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Entretien de Lucien Cerise avec Le Harfang, magazine de la fédération des Québécois de souche
Le monde change, semblant s’orienter vers le chaos le plus complet et pourtant, au-dessus de ce chaos, une oligarchie semble plus stable que jamais, intouchable et inébranlable. Elle ne gouverne pas par la force des armes, mais pourtant son pouvoir est réel. Aux défilés militaires et à la répression ouverte des dictatures du passé, elle s’impose doucement, via des techniques plus subtiles, liées à l’ingénierie sociale, la nouvelle façon de gouverner. Pour comprendre les dessous de cette politique et de ce nouveau pouvoir, l’écrivain Lucien Cerise, romancier et essayiste, nous explique ce qu’est l’ingénierie sociale.
Harfang – Pourriez-vous nous définir ce qu’est selon vous l’ingénierie sociale ? Qui en furent les précurseurs ?
Lucien Cerise – L’ingénierie sociale est le nom donné au XXe siècle à une approche interventionniste et mécaniste des phénomènes sociaux. Il s’agit de travailler à transformer la société comme s’il s’agissait d’un bâtiment, d’une architecture, en faisant de la « démolition contrôlée » par exemple, d’où l’usage d’une forme de « chaos contrôlé » pour provoquer des changements qui, sinon, ne se produiraient pas d’eux-mêmes. La différence avec la politique, qui travaille également à changer la société, réside dans le fait qu’on ne s’adresse pas à un ensemble de sujets en essayant de les convaincre par de beaux discours mais qu’on traite cet ensemble de sujets comme un gros objet à reformater, d’où une tendance forte à la chosification et à la réification. Le milieu du piratage informatique s’est également approprié la notion en ajoutant la composante de furtivité et de contournement des dispositifs de sécurité. Pour ma part, arrivant après les autres, je propose la définition suivante : l’ingénierie sociale est la transformation furtive et méthodique des sujets sociaux (individus ou groupes).
Les vrais précurseurs de l’ingénierie sociale – les premiers neuro-pirates – sont les prêtres, sorciers et magiciens des sociétés ancestrales, qui connaissaient les mécanismes de l’âme humaine et de la dynamique des groupes, et savaient parfaitement les exploiter. Cette expertise a donné naissance à une tradition ésotérique transmise au fil des siècles, dont les figures mythiques sont le golem et le zombie, et qui n’est rien d’autre que du proto-hacking cognitif. À l’époque contemporaine, on voit le « social engineering » apparaître sous la plume de l’épistémologue Karl Popper (1902-1994), que j’avais lu quand j’étais étudiant. Une dizaine d’années plus tard, je suis entré en contact de plusieurs façons avec l’univers professionnel des consultants en management, marketing et sécurité des systèmes, et je suis retombé sur cette idée d’une ingénierie des faits sociaux, c’est-à-dire d’une construction artificielle des événements et des idées, additionnée d’une certaine dose de furtivité pour donner les apparences de la spontanéité. J’ai commencé à comprendre dans quel monde nous vivions, un monde de production du fait social comme d’un artefact. Deleuze et Guattari parlaient déjà dans les années 70 de « production de subjectivité », donc de production d’identité. Aujourd’hui, le petit monde du consulting envisage de façonner l’intimité humaine dans tous ses aspects – psychologique, sociologique, génétique, etc. – de manière industrielle, standardisée, stéréotypée, mais en effaçant les traces du processus de production pour donner l’illusion que c’est une évolution normale et naturelle. Ma formation m’a donné les outils pour étudier ces questions, auxquelles j’avais été un peu préparé par ma fréquentation du courant situationniste (Debord, Baudrillard, Stuart Ewen, Tiqqun, etc.) qui met en avant le rôle fondateur de l’artifice, du trucage et de la simulation du réel dans nos sociétés postmodernes. En cherchant encore d’autres sources académiques, je suis remonté aux années 1920 – la période originaire des sciences du comportement – avec une nébuleuse d’institutions et d’individus gravitant jusqu’à aujourd’hui autour de la cybernétique et des cellules d’action psychologique des services secrets : Institut Tavistock, Conférences Macy, école de Francfort, école de Palo Alto, Kurt Lewin, Edward Bernays, Norbert Wiener, Gregory Bateson, Paul Watzlawick, etc.
H – Concrètement, quelles sont les techniques employées ?
LC – Les techniques se subdivisent en « dures » et « douces » mais procèdent toutes d’un tronc commun : la psychologie du conditionnement, qui s’est affinée avec le temps pour aller vers les techniques de suggestion subliminale et d’influence comportementale comme le « coup de pouce », le cadrage indirect, en anglais le Nudge. Dans le management, on parle de conduite du changement, ou changement dirigé, qui est une méthode douce consistant à s’imprégner de la culture d’une entreprise pour la modéliser et dégager ainsi son cœur identitaire – son ADN par métaphore – et la modifier ensuite par petites touches insensibles. Par transfert de compétences, on peut faire la même chose avec n’importe quelle culture ou identité. D’autres techniques plus brutales existent aussi, comme le Mind Control, qui procède par le choc et le traumatisme, mais cela réclame un dispositif assez lourd que seules des institutions richement dotées peuvent se permettre. Certaines notions sont transversales aux techniques dures et douces, et déclinées de diverses façons, tels que les couples stimulus/réponse et récompense/punition.
Les techniques douces m’intéressent davantage car je peux les pratiquer au quotidien sur mon entourage. Globalement, on discerne deux grandes étapes. La première consiste à prendre le contrôle du champ de l’attention du sujet cible – son champ attentionnel de conscience lucide – comme le font les mentalistes et prestidigitateurs, pour exploiter ses angles morts et ses failles, contourner sa vigilance, passer sous le radar de son système de sécurité de sorte à pouvoir réécrire le logiciel de ce sujet sans même qu’il en soit conscient. Ce premier moment méthodologique doit assurer de rester furtif, inaperçu, par simulation du naturel (astroturfing) et hameçonnage (phishing), c’est-à-dire une promesse de récompense qui permet d’abuser de la confiance d’autrui en usurpant soit l’identité de la victime, « Je suis incapable de faire du mal », soit du sauveur, « J’ai la solution à votre problème », application stratégique du fameux triangle de Karpman. Quand on a gagné la confiance du sujet cible – ou au moins qu’on n’éveille pas sa méfiance – et qu’il nous ouvre sa porte, la deuxième étape est la réécriture du programme comportemental du sujet cible pour faire monter la méfiance entre lui et un autre sujet cible afin de provoquer à terme un conflit triangulé. Ceci suppose de calculer le choc en retour pour ne pas être impacté soi-même par le conflit que l’on orchestre pour les autres et entre les autres. En effet, l’ingénierie sociale doit permettre d’augmenter la zone d’incertitude d’autrui pour diminuer la mienne, principe du double standard selon lequel ce qui vaut pour vous – ouverture et instabilité – ne vaut pas pour moi car je conserve le droit de me fermer et de rester stable. C’est à cela que sert l’idée de « société ouverte », véritable virus mental formulé par Karl Popper et repris par son disciple George Soros, qui permet de culpabiliser les autres de rester fermés, de sorte à les pousser à s’ouvrir, tout en restant soi-même fermé mais en bénéficiant de l’image généreuse de celui qui appelle à l’ouverture. Une chanson du groupe Les Brigandes, « Jakadi des millions », résume parfaitement et avec humour cette éthique croisée à deux vitesses. Le refrain dit en substance : « Jacques Attali a dit on veut des millions d’immigrés, mais pas dans ma maison ! »
H – Qui sont les acteurs derrière l’ingénierie sociale ? Dans Oliganarchy, vous nous parlez de leurs motivations qui seraient fondées selon vous sur de bons sentiments. Qu’est-ce qui les motive selon vous ?
LC – Dans Oliganarchy, je brosse le portrait d’un conseiller du président des États-Unis, un spin-doctor dont la philosophie est une sorte d’hyper-rationalisme utopiste. Il pense sincèrement que le monde doit être réduit à une mécanique scientifique parfaitement huilée et prévisible pour que les gens soient heureux. En fait, il ne pense même plus aux « gens », il ne poursuit qu’un seul but : réduire l’incertitude à zéro pour mieux gérer les « choses ». Or, abolir toute incertitude est impossible, sauf à pouvoir prédire l’avenir dans des proportions telles que l’avenir est aboli. C’est le mythe de la fin de l’Histoire, quand il n’y a plus de contradictions, donc plus de tensions, donc plus de mouvement, théorisé par Hegel au début du XIXe siècle et qui anime ses descendants spirituels de gauche (marxistes) comme de droite (libéraux), qui tous rêvent à une société sans classes et/ou sans frontières. Le paradoxe que j’ai essayé de mettre en scène est que pour arriver à ce « paradis sur Terre », il faut détruire la Terre, ou au minimum en faire un enfer. Pour parvenir à ce monde parfaitement rationnel, il faut détruire le monde, le stériliser, en retirer la vie biologique pour la remplacer par une forme de vie plus prévisible, cybernétique, numérique, transhumaniste, etc. Pour certains individus comme mon personnage, cette extermination de l’espèce humaine et de tout le vivant n’est qu’un dommage collatéral. « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. » À mon avis, ce ne sont donc pas vraiment des bons sentiments qui motivent les principaux acteurs de l’ingénierie sociale mais plutôt une volonté de puissance exacerbée, un fantasme d’abolition complète de l’incertitude et de contrôle total sur tout.
H – Partagez-vous l’idée de Michel Drac voulant qu’il faut se « sortir » du système pour éviter d’être piégé ?
LC – Oui et non. Attention à ne pas s’auto-piéger en croyant se libérer. Il faut au minimum avoir un pied dedans et un pied dehors. En effet, la sortie du système conduit souvent à l’impuissance. Certes, il ne faut pas « penser » dans le cadre imposé par le système, mais il faut « agir » dans le cadre imposé par le système. Pourquoi ? Parce que le pouvoir est dans le système, le pouvoir est le système, et que le but est de prendre le pouvoir, donc de prendre le système. Pour sécuriser sa position et nous empêcher de le renverser, le pouvoir en place essaye de nous expulser du système. Un stratagème qu’il a inventé est de nous faire croire que le pouvoir est en dehors du système. Il n’y a rien de plus faux et on le comprend en analysant les rapports de forces de façon purement tactique et réaliste. Tout est question de chiffres. La force de l’ennemi est son capital économique. Impossible de rivaliser à ce niveau-là. En revanche, nous pouvons lui opposer le nombre démographique. À ce sujet, j’ai un slogan : « Face aux millions de dollars, il faut être des millions de gens. » Quand je vois les moyens déployés pour nous piéger, moyens illimités qui se comptent en fait en milliards d’euros ou de dollars, il m’apparaît donc évident que seule une organisation de masse et travaillant à l’intérieur du système est en mesure de rivaliser et de pouvoir s’opposer au pouvoir du capital. Le seul bouclier à opposer à l’oligarchie est donc le parti de masse. C’est la foule qui nous protège quand on ne peut pas se payer les moyens individuels de la sécurité. Face au prédateur, certaines espèces animales opposent un troupeau compact. Ce côté grégaire et solidaire ne doit en aucun cas être méprisé car c’est un outil survivaliste très puissant. L’élitisme n’est pas pour les pauvres du point de vue tactique et stratégique. En effet, dès que je sors du système, je me retrouve seul ou en petits groupes faciles à écraser. Le prédateur s’en prend toujours aux individus isolés, qui sortent du troupeau et se retrouvent exposés. Évidemment, le troupeau doit être organisé intelligemment et de façon souveraine, c’est-à-dire par son avant-garde et non par le prédateur lui-même, avançant derrière le masque de la victime ou du sauveur. L’organisation des masses dans des structures politiques anticapitalistes repose sur ce que les communistes appelaient « l’avant-garde du prolétariat ». Ce qui ne veut pas dire qu’il faille faire vœu de pauvreté, bien au contraire. Gagner beaucoup d’argent est même très utile pour mieux lutter de l’intérieur contre le culte de l’argent. La sortie du système est donc à proscrire même si dans certains cas elle est de bonne pédagogie car on apprend des choses. Parfois, elle est involontaire ou obligatoire, mais dans tous les cas elle ne permettra jamais de prendre le pouvoir. Se complaire dans une posture hors système conduit à se marginaliser soi-même, donc à se désarmer tout seul et à se livrer au pouvoir sur un plateau. En résumé, je pense qu’il faut infiltrer le système, c’est-à-dire faire carrière à l’intérieur du système, manipuler le capital mais tout en conservant un projet alternatif sur le plan idéologique.
H – Dans les années 80 et 90 plusieurs conspirationnistes tel Serge Monast au Québec parlaient d’une implantation éventuelle d’une micro-puce visant à nous monitorer. S’agit-il d’un délire paranoïaque ?
LC – Ce qui pouvait paraître comme un délire paranoïaque il y a dix ans est devenue une réalité aujourd’hui. Pour ma part, j’ai commencé à m’informer sur les projets de puçage de la population en 2005. J’ai découvert les écrits et interventions filmées de Serge Monast à cette époque sur des sites internet qui le citaient comme base documentaire. De nos jours, plusieurs pays comme la Suède sont en pointe dans ce programme transhumaniste. En 2015 à Paris a eu lieu une soirée de présentation des technologies RFID (Radio Frequency Identification) et NFC (Near Field Communication), avec des implants sous-cutanés de puces électroniques réalisés sur des cobayes humains en direct et en public. Un gros travail de persuasion médiatique est en cours pour essayer de normaliser cette pratique, qui avance avec les monnaies virtuelles, la suppression de l’argent liquide et la dématérialisation des moyens de paiement. La suppression des titres de transport physiques dans le bus ou le métro est également prévue. Cela a été annoncé pour la région parisienne. Quand nous n’aurons plus d’argent liquide et que tous nos paiements et déplacements pourront être tracés, nous serons alors réduits à un statut pire que celui de l’esclavage : nous serons devenus de simples « objets communicants ».
H – Outre l’ingénierie sociale et la gouvernance par le chaos abordé avec Michel Drac, quelles autres techniques de gouvernance nos élites utilisent-elles ?
LC – Je vois deux autres techniques, qui marchent le plus souvent ensemble mais pas toujours : la discrimination positive et l’israélo-formation, c’est-à-dire le façonnage du monde sur le modèle israélien. La discrimination positive consiste à accorder plus de droits aux minorités qu’à la majorité, ce qui permet d’instaurer une vraie dictature d’apartheid sous prétexte de réparation morale. L’israélo-formation, soit le façonnage d’un pays sur le modèle israélien, consiste pour le gouvernement à entretenir une « menace terroriste » de diverses façons, notamment au moyen d’attentats sous faux drapeau commis directement par les services d’action clandestine de l’État. Cet usage politique du terrorisme est nommé également « stratégie de la tension » quand il est rapporté à l’OTAN. En France, nous sommes rentrés de plein pied dans cette israélo-formation avec les deux séries d’attentats de 2015 et les déclarations du premier ministre Manuel Valls (« lié de manière éternelle à Israël » selon ses termes), qui nous a assuré qu’il fallait s’habituer à vivre avec la « menace terroriste » – preuve qu’il souhaite vraiment qu’on y pense tout le temps ! Or, cette « menace terroriste » qui permet de peser sur les décisions politiques est évidemment parfaitement sous contrôle puisqu’elle disparaît comme par miracle quand le gouvernement n’en a plus besoin, par exemple quand il organise des manifestations « Je suis Charlie » ou contre un projet de loi pour donner l’illusion que l’opposition est dans la rue [contre la loi Travail, par exemple].
L’israélo-formation, en d’autres termes le terrorisme d’État, est d’abord testée sur les Palestiniens et les Israéliens puis transposée en Amérique du Nord, en Europe et au monde entier comme le montre le documentaire The Lab de Yotam Feldman. Le complexe militaro-industriel israélien enregistre des bénéfices importants et n’a donc aucun intérêt à la paix, que ce soit sur son territoire ou au niveau mondial, d’autant plus qu’il se rend ainsi propriétaire des grands axes du système de surveillance occidental, fondé sur la traçabilité électronique et vidéo, le contrôle des entrées et des sorties avec des check-points partout et l’extraction de données (data mining) pour anticiper nos comportements. La « sécurité » de plusieurs aéroports concernés dans divers attentats islamistes était entre les mains de l’entreprise ICTS (International Consultant on Targeted Security), fondée en 1982 par des membres des services secrets israéliens. Gouverner par le chaos, conformément à la doctrine Ordo ab Chao, consiste à plonger volontairement la société dans l’insécurité, à organiser ou à laisser faire des attentats, donc à orchestrer des tensions entre les composantes du système, ce qui revient à faire monter la méfiance entre les sous-ensembles de tel ensemble pour que ce dernier dysfonctionne et se disloque. À ce moment-là, quand on a créé le problème, on apporte la solution. Si l’on prend comme échelle d’observation le monde entier, cela donne le fameux « choc des civilisations », dont on voit l’application en France, où le pouvoir d’obédience judéo-maçonnique déploie de gros efforts pour lancer une guerre de basse intensité islamo-chrétienne. Tous les concepts de l’ingénierie sociale seront appliqués puisque ce sera un conflit triangulé, entretenu artificiellement mais simulant la spontanéité, fondé sur l’usurpation de l’identité de la victime permettant d’abuser de la confiance des chrétiens et des musulmans pour les dresser les uns contre les autres en bourreaux mutuels et avec comme hameçon la promesse d’une hégémonie identitaire conquise ou reconquise. Les attentats que nous avons connus jusqu’à présent ne sont que des préparations. Ce chaos doit cependant rester contrôlé : la violence doit être omniprésente mais jamais trop déclarée, avec une ambiance de « menace terroriste » permanente mais qui n’empêche pas la Gay Pride de défiler dans les rues, comme à Tel-Aviv. Nous y sommes déjà en France et un peu partout en Occident, mais ce n’est pas encore assez. Les services spéciaux doivent donc organiser un événement encore plus violent que le 13 novembre 2015. Dans mes pires cauchemars, j’imagine une mise en scène du Mossad pour solidariser la population avec les juifs contre les musulmans : par exemple, une prise d’otages dans une école où les djihadistes décapiteraient les enfants juifs et chrétiens mais épargneraient les enfants musulmans. Les familles chrétiennes se rapprocheraient dans la douleur des familles juives et de la cause sioniste, et la haine envers les musulmans deviendrait telle qu’il faudrait militariser le territoire et surveiller la population encore plus pour éviter tout débordement, évidemment sans jamais envisager une seconde d’arrêter l’immigration musulmane en France, car « pas d’amalgames ». La prise en tenaille serait complète et le piège complètement refermé. Après un tel attentat, l’essentiel serait acquis : la population chrétienne serait définitivement arrimée au lobby sioniste et accepterait tout de sa part pour qu’il la protège des musulmans, mais n’oserait plus s’élever contre l’immigration par peur d’être accusée de « racisme et d’antisémitisme ».
H – Dans un monde où le pouvoir est essentiellement entre les mains des lobbies et des hommes d’affaires, les élections ont-elles encore un sens ou doivent-elles être considérées comme un leurre ?
LC – La preuve que les élections ont encore un sens et ne sont pas un leurre, c’est l’argent et le temps que les lobbies et les hommes d’affaires investissent pour influencer les résultats ou pour les truquer carrément quand ils ne sont pas conformes à leurs souhaits. La propagande médiatique pour pirater le cerveau des gens coûte des milliards tous les ans. D’autre part, on sait que les élections présidentielles ont été truquées dans trois pays occidentaux : aux États-Unis pour les deux mandats de Bush fils ; en France, par le vote électronique, pour le mandat de Sarkozy ; en Autriche, cette année, et on attend le nouveau scrutin. Une autre façon plus économique d’essayer de peser sur les élections, c’est de passer des ordres pour interdire aux banques d’accorder les crédits permettant de mener des campagnes électorales, afin de tuer économiquement les candidats et partis jugés indésirables. Par exemple, en France, aussi longtemps que le Front National ne représentait aucun danger pour les lobbies et les hommes d’affaires, les banques acceptaient de lui accorder des prêts pour mener ses campagnes. Mais depuis que le FN est devenu le premier parti de France en arrivant en tête des élections européennes de 2014, les banques dites françaises sont unanimes à refuser de lui prêter un centime et ce parti est contraint de se tourner vers des soutiens financiers russes.
H – Finalement, votre livre Oliganarchy se termine avec la promesse d’un second tome, à quand la livraison ?
LC – En fait, Oliganarchy est lui-même le tome 2 d’un ouvrage que j’ai projeté en cinq tomes (quatre romans avec des personnages récurrents, plus le recueil de poèmes écrit par le personnage « Lucien »). En principe, les éditions Le retour aux sources republieront en 2017 ou 2018 les deux premiers tomes reliés ensemble dans un même volume, dans une nouvelle édition revue et corrigée. Le recueil de poèmes, quant à lui, est déjà achevé et je vais essayer de le publier l’an prochain, mais sans doute chez un éditeur spécialisé en poésie. Il me restera à écrire les deux derniers romans pour mener à terme le cycle complet. Le troisième roman, qui suit immédiatement Oliganarchy, est à l’état de brouillon et devrait pouvoir sortir en 2018 ou 2019 au plus tard. Il y aura un quatrième roman car c’est nécessaire pour développer toute l’histoire, mais il n’en est pour l’instant qu’au stade de l’idée. En attendant, je vous invite à découvrir Gouverner par le chaos (Max Milo, 2014), Neuro-Pirates (Kontre Kulture, 2016) et ce que je fais aux éditions Le retour aux sources.
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Pour en savoir plus sur Le Harfang : éditorial par Rémi Tremblay et sommaire en ligne du vol.5, no.3, « Ingénierie sociale ».
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Gianfranco de Turris, segretario della Fondazione Evola. Il filosofo di “Cavalcare la tigre” è negli ultimi giorni tornato d’attualità per una citazione di un consigliere del neopresidente Usa Donald Trump, Steve Bannon. In che contesto Bannon ha citato Evola?
“In realtà non è proprio così, anche se il “New York Times” ha lasciato credere questo… Il quotidiano ha tirato fuori solo ora una cosa del 2014, quando Trump non era nessuno, solo per metterlo in difficoltà con quello che è ora il suo consigliere principale. Ma la coincidenza ancora più interessante è che la dichiarazione di Bannon è uscita il 10 febbraio, guarda caso esattamente dieci giorni dopo la sua nomina nel National Security Council! Se due indizi fanno una prova… L’autore dell’articolo sul NYT, Jason Horowitz, che mi ha intervistato per mettere tre righe su mezz’ora di conversazione, è il vaticanista del giornale ed è stato volutamente generico nel riferimento a tre anni fa. Ma in Rete non si perde nulla e si è trovata la fonte primaria della notizia. Bannon in realtà non parla direttamente di Evola ma lo cita en passant, rispondendo ad una domanda, dunque uno spunto occasionale, non programmato. E citando invece esplicitamente Dugin, consigliere, si dice, di Putin. Tutto qui. Una cosa ridicola e strumentale, che comunque ha permesso a “Repubblica” un titolo epocale in prima pagina (!) da incorniciare: “Evola e il Fascismo ispirano Bannon la mente di Trump”. Il titolo dell’articolo è nel classico stile-Repubblica, allarmistico e pomposo: “Il cuore nero della destra americana”. E cioè: Sun Tsu, Spengler, D’Annunzio, Evola e Mussolini! Ah, anche Dart Fener, il cattivo di “Guerre stellari”… Insomma, una “trama nera”, che va dalla Rivoluzione Conservatrice a Star Wars…. Risun teneatis! Incredibile ma vero. A questo giunge la stampa italiana, senza senso del ridicolo. Ma questo ci fa gioco.
Insomma, all’inizio c’è una bufala strumentalizzata ad uso interno statunitense, anche se è perfettamente vero, come mi avevamo detto tempo fa amici americani, che Stephen Bannon è un conoscitore del tradizionalismo e legge e studia non solo Evola, ma anche Guénon, Dugin e de Benoist, che un vero tradizionalista certo non è, ma che comunque collabora anche al sito Breitbart News, cuore della cosiddetta Alt-Right statunitense”.
Ma che cosa interessa a Bannon del tradizionalismo?
“Se ci si deve basare sulla conferenza in Vaticano dove i riferimenti sono generici, si deve pensare che Bannon in realtà riprende piuttosto alcuni concetti della Rivoluzione Conservatrice, condivisi spesso parzialmente e con riserve (vedi il caso del principio di autodeterminazione dei popoli) dal pensiero tradizionale. È ad ogni modo la critica alla modernità che interessa a Bannon del pensiero tradizionale, le accuse al mondialismo, alla globalizzazione mercantilista, ecc. Una forma di anticapitalismo di Destra, insomma, assai diffuso anche al di fuori del pensiero tradizionale. Con risvolti ultrapopulisti che però riprendono più la tradizione americana che quella europea e che di sicuro Evola non avrebbe mai sottoscritto considerando il tipo di critiche che rivolgeva a fascismo e nazismo su questo punto”.
Evola negli Usa: è studiato dalle élite americane o nelle accademie oltreoceano?
“Macché! La cosa paradossale è proprio questa. Nonostante che tutti i suoi libri maggiori siano tradotti in inglese soprattutto dalla americana Inner Traditions, che io sappia non viene non dico letto dalle élites, ma neppure studiato nelle università, a parte alcuni singoli docenti che se ne sono occupati per aspetti particolari come Richard Drake per l’aspetto politico, Joscelyn Godwin per l’esoterismo o Jeffrey Schnapps per l’arte. Forse questo inaspettato parlarne sui grandi giornali americani potrebbe accendere un vero e serio interesse per la sua opera multiforme, al di là delle sciocchezze che sono state scritte…”.
Il barone dedicò saggi e studi agli Stati Uniti e all’americanismo. Con che orientamento?
“Evola ha scritto sugli Stati Uniti sin dagli anni Trenta con il famoso saggio “Americanismo e bolscevismo” che poi divenne la conclusione di “Rivolta contro il mondo moderno” già nella prima edizione del 1934. Sono le due facce della stessa medaglia, cioè il materialismo, che alla fine stritoleranno l’Europa, in quanto particolare tipo di civiltà. Caduta l’URSS però sono rimasti solo gli USA. Dopo quasi trent’anni adesso a capo degli USA c’è un singolare personaggio, del tutto imprevisto e imprevedibile, gli sviluppi della cui politica non è possibile immaginare, e le cui posizioni potrebbero essere influenzate da Bannon.
Certo è paradossale, una beffa se non una nemesi della Storia che un pensatore che ha visto nell’americanismo un nemico più pericoloso del comunismo in quanto subdolo, e che contro gli USA ne ha scritte di tutti i colori (basti leggere gli articoli riunti da Alberto Lombardo in “Civiltà americana”, quaderno della Fondazione Evola) abbia improvvisamente un accesso al pensiero di un consigliere di un presidente americano! Chi lo avrebbe mai potuto immaginare? La Storia non è già stata scritta e non va in un’unica direzione come pensano i progressisti oggi in grandi ambasce. Non so pensare a come andrà a finire, sempre che si consenta a Trump di arrivare a fine mandato (i casi Kennedy e Nixon insegnano). Mah!”.
L’attualità del pensiero evoliano: resta concretamente spendibile per comprendere gli scenari internazionali?
“Il pensiero di Evola non è un pensiero politico ma metapolitico, non è pratico ma si preoccupa di formare le menti e lo spirito per affrontare la politica-politicante, voleva creare “una destra spirituale” come scrisse ne “Gli uomini e le rovine” nella edizione del 1967. E ciò vale sia nella politica interna che in quella internazionale. Sono i grandi principi, i valori base che contano, il riferimento al sacro, una forma mentis antimoderna e antimaterialistica. E oggi che è tutto impregnato di materialismo, laicismo, dove tutto è secolarizzato soprattutto in USA, è difficile pensare secondo le sue indicazioni. Ma non impossibile. La classe dirigente è stata allevata in base a ben altri criteri. I riferimenti, che hanno fatto alcuni giornali italiani al “predominio della razza bianca” sono ridicoli, se non demenziali”.
Tiriamo le somme: molto rumore per nulla?
“Penso di sì. Non dimentichiamoci che, da quando è stato eletto Trump la grande stampa progressista internazionale è coalizzata contro di lui: il NYT, e qui da noi i grandi quotidiani, dedicano letteralmente un servizio al giorno per screditare lui e i suoi collaboratori. Nel nostro caso è una strumentalizzazione anti Trump di un fatto lontano e tangenziale, indiretto, ripescato nella memoria di un giornalista. Tanto per poter dire, fornendo un’immagine forzata e inventata delle idee di Evola, che gli Stati Uniti potrebbero diventare una nazione autoritaria, se non dittatoriale e fascista, e magari giustificare un golpe bianco contro Trump o il suo assassinio da parte di qualche esaltato che uccide ill tiranno in nome della democrazia. Io credo proprio che Evola se la ridirebbe di gusto… Anche se, considerando le imprevedibilità della Storia recente, non si sa proprio quel che potrebbe accadere”.
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L’Allemagne et le monde ont perdu un très grand journaliste. Udo Ulfkotte n’avait que 56 ans quand il est mort d’un arrêt cardiaque le vendredi 13 janvier 2017. Le monde des patriotes et des amoureux de la vérité par les recherches sont tristes. Udo Ulfkotte a été un journaliste qui a dénoncé l’abominable manipulation des média officiels. Udo Ulfkotte a travaillé au Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) et a dénoncé les méthodes de sa rédaction pour manipuler les faits et donc l’information. Udo Ulfkotte est devenu un journaliste à succès pour ses nombreux livres publiés sur le danger de la guerre civile en Allemagne ou en Europe, sur le mensonge des journalistes, sur le mensonge des enseignants. Udo Ulfkotte a reçu une liste incroyable de menaces de mort pour ses positions directes. Udo Ulfkotte a dénoncé la politique menée par Merkel qui mène à la destruction de l’Allemagne. Le journaliste dénonçait sans relâche la censure, le mensonge des responsables politiques qui dirigent les nations dont l’Allemagne. Dans des dernières publications sur Facebook Udo Ulfkotte dénonçait le fait qu’un retraité doive payer une amende de 200 euros pour une retraite de 300 euros car le retraité en question faisait les poubelles pour pouvoir se nourrir. Dans une autre dernière publication sur Facebook, Udo Ulfkotte invitait ses lecteurs à le suivre sur vkontakte, la version russe de Facebook, car Facebook censurait trop souvent Udo Ulfkotte.
Udo Ulfkotte a inspiré de nombreux journalistes pour rétablir la vérité par les faits. J’ai rencontré Udo Ulfkotte la première fois à Berlin dans une conférence en 2006. Je me promenais avec une caméra. « Vous travaillez pour qui », fut sa question. « Je suis journaliste indépendant », je répondis. « Cela n’existe pas », répondit Udo Ulfkotte de manière agacée. Udo Ulfkotte était un homme proche du peuple et de la société et tous les aspects de la société l’intéressait. Udo Ulfkotte répondait aux questions par mail très rapidement dans une très grande simplicité.
Pour la Voix de la Russie, j’ai réalisé des entretiens avec Udo Ulfkotte. Je vous propose de les relire en mémoire d’un journaliste qui a réalisé un travail colossal pour avertir le peuple allemand sur le danger de sa destruction. Udo Ulfkotte reste un exemple à suivre pour ceux qui souhaitent devenir un jour journaliste !
Udo Ulfkotte est mort trop jeune. Il avait encore des projets de lire à écrire pour faire des révélations…
Udo Ulfkotte est le journaliste qui a, dans un entretien donné à RT, confirmé au monde que l’Allemagne n’est pas une démocratie avec une presse libre mais une colonie, et révélé avoir travaillé comme journaliste au Frankfurter Allgemeine Zeitung, illustre titre de la presse allemande, pour le compte de la CIA. Udo Ulfkotte donne toutes ces révélations dans son livre paru cet octobre, « Gekaufte Journalisten – Wie Politiker, Geheimdienste und Hochfinanz Deutschlands Massenmedien lenken » (Journalistes achetés – Comment les politiciens et la finance dirigent les médias de masse). Ses déclarations ont fait le tour de la planète et confirmé aux lecteurs, qui se doutent bien que rien ne va pas plus avec les médias de masse, qu’ils sont désinformés et manipulés par des journalistes formés à mentir. Au-delà de sa position sur les médias, Udo Ulfkotte est aussi connu pour ses livres d’investigations sur l’islam, les services secrets, l’immigration de masse, la menace de guerre civile en Europe, des sujets où il est prophète en la matière. Udo Ulfkotte a, par exemple, dérangé avec son livre « La guerre dans nos villes. Comment des islamistes radicaux infiltrent l’Allemagne » paru en 2003. Les services secrets allemands et le pourvoir politique ont tenté de l’intimider et ont tout fait pour faire disparaître son livre. Udo Ulfkotte est un journaliste d’investigation qui n’a pas peur de mettre la plume dans la plaie. Dans un entretien en deux parties, Udo Ulfkotte nous donne son avis sur les médias, sur l’islamisation, sur l’Etat islamique, sur les services secrets et sur l’immigration de masse (Lampedusa), nous parle de l’arrivée imminente de la guerre civile et nous donne des conseils.
LVdlR : Que vouliez-vous obtenir dans l’entretien de RT ?
Udo Ulfkotte : Après trois infarctus je souhaitais avant tout alléger ma conscience car j’ai aujourd’hui honte de ce que j’ai fait dans le passé. Il faut le savoir. Les gens ont cru qu’ils allaient, par de tels journaux réputés comme le Frankfurter Allgemeine Zeitung, être correctement informés sur la vérité des faits. Ces lecteurs ont d’ailleurs acheté ce journal pour cette vérité ! La vérité est que parmi les médias réputés en Allemagne se trouvent, ou se sont trouvés, certains journalistes qui n’ont écrit que ce que l’OTAN souhaitait. Ces médias ont donc une approche très unilatérale de la vérité et les citoyens qui les consomment ne le savent pas !
LVdlR : Doit-on vous aborder en tant qu’ancien agent de la CIA ou comme journaliste ?
Udo Ulfkotte : Dans mon certificat de travail rédigé par le Frankfurter Allgemeine Zeitung il est mentionné que j’y ai travaillé 17 ans et que j’étais en charge des services secrets internes et externes. Il n’était pas seulement question que de la CIA. Je veux en effet rester au plus prêt de la vérité.
LVdlR : Vous auriez vécu en RDA, auriez-vous été tout ce temps un IM (informateur non officiel de la Stasi) ?
Udo Ulfkotte : Les Américains ont un nom pour mon activité en tant que journaliste : Non Officiel Cover – NOC. Un IM (informateur non officiel de la Stasi) en RDA signe une décharge montrant son engagement. Au contraire de certains de mes collègues je n’ai rien signé auprès des services secrets.
LVdlR : Quels journaux et quels médias aujourd’hui ont une activité réellement journalistique ?
Udo Ulfkotte : Comme je l’écris dans mon livre, on ne trouve pas un seul média allemand connu qui ne soit pas en relation très étroite avec les réseaux américains. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Américains ont élaboré un plan pour avoir le dessus sur les reportages en Allemagne et aussi dans le but d’endoctriner les Allemands dans une pensée pro-américaine. C’est toujours valable jusqu’à aujourd’hui. Mais grâce à l’Internet nous avons des médias indépendants qui se dégagent de cette propagande comme le KOPP .
LVdlR : Avez-vous encore de l’espoir dans le rôle des médias ?
Udo Ulfkotte : Oui, bien sûr. Les Allemands ne consomment plus de médias pro-américains et ils le font savoir par le choix du porte-monnaie. Les lecteurs n’achètent plus le Frankfurter Allgemeine Zeitung, un titre de presse qui vient de licencier 200 collaborateurs. Les licenciements touchent aussi les autres titres. Les citoyens sont de plus en plus demandeurs de sites internet pour l’information. Les sites russes, ce qui était impensable avant, sont appréciés des lecteurs.
LVdlR : L’Europe se réveille avec l’islam dans sa maison. L’Europe bientôt musulmane et bientôt la conversion des Européens ?
Udo Ulfkotte : Les Européens ont mis du temps à se réveiller sur la question de l’islam. Mais maintenant quand une mosquée est construite dans chaque village, ils se réveillent. Nous avons en Allemagne actuellement sur 80 millions d’habitants 5 millions de musulmans. Cela ne devrait pas être un problème mais ils ont un fort taux de natalité et ils exercent des pressions sur les élus pour établir partout leur idéologie. De plus en plus d’Allemands se sentent comme des individus de seconde classe parce que les musulmans obtiennent des droits particuliers. J’ai suivi un procès dans lequel un musulman, qui a assassiné son voisin allemand durant le ramadan, a obtenu une réduction de peine en raison de son appartenance à l’islam. Le juge a considéré qu’il fallait avoir de la compréhension car les musulmans, devant jeûner, sont irascibles. Je n’ai jamais encore entendu lors d’un procès qu’un chrétien, qui aurait commis un homicide pendant le jeûne des chrétiens, aurait pu obtenir une atténuation de sa peine. Les tribunaux sont remplis de jugements de ce genre. Les Allemands sont en particulier irrités de voir les musulmans avoir le droit d’avoir 4 femmes et de les faire venir de leur pays et de pouvoir toucher pour elles les allocations. La colère monte parmi la population. Les Allemands, pour cette raison, quittent en masse les partis traditionnels qui sont responsables de cette politique. Un jour ou l’autre la situation va exploser ici. Il suffit d’une étincelle. Quand l’euro, cette monnaie qui fait penser à l’argent du Monopoly, va s’effondrer et dévorer les économies des épargnants, tout va partir dans tous les sens ici. Je conseille aux musulmans de faire leur valise très rapidement et de quitter le pays pour toujours quand cela va arriver…
LVdlR : L’Allemagne une colonie des Etats-Unis, des islamistes, de l’Arabie saoudite et du Qatar ?
Udo Ulfkotte : C’est tout à fait exact. L’Allemagne n’est pas un Etat libre et souverain. Les Etats-Unis stockent des armes nucléaires en Allemagne alors que la majorité des Allemands sont contre. Le Qatar et l’Arabie saoudite financent l’islamisation contre la volonté des Allemands.
Est-il nécessaire de rappeler qu’Udo Ulfkotte, journaliste d’investigation et auteur de nombreux ouvrages politiques, est cette personne qui a révélé au monde avoir reçu, tout au long de sa carrière, des ordres des services secrets pour écrire le contenu de ses articles dans l’illustre journal allemand, die Frankfurter Allgemeine Zeitung ? Cette personne qui dit que les médias fonctionnent sur ce modèle et non pas dans l’intérêt des lecteurs et auditeurs, car les journalistes sont éduqués à mentir. Udo Ulfkotte écrit des livres qui ne sont pas souhaités par le pouvoir en Allemagne comme par le Ministère de l’intérieur, car la population ne doit pas être informée de l’état réel du pays. Alors qu’en France nous vivons une prise de conscience sur l’islam, Udo Ulfkotte explique que le Mossad a aussi sa part de responsabilité ou pédagogique dans la conscience collective des Français sur ce terrain. La France est, comme l’Allemagne, une colonie et un pays ayant perdu sa souveraineté, le joujou de puissances étrangères. Pour Udo Ulfkotte, l’avenir est sombre et les habitants, surtout des grandes agglomérations, seront forcément touchés par la guerre civile.
LVdlR : L’islam, une arme au service des globalistes et du monde de la finance ?
Udo Ulfkotte : Les Etats Unis et les Saoudiens n’utilisent pas l’islam uniquement en Allemagne mais dans le monde entier pour déstabiliser des Etats et pour que ces Etats soient occupés avec eux-mêmes. Des peuples ayant un niveau d’intelligence élevé sont immunisés contre l’idéologie de l’islam. En Corée du Sud ou à Hong Kong, l’islam n’a aucune chance. Cette idéologie n’avance que parmi des groupes d’individus ayant en moyenne un quotient intellectuel faible ou tendant à la baisse. L’islam n’est pas seulement une religion mais une idéologie qui est facilement compréhensible pour le plus stupide. C’est la recette du succès de l’islam. C’est pour cette raison que ces groupes de personnes pas spécialement intelligents se laissent manipuler comme des marionnettes. C’est ce qui se passe en Allemagne comme en Irak.
LVdlR : Doit-on prendre sérieusement au sérieux la création de l’Etat islamique (EI) ?
Udo Ulfkotte : Non, car derrière se trouvent des actions et des intérêts américains, saoudiens, koweïtiens et qataris. Ils ont été lancés et soutenus par l’Occident. Si les Etats-Unis et l’Arabie saoudite voulaient réellement s’en débarrasser, ils couperaient en l’espace d’une nuit leur alimentation en énergie et leur ravitaillement militaire pour les renvoyer au Moyen Âge. Mais selon toute vraisemblance on ne le souhaite pas. Ce sont des idiots utiles.
LVdlR : Est-ce que la démocratie a déjà existé en Allemagne ?
Udo Ulfkotte : L’Allemagne a été une démocratie après la Première Guerre mondiale à l’époque de la République de Weimar. La démocratie n’est aujourd’hui que simulée. C’est une illusion, une hallucination. L’Allemagne est une République bananière, une colonie des Etats-Unis.
LVdlR : Le Gender, la plastination, les migrants africains comme une chance pour l’Allemagne, Lampedusa, Hartz IV, islam, manipulation, que des valeurs inversées ? Pourquoi ?
Udo Ulfkotte : Oui, les Allemands n’ont plus de valeurs. Le système, qui était basé sur des valeurs chrétiennes, a étéintentionnellement détruit. Celui qui n’a plus de valeurs ne peut plus défendre le système de valeurs. Il n’a plus de conscience en lui même et plus d’identité. C’était exactement l’objectif. La politique sous les ordres des Etats-Unis l’a exactement appliqué.
LVdlR : Islamisation, pauvreté, chute de la démocratie, crise financière, corruption, des causes de la guerre civile à venir ? Ou voyez-vous d’autres causes ?
Udo Ulfkotte : Stop ! Vous nommez beaucoup de causes différentes les unes des autres. Mais le détonateur principal sera l’effondrement de l’euro, quand les Allemands vont devoir payer avec leurs épargnes les dettes incroyables d’autres Etats membres. Arrivé à ce stade on n’aura plus d’argent pour les retraités et pour les masses de musulmans qui vivent de l’aide sociale. Vous devez savoir que plus de 90 % des Libanais qui vivent en Allemagne, vivent de l’aide sociale, comme 67 % des Irakiens, de presque tous les Albanais du Kosovo, tous les Afghans, les Syriens et ainsi de suite. Si le système social s’effondre avec la prochaine crise financière, on n’aura pas seulement une bombe atomique qui va exploser ici.
LVdlR : Qu’est-ce-que le Mossad à avoir avec les révoltes dans les banlieues ? Est-ce qu’Israël joue un rôle dans l’islamisation de l’Europe ?
Udo Ulfkotte : Oui, le Mossad a bien sûr alimenté les révoltes dans les banlieues. Il ne l’a pas initié mais provoqué pour avoir plus d’antipathie en France contre l’islam. Parce que les Français sont pro-Palestiniens.
LVdlR : Quelle forme de guerre civile voyez-vous ?
Udo Ulfkotte : Seulement dans les métropoles, pas à la campagne. Mais dans les grandes villes nous allons avoir les Allemands contre les étrangers, les chrétiens contre les musulmans, les pauvres contre les riches, les chômeurs contre ceux qui travaillent, des actions violentes qui mettront tout à feu et à sang. Même l’armée ne pourra rien faire. Je n’achèterais pas une maison dans et autour d’une métropole.
LVdlR : CIA et services secrets allemands pas au service du peuple ?
Udo Ulfkotte : Ils ne travaillent que pour les élites, jamais dans l’intérêt de la population. Ils sont des instruments des puissants pour qu’ils puissent conserver et accroître leur pouvoir.
LVdlR : Pourquoi les populations africaines viennent facilement dans le pays ? Un programme ?
Udo Ulfkotte : L’explication est la suivante. Les Etats-Unis mènent des guerres pour les matières premières au niveau mondial. En conséquence on a des réfugiés en masse. Et les pays comme l’Allemagne, donc les colonies des Etats-Unis, doivent subir les conséquences des guerres faites par les Etats-Unis. C’est une manière simple de parler de l’action des Etats-Unis.
LVdlR : Que conseillez-vous aux lecteurs de faire ? De construire un bunker ? De stocker des armes, de la nourriture et de faire du feu avec les journaux ?
Udo Ulfkotte : Non, cela serait absurde. Moi même j’ai quitté Francfort sur le Main et ses alentours pour m’installer à la campagne. J’ai ma source d’eau, beaucoup de bétail, des oies, des canards et je suis aussi propriétaire de mon bois. Celui qui vit en Allemagne devrait avoir de bons amis à la campagne pour pouvoir y fuir le moment venu. Tôt ou tard ces nettoyages auront une fin. On peut tout recommencer à nouveau. L’Histoire signifie finalement le changement. Et dans les prochaines années nous allons avoir ici beaucoup de changements.
Olivier Renault
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The very mention of the Silk Roads creates an instant image: camel caravans trudging through the high plains and deserts of central Asia, carrying silks, spices and philosophies to Europe and the larger Mediterranean. And while these ancient routes may remain embedded in our imagination, they have, over the past few centuries, slowly faded inIMPORTANCE. The region today is home to despotic regimes, failing states and endless conflict. But historian Peter Frankopan thinks that the Silk Roads "are rising again."
In his new book, The Silk Roads, Frankopan has created something that forces us to sit up and reconsider the world and the way we've always thought about it. Western scholarship, he argues, has long ignored the routes linking Europe to the Pacific, the areas he calls "the axis on which the globe spun." So he has chosen to focus firmly on the Silk Roads, for what he calls "a new history of the world."
The book takes us by surprise right from the start: It begins not with the Greeks or the Romans, but with the Persian Empire — Frankopan writes that the Greeks and Romans, when they thought to expand, moved east toward the riches of Persia, rather than north or west into Europe. In an email conversation, Frankopan tells me that he wanted to explore exchange between the East and the West of everything from ideas and beliefs to food andFASHION. "Incidentally, it's not just luxury goods that I track — silks, textiles, spices, ceramics and slaves — but violence and disease, too," he says. "For example, the pathways followed by the Mongols and the Black Death were identical."
As you worked on this book, what struck you as the most important contributions the Silk Roads made to world history?
One thing that I was particularly interested in is the spread of faith along the Silk Roads. All the great global religions — Judaism, Christianity, Islam, Buddhism and Hinduism, as well as lots of otherIMPORTANT but less well-known belief systems — spread along the web of routes crisscrossing the spine of Asia.
I was also very struck by the scale of the white slave trade in the early Middle Ages — huge numbers of men, women and children were trafficked from Europe to the east in return for silver. I think readers will be surprised by that. But most of all is the fact that the Silk Roads keep on being involved all the time in more or less everything: they play the lead role in the expeditions of Columbus, who was trying to connect to the trade routes of the east; they were crucial to the origins of World War I — whose origins were firmly based in Asia, even though the trigger came from the assassination of Franz Ferdinand in Sarajevo.
There is a profound significance to the origins of the Holocaust, too, for example: Documents relating to German agricultural production and needs show that the decision to invade the Soviet Union was closely linked to taking control of the wheat fields of the rich lands lying north of the Black and Caspian Seas. The failure to "extract" the expected harvests from what is now Ukraine and Southern Russia led to discussions first about how to feed back in German controlled territories and then about who to feed. Those in prison camps found their calories reduced and then cut altogether; the jump to genocide was directly linked to the failure of the campaigns in the east.
We just don't look at this region at all — so have never thought to join up all these dots before.
You write, "We are seeing the signs of the world's center of gravity shifting — back to where it lay for millennia." But some argue that the world's center is shifting not toward the Silk Roads but farther East — toward China, Southeast Asia and India.
I can't speak for those who believe that the center of gravity is moving elsewhere. Many seem to think China and/or India exist in a bubble and can be looked at on their own. But I am much more interested in how China engages with Russia, with Iran, with the Middle East and with Central Asia — as well as with Southeast Asia. And that, by the way, is how China itself sees the world. China's signature foreign policy for the next 30 years is ... essentially the construction of a series of new Silk Roads.
China has dramatically rising energy needs as its middle classes grow in number and prosperity. So pipelines bringing oil and gas from mineral-rich countries like Kazakhstan, Turkmenistan and Iran have been or are being built to help fuel China's growth. And as a historian, it gives me no small pleasure to realize that those pipelines follow the same paths that traders bringing goods followed 2 1/2 thousand years ago.
Nishant Dahiya is NPR's Asia Editor
17:42 Publié dans Entretiens, Eurasisme, Géopolitique, Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : route la soie, asie, europe, affaires asiatiques, affaires européennes, eurasisme, livre, peter frankopan, entretien, asie centrale, histoire | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Es folgen Auszüge aus dem Interview, das Sie vollständig im aktuellen COMPACT-Magazin 01/2017 lesen können. Sie erhalten die Ausgabe im Zeitschriftenhandel. Wer sich den Weg zum Kiosk sparen möchte, kann sie über Online-Bestellung ordern oder via Abo diese und weitere Ausgaben bequem ins Haus gesendet kriegen.
Jürgen Elsässer im Gespräch mit Ellen Kositza
COMPACT: Nach der kurzzeitigen Empörung über den Kölner Sex-Dschihad wurde die Angst der Frauen auf deutschen Straßen nicht mehr breit thematisiert. Hat das Ausmaß der Belästigungen durch Migranten abgenommen – oder wird von den Medien das meiste vertuscht?
Ellen Kositza: Die entsprechenden und quantitativ unverminderten Meldungen in Lokalzeitungen und auf diversen sozialen Netzwerken rauschen ja nur so durch! Dem Medienkonsumenten geht es wohl ein bisschen wie dem Anwohner einer vielbefahrenen Hauptstraße: Man nimmt den Verkehrslärm irgendwann gar nicht mehr richtig wahr. Der gehört halt dazu!
Es gibt keine Schlagzeile mit Ausrufezeichen wegen «ein bisschen Grabscherei» oder einer Vergewaltigung. Was ich krass finde: nicht einmal bei noch Ärgerem! Dass ein Kurde in Hameln seine Frau gerade ans Auto gehängt und halb totgeschleift hat, konnte man als Meldung zwar kaum unterdrücken. Schauen Sie aber mal nach auf den Seiten des NDR und anderer Medien: Da ist von einem 38-jährigen Täter und einem 28-jährigen Opfer die Rede. Sonst noch irgendwelche Merkmale? Nö, was auch? Opfer wie Täter waren «deutsche Staatsbürger». So geht das!
Für ähnlich schlimme, meist tödliche Fälle gibt es die Seite ehrenmord.de, die ich auch deshalb empfehle, weil sie erstens durch und durch seriös ist und weil zweitens die Macherin Uta Glaubitz keinesfalls unter «rechts»-Verdacht zu stellen ist. Nehmen wir aus den dort akribisch dokumentierten Fällen nur mal den November 2016: Da wäre Aysha, 50 Jahre alt, in Hamburg durch ihren türkischen Ehemann tödlich verbrüht; Tina, 36, in hochschwangerem Zustand von ihrem iranischen Ehemann erschossen; Roya, 41, in Bergen auf Rügen von ihrem syrischen Mann getötet; Asma, 27, Mutter von fünf Kindern, in Senftenberg von ihrem Mann ums Leben gebracht. Nur eine Auswahl! Aus einem Monat! Haben Sie auch nur von einem dieser schrecklichen Fälle in der Tagesschau gehört? Oder sonstwo in den Hauptnachrichten? Nein, oder? Dieses Verschweigen und Kleinhalten hat natürlich System.
COMPACT: Alice Schwarzer hat nach den Kölner Vorkommnissen vehement vor dem Frauenhass der Muslime gewarnt. War das ein Einzelfall – oder deutet sich angesichts der islamischen Bedrohung eine Spaltung des Feminismus oder der ganzen Political Correctness an?
Ellen Kositza: Die feministischen Kreise sind in dieser Hinsicht längst gespalten. Die Schwarzer hat ja das Etikett «Rassistin» schon lange vorher angeklebt bekommen! Der Neofeminismus – größtenteils von Mädels getragen, die sich vor allem mit einer großen Klappe profilieren, aber nichts Wirkliches aufgebaut haben – lebt und agitiert in einer ziemlich abgespaceten Filterblase ohne Kontakt zum «Bodenpersonal». Und was den Werdegang der Political Correctness allgemein angeht: Mit einigem Entzücken nehme ich wahr, dass sie mittlerweile weniger als respektgebietende Norm betrachtet wird, die es einzuhalten gilt, sondern mehr und mehr als Schmähund Ulkwort gilt. Ich glaube, es gibt so eine Art Grundregel: Je mehr einer (oder eine!) im wirklichen Leben steht, desto stärker nimmt derjenige den Islam als Gefahr wahr. Im schicken In-Kiez oder vom Professorensessel aus kann man dagegen die Bedrohung ausklammern und sich die Sachen schönreden. So blind sind die ganz normalen Leute nicht mehr.
(…)
COMPACT: Justizminister Heiko Maas und sein Anhang wollen das Problem sexueller Übergriffe mit neuen Gesetzen in den Griff bekommen: «No means no» zielt gegen alle potentiellen Vergewaltiger, auch die inländischen. Kann das was werden?
Ellen Kositza: Ach je! Diese Leute sind nicht imstande oder nicht willens, die äußeren Grenzen zu sichern, darum infiltrieren sie jetzt die Schlafzimmer von Herrn Müller und Frau Schmidt… Das Gesetz über «Vergewaltigung in der Ehe», anno 1997, war bereits so ein Paragraph, mittels dessen höchstrichterlich über intimste Zustände befunden wurde. «Nein heißt nein» ist lächerlich und ein reines Einfallstor für private Schlammschlachten. Krass gesagt, beruht ein Gutteil der erotischen abendländischen Geschichte auf einem gehauchten «Oh nein…»! Wer will das «Nein» oder das «Jein» überhaupt nachweisen? Es ekelt mich direkt. Die gesamte Erotik auf verbriefte und vertraglich abgesicherte Jas und Neins festzulegen, hieße, sie auf Eis zu legen. Also bitte!
COMPACT: Sind Sie als Rechte irgendwie nicht auch Feministin? Eigentlich müsste das ja zusammenpassen, denn die ursprünglichen Feministinnen – jedenfalls die von Ihnen erwähnten «Differenzialistinnen» – vertreten doch eine Form biologisch fundierter Identitätspolitik und damit das genaue Gegenteil der biologieverleugnenden Gender-Mainstream-Agenda.
Ellen Kositza: Nö. Der Feminismus-Pool ist mir einfach zu verkeimt. Der tonangebende Feminismus hat sich vor hundert Jahren von einer biologisch fundierten Identitätspolitik verabschiedet – also auch von meinen eigenen Positionen und meinem selbst gewählten, heute schier mittelalterlich wirkenden Leben als siebenfache Mutter mit eigenem Kopf und Lebensprogramm. Das mit dem Feminismus ist wie mit einem T-Shirt, das eigentlich gut passt und echt nett ausschaut. Aber gucken wir mal auf die Zusammensetzung! Unter welchen Bedingungen wurde der Stoff geerntet, gewoben, verarbeitet? Da stecken verkehrte Arbeitsbedingungen drin, Pestizide und am Ende ein Markt, an dem ich nicht teilhaben will. Vorhin habe ich gesagt, wir könnten kaum hinter die Forderungen der linken Frauenbewegung um die Jahrhundertwende zurück: Gleiche Rechte, gleiche Chancen, unbedingt, ja! Aber keine Bevorzugung, kein Sonderröllchen, kein Hätte-Wollte-Könnte. Damals wäre das eine feministische Position gewesen. Heute gilt das als reaktionär – na und! Insofern bin ich strikt antifeministisch.
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Ex: http://www.lesobservateurs.ch
Le multiculturalisme est apparu au mitan du xxee siècle comme une révélation. Il ne prétend pas améliorer la société, mais la démanteler pour la reconstruire radicalement selon une nouvelle anthropologie. Ce en quoi il est aussi une eschatologie : il y a le monde d’avant, coupable de péchés indélébiles contre la diversité, et le monde d’après, qui tend vers le paradis diversitaire et transnational, étape ultime de l’aventure humaine et seul visage possible de la modernité.
Selon les tables de la loi multiculturelle, les vieilles institutions sociales doivent s’effacer au profit des revendications exprimées par tous les « exclus » de la terre qui se trouvent parés, en tant que tels, de l’aura christique des réprouvés.
De là découle une conception particulière de l’affrontement politique. Car les grands prêtres du multiculturalisme ne conçoivent pas la démocratie comme la confrontation de conceptions concurrentes du bien commun mais comme un espace d’éradication du mal. Qui ne communie pas au culte de la diversité est le diable en personne – et le diable est intolérant, raciste, islamophobe, homophobe… C’est ainsi que le débat public en Occident a été confisqué par un petit clergé progressiste qui menace du bûcher toute pensée dissidente.
Vous expliquez que le multiculturalisme est né sur les décombres du soviétisme, comme une métamorphose de l’imaginaire marxiste…
Il est certain qu’à partir des années 1950, la plupart des intellectuels marxistes prennent conscience que l’URSS, leur nouvelle Jérusalem, ressemble davantage à un enfer concentrationnaire qu’à un paradis de travailleurs. C’est le début de ce que j’appelle le « socialisme migrateur » ou « socialisme tropical » : beaucoup vont chercher de nouvelles terres promises en Chine, à Cuba, en Afrique… Mais c’est à partir des années 1960 que le progressisme va profondément muter en se détachant du communisme.
Mai 68 et les Radical Sixties marquent le triomphe du gauchisme et de la contre-culture qui débordent le communisme par la gauche et transforment le rapport au mythe révolutionnaire. C’est l’époque où Herbert Marcuse parle avec dédain des « classes populaires conservatrices ». La gauche radicale constate que le prolétariat aspire davantage à la middle class qu’à la révolution. Désormais, elle fera la révolution sans le peuple et même, au besoin, contre lui. Et c’est aux minorités que le rôle de catégorie sociale révolutionnaire de substitution est dévolu.
Mais le muticulturalisme ne menace-t-il pas d’implosion violente les sociétés où il s’exerce ?
Pourquoi vivre en commun si on ne partage pas la même culture ? En laissant cette question sans réponse, le multiculturalisme, loin de tenir sa promesse du « vivre-ensemble », ne produit, au mieux, qu’une pluralité d’appartenances au sein de sociétés fragmentées et communautarisées. Mais ne réduisons pas sa critique aux aspects liés à la paix civile même s’ils ne sont pas négligeables.
L’idéologie multiculturelle obéit d’abord à une logique de déracinement qui passe par le démantèlement des institutions et des systèmes normatifs traditionnels. Elle est fondée sur une inversion du devoir d’intégration : l’immigré n’a plus vocation à se fondre dans le creuset de la culture d’accueil mais c’est la culture d’accueil qui doit s’accommoder de la culture d’importation. La culture d’accueil perd ainsi son statut référentiel et devient, en quelque sorte, optionnelle, sauf pour expier ses crimes contre la diversité, ce qui revient évidemment à œuvrer à sa propre destruction. C’est exactement ce qui est arrivé au Canada.
Le Canada, présenté par les thuriféraires du multiculturalisme comme un modèle de gestion ethnoculturelle… Qu’en est-il de la réalité ?
Je ne sais pas si on peut parler de modèle, mais le multiculturalisme est là-bas une sorte de doctrine d’état. Avec son enthousiasme coutumier, notre flamboyant Premier ministre, Justin Trudeau, vient d’expliquer dans le New York Times que c’était la diversité qui caractérisait le Canada. Et de fait, au pays des accommodements raisonnables, une immigrée peut prêter son serment de citoyenneté en niqab avec la bénédiction des tribunaux ou le Premier ministre d’une province comme l’Alberta peut se montrer dans une vidéo revêtue d’un voile islamique pour fêter la fin du ramadan…
Ce zèle diversitaire, ce multiculturalisme triomphant récoltent l’admiration béate des élites culturelles et médiatiques qui se congratulent entre elles de ces marques définitives de tolérance et d’ouverture d’esprit. Au Canada, le multiculturalisme est, si j’ose dire, entré dans les mœurs.
En revanche, on sait moins qu’il y a été utilisé et programmé comme une arme de guerre contre le nationalisme québécois. C’est Pierre Trudeau, le père de l’autre, qui l’a fait inscrire dans la loi constitutionnelle de 1982, imposée de force au Québec afin de désamorcer ses revendications historiques à se constituer en nation. Trudeau voyait en effet d’un très mauvais œil le souverainisme québécois qu’il accusait d’ethnocentrisme, alors même que le socle de l’identité canadienne reposait traditionnellement sur la figure des deux peuples fondateurs, les anglophones et les francophones.
Le résultat ne s’est pas fait attendre. Ainsi constitutionnalisé, le multiculturalisme a non seulement amputé le Canada de son identité française, mais il a aussi privé le Québec de son statut de nation fondatrice. Triste destin pour le peuple québécois, extrait de sa propre histoire, dépossédé d’une part de lui-même et rabaissé à l’état de communauté ethnique parmi d’autres au sein de la diversité canadienne…
En France, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite est parfois analysée comme une réaction à l’idéologie des élites, largement comparable à ce que vous décrivez pour le Canada. Est-ce aussi votre sentiment ?
Oui, d’une certaine façon, même si, en France, les références aux valeurs républicaines entretiennent l’illusion d’une communauté politique unifiée. Je dis bien l’illusion : on sait que la réalité est tout autre et qu’énormément de Français ont le sentiment que leur pays se décompose. C’est pourquoi je crois que les gens ont moins voté pour le programme de François Fillon que pour l’image d’une France traditionnelle et enracinée qu’il personnifie. De ce point de vue, il est l’exact contraire de Justin Trudeau qui incarne un cosmopolitisme diversitaire sans racines et la dissolution du politique dans la communication. Fillon est la sobriété faite homme. Pas de transgression outrancière chez lui. Ce qui le distingue aussi d’un populiste du genre Donald Trump.
Fillon l’a plus emporté pour la part de conservatisme qu’on lui attribue que pour sa promesse de rétablir les finances publiques ?
Sans aucun doute, même si le verbe « rétablir » que vous venez d’employer est celui qui lui convient. François Fillon doit avoir conscience des enjeux qu’il a fait naître. Il porte pour l’élection de 2017 tous les espoirs d’un certain conservatisme à la française. Je veux parler d’un mélange d’enracinement, de sens commun, de dignité qu’il lui faudra, sous peine d’immense déception, incarner personnellement mais aussi politiquement s’il est élu à la tête de l’État.
Ce conservatisme réclame une part de volontarisme car, dans le monde qui est le nôtre, il ne s’agit plus seulement de conserver, il faut également restaurer ce qui a été mutilé par quarante ans de progressisme maniaque. En France, cela commence par l’État, l’autorité de l’État. La psychologie politique de votre pays est profondément imprégnée de l’idée que c’est l’état souverain qui incarne le destin de la nation et il serait tout à fait illusoire de vouloir lui substituer la société civile comme le prône le philosophe anglais Roger Scruton. Le conservatisme français est une synthèse originale d’identité et de liberté, même sur les questions de mœurs.
Cela le distingue du conservatisme social américain qui peut avoir une dimension agressive, très éloignée du conservatisme tranquille qui s’est exprimé lors de la Manif pour tous. Si les Français sont à la recherche de leur conservatisme, qu’ils ne le regardent surtout pas avec une loupe américaine ou britannique !
Le problème de ce conservatisme n’est-il pas de ne jamais s’assumer en tant que tel ?
C’est tout le problème des dirigeants de ce qu’on appelle la droite. Alain Juppé était tellement heureux d’être célébré par la presse de gauche qu’il en a oublié que la France ne se réduisait pas à ce que pensent Les Inrockset Télérama. Le rêve d’une certaine droite, et c’est le danger qui guette Fillon désormais, c’est que la gauche lui dise qu’elle n’est pas vraiment de droite. Elle se croit donc obligée de prouver qu’elle est la plus moderne et, pour faire moderne, elle ne parle que d’Europe et de mondialisation, jamais ou presque jamais des questions sociétales et identitaires. Le débat public se résume ainsi depuis quarante ans à une querelle entre progressistes. C’est ce que j’appelle dans mon livre le « malaise conservateur » : bien que prégnant en France, le conservatisme n’a jamais trouvé sa traduction politique, sinon dans quelques discours électoraux vite oubliés une fois au pouvoir.
Pourtant, on entend beaucoup dire que les « réacs » auraient gagné la suprématie culturelle…
Et qui l’affirme ? Certes, quelques voix discordantes se font entendre un tout petit peu plus qu’avant, ce qui provoque un double phénomène : d’une part, la gauche hégémonique se croit assiégée parce que sa domination est très légèrement contestée ; de l’autre, la droite silencieuse se croit conquérante parce qu’elle est un tout petit peu plus entendue. Mais le fait est que la quasi-intégralité des pouvoirs institutionnels et culturels reste progressiste.
Un dernier mot sur le regard qu’on porte sur la France depuis le Québec ?
Il y a un vieux sentiment d’affection filiale qui vire à l’hostilité chez les élites car la France est perçue comme un rouleau compresseur laïciste qui étouffe sa diversité. Mais pour les souverainistes, qui représentent grosso modo 40% de la population, la France demeure la première alliée et un enjeu interne : même si la langue française est fragilisée à cause de l’État fédéral où elle n’existe quasiment plus, le Québec ne parle pas norvégien ou danois.
Il parle français, une des plus grandes langues du monde, et cela a contribué à sa survie. Si l’aventure coloniale a pu avoir des aspects positifs, c’est bien ici, en Amérique du Nord, où la France a accouché d’un peuple neuf !
Extrait de: Source et auteur
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À l'occasion de la sortie de son livre La Cause du peuple, Patrick Buisson évoque Nicolas Sarkozy, Donald Trump, le hiatus entre les promesses de campagne et l'action politique, le combat entre "les enracinés du local" et "les agités du global", l'absence de culture de la classe politique, l'identité, l'amitié française, le lien social, les enjeux métapolitiques, la révolution conservatrice, le fait religieux, le sursaut identitaire, la possible guerre civile... mais aussi son espérance : nous sommes à la fin d'un cycle et au début d'un autre.
11:55 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, politique, politique internationale, patrick buisson, france, europe, affaires européennes, livre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
10:44 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piero san giorgio, laurent obertone, entretien, livre, guerilla, actualité, france, europe, affaires européennes | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Auteur d'Eloge du polythéisme
Ex: http://www.laviedesclassiques.fr
Entretien avec Maurizio Bettini, à l'occasion de l'Éloge du polythéisme: ce que peuvent nous apprendre les religions antiques qui vient de paraître en français (Les Belles Lettres, 2016).
LVDC. — Comment vous présenter ? historien ? latiniste ? philologue ? anthropologue ou classiciste ?
Eh bien, se définir soi-même est toujours difficile ! Pour ce qui concerne ma position universitaire, je suis professeur de philologie classique (à l’université de Sienne) et je donne aussi des cours d’anthropologie du monde classique. Je me sens un classiciste, latiniste plus qu’helléniste, qui pratique la philologie et la linguistique mais qui s’est tourné de plus en plus vers l’anthropologie.
LVDC. — Êtes-vous par ailleurs un homme engagé ?
Engagé ? Un mot qu’il serait peut-être difficile d’expliquer à mes étudiants d’aujourd’hui… Mais qui a eu du sens dans ma formation humaine et intellectuelle. Oui, je dirais que dans mon travail il y a une dimension « civique » que je considère comme importante. Par ailleurs, elle l’est devenue de plus en plus depuis les années 2000, en raison de la collaboration avec des collègues modernistes (Marcello Flores in primis) sur des thèmes comme les droits de l’homme, la réconciliation, l’identité. Les derniers ouvrages de Marcel Detienne m’ont aussi invité à suivre cette perspective. Il s’agit d’utiliser l’Antiquité classique, et l’expérience de mes études en particulier, pour mettre en lumière des aspects « civiques » de notre culture qui faisaient et font partie du débat contemporain. Un de mes derniers ouvrages, pas encore traduit en français, s’appelle « Contre les racines » et est dédié à l’un des mythes les plus puissants et les plus controversés du monde contemporain : les prétendues « racines culturelles » qui nous identifieraient indépendamment de notre choix ou de notre volonté. Il s’agit d’un mythe que l’Antiquité a bien connu.
LVDC. — Que vous apporte la culture classique dans votre quotidien ?
Un point d’observation privilégié, un regard distancié. Dans une époque souvent aveuglée par le provincialisme du temps, comme l’appelait T. S. Eliot ‒ c’est-à-dire une époque qui ne sait plus voir au-delà et au dehors du présent ‒, la culture classique me permet d’observer la contemporanéité d’un regard plus libre et plus original.
LVDC. — Plus généralement que nous apprennent les Anciens ?
Qu’il n’y a pas seulement une manière de mener sa vie – la « nôtre », la « mienne »… ‒ mais qu’il y en a dix, cent, mille, qui sont toutes différentes et qui toutes nous offrent des modèles intéressants. Les Anciens ont élaboré une culture aussi riche que complexe, non seulement au niveau de leurs grandes créations philosophiques ou littéraires, mais aussi dans leur expérience quotidienne, disons « mineure », qui cependant mérite d’être connue.
LVDC. — Étudier l’Antiquité est-ce regarder en arrière, comme Orphée ?
Oui, d’une certaine manière. Parce que les Anciens sont une partie de nous, de notre culture, qui s’est bâtie pour une bonne part sur les bases qu’ils ont jetées dans le passé, à savoir leur langue (le latin vit encore dans l’italien comme dans le français, ainsi que dans les autres langues romanes, et en particulier dans le langage intellectuel), mais aussi les modèles de pensée qui nous ont été transmis par la lecture ininterrompue, à travers les siècles, de leurs textes, entre autres choses. Mais de l’autre côté il y a toujours l’altérité qui caractérise divers aspects de l’expérience humaine propre aux Anciens (leurs « mille façons de vivre » qui sont différentes des nôtres), qui ont le pouvoir de détourner notre regard du passé, de ce qui est derrière, pour le projeter en avant – ce qu’Orphée n’a pas voulu ni pu faire !
LVDC. – Quelle est votre attitude par rapport au passé ? au présent ? au futur ?
S’il faut croire Augustin, se situer dans le temps serait une tâche impossible. « Ces deux temps, disait-il, le passé et le futur, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus et que le futur n’est pas encore ? Et le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé. »
Mais Augustin était peut-être trop pessimiste, d’ailleurs il s’intéressait plutôt à l’éternité qu’au temps des hommes. Donc je dirais que le passé m’intéresse pour les raisons que j’ai déjà essayé d’expliquer : sortir du provincialisme du temps ; le présent c’est moi, donc il faut le vivre au mieux, pourvu qu’on puisse se soustraire à son « provincialisme » ; quant au futur, j’ai déjà cité Augustin, mais il faudrait citer aussi le Cicéron de Sur la divination :
« Pour César, écrivait-il, s’il avait lu dans l’avenir que, dans ce Sénat peuplé principalement d’hommes choisis par lui-même[…], il serait […] frappé à mort par les plus nobles citoyens […] puis que son corps resterait gisant sans qu’aucun de ses amis ni seulement de ses esclaves voulût s’en approcher, dans quelle torture morale n’eût-il pas vécu ? Certes l’ignorance du mal futur vaut mieux que sa connaissance. » Voilà encore une leçon qui nous vient des Anciens : avoir le courage de connaître mais aussi la patience d’ignorer.
LVDC. — Comment avez-vous rencontré la culture classique ?
Mon grand-père était latiniste lui aussi, professeur à l’université de Rome. Quand il est mort, très âgé, ma famille a hérité d’une bonne partie de sa bibliothèque. À ce moment, j’étais étudiant au liceo classico, et la beauté, la richesse de ses livres me ravissaient. Feuilleter les éditions des Belles Lettres (voilà ! on y est), explorer des travaux de linguistique historique, de philologie… Le destin avait déjà tissé sa trame, je l’ignorais encore. L’année suivante, je suis allé à l’université, à Pise, à la faculté des lettres. En vérité, au début, je ne voulais pas devenir classiciste, je voulais plutôt devenir italianisant, travailler sur Dante, Pétrarque, Arioste, mais, comme l’enseigne la tragédie grecque, l’homme ne peut pas résister à sa moira, à sa « part assignée », à son destin…
LVDC. — Racontez votre parcours intellectuel. Quels en sont les moments marquants ? les rencontres (de chair ou de papier) déterminantes ?
M’a marqué avant tout la rencontre avec mon professeur de latin, Marino Barchiesi, un classiciste exceptionnel, très ouvert. J’ai écrit ma thèse avec lui, sur Plaute. Pour être accepté par Barchiesi, il fallait bien connaître le latin, la grammaire historique, la métrique, etc., mais aussi la critique littéraire la plus récente, le théâtre de Shakespeare, et ainsi de suite. C’était un conférencier extraordinaire et un professeur magnifique, très clair et fascinant en même temps. Depuis, j’ai eu la chance de suivre des séminaires d’Émile Benveniste, à Pise. Il était venu invité par le professeur de linguistique de l’université, Tristano Bolelli, un homme plutôt difficile mais qui avait d’excellents contacts internationaux. Je suis resté littéralement ébloui par Benveniste. Je connaissais très peu le français, mais j’ai eu l’impression de tout comprendre ! La clarté, l’originalité de ces séminaires – dont le sujet depuis quelques années était devenu un fragment du Vocabulaire des institutions indo-européennes – m’avait même donné le courage de poser une question à Benveniste ! Moi, un jeune étudiant classiciste italien qui posait une question au maître… Quelques mois plus tard, Benveniste est tombé malade, j’ai eu la grande chance de le rencontrer avant que sa vie change dramatiquement. Je pense que cette expérience a marqué mon développement intellectuel. En écoutant Benveniste, j’ai découvert que la linguistique, l’analyse de textes et l’anthropologie pouvaient travailler ensemble, de nouveaux horizons intellectuels s’ouvraient devant moi. J’étais jeune, il était admirable. Après la mort de Barchiesi, qui nous a laissés trop tôt, j’ai poursuivi mes études de philologie et de linguistique latines en suivant le modèle des philologues plus âgés que moi comme Scevola Mariotti, Sebastiano Timpanaro – qui était aussi un grand intellectuel –, Alfonso Traina, Cesare Questa pour la métrique de Plaute (un sujet assez « abstrait » mais qui, en tant que tel, me passionnait) ; après, tous ces maîtres sont devenus pour moi des amis très chers. Entre-temps, l’anthropologie devenait de plus en plus importante pour moi, surtout après la lecture (vraiment passionnée) des Structures élémentaires de la parenté de Claude Lévi-Strauss, ce qui m’emmenait à écrire quelques contributions sur la parenté à Rome. Les ouvrages de Lévi-Strauss ont été fondamentaux dans ma formation non classiciste, pour ainsi dire. À partir des années 1980, je suis entré en relation avec « les Français », Jean-Pierre Vernant, Marcel Detienne, les plus jeunes Françoise Frontisi et François Lissarrague, qui sont aussi devenus des amis et qui m’ont beaucoup appris. Ensuite ç’a été l’Amérique, Berkeley en particulier, où j’ai enseigné et où j’enseigne encore : en Californie j’ai eu la chance de découvrir des approches de l’Antiquité qui auparavant m’étaient inconnues. Les parcours intellectuels sont toujours compliqués, sinueux, même ceux des antiquisants !
LVDC. — Vos livres traduits en français traitent surtout de mythologie (sauf le dernier) : pourquoi d’abord la mythologie ?
La mythologie m’a toujours passionné parce que dans les mythes classiques on trouve les deux aspects ou, mieux, les deux composantes de l’Antiquité, que je considère comme fondamentales : d’un coté sa permanence, parce que les mythes ont été repris, racontés de nouveau, modifiés, cités, etc. une infinité de fois jusqu’à présent – donc ils sont avec nous, ils sont nous ; de l’autre son altérité, que les mythes ont aussi le pouvoir de révéler : des mœurs oubliées, parfois bizarres à nos yeux, des inventions narratives extraordinaires, ou des solutions existentielles inattendues.
LVDC. — Votre dernier ouvrage a « fait débat » : pourquoi ?
L’Italie est un pays très catholique, même s’il l’est moins que par le passé. Le seul fait de comparer la religion « païenne » avec les monothéismes, de mettre sur le même plan une religion révélée (la vraie, la seule, la bonne) avec un ensemble d’institutions et de croyances considéré dans le meilleur des cas comme un objet de curiosité « mythologique » ou d’intérêt érudit, et, surtout, de soutenir que les monothéismes contemporains pourraient tout à fait apprendre quelque chose des religions « païennes », ça a fait débat, naturellement.
LVDC. — S’il fallait en retenir une phrase ou une idée, ce serait laquelle ?
Mettre en lumière les potentialités (réprimées) du polythéisme, donner voix aux réponses que son mode spécifique d’organisation du rapport avec le divin pourrait fournir à certains problèmes auxquels les religions monothéistes – comme nous les connaissons dans le monde occidental ou à travers lui – peinent à trouver une solution ou qu’elles ont souvent générés elles-mêmes : en particulier, le conflit religieux et, avec lui, le large spectre de l’hostilité, de la désapprobation, de l’indifférence qui entoure encore, aux yeux des « uns », les divinités honorées par les « autres ».
Les livres de Maurizio Bettini en français
aux éditions Les Belles Lettres
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Christian Brosio interroge Youssef Hindi
Christian Brosio interroge Youssef Hindi au sujet de ses deux ouvrages sur l'histoire du sionisme et le choc des civilisations publiés chez SIGEST. La fin de l'entretien porte sur Donald Trump, et ce que l'on peut en attendre. L'histoire des Etats-Unis est hélas peu encourageante, les présidents isolationnistes ont souvent été entraînés à la guerre à la suite de coups montés...
14:06 Publié dans Actualité, Entretiens, Géopolitique, Histoire, Judaica | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : youssef hindi, sionisme, judaica, entretien, histoire | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Ex: http://www.horizons-et-debats.ch
World Economy: Vous avez récemment séjourné en Russie. Formulé de manière provocatrice: Poutine se prépare-t-il à une guerre?
Willy Wimmer: Suite à tous les entretiens que j’ai eus à Moscou – et je n’ai été qu’à Moscou –, je peux affirmer que les gens se font les mêmes soucis qu’en Allemagne. J’ai connaissance des déclarations publiques du président de la Fédération de Russie et j’y trouve uniquement l’appel à la modération et à la raison. Je n’ai entendu à Moscou aucune remarque allant dans le sens soulevé dans votre question. En prenant en compte la situation géopolitique actuelle, on peut en toute objectivité constater qu’actuellement, tous les dangers proviennent des Etats-Unis. Il ne nous reste qu’à espérer un changement après le 8 novembre de cette année.
La crise des Caraïbes a débuté il y a 55 ans. Vous venez de parler des Etats-Unis, et nous savons ou supposons savoir ce qui s’y est passé jadis. Sommes-nous confrontés à une situation similaire, pouvant nous faire dire: «Nous risquons le pire»?
En analysant les faits, on peut le présenter ainsi. La crise des Caraïbes [donc la crise des missiles de Cuba] avait des antécédents et ce qui a été intéressant pour moi, c’est d’avoir eu l’occasion d’entendre, dans le cadre du colloque auquel j’ai participé à Moscou, Valentin Falin, ambassadeur soviétique à Bonn durant de longues années. Au cours des longs entretiens accompagnés de réflexions historiques, l’ambassadeur Falin a soulevé un aspect ayant mené directement à la crise de Cuba. Dans les années quarante et cinquante du siècle passé, il y eut des planifications des Américains nommés Dropshot. Ces planifications prévoyaient la destruction des 30 plus grandes villes soviétiques par une attaque nucléaire de décapitation afin de neutraliser l’Union soviétique de l’époque.
Ce qui est intéressant, c’était que grâce aux stations d’écoutes de l’Armée rouge situées sur le Brocken, dans le massif du Harz, les Soviétiques ont découvert pour la première fois, quels étaient les contenus des planifications des Etats-Unis. Ces faits étaient au centre d’une émission sur la chaîne de télévision française Arte, il y a quelques semaines. Dans cette émission, on a démontré comment ce plan Dropshot constituait la cause véritable de la crise de Cuba. C’est pourquoi cela n’a pas été passionnant d’en discuter uniquement avec Valentin Falin, mais de constater qu’il s’agit d’évènements comparables à ceux présents dans les planifications de l’OTAN. L’Alliance agit massivement contre la Fédération de Russie. A cette fin, elle a changé ses objectifs et n’est donc plus une alliance défensive comme elle a pu l’être lors de la guerre froide, mais une force agressive née lors de la guerre des Balkans. Dans ce contexte, la situation autour de la Russie est explosive. C’est notamment l’establishment belliciste démocratico-républicain de Washington proposant ouvertement une telle démarche contre la Fédération de Russie qui y contribue.
Tournons-nous vers la Syrie – une autre région de tous les dangers. Supposons que la Russie cède et se retire de la Syrie et qu’Assad soit destitué. Comment la situation dans la région et dans le monde se développerait-elle? Faut-il s’attendre au scénario libyen ou directement à la troisième guerre mondiale?
Personnellement, je ne suis pas enclin à me livrer à de telles réflexions, car l’enjeu en Syrie ne se limite pas à la guerre civile à laquelle nous sommes confrontés actuellement. Nous ne devons pas ignorer le fait que nous avons à faire à deux conceptions distinctes soutenues par deux grandes puissances distinctes. D’une part, la tentative des Etats-Unis d’imposer – tout comme en Afghanistan, en Irak, en Libye, au Mali ou autre part – un nouvel ordre mondial, en étant convaincu d’y être capable. D’autre part, il y a la Fédération de Russie ayant, à mon avis, un double intérêt. Premièrement, la Russie ne désire pas contribuer aux activités américaines visant à éliminer le droit international existant pour avoir pendant une longue époque œuvré à la paix en Europe et au-delà. Deuxièmement, et il faut clairement mettre en exergue qu’une victoire de la coalition dirigée par les Etats-Unis aurait pour conséquence qu’en Syrie, au Liban, en Jordanie et en Irak, les forces ayant leur origine dans le Caucase s’imposeraient: les Tchétchènes, les Ingouches, les Daghestanais, installés ou s’installant – suite aux guerres du Caucase – dans la région mentionnée.
Leurs intérêts consistent à relancer les guerres du Caucase contre Moscou. C’est-à-dire que la Fédération de Russie défend dans cette région non seulement un important allié ou le droit international, mais ses propres intérêts nationaux qu’elle a également le droit d’avoir: la protection de ses frontières. Cela est en total accord avec le droit international, et c’est ce qui rend la situation en Syrie si compliquée.
Les élections présidentielles aux Etats-Unis pourraient-elles contribuer à détendre la situation dans le monde ou n’y aura-t-il pas de changements?
Voilà la grande question qui se pose. Etant donné la guerre électorale menée aux Etats-Unis actuellement, nous devons patienter. On joue avec nos nerfs mais aussi avec le destin d’un grand pays portant le nom Etats-Unis d’Amérique.
Merci de cet entretien. •
Source: www.world-economy.eu/pro-contra/details/article/die-nato-... du 30/10/16
(Traduction Horizons et débats)
10:01 Publié dans Actualité, Affaires européennes, Entretiens, Géopolitique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : willy wimmer, entretien, géopolitique, politique internationale, europe, russie, affaires européennes, états-unis, bellicisme | | del.icio.us | | Digg | Facebook
19:22 Publié dans Actualité, Entretiens, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nouvelle droite, alt right, vraie droite, daniel friberg, livre | | del.icio.us | | Digg | Facebook
L’historien, écrivain et chercheur indépendant Youssef Hindi prône le retour à «une étude saine des textes de l’islam, par-delà le réformisme et le wahhabisme» et à «utiliser le corpus islamique pour comprendre le sens de l’Histoire et faire une critique de la modernité». Pour lui, il ne faut pas «soumettre l’islam au monde moderne», mais «proposer une alternative au projet globaliste, totalitaire et destructeur». Interview.
Algeriepatriotique : Dans votre livre Occident et islam : sources et genèse messianiques du sionisme ; De l'Europe médiévale au choc des civilisations, vous parlez des racines du messianisme kabbalistique et de son influence sur les trois religions monothéistes, à partir du XIIIe siècle. Quel rôle le wahhabisme et les Frères musulmans ont-ils joué dans la subversion de la religion musulmane par la tradition kabbalistique ?
Youssef Hindi : Il est impossible de comprendre le rôle historique du wahhabisme et des Frères musulmans sans retracer la genèse du réformisme islamique (dont est issu le frérisme) et son lien historique et idéologique avec un des mouvements kabbalistiques qu’est le sabbato-frankisme. Les deux piliers fondateurs de la kabbale – depuis sa formation au Ier siècle – sont, d’une part, l’étude de la fin des temps (l’apocalyptique) et, d’autre part, l’ésotérisme et le mysticisme qui englobent une réflexion sur le monde d’ici-bas et de l’au-delà, à quoi il faut ajouter la notion purement kabbalistique d’évolution vers la révélation de la connaissance cachée, induisant l’idée que la kabbale progresse et avec elle l’histoire. Un progrès historique par paliers successifs menant droit vers les temps messianiques, vers la fin des temps et l’apogée du peuple élu.
Dans le second chapitre de mon ouvrage, je retrace l'histoire du wahhabisme, du réformisme islamique et du réformisme chrétien, en mettant en évidence leurs racines communes : le messianisme antinomique sabbato-frankiste.
Issu d'un double mouvement, né aux XVIIe et XVIIIe siècles avec les faux messies Sabbataï Tsevi et Jacob Frank (l’un faussement converti à l’islam et l’autre au catholicisme), ce messianisme apocalyptique s'opposant à Dieu et à la loi naturelle, par les conversions massives des sabbatéens à l'islam et des frankistes au catholicisme, va promouvoir l'athéisme au cœur de ces deux mondes, via notamment des loges maçonniques.
Jacob Frank
Les principes premiers d’un mouvement historique déterminant ses finalités, les fondements de la kabbale ont conditionné la forme de messianisme dont il est issu, et par la suite, donné au sabbato-frankisme le caractère qui est le sien. Le sabbato-frankisme fut l’inéluctable conséquence de l’évolution de la kabbale, le fruit de l’histoire de la mystique juive aux plans idéologique, intellectuel, politique et moral.
Dans la même perspective, le programme apocalyptique du choc des civilisations est partie intégrante du dessein messianique juif. Le projet de destruction du christianisme et de l’islam que l’on trouve au XIIIe siècle, dans le Zohar, a dirigé quelques siècles plus tard et à la suite de tentatives qui en posèrent les fondations, le sabbato-frankisme vers cet objectif.
Le réformisme islamique eut comme point d’ancrage les régions sabbataïstes, et son expansion s’est faite via les loges maçonniques infiltrées par les sabbataïstes. Les loges se sont propagées, à partir du XVIIIe siècle, en Turquie, en Iran, en Asie centrale, mais aussi en Egypte et en Syrie.
Sabbataï Tsevi
De son côté, le père du wahhabisme, Muhammad Ibn Abd Al-Wahhab (tout comme les réformistes allant de Afghani à Hassan Al-Banna, en passant par Abduh et Rachid Ridha) prétendait revenir à l’islam en massacrant les musulmans, avec l’aide des Saoud, pour imposer son idéologie.
Lorsque l’on fait le parallèle entre Cromwell qui, au XVIIe siècle, l’Ancien Testament à la main, massacra en masse les catholiques irlandais et écossais, en détruisant les églises, massacrant prélats, hommes, femmes et enfants, pour imposer une nouvelle religion, et Mohamed Ibn Abd Al-Wahhab un siècle plus tard, l’on y voit bien plus que quelques similitudes. C’est exactement le même schéma. Abd al-Wahhab prétendait revenir à l’islam des origines, comme les protestants qui se présentaient comme des fondamentalistes, véritables tenants du christianisme, en renouant avec l’Ancien Testament. Dans les faits, Abd Al-Wahhab et ses sectateurs d’hier et d’aujourd’hui font montre d’une haine dévastatrice de l’islam, du Prophète et de ses compagnons, dont ils se sont acharnés à détruire systématiquement les tombeaux et l’héritage tant religieux que culturel.
Le réformisme islamique forme avec le wahhabisme deux faces d’un même projet, se complétant l’un et l’autre sous une apparente opposition, soit une hérésie à deux visages suivant ce que j’appelle une dialectique infernale.
Depuis l’apparition d’Abd Al-Wahhab, Malkun Khan (le premier grand réformiste), Afghani et Abduh, ainsi que leurs disciples, cela jusqu’à nos jours, le wahhabisme et son versant libéral réformiste, dont l’ultime avatar sont les Frères musulmans, ont agi comme des agents corrosifs et des facteurs de décomposition matérielle et spirituelle de l’islam ; et nous sommes à présent témoins de la dernière étape de ce processus historique de subversion.
Les wahhabites et les Frères musulmans jouent un rôle essentiel dans ce grand échiquier géopolitique dans lequel s’applique la stratégie du choc des civilisations : les troupes wahhabites fanatisées détruisent les villes et les Etats musulmans, guidées par des prédicateurs et de pseudos savants wahhabites et Frères musulmans ; tandis que les Frères musulmans pilotés, financés par les occidentalistes tant arabes qu’européens et américains sont portés au pouvoir comme en Egypte et en Tunisie.
Dans vos deux livres Occident et islam et Les mythes fondateurs du choc des civilisations, vous décrivez le choc des civilisations comme étant une doctrine programmée. Qui est à l’origine de cette stratégie qui vise à faire s’affronter les civilisations ?
Mes recherches montrent que cette stratégie a été élaborée par un kabbaliste du nom de Solomon Molcho – suivant les interprétations rabbiniques et eschatologiques de la Bible – qui, au XVIe siècle, a tenté de lancer l'Eglise puis le Saint-Empire romain germanique dans une guerre contre l'Empire ottoman, afin d'expulser ce dernier de Palestine et y reconstruire le royaume d'Israël. C’est précisément ce que les Britanniques ont fait au sortir de la Première Guerre mondiale, par le démantèlement de l’Empire ottoman et la création du Foyer juif en Palestine (1919-1920) à la suite de la promesse faite par les Anglais aux sionistes dans la Déclaration Balfour (1917).
Le projet de Molcho a mis quatre siècles à s’accomplir, mais il s’est finalement réalisé ; ceci est une des preuves que j’apporte en guise de démonstration de la permanence du projet messianique et du lien intrinsèque existant entre le sionisme et la stratégie du choc des civilisations, la seconde étant la condition préalable à la réalisation du premier.
En 1957, Bernard Lewis, le maître de Samuel Huntington, «laïcisera» cette stratégie messianique en lui donnant un habillage scientifique pour l'ériger ainsi en théorie. Lewis, en digne héritier de Molcho, dans l’optique de fomenter des guerres entre le monde (post)chrétien et le monde musulman, décrète alors que ces deux grandes religions seraient ontologiquement vouées à s’affronter. C’est ce même Bernard Lewis, de confession juive et détenteur des nationalités israélienne, britannique et étasunienne, qui œuvra dans le début des années 2000 pour convaincre Dick Cheney, alors vice-président des Etats-Unis, d’envoyer l’Amérique en guerre contre l’Irak.
Ce choc des civilisations fabriqué de toutes pièces n'est au fond que le faux nez de ce que j'appelle «un choc idéologique mondial» opposant le monde vétérotestamentaire – recouvrant le bloc anglo-thalassocratique, ses vassaux anciennement catholiques du vieux Continent, les pétromonarchies wahhabites et Israël – au reste de l'humanité.
L’idéologie wahhabite, Daech et la propagande occidentale ont largement contribué à déformer la perception qu’ont les non-musulmans de l’islam. Sur quels mythes déformants repose cette fausse perception ?
Les mythes fabriqués au cours des siècles autour de l’islam sont très nombreux, mais dans mon second ouvrage Les mythes fondateurs du choc des civilisations, je déconstruis les principaux sur lesquels s’appuie la stratégie du choc des civilisations. J’ai choisi cinq mythes – qui me semblent être les plus importants – que j’ai traités dans cinq chapitres à thèmes.
Ces mythes et accusations ont notamment trait au rapport existant entre l’islam, la violence et la guerre. Mon étude part à ce propos d’une contextualisation historique de la naissance et de l’expansion de l’islam, combinée à une minutieuse étude exégétique ; s’ensuit un focus sur les rapports, souvent méconnus ou oubliés, de la chrétienté et du monde musulman, ainsi que sur la place de la femme dans la religion musulmane.
Mon ouvrage s’achève sur une réflexion fondamentale, à savoir : quelle est la place véritable de Dieu et de la religion dans les sociétés humaines, ceci en relation directe avec la notion de souveraineté. Car il nous est asséné que le problème fondamental du monde musulman et son retard seraient dû au fait qu’il n’aurait pas procédé à un aggiornamento, une séparation complète du religieux et du politique.
Vous affirmez que si l’islam est rejeté en Occident, la faute en incombe aux Occidentaux qui n’ont pas compris cette religion. Peut-on leur en vouloir du moment que le discours alternatif à l'idéologie wahhabite extrémiste et violente est totalement inaudible ?
Je n’ai pas affirmé cela. J’explique que le rejet de l’islam est en grande partie dû à sa diabolisation par les grands médias occidentaux, les idéologues et intellectuels ainsi que les politiciens. Cette diabolisation se fait par la diffusion de vieux mythes forgés dans des contextes historiques, politiques et géopolitiques à partir du Moyen-Age, combinée à la propagation de l’idéologie wahhabite dans le monde – via plusieurs canaux et financée par les pétrodollars : médias, institutions, chaires universitaires, mosquées… –, qui a débuté après la Seconde Guerre mondiale et le Pacte de Quincy (février 1945) passé entre le président des Etats-Unis, Roosevelt, et le roi d’Arabie Saoudite, Abdelaziz Ibn Saoud, avec l’aide et la bénédiction du monde occidental, les Etats-Unis en tête. Sans les pétrodollars et le soutien anglo-américain apporté à l’Arabie Saoudite, le wahhabisme (et ses avatars terroristes) ne serait pas devenu l’orthodoxie musulmane aux yeux des Occidentaux et d’un certain nombre de musulmans.
La propagande médiatique wahhabite et occidentale rend totalement inaudible le discours des savants traditionnalistes et des intellectuels qui ont étudié l’histoire et le rôle du wahhabisme.
Des penseurs s'accordent à dire qu'il faut aller vers une refondation de la pensée théologique de l'islam afin de dégeler toutes les glaciations théologiques. Quel est votre avis sur cette question ?
Ces penseurs musulmans, dont le discours est accompagné par les idéologues qui veulent finir d’abattre l’islam, sont les héritiers des réformistes francs-maçons (Malkun Khan, Afghani, Abduh et leurs élèves) qui ont commencé ce travail de dilution de l’islam dans la modernité.
Les réformistes se bousculent aujourd’hui, dans la logique de ce mouvement dialectique entre wahhabisme et réformisme dont j’ai parlé, prenant pour prétexte les atrocités de Daech et des autres groupes terroristes, pour apporter leur poison sous forme de remède à une maladie qu’ils ne nomment jamais : le wahhabisme.
Mon avis est qu’il faut revenir à une étude saine des textes de l’islam, par-delà le réformisme et le wahhabisme, et utiliser le corpus islamique pour comprendre le sens de l’Histoire et faire une critique de la modernité ; non pas pour soumettre l’islam au monde moderne, mais pour proposer une alternative aux idéologies modernes et au projet globaliste, totalitaire et destructeur, sous couvert de progressisme, qu’elles ont générés.
Selon vous, Eric Zemmour, Bernard-Henri Levy et Alain Finkielkraut obéissent à un même mouvement qui existe dans la tradition juive, à savoir le mouvement assimilationniste ou «Haskalah». Qu’est-ce que ce mouvement ? Quels sont ses objectifs ?
Dans une conférence récente, j’ai expliqué qu’Eric Zemmour s’inscrit dans ce mouvement (on peut y inscrire aussi Finkielkraut dans une certaine mesure), mais pas Bernard-Henri Levy. La Haskalah est un mouvement initié en 1780 par le philosophe juif allemand Moses Mendelssohn (1729-1786). Il propose aux juifs d’Europe de s’assimiler en apparence aux cultures européennes, mais tout en préservant leur identité. La Haskalah appartient au mouvement frankiste qui prône une assimilation par la conversion au catholicisme et/ou par la dissimulation de l’appartenance au judaïsme, pour détruire le monde chrétien de l’intérieur.
Moses Mendelssohn
Dans mon premier livre, je cite l’historien Gershom Scholem, qui est le plus grand spécialiste de la kabbale et de son histoire, et qui écrit à propos de la doctrine de Jacob Frank et de ses finalités (et dont est issu le mouvement de la Haskalah) : «La conception de Jacob Frank revêtit un aspect résolument nihiliste. Sous le sceau du silence, le vrai croyant (c’est-à-dire le partisan de Frank), qui possède Dieu dans le secret de son cœur, peut traverser toutes les religions, les rites et les ordres établis sans donner son adhésion à aucun, au contraire, en les anéantissant de l’intérieur et en instaurant ainsi la véritable liberté. La religion constituée n’est qu’un manteau qui doit être endossé puis rejeté sur le chemin de la "connaissance sacrée", la gnose du point où toutes les valeurs traditionnelles sont anéanties dans le courant de "vie". Il propagea ce culte nihiliste sous l’appellation de "voie vers Esaü" ou "Edom" (le monde chrétien occidental), incitant à l’assimilation sans vraiment y croire, espérant la miraculeuse renaissance d’un judaïsme messianique et nihiliste surgissant dans les douleurs de l’enfantement d’un bouleversement universel. Ces conceptions ouvraient la voie à la fusion entre la dernière phase du messianisme et de la mystique sabbataïste, d’une part, et, de l’autre, le rationalisme contemporain et les tendances laïques et anticléricales. La franc-maçonnerie, le libéralisme, voire le jacobinisme peuvent être considérés comme d’autres façons de tendre au même but.»
La destruction du christianisme à laquelle se sont attelés les frankistes, d’une part, et celle de l’islam par les sabbataïstes, d’autre part, se sont faites en parallèle via des voies quasi-similaires : en accédant et en s’intégrant aux élites et aux classes dominantes, notamment via des loges maçonniques – le concept kabbalistique de la rédemption par le mal, celui de la Table rase en quelque sorte, détruire pour reconstruire, pénétra les mondes chrétien et musulman en passant par des loges maçonniques kabbalistiques.
C’est en comprenant l’origine de ce mouvement et ses finalités, qui se résument à la destruction totale de l’Occident (spirituellement et physiquement), que l’on peut comprendre le discours d’un Zemmour qui se présente comme un patriote assimilé, plus français que les Français, et qui attise paradoxalement depuis des années les flammes de la guerre civile en France, tout comme BHL travaille lui, comme son coreligionnaire Bernard Lewis, à la destruction du monde musulman.
Interview réalisée par Mohamed El-Ghazi
17:30 Publié dans Actualité, Entretiens, Islam, Judaica | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : religion, wahhabisme, islam, judaica, youssef hindi, choc des civilisations | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Guillaume Durocher is a French political writer and historian. He has lived in many European countries and worked in politics and journalism. He writes for several Alt-Right publications, including The Occidental Observer, Counter-Currents, and Radix.
We begin by discussing the results of the recent election. Guillaume compares Trump’s victory to Brexit, for the mainstream media – through its polls and pundits – failed to accurately predict either. We discuss what this means for not only America, but the West as a whole. Guillaume explains that the American nation-state is now run by a wildcard, and that if Trump drastically alters the course of America, Europe will follow suit. We then discuss Guillaume’s background, including how he became a nationalist. We learn that he was originally an anti-war liberal; questioning the EU, however, led him to then realize the importance of having homogeneous nation-states. The first hour also explores the ongoing culture war in the West, the Jewish community’s response to the Trump phenomenon, and the origins of our current plight.
The members’ hour begins with a consideration of technology. We discuss how the internet has allowed for alternative media to loosen the mainstream media’s control over culture and information. Guillaume correctly points out that Trump, through his condemnation of the mainstream media, has furthered this effect. We then switch gears to consider the big picture. Guillaume argues that it’s okay for those of us in the Alt-Right to disagree about the ideal form of government; what matters, though, is that whichever system we adopt exist solely for the benefit of our people. Guillaume then makes a case for the inclusion of genetics into policymaking decisions, which leads to a discussion on the massive population boom now underway in the third world. The members’ hour also covers the need for willpower and determination, the vulgarization of Western culture, and the tribal nature of fascism.
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18:41 Publié dans Affaires européennes, Entretiens, Jean Parvulesco | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : constantin parvulesco, france, europe, affaires européennes, géopolitique, entretien | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Propos recueillis par Philippe Maxence
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Si nous n’avions écouté que les grands médias et ceux qui les répercutent, nous n’aurions pas lu le livre de Patrick Buisson, La Cause du peuple (Perrin). La critique des années Sarkozy et le portrait sur le vif de celui-ci ne nous intéressent pas plus que ceux concernant François Hollande, sinon à titre d’études des symptômes révélant la maladie. Mais, comme souvent, au lieu de regarder ce que désigne le doigt, les médias, dans un réflexe pavlovien se sont arrêtés au doigt lui-même.
En lisant La Cause du peuple, nous avons été au contraire surpris d’y voir d’abord une analyse fondée sur les grands principes de notre civilisation et non simplement sur les dernières transes d’une actualité en mal de sensation. Nous y avons découvert un auteur se décrivant comme un « objecteur de modernité », ce qui, au-delà du bonheur de la formule, semble pointer du doigt la racine même des maux profonds auxquels nous sommes confrontés.
À L’Homme Nouveau, nous essayons de nous imposer une ascèse, généralement mal comprise de nos propres amis. Nous tentons d’étudier les causes des faits plutôt que de réagir impulsivement à ces derniers et d’en dépendre sans cesse. Nous préférons la perspective du temps long au rétrécissement de l’immédiateté et de l’éphémère. Nous voulons souligner les permanences plutôt que le fugitif. En un mot, nous souhaitons tracer des itinéraires de civilisation plutôt que de nous laisser envahir par le culte de l’évanescent. Ce but est à la fois exigeant et implique une forme de pauvreté ascétique dans le travail. Elle vise pourtant à la vraie liberté de l’intelligence, même au regard des réflexes qui guident les personnes et les milieux dont nous sommes proches.
Nous remercions Patrick Buisson pour le temps qu’il nous a accordé, à la fois au moment de notre rencontre, où nous l’avons assailli de nos questions, et lors de la relecture et de la réécriture de cet entretien. Nous aurions souhaité aller encore plus loin, avec lui, notamment sur deux points : sur la nature profonde du système, qui ne se limite pas selon nous aux institutions de la Ve République, mais incarne les objectifs de la modernité et ensuite sur les moyens de refermer définitivement le cycle des Lumières sans être réduits au rôle d’éternels supplétifs de ceux qui finissent toujours par ramasser la mise à leur profit.
Cet entretien unique en son genre sera disponible gratuitement pendant une durée limitée sur notre site (sauf pour nos abonnés) avant d’être proposé à l’achat. Nous demandons à ceux qui le citent de respecter le droit de la presse en ne le reproduisant pas dans son intégralité et en citant clairement les sources, notamment en renvoyant vers le site de L’Homme Nouveau. Nous mettons cet entretien à disposition de tous dans le cadre de la bataille des idées. Mais cela n’enlève rien au fait qu’un vrai travail de presse implique un coût et que pour continuer cette bataille, plus que jamais nécessaire, il est important que tous ceux qui en profitent y participent financièrement. En attendant, bonne lecture !
Philippe Maxence
Patrick Buisson : La télé-démocratie a besoin de scandales comme autant de combustibles. Elle fonctionne à l’émotion ou à l’indignation et dans une ingénierie des affects d’où la réflexion est proscrite. La règle d’or des médiagogues, c’est l’hégémonie des sentiments. À partir du moment où vous avez été acteur de la tragi-comédie du pouvoir même en coulisses – je dirai surtout en coulisses car l’ombre agite les fantasmes – cela fait de vous le dépositaire d’un certain nombre de choses plus ou moins secrètes qui suscitent l’intérêt et la curiosité, souvent malsaine d’ailleurs, des médias centraux. Mon livre ne les a intéressés qu’en tant que supposé règlement de comptes envers l’ancien président de la République. Ils l’ont donc investi d’une dimension polémique largement surfaite. Or je n’ai rien rapporté dans ce livre qui ne serve d’illustration à un propos politique, c’est-à-dire à une démarche d’analyse, de réflexion, autour de l’exercice du pouvoir en France et de la déliquescence de l’appareil d’État dans son fonctionnement comme dans son incarnation au plus haut sommet. Il ne me reste plus à espérer que les lecteurs qui auront acheté ce livre pour de mauvaises raisons finissent par le lire pour de bonnes.
La critique que je fais de la présidence de Sarkozy vaut pour celle de Hollande. Le principe fondateur de la Ve République a été de rompre avec cette volonté d’abstraction qui remonte à la révolution de 1789, et de renouer avec une tradition plus longue, plus ancienne et plus profondément enracinée, selon laquelle en France, pays latin de culture chrétienne, le pouvoir suprême s’exerce non par délégation, mais par incarnation. Ce que Marcel Gauchet résume excellemment quand il décrit ledit pouvoir comme un « concentré de religion à visage humain ». Or aussi bien Sarkozy que Hollande n’auront eu de cesse de s’inscrire par leurs actes dans une logique d’abaissement et de trivialisation de la fonction présidentielle. L’un au nom de la « modernité », l’autre au nom de la « normalité » ont conclu à l’impérieuse nécessité d’une sécularisation du pouvoir, au dépouillement de son armature symbolique, protocolaire et rituelle. Ils ont, pour reprendre la terminologie de la théologie politique venue du Moyen Âge, dépouillé le corps mystique du roi tout en profanant son corps physique. Nul plus que les deux derniers titulaires de la charge n’auront sapé les fondements de la fonction présidentielle en transposant au sommet de l’État le processus d’individuation et d’infantilisation qui affecte la société française. Avec eux c’est l’esprit de 68 qui a investi l’Élysée : désormais c’est l’individu qui l’emporte sur la fonction et qui à travers un jubilé permanent de sa propre personne, se montre moins préoccupé de l’intérêt général que de « jouir sans entraves ».
Si et en profondeur. L’idée que l’autorité politique ne constitue pas un dominium, un droit de propriété rapporté à un individu mais un ministerium, c’est-à-dire un office exercé au nom de tous est au cœur de la pensée occidentale. Elle est au cœur de la doctrine de la chrétienté médiévale récapitulée par saint Thomas d’Aquin quand celui-ci stipule que « le bien commun est toujours plus divin que le bien de l’individu ». Et l’Aquinate d’ajouter : « Le pouvoir est un sacrifice, seul le service rendu fonde la légitimité ». À l’aune de ce critère, les présidences de Sarkozy et de Hollande livrées à la toute-jouissance du pouvoir, se trouvent frappées d’illégitimité et comme telles n’ont eu le droit ni au respect ni à l’obéissance des Français. L’erreur profonde de nos dirigeants est de croire que la proximité et non la grandeur est source de popularité. Aujourd’hui le souci du politique est de gommer tout ce qui le distingue du commun. En premier lieu l’altitudo qui, chez les anciens monarques, désignait à la fois l’élévation et la profondeur. Autrement dit, leur but est de s’offrir non plus en exemple ou en modèle comme le faisaient autrefois les hommes d’État mais en support.
En effet : dans une société où ni la force de caractère ni la force d’âme ne sont plus portées au crédit de ceux qui en font montre, mais assimilées aux vertus les plus archaïques, le politique se croit tenu de s’abaisser pour s’humaniser et de s’étaler pour se signaler. Il se fait une obligation de montrer sa faiblesse pour tenter de remuer le cœur des foules sentimentales. Le pouvoir, faute d’une autorité qui le légitime, est devenu pour reprendre la formule d’Hannah Arendt, un « pouvoir qui ne vaut rien », un lieu vide, sans tête, de moins en moins incarné mais de plus en plus narcissique. En dernière analyse, c’est la postmodernité qui a eu raison de la fonction présidentielle comme elle a emporté tous les « grands signifiants despotiques » de l’autorité. Soit ce vaste processus qui vise à délégitimer, décrédibiliser et finalement destituer tout rapport à la transcendance et à l’immatériel. Le défi de l’homme postmoderne est de vouloir affronter le monde sans la protection du roi, du prêtre, du soldat et autres figures à l’ombre tutélaire desquelles les générations précédentes s’étaient, durant des siècles, abritées. De Giscard à Hollande en passant par Sarkozy, la crise de la fonction présidentielle n’aura eu en définitive qu’une seule origine : le refus des présidents successifs d’incarner la place du sacré dans la société.
En faisant ratifier par les Français le principe de l’élection du président de la République au suffrage universel, De Gaulle a voulu parachever l’œuvre qui consistait à conjurer le spectre du régime des partis. Depuis, la partitocratie n’a eu de cesse que de chercher à récupérer à son profit le monopole du processus de sélection des candidats à la magistrature suprême. Elle y est si bien parvenue qu’elle a surtout apporté la preuve éclatante de son inaptitude profonde à sélectionner des hommes capables de se hisser à la hauteur de la charge. Les candidats à la primaire de la droite sont tous, à une exception près, des produits de l’endogamie partisane. De ce mode de reproduction des pseudo-élites ne peut sortir qu’un personnel estampillé d’un même brevet de conformité à l’idéologie dominante, gouverné par l’anthropologie dérisoire de l’économisme qui prétend réduire les hommes à la seule poursuite de leur intérêt, dépourvu de toute vision autre que l’horizon indépassable de la matière et des chiffres. Et pour finir aussi inaccessible à la dimension symbolique du pouvoir qu’imperméable au legs de la tradition et de l’histoire nationale. Pour reconstituer le corps politique du chef de l’État, lui redonner la faculté d’incarner la communauté et opérer à travers sa personne la symbiose entre la nation et la fonction, il faut mettre fin à ce que Jacques Julliard appelle la « mise en propriété privée des moyens de gouvernement » que le système des partis a réalisée à son profit.
Cette accélération permanente, cette tyrannie de l’immédiat et de l’éphémère, ce bougisme invertébré et décervelé que vous évoquez n’est pas seulement la maladie de Parkinson de la sphère médiatique où se recrutent en priorité les agités du global. Ces pathologies ont gagné la politique. C’est ainsi que Sarkozy aura été l’inventeur et le promoteur d’une téléprésidence instantanée. Il y a eu d’emblée quelque chose de circulaire entre la frénésie épiphanique d’un président cathodique et l’insatiable voyeurisme des chaînes d’information continue. La question que pose la politique aujourd’hui n’est plus « que faire ? » mais « que dire ? ». Pour l’actuelle classe dirigeante, l’urgence de dire dispense, en quelque sorte, de l’obligation de faire. L’administration des choses et le gouvernement des hommes ont cédé la place à un exercice de narratologie. Le laboratoire en aura été l’Amérique du début des années soixante où la construction du mythe Kennedy a donné naissance à ce qu’il convient d’appeler le storytelling. Soit l’élaboration d’un grand récit médiatique destiné à créer au bénéfice des dirigeants politiques une identité narrative qui recouvre leur identité réelle. Au terme de l’opération, le faux doit apparaître plus vrai que le vrai. L’importance ainsi accordée à la fabrication de cet artéfact rend compte du fait que la communication et ses techniques a peu à peu supplanté la politique.
Les Français en ont, en tout cas, perçu quelques-uns des effets pervers à travers les deux derniers présidents qui en ont fait un usage inconsidéré. En fait, ce qui apparaît de plus en plus, c’est que bien communiquer et bien gouverner sont deux exercices totalement antinomiques. Communiquer c’est chercher à séduire, gouverner c’est privilégier le bien commun au risque de déplaire et d’être impopulaire. Communiquer c’est établir le primat des apparences, gouverner c’est prendre à bras-le-corps le réel. Communiquer c’est obéir au temps court de la tyrannie médiatique ; gouverner c’est s’inscrire dans la durée et le temps long de l’histoire. Communiquer c’est produire de l’émotion, gouverner c’est développer une réflexion qui embraye sur l’action.
Je n’ai jamais nourri l’idée chimérique de vouloir réformer le système de l’intérieur. Je pensai et je pense toujours que la politique, c’est d’abord l’art de gérer les symboles. En période de crise, ces rétributions symboliques sont d’autant plus importantes qu’un certain nombre d’engagements programmatiques deviennent difficiles voire impossibles à tenir. Face à l’offensive massive de dénigrement du passé national, il m’est apparu très vite que je pouvais contribuer à la nécessaire œuvre de réarmement en faisant en sorte que le président puisse proposer aux Français des sujets de fierté légitime, des pages et des figures héroïques tirés de ce qu’il est convenu d’appeler, depuis Michelet, le « roman national ». J’ai tenté de convaincre Nicolas Sarkozy de l’urgence qu’il y avait, pour reprendre la formule de Victor Hugo, à faire la « guerre aux démolisseurs », c’est-à-dire à nous défendre contre toutes les entreprises de dissolution de la sociabilité nationale. Et à préserver ce prodigieux capital immatériel que représentent une mémoire profonde, des mœurs communes, un imaginaire historique. Je n’ai pas toujours été suivi. On a préféré Guy Môquet à Honoré d’Estienne d’Orves, Camus à Péguy.
C’est sans doute la raison pour laquelle, je n’éprouve pas avec le recul le sentiment d’un complet gâchis, d’une expérience humainement coûteuse et politiquement inutile. Jamais un président de la République française n’aura aussi pleinement assumé l’héritage chrétien de la France, un héritage de civilisation et de culture. Dans la basilique du Latran comme au Puy-en-Velay en passant par la Lorraine à Domrémy et Vaucouleurs pour le 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc. Peu importe la part d’insincérité et de calcul électoral qui entra alors dans le propos présidentiel. L’essentiel est bien que ces paroles aient été prononcées et que même en partie à son insu le sixième président de la Ve République ait renoué avec la Gesta Dei per Francos, la geste de Dieu pour les Francs. Plus que la célébration du catholicisme comme composante majeure de l’identité nationale et en tant que culte « historial » de la France, le grand mérite, peut-être le seul, de Sarkozy, aura été de comprendre que l’étymologie du mot « religion » – religare et relegere, c’est-à-dire relier et rassembler – définissait l’essence même du politique. Ce fut le sens du discours du Latran sur la « laïcité positive » et de la redécouverte du fait que la religion n’était pas une affaire purement privée qui fondait le rapport de l’individu à l’au-delà mais ce qui reliait les individus entre eux, un élément important et même comme le pensait Tocqueville, le fondement du lien social. Bref, qu’il y avait là une ressource de socialité immédiatement disponible là où l’intégrisme laïque échouait à produire du sens et du partage faute d’être adossé à une espérance. Il est d’ailleurs paradoxal que certains aillent chercher dans les religions séculières un modèle de sociabilité alors que l’Église a été à travers l’histoire et singulièrement celle de la France la grande pourvoyeuse de lien social quand notre modernité technologique ne sait fabriquer qu’une socialité de synthèse, des relations humaines aussi virtuelles qu’artificielles dont facebook et twitter sont les paradigmes les plus en vogue.
C’est l’évidence même. Le retrait du sacré n’est pas qu’une malédiction spirituelle. Il est aussi synonyme de déréliction sociale. On pense au mot d’Heidegger : « L’homme dépourvu de transcendance erre sans but sur la terre dévastée ». De techno-parade en rave-party, d’Halloween en marches blanches : autant d’ersatz rituels qui tous consacrent la perte de sens dans les deux acceptions du terme ; à la fois perte de signification et absence d’orientation. On pense aussi à ce mot de Nietzsche à propos de celui qu’il appelle « le dernier homme », l’homme qui a « inventé le bonheur » : « Malheur ! Viendra le temps où aucun homme ne saura plus enfanter une étoile ! C’est le temps du plus méprisable qui ne sait plus se mépriser lui-même ».
Le phénomène de déchristianisation propre à notre modernité et au développement du mythe du progrès n’a été rien d’autre, à bien l’examiner, qu’un christianisme inversé. Il a correspondu à ce moment de l’histoire – la sécularisation – où les grands thèmes théologiques ont été non pas abandonnés mais retranscrits sous une forme profane. De ce point de vue, il est parfaitement exact de dire que capitalisme et communisme qui se disputent le monopole de l’idéologie du progrès depuis le XIXe siècle, relèvent d’idées chrétiennes ramenées sur terre, de ces « idées chrétiennes devenues folles » dont parlait Chesterton. D’un côté, la prédestination protestante. De l’autre, le déterminisme marxiste. D’une part, l’obéissance à la volonté divine jusqu’à la négation de la liberté humaine. D’autre part, l’amour de l’homme jusqu’à la mort de Dieu. La ruine de ces deux idéologies à la fois rivales et jumelles laisse le champ libre à une politique de l’espérance. Le grand mystère chrétien laïcisé, désormais libéré de ces derniers avatars, se trouve disponible pour une autre incarnation, une autre aventure. Régis Debray notait que le fait majeur de la fin du XXe siècle aura été « la fin de la politique comme religion et le retour de la religion comme politique ». C’est vrai pour l’islam et nous ne le savons que trop. En France comme dans les pays qui formaient jadis la chrétienté, un État théologico-politique n’est nullement souhaitable. Mais nous disposons en revanche d’un patrimoine historique et spirituel dont peuvent renaître les déterminants directs de l’établissement. En d’autres termes, une politique de civilisation répondant à la volonté, de plus en plus manifeste, du peuple français, de retrouver en partage un monde commun de valeurs, de signes et de symboles qui ne demande qu’à resurgir à la faveur des épreuves présentes et des épreuves à venir.
Métapolitique plutôt que politique. Par chrétienté Péguy entendait non pas tant une adhésion confessionnelle que cette amitié supérieure, cet assemblage unique au monde qui lie les Français entre eux, une fraternité authentique qui a façonné notre sociabilité nationale. L’invocation incantatoire et répétitive par la classe dirigeante des « valeurs républicaines » depuis que la vague terroriste s’est abattue sur la France, a eu au moins pour vertu de réveiller des pans entiers de la mémoire nationale. Lorsque François Hollande s’écrie « tuer un prêtre, c’est profaner la République » au lendemain de la décapitation du Père Hamel dans l’église de Saint-Étienne du Rouvray, au-delà d’une tentative dérisoire pour sacraliser la République – on ne peut profaner que ce qui est sacré – il profère un mensonge historique puisqu’aussi bien chacun sait que la République s’est fondée sur la persécution, la déportation et le massacre des prêtres. Plus que d’être restaurée, la République a besoin d’être réorientée et de retrouver son cours plus originel que l’absolu commencement qu’elle prétend être. Car ses « valeurs », qu’on le veuille ou non, procèdent d’une inspiration chrétienne, dénaturée et dévoyée certes, mais essentiellement chrétienne. On oublie trop aisément la dernière partie de sa devise initiale : « Liberté, égalité, fraternité ou la mort ». L’Évangile, par opposition, inaugure une fraternité vraie parce que gratuite, ni une fraternité d’extermination (« Sois mon frère où je te tue »), ni une fraternité d’inversion (« Sois mon frère et que je t’utilise »). On n’y est pas frère contre, on y est frère avec. C’est ce trésor inestimable que nous avons reçu en dépôt et qu’il nous faut maintenant défendre contre des mystiques venues d’ailleurs. Des mystiques qui sont la négation de notre esprit, de notre manière d’être et de vivre.
L’économiste américain Hirschman oppose les périodes où prédominent les intérêts à celles où excellent les valeurs. Au lendemain la présidence Sarkozy qui est apparue aux yeux de beaucoup comme la consécration d’une droite strictement identifiée à l’argent, d’une droite qui, au fil de l’histoire, avait subi une reductio ad pecuniam, une inflexion singulière s’est produite avec « La Manif pour tous ». Au-delà d’une protestation contre une réforme sociétale, ce mouvement s’est distingué par une profonde remise en cause de notre société exclusivement marchande et matérialiste. Ce qui était visé à travers la dénonciation du « mariage » homosexuel, c’était la complémentarité dialectique du capitalisme consumériste et du progressisme hédoniste. Ce fut d’abord et contre toute attente une insurrection contre le nouveau Mammon libéral-libertaire dont la loi Taubira n’aura été que l’un des multiples produits dérivés. Le fait politique majeur est là : pour la première fois depuis des lustres, une droite a défilé pour affirmer le primat du sacré sur le marché en se réappropriant la garde de l’être contre la société de l’avoir.
La méprise dure depuis plus de deux siècles. Il ne suffit pas d’être classé à droite pour être de droite. C’est ce qui est arrivé au libéralisme qui n’était pourtant que l’une des déclinaisons de la philosophie des Lumières. On assiste, aujourd’hui, à un repositionnement des idéologies sur le spectre politique. Un temps fixé à droite, le libéralisme retourne à sa source originelle au terme de la trajectoire inverse de celle qu’il avait empruntée entre le XVIIIe et le XXe siècle. Longtemps, on a voulu distinguer comme pour le cholestérol entre un bon libéralisme (le libéralisme économique) et un mauvais (le libéralisme culturel ou sociétal). Ce distinguo n’a plus été possible dès lors que la financiarisation de l’économie a mis en évidence l’unité philosophique du libéralisme à travers ces deux faces complémentaires qui conduisent, dans une totalité dialectique, à étendre la logique de la marchandise à la sphère non marchande des activités humaines.
Le diagnostic de Thibon porte sur la droite attachée à l’argent-chiffre, à l’argent-signe. Celle qui n’a jamais été, à travers l’histoire, autre chose qu’une force de conservation des privilèges des classes dominantes. Cette droite-là est, par définition, incapable de comprendre qu’avec l’avènement de l’économisme comme réenchantement du monde, quelque chose d’humain a pris fin selon le beau mot de Pasolini. Le fait marquant de ces dernières années réside dans l’apparition, au sein de ce qu’il est convenu d’appeler la droite, d’un mouvement antimoderne récusant le présupposé du libéralisme qui fait de la société une collection d’individus n’obéissant qu’aux lois mécaniques de la rationalité et de la poursuite de leur seul intérêt. Ce mouvement est en train de renouer, dans une fidélité inventive aux racines d’une droite plus originelle, avec l’idée qu’une société ne peut reposer exclusivement sur le contrat c’est-à-dire sur le calcul, mais sur l’adhésion à un projet qui fait d’elle une communauté. Le cycle ouvert par les Lumières est en train de se refermer. Nous ne sommes qu’à l’aurore d’une nouvelle ère et nous voudrions déjà cueillir les fruits de la maturité. En fait, nous ne supportons pas l’idée que ces grandes questions de civilisation ne reçoivent pas de réponse dans la temporalité qui est celle de nos vies humaines. Toutes les raisons d’espérer sont pourtant réunies. À commencer par celle qu’exposait le vers fameux d’Hölderlin : « Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve ».
Patrick Buisson, La cause du peuple, Perrin, 464 p., 21,90 €.
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