Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 16 mars 2019

Propos d’Alain de Benoist sur Salvini, la « Lega » et ses éditeurs de la "Alt-Right" américaine

adbmainscroiséées.jpg

Propos d’Alain de Benoist sur Salvini, la « Lega » et ses éditeurs de la "Alt-Right" américaine

Par Gilles Dusaussois

Sur le site https://www.ariannaeditrice.it, en date du 2 mars 2019, j’ai eu la surprise de trouver un entretien étonnant qu’Alain de Benoist a accordé à Anais Ginori, journaliste auprès du quotidien italien La Repubblica. Les réflexions de la figure de proue de la « Nouvelle Droite » méritaient, me semble-t-il, une traduction française. La voici :

La Nouvelle Droite, que vous avez créée, il y a un demi-siècle, fut-elle une tentative de dédouaner des idées extrémistes ?

Je ne me suis jamais reconnu dans l’étiquette inventée par des journalistes. Mon groupe de réflexion s’occupe plutôt de formuler une critique radicale de la modernité, de la destruction des solidarités, à travers ce que Marx définit comme « les eaux glacées du calcul égoïste ».

Certains de vos amis vous décrivent comme le père spirituel de Salvini. Est-ce exact ?

Je n’ai rencontré Salvini qu’une seule fois et, franchement, je doute qu’il ait jamais lu mes livres. Je ne me reconnais pas dans la Lega ni davantage dans le « Mouvement Cinq Etoiles ». J’observe en voisin ce gouvernement parce que l’Italie est un laboratoire du populisme.

Vos livres sont très prisés parmi les militants de la « Alt-Right » (américaine)...

Par pitié, ce sont de petits extrémistes ridicules. Ils se servent de moi pour se construire une crédibilité. Je m’intéresse à Trump qui vaut mieux que ce qu’en pensent ses adversaires. Aux Etats-Unis, j’aurais voté pour Bernie Sanders. Et, aujourd’hui en France, je me sens proche des Gilets jaunes.

Commentaires :

  • Voilà la « Nouvelle Droite » devenue subitement « marxiste » après un itinéraire qui ne l’aurait pas laissé deviner… La question qu’il faut se poser est dès lors la suivante : peut-on, à intervalles réguliers, opérer des volte-face aussi audacieuses sans justement perdre une certaine crédibilité… ?
  • Le chef de file de la ND ffançaise semble considérer Salvini comme un beauf analphabète, attitude d’autant plus bizarre que la revue éléments, qu’il patronne et où il fait la pluie et le beau temps, vient de sortir un numéro assez copieux faisant l’éloge de Salvini et de la forme de populisme qu’il a inaugurée. Pire: ce sont donc les propres rédacteurs d'éléments qui sont reniés puisque ce sont eux, principalement, qui ont soutenu la thèse du lien entre Salvini et AdB... Des purges en vue dans la rédaction ? Aussi fracassantes que celles qui ont lourdé Faye dans les années 1980 et Champetier au début des années 2000 ?

elementssalvini.jpg

On voit bien Salvini sur la couverture, avec, en plus, la mention suivante: "Les intellectuels qui l'ont formé"...

  • Le reniement unilatéral de la Lega et du M5S paraît comique dans la mesure où notre philosophe du 11ème arrondissement semble passionné, ces temps-ci, par le « populisme », en dépit de la diabolisation de cet « -isme ».
  • Les éditeurs de la « alt-right » se sont décarcassés pour publier ses livres, pour prendre le risque d’un bouillon, surtout en traduisant « Vu de droite », livre datant de 1978 et comprenant des textes des années 1970, et ont dépensé des sommes rondelettes pour l’inviter aux Etats-Unis. Ils apprécieront hautement cette nouvelle vogue de l’élégance française, en apprenant que le sieur AdB les prend pour « de petits extrémistes ridicules » qui abusent de sa personne pour se faire valoir.
  • Enfin, contradiction supplémentaire : le chef de file de la ND se dit proche des Gilets jaunes mais rejette Salvini, la Lega, le M5S (et donc di Maio) qui sont leurs principaux soutiens au niveau international. Comprenne qui pourra. A moins qu’il faille imputer le grand âge du « philosophe » ?

mercredi, 06 mars 2019

Italie - Fractures en Jaune et Vert

Italia-Movimento-5-Stelle-Lega-Nord-600x343.png

Italie

Fractures en Jaune et Vert

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

Le partage du pouvoir entre le Mouvement 5 Étoiles (M5S) et la Ligue n’est pas de tout repos. Malgré l’approbation d’un contrat de gouvernement tant par les « Verts » lighistes que par les « Jaune » grillinistes, de nombreuses crispations autour de sujets souvent cruciaux pour l’avenir de l’Italie parcourent l’équipe ministérielle de Paolo Conte.

La déflagration aurait pu provenir du Diciotti, ce navire qui ne fit pas débarquer des étrangers clandestins sur l’injonction du ministre de l’Intérieur Matteo Salvini. Le parquet d’Agrigente lança aussitôt une information judiciaire contre le ministre et son chef de cabinet pour « abus de pouvoir et séquestration ». L’enquête requiert la levée de l’immunité parlementaire de Matteo Salvini par le Sénat. La perspective de ce vote plonge les sénateurs du M5S et, plus généralement, les militants dans une grande perplexité. En effet, le M5S combat la corruption politique, dénonce l’emprise de la Mafia et soutient les magistrats. Ses règles sont claires : l’inculpation de tout élu du M5S entraîne sa démission immédiate. Or Matteo Salvini a pris cette décision régalienne en concertation avec le président du Conseil et l’autre vice-président du gouvernement, le chef politique du grillinisme, Luigi Di Maio. Ses membres viennent de trancher par référendum électronique sur la plateforme Rousseau. 59 % rejettent la levée de l’immunité de Salvini. Dans la logique de démocratie impérative propre au M5S, ses sénateurs doivent s’y conformer, sinon ce sera une crise gouvernementale majeure.

italiaM5S-Lega-678x287.jpg

Un autre motif de tension entre partenaires gouvernementaux concerne la ligne à grande vitesse Lyon – Turin (ou TAV) et, plus généralement, la politique de relance de grands travaux d’infrastructures de circulation. Hostile à ces projets propices aux fausses factures et aux rétrocommissions, et au nom d’une vision écologique décroissante, le M5S s’oppose dès l’origine avec l’ultra-gauche à un Lyon – Turin indispensable pour l’essor économique de l’Italie du Nord riche en PME, base électorale de la Lega. Un abandon du TAV mécontenterait l’aile libérale, pro-européenne et régionaliste de la Ligue qui n’apprécie guère l’alliance avec les Cinq Étoiles du Sudiste Di Maio. Celui-ci serait-il cependant prêt à renoncer à un point phare de son programme après la transformation du « revenu de citoyenneté » promis en un RSA à la sauce transalpine ?

Le dernier gros contentieux se rapporte à la diplomatie. Sous la triple attraction de Viktor Orban, de Donald Trump et de Steve Bannon, la Lega a pris des positions eurosceptiques, néo-atlantistes et pro-sionistes. Elle considère le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais comme des formations terroristes, exige le désarmement nucléaire unilatéral de l’Iran et conteste la légitimité du président vénézuélien Nicolas Maduro. Pour le M5S, Nicolas Maduro demeure le président légitime; le Hamas et le Hezbollah sont des mouvements combattants; l’Iran est la victime de l’hégémonie belliqueuse de la Maison Blanche. Cette pondération diplomatique s’explique par l’influence toujours forte de son fondateur, le comique Beppe Grillo, dont la seconde épouse est d’origine iranienne.

Ces frictions fragilisent l’actuelle coalition. Les récentes élections régionales dans les Abruzzes donnent l’avantage à la Ligue qui récolte maintenant trente années de militantisme sur le terrain tandis que le M5S ne dispose que d’un très faible maillage territorial militant. Il est dorénavant évident que les élections européennes de mai prochain établiront de nouveaux rapports de forces internes. Les grillinistes, élus, militants et sympathisants, seraient-ils prêts à rompre avec la Ligue au risque de déclencher de nouvelles élections législatives et la reconstitution autour de la personne de Salvini d’une union de toutes les droites ? Suivons donc avec attention tout ce qui va se passer dans les prochains mois au-delà des Alpes.

Georges Feltin-Tracol.

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 114, mise en ligne sur TV Libertés, le 25 février 2019.

lundi, 11 février 2019

Moscou-Rome, germe d'un “désordre nouveau”

psdim.jpg

Moscou-Rome, germe d'un “désordre nouveau”

Textes PhG

Le président russe Poutine a accepté de se rendre en Italie, durant le premier semestre de l’année, – « avec un vif plaisir », a-t-il dit. On trouve les précisiins nécessaires dans le texte ci-dessous, de Spoutnik-français bien entendu et sur recommandation des officines de bienpensance de l’équipe du suivi orwellien de la communication de la phalange qui nous dirige, ici en France. L’intérêt tout factuel de ce texte est qu’il rend compte de l’intensité considérable des relations officielles, et échanges de visites de responsables politiques, – surtout dans le sens Italie vers la Russie, – ces derniers mois. Mais la visite de Poutine a une réelle importance à cause du contexte de la situation au sein de l’UE, des divisions sur deux fronts souvent curieusement contradictoires entre États-Membres, 1) essentiellement entre deux “modèles” qui s’affrontent (en gros, “modèle globaliste“ contre “modèle populiste”), et 2) accessoirement sur la question des relations avec la Russie.

L’Italie tient un rôle considérable dans cette situation de tensions de désordre et d’affrontement, notamment et surtout dans le fait de sa querelle avec la France. La France, dans le seul ensemble de la direction et des macronistes qui affrontent les GJ, est d’une part l’archétype grossier du “modèle globaliste” ; d’autre part, et pour encore accentuer l’antagonisme, elle est singulièrement dans une période antirussiste à cause des croyances grotesques du président-FakeNews qui effectue un gros travail de causerie-Café du Commerce, et de la nomenklatura d’auto-désinformation qui l’entoure. L’affrontement avec l’Italie est donc particulièrement fécond, et même brutal, les deux Vice-Premiers italiens Salvini-DiMaio maniant la communication sans prendre de gants, mais aussi non sans efficacité (leur brutaité fait partie de leur tactique de communication).

Voici le texte de Spoutnik-français, du 9 février : « Vladimir Poutine a accepté l'invitation à se rendre en Italie et les dates concrètes de cette visite seront fixées d'un commun accord plus tard, a déclaré dans une interview à Sputnik l'ambassadeur de Russie à Rome, Sergueï Razov. “En ce qui concerne la visite du Président russe en Italie, l'invitation a été reçue et acceptée avec plaisir. Les dates précises seront déterminées par canaux diplomatiques et annoncées dans les règles établies”, a-t-il souligné.

» Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, avait précédemment exprimé l'espoir de pouvoir bientôt recevoir le Président russe dans la capitale italienne. L'ambassadeur d'Italie à Moscou, Pasquale Terracciano, a précisé pour sa part que Vladimir Poutine était attendu à Rome durant la première moitié de cette année. “Je ne voudrais rien anticiper, mais il est évident qu'une telle visite sera un élément clé de nos relations bilatérales”, a fait remarquer Sergueï Razov.

» L'ambassadeur russe en Italie a indiqué que Moscou et Rome maintenaient  un dialogue politique  actif. Ainsi, Giuseppe Conte s'était rendu en visite officielle en Russie en octobre dernier et avait été reçu par Vladimir Poutine et le Premier ministre, Dmitri Medvedev. Plusieurs ministres russes, dont le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, ont également visité l'Italie dernièrement. En novembre, Dmitri Medvedev a assisté à la Conférence sur la Libye à Palerme, la Russie participant de manière constructive à la solution de ce problème international “prioritaire pour nos collègues italiens”, a poursuivi Sergueï Razov.

» ll a rappelé dans ce contexte la récente visite à Moscou de la présidente du Sénat italien, Maria Elisabetta Alberti Casellati, qui a eu des négociations intenses avec son homologue russe, Valentina Matvienko, et le président de la Douma, la chambre basse du parlement russe, Viatcheslav Volodine. “La présidente du Sénat italien s'est vu accorder la possibilité – ce qui n'arrive pas souvent – de prendre la parole à une réunion de la chambre haute du parlement russe.” Une visite du président de la Chambre des députés italienne, Roberto Fico, est prévue pour mars prochain à l'invitation de la direction de la Douma, notamment pour prendre part à une réunion de la ‘Grande commission interparlementaire’, a encore noté Sergueï Razov. “De tels contacts et visites au sommet ne sont pas seulement importants en soi-même, mais aussi parce qu'ils donnent une impulsion appropriée au renforcement des relations sur différents axes et secteurs de la coopération”, a-t-il ajouté pour conclure. »

Cette visite de Poutine en Italie semble s’inscrire dans une longue suite de rencontres, à commencer par la visite du Premier ministre Conte à Moscou à l’automne 2018 comme premier acte de l’Italie du nouveau gouvernement vers la Russie. Mais ce n’est là que l’apparence chronologique. En vérité, la visite de Poutine a une importance considérable, qui tranche sur toutes les rencontres précédentes (même si celles-ci ont évidemment préparé le terrain), essentiellement pour deux raisons :

1) parce que c’est Poutine et qu’il vient en Italie, au cœur de l’Europe, au moment où l’Europe traverse une phase délicate pour sa sécurité avec la sortie des USA du traité FNI dans une atmosphère absolument échevelée d’antirussisme ; et

 2) parce que cette visite s’effectue à un moment crucial de tension et d’affrontement au sein de l’UE et du bloc-BAO entre deux modèles, – le “modèle globaliste” (la France du gang Macron & Cie) et le “modèle populiste” (l’Italie populiste qui n’arrête pas de cogner sur Macron via les GJ, symboliquement si l'on veut).

L’aspect le plus intéressant de cette situation se situe par rapport à deux facteurs contradictoires qui ne devraient faire qu’un en bonne logique politique, –  mais qu’est-ce donc qu’une “bonne logique politique” aujourd’hui ? Ces deux facteurs sont : 1) la politique étrangère absolument antirussiste de Washington D.C. lorsqu’elle est “D.C.-la-folle”, particulièrement dans le contexte de la situation européenne et de l’OTAN ; et 2) les sentiments et la position de Trump par rapport à la politique populiste, notamment dans ses interférences par rapport aux vagues migratoires, point d’autant plus important à mesure que l’on se rapproche des élections présidentielles de 2020.

• L’attaque contre la Russie est le cœur brûlant de la politique d’agression du Système telle qu’elle est activée depuis “D.C.-la-folle”, avec ses neocons, son Russiagate, l’establishment des deux ailes (démocrate et républicaine) du “parti unique” qui est la courroie de transmission des forces de sécurité nationale (CMI dont le Pentagone, services de renseignement, presseSystème, etc.). On sait que c’est un domaine où la position de Trump est confuse, difficile à définir, insaisissable, faite de non-dits et de voltefaces, etc. Certains jugeraient que les Italiens prennent un très grand risque d’isolement, d’autant qu’ils trouveront assez peu de soutien, si pas du tout, à l’OTAN où l’alignement est de rigueur, y compris et chez les plus grands et courageux pays comme la France, dont le président entretient une haine coriace contre l’Italie comparée à une “léproserie nationaliste”.

• D’autre part et au contraire, les Italiens populistes, qui ont surtout bâti leur succès sur une politique rigoureuse face à l’immigration, rencontrent complètement dans ce domaine le sentiment de Trump et son “Mur” mitoyen et mexicain. L’éminent éditorialiste et vénérable tête pensante des paléoconservateurs populistes Patrick Buchanan vient de consacrer un texte à la position politique de Trump, où il dit que ce président (que Buchanan soutient) a trouvé la seule voie pour se faire réélire, qui est une politique anti-migratoire qui a énormément d’échos dans son électorat. L’Italie populiste est le pays européen favori d’un Bannon, qui reste proche de Trump sur ces questions des flux migratoires, et la position anti-UE de Salvini-Di Maio ne peut que plaire à Trump. Dans ce cas, l’Italie n’est pas du tout isolée, y compris dans le champ transatlantique...

• Un cas typique de cette incertitude est celui de la Pologne par rapport à l’Italie. La Pologne ne peut que s’opposer de toutes ses forces et de toute sa haine antirussiste au rapprochement de l’Italie et de la Russie, et dans ce cas le jugement de l’isolement italien est renforcé. Mais retournons le verre à moitié plein et observons le verre à moitié vide : on sait aussi que la Pologne, à cause de sa politique migratoire et son souverainisme, est attaquée au sein de l’UE, qu’elle y est isolée, et qu’elle n’a pas de meilleure alliée que l’Italie, que l’Italie est sa meilleure garante contre un isolement au sein de l’UE...

Encore n’avons-nous évoqué que les cas les plus flagrants des pays les plus importants, dans cette sorte de “désordre nouveau”. Toutes les relations intra-européennes et transatlantiques sont faites de ces contradictions qu’on dissimule depuis des années. La démarche italienne vers la Russie les expose en pleine lumière... Cela laisse à voir, si l’on veut, que “le roi est nu”, ou, dans tous les cas, habillé de bric et de broc jusqu’à faire se demander de quel royaume ce roi est-il le souverain. La Russie et l’Italie détiennent la recette d’un désordre de type nouveau. S’ils sont habiles, les deux pays en useront pour semer la discorde chez l’ennemi, – c'était la stratégie favorite de De Gaulle.

Que reproche exactement la France à l'Italie ?

cover_080918_edition.jpg

Que reproche exactement la France à l'Italie ?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Le gouvernement français vient de rappeler son ambassadeur à Rome. Il s'agit du premier geste de cette gravité au sein des Etats de l'Union européenne. La France doit avoir des raisons très fortes pour ce faire.

Ce qui n'est pas le cas. La ministre française des Affaires européennes a expliqué que le gouvernement voulait répondre à l "ingérence malvenue" des responsables italiens dans les affaires internes de la France. En effet, en début de février, le vice-premier ministre italien, Luigi Di Maio - chef de file du mouvement se disant « antisystème » M5S - avait traversé les Alpes pour rencontrer des Gilets Jaunes mobilisés depuis plusieurs semaines contre Emmanuel Macron. Il leur aurait demandé, selon des informations non confirmées, ce qu'ils attendaient pour faire tomber Emmanuel Macron ?

La démarche est certainement inusitée et justifiait une réponse sévère de la France. Mais fallait-il en arriver à une quasi-rupture des relations diplomatiques?  En d'autres temps, celle-ci aurait été vite suivie d'une déclaration de guerre.

On a tout lieu de penser qu'Emmanuel Macron s'est fait sur ce dossier l'interprète de Washington qu'inquiète les gestes de bonne volonté du gouvernement italien à l'égard de Moscou. Celle-ci s'est déjà traduite par des rencontres bilatérales et pourraient conduire à des accords économiques, via notamment le Brics. Certes la France dispose d'une puissance économique et militaire supérieure à celle de l'Italie, mais n'aurait aucune raison de compromettre ses relations avec un grand pays voisin, qui partage beaucoup d'objectifs communs, notamment la lutte contre l'immigration clandestine et la coopération en mer Méditerranée. De plus, les échanges entre populations sont très nombreux, notamment dans de larges zones situées de part et d'autre de leur frontière commune.

Emmanuel Macron s'est fait en outre l'interprète des institutions de l'Union européenne et d'un certain nombre d'Etats qui s'inquiètent des ambitions dites « populistes » du gouvernement de Rome. En fait le populisme est un mot destiné à stigmatiser les pays qui commencent à refuser le poids pris, là encore, à travers un régime de pseudo démocratie parlementaire, par des institutions communautaires au service des multinationales financières américaines.

Nul ne sait si le « populisme » italien résistera aux offensives multiples qui s'annoncent contre l'Italie. Nul ne sait si au contraire il ne fera pas école dans un certain nombre d'Etats européens qui, sans aller encore à envisager une sortie de l'Union, désirent de plus en plus s'émanciper de la tutelle atlantique que celle-ci représente. En attendant, souhaitons que Luigi Di Maio ne fasse aucune concession pour mériter le retour d'un ambassadeur français à Rome. Il peut très bien s'en passer. La coopération passe par des services diplomatiques qui font très bien leur métier seuls.

mardi, 05 février 2019

L'histoire du fascisme selon Frédéric Le Moal

FredericLeMoal.jpg

L'histoire du fascisme selon Frédéric Le Moal

par Franck ABED

Frédéric Le Moal est docteur en histoire, Paris IV-Sorbonne, et professeur au lycée militaire de Saint-Cyr. Il enseigne également à l’Institut Albert le Grand. Il a déjà publié chez Perrin, Victor-Emmanuel III. Un roi face à Mussolini, Le Vatican face aux dictatures 1917-1989. Avec son dernier ouvrage, intitulé Histoire du fascisme, l’auteur porte un regard pertinent et lucide sur cette idéologie qualifiée, à raison, de « totalitaire ». Concrètement, il étudie sa genèse, son évolution, sa doctrine, sa principale figure de proue à savoir Benito Mussolini, son fonctionnement et sa fin…

lemoal.jpgD’emblée, l’auteur veut répondre à cette question : qu’est-ce que le fascisme ? En effet, avant toute tentative d’explication, il convient de toujours définir correctement son sujet d’étude. Voici ce que nous pouvons lire dès les premières lignes : « Cette question a hanté les contemporains et continue d’alimenter les interrogations comme les recherches des historiens. Depuis son apparition en 1919, le fascisme entretient un impénétrable mystère sur sa véritable nature. »

Pourquoi existe-t-il une apparente difficulté à le décrypter ? Le Moal pose le constat suivant : « L’historiographie marxiste et ses héritiers ont imposé pendant des décennies, sur ce problème comme sur bien d’autres, leur grille d’interprétation. Ils réduisaient le fascisme à l’expression d’une résistance des classes possédantes utilisant au début des années 1920 une bande de voyous armés de gourdins pour préserver leur pouvoir et dominer les prolétaires. »

L’auteur précise que « plusieurs historiens au premier rang desquels se trouve l’Italien Renzo De Felice – aujourd’hui célébré mais couvert d’injures dans les années 1960, faut-il le rappeler – ont remis en cause cette vision partisane et biaisée ».

Après avoir dénoncé l’imposture de l’examen marxiste à l’endroit du fascisme, l’auteur poursuit son propos en répondant clairement à cette fameuse interrogation : qu’est-ce que le fascisme ? Voici ce qu’il écrit : « La meilleure manière de répondre à cette question serait d’abord de dire ce que ne fut pas le fascisme : une idéologie conservatrice et encore moins réactionnaire, un héritier de la contre-révolution et de son immobilisme. »

Il continue de cette manière : « Bien au contraire, le fascisme fut une révolution sociale, politique, culturelle et surtout anthropologique. C’est en partant de cette affirmation que s’articule la thèse de ce livre, ce qui nous conduira à établir un lien avec le socialisme, la Révolution française et même par certains côtés avec la philosophie des Lumières, hérédité que De Felice décela très tôt. »

Cette définition nous l’estimons limpide et juste. De surcroît, elle confirme ce que nous avons toujours pensé : le fascisme est une idéologie moderniste bien éloignée de la pensée classique.

Rien d’étonnant donc à classer le fascisme à l’opposé du traditionalisme politique que nous défendons, car « si le fascisme incarnait un refus, ce ne fut certes pas celui de la modernité, comme maints historiens l’ont affirmé et continuent de le faire, mais d’une modernité, celle se rattachant au rationalisme, au libéralisme et à la démocratie. Il se présenta comme l’expression d’une modernité alternative, selon l’heureuse expression de l’historien Emilio Gentile ».

Le fascisme ne peut être perçu comme une pensée respectueuse du passé et des traditions. Effectivement, Le Moal le dit de manière explicite : « Oublier que le fascisme constitua une manifestation du rejet des traditions, si caractéristique du XXe siècle, revient à passer à côté de l’essence de ce phénomène politique majeur ». Cela ne nous a jamais échappé.

Le Moal énonce à l’endroit du fascisme une vérité bien souvent occultée. Les historiens et politologues officiels, comprendre institutionnels, ont très souvent tendance à le classer à droite : quel énorme mensonge. L’auteur stipule que « le fascisme appartient à l’univers politique et culturel de la gauche révolutionnaire, par son culte du progrès, sa tentation démiurgique, son aspiration à transformer l’homme, par son anticléricalisme, par son républicanisme, par sa volonté de dépasser le capitalisme et de soumettre l’économie à la politique, par ses combats culturels au service d’un remodelage de l’individu ».

Il déclare également que « l’antibolchevisme ne doit pas faire illusion et le rejeter dans la droite étroitement réactionnaire ». Il ne viendrait pas à l’idée d’une personne raisonnable de classer Staline ou même Trotsky à droite, car les staliniens ont combattu les trotskistes et inversement…

La première difficulté pour saisir clairement le fascisme : s’écarter des analyses tronquées produites par les marxistes. La deuxième demeure de combattre la vision historique officielle qui range le fascisme à droite, alors qu’il s’agit d’un mouvement politique dont les fondamentaux sont intrinsèquement à et de gauche. Le troisième obstacle à surmonter est le suivant : « On reconnaîtra toutefois que l’absence d’un corps idéologique clair brouilla et continue de brouiller les cartes, faisant du fascisme un kaléidoscope où plusieurs courants doctrinaux, parfois antagonistes, cohabitaient tant bien que mal. Ajoutons pour être complet que l’histoire du régime ne demeura ni monolithique ni linéaire mais connut au contraire une sorte de crescendo caractéristique de tous les totalitarismes. »

Le Moal contourne avec brio cette complication, en étant à la fois éloigné des partis pris idéologiques de certains mais proche de la réalité historique par l’étude minutieuse des sources.

Le fascisme a souvent été considéré comme quelque chose de non sérieux, notamment sur le plan intellectuel. Le Moal remarque que « malgré sa dureté, le fascisme suscita de nombreux ricanements, y compris à l’époque de sa gloire. Mussolini n’était-il pas présenté comme un César de Carnaval ? »

Le péché originel, sur le plan doctrinal, du fascisme tient au fait « que l’idée de l’unité nationale y fut introduite par la Révolution française et par Napoléon Bonaparte. Dès l’origine, l’identité italienne était indissociable des idées révolutionnaires ». Par essence et par leurs actions, les révolutions de 1789 et de 1793 en France représentent l’expression même du modernisme idéologique. Il n’étonnera personne que les sociétés secrètes en Italie, Charbonnerie et Franc-maçonnerie, aient joyeusement participé au « combat révolutionnaire et patriote ».

mussojeune.jpgComme chacun sait, Mussolini fut un fervent socialiste et surtout un haut cadre du Parti socialiste italien. Ce qu’on sait moins : « Mussolini fut fasciné par Nietzsche et Sorel, ardents zélateurs d’un pétrissage de l’âme humaine, mais aussi par les théories de Darwin. Dans sa jeunesse, Mussolini était un lecteur attentif de l’œuvre du savant anglais, et comme bon nombre de marxistes, il intégrait la lutte des classes dans le combat général pour l’existence au sein des espèces et la marche du progrès. Le darwinisme social faisait ainsi le lien entre la philosophie des Lumières qui coupa l’homme de sa création divine et les théories racistes auxquelles le fascisme n’échappera pas. »

Avant la Grande Guerre, Le Moal dit clairement que « Mussolini demeurait un militant socialiste internationaliste et très antimilitariste ». Il affirmait alors : « Le drapeau national est pour nous un chiffon à planter dans le fumier. Il n’existe que deux patries au monde : celle des exploités et de l’autre des exploiteurs. »

Encore une fois, l’influence du marxisme dans le domaine des idées se montre désastreuse. Après 1918, Mussolini abandonne rapidement son pacifisme mais son idéologie de gauche ne le quittera jamais, même au plus fort de la tempête, comme le prouve parfaitement l’auteur. Alors que tout s’écroule autour de lui après les premiers grands déboires de l’Axe, il trouve le temps de fonder l’éphémère République sociale italienne pour « renouer avec l’idéal fasciste des premières années ». Toute sa vie, Mussolini fut républicain et socialiste.

Mussolini, représentant majeur du fascisme, ne peut donc être considéré comme un homme de droite. Bien au contraire, il se place littéralement dans le camp révolutionnaire : « Moi je vous dis que le devoir du socialisme est d’ébranler cette Italie des prêtres, des triplicistes et des monarchistes. » Mussolini avait même été plus loin contre la religion ancestrale : « Nous sommes résolument antichrétiens et nous considérons le christianisme comme un stigmate immortel de l’opprobre de l’humanité. »

Ce n’est pas pour rien que le Pape Pie XI dans son encyclique, écrite en italien et non en latin Non abbiamo bisogno (« Nous n’avons pas besoin ») datée du 5 juillet 1931, « dénonçait les prétentions monopolistiques de l’État sur l’éducation des jeunes, mais il allait plus loin en s’attaquant à l’idéologie du fascisme qu’il présentait comme une statolâtrie païenne ».

piexi.jpg

Les liens intellectuels et doctrinaux du fascisme avec la Révolution – dite française – ne souffrent d’aucune ambiguïté. À l’image des grands ancêtres, les fascistes aussi changèrent le calendrier. Le Moal expose l’idée suivante : « La mise en place du calendrier fasciste marquait la filiation directe avec la Révolution française et l’œuvre de Fabre d’Eglantine. Elle illustrait leur commune volonté de rompre avec le temps et d’inscrire l’homme dans un environnement complètement nouveau, en dehors des racines chrétiennes du pays. Dès 1925, Mussolini rajoute sur le calendrier la date suivante : 1er an de l’ère fasciste. » Du passé faisons table rase…

Cependant « le fascisme ne peut se résumer à du mussolinisme », mais les deux courants, pour les raisons expliquées plus haut, appartiennent au même camp : celui de la gauche. Une fois arrivé au pouvoir en 1924, il est intéressant de lire que le fascisme « croisa le fer contre la mafia sicilienne. Le régime s’engagea contre la franc-maçonnerie. Cela pouvait paraître curieux quand on connaît le soutien qu’apporta la Grande Loge d’Italie à Mussolini lors de la marche sur Rome ».

Les historiens parlent souvent d’un totalitarisme inachevé en Italie. L’explication est connue mais souvent passée sous silence. Le Moal la donne : « Mussolini, en acceptant du roi la charge de président du Conseil, s’était lui-même placé dans les mailles de la monarchie dont il ne se libéra jamais complètement. L’institution, aussi faible fût-elle, préserva l’État de la fascisation totale et au bout du compte gagna le bras de fer. »

Le Moal nous délivre des analyses pointues et lucides, sans jamais céder aux appréciations malveillantes dénuées de fondements historiques. Les sources se montrent nombreuses, variées et permettent de bien comprendre la nature réelle du fascisme. Fin pédagogue et servi par une belle plume, il explique bien que la violence fasciste exprimée contre cette société tant décriée ne fut pas accomplie au nom du passé, des traditions et de la recherche d’un âge d’or perdu, mais qu’elle reposait sur la volonté finale de construire une société et un homme nouveaux. Chimère qui remonte hélas à l’aube de l’humanité…

De la prise de pouvoir de Mussolini à la farouche radicalisation de la République de Salò, en passant par l’étude de la politique fasciste avec ses réussites et ses échecs, l’auteur dresse un portrait complet de cette idéologie moderniste et révolutionnaire qui échoua. Comme Le Moal l’annonce : « Écrire l’histoire du fascisme, c’est finalement faire le récit d’une révolution avortée. »

Franck Abed

• Frédéric Le Moal, Histoire du fascisme, Perrin, 2018, 432 p., 23 €.

• D’abord mis en ligne sur Euro-Libertés, le 31 décembre 2018.

00:37 Publié dans Histoire, Livre, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire, italie, livre, fascisme, fascisme italien, mussolini | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 22 janvier 2019

Salvini, les Polonais et l'euroscepticisme

salvini-a-varsovie.jpg

Salvini, les Polonais et l'euroscepticisme

Ex: http://www.dedefensa.org

Il y a cinq ans encore, la chose aurait déclenché des haussements d’épaule de dérision, des sourires condescendants et quelques gloussements tonitruants. Aujourd’hui, “la chose” vient parfaitement à son heure ; elle est évidente et irrésistible, elle ne fait rire personne sinon de l’ironie d’elle-même et ouvre des horizons à bien d’autres. Nous voulons parler de l’affirmation du vice-Premier italien et ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, poursuivant sa croisade européenne (Orban, Le Pen, etc.) et visitant la Pologne, et déclarant à l’issue des entretiens avec les dirigeants polonais : « Il est temps de remplacer l'axe franco-allemand par un axe italo-polonais »

Salvini a été prolixe et très écouté, et entendu, et approuvé par tous ses interlocuteurs polonais, lors de ses divers entretiens et de sa conférence de presse clôturant sa journée de travail d’hier à Varsovie. Il a annoncé avoir proposé à Jaroslaw Kaczynski, chef du parti de gouvernement PiS, un “programme commun” entrant dans le projet d’un vaste rassemblement des “souverainistes” (Sovranisti) européens, avec l’objectif de former un grand parti au Parlement européen (élections en mai prochain). Salvini a estimé que les Polonais et lui étaient d’accord “à 90%” sur ce programme, et précisant également qu’un seul sujet n’avait pas été abordé, – les sanctions contre la Russie, et en général les relations avec la Russie, là où le désaccord est profond entre les deux pays... (Tactique désormais établie et éprouvée : mettre de côté les points de désaccord de politique étrangère pour se concentrer sur les questions européennes.)

« “J'ai proposé, afin de dépasser les différences entre partis, différences dues à des raisons de géographie et de tradition culturelle, un contrat pour l'Europe, un pacte pour l'Europe, qui n'existe pas encore, je ne suis pas venu avec un produit déjà fini”. Quelle forme prendrait ce pacte ? Selon Matteo Salvini, il pourrait s'agir d'un “pacte pour l'Europe” en dix points. Les populations des différents pays européens décideraient ensuite “si elles sont d’accord ou pas d’accord” avec ces propositions. “Nous y travaillerons dans les prochains jours. Avant les élections. Les pactes, il vaut mieux les présenter avant les élections qu’après”.

» Déclarant espérer qu'une alliance de “tous ceux qui veulent sauver l'Europe” occupera la deuxième ou même la première place au sein du Parlement européen, il a répété qu'il était temps “de remplacer l'axe franco-allemand par un axe italo-polonais”, et qualifié de “vrais eurosceptiques” ceux qui ont gouverné l'Europe ces dernières années. [...]

» Dès le début de sa visite de quelques heures à Varsovie, il Capitano avait affirmé que l'Italie et la Pologne seraient les “protagonistes du nouveau printemps européen” qu'il appelle de ses vœux pour réformer l'Union européenne. Il s'adressait aux médias à l'issue d'une rencontre avec le ministre polonais de l'Intérieur, Joachim Brudzinski, [qui] a souligné de son côté que l'Italie et la Pologne étaient d'accord sur presque tous les sujets abordés. Les deux pays, a-t-il insisté, “ne comptent pas quitter l’Union européenne” car ils sont “partie intégrante de l’Union”. Ils souhaiteraient au contraire la “renforcer” en “améliorant la sécurité” et la “réformer” afin qu'elle soit “plus proche des citoyens que des élites”. » 

Parlant précisément du projet de renouvellement du Traité de l’Élysée de 1963, qui doit être signé par Macron et Merkel le 22 janvier prochain, Breitbart-UK écrit à propos de la visite de Salvini en Pologne, pour préciser dans quelle circonstance a été suggérée l’idée de remplacer un axe par un autre : « Faisant allusion à un autre pacte évoqué mercredi, – celui de Macron et de Merkel prévoyant d’intégrer leurs deux pays sur des matières telles que la défense et les affaires étrangères comme un arrangement précurseur de l’“Europe souveraine”, – Mr Salvini a interrogé : “Je me demande si un axe polono-italien ne pourrait pas remplacer l’axe franco-allemand ?” »  

Le projet de renouvellement du Traité de l’Élysée représente ainsi la plus parfaite trahison de ce que devait être le premier traité, tel qu’imaginé par de Gaulle et très rapidement défiguré par l’ajout d’un “Protocole” liant l’Allemagne à l’OTAN et aux USA, par le Bundestag, quelques mois après sa signature. Macron-Merkel achèvent ainsi la complète liquidation de la souveraineté, conformément à la tradition globaliste que ces deux dirigeants totalement discrédités entendent imposer avant leur naufrage commun, ou en même temps que leur naufrage commun, – car Macron et Merkel ont au moins et sûrement quelque chose en commun, qui est leur naufrage politique : 

« La France et l'Allemagne doivent élaborer des politiques de défense, des politiques étrangère et économique communes dans le cadre d'un pacte de “jumelage” sans précédent, considéré comme un prototype pour l'avenir de l'Union européenne. Angela Merkel et le président Macron vont signer ce mois-ci un traité qui permettra à ces deux pays voisins de présenter un front diplomatique uni et d'agir conjointement dans les missions de maintien de la paix.

» Les régions situées de part et d'autre de la frontière franco-allemande seront encouragées à former des “Eurodistricts” comprenant des réseaux fusionnés d'eau, d'électricité et de transports en commun. Berlin et Paris offriront des liquidités pour encourager ces zones transfrontalières, qui pourraient impliquer des hôpitaux partagés, des projets conjoints ou des projets environnementaux communs. » (Selon le Times de Londres du 10 janvier.)

... Par conséquent, on ne rit plus à l’idée de Salvini, de remplacer l’axe franco-allemand, parce que cet axe est devenu nocif, catastrophique et mortifère à l’image de leurs deux opérateurs, Macron et Merkel. Les deux dirigeants faillis, ayant conduit l’Europe à la faillite, ayant capitulé partout où cela pouvait être fait face au monstre bureaucratique de Bruxelles ; lequel monstre, à la fois Orque etMordor, est bien loin d’être un substitut et un outil de la puissance allemande, mais bien une monstrueuse machinerie produisant d’elle-même des politiques catastrophiques pour tous les peuples.

La visite de Salvini en Pologne confirme donc bien qu’une immense bataille est désormais engagée en Europe et au sein de l'Europe, et le premier acte aura lieu en mai prochain. Cette bataille sera engagée dans des conditions nouvelles, qui sont apparues subrepticement dans les déclarations italiennes et polonaises :

• Les “eurosceptiques”, désormais, ce ne sont plus les souverainistes et les populistes, mais les globalistes du type du tandem Macron-Merkel, parce qu’ils sacrifient la sécurité de l’Europe, notamment avec leur politique d’immigration et le transfert de tous leurs pouvoirs au réseaux financiers et bancaires internationaux. Ce tournant autant dialectique que tactique est rendu possible par la montée vertigineuse du mécontentement politique dans le sens du populisme, et bien entendu l’important événement des Gilets-Jaunes en France.

• Donc, le but des souverainistes-populistes n’est plus de “quitter l’Europe” mais de “sauver l’Europe” des mains des globalistes. Il s’agit de hausser les principes du “nationalisme” au niveau européen, tout en protégeant les souverainetés des pays-membres... On en revient évidemment et toujours à “l’Europe des patries”. 

• Il y a tout aussi évidemment de la tactique électorale là-dedans : Salvini veut “ratisser très-large” en abandonnant l’aspect négatif prêté aux “eurosceptiques”, surtout à la lumière du catastrophique Brexit ; et en adoptant une tactique d’entrisme qui commencerait par le Parlement Européen. (On voit bien que l’objectif réel de Salvini, c’est bien de parvenir à faire des souverainistes-populistes le premier parti européen au PE.)

• Il nous paraît assez inutile de chercher en détails les impossibilités et les imperfections de cette tactique, – qui, justement, n’est qu’une tactique, et donc un moyen et un outil plutôt qu’un but. Là n’est pas le débat, parce que le débat c’est d’abord de tenter de mettre KO toute la nomenklatura globaliste européenne, dans les gouvernements, au PE, dans les institutions européennes, etc. Après, on verra, parce que la situation politique sera complètement nouvelle et qu’alors tout sera ouvert et possible.

• “Tout sera ouvert et possible”... Y compris, selon notre appréciation, une véritable explosion-révolution de l’intérieur de l’UE, si les souverainistes-populistes l’emportent. L’entrisme, cela sert également à aller poser une bombe dans le cœur grondant de la chose qu’on veut conquérir : quelles que soient les intentions réelles de Salvini, notre sentiment est qu’il est inexorablement poussé d’abord à détruire (d’une façon ou d’une autre et selon ce qui est possible et souhaitable, tout ce qui a rapport avec l’UE en place) ; cela, même s’il se dit meilleur européen que les globalistes, – ce qui est d’ailleurs vrai, – et pas du tout “eurosceptique”, – ce qui est disons à moitié vrai, en poussant un peu pour faire passer l’argument qui a le charme des paradoxes et le panache de l’oxymore...

• Ce que nous désignerions comme un “Moment” historique pour l’Europe, c’est bien ceci que la prépondérance franco-allemande est totalement mise en cause, et elle l’est, et elle peut et doit l’être à juste raison, à cause de la trahison des élites. Il est montré par les divers événements en cours autant que par le comportement et l’action des dirigeants de cet “axe” franco-allemand que cette prépondérance n’a plus aucune légitimité.

 

Mis en ligne le 11 janvier 2019 à 13H40

jeudi, 29 novembre 2018

Julius Evola dans la guerre et au-delà...

flat,800x800,070,f.u3.jpg

Julius Evola dans la guerre et au-delà...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com 

Les éditions Akribéia viennent de publier un essai de Gianfranco de Turris intitulé Julius Evola dans la guerre et au-delà 1943-1951. Journaliste et intellectuel italien, Gianfranco de Turris est un spécialiste de l’œuvre d'Evola, et également de celle de Tolkien.

742058157.jpg" Malgré les nombreuses études qui lui ont été consacrées, une période cruciale de la vie de Julius Evola restait encore dans l’ombre, d’autant plus que l’intéressé, discret jusqu’à la réticence au sujet de lui-même, en avait très peu parlé : les années 1943-1951, qui furent celles de l’attitude à adopter face à la grande crise du régime fasciste et à la fondation de la République sociale italienne (rsi), puis de l’accident survenu à Vienne début 1945 qui le laissa paralysé des membres inférieurs, du véritable « chemin de croix » médical qui suivit entre l’Autriche, la Hongrie et l’Italie, enfin du retour définitif à Rome au printemps de 1951.

Avec une passion de la vérité et de la précision qui force l’admiration, l’auteur fait défiler, sur un rythme qui évoque souvent celui du roman policier, rencontres, personnages et initiatives. Qu’il s’agisse de la présence d’Evola au quartier général de Hitler aussitôt après la libération de Mussolini, de sa collaboration avec le sd, de sa fuite rocambolesque de Rome le 4 juin 1944 pour échapper aux services secrets américains, de ses liens étroits, à Vienne, avec le philosophe Othmar Spann et son cercle, du projet d’écrire un grand ouvrage antimaçonnique, des conditions exactes du bombardement dont il sortit victime –, les pages remplies d’informations souvent inédites se succèdent pour réduire à néant toutes les « légendes urbaines » accumulées au fil des ans autour d’un personnage très controversé.

Peu à peu émergent la figure d’un homme étonnamment actif, d’abord désireux de rassembler les forces éparses du conservatisme aristocratique en un réseau secret paneuropéen, puis, après son accident, celle d’un « guerrier immobile » dont l’enseignement va influencer durablement plusieurs générations de néofascistes habités par l’idée d’une Droite traditionnelle d’orientation « gibeline ».

Un livre strictement indispensable à quiconque entend accéder à une connaissance authentique de l’homme Evola et de son œuvre. "

mardi, 27 novembre 2018

Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

salvini.jpg

Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

par Tom Luongo

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com

 
Tom Luongo développe un plan qui, selon lui, devrait être celui de Salvini en Italie, s’il ne l’est déjà. L’enchaînement essentiel des causes est 1) que Salvini a une pensée-longue qui va dans le sens de ce plan ; 2) que son parti ne cesse de monter dans les sondages, où il se trouve désormais n°1 incontestable avec une perspective proche des 40% des intentions de vote ; et 3) que par conséquent Salvini, de concert avec les électeurs italiens mobilisés dans ce sens, doit mener ce plan à son terme. Ce “plan”, qui pourrait être un “plan-B” si la Commission refusait le budget italien, mais qui tendrait de plus en plus à devenir un “plan-A“, sinon “le plan” tout court, avait déjà été évoqué dans son principe par Jacques Sapir.

Luongo estime que Salvini doit saborder le gouvernement italien, obtenir de nouvelles élections où la Liga arriverait aisément en tête, quasiment proche de la majorité absolue, et engagerait la bataille finale contre Bruxelles pour la sortie de l’Italie de l’euro, et plus si nécessaire, – tout en s’inspirant de la “Dame de Plâtre” (Theresa May) pour faire exactement le contraire de son Brexit et obtenir un Italexit convenable.

Cette formidable montée de Salvini et de sa Liga, avec en plus les élections européennes dans le viseur et un PE qui pourrait devenir un terrible “ennemi intérieur” au sein de l’UE, se fait au moment où toutes les tensions se manifestent en Europe. La pensée courte nomme cela “populisme”, ce qui permet de nombreux “éléments de langage” aux esprits paresseux pour vomir quelques insultes politiquement correctes, alors qu’il s’agit d’une émeute collective de type antiSystème, animée par une dynamique collective particulièrement impressionnante qui laisse à penser sur le sens et le processus même de création de cet étrange-événement (un de plus et toujours le même).

La chance de Salvini, c’est que les trois “grands” européens sont à la dérive, et pour un certain temps, et dans un climat des plus grandes incertitudes...

• Au Royaume-Uni, l’étonnante “Dame de Plâtre” réussit à mettre le Royaume-Uni dans une situation pire que celle qu’il avait lorsqu’il était membre de l’UE. Sans doute s’agit-il de prouver aux citoyens britanniques qu’ils ont eu tort de voter en faveur du retrait de l’Europe, laquelle Europe semble pousser les élites et directions des pays européennes, toutes sous la bienheureuse influence du Système, à mettre toutes leurs intelligences considérables au service des politiques les plus stupides qui soient pour tous les acteurs-Système si l’on considère le résultat final probable.

• En Allemagne, c’est Merkel qui lutte pour retenir sa place dans l’Histoire, unanimement détestée, y compris dans son parti auquel elle a dû concéder la promesse de son départ avec les prochaines élections à l’issue desquelles elle aura peut-être réussi à suffisamment affaiblir ce parti pour permettre aux autres de trouver une combinaison de gouvernement sans lui. Merkel peut d’ores et déjà être désignée comme la plus fidèle exécutrice de la transformation de l’UE en une machine autodestructrice, insupportable aux peuples qu’elle prétend réunir ; elle a établi une fausse puissance de l’Allemagne, économiquement plus forte que jamais, politiquement plus éclatée qu’elle ne fut jamais et quasi-ingouvernable, stratégiquement gisant comme un pays véritablement “occupé” et privé de toute souveraineté, bien plus encore qu’au temps de la Guerre froide, par des États-Unis eux-mêmes en crise profonde.

• La France, on en a beaucoup parlé, parce que ce président, qui met toute sa prodigieuse intelligence au service des ambitions les plus stupides, a réussi à déclencher dans ce pays anesthésié par 20-30 ans de transformation de sa posture politico-culturelle en une parodie culturelle-sociétale, une émeute générale du type-jacquerie, incontrôlable, idéale pour susciter de puissants courants populistes, etc. Macron semble presque douée d’instinct divin subverti en diabolique pour, même dans les plus courtes déclarations possibles, jeter sur l’incendie qu’il veut éteindre à tout prix quelques gallons d’essence à très haut octane et au prix augmenté de taxes diverses... Comme ce matin à Bruxelles où il parvient à glisser, pour apaiser les choses, qu’il y a en France ceux qui s’adaptent à la mondialisation (dites plutôt globalization/globalisation, monsieur le président-si-parfaitement-anglophone) et ceux qui sont quelque chose comme “inaptes au progrès”, – donc, comprend-on, bons à jeter avec leurs gilets-jaunes dégueulasses. Le chemin dialectique de Macron est extraordinaire et tient du Disneyland pour attardés mentaux : accroché à la planche-pourrie Merkel, il exhorte et ordonne aux Français de s’adapter à une globalisation qui s’effondre partout, et notamment dans de nombreux pays d’Europe et surtout aux États-Unis.

On comprend alors que cette UE qui est en train de perdre tous ses dirigeants-Système et qui est conduite par une bureaucratie bruxelloise absolument aveugle tend à devenir à une très grande vitesse du pain béni pour un politicien aussi enragé et habile sinon machiavélique à la fois qu’est Salvini. Entre les naufrages des trois grands dont l’un offre les germes d’une jacquerie européenne, l’aveuglement bruxellois, les prochaines élections européennes, les coups de boutoir des américanistes-trumpistes qui se font dans ce cas les alliés objectifs des populistes, se forme ce que l’on nomme dans la langue anglo-américaine “a perfect storm” anti-UE dont Salvini devrait pouvoir profiter.

Salvini, mais aussi le gouvernement italien dans son entier avec les M5S, ont réussi l’opération majeure pour les populistes venant au pouvoir qui est de poursuivre une politique et une stratégie antiSystème après être entrés au cœur et à la direction de l’institution-Système qu’est le gouvernement. Ils l’ont fait en modifiant leur position naturelle, ce qui les exonère de toute responsabilité fondamentale pour leur parcours national (raison pour laquelle Salvini ne cesse de gagner en popularité depuis qu’il est au gouvernement) : au lieu de s’installer comme seulement victorieux au plan national et de se trouver devant le principal obstacle de mettre leur politique à l’épreuve des faits et du pouvoir, ils se sont placés au niveau européen de façon à affronter un nouvel adversaire (Bruxelles-UE), représentant bien mieux le Système que le gouvernement de l’Italie, et donc ainsi de conserver une posture antiSystème en passant de la référence nationale à la référence européenne.

Voici donc ci-dessous l’article de Tom Luongo, – en fait la première partie, qui concerne essentiellement Salvini, la deuxième partie étant consacrée aux risques que fait courir à la puissance de Wall Street qu’est Goldman-Sachs (dont le directeur de la BCE Mario Draghi fut l’honnête représentant en Europe, et en reste évidemment l’obligé) les possibles/probables déboires de l’euro. Le texte a paru sur le site de Luongo, Goats, Gold’n Guns, le 24 novembre 2018.
dedefensa.org

_________________________


Salvini prend le contrôle de l’avenir de l’Europe

Le Vice-Premier Ministre italien Matteo Salvini vient de se déclarer leader de l’avenir de l’Europe. Il refuse de bouger d’un pouce dans les négociations avec l’Union européenne sur le budget de l’Italie et il menace maintenant de renverser le gouvernement. En disant implicitement cela, il ne parle pas seulement pour les Italiens, il parle pour cette partie croissante de la population européenne qui voit en quoi l’UE est en train de se transformer et recule devant l’horreur de la chose.

Capture d%u2019écran 2018-09-26 à 11.34.15.pngLes protestations contre la nouvelle taxe sur le diesel dans la France d’Emmanuel Macron sont devenues violentes. Les dirigeants britanniques ont complètement trahi leur peuple dans leurs négociations sur le Brexit. Ils gagneront peut-être cette bataille mais l’animosité du peuple à leur encontre ne fera que se renforcer avec le temps.

Alors que les dirigeants en France et en Allemagne perdent en popularité et ne restent en place que grâce aux querelles politiques internes, Merkel et Macron ne cessent de durcir leur rhétorique contre le nationalisme en plein essor que représente Salvini. Les deux s'emploient à promouvoir leur fédération européenne avant de quitter la scène du pouvoir, dans les prochaines années au mieux. S'ils perdent leur combat contre Salvini et le Hongrois Viktor Orban, ils risquent de devoir quitter leurs fonctions à la force des piques et des torches des violences de la rue.

Bernard Connelly, auteur du livre brillant The Rotten Heart of Europe (à lire absolument) pose la question essentielle du Brexit à laquelle aucune personne associée au Projet Fear ne tient à être confrontée. Si la séparation de l'UE est si compliquée, pourquoi personne ne parlait-il de blocus et de catastrophe économique avant le référendum sur l'indépendance de l'Ecosse en 2014 ? La réponse est simple : personne au pouvoir ne s’attendait à ce que le référendum donne une réponse positive et la question n’a donc pas été considérée.

Maintenant, revenons à l’Italie. Salvini peut agiter sa menace audacieuse de faire tomber le gouvernement parce que son parti de la Legacontinue de monter dans les sondages chaque fois qu’il le fait.

Extrait de Zerohedge.com :

« ...Depuis lors, Salvini a continué de distancer Luigi Di Maio, l’autre vice-Premier ministre du pays, en tant que symbole politique et public de l’opposition farouche à l’UE. La Ligade Salvini a atteint 36,2% des intentions de vote en novembre, ce qui fait le quatrième sondage consécutif montrant une augmentation, selon une enquête Ipsos du journal Corriere della Sera. Le Movimento 5-Stelle (M5S), qui s’était imposé comme le premier parti lors des élections générales de mars, a chuté à 27,7% ce mois-ci, contre 28,7% en octobre. »

Cette situation place Salvini exactement où il veut être, aux commandes, orchestrant le spectacle de l’attaque contre Bruxelles dans le cadre de l’avenir de l’Italie. Mais il ne joue plus seulement pour l’avenir de l’Italie. Il sait que l’Italie est désormais le porte-drapeau de la résistance face à la tension particulièrement odieuse de la technocratie européenne.

Salvini a discrètement mis de côté la question de Italeave(Italexit) lors de la campagne des élections de mars parce que c'était de bonne politique. Une fois enfonction, lui et Luigi Di Maio, son partenaire du M5S, se sont engagés à fond dans un paquet de mesures économiques qui à la fois rencontrent une promesse de campagne et constituent un doigt d’honneur à l’intention de Merkel. De plus, Salvini a annoncé avec Orban le développement d’une “Ligue des Ligues” pour prendre d'assaut la Bastille du Parlement européen aux élections de mai 2019.

Plus il agit dans ce sens, plus il devient populaire.

Plus important encore, plus Di Maio et lui renforcent à leurs engagements, plus les Italiens voient Bruxelles comme l’ennemi de leur avenir. Et ne vous y trompez pas, ils suivent de près la façon dont Theresa May la “Dame de Plâtre” accouche d’un Brexit de cauchemar pour les Britanniques et par conséquent comment il faut procéder, – au contraire de May, – pour faire face avec efficacité à la terrible “incertitude” de la rupture avec l’UE.

La menace de Salvini de renverser le gouvernement dont il est actuellement le chef de file, c’est une déclaration de guerre contre Bruxelles et le reste de la classe politique italienne qui tenterait de s’opposer à lui dans les négociations sur le budget et la dette. La Legaest actuellement le partenaire junior dans le gouvernement italien. Des élections anticipées pourraient facilement la voir dépasser les 40% et obtenir un mandat populaire quasiment imbattable pour soutenir son approche conflictuelle de Bruxelles, tout en forçant ses partenaires 5-Etoiles de la coalition à le suivre.

Il s’agit là d’une tentative d’un coup politique majeur pour Salvini. En cas de succès, il deviendra le pôle d’attraction des eurosceptiques dans tous les pays européens qui leur permettra de rompre avec le “merkelisme” et la consolidation du pouvoir autour de l’Allemagne au sein de l’UE.

Les problèmes d’endettement de l’Italie ne peuvent être résolus dans l’euro. Salvini comprend cela. Le plus gros obstacle à ses projets est le peuple italien lui-même. Salvini doit faire comprendre aux Italiens que les charges et les difficultés à court terme d’une sortie de l’euro sont facilement justifiées par les avantages à long terme.

J’ignore si Salvini a expliqué, et suffisamment expliqué, cette manœuvre mais c’est absolument ce qu’il devra faire. C’est, dans l’esprit et selon n’importe quel composant (euro ou pas euro) la sorte de manœuvre que Theresa May a refusée, et c’est pourquoi elle a engagé des négociations sur le Brexit qui ont produit un accord bien pire que la situation dont la Grande-Bretagne disposait en tant que membre à part entière de l’UE.

Tom Luongo
Source

 

mardi, 16 octobre 2018

Gianfranco Miglio

miglio-793x562.jpg

Gianfranco Miglio

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

C’est l’ombre d’un défunt qui plane sur l’Italie depuis le 1er juin dernier, jour d’entrée en fonction du gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 Étoiles (M5S) et la Ligue. Dans un entretien accordé à GZERO Media mentionné par Faits et Documents (n° 453, du 1er au 31 juillet 2018), Beppe Grillo estime que « nous retournons […] dans les cités-États, et les frontières et les nations sont vouées à disparaître ». Le fondateur du M5S rejoint en partie le point de vue de l’avocat, universitaire et politologue italien Gianfranco Miglio.

Né en janvier 1918, Gianfranco Miglio applique une grille inspirée des travaux de Max Weber pour étudier l’histoire des administrations européennes depuis le Moyen Âge. Il se rend très vite compte que la centralisation piémontaise appliquée au moment de l’unification italienne a nui aux spécificités locales de la Péninsule. Il remarque cependant que les jurisprudences s’inscrivent encore dans la tradition juridique des anciens États italiens.

Dans les années 1980, il anime le « Groupe de Milan », une équipe de juristes qui souhaitait réviser la Constitution de 1947 dans un sens primo-ministériel, c’est-à-dire un Premier ministre, chef de l’exécutif, élu au suffrage universel direct. Favorable à un Sénat des régions, Gianfranco Miglio se rapproche à la fin de cette décennie de la Ligue lombarde d’Umberto Bossi qui va bientôt se transformer en Ligue du Nord. Il en deviendra vite le principal théoricien.

51cSphIrRuL._SY344_BO1,204,203,200_.jpgLecteur autant des néo-libéraux Ludwig von Mises et Friedriech von Hayek que de Carl Schmitt et de Julien Freund, ce Lombard approuve très tôt le fédéralisme italien et européen. Il juge en effet que l’État moderne sous sa forme d’État-nation entre dans un déclin inéluctable. Dans un rare texte de Gianfranco Miglio disponible en français, « Après l’État-nation » (mis en ligne le 17 novembre 2017 sur le site Le grand continent), il considère que « les villes sont de véritables communautés politiques, de fait toujours plus affranchies des États, entretenant parfois des relations étroites (ou des rivalités) les unes avec les autres. Elles sont toujours moins en harmonie avec leurs États respectifs qui leur imposent plutôt des limites ». Son inspiration politique s’appelle le Saint-Empire romain germanique et la Ligue hanséatique. Au soir de sa vie, il reconnaissait volontiers que « l’Empire était une structure multinationale qui servait aux Reichsstädten, aux Cités de l’Empire, à régler les conflits qui surgissent aux niveaux locaux. Mais pour le reste les communautés urbaines ou locales avaient la liberté de s’auto-gouverner, à promulguer leurs propres lois. L’autorité impériale les laissait en paix, au contraire de ce que fait Bruxelles aujourd’hui (dans La Padania du 15 juin 2000, repris dans Nouvelles de Synergies Européennes, n° 48, 2000) ».

Gianfranco Miglio suggère par conséquent une Italie fédérale constituée des cinq régions actuelles à statut spécial (Sicile, Sardaigne, Trentin-Haut Adige – Tyrol du Sud, Frioul-Vénétie julienne et Val d’Aoste) et trois macro-régions : au Nord, la Padanie, au Centre, l’Étrurie, et au Sud, l’Ausonie ou la Méditerranée. Chaque entité régionale disposerait de sa propre autonomie et de son propre ordre juridique. En effet, ce partisan de la subsidiarité soutient à l’instar de Hayek que le droit doit se conformer au terreau socio-culturel et géo-politique sur lequel il s’applique. De fait, il conçoit que les mafias remplacent dans le Mezzogiorno les structures administratives d’un État déficient, voire défaillant. Pour Gianfranco Miglio, « nous devons retourner à la grande tradition juridique inaugurée jadis par Althusius et les juristes des XVIe et XVIIe siècles, qui ont construit des modèles pour assurer la permanence des souverainetés particulières. Je crois que le poids du “ droit public européen ”, qui a créé l’État moderne, est encore (trop) considérable dans l’histoire quotidienne de l’Europe d’aujourd’hui. Le problème actuel est de mettre ce droit de côté, de le remplacer par des structures fédérales. L’État moderne est entré en déclin pour devenir un État parlementaire. Il nous faut retourner aux traditions fédérales des XVIe et XVIIe siècles, que l’on a oubliées, et que l’État moderne a oblitérées, pour se poser comme l’unique pouvoir souverain et inégalable (dans La Padania du 4 juillet 2000, repris dans Au fil de l’épée, 2000) ».

Il est élu sénateur de la Lega Nord en 1994. Il y siégera jusqu’à sa mort en août 2001. Entre-temps, vexé qu’Umberto Bossi ne l’ait point proposé comme ministre du premier gouvernement Berlusconi, il quitte la Ligue du Nord, adhère au Parti fédéraliste et rejoint le groupe sénatorial de Forza Italia.

Malgré les efforts méritoires des revues Vouloir et Orientations de Robert Steuckers, l’œuvre de Gianfranco Miglio reste inconnue en France alors que ses conclusions politico-constitutionnelles tant pour l’Italie jaune-verte que pour une construction européenne améliorée demeurent plus que jamais pertinentes. Ainsi le Professeur Gianfranco Miglio est-il un incontestable visionnaire de notre idée européenne enracinée.

Georges Feltin-Tracol

• Chronique n° 20, « Les grandes figures identitaires européennes », lue le 9 octobre 2018 à Radio-Courtoisie au « Libre-Journal des Européens » de Thomas Ferrier.

mardi, 11 septembre 2018

Sur le Mouvement Cinq Étoiles

beppe-grilloPOR.jpg

Sur le Mouvement Cinq Étoiles

par Georges FELTIN-TRACOL

Depuis le 1er juin 2018, au terme de trois mois de tractations plus ou moins officielles, de ruptures publiques, de rabibochages discrets et de multiples pressions, l’Italie a innové en se donnant un gouvernement « jaune – vert » dirigé par l’indépendant Giuseppe Conte. Si le vert est le couleur de la Lega du secrétaire fédéral, Matteo Salvini, désormais vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur, le jaune se rapporte au Mouvement 5 Étoiles (M5S) de l’autre vice-président du Conseil et ministre du Développement économique, du Travail et des Politiques sociales, Luigi Di Maio, dirigeant du M5S. Or qu’est-ce que le M5S ? La version transalpine de La France Insoumise de Jean-Luc Mélanchon ou une originalité écolo-souverainiste ?

M5EtoileJD.pngDans Un populisme à l’italienne ?, Jérémy Dousson, directeur général adjoint du magazine Alternatives économiques, apporte un éclairage intéressant. Le livre étudie un véritable « ovni » politique qui a permis l’avènement en Europe du premier « populisme de gouvernement » ! Paru avant les résultats des législatives du 4 mars 2018, l’ouvrage n’évoque pas bien sûr la nouvelle coalition gouvernementale. L’auteur précisait alors que « le mouvement ne s’allie pas avec les partis qui ont échoué; il gouverne seul ou il ne gouverne pas (p. 110) ». Pas sûr toutefois que Jérémy Dousson aurait conservé sa belle sérénité s’il avait appris l’entente avec la Ligue… Pourtant, « en tant que partis qui expriment, d’une manière différente, la mentalité populiste, prévient Marco Tarchi, leurs vues ne sont pas, sur le fond, incompatibles, donc une alliance est possible et, peut-être, viable (1) »

L’explication des cinq étoiles

Pourquoi le Mouvement 5 Étoiles s’appelle-t-il ainsi ? S’agit-il d’une volonté comique de gagner une cinquième étoile à la Coupe du Monde de football ? Serait-ce plutôt une critique ironique adressée à l’« Établissement » honni ? En fait, « le projet écologiste du M5S s’affiche dès les cinq étoiles de son logo, puisque celles-ci représentent l’eau, les transports, le développement, l’environnement et la connectivité – on pourrait d’ailleurs en ajouter une sixième pour l’énergie (pp. 125 – 126) ». Contre la prédominance de l’automobile et pour une hausse régulière du prix des carburants fossiles, le M5S propose un programme ambitieux sur les énergies renouvelables, une sortie assez rapide du nucléaire et l’interdiction de toute privatisation de l’énergie. Jugeant l’eau bien commun, il réclame des régies publiques de gestion, refuse l’incinération des déchets par les cimenteries et s’oppose aux projets de grands travaux (ligne à grande vitesse Lyon – Turin, pont au-dessus du détroit de Messine qui relierait le Sud de la Botte à la Sicile, etc.) (2). Outre l’hostilité à la kleptocratie qui profite de la rénovation des infrastructures routières et ferroviaires, il justifie son opposition par la trop forte artificialisation des terres arables et ne cache pas apprécier une certaine décroissance. Influencé par La Fin du travail (1995) de Jeremy Rifkin et pariant sur un nouveau modèle économique post-pétrolier, le M5S soutient les monnaies locales et complémentaires, la relocalisation de l’économie, la réduction du temps de travail hebdomadaire à 20 heures, le recyclage des produits et la diminution des déchets. En matière de commerce international, Luigi Di Maio a annoncé que la majorité parlementaire « vert-jaune » ne ratifierait pas le CETA, l’accord de libre-échange UE – Canada, ce qui le rendrait de facto inapplicable à l’ensemble des États membres de l’Union dite européenne.

Le M5S réclame en outre la fin de l’économie de la propriété au profit d’une économie de l’usage dès à présent visible avec l’essor marchand du numérique (Uber, Airbnb…). C’est dans le domaine informatique que le M5S est le plus novateur, lui qui exige le Wi-Fi pour tous et partout. Par l’intermédiaire d’une plateforme numérique, appelée Rousseau, qui « est le portail Internet dévoiler à la gestion du mouvement et à la participation des inscrits à sa vie interne (p. 107) », et sur laquelle sont prises les principales décisions du mouvement. N’ayant aucun siège officiel ni aucune adresse postale, le M5S se définit comme un non-parti politique ou, plus exactement, comme « une libre association de citoyens (p. 75) ». Pour le rejoindre, il suffit de s’inscrire en ligne et de certifier sur l’honneur être citoyen italien et ne pas milité dans un autre parti. L’adhérent du M5S ne verse aucune cotisation. Par ailleurs, « l’organisation du M5S est régie par deux textes : le “ non-statuto ” (les non-statuts) et le “ regolamento ” (le règlement du site Internet du mouvement) (p. 75) ». Jérémy Dousson souligne cependant que derrière le caractère informel du M5S existe une association légale et structurée, la Casaleggio Associati au fonctionnement interne très opaque.

Avant d’avoir son propre site Internet, le M5S utilisa longtemps celui de son fondateur, Beppe Grillo, favorable non pas à la démocratie directe au sens athénien ou helvétique du terme, mais à une démocratie continue grâce au numérique. Au journaliste étatsunien Ian Bremmer de GZERO Media, il explique qu’en raison de l’abstention massive, « la démocratie est dépassée. […] Ce sont des minorités, actuellement, qui contrôlent la démocratie. La démocratie sera remplacée (3) ». Par quoi ? Par les nouvelles techniques de l’information et de la communication. « La méthode la plus démocratique que je connaisse, explique encore Grillo, est d’avoir un référendum en ligne, depuis mon smartphone, sur tous les sujets. Il faut que cette technologie soit disponible (4). »

M5S-1.jpgC’est Beppe Grillo qui pose dès le départ les interdits fondamentaux qui rendent le M5S si singulier. Les eletti (élus) n’existent pas, mais il y a des portavoci, les porte-parole. Avant une approbation en ligne sur la plateforme Rousseau, les éventuels candidats à une fonction élective s’engagent à ne pas cumuler de mandat, à n’effectuer que deux mandats consécutifs, à ne pas embaucher des membres de leur famille au titre d’assistants et à ne pas se parachuter dans une circonscription gagnable. Enfin, tous doivent présenter un casier judiciaire vierge. C’est la raison pour laquelle Beppe Grillo n’a jamais été candidat. Outre que « le comique a fait ou fait encore l’objet d’environ quatre-vingt-dix procès (p. 31) » pour des diffamations publiques, il a été condamné en 1981 pur un homicide involontaire lors d’un accident de la route. En 2014, un tribunal l’a aussi condamné à quatre mois de prison pour avoir brisé des scellés apposées sur le chantier du Lyon – Turin (5).

Un comique en politique

Jérémy Dousson signale la rencontre de Giuseppe Grillo avec Gianroberto Casaleggio en 2004. Ce dernier qui rêve d’un gouvernement mondial très anti-religieux – somme toute assez proche des fadaises de H.G. Wells (6) -, le convainc de monter un blogue qui, après son lancement le 26 janvier 2005, va devenir l’un des plus consultés au monde d’autant que Grillo connaît depuis longtemps une forte notoriété dans la Péninsule. Ce natif de Gênes en 1948 travaille d’abord, une fois un diplôme de comptabilité en poche, dans l’entreprise paternelle, puis devient sans grand plaisir représentant de commerce. Dès qu’il le peut, il fait de l’humour dans des cabarets. Il finit par attirer l’attention et en fait son métier avec un indéniable succès lucratif.

Invité sur les plateaux de télévision, il atteint rapidement la célébrité grâce à des émissions regardées par une quinzaine de millions de téléspectateurs. Il tourne au cinéma en 1984 avec Coluche dans Le Fou de guerre de Dino Risi. Dans ses spectacles, télévisés ou en tournée, il n’hésite pas à étriller les politiciens et à aborder des sujets économiques, sociaux et écologiques. Plus tard, sur son blogue, il traitera des travaux de Karl Polanyi, de la Troisième Révolution industrielle, de la pile à hydrogène, de la pollution et de la corruption politico-administrative qui ravage l’Italie.

V-DAY-Sintetico-con-logo-Meetup-VR.jpg

Très tôt, le comique verse dans un anti-berlusconisme catégorique. L’un de ses aides qui rédigent alors ses spectacles collabore au journal d’extrême gauche Il Manifesto. Irrité par les faibles réactions de l’opposition de gauche aux différents gouvernements du Cavaliere, Beppe Grillo inaugure, le 8 septembre 2007, le premier « Vaffanculo Day » ou V-Day, soit le « Jour Va te faire foutre ! » (sous-entendu Berlusconi et les élus multi-condamnés et toujours réélus)… Cette provocation publique lui attire la sympathie d’une partie non négligeable de l’Italie; il la renouvelle l’année suivante. En juin 2009, à l’occasion des élections municipales partielles, il accepte la présence de « listes civiques à cinq étoiles » qui trouvent un électorat protestataire disponible. Se voulant fer de lance de l’opposition à Berlusconi qui gouverne avec la Ligue du Nord et les post-fascistes, Beppe Grillo veut se présenter aux primaires de la gauche organisées par le Parti démocrate à l’été 2009. Les dirigeants de la formation issue du long amalgame de l’aile progressiste de la démocratie chrétienne, des socialistes, du centre-gauche libéral, des écologistes modérés et de l’ancien PCI rejettent sa candidature. Furieux, il fonde dès octobre 2009 le Mouvement Cinq Étoiles et en fait une force anti-politicienne (et non anti-politique) atypique. « Porte-parole et garant du mouvement, il en est aussi le mégaphone (p. 29) », Beppe Grillo utilise sa célébrité en faveur du M5S. Sous la supervision discrète et vigilante de Gianroberto Casaleggio, son autre fondateur, les premiers adhérents s’emparent des réseaux sociaux et arrivent à contourner les médiats écrits, radiophoniques et audio-visuels tant publics que privés. Méfiant à leur égard, Beppe Grillo insiste sur son opposition totale à l’attribution de subventions publiques aux titres de presse (7), aux chaînes de radio et de télévision, aux syndicats et aux partis politiques.

Le M5S connaît dès 2012 ses premiers succès électoraux. En 2012, le candidat du M5S, Federico Pizzarotti, remporte la mairie de Parme (8). En 2016, les candidates grillinistes, Virginia Raggi et Chiara Appendino, remportent respectivement les municipalités à Rome à Turin. Fort curieusement, la popularité du M5S ne va pas pâtir de l’incroyable amateurisme de deux mairesses comme si la plasticité politique du mouvement grilliniste l’immunisait des désagréments du quotidien.

Au-delà de la gauche, de la droite, du centre et des extrêmes

Le M5S ose la radicalité. Au pays du campanilisme, il souhaite regrouper les communes de moins de 5 000 habitants, supprimer les provinces (l’équivalent des départements), séparer les banques d’affaires des banques commerciales et apporter l’appui de l’État aux PME et aux entreprises artisanales qui sont à la base de la troisième puissance économique de la Zone euro et de la deuxième puissance industrielle d’Europe. Le M5S envisage une timide participation des salariés dans les entreprises ainsi qu’un revenu de citoyenneté inspiré du RSA. Jérémy Dousson observe surtout que « le M5S vise clairement les grands capitaines d’industrie et les multinationales, ainsi que “ la caste ”, à l’instar de Podemos (p. 144) ». Faut-il par conséquent le classer à gauche, voire à l’extrême gauche ? Pas évident ! « Refusant de se positionner sur l’échiquier gauche – droite traditionnel, le M5S propose un programme socialement progressiste, économiquement hétérodoxe et radicalement écologique. Sur le modèle des « “ entreprises libérées ”, il s’organise en groupes locaux autonomes au fonctionnement horizontal, focalisés sur le projet inspiré par son chef politique (pp. 11 – 12). » Alors où le ranger ? Difficile de répondre…

B-tribun.jpg

Les élections européennes de 2014 envoient au Parlement de Strasbourg – Bruxelles dix-sept élus (quatorze maintenant après la défection de trois d’entre eux). Anti-euro, le M5S s’oppose à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Afin de peser quelque peu et de ne pas végéter parmi les non-inscrits, les députés européens grillinistes rejoignent le groupe souverainiste eurosceptique Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD) présidé par le Britannique pro-Brexit Nigel Farage, chef d’UKIP. Outre les Italiens et les vingt Britanniques d’UKIP, ELDD compte aussi un élu allemand de l’AfD, six Français élus à l’origine sur les listes FN (dont trois Patriotes parmi lesquels Florian Philippot et un rallié à Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan), un Lituanien d’Ordre et Justice, un Polonais, un Tchèque et deux Démocrates de Suède. Or, avec la perspective du Brexit, ce groupe risque de disparaître au lendemain des élections européennes de 2019. Au début de l’année 2017, Beppe Grillo négocia avec Guy Verhofstadt, l’ancien Premier ministre belge, un ralliement des députés européens du M5S au groupe charnière de l’ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe), pro-euro, atlantiste et fédéraliste européen. Les pourparlers échouèrent au dernier moment devant la fronde menée au sein de l’ALDE par des élus centristes horrifiés à l’idée de siéger aux côtés des affreux grillinistes. Cela n’empêche pas le M5S de se dire ensuite disponible pour des discussions avec les Espagnols de Ciudadanos et les Français de La République En Marche (9)… Macroniens et grillinistes se partagent en effet quelques points communs au niveau organisationnel. « Le temps des idéologies est terminé. Le Mouvement 5 Étoiles n’est fasciste, affirme encore Beppe Grillo, il n’est ni de droite ni de gauche. Le M5S n’a pas de préjugés personnels (10). »

L’échec des négociations avec Guy Verhofstadt provoqua le retrait de Beppe Grillo de la direction du M5S au profit de Luigi Di Maio dont le père militait au MSI. Ce retrait volontaire s’explique aussi par de nombreuses sorties provocatrices de Grillo qui le placent en porte-à-faux par rapport à ses propres militants et électeurs. Jérémy Dousson ne mentionne jamais l’avis de Beppe Grillo sur les tensions au Moyen Orient. Marié en secondes noces à l’Iranienne Tadjk Parvin, le fondateur du M5S est antisioniste. Ne déclare-t-il pas qu’« Israël est une dictature militaire prête à déchaîner la troisième Guerre mondiale (11) » ou que l’État hébreu « est une dictature militaire. Les juifs sont comme Attila, après eux les Palestiniens ne repoussent pas (12) » ? Aux accusations d’antisémitisme, il rétorque à un journaliste communautaire : « Je me méfie de quelqu’un qui a le nez crochu. Je l’enverrai se balader à Gaza avec une kippa sur la tête (13). » On lui reproche enfin d’admirer Maurizio Blondet, journaliste et blogueur catholique traditionaliste anti-sioniste. En Italien affranchi, Beppe Grillo se méfie du clergé catholique. Pour lui, « le Vatican est la plus grande multinationale du monde avec deux millions d’emplois au noir (14) ». Comme bien des Italiens avertis, il sait que les associations humanitaires catholiques contribuent au financement des réseaux de passeurs d’étrangers clandestins en Méditerranée et leur accueil rémunérateur.

La mise à l’écart se comprend par d’autres initiatives du « non-chef » du M5S. Beppe Grillo conteste par exemple la réforme du code de la nationalité qui aurait dû introduire le droit du sol. Auparavant, il discuta avec CasaPound. À cette occasion, il jugea qu’être antifasciste était daté et déclara que « nous avons des batailles en commun. Si quelqu’un de CasaPound veut entrer dans notre mouvement, il n’y a pas de problème (15) ». En 1995, il disait toutefois le contraire. S’il a rejeté l’homoconjugalité, un ministre M5S a officiellement participé en juin 2018 à la GayPride de Rome. Il explique enfin à Ian Bremmer vouloir « un référendum sur l’euro. Laissons le peuple italien décider si nous devons rester dans l’euro, ou non. Pas dans l’UE, mais dans l’euro. Un référendum consultatif, pour ouvrir le débat pendant un an sur un plan B (16) » alors que la coalition a confirmé son maintien sans l’actuelle Eurolande.

L’ultime recours du Système ?

Si « le M5S réalise ses meilleures performances dans le monde ouvrier, la bourgeoisie et chez les chômeurs (p. 48) », les adhérents grillinistes seraient plutôt altermondialistes tandis qu’avant 2018, 40 à 55 % des électeurs étaient ni à droite ni à gauche (peut-être centristes), 30 à 35 % se situaient à gauche et 15 à 25 % à droite. Électeurs et militants du M5S ont néanmoins approuvé l’alliance avec la Lega et les intentions de vote dans les sondages restent très stables pour le mouvement grilliniste au plus grand étonnement des commentateurs politiques en dépit de mauvais résultats aux municipales partielles de ce printemps qui ont vu en revanche une percée de la Lega. Les succès municipaux du parti de Matteo Salvini et sa forte hausse dans les sondages qui le place au moins à égalité du M5S inquiètent fortement l’aile gauche du grillinisme animée par le président de la Chambre des députés, le progressiste Roberto Fico. Celui-ci souligne le combat du M5S en faveur du droit d’asile et s’oppose régulièrement au ministre de l’Intérieur…

Luigi Di Maio, vice-président de la Chambre des députés entre 2013 et 2018, a délaissé le caractère fantasque et imprévisible du mouvement recherché par Beppe Grillo, pour lui donner une respectabilité certaine. Pendant la dernière campagne législative, Jérémy Dousson ne pouvait pas savoir que comprenant à l’instar de son mentor que l’Italie n’a qu’une souveraineté très limitée (17), il s’est rendu à Londres et à Washington y prouver son attachement à l’atlantisme et à l’européisme. On peut même supposer qu’aux dernières heures des tractations avec Matteo Salvini, des émissaires ont probablement rencontré des hiérarques de l’eurocratie pour leur signifier le marché suivant. Bruxelles n’intervient pas sur la question migratoire et en échange l’Italie reste dans la Zone euro et en accepte la discipline monétaire. Peut-on y voir une roue de secours populiste pour le Système ? Les années (ou les mois) confirmeront ou non cette interrogation. L’ambiguïté persiste… Sera-t-elle levée aux élections européennes de 2019 ? Candidat anti-Système et décroissant malheureux aux législatives françaises de l’année dernière dans la 3e circonscription de l’Aveyron (1,31 %), Thierry Noël aurait été approché par le M5S. Un tract défend « une Europe franco-italienne, neutre et protégée, à six nations de l’Ouest européen, sans l’Allemagne et son Reich ultra-libéral, sans l’OTAN, sans loups et sans migrants. Une France zen, sans franc-maçons, sans caïds et sans islamistes; une société de croissance raisonnée, sans nucléaire, sans zombies… (18) » De pareilles propositions rendent bien perplexes les observateurs habitués au sordide confort de l’hémiplégie politicienne moderne.

Selon Eugenio Scalfari, Beppe Grillo « prêche la nécessité d’un tsunami, mais pour mettre à la place on ne sait pas qui et on ne sait pas quoi (19) ». On le sait maintenant puisque le Mouvement 5 Étoiles dirige la Péninsule, ce qui dévalue un peu l’ouvrage de Jérémy Dousson. Néanmoins, il demeure intéressant sur la genèse et les débuts tonitruants d’un mouvement populiste parfait, première ébauche d’une politique post-moderne. Une suite dans les prochaines années sera certainement la bienvenue.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : « M5S et Ligue : leurs vues ne sont pas, sur le fond, incompatibles », entretien de Marco Tarchi avec Lionel Baland, mis en ligne sur EuroLibertés, le 24 mai 2018.

2 : Bénéficiant des publicités du groupe Benetton, principal actionnaire du concessionnaire des autoroutes italiennes, les médiats tant italiens qu’européens ne se privent pas d’accuser le M5S d’avoir empêché toute construction de pont autoroutier qui aurait évité la catastrophe de Gênes du 14 août 2018. Le M5S, Beppe Grillo en tête, savent fort bien que les travaux d’aménagement routier servent souvent à financer les partis politiques du Système, ce qui double ou triple les frais payés par les contribuables et les usagers. Comme en France, l’entretien régulier des infrastructures de transport pose la question cruciale du financement. Plutôt qu’une « écotaxe » réclamé par un incompétent notoire, ancien sous-ministre aux transports du taxeur en série compulsif Sarközy et soutien de l’ineffable Valérie Pécresse, la suppression du financement public des partis politiques et des syndicats permettrait de réaffecter des millions d’euros vers des actions plus utiles pour l’intérêt général des Français et des Européens.

3 : dans Faits et Documents, n° 453, du 1er au 31 juillet 2018, p. 8.

4 : Idem.

5 : Excellente dans l’idéal, cette pratique pourrait être cependant amendée pour les victimes judiciaires des lois liberticides. Suite à des décisions de bon sens envers les clandestins, Mattei Salvini est menacé de poursuites par la justice italienne soi-disant indépendante et rongée par le gauchisme culturel. La coalition « jaune – verte » fait face à une quadruple pression : médiatique, judiciaire, ecclésiastique et pseudo-européenne. Tiendra-t-elle sur la durée avec un président de la République Sergio Mattarella en embuscade ?

6 : cf. Herbert George Wells, Le nouvel ordre mondial, préface de Pierre Hillard, Éditions du Rubicon, coll. « Influences », 2018.

7 : Selon Grillo, l’existence et la pérennité d’un périodique dépend de ses lecteurs et d’eux seuls.

8 : Federico Pizzarotti est réélu en 2017 en tant qu’indépendant, car il a rompu l’année précédente avec Beppe Grillo et son mouvement.

9 : Les députés européens du M5S montrent une certaine porosité avec les élus de gauche et d’extrême gauche. Ils votent régulièrement la levée de l’immunité parlementaire dans les affaires de liberté d’expression.

10 : cité par Libération du 27 février 2013.

11 : cité par Le Point du 7 février 2013.

12 : cité par L’Express du 13 février 2013.

13 : cité par Le Point, op. cit.

14 : cité par L’Express, op. cit.

15 : cité par Le Point, op. cit.

16 : cité dans Faits et Documents, op. cit.

17 : « Nous, Italiens, nous sommes sous occupation américaine, explique Beppe Grillo, coupable en partie de la crise économique européenne », cité par L’Express, op. cit.

18 : « Thierry Noël vers le Mouvement cinq étoile ? » dans Midi libre du 13 juillet 2018.

19 : Eugenio Scalfari dans L’Espresso, cité par Courrier International du 10 au 16 mai 2012.

• Jérémy Dousson, Un populisme à l’italienne ? Comprendre le Mouvement 5 Étoiles, Les petits matins, 2018, 205 p., 15 €.

 

lundi, 09 juillet 2018

Entretien avec Mario Borghezio, député européen de la Lega

MB-portrait.jpg

Entretien avec Mario Borghezio, député européen de la Lega

Immigration illégale : « Beaucoup de problèmes demeurent irrésolus »

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

Q.: Lors du dernier sommet européen, la problématique des migrations illégales a constitué la thématique majeure des débats. Etes-vous satisfait des résultats de ceux-ci ?

MB : Finalement, l’UE a bien vu qu’il est impossible, pour l’Italie, à elle seule, de freiner le flot des migrants. L’UE a également reconnu qu’il était urgent et nécessaire, d’arrêter ces débarquements de migrants venus des côtes africaines. Cependant, bon nombre de problèmes demeurent irrésolus : nous devons surtout songer à repenser entièrement et à reformer le droit d’asile.

Q.: Quelle est, à votre avis, l’importance d’une protection de la frontière entre la Libye et le Niger dans le cadre d’une lutte généralisée contre les immigrations illégales de grande ampleur ? Faudra-t-il envoyer là-bas des policiers et des soldats européens ?

MB : La zone frontalière entre la Libye et le Niger est effectivement une véritable autoroute pour les migrants illégaux. Seul un contingent militaire peut sécuriser et améliorer la situation.

Q.: La Libye refuse que l’on installe sur son territoire des camps d’accueil. Comment pourrait-on amener la Libye (et d’autres Etats africains) à coopérer avec l’UE ?

MB : Il me paraît nécessaire que la Libye convienne, avec l’UE, d’un plan de grande envergure, élaboré sérieusement. Et il ne s’agit pas seulement d’argent, mais de moyens fondamentaux, pour activer la lutte contre les passeurs et pour offrir une gestion plausible des flots migratoires et des demandeurs d’asile.

Q.: Les activités de certaines ONG posent tout particulièrement problème en Méditerranée. Que pourra-t-on et devra-t-on mettre en œuvre pour arrêter ce trafic d’êtres humains ?

MB : Désormais, un bonne part de l’opinion publique s’est rendue compte que beaucoup d’ONG ont étroitement collaboré avec les passeurs. Avant que les contrôles nécessaires et les mesures de prévention puissent être mises en œuvre, les activités de ces ONG dans les régions maritimes concernées doivent être arrêtées. Les ports, où elles débarquaient habituellement les migrants, doivent être fermés, comme l’a ordonné le nouveau gouvernement italien.

Q.: Depuis le 1 juillet, l’Autriche préside le Conseil de l’UE. Qu’attendez-vous d’elle ?

MB : Le nouveau gouvernement autrichien agira très positivement dans la crise actuelle, en respectant le projet européen initial des pères fondateurs de l’Europe unie, notamment en rapprochant les peuples européens. Nous avons pleinement confiance en ce nouveau gouvernement autrichien sur ce chapitre !

Q.: Un des projets majeurs de cette présidence autrichienne est de lutter contre l’immigration illégale de grande ampleur. Y aura-t-il un axe entre Rome et Vienne, entre le ministre italien des affaires intérieures Matteo Salvini et son collègue et homologue autrichien Kickl ?

MB : Les deux ministres de l’intérieur trouveront certainement un bon terrain d’entente, tant en ce qui concerne le renforcement des contrôles aux frontières extérieures de l’Europe qu’en ce qui concerne la nécessité de créer des centres d’accueil pour identifier les migrants en zones extérieures à l’UE.

Q.: En Espagne, le nouveau gouvernement de gauche se montre très favorable à l’immigration. Cette position pourra-t-elle mettre en danger les efforts entrepris pour renforcer la protection des frontières extérieures à l’UE et pour combattre les migrations illégales de grande ampleur ?

MB : Nous devons espérer que la pression exercée par l’opinion publique espagnole, qui refuse catégoriquement l’invasion migratoire sur son sol, freinera cette politique néfaste du parti socialiste espagnol et de ses alliés qui, follement, agissent dans le sens d’une politique des « portes ouvertes ».

Q.: Je vous pose maintenant une question très générale : dans quelle mesure le travail de la FPÖ autrichienne, qui participe depuis décembre au gouvernement de l’Autriche, est-il un exemple pour la Lega ?

MB : La FPÖ est certes un exemple pour nous, non seulement pour la Lega mais pour toutes les forces politiques européennes qui veulent retrouvent la souveraineté de leurs Etats. Nous devons prendre position de manière claire et décidée pour la sécurité de nos peuples et pour un arrêt complet de toute immigration. Mais nous devons aussi avoir la capacité de gagner à nous l’approbation des électeurs « modérés », des centristes et des catholiques. La campagne « La Lega pour Salvini premier ministe » allait dans ce sens.

Q.: Les élections en Allemagne, en Autriche et en Italie ont montré que de plus en plus de gens votent pour les partis qui expriment de solides critiques à l’endroit de l’UE. Observe-t-on, dans les pays de l’UE, à un changement de cap fondateur ou bien doit-on admettre avec fatalisme que l’établissement dictera encore et toujours la voie à suivre ?

MB : Si les partis critiques se développent et engrangent encore de bons scores électoraux, il n’y aura plus de place en Europe pour les politiques foireuses et caduques des bureaucrates bruxellois.

Q.: Récemment, Merkel et Macron ont proposé des plans pour une réforme de l’euro-zone, qui devrait, selon eux, obtenir son propre budget. Quel regard jetez-vous sur ces plans ? Est-ce un pas de plus vers davantage de centralisme ?

MB : Merkel et Macron sont deux dinosaures de la politique eurocratique. Le séisme que nous avons provoqué les ensevelira, sans que nos peuples, y compris les Français et les Allemands, les regretteront.

Q.: Après les mutations politiques survenues en Autriche et en Italie, pourra-t-on, à terme, envisager une bonne coopération avec les gouvernements critiques à l’égard de l’UE, comme ceux de la Pologne ou de la Hongrie, afin de constituer un contrepoids au binôme franco-allemand ?

MB : Le groupe de Visegrad est non seulement un allié naturel de nos deux gouvernements mais constitue un signal politique et historique bien clair car ceux qui se sont libérés de la dictature communiste ne veulent pas subir un autre régime irréaliste et fou, orchestré par des technocrates et des bureaucrates soutenus par la haute finance et cherchant à dominer durement nos nations et nos régions.

Q.: Actuellement, on est en train de négocier le budget de l’UE pour les années 2021-2027. Après le Brexit, y aura-t-il des restrictions ?

MB : Nous pouvons éviter toute augmentation des quotas pour les pays membres d’une manière très simple : en décidant clairement de réduire les dépenses de l’UE, qui sont extravagantes, inutiles et trop onéreuses. Nous nous positionnons clairement contre tout nouvel impôt européen que celui-ci soit imposé ouvertement ou de manière camouflée.

Entretien paru dans « zur Zeit », Vienne, n°27-28/2018 ; http://www.zurzeit.at .

mardi, 03 juillet 2018

Salvini veut faire de la Lega une « force européenne »

salvinilega.jpg

Salvini veut faire de la Lega une « force européenne »

Rome : Le nouveau ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, veut faire de la Lea une « force européenne ». « Mon objectif est de transformer la Lea en une force européenne et internationale, dépassant les frontières nationales et apportant à tous les peuples d’Europe la liberté, le travail et l’emploi », a déclaré le chef du parti Salvini selon le quotidien Corriere della Sera.

« Je suis pour une Europe de l’espoir, de l’emploi et de la sécurité», expliquait Salvini. « Jusqu’ici, l’Europe, pendant des décennies, a été mal gouvernée. Cela nous a amené une Europe d’emplois précaires, de faillites bancaires et d’immigrations incontrôlées. Tous les partis doivent désormais décidé de quel côté ils se rangent » a ajouté Salvini dans ses déclarations au journal milanais.

A l’occasion de cet entretien, il a très clairement refusé que la Lega rejoigne un jour le PPE (“Parti Populaire Européen”), auquel avait adhéré son alliée “Forza Italia”, le mouvement de l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi. Au sein du Parlement européen, le parti de Salvini appartient, tout comme la FPÖ autrichienne, à la fraction dite « Europe des nations et des libertés » (ENL).

Ex: http://www.zuerst.de

legasalvinipremier.png

vendredi, 25 mai 2018

M5S et Ligue : leurs vues ne sont pas, sur le fond, incompatibles

Marco Tarchi est politologue, professeur d’université à Florence et écrivain. Il a publié plusieurs ouvrages sur la politique italienne. Lionel Baland l’a interrogé pour Eurolibertés à l’occasion de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement regroupant le mouvement anti-système M5S et la Ligue.

 

Le M5S et la Ligue forment ensemble un gouvernement. Les idées des deux partis sont-elles compatibles ou s’agit-il d’une alliance contre nature ? Quelle est la matrice politique du M5S ?

En tant que partis qui expriment, d’une manière différente, la mentalité populiste, leurs vues ne sont pas, sur le fond, incompatibles, donc une alliance est possible et, peut-être, viable. Cependant, comme les priorités des programmes respectifs ne coïncident pas – la Ligue mise sur la lutte contre l’immigration et contre l’insécurité, le M5S prend pour cible principale la « caste » des politiciens, leurs privilèges et leur haut niveau de corruption –, l’élaboration d’un agenda commun n’est sans doute pas une tâche simple. Et il ne faut pas non plus oublier que, se situant sur le même terrain de la contestation de l’establishment et touchant en partie le même électorat, les alliés de gouvernement sont en concurrence directe, ce qui ne peut entraîner, en perspective, qu’une série de distinguo et/ou de frictions.

beppe-grillo.jpg

Quant à la matrice politique du M5S, il n’y en pas une : c’est l’action de Beppe Grillo, avec ses spectaculaires mises en question de la classe politique et ses dénonciations de ses malfaisances, qui a donné naissance à ce mouvement hétérogène.

Où situez-vous ce mouvement sur l’axe politique gauche-droite ?

Comme tous les mouvements qui se rattachent plus ou moins de près à la mentalité populiste, il est impossible de le situer sur cet axe. Et même ses électeurs, pour l’essentiel, montrent des connotations politiques très variées: lors de la première percée électorale du M5S, en 2013, un tiers d’entre eux avait voté, auparavant, pour des listes de droite ou du centre-droit, pour un tiers pour la gauche ou le centre-gauche, un tiers était composé d’abstentionnistes.

Le M5S, la Ligue et Frères d’Italie portent-ils l’héritage politique du « qualunquismo », une sorte de poujadisme avant la lettre qui s’est développé en Italie au sortir de la IIe Guerre mondiale ?

En ce qui concerne le M5S et la Ligue, oui : il y a des assonances assez significatives avec ce mouvement proto-populiste : dans les idées, dans le style, dans le vocabulaire. Fratelli d’Italia appartient à un autre courant, néo-fasciste à l’origine, et qu’on désigne désormais comme post-fasciste (eux, ils préfèrent se dire patriotes).

La Ligue du Nord avait pour matrice politique les idées autonomistes et fédéralistes du théoricien de l’Union valdôtaine Bruno Salvadori. Le fait que la Ligue du Nord a changé de nom et est devenue la Ligue et se présente désormais dans l’ensemble du pays, modifie-t-il ses fondements idéologiques ? Peut-on considérer que la Ligue se situe désormais sur une ligne politique qui découle des idées nationalistes italiennes portées autrefois par l’écrivain Enrico Corradini ?

La généalogie de la Ligue est bien plus compliquée : Umberto Bossi a toujours souligné sa (très courte, d’ailleurs) fréquentation de Salvadori, mais parmi les fondateurs du mouvement il y avait aussi les responsables de la Liga Veneta, qui avaient été, par contre, assez actifs à l’extrême droite (surtout Franco Rocchetta, leur leader ; un autre responsable piémontais, Borghezio, aujourd’hui encore eurodéputé, avait été membre de Giovane Europa et d’Ordine nuovo), et d’autres militants qui venaient de l’extrême gauche (Maroni, Gremmo, Farassino). Mais dans son essence, je le répète, la Ligue a toujours été un mouvement populiste. Aujourd’hui, elle a renoncé à ses attitudes séparatistes et, au moins partiellement, mis de côté ses instances ultra-fédéralistes, mais je ne lui attribuerais pas l’étiquette nationaliste.

La Ligue et Frères d’Italie ne sont-ils pas devenus deux partis situés sur la même ligne politique ? Pourquoi la Ligue obtient-elle, sans implantation, des voix dans le sud du pays, alors que Frères d’Italie y est actif depuis longtemps et y dispose de cadres formés à l’époque du MSI ou de l’Alliance Nationale ?

Frères d’Italie est coincé entre la position libérale et (pas toujours) conservatrice de Forza Italia et le national-populisme de la Ligue et hésite à se démarquer de ses deux alliés. Ce qui fait qu’une large partie de ses électeurs potentiels penchent vers l’un ou l’autre de ses partenaires. L’implantation du parti de Giorgia Meloni est assez relative et son image de marque est limitée à une exaltation assez acritique de l’identité nationale. Même sur un sujet-clé comme la lutte contre l’immigration, sur lequel sa position est assez proche de celle de la Ligue, Frères d’Italie n’adopte pas le ton outrancier de Matteo Salvini, ce qui déplaît aux opposants les plus fermes aux vagues migratoires sans pour autant lui attirer le vote des fidèles de Silvio Berlusconi, qui, sur les questions sociétales, se situent plutôt, sinon dans le camp progressiste, à proximité de celui-ci. L’avenir de Fratelli d’Italia est donc assez incertain et les sondages lui attribuent actuellement 3,4-3,6 % des intentions de vote.

mardi, 22 mai 2018

L’Italie forme l’épicentre du virage fatal de l’UE

M5s-Lega-670x274.jpg

L’Italie forme l’épicentre du virage fatal de l’UE

 
Auteur : Tom Luongo 
Tom Luongo
 
 
 

 

 

Ex: http://www.zejournal.mobi

La clarté est ici dans les discussions de la coalition italienne. Et les marchés détestent ce qu’ils voient. Bruxelles aussi.

La dette italienne à cinq ans a explosé de plus de 1%, les écarts de CDS ont progressé de plus de 20 points de base en une semaine. Les marchés tentent d’effrayer ces outsiders désormais en charge de l’Italie pour assouplir leurs positions sur la réforme et maintenir un statu quo qui détruit un grand pays et une grande culture.

La Ligue et le Mouvement Cinq Etoiles ont réclamé 250 milliards de dollars d’allégement de dette de la part de la BCE. Il y avait aussi une demande pour développer un mécanisme permettant aux pays de quitter l’euro, selon  un rapport, maintenant discrédité, de Reuters .

La proposition finale ne contient aucun de ces propos incendiaires, mais ne croyez pas que la fuite ne faisait pas partie de leur stratégie de négociation ou qu’elle ne faisait pas partie de l’objectif final.

Parce que le reste de la proposition est déjà assez hostile à Bruxelles (voir ci-dessous). Et avec le président de la BCE, Mario Draghi, qui signale maintenant la nécessité de consolider la dette souveraine européenne sous son égide, ce n’est pas nécessaire pour le moment.

elecIt.png

Voici la version de Martin Armstrong :

Pour que tout le monde comprenne de quoi il s’agit, le président de la BCE, Mario Draghi, a proposé de regrouper les pays de la zone euro pour créer un « nouveau véhicule plus fort » comme instrument de crise pour sauver l’Europe. Il soutient que cela devrait empêcher les pays de s’éloigner les uns des autres en cas de chocs économiques graves. Draghi dit que cela apportera « une couche supplémentaire de stabilisation » ce qui est une expression de code pour le prochain krach obligataire. [Mis en gras par moi]

Cela me dit que Draghi comprend à quel point les choses vont mal et que les dirigeants italiens savent qu’ils ont le dessus dans les négociations sur la dette.

Ils sont prêts à faire pression sur Bruxelles pour obtenir ce qu’ils veulent. Et ils devraient le faire. Le leader de la ligue, Matteo Salvini, comprend à quel point l’euro administré par l’Allemagne a été ruineux pour l’Italie et la majeure partie de l’Europe.

Donc, pour lui, si le prix à payer pour que l’Italie reste dans l’UE, c’est forcer les pays du Nord à accepter la consolidation de la dette et la dépréciation, alors qu’il en soit ainsi.

S’ils n’acceptent pas cela, la nouvelle direction de l’Italie est prête à se tourner vers le peuple et à dire : « Nous avons essayé. Qu’ils aillent se faire foutre. Continuons notre route ».

Tout cela me dit qu’ils ont manœuvré la presse et l’establishment politique pour en arriver là.

electIT2.pngDiviser les divisions

La proposition de la coalition est un méli-mélo de prescriptions politiques de droite et de gauche qui rendront fous le FMI et Bruxelles. Mais, ces deux partis très différents doivent parvenir à un accord s’ils veulent arracher le contrôle de Rome à la folie du statu quo en Europe, qui ne sert les intérêts de personne, sauf des mondialistes qui se tiennent derrière les visages publics de l’UE – Juncker, Merkel, Tusk, Macron, etc.

La Ligue est un ancien parti sécessionniste qui a servi les régions septentrionales de la Vénétie et de la Lombardie avec des discussions sur la responsabilité fiscale et des impôts beaucoup plus bas.  Le Mouvement Cinq Étoiles est né de la dégradation de l’économie et du tissu social de l’Italie du Sud à cause de la pourriture politique émanant à la fois de Rome et de Bruxelles.

L’un réclame une baisse des impôts et de la réglementation, l’autre veut des pensions généreuses et un revenu universel. Ce ne sont pas des différences faciles à surmonter. Mais ils l’ont fait, ne satisfaisant personne. Cela, pourtant est le prix d’un mélange si éclectique de positions politiques.

Cela dit, ils sont clairement d’accord sur les deux questions les plus importantes pour l’avenir de l’Italie, à savoir l’immigration et la place de l’Italie au sein de l’UE.

Les deux parties veulent faire passer l’Italie en premier.  Et le programme législatif maintenant proposé semble s’inscrire dans cette veine, tout en ne paraissant pas (à première vue) trop radical. Dans le rapport de Zerohedge ce matin :

  • Ils veulent obtenir des taux d’imposition de 15 % et 20 % pour les entreprises et les particuliers.
  • Un revenu minimum garanti pour les Italiens les plus pauvres
  • Un revenu de base universel de 780 euros par personne et par mois, financé en partie par l’UE
  • La fin des sanctions contre la Russie
  • Il n’y a aucune mention d’un référendum sur l’adhésion à l’UE ou à l’euro
  • Un accord pour atteindre les objectifs du traité de Maastricht
  • Il n’y a aucune intention de demander à la BCE d’annuler sa dette
  • Ils appellent à relancer la compagnie aérienne Alitalia
  • Ils veulent mettre un terme à la réforme des retraites de Fornero
  • L’impôt forfaitaire deviendra un taux double avec des déductions
  • Ils veulent apporter une forte contribution à la politique d’immigration de l’UE
  • Le plan prévoit la redéfinition de la mission du prêteur Monte dei Paschi di Siena

Les lignes en gras sont les plus importantes, tandis que les marchés se concentrent sur les changements fiscaux et le revenu universel.

Oubliez ça. Si l’Italie parvient à obtenir que l’UE lève les sanctions russes, à retirer la politique d’immigration d’Angela Merkel et fournir un plan pour traiter avec les banques italiennes insolvables, ce serait une victoire titanesque.

Ce sont les questions qui sont au cœur des problèmes fondamentaux de l’UE – son manque de cohésion bancaire et sa bureaucratie antidémocratique.

La vente douce à Italeave

Donc, bien que tout cela semble montrer qu’ils ont cédé sur les positions les plus extrêmes, en fait, ce n’est pas le cas. Le budget de l’Italie est écrasé par le coût des migrants de Merkel. Les deux parties estiment manifestement que la croissance peut revenir dans l’économie italienne au sein de l’euro en abaissant radicalement les taxes pour réévaluer le travail italien à la baisse. Cela lui donnerait un avantage par rapport à l’Allemagne tout en restant dans l’euro.

Ensuite, l’émission d’une nouvelle monnaie parallèle, le Mini-BOT, circulera sur le marché intérieur pour réduire le besoin en euros dans l’économie nationale et libérer les problèmes budgétaires de l’Italie concernant ses besoins de service de la dette.

Ce que je dirais à ce sujet, c’est que les taux de rendement des Mini-BOT s’amélioreront bientôt parce que le service de la dette de l’Italie est extrêmement faible grâce à la politique de taux d’intérêt négatifs de la BCE. Et une fois que le dollar aura commencé à monter, les décisions d’allégement et de consolidation de la dette peuvent être prises par n’importe quel groupe.

Governo-M5S-lega-ecco-il-paese-dove-funziona.jpg

Merkel est dépassée

Le problème maintenant c’est le temps.  La politique de pression de Donald Trump sur l’Iran et la Russie crée le genre d’incertitude que personne ne peut prédire. Il contraint les dirigeants européens à se rassembler et à déclarer leur opposition aux diktats de Washington et à forger une identité indépendante tout en cherchant à mettre fin aux divisions et méfiances culturelles qui ont mené à ce moment, faute d’unanimité fiscale.

Il est clair pour moi que les nouveaux dirigeants italiens comprennent cela avec la somme et la substance de ces points politiques.  Ils pensent pouvoir réaligner la politique intérieure de l’Italie en faveur de l’Italie tout en forçant Bruxelles à faire face à la responsabilité de faire avancer l’Europe d’une manière beaucoup plus équitable que par le passé.

C’est peut-être la raison pour laquelle Angela Merkel a rendu visite au président russe Vladimir Poutine pour la deuxième fois en deux semaines après n’avoir envoyé que des représentants au cours des quatre dernières années.  Ils ne parlaient pas seulement de l’accord avec l’Iran.

Non, cette rencontre avait pour but de sortir l’Allemagne de l’emprise de Trump tout en évitant d’encourir sa colère.  Le long jeu de patience diplomatique de Poutine a été la bonne voie dès le début.  C’est toujours le pari de laisser votre adversaire bluffer et fanfaronner, se frapper la poitrine et avoir des exigences qu’il n’a pas les moyens de faire respecter.

Finalement, les observateurs finissent par se rendre compte que tout cela n’est que de l’air chaud. Au fil du temps, le coût de la résistance à l’intimidation diminue et les avantages de se joindre à un nouveau groupe augmentent. Pour l’Allemagne, c’est l’énergie. Le gaz russe et le pétrole iranien sont nécessaires à l’Allemagne pour maintenir sa compétitivité et Trump sape ces deux derniers avec son manque de diplomatie.

Le refus de Merkel de ses concessions tarifaires proposées pour abandonner le gazoduc Nordstream 2 et acheter du GNL plus cher à Cheniere Energy était plus important qu’on ne le pense. Il n’y a aucune raison pour Merkel de croire que la politique américaine sous Trump ou n’importe quel futur président ne fera pas de volte-face. Pendant ce temps, les pipelines sont pratiquement éternels.

Et Merkel est assez avisée pour mettre son ego de côté, après avoir été déjouée par Poutine sur l’Ukraine, et pour tenir la ligne sur Nordstream 2.

Le grand renversement

Merkel a une voie de sortie ici. Et l’Italie vient de la lui donner. Je ne suis pas sûr qu’elle soit assez intelligente pour le voir.

La BCE veut une consolidation de la dette et un contrôle accru. Pour que l’UE survive, c’est nécessaire. Les Allemands et les autres pays du Nord ne veulent pas être vus en train de renflouer les pays du « Club Med ». Cela serait interprété comme une autre soumission à Washington et à New York. Merkel ne peut pas passer par d’horribles négociations sur l’allégement de la dette comme elle l’a fait avec la Grèce en 2015. Cela détruirait ce qui reste de son capital politique. Si elle se dresse contre Trump sur l’Iran, cependant, elle gagne beaucoup. L’incertitude quant à la réaction de Trump fait baisser l’euro, poussant la BCE à agir enfin sur la dette.

sondaggi-politici-EMG-lega-m5s-2.jpg

Les Européens veulent des relations normalisées avec la Russie et un commerce ouvert, en particulier l’industrie allemande. Il y a des dizaines de milliards de possibilités d’investissements en Russie et en Crimée qui n’attendent que la fin des sanctions pour être utilisés, surtout avec un rouble affaibli par les sanctions débiles de Trump.

Il n’y a que la Pologne et les pays baltes qui ne le veulent pas. Mais ils n’ont pas d’importance. Il suffit qu’un seul ministre des Finances vote contre l’extension des sanctions russes pour y mettre fin. Si Merkel tient tête aux États-Unis sur l’Iran, il est plus facile pour l’Italie de forcer l’Allemagne à cesser de harceler tout le monde pour les maintenir.

L’Italie lâche la bombe pour mettre fin aux sanctions russes en juillet. Merkel, « à contrecœur » est d’accord avec cela. Les soucis de Northstream 2 disparaissent. L’UE et la Russie forment un front uni contre d’avantage de belligérance américaine en Ukraine.

Au cours des pourparlers sur la restructuration de la dette à Monte dei Paschi, Merkel et Draghi ont introduit de nouveaux mécanismes de consolidation de la dette comme modèle pour l’avenir.

Est-ce que je pense que c’est le scénario le plus probable ? Non. Mais c’en est un qui pourrait se réaliser si Merkel lit correctement les vents politiques changeants. Si elle commence à penser dans l’intérêt à long terme de l’Allemagne, c’est exactement ce qu’elle fera.

Et elle aura à remercier les eurosceptiques détestés d’Italie pour avoir sauvé son héritage et l’Europe d’une marginalisation politique et économique.

Traduction : Avic – Réseau International

lundi, 14 mai 2018

Le futur gouvernement italien, un cauchemar pour Bruxelles

gouvIT2.jpg

Anti-immigration et eurosceptique : le futur gouvernement italien, un cauchemar pour Bruxelles

Photo: © Tiziana Fabi Source: AFP
Ex: https://francais.rt.com

L'UE espérait et appuyait la formation d'un gouvernement droite-gauche en Italie. Finalement, les nationalistes de la Ligue et les antisystèmes du Mouvement 5 Etoiles s'apprêtent à diriger le pays. Bruxelles s'inquiète et les marchés sont fébriles.

C'était le pire des scénarios pour Bruxelles : les tractations entre le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et la Ligue ont finalement débuté, après que Silvio Berlusconi, allié de la Ligue mais dont le parti a recueilli moins de voix que celle-ci, a finalement donné son accord à des négociations. Les chefs de file des deux formations, qui à elles deux disposent d'une courte majorité au Parlement, Luigi Di Maio (M5S), 31 ans, et Matteo Salvini (Ligue), 45 ans, se sont rencontrés en début de matinée le 10 mai à la Chambre des députés.

Dans un communiqué conjoint, les deux hommes ont évoqué «un climat positif pour définir le programme et les priorités du gouvernement», ainsi que «des avancées importantes» sur la composition de ce qui devra être la future équipe gouvernementale. Selon la presse italienne, ils ont demandé jusqu'au 14 mai au président Sergio Mattarella, qui a pour l'instant renoncé à nommer un chef de gouvernement «neutre», mesure qu'il envisageait après deux mois d'impasse.

Concrètement, cela signifie que, pour éviter un gouvernement technique destiné à mettre un terme à l'absence de majorité, les deux bêtes noires de la scène politique italienne sont parvenues à poser les bases d'une alliance qui n'avait rien d'évident. En effet, le M5S au populisme revendiqué et la Ligue, qualifiée d'«extrême droite» par ses adversaires, entretiennent des divergences sur le fond. La formation nationaliste proche du Front national français, qui a fait le plein des voix dans le Nord sur la promesse de baisses massives d'impôts, devra gouverner avec le M5S, plus ambivalent sur l'Union européenne et plébiscité par le Sud pour avoir promis un revenu de citoyenneté.

Une alliance qui inquiète Bruxelles et les marchés

Dans le détail, l'alliance devrait donc reposer sur un contrat de coalition à l'allemande : celui-ci contiendra un socle minimum de points sur lesquels le M5S et la Ligue seront parvenus à s'entendre. Les deux partis ont notamment en commun un rejet des forces politiques traditionnelles et des promesses en matière de retraites et de lutte contre l'immigration. En outre, la Ligue et le M5S partagent une défiance nette à l'égard de Bruxelles – même si Luigi Di Maio a renoncé à proposer un référendum sur la sortie de l'Italie de l'UE pour le moment.

Ces convergences de vue, qui semblent pour l'instant avoir eu raison des divergences politiques, ont donc d'autant plus de quoi inquiéter Bruxelles qu'elles se concrétisent désormais dans un projet gouvernemental. Les marchés eux-mêmes commencent à s'agiter : la Bourse de Milan a perdu près de 1% dès l'annonce du début des négociations et, sur le marché de la dette, le spread (écart entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans) a augmenté d'environ six points.

Signe de la fébrilité de l'UE à l'égard des évolutions politiques en cours sur la péninsule : des responsables européens avaient confié à l'AFP, avant les élections, s'activer «en coulisses» pour favoriser une alliance Renzi-Berlusconi. Si l'UE est loin de tenir ce dernier dans son cœur, elle semblait toutefois estimer que sa présence au sein d'une alliance gauche-droite était préférable au péril que représenterait une victoire du M5S ou de la Ligue. L'hypothèse d'une percée concomitante de ces deux partis et de leur alliance au sein d'un gouvernement était alors perçue comme un scénario catastrophe peu vraisemblable...

Qui sera le prochain dirigeant italien ?

La question la plus épineuse que doivent désormais trancher le M5S et la Ligue est désormais celle du nom du futur chef de gouvernement. Matteo Salvini et Luigi Di Maio, tous deux jeunes et ambitieux, sont en concurrence directe. Le premier conduisait la coalition arrivée en tête aux élections (dans laquelle se trouvait le parti de Silvio Berlusconi), mais le parti du second a obtenu plus de voix que la Ligue. Reste l'hypothèse, privilégiée officiellement, d'un accord entre les deux hommes pour proposer une tierce personne.

Malgré ces incertitudes, les deux chefs de parti se montrent optimistes. «On discute de la réforme des retraites, de l'emploi, des débarquements de migrants, de la légitime défense», a déclaré Matteo Salvini à la presse. Sur Twitter, il a annoncé à ses abonnés : «Nous sommes en train de travailler pour vous», avec une photo de lui à côté d'une grosse pelleteuse.

«Je ne peux pas cacher ma joie et ma satisfaction que finalement nous puissions commencer à nous occuper des problèmes de l'Italie», a fait savoir de son côté Luigi Di Maio, tout sourire, dans une vidéo sur Facebook.

Une autre inconnue demeure. Alors qu'il vient d'être réhabilité par la justice, l'ancien dirigeant italien Silvio Berlusconi pourrait revenir dans le jeu politique. Si, jusque là, ses difficultés avec la justice et sa peine d'inéligibilité l'empêchaient de jouer un rôle aussi important qu'il l'aurait souhaité, une décision du tribunal de Milan pourrait le remettre en selle. Et son influence à droite pourrait parasiter l'entente entre le M5S et la Ligue, qui doivent en partie leur rapprochement à l'affaiblissement politique du Cavaliere.

Lire aussi : «Nous ne sommes pas les toilettes de Macron» : un cas d'ingérence française révolte l'Italie

mercredi, 21 mars 2018

D’Annunzio le magnifique

GdA-portrait.jpg

D’Annunzio le magnifique

par E. Francovich

Ex: http://rebellion-sre.fr

12 septembre 1919. Onze heures quarante-cinq. Une colonne de deux mille hommes entre triomphalement dans la ville de Fiume, port dalmate occupé par une force interalliée. Les négociations entourant les traités de paix vont certainement refuser l’ancien port hongrois à l’Italie et le donner à la nouvelle Yougoslavie, décision que tous ces hommes — grenadiers, aviateurs, arditi et autres survivants italiens des tranchées, arborant tous chemises noires et poignards — ne se résignent pas à accepter. Audessus d’eux, sur un drapeau rouge, lové sur lui-même, le Serpent Ourobouros transforme l’expression latine de Saint-Paul1 et siffle : « Si spiritus pro nobis, quis contra nos ? » (Si l’esprit est avec nous, qui est contre nous ?) Les hommes, électrisés, répondent en choeur par un chant de combat : « Giovinezza, Giovinezza, Primavera di bellezza / per la vita, nell’asprezza il tuo canto squilla e va ! » (Jeunesse, jeunesse, Printemps de beauté / dans la vie âpre ton chant résonne et s’en va). Débute alors une aventure-épopée unique en son genre, cinq cents jours d’une contre-société expérimentale 2 dont le principe fondamental proclamé est la musique, cinq cents jours d’une cité de vie où se conjuguent fête et discipline, cinq cents jours d’une pratique collective et archéofuturiste de la révolte. A la tête de cette colonne et de la future Régence italienne du Carnaro qui va gouverner la ville, un homme d’un mètre soixante-quatre, chauve, peau couverte de décorations, monoclé et mains gantées, il approche de la soixantaine, il est poète célèbre, soldat de la Grande Guerre, « barde du peuple » et bientôt… Roi. Il s’appelle Gabriele D’Annunzio. A travers le récit des épisodes de son existence, baroque et agitée, c’est le mystère de cet homme étrange, « tout poivre et nerfs », aux allures de Napoléon un peu sauvage, que le livre de Maurizio Serra se propose de pénétrer. D’un côté, la tâche pourrait sembler aisée tant le personnage n’a jamais rien caché et orgueilleux omnivore, a voulu monter sur toutes les scènes et conquérir tous les théâtres sans jamais dissimuler ses intentions. Mais cette profusion de pièces à conviction ne garantie pas une preuve absolue : l’homme se dérobe toujours quelque peu car, selon le mot de Suarès qui a donné le titre au livre de Maurizio Serra : « D’Annunzio est le plus magnifique de ses personnages. » Alors que s’est-il passé sous ce crâne dégarni qu’il surnommait sa « clarté frontale » pour qu’âgé de cinquante six ans son corps se lance dans une folle équipée qui le fera Roi ? L’auteur le confesse : aucune biographie de parviendra à épuiser le « sujet D’Annunzio ». Alors il faut néanmoins rassembler, détailler, examiner toutes les actions, les discours et les gestes, les collisions sensuelles et les étincelles spirituelles, se baigner dans les œuvres, dresser les décors et les personnages qui entourent le poète — la haute société, les femmes virevoltantes, les soldats fascinés, les dramaturgies de volupté et de mort. Et trois grands flambeaux se dressent alors comme des aiguillons brûlants dans cette existence qui ne veut jamais se reposer : la poésie, les femmes, la guerre.

dannunzio-770x335.png

Aujourd’hui, pour un jeune européen de l’ouest, épargné par la guerre, bercé de discours bêtifiants et béatement humanistes sur la violence et à qui sont proposés, comme héros et hérauts du moment, des saltimbanques millionnaires, des aventuriers de plateaux télé ou des startupers transhumanistes, un caractère rebelle et aventureux comme celui de D’Annunzio suscite des interrogations et semble appartenir à un type d’homme révolu ou, en tous cas, anachronique par rapport aux modèles promus et normalisés par notre époque. Comme si le goût du danger et l’instinct belliqueux chez l’homme pouvaient être éradiqués à coup de longues périodes de paix, d’environnement « climatisé » et de slogans publicitaires. On ne peut supprimer cette part d’ombre. Dans une optique d’harmonisation individuelle et collective, on peut, tout au plus, négocier avec elle et lui laisser la place qui lui revient car le désordre qu’elle porte est aussi source de vie. L’ombre refoulée par une rationalité aseptique fait généralement retour d’une manière extrême, cruelle et avec une intensité décuplée. Ceux qui éconduisent le discours dit progressiste, taxant tout comportement non conforme à son évangile désincarné de modèle dépassé, ont bien saisi le message de Zarathoustra : « Je vous le dis : il faut porter encore en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. » C’est le chaos de ce type d’homme différencié que D’Annunzio le Magnifique veut nous faire percevoir. Le poète confie qu’il « adore la guerre » et il ajoute : « Ce fut pour moi un second étincellement de jeunesse. Ne fût le sang d’autrui qui coule, je serai tenté de considérer avec effroi la fin de la guerre ». Ce qui ressort dans les parties du livre consacrées aux expériences guerrières de notre personnage est parfaitement résumé dans leurs titres respectifs : Le Conquérant et Le Commandant. Désir de conquête donc. Conquête du verbe, des femmes, du monde. Désir de conduire également, d’assumer sa nature de « condotierre de la Renaissance », d’être héraut, d’être Roi. Conserver l’énergie pure et première de la jeunesse qui ne veut pas se résigner au statu quo. Être fidèle à sa nature d’ « homme-animal », prendre la guerre comme expérience intérieure, pour reprendre le titre d’un essai d’un autre écrivain-soldat, allemand cette fois, ayant combattu en 14-18. Ainsi, en dépit de leurs réticences, D’Annunzio, alors âgé de 52 ans en 1915, parviendra, à force d’insistance, à convaincre les autorités militaires italiennes de l’enrôler.

GDAfiume.jpg

Certes, il n’a pas connu les tranchées, mais aucun doute n’est permis quant au caractère risqué des opérations qu’il a menées, aussi bien dans l’infanterie, la marine ou en tant qu’aviateur, ni sur une certaine bravoure dont il a fait preuve. Selon Maurizio Serra, il serait malhonnête d’en faire un dilettante qui aurait joué à la guerre et se serait préservé de tout danger dans un conflit qui fut d’une violence extrême. Il perd d’ailleurs son œil droit dans un accident dont les circonstances ne sont pas vraiment élucidées3. Cette blessure obligera ce désormais « borgne voyant » à, une fois encore, devoir insister auprès des autorités pour reprendre du service. De cette période de guerre naîtra son dernier chef-d’œuvre, Nocturne, confession dans laquelle il se dévoile plus intimement. L’ouvrage, qui ne sortira qu’en 1921, est décrit par Serra comme « un des documents les plus humains, fraternels, mystiques inspirés par le conflit », « un journal de l’âme par la guerre, plutôt qu’un journal de guerre ».

C’est durant cette même guerre que les italiens créèrent des unités de choc sur le modèle des Stosstruppen allemandes : les arditi. Nombre de ces « hardis » qu’il recruta lui-même l’accompagneront, plus tard, lors de l’épopée de Fiume. Baroudeurs, soldats aguerris, garçons dévoyés et aussi bien aristocrates et intellectuels composeront ces troupes. Cette biographie mentionne également un autre personnage tout aussi fascinant que notre poète-guerrier italien, un japonais membre des arditi et intime de D’Annunzio : le poète japonais Harukichi Shimoi, surnommé plus tard le « samouraï de Fiume » et avec lequel D’Annunzio projettera un raid aérien Rome-Tokyo. A propos de Fiume, nous apprenons que ce coup de force ne fut pas impulsif et improvisé mais préparé de manière pragmatique. Nous pouvons également déceler dans les démarches effectuées auprès de Mussolini en vue d’obtenir son appui, la méfiance de D’Annunzio vis-à-vis du Duce (la suite des événements montrera qu’elle était justifiée). Quant à l’aventure elle-même, l’occupation de la ville qui dura 16 mois, elle est principalement envisagée d’un point de vue politique4 et elle fait pièce aux exégèses visant à réduire cette expérimentation, riche et complexe, à un proto-fascisme de carnaval. A l’appui de cette thèse, plus nuancée et moins idéologisée, viennent quelques faits : Lénine et Gramsci s’intéresseront de près à cette expérience politique avant-gardiste ; la Régence du Carnaro fut le premier État à reconnaître l’URSS ; D’Annunzio reconnaîtra le parti indépendantiste irlandais du Sinn Féin ; plus globalement Fiume portera un message international de droit à l’auto-détermination des peuples ; enfin, à la différence de certaines options fascistes ultérieures, la sédition fiumaine ne s’attira pas la sympathie des Alliés ni des autorités italiennes. Avec le même souci de restituer les événements dans toute leur diversité et leur complexité, l’auteur passe également en revue les différents acteurs de cette entreprise unique. Dans cette galerie de personnages et de tendances dont l’union reposait, pour grande part, sur la personnalité même du Comandante D’Annunzio, on trouvait ainsi des nationalistes ou patriotes, des expansionnistes ou impérialistes, des internationalistes dont le syndicaliste révolutionnaire Alceste De Ambris, bras droit de D’Annunzio qui s’opposera plus tard au fascisme au sein des Arditi del Popolo5. Mais se rencontraient aussi des futuristes et des personnages singuliers tels l’as de l’aviation Guido Keller ou le poète et musicien Léon Kochnitzky. Cet exemple d’imagination au pouvoir s’achèvera en décembre 1920, après une longue période de siège et avec l’intervention de l’armée régulière, dans un épisode portant un nom qui parle de lui-même : « Le Noël de sang ».

gda-canne.jpgC’est encore le langage de la guerre et du combat qui prévaut lorsque D’Annunzio parle de la femme. Pour lui, elle est « l’ennemie nécessaire ». Nous verrons plus loin ce que recouvre plus exactement cette expression ambiguë. Toutefois, décrire D’Annunzio comme un Casanova de bazar ne correspondrait pas à la réalité du personnage. Ce qui ressort du livre de Serra, c’est indéniablement une sensualité exacerbée mais le personnage n’est pas, à proprement dit, un obsédé sexuel. Serra parle plutôt d’ « obsédé sensuel » car c’est bien, avant tout, de l’âme des femmes convoitées dont il veut s’emparer. Le magnétisme qu’il exerce auprès d’elles relève certainement de ce « priapisme physique et cérébral » qui émane de sa personne. Fanatiser la femme comme fanatiser la foule — la foule étant femme — semble être la finalité de l’énergie déployée pour ses conquêtes. Sa période romaine fût le théâtre de relations multiples dans lesquelles cet « homme-animal » considérait les femmes comme des proies à posséder intégralement. Cette période marqua également le début de sa carrière d’ « endetté permanent » qui ne finira qu’à sa mort, ses conquêtes et liaisons ne faisant pas l’économie d’une profusion de cadeaux et de dépenses diverses. Quelques éléments témoignent de ce rapport aux femmes qui apparaît aujourd’hui d’autant plus singulier qu’il contrevient aux nouveaux crédos que notre époque tente d’imposer. Il épouse, par exemple, à vingt ans, en 1883, une « petite duchesse inoffensive » dont il ne divorcera jamais pour ne pas être obligé d’épouser les autres compagnes qui jalonneront immanquablement et régulièrement toute son existence. Dans ce rapport aux femmes, nous retrouvons un élément typique de sa personnalité, un mélange de calcul, de contrôle de soi et d’exaltation. Belliciste et esthète à la sensibilité élevée, il est par ailleurs extrêmement attentif aux détails physiques, caractéristique qui nourrira bien entendu sa littérature. Sur le terrain des femmes, c’est donc encore sa prédilection pour la conquête et la possession qui s’exprime. La plus rétive à cette disposition toute totalitaire et à ce machisme vampirique fut Eleonora Duse, une tragédienne surnommé la Divina qui s’emploiera à ne pas abandonner ses velléités d’indépendance ainsi que son goût pour les femmes. La résistance de cette primadonna de laquelle « émane un halo sexuellement trouble » et qu’il rencontra en 1895, alors qu’elle avait entamé la trentaine, laissera d’ailleurs notre héros quelque peu dépité. Elle fut toutefois une vraie muse et nourrira la production de D’Annunzio jusqu’en 1905 quand, mû par sa logique vampirique de possession et de rejet (« ce qui a été n’est plus »), il se tournera alors vers une nouvelle proie, Alessandra di Rudini Carlotti del Garda, qu’il surnommera Niké en hommage à la divinité de la victoire. Sur l’importance de la Divina, nous pouvons lire la chose suivante : « On a calculé qu’en six ou sept ans à peine, entre 1898 et 1905, D’Annunzio a écrit vingt mille vers sous forme de poèmes et douze mille vers pour ses drames (…). Cette productivité phénoménale, même pour lui, n’a pas été toujours inspirée par la Duse, mais aurait atteint difficilement ce record sans elle. » Cette aventure passionnée irriguera également son grand roman intitulé Le Feu dont le personnage principal sera Eleonora.

Deux autres figures féminines émanent de cette myriade de rencontres et de liaisons, du moins pour ce qu’elles révèlent de la psychologie de D’Annunzio, c’est-à-dire de cette oscillation entre mépris utilitariste et exaltation démesurée : une première, antérieure à la Duse, Barbarella Leoni en 1887 et une autre, postérieure, Nathalie-Donatella en 1908. La rencontre avec la première fut un véritable choc pour Gabriele. Cette « lionne barbare », cette « espèce de sauvageonne », cette « pulpeuse fille du peuple » trouvera avec lui cette volupté de laquelle un traumatisme subi dans le lit nuptial — un mariage malheureux avec comme cadeau de noces une maladie vénérienne — l’avait séparée. La secousse sismique subie par Gabriele eut des répercussions pendant cinq ans et s’estompa après avoir provoqué une avalanche de milliers de lettres, de télégrammes et de billets doux. Serra ajoute : « Il est amoureux de l’amour, pas de cette créature de rêve, qu’il veut dévorer jusqu’au bout, pour assouvir la faim qu’elle lui inspire. » Concernant Nathalie-Donatella, Maurizio Serra donne également les raisons de l’intérêt qu’elle suscite chez D’Annunzio et en quoi cette liaison révèle un ressort psychologique du Magnifique : « Elle l’intrigue par son charme slave, son allure de panthère, son insatiable lubricité, bref tout le paquet. Sans compter le mystère de ses origines : est-elle fille d’un petit marchand juif, ou d’un officier de la garde impériale ? Cette nouvelle incarnation de la Femme fatale aux multiples attraits (…) n’ajoutera pas grand-chose au sérail d’annunzien. Elle est pour lui le prototype de ces « pauvres folles » (Roland), ou cinglées de luxe (…). A une ou deux exceptions près, ces vestales n’ont rien signifié pour lui, rien ajouté à son œuvre, rien perçu de l’exigence qui l’habitait. Elles n’auront finalement représenté qu’un divertissement ou un décor qui servait (…) à meubler ses baisses d’inspiration et sa virilité déclinante. » Nous saisissons donc mieux au travers de ces exemples ce que recouvre l’expression « l’ennemie nécessaire » par laquelle nous avions introduit cette partie consacrée aux femmes.

gdaavia.jpgD’Annunzio, ce sont donc des grandes lignes de force qui s’activent. Se détachent d’abord ce goût pour l’aventure et un sens aigu de la dramaturgie, dispositions qui verseront indéniablement dans l’emphase mais qui se contenteront de flirter incidemment avec le cliché sans jamais toutefois y succomber. Prend forme également au fil de la lecture de D’Annunzio le Magnifique, une silhouette nietzschéenne qui refuse la vie tiède et bourgeoise et prend le parti de la vie, mobilisant pour cela une énergie toute dionysiaque. Ce qui frappe c’est cette volonté de ne pas s’endormir, ne pas céder à la satisfaction, au confort. Lorsque le guette le dannunzisme, lorsqu’il atteint une sorte de maîtrise à la fois de son art et de son personnage, il cherche dans la vie même le danger, le feu régénérateur qui lui évitera d’être simplement lui-même, achevé dans un contentement de soi de ruminant. C’est ce caractère faustien qui le poussera à 56 ans à se lancer dans l’aventure de Fiume. Pour lui, s’endormir c’est se rendre vulnérable. Il est animé d’un vitalisme nourri par ce proverbe local qu’il n’oubliera jamais : « Qui se fait brebis, trouve le loup qui le dévore. » Pour ce faire, il doit créer avec frénésie, créer sa propre vie et la créer la plus extraordinaire qui soit dans un royaume à son image. Si l’on devait résumer ce qu’il est, on pourrait dire : D’Annunzio c’est Fiume, Fiume c’est D’Annunzio. Et Fiume, c’est un radical et nietzschéen oui à la vie. Et d’ailleurs, pour se définir lui-même, on l’entendrait bien dire, amusé : D’Annunzio c’est moi !

D’Annunzio, ce sont aussi les opposés qui s’accordent : préciosité et violence, la volupté et le raffinement avec la sauvagerie la plus primitive6 ; l’ascétisme et le calcul avec la démesure la plus fantasque (il avait pour projet fou de faire construire un amphithéâtre gigantesque en plein air) ; enfin l’Antiquité comme bain spirituel avec la modernité la plus excessive (il était un amateur de vitesse, de technique, cela l’amènera d’ailleurs à s’intéresser au cinéma naissant). En résumé, il est « impulsif à la surface » et « calculateur dans le fond », la chair contre l’esprit. Laisser agir ses instincts et ses pulsions tout en contrôlant son destin, tel semble avoir été l’enjeu. L’amour sous la volonté. Du livre de Maurizio Serra, se dégage enfin la figure d’un individu absolu désireux de se mettre au service d’un ordre supérieur. Il veut avoir un rôle à jouer et incarner, dans cette modernité asphyxiante qui tue dans l’œuf les légendes et les mythes, un type d’homme intemporel.

L’enjeu était de taille et c’est avec un D’Annunzio mis à l’écart (par Mussolini) et quelque peu épuisé que se conclue cette biographie. Cloîtré dans son Vittoriale degli italiani, supplanté dans le monde par de nouvelles forces et de nouvelles figures, on l’imagine mal cependant en train de savourer une sorte de devoir accompli et de se dire que, voilà, il a joué son rôle et il a fait de son mieux. Ceux pour lesquels il est encore aujourd’hui une figure agissante se représentent plutôt le héraut au seuil de la mort dans une posture toute olympienne, en train de lancer par delà les générations un radical et tonitruant : « En avant, par delà les tombeaux ! »7.

E. Frankovich

Sauf mention contraire, les expressions entre guillemets sont tirées du livre de Maurizio Serra.

A lire : Maurizio Serra, D’Annunzio le Magnifique, Grasset, 14 février 2018. 

Note

1. Lettre de saint Paul apôtre aux Romains (8, 31b-39) : « Si Deus pro nobis, quis contra nos » (Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?)

2. « contre-société expérimentale », l’expression est de Claudia Salaris dans son ouvrage A la fête de la révolution, Editions du Rocher, 2006.

3. Maurizio Serra fait cette remarque à propos de la perception de la réalité : « D’ailleurs ce qui est vrai pour d’Annunzio est ce qu’il sent, croit imagine comme tel. »

4. Dans la présentation des différents groupes présents sur place, Maurizio Serra distingue entre « fiumains, centrés sur l’agenda politique » et « fiumistes, plus sensibles aux aspects de caractère social, existentiel et intellectuel ». Ce versant plus intellectuel et artistique a été magnifiquement traité dans l’ouvrage A la fête de la révolution, Artistes et libertaires avec D’Annunzio à Fiume de Claudia Salaris.

5. C’est une organisation née de la scission des Arditi et qui optera pour la lutte contre les fascistes.

6. Cette fougue lui vient de la terre abruzzaise de ses origines, fonds dont il ne se séparera jamais. Ce loup des Abruzzes conservera cette dimension primitive et sauvage, forme de saine vulgarité provinciale qui ne fera pas de lui un dandy éthéré et caricatural assimilé à une bourgeoisie gangrenée par l’argent.

7. Cité dans Un Prince de l’Esprit, Raymonde Lefèvre, Nouvelles éditions latines, 1951.

jeudi, 08 mars 2018

Des élections italiennes pour rien?

ciambetti.jpg

Des élections italiennes pour rien?

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Les élections parlementaires italiennes se sont déroulées ce dimanche 4 mars pour renouveler députés et sénateurs. Il s’agissait de doter le pays d’une majorité gouvernementale. Le résultat en a été une neutralisation réciproque des différences forces politiques et le morcellement du pays.

Au sud, le Mouvement 5 Etoiles (M5S) est largement vainqueur, dépassant parfois les 50%, et notamment en Sicile, en Campanie, en Calabre, en Sardaigne ou dans les Pouilles. Le résultat national est impressionnant puisque, malgré le départ du fondateur Grillo et l’inexpérience politique totale du nouveau dirigeant Di Maio, le M5S obtient 32,7% des voix et 221 sièges (sur 630). Il n’est pas en mesure de gouverner et est victime d’un fort ostracisme des autres partis politiques. Pourtant son poids incontournable va poser un réel problème si l’Italie veut disposer d’une majorité gouvernementale sans lui. Son électorat est complexe. Il est probable que le vote identitaire qui a profité au nord à la Ligue a profité au sud au M5S.

Au nord donc, la Ligue (ex-Ligue du nord) obtient des scores également importants, notamment en Vénétie et en Lombardie, même si ce succès est moindre dans les grandes villes, comme Milan. Avec 17,4% des voix, et 73 sièges, la Ligue de Matteo Salvini réalise son meilleur résultat depuis sa fondation. Ce dernier a mené une campagne nationale dure contre l’immigration et a tempéré ses positions (désormais) eurosceptiques qu’il avait pu mettre en avant sous l’influence du FN français. Surtout la Ligue dépasse Forza Italia et Berlusconi au sein de l’alliance des droites.

Avec 14% des voix et 59 sièges, le mouvement de Berlusconi réalise une contre-performance. Son dirigeant de 81 ans se voit ainsi gentiment invité à une retraite anticipée.

Enfin, Frères d’Italie de Giorgia Meloni réalise 4,4% des voix et obtient 19 sièges. Cette formation de droite nationale, héritière de l’ancien MSI et d’Alliance nationale, réalise un score convenable compte tenu d’un fort vote utile en faveur de la Ligue. Le mouvement est surtout fort dans le Latium.

L’alliance des droites obtient un total de 260 sièges, soit 35 de moins que la majorité. Sans alliés ou sans ralliements, elle ne sera pas en mesure de gouverner le pays. On peut certes imaginer des ralliements opportunistes venus des rangs du M5S mais rien n’est certain.

risultati-del-voto-in-italia-elezioni-del-4-marzo-2018.jpg

Le Parti démocrate de Matteo Renzi est quant à lui sévèrement sanctionné. Avec 18,7% des voix, il réalise une douloureuse contre-performance. La coalition de gauche obtient 112 sièges en tout (-223) et ne peut plus être qu’une force d’appoint. Une grande coalition des centres n’aurait pas davantage de majorité. Il est douteux que la gauche soutienne un gouvernement de droite dominé par la Ligue et pas davantage qu’elle s’associe au M5S pour gouverner.

A gauche, le mouvement « Libres et égaux » obtient 3,4% des voix et disposera de 14 sièges. Les droites radicales, hors coalition, restent marginales, victimes là encore d’un vote utile. Casapound obtient 0,94% des voix et la liste « L’Italie aux Italiens » menée notamment par le mouvement Forza Nueva 0,38% des voix. Néanmoins les droites nationales réunies réalisent le score considérable de plus de 23% des voix. La question de l’immigration a été cruciale, déterminante dans ce résultat.

Conséquence de tout cela, l’Italie n’aura sans doute pas de majorité parlementaire. De nouvelles élections législatives, qui pourraient confirmer ce blocage institutionnel, sont dès lors probables mais pas avant plusieurs mois. A part la fin de carrière de Berlusconi, et la montée des dits « populismes », avec un Salvini qui sera sans doute l’homme de référence de la droite italienne à l’avenir, il est difficile d’imaginer un gouvernement stable en Italie à moins d’un effondrement du M5S. Mais ce dernier bénéficie d’une aura positive, surtout dans le sud, car il n’a jamais été associé au pouvoir, à l’exception calamiteuse de la gestion de la ville de Rome.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

mercredi, 07 mars 2018

Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018: L'Europe, une civilisation politique ?

bioslilleDWxxh0QXcAUT29c.jpg

Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018: L'Europe, une civilisation politique ?

La politique pour éviter la guerre !

Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution et les peuples européens cherchent les incarnations politiques que de nouvelles formes pourraient prendre. 

D’un bio-conservatisme aux nécessités localistes en passant par les luttes contre tous les déracinements face aux vastes équilibres politiques des migrations à redessiner, les sujets que nous devons aborder pour ce XXIe siècle sont vitaux pour les Européens et notre persistance historique.

Ces prochaines formes politiques du XXIe siècle en sont à leurs balbutiements. De nouveaux cycles vont s’ouvrir.

Dans la première conférence du 9 Mars 2018 à Lille, nous posons la question suivante : Sommes-nous une civilisation politique ? Pour cela, nous invitons Robert Steuckershistorien et géopolitologue, qui a publié aux Editions BIOS un guide de survie culturelle pour lEurope. Robert Steuckers nous parlera de la civilisation européenne, de ses origines (souvent méconnues du grand public ou des « experts ») et développera sa pensée autour de formes nécessaires au renouveau pan-européen. 

Iurie Rosca exposera la situation d’un pays qui est le pivot stratégique des relations entre l’ouest et l’est de l’Europe. La Moldavie, véritable virgule géostratégique. Toute virgule oubliée change le sens d’une phrase. Toute nation oubliée peut changer le sens de l’Europe. La Moldavie est le point de départ d’une Europe en ré-écriture ou son point d’arrêt.


Les « résistances dites progressistes » à l’oeuvre au sein de l’Union Européenne se fondent-elles trop sur une domination des relations transatlantiques ? Tomislav Sunic décodera les ressorts d’une réorganisation des institutions de l’UE et de ses « Fake News » en proposant une grille d’analyse et de lecture des forces en présence, de leurs ambitions et des possibles axes de rupture entre lobbies et institutions. 

Enfin, le 4 mars 2018, l’Italie connaitra-t-elle une nouvelle respiration? Alessandro Sansoni analyse les résultats obtenus par les nouvelles alliances italiennes, prémisses possibles au renouveau dit démocratique en Europe lors des futures échéances européennes de 2019.

Laurent Hocq

 
Conférence Dinatoire à Lille le 9 mars 2018 : L'Europe, une civilisation politique ?
Ouverture des portes à 18h, début à 18h30
4 intervenants : Robert Steuckers, Iurie Rosca, Tomislav Sunic et Alessandro Sansoni
 
Laurent Hocq
Editeur
 
Editions BIOS 
 
Retrouvez nous sur :
 
+33 7 70 27 00 46
 

bioslogo.png

 

L'Italie est-elle en train de s'affranchir de la domination par la finance américaine?

luigidimaio.jpg

L'Italie est-elle en train de s'affranchir de la domination par la finance américaine?

par Jean-Paul Baquiast
Ex: http://www.europesolidaire.eu
 
Notre première réaction consiste à se réjouir, essentiellement du fait du succès de 5 Etoiles., lors des élections de dimanche 04/03.

Rappelons les résultats au soir du 5 mars.

Le Mouvement 5 étoiles (M5S) devient le premier parti du pays avec 32 % des voix, selon les premiers résulats. La coalition formée par Forza Italia, de Silvio Berlusconi, la Ligue, de Matteo Salvini (extrême droite) et le petit parti Fratelli d'Italia (« Frères d'Italie »), obtient 37 % des voix, loin devant le Parti démocrate, centre gauche), de Matteo Renzi (19 %), selon des résultats partiels portant sur deux tiers des bureaux de vote.


Sur le Mouvement Cinq étoiles, on peut lire ici un exposé qui nous paraît à peu près objectif
https://www.francetvinfo.fr/monde/italie/elections-italie...

On peut prêter beaucoup d'intentions dites anti-Système à 5 Etoiles. Toutes ne seront pas mises en oeuvre s'il accédait au pouvoir, surtout si c'était dans le cadre d'une coalition quasi inévitable avec Forza Italia et la Ligue, qui se sont toujours montrés obéissants aux consignes de Washington.

Néanmoins 5 Etoiles est le seul mouvement qui présente au moins dans le discours l'originalité de vouloir échapper à la domination de la finance américaine, avant-garde de la domination qu'exerce l'Amérique sur l'Europe depuis 1945. Cette domination se traduit par le mise en tutelle des « élites » italiennes.

5 Etoiles qui prétend ne pas émaner directement de ces élites, mais représenter une aspiration plus profonde des classes travailleuses et de la petite bourgeoisie italiennes, sera le mieux placé pour entreprendre cet effort colossal.

En bonne logique, ceci devrait imposer une sortie de l'Union européenne. Mais celle-ci serait difficile pour l'Italie, à la lumière des difficultés que rencontre actuellement le Brexit. Cependant, grâce à 5 Etoiles au pouvoir, l'Italie deviendrait le seul pays européen a pratiquer un discours d'indépendance à l'égard de l'Union et de tous les intérêts corrompus qui s'y expriment.

En cela, l'Italie se distinguerait favorablement de la France d'Emmanuel Macron, élu et soutenu par Wall Street. Celui-ci est en train de sacrifier tous les acquis scientifiques et économiques du pays ayant fait son originalité et sa force à l'époque des Trente Glorieuses. Elle se distinguerait aussi de l'Allemagne, incapable de se rendre compte que se serait dans le cadre d'une alliance avec la Russie et la Chine qu'elle pourrait au mieux exprimer son génie industriel.

 

politique,italie,actualité,élections italiennes,législatives italiennes,europe,affaires européennes

Luigi Di Maio

Nous avions proposé le mois précédent pour cette rubrique Sigmar Gabriel, susceptible de faire sortir un tant soit peu l'Allemagne de la domination Américaine. Mais il semble qu'il n'en prenne pas le chemin, la nouvelle Grande Coalition allemande dirigée par la permanente chancelière Angela Merkel ayant toujours pris ses consignes à Washington. Peut-on cependant reporter cet espoir, concernant cette fois l'Italie, sur Luigi Di Maio, le nouveau chef du Mouvement 5 Etoiles ?

L'agité Beppe Grillo, qui l'avait précédé dans ce rôle, avait suscité un certain intérêt par des propositions susceptibles d'ébranler l'enfermement de l'Italie dans ce que l'on appelle désormais le Système, enfermant les « démocraties européennes » dans la domination de Wall Street, du Pentagone et de leurs relais au sein de l'Union européenne, celle-ci créée à l'initiative de Washington pour jouer ce rôle dans sa lutte contre la Russie. Mais Beppe Grillo avait déçu les militants du Mouvement 5 Etoiles par ses incohérences et son manque de sérieux.

Aujourd'hui 5 Etoiles (voir notre article du 5 mars, L'Italie est-elle en train de s'affranchir de la domination par la finance américaine?) semble avoir repris cette volonté de redonner à l'Italie un minimum de personnalité sur la scène internationale en imaginant des solutions originales permettant un tant soit peu au pays d'échapper au conformisme du Système.

5 Etoiles le doit-il au rôle joué depuis quelques mois en son sein par celui que l'on nomme « le jeune » Di Maio? Wikipedia donne un résumé qui nous paraît à peu près honnête, bien que peu enclin à la sympathie, de son parcours politique (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Di_Maio ) Nous ne le reprendrons pas ici.

Les adversaires politiques de 5 Etoiles, parmi lesquels on retrouve tous les défenseurs d'un enfermement de l'Italie dans le rôle qui a toujours été le sien depuis 1945, celui de paradis touristique, de créateur de modes et à travers les industries du Nord, de relais d'un capitalisme industriel et financier bien établi dans l'Europe rhénane, ont reproché à Di Maio de s'appuyer sur un physique agréable et une aisance dans la vie publique pour cacher le vide qui était le sien.

Nous sommes persuadés du contraire, le concernant. Il lui a fallu une sorte de génie politique pour réussir à s'imposer dans une société restée profondément conservatrice et gérontocrate. S'il accédait au gouvernement, seul ou avec des représentants de Forza Italia, il est très probable qu'il continuerait à exploiter les idées qu'il avait représentées les mois précédents.

Qualifiée de « populiste » il a déjà fait entendre que si l'on désignait par ce nom des défenseurs d'un peuple soumis au silence par les élites, il revendiquait le terme. Habileté peut-être, mais qui vient opportunément relayer en Italie un mouvement d'exaspération contre une immigration hors de contrôle et la dictature des anonymes de Bruxelles.

Pour le moment les représentants des gouvernements européens, en général fort éloignés de 5 Etoiles, font diplomatiquement bonne figure. Mais on peut présager que, s'il agi comme il le promet, toutes les armes seront utilisées contre Di Maio pour le déconsidérer. Sera-il capable d'y faire face? Speriamo.

Note. On lira sur les élections en Italie une analyse de Jacques Sapir
https://www.les-crises.fr/russeurope-en-exil-seisme-polit...

lundi, 19 février 2018

Entrevista con el profesor Claudio Mutti

muttiC-int.jpg

Entrevista con el profesor Claudio Mutti

Con motivo de la reciente publicación de la obra «Democracia y Talasocracia», el pasado 30 de septiembre nos desplazamos a Parma (Italia) para entrevistar a su autor, el profesor Claudio Mutti.
 
En la entrevista repasamos aspectos de la más candente actualidad a nivel geopolítico, como el de la crisis de los refugiados, o las relaciones entre el mundo occidental y Rusia.
 
 
 

mutti-revue.jpg

jeudi, 08 février 2018

Né di destra né di sinistra: Corto Maltese come l’Anarca di Jünger

corto-900x600.jpg

Né di destra né di sinistra: Corto Maltese come l’Anarca di Jünger
Gianluca Donati
Ex: http://www.nazionefutura.it
ADVERTISEMENT
 

“Camerata Corto Maltese”, così titolava un’incontro culturale svoltasi in un circolo di CasaPound qualche anno fa, scatenando le reazioni più disordinate e l’indignazione della famiglia dell’autore delle opere di Corto Maltese, il maestro Hugo Pratt. Lo sconcerto fu argomentato dal fatto che storicamente, il Maltese è stato considerato nell’immaginario collettivo come appartenente alla “cultura della sinistra”, per esempio, Corto è figlio di una prostituta zingara, è un vero e proprio nomade (senza casa né famiglia), libertino nei modi, quindi tendenzialmente “anarchico” o “anarcoide” (e i due termini non collimano). L’intento della discussione di CasaPound era invece quello di analizzare le possibili “attitudini fasciste”, come il fatto che il marinaio creda nell’amicizia cameratesca, è un antieroe scorbutico, individualista ma pronto a schierarsi con chi ha subito dei torti, pronto a gettarsi dentro le cause perse; inoltre, Maltese è un romantico, amante dell’avventura. Queste opere di “letteratura disegnata” (come amava definirla Pratt), uscirono in un periodo, quello degli anni 70, dove l’avventura era osteggiata dalla politica e dalla critica, perché considerata, politicamente “non impegnata”.

corto_maltese_by_machkamotte-d55yqaq.jpgNaturalmente alle tesi di CasaPound, si rispose facendo notare che Maltese (quindi Pratt) non sia nazionalista, non crede nei Paesi, non è razzista. Tutto vero. Ma prima di affermare che Pratt-Maltese siano “di sinistra”, inviterei a una riflessione più approfondita, perché negli anni 70, non tutti nell’ambiente politico-culturale di sinistra erano poi così tanto convinti dell’identità progressista del personaggio del maestro. Lo stesso Pratt in quegli anni dichiarò: “Bisognava rispolverare Marx ed Engels, autori che dovetti frequentare e che mi annoiarono immediatamente. Visitai anche Marcuse e qualche altro e ritornai ai classici dell’avventura. Venni subito accusato di infantilismo, di edonismo e di fascismo”. Successivamente poi, Pratt fu licenziato dalla rivista per cui lavorava, perché l’editore, politicamente vicino al Partito Comunista Francese, lo tacciava di libertarismo. Perciò, le insinuazioni di un Pratt “non di sinistra”, non sono invenzione recente di CasaPound. Che poi questo non significhi “fascista”, è un altro discorso. Tralasciamo che Pratt abbia combattuto nella Decima Flottiglia Mas.

Già più rilevante sembra essere l’indizio che anni fa ci procurò il Giornale, quando pubblicò una dedica che Pratt avrebbe fatto a un suo editore francese, nella quale, con la sua inconfondibile calligrafia, il maestro scriveva “De votre fasciste Hugo Pratt” (dal tuo fascista Hugo Pratt). E questa lettera non è del 1944, bensì del 1988. Tutti rimasero spiazzati e cercarono d’irridere la tesi, ma nessuno ha saputo dare una spiegazione credibile. Ma a prescindere da queste considerazioni, e al di la della nota passione di Pratt per le divise, le decorazioni e i codici d’onore, più precisamente, dovremmo dire, che se è vero che Maltese è principalmente un “anarchico”, lo è in senso “individualista”; Maltese è insofferente ai nazionalismi, ma anche al social – comunismo, allo statalismo e al collettivismo di massa. È un uomo che crede nell’onore e ama l’azione avventurosa, e soprattutto, il viaggio, che per lui è un modo per viaggiare dentro se stesso, alla ricerca della sua Essenza (e qui l’appartenenza di Pratt alla massoneria si fa sentire); è un anarco-individualista, e quindi, un anarchico di destra. Questo filone del pensiero anarchico, discende dal filosofo Max Stirner, per il quale, dietro il diritto e la politica non c’è la legge o il consenso, ma la forza e l’irrazionale arrivando a dire: «Che io abbia o no un legittimo potere-diritto non mi interessa affatto, se sono potente, ho l’autorità, non ho bisogno di altra autorizzazione e legittimazione».

È una concezione della vita che ha reminiscenze vagamente nietzschiane. Più che anarchico – dicevamo sopra – Maltese sembra essere “anarcoide”, si atteggia ad anarchico per velleità o per posa, perché è un “esteta” che da più importanza alla forma che al contenuto (o la forma coincide con il contenuto), e tende ad avere confusi atteggiamenti ribellistici, standogli stretta anche l’etichetta di anarchico. Individualista, ma non egoista, egli decide di intervenire in difesa di qualcuno o di una causa, unicamente seguendo la sua coscienza e non perché costretto da una legge o un’istituzione. Questo però richiede una superiorità di spirito che non è comune, e che solo poche persone possiedono. Ecco perché Maltese, si accosta alla figura “dell’Anarca” di Ernst Jünger, dove il concetto anarchico di libertà, s’intreccia con quello di una spiritualità aristocratica. E se l’Anarca-ribelle Jungeriano, “passava al bosco”, Maltese cerca e trova il suo equilibrio tra libertà e altruismo, nell’immensità dell’oceano dove le leggi “sociali”, sono diverse e non assoggettate alla civiltà organizzata e alienante della modernità industriale e urbanizzata, dalla quale Maltese fugge attraverso il viaggio e l’avventura. E l’Anarca Maltese, rimanda anche al Superuomo di Nietzsche; infatti, a coloro che per dimostrare l’antifascismo “di sinistra” di Maltese, ricordano la famosa tavola nella quale il marinaio, da un calcio nelle parti basse di uno squadrista, stranamente nessuno ha fatto notare che nella medesima avventura “Favola di Venezia” Maltese incontra anche un personaggio realmente esistito, il celebre poeta-soldato Gabriele d’Annunzio, il quale differentemente dallo squadrista, viene rappresentato positivamente.

cortocccccc.jpg

Che d’Annunzio fosse un “nazionalista di destra”, un anarchico-individualista e decadente, e abbia civettato, pur riottoso, col fascismo, è cosa risaputa. Il fumetto in questione fu pubblicato nel 1976, e quelli erano anni nei quali mostrare benevolmente d’Annunzio, era sufficiente per essere bollati come fascisti o reazionari. Concludendo: “Camerata Maltese” fu una provocazione tipica di quei mattacchioni di CasaPound, una forzatura, ma se dovessi scegliere se collocare il personaggio di Corto Maltese, a destra o a sinistra, non avrei dubbi nel collocarlo a destra, una destra anarcoide e libertaria, e in una visione di “destra inclusiva e larga”, come io la intendo, una destra di sintesi tra diverse culture, il marinaio dall’orecchio forato può essere considerato, parte di quel patrimonio artistico – culturale, a prescindere dalle reali convinzioni politiche del grande Pratt.

Gianluca Donati

Fascism, Futurism, & Aviation

aeropintura.jpg

Fascism, Futurism, & Aviation

Review:

Fernando Esposito,
Fascism, Aviation and Mythical Modernity,
Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2015.

The British political theorist Roger Griffin has argued that the defining characteristic of fascist movements is a central myth of national rebirth, or palingenetic ultranationalism. His study of fascism (The Nature of Fascism) sparked controversy upon its publication because it diverged from the consensus at the time that fascist movements were purely reactionary and conservative in character; rather he located fascism within modernism and defined it as a revolutionary, future-oriented ideology that represented not a revolt against modernity but a quest to create an alternative modernity.

Esposito likewise begins from this premise in Fascism, Aviation and Mythical Modernity. He defines fascism as an attempt to generate order and national renewal through myth in the face of the crisis of modernity. Citing Mircea Eliade’s description of the need of archaic societies “to regenerate themselves periodically through the annulment of time,” he interprets interwar fascism as an attempt to destroy the old order and regenerate history itself, a “reconnection forwards” (Wiederanknüpfung nach Vorwärts). The quest to create an order that stood outside time and history required the use of myth as a suprahistorical reference point. Fascism thus represented a synthesis of modernity and myth.

The ultimate symbol of this synthesis was aviation. The interwar period, often known as the Golden Age of Aviation, witnessed great advances in aircraft technology. Aeronautical science was a cutting-edge field of study and represented the pinnacle of technological innovation at the time. Simultaneously aviation was cast as a symbol of the fascist myth of national rebirth and the birth of a new man.

Shaking flight.jpg

The foremost prophet of the cult of aviation in Italian Fascism was Gabriele D’Annunzio. D’Annunzio was himself an aviator whose interest in flight began in 1908 after flying with Wilbur Wright and attending the Brescia air show the following year. He volunteered as a fighter pilot during the First World War (then over the age of 50) and in 1917 participated in the Italian air raid on the harbor of Bakar in Austrian Croatia. In 1918, he famously led an air raid of eight aircraft over Vienna in which thousands of propaganda leaflets were scattered over the city.

Flight was a prominent theme throughout his work. In the third book of his Laudi del cielo, del mare, della terra e degli eroi [In Praise of the Heavens, the Sea, the Earth and Heroes], for instance, he invokes Icarus’ flight: “Who shall gather them? / Who with stronger bonds will know / How to unite the strewn feathers / And try again the mad flight?” To the Fascists, Icarus was a symbol of the Promethean, Faustian spirit of mankind (particularly European man) and man’s quest for glory. D’Annunzio again invokes Greek mythology in an article entitled “Faith in Italian Aviation”: “Nike flies as in the myth, only not with two wings but with a thousand, with thousands upon thousands.”

futromeavia.jpg

D’Annunzio also conceived of the aviator-hero (Esposito’s term) as a religious martyr. The self-sacrificing heroism of the aviator who died fighting for his country became linked with quasi-religious redemption. He likened the sight of a plane spattered with blood to that of a crucifix and in his eulogy for the Italian aviator Gino Allegri, whom he hailed as a “mystic,” likened the droning of a plane’s engine to “the matinal ringing that announces the call to the divine service.”

During the First World War, aviators were also likened to medieval knights in the popular imagination. The air war was distinguished from the mass warfare of the ground war in that it consisted primarily of man-to-man combat; planes were thought of as “flying swords” in knightly duels. The aviator-hero thus symbolized the advent of a new martial elite that would merge the ideal of the aristocratic cavalryman with the modern “technological combatant,” bridging the gap between past and future. In this way the aviator also combined heroic individualism with a willingness to serve the collective.

monoplano_jonathan.jpeg

Pulp fiction centered around aviation and tales of heroism in the air was enormously popular during the war. Aviators like Manfred von Richthofen (the “Red Baron”), Max Ritter von Müller, and Francesco Baracca were revered as national heroes. One poem in honor of Oswald Boelcke reads: “Hail, Boelcke, hardy seasoned aviator. / Hail, awesome crusher of the foe! / […] Hail, Boelcke, hail! To you as just reward / Does the Volk raise the crown of life / That will ever deck your hero’s deeds / And honor you with immortality!”

The Italians set many aviation records during the interwar years. Italy also built several new airports, pioneered research in aeronautical science, and made advances in civilian travel and airmail during this time. Exhibitions such as the 1934 air exhibition (Esposizione dell’aeronautica italiana), which drew more than one million people, instilled Italians with a sense of national pride by celebrating Italian aviation. Notable Italians in aviation included Francesco de Pinedo, who was the first pilot to fly a foreign plane to America and embarked upon a series of flying boat flights across the globe over the course of the 1920s; Umberto Nobile, who designed the polar airships Norge (the first aircraft to fly over the North Pole) and Italia and piloted them on Arctic expeditions; and Italo Balbo, who built up the Italian Royal Air Force under Mussolini and embarked on a few transatlantic flights, most notably in 1933 with his famed “Italian Air Armada.” Balbo was also a prominent Fascist and one of the four leaders who organized Mussolini’s March on Rome in October 1922.

wwi-bombers.jpg

Aviation was a central motif in Italian Futurism, particularly during the 1930s, and the airplane represented the ultimate symbol of Futurist ideals: speed, machinery, adventure, heroism, etc. Futurist artists (a number of whom were also aviators) were also fascinated by how the aerial perspective represented an “absolutely new reality, one that has nothing in common with the reality traditionally constituted by earthbound perspectives.” They launched the school of aeropittura (aeropainting) in 1929, giving rise to iconic works such as Tullio Crali’s Nose Dive on the City and Before the Parachute Opens and Tato’s Flying over the Coliseum in a Spiral (Spiraling). Aeropainting, like Italian Futurism in general, was closely associated with Fascism; Marinetti declared that it was a product of the same “revolutionary, aggressive, fervid spirit” behind Fascist aviation. Some aeropaintings were explicitly fascistic, such as Thayaht’s The Great Helmsman, which depicts a muscular Mussolini at the helm of an aircraft with several Savoia-Marchetti S.55 seaplanes (the same planes flown on Balbo’s transatlantic flights) behind him. Apart from aeropittura, the Futurists also devised other “aeroplane” arts: aeropoesia, aeroscultura, aeroachitettura, aeromusica, aerodanza, and even aeropranzo (Futurist meals).

Flight also figures in Marinetti’s Futurist novel Mafarka the Futurist. Mafarka (the protagonist) creates a giant winged cyborg superman, Gazurmah, a symbol of the ultimate fascist new man. Gazurmah eventually kills his creator, representing the destruction of the old order. Mafarka’s death (and rebirth in the form of Gazurmah) enables Gazurmah to soar to greater heights.

futurism-cityscapes.jpg

Naturally not all aviators were fascists, and aviation-related tropes and rhetoric were utilized by both fascists and liberals. The German-Jewish art historian Aby Warburg, a bourgeois cosmopolitan who championed liberal modernity, notably designed a postage stamp bearing the motto “Idea vincit” scrawled across the wings of a plane as a symbol of his commitment to the Weimar Republic, which Esposito contrasts with D’Annunzio’s proto-fascist ideals. Nonetheless, although there were liberal contributions to aviation discourse, the cult of aviation was most compatible with Fascism and found its highest expression in Fascist Italy.

The relationship between fascism and aviation was summarized by one Italian journalist who remarked in 1934, “You cannot be a Fascist without feeling a little like a flier; you cannot be a flier without feeling yourself a Fascist.” A writer in L’Ala d’Italia similarly stated:

Fascism has created a new world. Mussolini has brought about a new era of history. […] It is an ancient, rejuvenated race that sets itself against the old age of the world, a new faith that rises up against old habits, decrepit beliefs and ideologies: it is a new destiny. […] Flying is at the pinnacle of this new power.

Esposito also quotes Ernst Jünger’s preface to Luftfahrt ist not! [Aviation Is Necessary], a volume he edited in 1928:

. . . the airman is perhaps the sharpest manifestation of a new manhood. He represents the type that was already showing signs of itself in the war. […] Here, under the aegis of war, was combined every element of energy, distinction, and technical intelligence that characterizes modern civilization, as well as the secret categorical imperative that lends the final hardness to the alloyed metal of machines […]. […] Perhaps he illustrates most clearly the profound link between the soldier’s and the worker’s condition. For although they have remained the same, the forms of the soldier and the worker are here mingled with each other. […] The path that led across the heroic landscapes of war continues through the more sober fields of labor, and in both cases it is the flier’s heart that gives the activity its real value.

futavions.jpg

To Jünger, the rise of technology heralded a social revolution in which all human activity would be converted into labor in the form of large-scale industrial processes, which he termed “total mobilization.” Although Jünger was strongly critical of the calculative, utilitarian mass deployment of technology, he predicted that total mobilization would give rise to a new breed of man (the “worker”) characterized by heroism and sacrifice who could save technology from itself: “The phase of destruction is replaced by a real and visible order when that race accedes to dominion that knows how to speak the new language, and not in terms of mere intellect, of progress, of utility, or of convenience, but as an elemental language.” The worker would seek not to wield technology as a means of obtaining total control and security, in contrast to bourgeois man, but rather to achieve unity with it, dissolving the “tension between nature and civilization, organic and mechanical world.” The aviator thus embodied the ideal of the new man.

Article printed from Counter-Currents Publishing: https://www.counter-currents.com

URL to article: https://www.counter-currents.com/2018/02/fascism-futurism-and-aviation/

URLs in this post:

[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2018/02/27718112_188676988549662_378807944_n.jpg

10:31 Publié dans art, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : italie, aviation, art, avant-gardes, futurisme, histoire, fascisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 08 janvier 2018

Jornada Evoliana 2017 - A 100 años de la Revolución Bolchevique

evola-ks.jpg

Jornada Evoliana 2017 - A 100 años de la Revolución Bolchevique

 

JORNADA EVOLIANA 2017
A 100 AÑOS DE LA REVOLUCIÓN RUSA.


'1917, Preludio del Anticristo', a cargo del LIc. Juan Manuel Garayalde.


"Meinvielle y Evola: anticomunismo güelfo y gibelino", a cargo del Lic. Marcos Ghio.

mercredi, 25 octobre 2017

Ricordo di Giorgio Locchi, che previde il “male americano” prima degli altri

Schermata-2016-10-25-alle-16.51.51-670x274.png

Ricordo di Giorgio Locchi, che previde il “male americano” prima degli altri

Ex: http://www.secoloditalia.it

Oggi ricorre l’anniversario della scomparsa di Giorgio Locchi, morto a Parigi, dove viveva dagli anni Cinquanta, il 25 ottobre del 1992. Oggi Giorgio Locchi, giornalista, saggista, scrittore, non è molto conosciuto in Italia, soprattutto dai giovani, ma fu uno dei pensatori che più incisero sulla comunità anticomunista europea (a lui non piaceva la definizione “destra”) dagli anni Settanta in poi. Poco si sa della sua vita privata, e quello che sappiamo lo dobbiamo alla frequentazione sistematica da parte di suoi “discepoli” italiani, ragazzi provenienti dal neofascismo degli anni Settanta. Questi ragazzi, infiammati dal sacro fuoco della politica e dalla voglia di cambiare questo mondo, andavano a Parigi, a Saint Cloud, dove Locchi viveva e si guadagnava da vivere come corrispondente del quotidiano romano Il Tempo. Tra questi ragazzi ricordiamo senz’altro Gennaro Malgieri, Giuseppe Del Ninno, Mario Trubiano, Marco Tarchi e altri. In ogni caso, per quanto misconosciuto in Italia, Giorgio Locchi fu un po’ il “padre nobile” dei grandi rivolgimenti culturali europei nella famiglia della destra (scriviamo così solo per convenzione), quando dal neofascismo puro si passò alla dimensione culturale, a una Nuova Destra, come poi in effetti fu chiamata, la Nouvelle droite, che guardava oltre il regime fascista ma pensava piuttosto alle potenzialità, peraltro in parte messe in pratica, da quella filosofia e da quella dottrina europeista e antiegalitaria, ancorché modernizzatrice, che avrebbe ancora oggi tasto da dire e da dare alla nostra civiltà un po’ decadente (a voler essere generosi). Poi, la figura di Giorgio Locchi venne allo scoperto in Francia, ma per merito degli italiani, come ricorda Del Ninno. Locchi fu tra i fondatori del Grece, Groupement de recherche et d’études pour la civilisation européenne, creato nel 1968 insieme ad Alain de Benoist, intellettuale e scrittore francese molto noto, che fu con Locchi sin dall’inizio, pur essendo de Benoist più giovane.

Giorgio Locchi visse molti anni a Parigi

Giorgio Locchi era nato a Roma nel 1923, la famiglia aveva contiguità col mondo del cinema e dei doppiatori, lui stesso era amico della famiglia di Sergio Leone; scuole al classico del Nazareno dove, pur essendo lui completamente acattolico, conservò stima e gratitudine per i padri Scolopi, che avevano sempre rispettato la sua libertà di pensiero e che gli garantirono sempre massima autonomia di giudizio e di critica. Proseguì gli studi, orientati particolarmente verso il germanismo, la musica, la scienza della politica, ma soprattutto verso gli studi della civiltà indoeuropea, argomento sul quale ci ha lasciato un libro e numerosissimi scritti. I ragazzi del Fronte della Gioventù e del Msi degli anni Settanta e Ottanta furono letteralmente folgorati dal suo libro Il male americano (Lede editrice), dove Locchi aveva previsto tutto ciò che non sarebbe accaduto ma che sta ancora accadendo. Il fatto di essere usciti sconfitti da una guerra devastante, per Locchi, non annichilisce le idee che a quella guerra portarono. Che infatti sopravvivono nelle più disparate forme e sfumature. Dopo la realizzazione del Grece, che oggi chiameremmo un think tank, la Nuova Destra comincia a farsi conoscere non solo in Francia e in Italia, ma un po’ in tutta l’Europa occidentale. E a proposito di Europa, Locchi volle andare a Berlino nei giorni della riunificazione delle Germanie. La firma di Locchi da quel momento, che utilizzava anche lo pseudonimo di Hans-Jürgen Nigra, iniziò ad apparire sulle riviste vicine alla Nouvelle Droite, come Nouvelle Ecole, Elements, Intervento, la Destra, l’Uomo libero e naturalmente il nostro quotidiano Secolo d’Italia. Frattanto rendeva preziose informazioni ai lettori italiani con superbe corrispondenze dei fatti d’Algeria, sul ’68 francese, e anche sulla nascita dell’esistenzialismo. Come ha scritto in maniera chiara Gennaro Malgieri nel suo mirabile Hommage à Giorgio Locchi (1923-1992) in Synergies européennes nel febbraio del 1993, in realtà le idee di Locchi erano le idee di un’Europa che non esiste più, ma questa non era per lui una ragione per non difenderne o illustrarne i principi. Queste idee riguardano quell’Europa eterna a cui l’Europa economica del nostro dopoguerra non assomiglia per nulla. Ad esempio, nota ancora Malgieri, l’atteggiamento di Locchi verso il fascismo non era di semplice nostalgia o protesta, ma raccoglieva nel fermento culturale di quell’epoca e di quella esperienza tutte le idee e le iniziative che non erano e non sono obsolete. «Ha condiviso con noi i suoi pensieri su questo nella sua opera intitolata L’Essenza del fascismo (Il Tridente, 1981). Egli si riferisce alla visione del mondo che è stata l’ispirazione del fascismo storico, ma non è scomparsa con la sconfitta di quest’ultimo. Questo libro è ancora un “discorso di verità” prodigiosa nel senso greco, che cerca di rimuovere dal fascismo di tutte quelle spiegazioni frammentarie che sono attualmente in corso e tutte le forme di demonizzazione tese a generare pregiudizi».

Giorgio Locchi scrisse anche un libro sul “mito sovrumanista”

Nella sua indagine, infatti, Locchi ha sostenuto che non era possibile capire il fascismo, se non ci siamo accorti che era la prima manifestazione politica di un fenomeno spirituale di più ampia portata, le cui origini risalgono nella seconda metà del XIX secolo e ha chiamato il “surhumanisme”. I poli di questo fenomeno, che si presenta proprio come un enorme campo magnetico, sono Richard Wagner e Friedrich Nietzsche che, attraverso le loro opere, hanno mescolato il nuovo principio e lo hanno portato nella cultura europea tra la fine del XIX e all’inizio del ventesimo secolo. Su questo Locchi ha scritto il libro Wagner, Nietzsche e il mito sovrumanista (edizioni Akropolis), difficile ma estremamente lucido, che ebbe le lodi del critico musicale Paolo Isotta dalle colonne del Corriere della Sera. Locchi ci ha lasciato pochi libri, ma importanti. La sua vita testimonia un impegno coerente, profondo, cruciale, che oggi non sarebbe male approfondire. Su di lui (anche) pochi anni fa Francesco Germinario ha scritto un libro, Tradizione, Mito e Storia (Carocci editore) in cui l’autore definisce i connotati della destra radicale soffermandosi sui suoi esponenti più significativi. Due anni fa alla sede romana di Casapound si è svolta una conferenza su Giorgio Locchi alla presenza del figlio Pierluigi e di Enzo Cipriano, anche lui amico e seguace di Locchi da anni.

mardi, 10 octobre 2017

Professor Bono, Afrika expert: Migranten zijn niet arm en vluchten niet voor oorlog en honger

Lampedusa-association-SOS-Mediterranee-18-avril-2016_0_1400_867.jpg

Professor Bono, Afrika expert: Migranten zijn niet arm en vluchten niet voor oorlog en honger

‘Afrika onderontwikkeld dankzij grootschalige corruptie’

‘De échte vluchtelingen blijven achter en komen niet naar Europa’

‘Mythe dat de EU Afrikaanse mannen ongelimiteerde welvaart aanbiedt, moet worden gestopt’

Professor Ana Bono, erkend Afrika expert en samenwerkend met diverse universiteiten en instituten, inclusief het Italiaanse ministerie van Binnenlandse Zaken, tevens auteur van meer dan 1600 artikelen en boeken over continent, heeft in haar thuisland Italië opzien gebaard door het door de media, politiek en asielindustrie verspreide beeld van ‘arme Afrikanen die op de vlucht zijn voor oorlog en honger’ compleet van tafel te vegen. Volgens haar zijn er in Afrika meer dan voldoende middelen om de verwachte enorme bevolkingsgroei op te vangen, maar is het continent nog steeds arm en onderontwikkeld door grootschalige corruptie.

De enorme migrantenstroom uit Afrika kwam op gang nadat Amerika en de NAVO besloten om het stabiele en welvarende Libië naar het stenen tijdperk te bombarderen, waardoor een belangrijke buffer, Muammar Gadaffi, van het veld werd geruimd, zo stelt ook Bono. In Libië werkten zo’n 1 miljoen gastarbeiders, die na de instorting van het land meestal niet naar huis, maar naar Europa gingen.

Grootschalige corruptie houdt ontwikkeling Afrika tegen

De professor zegt dat de enorme bevolkingsgroei in Afrika ‘niet noodzakelijk onhoudbaar’ is. Het continent heeft een schat aan natuurlijke hulpbronnen, maar die worden door alle Afrikaanse overheden heel slecht beheerd, waardoor landen die rijk aan olie zijn toch geraffineerde producten zoals benzine moeten importeren. De grootste reden voor de armoede en puinhoop in Afrika is volgens haar de wijd verspreide corruptie; een klein clubje aan de top behoudt alle rijkdom voor zichzelf, en laat de bevolking stikken.

Ergste land in dit opzicht is Nigeria, waar ‘corruptie een manier van leven’ is. Het land is de grootste olie exporteur van Afrika en heeft de tweede economie van het continent, en bezit een potentieel enorme welvaart die voor het grijpen ligt.

Migranten zijn niet arm en vluchten niet voor oorlog

Voor bijna alle Afrikaanse migranten die naar Italië worden gehaald geldt ‘dat er in bijna al hun thuislanden, zoals Nigeria, Ghana, Kameroen, Senegal, Ivoorkust, Sierra Leone, Mali, etc. geen oorlog is. Toch zijn de meesten afkomstig uit deze landen. De échte vluchtelingen, die vertrekken vanwege oorlogen, komen niet naar Italië. De cijfers bewijzen dit. Het andere complete fake verhaaltje is dat deze jonge mannen van tussen de 18 en 35 arm zijn. Dat zijn ze absoluut niet.’

Op de vraag van de interviewer hoe ze zoiets kan zeggen, antwoordt ze: ‘Hoe definieer je de Afrikaanse standaard van ‘arm’ als je 5000 tot 8000 dollar of euro hebt om naar Italië te gaan (de gemiddelde prijs die mensensmokkelaars per persoon vragen)? Wat deze jonge mannen in werkelijkheid doen is een investering, doorgaans met geld van hun families, om een beter leven in West Europa te beginnen. Zo simpel is het.’

Sociale zekerheid Italiaanse burgers wordt afgebroken voor migranten

‘Het probleem is dat ze weliswaar het makkelijkst te bereiken, maar verkeerde land kiezen, Italië, dat kampt met ernstige jeugdwerkloosheid die voorlopig niet minder zal worden. Jaarlijks verlaten zo’n 100.000 Italianen in dezelfde leeftijdsgroep van 18 tot 35 het land omdat ze er geen fatsoenlijke baan kunnen vinden. En dan krijg je ieder jaar nog véél meer jonge Afrikanen binnen die op zoek zijn naar werk?’

‘Al die mensen moeten worden gevoed, gekleed, gehuisvest, en jarenlang gratis gezondheidszorg en rechterlijke steun worden gegeven. Dat betekent dat de Italiaanse sociale zekerheid miljard euro’s moet uitgeven, wat zal worden weggehaald bij de Italiaanse burgers en legale inwoners.’

Asielindustrie verdient miljarden

Uitzettingsbevelen van afgewezen asielzoekers hebben volgens professor Bono geen enkele zin, zijn ineffectief ‘en slaan feitelijk nergens op’, omdat die mensen eerst vaak jarenlang alles hebben gekregen, en dan nu ineens de boodschap krijgen dat ze weg moeten. ‘Maar waarheen? Is het zo moeilijk voor te stellen dat die mensen gewoon in Italië (/ Europa) blijven, ondanks de belachelijke waarschuwing die ze krijgen om te vertrekken?’ De meesten van hen zullen dus een andere –vaak illegale- bron van inkomsten zoeken.

Waarom gaat de massa import van zulke enorme aantallen Afrikaanse mannen dan nog steeds door, ondanks het feit dat de gemiddelde Italiaan inmiddels heel goed weet dat het ‘arme vluchtelingen’ verhaaltje één groot bedrog is? Bono wijst erop dat de asielindustrie* er miljarden aan verdient (*waaronder zogenaamde ‘hulp’organisaties, waar argelozen Europeanen nog giften aan geven ook!). Alleen al Italië geeft dit jaar meer dan € 4,5 miljard aan deze nieuwe industrie uit.

‘Afrikanen hebben hier geen toekomst’

De enige manier om de migrantentsunami te stoppen is door te beginnen aan Afrikanen duidelijk te maken dat Europa niet het continent vol ongelimiteerde welvaart is voor iedereen die het maar wil hebben. ‘Zolang jonge Afrikanen in hun hoofd vasthouden aan deze mythe, is er geen hoop dat we kunnen voorkomen dat ze hier komen en vervolgens ervaren dat ze geen baan krijgen, zonder hun gezinnen zitten, en zonder dat ze iets weten over onze manier van leven. Kort gezegd: dat ze hier geen toekomst hebben.’x

Xander

(1) GEFIRA via Zero Hedge
(2) Afbeelding: Getty Images (vrij voor redactioneel en niet-commercieel gebruik)