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dimanche, 08 mai 2022

Carlos Castaneda, le Grand Reset et les prédateurs

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Carlos Castaneda, le Grand Reset et les prédateurs

par Nicolas Bonnal

« Nous avons un prédateur qui est venu des profondeurs du cosmos et a pris le contrôle de nos vies. »

Il fut un temps où seul notre argent (disaient-ils) intéressait nos banquiers. Cet heureux temps n’est plus, dirait Jean Racine. Ce qui les intéresse c’est notre âme, notre esprit, notre libre arbitre, notre déplacement, ou pour parler moderne notre ADN et tout ce qui s’ensuit. Comme dit un mien lecteur plus savant que moi sur ce sujet :

« Les chercheurs de vérité ont manqué le paramètre de long terme. Pourquoi réduire la population, la pucer pour la contrôler par le graphène nanométrique qui construit un système d’information connecté, imposer le crédit social, transférer la richesse de l’ouest vers l’est ? Il existe un SUPER PROJET qui nécessite de « leur » point de vue une gestion radicale du troupeau (Christophe). »

Histoires-de-pouvoir.jpgChristophe a son explication, que je vous mets en lien. Je reviens à Castaneda.

Avec Gates, Schwab, Fink, Soros, Leyen, Bourla, Draghi et consorts on commence en effet à avoir peur: on sort de la liste des suspects usuels et des élites hostiles et on entre dans la série des entités reptiliennes (pour faire court) ou démentiellement hostiles (c’est pourquoi je vous demande de penser au film Prédateur – de 1987); pourquoi ont-ils voulu liquider même les sportifs par exemple? On est face, dit un grand auteur à des prédateurs, qui se livrent à des expériences sur nous: le vaccin, le reset, les guerres (cela on connaissait), la pénurie globale organisée, les changements démentiels de paradigmes (avortement après la naissance, changement obligatoire de sexe, haine de telle race ou religion, contrainte médiatique-satanique de type religieux, avec tout un rituel aberrant sorti des sectes ou des loges (pour rester poli).

Un autre lecteur (spécialiste du capitaine Nemo, de Sherlock Holmes et de Phileas Fogg) m’a fait redécouvrir Carlos Castaneda, que je prenais pour un banal gourou New Age (pour certains c’est même un agent de la CIA – mais qui ne l’est pas ? Plein d’imbéciles m’accusent…), mais qui écrit dans le Voyage définitif ceci :

« Nous avons un prédateur qui est venu des profondeurs du cosmos et a pris le contrôle de notre vie. Les êtres humains sont ses prisonniers. Le prédateur est notre seigneur et maître. Cela nous a rendu docile, impuissant. Si nous voulons protester, il supprime notre protestation. Si nous voulons agir indépendamment, il exige que nous ne le fassions pas. »

Pratiquons la paranoïa positive, comme disait le réalisateur (un copte égyptien né en Australie) de The Crow et de Dark City. Nos élites hostiles nous contrôlent, nous manipulent, nous réduisent, nous remplacent, nous ridiculisent. Cela est une évidence pour tous les esprits contestataires du monde moderne, en lutte contre le Mordor (voyez mon Tolkien) ; et l’affaire du virus, du vaccin, du confinement et de cette vraie/fausse guerre (voyez Miles Mathis) ne fait que renforcer cette réorganisation algorithmique du monde.

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Comme John Buchan dans la Centrale d’énergie (récit encore plus codé que les Trente-neuf marches saccagées par Hitchcock), Castaneda (né à Cajamarca, cité du martyre d’Atahualpa) décrit une ombre :

« Il fait nuit noire autour de nous, mais si vous regardez du coin de l'œil, vous verrez toujours des ombres fugaces sauter tout autour de vous. »

Ces ombres comme nos banquiers et nos politiciens nous fliquent, nous piquent, nous ruinent, nous contrôlent et nous mutilent. Don Juan explique :

« Vous êtes arrivé, par votre seul effort, à ce que les chamans de l'ancien Mexique appelaient le sujet des sujets. J'ai tourné autour du pot tout ce temps, en vous insinuant que quelque chose nous retient prisonniers. En effet nous sommes retenus prisonniers ! C'était un fait énergique pour les sorciers de l'ancien Mexique. »

Voir.jpgPour Don Juan nous leur servons de nourriture – spirituelle pour l’instant; et le grand initié ne nous compare pas à des moutons mais à des poulets:

« Il y a une explication qui est l'explication la plus simple du monde. Ils ont pris le pouvoir parce que nous sommes leur nourriture, et ils nous pressent sans pitié parce que nous sommes leur subsistance. Tout comme nous élevons des poulets dans des poulaillers, les prédateurs nous élèvent dans des poulaillers humains. Par conséquent, leur nourriture est toujours à leur disposition. »

Fulford nous a récemment expliqué que le T Rex est l’ancêtre du poulet et que ces khazars qui tiennent la planète avec leurs fond de pension et leurs objectifs écologiques nous traitent comme des poulets d’abattoir (pensez à Chicken run, car le cinéma est codé pour nous dire toujours tout – le diable dit ce qu’il fait ou va faire POUR QU’ON NE LE CROIE PAS).

Castaneda :

« C'est-à-dire que je vais soumettre votre esprit à d'énormes assauts, et vous ne pouvez pas vous lever et partir parce que vous êtes pris. Non pas parce que je te retiens prisonnier, mais parce que quelque chose en toi t'empêchera de partir, tandis qu'une autre partie de toi va vraiment devenir folle. Alors accrochez-vous ! »

La base des prédateurs est de nous rendre idiots comme les poulets ou les moutons. L’abrutissement est la matrice de notre soumission. Il fut un temps (cf. mon livre sur la vieille race blanche) où l’éducation rendait libre et critique, mettons de 1789 à 1984. Cet heureux temps n’est plus, comme dirait Jean Racine:

« Je veux faire appel à votre esprit d'analyse. Réfléchissez un instant, et dites-moi comment vous expliqueriez la contradiction entre l'intelligence de l'homme ingénieur et la stupidité de ses systèmes de croyances, ou la stupidité de ses comportements contradictoires. Les sorciers croient que les prédateurs nous ont donné nos systèmes de croyances, nos idées du bien et du mal, nos mœurs sociales. Ce sont eux qui ont créé nos espoirs, nos attentes et nos rêves de succès ou d'échec. »

La médiocrité sera donc notre lot, et tout le petit et rare monde résistant aura vu la stupidité résignée et la salauderie de la masse ces dernières années:

« Ils nous ont donné la convoitise, la cupidité et la lâcheté. Ce sont les prédateurs qui nous rendent complaisants, routiniers et égocentriques. »

Castaneda explique que les prédateurs nous ont donné leur esprit qui est médiocre (cela, on l’avait compris):

times.jpg« Afin de nous garder obéissants, doux et faibles, les prédateurs se sont engagés dans une manœuvre prodigieuse; prodigieux, bien sûr, du point de vue d'un stratège de combat. Une manœuvre épouvantable du point de vue de ceux qui la subissent. Ils nous ont donné leur esprit ! Vous m'entendez? Les prédateurs nous donnent leur esprit, qui devient notre esprit. L'esprit des prédateurs est baroque, contradictoire, morose, empli de la peur d'être découvert d'une minute à l'autre. »

Il est donc là pour nous faire peur cet esprit prédateur (Poutine, le rhume, etc.):

« Je sais que même si vous n'avez jamais souffert de la faim, vous souffrez d'anxiété alimentaire, qui n'est autre que l'anxiété du prédateur qui craint qu'à tout moment sa manœuvre ne soit découverte et que la nourriture ne lui soit refusée. Par l'intermédiaire de l'esprit, qui, après tout, est leur esprit, les prédateurs injectent dans la vie des êtres humains tout ce qui leur convient. Et ils s'assurent, de cette manière, un degré de sécurité pour agir comme un tampon contre leur peur. »

Le but (pensez au fœtus de 2001) est de manger l’esprit humain, de le tenir cet esprit et son aura, surtout en bas âge:

« Les sorciers voient les êtres humains en bas âge comme d'étranges boules d'énergie lumineuses, recouvertes de haut en bas d'un manteau incandescent, quelque chose comme une couverture en plastique étroitement ajustée sur leur cocon d'énergie. Cette couche de conscience rougeoyante est ce que les prédateurs consomment, et lorsqu'un être humain atteint l'âge adulte, tout ce qui reste de cette couche de conscience rougeoyante est une frange étroite qui va du sol au sommet des orteils. »

On comprend leur obsession maladive avec l’avortement après la naissance. Castaneda rappelle :

« A ma connaissance, l'homme est la seule espèce qui a le manteau rougeoyant de la conscience en dehors de ce cocon lumineux. Dès lors, il est devenu une proie facile pour une conscience d'un autre ordre, comme la conscience lourde du prédateur. »

Explication technique (ces prédateurs font penser en effet à Hollywood et à la CIA) :

« Cette frange étroite de la conscience est l'épicentre de l'autoréflexion, là où l'homme est irrémédiablement pris. En jouant sur notre introspection, qui est le seul point de conscience qui nous reste, les prédateurs créent des éruptions de conscience qu'ils consomment de manière impitoyable et prédatrice. Ils nous donnent des problèmes insensés qui forcent ces flambées de conscience à s'élever, et de cette manière ils nous maintiennent en vie afin qu'ils soient nourris de la flambée énergétique de nos pseudo-inquiétudes. »

51HdMvnlS8L.jpgLa seule solution pour la résistance ? La discipline, qui a disparu depuis deux générations – de la religion entre autres - de nos sociétés (voyez le livre fondamental de Thomas Frank La Conquête du cool) :

« Il n'y a rien que toi et moi puissions faire à ce sujet. Tout ce que nous pouvons faire, c'est nous discipliner au point où ils ne nous toucheront pas. Comment pouvez-vous demander à vos semblables de passer par ces rigueurs de discipline ? Ils riront et se moqueront de vous, et les plus agressifs vous casseront la gueule. Et pas tellement parce qu'ils n'y croient pas. Au plus profond de chaque être humain, il existe un savoir ancestral et viscéral sur l'existence des prédateurs. »

Dernier conseil du maître :

« Chaque fois que des doutes vous tourmentent à un point dangereux, faites quelque chose de pragmatique à ce sujet. Éteignez la lumière. Percez les ténèbres; découvrez ce que vous pouvez voir. »

Sources :

https://www.aldianews.com/es/culture/patrimonio-e-histori...

https://nicolasbonnal.wordpress.com/2022/01/19/la-fin-des...

https://www.amazon.fr/grands-auteurs-th%C3%A9orie-conspir...

http://ciremya.perenna.free.fr/WNU/nemo.pdf

https://www.amazon.fr/voyage-d%C3%A9finitif-Carlos-Castan...

 

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Technogéopolitique : réinterpréter la formule de Mackinder pour le pouvoir sur le monde

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Technogéopolitique : réinterpréter la formule de Mackinder pour le pouvoir sur le monde 

Par Leonid Savin

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/tecnogeopolitica-reinte...

Dans son ouvrage classique intitulé Democratic Ideals and Reality, Halford Mackinder a souligné que le développement économique de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne au XIXe siècle et les actions ultérieures des gouvernements de ces pays, qui ont conduit à la Première Guerre mondiale, ont été influencés par la même source. - Il s'agit du livre d'Adam Smith Sur la richesse des nations.

En raison des différentes attitudes culturelles, des conclusions différentes ont été tirées et des méthodes différentes ont été utilisées. La Grande-Bretagne était une nation insulaire et utilise sa puissance maritime pour protéger ses intérêts, souvent au détriment des peuples colonisés. Bien que l'Allemagne possèdait également des colonies dans différentes parties du monde, elle donnait davantage le ton aux projets continentaux, d'où l'émergence d'une union douanière et de projets ferroviaires.

Avec le changement actuel de l'ordre technologique mondial, nous observons un phénomène similaire dans différentes régions: malgré les 30 dernières années de mondialisation active, il existe des signes évidents de protectionnisme national tant dans les pays industrialisés que dans les États qui sont encore en train de rattraper leur retard... Seulement, l'accent est désormais mis sur d'autres technologies.

Selon un rapport du Boston Consulting Group et de Hello Tomorrow, les technologies profondes pourraient "changer le monde comme l'a fait Internet". Les investissements dans ce domaine aux États-Unis ont quadruplé depuis 2016 dans des secteurs tels que la biologie synthétique, les matériaux avancés, la photonique et l'électronique, les drones et la robotique, et l'informatique quantique, en plus de l'intelligence artificielle. Alors que le rapport affirme qu'il n'existe pas de technologie profonde, il n'y a qu'une seule approche de la technologie profonde. [i]

Les entreprises deep tech partagent quatre caractéristiques communes: elles sont orientées vers les problèmes (elles ne commencent pas par la technologie pour ensuite chercher des opportunités ou des choses qui peuvent être résolues); elles sont à l'intersection des approches (science, ingénierie et design) et des technologies (96% des entreprises deep tech aux États-Unis utilisent au moins deux technologies). Ils s'articulent autour de trois pôles (matière et énergie, calcul et cognition, et détection, c'est-à-dire capteurs et mouvement); ils vivent dans un écosystème complexe; 83 % d'entre eux fabriquent un produit comportant un composant matériel, notamment des capteurs et de gros ordinateurs.

Ils font partie d'une nouvelle ère industrielle. Ces entreprises entrepreneuriales reposent sur un écosystème d'acteurs étroitement liés. Ils impliquent des centaines ou des milliers de personnes dans des dizaines d'universités et de laboratoires de recherche. Par exemple, Moderna et l'alliance BioNTech avec Pfizer ont utilisé le séquençage du génome pour mettre sur le marché leurs vaccins COVID-19 respectifs en moins d'un an.

Ces entreprises ont bénéficié des efforts de nombreux autres universitaires, de grandes entreprises et du soutien du secteur public. Tous, ainsi que les États-nations, sont des acteurs importants de cette vague de grande technologie qui est déjà en cours aux États-Unis, en Chine et ailleurs, ainsi que dans l'UE et ses États membres. [ii]

En termes de technologie, les composants nécessaires à sa mise en œuvre, tels que les métaux des terres rares et les semi-conducteurs, ainsi que les produits eux-mêmes, comme l'informatique quantique et l'intelligence artificielle, les systèmes sans pilote et automatisés, sont désormais l'enjeu de la confrontation géopolitique. des grandes puissances (et pas seulement).

La formule du pouvoir sur le monde de Mackinder peut maintenant être interprétée quelque peu différemment. Ce n'est pas celui qui contrôle l'Europe de l'Est qui possède le monde, mais celui qui contrôle les technologies critiques et nouvelles.

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Lutte entre la Chine et les États-Unis

En octobre 2021, le bureau américain du directeur du renseignement national a publié une note sur les nouvelles technologies critiques. Il indique que "comme on s'attend à un champ technologique plus large à l'avenir, de nouveaux développements technologiques apparaîtront de plus en plus souvent dans de nombreux pays sans être annoncés. Si la démocratisation de ces technologies peut être bénéfique, elle peut aussi être déstabilisante sur le plan économique, militaire et social.

C'est pourquoi les avancées dans des technologies telles que l'informatique, la biotechnologie, l'intelligence artificielle et la fabrication requièrent une attention particulière pour prévoir les trajectoires des nouvelles technologies et comprendre leurs implications en matière de sécurité." [iii] Les agences de renseignement américaines accordent une attention particulière aux semi-conducteurs, à la bioéconomie, aux systèmes autonomes et aux ordinateurs quantiques.

Auparavant, en juillet 2021, le président américain Joe Biden a publié un décret visant à encourager la concurrence dans l'économie américaine. [iv] Elle est intervenue au milieu de discussions sur la nécessité de dompter le pouvoir croissant des grandes plates-formes technologiques dont la puissance nuit à la concurrence dans l'économie américaine, et sur la nécessité d'aider à maintenir la position des États-Unis en tant que leader technologique mondial face à la concurrence de la Chine.

Dans un communiqué de presse de la Maison Blanche daté du 2021, le président a reconnu l'importance du leadership dans les domaines technologiques critiques, tels que les normes sans fil et de cinquième génération (5G), et a annoncé un nouveau partenariat public-privé entre la National Science Foundation et le ministère de la Défense pour soutenir la recherche sur les réseaux et systèmes de prochaine génération. [v]

Cependant, les chercheurs du Renewing American Innovation Project estiment que le décret maintient le leadership de la Chine dans la 5G et pose donc un risque inutile pour la sécurité nationale, laissant le leadership américain dans cet espace vulnérable. Dans le même temps, la Chine reconnaît à la fois le pouvoir du renforcement des droits de propriété intellectuelle (PI) pour récompenser ses inventeurs, et le pouvoir de la loi antitrust comme outil de politique industrielle, tout en maintenant la viabilité de ses propres entreprises. [vi]

Les brevets sont reconnus comme l'un des seuls outils dont disposent les start-ups, les petites entreprises et les inventeurs pour protéger leurs idées, tandis que les grandes plateformes technologiques disposent de plusieurs autres moyens pour protéger et monétiser leurs idées, comme l'intégration verticale et la formation de conglomérats, où les deux stimulent l'économie. aux grandes plateformes.

C'est pourquoi les grandes plateformes technologiques se sont traditionnellement opposées à l'IA au Congrès et dans les tribunaux pour cette raison, selon les recherches. Les petites entreprises et les inventeurs individuels ne disposent souvent pas des investissements et des capitaux nécessaires pour traduire leurs intentions en produits et services commerciaux à grande échelle ou pour les monétiser sur des marchés connexes.

Au contraire, ils créent souvent des prototypes, espérant trouver d'autres développeurs pour fabriquer et commercialiser plus avant leurs inventions et récupérer leur investissement en recherche et développement (R&D) en concédant des licences de leurs inventions à ces développeurs. Cela est vrai non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour d'autres pays, dont la Russie.

La tendance actuelle est que la réglementation des brevets aidera la Chine à long terme, car elle dissuadera les entreprises américaines d'investir et permettra à Pékin de prendre la tête des normes critiques de la 5G (et de la future 6G).

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Selon la communauté américaine du renseignement, si davantage de réseaux mondiaux fonctionnent avec Huawei et d'autres technologies chinoises, la Chine pourra alors voler des secrets commerciaux, recueillir des renseignements et influencer ses concurrents en fermant les infrastructures de communication et en punissant les détracteurs.

On peut attribuer cela à la politique anti-chinoise de Washington et à la manipulation des données reflétant l'implication croissante de la Chine. Toutefois, si l'on regarde les statistiques objectives, le nombre de délégués associés à des organisations chinoises participant au projet de partenariat de troisième génération (3GPP) a considérablement augmenté ces dernières années.

Ce projet, lancé en 1988, est un organisme de normalisation dont les membres sont les plus grandes entreprises de télécommunications du monde. Gagnant en influence au fil du temps avec l'introduction de la 4G et maintenant de la 5G, le 3GPP s'est retrouvé au centre d'un débat géopolitique sur l'importance de la 5G pour l'économie mondiale.

Pour l'instant, c'est la Chine qui compte le plus grand nombre de représentants d'autres pays. Et en novembre 2021, Huawei possédait le plus grand portefeuille 5G et annonçait le plus grand nombre de familles de brevets (un ensemble de brevets obtenus dans différents pays pour protéger une invention), ce qui en fait le leader et laisse derrière lui des acteurs tels que Qualcomm aux États-Unis, Samsung en Afrique du Sud, la Corée et Nokia en Finlande.

Aucune entreprise ni aucun pays ne peut combler aussi rapidement l'écart de leadership technologique, même si, pour l'instant, les États-Unis et l'Union européenne continuent de tenir la tête en matière de participation aux normes et à certaines technologies. Bien que le nombre de contributions et de divulgations de brevets ne soit pas une indication de la valeur ou de la qualité, ces modèles illustrent l'investissement croissant de la Chine dans la technologie cellulaire pour combler l'écart avec ses concurrents.

Les États-Unis tentent de contrer la Chine à la fois directement et indirectement, en créant de nouvelles initiatives avec leurs partenaires.

Le Conseil du commerce et de la technologie a été lancé lors du sommet États-Unis-UE de juin 2021. [vii]

Ses objectifs déclarés sont les suivants :

- Élargir et approfondir le commerce et les investissements bilatéraux ;

- Le rejet de nouvelles barrières techniques au commerce ;

- Collaboration dans les domaines clés de la technologie, du numérique et de la politique de la chaîne d'approvisionnement.

- Soutien à la recherche conjointe ;

- Coopération dans le développement de normes compatibles et internationales ;

- Promouvoir la coopération dans le domaine de la politique et de l'exécution ;

- Promouvoir l'innovation et le leadership des entreprises européennes et américaines.

Le Conseil comprendra initialement les groupes de travail suivants, qui traduiront les décisions politiques en résultats concrets, coordonneront les travaux techniques et rendront compte au niveau politique :

- Collaboration sur les normes technologiques (notamment l'intelligence artificielle et l'Internet des objets, entre autres technologies émergentes) ;

- Climat et technologies vertes ;

- Sécuriser les chaînes d'approvisionnement, y compris les semi-conducteurs ;

- Sécurité et compétitivité des TIC ;

- Gestion des données et plateformes technologiques ;

- L'utilisation abusive des technologies qui menacent la sécurité et les droits de l'homme;

- Contrôles des exportations ;

- Filtrage des investissements ;

- Promouvoir l'accès des PME aux technologies numériques et leur utilisation ;

- Questions relatives au commerce mondial.

Parallèlement, l'UE et les États-Unis ont établi un dialogue conjoint sur la politique de concurrence en matière de technologie qui se concentrera sur l'élaboration d'approches communes et le renforcement de la coopération en matière de politique de concurrence et d'application des règles dans les secteurs technologiques.

Le 3 décembre 2021, le Département d'État américain et le Service d'action extérieure de l'UE ont publié une déclaration commune sur les consultations de haut niveau sur la région indo-pacifique. Outre les déclarations de valeurs et d'intérêts communs, notamment les tendances actuelles liées à la pandémie de coronavirus et au changement climatique, il existe un certain nombre d'aspects techniques tels que les normes de travail, les infrastructures, les technologies critiques et émergentes, la cybersécurité, etc.

Sont également mentionnés l'approfondissement de la coopération avec Taïwan et l'intégration des initiatives d'infrastructure régionale Build Back Better World et EU Global Gateway. Le premier est mené par les États-Unis et le second par l'UE, respectivement. [Bien sûr, tout cela est fait pour contenir la Chine, y compris l'initiative "Belt and Road".

Il existe des exemples de confrontation flagrante, conduisant à ce que l'on appelle le découplage, c'est-à-dire la rupture des relations commerciales et économiques.

Le 24 novembre 2021, le ministère américain du Commerce a annoncé qu'il imposerait des contrôles à l'exportation à huit entreprises chinoises spécialisées dans l'informatique quantique. Une semaine plus tôt, Bloomberg a fait état de nouveaux contrôles à l'importation mis en place par un groupe industriel chinois quasi-étatique connu sous le nom de "Comité Xinchuan", qui établit effectivement une liste noire des entreprises technologiques détenues à plus de 25 % par des sociétés étrangères qui fournissent des industries sensibles. [X]

Le ministère du Commerce a déclaré dans un communiqué de presse qu'il avait ajouté huit entreprises chinoises spécialisées dans l'informatique quantique à la liste afin "d'empêcher que les nouvelles technologies américaines soient utilisées pour les efforts d'informatique quantique [militaires chinois]".

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Il est interdit aux entreprises américaines d'exporter certains produits à des sociétés cotées en bourse sans demander une licence spéciale au département du commerce, et ces licences sont rares. Une telle liste a été créée à la fin des années 1990 pour répondre au problème de la prolifération des armes, mais est devenue depuis un instrument courant de pression des États-Unis sous couvert de protection de leurs intérêts économiques.

Et cela a entraîné une réaction correspondante de la Chine, comme dans le cas des sanctions contre la Russie. Les analystes chinois affirment que la création du comité Xinchuan et la recherche par la Chine de l'autosuffisance technologique sont le résultat direct des contrôles américains des exportations. Le cabinet de recherche Internet chinois iResearch a déclaré que "la politique d'endiguement des États-Unis, illustrée par la liste des entités, a été un catalyseur direct pour pousser la Chine à établir le secteur Xinchuan... [La liste des entités] a mis en évidence le besoin urgent pour la Chine d'investir davantage dans l'innovation technologique et de produire des technologies clés en Chine".

On prétend également que l'appel du président Xi Jinping à une plus grande autosuffisance technologique était motivé en partie par ce qu'il considérait comme l'impact des restrictions américaines à l'exportation sur Huawei.

En novembre, des rapports ont révélé que le régulateur central chinois de l'Internet a approché les cadres supérieurs du géant Didi Chuxing pour leur demander de proposer un plan visant à retirer la société de la Bourse de New York pour des raisons de sécurité des données. Ces gestes indiquent que le fossé technologique entre les États-Unis et la Chine va se poursuivre, malgré les assurances des deux dirigeants qu'ils sont prêts à résoudre le différend.

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Les partenaires européens de l'OTAN des États-Unis sont également inclus dans la politique anti-chinoise. "La Chine constitue une menace non seulement du point de vue de la défense, mais aussi du point de vue économique, et pose également des défis à court et moyen terme pour la reprise post-pandémique et la transition vers une énergie propre. Ce domaine est la sécurité de l'approvisionnement en matières premières critiques et, en particulier, en éléments de terres rares", indique le site web du Centre international estonien pour la défense et la sécurité. [xi]

Il existe un groupe de 17 éléments dans le tableau périodique qui sont utilisés dans la production de biens de haute technologie, de supraconducteurs, d'aimants et d'armes (et plus récemment dans la production d'énergie propre), de sorte que l'utilisation de ces minéraux a considérablement augmenté la demande. pour eux, mais leur extraction et leur approvisionnement dépendent largement de la Chine.

La Commission européenne a déjà développé un système d'information sur les matières premières et continuera à le mettre à jour et à l'améliorer, mais il reste encore beaucoup à faire. La Commission renforcera son travail avec les réseaux de prospective stratégique afin de développer des preuves solides et des scénarios de planification pour l'offre, la demande et l'utilisation des matières premières dans les secteurs stratégiques.

Ces réseaux assurent une coordination politique à long terme entre toutes les directions générales de la Commission européenne. La méthodologie utilisée pour évaluer la criticité de certaines ressources pourra également être révisée en 2023 afin d'intégrer les dernières connaissances. [xi]

Surmonter les défis

La société de haute technologie Mitre, qui est l'un des contractants du Pentagone, a publié en août 2021 un rapport sur la rivalité croissante entre les États-Unis et la Chine. Il y est question de préparer une action nationale, c'est-à-dire un effort de collaboration impliquant le gouvernement, l'industrie et le monde universitaire, en réponse aux défis technologiques posés par les avancées et les ambitions de la Chine pour les États-Unis. [xiii]

Nous avons identifié trois recommandations qui sont de nature universelle, c'est-à-dire qu'elles peuvent être appliquées à tout État, y compris la Russie, en s'adaptant aux réalités nationales.

1.

"N'essayez pas trop fort. Plutôt que de supposer que n'importe qui peut identifier et gérer les nombreux facteurs qui stimulent l'innovation technologique et l'adoption dans l'ensemble de l'économie américaine, une politique fédérale prudente en matière de science et de technologie devrait se concentrer sur ce qui est le plus nécessaire pour assurer le succès concurrentiel national dans le domaine de la haute technologie, y compris l'élimination des défaillances réelles et identifiables du marché .....

Nous devons également remédier au manque de financement dans la "vallée de la mort" intermédiaire du cycle de vie technologique, entre la recherche fondamentale et le stade final de la commercialisation : c'est-à-dire les étapes où les nouvelles idées technologiques sont validées et démontrées dans un environnement approprié. Cette zone correspond à peu près à la zone située entre la zone académique traditionnelle de la recherche fondamentale et la zone de confort du secteur privé dans le prototypage et le déploiement de nouvelles applications.

2.

Fournir une approche "techno-systémique". Une stratégie technologique efficace ne doit pas seulement couvrir le développement de nouveaux gadgets en soi, mais aussi prendre en compte les vastes facteurs réglementaires, institutionnels, politiques et même sociologiques associés à l'adoption efficace de la technologie et au développement de nouveaux cas d'utilisation.

Cela nécessite une réflexion sur les "systèmes de systèmes", qui couvre également des questions plus pratiques sur le fonctionnement de l'économie technologique au sens large. De ce point de vue, la gestion de la technologie (par exemple, les normes techniques, les incitations fiscales, la sécurité de la chaîne d'approvisionnement, les contrôles technologiques, le suivi et l'audit du financement de la R&D, une main-d'œuvre de qualité) peut être aussi importante pour le succès que des idées techniques plus intelligentes.

Dans le cadre d'une stratégie scientifique et technologique nationale, c'est le gouvernement qui a un rôle particulier à jouer ici, car pour un tel "technosystème", les enjeux sont souvent liés à des problèmes et à des facteurs, qu'ils soient purement nationaux ou systémiques, comme la sécurité nationale. Il s'agit de questions sur lesquelles les entités du secteur privé ne sont généralement pas incitées à dépenser leurs ressources.

3.

Accrochez-vous à vos valeurs. Selon cette publication, face aux énormes défis économiques et technologiques de la Chine, les États-Unis ne peuvent pas poursuivre une stratégie analogue à la "fusion civilo-militaire" de Pékin, car les dirigeants américains ne doivent pas utiliser la coercition de l'État pour la coopération intersectorielle et l'utilisation des mécanismes du marché à des fins étatiques (en fait, de telles méthodes ont été utilisées dans l'histoire des États-Unis, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale - ndlr).

Il est demandé de veiller, quelle que soit la forme qu'elle prenne, à coordonner les efforts nationaux visant à intensifier la collaboration innovante et volontaire entre les processus publics, privés et éducatifs, ainsi que le financement fédéral de la recherche et du développement des entreprises, avec le rôle clé des organisations à but non lucratif. intermédiaires favorisant la collaboration et régulant les divisions entre les intérêts concurrents.

Outre les décisions politiques, une approche idéologique peut également être utilisée. Eileen Donahue, directrice exécutive du Stanford Global Digital Policy Incubator et ancienne ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU, estime que la numérisation, et notamment l'intelligence artificielle, peut contribuer à renforcer la démocratie libérale et donc la puissance américaine. Elle propose de considérer la concurrence dans le cyberespace à travers le prisme de la rivalité systémique, où la Chine est présentée comme un régime autoritaire qui représente une menace.

Selon elle, "les pratiques technologiques dont nous faisons preuve dans notre contexte national, les normes que nous défendons dans les forums technologiques internationaux et les investissements que nous faisons dans les nouvelles technologies et les infrastructures d'information démocratiques se renforceront mutuellement. Si cet ensemble complexe de tâches est embrassé et traité avec le sens de l'urgence et de l'objectif qu'il mérite, un avenir démocratique prospère et sûr peut être renforcé.

Ce sont les éléments les plus importants sur lesquels nous pouvons construire une société numérique démocratique." Cependant, étant donné les innombrables contradictions au sein des États-Unis, il est difficile de savoir comment mettre cela en pratique.

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Énergie, semi-conducteurs et stockage en nuage

L'énergie propre est un autre domaine technologique prometteur.

Selon une étude du CSIS sur la production d'énergie propre aux États-Unis, une analyse et une évaluation sérieuses de la diversification énergétique et économique sont nécessaires pour optimiser les stratégies actuelles. [xv]

À l'heure actuelle, les sources sans carbone (énergies renouvelables et nucléaire) fournissent un faible pourcentage des électrons qui alimentent les bâtiments et le secteur des transports. Mais au fil du temps et de la croissance de la demande énergétique, les sources d'énergie sans carbone représenteront une part plus importante de la production. 21% des entreprises privées et 61% des gouvernements nationaux ont déjà fixé des objectifs ambitieux de décarbonisation ou d'émissions zéro.

Selon l'Agence internationale de l'énergie, d'ici 2040, avec une forte croissance de la production d'énergie éolienne et solaire, les énergies renouvelables représenteront environ 47 % du marché mondial de l'électricité, contre 29 % aujourd'hui (voir graphique). En 2050, les sources d'énergie renouvelables représenteront plus de 90 % de la production totale d'énergie et les combustibles fossiles moins de 10 %. [xxi]

Et la transition vers de nouveaux types d'énergie entraînera inévitablement la création d'un nouveau paysage technologique pour les flux énergétiques mondiaux. Actuellement, les chaînes d'approvisionnement complexes et puissantes reliant la production à la consommation sont constituées de pipelines et de routes maritimes avec des infrastructures pour les pétroliers et les gaziers.

Des pourparlers sont déjà en cours pour exporter de l'hydrogène vert vers l'Europe à partir d'endroits où l'électricité renouvelable bon marché est abondante, comme le Moyen-Orient et l'Islande, ou de l'Australie vers le Japon. Il existe déjà des projets de construction de réseaux de transmission d'électricité depuis les zones à fort potentiel de production d'électricité renouvelable vers les centres de demande, comme la ligne de transmission Australie-ASEAN reliant l'Australie à Singapour.

Les technologies du cloud, qui offrent une puissance de calcul et une capacité de stockage de données accrues, constituent un autre domaine critique.

Actuellement, les États-Unis représentent près de 40 % des principaux centres de données Internet et de cloud computing, mais l'Europe, le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie-Pacifique affichent des taux de croissance plus élevés. Aujourd'hui, la Chine, le Japon, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Australie représentent ensemble 29 % du total. Les fournisseurs mondiaux de centres de données en nuage hyperscale ne sont présents que dans quelques grands marchés émergents, tels que le Brésil et l'Afrique du Sud.

Ils sont principalement situés dans les pays à revenu élevé et moyen supérieur. Parmi les opérateurs hyperscale, Amazon, Microsoft et Google représentent collectivement plus de la moitié de tous les grands centres de données, ainsi que d'autres acteurs clés, dont Oracle, IBM, Salesforce, Alibaba et Tencent. Les plus grands fournisseurs de services en nuage exploitent des centres de données dans le monde entier, segmentant les clients en différentes régions qui peuvent s'étendre sur plusieurs pays, voire des continents entiers.

Les semi-conducteurs figurent également sur la liste des technologies critiques. Récemment, un terme spécial "chipageddon" est apparu, reflétant la pénurie mondiale de puces informatiques qui est apparue l'année dernière. [xviii]

Comme indiqué, tout a commencé par le fait que la demande d'électronique grand public a augmenté en raison de l'enfermement, car de nombreuses personnes ont été contraintes de travailler et d'étudier à la maison.

Les puces semi-conductrices sont également utilisées dans les appareils ménagers, les moniteurs et les automobiles. Par exemple, une voiture moderne peut avoir plus d'une centaine de puces.

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Et la production de 60 à 70 % des puces à semi-conducteurs du monde et de 90 % des puces les plus avancées se fait à Taïwan. En 2021, le manque à gagner qui s'est produit est lié à diverses circonstances. Mais, en fait, la raison en est la sécheresse qui a sévi sur l'île en 2020. Le fait est que la fabrication des puces informatiques est assez laborieuse : il faut environ 8 000 litres d'eau pour produire un seul panneau de puces.

Si le secteur agroalimentaire taïwanais a été le plus sévèrement limité en 2020, les entreprises de puces à semi-conducteurs ont également réduit leurs volumes de production.

Dans ce contexte, l'environnement géographique devient un environnement technostratégique. Compte tenu de l'utilisation de technologies à double usage dans l'armée et de l'importance de l'innovation en matière de défense, les armées des pays leaders mettent également l'accent sur les priorités technologiques.

Le ministère américain de la défense a identifié onze de ces domaines : systèmes de contrôle de combat entièrement en réseau, 5G, technologies hypersoniques, guerre cybernétique/informationnelle, énergie dirigée, microélectronique, autonomie, IA/apprentissage machine, science quantique, espace et biotechnologie, dans lesquels des investissements sont réalisés. attirant activement. [xviii]

La Russie devrait également tirer certaines leçons de la concurrence technologique. Un protectionnisme approprié, la promotion de nos propres développements et le soutien au secteur scientifique et technique ne sont plus des questions d'économie domestique, mais de géopolitique mondiale.

Notes:

[i] https://hello-tomorrow.org/bcg-deep-tech-the-great-wave-of-innovation/

[ii] https://www.bcg.com/publications/2021/deep-tech-innovation

[iii] https://www.dni.gov/files/NCSC/documents/SafeguardingOurFuture/FINAL_NCSC_Emerging%20Technologies_Factsheet_10_22_2021.pdf

[iv] https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2021/07/09/fact-sheet-executive-order-on-promoting-competition-in-the-american-economy/

[v] https://www.whitehouse.gov/ostp/news-updates/2021/04/27/the-biden-administration-invests-in-research-to-develop-advanced-communications-technologies/

[vi] https://www.csis.org/analysis/promoting-competition-american-economy

[vii] https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3909528

[viii] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/IP_21_2990

[ix] https://www.state.gov/eu-us-joint-press-release-by-the-eeas-and-department-of-state-on-the-high-level-consultations-on-the -indo-pacifique/

[x] https://www.lawfareblog.com/us-china-tech-decoupling-accelerates-new-export-controls-chinese-quantum-computing-companies

[xi] https://icds.ee/en/chinas-rare-earth-dominance-is-a-security-risk-for-nato-and-western-supply-chain-resilience/

[xii] https://hcss.nl/report/energy-transition-europe-and-geopolitics/

[xiii] https://www.mitre.org/sites/default/files/publications/pr-21-2393-charting-new-horizons-technology-and-us-competitive-success.pdf

[xiv] https://www.justsecurity.org/78381/system-rivalry-how-democracies-must-compete-with-digital-authoritarians/

[xv] https://csis-website-prod.s3.amazonaws.com/s3fs-public/publication/211207_Higman_Clean_Energy_Opportunity.pdf?QdgdC6L90fRgz9F6PgP2F2DEDr0QySI

[xvi] https://www.strategy-business.com/article/State-of-flux

[xvii] https://www.abc.net.au/news/2021-05-07/what-does-chipageddon-have-to-do-with-climate-change/13327926

[xviii] https://cimsec.org/the-influence-of-technology-on-fleet-architecture/

Heartland et Rimland dans la géopolitique de la Chine, de la Russie et des États-Unis: un retour à la lutte pour le Rimland au 21e siècle?

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Heartland et Rimland dans la géopolitique de la Chine, de la Russie et des États-Unis: un retour à la lutte pour le Rimland au 21e siècle?

Par Pedro Sánchez Herráez

Source: https://kontrainfo.com/heartland-y-rimland-en-la-geopolitica-de-china-rusia-y-eeuu-retorno-a-la-lucha-por-el-rimland-en-el-siglo-xxi-por-pedro-sanchez-herraez/

Dans un contexte de reconfiguration géopolitique de la planète, et à une époque où, en raison tant de l'essor des "nouvelles technologies" que de la pandémie de COVID-19, il semble que tout soit nouveau, que tout soit différent (1), que tout reparte de zéro ou, du moins, que nous nous trouvions à un tournant de l'histoire sans parangon, avec peu ou pas de références, et dans lequel tout ce qui précède n'est pas valable et ne sert même pas de point de départ à la réflexion. Après la fin du système bipolaire de la guerre froide, le pouvoir croissant des acteurs non étatiques et l'augmentation de leur capacité d'action contre les États - il suffit de rappeler le 11 septembre et le début de la "guerre contre le terrorisme" qui annonçait une nouvelle ère et la fin des "disputes classiques" - ont semblé mettre un bémol aux théories géopolitiques classiques et ont donné des ailes aux idées de la fin de la rivalité entre les puissances, une réalité qui, pendant des siècles, avait été le moteur et la cause des disputes, des guerres, des accords, des alliances, des trahisons..... C'est pourquoi, apparemment, la recherche de l'hégémonie par une nation et les efforts des autres pour l'éviter, ou au moins pour atteindre un point d'équilibre des forces, un équilibre toujours instable, mais pour le maintien duquel les efforts de toutes sortes et dans tout le spectre de la stratégie (diplomatique, politique, informative, de renseignement, militaire, économique, etc.) des autres nations étaient dirigés, semblaient être une sorte de défi. ) des autres nations, semblait appartenir au passé. Une nouvelle ère s'ouvrait.

Et si en plus, comme à d'autres périodes de l'histoire, les "talibans" d'une tendance ou d'une autre(2), ou des prophètes plus ou moins bien informés ou intéressés théorisent sur la perte de valeur de tout ce qui a précédé sur la base de la nouveauté - qu'elle soit réelle ou non - des nouveaux environnements contestés - de l'espace extra-atmosphérique au domaine cognitif - et que de "nouveaux" termes sont inventés - tels que "influence"(3), "zone grise"(4), "guerre hybride"(5)..., parmi beaucoup d'autres - il se pourrait qu'une interprétation radicale des "nouveautés" conduise au sentiment qu'il n'existe en effet aucun parallèle antérieur pour le moment de contestation globale dans lequel la planète se trouve plongée. Ainsi, la résurgence progressive de la Russie depuis 2000 - sous la direction de Poutine -, le décollage de la Chine et son positionnement comme deuxième économie mondiale en 2011, et son rapprochement dans tous les domaines avec ce qui reste la première puissance mondiale, les États-Unis d'Amérique, ainsi que le néo-ottomanisme croissant de la Turquie et son désir d'expansion, peuvent en être la raison, ou du moins d'influence sur la plupart des territoires de l'ancien Empire ottoman, face, dans une certaine ou grande mesure, à une réduction relative des capacités et peut-être de la volonté d'autres nations ou groupes de nations (comme l'Union européenne) d'occuper une place adéquate dans cette dispute pour "une place au soleil", tout cela peut créer un environnement sans équivalent dans le passé. Et peut-être que c'est le cas, et que rien du passé ne peut servir de point de référence. Ou bien le peut-il ?

Questions du passé : le Rimland ?

Au-delà de l'éternelle querelle entre thalassocraties et tellurocraties (puissances fondées respectivement sur la puissance maritime et la puissance terrestre), ce qui est certain, c'est que l'accès à la mer confère un avantage compétitif à une nation par rapport à celle qui ne possède pas cette possibilité ; pour cette raison, la recherche d'un débouché sur l'océan a été un facteur polémique classique, déclenchant des conflits tout au long de l'histoire de l'humanité. Et si, en plus, ce débouché sur la mer est souhaité à partir d'un espace qui occupe près d'un sixième des terres émergées de la planète, la situation acquiert évidemment une signification et un niveau mondiaux.

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Cette grande masse terrestre du continent eurasien correspond essentiellement à l'espace que la Russie a occupé au cours des siècles dans plusieurs des différentes organisations politiques qui se sont succédé depuis le 18e siècle : l'Empire russe, l'Union soviétique (une partie de celle-ci) et la Fédération de Russie. Et ce n'est pas seulement "la taille qui compte", pas seulement l'espace qui est un facteur de puissance, mais sa position relative sur le continent et sur la planète qui est venue motiver sa définition comme "heartland". Le Britannique Halford J. Mackinder (1861-1947) a écrit en 1904 l'ouvrage The geographic pivot of history(6) dans lequel - sous une forme simplifiée et comme on peut le voir sur l'image ci-jointe - il a identifié le "monde insulaire" (Europe, Asie et Afrique) comme l'essence de la puissance mondiale, et au sein de cette vaste étendue de terre, il a défini un "heartland" - également connu sous le nom de pivot mondial - (coïncidant essentiellement avec l'Empire russe alors existant) ; et a divisé la planète en une "zone pivot", essentiellement ce cœur planétaire, entouré d'un arc (proximal ou marginal) de terre et d'eau autour de lui, laissant le reste des espaces dans un "anneau extérieur" défini.

La fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918), outre la disparition de quatre empires, a vu un réarrangement des frontières en Europe et dans une grande partie du Moyen-Orient sans précédent dans le passé.

Cela a conduit Mackinder à indiquer non seulement que la guerre avait réaffirmé son point de vue, mais à l'étendre dans un nouvel ouvrage(8), en réitérant que la puissance qui occupait et dominait le cœur du pays dominerait le monde insulaire, et que celui qui dominait le monde insulaire dominerait la planète. Et il a ajouté un nouvel élément à cette lutte mondiale en soulignant que celui qui dominerait l'Europe de l'Est dominerait le centre du pays, celui qui dominerait le centre du pays dominerait le continent insulaire, et celui qui dominerait le continent insulaire dominerait le monde(9). (9) Évidemment, les critiques et les visions différentes et différentielles n'ont pas manqué (en fait, en 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale (1939-1945), Mackinder a répondu aux propositions de mise à jour de sa théorie par un nouvel essai, The Round World and the Winning of the Peace(10), la réaffirmant ; mais, malgré les différences, le schéma général, avec des nuances, a apparemment continué à avoir des visions et des adeptes similaires.

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Également au milieu de la conflagration, alors que la Seconde Guerre mondiale faisait rage, Nicholas Spykman (1893-1943) a développé une théorie, largement complémentaire à celle de Mackinder, et qui a été exposée principalement dans son œuvre posthume, The Geography of Peace. Il y reprend également ce concept de heartland, dont il ne nie pas l'importance mais la nuance qu'il a introduite est la signification renouvelée de cet "anneau marginal", cet anneau de circonvallation - qu'il a appelé "Rimland", comme on peut le voir dans l'image ci-jointe - entourant la masse terrestre qui était posée comme l'essence même de la puissance mondiale dans la vision mackinderienne, soit une zone dont le contrôle maintiendrait cette puissance  considérée comme mondiale isolée et incapable d'étendre son pouvoir sur sa périphérie. Par conséquent, il ne s'agissait pas de contrôler le Heartland, il suffirait de l'encercler. Spkyman a donc souligné que les efforts géopolitiques devraient être dirigés vers le contrôle du Rimland, car, a-t-il fait remarquer(11), celui qui le contrôle contrôle l'Eurasie, et celui qui contrôle l'Eurasie contrôle le destin du monde. Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et le début de ce que l'on appellera la Guerre froide, les tensions permanentes entre les deux grandes superpuissances, les États-Unis et l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), dans un monde divisé en blocs, une grande partie des litiges se déroulent dans le Rimland, dans cette zone qui permet le confinement ou l'expansion mondiale du heartland, selon qui la domine.

Et de la théorie de Spykman découle ce qui sera connu sous le nom de "politique d'endiguement"(12), qui visait à empêcher l'expansion de l'URSS et qui a été menée dans toute la zone entourant l'URSS - en plus d'autres parties de la planète - en utilisant la diplomatie, l'espionnage, les relations commerciales, la subversion et même l'intervention militaire directe. La nécessité perçue de renforcer ce Rimland est ce qui donnera naissance au plan Marshall(13) (1947), destiné à reconstruire une partie de l'Europe dévastée après la Seconde Guerre mondiale afin d'éviter qu'elle ne devienne une proie facile pour l'adversaire soviétique, et motivera également la "doctrine Truman"(14), (14), énoncé par le président américain Harry Truman en 1947, dans lequel les États-Unis déclaraient qu'ils aideraient tout pays pour l'empêcher de tomber aux mains de Moscou - ou des pays communistes dans leur ensemble, suite à la proclamation de la République populaire de Chine par Mao Tse Tung en 1949. La Chine, un grand pays physiquement situé dans le Rimland contesté, est devenue un nouveau rival, ce qui a conduit les États-Unis à adopter la "théorie des dominos", selon laquelle il fallait empêcher un pays de tomber aux mains des communistes pour que les autres, comme les pièces du jeu de société susmentionné, ne tombent pas les uns après les autres. De la guerre de Corée (1950) à la guerre en Afghanistan (1979) et à la longue guerre du Vietnam, le Rimland est riche en conflits et a été le terrain d'utilisation de toutes sortes d'outils géopolitiques pour prendre le contrôle de cette grande bande de terre et de ces littoraux.

Après la chute du mur de Berlin en 1989 - et le départ de l'orbite soviétique de tous les pays "satellites" d'Europe de l'Est, un espace clé du Rimland - et la disparition de l'URSS en 1991, il semble que le vingtième siècle ait largement répondu au postulat géopolitique du heartland et de son expansion ou de son endiguement par le biais de différends dans le Rimland. Mais, coïncidence - ou non - ce postulat trouve ses racines, du moins les plus récentes, dans le siècle précédent, le 19e siècle.

L'expression "Grand Jeu", popularisée par Rudyard Kipling après son inclusion dans l'une de ses œuvres les plus connues (15), faisait référence à la lutte entre la Grande-Bretagne, la grande puissance maritime du 19e siècle, et l'Empire russe pour empêcher l'accès de ce dernier à la mer, notamment en Asie centrale, bien que l'expression, au fil du temps et par extension, a fini par s'appliquer à des actions menées sur toute la longueur de l'immense frontière russe, utilisant tout expédient imaginable, de la création d'États tampons (comme dans le cas paradigmatique de l'Afghanistan) au soutien de forces et de mouvements anti-russes locaux, en passant par l'utilisation de puissances rivales (comme dans le cas de l'Empire ottoman) avec la maxime "l'ennemi de mon ennemi est mon ami"... instrumentalisant dans ce "jeu" toutes les mesures (16) à la portée des Britanniques - et évidemment, recherchant l'effet inverse du côté russe (17) - afin d'éviter le contrôle des espaces donnant accès à ce "cœur" depuis l'océan, de manière à permettre à Moscou d'avoir une porte ouverte sur l'océan et sur le monde par laquelle elle pourrait projeter son énorme puissance et son potentiel. Dix-neuvième siècle, vingtième siècle... il semble que les mêmes questions - avec d'autres acteurs - soient abordées avec le même entêtement et la même ténacité... En sera-t-il de même au vingt-et-unième siècle ?

Une question d'actualité: alliance pour le Rimland ?

Au-delà des disquisitions et des arguments, pour et contre, quant à savoir si la planète connaît une nouvelle "guerre froide", ce qui est certain, c'est que le monde est en pleine reconfiguration géopolitique ; et que le monde est en pleine reconfiguration géopolitique ; et que le monde est en pleine nouvelle "guerre froide". Bien que la première puissance mondiale, les États-Unis d'Amérique, ait pivoté ses efforts vers l'Asie-Pacifique depuis 2011, face à la puissance et l'influence croissantes de la Chine, elle a aussi simultanément procédé à un relatif abandon géopolitique de nombreuses régions de la planète - de l'Afrique à l'affaiblissement du lien transatlantique - ce qui a généré un vide qu'exploitent ses concurrents et rivaux.

Mais l'ampleur du défi (le contrôle du Rimland) est énorme, il n'est donc pas possible pour une seule puissance de l'entreprendre; c'est une tâche complexe même pour une superpuissance.

La Russie est une puissance régionale, mais ce n'est pas l'ancienne Union soviétique, même si elle travaille activement à retrouver son statut de potentiel mondial ; la Turquie est un acteur régional puissant, qui tente d'étendre ses capacités et son influence.

La Turquie est un acteur régional puissant, qui cherche à étendre ses capacités et son influence dans cet espace carrefour entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique ; et la Chine, deuxième puissance économique mondiale mais qui présente encore des lacunes dans d'autres domaines (qu'elle comble à toute vitesse) et avec l'aspiration d'être la première puissance mondiale et le désir d'être une superpuissance à part entière, peut-être la superpuissance du 21e siècle.

En termes d'histoire et de potentiel, la Russie a été le champion de la lutte pour le Rimland. Mais confrontée à l'impossibilité de le faire seule, à la réalité de la montée en puissance de ses anciens rivaux - les relations de la Russie avec la Turquie et la Chine sont depuis des siècles loin d'être amicales (17) - et à la nécessité d'assurer un débouché à sa principale source de richesse, la vente d'hydrocarbures - à la fois parce que ces pays sont consommateurs, notamment la Chine, et parce qu'ils sont les points de transit des oléoducs et gazoducs, notamment la Turquie, outre le fait qu'un puissant réseau de ces "artères de la planète" traverse le Rimland contesté, par lequel des flux d'hydrocarbures pourraient s'effectuer hors du contrôle russe, ce qui n'est pas du goût de Moscou - il se pourrait qu'en fin de compte, bien qu'étant des "rivaux stratégiques", une "alliance tactique" ait été forgée qui permet, au moins, à l'"Occident" de refuser le Rimland. Ou du moins pour le moment, pendant que les postes de la région sont occupés.

Russie : l'ours sort à nouveau de la taïga

Pour la Fédération de Russie, pour la Russie, la sécurité de ses frontières, comprise dans un sens très large, a été une obsession tout au long de l'histoire. Par conséquent, sa position par rapport à son ancienne zone d'influence est toujours constante, et il est d'une importance vitale pour les intérêts de la Russie de consolider un périmètre de sécurité qui ne s'arrête pas à ses propres frontières(18). Et, associée à ce fait, s'ajoute la perception constante par la Russie de l'intention récurrente de ses rivaux de tenter de l'encercler et de l'isoler, de la séparer de la mer et de la repousser à l'intérieur de la steppe(19), loin du Rimland, quel que soit le modèle utilisé, qu'il s'agisse du "Grand Jeu" ou de la "politique d'endiguement". Et, au cours de ce siècle, comme le souligne Poutine lui-même, "Une fois que nous avons réussi à stabiliser la situation, une fois que nous nous sommes redressés [dans les années 2000], la politique d'endiguement a été immédiatement mise en œuvre. D'abord, pas à pas, puis de plus en plus. Et plus nous devenions forts, plus la politique d'endiguement devenait forte"(20). (20) Et à cette fin, toujours du point de vue russe, ses rivaux utilisent toutes sortes d'outils géopolitiques, ce qui, parmi de nombreuses autres conséquences, a conduit aux soi-disant révolutions de couleur(21), des révoltes qui, du point de vue de Moscou, ne sont rien d'autre que des subversions sous les auspices des États-Unis, ne sont rien d'autre que des subversions parrainées par d'autres nations, rien d'autre que l'utilisation de l'extrémisme comme outil géopolitique et la redistribution des sphères d'influence(22), rien d'autre qu'une nouvelle tentative pour essayer de séparer la Russie du soi-disant "espace post-soviétique".

Le but de la Russie est de regagner ou du moins de maintenir un haut degré d'influence dans cet espace, soit dans les anciennes républiques qui, avec la Russie, formaient l'URSS (23) - la Russie est jaune sur la carte et le reste des républiques soviétiques dans des couleurs autres que le gris; cette tension est aggravée par la vision panrusse du soi-disant "monde russe" (24), qui inclut non seulement les zones où il y a des minorités ou des groupes de "Russes", mais même les zones qui sont sympathiques à la Russie.

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Comme l'a souligné le président russe de l'époque peu après la guerre avec la Géorgie en 2008, en ce qui concerne les lignes de la politique étrangère russe, Moscou a des régions d'intérêt privilégié, outre bien sûr les régions frontalières, mais pas seulement celles-ci(25). Et les accusations selon lesquelles l'Union européenne (UE) et l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) tentent de pénétrer son glacis sécuritaire(26) ont pris de l'ampleur dans les déclarations de Moscou depuis le milieu de la dernière décennie. Et si la Russie continue de chercher activement à maintenir sa sphère d'influence, cette partie de l'Eurasie qu'elle considère comme essentielle à ses intérêts et à sa sécurité, il n'en est pas moins vrai que la présence croissante de la Chine et de la Turquie met à l'épreuve les capacités de la Russie en Eurasie, Car si les relations sont complexes, il existe des points d'accord avec Pékin - et moins avec Ankara - car en plus de partager la vision d'un monde multipolaire (c'est-à-dire "non dominé par l'Occident"), Moscou ne les considère pas comme une menace pour son ordre interne(27). (27) La nécessité a conduit Moscou, du moins pour l'instant, à se tourner vers ses anciens rivaux pour obtenir un soutien.

Et quels sont les intérêts de ces alliés/rivaux ?

Turquie : le loup hurle à nouveau

La Turquie, en pleine tentative de récupération de la géopolitique néo-ottomane, continue d'employer différents outils pour étendre son influence et sa présence dans cette partie clé du monde.

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Sa propre position en tant que point de passage terrestre entre le Moyen-Orient, l'Europe et l'Afrique - comme le montre l'image ci-jointe reflétant l'ancien Empire ottoman - ainsi que la présence de populations partageant les mêmes idées au Moyen-Orient et en Afrique - ainsi qu'au Moyen-Orient et en Afrique - comme le montre l'image ci-dessous.

La présence de populations apparentées sur le plan ethnique et linguistique, ainsi que de puissants efforts employant toute la panoplie des outils géopolitiques - y compris parfois face à des accusations de soutien au fondamentalisme islamique dans ses formes les plus violentes(28) - pour obtenir une position avantageuse dans la région, en font un acteur à considérer, au moins à l'échelle "régionale" dans ce Rimland contesté. Bien que la Russie et la Turquie, l'Empire russe et l'Empire ottoman, se soient livrés à des guerres continues jusqu'au XXe siècle, dans la quête de Moscou d'un débouché sur la mer, et que dans l'imaginaire et dans leurs visions du monde respectives, ils occupent des positions opposées, au cours de la dernière décennie, ils ont coopéré face aux différends que les deux nations ont avec l'Occident. Ainsi, des projets d'oléoducs et de gazoducs traversant le sol turc afin de transporter les hydrocarbures russes autour de l'Ukraine à la collaboration relative et aux accords conclus dans la guerre syrienne et dans le récent conflit du Nagorno-Karabakh (2020) dans le Caucase, la relation entre les deux puissances est basée sur le pragmatisme, mais sans oublier qu'en Libye, lors de la récente guerre civile, elles se sont rangées dans des camps opposés, ou que les rêves impériaux de la Turquie sont considérés avec suspicion par Moscou, car elles partagent des zones d'influence et un désir de contrôle. Ainsi, de temps à autre, il est possible de trouver des reportages sur la "grandeur des rêves impériaux de la Turquie"(29) dans les médias russes, soulignant l'appétit d'Ankara pour les régions des Balkans, du Caucase et de l'Asie centrale, et la manière dont elle y mène une politique active, voire agressive. La Turquie y voit une occasion d'essayer de restaurer la zone d'influence ottomane, de l'Adriatique à la Grande Muraille de Chine(30), et malgré sa rivalité avec la Russie, elle mène une politique étrangère très active, qui implique des négociations et des accords avec Moscou, soulignant que le 21e siècle sera le siècle de la Turquie (31).

Cependant, la Turquie, membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), en raison de ce néo-ottomanisme et de sa relation avec la Russie, est en désaccord avec plusieurs pays voisins, et même avec d'autres membres de l'OTAN, comme la Grèce et la France, avec lesquels il y a eu des incidents, surtout en Méditerranée orientale ; et en fait, les relations entre la Turquie et les États-Unis sont au plus bas, Washington évoquant même la perte d'un certain niveau de confiance(32). On fait également remarquer que les ambitions de la Turquie sont peut-être trop vastes et que, compte tenu de la nécessité éventuelle de choisir entre Washington et Moscou(33), les avantages pour Ankara seraient plus importants dans le premier cas qu'avec la Russie... le différend est couru d'avance. La maxime consistant à donner la priorité à ses propres intérêts sur toutes les autres questions est donc pleinement valable dans la lutte pour le Rimland... mais cet équilibre peut-il être maintenu face à la véritable puissance du Rimland, la Chine?

Chine : le dragon déploie ses ailes !

L'ascension irrésistible de la Chine au cours des dernières décennies lui a permis de dépasser le stade de "puissance émergente" pour devenir, au cours de la dernière décennie, une puissance "pleinement émergente", ce qui est apparu très clairement lorsqu'elle est devenue la deuxième plus grande économie du monde en 2011, dépassant le Japon.

En septembre 2013, lors d'une visite du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan (un pays situé en Asie centrale, au milieu du Rimland), la Chine a lancé(34) la soi-disant Nouvelle route de la soie, une initiative qui sera complétée un mois plus tard par la proposition d'une Route de la soie maritime. Progressivement, la vision et les projets se sont développés en termes de portée, d'intensité et de domaines, ainsi qu'en termes de terminologie, l'acronyme OBOR (One Belt One Road) étant de plus en plus utilisé comme idée principale. Du point de vue chinois, la nouvelle route de la soie ne doit pas être considérée dans une perspective de guerre froide, ni comme un nouveau "plan Marshall", car il s'agit d'un élément de coopération(35) qui, en augmentant les possibilités de mobilité et d'interconnexion, augmentera également les possibilités de croissance économique pour tous les pays impliqués dans l'initiative, créant ainsi une sphère de prospérité partagée.

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Mais cette nouvelle route de la soie - dont l'image ci-jointe montre l'une des diverses approches - envisage de contourner la l'espace centre-asiatique par voie terrestre et maritime et de créer une sphère de prospérité partagée, contournant donc le Heartland sur toute la longueur du Rimland, avec l'intention de la Chine de créer un autre axe majeur par le nord, à travers la Russie elle-même, le long du Transsibérien, qui n'a jamais été au goût de Moscou, indiquant que, bien qu'elle soutienne l'Initiative, elle n'en fait pas partie (36), et qu'elle fera toujours passer ses propres intérêts en premier.

Outre l'expansion de la Chine en Asie, dans la zone indo-pacifique (37) en utilisant, entre autres éléments, cette Initiative, elle se développe également dans de nombreuses régions de l'ancien espace post-soviétique, que ce soit en Asie centrale, dans le Caucase ou en Europe de l'Est même. Et la Russie voit nombre des nations dans lesquelles elle considère avoir un "intérêt privilégié" - selon sa propre terminologie - opter, à des degrés divers, pour le nouveau partenaire asiatique, ce qui entraîne une perte de la capacité d'influence de Moscou dans l'ensemble de son glacis de sécurité ; même au Belarus(38), la présence des investissements chinois est de plus en plus significative, ce qui ne satisfait pas pleinement les intentions et les prétentions russes, car Pékin offre une alternative puissante au précédent quasi-monopole de Moscou.

En effet, dans une zone d'influence russe classique comme les Balkans, la présence chinoise supplante progressivement Moscou ; des nouvelles telles que "la Chine remplace la Russie" comme principal investisseur au Monténégro" (39) ; "La Chine accroît sa présence dans les médias des Balkans"(40), ou "La Chine a dépassé la Russie comme principal allié de la Serbie" (41). D'autre part, et malgré l'approche possibiliste de l'Initiative, celle-ci comprend également, en plus de nombreux défis, la possibilité de plusieurs risques - entre autres, ceux communs à tout grand projet d'infrastructure -(42) : risque de dette et de non-paiement, risques de gouvernance (corruption), risque de travaux inachevés et non terminés, ainsi que risques environnementaux et sociaux. En effet, il est noté que l'Initiative change les villes et menace les communautés(43), alors que des projets massifs de construction d'infrastructures, de parcs d'affaires, de zones logistiques, de ports et d'aéroports, de pipelines, d'oléoducs et de gazoducs et d'autres projets d'infrastructures et de communication, etc. ne tiennent souvent pas compte, surtout dans les régions où la législation est plus laxiste, des aspects fondamentaux pour la qualité de vie et le développement des sociétés.

Le risque le plus analysé jusqu'à présent est ce que l'on appelle le "piège de la dette"(44), c'est-à-dire la situation générée par l'incapacité potentielle des pays à rembourser les prêts accordés et donc à rester dans une situation où ils sont incapables de payer leurs dettes et ainsi d'être laissés entre les mains de leur créancier - dans la plupart des cas, par rapport à l'Initiative, et sous différentes formes, la Chine. Et à cause de l'interdépendance des flux économiques, il est possible que la faillite d'une nation affecte celles qui l'entourent, au moins à l'échelle régionale, ce qui pourrait générer un nouvel "effet domino".

Cela pourrait générer un nouvel "effet domino" qui, comme par le passé, pourrait placer des régions entières du Rimland entre les mains d'une seule puissance. Et l'initiative se développe dans tous les domaines et espaces d'expansion possibles, en utilisant tous les outils géopolitiques disponibles ; dans un environnement pandémique, il est fait référence à la création d'une Route de la Soie saine(45) - liée à la diplomatie des masques et des vaccins pour le COVID-19 -, d'une Route de la Soie numérique(46) - dans le contexte de la lutte pour le déploiement des réseaux mondiaux de télécommunications et des technologies numériques dominantes... et il est même prévu de déployer une route de la soie polaire ! Sur ce dernier point, il faut noter que la Chine a obtenu le statut d'observateur pour l'Arctique en 2013(47), et que sa politique déclarée(48) pour ce nouvel espace en litige, qui, en raison du changement climatique, augmente sa capacité de navigation et l'exploitation de ses richesses, stipule que l'avenir de l'Arctique étant dans l'intérêt de toute l'humanité, sa gouvernance nécessite la participation de tous. Et la Chine est prête, dans le cadre de l'Initiative(49), à participer à toutes les activités dans l'Arctique, de la recherche active de ressources au déploiement de stations de surveillance sur terre, en passant par la création d'un corridor économique bleu dans l'océan Arctique.

Dans ce contexte, il convient de garder à l'esprit que, outre d'autres richesses potentielles, la région de la Sibérie du Nord devient de plus en plus un fournisseur d'hydrocarbures pour la Chine, et que l'intérêt pour la région et le secteur est croissant.

Des accords bilatéraux ont été signés entre Moscou et Pékin, y compris l'acquisition de parts dans le secteur du transport de l'énergie et d'autres infrastructures de transport dans l'Arctique(50) ; cependant, pour la Russie, l'Arctique, autrefois une zone passive en raison de la difficulté d'accès et de mobilité, constitue un nouveau flanc ouvert qui représente une menace puissante pour le cœur du pays et un espace sur lequel il est très actif.

L'Initiative atteint donc des espaces, des environnements, se matérialise dans des actions, génère des perceptions et de l'influence... elle constitue un outil géopolitique de premier ordre, englobant l'ensemble du Rimland - tant par voie terrestre que maritime -, s'aventurant dans la zone arctique et visant même à le faire directement à travers le heartland. La géopolitique à l'état pur. Face à cette réalité, il est souligné(51) que la Chine est très active et d'une manière qui implique fortement la sécurité de l'Alliance (OTAN) elle-même, puisque son contrôle d'une grande partie de l'infrastructure de l'Alliance - des réseaux de télécommunications aux infrastructures de transport et portuaires - affecte directement l'état de préparation, l'interopérabilité et la sécurité des communications des pays ; et que, compte tenu du système politique chinois, la distinction entre les secteurs militaire et civil, à certains niveaux, est très floue, de sorte que l'obtention de technologies et de connaissances du secteur civil, auprès d'entreprises chinoises déployées dans les pays membres de l'Alliance, pour une application ultérieure à des fins militaires n'est pas exclue ; De plus, Pékin planifie et exécute de puissantes campagnes d'information pour influencer les populations et les faiseurs d'opinion des pays de l'OTAN afin de diviser l'Alliance. Dans l'environnement actuel de conflit hybride en zone grise, cette réalité est dangereuse, même si elle peut être difficile à percevoir.

Et l'OTAN elle-même souligne que le concept stratégique de 2010 a été conçu pour une ère précédant la compétition entre grandes puissances ; mais cette ère est désormais à nos portes, et des mesures appropriées doivent donc être prises.

Mais nous sommes maintenant dans cette ère, et devons donc prendre des mesures appropriées(52), car les environnements gris et les conflits hybrides exigent de nouvelles approches de la dissuasion et de la défense. Face à un tel déploiement de capacités, face aux approches et aux positions des puissances qui se disputent le contrôle du Rimland, et dans la perspective d'un bloc de nations qui aspirent à avoir une représentativité et un poids au niveau mondial - ainsi qu'un intérêt direct et vital dans le différend - la question est : qu'en est-il de l'Europe ?

Et l'Europe ?

L'Europe, et surtout l'Europe de l'Est, est un espace très conditionné par cette question, non seulement parce qu'elle est une partie physique du Rimland, mais aussi parce que, si l'on se rappelle Mackinder, puisque c'est le contrôle de l'Europe de l'Est qui permet en fin de compte de contrôler et d'accéder au Heartland, cette partie de l'Europe devient - comme à d'autres moments de l'histoire - l'épicentre du Rimland et d'une bataille de dimension mondiale. Et pour illustrer cette réalité, l'image jointe à ce texte n'est pas celle de Mackinder d'il y a un siècle, elle est contemporaine et reflète la dite Plate-forme 17+1, qui comprend les pays d'Europe de l'Est, des Balkans et des Pays Baltes (53), 17 pays européens et la Chine, unis dans un cadre de coopération économique, commerciale, de développement économique et commercial, et de développement d'un nouveau partenariat mondial.

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Apparemment, l'attitude du continent dans cette lutte mondiale est plus passive qu'active. Les propres contradictions et faiblesses de l'Europe (54) signifient qu'à l'ère du changement mondial, ce n'est pas seulement un échec: cette Europe n'est pas capable d'occuper une position adéquate dans le nouvel ordre qui se dessine, mais cela signifie aussi que son sol est aussi une partie contestée de cette reconfiguration planétaire. Et à une époque où de grands intérêts et de grandes forces sont en jeu, la non-union, voire la désunion, des pays européens pose un sérieux problème et rend impossible toute avancée réelle de l'UE. C'est là un grave problème et montre l'impossibilité de faire face à de puissants intérêts étrangers opposés aux leurs, sans oublier que la défense des valeurs de la démocratie et de la liberté au sens large, dont l'Europe est une référence mondiale, ne peut être défendue sans une position adéquate dans cet ordre.

Même les pays de l'Union européenne, en particulier ceux de l'Est et le soi-disant groupe de Visegrad (55), n'ont aucun problème à faire la sourde oreille à l'Union et à s'occuper des questions importantes d'un point de vue apparemment purement national, parfois en dépit des directives et des règles de Bruxelles. Dans cet environnement complexe, hybride, gris, où l'influence joue un rôle clé, il suffit de dire qu'à une époque aussi complexe que celle que nous vivons, tout comme lors de la première vague de la pandémie, on a inventé le terme de "diplomatie des masques", faisant allusion aux gains politiques recherchés par la livraison de ces éléments de protection à certaines nations, l'expression "géopolitique des vaccins" occupe déjà l'acquis international. Comme tout élément susceptible de générer un soutien, le vaccin contre le virus pandémique est devenu un nouvel instrument géopolitique(56), un moyen de renforcer les liens, de modifier les loyautés et de canaliser les sentiments vers une nation ou une autre, un moyen de gagner de l'influence. Le fait que le vaccin russe Sputnik V soit une propriété d'État signifie que le gouvernement peut clairement et directement décider à qui il est vendu, à qui il ne l'est pas et à quel prix, ce qui en fait un instrument direct de géopolitique pouvant être utilisé en fonction des besoins stratégiques du Kremlin (57) ; À cet égard, le président de la Commission européenne s'est interrogé sur les millions de doses offertes par la Russie à d'autres pays alors que Moscou progresse très lentement dans la vaccination de ses propres citoyens, ce à quoi la Russie répond qu'il s'agit de "politiser un problème de manière infondée [...]"(58).

Dans cette lutte et dans un contexte de pandémie, la géopolitique des vaccins est à son apogée. À tel point que même les pays de l'Union européenne ont demandé (et dans certains cas déjà reçu) le vaccin russe, arguant, selon les termes du Premier ministre slovaque, que la pandémie se moque de la géopolitique (59) ... bien que cette décision ait généré une crise au sein du gouvernement slovaque, étant donné que le vaccin russe (du moins jusqu'à présent) n'a pas été approuvé par l'Agence européenne des médicaments et où il a été suggéré par ceux qui sont en désaccord avec la décision d'accepter Sputnik-V qu'il ne s'agit pas seulement d'un vaccin, mais d'un instrument de guerre hybride (60). Et que des pays comme la Pologne, la Hongrie ou la Slovaquie envisagent - ou envisagent effectivement - de se procurer des vaccins auprès de la Chine ou même de la Russie(61) - une Russie à laquelle ces nations ne cessent de crier aide et soutien - est pour le moins surprenant. Face aux positions claires et fermes des puissances du Rimland, les ambiguïtés et les paradoxes des autres sont-ils d'une quelconque utilité ?

Conclusion : peut-il n'en rester qu'un ?

Apparemment, les grandes réalités reviennent toujours ; les moyens techniques changent, les possibilités et les domaines de litige évoluent, mais, dans de nombreux cas, les essences restent les mêmes. Et la géopolitique, comme la stratégie, sont des éléments de longue haleine, qui demandent de la clairvoyance et du recul, même si les objectifs peuvent être atteints par des étapes courtes, presque inaperçues. Il semble que, une fois de plus, il y ait une lutte pour le Rimland, menée par d'anciens et de nouveaux acteurs. Et ils "jouent" un jeu dangereux et prétendent, apparemment, dans cette circumnavigation du cœur, maintenir un équilibre qui semble inévitablement devoir disparaître à un moment ou à un autre, en fonction de la progression de l'influence et de la capacité d'action de l'un ou l'autre des principaux acteurs de la lutte. Bien que les choses puissent changer, et que des rivaux séculaires et structurels puissent devenir des alliés, il vaut peut-être la peine de se demander si ce qui se passe à Rimland n'est pas plus qu'une alliance "tactique", limitée dans le temps et l'espace, dans laquelle chacun cherche à obtenir une position avantageuse non seulement pour ses propres intérêts, mais aussi vis-à-vis des alliés du moment en vue d'une éventuelle confrontation ultérieure. Ce calcul du "risque pris" par ces puissances peut être très complexe, surtout lorsque l'un des acteurs est une puissance qui cherche à obtenir la primauté mondiale, qu'un autre a été une puissance mondiale et cherche à retrouver ce statut, et qu'un troisième aspire à gravir plusieurs échelons sur l'échelle de la puissance mondiale... les capacités de tous sont très différentes et les visions du monde elles-mêmes sont non seulement différentes, mais dans une large mesure, opposées.

Et si "un seul peut rester", l'Europe, qui "vit" dans le Rimland... quoi ?

Pedro Sánchez Herráez

Colonel de l'armée espagnole Docteur en paix et sécurité internationale. Membre de la faculté de sciences politiques et de sociologie. Département des sciences politiques et de l'administration I de l'Université Complutense de Madrid. Membre de l'Institut espagnol d'études stratégiques du Centro Superior de Estudios de la Defensa Nacional.

Notes :

1) AKON, Saifullah et RAHMAN, Mahfujur. "Remodeler l'ordre mondial dans l'ère post-COVID-19 : une analyse critique", Chinese Journal of International Review, juillet 2020, DOI : 10.1142/S2630531320500067.  Disponible à l'adresse : https://www.researchgate.net/profile/SaifullahAkon/publication/343098068_Reshaping_the_Global_Order_in_the_Post_COVID19_Era_A_Critical_Analysis/links/5f6ad340458515b7cf46ebf2/Reshaping-the-Global-Order-in-the-PostCOVID-19-Era-A-Critical-Analysis.pdf?origin=publication_detail.

2) Dans ce sens SÁNCHEZ HERRÁEZ, Pedro. La lucha por el planeta y el futuro de las FAS españolas, Institut espagnol d'études stratégiques, document d'opinion 28/2017, 15 mai 2017. Disponible sur : http://www.ieee.es/Galerias/fichero/docs_opinion/2017/DIEEEO28-2017_Struggle_Planet_Future_FAS_Espanolas_PSH.pdf

3) Pouvoir d'une personne ou d'un élément de déterminer ou de modifier la façon dont les autres pensent ou agissent. SCANZILLO, Thomas M. et LOPACIENSKI, Edward M. "Influence operations and the human domain", U.S. Naval War College, CIWAG, U.S. Naval War College. Naval War College, CIWAG Case Studies numéro 13, 2015. Disponible à l'adresse suivante : https://www.hsdl.org/?view&did=814708

4) Espace entre la concurrence pacifique et les conflits armés. JORDAN, Javier. "Escalade dans les stratégies hybrides et la zone grise", Global Stratégies hybrides et zone grise", Rapport de stratégie globale 11/2020. Disponible sur : https://globalstrategy.org/la-escalada-en-las-estrategias-hibridas-y-en-los-conflictos-en-la-zona-gris/

5) Conflit dans lequel toutes sortes de moyens et de procédures sont employés, qu'ils soient "guerriers" ou "non guerriers". SÁNCHEZ HERRÁEZ, Pedro. Comprender la guerra híbrida... El retorno a los clásicos ?, Instituto Español de Estudios Estratégicos. Institut espagnol d'études stratégiques, Document d'analyse 42/2016, 21 juin 2016. Disponible à l'adresse suivante : http://www.ieee.es/Galerias/fichero/docs_analisis/2016/DIEEEA42-2016_Comprendre_la_guerre_hybride_Retour_aux_classiques_PSH.pdf

6) Réimprimé dans The Geographical Journal, volume 170, numéro 4, décembre 2004, pp. 298-321.

7) Ces changements peuvent être vus schématiquement dans TAZMAN, Howard. "Comment la Première Guerre mondiale a changé la carte du monde", Real Clear History, 29 novembre 2018. Disponible à l'adresse suivante :https://www.realclearhistory.com/articles/2018/11/29/how_world_war_i_changed_map_of_the_world_389.html

8) MACKINDER, Halford. "Idéaux démocratiques et réalité. Une étude de la politique de la reconstruction", Henry Holt and Company, New York, 1919.

9) Ibid. p. 194.

10) Publié dans Foreign Affairs, volume 21, numéro 4, juillet 1941, pp. 595-605.

11) SPKYKMAN, Nicholas J. 'The Geography of the Peace', Harcourt Brace, New York, 1944, p. 43.

12) Un bref résumé de ce qu'impliquait la politique d'endiguement peut être trouvé dans WILDE, Robert. "Containment : le plan américain contre le communisme", Thought.Co, 29 octobre 2018. Disponible à l'adresse suivante : https://www.thoughtco.com/what-was-containment-1221496

13) "Histoire du plan Marshall", La Fondation George C. Marshall. Disponible à l'adresse suivante :

14) LE PROJET AVALON, discours du président Harry Truman devant une session conjointe du Congrès, 12 mars 1947, Doctrine Truman. 12 mars 1947, Doctrine Truman. Disponible sur: https://web.archive.org/web/20041204183708/http://www.yale.edu/lawweb/avalon/trudoc.htm

15) L'œuvre en question est "Kim", publiée en 1901, qui a pour cadre la lutte entre l'Empire russe et l'Empire britannique en Asie centrale.

16) HOPKIRK, Peter. "The Great Game : the struggle for Empire in Central Asia", Kodanska America, New York, 1994.

17) Comme simple échantillon AYDIN, Mustafa. "La longue vue sur la rivalité et la coopération turco-russe", FMV, 8 juin 2020. Disponible sur : https://www.gmfus.org/publications/long-view-turkish-russianrivalry-and-cooperation ; YAU, Niva. "Russia and China's quiet rivalry in Central Asia", Foreign Policy Research Institute, septembre 2020. Disponible sur : https://www.fpri.org/wp-content/uploads/2020/09/cap1-yau.pdf

18) PIQUÉ, Josep. "Interpretar a Rusia para una relación posible", Política Exterior, 5 mars 2021. Disponible sur : https://www.politicaexterior.com/interpretar-a-rusia-para-una-relacion-posible/

19) En ce sens, SÁNCHEZ HERRÁEZ, Pedro. "Marco geopolítico de Rusia : constantes históricas, dinámica y visión en el siglo XXI", dans VVAA, Rusia bajo el liderazgo de Putin. La nueva estrategia rusa a la búsqueda de su liderazgo regional y el reforzamiento como actor global, Instituto Español de Estudios Estratégicos, Cuaderno de Estrategia número 178, Madrid, 2015, pp. 15-77. Disponible à l'adresse suivante : Cliquez pour accéder à CE_178.pdf.

20) "Poutine : les "forces adverses" exploitent le mécontentement social pour alimenter les protestations", Sputnik News, 13 février 2021. Disponible sur : https://mundo.sputniknews.com/20210213/1104021423.html

21) Très succinctement RT, Colour Revolutions, 6 mars 2015. Disponible à l'adresse suivante : https://actualidad.rt.com/actualidad/168235-revoluciones-colores-golpe-estado

22) 'Poutine : nous devons tirer la leçon des révolutions de couleur dans d'autres pays', RT, 20 novembre 2014. Disponible sur : https://actualidad.rt.com/actualidad/view/147716-putin-rusiarevoluciones-colores-extremismo

23) Dans les pays baltes : Estonie, Lituanie, Lettonie ; en Europe orientale : Biélorussie, Moldavie, Ukraine ; dans le Caucase : Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie ; en Asie centrale : Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan.

24) ZEVELEV, Igor. "La Russie dans l'espace post-soviétique en mutation", Russialist.org, 25 novembre 2020. Disponible sur : https://russialist.org/russia-in-the-changing-post-soviet-space/

25) PRÉSIDENT DE LA RUSSIE, Dmitry Medvedev interview avec les chaînes de télévision russes, 31 août 2008. Disponible sur : http://www.kremlin.ru/events/president/news/1276

26) PIQUÉ, Josep. "Interpretar a Rusia para una relación posible", Política Exterior, 5 mars 2021. Disponible sur : https://www.politicaexterior.com/interpretar-a-rusia-para-una-relacion-posible/

27) MANKOFF, Jeffrey. "Un ours plus gentil, plus doux ? Pourquoi les rumeurs de retraite post-soviétique de la Russie sont prématurées". Center for Strategic & International Studies, 17 décembre 2020. Disponible à l'adresse suivante : https://www.csis.org/analysis/kinder-gentler-bear-why-rumors-russias-post-soviet-retreat-are-premature

28) ALSUMAIDAIE, Mujahed, 'Turkish influence in Central Asia and Islamist extremism', European Eye on Radicalization, 22 juillet 2020. Disponible sur : https://eeradicalization.com/turkish-influence-in-centralasia-and-islamist-extremism/

29) "Illusions impériales : les Turcs pourraient-ils dévorer la Crimée et le reste du sud de la Russie ?", Sputnik News, 15 février 2021. Disponible sur : https://mundo.sputniknews.com/20210215/ilusiones-imperialespodrian-los-turcos-devorar-crimea-y-el-resto-del-sur-de-rusia-1106771069.html

30) MARCOU, Jean et ÇELIKPALA, Mitat. "Regard sur les relations turco-russes : de la rivalité dans un monde bípolaire à la coopération dans un monde euroasitique ?", Institut français d'études anatolinnes, 2020, paragraphe 17. Disponible sur : https://books.openedition.org/ifeagd/3178?lang=es

31) " PM : le 21e siècle sera le siècle de la Turquie ", agence de presse Trend, 17 novembre 2013. Disponible sur : https://en.trend.az/world/turkey/2212128.html

32) VVAA, "Biden gives Turkey the silent treatment", Foreign Policy, 3 mars 2021. Disponible à l'adresse suivante : https://foreignpolicy.com/2021/03/03/biden-erdogan-turkey-silent-treatment-diplomacy-middle-east-syriacrisisnato/

33) ÖZEL, Soli. "Whither Turkey's ambitions ?", Institut italien d'études politiques internationales, 28 décembre 2020. Disponible sur : https://www.ispionline.it/en/publication/whither-turkeys-ambitions-28798

34) XINHUA, Chronologie de l'initiative chinoise "la Ceinture et la Route", 24 juin 2016. Disponible sur http://en.people.cn/n3/2016/0624/c90883-9077342.html

35) MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE, Le ministre des Affaires étrangères Wang Yi rencontre la presse, 08 mars 2015. Disponible à l'adresse suivante : https://www.fmprc.gov.cn/mfa_eng/zxxx_662805/t1243662.shtml

36) SHAH, Ankur. "La Russie desserre sa ceinture", Foreign Policy, 16 juillet 2020. Disponible à l'adresse suivante :

37) PARRA PÉREZ, Águeda. El juego geopolítico de la nueva Ruta de la Seda en Asia Pacífico, Instituto Español de Estudios Estratégicos. Institut espagnol d'études stratégiques, document d'opinion 126/2018, 10 décembre 2018. Disponible sur: http://www.ieee.es/Galerias/fichero/docs_opinion/2018/DIEEEO126_2018AGUPAR-RutaSeda.pdf

38) STANDISH, Reid. "Pour tenir Poutine à l'écart, le Belarus invite les États-Unis et la Chine à entrer", Foreign Policy, 1er janvier 2020. Disponible sur : https://foreignpolicy.com/2020/01/01/belarus-lures-us-china-to-forestall-putinrussia/

39) "La Chine remplace la Russie comme premier investisseur au Monténégro", Balkan Insight, 20 octobre 2020. Disponible sur : https://balkaninsight.com/2020/10/20/china-replaces-russia-as-largest-investor-inmontenegro/

40) "China increasing its footprint in Balkan media, study concludes", Balkan Insight, 9 décembre 2020. Disponible sur : https://balkaninsight.com/2020/12/09/china-increasing-its-footprint-in-balkan-media-studyconcludes/

41) "La Chine a dépassé la Russie comme grand allié de la Serbie", Balkan Insight, 6 juillet 2020. Disponible à l'adresse suivante : https://balkaninsight.com/2020/07/08/china-has-overtaken-russia-as-serbias-great-ally/

42) "Initiative "Belt and Road"" La Banque mondiale, 29 mars 2018. Disponible à l'adresse suivante : https://www.worldbank.org/en/topic/regional-integration/brief/belt-and-road-initiative

43) "How China's Belt and Road initiative is changing cities and threatening communities", The Conversation, 2 février 2021. Disponible sur : https://theconversation.com/how-chinas-belt-and-road-initiative-ischanging-cities-and-threatening-communities-153515

44) 'Health Silk Road of China : A new 'Debt trap health Diplomacy' in making', Diplomatist, 29 juin 2020. Disponible sur : https://diplomatist.com/2020/06/29/health-silk-road-of-china-a-new-debt-trap-healthdiplomacy-in-making/

45) AKON, Saifullah et RAHMAN, Mahfujur. "Remodeler l'ordre mondial dans l'ère post-COVID-19 : une analyse critique", Chinese Journal of International Review, juillet 2020, DOI : 10.1142/S2630531320500067, p. 4. Disponible sur : https://www.researchgate.net/profile/SaifullahAkon/publication/343098068_Reshaping_the_Global_Order_in_the_Post_COVID19_Era_A_Critical_Analysis/links/5f6ad340458515b7cf46ebf2/Reshaping-the-Global-Order-in-the-PostCOVID-19-Era-A-Critical-Analysis.pdf?origin=publication_detail

46) "China's Digital Silk Road", Cyber Security Intelligence, 5 mars 2021. Disponible à l'adresse suivante : https://www.cybersecurityintelligence.com/blog/chinas-digital-silk-road-5504.html

47) LANTEIGNE, Marc, "Les méandres de la route de la soie polaire", Over the Circle, 15 mars 2020. Disponible sur : https://overthecircle.com/2020/03/15/the-twists-and-turns-of-the-polar-silk-road/

48) LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE, Livre blanc, La politique arctique de la Chine, 26 janvier 2018.Disponible sur : http://english.www.gov.cn/archive/white_paper/2018/01/26/content_281476026660336.htm

49) Texte intégral : Vision de la coopération maritime dans le cadre de l'initiative "la Ceinture et la Route", Xinhuanet, 20 juin 2017. Disponible sur : http://www.xinhuanet.com/english/2017-06/20/c_136380414.htm

50) STAALESEN, Atle. "De l'argent chinois pour la route maritime du Nord", The Barents Observer, 12 juin 2018. Disponible sur : https://thebarentsobserver.com/en/arctic/2018/06/chinese-money-northern-sea-route

51) DE MAIZIÈRE, Thomas et WESS MITCHELL, A. "L'OTAN doit faire face à la Chine de front", Foreign Policy, 23 février 2021. Disponible sur : https://foreignpolicy.com/2021/02/23/nato-china-brusselssummit-biden-europealliance/

52) Dans ce sens, l'OTAN, OTAN 2030 : unis pour une nouvelle ère. Analyse et recommandations du groupe de réflexion nommé par le Secrétaire général de l'OTAN, 25 novembre 2020. Disponible à l'adresse suivante : Cliquez pour accéder à 201201-Reflection-Group-Final-ReportUni.pdf.

53) VVAA, 'Empty Shell no more : China's growing footprint in Central and Eastern Europe', Association for International Affairs, Policy Paper, International Affairs, Policy Paper, avril 2020. Disponible sur : https://chinaobservers.eu/wpcontent/uploads/2020/04/CHOICE_Empty-shell-no-more.pdf

54) SÁNCHEZ HERRÁEZ, Pedro. Europa... ¿semblanzas balcánicas ?, Instituto Español de Estudios Estrategicos, Document d'analyse 05/2021, 03 février 2021. Disponible à l'adresse suivante : http://www.ieee.es/Galerias/fichero/docs_analisis/2021/DIEEEA05_2021_PEDSAN_SemblanzaBalcanica.pdf

55) Slovaquie, Hongrie, Pologne et République tchèque. Sur leur position vis-à-vis de Bruxelles, BBC NEWS, Ce qu'est le groupe de Visegrad, les "mauvais garçons" défiant la France et l'Allemagne dans l'Union européenne, 2 février 2018. Disponible sur : https://www.bbc.com/mundo/noticias-internacional-42879957

56) MOON, Suerie et ALONSO RUIZ, Adrián, La geopolítica de las vacunas contra el COVID-19, Política Exterior 199, 01 janvier 2021. Disponible sur https://www.politicaexterior.com/articulo/lageopolitica-de-las-vacunas-contra-el-covid-19/

57) "Vaccin contre Sputnik V : comment il est passé de la méfiance à l'outil d'influence de la Russie dans le monde", BBC NEWS, BBC NEWS, 15 février 2021. Disponible sur : https://www.bbc.com/mundo/noticiasinternacional-56012192

58) "La Russie est 'perplexe' face aux remarques de Von der Leyen sur les vaccins et dénonce la 'politisation'", Europa Press, 19 février 2021. Disponible à l'adresse suivante : https://www.europapress.es/internacional/noticia-rusia-muestra-perpleja-palabras-von-der-leyenvacunas-denuncia-politizacion-20210219144956.html

59) "Sputnik V : pourquoi beaucoup en Russie ont des doutes sur leur propre vaccin", BBC NEWS, 4 mars 2021. Disponible sur : https://www.bbc.com/mundo/noticias-internacional-56266603

60) La coalition au pouvoir en Slovaquie en crise au sujet du vaccin Sputnik-V COVID-19, EURO NEWS, 4 mars 2021. Disponible sur : https://www.euronews.com/2021/03/04/slovakia-s-ruling-coalition-in-crisis-over-sputnik-vcovid-19-vaccine

61) "Certains tendent la main à Israël, d'autres se tournent vers la Russie et la Chine : plusieurs pays de l'UE se dissocient de Bruxelles pour rechercher davantage de vaccins", EURO NEWS, 4 mars 2021 & eldiario, 2 mars 2021. Disponible à l'adresse suivante : https://www.eldiario.es/internacional/acercan-israel-miran-rusia-china-paises-ue-desmarcan-bruselasbuscar-atajos-vacunas_1_7265469.html

SÁNCHEZ HERRÁEZ, Pedro. 21e siècle : le retour à la lutte pour le Rimland ? Document d'analyse IEEE 12/2021.

La revue de presse de CD - 08 mai 2022

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La revue de presse de CD

08 mai 2022

EN VEDETTE

Conférence de presse du professeur Didier Raoult (vidéo)

Intégralité de la conférence de presse tenue par le Professeur Didier Raoult le 20 avril 2022 à l'IHU Méditerranée Infection, encadré par deux de ses avocats. Après vérification, AUCUN média national n’en a parlé, seuls quelques médias locaux l’ayant relayé le lendemain. En revanche, quelques jours plus tard, quand « L’agence de sécurité du médicament livre un rapport cinglant sur l’institut marseillais » comme le titre avec emphase Le Monde, aucun de ces mêmes médias n'oubliera de relayer cette « information ».

Youtube.com

https://www.youtube.com/watch?v=LlV9g1ZiKlg

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/DICTATURE

À quel point la France d’Hanouna est-elle libérale-libertaire ? Et celle de France Inter ?

Le lectorat de Valeurs actuelles est-il si réac’ ? Pour qui le public d’Hanouna vote-t-il ? Une étude de l’IFOP pour Marianne, passée quasiment inaperçue, permet de classer les médias dont le public est le plus libéral-libertaire, et dogmatique. Quels sont les médias dont le public est le plus libéral-libertaire ? En compilant les données apportées par une étude IFOP pour Marianne analysant le vote du 9 avril « selon les pratiques médias », nous sommes en mesure d’établir un classement idéologique des publics médiatiques.

Ojim.fr

https://www.ojim.fr/a-quel-point-la-france-dhanouna-est-e...

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ÉCOLOGIE

Les 12 mensonges du GIEC – Politique & Eco avec Christian Gerondeau (vidéo)

Il est difficile de croire qu’un organisme international officiel mente effrontément. C’est pourtant ce que fait le GIEC, émanation des Nations-Unies censées représenter l’intérêt de l’humanité. Il l’a fait par exemple lorsqu’il a déclaré en 2011 que l’humanité pourrait se passer des énergies fossiles en 2050 et que « près de 80 % des besoins d’énergie de l’humanité pourraient alors être satisfaits par les énergies renouvelables. » Or toutes les projections montrent que ces dernières ne pourront répondre au mieux à cette date qu’à 10 % des besoins et que les énergies fossiles en satisferont toujours près de 80 %. D’autres mensonges, tout aussi grossiers, concernent l’évolution de la température terrestre, la montée supposée des eaux, la survie de la faune et de la flore… L’invité de « Politique & Eco », l’ingénieur polytechnicien Christian Gerondeau, les énumère dans son ouvrage « Les douze mensonges du GIEC ». Passionnant !

Tvlibertes.com

https://www.tvlibertes.com/les-12-mensonges-du-giec-polit...

ÉNERGIES

Energie Nucléaire, la France dans la Guerre Energétique (vidéo)

L’Énergie Nucléaire à longtemps est un atout majeur de l’indépendance énergétique de la France et impact le prix de l’électricité des consommateurs. Alors que la situation en Europe s’envenime, la guerre énergétique est aussi une guerre économique, la France grâce à son parc nucléaire est encore largement indépendante. Pourtant, le parc nucléaire français pourrait être en danger à l’instant où le pays en a le plus besoin. L’électricité est au coeur des enjeux énergétiques en France. Le pays doit cependant faire face à une prédation économique venant de l’intérieur et de l’extérieur mais aussi des autres énergies, notamment le gaz et l’éolien ou le solaire. Hervé Machenaud, ancien directeur d’EDF zone Asie fait le point.

Geopragma.fr

https://geopragma.fr/energie-nucleaire-la-france-dans-la-...

ÉTATS-UNIS

Ministère de la Vérité : une dangereuse dérive aux États-Unis

Le département de la sécurité intérieure (DHS) a créé un nouveau Conseil de gouvernance de la désinformation. Vers un ministère de la Vérité.

Contrepoints.org

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Ukraine : Robert Kagan passe aux aveux dans Foreign Affairs

Dans la version en ligne (mai/juin 2022) de la revue américaine Foreign Affairs, le très influent politologue néo-conservateur Robert Kagan vient de signer un article allant au-delà de la narration occidentale admise sur le conflit russo-ukrainien et intitulé « The Price of Hegemony, Can America Learn to Use Its Power? » [« Le prix de l’hégémonie, L’Amérique peut-elle apprendre à utiliser son pouvoir ? »]. Passé quasiment inaperçu en Europe, son article a de quoi interpeller, surtout lorsqu’on sait l’influence de Robert Kagan et la place qu’occupe la revue Foreign Affairs dans la politique étrangère américaine.

ojim.fr

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FRANCE

Avec Macron, le flicage numérique est « en marche » accélérée et cadencée

Identité numérique pour tous, facturation numérique obligatoire : aucun domaine n’échappera au groin gourmand de l’État.

Contrepoints.org

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Cette société où personne n’est responsable

Sous la Ve République, deux systèmes cohabitent. Celui de la Constitution de 1958 avec une logique parlementaire rationalisée, où le Premier ministre se trouve confronté au Parlement, et où il voit sa responsabilité politique engagée. Celui de la « Constitution » de 1962 qui introduit des éléments du système présidentiel, avec un président de la République élu au suffrage universel direct, mais irresponsable politiquement devant le Parlement. Cette confusion des régimes entraîne un sentiment de toute-puissance chez le Président. En effet, il est politiquement irresponsable, sa seule sanction est une possible défaite aux prochaines élections présidentielles.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/05/05/426589-cette-soci...

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Trafics de drogue et criminalité urbaine. L’exemple de Toulouse

Trafics de stupéfiants et criminalité se mêlent dans les villes. Organisés autour de points de vente, avec des réseaux d’approvisionnement et de recyclage de l’argent, les trafiquants font un usage particulier de la ville. L’exemple de Toulouse illustre ici ce cas particulier de la criminalité urbaine.

revueconflits.com

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Le communisme reste présent en France

La gauche française dite modérée ou de gouvernement comme on dit, ne s’est pas totalement libérée de ses liens avec l’extrême gauche communiste.

contrepoints.org

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GAFAM

Vijaya Gadde, l'avocate qui a transformé Twitter en organe de propagande

De toutes les plateformes, Twiter a agi de la manière la plus partisane. Beaucoup plus encore que YouTube ou Facebook « ces dernières années ». Concrètement, depuis l’arrivée de Vijaya Gadde chez l’oiseau bleu. Directrice juridique depuis 2014, elle est la personne à la tête de ce fameux service de “modération“. Depuis 2016, ce tribunal de l’inquisition digitale compte aussi sur l’importante contribution de Leslie Berland, directrice du service marketing. Censurer est, en effet, devenu un argument de marketing pour un certain nombre de marques. Mais c’est véritablement à Gadde que l’on doit la fermeture du compte de Donald Trump, en tant que président en exercice. Venant de Wilson Sonsini Goodrich & Rosati, cabinet d’avocat spécialisé dans les questions de propriété intellectuelle des entreprises de la Silicon Valley, Gadde a tissé des liens essentiels dans les premiers cercles du Parti démocrate, là où s’arbitrent les transferts d’argent de la high tech vers les représentants du wokisme autoritaire.

Francesoir.fr

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GÉOPOLITIQUE

La Transnistrie - le pays qui n'existe pas mais qui fait trembler l'Europe

Comment se fait-il que, depuis quelques jours, les feux des médias internationaux se sont soudainement braqués sur un des recoins les moins connus et les plus insolites d’Europe ? Avec 470 000 personnes et un territoire de 4000 km2, la Transnistrie (capitale Tiraspol) fait officiellement partie de la Moldavie, mais fonctionne comme un état auto-proclamé depuis la fin de l’URSS et une guerre de quelques mois contre les Moldaves en 1992. Lors d’un référendum en 2006, 97% de ses habitants (dont la plupart parlent le russe ou l’ukrainien plutôt que le roumain, langue officielle de la Moldavie) ont voté pour poursuivre l’intégration avec la Russie, dont ils sont pourtant séparés par plusieurs centaines de kilomètres de terres ukrainiennes. Si une requête en ce sens a été rejetée par Moscou en 2014, le « conflit gelé » avec la Moldavie dure jusqu’à maintenant ; l’invasion de l’Ukraine en février 2022 a donc fait de la Transnistrie – dont la frontière se trouve à 60 km d’Odessa – un morceau de terre stratégiquement très important.

Laselectiondujour.com

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Dépendance économique de l'Iran

Carrefour d’échanges commerciaux et culturels, faisant la jonction entre les mondes européens et asiatiques, l’Iran entretient, depuis des millénaires, des relations complexes avec ses voisins. Si l'histoire récente l’a vu solidement arrimé au bloc de l’Ouest lors de la Guerre Froide, la Révolution Islamique de 1979 représente néanmoins un véritable basculement. Cet événement a secoué le Moyen Orient et a inscrit le pays dans un rapport de conflictualité dès lors ininterrompu avec le monde occidental, redessinant les rapports de force géopolitiques dans la région. Depuis, la tentative iranienne de se doter de l’arme atomique n’a fait qu'accentuer la tension entre l’Iran et l’ex-allié américain, atteignant un point critique ces dernières années.

ege.fr

https://www.ege.fr/infoguerre/dependance-economique-de-liran

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La Question des Minorités dans les Conflits Post-soviétiques (Ukraine, Transnistrie..)

Ghislain de Castelbajac nous parle aujourd’hui de la question des minorités en Europe Centrale et Orientale. Plus particulièrement, le point est fait sur le cas de l’Ukraine qui n’est pas une exception au sein de l’ancien espace post-soviétique. La question des minorités est une constante réelle des enjeux politiques dans l’ex URSS, mais aussi un casus belli de choix pour les pays qui cherchent à redéfinir des frontières taillées dans le vif par les communistes.

geopragma.fr

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RÉFLEXION

Le choc des chrétientés : pourquoi l’Europe ne peut pas comprendre la Russie

Les Européens occidentaux considèrent les Orthodoxes et les Chrétiens d’Orient comme des satrapes et une bande de contrebandiers, tandis que les Orthodoxes considèrent les Croisés comme des usurpateurs barbares déterminés à conquérir le monde.

Lecridespeuples.fr

https://lecridespeuples.fr/2022/05/04/le-choc-des-chretie...

Les quatre modèles mentaux qui plombent l’écologie politique

Le déclin institutionnel est souvent le résultat d’un blocage produit par l’enfermement dans des modèles mentaux obsolètes ou non pertinents, qui rend difficile voire impossible de tirer parti de la réalité changeante.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/05/06/426652-les-quatre...

SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Effets secondaires : Michèle Rivasi reçoit Christine Cotton pour le récit de son audition à huis clos

La députée européenne (EELV) Michèle Rivasi a publié une vidéo de son échange avec la biostatisticienne Christine Cotton, dans lequel cette dernière revient sur son audition à l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) sur les effets secondaires des injections anti-Covid-19. Sans langue de bois !

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/societe-sante/michele-rivasi-christine-cotton

L'OMS affole la presse en affichant 15 millions de décès "liés au Covid-19" entre 2020 et 2021

Jeudi 5 mai, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié un communiqué rapportant "14,9 millions de décès attribuables à la pandémie de Covid-19 en 2020 et 2021". Considérable, le nombre dépasse largement les rapports gouvernementaux qui estimaient le total des décès du Covid-19 à 5,4 millions. Sans surprise, la presse s'affole ! La nuance se trouve évidemment dans les termes "associés directement ou indirectement", qui laissent place à un flou relativement conséquent.

francesoir.fr

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Vaccination contre le Sars-CoV-2 : l’abus des mathématiques nuit à la complexité du vivant

Comment faire pour convaincre les non-vaccinés que les vaccins fonctionnent… et en même temps expliquer aux vaccinés de ne pas approcher un non-vacciné parce que les vaccins ne fonctionnent pas ? Tel pourrait être l’intitulé de l’article paru le 25 avril 2022, dans le Canadian Medical Association journal. Mais, pour honorer le travail des chercheurs, nous allons nous efforcer de rester sérieux, ce qui ne va pas être simple.

francesoir.fr

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UNION EUROPÉENNE

Immigration. Le directeur de Frontex jette l’éponge, les No Border jubilent

Le 28 avril, le directeur exécutif de l’agence européenne de garde-côtes et garde-frontières Frontex, Fabrice Leggeri, a présenté sa démission à son conseil d’administration. Cette décision, lourde de conséquences, intervient après une longue campagne de dénigrement de l’activité de Frontex. Au-delà du cas individuel de F. Leggeri, sa démission illustre le rapport de force au sein des institutions européennes, qui a clairement penché en faveur des partisans de l’ouverture inconditionnelle des frontières aux extra-Européens. Le changement attendu des modalités d’intervention de Frontex va sans aucun doute entraîner une accélération des flux d’immigration clandestine à destination de l’Europe.

Polemia.com

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Ursula von der Leyen, une Boucanière au copinage... cavalier !

Ursula Gertrud von der Leyen est le pigeon d’une politique ouvertement assumée par l'OTAN, et par conséquent par les institutions officielles européennes qu’elle chapeaute, qui aboutira au dépeuplement du continent : les contrats léonins « vaccinaux » avec leur cortège d’effets secondaires et de morts, la destruction des PME européennes par une politique prétendument sanitaire et une guerre contre la Russie sur l’opportunité de laquelle le citoyen n’a jamais été consulté.

francesoir.fr

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samedi, 07 mai 2022

La psychologie politique et l'irrationalité des masses

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La psychologie politique et l'irrationalité des masses

"Psychologie politique" de Gustave Le Bon, publié par OAKS et édité par Francesco Ingravalle, est de retour en librairie en Italie.

par Giovanni Sessa

Source: https://www.barbadillo.it/104295-la-psicologia-politica-e-lirrazionalita-delle-masse/

Le-Bon-2-320x500.jpgL'un des postulats fondamentaux de la pensée de Gustave Le Bon peut se résumer à cette affirmation: l'irrationalité des masses, mues par le sentiment, donne toujours lieu, dans la sphère politique, à la recherche d'un chef. Ce constat ressort des pages de la nouvelle édition italienne de l'un des ouvrages capitaux du psychologue et sociologue français, Psychologie politique, reparu récemment en librairie grâce aux éditions OAKS et sous la direction de Francesco Ingravalle (pour les commandes : info@oakseditrice.it, pp. 291, 16,00 euros). L'idée maîtresse que nous avons évoquée est, ab origine, un motif récurrent de la philosophie politique. Présente chez Platon, elle est réaffirmée par Althusius, Taine et guide les considérations de Pareto lui-même. Chez Le Bon, l'éditeur nous rappelle que "la raison est propre aux minorités, aux élites, les sentiments sont la voix des masses" (p. II). La première édition française de Psychologie politique a été publiée en 1910, un peu plus de quinze ans après la publication de la Psychologie des foules, à une époque où l'auteur avait pleinement défini son monde idéal.

L'édition que nous présentons est structurée en cinq livres (le livre VI a été éliminé, car il est aujourd'hui dépassé). Dans le premier, le penseur français plaide pour l'urgence de développer une véritable psychologie politique afin de gouverner les évolutions possibles de la société de masse, en tenant compte de l'importance accordée à cette discipline par Machiavel. Elle conduit, en premier lieu, à l'observation: "des préjugés héréditaires d'un peuple et de la nécessité pour l'homme politique d'introduire progressivement les changements nécessaires [...] afin de créer de nouvelles coutumes" (p. XII). Au XXe siècle, la société est dominée par le facteur économique et le caractère supranational du capitalisme, qui produit "des maîtres invisibles mais omnipotents auxquels les peuples et leurs propres souverains doivent obéir" (p. XII). Celles-ci, agissant sur la psychologie des profondeurs et des masses, visaient à conditionner le comportement et les choix des hommes. À mesure que le désordre grandit, la logique du sentiment pousse les masses, note Le Bon, dans les bras d'un César. En outre, dans tout choix politique, un rôle pertinent devrait être attribué aux "prédispositions raciales" (p. XII) du peuple et de son histoire antérieure. Ces facteurs déterminent la manière différente dont l'État est considéré par les peuples latins qui penchent vers le "socialisme", l'étatisme, et les peuples anglo-américains qui en sont fait les gardiens des libertés individuelles.

s-l400psypolglb.jpgDans le deuxième livre, Le Bon traite des lois. Il affirme qu'elles ne sont rien d'autre que la formalisation de coutumes ataviques. L'homme politique qui voudrait s'y opposer vouerait son action à l'échec: "Les vrais motifs de l'action politique sont la peur, la haine, l'envie" (p. XIII). Dans les premières décennies du siècle dernier, la substitution de l'intérêt de classe au bien commun était la caractéristique la plus évidente de la contestation politique. Dans les pays latins en particulier, cela a ouvert la voie aux démagogues de différentes tendances. Dans le troisième livre, Le Bon insiste sur l'importance des élites et l'impartialité des processus de démocratisation de la vie politique, en soulignant le risque de voir profiter de cette situation des démagogues qui, en renforçant la crédulité des foules, en les stimulant "sentimentalement", répandent leur charisme par contagion mentale. Dans le quatrième livre, le socialisme est présenté par l'auteur comme une immanentisation du mysticisme chrétien, visant à atteindre le paradis sur terre, en partant "d'une hypothèse infondée: tous les maux dérivent du capitalisme" (p. XV).

Dans la dernière partie du livre, Le Bon avertit ses contemporains que le désordre social produira bientôt une forme intolérable de "césarisme socialiste". Face à cette situation, il a appelé à une "défense sociale" capable d'inverser ce résultat politique. Dans ce contexte, il serait essentiel de "défendre le concept de patrie" (p. XVI), qui garantirait les hiérarchies sociales sans lesquelles aucun ordre politique ne peut être préservé. C'est sur la base de ces considérations que la première édition italienne de Psychologie politique, éditée par Adrian Popa en 1973, a rencontré un certain succès. Les thèses de Le Bon conciliaient l'anticommunisme atlantiste de la "majorité silencieuse" de ces années-là avec les revendications "révolutionnaires" des groupes de droite radicale qui se tournaient vers l'expérience politique de Jeune Europe. Pour l'un comme pour l'autre : "Le fait que Mussolini ait considéré la Psychologie politique comme "une œuvre capitale" était [...] une certification suffisante" (p. XVII) pour faire de ce livre une référence essentielle pour le "retour à l'ordre". En bref, si lors de la Convention de l'"Institut Alberto Pollio" à l'Hôtel Parco dei Principi à Rome dans les années 60, la propagation du communisme dans le monde occidental était lue comme le résultat de l'"ingénierie des âmes" ou de la "guerre psychologique" menée par ces derniers, à cette occasion, il a été décidé de leur opposer une "ingénierie des âmes" opposée et contraire, selon la leçon de Le Bon.

Les éditions italiennes ultérieures de ce texte ont rencontré un paysage politique très différent. Le virage à "droite" n'avait pas eu lieu et l'imposition de la "société de contrôle" était clairement annoncée. Dans ce livre, pour la première fois dans l'histoire, "la possibilité télématique de "créer des foules" et de déployer de nouvelles formes de contrôle social" (p. XXII) était exprimée, ce qui rendait le livre du psychologue français, malgré la situation différente, très actuel. Le "capitalisme cognitif" exerce son pouvoir par la colonisation omniprésente de l'imaginaire individuel et communautaire. Le Bon invitait ses contemporains à se battre pour la "défense sociale": aujourd'hui, cette bataille se déroule sur le front "esthétique", à l'endroit où le Capital-Forme réalise la marchandisation de la vie. Dans cette tranchée, les thèses de Le Bon peuvent également jouer le rôle d'un contrepoids important.    

 

Le président du Parlement hongrois : une confrontation géostratégique a lieu en Ukraine

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Le président du Parlement hongrois: une confrontation géostratégique a lieu en Ukraine

Source: https://zuerst.de/2022/05/06/ungarischer-parlamentspraesident-in-der-ukraine-findet-eine-geostrategische-konfrontation-statt/

Budapest - Le président du Parlement hongrois, László Kövér, ne mâche pas ses mots. Dans une interview accordée à la chaîne "Inforadio Arena", il a souligné que le conflit actuel en Ukraine ne se résumait pas à un affrontement entre Kiev et Moscou.

"En réalité, la guerre en Ukraine est une guerre russo-américaine, annonciatrice d'une confrontation géostratégique entre les Etats-Unis et la Chine. L'objectif est de "séparer" l'Europe économiquement et politiquement de la Russie et de l'Asie afin d'empêcher la création d'un espace politique et économique unifié de l'Atlantique au Pacifique, a déclaré M. Kövér. L'énorme potentiel économique d'un espace économique aussi vaste entraînerait le risque pour les Etats-Unis de se faire distancer.

Pour la Hongrie, le plus important est de "préserver les acquis des 12 dernières années [depuis l'arrivée au pouvoir de Viktor Orbán, ndlr], notamment la sécurité de l'existence nationale, le soutien aux familles", a-t-il déclaré. C'est pourquoi "beaucoup de choses seront accomplies si nous ne nous joignons pas au chœur des bellicistes, afin de mettre fin à cette guerre avec le moins de victimes possible et le plus rapidement possible", a souligné M. Kövér.

Sur le plan politique, il n'y a jamais eu autant de chaos dans l'UE. Mais rares sont ceux qui osent évoquer ouvertement l'objectif final de Bruxelles: l'élimination des États-nations. Autrefois, le monde et l'Europe étaient dirigés par des personnes qui étaient des hommes politiques talentueux, de grande envergure, et des visionnaires. "Ceux qui dirigent l'Europe aujourd'hui, et le monde occidental, sont des caricatures monstrueuses de cette génération", a-t-il déclaré.

Certains d'entre eux n'ont aucune compréhension des défis à relever, d'autres ont été détournés, achetés, corrompus ou sont des "personnages sans caractère". D'autres encore sont bénéficiaires des élites mondiales, dont le scénario est la soi-disant "fédéralisation" de l'Europe. En résumé, "il y a très peu de gens qui comprennent ce qui se passe, et encore moins qui sont assez courageux pour l'exprimer et s'allier à des personnes partageant les mêmes idées", a résumé Kövér (mü).

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En limitant les mouvements de Moscou, Erdogan joue à la roulette russe

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En limitant les mouvements de Moscou, Erdogan joue à la roulette russe

par Abdel Bari Atwan

Source: https://www.ideeazione.com/limitando-le-mosse-di-mosca-erdogan-sta-giocando-alla-roulette-russa/

La décision de la Turquie de fermer son espace aérien aux avions militaires et civils russes à destination du nord de la Syrie a surpris de nombreux observateurs. L'annonce de cette décision par le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu aux journalistes turcs lors de sa tournée en Amérique latine a soulevé de nombreuses questions sur ses implications futures pour les relations russo-turques.

Il est peu probable que cette décision ait pu être l'un des résultats d'un accord turco-américain suite à des contacts discrets entre le président Recep Tayyip Erdogan et son homologue américain Joe Biden pour sévir contre la Russie. Contrairement à son prédécesseur Donald Trump, M. Biden estime qu'il est difficile d'assurer la sécurité régionale sans la Turquie, qui est un membre originel de l'OTAN. L'accord entre les deux pays prévoyait donc d'étendre la coopération économique et de répondre aux besoins de la Turquie en matière de défense, notamment en ce qui concerne les systèmes de missiles avancés F-35, Patriot et THAAD.

Il y a plusieurs explications à la décision d'Ankara. La première est que les États-Unis ont fait pression sur la Turquie après qu'il soit apparu que les Russes dirigeaient la bataille de Marioupol et d'autres zones du sud-est de l'Ukraine depuis la base aérienne russe de Hemeimim, dans le nord de la Syrie - d'où étaient menées des attaques stratégiques contre les forces ukrainiennes.

Une deuxième explication possible est qu'Erdogan a réussi à améliorer les relations de son pays avec Washington en profitant du besoin désespéré des États-Unis d'avoir des alliés régionaux dans la guerre par procuration de l'OTAN en Ukraine.

Mais là où l'un perd, un autre gagne. À la suite de la décision surprise de la Turquie, Téhéran a astucieusement proposé d'autoriser les avions russes à utiliser l'espace aérien iranien pour atteindre les bases navales et aériennes du nord de la Syrie. Bien que ces temps de vol puissent être plus longs, il y a des avantages immédiats pour les deux pays, en particulier pour l'Iran, qui a maintenant renforcé davantage sa relation stratégique avec l'axe Russie-Chine. L'Iran n'a pas été ambigu: depuis le début de la crise militaire ukrainienne, il n'a pas condamné les actions de Moscou et est resté tranquillement parmi les alliés tacites de la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine s'est montré généreux envers son homologue turc. Il a pardonné à Erdogan son erreur de 2015, lorsque les défenses aériennes turques avaient abattu un avion russe Sukhoi qui avait pénétré pendant quelques secondes dans l'espace aérien de la Turquie, près de la frontière turco-syrienne. Il a fallu une série de sanctions russes de bonne envergure pour que le président turc s'excuse dans toutes les langues, y compris le russe, pour cette mésaventure.

Poutine a fait preuve de compréhension, voire de patience, à l'égard de l'occupation par la Turquie de zones dans le nord de la Syrie, contrairement aux souhaits de ses fidèles alliés à Damas. Toutefois, la dernière décision d'Ankara d'établir une zone d'exclusion aérienne russe ne sera pas si facile à pardonner, surtout si elle est suivie d'autres mesures telles que l'interdiction du passage des navires de guerre russes par les détroits du Bosphore et des Dardanelles vers la Méditerranée, conformément à l'accord de Montreux.

Cela reste une option à la lumière de l'amélioration rapide - bien que furtive - des relations turco-américaines; mais choisir de s'aligner sur Washington au sujet de l'Ukraine risque également d'accroître les coûts militaires, politiques et économiques de la Turquie, un an avant les élections cruciales du pays.

S'aligner davantage sur les États-Unis signifie également qu'Erdogan ne pourra pas continuer à jouer son rôle soigneusement élaboré de médiateur "neutre" dans cette crise, et accueillir la prochaine réunion au sommet entre les présidents turc et ukrainien.

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Les aspirations turques à étendre la coopération commerciale avec la Russie à 100 milliards de dollars par an seront également touchées, et la vente de systèmes de défense antimissile russes S-400 supplémentaires à la Turquie sera peu probable. Plus sérieusement, la Russie pourrait réagir en développant ou en élargissant ses relations avec le parti séparatiste des travailleurs du Kurdistan (PKK) et en soutenant ses opérations en Turquie.

Politiquement parlant, l'opération militaire russe en Ukraine est une question de vie ou de mort pour Poutine. Par conséquent, sa réponse aux mouvements inamicaux d'Ankara sera probablement décisive et pourrait se jouer sur plusieurs fronts :

- Le front syrien : afin de maintenir l'équilibre dans les relations russes avec la Turquie, Poutine s'est fortement opposé au désir des dirigeants syriens d'envahir Idlib pour éliminer les groupes terroristes djihadistes qui y sont basés et rendre le contrôle de ce territoire à Damas. Même si la position de Moscou ne change pas encore, la reprise et l'intensité des opérations militaires russes à Idlib entraîneront la fuite d'un plus grand nombre de Syriens vers le territoire turc, qui accueille déjà plus de 3 millions de réfugiés syriens.

- Renforcement des relations russo-iraniennes : cela aura un impact négatif sur les ambitions régionales d'Erdogan - notamment en Asie occidentale et centrale - en tenant compte du fait que la Chine, qui constitue le troisième bras, et plus fort, dans cette alliance naissante, est un membre à part entière de cette troïka.

- Le front arabe : Le désir de la Turquie d'améliorer ses relations avec l'Arabie saoudite, l'Égypte et d'autres États du golfe Persique et du monde arabe pourrait être entravé par le rapprochement de ces pays avec la Russie et la Chine, qui coïncide avec la rupture de leurs relations avec leur allié américain traditionnel. L'alliance Russie-Iran-Chine (RIC) peut faire beaucoup en Asie occidentale pour perturber les relations d'Ankara dans la région. Il convient de noter que Riyad n'a pas encore répondu aux ouvertures diplomatiques turques, notamment en ce qui concerne la fermeture du dossier étatique sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

Ces derniers mois, le leadership d'Erdogan a été caractérisé par la confusion et la volatilité. Parmi les récents développements politiques, citons le renforcement impopulaire des liens d'Ankara avec Israël, son implication progressive dans la crise ukrainienne et le réchauffement des relations avec Washington. Celles-ci interviennent à un moment critique, non seulement en pleine crise économique nationale, mais aussi un an avant les élections présidentielles et législatives qui menacent sérieusement le pouvoir détenu par Erdogan.

Le président Poutine a peut-être décidé dans un premier temps de fermer les yeux sur la vente par la Turquie des drones Bayraktar qui ont probablement contribué à la mort de quelque 2000 soldats russes en Ukraine, et a accepté à contrecœur le rôle d'intermédiaire joué par la Turquie dans la crise. Au niveau stratégique, cependant, il lui sera difficile de tolérer l'accélération des nouveaux rapports de la Turquie avec l'Occident américanisé.

Il est vrai que la Turquie est une puissance régionale, et qu'elle est militairement forte, mais il est également vrai que le camp dirigé par les États-Unis vers lequel elle penche est en déclin, déchiré par les divisions, et échoue dramatiquement dans son régime de sanctions économiques contre la Russie. De plus, ce camp est confronté à l'alliance de deux superpuissances, d'une troisième nucléaire (l'Inde) et d'une quatrième en devenir (l'Iran), qui représentent ensemble plus de la moitié de la population mondiale.

Le nouveau pari du président Erdogan relatif à la Russie est risqué et pourrait se retourner contre lui au mauvais moment.

4 mai 2022

Article 11 ou article 89 ?

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Article 11 ou article 89 ?

par Georges FELTIN-TRACOL

Plusieurs polémiques fomentées par la médiacratie ont marqué la récente campagne de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. L’une d’elles portait sur l’intention de la candidate Marine Le Pen à recourir à l’article 11 de la Constitution afin de modifier la loi fondamentale et de consacrer la supériorité juridique de la législation française sur les traités internationaux et les tribunaux supranationaux. Immédiatement, maints juristes, universitaires et plumitifs ont lancé un procès virtuel pour viol de la Constitution, car l’article 89 aurait la prééminence sur l’article 11.

L’article 89 appartient à lui tout seul au titre XVI qui s’intitule « De la révision ». Rédigé en cinq alinéas, il énonce d’abord que « l’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République sur proposition du Premier ministre et aux membres du Parlement ». La révision « doit être votée par les deux Assemblées en termes identiques ». Son adoption définitive peut suivre deux procédures distinctes, soit l’approbation par référendum, soit le « Parlement convoqué en Congrès » à Versailles vote la révision à « la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés ».

La convocation de l’Assemblée nationale et du Sénat en Congrès se concevait à l’origine pour des révisions secondaires. Force est de constater que sur les vingt-quatre révisions depuis 1958, vingt-et-une ont été entérinées selon cette procédure. L’esprit initial de 1958 est bel et bien détourné au profit des combinaisons politiciennes. Pour preuve, la dernière révision en 2008 voulue par l’ineffable Sarközy ne passe qu’avec deux voix d’avance dont celle du socialiste Jack Lang. L’année suivante, il devient « émissaire spécial du président de la République » à Cuba et en Corée du Nord.

La réunion en Congrès représente une solution de facilité qui enjambe la souveraineté du peuple. Sa généralisation reporte dans les faits la souveraineté nationale des électeurs français vers leurs seuls représentants. On voit ici toute l’ambivalence de la Constitution de la Ve République dont le premier alinéa de l’article 3 stipule pourtant que « la souveraineté nationale appartient au peuple, qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Si le Congrès repousse la révision, le référendum est-il encore possible, quitte à recommencer le parcours législatif préalable ? On peut le penser, car le peuple arbitrerait le différend entre le chef de l’État et le Congrès. Le président de la République pourrait-il aussi employer dans ces circonstances l’article 11 ?

En 1958, cet article stipulait que « le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux Assemblées, publiées au Journal Officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics ». Le 31 juillet 1995, suite aux demandes insistantes du président de l’Assemblée nationale Philippe Séguin, Jacques Chirac, tout juste arrivé à l’Élysée, fait réviser la Constitution. Le Congrès supprime les dispositions transitoires et la référence à la Communauté (l’ancien empire colonial français), modifie le régime de l’inviolabilité parlementaire, établit la session parlementaire ordinaire unique et étend le champ d’application du référendum prévu à l’article 11 « aux réformes relatives à la politique économique, sociale et environnementale et aux services publics ». On remarquera le caractère flou de la rédaction.

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L’usage de l’article 11 a soulevé et soulève toujours des palabres interminables entre constitutionnalistes qui baignent souvent dans le parlementarisme béat le plus rance. En 1962, Charles De Gaulle l’applique pour imposer aux parlementaires récalcitrants l’élection au suffrage universel direct du président de la République. Premier opposant à De Gaulle, le président du Sénat, le radical Gaston Monnerville, parle alors de « forfaiture ». Le Conseil constitutionnel s’interroge longuement sur la régularité du recours à cet article. Après d’âpres débats, il transmet un avis confidentiel au président qui condamne le procédé. En revanche, l’institution concède en public aux Français le soin de trancher. L’approbation populaire couvre finalement la manœuvre et fonde un précédent constitutionnel interrompu en 1969.

Cette année-là, Charles De Gaulle soumet au référendum par l’article 11 son projet de création des régions et du changement du statut du Sénat. La victoire du non entraîne sa démission immédiate. Pour lui, le chef de l’État dialogue en permanence avec le peuple français par un usage fréquent aux référendums. Premier responsable du devenir de la nation, il arbitre entre le gouvernement, le Parlement, les corps intermédiaires, les forces vives et les électeurs. Dans cette logique, un désaveu suppose le départ inévitable du président de la République. L’article 11 établit donc un mécanisme plébiscitaire qui s’inscrit dans la tradition politique bonapartiste.

Cet égard envers la volonté populaire souveraine ne peut qu’irriter les politiciens ainsi que les officines de l’« État profond » qui organisent le Système, d’où le verrouillage institutionnel qui suivra quelques décennies plus tard. Un putsch jurisprudentiel s’opère dans le cadre de la répartition complaisante du contrôle de constitutionnalité entre le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État. Le Conseil constitutionnel considère bientôt que l’article 11 ne peut pas servir à la révision de la Constitution, car il ne concerne que les projets de loi ordinaires et organiques. Quant au Conseil d’État, il s’assure que la révision ne place pas la France en contradiction avec ses engagements internationaux, vérifie que les mesures envisagées sont de niveau constitutionnel et signale qu’une disposition contreviendrait à l’esprit des institutions, porterait atteinte à leur équilibre ou méconnaîtrait une tradition républicaine constante. En 1998, ce même Conseil d'État réaffirme de manière implicite, à l'occasion d'une décision touchant à la notion de référendum, que l'article 11 ne sert pas à modifier la Constitution. On comprend mieux pourquoi, malgré la victoire du non au traité constitutionnel européen de 2005, Jacques Chirac resta à l’Élysée jusqu’à la fin de son mandat.

La limitation du champ d’application de l’article 11 amoindrit la fonction présidentielle désormais subordonnée aux nombreuses combines des députés et des sénateurs. Cette restriction jamais entérinée par une loi quelconque empêcherait par ailleurs la convocation de toute assemblée constituante demandée par Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise et l’Union populaire. Le Conseil constitutionnel  invaliderait très certainement  une loi organique invitant les électeurs à participer aux modalités constituantes. N’oublions jamais qu’en matière référendaire, le Conseil constitutionnel est consulté par le chef de l’État sur l’organisation des opérations du référendum, sur la conformité des opérations électorales, la prise en compte des réclamations contre le déroulement référendaire qui pourrait l’amener à annuler le scrutin, et à proclamer les résultats. Les populistes de droite et les wokistes islamo-gauchistes doivent prendre en considération ce blocage constitutionnel.

S’affranchir de la tutelle pesante du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État qui méprisent les libertés françaises comme on l’a vu avec les incroyables régressions liberticides pendant la crise covidienne obligerait le chef de l’État à conduire un coup d’État et à dissoudre les principales institutions, ce qui supposerait au préalable l’entière loyauté de la haute-administration, de la magistrature et des forces de l’ordre. Cette décision exceptionnelle devrait ensuite être soumise au peuple qui, en cas de rejet, provoquerait le départ immédiat en exil de son auteur. Les royalistes ont l’habitude de dire que « la République gouverne mal, mais se défend bien ». Ce bref éclairage institutionnel en est un magnifique exemple. Plutôt que de vouloir rénover la baraque, ne faudrait-il pas la laisser s’effondrer ? Attendons les fracas de l’histoire et soyons prêts à l’impensable...

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 31, mise en ligne le 3 mai 2022 sur Radio Méridien Zéro.

vendredi, 06 mai 2022

Des hommes programmés par l'ingénierie sociale au service d'intérêts ploutocratiques

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Des hommes programmés par l'ingénierie sociale au service d'intérêts ploutocratiques

Par Juan Manuel de Prada

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/hombres-programados-por-una-ingenieria-social-al-servicio-de-intereses-plutocraticos-por-juan-manuel-de-prada/

Le spectacle de notre époque est affligeant. Des masses crétinisées qui sont traitées et corrompues par des ingénieurs sociaux au service des intérêts ploutocratiques, leur faisant grotesquement croire qu'elles combattent le fascisme ou sauvent la planète. Et que, tout en les laissant sans viande dans leur assiette et sans nourriture dans leur âme, ils transforment en vermine, les retournant hier contre les quelques résistants qui n'ont pas voulu détruire leur système immunitaire, les gavant aujourd'hui de montages grossiers et minables sur des guerres lointaines, pour qu'ils réagissent de manière pavlovienne. Quels nouveaux canulars ("histoires") concocteront-ils demain pour continuer à les tromper ? Quel nouveau virus sortira-t-il du chapeau pour les décimer ou les effrayer ? Contre qui dirigeront-ils cette fois leur peur, leur rage, leur envie, leur haine ?

Dans ces masses crétinisées, nous découvrons des traits de l'homme de masse d'Ortega (un homme fier de sa vulgarité qui n'est guidé que par ses appétits, commodément flattés), également de l'homme unidimensionnel de Marcuse, idiotisé par les médias de masse. Mais le degré d'aliénation atteint par ces masses crétinisées est vraiment superlatif. Jamais auparavant, comme à notre époque, il n'a été possible d'inculquer aux gens les comportements et les préoccupations qui intéressent les manipulateurs à un moment donné, de sorte que ces comportements et préoccupations changent du jour au lendemain (et que d'autres apparaissent immédiatement pour les remplacer), comme s'il s'agissait de mannequins en pâte à modeler et non de personnes. C'est ainsi qu'ils ont réussi à faire en sorte que les personnes inoculées avec un thosigo ou un placebo, loin de revendiquer la responsabilité de ceux qui les ont inoculés, se révoltent contre ceux qui n'ont pas accepté d'être inoculés ; et maintenant ils ont réussi à effacer le fantôme du coronavirus de leur horizon mental, le remplaçant par une angoisse guerrière et la conviction que les "fils de Poutine" sont la cause de leurs maux. Tout cela pour que les vrais coupables s'en tirent à bon compte.

Pour réaliser cette thaumaturgie sulfureuse qui transforme les gens en mannequins faits de pâte à modeler, il faut recourir à ces techniques de "conditionnement opérant" dont parlait le psychologue comportementaliste Skinner, qui permettent de "programmer" les hommes, afin que leur comportement s'adapte à ce que l'"éducateur" détermine à chaque instant. Et pour "programmer" les hommes, il suffit d'avoir des "éducateurs" qui gèrent leurs névroses, administrent leurs peurs et bercent leurs angoisses ; tout en leur inculquant des manies persécutrices contre les "non-vaccinés", les "pro-russes", les "ultra-droitiers", les Atlantes, les Lotophages, les Cyclopes, les Lestrigons ou les Amazones. Et pendant ce temps, ces hommes programmés peuvent être pillés et corrompus.

Mais ne désespérons pas. Nous comptons sur un Dieu qui sait comment sortir de la tombe ; et qui saura aussi sauver ces hommes programmés d'une manière mystérieuse, en enlevant le bandeau de leurs yeux. Mon cœur attend aussi, vers la lumière et vers la vie, un autre miracle du printemps.

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Déterritorialisation et virtualité

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Déterritorialisation et virtualité

par Alejandro Linconao

Source: https://nomos.com.ar/2022/05/03/desterritorializacion-y-virtualidad/

L'opération russe en Ukraine a eu d'importantes implications économiques mondiales, avec une pertinence particulière dans la sphère énergétique. Cette question, quant à elle, est beaucoup plus large et s'inscrit dans un ensemble plus vaste de changements.

Dans la modernité, tout s'est liquéfié, tout a perdu sa forme et s'est entremêlé. Des relations, aux strates ethniques des États, aux religions, au pouvoir. Parallèlement à la chute du patrimoine matériel qui a façonné les familles et les peuples, les références individuelles et collectives ont diminué. Alors qu'autrefois une nationalité, partagée par de grands groupes de personnes, était un facteur de liaison, elle a été remplacée par une tribu virtuelle ou une préférence sexuelle. De la fusion du solide, nous sommes passés à la virtualisation, accompagnée d'une déterritorialisation conséquente.

Le même sort a été réservé aux moyens de production en tant que sociétés. La localisation stable des sites de production a cédé la place, il y a quelque temps, à la stratégie de la délocalisation, et fait maintenant place à l'indépendance vis-à-vis du territoire, à la déterritorialisation. Le travail virtuel, qui, conformément à sa nature, ne gère que des biens, a remplacé l'activité productive en termes d'importance. Cette dynamique de travail facilite la rotation du personnel à travers le monde afin d'optimiser les coûts. Le capitalisme passe par une phase de mutation du capital industriel au capital spéculatif. La finance s'est depuis longtemps affranchie de son rôle de filiale de la production au XIXe siècle et est devenue un moyen de générer artificiellement du capital. Steam a été remplacé par Bitcoin. Les champs ont été remplacés par des cultures hydroponiques. Tout tend vers l'atomisation et l'indépendance des liens avec le territoire et avec la réalité elle-même.

La déterritorialisation des ressources énergétiques

Le conflit en Ukraine a révélé les implications d'un autre conflit qui l'a précédé: la déterritorialisation des ressources énergétiques. Cette déterritorialisation se traduit par la substitution de ressources géographiquement localisées comme le gaz et le pétrole, mais aussi les centrales nucléaires ou hydroélectriques.

Les hydrocarbures, comme les centrales électriques, existent sur un territoire donné, ils sont à l'intérieur de frontières et il y a des groupes humains qui les exploitent et les défendent. Ils sont dans les sphères d'un domaine et en dehors de l'universalisation. Contrairement à elles, les énergies renouvelables n'impliquent pas substantiellement le besoin d'un territoire spécifique. La plupart de ces énergies produisent de l'électricité, facile à transporter et à distribuer, et sont à nouveau relativement indépendantes d'un territoire.

Dans ce sens, il est intéressant de noter le nombre croissant de réglementations qui envisagent la possibilité de transférer les crédits obtenus par la production d'électricité dans un lieu donné vers un site différent de celui où elle est produite, un mécanisme connu sous le nom de Virtual Net Metering [1]. Il s'agit clairement d'un engagement en faveur de la décentralisation de l'énergie.

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Face à la possibilité d'une coupure de gaz par la Russie, l'Allemagne a accéléré la production d'énergie à partir de ressources renouvelables, bien qu'elle soit encore dépendante à plus de 50 % des combustibles fossiles. Le ministre de l'économie et vice-chancelier allemand, l'écologiste Robert Habeck, a appelé les citoyens à prendre des mesures d'économie d'énergie [2]. Bien que ces mesures aient pris une dimension particulière avec le conflit en Ukraine, ce n'est pas la première fois qu'elles sont proposées en Allemagne [3].

Il est clair que la production d'énergie à partir de ressources renouvelables est et restera insuffisante pour répondre à la croissance actuelle et prévue de la demande. Les énergies renouvelables ne peuvent pas remplacer efficacement les combustibles fossiles, ni fournir la quantité de biens dérivés de ces combustibles fossiles. Sans les hydrocarbures, la production de biens et les chaînes qui y sont associées deviendront plus coûteuses. Sans pétrole, il n'y a pas seulement plus de carburants, mais aussi plus de plastiques, de lubrifiants, de détergents, de bougies, de goudron, etc.

L'affirmation mondialiste de la libre disponibilité des ressources énergétiques n'est possible qu'en dépit de l'existence d'États souverains qui en décident. Mais malgré des efforts insistants pour le contraire, les États-nations survivent. Dans ceux qui sont plus que de simples administrateurs et ont des politiques souveraines, les ressources énergétiques sont sous l'œil vigilant de l'État, comme la Russie.

Larry Fink, PDG du puissant groupe BlackRock, a été catégorique en soulignant que le conflit en Ukraine marque la fin de la mondialisation en tant que facilitateur des échanges de biens et de capitaux [4]. Dans le même ordre d'idées, Howard Marks, fondateur d'Oaktree Capital Management, souligne que le conflit actuel entraînera une centralisation de la production dans le but d'éviter la dépendance vis-à-vis de pays potentiellement hostiles. Pour Marks, il y aura un passage des marchés "moins chers" aux marchés "plus sûrs" [5]. En d'autres termes, l'opération russe en Ukraine entraînera un refroidissement économique mondial.

L'opération russe en Ukraine accélère la déterritorialisation de la production énergétique. Avec les pénuries qui se profilent, les prix vont s'envoler et l'Union européenne, principal pays touché, va accélérer la mise en place de la matrice des énergies renouvelables. Étant donné l'incapacité de répondre à la demande, le rationnement sera nécessaire. Cependant, la diminution de la consommation d'énergie et le remplacement des combustibles fossiles ne ralentiront pas la société de consommation, mais la rendront plutôt plus misérable. La consommation de biens matériels sera moindre et de moins bonne qualité. La consommation ne diminuera pas mais prendra une nouvelle forme, elle sera virtualisée.

La consommation à l'ère de la déterritorialisation

Si les forces du capitalisme mondial ne peuvent abolir les frontières, les contraintes imposées par celles-ci cesseront d'avoir de l'importance. Une grande partie des emplois, des divertissements et des loisirs en général ont déjà commencé à être déterritorialisés et virtualisés. Le Metaverse, c'est-à-dire un environnement virtuel où les gens interagissent par le biais d'avatars dans une réalité artificielle créée par ordinateur, est destiné à remplacer de plus en plus la matérialité. C'est là que se tiennent les réunions d'affaires, que des parcelles de territoire virtuel sont achetées, que des vies "parallèles" sont entretenues, que des mariages sont célébrés et que l'on fait "l'amour". La réalité virtuelle est une initiative dont la projection est telle qu'une entreprise aussi importante que Boeing a annoncé qu'elle allait commencer à construire des avions dans le Metaverse [6]. Il dispose même d'échanges parallèles de crypto-monnaies, c'est-à-dire qu'il abstrait le déjà abstrait. La consommation prend un caractère immatériel en accord avec la philosophie sous-jacente et la rareté des ressources.

Le conflit actuel en Ukraine et la défense de la souveraineté russe sur les actifs énergétiques ont accéléré la déterritorialisation des ressources et la virtualisation de l'humain. La voie est devenue claire: rendre les ressources énergétiques indépendantes des territoires, rationner les ressources, appauvrir les populations et les contenter d'une réalité économique virtuelle. Les foules entassées dans les hôtels capsules rêveront de paradis immatériels, les seuls qu'elles pourront visiter. "Ils n'auront rien et seront heureux", ou du moins ils souriront en portant leurs lunettes de réalité virtuelle.

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Notes:

[1] "Comment une règle peu comprise sur les énergies renouvelables pourrait changer à jamais le système énergétique de l'Europe". https://unearthed.greenpeace.org/.../eu-makes-it-a-right.../

[2] "L'Allemagne s'accroche à l'environnementalisme pour alléger sa dépendance au gaz russe". https://www.lavozdegalicia.es/.../0003_202204G19P4992.htm

[3] En octobre 2021, l'Office fédéral allemand de la protection civile et des secours en cas de catastrophe a lancé une curieuse vidéo mettant en garde contre la nécessité de prendre des mesures contre les pénuries d'énergie en hiver. https://twitter.com/i/status/1443516558232461314

[4] "À nos détenteurs de lièvres". https://www.blackrock.com/.../larry-fink-chairmans-letter

[5] "Le pendule dans les affaires internationales". https://www.oaktreecapital.com/.../the-pendulum-in...

[6] "Boeing veut construire son prochain avion dans le 'metaverse'". https://www.reuters.com/.../boeing-wants-build-its-next.../

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Trois thèses sur le concept d’anthropocentrisme chez Savitri Devi

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Du ver de terre au surhomme

Trois thèses sur le concept d’anthropocentrisme chez Savitri Devi

Par Juliana R.

Traduit du tchèque en anglais par Rudolf Ehrlich (original tchèque ici)

« La cruauté envers les animaux est l’un des vices les plus significatifs d‘une nation basse et ignoble », écrivit Alexander von Humboldt (1769-1859). Sa déclaration précéda les paroles beaucoup plus connues du Mahatma Gandhi (1869-1948), selon qui l’ampleur de l’avancement moral d’une nation peut être jugée par son traitement des animaux. Von Humboldt exprimait l’inclination spirituelle du romantisme allemand envers la nature, alors que Gandhi – en dépit de son orientation œcuménique – parlait comme représentant de l’une des religions orientales de la pitié. L’opinion de Savitri Devi pourrait être placée quelque part entre le romantisme allemand et l’éthique indienne, les deux arrivant à la même conclusion.

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Les termes « anthropocentrisme » et « biocentrisme », qui furent développés dans Impeachment of Man [traduit en français sous le titre : La mise en accusation de l’homme, éditions Ars Magna, 2010. NDT], appartiennent aux termes-clés de sa philosophie. Savitri observe que l’Occident (compris comme l’ensemble des pays blancs et le monde sémitique) est – à quelques exceptions près, comme l’enseignement végétarien de Pythagore et la zooéthique du national-socialisme – caractérisé par des attitudes anthropocentriques. Celles-ci incluent le judéo-christianisme et les ramifications de l’islam, mais aussi l’humanisme libre-penseur et le communisme. Elle remarque concernant ce dernier : « C’est seulement la doctrine chrétienne du bonheur d’œuvrer pour son prochain, sans le lourd fardeau de la théologie chrétienne ».

L’anthropocentrisme, pense Savitri Devi, fut cimenté dans les fondations de la civilisation européenne quand le dieu chrétien passa d’une « nation » élue à une espèce élue, mais sans aller jusqu’à embrasser toute la vie. L’Occident créa ainsi un « gouffre infranchissable » séparant l’homme du reste de la création. Il dépouilla les animaux et les végétaux de leurs âmes et devint sourd, du moins généralement et théoriquement, à leur bien-être ou à leurs souffrances. L’idée de Savitri pourrait être illustrée par la déclaration de Pie XII, qui au XXe siècle appela son troupeau à ne pas s’apitoyer sur les animaux gémissant dans les abattoirs, puisque ce n’était « rien de plus que du métal résonnant sous l’enclume ». Comme variante sur le même thème, les vivisecteurs cartésiens du XVIIe siècle disaient que l’animal maltraité hurle sans douleur, tout comme une horloge cassée cliquète sans aucun sentiment.

Sans avoir recours à la simplification ou à l’idéalisation, Savitri souligne que l’Orient a pris une voie différente : il est devenu biocentrique. Les « religions orientales de la pitié » – hindouisme, bouddhisme et jaïnisme, mais pas le confucianisme anthropocentrique – voyaient une transition graduelle entre l’homme et les autres créatures, à la place d’un gouffre. La réincarnation de l’âme des créatures plus simples dans des créatures plus développées (ou vice-versa, selon les actions d’un être) entraîne théoriquement la compréhension que tous les êtres vivants sont frères. En pratique, cependant, Savitri ajoute que les biocentrismes asiatiques mènent souvent à l’indifférence envers les « incarnations » individuelles et à la croyance que la souffrance est une juste conséquence des transgressions karmiques. De plus, en se basant sur les expériences de la vie quotidienne européenne aussi bien qu’indienne, elle remarque que notre zooéthique individuelle est déterminée par un amour ou une aversion innés envers les animaux et non par une vision-du-monde instillée. Selon elle, le culte égyptien d’Aton, l’énergie et lumière solaire qui tombe sans distinction « sur le ver de terre et le surhomme », est également biocentrique.

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L’essai suivant n’est pas destiné à être une critique des idées de Savitri – dont l’essence peut difficilement être critiquée – mais plutôt d’en être un supplément. L’auteure d’Impeachment argue philosophiquement et sans considération particulière pour les détails historiques. Sans contester ses fondamentaux, à savoir l’idée de l’Occident anthropocentrique et de l’Orient biocentrique, nous tenterons de présenter trois thèses qui rendent le concept de l’anthropocentrisme occidental un peu plus problématique.

Première thèse : humains végétatifs

L’affirmation selon laquelle le judéo-christianisme (à part l’approche unique de Saint Basile, François d’Assise, Nicolas de Tolentino, et d’autres) sépara essentiellement l’homme du reste de la création est incontestable et très répandue. Si les animaux et les plantes n’ont pas une âme immortelle et ne sont pas marqués par le péché originel, ils deviennent quelque chose d’essentiellement différent. Et pourtant cette différence n’est pas aussi insurmontable qu’elle pourrait le sembler. Commençant avec l’antiquité et culminant durant la Renaissance, une tradition traverse la pensée occidentale – une tradition qui est en un sens la contrepartie de la croyance asiatique à la réincarnation comme résultat de la conduite morale. C’est la croyance de certains philosophes que l’homme peut devenir un animal, une plante ou un ange selon ses actions et ses pensées. Cela signifie certainement qu’il devient ces êtres moralement, mais dans le contexte du salut cela signifie aussi qu’il le devient ontologiquement. Celui qui est tombé au niveau végétatif et qui n’est pas conscient de la divinité n’a pas de statut et de possibilités ontologiques supérieurs à ceux d’une plante réelle.

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Des exemples de ceux qui prêchèrent l’idée selon laquelle un homme immoral devient un animal furent Boèce [Boethius], Grégoire de Nysse, les scolastiques, et les Arabes médiévaux. Cela fut aussi exprimé par le Prophète Mahomet. Nous devons ajouter, cependant, que cette croyance n’impliquait pas l’impératif de traiter les animaux et les plantes – qui sont donc plus proches de nous à la lumière de la création que ne le suggérerait l’idée de l’homme comme « image de Dieu » – plus gentiment. Les enseignements de Boèce sur l’homme et les animaux ne l’empêchent pas de dire que les humains tiennent leur tête au-dessus de la terre comme un signe qu’ils sont généralement des êtres uniques à la frontière entre les deux mondes, le matériel et le spirituel. Les fils d’Adam sont ainsi déclarés capables de lever leur front vers les cieux, alors que les têtes stupides des animaux restent lourdes et tournées vers le sol.

Cette idée trouve sa définition spécifique dans l’œuvre d’un philosophe de la Renaissance, Jean Pic de la Mirandole. Son bref texte Discours sur la dignité de l’homme fut originellement une préface aux thèses de diverses écoles que Pic avait rassemblées pour prouver leur accord sur l’aspiration fondamentale de l’homme: rejoindre Dieu. C’est le fondement de l’œuvre, mais l’idée de l’auteur était aussi que l’homme n’a pas de place fixée dans la création et qu’il est donc plus influent. Parce que Dieu lui a insufflé la vie seulement quand le monde fut achevé, il lui a donné la liberté de devenir n’importe quoi: une plante ou un ange (le Moyen Age parlait seulement d’un animal dans ce contexte).

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On pourrait dire, cependant, que l’homme reste substantiellement différent du reste de la création. Un humain « végétatif » diffère encore d’une plante du fait qu’il est tombé à ce niveau en résultat de son propre choix. Mais cela signifie-t-il nécessairement que sa dignité est plus grande que la dignité d’une plante qui ne pouvait pas décider de la « bassesse » de son existence ? De plus, le philosophe ne se demande pas si la liberté de choix est accordée à chaque individu ou à l’homme en tant qu’espèce. Les individus nés obtus et lascifs ont difficilement l’opportunité de rechercher Dieu ou de rechercher l’union avec lui. Quoi qu’il en soit (Pic demeure bref), il faut noter que ce penseur reconnaît l’inégalité humaine. Il observe qu’il y a des êtres supérieurs qui ont transcendé leur humanité, et des êtres inférieurs qu’il place sur un pied d’égalité non avec les animaux, mais avec les « simples » plantes. Sa division hiérarchique de l’univers selon la valeur personnelle de l’individu le rapproche de Savitri.

Deuxième thèse : l’anthropocentrisme comme état intermédiaire du biocentrisme

Il est intéressant de noter que certains croyants abrahamiques utilisent le terme « anthropocentrisme » avec le même déplaisir que Savitri. Naturellement, ils font cela pour des raisons différentes. Pour eux, l’anthropocentrisme avec lequel la Renaissance émergea ne représente pas l’opposé du biocentrisme, mais celui du théocentrisme médiéval. Savitri ne verrait probablement pas de différence entre ces vues; pour elle, le dieu personnel est juste une continuation de l’homme par d’autres moyens. Cependant, il est évident que dès que l’humanité européenne cessa de se concentrer principalement sur Dieu, la science naquit.

La première vague d’intérêt pour les créatures « sans âme » – dont le Moyen Age ne tint compte que dans des questions purement symboliques et utilitaires, spécialement dans le domaine médical – apparut [1]. L’anthropologie se développa à coté de la zoologie et de la botanique. Mais au Moyen Age, par exemple, on croyait que les loups n’avaient pas de vertèbre cervicale, une fiction qui aurait pu être facilement réfutée par l’expérience. La Renaissance, pour sa part, créa des atlas anatomiques comparatifs, découvrit des milliers de nouvelles espèces végétales, et réalisa des autopsies et des hybridations d’animaux. Cependant, la tendre attention de Léonard de Vinci envers les animaux (Savitri lui en donne crédit dans Impeachment of Man) ou le Jeune Lièvre d’Albrecht Dürer (qui peut servir de preuve de l’intérêt de la Renaissance pour la réalité matérielle) ont leur contrepartie dans la vivisection. Bien que les « objets étudiés » se seraient mieux portés si les grand-pères de l’époque les avaient laissés tranquilles, il est pourtant vrai que la Renaissance valorisait la vie quotidienne, le monde matériel, le corps, l’organisme, et la nature.

Du point de vue de Savitri, qui met l’accent sur l’action, il est indubitablement important qu’aucun penseur de la Renaissance n’ait créé une éthique de bienveillance pratique envers les animaux. De plus, les plus importants philosophes de l’époque – Marsile Ficino, Pietro Pomponazzi, et en un sens Pic de la Mirandole aussi – plaçaient explicitement l’homme au centre de la création. Francesco Pétrarque demande ironiquement pourquoi il devrait s’intéresser aux quadrupèdes, aux poissons et aux oiseaux alors que l’âme humaine existe [2]. Cependant, ces philosophes n’étaient pas de véritables anthropocentristes. Pétrarque, Ficin et Pic étaient tous des théologiens – les deux premiers étant même des prêtres – et même leur emphase sur l’homme avait une dimension théocentrique. Le véritable anthropocentrisme – l’intérêt pour l’homme en tant que tel, et pas seulement en relation avec le « créateur » – peut être trouvé chez certains naturalistes de l’époque, plutôt que chez les penseurs humanistes. En soi, cela ne signifie rien; cependant, nous sommes convaincus que la connaissance experte de la nature, et donc de la transition graduelle de l’homme à d’autres créatures, apporta finalement avec elle une approche plus éthique culminant avec la ligne Darwin-Haeckel-Hitler.

Troisième thèse : l’homme comme « pont »

Nous n’avons pas l’intention de nier que les animaux deviendraient le sujet de la moralité quels que soient les progrès des sciences naturelles, cependant. Le fait qu’ils ressentent la douleur peut naturellement être déterminé par l’observation profane. Au XVIIIe siècle, deux systèmes philosophiques incluaient les « faces silencieuses » dans leur éthique. Dans l’anglosphère, c’était l’utilitarisme, et dans le monde germanophone, le bolzanisme (qui apparut à Prague). Les fondateurs et les partisans de ces deux systèmes pensaient que l’objet naturel de la charité était que n’importe quel être pouvant ressentir le bien-être et la douleur. Aujourd’hui, l’aile la plus militante et la plus vocale de l’utilitarisme est représentée par le philosophe juif australien Peter Singer, qui est aussi un activiste des droits des animaux (ses idées sont souvent rejetées en Allemagne comme « quasi-nazies » ou « nazifiantes »). Le romantisme apporta aussi avec lui une empathie pour les animaux, basé sur une motivation émotionnelle plutôt qu’intellectuelle. Le végétarisme de Mary Shelley et l’éthique schopenhauerienne de la compassion sont des exemples de cela ; rappelons-nous à quel point ce philosophe fut profondément affecté par les souffrances d’un orang-outang emprisonné.

1405119411.jpgCependant, on ne peut pas nier que la connaissance scientifique des animaux (et, plus récemment, des plantes) a contribué significativement à la reconnaissance de leurs droits. En même temps, cela représente une particularité occidentale concernant la relation avec la nature, parce qu’aucune autre race ou civilisation n’a créé une discipline de biologie. Le médecin et matérialiste des Lumières, Julien Offray de la Mettrie pensait déjà que l’animal n’avait pas d’âme, mais que l’homme n’en avait pas non plus, et il considérait donc qu’il n’y avait pas de gouffre ontologique entre eux. Il devina correctement que les grands singes sont suffisamment intelligents pour apprendre le langage des signes [3].

Carl von Linné, le père de la taxonomie naturelle moderne, était un luthérien de mentalité théocentrique, mais après avoir publié son Système de la Nature il se demanda s’il avait bien fait d’inclure l’homme parmi les autres animaux. Le préromantique et, soulignons-le, proto-évolutionniste Johann Gottfried Herder, qui aimait la nature avec ferveur et qui appelait à la bonté envers toutes ses formes, déclara que les animaux étaient les « frères aînés » de l’homme. Cependant, la théorie évolutionnaire de Charles Darwin et Alfred Wallace (Sur l’origine des espèces, 1859) devint le stimulus formatif pour la conscience occidentale – et pas seulement occidentale. Darwin fit l’esquisse de la transition graduelle entre les humains et les autres animaux, particulièrement dans L’origine de l’homme. Encore plus important semble être son ouvrage L’expression des émotions chez l’homme et les animaux, qui brisa résolument l’idée cartésienne selon laquelle les animaux (et spécialement les vertébrés) seraient diamétralement différents de nous en termes d’expérience intérieure, et aussi qu’ils n’auraient pas d’émotions [4].

52darw5x840.jpgDarwin lui-même, bien que n’étant pas un végétarien, sympathisait clairement avec les animaux. « Un phénomène vraiment admirable, dont le miracle nous échappe souvent car il est complètement évident en soi, est que tous les animaux et toutes les plantes en tous temps et en tous lieux ont été reliés les uns aux autres », écrit-il dans L’origine des espèces, exprimant la fraternité de tous les êtres – à laquelle appelle aussi Savitri. Nous devons en fin de compte à Darwin le fait que les Espagnols et les Néo-Zélandais ont récemment étendu les droits humains aux grands singes. Le naturaliste britannique est également proche de Savitri concernant sa fascination pour la lutte pour la vie, qui nous force à détruire certaines formes d’existence : « Cela peut être difficile, mais nous devrions admirer la haine sauvage et instinctive qui pousse la reine des abeilles à détruire les jeunes reines – ses sœurs – juste après leur naissance, ou bien elle meurt elle-même » [5]. Mais alors pourquoi Savitri passe-t-elle au-dessus de Darwin sans le mentionner ?

Son silence sur Ernst Haeckel est tout aussi étrange. Ce zoologue et philosophe est généralement connu comme le créateur de nombreux termes scientifiques, incluant celui d’« écologie », et comme le créateur du dénommé règne biogénétique : « L’ontogénie récapitule la phylogénie ». Il fut un évolutionniste très passionné. Il était aussi conscient que Darwin de la fraternité de toutes les choses vivantes. Après tout, il avait introduit le schéma du dendrogramme évolutionnaire dans la biologie. L’attention de Haeckel pour les animaux est prouvée par un passage de son journal de voyage, où il se lamente sur le sort d’un cheval maltraité qu’il avait vu au Sri Lanka. Il dit théâtralement à Bouddha qu’il aurait dû interdire la torture des créatures vivantes au lieu de l’interdiction « insensée » de les tuer [6].

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Haeckel créa aussi le monisme, une religion athée affirmant que la nature et la matière sont pleinement conscientes de leur « spiritualité », de leur beauté, et de leur valeur en soi. Sa Ligue Moniste connut une popularité considérable dans la première moitié du XXe siècle. A côté du végétarisme et de l’hygiène raciale, par exemple, l’historien Roger Griffin la qualifie d’expression du modernisme social. La mesure dans laquelle ce penseur inspira les nationaux-socialistes est sujette à débat, et les historiens en discutent certainement. Cependant, le fait que son biocentrisme était en accord avec le biocentrisme de la cosmologie nazie ne peut être contesté.

Toutefois, Savitri mentionne au moins un évolutionniste convaincu: George Bernard Shaw. Mais elle le fait seulement en lien avec son propre combat pour les droits des animaux, sans dire clairement si elle était consciente de la base évolutionniste de Shaw. Shaw est aussi connu pour avoir partagé la croyance de Savitri pour le surhomme. En tant que surhumanistes, ils comprenaient tous deux que l’homme fait partie intégrante de l’univers (la totalité) et que la vie a son propre développement, ainsi que la capacité à transcender les catégories innées. Ce pont – selon l’expression de Nietzsche – est donc bâti non seulement entre l’homme et le surhomme, mais aussi entre l’homme et les autres créatures. C’est leur héritage fondamental.

Notes:

[1] Bien sûr, cette règle aussi a ses exceptions. Au Moyen Age, Roger Bacon et Albert le Grand conduisirent des expériences scientifiques empiriques, par exemple.

[2] La question de Pétrarque (citée dans Oskar Kristeller, Osm filosofů italské renesance [Prague: Višegrad, 2007]) est de plus dirigée principalement contre l’aristotélisme, je crois. Les disputes de Pétrarque avec celui-ci étaient plutôt personnelles.

[3] Stanislav Komárek mentionne l’ « égalitarisme » des mécanistes des Lumières dans  Stručné dějiny biologie (Prague: Academia, 2017).

[4] René Descartes reconnaissait une intelligence plus haute (mais pas les émotions) chez les singes, les perroquets et les chiens.

[5] Darwin, cependant, avait pour le moins des sentiments contradictoires concernant ce combat. Dans L’origine des espèces, il tente de trouver un réconfort au milieu de sa tristesse concernant le fait qu’il avait remplacé l’idylle religieuse de l’harmonieuse« création » par une lutte pour la vie et la mort (Charles Darwin, O původu druhů [Brno: Dědictví Havlíčkovo, 1923]). Quant à Savitri, elle considère comme nécessaire de consommer des végétaux (« on doit manger quelque chose après tout ») et de tuer des ennemis réels ou potentiels.

[6] Bohumil Bauše, Člověk a živočistvo (Prague: Matice lidu, 1907).

Exemples de bellicisme hollywoodien

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Exemples de bellicisme hollywoodien

par Georges FELTIN-TRACOL

En 2003, les éditions Autrement publient un essai magistral de Jean-Michel Valantin, Hollywood, le Pentagone et Washington. Les trois acteurs d’une stratégie globale. Ce livre dévoile de profondes, solides et vieilles complicités entre le milieu cinématographique et le puissant complexe militaro-industriel présents aux États-Unis d’Amérique. L’auteur se focalise sur l’imbrication totale entre différents plans (personnalités, récits, financements) au point qu’il qualifie l’ensemble ainsi étudié de « complexe militaro-cinématographique » et de « cinéma de sécurité nationale ».

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Depuis la parution de ce maître-ouvrage, ce complexe discret a encore entendu son influence. Sous le premier mandat (2009 – 2013) de Barack Obama, Jonathan « Jon » Favreau animait l’équipe des « plumes » du 44e président avant de se lancer dans une carrière de scénariste à Hollywood. Ainsi a-t-il écrit le scénario de la série 1600 Penn. Attention toutefois au risque de confusion avec un homonyme, Jon Favreau, lui aussi scénariste des plusieurs films et séries (la franchise Marvel, Le Loup de Wall Street ou The Mandalorian). Sous Donald Trump (2017 - 2021), un ancien cadre de Goldman Sachs, Steven Mnuchin, occupe le poste de secrétaire au Trésor. Avant cette incursion politique, il avait produit des films comme Edge of Tomorrow (2014), Mad Max. Fury Road (2015) ou Batman vs Superman. L’aube de la justice (2016).

Ennemis désignés

Les liens structurels entre le cinéma de sécurité nationale et l’identité stratégique étatsunienne sont si prégnants qu’il faut de temps en temps les contester sur le grand écran. En 2013, Roland Emmerich réalise White House Down. Candidat recalé du Secret Service, John Cale (Channing Tatum) et sa fille Emily se retrouvent en pleine prise d’otage à la Maison Blanche. Ancien Marine, Cage sauve le président – noir – des États-Unis, James Sawyer (Jamie Foxx). Financés par les industries militaires qui ne désirent aucun règlement de paix durable au Moyen-Orient, les terroristes proviennent des mouvances d’« extrême droite ». Or, l’un des assaillants, Carl Killick (Kevin Rankin), au comportement de parfait psychopathe, qui doit surveiller une trentaine d’otages, porte en tatouage le A cerclé des anarchistes. L’anarchisme serait-il selon les critères hollywoodiens une variante du fascisme ou du nationalisme blanc ?

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L’assaut de la résidence officielle du chef de l’État yankee fait aussi l’objet d’un autre film, le premier d’une trilogie, intitulé La chute de la Maison Blanche (2013) d’Antoine Fuqua. Ce ne sont plus de très vilains fascistes qui s’emparent du célèbre bâtiment et de la personne du président Benjamin Asher (Aaron Eckhart), mais un commando nord-coréen très efficace. Et pourquoi pas des Suédois ? Ce parti-pris ne surprend pas. Ce film contribue à travers la distraction et le divertissement à la manipulation des masses qui ne peuvent envisager la République populaire démocratique de Corée qu’en tant que menace existentielle pour la paix mondiale… La Corée du Nord est aussi dénoncée dans le film de Lee Tamahori, Mourir un autre jour (2002). L’intrigue commence sur une plage coréenne du Nord où débarque en toute discrétion l’agent britannique 007 James Bond. Il est vrai qu’il peut ensuite passer inaperçu dans les campagnes de ce pays…

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Autre cible cinématographique du complexe militaro-cinématographique : le Bélarus. Réalisé en 2017 par Patrick Hughes, Hitman and Bodyguard raconte l’alliance de circonstance entre deux ennemis intimes. Le garde du corps Michael Bryce (Ryan Reynolds) doit protéger le redoutable tueur à gage Darius Kincaid (Samuel L. Jackson) afin qu’il puisse témoigner devant la Cour pénale internationale de La Haye des crimes contre l’humanité commis par le dirigeant bélarussien Vladislav Dukhovich. Pourquoi le Bélarus et non pas l’Arabie Saoudite qui, c’est bien connu, apporte un bonheur certain au Yémen depuis plusieurs années ?

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Gary Oldman joue le président Dukhovich. En 1997, cet acteur interprète Korchunov, le chef des « méchants » dans le film germano-étatsunien de Wolfgang Petersen Air Force One. C’est le premier film qui met en scène le président des États-Unis. La source ne tarira plus avec White House Down où James Sawyer manipule un lance-roquette pendant une poursuite automobile dans le parc de la Maison Blanche ou dans des séries télévisées telles que The West Wing (À la Maison-Blanche), Commander in Chief (Commandant en chef) ou Designated Survivor (Survivant désigné).

Un modèle du genre

Air Force One s’ouvre sur une opération des forces spéciales yankees qui s’emparent au Kazakhstan du général Ivan Radek joué par Jürgen Prochnow, le commandant de sous-marin allemand dans Le Bâteau de Wolfgang Petersen, et le duc Leto Atreides dans Dune de David Lynch. En visite d’État en Russie quelques semaines plus tard, le président James Marshall (Harrison Ford) prononce un discours musclé devant des hôtes ravis. Dorénavant, les États-Unis ne discuteront plus avec les « États voyous »; ils les combattront jusqu’au dernier. Le dirigeant occidental doit retourner à Washington à bord de l’avion présidentiel qui donne son titre au film. Son épouse Grace et leur fille Alice l’accompagnent. Bénéficiant de l’aide du responsable de l’équipe de protection présidentielle du Secret Service, Gibbs, six faux journalistes montent à bord et s’emparent de l’avion. Ils exigent la libération immédiate du général Radek jugé ultra-nationaliste, mais qui sort de la prison au son de L’Internationale chantée par les détenus avant d’être abattu au dernier moment. Ivan Radek incarne aux yeux du scénariste Andrew W. Marlowe la quintessence du militarisme rouge – brun national-soviétique…

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Ancien vétéran du Vietnam où il pilotait des hélicoptères, James Marshall ne se laisse pas faire. Il combat les preneurs d’otages. Pendant ce temps à la Maison Blanche, des divergences apparaissent vite entre la vice-présidente Kathryn Bennett (Glenn Close) – une première à l’écran de féminiser ce poste ! - et le secrétaire à la Défense Walter Dean. Qui prend les décisions urgentes en cas d’empêchement du président ? Bennett intervient en présidente par intérim alors que Dean veut invoquer le XXVe amendement qui permet la déposition du président en exercice par la majorité des membres du gouvernement. Le film pose donc une vraie question d’ordre constitutionnel nullement résolue.

Par ailleurs, par les bons soins du scénariste, lors d’une courte conversation avec Alice Marshall, Korchunov lui dit qu’il tue des innocents à l’instar de son président de père qui ordonne des frappes dévastatrices et des bombardements aveugles qui font de nombreuses victimes… Finalement, incurable optimisme oblige, James Marshall rétablit la situation et sauve sa famille. En 2016, un sondage du Wall Street Journal distinguait James Marshall comme le plus grand président fictif des États-Unis ! C’est sûr que ce ne serait pas le valétudinaire Joe Biden qui cognerait l’un des assaillants dans la soute de l’appareil !

Air Force One annonce les thrillers qui propageront la vue du monde néo-conservatrice, cette propension inacceptable à vouloir imposer un bonheur matériel consumériste et hédoniste à tous les peuples de la Terre enfin soumis au mantra des « droits de l’homme ». Depuis la sortie de ce film aux scènes haletantes, le complexe militaro-cinématographique continue à répandre une propagande incessante qui ne fait qu’alimenter l’hubris belliciste de l’Occident globalitaire américanomorphe.

Georges Feltin-Tracol.

jeudi, 05 mai 2022

"L'Europe est un champ de bataille entre deux visions du monde" - Entretien avec Daria Platonova

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"L'Europe est un champ de bataille entre deux visions du monde"

Entretien avec Daria Platonova

par Lorenzo Maria Pacini et Giulia Lipari

Source: https://www.ideeazione.com/leuropa-e-il-campo-di-battaglia-fra-due-visioni-del-mondo-intervista-a-daria-platonova/

Nous avons interviewé, en exclusivité, Darya Platonova Douguina, philosophe diplômée de l'Université d'État de Moscou, spécialisée dans le néoplatonisme, commentatrice politique qualifiée et fille du professeur Aleksandr Douguine. L'interview a été réalisée en deux langues, afin d'être diffusée auprès du public russophone.

Daria, tout d'abord, merci d'avoir accepté notre interview. La situation géopolitique en constante évolution s'oriente vers un nouvel ordre mondial multipolaire, qui s'oppose au nouvel ordre mondial mondialiste, de la Grande Réinitialisation, des oligarchies financières et du pouvoir caché. La Russie est actuellement le pays qui mène le "choc des civilisations": quel est, selon vous, le rôle de l'Europe ?

L'Europe est aujourd'hui le champ de bataille entre deux visions du monde - la vision mondialiste et la vision anti-mondialiste. C'est désormais évident dans tous les pays. Les élections présidentielles françaises ont eu lieu récemment et, en les analysant, nous pouvons clairement constater l'existence de deux blocs - l'un représentant le peuple, l'autre les élites transnationales. Le Pen, et avec elle Mélenchon, étaient anti-mondialisation dans leurs programmes, le but principal de leurs campagnes était d'augmenter le pouvoir d'achat des Français, et de renforcer la souveraineté de l'Etat français (on pourrait appeler cela dans une certaine mesure une stratégie gaulliste dans le cas de Le Pen, et une position non-alignée dans le cas de Mélenchon). Aujourd'hui, l'Europe est un champ politique subordonné à la dictature de l'hégémonie américaine. Malheureusement, les élites européennes suivent aveuglément les ordres des États-Unis. Mais la crise, qui a déjà eu un impact majeur sur l'Europe, montre suffisamment les conséquences négatives de ces politiques - et ce uniquement sur le plan économique. De nombreux signes, voix et manifestations politiques d'une approche alternative émergent sous nos yeux - il y a des forces en Europe qui veulent la multipolarité. Ce sont les mouvements altermondialistes. Ils sont l'avenir de l'Europe, quant au mondialisme et aux élites de l'UE, ils sont son passé. Tout indique le "déclin de l'Europe" - la tyrannie croissante a également été soulignée par Spengler comme une caractéristique clé de la fin de la "culture", tout comme les gouvernements technocratiques et la domination de l'argent en tant que valeur. Les élites de l'UE mènent une politique cohérente de destruction des pays européens. Cependant, il faut garder à l'esprit la résistance qui existe de la part des peuples - la résistance à la mort de leurs propres cultures. Cet esprit de résistance doit encore se révéler.

En Italie, les gens chantaient les louanges de la Russie et de Poutine il y a encore quelques mois; aujourd'hui, une grande partie de la population s'est rangée du côté de l'OTAN et pointe du doigt Moscou. La désinformation et l'ignorance généralisée en sciences politiques ont conduit à un climat alarmant et dangereux de haine idéologique. Pourtant, l'Italie est le siège de la première Rome, elle est la source de l'art, de la philosophie, de la science et de la beauté depuis des siècles et des siècles, mais elle semble s'être assoupie et avoir oublié ses propres origines et sa grandeur. Comment pensez-vous qu'un réveil du Logos italique et un retour à la grandeur de ce peuple puissent avoir lieu ?

Tout d'abord, je pense qu'il est nécessaire de réaliser que le système de propagande médiatique vise à renforcer l'influence américaine sur le continent européen. D'ailleurs, on en parle souvent en Italie. Il est très important de comprendre qu'aujourd'hui le régime de Kiev est le bastion avancé d'une idéologie mondialiste destructrice avec des idées de xénophobie, de haine radicale et de tyrannie.

De nombreuses personnes en Italie, mais plus généralement sur le continent européen, ne voient pas la Russie d'un bon œil, même si elles sont contre l'OTAN et l'impérialisme américain. Il y a une perception du risque de passer de l'asservissement d'un empire à un autre. Que pensez-vous de cela ?

Bien sûr, c'est un gros risque. Cependant, il existe différentes nuances d'approbation. On peut désapprouver une opération militaire spéciale de la Fédération de Russie mais s'abstenir de fournir des armes à Kiev. Il s'agirait également d'une prise de position.  L'Europe a le droit d'être "neutre"; géopolitiquement, elle est un pôle indépendant qui n'appartient ni à la civilisation de la mer ni à celle de la terre. Ce statut intermédiaire implique une certaine neutralité. Aujourd'hui, les processus auxquels nous assistons sont la subordination des pays de l'UE à la volonté des USA, c'est-à-dire une subordination totale aux normes et impératifs de la civilisation de la mer. C'est l'impérialisme 2.0, et il passe par la culture. Gramsci a été très précis en disant que dans le monde moderne, la prise de pouvoir se fait par la culture. Celui qui contrôle la culture (ainsi que les médias) contrôle le pays politiquement et économiquement. Aujourd'hui, la culture en Europe est malheureusement contrôlée par des structures pro-américaines.

Vous êtes une experte et une passionnée de la philosophie et de la politique françaises. La France, comme nous le savons tous, est l'une des nations les plus fortes de l'Union européenne et joue un rôle clé dans les relations avec la Russie et au-delà. Quels scénarios prévoyez-vous pour les prochaines élections présidentielles françaises ? Comment les relations de l'UE avec la Russie auraient-elles changé si Macron avait perdu?

Les élections présidentielles ont montré que les structures mondialistes ont tout fait pour conserver leur protégé, Emmanuel Macron, qui représente les intérêts du capital financier mondial. Son mentor, l'économiste français Jacques Attali, a écrit sur l'importance de la mondialisation et la création d'une "nouvelle élite nomade", totalement détachée de ses racines nationales. Dans un tel monde, toutes les différences entre les cultures, les peuples, les traditions s'effacent et tout devient universel. Un tel ordre du jour est une menace pour la multiplicité des identités européennes. Malgré la politique anti-peuple du plan quinquennal de Macron, tout le mécanisme du système mondialiste vise à la poursuite artificielle de son mandat. Il convient de noter que la situation est révolutionnaire: à la tête du pays se trouve un candidat qui n'a pas le soutien de la majorité de la population. On pourrait le qualifier de candidat nihiliste - car sa victoire est entièrement négative.

Même deux jours avant le second tour des élections, Macron a annoncé que la France avait envoyé des unités d'artillerie automotrices et des systèmes de missiles antichars à Kiev. De l'apaisement, Macron est passé au soutien actif au régime de Kiev. Lors d'une conversation téléphonique le 30 avril 2022, M. Macron a discuté avec M. Zelensky des plans de soutien français à l'Ukraine et a déclaré qu'il augmenterait l'appui militaire à Kiev.

Si Marine Le Pen avait réussi à accéder au pouvoir, la situation aurait radicalement changé. Elle a critiqué ouvertement l'OTAN dans le cadre du conflit ukrainien. Sa position a une base anti-mondialisation. Si elle gagne, la France pourrait devenir un pays avec lequel la Russie pourrait avoir un dialogue. Il a déclaré à plusieurs reprises que la France souffre des sanctions anti-russes imposées, les qualifiant de "harakiri" pour le pays. Malheureusement, la France est maintenant devenue l'otage des intérêts des élites mondialistes.

Comme dernière question, de la géopolitique nous nous tournons vers la philosophie. Quels sont vos philosophes préférés? Et quels sont les penseurs qui, selon vous, devraient être redécouverts en ce moment historique, afin de coopérer au grand réveil qui a lieu?

À mon avis, il est absolument nécessaire de connaître les œuvres de Platon et des néo-platoniciens, ce sont des auteurs fondamentaux qui, entre autres, peuvent nous donner des indices sur les événements qui se produisent aujourd'hui. Dans le platonisme, l'idée de base est celle de la hiérarchie, qui se manifeste à la fois dans l'âme (les trois agencements de l'âme) et dans l'État. Lorsque l'ordre et la hiérarchie sont modifiés, l'aspect matériel - luxurieux - se place en tête, la justice quitte l'âme et l'État, un règne de tyrannie commence (ce que nous voyons aujourd'hui en Occident). Il est également crucial de se référer aux écrits de Gramsci - et à ses idées sur l'"hégémonie" - pour décrire le processus d'assujettissement de l'espace européen au mondialisme. La principale bataille aujourd'hui n'est pas tant militaire que culturelle. Il est donc crucial de comprendre la nouvelle mission de la culture, qui porte la sémantique de la civilisation. En Europe, une culture qui se répand comme une épidémie est la culture du mondialisme (on peut distinguer différentes tendances - cyborgisation de l'art, fascination pour les ontologies orientées vers l'objet et bien d'autres).

Baudrillard avec son idée de la mort dans la modernité est plus pertinent que jamais, à mon avis. En bref, il constate que la société moderne s'efforce d'abolir la mort. En abolissant cette négation de la mort, la mort inonde tout, subordonne tous les processus. Si nous analysons, par exemple, la politique française du point de vue de la thanatologie, alors cette attitude moderne avec le "déni de la mort" peut être vue dans la figure de Macron. Sa focalisation sur la virtualité (une salle pré-électorale dans le jeu Meinkraft), son appel au futur (et non au passé), son biohacking au service de ses mentors idéologiques (Bernard-Henri Lévy) sont autant de preuves de l'idéologie consistant à tenter de surmonter la mort, qui est en fait ancrée dans l'idéologie du mondialisme elle-même.

Si nous essayons de nous tourner vers l'analyse existentielle, je pense qu'il est extrêmement important de suivre la philosophie de Heidegger, qui a brillamment décrit l'expérience du choc de l'homme avec l'Être. L'expérience de la guerre et des conflits est une occasion pour l'homme de voir l'"authentique", une occasion d'accéder à sa base "sacrée".

La présidence hyperréelle de l'acteur Zelenski - Une vision baudrillardienne

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La présidence hyperréelle de l'acteur Zelenski

Une vision baudrillardienne

Source : https://reactionair.nl/artikelen/het-hyperreeele-presidentschap-van-de-acteur-zelenski/

Jean Baudrillard (1929-2007) était un philosophe post-marxiste surtout connu pour son concept d'hyperréalité. Il entend par là que nous avons atteint un stade de l'histoire où la conscience humaine n'est plus capable de distinguer la réalité d'une simulation de celle-ci.

Prenez un pub irlandais, par exemple. Vous y trouverez des choses que vous associez à l'Irlande, comme les trèfles à quatre feuilles, la nourriture irlandaise, la musique irlandaise, les vieux meubles en bois, etc. Mais lorsque vous vous rendez réellement en Irlande, ce concept n'existe pas. Le symbole du pub irlandais représente une réalité inexistante. Avec le temps, un symbole peut devenir plus populaire que ce à quoi il fait référence, car il s'agit d'une exagération qui a plus d'attrait que l'original. Par exemple, les vrais pubs irlandais ne servaient pas de nourriture à l'origine, mais ils le font maintenant, à cause des "pubs irlandais" d'ailleurs.

Baudrillard distingue trois phases dans l'histoire du simulacre, c'est-à-dire de l'imitation. Dans le premier, le symbole représente encore clairement la réalité. Puis, à partir de la révolution industrielle, elle commence à s'effriter. Enfin, dans le monde postmoderne et capitaliste tardif, le symbole précède la réalité. La réalité est désormais façonnée par le monde symbolique. Considérez la célèbre citation d'Oscar Wilde: "La vie imite l'art bien plus que l'art n'imite la vie" (1). Permettez-moi de donner quelques exemples supplémentaires.

Le parc national de Hoge Veluwe. Le Néerlandais moyen y trouvera une scène belle et naturelle, ou du moins une reproduction fidèle de la nature. Mais ce n'est ni l'un ni l'autre. Nous voyons un paysage de bruyère, quelque chose qui n'est apparu qu'au Moyen-Âge par la surexploitation et le surpâturage dans des endroits où il y avait autrefois des forêts. En fait, il faut beaucoup d'efforts humains pour qu'une réserve naturelle ressemble à cela. Les animaux doivent être importés et les arbres abattus. Sans intervention humaine, la forêt repousserait. Une fois de plus, le symbolisme l'emporte sur la réalité. D'autres bons exemples de simulations hyperréalistes sont Disneyland et la pornographie; tous deux imitent une réalité qui est, pour ainsi dire, moins réelle que l'imitation.

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Examinons un autre exemple dans lequel le simulacre a précédé et façonné la réalité: le président ukrainien Vladimir Zelensky. Dans une image, on le voit recevoir un appel téléphonique de l'Union européenne, pour découvrir qu'il était en fait destiné au Monténégro. Mais ce n'est pas réel. C'est là que Zelensky a joué le rôle du président pour une série télévisée comique (2). Cette série était très populaire en Ukraine, ce qui a finalement conduit Zelensky à se présenter aux élections présidentielles et, avec l'aide des mêmes oligarques de l'ombre qui ont stimulé sa carrière d'acteur, à gagner. Encore une fois: la vie imite l'art.

Baudrillard est connu pour avoir affirmé que la première guerre du Golfe n'a pas vraiment eu lieu (3). L'Irak n'avait aucune chance contre l'armée américaine. Ce que Saddam Hussein a fait, c'est sacrifier des soldats afin de maintenir son propre pouvoir. La question suivante se pose donc: quelle est la stratégie de l'Ukraine dans cette guerre? Il me semble qu'il veut provoquer une indignation morale maximale afin d'inciter l'OTAN à intervenir. L'Ukraine ne peut pas gagner une guerre ouverte et symétrique contre la Russie, elle opte donc pour la tactique du Volkssturm. Les civils ont pour instruction de lancer des cocktails Molotov (ou comme ils les appellent eux-mêmes: des Bandera-smoothies), ce qui brouille la ligne entre combattant et non-combattant et explique pourquoi les citoyens de Marioupol n'ont pas été autorisés à fuir sans combattre.

Plus grossier encore, l'armée ukrainienne a tiré sur les troupes russes depuis un réacteur nucléaire à Zaporizhzhia. Cela a provoqué une réponse russe, à laquelle les médias occidentaux ont répondu que le réacteur était en feu - quod non.

De telles choses n'arrivent pas par hasard. C'est une guerre post-moderne. L'objectif est d'entraîner l'OTAN dans la guerre. Les politiciens polonais, tchèques et slovènes se sont également laissés berner par l'acteur Zelensky (entre parenthèses: ce garçon populaire ukrainien et ordinaire est aisé, avec plusieurs villas dans son pays et à l'étranger et des comptes bancaires bien garnis dans des paradis fiscaux) et ont appelé l'OTAN à intervenir.

Il ne s'agit pas d'une guerre ordinaire de pays contre pays. La Russie règne sur le ciel et possède suffisamment d'armes pour raser les villes ukrainiennes. Ils ne font pas cela pour le bien des civils. Les hommes adultes ne sont pas autorisés à quitter le pays et pendant le couvre-feu, tout le monde doit rester à l'intérieur.

La stratégie ukrainienne pour la victoire consiste à gagner la guerre de propagande. L'ensemble de l'Ukraine est devenu une scène sur laquelle le protagoniste Zelensky joue à la guerre dans l'espoir de rallier les puissances étrangères à sa cause. Ce n'est pas pour rien que les figures du showbiz et les produits médiatiques sont richement représentés dans son cabinet. Ce n'est pas pour rien que la profession d'acteur était autrefois considérée comme inférieure à celle d'une prostituée.

Notes:

  1. (1) Oscar Wilde, The picture of Dorian Gray

  2. (2) Wikipedia, Servant of the People

  3. (3) Jean Baudrillard, The Gulf War Did Not Take Place

Le code sacré d'Hollywood

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Le code sacré d'Hollywood

par Andrea Zhok 

Source : Andrea Zhok & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-sacro-codice-di-hollywood

"L'Ukraine était bien plus qu'une guerre mentale en solo: c'était avant tout une guerre de mèmes, de canulars et d'opérations de psycho-information menée par une armée d'influenceurs, d'agences de relations publiques, de conseillers de l'OTAN et de la CIA, de stratèges politiques étrangers, de lobbyistes de Washington D.C. et [d'] un réseau de médias liés aux services de renseignement" (Extrait d'un article d'E. Pietrobon, dans Osservatorio Globalizzazione).

Maintenant, il ne fait aucun doute que l'Occident dirigé par les États-Unis a gagné la bataille de la propagande, de la publicité, de la persuasion médiatique, de la construction de modèles esthétiques, d'impressions et d'images sur toute la ligne depuis bien avant le conflit ukrainien.

Ce sont les États-Unis qui dominent l'imagerie véhiculée par ces porte-avions du consensus que sont Hollywood et les médias sociaux californiens, en passant par l'infotainment importé.

La victoire, cependant, a été si absolue, totale et durable qu'elle a maintenant créé un risque important, à savoir qu'elle n'est plus simplement un instrument de tromperie entre les mains de sujets machiavéliques, mais qu'elle a créé, après deux générations de triomphes, une bulle d'images et de croyances autoréférentielles dont vivent même les classes dirigeantes occidentales.

La question cruciale est de comprendre si le triomphe illimité de la persuasion et de l'imaginaire, indépendamment de toute capacité d'analyse de la réalité, est suffisant pour faire plier la réalité elle-même, pour la soumettre.

En Occident, du moins tant que les rayons des supermarchés resteront pleins, il est probable que le gouvernement de l'imaginaire suffise: les gens - du moins une grande partie d'entre eux - continueront à voir tout ce qui leur arrive uniquement à travers les spectacles médiatiques qu'on leur offre (comme ceux qui reçoivent un Covid dur avec trois doses de vaccin et remercient le ciel parce que "qui sait ce que cela aurait été sans cela").

Mais nous ne devons pas oublier que nos rayons de supermarché, ou notre pompe à essence, ne sont approvisionnés que parce que dans d'autres endroits reculés, il y a des millions de personnes qui se débattent la tête basse, et qui ne peuvent pas se permettre une déconnexion aussi totale que la nôtre entre la réalité avec laquelle ils fonctionnent et leur propre imagination. Ce n'est pas qu'ils soient étrangers ou immunisés contre le bombardement des porte-avions idéologiques américains, mais leur vie quotidienne les oblige à percevoir une certaine distance, une certaine abstraction, peut-être amusante.

Pour nous, Occidentaux, la victoire sur le gouvernement de notre imagination suffira à nous maintenir dans nos chaînes invisibles, et donc invincibles, mais il ne faut pas se leurrer, la réalité, avec sa dureté faite de travail, de sang, de sueur et de terre, n'aura pas le dernier mot.

Cela a toujours été le cas.

Et être "du côté du droit" selon le code sacré d'Hollywood et des influenceurs sur Instagram ne nous protégera pas du tout.

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Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

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Le nationalisme libéral contre les communautés organiques

Alexander Bovdunov

Source: https://www.geopolitika.ru/pt-br/article/o-nacionalismo-liberal-contra-comunidades-organicas

Qui aurait pu l'imaginer ? Francis Fukuyama s'est récemment fait l'avocat du "nationalisme" et suggère de repousser l'avènement de la société mondiale. Mais s'agissait-il d'une "conversion" ou d'une diversion pour arriver à l'État mondial en empruntant à mi-chemin une route nationaliste?

Le penseur libéral sans originalité qu'est Francis Fukuyama a récemment publié un article dans lequel il appelle les libéraux à abandonner la cause de la création d'une "société mondialisée et à embrasser plutôt le nationalisme" (entendu comme un nationalisme civique) [1].

Bien sûr, il n'est pas surprenant que Fukuyama prône le "nationalisme libéral", puisqu'il affirme depuis 2000 qu'il est nécessaire de soutenir et de cimenter la création de structures modernes ("États-nations") dans le monde entier afin que le libéralisme puisse les utiliser comme un outil pour détruire les restes de communautés et de traditions pré-modernes qui survivent encore. L'article dit en substance: "Nous voulons créer un monde sans États-nations, mais comme cela est encore impossible, il vaut mieux utiliser les États-nations comme moyen d'atteindre cet objectif". Il affirme également que "malheureusement, l'opération militaire spéciale russe en Ukraine montre que nous n'avons pas encore créé un monde post-historique".

Fukuyama est favorable à un nationalisme civique de type jacobin qui détruit toutes les formes de communautés et de solidarités organiques, car "les sociétés libérales ne devraient pas reconnaître officiellement les groupes fondés sur des identités fixes telles que la race, l'ethnie ou la tradition religieuse. Ce n'est que par le "nationalisme" que l'on peut construire des valeurs et des attitudes uniformes compatibles avec le libéralisme. En outre, Fukuyama considère que le fédéralisme renforce les "identités ethniques et religieuses" pré-modernes.

Étrangement, Fukuyama considère l'Ukraine comme un parfait exemple de "nationalisme" libéral, puisque "ses citoyens se sont engagés en faveur de l'indépendance et de l'idéologie libérale et démocratique, faisant clairement savoir qu'ils sont prêts à se battre pour elle jusqu'à leur dernier souffle. Cependant, ils n'ont pas été en mesure de construire un État qu'ils peuvent appeler le leur". Fukuyama considère apparemment que les "droits de l'homme" et la société ouverte de Karl Popper ont pour représentant légitime le "bataillon d'Azov", allant jusqu'à laisser entendre que le nationalisme ukrainien est très similaire à celui épousé par les "pères fondateurs" des États-Unis.

Pourtant, Fukuyama admet que dans les États-nations où il existe des groupes ethniques et religieux hétérogènes, le fédéralisme peut résoudre les conflits des peuples qui "occupent le même territoire depuis des générations et ont leurs propres traditions culturelles et linguistiques", mais "le fédéralisme exige la dévolution du pouvoir à des entités infranationales indépendantes". Toutefois, cette solution a été écartée par l'Ukraine.

mercredi, 04 mai 2022

Changement "du" système ou changement "dans" le système?

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Changement "du" système ou changement "dans" le système?
 
"L'engagement sur la voie des grandes décisions par les armes"

 

Guerre régionale ou guerre générale?

 

Irnerio Seminatore

 

Sources:

 
 

Clausewitz et ses enseignements

"Si l'un des deux belligérants est décidé à s'engager sur la voie des grandes décisions par les armes, ses chances de succès sont considérables, pour peu qu'il soit certain que l'autre ne désire pas s'y engager" (Clausewitz). Cette proposition s'applique parfaitement à la Russie et à l'Ukraine. Les deux belligérants y étaient engagés depuis longtemps et leur dialogue, diplomatique et militaire, était soutenu, en sous mains, par des co-belligérants occultes, américains, britanniques, allemands, français, polonais, baltes et autres, qui armaient et entrainaient les Ukrainiens de Zelenski. Ainsi le réveil européen pour la guerre n'a été qu'une "fake news". "La bulle" de la grande hypocrisie occidentale, qu'on avait ignoré. La primauté de la politique n'est point une proposition théorique. L'Occident et la Russie étaient déjà en guerre, mais ils ne le savaient pas encore officiellement, ou ils feignaient plutôt de l'ignorer. Sinistre Illusion ! Les Européens de l'Ouest ont mis dans les armoires de leurs chimères du passé, amnésiques, les livres trompeurs de Kant, Alain, Russell et autres munichois et humanistes.

Par ailleurs les institutions européennes, en antennes éminentes du cartel international de la morphine historique, dont la Commission s'est voulue l'outil "géopolitique”, sont passées à la livraison d'armements pour prolonger le carnage des peuples. Les plus lucides n'ont pas découvert aujourd'hui la guerre ou sa barbarie, mais le visage et la perversion d'eux-mêmes, sous le masque d'un agitateur de théâtre.  C'était la violence des Yankees, le cynisme d’Albion, la logique déraisonnable et non rationnelle des Français et l'échine paralysée des Allemands. Tous croupis, au fond d'eux-mêmes, par la peur et par le manque de lucidité et de courage. Paix et Guerre, une intimité antique !

Révisons ensemble la dialectique de l'antagonisme historique et considérons les issues possibles de chaque type de paix et de chaque type de guerre. Une lecture qui sera conduite à la lumière de la politique étrangère, comportant l'unité du verbe diplomatique et de l'action militaire, unité qui, au sein de l'alliance atlantique, exclut la solidarité totale de tous les alliés. Or, puisque la subordination de la guerre à la politique dépend d'un ensemble d'intérêts, de facteurs et de circonstances, laquelle des politiques pratiquées les Européens suivront-ils, en calquant le chemin de Zelenski, de la Commission européenne et de l'Alliance Atlantique ? Pour quels enjeux et jusqu’où ? Clausewitz nous en rappelle les issues possibles: "Si la politique est grandiose et puissante, la guerre le sera aussi et pourra même atteindre les sommets, où elle prend sa forme absolue". Or l'inégalité des buts de guerre et l'inégalité de force et de résolution, subordonnera la montée aux extrêmes de la guerre à la réaction de l'autre et cela suite au principe de polarité.

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La Macht-Welt-Politik et ses revers

Si nous assumons le principe que le "type de paix" souhaitée détermine en large partie le "type de guerre" à mener, dans le but de parvenir à une "paix de satisfaction", une classification ternaire des paix (d'équilibre, d'hégémonie ou d'empire), nous indique que la violence des conflits est imputable à la géométrie des rapports de force. C'est la grandeur des enjeux qui accroit la détermination politique et l'ardeur des combats. Dans le cas du conflit ukrainien l'enjeu pour les deux parties c'est le passage d'une configuration du système international à un autre (bipolaire à multipolaire). Cela signifie pour l'Ukraine sa disparition en tant qu'Etat de la scène inter-étatique et son passage d'une zone impériale (atlantique) à une autre (russe).

Pour la Russie l'enjeu existentiel, serait, en cas d'échec, un déclassement de puissance à long terme et un tremblement géopolitique inacceptable, interne et extérieur, qui serait tectonique et fatale pour l'Europe, la Russie et l'Eurasie. Par son étendue il concernerait une turbulence élargie à l'ensemble des relations systémiques, multipolaires, intercontinentales et inter-étatiques. Dans la perception de la Russie et des autres acteurs de la communauté internationale le glissement inévitable de la guerre vers un conflit d'ampleur, amènerait à la restauration d'une zone impériale, qui rivaliserait avec la puissance hégémonique déclinante. Dans cette hypothèse une guerre de grande ampleur serait inévitable car elle mettrait en cause le pivot dominant du système (les Etats-Unis), les poussant prématurément à agir.

La signification historique et systémique de la crise Ukrainienne

Entrer dans la crise ukrainienne ou s'y laisser entraîner revêt une signification plus générale et plus abstraite. En effet il s'agit d'une "crise d'équilibres" régionale qui déplace le centre de gravité du système, la fameuse "Balance of Power" vers l'Est et montre la vanité de la résistance d'une zone de jonction géopolitique (l'Ukraine de Zelenski), rendant évidente l'incapacité des Etats européens de l'Ouest à influer sur les autres et tous ensemble sur la Russie. Celle-ci, contrairement à l'Ouest du continent doit son existence et sa sécurité à elle-même, tandis que les Etats européens, derrière l'encadrement de l'alliance atlantique doivent leur existence et leur sécurité à un acteur extérieur au continent, l'Amérique.

C'est l'Amérique qui choisit son ennemi principal, son théâtre décisif et le centre de gravité de son empire futur, ailleurs (Asie- Pacifique), que dans une zone d'influence disputée. Gagner ici (théâtre régional européen), c'est perdre dans l'Indo-Pacifique (théâtre systémique), au profit de la puissance chinoise. Or la "Paix d'équilibre" qui conviendrait à l'Europe, dictée  par "the anxiety with to the the balance of power is apparent..(David Hume) et se situe entre la puissance extérieure dominante (Etats-Unis) et la puissance extérieure révisionniste (Fédération de Russie).

Selon David Hume et selon "le common sens and obvious reasoning", jamais un Etat (en l'espèce la Russie? ou la Novorossyia? ou un nouvel Empire?), ne doit posséder des forces telles que les Etats voisins soient incapables de défendre leurs droits et leurs libertés contre lui (argument invoqué par la Pologne, les pays baltes, la Finlande et la Suède). Cet argument est à l'image du cas de l'empire romain, qui fut capable de soumettre l'un après l'autre ses adversaires et ses ennemis, avant qu'ils fussent en mesure de préserver les alliances qui auraient dû préserver leur indépendance. Cependant, puisque dans les relations internationales la réussite des grandes épreuves est fondée sur la légitimité, bien qu'hétérogène et sur les rapports de force, bien que variables, il est à supposer que l'unité des Etats européens de l'Ouest se réalisera  davantage par la coordination des pays qui disposent d'un vrai noyau de force (France et Allemagne) et qui, par la perte de légitimité de l'Union, fera de celle-ci une expérience marginale, non prioritaire et non décisive du processus de rapprochement des Etats du continent. En réalité l'hétérogénéité du principe de légitimité de l'Union (cas de la Pologne et de la Hongrie) est à la base de sa fissuration politique et l’asymétrie de son "noyau dur", est à la base de sa différente conception de la souveraineté et de sa géopolitique mondiale, dont la crise ukrainienne est l'une des manifestations.

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David Hume, Morton Kaplan et la théorie de l'équilibre

Que la politique de l'équilibre continental ou son statu-quo antérieur au conflit, plus favorable au camp de l'alliance atlantique, serve à préserver le système et justifie les puissances insulaires (Grand Bretagne et Etats-Unis), dans leur rôle de pourvoyeuses d'armements, est apparu immédiatement, comme l'un des objectifs de la coalition des puissances globalistes et de leur intervention indirecte, limitée et tardive.  De ce point de vue il faut empêcher à tout prix l'unification des terres slaves par la Russie, -ont elles pensé- après l'élimination historique de l'Allemagne avec la IIème guerre mondiale, comme acteur principal du continent et porteur de la possibilité d'une soudure de la terre centrale (le Heartland) en fonction anti-hégémonique. La Russie sait pertinemment qu'elle est tenue pour un Etat perturbateur, soupçonné de vouloir reconstituer un ensemble politique impérial et dominateur dans son pourtour d’Etats indépendants.

Dans de pareilles conditions, après l'effondrement de l'Union soviétique elle s'attend à être tenue comme une menace pour l'hégémonie et, par les Etats-Unis, comme la réémergence d'un rival. Or, si en fonction du "système européen" du XIXème David Hume avait défini la formule la plus simple de l'équilibre, analysant en particulier la rivalité de la France et de l'Allemagne, la politique de " l'équilibre multipolaire" du XXIème, définie de façon générale comme "Balance of Power" a été formulée dans les années cinquante par Morton Kaplan, qui repère six règles abstraites, auxquelles doivent s'attendre les unités politiques si un Etat aspire à l'Hégémonie en perturbateur du système, suscitant l'hostilité de tous les Etats conservateurs. C'est exactement ce qui arrive à la Russie aujourd'hui, qui a pris l'initiative des hostilités, dans l'acharnement des sanctions économiques et financières et dans la tentative d'isolement international et d'affaiblissement politique et militaire, dont témoigne l'envoi d'armements lourds à l'Ukraine de Zelenski.

"Paix d'équilibre" ou "paix d'empire" ? Changement "du" système, ou changement "dans" le système ?

"Entre la "paix d'équilibre" et la "paix d'empire", s'intercale "la paix d'hégémonie" dit Raymond Aron, mais, il ajoute, "l'hégémonie est une modalité précaire de l'équilibre", assurée par une volonté marquée d'indépendance, car les amitiés et les inimitiés sont historiquement temporaires. La "paix d'équilibre" de l'Europe du XIXème avait un caractère conjoncturel et se limitait à la "prépondérance" de l'Allemagne de Bismarck, que la Grande Bretagne empêchera de se transformer en hégémonie continentale. Aujourd'hui, en cas de victoire de la Russie poutinienne, les occidentaux pourront-ils l'empêcher de devenir une puissance hégémonique à l'échelle multipolaire et globale (Russie, Chine, Inde, Iran, tiers non engagés), de puissance prépondérante qu'elle était à l'échelle continentale (Europe orientale et sud orientale) ?

Cette perspective historique est rendue plausible par le fait que le modèle "parfait" de guerre, selon la typologie classique, est la "guerre inter-étatique" ou nationale, qui met aux prises des unités politiques de même nature et de même zone de civilisation, dans le but de préserver l'existence du pays, tandis que les "guerres impériales" visent l'élimination d'un belligérant et la constitution d'une unité politique supérieure, composée de plusieurs unités hétérogènes.

La guerre qui caractérise l'issue entreprise  par la Russie, serait pour ses adversaires le début d'une entreprise sans fin, une confrontation imparfaite et hétérogène qui met aux prises des relations inter-étatiques, trans-nationales et sociétales, qu'il faut stopper au plus vite et par tous les moyens. Il s'agirait d'un type de conflit qui ne peut donner lieu à une "paix de satisfaction", mais à des conflits prolongés, à des armistices précaires et belliqueux, asymétriques, terroristes et hybrides, dus à la coexistence d'intérêts contradictoires, dépourvus d'une perspective commune. Bien que né de la revendication d'un principe de légitimité, le principe de souveraineté étatique, revendiqué par l'Ukraine cet amalgame d'intérêts attisera des rivalités perpétuellement renaissantes surtout en Europe et conduirait qu'à une paix belliqueuse et, plus probablement, à un guerre civile permanente.

Dans le cas de la crise ukrainienne, dirigée de l'extérieur par les Etats-Unis et en subordre, par les Européens, le but de guerre et l'issue finale, changeront-ils "le" système international ou bien produiront-ils une modification des rapports de force "dans" le système ? On pourrait opiner avec Joe Biden que la "bonne" hypothèse est dans la première réponse et donc dans l'option d'une guerre limitée et dans la préservation de l'hégémonie américaine et avec Vladimir Poutine dans la deuxième, autrement dit dans le double désir de sécurité et de gloire (ou de prestige), car changeraient alors les deux éléments qui commandent à tout système international, le rapport de force, qui deviendrait plus favorable aux puissances de la terre (Russie, Chine, Inde, Iran, non-Alignés) et le principe de légitimité (oligarchique, autocratique ou despotique), renversant le cours de l'histoire, qui est allée jusqu'ici de l'Occident vers l'Orient.

Bruxelles le 23  avril 2022

Le Nouvel Ordre Mondial dans le contexte des théories des relations internationales

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Le Nouvel Ordre Mondial dans le contexte des théories des relations internationales

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/nwo-context-international-relations-theories

Nous devons comprendre ce qui se passe pour nous et autour de nous. Pour ce faire, le bon sens ne suffit pas, il faut des méthodologies. Considérons donc l'OMS (Opération militaire spéciale) dans le contexte d'une discipline comme les relations internationales (RI).

Il existe deux grandes écoles de pensée en relations internationales: le réalisme et le libéralisme. Nous allons discuter de celles-ci, bien qu'il en existe d'autres, mais ces deux-là sont les principales. Si vous n'êtes pas familier avec ces théories, n'essayez pas de deviner ce que l'on entend ici par "réalisme" et "libéralisme", la signification des termes serait tirée du contexte.

Ainsi, le réalisme en RI repose sur la reconnaissance de la souveraineté absolue de l'État-nation; cela correspond au système westphalien de relations internationales qui a émergé en Europe à la suite de la guerre de 30 ans qui s'est terminée en 1648. Depuis lors, le principe de souveraineté est resté fondamental dans le système du droit international.

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Les réalistes RI sont ceux qui tirent les conclusions les plus radicales du principe de souveraineté et pensent que les États-nations souverains existeront toujours. Cela se justifie par la compréhension que les réalistes ont de la nature humaine: ils sont convaincus que l'homme, dans son état naturel, est enclin au chaos et à la violence contre les plus faibles, et qu'un État est donc nécessaire pour empêcher cela; en outre, il ne devrait y avoir aucune autorité au-dessus de l'État pour limiter la souveraineté. Le paysage de la politique internationale consiste donc en un équilibre des forces en constante évolution entre les États souverains. Le fort attaque le faible, mais le faible peut toujours se tourner vers le fort pour obtenir de l'aide. Des coalitions, des pactes et des alliances se forment. Chaque État souverain défend ses intérêts nationaux sur la base d'un froid calcul rationnel.

Le principe de souveraineté rend les guerres entre États possibles (personne ne peut interdire à quelqu'un d'en haut de faire la guerre, car il n'y a rien de plus élevé qu'un État), mais en même temps la paix est également possible, si elle est avantageuse pour les États, ou si dans une guerre il n'y a pas d'issue univoque.

C'est ainsi que les réalistes voient le monde. En Occident, cette école a toujours été assez forte et a même prévalu, aux États-Unis, elle reste assez influente aujourd'hui: environ la moitié des politiciens américains et des experts en RI suivent cette approche, qui a dominé pendant la présidence Trump, la plupart des républicains (sauf les néocons) et certains démocrates y penchent.

Considérons maintenant le libéralisme en RI. Ici, le concept est très différent. L'histoire est vue comme un progrès social continu, l'État n'est qu'une étape sur la route du progrès, et tôt ou tard, il est appelé à disparaître. Puisque la souveraineté est entachée d'une possibilité de guerre, il faut essayer de la surmonter et de créer des structures supranationales qui la limitent d'abord, puis l'abolissent complètement.

Les libéraux de la RI sont convaincus qu'un gouvernement mondial doit être établi et que l'humanité doit être unie sous l'impulsion des forces les plus "progressistes", c'est-à-dire les libéraux eux-mêmes. Pour les libéraux de la RI, la nature humaine n'est pas une constante (comme c'est le cas pour les réalistes) mais peut et doit être changée. L'éducation, l'endoctrinement, les médias, la propagande des valeurs libérales et d'autres formes de contrôle des esprits sont utilisés à cette fin. L'humanité dans son ensemble doit devenir libérale et tout ce qui est illibéral doit être exterminé et banni. Car ce sont là les "ennemis de la société ouverte", les "illibéraux". Après la destruction des "illibéraux", il y aura une paix mondiale - et personne ne sera en guerre contre personne. Pour l'instant, la guerre est nécessaire, mais uniquement contre les "illibéraux" qui "entravent le progrès", défient le pouvoir des élites mondiales libérales et ne sont donc pas "humains", en aucune façon, et peuvent donc être traités de n'importe quelle manière - jusqu'à l'extermination totale (y compris l'utilisation de pandémies artificielles et d'armes biologiques).

Dans un avenir proche, selon ce concept, les États seront abolis et tous les humains se mélangeront, créant une société civile planétaire, un seul monde. C'est ce que l'on appelle le "globalisme". Le globalisme est la théorie et la pratique du libéralisme dans les RI.

La nouvelle version du libéralisme comporte un élément complémentaire aujourd'hui: l'intelligence artificielle dominera l'humanité, les gens deviendront d'abord sans sexe, puis "immortels", ils vivront dans le cyberespace et leur conscience et leur mémoire seront stockées sur des serveurs en nuage, les nouvelles générations seront créées dans une éprouvette ou imprimées par une imprimante 3D.

Tout cela se reflète dans le projet Great Reset du fondateur du Forum de Davos, Klaus Schwab.

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Les libéraux constituent l'autre moitié des politiciens et des experts en relations internationales en Occident. Leur influence augmente progressivement et dépasse parfois celle des réalistes en matière de RI. L'actuelle administration Biden et la majorité du parti démocrate américain sont des libéraux qui poussent dans ce sens. Les libéraux sont également dominants dans l'UE, qui est la mise en œuvre d'un tel projet, puisqu'elle vise à construire une structure supranationale. Ce sont les libéraux en matière de RI qui ont conçu et créé la Société des Nations, puis l'ONU, le Tribunal de La Haye, la Cour européenne des droits de l'homme, ainsi que le FMI, la Banque mondiale, l'OMS, le système éducatif de Bologne, la numérisation et tous les projets et réseaux mondialistes, sont tous l'œuvre des libéraux. Les libéraux russes font partie intégrante de cette secte mondiale, qui a toutes les caractéristiques d'une secte totalitaire.

Appliquons maintenant ces définitions au NOM (Nouvel Ordre Mondial). Après l'effondrement de l'URSS, l'Ukraine est devenue un outil des libéraux et des réalistes au sein des RI - précisément un outil de l'Occident. Les libéraux du MdD ont encouragé l'intégration de l'Ukraine dans le monde global et ont soutenu ses aspirations à rejoindre l'Union européenne et l'OTAN (l'aile militaire du globalisme); les réalistes du MdD ont utilisé l'Ukraine dans leurs intérêts contre la Russie; pour ce faire, il était nécessaire de faire de l'Ukraine un État-nation, ce qui contredisait l'agenda purement libéral. C'est ainsi que s'est formée la synthèse du libéralisme ukrainien et du nazisme contre laquelle l'Opération Militaire Spéciale se bat. Le nazisme en acte en Ukraine (l'Extrême droite, le Bataillon Azov et d'autres structures interdites en Russie) était nécessaire pour construire une nation et un État souverain le plus rapidement possible. L'intégration dans l'Union européenne exigeait une image ludique et comiquement pacifiste (ce fut le choix de Zelenski). Le dénominateur commun était l'OTAN. C'est ainsi que les libéraux et les réalistes IR ont obtenu un consensus russophobe en Ukraine. Lorsque cela était nécessaire, ils ont fermé les yeux sur le nazisme, les valeurs libérales et les parades de la gay pride.

Venons-en maintenant à la Russie. En Russie, depuis le début des années 1990, sous Eltsine, Tchoubais et Gaidar, le libéralisme a fermement dominé les RI. La Russie d'alors, comme l'Ukraine d'aujourd'hui, rêvait de rejoindre l'Europe et d'adhérer à l'OTAN. Si cela avait exigé une plus grande désintégration, les libéraux du Kremlin auraient été prêts à le faire aussi; mais à un moment donné, Eltsine lui-même et son ministre des affaires étrangères Evgueni Primakov ont légèrement ajusté l'agenda: Eltsine n'appréciait pas le séparatisme en Tchétchénie, Primakov a déployé un avion au-dessus de l'Atlantique pendant le bombardement de la Yougoslavie par l'OTAN. Il s'agissait de faibles signes de réalisme. La souveraineté et les intérêts nationaux étaient invoqués, mais de manière hésitante, timide.

Le vrai réalisme a commencé lorsque Poutine est arrivé au pouvoir. Il a vu que ses prédécesseurs avaient affaibli la souveraineté à l'extrême, happés qu'ils étaient par la mondialisation, et que le pays était par conséquent sous contrôle étranger. Poutine a commencé à restaurer la souveraineté. Tout d'abord, dans la Fédération de Russie elle-même - la deuxième campagne de Tchétchénie, la suppression des clauses de souveraineté de la Constitution, etc., puis il a commencé à s'occuper de l'espace post-soviétique - ce furent les événements d'août 2008 dans le Caucase du Sud, puis la Crimée et le Donbass en 2014. Dans le même temps, il est révélateur que la communauté internationale des experts (SWOP, RIAC, etc.) et le MGIMO ont continué à être complètement dominés par la ligne du libéralisme. Le réalisme n'a jamais été mentionné. Les élites sont restées libérales - tant celles qui s'opposaient ouvertement à Poutine que celles qui acceptaient à contrecœur de se soumettre à lui.

L'Opération Militaire Spéciale a, comme un flash-back, éclairé la situation au sein du ministère russe de la Défense. Derrière l'Ukraine, il y a une alliance de libéraux et, en partie, de réalistes au sein du ministère de la Défense, c'est-à-dire les forces du mondialisme qui se sont retournées contre la Russie. Pour les libéraux (et Biden et son administration (Blinken and Co.), comme Clinton et Obama avant lui, appartiennent précisément à cette école), la Russie est l'ennemi absolu, car elle constitue un obstacle sérieux à la mondialisation, à l'instauration d'un gouvernement mondial et d'un monde unipolaire. Pour les réalistes américains (et en Europe les réalistes sont très faibles et à peine représentés) la Russie est un concurrent pour le contrôle de l'espace de la planète. Ils sont généralement hostiles, mais pour eux, soutenir l'Ukraine contre la Russie n'est pas une question de vie ou de mort: les intérêts fondamentaux des Etats-Unis ne sont pas affectés par ce conflit. Il est possible de trouver un terrain d'entente avec eux, pas avec les libéraux.

Pour les libéraux de la RI, cependant, c'est une question de principe. L'issue de l'Opération Militaire Spéciale déterminera s'il y aura ou non un gouvernement mondial. La victoire de la Russie signifierait la création d'un monde entièrement multipolaire dans lequel la Russie (et la Chine et, dans un avenir proche, l'Inde) jouirait d'une souveraineté réelle et forte, tandis que les positions des entités alliées de l'Occident libéral, qui acceptent la mondialisation et sont prêtes à compromettre leur souveraineté, seraient dramatiquement affaiblies.

En conclusion, le libéralisme dans les RI vise à imposer la politique du genre, la guerre de l'information et la guerre hybride, l'intelligence artificielle et le post-humanisme, mais le réalisme évolue également de son côté: confirmant la logique de S. Huntington (incidemment, un partisan du réalisme dans les RI), qui parlait du "choc des civilisations", les principaux acteurs ne sont pas des États mais des civilisations, ce qu'il appelle les Grands Espaces. Ainsi, le réalisme glisse progressivement vers la théorie du monde multipolaire, où les pôles ne sont plus les États-nations, mais les États-continents, les empires. Ceci est également clairement visible dans le déroulement de l'Opération Militaire Spéciale.

En termes de diverses théories des relations internationales, l'Opération lancée par la Russie en Ukraine a simultanément inauguré un conflit entre :

    - l'unipolarité et la multipolarité,
    - le réalisme et le libéralisme dans les RI,
    - la petite identité (nazisme ukrainien artificiel) et la grande identité (fraternité eurasienne de la Russie),
    - la civilisation de la terre (Land Power) contre la civilisation de la mer (Sea Power) dans la bataille pour la zone côtière (Rimland), qu'a toujours explicité la géopolitique,
    - l'État défaillant et l'empire résurgent.

Sous nos yeux et avec nos mains et notre sang, maintenant - en ce moment même - la grande histoire des idées est en train de se faire.

Les effets en cascade de la cyberguerre

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Les effets en cascade de la cyberguerre

Leonid Savin

Source: https://www.geopolitika.ru/en/article/cascading-effects-cyber-warfare

Dans le présent article, nous aborderons les aspects actuels de la cyber-guerre que mènent les États-Unis et les pays de l'OTAN contre la Russie. Bien entendu, le concept même de "cyber" doit être compris dans le sens traditionnel, platonicien, où le "cybernet" constitue le souverain. Par conséquent, même l'application des technologies de communication modernes est une question de domination et de contrôle.

Le 10 mars 2022, une autre conférence juridique du Cyber Command s'est tenue aux Etats-Unis pour discuter d'un certain nombre d'aspects juridiques et de questions de sécurité nationale.

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Étant donné que l'opération lancée par la Russie en Ukraine était déjà en cours à ce moment-là, le chef du Cyber Command, le général Nakasone (photo), n'a pas pu s'empêcher d'en parler, notant que "le Cyber Command surveille la ligne de front numérique des actions russes en Ukraine...". Le conflit russo-ukrainien augmente la probabilité d'opérations russes dans le cyberespace visant les intérêts américains et alliés... La situation en Ukraine a revigoré nos alliances et augmenté l'appétit pour des opérations conjointes parmi nos partenaires internationaux dans le cyberespace. C'est un aveu ouvert sur la structure d'élite du Pentagone qui travaille contre la Russie. Il semble que dès les premiers jours, on ait tiré certaines conclusions à Washington.

Le lieutenant général Charles Moore, qui est l'adjoint de Nakasone, a expliqué que la combinaison d'opérations d'information et de mesures cybernétiques pourrait donner aux États-Unis un avantage stratégique sur leurs futurs adversaires. "Sans aucun doute, nous avons appris que les opérations de cyberattaque, lorsqu'elles sont combinées - plutôt une approche globale - avec ce que nous appelons traditionnellement les opérations d'information, sont un outil extrêmement puissant." Selon lui, les États-Unis devraient adopter "une stratégie visant à influencer les perceptions des adversaires.

Il s'agit d'un niveau de guerre informationnelle-psychologique, cognitive ou mentale.

Entre-temps, M. Moore a déclaré que son commandement dispose des autorisations nécessaires pour mener des opérations quotidiennes visant à s'engager continuellement avec les adversaires dans le cyberespace pour exposer leurs cybermesures et les forcer à faire des dépenses. "Nous montrons que nous pouvons opérer dans cet espace en dessous du niveau d'utilisation de la force - en dessous de ce que nous considérerions comme un conflit armé - et mieux nous défendre sans escalade", a-t-il déclaré.

Pour le dire autrement, il s'agit du type de guerre hybride auquel les experts de l'OTAN se plaisent à faire référence ces dernières années, car l'une de ses caractéristiques est un niveau inférieur au seuil du conflit armé traditionnel.

Sur le plan pratique, il faut se pencher sur le cyber exercice OTAN Locked Shields, qui s'est déroulé du 19 au 22 avril au Centre de cybersécurité de Tallinn.

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Selon les responsables, cet exercice annuel de défense des réseaux en temps réel offre aux participants une occasion unique de s'entraîner à protéger les systèmes informatiques civils et militaires nationaux et les infrastructures critiques. Ils se déroulent dans un environnement sous haute pression, avec une série de cyberattaques sophistiquées s'abattant sur les équipes. Les exercices sont l'occasion de pratiquer la coopération en cas de crise entre les unités civiles et militaires, ainsi que les secteurs public et privé, car ces décideurs tactiques et stratégiques doivent travailler ensemble en cas de cyberattaque de grande envergure.

Dans le scénario de cette année, la nation insulaire fictive de Berelia connaît une situation sécuritaire qui se détériore. Une série d'événements hostiles a coïncidé avec des cyberattaques coordonnées sur des systèmes informatiques militaires et civils clés.

En plus de protéger de multiples systèmes cyber-physiques, les équipes impliquées s'exercent à la prise de décision tactique et stratégique, à la coopération et à la subordination dans une situation de crise où elles doivent également traiter des questions judiciaires et juridiques et répondre aux défis des opérations d'information.

Les similitudes avec l'Ukraine sont évidentes.

Cette année, plus de 2000 participants de 32 pays ont pratiqué ces actions. Quelque 5500 systèmes virtualisés ont été impliqués dans l'exercice, qui a été soumis à plus de 8000 attaques. Outre la sécurisation de systèmes informatiques complexes, les équipes participantes doivent également signaler efficacement les incidents et s'occuper de la criminalistique, des aspects juridiques, des opérations médiatiques et de la guerre de l'information.

L'exercice a été organisé par l'OTAN en coopération avec Siemens, TalTech, Arctic Security, CR14. Le Centre reconnaît également les éléments uniques ajoutés à Locked Shields 2022 par Microsoft Corporation, le Financial Services Information Sharing and Analysis Centre (FS ISAC), SpaceIT, Fortinet.

Nous pouvons donc constater que la grande industrie occidentale aide ouvertement l'OTAN dans la cyberguerre.

Ajoutons que de nombreux experts occidentaux en cybersécurité et des responsables ukrainiens n'ont cessé de mentionner que la Russie compléterait son opération par une puissante cyberattaque visant les infrastructures critiques.

En général, les publications américaines à vocation militaire diffusent continuellement des informations sur d'éventuelles nouvelles cyberattaques de la Russie contre des infrastructures critiques aux États-Unis et dans d'autres pays occidentaux.

Incidemment, à la veille de l'exercice, le Tallinn Center a publié une autre monographie collective sur la cybersécurité, consacrée aux attributions des cyberattaques. Elle accuse la Russie d'avoir interféré dans l'élection américaine et d'avoir lancé une cyberattaque avec SolarWinds en 2020.

Et le 7 avril, une nouvelle initiative visant à développer les technologies critiques et émergentes, l'Accélérateur d'innovation de défense pour l'Atlantique Nord - DIANA, a été lancée au siège de l'OTAN.

DIANA devrait permettre de réunir le personnel de la défense et les jeunes talents, les chercheurs universitaires et les entreprises technologiques les plus brillants de l'Alliance pour relever les défis critiques en matière de défense et de sécurité. Les innovateurs participant aux programmes DIANA auront accès à un réseau de dizaines de sites d'accélération et de centres d'essai dans plus de 20 pays alliés. Les dirigeants de l'OTAN ont décidé que DIANA disposera d'un bureau régional en Europe et en Amérique du Nord. Le bureau régional européen de DIANA a été choisi à la suite d'une candidature conjointe de l'Estonie et du Royaume-Uni, et le Canada envisage activement d'accueillir un bureau régional nord-américain.

DIANA se concentrera sur les technologies profondes et de rupture que l'OTAN a définies comme prioritaires, notamment : l'intelligence artificielle, le traitement des données massives, les technologies quantiques, l'autonomie, la biotechnologie, les nouveaux matériaux et l'espace.

Les Alliés occidentaux ont également décidé de créer un fonds multinational d'innovation de l'OTAN. Il s'agit du premier fonds de capital-risque multi-souverain au monde. Il investit un milliard d'euros dans des start-ups en phase de démarrage et dans d'autres fonds de technologie profonde qui correspondent à ses objectifs stratégiques.

Si vous regardez la carte des centres de cette initiative, ils sont concentrés en Europe de l'Est, c'est-à-dire plus près des frontières de l'Ukraine et de la Russie/Biélorussie. Cet emplacement a clairement été choisi avec une certaine intention.

Si l'on considère d'autres aspects pratiques de la guerre contre la Russie, l'enquête journalistique sur le programme d'espionnage des Zignal Labs, grâce auquel les États-Unis ont suivi le mouvement des troupes russes avant même l'opération en Ukraine et ont identifié les soldats, est très importante.

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Il est évident que ces données ont été transmises à la partie ukrainienne.

La numérisation du Pentagone se poursuit également à un rythme accéléré. Le 25 avril, l'un des dirigeants de Lyft, Craig Martell, a été nommé responsable de la transformation numérique et de l'intelligence artificielle au Pentagone.

Martell a également travaillé sur l'apprentissage automatique chez Dropbox et LinkedIn. On sait que son adjoint sera Margaret Palmieri, responsable de la guerre numérique à l'US Navy.

L'armée américaine utilise actuellement l'intelligence artificielle pour analyser les opérations de combat en Ukraine, ce qui permet de traiter plus rapidement de grandes quantités de données et de simuler divers scénarios. Il est probable que les États-Unis souhaitent dériver une formule générale qui permettra de calculer les vulnérabilités de la Russie et de les utiliser à l'avenir.

De plus, à en juger par le site Web du Département d'État américain, l'agence se concentre désormais sur les activités anti-russes, ce qui ne peut qu'être alarmant. Si vous descendez sur le site, vous pouvez voir des publications consacrées exclusivement à la Russie, laquelle y est toujours présentée sous un jour négatif. Trois articles ont été postés en avril, bien que les thèmes datent de 2017, 2018 et 2020. Il est clair que cela fait partie de la campagne globale de désinformation contre la Russie. Cela dit, ce site ShareAmerica lui-même a été, comme indiqué, créé pour couvrir la vie et les événements aux États-Unis.

Si l'on place tout ces éléments dans un même puzzle et que l'on ajoute le flux 24/7 de faux et de mises en scène à des fins politiques, on obtient une conclusion assez sérieuse avec laquelle il faut compter et à laquelle il faut répondre en conséquence.

Le problème de l'hybris

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Le problème de l'hybris

Alexander Bovdunov

https://www.geopolitika.ru/es/article/el-problema-de-la-hibris

Les Grecs anciens considéraient l'ὕβρις (Hýbris) de manière négative et utilisaient ce mot pour parler d'un mixte qui est le produit de l'orgueil, de l'arrogance et de la confiance excessive en soi.

Hans_Morgenthau.jpgLe politologue réaliste Hans Morgenthau (photo) avait l'habitude de faire remarquer que le concept d'ὕβρις avait une signification assez particulière dans l'Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide. Contrairement aux néo-réalistes, les réalistes anglo-saxons proposent de revenir aux penseurs classiques (c'est-à-dire les Grecs) et de retrouver des catégories telles que "équilibre des forces", "puissance" et "anarchie internationale" pour comprendre la réalité.

Les réalistes soutiennent que l'ὕβρις a été la cause du déclin et de la défaite d'Athènes, car c'est le déclin de la vertu qui a finalement provoqué la chute de cette polis grecque. Selon les réalistes, la maîtrise de soi est l'un des fondements du pouvoir et ne pas la pratiquer ne peut que conduire au désastre. Morgenthau a écrit que "l'arrogance qui apparaît dans les tragédies grecques et chez Shakespeare se retrouve chez des personnages historiques bien connus tels qu'Alexandre, Napoléon et Hitler".

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Le succès et l'ivresse du pouvoir conduisent à l'ὕβρις et font que les dirigeants d'un État - et par extension l'État lui-même - finissent par surestimer leur capacité à contrôler le monde entier: c'est l'arrogance qui, dans les tragédies grecques, conduit au désastre. Les Grecs considéraient l'ὕβρις comme une caractéristique des Titans qui conduisait les hommes à la perte de la peripeteia - c'est-à-dire l'épuisement de la fortune - et finalement à la nemesis - le châtiment divin.

Toutefois, ce n'est pas seulement l'équilibre des forces qui assure la stabilité d'un État, mais aussi l'ordre, la loi et le "nomos" (c'est-à-dire la modération). Le manque de retenue et l'arrogance conduisent à l'anomie, et l'anomie ne peut être surmontée sans le rétablissement de l'ordre. On pourrait dire que la tragédie grecque nous aide à comprendre les relations internationales.

Or, la seule superpuissance qui existe aujourd'hui, les États-Unis, a commencé à être détruite par sa propre "arrogance", notamment en raison de son abolition et de sa violation des lois écrites et non écrites du droit international (nomos). Cela a conduit les Américains non seulement à revendiquer et à conquérir de plus en plus de territoires, mais les a également poussés à une confrontation directe avec la Russie et la Chine. Le conflit actuel en Ukraine est une conséquence directe du déclin des États-Unis et est causé par leur propre perte de puissance. Cependant, les tragédies nous rappellent qu'il est possible d'exorciser et de purifier ces maux, en retrouvant le caractère sacré de la loi et en rétablissant l'ordre et la justice, comme le raconte la tragédie d'Antigone de Sophocle: un nouvel ordre naît de la tragédie déclenchée par la "légalité" d'un État corrompu par l'ὕβρις.

Nous pouvons aller plus loin et souligner que le Titanisme ne se caractérise pas seulement par l'excès mais aussi par la défense d'un ordre juridique injuste qui ignore les limites des actions et de la pensée. Si nous voulons contrer ces défauts, nous devons envisager les choses de manière claire et globale, c'est-à-dire au moyen d'une "théorie".

 

mardi, 03 mai 2022

Le pouvoir de sanction du CAATSA

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Le pouvoir de sanction du CAATSA

par le comité de rédaction de Katehon

Source: https://www.ideeazione.com/il-potere-sanzionatorio-della-caatsa/

La loi CAATSA (Countering America's Adversaries Through Sanctions Act) a été adoptée en 2017 par le Congrès américain et promulguée par le président Donald Trump. Ce projet de loi était la réponse des États-Unis à l'implication de la Fédération de Russie dans les guerres en Ukraine et en Syrie et à son ingérence présumée dans l'élection présidentielle de 2016. En effet, elle a étendu les sanctions existantes et les a inscrites dans la loi.

La liste noire américaine comprenait à l'origine 39 agences de défense et de renseignement. Les listes de sanctions ont été élargies à plusieurs reprises.

En janvier 2018, un rapport du Kremlin a été publié. La liste comprenait 210 personnes proches des dirigeants russes, selon le gouvernement américain. Parmi eux figuraient l'ensemble du gouvernement russe, des fonctionnaires de haut niveau, des représentants d'organisations étatiques, ainsi que des oligarques russes disposant d'une fortune de plus d'un milliard de dollars.

Le rapport du Kremlin n'a pas été réellement sanctionné. Le document implique que les individus en question pourraient être soumis à d'autres restrictions, telles que le gel de leurs avoirs, l'interdiction d'entrer aux États-Unis, etc. Cependant, certains membres de la liste étaient toujours soumis à des sanctions. Ce sont, pour n'en citer que quelques-uns: Vladimir Bogdanov, Nikolai Patrushev, Evgeny Shkolov, Vladimir Kolokoltsev, Kirill Shamalov et d'autres.

Conflit d'intérêts

La CAATSA ne s'applique pas seulement aux pays susmentionnés. L'Amérique est prête à sanctionner toute personne qui conclut des accords d'armement militaire avec la Russie.

La Chine est devenue le premier pays à être sanctionné par l'Amérique pour avoir collaboré avec la Russie. Ainsi, en 2018, le département d'État américain a gelé tous les actifs du département de l'armement du Conseil militaire central de la RPC et de son chef Li Shanfu, qui sont sous la juridiction des États-Unis. Cette décision était due au fait que l'establishment de la défense chinoise avait acheté des avions de combat Su-35 et des systèmes de missiles sol-air (SAM) S-400 à la Russie.

En 2019, la Turquie s'est retrouvée dans une situation similaire. Puis le président américain Donald Trump a annoncé le refus de l'État de fournir et de coproduire les avions de combat F-35. À cette époque, la Turquie achetait également des SAM S-400 à la Russie.

L'Inde pourrait également être affectée par le régime de sanctions américaines. En 2018, la partie américaine avait déjà envoyé un avertissement au pays concernant l'imposition éventuelle de restrictions en raison de son achat de SAM à la Russie et de pétrole à l'Iran. Cependant, les sanctions n'ont jamais été imposées à ce moment-là. En mars 2022, un nouveau conflit a éclaté entre les États-Unis et l'Inde. Le désaccord concerne des points de vue différents sur une opération militaire spéciale en Ukraine. L'Amérique tente de convaincre l'Inde de prendre son parti sur la question.

Le gouvernement indien, pour sa part, note qu'en raison des nouvelles sanctions imposées aux banques russes, le processus d'achat d'armes en Russie est devenu beaucoup plus difficile. Le gouvernement a également dû annuler des commandes de MiG-29, d'hélicoptères et d'armes antichars. Le ministre de la défense du pays, Rajnath Singh, qualifie la Russie d'"allié naturel" et parle de relations avec la Russie comme étant "très stables". "L'Inde sera également très attentive à ce que les intérêts nationaux fondamentaux des États-Unis ne soient pas endommagés à cause de nos relations avec un autre pays du monde", a déclaré le ministre.

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Principales dispositions de la CAATSA

Les sanctions américaines peuvent être divisées en sanctions de blocage et en sanctions sectorielles. Les restrictions de blocage font référence à l'interdiction d'utiliser les actifs des personnes et des entreprises. Les personnes ne peuvent pas entrer aux États-Unis ou peuvent être expulsées du pays. Les gouvernements ne peuvent pas acheter de biens et de services à des personnes sanctionnées; il existe également une interdiction de délivrer des licences pour transférer des biens à double usage à des personnes sanctionnées et une interdiction des transactions bancaires avec les actifs des personnes sanctionnées. Les sanctions sectorielles comprennent les activités dans le secteur de l'énergie, le marché des services financiers et l'industrie de la défense.

Les États-Unis imposent également des restrictions sur la distribution, l'acquisition et l'utilisation de certains produits contre la Russie. Par exemple, des sanctions peuvent être imposées sur des produits destinés à des fins militaires et des produits de haute technologie qui pourraient renforcer les capacités militaires de la Fédération de Russie. Les produits liés à la production de pétrole et de gaz sont également sous le contrôle du gouvernement américain. Tous les biens qui tombent sous le contrôle des exportations américaines - en ce qui concerne les exportations vers le territoire de la péninsule de Crimée et/ou les exportations vers des individus dont les actions vont à l'encontre de la sécurité nationale et des intérêts de la politique étrangère des États-Unis - sont soumis à des sanctions.

L'opération militaire spéciale en Ukraine a contribué à une augmentation des paquets de sanctions américaines. Par exemple, la CAATSA a mis sur liste noire quatre banques russes, VTB, FC Otkritie, Sovcombank et Novikombank, entraînant un gel de leurs avoirs. Le département américain a également ajouté 20 succursales de la VTB à cette liste. Toutes ces banques opèrent en Russie, mais les utilisateurs ont eu quelques difficultés avec les transactions en dollars et en euros, ainsi qu'avec les paiements via Google et Apple pay.

Des sanctions dévorantes

En plus de la loi fédérale CAATSA, les États-Unis disposent d'autres moyens pour surveiller la sécurité nationale du pays.

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L'un de ces organismes est l'Office of Foreign Assets Control (OFAC). Cette division du département du Trésor américain s'occupe du renseignement financier ainsi que de la planification et de la mise en œuvre des sanctions économiques et commerciales pour soutenir les objectifs de sécurité nationale et de politique étrangère des États-Unis. L'agence a le pouvoir d'imposer des amendes pour non-conformité, de geler les actifs et d'interdire les activités de certains individus ou de certaines entités aux États-Unis. L'OFAC publie une liste de ressortissants spécialement désignés (SDN). Cette liste identifie les personnes, entités ou navires sanctionnés avec lesquels les citoyens et résidents permanents américains ne peuvent pas faire d'affaires. L'OFAC compile également une liste d'identification des sanctions sectorielles (SSI). Il s'agit de personnes travaillant dans des secteurs de l'économie russe identifiés par le Secrétaire au Trésor en vertu d'un ordre exécutif. Les directives contenues dans la liste décrivent les interdictions de communication avec les personnes désignées. Il est important de noter que le SSI ne fait pas partie du RDS. Toutefois, les personnes et les entreprises figurant sur la liste peuvent également apparaître sur le RDS.

Pour la commodité des utilisateurs, l'OFAC a créé un site Web qui permet aux utilisateurs de suivre toutes les listes de sanctions détenues par l'organisation. Un registre des personnes étrangères échappant aux sanctions peut également être consulté ici.

1er mai 2022

20:04 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etats-unis, ofac, caatsa, sanctions, actualité | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Soulèvement des généraux italiens: "Ce n'est pas notre guerre, arrêtons de suivre les États-Unis!"

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Soulèvement des généraux italiens: "Ce n'est pas notre guerre, arrêtons de suivre les États-Unis!"

Source: https://unser-mitteleuropa.com/aufstand-italienischer-generaele-das-ist-nicht-unser-krieg-stoppen-wir-die-usa/

Le général Leonardo Tricarico (photo, ci-dessus), ancien chef d'état-major de l'armée de l'air italienne et actuel président de la fondation ICSA, a déclaré à propos du conflit en Ukraine:

"La neutralité ? Je suis tout à fait d'accord avec cela. Et je pense qu'avant de mettre à exécution les menaces d'extension du conflit à l'OTAN de part et d'autre, nous devons faire en sorte que ce conflit se termine. Et de ce point de vue, je ne vois personne qui s'engage, au contraire, je vois toute une série de pyromanes qui font exactement le contraire".

Il a ajouté :

"Tout d'abord, notre pays devrait tout faire, et je ne vois pas qu'il le fait, pour que le conflit puisse se terminer. Quand je dis "tout faire", je veux dire que nous devons nous mettre d'accord avec d'autres pays européens, notamment la France et l'Allemagne, sur une position commune vis-à-vis des pays belligérants menés par les États-Unis, pour qu'ils cessent leurs manoeuvres, pour qu'ils favorisent un cessez-le-feu et des négociations, même au risque de perturber nos relations avec les États-Unis".

En accord avec Alessandro Orsini, directeur de l'Observatoire de la sécurité internationale de l'Université de Luiss :

"Et si l'article 5 du traité de l'Atlantique est déclenché, selon lequel la solidarité atlantique est activée, il sera alors possible de discuter du maintien des concepts fondateurs de l'OTAN, qui prévoient en tout le volontariat, et à ce moment-là, l'Italie pourra dire si elle veut se positionner en soutien ou rester à la fenêtre". - a conclu Tricarico - et elle pourra le faire après un large débat au niveau de l'opinion publique et institutionnelle. Ce n'est pas une décision simple que l'on prend instinctivement.

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"C'est un conflit dont nous devons essayer de nous tenir à l'écart le plus longtemps possible", a déclaré Marco Bertolini, lieutenant général de l'armée italienne à la retraite et désormais à la tête du département de défense de Fratelli d'Italia:

"La guerre a commencé avec l'intervention de la Russie, qui ne fait pas partie de l'OTAN, en Ukraine, qui ne fait pas davantage partie de l'OTAN: c'est un affrontement entre deux pays européens qui n'ont rien à voir avec l'OTAN et rien à voir avec l'Italie. Je ne pense pas que nous puissions discuter de neutralité ou d'autre chose".

Orsini avait déclaré que l'Italie devrait rester neutre si la Russie attaquait un pays de l'OTAN:

"Si un pays membre de l'OTAN est concerné, il ne fait aucun doute que l'article 5, qui prévoit l'intervention de l'Alliance atlantique, doit être appliqué", avait répondu Bertolini.

"Mais", a ajouté le lieutenant-général iR, "jusqu'à présent, la Russie n'a pas frappé un pays de l'OTAN, puisque l'Ukraine n'est pas membre de l'Alliance, et même l'évocation d'une telle possibilité ne fait qu'envenimer les esprits et réduire les possibilités de réconciliation, que je considère comme indispensables. Je répète : "indispensables".

Quant à la question de savoir si la guerre menée ces derniers mois est une guerre juste ou injuste, le raisonnement de Bertolini est indiscutable :

"Dans le milieu catholique, il y a toujours eu un débat pour savoir si une guerre est juste ou non. Beaucoup de théologiens en ont discuté, Saint Augustin, Saint Thomas d'Aquin, et ont dit quels étaient les critères d'une guerre juste ou injuste. - se souvient le lieutenant-général qui commandait les forces spéciales. - Je pense que pour qu'une guerre soit considérée comme juste, elle doit avant tout être "notre" guerre. Et celle-ci ne l'est pas".

Source : VoxNews

La Pologne est déjà en guerre. Elle vise à annexer Lviv

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La Pologne est déjà en guerre. Elle vise à annexer Lviv

Maurizio Blondet

Source: https://www.maurizioblondet.it/polonia-gia-in-guerra-mira-ad-annettersi-leopoli/

"La Pologne a livré 200 chars T-72 à l'Ukraine pour l'équipement de deux brigades blindées". Polskie Radio rapporte.

Le gouvernement polonais vient de promulguer une loi "pour la défense de la patrie", entrée en vigueur le 23 avril de cette année, qui rétablit le service militaire obligatoire pour tous, y compris les femmes. En fait, il est écrit :

Art. 5. 1. les citoyens polonais sont tenus d'effectuer un service militaire dans le cadre spécifié par cette loi à partir du jour où ils ont 18 ans jusqu'à la fin de l'année civile au cours de laquelle ils ont 55 ans, et ceux ayant le grade de sous-officier ou d'officier - 63 ans.

    - L'obligation d'effectuer le service militaire ne s'applique pas aux personnes visées au paragraphe 1 qui ont été déclarées définitivement inaptes à ce service en raison de leur état de santé.

    - L'obligation d'effectuer le service militaire ne s'applique pas aux femmes enceintes et aux femmes dans la période de 6 mois après l'accouchement."

Le premier ministre, le banquier Mateusz Morawiecki, ancien président du groupe bancaire Santander, qui a été hissé au pouvoir (comme Draghi) sans même être membre du parti PiS au pouvoir, a mis en place une censure paramilitaire contre toutes les voix dissidentes, avec des perquisitions de contre-espionnage et des intimidations sans précédent. Les Polonais à la tête froide sont réduits au silence.  Le gouvernement a également tenu ses citoyens dans l'ignorance du traité d'alliance qu'il a signé avec la Grande-Bretagne et le régime de Kiev. On en sait encore moins sur les termes et les motivations de cette alliance tripartite, qui s'est probablement formée dès 2014, après le coup d'État à Kiev.

Entre-temps, la planification d'un vaste "exercice" polonais en mai semble avoir été confirmée.

Tous ces éléments confirment la récente déclaration du chef du Service de renseignement extérieur (SVR), Naryshkin :

"Washington et Varsovie travaillent sur des plans visant à établir un contrôle militaire et politique étroit de la Pologne sur ses possessions historiques en Ukraine". Par possessions historiques polonaises, on entend essentiellement la ville de Lviv et sa région environnante, sur laquelle la Pologne a régné plusieurs fois dans le passé, la dernière fois entre les deux guerres mondiales".

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Le SVR a donné quelques détails sur le complot que les Américains auraient conçu avec Varsovie: "Les États-Unis ont un plan avec la Pologne selon lequel les forces polonaises de 'maintien de la paix', initialement sans mandat de l'OTAN, entreraient dans des parties de l'Ukraine occidentale où les chances d'un affrontement avec les forces russes sont faibles".

La Russie signale depuis plusieurs jours que le conflit pourrait se terminer par une partition forcée de l'Ukraine.

Le régime polonais a démenti: "Désinformation diffusée par Moscou. Les mensonges sur les prétendus plans de la Pologne pour attaquer l'Ukraine occidentale se répètent depuis plusieurs années", a déclaré Stanislaw Zaryn, porte-parole du coordinateur des services spéciaux polonais.

Les objectifs nostalgiques de la Pologne ultra-nationaliste de Lviv sont également bien connus. Le démenti du complot est d'autant plus nécessaire que si Varsovie a effectivement obtenu la permission de Washington de l'annexer, cela donne paradoxalement raison à la Russie: l'Ukraine serait alors une pure expression géographique dont les frontières ne sont pas intangibles et sacrées, mais sujettes à changement et à partition.  La libération par les Russes du Donbass et de Lugansk, où vivent des millions de russophones, est donc parfaitement justifiée.

Dans une implication de plus en plus directe et ostensible de Londres dans l'escalade de la guerre, voici la nouvelle que 8000 soldats britanniques seront envoyés en Europe de l'Est pour participer à des exercices militaires destinés à combattre l'agression russe.

Le déploiement - qui est l'un des plus importants depuis la guerre froide - verra des troupes placées dans des pays allant de la Finlande à la Macédoine du Nord, et bien sûr, en Pologne.

Des dizaines de chars et plus de 100 véhicules de combat blindés seront envoyés sur place cet été, selon des plans qui ont été renforcés depuis le début de la guerre en Ukraine."

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Pour plus d'exhaustivité et de lucidité, lisez l'article de Buffagni :

Comment se déroulera la phase 3 des hostilités en Ukraine?

par Roberto Buffagni

Compte tenu du succès probable de la prochaine offensive russe et de la neutralisation consécutive des forces armées ukrainiennes, les Britanniques, qui jouent un rôle de premier plan dans la gestion des hostilités, préparent la phase trois de la guerre : une fois les Ukrainiens hors jeu, laissons les Polonais et les Baltes entrer en campagne.

La phase trois de la guerre en Ukraine entre la Russie, les États-Unis et l'OTAN se déroulerait comme suit.

    - L'offensive suivante, dans laquelle la Russie utilise sa puissance de feu supérieure, neutralise le gros des forces armées ukrainiennes désormais fortifiées dans le Donbass. L'Ukraine n'est plus en mesure de résister efficacement. Fin de la deuxième phase des hostilités.

    - Début de la phase 3. À la demande du gouvernement ukrainien (peut-être un réfugié en exil) aux gouvernements polonais et baltes pour une aide militaire, des troupes régulières polonaises et baltes et un contingent de faux et vrais mercenaires entrent en Ukraine. Les vrais mercenaires sont fournis par des sociétés qui fournissent des ce type de combattants. Les faux mercenaires sont des soldats des pays de l'OTAN qui démissionnent de leurs propres armées afin de ne pas impliquer légalement leurs pays en tant que belligérants, et partent au combat sans insigne. Un contingent est déjà rassemblé en Pologne, qui, d'après ce que j'ai compris, compte déjà environ 120.000 hommes. Une aide financière et matérielle substantielle afflue en Pologne en provenance des États-Unis et de l'OTAN.

    - Le contingent polono-balte combat les Russes en Ukraine. Les Russes peuvent riposter sur le territoire ukrainien, mais ils ne peuvent pas frapper les centres de commandement et de logistique du contingent, qui sont situés en Pologne et dans les pays baltes, afin de ne pas entrer dans un conflit direct avec l'OTAN.

    - Les hostilités en Ukraine entre les États-Unis, l'OTAN et la Russie, opposant les forces polonaises et baltes aux armées russes, deviendraient ainsi interminables, car l'afflux de troupes en Ukraine pourrait se poursuivre pendant des années, et la Russie ne pourrait pas frapper à la source sans entrer en conflit direct avec l'OTAN dans son ensemble.

    - L'objectif de la phase trois des hostilités serait le suivant: ouvrir une plaie permanente dans le flanc de la Russie + l'isoler politiquement + l'épuiser économiquement avec le coût des hostilités ajouté aux sanctions. En bref: saigner à blanc la Russie en vue de sa désintégration politique.

La Chine et l'ancrage post-léniniste

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La Chine et l'ancrage post-léniniste

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2022/04/25/kiina-ja-leninismin-ja...

Le livre de Dimitar D. Gueorguiev, Retrofitting Leninism : Participation Without Democracy in China (Oxford University Press, 2021) explique comment, en Chine, le gouvernement ouvert et les technologies modernes de l'information se combinent pour maintenir un système contrôlé mais socialement réactif.

La République populaire de Chine est une exception notable parmi les régimes autoritaires. Alors que les systèmes fermés échouent souvent et finissent par s'effondrer à mesure qu'ils se réforment et s'ouvrent, le Parti communiste a réussi son développement, tout en conservant le respect de la majorité du peuple.

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Gueorguiev, professeur associé de sciences politiques à l'université de Syracuse aux Etats-Unis et chercheur du Wilson Center sur la Chine, propose dans son livre une explication fondée sur des données empiriques. Il affirme que la clé de la capacité du parti communiste à se maintenir au pouvoir réside dans sa capacité à combiner le contrôle autoritaire avec l'inclusion sociale - un processus facilité par la technologie moderne des télécommunications.

En s'appuyant sur des données statistiques, des rapports médiatiques et des sondages d'opinion originaux, Gueorguiev a examiné comment l'opinion publique influence le contrôle politique et l'élaboration des politiques. Dans son livre, il analyse la représentation et la coordination ascendantes dans les législatures locales de Chine.

L'ombre de l'idéologue communiste révolutionnaire Vladimir Lénine se profile à l'arrière-plan. Les régimes léninistes qui ont émergé au début du 20e siècle ont mis en avant un intérêt pour la participation de la base. Le désir d'exploiter la contribution des citoyens au contrôle et à la planification bureaucratiques était un pilier fondamental de la pensée marxiste-léniniste et le cœur de la philosophie politique maoïste.

À cet égard, la technologie moderne offre des avantages considérables pour que l'administration reste à jour et prenne le pouls du pays. En effet, Gueorguiev soutient que l'intérêt du parti communiste pour la gouvernance participative reflète une tentative d'actualiser les mécanismes de la gouvernance léniniste, un processus que l'auteur appelle "retrofitting" dans le titre de son livre.

Lénine s'opposait au multipartisme démocratique, qu'il considérait comme un "pas en arrière" sur la voie de la révolution. De plus, l'avantage du régime chinois, effectivement à parti unique, est "la capacité de réfléchir au passé et au présent, et de planifier à long terme sans avoir à tenir compte des transitions politiques ou idéologiques de routine".

Gueorguiev affirme également que le parti communiste considère souvent son passé et son avenir à travers un "prisme d'incertitude politique", en raison de l'expérience de la révolution culturelle (1966-1974) et, dans une moindre mesure, de la première décennie d'ouverture et de réforme (1979-1989).

Pendant la Révolution culturelle, la société civile a été ébranlée par le culte de la personnalité et la ferveur idéologique, qui ont amené le système au bord de l'effondrement total. Dans la Chine contemporaine, les succès et les échecs de l'ère Mao font déjà l'objet d'une évaluation critique.

À la fin des années 1980, la décentralisation et la privatisation ont sapé les plates-formes juridiques et de protection sociale des citoyens ordinaires, créant une pression ascendante et un besoin pour le régime de répondre aux griefs signalés.

Le gouvernement chinois actuel veut éviter la répétition de ces deux erreurs. Les citoyens peuvent déposer des plaintes, des pétitions, fournir des tuyaux sur la corruption et commenter la législation en cours via Internet. M. Gueorguiev estime que les canaux en ligne aideront le régime à affiner ses politiques et à accroître sa légitimité.

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Avant tout, le parti communiste chinois est capable de contenir et d'exploiter les tensions sociales par le biais d'une participation non politique et de la technologie. Au cours de l'épidémie du coronavirus de ces dernières années, le régime de Xi Jinping a également cherché à démontrer son efficacité face au défi sanitaire en appliquant une "stratégie corona zéro", assortie de confinements stricts.

L'exemple le plus significatif de la révolution technologique dans la gouvernance chinoise est sans doute le nouveau système de notation du crédit social, qui a fait sensation en Occident et qui, selon Gueorguiev, est "une excroissance de la vision léniniste séculaire du contrôle informé".

Le système de notation de crédit est destiné à aider le gouvernement à surmonter les faiblesses systémiques dans un certain nombre de domaines, notamment un système bancaire d'État hypertrophié et obsolète et une infrastructure de protection des consommateurs sérieusement défectueuse.

Les droits des citoyens et le statut social ne sont pas affectés de la même manière que ce qui est souvent sensationnalisé en Occident. Les autorités chinoises ont déclaré, lors de la phase pilote du projet, que le système de notation ne pouvait pas être utilisé pour punir les citoyens, mais que cela se ferait dans le cadre de la législation existante.

Les innovations numériques en matière de gestion de l'information peuvent encourager les dirigeants à envisager une répression ciblée comme alternative aux dépenses sociales à grande échelle. Cela est sans doute attrayant d'un point de vue autoritaire, mais s'il est mal utilisé, il pourrait saper l'autorité des personnes au pouvoir. À cet égard, la numérisation du contrôle de l'information offre des possibilités de contrôle accru, mais aussi des risques.

Une façon de se prémunir contre cette éventualité est de fixer des objectifs audacieux, tels que le plan annoncé par le Parti communiste pour éradiquer la pauvreté, développer les systèmes publics de soins de santé et de retraite, et passer très rapidement des combustibles fossiles aux énergies renouvelables.

Certains de ces objectifs ont déjà été atteints. La Chine est sortie des rangs des pays les plus pauvres et les moins développés du monde pour devenir un rival économique des États-Unis. Dans toute la Chine, les industries et les communautés se modernisent à un rythme sans précédent et les investissements ont augmenté, si bien que les économies de certaines villes chinoises rivalisent déjà avec celles de nombreux petits et même moyens pays.

Bien que l'on ne sache toujours pas si la Chine s'oriente de plus en plus vers une technocratie très au point, une idéologie mixte confucéenne-communiste, ou les deux, il est clair que ceux qui ont interprété les réformes participatives de la Chine comme menant à une "démocratisation" de style occidental ont été cruellement déçus.

En effet, tout au long du livre, Gueorguiev souligne que la participation publique en Chine maintient et affine le contrôle politique. La logique organisationnelle qui sous-tend la participation de masse dans la République populaire de Chine contemporaine assure également le cloisonnement des masses, la démobilisation politique et, plus largement, le contrôle du parti.

Dans la mesure où la complémentarité de la participation et du contrôle améliore encore la gouvernance, elle renforce la sécurité du régime au pouvoir. En effet, la Chine semble aujourd'hui plus éloignée de la démocratie qu'elle ne l'était il y a vingt, trente ou même quarante ans. Ainsi, l'idée que la Chine, en se modernisant, deviendra une démocratie libérale aux caractéristiques chinoises a peu de chances de se concrétiser.

S'il est facile de critiquer la techno-société autoritaire de la Chine, il ne faut pas ignorer la possibilité qu'un État de surveillance chinois favorise une meilleure gouvernance, le respect des règles et une société plus organisée en général. Il s'agit, en fait, d'un objectif déclaré du régime chinois, qui a également été implicitement accepté par ses citoyens.

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Avec l'effondrement de l'Union soviétique en 1991, la Chine est devenue le régime socialiste le plus important dans un monde dominé par les démocraties occidentales. Il est compréhensible que dans les pays en développement, par exemple, il existe un intérêt pour une alternative aux modèles de gouvernance occidentaux. Pékin affirme toutefois que sa révolution nationale n'est pas un produit d'exportation au même titre que la "démocratie" américaine.

La modernisation et le développement technologique de la Chine ont contribué à améliorer le régime autoritaire, rapprochant la République populaire de Chine de la vision technocratique de ses origines léninistes et d'une "dictature du prolétariat" actualisée. M. Gueorguiev estime que le "modèle chinois" est susceptible de susciter l'intérêt d'autres États axés sur le contrôle.

L'exemple chinois sert de contrepoids puissant à l'argument selon lequel l'intervention de l'État et la modernisation économique sont incompatibles. De même, pour ceux qui s'inquiètent de la montée du populisme démocratique, l'approche technocratique de la Chine est naturellement attrayante.

À ce stade, il convient toutefois de souligner que la technocratie de l'Occident, un système dirigé par de riches oligarques, n'est pas une imitation du "socialisme" chinois, mais le même capitalisme d'exploitation transnational avec un vernis technologique. En Occident, l'intérêt se limite aux diverses possibilités de la numérisation, et non au "socialisme avec des caractéristiques nationales".

L'étude de Gueorguiev sur "l'autoritarisme participatif" de la Chine montre comment le modèle léniniste est mis en pratique dans la Chine contemporaine, en utilisant la haute technologie et l'activation des citoyens. En même temps, il offre un regard intéressant sur la gouvernance chinoise et les perspectives d'avenir.

J'ai été amené à m'interroger sur l'impact de la technocratie sur la politique. De telles évolutions, avec leurs technologies d'IA et leurs algorithmes - "l'automatisation réussie du léninisme" mentionnée par Gueorguiev - pourraient-elles un jour rendre les partis politiques et les idéologies sans intérêt, tout comme l'automatisation et la robotique rendent superflus un grand nombre de travailleurs ?

lundi, 02 mai 2022

Qui sont les responsables du nouveau "Ministère de la Vérité" américain (Qui l'aurait cru?)?

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Qui sont les responsables du nouveau "Ministère de la Vérité" américain (Qui l'aurait cru?)?

Maurizio Blondet

Source: https://www.maurizioblondet.it/sono-j-i-capi-del-nuovo-ministero-della-verita-americano-chi-lavrebbe-detto/

Immédiatement après l'achat de Twitter par Elon Musk, qui l'a ouvert à la liberté et au pluralisme d'opinion extrêmement dangereux, il y a eu un tollé dans l'État profond et dans la clique démocratique américaine :

Hillary Clinton a demandé aux Européens d'intervenir pour maintenir cette censure, Barack Obama a appelé à une réglementation américaine, et l'administration Biden a créé un nouveau comité pour la gouvernance de la mise en place urgente, au Département de la Sécurité intérieure (le Département de l'Intérieur, DHS, qui n'existait pas aux Etats-Unis : il a été créé par Bush jr après le 11 septembre) d'une unité anti-"désinformation" c'est-à-dire d'une organisation policière répressive. Cette unité "anti-désinformation" a été définie, à juste titre, par le présentateur Tucker Carlson comme le "ministère de la Vérité" d'Orwell, doté de pouvoirs de censure policière sur les informations concernant le COVID-19 et la Russie et l'Ukraine, ainsi que sur les horreurs découvertes sur l'ordinateur portable de Hunter Biden. Ce ministère de la Vérité sera également utilisé pour couvrir la corruption de la famille Biden en Ukraine et en Chine, en dissimulant une piste de preuves remontant à l'époque où Joe Biden était vice-président. Avec cette mesure de censure et de contrôle de la pensée, le DHS va se transformer en mafia personnelle de la famille Biden.

Selon Natural News, en fait,

"Avec la formation du "conseil de gouvernance de la désinformation", le DHS devient la mafia personnelle de la famille Biden.

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Le chef du DHS, Alejandro Mayorkas, un cubain de confession mosaïque, a mis au point un "conseil de gouvernance de la désinformation" qui ciblera et éliminera toute information compromettante que le gouvernement fédéral ne veut pas que le public sache. Ce "comité anti-désinformation" imposera au public l'obéissance aux protocoles oppressifs du coronavirus de Wuhan (COVID-19) et fera disparaître toute preuve de fraude électorale. L'agence s'occupera de la "désinformation relative à la sécurité intérieure, en se concentrant en particulier sur la Russie".

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La directrice exécutive de cette nouvelle entreprise orwellienne s'appelle Nina Jankowicz (photo). Descendante de résidents du ghetto de Varsovie, elle est une ancienne consultante du ministère ukrainien des Affaires étrangères et un ancien membre du service de désinformation du Wilson Center. Elle a supervisé les questions liées au groupe de pression du National Democratic Institute.  Jankowicz sera chargé de peaufiner les récits officiels de l'administration et de cibler toute opposition à ces récits.

Mme J est connue pour avoir rejeté les révélations répugnantes découvertes sur l'ordinateur portable de Hunter Biden en les qualifiant de "désinformation", d'"opération de contrefaçon russe", même si les preuves de la pertinence criminelle de l'ordinateur portable sont maintenant dans le domaine public .  C'est la même dame qui a déclaré que l'idée de la liberté d'expression "me donne des frissons"... Elle a également affirmé que la question était un "produit de la campagne Trump" qui conduirait les électeurs de Trump à se présenter aux bureaux de vote armés et prêts à intimider les électeurs.

Elle a tweeté : "Honoré de servir dans l'administration Biden @DHSgov et d'avoir contribué à façonner nos efforts de contre-désinformation. - Nina Jankowicz (@wiczipedia) 27 avril 2022.

Le régime de Biden cherche à mettre fin à la dissidence alors qu'Elon Musk promet la liberté d'expression sur Twitter

Nina Jankowicz est très préoccupée par le fait que le régime actuel et son réseau de propagande perdent une partie de leur influence sur les plateformes de médias sociaux, en particulier Twitter. Elon Musk, en rachetant Twitter, a promis de rétablir la liberté d'expression légitime sur la plateforme. Jankowicz a précédemment qualifié Musk d'"agresseur en ligne" et a appelé à davantage de censure sur les personnes comme lui.

"Je frémis à l'idée que si les absolutistes de la liberté d'expression prenaient le contrôle d'un plus grand nombre de plates-formes ...". ", a déclaré Jankowicz.

Mais avec Musk à la tête de Twitter, les conservateurs pourraient bientôt avoir un terrain de jeu égal pour débattre des questions sur la place publique numérique. D'innombrables comptes conservateurs pourraient être restaurés lors de la réouverture de Twitter, permettant aux gens de discuter de diverses questions importantes. Sous la direction de Musk, les listes noires et les algorithmes de censure pourraient être révélés. Les communications internes de Twitter pourraient être exposées, révélant le contrôle du gouvernement et des intérêts spéciaux sur le flux d'informations. Le rétablissement de la liberté d'expression sur Twitter pourrait mettre la pression sur Facebook, Google et d'autres plateformes pour qu'ils mettent fin à leurs efforts d'ingérence électorale. En attendant, attendez-vous à ce que le régime actuel redouble de censure alors qu'il impose désespérément ses récits tordus au peuple américain.

La maîtresse de la parole chargée du tout nouveau ministère de la Vérité a un côté comico-démoniaque (psychiatrique) qui semble typique de l'administration, entre le président Biden en pleine démence et la vice-présidente Kamala Harris qui fulmine en public sur "l'espace qui nous enferme tous et nous fait poser des questions importantes" qu'elle manifeste en postant des chansonnettes sur TikTok en se surnommant "la Mary Poppins de la désinformation".

L'année dernière, Jankowicz a témoigné devant la Chambre des députés britannique que la "désinformation sur le genre" est une "peur de la sécurité nationale" et une menace pour la démocratie qui nécessite la censure du gouvernement.

21:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, désinformation | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook