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dimanche, 14 mars 2010

Le déclin comme destin

Le déclin comme destin

par Guillaume Faye

declin.jpgEn apparence l’erreur d’Oswald Spengler fut immense : il annonçait pour le XXe siècle le déclin de l’Occident, alors que nous assistons tout au contraire à l’assomption de la civilisation occidentale, à l’occidentalisation de la Terre, à la généralisation de cet « Occident » auto-instauré comme culture du genre humain, dont, suprême paradoxe, les nations néo-industrielles de l’Orient constitueront peut-être d’ici peu l’avant-garde. En apparence toujours, c’est au déclin de l’Europe que nous sommes conviés. Montée en puissance de l’Occident et perte de substance de l’Europe : les deux phénomènes sont sans doute liés, l’un entraînant l’autre. Tout se passe comme si, après avoir accouché de l’Occident, répandu aujourd’hui sur toute la planète, l’Europe épuisée entrait dans un nouvel âge sombre.

La thèse ici présentée sera simple : l’Occident n’est pas « en » déclin – il est au contraire en expansion – mais il est le déclin. Et il l’est depuis ses fondements, depuis son décollage idéologique au XVIIIe siècle. L’Europe, quant à elle, n’est qu’en décadence.

Déjà, parle l’étymologie : l’« Occident » est le lieu où le soleil se couche. Et, dans son essence, la civilisation occidentale, apparent mouvement ascendant, se confond en réalité avec une métaphysique du déclin, un dépérissement du principe solaire qui, superficiellement, semble la fonder. Ce déclin intrinsèque qui est la loi de l’Occident n’est pourtant pas facile à déceler tant il est empreint de paradoxes.

Premier paradoxe : alors que l’idéologie occidentale entre dans son déclin – déclin des théories progressistes, révolutionnaires, démocratistes, etc. – la civilisation occidentale connaît, même sur le plan politique, une expansion irrésistible de ses régimes économiques et politiques, qu’ils soient socialistes ou capitalistes, au détriment des traditions locales de souveraineté et de culture. Deuxième paradoxe : alors que l’Europe semble entamer, hélas, en tant qu’ensemble continental, un dépérissement dans un nombre impressionnant de domaines, l’Occident qui constitue, pour Abellio comme pour Heidegger, le fils métaphysique et géopolitique de cette Europe, explose à l’échelle de la planète entière. Troisième paradoxe : alors qu’au sein même de notre culture, nous vivons l’implosion du sens, le déclin des grandes valeurs constituantes, l’effondrement des ressorts spirituels, nous assistons en même temps à la montée en puissance de la partie matérielle de notre culture, de sa « forme », c’est-à-dire de ses manifestations technologiques et scientifiques qui sont en passe de détenir le règne absolu de la Terre.

La civilisation technique et économique qui, partie d’Europe et d’Amérique du Nord, gagne la planète entière, ne peut pas sérieusement être confondue avec un fait de « décadence ». Les historiens nous ont montré, par exemple, que la fameuse « décadence de l’Empire Romain », trop souvent et à tort comparée avec notre situation, s’accompagnait d’une régression des « formes » de civilisation : techniques, institutions, villes, infrastructures, échanges, etc.

Toujours de plus en plus de routes, d’usines, d’avions, d’écoles, d’hôpitaux, de livres, de pollution et d’êtres humains. Troisième paradoxe : plus la « structure » explose, moins ses assises idéologiques et morales semblent assurées. On assiste en parallèle à une explosion des formes de civilisation, et à une implosion des valeurs, des idéologies et surtout de tous les fondements moraux et spirituels qui confèrent un « sens » englobant aux sociétés.

Quatrième paradoxe : si l’on se contente même de considérer le secteur de la pure économie, on observe une crise des mécanismes mondiaux de libre-échange commerciaux et monétaires, mais en même temps une irrésistible progression des technologies et de l’organisation commerciale et scientifique de l’humanité. Cinquième paradoxe : à l’heure où l’effondrement des taux de fécondité partout dans le monde (commencé en France au XVIIIe siècle et dans le Tiers-monde ces dernières années) n’a encore donné lieu à la dénatalité que dans les seuls pays industriels, la population mondiale, du fait d’une loi arithmétique simple à saisir, continue de croître à un rythme exponentiel [1].

Ces cinq paradoxes sont inquiétants. Au lieu de vivre des déclins globaux et linéaires comme les autres civilisations qui nous ont précédés, nous subissons ce que l’on pourrait nommer un « déclin emboîté dans une expansion ». Comme si la civilisation occidentale était une machine devenue folle, son centre implose tandis que sa périphérie explose. L’Europe régresse, l’Occident se répand. Le sens disparaît, les formes croissent. Le « sang » s’évapore, mais les veines se ramifient en réseaux de plus en plus vides. De moins en moins de cerveau, mais de plus en plus de corps et de muscles. De moins en moins d’humanité, mais de plus en plus d’hommes. De moins en moins de cultures, mais de plus en plus de civilisation. Tout cela ressemble étrangement à une prolifération cancéreuse. Un cancer, en effet, c’est le déclin de la différenciation qualitative des cellules au profit du triomphe de la reproduction quantitative.

La logique profonde de l’Occident, à travers l’égalitarisme social, la conversion de toutes les cultures aux mêmes modèles politiques et économiques, à travers la rationalisation de l’existence que ne peuvent même pas éviter les régimes qui, dans leurs doctrines, la combattent, c’est depuis ses fondements la réduction de l’organique au mécanique.

Le suprême paradoxe de l’Occident, c’est que son assomption est, sous l’apparence de la croissance et de la juvénilité, une entropie, c’est-à-dire une homogénéisation croissante des formes de vie et de civilisation. Or, la seule forme véritable du déclin, comme nous l’enseignent l’astrophysique et la biologie, c’est précisément l’entropie : croissance cancéreuse des cellules indifférenciées ou, selon le deuxième principe de la thermodynamique, déperdition d’énergie par homogénéisation. De ce point de vue, l’essence de l’Occident, c’est le déclin, puisque sa raison d’être est l’uniformisation des formes-de-vie humaines. Et l’essence du « progrès », c’est l’entropie. La multiplication explosive des technologies vient masquer ce déclin à ses propres protagonistes, exactement comme, dans le processus tragique de rémission des cancéreux, la prolifération des cellules indifférenciées donne, pour quelque temps, l’illusion de la santé et de la croissance organique. L’Occident est un vieillard qui se prend pour un adolescent.

Mais, dans la mesure où cette civilisation occidentale entre dans son « troisième âge », connaît à la fois un triomphe de ses formes, de ses quantités, de son expansion statistique et géographique mais un épuisement de son sens, de son idéologie, de ses valeurs, on peut se demander si elle n’est pas au bord de la résolution de ce déclin qu’elle porte en elle. Hypothèse : ce serait toute la Terre alors qui entrerait dans le temps du déclin, puisque, pour la première fois, toute une civilisation l’unifie, une civilisation minée de l’intérieur. La civilisation occidentale ressemble aux arbres de Paris : ils continuent à pousser alors même qu’ils sont rongés.

On peut considérer que l’uniformisation de la Terre entière sous la loi d’une seule civilisation – politique, économique et culturelle – est un processus bio-cybernétique, puisqu’il s’agit, comme le montrèrent Lupasco et Nicolescu, d’une homogénéisation d’énergies. Pour l’instant cette entropie est « expansive » ; elle sera un jour, comme toute entropie dans sa phase n° 2, implosive. Et n’allons pas croire, comme l’imagine Lévi-Strauss, que de « nouvelles différences » et de nouvelles hétérogénéités puissent surgir au sein d’une civilisation mondiale devenue occidentale [2]. Il ne s’agirait que de spécificités superficielles, des folklores ou des « variantes ». Et, dans la mesure où cette accession historique de l’humanité à une seule et même civilisation occidentale, démocratique, prospère, individualiste et égalitaire constitue le projet des idéologies du Progrès depuis plus d’un siècle, qu’elles soient socialistes ou libérales, ne doit-on pas se demander si l’idée même de Progrès ne serait pas la figure centrale du Déclin ? La matière et l’essence du Progrès, c’est l’accès de tous les hommes à la même condition et à la même morale sociale, réputée universelle. En ce sens, les doctrines progressistes, sécularisant les religions monothéistes de la vérité révélée, entament un processus de fin de l’histoire, de fin des histoires de chaque peuple.

Nous entrevoyons cette fin de l’histoire aujourd’hui : statu quo planétaire par la menace thermonucléaire, condominium soviéto-américain sur le monde qui gèle les indépendances nationales, « gestion » techno-économique et financière d’une économie mondiale qui uniformise les modes de production et de consommation, etc. On ne cesse de dire, après Alvin Toffler, que nous entrons dans la « troisième révolution industrielle » ; c’est vrai, mais ne perdons pas de vue néanmoins cet étonnant paradoxe : au fantastique bouleversement des formes socio-économiques correspond la glaciation des formes politiques et « historiques ». Nous vivons une « mutation immobile ». Tout vibre (technologies, rapports sociaux et économiques) mais rien ne « bouge » (géopolitique) ; ou plutôt rien ne bouge encore. Et, comme la conscience historique, les idées et les valeurs, elles aussi, congèlent.

Derrière son triomphe, la civilisation occidentale voit aujourd’hui son ressort brisé : ses mythes fondateurs et ses idéologies dépérissent et se sclérosent. Le progressisme, l’égalitarisme, le scientisme, le socialisme ont désenchanté leurs partisans et ne mobilisent plus les énergies. Les modèles politiques d’une civilisation quantitative, tout entière fondée sur l’économie, ont produit à l’Est le totalitarisme tyrannique, à l’Ouest le totalitarisme doux et despotique de la société de consommation prévu par Tocqueville, et dans le Tiers-monde, l’ethnocide et le paupérisme de masse, ce dernier masqué par la triste mystique du « développement ». Devenues anti-révolutionnaires, les idéologies occidentales, à l’image de cette civilisation néo-primitive qu’elles représentent, convergent aujourd’hui dans un social-libéralisme tiède, cynique, sans projet, gestionnaire, inessentiel, rassemblé autour de la vulgate académique des « Droits de l’Homme », dont Claude Polin a bien montré l’inanité et l’inefficacité [3]. Privée de toute transcendance, organisée dans son principe autour du rejet de toute référence au spirituel, la civilisation occidentale est l’organisation technico-rationnelle de l’athéisme. Or, mutilée de ses dieux, quels qu’ils soient, une culture humaine se condamne à terme, même si par ailleurs brille l’éclat de Mammon, même si l’accumulation technologique, la progression nominale des revenus ou les « progrès de la justice sociale » donnent l’illusion de la vitalité.

Mais cette ascension de l’économie et de la technique, au nom de quoi la prendre pour une amélioration ? Il est facile de démontrer, par exemple, que les processus mentaux de la société de consommation, même du point de vue de l’intelligence gnoso-praxique et technicienne, ne sont pas nécessairement plus élaborés que ceux des sociétés traditionnelles. La société technicienne voit, concrètement, décliner l’incorporation de « spirituel » (Evola) ou d’« être » (Heidegger), et même peut-être aussi d’intelligence dans ses formes de vie [4]. Et, paradoxalement, puisque le monde, contrairement aux vues chrétiennes n’est pas dualiste mais associe dans une apparente contradiction ce qu’il y a de plus immatériel et ce qu’il y a de plus biologique dans la même unité organique et vitaliste, il n’est pas étonnant qu’au déclin spirituel corresponde aussi le déclin de l’esprit de lignage, le déclin démographique. Conscience biologique et conscience spirituelle sont liées.

La séparation opérée par le dualisme chrétien entre Dieu et le monde a profondément marqué la civilisation occidentale, rompant avec l’unité du transcendant et de l’immanent de la tradition hellénique. Pénétrant l’inconscient collectif et les formes de civilisation, ce dualisme a progressivement donné lieu à un désenchantement et à une désacralisation du monde, à une civilisation schizophrène : d’où les séparations mutilantes entre l’Etat-Père-et-Juge et la société, entre la Loi et le peuple, entre les rationalités du libéralisme et du socialisme et l’élan vital « aveugle » (mais donc clairvoyant parce qu’« obscur ») des civilisations, entre l’individu érigé en monade et ses communautés, entre la légitimité apparente de l’Occident, c’est-à-dire cette « démocratie » dont tous (tyrans compris) se réclament sans en percevoir le sens, et les aspirations réelles des populations, entre la Technique figure dominante du temps, et l’idéologie.

Ces deux derniers points méritent des précisions. Le divorce entre la Technique, aujourd’hui prosaïque et désenchantée et l’idéologie fut souvent mal compris, notamment par Spengler et Jünger. Ce n’est pas, selon nous, la Technique qui constitue la cause du matérialisme, de l’uniformisme et de la déspiritualisation de l’Occident ; mais c’est l’idéologie occidentale elle-même qui a fait de cette Technique le moteur de sa logique mortifère. La Technique est désenchantée et non désenchantement dans son essence. La raison en est ce divorce entre l’essence de la Technique qui est, comme le vit Heidegger, poétique, lyrique, faustienne, donc spirituelle et « artistique », et les idéologies dominantes en Occident qui n’assignent à cette Technique que le prosaïsme mécanique de la domestication par le bien-être et la finalisent comme « technologie du bonheur individuel ». Si la fusée Ariane ne fait pas rêver alors qu’elle le devrait, qu’elle devrait représenter pour notre imaginaire la « transfiguration des dieux », c’est parce que sa finalité est la retransmission des émissions de télévision, c’est-à-dire l’expression du « banal » le plus plat.

Et lorsque Gilbert Durand en appelle à la renaissance des ombres de l’imaginaire, seules capables peut-être d’affronter le désenchantement de la techno-société de consommation, ce n’est pas dans la consommation du passé, dans les musées, dans les études, dans les nostalgies, dans les mythes mis en fiches informatiques qu’elles pourront être retrouvées. C’est paradoxalement dans la contemplation brute des ordinateurs eux-mêmes, dans les fusées et les centrales, bref dans une Technique qui porte en elle le plus grand potentiel de rêve que l’humanité ait pu trouver et qui est aujourd’hui neutralisée, déconnectée, par des idéologies et des modèles sociaux tout entiers dominés par la petitesse domestique et la froide logique comptable des bureaucraties.

La deuxième conséquence grave du dualisme occidental porte sur le divorce entre le régime politique officiel (la fameuse « démocratie ») et la manière dont ce régime est concrètement ressenti, est socialement vécu par les prétendus « citoyens ». Nous ne pouvons ici qu’énumérer sans les développer les effets de ce divorce : non-représentativité radicale de la classe politique, toute-puissance des féodalités minoritaires (corporations syndicales, médias, réseaux bancaires, corps technocratiques), simulacre de participation électorale des citoyens au pouvoir par le caractère inessentiel des enjeux des scrutins, volonté constante des partis politiques de détourner à leur profit l’opinion réelle du peuple, etc. Plus que jamais, l’opposition entre pays réel et pays légal demeure la règle. Fondé sur la souveraineté du peuple, l’Occident l’établit moins encore que les sociétés traditionnelles tant décriées comme tyranniques. Dans cette affaire, le plus grave n’est pas l’absence de « démocratie » (mieux vaudrait à tout prendre un pouvoir qui reconnaisse officiellement l’impossibilité de la démocratie et qui fonde la souveraineté sur – par exemple – une autocratie sacralisée) mais la schizophrénie endémique, le mensonge permanent d’un système de pouvoir qui, à l’Est comme en Occident, tire sa légitimité d’un principe (le Peuple souverain) qui non seulement n’est pas appliqué, mais dont la principale préoccupation des classes dirigeantes est d’en interdire l’application.

En effet, que craignent et que combattent le plus les partis, les syndicats, les grands corps, les médias progressistes (et en URSS le PCUS) sinon la démocratie directe, sinon le césarisme référendaire où l’avis brutal du peuple s’exprime sans ambages ? Et pourquoi redoutent-ils tant ce peuple ? Parce qu’ils savent bien que dans ses profondeurs l’humanisme, l’égalitarisme éclairé, le cosmopolitisme déraciné n’ont pas de prise. Ils savent qu’au sein du peuple « ignorant », livré à lui-même sans l’encadrement des « élites » syndicales, partitocratiques et journalistiques, vivent toujours des valeurs et des aspirations qui ne correspondent pas à ce que les scribes, les technocrates, les politiciens et les prêtres attendent.

Ceux-là, qui tiennent la position d’« élites européennes » mais qui n’en ont pas la carrure, en proie au vide intellectuel et idéologique, se rallient comme à une bouée de sauvetage à la vulgate occidentale. La « droite » et la « gauche » politique font converger leurs discours appauvris dans le même atlantisme socio-libéral. Avec impudence, la gauche française, après l’échec prévisible de son « socialisme », accomplit les funérailles discrètes de celui-ci et se nomme porte-parole du capitalisme et de l’individualisme, abandonnant définitivement tout discours révolutionnaire. Ainsi naît, sur le plan idéologique comme sur le terrain politicien, une « gauche-droite », nouveau parti unique des démocraties occidentales, qui communie dans l’atlantisme, la défense de l’Occident (thème jadis des crypto-fascistes), le reaganisme, la philosophie sommaire des Droits de l’Homme et le conservatisme.

Cette « gauche-droite » idéologique et politique ne se caractérise pas seulement par son occidentalisme mais par sa dérive anti-européenne masquée par un anti-soviétisme primaire et un discours apparemment pro-européen. Il s’agit de nier toute spécificité et toute indépendance à l’Europe en la désignant comme simple zone (et comme bouclier) de l’Occident atlantique [5].

Or il se trouve que, pour la première fois sans doute dans son histoire, l’Europe n’a plus les intérêts de l’Occident (culturels, géopolitiques et économiques) et qu’un découplage de l’Europe et de l’Occident américanomorphe est devenu nécessaire. C’est précisément parce qu’elle participe exclusivement de la civilisation occidentale – qui fut jadis européenne mais qui ne l’est plus – que l’Europe est entrée en décadence.

Les figures de la décadence européenne sont connues. Rappelons-les pour mémoire : cette civilisation qui est toujours virtuellement la plus dense et la plus puissante de la Terre, gît, comme Gulliver enchaîné, démembrée par le condominium soviéto-américain. Privée d’indépendance politique, futur champ clos d’un affrontement entre les deux Super-Gros, l’Europe vit avec la perspective de son génocide nucléaire. Le « jour d’après » ne concerne pas, en réalité, nos deux protecteurs. Victime d’une guerre économique qui la désindustrialise, en proie au centre à la colonisation et à l’occupation et, à l’ouest, à la déculturation et à l’exploitation, l’Europe est également en chute démographique. Dans tous les domaines, après avoir explosé, l’Europe, comme un trou noir, implose. Elle entre, comme après la chute de Rome, dans un nouvel âge sombre.

Mais la décadence européenne est moins grave et n’apparaît pas de même nature que le « déclin explosif » qui porte l’Occident. Ce dernier, répétons-le, est le déclin ; il porte en lui le dépérissement de toutes choses. Le déclin d’un organisme est sans rémission, parce qu’il touche ses fondements et son principe. L’Occident a un principe, abstrait, c’est l’idéologie (américanisme ou soviétisme, tous deux sécularisations du christianisme). Or l’Europe n’est pas un principe, mais un peuple, une civilisation, une histoire, de nature vivante et organique et non pas mécanique. En ce sens l’Europe n’est qu’en décadence. Elle traverse un âge sombre dont elle peut se remettre. Elle est malade et peut se guérir par auto-métamorphose, alors que l’Occident est inguérissable parce qu’il ne peut pas se métamorphoser, parce qu’il obéit à une logique linéaire, ignorant tout polymorphisme. Comme le formule l’historien Robert Steuckers, l’Occident américain est l’alliance de l’Ingénieur et du Prédicateur ; l’Occident soviétique est l’alliance de l’Ingénieur et de l’Idéologue. Or l’Idéologue et le Prédicateur perdent, en ce moment même, leur légitimité, leur mystique, leur enchantement. Le travail de l’Ingénieur, qui n’était fondé que sur la corde raide de leurs discours et qui continue, pour un temps encore, par effet inertiel, son processus, est condamné à terme parce qu’il n’est plus alimenté. L’Europe, en revanche, est l’alliance de l’Ingénieur et de l’Historien. Le discours de ce dernier, irrationnel, fondé sur les profondeurs de l’imaginaire, peut sans doute entrer en crise comme aujourd’hui, mais il est inépuisable parce qu’il peut se régénérer selon le principe dionysiaque de perpétuelle efflorescence.

L’Europe n’est que provisoirement liée au discours occidental. Ses « principes de vie » sont multiples : un peuple ne doit pas son existence, à l’inverse de l’Occident américain ou soviétique, à un mécanisme idéologique, à une légitimité « politique » qu’il faut sans cesse justifier, ou, pire encore, à la logique quantitative de l’économie. Pour survivre, un vrai peuple – cas de l’Europe et de nombreuses civilisations du « Tiers-monde » – n’a rien « à prouver ». L’Occident, lui, doit sans cesse « prouver » ; or, c’est précisément ce qu’il ne peut plus faire…

La décadence de l’Europe est liée aux effets de la civilisation occidentale, qu’il s’agisse de l’américanisme et du soviétisme. Mais, paradoxalement, le déclin déjà commencé de cette civilisation, même si dans un premier temps paraît être la cause de la décadence européenne, sera, dans un second mouvement, la condition d’une régénération de la culture européenne.

La condition d’une renaissance européenne doit être trouvée dans une auto-métamorphose comme notre histoire en connut plusieurs : abandon des idéologies occidentales et naissance de nouveaux fondements que nous ne connaissons pas encore, qui ne peuvent être qu’irrationnels et spirituels, et qui, eux aussi, n’auront qu’un temps.

Mais la civilisation normalisée, ayant transformé en morale prosaïque et réglementaire ses propres principes spirituels fondateurs, ne laisse plus d’espace à la création de valeurs mobilisatrices. Le narcissisme devient la destinée d’individus qui s’isolent dans le présentisme face à une société devenue autonome, dont les normes n’ont d’autres fins qu’elles-mêmes. Dans ces conditions, peut-on considérer comme un « retour du sens », comme une réponse spontanée de la société aux structures normalisatrices, les multiples manifestations contemporaines qui, dans leurs « explosions », font apparemment échec à la transparence rationnelle des discours et à la froideur des mécanismes techno-économiques ? Les phénomènes récents de libéralisation des mœurs, l’inventivité des groupes qui viennent en « décalage » où la sociologie pense découvrir de nouveaux types de rapports humains, le mouvement diffus de réenracinement culturel qui semble annoncer un réveil des cultures populaires contre la culture marchande de masse, etc., tout cela augure-t-il un renouveau d’un « paganisme social » contre la normalisation des Etats-Providence ? Ou bien n’assistons-nous pas à la naissance de « soupapes de sécurité », comme des porosités dans le corps de la norme par où s’échapperaient, en quantités programmées, des énergies virtuellement dangereuses qui se verraient récupérées et neutralisées, transformées en « distractions », reproduites comme « loisirs » ? Il est difficile de répondre. Cependant on ne peut s’empêcher de noter que notre époque voit coexister deux phénomènes inverses, l’un de renforcement des normes techno-économiques, l’autre de libération des morales privées. L’hétéronomie sociale répond à l’autonomisation des règles non-économiques d’existence. Ce parallélisme, qui n’est pas forcément un hasard, nous incite à considérer très attentivement la fonction des mouvements de libération et d’innovation des mœurs, sans cependant négliger les espoirs qu’ils peuvent aussi susciter. Quoiqu’il en soit, pour répondre à ce désir de normalité, devenue normalisation effective, où nous enferme l’idéologie occidentale, je suis enclin à fonder plus d’espoir sur les peuples que sur les sociétés, ces peuples que mettent en branle non pas des « vibrations » de mœurs mais des mouvements de l’histoire. Or l’Europe, avant d’être une société, n’est-elle pas d’abord un peuple ?

Paradoxalement, la chance de l’Europe réside peut-être dans sa vieillesse qui peut se transformer en jeunesse : l’Europe touchée la première par la civilisation occidentale, réagira peut-être la première contre elle. En ce cas, la décadence serait un facteur d’anti-déclin, et la sénescence, un facteur d’expérience et de rajeunissement : revenus de tout, désenchantés, les néo-européens des jeunes générations qui, dans leur « docte ignorance », ne veulent même plus savoir ce que politique, démocratie, égalité, Droits de l’Homme, développement, etc. signifient, qui ne croient plus dans le prométhéisme vulgaire des mystiques socialistes ou capitalistes, reviennent, du fait de cette apparente dépolitisation, aux choses essentielles : « nous ne voulons pas mourir, avec notre peuple, écrasés par une guerre atomique en Europe dont les enjeux ne sont pas les nôtres ; nous ne voulons pas nous « engager » auprès d’une droite ou d’une gauche, d’un occidentalisme ou d’un soviétisme qui ne sont que les visages faussement antagonistes du même totalitarisme ». Ce discours est fréquent dans la jeunesse. Tant mieux ; c’est celui de l’« Anarque » d’Ernst Jünger. C’est un discours révolutionnaire et engagé sous des apparences de désengagement et d’incivisme. C’est l’attitude des neutralistes allemands qui n’expriment nullement une démission, mais une prodigieuse énergie, l’éternelle ruse du peuple qui sait qu’on peut se relever d’un « régime politique » mais pas d’un holocauste.

La renaissance arborescente, rusée ou inconsciente, des vitalités populaires de toutes natures contre l’ordre froid des planificateurs ou des libéraux, des centralisateurs ou des décentralisateurs, des politiciens, des « humanistes », des prêtres, des professeurs, des socialismes, des libéralismes, des fascismes – et même des « anarchismes »… – contre les règlements, les réseaux, les programmes et les circuits, contre l’égalité et l’inégalité, la justice et la tyrannie, la liberté et l’oppression, la démocratie et le despotisme, la société permissive ou le totalitarisme, bref contre tous ces faux contraires, ces fausses fenêtres des idéologies occidentales dont le dessein commun est, comme jadis Moïse, d’imposer leur Loi contre la vie et le réel, cette renaissance donc, constitue aujourd’hui, notamment dans les jeunes générations, la principale force de l’anti-déclin. En-dehors des Etats et des institutions officielles des pays occidentaux qui sont devenus aujourd’hui des forces de dépérissement, il faut parler d’une résistance populaire. Résistance aux décadences, au social-étatisme, aux plats pré-cuisinés des angélismes humanitaires et des croyances progressistes, résistance de la sagesse dionysienne face à la folie prométhéenne des niveleurs, résistance multiforme dont l’indifférence croissante envers la politique n’est qu’un aspect.

Ce vitalisme social n’est pas un désengagement, mais un engagement. Dans un monde où tout ce qui se veut légitime et institué en appelle au narcissisme de masse, au travail aliéné, au présentisme, au machinisme, au déracinement, de nouvelles énergies apparaissent spontanément et, malgré les pressions des pouvoirs et des pédagogies, osent « faire de la musique sans solfège ».

Fils de la décadence, les néo-européens, nouveaux barbares, ne connaissent même plus la vulgate du moralisme humanitaire occidental. C’est là l’effet pervers – et de notre point de vue positif – du déclin de l’éducation culturelle en Europe : sous prétexte d’égalité et d’universalisme, l’idéologie dominante a négligé l’enseignement de la culture élitaire. Mais elle a jeté le bébé avec l’eau du bain. Les jeunes générations se retrouvent peut-être déculturées, privées de mémoire, ce qui était le but recherché par les professeurs de déracinement, mais également – ce qui est sans doute un événement considérable – libérées de la scholastique et des tabous des idéologies mortifères de l’Occident. Les grands concepts sacrés (Egalité, Démocratie, Politique, Liberté, Economie, Développement, etc.), responsables du déclin, flottent désormais comme des corps morts dans le panthéon mental des jeunes générations.

De deux choses l’une alors : ou bien cette fin radicale de la « culture classique » (à laquelle appartiennent malgré tout toutes les catégories politiques actuelles et toute la mystique égalitaire de l’Occident) ne donnera lieu qu’au vide et à l’immersion dans le néo-primitivisme, ou bien elle laissera surgir le fond assaini du psychisme européen, le fond issu de notre « instinct grec ». Au diagnostic apparemment pessimiste de « fin de l’histoire » qui semble toucher les Européens, on peut objecter sans doute qu’à l’étage du quotidien, de l’intensité de la vie des sociétés, les « histoires » continuent de dérouler leurs stratégies et qu’il ne faut pas jouer les Cassandre. Mais, privées de la dimension « historiale » (et non pas « politique » puisque « politique », « individualisme » et « fin de l’histoire » vont ensemble) de leur existence, démunies de perspective souveraine, les sociétés européennes pourraient-elles mêmes encore connaître dans leurs dynamiques privées et quotidiennes, dans l’énergie secrète du peuple, « des » histoires, des aventures, des pulsions créatrices ?

Nul ne peut répondre. Deux repères positifs, deux puissants facteurs de régénération peuvent néanmoins être définis au sein même de la décadence. Premier repère : le foisonnement dionysiaque de nouveaux comportements sociaux parallèles, sécessionnistes, sensuels, liés à une renaissance contemporaine de l’esthétique européenne, qui biaisent les institutions, les savoirs institués, les réseaux technocratiques, et que la sociologie de Maffelosi met en lumière, constituent à la fois le signe que la moralité réglementée, que le bourgeoisisme technomorphe de la civilisation occidentale (c’est-à-dire du déclin) butent sur l’inertie du peuple, mais aussi qu’on assiste à un regain de l’imaginaire, de l’irrationnel, de forces quotidiennes inconscientes de leur puissance. Ces forces sont celles qui donnent aux nations de grands artistes, de grands entrepreneurs. Comme la graine pendant l’hiver, nous devons coûte que coûte espérer que germent les énergies de la société civile. Demain, elles peuvent être fécondées par une souveraineté à venir, si le Destin qui ne reste jamais longtemps muet le décide.

Deuxième repère. A ce facteur de régénération intérieure, vient s’ajouter un motif possible de régénération extérieure. Il s’agit paradoxalement du grand « risque » de voir la civilisation progressiste et mondiale de l’Occident sombrer dans la crise géante. Le déclin latent deviendrait, au sens de Thom, catastrophe. En effet, à la période actuelle d’auto-résolution des crises par une fuite technologique en avant, à la macro-stabilité du système occidental, peut fort bien succéder une déstabilisation assez brutale. Nous nous dirigeons de fait vers une fin de siècle où vont converger des évolutions dont le parallélisme est pour l’instant facteur de « croissance » (cancéreuse) mais dont la rencontre, et la fusion, risquent d’être la cause d’un déséquilibre géant et planétaire. Ces « lignes évolutives » sont : les déséquilibres économiques croissants provoqués par le « développement » néo-colonial du Tiers-Monde, les effets cumulés du gel géostratégique (statu quo) imposé par les superpuissances combiné avec la sophistication et la densification des armements hyperdestructifs, la continuation de la déchéance de la démocratie à l’Ouest comme à l’Est, l’écart démographique Nord-Sud qui se creuse, l’écart population-ressources dans les pays pauvres, la montée des forces d’auto-affirmation nationales et religieuses dans le Tiers-monde parallèle au renforcement d’une technostructure mondiale, etc.

Notre temps est dominé par la menace d’un « point de rupture » qui se profile à l’horizon de la fin du XXe siècle, où l’humanité pléthorique se heurtera à des défis convergents à la fois alimentaires, écologiques, géopolitiques, etc. Or, aucune société traditionnelle ne peut les résoudre. Le retour à un modèle « holiste » et anti-technique de civilisation est impossible. Sommes-nous condamnés à la normalité occidentale ? L’ambiguïté de la modernité se reconnaît à ce qu’elle s’instaure comme seul remède des maux qu’elle a suscités. Pourtant, et pour ne donner que l’exemple de l’économie, il serait intéressant de prêter l’oreille à des nouvelles doctrines qui tentent de résoudre cette contradiction ; elles nous semblent bien plus originales que l’imposture intellectuelle du retour d’Adam Smith sous le visage publicitaire des « nouveaux économistes ». Ces nouvelles doctrines auxquelles je fais allusion, défendues en France par François Perroux, André Grjebine, François Partant, etc., préconisent l’abandon, non pas de l’industrie et de la technologie, mais de la norme universelle d’un marché et d’un système d’échange et de production planétaires. Elles se prononcent pour la construction progressive de zones « autocentrées », où les unités culturelles, politiques, économiques et géopolitiques se recouvriraient, où le productivisme marchand, le contenu des « besoins » humains, et la place de l’économique dans la société seraient repensés de fond en comble. Il s’agit, en quelque sorte, de penser une modernité qui ne soit plus mondialement normative.

Brutale ou progressive, la vraie crise est devant nous. Ou bien elle débouche sur le déclin définitif, le baiser des mégatonnes, le grand soleil nucléaire qui peut fort bien illuminer la fin de ce siècle du feu de l’holocauste des vertébrés supérieurs, ou bien, en-dehors de cette perspective à la fois terrifiante et très esthétique, la civilisation occidentale, butant sur cette « convergence des évolutions », ne pourra plus physiquement continuer à fonctionner. Faute de l’avoir envisagé sereinement, nous serions alors contraints d’organiser, au bord du tombeau, l’autarcie économique, la post-démocratie, bref de nouveaux principes politiques de vie en société. Ces principes ne seraient certainement plus ceux du progressisme occidental. Chaque région du monde improviserait sa solution…

Alors, pour éviter une telle improvisation, il appartient peut-être aux intellectuels éclairés, ceux qui aujourd’hui échappent aux grandes dogmatiques ridées de l’humanisme, du libéralisme, du socialisme, etc., de réfléchir à ces nouveaux principes, à des valeurs post-modernes capables de prendre le relais de cette longue procession d’illusions qui se confondent aujourd’hui avec le déclin et qui forment encore, hélas, le corps de cette vulgate occidentale qui tient lieu de savoir aux élites européennes.

notes
[1] Cf. sur ce point, Alain Girard, L’homme et le nombre des hommes, PUF, 1984.
[2] Claude Lévi-Strauss, Paroles données, Calmann-Lévy, 1984.
[3] Claude Polin, L’esprit totalitaire, Sirey.
[4] Julius Evola, Les hommes au milieu des ruines, Trédaniel, 1984.
[5] Cf. à ce propos, Laurent Joffrin, La gauche en voie de disparition, Seuil, 1984.

Ce texte est extrait de la brochure de Guillaume Faye, L’Occident comme déclin, 1985. Les caractères gras ont été ajoutés par le compilateur.

samedi, 13 mars 2010

Postmortem Report: het laatste werk van Dr. Sunic

Postmortem Report: het laatste werk van Dr. Sunic

Tomislav Sunic is een van de vooraanstaande kenners van Nieuw Rechts.
In 2008 was hij nog te gast op het colloquium van Identiteit-Deltastichting. Tomislav Sunic publiceert in het Kroatisch, Engels, Frans en Duits onder andere over de ideeën van Oswald Spengler, Carl Schmitt, Vilfredo Pareto en Alain de Benoist.

Zijn culturele kritiek handelt voornamelijk over: religie, cultuurpessimisme, ras, het derde rijk, liberalisme en democratie,multiculturalisme en communisme. Dit boek bundelt Sunics beste teksten van de afgelopen tien jaar. Als Europees waarnemer die het liberalisme en het communisme aan beide zijden van het IJzeren Gordijn heeft meegemaakt, schetst hij enkele indringende culturele beelden van de westelijke en postcommunistische maatschappij. Altijd erudiet en soms humoristisch, biedt dit boek een zeer leesbaar postmortem verslag over de dood van het Westen.


Dit boek kan besteld worden bij Identiteit op het volgende E-postadres voor de prijs van 18 €.(verzending inbegrepen)

vendredi, 26 février 2010

Stillgestanden, Pappkameraden: Europäische Armeen verkommen zu militärischen Pleitegeiern

Stillgestanden, Pappkameraden: Europäische Armeen verkommen zu militärischen Pleitegeiern

Udo Ulfkotte / http://info.kopp-verlag.de/

Europäische Armeen waren einmal wehrhaft. Sie wurden aufgestellt, um jederzeit Land und Bürger zu verteidigen. Doch verweichlichte Politiker haben aus europäischen Demokratien Bananenrepubliken gemacht. Und aus den europäischen Armeen arme Pappkameraden. Für Verteidigung ist kein Geld mehr da. Denn Feinde sind aus der Sicht unserer Politiker ja inzwischen zu angeblichen »Kulturbereicherern« mutiert. Jeder Böswillige wird als »kulturelle Bereicherung« hofiert. Und so wächst das innere Aggressionspotenzial in den europäischen Bananenrepubliken unaufhaltsam. Die Folge des Geldmangels der Armeen: Die Schweizer haben inzwischen nur noch Medikamenten-Attrappen in den Sanitätszelten. Und die Bundeswehr hat für das ganze Jahr 2010 keinen Schuss Munition mehr für das Standardgewehr G36. Ein Bundeswehreinsatz im Innern wäre 2010 deshalb wohl eher eine satirische Lachnummer.

spielzeug_musik_g.jpgAm 26. Januar wurde auf dem Schweizer Infanterie-Gebirgsschiessplatz Rothenthurm-Altmatt ein Soldat durch eine explodierende Handgranate schwer verletzt. Doch statt – wie geschehen – die Sanitätskompanie-7 zu Hilfe zu rufen, hätte man besser sofort das nächste Krankenhaus und einen Notarzt informiert. Wegen der Finanznot der Armee verfügen Schweizer Sanitäter nur noch über Medikamenten-Attrappen. Dem vor Schmerzen stöhnenden Opfer, das in Beinen, Brust und Bauch Granatsplitter hatte, konnten die Armee-Sanitäter nur eine einfache Infusion mit einer Salzlösung anbieten. Inzwischen gehören nicht einmal mehr Schmerzmittel bei Wehrübungen zur Grundausstattung Schweizer Sanitäter. Das Opfer wurde in einer Notoperation in einer privaten Klinik gerettet.

Bei der deutschen Bundeswehr sieht es nicht besser aus: Sie gibt zwar Milliarden für neue Rüstungsgroßprojekte aus, kann aber den Soldaten nicht einmal mehr die einfachsten Patronen aushändigen. Der Etat für Handfeuerwaffen der Bundeswehr ist schon jetzt für das komplette Jahr 2010 aufgebraucht. Es wurden bislang 30 Millionen Patronen des Typ 5,65 Millimeter Doppelkern (für das G36) verschossen. Das Verteidigungsministerium sucht nun einen Sponsor, der deutschen Soldaten 31,2 Millionen Euro für den Munitionsbedarf bis Ende 2010 zur Verfügung stellt. Auch wenn sich morgen ein Geldgeber finden würde, hilft das nicht sofort weiter: Die Lieferzeit für die Munition beträgt derzeit mehr als ein halbes Jahr. Wenn deutsche Politiker also über einen Bundeswehreinsatz im Innern fabulieren, dann ist das vor diesem Hintergrund eine Satire erster Klasse.

 

Mittwoch, 17.02.2010

Kategorie: Allgemeines, Enthüllungen, Wirtschaft & Finanzen, Politik

© Das Copyright dieser Seite liegt, wenn nicht anders vermerkt, beim Kopp Verlag, Rottenburg


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mercredi, 24 février 2010

Postmortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity

Dr. Sunic' Newest Book !

Paperback: 224 pages
Publisher: Iron Sky Publishing; 1ST edition (February 11, 2010)
ISBN-10: 0956183522
ISBN-13: 978-0956183521
 
 
 
Postmortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity (collected Essays)
 
 
 
 

Postmortem Report: Cultural Examinations from Postmodernity

(collected Essays) (Paperback)

Tomislav Sunic (Author), MacDonald Kevin (Foreword)

Editorial Reviews

Product Description

Tomislav Sunic is one of the leading scholars and exponents of the European New Right. A prolific writer and accomplished linguist in Croatian, English, French, and German, his thought synthesizes the ideas of Oswald Spengler, Carl Schmitt, Vilfredo Pareto, and Alain de Benoist, among others, exhibiting an elitist, neo-pagan, traditionalist sensibility. A number of themes have emerged in his cultural criticism: religion, cultural pessimism, race and the Third Reich, liberalism and democracy, and multiculturalism and communism. This book collects Dr. Sunic’s best essays of the past decade, treating topics that relate to these themes. From the vantage point of a European observer who has experienced the pathology of liberalism and communism on both sides of the Iron Curtain, Dr. Sunic offers incisive insights into Western and post-communist societies and culture. Always erudite and at times humorous, this highly readable postmortem report on the death of the West offers a refreshing, alternative perspective to what is usually found in the cadaverous Freudo-Marxian scholasticism that rots in the dank catacombs of postmodern academia.

 

samedi, 20 février 2010

Réflexions sur la chute des empires

Colloque de Londres, 19 novembre 1995

 

Réflexions sur la chute des empires

(Intervention de Robert Steuckers)

 

downfall_wallpaper2.jpg1.

Lorsqu'après la perestroïka, après la chute du Mur de Berlin, après le retrait des troupes soviétiques hors d'Europe orientale, après l'effondrement des structures étatiques soviétiques en 1991, les Etats-Unis sont demeurés la seule et unique superpuissance en lice sur la scène internationale et le Président Bush pouvait effectivement espérer qu'un “Nouvel Ordre Mondial” allait émerger sous la direction de son pays, béni par le Tout-Puissant. Mais la tâche de diriger le monde n'est pas aisée, si l'on se souvient des pro­phécies du Prof. Paul Kennedy sur l'“hypertrophie impériale”. Bon nombre d'empires dans l'histoire ont sombré dans le déclin jadis simplement parce qu'ils ne pouvaient plus contrôler tous les territoires se trouvant sous leur juridiction ou, pour être plus précis, toutes les grandes voies de communication de l'Empire sur terre comme sur mer. Cette tâche nécessite une mobilisation constante de tous les moyens militaires, diplomatiques et économiques.

- Mobiliser les moyens militaires coûte très cher et soumet la nation impériale au risque de négliger ses problèmes domestiques, comme l'éducation et la santé. L'écroulement de l'empire peut alors avoir pour cause un manque de dirigeants et de gestionnaires qualifiés pour les grandes entreprises ou même pour les armées, ou par un le poids excessif des classes sociales exclues.

- Mobiliser tous les moyens diplomatiques implique une recherche constante de nouveaux alliés fiables. Mais l'art de la diplomatie nous enseigne qu'il faut éviter de trop se fier aux alliés qui risquent de devenir trop puissants et de vous lancer un défi ultérieurement. Aujourd'hui, les Etats-Unis, en tant que seul su­perpuissance demeurant en lice, essaiyent de mobiliser des musulmans modérés autour de la Turquie, des musulmans fondamentalistes-conservateurs autour de l'Arabie Saoudite, des musulmans fondamen­talistes révolutionnaires autour du Soudan, afin d'acquérir un certain contrôle de l'Asie Centrale, de la ré­gion du Golfe ou de l'Afrique du Nord. Ce constat doit nous amener à poser une question: ces nouveaux alliés seront suffisamment fiables à long terme? Une partie d'entre eux, ou même l'ensemble, ne pourrait-elle pas évoluer comme l'Iran et devenir en un tourne-main des ennemis fanatiques de la superpuissance dirigeante? Les philosophes parmi nous se remémoreront la dialectique du Maître et de l'Esclave chez Hegel. L'Esclave obéira aussi longtemps qu'il ne pourra pas faire autrement, tant qu'il sera payé pour ac­complir sa tâche. Il se rendra indispensable. Mais dès qu'il prendra conscience de son pouvoir en tant qu'adjoint ou qu'allié, il défiera son Maître. C'est là une loi de l'histoire bien connue.

- Mobiliser tous les moyens économiques implique de dépenser des sommes considérables pour la dé­fense et de rogner dans les autres domaines, comme la santé et l'éducation. Sur le long terme, avec une telle politique, la solidarité nationale s'évanouit, la nation cesse d'être une communauté, le sens du res­pect mutuel disparaît, la moralité publique demeure un vague souvenir et la cohésion du pays ne peut plus œuvrer pour soutenir la puissance de l'Etat sur la scène internationale. Le manque d'investissements dans le domaine de l'éducation conduit à engager du personnel enseignant à l'étranger, même dans des pays potientiellement ennemis. Les Etats et les peuples soumis à la superpuissance impériale peuvent ti­rer avantage du fait que les charges militaires sont supportées par la puissance hégémonique et investir dans les affaires sociales domestiques, gagnant du même coup en cohésion et en qualité d'enseignement, c'est-à-dire en pariant sur une politique qui leur donnera très vite de meilleures gestion­naires et de meilleurs ingénieurs.

 

A cause de l'“hypertrophie impériale” et à certaines faiblesses domestiques, les Etats-Unis doivent au­jourd'hui pratiquer la politique suivante dans le monde:

- Premièrement, contrôler l'Asie Centrale pour contenir la Russie;

- Deuxièmement, contrôler la région du Golfe pour contenir et l'Irak et l'Iran ou pour empêcher toute affir­mation européenne ou japonaise dans cette zone recelant les plus grands gisements de pétrole du globe;

- Troisièmement, contrôler tous les pays situés entre la Méditerranée et la Corne de l'Afrique;

Cette triple nécessité implique d'ores et déjà de déléguer du pouvoir à la Grande-Bretagne, pour qu'elle négocie avec les challengeurs islamiques en Algérie; à l'Allemagne, pour qu'elle négocie directement avec l'Iran, comme l'a annoncé officiellement la semaine dernière le Ministre des Affaires Etrangères al­lemand, Klaus Kinkel, dans les colonnes du plus important des hebdomadaires de l'Europe continentale, Der Spiegel  (Hambourg). Si le boycott de l'Iran est la politique officielle de Washington, la nouvelle poli­tique de Berlin à l'égard de Téhéran sera celle du “dialogue critique”.

 

Déléguer de telles tâches à Londres ou à Berlin constitue en fait un recul de la stratégie impériale améri­caine parce que cela signifie réintroduire Londres et Berlin dans des zones d'où ces pays avaient été ex­clus au cours des événements de ce siècle par une intervention directe ou indirecte des Etats-Unis. Il nous reste à poser une question: les Etats-Unis seront-ils capables de contrôler entièrement la politique des diplomates et des industriels allemands en Iran, surtout sur les Allemands agiront dans les premières étapes de leur “dialogue critique” avec l'accord tacite de Washington? La délégation de pouvoir indique que l'hypertrophie impériale n'est déjà plus gérable.

 

2.

Mais outre la difficulté croissante à contrôler tout ce qui devrait être contrôlé, comment l'impérialisme se présente-t-il aujourd'hui?

a) L'IMPÉRIALISME MILITAIRE. L'impérialisme militaire de la seule superpuissance de 1995 consiste en résidus d'alliances forgées au temps de la Guerre Froide. L'OTAN ne peut évidemment plus avoir le même but et les mêmes objectifs aujourd'hui qu'il y a dix ans lorsque Berlin était encore divisé par un Mur et des champs de mines et quand les troupes russes étaient concentrées en Thuringe, à 70 km de Francfort, où l'on trouve l'aéroport stratégique le plus important d'Europe Centrale. L'évolution la plus logique que pour­rait subir l'OTAN dans les années à venir serait une fusion du pilier européen avec l'UEO et un désenga­gement graduel des Etats-Unis sur le théâtre européen. L'UEO, en tant que pilier européen de l'OTAN, ab­sorbera dans une seconde phase des nouveaux pays comme l'Autriche, la Hongrie, la Slovénie et la République Tchèque, donnant à l'alliance un profil beaucoup plus européen et de moins en moins atlan­tique. Ensuite, nous devons espérer une fusion graduelle de l'UEO et de l'OSCE, afin d'établir la paix dans toute l'Europe et en Asie septentrionale et centrale. Espérons que cette OSCE acquerra de plus en plus de substance dans les décennies qui viennent.

 

b) L'IMPÉRIALISME DIPLOMATIQUE. La première tâche que se donnera Washington, c'est de susciter du désordre partout dans le monde, spécialement dans les régions d'importance hautement stratégique, afin qu'aucune autre puissance ne soit en mesure de les contrôler et de glâner quelques bribes d'hégémonie régionale. ce désordre mobilisera des forces qui ne pourront plus consacrer leurs énergies à des fusions régionale ou à des processus de pacification ou à des processus impériaux au sens antique et non impérialiste du terme. La tâche que s'assignera Washington  —comme le fait généralement toute puissance hégémonique—  sera d'éviter l'émergence de tout challengeur. Mais sera-t-il possible, sur le très long terme, de confiner la Turquie dans un rôle mineur si la Turquie reçoit pour mission de coordonner les énergies des peuples turcophones d'Asie Centrale et deviendra ainsi une puissance hégémonique sur un groupe de pays comptant plus de 130 millions d'habitants? Sera-t-il possible d'obliger Berlin à suivre gentiment toutes les politiques suggérées par Washington si l'Allemagne, en tant que pays industriel très puissant et très efficace, amorce un travail en tandem avec une grande puissance pétrolière comme l'Iran, potentiellement forte aussi sur le plan militaire? Surtout si l'on se souvient que la première guerre mondiale a éclaté en partie parce que l'on voulait éviter que l'industrie de l'Allemagne de Guillaume II n'exerce une domination hégémonique sur le Moyen-Orient...

 

c) L'IMPÉRIALISME TECHNOLOGIQUE. Washington contrôle le commerce mondial par le biais du GATT ou du FMI. Mais l'idéologie qui se cache derrière ces structures nées immédiatement après la seconde guerre mondiale est une idéologie du libre-marché, visant à détruire toutes les barrières douanières pro­tectrices, pour créer, en bout de course, un monde unifié, heureux et uniforme, soit le monde que crai­gnait de voir émerger un Georges Orwell. Les barrières douanières était un système utilisé par les pays les moins puissants au niveau industriel pour aider leur population à développer en toute autonomie une industrie nationale, capable d'évoluer selon les schèmes culturels du peuple autochtone. Entre 1944 et 1946, les Etats-Unis, étant devenus le pays industriel le plus puissant, désiraient maintenir le monde tel qu'il était à ce moment-là de l'histoire, où Washington régnait sur de vastes groupes de pays dévastés ou sous-équipés. Le développement du Japon et de l'Allemagne, de même que celui des Nouveaux Pays Industriels (NPI) d'Asie orientale, constituent un danger pour le marché domestique américain lui-même, tout simplement parce que le Japon, l'Allemagne, Taïwan et Singapour n'ont pas la charge de financer une armée colossale et une technologie militaire hautement avancée capable d'intervenir partout dans le monde. Le résultat est que les voitures et les gadgets japonais envahissent les magasins aux Etats-Unis, en vertu du principe du libre marché imposé jadis par Roosevelt et Truman, mais les voitures et les gad­gets américains n'envahissent pas les boutiques japonaises...

 

Mais dans un domaine, l'Amérique se défend sans efforts avec un indéniable succès: dans les médias. Elle garde un atout gagné lors de la seconde guerre mondiale: l'utilisation généralisée d'un anglais appau­vri à travers le monde entier, comme une sorte de nouveau pidgin. Mais ce phénomène de “pidginization” permet à l'Amérique de lancer partout dans le monde des produits scientifiques ou culturels, de mettre sur pied des banques de données et de contrôler l'industrie informatique. Mais cet état de “pidginization” ne constitue-t-il pas une situation temporaire? Des méthodes pour apprendre la langue anglaise ont été ré­pandues dans le monde, si bien qu'une élite pragmatique, qui n'est ni américaine ni britannique, est dé­sormais capable d'utiliser cette langue correctement et d'envoyer des informations en anglais dans les banques de données ou sur internet. C'est déjà le cas, surtout dans les pays européens où l'anglais s'apprend et s'enseigne facilement parce que les langues locales lui son apparentées, comme en Allemagne, en Scandinavie et dans les pays du Bénélux. De ce fait, des informations reposant sur une base culturelle différente peuvent désormais modifier l'idéologie dominante en utilisant la langue de l'idéologie dominante. D'autres schèmes philosophiques ou spirituels peuvent d'ores et déjà avoir un cer­tain impact sur l'idéologie globale et relativiser ses certitudes. A la fin du processus, l'idéologie globale ne sera plus la même. Les cultures dominées infiltreront le discours dominant. Un processus semblable se déroulera du fait de l'anglicisation de l'Inde. D'ores et déjà les Indiens écrivent et impriment en anglais et injectent simultanément des conceptions et des modes de pensée indiens dans l'ensemble de la sphère anglophone ou dominée par l'anglais. L'Inde devient ainsi, petit à petit, la première voix du monde non-eu­ropéen et non-blanc, directement dans la langue d'origine européenne la plus répandue dans le monde.

 

3.

Comment lutter contre ces diverses formes d'impérialisme?

a) Contre l'IMPÉRIALISME MILITAIRE, la meilleur politique que l'Europe puisse suivre aujourd'hui est une politique d'inertie, une politique qui s'interdit d'embrayer sur les bellicismes américains et les condamna­tions unilétérales d'ennemis désignés par Washington. La meilleur chose que les puissances euro­péennes puissent faire, c'est d'attendre, de retarder les paiements dans le cadre des alliances avec les Etats-Unis, de développer lentement le pilier européen et de favoriser à terme la fusion avec l'UEO. Mais nous devons également être fort attentifs et ne pas nous faire dérober des opportunités au Moyen-Orient, ne pas nous faire barrer l'accès à des voies maritimes ou fluviales ou à des marchés équilibrés avec des puissances de moindres dimensions en dehors d'Europe, puissances que nous ne pourront jamais consi­dérer comme des semi-colonies mais toujours comme des partenaires à part entière.

b) Face à l'IMPÉRIALISME DIPLOMATIQUE, les journalistes, politiciens, intellectuels, professeurs d'université, initiatives privées européens doivent sans cesse suggérer des alternatives à l'actuel Ordre mondial, qui est basé sur une idéologie accordant trop d'importance à l'argent et trop peu d'importance à la culture, l'éducation, la recherche, les traditions et la religion. Nous devons combler le “vide spirituel” qui s'est constitué au fil des décennies, justement parce que nous n'avions pas de “vide technologique”.

c) Contre l'IMPÉRIALISME TECHNOLOGIQUE, nous devons absolument focaliser nos attentions sur la responsabilité de chacun pour les atouts irremplaçables que nous offre la Terre-Mère, c'est-à-dire focali­ser nos attention sur les matières écologiques, parce que l'environnement malade de ce XXième siècle finissant nous a fait découvrir que toutes les choses que recelait la Terre avaient des limites et qu'il n'est plus possible désormais d'ignorer ces limites purement et simplementn comme nous l'avait enseigné une certaine philosophie étroitement rationaliste et cartésienne, surtout dans le cadre de nos pratiques éco­nomiques. Nous devons également respecter le principe de RÉCIPROCITÉ au niveau global. Ce n'est pas une bonne politique de laisser des continents entiers mourir de faim ou plongés dans les plus affreux dé­sastres de la guerre, du génocide ou des dissensions civiles. Nous ne pouvons pas offrir à l'Afrique une solution qui serait purement et simplement une reprise du vieil impérialisme colonialiste ni accentuer le néo-colonialisme financier en Amérique latine: seul sera cohérent l'avenir qui généralisera les principes de coopération et de réciprocité. Par exemple, les productions bon marché des pays du Tiers-Monde doivent être taxées si elles sont importées chez nous mais de la façon suivante: les pays du Tiers-Monde expor­tateurs doivent avoir la chance d'acheter des produits de haute technologie dans les pays riches qui im­portent les biens qu'ils produisent, de façon à ce que les travailleurs des pays développés puissent con­server leur emploi; l'économiste français Lauré suggère une TVA pour les produits du Tiers-Monde qui se­rait thésaurisée pour acheter des produits de plus haute technologie ou d'autres biens nécessaires au pays importateurs; en effet, les pays industriels ne peuvent tolérer une dialisation de leurs propres socié­tés, ou quelques happy fews  viveraient dans l'opulence à côté de masses clochardisées. Les sociétés duales émergent quand les marchandises bon marché du monde extérieur remplacent les mêmes mar­chandises produites dans le cadre domestique. Une telle situation crée les problèmes que nous connais­sons: chômage et misère dans les pays développés, pas de décollage et famine dans les pays en voie de développement. Un cul-de-sac dont nous devons tous sortir.

 

Et si le GATT vise en dernière instance à interdire les douanes, il ne dit rien de bien précis quant aux normes. La stabilisation des marchés domestiques pourrait dès lors s'opérer dans l'avenir non pas en appliquant des tarifs douaniers mais en imposant des normes de qualité afin de protéger des branches performantes de l'économie domestique et d'éviter ainsi le chômage, de conserver l'emploi et d'empêcher toute dualisation de la société.

 

Les chutes d'empires au cours de l'histoire ont toujours obligé les peuples à agir localement, à se tourner vers la planification régionale. Ce fut le cas immédiatement après l'effondrement de l'empire romain en Europe. Aujourd'hui, l'aménagement territorial sur base régionale est redevenu une nécessité, surtout dans les régions demeurées en marge, comme l'“Arc Atlantique” (du Portugal à la Bretagne) ou le Mezzogiorno. Même aux Etats-Unis, l'idée d'un vaste réaménagement territorial sur base régionale est aujourd'hui perçue comme une nécessité plutôt urgente, ainsi que nous le constatons dans les mouve­ments biorégionalistes et communautariens, qui peuvent être considérés comme les deux projets poli­tiques les plus intéressants d'Outre-Atlantique à ce jour. Mais ce retour aux racines et aux faits régionaux est possible aujourd'hui en interaction avec des technologies globales telles Internat. La coopération, les échanges d'informations, l'éducation interculturelle sont désormais possibles sans violence ou sans con­trôle colonial, c'est-à-dire sans qu'il ne soit nécessaire de perdre ses racines ou ses traditions. Etre membre d'un peuple spécifique, parler une langue très difficile et très ancienne, apprendre les langues antiques, mortes ou subsistantes, s'immerger totalement dans une tradition religieuse ou culturelle seront des atouts et non plus des inconvénients. Mais pour atteindre cette diversité globale, nous allons devoir nous armer de patience. La route sera longue qui nous mènera à cette diversité. Mais nous invitons tous les hommes à marcher joyeusement avec nous dans cette direction.

 

Comme l'écrivait récemment Hermann Scheer, un ingénieur allemand spécialisé en énergie solaire, dans son ouvrage Zurück zur Politik  (Piper, Munich, 1995), nous devons combattre pour construire un ordre économique global permettant à chaque Etat de forger sa propre politique énergétique et écologique, afin de démanteler les monopoles en économie, en politique et dans les médias, de lutter pour imposer un nouvel ordre agricole débarrassé des monopoles céréaliers et des manipulations génétiques, pour restau­rer l'agriculture écologique et créer des systèmes de communication respectueux de l'environnement.

 

Comme l'écrivait le philosophe italo-slovène Danilo Zolo (in Cosmopolis,  Feltrinelli, Milano, 1995), “le vieux modèle hiérarchisant... sera remplacé par une nouvelle logique, la logique du pacifisme faible, c'est-à-dire un pacifisme qui n'est pas le pacifisme habituel et conventionnel, visant à supprimer définitivement les guerres dans le monde, mais un pacifisme nouveau qui respecte la diversité des cultures et accepte la compétition entre les intérêts divergents”. Mais sans planétariser les guerres et les conflits.

 

Atteindre une anti-utopie de ce type est possible. Mais, comme je viens de le dire, le chemin qui y mène est très très long. Et je répète: marchons joyeusement dans cette direction.

 

Robert STEUCKERS.

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mardi, 09 février 2010

Müdigkeitsdiagnosen und Ermannungsstrategien - Berliner Forscherin über Jugenkult um 1900

Müdigkeitsdiagnosen und Ermannungsstrategien

Berliner Forscherin über Jugendkult um 1900

von Josef Tutsch - Ex: http://www.scienzz.de/

 
15licht.jpgEin Jahrhundert danach kann man sich nur wundern, dass die Zensur Thomas Manns zweiten Roman, "Königliche Hoheit", nicht sofort verboten hat. Der Erbprinz des kleinen Großherzogtums, wo der Roman aus dem Jahr 1909 spielt, kommt mit einer verkümmerten linken Hand zur Welt. Es ist genau dieselbe Behinderung, mit der auch Kaiser Wilhelm II. geboren war, der Berliner Hof gab sich seit Jahrzehnten alle erdenkliche Mühe, diese Schwäche zu kaschieren, auf offiziellen Bildern ist die linke Seite in Halbdunkel belassen.

Denn mit sonderbarer Selbstverständlichkeit war diesem dritten Kaiser des preußisch-deutschen Reiches von vornherein die Rolle des jugendlichen Helden zugefallen. Deutschland, hieß es in der Zeitschrift "Die Zukunft", ersehne einen Mann, der "wie kein anderer seit den mythischen Tagen Siegfrieds und des grimmigen Tronjerjunkers germanische Männlichkeit verkörpert". Mit dem "Tronjer" war Hagen gemeint, Siegfrieds Gegner in der Nibelungensage; die Zeit des Wilhelminismus ist uns bis in den Sprachgebrauch hinein fremd geworden. Birgit Dahlke, Literaturwissenschaftlerin an der Berliner Humboldt-Universität, hat in der deutschen Literatur und Essayistik jener Jahre um 1900 nach solchen Sehnsüchten von Jugend und Heldentum geforscht.

Es ist ein ambivalentes Bild, das diese Jahrhundertwende dem historischen Rückblick darbietet. Die Epoche hatte etwas zu kompensieren. Krise, Müdigkeit, Verfall lauteten die beherrschenden Stichworte von Thomas Mann bis Robert Musil, von Frank Wedekind bis Hugo von Hofmannsthal, und dagegen standen dann jene "Ermannungsstrategien", die so erschreckend bruchlos in den Ersten Weltkrieg mündeten. 1920 hat Ernst Jünger den psychologischen Mechanismus offen gelegt: "Da hatte uns der Krieg gepackt wie ein Rausch. In einem Regen von Blumen waren wir hinausgezogen, in einer trunkenen Stimmung von Rosen und Blut. Der Krieg musste es uns ja bringen, das Große, Starke, Feierliche. Er schien uns männliche Tat, ein fröhliches Schützengefecht auf blumigen, blutbetauten Wiesen."

Da ist Dahlke vor allem im seit 1908 immer wieder aufgelegten Liederbuch der Wandervogeljugend, im "Zupfgeigenhansl", fündig geworden: "Kein schönrer Tod ist in der Welt, als wer vom Feind erschlagen, auf grüner Heid, im freien Feld darf nicht hörn groß Wehklagen." Und im großen Bestseller der frühen 1920er Jahre, im Kriegsroman "Der Wanderer zwischen zwei Welten", worin der Autor Walter Flex dem Wandervogel noch einmal ein Denkmal setzen wollte: "Wildgänse rauschen durch die Nacht mit schrillem Schrei nach Norden – unstäte Fahrt! Habt acht, habt acht! Die Welt ist voller Morden. Fahrt durch die nachtdurchwogte Welt, Graureisige Geschwader! Fahlhelle zuckt und Schlachtruf gellt, weit wallt und wogt der Hader."

Der Zusammenhang dieser "männlichen" Rhetorik mit dem Müdigkeitsthema könnte noch deutlicher werden, wenn die Forscherin, quasi mikrophilologisch, beide Phänomene jeweils im Werk eines einzigen Autors verfolgt hätte. "Von angesehenen Autoren wie Thomas Mann, Hermann Hesse und Robert Musil sind Äußerungen bekannt, in denen Künstlertum und kriegerisches Heldentum ineins gesetzt werden", berichtet Dahlke. Aber die Forscherin stellt nicht bloß "Buddenbrooks" und "Zupfgeigenhansl" nebeneinander, das Ziel ist, wie Dahlke erklärt, "eine kulturwissenschaftliche Germanistik, für die Literatur ein Kulturphänomen unter anderen darstellt" – ein in den Voraussetzungen plausibles und im Ziel vielversprechendes Konzept, das jedoch, wie die Autorin selbst einräumt, die "Gefahr des Auseinanderlaufens" birgt.

Es geht also um thematische Querschnitte, quer zu den gewohnten "disziplinären" Einteilungen in Belletristik einerseits, pädagogische, psychologische, jugendsoziologische und kulturphilosophische Sachliteratur andererseits. Ein solches Thema findet sich in dem Wahlspruch vorgegeben, den Flex’ Wandervogelführer Ernst Wurche dem jungen Dichter mitgegeben haben soll: "Rein bleiben und reif werden". Von heutiger Perspektive aus erscheint der Jugendkult dieser Jahrhundertwende als eine einzige große Sexualverdrängung. Der Jugendstilkünstler und Lebensreformer Fidus (alias Hugo Höppener) ließ einen Aufsatz mit Phantasien von einem "Ringelreif" nackter Jungen und Mädchen in die Mahnung ausklingen: "Halte tief Deinen Atem an, Deine Sinne zusammen, und lass Deine Seele in weißer Liebe erglühen, sonst erliegst Du der sendenden Schönheit, der tausendfältigen, ungeahnten, ungewollten Verlockung."

"Das Hinausschieben genitaler Sexualität wird selbst sexualisiert", resümiert Dahlke nüchtern. Es gab sogar Mediziner, die versuchten, die Pubertät mittels operativer Techniken aufzuhalten, der Physiologe Eugen Steinach entwickelte hierzu die Methode des "Steinachens", des Abbindens der Samenstränge. Kurios liest sich, was die HU-Forscherin aus den Polemiken um die Wandervogelbewegung referiert. Der Propagandist Hans Blüher setzte homoerotisches Empfinden auch bei den erwachsenen Führern als selbstverständlich voraus, wehrte jedoch erbittert jeden Verdacht ab, da würde irgendetwas sexuell ausgelebt. Dahlke: "Homoerotik im Männer- (oder Jungen)bund wurde entsexualisierend überhöht und als eigentliche, übersexuelle Form der Kameradschaft geadelt."

"Reinheit" wurde von Blüher und anderen Vertretern der Jugendbewegung, wie Dahlke überzeugend nachweist, sowohl misogyn als auch antisemitisch gedeutet (was übrigens nicht daran hinderte, dass auch Blühers Buch selbst als unrein, undeutsch, krank und fremdrassig angegriffen wurde). Von den Wandervogelbünden waren Mädchen und Juden im allgemeinen ausgeschlossen, in genauer Parallele zu dem Schriftsteller Otto Weininger, der seiner Zeit die Diagnose stellte, sie sei "nicht nur die jüdischste, sondern auch die weibischste aller Zeiten". Weininger, der mit "Geschlecht und Charakter" 1903 den ersten Bestseller des Jahrhunderts vorlegte, war selbst Jude, er erschrieb sich, so Dahlke, "um ein großer Mann zu werden, Distanz zu allem Weiblichen und Jüdischen".


Sigmund Freud hat den Zusammenhang, der da in der Seele seiner Zeitgenossen hergestellt wurde, auf den psychoanalytischen Begriff des Kastrationskomplexes gebracht: Wie das Weib würde auch der Jude unbewusst verachtete, weil ihm durch die Beschneidung etwas am Penis fehle. Und ebenso wie Freuds Interesse primär der männlichen Psychologie galt, so befasste sich die Adoleszenzliteratur der Jahrhundertwende, zum Beispiel Frank Wedekinds "Frühlings Erwachen", mit dem Erwachsenwerden der männlichen Jugend, hat Dahlke beobachtet. Bei dem Wiener Bohemien Peter Altenberg freilich war ein groteskes Gegenbeispiel zu finden: Fotografien sehr junger Mädchen, auf einer Art von Altar arrangiert, in einem seiner berühmten Ansichtskartenalben von Altenberg wie folgt beschriftet: "Klara, heilige 12-jährige! Oh, melde mir den Tag, die Nacht, da Dich Natur zum Weibe macht ---, auf dass ich Abschied nehme --- von Deinen Göttlichkeiten!"

Damit verglichen sind die Zeichnungen von Fidus, am berühmtesten wohl das "Lichtgebet", doch sehr zurückhaltend. Aber die Parallele ist unverkennbar: Auch Fidus’ Jünglinge sind (noch) geschlechtslos, in einem doppelten Sinn: ohne Sexualität und sogar ohne geschlechtliche Zuordnung. Oder auch "vorgeschlechtlich"; diese Androgynität ist eben nur sehr jung, beinahe kindlich zu denken. Man möchte sich, ganz unwissenschaftlich, einer Phantasie überlassen: Was wohl wäre aus Stefan Georges quasireligiösen Kult um seinen jungen Freund Maximin geworden, wenn nicht dieser Maximin alias Maximilian Kronberger im Alter von 16 Jahren an Gehirnhautentzündung gestorben wäre?

Natürlich liegt es nahe, die keusche, sozusagen offizielle Seite des Jugendkultes um 1900 ideologiekritisch oder entlarvungspsychologisch zu verdächtigen. Aber das ist nicht Dahlkes Thema. Unsere Gegenwart geht mit dem Thema bekanntlich anders um. Wenn heutzutage der Nachwuchs der High society medial beobachtet wird, richtet sich das Interesse unverhohlen auf den Geschlechterkampf. Die Mode um 1900 propagierte zwar Erotik, wollte Sexualität dagegen strikt ausblenden. In seiner "Psychologie des Jugendalters", die noch nach dem Zweiten Weltkrieg viel gelesen wurde, hat Eduard Spranger dieser Trennung die wissenschaftliche Weihe verliehen, mit einem scharfen Angriff auf einige Repräsentanten der Jahrhundertwende, die doch von ganz ähnlichen Voraussetzungen ausgegangen waren wie Spranger selbst. Vor allem in den Großstädten, schrieb der Psychologe, würden die "Frank-Wedekind-Figuren" gedeihen, für die Freud, Weininger und Blüher die theoretische Basis geschaffen hätten. "In der Tat, hier bereitet sich der Untergang des Abendlandes vor."

"Rein bleiben und reif werden". Dass sich in den Konzepten der Jahrhundertwende die Kriegsbegeisterung von 1914 und die soldatische Haltung des Ersten Weltkriegs vorbereiteten, ist der Forschung seit langem aufgegangen, auch dass "völkische" Gruppierungen in Körperkultur und Lebensreform dieser Zeit allerlei Ansatzpunkte fanden. Dahlke warnt jedoch davor, aus der Komplexität der Epoche jene Linien zu isolieren, die sich als Vorgeschichte des Faschismus lesen lassen. Vor ein paar Jahren hatte der Berliner Kulturhistoriker Thomas Macho bereits darauf hingewiesen, dass dieses "heroische" Jugendbild auch mit der Ausbildung moderner Nationalstaaten zusammenhängt, die "an stelle transnationaler Söldnerheere die eigene Jugend auf das Schlachtfeld" schickten.

Unverwüstlich: Frank
Wedekinds Drama,
übersetzt von Edward
Bond (1900)

Das allerdings ist keine bloß deutsche, sondern eine gesamteuropäische Entwicklung, die bereits mit der Französischen Revolution eingeleitet wurde. Wie eigentlich sahen in der Zeit von Jugendbewegung und Jugendstil und Wilhelminimus in Frankreich oder England oder Italien die müden Jünglinge und ihre Ermannungsstrategien aus? Dahlke spricht von einem "Unruhezustand gerade in Deutschland um 1900", verzichtet aber darauf, ihren Querschnitt durch die deutschsprachige Belletristik und Sachliteratur durch internationale Vergleiche zu bereichern – sehr begreiflich, das Thema wäre endgültig überfrachtet worden. Eine Auslassung macht sich aber doch als blinder Fleck bemerkbar. Ein Großteil der Autoren, die Dahlke berücksichtigt hat, von Hofmannsthal bis Sigmund Freud, waren nicht Deutsche (im Sinne des wilhelminischen Kaiserreichs), sondern Österreicher oder auch Schweizer.

Und da kann der jugendlicher Kaiser Wilhelm II. ja wohl kaum als Chiffre für die Epoche herhalten, im Gegenteil, in Wien herrschte der Greis Franz Josef. Oder wenn das zu biographisch-zufällig ist: 1894 sagte der Soziologe Max in seiner Freiburger Antrittsrede, dass "die Einigung Deutschlands ein Jugendstreich war, den die Nation auf ihre alten Tage beging und seiner Kostspieligkeit halber besser unterlassen hätte, wenn sie der Abschluss und nicht der Ausgangspunkt einer deutschen Weltmachtpolitik sein sollte". Eine Äußerung, die bei einem deutsch-österreichischen oder deutsch-schweizerischen Intellektuellen jener Zeit nicht vorstellbar wäre. Da liegt die Frage nahe, ob nicht auch innerhalb des "deutschen" Jugendkultes dieser Jahrhundertwende Differenzierungen angebracht sind.


Neu auf dem Büchermarkt:
Birgit Dahlke: Jünglinge der Moderne. Jugendkult und Männlichkeit in der Literatur um 1900.
Böhlau Verlag, Köln 2006 (ISBN-10:3-412-10406-X, 978-3-412-10406-1), 39,90 €

lundi, 08 février 2010

Ondergang van het Avondland - Het decadentiebegrip bij Spengler en Evola

ONDERGANG VAN HET AVONDLAND

HET DECADENTIEBEGRIP BIJ SPENGLER EN EVOLA

door Peter LOGGHE

Ex: http://www.peterlogghe.be/

spenglerqqqqqqq.jpgDecadentie, verval van beschaving, het houdt de mensheid – en in elk geval het bewuste, het denkende deel ervan – al eeuwen in de ban. Het klinkt banaal, maar net als mensen hebben culturen, beschavingen geen eeuwigheidsduur en voelt iedereen bijna met de elleboog aan wanneer wij ons in een opgaande fase of in een neergaande fase van onze beschaving bevinden. Decadentie is een niet eenduidig te vatten fenomeen, er werden ganse boekenkasten over volgeschreven : niet alleen zijn er verschillende vormen van decadentie en verval, economisch, cultureel, demografisch, militair en tenslotte politiek, maar de verschillende vormen kunnen elkaar versterken of de invloed van deze of gene vorm afzwakken. Twee vragen houden geïnteresseerden bezig :
- Hoe ontstaat decadentie ? Wat is decadentie en waardoor ontstaat ze ?
- Zijn er wetmatigheden werkzaam ? Verloopt decadentie overal en altijd volgens een bepaald stramien en kunnen we m.a.w. het verloop, de uitkomst van de decadentie voorspellen ? Kunnen wij het proces positief beïnvloeden ?



1. OVER DE ACTUALITEIT VAN HET DENKEN OVER DECADENTIE


Niet alleen historici, cultuurfilosofen en sociologen hadden en hebben oog voor deze vragen, Evola, Spengler en Nietzsche zijn namen die in dit verband automatisch in het oog springen, maar ook natuurwetenschappers als Konrad Lorenz of prof. Eibl-Eibesfeldt laten zich in dit verband niet onbetuigd. Zo noteerde Karl Heinz Weissmann in TeKoS 113 : “Lorenz liet zich niet afschrikken en duidde de eigenlijke ondermijning van elk organisme aan als “decadentie”. Onder decadentie verstond hij als bioloog het “verstoren van de totaliteit van het systeem” (…) “ (1). Maar wij kunnen nog een stap verder zetten. Ook het fenomenale boek van J. J. Tolkien, In de Ban van de Ring – met de meesterlijke verfilming – kan zonder enig probleem in de literatuur over decadentie worden ondergebracht. Dreiging van buiten (Sauron !) wordt gecombineerd met interne zwakte (Theoden in Rohan, tot hij door Gandalf wordt geholpen, en Denethor in Gondor).

Over decadentie is eigenlijk in veel culturen nagedacht, de meeste traditionele maatschappijen hadden er zelfs mythes over – we komen er nog op terug. De eerste moderne denker over decadentie, meent althans Gerd Klaus Kaltenbrunner (2), was Niccolo Machiavelli (gestorven in 1527). Hij noemt hem zelfs een groot theoreticus van de decadentie. Machiavelli studeerde vlijtig op de antieke geschiedenisschrijvers en als diplomaat en politicus in het politiek zeer woelige en verdeelde Italië – de periode van De Medicis - deed hij ervaringen op, die hij combineerde met de conclusies die hij uit zijn studies trok. Hij ontwikkelde een theorie over de oorzaken van het politieke verval en de voorwaarden voor politieke grootheid, vernieuwing en regeneratie, heropstanding zeg maar. Hij droeg zijn Discorsi op aan die jongeren van zijn tijd die het verval afwezen en een nieuwe virtu voorbereidden. De necessità, waarover Machiavelli het heeft, staat los van elk determinisme en daarom kan Niccolo Machiavelli eigenlijk in geen enkel opzicht worden beschouwd als een pessimist. Want het is steeds mogelijk – houdt Machiavelli ons voor – met scheppingskracht het verval tegen te houden. En die kringen die het algemeen belang kunnen terugbrengen tot haar kern, houden ook het welzijn van de gemeenschap het best in stand. Die staten, die institutionele voorzorgsmaatregelen tot zelf-vernieuwing afwijzen, schrijft Machiavelli, zijn het best toegerust en hebben veruit de beste toekomstperspectieven, want het middel om zich te hernieuwen, bestaat erin terug te keren tot de eigen oorsprong. Want alle begin moet iets goeds hebben ! Het moet dus mogelijk zijn, schrijft een historicus-filosoof in de 16e eeuw, om met oorspronkelijke inzichten vanuit dit begin opnieuw te starten.

Op zich een optimistische ingesteldheid, misschien kenmerkend voor de renaissance-mens van de late Middeleeuwen. Latere cultuurfilosofen zullen opnieuw aanknopen bij de cyclische theorieën, en ipso facto het geheel eerder pessimistisch inkleuren.

Is er iets actueler te vinden dan het fenomeen decadentie ? Is er een prangender vraag dan : houdt Europa het vol ? Worden wij niet onder de voet gelopen ? Hoe een economie draaiende houden met een demografische ontwikkeling zoals in gans Europa ?

De laatste decennia toonden ons een eigenaardige revival – een eigenaardig woord in dit verband – van het nadenken over decadentie. Een nieuwe oogst aan filosofen en theorieën over ondergang. Er was niet alleen Fukuyama - het einde van de geschiedenis, u weet wel – of Samuel Huntington met Botsende beschavingen (3), wij moeten het niet eens meer zo ver zoeken om de relevantie en de toepasbaarheid van het begrip decacentie en de cultuurtheorieën vast te stellen. Concreet : het opiniestuk van filosoof Paul Cliteur in De Standaard van 14 en 15 februari 2004, met als titel Het decadentie cultuurrelativisme. Het artikel mag gekoppeld aan het recente boek van dezelfde Paul Cliteur, Tegen de decadentie (4). Zonder de stellingen van de heer Cliteur aan een kritisch onderzoek te onderwerpen, wil ik er gewoon even op wijzen dat de filosoof een rechte lijn trekt tussen het antieke Griekenland en Europa. Hij legt ons de volgende redenering voor : Een beschaving, die open staat voor àlle tradities, die alle waarden de moeite waard vindt, is decadent, is een beschaving die niet meer in zichzelf gelooft, is voorbestemd om ten onder te gaan.

Wij blijven rond de centrale vraag draaien : wat is decadentie ? Is ze onvermijdelijk ? En is het stellen van de vraag of onze beschaving decadent is geworden, niet onmiddellijk het beste bewijs dat wij inderdaad decadent zijn ?
Toevallig een artikel in Junge Freiheit voor ogen, Die heroische Existenz im Geistigen (5).
Daarin stelt de reeds geciteerde Weissmann de filosoof-socioloog Arnold Gehlen (1904-1976) aan het publiek voor, de man die zich vooral bezighield met het bestuderen en het koel analyseren van “het verval”. Wanneer begint het proces van verval in een gebouw, dat mensen hebben opgetrokken en dat ze in een relatief korte tijdspanne zien ontbinden ? Gehlen is dé anti-romanticus, en wie probeert zijn conservatisme te verklaren vanuit een nostalgische blik op het Wilhelminische Duitsland bijvoorbeeld, wens ik veel geluk toe. Arnold Gehlen verwierp het streven naar voormoderne toestanden, dit leek hem totaal nutteloos en zinloos, zonder doel. De fase van de sociale ordening zijn we endgültig voorbij, schrijft de Duitse auteur kort na de Tweede Wereldoorlog, die tijden komen niet meer terug. Wij bevinden ons in het tijdperk van Mensch und Technik, culturele vormen verstenen, grote geestelijke opwellingen zijn niet meer te verwachten. Pessimisme pur sang ? Later zou Gehlen hier en daar wel correcties aanbrengen en zou hij proberen de mens weer iets centraler te zetten en opnieuw het statuut van “natuurlijk wezen” meegeven. Maar hij bleef een pessimist. Hij ziet uiteindelijk maar twee mogelijke houdingen : ofwel, wat hij omschreef als de nihilistische houding, het grote Opgeven, het meedrijven met de stroom, “het zal mijn tijd wel doen” – ofwel de heroïsche houding, bereid zijn dat oorspronkelijke, dat aparte te realiseren, maar in het besef dat de wereld waarschijnlijk toch verloren is.


Even terugkomen op Paul Cliteur, die de superioriteit van de Westerse moderne wereld dik in de verf zet. De betreurde Julien Freund, Frans socioloog, had het in zijn bijdrage voor één van de dossiers “H” van de uitgeverij L’Age d’Homme (6) over de decadentietheorie van J. Evola. En in tegenstelling tot diegenen die de superioriteit van de moderne wereld poneren, beklemtoonde de Italiaanse filosoof juist “de decadente natuur van dezelfde moderne wereld”, wat ook betekent dat ze gedoemd is om te verdwijnen.

Deze inleiding besluiten ? Het fenomeen decadentie heeft zowat iedereen beziggehouden, wetenschappers van alle slag en soort, politieke denkers, filosofen, schrijvers van alle politieke gezindten en overtuigingen. Elkeen probeerde het begrip in te passen in het eigen denk- en waardensysteem. Zelfs marxisten als Lukacs – het marxisme is toch eerder een liniair gerichte filosofie ? – vonden het thema zo interessant dat ze erover publiceerden. Maar decadentie is een thema bij uitstek van rechts, van het conservatieve kamp. Anderen leggen het conservatieve kamp graag een verkrampte houding t.o.v. decadentie in de mond. Maar : “Lorenz hield het decadentieproces echter niet voor onvermijdelijk. En rechts neigt er slechts uitzonderlijk naar om de idee van een involutie aan te houden, de idee dus van een onvermijdelijke neergang, hoe sceptisch hij voor de rest ook staat tegenover het begrip “vooruitgang”. Normaal gezien vindt men (in het conservatieve kamp) voorstanders van de idee van een wisselend spel van opgang en verval, van een alternerend proces, waarin decadentie en hergeboorte elkaar opvolgen.” (7)

Het kan wellicht nuttig zijn de twee belangrijkste epigonen van het conservatief denken over decadentie, tevens de filosofen met de meest uitgesproken – én tegelijk de meest omstreden - mening hierover, aan u voor te stellen. Het is de bedoeling van deze bijdrage om de aandacht te richten op het begrip decadentie bij de Duitse filosoof Oswald Spengler, auteur van het veel geciteerde maar minder gelezen Untergang des Abendlandes (8) verschenen in 1923, en bij Julius Evola, de Italiaanse filosoof en auteur van o.a. Rivolta contro il mondo moderno (9), verschenen in 1934.



2. OSWALD SPENGLER – met Duitse Gründlichkeit



Belangrijkste werken van Oswald Spengler :

1918 Untergang des Abenlandes, Band I
1920 Preussentum und Sozialismus
1921 Pessimismus
1922-1923 Untergang des Abendlandes, Band I + II
1924 Neubau des deutschen Reiches
1924 Politische Pflichten der deutschen Jugend
1931 Der Mensch und die Technik
1932 Politische Schriften
1933 Jahre der Entscheidung

Postume uitgave bezorgd door Hildegard Kornhardt
1937 Reden und Aufsätzen
1941 Gedanken

Postume uitgaven bezorgd door Anton Mirko Koktanek
1963 Briefe 1913-1936
1965 Urfragen
1966 Frühzeit der Weltgeschichte

.
Op het leven zelf van Oswald Spengler gaan wij niet uitgebreid in, maar geïnteresseerde lezers willen wij graag doorverwijzen naar de studie van Frits Boterman (10). Een zo uitgebreide en goed gedocumenteerde studie dat wij in de loop van deze bijdrage nog graag wat zullen verwijzen naar de bevindingen van de heer Boterman.

Oswald Spengler werd geboren in 1880 en stierf in 1936, drie jaar na de machtsovername door Hitler, en drie jaar voor het begin van de Tweede Wereldoorlog. Boterman beschrijft Spengler als een man die zowel thuis hoort in de 19e eeuw – romantisch, visionair en met een zwak voor metafysici – als in de 20e eeuw – met zijn nuchterheid, diagnosticerend, futurologisch, en een groot zwak voor techniek. Hij erfde van zijn moeder de gevoelige geest, zijn sterk geworteld pessimisme en een bepaald künstlerisches aanvoelen. Spengler zelf zag zich graag als een dromer, een dichter en een visionair. Hij wilde de geschiedenis niet wetenschappelijk aanpakken, omdat de geschiedenis daarmee te kort zou worden gedaan. Neen : “Geschichte wissenschaftlich behandeln zu wollen, ist im letzten Grunde immer etwas Widerspruchvolles. Natur soll man wissenschaftlich behandeln, über Geschichte soll man dichten” (11). Maar Boterman ziet tegelijkertijd de gladschedelige beursmakelaar, met harde ogen, totaal illusieloos, vol cynisme, het gezicht van de andere Spengler, die tot politieke daden bereid was, die Mussolini vereerde, en de Weimardemocratie verafschuwde. Hij zag in de autoritaire staat de voorbode van een nieuw, imperiaal caesarisme, misschien één van de laatste overlevingsfases van de Avondlandse beschaving.



Het geschiedenisbeeld van Oswald Spengler

In wezen is Oswald Spengler dus een introvert, gevoelig persoon, een kunstenaar, een romantische estheet. En reeds zeer vroeg kwam hij tot de bevinding dat de lijnvormige of dialectische vooruitgangsidee op een leugen berustte, berustte op wishfull thinking eerder dan op de realiteit. Spengler hield het bij het bestaan van een aantal soevereine culturen, waarvan elk apart haar eigen leven, wil, voelen en lotsbestemming had. En deze culturen, die met de kracht van de oerwereld in een bepaald gebied ontstaan, zijn eigenlijk het best te vergelijken met plantaardige organismen, die opbloeien, rijpen, verwelken en tenslotte afsterven. Dit biologisme, dat ook in andere wetenschapstakken zijn invloed liet gelden, werd tevens één van de aanvalspunten van tegenstanders van Spengler : waarom zouden culturen, die niets plantaardigs hebben, een ontwikkeling doormaken als planten ?

Spengler onderscheidde 8 culturen – organismen :

De Egyptische (met inbegrip van de Kretenzische en de Minoïsche)
De Babylonische cultuur
De Indische cultuur
De Chinese cultuur
De Grieks-Romeinse cultuur
De Arabische cultuur
De Oud-Amerikaanse, Mexicaanse cultuur
De Avondlandse cultuur

In het Rusland van Dostojevski’s figuren zal Spengler de kern zien van een nieuwe cultuur, in zoverre Rusland erin slaagt zich te ontdoen van het uit het Westen geïmporteerde marxisme.

Elke cultuur, meent Oswald Spengler, is een in zich gesloten gansheid, een vensterloze monade, waarin alle niveau’s morfologisch samenhangen. Boterman schrijft dat ze de uitdrukking is van een onvervangbare ziel, die elke cultuur belichaamt. Zelfs de meest prozaïsche uitdrukkingen, instellingen, etc., hebben ook steeds een symbolische waarde. Ze zijn de getuigen, samen met de mythes, de religies, kunst en filosofie, van een supra-individueel levensgevoel, een fundamentele houding ook t.o.v. tijd en ruimte, verleden en toekomst. Binnen de Avondlandse cultuur hebben luidsprekers, een cheque, de dubbele boekhouding geen geringere symbolische waarde dan de gotische dom, het contrapunt in de muziek.

De cultuur van Griekenland en Rome omschrijft de auteur als apollinisch : ze is gericht op het heden, is a-historisch, en valt voor het genie van de plastiek (beeldhouwwerk bvb.), ze is somatisch. De Arabische cultuur, waar Spengler ook de Perzische, de vroegchristelijke en de Byzantijnse wereld toe rekent, krijgt het etiket magisch mee : haar oersymbool is de grot, en in de centrale koepelbouw vindt het grotgevoel haar hoogste uitdrukking, net als in de apocalystiek en de alchemie, en de goudgrond van de Byzantijnse mozaïeken. De oud-Egyptische cultuur is “een incarnatie van de zorg”, en die grondhouding vindt men terug in de bewateringsaanleg, de beambtenhiërarchie en de mummiecultus, het hiëroglyfenschrift, en de keuze voor basalt en graniet voor de beeldhouwwerken. De auteur omschrijft de Avondlandse cultuur als faustisch. Ook deze cultuur, waarvan het grondsymbool de ruimte is – let op de gotische dom, in de hoogte gebouwd, fuga’s van Bach, de moderne techniek – is ondertussen aan haar verval begonnen, bevindt zich in de fase van de beschaving, de laatste fase van elke cultuurcyclus. Elke cultuurcyclus omvat ongeveer een periode van duizend jaar.

Kritiek kreeg Oswald Spengler met emmers over zich: de marxistische theoreticus George Lukàcs had het in zijn boek Die Zerstörung der Vernunft over het dilettantisme van Spengler, de cynische openheid, absurditeiten en mystiek van de auteur. Thomas Mann, de liberale rationalist Theodor Geiger (“één van de ergste boeken van onze eeuw”), iedereen had wel iets over de theorieën in Untergang des Abendlandes te zeggen (12). Gerd-Klaus Kaltenbrunner schat de situatie juister in als hij vermeldt dat zoveel schuim op de mond van critici meestal een teken is van de armoede van de tegenargumenten. En een figuur als Theodor Adorno vindt dat Oswald Spengler zijn tegenstander nog steeds niet heeft gevonden.

Frits Boterman past het geheel goed samen : Untergang des Abendlandes was het meest gelezen geschiedenisfilosofisch werk van de Republiek van Weimar, en zijn auteur heeft de 20e eeuw heel duidelijk mee bepaald (13).

Welke kenmerken zijn er Boterman nu bijgebleven als zeer belangrijk ? Wij sommen ze even op :

Spengler heeft de bedoeling met zijn Untergang de diagnose van de cultuurcrisis te stellen en tegelijkertijd een prognose over de ondergang van faustische cultuur. Aan de hand van de zgn. morfologische methode probeerde de Duitse filosoof culturen met elkaar te vergelijken en de crisis van de westerse cultuur in zijn laatste fase, die van beschaving, te beschrijven. Boterman stelt dat Spengler de bedoeling had niet louter de populaire cultuurgeschiedenis te schrijven maar hij wilde doordringen tot een diepere laag van de historische werkelijkheid, de fundamentele vragen des levens aansnijden, en de metafysische kern van het leven vatten (leven, tijd, lot). Boterman noemt dit de metafysische laag in het werk van Oswald Spengler, hij was op zoek naar de “metaphysische Struktur der historischen Menschheit” (14), hij wilde op een intuïtieve manier doordringen tot een diepere laag van de werkelijkheid en de “onzichtbare” patronen van de geschiedenis blootleggen. Spengler verweet anderen dat ze zich te weinig met metafysica bezighielden, en zal door Julius Evola hetzelfde verwijt krijgen toegespeeld !

Het cultuurcyclisch systeem. Naast de metafysische kern van het leven is er het leven zelf, de ontwikkeling ervan, het biologische leven van de cultuur als een organisme. Culturen zijn organismen die te vergelijken zijn met dieren of planten. Hiermee maakt hij ook de evolutie van cultuur naar beschaving duidelijk. Dit is de tweede laag, de cultuurmorfologisch-cultuurcyclische laag

Er is de derde laag: het geheel van de politieke consequenties die Oswald Spengler uit zijn cultuurfilosofie trok. Vooral in het tweede deel van zijn Untergang worden zijn politieke ideeën verder ontwikkeld. Ze werden ook op een later moment aangebracht dan de vorige twee niveau’s. De drie niveau’s bevatten een hoge samenhang en de uitspraak van Tracy B. Strong, aangehaald door Frits Boterman, vat het geheel goed samen : “Paradoxaal genoeg is hij zowel een onbuigzaam reactionair als ook een mysticus” (15). Wat Spengler op politiek vlak nastreefde, was Duitsland een nieuwe zonnereligie geven, en een wereldrijk. Vergeten we de tijdsomstandigheden niet : het eerste deel van Untergang des Abendlandes was grotendeels reeds in 1913 geschreven en werd gepubliceerd in 1918. Het tweede deel, met de focus op de politieke gevolgtrekkingen van een en ander, pas in 1922-1923.


Spenglers ergste vijand, Heinrich Rickert, verweet hem zijn modern biologisme. En van dat biologisme een verband leggen naar Nietzsche is heel eenvoudig, want ook de filosoof met de hamer is schatplichtig aan dit biologisme, dat leert dat zijn niet alleen betekent dat het zijnde moet worden behouden, maar zich moet vermeerderen, vergroten, aan uitbreiding doen. De Wille zur Macht. De cultuurmorfologie van Spengler wordt door Rickert op een hoopje geworpen met Nietzsche.

Nu kan de invloed van Friedrich Nietzsche op de auteur van Untergang moeilijk worden overschat, maar het zou een fout zijn niet te wijzen op de invloed van de filosoof Danilevski en van de historici E. Meyer en Friedrich Schiller.

Oswald Spengler sprak zich meermaals uit tegen absolute waarheden en eeuwige waarden, wat in zijn cultuurfilosofie regelmatig terug komt. Er is géén universele geschiedenis van de mensheid en elke moraal is cultureel bepaald. Ook Spengler is iemand die zich verzet tegen een eurocentrische benadering van de mensheid, zonder daarom ook maar even te vervallen in de in bepaalde milieus zo mondain staande “weg-met-ons”- mentaliteit. Spengler laat echter ook aan duidelijkheid niets over : het Westen gaat onvermijdelijk ten onder, de vrijheid van de mens is uiterst beperkt, en elke filosofie was en is tijdsgebonden, dus relativistisch en perspectivistisch. Hij legde als cultuurcriticus bloot wat er aan cultuurwaarde, religie, bezieling en geestelijke vitaliteit was verdwenen. In tegenstelling tot Nietzsche geloofde de auteur van Der Untergang niet meer in regeneratie van cultuur : Nietzsche heeft als geen ander – vandaar zijn invloed op zovelen, ook nu nog – de culturele symptomen van zijn tijd geanalyseerd en geïnterpreteerd als tekenen van verval en achteruitgang. Hij merkt overal de tekens van vermoeidheid, van uitputting en decadentie. En waar een figuur als Thomas Mann blijft steken in zijn Bildungsbürgertum, is Friedrich Nietzsche een stuk verder gegaan en kan men in zijn Uebermensch het Nietzscheaans genezingsproces zien. De therapie van Nietzsche is heel radicaal en superindividueel : enkelingen zullen de therapie van Nietzsche wel kunnen volgen – en genezen ? – maar daar heeft een ganse cultuur of natie niet veel aan, natuurlijk. Mann schreef over Nietzsche de volgende waarderende woorden : “..als vielmehr der unvergleichlich grösste und erfahrenste Psycholog der Dekadenz” (16). Alleen de Uebermensch kan de decadentie overwinnen. Decadentie bij Friedrich Nietzsche is veel minder een mechanisch, een automatisch proces dan bij Spengler. Decadentie ontstond – althans volgens Nietzsche – op het moment dat duidelijk werd dat God dood was en dat de mens in zichzelf de zin van het leven moest vinden. Wie kan zich met deze waarheid staande houden ? Alleen de Uebermensch, de mens die brug is geworden, en die gedreven is door de gedachte van de eeuwige wederkeer en door de wil tot macht is bezield.

Ze zijn beiden decadentie-filosofen, Nietzsche en Spengler, maar hun visie op het ontstaan en de uitrol van de decadentie is erg verschillend, dus ook de “oplossingen”. Maar ook gelijkenissen springen in het oog. Zo stelde Nietzsche vast dat de decadentie in de Griekse wereld – het ijkpunt voor Nietzsche en zovele andere 19e en 20e eeuwse denkers – dan is gestart op het moment dat de cultuur geïntellectualiseerd werd. Dit gebeurde door een figuur als Socrates die alles in vraag begon te stellen en die het weten tot grootste deugd verhief (17).
Ook Spengler zag een en ander analoog gebeuren, en zal hieraan het begrip Zivilisation verbinden. Maar waar Spengler deze versteende cultuur onvermijdelijk op haar einde zag toestappen, ontwaarde Nietzsche wel degelijk ontsnappingswegen. Lebensbejahung, Wille zur Macht, hetgeen wij hierboven reeds opsomden. Maar in de Griekse cultuur gebeurde juist het tegenovergestelde : reeds verzwakt door de socratische levenshouding wordt ze volledig vernietigd door de overwinning van de christelijke moraal.

Maar Spengler nam veel over van Nietzsche, zoveel is duidelijk : hij geloofde sterk in diens Umwertung aller Werte, de antithese cultuur-beschaving is zonder Nietzsche niet te begrijpen. Spengler voltooide de Nietzscheaanse boodschap en gaf er een metapolitieke en politieke inhoud aan. Hij heeft Nietzsche misbruikt, zullen anderen zeggen. Voor Spengler was de figuur van de Uebermensch een echt Luftgebilde, Spengler geloofde niet in de verbetering van de menselijke natuur en deelde de ondergang in bij de onvermijdelijkheden. Hij zag Nietzsche als de laatste romanticus. Politiek gezien brak de periode aan voor de nieuwe Caesars, niet voor een nieuwe Goethe. Nietzsche daarentegen was geen politiek denker, hij was op zoek naar individuele waarheden en oplossingen, terwijl Oswald Spengler geloofde in collectiviteiten, waaraan de mens is overgeleverd (18). Omdat de cultuur in de visie van de ondergangsfilosoof Spengler niet meer te regenereren was, moest zijn cultuurfilosofie in dienst staan van de harde politiek van het Duits imperialisme en zijn nieuwe Caesars – de laatste fase van de Zivilisationsperiode. De laatste doet dus het licht uit.



De levensfilosofie van Oswald Spengler


De Duitse cultuurfilosoof was duidelijk een man van de moderne wereld, hij gebruikte heel wat moderne begrippen en had heel wat te danken aan Nietzsche. Frits Boterman wees hier in zijn biografie op. Toch merkt dezelfde auteur op dat Spengler zich ook verzette tegen de rationalistische en natuurwetenschappelijke werkelijkheidsconceptie van zijn tijd. Op die manier sloot de Duitser zich aan bij de filosofische stroming van de Lebensphilosophie, een verzameling van - zowel naar methodiek als naar afbakening van interessegebied – antirationalisten (19). De heer Boterman stelt vast dat – hoewel we het ons nog moeilijk kunnen voorstellen – het Leben hét centrale thema was in de Duitse filosofie tussen 1880 en 1930. De Lebensphilosophie legde de nadruk op het intuïtieve, irrationele en gevoelsmatige van het leven, en was gericht tegen het natuurwetenschappelijk positivisme. Spengler kwam dus met zijn cultuurfilosofie niet zomaar uit de lucht vallen in Duitsland. Zijn zoektocht naar de “achterliggende” waarheid lag in dezelfde lijn als Schopenhauer, Nietzsche, Dilthey, Freud en Sorel. De invloed van deze levensfilosofische school reikte ver, buiten Duitsland en in geheel Europa.

Frits Boterman onderneemt een meer dan verdienstelijke poging om de algemene lijnen van de Lebensphilosophie samen te vatten; wij geven de grote lijnen (20) :

De levensfilosofie gaat er in het algemeen van uit dat er geen transcendente realiteit bestaat, behalve het bestaan zelf. Het vertrekpunt is de Diesseitigkeit (het leven op aarde).
T.o.v. het primaat van het rationeel positivistisch denken stelden de levensfilosofen het primaat van het gevoel, de beleving, de intuïtie (de Tiefenerlebnis van Oswald Spengler). Belangrijk zijn dus de emotionele momenten die de mens zijn plaats in de totaliteit van het leven doen beleven.


Spengler moet worden gesitueerd in de brede stroom van deze Lebensphilosophie. Merkwaardig is wel dat hij hier niet helemaal in past : immers, Frits Boterman merkt op dat, hoewel de Duitser de natuurwetenschappelijke werkelijkheidsconceptie bestreed, hij haar bestaansrecht helemaal niet betwistte.

In bijlage, de drie vergelijkende tafels uit Der Untergang des Abendlandes, waarin Oswald Spengler steeds op een analoge manier enkele culturen naast elkaar zet.

Op het vlak van de filosofie en de geesteswetenschappen zette hij in deze vergelijking de volgende culturen naast elkaar : de Indische, de Antieke, de Arabische en tenslotte de Avondlandse cultuur.
In de 2e vergelijking – op het vlak van kunst : de Egyptische, de Antieke, de Arabische en de Avondlandse
En tenslotte op het vlak van de politiek : de Egyptische, de Antieke, de Chinese en de Avondlandse

De vergelijkende tabellen worden in de oorspronkelijke, Duitse taal gebracht, een Nederlandse vertaling heb ik immers niet gevonden.





3. JULIUS EVOLA – met Romeinse virtù




Belangrijkste werken van Julius Evola :

Julius-Evolaqqqq.jpg1926 L’uomo come potenza. I tantri nella loro metafisica e nei loro metodi di autorealizzazione magica.
1928 Imperialisme pagano. Il fascismo dinnanzi al pericolo euro-cristiano
1931 La tradizione ermetica. Nei suoi simboli, nella sua dottrina e nella sua “Arte Regia”
1932 Maschera e volto dello spiritualismo contemporaneo. Analisi critica delle principali correnti moderne verso il « sovranaturale ».
1934 Rivolta contro il mondo moderno
1937 Il mistero des Graal e la tradizione ghibellina dell’Impero
1950 Orientamenti. Undici punti
1953 Gli uomini e le rovine
1958 Metafisica del sesso
1961 Cavalcare la tigre
1963 Il cammino del Cinabro



De metafysica die Julius Evola (1898-1974) in zijn werken uiteenzet (in Rivolta, zijn hoofdwerk, maar ook in andere werken), en die hij steeds zelf heeft omschreven als “transcendent realisme”, omvat een involutionistische filosofie van de geschiedenis (van beter naar minder dus), gebaseerd op het dubbele axioma dat geschiedenis een proces van verval is, en de moderne wereld een fenomeen van decadentie. Deze geschiedenisfilosofie identificeert zich eigenlijk totaal met de wereld van de Traditie. Wat men in de moderne wereld als “politiek” omschrijft, betekent in het perspectief van de Traditie slechts een geheel van gedegradeerde vormen van een superieure vorm van politiek, gebaseerd op de ideeën van autoriteit, soevereiniteit en hiërarchie.


Involutie is de zin van de geschiedenis, zegt Julius Evola

Volgens Pierre-André Taguieff in Politica Hermetica, nr. 1, 1987 (21) is het Evoliaans denken eerder een denken over decadentie dan een denken over restauratie. Zijn radicale kritiek op de moderne wereld is even coherent als overtuigend, terwijl zijn politieke ideeën bepaald zijn door nostalgisch utopisme, irrealistisch – nog eens, volgens de auteur Taguieff. Hij (Evola) streeft een ideaal regime na, dat echter door elke historische realiteit wordt verraden, want in de realiteit omgezet. Dat is de voornaamste reden waarom wetenschapper Taguieff vindt dat Evola sterker staat in het bepalen van decadentie, dan in het neerpennen van politieke alternatieven. Maar zijn interpretatie en zijn onderzoek naar het decadentiebegrip bij Julius Evola is zo helder geschreven, dat wij hem in ons artikel
meermaals zullen moeten citeren.

Het thema van de decadentie kan elke aandachtige lezer terugvinden in alle vruchtbare periodes in Evola’s leven. Natuurlijk is er veel plaats voor het thema van zijn metafysica van de geschiedenis ingeruimd in het hoofdwerk, Rivolta, het volledige tweede deel van het werk. Het thema van de “decadentie” neemt een centrale plaats in in het werk van de Italiaanse filosoof : de fundamentele thesis is de idee van de decadente natuur van de moderne wereld, en is te vinden in de Rivolta (22). Maar ook in de andere werken, La dottrina del Risveglio. Saggio sull’ascesi buddista en Cavalcare la tigre en tenslotte Gli uomini e le rovine, zijn veel verwijzingen terug te vinden. Het voornaamste werk heeft als kern, de vraag hoe te reageren in een tijdperk van algemene, uitsluitende dissoluzione.

In tegenstelling tot heel wat moderne denkers, die vertrekken van een sociologische vaststelling van wat is en wat verkeerd loopt, vertrekt Evola in zijn studie over het begrip decadentie – en hierin is hij toch wel origineel – van de primordiale wereld van de Traditie, de oorspronkelijke Traditie, als absoluut referentiepunt. De moderne wereld wordt bestudeerd vanuit dit ijkpunt, en niet omgekeerd. Een drieledig standpunt : een axiologische visie, als een legitiem systeem van normen en als enige authentieke weg dus.
En de decadentie, aldus Evola, is een ziekte die al heel lang in deze samenleving sluimert, maar die geen mens durft uit te spreken. Ook bleven de symptomen lange tijd verborgen, door allerlei ogenschijnlijk positieve ontwikkelingen aan ons oog onttrokken. “De realiteit van de decadentie is nog verborgen door de idee van vooruitgang, door idyllische perspectieven, ons door het evolutionisme aangeboden” (23), gemaskeerd dus door de idee van vooruitgang, en “gesecondeerd door de superioriteit van de moderne beschaving”. Zo zal het gevoel van de val ons maar duidelijk worden tijdens de val zelf. Om weerstand te kunnen bieden, moet de kleine minderheid, aldus Evola, het referentiepunt, de Traditie, leren kennen. En de twee modellen die Evola naar voren schuift om het involutieproces dat de geschiedenis is, te leren kennen, ontwikkelt hij uit de traditionele leerstellingen : de doctrine van de 4 tijdperken en de wet van de regressie van de kasten.


De doctrine van de 4 tijdperken

In het tweede deel van zijn Rivolta stelt Julius Evola een “interpretatie van de geschiedenis op traditionele basis” voor (24). De geschiedenis evolueert niet, maar volgt het proces van regressie, van involutie, in de zin van het zich loskoppelen van de suprawereld, van het verbreken van de banden met het transcendente, van het macht van het “slechts menselijke”, van het materiële en het fysieke. Dit juist is het onderwerp van de doctrine van de vier tijdperken. En de moderne wereld past als gegoten in de vorm van het vierde tijdperk, de Kali Yuga, het IJzeren Tijdperk. Reeds Hesiodos beschreef de vier tijdperken als het Gouden Tijdperk, het Zilveren, het Bronzen en het IJzeren Tijdperk. Het zelfde thema vinden wij terug in de Hindoetraditie (satya-yuga – tijdperk van het zijn, de waarheid in transcendente zin, tretâ-yuga – tijdperk van de moeder, dvâpara-yuga – tijdperk van de helden, en kali-yuga of het sombere tijdperk) naast zovele andere mythen over zowat de ganse (traditionele)
Wereld. Evola heeft deze cyclustheorie van René Guénon, die ze opnieuw in Europa binnenbracht.

De metafysica van de geschiedenis had een belangrijk gevolg : als de geschiedenis inderdaad het proces van progressieve involutie volgt, van het ene, hogere tijdperk naar het lagere tijdperk, dan kan het eerste tijdperk – althans de doctrine – niet dat zijn van de primitief, van de barbaren, maar wel dat van een superieure staat van de menselijke soort. Het gevolg was dat Evola, naast andere auteurs, onmiddellijk ook de evolutietheorie afwees.

De metafysica van de geschiedenis schrijft een onontkoombaar lot voor, een onweerlegbare koers. Evola legt er de nadruk op dat “hetgeen ons in Europa overkomt, niet arbitrair of toevallig gebeurt, maar voortkomt uit een precieze aaneenschakeling van oorzaken” (25). En “net als de mensen hebben ook beschavingen hun cyclus, hun begin, hun ontwikkeling en hun einde… Zelfs als de moderne beschaving moet verdwijnen, zal ze zeker niet de eerste zijn die verdwijnt en ook niet de laatste…. Cycli openen zich en sluiten af. De traditionele mens was bekend met de doctrine van cycli en alleen de onwetendheid van de moderne mens heeft hem en zijn tijdgenoten doen geloven dat zijn beschaving, die haar wortels heeft in het tijdelijke en het toevallige, een ander en meer geprivilegieerd lot zou kennen” (26)

Wanneer begonnen zich de eerste tekenen van decadentie te manifesteren volgens de Italiaanse cultuurfilosoof ? “De eerste tekenen van moderne decadentie zijn reeds aan te wijzen tussen de 8ste en 6e eeuw voor Christus…. Het komt er dus op aan het begin van de moderne tijden te laten samenvallen met wat men de historische tijden heeft genoemd…. Binnen de historische tijden en in de westerse ruimte duiden de val van het Romeinse Rijk en de komst van het christendom een tweede etappe aan van de vorming van de moderne wereld. Een derde etappe tenslotte doet zich voor met het ineenstorten van de feodale en Rijkswereld van het Middeleeuwse Europa, en bereikt haar hoogtepunt met het humanisme en de reformatie. Van dan af aan, en tot in onze dagen, hebben machten – al dan niet openbaar – de leiding genomen van alle Europese stromingen op het materiële en spirituele vlak” (27)

De etappes van de decadentie – de wet van het verval van de kastes

Het is in het 14e en 15e hoofdstuk van het tweede deel van zijn Rivolta dat we de belangrijke uitleg krijgen over de objectieve wet van de val van beschavingen. Ook hier is er opnieuw zwaar tol aan René Guénon betaald, zoals ook P. A. Taguieff opmerkte (28). De wet van de vier kastes beantwoordt grotendeels aan de doctrine van de vier tijdperken, want in de vier kastes vindt men de waarden terug die volgens deze doctrine opeenvolgend domineerden in één van de vier tijdperken van de regressie. Voor Evola verklaart deze wet ten volle het involutieve karakter in alle sociaalpolitieke aspecten. In alle traditionele maatschappijen zou er een gelijkaardige stratificatie hebben bestaan : aan de top staan overal de vertegenwoordigers van de spirituele autoriteit, daarna de krijgsaristocratie, erop volgend de bezittende burgerlijke stand en tenslotte de knechten. Deze vier “functionele klassen” corresponderen aan bepaalde levenswijzen, elk met zijn eigen gezicht, eigen ethiek, rechtssysteem in het globale kader van de Traditie (29). “De zin van de geschiedenis bestaat nu juist in de afdaling van de macht en van het type van beschaving van de ene naar de andere van de vier kastes, die in de traditionele maatschappijen beantwoorden aan de kwalitatieve differentiering van de belangrijkste menselijke mogelijkheden” (30). Evola vatte in zijn autobiografisch werk Le chemin du cinabre deze regressie en het belang ervan voor de geschiedenis als volgt samen : “Na de val van die systemen die berustten op de zuivere spirituele autoriteit (“sacrale maatschappijen”, “goddelijke koningen”) gaat in een tweede fase de autoriteit over in handen van de krijgsaristocratie, in de cyclus van de grote monarchieën, waar het “goddelijk recht” van de soeverein nog slechts een restecho is van de waardigheid van de eerste leiders. Met de revolutie van de Derde Stand, met de democratie, het kapitalisme en de industrialisering gaat de effectieve macht over in handen van de derde kaste, de eigenaars van de rijkdom, met een even grote transformatie van het type van beschaving en van de heersende belangen. En uiteindelijk kondigen socialisme, marxisme en communisme – en realiseren het ook ten dele - de ultieme fase aan, de komst van de laatste kaste, de antieke kaste van de slaven, die zich organiseren en de macht veroveren. Zij zet de regressie door tot in de laatste fase” (31). Op de creditzijde van de Italiaanse filosoof mag in elk geval genoteerd worden dat hij ook op momenten dat het niet “opportuun” werd geacht, want men moest zijn beschermheer niet de haren in strijken, er steeds op gewezen heeft dat Europa door Amerika werd bedreigd : niet militair, maar politiek, economisch en vooral cultureel. Amerika, dat is voor Evola een perversie van de waarden, en deze perversie leidt onvermijdelijk tot bolsjewisme. Amerika doekte in Europa de laatste restanten op van een feodale en traditionele maatschappij. De Amerikaans liberale weg leidt de beschaving naar haar laatste fase. Metafysisch plaatst de Italiaan Amerika en Sojwet-Rusland in hetzelfde kamp : het zijn twee kanten van dezelfde munt. Communisme is de laatste fase van de involutie, die wordt voorafgegaan door de derde fase, die van de liberale bezitters.


De tweedeling van de beschaving : traditionele versus moderne maatschappij


Het zal onze aandachtige lezers natuurlijk al duidelijk geworden zijn dat er tussen moderne maatschappij en traditionele maatschappij een bijna letterlijk te nemen “onmacht tot communiceren” bestaat, toch in het concept van Julius Evola. En uit de wet van de regressie van de kasten valt al evenzeer een vergankelijkheid van de moderne wereld af te leiden, wat ook heel wat “modernen” zal choqueren. Het verdwijnen van de moderne wereld heeft voor de filosoof slechts “de waarde van het puur toeval” (32) En bovenop het beschavingspluralisme, waarover Spengler het heeft, moet u in Evola’s model rekening houden met het “dualisme van de beschaving”. Er is de moderne wereld en er zijn aan de andere kant die beschavingen die haar vooraf zijn gegaan, tussen die beiden is er een volledige breuk, het zijn morfologisch gezien totaal verschillende vormen van beschaving. Twee werelden waartussen bijna geen contact mogelijk is, want zelfs de betekenis van dezelfde woorden verschilt. Een begrip van de traditionele maatschappij is derhalve voor de grote meerderheid van de modernen onmogelijk (33).
En zoals in de vertaling van een artikel, dat wij in TeKoS (34) afdrukten, vermeld, kunnen tijds- en ruimtebeschavingen terzelfdertijd en naast elkaar bestaan. Moderne wereld en traditionele maatschappijen : twee universele types, twee categorieën.

Tekens van decadentie – diagnose van het heden als geheel van regressieve processen

Als denker van de Traditie heeft Julius Evola een misprijzen voor de moderne westerse wereld, en daarin wordt hij gevolgd én voorafgegaan door nogal wat denkers van de Conservatieve Revolutie. De symptomen waren voor de meeste auteurs in dezelfde hoek te zoeken, alleen over de remedies was men het minder eens. Ook het alternatieve staatsmodel, welk mechanisme de staats- of rijksordening moest leiden, was voor de meesten verschillend.

In hetzelfde artikel over het decadentiedenken van Julius Evola somt auteur Taguieff de symptomen op (35) :

1. Het egalitarisme, pendant van het universalisme van het joods-christelijk type. En Evola benadrukt de christelijke wortels van de egalitaire wortels.
2. Het individualisme. Samen met Guénon bestrijdt Evola het individualisme, want door het bestaan ervan wordt elke transcendentie genegeerd, te beginnen met die die “de persoon” belichaamt. De moderne vergissing : persoon met individu verwarren.
3. Het economisme, de overwaardering dus van productie (productiviteit, aanbidden van de afgod van de materiële vooruitgang, het integraal economisch materialisme, vergoddelijking van geld en rijkdom. Evola is schatplichtig aan Werner Sombart.
4. Het rationalisme, de ideologische implicaties van het paradigma van de “moderne wetenschap” – de neoreligie van de Vooruitgang, het scientisme – verwerping van elke contemplatieve gedachte t.v.v. een weten, gestuurd door een technische actie.
5. De ontbinding van de staat, van de macht, en vooral van de spirituele macht, van de idee zelf van hiërarchie, in en door democratie, liberalisme en communisme. De massificatie van de volkeren, zodat gedragingen, geëgaliseerd en geïnfantiliseerd, beter controleerbaar worden.
6. Het humanisme in zijn historische vormen: het humanisme of het humanitaire cosmopolitisme, de bourgeoisie met haar fundamentele sociale, morele en sentimentele aspecten, en het valse koppel van het liberaal utilitarisme (gericht op de opperste waarde van het welzijn, gebaseerd op de norm van profijt) en het “spiritueel evasionisme”.
7. De verschillende vormen van “seksuele revolutie”, met daarin de hegemonie van de vrouwelijke waarden (broederschap, veiligheid), de groeiende gelijkmaking en uitvlakken van de seksuele verschillen, het oprukken van psychoanalyse als “de demonie van de seksualiteit”, waardering van de “derde sekse”.
8. Het verschijnen van valse elites, oligarchieën van verschillende types, plutocratie, dictators en demagogen, moderne intellectuelen. Twee signalen onderzocht Evola nauwkeurig : het verlies aan zin voor aristocratie, de kracht ervan en de originele traditie, en aan de andere kant de ontbinding van de artistieke vormen, getuige daarvan de twijfel van de moderne muziek tussen intellectualisering en primitieve hypertrofie van zijn fysieke karakter.
9. De ondergang van hetgeen Evola superieure rassen noemt, ras niet te begrijpen in een biologische opvatting.
10. Opkomst van allerlei vormen van neospiritualisme, de zgn. tweede spiritualiteit, met een term eigen aan Spengler. Het vernielen van de traditionele vormen van religie en ascese, hertaald in een “humanitaire democratische moraal”. Evola omschrijft dit neospiritualisme als de evenknie, het evenbeeld van het westers materialisme.
11. De overbevolking. Evola behoort niet tot de natalistische vleugel van de Conservatieve Revolutie: bezorgd is hij niet door ontvolking, hij zoekt menselijke kwaliteit, géén kwantiteit.
12. Het totalitarisme, mogelijk gemaakt door het organisch concept van de staat te vernietigen, en belichaamd door een nieuwe paradoxale formatie : de idôlatrie van de staat en de atomisatie van de gemeenschap. Vanaf dan reflecteert hetgeen beneden is, niet meer hetgeen boven is, want er is geen boven meer. Elke afstand is afgeschaft. De totale horizontaliteit van de geatomiseerde maatschappij – de som van perfect uitwisselbare individuen – is de voorwaarde voor het verschijnen van de pseudostaat, die de totalitaire staat in wezen is.
13. Tenslotte het naturalisme in al zijn varianten : biologisme, materialisme, collectivisme, ja, zelfs nationalisme.

Slotopmerking : wat is decadentie voor Julius Evola ?


Het moet al duidelijk geworden zijn : de negatie van de Traditie is het beginpunt van decadentie en verval. Decadentie kan in de ogen van Evola het best omschreven worden als het toaal verlies aan “oriëntatie naar het transcendente” (36). Had ook Friedrich Nietzsche het niet over “God is dood” als beginpunt van het Europees nihilisme ? In die mate is de moderne maatschappij dan ook volledig tegengesteld aan de traditionele maatschappij en is de toegang naar het transcendente voor haar afgesloten. In zijn later werk Orientamenti zal de Italiaan de lijn doortrekken en noteren dat het antropocentrisme eigenlijk het begin betekent van de decadente moderniteit. Hierin ligt trouwens de scherpste kritiek van Evola aan het adres van Oswald Spengler, iets wat we nu gaan ontdekken.




4. JULIUS EVOLA OVER OSWALD SPENGLER


De twee belangrijke cyclisten, beiden actief in wat men later de Conservatieve Revolutie is gaan noemen, moesten elkaar vroeg of laten wel ontmoeten. Evola kwam een aantal keren in Duitsland spreken voor bvb. de Herrenclub, maar tot een ontmoeting tussen de beide filosofen is het nooit gekomen. We mogen ervan uitgaan dat Spengler de Italiaan niet kende en ook zijn werken niet had gelezen. Vergeten we trouwens niet dat het magnus opum van Evola pas in 1936 verschijnt, en dat Spengler hetzelfde jaar overleed. Maar Spengler kende bvb. ook de naam van Vico niet, wat erop kan duiden dat hij weinig kennis had over de Italianen. Evola kende het werk van Spengler wel, hij las alle werken van de Duitser, niet alleen Der Untergang des Abendlandes, maar ook zijn Jahre der Entscheidung. En in een tweetal artikels ging de Italaanse filosoof dieper in op de betekenis van Spengler voor het traditioneel denken en poogde hij tevens een traditionele kritiek te formuleren op de fundamenten van het Spengleriaans denken. Evola vertaalde Der Untergang des Abendlandes in het Italiaans in 1957 en vatte in zijn inleiding enkele punten van kritiek samen. Verder schreef hij in Vita Italiana in 1936 over de Duitse ondergangsfilosoof. De beide artikels werden in 1997 in het Frans vertaald en uitgegeven (37).

Voor Julius Evola is Spengler géén moderne auteur, in die zin dat hij met zijn werk het gevoel wekt reëel te zijn, te appelleren aan iets dat groter is dan zichzelf. De beschaving, aldus Spengler, ontwikkelt zich niet volgens het ritme van een continue vooruitgang naar de “beste” beschaving. Er bestaan slechts verschillende culturen, afzonderlijk van elkaar. Tussen culturen bestaan hoogstens verbindingen van analogie, maar er is géén continuïteit.
Evola merkt op dat dit de centrale ideeën van Spengler zijn, die op geen enkele manier terug te brengen zijn tot een persoonlijke filosofische stelling. Want op een of andere manier leefden dezelfde ideeën ook reeds in de antieke wereld, onder de vorm van cyclische wetten die de culturen en de volkeren leidden. Alleen, dit maakt ook direct dé grote zwakte uit van Spengler, want op geen enkel moment wordt er ook maar gewag gemaakt van het transcendente karakter van de cyclische wetten van de culturen : “Hij ontwierp zijn wetten als nieuwe naturalistische en deterministische wetten, als een reproductie van het somber lot dat planten en dieren (…) te wachten staat: ze worden geboren, groeien en verdwijnen. Zo had Spengler geen enkel begrip van de spirituele en transcendente elementen die aan de basis liggen van elke grote cultuur. Hij is de gevangene van een laïcistische stelling die de invloed onderging van de moderne ideeën van de levensfilosofie, het Faustisch activisme en het aristocratisch elitisme van Friedrich Nietzsche” (38). En Evola komt tot de essentie : Spengler heeft niet begrepen dat er boven de pluraliteit van culturen en hun ontwikkelingsfasen een dualiteit van cultuurvormen bestaat. Hij benaderde dit concept nochtans op het moment dat hij culturen in opgang plaatste tegenover culturen in neergang, en cultuur t.o.v. beschaving. Maar, zegt Evola, hij slaagde er niet in om de essentie van de tegenstelling bloot te leggen.

legromsss.gifDe Spengleriaanse opvatting van de aristocratische cultuur is schatplichtig aan Nietzsche, Julius Evola had er al op gewezen, de Duitse filosoof van Der Untergang zal er nooit van loskomen : “Het ideaal van de mens als een prachtig roofdier en een onverwoestbaar heerser bleef het geloofspunt van Spengler, en referenties naar een spirituele cyclus blijven bij hem sporadisch, onvolmaakt en verminkt vanuit zijn protestantse vooroordelen. De aanbidding van de aarde en de devotie voor de klassen van knechten, de graafschappen en de kastelen, intimiteit van tradities en corporatieve gemeenschappen, de organisch georganiseerde staat, het allerhoogste recht toegekend aan het ras (niet in biologische zin begrepen, maar in de zin van gedrag, van diep ingewortelde viriliteit), dit alles is het fundament van Spengler, waarin volkeren zich in de fase van de cultuur ontwikkelen. Maar eigenlijk is dit alles te weinig… In de loop van de geschiedenis is een dergelijke wereld eerder te vinden reeds als het gevolg van een eerste val. We bevinden ons dan in de cyclus van de “krijgersmaatschappij”, het traditionele tijdperk dat vorm krijgt eens het contact met de transcendente realiteit verbroken werd, en die ophoudt de creatieve kracht van de beschaving te zijn” (39). Oswald Spengler gaat dus in de eerste plaats niet ver genoeg in zijn analyses, en verder haalt hij ook niet de juiste referenties aan. Daarom, schrijft Julius Evola op pagina 11, “komt Spengler ons eerder voor als de epigoon van het conservatisme, van het beste traditionele Europa, die haar ondergang bezegeld zag in de Eerste Wereldoorlog en het ineenstorten van de laatste Europese rijken”.

Toch kan Evola zich vinden in de beschrijving van de beschaving in verval : “Massacultuur, anti-kwalitatief, anorganisch, urbanistisch en nivellerend, diep anarchistisch, demagogisch en antitraditioneel”. En verder wijdt hij enkele zinnen aan de twee wereldrevoluties die het Westen in Spengleriaans opzicht zullen nekken : “Een eerste, interne, heeft zich al gerealiseerd, de sociale revolutie van de massificatie en assimilatie (…). De tweede revolutie is zich aan het voorbereiden, de invasie van de gekleurde rassen, die zich in Europa vestigen, zich europeaniseren en die de beschaving naar hun hand zullen zetten” (40). En dan opnieuw de kritiek van de Italiaanse filosoof : als antwoord op deze bedreigingen “weet Spengler slechts het ideaal van het mooie beest op te roepen, het eeuwige instinct van de krijger, latent aanwezig in periodes van ondergang, maar klaar om op te springen als de volkeren zich in hun vitale substantie bedreigd voelen (…). Dit beantwoordt volledig aan de visie van een tragische Faustische ziel, dorstend naar het eeuwige, wat voor Spengler juist model stond voor het Leitmotiv van de westerse cyclus”. Deze weg vindt Evola zeer vaag en onduidelijk, want de opkomst van de grote rijken, met hun binoom massa-Caesar, waren de emanatie van de kanker van het vernietigend cosmopolitisme, van het demonisch karakter van massa’s en dus uitingen van de decadentie zelf. Het echte alternatief zou er juist in bestaan de massa’s als massa te vernietigen en in haar nieuwe articulaties te provoceren, nieuwe klassen, nieuwe kasten (41). Niets van dit alles bij Spengler, stelt Evola bijna teleurgesteld vast, er is maar één ankerpunt, zijn Pruisen, zijn Pruisisch ideaal. Spengler zag Pruisen niet in nationale dimensies, maar eerder als een levenswijze : niet hij die in Pruisen is geboren, kan zich Pruis noemen, maar “dit type kan men overal vinden, het is een teken van ras, van gedisciplineerde toewijding, van innerlijke vrijheid in het uitvoeren van de taak, autodiscipline”. Evola besluit met te stellen dat dit Pruisen op zijn minst een solide traditioneel referentiepunt is, maar betreurt toch dat Spengler niet verder is gegaan.


5. ENKELE VERDIENSTEN VAN DE BEIDE HEREN

De betreurde Armin Mohler vatte de betekenis van Oswald Spengler in een aantal rake punten samen. Wij kunnen de voornaamste punten bij uitbreiding ook toepassen op de Italiaanse ondergangsauteur :

Spengler trekt in crisissituaties ondergrondse stromingen van het denken met een radicaliteit in het bewustzijn, wat voor hem hoogstens door een Georges Sorel werd voorgedaan. En die gedachtenstroming is een denken over de realiteit, gestart door de Stoa en Herakleitos, dat vanaf de start afzag van valse troostende gedachten of van de voorspiegeling van ordenende systemen. Dit denken – dat ook dat van Spengler is – staat boven elk optimisme of pessimisme. Geschiedenis is een in elkaar lopend proces van geboorten en ondergang en er blijft de mens niets anders over dan deze realiteit met heroïsche aanvaarding te ondergaan.

Een tweede verdienste, schrijft Mohler, is het opnieuw in baan brengen van het cyclisch denken, vanuit een stroom van Europese en buiten-Europese denkers. T.o.v. het aan invloed winnende liniair denken - zeker na de overwinning van het liberaal kapitalistische mens- en maatschappijbeeld - is het nodig en noodzakelijk dat een alternatief, ook op intellectueel vlak, geboden wordt op de vooruitgangsidee (42). De originaliteit bestaat hierin dat hij het organisch concept van de Duitse Romantiek overbracht op de cyclische gedachte en deze van toepassing verklaarde op zijn acht cultuurkringen. Hij combineerde de cyclische idee met het probleem van de decadentie en het verval van de cultuur. Een fundamentele breuk dus met de optimistische liberale vooruitgangsidee, en vooral nuttig in het doorprikken van de zeepbel, als zou er slechts één manier bestaan om naar de wereld te kijken.

Werd er van wetenschappelijke hoek vaak kritiek uitgebracht op de cyclische cultuurfilosofen – vooral het determinisme werd als onwetenschappelijk van de hand gewezen – dan is diezelfde kritiek even goed van toepassing gebleken op het liniaire beeld van de geschiedenis : ook hier speelt een determinisme mee, dat wetenschappelijke kringen al evenmin kunnen accepteren. Match nul, zullen wij maar zeggen, of is de eerste helft pas gespeeld ? Het is belangrijk te beseffen dat Spengler er samen met Toynbee, Sorokim Pitrim en anderen, voor heeft gezorgd dat de liniaire geschiedenisfilosofie – een uitvloeisel van de drie monotheïstische godsdiensten en hun wereldlijke realisaties – een cyclisch geschiedenisbeeld tegenover zich kreeg, dat eerder of opnieuw aanknoopte bij de oude, heidense, polytheïstische godsdiensten : een tijdlang hield de liniaire geschiedenisfilosofie vol, dat zij en zij alleen wetenschappelijke waarde had. Sinds het oprukken van de cyclische geschiedenisfilosofie kan zij dit niet meer volhouden.

Tenslotte heeft niemand zo duidelijk en onverbiddelijk als Spengler gewezen op de sterfelijkheid en vergankelijkheid van culturen en tot het einde toe doorgedacht. Sommige one-liners moeten toch doen denken : “De blanke heersers zijn van hun troon gestoten. Vandaag onderhandelen zij waar ze gisteren nog bevalen en morgen zullen ze moeten smeken om nog te mogen onderhandelen. Ze hebben het bewustzijn verloren van zelfstandigheid van hun macht en ze merken het niet eens”.


De verdienste van Julius Evola in dit alles : de Italiaanse filosoof verruimde de blik van Spengler en voegde er een transcendente, spirituele dimensie aan toe. Verder wees hij erop dat het proces van het sombere tijdperk, de finale fase dus, zich eerst bij ons heeft ontwikkeld. Daarom is het niet uitgesloten dat we ook de eersten zullen zijn om het nulpunt te passeren, op een moment waarop andere beschavingen zich nog in de fase van ontbinding zullen bevinden.



Voetnoten


(1) Weismann, K., Het rechtse principe, TeKoS, nr. 113, pag. 5
(2) Kaltenbrunner, G-K, Europa, Seine geistigen Quellen in Porträts aus zwei Jahrtausenden, regio – Glock und Lutz, Sigmaringendorf, 1987, pag. 36 e.v.
(3) Huntington, S., Botsende beschavingen, Uitgeverij Anthos, Baarn, 1997, ISBN 90 763 4115 x
(4) Cliteur, P., Tegen de decadentie, Arbeiderspers, Amsterdam, 2004, 223 blz., 16,95 euro)
(5) Weismann, K., Die heroische Existenz im Geistigen, in Junge Freiheit, nr. 6/04, 30 januari 2004, pag. 17
(6) Freund J., Evola ou le conservatisme révolutionnaire, in Guyot-Jeannin, A., Julius Evola, Les dossiers H, L’Age d’Homme, Lausanne, Suisse, 1997, pag. 187
(7) Weissmann, K., Het rechtse principe, TeKoS, nr. 113, pag. 5
(8) Spengler, O., Der Untergang des Abendlandes. Umrisse einer Morphologie der Weltgeschichte, Verlag C. H. Beck, München, 1973, eerste uitgave 1923,1249 pagina’s
(9) Evola, J., Rivolta contro il mondo moderno, Ulrico Hoepli, Milano, 1934, 482 pagina’s
(10) Boterman, F., Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes, Cultuurpessimist en politiek activist, Van Gorcum, Assen/Maastricht, 1992, ISBN 90-232-2695-X, 402 pagina’s.
(11) Kaltenbrunner, G-K, Europa, Seine geistigen Quellen in Porträts aus zwei Jahrtausenden, Regio – Glock und Lutz, Sigmaringendorf, 1987, pag. 396
(12) Kaltenbrunner, G-K, Europa, Seine geistigen Quellen in Porträts aus zwei Jahrtausenden, Regio – Glock und Lutz, Sigmaringendorf, 1987, pag. 397-398
(13) Boterman, F., Kultur versus Zivilisation: Oswald Spengler en Nietzsche, in Ester, H., en Evers, M., In de ban van Nietzsche, Damon, Dudel, 2003, pag. 161-176
(14) Spengler, O., Untergang des Abendlandes, pag. 3
(15) Strong, T. B., Oswald Spengler – Ontologie, Kritik und Enttäuschung, in Ludz, P. C., Spengler heute, München, 1980, pag. 88
(16) Mann, T., Betrachtungen eines Unpolitischen, geciteerd in Ester, H., en Evers, M., In de ban van Nietzsche, Damon, Dudel, 2003
(17) Evers, M., Het probleem van de decadentie : Thomas Mann en Nietzsche, in Ester, H., en Evers, M., In de ban van Nietzsche, Damon, Dudel, 2003, pag. 130
(18) Boterman, F, Kultur versus Zivilisation: Oswald Spengler en Nietzsche in Ester, H., en Evers, M., In de ban van Nietzsche, Damon, Dudel, 2003, pag. 175 e.v.
(19) Boterman, F., Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes, Cultuurpessimist en politiek activist, Van Gorcum, Assen/Maastricht, 1992, pag. 67
(20) Boterman, F., Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes, Cultuurpessimist en politiek activist, Van Gorcum, Assen/Maastricht, 1992, pag. 68
(21) Politica Hermetica, nr. 1, Métaphysique et Politique – René Guénon, Julius Evola, L’Age d’Homme, Paris, 1987, 204 pagina’s
(22) Evola, J., Rivolta contro il mondo moderno, misschien gemakkelijkst in zijn Franse vertaling te lezen. Révolte contre le monde moderne, Les Editions de l’Homme, Montréal-Brussel, 1972, 501 pagina’s
(23) Evola, J., Révolte contre le monde moderne, Les Editions de l’Homme, Montréal-Brussel, 1972, pagina 9
(24) Evola, J., Il cammino del Cinabro, in Franse vertaling te lezen : Le chemin du Cinabre, Archè, Milano, 1982, pagina 123-124
(25) Evola, J., Révolte contre le monde moderne, Les Editions de l’Homme, Montréal-Brussel, 1972, pagina 487
(26) Evola, J., Révolte contre le monde moderne, Les Editions de l’Homme, Montréal-Brussel, 1972, pagina 493
(27) Evola, J., Révolte contre le monde moderne, Les Editions de l’Homme, Montréal-Brussel, 1972, pagina 493 e.v.
(28) Taguieff, P. A., Julius Evola, penseur de la décadence, in Politica Hermetica, nr. 1, Métaphysique et Politique – René Guénon, Julius Evola, L’Age d’Homme, Paris, 1987, p. 27
(29) Evola, J., Le chemin du cinabre, Arché-Arktos, Carmagnola, 1982, pagina 125
(30) Evola, J., Révolte contre le monde moderne, Les Editions de l’Homme, Montréal-Brussel, 1972, pagina 449
(31) Evola, J., Le chemin du cinabre, Arché-Arktos, Carmagnola, 1982, pagina 125
(32) Evola, J., Révolte contre le monde moderne, Les Editions de l’Homme, Montréal-Brussel, 1972, pagina 12
(33) Evola, J., La tradition hermétique, Ed. Traditionelles, Paris, 1975, pagina 26
(34) Evola, J., Waarom tijdsbeschavingen en ruimtelijke beschavingen een verschillende geschiedenis hebben, in TeKoS, nr. 57, pagina 13 en volgende
(35) Taguieff, P. A., Julius Evola, penseur de la décadence, in Politica Hermetica, nr. 1, Métaphysique et Politique – René Guénon, Julius Evola, L’Age d’Homme, Paris, 1987, p. 31 en volgende
(36) Evola, J., Chevaucher le tigre, Trédaniel, Paris, 1982, pagina 269
(37) Evola, J., L’Europe ou le déclin de l’occident, Perrin & Perrin, 1997
(38) Evola, J., L’Europe ou le déclin de l’occident, Perrin & Perrin, 1997, pagina 7-9
(39) Evola, J., L’Europe ou le déclin de l’occident, Perrin & Perrin, 1997, pagina 10
(40) Evola, J., L’Europe ou le déclin de l’occident, Perrin & Perrin, 1997, pagina 14
(41) Ibidem
(42) Evola, J., L’Europe ou le déclin de l’occident, Perrin & Perrin, 1997, pag. 15-16
(43) Mohler, A., Oswald Spengler (1880-1936) in Criticon, nr. 60-61, pagina 160-162

samedi, 23 janvier 2010

Xavier Raufer: Chaos mondial, la face noire de la mondialisation

une035.gif« Chaos mondial : la face noire de la mondialisation », par Alain Bauer et Xavier Raufer

 

Entretien avec Xavier Raufer
Accordé à François Bousquet
Directeur du Choc du Mois


Quoi de neuf dans le crime, Docteur Raufer ?
 

Maître incontesté de la criminologie française, auteur d’une profusion d’ouvrages et d’articles sur le sujet, Xavier Raufer poursuit depuis trente ans, d’un coin à l’autre du globe, les reconfigurations et métamorphoses incessantes du phénomène criminel. Entre détection précoce et analyse en profondeur, il propose une grille de lecture décapante du crime et de ses avatars dans une société mondialisée. Et appelle de ses vœux un nouveau « nomos de la Terre » – un nouvel ordre du monde – face au présent chaos mondial. Il s’explique pour nous.

Le Choc du mois : Quoi de nouveau dans les formes actuelles de criminalité ?

Xavier Raufer : Pour l’essentiel, les menaces stratégiques de la Guerre froide ont disparu. On va vers un phénomène d’hybridation généralisée des activités terroristes et criminelles. Les nouvelles entités dangereuses ne sont ni structurées, ni hiérarchisées. Ce ne sont plus des régiments, mais des réseaux. L’instabilité et la dispersion deviennent la règle. C’est le propre d’un monde chaotique. Le danger frappe sans préavis, l’ennemi est nomade, déterritorialisé, parfois incompréhensible – songez à la secte Aum. Il y a toujours moins de terrorisme chimiquement pur, au sens de l’IRA, l’Armée républicaine irlandaise, ou de l’organisation Abou Nidal, mais des formes mixtes, associant, en proportions variables, criminalité et terrorisme. Un des exemples nous est donné par ce que fut en son temps le FLNC, créé un peu à retardement sur le modèle des mouvements de libération du tiers-monde. Ce qui fut le « patriotisme » des nationalistes corses n’est désormais plus que le paravent d’activités criminelles, du camouflage. Chez les insectes, on parlerait de mimétisme, lequel consiste à paraître ce que l’on n’est pas, pour tromper l’ennemi, le prédateur, le juge ou le journaliste. Hors de France, ce modèle mimétique touche aussi, par exemple, la guérilla dégénérée des FARC, en Colombie.

CdM: Des deux grands dangers, dites-vous, le terrorisme et le crime, le terrorisme n’est aujourd’hui pas forcément le plus dangereux. Pourquoi alors cette focalisation sur lui ?

X.R.: Surtout et d’abord en matière de terrorisme, nos dirigeants ont trop souvent une vision rétrospective des menaces. Or en la matière, prolonger les courbes est inefficace et inutile. Prenez la guerre civile libanaise (1975-1990). Elle nous a montré la capacité d’évanescence des terrorismes moyen-orientaux. En 1989, le Liban était encore l’épicentre du terrorisme mondial et le siège d’une guerre civile impitoyable. Presque tous les experts voyaient alors le foyer du terrorisme libanais perdurer. Or subitement, en 1990, comme au coup de sifflet, toute activité terroriste ou guerrière s’arrête. De même, le courant jihadi s’affaiblit-il depuis à peu près deux ans, dans sa dimension théologique-prophétique. Chaque jour, plus de salafistes adhèrent à l’idée que le terrorisme n’est pas la voie pour retrouver la grandeur de l’islam. Voici quelques mois, l’un des grands prédicateurs salafistes de Jordanie a publié une fatwa disant qu’il est interdit de faire couler le sang de tout musulman, y compris chiite. C’est un coup de tonnerre. Comme si en pleine guerre de Trente ans, un prédicateur catholique avait affirmé que les chrétiens étaient tous frères – protestants compris. Naturellement, le Jihad continue. Naturellement, le courant salafiste restera rigoriste, puritain, hostile aux infidèles, mais côté islamisme armé, le ver de la contestation est dans le fruit. Moins de bombes dans l’avenir, donc – et plus de burqas.

CdM:
L’Afghanistan rentre-t-il dans le cadre de cette hybridation que vous décrivez. C’est devenu (ou redevenu) le paradis des producteurs d’opium et de haschich ?

X.R.: Selon un expert auprès de l’ONU, la production d’opium en Afghanistan échappe à tout contrôle. Mais le présent bazar en Afghanistan ne tient nullement aux fort classiques considérations locales – elles n’ont pas bougé depuis Rudyard Kipling. Ce qui rend la situation intenable, c’est l’inaptitude de la Maison-Blanche à énoncer clairement contre qui elle se bat. Bref, à désigner l’ennemi. Les talibans ou Al-Qaida ? Sur quel théâtre d’opération ? Pakistan, Pendjab, Afghanistan ? On le sait : est souverain celui qui désigne l’ennemi. Mais voilà, dans le monde chaotique de l’après-Guerre froide, l’ennemi ne va plus de soi. On n’est plus dans le brouillard de la guerre, comme le disait Clausewitz, mais dans le brouillage. Contrairement à ce que l’on croit, la société de l’information ne facilite pas la production d’un diagnostic. Au contraire, elle la complique. Or, nommer, c’est dévoiler. Dans l’acte médical, pour prendre une comparaison, le traitement dépend de la détection préalable d’une maladie, qui n’existe comme telle que quand elle a un nom. La guérison n’intervient que quand le diagnostic est correct et donc la pathologie clairement désignée.

CdM: Mais le chaos mondial, pour reprendre votre terme, interdit la production de ce type de diagnostic ?

X.R.:
Je n’emploie pas le terme de chaos dans son sens catastrophiste, mais physique. Ce terme grec correspond au mot hébreu biblique, « Tohu e Bohu » : quand il n’y a pas d’ordre repérable, on est dans une situation techniquement chaotique. Aujourd’hui, il y a chaos parce que la distinction guerre-paix et ami-ennemi est brouillée. Un ordre international présuppose que les parties engagées aient une vision commune de la guerre. Autrement dit, un « nomos de la Terre », pour parler comme le juriste allemand Carl Schmitt, c’est-à-dire un statut et un ordre international. Depuis les Traités de Westphalie (1648) et surtout d’Utrecht (1713), la guerre était en Europe un instrument légitime de règlement des conflits entre Etats du même continent, concevant identiquement la guerre et la paix, les soldats et les civils, etc. Après les horreurs de la Guerre de Trente ans en Europe, on appelait cela, les « Kabinettskrieges », les guerres de cabinets. D’où la célèbre formule : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » Le dernier en date des nomos, celui de la Guerre froide, avait ses défauts, mais du moins fixait-il des règles du jeu. Il s’est volatilisé. Pas de symptôme plus manifeste du nouveau désordre mondial que la piraterie, forme typique de « guerre hors-statut ». Car que constate-t-on aujourd’hui dans le domaine de l’hostilité ? La prédominance d’une logique non-linéaire, parfois chaotique, remplace le concept étroit de la guerre propre à l’« Etat-nation ». Ce qui se traduit par un mélange des acteurs étatiques et non-étatiques, des violences affectant toujours plus les civils, peu ou pas de batailles et de fronts délimités, mais une grande dispersion et des actions soudaines… C’est la face noire de la mondialisation, sa contrepartie illégale.

CdM: Quels sont aujourd’hui les activités criminelles les plus en expansion. Vous recensez trois grands trafics mondiaux : celui des stupéfiants, des êtres humains et le marché clandestin des armes légères. On ne parle jamais des armes légères…

X.R.: Ajoutez-y le trafic de véhicules volés, la contrebande, les contrefaçons, les flux d’argent… Pour les armes légères, elles sont fabriquées dans tant de pays au monde qu’on peut en détourner une bonne partie vers les guérillas, le crime organisé ou le terrorisme. L’ONU avance le chiffre de 300 000 morts par an, tués à l’arme légère, dont les deux tiers sur le continent africain.

CdM:
Dans la série des chiffres astronomiques, un pays se distingue, c’est le Brésil…

X.R.:
Il y a un phénomène d’aveuglement à l’endroit du Brésil. Dans les années 60 du XXe siècle, l’intelligentsia sombra dans la « Maolâtrie ». Aujourd’hui l’« homme de Davos » se vautre dans la « Brésilâtrie ». Or, ce pays chouchou des libéraux mondialistes, voué à l’adulation médiatique, est un enfer criminel : 50 000 homicides par an et le record du monde des assassinats par armes à feu. Outre cela, le Brésil est l’un des pays les plus inégalitaires au monde, les quarante principales propriétés terriennes brésiliennes ayant à elles seules la superficie de la Grande-Bretagne entière. Un pays dans lequel l’implication des Noirs au sommet de la société est quasi-nulle, où les riches vivent derrière des murs de trois mètres de haut, protégés par des centaines de milliers d’agents de sécurité privée. Dans les favelas (Rio de Janeiro compte un millier de favelas), le taux d’homicide est de 150 pour 100 000, alors que dans les quartiers chics, à deux kilomètres parfois, on retombe à 2 pour 100 000 (taux européen). C’est cela, le modèle de Davos ? Eh bien, je déménage. Allez donc voir un film brésilien, Troupe d’élite, qui montre la police brésilienne face au méga-gang Primeiro Comando da Capital, Premier commando de la capitale (PCC), dans les favelas de Sao Paulo. Le Monde et Libération, qui sont un peu les Pravda de la mondialisation heureuse, ont peu apprécié – or, cette fiction en dit plus qu’un documentaire sur la violence au Brésil. Le jour de la Fête des mères 2006, la guerre entre la police et le PCC a provoqué 152 morts !

CdM: Parlons-en justement de ces méga-gangs, comme la « Mara Salvatrucha » (MS-13) ou PCC ?

X.R.: Ces méga-gangs sont plus récents, moins enracinés, que les grandes mafias « historiques ». Nul d’entre eux n’a à ce jour passé le cap crucial de la première génération. On ignore donc s’ils deviendront des formes criminelles permanentes, la permanence étant la caractéristique majeure des mafias. L’Amérique centrale et les Caraïbes sont le paradis de ces méga-gangs. C’est en Jamaïque qu’ils sont apparus dans les années 80, pays dans lequel, en 2007, on dénombrait 1 574 homicides (dont 252 malfaiteurs tués par la police) pour moins de 2,8 millions d’habitants.
La « Mara Salvatrucha » est un gang salvadorien constitué en Californie. Les gangsters salvadoriens, clandestins aux Etats-Unis, ont pour la plupart été renvoyés chez eux, au Salvador, où ils ont poursuivi leurs activités criminelles. La réalité des gangs en Amérique centrale (où l’on compterait de 70 000 à 200 000 gangsters) est la suivante : plus il y a d’échange migratoire avec les Etats-Unis, plus il y a de criminalité. Un pays misérable comme le Nicaragua, sans migrants vers les Etats-Unis, connaît peu ces gangs. A l’inverse du Honduras, du Guatemala et du Salvador, pays à forte migration vers l’Amérique du Nord où les bandes criminelles juvéniles – les « Maras » – prolifèrent.

CdM: Autre vivier de la criminalité, les mégapoles du tiers-monde. Vous vous attardez sur le cas de Karachi (Pakistan), qui semble être une ville en état d’implosion…

X.R.: Karachi n’est pas une ville, mais pour l’essentiel un monstrueux bidonville, deux fois plus peuplé que la Belgique et peut-être même égal en superficie. On ne sait ni où commence ni où finit cette « ville », dont, disait Benazir Bhutto, la culture est celle « de l’héroïne et de la Kalachnikov ». L’anarchie y règne. Des milliers d’enlèvements chaque année, de 100 à 200 morts tous les mois. On trouve à Karachi tous les types de terrorisme recensés au monde, ou peu s’en faut – plus une flamboyante criminalité organisée. Karachi comme anti-modèle criminel ? La moitié de la population mondiale vit aujourd’hui en ville, ou dans ce qui en tient lieu : c’est la plus grande mutation sociale de l’histoire (en 1800, il y avait 3 % de citadins sur la planète). Si la croissance urbaine conserve le même rythme, Mexico aura 30 millions d’habitants en 2020. D’ores et déjà, un milliard d’humains vivent dans des bidonvilles (le double en 2030), dont certains abritent de vraies « armées de réserve criminelles ».

CdM: Parfois, ce ne sont plus des villes, mais des Etats criminalisés. Je pense au Kosovo…

X.R.: Ce n’est le premier Etat mafieux en Europe, mais le Monténégro, micro-Etat de 600 000 habitants, dont 60 000 Russes, qui ne sont pas tous des enfants de Marie. Mais en réalité, c’est l’ensemble des pays de la région qui est concerné. Pourquoi ? Parce que partout et toujours dans le monde, la géographie s’impose à l’histoire. L’héroïne remonte jusqu’en Europe occidentale tout au long de cette chaîne qu’est la « Route des Balkans ». Les différents maillons en sont les entités criminelles bulgares, albanaises, croates, serbes, slovènes. 100 tonnes d’héroïne transitent chaque année par la « Route des Balkans », soit 80 % de l’héroïne importée en Europe.

CdM:
Peut-on parler de « zones grises » ?

X.R.: Une zone grise, c’est un endroit où l’Etat ne peut s’imposer. Exemple, le « Triangle d’Or », zone de narco-culture, aux confins chinois (Birmanie, Laos, Thaïlande), une vraie zone grise, sise à l’intersection des plaques tectoniques du monde chinois, indochinois et indien. Une zone dans laquelle nul acteur étatique n’a jamais trop osé s’aventurer de peur de fâcher ses voisins. La nature ayant horreur du vide, les voyous s’y sont installés.

CdM: On pourrait dire la même chose de la frontière américano-mexicaine…

X.R.: Il y a un point commun entre les terroristes, gangsters et autres voyous : ce sont des âmes simples. Quand vous reculez, ils avancent. Après avoir gangrené tout le côté mexicain de la frontière, avoir infiltré les municipalités, corrompu la police, assassiné ceux qui freinaient leur avance, les cartels ont franchi la frontière, aidés par une incroyable et durable passivité américaine. Le FBI a fini par s’en apercevoir. Un peu comme le chien Rantanplan dans Lucky Luke, qui a la truffe à dix centimètres du putois et s’écrie : je sens confusément quelque chose. Les Américains ont commencé à sentir confusément quelque chose lorsque les homicides ont explosé au Nouveau-Mexique (Etats-Unis), et non plus dans le seul Mexique. Ils ont découvert avec horreur que les cartels disposaient de 100 000 hommes de main au Mexique, soit presque autant que l’armée mexicaine, qui ne passe pas pour la meilleure au monde. Et il y a désormais deux fois plus d’homicides à Ciudad Juarez, juste à la frontière du Texas, qu’à… Bagdad.

CdM: Pourquoi cet échec complet de la guerre contre la drogue (qui a coûté, dites-vous, à Washington 500 milliards de dollars de 1972 à 2007) ?

X.R.: Ce sont des chiffres officiels : chaque année, les Etats-Unis consacrent au renseignement un budget de 75 milliards de dollars. Tout cela pour finalement ne rien voir des préparatifs du 11-Septembre et de la criminalisation de leur frontière avec le Mexique ! Dès 1998, nous écrivions dans le Dictionnaire technique et critique des nouvelles menaces l’extraordinaire mutation en cours au sein des cartels de la drogue au Nord du Mexique, mélange de sous-culture criminelle, de pseudo-religions (« Jesus Malverde », « Santa Muerte ») et de bandes armées. Mais la Maison-Blanche a attendu 2009 pour découvrir que leur frontière Sud était dévorée vive par les « narcos » et pour placer le Mexique dans la liste des Etats en cours d’effondrement. J’en reviens à la comparaison médicale. La meilleure médecine est préventive, non curative. Dans un monde chaotique, la sécurité doit reposer sur le décèlement précoce des dangers, seule manière de les éviter.

Propos recueillis par François Bousquet
Directeur du Choc du Mois
Janvier 2010

A lire :
Le Choc du mois, n° 35, janvier 2010, Nouvelles criminalités

Xavier Raufer, Les nouveaux dangers planétaires. Chaos mondial, décèlement précoce, CNRS éditions, collection Ares, octobre 2009, 256 p., 20 euros.

Alain Bauer et Xavier Raufer, La face noire de la mondialisation, CNRS éditions,  collection Débats, septembre 2009, 112 p., 8 euros.

A consulter :
www.xavier-raufer.com
www.drmcc.org

Correspondance Polémia
14/01/2010

Image : Couverture du
Choc du Mois
 

 

Xavier Raufer

samedi, 21 novembre 2009

La resurrezione europea

La resurrezione europea

Luca Leonello Rimbotti / http://www.centrostudilaruna.it/

Quando, nei primi anni Trenta, Ernst Jünger vedeva la crisi della borghesia superata dall’avvento di una nuova civiltà, guidata dall’Arbeiter, era decisamente ottimista. Oggi siamo costretti a registrare che il borghesismo è la classe universale che organizza in prima persona il processo di sgretolamento dell’Europa. Quando invece vaticinò «la fine di contesti millenari», volendo dire che era giunta la fine della tradizione europea, vide giusto. Solo che, in luogo del nuovo dominatore metallico dei tempi di rivolgimento, abbiamo più modestamente il protagonismo di un materiale umano di infimissima specie, un “tipo” antropologicamente di lega povera. Le note “caste” oggi al potere rappresentano il contrario di quella razza della nuova “età del ferro” preconizzata dall’intellettuale tedesco, essendo il frutto dell’inopinata affermazione di un’epoca plastificata. Gestita da elementi eticamente e culturalmente inferiori e in base a ideali non eroici, ma da termite.

le-declin.jpgE dire, però, che quando Jünger faceva le sue ipotesi tutto un mondo ribolliva per davvero di volontà di rovesciamento degli idoli borghesi. La stagione jüngeriana, tuttavia, se misurata in tempi spengleriani, durò un attimo. Il 1932 – anno in cui fu scritto L’operaio – è passato da un pezzo, morti e sepolti sono i tentativi storici di rianimare l’Europa con cure radicali attinte da quello stesso bacino eroicizzante, e tutto ormai riposa sulla quiete di un dominio mondiale di energie corrosive ben paludate da ideali positivi. Lo stesso Jünger, col passare dei decenni, abbandonò le sue immagini faustiane e i suoi affondo nichilistici e si mise ad argomentare in termini di “fine della storia”, di difesa ecologica della Terra, acconciando il suo genio letterario a belle riproduzioni fantasy del romanzo metastorico. Disse di non comprendere i catastrofismi che erano stati di Spengler. Però scrisse che si aspettava una prossima epoca “dei Titani”, «molto propizia alla tecnica ma sfavorevole allo spirito e alla cultura». Titani magari no, ma questo pare proprio il mondo in cui viviamo, in cui il tecnocrate, il politicante e l’uomo-massa di annunci come quelli di Jünger e di Spengler non sanno che farsene.

Ma è a personaggi come i due dioscuri tedeschi che l’Europa deve il fatto di avere ancora un’anima. Sfaldata e minacciata da vicino, ma viva. Non è possibile immaginare una ripresa europea sul ciglio dell’abisso, se non tornando a imbracciare quell’ideologia – poiché proprio di idee armate si trattava – che accomunò Jünger e Spengler come in un sogno europeo di rinascita a tutti i costi. Persino dietro al “tramonto” preconizzato da Spengler, difatti, c’era una promessa di nuovo inizio. E ovunque in Jünger si coglie la volontà di indicare la forma che si imporrà, una volta gestito e fatto placare il caos nichilista.

Dinanzi alla crisi provocata – oggi come allora – da uno scomposto e distruttivo procedere della modernità, l’anelito dell’uomo in ordine con le leggi della vita non può che essere verso «l’esigenza di una vita nuovamente ordinata e strutturata all’interno di una dimensione di compattezza e stabilità». Ha scritto queste parole Domenico Conte, autore di Albe e tramonti d’Europa. Ernst Jünger e Oswald Spengler, appena pubblicato dalle Edizioni di Storia e Letteratura di Roma.

È una frase chiave. Solo apparentemente innocua. Essa infatti mostra come il pensiero del realismo eroico, della mobilitazione totale e del cesarismo militante non fosse espressione anch’esso dell’epoca del nichilismo e dell’aggressione delle masse, ma, al contrario, intendesse utilizzare gli strumenti della modernità per abbatterla e costruire in sua vece un nuovo ordine gerarchico. «Questo mondo della mobilitazione e del movimento non è che un interludio», scrive Conte, e con questo ci fa capire che la fase della lotta è necessaria non in sé, ma per raggiungere ciò che egli definisce la «utopia della stabilità». Insomma: la Rivoluzione Conservatrice – e con loro i regimi nazionalpopolari che bene o male ne misero in pratica i presupposti – è una macchina moderna, d’accordo, ma antimodernista. Oltrepassati i confini della storia e della politica, Jünger e Spengler, ognuno per suo conto, ma con idee sovente intrecciantesi, guardarono al di là, immaginando forme ulteriori, stili post-moderni, accadimenti di primordiale potenza rifondatrice. Osservato fino in fondo l’incubo della tecnica e della società moderne, questi due artigiani dell’idea europea di dominio non hanno fatto filosofia reazionaria, non hanno espresso conservatorismi inetti, ma hanno dato strumenti di rivolta: «con l’impazienza e il radicalismo – soggiunge Conte – di chi non credeva più nella storia o vi credeva solo nel senso del vedervi l’imperare e l’agitarsi di più alte potenze, votarsi alle quali parve cosa necessaria e bella».

In effetti, se Jünger fu il collaboratore dei fogli di punta del nazionalismo politico post-bellico e vicino agli ambienti dell’oltranzismo nazionalrivoluzionario, Spengler non gli fu da meno: in rapporti con personaggi come Franz Seldte, futuro ministro nazionalsocialista, era ammiratore del mondo dei Männerbünde, le milizie armate al seguito di un capo tipiche dell’epoca, dagli squadristi italiani alle SA e allo Stahlhelm, nelle quali vedeva l’affermarsi di un prosssimo cesarismo carismatico. Contestualmente, Jünger osservò ne L’operaio che «la massa comincia a secernere dal proprio corpo organi di autodifesa». Questo considerare le cose dal punto di vista dell’organico, del vitale, dell’ancestrale biologico è forse la dimensione che meglio accomuna Jünger e Spengler e che meglio ne spiega il terribile, seducente, incantatorio talento da affrescatori. Entrambi analisti dell’uomo e della società, entrambi evocatori di scenari cosmologici, di rivolgimenti apocalittici, di ipotesi di riaffermazione di “tipi” elementari e originari, di razze mutanti, di arcaismi giacenti nell’inconscio e riattivati dall’uso della tecnica e dalla volontà impersonale, il tutto da indirizzare – con forte senso politico – contro l’affastellamento informe del Moderno. Profetizzarono uomini nuovi, secondo «cambiamenti fisiognomici intercorrenti nel passaggio dal mondo borghese dell’individuo al mondo tipico dell’Operaio». L’uno e l’altro giudicarono – sbagliando profezia, ma non importa – che presto al borghese, «sfornito di qualsiasi rapporto con forze elementari» sarebbero succeduti esemplari. Quasi campionature di un’inedita stirpe lavorata dai fatti, dal carattere, da un destino epocale.

qsj_junger_i.jpgSono inquadrature formidabili, bisogna ammetterlo. Quanto di meglio potrebbe chiedersi, per ridare oggi anima e vita a una qualche minoranza in grado di riarmare lo spirito e di intraprendere la lotta contro il mondo moderno, se solo da qualche parte ne esistesse una. Uno dei meriti dello scritto di Conte è quello di presentarci la riflessione tedesca del Novecento rappresentata da Jünger e da Spengler come in fondo un unico strumentario di lotta filosofica, metafisica e politica, bene in grado di raddrizzare il piano inclinato su cui corre la modernità. E si tratta di strumenti da estrarre dai più reconditi giacimenti della natura occulta, veri archetipi in riposo che attendono soltanto di essere risvegliati: l’energia formatrice, ad esempio, la Gestaltungskraft, che a giusto titolo Conte indica come termine essenziale dell’Arbeiter, e che è la stessa forza che, ne L’uomo e la tecnica, Spengler vede agire per catastrofi immediate, risolutive: le mutazioni che aprono vie impensate ai progetti della storia.

Conte batte sul tasto delle naturali differenziazioni tra i due pensatori, ma ribatte pure su quello delle organiche similitudini. E ci rende noto un esemplare dettaglio, di gran valore filologico e immaginale. Una lettera scrittagli da Ernst Jünger nel 1995, a un mese dal compimento del suo centesimo anno, in cui conveniva con lo studioso napoletano che Spengler aveva svolto in qualche modo su di lui il ruolo di maestro: «Lei ha ragione a supporre che Oswald Spengler abbia esercitato un’influenza significativa sulla mia evoluzione spirituale…». Assodato che Spengler era senza mezzi termini considerato da Jünger «decisivo per la sua concezione della storia», Conte indica come elemento tra i più visibili di questa fratellanza ideale il «collegamento fra Operaio e prussianità», quello fra Operaio e Germania, e soprattutto la visuale copernicana della storia, nel senso di una storia e di una politica mondiali, ma «in un’ottica in realtà germanocentrica». Un sano relativismo di prospettiva che non sviliva, ma al contrario rafforzava sia in Jünger sia in Spengler l’ostilità verso l’individualismo cosmopolita borghese e quella «contro i partiti politici, i parlamenti, la stampa liberale e l’economia di libero mercato».

Un altro dei numerosi spunti offerti da Conte è il commento a un libro dell’americano John Farrenkopf, recentemente dedicato a Spengler come “profeta del declino”. Un caso singolare di “spenglerismo” negli USA? Un momento… vediamoci chiaro… Farrenkopf condivide le prognosi infauste di Spengler circa il futuro dell’Occidente, formula un suo pessimismo circa la decadenza del mondo occidentale (pacifismo, crisi demografica e culturale, ottusa pratica di esportare tecnologia ai nemici dell’Occidente, etc.), ma alla fine non manca di sostituire l’America alla Germania come quella struttura imperiale auspicata da Spengler per contenere gli sviluppi verso il basso della civilizzazione. E, da buon americano, non manca neppure di indicare in qualche scritto giovanile del filosofo del tramonto accenni di apprezzamento per la democrazia. Non sono tanto questi aspetti che importano. Conte demolisce alla svelta il tentativo di americanizzare Spengler e di confondere l’impero con l’imperialismo di bottega. Da parte nostra, noi segnaliamo il valore irrinunciabile della duplice lezione di Jünger e di Spengler: la presenza pesante di due autori dal messaggio forte, attualissimo, il cui pensiero di contrasto radicale va strappato di mano ai depotenziatori – certi salotti della new age jüngeriana, amanti del romanziere criptostorico, ma muti sull’ideologo nazionalrivoluzionario… adesso lo Spengler democratico e americanomorfo… – per rimetterlo al centro di un possibile recupero del tradizionalismo rivoluzionario europeo…

Domenico Conte, ben noto al pubblico italiano per essere uno dei pochi esegeti non prevenuti della Rivoluzione Conservatrice – e autore tra molti altri di quell’eccellente libro-monstre che è Catene di civiltà. Studi su Spengler, pubblicato dalle Edizioni Scientifiche Italiane nel 1994 – parla non a caso di albe e tramonti d’Europa. Il pensiero tragico e le prospettive catastrofiste di Jünger e di Spengler nascondono allo stesso modo tutto un tracciato di proiezioni futuribili, assegnando alla nostra civiltà spazi di insorgenza e di contro-storia ancora percorribili. Spengler, fortemente interessato ai momenti aurorali e dinamici della Kultur, era in realtà un agitatore di destini. E Jünger, nel suo Arbeiter, scrisse la frase rivelatrice: «ogni tramonto è preparazione». Entrambi, e insieme ad esempio a un Heidegger, e in maniera tra l’altro non dissimile dal nostro vecchio Oriani, videro il futuro dell’Europa nel suo saper riconoscere una nuova alba, fatta di istinto, volontà e mobilitazione.

* * *

Tratto da Linea del 11 ottobre 2009.

lundi, 21 septembre 2009

Comment l'âge numérique rend nos jeunes idiots

Comment l’âge numérique rend nos jeunes idiots

Comment l’âge numérique rend nos jeunes idiots

Il y a quelques mois, un quotidien romand s’émerveillait du témoignage d’une ado qui assurait pouvoir en même temps faire ses devoirs, envoyer des SMS, «chatter» sur quelque réseau social, tout en écoutant de la musique. Poudre aux yeux, évidemment.

Internet nous prépare en réalité une génération dramatiquement stupide, inculte, et coupée de la société adulte. Ce sévère constat est celui de Marc Bauerlein, professeur et directeur de recherche aux Etats-Unis. Son bestseller* a fait beaucoup de bruit, et il a été suivi par un grand nombre d’ouvrages faisant l’analyse critique de l’impact d’internet sur la société – des analyses critiques qu’on attend toujours chez nous.

Internet peut être un formidable vecteur de culture, de savoir et de développement personnel. Mais il n’est que rarement utilisé comme tel: le divertissement facile et la socialisation à niveau minimaliste en sont les usages les plus courants – même chez les adultes.

Le problème des enfants et des ados est sérieux dans la mesure où ils sont pris au piège des séductions multiples et obligatoires du réseau. Comme le relève Marc Bauerlein, la chambre de l’ado «n’est plus un sanctuaire, c’est une centrale de commande. E-mails, messages, blogs et commentaires, appels téléphoniques, tweets, photos et chansons tombent en avalanche chaque soir, et si le jeune ne répond pas, il est largué.» Or rien n’est pire pour un ado que de risquer l’exclusion du groupe, car à cet âge-là c’est ce qui compte le plus: celui qui ne participe pas, ne répond pas, ne donne pas son avis, devient un paria impitoyablement rejeté par les autres.

Cette contrainte, dont les parents n’ont pas idée, fait peser sur les enfants et les ados une pression, un stress inouïs, qui leur interdit la concentration nécessaire pour arriver au bout d’un devoir scolaire, par exemple, ou au bout de la lecture d’un livre. Observez-les pianoter frénétiquement, à toute heure du jour et du soir, et vous verrez vite qu’ils ne s’amusent pas du tout.

Mais il y a pire: en passant une bonne partie de leur temps à gérer leurs nombreux réseaux et messageries (qui se multiplient, et il faut être de tous!), ils passent à côté de ce qui leur permettra d’atteindre l’âge adulte avec un développement d’adulte: l’assimilation d’un savoir et d’une culture, historique et civique, notamment par les livres, le contact avec des générations plus âgées (les profs, les parents) – autant d’outils pour grandir qui ne sont disponible qu’à l’adolescence.

* «The Dumbest Generation», de Mark Bauerlein. Ed. Jeremy P. Tarcher/Penguin.

Par Philippe Barraud

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lundi, 02 mars 2009

Quand j'entends le mot "culture"....

QUAND J’ENTENDS LE MOT "CULTURE", JE SORS MON HAMBURGER !


La culture étatisée se voulait un élitisme pour tous : elle n’a abouti qu’à une usine à gaz dont seuls les petits malins, les propagandistes, les copains et les coquins, les fumistes, les nullités et les fonctionnaires des arts peuvent comprendre les arcanes. Nous sommes entraînés, avec la masse, dans des expositions temporaires et médiatisées, aux longues queues et à la contemplation du dos et des crânes de nos concitoyens, ce qui, à vrai dire, ne nous change guère de l’univers des fast food. De même, qui n’a pas admiré les théories blasées des publics captifs en tout genre, allant pérégriner dans les lieux "évènementiels", découvrant avec perplexité les inventions géniales de nos installateurs et autres conceptualistes ? Les chiffres occultent la réalité plus sordide d’une société consumériste de moins en moins sensible aux créations profondes, et de moins en moins éduquée à la délectation artistique. Le nombre d’entrées aux musées et autres "espaces" culturels, dont les statistiques sont aussi pertinentes que l’étaient celles de l’industrie soviétique, est inversement proportionnel à ce qui reste de happy few dans une société abêtie par la télévision et cyniquement mercantile.


Mario Resca en tire les conséquences : les nations européennes sont des entreprises dont le patrimoine est le capital qu’ont légué les ancêtres. Il faut le faire fructifier, d’autant plus que l’art contemporain nous a habitués à une connivence intime entre la création et le monde de l’argent. On peut dire par là que Berlusconi achève le processus d’annihilation de l’identité italienne, donc, en grande partie, européenne. »



Claude Bourrinet, "Quand j’entends le mot culture, je sors mon hamburger", VoxNR, 5 février 2009


LE LIBERALISME CONTRE LA CULTURE ET LA MEMOIRE : L’EXEMPLE DE L’ITALIE

jeudi, 26 février 2009

De Sirenenzang van de Beschaving

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De Sirenenzang van de Beschaving

vendredi, 06 février 2009

Les mots sont des armes

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LES MOTS SONT DES ARMES

 

L’étymologie grecque de « barbare », c’est celui qui bafouille car il ne sait pas parler correctement le grec. Notre langue, nos langues – car le problème touche toute l’Europe de l’Ouest -, semblent en train de se barbariser.

 

Le vocabulaire usuel, déjà réduit dans ses nuances et sa « biodiversité » par des modes irritantes, semble en même temps se complexifier. L’invasion des jargons techniques à propos de rien, l’usage de longues expressions prétentieuses pour rallonger inutilement des phrases qui seraient claires si elles restaient concises, les contresens qui en découlent forcément, toute cette prétention grotesque qui caractérise politiciens, gens de medias, mais aussi par contagion le bipède très moyen, ont déjà été analysés, dénoncés, stigmatisés, par des tas de braves gens désolés de voir une langue qu’ils aimaient devenir un sabir incompréhensible. Et la tentation existe alors de se dire qu’il en a peut-être été toujours ainsi, même si l’arrogance des incultes et l’agressivité des sectaires nous paraissent se renforcer.

 

Ce qu’apporte de nouveau le livre d’Ivan Karpeltzeff, c’est l’idée, avec quelques démonstrations à la clé et beaucoup d’humour en prime, que ces modes ne sont pas neutres et qu’elles traduisent parfois également une certaine volonté idéologique de nous décerveler. Bien sur, cela ne marche pas toujours. Le champ sémantique des expressions à la mode existe bien et, avec un peu d’habitude, on sait ce que signifient en clair des expressions comme « incivilités » ou « dommages collatéraux ». Mais la pédagogie est d’abord répétition et le bourrage de crâne est bien relayé.

 

Il y a peut-être plus grave. La baisse qualitative du vocabulaire induit une baisse de la pensée utilisable, et la baisse quantitative qui l’accompagne en parallèle, a des conséquences sociologiques désastreuses : Celui qui ne sait pas s’exprimer suffisamment bien ne pourra pas communiquer efficacement, il ne pourra même pas faire face aux situations de la vie courante. Bien plus qu’une soi-disant exclusion, le développement de la violence dans la macédoine de nos sociétés « pluriculturelles » est sans doute une conséquence directe de ce déficit de capacité de communiquer dans une langue en pleine déstructuration. Les rapports entre immigration, difficultés de langue, échecs de socialisation, et la généralisation de la violence qui en découle dans les rapports sociaux, tout ceci avait déjà été longuement analysé dans les années 1960 par Geoffrey Gorer à propos des Etats-Unis (« The American people »). Encore s’agissait-il d’un pays avec des restes de normes et des modèles, encore ne parlait-il que d’un melting pot brassant des peuples de même origine et non d’une agglomérat de cultures trop souvent irréductibles voire antinomiques Aujourd’hui, un égalitarisme imbécile exige de placer barbares et Grecs au même niveau de « total respect » ! Or si tout se vaut, c’est que rien ne vaut quoi que ce soit.

 

Cette régression du vocabulaire s’accompagne d’une régression de la grammaire. Disparition de l’article, disparition du vouvoiement (et d’une subtilité des rapports qui fait place à une brutalité que ne tempèrera jamais la fausse fraternité des chefs), disparition de la mesure du temps par un système élaboré de conjugaisons qui codifiait aussi la causalité et la probabilité. Qui comprend encore l’usage du futur antérieur ?

Ivan Karpeltzeff décrit aussi la disparition correspondante de la pensée, de ce silence – pourtant nécessaire à la réflexion – qui semble affoler nos contemporains. Tous les jours la radio nous fait entendre le saboteur d’interview qui empêche son interlocuteur de répondre à la question qu’il lui a posée en le coupant par une nouvelle question creuse (cela s’appelle « rebondir ») puis encore une, et encore une. L’auteur explique que cela fait partie de la formation de nos journalistes : interdire à celui qu’on interroge de réfléchir, de répondre en nuançant, de réagir autrement qu’au quart de tour. La consigne est « Si le silence atteint 3 secondes, il faut intervenir ! » Seuls les « penseurs » étiquetés comme tels (donc de gauche, bien sur, mais aussi et surtout copains de la production) auront peut-être un régime de faveur. Inutile alors de s’étonner que d’une télé à l’autre, d’une radio à l’autre, les chiffres souvent trafiqués des informations saucissonnées sont incohérents. Qui aura le temps de le noter ?

 

A qui le crime profite-t il ? A ceux pour qui la régression du langage est un avantage certain, puisqu’elle abaisse les défenses intellectuelles de ceux qu’on voudra soumettre à tous les messages de conditionnement, messages qu’on masquera éventuellement par une pseudo complexification de ce même langage appauvri pour mieux en masquer la teneur et leur donner une allure de sérieux. En clair, à la caste médiatique qui baise la main qui la nourrit, celle des marchands et des politiciens. Notons au passage l’homogénéité des soi-disant nouvelles que quelques agences autoproclamées nous assènent avec les mêmes titres et les mêmes commentaires dans une presse largement subventionnée par l’argent du contribuable. Cela fait maintenant une cinquantaine d’années qu’aux trois pouvoirs classiques de Montesquieu (exécutif, législatif et judiciaire), la société occidentale a prétendu ajouter un quatrième pouvoir : celui d’informer. Mais si la tripartition de Montesquieu concerne des institutions, ce quatrième pouvoir, note l’auteur, n’est qu’un pouvoir tout court, un pouvoir de nuisance qui exige sa place, pour mieux nous décerveler et nous soumettre.

 

Or, prétend Ivan Karpeltzeff, c’est dans les journaux presque exclusivement que les enseignants puisent aujourd’hui leur matière, crédibilisant ainsi un média et un usage de la langue qui contribuent puissamment à nous crétiniser. Et c’est vrai que lorsqu’un enseignant cherche à développer le sens critique de ses élèves face à la presse, il jouera infiniment plus, voire exclusivement, sur les différences superficielles (les opinions politiques affichées) que en osant s’attaquer au fond, c'est-à-dire à la sélection de ce que le journal dit considérer comme de son devoir (sic) de rapporter.

 

On se rappelle qu’un célèbre journaliste antique, Jules César, le chroniqueur de la Guerre des Gaules, après avoir soigneusement préparé sa campagne, prit soin de se faire appeler au secours par une tribu gauloise préalablement subvertie. Ou que CNN, célèbre chaîne de télévision américaine partie prenante de la première guerre d’Irak, avait monté une magnifique opération d’intox (celle qui a fait croire au monde entier que les méchants soldats irakiens avaient tué les pauvres bébés des couveuses de l’hôpital de Koweit) pour se vanter peu de temps après de l’efficacité de son mensonge. Bref, l’interventionnisme cher à nos grandes âmes désintéressées, est une vieille technique. La guerre des mots est flexible, elle sait créer de nouveaux bon droits (le droit d’ingérence de Bernard Kouchner) pour mieux fouler aux pieds les anciens (le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes dans ce cas précis). Il en est de même de l’utilisation de l’argent (« la cavalerie de Saint Georges » disait on des écus d’or que les Anglais répandaient partout pour faire faire leurs guerres par les autres) mais aussi du langage pour aider à la victoire. Cela marche puisque, en dépit de tout, notre caste médiatique a repris durant cinquante ans les termes de « république démocratique et populaire » pour désigner les pires totalitaires de l’histoire de l’Europe, ceux qui étaient obligés d’enfermer leur population pour l’empêcher de fuir. Ivan Karpeltzeff appelle cela la guerre indirecte.

 

La guerre indirecte, ce sont toutes les méthodes qui permettent d’éviter la guerre militaire et ses pertes. Ce sont la propagande, la corruption, la subversion, tout ce qui détruit l’ennemi même en temps de paix apparente. Mais à notre époque, depuis l’arrivée du léninisme, la notion de paix n’existe plus guère. L’ennemi a pris une dimension quasi religieuse pour les guérillas avides de conquête et la guerre des mots n’est pas la moindre. La comparaison de la subversion et du jeu de go est connue. Chaque pion installé doit menacer les lignes adverses et aider à fixer les lignes ennemies. Chaque « petit pas » contribue à la victoire finale mais nécessite également une analyse complète des structures et des ressorts du corps social qui est sa proie désignée (entreprise, association, état). Les faux nez existent aussi. L’auteur note que la création du mot « altermondialisme » qui signifie mondialisme autre, différent (mais mondialisme quand même !) est une arme magnifique à l’usage de tous les braves gens qui eux vont comprendre « antimondialisme » et tomber dans le piège.

 

Malgré tous les exemples qu’il cite et qui devraient le corseter, Ivan Karpeltzeff, mu par sa volonté d’analyse du «grand complot » (le terme est de nous), amalgame parfois un peu et anathémise parfois à tort. Ce n’est pas par volonté d’être un « cultureux branché » que le bipède moyen prononce Beijing à la française au lieu de Pékin. C’est tout simplement que personne chez nous ne maîtrise vraiment les règles de prononciation du pinyin (la graphie officielle chinoise de translittération du chinois en caractères romains depuis les années 70) et que tout un chacun ignore qu’il vaudrait mieux prononcer quelque chose comme Peking ! (la distinction française p/b n’a aucune pertinence en pinyin, et la lettre j se prononce entre le dz et le tj palatal). Même chose pour Ci Xi qui est la graphie pinyin de Tseu Hi, comme Lao Zi est celle de Lao Tseu, ou Qin celle de Ts’in, ou Mao Zedong celle de Mao Tse Toung (ou Tsö Tong ou Tse Tûng etc. ad infinitum, selon la nationalité du transcripteur ancien – Nous continuons cette même diversité dans notre transcription des noms russes dans les différentes langues européennes). Bref Ivan Karpeltzeff semble faire la même faute que ceux qu’il fustige… En revanche, s’il est vrai que le jargon politiquement correct utilise le dérivé lourdingue de subsidiarisation pour parler de délégation de pouvoirs, c’est alors un vrai contre sens à la notion de subsidiarité telle que l’a conçue la doctrine de l’Eglise. Le terme et la notion de subsidiarité sortent de l’encyclique Quadragesimo anno de 1931 sur la restauration de l’ordre social. Pie XI écrivait : "De même qu'on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s'acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d'une manière très dommageable l'ordre social, que de retirer aux groupements d'ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d'un rang plus élevé, les fonctions qu'ils sont en mesure de remplir eux-mêmes."

Un dernier petit point de discorde avec Ivan Karpeltzeff. Selon nous, ce n’est pas une opinion publique traumatisée qui donne ces générations de moutons, c’est seulement une vieille manie qui nous fait admirer les assassins fanatiques mais beaux parleurs, ceux qui rempliront nos fosses communes comme le firent jadis un Robespierre ou un Clémenceau.

 

En revanche, on se ralliera totalement à l’auteur quand il explique combien la contre offensive est nécessaire face à ce qui n’est ni un jeu intellectuel, ni une compétition aux règles claires. Nous devons apprendre à analyser, contester et réviser tout ce qu’on nous martèle comme issu d’un consensus vague, d’une opinion publique non définie, d’une communauté internationale beaucoup plus floue que ces communautés modernes qui se dotent d’institutions dites représentatives pour mieux verrouiller leurs membres obligés. Il faut sans cesse dénoncer la cuistrerie, tout comme les idéologues qui se présentent comme des savants qu’ils ne sont pas. Il faut faire lire et relire, pour mieux les mettre en application, les nombreux ouvrages que cite Ivan Karpeltzeff, de Jules Monnerot à Alain de Benoist, de Pierre Debray-Ritzen à Bernard Fay. Rappeler à tous ceux qui utilisent un jargon mensonger qu’une famille monoparentale n’est pas vraiment une famille, qu’un plan social n’est pas vraiment social, que la laïcité française est (hélas) autre chose que la simple tolérance ou la vraie neutralité. Bref retrouver une attitude de réarmement moral individuel, « même et surtout si le terme peut prêter à sourire » face au sous clergé des idéocrates déguisés.

 

Dominique DELORME.

 

Ivan Karpelltzeff,  La Guerre des mots -  Préface de Jean Haudry , 190 pages et une bibliographie- décembre 2005 - Les Editions de la forêt. F-69380 Saint-Jean-des-Vignes. ISBN 2-9516812-5-9.

Cet article est paru dans la revue "Renaissance Européenne", organe de l'association "Terre & Peuple - Wallonie".

mercredi, 04 février 2009

Negras perspectivas para el hombre europeo

Negras perspectivas para el hombre europeo

 

http://elfrentenegro.blogspot.com/

 


Por Juan Pablo Vitali

Oswald Spengler, ya sabía lo que iba a pasar. Lo decía con un tono, que a pesar suyo, era profético. Y digo a pesar suyo porque "Años decisivos”es un libro que ha sido escrito con descarnada objetividad. No nos impone nada, no nos quiere convencer de lo que dice, lo sabe cierto, no necesita un esfuerzo retórico para convencernos de lo que el autor sabe que será real, sino sólo decirlo bellamente. Los que lo pueden entender lo entenderán, los otros, no lo entenderán nunca. Todo está escrito allí, en 1933. Así son los sabios, los magos, los profetas.

Me resistí a la tentación de citar algunos pasajes del libro. Hubiera sido una falta de respeto, porque todo el libro es una sola cita. Confieso que me corrió un frío por la espalda al releer algunos párrafos. Una cosa es aventurar que algo va a ocurrir, y otra cosa es verlo frente a nuestras narices, exactamente como alguien lo anticipó, hace ya setenta y cinco años.

Todo lo que se gesta en la historia es algo que los adelantados a su época dicen que va a pasar, y casi nadie los escucha. Luego, los hechos aparecen en la realidad, y todos se miran entre sí sin saber qué hacer.

Vemos que la mayoría de la descendencia europea son personas por lo general más preocupadas por el modelo de sus automóviles que por sus propios hijos, si es que los tienen, ya que tener hijos afecta su nivel de vida y a su hedonismoSon unos soberbios desagradables, convencidos que su tarjeta de crédito es el pasaporte al paraíso.

Las clases medias son todavía, en Europa o en América del Sur, en su mayoría de origen europeo, y ésa es la trampa, el vaciamiento y la traición, porque se han convertido en gente sin voluntad de nada que no sea consumir y girar en la rueda de la economía capitalista, porque piensan que ellos van a girar siempre con ella.

Abandonaron toda la historia de sus antepasados, por la tarjeta de crédito y un automóvil, y por otras cosas peores; pero hay algo que ellos no saben, y es que aún para conservar ciertos beneficios materiales, se necesita la capacidad de defenderlos, y esa capacidad, ya casi ningún descendiente de europeo la conserva. Tienen el dinero vacío que el sistema les da, pero lo perderán como perdieron todo lo demás. Sólo les funciona la cabeza para hacer unos numerillos que en el fondo los angustian, porque están llenos de incertidumbre, y para alejarla, se despiertan un día, enamorados de Obama, repitiendo que un mundo mejor ha llegado, y que a ellos nunca les va a pasar nada.

Ellos están siempre prontos a convertirse en cualquier cosa, para mantenerse a flote, pero para eso, uno tiene que ser admitido, por esa otra cosa en que se ha convertido.

Sudamericanos más blancos que muchos europeos actuales se convierten en indios, se arrastran, se disfrazan, pero quizá los indios no los quieran como amigos, sino como esclavos.

Los españoles pueden disfrazarse de “subsaharianos”, como se les dice ahora culposamente a los negros, pero puede ser que los negros no quieran, sino vengarse de los blancos, aunque los esclavistas fueran empresas mixtas de cazadores negros y corsarios blancos, que operaban en común, con la misma mafia comercial que luego explotaría a los obreros blancos.

Los franceses pueden ser todos progresistas, pero los descendientes de argelinos musulmanes no quieren progresistas, sino mandar ellos según sus propios principios.

Todos los europeos y su descendencia tendrán que pagar caro ser lo que sonNo importa que un grupo de financieros y capitalistas de diversas razas —y no ellos— hayan sido siempre el real motivo de la explotación del hombre por el hombre.

Cuando los mercaderes vivían en Europa, eran llamados opresores, cuando trasladaron sus bases a otros continentes, y no tienen nada que ver con la verdadera Europa, todo parece estar bien. La injusticia de otros, puede considerarse parte de la revancha de las razas oprimidas, porque el racismo ha establecido que la raza blanca es deleznable en su conjunto.

No es el caso analizar ahora si los mercaderes y banqueros de la historia fueron negros, semitas o asiáticos, además de blancos, el caso es que el nuevo racismo está instalado, y es el más viejo del mundo,es el racismo de los revanchistas y de los resentidos, al servicio del poder global.

Pero recuerden los descendientes de los antiguos europeos que si bien pueden usufructuar todavía las bondades del capitalismo, no es eso lo que los diferencia de otros hombres; claro que viviendo bajo el igualitarismo de la ideología dominante lo habrán olvidado.

En el futuro, seguramente otros disfrutarán en su lugar del capitalismo, por ser más ordenados y eficientes, más astutos, o mejores esclavos, o simplemente por mantener una voluntad de lucha, incluso mediante la violencia desnuda, como la vemos hoy en las calles de cualquier ciudad del mundo.

En el futuro, los vacíos, los blandos, los consumistas progresistas, los blancos defensores de la ideología del automóvil último modelo, de la tarjeta de crédito, de los racismos ajenos, y de la revancha de los pueblos oprimidos, tendrán por fin su merecido por haber abandonado su destino trascendente, pero ya será tarde para reaccionar:perecerán del mismo modo materialista, vacío y miserable en que han elegido vivir.

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dimanche, 14 décembre 2008

L'âge de la pornophagie

L’ÂGE DE LA PORNOPHAGIE


pornographie « Il y a eu le développement d'internet, l'accès facile à des scènes pornographiques, le fait que les jeunes peuvent se filmer avec des téléphones portables en train d'avoir des relations sexuelles reproduisant ces scénarios. Sans qu'aucun adulte ne leur dise que le porno, ce n'est pas la réalité, que l'acteur joue, qu'il est dopé. Il fallait donc se demander ce qui avait changé pour qu'une petite minorité croissante de jeunes se comporte de cette manière. Des études sont en train d'être menées, notamment sur le contenu des téléphones portables. A Zurich, elles ont démontré que 60% des garçons interrogés, mais aussi 40% des filles, détenaient de la pornographie. (...)


Certaines valeurs, en particulier le respect de l'enveloppe charnelle, peuvent être altérées chez des individus n'ayant pas les outils et les accompagnements nécessaires pour gérer ce type d'images. Un certain nombre de garçons se mettent en scène comme de véritables machos. Et certaines filles consommant du porno adoptent cette image. Elles se considèrent comme un morceau de viande, un consommable.


Je parle dorénavant de pornophagie. Il y a une cinquantaine d'années, la pornographie était relativement confidentielle. Des hommes allaient au sex-shop pour en consommer. Avec l'apparition du magnétoscope et des cassettes vidéo, le porno est entré dans les foyers, l'homme l'imposant à sa conjointe. Actuellement, avec internet, il y a suroffre. On surconsomme, ce qui mène à la surstimulation, puis au mimétisme… (...) Il s'agit d'une sexualité désincarnée, sans amour. Le viol est relativement rare entre adolescents. Souvent, la fille acceptera ce que les garçons lui imposent, pour se faire adopter par le groupe. (...) On est dans une sexualité débridée, car exempte de valeurs. C'est le modèle du macho et de la salope sur MTV. (...) Pour voir quelle était la place de la pornographie chez les jeunes, je me suis intéressé à ce qu'ils achètent : du rap. Sur internet, j'ai trouvé des centaines de groupes de rap utilisant des actrices porno pour tourner des clips ! Le porno est devenu un argument marketing sur le marché jeune, ça fait vendre. (...)


Beaucoup de jeunes transportent en outre sur leur téléphone portable des images de pornographie illicite. Récemment dans le district de Boudry, trois mineurs arrêtés détenaient une vingtaine de films, dont la moitié contenaient des actes de torture ou de zoophilie. (...) Pourquoi ne pas mettre la pression sur les providers internet, afin de les contraindre à mettre à disposition de leurs clients des abonnements familiaux, avec des filtres installés automatiquement afin d'éviter les contenus pornographiques ou violents ? »



Olivier Guéniat, chef de la police de sûreté neuchâteloise, interviewé par L’Express, 21 novembre 2008

mardi, 02 décembre 2008

Désolante uniformité idéologique du paysage médiatique contemporain

La désolante uniformité idéologique du paysage médiatique contemporain

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Une citation tirée de La double pensée de Jean-Claude Michéa (Champs Flammarion, 2008) :

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"[L'] uniformité idéologique [du paysage médiatique contemporain] atteint son degré d'intensité maximal chaque fois que les institutions capitalistes sont confrontées à une menace réelle (par exemple lors des référendums sur le traité de Maastricht et sur le projet de Constitution européenne), ou même simplement fantasmée (par exemple lors des élections présidentielles d'avril 2002). Le synchronisme absolu des commentaires politiques, l'ampleur des mensonges diffusés et l'inévitable mobilisation des artistes officiels peuvent alors être comparés, sans la moindre exagération, à la propagande normale des Etats totalitaires. C'est d'ailleurs dans ces moments privilégiés - quand chacun est tenu de hurler avec les loups et que les derniers masques tombent - qu'on peut se faire une idée précise du courage personnel, de la probité intellectuelle et de la valeur morale des professionnels des médias et du spectacle."

lundi, 20 octobre 2008

The Paris Hilton Syndrome

The Paris Hilton Syndrome

by Welf Herfurth (http://www.newrightausnz.com )

This article concerns something that receives little attention from nationalists: celebrities and popular culture, and their influence on both our liberal democratic system and our consumerist society. More specifically, it concerns the role of women in our liberal democracy and popular culture. This subject matter is very much part of our lives: one cannot avoid the celebrity trash gossip magazines, American TV shows, and the role prominent women in our liberal democracy (such as Hilary Clinton). Moreover, our economy relies, to a great extent, on both consumerism – especially a consumerist lifestyle promoted heavily to women, through advertisements and celebrity culture – and female labour.

From a political view, does any of this matter? Do the antics of Paris Hilton, Britney Spears and Lindsay Lohan matter? Did Princess Diana matter? A person with an old-school, left-wing point of view would say, ‘No’. The fetishisation of celebrity women in our culture is a symptom of the fetishisation of capitalist consumer commodities. Once capitalism is abolished, the only women who will appear in advertisements, films and the like will be female communist role models – factory workers, rice paddy farmers, mothers bearing socialist babies and the like.

After the advent of the New Left, the analyses – of images of women in a capitalist society, as expressed through popular culture – became a little more sophisticated. The stern Soviet and Maoist bromides became somewhat old-fashioned, and the neo-Marxists argued that there was something deeper going on.

Here I will be taking an approach similar to that of the New Left – but will drawing upon Evola instead of Marcuse. Bill White, before his Nutzi phase, used to write some intelligent articles. One of them was on the subject of women in American popular culture, and used some Evolian concepts. (Unfortunately, it is no longer available on the Internet). Evola, I think, is a thinker who is the most suitable for this sort of thing. After all, many of his ‘spiritual types’, or ‘races’ (as he defines them) possess masculine and feminine characteristics. In essays like ‘Do we live in a gynaecocratic society?’ (1936), he said nearly all there is to be said on the subject. The present article will add little to the discussion – much of what Evola has written has yet to be surpassed – but the articles from the 1930s and 1940s are lacking in that they are out of date. They appear dated because Evola did not live in our age – the age of Angelina Jolie, ‘Buffy the Vampire Slayer’ and the Hilary Clinton presidential campaign bid.

1. Evola’s spiritual types

Evola’s work, as readers familiar with him know, defines a number of spiritual types, which are known to us through myths, religious texts, folklore and the like. Evola believes that these contain metaphysical truth – and that the task of the Traditionalist scholar is to interpret them. He regards descriptions of ancient events in the Bible, for instance, as history which is literally true – that is, accurate descriptions of the metaphysical states of affairs.

Evola often begins his narratives of ‘metaphysical history’, of the various ages of the metaphysical development (or, in his view, degeneration) of man, by positing a primordial ‘solar’, ‘Uranian’ spirituality, which is followed, in time, by the appearance of ‘Demetrian’, ‘Titanic’, and ‘Amazonian’ spiritualities (among others). It is the Amazonian spirituality which we shall first examine here.

The Amazonian spiritual type represents an interesting combination of both male and female spirituality. To Evola, Amazonian is both a reaction and a transmutation. ‘Demetrian’ spirituality is feminine, maternal, egalitarian, pacifist, collectivist – the closest there is to modern day pagan worship of ‘Mother Earth’ and the New Age cults. (Possibly, there is a link here to modern environmentalism as well). In contrast to this, there is the coarse ‘Titanic’ spirituality – cruel, masculine, militarist, phallic (in a purely physical way) and forever seeking after the higher, spiritual state as represented by the ‘Uranian’ and ‘solar’ spirituality. (There are several myths of giants and other demonic races who sought to attain the ‘solar’ spirituality by force – by storming Mount Olympus and so forth – and being punished by the Gods for their impudence). Amazonianism is a reaction against the coarseness of the Titanic spirituality, and is a defence of the virtues of Demetrianism. In Evola’s narrative of metaphysical history, the two rival spiritualities – the ultra-female Demetrian and the ultra-masculine Titanic – clashed, and produced a feminine spirituality which was not quite one or the other. Amazonianism is feminine, all right, but has taken on assertive, masculine and warrior characteristics. (Evola, of course, has nothing against militarism and the warrior: only the expressions of militarism without a higher, ‘solar’ spiritual aspect. The militarism of the Titanic spirituality is militarism devoid of any transcendent spirituality: it is the use of force only to attain purely material goals).

This Amazonianism is prevalent today. As Evola writes:

The woman often asserts her primacy in new ‘Amazonian’ forms. Thus we see the new masculinised sportswoman, the garconne, the woman who devotes herself to the unilateral development of her own body, betrays the mission which would be normal to her in a civilisation of virile type, becomes emancipated and independent and even bursts into the political field. And this is not all. (‘Do we live in a gynaecocratic society’ (1936), translation copyright © 2003 Thompkins and Cariou).

2. Amazons go pop

One can say that those tendencies identified by Evola in 1936 continued into the modern age. Indeed, to look at the popular culture of the last ten or so years, we can say that we are living in the age of Amazonianism. Women warriors abound: killer cyborgs, fighter pilots, deadly martial artists, female soldiers… One only has to think of Lara Croft, television shows like ‘Xena: Warrior Princess’, the remake of ‘Bionic Woman’, ‘Buffy the Vampire Slayer’, ‘Battlestar: Galactica’ (in which every single female character is an Amazon of some kind), ‘Dark Angel’, films such as ‘G.I. Jane’ (a 1997 film which was a portent of the future), ‘Kill Bill’, ‘Charlie’s Angels’… Even Guinevere, a more Demetrian figure, was reinterpreted as a bow-wielding Amazon-type in the 2004 film, ‘King Arthur’. (Of course, there are plenty of films and TV shows from the recent past with women warriors – there is ‘Barbarella’ (1968), the sixties British TV series ‘The Avengers’, the seventies version of ‘Bionic Woman’, Sigourney Weaver in ‘Alien’ (1979) and its sequels, the Afro-American kung-fu heroines of the seventies Blaxploitation films, the Linda Hamilton character in ‘Terminator 2’ (1991). There are also the multitude of heroines in American comic books. But it is only recently – in the past ten or so years – that the Amazonian woman warrior has reached the forefront).

Now, I am not such a prude that I dislike all American popular culture. I have enjoyed at least a few of the above films and TV shows. But the striking thing is their unreal depiction of women. A reviewer of ‘Charlie’s Angels’ (2000) at the Vanguard News Network site acerbically noted that the film simply wasn’t real: no amount of martial arts training, and psychological ‘positive thinking’, could give women the physical strength to overpower a man in a fight – it simply doesn’t happen. They do not have the strength, or the aggression. He cited an anecdote of an incident he witnessed in a parking lot, where a man was berating a woman for her poor driving manners. The woman was twice the man’s size, but put up with the man’s tirade and nodded meekly before climbing back into her car. In a ‘Charlie’s Angel’-type universe, she would, of course, given him a roundhouse kick or thrown him over her shoulder in a judo manoeuvre.

We all know from real life that female aggression is the exception and not the rule. War is a man’s business, and it is men who do most of the fighting (and dying) on the battlefield. True, there were female communist soldiers in the Vietnam War, and in the Soviet Union’s so-called ‘Great Patriotic War’: but again, these are exceptions.

So why is it, then, are women, in today’s action-based films and TV shows, increasingly depicted as flying fighter jets, kickboxing, shooting, breaking necks, etc., like men? Why are there women who are portrayed as having inhuman physical strength – a strength which exceeds that of the male characters (e.g., the superwomen in ‘Buffy’, ‘Xena’, ‘Battlestar’, ‘Bionic Woman’)? They are often shown bending steel bars, terrorising hapless male characters, and engaging in protracted martial arts contests with other warrior/killer women – all the things that men, or at least the men in the absurd pop fantasy world, should be doing.

Popular culture is all about fantasy – a character like James Bond, who is a connoisseur of fine wine, food and clothes, a great lover, a successful gambler, an unbeatable action hero – appeals to male fantasies. Possibly, the new wave of women warriors appeals to female fantasies. That is, the women who like these films and TV shows have wanted to do these sorts of things, but now, under the aegis of feminism (which teaches that women can be equal to men in every way), they can see those fantasies put up there on the big (or small) screen.

Nationalist writers who have touched upon the subject usually blame it on a conspiracy – a conspiracy, by the writers, directors and producers of Hollywood, to turn women into men, to masculinise them. Usually these analyses are couched in white nationalist terms: the white race is dying, and needs more children; but, because of feminism and other modern ills, white women are not reproducing enough.

Western popular culture, which is tremendously influential, certainly encourages ‘feminist’ childlessness. One can think of a few of the female warrior characters mentioned above who do have children – e.g., the Uma Thurman character in ‘Kill Bill’ – but childlessness, and the absence of the comforts of the hearth and home, are the rule. The women characters lead a transient life of adventuring, and children, husbands, mortgages and homemaking only serve to get in the way. (A hit single from the ‘Charlie’s Angels’ soundtrack was, appropriately enough, titled ‘Independent Woman’).

Whether or not white women are staving off pregnancy, in order to imitate the feminist pop icons, is beside the point. Likewise, it is beside the point whether or not white women should be bearing as many children as possible (and Evola would be vehemently against that notion). The point is that we are seeing an eruption of Amazonianism. Why?

Many white nationalists would blame it on the ethnicity of the group which controls Hollywood and the American TV studios, record companies, etc. – this group, they charge, wants to ‘Destroy the white race’ through promoting feminist childlessness, and race-mixing. Evola’s interpretation, in contrast, is that the explanation is metaphysical: we are living in a dark age (what he calls the Dark Age) which is seeing the eruption of spiritualities which are the negation of the Uranian, solar spirituality that he favours most. In other words, pop-culture Amazonianism is merely a sign of the times, and there is no one ethnic group foisting it upon us. It is an explanation I myself tend to agree with.

I should note here that a recent trend in the celebrity news media is to dwell obsessively on celebrity pregnancies. The media is in a frenzy of speculation over whether or not Nicole Kidman, or whoever, is pregnant, and stars who are already pregnant receive maximum news coverage. Certainly, 2007 was, in the world of the trash media, the Year of the Pregnant Celebrity. Which has drawn protestations from some female journalists, who complain that the trash media seems to think that the pregnancies of these celebrities is more noteworthy than their artistic accomplishments. (I myself think that the artistic accomplishments of the majority of both male and female celebrities in the 2007 were not very noteworthy, myself – so maybe celebrity pregnancies make better copy than anything Kidman, Heath Ledger, Naomi Watts, Russell Crowe and the rest have done this year).

Related to this is the practice of celebrity adoption, particularly the adoption of children from the Third World. Madonna and Jolie have adopted children from Africa, and, in Madonna’s case at least, have removed the child from its birth parents. Africa, of course, is portrayed in the Western media as a continent wracked by war, poverty, famine, corruption, repressive government, and barbaric sex crimes. And, what is more, Westerners – who are, in the liberal democratic discourse, citizens of a globalised world – are obliged to take care of Africa’s problems, through aid and peacemaking efforts, but also through adopting orphans from Sudan or wherever, and giving them ‘a better life’ in the West. Certainly, to judge by their actions, the Madonnas and Jolies seem to think that way. (Likewise, immigration of Africans, on humanitarian grounds, is another form of aid. That is, African immigrants from war-torn, oppressive countries, have the ‘right’ to a life in the West, to share in its abundance and prosperity).

3. Aphroditism and consumerism

It is a fact that women are very big consumers of luxury consumer goods: that is, consumer goods that we could easily live without – expensive clothes, shoes, home furnishings and the like. Any man who has ever leafed through a woman’s magazine, or watched a TV program on woman’s beauty ‘needs’, would draw the conclusion that women’s inner thought processes revolve largely around hair and skin care, makeup, diets, the prevention of ageing, makeovers, ‘looking good’ by buying the right clothes and shoes (and wearing them the right way) and the like. In comparison, men seem to pay little attention to these things: advertising aimed at men, for instance, gives the message that men are creatures whose sole preoccupations are beer, sport, cars and DIY home repairs.

My own conclusion is that the advertisers, magazine editors and others are largely correct: the vast majority of men, and women, are interested in those subjects, almost to the exclusion of anything else. I say this because those advertisers, manufacturers of luxury consumer goods, etc., would hardly be able to make a living otherwise, and they do – the market for women’s rejuvenating skin creams, for instance, is huge. Partially, this is all a result of living in a technologically-advanced society where machines do much of the ordinary, hum-drum chores of the household for us. Traditionally, women in the past had to look after the house, and attend to the domestic chores. But they did not have the labour-saving, and time-saving, devices that we have now. Food had to be consumed quickly because there no refrigerators; washing had to be done by hand. Children had to be looked after, with direct supervision, and now the TV functions as a babysitter. Because of automatic dishwasher, the washing machine and all the other domestic labour-saving devices, women who stay at home become bored, and tend to go shopping to relieve that boredom. Which is natural: many shopping malls are pleasant places, and buying a new consumer item – especially a luxury – can generate its own short-lived ‘high’, just like a cigarette, a cup of coffee, or a win at a poker machine. As a result, the instinct which leads a mother to provide for her children, the hunter-gatherer instinct, is inverted, and turned towards consumerism. And, for adolescent girls, spending on luxury items becomes a competition, fuelled by peer-pressure. They feel compelled to keep up with the likes of Paris Hilton – but do not have the means to keep up, i.e., Hilton’s inexhaustible wealth.

In addition to shopping-mall consumerism, another pleasure is the celebrity gossip magazine, covering the dreary trivialities of the lives of Angelina Jolie and Brad Pitt, Tom Cruise and Katie Holmes, and the rest, and the latest sordid escapades of Britney Spears and Paris Hilton. Princess Diana continues to generate news stories almost daily, even though she has been dead for ten years, and obviously, there is a market for every new scrap of information about her. (Incidentally, in my own experience, the majority of people interested in the British Royal Family are female).

The reason why such figures generate such fascination among women is vicarious identification: or rather, women want to be like Angelina Jolie and Princess Diana – they want that money, that luxurious lifestyle, the clothes, mansions, expensive holidays in luxury resorts, and affairs and marriages with handsome wealthy men. They also want to have their cake and eat it, too: that is, they want that lifestyle, and children – hence the media obsession with the pregnancies of wealthy female celebrities. All of this represents an escape from the routine, budget-restricted life: and the fact that the grass is always greener.

There is also an element of drama in the lives of these celebrity women, and danger: did Katie Holmes marry a Scientologist nutcase? Will Brad return to Jennifer Aniston and abandon Angelina? What does Kate Moss see in the out-of-control drug addict Pete Doherty? Will Victoria Beckham drop dead from an eating disorder? The media constantly focuses on scandal, infidelity, marriage troubles, anorexia and obesity, and general drama of all kinds – and where there is no drama and scandal, the media invents.

To a certain extent this is natural. Often, more politically-correct observers are surprised by the extent of two things: a) women’s tendency to place other women on a pedestal (e.g. Princess Diana, Jacqueline Onassis, Elizabeth Taylor, Princess Grace of Monaco and other celebrities, who exist on a hierarchical plane far above the masses); and b) women’s appetite for luxurious consumer goods. One has to recall the socialist ‘queen’ of Argentina, Evita Peron, a beautiful woman who clothed herself in expensive furs, wore expensive jewellery, etc. A true socialist should never do such things, but Evita was wildly popular with her constituency - impoverished, lower-class women - who approved of Evita’s ostentatious displays of wealth and conspicuous consumption.

Even though we live in a liberal democratic society, the masses still seem to feel the need for royalty, or at least, elevated figures of great wealth, beauty and refinement.

Vicarious identification, and wish-fulfilment, is at the heart of the fascination with the likes of Jolie and Princess Diana. But what of Lohan, Hilton and Spears? No woman would want to be like them, surely? I say this because these women are the unfortunates of the celebrity world: they are always in trouble, always having trouble with husbands and boyfriends, always going on self-destructive, booze- and drug-fuelled rampages (which often lead to arrest). And, not to put a fine word upon it, they are trash – they lack class.

For all her money, Britney Spears is trailer-trash, a lumpenproletarian who celebrated her wedding to the hip-hopping Kevin Federline with a wedding reception at KFCs. In addition, both Spears’ and Lohan’s careers are in decline: I know, from reading the entertainment pages, that Spears’ new album was outsold by a new release by the Eagles, and that Lohan is virtually broke from spending her wealth on drugs, dresses, extravagant holidays, houses, etc. No doubt many women envy the wealth of Hilton, Lohan, Spears (and that of a comparatively minor, but equally self-destructive celebrity, Amy Winehouse); but few would envy their lives. And then there is the question of sexual morality: conventional, conservative sexual morality – which still governs much of our lives – frowns on Hilton and her pornographic videos, etc., and certainly would not approve of a woman in real life who mimicked her behaviour, and that Lohan and Spears.

All of this is a kind of rebellion. But, instead of being a political rebellion, it is an individualist one. The energies that would be channelled into activism are now channelled into consumerism, escapism, and debauchery.

In my view, the cult of Lohan, Spears and Hilton is a symptom of what Evola calls ‘Aphroditism’. As Evola writes, in a rather sensationalistic passage:

Baumler wrote this, in the introduction to the already mentioned selected writings of Bachofen: “In the streets of Berlin, Paris or London, all you have to do is to observe for a moment a man or a woman to realise that the cult of Aphrodite is the one before which Zeus and Apollo had to beat a retreat…The present age bears, in fact, all the features of a gynaecocratic age. In a late and decadent civilisation, new temples of Isis and Astarte, of these Asian mother goddesses that were celebrated in orgies and licentiousness, in desperate sinking into sensual pleasure, arise. The fascinating female is the idol of our times, and, with painted lips, she walks through the European cities as she once did through Babylon. And as if she wanted to confirm Bachofen’s profound intuition, the lightly dressed modern ruler of man keeps in leash a dog, the ancient symbol of unlimited sexual promiscuity and infernal forces”… Woman and sensuality often become predominant motifs almost to a pathological and obsessive degree. In Anglo-Saxon civilisation, and particularly in America, the man who exhausts his life and time in business and the search for wealth, a wealth that, to a large extent, only serves to pay for feminine luxury, caprices, vices and refinements, has conceded to the woman the privilege and even the monopoly of dealing with ’spiritual’ things. (‘Do we live in a gynaecocratic society’ (1936), translation copyright © 2003 Thompkins and Cariou).

This explains, to my mind, the cult of Lohan, Spears and Hilton – trashy women who lead opulent lifestyles, who have public affairs, make pornographic films and who, despite their lumpen-esque behaviour, still occupy a privileged place in our society. They are like the pagan priestesses of the Venusian cults of the ancient world. (It can be said, too, that the explosion of pornography (and nudes in advertisements at newspaper stands, billboards and the rest) in the modern age, especially Internet pornography, is another sign of the resurgence of the cult of Venus, so to speak).

Men are the biggest consumers of all this pornography. But this is precisely the point: they are bound, spiritually, to this cult of Aphrodite, as manifested through ubiquitous pornography, nudity in advertising, etc., which has been created by other men (usually in the United States). They wallow in decadence while their countries, politically and economically, go to ruin. The situation is not so different from that of Germany in the time of the Weimar Republic, when the young men of Germany indulged in ‘Aphrodisian’ sensuality instead of defending their country against communism, and working to fix their country’s myriad foreign policy and economic problems.

4. Women in politics

The reader may point out that here I have neglected to examine another form of Amazonianism: the rise of the woman Statesman. At the time of writing, Hilary Clinton is making a bid for the White House – and many liberal feminists are supporting her campaign, regardless of what her actual policies are, because they feel that ‘It’s time for a woman president’.

Margaret Thatcher and Indira Ghandi were two women who set precedents for women being Heads of State (and it is no coincidence that Thatcher’s propagandists compared her to the British warrior queen, Boudicea, a decidedly Amazonian figure who will soon have a Hollywood film, in the style of ‘King Arthur’ (2004), made about her). But more interesting is the role that women play in getting male politicians elected. As 50% of the electorate, they play a vital role, of course: but they also, as wives and partners, play a role in motivating men to run for office. One only has to look at the instrumental roles Cherie Blair and Hilary Clinton played in elevating their respective spouses. Some wives, like the former Australian prime minister John Howard’s wife, and George W. Bush’s wife, seem to play a minimal role; others, like Cherie Blair, Hilary Clinton and wives of despots such as Marcos and Suharto, are a driving force.

This is natural, to a certain extent. Wives and female partners often tend to encourage their spouses to achieve more, to do more with their lives, to obtain the respect that they rightfully deserve (‘How could you let x work colleague speak to you like that?’), to occupy the station in life that they truly deserve. There are many examples from literature and popular culture (Lady Macbeth being one of the most famous). To a certain extent, this is all healthy, and the consequences are not always as evil as in the cases of Blair, Clinton and Macbeth.

Part of the problem in nationalism is not merely the lack of female members, but the lack of female members who are driving forces in men’s lives. Instead of constructive political activism, many men use nationalism as an excuse for drunken get-togethers, where the conversation consists of complaints about the behaviour of certain ethnic minorities. Without motivation, without the desire for success and achievement in politics, and all the appropriate skills for success, professionally and in the community, nationalists will accomplish little. They will also fail to attract admiring, supportive spouses.

And this, I think, is one of the many reasons why women are not attracted to nationalism (at least in the Anglo-Saxon countries): they see little in the way of material and social benefit. A woman who is a former trade-union lawyer can achieve a great deal of success in the Australian Labor Party, by simply mouthing all the things that the unions want her to say; but a similar career path, leading to similar success, is not available in nationalism – either for a woman or her spouse.

Having said that, an increase in the number of women members will not cure all ills. One only has to look at the Australian communists, who attract plenty of young women, all right – but women who are, in my experience, bitter and twisted because they feel persecuted against and discriminated against because of their sexual orientation.

One of the other things that women find unattractive about nationalism is, I think, its emphasis on women’s role as the progenitors of the white race – specifically, their responsibility as progenitors – brood mares, so to speak. (Both fascism and communism, historically, tended to laud women as child-bearers, homemakers and housewives. Nowadays, of course, women see this as too limiting). While, of course, the majority of women will end up having children at some point in their lives, there are metaphysical types – or what Camille Paglia calls ‘sexual personae’ – besides The Mother. (Indeed, the image of woman in nationalist propaganda, especially white nationalist propaganda, is often evocative of Demetrian spirituality – the exception being, of course, that the Demetrian, lunar mother type in nationalist propaganda is racialist.

Demetrianism is egalitarian, rejects hierarchy, and treats all people and all races as being equal. Nationalism, of course, does not reject hierarchy, and makes distinctions between the races. Its propaganda emphasises that it supports the notion of white motherhood, not motherhood in general). Nationalists should, I think, try and give women more options – and not restrict the role of woman to The Mother. After all, we nationalists do not want to produce another generation of bored housewives like those of the fifties, sixties and seventies, who resorted to anti-depressant pills and other legal drugs to relieve their boredom.

The solution? We do not want go down the communist route – communist ideology draws on Amazonian imagery (e.g., women as soldiers, factory workers in overalls and the rest). At the same time, it should be pointed out that fascism, historically, while championing the role of woman as mother, also possessed a modernist, feminist tinge (often overlooked by hostile communist and liberal commentators), making icons out of Amazonian figures like Leni Reißenstahl and Hanna Reitsch. Fascism owed its successes in winning the support of millions of Europeans, and many European women, because, I think, it was flexible in its ‘party line’ when it came to women.

5. Masculinity in nationalist politics

I was discussing the contents of this article with a friend of mine who is a nationalist intellectual and who writes articles for nationalist publications. I mentioned that I would touch upon the subject of Amazonianism in popular culture. Inevitably, we started talking about a related issue: the subculture of male ‘nerds’ in the West who are vociferous consumers of American pop culture (especially with a science-fiction or fantasy theme): e.g., films, television shows, comic books, manga, anime, role-playing games, computer games and the rest.

These men, who are often physically out of shape and badly groomed, seem to live in a world of pop fantasy which is completely disconnected from reality. They seem to have little interest in politics or anything else that happens in the real world. They also have little interest in anything which is part of the tradition of ‘high’ Western culture (that is, novels, films, plays, operas, paintings, sculpture which is not mass-produced American or Japanese junk). If a film does not have a science fiction or fantasy theme, they will not watch it: trying to sell them on the virtues of classic filmmakers, such as Godard, De Sica, Jean Renoir, for instance, is a futile task.

In the West, the phenomenon of ‘nerdism’ is ever increasing. From a nationalist standpoint, nerdism is harmful: it is, in fact, a selfish form of consumerism, of liberal individualism, which is about as bad as Paris Hilton, indiscriminate credit-card driven consumerism – in fact, it is probably the male equivalent. Young, impressionable women waste huge amounts of disposable income on shoes to increase their physical allure; young men, ‘Warhammer’ figures, to retreat from traditional masculine imperatives like finding a mate. (A young man playing a ‘World of Warcraft’ game can be transformed into a hero – that is, a hero on the Internet. In this, they are not so different from the ‘keyboard commandoes’ of nationalism, who are heroes on the Internet, but politically ineffectual in real life).

Again, I am not being prudish here: games like ‘World of Warcraft’ and the like are fun. But these young men are concentrating on these mass-produced entertainments to the point of excluding everything else; and, if they do not concentrate on some of the other problems afflicting our civilisation – e.g., the demographic threat posed by immigration – they will, in the end, have no popular culture entertainments left to enjoy. (E.g., the actors in any upcoming fantasy epics will all be non-white; traditional European themes, based on medieval European, and Celtic and Teutonic folklore, will be replaced by Hindu or African ones).

So how do we attract such young men to nationalism? Well, the problem is just that: how to attract them. Why should they want to be nationalists?

The answer is, I think, by appealing to a sense of heroism. Nationalist ideology, at its best, rests on, among other things, confrontations and glorious struggles against our enemies (who are, more often than not, the communists). Nationalist man is very much a heroic, martial man: someone brave enough to march down the street, in a demonstration, and stand side by side with his comrades, waving a nationalist flag and enduring the jeers, screams and provocations of the assembled communist Left who seek to ‘smash fascism’ by smashing him, physically. Martyrs in the nationalist canon, like Daniel Wrestström, are glorified – just like Boromir in ‘Lord of the Rings’. (More than a few observers have pointed out the correlation between nationalist ideology and epic fantasy – in particular, their glorification of daring, heroic feats). Nationalism, too, has a place for the physically slight men who are not street fighters – men like Goebbels, John Tyndall and William Pierce – who function as agitators, writing politically provocative speeches and articles, an act which, in our present age of politically-correct anti-free speech laws, carries its own risks. One can say that it takes a certain type of man – a man with guts – to want to become a nationalist. And this, I believe, is how one can appeal to the nerds: by offering them, like the army recruiters of old, the prospect of a life of excitement and danger (while hoping, of course, that none of them meet the end of the unfortunate Daniel Wrestström).

6. The Traditionalist rebellion

Fascism, and much of post-war nationalism, has always promulgated the one metaphysical type: the ‘heroic’, ‘solar’ type of spirituality. In Evola’s writing, the heroic spiritual type as an attempt to regain the primordial Uranian and solar spirituality, lost after the successive waves of distortions and deviations of previous epochs. The heroic epics of Hercules, Gilgamesh and others describe spiritual journeys – not mere adventures – which are quests for that lost, solar spirituality. It is masculine – Evola uses the term virile to describe it – but not the coarse, phallic masculinity of the Titanic type.

Now, this brand of metaphysics is bound to appeal to men in the current age, which is very much a feminised age. I am not talking here of the proliferation of Amazonianism in pop culture, or Aphroditism, etc., but in the structure of our economy itself.

I once read a statistic (which I am unfortunately able to find again and reproduce here) that most of the hundreds of thousands of jobs created in Australia in the last ten or so years have gone to women. Anecdotally, this seems to be the case: in our everyday dealings with the banks, the electricity companies, government agencies like the educational institutions, the hospitals, social security, the Road Traffic Authority and the like, are staffed by young (20s, 30s) white-collar women, who are (again, statistically) more likely than not to be single. Our lives, in the West, have become bureaucratised, thanks to the proliferation of government red tape, rules and regulations for everything, and most of the bureaucrats one encounters in one’s daily dealings with the banks, government institutions and the like, are, more often than not, from this class of young white-collar women.

So men are bound to encounter ‘bureaucrats’ of this type, again and again – dealing with bureaucracy is inevitable in today’s world – and certainly, this must have a demasculinising effect on men over the long term, especially given that our conventional morality tells us that it is a man’s responsibility (and a man’s alone) to support his wife and his children. That, of course, has changed, with the rise of the single-parent household: but the perception that a man has these moral responsibilities still lingers, and certainly, I know many men still have them. And the question is whether having households without fathers – in Australia, we have 750,000 people on sole parent’s benefit, the majority of them being female sole parents – is, socially, good or not. I myself would say no.

So why are there so many women in employment? The answer is, economics – or at least, the economics of the post-1970s period. The inflation of the 1970s - following the break-up of the Bretton Woods system of the gold standard and fixed exchange rates – led to an economic deterioration which was so widespread, and so ruinous, that men were unable to support their wives and children on one wage, as they did in the 1950s and 1960s. So women were forced to go out and work.

The solution to the problem is, of course, economic. In economist’s jargon, we need to increase the capital-labour ratio in favour of labour: that is, capital, invested in the market, has to become plentiful in comparison to labour. A bidding war for workers, between rival capitalists, will begin, and wages will go up – which will enable men to support wives and children on one income again. (That is, of course, that single income will be enough to pay for high house prices (for houses located near the city centres) and the modern consumerist lifestyle. Some would say no, and that a two-income household is necessary to meet such demands).

But, of course, such a solution is nowhere insight, especially given that incompetents today are in charge of running the economies of the West, as evinced by declining share market values, inflation, high interest rates and all the other ugly economic phenomena.

In the meantime, until the economy is fixed once and for all (and I myself am convinced that, under the system of liberal democracy, the economy will never be fixed, i.e., it will never benefit the good of the wider population but only to big business and its shareholders). Instead of purely economic solutions, we need nationalism of the kind described above – one that resurrects the imperial, solar and ‘virile’ virtues, in defiance of the present depraved age of Aphroditism, Amazonianism and all the anti-Traditionalist spiritualities. Nationalism becomes an act of rebellion.

Subconsciously, I think, the masses are Traditionalist: the ‘solar’ virtues are what the men and women of the West want. So we nationalists must be prepared to give ‘heroism’, in Evola’s sense, to them.

*Welf Herfurth is a political activist who lives in Sydney / Australia. He was born and raised in Germany. He can be contacted on herfurth@iinet.net.au

mercredi, 15 octobre 2008

Chers imposteurs...

Chers imposteurs... Onfray, Lévy, Sollers, Sarkozy et les autres...

Présentation de l'éditeur

" Pourquoi avoir titré ce pamphlet Chers imposteurs ? Tout simplement parce que je connais bien, parfois même très bien, mes principales "cibles", qu'il s'agisse de Michel Onfray, Bernard-Henri Lévy, Philippe Sollers ou Nicolas Sarkozy. Ils ont en commun - chacun à sa manière et à son niveau - d'incarner d'une part le déclin des intellectuels, d'autre part un phénomène de plus en plus aveuglant: la déculturation galopante de notre société. Certes, ils n'en sont pas les seuls symboles. L'étonnante médiocrité de la production dite romanesque, comme l'affaissement de la critique littéraire, en sont d'autres signes tout aussi inquiétants. Confrontés à des "intellectuels " starisés, nous ne savons plus si nous nous trouvons face à des bonimenteurs, des héros de la Star Academy ou des dandys du show-biz. Quant à Nicolas Sarkozy, notre premier président de la République totalement formé et formaté par le médium audiovisuel, il est également notre premier président "dé-culturé" ou "a-culturé", comme on voudra. "

Jean Bothorel, Chers imposteurs, Fayard, 2008.

00:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pensée française, france, philosophie, sarkozy, critique, décadence | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 12 octobre 2008

Un réquisitoire à contre-époque

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Un réquisitoire à contre-époque

ex: www.lefigaro.fr

Péguy, Bernanos et Claudel nous arrachent à la vulgarité ambiante,

écrit Jacques Julliard

dans « L'Argent, Dieu et le diable » .

Un des livres qu'on lira avec le plus de profit cet automne porte un titre très simple — L'Argent —, il est signé Charles Péguy et vient d'être réédité dans un volume préfacé par Antoine Compagnon, professeur au Collège de France et auteur des Antimodernes.

Le croirez-vous ? Ce Cahier de la Quinzaine publié pour la première fois à Paris le 16 février 1913 se lit comme si l'encre de Péguy n'avait pas séché… « On n'avait jamais vu tant d'argent rouler pour le plaisir, et l'argent se refuser à ce point au travail » ; « De mon temps (…) il n'y avait pas cet étranglement économique d'aujourd'hui, cette strangulation scientifique, froide, rectangulaire, régulière, propre, nette, sans une bavure, implacable, sage, commune, constante, commode comme une vertu, où il n'y a rien à dire, et où celui qui est étranglé a si évidemment tort. »

Charles Péguy, un prophète du passé ? Plutôt un témoin extralucide du règne de l'argent dans le monde moderne, répond Jacques Julliard dans un recueil d'essais à contre-époque qui souligne l'actualité de la pensée du poète — c'est-à-dire sa capacité à inspirer des actes. Pour faire bonne mesure, l'historien des idées lui associe le Georges Bernanos de La France contre les robots  « Il faut lire et regarder ce dernier Bernanos non comme le dernier samouraï du monde préindustriel mais comme l'un des premiers prophètes de la société postindustrielle » et un Paul Claudel inattendu, provocateur et insolent, qui revendique le droit de se contredire à propos de tout avec les personnages de ses Conversations dans le Loir-et-Cher.

« Quand le monde tout entier paraît s'affaisser sur son axe et qu'on se sent gagné par la lâche tentation de composer avec ce qu'il charrie de plus médiocre, écrit le directeur délégué de la rédaction du Nouvel Observateur, alors Péguy, Bernanos et Claudel sont des recours. Ils nous arrachent à la vulgarité ambiante et bien souvent nous en protègent. »

Les mauvais riches

Lecteur passionné de Pierre Joseph Proudhon, Georges Sorel, et Édouard Berth, fin connaisseur des maîtres petits et grands du socialisme français, Jacques ­Julliard, qui se dit « psychologiquement athée, culturellement anticlérical, spirituellement chrétien » n'a jamais caché sa sympathie pour le christianisme social. On le savait attaché au souvenir d'une certaine nébuleuse « catho-proudhonienne » dont il perpétue l'héritage avec de jeunes chercheurs dans le cadre de la revue Mil neuf cent. Sa passion et son savoir débordent aujourd'hui le strict cadre de l'histoire intellectuelle pour entrer en résonance avec les folies de notre siècle.

Dans L'Argent, Dieu et le Diable, Jacques Julliard s'emploie joyeusement à prendre ses contemporains à contre-pied en faisant entendre la voix de trois écrivains catholiques un peu oubliés qui ont maudit chacun à sa manière le royaume impie de « Goulavare », un univers impitoyable dans lequel l'argent, sans devoir pour les opulents et sans enfer pour les mauvais riches, ordonne toute valeur.

Un des chapitres importants de l'Argent, Dieu et le Diable place Bernanos et Claudel « face au mystère d'Israël ». Pour en finir avec les calomnies que continuent de véhiculer Bernard-Henri Lévy et ses amis, il est essentiel de rappeler que les deux écrivains ont abjuré dans leur maturité ce que leur tradition et leur préjugé leur avaient fait imaginer de la « grande banque juive ». Leur rencontre avec le judaïsme a peut-être été tardive, mais elle a eu lieu, ouvrant les voies de la réflexion catholique sur l'espérance d'Israël lors du concile Vatican II. Jacques Julliard retrace avec soin la longue marche spirituelle accomplie par Bernanos et Claudel pour s'ouvrir à la réalité historique et théologique d'Israël. Comment l'ignorer ? Moïses porteurs de thoras sans nombre, gardiens têtus de livres saints, les Juifs ne peuvent pas être tenus pour responsables du caractère clos du monde moderne.

Mais ce rappel, ce n'est pas tant à la droite ni aux catholiques qu'il convient de le faire aujourd'hui qu'aux têtes molles qu'on trouve à gauche de la gauche.

L'Argent, Dieu et le Diable - Péguy, Bernanos, Claudel face au monde moderne de Jacques Julliard Flammarion, 230 p., 19 €. Lire aussi : « Le Choix de Pascal », de Jacques Julliard , entretiens avec Benoît Chantre, Champs-Flammarion, 330 p., 9 € ; « L'Argent » , de Charles Péguy, Éditions des Équateurs, 100 p., 10 €.

Quand la pub rend nos enfants obèses

QUAND LA PUB REND NOS ENFANTS OBÈSES


obésité « Si l'on se basait sur la fréquence des publicités diffusées à l'intention des enfants sur la télévision suisse, le menu type serait composé à moitié de hamburgers et de chocolat. Les fruits et légumes seraient les grands absents de la table. Alors qu'un écolier sur cinq est en surpoids en Suisse (1 sur 4 en Europe) et un sur vingt est obèse, les défenseurs des consommateurs s'émeuvent. Consumers International, qui regroupe 220 organisations de 115 pays, demande l'interdiction de la publicité pour des aliments trop sucrés, gras ou salés. Et la Fédération romande des consommateurs (FRC) soutient cette campagne en Suisse.


"Les efforts des parents pour choisir des aliments sains sont sabotés par les énormes budgets consacrés au marketing de nourriture peu recommandable" constate la FRC. L'association dénonce la pub télévisée mais aussi les emballages attrayants, les jouets à collectionner ou les jeux sur Internet, autant de moyens d'attirer l'attention des enfants sur un produit. Or ce type de promotion fonctionne très bien avec les enfants, comme l'a démontré un rapport d'experts de l'OMS en 2006.


Devant ce constat, la campagne mondiale de Consumers International demande que l'OMS élabore un code de conduite international sur la commercialisation des denrées alimentaires auprès des enfants. Ce code de conduite concerne les aliments et les boissons à teneur élevée en graisse, sucre et sel commercialisés auprès des moins de 16 ans. Des produits qui devraient être interdits de publicité pour la télévision, entre 6 h et 21h. Tout marketing utilisant les nouveaux médias (sites web, sites de réseaux sociaux, SMS) devrait être prohibé. De même que la publicité dans les écoles et les lieux fréquentés principalement par les enfants. Ou encore la promotion au moyen de cadeaux, gadgets ou jouets à collectionner. Enfin, le recours à des célébrités, des personnages de dessin animés ou des concours serait aussi interdit. La proposition sera déposée au printemps 2009 à Genève. »



Le Temps, 30 septembre 2008