée disciplinée est l’image typique de la force, une masse soulevée et tumultueuse est celle de la violence » (Freund, 2004, p. 514).

Comment expliquer ce déchaînement, cette outrance qui caractérisent la violence ? Les considérations physiques ou techniques ici ne suffisent plus. La violence, après tout, utilise les mêmes moyens que la force : saisies, coups de poings, coups de pieds, armes ou objets divers… La clinique psychiatrique nous permet de poursuivre le travail de distinction conceptuelle initié par Julien Freund en confrontant l’observateur à deux types d’outrance ou de malmesure en matière de violence : la malmesure qui pourra être observée dans la clinique des psychoses et celle qui pourra être observée dans la clinique des psychopathies.

Il est bien connu que le psychotique peut devenir violent et que cette violence peut aller jusqu’au meurtre. Dans le cas de la paranoïa, le meurtre vient clore « une montée inexorable d’une ingérence dont il faut se défendre » (Guyard, 2006, p. 601). Le paranoïaque meurtrier tue pour se débarrasser de son persécuteur. Le meurtre lui apparaît comme la seule issue dans une relation duelle et antagoniste : ou c’est lui, ou c’est moi. A un certain stade du délire de persécution, le passage à l’acte meurtrier apparaît ainsi largement prévisible (sinon fatal) de même que l’identité de la victime. Ainsi, dans le cas d’Aimée, la patiente étudiée dans la thèse de Jacques Lacan, la tentative de meurtre contre Mme Z., une des actrices de théâtre les plus appréciées du public parisien de l’époque, avait été précédée d’une élaboration délirante dans laquelle Mme Z. tenait le rôle de la persécutrice (Lacan, 1932). En opposition à ce meurtre prévisible du paranoïaque, de nombreux auteurs ont parlé de meurtre « immotivé » pour qualifier l’homicide perpétré par le schizophrène. Dans le cas de la schizophrénie, en effet, le passage à l’acte meurtrier semble intervenir sans motivation apparente. Alors que le délire paranoïaque désigne par avance la victime sous la forme du persécuteur ou de la persécutrice, le scénario du meurtre schizophrénique apparaît au premier abord incompréhensible : « les motifs conflictuels semblent assez minces » (Guyard, 2006, p. 601) et la victime n’apparaît pas désignée par avance, aussi clairement en tous cas que dans le cas de la paranoïa. L’homicide schizophrénique n’est reste pas moins intelligible :

« Que le meurtre se mue en suicide, qu’il s’exerce sur un proche, le schizophrène le construit comme un acte inexplicable, étranger, arbitraire ou encore immotivé, difficilement compréhensible parce qu’il s’inscrit dans un délire intérieur dont la violence semble aussi singulière que monstrueuse, mais dont l’issue – c’est là le point essentiel – consiste toujours à rétablir une indépendance mise à mal » (Guyard, 2006, p. 601).

La violence paranoïaque et la violence schizophrénique apparaissent ainsi, à bien des égards, comme opposées l’une à l’autre. Pourtant, toutes les deux surviennent dans des situations de conflit, pour mettre fin précisément à cette conflictualité : par la suppression de l’antagoniste ou du double persécuteur dans la paranoïa, par le rétablissement d’une indépendance compromise dans le cas de la schizophrénie. Toutes les deux nous confrontent à la question – éminemment politique – du pouvoir sur autrui. Ce pouvoir, pour le paranoïaque, n’a pas de limites : soit il est entièrement soumis au pouvoir d’autrui, soit il soumet entièrement autrui à son pouvoir. Le meurtre dans ce cas témoigne en quelque sorte du basculement : persuadé d’être persécuté et victime d’un complot, se croyant soumis, autrement dit, au pouvoir d’autrui, le paranoïaque tue pour rétablir la situation et reprendre le contrôle. Le schizophrène au contraire s’est construit un univers, certes étrange et hermétique, mais bien délimité, dans lequel il exerce un pouvoir tout puissant. Le schizophrène y est isolé et ce pouvoir n’est pas négociable. Il lui faut en exclure autrui. Le meurtre au besoin y pourvoira si une ingérence devient insupportable.

Cette violence psychotique n’est pas sans liens avec la question du commandement et de l’obéissance qui constitue selon Julien Freund l’un des « présupposés » de l’essence du politique (Freund, 2004, p. 94). Le politique suppose en effet un partage des rôles dans lequel certains commandent alors que d’autres obéissent. Il s’agit bien de rôles et de fonctions institués, nettement délimités, particulièrement, insiste Freund, dans les régimes constitutionnels où la constitution fixe, par exemple, les attributions respectives du Président de la République et du Premier Ministre. Le commandement, en matière politique, implique le recours possible à la force. Freund insiste en effet à juste titre sur le fait que le politique ne peut se définir seulement en termes juridiques : le droit ne serait qu’un système de normes en l’absence d’un pouvoir de commandement pouvant faire appel à la force. Il ne suffit pas en effet de dire le droit. Il faut encore s’assurer de l’obéissance. Mais des abus de pouvoir sont toujours possibles de la part du commandement, se traduisant par un abus dans l’usage de la force. Inversement, le commandement peut faire preuve de faiblesse soit par manque de force, soit par hésitation à y faire appel. C’est alors que surgit la violence. La violence politique, autrement dit, soit est le résultat de l’abus de pouvoir, soit constitue « le désordre qui naît de la faiblesse » (ibid., p. 721). Le premier cas est celui du despotisme (δεσποτεία), le second celui de l’anarchie, au sens étymologique du terme (ἀναρχία). Il n’y a pas lieu, bien sûr, de rechercher une correspondance terme à terme entre la malmesure psychotique du pouvoir et sa malmesure politique, même si ce n’est sans doute pas un hasard si les deux grands totalitarismes du XXe siècles furent orchestrés par des personnalités paranoïaques (Hitler et Staline). Ce qui compte c’est de repérer comment la violence peut effectivement surgir d’une malmesure dans la délimitation du pouvoir en tant que commandement.

Mais la violence peut aussi résulter d’une malmesure de l’impulsivité. Il s’agit moins alors de pouvoir et de commandement, que de tempérance vis-à-vis de ses propres désirs et d’endurance face à la frustration. Pour trouver le vocabulaire adéquat, on peut reprendre ici ce que dit Aristote au chapitre VII de L’Éthique à Nicomaque sur l’acrasie (ἀκρασία) opposée à l’ékratéia (ἐκράτεια), c’est-à-dire la tempérance et l’intempérance (opposition liée, chez Aristote, à celle de l’endurance et de la mollesse). On a ici une malmesure de l’impulsivité, un manque de σωφροσύνη (prudence, sagesse, modération dans les désirs, tempérance). Cette malmesure de l’impulsivité est à son comble dans la violence psychopathique (et non plus psychotique), celle, par exemple, d’un Jacques Mesrine, qui la décrivait très bien lui-même dans son récit autobiographique, L’instinct de mort (auquel je ne peux que renvoyer).

La célèbre définition de Weber combine donc trois dimensions : 1° – celle, ergologique de la force (plutôt que de la violence), 2° – celle, sociologique, de la légalité de son usage (à qui reconnaît-t-on socialement, dans telle ou telle société, une compétence dans l’usage de la force ? cet usage est-il réservé à certains corps de métiers ? à certaines personnes ?), 3° – celle, axiologique, du contrôle de l’impulsivité (on attend ainsi du professionnel, policier ou soldat, qu’il contrôle ses émotions, ne se laisse pas aller à la colère, au désir de vengeance… bien que — Homère le décrivait déjà très bien dans l’Iliade — le combat soit par excellence un lieu où les émotions sont poussées à leur plus haut niveau d’intensité).

**

Ivan le Terrible : une malmesure du pouvoir (extrait du film de Pavel Louguine, Tsar, 2009)

  1. Aristote, Métaphysique, 8, 6, 1045b 20-24. Voir aussi la Physique. []
  2. A partir des définitions que nous avons données plus haut, nous dirions plutôt qu’il n’y a pas de force sans puissance. []

mardi, 17 avril 2012

Caspar von Schrenck-Notzing, RIP

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Caspar von Schrenck-Notzing, RIP

Paul Gottfried (2009)
 

PAUL GOTTFRIED is the Raffensperger Professor of Humanities at Elizabethtown College in Pennsylvania.

The death of Caspar von Schrenck- Notzing on January 25, 2009, brought an end to the career of one of the most insightful German political thinkers of his generation. Although perhaps not as well known as other figures associated with the postwar intellectual Right, Schrenck- Notzing displayed a critical honesty, combined with an elegant prose style, which made him stand out among his contemporaries. A descendant of Bavarian Protestant nobility who had been knights of the Holy Roman Empire, Freiherr von Schrenck- Notzing was preceded by an illustrious grandfather, Albert von Schrenck-Notzing, who had been a close friend of the author Thomas Mann. While that grandfather became famous as an exponent of parapsychology, and the other grandfather, Ludwig Ganghofer, as a novelist, Caspar turned his inherited flair for language toward political analysis.

Perhaps he will best be remembered as the editor of the journal Criticón, which he founded in 1970, and which was destined to become the most widely read and respected theoretical organ of the German Right in the 1970s and 1980s. In the pages of Criticón an entire generation of non-leftist German intellectuals found an outlet for their ideas; and such academic figures as Robert Spämann, Günter Rohrmöser, and Odo Marquard became public voices beyond the closed world of philosophical theory. In his signature editorials, Criticón's editor raked over the coals the center-conservative coalition of the Christian Democratic (CDU) and the Christian Social (CSU) parties, which for long periods formed the postwar governments of West Germany.

Despite the CDU/CSU promise of a "turn toward the traditional Right," the hoped-for "Wende nach rechts" never seemed to occur, and Helmut Kohl's ascent to power in the 1980s convinced Schrenck- Notzing that not much good could come from the party governments of the Federal Republic for those with his own political leanings. In 1998 the aging theorist gave up the editorship of Criticón, and he handed over the helm of the publication to advocates of a market economy. Although Schrenck-Notzing did not entirely oppose this new direction, as a German traditionalist he was certainly less hostile to the state as an institution than were Criticón's new editors.

But clearly, during the last ten years of his life, Schrenck-Notzing had lost a sense of urgency about the need for a magazine stressing current events. He decided to devote his remaining energy to a more theoretical task—that of understanding the defective nature of postwar German conservatism. The title of an anthology to which he contributed his own study and also edited, Die kupierte Alternative (The Truncated Alternative), indicated where Schrenck-Notzing saw the deficiencies of the postwar German Right. As a younger German conservative historian, Karl- Heinz Weissmann, echoing Schrenck- Notzing, has observed, one cannot create a sustainable and authentic Right on the basis of "democratic values." One needs a living past to do so. An encyclopedia of conservatism edited by Schrenck-Notzing that appeared in 1996 provides portraits of German statesmen and thinkers whom the editor clearly admired. Needless to say, not even one of those subjects was alive at the time of the encyclopedia's publication.

What allows a significant force against the Left to become effective, according to Schrenck-Notzing, is the continuity of nations and inherited social authorities. In the German case, devotion to a Basic Law promulgated in 1947 and really imposed on a defeated and demoralized country by its conquerors could not replace historical structures and national cohesion. Although Schrenck-Notzing published opinions in his journal that were more enthusiastic than his own about the reconstructed Germany of the postwar years, he never shared such "constitutional patriotism." He never deviated from his understanding of why the post-war German Right had become an increasingly empty opposition to the German Left: it had arisen in a confused and humiliated society, and it drew its strength from the values that its occupiers had given it and from its prolonged submission to American political interests. Schrenck-Notzing continually called attention to the need for respect for one's own nation as the necessary basis for a viable traditionalism. Long before it was evident to most, he predicted that the worship of the postwar German Basic Law and its "democratic" values would not only fail to produce a "conservative" philosophy in Germany; he also fully grasped that this orientation would be a mere transition to an anti-national, leftist political culture. What happened to Germany after 1968 was for him already implicit in the "constitutional patriotism" that treated German history as an unrelieved horror up until the moment of the Allied occupation.

For many years Schrenck-Notzing had published books highlighting the special problems of post-war German society and its inability to configure a Right that could contain these problems. In 2000 he added to his already daunting publishing tasks the creation and maintenance of an institute, the Förderstiftung Konservative Bildung und Forschung, which was established to examine theoretical conservative themes. With his able assistant Dr. Harald Bergbauer and the promotional work of the chairman of the institute's board, Dieter Stein, who also edits the German weekly, Junge Freiheit, Schrenck-Notzing applied himself to studies that neither here nor in Germany have elicited much support. As Schrenck-Notzing pointed out, the study of the opposite of whatever the Left mutates into is never particularly profitable, because those whom he called "the future-makers" are invariably in seats of power. And nowhere was this truer than in Germany, whose postwar government was imposed precisely to dismantle the traditional Right, understood as the "source" of Nazism and "Prussianism." The Allies not only demonized the Third Reich, according to Schrenck-Notzing, but went out of their way, until the onset of the Cold War, to marginalize anything in German history and culture that was not associated with the Left, if not with outright communism.

This was the theme of Schrenck-Notzing's most famous book, Charakterwäsche: Die Politik der amerikanischen Umerziehung in Deutschland, a study of the intent and effects of American re-education policies during the occupation of Germany. This provocative book appeared in three separate editions. While the first edition, in 1965, was widely reviewed and critically acclaimed, by the time the third edition was released by Leopold Stocker Verlag in 2004, its author seemed to be tilting at windmills. Everything he castigated in his book had come to pass in the current German society—and in such a repressive, anti-German form that it is doubtful that the author thirty years earlier would have been able to conceive of his worst nightmares coming to life to such a degree. In his book, Schrenck-Notzing documents the mixture of spiteful vengeance and leftist utopianism that had shaped the Allies' forced re-education of the Germans, and he makes it clear that the only things that slowed down this experiment were the victories of the anticommunist Republicans in U.S. elections and the necessities of the Cold War. Neither development had been foreseen when the plan was put into operation immediately after the war.

Charakterwäsche documents the degree to which social psychologists and "antifascist" social engineers were given a free hand in reconstructing postwar German "political culture." Although the first edition was published before the anti-national and anti-anticommunist German Left had taken full power, the book shows the likelihood that such elements would soon rise to political power, seeing that they had already ensconced themselves in the media and the university. For anyone but a hardened German-hater, it is hard to finish this book without snorting in disgust at any attempt to portray Germany's re-education as a "necessary precondition" for a free society.

What might have happened without such a drastic, punitive intervention? It is highly doubtful that the postwar Germans would have placed rabid Nazis back in power. The country had had a parliamentary tradition and a large, prosperous bourgeoisie since the early nineteenth century, and the leaders of the Christian Democrats and the Social Democrats, who took over after the occupation, all had ties to the pre-Nazi German state. To the extent that postwar Germany did not look like its present leftist version, it was only because it took about a generation before the work of the re-educators could bear its full fruit. In due course, their efforts did accomplish what Schrenck-Notzing claimed they would—turning the Germans into a masochistic, self-hating people who would lose any capacity for collective self-respect. Germany's present pampering of Muslim terrorists, its utter lack of what we in the U.S. until recently would have recognized as academic freedom, the compulsion felt by German leaders to denigrate all of German history before 1945, and the freedom with which "antifascist" mobs close down insufficiently leftist or anti-national lectures and discussions are all directly related to the process of German re-education under Allied control.

Exposure to Schrenck-Notzing's magnum opus was, for me, a defining moment in understanding the present age. By the time I wrote The Strange Death of Marxism in 2005, his image of postwar Germany had become my image of the post-Marxist Left. The brain-snatchers we had set loose on a hated former enemy had come back to subdue the entire Western world. The battle waged by American re-educators against "the surreptitious traces" of fascist ideology among the German Christian bourgeoisie had become the opening shots in the crusade for political correctness. Except for the detention camps and the beating of prisoners that were part of the occupation scene, the attempt to create a "prejudice-free" society by laundering brains has continued down to the present. Schrenck-Notzing revealed the model that therapeutic liberators would apply at home, once they had fi nished with Central Europeans. Significantly, their achievement in Germany was so great that it continues to gain momentum in Western Europe (and not only in Germany) with each passing generation.

The publication Unsere Agenda, which Schrenck-Notzing's institute published (on a shoestring) between 2004 and 2008, devoted considerable space to the American Old Right and especially to the paleoconservatives. One drew the sense from reading it that Schrenck-Notzing and his colleague Bergbauer felt an affinity for American critics of late modernity, an admiration that vastly exceeded the political and media significance of the groups they examined. At our meetings he spoke favorably about the young thinkers from ISI whom he had met in Europe and at a particular gathering of the Philadelphia Society. These were the Americans with whom he resonated and with whom he was hoping to establish a long-term relationship. It is therefore fitting that his accomplishments be noted in the pages of Modern Age. Unfortunately, it is by no means clear that the critical analysis he provided will have any effect in today's German society. The reasons are the ones that Schrenck-Notzing gave in his monumental work on German re-education. The postwar re-educators did their work too well to allow the Germans to become a normal nation again.

lundi, 16 avril 2012

The Heritage of Europe's 'Revolutionary Conservative Movement'

The Heritage of Europe's 'Revolutionary Conservative Movement'

A Conversation with Swiss Historian Armin Mohler (1994)

By Ian B. Warren

Introduction

mohlereinband.jpgFollowing the aftermath of the cataclysmic defeat of Germany and her Axis partners in the Second World War, exhausted Europe came under the hegemony of the victorious Allied powers — above all the United States and Soviet Russia. Understandably, the social-political systems of the vanquished regimes — and especially that of Hitler's Third Reich — were all but completely discredited, even in Germany.

This process also brought the discrediting of the conservative intellectual tradition that, to a certain extent, nourished and gave rise to National Socialism and Hitler's coming to power in 1933. In the intellectual climate that prevailed after 1945, conservative views were largely vilified and suppressed as "reactionary" or "fascist," and efforts to defend or revitalize Europe's venerable intellectual tradition of conservatism came up against formidable resistance.

Those who defied the prevailing "spirit of the times," maintaining that the valid "Right" traditions must be accorded their proper and important place in Europe's intellectual and political life, risked being accused of seeking to "rehabilitate" or "whitewash" Nazism. Germans have been especially easy targets of this charge, which is nearly impossible to disprove.

One of the most prominent writers in German-speaking Europe to attempt this largely thankless task has been Armin Mohler. As German historian Ernst Nolte has observed, this job has fortunately been easier for Mohler because he is a native of a country that remained neutral during the Second World War.

Born in Basel, Switzerland, in 1920, Mohler worked for four years as secretary of the influential German writer Ernst Jünger. He then lived in Paris for eight years, where he reported on developments in France for various German-language papers, including the influential Hamburg weekly Die Zeit.

In his prodigious writings, including a dozen books, Dr. Mohler has spoken to and for millions of Europeans who, in defiance of the prevailing political-intellectual order, have sought to understand, if not appreciate, the intellectual heritage of Europe's venerable "old right."

Mohler's reputation as the "dean" of conservative intellectuals and as a bridge between generations is based in large part on the impact of his detailed historical study, Die Konservative Revolution in Deutschland 1918–1932 ("The Conservative Revolution in Germany, 1918–1932"). Based on his doctoral dissertation at the University of Basel, this influential work was first published in 1950, with revised editions issued in 1972 and 1989.1

In this study, Mohler asserts that the German tradition of the Reich ("realm") in central Europe (Mitteleuropa) incorporates two important but contradictory concepts. One sees Mitteleuropa as a diverse and decentralized community of culturally and politically distinct nations and nationalities. A second, almost mythical view stresses the cultural and spiritual unity of the Reich and Mitteleuropa.

The main current of radical or revolutionary conservative thinking is expressed by such diverse figures as the Russian writer Feodor Dostoyevsky, Italian sociologist Vilfredo Pareto, American poet and social critic Ezra Pound, American sociologist Thorstein Veblen, and English novelist C. K. Chesterton. 2 This intellectual movement began at the close of the 19th century and flourished particularly during the 1920s and 1930s. Sometimes also called the "organic revolution," this movement sought the preservation of the historical legacy and heritage of western and central European culture, while at the same time maintaining the "greatest [cultural and national] variety within the smallest space."3 In Germany, the "Thule Society" played an important role in the 1920s in this European-wide phenomenon as a kind of salon of radical conservative intellectual thought. It stressed the idea of a völkisch (folkish or nationalist) pluralism, underscoring the unique origins and yet common roots of a European culture, setting it apart from other regions and geopolitical groupings around the globe. 4

In Mohler's view, the twelve-year Third Reich (1933–1945) was a temporary deviation from the traditional conservative thinking. At the same time, the conservative revolution was "a treasure trove from which National Socialism [drew] its ideological weapons." 5 Fascism in Italy and National Socialism in Germany were, in Mohler's judgment, examples of the "misapplication" of the key theoretical tenets of revolutionary conservative thought. While some key figures, such as one-time Hitler colleague Otto Strasser, chose to emigrate from Germany after 1933, those who decided to remain, according to Mohler, "hoped to permeate national socialism from within, or transform themselves into a second revolution." 6

Following the publication in 1950 of his work on the conservative revolution in Europe, Mohler explored in his writings such diverse subjects as Charles DeGaulle and the Fifth Republic in France, 7 and the Technocracy movement in the depression-era United States. 8 In 1964 Mohler was appointed Managing Director of the prestigious Carl-Friedrich von Siemens Foundation, a leading scholarly and research support institute in Germany. In 1967 he began a stint of several years teaching political science at the University of Innsbrück in Austria. That same year, Konrad Adenauer honored Mohler for his writing with the first "Adenauer Prize" ever bestowed.

During the 1970s and 1980s, Mohler was a frequent contributor to Criticon, a scholarly German journal whose editor, Caspar von Schrenk-Notzing, has been a close friend of the Swiss scholar and a major promoter of his work. In 1985, Dr. Mohler produced a collection of writings to commemorating the 25th anniversary of the Siemens Foundation. The volume contained contributions from the writings of Oswald Spengler, Carl Schmitt, Konrad Lorenz, Hellmut Diwald, H.J. Eysenck, and Julian Freund.

Mohler is a leading figure in the European "New Right," or "Nouvelle Droite." (For more on this, see Prof. Warren's interview with Alain de Benoist, another major figure in this social-intellectual movement, in The Journal of Historical Review, March–April 1994.)

Year after year, political leaders, educators and much of the mass media take care to remind Germans of their important "collective responsibility" to atone for their "burdensome" past. This seemingly never-ending campaign has become nearly a national obsession — manifest recently in the enormous publicity and soul-searching surrounding the Spielberg film "Schindler's List." In Mohler's view, all this has produced a kind of national neuroses in Germany.

Mohler has written extensively on the particularly German phenomenon known as "mastering the past" or "coming to grips with the past" ("Vergangenheitsbewältigung"). He tackled this highly emotion-laden topic in a book (appropriately entitled Vergangenheitsbewältigung), published in 1968, and later re-issued in a revised edition in 1980. 9 Two years later he turned to the subject of German identity.10

In 1989 Mohler again boldly took on the issue of Germany's difficulty in coming to terms with the legacy of the Third Reich in what is perhaps his most provocative book, Der Nasenring ("The Nose Ring").11 [A review by M. Weber of this work appears in this issue of the Journal.]

With the reunification of Germany in 1989, the collapse of the Soviet empire, the end of the Cold War US-USSR rivalry, and the withdrawal of American and Soviet Russian forces from Europe, has inevitably come an earnest reconsideration of the critical issues of German identity and Germany's the role in Europe. This has also brought a new consideration of precisely how Germans should deal with the troubling legacy of the Third Reich and the Second World War.

Changing social-political realities in Germany, Europe and the world have given new significance to the views developed and nurtured by Dr. Mohler and his circle of like-minded "revolutionary conservatives."

Interview

am-KR.jpgThis writer was privileged to spend a day with Armin Mohler and his gracious wife at their home in Munich early in the summer of 1993. After having spoken earlier with historian Ernst Nolte, I was interested to compare his views with those of Mohler. In particular, I was curious to compare how each of these eminent figures in German intellectual life assessed the present and future climate of their nation, and of the continent within which it plays such a critical role.

Although his movement is restricted due to a serious arthritic condition, Dr. Mohler proved to be witty, provocative and fascinating. (In addition to his other talents and interests, he is a very knowledgeable art specialist. His collection of reprints and books of Mexican, US-American and Russian art is one of the largest anywhere.)

During our conversation, Mohler provided both biting and incisive commentary on contemporary political trends in Europe (and particularly Germany), and on American influence. Throughout his remarks, he sprinkled witty, even caustic assessments of the German "political class," of politicians spanning the ideological spectrum, and of the several generational strands forming today's Germany. As he explained to this writer, Dr. Mohler felt free to offer views without any of the "politically correct" apologetics that have hampered most native German colleagues.

Q: What do you see as the state of the conservative political movement in Germany today?

M: Well, first let me explain my own special analysis. I believe there are three possibilities in politics, which I characterize as "mafia," "gulag," and "agon." Each has been a possible or viable political form in twentieth century history. Of course, between the choice of the "gulag" and the "mafia," people will choose the latter because it is more comfortable and less apparently dangerous, or so it seems.

But what of this third option, which is taken from the Greek term "agon" ("competition" or "contest"), and recalls the ancient Hellenic athletic and literary competitions? I believe it is possible to have a society that is free of the politics both of the mafia and of the Left, but bringing this about is quite complicated. It is a pity that today we appear only to have a choice between the mafia and the gulag. Liberalism in the 19th century context was a positive idea with a serious basis of thought. Today, however, liberalism has become just another name for the mafia. I do not believe that political liberalism is able to govern in the modern world. My ideal is most apparent today in the "tiger" states of Asia, such as Malaysia, Singapore, Korea and Taiwan, which have dynamic free market, liberal economies, but without liberal politics.

Q: When you speak of a "third option," are you referring to the anti-capitalist and anti-Communist "third way" or "third position" advocated by some political and intellectual groups in Europe today that reject the establishment elites of both the traditional left and right?

M: No. I do not see any significant movement of that kind. What small steps are being taken in this direction are denounced as "fascist" or in the "fascistic style." The role of the modern mass media has destroyed any possibility of such "third way" politics. This means, unfortunately, that we must exclude the "agon" option. We are left only with the "mafia" or the "gulag" options.

Q: Are you therefore saying that a true conservative revolution is not possible? Is there now in Germany anything that might be called an authentic conservative movement?

M: At first, just after the war, we did have a certain kind of conservatism. Essentially, it had two aims: first, to be the Number One enemy of Communism; and second, it must be allied with America. It also had its origins in two forms of conservatism. One was Burkian [after Edmund Burke], what I have called Gärtner-Konservatismus — "Gardener Conservatism" — that is, merely attending to the cultivation and restoration of society as a gardener would. The other is the "humility conservatism" of the Christian churches. These were the only kinds of conservatism allowed by the Americans. After all, they were the ones who handed out the chocolates, and western Germany wanted that. What the entire population did not want was Communism.

At last this began to change, particularly with the publication in 1969 of Moral und Hypermoral by Arnold Gehlen. 12 This book opened the way to a real Conservatism. Gehlen used the term "conservatism," which I do not like because it implies merely wanting to hold on to something from the past. Most of the time "conservatism" is used to refer to rather trivial and stupid things. In any event, a year after Gehlen's book was published our journal Criticon was started. The first issue was devoted to Gehlen and his ideas.

And then there was the "War Generation." I am not referring here to the "Old Nazis," but rather to a second generation that no longer believed in the early romantic notion of revolutionary National Socialism. By 1942, the "Old Nazis" were effectively all gone. In Berlin, by then, all of the government posts were in the hands of young technocrats: the "second generation" of National Socialists. They were not interested in the stories of the Party's struggle for power, or in the fight against Communism.

And this generation — members of which I met in 1942 in the government ministries in Berlin — were in their 30s. A good example of this type is Helmut Schmidt, who eventually became leader of the Social Democratic party, and then Chancellor. He is very typical of this generation that had conducted the war: in the later war years, they played a major role in the government agencies and in the [National Socialist] party organizations. They were very much a group of "survivors."

Q: So they were the first "new" class?

M: Yes. This first "new class" — most of whom came of age in the 1940s — accepted the ideology of the Western allies because they told themselves, and others: "We lost the war, now at least we must win the peace." I worked for 24 years at the Siemens corporation with people of this type. I tried to encourage them to fight against government regimentation. But they replied, "you can do that, you are Swiss. We, though, have to trust the system, to appreciate the possibilities of life within this economy and society."

They didn't have to develop a liberal or free market economy, of course, because Hitler was intelligent enough not to socialize or nationalize the economy. He had said, "I will socialize the hearts, but not the factory." And the members of this "new generation" felt that there was no time to dwell on being individualist: "We must work. We lost the war, at least we must win this struggle."

They are completely different from their sons and daughters! This next generation, which is now between 40 and 60, you could call them the "unemployed" generation: too young to serve in the army of Hitler and too old to serve in the army of Bonn. Well educated, they sought only to work in a liberal, industrial society, vacationing in Tuscany. They've wanted money for themselves, not accepting any social responsibilities. They wouldn't think of sacrificing their blood in wars decided by Americans or Russians. In their youth they were Maoists, but not seriously so; after all, they want to live comfortably. They didn't want to work hard like the Asians. Disdaining such a goal, they declared, "Our fathers and mothers had to work too much." They wanted an easier life, and they succeeded. The money was there, and the larger political questions were settled for them by the Americans. So these were the "volunteer helpers" — the "Hiwis" or Hilfswilligen — of the Americans.

The young socialists of this generation rejected the idea of national and social responsibility. It regarded the notion that men must work, and that one must help others, as a secondary and not very important idea of old people. These are the sons and the daughters of the people of my generation, too. This is largely a destroyed or wasted generation.

I admire the "war generation" very much because they had a sense of responsibility, and furthermore, they didn't lie. They did not mouth the trivial and hackneyed old political slogans of liberalism; they were too serious to do this. They knew in their hearts that this paradise of the Bundesrepublik [German federal republic] would not be viable.

But now we have a generation in power that is not capable of conducting serious politics. They are not willing to fight, when necessary, for principles. Typically, they think only about having good times in Italy or the Caribbean. As long as the generation between the ages of 40 and 60 remains in power, there will be bad times for Germany.

The generation that is coming into its own now is better because they are the sons and the daughters of the permissive society. They know that money is not everything, that money does not represent real security. And they have ideas. Let me give my description of this generation.

For 20 years people like me were on the sidelines and barely noticed. But for the past six or seven years, the young people have been coming to me! They want to meet and talk with the "Old Man," they prefer me to their fathers, whom they regard as too soft and lacking in principles. For more than a hundred years, the province of Saxony — located in the postwar era in the Communist "German Democratic Republic" — produced Germany's best workers. Since 1945, though, they have been lost. The situation is a little bit like Ireland. Just as, it is said, the best of the Irish emigrated to the United States, so did the best people in the GDR emigrate to western Germany. After 1945, the GDR lost three million people. With few exceptions, they were the most capable and ambitious. This did not include the painters of Saxony, who are far better than their western German counterparts. (Fine art is one of my special pleasures.) Moreover, many of the best who remained took positions in the Stasi [the secret police of the former GDR]. That's because the Stasi provided opportunities for those who didn't want to migrate to western Germany to do something professionally challenging. In a dictatorship, a rule to remember is that you must go to the center of power.

Recently, in an interview with the German paper Junge Freiheit, I said that trials of former Stasi officials are stupid, and that there should be a general amnesty for all former Stasi workers. You must build with the best and most talented people of the other side — the survivors of the old regime — and not with these stupid artists, police and ideologues.

Q: Are there any viable expressions of the "conservative revolution" in German politics today?

M: You know, I'm a friend of Franz Schönhuber [the leader of the Republikaner party], and I like him very much. We were friends when he was still a leftist. He has a typical Bavarian temperament, with its good and bad sides. And he says, "you know, it's too late for me. I should have begun ten years earlier." He is a good fellow, but I don't know if he is has the talents required of an effective opposition political leader. Furthermore, he has a major fault. Hitler had a remarkable gift for choosing capable men who could work diligently for him. Organization, speeches — whatever was needed, they could carry it out. In Schönhuber's case, however, he finds it virtually impossible to delegate anything. He does not know how to assess talent and find good staff people.

Thus, the Republikaner party exists almost by accident, and because there is so much protest sentiment in the country. Schönhuber's most outstanding talent is his ability to speak extemporaneously. His speeches are powerful, and he can generate a great deal of response. Yet, he simply doesn't know how to organize, and is always fearful of being deposed within his party. Another major weakness is his age: he is now 70.

Q: What do you think of Rolf Schlierer, the 40-year-old heir apparent of Schönhuber?

M: Yes, he's clever. He clearly understands something about politics, but he can't speak to the people, the constituents of this party. He is too intellectual in his approach and in his speeches. He often refers to Hegel, for example. In practical political terms, the time of theorists has gone. And he is seen to be a bit of a dandy. These are not the qualities required of the leader of a populist party.

Ironically, many of the new people active in local East German politics have gone over to the Republikaner because people in the former GDR tend to be more nationalistic than the West Germans.

Q: What about Europe's future and role of Germany?

M: I don't think that the two generations I have been describing are clever enough to be a match for the French and English, who play their game against Germany. While I like Kohl, and I credit him for bringing about German unification, what I think he wants most sincerely is Germany in Europe, not a German nation. His education has done its work with him. I fear that the Europe that is being constructed will be governed by the French, and that they will dominate the Germans. The English will side with the French, who are politically astute.

Q: That is the opposite of the perception in America, where much concern is expressed about German domination of Europe. And yet you think that the French and the English will predominate?

M: Thus far, they have not. Kohl hopes, of course, that he can keep power by being the best possible ally of America; but that is not enough.

Q: Do you think that the influence of America on German identity is still important, or is it diminishing?

M: Yes, it is still important, both directly, and indirectly through the process of "re-education," which has formed the Germans more than I had feared. Where have the special German qualities gone? The current generation in power wants to be, to borrow an English expression, "everybody's darling;" particularly to be the darling of America.

Those of the upcoming generation don't like their parents, whom they see as soft and lacking in dignity. In general, I think that younger Germans are not against Americans personally. They will be better off with Americans than with the English or French. In this I am not as anti-American as Alain de Benoist. The "American way of life" is now a part of us. And for this we have only ourselves to blame.

For my own part, I see a great affinity between Germany and America. When I was visiting a family in Chicago a few years ago, I felt right at home, even if it was a patrician family, and I am from the lower middle class. I felt something. For example, if I were to have an accident, I would prefer that it occur on the streets of Chicago rather than in Paris or London. I think that Americans would be more ready to help me than people in France or England.

During my travels in the United States, I encountered many taxi drivers, who were very friendly if they had an idea that I was from Germany. But when I would tell them that I am Swiss, they didn't respond in this positive way. In the case of Black taxi drivers, there is always the same scenario when they converse with Germans. They say, "you treated us as human beings when we were there."

Some would talk about those death camps on the Rhine for German prisoners run by Eisenhower, where American soldiers had orders not to give water or food to the Germans. 13 (You know, Eisenhower ordered that those who gave food or water to the Germans in those camps would be punished.) Blacks gave them water, though, and that had a great impression on them. To German soldiers they said: "We are in the same situation as you."

Q: You are saying that there is a camaraderie among victims?

M: Yes.

Q: How is it possible to throw off this domination, this cultural occupation, as it were?

M: I had the idea that we must have emigration — as the Irish have had — to make Germans more spontaneous. I have written on three different occasions about Ireland in Criticon.

It was not fair of me to judge Ireland during that first visit, because I did not know the country's history. Then I dug into the subject, and especially the 800-year struggle of the Irish against the English. I relied on the best study available, written by a German Jew, Moritz Julius Bonn. An archivist at the University of Dublin had given Bonn access to all the documents about the English colonization of Ireland.

In my second Criticon article I boosted Ireland as an example for the Germans of how to fight for their independence. I said that it was a war of 800 years against the English. At last they won. And the English genocide was a real genocide.

During my first visit to Ireland, I felt that there was something really different, compared to Germany. Last year, after two decades, I returned to Ireland. Writing about that trip, I concluded that I had been deceived earlier, because Ireland has changed. Europe has been a very bad influence. Every Irishman, when he saw that I was from Germany, asked me, "Do you vote for Maastricht?" [referring to the treaty of European unification]. When I replied that the German people are not allowed to vote on this matter, they seemed pleased. And to me, the Irish now seem very demoralized. Twenty years ago, when I arrived in a little Irish town in Castlebar, it was a quiet little town with one factory and some cars, some carts and horses. Now, all the streets were full of cars, one after the other. "Is there a convention in town," I asked. "No, no, it's normal." I then asked, "Are these cars paid for?" "Ah, no," was the answer I received.

Every person can have three days off a week, and then it's Dole Day on Tuesday. Their mountains are full of sheep. They don't need stables for them, because it's not necessary. The owners are paid a sum of money from the European Union for each sheep. Their entire heroic history is gone! It's like the cargo cult [in backwoods New Guinea]. For the Irish, the next generation will be a catastrophe. 14

Q: Returning to an earlier question: what does the future hold for German-American relations?

M: On one occasion when I was in America doing research on the Technocracy movement, I recall being the guest of honor at a conference table. At my side was a nationally prominent American scientist who was also a professor at a west coast university. Also with us was an internationally prominent Jew, a grey eminence in armaments who had an enormous influence. He was treated like a king by the president of the university. And at the other end of the table I sat next to this west coast professor, who told me that he didn't like the cosmopolitan flair of the East Coast. "You should come to western America," he said to me. "There you will not always hear stupid things about Germany." And he added that in his profession — he works in the forests and woods — are people who are friends of Germany. So I remember this fraternization between a visitor from Germany and someone from the American west coast.

Q: Are you suggesting that if it were not for the influence of certain powerful academic or political elites, there would be greater recognition of the compatibility of German and American values?

M: You see, this difficult relationship between Germans and Jews has had an enormous influence on public opinion in America. Jews would be stupid not to take advantage of this situation while they can, because I think Jewish influence in America is somewhat diminishing. Even with all the Holocaust museums and such, their position is becoming ever more difficult. This is partly due to the "multicultural" movement in the United States. Actually, the Germans and the Jews are a bit alike: when they are in power, they over-do it! New leaders in each group seem recognize that this is dangerous.

Dr. Mohler also spoke about the Historkerstreit ["Historians' dispute"], which he sees as a critical milestone on the road of enabling Germans to consider their own identity in a positive way. (For more on this, see Prof. Warren's interview with Dr. Ernst Nolte in the Journal, Jan.–Feb. 1994, and the review by M. Weber of Nolte's most recent book in the same issue.)

He expressed the view that many European leaders — particularly those in France and Britain — welcome an American President like Bill Clinton who does not seem expert at foreign policy matters.

With regard to developments in Germany, Mohler explained that he speaks as both an outsider and an insider, or as one who is "between stools" — that is, born and raised in Switzerland, but a resident of Germany for most of his adult life.

"With the Germans," he said, "you never know exactly what they will do the next day. You may become so involved in what is true at the moment that one thinks things will last for an eternity. People thought this about [Foreign Minister] Genscher." 15 In a closing comment, Dr. Mohler declared with wry humor: "In politics everything can change and the personalities of the moment may easily be forgotten."

Notes

  1. Mohler's most important work, Die Konservative Revolution in Deutschland 1918–1932, was first published in 1950 in Stuttgart by Friedrich Vorwerk Verlag. Second and third editions were published in Darmstadt. The revised, third edition was published in Darmstadt in 1989 in two volumes (715 pages), with a new supplement.
  2. See, for example: Ezra Pound, Impact: Essays on Ignorance and the Decline of American Civilization (Chicago: H. Regnery, 1960); Thorstein Veblen, The Theory of the Leisure Class (1899).
  3. Quote from Milan Kundera, "A Kidnapped West of Culture Bows Out," Granta, 11 (1984), p. 99. In his influential book Mitteleuropa, first published in 1915, Friedrich Naumann popularized the concept of a central European community of nations, dominated by Germany, that would be independent of Russian or British hegemony. Naumann, a liberal German politician and Lutheran theologian, sought to win working class support for a program combining Christian socialism and a strong central state.
  4. As one German intellectual puts it, "The renaissance of Mitteleuropa is first of all a protest against the division of the continent, against the hegemony of the Americans and the Russians, against the totalitarianism of the ideologies." Peter Bender, "Mitteleuropa — Mode, Modell oder Motiv?," Die Neue Gesellschaft/ Frankfurter Hefte, 34 (April 1987), p. 297.
  5. For a comprehensive discussion of the recent controversy over Mitteleuropa, See Hans-Georg Betz, "Mitteleuropa and Post-Modern European Identity," in The New German Critique, Spring/Summer 1990, Issue No. 50, pp. 173–192.
  6. Mohler, Die Konservative Revolution (third edition, Darmstadt, 1989), p. 13.
  7. Die Konservative Revolution (third edition), p. 6.
  8. Die fünfte Republik: Was steht hinter de Gaulle? (Munich: Piper, 1963).
  9. The movement known as Technocracy began in the United States and was especially active during the 1930s. It focused on technological innovation as the basis for social organization. Among other things, Technocracy held that major social-economic issues are too complicated to be understood and managed by politicians. Instead, society should be guided by trained specialists, especially engineers and scientists. While rejecting the Marxist theory of "class struggle,' it sought to create unity among workers, notably in the industrial heartland of the United States. Much of the popularity of Technocracy derived from widespread disgust with the obvious failure of the social-political order in the international economic crisis known as the Great Depression (approximately 1930–1940). See: Armin Mohler, "Howard Scott und die 'Technocracy': Zur Geschichte der technokratischen Bewegung, II," Standorte Im Zeitstrom (Athenaum Verlag, 1974).
  10. Vergangenheitsbewältigung, first edition: Seewald, 1968; second, revised edition: Krefeld: Sinus, 1968; third edition, Sinus, 1980. Mohler dedicated this book to Hellmut Diwald. See: "Hellmut Diwald, German Professor," The Journal of Historical Review, Nov.–Dec. 1993, pp. 16–17.
  11. Caspar von Schrenck-Notzing and Armin Mohler, Deutsche Identität. Krefeld: Sinus-Verlag, 1982. This book offers views of several leading figures in the movement to restore German national identity. See also von Schrenck-Notzing's book, Charakterwäsche: Die Politik der amerikanischen Umerziehung in Deutschland ("Character Laundering: The Politics of the American Re-education in Germany"). This book, first published in 1965, was reissued in 1993 in a 336-page edition.
  12. Armin Mohler, Der Nasenring: Im Dickicht der Vergangenheits bewältigung (Essen: Heitz & Höffkes, 1989). Revised and expanded edition published in 1991 by Verlag Langen Müller (Munich).
  13. Arnold Gehlen, Moral and Hypermoral. Frankfurt: Athenäum Verlag, 1969.
  14. See: James Bacque, Other Losses (Prima, 1991).
  15. Mohler recounted an anecdote about a German company that considered building a factory in Ireland. As the chief of the Irish branch of this company explained, "I can't run a factory with people about whom I can't be sure if they will arrive at 8:00 in the morning or 11:00 in the morning or if they arrive at all."
  16. The fall from power of Hans-Dietrich Genscher came suddenly and precipitously in the wake of the unification of the two German states in 1989. Mohler alludes here to suspicions that a number of West German Social Democratic party leaders may have been clandestine East Germany agents, whose national allegiance may have been mixed with some loyalty to international Marxism.






About the Author

Ian B. Warren is the pen name of Donald Warren, who for years was an associate professor of sociology at Oakland University in Rochester, Michigan, where he was also chairman of the university's department of sociology and anthropology. He received a doctorate in sociology from the University of Michigan. Among his writings were two books, The Radical Center: Middle Americans and the Politics of Alienation, published in 1976, and Radio Priest: Charles Coughlin, the Father of Hate Radio (1996). He died in May 1997, at the age of 61.

dimanche, 15 avril 2012

MAIN BASSE AMERICAINE ET ISLAMIQUE SUR LE MALI

 

MAIN BASSE AMERICAINE ET ISLAMIQUE SUR LE MALI

Quelle capitale dicte la politique étrangère de la France ?

Michel Lhomme

Ex: http://metamag.fr/

 

 



Mohamed Merah avait souhaité mettre la France à genoux. Elle l’est déjà. Elle l’est, non seulement par sa politique sécuritaire et économique, mais surtout, par sa politique étrangère, qui semble avoir été dictée, sous Nicolas Sarkozy, à Washington ou à Tel Aviv. Au point de nous demander, parfois, s'il n’aurait pas été, de tout temps, un bon agent américain infiltré ?
 
Après les violents combats qui ont opposé l’armée malienne et les rebelles touaregs au Nord du Mali –ils avaient fait plus de 100 morts, début mars, près de Tessali dans le Nord du Mali- l’armée régulière vaincue, repliée sur Bamako et dirigée par des capitaines putschistes de second rang (trois excellents officiers supérieurs avaient rejoint en octobre la rébellion touarègue) assiste à l’éclatement des divisions du Nord, entre nomades indépendantistes et musulmans intégristes. Ces derniers seraient en train, au prix du massacre impitoyable des rares chrétiens présents, de tortures et d’une politique de la terreur et du chantage pratiquée sur les populations (la charia contre les voleurs) de contrôler Tombouctou et le Nord du pays. 
 
 
La France est incapable matériellement et, semble-t-il, moralement d’intervenir militairement, sauf à décréter, irrationnellement, un embargo qui affectera, en priorité, les populations pauvres de Bamako, les familles des Maliens de Montreuil qui, d’ailleurs, ne vont pas manquer, très vite, de réagir et de descendre dans la rue ! Si le but de l’embargo contre le Mali est de couper les approvisionnements d’essence, il faut, en effet, être bien naïf pour ne pas comprendre que, très vite, cet approvisionnement se fera par le Nord, renforçant du coup les réseaux illégaux, c’est-à-dire la logistique et les finances des rebelles.
 
Que Paris vire Juppé et Longuet, rappelle Talleyrand et Foccart
 
La diplomatie française de Sarkozy-Bhl-Juppé est au tapis. Le Mali, comme l’a bien souligné Jean Bonnevey, est la conséquence directe de l’intervention en Libye et du « printemps islamiste » qui l’a suivi. Depuis, la France paraît avoir été ingénue, régie par la politique de l’émotion médiatique ou, alors, elle s’est faite tout simplement manipulée en beauté par des intérêts pétroliers et américains. Dans le premier cas, naïveté ou angélisme politique du Quai d’Orsay et d’un Ministre escroc à l’ego démesuré, nous avons de quoi nous inquiéter. En réagissant en direct sur n’importe quelle déstabilisation orchestrée (Libye, Syrie), la France se prive de toute vision géopolitique à long terme et, surtout, du réalisme, forcément machiavélique qui doit animer pourtant toute vraie politique étrangère.
 

Que Paris vire Juppé !
 
Cela fait plus d’un an que quatre Français sont détenus dans la région. Ils sont retenus par la katiba (phalange) Tareq Ibn Zyad, dirigée par Hamadou Abid Aboud Zeid, au nord du Mali, dans la région montagneuse du Timétrine, au nord-ouest de l’Adrar des Iforas. L’AQMI (branche d’Al-Qaida au Maghreb) y a sanctuarisé sa zone. Depuis la guerre en Libye, les groupes intégristes musulmans, qui gravitent autour de l’AQMI, mais aussi les rebelles touaregs, ont été lourdement armés et renforcés par la venue de combattants enhardis, à peu près 400, anciens khadafistes, prêts à en découdre, entre autres, avec la France, accusée de haute trahison. La religion est forcément, culturellement, le moteur identitaire de ces groupes disparates. Mais, il ne faut pas non plus se voiler la face, leurs motivations profondes demeurent surtout l’argent. 
 

Des otages pour de l'argent !
 
Le Nord du Mali, territoire des Touaregs, ces anciens marchands d’esclaves florissants, est devenu comme elle l’a toujours été, la zone de tous les trafics, y compris de la cocaïne, venue de Bissau et remontant vers l’Europe. Si l’on en croit certaines informations, les Touaregs auraient perdu le leadership de la révolte du Nord. Nous en doutons un peu. Comme à l’accoutumée, un marché a sans doute été conclu. Mais, à qui sert le contrôle idéologique du Nord, qui n’est pas seulement une poudrière de barbaresques, mais surtout une réserve de matières premières, en particulier du pétrole, récemment découvert par Total ? 
 
Contrôle des ressources: la France dindon de la farce 
 
Si Al-Qaïda n’a souvent été, comme certains bien informés le prétendent, que la « base » manipulée de la CIA dans le monde musulman, alors, nous n’avons pas simplement affaire à une montée de l’islamisme radical au Mali, mais à l’éviction indirecte de la France sur son propre terrain par les Etats-Unis, la Chine étant embusquée derrière les barbelés (voir ses prêts à taux zéro au Niger et le gaz qu’elle y a découvert) et ce, dans une véritable course aux matières premières (les régions inexplorées du Nord du Mali renfermeraient des mines d’uranium, du gaz à la frontière de la Mauritanie et du pétrole). 
 
Il faut savoir que la couverture satellitaire très précise de la région est assurée par les Etats-Unis et que ceux-ci ne transmettent pas nécessairement ses images aux services français et même, parfois, s’y refusent ouvertement ! Enfin, le capitaine Amadou Haya Sanogo, chef des rebelles et nouvel homme fort du Mali arbore fièrement sur son uniforme l’écusson des Marines américains. Il a été formé non seulement à Fort Benning en Géorgie mais, surtout, il a reçu une formation d’officier du renseignement sur la base moins connue de Fort-Wachica en Arizona.
 

Or et phosphates parmi les richesses du Mali
 
Les islamistes du Nord du Mali sont issus, en partie, des groupes algériens djihadistes, du groupe salafiste pour la prédication et le combat (ex-GSPC). Ces groupes ont, ensuite, été absorbés par Al-Qaïda, dans la volonté de cette dernière de rapprocher sa ligne de front avec l’Occident. Leur repaire, c’est le Sahara, grand comme 15 fois la France et partagé par dix pays riverains. Leur but : recruter de nouveaux « fous de Dieu », procéder à des coups de main (rançons d’otages et même hold-up comme celui du port de Nouakchott et ses 4 millions d’euros), s’approvisionner en armes grâce aux multiples trafics qui sont opérés dans cette immense zone grise. Le désert malien est la zone d’entraînement des combattants, l’armée malienne étant incapable de la contrôler et le gouvernement civil aujourd’hui déchu de Touré, complètement corrompu (on raconte dans certains milieux informés que des billets numérotés d’une rançon française pour la libération d’otages libérés auraient été retrouvés dans le sac à main de la première dame, lorsqu’elle faisait ses achats à Paris !). Touré, grand ami de l’Algérie, n’a-t-il pas, toujours, joué un double jeu avec Paris, sécurisant, par exemple, les routes ou les convois du trafic de drogue entre Bamako et le Nord ? L’Algérie, véritable clef du problème malien avec ses 2 000 km de frontières communes. 
 
Concrètement, les islamistes paient trois fois le prix des bidons de 200 litres d’essence, qu’ils enterrent dans le sable. Leur ravitaillement est prédisposé sur plusieurs itinéraires. Les membres des katiba affectionnent les Toyota à grosse cylindrée de 4,5, équipées de mitrailleuses de 12,7mm, mais aussi d’appareils de navigation GPS, qui permettent aux hommes de localiser des caches secrètes d’eau et de vivres dans les vastes étendues de sable. Dans chaque petit groupe, un « ingénieur » est chargé des communications grâce à des mails codés, envoyés par des ordinateurs couplés à des téléphones satellitaires. 
 
En Libye comme au Sahara, les Américains voient tout
 
Seul, les Etats-Unis ont les moyens logistiques de tout contrôler. En 2004, lors de la traque de l’islamiste algérien Ammari Saïfi, les Marines américains ont poursuivi, avec des combattants des forces spéciales algériennes, les bandes djihadistes sur la frange de 5 000 km que les Américains appellent la « ceinture d’instabilité » : minorités insoumises, faillite économique, sécheresse et famine récurrentes, dégradation environnementale. D’ailleurs, au même moment où éclate la crise malienne (lâchage de Touré par la France ou par les USA ?), les services de l’ONU lancent un appel de détresse, au sujet de la famine sahélienne où se prépare, pour les semaines à venir, une véritable catastrophe humanitaire. 
 
 
En fait, la France n’a pas compris la nouvelle guerre du XXIème siècle, la guerre en réseau, cette forme de combat dans laquelle agents de renseignement et militaires américains collaborent avec les forces armées locales et autres groupes clandestins, mercenaires privés et bandes mafieuses. La France est, de fait, larguée par la qualité de la surveillance électronique américaine, la coordination du renseignement humain et des données satellitaires, ceci en Afrique, sur sa chasse gardée mais aussi, aussi sur son propre territoire (les câbles Wikileaks de l’Ambassade des Etats-Unis à Paris, la troublante affaire Merah, les réseaux de vente et d’achat d’armes de guerre en banlieue).
 
Enfin, comment ne pas voir, aussi, que la partition du Mali, en cours, est la conséquence directe de celle du Soudan, avec ce rêve, devenu réaliste, de la remise en question des frontières africaines artificielles issues de la colonisation. Après tout, le Nord du Mali devient un Etat touareg et un peuple, fut-il nomade, choisit « librement » son destin ! En validant le précédent du Sud-Soudan, là encore avec d’évidentes arrière-pensées pétrolières, les Occidentaux ont ouvert la boîte de Pandore qui permettrait, à terme, de remodeler l’Afrique sur des considérations ethnico-culturelles, plus conformes à son histoire et seule voie de stabilité pour le continent. 
 
Pour une Europe des peuples en Afrique 
 
Seul, ce long processus de redéfinition des frontières internes assurera la vraie maîtrise de leur continent par les Africains (lire à ce propos les analyses anciennes de l’africaniste Bernard Lugan) et, en même temps, la sécurité pour les puissances américaine ou chinoise plus pragmatiques dans la gestion des territoires outre-mer. Qu’importe, au fait, qu’ils soient fanatiques si les puits sont bien gardés et l’acheminement des extractions minières sécurisées ! 
 
Les vieilles frontières coloniales n’ont de toute façon pas de sens en Afrique et sont perpétuellement violées dans les faits. Il n’y a pas de principe d’intangibilité des frontières en plein désert. Au Sahel, on passe même d’un pays à l’autre sans s’en rendre compte ! Déjà, on a redessiné le Soudan, la Somalie, le Maroc avec son Sahara Occidental autonome, l’Erythrée. Il faut poursuivre et, peut-être, envisager, dès maintenant, une conférence internationale sur ce sujet tabou, discuter de la question de manière décomplexée et refondre la carte africaine. 
 

Après la Lybie, la Tunisie, Sarkozy porte la poisse à ses invités
 
Finalement, le Petit Prince a grandi. Il ne dira plus "S’il te plaît, dessine-moi une frontière", mais "redessinons-nos frontières !" Pourquoi la France, au lieu de s’arc-bouter dans la peur et dans l’inquiétude, ne tenterait-elle pas de proposer et de réussir ce remodelage pacifique de tout un continent ? Ne disposerait-elle pas encore de diplomates compétents, après avoir limogé toutes les têtes qui dépassent du Quai d’Orsay et de la Défense ? Serait-elle encore une fois tétanisée et paralysée par son immigration intérieure, comme celle des Maliens de Montreuil ? 
 
Elle devrait pourtant, avec l’Union Européenne, proposer cet objectif : aider les Africains à modifier leurs frontières nationales internes au lieu de craindre arbitrairement une islamisation improbable de tout le continent. Les Européens ont là un double rôle historique à jouer : d’une part, ce sont eux qui ont inventé l’Etat-nation et l’ont exporté brutalement en Afrique par la colonisation. Mais, d’autre part, ce sont eux qui ont aussi inventé l’intégration régionale pacifique qui a dépassé, en l’intégrant pacifiquement dans une entité plus vaste, ce même Etat-nation, faisant des frontières non des barrières mais des interfaces, au sens informatique du terme. 
 
Si les Européens ne font rien au Mali, pour le pacifier diplomatiquement, c’est peut-être en effet une autre crise systémique globale qui va clore la domination française sur le Sahel, tandis que les Etats-Unis, à trop jouer avec le feu, finiront par perdre les « marches arabes » de leur empire au profit de la Chine, neutre religieusement parlant, mais principal prêteur bancaire de la région. A Paris, Alain Juppé et Gérard Longuet ne semblent pas sortir de leur torpeur intellectuelle et de l’illusion qui consiste à croire qu’il existe encore un leadership américain : ils paraissent incapables d’avoir des visions à long terme et de reprendre la main. On appelle cela une fin de règne mais aussi, sans doute, la fin d’une époque, l’enterrement de la "Françafrique" si décriée. La France n’est plus puissante en Afrique. Mais les Africains le sont, plus que jamais, à Paris.

Laurent Ozon sur Tariq Ramadan et Alain Finkelkraut

 

Laurent Ozon sur Tariq Ramadan et Alain Finkelkraut

samedi, 14 avril 2012

Les Raisons du combat culturel

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Les Raisons du combat culturel

Ex: http://www.scriptoblog.com/

Nous n’aimons guère notre  époque, ou, plus exactement, notre époque ne nous aime guère. Depuis des décennies, la société mondialiste qui nous est vendue comme promesse de paradis terminal, de fin de l’Histoire béate, ne fait plus illusion auprès des observateurs un tant soit peu critiques, des hommes de bon sens qu’on rejette dans le camp de l’ennemi en les appelant « réactionnaires ». Le vaste supermarché global, pacifié et unifié, recèle d’insondables horreurs derrière les sourires figés des hordes d’homo oeconomicus qui arpentent les allées. La société mondialiste n’a pas besoin d’hommes, elle n’a besoin que de consommateurs, d’humains réduits à leurs plus basses fonctions d’absorption, d’assouvissement des pulsions et des désirs mimétiques. En cela, cet Empire du Bien dont parlait le regretté Philippe Muray est un totalitarisme. Totalitarisme doux ou mou, certes, mais totalitarisme tout de même, dans ses procédés comme dans ses objectifs. L’Empire veut donc produire à la chaîne des consommateurs, des hommes dociles, souples à l’injonction. Pour ce faire, les déraciner est indispensable, charnellement et spirituellement. Au cœur de cette entreprise nihiliste, la culture est la cible prioritaire. Il faut faire en sorte que les personnes ignorent de plus en plus qui elles sont : on effacera donc d’abord leur histoire, on les privera de chronologie ; on dissoudra leurs traditions, rejetées dans les Ages Sombres d’avant le Village global ; on leur coupera l’accès aux œuvres artistiques et techniques, fruits du génie des leurs ancêtres ; on détruira toute échelle de valeur et de comparaison, sapant l’esthétique et le goût. On les rendra étrangers à leur propre langue, inaptes à l’expression de la pensée et de l’émotion, donc inaptes à être des hommes, ces singuliers animaux faits à l’image du Créateur. On en fera des zombies dénués de toute arme et de toute stratégie pour s’opposer à l’ablation de leur âme et à leur disparition à terme.

Ce combat contre la culture et les cultures (entendues comme les manifestations différenciées des génies des ethnies, des peuples et des races) exige une riposte adaptée, un combat culturel. Que peut bien recouvrir cette notion ? Ce combat vise à défendre l’intégrité de la personne humaine, unique aux yeux de Dieu et enracinée dans l’Histoire. Cette intégrité fait tenir ensemble toutes les capacités de l’homme, intellectives comme émotives, techniques comme artistiques, et les ordonne en vue d’une fin qui les dépasse, qui nous dépasse tous. Pas de vraie culture sans métaphysique, d’une part, et pas plus sans Histoire d’autre part. Ceci implique de reconnaître l’inscription de l’homme et de sa culture dans un contexte religieux et métaphysique et de le défendre comme tel. Point n’est besoin d’être soi-même croyant. : pour preuve, l’agnostique Charles Maurras fut bien l’un des plus ardents défenseurs du rôle de l’Eglise et des créations de la foi. Défendre la culture, c’est défendre un au-delà de l’homme, alors que l’Ennemi veut nous réduire à un en-deçà de l’homme. Défendre une culture, c’est aussi défendre l’histoire de cette culture et des générations qui l’ont portée, c’est s’inscrire dans une lignée, une continuité, se reconnaître dans une suite d’innombrables prédécesseurs, et assumer pleinement et entièrement ce qui est à la fois une dette, un héritage et un honneur. Linéarité du temps historique, ponctuée par la cyclicité des rythmes naturels : l’histoire de la Culture, c’est la Tradition, l’histoire des cultures, ce sont les traditions.

D’abord, assumer et défendre la dimension métaphysique et religieuse de l’homme, assumer et défendre la tradition et les traditions. Mais comment ? Le combat culturel est en fait un combat pour l’intelligence, à l’aide de l’intelligence : par la mémoire, nous accumulons les références historiques, littéraires, poétiques, musicales, architecturales, folkloriques, politiques, et notre intelligence ordonne ces références et nous en fait comprendre les structures. L’intelligence, c’est le don de Dieu pour que l’homme se comprenne. La culture est la mise en forme individuelle et collective de l’intelligence, par l’expérience des aïeux. La culture est l’enclume sur laquelle notre intelligence va se forger, puis se développer, s’aiguiser, s’exercer, se tremper. Sans culture, l’intelligence est matière sans forme, inerte donc inutile. L’homme dont l’intelligence ne sert pas est mûr pour l’esclavage. La culture est donc la condition de la liberté, puisque c’est grâce à elle que notre intelligence personnelle peut devenir épée et bouclier de notre corps et de notre âme.

Il faut revenir à l’étymologie du mot « culture » pour en bien saisir toutes les implications. Le verbe latin colere signifie cultiver une terre, un champ, et par extension « prendre soin de quelque chose ». L’agriculture est le soin apporté à la terre pour qu’elle produise ses meilleurs fruits. Le passage de l’agriculture à la culture, de la matérialité du sol à l’abstraction de l’esprit, passage qui s’opère chez les auteurs romains, en particulier chez Cicéron, conserve cette idée de soin, de travail permanent en vue de la production, de la mise au monde des meilleurs fruits de l’âme. Cette dernière est notre champ, et constamment nous devons être à l’ouvrage, il en va de notre salut physique et moral : sarcler, labourer, semer, faucher, glaner, surveiller, protéger des nuisibles. Le combat culturel est d’abord un effort, une violence faite à soi-même pour se montrer digne de la culture que nous héritons. C’est, pour chacun d’entre nous, un travail immense, harassant, impliquant la concentration, la méditation, la mémoire, la logique, toutes les capacités intellectives qui doivent emmagasiner sans cesse les informations triées et ordonnées par le goût et l’expérience, mais aussi la sensibilité artistique, la capacité d’étonnement et d’émerveillement.

Le combat culturel implique de savoir où trouver, dans l’immense répertoire de la culture que l’honnête homme ne maîtrisera jamais qu’à peine, les preuves, les exemples, les arguments, sous quelque forme que ce soit, qui permettent de s’opposer au mensonge et de tendre, toujours tendre vers la Vérité. La culture donne tout à la fois fierté et humilité, confiance nécessaire en soi et en son héritage, doute et remise en question tout aussi nécessaires. C’est donc en se cultivant que l’on peut défendre légitimement son legs et son identité, et c’est par cette défense intelligente, passionnée et solide que l’on peut convaincre les indécis, voire nos adversaires.

Pour quiconque veut participer, à son niveau, au combat politique pour la sauvegarde de nos patries et de notre civilisation européenne chrétienne, il doit être évident que le combat culturel est l’une des armes principales. C’est lui qui permet, s’il est intelligemment mené, par son effet sur un nombre croissant de personnes, de renverser les modes idéologiques qui conditionnent les comportements sociaux. L’hégémonie gauchiste et progressiste sur le monde des lettres, des arts, de l’université et des media depuis cinquante ans, avec ses aspects les plus mortifères, les plus nihilistes, a pu se mettre en place par une stratégie habile et dénuée de scrupules d’épuration et de disqualification de l’adversaire et de sidération idéologique. Toute contestation, que ce fût du pédagogisme à la Mérieu, de la sociologie de Bourdieu, de l’art contemporain, était immanquablement rejetée dans le camp du Mal, de la Réaction, voire du Fascisme éternel. Mais cette sidération n’a qu’un temps, même si ses ravages vont continuer à s’exercer: l’apparition d’Internet, en particulier, est la chance de tous les militants de la ré-information et du combat culturel, en ce qu’elle permet la constitution de groupes de pression, en ce qu’elle diversifie les sources d’information et permet ainsi au simple citoyen, s’il s’en donne la peine, de vérifier et recouper le contenu souvent douteux véhiculé par les media de masse. Le but qu’il faut fixer au combat culturel est d’obtenir la majorité idéologique, quand bien même l’on ne serait que politiquement minoritaire (ce qui est, de fait, le cas). Nul n’est besoin de se faire sectateur de Gramsci pour comprendre que cette majorité idéologique est la condition nécessaire (mais pas toujours suffisante) d’une majorité politique et donc de l’inflexion de la vie de nos cités et de nos pays dans le sens qui nous semble ordonné sur et vers le Bien, le Beau et le Vrai. Elle ne peut s’obtenir que par l’effort constant de personnalité d’horizon divers mais unis par une culture commune, le sachant et voulant la défendre, sans se renier, sans déposer les armes.

Très concrètement, en quoi consiste la formation d’un combattant culturel (qui n’est au fond que l’activité quotidienne de l’honnête homme et du patriote) ? Elle tient en deux mots : travail et dialogue. Expliquons-nous : le travail, c’est le labour du champ de l’âme et de l’esprit. C’est prioritairement la lecture. L’honnête homme lit, avec un œil critique, une sensibilité ouverte, une mémoire qui fonctionne à plein régime, dans les transports en commun ou sur un canapé, mais il doit impérativement lire. Lire les classiques de la littérature, les livres d’histoire, de philosophie, les essais politiques ; se constituer sa propre bibliothèque, ses références sues par cœur, découvrir les auteurs de la contre-culture chrétienne et/ou patriote et de proche en proche, se constituer une galaxie, une constellation culturelle d’écrivains qui fourniront sans cesse les munition de la lutte permanente : Barrès, Péguy, Bloy, Maurras, Claudel, Bernanos deviendront des familiers, puis, dans un processus d’élargissement éclectique mais sélectif et critique, on s’attaquera à la science-fiction théologique de Maurice G. Dantec, à la critique du libéralisme de Jean-Claude Michéa, à la pertinente défense de l’esprit européen de Jean-François Mattéi, aux fines analyses philosophiques du temps présent de Pierre Manent ou Chantal Delsol. On ira, toujours attentif et ouvert à la découverte, avec suffisamment de formation intellectuelle de base (qui s’acquiert par la fréquentation assidue des classiques…et des manuels d’histoire littéraire et d’histoire des idées !) pour trier le bon grain de l’ivraie, en sachant que, souvent, l’on adhère aux analyses des auteurs sans pour autant valider leurs solutions et prescriptions (ainsi de l’anarchiste ancienne école Michéa). On ira se confronter aux textes des adversaires pour maîtriser leurs armes mieux qu’ils ne maîtrisent les nôtres : il faudra lire Michel Foucault, Jacques Attali ou Michel Onfray. On cartographiera les auteurs, les écoles et courants de pensées, leur histoire mouvante. Mais l’important est de lire, de relire, de mémoriser et de prolonger la lecture par d’autres lectures. Après, pour ouvrir toutes les voies d’acquisition de la culture générale, il faut maîtriser les disciplines d’un trivium et d’un quadrivium pour le temps présent, adapter ces divisions de l’enseignement des arts libéraux instituée par le philosophe Boèce aux exigences d’un homme de culture dans le monde des années 2010 : connaissance intime de la langue française, de sa grammaire, de l’orthographe, des conjugaisons et de la richesse immense de son lexique ; connaissance du patrimoine artistique (peinture, musique, sculpture, architecture…) ; connaissance du patrimoine religieux et pratique du culte ; connaissance des traditions populaires, du folklore et à nouveau pratique; connaissance des enjeux géopolitiques et attention régulière aux nouvelles du monde. Sur ces bases-ci, une culture générale opérationnel, en ordre de bataille, peut être édifiée.

Dans un second temps, ce que nous appelons le dialogue est en fait une version mi-socratique mi-militante : il s’agit, en ne perdant aucune occasion, d’ouvrir le dialogue non pas avec les convaincus, ce qui n’est que rassurant, mais avec tous ceux qu’il reste à convaincre, à orienter vers une certaine idée du Beau, du Bien et du Vrai, vers le bonheur inépuisable de la culture française, européenne et chrétienne et vers l’urgence de la lutte pour sa sauvegarde et à terme pour notre survie en tant que peuple de culture, singulier, unique. En donnant l’exemple d’une culture maîtrisée dans ses aspects les plus variés, et pratiquée, le combattant culturel va susciter la curiosité, l’interrogation, parfois la réprobation, les critiques, mais c’est grâce à cette démarche qui cumule la conviction, l’invitation à la réflexion, l’anticonformisme, et le plaisir du savoir, que l’on peut ouvrir les esprits à notre combat. Le réfractaire au monde moderne tel qu’il nous est vendu se doit d’être cet aiguillon toujours alerte qui montre du doigt les impasses et les contradictions de ce qui, dans la pensée correcte du totalitarisme mou ambiant, est censé aller de soi.

Pour conclure, il faut garder présent à l’esprit que toute culture est par définition vivante, elle vit avec nous qui la portons. Elle risque de fait de mourir si nous n’avons plus les épaules assez solides pour la porter haut. C’est notre devoir de citoyen, de chrétien, d’homme, c’est notre honneur que de batailler pour la culture et par elle.

Frère Thierry

Animateur du cercle de l’aréopage

LA INMIGRACIÓN, FASE SUPERIOR DEL LIBERALISMO.

LA INMIGRACIÓN, FASE SUPERIOR DEL LIBERALISMO.
 
 
 
Ex: http://enricravello.blogspot.com/

Dialécticamente se tiende a establecer una relación de causa efecto entre la colonización de finales del siglo XIX y la inmigración de masas que sufre Europa desde mediados del XX. El paralelismo no es del todo correcto,  pero sí hay síntomas y características comunes a ambos procesos beneficiosos para el gran capital, complementados por destrucciones de identidades y equilibrios económicos  a lo largo y ancho del planeta.
Sin duda tanto la Colonización como la inmigración son perniciosos  fenómenos que obedecen a una misma lógica mundialista y tiene la misma justificación ideológica liberal-marxista.
 
I Imperialismo y capitalismo financiero.
 
En 1916 Vladimir Illich, Lenin, publicó una obra considera clave en la evolución del análisis marxista del capitalismo. Eran los tiempos en los que Lenin combinaba su actividad de revolucionario con la de teórico, dentro de la que destacó por encima de otros líderes como Trotszky o Stalin. El título de la obra a la que nos referimos es revelador, El imperialismo, fase superior del capitalismo.  La tesis central de este libro, errónea como tantas otras de las tesis de esa escuela de pensamiento,  consiste en afirmar que el capitalismo librecambista de mediados del siglo XIX había cumplido su fase librecambista –el marxismo vivió una verdadera obsesión por las «fases»–  y estaba dando paso a una nueva fase –la superior– que se caracterizaría por la concentración del capital industrial y la de las elites económicas en la dirección del Estado y el uso de éstas por parte Estado como agente económico que debería conquistar nuevos espacios –una vez agotado el mercado «nacional»– para apropiarse de las materias primas y exportar sus productos de forma monopolísticas (de ahí la idea de fin del librecambismo). Para Lenin el capitalismo habría sido capaz de mutar del librecambio al proteccionismo y a la economía imperialista sin ser afectado en su esencia.
 
Como toda la encorsetada utopía absurda disfrazada de método científico, los análisis de Lenin fueron desmentidos por la realidad, el socialismo marxista el real y el no-real, saltaron por los aires en 1991. Hoy la izquierda ha desterrado los viejos dogmas del llamado «materialismo histórico» y ya no quiere acordarse de Lenin, ni de las fases del capitalismo, ni de demás pesados fardos ahora que se ha reconvertido en eco-pacifista y sentimental-mundialista. 
 
Sin embargo, y por eso hemos sacado del armario del olvido este trabajo de Lenin, el autor ruso sí señaló una conjunción de fenómenos que, mutatis mutandis, podemos poner en paralelo con el proceso actual del capitalismo liberal.
 
1.1 Debate sobre las causas de Imperialismo. La valoración marxista del colonialismo.
 
Las teorías sobre la naturaleza del fenómeno imperialista surgieron prácticamente al mismo tiempo que la expansión colonial. A grandes rasgos debemos distinguir dos tipos de teorías: las eurocéntricas y las periféricas;  para las primeras la explicación de la expansión estaría en las causas internas de los países europeos; para los segundos las propias dinámicas de los países colonizados propiciaron y favorecieron este fenómenos. Seguramente la combinación de ambos factores nos daría las respuestas más completas.
Las teorías eurocéntricas no son uniformes ni unidireccionales en su explicación, podemos determinar dos tipos: las que subrayan las necesidades económicas europeas como motor del colonialismo y las que señalan a factores políticos como el vector determinante. 
 
Entre los que dan la explicación economicista podemos señalar al británico de adscripción radical-liberal, Hobson, quien ya en 1902 señala que Reino Unido necesita una expansión mundial que le consolidara como primera potencia mundial productiva y comercial, explicando el Imperialismo como una simple actividad financiera en la que los gastos militares provocados por las guerras de expansión serían siempre menores a los beneficios industriales-comerciales posteriores,  usó esta argumentación para justificar la intervención británica en Sudáfrica, intervención que provocó el genocidio bóer. Muy interesante en este hilo explicativo es la aportación del historiador marxista austriaco, Hilferding, para quien –siguiendo la línea de Lenin–  quien en su obra El capitalismo financiero (1910) elabora una teoría según la cual el Imperialismo es la respuesta expansiva  del capitalismo cuando éste se transforma de capitalismo industrial a capitalismo financiero, llamando capitalismo financiero al momento en el que el capitalismo tiende a la acumulación y concentración del dinero, en el mismo momento en el que se estable una sinergia entre el capitalismo industrial y el capitalismo financiero  bajo la hegemonía de este segundo. Para Hilferding  la etapa del capitalismo financiero comienza a finales del siglo XIX, la finanza mediante el uso del crédito acelera los procesos oligárquicos de concentración empresarial,  destruyendo al tejido del pequeño y mediano empresario mediante el cierre del crédito (fenómeno que se repite en la actualidad);  de esta forma la simbiosis del capitalismo financiero y alto empresarial evita la competencia, en un primer momento monopoliza el mercando interior nacional, y en un segundo momento adopta un tono expansivo volviéndose hacia el exterior en busca de nuevos mercados para sus productos,  es decir dando lugar al imperialismo colonialista, que no sería más que el resultado lógico de la propia dinámica interna del capitalismo en su fase financiera.
 
Volviendo al libro de Lenin, que fue el teórico marxista que mejor estudió este fenómeno, influyendo su tesis también en la crítica no-marxista del fenómeno colonialista. Como indica el título de su obra, la tesis que se defiende es la de que el imperialismo es la fase histórica superior del capitalismo, fase caracterizada por el monopolio frente a la libre concurrencia anterior. Esta transición de los pequeños y medianos empresarios compitiendo entre sí a la de agrupación en grandes consorcios monopolístico industrial-financiaros, que se quedarían sin salida económica a no ser que se produjera una ampliación de los mercados que excedieran el estrecho marco nacional para vender sus productos industriales y para colocar su excedente de capital financiero acumulado, esa necesaria expansión monopolística fue el colonialismo, al que Lenin llama imperialismo. Lenin explicaba que la expansión imperialista era la última salida del capitalismo, y que una vez agotado este recurso basado en la expansión territorial y la ampliación de los mercados;  el capitalismo –al ser el mundo finito y la capacidad de encontrar nuevos mercados limitada– entraría en su contradicción final y terminaría por desaparecer, el capitalismo tendría así dentro de sí mismo el germen de su irremediable autodestrucción.  Otro futurible del «materialismo histórico» que la historia tardó poco tiempo en demostrar falaz y falsario e irrisorio.
 
Como hemos dicho existen otras teorías explicativas eurocéntricas que no señalan a factores económicos como los explicativos de la expansión colonial sino que hace referencia a contextos ideológico-sociológicos (causas subjetivas que diría un marxista). Tradicionalmente se ha considerado a Schumpeter, otro liberal radical, como la referencia máxima de esta corriente explicativa. Este autor publicó en 1919 su obra Sociología del Imperialismo para quien detrás del fenómeno imperialista existe el impulso a-histórico (es decir permanente) de expansión, que conjugado en el siglo XIX con un nacionalismo de masas daría lugar a la justificación e impulso imperialista. 
 
Sin embargo, en los años 70 surgió una nueva explicación dentro de la escuela marxista,  en la que se explica el imperialismo atendiendo a las dinámicas de la periferia, es decir de los países colonizados,  dinámicas propias a tensiones internas entre las capas sociales africanas, que serían la explicación real del imperialismo, y que por lo tanto no respondería a cusas intrínsecas europeas.   Entre las tesis periféricas conviene señalar la obra de Robert y Galaher, que rompe totalmente con la tendencia unidireccional de explicación del imperialismo, y culpa del colonialismo, así como del nefasto proceso de descolonización a las pseudo- élites africanas, que no quisieron o no fueron capaces de organizar los excedentes de producción de tal forma que se crearan condiciones económicas estables en sus países, y que al no ser capaces de dar ese salto cualitativo, abrieron las puertas a los europeas para que lo hicieran por ellos.  Añadir que en esta apertura a los europeos de las elites sociales africanas pensaron en su enriquecimiento personal y no en la prosperidad de sus respectivos pueblos. Algo que se repite hoy en día ad nauseam.
 
En síntesis es innegable que el imperialismo es el resultado de una interacción entre dos variables una europea y otra periférica.
 
1.2 El colonialismo: una idea de izquierdas.
 
Contrariamente a lo que pueda parecer y en disfunción con el mensaje adoptado por la izquierda a partir de los años 60, el colonialismo fue una idea que nació en su esfera ideológica y que siempre fue valorado como «progresista» en su análisis lineal y  teleológico de la historia.
 
Karl Marx fue uno de los apologetas de la colonización  británica de la India. En su opinión, la colonización británica supondría el desmantelamiento del modo de producción medieval de la economía autóctona y lo sustituiría por el modo de producción capitalista, lo que supondría «quemar una etapa» hacía el modelo comunista, que –para el de Tréveris– era la siguiente fase necesaria al modelo capitalista  por la «simple» lógica de sus contradicciones internas.
 
No sólo en el ámbito estrictamente marxista se hizo esta valoración positiva del colonialismo. El escritor francés Bertran Lugan, sin duda el mayor especialista actual de África y el colonialismo –autor sobre el que necesariamente tendremos que volver en posteriores artículos–  publica un interesante artículo en la revista NRH[1] titulado, «Une idée de gauche réalisée par la droite» en el que pone de relieve como el proceso de colonización de África fue ideado desde una izquierda progresista e iluminista, que veía en esta expansión geográfica la expansión de los principios universalistas de la Revolución francesa por el Continente negro. La frase del primer ministro francés socialista, Leon Blum es paradigmática en este sentido «(proclamo)… el derecho y el deber de las razas superiores de política socialista judío-francés de atraer (hacia el progreso) a las que no han llegado todavía a un mismo nivel cultural». Un buena muestra de integracionismo mundialista avant la lettre.
 
II La inmigración entre la postguerra y la descolonización.
 
El proceso de Descolonización marca una nueva fase en la historia. África quedó sumida en el caos más absoluto, la supuesta «liberación» consistió en realidad, en la instauración de regímenes tiránicos y despóticos en todos los países, pronto llegan las consecuencias: miseria, hambre y una natalidad desbordante. Por otro lado en la Europa occidental, el fin de la SGM y la consiguiente reconstrucción, trae una nueva fase de expansión del capitalismo que ve cómo sus tasas de beneficio y su capacidad expansiva se disparan, para ello en el territorio donde en estos momentos los beneficios son mayores –Europa occidental– se necesita un incremento constante de la mano de obra para no desperdiciar las condiciones objetivas de crecimiento económico.
 
La conjunción de estos dos procesos confluye en el inicio del proceso migratorio desde el Tercer Mundo a Europa. Como antes habíamos señalado para el imperialismo, también en este caso la inmigración es el resultado de una interacción entre dos variables una europea y otra periférica-tercermundista.
La inmigración se nutre de la misma concepción  ideológica que el colonialismo, de la que no es sino una proyección.  El aumento de la cuota de beneficio del capital en un mundo convertido en mercado único, en el que las identidades, las costumbres y los pueblos no son más que interferencias coyunturales que deben ser suprimidas, anuladas o –en el peor de los casos– reducidas a anécdotas folclóricas.
 
De este modo la inmigración no es más que una de las consecuencias derivadas de un proceso más amplio llamado mundialización en francés y globalización en inglés cuyo objetivo final se confunde con el del imperialismo del siglo XIX.  En  ambos procesos el beneficiario es la clase financiero-capitalista y el perjudicado principal es la comunidad popular trabajadora.
 
1.1 El liberalismo como principio ideológico de la inmigración. La falacia de la integración.
 
En las últimas décadas el fenómeno migratorio se ha convertido en un problema crucial del debate político en la Europa occidental.  Ante esta circunstancia asistimos a un espectáculo cómico, una trampa para incautos, que –lamentablemente– está resultando ser de cierta efectividad. Y es que desde el liberalismo, y sin cambiar sus presupuestos ideológicos, se pretende dar «soluciones» al problema migratorio, soluciones que participan del mismo principio universalista y por lo tanto no lo son tales. Las exponemos a continuación para que, desde el movimiento identitario se eviten este tipo de errores ideológico y se señale al liberalismo y a cualquiera de sus postulados políticos como antitéticos a nuestras posiciones.
 
El comunitarismo: consiste en la idea de que los inmigrantes, en función de su comunidad de origen, sigan manteniendo  sus propias especificidades culturales y religiosas en suelo europeo, a la vez que –desde su especificidad– participan del y en el Estado en tanto que «ciudadanos». Es decir la ciudadanía se entendería como la simple obtención de un DNI, los inmigrantes no tendrían que «integrarse» sino mantener su personalidad siempre que se participara de los «principios básicos y el buen funcionamiento del Estado liberal-democrático»
 
En realidad ésta es la idea del melting-pot que ha creado a los Estados Unidos de América.  Se basa en la «tolerancia al otro».  Es sinónimo de otro término, el de «multiculturalidad». Cuando determinados políticos del sistema como Angela Merkel o Tony Blair dicen que «la multiculturalidad ha fracasado» se refieren precisamente a esto. Obviamente la multiculturaldiad ha fracasado, pero lo peor es que Merkel o Blair, al constatar este fracaso evidente, proponen la otra «solución» liberal, igual o más catastrófica que la anterior
La integración: que también podríamos llamar “asimilacionismo”.   Que consiste en lograr el mismo fin pero por métodos diferentes. Así a los inmigrantes no se les respetaría el mantenimiento de sus especificidades en suelo europeo, sino que tendrían «obligatoriamente» que adaptarse y asumir  nuestras costumbres, lo que les convertiría en «europeos perfectamente integrados».
 
Comunitarismo y asimilacionismo son las dos caras del mismo error ideológico.
 
III La solución identitaria.
 
 Desde nuestra postura identitaria tenemos que contestar tanto a los fenómenos de colonización como a la amenaza demográfica que representa la inmigración, pero siempre haciéndolo desde la solidez de nuestros parámetros ideológicos y el rigor de un pensamiento anticosmopolita, que valora la existencia de los pueblos, que se opone radicalmente a la idea del mercado-mundo y que no cree ni en asimilaciones ni en conversiones sino en la personalidad colectiva basada en la herencia y en la historia.
Frente al colonialismo, los identitarios proponemos la idea de los grandes espacios económicos autosuficientes. Esos espacios vienen definidos por la comunidad de civilización, de historia y de consanguineidad.
Frente a la integración y asimilacionismo, proponemos la idea de Estado como instrumento de la comunidad popular y de expresión de una sociedad monoétnica.  Ése fue el sentido de la democracia griega, que no entendía de otro modo a la polis, el sentido del Senado romano y de  las asambleas de guerreros germánicas.  El principio inalienable que defendemos hoy para que la civilización europea pueda sobrevivir a las amenazas y avatares que le plantea este inquietante siglo XXI.
 
Enric Ravello.
 
Secretario de Relaciones Nacionales e Internacionales de Plataforma per Catalunya.

Pour en finir avec la Françamérique

Pour en finir avec la Françamérique, par Jean-Philippe Immarigeon

 

 
Ex: http://www.europesolidaire.eu/

Nous avons plusieurs fois évoqué le rôle de Jean-Philippe Immarigeon dans la déconstruction du mythe américain et la lutte contre la soumission des Européens à l'influence atlantiste. Les précédents ouvrages de l'auteur, référencés ci-dessous, sont tous à lire à cet égard. Ils restent entièrement d'actualité. En quoi le nouvel essai de Jean-Philippe Immarigeon renouvelle-t-il son argumentaire?

C'est parce que l'auteur comprend de moins en moins, malgré les évènements récents ayant marqué l'histoire du monde, la persistance de la dépendance de la France, dans toutes ses composantes, au mythe d'une civilisation commune avec les Etats-Unis, qui nous empêche de nous décider enfin à prendre en mains nous-mêmes notre destin. 

L'auteur, excellent connaisseur des Etats-Unis, où il exerce une partie de son activité professionnelle, ne comprend pas l'aveuglement des Français à vouloir dans tous les domaines s'abriter sous la référence américaine, au lieu de faire appel à leurs propres ressources. Même ceux qui sont obligés par la force des choses de confesser une perte de puissance américaine n'en tirent pas arguments pour enfin rompre le lien affectif qui les unit à une Amérique dont ils se donnent une image largement fantasmée et inexacte. Même ceux qui veulent rompre ce lien n'osent pas le faire pleinement. La peur d'être condamnés comme anti-américaniste sommaires les empêchent de voir et d'évoquer les raisons qui devraient nous obliger à devenir enfin indépendants.

Nous n'allons pas ici reprendre les arguments de l'auteur. Le livre est suffisamment court et vivant pour mériter d'être lu par tous ceux qui ne souhaitent pas s'engager dans des considérations géopolitiques complexes. Bornons-nous à quelques questions.

* L'addiction à l'Amérique se limite-t-elle à la France? Ne faudrait-il pas envisager une « américanomanie européenne » qui paralyserait toute l'Europe? Elle culminerait au niveau des institutions européennes mais aussi dans chacun des gouvernements de l'Union. Elle ne se limiterait pas aux cercles dirigeants mais elle toucherait l'ensemble de la population. Partout, la peur de rompre le cordon qui relie l'Europe à une Amérique présentée comme légitimement en charge des affaires du monde paralyse les velléités de saisir les opportunités qui s'offrent désormais à l'Europe, lui permettant de jouer enfin sa partie dans un monde devenu multipolaire. Les perspectives présentées par Franck Biancheri, directeur du Laboratoire Européen d'Anticipation Politique (LEAP) n'éveillent encore qu'un faible écho. 1) Elles devraient pourtant dynamiser les énergies européennes, puisque celui-ci montre que, entre une Amérique déclinante et une montée en puissance du BRICS, un large créneau d'opportunité s'ouvre à l'Europe (et à l'euro) pour valoriser et développer des ressources qui restent considérables.

* Mais si c'est l'Europe toute entière qui est frappée d'impuissance par son américanomanie, ne faut-il pas s'attacher à mettre en évidence les processus par lesquels depuis la seconde guerre mondiale les Etats-Unis se sont faits, sous les apparences, l'ennemi délibéré de la construction d'une Europe-puissance indépendante d'eux. Il faudrait à cet égard parler d'une véritable entreprise coloniale, par laquelle les nouveaux colons américains se sont attachés à déposséder de leur culture propre les Européens, comme ils l'avaient fait précédemment des Indiens d'Amérique.

Or pourquoi les Européens se sont-ils soumis si facilement à la colonisation militaire, économique et culturelle américaine. La question a été souvent posée. Elle continue à l'être. La réponse la plus évidente paraît tenir au fait que les oligarchies financières, gouvernementales et médiatiques européennes trouvent beaucoup plus facile pour assurer leur pouvoir de se mettre sous la dépendance de leurs homologues américaines depuis longtemps dominantes plutôt que chercher leurs propres voies de développement. La dégradation lente de la puissance américaine n'est pas encore suffisamment affirmée pour qu'elles cherchent ailleurs des alliances de rechange.

* Quand on constate à cette égard la servilité avec laquelle les forces politiques et intellectuelles de nos voisins européens persistent à se rendre vassales d'une Amérique qui compense sa perte de puissance sur le monde en renforçant sa domination sur l'Europe, ne pourrait-on penser que la France, malgré ses abaissements consentis, n'est pas celle à qui il faudrait reprocher le plus grand esprit de capitulation. La défense de la souveraineté française eut d'abord ses grandes heures avec le Gaullisme, grâce auquel nous disposons encore de ressources technologiques que n'ont pas l'Allemagne et les pays européens du Nord pourtant réputés par leur puissance économique. Il n'en demeure malheureusement plus grand chose aujourd'hui du fait des efforts continus de l'actuel président de la République pour démobiliser ce qui restait d'indépendance dans la diplomatie et dans la défense française. Ceci s'est fait directement, notamment par le plein retour de la France dans l'Otan. La tentative se poursuit aussi indirectement, par exemple du fait de la pénétration dans notre potentiel industriel des capitaux du Qatar, eux-mêmes très proches des intérêts américains - ainsi que d'autres tout aussi dangereux. .

Il reste quand même en France quelques ressources qui pourraient, convenablement valorisées par un prochain gouvernement français, servir de base à une résurrection industrielle et diplomatique non seulement française mais européenne. L'exemple en est le Rafale, l'avion de combat français qui se révèle porteur de ce que sans excès d'enthousiasme on pourrait présenter comme une alternative civilisationnelle à celle que les Etats-Unis voulaient imposer à l'ensemble du monde et pour plus d'un demi-siècle en refusant toute alternative autre que l'acquisition obligée de leur Joint Strike Fighter F 35. Nous avons pour ce qui nous concerne suivi de près la montée et la chute d'un appareil qui se révèle aujourd'hui comme un concentré ingérable de technologies, véritable fer-à-repasser volant. Pour s'en convaincre, il fallait suivre la chronique extraordinairement documentée et inspirés qu'en a donnée depuis plus de 10 ans notre ami Philippe Grasset 1). Aujourd'hui cependant, comme le montre Philippe Grasset, le Rafale français, beaucoup plus réaliste au point de vue technique, semble en train de s'imposer, non seulement par ses qualités propres mais parce qu'incarnant une nouvelle forme de souveraineté politique, dont le Gaullisme avait été pour la France l'illustration, et qui est en train de gagner du terrain, sous des formes voisines, dans les Etats décidés à se libérer de l'emprise américaine. 3)

* L'abaissement de la France et avec elle de l'Europe devant l'Amérique, est-il irréversible? L'évolution actuelle des Etats-Unis, en mettant en évidence la fausseté des mythes par lesquels nous acceptions leur domination, suffira-t-elle à nous en prémunir dorénavant. On peut en douter car trop rares sont ceux qui comme Jean-Philippe Immarigeon décrivent l'Amérique comme elle apparaît dorénavant en profondeur: raciste, inégalitaire, obtue intellectuellement, en proie à des religions auxquelles l'islamisme n'a rien à envier en termes d'esprit de conquête et de refus du rationnel scientifique. L'Amérique reste encore très forte du fait de la puissance de son potentiel militaire et de ses capacités en termes de recherche technologique. Mais nous sommes bien placés ici pour montrer que ces potentiels sont désormais au service d'une volonté de contrôle total 4) ne laissant plus guère de place à nos conceptions républicaines et démocratiques.

Or faire ces constatations et recommander que l'Europe se ressaisisse, qu'elle exploite comme le propose Franck Biancheri les atouts potentiels importants dont elle dispose encore, est rejeté par les intérêts européens dominants, dont nous avons souligné une soumission à l'atlantisme qui leur parait la meilleure façon d'assurer le maintien de leurs pouvoirs. D'une façon générale, plus se renforceront les menaces pesant sur le monde, plus les Européens se sentiront paralysées à l'idée de se détacher d'une Amérique où ils continuent à voir un recours, sans se rendre compte que celle-ci, lorsqu'elle aura épuisé les ressources tirées jusqu'ici de ses vassaux européens, les rejettera comme inutiles et dangereux.

*Mais alors quelles voies Jean-Philippe Immarigeon proposerait-il pour permettre aux Français, voire aux Européens, de se déprendre de la Franceamérique? L'exhortation risque de ne pas suffire. A une époque où, de plus en plus, s'imposent des choix géostratégiques décisifs, à une époque où la France elle-même, malgré son refus de voir ces réalités en face, devra bien prendre des décisions lourdes de conséquences, on est un peu déçu de constater que l'auteur, malgré son expérience, ne se prononce pas clairement. Il court le risque de se voir reprocher la répétition de livre en livre du même message, en piétinant sur place faute de laisser entrevoir des solutions. Peut-être veut-il nous laisser devant nos propres responsabilités, une fois le mal dénoncé? Nous aimerions savoir pourtant, naïfs impénitents que nous sommes, pour quel candidat il va voter lors des prochaines élections présidentielles françaises.

Notes

1) Franck Biancheri, Crise mondiale. En route pour le monde d'après. France-Europe Monde dans la décennie 2010-2020. Anticipolis, 2010.
2) Sur son site DeDefensa.org (également pratiqué et apprécié par Jean-Philippe Immarigeon).
3) Jean-Luc Mélanchon, cas exceptionnel parmi les hommes politique français, a bien compris ce rôle emblématique du Rafale. A une journaliste qui lui reprochait récemment, sur le site Médiapart, de s'intéresser à un système d'armes français tel que le Rafale, plutôt qu'à un vague projet humanitaire, il a répondu qu'il ne faisait pas cela pour rendre service à la firme Dassault, mais parce que selon lui les Etats du monde doivent désormais choisir, en matière d'avions de combat, entre 3 ou 4 conceptions du monde, celle encore défendue par une Amérique de plus en plus régressive, la russe, la chinoise et la française. Il est triste de constater que la grande majorité des hommes politiques européens ne l'aient pas encore compris et ne voient aucun inconvénient à ce que l'Europe s'équipe en appareils américains ou se raccrochent à l'Eurofighter qui n'a d'européen que le nom.
4) Alain Cardon " Vers un système de contrôle total "

Ouvrage au format.pdf accessible en téléchargement gratuit
(publié sous Licence Creative Commons)

http://www.admiroutes.asso.fr/larevue/2011/121/controletotal.pdf


Jean Philippe Immarigeon nous écrit:
" Je suis monomaniaque (d'un livre à l'autre) parce qu'il ne sert à rien de penser un après tant qu'on est piègé dans l'hier. Dit plus simplement, j'ai compris en vivant aux Etats-Unis, en bossant avec eux également ensuite et en discutant toutes les semaines avec mon ami Rick (patron de Harper's Magazine) qui ne supporte plus son pays, ce que Tocqueville écrivait de l'étouffement de la pensée que pratique la civilisation américaine. Dit encore autrement, qu'il s'agisse de la réforme de l'OTAN ou du carcan idéologique atlantiste, il est vain et vaniteux de penser faire de l'entrisme et changer les choses de l'intérieur, par subversion. C'est sous-estimer la puissance américaine, les moyens de communication, l'importance des thinks tanks, le nombre incalculable de bureaucrates payés à faire de la propagande depuis 1945. On ne peut lutter à armes égales. Il faut donc d'abord sortir et faire de l'asymétrique, sinon c'est une perte de temps et d'énergie".

Pour en savoir plus
* Jean-Philippe Immarigeon blog http://americanparano.blog.fr/

* Avocat et docteur en droit Jean-Philippe Immarigeon est spécialiste de l'histoire des États-Unis et des questions de stratégie, il intervient depuis 2001 dans la Revue Défense nationale. Il a publié précédemment chez François Bourin Éditeur American parano (élu meilleur essai politique 2006 par le magazine Lire), Sarko l'Américain (2007) et L'Imposture américaine (2009). Voir http://www.bourin-editeur.fr/auteur/jean-philippe-immarigeon.html

Jean Paul Baquiast

La guérilla espagnole contre l'armée napoléonienne

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Ex: http://anti-mythes.blogspot.com/

La guérilla espagnole contre l'armée napoléonienne sous l'éclairage de Carl Schmitt

 

C’est dans le contexte des guerres napoléoniennes, et plus précisément à l’occasion de la guerre de résistance espagnole contre l’occupation française, entre 1808 et 1813, que va émerger pour le juriste politique allemand Carl Schmitt (1888-1985) la figure conceptuelle du "partisan" moderne, à savoir d’un "soldat irrégulier" pensé en tant que tel ; à cette occasion, pour la première fois, un cadre juridico-politique explicite lui est conféré. Ce qui ne sera pas sans conséquences quant au droit de la guerre classique qui avait prévalu jusque-là.

LE CONTEXTE HISTORIQUE DU SOULÈVEMENT ESPAGNOL 

Rappelons brièvement les faits : pour établir un "blocus continental" efficace contre la Grande-Bretagne, puissance maritime et commerciale et principale ennemie de la France, Napoléon entendait contrôler l’ensemble de la péninsule ibérique. Il envoya donc Murat avec des troupes en Espagne en 1808, sans provoquer de véritables réactions de la part d’une famille royale espagnole par trop affaiblie. Dans ce contexte de décomposition du pouvoir royal légitime, une première émeute populaire à Aranjuez poussa d’ailleurs le roi Charles IV à abdiquer au profit de son fils Ferdinand VII dans l’espoir de stabiliser la situation politique.

Mais l’entrée de Murat dans Madrid provoqua une véritable insurrection, celle du 2 mai, que le général français réprima durement. Sous la pression de Napoléon, Ferdinand VII abdiqua à son tour au profit, cette fois, de Joseph Bonaparte, frère aîné de l’Empereur, qui fut reconnu par une assemblée de notables Afrencesados (1). Mais le soulèvement du peuple était déjà quasi général. Il fut formellement encadré par des Juntas (juntes militaires) auto constituées qui refusèrent de reconnaître le coup de force français et qui, au nom du roi pourtant déposé, allaient diriger une résistance à l’occupant. Cette résistance héroïque rassembla, dans un premier temps, troupes régulières et civils en armes, ces derniers devant progressivement en constituer l’âme. Dès juin 1808, en effet, commença ce qu’on appellera bientôt une "guérilla" – le terme en tant que tel n’apparaîtra qu’en 1812 – qui se développa au fur et à mesure des défaites de l’armée régulière espagnole face à Napoléon. Ces défaites successives pousseront d’ailleurs de nombreux déserteurs à accroître le nombre de ces partisans. Ce qui va intéresser au premier chef Carl Schmitt dans la guerre de résistance espagnole à Napoléon, c’est précisément le fait que "le partisan de la guérilla espagnole de 1808 fut le premier à oser se battre en irrégulier contre les premières armées régulières modernes" (Schmitt, La notion de Politique – Théorie du Partisan, préface de Julien Freund ; traduction de Marie-Louise Steinhauser, Paris, Calmann-Lévy, 1972, page 214). Par "armées régulières modernes", il convient ici d’entendre celles issues des expériences de la Révolution française qui sont à l’origine d’une reformulation radicale du concept de "régularité" hérité de l’âge classique, et dont – aussi paradoxal que cela puisse paraître de prime abord – le "partisan", en tant que combattant irrégulier, constitue en quelque sorte le produit.

DE LA NOTION PROBLÉMATIQUE "D’IRRÉGULARITÉ"

Comme le relève Schmitt, il se trouve que "la différence entre combat régulier et combat irrégulier est fonction de la nette définition de ce qui est régulier et une antinomie concrète donnant lieu à une délimitation du concept n’apparaît qu’avec les formes modernes nées des guerres de la Révolution française" (op. cit., p. 213). Jusque-là avait prévalu un droit interétatique classique – le Jus Publicum Europaeum – au sein duquel le phénomène de l’hostilité était maintenu dans le cadre de guerres limitées, apanage exclusif des princes contre un ennemi stricto sensu "conventionnel". La principale caractéristique de ce droit classique résidait dans le fait qu’il comportait des distinctions nettes entre guerre et paix, entre combattants et non-combattants, entre un ennemi et un criminel. Et, comme le souligne Schmitt, "en regard de cette régularité toute classique" (op. cit., p. 218), l’idée même de soldat irrégulier était tout simplement inconcevable : "Le droit classique de la guerre (…) ne laisse pas de place au partisan au sens moderne. Ou bien celui-ci est, comme dans la guerre au XVIIIe siècle, qui est une affaire entre cabinets, une espèce de troupe légère, particulièrement mobile mais régulière, ou bien il est un criminel particulièrement méprisable, et il est alors tout simplement un hors-la-loi" (op. cit., p. 219). 

Cette alternative tranchée est remise en cause à l’issue des bouleversements révolutionnaires, sur la base d’une délimitation nouvelle de la notion de "régularité", lorsque la notion d’État dynastique est reformulée comme État national et que l’armée des princes est conduite à se transformer en armée nationale. Schmitt discerne d’ailleurs la faillite du droit classique dans cette configuration juridico-politique qui voit la "victoire du civil sur le soldat le jour où le citoyen passe l’uniforme tandis que le partisan le quitte pour continuer à se battre sans uniforme" (op. cit., p. 306). À cet égard, loin de constituer une anomalie, l’émergence de la figure du partisan, en tant que combattant irrégulier, face à cette nouvelle "régularité" post révolutionnaire, ne constitue somme toute que l’une des deux faces d’un même Janus, celle du soldat-citoyen. En déferlant sur toute l’Europe continentale, le nouvel art militaire de l’armée napoléonienne, comme héritier de cette mutation fondamentale, va se trouver être, à la fois, vecteur et victime de ce nouveau modèle, dans la mesure où la guerre de l’âge classique, qui ne peut plus que faire figure de jeu conventionnel, va laisser la place à de véritables guerres des peuples, dont la guerre de résistance espagnole n’est que le premier d’une longue suite d’avatars. Ce qui intéresse Schmitt, c’est précisément de montrer que l’apparition du partisan en Espagne entérine une situation inédite qui a transformé l’ennemi "conventionnel", au cœur des guerres limitées que se livraient les princes dans le droit classique, en ennemi pour le coup bien "réel", au cœur de guerres devenues nationales : "L’élément principal de la situation du partisan de 1808 est qu’il risque le combat sur le champ limité de son terroir natal, alors que son roi et la famille de celui-ci ne savaient pas encore très bien quel était l’ennemi réel" (op. cit., p. 215).

En dépit de l’aura involontaire dont Ferdinand VII bénéficiait auprès de son peuple et qui l’a préservé, malgré lui, d’une condamnation sans appel de l’Histoire, ses hésitations devant l’événement majeur qui se joue s’expliquent sans doute par le fait qu’il se situe toujours par rapport à un droit classique de la guerre dérivé du Jus Publicum Europaeum. En revanche, le partisan espagnol, lui, appartient déjà au monde nouveau qui est en train d’advenir en matière stratégico-politique. "Seul le partisan espagnol rétablit le sérieux de la guerre, et ce fut contre Napoléon, c’est-à-dire dans le camp défensif des vieux États continentaux européens dont la vieille régularité devenue convention et jeu n’était plus en mesure de faire face à la nouvelle régularité napoléonienne et à son potentiel révolutionnaire. De ce fait, l’ennemi redevint un ennemi réel, la guerre, une guerre réelle. Le partisan défenseur du sol national contre le conquérant étranger devint le héros qui se battait réellement contre un ennemi réel" (op. cit., p. 304-305).

Mais l’apparition du phénomène du partisan n’allait pas forcément de soi pour des esprits encore largement imprégnés de l’idée de la vieille "régularité" militaire. Paradoxalement, c’est peut-être dans cette perspective qu’on peut saisir la portée des diverses tentatives juridiques de "régularisation" de la guerre de partisans par ce qui restait de l’État espagnol légitime ou de ce qui s’en réclamait alors, en l’occurrence les Juntas militaires.

LE PRÉCÉDENT EN 1808 D’UNE LÉGITIMATION DE LA GUERRE DE PARTISANS PAR LA JUNTA DE SÉVILLE

Ce qui est en effet capital dans l’apparition de cette forme de guerre irrégulière espagnole, c’est qu’elle va recevoir de la part de Juntas militaires régionales et/ou nationales, une sorte de réglementation juridico-politique – fait sans précédent dans l’Histoire – lui conférant une légitimité inédite rendue nécessaire par les circonstances. La passivité, face à l’envahisseur français, d’un gouvernement dépassé par les événements devait mettre au premier plan ces Juntas militaires, d’une part, les guérillas, d’autre part. Un premier cadre juridico-politique est donné dès le 6 juin 1808 par la Junta Suprema de Gobierno de Espana e Indias (la Junte de Séville), auto-constituée le 28 juin 1808, et qui déclare la guerre à l’Empereur Napoléon en ces termes : "… Nous déclarons la guerre sur terre et sur mer à l’Empereur Napoléon Ier et à la France, dont nous supportons la domination et le joug tyrannique ; et nous demandons à tous les Espagnols d’œuvrer hostilement à leur encontre et de leur causer le plus de dommages possibles selon les lois de la guerre" (Blanch, Historia de la guerra de la Independencia en Cataluna, Barcelone, 1968, p. 64).

Cette dernière précision a ceci de paradoxal et d’étrange qu’elle méconnaît le fait que la guerre patriotique espagnole n’est déjà plus une guerre de l’âge "classique". Les dites "lois de la guerre", selon la conception classique dans laquelle, comme le rappelle Schmitt, « l’ennemi a son statut », et dans laquelle "il peut être imposé des limites à la guerre" (Schmitt, op. cit., p. 12), sont d’ores et déjà sapées par la nouvelle forme d’hostilité "réelle" développée par la guerre de partisans qu’on cherche illusoirement à réglementer. Sans que ces auteurs en mesurent peut-être toutes les conséquences à terme, cette déclaration de juin 1808 apparaît comme le précédent le plus direct de légitimation de la guerre irrégulière. Il est complété le jour même par un second texte. Celui-ci, intitulé Prevenciones, s’adresse au peuple espagnol pour qu’il sache que certaines mesures sont indispensables à la bonne conduite de la lutte contre l’ennemi : "Il faut éviter les actions générales et privilégier les initiatives individuelles. Il est nécessaire de ne pas laisser l’ennemi se reposer un instant, de harceler sans répit ses flancs et son arrière-garde, de l’affamer, d’intercepter ses convois de vivres, de détruire ses entrepôts et de lui couper toutes les voies de communication entre l’Espagne et la France d’autre part" (Queipo de Llano, Historia del Levantamiento, Guerra y Revolucion de Espana, Madrid, 1835-1837, p. 232-233). 

Ainsi est en train d’être "régularisée" une guerre de partisans dont la Junta pressent pourtant d’ores et déjà les éventuelles dérives, ce qui apparaît clairement dans l’article final des Prevenciones : "Il s’agira de faire comprendre et de persuader la nation que libérés, comme nous l’espérons, de cette guerre cruelle, et le trône à nouveau entre les mains de notre seigneur et Roi Ferdinand VII, les Cortes, sur sa convocation, réformeront les abus et établiront les lois dictées par l’expérience, pour le bien et la félicité publics ; deux notions que les Espagnols connaissent sans que les Français aient eu à les leur enseigner" (Queipo de Llano 1835, p. 233). 

Pour l’heure, la Junta de Séville fait figure localement de pouvoir suprême, à l’image d’un organe de souveraineté nationale (comme les autres Juntas provinciales), et apparaît donc pour les Espagnols politiquement "compétente", dans la mesure où elle se réclame de l’ancien pouvoir légitime du roi Ferdinand VII. C’est bien à ce titre qu’elle ordonne d’ailleurs l’enrôlement massif de partisans comme auxiliaires des dernières troupes régulières espagnoles combattant encore Napoléon.

LE TOURNANT DE L’AUTOMNE 1808

La méthode paraît pour un temps donner de bons résultats puisque, le 19 août 1808, advient la première défaite française, celle de Baylen, face à 40.000 hommes de troupes régulières espagnoles unies à un noyau de volontaires et de francs-tireurs et au peuple andalou en armes. Ce succès ponctuel entretient en fait l’illusion sur les capacités réelles de l’armée régulière espagnole de résister durablement à l’armée napoléonienne. En effet, à l’automne 1808, devant les mauvais résultats de son armée, Napoléon, pour résoudre rapidement le problème espagnol avant de se mesurer à l’Autriche, décide de prendre en personne, le commandement des troupes le 6 novembre 1808. En virtuose militaire qu’il est, il retourne la situation en très peu de temps, remportant victoire sur victoire, et entre à Madrid le 4 décembre 1808 où il réinstalle aussitôt son frère Joseph. En Catalogne, le 15 décembre, le général Vivès est battu et lève le siège de Barcelone. Saragosse, assiégée pour la seconde fois par les Français le 20 décembre, capitule le 20 février 1809 en dépit d’une résistance héroïque. 

La confiance relative qui perdurait dans ce qui restait de l’armée "régulière" espagnole née de la bataille de Baylen, s’en trouva considérablement altérée. La guérilla espagnole reste alors seule à s’opposer à l’envahisseur français et va, pour cette raison, prendre une ampleur inégalée. Comme le souligne Schmitt : "À l’automne de 1808, Napoléon avait vaincu l’armée régulière espagnole ; la guérilla espagnole proprement dite ne se déclencha qu’après cette défaite de l’armée régulière" (op. cit., p. 214). C’est à partir de là, en effet, que les Espagnols commencèrent véritablement à organiser des bandes de partisans sur une grande échelle pour continuer la résistance à Napoléon.

LE MANIFESTE DU 28 DÉCEMBRE 1808

Dans ce contexte d’échecs militaires retentissants pour ce qui se réclamait encore de l’armée régulière espagnole, la Junta Centrale , abasourdie, se réunit à Séville et publie le 28 décembre 1808 le Reglemento de partidas y cuadrillas, qui reprend en l’accentuant l’esprit du règlement de juin 1808. Ce règlement du 28 décembre 1808, en trente-quatre articles, est le premier texte réglementaire de portée nationale. On n’y parle cependant pas encore de "guérillas" ni de "guérilleros". À cette époque, le terme "guérilla" n’est pas encore intégré dans la terminologie de la guerre patriotique espagnole. Il a toujours sa signification technique, dérivée de la guerre classique, de "ligne de tirailleurs devant attaquer l’ennemi de front et sur ses flancs, ou troupe légère utilisée pour les reconnaissances et les escarmouches". Il renvoie encore au "partisan" du XVIIIe siècle, celui qui appartient à un "parti", ou détachement battant la campagne, à l’un de ces détachements dont le maréchal de Saxe écrivait qu’ils pouvaient traverser un royaume entier sans être repérés.

Dans le règlement de décembre 1808, on parle plus spécifiquement de partida, ("bande"), qui signifie, d’après Almirante dans le Dictionnaire Militaire, "toute troupe peu nombreuse", aussi bien régulière qu’irrégulière, et de cuadrilla , littéralement "troupe", "bande". Les partidas, sans spécification notable quant à leurs effectifs, rassemblent toutes sortes d’individus à l’exclusion des alistados ou solteados (les appelés aux armées). Les cuadrillas sont, quant à elles, des bandes de contrebandiers de "mer et de terre". Lorsque ce règlement est publié, des actions de partisans existent déjà depuis huit mois. Mais elles sont appelées à se développer. Ces dispositions légales tendent, en fait, à les assujettir autant que faire se peut à des règles dans lesquelles l’esprit militaire dominerait. Les principaux points abordés dans le règlement ont trait à la finalité de la guerre de partisans, à la composition des unités, à la collation des grades, à l’armement, aux soldes, aux règles de discipline et au butin.

Les deux types d’unités distinctes que sont les partidas et cuadrillas se trouvent donc mises sur pied avec pour mission d’assurer la sécurité du pays en semant la terreur et la désolation chez l’ennemi. Les partidas, d’abord, forment des groupes d’environ une cinquantaine d’hommes à pied et à cheval. Le commandement, et c’est important, est assuré par un chef du grade de commandant, un second, deux subalternes à cheval et trois à pied, ayant respectivement les grades militaires réguliers de lieutenant de cavalerie, sergent, et ainsi de suite. Les articles 24 et 28 visent à encadrer avec une certaine souplesse ces unités "irrégulières" en adoptant la structure des armées opérationnelles, à la fois pour éviter une trop grande anarchie et pour opérer sur l’ennemi avec le plus de rapidité et d’efficacité possibles. On retrouve là deux des traits essentiels dans la perspective d’une "théorie du partisan" selon Carl Schmitt, traits le plus souvent liés, sinon indissociables, et qui font figure de critères pour définir le partisan moderne en train d’advenir en Espagne ; à savoir : "l’irrégularité" et "le haut degré de mobilité du combat actif" (op. cit., p. 229) – la mobilité n’impliquant pas l’irrégularité, mais celle-ci impliquant nécessairement celle-là. Il est en outre prévu de répartir ces unités "irrégulières" dans les différentes divisions de l’armée en les soumettant aux ordres des généraux respectifs qui leur sont donnés comme chefs, ainsi qu’un adjoint. On voit bien l’intention des autorités de faire des partidas une émanation de l’armée "régulière". Pourtant, en contraste avec les règles militaires précitées, l’article 26 précise : "Les chefs locaux (ceux de l’armée qui encadrent les bandes de partisans) devront laisser agir les partisans avec le plus de liberté possible, tout en les gardant à leur disposition, pour la bonne conduite des opérations" (Horta Rodriguez, "La législation de la guérilla espagnole dans l’Espagne envahie (1808-1814)", in Revue historique des Armées, 1986/3, p. 33).

Il convient ici de s’interroger sur la raison d’être du cadre juridico-politique conféré aux bandes de "partisans". Les rédacteurs du règlement savent pertinemment qu’il existe déjà depuis juin des groupes de partisans plus ou moins nombreux. Le règlement "reconnaît" donc une nouvelle fois leur existence et légitime leur lutte au regard de l’occupation française. Mais à cela s’ajoutent d’autres motivations ou plutôt, devrait-on dire, d’autres soucis. Il est intéressant de savoir que "ceux qui auront accompli leur temps de service obtiendront une place dans la Renta (2) ou d’autres postes selon les circonstances" (Horta Rodriguez, p. 33).

Cela prouve le souhait déclaré de réintégrer à moyen terme le "partisan" dans l’armée "régulière", ou à défaut dans une forme de "régularité" quelconque. Enfin, le butin fait l’objet d’une réglementation minutieuse. La répartition du butin sera proportionnée à la solde et personne ne pourra s’immiscer dans sa distribution pour prévenir de la sorte toute forme éventuelle de contestation.

Les mêmes règles s’appliquent aux cuadrillas. Dans les faits, on tente bel et bien d’organiser, par ce biais, les contrebandiers qui agissent "au grand préjudice du trésor royal" (Horta Rodriguez, p. 34). L’article 19 est directement conçu à leur intention. Avant tout, il apparaît nécessaire de leur reconnaître une légitimité "politique" en louant leur valeur, leur intrépidité, leurs talents militaires pour conclure que, "n’ayant pu trouver une activité qui leur permette de s’épanouir, ils se sont lancés dans la contrebande". On leur promet, en tout cas, désormais "une carrière glorieuse et utile à l’État dans les circonstances actuelles" (Horta Rodriguez 1986 : 34). C’est leur statut qui s’en trouve ainsi radicalement modifié. On attribue en effet à cette activité "irrégulière", voire illégale en d’autres temps, mais si populaire en Espagne, le privilège en quelque sorte juridique de s’exercer en toute quiétude puisque cela sert la fin politique de la résistance à l’envahisseur français. Le péril couru par la Nation espagnole autorise en quelque sorte le recours à tous les palliatifs. En conséquence, on pardonne les crimes passés aux contrebandiers se présentant dans les huit jours devant le chef militaire ou politique, et qui se verront accorder une reconnaissance politique faisant d’eux des "partisans" et non de simples bandits de grand chemin.

Pour Schmitt justement, outre l’irrégularité, "un autre critère distinctif qui s’impose aujourd’hui à notre attention réside dans l’engagement politique qui caractérise le partisan de préférence à d’autres combattants" (op. cit., p. 224). Et c’est ici qu’il faut souligner l’importance cardinale du "tiers intéressé", qui se trouve être un "tiers régulier", dont parle Schmitt : en l’occurrence, les Juntas militaires qui se réclament de la légitimité royale et, au-delà, la puissance anglaise qui reconnaît le "partisan" comme un allié. C’est en effet ce tiers "qui procure cette sorte de reconnaissance politique dont le partisan qui combat en irrégulier a besoin pour ne pas tomber, tel le bandit et le pirate, dans le domaine non politique, ce qui signifie ici : dans le domaine de la criminalité" (op. cit., p. 290). C’est toute la subtilité de cette dimension politique qui confère au "partisan" son statut et qui a rendu le sujet tellement polémique jusqu’à nos jours.

LES NOUVELLES DISPOSITIONS RÉGLEMENTAIRES DE 1809

"L’institutionnalisation" de la guérilla va se renforcer avec l’adoption de plusieurs dispositions. Elles sont au nombre de trois, en date respectivement du 1er janvier, du 28 février, et du 20 mars 1809. Elles contiennent les soubassements d’une guerre de partisans strictement définie, tout autant que les problèmes que celle-ci ne cessera de soulever.

La première disposition entend contrôler étroitement les Juntas provinciales qu’elle transforme en simple Juntas "d’observation et de défense". Celles-ci constituaient un des supports les plus efficaces pour l’esprit de résistance alimenté par des hommes qui défendaient avec ardeur la patrie de leurs ancêtres, le foyer familial, la terre qu’ils travaillaient, leur religion, et un mode de vie fermé aux ingérences étrangères. C’est là qu’on saisit avec une acuité toute particulière "le quatrième critère distinctif du partisan authentique" selon Carl Schmitt, "ce que Jover Zamora (3) a appelé son caractère tellurique. Celui-ci est très important pour la situation fondamentalement ‘défensive’ du partisan…" (op. cit., p. 229). Au reste, ces partisans étaient bien, comme le souligne encore Schmitt, "les défenseurs autochtones de la terre natale qui mouraient pro aris et focis, les héros nationaux et patriotiques (…) tout ce qui était réaction d’une force élémentaire, tellurique vis-à-vis d’une invasion étrangère (…), légitimité de son irrégularité de partisan" (op. cit., p. 288).

La seconde disposition, celle du 28 février, est un ordre royal émanant de la Junta Centrale : "La junte souhaitant donner une impulsion puissante en faisant appel à l’intérêt individuel, aux grandes motivations qui entraînent les habitants du royaume dans la lutte contre l’ennemi afin de lui causer le plus de tort possible, il a été décrété que les armes de toutes espèces, les chevaux, les vivres, les bijoux et l’argent qui seront pris à l’ennemi, par quelque particulier que ce soit, seront la propriété de celui qui les aura pris. Le droit de préférence dans l’achat des canons, armes, chevaux resteront à Sa Majesté ou au Trésor Royal ; le montant de ces choses leur sera payé avec ponctualité" (Horta Rodriguez, op. cit, p. 36).

La dernière des trois dispositions est le Manifeste édicté par la Junta Centrale le 20 mars 1809. Il reproche notamment aux généraux français les mauvais traitements infligés aux prisonniers et leur enjoint de considérer que tout Espagnol en mesure de prendre les armes est, aux yeux de la Junta un soldat de la patrie et doit être traité en conséquence par l’armée française – mais de manière unilatérale, et c’est précisément là tout le problème. Ce manifeste laisse entrevoir les conséquences et les difficultés insurmontables que fait surgir le "partisan" dans le droit classique de la guerre dont la Junta se réclame, alors même qu’elle légitimise ce type de combattant irrégulier. Comme l’explique Schmitt, en effet, "plus la discipline d’une armée régulière est stricte, plus elle est scrupuleuse dans sa distinction entre militaires et civils en ne considérant comme un ennemi que le seul adversaire en uniforme, et plus elle deviendra ombrageuse et irritable si, dans l’autre camp, une population civile qui ne porte pas l’uniforme participe, elle aussi, au combat. Les militaires réagiront par des représailles en fusillant, en prenant des otages, en détruisant des localités et ils tiendront ces mesures pour légitime défense face à des manoeuvres perfides et sournoises". (op. cit., p. 246-247). À cet égard, l’armée française est effectivement confrontée au problème du "traitement" à accorder à tout Espagnol pris les armes à la main, problème qu’elle ne parvient pas à résoudre, sinon le plus souvent par des exécutions sommaires, faisant de cette guerre d’Espagne l’une des plus cruelles et des plus horribles, et déjà perçue comme telle par ses contemporains. Le Manifeste poursuit en faisant allusion à la lutte de tout un peuple contre la tyrannie et l’envahisseur en ces termes : "Tout membre de cette nation doit trouver la protection des lois de la guerre, le général qui ne les respecte pas est un bandit qui s’expose à la colère du ciel et à la vengeance des hommes" (Canga-Arguelles, p.107).

Mais cela relève de l’anathème pur et simple dans la mesure où l’on touche là à une espèce de paradoxe : ce paradoxe réside dans le fait d’en appeler à des "lois de la guerre" d’un droit classique de la guerre, alors même que l’émergence de la figure du "partisan" les rend, de fait, caduques. Ces problèmes insolubles vont prendre une ampleur sans précédent avec le dernier règlement de 1809, intitulé "Instruction sur le corso terrestre".

"L'INSTRUCTION SUR LE CORSO TERRESTRE" D’AVRIL 1809

Le second grand texte réglementaire de portée nationale, "l’Instruction sur le corso terrestre" (4) du 17 avril 1809 suit le même esprit que les trois dispositions du début de l’année 1809. Ce texte, comportant dix-huit articles, a pour but de donner des directives concrètes aux "partisans", et, ipso facto, en détermine la figure "irrégulière". Le terme de "corso terrestre" est une alliance de mots circonstancielle (5), celle-là même qui consisterait à parler d’un "corsaire de terre", par opposition à un "pirate de terre".
D’après la doctrine traditionnelle espagnole, le corso a pour but d’empêcher l’ennemi de pouvoir se servir, lorsqu’il en a besoin, des voies de communication sur mer. Le corso est donc l’oeuvre du combattant qui, en état d’infériorité, ne peut livrer une bataille décisive ni détruire la force armée de l’ennemi. Ces similitudes avec ce que sera la guerre de partisan ne s’arrêtent pas là. Ce sont des forces peu nombreuses qui luttent contre un ennemi omniprésent et qui, en l’absence d’une lettre de patente, comme celle qui était accordée au corsaire des siècles précédents, risquent constamment de sombrer dans le brigandage. La distinction entre corsaire et pirate s’avère essentielle. Schmitt insiste sur l’importance discriminante du critère politique : "le caractère politique a (dans l’ordre inverse) la même structure que chez le pirate du droit de la guerre maritime dont le concept inclut le caractère non politique de son aspect néfaste qui vise le vol et le gain privé" (op. cit. p. 224). Par conséquent, poursuit Schmitt, il faut éviter de désigner le partisan, "de le définir comme un pirate de la terre ferme". Le comportement du "pirate" est sans référence aucune à une quelconque "régularité". Et d’ajouter : "Le corsaire, au contraire, court la prise de guerre sur mer et est muni de lettres par le gouvernement d’un État ; son irrégularité à lui n’est donc pas sans lien avec la régularité et c’est ainsi qu’il resta jusqu’à la déclaration de Paris de 1856 une figure juridiquement reconnue du droit international européen. De ce fait, une certaine comparaison est possible entre le corsaire de la guerre sur mer et le partisan sur terre…" (op. cit., p. 284).

Les projets et motivations de ce "corso terrestre" de 1809 se trouvent, pour l’essentiel, exposés dans le préambule de "l’Instruction" : à l’instar du "corso maritime", le "corso terrestre" a pour but principal d’anéantir les communications terrestres de l’ennemi. Ordre est donné d’entraver "l’approvisionnement en vivres et en moyens de subsistance de l’armée française dans le pays (…), de faire de même avec les courriers, d’observer leurs déplacements (…), de tenir les Français dans un état d’alerte et de fatigue permanentes (…) en leur faisant le plus de mal possible" (Horta Rodriguez , p. 37).

De cet ensemble de projets visant à durcir la conduite de la guerre en Espagne se détache la motivation qui justifie et légitime aux yeux des Espagnols cette guerre d’un nouveau type. Le préambule de "l’Instruction" stipule d’emblée : "Maintenant que nous connaissons la manière la plus vile que Napoléon a utilisée pour détruire et désorganiser la force militaire espagnole (…), n’est-il pas évident qu’il revient aux paysans de se regrouper pour combattre ses armées ?" (Horta Rodriguez, p. 38).

Les autorités n’ont pas eu le temps d’enrégimenter les Espagnols ni de leur donner un uniforme ; mais tous sont néanmoins des soldats pour ces mêmes autorités. Si le règlement de 1808 cherchait à "militariser" les bandes de "partisans", "l’Instruction sur le corso terrestre", de son côté, met plutôt l’accent sur les représailles qui entendent constituer la réponse aux actions ennemies. Dans le même texte, on souligne d’ailleurs le fait que l’ennemi ne reconnaît pas un statut de combattants aux paysans et en fait "d’innocentes victimes" (Horta Rodriguez, p. 37). On retrouve – posé de manière de plus en plus nette – le problème précédemment évoqué par le Manifeste de la Junta Centrale du 20 mars 1809 sur le "statut" des combattants lorsqu’apparaît la figure du "partisan", lequel ne permet plus de faire une distinction nette entre le combattant et le non-combattant. En 1809, les paysans majoritaires dans les rangs des partisans ne pratiquent pas une guerre "réglée", avec des limites bien définies. L’ennemi le lui rend d’ailleurs bien. Cette relation d’inimitié absolue tend à l’anéantissement mutuel. C’est ce danger de la "guerre folle", inhérente à la faillite du droit classique, sur lequel insiste Schmitt : "Le partisan moderne n’attend de son ennemi ni justice, ni grâce. Il s’est détourné de l’hostilité conventionnelle de la guerre domptée et limitée pour se transporter sur le plan d’une hostilité différente qui est l’hostilité réelle dont l’escalade de terrorisme en contre-terrorisme va jusqu’à l’extermination" (op. cit., p. 219).

L’objectif principal consiste de fait à mener une guerre "à outrance", susceptible de devenir une guerre encore plus inhumaine. Fait sans précédent, on arme tous les habitants des provinces occupées afin "d’assaillir et de dépouiller" les soldats français "chaque fois qu’une occasion favorable se présentera". Et ce, avec toutes les armes, quelles qu’elles soient, même les "interdites" (Horta Rodriguez, p. 37), ce que ne mentionnait pas le règlement de 1808. C’est de cette manière qu’on souhaite résoudre le problème de la disproportion des forces en présence pour être en mesure de se battre "à armes égales", imitant ainsi "la conduite barbare du satellite de Buonaparte » – pour reprendre les termes du texte – afin de « guérir le mal par le mal" (Horta Rodriguez, p. 37). La forme inhumaine que va prendre cette guerre est inhérente à la justification que tous les moyens sont bons pour pouvoir lutter "à barbarie égale". Le fait sans précédent, c’est de l’institutionnaliser. Il n’échappe naturellement pas à Alcano Galiano, l’auteur du "corso", que les raisons qui le sous-tendent sont dépourvues de noblesse, mais son règlement qui, pour la première fois, préconise la guerre totale, est présenté comme une réponse imposée par l’adversaire et un mode de combat induit par les circonstances. C’est pourquoi, "l’Instruction sur le corso" est, par nécessité, plus expéditive, plus cruelle et moins "militaire" que le règlement de 1808.

Après les motivations, examinons plus en détail l’organisation. Les paysans peuvent se regrouper en "cuadrillas d’infanterie et de cavalerie". La plupart des combattants "irréguliers" peuvent se grouper en cuadrillas, même loin du territoire occupé, dans les provinces limitrophes, ou proches de celles qui sont occupées. Mais, dans ce dernier cas, les cuadrillas ayant moins de raison d’être que celles de la zone occupée, doivent demander la "permission de justice" pour se constituer. Cette limitation témoigne du fait qu’on tente, dans cette guerre "irrégulière" sans règles fixes, de poser un cadre juridique minimal susceptible d’éviter, malgré tout, de véritables dérives "criminelles". De même, si la "bonne conduite" des membres de ces cuadrillas est reconnue, un passeport leur est alors délivré, lequel est censé les garantir des mauvais traitements par l’ennemi en zone occupée. Signalons enfin que, si la part du butin, dans le règlement de 1808, était accordée proportionnellement à la solde, en 1809, il n’y a dans ces cuadrillas ni solde, ni grade. Le butin est réparti d’un "commun accord", ce qui apparente davantage ce type de guerre au corso maritime auquel il se réfère.

LES DERNIERS TEXTES DE LA GUÉRILLA

Les derniers textes officiels de l’époque relatifs à une réglementation de la guérilla interviennent en 1812 et 1814. Entre 1809 et 1812, beaucoup de choses ont changé pour "l’envahisseur français". Et 1812 constitue d’une certaine manière l’année de la fin pour "l’ordre français" en Europe, et en Espagne plus particulièrement. Certes, le 9 janvier 1812, Valence tombe aux mains des troupes napoléoniennes, mais la guerre entre dans une phase d’offensive de grande envergure du côté des forces hispano-britanniques. Le 19 janvier, les troupes de Wellington conquièrent Ciudad Rodrigo, puis Badajoz, le 7 avril.

En 1812, Napoléon, alors en pleine campagne de Russie, se voit contraint d’ordonner, pour la première fois, le retrait de 30 000 hommes de la péninsule. Ils feront largement défaut sur le front espagnol. De fait, l’offensive de Wellington, le 22 juillet 1812, permit à celui-ci de remporter sur le général français Marmont la victoire des Arapiles. C’est à la suite de ce succès hispano-britannique que fut publié un nouveau règlement. Il prouve combien les Espagnols étaient conscients des dangers pour l’avenir de la nouvelle forme de guerre irrégulière qu’ils venaient pourtant de prôner. Il s’agit d’un reglemento para las partidas de guerillera, en date du 11 juillet 1812. Dans le même esprit, un dernier règlement sera publié en juillet, alors que la guerre était pratiquement terminée : le reglemento para los cuerpos francos o partidas de guerilla .

Le premier règlement du 11 juillet 1812, comportant un préambule et sept chapitres, entend apparaître comme une structure légale (6). Il n’a pas été établi avec précipitation, comme celui de 1808, ou dans le feu de l’action, comme "l’Instruction sur le corso terrestre". Il annonce la "normalisation", qui sera nettement édictée en 1814, lorsque se posera le problème de la réinsertion des guérilleros dans la société.

La stratégie demeure inchangée : "harceler l’ennemi et soutenir l’esprit patriotique des régions envahies (…)". Il faut "couper les routes militaires de l’ennemi, intercepter ses courriers et ses convois, attaquer ses hôpitaux et ses entrepôts" (Horta Rodriguez, p. 39). Le fait de souligner l’attaque des hôpitaux montre à quel point cette guerre est cruelle, faute de règles à respecter. Cela ne signifie pas que tous les guérilleros fussent toujours cruels : la guerre, la conduite de l’ennemi qui ne pouvait être indulgente par ces raisons mêmes, la personnalité des chefs des guérilleros, déterminaient bien souvent leur attitude. Notons, toutefois, qu’aucun des règlements de la guérilla n’a jamais fait allusion aux prisonniers, sujet épineux et vaste s’il en est.

Peut-être en contrepoint des dangers induits par cette forme de guerre sans limites, on cherche désormais à souligner le caractère "militaire" des guerillas de manière bien plus nette que dans le règlement de 1808. Ce caractère "militaire" se concrétise par la dépendance accrue des groupes de "partisans" vis-à-vis du général-en-chef ou du commandant de district, la soumission à la discipline et aux lois militaires, la suspension de fonction en cas de mauvaise conduite. On a le sentiment d’une reprise en main du phénomène par les instances "régulières". Fait capital, la collaboration avec l’armée s’établit dorénavant pour "chaque opération militaire importante". Le commandant a toute liberté d’action avec sa bande de « partisans » dans "l’attente des ordres du général en chef". L’élément nouveau, c’est que, lorsque ces troupes reçoivent des ordres des autorités citées, elles sont tenues de leur obéir en "allant jusqu’à abandonner leurs projets" (Horta Rodriguez, p. 39).

Les problèmes apparaissent lorsqu’on aborde la question du butin des bandes de "partisans", en particulier lorsqu’il s’y trouve des biens appartenant à des Espagnols. Il est établi que tout ce qui est pris devient la propriété exclusive des "partisans", exception faite de ce qui appartient "aux corps constitués de l’armée" ou aux "bons" Espagnols. Les biens pris et abandonnés par l’ennemi doivent, en effet, être rendus à leurs propriétaires, en laissant cependant aux "corps-francs" un quart de la valeur de ces biens. 

Un élément inquiétant apparaît dans ces articles : c’est la notion problématique de "bons" Espagnols, ce qui suppose qu’il y en a de « mauvais » (Horta Rodriguez, p. 40). C’est l’un des aspects inévitables et tragiques de cette guerre patriotique qui tourne parfois à la guerre civile. Sont considérés comme "bons" Espagnols ceux qui soutiennent la lutte contre l’occupant français, et comme "mauvais" Espagnols les Afrancesados, autrement dit appartenant au parti pro-français et considérés comme de vulgaires collaborateurs. Mais, comme toujours dans de tels cas, les abus et les dérapages risquent d’être nombreux. 
Immanquablement se pose la question de savoir si cela n’est pas susceptible de favoriser un banditisme pur et simple. Cela constitue un vrai problème dès lors que le contrôle du "tiers régulier" dont parle Carl Schmitt s’amenuise. De fait, l’article de 1812 enjoint de manière assez problématique, celui qui procède à l’arrestation, d’agir "avec justice", à l’instar du "bandit généreux". On mesure les dangers qui risquent, à terme, de surgir. Par définition, toute "justice" ne peut relever que d’une institution étatique, seule compétente en la matière : en d’autres termes, tout particulier n’est justiciable que devant une institution politique dont la régularité dérive du caractère souverain du pouvoir étatique constitué. Or, le texte autorise un particulier à la rendre en faisant appel à sa "bonne volonté" individuelle. Le règlement de 1812 insiste d’ailleurs sur les relations entre le peuple et les "bandes" (7). Violences et abus sont énumérés, ainsi que les sanctions que leurs auteurs peuvent encourir. Pour chercher à prévenir des dérapages, on interdit d’arrêter ou de poursuivre qui que ce soit, hormis les déserteurs. On révèle ainsi en creux les cas de détention arbitraire commis par quelques bandes qui s’érigent en juges des "mauvais Espagnols".

La comparaison des deux règlements de 1812 et 1814 s’avère particulièrement intéressante pour saisir l’évolution des esprits quant au problème du partisan espagnol. Pour la première fois, en effet, le terme de guerilla apparaît en tant que tel dans une réglementation. L’article II du règlement de 1812 précise que les partidas devront désormais porter le nom de "corps-francs" ; ces derniers préfigurent ceux qui existeront par la suite, notamment en France durant la guerre de 1870. Le règlement de 1814 s’intitule, pour sa part, "Règlement sur les corps francs et les partis de guérilla" – un substantif promis à la postérité.

La reconnaissance des services rendus par les "partisans" est, certes, explicite dans le préambule des deux règlements. Mais des différences entre les deux textes sont manifestes, en partie à cause du changement de conjoncture politique entraînée par la défaite de Napoléon (8) et le désir d’un retour à une normalisation politique. Ainsi, dans le premier règlement, celui du 11 juillet 1812, on exalte encore l’esprit patriotique et on préconise toujours l’augmentation du nombre des guérilleros, en accord toutefois avec les décisions prises aux Cortes, à savoir le parlement espagnol. Mais le préambule de 1812 reconnaissait déjà l’existence de guérillas qui, "profitant du désordre et de la confusion engendrée par les malheurs de la nation, ont abusé de la confiance qu’on avait mise en elles" (Horta Rodriguez, p. 41).

Le règlement du 28 juillet 1814, quant à lui, va jusqu’à porter un jugement très critique sur les précédents règlements et sur la guérilla dont "les circonstances et les troubles passés n’ont pas permis de fixer les règles avec discernement…" (Horta Rodriguez, p. 41). Ce dernier règlement est clairement dicté par le désir de dissoudre les guérillas. De fait, on se prépare à "réformer et dissoudre les bandes de partisans dont la conduite n’a pas été des plus brillantes" (Horta Rodriguez, p. 41). On abandonne non seulement la création de ces "corps", mais aussi l’idée de leur intégration éventuelle dans l’armée, comme cela avait pu être envisagé antérieurement. 

Ainsi, les autorités renforcent des positions héritières de l’Ancien Régime qui trouveront leur consécration lors de la tenue du Congrès de Vienne, entre novembre 1814 et juin 1815. Schmitt considère d’ailleurs que ce Congrès peut se présenter comme une gigantesque œuvre de "Restauration", au sens propre comme au sens figuré : par-delà la "restauration" du principe de légitimité dynastique en Europe se trouve induit celui du droit classique de la guerre, mis à mal par la tornade révolutionnaire. C’est bien ce qu’annonce le règlement espagnol de 1814, qui sonne en fait comme une reprise en main, avec un retour à travers la « régularité » de l’armée, à la légitimité royale, une fois le danger passé.

Le problème délicat entre tous est celui de la réintégration de ces hommes dans la vie civile. Le règlement de 1812 avait prévu d’une manière imprécise mais néanmoins généreuse, la possibilité pour les officiers de la guérilla d’entrer dans l’armée. Le règlement de 1814 réaffirme encore cette possibilité, mais avec beaucoup plus de réserves. Il est stipulé que, "afin de ne pas porter préjudice en aucune manière aux classes méritantes de l’armée, ils occuperont, lorsqu’ils l’auront obtenu, à grade égal, un poste inférieur" (Horta Rodriguez, p.41). On ne saurait être plus explicite.

Les conséquences sur le plan européen induites par l’exemple espagnol de la guérilla et la légitimation juridico-politique qui lui est donnée sont considérables. Les différents règlements pour la guérilla espagnole constituent un précédent et un exemple décisif qui sera repris par d’autres pays en lutte contre Napoléon, notamment à travers l’Édit royal prussien d’avril 1813 – le Landsturm Ordnung –, puis lors de la campagne de Russie, voire bien au-delà. 

Le Congrès de Vienne qui suit la défaite de Napoléon apparaît certes comme une tentative inédite de Restauration de l’ancien nomos européen de la terre et du droit classique qui lui était afférent. Il semble même renvoyer le "partisan" aux oubliettes de l’Histoire. Mais, pour Carl Schmitt, c’était mal mesurer l’importance de ce qui venait de se passer. L’émergence de la figure conceptuelle du partisan au sein d’un cadre juridico-politique sans précédent avait irréversiblement sonné le glas du droit  "classique", et le fait est qu’il sera appelé au destin extraordinaire que l’on sait au XXe siècle.

David RIGOULET-ROZE
http://www.theatrum-belli.com

article paru dans les Cahiers du Centre d'Etudes d'Histoire de la Défense n°18 (2002)

NOTES :

1/ Littéralement "afrancisés", c'est-à-dire membres du parti pro-français.
2/ L'armée royale.
3/ Cf. Jover Zamora (José Maria), "La guerra de la Independencia Espanola en el marco de las guerras europas de liberacion (1808-1814)", in Historia de la guerra 1. La guerra de la Independencia Espanola y los sitios de Zaragoza, Universidad Ayuntamiento de Zaragoza, Saragosse, 1958, 636 pages, p. 41-165.
4/ Instruccion que Sa Majestad se ha dignado aprobar par el Corso terrestre contra los exécritos francesos, soumis par V. Alcala Galiano à la Junte Centrale.
5/ Selon le dictionnaire de la langue espagnole, le corso est "la campagne que les marchands, patentés par leur gouvernement, mènent contre les pirates ou les embarcations ennemies" ; la patente du corso, quant à elle, est une "cédule ou un brevet par lequel le gouvernement d'un État qui autorise un sujet à participer à l'expédition maritime contre les ennemis de la nation". Cf. Dictionario de la lengua espanola, Real Academia Espanola, Madrid, 1956, p. 374.
6/ Le règlement de 1812 fut publié à Cadix par Don Nicolas Gomez Requena.
7/ La régence avait déjà tenté de corriger par des décisions de portée limitée les abus que les règlements antérieurs n'ont pu que favoriser. Ainsi, le 15 septembre 1811, elle avait donné des instructions pour dissoudre les cuadrillas qui causent des torts à la population.
8/ La campagne de Russie s'achève en novembre 1812 par la Bérézina, et 1813 est l'année de la coalition générale contre Napoléon (Autriche, Russie, Prusse), lequel sera vaincu à la bataille de Leipzig en octobre 1813.

vendredi, 13 avril 2012

Intervista al Dr. Viaceslav Chirikba, Ministro degli Affari Esteri della Repubblica di Abkhazia

invIntervista al Dr. Viaceslav Chirikba, Ministro degli Affari Esteri della Repubblica di Abkhazia

Intervista al Dr. Viaceslav Chirikba,  Ministro degli Affari Esteri della Repubblica di Abkhazia

A cura di Filippo Pederzini

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

“Nella sostanza come secondo previsione l’incontro tra noi e i georgiani si è risolto con un nulla di fatto. Nella pratica però qualcosa abbiamo ottenuto, poco ma ugualmente importante: a livello internazionale si continua a parlare di Abkhazia, l’attenzione nei nostri confronti è elevata e questo oggi è fondamentale”. Nessun giro di parole, va subito al sodo il Dr. Viaceslav Chirikba, Ministro degli Esteri della Repubblica di Abkhazia, il 27-28 marzo scorsi protagonista a Ginevra, presso le Nazioni Unite per un nuovo incontro con i rappresentanti della Georgia riguardo l’indipendenza del suo Paese (indipendenza che i georgiani continuano a negare), mentre il 30 marzo e il 3 aprile è stato a Roma, per presentare il paese di cui è rappresentante agli organi di informazione italiani.

Il nuovo ‘round’ ha visto di fronte nuovamente abkhazi e russi da una parte e georgiani e statunitensi dall’altra. Sul piatto, il riconoscimento all’indipendenza dello stato caucasico che si affaccia sul Mar Nero, che di fatto lo è – dal momento della sua auto proclamazione risalente al 1992, e ribadita per altro nel 2008, dopo il tentativo di aggressione georgiana, sventata celermente dall’intervento russo, col conseguente riconoscimento di Russia, Venezuela, Nicaragua, Nauru, Vanuatu e Tovalu – nonostante l’ambigua posizione di Nazioni Unite ed Unione Europea. Nei panni queste ultime, ancora una volta e per chissà quanto tempo, di un arbitro sulla cui imparzialità si potrebbe discutere, considerando la propensione – è avvenuto in più di un’occasione – alla politica dei due pesi e delle due misure. È stato così per il Kosovo dal riconoscimento ‘indispensabile’, lo è oggi per quei territori definiti a status conteso come appunto l’Abkhazia, l’Ossezia del Sud, il Nagorno Karabagh, la Transnistria, sui quali si preferisce diplomaticamente sottrarsi alla considerazione della realtà attuale, o rimandare eventualmente il tutto a data da destinarsi. Senza dimenticare poi, utile ricordarlo, che nel caso specifico dell’Abkhazia ogni volta in cui sono in programma incontri presso le Nazioni Unite i georgiani non mancano mai di avanzare la richiesta di evitare di invitare al tavolo delle trattative i rappresentanti abkhazi.

Innanzitutto, signor Ministro, la ringraziamo per averci concesso questa intervista. È stato così anche questa volta, i georgiani non vi volevano come controparte? Quale è stato l’esito dei colloqui di Ginevra?

Negli incontri del 27-28 marzo con la Georgia, avvenuti alla presenza di Stati Uniti, Russia ed Unione Europea, non si è giunti ad alcuna soluzione. Con i Georgiani non siamo riusciti assolutamente a dialogare. L’impedimento è sorto anche dalla presenza a Ginevra dei rappresentanti dei Paesi Baltici e della Polonia che hanno esercitato una sorta di ostruzionismo nei nostri confronti come sempre. È noto che questi Paesi hanno sostituito l’anticomunismo con la russofobia, e tutto ciò come nel nostro caso rappresenta amicizia e rapporti di buon vicinato con la Russia, si trasforma in blocco, a prescindere dai contenuti. Come già le volte precedenti tengo a ribadire che è molto difficile arrivare ad un tipo di risoluzione che vada incontro alle esigenze di entrambi. Le posizioni sono diametralmente opposte. C’è comunque da parte dei georgiani ancora oggi, nonostante la figura del presidente georgiano si stia incrinando sempre di più anche in merito a questa vicenda, nessuna volontà di riconoscere l’indipendenza del nostro paese. Siamo due realtà completamente differenti. Questo però non esclude di istaurare, e ci stiamo impegnando ormai da anni a tal senso, un dialogo costruttivo finalizzato al riconoscimento dell’indipendenza dell’Abkhazia. Passo a cui seguirebbe una ripresa dei rapporti tra i due stati e di conseguenza alla riapertura del confine. Non siamo noi però a non volere il dialogo con i georgiani, tengo a sottolineare, ma loro, fermi su posizioni assolutamente controproducenti e condizionati da terzi.

Ma quali sono oggi appunto, le posizioni georgiane in merito alla vicenda abkhaza?

In primo luogo l’irrinunciabilità e la rivendicazione dell’intero territorio abkhazo, come parte integrante dello stato georgiano. Sono forti di questa posizione, sostenuta per altro dagli Stati Uniti, grazie al mancato riconoscimento dell’indipendenza dell’Abkhazia sia parte delle Nazioni Unite, come della stessa Unione Europea. La Georgia come ribadito in passato l’unica concessione che sarebbe eventualmente disposta a fare sarebbe quella di una sorta di autonomia culturale dell’Abkhazia. Una formalità semplicemente irrisoria priva di valore; molto meno di quanto è concesso per fare un paragone, dallo stato italiano, alle provincie autonome di Trento e Bolzano. Il sostegno degli Stati Uniti alla Georgia fa sì poi che molti paesi a livello internazionale evitando di analizzare ed approfondire le questioni inerenti alla situazione abkhaza, si allineano su posizioni filo georgiane. Posizione per altro che trovano schierati anche tanti media occidentali: nel 2008 ad esempio alla stregua degli osseti del sud siamo finiti da ‘aggrediti’ ad aggressori, quando è vero l’esatto contrario. Nemmeno il web a tal senso ci viene incontro. Nonostante l’impegno profuso da parte nostra, dei russi e di altri che contribuiscono alla circolazione di notizie vere relative alla realtà abkhaza, come pure l’attività condotta da Mauro Murgia e recentemente la rivista Eurasia, che intervistandolo ha fatto sì che si parlasse di Abkhazia in un trimestrale di studi geopolitici così autorevole e soprattutto degli abkhazi, molte informazioni veicolate su internet non solo non sono veritiere, ma rasentano il falso. Su wikipedia la libera enciclopedia multimediale ad esempio è riportato che l’indipendenza dell’Abkhazia va contro il diritto internazionale. Curioso vero? E quella del Kosovo, senza aver nulla contro i kosovari sia chiaro, invece no? È stato smembrato uno stato, la culla della Serbia, oltretutto per crearne uno, privo di radici storiche, culturali, senza tradizione alcuna, che non ha avuto particolari difficoltà ad essere riconosciuto dalla comunità internazionale…

L’indipendenza del Kosovo però, non avrebbe potuto costituire un precedente su cui fare leva, in sede delle Nazioni Unite?

Diciamo che non ci siamo mai fatti illusioni: nei nostri confronti, ci si è mossi e questo appare abbastanza evidente oggi, quasi esclusivamente in funzione antirussa. Come antirussa, col beneplacito dell’occidente continua ad essere la politica estera georgiana: l’ultima novità giusto perché gli esempi non mancano mai e sono sempre di varia natura è che a maggio prossimo la Georgia inaugurerà un monumento sul confine della Circassia a ricordo dei circassi che hanno resistito all’occupazione sovietica. Come la si vuol definire questo tipo di azione? Sono pronto a scommettere che non mancherà di trovare spazio su qualche organo di informazione europeo o statunitense di rilievo, con ovviamente il giusto risalto. Non trova però spazio se non in termini a noi avversi la nostra vicenda. Tornando al Kosovo e scusandomi per questa parentesi, tengo però a chiarire una cosa: rispetto alla ‘neo nazione europea’, l’Abkhazia, oltre a vantare due millenni di storia ha sempre goduto di uno statuto speciale già dai tempi dello Zar, rinnovato anche nel 1931 quando è entrata a far parte dell’Unione Sovietica (solo l’avvento di Stalin ha cambiato le cose: con la deportazione di migliaia di abkhazi e l’accorpamento del territorio alla Georgia). Se non altro storicamente e a livello di diritto internazionale qualche ragione in più pensiamo di averla e cerchiamo di farla valere. Già il fatto comunque che oggi, lo ribadisco si parli di Abkhazia a Ginevra, presso le Nazioni Unite, come è avvenuto a Roma nei giorni scorsi è un importante passo in avanti.

Queste resistenze a livello internazionale nei vostri confronti, paiono celare però anche altri argomenti al momento sottaciuti, sia dalla Georgia che dal loro primo sponsor, gli Stati Uniti. Ecco, non è che ci siano ragioni di natura economica alla base della ferma volontà di non riconoscere la vostra indipendenza, da parte dei georgiani come dei loro ‘alleati’?

Posso risponderle che l’Abkhazia oggi è tra i primi paesi al mondo per l’elevata quantità in suo possesso e qualità, di acqua dolce. Difficile pensarlo per uno stato di così piccole dimensioni, ma è così. Lo sfruttamento di questa ricchezza naturale, senza inquinamento alcuno ci permette di produrre energia di tipo idroelettrico in abbondanza. A parte quella utile al fabbisogno del nostro paese, il resto lo vendiamo alla Russia: una quantità tale che permette di soddisfare le esigenze di una larga fetta del territorio russo meridionale. È chiaro dunque che una risorsa naturale come l’acqua, guardando anche alle condizioni in cui cominciano a versare molti paesi causa siccità, mutamenti atmosferici e altro e per usare la nota frase “Che la prossima guerra si combatterà per l’acqua”, già adesso si rileva oltre che importante per la sopravvivenza, strategica per i paesi che ne possiedono in grandi quantità. Ma non è l’unico fattore. Ci sono ben altre risorse naturali su cui si concentra l’attenzione. A poche miglia nautiche dalla costa, in acque territoriali abkhaze a tutti gli effetti sono stati individuati nel sottosuolo marino enormi giacimenti di gas naturale e di petrolio. Sgombrando il campo da ogni sorta di equivoco e cioè che sono dell’Abkhazia e del suo popolo, il Governo non è attualmente e non lo sarà nemmeno in futuro interessato a sfruttare questo tipo di risorse. Puntiamo per altro invece ad uno sfruttamento maggiore dell’acqua come delle tante bellezze naturali di cui è ricco il paese. Il mare, i laghi, le montagne i parchi. Il fatto che ora già oltre 2 milioni di russi ogni anno trascorrono le vacanze presso di noi, indica che la via che siamo intenzionati a percorrere è quella dello sviluppo turistico, prima che industriale, dato che il territorio va preservato. Le Olimpiadi Invernali di Soci nel 2014 rappresentano anche per noi una seria e concreta opportunità di crescita. Molto a livello di riqualificazione e valorizzazione si sta già facendo, ma tanto ancora ci sarà da fare soprattutto a livello infrastrutturale. Per questo ci rivolgiamo agli investitori stranieri, italiani compresi, offrendo loro un regime fiscale molto agevolato per imprendere in Abkhazia.

Diceva dei russi. Che rapporto c’è attualmente con loro, al di là del fatto che molti media occidentali parlano espressamente di sudditanza?

Con l’avvento di Vladimir Putin, il rapporto è stato fin da subito costruttivo e di estrema collaborazione. Sono lontani ormai i tempi di Eltsin quando le relazioni con la Russia erano ridotte al lumicino. Basti pensare che dal suo primo insediamento al Cremlino Putin ha iniziato a guardare all’Abkhazia con occhi diversi. O meglio ha capito subito e trasmesso che il nostro stato non è parte integrante della Georgia, ma indipendente e come tale deve avere vita propria. La Federazione Russa inoltre dopo la crisi diplomatica coi georgiani non ha esitato solo un attimo a riconoscerci, contribuendo ad elevarci a nazione tra le nazioni. È venuta incontro alle esigenze della popolazione, in primo luogo mediante la concessione del passaporto russo, che consente ai cittadini abkhazi la libera circolazione al di fuori dei confini del proprio Stato, come avviene per i cittadini delle altre nazioni. Gli Abkhazi possono entrare liberamente nel territorio russo, così come in tutti quei Paesi che hanno riconosciuto l’Abkhazia. Non va dimenticato poi il sostegno in termini economici sociali e tecnici offerto dalla Federazione Russa all’Abkhazia, teso allo sviluppo dello Stato, come pure quello militare. Come potrebbe fare altrimenti la nazione abkhaza a difendere e monitorare le proprie acque territoriali, in mancanza di una marina propria? Non è passato molto tempo, è utile ricordarlo, da quando unità navali georgiane si frapponevano e bloccavano tutte le imbarcazioni che volevano approdare nei nostri porti, arrestandone addirittura gli equipaggi. Inoltre è sicuramente meglio che siano le unità russe a controllare il confine con la Georgia, al fine di evitare ulteriori tensioni. Soprattutto il supporto offertoci dalla Federazione Russa ha contribuito a far parlare gli abkhazi del loro paese e non altri, come purtroppo continua in larga parte ad avvenire.

Da ultimo, che bilancio trae da questa sua visita in Italia?

Mi sento di dire che si è trattato di un viaggio, il primo nel vostro paese, di assoluta importanza e che ha determinato un passo anche seppur piccolo, in avanti con l’Unione Europea. Sta passando, in Europa, la giusta logica del ‘Fare parlare l’Abkhazia’, iniziando ad emarginare il cosiddetto ‘Parlare dell’Abkhazia’, senza minimamente conoscere il Paese e più in generale i problemi del Caucaso. A Pesaro, San Marino e Roma, gli incontri effettuati, sia politici che economici, sono stati seguiti con estrema attenzione da molti soprattutto esponenti del mondo economico. A Roma poi in particolar modo: in occasione della conferenza presso la stampa estera con i giornalisti italiani e quando, accompagnato dal Senatore del Partito Radicale Marco Perduca, ho incontrato privatamente il Senatore Lamberto Dini, presidente della Commissione Esteri del Senato. Il piacere dell’affermazione da lui pronunciata, “L’Abkhazia ha diritto alla sua autodeterminazione, senza se e senza ma”, dimostra che il nostro lavoro inizia a dare frutti concreti, impensabili ed impossibili solo poco tempo fa.

Les 3 facteurs clé de notre décadence ne sont pas clairement abordés par les candidats à la Présidentielle

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Les 3 facteurs clé de notre décadence ne sont pas clairement abordés par les candidats à la Présidentielle

par Marc Rousset

Ex: http://www.scriptoblog.com/

Selon Marc Rousset, économiste, écrivain, auteur de « La Nouvelle Europe Paris-Berlin-Moscou »

De même que la Vérité sort souvent de la bouche des enfants, l’hebdomadaire britannique   « The Economist »  a le mérite d’attirer notre attention sur le caractère peu sérieux  en France de la campagne présidentielle en cours. Le titre de son dernier numéro s’intitule : « La France en déni. L’élection la plus frivole d’Occident » en parodiant comme illustration le tableau d’Edouard Manet « Déjeuner sur l’herbe » où l’on voit Nicolas Sarkozy et François Hollande assis à même le sol dans une clairière avec  une femme totalement nue. Malheureusement le réquisitoire de l’hebdomadaire ne porte que sur le thème de notre compétitivité déficiente et l’hypertrophie paralysante de nos dépenses publiques  qui sont pratiquement passés sous silence par tous les candidats ! Mais « The Economist « oublie les deux autres facteurs clé de la décadence morale, sociale et économique française, à savoir le libre échange mondialiste à la source de notre  désindustrialisation et l’immigration avec son   coût économique annuel monstrueux, soit  73 milliards d’euros , pratiquement le déficit budgétaire de la France !

Le réquisitoire juste de « The Economist » sur l’hypertrophie des dépenses publiques  françaises

Le Président Sarkozy illusionne avec ses rodomontades  et  François Hollande nous prépare le sort de la Grèce tandis que Mario Monti réforme l’Italie pour de bon!  L’Espagne,  l’Italie  adoptent des politiques et des attitudes envers les réformes et la dépense publique infiniment plus courageuses que  ce qu’envisagent les candidats actuels. La France détient cependant déjà  le record d’Europe pour les dépenses publiques  (Etat, Collectivités locales, Sécurité Sociale) qui s’élèvent en 2011  à 55,9% du PIB ! Les mesures adoptées jusqu’à présent, même pour les retraites ,  relèvent beaucoup plus de la démagogie et de la poudre aux yeux que de réformes structurelles sérieuses à long terme redressant effectivement la situation. Quant à la croissance, elle doit venir de l’offre nouvelle de nouvelles entreprises compétitives  avec la retraite à 65 ans ,la suppression effective des scandaleux régimes spéciaux  publics de retraite   et non pas de l’entretien illusoire d’un trop grand nombre de  fonctionnaires  ainsi que d’un laxisme social  ou de gestion.IL est facile pour l’oligarchie politique  de se donner bonne conscience en ne faisant rien pour réduire les dépenses  et en  prenant pour prétexte que l’on entretient la consommation et donc la croissance ! Depuis le temps qu’elle pratique cette folie démagogique, la France devrait avoir aujourd’hui  le PIB par tête le plus élevé  du monde !
Nous ne répéterons jamais assez que de 1991 à 2008, le nombre de fonctionnaires en Allemagne qui faisait face au problème des fonctionnaires trop nombreux de l’ancienne DDR a baissé de 6 737 000 à 4 505 000. Dans le même temps,  la France passait de 4 258 000 à  5 200 000 fonctionnaires.  Avec près de 20 millions d’habitants de moins, la France a réussi la triste performance de dépasser l’Allemagne en 2002. Compte tenu de la différence des populations  de l’ordre de  3 pour 4 entre la France et l’Allemagne, le nombre de fonctionnaires  français,  en partant du chiffre allemand de 4 505 000 devrait donc être de 3 Millions ! Puisqu’il est de 5 200 000, il y a donc  bien  en France 2 000 000 de fonctionnaires en trop !

Le deuxième facteur clé de notre décadence économique : la France le pays le plus désindustrialisé  de la zone euro en raison du libre  échange mondialiste

Nous avons déjà écrit de nombreuses chroniques sur ce thème. Cette fois -ci nous nous bornerons  à citer plusieurs passages du Prix Nobel Maurice Allais qui expliquait pourquoi en suivant la politique libre-échangiste de Bruxelles, la France se suicide !
« La mondialisation de l’économie est certainement très profitable pour quelques groupes privilégiés. Mais les intérêts de ces groupes ne sauraient s’identifier avec ceux de l’humanité toute entière..Elle ne peut que se révéler finalement désavantageuse pour tous les peuples (1) »
« En fait, ce que l’on a constaté, c’est que la politique de libre échange mondialiste poursuivie par l’organisation de Bruxelles a entraîné (en France) à partir de 1974 la destruction des emplois, la destruction de l’industrie, la destruction de l’agriculture et la destruction de la croissance »(2)
« Si la politique libre-échangiste de l’organisation de Bruxelles n’avait pas été appliquée, le PIB réel par habitant en France serait aujourd’hui  d’au moins 30% plus élevé qu’il ne l’est actuellement et il serait certainement au moins égal au PIB réel par habitant aux Etats-Unis (3)
IL importe en effet de réaliser que ce que la France gagne en baisse de prix, elle le perd en  chômage (3 millions d’emplois industriels disparus en 30 ans)  et en diminution de revenus. Le recul du pouvoir d’achat affecte les chômeurs  mais aussi les non chômeurs qui subissent des prélèvements fiscaux et sociaux  croissants pour aider leurs compatriotes et les immigrés sans emploi. Voici ce qu’écrivait  également  Maurice Allais :
« Les partisans du libre-échange mondialiste soulignent que grâce aux délocalisations et aux importations en provenance des pays à bas salaires, jamais les prix dans les hypermarchés n’ont été aussi bas »
« Mais c’est oublier que les consommateurs  ne sont pas seulement des acheteurs. Ils sont également des producteurs qui gagnent leur vie et qui paient des impôts »
« En tant que consommateurs ils peuvent acheter des produits meilleur marché. Mais pour ces consommateurs la contrepartie de ces importations à bas prix est finalement la perte de leur emploi  ou la baisse de leurs salaires, et des impôts accrus  pour couvrir le coût social du chômage et de la politique de l’emploi. Dès lors les avantages apparents des produits bon marché sont plus que contrebalancés par leurs coûts économiques et sociaux réels de toutes sortes »(4)
Le résultat à ce jour, avant la désertification industrielle totale si rien ne change, c’est que, selon une étude  de COE-Rexecode de mars 2012 (5), la France est désormais le pays de la zone euro dont  la part de la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière dans le PIB est la plus faible (9,33% en 2010) . A titre de comparaison, le poids de l’industrie atteint 12,1% en Espagne et 11,8% au Portugal, 13,1% en Belgique et 11,9% aux Pays Bas. Quant à l’Allemagne, elle fait la course en tête avec une industrie qui représente 18,7% de son PIB.

Le troisième facteur clé de notre décadence économique, sociologique et morale : la folle immigration extra-européenne

Là encore nous citerons le brillant major de Polytechnique Maurice Allais, peu suspect de racisme maladif ou congénital qui, déjà en 1992, écrivait:
« L’immigration tout à fait excessive  qui s’est constatée en France  depuis les années soixante a constitué par ses conséquences de toutes sortes un intolérable fardeau …dont le seul résultat tangible  a été de déprimer profondément les salaires réels français.. »(6)
Nous ne nous étendrons pas  sur les thèmes de la perte de l’identité française, européenne et du risque évident  de guerre civile pour nos enfants et  petits-enfants .Renaud Camus  souligne à juste titre « qu’aucun épisode depuis quinze siècles, ni la Guerre de Cent ans, ni l’occupation allemande  n’ont constitué pour la patrie une menace aussi grave, aussi fatale, aussi virtuellement définitive en ses conséquences que le changement de peuple(7). Nous assistons en quelque sorte à un véritable génocide culturel de la France..
Selon Yves Marie Laulan, dans son  étude du 19 Février  2012 (8) les coûts nets directs ou indirects de l’immigration s’élèvent à 73,3 milliards d’euros .Ils  sont donc  non  financés par un déficit budgétaire de 85 milliards d’euros qui alimentent l’endettement actuel de la France de 1717 milliards d’euros. L’immigration en France peut être évaluée à 250 000 (9) personnes par an dont 50 000 clandestins, soit une agglomération lilloise tous les 3 ans !

Comme nous le rappelle  Marc Aurèle «  l’objet de la Vie  n’est pas de se trouver du côté de la majorité, mais d’éviter d’être du côté des imbéciles ». Des dix candidats qui se présentent avec  leurs 500 signatures, aucun n’a  la stature d’un de Gaulle ou d’un Poutine pour redresser  d’une façon urgente une France qui part à vau-l’eau ! Les problèmes fondamentaux de défense  ne sont même  pas abordés. Il n’est donc pas étonnant que les thèmes de la campagne présidentielle  ne soient pas à la hauteur  de la faillite d’un Etat, d’une invasion migratoire programmée,  des enjeux pour la France de sa survie économique, politique,  militaire, démographique, linguistique et  civilisationnelle.

(1)Maurice Allais Erreurs et impasses de la construction européenne.Editions Clément Juglar,Paris,1992, p217
(2)Maurice Allais,l’Europe en crise,que faire ? Editions Clément Juglar,Paris 2005, p71
(3 ) Maurice Allais,op cit,p71
(4) Maurice Allais La Mondialisation, la destruction des emplois et de la croissance Editions Clément Juglar,Paris, 1999 p309
5) COE-Rexecode-« Faiblesses  et atouts de la France dans la zone euro »-mars 2012
6) Maurice Allais, L’Europe en crise, que faire ? op cit,p 77
7) Renaud Camus, Le Grand Remplacement, Editions David Reinharc, novembre 2011,76p
8) Yves- Marie Laulan- L’impact macro-économique de l’immigration-19 février 2012
9) Yves  Marie Laulan-Tableau de bord de l’immigration-Chiffres clefs des flux migratoires-Décembre 2011

Peut-on encore envisager une géopolitique européenne?

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Peut-on encore envisager une géopolitique européenne?

Ex: http://www.europesolidaire.eu/
 
Par géopolitique on entend traditionnellement la façon dont un pouvoir politique prend en compte les critères géographiques ou écogéographiques pour mieux assurer sa puissance et son indépendance. Au 21e siècle, une géopolitique européenne supposerait qu'il existe une puissance européenne qui viserait à se renforcer par la prise en considération de facteurs géopolitiques trop souvent ignorés dans les décennies précédentes. Mais n'est-il pas irréaliste de penser qu'une telle démarche serait encore à la portée de l'Europe?

La question doit être posée face à deux grandes mutations de la vie économico-politique qui se manifestent à l'échelle du monde global et qui semblent condamner le concept d'une Europe puissante et indépendante.

Le système de la finance mondialisée

La première de ces mutations s'annonçait depuis des décennies, mais elle a pris ces dernières années une importance déterminante: il s'agit de la prise en mains de l'économie réelle localisée et des structures étatiques traditionnelles par des intérêts financiers mondialisés pour qui les structures nationales ou régionales (celle de l'Union européenne en ce qui nous concerne) ne sont plus que des coquilles vides. Des acteurs européens sont présents au sein de cette économie financière, ils développent des géostratégies favorables à leurs manœuvres spéculatives. Mais ils ne visent pas à renforcer la puissance et l'indépendance des Etats européens ou de l'Union européenne. Ils visent au contraire, sauf quand ils peuvent directement, corruption aidant, les utiliser à leur service, à diluer ces structures dont la persistance handicape leur volonté de domination mondiale. Ainsi, au lieu de participer à la construction d'une puissance géopolitique européenne, les institutions européennes ont été utilisées à niveler les identités, détruire les protections et ouvrir grande la porte à l'entrée des intérêts transnationaux.

Le discours désormais dominant de ce que l'on nomme le néolibéralisme mondialisé est que rien ne doit freiner le jeu de la compétition au sein d'un marché aussi large que possible. L'Europe dans cette perspective ne doit plus être une mosaïque de peuples, de territoires et de cultures dont on reconnaitrait les frontières et les différences afin de valoriser la capacité de l'ensemble à se grandir par la mutualisation. L'Europe doit devenir un rassemblement d'individus tous semblables, tous acheteurs de produits identiques, tous titulaires de crédits à la consommation qui les enchaîneraient aux organismes préteurs et aux forces de spéculation (les marchés) dont les centres stratégiques ne sont pas européens. Dans ces conditions, il ne faut pas s'étonner du fait que les peuples européens ne se reconnaissent pas dans les institutions qui sont censées les représenter.

Il faut ajouter que les nouveaux pouvoirs financiers n'ont aucune volonté de lutter contre les inégalités, que ce soit au plan mondial ou dans chacun des Etats européens. Ils constituent une étroite minorité (1 à 5% de la population mondiale selon les estimations américaines possédant près de 90% des ressources mondiales). Ces chiffres sont indicatifs mais ils montrent bien les ordres de grandeurs. Une telle minorité transnationale, dite désormais des super-riches et des super-puissants fera tout, y compris par la force, pour conserver son pouvoir. Leurs représentants pratiquent évidemment la géopolitique à leur usage, usant de toutes les facilités que permet la disparition organisée des frontières et des régulations étatiques. C'est de leur fait que prospèrent dans le monde et en Europe même les paradis fiscaux et les pratiques de corruption et de criminalité économique à grande échelle.

Dans les Etats européens, les représentants de ces intérêts financiers transnationaux dominent les organisations étatiques, au triple niveau des institutions de l'Union européenne, des gouvernements nationaux et de nombres d'administrations régionales et locales. La crise économico-financière des années 2008-2010 n'a en rien diminué leur pouvoir. Après un moment d'adaptation, les forces dominantes se sont réorganisées pour contrer les vagues efforts de régulation étatique annoncés à des fins principalement électorales par certains gouvernements.

On doit se demander pour quelles raisons, en quelques décennies, le système de l'économie financière ou « virtuelle » mondialisée s'est substitué au capitalisme industriel et bancaire traditionnels. Ceux-ci n'excluait pas les abus en provenance des classes patronales, mais plus d'un siècle de luttes syndicales et d'arbitrages étatiques en avaient limité la portée. La généralisation du nouveau système a permis au contraire l'apparition de véritables prédateurs qui ont pu spolier sans résistance les travailleurs, les épargnants et les services publics. Ce sont ces prédateurs qui constituent l'internationale des super-riches et des super-puissants évoqués plus haut, ayant pris le monde entier en otage. Ils ont réussi, comme le montre bien l'ouvrage d'Hervé Juvin, « Le renversement du monde » Gallimard 2010, à obtenir la merchandisation de l'ensemble des biens et services fournis quasi gratuitement jusque là par les sociétés traditionnelles, dans le cadre d'un usage modéré des ressources naturelles. Tout dorénavant doit se vendre et s'acheter, sans considération des gaspillages et de la destruction des capitaux humains et naturels en résultant.

Or s'il y a bien derrière ces prédateurs des institutions et des personnages qu'il est possible d'identifier – sans d'ailleurs pouvoir les combattre car ils savent se mettre hors de portée – on peut difficilement leur imputer la responsabilité d'un complot mondial organisé. Ils se bornent à exploiter jusqu'à l'épuisement les ressources auxquelles l'évolution sociétale que nous qualifions d'anthropotechnique leur a donné accès. En nous appuyant sur notre thèse (Jean-Paul Baquiast. Le paradoxe du Sapiens JP Bayol 2010) nous dirions en effet qu'il s'agit de superorganismes associant des technologies proliférantes et des humains aux déterminismes génétiques encore très proches du règne animal. Leur développement sur le mode viral résulte à la fois de décisions relevant de la conscience volontaire, individuelle et collective, et de motivations primitives plus ou moins inconscientes. C'est ce caractère qui rend le système financier mondialisé difficile à
combattre par ceux qui en sont les victimes. Il s'agit d'un véritable écosystème encore très mal connu. Ceci d'autant plus que les automates boursiers qui en constituent dorénavant un aspect majeur sont en train d'échapper à leurs propres concepteurs.

Les Empires

Une deuxième mutation est toute différente. Elle résulte du fait qu'existent, à l'abri de ce discours mondialisateur et en contradiction avec lui, plusieurs véritables Empires dont l'objectif implicite est de dominer le monde et pour qui l'existence d'une Union européenne susceptible de se constituer elle-même en Empire afin de valoriser ses propres ressources représente un risque à combattre. Ces Empires se caractérisent par une volonté permanente de puissance, d'autonomie et d'indépendance. Il y a d'abord l'Empire américain. Il a pris naissance dès la fin de la première guerre mondiale et n'a fait que se consolider depuis. C'est lui qui s'est emparé après la chute de l'Union soviétique du discours néo-libéral et du thème de la mondialisation obligée, afin de l'étendre au monde entier. Mais il s'est bien gardé de se l'appliquer à lui-même. Sous des formes diverses, très souvent occultes, les intérêts impériaux (pour ne pas dire impérialistes) des Etats-Unis ont été imposés à l'Europe, à l'ancienne Russie communiste et à diverses parties du monde soumises par faiblesse à la Banque mondiale et au FMI (le « consensus » de Washington).

Dans le même temps, l'investissement dans une hyperpuissance militaire, la mise sous contrôle diplomatique d'un certain nombre de pays producteurs de ressources jugées indispensables, le soutien aux investissements des multinationales américaines dans le monde, combinés avec un fort protectionnisme économique dans les domaines stratégiques, n'ont jamais cessé. L'Empire américain subit aujourd'hui une crise, due en grande partie à des erreurs graves de jugement des décideurs politiques et économiques. Une partie de sa puissance s'est gaspillée dans des guerres inutiles ou mal conduites. Mais il serait illusoire de penser qu'il a renoncé à des efforts de domination, notamment à l'égard de parties du monde, telle l'Europe, qui n'ont pas compris la nécessité de lutter contre lui.

D'autres Empires cependant sont apparus dans le monde depuis une vingtaine d'années. Ils menacent désormais l'hégémonie américaine. Ils présentent des formes politiques très différentes, mais ils sont dotés d'atouts que l'Europe n'a pas. Ces atouts sont d'abord géopolitiques, en ce sens qu'ils résultent des éléments de puissance que confèrent la population et le territoire. Sur le plan démographique, l'Europe ne verra pas dans les prochaines décennies s'accroitre une population par ailleurs vieillissante. Au contraire, face à elle, s'affirment des ensembles géographiques vastes, dotés de milliards de citoyens, en augmentation constante. Certains de ces ensembles sont dirigés par des Etats forts ou par des institutions politiques veillant à garantir leur force et leur indépendance. C'est le cas de la Chine, dans un moindre mesure de l'Inde et dans une certaine mesure du Brésil. On mentionnera aussi la Russie, dont les adhérences européennes sont fortes mais pas suffisantes actuellement pour en faire un allié des Européens.

De toutes ces puissances, l'Europe n'aura évidemment pas à espérer de cadeaux. Le monde toute entier attend plus ou moins inconsciemment l'occasion de prendre une revanche sur les anciens colonisateurs et les anciens civilisateurs. Face à des Etats disposant de telles forces démographiques et décidés à utiliser toutes les ressources de la puissance, sur le mode américain, y compris sur le plan militaire, les chances de survie de l'Europe paraissent donc de plus en plus réduites. Ceci d'autant plus qu'asphyxiée par le discours libéral et mondialisateur imposé par l'Amérique, elle ne recoure pas elle-même pour son compte aux solutions de la puissance.

D'autres grandes entités sont plus diffuses au plan politique, mais elles constituent elles-aussi des puissances avec lesquelles l'Europe ne pourra pas éviter de se mesurer. Elles disposent elles-aussi des ressources de la démographie galopante et de grandes cohésions ethniques et culturelles. Il s'agit du monde arabo-musulman et de l'ensemble des sociétés sub-sahariennes. Le monde arabo-musulman, bien que rassemblant des composantes encore rebelles à l'unité au sein de l'oumma prêchée par les responsables religieux, s'opposera de plus en plus aux autres puissances géopolitiques. Il dispose des ressources du pétrole qui lui donnent momentanément encore une grande capacité de s'étendre, pacifiquement ou militairement. L'islam, religion en phase de conquête, l'armera dans son effort de pénétration des régions voisines, notamment en premier lieu de l'Europe. Les sociétés africaines, pour leur part, ne sont pas encore organisées en puissance géopolitique. Elles demeurent exploitées et manipulées par les autres puissances, y compris par ce qui reste en Afrique d'intérêts européens. Mais elles se transformeront en puissances de fait lorsque, sous la pression des changements climatiques, leurs populations chercheront hors d'Afrique, et notamment en Europe, des moyens de survivre. Aucune force ne résiste à des foules affamées.

Face au renforcement des Empires, qu'accélérera inévitablement l'extension des crises climatiques et écologiques, certains observateurs mettent leurs espoirs dans des mouvements de protestation interne nés apparemment spontanément au sein des sociétés occidentales. Cette protestation est récente, à peine émergente. Pour la plupart de ceux qui l'observent, et même pour beaucoup de ses acteurs, elle demeure encore un mystère. Il s'agit du mouvement dit des Indignés en Europe (en Espagne où elle a pris naissance), dit aussi Occupy Wall Street aux Etats Unis où elle s'est développé à l'automne 2011. Ces mouvements résultent du caractère de plus en plus insupportable, pour les 90% des populations qui ne se situent pas en haut des hiérarchies économiques et sociales, de la domination des riches et des puissants. Or ceux-ci se sont révélés, comme le montre la généralisation des crises économiques notamment depuis 2008, incapables d'assurer le minimum de développement organisé dont chacun pourrait bénéficier. Les Indignés de Wall Street manifestent non seulement contre leur propre paupérisation mais contre le désordre général de la planète imposé par le néo-libéralisme mondialisé. Ils rejoindront en cela les critiques légitimes des altermondialistes, actuellement en perte de vitesse.

La difficulté, pour ceux qui voudraient renforcer l'indépendance et la puissance de l'Europe, tient au fait que ces mouvements d'Indignés visent à changer l'ordre international, sans d'ailleurs proposer d'objectifs précis. Lorsqu'ils défendront des programmes de réforme (certains parlent de « sortie du Système » ), l'Europe n'y apparaitra sans doute pas initialement en tant que telle. Ce sera tout le Système du pouvoir mondial économico-politique qui sera visé – y compris sans doute dans les formes qu'il a pris en Russie et surtout en Chine. Les Indignés européens sauront-ils ou voudront-ils définir des formes de sortie du Système, à supposer qu'ils en soient venus jusque là, qui tiennent compte des spécificités européennes. Ceci serait indispensable pour mobiliser directement les populations européennes, notamment parmi elles les millions de jeunes qualifiés actuellement condamnés au chômage. Pour ces jeunes, ce ne sera pas seulement aux Etats-Unis mais en Europe que les changements devront survenir. Rien ne les laisse prévoir, y compris dans un pays comme la France qui devrait prochainement renouveler sa représentation politique.

Jean Paul Baquiast

Histoire des Berbères, des origines à nos jours

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Sortie du nouveau livre de Bernard Lugan :
Histoire des Berbères, des origines à nos jours. Un combat identitaire pluri-millénaire.
 
IMPORTANT : Ce livre édité par l'Afrique Réelle n'est pas disponible dans les librairies ou les sites de commandes en ligne. Seule l'Afrique Réelle le distribue.
 
Prix (frais de port compris) :
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- 38 € pour livraison dans le reste du monde (en recommandé avec AR)
- 25 € à partir de 5 livres
 
Pour le commander, 2 possibilités :
- Par carte bleue ou Paypal :
- Par chèque avec le bon de commande ci-joint à imprimer et à nous retourner
 

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Présentation de l'ouvrage
 

Les Berbères ou Imazighen (Amazigh au singulier) constituent le fond ancien de la population de l’Afrique du Nord. Ils formaient à l’origine un seul Peuple peu à peu fragmenté par une histoire à la fois riche, complexe et mouvementée. Des dynasties berbères régnèrent  sur le Maghreb jusqu’au XVI° siècle.

Les partisans de l’arabo-islamisme affirment que les Berbères sont sortis de l’histoire, leur conversion à l’Islam les ayant inscrits de façon irréversible dans l’aire politico-culturelle de l’arabité. Dans les années 1950, la revue Al Maghrib alla ainsi jusqu’à écrire qu’ils ne peuvent accéder au Paradis que s’ils se rattachent à des lignées arabes. Quant auministre algérien de l’Education nationale, il déclara en 1962 qu’ils « sont une invention des Pères Blancs ».

 Aujourd’hui, les dirigeants arabo-islamiques nord africains doivent faire face au réveil berbère si fortement exprimé en 2004 par Mohammed Chafik au travers de sa célèbre question réponse: « Au fait, pourquoi le Maghreb arabe n’arrive-t-il pas à se former ? C’est précisément parce qu’il n’est pas Arabe ». Cette phrase était incluse dans un article dont le titre explosif était : « Et si l’on décolonisait l’Afrique du Nord pour de bon ! », intitulé signifiant qu’après avoir chassé les Français, il convenait désormais pour les Berbères d’en faire de même avec les Arabes…

Qui sont donc les Berbères ? Quelle est leur origine ? Comment furent-ils islamisés ? Quelle est leur longue histoire ? Comment se fait aujourd’hui la renaissance de la berbérité? Peut-elle être une alternative au fondamentalisme islamique ?

C’est à ces questions qu’est consacré ce livre qui n’a pas d’équivalent. Son approche est ethno historique et couvre une période de 10 000 ans. Il est illustré par de nombreuses cartes en couleur et par des photographies.

 

Table des matières

 

Première partie : La Berbérie jusqu’à la conquête arabe

 

Chapitre I : Une très longue histoire

A) L’état des connaissances
B) L’Egypte, une création berbère ?

 

Chapitre II : Les Berbères durant l’Antiquité classique

A) Les Peuples et les Etats
B) Les Berbères furent-ils romanisés ?

 

Chapitre III : Les Berbères, les Vandales et les Byzantins

A) L’intrusion vandale
B) L’échec de Byzance

 

Deuxième partie : Les Berbères se convertissent à l’islam mais ils résistent à l’arabisation (VI°-XV°siècle)

 

Chapitre I : Les Berbères face à la conquête et à l’islamisation

A) Les résistances à la conquête
B) La révolte berbère du VIII° siècle

 

Chapitre II : Le monde berbère du IX° au XII° siècle

A) La Berbérie au IX° siècle
B) Le Maghreb berbéro musulman du X° au XII° siècle

 

Chapitre III : Les  grandes mutations du monde berbère (XII°-XV° siècle)

A) Les Berbères almohades et l’arabisation du Maghreb (XII°-XIII°)
B) La question arabe
C) Le tournant des XIII°-XV° siècles

 

Troisième partie : Des Berbères dominés à la renaissance de la Tamazgha

 

Chapitre I : Les Berbères perdent la maîtrise de leur destin (XVI°-XIX° siècle)

A) Le Maroc entre Arabes et Berbères
B) Les Berbères et les Ottomans (XVI°-XIX° siècle)

 

Chapitre II : Les Berbères et la colonisation

A) Algérie : de la marginalisation à la prise de conscience
B) Maroc : les Berbères victimes du Protectorat ?

 

Chapitre III : La renaissance berbère aujourd’hui

A) Maroc : de la stigmatisation à la cohésion nationale
B) Algérie : entre berbérisme et jacobinisme arabo-musulman
C) Les autres composantes de la Tamazgha

 

- Bibliographie
- Index des noms de personnes
- Index des tribus et des peuples

 

jeudi, 12 avril 2012

Après la mort de Merah le feu couve

Après la mort de Merah le feu couve

Mais nos gouvernants ont la trouille de regarder la réalité en face
Michel Lhomme

Ex: http://metamag.fr/

 

 

Après un siège de 32h, le plus long de toute l’histoire du RAID, Mohamed Merah est mort sous une couverture médiatique sans précédent. L’enseignante de Rouen, "dérangée" nous dit-on -mais comment se fait-il qu’on laisse des professeurs « malades mentaux » devant nos enfants ?- ne voulait pas directement lui rendre hommage par sa minute de silence; mais elle avait dédié une minute de recueillement à la « tuerie médiatique », pour en dénoncer la spectacularisation outrancière. 
 
En pleine campagne électorale, dans une stratégie classique de la tension et de l’agent-bannière, l’affaire de Toulouse, avec ses nombreuses zones d’ombre, a fini, petit à petit, par révéler les carences quotidiennes de l’Etat et peut-être, finalement, comme pour l’attentat de la rue Copernic, se retournera-t-il contre ses réels commanditaires, français ou étrangers. 
 

Une minute de recueillement
 
La fuite des responsabilités des agents de l’Etat à tous les niveaux, la politisation d’opérations techniques qui réclament au contraire la neutralité (présence de Claude Guéant, le Ministre de l’Intérieur sur le théâtre d’opérations !), un certain état de déliquescence dans la surveillance du territoire, avec des armes de guerre qui circulent en toute impunité, un manque criant de moyens en personnel affecté au renseignement intérieur, une succession de peines de petite délinquance non accomplies, l’islamisation radicale des prisons françaises, des policiers occupés à encadrer les meetings ou les déplacements de Sarkozy au lieu de traquer les voyous, une chasse coûteuse aux pédophiles et aux récidivistes sexuels, privilégiée à celle contre les jihadistes suite à des politiques suivistes calquées sur l’émotion judiciaire...  
 
Nicolas Sarkozy donne ton d’une France forte. En réalité à genoux. Même si le président annonce que toute personne se rendant en Afghanistan ou au Pakistan pour y suivre une formation de terroriste sera poursuivi comme tous ceux qui fréquenteraient  des sites  de propagande salafiste. C'est bien, mais pourquoi, seulement maintenant? Que n'y a-t-on pensé plus tôt? Mais surtout, les politiques fréquentent-ils la banlieue ? La page Facebook d’hommage à Mohamed Merah a bien été ouverte et visitée, très rapidement avant sa fermeture. 
 

Un ministre omni-présent
 
Pire, tout le monde devine qu’après l’assassinat du lycée juif de Toulouse, certains musulmans ont fait la fête et que les mêmes ont pleuré, jeudi soir, la mort-martyre de Mohamed Merah. Où ? Qui? Nous ne sommes pas affectés à la surveillance policière mais nous pouvons certifier que ce fut bien le cas, par exemple, dans certains studios de la cité universitaire de Clermont-Ferrand. Pire même, de la part de certains membres, pourtant bien connus, du comité de défense de Wissam el Yamni.   
 
A quand le printemps des banlieues musulmanes?
 
Wissam El-Yamni est ce jeune homme (!) de 30 ans, mort à la suite d’une interpellation, dans la nuit du 31 décembre 2011 au 1er janvier 2012, au quartier de La Gauthière, à Clermont-Ferrand. Il s’amusait à "caillasser" les forces de l’ordre dans un état d’énervement et de surexcitation. Depuis cette nuit tragique de la Saint-Sylvestre, Clermont-Ferrand ne passe quasiment pas un week-end sans un rassemblement à sa mémoire, où l’on peut entendre, ouvertement et sans que d’ailleurs, personne ne s’en inquiète, des discours extrémistes !
 
 
Des comités Wissam El-Yamni se sont constitués dans la banlieue parisienne et le samedi 17 mars, 300 personnes se sont rassemblées, à Clermont-Ferrand, à l'appel du comité "Justice et vérité pour Wissam". "Que celui qui souhaite devenir Président de la République, quel qu'il soit, vienne-nous voir, vienne-nous parler !" scandaient les proches de la victime, en prétextant, enflammés, ne pas vouloir baisser les bras. 
 
La justice, pourtant, suit son cours ; des enquêtes de la police des polices ont très tôt été diligentées, un jugement est même prévu pour avril, mais cela n’empêche pas le comité de soutien "Justice et vérité pour tous" de poursuivre ses actions. Si nous plaçons, ici, au premier plan l’affaire Wissam El-Yamni, dont les médias parlent peu, c’est que sans amalgame, insidieusement, depuis janvier, cette affaire mobilise des comités dans les banlieues dans une discrétion médiatique et politique qui finit par être complice. 
 
Certes, les discours politiques autour de cette affaire sont a priori classiques mais, pour certains observateurs plus perspicaces, le ton des banlieues a changé, les proclamations devenant de plus en plus radicales avec des protestations qu’on situerait, de plus en plus, hors système. A Clermont-Ferrand, les slogans classiques de gauche tels que : "On attend la justice, on attend la vérité, on attend l'égalité", voisinent ouvertement avec des appels à la vengeance « anti-français », à la rébellion et surtout, à la naissance d’un printemps arabe en France, un «printemps des banlieues musulmanes », voulant faire de Wissam, le Bouazizi français. 
 
Mélenchon se voile la face, comme les autres 
 
A notre connaissance, personne, nous disons bien personne, n’a été inquiété après de telles prises de parole publique. Le samedi 17 mars, après une longue intervention orale du secrétaire du comité et un point de la situation fait par les avocats, les personnes présentes ont été conviées à former un "W" et respecter un "die in", en s'allongeant par terre et en faisant le mort en signe de protestation sur un titre de rap enregistré pour Wissam. La famille, toujours pas mise au pas (?!) a remercié le public présent, avant de se rendre, aux côtés des membres du comité, pour échanger avec les personnes venues soutenir leur combat, des personnes venues de la région parisienne, de Lyon, de Marseille... Des actions étaient prévues pour le 6 avril et le 17 avril, c’est-à-dire en pleine campagne électorale, qui exige traditionnellement un devoir de réserve républicain, même pour les familles en deuil !
 
 
 
Alors oui, nous posons la question : de quoi nos gouvernants ont-ils la trouille ? Par exemple, la semaine dernière, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il devait être mis un terme à l'embrigadement islamiste des détenus en prison, alors que les rapports concernant cette réalité sont tellement nombreux qu’on en a même tiré d’excellents films, le tout nouveau "La désintégration", mais aussi "Le prophète" de Jacques Audiard ! 
 
Jean-Luc Mélenchon, préfère, lui, insulter : "Débile", "crétin", "dégénéré", tel était Mohamed Merah ». Admettons ! Mais, il y a tout de même un problème. Une femme, Aïcha, a porté plainte contre le "monstre" (dès 2010!) pour des actes qui auraient largement justifié une haute surveillance. Fou furieux, abruti dangereux et pourtant, pas inquiété quand il montrait à un enfant des gens égorgés par Al-Qaida ! L’affaire Mohamed Merah est un fiasco du RAID, contraint d’arrêter un forcené franco-algérien avec 400 policiers d’élite. 
 
C’est, en fait, surtout le fiasco de toute une politique sécuritaire, impuissante à prévenir la dérive d’un déséquilibré connu de ses services policiers, incapable de mobiliser les alertes des diverses administrations qui l’avaient croisé, aveugle au trafic d’armes de guerre en banlieue, sourd à de réelles menaces (la semaine dernière, une bombe avait  explosé devant l’Ambassade d’Indonésie à Paris, quelques heures avant le procès d’un islamiste à Jakarta). 
 
Le karcher n'a été qu'un pistolet à eau 
 
Plus profondément, ce pourrait être le fiasco de la politique de la peur, de la karchérisation sarkoziste dont la virulence angoissante masque la profonde inefficacité sur le long terme. A moins…  A moins que tout cela ne participe, sous la marque déposée d’Al Quaida-CIA à une simple pression internationale sur les élections d’un pays qui a perdu toute souveraineté, pris en tenaille par l’immigration musulmane et l’électorat juif (la kippa de Alain Juppé lors de l’enterrement en Israël des quatre victimes juives de Toulouse). 
 

Des armes en vente libre !
 
Mais, à Toulouse, il s’est aussi passé autre chose… Nous avions jusqu’alors l'assassin qui touchait des droits d'auteur sur son livre. Nous avons désormais, depuis Toulouse et avec les exécutions de Montauban, le tueur grand reporter de ses propres crimes, metteur en scène de ses nouveaux "idiots utiles" que deviennent les passants, les voisins, les experts en rien et les journalistes. Chacun s’est précipité pour son "quart d'heure de célébrité", à la Andy Warhol. Et on a eu l'impression de voir se transformer, tour à tour sous nos yeux, tueur et journalistes en soupes Campbell, répétées à l'infini, dans une rafale d'images anticipant les rafales de tirs automatiques d’une probable guerre civile ! On a relevé le défaut professionnel des journalistes : ils sont avides de réponses et préfèrent même inventer carrément des réponses lorsqu’ils n’en ont pas (au début de l’affaire, l’accusation portant sur les soldats néo-nazis et toute l’extrême-droite). 
 
Depuis Karl Kraus, on sait bien que le journalisme c’est le commérage, alors que la pensée et l’analyse se nourrissent forcément de silence et reculent les frontières de la question pour mieux la cerner. Le tueur, tué et médiatisé, a ainsi démarré la polémique annoncée, la guerre interne, le polemos civil à venir. Nouveau spectacle, nouveau champ d'auto-destruction du pays. 
 
Guerre civile: en noir et blanc ou en couleurs?
 
Les reporters de guerre ont pourtant montré, depuis longtemps, que l'image pouvait permettre l’analyse, mais à condition de faire silence et d’étudier. De là, nous en venons à parler de la photographie de Merah, la photographie où il sort de sa voiture joueur et malin, photographie diffusée en  boucle jusqu’à plus soif. Il reste, là, un certain sourire qui laisserait presque transparaître l’amitié, la tendresse. Elle rappelle que, dans une France, après tout, en guerre (Afghanistan, Libye, demain Syrie et Iran) et, comme dans toute guerre, les combattants peuvent s’amuser, qu’il y a toujours un repos du guerrier, que le crime politique, la lutte armée (toujours légitime pour un camp !), est forcément un engagement avec un certain sourire d’où, à notre avis, l’évidente efficacité hypocrite des lois répressives promises.
 
 
L'Etat devant ses responsabilités ?
 
La guerre religieuse c’est - et il faudra bien se l’avouer- le sourire des armes d’Allak Akbar ! Un certain sourire sur tous les politiques –ah, le rictus de Sarkozy, même dans les enterrements de soldats « musulmans en apparence »- qui prétendent peser le normal et l'anormal comme les anges du Jugement Dernier pesaient, hier, le Bien et le Mal sur les tympans des cathédrales. Si le Bien c'est l'Amour et, si le Mal c'est la Haine, il semble bien que les légistes de tous poils se trompent de cible et filtrent le moucheron pour mieux digérer le chameau. 
 
Qu’on le veuille ou non, dans certains studios de Clermont-Ferrand et de Fontenay-sous-Bois, Mohamed Merah et ses rodéos en voiture sont devenus des images-icônes. Or, qui dit icône, dit théologie en couleurs. Au Ministère de l’Intérieur, par peur des couleurs, on cache les vidéos filmées et le Président lui-même, en plein meeting, salit la mémoire d’un soldat berbère catholique et de sa famille. 
 
Ce qui est en tout cas certain, c’est que, avec Mohamed Merah, la confusion de la « laïcité positive » et l’Islam de France ont surgi en pleine campagne électorale, au moment où on s'y attendait le moins, où l’on s’efforçait d’éviter la question épineuse des banlieues. 
 
L’Etat est, une fois de plus, mis devant ses responsabilités, alors que toute sa politique sécuritaire des banlieues a consisté, depuis que Nicolas Sarkozy a été ministre de l’Intérieur, à ne pas faire de vagues, à tout cacher, même les kalachnikovs dans les caves. Quand Toulouse découvrait ses islamistes, la France redécouvre ainsi ses banlieues, faites de vols de scooters, d’achat d’armes de guerre, de mosquées clandestines. En pleine commémoration éhontée de l’indépendance algérienne (quid, dans les reportages diffusés, des exactions FLN de l’après-accord d’Evian), nous avons finalement eu « la France algérienne », tandis que les complices de Merah courent toujours et que le père, en Algérie, réclame vengeance !    
 

 

Grass und seine Kritiker

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Grass und seine Kritiker

Von Thorsten Hinz

Ex: http://www.jungefreiheit.de/

Der Schriftsteller sieht sich nach seiner Kritik an Israel mit Antisemitismusvorwürfen konfrontiert

Was sich über Ostern an einem läppischen Gedicht von Günter Grass entzündet hat, verdient die Bezeichnung „Debatte“ nicht. Grass hat eine sehr schlichte politische Stellungnahme verfaßt, sie mit Selbstreflexionen vermengt, in Zeilchen zerhackt und als Gedicht unter die Leute gebracht. Er sieht die Gefahr heraufziehen, daß Israel den Iran mit Atomwaffen angreift, einen Weltkrieg heraufbeschwört, und daß Deutschland, weil es atomar nutzbare U-Boote an Israel liefert, sich mitschuldig macht und in den Konflikt hineingezogen wird.

Nun wird der Iran in der Tat dämonisiert, während Israel in der Atomfrage doppelte Standards zugestanden werden, indes es zum Präventivschlag bläst. Wer mag garantieren, daß sich die Lüge um irakische Chemiewaffen nicht wiederholt? Andererseits wird Grass den Gefahren und Risiken, denen Israel ausgesetzt wird, nichtmal ansatzweise gerecht. Aus seinen Versen spricht auch das bundesrepublikanische Unverständnis über einen Staat, der sich seiner Haut zu erwehren weiß.

Nibelungentreue zu Israel

Kurzum, es handelt sich um eine hochkomplizierte politische, geopolitische, militärische, religiöse, auch demographische Gemengelage, die kein Gedicht der Welt erfassen kann. Allerdings wissen Politik, Wissenschaft und Medien in Deutschland ebenfalls nichts dazu zu sagen. Mit der Aussage, die Sicherheit Israels sei Teil der deutschen Staatsräson, hat Kanzlerin Merkel die Deutschen auf die Nibelungentreue zu Israel festgelegt. Dem verbreiteten Unbehagen daran hat Grass einen verquasten Ausdruck verliehen. Die Tatsache, daß seine Haltung mehrheitsfähig ist, macht wiederum die Politik und Medien nervös und läßt sie hysterisch reagieren.

Weder Grass noch seine Kritiker argumentieren politisch, sondern moralisch. Die Moral und Merkels „Staatsräson“ stützen sich dabei auf eine Metaphysik, die um den Mord an den europäischen Juden herum errichtet worden ist.

Diesen Kern des Problems hat Grass zwar nicht formuliert, aber unbewußt berührt. Es geht gar nicht primär um Israel und den Iran, vielmehr um das kranke Nervenzentrum des eigenen Landes, um den Zwang der „belastenden Lüge“, deren Aufkündigung als Strafe „das Verdikt ‘Antisemitismus’“ nach sich zieht. Nun hat Grass viele Jahre eigenhändig an dem geistigen Gefängnis gebaut, gegen dessen Reglement er nun anrennt, und bleibt dabei weiterhin sein überzeugter Insasse. Das wird klar, wenn er von „meinem Land“ schreibt und seinen „ureignen Verbrechen, / die ohne Vergleich sind“. Er beschwört eine metaphysische Untat und leitet daraus seine anhaltende Treue zu Israel ab.

Teufelskreis

Um innerhalb des Teufelskreises, den er nicht durchbrechen kann, Israel kritisieren zu können, muß er ihm unterstellen, seinerseits ein absolutes Verbrechen zu planen: die Auslöschung des iranischen Volkes. Was, wie der stets besonnene und noble Avi Primor kommentierte, einfach „lächerlich“ ist.

Was können wir aus all dem lernen? Nichts, was wir nicht schon wußten. Substantiell ist die sogenannte Grass-Debatte eine weitere Runde im Totentanz des BRD-Diskurses. Gegen Ende von Goethes „Faust“ zitiert Mephisto die Bewohner der Unterwelt herauf: „Herbei, herbei! Herein, herein! / Ihr schlotternden Lemuren, / Aus Bändern, Sehnen und Gebein / Geflickte Halbnaturen.“ Sie helfen ihm noch beim Täuschen und Tricksen, etwas Vernünftiges bringen sie nicht mehr zustande.

Le nouveau plan d’austérité de Rajoy, le coup de grâce pour l’Espagne

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Le nouveau plan d’austérité de Rajoy, le coup de grâce pour l’Espagne
 
L'Espagne est défunte, décapitée par la crise. Le nouveau premier ministre vient de lui trancher la tête, par les nouvelles mesures d'austérité qui tueront ce qui restait d'activité économique dans le pays. Vaya con Dios!
 
Ex: http://mbm.hautetfort.com/
                               
Le 6 avril 2012 (Nouvelle Solidarité) – Un journaliste d’investigation domicilié à Madrid nous a confié que les dernières mesures d’austérité annoncées par le Premier ministre Mariano Rajoy signifient que « l’Espagne est morte, et c’est ce que toute la presse affirme ici, ce qui veut dire que les choses vont tourner au vinaigre ».

Les coupes budgétaires totalisant 27,3 milliards d’euros pour l’année 2012 se concentreront principalement dans les dépenses publiques d’investissement, qui seront réduites de 36%, et ce dans un pays où le taux de chômage atteint près de 23%.

Les indemnités pour les chômeurs seront quand à elles coupées de 5,5%, même s’il est prévu que le nombre de sans-emploi s’accroîtra de 630 000 au cours de cette année, poussant le taux de chômage jusqu’à 26% de la population active.

Ces coupes sont imposées dans un contexte où les taux d’intérêt à moyen et à long terme sur la dette espagnole repartent à la hausse, atteignant hier la barre des 400 points de base de différence avec les taux allemands. Une grande partie des 27 milliards d’euros d’économies annoncées sont déjà alloués au remboursement de la dette, et il est clair que ces coupes vont tuer ce qui restait d’activité économique dans le pays.

Même l’oligarchie commence à reconnaître que la fin de la partie s’annonce. Un éditorial de Bloomberg avertissait hier que « l’Espagne, et non pas la Grèce, sera le véritable test pour l’Union européenne », et se plaint déjà que les décisions de Rajoy « ne sont simplement pas crédibles », et que l’approche de l’UE dans son ensemble commence à faillir.

La solution ? Dans un grand éclair de génie, Bloomberg suggère à la BCE d’imprimer plus d’argent pour renflouer l’Espagne et l’Europe. en réalité, il s’agit une fois de plus de renflouer les banques britanniques qui sont les plus impliquées en Espagne. Ce qui est nécessaire donc, c’est « une politique monétaire plus souple de la part de la BCE. Ceci signifie des transferts fiscaux nets mais temporaires vers l’Espagne. Par dessus tout, cela signifie que la BCE agira comme prêteur de dernier ressort vis-à-vis des gouvernements d’une zone euro en détresse. »

Soulignons que depuis 2008 la BCE n’a pas cessé d’accepter comme collatéral les obligations poubelles détenues par les banques européennes en Espagne, sans compter l’achat de bons grecs de toute sorte, ce qui n’a fait qu’aggraver la menace de faillite systémique de d’hyperinflation.

Ernst Jünger, lecteur de Maurice Barrès

Harald HARZHEIM:
Ernst Jünger, lecteur de Maurice Barrès

Nationalisme, culte du moi et extase

barres.jpg“Je ne suis pas national, je suis nationaliste”: cette phrase a eu un effet véritablement électrisant sur Ernst Jünger, soldat revenu du front après la fin de la première guerre mondiale qui cherchait une orientation spirituelle. Soixante-dix ans plus tard, Jünger considérait toujours que ce propos avait constitué pour lui l’étincelle initiale pour toutes ses publications ultérieures, du moins celles qui ont été marquées par l’idéologie nationale-révolutionnaire et sont parues sous la République de Weimar.

L’auteur de cette phrase, qui a indiqué au jeune Jünger la voie à suivre, était un écrivain français: Maurice Barrès. Bien des années auparavant, dans sa prime jeunesse, Ernst Jünger avait lu, en traduction allemande, un livre de Barrès: “Du sang, de la volupté et de la mort” (1894). On en retrouve des traces dans toute l’oeuvre littéraire de Jünger.

Maurice Barrès était né en 1862 en Lorraine. Tout en étudiant le droit, il avait commencé sa carrière de publiciste dès l’âge de 19 ans. A Paris, il trouva rapidement des appuis influents, dont Victor Hugo, Anatole France et Hippolyte Taine. Dans ses premiers ouvrages, Barrès critiquait l’intellectualisme et la “psychologie morbide” que recelait la littérature de l’époque. A celle-ci, il opposait Kant, Goethe et Hegel, qui devaient devenir, pour sa génération, des exemples à suivre. Après l’effondrement des certitudes et des idéologies religieuses, le propre “moi” de l’écrivain lui semblait le “dernier bastion de ses certitudes”, un bastion éminemment réel duquel on ne pouvait douter.

Il en résulta le “culte du moi”, comme l’atteste le titre général de sa première trilogie romanesque. Le “culte du moi” ne se borne pas à la seule saisie psychologique de ce “moi” mais cherche, en plus, à dépasser son isolement radical: le moi doit dès lors se sublimer dans la nation qui, au contraire du moi seul, est une permanence dans le flux du devenir et de la finitude.

Le processus de dépassement du “moi” individuel implique un culte du “paysage national”, donc, dans le cas de Barrès, de la Lorraine. Dans les forêts, les vallées et les villages de Lorraine, Barrès percevait un reflet de sa propre âme; il se sentait lié aux aïeux défunts. Le “culte du moi” est associé au “culte de la Terre et des Morts”. Ce culte du sol et des ancêtres, Barrès le considèrera désormais comme élément constitutif de sa “piété”. L’Alsace-Lorraine avait été conquise par les Allemands pendant la guerre de 1870-71. Une partie de la Lorraine avait été annexée au Reich. Barrès devint donc un germanophobe patenté et un revanchard, position qu’il n’adoucira qu’après la première guerre mondiale, après la défaite de l’ennemi. Dans un essai écrit au soir de sa vie, en 1921, et intitulé “Le génie du Rhin”, cette volonté de conciliation transparaît nettement. Ernst Jünger l’a lu dès sa parution.

Barrès posait un diagnostic sur la crise européenne qui n’épargnait pas l’esprit du temps. Il s’adressait surtout à la jeunesse, ce qui lui valu le titre de “Prince de la jeunesse”. Pourtant la radicalisation politique croissante de son “culte du moi”, sublimé en nationalisme intransigeant, effrayait bon nombre de ses adeptes potentiels. Ainsi, Barrès exigeait que le retour des Français sur eux-mêmes devait passer par l’expurgation de toutes influences étrangères. Le “moi”, lié indissolublement à la nation, devait exclure toutes les formes de “non-moi”. Cela signifiait qu’il fallait se débarrasser de tout ce qui n’était pas français et qu’il résumait sous l’étiquette de “barbare”. Il prit dès lors une posture raciste et antisémite. Son nationalisme s’est mué en un chauvisnisme virulent qui se repère surtout dans ses écrits publiés lors de l’affaire Dreyfus. Une haine viscérale s’est alors exprimée dans ses écrits. En 1902, Barrès a rassemblé en un volume (“Scènes et doctrines du nationalisme”) quelques-uns de ces essais corsés.

Barrès n’était pas seulement un homme de plume. Au début des années 80 du 19ème siècle, il avait rejoint le parti revanchiste du Général Boulanger et fut élu à la députation de Nancy.

Après la seconde guerre mondiale, Ernst Jünger comparait le Général Boulanger à Hitler (ce que bien d’autres avaient fait avant lui). Après une conversation avec le fils de Barrès, Philippe, il en arriva à la conclusion que cet engagement en faveur de Boulanger a dû le faire “rougir” (EJ, “Kirchhorster Blätter”, 7 mai 1945).

En 1894, Barrès avait écrit “Du sang, de la volupté et de la mort”, recueil d’esquisses en prose et de récits de voyage en Espagne, en Italie et en Scandinavie, pimentés de réflexions sur la solitude, l’extase, le sexe, l’art et la mort. Le corset spatial étroit du nationalisme de Barrès éclatait en fait dans cette oeuvre car il ne privilégiait plus aucun paysage, n’en érigeait plus un, particulier, pour le hisser au rang d’objet de culte: chacun des paysages décrits symbolisait des passions et des sentiments différents, qu’il fallait chercher à comprendre. En lisant ce recueil, Ernst Jünger a trouvé dans son contenu l’inspiration et le langage qu’il fallait pour décrire les visions atroces des batailles, relatées dans ses souvenirs de guerre. De Barrès, Jünger hérite la notion de “sang”, qui n’est pas interprétée dans un sens biologique, mais est hissée au rang de symbole pour la rage et la passion que peut ressentir un être. Quant aux descriptions très colorées des paysages, que l’on retrouve dans l’oeuvre de Barrès, nous en trouvons un écho, par exemple dans “Aus der goldenen Muschel” (1944) de Jünger.

Maurice Barrès est mort en 1923. Peu d’écrits de lui ont été traduits en allemand. Le dernier à l’avoir été fut son essai “Allerseelen in Lothringen” (“Toussaint en Lorraine”), paru en 1938. Après la deuxième guerre mondiale, aucun écrit de Barrès n’a été réédité, retraduit ou réimprimé. On a finit par le considérer comme l’un des pères intellectuels du fascisme. Barrès a certes été élu à l’Académie Française en 1906 mais sa réhabilitation en tant que romancier est récente, même en France, alors que Louis Aragon l’avait réclamée dès la fin de la seconde guerre mondiale.

Jünger ne s’est pas enthousiasmé longtemps pour ce nationaliste français. Dès la moitié des années 20 du 20ème siècle, il s’oriente vers d’autres intérêts littéraires. Jünger n’évoque Barrès explicitement qu’une seule fois dans ses oeuvres journalistiques et militantes, alors que le Lorrain les avait inspirées. Dans “Vom absolut Kühnen” (1926), Jünger affirme qu’il “préfère la France de Barrès à celle de Barbusse”, parce qu’il entend récuser l’idéologie pacifiste de ce dernier.

Toutes les évocations ultérieures de Barrès relèvent du rétrospectif. Jünger ne puise plus aucune inspiration nouvelle dans les écrits de Barrès. Jünger, âgé, comparait le sentiment qu’il éprouvait face à la défaite allemande de 1918 au désarroi qu’ont dû ressentir les jeunes Français en 1871 (cf. “Siebzig verweht”, IV, 23 octobre 1988). Il répète dans ce même passage que Barrès l’avait fortement influencé dans le travail de façonnage de sa propre personnalité, une imprégnation barrèsienne, dont il s’était distancié assez tôt. En 1945, Jünger notait que “lui-même et les hommes de sa propre génération étaient arrivés trop tard en beaucoup de choses, si bien que la voie, que Barrès avait encore pu emprunter, ne leur était plus accessible”. Dès le début des années 30 du 20ème siècle, Ernst Jünger en était arrivé à considérer le nationalisme barrèsien comme une construction dépassée, née au 19ème siècle et marquée par lui. Cette position l’a empêché de s’engager dans le sillage d’un politicien chauvin comme Boulanger, c’est-à-dire comme Hitler.

Dans la bibliothèque de Jünger à Wilflingen, on trouve deux ouvrages de l’écrivain français: “Amori et Dolori sacrum. La mort de Venise” et les quatorze volumes de “Mes cahiers”. Ces “cahiers”, Jünger les évoque dans une notule envoyée à Alfred Andersch: “Vous me comptez non pas parmi les conservateurs-nationaux mais parmi les nationalistes. Rétrospectivement, je suis d’accord avec vous. J’ose même dire que j’ai inventé le mot; récemment en lisant ses “Cahiers”, je me suis découvert de remarquables parallèles avec Maurice Barrès. Il y dit: ‘...je suis né nationaliste. Je ne sais pas si j’ai eu la bonne fortune d’inventer le mot, peut-être en ai-je donné la première définition’” (cf. “Siebzig verweht”, II, 7 juin 1977).

Ernst Jünger a donc lu les “Cahiers” de Barrès de manière fort occasionnelle car la plupart des quatorze volumes des “Cahiers”, dans la bibliothèque de Wilflingen, n’ont en apparence que rarement été ouverts; certains n’ont même pas été coupés. En 1971, Jünger a dit: “Barrès aussi est désormais derrière moi”. La teneur de cette assertion n’a plus été modifiée jusqu’à la mort de l’écrivain allemand.

Harald HARZHEIM.
(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°23/2005; trad. française: avril 2012).
http://www.jungefreiheit.de/

Harald Harzheim est écrivain, dramaturge et historien du cinéma. Il vit à Berlin. Il travaillait en 2005, au moment où il rédigeait cet article, à un essai sur la “Démonologie du cinéma” d’Ernst Jünger.

Deutsche Meisterdenker

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Deutsche Meisterdenker

von Siegfried Gerlich

Ex: http://www.sezession.de/

Der Regin-Verlag hat eine glückliche Wahl getroffen, seine von Sebastian Maaß herausgegebene Gesprächsreihe »ad rem« mit Selbstportraits der besten Köpfe der radikalen Rechten zu eröffnen. Dabei wecken die Biographien Hans-Dietrich Sanders und Günter Maschkes den Verdacht, daß deren intellektueller Rang sich nicht unmaßgeblich ihren marxistischen Lehrjahren verdankt.

Der auf mecklenburgischem Land aufgewachsene »nationale Dissident« Sander stand als Theaterkritiker in der frühen DDR zunächst unter dem Einfluß Bertolt Brechts, bevor er in die BRD übersiedelte und sein politisches Denken an Carl Schmitt neu schulte. Von der Borniertheit der Rechten abgestoßen, bezog Sander stets einen parteiübergreifend gesamtdeutschen Standpunkt. So erwuchs mit dem jungen Mitarbeiter der Welt und späteren Herausgeber der Staatsbriefe nicht nur dem Establishment ein Störenfried, sondern auch dem nationalen Lager ein Konkurrent. Unermüdlich gegen die »postfaschistische Resignation« ankämpfend, verachtete Sander den Neuen Konservatismus Schrenck-Notzings und Kaltenbrunners als kraftlos und konformistisch.

Trotz seines Bekenntnisses zum Preußentum als der »Quintessenz des deutschen Geistes« macht Sander keinen Hehl daraus, daß ihm für die Wiederherstellung des Deutschen Reiches die Rückgewinnung der ostdeutschen wie der deutsch-österreichischen Gebiete noch immer als »nationaler Imperativ« gilt. Nur von dieser Höhe, wenn nicht Hybris, seines »ghibellinischen« Reichsnationalismus her wird Sanders Argwohn verständlich, die Alliierten hätten mit der Wiedervereinigung »die Endlösung der deutschen Frage« bezweckt. Selbstbewußt beansprucht Sander, seit Kriegsende wie kein anderer »den deutschen Geist verkörpert zu haben«. Mit seiner scharfen Kritik der den Untergang einer entorteten Welt beschleunigenden jüdischen Apokalyptik stemmte er zumal den deutschen Antijudaismus auf ein einsames philosophisches Niveau. Um so widersprüchlicher wirkt Sanders eigener apokalyptischer Ton, in dem er ein »schnelles Ende« des bestehenden Deutschland beschwört, da erst nach einer »restlosen Implosion des status quo« eine neue Reichsherrlichkeit anbrechen könne. Ernst Jünger jedenfalls quittierte die Zusendung von Sanders grandiosem Hauptwerk Die Auflösung aller Dinge mit den mahnenden Worten: »Wir haben unser Cannae hinter uns.«

Zu Sanders heimatlich wohlverortetem deutschen Geist bildet Maschkes abenteuerliches Herz und sein nachgerade französischer Esprit einen harten Kontrast. Die Jugendjahre vis-à-vis dem Geburtshaus von Karl Marx in Trier verlebend, zog es den philosophisch ambitionierten Studenten zu Ernst Bloch nach Tübingen, wo er eine führende Rolle in der dadaistischen »Subversiven Aktion«, der auch Rudi Dutschke und Bernd Rabehl angehörten, spielen sollte. Der von Dutschke als »Maschkiavelli« Titulierte despektierte diesen wiederum als »reinen Toren«, da sich in dessen Revolutionsromantik die Machtfrage nicht stellte.

Nach seiner Desertion aus der Bundeswehr 1965 floh Maschke nach Wien, um als Kommunarde Adorno und Marcuse zu propagieren, bis Bruno Kreisky ihn in Abschiebehaft nahm. Das rettende kubanische Asyl 1968/69 bewahrte Maschke indessen nicht vor der Desillusionierung über Castros Sozialismus, und seine Hilfsdienste für eine Umsturzpläne schmiedende oppositionelle Gruppe führten zu seiner Ausweisung. Nach der Heimkehr nach Deutschland trat Maschke seine ausstehende Haftstrafe an und nahm eine schmerzliche Grundrevision seiner ideologischen Überzeugungen in Angriff. Ab 1973 als freier Mitarbeiter bei der FAZ beschäftigt, wandte sich Maschke allmählich der Neuen Rechten zu. Besiegelt wurde seine Konversion durch die 1979 geschlossene Freundschaft zu Carl Schmitt, als dessen Herausgeber und profunder Kenner Maschke sich internationale Anerkennung erwarb.

In seinen wenigen, aber gewichtigen Büchern und Aufsätzen richtete »der einzige Renegat der 68er-Bewegung« (Habermas) sein »bewaffnetes Wort« zunehmend gegen die degenerierten Nachkriegsdeutschen als »Fellachen de luxe« und die USA als »Schurkenstaat Nr. 1«, und mit seiner Stilisierung Castros zum »Katechon« einer in den Abgrund rasenden globalisierten Welt erwies der »Kritiker des Guerilleros« diesem eine späte Reverenz. Wie ein »Partisan, der die Waffen nimmt, wo er sie kriegen kann«, schätzt Maschke den unverminderten diagnostischen Wert der marxistischen Theorie und verachtet die »Lesefaulheit und latente Theoriefeindschaft vieler Rechter, die glauben, mit ihren Affekten auszukommen.« Gerade am autoritären Marxismus imponiert dem Nationalrevolutionär der Anspruch einer »höheren Sittlichkeit«, wohingegen die libertäre Linke sich mit dem bourgeoisen Liberalismus arrangiert habe und dessen hedonistischen Verfall auch noch forciere und als Emanzipation feiere. In seinen erfrischenden Heterodoxien erweist sich Maschke als einer jener freien Geister, die in allen Lagern selten geworden sind: »Nichts korrumpiert das Denken so sehr wie die Angst vor dem Beifall von der falschen Seite.«

Hans-Dietrich Sander/Sebastian Maaß: »Im Banne der Reichsrenaissance«, Kiel: Regin 2011. 126 S., 14.95 €
Günter Maschke/Sebastian Maaß: »Verräter schlafen nicht«, Kiel: Regin 2011. 206 S., 16.95 €