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vendredi, 19 juin 2015

Hillary Clinton, une mondialiste militante

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HILLARY CLINTON, UNE MONDIALISTE MILITANTE
 
Éradiquer les identités culturelles

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr
 
Hillary Clinton débutant sa campagne électorale pour les présidentielles américaines a affirmé que « les codes culturels profondément enracinés, les croyances religieuses et les phobies structurelles doivent être modifiées. Les gouvernements doivent utiliser leurs moyens de contrainte pour redéfinir les dogmes religieux traditionnels». Cette déclaration citée par Auran Derien dans un article de METAMAG, avait été annoncée par le quotidien El Manifestio.com, sous le titre « Hillary Clinton contre les identités culturelles et religieuses ». 

La déclaration d'Hillary Clinton confirme ce que de nombreuses plumes dissidentes affirmaient depuis longtemps, à savoir que le gouvernement mondial ou ce que d'aucuns appelleraient les forces du capitalisme ont un plan qui passe par l'extinction planifiée des identités culturelles et de tout ce qui est traditionnel.
 
Cette thèse qui a amené beaucoup d'entre nous à prendre conscience depuis quelques années du double jeu de l'idéologie officielle antiraciste est aussi celle qui a justifié dans les années 80 notre détachement du mouvement altermondialiste pro-immigrée, dans le style de la revue ''multitude''. 

Avec la déclaration sincère - nous n'en doutons pas un instant ! - d'Hillary Clinton, nous comprenons à la lettre l'expression du ''grand remplacement'' de Renaud Camus et cette expression qui vise bien un programme politique délibéré, à la logique réfléchie et préparée en coulisses.

Les déclarations d'Hillary Clinton révèlent la finalité proprement totalitaire du système mis en place, celui du mondialisme politique dont se réclame toute notre classe politique. Il s'agit bien d'éradiquer les identités culturelles et surtout de déraciner, de couper l'herbe sous le pied de la Tradition.
 
En somme, les plus traditionnalistes et les plus conservateurs de nos penseurs (Schmitt, Kelsen, Evola, Gomez Davila, Alain de Benoist) ont eu raison de nous prévenir. La finalité de l'hyper-modernité est l'éradication de toute identité culturelle spécifique au nom de la consommation. Pour cela, effectivement, il n'est plus besoin d'aller à l'école ou d'apprendre l'histoire. Il suffira de réciter les mémoires sélectives des vainqueurs ou les épopées des bien-pensants.
 
Ainsi, pour le programme mondialiste, les cultures, quels que soient leur espace géographique et leur singularité temporelle, doivent se plier à la consommation mercantile, au matérialisme de la technique et aux valeurs démocratiques sous peine d'être absorbées par la coercition totalitaire de la bonne gouvernance. 

La candidate Clinton a été claire : ou les Traditions se soumettent et nous les y obligeront, ou les identités culturelles se dissolvent dans la masse des consommateurs et des cartes de crédit ou nous les annihileront. 

Toute identité culturelle est invitée à se réformer ou à disparaître dans les temps nouveaux de la ''globalisation'' et du ''monde unique'', celui de l'hégémonie libérale et atlantiste. 

« Ils » produisent l’insécurité de façon systémique

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« Ils » produisent l’insécurité de façon systémique

Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France
 
Ex: http://www.lesobservateurs.ch
   

La sécurité informatique, les « cyberattacks » deviennent des préoccupations majeures. Le public n'en mesure pas l'importance car, d'une part, il en apprécie mal les conséquences et, d'autre part, les Pouvoirs dissimulent l'essentiel. A l'occasion des lois scélérates sur la Sécurité en Grande Bretagne, un coin du voile se lève, ainsi on connait mieux l'activité des hackers chinois, russes, coréens, etc. Bien entendu, on ne va pas jusqu'à évoquer ce qui se passe  plus ou moins légalement dans les pays occidentaux : circulez, il n’y a rien à voir.

Le Général Pétraeus, ancien Directeurde la CIA passé aux affaires ,  vient de présenter aux  USA une émission de télévision sponsorisée par le Big Business afin de faire peur, on appelle cela sensibiliser, et démontrer qu'il faut beaucoup d'argent pour lutter contre les nouveaux risques.
Ce qui frappe, c'est l'absence de réflexion d'ensemble sur le phénomène. On est dans un engrenage qui ressemble fortement à celui dans lequel les militaires ont réussi à enfermer le monde. Celui de l'escalade. Toujours plus de dépenses, toujours plus pour dépasser l'autre, toujours plus pour contrer. Mais le tout dans une même logique, celle de la surenchère centralisatrice.
Personne ne s'avise de faire remarquer que nous construisons nos propres vulnérabilités en centralisant tout, absolument tout ; en traçant des sociétés pyramidales qui privent le bas de tout pouvoir et de toute responsabilité et en concentrant tout en haut, sur la tête et les processus et les organisations et les appareils des pseudo-élites.
La vulnérabilité, la fragilité d'une société, de toute organisation humaine, dépendent de son organisation, de sa structure, de ses interrelations. Les commandos viets ont pourtant donné une sacrée leçon aux dinosaures armées pyramidales américaines! La sécurité est fille de l'adaptabilité. Elle dépend du degré d'initiative et d'imprévisibilité des citoyens, du mouvement désordonné, mais positif, des atomes sociaux. La volonté des Maîtres de tenir tous les leviers produit, au sens fort, la vulnérabilité de nos sociétés et les menaces qui en découlent. Les Maîtres, ensuite, n'ont plus qu'à arguer de ces vulnérabilités, avec l'aide de gens comme Zemmour en France par exemple, idiot utile, pour s'octroyer encore plus de pouvoirs que le peuple, que la masse, sont  contents d'abandonner.
Ce qui est en cause, c'est la tyrannie de la centralisation, la domination du Centre, avec une capitale, sur nos systèmes. Celui qui contrôle tout, celui qui donne tout, celui qui manipule tout, celui-là est la cible idéale, il se désigne de lui-même et c'est à partir de là qu'il construit son pouvoir sans cesse croissant : qu'il construit notre servitude.

Tout ce qui était censé vous libérer, faire de vous des gens plus libres, plus heureux, est retourné en son contraire. Regardez cette abomination que sont devenus les réseaux sociaux récupérés et inversés.
Au lieu de courir les jupons ou les strings, Hollande ferait mieux de lire le merveilleux penseur Bruno Lussato qui a tout écrit sur ce sujet, au lieu de nous narguer en allant visionner avec ses enfants des matchs de foot que les autres n'ont pas les moyens de se payer, au lieu de parader à Roland Garros au milieu des people, Valls ferait mieux de compléter, sinon d'acquérir, la culture philosophique et morale qui lui manquent. La morale ne se réduit pas à vitupérer contre le racisme et l'antisémitisme.

Bruno Bertez, 15 juin 2015

00:05 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cyberguerre, actualité, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Die Idee der Souveränität wieder mit Leben füllen

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Die Idee der Souveränität wieder mit Leben füllen

Eine multipolare Welt braucht Regeln für ein friedliches Zusammenleben

von Karl Müller

Ex: http://www.zeit-fragen.ch

Die Tatsache, dass das Zeitalter der «einzigen Weltmacht» vorüber ist, ist nicht mehr von der Hand zu weisen. Es ist nicht mehr zu übersehen, dass die Welt «multipolar» geworden ist, es also keine Hegemonialmacht mehr mit Zugriff auf die ganze Welt gibt. China, Russland, die Staatenwelt Lateinamerikas, Asiens und auch Afrikas folgen nicht mehr den Vorgaben aus Washington. Selbst in Europa mehren sich Stimmen, die mehr Eigenständigkeit fordern.


Augenfällig zeigt dies ein vor kurzem erschienenes und sehr lesenswertes Buch des langjährigen Chefredakteurs der Parteizeitung der bayrischen CSU und engen Vertrauten des ehemaligen Parteivorsitzenden Franz Josef Strauss, Wilfried Scharnagl. Scharnagl hatte schon mit seinem 2012 erschienenen Buch «Bayern kann es auch allein. Plädoyer für den eigenen Staat» viel Aufmerksamkeit gefunden. Sein neues Buch hat den Titel «Am Abgrund. Streitschrift für einen anderen Umgang mit Russland». Dieses Buch zeichnet sich nicht nur durch eine nachdenkenswerte und um Verstehen bemühte Betrachtung der Politik Russlands, sondern auch durch eine solide Kritik insbesondere an der Politik der USA und an einem blinden Gehorsam der EU- und der deutschen Politik gegenüber den Direktiven aus Washington aus.


Indes hat der Übergang zu einer multipolaren Welt unsere Welt noch nicht sicherer und friedlicher gemacht. Dies zeigt – für uns Europäer räumlich am nächsten gelegen – die Situation in der Ukraine und nun auch in Mazedonien. Für beide Länder ist der Ausgang der Entwicklung derzeit offen. Nicht offen ist hingegen, dass die Auseinandersetzungen eine Heftigkeit haben, die nie wieder gutzumachende menschliche Opfer fordert. Die Toten in der Ukraine und in Mazedonien können nicht wieder zum Leben erweckt werden. Nur Scharlatane und Hasardeure sehen darin Kollateralschäden eines weltgeschichtlichen Wandels.


Dass die mazedonische Regierung nun doch vorgezogenen Neuwahlen zugestimmt und das Einverständnis mit einer Trassenführung für die russisch-türkische Gaspipeline «Turkish Stream» doch auf Eis gelegt und von einem Vertrag zwischen der EU und Russland abhängig gemacht hat, kann man verschieden bewerten. Sicher aber ist, dass die Entwicklungen im Fluss sind und auch für Mazedonien keiner mit Gewissheit sagen kann, was morgen sein wird.


Es gibt «Menschenrechts»-Aktivisten, die die Situation in Mazedonien in den dunkelsten Farben malen. Ein Beispiel ist ein Beitrag von Xhabir Deralla im Osteuropamagazin Ostpol vom 20. Mai. Solche Stimmen sekundieren eine EU, welche die Oberaufsicht über Mazedonien beansprucht – obwohl Mazedonien noch gar kein EU-Mitglied ist. Bezeichnend ist, dass der die Verhandlungen mit Regierung und Opposition in Mazedonien führende EU-Kommissar Johannes Hahn nun, nach dem Einknicken der mazedonischen Regierung, von einer weiter bestehenden «euroatlantischen Perspektive» («Neue Zürcher Zeitung» vom 3. Juni) für das Land sprach. So deutet sich an, in welchen Denkschablonen (Wir = EU + USA) in Brüssel noch gedacht wird.


Hinzu kommt der wohl massive direkte Einfluss der USA auf die Geschehnisse in Mazedonien wie auf dem gesamten europäischen Balkan. Man lese dazu die am 4. Juni veröffentlichte und sehr aufschlussreiche Analyse «Mazedonien im Visier» (https://buergerstimme.com/Design2/2015/06/mazedonien-im-visier/). Hier sei nur ein Zitat wiedergegeben, das bezeichnend ist: «Einen riesigen Platz auf dem Hügel, der die Stadt beherrscht, hat die US-Botschaft für sich genommen. Neben den sichtbaren Objekten von beeindruckender Grösse erstreckt sich die Botschaft noch acht Stockwerke unter der Erde, die von den Amerikanern gebaut wurden. Die Bewohner von Skopje lästern, dass das bescheidene zweistöckige Gebäude der Botschaft der Russischen Föderation, das zwischen einem Wohnhaus und einem Hotel in einer Seitenstrasse liegt, eher an ein Paddelboot gegenüber dem amerikanischen Flugzeugträger von Botschaft erinnert.»


Andererseits ist bei «Sputniknews», der russischen Nachrichtenagentur, am 3. Juni zu lesen: «Turkish Stream: Europäer buhlen um Pipeline-Anschluss.» Wenn es stimmt, was hier berichtet wird, kann die russische Regierung in aller Ruhe die Entwicklung abwarten. Es gibt verschiedene Alternativen zu einer Trassenführung durch Mazedonien. Nach wie vor begehren viele europäische Staaten das russische Gas.
Wie der anhaltende Konflikt in der gegenwärtigen multipolaren Welt weitergehen wird, ist offen. Darauf zu warten, dass sich der Stärkere durchsetzt oder die Probleme schon von alleine lösen, kann keine Perspektive sein. Im Gegenteil, ganz dringend braucht es Überlegungen, wie von allen Seiten akzeptierte Regeln gefunden, formuliert und festgeschrieben werden, die auch in dieser Welt ein friedliches Zusammenleben ermöglichen und garantieren.


Schon während des Zweiten Weltkriegs und dann vor allem in den Wochen nach dem Ende des Krieges in Europa waren viele Verantwortliche in der Welt – nach dem gescheiterten Völkerbund – zum zweiten Mal darum bemüht, eine Grundlage dafür zu schaffen, dass die Welt auch unter den Bedingungen der Multipolarität eine friedliche bleibt beziehungsweise wird und dass ein Schrecken wie der des Weltkriegs künftig vermieden wird. Die führenden Köpfe der Welt gingen damals nicht von einer diktatorisch herrschenden Weltregierung mit Allmacht aus, sondern von souveränen Nationen, die sich über die Grundlagen der kommenden Weltordnung – bei allem Respekt vor unterschiedlichen ­politischen Systemen und Gesellschaftsordnungen – einig sind. Dieses Prinzip bringt – bei allem Tribut an die Herrschaftswünsche der Siegermächte des Krieges – die Charta der Vereinten Nationen vom 26. Juni 1945 zum Ausdruck.


Was hatte die Welt aus beiden Weltkriegen gelernt? Es war das Selbstbestimmungsrecht der Völker, es war die Souveränität der Bürger und der Staaten, die während der Kriege mit Füssen getreten worden waren. Dies sollte nie mehr geschehen. Als unverzichtbarer Wesenszug einer friedlichen und gerechten Weltordnung galt deshalb die Anerkennung des Selbstbestimmungsrechts der Völker und der staatlichen Souveränität und Integrität. Das sollten die Wesensbestandteile des modernen Völkerrechts sein.
Aber auch 45 Jahre später, nach dem Ende des Ost-West-Konfliktes wurden diese Prinzipien nicht mit vollem Leben gefüllt, so wie es möglich gewesen wäre und wofür es, zum Beispiel mit der Charta von Paris, auch vielversprechende Ansätze gab. Statt dessen sah sich der Westen als Sieger des Kalten Krieges, sprach von einem «Ende der Geschichte» und meinte damit seine dauerhafte und alles Recht ignorierende Alleinherrschaft. In der Folge wurde vom westlichen Bündnis (USA + Nato + EU) das Völkerrecht immer wieder gebrochen.


Aber auch mit dem Übergang zur multipolaren Welt im 21. Jahrhundert gibt es bislang keinen sicheren und allseits akzeptierten Garanten des Völkerrechts, des Selbstbestimmungsrechts und der Souveränität.


Die Ukraine und Mazedonien zeigen zudem, dass korrupte Regierungen besonders anfällig für «farbige Revolutionen» sind. Die Strategen im Hintergrund können an berechtigte Kritik der Bürger anknüpfen und diese in ihre Bahnen lenken. Dies ist kein Grund, auf andere mit dem Finger zu zeigen. Im Gegenteil: Welche derzeitige Regierung kann von sich behaupten, keine «Leichen im Keller» zu haben? Um so mehr braucht es den souveränen Bürger, der in seinem Umfeld und seinem Gemeinwesen für Ordnung sorgt, bevor ihm eine «neue Ordnung» aufgezwungen wird, die den Interessen anderer dient. Wenn das Selbstbestimmungsrecht der Völker unverzichtbar zur staatlichen Souveränität gehört, dann braucht es vor allem den souveränen Bürger, der sich als Ausgangspunkt und Träger der Souveränität seines Gemeinwesens, seines Staates, seiner Nation sieht und verhält.


Aber auch die Regierungen der Staatengemeinschaft dürfen nicht länger dabei zuschauen, wie Grossmächte um Macht und Einfluss ringen und dabei Schäden hervorrufen, die jetzt schon immens sind. Alle Regierungen der Welt müssen dazu aufrufen und sich dafür einsetzen, dass wir zum Völkerrecht zurückkehren und die neue multipolare Welt eine Friedensordnung der Freiheit und der Souveränität erhält.    •

«Darüber hinaus geht es – Stichwort Weltordnung – um einen neuen Geist und einen neuen tragenden Rahmen zwischen Ost und West. Der Streit um Militärbündnisse hätte bei der historischen Wende vor einem Vierteljahrhundert beendet werden können. Das wurde versäumt. Jetzt muss, wenn auch mit überflüssiger Verspätung, endlich eine neue Friedensordnung in einer neuen Welt geschaffen werden. Der Abgrund einer Kriegsgefahr darf sich, wie jetzt im Streit um die Ukraine, nie wieder auftun. Eu­ropa und Amerika auf der einen und Russland auf der anderen Seite müssen ein Fundament für einen dauerhaften Interessenausgleich und ein vertrauensvolles Miteinander finden.»

Wilfried Scharnagl

jeudi, 18 juin 2015

Des maires « rouges » dans les principales villes espagnoles ?

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Des maires « rouges » dans les principales villes espagnoles?
 
Individualistes jusqu’à la moelle, ils ne conçoivent le monde que comme une somme grégaire d’atomes dépourvus de passé, démunis de projet, bornés à l’immédiateté du présent.
 
Écrivain et journaliste espagnol
Animateur du site: 
El Manifiesto
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 

Pas des maires ! Des « mairesses », s’il vous plaît, va-t-on me corriger, car ce sont des dames, pardon : des femmes, féministes comme il se doit, qui occupent désormais les principales mairies : Madrid, Barcelone… Personne, pourtant, ne s’émouvra de l’épithète concernant leur « rougeur ». Ou si, peut-être, car ces gens-là n’aiment pas qu’on rappelle leur passé. Depuis quelques années, depuis que les communistes se sont fait appeler en Espagne – ailleurs, c’est pareil – « Izquierda Unida » (Union de la gauche), le drapeau rouge a, en effet, été abandonné ; la faucille et le marteau, cachés dans l’armoire ; « le prolétariat », remplacé par « les gens » ; la « lutte des classes », laissée de côté ; la « révolution », oubliée.

Oubliée… pour jeter de la poudre aux yeux ? Ou oubliée pour de bon ? Voilà la question. Acceptons que l’oubli soit sincère. Ne faisons pas comme eux, qui diabolisent quiconque ose parler de choses telles que patrie, enracinement, grandeur, identité… tandis que le pauvre malheureux fait l’objet de la reductio ad Hitlerum et se voit affublé de sa marque infâme.

Ne faisons pas comme eux (ou comme les libéraux, qui s’adonnent aussi bien à l’une qu’à l’autre reductio) : ne pratiquons pas la reductio ad Leninum (ou ad Stalinum, ou ad Maum, ou ad Castrum… ils sont si nombreux !) Acceptons, autrement dit, que les nouveaux gauchistes bon teint et postmodernisés n’envisagent d’entreprendre aucune révolution communiste.

Mais alors, qu’envisagent-ils ? Envisageraient-ils de mettre le système en échec moyennant une révolution d’un autre type, une révolution qui ne serait plus ni totalitaire ni égalitaire ? Plût aux dieux !… Là, on pourrait s’entendre. Quelques éléments semblent même aller dans ce sens. Par exemple, leur contestation du TTIP (Podemos est, parmi les partis importants, le seul à combattre le traité par lequel l’Europe sera définitivement assujettie aux multinationales états-uniennes). Ou les propos d’une Ada Colau, le nouveau maire de Barcelone, qui propose des mesures pour réduire… le tourisme, tenez-vous bien ! Ce fléau qui, en écrasant la belle ville de Barcelone, remplit les poches de tant de Barcelonais. Ou les mesures envisagées dans le programme de Podemos afin de pousser en avant les petites et moyennes entreprises : les mêmes petites entreprises des « sales bourgeois » qui, pendant la guerre civile espagnole, étaient eux aussi poussés en avant : vers les enfers, une balle dans la tête.

D’accord, tout cela est très bien (pas la balle, le reste), mais où cela mène-t-il ? Dans le cadre de quel projet, de quelle vision du monde tout cela s’inscrit-il ? Pas de projet, pas de vision, pas de monde. On navigue à vue. Or, si tout le projet se borne à ouvrir à fond le robinet des « dépenses sociales » (et des… « frais de fonction »), si tout consiste à faire comme les régimes populistes d’Amérique latine, alors le plus fracassant des échecs s’annonce à l’horizon : un échec, un chaos économique aussi gigantesque, par exemple, que celui du Venezuela qui a inspiré… et soutenu les gens de Podemos.

Ne paniquons quand même pas trop. La foudre ne tombant pas chaque fois que le ciel tonne, le plus probable est qu’il suffira que tous ces braves gens se mettent à marcher sur les moelleux tapis des bureaux (aujourd’hui des mairies, demain des ministères) pour que leurs envies d’un grand chambardement se voient vite étouffées. Ils n’ont aucune nouvelle vision du monde, disais-je. C’est vrai. Mais ils en ont une ancienne : celle qu’ils partagent avec leurs ennemis censés être détrônés.

Aussi bien les uns que les autres, ils croient que l’économie (qu’elle soit tout à fait libérale ou dirigée) est le socle même du monde – et elle doit le rester. Aussi bien les uns que les autres, ils ignorent ce qu’est une patrie, une communauté organique, « une unité de destin », disait un certain Primo de Rivera.

Individualistes jusqu’à la moelle, ils ne conçoivent le monde que comme une somme grégaire d’atomes dépourvus de passé, démunis de projet, bornés à l’immédiateté du présent.

Rien, dès lors, ne les empêche d’ouvrir les portes – ceux de Podemos les ouvriront encore davantage – à d’autres individus, à d’autres atomes : à l’immigration de peuplement qui finira par anéantir la base ethnique et culturelle sur laquelle est bâtie notre Europe. Aussi bien les uns que les autres, ils portent gravée dans tous leurs actes la marque évanescente du néant – le néant où ils pataugent, où ils se précipitent, où ils nous enfoncent.

 

Cette France qui lutte contre les noms méchants

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Cette France qui lutte contre les noms méchants

Ex: http://h16free.com 

La France est un pays extrêmement riche : outre des infrastructures de première qualité, des ressources naturelles, humaines et touristiques inégalées, des facilités géographiques magnifiques, le pays est si opulent qu’à en croire ses médias, certains de ses habitants ont des préoccupations que seuls de riches oisifs peuvent avoir.

Et alors que, si l’on en croit les chiffres qui circulent discrètement dans les instituts statistiques nationaux et dans toutes ces organisations internationales où la France dispose d’un ou plusieurs sièges (confortables et en cuir moelleux), le chômage bat des records, l’économie part en cacahuète et l’insécurité s’installe durablement passant largement du stade du sentiment au stade du vécu, et alors donc que plusieurs signes indiquent clairement que tous les problèmes ne sont pas encore réglés, certaines personnes s’empressent de partir en lutte contre les noms et les appellations qui les choquent.

Il m’a par exemple fallu plusieurs relectures d’un article consacré à la polémique qui s’est installée pendant quelques jours autour de la fête d’un quartier de la gare de Biarritz. Cette polémique a commencé, magie des intertubes frémissants, par le tweet d’une vigilante citoyenne toute effarouchée par … le nom du quartier en question :

Depuis hier "Fêtes de la négresse" à Biarritz. Ce nom. Ce visuel. Est-on vraiment en 2015?#malaise #racisme

Depuis hier « Fêtes de la négresse » à Biarritz. Ce nom. Ce visuel. Est-on vraiment en 2015?#malaise #racisme

Comment diable ? En France, en 2015, on aurait encore des quartiers de la Négresse, et des gens illustreraient la fête à venir par la représentation de la tête d’une femme noire ? Mais, voyons, c’est insupportable ! C’est tellement inique que le petit président de la LICRA, jamais en retard d’un effarouchement, aura bien vite repris le flambeau à mesure que la critique enflait sur les réseaux et que l’auteur, jugeant sans doute son tweet peu glorieux, le retirait bien vite. Et voilà donc notre Alain Jakubowicz rebondir sur l’interrogation stupéfaite de la citoyenne conscientisée vigilante antiraciste : pour lui, le nom du quartier choque, il faut donc en changer, c’est tout.

Mieux encore, la mairie de Biarritz, qui place le vivrensemble cotonneux et la bisounoursophilie compulsive dans ses plus importantes priorités, contactée, a expliqué recevoir régulièrement des plaintes de touristes tourneboulés par ce méchant nom, pourtant attaché au quartier depuis deux siècles. De surcroît et sans doute à la plus grande tristesse du président Jakubowicz et de ces tendres citoyens, aucune plainte n’a été déposée, et les conseils de quartiers, consultés, sont unanimement favorables au statu quo.

Imaginer qu’un quartier puisse porter un tel nom, c’est comme imaginer qu’on puisse encore stigmatiser toute une ville en lui accordant une avenue Lénine ou même une rue Staline. Ce serait imaginer qu’on puisse encore supporter, en ce siècle de vivrensemble universel et de tolérance ultime, une rue de la Juiverie (ou même tout un quartier, comme à Meaux) et ça, ce n’est pas tolérable.

À l’évidence, la bien-pensance a gagné cette semaine quelques fiers gallons et peut maintenant remettre en cause des pans entiers de l’Histoire dès lors qu’elle s’estime choquée. Malheureusement, entre les habitudes, bêtement ancrées par les siècles et le bon sens, et le « deux poids / deux mesures » évident de ces ébouriffements outrés qui permettent de sélectionner certains quartiers et d’en oublier d’autres, le combat de la citoyenne en alerte et du président de la ligue contre les turbostigmatiseurs semble mal parti.

Cependant, il n’est pas dit qu’il soit perdu.

À chaque statu quo que d’indécrottables conservateurs rétrogrades refusent de modifier, à chaque rebuffade de la population contre une solide déconstruction de ses repères correspond une victoire de la Ligue des Parangons. Et pendant qu’on se chamaillait à Biarritz pour savoir si un nom de quartier vieux de 200 ans pourrait passer le mur de la honte, Tourcoing, encore et toujours dans ses effervescences, renonçait à un spectacle en seule raison de son nom.

Tourcoing, pour mémoire, c’est cette charmante bourgade qui n’a guère fait parler d’elle récemment bien qu’ayant eu à subir la météo agitée de quelques uns de ses quartiers émotifs impressionnables sensibles. Et Tourcoing, c’est aussi une ville qui sait se trémousser sur les rythmes endiablés de la musique populaire, sauf lorsque le spectacle s’intitule « Boudin et chansons ». Apparemment, cet événement dépeint « la condition féminine et l’homme y est comparé à un cochon ».

Las, le premier adjoint, Didier Droart, n’entend pas prendre le moindre risque de choquer avec un tel spectacle. De même que « sexe turgescent » ou « vulve humide » dont on se doutait déjà qu’ils poseraient problème dans un nom de spectacle ouvert à tout public, les mots « boudin » ou « cochon » sont apparemment devenus tabous à Tourcoing ces derniers jours :

« Je trouvais cela inapproprié dans le cadre d’une fête de la musique. Je ne veux pas qu’on choque une partie de la population de confession musulmane et que l’amalgame soit fait avec les apéritifs organisés par l’extrême droite. »

Apparemment, bien-pensance et vivrensemble débridés obligent, le boudin et le cochon rejoignent donc la liste déjà étonnamment longue de préparations culinaires devenues subitement non grata.

dentifrice raciste

Petit-à-petit, on en vient à s’étouffer sur des détails insignifiants au sens premier : ce n’est pas parce qu’une pâtisserie comporte le nom « nègre » que celui qui la fait ou celui qui l’achète sont racistes ; les habitants du quartier de la négresse ne sont pas plus racistes qu’ils ne seraient dans un ghettos de descendants d’esclaves ou d’esclavagistes ; non, un spectacle qui parle de boudin n’a pas forcément de message significatif à délivrer spécifiquement à ceux qui n’aiment pas cette charcuterie.

Et petit-à-petit, on en vient à ostraciser, défavoriser, stigmatiser ou pénaliser ce qui pourrait, dans l’esprit d’un petit nombre d’individus, devenir potentiellement une source de remous, de gêne plus ou moins vague, réalisant en toute hypocrisie le chemin exactement inverse de ce qu’on prône partout ailleurs, à savoir accueillir, favoriser, approuver et récompenser.

En l’espèce, on a dépassé l’apaisement, pour le remplacer par un aplatissement gluant et on a travesti en vivrensemble un aveuglement consternant ; aux combats essentiels contre le chômage et la pauvreté, aux combats pour tenter d’améliorer le présent et de préparer l’avenir, on a substitué un combat permanent contre le langage, contre les noms et les habitudes, ce combat typique de ceux qui veulent réformer le passé.

Ce n’est pas innocent et pour certains, c’est même tout à fait calculé. L’inconscience de leurs grégaires suiveurs fait alors encore plus froid dans le dos.

« Celui qui contrôle le passé, contrôle le futur. Celui qui contrôle le présent contrôle le passé. »

orwell who controls past present future

Plusieurs guerres mondiales se préparent

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Plusieurs guerres mondiales se préparent

Ex: http://www.lesobservateurs.ch
 

Les faits sont désormais indéniables : primo, Obama ne combat que mollement l’Etat islamique et en revanche il pousse l’Europe à une guerre avec la Russie ; secundo, la guerre contre l’Etat islamique aura néanmoins lieu, elle sera effroyable et elle durera très longtemps ; tertio, la guerre contre l’Etat islamique s’étendra jusqu’en Europe puisque celle-ci accueille des djihadistes parmi les clandestins, en provenance de Libye notamment. Une guerre quasi-mondiale avec l’Etat islamique, en même temps qu’une guerre quasi-mondiale entre l’Europe et le Russie, voilà ce qui nous attend, si la tendance actuelle n’est pas inversée. Je reproduis ci-dessous les extraits adaptés de quatre analyses, celle de World Tribune, celle du géopolitologue Manfred Gerstenfeld, celle de Nicolas Bonnal sur Boulevard Voltaire et celle de Anne Lauwaert sur Riposte laïque.

L’Etat islamique, c’est la Guerre 1914-18 en 2015

World Tribune écrit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Obama avait désigné l’Etat islamique comme une équipe jouant en Juniors deuxième catégorie. Les ravages provoqués par l’Etat islamique ont prouvé à quel point Obama avait tort, mais les analystes cités par un rapport du Mc Clatchy DC pensent que le pire est encore à venir. « Les conditions générales ressemblent énormément à celles qui prévalaient en 1914 », affirme Michael Stephens, de l’Institut des Services Royaux Unis à Londres. « Il ne suffirait que d’une infime étincelle et l’Iran et l’Arabie Saoudite se jetteraient à la gorge l’un de l’autre, en croyant se battre dans le cadre d’une guerre défensive ». De son côté, le commentateur kurde irakien Hiwa Osman pense que « la région toute entière se prépare pour la ‘Grande Guerre’, cette guerre qui n’a pas encore éclaté, la guerre entre Chiites et Sunnites ».

Le détachement, l’indifférence que manifeste Obama à l’égard des conflits actuels au Moyen-Orient est très remarqué en Syrie ; en Irak ; au Yémen, où les forces sunnites saoudiennes bombardent les rebelles chiites pro-iraniens ; et en Libye, où l’Egypte a lancé des frappes aériennes contre des djihadistes appartenant à l’Etat islamique. Bien que le système international soit très différent de celui qui prévalait en 1914, où les deux alliances européennes rivales se sont déclarées la guerre, certains y voient de grandes similitudes.

La Guerre 1914-18, c’était aussi, une « crise dont personne ne voulait. Quand elle est survenue, on disait qu’elle se terminerait en l’espace de quelques mois. Et qu’elle mettrait un terme à tous les conflits armés. Chacun sait ce qui s’est, en réalité, passé », déclare Thorbjorn Jagland, secrétaire général d’un observatoire des Droits de l’Homme. « Je ne veux pas traiter les dirigeants actuels de somnambules, mais il est possible qu’ils se soient fourvoyés dans une situation qui ne correspond aux intentions ou volontés de personne », déclare Thorbjorn Jagland.

L’absence de stratégie américaine ou, même, de plan visant à stabiliser le Moyen-Orient, a encore fait la Une de l’actualité, cette semaine, quand Obama a déclaré, au Sommet du G-7 en Allemagne, le 8 juin, que son Administration ne disposait pas encore d’une « stratégie complète » pour vaincre l’Etat islamique, une déclaration dont la Maison Blanche s’est empressée de préciser qu’elle avait été « mal interprétée ». « Nous n’avons réellement pas de stratégie du tout. Fondamentalement, nous jouons tout cela au jour le jour », a déclaré de son côté Robert Gates, ancien Secrétaire à la Défense sous Obama. Les Etats-Unis continuent d’envoyer des armes et des conseillers militaires en Irak, avec peu de résultats, alors que les forces irakiennes ont subi plusieurs défaites dévastatrices, en perdant, récemment, la ville sunnite de Ramadi.

Le Général John Allen, qui occupe actuellement le poste d’envoyé spécial de la coalition dirigée par les Etats-Unis combattant l’Etat islamique, a dit que « ce sera une campagne particulièrement longue » et que vaincre l’idéologie de Daesh prendra « une génération ou plus ». De son côté, le commentateur kurde irakien Hiwa Osman, précise que l’Etat islamique « ne peut être uniquement vaincu par les Kurdes, les Chiites, les Américians ou l’Ian. Il doit l’être par les Arabes Sunnites. Vous devez leur présenter un accord valable pour le jour d’après la défaite de l’Etat islamique. Et, jusqu’à présent, personne n’a réussi à formuler clairement cette vision pour eux ».

Toby Dodge, universitaire qui travaille sur l’Irak et enseigne à la London School of Economics, affirme que la guerre en Irak est « presque inévitable ». « Je suis extrêmement pessimiste », dit-il, ajoutant qu’il doute que le Premier Ministre irakien Haider al Abadi », pourtant « un type très bien, un homme clairvoyant », puisse sauver l’Irak. « Il est pris en otage par sa propre clique, l’Islamisme radical chiite. Ce dont il a le plus besoin, c’est de faire appel aux Sunnites, privés de leurs droits, qui vivent au Nord-Ouest ».

D’autres analystes disent que l’Irak, avec l’aide des Etats-Unis, ne peut être sauvé que s’il s’engage à la décentralisation des pouvoirs, à la réconciliation avec les Baathistes et à d’autres concessions qui puissent motiver les Sunnites à chasser l’Etat islamique. « Cela pourrait être faisable, absolument », déclare Kenneth Pollack, de l’Institut Brookings, mais il ajoute aussitôt qu’Obama ne fait strictement aucun effort en ce sens, bien au contraire, en se rapprochant à tout-va de l’Iran chiite. « Je pense que c’est de la négligence », dit-il. « Ils continuent d’insister sur le fait qu’on ne peut pas avoir de la volonté à la place des Irakiens. C’est une absurdité historique. Si vous laissez ce problème aux mains des Irakiens, ils ne feront pas ce qu’il faudrait faire, même s’ils le voulaient réellement », conclut World Tribune (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Vaincre l’Etat islamique prendra une génération

Le géopolitologue Manfred Gerstenfeld écrit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Ce que le Général John Allen veut dire, par une telle déclaration (le général Allen a déclaré que vaincre l’Etat islamique prendra une génération ou plus), c’est qu’il prédit que l’Etat Islamique continuera longtemps à dominer le territoire qu’il possède. Car s’il devait perdre le contrôle du territoire dont il s’est emparé, son avenir deviendrait alors une question de terrorisme, plutôt que de constituer un véritable défi militaire. Allen a ajouté que si l’Etat islamique n’était pas vaincu, il ferait des ravages incommensurables pour la stabilité du monde.

Il semble bizarre que quelqu’un puisse choisir de faire des prévisions à si long terme, d’autant plus qu’au début de cette année, Obama a demandé au Congrès d’approuver une campagne militaire d’une durée de trois ans. Ces remarques du Général Allen, qu’elles soient réalistes ou non, peuvent appuyer une réflexion menée plus en détail sur ce que cela signifierait, si l’Etat islamique contrôlait un territoire d’une grande superficie, comme il le dit, durant plus de vingt ans, à partir d’aujourd’hui. Cela aurait, en effet, un impact déterminant sur l’ordre du monde, ou pour le dire plus justement, sur le désordre du monde. Cela aurait aussi des conséquences particulières pour le monde musulman, l’Occident, la Russie et bien d’autres pays. Israël et les Juifs, bien que restant des acteurs minoritaires, devraient être singulièrement affectés par l’impact global et par le fait indéniable de constituer des cibles éventuelles de l’Etat islamique.

En ce qui concerne le monde musulman, le Printemps Arabe a déjà ajouté la Libye, le Yémen et la Syrie à la longue liste des Etats faillis. L’existence de Daesh en continu va provoquer l’ajout de l’Irak et, probablement, d’autres pays à cette liste. Puisque Daesh est un mouvement extrémiste, il s’oppose directement, sans aucune tendance au moindre compromis, aux Musulmans chiites. Plus l’Etat Islamique va durer, plus grande sera la menace pour les Chi’ites.

Cela signifierait, éventuellement, que l’Etat Islamique (sunnite) se confronterait à l’Iran, le pays chiite dominant. L’Iran est un semeur de troubles et très peu de forces extérieures ont osé réagir militairement contre lui au cours du siècle actuel (2000-2015). Plus l’Etat Islamique deviendra puissant, plus il devra défier l’Iran de toutes les manières possibles. Alors que l’Etat Islamique s’oppose également aux pays sunnites dirigés par diverses familles royales, l’instabilité de ces pays monarchiques augmentera considérablement. La même chose est vraie pour l’Egypte.

Concernant l’Occident, les menaces seront de nature variée. Une première inquiétude se fonde sur la dépendance de l’Europe à l’égard des pays arabes pour son approvisionnement en pétrole. L’instabilité des pays producteurs de pétrole, comme l’Irak et la Libye. L’instabilité en Arabie Saoudite et dans d’autres pays fournisseurs pourrait avoir un impact bien plus important. Une pénurie des fournitures d’énergie exacerberait les problèmes déjà existants, qui feront que la prochaine génération sera bien moins nantie que l’actuelle génération.

Une deuxième répercussion importante pour l’Occident, serait, une probable montée en puissance, de la menace terroriste. Au cours du siècle précédent, les actes terroristes commis par les musulmans en Europe, ont souvent été perpétrés par des non-Européens. On en a eu un exemple par l’attentat meurtrier contre le Restaurant Goldenberg à Paris en 1982. Les assassinats de masse du 11 Septembre, aux Etats-Unis, commis, en particulier par des Saoudiens, ont été d’une toute autre dimension.

Au cours de ce nouveau siècle, les attentats terroristes en Europe commis par des musulmans ont changé de nature, alors que nombreux en sont les acteurs qui sont des résidents de l’Union Européenne. C’était, déjà, partiellement le cas, lors du gigantesque attentat de Madrid, en 2004. Il en allait certainement de même, lors des meurtres de Londres, en 2005, du massacre en face du Musée Juif de Bruxelles, en 2014, et des tueries à Paris et Copenhague, au début de cette année 2015. De la même façon, c’est bien le terrorisme musulman intérieur qui s’est manifesté aux Etats-Unis, lors de l’attentat à la bombe du marathon de Boston, en 2013. Jusqu’à présent, les appels de l’Etat islamique aux musulmans d’Occident, afin qu’ils commettent des actes terroristes dans leurs pays de résidence, n’ont guère eu plus d’impact. Il existe une crainte bien plus grande d’un terrorisme émanant des djihadistes européens de retour de Syrie et d’Irak.

Le manque de résultats de ces appels de l’Etat Islamique peut entraîner un retournement sollicitant de nouvelles attaques terroristes, mais cette fois, commises par des terroristes étrangers. On relève des menaces et des rumeurs qu’ils pourraient être transportés à bord des bateaux de réfugiés se dirigeant vers l’Europe depuis la Libye ou qu’ils transitent clandestinement par les Balkans (ndmg - ce sont désormais des faits et non pas de simples rumeurs). Certains djihadistes étrangers peuvent avoir déjà immigré, mais cela n’a, pour l’instant, conduit à aucun attentat. Pourtant, si nous parlons bien de décennies entières d’un volume d’activité important de la part de l’Etat Islamique, il est d’autant plus probable qu’il y aura des attentats à redouter, de la part de cellules dormantes de terroristes ayant réussi à se faire passer pour des réfugiés.

Un terrorisme important provoqué par des djihadistes en Occident mènera à un renforcement des stéréotypes hostiles aux musulmans dans leur ensemble. L’afflux massif précédent, celui de musulmans et les problèmes sociaux qui s’en sont suivis, dont le manque d’intégration réussie, ont déjà conduit à l’émergence et au renforcement de partis anti-islamistes dans différents pays : le Parti des Libertés de Geert Wilders (le PVV) aux Pays-Bas, les Démocrates Suédois, et, par-dessus tout, le Front National français. L’éventualité d’actes terroristes accrus, de la part de musulmans, ne va pas seulement accroître la popularité de ce genre de partis, mais elle va influencer la position des autres partis, qui devront concourir pour s’attirer les suffrages de ceux qui ont adopté des positions plus fermes en ce qui concerne l’islam, conclut le géopolitologue Manfred Gerstenfeld (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

L’Europe combat la Russie au lieu de combattre l’Etat islamique

Nicolas Bonnal, sur Boulevard Voltaire, écrit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Dimanche 13 juin 2015, un article du New York Times, signé MM. Schmidt et Meyers, nous annonce que les USA vont envoyer 5.000 hommes et 1.500 chars en Europe orientale. Et nos drôles d’expliquer qu’il faut mettre fin à l’agression russe en Europe, car les Russes vont en effet envahir la Pologne et les pays baltes (en attendant le Portugal et le Maroc ?). Le nombre impressionnant de commentaires diffusés permet, pour une fois, de connaître l’opinion de nos chers Américains : un tiers est pour la guerre, un tiers pleurniche, un dernier tiers proche de nous dénonce le caractère aberrant et criminel de la position états-unienne. On se doute que ce ne sont pas ces naïfs qui feront reculer Bush frères & fils, Clinton-femme et Obama, le fidèle disciple de Brzeziński, le Polonais qui voulait anéantir la Russie.

Sur cet intellectuel élégant mais relativement dément, on rappellera un livre, Le Grand Échiquier, et ces phrases terrifiantes qui décrivent les raisons de la totale soumission allemande ou japonaise, soixante-dix ans après Dresde ou Hiroshima : « À bien des égards, la suprématie globale de l’Amérique rappelle celle qu’ont pu exercer jadis d’autres empires, même si ceux-ci avaient une dimension plus régionale. Ils fondaient leur pouvoir sur toute une hiérarchie de vassaux, de tributaires, de protectorats et de colonies, tous les autres n’étant que des barbares ».

Parlez-nous maintenant de vos droits de l’homme ! Un peu plus bas, le mentor de Barack ironise : « L’Europe de l’Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses États rappellent ce qu’étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires. Cette situation est assurément malsaine, pour l’Amérique comme pour les Nations européennes ». Cette situation n’est pas malsaine pour le prix Nobel de la paix Obama (cet Orwell, quel génie !), dont l’ADN ne se soucie pas trop des Européens, et c’est donc le début de cette guerre américaine en Europe, qui pourrait se solder par notre extermination ou par une partition ruineuse du continent.

En réalité, rien ne fera reculer les Américains, et surtout pas Hollande ou Juppé : leur situation économique et financière est désastreuse, comique même. La Russie leur fait horreur parce qu’elle est depuis trop d’années le seul pays du monde susceptible de leur résister ou de les détruire. Une guerre « ukrainienne », qui rongerait l’Europe, enverrait nos capitaux là-bas, leur donnera des ailes.

Et les raisons d’espérer ? Celles-ci : Hillary Clinton dit que Poutine est Hitler, et Jeb Bush qu’il est un butor. On aura l’un ou l’autre au pouvoir en Amérique en 2016, et je vous garantis un beau feu d’artifice au nom des droits de l’homme selon le père Ubu, conclut Nicolas Bonnal, sur Boulevard Voltaire (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

L’Europe ouvre ses portes à l’Etat islamique clandestin

Anne Lauwaert sur Riposte laïque écrit (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Si vous croyez encore que la migration est le fait de quelques désespérés, détrompez-vous ! C’est une action voulue et organisée par, entre autres, « L’organisation internationale pour les migrations ». Sous la rubrique « notre action », ils nous expliquent l’organigramme de leur « gestion des migrations ». Le 14 juin 2013, l’Ambassadeur William Lacy Swing, des Etats-Unis, a été réélu Directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations, pour un second mandat de cinq ans. Elu pour la première fois à ce poste le 18 juin 2008, il a pris ses fonctions le 1er octobre 2008. Cela ne date donc pas d’hier, mais de 2008.

Il faut visiter ce site : c’est hallucinant de voir les structures de l’organisation qui nous impose les migrants ! Non, il ne s’agit pas de quelques désespérés qui nous arrivent par hasard, ni de quelques « trafiquants d’êtres humains » ;  il s’agit de l’organisation à large échelle des migrations. Allez voir le site et faites passer l’info ! Incroyable, ce sourire taquin de monsieur William Lacy Swing pour le bon tour qu’il nous joue et dont un échantillon est à voir ICI . Qu’on arrête de nous raconter des bobards !, conclut Anne Lauwaert sur Riposte laïque (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Michel Garroté, 15 juin 2015

Sources :

http://www.worldtribune.com/2015/06/10/in-absence-of-a-u-s-strategy-middle-east-braces-for-the-big-war/

https://www.facebook.com/pages/Manfred-Gerstenfeld/339729406079344

http://www.bvoltaire.fr/nicolasbonnal/vers-guerre-americaine-europe-de-lest,182238

http://ripostelaique.com/migration-vraiment-de-desesperes.html

   

Is the EU “Fascist”?

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Is the EU “Fascist”?

Ex: http://www.counter-currents.com

The European Union has often been accused of being “fascist” by mainstream nationalists. This accusation, while typically melodramatic, is not absurd insofar as “fascism” is used as shorthand for “undemocratic.” Mainstream EU-philes have long been embarrassed by their regime’s so-called “democratic deficit,” with formal standards of political rights falling far short of what citizens can expect in national bourgeois regimes.

The EU is, in effect, an elitist and hierarchical regime of ministers, diplomats, lawyers, central bankers, and international civil servants. (I will use “Eurocrats” as shorthand for this constellation of both national and EU figures, including leading politicians.) Citizens’ political options are thoroughly circumscribed by these elites and the dogmas of the European treaties, which are far more prescriptive, especially in terms of economic policy, than any national constitution (in effect, enshrining neoliberalism as an immutable principle).

What’s more, European integration has been imposed as a top-down and opaque process. Integrationists have often been remarkably unclear as to what their end-goal is. A mere intermediary step to a world government (Jean Monnet)? Deceptively, no more than a common market (Ted Heath)? A European federal state (Helmut Kohl)? The traditional method has been not to create a European superstate following a grand, continental democratic debate, but to inch one’s way to wherever we are going, almost imperceptibly, like the movement of tectonic plates, through the continuous conspiring of said diplomats, lawyers, and bureaucrats, and periodically presenting the peoples of Europe with the fait accompli.

This process has accelerated since the 1990s. The fall of the Berlin Wall and German Reunification led to both elation – finally the communist tyrannies were overthrown and the threat of Europe’s nuclear annihilation was lifted – and, though this is conveniently less remembered, fear. Leaders such as François Mitterrand, Margaret Thatcher, and Hans-Dietrich Genscher, remembering the two worlds wars, feared that Western Europe had perhaps only been pacified through common fear of the Soviet Union and that a newly-sovereign Germany might threaten the continent’s hard-won peace.

Mitterrand’s[1] response was to force the march of European monetary union, in effect morally blackmailing the German government to commit to creating a common currency, which the Frenchman still hoped would be called the écu (European Currency Unit), but which in the end gave us the Euro.

Eurocrats have been trying to cobble something half-coherent together ever since, whether their peoples wanted it or not: Chancellor Helmut Kohl’s forcing a recalcitrant German people to abandon the Deutsche Mark without referendum; the Eurozone’s highly authoritarian design as a supra-parliamentary regime dominated by the central bank (instituted to allay the Germans’ fear of inflation); the passage of the Lisbon treaty despite the French and Dutch peoples’ rejection of a near-identical text (the “Constitutional Treaty”) by referendum; and since 2010 the largely extra-legal crisis management and ever-greater centralization of the Eurozone, all done without any preceding democratization, as the dysfunctional monetary union attempts to survive despite being buffeted by the winds of the international financial speculation characteristic of our globalized, neoliberal world of borderless capital.

None of this is defensible in terms of “democracy.” Rather, Eurocrats’ recurring and continuous violation of democratic principles is only defensible in terms of an elitist critique of democracy (“fascism” in common parlance) which, unlike the Fascists and National Socialists, they do not have the intellectual honesty and courage to state explicitly.[2] At the risk of putting words in their mouths, EU leaders’ implicit argument is thus: The higher interests of the European peoples (peace, prosperity, political unity . . .) are simply more important than these democratic principles, and therefore these principles may be suspended when the two conflict (often the case, as public opinion in the various nations typically pulls in different directions, reflecting different interests and the usual vagaries). Eurocrats argue furthermore: We, as an enlightened and steady elite, are better qualified to know what is good for Europeans than the inchoate spasms of public opinion.

At the risk of sounding provocative, there is perhaps only a difference in degree between mainstream EU leaders’ rationale for periodic suspensions of democracy and the National Socialists’ rationale for creating a one-party dictatorship.

Eurocrats then enter a dangerous contradiction. The EU is explicitly founded on what I would call the “assumptions of 1945”: A war waged notionally for “democracy” and against ethnocentrism as the highest evil (incarnated in National Socialism). Yet, Eurocrats violate these democratic principles to prevent a putative “return to pre-1945.” This highlights the moral bankruptcy and hypocrisy of Europe’s ruling of establishment: They both violate democracy in practice and persecute nationalists (such as the Front National) under the pretext that they are a “threat to democracy.”[3]

In fact, the postwar regime’s claim that 1945 is a kind of “year zero” is not defensible. There is a veritable cottage industry of academic scholarship showing the ideological and human continuities between interwar “fascism” and postwar European federalism. French volunteers to the Waffen-SS were most often driven to don the German uniform – despite their homeland being occupied by German troops! – and risk the ultimate sacrifice in the name of a European ideal, namely, the common struggle against Bolshevism.[4] The technocrats of the French State of Vichy became the technocrats of the European Commission of Brussels, both considering that the corrupt French parliamentary regimes had retarded economic development.[5] Actual Fascists and National Socialists such as Oswald Mosley, Savitri Devi, George Lincoln Rockwell and the members of CEDADE (which included SS-Standartenführer Otto Skorzeny and Volksführer Léon Degrelle) became impassioned advocates of pan-European cooperation – they, like mainstream Europeanists, argued that Europeans’ shrinking share of world population and power meant they needed to present a common front.

I personally believe Europe will only achieve salvation if there is reconciliation and an overcoming of the assumptions of 1945. There is much good in the liberal-democratic tradition.[6] The trouble is the bourgeois regimes use exaggerated pretensions of democracy in order to demonize and persecute their enemies: Any unduly successful opponents at home (Jean-Marie Le Pen) or abroad (Vladimir Putin) are opportunistically labeled “undemocratic.” We must reject such exaggerated and self-interested claims, such “demoliberal lies.”[7] What’s more, since the 1960s, and with ever-growing hysteria, any disciplines upon the individual have become equated with tyranny.[8] Pushed to excess, liberty and equality become individualism and egalitarianism, which in turn become no more than an apology of selfishness and narcissism,[9] to the detriment of the common good.

Rather, Europeans must explicitly acknowledge that hierarchy and discipline have their rightful place in any good society and government,[10] alongside our well-known individualist and egalitarian traditions. The frank defense of ethnic self-interest and awareness of evolutionary realities must counterbalance our propensity towards universalism. So too must the sincere, if naïve, mainstream proponents of European integration and the nationalist resistance movements be reconciled. Then, terms such as “fascist,” “democratic,” or “racist,” will cease to be loaded and meaningless terms of praise or abuse, in that genuinely and terrifyingly Orwellian fashion, meant only to paralyze us in our very minds and make even our self-defense unthinkable. Europeans, having emancipated themselves from this oppressive grammar, will then again be free to think and shape their destiny.

Notes

1. Mitterrand himself is an enormously ambiguous figure: decorated Vichy official, last-minute resister, parliamentary politician, defender of French Algeria, opponent of President Charles de Gaulle, Marxoid Socialist opposition leader, architect of neoliberalism and austerity, simultaneous promoter and demonizer of the Front National (to divide the right), and finally “European statesman.” The latter, accomplished as he was cancer-ridden and after this long, sinuous career of apparently no more than cynical opportunism, was his great claim to being a historical figure, of not having been merely a talented nihilist.

2. Admittedly, Eurocrats will occasionally acknowledge the undemocratic nature of the regime. Italian central banker and Euro architect Tommaso Padoa-Schioppa for example once termed the EU a system of “enlightened despotism.” However, the backlash against such statements makes such candor rare.

3. Indeed, the FN has become, for better or for worse, the most coherent and effective critic of the current regime and apologist of the nation-state, in the name of traditional liberal democracy.

4. See Robert Forbes, For Europe: The French Volunteers of the Waffen-SS (Stackpole Books, 2010).

5. See Antonin Cohen, De Vichy à la Communauté européenne (PUF, 2012).

6. Specifically, at least in peacetime, a good government must feature checks and balances, free speech, and loyal opposition, which allow the regime to self-criticize and self-correct according to the vagaries of experience, changing circumstances, and inevitable mistakes. I also believe rather substantial democratic elements are desirable: Only elites may govern, but they must be made to govern insofar as possible in the public interest, rather than their narrow interests.

7. Following the Italian school of elitism, we know that truly democratic regimes are impossible, but inevitably are dominated by elites. A regime that lies on this point however is more odious than a regime which frankly acknowledges the truth. A regime of truth is always preferable to a regime of lies. Take these lines from the American canon: “all men are created equal,” “We the people,” “Government of the people, by the people, for the people.” Can anyone claim that these pretensions of the American regime were sincere then or have come to be practiced since?

8. To cite only the most obvious discipline on individuals we need today: The necessary gender roles and social incentives for every European couple to raise, say, 2.5 children on average.

9. “Equality” comes to mean refusal to acknowledge one’s betters or one’s difference, in effect, a narcissism only possible through profound self-ignorance, ignorance of one’s own nature, which no doubt explains the excesses of student movements and feminism.

10. This would probably merit an essay in itself, but I am struck at, again by some ruse of history, how a certain hierarchy (“democratic deficit”) and discipline (“austerity”) have returned to Europe through the EU. Although the European Communities were initially dominated by the French, the EU’s current hierarchy and discipline strikes me as essentially of German origin. The historian A. J. P. Taylor has written of 19th century German liberals that their “constitutionalism was strangely abstract, doctrinaire” (The Course of German History [Capricorn, 1962], 55), which recalls German lawyers’ contemporary fascination for the technicalities of the European treaties. This legalism and Luthero-Prussian frugality came together, via the Bundesbank, to form the core of the Eurozone’s philosophy of supra-parliamentary government, hard money, and balanced budgets. The European Parliament’s prerogatives, largely limited powers of obstruction, are roughly analogous to the German parliament’s powers under the hierarchic Second Reich. The EU itself – with its assemblies of heads of state and government, its complex procedures for electing leaders, its ambition of economic unification – rather recalls both the First Reich and the German Confederation. Indeed, the tragedy of Europe can in part be ascribed to the failure of Austria-Hungary and Prussia to turn the Confederation into a genuine economic union. The latter would have been a peaceful unification of Mitteleuropa and its medley of intermeshed European tribes, most notably the scattered Germans. Instead, we had the violent unification of Germany through Prussia and two attempts by Prussia-Germany to unite continental Europe by war, which not only failed but durably poisoned relations between European nations. (Would the effort have been worthwhile had Prussia-Germany succeeded? We can only speculate.) Yet the EU has emerged for the same reason the First Reich and German Confederation emerged: To create some order, economic and political, in the mess of interdependence that is Central Europe, a mess whose most important fact is the presence of so many Germans.

Towards the end of his 1940 memoir on his reporting from the Third Reich, Lothrop Stoddard wrote:

Most Germans are unwilling to admit even the possibility of defeat. Those who do, couple it with remarks which amount to some such phrase as: “If we don’t win, there will be no victor.” What that means is about as follows: “If this war is fought to the bitter end, all Europe will be plunged into chaotic ruin. Then, with everybody down in the ditch together, we Germans, with our innate sense of organization and discipline, willingness to work hard, and knack of pulling together, can lift ourselves out of the ditch quicker than anyone else.” The moral whereof was, of course, that, no matter what might immediately happen, the Germans were bound to win in the long run. (Into the Darkness: An Uncensored Report from Inside the Third Reich at War [Burlington, Indiana: Ostara Publications, 2011 (originally published 1940)], 198)

How amazing that, within Europe, this has actually come to be! The Germans, not through any instinct of dominance, but merely through their number, discipline, and talents, have come to be the preeminent nation within the EU. Through the Union, can we speak of a return, however deformed, of the German spirit?

 

 

 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

 

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Entretien d'actualité avec Pierre Jovanovic (juin 2015)

Entretien d'actualité avec Pierre Jovanovic (juin 2015)

L'Agence Info Libre a profité du passage de Pierre Jovanovic à Lyon, pour la dédicace de son dernier livre "666", afin de s'entretenir des questions d'actualité économique.

mercredi, 17 juin 2015

De Napoleon-mythe en de francité

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Door: Johan Sanctorum

Ex: http://www.doorbraak.be

De Napoleon-mythe en de francité

Over doorgeslagen Frans chauvinisme, verlichtingsarrogantie en waarom wij Waterloo in mineur moeten herdenken.

Op 18 juni vieren we tweehonderd jaar slag bij Waterloo, de plek waar het leger van Napoleon Bonaparte de duimen moest leggen voor de Brits-Pruisische-Hollandse monstercoalitie. Dit nadat hij twee dagen eerder op 16 juni nochtans een algemene repetitie, onbekend als de slag bij Quatre-Bras, op punten had gewonnen.

Rothschild-oorlogen

Zei ik ‘vieren’? Dat is een heikel punt. Want de historische standaardvisie is, dat het liberale, democratische, moderne Frankrijk van Bonaparte en de Franse Revolutie werd verslagen door een overmacht van ouderwetse, aristocratische, decadente slempers die in het Congres van Wenen de klok wilden terugdraaien. Dat klopt: het Ancien Régime zinde op revanche. Alleen had de genaamde Napoleon Bonaparte zich al in 1804 tot keizer laten kronen (waardoor Beethoven woedend het eerste blad van de aan hem opgedragen Eroica-symfonie verscheurde) en heerste hij als een absolute vorst, wat de gesettelde Europese aristocratie, die hem als een parvenu beschouwde, mateloos ergerde. Misschien nog meer dan de revolutie op zich.

Daarna begonnen de napoleontische oorlogen: met Rothschildgeld gefinancierde veldtochten die de logische voortzetting waren van de eerdere binnenlandse militaire acties tegen contrarevolutionairen. Rust roest, een leger moet iets om handen hebben. Bovendien: een externe vijand zorgt intern voor kalmte, discipline en eensgezindheid. Ook niets nieuws onder de zon. Voor alle duidelijkheid: de Rothschilds voorzagen evengoed de andere kant van middelen en wedden op twee paarden, waarmee ze de fundamenten legden van het moderne internationale bankenkapitalisme.

De Franse bezetting in Europa verschilde in niets van om het even welke andere en kon zich slechts handhaven mits een flinke dosis repressie, inclusief brandschatting en oorlogsbelasting. Maar de fabel dat Napoleon de democratische idealen over ons continent verspreidde, is gebleven, en vormt nog steeds de kwintessens van het Franse meerderwaardigheidscomplex, ook wel bekend als chauvinisme. De verbeelding dat het Frans nog steeds een (en eigenlijk dé) wereldtaal is, is daar een ander aspect van.

GDF Suez dicteert

Curieus genoeg vormt deze francité tot op vandaag ook de grondstroom van het francofone suprematisme in België: de Vlamingen zijn rijker, met meer, maar de Franstaligen bezitten de cultuur en beheren het napoleontische erfgoed. Wij zijn maar Menapiërs, een beetje respect is op zijn plaats. Niet voor niets is Wallonië de jaarlijks weerkerende scène van Napoleonfolklore allerhande: zijn charisma van Verlichter straalt af op de Franstalige gemeenschap, die daarmee haar culturele superioriteit bevestigt. Waaraan dan weer een politiek etiket hangt.

Echter, wanneer uitgerekend België in het voorjaar een muntstuk van twee euro liet slaan om die slag bij Waterloo te herdenken, stuitte dat op een veto van Frankrijk. Dat lijkt vreemd, want de Duitsers zijn nooit te beroerd geweest om het einde van het Derde Rijk te herdenken. Maar noem in Frankrijk nooit Napoleon en Hitler in één adem, want dat is echt levensbedreigend. Een geïdealiseerde Napoleonmythe moet namelijk de aanspraken van de Franse hegemonie, als tegengewicht voor het Duits-Germaanse barbarendom, binnen Europa overeind houden. En daar past een uitgebreide herdenking van de nederlaag niet in. Ondanks dat spijtig accident, het Waterloo-toerisme en de bijbehorende nagespeelde veldslag, moet Europa grote dankbaarheid blijven betonen aan het land van de Verlichting en de Franse Revolutie.

Dit eeuwigdurend krediet vertaalt zich uiteindelijk, hoe kan het anders, in nieuwe vormen van usurpatie. De manier hoe het totale Belgische energiebeleid in handen is geraakt van GDF Suez (nu omgedoopt tot Engie), waarvan de Franse staat hoofdaandeelhouder is, illustreert hoe territoriale expansie nog op andere manieren dan militair kan worden uitgeoefend. En hoe zwak wij ons als wingewest opstellen.

Feitelijk staan we (opnieuw) onder napoleontische curatele. Het in schimmige omstandigheden bedongen contract omtrent de verlengde exploitatie van de kerncentrales Doel en Tihange geeft Electrabel opnieuw een monopolie inzake energiewinning. Voor meer details hierover, zie de uitstekende column in Trends van deze week van Daan Killemaes. De GDF-Suez-dochter doet niet alleen financieel een gouden zaak aan de overeenkomst, maar bestendigt vooral onze afhankelijkheid van het buitenland, in casu de hedendaagse zonnekoningen in Parijs. De Belgische energiepolitiek staat te lezen in het jaarverslag van een Frans bedrijf. Als revanche voor Waterloo kan dat tellen.

'Le cannibale'

Het collectief cultuurnarcisme waaraan Frankrijk lijdt, heeft dus wel degelijk economisch-politieke uiteindjes, maar gelukkig is het dikwijls ook gewoon lachwekkend. Zopas werd een monument opgericht op de klim in de Alpen naar het skioord Pra Loup. In de Tour van 1975 kreeg Eddy Merckx, tot dan ongenaakbaar, er een inzinking waarvan Bernard Thevenet profiteerde om de etappe te winnen. Verdiend, daar niet van.

Maar in één ruk werd Thevenet door een uitzinnige Franse pers gekroond tot ‘tombeur du cannibale’ (kannibaaldoder). De Fransen haatten Merckx omdat hij al jarenlang hun nationaal eergevoel bedierf en nooit een overwinning weggaf. Eddy zette zich zelfs niet schrap om de Franse derderangscoureurs van zich af te schudden, hij peddelde er gewoon van weg als gold het een zondagsritje met de familie. Vreselijk.

Daarom gaven ze hem de bijnaam ‘le cannibale’, wat wel wijst op spieren en aanvalslust, maar ook op een soort agressieve domheid, die eigenlijk de introverte en zachtaardige Merckx helemaal niet op het lijf geschreven was. Kon hij het helpen dat hij gewoon twee klassen beter was dan de rest.

Maar een kannibaal dus, dat kan je amper nog een mens noemen. De krachtpatser Merckx werd gelezen als de antipode van het Franse esprit, een onhumaan monster. Zoiets mag dan wel vijf keer de Tour winnen, het is niet eerlijk, en eigenlijk nog erger dan doping: een beest dat puur op fysiek en testosteron iedereen naar huis rijdt. Zonder compassie, gevoel voor etiquette, of respect voor de ongeschreven wet dat op 14 juli een Fransman moet winnen. De elegante ééndagsheld Thevenet had dus niet alleen een koninginnenrit gewonnen, maar ook nog eens de wildeman uit het Noorden de les gelezen. Verlichtingseuforie alom. Andermaal: Waterloo gewroken.

Dat verdient een Arc de Triomphe: het ‘Waterloo van Merckx’ (echt waar, zo staat het geboekstaafd) wordt dus nu, zonder de minste ironie, vereeuwigd met een triomfboog(je) op de plaats waar drakendoder Thevenet zijn exploot verwezenlijkte. Met rode bolletjes beschilderde stenen (de bergrangschikking!) markeren deze heilige plek. Ik beschrijf het nu hyperbolisch, maar bekijk de foto en geef toe: dit is een uitstekende illustratie van het Franse gezegde ‘le ridicule ne tue pas’

Chauvinisme, zijnde de onderbuikvariant van het nationalisme, is als zout in de soep: van te weinig word je niet vrolijk, maar teveel bederft heel de boel. Fransen zijn nooit goede verliezers geweest. Wij misschien iets té goed. Het doet deugd dat een wilde af en toe eens de waan doorbreekt. Die idee valt te lezen bij J.J. Rousseau, ironisch genoeg een van dé kleppers van de Franse Verlichtingsfilosofie.

Johan Sanctorum is filosoof, publicist, blogger en Doorbraak-columnist. 

Nicholas Georgescu Roegen, la bioeconomia e la legge dell'entropia

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Nicholas Georgescu Roegen, la bioeconomia e la legge dell'entropia

Roberto Pecchioli

Ex: http://www.ereticamente.net

Sosteneva Ezra Pound che non si può comprendere un’epoca se non si approfondisce il sapere che più la caratterizza, se, insomma, non se ne intende appieno la  specifica “cifra” culturale.

Pensava, il grande poeta dei Cantos, alla romanità del diritto, al Medioevo della teologia, all’arte del Rinascimento, alla scienza del XIX secolo, l’economia del Novecento, secolo breve ed insieme sterminato.

Potremmo, per il primo scorcio del TerzoMillennio, indicare con sicurezza, come impronta generale della contemporaneità la Tecnica (“techne”, il saper fare che mira ad un obiettivo o ad un prodotto), per quanto la sua centralità sia stata già descritta da Martin Heidegger nella temperie culturale tra le due guerre.

Economia e tecnica economica e finanziaria sono diventati ormai strumenti giganteschi di oppressione per uomini e popoli. Per questo, è urgente riscoprire e divulgare l’opera di quanti – non di rado misconosciuti, trascurati, talora perfino derisi –, hanno prodotto idee e scienza alternative al “mainstream”.

Uno di loro è certamente Nicholas Georgescu Roegen (1906-1994), professore rumeno emigrato in America quando la sua Patria divenne comunista, pensatore di frontiera,  snodo e cerniera di un approccio all’economia del tutto nuovo ed originale. Economista, innanzitutto, ma anche matematico, filosofo, ecologo, scienziato e filosofo della scienza : soprattutto, grande innovatore e teorizzatore dell’incontro tra economia, biologia, fisica, all’insegna di un nuovo paradigma, che potremmo definire “del limite”, e fondatore di una nuova disciplina, la bioeconomia.

Il nucleo forte del pensiero di Georgescu  è infatti la teorizzazione, anzi la scoperta, in termini epistemologicie pratici,che nessuna scienza umana può evitare di tenere conto dell’ineluttabilità delle leggi della fisica, ed in particolare del Secondo principio della Termodinamica, secondo il quale, in un sistema chiuso, alla fine di ogni processo, la qualità dell’energia, dunque la possibilità di un suo successivo riutilizzo, è sempre inferiore rispetto all’inizio. Qualsiasi percorso economico che produca merci o materiali (ma nell’ultima parte della sua vita Georgescu ne ebbe anche per la “new economy”)  diminuisce la disponibilità di energia per il futuro.

Il limite e l’inganno dell’economia, la scienza triste, secondo la definizione di Thomas Carlyle, sta proprio nel non tenere conto, nei propri modelli matematici e nelle eleganti teorizzazioni in forma di equazione od algoritmo, della sussistenza del limite costituito dalla finitezza delle risorse e dall’impossibilità di eludere le leggi della fisica.

Potremmo anche aggiungere che se la scienza economica fosse davvero tale, non si comprenderebbero i suoi fallimenti, i clamorosi disastri previsionali delle sue prestazioni intellettuali, in definitiva la sua incapacità di fornire risposte in termini di benessere materiale e di miglioramento complessivo della condizione umana.

Georgescu intuì il limite dell’economia scientifica nella sua indagine meccanicistica, autoreferenziale, indifferente a tutto ciò che è altro da sé. Le sue procedure astrattamente logiche studiano i processi come se le leggi biologiche e fisiche non esistessero o potessero essere oltrepassate dall’uomo “faustiano” con un atto di volontà di potenza.

In natura, nulla si crea e nulla si distrugge – questo è il primo principio della termodinamica-  ma da quando la fisica, con Sadi Carnot, nel 1824 ha elevato a legge scientifica l’elementare circostanza che il calore si muove sempre da un corpo piùcaldo ad uno più freddo e che tale fenomeno ha carattere irreversibile – seconda legge della termodinamica – viene a cadere uno dei cardini delle teorizzazioni economiche: il processo di produzione e consumo “circolare” dalle imprese alle famiglie e ritorno, pensato senza punti di contatto con l’esterno, né in ingresso, né in uscita.

Non è, non può essere così, perché l’economia ha a che fare con la materia, le risorse, la scarsità che ne è il principale elemento di criticità.

Sostiene il pensatore rumeno che “la scienza economica ha eliminato la dimensione ecologica dal suo orizzonte” e che ciò l’ha ridotta a sapere astratto, virtuale, disgiunto dalla realtà della biosfera.   Recuperare la dimensione “biologica” dell’economia (òikos-nomia): legge della casa, del proprio ambiente) significa porre radicalmente in discussione duecento anni e più di dogmatica liberale e marxista.

La realtà afferma la finitezza del sistema Terra e delle sue risorse, dunque il paradigma produttivista è irrevocabilmente battuto sul terreno della realtà: se infatti il divenire economico è attraversato da un processo di produzione, distribuzione ed eliminazione di flussi di energia e materia attinte dall’ambiente naturale – il “sistema” chiuso entro cui inevitabilmente si svolge la vicenda umana, in cui vigono il primo ed il secondo principio della termodinamica, – ne consegue che il metabolismo della società è connesso all’evoluzione biologica, chimica e geologica del pianeta.

NGR1.jpgDi qui la capitale importanza, anche in economia, del concetto di “entropia“, termine coniato dal Clausius  nel 1864 (“Meccanica del calore”), che può essere definita come la misura del grado di equilibrio raggiunto da un sistema in un dato momento. A ogni trasformazione del sistema che provoca un trasferimento di energia (ovviamente senza aggiungere altra energia dall’esterno), l’entropia aumenta, producendo un disordine generale, il cui esito è, in astratto, la fine stessa.

L’intuizione vincente di Georgescu è che si può considerare un “sistema” anche l’intero pianeta, e la conclusione è che un’economia votata alla sovrapproduzione ed allo sfruttamento intensivo delle risorse, è, termodinamicamente, un suicidio per accumulo di entropia, ovvero di disordine.

Chiaro appare, nella definizione di “sistema” il debito nei confronti di Ludwig Von Bertalanffy e la sua “teoria dei sistemi”. Il logico austriaco, negli anni Trenta del XX secolo, sull’onda della rivoluzione scientifica,  comprese l’insufficienza euristica di approcci al sapere chiusi, settoriali, promuovendo la rivoluzione del dialogo multidisciplinare. Nell’ottica del pensiero sistemico, le parti (del sapere) sono solo astrazioni e la realtà può essere colta solo attraverso le relazioni.

Un passo importante per il superamento del tradizionale dualismo della cultura occidentale, inaugurato da Platone, e vincente a partire dalla Rivoluzione scientifica del XVI/XVII secolo (Bacone, Cartesio), forse con lo sguardo proteso verso l’ oriente del Tao(ying e yiang).

Importante, per l’elaborazione del Rumeno, anche il rapporto con Ilya Prigogine, i suoi studi sulla termodinamica e le cosiddette “strutture dissipative” e la teorizzazione dei “sistemi complessi”, poi assunta da Edgar Morin, per il quale il mondo è ormai entrato nella età di una profonda rivoluzione valoriale ed antropologica.

A questa rivoluzione restano tenacemente estranei gli economisti, asserragliati nelle loro ben protette  casematte, su cui vigila l’interesse dei capitalismi, con il loro mondo fatto di diagrammi, algoritmi ed indifferenza, anzi cocciuta ignoranza nei confronti dell’uomo reale, del suo ambiente, della vita.

Tra un fallimento e l’altro (hanno forse saputo prevedere – tanto meno fronteggiare – la crisi del 1929, o quella energetica del 1973/74, o quella innescata nel 2007/2008 dalla bolla sui derivati ?) continuano a sfornare, ben pagati, equazioni e ricette tutte basate sullo sfruttamento degli uomini e delle risorse, nel dogma, in sociologia si potrebbe chiamare “credenza ingenua”,  della crescita, dell’illimitatezza, della corsa forsennata verso un orizzonte che si allontana allo sguardo ad ogni passo.

Il pianeta è uno, le sue risorse sono evidentemente limitate, quelle più importanti – come i carboni fossili da cui traiamo la maggior parte dell’energia, e l’acqua – cominciano a scarseggiare, ma loro proseguono la corsa, come un treno lanciato a tutta velocità senza macchinista lungo un binario che, lo si sa, finirà in un burrone.

Per questo l’opera di Georgescu è così importante e così difficile da aggredire con criteri ed argomenti scientifici. Meglio ignorare, come fa sempre chi detiene il potere – accademico, editoriale e della comunicazione.

Non è senza significato che in diverse lingue, tra cui l’italiano, non sia mai stata tradotta l’opera capitale del rumeno: “The entropy law and the economic process”. Nella nostra lingua, fortunatamente, ma solo dopo la sua morte, sono apparsi altri scritti, come “Energia e miti economici”, edita nel 1998 da Bollati Boringhieri ed accolta con grande interesse in molti ambienti distanti dall’ortodossia scientifica e politica.

Nel 1973 il Nostro fu l’estensore di un importante manifesto scientifico-culturale “per un’economia umana” sottoscritto da oltre duecento esponenti dell’alta cultura multidisciplinare (economisti, filosofi, sociologi, biologi, fisici). Ad uno di loro, Kenneth Boulding, è attribuita un’ affermazione divenuta celebre: “Chi crede che la crescita infinita sia possibile in un mondo finito è un pazzo. Oppure un economista.”. I limiti fisici, lo abbiamo detto, sono inviolabili….

Scrive al proposito Nicholas Georgescu-Roegen:”la termodinamica ci insegna non solo che la materia-energia non può essere creata o distrutta, ma anche che essa viene costantemente ed irreversibilmente degradata in scarto, una forma inutile per gli interessi umani. E’ in questa legge della termodinamica che si trova la radice della scarsità economica. Infatti, la termodinamica è la fisica del valore economico, come disse Sadi Carnot nel suo memoir del 1824. Poiché in un mondo dove le leggi della termodinamica non valessero, la stessa energia potrebbe essere usata continuamente e nessun oggetto si consumerebbe mai”.

Altri limiti vengono dalla stessa complessità del nostro mondo, in cui gli incrementi produttivi diventano sempre più costosi e dagli utili decrescenti, sino al collasso. Del resto, ciò era stato già teorizzato dagli economisti marginalisti: pensiamo all’effetto rimbalzo, o paradosso di Jevons, che osservò come miglioramenti tecnologici e di efficienza nell’uso di una risorsa ne fanno aumentare il consumo, riducendone anche il margine di profitto, oltreché, naturalmente la disponibilità a medio o lungo termine.

I devoti della tecnologia affermano che sarà la scienza stessa a risolvere i problemi da lei stessa creati, ma i loro argomenti sono deboli, ampiamente confutati, e, comunque, il principio di prudenza invita a non forzare i limiti della natura (la “Phrònesis aristotelica contro l’”hybris”- arroganza/tracotanza dell’uomo moderno).

Di più: il nuovo per il nuovo, il cambiamento, l’innovazione fine a se stessa, proclamata dalle fanfare della pubblicità e del bombardamento mediatico, il nuovo sempre meglio del vecchio, che era nuovo solo una stagione fa, vengono proclamati come valore, e la durevolezza è un difetto di vitalità, una carenza di distruzione creatrice (Schumpeter).

Naturalmente, se il cambiamento è una documentata alternativa di “sistema”, allora si alza assordante il baccano della derisione e della demonizzazione. La pietra di paragone di tutti i cuori, resta il denaroed allora, avanti verso il nulla.(Poderoso caballero es Don Dinero, scrisse Francisco Quevedo)

Georgescu ci avverte che questo nulla  verso cui tendiamo allegramente è l’alta entropia, cioè il disordine massimo, la fine delle risorse.

Ma la macchina corre, dall’obsolescenza programmata a quella immediata – un ossimoro ! – alla distruzione di ciò che è stato appena pensato e creato, un enorme tritatutto a moto uniformemente accelerato. Ancora la fisica, ad ammonirci sugli esiti delle nostre (nostre ?) scelte….

A questo punto, può essere utile ribadire l’etimo stesso di economia – legge, norma, sulle cose di casa, di famiglia. Utilizzo di risorse costitutivamente scarse per il bene della comunità, contenendo la spesa, lo spreco, valutando l’importanza delle esigenze da soddisfare. Comunità dunque, e limite, e scelta consapevole del bene comune, innanzitutto “per” la vita: bioeconomia.

Un altro economista e pensatore “di frontiera”, l’italiano Geminello  Alvi, evoca l’economia del dono contrapposta a quella del profitto, parlando di “oikonomìa della famiglia. Solo quando la famiglia smette di essere tale si pagano gli alimenti, altrimenti in essa si dona. Non si dà nessuna comunità di profitto, che ha il nome diverso di società; ma si dà continuità nell’agire non rivolto ad un tornaconto.”

Non può che tornare in mente un altro grande irregolare del pensiero del nostro tempo come Ivan Illich, che enfatizzava il mondo – ed il modo di produzione – che definiva vernacolare, cioè autonomo, in cui prevale il valore d’uso, destinato alla sfera non monetaria e non allo scambio di mercato.

Illich enunciò con la massima serietà il teorema della lumaca, giudizioso animale che smette il proprio sviluppo (oh, parola magica!) quando una sola in più delle sue spire aumenterebbe di 16 volte il suo peso ed il suo volume, decretandone la morte istantanea. Sempre il prete croato-americano di Cuernavaca introdusse il concetto di “tempo generalizzato”, portatore di contro-produttività: un automobilista che compie 15.000 km annui con la sua autovettura ha avuto bisogno di almeno 1.500 ore di lavoro per procurarsela. La macchina va veloce, ma se sommiamo tutto il tempo che l ’automobile ha richiesto, la velocità, in termini di tempo generalizzato, sarà di 10 km/ora, mentre con la bicicletta si raggiungono i 13 km/ora!

Paradossi, ma non troppo, di cui accenneremo brevemente riguardo alla concezione del tempo di Georgescu.

Ma segnaliamo anche la parola “sviluppo”, che noi associamo all’aumento di consumo, cioè di distruzione, in senso entropico. L’indice relativo è il PIL – Prodotto Interno Lordo – il quale però non misura istruzione, gioia, tempo libero, bellezza. E’ celebre un passo del discorso tenuto da Robert Kennedy all’Università del Kansas il 18 marzo 1968. Candidato alla presidenza degli Stati Uniti, ucciso assai opportunamente dal solito esaltato pochi mesi dopo (CIA, finanza, apparato industriale?), affermò che “non possiamo misurare lo spirito nazionale dall’indice Dow Jones (la borsa di New York n.d.r), né i successi del paese sulla base del Prodotto Interno Lordo. Il PIL mette nel conto le serrature speciali per le nostre porte di casa, e le prigioni per coloro che cercano di forzarle. (…) Cresce con la produzione di missili e testate nucleari, comprende anche la ricerca per la disseminazione della peste bubbonica. Il PIL non tiene conto della salute delle nostre famiglie, non comprende la bellezza della nostra poesia e la solidità dei valori familiari. (…) Non tiene conto della giustizia dei nostri tribunali, né l’onestà dei rapporti tra noi. “E concluse: “In breve, misura tutto, eccetto ciò che rende la vita veramente degna di essere vissuta”. Non lo ammazzarono per caso.

Un’altra verità controintuitiva è quella enunciata da  Richard Easterlin nel 1974, allorché accertò su basi statistiche irrefutabili che all’aumento del reddito non corrisponde più felicità, ma il suo contrario!

Il grande merito di uomini come Georgescu è stato proprio quello di aver dato rigore scientifico – il verbo del nostro tempo – ad idee, umori e suggestioni vivi e diffusi, ma battuti dalla grande macchina dell’economia “classica”, e dagli enormi interessi dei padroni degli economisti, questi apprendisti stregoni del mercato misura di tutte le cose. Spesso, sembrano quei meteorologi da vagone ferroviario, bravissimi a spiegare il tempo… del giorno prima.

Dicevamo del concetto di “tempo”, e del contributo del rumeno ad una sua ridefinizione cognitiva. Attraverso il secondo principio della termodinamica, infatti, l’irreversibilità irrompe nella scienza, con la dimostrazione che l’energia si degrada sotto forma di calore. Il processo economico non è quindi circolare (economisti “classici”) ma unidirezionale.

Il tempo “reale” diventa quindi per Georgescu la principale leva per scardinare i fondamenti dell’economia ortodossa. Illuminante è, al riguardo, un passo del suo Prospettive e orientamenti in economia: “l’economista standard non può essere accusato, né più né meno di Marx, per voler costruire la sua teoria sul modello della società capitalistica. La sua colpa è di altro genere: negando la possibilità di dare importanza agli aspetti evolutivi del processo economico, egli è necessariamente obbligato a predicare il dogma della validità della sua teoria per tutte le società”. E, aggiungiamo noi a proposito della vigente superstizione liberista,  a spacciare come verità il principio che l’economia liberista di scambio e accumulazione sia un dato di natura, quasi una legge ferrea che spiega la presenza dell’uomo nel mondo.

I fenomeni economici, al contrario, sono meglio indagati con l’apporto di discipline come la biologia, il cui atteggiamento gnoseologico è la predisposizione ad indagare realtà in continua evoluzione, incomprimibili all’interno di leggi predeterminate. L’economia viene così ricondotta alla sua origine bio-fisica e l’approccio roegeniano ci offre una sintesi delle relazioni tra la natura e l’uomo, incentrata sulla legge dell’entropia con il suo irrevocabile mutamento qualitativo.

In questo senso, viene ripreso un peculiare contributo di Alfred Marshall, economista neoclassico e marginalista, fautore di un’analisi fortemente debitrice della matematica, ma anche protagonista di un’intuizione secondo cui l’economia, al pari della biologia, è un dominio la cui materia e costituzione interna, al pari della forma esteriore, va mutando sulla base del vissuto concreto degli uomini, e deve quindi essere costantemente ripensata a partire dai fatti.

L’abuso di modelli matematici, uguali a se stessi, allora, sancisce l’inadeguatezza ad interpretare la plasticità della materia, e, prigioniero di paradigmi meccanicistici, l’economista, novello Prometeo, ha la pretesa assurda di disciplinare l’ alea degli avvenimenti, la contingenza delle istituzioni, la complessità psicologica dei suoi attori, nella loro sfera sociale ed umana, con modelli e calcoli semplificati che pretendono di ingabbiare, spiegandola a colpi di equazioni e simboli crittografici, il flusso della vita reale.

Un’egemonia del misurabile e del quantitativo che si traduce in narcosi cognitiva, affetta da costitutiva incapacità di svelare ogni fenomeno evolutivo, che la scienza biologica sa invece interpretare alla luce del cambiamento qualitativo, in quanto tali fenomeni non sono, ma divengono.

Il tempo storico, allora, se alcuni fenomeni sono irreversibili, deve essere considerato in una luce assai diversa rispetto al piatto matematismo degli economisti. La prospettiva bioeconomica offre una sorta di riconciliazione tra uomo e natura, gettando un ponte che unifica  tempo della scienza e tempo della vita, in chiave anche spirituale, senza ignorare i fenomeni legati al passaggio del tempo come durata, e rinnegare l’origine biofisica dell’economia.

Torna alla mente l’aneddoto secondo cui John Maynard Keynes, presentando la sua Teoria Generale agli economisti inglesi, avrebbe risposto infastidito ad uno di loro che criticava la supposta debolezza dell’impianto teorico keynesiano “sul lungo periodo”, borbottando “nel lungo periodo saremo tutti morti”.

Disumanità ed indifferenza accigliata ai saperi altrui, come disumano, anzi antiumano è l’impianto teorico di Smith, Ricardo e Malthus e colleghi, in cui l’uomo-lavoratore figura soltanto come fastidioso costo da abbattere con fantasiose teorizzazioni che sarebbero distopiche se non si fossero invece realizzate a partire dalla Rivoluzione Industriale, generando la reazione uguale e contraria del marxismo come pseudo scienza economica fondata sulla proprietà statale.

Vale la pena descrivere, a sostegno delle tesi bioeconomiche, almeno due disastri, uno irreparabile, l’altro ancora parzialmente rimediabile se la battaglia delle opinioni pubbliche sarà vincente: il prosciugamento del lago di Aral, nell’Asia ex sovietica e la tecnica del “fracking” per l’estrazione del gas di scisto.

Il lago di Aral non esiste più: aveva una superficie di 68.000 km quadrati (Piemonte, Lombardia e Veneto insieme), perché gli economisti sovietici dei piani quinquennali decisero di deviarne gli emissari al fine di irrigare ampie zone agricole e di alimentare possenti apparati industriali. Uno di loro arrivò a dire che il lago era un errore della natura, e che, tutt’al più, poteva essere utilizzato – nella modesta porzione sopravvissuta – come risaia. Dopo decenni di prelievi e di follie economiche il lago non c’è più, il clima nella zona è più freddo e secco, migliaia di attività umane, culture materiali millenarie degli abitanti sono scomparse, migrazioni hanno sfigurato il panorama umano della zona.

Entropia, termodinamica? Sì, anche, e convinzione di essere noi, creature, più forti del Creatore, o, se preferite, di Gaia.

Negli Stati Uniti ed in Canada, la fame di idrocarburi sta generando distruzioni apocalittiche per estrarre, a colpi di pressione sul sottosuolo,  il gas di scisto. Per ogni pozzo – sono già migliaia – ci vogliono dai 20 ai 29 mila metri cubi all’anno di acqua, che torna in superficie come riflusso velenoso per il settanta/ottanta per cento. Quali sono e saranno i danni entropici alle risorse idriche, quali le conseguenze sulla salute delle popolazione, quale, infine, ma scusate se è poco, le possibilità di smaltire o riciclare i residui?  Dottrine diverse, stessi terribili esiti.

Potremmo aggiungere la deriva di un vero e proprio continente di plastica nell’Oceano Pacifico, gli esperti lo hanno battezzato North Pacific Gyre, un vortice esteso per circa 34 milioni di chilometri quadrati, più dell’Africa.

Georgescu Roegen aveva già risposto: per salvarci, dobbiamo sviluppare una bioeconomia, affiancando alla contabilità dei flussi di denaro, una mappa delle risorse naturali materiali e delle scorie fisiche per il cui ottenimento e smaltimento dovremo spendere crescenti quantità di energia e, naturalmente, tanti soldi. Solo di recente si è fatta strada l’idea che la produzione non sia sempre un fatto positivo, che le riserve non sono infinite, l’energia non può essere recuperata (è fisica …), le scorie non riescono ad essere smaltite.

Talvolta, ci si attacca alla tesi che la tecnologia saprà risolvere ogni problema, taluno cita un’indiscussa autorità scientifica come il fisico Von Neumann, il quale sperava che l’uomo sapesse inventare il modo di rendere l’energia una merce gratuita, proprio come l’aria, ma la verità, sotto gli occhi di tutti, è quella che Georgescu chiama sindrome circolare del rasoio elettrico.

Noi desideriamo raderci più velocemente, in maniera da avere più tempo per lavorare ad un rasoio che permetta di radersi più rapidamente ancora, in maniera da avere ancora più tempo per progettare un rasoio ancora più veloce, e così all’infinito.

Un giornalista e scrittore come Maurizio Blondet ha descritto la globalizzazione più o meno in questi termini : scaviamo miniere per estrarre il ferro con cui costruire navi che solcheranno gli oceani consumando tonnellate di carburanti sversati nel mare, tratti dai pozzi di mezzo mondo,  per trasportare pomodori in zone del globo dove si producono pomodori migliori, ma a prezzi un po’ più alti.

Per fare questo, abbiamo dato retta a David Ricardo, ed abbiamo spostato fabbriche e milioni di uomini da una parte all’altra del pianeta, affinché comprino con fatica, da salariati, quello che avrebbero prodotto autonomamente nelle loro comunità “vernacolari”, ovvero, si procurino a debito tutte quelle merci inutili che il sistema pubblicitario farà loro ritenere desiderabili, salvo sostituirle sempre più velocemente. Sindrome del rasoio circolare, appunto, ed indifferenza sovrana per quel”lungo periodo” sempre meno lontano, in cui saremo tutti morti, ma in cui figli e nipoti ci malediranno.

L’approdo delle idee di Georgescu, e la sua influenza crescente nel panorama internazionale, si può rinvenire nella capacità di animare una sintesi tra l’ecologia, la biologia e l’economia, all’ombra della fisica, solidamente ancorata a schemi di pensiero “forte”.

Essenziale è il debito verso il rumeno dei pensatori della decrescita, ossia di quel filone critico del paradigma produttivista che teorizza una inversione dei valori dominanti, all’insegna del recupero di una produzione di merci durevoli, dell’impegno scientifico a minimizzare ed abolire gli sprechi, sino al recupero di una frugalità di vita e di atteggiamenti, di attitudini di consumo e riuso che “decolonizzino” l’immaginario consumista, affamato di novità fine a se stessa e di smania di possesso.

Una bramosia eterodiretta che pone sempre un gradino più in alto l’asticella dei desideri insoddisfatti, ma belli pronti sul mercato delle cose. L’efficace espressione “decolonizzare l’immaginario” è di Serge Latouche, ma nel pensiero della decrescita è rilevante anche il contributo dell’italiano Maurizio Pallante, cui si deve l’introduzione dei significati differenziati di “beni” e “merci”. Dal punto di vista socio-filosofico, altrettanto risalto ha la figura del franco-greco Cornelius Castoriadis, per il quale il prezzo della libertà è, oggi, rinunciare al primato dell’economia, valore unico ammesso.

Assai interessante è l’introduzione del concetto di impronta ecologica, un indicatore espresso in “ettari di superficie terrestre” che misura l’impatto della popolazione in un territorio. Tale indicatore mette in relazione la capacità delle superfici terrestri e marine di produrre materie prime e di assorbire i rifiuti, e i consumi della popolazione.

Per far sì che la popolazione mondiale possa raggiungere gli standard dei paesi europei, sarebbero necessarie le risorse di un numero compreso fra tre e otto pianeti Terra. E due miliardi e mezzo di cinesi ed indiani, intanto, hanno fatto irruzione nel grande affare del consumo….

NGR2.jpgMaurizio Pallante, in particolare, ha posto l’accento sulla necessità di non appiattire gli esseri umani in una dimensione materialistica, ricordando altresì che, contrariamente alla credenza diffusa, il PIL non misura i beni, ma le “merci”, ovvero gli oggetti e i servizi che vengono scambiati con denaro. Il concetto di bene e quello di merce non solo non con coincidono, ma spesso confliggono. Ci sono merci che non sono beni e beni che non sono merci. Il criterio di differenziazione è la misurabilità in termini monetari (merci) ed in quelli di vantaggio etico e comunitario (Beni). Un esempio di beni sono i servizi alla persona, l’economia familiare, l’autoproduzione, il dono, il riciclo ed il riuso, tutto ciò che è fatto per amore o disinteresse nella dimensione “vernacolare“ non legata al mercato ed al valore di scambio.

Senza Georgescu, queste idee tanto importanti non sarebbero state possibili, o, almeno, non si sarebbero avvalse di un impianto scientifico ed epistemologico tanto robusto.

Il rumeno ha consentito all’economia di recuperare la dimensione ecologica e quella umana, cercando di espellere quel senso di astrattezza, di virtualità disgiunta dalla biosfera che ne hanno fatto un sapere  nemico dell’uomo comune, che vive e veste panni. Georgescu, appoggiandosi alla fisica ed alla biologia, ha ricondotto al campo dei sistemi complessi ed interconnessi l’economia, pagando il prezzo, in vita, di una emarginazione tenace.

E, poiché, come detto, per il primo principio termodinamico, nulla si crea e nulla si distrugge, e le risorse sono limitate, l’entropia ci insegna che le risorse sono trasformazione, non creazione: di risorse utili in risorse inutili, di “beni” in “rifiuti”. Irrevocabilmente.

L’artificio intellettuale che permette di trascurare il Secondo Principio, dunque la degradazione dell’energia e della materia, resta un mito ed un autoinganno, che isola l’economia “classica” in un cono d’ombra di superba disciplina autocentrata, dimostrata solo all’interno del suo stesso schema, e, dunque, a seguire la lezione di  Popper, destituita dallo stesso statuto di scienza !

Quasi un’estensione della meccanica razionale. Una disciplina fiorente che gode di alto prestigio, laute prebende e grande influenza, ma astratta e dotata di una razionalità solo apparente, basata su una insostenibile concezione circolare ed isolata del processo economico, oltreché noncurante dei nessi con la natura, gli uomini, la sostenibilità.

Al contrario, la bioeconomia offre un approdo idoneo a disvelare l’origine biologica dei fatti economici e la dipendenza dell’umanità dalle risorse naturali, talvolta abbondanti, ma certo non infinite. Infine, il pensiero economico, attraverso di essa, ritrova il suo posto naturale e la sua ispirazione originaria, accanto alle scienze naturali, alla fisiologia ed all’agronomia (Jacques Grinevald).

Nel saggio “Quo vadis, homo sapiens-sapiens”, Georgescu  riassume i tre punti essenziali della sua teoria: la forte parentela tra il processo economico ed il dominio biologico; la visione dell’’economia come superamento evolutivo della biologia da parte della specie umana; il riconoscimento che i due saperi sono governati specificamente dalla legge dell’entropia.

D’altronde, la dipendenza dell’umanità dalla disponibilità di risorse naturali costituisce la chiave per una comprensione realistica dell’economia.” La specie umana, dopotutto, non costituisce un’eccezione nel regno della biologia. Anche noi lottiamo per la vita in un  ambiente finito.”

La materia energia, cioè le risorse naturali, è caratterizzata da bassa entropia, ma negli scarti c’è solo disordine, dunque alta entropia, degradazione, dissipazione. Le risorse naturali possono passare attraverso il processo economico una sola volta: lo scarto resta irreversibilmente tale e, del resto, nessuna scienza naturale può dare conto della “scarsità”, giacché essa è un concetto connotato in senso antropocentrico, ossia siamo noi a ritenere scarso o meno qualcosa in base alle nostre capacità, tecniche, esigenze,  tecnologie.

Capitale è anche la distinzione tra materia ed energia disponibile e non disponibile. Nella prospettiva antropologica, all’energia occorre un’ulteriore qualità, l’accessibilità. In termini di accessibilità, Georgescu espresse serie perplessità di natura tecno-scientifica sull’uso- e riuso- della più ampia fonte di energia disponibile, quella solare.

In proposito, parla addirittura della necessità di un Prometeo III, ovvero la scoperta di una nuova fonte di energia sfruttabile, dopo le rivoluzionarie scoperte del fuoco e della macchina a vapore. Nella ricostruzione storico-antropologica roegeniana, solo due tra le innumerevoli scoperte dell’uomo costituiscono “mutazioni bioeconomiche”, il controllo del fuoco e l’invenzione del macchina a vapore, attribuite simbolicamente a Prometeo I e Prometeo II.

Le due scoperte rappresentano altrettanti casi di conversione energetica qualitativa. Il fuoco permette la conversione dell’energia chimica in calore ed inaugura una lunghissima era che possiamo denominare “età del legno”. Una feroce guerra energetica stava per esplodere a causa della crisi di risorse dovuta al disboscamento massivo (nihil sub sole novi…) tra il XVII ed il XVIII secolo.

In quel decisivo tornante della storia, è apparso Prometeo II, sotto forma della macchina a vapore, che permette di convertire l’energia termica del vapore in lavoro meccanico.

Lo scozzese James Watt, perfezionando il macchinario già ideato circa un secolo prima dal meccanico Thomas Newcomen  diede così inizio alla Rivoluzione Industriale, al predominio dell’Inghilterra e delle idee di matrice britannica.

Nella polemica attesa del terzo Prometeo, Georgescu ingaggiò negli anni una complessa polemica contro i sostenitori del cosiddetto “dogma energetico”, secondo i quali non esisterebbero vincoli materiali alla crescita economica, poiché, a loro dire, con una sufficiente quantità di energia sarebbe possibile ottenere qualunque materiale e riciclare qualunque quantità di materia.

Al contrario, l’energia disponibile e le strutture materiali rivestono due ruoli distinti nella vita del genere umano, e, comunque, “non si dà creazione di materia a partire dalla sola energia in proporzioni minimamente significative”. Nel fuoco delle dispute scientifiche, il rumeno arrivò a proporre un quarto principio della termodinamica, così esposto: ”in un sistema chiuso l’entropia della materia deve tendere verso un massimo”.

Da Bertalanffy in poi, l’ipotesi di scuola è che la Terra intera sia un “sistema chiuso”, e comunque, il Terzo Principio, conosciuto anche come Teorema di Nernst, strettamente legato al secondo, afferma che è impossibile raggiungere lo zero assoluto con un numero finito di trasformazioni, e fornisce una precisa definizione dell’ entropia. L’entropia si può pensare anche come la misura di quanto un sistema sia vicino allo stato di equilibrio o in modo equivalente come la misura del grado di disordine di un sistema.

Il terzo principio dimostra che l’entropia, cioè il disordine, di un sistema isolato non può diminuire. Pertanto, quando un sistema isolato raggiunge una configurazione di massima entropia non può subire ulteriori trasformazioni.

Nonostante l’asperità del tema e le difficoltà di coglierne appieno i significati, appare evidente che la scienza economica, nella sua corsa verso l’illimitato, non può che essere terremotata dalle evidenze scientifiche enunciate, la cui radice è poi semplicemente il concetto di finito, limitato.

Un ulteriore fronte polemico impegnò Georgescu nei confronti degli economisti ortodossi, convinti che la dematerializzazione del capitale consenta di produrre sempre più beni con minor uso di energia, grazie alla cosiddetta “new economy”. Tale corrente di pensiero si fonda sull’emergere di un mercato globale volto prevalentemente a beni immateriali (servizi e simili). Tuttavia, la bioeconomia è stata in grado di dimostrare che anche in quei settori l’ottimismo progressista è, quanto meno, prematuro.

Il grande apporto di capitali necessario per sviluppare e rendere economicamente efficienti le nuove tecnologie richiede infatti un costante ed elevatissimo ingresso di risorse naturali ed energia. Di conseguenza, come aveva già compreso Jevons, diminuisce sì il “costo energetico” per unità di prodotto, ma aumenta esponenzialmente il consumo assoluto delle risorse chiave, proprio per la maggiore  disponibilità dei prodotti – materiali ed immateriali – immessi sul mercato.

In conclusione, è urgente ridefinire un paradigma, scientifico ed esistenziale, lontano dai dogmi della crescita indefinita dei consumi, ripensando l’intera filiera delle produzioni e dei desideri/bisogni dell’umanità, declinati in senso biologico ed ecologico.

Al di là delle polemiche sul concetto di “decrescita”, la fisica termodinamica ci obbliga quanto meno a tener conto della finitezza delle risorse in un sistema ampio, ma chiuso, come la Terra, ed a praticare da subito gli imperativi del riuso e del risparmio energetico.

Un esempio concreto può essere la grande mobilitazione dell’Italia negli anni Trenta, quando, a seguito delle sanzioni economiche che colpirono la nazione, divenne impossibile procurarsi sul mercato molti prodotti e tecnologie, anche di largo uso. Gli italiani inventarono metodi, “surrogati”, tecnologie, elaborarono nuove conoscenze e seppero mettere a disposizione nuovi prodotti, nuove tecniche, spesso utilizzando gli scarti di altri processi di lavorazione, o cambiando uso a prodotti della terra largamente diffusi.

NGR3.jpgNon ci fu decrescita “infelice”, anzi, la  disponibilità di beni aumentò e, soprattutto, vennero messe in moto le intelligenze, la cultura materiale e scientifica, l’intraprendenza e l’inventiva di artigiani, imprenditori, scienziati, agricoltori, cittadini. Nuove conoscenze, posti di lavoro, redditi. Senza bisogno della povertà marxista o della finta “mano invisibile” del Dio mercato.

Del resto, l’ecologia – ossia l’interesse per la casa comune degli uomini – è una scienza in cui l’apporto di culture ben distanti dai materialismi liberale e marxista è stato massiccio: basti pensare alla Rivoluzione Conservatrice, al movimento dei Wandervoegel, a Friedrich Georg Junger, fratello del grande Ernst Junger, ed alla nascita dell’etologia – la scienza dei comportamenti animali e in seguito umani – nata ed orientata da sommi studiosi come Konrad Lorenz ed il suo allievo Iranaeus Eibl  Eibensfeldt  – teorico dell’etologia umana, e più di recente alle elaborazioni di Alain De Benoist.

Su tutto, si staglia non la convinzione, ma la certezza dell’impossibilità di uscire dalla crisi economica o dalla scarsità, facendo affidamento sull’aspettativa che si possa svolgere “lavoro” all’infinito, con una quantità indefinita, ma sufficiente di energia. Georgescu, ormai, fa scuola.

Alla cultura ed alla politica resta il compito più difficile ed affascinante : decostruire e poi demolire il mito dell’onnipotenza della tecnologia rivolta al consumo, riportando l’economia al suo giusto posto nella scala dei valori, e “decolonizzare l’immaginario” dai falsi miti del possesso di merci come provvisoria felicità o feticcio (Marx), ovvero simbolo di benessere (i “consumi opulenti” di Thorsten Veblen), estensione, simbolo di stato, proiezione o sostituzione di sé, e del progresso come accumulazione, vano inseguimento del nuovo, più nuovo, ancora più nuovo.

Viene in mente persino un pessimo maestro del Novecento come Jean Paul Sartre, quando sosteneva “corriamo verso di noi, e per questo siamo l’essere che non può mai raggiungersi.”

Alla fine, dobbiamo restituire all’umanità il senso comunitario, la semplicità gioiosa, la convivialità, lo sguardo proteso verso l’alto che i materialismi hanno soffocato nelle menzogne della “liberazione”, del consumo, dell’egoismo.

Riconquistare lo spirito. Sfuggire al sordido destino zoologico del “produci, consuma, crepa”“.

Fatti non fummo a viver come bruti, ma a seguir virtute e conoscenza.

Roberto PECCHIOLI 

René Guénon et Alain Daniélou

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René Guénon et Alain Daniélou

par Jean-Louis Gabin

Ex: http://bouddhanar.blogspot.be

« Dans le monde moderne où les voies de la transmission normale de la connaissance ésotérique sont fermées pour la plupart, les livres jouent un rôle très différent de celui qu'ils jouaient dans des circonstances normales, de sorte que certains enseignements jusque là préservés sous forme orale se mirent à circuler sous forme écrite, constituant ainsi véhicules d'enseignement et de guidance pour ceux qui se trouvent privés de tous les autres moyens. Cette manifestation compense la disparition des voies traditionnelles de transmission de la connaissance, au moins dans son aspect théorique, sans que cela implique que cette situation elle-même puisse entraîner la manifestation de l'intégralité de la connaissance traditionnelle dans les livres sous une forme facilement accessible à tous. » 
Seyyed Hossein Nasr

 

Daniélou a témoigné plusieurs fois de l'importance qu'avait représentée pour lui la lecture de l'Introduction générale aux doctrines hindoues de Guénon. Il en traduisit des passages en hindi dans les années 40, car les milieux traditionnels dans lesquels il avait été accueilli à Bénarès étaient intéressés par la façon dont Guénon présentait le Sanâtana Dharma et la « crise du monde moderne ».

Dans le Dossier H consacré à Guénon, Daniélou aborde la question de l'accès à l'intégralité du Sanâtana Dharma, à propos du Védisme. Le Védisme, précise Daniélou, est « censé représenter la tradition primordiale d'un point de vue, disons, officiel. Mais, du point de vue ésotérique, il apparaît comme une religion qui en est devenue, à un certain moment, le véhicule ». Daniélou s'étonne que Guénon n'ait pas eu accès au Shivaïsme, car les plus hauts degrés de l'initiation ésotérique, transmis « presque exclusivement par les Sannyasis, sont shivaïtes. Ils sont en dehors du Brahmanisme, comme d'ailleurs de toute religion, et représentent en fait ce que Guénon appelle la Tradition primordiale ». Mais Daniélou considère que l'Introduction aux doctrines hindoues est le premier ouvrage à avoir tracé un tableau authentique du Sanâtana Dharma, « cette conception d'une révélation première transmise à travers les âges par des initiés, telle qu'elle apparaît dans l'hindouisme mais dont les traces doivent inévitablement se retrouver, sous une forme plus ou moins cachée, dans toutes les civilisations puisqu'elles sont la raison d'être de l'homme ». Comme souvent avec Daniélou, tout est dit en très peu de lignes ; notamment le fait que cette révélation première affleure dans toute société humaine, mais que sa signification intégrale n'est transmise que par des voies initiatiques, lesquelles ne sont pas faciles d'accès, ne sont pas destinées à tout le monde et, pour commencer, ne sont pas présentes partout. Afin d'éviter autant que se peut toute méprise, Daniélou reprend, dans le même texte, la question de l'origine transcendante, supra-humaine dirait Guénon, du Sanâtana Dharma :
« La première révélation de ce que l'homme doit connaître des lois qui régissent l'Univers et des destinées des êtres vivants a été donnée à des Rishis (Voyants), des sages des premiers âges. Leur enseignement a été ensuite transmis par des initiés, des hommes jugés dignes d'assurer la continuité de cette fonction essentielle, à travers toutes les mutations, les alternances de décadence et de progrès, les changements de religion, de langue, de société. Ceci n'exclut pas que des révélations ultérieures viennent parfois rafraîchir la mémoire des représentants de la Tradition ».
danielou-200po.jpgSur ces questions, alors que, sur d'autres points, Daniélou émet des réserves sur telle ou telle attitude, ou sur tel écrit de Guénon, l'accord entre les 2 auteurs est total, comme en témoigne cet extrait d'une lettre de R. Guénon à A. Daniélou, en date du 27 août 1947 :
« Je ne puis laisser dire que je suis “converti à l'Islam” car cette façon de présenter les choses est complètement fausse ; quiconque a conscience de l'unité essentielle des traditions est par là même inconvertissable à quoi que ce soit, et il est même le seul qui le soit ; mais on peut “s'installer”, s'il est permis de s’exprimer ainsi, dans telle ou telle tradition suivant les circonstances, et surtout pour des raisons d'ordre initiatique. J'ajoute à ce propos que mes liens avec les organisations ésotériques islamiques ne sont pas quelque chose de plus ou moins récent comme certains semblent le croire ; en fait ils datent de bien près de 40 ans... ».
Accord total, aussi, sur ce que Guénon nomme, dans Le Règne de la Quantité, la pseudo-initiation et la contre-initiation. Daniélou écrit, toujours dans ce témoignage du Dossier H : « Guénon, qui avait pris contact avec les diverses organisations initiatiques, les Rose-Croix, les Francs-maçons, les Théosophes, etc., en avait aussitôt avec justesse décelé les artifices. Certains de ces ouvrages, tels que Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, et L'Erreur spirite en sont une condamnation très bien documentée ». Daniélou ne cite pas Le Règne de la Quantité qui me semble, personnellement, un ouvrage de tout premier plan pour la quête du Sanâtana Dharma, du moins pour nous aujourd'hui, en Europe, qui cherchons à travers les livres et n'avons pas bénéficié d'un enseignement régulier dans une instance traditionnelle, comme ce fut le cas pour les 2 auteurs dont nous parlons. Le Règne de la Quantité consacre plusieurs chapitres aux organisations syncrétiques et aux sectes, permettant de mieux identifier les culs-de-sac et les pièges de l'entreprise anti-traditionnelle multiforme qui marque la dernière période du Kali Yuga.
Un vrai trousseau de clefs pour aujourd'hui que Le Règne de la Quantité et les Signesdes Temps, d'autant plus stupéfiant qu'il fut publié pur la première fois en 1946. Je me contenterai d'une brève citation, en rapport avec ce que disait Coomaraswamy tout à l'heure des chemins où se sont perdus tant d'artistes et de “poètes maudits”, ces martyrs météoriques de la modernité :
« Certains recherchent avant tout de prétendus “pouvoirs”, c'est à dire, en somme, sous une forme ou une autre, la production de phénomènes plus ou moins extraordinaires (..). Bien entendu, il ne s'agit aucunement ici de nier la réalité des “phénomènes” (..) ils ne sont même que trop réels, pourrions-nous dire, et ils n'en sont que plus dangereux (..). En général, l’être qui s'attache à ces choses devient ensuite incapable de s'en affranchir et d'aller au-delà, et il est irrémédiablement dévié (...). Il peut y avoir là une sorte de développement “à rebours” qui (...) éloigne toujours davantage de la réalisation spirituelle jusqu'à ce que l'être soit définitivement égaré dans ces prolongements inférieurs (…) par lesquels il ne peut qu'entrer en contact avec “l'infra-humain” ».
Il y a ainsi dans Le Règne de la Quantité des mises en garde nombreuses et détaillées contre l'action des organisations pseudo-traditionnelles, qui d'ailleurs se haïssent entre elles avec une virulence que Guénon compare aux haines qu'on observe entre des chapelles politiques rivales. J'emploie d'ailleurs à dessein l'expression “chapelle politique”, parce qu'à mes yeux, j'y reviendrai dans un instant, la politique et “l'actualité”, si importantes dans la vie de nos contemporains, me semblent fonctionner comme de véritables substituts du religieux. Daniélou, lui aussi, met en garde expressément contre toutes les formes d'enrôlement, particulièrement contre les pièges dans lesquels tombent en Inde les Occidentaux trop crédules, « parfois attirés par des sectes prétendues initiatiques ou enrôlés par des aventuriers pseudo-mystiques, en particulier certains Indiens qui diffusent un Védanta très simplifié et exploitent leur crédulité ». Il faut remarquer qu'A. Daniélou a cru nécessaire de revenir sur ces questions à la fin de sa vie, lors de la réédition du Chemin du labyrinthe, comme si les illustrations terrifiantes contenues dans « Le Maître des Loups » et « Le bétail des dieux » ne suffisaient pas à dessiller nos yeux occidentaux, imbus de positivisme et du sentiment de supériorité que décerne si prodigalement l'enseignement massifié de nos Universités. On pourra se reporter en particulier à ce que Daniélou écrit à propos de « Wolfgang », qui « confondit, comme beaucoup, la fumée du haschich et la spiritualité indienne » et se laissa entraîner par un de ces « ascètes hirsutes qui, par des pratiques liées au yoga, acquièrent d'étranges pouvoirs qui vont de la lévitation à l'hypnotisme, en passant par la vision à distance, l'insensibilité à la chaleur et au froid, l'envoûtement, l'asservissement de leurs victimes, etc. J'ai toujours eu très peur de ces êtres étranges dont le regard fulgurant fait aussitôt vaciller votre raison et votre volonté, et dont il vaut mieux s'éloigner sans délai ». On peut aussi faire son profit, dans ces ultimes pages d'A. Daniélou, des précisions qu'il apporte au sujet de prétendues activités politiques qu'il aurait eues en Inde, ou de sympathies politiques qui auraient été les siennes en Occident. On ne voit pas très bien pour quelle raison A. Daniélou, qui n'a jamais été effrayé d'assumer son anticonformisme, aurait dissimulé au soir de sa vie des appartenances ou des sympathies, dans une biographie qui est à mille lieues du nombrilisme mais dont la sincérité ne fait aucun doute. Contrairement à Julius Evola, mais proche encore sur ce terrain de Guénon, Daniélou s'est toujours tenu volontairement à l'écart de la politique. Le dernier texte du Chemin du labyrinthes'intitule symboliquement « le choix du libre arbitre » :
« Dans la société orthodoxe où je vivais (pendant la seconde guerre mondiale, à Bénarès) s'affrontaient subtilement et se mêlaient une orthodoxie védique sympathisant avec les théories aryennes du nazisme et une tradition shivaï'te profondément opposée aux aryens. Swamy Karpâtrî, dont je suivais fidèlement les enseignements, avait créé un mouvement culturel, le Dharma Sangh (association pour la défense des valeurs morales et religieuses) afin d'opérer un retour aux valeurs de la culture et de la société traditionnelle. Il critiquait les idées socialistes représentées par le Congrès national de Gandhi et Nehru mais aussi les réformateurs pseudo-traditionnels comme Aurobindo ou Tagore, qui prétendaient revenir à une tradition idéalisée, mais étaient très imbus d'idées occidentales. Par ailleurs, Karpâtrî était très hostile aux idées du Rashtrya Svayam Sevak Sangh (association pour la défense des valeurs nationales) qui préconisait des méthodes inspirées du fascisme dans la lutte contre le Congrès et les idées modernistes (...). De par mon opposition à la domination anglaise et mon attachement à l'Inde, j'avais des rapports très proches avec les dirigeants du mouvement indépendantiste, avec Nehru et sa famille et aussi avec la célèbre poétesse Sarojini Naïdu, tous membres influents du Congrès (…). À aucun moment et en aucune façon je n'ai voulu me mêler des mouvements politiques, ni d'un côté ni de l'autre ».

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On ne saurait être plus net, surtout en 1992, à l'ultime page de son autobiographie. Et je voudrais à présent citer presque intégralement la fin de ce « choix du libre arbitre », non par une sorte de culte, que Daniélou eût été le premier à tourner vertement en ridicule, mais parce qu'il serait vain de vouloir rivaliser avec lui dans la concision, la précision du détail, et l'adéquation avec ce thème de la recherche du Sanâtana Dharma que j'ai essayé d'aborder aujourd'hui :
« Je n'ai jamais voulu m'affilier à aucune secte religieuse ou croyance, jamais voulu perdre mon libre arbitre. Mais, frondeur de nature, j'ai toujours tendance à m'opposer à l'idéologie dominante, à contrecarrer ce que les gens prennent pour des vérités établies, à toujours remarquer que l'enfer est pavé de bonnes intentions, à penser que la remise en question de toute affirmation est le seul moyen de faire évoluer la connaissance. La discussion est un élément de recherche et non point d'assertion ».
C'est bien dans le domaine des prétendus “débats” politiques que la discussion est vraiment stérile, la règle du jeu consistant à ne pas écouter l'adversaire, à l'empêcher de parler, les moyens les plus malhonnêtes n’étant pas les moins indiqués. Dans notre société, où il semble que la parole soit avant tout un pouvoir qui se nourrit de lui-même, les marionnettes-héros de la télévision rivalisent avec celles de la politique dans une sorte de clôture narcissique sur le vide. Penser la discussion comme un élément de recherche légitime à l'époque où le dogme du politiquement correct la considère comme un indice d'éducation inconvenante, ne peut qu'attirer des représailles de la part des tenants de la langue de bois. Cela n'a pas manqué pour A. Daniélou, à propos de qui on affirme dur comme fer dans les officines indianistes et les parkings de méditation des ashrams qu'il fut au minimum, sinon le fondateur, du moins l'idéologue du RSS qu'il citait tout à l'heure. Mais continuons à lui laisser la parole :
« Le paradoxe, la remise en question des évidences qui semblent les mieux établies est un exercice salutaire, le seul capable défaire avancer les choses et de ne point rester figé sur des dogmes. Ce qui m'a fait souvent attribuer une appartenance à des théories auxquelles je ne souscris en aucune façon. La liberté d'esprit a difficilement sa place dans une société infectée par des conflits et des appartenances idéologiques également arbitraires ».
Il me semble que le propos ne peut pas être plus clair au sujet des prétendus engagements politiques d'A. Daniélou. À propos du rôle de gourou qu'il s'est toujours refusé à tenir, il n'est pas indifférent que plus de la moitié du dernier paragraphe du Chemin du labyrinthe, dans un passage qui suit immédiatement celui que nous venons de lire, lui soit consacré : 
« Je ne suis pas prophète, d'ailleurs ma barbe se refuse à pousser. Mon âge fait que les gens attendent de moi des directives ou des oracles, ce à quoi je me refuse ; je ne suis pas un guru. Je continue toujours à chercher à comprendre le mystère du monde et, pour cela, je suis prêt, chaque jour, à tout recommencer, à réexaminer mes convictions, à rejeter toute croyance, à m'avancer seulement dans la direction du savoir qui est le contraire de la foi. Ma méfiance reste entière vis-à-vis de tout rite ou cérémonie qui m'apparaît comme du théâtre dès qu'il y a des témoins. Je me refuse à faire une puja pour des dévots toujours fanatiques (nous dirions aujourd'hui des “fans”) ».
On a trop peu souvent l'occasion de saluer la probité intellectuelle pour ne pas être heureux que, dans des temps comme les nôtres, il reste de ces esprits présentant ce curieux mélange de goût du paradoxe, de liberté, de souveraineté, en même temps que d'une forme d'humilité devant la connaissance, et de distance un peu moqueuse vis-à-vis de ce qui occupe tant d'occidentaux depuis Descartes : leur propre ego. Mais il ne faut pas croire que cette légèreté de bonne compagnie ait été synonyme de superficialité ou de scepticisme. Daniélou nous le rappelle dans la péroraison de son texte que je vais à présent citer jusqu'à la fin, lui laissant d'une certaine façon le dernier mot avant de conclure :
« La seule valeur que je ne remets jamais en question est celle des enseignements que j’ai reçus de l'hindouisme shivaïte qui refuse tout dogmatisme, car je n'ai trouvé aucune forme de pensée qui soit allée aussi loin, aussi clairement, avec une telle profondeur et une telle intelligence, dans la compréhension du divin et des structures du monde. Aucune forme de pensée n'approche de près ou de loin cette merveilleuse recherche qui nous vient du fond des âges. Aucune des idéologies, aucune des théories qui divisent le monde moderne ne me semble mériter que je m'y associe, que j'en prenne la défense. Elles me paraissent puériles, quand elles ne sont pas simplement aberrantes ».
Conclusion
Le chemin pour retrouver une sagesse oubliée n'est pas toujours facile à suivre, mais il est à présent bien tracé.
« Dans le monde moderne où les voies de la transmission normale de la connaissance ésotérique sont fermées pour la plupart, les livres jouent un rôle très différent de celui qu'ils jouaient dans des circonstances normales, de sorte que certains enseignements jusque là préservés sous forme orale se mirent à circuler sous forme écrite, constituant ainsi véhicules d'enseignement et de guidance pour ceux qui se trouvent privés de tous les autres moyens. Cette manifestation compense la disparition des voies traditionnelles de transmission de la connaissance, au moins dans son aspect théorique, sans que cela implique que cette situation elle-même puisse entraîner la manifestation de l'intégralité de la connaissance traditionnelle dans les livres sous une forme facilement accessible à tous ».
Pour l'approche intellectuelle de cette sagesse, les langues occidentales, requalifiées métaphysiquement, en quelque sorte, par tous ces auteurs extrêmement attentifs à la précision du vocabulaire, disposent à présent d'un grand nombre de textes fondamentaux, aisément accessibles. S'agissant du désir de “pratiques”, en revanche, on peut noter les mises en garde répétées de tous ces auteurs. On a oublié dans notre monde profane combien toutes les sociétés traditionnelles étaient attentives aux questions de purification, de qualification, aux instants favorables et défavorables, aux précautions pour neutraliser les forces dangereuses, grâce à des “techniques de pointe”, si l'on ose dire, dont l'origine et l'inspiration, analysées comme “primitives” par les ethnologues positivistes, sont toujours présentées comme “non-humaines”.
La recherche du savoir est toujours légitime, mais l'utilisation de ce savoir pour jouir d'un pouvoir est un obstacle, une disqualification dans cette sorte de jeu de l'oie qui consiste à retrouver patiemment le chemin du divin. Et quant à l'incorporation effective dans une tradition régulière, ce qui peut être également une aspiration légitime, les auteurs traditionnels sont encore unanimes : la première règle consiste à accepter de devenir ce que l'on est, accepter sa naissance hic et nunc, car si l'esprit souffle où il veut, on sait qu'invariablement, du point de vue initiatique, « c'est en réalité la voie qui choisit l'homme et non l'homme qui choisit la voie ».
Il semble qu'au fur et à mesure que le monde moderne descend plus bas dans l'inharmonie et l'empoisonnement de la planète, des lumières apparaissent, différentes comme sont différentes les voies. Les auteurs traditionnels du XXe siècle ont en commun des connaissances immenses et des clés pour l'interprétation des grands symboles qui soudain se répondent et correspondent dans une unité éclatante — et non plus ténébreuse comme chez Baudelaire. Ils ont en même temps des styles très différents et même des formulations qui pourraient sembler contradictoires : Nasr se réfère au Dieu de l'Islam et du Christianisme, alors que le mot “Dieu” est beaucoup moins prononcé dans l'œuvre de Guénon ; Coomaraswamy traduit “Deva” par “Anges”, alors que Daniélou, qui a consacré un ouvrage entier à la réhabilitation intellectuelle du polythéisme, parle évidemment de Vishnou et de Shiva comme d'autant de Dieux ou d'aspects du divin.
Nous avons donc de quoi lire, relire, débrouiller l'écheveau. La floraison d'ouvrages traditionnels, dont l'authenticité ne fait aucun doute et qui s'épanouissent depuis le début du XXe siècle en Occident, compense jusqu'à un certain point l'absence à peu près certaine de voie initiatique dans le Catholicisme, l'absence de cultes maintenus vivants autour des Déesses et des Dieux gréco-romains. Rien ne nous empêche de vénérer les Principes organisateurs de l'harmonie du monde, de bâtir des enclaves d'harmonie, modestes mais incommensurables, d'attendre la lumière au fond de notre cœur.
Jean-Louis Gabin, Pondichéry, Shivaratri 2001. 
Source : Antaios, revue d'études polythéistes fondée en 1959 par Mircea Eliade et Ernst Jünger.

J. M. Vivenza: crise du monde moderne, et si Guénon avait eu raison?


Jean-Marc Vivenza:

La crise du monde moderne, si René Guénon avait raison ?

Extrait tiré du site http://www.baglis.tv
Débat sur l’atemporalité de l’ouvrage emblématique de René Guénon: « La crise du Monde moderne », paru en 1927. La crise évoquée par René Guénon inaugure-t-elle une ère nouvelle en liaison avec les quatre âges de l’humanité tels que le définit la cosmologie hindoue du Manvantara Ou bien doit-on, avec le recul du siècle passé la lire comme un simple texte apocalyptique ?
Pour voir l'intégralité de cet exposé allez sur
http://www.baglis.tv/philosophie-video/metaphy

Quatre mythes « fondateurs » de l’europhobie contemporaine

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Quatre mythes «fondateurs» de l’europhobie contemporaine

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

L’Union Européenne est éminemment critiquable et ce avant tout parce qu’elle donne le sentiment qu’il y a tromperie sur la marchandise. Loin d’être l’embryon d’une véritable Europe politique au service des Européens, elle apparaît comme un organisme technocratique éloigné des citoyens, une gouvernance d’esprit mondialiste (ou globaliste) alignée sur les intérêts américains, brisant les anciennes nations d’un côté sans se doter des moyens d’être une nation de l’autre. Ainsi, si les pouvoirs nationaux sont affaiblis, ce n’est pas en faveur d’un pouvoir européen qui reste encore à bâtir. Au contraire, on assiste à une neutralisation mutuelle.

En réalité, l’Union Européenne est un nain politique, un alibi des gouvernements « nationaux » pour appliquer leur programme libéral et atlantiste mais sans l’assumer devant les peuples. Ils s’attribuent toute initiative communautaire qui irait dans le bon sens mais en revanche rejettent sur elle des politiques impopulaires dont pourtant ils sont les promoteurs zélés. L’Union Européenne n’est donc pas vraiment « européenne » et en tout cas elle n’est pas l’Union Européenne qu’elle aurait dû être, qu’elle devrait être et qu’il est bon qu’elle finisse par devenir.

Cette introduction est nécessaire pour bien faire comprendre que dénoncer les mythes europhobes ne signifie pas pour autant perdre tout sens critique sur l’actuelle construction européenne. Il convient d’en dénoncer les travers, non en fonction de fantasmes idéologiques, mais de faits.

Mythe n°1 : l’Union Européenne est la nouvelle Union Soviétique.

Il est assez drôle de voir des anti-libéraux dénoncer en l’UE une « UERSS », notamment lorsqu’ils se revendiquent du PCF. En réalité, le dernier Etat soviétique d’Europe est plutôt l’Etat français, avec sa bureaucratie tatillonne et ses apparatchiki d’ENA. L’URSS était un régime totalitaire centralisé où tout le pouvoir était détenu par un politburo et qui envoyait ses opposants dans des camps puis dans des asiles. Ses dirigeants avaient un réel pouvoir, alors qu’un Van Rompuy hier ou un Tusk aujourd’hui n’en ont aucun. Quant aux commissaires, ils sont choisis par chaque Etat membre de manière souveraine, même si le parlement européen a en théorie le pouvoir d’en refuser certains. En réalité, comme ce parlement est tenu par les grands partis nationaux au sein de coalitions fictives, les députés se couchent systématiquement devant les décisions des chefs d’Etat. Hollande a ainsi pu imposer Moscovici malgré les fortes réticences de Strasbourg.

Pour renforcer leur équation, certains souverainistes et/ou europhobes font appel aux « prédictions » d’un ancien dissident soviétique en la personne de Boukovski, qui est un atlantiste acharné et un ennemi déclaré de Poutine, que ces mêmes europhobes souvent adulent de manière parfois excessivement servile.

L’UE est accusée d’ultra-libéralisme alors que l’URSS était communiste. L’UE finance ses opposants, ainsi les députés européens du FN ou de UKIP, alors que l’URSS les enfermait. La direction de l’UE n’a aucun pouvoir alors que celle de l’URSS était dictatoriale. Par ailleurs, si les adversaires de l’UE se réclament souvent du nationalisme, ils oublient que l’URSS était dès Staline sur une ligne nationaliste grand-russe, réprimant les minorités linguistiques, dont les Ukrainiens. Là encore l’URSS rappelle davantage le centralisme jacobin à la française, avec les Bretons ou les Corses dans le rôle des Ukrainiens ou des Biélorusses.

Mythe n°2 : l’Union Européenne est un IVème Reich.

L’Union Européenne serait une création « nazie », affirment sans rire certains souverainistes. Le nazisme était pourtant une synthèse de socialisme et de nationalisme, deux idéologies qu’ils chérissent à leur manière. L’UE est au contraire à la fois libérale et internationaliste. Ses dirigeants prônent l’ouverture des frontières notamment à une immigration incontrôlée.

Pour appuyer cette comparaison sans fondement, certains évoquent la figure de Walter Hallstein, un président de la commission parmi d’autres, sous le prétexte qu’il a été membre de la NSDAP à une époque où en Allemagne à peu près tout le monde en était membre. Il n’y a pourtant eu aucune responsabilité de premier plan ni même de second plan. Dans ce cas là, on peut aussi bien affirmer que Boris Eltsine était un communiste. Rien par ailleurs ne laisse penser qu’il soit arrivé à la place de président par le biais d’une internationale noire qui œuvrerait dans l’ombre.

Et puis ceux qui affirment que l’UE serait nazie sont aussi ceux qui la comparent à l’URSS et/ou dénoncent une « Europe » américaine, les deux puissances qui ont justement écrasé sous les bombes le dit Reich. Tout cela n’est guère sérieux et cette dénonciation n’est qu’un postulat de principe à base complotiste et non une critique fondées sur une analyse sérieuse.

Mythe n°3 : les Français ont voté non à la construction européenne en 2005.

Avec près de 56% des voix, les électeurs français ont refusé le projet de « traité constitutionnel » soumis à leur vote par décision de Jacques Chirac, alors président de la république. Les raisons de ce refus sont multiples, à l’issue d’une campagne efficace des opposants – refus de l’adhésion turque, refus de la concurrence déloyale intra-européenne symbolisée par la directive Bolkestein, rejet du gouvernement et d’un président usé par dix ans de pouvoir, et rejet de la construction européenne, mais ce pour une toute petite partie des électeurs. Les Français ont répondu à la question posée, qui était oui ou non, à un texte médiocre, technocratique, et qui n’était constitutionnel que par son nom, ceci pour flatter la « convention » Giscard. En réalité, le « TCE » corrigeait légèrement Nice et synthétisait le droit communautaire de plusieurs décennies. C’était donc un document technique, fondamentalement illisible, qui ne pouvait que susciter le rejet par les électeurs.

Les Français ont voté non au TCE. Ils n’ont pas voté non à la construction européenne, non à l’idée même de « constitution » européenne. Ils n’ont pas voté contre l’euro ou contre l’UE. J’ajoute pour être clair avoir fait partie des votants « non » car souhaitant une véritable constitution européenne, issue d’une assemblée constituante européenne élue en ce sens, je ne voulais pas que le terme soit usurpé et il l’était.

Mythe n°4 : l’Union Européenne est responsable de l’immigration.

Alors que l’Europe subit depuis plusieurs mois un flux massif et ininterrompu de migrants clandestins venus notamment d’Afrique, il est de bon ton d’en accuser Schengen et l’UE. Il est clair que l’actuelle UE ne nous protège en rien contre ces flux mais, comme toutes les autorités « morales », y compris le Vatican, elle encourage l’accueil des migrants. Mais à part la Hongrie d’Orban, quel gouvernement prône leur rejet ?

Schengen a aboli les frontières à l’intérieur de l’Union Européenne. La Roumanie et la Bulgarie ne font d’ailleurs toujours pas partie de son espace, à la différence de l’Islande, qui n’est même pas dans l’UE. A l’exception du cas « rom », qui n’est pas nouveau en France et n’a pas attendu l’ouverture des frontières (leur première arrivée en France date de 1340), l’immigration en Europe est due à la volonté des gouvernements nationaux. Les travailleurs turcs sont arrivés en Allemagne en 1963 suite à un accord bilatéral Allemagne-Turquie. Dès 1946, la France a fait appel à des travailleurs issus de son ancien empire colonial, et notamment maghrébins, malgré l’opposition de De Gaulle. De la même façon, le Royaume-Uni a ouvert dès les années 50 sa porte à des immigrés venus du Commonwealth, ce qui a amené un célèbre conservateur du nom de Powell à s’en émouvoir et à être alors marginalisé de la scène politique pour cette raison.

Il est d’ailleurs assez ironique d’entendre le premier ministre britannique David Cameron s’émouvoir de l’immigration, essentiellement européenne (polonaise notamment), alors que son parti n’a jamais rien fait contre l’immigration extra-européenne issue de l’ancien empire, et continue de ne rien faire contre. De même, la France s’est faite une spécialité de reconduire à la frontière des Russes ou des Moldaves, alors qu’elle ne fait rien (ou en tout cas pas grand-chose) contre les migrants clandestins venus de son ancien espace colonial.

Il faut savoir que la loi française permet par exemple à tout algérien né avant 1962 de bénéficier de la nationalité française au titre de la « réintégration ». C’est l’Etat français qui est aussi responsable de l’appel d’air migratoire par son assistanat de masse doublé d’un égalitarisme lui interdisant de réserver ses aides à ses seuls concitoyens. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont beaucoup plus raisonnables en la matière. C’est la propre constitution de la France qui lui interdit de s’opposer efficacement à ces flux, pas des directives européennes, alors que la gestion de l’immigration est une compétence nationale. Et enfin, nous devons la départementalisation de Mayotte au seul Etat français, sans que l’UE ait eu la moindre influence en ce sens.

Thomas FERRIER

mardi, 16 juin 2015

Festa del Sole

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Le néo-colonialisme intellectuel de la gauche européenne

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Le néo-colonialisme intellectuel de la gauche européenne

Emir SADER
Ex: http://www.legrandsoir.info

La gauche européenne a toujours eu de grandes difficultés à comprendre le nationalisme et le libéralisme dans des régions comme l’Amérique Latine. Elle développe des attitudes encore mues par le paternalisme de l’eurocentrisme et se tourne vers l’Amérique Latine non pour apprendre mais avec une posture de professeurs, comme s’ils étaient porteurs de l’ensemble de la connaissance et des expériences victorieuses, à partir desquelles ils donneraient un cours magistral sur nos processus.

La gauche européenne a été essentiellement socialiste – ou social-démocrate – et communiste. Elle avait comme composantes essentielles les syndicats et les partis politiques – avec une représentation parlementaire, participant aux des élections, alliés entre eux. Et des groupes plus radicaux, en général trotskistes qui faisaient partie du même scénario politique et idéologique. Une de ses composantes – qui allait devenir problématique – à savoir le nationalisme, fut classé comme une idéologie de droite à cause de son caractère chauviniste en Europe. La responsabilité attribuée aux nationalismes dans les deux guerres mondiales a renforcé cette classification.

Sur d’autres continents, particulièrement en Amérique Latine, cette classification apparaissait comme schématique, mécanique. L’inadéquation est devenue de plus en plus claire alors que surgissaient des forces et des leaderships nationalistes.

En Europe, l’idéologie de la bourgeoisie montante fut le libéralisme, par opposition aux blocages féodaux à la libre circulation du capital et de la main-d’œuvre. Le nationalisme s’est situé à droite du spectre politique et idéologique, exaltant les valeurs nationales de chaque pays en opposition à celles des autres pays et, plus récemment, en s’opposant à l’unification européenne, parce qu’elle affaiblit les États nationaux.

A la périphérie du capitalisme, le nationalisme et le libéralisme ont des traits distincts, et même opposés à ceux qu’ils ont en Europe. Le libéralisme a été l’idéologie des secteurs primaires exportateurs, qui vivaient du libre-échange, exprimant les intérêts de l’oligarchie traditionnelle, de l’ensemble de la droite. Par contre et à la différence de l’Europe, le nationalisme a toujours eu une composante anti-impérialiste.

La gauche européenne a toujours eu de grandes difficultés à comprendre le nationalisme et le libéralisme dans des régions comme l’Amérique Latine. Exemple d’une des erreurs provenant de la vision eurocentrique : des leaders comme Perón et Vargas ont parfois été comparés par les partis communistes d’Amérique Latine avec des dirigeants fascistes européens – comme Hitler et Mussolini – de par leurs composantes nationaliste et antilibérale. En même temps, des forces libérales latinoaméricaines ont été acceptées par l’Internationale socialiste parce qu’elles défendraient les systèmes politiques « démocratiques » (en réalité, libéraux) contre « les dictatures » dans lesquelles des leaders nationalistes joueraient le rôle principal avec leur charisme et leur idéologie supposée « populiste » et autoritaire.

Des processus comme les révolutions mexicaines, cubaine, sandiniste, et des leaderships nationalistes comme ceux mentionnés, ont été difficiles à digérer par la gauche traditionnelle compte tenu de son héritage colonial, eurocentrique. La même chose se passe, d’une certaine façon, avec la gauche latinoaméricaine du XXIème siècle, dont la gauche traditionnelle européenne éprouve des difficultés à comprendre le caractère et les luttes. Ces mêmes limites affectent les intellectuels d’une gauche européenne qui reste eurocentrique dans sa vision de l’Amérique Latine.

D’une part, il y a les intellectuels de la social-démocratie qui, en évoluant vers le social-libéralisme puis le néo-libéralisme, ont perdu toute possibilité de comprendre l’Amérique Latine et la gauche post-néolibérale de notre région.

Mais il y a aussi les intellectuels francs-tireurs ou liés à des courants de l’ultra gauche européenne qui lancent leurs analyses critiques sur les gouvernements progressistes latinoaméricains avec une grande désinvolture, expliquant ce que ces gouvernements ont fait de faux, ce qu’ils devraient faire, ce qu’ils ne devraient pas faire, etc. Ils parlent comme si leurs thèses avaient été confirmées, sans pouvoir présenter aucun exemple concret de ce que leurs idées ont produit et démontré, qui s’adapterait mieux à la réalité que les chemins que ces gouvernements suivent.

Ils se préoccupent des tendances « caudillistes », « populistes », des leaders latinoaméricains, jugent ces processus à partir de ce qu’ils estiment que devraient être les intérêts de tel ou tel mouvement social, ou de l’une ou l’autre thématique. Ils ont des problèmes pour comprendre le caractère nationaliste, anti-impérialiste, populaire, des gouvernements post néolibéraux, leurs processus concrets de construction d’une hégémonie alternative dans un monde encore très conservateur. Ils survolent les réalités comme des oiseaux, saluant quelque chose pour ensuite le critiquer, sans s’identifier profondément à l’ensemble de ces mouvements qui forment la gauche du XXIème siècle. Le temps passe et ces visions eurocentriques ne débouchent sur aucune construction concrète, parce qu’ils sont impuissants à capter les trames contradictoires de la réalité et à partir de cela, proposer les alternatives qui peuvent être portées par les peuples.

Ils se comportent comme s’ils étaient les « consciences critiques de la gauche latinoaméricaine » et comme si nous avions besoin d’elles, comme si nous n’avions pas conscience des raisons de nos avancées, des obstacles que nous avons devant nous et des difficultés pour les dépasser. Non seulement ils ne peuvent présenter les résultats de leurs analyses dans leurs propres pays – qui peuvent être la France, le Portugal, l’Angleterre ou d’autres pays –, là où l’on suppose que leurs idées devraient avoir des résultats, mais ils ne réussissent pas non plus à expliquer – ni même à aborder – les raisons pour lesquelles, dans leur propres pays, la situation de la gauche est incomparablement pire que dans les pays latinoaméricains qu’ils critiquent.

Ce sont des attitudes encore mues par le paternalisme de l’eurocentrisme et qui se tournent vers l’Amérique Latine non pour apprendre mais avec une posture de professeurs, comme s’ils étaient porteurs de l’ensemble de la connaissance et des expériences victorieuses, à partir desquelles ils donneraient un cours magistral sur nos processus. Ils représentent, en fait, malgré les apparences, les formes de la vieille gauche, qui n’a pas fait l’autocritique de ses erreurs, échecs et reculs. Qui ne sont pas disposées à apprendre des nouvelles expériences latinoaméricaines.

L’aura universitaire ne réussit pas à cacher les difficultés qu’ils ont pour s’engager dans des processus concrets et, à partir de ceux-ci, pour partager la construction des alternatives.

Les analyses qui ne débouchent pas sur des propositions concrètes de transformation de la réalité, présentent de moins en moins d’intérêt. Les postures critiques restent sur le plan de théories qui ne se projettent pas dans le champ du réel, sans aucune capacité à s’approprier la réalité concrète, moins encore de la transformer. Pour reprendre le vieil adage marxiste toujours actuel : leurs idées ne se transforment jamais en force matérielle parce qu’elles ne pénètrent jamais dans les masses.

Emir Sader

Emir Sader est philosophe, professeur de sociologie à l’Université de São Paulo (Usp) et de l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro (Uerj) où il dirige le Laboratoire des Politiques Publiques.

EN COMPLEMENT:

« Que ce soit bien clair : nous avons commis des erreurs, évidemment. Et nous en commettrons d’autres. Mais je peux te dire une chose : jamais nous n’abandonnerons le combat pour un monde meilleur, jamais nous ne baisserons la garde devant l’Empire, jamais nous ne sacrifierons le peuple au profit d’une minorité. Tout ce que nous avons fait, nous l’avons fait non seulement pour nous, mais aussi pour l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie, les générations futures. Nous avons fait tout ce que nous avons pu, et parfois plus, sans rien demander en échange. Rien. Jamais. Alors tu peux dire à tes amis "de gauche" en Europe que leurs critiques ne nous concernent pas, ne nous touchent pas, ne nous impressionnent pas. Nous, nous avons fait une révolution. C’est quoi leur légitimité à ces gens-là, tu peux me le dire ? Qu’ils fassent une révolution chez eux pour commencer. Oh, pas forcément une grande, tout le monde n’a pas les mêmes capacités. Disons une petite, juste assez pour pouvoir prétendre qu’ils savent de quoi ils parlent. Et là, lorsque l’ennemi se déchaînera, lorsque le toit leur tombera sur la tête, ils viendront me voir. Je les attendrai avec une bouteille de rhum. »

Ibrahim
Cuba, un soir lors d’une conversation inoubliable.

»» http://www.pambazuka.net/fr/category.php/comment/94393
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China slaat de geopolitieke vleugels uit

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China slaat de geopolitieke vleugels uit
 
door Peter W. Logghe
Ex: Deltapers, Nieuwsbrief, Nr. 94, juni 2015


In een eerdere bijdrage, voor het tijdschrift TeKoS, had ik in mijn conclusie het volgende gesteld: “In de confrontatie, die zich aankondigt tussen China en de VS, zal de politieke elite in Europa moeten kiezen.
 
Kiest zij ervoor om in naam van de “Westerse waarden” de imperiale wereldmissie van de VS verder te steunen. Of zal ze daarentegen in het kader van een zelfstandige buitenlandse politiek een andere keuze maken? Het is duidelijk dat het de Chinezen in deze niet gaat om het opdringen van een bepaald moreel-ideologische ordeningspolitiek – zoals het in het geval van de VS wel is – maar om pure nationale belangen, om geopolitieke macht.”

Soms wordt een mens vlugger op zijn wenken bediend dan men voor mogelijk houdt! China werkt in elk geval in snel tempo aan de uitbouw van zijn machtsbasis in de Zuid-Chinese Zee. De tijd lijkt ook voorbij van de ‘zachte druk’. Kritiek op Peking, vooral dan van de buurlanden, heeft het over een (Chinese) politiek “van suikerbrood en zweep”. Neem nu de oprichting van de Aziatische investeringsbank, voor China een groot diplomatiek succes, aldus Albrecht Rothacher in Junge Freiheit (nr. 21, 15 mei 2015), want een duidelijk signaal naar de VS dat men – lees: China – de dominantie van allerlei ‘Amerikaanse’ instellingen als het IWF en de Wereldbank niet langer aanvaardt. Met deze Investeringsbank stelt China in elk geval geld beschikbaar voor grote investeringen door Aziatische bedrijven.

Maar het duidelijkst is de opmars van China als het gaat om grensdiscussies, waar het Middenrijk tot hier toe de deugd van het geduld beoefende. Steeds vaker registreren waarnemers dat China de door haar opgeëiste atollen en eilanden stilaan aan het uitbouwen is tot “onzinkbare vliegdekschepen”. Obama, die wat graag de sympathie van de buurlanden zou willen verwerven, stelde al dat China landen als Vietnam en de Filippijnen “in een ondergeschikte rol aan het duwen is”. De VS kunnen er intussen niet onderuit dat ze tegen de hegemonieplannen van China met lege handen staan.

De (zich aankondigende) grensconflicten spelen zich het duidelijkst af in Zuid-Chinese Zee, waar ook Maleisië, Vietnam, Brunei, Taiwan en Filippijnen aanspraken op maken. Deze zee is goed voor het transport voor 40% van de wereldhandel, wat onmiddellijk haar belang onderstreept. Het totale olie- en grondstoffentransport van Japan, Korea en Taiwan gebeurt via deze waterwegen, die tot hier toe voor iedereen vrij toegankelijk waren. Reeds in de jaren 40 van de vorige eeuw maakte China haar aanspraken op eilandengroepen in de Chinese Zee bekend, bijvoorbeeld op de Spratly-eilanden, die zo’n 1.300 km van de Chinese kusten verwijderd zijn. China onderbouwde haar eisen met het opgraven van grafstèles van Chinese zeelui. Het zwaarste argument, het beslissende ‘argument’ zou wel eens haar uit de kluiten gewassen zeevloot kunnen zijn. Die zeevloot nam onlangs het Woody-eiland in bezit – waar ook Vietnam zijn zinnen op had gezet – en bouwde het eiland intussen uit tot een echte militaire vesting. Dezelfde werken zijn gestart op de Spratly-eilanden, waar bunkers en schuilkelders werden aangelegd, maar ook radar- en raketstellingen. De Chinese minister van Buitenlandse Zaken wist te vertellen dat deze vooral bedoeld waren om reddingacties te faciliteren, het zeeonderzoek verder te helpen en de meteorologie, milieubescherming en de visserij, maar in de buurlanden groeit de onrust.

Het doel van de vele Chinese activiteiten in deze regio mag vrij duidelijk zijn als men even naar het bijgaande kaartje kijkt: De eilandenring rond China, die van Japan tot diep in Zuidoost-Azië reikt, en die tot op vandaag vooral door de VS wordt gecontroleerd, werkte als een soort Amerikaans-Aziatische versie van de containment-theorie. China wil die perse doorbroken, militair, politiek en ook economisch. China wil haar hegemonie over dit stuk oceaan vestigen. De strijd in Oost-Azië is nog maar in haar beginfase.
 
Peter Logghe

Laurent Davezies, Le nouvel égoïsme territorial,

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Chronique de livre :

Laurent Davezies, Le nouvel égoïsme territorial, Seuil, 2015

Ex: http://cerclenonconforme.hautetfort.com

livD059559779.jpgLaurent Davezies est économiste. Il est professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers. D'après le site internet du CNAM, il est le responsable pédagogique pour les enseignements sur le Territoire. Son équipe « a pour vocation de former des professionnels "généralistes" de la ville, de l'urbanisme et de l'environnement ». Il est également expert auprès de différentes institutions, organisations et collectivités (DATAR, INSEE, OCDE, …). Il publie en mars 2015 un essai d'une centaine de pages intitulé Le nouvel égoïsme territorial et sous titré Le grand malaise des nations. Ce livre est à la croisé des chemins entre la géographie, la science politique et l'économie, en particulier en ce qui concerne la fiscalité.

La thèse centrale de l'ouvrage colle avec l'actualité à l'heure où les élus indépendantistes écossais se sont arrogés la majorité des sièges aux dernières élections. En effet Laurent Davezies constate que le régionalisme est un courant d'idée qui prend de l'importance au XXIeme siècle et combine revendications identitaires et revendications économiques, souvent fiscales, mettant en péril la solidarité interne des nations et donc leur cohésion et le développement global du pays. Le « nouvel égoïsme » est cette attitude des régions riches qui consiste à refuser de « payer pour les autres », c'est à dire les régions plus pauvres. Ainsi l'Ecosse grâce au pétrole, la Flandre qui s'ouvre sur la mer du Nord, ou la Catalogne autour de la métropole de Barcelone sont des exemples de régions historiques qui cherchent à faire sécession au moins autant pour des raisons « identitaires » que pour des raisons économiques. Mais d'autres facteurs peuvent également entrer en ligne de compte et Laurent Davezies brosse un tableau des différentes revendications régionalistes à travers le monde. Il y cite entre autre le cas épineux du Kosovo qu'il voit comme un précédent négatif. Quoi qu'il en soit, pour l'auteur, les conséquences de « cet égoïsme » peuvent être désastreuses car les mécaniques de solidarité entre les territoires, garanties au sein des Etats-nations, disparaissent au profit de logiques concurrentielles qui ne vont profiter qu'à une minorité de petits Etats. Dans le même temps, les territoires sinistrés réclament « plus d'Etat », ce qui signifie que les logiques qui conduisent au vote populiste et celles qui conduisent au vote régionaliste sont liées mais totalement opposées. Grossièrement on pourrait dire qu'un Français du Nord-Pas-de-Calais va voter FN car il se sent abandonné et déclassé alors qu'un Flamand de l'autre côté de la frontière va voter N-VA pour conserver ses richesses.

En effet, l'un des paradoxes de la mondialisation, c'est que bien loin de « diluer » l'espace géographique comme on a tendance à le penser trop souvent, elle a au contraire tendance à renforcer la territorialité et la polarité de certains territoires. Ainsi il y a les territoires « gagnants » qui veulent conserver leurs richesses pour eux et les territoires perdants qui se paupérisent. Ce paradoxe en rejoint un autre, le régionalisme porté dans la deuxième moitié du XXeme siècle en grande partie par des mouvements de sensibilité « sociale-démocrate » ou même communiste pourraient voir leur rêve se réaliser grâce à la mondialisation libérale. Ainsi en Ecosse, il y a quelques semaines (et après la sortie de l'ouvrage), les travaillistes ont été balayés par les indépendantistes. Tout un symbole. Le parti porteur du projet keynésien bâti autour de logiques redistributives a cédé face aux indépendantistes prônant par exemple l'autonomie fiscale. A travers le monde, ce sont de « petits Etats » qui sont également gagnants à côté des puissances continentales, comme la cité-Etat de Singapour ou un grand nombre de paradis fiscaux. Ainsi l'auteur est extrêmement méfiant sur tous les discours prônant le « petit », le local et parle de « nouvelle idéologie du local ». Il constate à la suite d'Emile Durkheim que les solidarités mécaniques locales des sociétés traditionnelles ont laissé place avec la modernité à des « solidarités organiques » en raison de la prolifération des rôles ou encore de la division du travail. Cette « nouvelle idéologie du local » serait un retour à des solidarités mécaniques, non pas sur le plan économique, du fait de la mondialisation, mais sur le plan du peuplement. Page 24 l'auteur écrit que « Cette nouvelle idéologie du local [...] inclut aussi ceux qui détestent la mondialisation dans un contexte de peur pour l'avenir écologique de la planète, et qui portent les idées de « décroissance », de « circuits courts » et de repli territorial. » Un exemple m'est venu à l'esprit à la lecture de l'ouvrage et illustre que le local ne peut pas être la seule planche de salut. L'attribution des permis de construire par de nombreuses municipalités s'est parfois fait au détriment du bon sens et pour ne servir que des intérêts particuliers et locaux (augmentation du nombre de contributeurs aux impôts locaux, activité pour les PME locales, ...). Laurent Davezies poursuit en citant les travaux d'Elinor Ostrom, prix nobel d'économie, sur la notion de « bien commun », c'est à dire des biens « qui ne peuvent être gérés ni par les politiques publiques, ni par le marché, mais par les « gens » eux-mêmes, organisés collectivement. » Il conclue son développement page 25 par ces quelques phrases à méditer : « Pourtant, cette approche, par une troisième voie, entre politique publique et marché, fournit un secours intellectuel et une caution prestigieuse aux idéologies anti-Etats et anti-mondialisation (des libertariens de l'extrême droite aux marxistes en quête de réactualisation idéologique, en passant par les écologistes). Le marxisme étant largement remisé, l'idée des « biens communs » offre un nouveau véhicule aux penseurs radicaux. »

D'autres éléments de l'ouvrage sont intéressants comme le fonctionnement de l'Union Européenne dont les mécanismes de solidarité paraissent, au-delà des discours, totalement absents. Ainsi c'est à l'échelle d'une nation que s'exerce la solidarité inter-territoriale et non à l'échelle européenne. Les régions riches d'un pays prennent en charge les régions pauvres du dit pays ce qui crée déséquilibres et mécontentements. Chiffres à l'appui, l'auteur montre qu'en Allemagne, la région « pauvre » de Chemnitz est plus riche que la région « riche » de Lisbonne au Portugal. De fait le coût qui pèse sur la région de Lisbonne est très important, car sa richesse – relative – doit permettre dans le même temps un « rééquilibrage » avec d'autres régions portugaises, alors que Chemnitz bénéficie de la richesse de nombreuses régions Allemande, comme celle d'Hambourg, qui n'intervient de son côté dans aucune redistribution à l'égard d'autres régions européennes. Cela démontre l'absence d'harmonisation fiscale et de politique fiscale européenne et c'est en partie cette différence qui permet aux-uns et aux autres de se faire concurrence, sur le même continent et avec la même monnaie. Pour l'auteur, à la suite d'une démonstration de plusieurs pages dans la dernière partie de l'essai, si on est attaché à la solidarité, il y a plus d'avantages à plébisciter le « grand » par rapport au « petit » ce qui entre en contradiction par exemple avec la pensée proudhonienne. En effet pour lui les grands défis du siècle ne peuvent se réaliser qu'à l'échelle nationale, continentale ou mondiale. Une mosaïque de petits états aurait par exemple selon lui des effets désastreux dans la signature des différents traités que ce soit pour la question de l'armement ou du réchauffement climatique. La réussite et les progrès de quelques-uns se ferait au détriments de tous les autres.

Un point très important de l'ouvrage, qui est développé à la fin de celui-ci, concerne la décentralisation. Laurent Davezies pointe du doigt le fait qu'il n'existe pas vraiment de « théorie de la décentralisation ». L'idée qui sous tend la décentralisation est le fait de pouvoir traiter un domaine à l'échelle qui lui correspond le mieux. La décentralisation est consubstantielle de la subsidiarité mais elle a comme particularité, d'une certaine façon et comme l'avait noté Jacques Ellul, d'être une diffusion de l'administration à toutes les échelles du territoire national. Après une présentation du thème, une sous-partie intitulée « Allocation, stabilisation, redistribution » page 93 permet de clarifier la fonction des budgets publics à la suite de Richard et Peggy Musgrave : « La première vise à utiliser, de la façon la plus efficace, un argent public rare. La deuxième vise à utiliser le budget comme instrument de politique macroéconomique conjoncturelle. La troisième s'efforce d'opérer les redistributions entre personnes, ménages ou territoires pour servir l'objectif de justice de la société considérée ». Ces diverses fonctions sont pertinentes à des échelles différentes. Le principe allocatif au local et le principe stabilisateur et redistributif à l'échelle la plus élevée. Sur ce dernier point cela a pour effet de limiter l'évitement de l'impôt et de rendre plus efficace et plus équitable la redistribution. L'auteur poursuit en expliquant « que toute fiscalité territoriale (locale et, dans une moindre mesure, régionale) assise sur le revenu ou le patrimoine contribue mécaniquement à la spécialisation sociale des territoires […]. Comme le dise beaucoup d'économistes qui prennent le risque de défendre la poll tax mort-née de Mme Thatcher, il n'y a pas de bons impôts locaux. » Sans rentrer dans les détails et la suite de l'argumentation, il est vrai que la question de la fiscalité des territoires est un enjeu majeur à l'heure où les communes doivent par exemple faire face à de lourdes dépenses et où mécaniquement les impôts locaux ne cessent d'augmenter. Il est un fait indéniable que la décentralisation a conduit à une augmentation de la fiscalité et de la bureaucratie et n'a absolument pas atténué les inégalités territoriales qui ne font que s’accroître depuis le tournant des années 80 car elle coïncide également avec l'abandon progressif des politiques keynésiennes, le renforcement de l'intégration européenne, la mondialisation « néo-libérale », etc... . L'auteur conclue son ouvrage en proposant une « décentralisation démocratique ». Il s'agit entre autre d'un plaidoyer, pragmatique, pour la nation, considérée comme la seule échelle actuellement opérationnelle d'organisation territoriale et sociale. Il note que la logiques de « découpage » et « redécoupage » du territoire s'opposent à la nécessité de « renforcer les liens » et que la gestion des aides sociales par les départements est source d'inégalités.

Au final, malgré des désaccords de fond avec l'auteur sur le local ou la décroissance, il s'agit d'une lecture vivifiante qui amène à remettre en question ou à redéfinir certaines de nos conceptions. L'analyse conduite avec une rigueur certaine s'appuie également sur des graphiques et aura le mérite d'approfondir notre approche de la question territoriale qui est au cœur des enjeux actuel.

Jean / C.N.C.

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source.

Un juste éloge du populisme

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Un juste éloge du populisme

Pierre Le Vigan
lEx: http://metamag.fr

popu2.jpgTrois ans après la parution de L’éloge du populisme par Vincent Coussedière, ce que les médias appellent le « danger » du populisme, ou la « marée noire » du populisme n’a cessé de prendre de l’ampleur. Occasion de revenir sur ce thème. Le populisme est souvent défini comme la démagogie dans la démocratie. C’est à peu de choses près la définition de Pierre-André Taguieff. Et s’il était autre chose ? Et si c’était l’irruption du peuple dans la politique, quand le peuple juge que ses dirigeants ne sont pas à la hauteur ? C’est l’hypothèse défendue par le philosophe Vincent Coussedière. Comme auparavant Chantal Delsol (Populisme. Les demeurés de l’histoire),mais en apportant un éclairage neuf, Vincent Coussedière réhabilite le populisme. Le réduire à de la démagogie est ne pas voir son essence. Le populisme est une protestation qui apparaît quand les hommes politiques ne font plus de politique. C’est pourquoi on ne peut donner au populisme un contenu précis : le populisme n’est pas inévitablement xénophobe, il n’est ni ultra-libéral, même s’il comprend les difficultés du petit patronat, ni socialiste, même si ses électeurs sont souvent ouvriers ou modestes salariés. Le populisme vote aujourd’hui souvent Front national, ou ne vote pas, mais il pourrait voter autre chose si tel parti qui a ses préférences s’avérait aussi politicien et surtout aussi impuissant que les autres à résoudre les problèmes du pays. 


Le populisme est avant tout une protestation contre le mépris du peuple par les élites, une réaction de défense contre ce qui est vécu comme une agression. Le gauchisme sociétal et l’européisme ont en effet convergé et fusionné. Le Monde et Libération représentent le fruit intellectuel de leur unification. Il est désormais de bon ton de se méfier du peuple. Les modes de scrutin sont modifiés en fonction de nécessités tactiques à court terme (modifications qui peuvent s’avérer à double tranchant). Méprisé par les élites, dont le bilan n’est pourtant pas fameux depuis plus de trente ans, le peuple se sent dépossédé de sa liberté de choisir son avenir. 


Le populisme « correspond à ce moment de la vie des démocraties, où le peuple se met à contrecoeur à faire de la politique, parce qu’il désespère de l’attitude des gouvernants qui n’en font plus ». C’est pourquoi l’idée que le populisme est une protestation contre les « dérives monarchiques » du pouvoir ou contre des gouvernants pas assez « proches des gens » est un contresens complet. Le peuple aimerait bien que nos gouvernants soient vraiment « monarques », au sens de souverains de la nation France. Il constate qu’ils ne maîtrisent rien, et c’est cela qu’il ne supporte plus : l’impuissance des prétendus puissants. Alors, le peuple réagit. Le populisme du peuple est un bricolage habile et vernaculaire. Il n’est pas une aspiration identitaire, car le peuple connait sa propre diversité. Il ne peut être réduit à une aspiration à plus de démocratie directe. En effet, le peuple ne conteste pas la nécessité qu’existent des gens qui le représentent. Le peuple ne veut pas tout faire par lui-même. Il admet la délégation. Il veut, par contre, que ceux dont le métier est de diriger les affaires le fassent, et le fassent bien. Il ne veut pas des gens qui se défaussent de leur responsabilité. Il ne veut pas non plus d’une démocratie réduite à une « concertation », et de surcroît la plupart du temps sur des sujets volontairement mineurs. Il aurait sans doute aimé, par contre, qu’on lui demande son avis sur la politique d’immigration et de regroupement familial. Il veut des gens qui assument leurs choix politiques et qui n’attendent pas pour se prononcer sur tel sujet d’être « en situation » (sic). L’essence du politique peut se trouver à la fois dans le peuple et dans un grand homme. Depuis le retrait du général de Gaulle cette essence ne se trouve plus, en France, que dans le peuple. Tout le climat intellectuel actuel, et tout le travail des communicants, consiste à rendre impossible toute émergence d’un véritable homme d’Etat. La déception causée par Sarkozy de 2007 à 2012 est toute l’histoire de cet échec du retour au politique. 


Dès lors, le populisme – celui du peuple lui-même –est à la fois inévitable et sain. « Le populisme est l’entrée en résistance d’un peuple contre ses élites, parce qu’il a compris que celles-ci le mènent à l’abîme ». 

Vincent Coussedière, Éloge du populisme, Voies nouvelles, Elya éditions, 162 pages, 16 €.

lundi, 15 juin 2015

Grondlegger bevolkingsleer: Massa immigratie verwoest welvaart Europa

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Grondlegger bevolkingsleer: Massa immigratie verwoest welvaart Europa

Immigratie veroorzaakt ‘demografische plaag’: Verschillen tussen arm en rijk, jong en oud, autochtoon en allochtoon straks onhoudbaar

‘Niets schadelijker voor een land dan autochtonen vervangen door groot aantal allochtonen’

De Duitse professor die wordt beschouwd als de grondlegger van de moderne bevolkingsleer heeft een boek gepubliceerd waarin hij op basis van wetenschappelijke feiten en cijfers keiharde conclusies trekt over de gevolgen van de massale immigratie naar Duitsland en de rest van Europa. Volgens hem zal de komst van miljoenen kansarme immigranten ertoe leiden dat onze sociale voorzieningen overbelast zullen raken en compleet zullen instorten. Kort gezegd: de door de EU geëiste immigratie zal definitief een einde maken aan onze welvaart.

Afbraak gezin door ‘links’ en ‘liberaal’

‘Links’ en ‘liberaal’ reageren maar op één manier op de verouderende bevolking in de EU-lidstaten: er moeten meer immigranten bijkomen. Het idee om jonge autochtone gezinnen -ook financieel- aan te moedigen om (meer) kinderen te krijgen komt zelfs niet bij hen op, want dat is te ‘rechts’. Hun ideologieën zijn namelijk gericht op de vervanging van het traditionele gezin door –straks niet meer zo alternatieve- levensstijlen: single, swinger, homo, transgender – alles wat NIET tot een normaal man/vrouw gezin met kinderen behoort is tegenwoordig ‘politiek correct’.

Te laag geboortecijfer autochtonen

De 76 jarige professor Herwig Birg, de grondlegger van het moderne bevolkingsonderzoek, laat in zijn boek ‘De verouderende republiek en het falen van de politiek’ met onthutsende feitelijke onderbouwingen zien hoe de massale immigratie naar Europa geen zegen is, zoals de gevestigde orde nog altijd beweert, maar onze complete welvaart en structuur van de samenleving aan het verwoesten is.

Dé oorzaak van de verouderende bevolking en daaraan gekoppelde demografische problemen is het lage geboortecijfer onder autochtonen, en niet de stijgende levensverwachting, schrijf Birg.

Intelligentie bepaalt opleiding en levensverwachting

De professor haalt wetenschappelijke onderzoeken aan waaruit onomstotelijk blijkt dat de hoogte van iemands opleiding voor 80% door intelligentie wordt bepaald, die voor 50% tot 80% genetisch is bepaald. Tegenwoordig worden dit soort conclusies nergens meer aangehaald, omdat ze ‘discriminerend’ zouden zijn voor bevolkingsgroepen met een duidelijk lagere gemiddelde intelligentie – niet geheel toevallig voornamelijk bepaalde groepen allochtonen.

Zo blijkt uit een actueel onderzoek onder 5,2 miljoen Duitse gepensioneerden dat degenen met de hoogste opleiding niet alleen het hoogste inkomen, maar ook de hoogste levensverwachting hebben. Dit onderzoek blijkt tevens indicatief te zijn voor de situatie in het grootste deel van de rest van Europa.

‘Niets schadelijker voor een land dan komst groot aantal allochtonen’

De meeste migranten die naar Europa komen zijn echter extreem slecht opgeleid. Het overgrote deel van hen zal hun leven lang afhankelijk blijven van uitkeringen en andere sociale voorzieningen. De gevolgen hiervan zijn bijna huiveringwekkend politiek-incorrect:

‘De in Duitsland (en Europa) dreigende afbraak van de cultuur door de immigratie van opleidingsarme bevolkingsgroepen is –in tegenstelling tot een economische terugslag- een voor generaties onomkeerbare ontwikkeling. Net zoals er voor een gezin niets ergers is als hun kinderen zonder opleiding volwassen worden, zo kan er voor een land niets schadelijker zijn dan dat de autochtonen vanwege vermeende economische voordelen in grote aantallen worden vervangen door opleidingsarme bevolkingen.’

Immigratie verergert problemen

Die conclusie is volkomen tegengesteld als wat wij er door de media en politiek ingehamerd krijgen, namelijk dat de demografische (veroudering) problemen kunnen en moeten worden opgelost door immigratie. Dat beleid van Brussel en ook Den Haag zal die problemen juist fors verergeren:

‘De immigranten die nu bijvoorbeeld 30 zijn behoren over drie decennia tot de groep van 60-jarigen en ouderen. Op die wijze heeft de immigratie een dubbel effect: op de korte en middellange termijn bewerkt ze een verjonging van de bevolking, maar op de lange termijn zwakt het verjongingseffect weer af, en verandert deze in het tegendeel.’

‘Als men de percentuele stijging van het aantal ouderen in Duitsland wil stoppen door immigratie, dan moeten er volgens berekeningen van de VN tot 2050 netto 188 miljoen mensen meer immigreren als emigreren.’ Bedenk dat Duitsland op dit moment 81 miljoen inwoners heeft. Voor veel anderen landen gelden vergelijkbare verhoudingen.

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Pensioenen worden onbetaalbaar

Geen wetenschapper bestrijdt deze cijfers, maar politiek en media blijven ze desondanks negeren. De ons voorgehouden ‘waarheid’ is dat we jaarlijks miljoenen immigranten ‘nodig hebben’ om de percentuele veroudering van de bevolking niet verder te laten stijgen.

Birg legt uit dat dit een totale illusie is, en dat de pensioenleeftijd juist steeds verder zal moeten worden opgetrokken, niet alleen naar 67 –zoals onlangs in Nederland en Duitsland is gebeurd-, maar zelfs naar 72. Bovendien zal de hoogte van een pensioen tegen die tijd slechts de helft bedragen van nu, omdat ze juist door al die immigranten onbetaalbaar zullen zijn geworden.

‘Demografische plaag’

Oplossingen ziet Birg wel, zoals het korten van de pensioenen van mensen zonder kinderen. Hij laat met overtuigende argumenten zien dat ‘immigratie uit het buitenland op den duur geen vervanging is voor geboorten in het binnenland.’

De professor spreekt zelfs van een ‘demografische plaag’, omdat de verschillen tussen jong en oud, tussen mensen met en zonder kinderen, tussen autochtonen en allochtonen, tussen arm en rijk en tussen de verschillende (Europese) regio’s jaarlijks steeds groter worden.

‘Ouders en gezinnen bevoordelen’

Tot slot haalt Birg een hoge vertegenwoordiger uit het Duitse bedrijfsleven aan, die tijdens een demografieforum in Berlijn zei dat ‘het roer in Duitsland niet meer omgekeerd kan worden. Mijn vier zonen zullen allemaal uit Duitsland emigreren.’ De professor vindt het schandalig dat de economische elite zo denkt, omdat het roer naar zijn overtuiging wel degelijk weer in de goede richting kan worden gezet. Dat kan bijvoorbeeld door ouders, moeders en gezinnen met kinderen voorrang te geven bij het geven van banen.

Ondermijning samenleving gaat voorlopig verder

Gezien de volkomen tegengestelde idealen van ‘links’ en ‘liberaal’ is zoiets anno 2015 echter nog onvoorstelbaar. De ondermijning van het gezin als hoeksteen van de maatschappij zal daarom -net als de afbraak van onze cultuur, samenleving, waarden en uiteindelijk ook onze welvaart door de komst van grote aantallen (moslim) immigranten- ook de komende jaren onverminderd verder gaan.


Xander

(1) KOPP

Zie ook o.a.:

08-06: Britse marine waarschuwt voor komst half miljoen Afrikaanse migranten deze zomer (/ EU nodigt immigranten feitelijk uit oversteek naar Europa te wagen)
31-05: Toestroom vluchtelingen: Nederland en Europa importeren moslimoorlog tegen christenen (/ Twee derde christelijke asielzoekers in Nederland met dood bedreigd door moslims)

“Cioran, la naissance et le Zen”

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“Cioran, la naissance et le Zen”

par Massimo Carloni
Ex: https://emcioranbr.wordpress.com

Article paru dans Alkemie Revue semestrielle de littérature et philosophie, numéro 9 / Juin 2012 (thème: L’être)

Abstract: This article suggests approaching the problem of the birth in Cioran. By interpreting the fall from Heaven as the exile, Cioran aims at subtracting the narrative of the Genesis from the moral dialectic innocence/fault towards God, to conjugate it with the profound intuitions on the consciousness of the Zen Buddhism.

L’esprit humain n’est pas la pensée, mais le vide et la paix
qui forment le fond et la source de la pensée.
Houeï-nêng

Être homme signifie précisément être conscient. Être détaché de soi-même, en fuite perpétuelle de ce qu’on est, pour saisir ce qu’on n’est pas.

Bien avant d’être le sujet d’un livre ou d’un article, la naissance a été pour Cioran surtout une obsession, dont il ne s’est jamais libéré. S’acharner contre sa propre venue au monde… Comment une telle folie serait-elle concevable ? Pourquoi donc se vouer à une cause déjà perdue d’avance ? À quoi bon se tourmenter avec l’Insoluble ? En effet, au moment même où nous discutons de la naissance, il est déjà trop tard : « Ne pas naître est sans contredit la meilleure formule qui soit. Elle n’est malheureusement à la portée de personne »[1]. Le forfait, à vrai dire, est désormais accompli, cependant s’arrêter sur cet événement capital n’est pas une occupation oisive, au contraire, car elle pourrait bien se révéler une expérience libératrice.

En glissant sur le problème de la naissance, le Christianisme perdit ab initio l’essentiel de la Genèse transmis par la tradition. Le Bouddhisme, au contraire, en fit l’un des points fondamentaux de sa doctrine. Quant à Cioran, son interprétation magistrale du récit de la Genèse, vise à  le soustraire à la dialectique morale innocence/culpabilité envers Dieu, pour le conjuguer avec les profondes intuitions du bouddhisme Zen.[2]

  1. L’exil de la conscience

Au-delà du langage mythique, la chute originaire du Paradis raconte le drame de la conscience, la tentation du savoir qui se révèlera être fatale à l’homme. Effectivement, botaniste exécrable, l’homme opta pour le faux arbre: il préféra l’arbre de la Connaissance à celui de la Vie. On lit alors dans la Bible : « ses yeux se sont ouverts ». Royaume de l’évidence inarticulée, « le Paradis était l’endroit où l’on savait tout mais où l’on n’expliquait rien. L’univers d’avant le péché, d’avant le commentaire »[3], glose Cioran. L’avènement de la conscience établit donc une fracture, une discontinuité dans l’économie de l’être. L’individu naît donc comme une entité séparée psychiquement de son milieu. Cioran rappelle distinctement l’épisode de son enfance qui marqua en lui le réveil de la conscience, par laquelle il entendit, pour la première fois, le poids d’être au monde.

Tout à coup, je me trouvai seul devant… Je sentis, en cet après-midi de mon enfance, qu’un événement très grave venait de se produire. Ce fut mon premier éveil, le premier indice, le signe avant-coureur de la conscience. Jusqu’alors je n’avais été qu’un être. À partir de ce moment, j’étais plus et moins que cela. Chaque moi commence par une fêlure et une révélation.[4]

En nommant les êtres vivants et les choses, l’homme crée une opposition entre soi et le monde. En vertu d’un savoir purement abstrait et par la médiation logique de l’idée, il s’imagine pouvoir reconstituer l’unité originaire du réel, en gouvernant ainsi le devenir. En vain. Car il ne fera qu’agrandir de plus en plus le gouffre qui le sépare du sein de la Nature. « Au plus intime de lui-même, l’homme aspire à rejoindre la condition qu’il avait avant la conscience. L’histoire n’est que le détour qu’il emprunte pour y parvenir. »[5]

Naturellement intentionnelle, la conscience est toujours conscience-de-quelque-chose. En établissant la distinction originaire entre soi-même et l’autre, la conscience structure l’expérience en un sens dualiste (sujet vs objet), conformément à la logique discursive de l’intellect. De cette façon l’ontologie de la substantia, qui classifie les organismes en vertu de leur différence essentielle, se superpose à l’interdépendance primordiale (relatio) de tous les phénomènes, où ceux-ci sont le produit momentané d’un réseau de conditionnements réciproques entre éléments dépourvus de nature propre. Ce faisant l’homme, ce « transfuge de l’être »[6], accomplit un saut en dehors du flux vital où il était immédiatement plongé, hors de l’inconscience d’un éternel présent qui le tenait à l’abri, sinon de la mort – l’arbre de la Vie lui était quand même interdit – au moins de la mortalité.

Auparavant il mourait sans doute, mais la mort, accomplissement dans l’indistinction primitive, n’avait pas pour lui le sens qu’elle a acquis depuis, ni n’était chargée des attributs de l’irréparable. Dès que, séparé du Créateur et du crée, il devint individu, c’est-à-dire fracture et fissure de l’être, et que, assumant son nom jusqu’à la provocation, il sut qu’il était mortel, son orgueil s’en agrandit, non moins que son désarroi.[7]

Il en découle une fuite en avant désespérée, à corps perdu, vers l’extérieur, vers l’histoire, pour exorciser cette peur de mourir qui fait corps avec son premier instant. La conscience d’être hic et nunc et la conscience de sa propre mortalité se soutiennent réciproquement, ce sont le recto et le verso de de la même médaille. Le cercle vicieux dans lequel l’homme est tombé depuis Adam, est déterminé par la prétention de se sauver consciemment de la catastrophe de la conscience, en se sauvant à la manière de Munchausen, qui tire sur ses propres cheveux. Une telle ambition équivaut à « refaire l’Éden avec les moyens de la chute »[8]. Si « naître c’est s’attacher »[9], intentionnellement ou non, à notre moi et aux choses du monde, pour en sortir il faut parcourir à reculons le chemin, « faire éclater les catégories où l’esprit est confiné »[10], rétablir la condition originaire antérieure à la dichotomie sujet-objet. Autrement dit, il faut renaître sous l’arbre de la Vie.

L’inconscience est le secret, le « principe de vie » de la vie. Elle est l’unique recours contre le moi, contre le mal d’être individualisé, contre l’effet débilitant de l’état de conscience, état si redoutable, si dur à affronter, qu’il devrait être réservé aux athlètes seulement.[11]

  1. Le visage originaire avant la naissance

L’état d’inconscience évoqué par Cioran n’a rien à voir avec l’inconscient de la psychanalyse. Pour Cioran il s’agit donc de révéler les convergences surprenantes de cette inconscience avec ce que le bouddhisme Zen, dans ses différents courants, définit parfois comme : Nature-Bouddha, non-esprit (Wu-hsin), non-pensée (Wu-nien), « visage originaire avant la naissance » (pien-lai mien-mu), non-né (fusho).[12] Cioran même décrit la délivrance comme « état de non-pensée »[13] et il envisage d’écrire un essai à propos de cette condition.[14]

Cette concordance n’est pas le fruit du hasard. À partir des années 1960 – comme en témoignent les Cahiers – Cioran montre un intérêt croissant pour l’interprétation pragmatique du bouddhisme élaborée par le Zen. La virulence anti-métaphysique, typique de la tradition chinoise et japonaise, se marie à merveille avec son anti-intellectualisme viscéral.

Conversant avec un chinois de Hong-Kong, Cioran partage avec lui la méfiance vers la philosophie occidentale « qu’il trouve verbeuse, superficielle, extérieure, car dépourvue de réalité, de pratique ».[15] À un moment donné Cioran arrivera à définir Mozart et le Japon comme « les résultats les plus exquis de la Création ».[16] Charmé par la délicatesse nippone, il recopiera une page entière du livre de Gusty Herrigel sur l’Ikebana, ou « l’art d’arranger les fleurs ».[17] Pendant l’hiver 1967, Cioran ressentira une pitié authentique pour les fleurs de son balcon, exposées au froid intense, au point de les emmener avec soin dans sa  mansarde pour les protéger.[18]

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Chez Cioran, le refus de la conscience n’est rien d’autre que « la nostalgie de ce temps d’avant le temps »[19] où le bonheur consistait dans un « regard sans réflexion ».[20] Parce qu’elle perturbe la spontanéité du geste, l’activité consciente fausse la vie. Préfigurant un but à atteindre, l’esprit se scinde en spectateur et en acteur, et se place à la fois dans et hors de l’action. Le geste s’accomplit donc dans un état de tension, d’effort conscient, car l’esprit est troublé par les conséquences possibles de son action à venir.

 Toute activité consciente gêne la vie. Spontanéité et lucidité sont incompatibles.
Tout acte essentiellement vital, dès que l’attention s’y applique, s’accomplit avec peine et laisse après soi une sensation d’insatisfaction.
L’esprit joue par rapport aux phénomènes de la vie le rôle d’un trouble-fête.
L’état d’inconscience est l’état naturel de la vie, c’est en lui qu’elle est chez elle, qu’elle prospère et qu’elle connaît le sommeil bienfaisant de la croissance. Dès qu’elle se réveille, dès qu’elle veille surtout, elle devient haletante et oppressée, et commence à s’étioler.[21]

Le Zen, dont l’esprit imprègne tous les arts japonais, reconduit l’homme à la réalité du hic et nunc, à l’« ainsité » (tathata)[22]. Afin de se syntoniser sur la longueur d’onde de la vie, il faut que le geste de l’artiste, comme du samouraï d’ailleurs, soit spontané, sans hésitations ; il faut que le geste surgisse du vide de la pensée, en oubliant aussi la technique apprise. Autrement dit, il faut que l’art soit à tel point intériorisée jusqu’à devenir connaissance du corps, en sorte que celui-ci puisse réagir à la situation de manière autonome et instantanée, en éludant la direction de la conscience. Seulement si la technique (waza), l’énergie vitale (Ki) et l’esprit (shin), sont fusionnés harmonieusement, sans que l’une prévale sur les autres, l’action résulte efficace et opportune. Comme une balle flottant dans une rivière, portée par le courant, l’esprit doit couler sans s’arrêter sur rien[23]. À ce propos D.T. Suzuki soutient que

La vie se dessine de soi sur la toile nommé le temps – et le temps ne se répète jamais, une fois passé il ne revient plus. Il en est de même pour l’acte : une fois accompli, il ne peut plus être défait. La vie est comme la peinture nommée sumi-e, qui est peinte d’un seul jet, sans hésitations, sans intervention de l’intellect, sans corrections. La vie n’est pas comme une peinture à l’huile qu’on peut effacer et retoucher jusqu’à ce que l’artiste en soit satisfait. Dans la peinture sumi-e chaque coup de pinceau qu’on passe une deuxième fois devient une tache, il n’a plus rien de vivant […] Et il en est de même pour la vie. Ce qu’elle est devenue par notre action nous ne pouvons plus le reprendre, ou mieux nous ne pouvons même plus effacer pas ce qui est passé à travers notre conscience simplement. Ainsi le Zen doit être cueilli pendant que la chose arrive, ni avant ni après : dans l’instant.[24]

Avec perspicacité, Cioran établit une corrélation directe entre l’immédiat et le réel, d’un côté, et la souffrance et la conscience de l’autre. Takuan Sōhō lui fait écho, lorsqu’il affirme que « Dans le bouddhisme nous détestons cet arrêt, cet hésitation de l’esprit sur l’une ou l’autre chose, que nous définissons comme étant la souffrance » [25]. L’excès d’auto-conscience fait de l’homme un système hautement instable, sensible aux moindres sollicitations du milieu, aussi bien extérieur qu’intérieur. Cela crée un état d’anxiété, d’oscillation entre contraires, qui retarde l’agir ou le rend gêné et inefficace. L’obsession du contrôle, le besoin spasmodique de sûreté et de certitudes préventives, sont autant de témoignages montrant que l’homme est sorti de la spontanéité de la vie, et qu’il vit dans un état d’agitation fiévreuse, incapable de concilier la réalité du vécu avec l’idée qu’il a élaboré a priori. Entre les espèces vivantes, l’homme est le plus souffrant, car il est parvenu au plus haut degré de conscience de soi.

Il vaut mieux être animal qu’homme, insecte qu’animal, plante qu’insecte, et ainsi de suite. Le salut ? Tout ce qui amoindrit le règne de la conscience et en compromet la suprématie.[26]

Alors, comme peut-on retrouver en soi-même cette « virginité ‘‘métaphysique’’ »[27], qui permet de percevoir les éléments comme si on les voyait pour la première fois, « au lendemain de la Création »[28] et « avant la Connaissance »[29] ? Il faut avant tout discerner la vacuité intrinsèque des choses, des mots qui les désignent et, finalement, de la conscience du moi empirique. Autrement dit, il faut démolir complètement la conception ordinaire de la réalité, en même temps que l’armature logique qui la soutient.

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Les maîtres Zen étaient harcelés par leurs élèves, à propos de questions sur l’essence dernière du bouddhisme. Pour arrêter chez les novices le flux de la pensée discursive, les maîtres Zen adoptèrent une série de stratégies, soit verbales soit physiques, telles que : le kōan, le paradoxe, la contradiction, le cri, le coup de bâton, le gifle, l’indication directe… Cette pars destruens du Zen vise à provoquer un choc psychologique, un court-circuit intellectuel, jusqu’à ce que « le langage soit réduit au silence et la pensée n’ait aucune voie à suivre » .[30] Il faut tuer dans l’œuf chaque tentative de fuite de la réalité vers le symbolique. Interroger le maître, c’est encore croire à la connaissance objective, doctrinale, séparée de l’ignorance ; c’est détourner l’attention de soi-même, c’est sacrifier sur l’autel d’un absolu métaphysique l’instant éternel qu’on vit. De ce point de vue, le kōan peut être considéré comme un paradigme de la vie elle-même, dont la complexité ne demande pas une compréhension simplement intellectuelle, mais toujours existentielle, vécue complètement dans l’instant.

Pour éviter tout cela, le Zen invite à expérimenter le Néant, c’est-à-dire le stade où on arrive à reconnaître que « les montagnes ne sont plus des montagnes »[31] (A n’est pas A), où les choses, en perdant leur essence et leurs déterminations, glissent vers le vide. Suzuki à ce propos soutient que « le Zen est une philosophie de négations absolues qui sont en même temps affirmation absolues » .[32] Cioran aussi répondit dans ces termes à une question sur son côté nihiliste

Je suis sûrement un négateur, mais ma négation n’est pas une négation abstraite, donc un exercice ; c’est une négation qui est viscérale, donc affirmation malgré tout, c’est une explosion ; est-ce qu’une gifle est une négation ? Donner une gifle n’est-ce pas… c’est une affirmation, mais ce que je fais ce sont des négations qui sont des gifles, donc ce sont des affirmations.[33]

Ce que les critiques occidentaux interprètent de manière expéditive, chez Cioran, comme étant du nihilisme, du pessimisme, est en réalité une tentative extrême pour emmener le lecteur – et peut-être lui-même – en face de son propre néant, afin que l’esprit, vidé de tout contenu, puisse retourner à la surface des choses, en se réveillant à la perception pure de toute réflexion. « Le véritable bonheur, c’est l’état de conscience sans référence à rien, sans objet, où la conscience jouit de l’immense absence qui la remplit. »[34).

  1. La châtaigne et le satori

Que Cioran le sache ou non, quand il soutient que « connaître véritablement, c’est connaître l’essentiel, s’y engager, y pénétrer par le regard et non par l’analyse ni par la parole », il nous fournit une définition du satori, ou connaissance intuitive, non duale, transcendante, qui recueille instantanément la nature de la réalité. Sur ce point, D. T. Suzuki précise :

Le satori peut être défini comme une pénétration intuitive de la nature des choses, par opposition à leur compréhension analytique ou logique. Pratiquement, il comporte le déploiement devant nous d’un nouveau monde, jamais perçu auparavant à cause de la confusion de notre esprit orienté de façon dualiste. On peut dire de plus que, par le satori, tout ce qui nous entoure nous apparaît selon une perspective insoupçonnée.[35]

Regarder sa nature originaire n’est jamais le résultat d’une pratique méditative, et encore moins le contenu d’une connaissance transmissible. Une fois que notre esprit est engorgé de notions conceptuelles, il se trouve bloqué par le Grand Doute ; dès lors, un événement quelconque, même le plus insignifiant, est à même d’éveiller la conscience.

C’est d’ailleurs ce que connut Hsiang-yen (? -898), élève de Kuei-shan. Le maître lui demanda quel était son visage originaire d’avant la naissance, mais Hsiang-yen ne répondit pas. Dans l’espoir de trouver la réponse à son kōan, il compulsa en vain tous ses livres. Alors, dans un accès de colère, il brûla tous les textes, bien qu’il continuât à se tourmenter au sujet de ce problème insoluble. Un jour, pendant qu’il arrachait les mauvaises herbes du terrain, il heurta une pierre laquelle, par ricochet, frappa à son tour une canne de bambou : c’est ainsi que Hsiang-yen obtint son satori.[36] Même Cioran expérimente un état d’âme identique, lorsqu’il écrit :

Comme je me promenais à une heure tardive dans cette allée bordée d’arbres, une châtaigne tomba à mes pieds. Le bruit qu’elle fit en éclatant, l’écho qu’il suscita en moi, et un saisissement hors de proportion avec cet incident infime, me plongèrent dans le miracle, dans l’ébriété du définitif, comme s’il n’y avait plus de questions, rien que des réponses. J’étais ivre de mille évidences inattendues, dont je ne savais que faire…
C’est ainsi que je faillis avoir mon satori. Mais je crus préférable de continuer ma promenade[37].

Au-delà du mot adopté et de l’ironie finale, il n’y a pas de doute que l’expérience rappelle une expression clé de l’esthétique japonaise, ce mono no aware qui désigne un certain « pathos (aware) des choses (mono) », c’est-à-dire le sentiment ressenti par l’observateur face à la beauté éphémère des phénomènes, lorsque il est pénétré par la brève durée d’une telle splendeur, destinée à s’évanouir de même que celui qui la contemple est voué à disparaître.[38] Ce n’est pas par hasard que, entre les sens du mot aware, on peut trouver celui de compassion, dans le sens étymologique de cum-patire, de souffrir ensemble, qui rapproche l’homme du reste de la nature, liés par un même destin fugace. En reprenant dans les Cahiers l’épisode de la châtaigne, Cioran souligne justement cette vérité métaphorique

Tout à l’heure, en faisant ma promenade nocturne, avenue de l’Observatoire, une châtaigne tombe à mes pieds. « Elle a fait son temps, elle a parcouru sa carrière », me suis-je dit. Et c’est vrai : c’est de la même façon qu’un être achève sa destinée. On mûrit, et puis on se détache de l’« arbre » [39]

Il est symptomatique qu’ailleurs, pour désigner ce clair obscur de l’âme, Cioran utilise une expression typique de l’esthétique japonaise, employée lorsqu’on perçoit « le ah ! des choses »[40]. Ce soupir évocateur, en saisissant la nature impermanente de la vie, indique un sentiment inexplicable de plaisir subtil, imprégné d’amertume, devant chaque merveille qu’on sait périssable. Si d’un côté telle disposition dévoile le côté mélancolique de l’existence, d’un autre côté, il en émane un certain charme du monde qui, en dernière analyse, ne mène pas à la résignation, mais confère un sursaut de vitalité à l’âme de l’observateur.[41]

Le spectacle de ces feuilles si empressées à tomber, j’ai beau l’observer depuis tant d’automnes, je n’en éprouve pas moins chaque fois une surprise où «le froid dans le dos » l’emporterait de loin sans l’irruption, au dernier moment, d’une allégresse dont je n’ai pas encore démêlé l’origine.[42]

Ce sentiment, par les traits morbides de la Vergänglichkeit, ou de la caducité universelle, revient dans toute une série d’impressions notées dans les Cahiers. En maintes occasions Cioran montre qu’il a éprouvé l’expérience du vide mental, de dépouillement intérieur, qui aboutit à une perception absolue de la réalité. De même que le peintre zen se fait creux pour accueillir l’événement qu’il va représenter, pour devenir lui même la chose contemplée, de même, Cioran propose de se rendre totalement passif comme un « objet qui regarde »[43] : « l’idée, chère à la peinture chinoise, de peindre une forêt ‘‘telle que la verraient les arbres’’… ».[44] Du reste, c’est seulement ainsi qu’il est possible de « remonter avant le concept, [d’]écrire à même les sens ».[45] Autrement dit, il faut « Écarter la pensée, se borner à la perception. Redécouvrir le regard et les objets, d’avant la Connaissance ».[46] Le 25 décembre 1965, il note :

Le bonheur tel que je l’entends : marcher à la campagne et regarder sans plus, m’épuiser dans la pure perception.[47]

La contemplation permet de retrouver la dimension éternelle du présent, non contaminée par les fantômes du passé et par les anxiétés de l’avenir. Être entièrement dans un fragment de temps, totalement absorbé par le « hic et nunc » que nous sommes en train de vivre, car, en dehors de l’instant opportun, tout est illusion.

Autrefois un moine demanda à Chao-chou (778-897), un des plus grands maîtres Zen : « Dis-moi, quel est le sens de la venue du Premier Patriarche de l’Ouest ? »[48] Chao-chou répondit : « Le cyprès dans la cour ! » [49]  Or, si pour le sens commun la réponse semble totalement insensée, en revanche, dans l’optique Zen, elle ne l’est pas. Chao-chou soustrait le moine à la métaphysique aride de la pensée discursive, pour le reconduire à la poésie vivante de la réalité. À ce moment-là le cyprès recèle en lui-même le monde entier, bien plus que la réponse doctrinale attendue par le moine. Chao-chou et le moine, dans leur perception immédiate, sont le cyprès. L’être, dans sa nature indifférenciée, se révèle comme VOIR le cyprès. Cioran n’est pas loin de la spiritualité Zen lorsqu’il affirme :

Marcher dans une forêt entre deux haies de fougères transfigurées par l’automne, c’est cela un triomphe. Que sont à côtés suffrages et ovations ? [50]

Ailleurs Cioran parle du vent en tant qu’ « agent métaphysique »[51], révélateur donc de réalités inattendues : écouter le vent « dispense de la poésie, est poésie ».[52] L’insomnie et les réveils brusques au cœur de la nuit, le comblèrent souvent de visions ineffables, d’une béatitude paradisiaque.

Insomnie à la campagne. Une fois, vers 5 heures du matin, je me suis levé pour contempler le jardin. Vision d’Éden, lumière surnaturelle. Au loin, quatre peupliers s’étiraient vers Dieu.[53]

Durant l’été 1966, à Ibiza, après une énième veillée nocturne, c’est encore la beauté déchirante du paysage qui déjoue les sombres résolutions suicidaires.

Ibiza, 31 juillet 1966. Cette nuit, réveillé tout à fait vers 3 heures. Impossible de rester davantage au lit. Je suis allé me promener au bord de la mer, sous l’impulsion de pensées on ne peut plus sombres. Si j’allais me jeter du haut de la falaise ? […] Pendant que je faisais toute sorte de réflexions amères, je regardai ces pins, ces rochers, ces vagues « visités » par la lune, et sentis soudain à quel point j’étais rivé à ce bel univers maudit.[54]

Un autre aspect qui rapproche Cioran du Zen, réside dans une prise de conscience : la vie authentique est propre au cioban, au rustique qui vit au contact de la nature et qui gagne sa vie par le travail manuel[55]. Les années d’enfance, passées en tant qu’« enfant de la nature »[56], « Maître de la création »[57] dans la campagne transylvanienne, ont certainement été comme un imprinting pour Cioran, cependant même le Cioran adulte expérimente en maintes occasions ce qu’il appelle « le salut par les bras ».[58] Il va jusqu’à sanctifier la fatigue physique, car, en abolissant la conscience, elle empêche l’inertie mentale qui aboutit au cafard.[59] Finalement, il caresse un rêve :

 avoir une «propriété », à une centaine de kilomètres de Paris, où je pourrais travailler de mes mains pendant deux ou trois heures tous les jours. Bêcher, réparer, démolir, construire, n’importe quoi, pourvu que je sois absorbé par un objet quelconque – un objet que je manie. Depuis des années déjà, je mets ce genre d’activité au-dessus de toutes les autres ; c’est elle seule qui me comble, qui ne me laisse pas insatisfait et amer, alors que le travail intellectuel, pour lequel je n’ai plus de goût (bien que je lise toujours beaucoup, mais sans grand profit), me déçoit parce qu’il réveille en moi tout ce que je voudrais oublier, et qu’il se réduit désormais à une rencontre stérile avec des problèmes que j’ai abordés indéfiniment sans les résoudre.[60]

D’après le Zen, l’esprit quotidien est la Voie (chinois : Tao, japonais : Do). Donc, soutient Lin-tsi, il n’y a rien de spécial à faire (wu-shih) : « allez à la selle, pissez, habillez-vous, mangez, et allongez-vous lorsque vous êtes fatigués. Les fous peuvent rire de moi, mais les sages savent ce que je veux dire ». [61] Les maîtres Zen, sans différences de rang, s’occupaient des champs, du ménage, préparaient les repas, de telle sorte qu’aucun travail manuel n’était pour eux humiliant. Pendant ces activités, ils donnaient leçons pratiques aux disciples ou bien ils répondaient à leurs interlocuteurs de manière tranchante…

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Chao-chou était occupé à nettoyer lorsque survint le ministre d’État Liu, qui, en le voyant si occupé, lui demanda : « Comment se fait-il qu’un grand sage, comme vous, balaye la poussière ? » « La poussière vient d’ailleurs », répondit promptement Chao-chou. Une fois reconquise l’esprit originaire, alors chaque chose, même la plus prosaïque, s’illumine d’immensité : « Faculté miraculeuse et merveilleuse activité ! / Je tire l’eau du puits et fends le bois ! ».[62]

  1. Tuer le Bouddha

Afin de voir le visage originaire qui précède la naissance, il nous faut encore surmonter un dernier obstacle, peut-être le plus ardu, puisqu’il s’agit de la sainte figure de l’Éveillé, le Bouddha même. S’il est vrai que, comme l’écrit le dernier Cioran, « Tant qu’il y aura encore un seul un dieu debout, la tâche de l’homme ne sera pas finie »[63], alors le Zen a accompli sa mission depuis longtemps. Il y a mille deux cents ans, Lin-tsi exhorta ses disciples à ne rien chercher en dehors de soi-même, ni le Dharma, ni le Bouddha, ni aucune pratique ou illumination. Il ne faut seulement avoir une infinie confiance dans ce qu’on vit à chaque instant, le reste est une fuite illusoire de l’esprit qu’il faut éviter à tout prix. C’est comme si nous avions une autre tête au-dessus de celle-là que nous portons déjà.

Disciples de la Voie, si vous voulez percevoir le Dharma en sa réalité, simplement ne vous faites pas tromper par les opinions illusoires des autres. Peu importe ce que vous rencontriez, soit au-dedans soit au dehors, tuez-le immédiatement : en rencontrant un bouddha tuez le bouddha, en rencontrant un patriarche tuez le patriarche, en rencontrant un saint tuez le saint, en rencontrant vos parents tuez vos parents, en rencontrant un proche tuez votre proche, et vous atteindrez l’émancipation. En ne vous attachant pas aux choses, vous les traversez librement.[64]

Cioran talonne Lin-tsi sur cette voie, lorsqu’ il affirme qu’ « être rivé à quelqu’un, fût-ce par admiration, équivaut à une mort spirituelle. Pour se sauver, il faut le tuer, comme il est dit qu’il faut tuer le Bouddha. Être iconoclaste est la seule manière de se rendre digne d’un dieu ».[65] Moines qui crachent sur l’image du Bouddha[66] ou qui en brûlent la statue de bois pour se réchauffer, l’utilisation des écritures sacrées comme papier hygiénique, etc. : là où les autres confessions ne voient que sacrilèges, le zen voit des actes vénérables. Une telle fureur iconoclaste se révèle plus nécessaire que jamais, puisque implique une pratique de la vacuité universelle. L’invitation de Lin-tsi à nous allonger, sans attachement, sur la réalité des phénomènes, détruit à la racine n’importe quelle séparation entre sacré et profane, entre nirvāna et samsāra, entre illumination et ignorance. Cioran l’a bien compris, lorsqu’il nous exhorte à « Aller plus loin encore que le Bouddha, s’élever au-dessus du nirvâna, apprendre à s’en passer…, n’être plus arrêté par rien, même par l’idée de délivrance, la tenir pour une simple halte, une gêne, une éclipse… ».[67]

L’élégance suprême et paradoxale du Zen, ce qui le rend supérieur à n’importe quelle autre expérience spirituelle, c’est sa capacité, après avoir tout démoli, à se démolir lui-même, tranquillement. Une fois « plongé » dans la littérature Zen, et après en avoir assimilé la leçon, Cioran flaire le danger et comprend que le moment est venu de s’en détacher. L’expérience de la vacuité doit provenir de soi-même, de ses sensations : « Sur le satori, on ne lit pas ; on l’attend, on l’espère ».[68]

« Les montagnes sont de nouveau des montagnes, les eaux de nouveau des eaux  »… à quoi bon s’efforcer d’obtenir quelque chose ?

Le spectacle de la mer est plus enrichissant que l’enseignement du Bouddha.[69]

NOTES:

[1] Cioran, De l’inconvénient d’être né, in Œuvres, Paris, Gallimard, coll. « Quarto », 1995, p. 1400. Toutes les références  aux œuvres de Cioran sont extraites de cette édition, alors que les œuvres d’autres auteurs sont tirées d’éditions italiennes, sauf exception notifiée le cas échéant. Les traductions sont de l’Auteur (T.d.A.).

[2] D.T. Suzuki avait déjà tenté un premier parallèle entre la Genèse et le bouddhisme : « L’idée judéo-chrétienne de l’Innocence est l’interprétation morale de la doctrine bouddhiste de la Vacuité, qui est métaphysique ; alors que l’idée judéo-chrétienne de la Connaissance correspond, du point de vue épistémologique, à la notion bouddhique de l’Ignorance, encore que l’Ignorance soit superficiellement le contraire de la Connaissance », in D.T. Suzuki, « Sagesse et vacuité », Hermès, n° 2 « Le vide. Expérience spirituelle en Occident et en Orient », Paris, 1981, p. 172.  

[3] De l’inconvénient d’être né, p. 1372.

[4] Ibid., p. 1399.

[5] Ibid, p. 1346.

[6] La Chute dans le temps, p. 1076.

[7] Ibid, p. 1073.

[8] Histoire et utopie, p. 128.

[9] De l’inconvénient d’être né, p. 1283.

[10] Cahiers. 1957-1972, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1997, p. 139.

[11] Ibid., p. 156.

[12] Houeï-nêng (638-713), le sixième patriarche fondateur de l’école Ch’an du sud, se demande : « Qu’est-ce qu’est le wu-nien, l’absence de pensée ? Voir toutes les choses, pourtant maintenir notre esprit pur de chaque tache et de chaque attachement – celle-ci est l’absence de pensée » cit. in D.T. Suzuki, La dottrina Zen del vuoto mentale, Astrolabio-Ubaldini, Roma, p. 105. (T.d.A.). Takuan Sōhō (1573-1645), maître japonais de l’école Rinzai-shu, écrit : « En réalité, le vrai Soi est le soi qui existait avant la division entre ciel et terre, et avant encore la naissance du père et de la mère. Ce soi est mon soi intérieur, les oiseaux et les animaux, les plantes et les arbres et tous les phénomènes. C’est exactement ce que nous appelons la nature du Bouddha », cit. in Takuan Sōhō, La mente senza catene, Rome, Edizioni Mediterranee, 2010, p. 109 (T.d.A.). Le non-né ou non-produit est un terme forgé par le maître japonais Bankei (1622-1693) pour indiquer l’esprit bouddhique, antérieur à la scission opérée par la conscience.

[13] Cahiers, op. cit., p. 728.

[14] « J’ai l’intention d’écrire un essai sur cet état que j’aime entre tous, et qui est celui de savoir qu’on ne pense pas. La pure contemplation du vide. » Ibid., p. 300.

[15]Ibid., p. 298. À cette occasion, Cioran décrit ainsi son interlocuteur : « Extrêmement intelligent et insaisissable. Son mépris total pour les Occidentaux. J’ai eu nettement l’impression qu’il m’était supérieur, sentiment que je n’ai pas souvent avec les gens d’ici. »

[16] Ibid., p. 364.

[17] Ibid., p. 366.

[18] Ibid., p. 457.

[19] De l’inconvénient d’être né, p. 1281.

[20] Cahiers, op. cit., p. 94.

[21] Ibid., p. 119.

[22] Littéralement « ce qui est ainsi », ou bien, voir les choses telles qu’elles sont. Dans l’interview avec Christian Bussy, réalisée à Paris le 19 février 1973 pour la télévision belge, Cioran argumente : « Je crois effectivement que voir les choses telles qu’elles sont rend la vie presque intolérable. En ce sens que j’ai remarqué que tous les gens qui agissent ne peuvent agir que parce qu’ils ne voient pas les choses telles qu’elles sont. Et moi, parce que je crois avoir vu, disons, en partie les choses comme elles sont, je n’ai pas pu agir. Je suis toujours resté en marge des actes. Alors, est-ce qu’il souhaitable pour les hommes de voir les choses telles qu’elles sont, je ne sais pas. Je crois que les gens en sont généralement incapables. Alors, il est vrai que seul un monstre peut voir les choses telles qu’elles sont. Puisque le monstre, il est sorti de l’humanité ». Le texte nous a été fourni par Christian Bussy, que nous remercions.

[23] Cf. Takuan Sōhō, Op. cit., p. 31.

[24] D.T. Suzuki, Saggi sul buddismo Zen, Rome, Edizioni Mediterranee, 1992, vol. I, p. 282. La peinture à l’encre noire (sumi-e) se produit sur du papier de riz, rêche, mince et assez absorbant, cela ne permet pas d’avoir des mouvements de pinceau hésitants, car il en résulterait des taches: il faut que le peintre agisse soudainement et avec netteté, sans revirements, comme s’il maniait une épée.

[25] Takuan Sōhō, Op. cit., p. 31.

[26] De l’inconvénient d’être né, p. 1289.

[27] Cahiers, op. cit., p. 437.

[28] Ibid., p. 295.

[29] Ibid., pp. 437 et 674.

[30] Izutsu, La filosofia del buddismo zen, Rome, Astrolabio-Ubaldini, 1984, p. 40 (T.d.A.). Le kōan, (en chinois : kung-an), est un terme Zen qui désigne une sorte de problème ou casse-tête, intentionnellement illogique, donné par le maître comme sujet de méditation pour l’élève. Celui-ci, en se tourmentant à cause de cette énigme insoluble, se trouvera bientôt face à une barrière insurmontable, sans issue, jusqu’ il se mette à désespérer de chaque solution logique et discursive possible. Devant l’évidence du vide, la conscience abdique, et se met au niveau de compréhension qu’implique tout être concret, en tant que corps et en tant qu’esprit. Il en résulte la production de la seule réponse possible, qui coïncide avec le retour à la réalité, au flux inconscient de la vie qui depuis toujours nous soutient.

[31] Suivant un célèbre kōan : « Avant qu’une personne n’étudie le Zen, les montagnes sont les montagnes, les eaux sont les eaux. Après un premier aperçu de la vérité du Zen, les montagnes ne sont plus les montagnes, les eaux ne sont plus les eaux. Après l’éveil, les montagnes sont de nouveau des montagnes, les eaux de nouveau des eaux »

[32] Suzuki, La dottrina zen del vuoto mentale, op. cit., p. 91. « La phrase la plus célèbre de Tu-shan était ‘‘Trente coups quand tu peux dire un mot, trente coups quand tu ne peux pas dire un mot !’’ ‘‘Dire un mot’’ c’est une expression presque technique du Zen et signifie n’importe quelle chose démontrée soit par les mots, soit par les gestes, au sujet du fait central du Zen. Dans ce cas ‘‘donner un coup’’ signifie que toutes ces démonstrations ne sont d’aucune utilité. » Ibid.

[33] Interview de Christian Bussy à Cioran, réalisée à Paris le 19 février 1973.

[34] Cahiers, op. cit., p. 642.

[35] D. T. Suzuki, Saggi sul buddismo Zen, Rome, Edizioni Mediterranee, 1992, vol. I, p. 216.

[36] Cf. Leonardo Vittorio Arena, Storia del buddismo Ch’an, Milan, Mondatori, 1998, pp. 190-191.

[37] E.M. Cioran, « Hantise de la naissance », La Nouvelle Revue Française, n° 217, Paris, janvier 1971, p. 15. Il est caractéristique que dans la première version de cet aphorisme, Cioran utilise justement le mot Zen satori, tandis que dans la version suivante publiée dans De l’inconvénient d’être né, il la remplace par le terme de dérivation mystique « suprême ».

[38] L’amour traditionnel pour les fleurs de cerisier est un exemple typique de mono no aware dans le Japon contemporain. Esthétiquement, ces fleurs ne sont pas plus belles que celles du poirier ou du pommier, cependant ils sont les plus appréciés par les japonais pour leur caractère transitoire. En effet, ces fleurs commencent à tomber habituellement une semaine après leur épanouissement. Les fleurs de cerisier font objet d’un véritable culte au Japon, rituellement, toutes les années une foule énorme  envahit les champs pour en admirer la floraison.

[39] Cahiers, op. cit., p. 748.

[40] Cioran, Écartèlement, p. 103 : « On ne peut être content de soi que lorsqu’on se rappelle ces instants où, selon un mot japonais, on a perçu le ah ! des choses. » Cette exclamation reprend l’Entretien avec Léo Gillet : « Ça, on peut le sentir, mais on ne peut pas l’exprimer en paroles, sauf dire : ‘‘Ah ! indéfiniment […] on ne peut pas formuler abstraitement une chose qui doit être vraiment sentie’’ », in Cioran, Entretiens, Paris, Gallimard coll. « Arcades », 1995, p. 94.

[41] Cf. Leonardo Vittorio Arena, Lo spirito del Giappone, Milan, BUR, 2008, pp. 376-377.

[42] Cahiers, op. cit., p. 996.

[43] Ibid., p. 170.

[44] Ibid., p. 568.

[45] De l’inconvénient d’être né, p. 1288.

[46] Cahiers, op. cit., p. 674.

[47] Ibid., p. 323. À ce propos, selon Izutsu : « Le Zen demande vigoureusement que même une telle quantité de conscience du moi soit effacée de l’esprit, de même que finalement tout soit réduit au seul acte de VOIR pur et simple. Le mot ‘‘non-esprit’’, déjà mentionné, se réfère précisément à l’acte pur du VOIR, dans l’état d’une réalisation immédiate et directe », La filosofia del buddismo zen, p. 30.

[48] C’est-à-dire : « quelle est la vérité fondamentale du Zen ? ».

[49] Cfr. Izutsu, La filosofia del buddismo zen, op. cit., p. 160.

[50] De l’inconvénient d’être né, p. 1383.

[51] Cahiers, op. cit., p. 298.

[52] Cioran, Cahier de Talamanca – Ibiza (31 juillet-25 août 1966), Paris, Mercure de France, 2000, p. 30.

[53] Cahiers, op. cit., p. 298.

[54] Cahier de Talamanca, op. cit., p. 13.

[55] Cioban : berger en roumain. Dans la lettre à Arşavir Acterian du 11 juillet 1972, il avoue : « … je serais plus dans le vrai aujourd’hui si j’avais fait une carrière de cioban dans mon village natal plutôt que de me trémousser dans cette métropole de saltimbanques », in Emil Cioran, Scrisori cãtre cei de-acasă, Bucarest, Humanitas, 1995, p. 215 (T.d.A.).

[56] Cahiers, op. cit., p. 101.

[57] Ibid., p. 137.

[58] Ibid., p. 298.

[59] Ibid., p. 101.

[60] Ibid.,  p. 851.

[61] La Raccolta di Lin-chi (Rinzai Roku),  trad. par Ruth Fuller Sasaki, Rome, Astrolabio-Ubaldini, 1985, p. 30.

[62] Verset du poète zen P’ang-yun, cité in Alan W. Watts, The Way of Zen, trad. it, La via dello Zen, Feltrinelli, Milano,  2000, p. 145 (T.d.A.).

[63] Cioran, Aveux et anathèmes, p. 1724.

[64] La Raccolta di Lin-chi, op. cit., p. 46.

[65] Cahiers, op. cit.,  p. 994.

[66] Cioran cite l’anecdote dans ses Cahiers, op. cit., p. 869.

[67] De l’inconvénient d’être né, p. 1396.

[68] Cahiers, op. cit.,  p. 306.

[69].Lettre à Arşavir Acterian du 13 juillet 1986, Cioran, Scrisori cãtre cei de-acasă, op. cit., p. 241(T.d.A.).

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The Italian reception of Cioran

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Interview with Renzo Rubinelli: the Italian reception of Cioran

My aim is to carry out an exegesis of Cioran’s thought so as to evince how the issue of time is the basis of all his meditations.  To Cioran, time is destiny. The curse of existence is that of being “incarcerated” in the linearity of time, which stems from a paradisiacal, pre-temporal past, toward a destiny of death and decay. It is a tragic worldview of Greek origin embedded  in a Judeo-Christian conception of time, though deprived of éscathon. But can we be sure that Cioran dismisses each and every form of salvation?

Renzo Rubinelli

In this interview, Italian philosopher Renzo Rubinelli shares with us some of his intuitions on the works and life of Emil Cioran. Profound connaisseur of Cioran’s thought (to which he dedicated his bachelor’s degree in Philosophy), having moreover met the Romanian-French author in person, Rubinelli talks about fundamental themes such as Cioran’s view of Time as Destiny, his philosophical passions and obsessions, besides his own wanderings and encounters with that who would be defined, by Time magazine, as the “king of pessimists”.

Renzo Rubinelli was born in Verona and graduated from the Ca’ Foscari University in Venice, in 1988, with a degree in Philosophy.  His undergraduate thesis, Tempo e destino nel pensiero di E. M. Cioran (“Time and destiny in E. M. Cioran’s thought”) was directed by Italian philosopher Emanuele Severino and was published by Italian publishing house Aracne, in 2014. Rubinelli has contributed to Nuova Italia Editrice, participated in several conferences on Cioran and published countless articles in academic and nonacademic reviews such as Il Sole 24 Ore, L’Arena di Verona, Il Giornale di Vicenza, Bresciaoggi, Il Gazzettino, Verona Fedele and the Romanian philosophical review Alkemie. Rubinelli also works as a manager for Retail e Profumeria and runs the Azienda agricola Rubinelli Vajol, specialized in the production of Amarone (a typical dry wine from the region of Valpolicella). He lives in Valpolicella, near Verona.

EMCioranBR: Mr. Rubinelli, first and foremost I would like to thank you for granting us this interview. It is a privilege for us to read about your rapports with Cioran his thought and works, the man himself… Our first question: how did you discover Cioran?

R.R.: First of all, I would like to thank you for this interview, Rodrigo. We have not personally met, but I must say I appreciate the effort you make out of pure passion, in favor of the promotion of Cioran’s thought in Brazil and worldwide. It is not a big deal, but since you ask I feel pressed to exhume some old memories. The first time I laid my eyes on a book by Cioran, thus getting to know of his existence, was at university, in San Sebastiano, Venice, in the great hall of the Institute of Philosophical Studies. It was 1986, I believe. A researcher, whose name was Moro, as far as I can remember, was coming down the stairs (he was giving a course on McLuhan), and he held a copy of Il demiurgo cattivo (The new gods, as translated by Richard Howard), which had recently been published by Adelphi. The title did not not actually appeal to me, and I must say that I found it strange for a McLuhan specialist to be interested in a book with such an old-fashioned title. Months later I asked Professor Severino about the possibility of undertaking, under his direction, a thesis about the subject of Destiny. He promptly accepted it and provided me with a list of authors: Rensi, Untersteiner, Spengler, Nietzsche. Then I came to read in a magazine an article on Squartamento (Drawn and quartered) written by Severino himself, and which contained the following quote from Mahabharata: “The knot of destiny cannot be untied. Nothing in this world is the result of our own acts”, claimed Cioran. “Here is my author”, I thought to myself. I thus suggested to dedicate my research to Cioran and the subject of Destiny, which Severino enthusiastically approved of. Thus began a journey of study and of life, which ended up leading me to meet the author himself, his Parisian and Romanian family, his homeland.

EMCioranBR: Could you tell us a little about the Italian reception of Cioran’s works? It is known that Cioran has many well-known readers in Italy, where his books are published, as you have mentioned, by Roberto Calasso’s Adelphi. Franco Volpi, for instance, was one of his readers. There is a comment in his book Il nichilismo (“Nihilism”) in which Volpi regards Cioran as the representative of a “gnostic fashion of nihilism”. Can it be said that there has been established in Italy a tradition of Cioran studies even though a recent one, since we are dealing with a rather up-to-date author? Who are the main Italian commentators of Cioran? What are the main works dedicated to his life and works ?

emil_cioran_sulla_francia.jpgR.R.: Cioran’s first book to be published in Italy was Squartamento (Drawn and quartered) launched by Adelphi in 1981, even though some other titles had already been published in the previous decade by right-wing publishing houses, even if they had not had much repercussion. It was precisely thanks to Adelphi, and to Ceronetti’s wonderful introduction, that the name of Cioran became well-known to the Italian readers. Roberto Calasso is a great cultural player, but he is a rather arrogant person and, I must say, ungallant as well. My encounters with Cioran and Severino, two giants of thought, allowed me to understand how the true greatness is always accompanied by genuine humbleness a gentleness. Virtues which Calasso, in my opinion, lacks and I say so based on the personal experience I have had with him in more than one occasion. Unfortunately, Volpi left us too early due to a banal accident while riding his bicycle on the Venetian hills (northeast of Italy), not far away from where I live. His intelligence illuminated us for a long a time. In 2002, he wrote a piece on Friedgard Thoma‘s book, Per nulla al mondo, releasing himself once and for all from the choir of censors, who had soon made their apparition. I enjoy recalling this marvellous passage: “Under the influence of passion, Cioran reveals himself. He jeopardizes everything in order to win the game, reveals innermost dimensions of his psyche, surprising features of his character… Attracted by the challenge of the eternal feminine, he allows secret depths of his thought to come to surface: a denuded thought before the feminine look which penetrates him…”
“Gnostic nihilism” is without a doubt an appropriate definition for Cioran. But what is “nihilism”, after all? The term suits Cioran first and foremost from a theoretical standpoint, as I shall explain later on. The emphasis should lie on the adjective “gnostic” more than anything else. The gnostic idea of Caduta nel tempo (The fall into time) feeds all of Cioran’s works from beginning to end, without exception.
There are in Italy many brave young minds who dedicate themselves to Cioran’s thought: Rotiroti, Carloni, Pozzi, Bulboaca, Vanini, Di Gennaro, Cicortas, Scapolo, Chelariu. Their works are all extremely valuable, but if you want to know my preferences, I would mention the works of Carloni, Rotiroti and Bulboaca.

EMCioranBR: You are the author of a book about Cioran: Tempo e destino nel pensiero di E. M. Cioran (Aracne Editrice, 2004). According to Mihaela-Genţiana Stănişor, it moves between Emanuele Severino’s eternity and Cioran’s nihilism. It holds a beautiful title which, by the way, seems to synthesize the essence of Cioran’s thought, besides echoing the title to one of Cioran’s own books, the collection of essays of his youth period published as Solitude et destin. What does existence mean to Cioran? What is Man according to him, and Man’s rapport with time? Would you say his is a tragic thought or rather a metaphysical nihilism?

cioran.jpgR.R.: My book undertakes a theoretical exegesis of Cioran’s thought so as to evince how the problem of Time is the basis for all his meditation. The connective “and” of the title becomes the supporting verb for the thesis I intend to sustain: Time is Destiny. The curse of existence is that of being “incarcerated” in the linearity of time, which stems from a paradisiacal, pre-temporal past, toward a destiny of death and decay. It is, to sum up, a tragic worldview of Greek origin embedded in a Judeo-Christian conception, though deprived of all éscathon. But can we be sure that Cioran dismisses each and every form of salvation? There are two polarities which communicate in my book: Severino’s absolute eternity and Cioran’s explicit nihilism. From Severino’s point of view, one might as well define Cioran’s thought as the becoming aware of nihilism inherent to the Western conception of Time. And in Cioran’s mystical temptation, on the other hand, one may find a sentimental perception of Being which seems to point to the need, the urge, the hope, so to speak, for an overcoming of Western hermeneutics of Becoming and for an ulterior word that is not Negation. The book starts with an account of my three encounters with Aurel, Cioran’s brother, in the years of 1987, 1991 and 1995, and of my two encounters with Emil, in 1988 and 1989. The book also includes all the letters which Cioran wrote to me, plus countless photographs. After the first part, there comes a bio-bibliographical inquiry on his Romanian years, a pioneer work of exhumation at a time when there were no reliable sources on the matter.

EMCioranBR: Cioran made friends with people from different nationalities. Could it be said that he was no less fascinated with Italy than he was with Spain? Leopardi, for example, is one of the poets he cherished most. What are your views on the elective affinities between Cioran and Italy?

R.R.: I would not go as far as to say that Cioran’s fascination with Italy equaled that which he held with Spain. Cioran loved Spain in a visceral way, while Italy did not interest him so much. Except for Leopardi, obviously, of whom he had framed and hung, on a wall in his apartment, the manuscript of the poem “L’infinito”. And he loved Venice as well…

EMCioranBr: You have personally met Cioran. Could you share your impressions on him? There seems to exist a certain myth Cioran: the depressive man, the suicidal, the enraged misanthropist, the solitary madman and God only knows what else… What was your impression of the actual man of flesh and blood? What could you say about the relation between the author and his works?

R.R.: I have always refuted the common-places, the clichés ascribed to the character of Cioran. None of that is true: misanthropist, madman, depressive, suicidal, furious, funambulist– all of which are intolerable words, tipically empty labels of badly written newspapers, which have been employed to the present day to describe Cioran. Reading his books, I have had the unmistakable feeling of an authentic gentleman, a man like you and me, who happened to have an exceptional gift, that is to say, the extraordinary ability to drive toward the Essential with a crystal-clear style. Thus, I wanted to meet him in person, with the feeling that he would be available and willing to receive me. And thus it happened. He was quite an easy-going man, comitted, someone who partook in other people’s miseries, great or small.
It all started in the summer of ’87. I wanted to visit the countries in Eastern Europe, those which were indeed oltrecortina. Almost no one would dare to go there. Before setting off to Romania I talked to Professor [Mario Andrea] Rigoni, Cioran’s translator and friend, asking him to tell Cioran about my travel plans and to ask whether he had any wishes concerning his family in Romania. I promptly received my mission assignment from Paris: to send his brother two kilos of coffee. Well, I spent three memorable days with Aurel, who introduced me to all the sights of their childhood and shared so many things with me. I also got to meet Constantin Noica, who even wrote me his own suggestions regarding my thesis on Cioran (one can find the two manuscript pages in my book). Then, months later, I showed Cioran the photographs of all those places from his childhood, and we looked at them together in his mansard on Rue de l’Odéon. Simone Boué and Friedgard Thoma were also there. Cioran’s reactions before the images were explosive: he became euphoric, thrilled as a child, even ecstatic, I must say. That was a delightful afternoon. But he seemed different in the next meeting. It was summer, Simone was in Dieppe and Cioran was in Paris all by himself. I wanted to introduce them to a friend of mine who had recently sustained a thesis on his thought, it was a historical-political approach: I meccanismi dell’utopia in E. M. Cioran (“The mechanisms of utopia in E. M. Cioran”). Evidently, he became interested, otherwise he would not have invited my friend. Cioran even wrote him a beautiful letter, which proved that he was indeed interested. He then received us and served us some delicious sandwiches which he had provided especially for us. He seemed more fatigued and aged than in the previous encounter. The heat of July and the absence of his companion made the atmosphere less lively than in the first time. This time the conversation was held in German and my girlfriend would translate everything.

EMCioranBR: In Brazil, Cioran is not studied at universities so much. The Philosophy departments seem rather aloof when it comes to the inclusion of his thought as an object of study, probably due to the non-traditional, hybrid, marginal character of his works (halfway between philosophical and literary discourses). As if his works held no philosophical relevance, no value at all in terms of philosophical reflection. Would you say the same goes in Italy?

R.R.: “Cioran is a philosopher who refutes philosophy”, that’s what I affirm energetically in my book, in harmony with that which Constantin Noica (whom I met in Paltiniş, in 1987) had wrote in a letter to me. Indeed, it is impossible to understand Cioran not having in mind the problem of Time, and that is a philosophical concept par excellence. All these aspects that I only mention here are explained thouroughly in my book.

EMCioranBR: Do you have a favorite book by Cioran, or more than one? Any favorite aphorisms as well, or maybe any that comes to mind?

R. R.: My favorite book is without a doubt the Quaderni 1957-1972 (Notebooks). Secondly, I would say it’s  L’inconveniente di essere nati (The temptation to exist), and, thirdly, La caduta nel tempo (The fall into time). But I also find the others just as beautiful, in such a way that it is impossible to get sick with reading them. My favorite aphorism remains the one with which, it has been 27 years, I finished my thesis, and which is contained in Drawn and quartered. This is the one:

Abruptly, a need to testify to the recognition not only of beings but of objects, to a stone because it is a stone… How alive everything becomes! As if for eternity. Suddenly, nonexistence seems inconceivable. That such impulses appear, can appear, shows that the last word may not reside in Negation.

EMCioranBR: Why read Cioran?

R.R.: Cioran is a school of synthesis, of limpidity, of sobriety, of autheticity, of essentiality. But also to feel the proximity of a friend, of someone like us, sincere and endowed with the great gift of irony. With Cioran one can laugh tastefully, especially while reading his Notebooks.

EMCioranBR: Mr. Rubinelli, I once again thank you for granting us such an enriching interview. I hope and wish that the exchanges between Italy and Brazil may be deeepened in the future. Any closing words?

R.R.: To finish, I would like to quote two aphorisms which are close to one another in Cioran’s Notebooks:

25 [December 1965]. Christmas. Happiness as I conceive it: to stroll in the fields, to do nothing but admire, to consume myself in pure perception.

And a little before:

“To lose oneself in God” – I do not know of any expression more beautiful than that.

Sept films à voir ou à revoir sur les Vikings

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Sept films à voir ou à revoir sur les Vikings

Ex: http://www.cerclenonconforme.hautetfort.com

Du 8ème au 11ème siècle, de terribles raids ravagent une majeure partie de l'Europe du Nord. Débarquant de leurs impressionnants drakkars et ne connaissant pas de Dieu unique, les Vikings ont très abondamment imprégné l'imaginaire collectif médiéval européen. L'Histoire ne retiendra qu'une imagerie guerrière de ces conquérants venus de l'Hyperborée. Or, s'il apparaît indéniable que les Scandinaves ne dédaignaient pas faire périr par le glaive et si leur perception des échanges commerciaux se confondait parfois avec la rapine, les Vikings apparurent également comme de formidables commerçants dont les colonies surent se dissoudre parmi les communautés autochtones, au point de disparaître progressivement en tant que peuple distinct et abandonner leurs croyances païennes. Le cinéma consacra quelques réalisations à ces redoutables guerriers-commerçants. Pour le meilleur comme pour le pire car rares sont les films parvenus à maintenir une certaine distance entre l'Histoire et la légende.

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ALFRED LE GRAND VAINQUEUR DES VIKINGS

Titre original : Alfred the Great

Film anglais de Clive Donner (1968)

871 dans le Wessex au Sud de l'Angleterre. Le jeune prince Alfred, frère du roi du Wessex, se destine à une vie sacerdotale. Ce parcours est contrarié par son amour pour Edwige, fille du roi de Murcie. Il l'épouse. Une chute mortelle à cheval du Roi endeuille les noces le jour même, favorisant ainsi l'accès d'Alfred au trône. La tâche n'est guère aisée en ces temps où toute l'Europe du Nord est harcelée par les raids scandinaves. Le chef des Vikings, Guthrun, exige un trésor et prend en otage la jeune reine dont il fait sa maîtresse. Abandonné par la noblesse, Alfred est contraint de se cacher dans les marais. Seuls des hors-la-loi et des gueux acceptent de prendre les armes pour faire face à l'envahisseur danois...

Si Donner prend quelques libertés avec l'Histoire d'Alfred, premier unificateur des royaumes anglo-saxons, il livre néanmoins ici une œuvre sérieuse retraçant fidèlement les villes et campagnes médiévales britanniques. Les scènes de batailles constituent un autre point fort du film et sont particulièrement réussies. La dernière bataille est tout simplement épique grâce à certaines prises de vue réalisées depuis un avion. Une réalisation à voir absolument et ne sombrant jamais dans les facilités dans sa représentation des Vikings.

 

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BEOWULF, LA LEGENDE VIKING

Titre original : Beowulf  & Grendel

Film américain de Sturla Gunnarsson (2009)

Le Danemark au 6ème siècle. Le roi Hrothgar fait appel à Beowulf, un guerrier réputé invincible, et le charge de l'élimination d'un troll nommé Grendel, accusé de semer la terreur dans le royaume. Beowulf part immédiatement sur les traces du troll et réalise rapidement que Grendel n'est pas cet être sanguinaire et détenant des pouvoirs surnaturels tel que décrit à la cour. Bien au contraire, Beowulf est rapidement convaincu que le Roi cache bien des choses et pourrait être à l'origine de la monstruosité et de la soif de vengeance du troll. Beowulf ne sait s'il doit tuer le troll, d'autant plus qu'il fait la rencontre de Selma, une mystérieuse et sensuelle sorcière...

Hollywood qui se préoccupe d'un poème épique majeur des littératures anglo-saxonne et germano-scandinave, ça donne ça... Cependant moins catastrophique que les deux premières adaptations de la légende de Beowulf qui invitaient au suicide, la réalisation de Gunnarsson offre de belles images tournées en Islande bien qu'elles dénaturent totalement la localisation danoise de l'histoire originelle. Certaines séquences sont vraiment réussies et ne peuvent que faire regretter la faiblesse de l'ensemble malgré le bénéfice d'un budget ambitieux.

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BERSERKERS, LES GUERRIERS D'ODIN

Titre original : Berserker

Film sud-africain de Paul Matthews (2004)

Thorsson, seigneur viking, établit un pacte avec le dieu Odin et ses Berserkers, guerriers intrépides, pour défendre ses terres et prendre possession de celles de ses ennemis. Thorsson triomphe et trahit aussitôt sa promesse d'offrir le fruit de leurs conquêtes aux Berserkers. Au contraire, il entreprend leur exécution. Odin mène une terrible vengeance sur Thorsson et sa descendance. Barek, son fils héritier, et sa promise Brunhilda la Valkyrie seront traqués sans relâche par les Berserkers. La malédiction éternelle ne peut se voir conjurée que par la hache du guerrier viking le plus impitoyable...

On peut craindre le pire de ce film et c'est bien le pire qui ressort... Le premier tiers du film ne manque pourtant pas d'attrait et masque relativement bien le criant manque de moyens. Et patatras ! Vous pensiez ne jamais pouvoir visionner un film sur les Vikings dont l'histoire se déroule jusqu'au 21ème siècle ? Vous avez bien lu ! L'intrigue du film se transporte jusqu'à nos jours. Grâce soit rendue à Paul Matthews qui a osé le faire et est même parvenu à convaincre des financeurs de le suivre dans son projet abracadabrant. Il n'y a désormais plus qu'à espérer qu'Odin transpose sa malédiction sur le cinéaste.

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VALHALLA RISING, LE GUERRIER SILENCIEUX

Titre original : Valhalla Rising

Film anglo-danois de Nicolas Winding Refn (2009)

Autour de l'an mil en Ecosse, l'exacerbation des tensions entre chrétiens et païens est à son comble. Des chefs de clans vikings et écossais font se livrer leurs prisonniers esclaves à de terribles combats à mains nues. Un guerrier muet et borgne, surnommé One-Eye, et demeurant invaincu, s'affranchit en assassinant son maître Barde et s'échappe avec un enfant. Les fuyards rejoignent bientôt une troupe de Vikings convertis au Christianisme cherchant à se croiser en direction de la Terre Sainte. Le brouillard fait dériver l'embarcation dans une mauvaise direction et nos héros débarquent sur une terre inconnue. Les tensions entre chrétiens et païens affranchis augmentent tandis qu'ils sont la cible de redoutables indigènes...

Curieux phénomène que cette pléthore de films sur les Vikings et la mythologie scandinave. Valhalla Rising n'est pas un chef-d'œuvre et les puristes de la Weltanschuung Nordique s'arracheront encore quelques cheveux de plus. Mais diversifier les scénarii ne permet-il pas de faire vivre notre plus longue mémoire et la sortir du chloroforme d'un certain élitisme universitaire ? Et tant pis, si on frôle parfois l'iconoclasme. Nonobstant, la photographie est magnifique et le scénario parvient à tenir en haleine.

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LES VIKINGS

Titre original : The Vikings

Film américain de Richard Fleischer (1957)

Vers 900, l'Angleterre est harcelée par les raids vikings conduits par le chef Ragnar. Edwin, roi de Notrhumbrie, est tué et son épouse violée. Son successeur, Aella, ordonne l'arrestation de son cousin Egbert, suspecté de complot, qui parvient finalement à rejoindre les envahisseurs scandinaves. Les deux fils de Ragnar, Einar et Erik, fruit du viol de la reine, se vouent une haine farouche. Lors d'un nouveau raid, Einar capture Morgana, la fiancée d'Aella, qui parviendra à s'échapper grâce à la complicité d'Erik. Erik est également accusé d'avoir donné une épée à Ragnar qui, capturé, a été offert à l'appétit des loups. Si les deux frères parviennent à se réconcilier en vue de l'assaut du château d'Aella, la bonne entente ne semble pas pouvoir durer...

La réalisation de Fleischer est LE bijou sur les peuples venus de l'Hyperborée. Un film d'une extraordinaire beauté dans ses paysages et dans la reconstitution des drakkars. Les nombreuses scènes de combat sont remarquables et d'une violence inouïe. Les acteurs, Kirk Douglas en tête, sont tous plus convaincants les uns que les autres. On pardonnera aisément un côté images d'Epinal et la grosse bévue de l'utilisation du Fort-la-Latte totalement anachronique. Un pur chef-d'œuvre par Thor et Odin !

 

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VIKINGS

Série canado-irlandaise de Michael Hirst (2013-2016)

La Scandinavie à la fin du 8ème siècle. Ragnar Lodbrok est un jeune guerrier viking aussi intrépide qu'assoiffé de gloire et de conquêtes. Simple fermier, il est l'homme lige de Haraldson. Ragnar se lasse de mener inlassablement les mêmes raids sur les terres de la Baltique et se met en tête d'étendre les pillages en direction de l'Ouest. Haraldson lui interdit de se lancer dans une telle entreprise. Mais le tenace Ragnar est bien décidé à mener ses plans comme il l'entend. Se fiant aux signes et à la volonté des dieux, Ragnar fait clandestinement construire une nouvelle génération de vaisseaux aussi légers que rapides. La désobéissance de Ragnar va modifier à jamais l'histoire des peuples hyperboréens et d'une majeure partie de l'Europe...

Splendide ! Il n'y a pas d'autres mots ! Un scénario solide et prenant sublimé par un important travail de documentation. C'est à une véritable plongée au cœur des sociétés vikings à laquelle le spectateur est invité. Les profils psychologiques de certains personnages manquent néanmoins parfois d'un peu de profondeur. On a hâte de découvrir les prochaines saisons avec l'espoir que Vikings ne sombre pas dans le politiquement correct comme tant d'autres séries ou films qui s'émoussent au fil des saisons et des épisodes. Game of Thrones et Le Hobbit sont malheureusement là pour nous le rappeler.

LES VIKINGS ATTAQUENT

Titre original : I Normanni

Film franco-italien de Giuseppe Vari  (1962)

wik9.jpgAu 9ème siècle, nombre de seigneurs anglais s'affrontent pour établir et consolider leur pouvoir. Wilfred, neveu du roi Dagobert est un jeune intriguant. Faisant la cour à la reine Patricia, il parvient à faire retenir prisonnier le Roi et porter les soupçons de félonie sur des contingents Normands, commandés par Olaf, établis sur ses terres et souhaitant y demeurer pacifiquement. Olivier d'Anglon, un jeune comte, s'éprend de Svetlana qu'il pense être la fille du chef viking mais qui se révèle en réalité être la fille issue des premières noces de Dagobert. A l'intrigue amoureuse, se joint la cupidité de Wilfred à qui Dagobert refuse de faire connaître la cachette de son trésor. Le sang ne peut que couler...

Le succès de la réalisation de Fleischer a certainement fait fleurir des idées dans la tête d'autres cinéastes. Ainsi de Vari dont le film demeure très largement en dessous de celle du réalisateur américain. Mais on a connu pire depuis sur les Vikings à l'écran alors ne boudons pas celui-ci qui se laisse regarder. Particularité intéressante, les Scandinaves ne sont pas présentés de prime abord comme des barbares sanguinaires avides de rapines et de combats mais bien comme des envahisseurs commerçants et soucieux de quiétude.

Virgile /

Note du C.N.C.: Toute reproduction éventuelle de ce contenu doit mentionner la source

C.N.C.

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La Chine parie sur l'Amérique du Sud

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LA CHINE PARIE SUR L'AMERIQUE DU SUD
 
Le déclin impérial des États-Unis

Michel Lhomme
Ex: http://metamag.fr

Le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a achevé par le Chili une vaste tournée sud-américaine qui, après le Brésil, l’a conduit en Colombie et au Pérou. Si les dirigeants chinois soignent à ce point le continent sud-américain, c’est surtout par intérêt économique. Le cône sud-américain regorge de minerais et d'hydrocarbures, de produits agricoles et d’élevage dont la Chine a besoin. Et comme souvent, les dirigeants chinois n’hésitent pas à faire preuve, sur place, de très grandes largesses financières. 


Mais il y a plus : la Chine parie sur l'Amérique latine et elle sait qu'en s'implantant durablement en Amérique latine, elle  marche sur une région considérée comme l’arrière-cour de Washington. Cette visite de Li Keqiang fait suite au voyage présidentiel dans la région en juillet 2014 du Président chinois Xi Jinping. On voit bien que la Chine suit les dossiers latino-américains de manière scrupuleuse et ne les laisse en aucune manière tomber. Elle ne cesse de réitérer au plus haut niveau de la représentation nationale des tournées régulières sur tout le sous-continent. Ainsi, la Chine parle-t-elle maintenant en Amérique du Sud de bloc à bloc (des Brics à l'Unasur) et nous ne sommes plus en 2013 - le temps passe ici très vite ! - où rencontrant Barack Obama en Californie, elle mesurait encore ses forces avec les Etats-Unis. La Chine ne mesure plus ses forces avec les latinos. Elle parle d'égale à égale, laissant les Etats-Unis à leur déclin impérial annoncé.


Li Keqiang a visité le Pérou. Il faut savoir que quelques jours après la nomination en 2013 du Président chinois actuel, ce dernier rencontrait le Président péruvien Ollanta Humala au Forum économique de Boao dans la ville de Sanya dans la province chinoise de Hainan. Les deux pays signèrent alors 11 accords de coopération. Ces onze accords ont été vérifiés et l'on peut dire accomplis en ce mois de mai 2015. C'est aussi cela la diplomatie chinoise : une diplomatie de la confiance qui n'a rien à voir avec, par exemple les trahisons françaises (affaire du Mistral avec la Russie). La Chine signe et respecte les accords. 


Tout ceci démontre non seulement l'importance que les autorités chinoises accordent aux liens bilatéraux dans la région mais cela démontre aussi le dynamisme des contrats commerciaux signés qui immédiatement entraîne des déplacements d'hommes d'affaires de part et d'autre. On n'est pas dans la palabre mais dans le concret. On n'est pas dans le Consensus de Washington mais dans celui de Pékin. Le Consensus de Pékin (ou Consensus de Beijing), définit la diplomatie et le modèle de développement proposé par la République populaire de Chine, en particulier auprès des pays en voie de développement, notamment en Afrique. L'Occident et la Chine ont ici des positions très différentes sur les besoins et méthodes pour soutenir le développement de ces pays. La position occidentale contenue dans le Consensus de Washington, avec pour axes principaux le libre-échange, la lutte contre la corruption, la transparence, les droits civiques et la démocratisation, ainsi que la défense des droits de l'homme. Au contraire, l'approche diplomatique chinoise prête une grande estime à la non ingérence (indépendance pour les affaires internes) de tout pays, ainsi qu'un développement « à la chinoise » : structurel (chemins de fer, ports, barrages, etc) et économique d'abord (industrie, mines, pétrole), puis éventuellement civique.


De plus, le Président chinois comme son premier ministre connaissent parfaitement bien l'Amérique latine et ses spécificités : ils y ont longtemps voyagé avant d'occuper les postes qu'ils occupent maintenant. On sait d'ailleurs que le Président chinois est un fan du football latino-américain, il en connaît tous les joueurs. On voit donc que nous sommes bien passés à un cran au-dessus dans toutes ces relations protocolaires. L'idéologie n'est plus le facteur déterminant. Le principal aujourd'hui est cette combinaison curieuse de stratégie politique et d'économie immédiate qui fait actuellement la force de la diplomatie chinoise partout dans le monde, y compris en Afrique. La Chine soigne d'ailleurs aussi bien l'Amérique du sud continentale que l'Amérique centrale ou les Caraïbes. L'année dernière, elle avait particulièrement été aux petits soins d'une petite île comme Trinidad-et-Tobago, quatrième puissance gazière du sous-continent.   Le Premier ministre chinois Li Keqiang en visite officielle, a en tout cas confirmé des investissements record au Brésil Des contrats faramineux y ont été signés pour près de 50 milliards de dollars. Le Premier ministre chinois a rencontré la présidente Dilma Rousseff à Brasilia et la Chine a jeté son dévolu sur les infrastructures : les réseaux de transports, les chemins de fer, les routes, les ports et autres aéroports. Parmi ses nombreux projets, la création de ce gigantesque « couloir » ferroviaire entre les océans Atlantique et Pacifique dont nous avons parlé et qui traverserait le Brésil, passerait par la cordillère des Andes pour aboutir au Pérou et dont l'objectif  est de faciliter les exportations de produits brésiliens (comme le soja) vers la Chine. Par ailleurs, c'est une entreprise chinoise qui va se charger de la reconstruction de la base scientifique brésilienne, installée au pôle Sud, pour un budget de près de 100 millions de dollars, la Chine consolidant ainsi ses positions en Antarctique. Pour le Brésil, le partenariat stratégique avec la Chine est un soulagement car la situation économique du pays est très préoccupante. L’inflation a dépassé les 8 %, la croissance est faible, le chômage augmente et les perspectives pour les années qui viennent ne sont pas brillantes. La crise touche actuellement le Brésil de plein fouet. Les favelas et même les prisons sont en révolte. Pour le Brésil, la Chine représente donc un vrai espoir qui pourrait peut-être sortir le pays de l’ornière présente. (La Chine ou la Russie puisque Moscou a aussi décidé de miser sur le Brésil et son pétrole ! ) Il faut bien comprendre que depuis quelques années, les Etats-Unis ont perdu la confiance non seulement en raison de l'espionnage qu'ils pratiquent mais tout simplement parce que surendettés, ce ne sont plus des investisseurs solides.


Ces investissements massifs de la Chine et de la Russie vont apporter un répit à la présidente Rousseff même si face à ces contrats, la presse brésilienne est restée la semaine dernière relativement prudente  car la Chine est aussi réputée pour imposer ses conditions lorsqu’elle investit massivement quelque part. Par exemple, en Afrique, le recours obligatoire aux travailleurs chinois, est notoire. Quelles ont donc été les contreparties brésiliennes ? On ne le sait pas trop si ce n'est la participation du Brésil à la nouvelle architecture financière du monde en construction par la banque et le fonds de réserve asiatique indépendants de la Banque Mondiale et du FMI. La Chine est maintenant le deuxième partenaire commercial et le premier investisseur public en Amérique latine. En 2030, on vient d'apprendre que la bourse de Shanghai devrait devenir la seconde bourse mondiale des valeurs après New York. Le marché boursier chinois dépassera alors très largement le marché londonien ou japonais. 
Avec la croissance latino-américaine qui devrait redémarrer, c'est un autre monde qui se prépare où l'Europe est hélas bien mal en point.

dimanche, 14 juin 2015

iD & Deltastichting: Debat over de Koerden in Izegem

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iD & Deltastichting: Debat over de Koerden in Izegem

De Koerden zijn een volk zonder staat. Ruim 35 miljoen Koerden leven verspreid over Turkije, Irak, Iran, Syrië en de Kaukasus. Ze kennen een bloedige geschiedenis van onderdrukking, mensenrechtenschendingen en het verbod om hun eigen taal en cultuur te gebruiken en te beleven.
iD& Deltastichting nodigen Dirk Rochtus (professor Internationale Politiek) en Derwich M. Ferho (voorzitter van het Koerdisch Instituut te Brussel) uit. Wie anders is beter geplaatst om duidelijkheid te scheppen in het Koerdisch politieke kluwen? Dirk Rochtus schetst ons de geopolitieke situatie. Derwich brengt op een bevattelijke en toch boeiende wijze de geschiedenis en de strijd van het Koerdische volk, en getuigt over hun autonomiestreven. We sluiten af met een documentaire over Kobane.

Datum : 20 juni 2015
Start : 13u30
Ingang : 5€
Adres : iD, Molenweg, Izegem


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American Capital's Love Affair with Soviet Communism

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Our Kind of Enemy

 

American Capital's Love Affair with Soviet Communism

Ex: http://us2.campaign-archive2.com

Soviet Communism has not been fashionable in elite media and academic circles since 1992. Stalinists are now more often depicted as “conservatives” than leftists, and Communism is seen as a symptom of “nationalism.” A BBC documentary on North Korea declared that country to be a “fascist dictatorship,” on the “right of the political spectrum.” Apparently, if we are to condemn something in the modern world, it must be right-wing.

From a historical perspective, Communism was never really viewed as the enemy by American policymakers. Nationalism was. It has been difficult to discern this, since the true nature and motivations of U.S. policy-making have been shrouded by the myth of the Cold War—the notion that the U.S. and Soviet Union were engaged in an all-or-nothing battle between Freedom and Socialism, with the soul of the world hanging in the balance. In reality, the U.S. and Western Europe invested billions of dollars in the Soviet economy. And at critical times, the USSR was bailed out by cheap grain sales from Archer-Daniels-Midland and other conglomerates.

There was a Cold War of sorts, but it had little to do with “fear of Communism,” which policymakers did not fear nor properly understand. The real antagonism arose when the East sought to create a large, powerful trading bloc outside Western control. Then—and only then—would chatter about “tyranny” and the “Red Menace” be heard. Even in those exceptional times, corporate America continued to invest in “building socialism.”

So it is not entirely surprising to read that President Ford refused to meet with Alexandr Solzhenitsyn, so as not to “prejudice” Brezhnev at a summit held later. Reagan did the same, only meeting with liberal dissidents like Andrei Sakharov. Both Presidents, ostensible “anti-Communists,” were willing to work with Soviets and liberals—but never Russian nationalists.

Sanctions have been put on Putin's Russia that would never have been advocated at the height of the GULAG system. Indeed, the President of Russia has been the target of what scholar Stephen Cohen calls “ongoing, extraordinary, irrational, and nonfactual demonization” from the West. No Soviet dictator was treated so harshly. While Washington was never close to an armed conflict with the Soviet Union, today, a shooting war with Russia is a very real possibility.

The West is deeply indebted, bereft of leadership, and slowly falling into poverty. Yet Washington’s main foreign-policy objectives are to overthrow pro-Russian governments in Uzbekistan, Belarus, Kyrgyzstan, and Armenia. At a low point in American legitimacy, Washington is willing to risk a nuclear war.

In such a context, antiwar protests have been conspicuously absent, mainly because the corporate behemoths that financed them during the Cold War are no longer engaged. There is no peace movement calling for negotiation with Russia, just like there is no peace movement protesting the absurd Afghan war. The U.S. engages in provocative war games in Ukraine and Bulgaria with little domestic protest. This would have been unimaginable during the Cold War. The “no nukes” groups no longer exist, precisely at the time where nuclear war is actually possible.

The U.S. defends the “integrity” of Ukraine today, but demanded her independence during the Soviet era. The U.S. sends agents into Ukraine to overthrow the government, but refused to countenance the idea in 1956 or 1968. The U.S. military is lauded, by Left and Right alike, as heroic, superhuman, and morally spotless. Yet soldiers coming home from Vietnam were attacked physically by protesters at the behest of major media. Apparently, for the official Left, we can peacefully coexist with the USSR; however, nationalist (and non-Communist) Russia is a threat to us all.

To understand this mentality, one must turn to the untold story of the Cold War.

The Greatest Open Secret

On December 17, 2014, the Obama administration rescinded the “trade embargo” on Cuba. Many jumped to the conclusion that Cuba was the last front of Washington’s battle against socialism and Marxism. Nothing can be further from the truth. The West built socialism, not only in the early stages but throughout the Soviet period. (Cuba was exceptional, owing mostly to its geography.)

Bolshevik and early Soviet leaders were open about their desire to bring Russia up to speed with the industrialized West and their willingness to collaborate with European and American firms. In turn, Western capitalists envisioned the Revolution and development of Socialism as an opportunity for Russia to enter the global market. Jacob Schiff—of Kuhn Loeb and Company and the founder of the American Jewish Committee—is probably the most notorious Western capitalist who financed Socialism. According to his grandson, Schiff donated some $20 million to Trotsky to finance world revolution, which would amount to a quarter of a billion in today’s dollars.[1] While Schiff was eager to overthrow regimes (such as Tsarist Russia) that he viewed as threats to the Jewish people worldwide, other American capitalist saw Bolshevik Russia as an investment opportunity.

A key to understanding this relationship between Big Business and Communism is the Congressional Overmann Commission of 1919, a document that is universally ignored by standard texts on the Cold War. The Overmann Commission was called, in large part, to gauge the opinions of American capitalists regarding the USSR. The consensus was that it was quite positive.

One who testified was Roger Simmons, from Hagarstown, Maryland, who was in a Commerce Department Mission in the USSR as Trade Commissioner with the Red State. He was there for 11 months in the transitional period. His entire purpose was to help build the Soviet Union through grants and raw materials from the U.S. He attended a huge business consortium taking place in Grand Rapids, Michigan, where about 800 businessmen were deciding how best to begin investing in the USSR. He spoke of their “misinformed” admiration for the Soviet Union and the potential for profit there. [2]

George A. Simons, the head of the Methodist Mission to Petrograd, noted, “I have a firm conviction that this thing is Yiddish, and one of its bases is in Brooklyn, NY” [3]. (It’s worth noting that Simons said this even though he publicly disavowed anti-Semitism.)

Raymond Robbins, who was part of the Red Cross in Petrograd and elsewhere from 1917-1918, described the work of William Thompson, a wealthy banker negotiating loans for the Soviet government, who used the Petrograd branch of the National City Bank to funnel about 12,000,000 rubles to the revolutionaries (not merely the Bolsheviks), which was, in 1918, about $1 million. Moreover, he was speaking to the Red Cross about coordinating an infrastructure for an entire set of new newspapers supporting the revolutionaries.

What becomes clear in the testimony is that even the most motivated Americans had no idea who was who. There was a sense that there were leftist “revolutionaries,” and that's where the bulk of foreign money went. The Red Cross was granted about $3 million monthly, from both private and state sources in America, to “interpret the revolutionary groups to the army and to peasant villages of how absolutely indispensable to save the revolution to keep the front and defeat the German militarist autocracy.”[4]

This dirty secret of western economics is rarely mentioned, let alone analyzed, by major historians. One of the few is TW Luke writes, who studied Soviet technology.

The Bolsheviks stressed to Soviet workers, managers, and intellectuals the centrality of industry over agriculture in the NEP of 1921. Trotsky notes, 'We [the Soviet Union] are in a process of becoming a part, a very particular part, but nonetheless an integral part of the world market . . . Foreign capital must be mobilized for those sectors of [Soviet] industry that are most backward.' . . . These technological imports were to be limited because the Bolsheviks recognized the dangers of dependencies on the core, especially technological dependence. For example, resolutions of the 14th Party Congress in 1925 stressed the 'whole series of new dangers' in Western trade and advocated domestic technical development to prevent the USSR from becoming, in Parrot's words, 'an appendage of the capitalist world-economy'. Still, as Sutton notes 'the penetration of early Soviet industry was remarkable, Western technical directions, consulting engineers and independent entrepreneurs were common in the Soviet Union.' Even so, throughout the 1920s the Soviet state tightly regulated foreign access to suit its technological needs.[5]

Not only did the U.S. and Western Europe build the USSR, but did so as their own populations were struggling. The West was so involved in the development of the USSR that the 14th Party Congress, mentioned above, was concerned about the loss of Soviet independence.

Luke continues,

The impact of imported technologies differed from industry to industry and from region to region. In the oil industry, for example, they were vital. Petroleum exports in 1926-1927 doubled 1913 exports. Alone, they provided 20 percent of Soviet foreign exchange earnings: 'the importation of foreign oil-field technology and administration, either directly or by concession, was the single factor of consequence in this development (Sutton, 1968:43). While the overall imports of expertise and technology dropped in value from the 1893-1913 levels, the Bolsheviks' bureaucratically planned economy stressed the need for post-1918 imports to be directed toward cost-efficient and economically necessary production to fit the planned industrial program of the regime. [6]

In no other war (“cold” or otherwise) did combatants feverishly invest in building up their opponent.

Had the West not subsidized the USSR, Communism would likely not have survived. Stalin himself admitted that two-thirds of early Soviet industrial products and development were of American origin.[7] Trade and aid to the USSR were constant and often included the most advanced technology available. There were no meaningful sanctions on the USSR throughout most of its history. Hence, the Cuban embargo or the Vietnam War had little to do with Marxism or the USSR. The fact is that the infrastructure of Castro and Ho Chi Minh was largely produced in the US.

The propulsion systems for much of the Soviet Navy and, significantly, at Haiphong Harbor were from American firms. Nixon and Johnson actively went out of their way to stop any move to stifle trade with the USSR, even in the midst of the Vietnam War. The Gorki Truck plant was shipping hundreds of vehicles a month to North Vietnam, with the full blessing of the State Department. It was, of course, a Ford Motors plant, and it was largely staffed by Americans. Henry Ford created the Soviet automotive industry, especially in the development of trucks. His Gorki plant was also making rockets and other military equipment for the USSR, without comment from Washington. Soviet rockets were fired on Ford GAZ-69 chassis.[8]

In 1968, Fiat motors created the world's largest automotive plant in the world at Volgograd. ZIL was created by New Britain Machine Company. In 1972, Nixon personally approved the Kama truck plant deal, the creation of an automotive and trucking plant manufacturing 100,000 vehicles per year, which at the time was more than all U.S. automakers combined. The plant itself came to occupy 36 square miles, every inch created by the U.S.[9]

In Korea, the North Korean Army and China were using trucks made by Ford and tractors by Caterpillar. Soviet fighters were equipped with Rolls Royce engines sent to Stalin by the British automaker. As Anthony Sutton explains, it was the elite, including Maurice Stans, Peter G. Peterson, Peter Flanigan, Averell Harriman, and Robert McNamara, that created the infrastructure for constant and lucrative trade with the “enemy.”[10] The Ural Steel complex that served as the heart of Soviet industrialization was “100% American.” The McKee Corporation built the world's largest steel and iron plant in the world in the USSR:

Organization methods and most of the machinery are either German or American. The steel mill “Morning” near Moscow, is said to be one of the most modern establishments of its kind in the world. Constructed, organized and started by highly paid American specialists, it employs 17,000 workers and produces steel used by motor plants, naval shipyards and arms factories. [11]

The 1932 KHEMZ plant in eastern Ukraine was created by GE, and was 250 percent larger than anything GE had in the U.S.

Anthony Sutton writes:

Major new units built from 1936 to 1940 were again planned and constructed by Western companies. Petroleum-cracking, particularly for aviation gasoline, as well as all the refineries in the Second Baku and elsewhere were built by Universal Oil Products, Badger Corporation, Lummus Company, Petroleum Engineering Corporation, Alco Products, McKee Corporation, and Kellogg Company.[12]

The Federal Reserve Bank of New York sent $1 billion in aid to Trotsky and the Red Army.[13] The First Five year plan had all of its military equipment built by American firms. Sergei Nemetz of Stone and Webber, along with Zara Witkin, supervised most of the military construction for the first two Five-Year Plans, using American capital desperately needed at home. Carp Exports, based in New York City, supplied the Soviet Union with all its high-tech military parts. Electric Boat Company of Groton, Connecticut built the Soviet submarine fleet with express permission of the State Department in 1939. Skoda Armaments of Czechoslovakia was a subsidiary of the Simmons Machine Tool Corporation of Albany, New York. Ball bearings were built in the USSR by Bryant Chucking Grinder Company of Springfield, Vermont.

All told, 90 percent of all Soviet industry was created in the U.S. or Western Europe.

What such a history reveals is that capital does not require markets in order to be profitable. The Western financial elite saw the Soviet system as a perfected version of itself: a totally centralized economy run by experts from one source. Capital looked upon Gosplan—the USSR’s central planning committee—with envy; and it was so similar in its powers to the small group of financial conglomerates that governs the U.S. economy in 2015. The Gosplan board approved investments, set targets, measured economic growth, dictated the amount of money in circulation, manipulated statistics—down to the last detail. This system is little different, institutionally or ideologically, from the American financial elite and the Federal Reserve Board, which organizing the American economy, with remarkable freedom from markets and the influence of politicians.

Once one rejects the formulaic division of the world into “Soviet” and “American” camps, all of 20th-century history appears differently.

One of the most telling quotations is from a Russian-language work, The Political History of the Russian Emigration, written by SA Alexander:

Despite the growing popularity of the right wing in the émigré environment, it is only the leftists that found a response in Western governments. Most significantly, the leftists in exile were feted by the financial and industrial sector interested in trade with the Soviet Union. The “All Emigre Russian Unity” conference was called at the behest of American capital, and the Soviet financial elite were invited. Conferences subsequent to this were called by capital in Cannes, Genoa, The Hague and Lausanne.[14]

Apparently, U.S. capitalists rarely feared Soviet advances.

As an ally of the victorious capitalist core powers, the USSR gained many unexpected technological windfalls in the aftermath of World War II. New technical inputs in weaponry, electronics, nuclear power, aircraft, and chemicals were expropriated from Germany and other Axis powers from 1945 to 1950. Allied Lend-Lease equipment, especially heavy bombers and airplane engines, was also 'reverse engineered' from 1942 to 1953. The USSR dismantled and shipped home 25 percent of the industrial plants in the Western zones of Germany, along with additional industrial equipment constituting 65 percent of all motor vehicle production, 75 percent of all rubber tire capacity, and 40 percent of all paper and cardboard-producing capacity in eastern Germany.[15]

This is extremely significant in that these patents were at least in part financed by American firms. They represent decades of research and millions of dollars in grants. Yet, Stalin brought them home without a peep from the West.

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The Vietnam Era

Between 1965 and 1985, the Soviet Union, Cuba, Vietnam and the rest of the Soviet Bloc was given tremendous boosts by American firms. Alcoa built Soviet aluminum. American Chain and Cable created the machine-tool industry. Ingersoll Rand built much of the heavy-duty transport infrastructure (under Automatic Production Systems, a shell company). Betchell created the construction industry. Boeing was heavily invested in Soviet aviation, while, at the same time, building the bulk of the American Air Force. Dow Chemicals, DuPont, and Dresser industries were competing to see who would build the more advanced Soviet chemical plants. IBM helped create the modern computer industry, while Gulf General Atomic was helping put nuclear missiles together for the USSR.

Much of this was made easier in the 1980s by the U.S.-USSR Trade and Economic Council, a pet project of then-Vice President George H.W. Bush and Commerce Secretary Malcolm Baldrige. Just a partial list of members include Abbott Laboratories, Allen Bradley Gleason Corporation, Allied Analytical Systems, Ingersoll Rand, International Harvester, Kodak, American Express, Archer Daniels Midland, Armco Steel, Monsanto, Cargill, Occidental Petroleum, Caterpillar, Chase Manhattan, Pepsi Co., Chemical Bank, Phibro-Salomon, Coca Cola, Ralston, Continental Grain Seagram, Dow Chemical, and Union Carbide. All members of this Council had substantial investments in the “Soviet enemy” and, through their philanthropic organizations, created the “peace movement.”[16]

In 1985, the San Jose Mercury News reported confirmation from State and Commerce Departments that “[t]he most sensitive, state-of-the-art semiconductor manufacturing equipment went to the Soviet Union after first being shipped to Switzerland.

Creed [spokesman for Commerce] said the material shipped to Cuba, and additional equipment the Cubans were unable to obtain, would have given them the capability to produce semiconductors and integrated circuits. The report stated that such trade was “illegal.”[17]

The State Committee of the Council of Ministers of the USSR sealed a huge deal with Data Control in 1973. While openly denying it in public, Norris and the Department of Commerce squashed all inquiries into the investment and aid project. The Soviets stated that Data Control will “[b]uild a plant for manufacturing mass storage devices based on removable magnetic disk packs with up to 100 million byte capacity per each pack.”

The brunt of the Soviet computer industry was created by American firms. In 1959, the Model-802 system was sold to the USSR from Elliot Automation ltd., an English firm. This was part of General Electric, one of the major offenders in this category. European branches of US firms were selling advanced computer equipment to the USSR at roughly $40 million per year.

During the Vietnam War, giants such as Union Carbide, General Electric, Armco Steel, Bryant Chucking Grinder, and Control Data were just the wealthiest of American capitalists with regular deals in building Soviet industry. This was in 1973, and every bit of it was approved by Johnson and Nixon during the war.

Conclusion

By the 1950s, the Soviets had educated enough of their own in Western methods of production such that they achieved a great deal of independence in most every sector of the economy. Regardless, the USSR was fed on a constant stream of food from American capitalists; American universities praised the USSR as a matter of course (or some form of socialism); and all major capitalists enterprises were invested in the USSR and satellite states. Both before and after Stalin's Great Purges, the U.S. was contributing massively to the Soviet industrialization drive and the creation of its “experimental” economy. When the Cold War got hot, such as during the Vietnam conflict, Washington was never motivated by “anti-Communism” but the fear in the breasts of American business that if China and Russia were to combine forces, the U.S. might become superfluous.


  1. New York Journal—American, February 3, 1949.
  2. Overmann, Congressional Record, 294, 304; all pages come from the Report itself.
  3. Ibid., p. 112.
  4. Ibid., 777.
  5. Luke, TW (1983), “The Proletarian Ethic and Soviet Industrialization,” American Political Science Review 77 (3): 588-601, drawing from Antony Sutton, The Best Enemy Money Can Buy (Montana: Liberty House Press, 1986, Dauphin Publications, 1991),

    http://reformed-theology.org/html/books/best_enemy/index.html.

  6. Ibid., 339-340, also drawing on Sutton.
  7. Chase-Dunn, C, “Socialist States in the Capitalist World Economy,” Social Problems 27(5), 1980: 505-525.
  8. See Sutton, The Best Enemy Money Can Buy.
  9. See Berliner, The Innovation Decision in Soviet Industry (Cambridge, MA: MIT Press, 1976).
  10. All evidence from the State or Commerce Departments has not been declassified. Only through insistent demands have these documents been granted to the public. It is highly likely that the unclassified papers from 70 years ago are largely detailed agreements between American capital and the Soviet Union.
  11. U.S. State Dept. Decimal File, 861.5017, Living Conditions/456, Report No. 665, Helsingfors, April 2, 1932
  12. Sutton, Western Technology and Soviet Economic Development: 1945–1965, Chapter 4 (Stanford, CA: The Hoover Institution, 1973).
  13. Washington Post, Feb. 2, 1918.
  14. S. A. Aleksandrov, Politicheskaia istoriia zarubezhnoi Rossii, http://www.rovs.atropos.spb.ru/index.php?view=publication&mode=text&id=17, translation by the author.
  15. Luke, “The Proletarian Ethic and Soviet Industrialization,” American Political Science Review 77 (3), 1983: 588-601.
  16. Erikson, 1991.
  17. There is no evidence that any law against such a practice existed. Even if it did, it would have made little difference, since the technology would have already been transferred.