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lundi, 25 août 2025

Stratégie de l'UE: d'un projet de paix à une alliance militaire

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Stratégie de l'UE: d'un projet de paix à une alliance militaire

Par Elena Fritz

Source: https://www.compact-online.de/eu-strategie-vom-friedenspr...

Les élites européennes misent sur une nouvelle escalade avec la Russie et veulent passer à l'offensive autour de la mer Noire. Une stratégie extrêmement dangereuse. Avec notre édition « Frieden – Мир – Peace », nous nous y opposons. Pour en savoir plus : https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-... .

Le 28 mai, l'UE a présenté sa nouvelle « stratégie pour la région de la mer Noire ». Officiellement, il s'agit de stabilité, mais en réalité, un changement de cap se profile : l'UE jette les bases d'une « OTAN de la mer Noire ».

- Elle prévoit la création d'un centre pour la sécurité maritime, la protection des infrastructures critiques et la surveillance commune.

- Le cadre s'étend au-delà des pays de l'UE, riverains de la mer Noire, et englobe jusqu'à la Moldavie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan. L'UE prétend ainsi fixer les règles du jeu dans une région qui, jusqu'à présent, ne relevait pas de sa compétence directe.

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Les risques pour l'Europe et ses citoyens :

1) Militarisation au lieu d'intégration : l'UE s'éloigne de l'idée fondatrice d'une union économique et pacifique et s'oriente de plus en plus vers des structures militaires.

2) Explosion des coûts : des milliards qui auraient dû être investis dans la recherche, l'éducation et les infrastructures sont désormais consacrés aux appareils de sécurité et à l'armement.

3) Déficit démocratique : ces décisions sont prises en grande partie sans large débat public – les citoyens sont confrontés à des faits accomplis.

4) Nouvelles lignes de conflit : la militarisation de la mer Noire crée des points de friction supplémentaires qui peuvent entraîner l'Europe dans des crises géopolitiques, sans que l'UE dispose d'un réel pouvoir d'action dans ces domaines.

5) Abandon du discours pacifiste : En 2012, l'UE a reçu le prix Nobel de la paix. Aujourd'hui, elle s'éloigne progressivement de cette image qu'elle avait d'elle-même.

Conclusion : l'UE déplace son centre de gravité de la coopération économique vers la confrontation militaire. Pour les citoyens, cela signifie moins d'investissements dans les domaines d'avenir et plus de risques d'être entraînés dans des conflits qui ne sont pas dans l'intérêt même de l'Europe.

À Berlin, le gouvernement envisage actuellement d'envoyer jusqu'à 25.000 soldats de la Bundeswehr en Ukraine, officiellement dans le cadre d'une « mission de paix » visant à garantir la sécurité.

Cessez de jouer avec le feu et de brandir vos sabres ! Dans notre numéro intitulé « Frieden – Мир – Peace », vous découvrirez ce qui est vraiment à l'ordre du jour. Commandez ici : https://www.compact-shop.de/shop/compact-magazin/compact-4-2025-frieden-%d0%bc%d0%b8%d1%80-peace/

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La stratégie globale derrière les droits de douane américains selon Stephen Miran

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La stratégie globale derrière les droits de douane américains selon Stephen Miran

Par Domenico Moro

Source: https://comedonchisciotte.org/la-strategia-globale-dietro...

Les droits de douane marquent le deuxième mandat de Donald Trump. Cependant, le président américain affiche une attitude hésitante en matière de droits de douane, menaçant de les augmenter ou de les suspendre, puis à nouveau de les augmenter ou de les diminuer.

Si nous voulons comprendre les causes profondes des droits de douane et du comportement hésitant de Trump, nous devons nous détacher du contingent et essayer de comprendre quelle est la stratégie globale.

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À cet égard, nous devons nous référer à Stephen Miran, qui est le stratège de la politique douanière et qui est actuellement président du Council of Economic Advisor, un organisme interne au Bureau exécutif du président des États-Unis, dont la tâche est de conseiller le président sur les questions économiques. Au cours du premier mandat de Trump, Miran a été conseiller principal au ministère du Trésor, puis stratège principal chez Hudson Bay Capital Management, un grand investisseur institutionnel au sein du Trump Media & Technology Group, qui gère également la plateforme Truth Social.

Nous devons notamment nous référer à un texte de Miran qui constitue le manifeste de la politique douanière, A User's Guide to Restructuring the Global Trading System (Guide de l'utilisateur pour la restructuration du système commercial mondial), publié par Hudson Bay en novembre 2024, parallèlement à la victoire de Trump.

Introduction

Commençons donc par voir ce que dit ce texte. Miran commence par attribuer à la surévaluation du dollar la raison du déficit commercial extérieur et du déclin de l'industrie manufacturière américaine. Miran se propose d'identifier les outils permettant de remédier à ces problèmes. L'outil unilatéral le plus important est celui des droits de douane qui, contrairement à l'opinion courante, n'augmentent pas nécessairement l'inflation. En effet, lorsque les droits de douane ont été augmentés en 2018-2019, pendant le premier mandat de Trump, il n'y a pas eu d'augmentation notable de l'inflation, notamment parce que les droits de douane ont été compensés par le renforcement du dollar.

Un autre instrument consiste à abandonner la politique du dollar fort. La surévaluation du dollar a, d'une part, créé des déficits commerciaux de plus en plus importants et, d'autre part, pénalisé l'industrie manufacturière américaine au profit du secteur financier. Cela ne signifie toutefois pas qu'il faille abandonner le rôle du dollar comme monnaie de réserve, mais qu'il faut trouver des moyens de conserver aux États-Unis une partie des avantages que les autres pays tirent de la fourniture de réserves. Au partage des coûts liés à la fourniture des actifs de réserve s'ajoute celui des coûts du parapluie de sécurité que les États-Unis fournissent à leurs alliés.

Les bases théoriques

Miran établit un lien entre le déclin de l'industrie manufacturière américaine, dû à la surévaluation du dollar, et la dégradation des communautés où existaient auparavant des centres industriels. À la suite de la désindustrialisation, de nombreuses personnes deviennent dépendantes de l'aide sociale et de la drogue ou sont contraintes de se déplacer vers des régions plus prospères. Au départ, on estimait à 2 millions le nombre d'emplois perdus, mais de nombreux emplois qui, bien que n'étant pas liés à l'industrie manufacturière, dépendaient de celle-ci ont également été supprimés. La perte de l'industrie manufacturière a également un impact sur la sécurité des États-Unis, souligne Miran, car ce secteur est nécessaire pour contrer l'essor non seulement économique mais aussi militaire de la Chine et de la Russie : « Si vous n'avez pas de chaînes de production pour fabriquer des armes et des systèmes de défense, vous n'avez pas non plus de sécurité nationale. Comme l'a déclaré le président Trump : « Si vous n'avez pas d'acier, vous n'avez pas de pays » (1).

Mais, se demande Miran, pourquoi le dollar ne se déprécie-t-il pas en présence de déficits commerciaux importants, permettant ainsi de rééquilibrer la balance commerciale ? Normalement, les devises devraient s'adapter à long terme à la balance commerciale: si un pays enregistre un déficit commercial prolongé, sa devise se déprécie, ce qui entraîne une augmentation des exportations et une diminution des importations, afin de rééquilibrer la balance commerciale. Un autre aspect important est la notion d'équilibre financier. Selon cette conception, les devises s'ajustent jusqu'à inciter les investisseurs à détenir des actifs libellés dans différentes devises.

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Ces mécanismes ne fonctionnent toutefois pas si la monnaie nationale est une monnaie de réserve, comme c'est le cas du dollar. Étant donné que les États-Unis fournissent des actifs de réserve au monde entier, la demande de dollars et de titres d'État américains (UST) ne dépend ni de la balance commerciale ni de l'optimisation des gains financiers. Ces actifs sont détenus à l'échelle mondiale davantage pour des raisons politiques que pour optimiser les gains. Comme l'a déclaré l'économiste belge Robert Triffin (photo), les actifs de réserve sont une fonction du commerce et de l'épargne mondiale, et non de la balance commerciale ou des rendements des titres du pays qui détient la monnaie mondiale.

Les États-Unis supportent donc ce déficit non pas parce qu'ils importent trop, mais parce qu'ils doivent exporter des UST afin de fournir des actifs de réserve et de faciliter la croissance mondiale. Plus le PIB américain diminue par rapport au PIB mondial, plus le déficit est difficile à soutenir. Toujours selon Triffin, il arrive un moment où le déséquilibre économique devient si important qu'il menace le statut de monnaie de réserve internationale. Cependant, malgré la réduction de leur part dans le PIB mondial de 40 % dans les années 1960 à 26 % aujourd'hui, les États-Unis sont encore loin de ce danger, car il n'existe aucune alternative au dollar, ni le yuan renminbi chinois, qui ne répond pas aux critères requis d'une monnaie internationale, tels que la convertibilité totale, ni l'euro, étant donné que l'économie de la zone euro s'est davantage contractée que celle des États-Unis au cours des dernières décennies.

Face au relatif recul de l'économie américaine, la structure actuelle des droits de douane américains – 3 % en moyenne, contre 5 % pour l'UE et 10 % pour la Chine – semble adaptée aux caractéristiques d'une époque très différente de la nôtre, où les États-Unis devaient assumer la charge de relancer l'économie européenne et japonaise après la guerre et de créer des alliances contre l'URSS.

Miran identifie alors les conséquences d'être une nation détentrice d'actifs de réserve.

La possibilité d'emprunter à bon marché. En réalité, les États-Unis n'empruntent pas nécessairement moins cher que les autres pays, mais ils peuvent emprunter davantage sans que les taux d'intérêt augmentent.

Une monnaie plus forte. La demande de réserves fait monter le dollar bien plus haut qu'il ne le devrait selon la balance commerciale, ce qui le surévalue. Cela se produit surtout en période de crise, car les investissements en dollars sont les plus « sûrs ». C'est pourquoi l'emploi dans le secteur manufacturier baisse considérablement aux États-Unis pendant une récession, sans qu'il soit possible de le récupérer pendant la phase de reprise.

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Extraterritorialité financière. Le fait de disposer d'une monnaie de réserve permet aux États-Unis d'exercer leur volonté en matière de politique étrangère et de sécurité en utilisant leur puissance financière plutôt que leur puissance physique. En effet, les sanctions que les États-Unis imposent dans le monde entier grâce à leur statut de détenteur de la monnaie de réserve constituent une forme moderne de blocus naval.

Ainsi, le statut de monnaie de réserve n'offre qu'un faible avantage en termes de coût des emprunts et un inconvénient majeur, à savoir la surévaluation du dollar qui érode la compétitivité des produits américains, compensé en partie toutefois par l'avantage géopolitique que représente la possibilité d'imposer des sanctions. Mais en échange de leur statut de monnaie mondiale, les États-Unis fournissent aux démocraties libérales, outre un vaste marché pour leurs exportations manufacturières, un autre service, celui d'un parapluie défensif. Les déficits commerciaux et la défense sont donc liés par la monnaie. Cette situation devient plus lourde pour les États-Unis, car à mesure que leur poids relatif dans l'économie mondiale diminue, le déficit courant augmente et la capacité de produire des équipements militaires diminue. Pour toutes ces raisons, selon Miran, il existe aux États-Unis un consensus croissant en faveur d'un changement des relations qui les lient au reste du monde.

Si les États-Unis veulent changer le statu quo, ils doivent trouver des solutions. En général, les solutions unilatérales sont plus susceptibles d'avoir des effets indésirables, tels que la volatilité des marchés. Les solutions multilatérales sont, en revanche, très difficiles, voire impossibles à mettre en œuvre, même si elles contribuent à réduire la volatilité en impliquant les pays étrangers dans les décisions. Le dollar est une monnaie de réserve non seulement parce qu'il offre stabilité, liquidité, ampleur du marché et primauté du droit, mais aussi parce que les États-Unis peuvent projeter leur puissance physique dans le monde entier, façonnant et défendant l'ordre mondial. Le lien entre le statut de monnaie de réserve et la sécurité nationale est une histoire de longue date.

Selon Miran, les droits de douane et les politiques monétaires permettent d'améliorer la compétitivité de l'industrie manufacturière en réaffectant la production et les emplois aux États-Unis. Les droits de douane ne visent pas à réinternaliser les secteurs dans lesquels d'autres pays – par exemple le Bangladesh dans le textile – ont un avantage comparatif, mais à préserver l'avantage concurrentiel des États-Unis dans les productions à forte valeur ajoutée. En outre, étant donné que les politiques commerciales et de sécurité sont étroitement liées, les droits de douane auront tendance à défendre les installations industrielles nécessaires à la sécurité nationale, dont la portée doit être comprise au sens large, incluant par exemple des produits tels que les semi-conducteurs et les médicaments.

L'objectif n'est pas d'éliminer le statut de monnaie de réserve du dollar, que Trump a menacé de droits de douane élevés pour les pays qui l'abandonneraient, mais de partager avec ses alliés le poids de la fourniture d'actifs de réserve et du parapluie de défense.

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Les droits de douane

Miran pose d'abord la question de la mesure dans laquelle les droits de douane sont compensés par l'appréciation de la monnaie. Si le taux de change et les droits de douane se compensent presque entièrement, les droits de douane n'entraînent aucune augmentation de l'inflation, mais il n'y a pas de rééquilibrage commercial. À l'inverse, si le taux de change ne compense pas les droits de douane, les importations du pays soumis aux droits deviennent plus chères et, par conséquent, il y aura un certain rééquilibrage des flux commerciaux, mais aussi des prix plus élevés. Le choix se pose donc entre une faible inflation et un rééquilibrage commercial. Le seul aspect qui ne change pas dans les deux cas est que les droits de douane génèrent d'importantes recettes fiscales.

L'histoire récente, comme celle des droits de douane imposés à la Chine par la première administration Trump, montre, selon Miran, qu'il n'y a pas d'augmentation notable de l'inflation, puisque le yuan renminbi s'est alors déprécié de 13,7 % par rapport au dollar, compensant ainsi une grande partie de l'augmentation des droits de douane à 17,9 %. Si la compensation monétaire n'est pas mise en œuvre, les prix augmenteront à la suite des droits de douane et les consommateurs en supporteront le poids. Toutefois, avec le temps, les prix élevés inciteront à une reconfiguration des chaînes d'approvisionnement, les producteurs américains amélioreront leur compétitivité en vendant davantage sur le marché intérieur et les importateurs seront incités à trouver des alternatives aux produits importés soumis à des droits de douane.

La situation du marché financier est différente de celle du marché des marchandises. Si la compensation monétaire réduit la volatilité des prix à la consommation, elle peut entraîner une plus grande volatilité sur les marchés financiers, du moins à court terme. Toutefois, Miran souligne : « Ce qui importe, c'est de savoir si les droits de douane ont un effet durable, car, comme tout investisseur le sait, les réactions initiales du marché s'annulent souvent et s'inversent avec le temps» (2).

La variable financière la plus puissante pour expliquer les variations monétaires sur les marchés financiers est l'écart entre les taux d'intérêt. Pendant la période de guerre commerciale, l'avantage des rendements des obligations d'État américaines a diminué, passant d'environ 2 % en janvier 2018 à environ 1,5 % au moment de l'armistice dans la guerre commerciale en septembre 2019, malgré la hausse des taux par la Réserve fédérale américaine en 2018. La baisse des rendements peut rendre plus difficile l'appréciation du dollar et, par conséquent, ne pas compenser la hausse des droits de douane. Toutefois, Miran estime que la compensation monétaire se produira lors de la prochaine série de droits de douane.

Miran se concentre désormais sur les modalités de mise en œuvre des droits de douane. Une augmentation forte et soudaine des droits de douane peut accroître la volatilité des marchés. Mais dès le premier mandat de Trump, l'introduction des droits de douane s'est faite progressivement : « Les droits de douane étant un outil de négociation, le président s'est montré versatile dans leur mise en œuvre – l'incertitude quant à leur application, leur date et leur ampleur renforce le pouvoir de négociation en créant la peur et le doute» (3). Une telle approche progressive aidera les entreprises à redéfinir leurs chaînes d'approvisionnement, facilitant ainsi le transfert de la production hors de Chine.

Un autre aspect important de la mise en œuvre des droits de douane au cours du second mandat de Trump serait la segmentation des différents pays en plusieurs groupes soumis à des droits de douane différents en fonction de leurs relations avec les États-Unis, notamment en matière de défense. En effet, « les pays qui veulent rester sous le parapluie de sécurité doivent également rester sous le parapluie du commerce équitable. Un tel instrument peut être utilisé pour faire pression sur d'autres nations afin qu'elles se joignent à nos droits de douane contre la Chine, créant ainsi une approche multilatérale des droits de douane » (4). De cette manière, en créant un mur douanier mondial autour de la Chine, la pression sur cette dernière pour qu'elle réforme son système économique s'accentuera.

Il y a également la question du rapport entre les droits de douane et la fiscalité. Selon Miran, la réduction des impôts, par exemple sur le travail, est un moyen de générer des investissements et des emplois aux États-Unis, surtout si elle est financée par des droits de douane sur les importations étrangères. Les conséquences économiques d'une augmentation des droits de douane pourraient être moins problématiques qu'une augmentation des impôts sur le revenu et le capital. Le fait que les droits de douane augmentent d'abord le bien-être avant de le diminuer implique l'existence d'un taux de droits de douane « optimal », au niveau duquel un pays a obtenu tous les avantages possibles et où un droit plus élevé réduit le bien-être. Selon Miran, le droit optimal pour les États-Unis est de 20 %. Une autre question est celle des éventuelles représailles des pays auxquels les États-Unis imposent des droits de douane, qui peuvent conduire à une escalade bien au-delà des droits optimaux. Cependant, les États-Unis, qui sont de loin la plus grande source de demande mondiale et disposent d'un marché des capitaux solide, peuvent résister à une escalade plus que la Chine.

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Un autre moyen de dissuader les représailles douanières est la menace de rendre moins contraignantes les obligations de défense mutuelle, en ne garantissant plus le parapluie nucléaire américain. Par exemple, si l'Europe impose des contre-droits de douane sur les importations en provenance des États-Unis, mais augmente en même temps ses dépenses militaires, cela permet aux États-Unis d'alléger le fardeau de la sécurité mondiale et « de se concentrer davantage sur la Chine, qui est de loin la plus grande menace pour l'économie et la sécurité nationale américaine que ne l'est la Russie, tout en générant des recettes » (5).

Quoi qu'il en soit, les droits de douane sont un moyen d'augmenter les impôts des étrangers afin de maintenir ceux des Américains à un niveau bas et d'éviter que la prolongation de la réduction des impôts sur le revenu ne se traduise par une nouvelle dette publique.

Les devises

Outre les droits de douane, la surévaluation du dollar peut être contrée par une réévaluation des devises des partenaires commerciaux. Les politiques monétaires posent toutefois le problème de rendre les actifs en dollars moins attractifs aux yeux des investisseurs étrangers. Une dévaluation du dollar pourrait provoquer une fuite massive des capitaux hors du marché des obligations d'État américaines, ce qui entraînerait une hausse des rendements à long terme. Cela aurait des répercussions négatives sur plusieurs secteurs de l'économie, à commencer par la construction.

Ce risque augmenterait si l'inflation restait élevée et si la banque centrale américaine (Fed) décidait de relever ses taux d'intérêt. C'est pourquoi il sera important pour l'administration Trump de coordonner sa politique monétaire avec une politique réglementaire et énergétique déflationniste. En outre, une part importante des ventes des entreprises du S&P 500 est réalisée à l'étranger, et ces ventes ont plus de valeur lorsque le dollar se déprécie.

Historiquement, les accords monétaires multilatéraux ont été le principal moyen de guider les changements intentionnels du taux de change du dollar. L'un d'entre eux était l'accord du Plaza en 1985, lorsque les États-Unis, en accord avec la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne de l'Ouest et le Japon, ont coordonné l'affaiblissement du dollar. Aujourd'hui, les devises les plus importantes, outre le dollar, sont l'euro et le yuan chinois, mais il y a peu de raisons de s'attendre à ce que l'Europe et la Chine acceptent de renforcer leurs devises. Selon Miran, il est possible que l'Europe et la Chine deviennent plus malléables après une série de droits de douane punitifs et acceptent une forme d'accord monétaire en échange d'une réduction des droits de douane. Miran propose d'appeler un tel accord « accord Mar-a-Lago », du nom de la résidence de Trump en Floride.

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Les différences entre aujourd'hui et 1985 sont toutefois nombreuses. À commencer par l'ampleur de la dette publique américaine, qui était alors de 40 % du PIB et atteint aujourd'hui 120 %, ce qui pose des problèmes plus importants de gestion de la hausse des rendements des obligations d'État. La solution serait de justifier la réduction des taux par la nécessité de financer la fourniture par les États-Unis d'un parapluie de sécurité. De cette manière, les pays partenaires seront incités à échanger leurs UST à court terme contre des UST à cent ans. La durée plus longue contribuera à réduire les rendements et la volatilité du marché financier. Ainsi, un seul accord permet d'atteindre plusieurs objectifs : réduire la valeur du dollar, et donc le déficit commercial, et partager avec les étrangers le coût de la zone de sécurité.

Tout cela fonctionne si les pays partenaires concernés disposent d'actifs en dollars à vendre pour réduire la valeur du dollar. Contrairement à 1985, les réserves d'UST ne sont pas aujourd'hui situées en Europe, mais au Moyen-Orient et en Asie de l'Est, notamment en Chine, au Japon et en Arabie saoudite. Ces pays seraient moins disposés à satisfaire les demandes des États-Unis que les Européens en 1985. Il serait donc préférable que les instruments monétaires soient utilisés après les droits de douane, qui constituent un levier supplémentaire dans les négociations.

Beaucoup à Wall Street pensent qu'il ne peut y avoir d'approche unilatérale de la dévaluation du dollar, car cela nécessiterait une baisse des taux d'intérêt par la Fed, ce qui ne semble pas pouvoir se produire aussi facilement. En réalité, ce n'est pas vrai, car il existe une série d'instruments qui peuvent être utilisés. L'un d'entre eux est l'International Emergency Economic Power Act (IEEPA) de 1977. Si la cause de la surévaluation du dollar est la demande d'actifs de réserve, l'IEEPA peut être utilisée pour la réduire, par exemple au moyen d'une user fee (taxe d'utilisation), en retenant une partie du paiement des intérêts sur ces titres.

Cela pourrait toutefois entraîner une fuite du dollar, des pics des taux d'intérêt et des restrictions au pouvoir d'extraterritorialité. Pour éviter ces problèmes, on peut commencer par une taxe d'utilisation modeste, puis trouver au fil du temps le « juste » niveau et différencier selon les pays, comme cela a déjà été fait avec les droits de douane, en augmentant la taxe d'utilisation pour les adversaires géopolitiques tels que la Chine, par exemple, et enfin s'assurer la coopération volontaire de la Fed. À cet égard, il est essentiel que le « double » mandat de la Fed soit un triple mandat : plein emploi, prix stables et taux d'intérêt modérés à long terme. Ce dernier engagement permet d'intervenir si les taux d'intérêt atteignent un pic en raison de la politique monétaire.

Une autre approche unilatérale consiste à renforcer les devises étrangères en vendant des dollars et en achetant des devises étrangères. Dans ce cas, le risque réside dans l'inflation qui peut être générée par l'émission massive de dollars par la Fed pour acheter des devises étrangères. Dans ce cas, la Fed peut opérer une stérilisation de l'intervention qui soutiendra le dollar et contrera certains effets des ventes. Pour ces raisons, les économistes se sont montrés sceptiques quant à l'utilisation de ce moyen pour intervenir sur la devise. Tout dépendra donc du contexte dans lequel cette politique sera adoptée : dans un contexte de faible inflation, une stérilisation modérée est envisageable.

Considérations sur le marché et la volatilité

Selon Miran, le président Trump pourra, au cours de son second mandat, se concentrer sur ses objectifs centraux : la réindustrialisation, la revitalisation de l'industrie manufacturière et l'amélioration de la compétitivité internationale. Trump a acquis une expérience discrète en matière de droits de douane au cours de son premier mandat, tandis qu'une intervention sur la politique du dollar serait une nouveauté.

C'est pourquoi, en matière de politique monétaire, il convient d'être plus prudent qu'en matière de politique douanière et d'attendre que l'inflation et le déficit soient faibles afin d'éviter des hausses des taux d'intérêt qui pourraient s'accompagner d'un changement de politique sur le dollar, et surtout d'attendre un changement à la tête de la Fed qui garantisse sa coopération volontaire. Étant donné qu'une faible inflation est nécessaire pour permettre à la Fed de baisser ses taux, il faudra recourir à des politiques structurelles, par le biais de libéralisations de l'offre, de déréglementations et de réductions des prix de l'énergie.

Les approches monétaires unilatérales présentent des risques accrus de volatilité. Sans l'aide de la Fed pour plafonner les rendements et sans la volonté des détenteurs étrangers de bons du Trésor américain de renégocier la durée de la dette, une administration dispose de peu d'options pour stabiliser les rendements.

Pour ces raisons, une approche multilatérale visant à renforcer les monnaies sous-évaluées peut contribuer à contenir la volatilité indésirable. Un accord dans lequel les partenaires commerciaux des États-Unis convertissent leurs réserves en UST à très longue échéance allégerait la pression de refinancement sur le Trésor, améliorerait la viabilité de la dette et renforcerait l'idée que la fourniture d'actifs de réserve et le parapluie de défense sont étroitement liés. De cette manière, le dollar et les rendements à long terme pourraient baisser ensemble.

Dans tous les scénarios possibles, il y a des conséquences communes. Premièrement, une distinction claire est établie entre les amis, les ennemis et les neutres. Les amis sont ceux qui se trouvent sous le parapluie sécuritaire et économique, et en partagent les coûts. Ceux qui se trouvent en dehors du parapluie de sécurité se retrouveront également en dehors des accords commerciaux amicaux. Deuxièmement, l'expulsion de pays étrangers de la couverture du parapluie de sécurité américain peut entraîner une augmentation de la perception du danger et, par conséquent, une augmentation des primes de risque pour les actifs de ces pays. Troisièmement, il y aura une augmentation de la volatilité sur les marchés monétaires. Quatrièmement, les efforts pour trouver une alternative au dollar s'intensifieront. À cet égard, Miran est convaincu que les tentatives d'internationalisation du yuan et de création d'une monnaie des BRICS continueront d'échouer, mais qu'il est en revanche possible que l'or et les cryptomonnaies se renforcent.

Les conclusions de Miran

Miran réaffirme que son objectif est de trouver des moyens de remédier au déficit commercial et public tout en évitant les effets secondaires indésirables. L'opinion de Wall Street selon laquelle il n'est pas possible de modifier délibérément la valeur du dollar est fausse. Il existe de nombreux moyens, unilatéraux et multilatéraux, l'important étant de minimiser la volatilité qui en résulte. Quoi qu'il en soit, il est très probable que les droits de douane, qui constituent un important outil de négociation, seront utilisés avant tout autre instrument monétaire. Il est donc probable que le dollar se renforce avant d'inverser sa tendance, si tant est qu'il le fasse. Miran conclut en disant qu'« il existe une voie par laquelle l'administration Trump peut reconfigurer le commerce et les systèmes financiers mondiaux au profit de l'Amérique, mais cette voie est étroite et nécessitera une planification minutieuse, une exécution précise et une attention particulière aux mesures à prendre pour minimiser les conséquences négatives » (6).

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Nos conclusions

La lecture du texte de Miran est très intéressante, car elle correspond en grande partie à ce que Trump a fait et dit jusqu'à présent, en expliquant sa logique interne et en la replaçant dans le contexte de la redéfinition des relations entre les États-Unis et le reste du monde, à commencer par leurs alliés. Cela implique, étant donné que les États-Unis sont la première économie mondiale et le premier acheteur mondial, comme Miran l'anticipe déjà dans son titre, une restructuration du système commercial mondial.

Le plus frappant est que Miran considère le rôle du dollar comme monnaie de réserve internationale et le rôle des États-Unis en tant que puissance militaire garante de l'ordre mondial comme un service que les États-Unis offrent généreusement aux autres pays. Un service qui coûte aux États-Unis la désindustrialisation, un déficit commercial important et une dette fédérale énorme. Les autres pays sont donc des profiteurs, comme l'ont affirmé à plusieurs reprises Trump et son vice-président, J.D. Vance, en référence à l'Europe, qui bénéficierait gratuitement du parapluie de sécurité et du marché américain.

Le fait est cependant que l'interprétation de Miran renverse la réalité effective des choses. La désindustrialisation est avant tout le produit de la logique interne du mode de production capitaliste et, en particulier, de la tendance à la baisse du taux de profit. Les géants américains ont délocalisé une part considérable de leur production à l'étranger, car à l'étranger – au Mexique, en Chine et en Asie de l'Est – les profits étaient plus importants et le coût du travail moins élevé. La surévaluation du dollar a certainement joué un rôle, mais dans une mesure plus limitée que ne le prétend Miran.

s-l640-455788041.jpgMais l'aspect le plus important est que le dollar et son rôle de monnaie d'échange commercial et de réserve mondiale ne sont pas un fardeau, mais plutôt le « privilège exorbitant » des États-Unis, comme l'a affirmé l'ancien président français Giscard d'Estaing. C'est ce privilège qui lui a permis de financer sa double dette, commerciale et publique, en imprimant simplement des dollars. Les dépenses militaires colossales servent à imposer de manière coercitive l'hégémonie américaine et le rôle international du dollar. Ce n'est donc pas un hasard si le secrétaire américain au Trésor, John Connally, a déclaré en 1971 que « le dollar est notre monnaie et votre problème », lorsque les États-Unis ont rendu le dollar inconvertible en or, se donnant ainsi la possibilité de s'endetter à leur guise.

Mais si le dollar est l'instrument qui permet aux États-Unis de gérer leur double dette, quelle est la raison de l'introduction de droits de douane élevés et de politiques visant à dévaluer le dollar ? La raison, toujours selon le raisonnement de Miran, réside dans le fait que ces politiques s'opposent aux délocalisations et favorisent les relocalisations de l'industrie manufacturière. En effet, toujours selon Miran, sans industrie manufacturière, il n'y a pas de sécurité nationale, surtout si celle-ci est entendue au sens large, comme l'autonomie dans les productions stratégiquement importantes, telles que l'acier, les semi-conducteurs et les médicaments. D'ailleurs, la guerre en Ukraine a mis en évidence les graves insuffisances de l'industrie militaire américaine dans l'approvisionnement de Zelensky en armes et en munitions, aggravées par l'aide que les États-Unis ont simultanément offerte à Israël.

Une industrie de l'armement plus forte est nécessaire car – et c'est là l'autre point important du raisonnement de Miran – les rapports de force économiques et politiques ont changé ces dernières années. En particulier, la Chine s'est développée au point de devenir « de loin la plus grande menace pour l'économie et la sécurité nationale des États-Unis, plus encore que la Russie ». Étant donné que la Chine dispose d'une industrie manufacturière très forte et désormais également à la pointe de la technologie, les États-Unis ne peuvent se permettre d'avoir une industrie manufacturière faible et dépassée.

Un autre aspect important est la viabilité de la dette publique américaine et donc le niveau des taux d'intérêt sur les bons du Trésor américain (UST). Comme nous l'avons vu, Miran, toujours dans le but de résoudre le déficit commercial et de relancer l'industrie manufacturière, soutient que le dollar doit être dévalué ou, ce qui revient au même, que les monnaies des principaux partenaires économiques, à commencer par le yuan et l'euro, doivent être réévaluées. Or, le problème est que la dévaluation du dollar rend les investissements en dollars moins attractifs, y compris ceux dans les UST, ce qui fait remonter les rendements. L'optimum pour les États-Unis serait plutôt un dollar dévalué et des taux d'intérêt bas sur la dette publique.

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Or, depuis le début de l'année, le dollar s'est déprécié de 13 % par rapport aux principales devises, tandis que les taux d'intérêt sur la dette à 10 ans sont passés de 1,1 % en 2021 à environ 4,3 % en juillet 2025. À cela s'ajoute, sous la présidence Biden, la plus forte augmentation de la dette publique jamais enregistrée, soit 8 500 milliards de dollars supplémentaires. La tendance sous Trump ne semble pas s'inverser, compte tenu de l'ampleur du budget fédéral pour 2026, qui, entre autres raisons, a conduit à la rupture entre Trump et Musk. La hausse des taux et de la dette publique a fait exploser les dépenses nettes d'intérêts : de 658 milliards de dollars en 2023 à 880 milliards en 2024, pour atteindre plus d'un billion prévu en 2025, soit trois fois le niveau de 2020 (7).

Pour ces raisons, Miran souligne à plusieurs reprises la nécessité pour la Fed de respecter un triple mandat, en ajoutant à la pleine emploi et à la stabilité des prix la poursuite de taux d'intérêt modérés à long terme. Ce n'est pas un hasard si, ces derniers mois, Trump a vivement critiqué le président de la Fed, Jerome Powell, pour ne pas avoir baissé les taux d'intérêt. Toujours en lien avec le taux d'intérêt sur la dette fédérale, Miran propose de parvenir à un accord, qu'il appelle l'accord de Mar-a-Lago, avec les partenaires économiques pour une dévaluation concertée du dollar qui prévoit également un passage des UST à court terme à des UST à très long terme, ce qui rendrait le financement de la dette moins coûteux pour les États-Unis.

Revenons donc aux droits de douane qui, selon le raisonnement de Miran, sont avant tout un moyen de négociation pour imposer deux objectifs : dévaluer le dollar et financer la dette publique. Les droits de douane peuvent être instaurés, supprimés ou réduits si les autres pays acceptent les conditions imposées par les États-Unis, telles que l'appréciation de leur monnaie, l'acceptation d'acheter des dettes à très long terme et de réaliser des investissements productifs sur le sol américain. Un autre moyen de négociation important est la menace de retirer le parapluie de sécurité aux pays qui ne respectent pas les conditions imposées par les États-Unis. Miran explique également l'attitude hésitante de Trump en matière de droits de douane par la volonté d'augmenter le pouvoir de négociation, en créant le doute et la peur à travers l'incertitude. En définitive, les droits de douane, les politiques monétaires, le parapluie de sécurité sont autant d'expressions d'une politique de chantage par laquelle les États-Unis tentent de se faire financer par le reste du monde, y compris leurs alliés. Il s'agit d'un comportement parasitaire, basé sur l'accumulation par expropriation et typique de la phase impérialiste du capitalisme.

À ce stade, il est naturel de se demander : les politiques envisagées par Miran seront-elles couronnées de succès ? C'est une question importante, car en cas de succès ou d'échec, le monde auquel nous serons confrontés dans les prochaines décennies pourrait être très différent. Il est toutefois difficile de répondre à cette question aujourd'hui, après seulement six mois d'administration Trump, notamment parce que les variables à prendre en compte sont nombreuses.

Nous pouvons toutefois avancer quelques hypothèses. En ce qui concerne la relocalisation de la production, les choses bougent déjà, puisque les dix premières multinationales pharmaceutiques, face à la perspective de droits de douane élevés, ont annoncé 316 milliards de dollars de nouveaux investissements pour se relocaliser sur le sol américain (8). Un autre exemple à cet égard est celui du Japon qui, en échange d'une réduction des droits de douane à 15 %, a promis 550 milliards de dollars d'investissements aux États-Unis (9). En ce qui concerne le statut du dollar, il est possible que sa part dans les réserves mondiales, actuellement de 57,74 % (10), continue de s'éroder, notamment en raison de l'utilisation abusive qui en a été faite pour infliger des sanctions et de la tactique hésitante de Trump en matière de droits de douane, qui l'ont affaibli. D'autre part, les pays du BRICS ont eux-mêmes reconnu qu'une monnaie commune n'était pas viable, mais ils ont en même temps déclaré vouloir utiliser de plus en plus leurs monnaies nationales comme moyen de transaction commerciale internationale. Cela se produit d'ailleurs déjà depuis le début de la guerre en Ukraine dans les échanges de matières premières énergétiques entre la Russie, d'une part, et la Chine et l'Inde, d'autre part.

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Quoi qu'il en soit, comme le soutient Miran, les États-Unis ont peu de marge de manœuvre pour mener des politiques monétaires alternatives si la Fed ne baisse pas ses taux et surtout si, au niveau mondial, les conditions imposées par les États-Unis ne sont pas acceptées. C'est précisément là que réside le principal problème pour les États-Unis. Une grande partie du monde, celle que l'on appelle le « Sud global », ne semble plus disposée à se soumettre à l'Occident et en particulier aux États-Unis. Cela vaut surtout pour la Chine et la Russie, mais aussi pour le Brésil et de nombreux autres pays. La Chine et le Brésil, en particulier, ont réagi avec fermeté lorsque Trump a menacé d'imposer des droits de douane très élevés. L'expansion même des BRICS témoigne de la volonté d'un nombre croissant d'États de trouver des lieux de confrontation et de coopération alternatifs à ceux que les États-Unis et l'Occident collectif ont offerts dans le passé.

La situation est différente pour l'Occident collectif, dont font partie l'Europe occidentale et le Japon. Les pays qui en font partie semblent les plus perméables aux politiques de chantage de Trump et les plus disposés à lui venir en aide, notamment parce qu'ils tirent de nombreux avantages du système économique mondial organisé autour des États-Unis. En témoignent la soumission observée lors du dernier sommet de l'OTAN, où l'Europe a accepté d'augmenter ses dépenses militaires à 5 % du PIB, et la réticence de l'UE à envisager des contre-mesures douanières à l'encontre de Trump, justifiée par le mantra « il faut éviter une guerre commerciale avec les États-Unis ». Une guerre commerciale ou, mieux, une confrontation interimpérialiste, comme on aurait dit autrefois, qui est en réalité déjà en cours. À cet égard, il semble que l'unité de l'Occident soit quelque chose à laquelle Trump accorde une valeur bien inférieure à celle que lui attribue Meloni.

Par Domenico Moro pour ComeDonChisciotte.org

25.07.2025

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Domenico Moro s'intéresse à la mondialisation et à l'économie politique internationale. Il est l'auteur de Globalizzazione e decadenza industriale (Mondialisation et déclin industriel) et Nuovo compendio del Capitale (Nouveau compendium du Capital) ; Eurosovranità o democrazia? Perché uscire dall'euro è necessario (Eurosouveraineté ou démocratie ? Pourquoi il est nécessaire de sortir de l'euro), Meltemi, Milan 2020.

NOTES

(1) Stephen Miran, A User's Guide to Restructuring the Global Trading System, Hudson Bay Capital, 24 novembre 2024, p. 5.

(2) Ibidem, p. 19.

(3) Ibid., p. 22.

(4) Ibid., p. 23.

(5) Ibid., p. 26.

(6) Ibid., p. 38

(7) Peter G. Peterson Foundation, What are Interest costs on the national debt? 14 juillet 2025. Committee for a responsible Federal Budget, Interest costs could explode from high rates and more debt, 20 mai 2025.

(8) Monica D'Ascenzo, « Effet des droits de douane sur l'industrie pharmaceutique : 316 milliards investis aux États-Unis », Il Sole24ore, 23 juillet 2025.

(9) Stefano Strani, « Droits de douane, accord États-Unis-Japon : des tarifs à 15 % et Tokyo investira 550 milliards aux États-Unis », Il Sole24ore, 24 juillet 2025.

(10) Données du FMI, Composition monétaire des réserves officielles de change (Cofer), 2025 T1.

dimanche, 24 août 2025

« Le corridor de Trump »: les lignes de fracture entre la Russie et l'Iran

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« Le corridor de Trump »: les lignes de fracture entre la Russie et l'Iran

Source: https://report24.news/trumps-korridor-die-bruchlinien-zwi...     

Une analyse géopolitique montre comment le « corridor Trump » dans le Caucase du Sud révèle les lignes de fracture entre Moscou et Téhéran. Alors que les partisans de la ligne dure en Iran condamnent ce projet comme une menace existentielle, les « réformateurs » y voient une opportunité pour la paix et les investissements. Pour la Russie, cette division entre ses partenaires signifie avant tout une chose : en cas de crise, son allié supposé pourrait lui-même devenir un risque.

Dans un article publié sur Pogled.info, le journaliste bulgare Sergej Latichev décrit une évolution qui ne devrait pas plaire à Moscou. Sous le titre « Le corridor Trump révèle le problème de la Russie : un allié clé s'arme pour vous poignarder dans le dos ? », il dresse le tableau d'une constellation explosive dans le Caucase du Sud. Il s'agit du corridor dit « Zangezour » (désormais appelé avec dérision « corridor Trump »), qui doit relier l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Ce qui est présenté à Washington comme un succès diplomatique révèle surtout, selon Latichev, le rôle fragile et profondément contradictoire de l'Iran en tant que partenaire de la Russie.

Latichev souligne que Téhéran est divisé sur cette question. Alors que des partisans de la ligne dure comme Ali Akbar Velayati, conseiller du Guide suprême, qualifient le corridor de « menace existentielle » et préviennent qu'il pourrait devenir un « cimetière pour les mercenaires américains », des représentants du gouvernement comme Abbas Araghchi voient les choses tout autrement. Selon eux, il s'agit simplement d'une route de transit contrôlée par les Arméniens, qui pourrait favoriser la paix et la stabilité dans le Caucase du Sud. Le général Yadollah Djavani, membre des Gardiens de la révolution, est allé encore plus loin en avertissant Bakou et Erevan qu'ils pourraient subir « le sort de l'Ukraine » s'ils se laissaient entraîner dans le jeu de Washington. Le président Masud Pezeshkian s'est quant à lui montré modéré, évoquant simplement la nécessité de « surveiller de près les mesures américaines ».

Selon Latichev, ces positions contradictoires montrent clairement que l'Iran est tout sauf un allié fiable. Alors que certains à Téhéran attisent le conflit, d'autres rêvent d'investissements occidentaux. La Russie, quant à elle, doit se rendre à l'amère réalité que le partenaire avec lequel elle vient de signer un accord stratégique peut à tout moment basculer entre une hostilité sans compromis envers l'Occident et une coopération servile. Pour Moscou, selon cette analyse, cela signifie qu'en cas de crise, elle ne peut compter sur aucun soutien sûr.

Le « corridor Trump » est donc bien plus qu'un simple projet d'infrastructure régional. Il s'agit d'un levier géopolitique que les États-Unis utilisent habilement pour affaiblir la Russie dans le Caucase, diviser l'Iran et, dans le même temps, porter un coup à la stratégie de la Route de la soie de la Chine. Latichev cite le sinologue russe Nikolaï Vavilov, qui qualifie le projet de « poste de contrôle contre la nouvelle route de la soie ». Washington, selon lui, vise trois adversaires à la fois et utilise l'Arménie comme tête de pont.

La conclusion de cette analyse est claire : Moscou ne peut pas se fier aveuglément à Téhéran. Un empire aussi déchiré que l'Iran ne pourrait pas servir de bouclier en cas d'urgence, mais plutôt de poignard dans le dos. C'est précisément ce qui fait du « corridor Trump » une bombe géopolitique et un défi pour la politique étrangère russe.

vendredi, 22 août 2025

Les États-Unis cloisonnent les informations relatives aux négociations

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Les États-Unis cloisonnent les informations relatives aux négociations

Elena Fritz

Le 20 juillet, la responsable des services de renseignement américains, Tulsi Gabbard, a ordonné que toutes les informations relatives aux pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine ne soient plus partagées avec les services partenaires.

Même l'alliance étroite des services de renseignement « Five Eyes » (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) est concernée.

Importance stratégique

Cette mesure est plus qu'un simple détail technique. Elle signifie ce qui suit :

- Les États-Unis isolent délibérément leurs efforts de paix des canaux de communication transatlantiques habituels.

- Trump veut avoir les mains libres, sans l'influence des pays européens membres de l'OTAN, qui ont jusqu'à présent misé sur l'escalade plutôt que sur le compromis.

Méfiance envers Londres & Co.

Ce n'est pas un hasard si les Britanniques sont exclus du flux d'information:

- Depuis le début de la guerre, Londres est considérée comme le moteur d'une ligne dure contre Moscou.

- Le Canada et l'Australie, eux aussi, suivent traditionnellement les intérêts britanniques en matière de sécurité.

- En mettant fin à l'échange d'informations, Washington signale que ces États ne sont pas des partenaires neutres, mais des facteurs d'aggravation du conflit.

Changement de pouvoir en Occident

- L'arrêt du flux d'informations montre que l'initiative dans le conflit ukrainien appartient désormais directement à Washington, Moscou et Kiev, et non plus à l'OTAN ou à l'UE.

- Cela réduit encore la marge de manœuvre politique de l'Europe: Bruxelles reste en dehors du jeu.

Conclusion:

La décision d'empêcher le flux d'informations, même envers ses partenaires les plus proches, est un signe clair: Trump veut mettre fin à la guerre – et il sait que ce sont précisément ses « alliés » qui constituent le plus grand obstacle à cet égard.

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jeudi, 21 août 2025

Quand la France abandonnera-t-elle l'atlantisme?

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Quand la France abandonnera-t-elle l'atlantisme?

Raphael Machado (*)

Source: https://geoestrategia.eu/noticia/44946/politica/no-tiene-solucion-la-union-europea-y-su-servilismo-ante-estados-unidos.-analisis.html

Il est peu probable que la France puisse imprimer un renouveau stratégique à l'Union européenne, compte tenu de la récente capitulation de Bruxelles face au chantage tarifaire de Trump.

Un nouveau rapport politique français est passé inaperçu de la plupart des analystes géopolitiques, mais il représente un document stratégique fondamental qui pourrait déterminer des changements significatifs dans l'orientation internationale de l'Élysée.

Il s'agit du rapport n°1588 de la Commission des affaires européennes de l'Assemblée nationale française, consacré aux relations entre l'Union européenne et la Chine. Ce document, élaboré avec la contribution de représentants de tous les partis de l'Assemblée, vise à analyser les relations UE-Chine à la lumière du contexte géopolitique actuel et à suggérer des changements dans leur évolution.

La France, l'un des principaux pays de l'UE, aura tout naturellement une influence plus importante sur la politique étrangère du bloc si l'Élysée adopte les recommandations de la commission de l'Assemblée nationale.

Le point de départ du rapport est le constat que les relations entre l'UE et la Chine n'ont jamais été aussi tendues. Si l'UE a initialement salué l'ouverture économique de la Chine dans les années 1970 et cherché à développer ses relations commerciales bilatérales, aujourd'hui, malgré des échanges importants, la diplomatie est ternie par des déclarations hostiles prononcées par des responsables euro-bruxellois à l'égard de Pékin, comme celle qualifiant la Chine de « rival systémique » en 2019.

Le rapport attribue cette position à l'adhésion aveugle de l'Europe à une politique atlantiste dans le Pacifique, dirigée par Washington et servant principalement ses intérêts. Cette politique a été marquée par le « pivot stratégique » vers l'Asie sous le mandat de Barack Obama, approfondi sous le premier mandat de Donald Trump, l'administration de Joe Biden et le second mandat de Trump, qui a lancé une guerre commerciale avec la Chine par le biais de droits de douane élevés. Par exemple, lors d'un sommet tenu en 2021 au Royaume-Uni, l'UE et les nations du G7 ont publié un communiqué ouvertement sinophobe. Alors que les États-Unis, sous le Parti démocrate, entretenaient des relations plus fluides avec l'UE, Biden a orienté Bruxelles de façon à ce que l'UE traite Pékin comme étant un « défi systémique ».

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En outre, le rapport souligne la tendance de Bruxelles à adopter un ton moralisateur à l'égard de la Chine sous prétexte de défendre les soi-disant « droits de l'homme ». Il existe également de profondes divisions autour de l'Ukraine et de Taïwan.

Cependant, d'une manière que l'UE n'avait jamais prévue, la Chine a connu une croissance rapide, devenant un acteur mondial incontournable. Bien que 21% des importations européennes proviennent de Chine, le pays n'est plus seulement « l'usine du monde »: il est désormais le plus grand centre de R&D en science et technologie de la planète et le principal moteur du développement mondial des infrastructures grâce à l'initiative « Belt and Road », qui inclut même certains pays de l'UE.

Pour l'UE elle-même, le retour de Trump à la Maison Blanche a été un retour forcé à la réalité.

Le rapport souligne : « Les politiques de l'administration Trump ont marqué une rupture forte avec les fondements du multilatéralisme commercial et diplomatique ». Il souligne comment les États-Unis ont imposé des droits de douane élevés à la Chine et à l'UE, contournant les règles de l'OMC, voire menaçant de quitter ce cadre. Mais ce qui choque vraiment les auteurs, c'est le silence de Bruxelles lorsque Trump a menacé d'annexer le Groenland (territoire danois), sans émettre aucune critique quant à ce projet annexionniste et sans exprimer de la solidarité avec Copenhague. Cela soulève des doutes quant à la possibilité de continuer à considérer les États-Unis comme un « allié » et la Chine comme un « rival ».

À la lumière de toutes ces considérations et d'autres encore, la Commission propose 50 recommandations pour orienter la politique étrangère française et, plus précisément, pour que la France exerce une pression sur la politique étrangère européenne.

Parmi ces dizaines de recommandations, certaines se distinguent par un revirement à 180 degrés par rapport à la politique européenne actuelle envers la Chine.

Sur le plan géopolitique direct, par exemple, la recommandation n°11 propose de remplacer l'actuelle stratégie atlantiste appliquée dans la région indo-pacifique par une coopération avec la Chine; la recommandation n°13 propose de remplacer les institutions financières mondiales actuelles par une structure dans laquelle tous les pays seraient représentés de manière égale; la recommandation n°14, quant à elle, préconise la dédollarisation de l'économie mondiale par la création d'un étalon monétaire commun à l'échelle planétaire, afin de faciliter les échanges et le financement des économies nationales.

L'accent est également mis sur la création d'entreprises mixtes franco-chinoises et d'associations de coopération, en particulier dans les secteurs de haute technologie, comme le montrent les recommandations 6, 34 et 37, ainsi que sur la proposition de promouvoir la langue chinoise dans les écoles françaises et les associations universitaires, comme le montrent les recommandations 46, 48, 49 et 50. Le document est empreint de réalisme et surprend donc à la lumière des décisions contre-productives prises en permanence par Bruxelles dans ses relations extérieures.

Toutefois, compte tenu du leadership eurocratique actuel, incarné par Ursula von der Leyen, il est peu probable que la France puisse imprimer un renouveau stratégique à l'Union européenne, compte tenu de la récente capitulation de Bruxelles face au chantage tarifaire de Trump.

(*) éditeur, analyste géopolitique et politique, écrivain spécialisé dans les questions latino-américaines.

Deux mondes s'affrontent: les États-Unis assouplissent leurs sanctions, l'UE les renforce

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Deux mondes s'affrontent: les États-Unis assouplissent leurs sanctions, l'UE les renforce

Source: https://unzensuriert.de/306897-zwei-welten-treffen-aufein...

Alors que les préparatifs du sommet entre le président américain Donald Trump et le président russe Vladimir Poutine sur la guerre en Ukraine battent leur plein en Alaska, le fossé entre les États-Unis et l'Union européenne ne pourrait être plus profond.

Signaux d'ouverture au dialogue

Washington a suspendu de manière ciblée certaines sanctions afin de permettre aux participants russes de se rendre aux pourparlers. Cette suspension n'est valable que jusqu'au 20 août et concerne exclusivement les activités liées à la rencontre. Les biens bloqués ne seront pas débloqués, mais le signal est clair: les États-Unis misent sur la volonté de dialogue et la flexibilité diplomatique. Trump salue publiquement les efforts de son gouvernement pour mettre fin à la guerre en Ukraine et laisse entrevoir des garanties de sécurité pour Kiev.

L'UE sur la voie de la confrontation

L'UE, en revanche, reste sur la voie de la confrontation. À Bruxelles, on travaille actuellement sur le 19ème paquet de sanctions contre Moscou, qui devrait être adopté en septembre. La ministre des Affaires étrangères, Kaja Kallas, a clairement indiqué qu'aucune concession ne serait faite à la Russie sans un « cessez-le-feu complet et inconditionnel ». La pression sur Moscou doit continuer à s'intensifier, malgré les conséquences économiques parfois lourdes pour les États membres.

Un coup dans le pied

Ces répercussions sont désormais clairement mesurables. En raison de l'autolimitation des importations de gaz bon marché en provenance de Russie, les prix de l'énergie en Europe sont si élevés que l'industrie n'est plus compétitive. Les contre-sanctions russes touchent durement l'Europe, notamment l'agriculture: les producteurs de fruits et légumes, les éleveurs et l'industrie alimentaire souffrent parce qu'ils perdent des opportunités de vente. Rien qu'en Haute-Autriche, les maraîchers ont dû détruire des centaines de tonnes de choux.

Un moyen de pression inutile

Les économistes avertissent que les sanctions européennes n'affaibliront pas de manière décisive la Russie. Au contraire, la Chine profiterait de prix plus bas pour les matières premières, tandis que les produits transformés reviendraient en Europe par des voies détournées et à des prix beaucoup plus élevés. Une politique symbolique au détriment des intérêts stratégiques de l'Europe.

Le sommet de l'Alaska pourrait donc être non seulement un test pour les chances d'un cessez-le-feu, mais aussi le reflet de la capacité à résoudre les conflits: étroitesse d'esprit et obstination d'un côté, diplomatie et flexibilité de l'autre côté de l'Atlantique.

Le vagabond entre deux mondes - Horst Mahler est mort

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Le vagabond entre deux mondes

Horst Mahler est mort

Arne Schimmer

Source: https://aufgewacht-online.de/der-wanderer-zwischen-den-we...

Selon une déclaration de Rainer Langhans, icône de 68 récemment portraituré dans le journal « Die Welt », la militante politique de gauche Beate Klarsfeld lui aurait récemment dit à propos de Horst Mahler : « Horst continue simplement à chercher. La négation de l'Holocauste par Horst Mahler, il l'a apprise de nous, nous lui avons appris à provoquer. C'est nous qui lui avons appris à forcer les gens à discuter. Horst pense que le dialogue nécessaire n'a pas lieu ». C'est une interprétation originale de la fin de la vie de Horst Mahler.

À première vue, la vie de l'ancien avocat a été marquée par de grands bouleversements. Né le 23 janvier 1936 à Haynau, en Silésie, Horst Mahler appartenait encore à une génération qui a vécu les bombardements, l'expulsion des Allemands de l'Est et la division du pays par les puissances victorieuses. En 1945, sa mère s'est enfuie avec ses trois fils dans la zone d'occupation soviétique. Après son retour de captivité aux États-Unis, son père Willi a exercé pendant quelques années comme dentiste à Dessau-Roßlau avant de mettre fin à ses jours en 1949. Cet événement extrêmement traumatisant a sans doute profondément marqué Horst Mahler.

Après ce choc, la famille s'installe à Berlin-Ouest. C'est là que Mahler obtient son baccalauréat (Abitur) au printemps 1955, major de sa promotion, et commence des études de droit à la Freie Universität au semestre d'été suivant. À cette époque déjà, il s'intéressait de près à la théorie communiste et finit par devenir léniniste. Il interprétait l'œuvre de Lénine « L'État et la révolution » comme un acquittement « de toute culpabilité collective », comme Mahler le remarquait rétrospectivement en 1977. Après un bref intermède au sein de la corporation étudiante « Thuringia », il adhère au SPD en 1956, puis trois ans plus tard à l'Union socialiste allemande des étudiants (SDS). Après avoir obtenu son deuxième examen d'État, toutes les portes s'ouvrent à lui sur le plan professionnel. Il est considéré comme le futur avocat vedette de Berlin-Ouest, notamment parce qu'il est le premier avocat allemand à obtenir gain de cause devant la Commission européenne des droits de l'homme à Strasbourg en 1966. Mais la même année, à la demande personnelle de Rudi Dutschke, il commence à agir en tant qu'avocat de la nouvelle opposition extraparlementaire de gauche en formation.

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Fondation et dissolution de la RAF

Au cours des années suivantes, il est devenu le représentant juridique par excellence du mouvement de 1968 et a pris en charge un nombre presque incalculable de procès, souvent sans être rémunéré. Avocat charismatique qui faisait régulièrement des salles d'audience sa tribune politique, il a sans doute contribué autant que Rudi Dutschke à l'image du mouvement. Mahler s'est notamment fait connaître en tant qu'avocat – aux côtés du futur ministre fédéral de l'Intérieur Otto Schily – de Gudrun Ensslin et Andreas Baader dans le procès pour les incendies criminels dans des grands magasins, qui a captivé l'attention de toute la nation en 1968 et est considéré comme un élément important de l'histoire de la Fraction armée rouge (RAF).

Mais pourquoi ce virage vers le terrorisme ? Lors de l'assassinat de l'étudiant Benno Ohnesorg en marge d'une manifestation contre la visite du shah d'Iran Reza Pahlavi, qui a eu lieu le 2 juin 1967 à Berlin, de nombreux étudiants ont voulu voir dans cet acte un revirement de la violence sociale jusqu'alors latente, qui s'exprimait désormais ouvertement contre eux. Ils ne se doutaient pas que le tireur, le policier berlinois Karl-Heinz Kurras, était également un agent secret de la Stasi, la police secrète de la RDA. Cet événement a en tout cas marqué un tournant pour beaucoup, y compris pour Horst Mahler. Pour ce léniniste de l'époque, une révolution réussie impliquait de toute façon le recours à la violence.

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L'avocat de l'APO a ensuite joué un rôle central dans la conception et la fondation de la « Fraction armée rouge ». Il a recruté une grande partie de la première génération, notamment Manfred Grashof, Petra Schelm, Andreas Baader et Gudrun Ensslin.

À l'été 1970, alors qu'il s'entraînait au combat armé dans un camp de l'OLP en Jordanie, il a toutefois vécu une expérience décisive. Peter Homann, membre du groupe, a été accusé d'être un traître potentiel par Andreas Baader, un desperado multirécidiviste qui prenait de plus en plus le contrôle de la RAF à cette époque. Homann devait être abattu pour « renforcer la solidarité », ce qui ne se produisit finalement pas uniquement parce que les hôtes arabes ne voulaient pas d'un citoyen allemand mort dans leur camp. 27 ans plus tard, Mahler qualifia ce moment dans une lettre ouverte au journal « Die Zeit » de « point de départ de mon éloignement progressif » du terrorisme.

Il n'a pas touché à son pistolet

Lorsqu'il a été arrêté à Berlin le 8 octobre 1970, il n'a pas touché au pistolet déverrouillé qui se trouvait dans sa poche et a simplement salué les policiers en disant: « Compliments, messieurs ! ». Pendant sa détention, Mahler fut le seul des terroristes emprisonnés à refuser systématiquement la prétention au leadership revendiquée par le duo Andreas Baader/Gudrun Ensslin. Son exclusion de la RAF, qui eut finalement lieu en 1974, n'était donc qu'une question de temps.

logo_kpd_ab_-620725134.pngS'ensuivit un intermède de près de deux ans au sein de la KPD, un parti maoïste qui prônait alors un nationalisme radical, appelait à la chute du « régime Honecker » et considérait que sa mission principale était de préparer les masses populaires à une « guerre de défense nationale » contre l'Union soviétique « social-impérialiste » – le jeune Michael Kühnen fut d'ailleurs brièvement membre de ce parti. Mais le tournant intellectuel décisif pour Horst Mahler fut ses lectures pendant son incarcération dans la seconde moitié des années 70. Après avoir lu en détail les œuvres de Hegel, du dissident est-allemand Rudolf Bahro et de l'existentialiste français Jean-Paul Sartre, il rompit avec la théorie communiste dogmatique.

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Les événements en République populaire de Chine, où le réformateur Deng Xiaoping mit fin à la « révolution culturelle » destructrice, lancée par Mao, et amorça un programme de réformes extrêmement fructueux, firent le reste.

Le fait est que les positions qu'il défendait en 1980, l'année de sa libération, n'étaient pas si éloignées de celles qu'il adopterait plus tard. Lors d'un entretien avec le ministre de l'Intérieur de la FDP, Gerhart Baum, il a par exemple qualifié la « question de l'État » de « pivot de mon orientation et de mon action » et déclaré qu'il était « terrible de ne pas pouvoir s'identifier à son propre peuple ». Dans son entretien avec Baum, il déclarait également : « Je ne considère pas les nazis convaincus comme des monstres. Mon père, par exemple, était selon moi ce qu'on appelle un homme bon, même s'il était un nazi convaincu ».

Malgré de telles déclarations, Mahler jouissait à l'époque d'un statut quasi de star, car il était considéré comme un gauchiste modéré. Baum, déjà mentionné, et Rudolf Augstein, rédacteur en chef du magazine Der Spiegel, l'accompagnèrent lors d'une tournée de conférences, le futur chancelier Gerhard Schröder se battit pour qu'il soit réadmis comme avocat et la « Liste alternative de Berlin-Ouest » voulut le recruter comme membre, ce que Mahler refusa toutefois.

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Ce n'est que lorsqu'il réitéra avec force, dans la seconde moitié des années 1990, les positions qu'il avait déjà exprimées au début des années 1980, à l'occasion de l'arrivée au pouvoir du gouvernement rouge-vert, dans lequel beaucoup de ses anciens compagnons de route occupaient des fonctions importantes, qu'il fut perçu comme un renégat. Ses longues peines d'emprisonnement après le tournant du millénaire sont à nouveau exclusivement liées à des délits d'opinion, en particulier à des condamnations pour négation de l'Holocauste, alors que la loi pénale sur laquelle elles se fondent a déjà été critiquée par d'anciens juges constitutionnels tels que Wolfgang Hoffmann-Riem et Winfried Hassemer, ainsi que par l'ancien ministre fédéral de l'Intérieur Otto Schily.

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En effet, un regard sur la biographie de Horst Mahler montre qu'il est non seulement indigne d'un État de droit, mais aussi extrêmement peu souverain de vouloir mettre fin au débat avec un dissident en l'emprisonnant à perpétuité. Horst Mahler est décédé à Berlin le 27 juillet 2025. Au moins, ses persécuteurs ne peuvent plus lui faire de mal.

Arne Schimmer

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mercredi, 20 août 2025

L'échec historique des démocraties libérales

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L'échec historique des démocraties libérales

par Andrea Zhok

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31036-andr...

« L'égoïsme individualiste promu par le libéralisme a produit des représentants autoréférentiels, la privatisation des profits et l'impuissance des peuples, du krach subprime au génocide palestinien délibérément ignoré par les médias dominants. La volonté populaire est vidée de son sens, tandis que les médias et les institutions répriment toute dissidence. Un système oligarchique déguisé se consolide ».

De la « crise des subprimes » au génocide palestinien actuel retransmis en direct dans le monde entier, ce qui frappe, c'est la manifestation flagrante de l'échec historique des démocraties libérales.

Avant d'aborder ce sujet, il convient de réfléchir un instant à ce qui rendrait, en principe, un régime démocratique qualitativement meilleur que les alternatives autocratiques ou oligarchiques.

L'avantage théorique des systèmes démocratiques réside dans leur plus grande souplesse et leur réactivité potentielles pour répondre aux besoins de la majorité. En d'autres termes, un système démocratique peut être considéré comme comparativement meilleur dans la mesure où il permet une communication facilitée entre le haut et le bas, entre les individus les moins influents et les individus plus influents, entre ceux qui ne détiennent pas le pouvoir et ceux qui le détiennent.

Les systèmes autocratiques ou oligarchiques présentent le défaut de faire de l'écoute des sans pouvoir un choix facultatif pour ceux qui sont au sommet. En l'absence de systèmes de communication efficaces de bas en haut (il existait des choses comme les « audiences royales », mais elles avaient un caractère manifestement improvisé), il faut compter sur l'intérêt et la bienveillance des dirigeants pour que les intérêts du peuple soient pris en compte.

Or, il serait erroné de penser que de telles situations d'intérêt et de bienveillance de la part des dirigeants ont été rares dans l'histoire, mais les éléments d'arbitraire et d'aléatoire étaient évidents, et un empereur, un roi ou un souverain éclairé pouvait être remplacé par un autre insensible, obtus, belliciste, etc.

L'avantage comparatif du modèle démocratique semble évident, mais il est important de comprendre qu'il repose sur UN SEUL ET UNIQUE POINT, à savoir la grande perméabilité de la communication entre le haut et le bas et le contrôle du bas vers le haut.

Si l'on supprime cet élément, d'autres facteurs, tels que la linéarité décisionnelle, peuvent faire pencher la balance en faveur des gouvernements autocratiques, qui ont toujours l'avantage de pouvoir mettre en œuvre plus facilement que les démocraties les décisions du pouvoir exécutif (c'est la raison pour laquelle, dans les états en guerre, même les systèmes démocratiques prévoient la centralisation du pouvoir au sommet de la hiérarchie décisionnelle).

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Cependant, la démocratie idéale est la démocratie directe, qui ne peut toutefois fonctionner qu'à une échelle limitée, où la discussion personnelle et la décision publique peuvent avoir lieu directement et efficacement.

Aujourd'hui, grâce à certains supports technologiques, il serait peut-être possible d'étendre bien au-delà des dimensions classiques de l'Agora le nombre de personnes impliquées dans une forme de démocratie directe, mais il est illusoire de penser que l'on puisse se passer d'une médiation lorsque les chiffres impliqués sont de l'ordre de millions. C'est pourquoi les démocraties modernes sont des démocraties représentatives.

Et c'est là qu'intervient un problème bien connu de nature éthico-politique: pourquoi un représentant élu devrait-il défendre les intérêts de ceux qui l'ont élu ?

Il est important de comprendre qu'un contrôle capillaire par la base des représentants est techniquement impossible.

L'asymétrie d'information entre ceux qui gèrent le pouvoir et ceux qui doivent joindre les deux bouts est incompressible.

Pour ceux qui détiennent le pouvoir, il n'est pas difficile de prétendre que les raisons de leurs actions sont différentes de celles qui les motivent réellement (« il suffit d'une pincée de social », disait récemment un prétendu défenseur des revendications populaires).

Et même lorsque la dissimulation finit par être découverte, les possibilités de revanche sont extrêmement limitées: après 4 ou 5 ans, on peut s'abstenir de le soutenir.

Quelle peur !

Cette dérive ne peut être limitée que par la tempérance morale de l'élu, par son envergure idéale.

Mais nous sommes ici confrontés à un problème colossal spécifiquement lié aux démocraties LIBÉRALES.

Le libéralisme, abstraction faite des significations secondaires et peut-être louables que l'on peut tirer du chapeau de l'histoire, est essentiellement une idéologie qui encourage l'égoïsme individualiste et la compétition de tous contre tous.

Il le fait systématiquement.

C'est la première et unique théorie morale qui affirme que la poursuite individuelle de ses propres intérêts, sans conditions, finira toujours par profiter à tous (la « main invisible » du marché).

Cette théorie est manifestement une idiotie nuisible.

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Dans une atmosphère culturelle libérale, qui promeut l'égoïsme individuel et la concurrence illimitée, tout en dépréciant toute forme de valeur objective, toute valeur de devoir moral et tout fondement idéal et religieux, il n'y a aucune raison au monde de s'attendre à ce qu'un représentant élu cherche autre chose que ses propres intérêts.

Bien sûr, tout le monde ne suit pas le canon libéral, mais celui-ci est statistiquement prédominant dans les démocraties libérales.

Ce qui en découle est banal: plus la vie d'une démocratie libérale se prolonge, plus les vestiges de croyances éthiques différentes ont tendance à s'estomper, et plus une classe de représentants autoréférentiels, à la solde du plus offrant et essentiellement de mèche entre eux pour préserver leurs positions de pouvoir, fait son apparition.

Il n'y a donc aucun mystère à ce qu'un système continue de fonctionner dans lequel les profits sont privatisés et les pertes imputées au public (voir la crise des subprimes), où, depuis le référendum grec de 2015 jusqu'à l'actuel Rearm Europe, la volonté populaire ne compte pour rien, où des foules immenses peuvent manifester pendant des années contre le génocide palestinien tandis que les chefs d'État prennent des selfies avec Netanyahu, etc.

Souvent, on ne remarque même pas ces divergences d'intérêts et de valeurs, car les chiens de garde de l'« information publique » parviennent à façonner une opinion publique fatiguée et distraite (tout le monde n'a pas le temps de mener des enquêtes privées sur chaque information).

Mais même lorsque cette distance entre les intérêts du plus grand nombre et les actions de la classe dirigeante apparaît tout à fait flagrante, rien ne change.

Aujourd'hui, le spectacle de l'impuissance absolue des peuples libéraux-démocrates triomphe sur toutes les chaînes.

Et pendant ce temps, sous les formes les plus éhontées, les « institutions » s'efforcent de faire taire même les quelques éléments résiduels de perturbation, de protestation dans la rue, de contestation sur les réseaux sociaux.

Et les « chiens de garde » avec leur journal et leurs slogans dans la gueule vous expliquent que le harcèlement moral et la diffamation ont lieu au nom de l'inclusion; que la censure et les sanctions ont lieu au nom de l'information; que les charges des matraqueurs et les jets des canons à eau ont lieu pour défendre la sécurité publique; que les provocations et la course aux armements sont nécessaires au nom de la paix ; etc. etc.

Le monde selon le mode russe et la Pax Americana

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Le monde selon le mode russe et la Pax Americana

Leonid Savin

La visite à Moscou du représentant spécial du président américain Steve Witkoff et les déclarations officielles concernant la rencontre prévue entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump pour discuter du règlement du conflit en Ukraine soulèvent à nouveau la question d'une éventuelle cessation des hostilités et du lancement d'un processus de paix, si les conditions conviennent à toutes les parties.

Bien que l'on parle de paix, des connotations contradictoires et des questions supplémentaires apparaissent. Les objectifs de l'opération militaire spéciale annoncés par les dirigeants russes seront-ils atteints ? Le cessez-le-feu prévu affaiblira-t-il la Russie ou, au contraire, lui offrira-t-il de nouvelles possibilités de défendre ses intérêts ? Qu'adviendra-t-il des sanctions ?

La réunion à venir et les négociations éventuelles se déroulent dans un contexte d'expansion de la zone de contrôle russe sur la ligne de contact, de sorte que les craintes d'un échec du succès militaro-politique par le biais de décisions diplomatiques sont tout à fait plausibles. Les précédents historiques des guerres russo-ottomanes et, en particulier, la politique perfide de la Grande-Bretagne, puis des États-Unis, rendent ce risque assez élevé.

Mais avant tout, lorsque l'on réfléchit à la paix, il faut tenir compte du fait que nous la comprenons quelque peu différemment que l'entendent, disons, les représentants de la culture anglo-saxonne. Un détour par l'étymologie est important pour comprendre ce à quoi nous aurons affaire par la suite.

Dans la langue russe moderne, le mot « mir » a deux significations. Il désigne 1) l'espace qui nous entoure, c'est-à-dire la planète Terre, et 2) l'état de paix et d'harmonie. En sciences politiques, on utilise souvent le terme latin Pax, dont est dérivé le mot anglais Peace. Le plus souvent, le mot Pax est utilisé avec un adjectif, par exemple dans l'expression Pax Britannica, qui décrivait la puissance de l'Empire britannique et l'existence de ses colonies à travers le monde. La Pax Americana, c'est-à-dire la paix à l'américaine, est apparu dans la seconde moitié du 20ème siècle, lorsque la Grande-Bretagne, pour diverses raisons, n'a plus été en mesure d'exercer sa domination mondiale et que ses colonies ont commencé à se séparer les unes après les autres dans différentes parties du monde. Mais dans le dictionnaire latin-russe classique (édité par Dvoretsky), le mot Pax est donné dans un sens plus large, appliqué à l'Antiquité. Il existait alors la Pax Romana, décrite comme « la partie du monde pacifiée par les conquêtes romaines, c'est-à-dire par l'Empire romain, l'Imperium romanum ».

Donc, l'Imperium n'est pas simplement un état de paix et d'harmonie. D'abord, c'est le résultat des actions de l'acteur politique qui instaure cet Imperium. Ça peut être fait par la force des armes ou par la persuasion, mais la « pacification » en soi implique qu'elle n'a pas été réalisée de plein gré par ceux à qui s'applique cet ordre mondial. Deuxièmement, il s'agit de contours territoriaux bien définis. La Pax Romana s'étendait sur la région méditerranéenne, la Gaule et la Bretagne, mais la Scythie, la Perse et, a fortiori, l'Inde et la Chine, plus lointaines, n'ont jamais été soumises à l'autorité de Rome.

Au 21ème siècle, les réalités sont différentes. Si quelqu'un ne peut être « pacifié » par la force des armes, on aura très probablement recours à des instruments économiques, à l'influence culturelle, ainsi qu'aux services d'une tierce partie, qu'il s'agisse d'un organe supranational ou d'une organisation internationale influente. Il semble qu'un tel scénario d'Imperium, selon lequel certaines restrictions seraient imposées à la Russie, pourrait se réaliser aujourd'hui. Il s'agirait en quelque sorte d'une version de la Pax Americana qui s'approcherait de nos frontières (compte tenu des informations préliminaires selon lesquelles les États-Unis ont refusé de garantir que l'Ukraine n'adhérerait pas à l'OTAN).

Voilà donc une option, la pire pour la Russie. Quelles autres versions de l'apaisement actuel sont possibles ? Bien que Zelensky affirme également sans cesse la nécessité d'établir la paix, il est tout à fait évident que ce processus n'a pas grand-chose à voir avec l'Ukraine, car celle-ci n'est pas un sujet souverain. On peut également parler, avec beaucoup de bonne volonté, d'une Pax Europaea, car les principaux acteurs du processus de négociation sont la Russie et les États-Unis.

Si un partage des sphères d'influence sur le territoire ukrainien a lieu, comme ce fut le cas lors de la conférence de Potsdam, deux ordres mondiaux – américain et russe – se côtoieront et disposeront peut-être d'une zone tampon. Comme à l'époque de la bipolarité; à cette époque-là, cependant, la frontière se trouvait beaucoup plus à l'ouest. La question cruciale et urgente sera alors de savoir où passera exactement la ligne de démarcation. Suivra-t-elle les frontières administratives et territoriales ? Le Dniepr (compte tenu du retrait des forces armées ukrainiennes de la partie occupée de la région de Kherson) ? Ou la Pax Russica s'étendra-t-elle beaucoup plus à l'ouest, où se trouvent les terres historiques du monde russe ?

Il convient de souligner que la Pax Russica est plus qu'une zone de contrôle militaire et politique de Moscou. Il s'agit d'un espace culturel et historique, d'une zone d'activité commerciale et économique, et d'un espace de liberté, sans entraves, pour les compatriotes vivant dans d'autres États. Cependant, d'un point de vue étymologique, la Russie mène actuellement une politique d'apaisement par la voie militaire à travers ses forces armées.

D'un point de vue géographique plus large et dans une perspective stratégique à long terme, la nuance suivante est importante. Tant que la Pax Americana règne en Europe (ce qui est évident dans le contexte actuel de l'UE et de l'OTAN), la Pax Russica ne pourra pas se transformer en Pax Eurasiatica, même avec la participation active des autres membres de l'UEE et l'adhésion de l'Inde, de la Chine et de l'Iran avec leur propre vision de la Pax, qui peuvent coexister de manière organique dans le cadre de l'Ordo Pluriversalis, un ordre géopolitique multipolaire. Il est donc nécessaire d'établir des bases solides (garanties, respect des exigences, communication des positions impératives) non seulement pour la mise en œuvre adéquate de la Pax Russica, mais aussi pour créer un terrain favorable à la future Pax Eurasiatica, qui implique évidemment la disparition du régime transatlantique, à travers lequel la Pax Americana continue d'exercer son hégémonie dans la péninsule occidentale de l'Eurasie.

Le dîner des cons

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Le dîner des cons

Andrea Marcigliano

Source: https://electomagazine.it/la-cena-delle-beffe/

Un Trump rayonnant. Joyeux, presque enjoué. À la répartie facile.

Tel était l'image qu'offrait le président des États-Unis immédiatement après ses rencontres avec ses « alliés » européens. Et surtout avec l'Ukrainien Zelensky.

Qui, lors de la conférence de presse finale, en était presque à bégayer. Pour une fois en costume-cravate, à la demande de Trump, qui ne voulait pas d'un voyou en t-shirt camouflé à sa table.

Mais Zelensky tremblait. Et il était évident qu'il se raccrochait à tout pour ne pas perdre pied devant Trump. Qui souriait comme un chat qui vient de manger une souris. Ou qui se préparait à manger une tribu de souris d'élevage.

Oui, car Trump a obtenu le résultat qu'il s'était fixé. Remettre les Européens au pas, en montrant clairement qui commande pour de vrai. C'est Washington. Et le reste n'est que bavardages sans queue ni tête. Ils ne servent qu'à faire passer le temps.

Le magnat n'a même pas eu à faire d'efforts. Le bellicisme proclamé par Starmer, Macron, Merz, Rutte, von der Leyen s'est immédiatement révélé pour ce qu'il était en réalité. De vaines paroles. Dépourvues de toute substance réelle.

Et notre Meloni... tout simplement absente.

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Sans les États-Unis, le reste de l'OTAN n'est qu'une mascarade sans substance. Bon pour faire un spectacle de cirque. Pas pour faire la guerre à la Russie.

Trump le savait, et il a agi en conséquence.

Le paradoxe est que, depuis son entretien amical avec Poutine en Alaska, il n'a rien obtenu. Pas la paix en Ukraine. Pas même un cessez-le-feu temporaire.

Le tsar négocie avec Washington. Et il déclare qu'avec Trump à la Maison Blanche, la fameuse « opération spéciale » n'aurait pas été nécessaire. Tout aurait été réglé par l'application des accords de Minsk.

C'est probablement vrai. Mais il est tout aussi vrai que ces accords sont désormais caducs. La Russie a gagné sur le plan militaire. Et elle entend maximiser le résultat en provoquant l'effondrement du régime de Kiev. Et, à tout le moins, à la neutralisation de l'Ukraine future. Si ce n'est à sa disparition pure et simple de la carte politique.

Quoi qu'il en soit, pour Zelensky, balbutiant en costume-cravate, c'est le glas qui sonne.

Le spectacle donné par les Européens est indigne. Après tant de déclarations, tant de polémiques, tant de menaces, ils se sont disputés pour essayer de s'attirer les faveurs de Trump. Un spectacle qui aurait dégoûté des prostituées s'offrant à leur client.

Trump riait sous sa moustache (qu'il n'a pas) et jouait, plaisantait, comme le maître d'un cirque sur le point de mettre aux enchères et de brader à l'abattoir des bêtes désormais abruties par leurs encagements.

Un dîner de la dérision. Avec un seul moment de vérité. Lorsque le président a déclaré, apertis verbis, qu'il était très satisfait de ces rencontres. Et qu'il en parlerait au téléphone avec Poutine. Immédiatement après.

Fin du jeu. Fin des plaisanteries. La politique internationale est une affaire sérieuse. Une affaire de grands.

Que les Européens se taisent et se mettent au pas.

 

L'Europe bascule en marge de la politique mondiale

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L'Europe bascule en marge de la politique mondiale

Elena Fritz

(Facebook)

Les États-Unis peuvent se permettre un ordre multipolaire. Même sans alliés, ils restent une puissance mondiale grâce à leurs ressources, leur population, leur armée et leur influence internationale.

L'Europe, en revanche, a principalement dû son rôle dans la politique mondiale ces dernières décennies à son statut de « partenaire privilégié » de la superpuissance américaine. Tant qu'il y avait unipolarité, l'Europe était importante. Mais dans un monde multipolaire, elle n'est plus qu'un acteur secondaire, dépassé par ses concurrents.

C'est précisément pour cette raison que l'idée que Washington, sous Trump, négocie avec la Russie et tienne compte de ses intérêts est un cauchemar pour l'Europe. Un monde dans lequel les États-Unis renonceraient à leur toute-puissance ferait automatiquement sortir l'Europe de la première division en politique internationale.

À court terme, déléguer la sécurité aux États-Unis consistait à se donner une position confortable: moins de dépenses militaires, des normes sociales plus élevées. Mais la guerre en Ukraine a montré le revers de la médaille :

- Avec les États-Unis à ses côtés, l'Europe n'est qu'une marionnette.

- Sans eux, il ne reste qu'un conglomérat d'États inquiets qui réclament des garanties dans la panique.

La leçon fondamentale de la politique internationale :

- Ceux qui ne financent pas leur propre armée financeront celle d'un autre – dans le cas de l'Europe, celle des États-Unis. Et au final, on paie le triple du prix.

mardi, 19 août 2025

Sous la pression des États-Unis, Zelensky devrait signer un accord de paix, convoquer de nouvelles élections et quitter la scène politique

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Sous la pression des États-Unis, Zelensky devrait signer un accord de paix, convoquer de nouvelles élections et quitter la scène politique

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/174221

Selon une information qui circule actuellement, Zelensky devrait être poussé, lors de sa visite à Washington, à signer un accord de paix. Pour cela, il devra toutefois convoquer des élections en Ukraine et démissionner de ses fonctions politiques. C'est du moins ce que rapporte le politologue ukrainien Vladislav Olentschenko dans l'émission de la journaliste Natalia Moseichuk.

"Lundi, Zelensky se verra proposer de signer un accord de paix global et de convoquer des élections en Ukraine – pour la paix. En contrepartie, on lui promet les garanties suivantes: une sécurité totale pour lui-même et les membres de sa famille, la conservation de son capital et même la possibilité de devenir réalisateur à Hollywood. Ils essaient de l'« acheter » et de le convaincre qu'il n'y a pas d'autre issue".

– selon Olentschenko.

Cela devrait donc empêcher Zelensky de participer aux nouvelles élections.

Pourquoi participerait-il aux élections ? Il les perdrait de toute façon. Ils lui diront : « Tu es fatigué, il est temps de te reposer ». Quelles sont les possibilités ? Quel type de politique ? Après tout, tu n'es venu que pour une courte période, et c'est ce qui s'est passé. Ils n'ont plus besoin de toi. Tu as déjà tout fait, accepte-le, tout ira bien... »

Sommet Trump-Poutine-Zelensky dans quelques jours déjà ?

Comme on le sait, Zelensky se rendra aujourd'hui lundi chez le président américain Donald Trump pour discuter des conditions de Poutine pour un accord de paix.

Selon les médias occidentaux, un sommet tripartite entre Zelensky, Trump et Poutine pourrait avoir lieu dès le 22 août. Trump ne commencerait toutefois les préparatifs que si les discussions préliminaires avec Zelensky, qui se déroulent aujourd'hui lundi, aboutissent dans le sens souhaité par la Russie et les États-Unis.

Zelensky bientôt de l'histoire ancienne ?

D'autres analyses d'experts indiquent également que Zelensky serait sur le point de renoncer à la présidence ukrainienne. Et le nouveau chef de l'État ukrainien accepterait alors probablement des conditions de paix avec la Russie qui étaient auparavant inacceptables pour Zelensky. Sa démission serait donc une mesure attendue depuis longtemps et sans surprise, comme l'a mentionné David Mauricio Castrillon Kerrigan, expert en politique internationale à l'université colombienne Externado, à l'agence russe « RIA Novosti ».

Et d'ajouter :

"Il ne serait pas surprenant que Zelensky, à l'issue de ces rencontres, quitte son poste pour laisser la direction du pays à une autre personnalité. Et ainsi, avec une nouvelle image, accepter les conditions qui sont aujourd'hui inacceptables pour lui. Cela pourrait être politiquement judicieux pour toutes les parties et permettre à l'Ukraine d'accepter une décision coordonnée qui stabiliserait la situation sous la pression des États-Unis".

– selon Castrillon. (vadhajtasok)

Le Maure Zelensky a-t-il fait son devoir ?

Pour l'ancien comédien, ce serait l'un des moments les plus amers de sa vie: il aurait rempli son rôle de marionnette au service de l'État belliciste et se retrouverait là où il réussissait le mieux: caché, jouant du piano avec ses parties intimes, comédien de bas étage...

lundi, 18 août 2025

La fin du « monde unique »: communication, pluralité culturelle et changements politiques

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La fin du « monde unique »: communication, pluralité culturelle et changements politiques

Pendant des décennies, la mondialisation a promis un monde unifié sous la bannière culturelle de l'Occident, avec les États-Unis comme centre rayonnant. Mais les technologies mêmes qui ont alimenté ce rêve d'homogénéisation ont ouvert la voie à un scénario inattendu : l'essor de récits multiples, d'identités rebelles et de puissances émergentes qui ont brouillé l'ancienne hégémonie.

Lic. Andrés Berazategui

Source: https://politicar.com.ar/contenido/996/el-fin-del-mundo-u... 

Au cours des dernières décennies, les communications ont connu un essor spectaculaire dans la transmission des valeurs, des cultures et des expériences, à tel point que dans les années 1990 et au début des années 2000, la conviction dominante était que le monde allait devenir un village global doté d'une « culture » hégémonique standardisée avec une forte empreinte occidentale, mais surtout nord-américaine. On pensait qu'une fois la guerre froide terminée, l'expansion du modèle d'ordre international libéral, fondé sur les marchés ouverts, la démocratie et les droits de l'homme, serait tôt ou tard acceptée de manière irrévocable par l'ensemble de la planète.

Les États-Unis étant le moteur de cette expérience, on croyait que, parallèlement à l'expansion du capitalisme – et suivant sa logique d'uniformisation de la réalité en espaces d'achat et de vente –, ce modèle d'ordre transmettrait également les goûts, les produits et les « industries culturelles » propres aux États-Unis. À cette époque, les raisons de confirmer cette hypothèse ne manquaient pas: l'expansion de la télévision par câble, la naissance d'Internet et l'apparition des réseaux sociaux confirmaient que la technologie contribuait de manière accélérée à l'homogénéisation du monde sous l'influence de la diffusion culturelle américaine.

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Si nous parlons de notre expérience personnelle, dans les années 1990, alors que nous étions adolescents (et en grande partie aussi par nouveauté), nous regardions les informations internationales sur CNN ; pour la musique, nous nous tenions au courant grâce à MTV, où l'on écoutait principalement de la musique chantée en anglais, originaire et/ou produite aux États-Unis. Bien sûr, les chaînes de cinéma diffusaient essentiellement des films hollywoodiens. Nous regardions même le basket de la NBA ! L'influence s'est même étendue à la cuisine: il était à la mode d'acheter des repas rapides (fast food) dans une certaine chaîne de « golden arches » qui allait devenir un symbole de cette américanisation planétaire.

Bien sûr, cette situation a conduit de nombreux critiques à souligner que cette homogénéisation mondiale constituait un réel danger. Les critiques étaient multiples et provenaient de divers points de vue: on disait que la mondialisation n'était pas un simple effet des communications, mais une expansion du capitalisme et de sa logique de marché ; que l'hégémonie médiatique américaine masquait l'imposition de valeurs étrangères ; que la standardisation des normes obligerait tous les pays à se plier à l'unique hégémon mondial ; que la culture américaine relevait d'une grossièreté orientée vers la consommation qui balayerait les complexités et les richesses des différentes traditions. Ces critiques, et bien d'autres encore, ont été adressées à la mondialisation occidentale, chacune avec sa part de raison et de crainte.

Cependant, à la surprise générale, ce sont précisément les médias et la technologie qui ont servi ce processus d'uniformisation qui ont abouti à exactement le contraire: les récits se sont multipliés et une multitude de cultures, de coutumes et même de modes sont apparues. Et nous ne parlons pas seulement de « cultures » au sens national-occidental du terme, tel que nous l'entendons ici. Divers types de revendications sociales, environnementales, historiques, etc. ont également émergé.

Les médias et les réseaux sociaux sont devenus les catalyseurs d'une multiplicité de voix qui, auparavant, ne pouvaient pas exprimer leurs réalités. Du « basic english » à l'ethnopluralisme. De la centralisation de l'autorité à la fluidité de l'action et des expériences. D'un récit unifié qui légitimait l'hégémonie occidentale à la préférence pour ce qui est propre et au rejet de l'imposition culturelle. Or, dans ce contexte, l'ancienne puissance hégémonique mondiale ne veut pas perdre son statut dominant, car la lutte pour le pouvoir, l'espace et le modèle d'ordre international à construire reste finalement importante. Cependant, le sentiment que l'hégémonisation du monde n'a été qu'un épisode éphémère, une note en bas de page dans le livre de l'histoire, est de plus en plus évident.

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Les symboles de la mondialisation unique sont aujourd'hui presque des pièces de collection nostalgiques.

Le monde contemporain a vu le retour des grandes puissances qui, à mesure qu'elles retrouvent leur base matérielle de subsistance, deviennent des acteurs majeurs de la politique internationale dans un monde dont la nature humaine et politique ne change pas, car le pouvoir reste le pivot des relations internationales. La Chine est déjà l'un des grands acteurs, mais l'Inde et une Russie revitalisée le sont également. L'Europe semble gagner peu à peu en autonomie (est-ce vrai ?). Comme si cela ne suffisait pas, la diversité est également subnationale et transnationale, ce qui complique encore les choses. Les liens traditionnels et les identités nées de la postmodernité se disputent la loyauté des individus. L'émergence de nouvelles demandes peut rendre les systèmes politiques plus instables, et ainsi l'ancienne « unité nationale » est remise en question par de nouveaux acteurs sociaux qui renforcent leur participation politique et menacent la souveraineté des États.

Un monde marqué par la diversité croissante des cultures, la concurrence stratégique entre les puissances et la fluidité des loyautés nous invite à la prudence dans nos prévisions. Comme si cela ne suffisait pas, l'intelligence artificielle commence à être une technologie disruptive qui pourrait avoir une influence structurelle sur la dynamique de la politique internationale. En tout état de cause, elle est déjà un espace de concurrence de premier plan dans la lutte pour l'hégémonie.

Quoi qu'il en soit, ce que nous avons dit au début reste vrai : le monde est passé d'un processus de standardisation mondiale à un processus pluralisant, voire à des ruptures politiques et sociales. Et sur ce point — celui des ruptures —, la seule chose que nous osons dire, c'est que cela ne fait que commencer.

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Que faire ?

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Que faire ?

Claude Bourrinet

Source: https://www.facebook.com/profile.php?id=100002364487528

Je reprends, comme titre de cette réflexion politique, le fameux intitulé d'un essai de combat de Lénine, programme organisationnel destiné à former un parti fort et soudé, titre lui-même inspiré de celui d'un roman de Nikolaï Tchernychevski, paru en 1863.  Tchernychevski était membre des Narodniki, « ceux du peuple », autant dire « populistes » (le mot vient de Russie), adeptes d'un socialisme fondé sur le Mir (unités paysannes communautaires), et ayant versé dans le terrorisme, le nihilisme.

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On se souvient que la thèse de Lénine est que le prolétariat ne peut devenir spontanément révolutionnaire, même en fondant ses luttes sur des revendications sociales. Il lui faut, pour le guider, un parti hiérarchisé, discipliné, doté d'un programme solide le menant à l'insurrection et au renversement du Capital.

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Cette problématique, comme on dit dans les classes de lycée, est celle qui court en filigrane dans l'essai que publia Emmanuel Todd : Les Luttes de classes en France au XXIe siècle, lui-même clin d’œil au fameux ouvrage de Karl Marx relatif à ce qui est, selon lui, l'identité de la France, à savoir justement et clairement, la lutte de classes. Cette réflexion venait après la révolte des Gilets jaunes, mouvement spontané engendré par un malaise social, qui toucha presque toute la France (à l'exception de la Bretagne et des quartiers de banlieue, et d’une grande partie de la couche intermédiaire de la société – nous tenterons d’expliquer pourquoi), et répondit à la violence étatique féroce par une violence populaire décidée.

Cette éruption d'une lutte collective que l'on pensait improbable ne manqua pas de susciter des interrogations, auxquelles Todd tenta de répondre, notamment celle sur un avenir de luttes ouvrant la perspective d'une sortie par le haut du piège où nous a enfermé le Traité de Maastricht.

Rappelons que, selon Todd, l'instauration d'un centre de décision à Bruxelles, et l'imposition de l'euro, ont ruiné la France, l'ont désindustrialisée, et ont vidé de toute substance vitale la vie politique de la Nation, de sorte que le pays est dirigé par une caste stato-financière qui ne fait qu'exécuter des ordres néolibéraux extérieurs, et, en même temps, se sert comme un camp de pilleurs dans une ville occupée.

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Le paradoxe a été l'absence complète, malgré le résultat inespéré, mais sans lendemain, du référendum de 2005, qui traduisit la résistance à une Europe technocratique et antidémocratique, mais sans esquisse d’une contestation du règne sans partage de l'Euro. La sortie d'une Union européenne qui nous est hostile ne rencontre pas de succès auprès des masses. Cette asthénie, malgré des flambées de violence, surtout dans la banlieue en 2005, laissait présager un assentiment passif à la servitude et, à terme, à la disparition définitive de la France. L’apathie qui a touché la population sidérée par la brutalité d’un dressage cynique de l’État lors de la crise du Covid, appartient à cette espèce de comportement qui semble être la marque de la société postmoderne, et qu’il s’agit d’expliquer (dans le même temps où, américanisation oblige, avec l’aide enthousiaste des médias, du pouvoir, et des grandes firmes, notamment banquières, la masse a semblé adhérer au programme sociétal progressiste, à l’idéologie LGBT, dont on l’a gavée comme une oie grasse).

Or, différents mouvements de masse ont ponctué les derniers lustres. Pour les caractériser, je vais reprendre sommairement, et en partie (il a écrit son essai en 2020) la classification de Todd.

Nous avons eu, d’une part, deux mobilisations, qui ont touché particulièrement les « cadres » et professions intellectuelles et supérieures et une grande partie des professions intermédiaires : celle des « Charlie », et celle de la « Manif pour tous », dont le socle « idéologico-religieux » est le catholicisme « zombie » et ses « valeurs » (nonobstant, pour ce qui est de la première manifestation, l'instrumentalisation cynique par le pouvoir, afin de détourner la colère populaire engendrée par les attaques sociales du pouvoir, ce « détournement » de la rage se traduisant, à droite, par la propension à rejeter la cause des problèmes sur les immigrés, les musulmans, comme on le constate en ce moment, en 2025). La bourgeoisie et semi-bourgeoisie, plus ou moins pratiquante, très sensible aux questions éducative, est celle-là même qui, en 1986, s’était insurgée contre le projet de loi Savary.

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Ce qui s'est passé à partir de 2018, avec les Gilets jaunes, puis, plus tard, avec les manifestations contre les diverses versions de la réforme des retraites (réactions déjà initiées sous les précédents présidents, de même que la jeunesse étudiante s’était soulevée contre le « Contrat de Première Embauche » (CPE) proposé par … Villepin, qui visait à prolétariser – déjà, en 2006 - la jeunesse diplômée), relève d’un soulèvement d'ordre économique et social.

Le « peuple », surtout celui qui travaille (nous en reparlerons), affronte désormais une tendance irrépressible de baisse de plus en plus accélérée du pouvoir d’achat. La paupérisation générale, des cadres et professions dites « supérieures » aux sous-diplômés et sous-qualifiés, est la conséquence de la ruine du pays par l’euro fort et la technocratie financière européiste, et obéit à un cahier des charges néolibéral de dégagement de marges de profits, visant à aligner les populations occidentales sur le sort de celles des pays en développement. Ce qui est presque fait aux États-Unis et en Grande Bretagne, lesquelles nous dessinent notre avenir.

La différence fondamentale, par rapport aux Trente Glorieuses, par exemple, est que l’État jadis redistributeur ne protègent plus ni le peuple, ni la nation, ayant  « oublié » la souveraineté de la patrie, la patrie elle-même, et son rôle d’unification du corps national. L’État est devenu une structure de prédation sans scrupule, au service d’une superstructure supranationale. Tous ses rouages, du Conseil constitutionnel aux administrations locales, œuvrent contre la société, contre le peuple, et contre le pays. Il faut le considérer comme un ennemi, et comme le préconisait Lénine, il faut le briser, pour en construire un autre, au service des gens.

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Ces remarques nous portent à la question du programme politique à suivre, et, par voie logique, à l’organisation qui le proposerait. Or, pour rester marxiste-léniniste avec conséquence, il s’agit de penser à partir de la société telle qu’elle est.

A vrai dire, nous nous trouvons devant un paradoxe, celui de la révolution russe, justement. Car l’on sait que, pour Marx, la Russie était un empire réactionnaire, paysan, attardé, et il ne prévoyait pas, contrairement à ce qu’il espérait de la Grande Bretagne, qu’il dût éclater là-bas une révolution de type communiste. Le prophète s’est ainsi trompé sur toute la ligne, car les pays anglo-saxons, par l’augmentation spectaculaire des moyens de production, ont embourgeoisé la classe ouvrière, qui a adopté l’individualisme et le matérialisme consumériste, tandis que les masses paysannes et prolétariennes russes ont embrassé, en gros, le programme révolutionnaire. Il est vrai que la guerre avait fait des ravages, mais le tronc vermoulu du tsarisme laissait présager une issue tragique.

En est-il de même pour nous ? Le point commun avec la Russie tsariste est que la classe ouvrière est maintenant minoritaire (quelque 18%). Elle l’était de facto en 1900, en Russie, elle l’est devenue, chez nous, après la ruine provoquée par le Traité de Maastricht. Il est difficile de s’appuyer sur les ouvriers d’usine, comme on le faisait, dans la banlieue rouge de 1960, en France, ou du Nord et de l’Est. La banlieue est verte, désormais.

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C’est le RN qui rassemble les ouvriers. Près de 50 % de son électorat. C’est bien sûr un vote de colère, et la disparition du PCF a rendu cette traduction d’extrême droite possible. D’autre part, cette adhésion frontiste correspond à un besoin, suite à l’humiliation subie par le peuple, à partir des années Mitterrand et du « tournant » néolibéral de la gauche morale, de mépriser ceux qu’on suppose se trouver au-dessous de soi, les immigrés. Autrefois, le combat visait le haut : on était contre le pouvoir des dominants. Maintenant, comme une cascade, chaque couche sociale ne possède le sentiment d’exister qu’en écrasant de sa morgue, par une sorte de racisme, la couche inférieure : la caste stato-financière honnit tout le monde, les Professions supérieures, cadres et diplômés Bac + 4 ou 5, snobe agressivement les supposés « béotiens », ceux qui ne savent pas ce qui est bon pour l’avenir radieux, les couches très défavorisés haïssent les immigrés, ou fils et petits-fils d’immigrés, et les 50 % restants, la couche dite « intermédiaire », du bac professionnel au bac + 2, se pense supérieure, parce que, grâce à l’allongement de la scolarité, qui ne porte pas à rencontrer la réalité, on l’a gavée de poncifs qui lui font croire qu’elle est dans le camp du Bien.

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Politiquement, nous avons donc un RN solidement campé sur la haine et le ressentiment, un macronisme qui joue sur les craintes des retraités, et prospère sur la suffisance des catégories dites supérieures (on peut y inclure certifiés et agrégés), qui ont l’air de profiter de la mondialisation, et qui sont sclérosées par leurs certitudes savantes de diplômés en série, et, fluctuant dans le marais de la couche intermédiaire, que l’on va analyser, les partis « sociétaux » comme le PS, les Verts et LFI, à l’électorat volatile.

Cette couche intermédiaire, malaisément identifiable parce qu’elle est très individualiste et fluctue avec les modes idéologiques surtout made in USA, est sociologiquement et quantitativement la grande victorieuse des Trente Piteuses. Elle donne le ton à la période. Elle s’entiche de modes de pensées dans le vent, comme du dernier i-phone, est très branchée, et donc a une propension, comme tout branché, à se pendre à n’importe quelle corde qui est à sa portée ; elle manifeste une niaiserie abyssale pour toutes les naïvetés idylliques qui traversent l’atmosphère médiatique, est extrêmement poreuse à la propagande et à l’endoctrinement, aux simplifications idéologiques qui lui sont assénées comme des certitudes, et, last but not least, semble n’exister que par un simple petit dénominateur commun : la détestation de l’« extrême droite fasciste », montrant par là qu’elle n’a rien compris à ce qui se tramait depuis cinquante ans, notamment dans le management et la sphère du néolibéralisme de type américain (californien, ou plus précisément, de l’École de Chicago).

Inutile de dire que s’appuyer sur un tel milieu social et culturel, c’est s’interdire de construire quoi que soit ailleurs que sur du sable, et désespérer de faire entendre la voix de la logique (d’autant plus que le niveau culturel, celui notamment des connaissances historiques, a chuté, au profit du manichéisme imbécile, et d’un moralisme gluant, ce contre quoi se fardait la pensée marxiste d’autrefois, très réaliste, à qui on ne la faisait pas, surtout quand on affichait des doctrines humanitaristes hors sol).

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Ainsi LFI est-elle déchirée entre des velléités sociales traditionnelles, son appui assez vaseux à une immigration majoritairement musulmane, et son entichement pour le lobby LGBT très américanisé. Il est évident qu’il faudrait choisir, sans pour autant s’en prendre au féminisme ni à l’homosexualité, ni aux immigrés en tant que personnes, ni à l’islam. Il faudrait avoir une ligne claire, opter franchement pour une politique sociale, voire socialiste, et proposer raisonnablement une limitation à l’immigration, afin de recouvrer une partie des voix ouvrières confisquées par le RN.

Mais une remarque de Todd est beaucoup plus inquiétante (au-delà de son délire, probablement dû à une crise de dépression, d’alliance de la France avec les USA, contre l’Allemagne) ; il n’y a jamais eu de révolution dans une phase descendante. Toutes les révolutions, y compris celles qui se sont appuyées sur des principes religieux, comme en Angleterre (et celles de 1789 et de 1848 étaient, au fond, elles aussi, très religieuses), se sont accomplies dans une séquence de hausse massive de la production. Or, ce qui caractérise la période actuelle, c’est le déclin, voire la décadence, tout au moins de l’Occident global, comme on dit. Ajoutons à cela, et c’est la conséquence de la nature même de la couche intermédiaire, qui constitue maintenant la majorité, l’apathie, l’anomie (ne croire en rien, mener sa petite carrière matérialiste et individualiste sans se soucier du Bien commun), l’effondrement des caractères, des volontés, de la combativité.

Todd pense que l’appauvrissement actuel va faire réagir cette masse confrontée à la rudesse du Réel. Qui sait ?

samedi, 16 août 2025

Il n'y a pas de place en Alaska pour les folies «européistes»

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Il n'y a pas de place en Alaska pour les folies «européistes»

par la rédaction de Contropiano

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31062-reda...

Il n'y a rien de plus compliqué que les négociations pour mettre fin à une guerre, à moins que l'une des deux parties n'ait atteint une situation écrasante sur le terrain. Ce qui n'est certainement pas le cas, dans le conflit en Ukraine, pour l'alliance occidentale qui soutient Kiev, mais pas non plus pour Moscou, qui semble pourtant avoir un avantage stratégique très important.

Le sommet désormais imminent entre Poutine et Trump en Alaska, comme nous l'avons déjà dit, ne peut avoir lieu que parce que – sans qu'aucun contenu concret sur un éventuel accord n'ait été révélé – les deux principales diplomaties ont manifestement obtenu des résultats suffisants pour garantir que la rencontre entre les deux présidents puisse être présentée comme un « succès ». Sinon, elle n'aurait même pas lieu...

D'autres complications viennent de la qualité médiocre des négociateurs américains – le principal responsable, Witkoff, est un milliardaire de l'immobilier qui n'a aucune expérience de la diplomatie institutionnelle – et donc de la possibilité que cette partie ne comprenne pas pleinement les conséquences concrètes de ce qui est discuté.

C'est l'hypothèse avancée par exemple par le journal allemand Bild, très « gouvernemental », selon laquelle Witkoff aurait échangé la proposition de « retrait pacifique » des troupes ukrainiennes des parties des oblasts de Kherson et de Zaporizha encore sous leur contrôle (environ un quart des deux territoires) contre le retrait unilatéral de l'armée russe des deux régions, qui a certainement coûté très cher en termes de moyens, d'hommes et d'investissements.

Un « quiproquo » de cette ampleur scellerait évidemment l'échec complet du rendez-vous. Mais c'est précisément pour cette raison – si tout le monde le sait dans les rédactions, tout le monde le sait aussi à Washington et à Moscou – que le fait que la rencontre ait lieu semble garantir que ce sont les Allemands, et donc tous les petits nains européens, qui ont mal compris (ou espéré pire).

Qui, bien sûr, s'agitent beaucoup en ce moment pour obtenir une place dans les négociations, tant pour eux-mêmes que pour leur protégé Zelensky, en alignant des phrases gonflées de rhétorique apparemment pleine de bon sens mais pratiquement dénuées de fondement (« Il ne peut y avoir de processus de paix sans l'Ukraine », « Non à la modification des frontières de Kiev par la force », et ainsi de suite...).

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Nous parlons ici de négociations « entre États », et non d'un conflit social ou d'une guerre révolutionnaire, où, outre les « intérêts », les « valeurs » entrent également en jeu. Et à ce niveau, les choses se passent malheureusement ainsi : on met fin à une guerre par une négociation qui prévoit pour les perdants la cession de territoires (surtout s'ils sont habités par des populations de nationalité et de langue différentes), des accords exigibles et contrôlables pour garantir la « sécurité » mutuelle et tout ce qui sera mis sur la table.

La situation sur le terrain ne laisse pas beaucoup de place à l'imagination: la Russie a l'avantage et chaque jour qui passe, cet avantage s'accroît, plus rapidement qu'auparavant.

Pour la population ukrainienne également, la situation est telle qu'elle renverse complètement les orientations qui prévalaient au début du conflit: dans le dernier sondage Gallup, réalisé début juillet 2025, 69% des personnes interrogées se déclarent favorables à une fin négociée de la guerre dès que possible, contre 24% qui soutiennent la poursuite des combats jusqu'à la victoire.

Cela marque un revirement presque total par rapport à 2022, où 73% étaient favorables à ce que l'Ukraine combatte jusqu'à la victoire et 22% préféraient que l'Ukraine cherche une issue négociée dès que possible. Mais surtout, cela indique que le temps dont dispose la junte Zelensky pour parvenir à la paix est désormais très court. Aucune armée ne peut soutenir une guerre si le peuple veut le contraire...

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Néanmoins, tant Zelensky que l'Union européenne semblent vouloir faire obstacle à une négociation qui les exclut explicitement, tant en termes de participation que de «lieu» (pour se rencontrer en Alaska, Poutine et Trump n'ont pas besoin de survoler des territoires «neutres» ou hostiles, et n'ont donc pas besoin de «demander la permission»).

Si nous devions analyser les déclarations tonitruantes, comme le font nos médias, nous devrions dire que « les négociations ne peuvent aboutir à aucun résultat ». Mais comme nous préférons utiliser la logique et la connaissance, nous arrivons à une conclusion opposée, même s'il n'est évidemment pas certain que ces négociations produiront des résultats satisfaisants à court terme.

Il y a au moins deux problèmes principaux.

1) L'Ukraine est militairement, économiquement et politiquement en ruine. Même Zelensky est désormais explicitement remis en question et des remplaçants potentiels se profilent (Zaluzhny semble être en pole position). Toutes les alternatives politiques, à l'exception des néonazis « purs et durs », sont prêtes à signer la paix, même avec des pertes territoriales importantes.

2) L'Union européenne et la Grande-Bretagne ont jusqu'à présent choisi la voie de la poursuite de la guerre jusqu'au bout. En proie à un délire de toute-puissance, elles sont allées jusqu'à déclarer noir sur blanc qu'un « cessez-le-feu » (celui-là même qu'elles posaient encore hier comme condition préalable à tout dialogue) était nécessaire pour permettre à l'OTAN non seulement de reconstituer les réserves d'armes pour Kiev, mais aussi d'envoyer des troupes européennes en Ukraine.

Il s'agit en fait d'un suicide politique, avant même d'être militaire, car empêcher la présence de tout contingent de l'OTAN en Ukraine – tout comme l'adhésion de Kiev à l'alliance – est précisément l'une des raisons de la guerre, au point que la « neutralité » stratégique de l'Ukraine future fait partie des conditions que la Russie a toujours posées sur la table.

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Une dernière réflexion sur la « crédibilité » de la position belliciste de l'Europe à ce stade.

Il y a quelques jours à peine, l'UE a brandi le drapeau blanc dans les négociations avec Trump sur les droits de douane. Un ensemble hétéroclite, incapable de trouver un terrain d'entente même sur les « déclarations » (sans aucun coût, en somme) concernant la prochaine invasion de Gaza par Israël (la France et d'autres pays reconnaissent la Palestine, l'Allemagne et l'Italie sont allées chercher les signatures de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande – qui ne sont pas vraiment proches de l'Europe – pour rédiger une critique timide à l'égard de Netanyahou)...

Comment peut-on penser que cette amibe dépourvue de stratégie et de sens historique puisse « empêcher » qu'un processus de paix soit identifié et imposé par l'« allié » américain et l'« ennemi » russe ? Autrement dit : que comptent-ils faire ? Partir seuls (et certainement pas tous...) en guerre contre une superpuissance dotée de 6000 ogives nucléaires ? Et ce, en s'attirant l'hostilité de leur « allié » qui les malmène financièrement et qui est également leur chef militaire ?

Peut-être que cette voie mènera de toute façon au désastre. Mais ce ne sera pas Bruxelles et Kiev qui y mèneront.

L'accord de paix de Washington marque l'humiliation de la Russie dans le Caucase

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L'accord de paix de Washington marque l'humiliation de la Russie dans le Caucase

Trahison en Arménie et en Azerbaïdjan

Alexandre Douguine

Alexandre Douguine dénonce la paix négociée à Washington entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie et la considère comme une humiliation brutale pour la Russie, un effondrement total de sa politique dans le Caucase du Sud et une trahison qui exige une justice visible à l'encontre des responsables.

L'histoirique de l'accord de paix signé entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie à Washington est une honte pour nous. Il vaut mieux affronter certaines choses directement. Si quelqu'un nous a humiliés, insultés, castrés, violés, alors au lieu de dire « c'est comme ça » ou « ce n'est rien, ça guérira », il vaut mieux regarder la vérité en face.

Car c'est véritablement une humiliation brutale pour la Russie. Il n'y a pas si longtemps, nous considérions l'Azerbaïdjan, l'Arménie et le Haut-Karabakh comme faisant partie de notre territoire. Nous y administrions ces territoires. Puis nous y avons renoncé, mais nous pensions avoir conservé une influence, par exemple sur le Karabakh, grâce à une Arménie qui nous était favorable. Puis, sous Pashinyan, l'Arménie a cessé de nous écouter et a commencé à équilibrer ses relations avec l'Azerbaïdjan. Nous avons décidé de nous lier d'amitié avec l'Azerbaïdjan. Aujourd'hui, notre politique dans le Caucase du Sud s'est effondrée de manière catastrophique. Oui, il reste encore la Géorgie, qui sous Ivanishvili est devenue moins agressive par rapport à son ancienne russophobie, mais tout le reste est un échec total.

C'est exactement ainsi qu'il faut comprendre la situation. Cela signifie qu'il y a des responsables. Il y a des gens qui ont conseillé à notre président d'agir ainsi, de construire des relations de cette manière avec Bakou, Erevan et Stepanakert. Un échec est un échec. Une humiliation est une humiliation. Le fait qu'aujourd'hui Aliyev – que nous avons efficacement aidé pendant la guerre du Karabakh – et Pashinyan – qui s'est soulevé contre nous – travaillent pour notre ennemi est une gifle. Cette gifle ne vient pas des États-Unis ou de l'Occident, qui sont de toute façon nos ennemis. C'est un coup porté de l'intérieur.

Ces mêmes personnes au sein de la Russie qui ont orchestré cela, en insistant pour « s'en occuper elles-mêmes » et en rejetant toute ingérence extérieure, devraient, si Poutine avait son mot à dire, être condamnées à la peine ultime. Cependant, nous avons suspendu la peine de mort ; nous nous targuons d'être humains. Après un échec catastrophique, monstrueux et humiliant pour le pays et pour notre société, ce qui suit souvent n'est qu'une promotion. Un homme a tout volé, tout ruiné, trahi tout le monde, et il obtient un poste plus élevé.

Bien sûr, c'est une situation malsaine. Notre peuple et notre société veulent que justice soit faite. Nous ne voulons pas de sang, nous ne voulons pas de violence, mais nous voulons la justice. Quand nous voyons que les responsables de l'effondrement total de notre politique dans le Caucase du Sud restent totalement impunis, c'est humiliant. La signature de cet accord à Washington montre notre nullité, le fait que nous ne contrôlons rien, même dans l'espace post-soviétique. Qui, dans ce cas, nous prendra au sérieux à un niveau supérieur ?

Cette douleur, cette insulte, cette gifle doivent être comprises précisément comme une gifle à chacun d'entre nous, à chaque Russe. Il ne sert à rien de dire: «Comme ils sont mauvais ! Nous vous avions bien dit que Pashinyan était un toutou de Soros et qu'Aliyev était un scélérat qui travaille pour Erdogan et trahit notre amitié».

Ce ne sont pas des arguments. Quelle que soit l'opinion que l'on ait de Pashinyan et d'Aliyev, leurs actions doivent être combattues de front.

Comme le disait mon ami Yevgeny Vsevolodovich Golovin :

« Affrontez le monde extérieur comme vous affronteriez un coup : sans détourner le regard ».

Il ne faut pas dire: «Et alors, on m'a cassé une dent ? Elle me faisait mal depuis longtemps et j'avais de toute façon l'intention de la faire enlever». Il ne faut pas édulcorer la douleur. Ce qui s'est passé avec Aliyev et Pashinyan est une humiliation pour nous. C'est exactement ainsi qu'il faut le prendre. C'est plus sain et plus honnête. Nous avons perdu. Nous avons commis une erreur en confiant le travail à faire avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan à des personnes qui n'étaient absolument pas compétentes. Il n'y a pas d'autre façon de l'expliquer. Si nous ne considérons pas cela comme un échec, si nous n'acceptons pas cette douleur, nous cesserons d'être des êtres humains et une civilisation souveraine.

Bien sûr, justice doit être faite. Ceux qui ont conduit notre pays à un tel résultat en matière de politique étrangère dans notre voisinage immédiat doivent être punis de manière claire et visible. Cela doit cesser. Il est temps de confronter tous ceux qui sont derrière ce désastre: les responsables qui ont façonné notre politique dans le Caucase du Sud, les diasporas qui l'ont influencée et les lobbyistes étrangers qui l'ont poussée vers l'échec. Soit nous sommes un empire, une civilisation souveraine, soit nous méritons tout ce que nous avons vu à Washington, lorsque nos deux « alliés » léchaient les bottes de notre ennemi.

Par conséquent, si les responsables de tout cela s'en tirent sans être punis, je n'ai pas de bonnes nouvelles. Bien sûr, nous sommes un grand peuple. Mais si nous ne considérons pas l'échec comme un échec, la trahison comme une trahison et l'humiliation comme une humiliation, alors nous ne valons rien.

Cybercatastrophe pour la défense française (et européenne)

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Cybercatastrophe pour la défense française (et européenne)

par Giuseppe Masala

Source: https://www.sinistrainrete.info/articoli-brevi/31026-giuseppe-masala-cyberdisastro-per-la-difesa-francese-ed-europea.html

Comme nous l'avons vu ces dernières années, le système de défense français, entendu à la fois comme appareil militaro-industriel et comme forces armées au sens strict, traverse une crise très grave, comparable, selon nous, au contournement par les armées allemandes de la ligne Maginot, qui a débuté le 10 mai 1940 et a coûté à la France sa défaite et l'occupation allemande.

Au cours de ces dernières années, nous avons en effet vu comment la France a pratiquement perdu son emprise sur la Françafrique, qui s'est traduite par le retrait militaire de pays tels que le Niger, le Burkina Faso, le Mali et le Sénégal, ainsi que par la fin effective du franc CFA. Il convient toutefois de noter que ce retrait n'est pas le fruit d'un choix politique autonome de Paris, mais plutôt l'effet d'événements défavorables sur l'échiquier géopolitique. Il suffit de constater que la France a été largement remplacée dans ces pays, tant sur le plan commercial que militaire, par des entreprises et des unités militaires provenant de la Fédération de Russie.

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Mais à cet énorme revers diplomatique, militaire, commercial et monétaire subi en Afrique s'ajoutent des défaites cuisantes dans le domaine industriel et militaire qui ont remis en question la qualité des produits de l'industrie militaire française. Nous faisons référence tout d'abord au fiasco du système antiaérien franco-italien SAMP-T (photo), qui devait être la réponse européenne au système américain Patriot, mais qui, lors de la bataille aérienne en Ukraine contre les forces russes, n'a pas été à la hauteur des attentes, subissant de nombreuses pannes (y compris informatiques) et ne parvenant pas à faire face, même partiellement, aux attaques furieuses des missiles des forces russes.

Ce fait a été souligné par d'innombrables organes de presse occidentaux, à commencer par le journal américain Wall Street Journal.

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Comme si ces désastres ne suffisaient pas, il faut ajouter que lors du bref conflit qui a opposé le Pakistan et l'Inde en mai dernier, trois chasseurs-bombardiers Rafale de fabrication française auraient été abattus par des J10-C pakistanais de fabrication chinoise armés de missiles air-air également chinois. Une défaite colossale pour Paris, qui a vu détruit le produit phare de son industrie aérospatiale et qui a tenté de minimiser les dégâts en admettant la perte d'un seul chasseur-bombardier ; une admission qui atteste toutefois que la technologie aérospatiale chinoise (bien que beaucoup moins coûteuse) est désormais à la hauteur (sinon supérieure) de la technologie française.

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Mais le pire pour l'appareil sécuritaire français était encore à venir. Le 23 juillet, en effet, la nouvelle divulguée par le site de cybersécurité Cybernews a fait trembler les chancelleries du monde entier : Naval Group, le plus grand constructeur naval français, aurait subi une grave attaque informatique avec la fuite de documents de première importance en matière de sécurité nationale ; les pirates ont en effet revendiqué avoir eu accès au code source des systèmes de gestion de combat (CMS) utilisés par les sous-marins et les frégates français.

Toujours selon les révélations des pirates, les données volées à Naval Group ne concernent pas seulement les systèmes CMS, mais aussi des données réseau, des documents techniques soumis à différents niveaux de restriction, les machines virtuelles utilisées par les programmeurs de Naval Group et des échanges de messages confidentiels entre les techniciens de la même entreprise. Pour prouver la véracité de leurs déclarations, les pirates ont joint à leur revendication un échantillon de 13 Go de données provenant de ce qu'ils ont dérobé lors de leur cyberattaque.

Selon les experts qui ont analysé les données divulguées, l'attaque doit être considérée comme réussie et le matériel publié doit être considéré non seulement comme original, mais aussi comme très important, à tel point que la nouvelle a été relayée par le Financial Times et, par conséquent, par les principaux médias occidentaux. Cela a poussé l'entreprise à prendre publiquement position sur la situation, admettant que toutes ses ressources sont actuellement mobilisées pour vérifier la propriété des données publiées par les pirates présumés.

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Au contraire, l'État français a gardé un silence éloquent sur cette affaire, révélateur du niveau de préoccupation face à ce qui constitue certainement une menace importante pour la sécurité nationale. D'ailleurs, selon tous les experts, l'accès au code source du CSM ne peut que susciter la plus grande inquiétude, car il s'agit de codes informatiques complexes conçus pour soutenir les opérations militaires en fournissant une plateforme intégrée pour la gestion des informations, la prise de décision et le contrôle des armes et des capteurs. Et c'est précisément le contrôle des armes qui est le plus préoccupant, étant donné qu'il s'agit dans ce cas précis du contrôle des armes des sous-marins qui, comme on le sait, embarquent également des missiles balistiques nucléaires dans le cas français.

Nous sommes donc confrontés à une affaire qui compromet fortement la capacité de combat de la marine française et potentiellement aussi sa force de dissuasion nucléaire. Il faut également tenir compte du fait que, même si les dommages étaient théoriquement limités, l'État français est confronté à une énorme atteinte à son image en matière de cybersécurité et de marine : qui achètera des systèmes navals français en sachant que le code source du CSM pourrait être potentiellement compromis ?

De plus, la défense française peut-elle rester avec le doute, même infime, que ses systèmes d'armes navales, y compris les systèmes nucléaires, puissent être compromis, ne serait-ce que potentiellement ?

Sur le plan politique, cette attaque ne touche pas seulement la France, sur le plan fondamental de la sécurité et de son autonomie stratégique, mais elle touche toute l'Europe et sa volonté de s'autodéterminer également sur le plan militaire, s'affranchissant ainsi du Big Brother d'outre-Atlantique.

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Mais qui aurait pu avoir intérêt à lancer une telle attaque contre la France, sans se soucier des risques auxquels elle s'exposait ?

Selon l'auteur, il est très difficile que ce soient des hackers indépendants - des chiens errants du web - qui aient mis en place une telle attaque. Il est beaucoup plus probable que derrière les hackers se cache la longa manus d'un État. Mais lequel ?

Il peut certainement s'agir des grands adversaires de l'Occident, la Chine et la Russie, désireux de faire une démonstration de force à leurs adversaires. Mais il est également vrai que Pékin et Moscou savent bien qu'attaquer la force de dissuasion militaire d'un pays ennemi – surtout dans le contexte actuel de tensions géopolitiques extrêmes – pourrait entraîner une réponse militaire directe de Paris, ce qui n'est d'ailleurs pas exclu par le Livre blanc « Défense et Sécurité Nationale – 2013 » dans de telles circonstances.

L'analyse des intérêts des États-Unis est curieuse. Il est certes vrai que la France est un allié de Washington, mais c'est aussi un allié gênant, qui a toujours revendiqué son autonomie stratégique et militaire. De plus, la France est le pivot qui, du moins en théorie, peut garantir l'autonomie militaire européenne. Une capacité qui, après cette cyberattaque, est largement remise en question. Cela ne peut que réjouir Washington, qui voit désormais démantelé un adversaire commercial dans le domaine du réarmement européen et qui, surtout, rend désormais vide de sens toute hypothèse de détachement de l'Europe de la protection américaine, y compris militaire.

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Il convient toutefois de noter que les États-Unis ne sont pas étrangers à des comportements sans scrupules à l'égard de leurs vassaux européens. Il suffit de penser au scandale Datagate qui a éclaté en 2013 à la suite des révélations de l'agent de la NSA Edward Snowden, qui a raconté comment les États-Unis espionnaient également les communications des dirigeants européens.

Il convient de noter que cette attaque contre Naval Group expliquerait également l'incroyable soumission de l'UE en matière de droits de douane, qui est apparue avec l'accord annoncé par Trump et von der Leyen lors du sommet écossais. Une Europe qui se retrouve dos au mur, incapable de toute initiative politique autonome, ne peut que se soumettre aux États-Unis de manière humiliante aux yeux du monde entier. C'est précisément ce qu'a démontré l'attaque informatique contre la défense française.

Mais ce ne sont là que des hypothèses théoriques. Il vaut mieux pour tout le monde croire que ce sont les occupants du Kremlin qui ont poussé les hackers à agir.

Migration massive: l'Autriche interdit le mariage entre cousins

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Migration massive: l'Autriche interdit le mariage entre cousins

Source: https://report24.news/massenmigration-oesterreich-verbietet-ehe-zwischen-cousin-und-cousine/ 

Depuis le vendredi 1er août 2025, il est officiellement interdit en Autriche de se marier avec son cousin ou sa cousine. Cette nouvelle loi est une réaction aux pratiques matrimoniales qui ont fait leur apparition dans le pays avec l'immigration massive, notamment les mariages d'enfants et les mariages entre parents, courants dans le monde musulman. Cependant, les relations sexuelles entre cousins restent autorisées par la loi...

En Autriche, les cousins ne peuvent plus se marier.

Le fait que le gouvernement fédéral estime cette interdiction nécessaire en dit long : les mariages entre parents ne sont bien sûr pas un phénomène majoritaire en Autriche. On admet toutefois que ces unions sont courantes dans les communautés immigrées. Donc cette loi est, en fait, un aveu en matière de politique d'intégration. Selon le ministère de la Famille, six mariages sur dix sont conclus entre parents dans « certains » pays musulmans.

« Nous voulons délibérément éviter de telles situations en Autriche », a déclaré la ministre de l'Intégration, Claudia Plakolm (ÖVP). Pourquoi cela est-il devenu nécessaire ?

Les registres d'état civil (via les actes de naissance) sont chargés du contrôle. Toute infraction est passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à un an ou d'une amende. Il reste bien sûr à voir si des poursuites seront effectivement engagées.

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Selon la ministre de l'Intégration, les mariages forcés et les mariages d'enfants constituent une forme de « violence liée à l'honneur et au genre » et constituent également une violation grave des droits de l'homme. Dans le monde, une fille sur cinq de moins de 18 ans serait concernée par un tel mariage – au total, environ 650 millions de femmes auraient été mariées alors qu'elles étaient encore enfants. Tout cela n'est pas nouveau pour les citoyens autrichiens, mais ils doivent bien sûr se garder de critiquer la « culture » des immigrés.

Le nouvel article rend non seulement impossible le mariage des enfants (de moins de 18 ans), mais interdit également le mariage entre parents jusqu'au quatrième degré collatéral, afin d'empêcher par exemple les mariages entre cousins ou entre neveux et nièces, oncles et tantes. Ce qui a été conclu à l'étranger n'est plus reconnu dans la république alpine. Mais un détail piquant subsiste : les relations sexuelles entre proches parents restent autorisées.

Cela soulève des questions. Si ces mariages sont si problématiques sur le plan juridique, social et sanitaire, pourquoi le lit reste-t-il tabou ? Le ministère de la Justice déclare : on a envisagé d'étendre la loi sur l'inceste, mais on est arrivé à la conclusion qu'une interdiction pénale n'avait « guère de sens ». Ah, bon, très bien.

Les enfants issus de relations consanguines présentent un risque considérablement accru de maladies héréditaires, de malformations et de handicaps mentaux. Ce sont avant tout les enfants qui en souffrent, mais aussi la société, qui doit supporter les coûts médicaux.

vendredi, 15 août 2025

La Turquie défie la Grèce et Chypre en bloquant des projets clés en Méditerranée orientale

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La Turquie défie la Grèce et Chypre en bloquant des projets clés en Méditerranée orientale

Par Tasos Kokkinidis

Source: https://www.defenddemocracy.press/turkey-challenges-greec...

La Turquie intensifie ses efforts pour faire obstacle à des projets d'infrastructure clés impliquant la Grèce et Chypre en Méditerranée orientale, notamment le Great Sea Interconnector (GSI) et l'East to Med Data Corridor (EMC). Ankara tire parti de sa revendication sur le « plateau continental turc » pour créer des obstacles géopolitiques qui compromettent la viabilité des projets et entraînent des retards importants.

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Les projets GSI et EMC créent un nouvel axe de connectivité reliant la Grèce, Chypre, Israël et l'Arabie saoudite à l'Europe. La Turquie considère ces initiatives comme une tentative de la contourner et de réduire son influence régionale.

La semaine dernière, Ankara a suspendu les travaux d'étude pour l'EMC. Des sources turques proches de la défense ont confirmé que le navire de recherche battant pavillon de Gibraltar, le Fugro Gauss, avait été intercepté pour avoir opéré sans autorisation dans des eaux que Ankara revendique comme faisant partie de son plateau continental. Le navire effectuait des études pour l'EMC, un projet de câble à fibre optique reliant Israël à la France via Chypre et la Grèce.

La rhétorique et les tactiques de la Turquie sont calquées sur celles utilisées contre le GSI. La Turquie s'est opposée à plusieurs reprises à ce projet, des sources du ministère turc de la Défense qualifiant les activités prévues de « provocatrices » et accusant la Grèce et Chypre de les poursuivre sans le consentement de la Turquie. Ces sources ont ajouté que ces efforts, motivés par ce qu'elles ont qualifié d'« ambitions maximalistes », sont mal conçus et ne disposent pas des ressources nécessaires.

Cela démontre une stratégie cohérente visant à entraver toute infrastructure qui contourne la Turquie, qu'il s'agisse d'énergie ou de télécommunications. La participation d'un consortium dirigé par Saudi Telecom et la Public Power Corporation (PPC) grecque souligne la volonté de la Turquie de faire pression sur les pays tiers qui collaborent avec la Grèce et Chypre.

Les actions de la Turquie s'inscrivent dans le cadre d'une doctrine plus large, celle de la « patrie bleue » (Mavi Vatan), une politique maritime qui revendique de vastes zones de la Méditerranée orientale. En émettant des contre-avis NAVTEX et en déployant des forces navales et aériennes, la Turquie vise à empêcher les études des fonds marins et la construction de projets qui ne l'incluent pas ou ne lui profitent pas.

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La Turquie n'est pas signataire de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM), qui définit les modalités de délimitation des zones économiques exclusives (ZEE). Elle soutient que des îles telles que la Crète, Kasos et Karpathos n'ont pas droit à un plateau continental complet, contestant la ligne médiane entre ces îles grecques et le continent anatolien.

En créant de l'instabilité et de l'incertitude, Ankara cherche à faire pression sur ces pays et les acteurs internationaux pour qu'ils l'incluent dans leurs futurs projets ou négociations, se positionnant ainsi comme un acteur régional clé.

Le GSI : la Turquie harcèle la Grèce et Chypre

Le GSI est un projet ambitieux visant à créer un câble électrique sous-marin reliant les réseaux électriques de la Grèce (via la Crète), de Chypre et d'Israël. Il est considéré comme un projet d'intérêt commun (PIC) par l'Union européenne, qui a fourni un financement substantiel (environ 657 millions d'euros) pour mettre fin à l'isolement énergétique de Chypre et de la Crète.

La première phase du projet, qui relie la Crète et Chypre, a démarré, et la fabrication de certains câbles est en cours par la société française Nexans. Cependant, les tensions géopolitiques ont entraîné le gel des études depuis juillet 2024. Le harcèlement naval des navires de recherche par la Turquie est l'une des principales raisons du gel des études des fonds marins.

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Le gouvernement chypriote et son autorité de régulation de l'énergie, la CERA, ont hésité à accorder les autorisations financières et réglementaires nécessaires, invoquant les risques géopolitiques et une charge potentielle pour les consommateurs. Cela a été une source de tension avec la Grèce et l'UE.

Le fabricant de câbles Nexans s'est déclaré prêt à réaffecter ses ressources et les câbles fabriqués à d'autres projets si le GSI continue à faire face à des retards et à des incertitudes. Cette déclaration, bien que formulée avec prudence, témoigne de la patience limitée de l'entreprise et fait pression sur les parties prenantes pour qu'elles résolvent les problèmes.

La Grèce a fermement déclaré que le projet allait se poursuivre, mais a gardé secret le calendrier de reprise des opérations de recherche sous la pression croissante de la Turquie.

Le ministre grec des Affaires étrangères, George Gerapetritis, a reconnu l'incertitude qui entoure le calendrier de reprise des recherches, déclarant lors du Forum de Delphes au début de l'année : « Les recherches et la pose des câbles reprendront au moment opportun. Il n'y a jamais eu de date fixe pour cela. Nous procéderons comme nécessaire, lorsque le moment sera venu. »

mercredi, 13 août 2025

La Chine défie l'ultimatum pétrolier de Trump – et l'Europe regarde

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La Chine défie l'ultimatum pétrolier de Trump – et l'Europe regarde

Par Elena Fritz

Source:  https://www.compact-online.de/china-trotzt-trumps-oel-ult...

L'Empire du Milieu ne veut pas renoncer aux matières premières russes et iraniennes. Une nouvelle ère commence : la division géopolitique des flux énergétiques. Pour en savoir plus : COMPACT-Spécial « Les États-Unis contre la Chine » – la lutte finale pour le nouvel ordre mondial. En savoir plus ici: https://www.compact-shop.de/shop/compact-spezial/compact-...

Alors que Washington brandit des menaces et durcit ses droits de douane, Pékin reste imperturbable: la Chine rejette l'ultimatum américain de renoncer au pétrole russe et iranien à l'avenir. Lors des dernières négociations commerciales à Stockholm, il est apparu clairement que le nouvel ordre mondial ne se décide plus depuis longtemps avec des armes, mais avec des contrats, des droits de douane et des matières premières. Et que la Chine est prête à en payer le prix.

L'emprise impériale

Le ministre américain des Finances, Scott Bessent, n'a laissé planer aucun doute lors de la conférence de presse finale: si la Chine continue d'importer du pétrole russe, Washington imposera des « sanctions secondaires », si nécessaire avec des droits de douane pouvant atteindre 100%. Un projet de loi au Congrès américain prévoit même des droits de douane pouvant atteindre 500%. L'accusation lancée depuis Washington est la suivante: ceux qui achètent du pétrole russe contournent de facto les sanctions occidentales et sapent la « pression internationale » sur Moscou.

Mais Pékin a réagi avec une clarté remarquable: la Chine est un État souverain qui a ses propres besoins énergétiques, et les décisions relatives aux importations de pétrole relèvent exclusivement de la politique intérieure chinoise. M. Bessent a lui-même cité cette phrase, avec un mécontentement perceptible.

La carotte et le bâton – et la réalité

La stratégie des États-Unis est un mélange de menaces et de chantage moral: on invoque le prétendu « danger pour la sécurité de l'Europe » que représenterait le commerce entre la Chine et la Russie, tout en mettant en garde contre une perte d'image auprès de l'opinion publique occidentale. Mais la réalité est plus prosaïque: la Chine s'assure des approvisionnements énergétiques à long terme auprès de partenaires qui ne sont pas sous l'influence des États-Unis. Et elle est prête à accepter des désavantages économiques pour y parvenir.

Les droits de douane punitifs brandis par Trump ne garantissent aucun effet politique. Au contraire: le projet de loi est actuellement gelé, car même les républicains jugent les risques économiques pour les entreprises américaines « inacceptables ». Ce qui est présenté comme une menace n'est pour l'instant que du vent.

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La rupture stratégique

Ce qui se profile ici est plus qu'un différend bilatéral. C'est le début d'une nouvelle ère: la division géopolitique des flux énergétiques. L'Occident veut isoler la Russie et menace de sanctions économiques les États qui ne s'y plient pas. Mais ces menaces perdent de leur efficacité à mesure que des acteurs tels que la Chine, l'Inde ou le Brésil gagnent en assurance.

Le cas de la Chine montre que ceux qui ne se laissent pas intimider gagnent en pouvoir d'influence. Pas à court terme mais à long terme. Car l'énergie n'est pas une arme comme un fusil: c'est une infrastructure, une sécurité de planification, un avenir.

L'Europe : absente et divisée

Et l'Europe ? Elle ne joue jusqu'à présent qu'un rôle mineur dans cette épreuve de force stratégique. Si certains gouvernements insistent sur le respect des sanctions, la réalité est tout autre: l'Italie importe à nouveau du gaz liquéfié russe, la Hongrie maintient ses contrats énergétiques avec Moscou et les entreprises allemandes tentent de conserver leur accès aux matières premières russes via des pays tiers.

Au lieu d'une stratégie commune, nous assistons à une Europe tiraillée entre appel moral et réflexe de survie économique. Le gouvernement fédéral allemand donne l'impression d'être un spectateur dans un match dont les règles sont écrites par d'autres.

Que reste-t-il ?

À Stockholm, la Chine a clairement fait savoir qu'elle poursuivrait sa politique d'indépendance énergétique, même contre la volonté de Washington. Les droits de douane annoncés par les États-Unis semblent pour l'instant davantage des gestes symboliques que des outils de realpolitik. Et l'Europe ? Elle devrait se demander si elle continuera à soutenir une politique énergétique dictée par d'autres ou si elle commencera à définir elle-même ses intérêts stratégiques.

Un nouveau conflit majeur se profile : avec le numéro spécial de COMPACT « USA contre Chine – La lutte finale pour le nouvel ordre mondial », nous vous fournissons toutes les informations de fond importantes pour comprendre ce conflit. Toujours disponible ici en version électronique: voir lien ci-dessus. 

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L'Asie centrale, un point névralgique vulnérable dans la Grande Eurasie

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L'Asie centrale, un point névralgique vulnérable dans la Grande Eurasie

Par Glenn Diesen

Source: https://steigan.no/2025/08/sentral-asia-som-et-sarbart-kn...

L'Asie centrale est un carrefour éminemment central au cœur géographique du partenariat eurasien et constitue un maillon fragile en raison de la relative faiblesse de ses pays, de la concurrence pour l'accès aux ressources naturelles, de la faiblesse des institutions politiques, de l'autoritarisme, de la corruption, des tensions religieuses et ethniques, entre autres problèmes.

Ces faiblesses peuvent être exploitées par des puissances étrangères dans le cadre de la rivalité entre grandes puissances géopolitiquement centrées sur la Grande Eurasie. L'Asie centrale est vulnérable à la fois à la rivalité «interne» au sein du partenariat eurasien pour éventuellement obtenir un format plus favorable et au sabotage «externe» de ceux qui cherchent à saper l'intégration régionale afin de rétablir l'hégémonie américaine. Cet article esquisse les facteurs externes et internes qui pourraient permettre de manipuler l'Asie centrale.

Ingérence externe : maintenir l'Eurasie divisée

Les puissances maritimes européennes ont acquis leur domination dès le début du 16ème siècle en reliant physiquement le monde à la périphérie maritime de l'Eurasie, comblant ainsi le vide laissé par la dissolution de l'ancienne Route de la Soie. L'expansion de l'empire russe à travers l'Asie centrale au 19ème siècle, soutenue par le développement des chemins de fer, a relancé les liens qui avaient existé aux temps de l'ancienne Route de la Soie. Au début du 20ème siècle, Halford J. Mackinder a développé la théorie du « cœur de l'Eurasie » en réponse au défi que représentait la Russie, qui cherchait à rassembler les régions centrales de l'Eurasie par voie terrestre et menaçait ainsi de saper les fondements stratégiques de la domination britannique en tant que puissance maritime.

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L'Asie centrale est le centre géographique où se rencontrent la Russie, la Chine, l'Inde, l'Iran et d'autres grandes puissances eurasiennes. Afin d'empêcher l'émergence d'une hégémonie eurasienne, l'Asie centrale est désormais devenue un champ de bataille important. Le grand jeu du 19ème siècle s'est largement terminé par la création de l'Afghanistan en tant qu'État tampon pour séparer l'Empire russe de l'Inde britannique.

À mesure que les États-Unis devenaient la puissance hégémonique maritime, ils ont adopté une stratégie visant à empêcher l'émergence d'une puissance hégémonique eurasienne et la coopération entre les puissances eurasiennes. Kissinger a fait valoir que les États-Unis devaient donc adopter la politique de leur prédécesseur, la Grande-Bretagne:

81IcoIaiR5L._SL1500_-1476612391.jpg« Pendant trois siècles, les dirigeants britanniques ont agi en partant du principe que si les ressources de l'Europe étaient gérées par une seule puissance dominante, ce pays aurait les moyens de contester le contrôle de la Grande-Bretagne sur les mers et, par conséquent, de menacer son indépendance. D'un point de vue géopolitique, les États-Unis, également une île au large des côtes de l'Eurasie, auraient dû, selon le même raisonnement, se sentir obligés de s'opposer à la domination de l'Europe ou de l'Asie par une seule puissance, et plus encore, au contrôle des deux continents par la même puissance ». (Kissinger, H., Diplomacy, New York, Touchstone, 1994, p. 50-51.)

La stratégie visant à empêcher l'émergence de l'Union soviétique en tant qu'hégémon eurasien a dicté la politique américaine tout au long de la guerre froide. La Russie et l'Allemagne ont été divisées en Eurasie occidentale, et dans les années 1970, la Chine a été séparée de l'Union soviétique.

La stratégie visant à maintenir la division de l'Eurasie a été expliquée, dans les termes jadis forgés par Mackinder, dans la stratégie de sécurité nationale des États-Unis de 1988: "Les intérêts fondamentaux de la sécurité nationale des États-Unis seraient menacés si un État ou un groupe d'États hostiles venait à dominer le continent eurasien, cette région du globe souvent qualifiée de « cœur du monde»". Nous avons mené deux guerres mondiales pour empêcher que cela ne se produise ». (White House 1988. National Security Strategy of the United States, White House, avril 1988, p. 1.)

Après la guerre froide, la stratégie américaine pour l'Eurasie est passée de la prévention de l'émergence d'une hégémonie eurasienne à la préservation de l'hégémonie américaine. Les États-Unis ont ainsi tenté d'empêcher que l'unipolarité ne soit remplacée par l'émergence d'une Eurasie multipolaire équilibrée. Le système d'alliances, qui repose sur un conflit permanent, est essentiel pour diviser le continent eurasien en alliés dépendants et adversaires encerclés.

Si la paix devait s'établir, le système d'alliances s'effondrerait et les fondements de la stratégie de sécurité par la domination seraient ébranlés. Brzezinski affirmait que la domination en Eurasie dépendait de la capacité des États-Unis à « empêcher la coopération et maintenir la dépendance sécuritaire entre les vassaux, garder les alliés tributaires dociles et protégés, et empêcher les barbares de s'unir ». (Brzezinski, Z., 1997, The Grand Chessboard: American Primacy and its Geopolitical Imperatives, Basic Books, New York, p.40.)

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Moins de deux mois après l'effondrement de l'Union soviétique, les États-Unis ont élaboré la "doctrine Wolfowitz" pour assurer leur primauté mondiale. Le projet de directive sur la planification de la défense américaine (DPG) de février 1992, qui a fait l'objet d'une fuite, rejetait l'internationalisme collectif au profit de l'hégémonie américaine. Le document reconnaissait qu'« il est peu probable qu'un défi conventionnel mondial à la sécurité américaine et occidentale réapparaisse dans le cœur de l'Eurasie dans les années à venir », mais appelait à empêcher l'émergence de rivaux potentiels. Au lieu d'avoir des liens économiques croissants entre de nombreux centres de pouvoir, les États-Unis doivent « tenir suffisamment compte des intérêts des nations industrialisées avancées pour les dissuader de contester notre leadership ou de tenter de renverser l'ordre politique et économique établi ».

Afin de promouvoir et de consolider le moment unipolaire des années 1990, les États-Unis ont développé leur propre concept de « Route de la soie » visant à intégrer l'Asie centrale sous leur leadership et à la couper de la Russie et de la Chine. La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a ainsi donné la priorité à une connexion entre l'Asie centrale et l'Inde :

OIP-4137701444.jpg« Travaillons ensemble pour créer une nouvelle Route de la Soie. Pas une seule route principale comme son homonyme, mais un réseau international et un maillage de relations économiques et de liaisons de transport. Cela signifie construire plusieurs lignes ferroviaires, autoroutes et infrastructures énergétiques, comme le projet de gazoduc qui doit relier le Turkménistan à l'Inde en passant par l'Afghanistan et le Pakistan ». (Clinton, H.R. 2011a. Secretary of State Hillary Rodham Clinton Speaks on India and the United States: A Vision for the 21st Century, 20 juillet 2011.)

L'objectif de la route de la soie américaine n'était pas d'intégrer le continent eurasien; son objectif principal était plutôt de rompre le lien entre l'Asie centrale et la Russie. La route de la soie américaine était en grande partie basée sur les idées de Mackinder et la formule de Brzezinski pour la suprématie mondiale. (Laruelle, M., 2015. The US Silk Road: geopolitical imaginary or the repackaging of strategic interests?, Eurasian Geography and Economics, 56(4): 360-375.)

1687867657120-1607138630.pngL'occupation de l'Afghanistan pendant deux décennies, le gazoduc Turkménistan-Afghanistan-Pakistan-Inde (TAPI), le corridor énergétique Géorgie-Azerbaïdjan-Asie centrale et d'autres objectifs politiques similaires reposaient sur la conviction que l'Asie centrale ne devait pas devenir un nœud de connexion eurasien. Tout comme l'Ukraine servait de point de connexion vulnérable entre l'Europe et la Russie, susceptible d'être perturbé par les États-Unis, l'Asie centrale représente également un point faible dans le cadre plus large de la Grande Eurasie.

Divisions internes : formats concurrents pour l'intégration eurasienne

La Russie, la Chine, l'Inde, le Kazakhstan, l'Iran, la Corée du Sud et d'autres États ont développé différents formats d'intégration eurasienne afin de diversifier (répartir, étendre, ndlr) leurs liens économiques et de renforcer leurs positions dans le système international. Le système économique international dominé par les États-Unis n'étant manifestement plus viable, l'intégration eurasienne est reconnue comme un moyen de développer un système international multipolaire. L'Asie centrale est au cœur de la plupart des initiatives. Cependant, bon nombre des formats et initiatives d'intégration sont en concurrence.

La Chine est clairement le premier acteur économique en Eurasie, ce qui peut faire craindre des intentions hégémoniques. Des pays comme la Russie semblent accepter que la Chine soit la première économie, mais ne veulent pas accepter la domination chinoise. La différence entre une économie dominante et une économie leader réside dans la concentration du pouvoir, qui peut être atténuée en diversifiant les connexions en Eurasie. Par exemple, le corridor de transport international nord-sud (INSTC) entre la Russie, l'Iran et l'Inde rend l'Eurasie moins centrée sur la Chine.

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La Chine a reconnu les préoccupations liées à la concentration du pouvoir et a tenté de répondre à d'autres initiatives visant à faciliter la multipolarité. Son projet « One Belt, One Road » (OBOR) a été largement rebaptisé « Belt and Road Initiative » (BRI) afin de communiquer une plus grande inclusivité et flexibilité, ce qui suggère qu'il pourrait être harmonisé avec d'autres initiatives. Les efforts visant à harmoniser l'Union économique eurasienne (EAEU) et la BRI sous l'égide de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) ont constitué une autre tentative pour éviter les formats à somme nulle en Asie centrale.

(La somme nulle décrit une situation dans laquelle la somme des pertes et des gains de tous les participants est à tout moment égale à zéro. Les gains et les pertes s'équilibrent. Wikipédia.)

Il est plus facile de gérer la concurrence entre les puissances eurasiennes en Asie centrale que d'empêcher le sabotage des États-Unis en tant qu'acteur extérieur. La stratégie américaine visant à maintenir son hégémonie se traduit par une politique de somme nulle extrême, car toute division ou perturbation en Asie centrale peut servir l'objectif d'une Eurasie dominée par les États-Unis depuis la périphérie maritime. À l'inverse, les puissances eurasiennes tirent profit d'une interconnexion eurasienne accrue. Des États tels que la Russie, la Chine et l'Inde peuvent avoir des initiatives concurrentes, mais aucune des puissances eurasiennes ne peut atteindre ses objectifs sans la coopération des autres. Il existe donc de fortes incitations à trouver des compromis et à harmoniser les intérêts autour d'une Eurasie multipolaire décentralisée.

Cet article a été publié par le Valdai Discussion Club: https://valdaiclub.com/a/highlights/central-asia-as-a-vulnerable-node/

Une source intéressante à suivre est BRICS Today: https://bricstoday.com/

mardi, 12 août 2025

Pourquoi les plus stupides arrivent au pouvoir

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Pourquoi les plus stupides arrivent au pouvoir

Source: https://www.unser-mitteleuropa.com/172926

L'effet Dunning-Kruger illustre déjà l'incapacité des personnes incompétentes à reconnaître leur propre incompétence, ce qui conduit à une surestimation de soi. Il s'agit d'un phénomène de distorsion cognitive dans lequel les personnes incompétentes surestiment leurs capacités tout en sous-estimant les connaissances et les compétences des personnes plus compétentes.

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Ce concept a été décrit pour la première fois en 1999 par les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger, qui lui ont donné leur nom. Dans leurs études, ils ont montré que les personnes peu compétentes sont souvent incapables de reconnaître leurs propres lacunes, ce qui conduit à une surestimation de soi.

« Les plus stupides n'accèdent pas au pouvoir parce qu'ils sont supérieurs, mais parce qu'ils ne doutent pas ».

Ce sont souvent les mauvais qui accèdent au pouvoir, car les bons les évitent délibérément.

L'intelligence n'apporte pas seulement de la clarté, mais aussi du doute. Ceux qui réfléchissent profondément voient les zones d'ombre, ceux qui réfléchissent se remettent en question et ceux qui prennent leurs responsabilités au sérieux reculent devant le pouvoir lorsqu'il exige des compromis moraux. C'est précisément là que réside le dilemme: les intelligents réfléchissent pendant que les autres agissent.

Les discrets, les réfléchis, les subtils ont la vie dure dans ce monde. Leurs messages ont besoin de temps, leur réflexion a besoin d'espace, et les deux sont rares aujourd'hui. L'ascension des bruyants n'est donc pas seulement un symptôme politique, mais aussi culturel, d'une société qui entend tout, mais n'écoute presque plus.

L'apparente stupidité de certains dirigeants n'est pas toujours un défaut, mais un moyen. La stupidité peut être stratégique.

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Le public n'aspire pas à la vérité, il aspire à une orientation, à la sécurité, au sentiment d'être compris. La vérité ne montre pas seulement ce que l'on veut voir, mais aussi ce que l'on refoule. La politique des boucs émissaires en est un exemple.

L'espace public est une scène de spectacle, celui qui veut être entendu n'a pas besoin de convaincre, mais de couvrir les autres voix.

La polarisation n'est pas un accident, mais une méthode. L'attention n'a pas de morale, elle récompense ce qui fonctionne, pas ce qui est vrai.

La montée en puissance des plus bruyants est l'expression d'un épuisement collectif. L'appel à une orientation est un appel fort. Et ceux qui répondent avec la voix la plus forte sont entendus. Qu'ils aient quelque chose à dire est secondaire.

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Ce qui compte, ce n'est pas ce qui a été dit, mais combien de fois cela a été répété.

Pourquoi les personnes intelligentes ont-elles souvent du mal à être acceptées dans la société ?

Pourquoi la réflexion profonde conduit-elle souvent à l'isolement ? Il y a deux siècles déjà, le philosophe Arthur Schopenhauer avait compris que les penseurs profonds ne sont pas célébrés, mais redoutés, non pas parce qu'ils ont tort, mais parce qu'ils expriment des vérités dérangeantes.

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La « sud-américanisation » de l'Europe

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La « sud-américanisation » de l'Europe

par Andrea Zhok

Source : Andrea Zhok &  https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-sudamericanizz...

Après l'accord dûment genuflexé d'Ursula von der Leyen devant le président Trump, même certains des traditionnels gobe-tout pro-européens des journaux italiens Repubblica/Corriere ont commencé à avoir des doutes.

Ce qui plane à l'horizon serait-il l'oiseau padulo ?

Cette soupe brunâtre et malodorante qu'on m'a servie pendant des années serait-elle vraiment ce qu'elle semble être ?

Mais ce n'est qu'un moment furtif d'incertitude.

Ils se reprennent rapidement et s'emportent, prêts à réclamer « plus d'Europe ! », « plus de productivité ! », « plus de compétitivité ! » et « moins de gaspillage ! ». Nous avons vécu au-dessus de nos moyens, bordel !

La solution pour cette génération de pauvres idiots est toujours la même: une dose supplémentaire de la même recette prônée depuis des décennies et qui nous a menés droit dans le mur. Mais cette fois, on va y aller à fond !

Bon, ce groupe social de béotiens représente peut-être 25% de la population, mais il constitue la garde prétorienne qui défend le bastion du pouvoir réel, celui qui nous met en pièces. Ces gens-là ne jouissent d'aucun privilège particulier, ils ne participent pas au partage des prébendes entre les oligarchies, mais, se nourrissant comme de petits pélicans des régurgitations idéologiques des élites, ils les défendent bec et ongles, accusant les critiques avec l'arsenal habituel (souverainistes, populistes, communistes, fascistes, rouges-bruns, complotistes, etc. etc.).

Quand on regarde von der Leyen et qu'on se plaint d'avoir assisté à une « capitulation », on dit une chose en partie juste, mais en partie seulement. Il n'y a pas eu de capitulation ici, dire cela c'est une tromperie, car les intérêts que l'on voulait protéger ont été protégés.

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Pour parler de capitulation, il faudrait supposer que von der Leyen, Kallas, Meloni, Picierno, Lagarde (à propos : girls power !) sont là pour représenter les intérêts européens.

Mais c'est là une erreur totale.

Ces personnes sont membres d'une élite restreinte qui évolue en étroite collaboration avec les grandes oligarchies économiques transnationales (celles qui, entre autres, contrôlent l'information), dont les intérêts sont tout simplement totalement indépendants de ceux des peuples européens.

Puis, au fur et à mesure, selon l'intérêt particulier qui aura été promu, on mettra la pièce dans le jukebox d'un économiste à la petite semaine qui vous expliquera avec autorité comment servir les intérêts de telle ou telle multinationale est exactement dans votre intérêt en tant qu'ouvrier, employé, professeur, barbier, etc.

Faites confiance aux experts et payez, sans discuter.

Ce qui se passe en Europe n'est pas une « capitulation », mais un processus bien connu, un processus qui a été observé pendant longtemps en Amérique latine, où des oligarchies restreintes ont conservé des positions extrêmement privilégiées en occupant les carrefours par où passent les trafics cruciaux avec les États-Unis.

Dans le langage marxiste (qui continue de fournir des outils utiles, malgré la mauvaise réputation qu'il a acquise), on opposait la « bourgeoisie nationale » à la « bourgeoisie compradora » (comprador bourgeoisie). Alors que la bourgeoisie nationale, tout en restant évidemment attachée à ses intérêts de classe, agissait en conservant un intérêt pour la prospérité de son pays (et donc, peut-être de manière indirecte, en procurant certains avantages à l'ensemble de la population), la bourgeoisie compradora joue le rôle d'agent pour des organisations étrangères, généralement multinationales, en promouvant leurs investissements locaux et en négociant leurs revenus. Le PDG de la filiale italienne d'une multinationale pharmaceutique, le « promoteur » immobilier international résidant à Milan, etc. ne dépendent en aucune mesure de la santé économique et sociale de l'Italie pour leur bien-être économique.

Mais ce sont précisément ces personnes qui sont représentées par Ursula-au-heaume-d'or dans les forums internationaux.

Le résultat naturel de ce processus de « sud-américanisation » est la destruction de la classe moyenne et la création d'une élite économique qui vit en fait au-dessus des lois (car lorsque les différences économiques sont énormes au sein d'une société, tout le monde est susceptible d'être soumis à un chantage et le pouvoir économique se transforme sans difficulté en tout autre pouvoir).

Bien sûr, si quelqu'un remarque que l'existence d'une bourgeoisie ayant des intérêts nationaux, d'une politique attentive à la souveraineté économique ou d'une société préservant une certaine identité culturelle, même si ce n'est pas le paradis sur terre, vaut mieux que d'être démembré par des oligarchies lointaines, les chiens de guerre des journaux et des universités se déchaînent immédiatement, prêts à se remplir la bouche d'accusations de « souverainisme », de « nationalisme », de « chauvinisme », etc.

Avec la garde prétorienne de ces 25 % de semi-cultivés qui se jettent sur les malheureux au moindre signal.

Et rien ne se passe, tout va bien comme ça.

Épargnez-nous seulement les mises en scène affectant la surprise face au fait que « les intérêts européens n'ont pas été pris en compte », que « c'est une capitulation inattendue », etc. Non, c'est la seule direction claire et manifeste dans laquelle nous allons depuis des décennies.

Alors retournez donc vous occuper de vos broutilles quotidiennes, le pilote automatique fonctionne très bien.

lundi, 11 août 2025

Trump et Poutine: pourquoi l'Alaska?

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Trump et Poutine: pourquoi l'Alaska?

Par Elena Fritz

Source:  https://www.compact-online.de/trump-und-putin-warum-gerad...

L'Alaska, justement, pourrait-on dire en référence à un titre de film célèbre. Le lieu du sommet entre Trump et Poutine n'a pas seulement été choisi pour sa valeur symbolique, il revêt également une dimension stratégique.

Dans l'édition COMPACT « Vladimir Poutine : l'histoire de la Russie », vous en apprendrez davantage sur son agenda géopolitique ancré dans l'histoire, traduit en allemand. Pour en savoir plus: https://www.compact-shop.de/shop/sonderausgaben/edition-1....

Le choix de l'Alaska comme lieu du sommet du 15 août n'est pas un hasard. C'est l'État américain le plus proche de la Russie sur le plan géographique et historique, avec un message implicite: « Loin de tout le monde, surtout de l'UE ». Politiquement ancré dans le camp républicain et loin des réseaux mondialistes, des services secrets britanniques ou des structures de lobbying ukrainiennes, l'Alaska offre une occasion rare de mener des discussions sensibles sans fuites ni provocations ciblées.

Il est également idéal en termes de sécurité : survol minimal de territoires étrangers, contrôle maximal de l'environnement.

L'Arctique, clé stratégique

L'Alaska n'est pas seulement un symbole, il représente également la dimension arctique de la politique mondiale. En mai dernier, le Conseil européen des relations étrangères avait déjà mis en garde contre le fait que Moscou pourrait utiliser l'Arctique comme terrain de négociation avec Washington.

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Un scénario spéculatif, mais digne d'intérêt: une limitation de la présence chinoise dans l'Arctique en échange d'un soutien moindre des États-Unis à Kiev. Une chose est claire: l'Arctique n'est pas seulement un gisement de matières premières et une route maritime, il fait partie de l'équilibre mondial des forces entre les États-Unis, la Russie et l'Europe.

Signaux antérieurs et ligne de conduite de Trump

Février 2025, Riyad : un diplomate russe basé au Canada était également présent à la table des négociations russo-américaines, ce qui indique clairement l'importance accordée à l'Arctique. Dans le même temps, Trump a annoncé son intention de rattacher le Groenland aux États-Unis et d'intégrer davantage le Canada.

Cela prolongerait considérablement la côte arctique américaine et intensifierait la concurrence pour le plateau continental arctique. Contre-argument de la Russie : la dorsale de Lomonossov, qui étaye ses propres revendications sur une grande partie du plateau continental arctique.

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Perspectives

La rencontre en Alaska est plus qu'une simple discussion sur l'Ukraine. Elle s'inscrit dans le cadre d'un redécoupage de l'architecture du pouvoir mondial, avec l'Arctique comme monnaie d'échange potentielle, accompagnée de questions relatives au contrôle des armements, à la stabilité stratégique et à l'énergie. À Anchorage, un dialogue pourrait s'engager qui profilera non seulement les deux présidents, mais façonnera aussi l'ordre mondial à venir.

Plus important que jamais : ne lisez pas sur Poutine, mais lisez-le lui-même ! Dans l'édition COMPACT « Vladimir Poutine : l'histoire de la Russie », vous en apprendrez davantage sur son programme géopolitique ancré dans l'histoire, traduit en allemand. Le président russe dans ses propres mots. Commandes: voir lien supra.

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Opérations psychologiques au cours de l'histoire contemporaine

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Opérations psychologiques au cours de l'histoire contemporaine

par Roy Tore Ottesen

Source: https://www.utenfilter.no/2025/08/03/historiske-psykologi...

Les opérations psychologiques ont joué un rôle déterminant dans le financement d'une agence fédérale américaine.

Il s'agit d'une lettre ouverte, rédigée par un contributeur externe. Cet article reflète les opinions de son auteur.

Par Roy Tore Ottesen, officier à la retraite ayant participé à des opérations internationales.

Même après la divulgation d'informations par des groupes de hackers, la publication de documents via WikiLeaks et la déclassification d'anciens documents classés secrets, il semble toujours aussi difficile de comprendre comment il a été possible de créer une réalité fictive, perçue comme vraie, qui a trompé tant de gens, pendant si longtemps et sur tant de sujets.

L'imposition délibérée de changements durables utilise la connaissance de la symbiose entre le conscient et l'inconscient, qui s'explique le plus simplement par l'image d'un iceberg, où la partie émergée représente le conscient, avec la rationalité, la logique, l'intellect, la raison et l'analyse objective.

La plus grande partie du glacier, sous l'eau, représente l'inconscient, avec l'imagination, l'intuition, les sentiments, les émotions et les habitudes. La littérature spécialisée en hypnose a elle-même proposé une définition comme « un affaiblissement temporaire de la conscience de sorte que le subconscient est plus ouvert aux suggestions et aux injonctions », l'hypnose étant utilisée pour parler directement au subconscient.

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Lors de l'utilisation volontaire de l'hypnothérapie, on s'attend naturellement à ce que seules des suggestions et des injonctions positives, constructives et désintéressées soient formulées afin d'améliorer et de soulager un état ou de prononcer un diagnostic, mais comme le conscient et le subconscient fonctionnent en symbiose, l'affaiblissement de l'un peut augmenter la réceptivité aux suggestions et aux injonctions en général, il y a peu de raisons de douter que cela puisse être exploité en exposant continuellement les gens à des suggestions et des injonctions égoïstes et intentionnelles via toute une chaîne logistique composée de médias, de littérature et d'agents d'influence, qui sont ainsi en mesure de dicter ce qui doit être les opinions, les attitudes et les valeurs de la majorité.

Il ne s'agit pas ici d'hypnose thérapeutique ou médicale pratiquée par des professionnels à des fins de traitement.

Sans nier l'importance et la puissance des sentiments et des émotions tels que l'amour, la dévotion et la gratitude, il doit être permis de réfléchir à la manière dont l'acceptation d'une série d'activités, d'événements et de réalisations historiques et marquants n'a été possible que par la paralysie de la rationalité logique et une focalisation excessive sur l'imagination, les sentiments, les émotions et les désirs.

L'une des raisons peut être que le subconscient s'occupe directement de la perception de sa propre sécurité et de sa propre sûreté, de ce qui est bien et mal, de ce qui est raisonnable et juste et, par conséquent, de ce qui est nécessaire. Si cette perception peut être dictée par un affaiblissement de la rationalité, de la logique et de la capacité d'analyse objective, le critère le plus important pour réussir est atteint, car tout contre-argument sera perçu comme désagréable et suscitera de l'aversion, de l'agressivité ou promouvra des efforts pour réprimer la dissidence.

La richesse peut être créée en offrant des biens et des services recherchés ou en plaçant de l'argent dans des entreprises dans l'espoir d'augmenter les revenus. L'activité la plus lucrative à ce jour pour créer de la richesse est la création d'une société privée orientée vers la consommation publique et les achats de tous les États, où les montants sont enregistrés comme des prêts portant intérêt, de sorte que les revenus augmentent proportionnellement à l'augmentation de la consommation publique.

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Cela n'a été possible qu'avec le recours à des «activités internes» (inside activity), dans le cadre desquelles des responsables idéologiques et intéressés ont supprimé le pouvoir de l'État de contrôler l'architecture financière et économique.

Existe-t-il des exemples concrets de «propositions et injonctions» intéressées et motivées par des objectifs précis visant à augmenter la consommation publique dans le but d'accroître l'activité et les revenus ?

Le fait est qu'il en existe un nombre quasi infini, magistralement construits à partir de besoins plausibles, mais tout aussi fabriqués de toutes pièces. Le projet le plus lucratif à ce jour en matière de dépenses publiques, accepté par la suppression publique de la rationalité, de la logique, de l'analyse objective et même des lois physiques, est probablement le programme Apollo de la NASA pour l'alunissage en 1969, avec une justification impressionnante et excessivement axée sur l'imagination, les sentiments, les émotions et le désir profond de montrer la domination technologique, la victoire dans la course à l'espace et la distraction générale concernant l'intelligence, la créativité et la capacité de l'humanité à maîtriser l'espace.

La principale motivation des promoteurs était toutefois d'obtenir l'acceptation des investissements publics dans le programme Apollo en particulier et, à long terme, dans le fonctionnement de la NASA en général. Le budget de la NASA pour 2025 est de 25,4 milliards de dollars, soit environ 255 milliards de couronnes norvégiennes. Une estimation des coûts de fonctionnement de la NASA sur environ 60 ans s'élève à plus de 1,4 quadrillion de dollars (1 quadrillion équivaut à 1000 billions). Ce montant peut certainement être rendu plus compréhensible pour un profane en le multipliant par 10 pour obtenir le montant en couronnes norvégiennes.

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Les tentatives d'explication du déroulement des événements sont la confirmation la plus sûre que l'alunissage n'a jamais eu lieu. Dans «L'alunissage de 1969 avec Apollo 11 expliqué» par le Musée technique norvégien de Dag Andreassen, il apparaît que le vaisseau spatial se composait de trois parties: un module de commande avec trois astronautes, un module de service avec des réservoirs d'oxygène, une alimentation électrique et un moteur-fusée, et le module lunaire (Eagle) destiné à transporter les astronautes de l'orbite lunaire à la surface de la Lune. Tous les modules ont été largués et ont brûlé dans l'atmosphère avant l'atterrissage sur la Lune.

Après l'atterrissage sur la Lune, le module lunaire est retourné au module de commande, qui attendait quelque part dans l'espace. Les astronautes ont ensuite sauté dans le module de commande et sont retournés sur Terre – SANS réservoirs d'oxygène, alimentation électrique ni moteur-fusée – parcourant une distance d'environ 384.400 km.

Ce sont les lois de la physique qui rendent cette entreprise physiquement impossible. L'atmosphère est généralement divisée en quatre couches, appelées troposphère, stratosphère, mésosphère (entre 50 et 85 km) et thermosphère (entre 85 et 500 km) à partir de la Terre, au sein de laquelle la température varie entre moins 90 et plus 1500 degrés Celsius, et où se trouve la couche qui protège la Terre du rayonnement qui, sans cela, rendrait la vie impossible sur notre planète. Le retour sur Terre, à l'exception d'environ 500 km, s'est donc déroulé en grande partie sans protection contre les rayons UV, électromagnétiques et ionisants mortels.

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En 2019, le journaliste Hallvard Sandberg (photo), l'oracle Covid de la NRK, a été chargé de réfuter 10 théories du complot sur URIX, qui circulent depuis 1969, chacune d'entre elles étant susceptible de confirmer que la réalisation et la couverture de l'événement sont un faux, particulièrement ravivées après la publication des enregistrements authentiques avec des décors dans le désert, réalisés par Stanley Kubrick, non modifiés avec les câbles qui créaient l'illusion de l'absence de gravité.

Le président Richard Nixon était même capable de communiquer avec les astronautes sur la Lune à l'aide d'un téléphone fixe de 1969. Le dernier clou dans le cercueil de la crédibilité de l'alunissage doit toutefois être l'explication fournie par la NASA elle-même, où son porte-parole répond à des questions sur les raisons pour lesquelles l'exploit n'a pas été réitéré depuis 1969. La réponse était simplement que la technologie avait été oubliée ou égarée dans un endroit inconnu.

Le but de cet exemple n'est pas de briser des illusions ou de susciter un débat sur ce que l'on sait ou ce que l'on croit. La mise en évidence des contradictions et la production de documents authentiques attestant de faits rationnels auraient constitué une carrière professionnelle à vie pour un grand nombre de personnes, même si cela n'aurait pas été compatible avec la sécurité et la santé au travail pour ceux qui auraient obtenu et publié des documents authentiques sur des activités criminelles et/ou particulièrement lucratives.

En particulier, ce qui contredit la réalité fabriquée et décidée créée pour la consommation publique. Winston Churchill est crédité de l'expression « un mensonge fera trois fois le tour du monde avant que la vérité n'ait le temps de se mettre en place ».

En tant qu'opération psychologique, cela a toutefois été déterminant pour le financement d'une agence fédérale américaine chargée de missions liées à l'espace et à l'aviation, créée en 1958 à la suite du lancement du Spoutnik I par l'Union soviétique.

La NASA emploie environ 18.000 personnes et a naturellement son siège à Washington DC. La falsification est traitée comme un fait, un événement scientifique, un exploit historique mondial, une preuve de l'intelligence et de la créativité de l'humanité, et bien sûr comme un argument prestigieux en faveur de la domination technologique et de la victoire dans la course à l'espace. Il faut bien reconnaître que ce n'est pas mal pour un faux qui n'est physiquement pas possible et qui n'a donc jamais eu lieu.

C'est également un exemple de la manière dont il est possible de créer une réalité fabriquée qui sera crue, justifiée et défendue avec acharnement, au point que toute contestation sera perçue comme une illusion menaçante et une théorie du complot qui doit être passée sous silence, réprimée et ridiculisée, car elle pourrait semer le doute sur l'ensemble du système de formation de l'identité.

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Ce paradoxe confirme le lien entre le conscient et le subconscient, et la manière dont le besoin de sécurité du subconscient peut totalement prendre le dessus et dominer la rationalité et la logique, en créant au sein même de la population une justice arbitraire dans la dynamique de groupe, qui consiste à réprimer, discréditer et, de préférence, sanctionner toute tentative de contestation de la réalité décidée, car les faits objectifs et réels sont perçus comme une menace.

L'accent est constamment mis sur le réchauffement climatique et les changements climatiques d'origine humaine, qui font appel au subconscient des gens quant à la menace qui pèse sur leur propre sécurité et à la peur de la fin du monde.

Il s'agit d'une opération psychologique visant à préparer le terrain pour éliminer toute opposition aux investissements publics astronomiques destinés à la «transition verte» avec l'électrification, les panneaux solaires et les éoliennes.

Une opération psychologique est toujours en cours, axée sur les menaces mondiales liées aux virus, aux épidémies et aux pandémies, afin d'éliminer toute opposition à la consommation publique de vaccins, de médicaments et de traitements issus de l'industrie pharmaceutique. Des opérations psychologiques acharnées sont menées, axées sur les menaces et les ennemis, afin de convaincre les gens de la nécessité impérieuse de faire la guerre aux « méchants » et d'éliminer ainsi les menaces imaginaires qui pèsent sur la sécurité personnelle et collective de leur propre société, leur liberté d'action et leur mode de vie.

Le dénominateur commun de cette hypocrisie politique est une pression dictée de l'extérieur pour maintenir une consommation publique élevée et des investissements importants dans les secteurs imposés. Malheureusement, cela n'est pas justifié par l'intérêt national ou les besoins de la population, mais par le désir de la élite financière mondiale d'augmenter ses profits.

Conclusion

À court et moyen terme, il y a peu de raisons d'espérer que ces opérations psychologiques aient des conséquences, même s'il y a mise en place d'un nouveau régime par l'élite politique. Il n'y a même pas de consensus sur le fait que des opérations psychologiques soient en cours.

Les candidats aux élections norvégiennes sont tout autant influencés par les opérations psychologiques que le reste de la population. Il n'y a pas de guerre en cours entre la Russie et les États-Unis, entre Israël et l'Iran ou entre la Thaïlande et le Cambodge.

La seule vraie guerre oppose l'oligarchie économique mondiale à la résistance, ainsi que les mondialistes de l'establishment américain, qui souhaitent préserver le rôle de l'empire, aux nationalistes qui veulent les États-Unis d'abord ("America First").

Les déclarations irrationnelles de Donald J. Trump, comparées à ce qu'il accomplit réellement, ainsi que le manque de rationalité de ce qui est présenté comme des informations aux consommateurs d'actualités, suggèrent une rhétorique purement distractive et que rien n'est tel qu'il apparaît ou tel qu'il est décrit dans les médias.

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L'analyste Alex Krainer considère que la véritable guerre est menée par l'oligarchie organisée au sein du consortium bancaire basé dans la City de Londres, qui dicte la politique étrangère britannique et utilise les États-Unis comme bras armé économique et militaire afin de préserver l'hégémonie de l'empire. La chute des empires n'est jamais une affaire pacifique.

Malheureusement, il n'y a toujours pas de véritable lutte entre les mondialistes et les nationalistes dans le contexte électoral en Norvège. L'évolution à long terme de la Norvège dépendra de l'évolution géopolitique générale. C'est la malédiction de tout vassal obéissant à un empire qui semble être sur le déclin.

12:50 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, opérations psychologiques | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook