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samedi, 28 mars 2009

Adam Smith et la montre qui retarde

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Adam Smith et la montre qui retarde

Ex: http://unitepopulaire.org/

« Le rayon économie des librairies, habituellement désert, regorge actuellement de livres dont les titres se passent de commentaires : L’Arrogance de la Finance, Le Krach Parfait, Pour Sauver la Planète, Ssortez du Capitalisme, Les Dernières Heures du Libéralisme, Capitalisme et Pulsion de Mort, Vers un Nouveau Capitalisme… Voilà bientôt deux ans qu’a débuté une crise dont l’effondrement de la finance apparaît comme un symptôme, et non la cause profonde. Si l’on examine les ressorts du "dérèglement du monde" que décrit Amin Maalouf dans un essai au verbe lumineux et aux sombres perspectives (Le Dérèglement du Monde, publié par Grasset), on débouche vite sur une carence de valeurs. Ce mot même effraie, tant nous en avons perdu l’habitude.

Par où débuter ? Par une date anniversaire, puisque notre époque en mal de repères s’y raccroche volontiers. Prenons 1989, marquée par la chute du mur de Berlin et la naissance officielle d’Internet : le triomphe du capitalisme sur le communisme, et la généralisation de l’outil par excellence de la globalisation. On peut disserter à l’infini sur le sens du mot "capitalisme" : propriété privée des moyens de production, accroissement des richesses par l’épargne, recherche du profit, liberté des échanges… J’aimerais souligner ici une de ses composantes essentielles sans laquelle tout l’édifice s’effondre : la concurrence.

Avant 1989 déjà, mais très clairement à partir de cette date, l’économie de marché a été privée du concurrent communiste ; le socialisme lui-même traînait comme un boulet son lointain ancêtre Marx. Au même moment, l’instantanéité des moyens de communication modernes diffusait la pensée dominante sur toute la planète ; elle a gagné la Chine, l’Inde et d’autres pays. Mais elle s’est aussi fossilisée en idéologie. Elle a imposé son langage, ses codes, ses héros, ses symboles de statut social. L’économie de marché, surmultipliée par la finance échappant à toute règle autre que celle du profit immédiat, semait ainsi "les germes de sa propre destruction", comme le relève Martin Wolf dans le Financial Times. Dans ce processus, nulle pensée n’a été plus trahie que celle d’Adam Smith. Son Richesse des Nations fut cité à tort et à travers pour justifier la supériorité absolue de la "main invisible du marché". Dans ce résumé caricatural, la somme des égoïsmes individuels devenait le meilleur garant du bien commun. Vive l’égoïsme sans frein, donc ! Or, avant La Richesse des Nations en 1776, Adam Smith a écrit sa Théorie des Sentiments Moraux, publié il y a juste 250 ans. On y lit que "l’homme sage et vertueux sera en tout temps incliné à sacrifier son propre intérêt privé à l’intérêt public de sa corporation ou société". Pas vraiment un éloge de l’égoïsme…

Le texte aborde la dualité de l’homme, poussé par ses désirs et besoins personnels, ainsi que par la conscience qu’il ne vit pleinement que dans l’approbation des autres. Il digresse aussi sur l’utilité opposée à la frivolité, prenant cet exemple horloger : "Un amateur de belles montres méprisera un garde-temps retardant de deux minutes par jour, le revendra pour quelques guinées et en dépensera cinquante pour un autre variant à peine d’une minute sur quinze jours. Il n’en reste pas moins que la seule utilité des montres est de nous indiquer l’heure et d’éviter les désagréments d’un rendez-vous manqué. Or la personne si attachée à sa belle mécanique ne sera pas forcément plus ponctuelle que d’autres, plus soucieuses de respecter leurs engagements que de savoir l’heure qu’il est." Comment ne pas voir ici une allégorie de l’effondrement de la finance globale ? Ses acteurs s’étaient offert plein de montres coûteuses – au propre comme au figuré – pour donner aux clients l’impression que tout était sous minutieux contrôle. Mais ils ne se sentaient tenus par aucun engagement au fond d’eux-mêmes.

De quelle crise parlons-nous : celle du capitalisme? de l’absolutisme de l’économie de marché ? de la globalisation ? Les réponses divergent. Lors du colloque Nouveau Monde, Nouveau Capitalisme, Nicolas Sarkozy resserrait la critique sur le "capitalisme financier" qui aurait perverti la logique capitaliste faite "d’effort, de travail, d’esprit d’entreprise". Même le socialiste Michel Rocard limitait d’emblée le champ d’investigation : "Nous voulons conserver le capitalisme." A moitié d’accord, Angela Merkel a souligné que le problème numéro un des pays industrialisés est d’avoir vécu au-dessus de leurs moyens. Elle se rapproche de l’idée d’une société frugale, ménageant le climat et les ressources de la planète. Si cette vision s’impose comme nouveau concurrent du capitalisme globalisé, les bouleversements seront bien plus profonds que la récession actuelle, quels que soient les cris d’orfraie du G20 ou du Groupe d’Evian face à la "montée du protectionnisme".

Une autre analyse traditionnellement française gagne des adeptes anglo-saxons depuis l’élection de Barack Obama. Elle postule que "la crise financière n’est que le symptôme d’une crise latente qui existait depuis les années 1980 – une crise de la répartition des revenus" selon l’économiste Jean-Paul Fitoussi. "La société capitaliste a besoin d’une discussion sur un nouvel équilibre entre des gains excessifs pour quelques-uns et un énorme déficit pour les masses" dit Wouter Bos, ministre travailliste des Finances aux Pays-Bas.

Un des paradoxes est que, si le modèle dont la légitimité s’est effondrée depuis deux ans était américain, c’est encore vers les Etats-Unis que les regards se tournent pour le renouveler par la grâce d’un nouveau président messie. Ce réflexe inquiète. Plus que jamais, le monde a besoin de diversité dans les cultures, de concurrence dans les idées. En sommes-nous capables ? »

Le Temps, 16 mars 2009

mercredi, 18 mars 2009

Nicht viel mehr als vage Hoffnungen...

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Nicht viel mehr als vage Hoffnungen

ex: http://www.zuzeit.at

Universitätsprofessor Erich Streissler zu den Bankenkrisen in Osteuropa, den staatlichen Konjunkturpaketen und anderen wirtschaftlichen Aussichten

Herr Professor, die österreichische Bundesregierung ist äußert bemüht, eine europäische Hilfsaktion für Osteuropa zustandezubringen. Warum ist gerade Österreichs Interesse so groß, daß es den osteuropäischen Staaten gut geht?

Erich Streissler: Das Interesse ergibt sich daraus, daß gerade die österreichischen Banken – und man muß sagen in Konkurrenz zu den deutschen – die Bankbeziehungen zu den osteuropäischen Ländern in besonderem Maße übernommen haben und dort – kann man sagen – mit langjährigem Erfolg für Österreich wirtschaftlich tätig sind. Nun gibt es, wie bei vielen Ländern auf der Welt, dort finanzielle Schwierigkeiten, und da wird natürlich dann händeringend versucht, Hilfsaktionen zu finden.

Jetzt sind es von den österreichischen Banken in erster Linie die Erste Bank und Raiffeisen, aber auch die Bank Austria, jetzt Unicredit, die hier die Hauptlast eventueller Kreditausfälle zu tragen haben?

Streissler: So ist es auch. Man muß aber festhalten – und das wird vielfach von amerikanischen Begutachtern nicht gesehen –, daß ein großer Unterschied zwischen der Finanzkraft der mittel- und osteuropäischen Staaten besteht. Die Finanzkraft dieser Staaten ist vielmehr zu hinterfragen als die Finanzkraft der privaten Kreditgläubiger. Insbesondere wurden hier der Hausbau und -kauf finanziell unterstützt, und diese Kunden sind wesentlich besser als die Staatsreputation. Das muß man hier unterscheiden, freilich ist hier ein Bedenken hinzuzufügen: Alle diese Ostwirtschaften – und da ist dann schon ein riesiger Unterschied etwa zur Slowakei oder zu Slowenien – haben nicht den Euro als Währung, und daher gibt es, wie auch in Rußland, eine starke Abwertungstendenz dieser Währungen. Die Kredite sind aber vielfach in Euro vergeben worden, wodurch natürlich dann die Kreditverpflichtung für den Kreditnehmer stark steigt, und da herrscht natürlich dann die Angst, daß der aine oder andere das dann nicht zurückzahlen kann.

Wobei aber davon auszugehen sein wird, daß, ähnlich wie bei uns, bei Kreditvergaben ausreichende Sicherheiten genommen werden seitens der Kreditgeber?

Streissler: Natürlich!

Das heißt, Grund und Boden?

Streissler: Ja, so ist das. Grund und Boden, das ist klar, aber das Problem ist – ein Problem das in jeder Weltwirtschaftskrise auftritt, das auch bei den Japanern ab 1990 aufgetreten ist – daß diese Sicherstellungen im Wert sehr stark gefallen sind, so daß der Kredit nicht mehr voll gesichert ist.

Wenn wir davon ausgehen, daß das eine sehr breit gestreute Klientel an Kreditnehmern ist, kann man ja auch sagen, daß das Risiko der einzelnen Banken ziemlich breit gestreut ist.

Streissler: Das individuelle Ausfallsrisiko ist natürlich breit gestreut, aber nicht das systemische Risiko, d. h., daß alle Leute natürlich Rückzahlungsschwierigkeiten bekommen, wenn in ihrer eigenen Währung der zurückzuzahlende Kredit um ein Drittel oder noch höher steigt.

In den Vorhersagen über das Wirtschaftswachstum in diesen osteuropäischen Staaten gibt es ja nur drei Länder, wo es wirklich kritisch ist. Das sind die Ukraine, Ungarn und eventuell auch noch Rumänien.

Streissler: Ja, und die Erste Bank ist am stärksten in Rumänien engagiert, die Raiffeisenbanken am stärksten in der Ukraine.

Jetzt gibt es seitens der einzelnen Regierungen eine Reihe von Konjunkturpaketen, die aber scheinbar nicht zu greifen scheinen. Woran liegt das?

Streissler: Erstens sind die staatlichen Initiativen meistens vage Hoffnungen, zweitens hat noch niemand von den vorhandenen Verantwortungsträgern eine Weltwirtschaftskrise selbst erlebt. Da gehen rasch die Verschuldungen hoch und das Wirtschaftswachstum geht überall herunter. Denken Sie daran, daß für die Vereinigten Staaten noch vor wenigen Monaten sehr optimistische Prognosen im Raum standen. Nehmen wir nur die Vereinigten Staaten. Ich glaube, es war Anfang Dezember, da haben wir erfahren, daß die Vereinigten Staaten bereits seit dem Dezember davor in Rezession in dem Definitionssinne Amerikas, d. h. in einer Senkung des Sozialproduktes sind. Und es ist soeben erst durch die Zeitungen gegangen, daß im vierten Quartal 2008 ganz entgegen dem, was vorher erwartet war, die Vereinigten Staaten einen Abschwung im Ausmaß von, auf das Jahr gerechnet, 6 % des Sozialproduktes hatten, das ist sehr hoch. Auch in Deutschland gehen die Erwartungen rapide zurück. Diese Zahlen, die da von Politikern genannt werden, sind Hausnummern mit besonderer Problematik, weil es politische Hausnummern sind.

Ist es nicht so, daß man zwangsläufig mit Hausnummern arbeiten muß? Denn so wirklich genau weiß wahrscheinlich niemand, wie sich das weiterentwickelt.

Streissler: Selbstverständlich, die Zukunft ist für jeden von uns im genauen Ausmaße undurchschaubar.

Die Britische Nationalbank hat den Zinssatz auf den historischen Tiefstand von 0,5 % abgesenkt, auch die Europäische Zentralbank hat ihren Leitzinssatz gesenkt. Sind das geeignete Maßnahmen, um wieder einen Aufschwung im Ansatz hervorzurufen?

Streissler: Das wird gehofft, bislang gibt es keinerlei Beweis, daß das irgendwie wirkt. Vergessen Sie nicht, wessen Zinsen das sind. Das sind die Zinsen, die eventuell bis zu einem gewissen Ausmaß Banken von der Notenbank bekommen können, das hat für individuelle Personen als solches nichts zu bedeuten.

Das schlägt sich dann aber auch auf die Kreditzinsen durch, oder?

Streissler: Das ist keineswegs klar. Wahrscheinlich hat es Effekte auf die Zinsen der Sparbucheinleger bei den Banken, die dieses Argument gebrauchen um Sparzinsen zu senken. Es bezieht sich aber überhaupt nicht auf die Zinssätze, die die Kreditnehmer zahlen müßten.

Jetzt sind die Banken an sich in einer sehr positiven Konstellation, ihre Refinanzierungskosten sinken …

Streissler: Nur ein kleiner Teil der Refinanzierungskosten.

Aber dieser Teil, den sie über die Nationalbanken refinanzieren, den kriegen sie jetzt billiger, sie bekommen vom Staat Haftungen und auch Eigenkapitalzuschüsse. Müßten jetzt nicht die Banken ihrerseits aktiv werden und versuchen, in der Wirtschaft einen positiven Effekt durch günstige Kreditvergabe hervorzurufen?

Streissler: Naivlinge, genannt Politiker, glauben das, aber das ist nicht der Fall. Die Kredite, die vom Staat gewährt werden, haben einen Zinssatz, von 8 %. Da muß ein längerfristiger Schuldner bei den Banken wohl an die 12 % zahlen, und ich kann mir nicht vorstellen, daß man das in Anspruch nimmt.

Es wird immer wieder davon gesprochen, daß die Ukraine vor einem Staatskonkurs stünde. Halten Sie das für möglich, und kann es sich die westeuropäische Welt überhaupt leisten, dieses Land in Konkurs gehen zu lassen?

Streissler: Die Frage ist, ob sie es sich leisten kann, sie nicht in Konkurs gehen zu lassen, so würde ich die Frage stellen. Staatskonkurse gibt es typischerweise, und es wird in dieser Zeit zu etlichen kommen.

Ich meine, Island ist ja bereits praktisch im Staatskonkurs. Bei Argentinien ist zu befürchten, daß der nächste Staatskonkurs bevorsteht. Pakistan hat größte Schwierigkeiten, und ich würde nicht mich wetten trauen, daß die Ukraine nicht in Staatskonkurs geht.

Das Gespräch führte Walter Tributsch.

jeudi, 12 mars 2009

L'invention de la seconde armée de réserve: les femmes

L’invention de la seconde armée de réserve: les femmes

 

 

Dans les année 70, on disait que les immigrés devaient faire venir leurs femmes et leurs enfants pour éviter d’aller voir des prostituées. Mais derrière l’humanisme affiché, on trouve un solide et classique raisonnement économique. Le capitalisme « avait besoin de bras, pour faire le travail dont les français ne voulaient pas ». Le raisonnement est biaisé. Ce n’est pas tant le travail qui est en cause que le prix payé pour ce travail. Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité à la fin des années 60, quand la croissance ininterrompue des Trente Glorieuses donne aux ouvrier des moyens de pression uniques dans l’histoire du capitalisme. La grande grève générale de Mai 68, le rêve de l’anarcho-syndicalisme à la française depuis le congrès d’Amiens en 1905, est l’apothéose de ce mouvement historique. Les salaires grimpent, grimpent, à peine rognés par l’inflation, le partage entre salaires et profits se tord au bénéfice des premiers. Face à cette baisse tendancielle du profit, déjà analysé par Marx en son temps, le capitalisme sort alors son arme traditionnel, elle aussi analysé par le barbu allemand, « l’armée de réserve », c’est-à-dire un sous-prolétariat de chômeurs, sous-qualifiés, immigrés, qui accepte des rémunération inférieur au prix du marché, et pèse mécaniquement à la baisse des salaires ouvriers. Mais cette réponse traditionnel ne suffit pas. L’immigration même massive ne permet pas de retourner cette situation défavorable aux taux de profit. Les patrons français ont encore raffiné les système puisque, avec le regroupement familiale, ils escompte trouver sur place leur main-d’œuvre de seconde génération. Jusqu’à la chute du mur de Berlin, ils ne pouvaient pas chercher leurs travailleurs bon marché n’importe où sur la planète; alors le capitalisme a sorti son joker. L’invention de la seconde armée de réserve: les femmes.

Éric Zemmour – Le premier sexe (p.118/119)

lundi, 09 mars 2009

La déréglementation du marché et ses conséquences

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LA DEREGLEMENTATION DU MARCHE ET SES CONSEQUENCES


À partir des années 70, les structures économiques relativement rigides issues de l’après-guerre ont été démantelées par les tenants d’une liberté économique sans limites. Ils sont parvenus à mettre en place une triple déréglementation, monétaire, commerciale et financière, liée par l’idéologie et des intérêts croisés. La libéralisation financière pousse ainsi celle du commerce puisque les multinationales qui investissent à l’étranger cherchent ensuite à exporter. La libéralisation monétaire pousse la libéralisation financière pour permettre aux entreprises de se couvrir contres les évolutions erratiques du cours des monnaies. On oublie aujourd’hui le rôle fondamental de la fin de la convertibilité du dollar en 1971, qui a accéléré la financiarisation de l’économie (le marché des devises est le premier au monde). Puis, les accords commerciaux se sont multipliés pour démanteler les barrières douanières et assurer une circulation la plus libre possible des biens. Enfin, les années 80 ont vu une accélération de la déréglementation financière jusqu’à ce que les échanges financiers soient 50 fois plus importants que ceux de marchandises.


La déréglementation a eu trois conséquences. La première a été un gonflement incontrôlé de l’endettement (des ménages et des Etats), permis par le manque d’encadrement des pratiques financières. Les institutions financières peuvent créer toujours plus de monnaie par rapport à leurs capitaux, que ce soit par l’effet de levier, qui permet de prêter ou placer davantage que ce qui est autorisé (par le hors bilan) ou la titrisation (qui permet de sortir le risque du bilan). Les excès de cette libéralisation sont particulièrement bien illustrés par les excès du marché de l’immobilier subprimes aux Etats-Unis, que Paul Jorion décrit si bien.


La deuxième conséquence est une amplification radicale du caractère cyclique de nos économies et la multiplication des crises. Nous vivons dans un monde économique de plus en plus instable : krach boursier en 1987, crise économique du début des années 90 (conséquence d’une bulle immobilière), crise asiatique de 1997, bulle Internet de 2001, subprimes en 2007. Et du fait de la libéralisation, la contagion est plus rapide et les crises sont plus violentes. Le repli de la régulation laisse mieux apparaître le caractère exagérément cyclique du marché, exubérant à la hausse comme à la baisse.


La troisième conséquence est une hausse des inégalités. Le libre-échange non régulé des pays développés avec les pays émergents provoque une déflation salariale et une hausse du chômage. Le système actuel ne profite au mieux qu’à 10% de la population. Et la hausse des inégalités se retrouve également dans la soumission accrue des entreprises au diktat du marché. Enfin, cette inégalité transparaît dans le rapport entre les entreprises et les citoyens puisque les premières s’accaparent une part toujours plus grande de la richesse au détriment des salaires, preuve que déréglementation ne rime pas forcément avec concurrence.


Pire, les trois conséquences de la déréglementation se renforcent entre elles. En effet, c’est bien la hausse des inégalités aux Etats-Unis qui a provoqué la catastrophe des subprimes puisque les ménages modestes ont compensé par l’emprunt la baisse de leur pouvoir d’achat à cause à la déréglementation financière. Et c’est la déréglementation monétaire et financière qui pousse les pays d’Asie à engranger des excédents colossaux pour se protéger des marchés, créant d’énormes déséquilibres financiers mondiaux.


De manière intéressante, les tenants du système ont gagné une partie de la bataille en parvenant à qualifier la destruction de la réglementation économique issue de l’après-guerre des beaux noms de mondialisation, globalisation ou déréglementation. En effet, comment être contre ces termes, porteurs de valeurs positives ? Notre combat idéologique passera également par les mots et il nous revient de qualifier ce qu’est vraiment cette évolution de ce capitalisme sauvage : la loi de la jungle, la loi du plus fort ou l’anarchie néolibérale. Pire, certains ont réussi à faire passer ce retour en arrière pour moderne. Il s’agit d’une arnaque incroyable tant cette idéologie tend à revenir au capitalisme sauvage du tournant du siècle, celui d’avant les grandes conquêtes sociales. En quelque sorte, pour reprendre Paul Jorion, il s’agit d’une volonté de retour du capitalisme à l’état de nature, d’un déni de tout ce qui fait l’humanité, l’abandon du processus de civilisation où le bien commun et la solidarité l’emportent sur les calculs égoïstes individuels. Quelques économistes darwiniens ont vendu l’idée que la somme des égoïsmes correspond à l’intérêt général et qu’une main invisible bienveillante veille sur le marché pour promouvoir le "laissez faire" et le "laissez passer"… »


Laurent Pinsolle, "La crise de l’anarchie néolibérale", Agoravox, 11 février 2009

dimanche, 01 mars 2009

Monnaie et Europe

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1989

 

Monnaie et Europe

par Pierre Le Vigan

"Un krach financier est-il possible?". C'est sur cette in-terrogation que s'ouvrait Dynasteurs,  sept mois a-vant le krach (mars 1987). La réponse positive don-née à cette question mettait l'accent sur la décon-nexion entre économie "réelle" (assise sur la pro-duc-tion) et économie financière. Cette déconnexion, no-tée par la plupart des observateurs, se mesurait par l'écart croissant entre une production en crois-san-ce faible, surtout s'agissant de la production in-dus-trielle (hors services), et des transactions finan-cières en plein essor.

"Le marché monétaire international, note C. Alphan-dery, fonctionne vingt-quatre heures sur vingt-qua-tre (…) et enregistre des transactions quotidiennes pour des montants avoisinant 10.000 milliards de dollars" (Le Monde,  17 avril 1987).

Le cancer financier

La désintermédiation financière, c'est-à-dire l'accès di-rect des firmes au marché financier contribue à trans-former "le marché de l'argent (…) en un mar-ché parfait, exemple pur de la cause libérale", expli-que M. Bertoniche qui note encore: "les mouve-ments financiers sont devenus sans commune me-sure avec ceux des marchandises: le rapport est de 50 à 1, puisque pour 5 milliards de dollars (en mo-yen-ne) d'échanges commerciaux quotidiens, les flux monétaires à travers les frontières sont supérieurs à 200 milliards de dollars" (Le Monde,  24 février 1987).

Un véritable "cancer financier" se serait ainsi déve-loppé, l'hypertrophie de la sphère financière créant des "bulles spéculatives" et menaçant en retour l'é-co-nomie réelle, déjà atone, de déstabilisation. Ainsi, la baisse des cours consécutive au krach de 1987 a ac-centué la fièvre d'offres publiques d'achats.

Cette analyse, juste à certains égards, aboutit néan-moins à rendre extérieur (exogène) le krach financier par rapport à l'ensemble des logiques économiques en œuvre aujourd'hui. Or, la financiarisation qui a abou-ti à un premier krach n'est pas étrangère —bien au contraire— aux stratégies de financement des entre-prises et aux conditions qui leur sont faites par l'E-tat (voir notamment Pierre Vosges, "Croissance fi-nancière dans la crise et mesure des profits totaux", in Issues  n°17, 1983).

Une diminution de la valeur ajoutée produite par les entreprises

S'agissant du premier aspect, il n'est pas inutile de rappeler le sens de cette banalité qui est que les en-tre-prises recherchent le plus haut taux de profit.

Cela veut dire que les choix d'investissement sont ef-fec-tués en fonction du rapport entre le profit et le capital total avancé.

La valeur ajoutée n'est donc pas maximisée par rap-port au capital matériel et financier mais avant tout par rapport aux salaires (productivité du travail, dite apparente). On observe en l'occurence une diminu-tion de la valeur ajoutée produite par les entreprises.

Précisément, Jacky Fayolle a démontré qu'un inves-tissement brut industriel d'un montant identique a généré depuis 10 ans une valeur ajoutée supplé-mentaire décroissante, des importations de plus en plus con-sidérables, et un effet sur l'emploi qui, de positif en 1970, est devenu négatif 10 ans plus tard.

La recherche du taux de profit le plus élevé possible aboutit ainsi à une inefficacité économique en terme de valeur ajoutée créée, donc d'emploi. Mais les ef-fets de cette dictature du taux de profit sont considé-rablement aggravés quand l'Etat pratique, ou du moins accepte, des taux d'intérêt réels élevés. Ceux-ci sont toujours présentés comme un moyen de pro-motion d'un franc fort.

Le franc fort

Or, l'idée de la nécessité d'un franc "fort" relève de plu-sieurs postulats sur lesquels il faut s'interroger. Ainsi est-il admis que seul un franc fort protègerait l'é-pargne populaire.

En fait, la protection de celle-ci nécessite seulement que le taux de rémunération des dépôts soit supé-rieur au taux d'inflation.

Plus généralement, un franc fort serait le signe d'une économie forte, et comme tel devrait être défendu. Mais quand ne se manifeste aucunement la caracté-ris-ti-que principale d'une économie forte, la capacité de dégager un excédent commercial, —cas de la Fran-ce depuis 1986— le choix d'un franc fort artifi-ciellement, par des taux d'intérêt réels élevés, expri-me une orientation fondamentale de politique écono-mique qui est le développement massif des exporta-tions de capitaux.

La part grandissante des investissements à l'étranger des grandes entreprises françaises est une consé-quen-ce de cette politique si tant est que la vraie poli-tique industrielle des libéraux est leur politique monétaire.

La contradiction majeure

La recherche d'un franc fort, dans une situation où l'économie ne donne pas aux libéraux d'autres ar-mes que les taux d'intérêt, enferme dans une contradiction. D'une part, les taux d'intérêt élevés sont né-cessaires, tant à la venue de capitaux étrangers qu'à l'exportation de capitaux français (achats d'usi-nes, création de réseaux commerciaux…) condi-tion-nés par la défense du taux de change; d'autre part, ils maintiennent l'asthénie de l'investissement et donc contribuent à la non compétitivité alimentant un déficit commercial qui affaiblit le franc.

La solution de fond ne peut être extérieure: deman-der à la République Fédérale d'Allemagne de soute-nir le franc par des achats.

La situation de la RFA —et du Japon— montre de plus qu'une économie à fort excédent commercial, si elle dispose de marges supérieures pour maintenir l'ac-tivité et l'emploi à un niveau plus satisfaisant se heurte à l'étau américain.

En effet, la menace d'un déficit budgétaire accru des Etats-Unis fonctionne comme un formidable moyen de pression puisqu'elle équivaut à une nouvelle bais-se du dollar qui renforce la compétitivité des expor-ta-tions américaines, menace les marché européens et donc les balances commerciales de nos pays.

La stratégie américaine: faire financer le déficit des USA

Or, les Etats-Unis financent leur déficit budgétaire par des taux d'intérêt qui, pour inciter à l'achat de bons du trésor, doivent être supérieurs à ceux cons-ta-tés en Europe.

L'appel aux capitaux étrangers pour financer le dé-fi-cit budgétaire américain nécessite donc une baisse re-lative des taux des pays abritant des masses consi-dérables de capitaux disponibles, essentiellement la RFA et le Japon.

Mais cette pression à la baisse ne doit pas, pour les Amé-ricains, aboutir, par la relance des investisse-ments, à un renforcement réel des économies euro-péennes, pays "forts" (RFA) et "faibles" (France) confondus.

Il y a donc chantage américain à un dollar (encore plus) faible, auquel pousse la reprise de l'inflation aux Etats-Unis, dont l'écart avec le Japon et la RFA est d'environ 4% début 1988.

Européens et Japonais acceptent le chantage américain

En acceptant ce chantage, Européens et Japonais sou-tien-draient donc le dollar avec leurs capitaux tout en acceptant une relance intérieure à fort contenu d'im-portations américaines, afin de limiter le déficit commercial d'outre-atlantique. Or, en acceptant de ser-vir de béquilles à l'économie américaine, le Ja-pon, la RFA et leurs zones d'influences économi-ques respectives compromettent leurs propres inté-rêts.

Ainsi pour la RFA, les orientations retenues pour 1988 consistent-elles, sous prétexte de "conver-gen-ce des politiques économiques", dans une réduction de l'excédent commercial, une hausse de la demande intérieure supérieure à celle du PNB, en bref tous les éléments d'une pénétration accrue du marché intérieur par les produits américains.

Il s'agit, note l'économiste communiste Yves Dimi-co-li, de "faire la place à la surproduction améri-caine" —et ce non sans risques de relance inflationniste et donc de nouvelles montées des taux d'intérêt, alle-mands d'abord, européens ensuite par voie de con-sé-quence.

Au Japon, M. Nakasone a demandé aux Japonais de dé-penser 100 dollars supplémentaires en produits amé-ricains (contre 583 dollars par an actuellement)!

L'Europe —qui n'a pas les marges de concession du Japon, —et qui devrait se poser la question du pour-quoi de ces concessions— est donc prise dans une con-tradiction insoluble si elle accepte de servir de bé--quille à l'économie américaine et en d'autres ter-mes, si elle pense la crise comme déséquilibre du sys-tè-me mondial.

Il y a toujours eu déséquilibre...

Celui-ci a en effet toujours été en déséquilibre et la vraie question est de savoir qui profite de ces désé-qui-libres. En ne remettant pas en cause leur inté-gra-tion dans ce système mondial, les pays européens sont donc condamnés à tisser indéfiniment la toile de leur dépendance en soutenant une économie améri-caine à la fois défaillante (son avance technologique a disparu) et toujours dominante pour des raisons monétaires et du fait de la place géopolitique des Etats-Unis dans le monde. L'issue réside donc, com-me le montre bien le numéro sur  l'Amérique de la revue J'ai tout compris  (n°5, janvier 1988), dans l'autonomie croissante de la sphère économique européenne.

En effet, les mouvements qui affectent les Etats pris isolément sont devenus d'une force difficilement sur-montable. Le rapport entre les réserves de change des Etats et les capitaux détenus par les agents éco-nomiques privés était, il y a 20 ans, de 5 à 1 en fa-veur des Etats. Il y a 10 ans, il était de 1 à 3 (donc en faveur des marchés privés).

Maintenant, il est de 1 à 10. "Les Etats luttent actuel-le-ment pour la survie de leur identité" (François Rachline, "La crise financière et les Etats débordés", Le Monde,  6 juin 1988).

Retour à l'étalon-or?

Dans cette situation, l'idée du retour à un système de change étalonné sur l'or consiste à prendre l'effet pour la cause, la suppression des taux de change fixes pour la cause des mouvements massifs de capi-taux alors que c'est l'inverse (1). Cette proposition po-se de toute façon des problèmes insolubles (voir encadré).

La proposition de création d'un étalon-matières pre-mières auquel seraient liées les devises-clés n'est pas plus satisfaisante en raison du caractère tendancielle-ment décroissant des prix des matières premières, du risque de fortes fluctuations dues à la substituabilité, aux spéculations sur le niveau des stocks, aux inter-ven-tions étatiques. Tous ces élements feraient d'un indice de prix de matières premières "certainement l'un des plus mauvais indicateurs imaginables de l'in-flation mondiale" (Pierre Noël Giraux, "Un rideau de fumée", Le Monde,  17 mai 1988).

Il ne jouerait ni comme réducteur d'incertitudes, ni comme réducteur de l'hégémonie américaine.

La souveraineté monétaire

Il faut donc, pour organiser une maîtrise européenne de la croissance et une reconquête du plein emploi, commencer par le commencement: la souveraineté monétaire. Dans le cas d'une économie ne bénéfi-ciant pas du privilège du dollar-monnaie nationale et internationale —celle-ci nécessite le contrôle des ca-pi-taux et de la création monétaire (à 90% par les ban-ques). Diverses mesures s'ensuivent:

On peut rompre avec la facturation en dollar des ven-tes françaises aux Etats-Unis. On peut empêcher la spéculation par divers systèmes de pénalités frappant les comptes des non résidents des banques euro-péen-nes. On peut, en opérant une nécessaire unifica-tion monétaire européenne, accroître fortement la co-opé-ration dans un premier temps entre les banques cen-trales notamment par la mutualisation d'une par-tie des réserves de change.

Il est clair qu'une telle politique nécessite un rôle nou-veau de la RFA qui, comme le note justement Jean-Jacques Rosa, "nous dicte à travers le S.M.E. une restriction monétaire obsolète" (Le Figaro,  6 et 7 février 1988).

Une baisse des taux d'intérêt

Or, la politique monétaire doit se donner en Europe l'objectif premier d'une baisse des taux d'intérêt. Il est en effet simple à comprendre que si les taux d'in-térêt réels (c'est-à-dire déduction faite de l'inflation) sont —comme c'est le cas actuellement— supérieurs aux taux de profits des entreprises, celles-ci préfère-ront les investissements de portefeuille aux investis-sements productifs, physiques ou immatériels.

Il faut donc que les taux d'intérêt réels soient "posi-tifs pour permettre le financement du futur, le finan-ce-ment sain —par l'épargne— de l'investissement, mais inférieurs au taux de croissance en volume du Produit Intérieur Brut pour ne pas déprimer l'activité économique" (Pierre Pascallon, "Le fardeau des taux d'intérêt réels élevés: insurmontable?", Les Pe-ti-tes Affiches,  24 septembre 1986).

Un tel objectif nécessite une déconnexion entre les taux en Europe et les taux américains.

La France y est particulièrement intéressée puis-qu'en-tre ses taux à long terme et ceux des Etats-Unis existe la plus forte corrélation des grands pays in-dus-triels.

Les deux scénarios de Michel Aglietta

L'enjeu capital des taux d'intérêt réels —ou taux d'ac-tualisation— relevé par Jean-Gilles Malliarakis (voir Troisième Voie,  n°2, 1987) est l'objet des analyses de nombreux économistes. Michel Aglietta dé-fi-nit ainsi la principale conséquence de la hausse des taux d'intérêt réels: "La concomitance d'une crois-sance déprimée, d'un investissement insuffisant, d'une dégradation de l'emploi et d'un déplacement du partage des revenus au détriment des salariés" ("Le défi communautaire", République,  n°1, 1988).

Afin de se remettre sur ce que les économistes appellent un sentier de croissance, Michel Aglietta envisage deux scénarios.

Le premier consisterait à revenir à un système de chan-ges intra-européens flottants au service de la ré-duction des déficits extérieurs pour un taux de crois-sance préalablement choisi en fonction d'un objectif de réduction du chômage.

Un tel scénario, "souplesse des taux de change dans un espace financier caractérisé par une grande mobilité des capitaux, soumettrait le SME aux mêmes ava-tars que le SMI (système monétaire internatio-nal)", d'où, à notre sens, l'extrême importance de l'établissement d'un contrôle des capitaux rigou-reux.

Le deuxième scénario envisagé par M. Aglietta con-sis-te dans l'instauration d'une solidarité budgétaire entre pays et régions d'Europe au service de la crois-sance. Ceci implique un système de changes fixes.

Changes fixes et dimension continentale

Or, que l'Europe s'unisse économiquement en évo-luant vers l'économie dirigée —ce qui suppose l'é-mergence d'un pouvoir politique européen assurant cette direction— ou qu'elle reste un champ de ma-nœuvres des multinationales, il n'en reste pas moins que les conséquences logiques de l'acte unique euro-péen sont claires: "le marché intérieur européen dans le domaine des biens et services implique les chan-ges fixes; ces derniers et l'intégration financière con-duisent à une abolition des souverainetés monétaires nationales" (art. cit.).

La conséquence inévitable, plus que le maintien —tou-jours réversible— de monnaies nationales à taux de change fixe avec définition en commun des objectifs de croissance monétaire, c'est la création d'une monnaie unique européenne.

La première étape en serait bien sûr la substitution d'in-tervention en Ecus aux interventions bilatérales en monnaies nationales.

Mais le point important est qu'une telle monnaie peut être mise au service de politiques parfaitement divergentes.

Le contrôle européen —et non plus national— des mouvements de capitaux sera encore —si la volonté politique qui prévaut est celle d'un développement fondé sur le plein emploi des hommes— un des élé-ments indispensables de la politique monétaire de l'Eu-rope vis-à-vis du Yen et du Dollar, politique qui déterminera le niveau des taux d'intérêt dans nos pays, et donc largement le volume de l'activité et de l'emploi.

Techniquement, la déconnexion est donc parfaite-ment possible. Il reste aux Européens à apprendre à vouloir.

Pierre LE VIGAN.

Note:

(1) Sur la crise du système monétaire international, voir notamment Paul Fabra, "Le Saint Graal des chan-ges fixes"; Patrick Verley, "Le mythe de l'étalon-or", (Le Monde,  9 Mars 1988), et la remar-quable analyse de Jean-Marc Siroën, "Quoi de nou-veau?… l'hégémonie américaine", qui met en garde contre les illusions que l'internationalisation d'autres monnaies que le dollar (Ecu, Yen) rétablirait à elle seu-le l'"équilibre" du système et soustrairait Europe et Japon aux pressions américaines (Le Monde,  22 mars 1988).

 

 

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samedi, 28 février 2009

L'économie russe en 1994

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Archives de SYNEERGIES EUROPEENNES - 1994

 

SYNERGIES EUROPÉENNES - VOULOIR (Bruxelles) - Janvier 1994

Michel SCHNEIDER:

ECONOMIE RUSSE: LA LONGUE MARCHE VERS L'INCONNU

Le travail de démantèlement de l'ancien système, essentiellement mené par l'équipe d'Egor GAIDAR de fin 1991 à la fin 1992, et pour partie poursuivi depuis, a été payé par un affaiblissement extrême de l'Etat, par un grand désordre économique, par un accroissement de la corruption administrative et de la criminalité générale, par une stratification sociale séparant désormais une minorité de nouveaux riches et une majorité de nouveaux pauvres. Ce travail était généralement considéré comme indispensable au passage a l'économie de marché, à la multiplication des acteurs économiques privés (10 à 15 % de la population vivrait aujourd'hui dans le secteur privé) et à la prise du pouvoir économique par les chefs d'entreprises, les régions et les municipalités. Sur ces deux derniers points, les résultats sont tangibles.

Lors du conseil des ministres du 4 février 1993, le président YELTSIN déclarait cependant: "Le plan économique pour 1992 a pratiquement échoué... l'économie nationale s'est effondrée".

En cette fin d'année, la situation économique demeure en effet plus que jamais alarmante et les symptômes les plus visibles en sont: la poursuite de l'inflation, de la chute de la production, de la baisse du niveau de vie de la masse de la population (alors que les contraintes d'un déficit budgétaire considérable risquent d'obliger le gouvernement à libérer les quelques prix qui restent sous contrôle de l'Etat ou des municipalités: gaz, électricité, téléphone, loyers, eau, charges locatives... ), l'accroissement exponentiel de la dette interentreprises et de la dette extérieure -et de son service- qui font de la Russie, en réalité, un pays en faillite.

Début juin 1993, dans une déclaration commune, le gouvernement et la Banque Centrale fixait les objectifs de leur politique économique: abaisser le taux d'inflation à 10 °/0 par mois d'ici la fin 1993 et achever la stabilisation des prix en 1994 dans le cadre d'une accélération de l'intégration de l'économie russe au sein de l'économie mondiale. Renforcer le rôle de l'économie de marché. Au niveau des changements structurels (point 5 de la déclaration), le gouvernement entend poursuivre fermement le programme de privatisation, améliorer les bases légales des relations au sein du marché et contribuer au développement des marchés financiers. Le gouvernement soumettra par ailleurs au Soviet Suprême des projets de loi sur les sociétés, un nouveau Code Civil et un nouveau Code du commerce qui assurera la sécurité des contrats. Enfin, le gouvernement travaillera à la levée des restrictions sur la propriété de la terre et il garantira l'exécution de la loi sur les faillites.

Telles étaient donc les dernières résolutions du gouvernement...

Récemment, un institut gouvernemental a donné ses prévisions, qui donnent la mesure du chemin à parcourir. La production industrielle et la production agricole chuteront respectivement de 15 et 5% cette année. Le volume des investissements baissera de 55 à 60% sur les six derniers mois de 1993, contre 45% l'an dernier. Le niveau de vie baissera de 10% au moins et le "revenu de subsistance" devrait atteindre 70.000 roubles par mois en décembre. Début juillet était publié un sondage effectué auprès des "élites" (industriels, commerçants, experts économiques et scientifiques, députés et journalistes) qui reflétait bien le pessimisme de celles-ci: 70% d'entre eux s'attendaient a une détérioration croissante de la situation économique, financière, sociale et politique. Près de 50% se prononçait,aient pour une économie mixte (50% au privé 50% à l'Etat), 28% pour une économie strictement libérale et 19% pour un retour à l'étatisation.

Ce sondage est intéressant car il marque, comme les déclarations et articles de plus en plus nombreux de personnalités, une tendance assez nette à souhaiter des inflexions sensibles dans la politique actuellement poursuivie.

Serguëi GLAZIEV, ministre du Commerce extérieur, reconnait que si la Russie échoue a créer des structures financières et industrielles efficaces d'ici un an ou deux, elle se "désintégrera". Et il préconise des mesures urgentes:

suspendre le chapitre de la loi de privatisation qui permet aux grandes entreprises de privatiser elle-même les unités de production qui les composent, abolir les obstacles infondés à la création de holdings,

3. introduire un certificat de qualité pour les marchandises importées et moduler les tarifs douaniers en fonction des objectifs de la politique industrielle, n'accorder des subventions et la garantie du gouvernement qu'aux importations de marchandises et d'équipements qui ne peuvent être achetés sur le marché national, au lieu d'investir dans des projets locaux, il est nécessaire d'apporter le soutien de l'Etat à des programmes nationaux majeurs qui permettent des changements structurels.

Cette prise de position du ministre va dans le sens d'un certain protectionnisme et du retour à une certaine forme de planification, en tout cas d'un accroissement du rôle de l'Etat, tendances qui se confirment au fil des jours.

Beaucoup dénoncent désormais les effets pervers des instruments traditionnels de la politique de stabilisation (cf. en annexe le tableau dressé par Jacques SAPIR, maître de conférence à l'Ecole des hautes études en sciences sociales).

Oleg BOGOMOLOV, directeur de l'Institut d'économie internationale auprès de l'Académie des sciences estime ouvertement que c'est l'aventureuse "thérapie de choc" de M. GAIDAR qui est la principale responsable de la chute continue de la production et de l'inflation. La politique ruineuse du "grand saut" dans l'économie de marche a été inspirée par les économistes de "l'école monétariste de Chicago" et aussi par le FMI, déplore-t-il. Et si cette politique devait être poursuivie, elle conduirait à une situation encore plus grave. En toute hypothèse, il n'y a rien à attendre des deux années qui viennent sauf, prévoit-il, une plus grande détérioration. Pour lui, plutôt que de quémander des prêts, alors que la Russie est en cessation de paiements. le gouvernement devrait attirer les investisseurs étrangers sur des secteurs prioritaires, en créant les conditions légales et fiscales qui font aujourd'hui défaut.

Précisément, dans un rapport rendu public durant l'été 1993, un responsable du Fonds Monétaire International, M. de Groote, en vient à critiquer ses collègues américains et leur "approche fondamentaliste" des réformes fondées sur "un modèle importé qui n'existe nulle part, pas même aux Etats Unis, le seul pays pris comme référence par ces réformateurs de l'école reaganienne". Dans ce rapport, il déplore une libération des prix "prématurée et mal conduite" et préconise la restauration d'un certain contrôle des prix dans la grande industrie et l'agriculture, ainsi qu'un ralentissement des privatisations dans les industries d'Etat et le retour à un minimum de contrôle administratif des processus économiques.

Progressivement, se dessine ainsi les traits d'une politique économique alternative

Dans l'immédiat cependant, la situation est encore aggravée par "l'autonomisme économique", favorisée par les transferts de charges et de responsabilités, initiés par le gouvernement GAIDAR et poursuivis récemment par les concessions de M. ELTSINE aux "sujets" de la fédération. Les conséquences pourraient en être dramatiques pour le pays.

C'est ainsi que beaucoup de régions imposent désormais leurs propres règles de passage à l'économie de marché et tentent de constituer leur propre espace économique, instituant des règles fiscales spécifiques concernant en particulier l'exploitation de leurs ressources naturelles et l'accueil des investisseurs étrangers. Des économistes n'hésitent pas à parler de "désintégration préférentielle" estimant que celle-ci toucherait déjà l/3 du potentiel économique russe. Certaines régions ont cessé de transférer leur quote-part au budget fédéral. C'est ainsi que durant les cinq premiers mois de 1993, pas un rouble n'a été donné au budget de l'Etat par les républiques du Bachkortostan, du Tatarstan, cependant que la république du Sakka (ex-Yakoutie) payait 1% et celle de Carélie seulement 3% des impôts fédéraux, et les cas identiques se multiplient.... C'est tout le budget fédéral qui est menacé d'effondrement par "assèchement".

Le gouvernement, apparemment incapable de garder le contrôle de la situation, a néanmoins soumis au Soviet Suprême des projets de loi visant a alourdir la pression fiscale en créant de nouvelles taxes et en augmentant celles existantes, en particulier la TVA (+4%)

La fuite en avant se poursuit donc, comme les privatisations.

Mais les dernières prévisions gouvernementales n'incitent pas à l'optimisme.

A la fin de cette année, selon le Président de la Banque Centrale, le Produit National Brut sera comme en 1992, en baisse de 18 à 20% et le taux de l'inflation de 1000% ! Le ministre des Finances, M. Boris FIODOROV, prédit pour sa part que le déficit budgétaire atteindra 22 milliards de dollars soit 14% du P.N.B.

 

 

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mardi, 17 février 2009

Les sortilèges du capitalisme et le réenchantement du monde

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Les sortilèges du capitalisme et le réenchantement du monde

Trouvé sur: http://www.polemia.com/ 

Dans le monde moderne, « tout fonctionne et le fonctionnement entraîne toujours un nouveau fonctionnement, et la technique arrache toujours davantage l’homme à la terre (*). » écrit Heidegger (« Essais et conférences, la question de la technique »). Le principe de l’arraisonnement du monde s’autoalimente en dispositifs toujours plus techniques.

Kant avait déjà noté que la raison arraisonne. Dans le monde moderne la pensée se trouve coupée en deux, la pensée méditante, de plus en plus réduite, et la pensée instrumentale, de plus en plus envahissante. En d’autres termes, les arts mécaniques supplantent les arts libéraux. Au rationalisme qui calcule, met en coupe réglée le monde, il serait tentant d’opposer l’irrationalisme. Mais ce n’est pas ce dernier qui remédie aux maux du premier. Le problème est moins celui de la prédominance des arts mécaniques sur les arts libéraux que de leur disjonction. Le turbocapitalisme et sa logique financière relèvent plus de la magie que de la raison. C’est du coté du monde arraisonné par la technique marchandisante que se situent les sortilèges, et cela dans un processus qui a été bien été mis en lumière par Philippe Pignarre et Isabelle Stengers dans « La sorcellerie capitaliste. Pratiques de désenvoûtement » (La Découverte, 2005).

C’est pourquoi le dépassement du capitalisme ne peut se faire que dans et par le même mouvement que celui de dépassement de l’imaginaire de la marchandise, comme l’ont montré  Ludovic Duhem et Eric Verdure (« Faillite du capitalisme et réenchantement du monde, L’Harmattan », 2006). En conséquence tant de l’épuisement des ressources naturelles que, plus encore, de l’impératif de ménager les ressources humaines, Il va peut-être s’agir (« peut-être » car l’histoire est ouverte) de revenir au sens ancien du mot économie, à savoir économiser, comme le montre Bernard Perret (« Le capitalisme est-il durable ? », Carnets nord, 2008).

C’est encore Heidegger qui écrivait dans « Introduction à la métaphysique » (1935) : « Cette Europe qui, dans un incurable aveuglement, se trouve toujours sur le point de se poignarder elle-même, est prise aujourd'hui dans un étau entre la Russie d'une part et l'Amérique de l'autre. La Russie et l'Amérique sont toutes deux, au point de vue métaphysique, la même chose; la même frénésie sinistre de la technique déchaînée, et de l'organisation sans racines de l'homme normalisé.[ souligné par nous] » La disparition de la Russie soviétique comme régime économique et social rend cette réalité du déchainement sans âme de la technique asservie au profit plus nue encore. Il va falloir trouver la voie d’une réconciliation entre la raison et les techniques, hors de la toute puissance de l’argent, du court-termisme, du bougisme et de l’impératif de rentabilité immédiate. Il nous faut retrouver les deux qualités qu’Aristote (« Ethique à Nicomaque ») attribuait aux non-esclaves, les facultés de délibérer et de choisir (« to bouleutikon », la « boulè » est l’unité de base de la démocratie athénienne, c’est l’assemblée qui délibère, assemblée instituée par Solon et Clisthène), et la faculté de prévoir, l’horizon de ce que l’on souhaite (« proairesis ») – les deux étant liées, comme on le comprendra aisément, l’avenir étant fait de prévisions sur des conditions qui nous échappent en partie et d’actes qui modifient l’avenir et ses conditions mêmes.

L’historien des techniques Alain Gras relève la multiplicité des voies techniques possibles et le caractère très contestable de la notion de progrès au sens linéaire du terme. Il explique : « Ma position première est donc anti-évolutionniste y compris sur le plan de la science et de la technique ». C’est peut-être par là qu’il faut commencer.

Pierre Le Vigan
Février 2009
Correspondance Polémia
07/02/09(*) la terre ne s’entend pas au simple sens de l’éloignement du mode de vie rural bien sûr. Il s’agit de quitter le « sol » sur lequel se déploie le propre de l’homme. En ce sens ce n’est pas forcément le cosmonaute qui s’arrache plus à la terre que l’usager de clubs de vacances au bout du monde par exemple.

Pierre Le Vigan

lundi, 16 février 2009

Protectionnisme ou "Déglobalisation"?

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Protectionnisme ou « Déglobalisation » ?

Trouvé sur: http://www.polemia.com 

Que deviennent donc les grandes résolutions prises par le G20 réuni à Washington, le 15 novembre dernier, où les dirigeants des vingt principales puissances mondiales s’étaient engagés à s’abstenir « d’élever de nouvelles barrières aux investissements et au commerce des biens et des services » ? Ayant repris tous en chœur le mot d’ordre du moment, « Le protectionnisme : voilà l’ennemi » (1), où en sont-ils aujourd’hui ?

Au sein de l’Union européenne, la solidarité et la concertation résistent mal à l’ampleur des difficultés économiques que l’on ne mesurait pas dans les premières semaines de la crise et on s’achemine doucement mais sûrement vers le « chacun pour soi : « Chaque Etat est tenté d’agir en fonction de ses spécificités nationales », relève le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia.

Sur le plan mondial, on constate le même repli sur soi.

Les Etats-Unis – A tout seigneur tout honneur – envisagent, par exemple, de réexaminer une disposition d'un vaste plan de relance économique protégeant les sidérurgistes nationaux contre les importations d'acier étranger. L'article, perdu dans un projet de près de 650 pages, interdit l'achat de fer ou d'acier étranger pour les projets d'infrastructures que financerait le plan. Par ailleurs, la nouvelle administration Obama s’interroge sur l’opportunité d’une nationalisation des banques.

En Chine, on a déjà assisté, durant les deux dernières années, à plusieurs conflits entre partenaires étrangers et chinois, comme ce fut le cas entre Danone et Wahaha. Récemment, c’est Alstom Transport qui a perdu le marché de la ligne à grande vitesse Pékin-Shanghaï au bénéfice exclusif de fournisseurs chinois. Il en est de même pour les télécommunications ou Coca-Cola ; ce dernier voit suspendre sa négociation engagée avec Huiyan Juice pour le rachat de la firme chinoise. Question : « La Chine va-t-elle favoriser ses champions nationaux en période de crise ? »

Alors, à l’épreuve de la crise, le libre-échange et la globalisation seraient-ils sur la sellette ? De Davos, où régnait un désarroi général, nous vient peut-être une réponse transmise par Frédéric Lemaître, rédacteur en chef du « Monde » (03/02/09) : « La mondialisation est devenue un handicap pour la reprise, et donc la croissance. » Est-ce un hasard si la presse anglo-saxonne parle déjà de « déglobalisation » ? Qu’en est-il ?
Polémia

 Le dilemme de la « déglobalisation »

Le terme est utilisé par Sean O’Grady dans « The Independent » de ce 31 janvier 2009 : « Deglobalisation: What is it ? And why Britain should be scared » (De quoi s’agit-il ? Et pourquoi la Grande-Bretagne devrait-elle avoir peur ?). Le terme désigne évidemment le mouvement inverse de la globalisation, actuellement en cours pour des raisons de protection, de prudence, de protection devant la violence de la crise. Cette situation peut être caractérisée également par la montée du protectionnisme. Mais l’emploi du mot, forgé pour l’occasion, de  « déglobalisation » implique de considérer ce renouveau de protectionnisme comme une mesure qui n’est pas seulement d’occasion, ni de simple réflexe, mais qui suggère un mouvement de mise en cause de la structure et de la philosophie de l’économie du monde, la crise elle-même suggérant cette attitude. Les Britanniques sont particulièrement concernés, et également préoccupés tant leur économie est fondamentalement orientée dans le sens de cette philosophie ainsi mise en péril, au niveau de sa structure même, dans tous les domaines de la vie  nationale.

« La Cité de Londres est un exemple flagrant de main-d’œuvre étrangère et de capitaux circulant librement et, jusqu’à récemment, elle était capable de générer une immense richesse. Mais d’autres services financiers et d’affaires, depuis l’assurance jusqu’à l’expertise, dépendent aussi de ces flux internationaux circulant librement.

« La quasi-totalité de notre fourniture en électricité et de nos services des eaux appartient à des entités allemandes, françaises ou à d’autres d’essence étrangère, un grand nombre de nos banques de la High Street sont entre les mains du groupe espagnol Santander et nos principaux constructeurs automobiles sont japonais, allemands, indiens et américains – et ils exportent 80 pour cent de leur production. Même la poste appartiendra pour moitié aux Hollandais. Il y a aussi Heathrow, un centre de transit international. Le tourisme et les industries créatrices, qui sont le secret de notre prospérité, sont les uns et les autres des affaires mondiales. Regardez aussi les maçons polonais et lituaniens, les arracheurs de pommes de terre, les chauffeurs de taxi nigériens et les infirmières sud-africaines, tous ont fourni un net profit à l’économie britannique. Leur contribution à la baisse du coût de la vie et au maintien de la Sécurité sociale est à peine remarquée et encore moins louée. Sans parler de l’apparition du poulet tikka masala devenu notre plat national. »

Si l’on en revient au protectionnisme, qui est le signe le plus apparent, le plus spectaculaire de la « déglobalisation », il faut savoir qu’il a d’ores et déjà une dimension politique et qu’il interfère d’ores et déjà sur les relations entre l’Europe et les USA de Barack Obama. A cause de cela, on commence déjà à s’interroger sur la réalité de cette énième « lune de miel » entre l’Europe et les USA (…), annoncée bruyamment avec le nouveau président, une grosse semaine après que ce président eut pris ses fonctions. La crise brouille toutes les cartes, et à son rythme, qui est étourdissant.

Les Britanniques, les plus proches des USA, les « cousins » anglo-saxons, sont à nouveau sur le front, cette fois dans l’attaque contre les USA, sur le point précis de la réintroduction d’une forme de « Buy American Act » dans la loi sur le plan de relance (ou stimulus plan) en train d’être discuté à Washington. Le « Business Secretary » (nous laissons le titre dans sa langue originale tant la  traduction en « ministre des Affaires » rend un son étrange) du gouvernement Brown, Lord Peter Mandelson, lance de Davos une critique violente contre Washington et les USA, rapportée par le « Times » de ce même 31 janvier.

« Se livrant à une attaque cinglante contre le plan, Lord Mandelson a déclaré que les projets nationaux consistant dans certains pays à inciter les consommateurs à acheter des produits fabriqués chez eux risquaient sérieusement de déclencher des affrontements dus au commerce protectionniste. “Je comprends pourquoi les gens désirent faire leur propre choix. C’est pourquoi, si on commence ces campagnes “Achetez américain”, ou “Achetez ceci”, ou “Achetez cela”, on court le risque que cela se traduise en de réels obstacles au commerce, ce qui est la dernière chose dont nous avons besoin en économie mondiale”, a-t-il ajouté. » (…)

« Lord Mandelson a condamné ce qu’il a qualifié de démarches protectionnistes naissantes engagées par certains gouvernements au sein de l’Union européenne des 27 nations. “Nous avons créé le marché unique pour soutenir une croissance économique et non pas pour commencer à s’en prendre les uns aux autres.” Toutefois, à Davos, lors d’un important déjeuner des chefs d’entreprise britanniques, il a souligné que la tendance était évidente, non pas seulement en Europe mais dans le monde entier : “Le commerce mondial s’engage cette année vers la régression pour la première fois depuis 1982. Je pense qu’il y a un risque réel que les gouvernements et les affaires voient dans le protectionnisme le remède nécessaire dans ces conditions-là mais pour ce qui concerne la guérison c’est aussi un poison”, a-t-il ajouté. “C’est la leçon que nous devons tirer des années 1930 – des erreurs que nous ne  devons pas réitérer au XXIe siècle”. »

« Lord Mandelson conforte l’avertissement déjà formulé par Gordon Brown au sujet de ce qu’il a appelé le “mercantilisme financier” – une nouvelle tendance des banques à retirer des marchés étrangers des milliards pour les injecter dans leurs bases nationales. »

Il est vrai qu’à Bruxelles, dans les différents milieux européens, la question de la renaissance du protectionnisme est désormais centrale. « A la Commission européenne, nous dit une source européenne, la perception de la crise continue à être étrangement cloisonnée, tant est grande la lourdeur de cette bureaucratie et développée son irresponsabilité politique. Mais la question du protectionnisme est celle par laquelle la grandeur de la crise est en train de pénétrer les esprits. Il y a une crainte immense, presque de la panique, de constater tous les signes de résurgence du protectionnisme, d’abord, bien sûr, aux USA… »

Cette préoccupation a un écho officiel, tel que le rapporte le « EUObserver » le 30 janvier, et cette préoccupation concerne effectivement l’attitude US, le « plan de stimulation » :

« L’Union européenne attend avec beaucoup d’attention de voir si une clause « Achetez américain », relative à l’acier, figurera dans la version finale du Plan de relance américain qui va être signée par Barack Obama, redoutant qu’elle n’affecte les exportations européennes. La clause, obligeant les entrepreneurs à utiliser uniquement de l’acier produit aux Etats-Unis pour leurs programmes de développement financés par le plan de relance de 825 milliards de dollars (630 milliards d’euros) proposé, est incluse dans une version qui a été approuvée par la Chambre des représentants le mercredi 28 janvier. Le Sénat débat du projet de loi en ce moment.

« Lors d’un point de presse de jeudi, le porte-parole, Peter Powel, a déclaré que le commissaire au commerce, Catherine Ashton, suivait de près l’évolution de la situation. “Nous sommes en train d’examiner la situation. … Avant d’avoir un texte définitif … il serait prématuré de prendre position”, a-t-il déclaré. “Mais la seule chose dont nous pouvons être absolument certains, c’est que si un projet de loi est voté qui interdirait la vente ou l’achat de marchandises européennes sur le territoire américain, nous ne resterons pas là à ne rien faire et nous n’en tiendrons aucun compte”, a-t-il pousuivi. »

« Selon la proposition actuelle, l’acier étranger ne pourra être utilisé pour les projets d’infrastructure financés par le plan de relance que dans le cas où le chef du département fédéral décide que l’emploi du seul acier américain augmenterait les coûts de plus de 25%. »

Enfin, et pour compléter notre choix de références, le site « WSWS.org » publiait hier une analyse générale de la situation du domaine, selon  l’appréciation d’une montée générale du « nationalisme économique ». Comme toujours sur ce site, l’analyse bien informée, exposée d’une façon  didactique, comporte également, au niveau du jugement général, les engagements idéologiques qui, dans de telles situations, se rapprochent de l’enfermement du jugement. Il s’agit de condamner aussi bien cette sorte de « nationalisme », évidemment interprété comme une action des classes dominantes nationales, que la structure de libre-échange mise en cause, qui renvoie à la globalisation hyper-capitalistique. Contentons-nous du passage sur l’évolution de la situation US qui est, en l’occurrence, le point central de la question.

La nouvelle administration Obama a encouragé la marée montante du protectionnisme avec les commentaires, la semaine dernière, du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, qui accusait la Chine de jouer avec ses devises pour développer ses exportations. Traiter Pékin de « manipulateur de monnaie » permettrait à la Maison Blanche de faire appel contre la Chine à une large gamme de taxes douanières dissuasives et autres pénalités économiques selon la législation commerciale américaine. »

Les démocrates de la Chambre des représentants sont allés plu loin en incluant mercredi une clause « Achetez américain » dans le plan d’ensemble de relance d’Obama et de ses 825 milliards de dollars approuvé mercredi. La clause, qui exige que les projets d’infrastructure financés par le paquet  n’utilisent que du fer et de l’acier fabriqués aux Etats-Unis, a provoqué des protestations de la part des sidérurgistes européens. Le sénateur démocrate Byron Dorgan propose une plus large mesure visant à exclure le plus grand nombre de produits manufacturés fabriqués à l’étranger au moment où le plan parviendra au sénat (2). »

« De telles mesures menacent de provoquer une escalade de représailles et une guerre du commerce à grande échelle. Dans la revue américaine “Foreign Policy”, un commentateur mettait en garde contre le fait que le “langage explicitement protectionniste” exprimé dans le plan serait “certainement ressenti  comme un mauvais signe par le reste du monde”. Le monde peut traiter avec une Inde ou une Indonésie protectionnistes. Les échanges commerciaux rencontreront  beaucoup plus de problèmes si les Etats-Unis se mettent à renoncer à leur rôle traditionnel de leadership.” »

Les deux mots pour le dire

Il y a un faux affrontement intéressant de mots par ailleurs presque synonymes. S’agit-il de « protectionnisme » ou s’agit-il de « déglobalisation »? C’est une question qui mérite qu’on s’y arrête pour ce qu’elle recouvre – c’est même, en l’occurrence, la seule question qui vaille qu’on s’y arrête.

En général, le procès du protectionnisme est vite fait, d’autant qu’on retrouve dans le rôle du procureur aussi bien les hyper-libéraux à-la-Mandelson que les internationalistes trotskystes. Tout juste se demanderait-on si les jugements ne sont pas de circonstance ; le Royaume-Uni (où se recrutent ces chevaliers du libre-échangisme) ne se priva jamais d’être protectionniste, y compris avec un « grand marché » étendu au Commonwealth, lorsqu’il avait quelque chose à « protéger » ; aujourd’hui, on connaît sa situation… Par conséquent, on réservera une certaine méfiance vis-à-vis des sorties antiprotectionnistes de Mandelson et de Brown – dont, par ailleurs, l’intégrisme capitaliste n’est pas en cause, et pour le plus convaincant des propos (pour rappel, Brown, et non Blair, est désigné parmi les 25 coupables de la crise actuelle par le « Guardian »).

On notera également qu’on ferait bien de relire quelques classiques, pour rappeler, comme l’avait déterminé l’historien Lucien Romier en 1925 (« Qui sera le maître, Europe ou Amérique? »), que le protectionnisme n’est pas un concept qui s’expédie par quelques vitupérations. Romier distinguait le protectionnisme autarcique, établi par une nation pour développer d’une façon jugée en général déloyale sa puissance et prospérer sans interférences, ses caractéristiques la faisant se suffire à elle-même. L’exemple historique est celui des USA durant le « Gilded Age » (1865 jusqu’à la fin du XIXe siècle), époque paradoxalement du capitalisme le plus sauvage de l’histoire  économique, des grandes fortunes, d’un développement industriel tonitruant faisant accéder les USA au rang de grande puissance au début du XXe siècle. L’autre protectionnisme est le « protectionnisme défensif », établi pour protéger l’économie et la nation affaiblies pour telle ou telle cause (crise, défaite militaire, etc.), parce que l’urgence ne laisse souvent guère de choix. C’est le cas aujourd’hui, et c’est un cas bien plus difficile à trancher qu’il n’y paraît, dans les circonstances actuelles. Le problème est en effet que le protectionnisme est vigoureusement condamné au nom de la survivance – ne parlons pas de « renaissance » – d’un système dont il est avéré par ailleurs qu’il a provoqué la crise où nous nous trouvons, par conséquent cause indirecte mais avérée de cette poussée protectionniste…

C’est à ce point où nous passons à la problématique des « deux mots ». S’agit-il aujourd’hui de « protectionnisme » ou de « déglobalisation » ? « Les deux, mon colonel », répond l’expert, finaud. Ce n’est pas faux, on l’a vu, et c’est un dilemme, qui se reflète d’ailleurs dans l’embarras de certains critiques du protectionnisme qui admettent par ailleurs « comprendre » le mouvement de déglobalisation. C’est le cas lorsque Pascal Lamy, qui dirige l’OMC, dit à Davos : « Il est naturel qu’il y ait dans une telle crise une grande demande de protection. Mais cela ne signifie pas qu’il devrait y avoir du protectionnisme » (« It is natural in such a crisis that there is a big call for protection. But that does not mean there should be protectionism »). Traduisons, mais traduisons vraiment, en fonction de la tournure un peu alambiquée, c’est-à-dire gênée aux entournures, des deux phrases : « Un peu de protection c’est naturel, le protectionnisme ce n’est pas bien. ». On se demande qui fera la différence entre « protection » et « protectionnisme », à part le « isme » qui  permet aux éditoriaux du « Financial Times » de paraître vertueux.

Il est vrai que la globalisation est ce mouvement déstructurant, prédateur des identités et des souverainetés, qui a très largement contribué à massacrer les particularismes économiques, les équilibres des nations et des régions, l’équilibre universel de l’environnement ; qui a très largement contribué à massacrer les cultures (dans les deux sens, après tout), les sociétés, etc. ; et ainsi de suite. De ce point de vue, qui est fondamental pour définir la crise, la déglobalisation, dans tous les cas, un peu ou pas mal de déglobalisation, se justifie sinon s’impose, notamment pour lutter contre la crise. Mais la globalisation ne « marche » qu’appuyée sur le libre-échange avec le moins de restriction possible, et pas de restriction si possible, et, par conséquent, le protectionnisme est son grand ennemi ; dito, le  protectionnisme, c’est par conséquent aussi la déglobalisation, – et le tout, si l’on accepte aussi que le protectionnisme est effectivement une menace d’aggravation de la crise, forme un dilemme entre deux appréciations et deux politiques éventuelles, entre lesquelles il est bien difficile de trancher puisqu'il se pourrait bien qu'elles soient semblables.

Au reste, personne ne tranchera. Les directions politiques sont aujourd’hui trop faibles, trop pressées par des menaces terribles, dont celle de troubles politiques devant la catastrophe sociale, pour pouvoir réagir comme il convient aux consignes du système. Le protectionnisme, dans cette atmosphère générale de déglobalisation, est quelque chose dont on voit mal comment il pourra ne pas se  développer, d’une façon ou l’autre, notamment sous le nom de déglobalisation. Les USA mènent la charge, eux qui sont spécialisés dans le domaine de la tromperie à cet égard, grands donneurs de leçons et dénonciateurs du protectionnisme, et mainteneur du protectionnisme chez eux par des moyens variés ; mais, cette fois, bien peu préoccupés du qu’en-dira-t-on, ne dissimulant pas leurs intentions, parce que la maison brûle. Dira-t-on (les puristes de la logique) qu’ils se tirent une balle dans le pied, eux qui ont lancé la globalisation, faux-nez pour l’américanisation ? Qui a dit que la cohérence intellectuelle était la caractéristique du monde civilisé dans les heures que nous  traversons, alors que ce ne fut même pas le cas lorsque tout allait bien ?

Encore une fois, la grande force des choses parlera pour nos élites, empêtrées dans leurs belles idées ornées de fortes pensées conformistes, leurs vanités diverses et leur inclination à prendre leurs intérêts pour le bien public. Nous dépendons d’une mécanique historique qui, elle, ne dépend pas de nous. Il est possible que cette mécanique, qui en a plus qu’assez de nos balourdises, ait choisi la déglobalisation, quitte à passer pour protectionniste.

Le dilemme de la « déglobalisation »

Faits et commentaires
31/01/09
www.dedefensa.org

Correspondance Polémia
05/02/09
(Trad. des citations de presse par RS pour Polémia)

Notes de la rédaction :

(1)   Voir http://www.polemia.com/article.php?id=1817

(2)   Selon une dépêche de l’AFP du 05/02/09 : « Le Sénat américain a assoupli une clause controversée “Buy American” (Achetez américain) du plan de relance économique, un plan dont l'adoption est par ailleurs retardée par l'opposition républicaine alors qu'il est attendu impatiemment par le reste du monde.

Les sénateurs ont voté à main levée pour changer la formulation du texte et stipuler que le plan de relance devra être conforme aux lois et traités commerciaux existants, c'est-à-dire les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). »

Correspondance Polémia

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La guerre oubliée de l'Amérique contre les banques centrales

La guerre oubliée de l’Amérique contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, traduit par Régis Mex pour Mecanopolis / http://www.mecanopolis.org


« Laissez moi décider et contrôler la régulation de la masse monétaire d’une nation, et je me fiche de ce qui fait les lois. »

Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la dynastie de banquiers du même nom

spirit

Beaucoup de personnalités notables américaines telles que Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, et Andrew Jackson se sont élevés contre le système des banques centrales utilisé à travers l’Europe et l’ont combattu.

Un billet issu d’une banque centrale, connu sous le nom de Billet de la Réserve Fédérale, est monnaie courante. Ces billets sont donnés au gouvernement en échange d’intérêts que ce même gouvernement devra rembourser sur la somme empruntée. La première chose qu’il advient généralement est que, pour rembourser ces mêmes intérêts, l’emprunteur demande davantage de créances, ce qui crée un cercle vicieux qui se termine finalement par la destruction totale de la valeur monétaire et la banqueroute de la nation. L’histoire se répète à de nombreuses reprises.

Ceci amène la question de savoir pourquoi un système si pervers existerait ? La raison est que pendant la procédure d’arrangement, qui peut durer des siècles, les banquiers centraux qui créent la monnaie amassent d’impressionnantes fortunes sur la large somme des intérêts collectés. Ce principe est, en essence, un transfert des biens de la majorité à une élite de quelques-uns. Les chefs de gouvernements préfèrent un tel système parce qu’il ne nécessite pas de budgets pour être équilibré. Il est bien plus politiquement pratique d’emprunter, pour ensuite taxer directement les citoyens.

Les effets d’une dévalorisation de la monnaie courante et de l’accumulation de la dette ne sont pas flagrantes, et d’après les mots attribués à Vladimir Lénine par John Maynard Keynes :

“Par un processus contenu d’inflation, les gouvernements peuvent confisquer, secrètement et de manière inobservée, une importante part des biens de leurs citoyens… Il n’y a pas de plus subtil, de plus sûrs moyens de détourner les bases existantes d’une société que la débauche de la stabilité monétaire. Le processus engage toutes les forces cachées des lois économiques du côté de la destruction, et le fait d’une manière que pas un homme sur un million n’est capable de diagnostiquer.” (John Maynard Keynes)

A travers l’histoire des États-Unis, il y a eu une bataille entre les banques centrales et leurs intérêts sur l’emprunt et ceux qui s’y sont opposés. Les États-Unis sont nés du résultat direct de ce combat. Lire la suite de La guerre oubliée de l’Amérique  contre les banques centrales

Par Mike Hewitt, Financial Sense University, traduit de l’anglais par Régis Mex pour Mecanopolis

 

vendredi, 23 janvier 2009

Autopsie de la crise financière

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AUTOPSIE DE LA CRISE FINANCIÈRE


« Le spéculateur, la crise financière qui secoue l’économie mondiale n’est que l’aboutissement logique d’une évolution qui s’est accélérée. Par son développement même, le capitalisme a atteint des limites qu’il est incapable de dépasser et ne survit que par des subterfuges à la crise de ses trois piliers : l’accumulation du capital, la consommation, le travail.


Du fait des gains croissants de productivité et de la baisse de contenu en travail des produits, la production n’est plus capable de valoriser l’ensemble des capitaux accumulés, une partie croissante de ceux-ci conservant la forme de capital financier. Une industrie financière s’est constituée qui ne cesse d’affiner l’art de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien d’autres que diverses formes d’argent. C’est cette industrie que nous voyons s’écrouler. Cette impossibilité croissante de valoriser le capital est accentuée par la baisse du pouvoir d’achat dans tous les pays ayant adopté le dogme néolibéral. Le recours à l’endettement massif, dont les subprimes ne sont que le dernier épisode, a servi à masquer cette évidence en poussant des millions de travailleurs à consommer des richesses qu’ils n’avaient pas encore créées. C’est cette course à l’endettement qui vient de s’enrayer. Elle devrait logiquement être suivie par un effondrement de la consommation. Cet effondrement de la consommation sera lui-même accentué par la disparition du travail-emploi-marchandise. Ce n’est pas seulement le plein emploi, c’est l’emploi lui-même que le post-fordisme a entrepris de supprimer. Derrière des taux de chômage flatteurs et très souvent manipulés, cette destruction est visible dans la réalité des chiffres de la durée du travail qui traduit une dégradation très profonde de la qualité des derniers emplois créés. (...)


Par cette évolution, en détruisant ses moteurs, le capitalisme travaille à sa propre extinction et fait naître des possibilités sans précédent de passer à une économie affranchie de la domination du capital sur le mode de vie, les besoins et la manière de les satisfaire. C’est cette domination qui demeure l’obstacle insurmontable à la limitation de la production et de la consommation. Elle conduit à ce que nous ne produisons rien de ce que nous consommons et ne consommons rien de ce que nous produisons. Tous nos désirs et nos besoins sont des besoins et des désirs de marchandises, donc des besoins d’argent. L’idée du suffisant – l’idée d’une limite au-delà de laquelle nous produirions ou achèterions trop, c’est-à-dire plus qu’il ne nous en faut – n’appartient pas à l’économie ni à l’imagination économique. Elle peut par contre appartenir à l’imagination citoyenne. »



TTO, "Crise Financière ou Agonie du Capitalisme ?", Agoravox, 30 septembre 2008

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mardi, 20 janvier 2009

Spunti di riflessione sulla crisi economica

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http://www.rinascita.info/

 

Spunti di riflessione sulla crisi economica

  

Mercoledì 14 Gennaio 2009 – 17:50 – Vittoriano Peyrani

  
 



Per risolvere la crisi economica in atto i nostri politici suggeriscono di aumentare i consumi, rimedio pericoloso per l’ecosistema e per il senso morale poiché suggerisce di comprare e discaricare oggetti con maggiore frequenza. Questo, poi, in un sistema globalizzato rischia di far aumentare le importazioni di prodotti finiti da altre nazioni che, sfruttando oltre ogni limite la loro manodopera, possono permettersi una concorrenza sleale. Diversamente, cioè comprando prodotti italiani, si aumenterebbe comunque l’importazione di materie prime generando ugualmente più forti passivi di bilancio con conseguente pericoloso esborso di interessi passivi sul debito. In ultima analisi si avvantaggerebbe solo il sistema bancario.
Gli economisti, invece, suggeriscono di fare investimenti per aumentare la produttività rischiando di far sprecare risorse in quanto la recessione generale mette in forse la possibilità di vendita sia all’interno che all’estero. […]

Si deve evitare di perpetuare il potere delle banche internazionali che si basa su di un grave sfruttamento del lavoro e dei consumatori.

L’economia classica è funzionale al potere parassitario degli attuali signori del denaro e non può portare soluzioni positive ai problemi perché ha già fallito con disastri ancora non del tutto calcolabili.


Economisti e politici, con una modestia che purtroppo non hanno mai dimostrato, studino con attenzione come si fece in Italia ad attenuare la crisi economica del 1929, anche allora iniziata negli Stati Uniti.


L’Italia era stata oggetto di sanzioni gravissime da parte degli stati aderenti alla Società delle Nazioni, angloamericani e francesi in primis. Era stata costretta a ricorrere ad una autarchia dispendiosa e di complessa realizzazione.
Certo allora eravamo governati da un dittatore che in realtà tale non era potendo solo legiferare, come anche ora spesso avviene, per decreti. Questi dovevano essere poi approvati dai due rami del parlamento, Camera della Corporazioni che rappresentava il mondo del lavoro, della cultura e delle arti, e Senato del Regno, di nomina regia e quindi non controllabile dal cosiddetto dittatore. Comunque il sistema era basato su di un consenso popolare di gran lunga superiore a quello dei governi attuali che sono oggetto di grande dissenso e critiche perché non prendono in nessuna considerazione i bisogni delle famiglie.


Il successo fu dovuto alla scelta di leggi e di uomini.
Vediamo che cosa dovrebbero recepire gli studiosi dall’esame del passato per trovare le cause e i rimedi ai guasti di oggi:

1) Innanzitutto lo studio del passato dimostra che un sistema globalizzato non è utile al miglioramento della condizione dei popoli ma è solo un meccanismo favorevole all’accentramento del dominio politico planetario da parte della finanza. Se mai, invece, la globalizzazione porta in sé i germi di mali incontrollabili, come inflazione, stagflazione, deflazione.
il libero mercato non è che una formula ipocrita per favorire i gruppi commerciali più forti e non certo per aumentare il benessere e la libertà di tutti.


In un sistema caratterizzato dal gigantismo e dalla liberalizzazione dei monopoli statali, la concorrenza non può verificarsi per gli incroci di possesso di azioni fra gruppi che dovrebbero confrontarsi sfidandosi con l’abbassamento dei prezzi, ma che non lo fanno perché avvantaggerebbero un’azienda e ne danneggerebbero un’altra, sempre di loro proprietà.


In conclusione gli incentivi alla produzione ed al consumo possono avere effetti solo in mercati circoscritti e che si possano proteggere con sistemi doganali efficaci, cosa che viene demonizzata in ogni modo dal pensiero unico democratico.
Nelle recenti riunioni del “G8” e del “G20” si è stabilito che i rimedi devono essere uguali e concordati in tutto il pianeta ma si attende quanto proporrà il neopresidente Obama non appena sarà integrato nelle sue funzioni. In sostanza si aspetta il verbo del presidente del paese che ha generato la crisi, che ha tutte le intenzioni di farla pagare agli altri, che continuerà sulla strada del liberismo che ha creato questa devastazione per i risparmiatori di tutto il mondo. Egli ha condotto la campagna elettorale (come del resto pure il suo avversario Mac Cain) con i soldi dei banchieri che ora controllano il suo operare.

 
Si parla di una nuova Bretton Wood per mantenere, attraverso una moneta unica di riferimento a livello planetario, ancora il dollaro, il potere finanziario nelle mani di coloro che da queste devastazioni hanno sicuramente ottenuto arricchimenti ancora più veloci. Gli Stati Uniti, attraverso gli enti finanziari in loro potere, come Banca dei Regolamenti Internazionali, Banca Mondiale, Fondo Monetario Internazionale ed altri ancora, cercano con le buone come aperture di credito. sorvolando sui conseguenti interessi, o con le cattive (guerre, ritorsioni economiche, sanzioni, minacce) di evitare decisioni autonome degli altri paesi mentre stanno strangolandoli e appropriandosi delle loro ricchezze più rapidamente che mai. Sanno benissimo che la prima nazione che si sgancerà dal sistema monetario internazionale ne avrà grandi vantaggi ma sfuggirà alla loro presa.


Studiando la storia si dovrebbe notare che l’Italia, in un breve ventennio, nonostante una crisi economica internazionale di gran lunga superiore a quella che fino ad ora si sta presentando e nonostante una chiusura autarchica imposta dal resto del mondo con le sanzioni, ebbe momenti di una certa prosperità: si studino quali provvedimenti furono presi e li si adattino ai nostri tempi.


E più ancora si studi la Germania Nazionalsocialista che dal 1933 al 1939, cioè in soli sei anni, in un sistema economicamente chiuso, cioè senza sfruttare colonie o mercati altrui, trovò lavoro per quattordici milioni di disoccupati e portò alle famiglie un benessere prima sconosciuto.


Non si vuole studiare quali interventi legislativi e quali modalità di scelte di uomini si attuarono e non si vuole applicare oggi quanto vi era di positivo, con le opportune modifiche imposte dai tempi. Questo implicherebbe, infatti, una drastica riduzione del libero mercato, cioè a dire della libera speculazione, che i signori del denaro non vogliono accettare.
Concludendo la rovina attuale è generata dai seguenti fattori.


La globalizzazione che ha tolto ogni freno alla esagerata cupidigia delle banche e delle multinazionali del commercio. Basti un esempio: il petrolio è salito da 30 a 150 dollari al barile non per la tanto decantata legge della domanda e dell’offerta (non è mai mancato o scarseggiato) e non per aumenti dei costi di produzione ma solo per lo spostamento dell’attenzione e degli investimenti dalle borse, in crisi, al mercato delle materie prime da parte di chi non voleva diminuire i propri usuali enormi guadagni. Tali operazioni sono state pagate dagli automobilisti, oltre cha da tutto il sistema economico, con un tremendo aumento dei prezzi. Questa è una delle concause della attuale crisi.


Le liberalizzazioni. Le aziende nazionalizzate talvolta funzionavano egregiamente come le Poste Italiane, le Ferrovie dello Stato, E.N.I., E.N.E.L, A.G.I.P., S.A.I.P.E.M. e molte altre. Alcune invece avevano un forte passivo. La colpa gravissima della burocrazia politico-amministrativa statale, è che, invece di sistemarle le ha fatte andare peggio per poi svenderle al capitale nazionale o straniero. Non si può ignorare l’evidente corredo di conflitti di interessi e tangenti date a quei politici che hanno deciso l’operazione e che precedentemente erano stati consulenti delle grandi banche acquirenti (sic!).


Il signoraggio della moneta concesso a banche private crea un artificioso debito pubblico perché i governi, invece di stampare in proprio moneta in biglietti di stato, si indebitano con le banche che creano denaro dal nulla (biglietti di banca), senza alcuna copertura o garanzia aurea o in beni immobiliari e lo imprestano agli stati contro interesse. Gli stupidi pensano che se battesse moneta lo stato creerebbe, esagerando nell’emissione, una grave inflazione ed hanno più fiducia nelle banche private. Santa ingenuità! I risultati delle sovranità monetaria ceduta ai privati si vedono nella crisi spaventosa che incombe su di noi tutti. I privati hanno come scopo unico del loro agire il guadagno e siccome non vi è alcun controllo popolare, democratico o di enti appositi, superano ogni limite immaginabile di ingordigia.


Il disordine, l’incapacità, di una classe dirigente inetta, corrotta e meschina non controllata in nessun modo da governo o da enti costituiti al proposito.


Il sistema politico che crea irresponsabilità dei vertici e della gerarchia esponendola al ricatto ed alla corruzione di un sistema finanziario strapotente ed incontrollato che vive sull’equivoco di un potere che salirebbe dal basso, con le elezioni. Il potere invece, da qualche secolo, discende dai poteri forti finanziari internazionali. Prova ne sia che tutti indistintamente i nostri politici della maggioranza ma anche dell’opposizione, si recano negli Stati Uniti, evidentemente per la conferma della investitura nelle loro funzioni. Questo sistema crea poi un’inversione dei valori veramente immorale; si pensi solo al fatto che un qualsiasi maneggione di una cooperativa di prestazioni d’opera può in pratica scegliere chi mandare a lavorare e chi no mentre al datore di lavoro, che paga le tasse, supera la rete di disposizioni paralizzanti, crea lavoro, investe e rischia il proprio denaro, la legge non da questa possibilità! […]


Gli economisti ed i politici, già declassati nella stima generale per non aver previsto questa crisi e per non saper quali provvedimenti prendere per superarla, devono snebbiarsi il cervello dai pregiudizi indotti da un pressione fortissima a favore della globalizzazione: è stata questa a portare la rovina e la porterà sempre più in futuro. Che si debba abbandonare il sistema economico attuale lo prova il fatto che, dopo che gli Stati Uniti hanno immesso in circolazione 700 e più miliardi di dollari, creando le premesse per una grave svalutazione della moneta e quindi della retribuzione del lavoro, l’Europa ed il Giappone sono state costrette a fare altrettanto perché diversamente ci sarebbero state ripercussioni negative sull’equilibrio dell’import-export. […]

Per evitare la iattura dell’abbassamento del nostro tenore di vita senza nemmeno vantaggio per i paesi emergenti ma solo per le multinazionali commerciali, dunque, la soluzione è quella di dimenticare, almeno parzialmente e provvisoriamente, il libero mercato selvaggio. I paesi emergenti devono, in altre parole, consumare la loro superproduzione all’interno, considerato anche che le loro popolazioni hanno bassissimi consumi e sfruttano i loro concittadini creando un danno a loro ed a noi.

E poi, chi andrà a raccontare ai disoccupati che il libero mercato è indispensabile al miglioramento generale dell’economia quando oggi appare evidente che esso serve solo allo sfrenato arricchimento della compagnie commerciali? Il libero scambio dei prodotti è solo funzionale ai poteri forti internazionali che non vogliono mollare la presa per quanto riguarda il loro dominio sul pianeta attraverso il denaro. Studiando il passato si deve ricordare che una cosa sono i sistemi politici, discutibili finché si vuole, altro sono i risultati economici ottenuti con la socializzazione delle imprese e la compartecipazione dei lavoratori agli utili. In questo modo i lavoratori sono innalzati a sentirsi parte attiva e responsabile di un progetto generale con risultati socio-economici inimmaginabili dagli economisti di maniera. L’ideologia liberista ha già dato rovinosa prova della sua applicazione. Occorre un cambiamento radicale.

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jeudi, 15 janvier 2009

La révolution protectionniste selon Emmanuel Todd

 

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La révolution protectionniste selon Emmanuel Todd

http://www.europemaxima.com/

dimanche 2 novembre 2008, par Pierre Le Vigan

Pour bien comprendre les réflexions de Pierre Le Vigan, il est important au préalable de lire l’entretien qu’Emmanuel Todd accorde à Élisabeth Lévy pour l’hebdomadaire Le Point, n° 1 884, du 23 octobre 2008. Historien des structures familiales, auteur en 1976 de La chute finale sur l’effondrement prochain de l’U.R.S.S. (après avoir largement puisé dans les travaux de Jules Monnerot sans d’ailleurs le citer), il a publié en 1998 L’illusion économique, en 2002 Après l’empire et maintenant Après la démocratie, tous chez Gallimard. Hostile au libre-échange et ayant préfacé la réédition en 1998 Système national d’économie politique de Friedrich List, Emmanuel Todd a ouvert en 2004 à la demande de Dominique de Villepin la Conférence sur l’emploi et les salaires par un plaidoyer en faveur du protectionnisme. En 2005, et adversaire de Maastricht appelle à voter « oui » (avec réticence toutefois) au Traité constitutionnel européen - La rédaction


Les propos de Emmanuel Todd sont généralement intéressants même si on ne les partage pas tous. Le protectionnisme européen est bien sûr la condition de l’emploi et de la cohésion sociale. Il est aussi parfaitement exact que les élites qui ont choisi le libre échangisme mondial jouent contre la démocratie et détruisent les conditions de son effectivité.

Par contre, la notion de « pogrom antirépublicain » avancée par Finkielkraut à propos des émeutes en banlieues est-elle si inadaptée que semble le penser Emmanuel Todd ? La formule est forte, mais la réalité était brutale. Comment appeler l’acte de gens qui brûlent des écoles, des gymnases mais qui essaient de piller les magasins de vêtements, et non de les brûler ? Des gens qui ont certes peu d’argent mais adorent ses symboles ? Et qui détruisent ce que la République met à leur disposition ? Todd écrit : « Lorsqu’une bande mêlée, de toutes les couleurs, caillasse la police, c’est que l’assimilation fonctionne ». Cela laisse perplexe. Il ne suffit pas d’énoncer des propos paradoxaux pour qu’ils soient justes. Quand des Russes émigrés après 1917 allaient à l’embauche aux usines Renault, cela prouverait que l’assimilation ne marchait pas alors que quand une famille vit aujourd’hui des aides sociales et que ses enfants brûlent les écoles, cela prouverait que cette assimilation fonctionne ?

Ensuite, le libre échange et les délocalisations sont-elles les seules causes de la situation et du malaise de nombre de jeunes de banlieues ? Bien sûr, le fait que l’emploi ne soit pas aussi abondant que dans les années soixante ne favorise pas l’intégration. Mais ces jeunes cherchent-ils vraiment du travail ? Sont-ils prêts à se lever tôt ? Ont-ils vraiment acquis un savoir-faire qui rend apte à l’emploi ? Pour nombre d’entre eux, la réponse est bien sûr : non.

Quand au déclin culturel que Todd conteste, il suffit pour en être convaincu de comparer l’orthographe de nos grands-parents qui quittaient l’école à onze ou quatorze ans à celle des jeunes qui peuvent y rester jusqu’à dix-huit ans, sans rien y faire pour beaucoup, et on comprendra qu’il y a vraiment déclin culturel. On peut aussi écouter les conversations au pied d’une barre H.L.M. pour avoir son opinion. La vérité que E. Todd ne veut pas voir c’est que l’immigration de masse est un désastre humain et culturel. Pour les accueillis et pour les accueillants.

Finissons sur un point d’accord : « La narcissisation des comportements, l’implosion centripète des individus et des groupes vont tellement loin que le mythe national instrumentalisé par le couple Sarkozy / Guaino n’embraye sur aucune réalité. De ce point de vue, le peuple ne vaut pas mieux que l’élite. Et l’Europe ne va pas mieux que la France. Le sens du collectif se dérobe. » Mais on peut en tirer diverses conclusions. E. Todd appelle à « l’adoption d’un protectionnisme coopératif, mis en œuvre au niveau d’un collectif supranational, délivré de tout mythe fondateur ethnique ou étatique ». Sans mythe fondateur, il ne reste que l’économie, et le protectionnisme nécessaire n’est pas suffisant. Il faut un mythe englobant l’économie. L’Europe doit être ce mythe, celui d’une Grande Patrie englobant les Patries nationales et régionales, un mythe animé par le souffle d’un Peuple-source (1), comme écrit le philosophe Philippe Forget, un Peuple bâtisseur d’histoire.

Pierre Le Vigan

Note

1 : Philippe Forget, « Culte de la “ diversité ” et dépècement du peuple souverain », mis en ligne par L’Esprit européen, http://www.esprit-europeen.fr/agora_enjeux_france_europe-3#forget_diversite.

 

mardi, 13 janvier 2009

Crise mondialiste: les mondialistes y voient la preuve... qu'il n'y a pas assez de mondialisme

Novopress, 9/1/2009 : "Pour la commissaire à la Concurrence européenne Neelie Kroes (photo), « la crise actuelle ne peut être résolue par des approches locales, protectionnistes, ou par une résurgence des nationalismes ». Dans le contexte de la crise, « il peut être tentant de paniquer et d’avoir recours au protectionnisme. De dé-globaliser, en quelque sorte». Et «c’est ce qui se passe dans certains pays», a-t-elle déploré. « Il n’y a pas d’alternative à la mondialisation » a-t-elle prévenu, ajoutant qu’il ne faut pas « tout reformuler », mais « garder ce qui marche et changer ce qui ne marche pas ». « Nous avons besoin de réponses mondiales. Sur le front des politiques de concurrence la tendance va dans la bonne direction ».

« Nous avons besoin des interventions de l’Etat et d’une meilleure régulation pour fixer les règles du jeu », a néanmoins reconnu la commissaire, afin d’« éviter que le capitalisme dégénère en casino ou en copinage ». Des propos qui ont été repris au bond par Nicolas Sarkozy qui vient de mettre en garde les Etats-Unis contre toute tentation de bloquer l’adoption de mesures de « refondation du capitalisme » lors du prochain sommet du G20 à Londres. « Il ne peut plus y avoir un seul pays qui explique aux autres “payez la dette qui est la nôtre”, il ne peut plus y avoir un seul modèle », a doctement expliqué à ses amis américains un Nicolas Sarkozy qui semble avoir oublié qu’il préside aux destinées d’un pays « en faillite » selon les termes mêmes de son Premier ministre, et qui croule sous le poids d’une dette abyssale…

Les propos très natio-centrés du président de la République ont suscité l’ironie de président du Front National. « Auréolés d’une gloire factice, éblouis par des idées qu’ils croyaient modernes, ils ont détruit les nations, les Etats constitués (…) les services publics, tous livrés aux lois de la marchandisation universelle » a lancé M. Le Pen lors de ses vœux à la presse, au nouveau siège du parti à Nanterre. « Les voilà tous, avec l’ardeur des néophytes, des nouveaux convertis, défenseurs des nations protectrices, des intérêts de la communauté nationale, adeptes du contrôle et des réglementations, eux qui ne juraient hier que par le “laissez faire, laissez aller” ! » a-t-il ironisé."

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Los supermercados y la crisis alimentario mundial

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Los supermercados y la crisis alimentaria mundial (extracto)

La crisis alimentaria ha dejado sin comida a miles de personas en todo el mundo, el Banco Mundial añade cien millones de hambrientos más fruto de la crisis actual…

Esther Vivas * (Adital 04.12.08)
El “tsunami” del hambre no tiene nada de natural, sino que es resultado de las políticas neoliberales impuestas durante décadas por las instituciones internacionales. Hoy, el problema no es la falta de alimentos sino la imposibilidad para acceder a ellos debido a sus altos precios.

Esta crisis alimentaria deja tras sí a una larga lista de perdedores y de ganadores. Entre los más afectados, se encuentran mujeres, niños y niñas,… En definitiva, aquellos que engrosan las filas de los oprimidos del sistema capitalista. Entre los ganadores, encontramos a las multinacionales de la industria agroalimentaria que controlan de origen a fin la cadena de producción, transformación y comercialización de los alimentos. De este modo, mientras la situación de crisis azota, principalmente, a los países del sur global, las multinacionales del sector ven multiplicar sus ganancias.

Monopolios

La cadena agroalimentaria está controlada en cada uno de sus tramos (semillas, fertilizantes, transformación, distribución, etc.) por multinacionales que consiguen grandes beneficios gracias a un modelo agroindustrial liberalizado y desregularizado. Un sistema que cuenta con el apoyo explícito de las élites políticas y de las instituciones internacionales que anteponen los beneficios de estas empresas a las necesidades alimenticias de las personas y el respeto al medio ambiente.

La gran distribución, al igual que otros sectores, cuenta con una alta concentración empresarial. En Europa, entre los años 1987 y 2005, la cuota de mercado de las diez mayores multinacionales de la distribución significaba un 45% del total y se pronosticaba que ésta podría llegar a un 75% en los próximos 10-15 años. En países como Suecia, tres cadenas de supermercados controlan alrededor del 95,1% de la cuota de mercado; y en países como Dinamarca, Bélgica, España, Francia, Holanda, Gran Bretaña y Argentina, unas pocas empresas dominan entre el 60% y el 45% del total. Las megafusiones son la dinámica habitual en el sector. De este modo, las grandes corporaciones, con su matriz en los países occidentales, absorben a cadenas más pequeñas en todo el planeta asegurándose su expansión a nivel internacional y, especialmente, en los países del sur global.

Este monopolio y concentración permite un fuerte control a la hora de determinar lo qué consumimos, a qué precio lo compramos, de quién procede, cómo ha sido elaborado, con qué productos, etc. En el año 2006, la segunda empresa más grande del mundo por volumen de ventas fue Wal-Mart y en el listado de las cincuenta mayores empresas mundiales se encontraban también, por orden de facturación, Carrefour, Tesco, Kroger, Royal Ahold y Costco. Nuestra alimentación depende cada día más de los intereses de estas grandes cadenas de venta al detalle y su poder se evidencia con toda crudeza en una situación de crisis.

De hecho, en abril del 2008 y frente a la situación de crisis alimentaria mundial, las dos mayores cadenas de supermercados de Estados Unidos, Sam’s Club (propiedad de Wal-Mart) y Costco (de venta a mayoristas), apostaron por racionar la venta de arroz en sus establecimientos aludiendo a una posible restricción en el suministro de este cereal. En Sam’s Club, se limitó la venta de tres variedades de arroz (basmati, jasmine y grano largo) así como la compra de sacos de arroz de nueve o más quilos a un total de cuatro por cliente; en Costco se restringió la venta de harina y de arroz frente al aumento de la demanda. En Gran Bretaña, Tilda (la principal importadora de arroz basmati a nivel mundial) también estableció restricciones a la venta de arroz en algunos establecimientos al por mayor. Con esta medida se puso en evidencia la capacidad de las grandes cadenas de distribución de incidir en la compra y venta de determinados productos, limitar su distribución e influir en la fijación de sus precios. Un hecho que ni siquiera se había producido en Estados Unidos tras la II Guerra Mundial, cuando sí se restringió el acopio de petróleo, neumáticos y bombillas, pero no de alimentos.

Cambio de hábitos

Otra dinámica que se ha puesto de relieve frente a la situación de crisis alimentaria ha sido el cambio de hábitos a la hora de hacer la compra. Ante la necesidad, por parte de los clientes, de abrocharse el cinturón y buscar aquellos establecimientos con precios más baratos, las cadenas de descuento han sido las que han salido ganando. En Italia, Gran Bretaña, España, Portugal y Francia, estos supermercados han visto aumentar sus ventas entre un 13% y un 9% el primer trimestre del 2008 respecto al año anterior.

Otro indicador del cambio de tendencia es el aumento de las ventas de marcas blancas que ya suponen, según datos del primer trimestre del 2008, en Gran Bretaña un 43,7% del volumen total de ventas, en el España un 32,8%, en Alemania un 31,6% y en Portugal y Francia alrededor del 30%. Cuando son, precisamente, las marcas blancas las que dan un mayor beneficio a las grandes cadenas de distribución y permiten una mayor fidelización de sus clientes.

Pero más allá del papel que la gran distribución pueda jugar en una situación de crisis (con restricciones a la venta de algunos de sus productos; cambios en los hábitos de compra, etc.), este modelo de distribución ejerce a nivel estructural un fuerte control e impacto negativo en los distintos actores que participan en la cadena de distribución de alimentos: campesinos/as, proveedores, consumidores/as, trabajadores/as, etc. De hecho, la aparición de los supermercados, hipermercados, cadenas de descuento, autoservicios…, en el transcurso del siglo XX, ha contribuido a la mercantilización del qué, el cómo y el dónde compramos supeditando la alimentación, la agricultura y el consumo a la lógica del capital y del mercado
*Coautora del libro Supermercados, no gracias (Icaria editorial, 2007)
Autor: Esther Vivas- Fecha: 2009-01-06

vendredi, 09 janvier 2009

Un point de vue lucide sur la crise!

ENFIN UN POINT DE VUE LUCIDE SUR LA CRISE !


SOS « Avec plus de 10’000 milliards de francs suisses, les mesures prises – pour le moment – par les différents pouvoirs publics mondiaux pour sauver le système bancaire sont d’une ampleur inconnue jusqu’ici ! Et je dis bien pour le moment. Le président de la Réserve fédérale américaine Ben Bernanke a annoncé le 21 octobre qu’il était pour un deuxième plan plan de relance. Du jamais vu ! (...) Avec le plan de sauvetage suisse de 68 milliards de francs, pour le moment pour la seule UBS, nous avons affaire à des chiffres tout à fait impressionnants puisque cela représente 12% du produit intérieur brut (PIB, la richesse produite) de la Suisse. (...)


L’Etat est intervenu massivement pour sauver le système bancaire. Mais aujourd’hui, il y a une très grande différence (avec la crise de 1929). Un acteur est presque complètement absent : le mouvement ouvrier. A l’époque, il a défendu des solutions qui allaient dans le sens d’une alternative au capitalisme. En 1934, par exemple, l’USS (Union Syndicale Suisse) a lancé une initiative de crise qui demandait le contrôle des banques, des cartels, des trusts et de l’exportation des capitaux par les pouvoirs publics. Aujourd’hui, l’USS ou le Parti Socialiste Suisse demandent la limitation des bonus et des revenus des dirigeants des banques. C’est très loin d’être une réponse à la hauteur. (...)


Nous sommes face à la plus grande crise capitaliste depuis les années 1930. C’est la preuve que le capitalisme est un système qui ne marche pas. On assiste actuellement à la démonstration dans les faits que l’ensemble du discours néolibéral qu’on nous assène depuis des années, selon lequel le marché est capable de s’autoréguler lui-même, que le capitalisme amène croissance et bien-être à tous, que moins il y a d’Etat et de services publics mieux on se porte est faux de A à Z. Il y a donc un problème idéologique énorme pour tous les défenseurs du système. (...) Tous les efforts des idéologues de la bourgeoisie et du grand patronat sont menés pour dire que ce n’est pas la faute du capitalisme. Ils individualisent et personnalisent la question en mettant la responsabilité sur les dirigeants bancaires trop avides. C’est ce qui se cache derrière cette question sur les bonus et revenus exorbitants. On doit certes les dénoncer, mais ce n’est pas le fond du problème. Cette crise renvoie à des contradictions systémiques. Ce sont les règles du jeu lui-même qui sont à transformer.


La principale contradiction, c’est que le système capitaliste est basé sur la recherche du taux de profit maximum. Les quelques freins qui avaient été mis durant les années 1930 et la Deuxième Guerre mondiale ont été supprimés durant les trente dernières années par les néolibéraux. Dans le secteur industriel, on a donc une baisse relative des salaires et un transfert massif des richesses des salariés vers le patronat. Mais comme tous les patrons limitent les salaires, il y a une contradiction puisque l’on n’arrive plus à vendre les marchandises. C’est pourquoi les capitaux ne sont plus réinvestis dans la sphère productive, mais se dirigent vers la sphère financière où des profits plus élevés peuvent être obtenus car on y stimule l’endettement, les montages financiers et la spéculation, qui "résolvent" provisoirement le problème de la limitation des salaires. Il se forme donc une bulle financière qui finit inévitablement par éclater car elle n’est plus du tout en rapport avec l’économie réelle. C’est le mécanisme à la base de quasiment toutes les crises financières qui, depuis plus d’un siècle, se reproduisent avec une régularité de métronome.


L’Etat est juste là pour socialiser les pertes, c’est-à-dire sauver les principaux actionnaires sur le dos de la population laborieuse, puis il se retirera. En Suisse, L’Etat n’entre même pas provisoirement dans le capital. Le prêt-convertible de 6 milliards de la Confédération peut se transformer en actions, mais le Directeur de l’Administration fédérale des finances, membre du Parti Socialiste, le dit déjà dans Le Temps du 21 octobre : "Pour nous il a toujours été clair que nous ne voulions pas entrer directement dans le capital d’une banque". (...) L’autorégulation, c’est autoriser le renard dans le poulailler à déterminer lui-même ses règles de comportement. On a vu à quoi ça aboutit : plus de 100 milliards de pertes pour la seule UBS. Pourtant, le Conseil fédéral et la BNS veulent continuer dans cette voie avec quelques règles pour des fonds propres plus élevés. Mais la pression du profit est telle que même ces règles dérisoires sont faites pour être transgressées. (...)


Il faudrait une socialisation des banques, c’est-à-dire transformer le système du crédit en véritable service public, contrôlé par les usagers et les pouvoirs publics. L’idée peut sembler utopique. Elle ne l’est pas. C’est grosso modo l’idée qui était à l’origine des banques cantonales. C’était une revendication du Parti Radical des années 1840-50 et du mouvement démocratique des années 1860-70 : faire des établissements de crédit publics au service du développement économique de la région, au service de l’ensemble de la population. (...)


On entre dans une crise majeure dont le prix sera un chômage supplémentaire de millions de personnes, une baisse des salaires, des plans d’austérité et donc une baisse des prestations sociales. Et il faudra encore payer le service de la dette qui explose en raison des plans de sauvetage des actionnaires bancaires. Les impôts vont forcément augmenter ou l’inflation se chargera de faire payer la note aux salariés. Un nombre restreint de super-banques vont alors émerger. Avec une nouvelle crise dans quelques années, si les règles du jeu ne sont pas changées.


Il y a quelque chose de particulièrement obscène dans cette crise. En quelques semaines, des gouvernements débloquent 10’000 milliards de francs suisses pour sauver leurs banques et rester dans la course inter-capitaliste. Mais depuis des années, les mêmes gouvernements nous disent qu’il n’y a pas d’argent lorsqu’il s’agit d’une revendication sociale visant à améliorer la vie de la population. A l’échelle mondiale, pour résoudre les questions centrales — faim, accès à l’eau potable, éducation de base gratuite, soins gynécologiques pour les femmes, suppressions de toutes les maladies et pandémies soignables — il faudrait un investissement d’un peu plus de 100 milliards de francs par année durant 12 ans. Là, il n’y avait pas l’argent. Et en quelques semaines, c’est six fois cette somme qui est déboursée, sans problème, en l’absence de toute démocratie. »



Sébastien Guex, professeur à l’Université de Lausanne, spécialiste en histoire politique, économique et sociale, interviewé par le journal du syndicat Comédie, novembre 2008

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samedi, 03 janvier 2009

Het Einde van het Kapitalisme

Nationalisme.info: Het Einde van het Kapitalisme

Einde van het Kapitalisme

Nationalisme.info, het vormingsorgaan van de NSV!, levert met onderstaand artikel een interessante bijdrage, waar het N-SA zich volledig in kan vinden. 

*** 

Wat is dat “fractioneel bankieren”? (1) Daarachter schuilt de ongelooflijke wetenschap, dat banken iets mogen uitlenen, dat zij eigenlijk niet eens bezitten, namelijk kapitaal, geld in de vorm van een krediet met interest. Ze zijn hierdoor niet meer dan valsmunters, welke met valse bankbiljetten – dus enkel iets dat op geld lijkt – echte goederen en diensten betalen, en dus geen echte tegenwaarde bieden.

Waar komt dat op deze wijze door banken uitgeleende geld dan vandaan? Vroeger, toen banken nog werkelijk volkseconomische functies vervulden en daarmee een toegevoegde waarde creëerden, motiveerden ze de bevolking tot sparen (als zekerheid en voor grote geplande aankopen) en gebruikten dit kapitaal voor waar de waardecreërende economie investeringen nodig had. De ooit geldige formule hierbij luidde:

S = I

Wat gewoon betekent dat de som van het spaargoed (S) voor kapitaal zorgt dat de economie kan investeren (I), en daarmee dus meer – echt, waardehoudend – kapitaal kan scheppen. In dit opzicht klopt de oude metafoor dat van geld werk komt dan ook.


Vandaag is het anders


De lage-interest-politiek van de centrale banken heeft heel wat meer als doel dan “de economie aanzwengelen”. Gezien de rentes op sparen laag zijn, worden potentiële spaarders van het sparen weggedreven, ze zullen niet alleen ontsparen, maar zelfs – voor hun overconsumptie – schulden maken, die ze vervolgens duur te staan komen met de daaropvolgende hoge interestvoeten (2).

De banken zijn ook niet meer aangewezen op de spaarders. Ze scheppen hun geld zelf: “Creatio ex Nihilo!” (schepping uit het niets) – in een heiligschennis tegen God zijn privilege, zoals beschreven in de Genesis. Dit is geen uit de lucht getrokken parabel, aangezien dit virtuele, uit het niets door de banken “geschapen” geld in dit bijbels geschrift ook werkelijk beschreven staat als “fiat-geld” (het wordt geld!), afgeleid van het “Het wordt licht!”… en het werd geld.

Opgekuiste inflatieratio’s

Desalniettemin – of misschien juist hierdoor – hoge inflatieratio’s betekenen in het bijzonder de stille onteigening van de middenstand. (We gaan niet de officiële “opgekuiste” gegevens geloven, waar in de VSA danig ‘onbelangrijke’ zaken zoals voedingsmiddelen of energiekosten gewoonweg uitgenomen worden, om een “core-index” met enkelvoudige inflatiewaarden te fabriceren.) 

Het is ook een fout, dat geld enkel door de “Nationale” Bank gecreëerd wordt. Dit wordt gedaan door alle private banken, namelijk door krediet te verlenen, waardoor de rol van de “Nationale” Bank (eigenlijk zelf een private) in feite een flauw sprookje is. Ze controleert met niks de geldhoeveelheid, noch staat ze garant voor de monetaire stabiliteit. Waarom dat zo is komen we zo meteen toe.

De omvang van deze manier van geldschepping doorbreekt alle grenzen. Toen tot 1971 de wereldwijde reservemunt – de Dollar – nog aan de goudstandaard gekoppeld was, zat er nog een rem op deze schepping van virtueel geld, gezien de hoeveelheid goud de geldschepping bij moest kunnen houden. Daarom heeft de VSA dan ook het Bretton-Woods akkoord eenzijdig afgekondigd. Sindsdien wordt de afschaffing van de goudstandaard met alle middelen nagestreefd, onder meer door manipulatie van de goudprijs tot haar diepste niveau, om een vergelijkingsmaatstaf voor de geldwaarde uit het bewustzijn van de mens te verdringen.

Parallel daarmee liep het ontmaterialiseren van het geld door allerlei plastieke kredietkaarten, betalingsverkeer zonder cash, virtuele rekeningen etc. Zodoende werden de technische voorwaarden geschapen om de geldhoeveelheid ongemerkt gigantisch te vermeerderen. Bij een niet in gelijke mate toenemend aanbod kan dit enkel de snelle geldontwaarding, verkies van koopkracht dus, betekenen. (4)

Veel erger dan dat, en dit is enkel geweten door de insiders van de “financiële industrie” (5), is de met de virtualisering van het geld en met de karakterverandering van het bancair systeem gelijktijdige schepping van steeds meer nieuwe en complexe vormen van het niet zelden bedrieglijk financieel “product”, de derivaat. Hier gaat het om een volledig van alle eigenlijke economische factoren losgekoppeld casinospeculeren, die dan ook gekarakteriseerd worden door volledig niet-transparant te zijn. Als verder karakteriserend element kunnen we nog spreken van “financiële investeringen” (in tegenstelling tot degenen in de economische werkelijkheid: gronden, machines, gebouwen, grondstoffen…), die in de afgelopen decennia regelmatig hogere winsten opbrachten dan bij echte goederen en diensten. Het begrip “investering” is hier eigenlijk een parodie op de realiteit. Het gevolg was en is dat de “financiële industrieën” buitensporig de meerwaarde van de echte economie afschaften, ten koste van de langzaam verarmende bevolking, de middenstandseconomie en de staatsgarantie op sociale zekerheid. De ongelooflijke omvang van dit piramidespel is de afgelopen twintig jaar met een groei van 20% per jaar toegenomen.

Derivaten – Het bedrog met de grootste omvang


Het OCC (6) rapport met betrekking tot derivaten – gebaseerd op de berichten van de Amerikaanse banken – geven per vierde kwartaal 2007 596 biljoen USD (US-trillion ofwel 1.000 miljard) als notionele waarde (nominale waarde van een “financieel product” zijnde het referentiepunt voor de betalingen op dit “product”) voor OTC (7) – derivaten aan.

De BIZ (8) in Basel heeft ook nog eens de “organized exchanges” , dus de beurzen welke in derivaten handelen, apart genomen om een beter beeld te krijgen, daar de OCC enkel banken en dus niet die andere “financiële industrieën”, zoals fondsen etc. erbij telden. In dit onderzoek werden opties van futures onderscheden, en dat steeds op basis van interest, munt en equity index (een gewogen index van de marktprijzen, welke alle acties op Wallstreet en AMEX, alsmede de meest voorkomende acties van de banken, omsluit). BIZ/Basel schat de wereldwijde waarde op 486.549,7 miljard USD, respectievelijk 205.425,2 miljard USD (in het totaal dus 691.974,9 miljard USD). De interestonderhevige derivaten maken daarvan 611.849 miljard USD uit. 

De som van beide, OTC en BIZ, komt neer op 1.288 (Europese) biljoen USD (volgens Amerikaans systeem 1,288 quadriljoen). (9)

Men moet ook maar eens de “overname” van BEAR STERNS door JP Morgan Chase (JPM) lezen. Het was nogal wiedes dat deze “redding” van BEAR STERNS gewoonweg een kapitaalsinjectie voor JPM georchestreerd door de FED was, die in feite – door haar onbegrijpelijke derivaten – al lang bankroet had moeten zijn.

JPM beheert een kleine 90.000 miljard USD van de totale 180.000 miljard USD aan OTC-Derivaten in de VSA. De 5 “top”-banken: JPM, Wachovia en HSBC beheren samen 97% van deze zwendel. Overigens is Wachovia onlangs ook nog eens als noodleidend uit de biecht geklapt. Hoe verrassend!

De situatie is ernstig…


Dat de situatie nu eenmaal is zoals ze is, zal de lezer zich afvragen wanneer hij zal mogen meemaken dat de derivatenhandel volledig uit zijn voegen treedt. En dat nog wel “legaal”, zij het pseudo-legaal. Want hier ligt dan ook een van de hoofdoorzaken van de huidige wereldwijde financiële- en monetaire crisis. De valse- of niet-verrekening van een tolweg ticket in de boekhouding van een vennootschap is illegaal, verboden en strafbaar. De niet-declaratie van casinopraktijken in een multi-miljarden dimensie is “business as usual” [normale gang van zaken] en al die zogeheten “bail-out”-pakketten [reddingspakketten] - waarmee de private grootbanken en hun derivatenhandel ten laste van de rentebetaler gesaneerd worden - zijn “normaal”.

In feite is het echter een plundering van wereldformaat. 

Aangezien deze “praktijken” volledig “legaal” buiten de balans kunnen gezet worden, worden ze ook niet bijgestuurd.

Alsof we in het geval van een yuppie van de Franse Société Général blijkbaar “tegen het beleid in” veroorzaakte miljardenverliezen als de norm van de huidige banksector mogen omschrijven, drukte de Oberösterreichischen Nachrichten (Oostenrijks dagblad – nvdr.) – zonder het frappante van deze vaststelling op te merken – een lezersbrief af. De hierop volgende conclusie kan eenieder voor zich zien. Het is zeer beangstigend, dat met “fiat geld” en de daarop geheven rente voor dit (krediet)geld dat eigenlijk niet echt bestaat, de facto via bedrieglijke piramidespellen, welke in de biljoenen lopen, de eigenlijke economie en de mensen gewurgd worden.

Het voorstel van de TOBIN-tax, welke zonder onderscheid een belasting op de valutahandel wilde heffen – en daarmee het gevaar wat wilde indammen – is, zoals te verwachten was, verworpen.

De economische functie van het geld moet het mogelijk maken van handel zijn, het onttrekken van ruimte- & tijdsgebonden beperkingen en van de ondeelbaarheid van ruilmiddelen. En ten slotte dient ze de waardebepaling van goederen en diensten te vormen, waardoor het een constructieve economische factor maakt. Het contrast met de huidige realiteit vraagt dan ook om een rechtzetting: Het is niet een wereld op zich, welke zichzelf - door rente - vermeerdert (dat herkent men onder meer aan het in feite waardeloze papiergeld, dat een waardepapier moet voorstellen) zonder daartegenover een rechtstitel of schuldbekentenis te stellen welke ten alle tijden en overal (dat is, binnen de relevante gebieden van de “Volks”-economie) voor een eigenlijke tegenwaarde kan geruild worden. Geld stelt zodoende een rechtstaat en stabiele (economische) ordening voorop, welke voor een “toestand” van de volksgemeenschap zorgt, waarin een staat georganiseerd is om recht, orde, vrede en welvaart te garanderen. Daarom is het alleen maar correct en billijk, dat de staat de hoogste en enige instantie is, welke het ware karakter van het geld vastlegt, en deze ook zelf uitgeeft.

Uit het hierboven uiteengezette volgt dat geld niet in eerste instantie de particuliere belangen (van de banken) moet behartigen, maar dat juist middelen en wegen te vinden moeten zijn, waarmee we de verwezenlijkingen van de eigenlijke economie naar waarde kunnen inschatten en tegemoet komen. Hiermee bedoelen we meer bepaald: (1) de door haar voortbrengers geschapen meerwaarde, (2) de echte economie en (3) de mensen als onderdeel van deze economie. Hiermee bedoelen we niet de parasitaire financiële instituten, het geld dient door de staat uitgegeven te worden en niet door privaatbanken. En moge ten slotte de reeds aangehaalde derivaat-“handel” als een vorm van gokspel verboden worden. (A)

Permanent krimpende economische meerwaardeschepping


Daar dit alles geleid heeft tot haast onmogelijke crisissen in het financieel- en economisch systeem, is de oorspronkelijke – en nogal noodzakelijke – taak van de banken, de economie van liquide middelen te voorzien, evenzogoed onmogelijk gemaakt. De hierboven beschreven manipulatie van de bankbalansen – wegens de oncontroleerbare positie van de derivaten – heeft het wantrouwen tussen banken onderling – gezien hun huidige situatie – in de hand gewerkt, en is de voornaamste oorzaak voor de huidige “credit crunch”. De banken lenen allemaal tegelijk ei zo na geen geld meer uit. “Deze kredietklem, dit krediettekort, treedt op wanneer de slechte financiële situatie van de banken hen ertoe dwingt, de kredietuitgaven in te perken. Dit werkt “procyclisch en crisisversterkend”, werd kort geleden nog gesteld in de maandelijkse berichtgeving van het Bondsministerie van Financiën (BMF) – zoals Japan al een tiental jaar meemaakt. In de gevaarlijke situatie van een Credit Crunch valt de economie stil, wanneer het kredietaanbod van de banksector volledig uitblijft. Eenmaal gevangen in de liquiditeitsval, kan een nog zo expansieve geldpolitiek van waardepapieren de banken nauwelijks ertoe aanzetten krediet aan ondernemingen (overigens ook aan banken onder elkander!) te verlenen, in plaats van aan deze liquiditeit vast te houden. Het resultaat is een alsmaar inkrimpende meerwaardeschepping.” (10)

Wat de afgelopen jaren onder het dogma van privatisering liep, is, zoals de etymologische betekenis van het woord (het komt van het latijns “privare” = roven, stelen) een vorm van onteigening, waarbij echte waarde – fabrieken, infrastructuur, grond en bodem, contracten, etc. – in ruil voor bedrukt papier van “investeerders” overgenomen wordt.

Daar het hier ook slechts om “fiat geld” (zelf gefabriceerd, pseudolegaal geld) gaat, is het met zulk onbegrensd gefabriceerd “geld” natuurlijk makkelijk te “kopen”. Het pijnlijk ontwaken volgt echter ogenblikkelijk. De na afloop van deze globale rooftocht volgende hyperinflationaire geldontwaarding laat de bezitters van dollartegoeden in de miljarden achter als handelaars in oud papier, en de “kopers” als eigenaars van het volksvermogen. Maar vooral, de VSA zal vervolgens haar gigantische schuldenberg op Europa (maar ook andere economische zonen) werpen: ze zijn in het bezit van het echte kapitaal, de – bedrogen – verkopers laten ze achter met hun waardeloze dollars.

In geopolitieke context zijn de ontwikkelingen in Rusland hier zeer interessant bij. De ineenstorting van de SU en de daaropvolgende “liberaliseringen” maakte mogelijk met de hulp van “waardebonnen” (aandelenlicenties, waarmee het “volk” deel kon nemen in het volksvermogen), dat het gros van de aandelen in de, met buitenlands kapitaal aangemoedigde, handen van de opkopers terecht kwamen, de zogeheten “oligarchen”.

Zowat het hele staatseigendom (= het volksvermogen) kwam zo in de handen van enkelen. Natuurlijk was dit een door een president, omringd van VSA-‘raadgevers’, gedulde, zelfs georganiseerde, plundering en oplossing van de staat. Het herstellen van de staatsautoriteit en vervolgens van de orde en rechtsprincipes door Vladimir Poetin, hebben pas een halt kunnen roepen aan deze rooftocht en herstelde inmiddels diens autoriteit in een groot aantal strategische deelgebieden.

“Tekorten” lopen in de miljarden


Hier, in Duitsland, Oostenrijk en de EU in het algemeen, welke onder hegemoniale overheersing van de VSA gebukt gaan, is de oplossing van de staat, zijn autoriteit, zijn oude rechtsordening etc. nog volop aan de gang. Daarom worden nog altijd essentiële verzorgingsinstellingen “geprivatiseerd”, dubieuze “cross-border”-leasing [grensoverschrijdende leasing] verdragen met catastrofale rechtsgevolgen gesloten of “investeringen” in de derivaathandel voltrokken, zoals het geval was bij de ÖBB, de Oberösterreichischen Energie AG, de ASFINAG en een hele rits anderen (Fortis is hier ook een voorbeeld van – nvdr.), die daarmee honderden miljoenen EUR aan “tekorten” (B) verwezenlijkten. De legaliteit van zulke zaken is natuurlijk slechts schijnbaar en een gevolg van de heel eigen kijk op “recht” welke de VSA als overwinnaar in Europa heeft opgelegd. Ook vanuit dit opzicht zou het zeer wenselijk zijn als de Europese staten hun volledige financiële en politieke soevereiniteit van de VSA terugwinnen, zich van dat minderwaardigheidscomplex verlossen en de van de VSA komende kansspelen, waar het criminele roofkapitalisme op gebaseerd is, verwerpen.
Wanneer dit niet gebeurt, zal, zoals Joachim Fernau in 1977 reeds in zijn “Halleluja – die Geschichte der USA” voorspelde, waarheid worden: “… Wint het Amerikanisme, dan zal de mens zich binnen de 150 jaar ten val brengen, en de aarde zal zoals de dode planeet Mars in het heelal verder draaien.”


Gerhoch Reisegger



Uit: Titel, Volk in Bewegung, nr. 5 2008

'Volk in Bewegung' verschijnt 6 maal per jaar. Een Europees jaarabonnement kost 22 EUR. Geïnteresseerde lezers kunnen terecht op www.volk-in-bewegung.de

Dit artikel is vertaald door de Nationalistische Vormingscel (NVC), onderdeel van de Nationalistische Studentenvereniging (NSV!). De vertaling is van het oorspronkelijk Duits naar het Nederlands. Het artikel verscheen oorspronkelijk onder de naam "Das ende des Kapitalismus: Von Derivatenschwindel zum Platzen der Blase". De vertaling verscheen voor het eerst op de blog nationalisme.info. Geen onderdeel van deze vertaling mag overgenomen worden zonder expliciete vermelding van zowel de oorspronkelijke bron als "NVC, nationalisme.info" als vertaler.

(1) Fractioneel bankieren: Dat de banken een vast percentage van enkele procenten van hun kapitaal in de vorm van (verantwoord) eigen kapitaal achter handen moeten houden. Toen Bismarck Rijkskanselier was, moesten banken krediet voor 100% met eigen middelen dekken, en de Duitse economie beleefde destijds een, tot grote nijd van Engeland, ongeziene opwenteling.
(2) Ook hier zijn plastieke kaartjes het ideale middel, gezien men niet kan zien hoeveel men op krediet gekocht heeft.
(3) Hier wordt bedoeld de handelsoverschotten/-tekorten, welke jaarlijks in goud in balans gebracht werden, waarbij de dollar een vaste verhouding in goud behield (1 oz = 35 USD). Met de aankondiging van dit akkoord, welke de dollar de facto tot vervangingsmiddel van goud omtoverde, hat de VSA de wereld meegedeeld dat ze niet in de mogelijkheid is noch de wil heeft haar schulden af te betalen. De “dekking” van de VSA-munt bestaat dan ook slechts uit: 1. intercontinentale atoomraketten, 2. geheime diensten met agenten in politiek en economie en 3. mediacontrole.
(4) Sedert ca. 2 jaar wordt de M3-geldhoeveelheid van de US-Federal Reserve Bank niet meer meegeteld, waardoor niemand meer weet, wat voor omvang deze ongebonden geldfabricatie intussen aangenomen heeft.
(5) Commerciële-, hypothecaire-, “nationale”- etc. banken, investeringshuizen, makelaars, hedgefondsen, beurzen… en de daarbijhorende consultancy bedrijven, ratingagentschappen en financiële perskantoren.
(6) OCC: Office of the Comptroller and Currency – USD controle orgaan in de Treasury.
(7) OTC: “Over the Counter”, m.a.w. van de banken met hun klanten direct geschapen (derivaten-)handel.
(8) In de VSA-benamingen: 1.288 trillions. Bron: OCC Derivatives Report (Klik aan: 1Q2008 rapport met de gegevens van 4Q2007) schakel: http://www.occ.treas.gov/deriv/deriv.htm
(9) BIZ: http://www.bis.org/publ/qtrpdf/r_qa0806.pdf#page=108
(10) Universiteitsprofessor dr. Gerhard Merk, Universiteit Siegen

(A) Hoewel de Duitse taal sowieso langere zinnen maakt dan wij gewend zijn, overdrijft de auteur van dit artikel van tijd met chaotische zinnen van meer dan acht regels. Daarom zijn her en der zinnen op vlak van structuur aangepast, dan wel gespleten. Inhoudelijk verandert dit echter niets.
(B) Het door de auteur gebruikte woord was Abschreibebedarf, hier hebben we tot nader order niet de juiste vertaling voor kunnen vinden. Hoewel het letterlijk “afschrijfnood” betekent, vermoeden wij dat “tekort” het meest in de buurt komt.
 

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mercredi, 24 décembre 2008

Le système financier n'est pas réformable

LE SYSTÈME FINANCIER N’EST PAS RÉFORMABLE


sauvetage financier

 

« Ainsi donc tout était possible. Une intervention financière massive de l’Etat. L’oubli des contraintes du pacte de stabilité européen. Une capitulation des banques centrales devant l’urgence d’une relance. La mise à l’index des paradis fiscaux. Tout était possible car il fallait sauver les banques.


Pendant trente ans, la moindre idée d’une altération quelconque des fondements de l’ordre libéral afin, par exemple, d’améliorer les conditions d’existence de la majorité de la population s’était pourtant heurtée au même type de réponse : tout ceci est bien archaïque ; la mondialisation est notre loi ; les caisses sont vides ; les marchés n’accepteront pas ; savez-vous que le mur de Berlin est tombé ? Et pendant trente ans, la "réforme" s’est faite, mais dans l’autre sens. Celui d’une révolution conservatrice qui livra à la finance des tranches toujours plus épaisses et plus juteuses du bien commun, comme ces services publics privatisés et métamorphosés en machines à cash "créant de la valeur" pour l’actionnaire. Celui d’une libéralisation des échanges qui attaqua les salaires et la protection sociale, contraignant des dizaines de millions de personnes à s’endetter pour préserver leur pouvoir d’achat, à "investir" (en Bourse, dans des assurances) pour garantir leur éducation, parer à la maladie, préparer leur retraite. La déflation salariale et l’érosion des protections sociales ont donc enfanté puis conforté la démesure financière ; créer le risque a encouragé à se garantir contre lui. La bulle spéculative s’est très vite emparée du logement, qu’elle transforma en placement. Sans cesse, elle fut regonflée par l’hélium idéologique de la pensée de marché. Et les mentalités changèrent, plus individualistes, plus calculatrices, moins solidaires. Le krach de 2008 n’est donc pas d’abord technique, amendable par des palliatifs tels que la "moralisation" ou la fin des abus. C’est tout un système qui est à terre.


Autour de lui déjà s’affairent ceux qui espèrent le relever, le replâtrer, le ripoliner, afin que demain il inflige à la société quelque nouveau tour pendable. Les médecins qui miment l’indignation devant les (in)conséquences du libéralisme sont ceux-là mêmes qui lui fournirent tous les aphrodisiaques — budgétaires, réglementaires, fiscaux, idéologiques — grâce auxquels il s’est dépensé sans compter. Ils devraient se juger disqualifiés. Mais ils savent que toute une armée politique et médiatique va s’employer à les blanchir. Ainsi, MM. Gordon Brown, l’ancien ministre des finances britannique dont la première mesure fut d’accorder son "indépendance" à la Banque d’Angleterre, José Manuel Barroso, qui préside une Commission européenne obsédée par la concurrence, Nicolas Sarkozy, artisan du "bouclier fiscal", du travail le dimanche, de la privatisation de La Poste : ces trois-là s’emploient, paraît-il, à "refonder le capitalisme"... (...)


Alors qui proposera la mise en cause du cœur du système, le libre-échange ? Utopique ? Aujourd’hui tout est possible quand il s’agit des banques... »



Serge Halimi, "Penser l’Impensable", Le Monde Diplomatique, novembre 2008

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vendredi, 05 décembre 2008

Autarcie et grand espace économique en Allemagne 1930-1939

SYNERGIES EUROPÉENNES - ORIENTATIONS (Bruxelles)- JUILLET 1988

Autarcie et économie de "grand-espace"

Recension: Eckart Teichert, Autarkie und Großraumwirtschaft in Deutschland 1930-1939. Außenwirtschaftspolitische Konzeptionen zwischen Wirtschaftskrise und Zweitem Weltkrieg,  Oldenbourg, München, 1984, 390 S.

Partisan de l'idéologie économique libérale, Teichert soumet la politique d'autarcie allemande sous le régime national-socialiste à une critique sévère. De cette critique ressortent néanmoins les grandes lignes conceptuelles de la tradition autarcique allemande, bien implantée dans l'arc idéologique conservateur, nationaliste et völkisch.  Les concepts d'autarcie et de Großraumwirtschaft  (= économie de grand espace) sont flous, explique Teichert, et permettent d'englober des aspirations et des intérêts très divers, ce qui, par la suite, leur permet de fonctionner à vitesses diverses, c'est-à-dire souplement. Plus tard, en 1943, le théoricien Henke parlera d'un "concept idéal mouvant", conteneur de possibles divers et sans cesse en mutation, qui peut agir conformément aux impératifs du temps, sans s'encombrer de principes rigides et dans une dimension résolument volontariste. L'histoire économique allemande de 1930 à 1939 s'est déroulée en deux phases selon Teichert: la première, s'étendant de 1930 à 1934, favorise l'établissement de liens bilatéraux dans un espace homogène et continu (raumgebunden);  la seconde phase, de 1934 à 1938, vise, elle, à la constitution d'un espace économique qui échapperait à tout blocus en cas de guerre. Ce projet se couple à une volonté de couvrir les besoins stratégiques à l'importation, au détriment d'une conquête ou d'une consolidation néo-colonial(ist)e des débouchés extérieurs. L'Anschluß,  le démembrement de la Tchécoslovaquie et le traité signé avec la Roumanie en mars 1939 font avancer ce projet et correspondent —Teichert ne l'explique pas— à la volonté d'autarcie impériale de Chamberlain en Angleterre (ce qui fait que le Premier anglais accepte Munich). En revanche, elle s'oppose à la volonté de Roosevelt de pénétrer, au profit de l'économie américaine, les marchés européens et extrême-orientaux. Problématique que l'on voit réapparaître aujourd'hui dans les guerres économiques entre les USA et la CEE et à l'annonce de l'échéance 1992.

(Robert STEUCKERS).

lundi, 17 novembre 2008

Das Ende des Turbokapitalismus

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Das Ende des Turbokapitalismus

Ex: http://www.deutsche-stimme.de

Epochenwechsel vor laufender Kamera / Die Alternative heißt: Raumorientierte Volkswirtschaft

Kriecherische Anbiederung an die internationalistisch-expansionistische Hybris des Geldes bei gleichzeitiger unsäglicher Verachtung für die zivilisatorische Substanz von Volk und Land – das sind die wichtigsten Zutaten jener geistigen Giftbrühe, aus welcher sich die der internationalen Hochfinanz dienenden westlichen Sieger des Zweiten Weltkrieges die heute (noch) herrschenden politischen, ökonomischen und medialen Kader der Bundesrepublik herangezüchtet haben.

Die aus dieser Schlangenzüchtung hervorgegangene politische Klasse hat während der vergangenen 60 Jahre Bundesrepublik scheinbar nichts Besseres zu tun gehabt, als die Substanz des deutschen Volkes – seine Leistungs- und Solidargemeinschaft, nationale Identität, Sprache, Kultur, ethnische Idendität, Familie und Kinder – systematisch zu verheizen, um dadurch das immer schneller laufende Räderwerk des globalen Finanzkapitalismus anzutreiben.

Die deutsche Nation, die im Zweiten Weltkrieg dem Vernichtungswillen von Bolschewismus und Kapitalismus jahrelang zu widerstehen vermochte und anschließend noch die Kraft hatte, Millionen vertriebener Landsleute aus dem Osten innerhalb der enger gewordenen Grenzen aufzunehmen und das Land aus Ruinen wieder aufzubauen, kann heute vom jahrzehntelangen Wirken der Sieger und ihrer deutschen Erben nur eine vernichtende Bilanz ziehen, und zwar fast noch mehr in bezug auf die kapitalistische BRD als auf die untergegangene kommunistische DDR.

Denn während die Deutschen in der DDR »nur« durch ein hirnrissiges System aus kommunistischer Plan- und Mangelwirtschaft, Unfreiheit und Isolierung gebeutelt wurden, wurde die Nation im Westen gleichsam als Brennholz zum Entzünden und Schüren jenes kapitalistischen Feuers mißbraucht, durch welches neben anderen Völkern vor allem die Deutschen selbst heute vom Untergang bedroht sind, sozial, kulturell und wirtschaftlich, aber vor allem biologisch.

Jahrzehntelanger kapitalistischer Raubbau

Als Fazit von 60 Jahren kapitalistischer Herrschaft blicken wir heute auf ein wirtschaftlich und kulturell versklavtes deutsches Volk mit implodierender Jugend, explodierendem Altersquotienten und riesigen kulturfremden Völkerschaften im Land, deren »Integration« völlig unrealistisch und selbst von den Herrschenden längst abgeschrieben ist.

Während in den Großstädten Westdeutschlands die Kinder und Jugendlichen dieser Völkerschaften bald die Mehrheit der jüngeren Jahrgänge bilden, sterben in Ost und West alte deutsche Kultur- und Siedlungsräume wegen wirtschaftlicher Implosion, Abwanderung und Geburtenarmut aus. Für beides tragen der Kapitalismus und seine politischen und wirtschaftlichen Steigbügelhalter die Verantwortung, denn sie zwangen dem deutschen Volk ein Wirtschafts- und Finanzsystem auf, das nicht für das Land, sondern auf dessen Kosten lebt, sie organisierten die Masseneinwanderung und sorgten gleichzeitig für den verheerendsten biologischen und kulturellen nationalen Niedergang in der deutschen und europäischen Geschichte.

Man fühlt sich bei diesem erschütternden Szenario an das Beispiel von Phileas Fogg in Jules Vernes Roman »In 80 Tagen um die Welt« erinnert, in dem der britische Gentleman, um seine Wette zu gewinnen, das gesamte Inventar des für die Fahrt von New York nach London angemieteten Dampfschiffes verheizen läßt, weil ihm die Kohlen ausgegangen sind. In ähnlicher Weise heizen heute – nicht nur in Deutschland – die Diener des Finanzkapitalismus mit dem Inventar, nämlich mit den Lebensgrundlagen der Völker, Gesellschaften und Staaten.

»Heizen mit dem Inventar«

Diese sind für sie nichts anderes als Märkte und Standorte zur Verfolgung von übergeordneten Machtbestrebungen, stellen also – wie das Schiff für Phileas Fogg – lediglich eine Art Vehikel dar, mit dem man Wetten gewinnen kann.

Der derzeitige spektakuläre Zusammenbruch der Finanzmärkte muß vor allem vor diesem Hintergrund gesehen werden. Es handelt sich keineswegs um eine vorübergehende Krise durch etwaige »Pannen«, für welche die vermeintliche »Gier« einiger angestellter »Manager« verantwortlich sei, sondern um den Anfang vom Ende des westlichen kapitalistischen Systems. Wir brauchen zwar diesem System keine Träne nachzuweinen, ganz im Gegenteil, denn sein Untergang ist notwendig, damit die Völker leben, und insbesondere die deutsche Nation reorganisiert und wiederaufgerichtet werden kann.

Aber dennoch stellt sich selbstverständlich die Schuldfrage. Geradezu grotesk ist es dabei, wenn heute führende Vertreter der Bundesregierung, wie Angela Merkel und Peer Steinbrück, oder der Regierungsfraktionen im Bundestag, wie Volker Kauder und Peter Struck, sich vor das Volk hinstellen und den zwar unverschämt gut verdienenden und alles andere als unschuldigen, aber doch nur im Auftrag von Politik und »Shareholdern« handelnden angestellten Bankvorständen die ausschließliche Schuld für den Zusammenbruch geben.

Die Verlogenheit solcher Schuldzuweisungen nach dem Prinzip »Haltet den Dieb!« wird besonders gut erkennbar, wenn man sich den nur knapp drei Jahre alten Koalitionsvertrag der Bundesregierung vor Augen führt. Darin heißt es im Abschnitt »Finanzmarktpolitik« zum Beispiel:

»Produktinnovationen und neue Vertriebswege müssen nachdrücklich unterstützt werden. Dazu wollen wir die Rahmenbedingungen für neue Anlageklassen in Deutschland schaffen. Hierzu gehören:

– die Einführung von Real Estate Investment Trusts (Reits) (…),
– der Ausbau des Verbriefungsmarktes,
– die Erweiterung der Investitions- und Anlagemöglichkeiten für Public-Private Partnerships,
– die Überarbeitung der Regelungen für den Bereich Private Equity im Wege der Fortentwicklung des bestehenden Unternehmensbeteiligungsgesetzes in ein Private-Equity-Gesetz.«

Wir wissen, was diese Diener der internationalen Hochfinanz hier unter »Produktinnovationen und neuen Vertriebswegen« verstehen, nämlich genau jenen Finanzgiftmüll, der uns zur Zeit um die Ohren fliegt. »Real Estate Investment Trusts« sind neue Börsenpapiere nach US-Vorbild, mit denen deutscher Grund und Boden und deutsche Immobilien dem internationalen Börsenschacher und Spekulantentum ausgeliefert werden sollen.

Und der »Ausbau des Verbriefungsmarktes« ist nichts anderes als die weitere Deregulierung und Internationalisierung auf den Finanzmärkten sowie die zusätzliche Öffnung der Schleusen für jene Flut von volkswirtschaftlich sinnlosen »Wertpapieren«, mit denen die Finanzgurus die Volkswirtschaften korrumpieren und zersetzen, und die US-Regierung das amerikanische Leistungsbilanzdefizit von aller Welt finanzieren läßt.

Diese Ziele haben sich die Berliner Koalitionäre also gerade mal vor knapp drei Jahren gesetzt, und zwar gegen die Interessen Deutschlands und eindeutig auch um ihren Herren in Washington und in den Führungsetagen der internationalen Hochfinanz gefällig zu sein. Heute versuchen sie, die Schuld auf jene Technokraten abzuwälzen, die sie selbst gerade erst auf die finanzwirtschaftliche Maßlosigkeit eingeschworen haben. Deutlicher könnten sie sich als politische Klasse nicht selbst richten.

Wachsender Kapitalanteil am BIP

Daß das nun vor dem Abgrund stehende finanzwirtschaftliche Ausbeutungssystem ebenso wenig nachhaltig ist wie Phileas Foggs Dampfschiffbetrieb, ist einfach zu erklären. Die Herrschaft des Kapitals basiert nämlich auf ständigem Kapitalwachstum durch Profite und Zinseszins. Um die Dauerexpansion zu gewährleisten, muß auch die Wirtschaftsleistung ständig zunehmen, und zwar unabhängig vom volkswirtschaftlichen Sinn oder Unsinn.

Allein schon dieser Wachstumszwang spricht ganz klar gegen jede Nachhaltigkeit. Das ist aber nicht alles, denn wenn nicht eines Tages die Ansprüche des Kapitals gar das gesamte Bruttoinlandsprodukt (BIP) übersteigen sollen, was rein theoretisch denkbar wäre, müßte die Wirtschaftsleistung nicht nur einfach zunehmen, sondern vielmehr mindestens so schnell wie das Kapital wachsen.

Das Gegenteil ist aber der Fall: im zweiten Quartal 2008 wuchs zum Beispiel die Geldmenge M3 um 9,95 Prozent, das reale BIP hingegen nur um 0,78 Prozent. Dabei ist laut Deutscher Bundesbank der größte Teil dieses M3-Wachstums überhaupt nicht aus den volkswirtschaftlichen »Fundamentaldaten«, zu denen zum Beispiel auch die Inflation gehört, erklärbar, sondern vielmehr auf »renditegetriebene Mittelzuflüsse aus dem Ausland« und die »starke Ausweitung kreditfinanzierter Unternehmensübernahmen und –fusionen« zurückzuführen.

Mit anderen Worten: Dieses Geldmengenwachstum ist eine direkte Folge des überdehnten globalen Geschachers, der spekulativen Finanzmarktgeschäfte und der Kreditschöpfung für spekulative Firmenübernahmen durch sogenannte Heuschrecken.

Periodische Wertvernichtungen

Der vorhin genannte Extremfall, in dem nicht einmal das gesamte BIP zur Befriedigung der Kapitalansprüche ausreicht, tritt in einer realen kapitalistischen Ökonomie natürlich in der Regel nicht ein, weil schon lange vorher eine Art »Rücksetzung« des Systems erfolgt, nach welcher das Spiel quasi wieder von vorne anfangen kann. Dies erfolgt in sattsam bekannter, unschöner Regelmäßigkeit, und zwar durch gigantische Wertvernichtungen, wie zum Beispiel die milliardenschwere Entwertung von Aktien ab 2001 infolge des New-Economy-Crashs oder das zum Zeitpunkt der Abfassung dieses Berichtes noch in Planung befindliche, über 400 Milliarden Euro teure »Rettungspaket« für die deutschen Banken nach dem aktuellen Finanzmarkt- und Bankenzusammenbruch.

Aber: Weder diese staatliche Finanzhilfe durch die Bundesregierung noch die entsprechende Unterstützung der US-Regierung für die amerikanischen Banken ist durch vorhandene oder in absehbarer Zeit eintreibbare Steuermittel gedeckt. Die entsprechenden Gelder müssen vielmehr auf den Kreditmärkten aufgenommen oder durch Geldschöpfung bereitgestellt werden. Durch beide Maßnahmen werden die Volkswirtschaften noch stärker belastet, und zwar durch noch größere Verschuldung, also zusätzliche Stärkung der Kapitalmacht, und/oder durch Inflation und Währungsverfall.

Enteignung und Fremdbestimmung

Da die genannten Rücksetzoperationen systemimmanent und somit zwangsläufig sind, stellt ihre Inkaufnahme durch die Befürworter des Systems nichts anderes als einen systematischen Betrug dar.

Ein weiterer Betrug besteht darin, daß in den dazwischenliegenden Perioden das Kapital permanent schneller als die Wirtschaft wächst, denn dies muß nach den Regeln der Logik zur Folge haben, daß ein ständig wachsender relativer Anteil des jährlich erstellten BIP den Kapitalbesitzern »gehört«, während der komplementäre, beim arbeitenden Teil der Bevölkerung verbleibende Teil immer kleiner wird.

Das schließt zwar nicht aus, daß der größte Teil des BIP nach wie vor von der Bevölkerung verbraucht wird, aber trotzdem handelt es sich um eine fortschreitende Enteignung der Volkswirtschaft durch das Kapital, und zwar aus folgendem Grund: Die anschwellenden Kapitalmassen, zu denen auch der ohne reale Gegenleistung ins Ausland gelieferte deutsche Exportüberschuß von zum Beispiel 168 Milliarden Euro im Jahre 2007 (knapp sieben Prozent des BIP) gehört, dienen der allmählichen Verschiebung der wirtschaftlichen und damit auch sozialen und kulturellen Gestaltungshoheit vom Volkssouverän hin zu den Vertretern der Kapitalmacht.

Die Interessen des Kapitals, nicht die Bedürfnisse der Völker, bestimmen immer stärker die Entwicklung der Wirtschaft und diktieren den Völkern und Staaten, wie und in welcher Weise sie ihre schöpferischen Fähigkeiten, ihre Arbeitskraft und ihre Ressourcen einzusetzen haben. Wenn sich zum Beispiel in Deutschland eine Computerindustrie oder eine Industrie für Kommunikations- und Unterhaltungselektronik aus der Sicht des Kapitals nicht »lohnt«, werden diese Sparten eben abgewürgt, ganz egal, wie viel wir dabei an kultureller Selbstbestimmung und Zukunftsfähigkeit einbüßen.

Wenn es den Kapitalinteressen und den Verhältnissen auf den Weltmärkten nicht entspricht, in Deutschland eine Textilindustrie zu betreiben, werden die Textilunternehmen eben liquidiert oder auf jeden Fall geschlossen, auch wenn alte Industrietraditionen und die damit verbundenen sozioökonomischen Strukturen in den betroffenen Industrieregionen dabei verschütt gehen und diese Regionen gar von Entvölkerung und Verwahrlosung bedroht sind.

Daß auch der Textilmaschinenbau darunter leidet, weil keine Entwicklung von hochwertigen Produktionsmaschinen auf die Dauer ohne engsten Kontakt zur Anwendung auskommt, spielt für die Kapitalkräfte ebenfalls kaum eine Rolle, denn sie interessieren sich nicht für die vernetzte Arbeitswelt der Menschen im volkswirtschaftlichen Kontext, sondern nur für die weltweiten Renditemöglichkeiten, woher diese auch kommen mögen.

Das kapitalistische Paradigma

Und wenn es, um noch ein Beispiel zu nennen, gegen die Prinzipien des kapitalgetrieben Welthandels verstößt, eine bäuerliche Landwirtschaft in Deutschland zu betreiben, wird diese nach und nach eben abgebaut, ganz egal, wie viel unsere ländlichen Gebiete und unsere langfristige Versorgungssicherheit darunter leiden. – und so weiter, und so fort. Es gibt eine schier endlose Reihe von Beispielen für die Vernichtung unserer Volkswirtschaft durch den Finanzkapitalismus und den von ihm angetriebenen schrankenlosen Welthandel.

Der westliche Kapitalismus, der nun hoffentlich seinen Zenit überschritten hat, geht auf die Idee der schrankenlos freien Marktwirtschaft (mit beliebig erweiterbaren Märkten) und die Lehren von Ökonomen wie Adam Smith und David Ricardo zurück. Diese Vorstellungen wurden im neunzehnten und zwanzigsten Jahrhundert durch die technische Entwicklung und die Kolonisierung von Nordamerika stark begünstigt.

Grundprinzip ist das Streben nach größtmöglicher Freiheit zur schrankenlosen, möglichst effizienten Ausbeutung aller ökonomischen Lebensgrundlagen. Wenn diesem Streben keinerlei staatliche oder gesellschaftliche Hindernisse in den Weg gelegt werden, seien der größte Wohlstand und das größte Glück für alle gewährleistet. Die Begünstigung dieser Idee durch die technische Revolution und durch die scheinbar endlosen Weiten, denen die Pioniere in Nordamerika begegneten, ist durchaus verständlich. Denn sie basiert auf dem falschen Glauben an die Unerschöpflichkeit der Natur und die Unabhängigkeit des Menschen sowohl von der Umwelt als auch von seinen eigenen sozialen und kulturellen Bindungen.

Kapitalfreiheit weltweit durchgesetzt

Das Geldkapital, dem im Rahmen des Geldsystems einer gut funktionierenden Volkswirtschaft eine wichtige Puffer- und Ressourcenallokationsfunktion zukommt, erhielt durch die immer stärker dominierenden Vorstellungen einer schrankenlosen Marktwirtschaft zunehmend den Charakter einer von der realen Wirtschaft, insbesondere vom nationalen und regionalen Wirtschaftskreislauf abgekoppelten eigenständigen Kraft, die nicht mehr vorwiegend der Wirtschaft dient, sondern sie vielmehr vor sich hertreibt.

Den Begriff »Kapitalismus« sollte man vor allem für diese Extremform des Kapitals und ihre ökonomisch-politische Befürwortung verwenden, nicht für das volkswirtschaftlich gebundene Kapital, das für eine funktionierende Wirtschaft notwendig ist.

Die Tendenz zur Entfesselung der Kapitalkräfte verstärkte sich ab den 1970er und besonders extrem ab den 1980er Jahren durch die neoliberalen und monetaristischen Konzepte von Friedrich August von Hayek und vor allem Milton Friedman. Letzterer beeinflußte stark die amerikanischen konservativen und libertären Kreise und übte zum Beispiel einen enormen Einfluß auf die Politik von Nixon und Reagan, aber auch von Margret Thatcher in Großbritannien und vielen anderen westlichen Regierungen aus, darunter auch der BRD.

In den neunziger Jahren, nach dem Untergang der Sowjetunion und dem Scheitern des Kommunismus, wurden alle Barrieren, die der freien Entfaltung des Kapitalismus noch im Weg standen, weggeräumt: Die Kapitalfreiheit wurde in der westlichen Welt beinahe restlos durchgesetzt, die Welthandelsorganisation WTO wurde gegründet, Welthandel und Finanzmarktgeschäfte wurden extrem intensiviert und zum eigentlichen Sinn jeder ökonomischen Aktivität erhoben. Die tonangebenden Politiker und Publizisten verloren immer mehr den eigentlichen Zweck arbeitsteiliger Wirtschaft aus den Augen, nämlich die sozioökonomische und kulturelle Integrität der gewachsenen Gemeinwesen, auf denen die menschliche Zivilisation beruht.

Der Kapitalismus leugnete zunehmend die Aufgabe der Wirtschaft als integrierter Teil der soziokulturellen Gemeinschaft und zwang diese statt dessen in eine abstrakte globale Wettbewerbsveranstaltung, bei der inzwischen alle sozioökonomischen Aspekte bedeutungslos geworden sind, und nur noch die Interessen des Kapitals eine Rolle spielen.

Die raumorientierte Volkswirtschaft

Diese Entwicklung, die den eigentlichen Motor der Globalisierung darstellt, ist für die heutige Finanzmarktkrise unmittelbar verantwortlich. Dabei handelt es sich im Kern um eine Krise des Internationalismus, denn der Kapitalismus ist vor allem eine globale, internationalistische Bewegung, deren Herrschaftsinstrumente wesentlich geeigneter als die des Marxismus sind, den Internationalismus auch tatsächlich durchzusetzen.

Doch weil der zu Ende gedachte Internationalismus das Ende der freien Völker und Gesellschaften und damit der menschlichen Zivilisation bedeutet, bedarf es zu ihm und damit zum Kapitalismus einer politisch-ökonomischen Alternative. Dieser kann aber schon deswegen nicht Marxismus heißen, weil der Marxismus selbst internationalistisch ist – und außerdem gescheitert, nicht wie der Nationalsozialismus durch fremde Waffengewalt, sondern durch die eigene Unzulänglichkeit.

Deswegen ist die einzige logische Alternative zum kollabierenden Kapitalismus das Wirtschaftskonzept der Nationaldemokratie: die raumorientierte Volkswirtschaft – und zwar genau so zwingend logisch wie die Tatsache, daß die Alternative zum Internationalismus Nationalismus heißt.

Per Lennart Aae

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vendredi, 07 novembre 2008

La crise financière et ses causes

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George Soros écrivait en avril 2008 (notez bien, en avril 2008 !) : “Nous sommes au milieu d’une crise financière comme nous n’en avons plus connu depuis la Grande Dépression des années 1930. […] Elle n’est pas limitée à telle ou telle société ni tel ou tel segment du système financier; elle a conduit le système tout entier au bord de la rupture, et les autorités ont le plus grand mal à la maîtriser. Elle sera lourde de conséquences. Les choses ne reprendront pas leur cours ; nous vivons la fin d’une époque.”

Par cupidité et par un inexplicable laisser-faire des autorités, les professionnels américains du crédit aux particuliers, défiant les règles bancaires les plus élémentaires, sont responsables de ce qui apparaît d’ores et déjà comme le plus effarant des désastres financiers.

Seule l’histoire sera un jour capable de chiffrer les dégâts. Les sommes en jeu sont une insulte à l’esprit. S’agissant du système financier international l’unité est le milliard de dollars et on se les jette à la figure par milliers. Mais qu’en est-il de l’économie réelle, qu’en est-il de la destruction de centaines de milliers d’emplois à travers le monde ? Oui, c’est la grande crise systémique. Systémique parce qu’elle s’est répandue au système dans sa globalité.

Comment un tel désastre a pu se produire ? Pourquoi les instances de régulation, les banques centrales qui connaissaient la partie immergée de ce monstrueux iceberg dès le mois d’août 2007 n’ont pas réagi ? Si les premiers et seuls responsables sont les Américains, on peut s’interroger sur la légèreté de certaines banques européennes quand on connait leur rigueur d’analyse, particulièrement celle des Suisses et des Allemands pris dans la nasse. Qu’en est-il de la théorie des anticipations rationnelles des marchés financiers qu’on nous enseigne dans nos universités et nos grandes écoles de commerce ? Qu’en est-il des produits financiers synthétiques sensés protéger du risque et des modèles mathématiques qui leur sont attachés ?

Ces questions resteront en suspens tant qu’un procès ne sera pas instruit contre cette bande de malfaiteurs cupides qui armés d’un surin et pour quelques centaines de millions de dollars ébranle l’édifice de la prospérité jusque dans ses fondations. Pourquoi n’existe-t-il pas de tribunal pénal international pour crime contre la prospérité ?

Comment tout ceci est-il arrivé ?

1er acte

Octobre 2002 : Bush propose de faciliter l’accès à la propriété pour 5 millions d’Américains issus des minorités.

Juillet 2003 : le taux directeur de la FED est historiquement bas. 1% pour le refinancement à court terme des banques (le taux d’intérêt réel corrigé de l’inflation a été négatif pendant 31 mois consécutifs). Il fallait favoriser de nouveaux débouchés à ce crédit facile à trouver. Les prêteurs hypothécaires à l’origine de la catastrophe ont décidé non seulement de prêter aux :
· Primes, emprunteurs à la solvabilité sans risques particuliers, mais également aux
· “Alt-A”, emprunteurs dont l’historique en matière de remboursement est satisfaisant mais sans autre renseignements notamment sur leurs revenus.
Et pour finir aux :
· Subprimes, emprunteurs au dossier des plus minces, sans véritables renseignements. Le cas extrême est atteint par les prêts dits “ninja”, no income, no job, no assets (ni revenus, ni emploi, ni actifs).

Dans cette dernière catégorie, la plupart des gens savaient par bon sens qu’il leur était impossible d’emprunter mais les malfaiteurs, c’est-à-dire les courtiers et les banques, ont rivalisé d’ingéniosité pour encourager ces pauvres locataires à gravir un degré dans l’échelle sociale. Cela représentait pour ces intermédiaires un océan de commissions et de frais bancaires. Comment pousser ces foyers à devenir propriétaires malgré eux ? En proposant pour une première période, un an, deux ans, un taux fixe alléchant, en anglais teaser, aguicheur, voire allumeur. Ensuite, le taux devient révisable sur une base très élevée. Pour la majorité des clients, des pratiques commerciales trompeuses ont occulté les conséquences néfastes pour eux dès la fin de la 1ère période a fortiori en cas de hausse des taux. Mais ce n’est pas tout. Aux Etats-Unis, l’hypothèque est rechargeable. Pour faire simple, le bien vaut 100, on emprunte 100. Le bien est réévalué, disons 2 ans après à 120, on peut emprunter 20 de plus en permettant aux intermédiaires de reprendre quelques commissions au passage.

C’est ainsi que la bulle immobilière monstrueuse s’est formée. Nous venons de parler du crédit aux particuliers mais bien entendu cette fièvre a de la même manière touché le commerce, les services et l’industrie par notamment une explosion des LBO.

2e acte

Dès les premiers signes imperceptibles du retournement, les banques ont voulu se débarrasser de leurs hypothèques les plus risquées. Comment faire ? Les titriser, c’est-à-dire en faire des actifs négociables soit de gré à gré soit sur un marché règlementé. Mais il fallait noyer le poisson, faire en sorte que ces hypothèques pourries ne se voient pas trop.

Alors, les malfaiteurs armés d’un surin ont été remplacés par les prix Nobel de la magie financière, les illusionnistes grands pontes des banques d’affaires américaines. Ils ont créé des titres appelés CDO. Les hypothèques pourries ont été mélangées à d’autres crédits, à des obligations et des CDS (la place nous manque pour parler des CDS, instrument financier des plus opaques, swaps entre banques dont la valeur nominale totale se situerait entre 42600 et 60000 milliards de dollars).

Les CDO ont été découpés en plusieurs tranches aux risques et aux rendements variant selon les désirs des différents investisseurs que sont les assureurs, les banques traditionnelles, les hedge funds, les trésoreries de multinationales, les fonds souverains, etc.

Et tout ce beau monde grugé d’acheter ce produit “toxique”.

Mais ce n’est pas tout. Ces transactions sont assorties d’interventions sur les marchés dérivés aux effets de levier dévastateurs et dont la complexité a depuis longtemps dépassé les limites du raisonnable. L’affaire Kerviel/Société générale qui n’a rien à voir avec la crise des subprimes en est une illustration remarquable.

3e acte

Ces milliards de dollars valent maintenant zéro parce qu’au début de la chaîne les emprunteurs défaillants ne payent plus. Le pot aux roses a été découvert mais trop tard. Il n’y a plus que des vendeurs secs de CDO.

Baisse mondiale des bourses depuis octobre 2007, faillites ou nationalisation de banques prestigieuses, sauvetage et mise sous tutelle du plus grand assureur du monde AIG, injections massives par les banques centrales de liquidités pour alimenter le marché interbancaire complètement asséché.

Toutes les banques vacillent et de grandes industries avec elles. Le marché du crédit est paralysé.

Ce sera aux contribuables de payer. A tous les contribuables. Par l’impôt ou l’inflation.

L’irresponsabilité du système financier américain est la cause de cette crise financière qui déstabilise l’économie mondiale. S’en trouve-t-il disqualifié pour autant ?

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mardi, 04 novembre 2008

210 millions de chômeurs l'année prochaine

210 MILLIONS DE CHOMEURS L’ANNEE PROCHAINE


- « La tourmente financière mondiale et ses répercussions sur l'économie réelle risquent de créer 20 millions de nouveaux chômeurs dans le monde d'ici à la fin 2009, a prévenu, lundi 20 octobre, le directeur général du Bureau international du travail (BIT), Juan Somavia. Selon des estimations du BIT, "le nombre de chômeurs pourrait passer de 190 millions en 2007 à 210 millions fin 2009", a indiqué M. Somavia lors d'une conférence de presse, ajoutant que ces chiffres pourraient s'aggraver en fonction de l'impact de la crise sur l'économie réelle. "Cela serait la première fois dans l'histoire", a-t-il ajouté, prévenant que ce chiffre pourrait même s'aggraver en fonction de l'impact de la crise sur l'économie réelle.


"Nous avons besoin d'une action rapide et coordonnée des gouvernements pour prévenir une crise sociale qui pourrait s'avérer sévère, longue et globale", a encore expliqué le responsable. Selon M. Somavia, le nombre de "travailleurs pauvres" qui vivent avec moins de un dollar par jour pourrait croître de 40 millions tandis que celui des personnes gagnant moins de deux dollars pourrait augmenter de 100 millions entre 2007 et 2009. Il a toutefois estimé que "l'impact serait global" et que les secteurs les plus touchés devraient être le bâtiment, la finance, les services, la construction et le tourisme. (...)


La crise doit être saisie comme une "opportunité" de rééquilibrer la mondialisation devenue "inéquitable et non durable", a-t-il encore considéré. Selon le responsable, il s'agit de redonner sa place à l'économie réelle, affaiblie par la sphère financière. Le "niveau des profits du secteur financier était devenu si élevé que les banques préféraient la finance" au soutien des entreprises créatrices d'emplois, a expliqué M. Somavia. »



Le Monde, 20 octobre 2008

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mardi, 28 octobre 2008

Grandes fortunes et dynasties familiales en France

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Grandes fortunes et dynasties familiales en France

 

Analyse: Michel PINCON & Monique PINCON-CHARLOT, Grandes fortunes. Dynasties fami­liales et formes de richesse en France, Payot, 1996, 376 pages, 135 FF.

 

Que de banalités, déjà ressassées, composent cet ouvrage fondé sur l'analyse socio-psychologique des riches, dans la tradi­tion de Bourdieu. Le sociologue P. Bourdieu a développé la notion d'habitus, manière de produire des relations sociales. L'habitus correspond aux acquis personnels d'une vie, dans un milieu social historiquement déterminé. Il s'exprime par des dispositions durables. Il s'agit donc d'un système structuré de règles intériorisées permettant à l'individu d'adapter son comportement aux variations de l'environnement. L'habitus des riches génère tout naturellement des pratiques sociales, des façons de produire des relations sociales.

 

Les pratiques organisationnelles des riches sont un sous-ensemble de pratiques sociales qui, ayant longtemps perduré à l'identique, subsisteraient pour l'essentiel. Est-ce si évident?

- Il y eut le fief, ou l'enracinement rural, dont certaines familles affirment à juste titre qu'il remonte au moyen-âge. Le château “résiduel” est toutefois plus une charge qu'un bénéfice et oblige nombre de descendants à trouver d'autres recettes pour en as­surer l'entretien.

- Il y eut le temps des palaces, des lotissements chics et des beaux quartiers, pour protéger l'environnement de l'intrusion des pauvres. Par exemple: le parc de Maisons-Laffites, la ville nouvelle du Vésinet,... Tous les exemples datent. Que dire des nouvelles castes de riches d'après la marchéisation de l'Occident? Le travail des auteurs s'arrête avant, prudemment.

 

Les pratiques sociales des riches ne sont pas le simple résultat d'un modèle culturel: la “civilisation des mœurs”. Les expé­riences acquises au fil du temps modèlent leur perception du monde ainsi que leurs pratiques. L'habitus intériorise une réci­procité articulée de pratiques (1) qui s'acquièrent aussi dans les écoles privées. Elles ont une fonction d'éducation plus que d'enseignement. Les écoles privées, créées dans la seconde moitié du XIXième siècle en Suisse, peuvent coûter jusqu'à 200.000 francs français par an; écoles polyglottes où l'on apprend les bonnes manières, grâce à l'entre-soi pratiqué par ceux qui appartiennent à un certain monde. Mais de quel monde s'agit-il aujourd'hui? La domination de l'Europe par les mafias “Bible and Business”, l'effacement des populations par les nouvelles colonies de peuplement... sur ces transformations aussi définitives, les auteurs sont, là aussi, d'une discrétion remarquable.

 

Une organisation, dans la perspective de Bourdieu, est un espace social qui produit un système structuré d'habitus spécifique, et qui structure les modalités des pratiques sociales. Les riches entretiennent un ensemble de relations issues des pratiques de chaque acteur, et l'ensemble produit une cohérence autonome. Ainsi, l'analyse des cérémonies, mondanités et rituels im­pose de comprendre le sens que les acteurs donnent à leurs actions: continuité du clan, délimitation des tribus, ajustement des personnes. Le devoir de transmettre, en particulier, est une représentation possédant une certaines cohérence. Cette cohé­rence assure la permanence de l'image de la lignée ou de la tribu, en sélectionnant les éléments assimilables, en ne procédant qu'à des réajustements et à des rééquilibres aussi peu perturbateurs que possible de l'ensemble, en évitant les réorganisa­tions en profondeur de la structure existante des significations. Le représentation du “maillon de la lignée” guide les compor­tements des acteurs et contribue à l'expression symbolique de l'organisation familiale ou tribale dont l'image, véritable arché­type, est irréductible à des perspectives individuelles.

 

D'autres auteurs de psycho-sociologie appliquent le concept de mythe (2) pour caractériser les symboles qui stucturent l'imaginaire individuel au sein d'une organisation quelconque. Le mythe renvoie à la pratique de rites remplissant trois fonc­tions: réunification, régulation, identité.

- La réunification intègre les pratiques différentes.

- La régulation définit implicitement l'acceptable et l'inacceptable.

- L'identité recouvre ce champ des rapports humains où le sujet s'efforce d'opérer une synthèse entre les forces internes et les forces externes de son action, entre ce qu'il est pour lui et ce qu'il est pour les autres.

Les relations d'affaires et les mondanités ne sont pas simplement un lubrifiant aux rapports fonctionnels dans le cadre d'une gestion de fortune. La gestion des grandes fortunes est de plus en plus collective. Le concept de gestion patrimoniale globale est un relais d'identification permettant de vivre le groupe mythique des riches comme un et cohérent dans ses intérêts.

 

Le pouvoir symbolique, destiné à convaincre les acteurs, est incertain, compte tenu de l'environnement culturel de chacun et du fait que tout symbole s'apprécie par rapport à autrui. L'incertitude est clairement reconnue par Bourdieu, pour qui les choix dus à l'habitus sont accomplis sans conscience ni contrainte en vertu de dispositions qui... se sont aussi constituées en dehors de la conscience et de la contrainte. La culture des riches happe l'individu et accroît le rôle du pouvoir symbolique en souli­gnant l'aspect socio-mental de l'organisation en réseaux de relations, en diffusant une idéologie d'emprise inconsciente mar­quée par l'adhésion.

 

Le pouvoir symbolique lié à la richesse s'analyse au total comme un effort pour inculquer la croyance en la valeur sociale des organisations, depuis l'école jusqu'aux localités, des mondanités aux héritiers. L'ensemble est supposé implicitement apte à résoudre un certain nombre de problèmes: convaincre les membres qu'ils désirent légitimement ce que ces organisations sont susceptibles de leur apporter. Affirmer que le riche, à un moment donné et avec le comportement qu'il a, est le meilleur possible, légitime l'état de fait en limitant la possibilité d'imaginer d'autres formes.

 

Mais tous les détenteurs d'un pouvoir ne mobilisent-ils pas, par la culture, des représentations collectives qui favorisent l'acceptation des asymétries de fonctions et de relations prétenduement fondées sur des normes objectives? Ainsi que les va­leurs éveillant et entretenant la croyance en la légitimité des maîtres?

 

Frédéric VALENTIN.

 

Notes:

(1) P. BOURDIEU, Le sens pratique, Ed. de Minuit, 1980; La distinction: critique sociale du jugement, Ed. de Minuit, 1979.

(2) R. REITTER & B. RAMANANTSOA, Pouvoir et politique. Au-delà de la culture d'entreprise, McGraw Hill, 1985.

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dimanche, 26 octobre 2008

Du sang et des larmes

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Du sang et des larmes

La récession pourrait durer jusqu’en 2011, annonce notre ami William Emmanuel sur son site Globalix.

C’est un fait : la crise financière qui a débuté au début de l’été 2007 s’est transformée en crise économique majeure. Les économies occidentales sont déjà entrées en récession où sont sur le point de le faire. Le coup de frein a été si brutal que personne n’entrevoit un redémarrage avant 2010 au mieux. Pis, il se pourrait, de l’avis de nombreux économistes, que 2009 enregistre une récession globale, ce qui serait une première depuis la crise de 1929. Dans une note d’avril 2008 sur les "Perspectives de l’économie mondiale", le Fonds monétaire international (FMI) tablait sur une croissance mondiale de 3,7% en 2008 comme en 2009. Les services de l’institution évaluaient alors à "25% la probabilité d’un ralentissement de la croissance mondiale à 3% ou moins en 2008 et en 2009, ce qui équivaudrait à une récession mondiale". Le FMI a annoncé début octobre qu’il attendait pour 2009 une croissance mondiale de 3% avec une progression de 0,5% pour les pays développés, dont 0,1% pour les Etats-Unis et 0,2% pour la zone euro.

Selon certains experts, les indicateurs récents montrent que le choc devrait être si violent qu’il est pratiquement acquis que le Produit intérieur brut (PIB) devrait être en recul sur l’ensemble de l’année en Europe et aux Etats-Unis. Les optimistes estiment que le relais pourrait être pris par les pays émergents. Après tout, le FMI table sur une croissance de 6,1% pour eux (contre 6,7% en juillet). Il prévoit 9,3% pour la Chine contre 11,4% en 2007 et 10,4% au premier semestre 2008. Mais ces chiffres sont à prendre avec précaution. Malgré son développement accéléré ces dernières années, la Chine n’est pas en mesure d’être le moteur principal de l’économie mondiale. En 2007, son PIB était de 3.430 milliards de dollars quand celui des Etats-Unis dépassait les 14.000 milliards. Surtout, outre le fait que les statistiques officielles sont sujettes à caution, rien ne dit que le ralentissement ne sera pas plus important qu’anticipé. Car, l’économie chinoise est tirée par les exportations, en particulier vers les Etats-Unis. En cas de récession dans ce pays, les exportations chinoises ne peuvent que baisser de manière très importante, ce qui ne peut que peser sur la situation économique et sociale intérieure. Dans ce contexte, la récession globale est quasiment acquise pour 2009 et elle pourrait même s’aggraver. Quelle sera sa durée ? Comme on l’a déjà expliqué ici (voir chronique "Refonder le capitalisme ?" du 26 septembre), après un choc économique on commence à parler de reprise quand les prix de l’immobilier se stabilisent. Pour le moment, ce n’est le cas ni aux Etats-Unis ni en Europe. L’opinion la plus répandue est que l’économie en Occident stagnera jusqu’en 2010 et qu’une vraie reprise n’est pas attendue avant 2011.

Une régulation plus stricte du secteur financier

Mais de quelle reprise s’agira-t-il ? Cette crise partie du marché américain du crédit hypothécaire pour ébranler toute la finance internationale va, par la force des choses, aboutir à un nouveau modèle économique. Si les Etats-Unis ont connu une croissance du PIB de 3% à 4% en moyenne par an depuis le milieu des années 1990, ils le doivent au formidable développement des technologies de l’information et de la communication, qui ont permis d’améliorer significativement la productivité, mais aussi aux innovations dans le secteur financier. Les banques ont élaboré des outils permettant aux entreprises de se financer à un coût acceptable, ce qui a permis de doper l’investissement. Ces outils sont les produits dérivés. L’impact de ces instruments a été tel que le président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, a encouragé leur développement et s’est opposé à leur régulation au nom de la croissance américaine. Ces produits dérivés, qui concernent aussi bien les actions que les obligations et les monnaies et les crédits d’entreprises, représentaient un montant notionnel de 106.000 milliards de dollars en 2002 et devraient totaliser 531.200 milliards cette année, selon les données de l’International Swaps and Derivatives Association publiées récemment par le New York Times.

Avec l’éclatement de la bulle immobilière et l’explosion du marché des prêts hypothécaires à risque (subprime), nombreux sont ceux qui pensent que les innovations sont allées trop loin. Le secteur financier va être régulé de manière plus stricte. A l’occasion de l’entrée de l’Etat au capital des banques américaines, il est question de renforcer sensiblement les ratios de solvabilité et de durcir les conditions d’octroi de crédit, cette dernière mesure pesant directement sur la consommation puisque les foyers pouvaient jusqu’ici "gager" en quelque sorte leur bien immobilier pour obtenir de nouveaux crédits. Cette régulation plus stricte conduira forcément à un abaissement de la rentabilité. Fini le temps où les banques pouvaient afficher un taux de retour sur fonds propres de 25% voire plus. La norme devrait être désormais de 15%, selon des analystes. Cela change tout pour la valorisation des établissements concernés et cela change aussi beaucoup pour l’économie américaine. Car les entreprises ayant besoin d’argent devront apporter des garanties pour obtenir des prêts. Tout le monde ne pourra pas financer son développement à crédit.

Moins de croissance, moins de richesses, moins d’emplois…

C’est un changement radical aux Etats-Unis. Et la croissance du Produit intérieur brut devrait en pâtir. A moyen terme, "les taux de croissance moyens seront significativement moins élevés qu’entre 1995 et 2008", expliquait Andreas Hoefert, chef économiste chez UBS Wealth Management, lors d’un passage à Paris la semaine dernière. On pourrait ainsi avoir un taux moyen de 1,5% à 2% contre 3% à 4%. Cela signifie que les Etats-Unis auraient à peu près le même rythme que l’Europe. Cela ne va pas sans poser des problèmes : une économie américaine tournant au ralenti va-t-elle séduire les investisseurs étrangers qui ont alimenté sa croissance ces dernières années ? Selon les chiffres d’UBS, sans le capital venant de l’étranger, le taux de croissance du PIB américain serait amputé de 0,4 point. Quel serait l’impact sur l’économie mondiale sachant que les Etats-Unis sont le premier moteur de la croissance ? Les pays émergents ne peuvent pas prendre le relais et l’Europe sera moins encline à adopter les réformes libérales que réclamaient les experts américains pour "doper" sa croissance.

D’ où un ralentissement général dont on ne mesure pas encore les effets. Une croissance moindre signifie moins de création de richesses et moins d’emplois. Pour des pays pauvres, c’est un problème social inquiétant qui se profile. La Chine et l’Inde, par exemple, ont réussi à sortir des dizaines de millions de personnes de la pauvreté ces dernières années grâce à leur développement rapide. Qu’en sera-t-il demain si ces pays perdent des débouchés américains alors que leur marché intérieur n’est pas en mesure de tirer leur croissance ? De fait, après s’être mobilisés pour sauver le système financier international, les dirigeants politiques doivent se pencher sur la question du modèle de développement acceptable aussi bien par le monde développé que par les pays émergents.

(chronique publiée sur le site Globalix.fr)

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mardi, 21 octobre 2008

La religion séculière de la Banque mondiale

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La religion séculière de la Banque mondiale

 

Recension: Susan GEORGE/Fabrizio SABELLI, Crédits sans frontières, La Découverte, coll. Essais, 1994, 278 p., 156 FF.

 

La Banque Mondiale ressemble à une organisation léniniste. Elle a une doctrine, une hiérarchie, des outils d'auto-justifica­tion. C'est une formation politique centralisée, opaque et autoritaire, avec des lignes successives. La Banque joue le rôle d'instrument principal de renforcement de l'emprise des USA (ou du G7) sur le monde.

 

L'appellation Banque Mondiale désigne la somme: BIRD (née à Bretton-Woods) + IDA (Association Internationale de Développement, créée en 1960 pour accorder aux pays pauvres des prêts à conditions libérales). Les prêts de la BIRD sont négociés individuellement, et la Banque n'annule ni ne rééchelonne les dettes. L'IDA touche des fonds au titre de l'aide pu­blique des pays donateurs. Outre la BIRD et l'IDA, la Banque regroupe deux autres membres: La SFI (depuis 1956) qui prête aux entreprises privées et aide notamment les transnationales à s'implanter dans les PVD; L'AMGI: Agence Multilatérale de Garantie des Investissements (depuis 1988) qui fournit les services d'assurance et garantit les investis­seurs contre les risques non commerciaux. L'une des fonctions peu connues de la Banque consiste à présider deux bonnes douzaines de consortiums d'aide ce qui lui permet d'exercer son pouvoir important sur d'autres donateurs de fonds publics.

Elle propose quatre types de prêts :

1 - Prêts projets (à l'industrie pétrolière russe pour faciliter l'implantation d'entreprises transnationales dans le secteur).

2 - Prêts d'ajustement sectoriel (au Mexique pour privatiser le secteur énergétique).

3 - Prêts à des institutions (pour les orienter vers le commerce extérieur).

4 - Prêts d'ajustement structurel (pour lutter contre l'endettement, transformer les ressources en production exportable, favoriser l'implantation de transnationales). Depuis 1987 ces quatre types de prêts sont coordonnés pour chaque pays.

 

Les propriétaires de la Banque sont les pays, au nombre de 176 en 1993. Ils ont un poids différent: USA, 17,2% des droits, Japon, 6,6%; GB, France, Allemagne, 5%. Chaque pays est forcément membre du FMI. Les fonds prêtés par la Banque viennent surtout des obligations qu'elle vend sur les marchés mondiaux. Les obligations sont garanties par les pays. La Banque ne prête pas plus qu'elle ne possède de capitaux et réalise d'importants bénéfices. Elle passe aussi des contrats avec des entreprises essentiellement américaines. En 1993, elle disposait de 8000 collaborateurs et 673 consultants.

 

L'article I des statuts de la Banque stipule cinq objectifs, dont deux concernent les relations avec les capitaux privés: pro­mouvoir les investissements privés à l'étranger; conduire des opérations en tenant compte des répercussions des investis­sements internationaux sur le commerce dans les Etats membres. En 1973, McNamara lança le concept de “pauvreté ab­solue” et donna comme objectif le développement qui consiste à prendre en charge la pauvreté. La Banque définissait le lieu, le contenu, l'organisation et les priorités des projets. Le pays lui demandait de bien vouloir en étudier le financement. Dans l'esprit de McNamara, un dollar décaissé était automatiquement un dollar qui faisait du bien car il pensait que le pro­blème du sous-développement était un problème de mauvaise gestion. Mais, lorsqu'il affirmait le besoin de “protéger ces pays en développement qui ont réellement besoin de notre aide et nous la demandent”, il souhaitait protéger des groupes de dirigeants qui gouvernaient contre de larges fractions de leurs populations. McNamara se croyait capable de gérer voire d'intimider les dirigeants politiques du tiers monde. Lorsqu'il partit, la crise de la dette était sur le point d'éclater.

 

LE SALUT STRUCTUREL

 

Barber Conable prit la présidence de la Banque le 1 juillet 1986. L'équipe Reagan considérait qu'elle était une institution dé­pensière et politiquement lâche. Les USA voulaient promouvoir énergiquement leurs politiques de privatisation et de libre-échange. Avec Conable s'installa l'obsession de promouvoir dans le monde entier l'ajustement structurel. Les programmes d'ajustement ont pour objectif de supprimer les barrières financières et commerciales; de diminuer les dépenses publiques; de promouvoir les exportations; de garantir le paiement du service de la dette. La notion d'ajustement structurel devint rapi­dement un puissant moyen de transformation de sociétés entières: carottes et bâtons pour promouvoir les exportations. Cela a aggravé la pauvreté mais aussi a épuisé les forces potentielles d'opposition. La misère engendre le désespoir..., non la révolte. Les émeutes ne sont pas une organisation politique permanente dotée d'objectifs clairs et de moyens sociaux et matériels destinés à atteindre ceux-ci.

 

Les doctrines de la Banque ont un statut comparable à celui de la loi naturelle d'inspiration divine. L'expert en développe­ment intercède entre les mondes développé et sous-développé: il aide les sous-développés à accomplir le difficile parcours qui mène au salut. La Banque entend réorganiser des pays entiers, en utilisant de préférence deux sortes d'outils: les prêts à l'ajustement structurel et les prêts sectoriels. Aussi, la Banque a renforcé ses axes par pays. Le travail du responsable-pays est de s'assurer que tous ses projets iront dans le sens de l'intégration de l'économie nationale au sys­tème financier et commercial international. Le décideur-clé devra donner sa bénédiction au gouvernement d'un pays pour toutes ses entreprises économiques et financières. Parallèlement, L. Summers qui fut économiste en chef de fin 1990 à avril 1993 suggéra que la banque devrait encourager le transfert des industries sales vers les PMA. L. Summers était un véritable prédicateur démarchant les pays en développement pour leur caser l'économie de marché...

 

La banque a mis dix ans pour imposer l'ajustement structurel au monde. Elle s'est réorganisée en 1987 pour mieux servir cette doctrine.

 

L'ORGANISATIoN DE CETTE CHOSE

 

La Banque, cette Chose, choisit les meilleurs talents du monde. La voie royale pour une embauche est le YPP (Young Professionals Program). Hyperformés en économie et en finance, les YP constituent une espèce de club dans le travail et dans la vie. Ils sont sélectionnés par un sévère programme d'acceptation, puis doivent “contribuer de manière significative aux programmes de travail de deux départements dans lesquels ils passent six mois”. On leur attribue un ou plusieurs mentors qui s'assurent que leur charge de travail est suffisamment lourde pour “étouffer dans l'œuf toute velléité de ré­flexion personnelle”.

 

La Banque combine le conseil, le soutien à l'ajustement, la coordination de l'aide entre autres prêteurs et l'investissement privé. Sa domination hégémonique doit être d'abord intellectuelle pour justifier les politiques d'ajustement structurel. L'argent achète le leadership intellectuel. Les chercheurs employés se comptent par centaines. A part la puissance éco­nomique et médiatique, la Banque tire sa force (et sa faiblesse) de son homogénéité. Comme les scolastiques du Moyen-Age, bien que les intellectuels de la Banque aient élaboré un étonnant corpus de commentaires théologiques en économie, la recherche sortant du champ doctrinal autorisé n'est nullement encouragée. La Banque un complexe "intellectualo-financier" atteint du syndrome d'orthodoxie déguisée en pluralisme.

 

L'organisation interne de la Banque est un système en cascade. Les vice-présidents choisissent leurs subalternes, qui choisissent leurs sous-fifres, et ce jusqu'au personnel dit “de soutien”. Ce système fait penser à l'organisation d'une secte monothéiste ou à une hiérarchie d'arrangements bienfaiteur-client comme dans toute mafia. Les critères de choix du per­sonnel ne sont pas connus. Les conditions offertes par la Banque ressemblent à celles des nombreux instituts de recherche soviétiques au temps de Lénine: les priorités sont explicites; la hiérarchie est forte et pousse à la révérence; les pro­grammes de recherche sont liés aux préoccupations de politique étrangère des USA; les chercheurs recrutés sortent des institutions dans lesquelles prédomine la doctrine en vogue aux USA.

 

Le principal avocat de la Banque est le Comité BrettonWoods, dont le siège se trouve à Washington, et est composé de 400 dignitaires de l'establishment américain. Ce Comité a parrainé un colloque en 1989 sur la dette du tiers monde, à partir du­quel fut lancé le plan Brady. Le Comité s'occupe aussi de constituer un réseau d'entreprises pour appuyer les banques de développement, car les firmes US bénéficient largement des contrats de la Banque. Ce comité a aussi parrainé une série de réunions et de colloques consacrés à promouvoir la privatisation en Europe de l'Est et dans l'ex-URSS. En 1993, la Banque a financé une société de conseil en politique et en image d'entreprise qui lui a suggéré de se présenter comme le partenaire de tout client potentiel. Depuis 1994, un conseiller en image y travaille à plein temps (un monsieur Herb Schmerz).

 

Le Conseil des gouverneurs (formé du ministre des finances ou d'un gouverneur de la Banque Centrale de chaque pays membre) administre formellement la Banque. Il se réunit deux fois par an: au printemps et à l'automne, pour la grande as­semblée générale conjointe du FMI et de la Banque. Le Conseil compte 176 pays (ce qui ne facilite pas la prise de déci­sion). Le pouvoir des gouverneurs est délégué à 24 administrateurs qui composent le conseil d'administration. Ils sont ré­munérés par la Banque. Le président est désigné en fait par les USA. L'administrateur américain informe ses col­lègues du choix de son gouvernement. En contrepartie, le FMI est dirigé par un Européen. Malgré 24 nationalités, les admi­nistrateurs ont beaucoup en commun. La moitié des membres du Conseil a reçu tout ou partie de son éducation universi­taire aux USA. Ils sont aussi presque tous économistes ou spécialistes de la finance. Ils sont, à quelques rares exceptions près, fonctionnaires de carrière. Dix d'entre eux ont enseigné à l'université. La moitié dispose aussi d'une expérience anté­rieure au sein des institutions de Bretton-Woods.

 

La tâche du conseil est compliquée par les problèmes d'information. Celle-ci est nettoyée pendant son ascension à travers la Banque: le personnel défend l'opinion qu'il faut avoir avec les gouverneurs la stratégie du Champignon: les nourrir de merde... et les laisser dans l'obscurité. En outre, un rédacteur professionnel a pour fonction de remplacer tous les mots et expressions négatifs par des euphémismes appropriés... Cette imbrication et cette interaction des similarités d'âge, de mé­tiers, de discipline universitaire, cette forte américanisation des formations et la connaissance préalable des institutions de Bretton-Woods garantissent une forte adhésion au modèle de développement classique de la banque.

 

LA GOVERNANCE ET LA HAInE DE l'ENVIRONNEMENT

 

La Banque entre dans la stratégie de “dynamitage” des . économies menée par les USA. La Banque est en fait une en­treprise de restructuration de l'économie mondiale (donc du monde).

 

Le développement avait cherché à intégrer les échelons supérieurs des populations du tiers-monde (de 10 à 40 % selon les pays), aux classes occidentalisées et consommatrices, ainsi qu'à l'économie de marché globale. Ce développement a été brillamment réussi. Partout, les “élites” ont fait payer à leurs compatriotes le coût de l'ajustement. Elles ont bénéficié de l'ajustement structurel en plaçant leur argent à l'étranger (s'enrichissant à chaque dévaluation de la monnaie nationale); le démantèlement du contrôle des importations a encouragé l'entrée des biens de luxe, et une pléthore de domestiques, gardes du corps compris, et d'ouvriers bon marchés a fait son apparition. Les services publics s'effritent. Mais peu importe, les riches peuvent se payer des services privés...

 

Le terme Governance désigne aujourd'hui à la Banque une bonne direction gouvernementale des affaires d'un pays. N'ayant plus de rôle à jouer comme acteur pro-occidental de la guerre froide, elle peut miser sur la plus récente menace qui pèse sur la sécurité du monde: les nouvelles classes dangereuses. Les pauvres sont à la fois la raison d'être de la Banque et son problème permanent.

 

A partir de la Présidence de Lewis Preston en 1991 (mort en 1995) le volume des prêts de la Banque devint fonction de l'importance des efforts du pays pour réduire la pauvreté. Ce processus et cette exigence ont été appelés “governance”. La governance est la manière d'exercer le pouvoir en matière de gestion des ressources économiques et sociales d'un pays, et en vue de son développement. Une bonne governance, pour la Banque mondiale, est synonyme de bonne gestion du développement. La liste détaillée de la bonne governance emprunte ses valeurs de base à la religion séculière des droits de l'homme. Autrement dit, c'est le programme politico-théologique acceptable par les Maîtres de l'Occident. Il affiche cinq articles de foi:

1 - Les dirigeants politiques répondent de leurs actions devant le peuple. La légitimité est établie périodiquement par un pro­cessus de choix: élections, référendums.

2 - La sécurité des citoyens est assurée et le respect de la loi est garanti, de sorte que des contrats peuvent être appliqués en toute justice entre opérateurs privés et entre opérateurs privés et Etat. En outre la loi protège les citoyens contre toute action arbitraire ou capricieuse des autorités publiques.

3 - Les organismes publics répondent aux besoins de la population et le développement est poursuivi équitablement au bé­néfice de tous les citoyens.

4 - L'information est facilement accessible pour permettre le contrôle de l'action de l'Etat, l'application des lois, le fonction­nement des marchés et stimuler la créativité et l'innovation de chacun.

5 - La liberté d'association et d'expression est garantie.

 

La Banque, comme toute théocratie monothéiste, ne met en pratique aucun des principes qu'elle prétend imposer à ses clients. Elle ne rend compte qu'au conseil d'administration dont les membres sont nommés (et non élus). Elle a toujours évité tout processus de légitimation depuis sa création. Dès 1941, Roosevelt avait fait comprendre à Churchill qu'après la guerre, la liberté des échanges serait la norme. Du point de vue des USA, le monde de l'après-guerre devait avoir trois ca­ractéristiques: libre-échange, liberté d'investir des capitaux à l'étranger, libre-accès aux matières premières. Le secrétaire au trésor et homme de confiance de Roosevelt, Morgenthau, avait pour objectif de transférer le centre financier du monde de Londres et de Wall Street au trésor public des USA. Morgenthau était le président de la conférence de Bretton-Woods. C'est Keynes qui a inventé, avec la Banque, la mise en commun inter-étatique de l'assurance du crédit.

 

Depuis la fin de la guerre froide, la Banque est passée à l'ingérence politique. Elle s'autorise à déterminer la nature et le volume de l'assistance que peut espérer un gouvernement comme récompense ou sanction de sa politique intérieure. Il est clair que l'effet et l'intention de l'ajustement ont été d'affaiblir l'Etat et de garantir la reprise en main de nombre de ses fonctions traditionnelles par des forces extérieures agissant au nom du marché mondial. La stratégie est au­jourd'hui de substituer un pouvoir supranational à l'autorité nationale sous la bannière de la governance. On rappellera, pour mémoire, que la réunion BIRD/FMI de Bangkok en 1991 a prêté une attention particulière aux dépenses militaires. Le ni­veau des dépenses militaires est un aspect de la governance: il doit être réduit partout. Les Etats ont donc perdu la préroga­tive ultime de se défendre. La Banque se substitue à leur pouvoir.

 

Dans le domaine de l'environnement, où les populations souhaitent donner leurs opinions à propos des projets de la Banque, le Credo de l'institution est: “promouvoir le développement est la meilleure façon de protéger l'environnement”. La priorité est au développement et à la croissance qui amèneront des richesses qui, à leur tour, permettront à un pays de se soucier de son environnement. Elle renforce ses équipes de spécialistes de l'environnement et finance simultanément des projets dangereux pour les équilibres écologiques.

 

Au total, la nouvelle préoccupation de governance est liée à trois objectifs principaux:

a) Poursuivre et affiner la ligne de défense consistant à accuser les victimes. Les gouvernements et non la Banque sont responsables des problèmes soulevés par l'ajustement.

b) La governance est fondée sur la campagne publicitaire des droits de l'homme dont l'objet est de fabriquer des croyants et du consentement.

c) Préparer la place de la Banque dans un monde où la souveraineté nationale n'a plus d'importance. Le pouvoir est censé rester entre les mains du G7, de l'OMC (ministère international du commerce), et du FMI (le ministère international des fi­nances). La Banque chapeautra le reste.

 

Comme d'autres institutions religieuses, la Banque utilise des mots solennels et des formules magiques pour transformer la réalité. La croissance, déclarée durable, n'est plus dangereuse pour l'environnement. Ses rapports sur le développement dans le monde sont légers, avec des graphiques extrêmement trompeurs. Mais, en sa qualité de principal employeur de consultants dans le domaine du développement, la Banque exerce un effet pervers sur la rigueur intellectuelle. La recherche de mandats amène les intellectuels à soutenir ses thèses.

 

LES PRINCIPES D'UNE PENSéE éCONOMIQUE HéRéTIQUE

 

La Banque Mondiale a pour intention globale d'encourager la mise en place d'un marché mondial unique, essentiellement sur la base de l'actuelle division mondiale du travail. L'un de ses critères est le DRC (Domestic Resource Cost). Il indique les secteurs dans lesquels un pays peut s'engager, ceux où il est actif mais qu'il ferait mieux d'abandonner, ceux auxquels il ne devrait même pas songer. Le DRC est la mesure du coût en ressources intérieures que représente le gain ou l'économie d'une unité de change (un dollar), réalisé à travers la production locale d'un bien. C'est donc le marché mondial qui devient la référence unique et déterminante de la manière dont l'économie d'un pays est censée se restructurer. L'étalon de mesure et l'échelle des valeurs sont extérieurs au pays. Le coût d'utilisation d'une ressource intérieure n'a aucun lien avec des objectifs sociaux spécifiques au pays. L'obsession en faveur des prix du marché mondial est une obsession en fa­veur d'un éternel présent. C'est contraire à toute l'histoire du développement.

 

La Banque semble ignorer que les besoins et les choix du capital transnational ont évolué: ses modèles sont périmés. Elle s'appuie sur le modèle de l'avantage comparatif, selon lequel une main d'œuvre peu coûteuse et des avantages sociaux ré­duits attirent l'investissement. Or, les investissements, les échanges et les règlements globaux se fondent aujourd'hui sur l'innovation beaucoup plus que sur les coûts. La stratégie que la Banque impose à ses clients, les trois D (Déflation, Dévaluation, Déréglementation) échoue parce que la théorie est obsolète.

 

Dans le monde soumis à la governance, une pensée économique au service de la population repose sur quatre points:

a) Cesser de comptabiliser la consommation de capital naturel comme un revenu. Le revenu est ce que l'on peut consom­mer chaque année en restant apte à consommer l'équivalent les années suivantes.

b) Taxer le débit, ce dont nous voulons le moins: pollution, déchets, raréfactions.

c) Maximiser la productivité du capital naturel à court terme et investir dans l'augmentation de sa production à long terme.

d) S'éloigner de l'idéologie de l'intégration économique globale par le libre-échange et la croissance fondée sur l'exportation, et se rapprocher d'une orientation plus nationale cherchant en priorité à développer la production nationale en direction du marché intérieur, pour ne recourir au commerce international que lorsque son efficacité est clairement supé­rieure.

 

La politique d'ajustement menée par la Banque affaiblit les pays, en sorte qu'ils ne représentent plus une menace politique sérieuse pour les mafias transnationales et les USA. La Banque, comme le G7 et l'OCDE, affaiblit volontairement des adversaires potentiels. C'est du néo-impérialisme. Alternativement, le projet de la Banque peut aussi s'analyser comme une utopie religieuse. Elle ne peut autoriser des gouvernements à assurer le succès économique de leurs pays sur la base de politiques qu'elle juge erronées (hérétiques). Comme une Eglise, elle ne représente pas les fidèles. Elle ne fournit au­cune justification à son action. Les dirigeants sont l'équivalent d'un consistoire. Le pouvoir décisionnel n'est pas là pour servir les pauvres, mais pour prendre des décisions politiques en fonction d'objectifs stratégiques et institutionnels.

 

CONCLUSION

 

La Banque est une entreprise politique et culturelle dont le côté visible est financier et économique. Elle exerce des fonctions qui sont à la fois économiques et symboliques:

1 - Instrument d'intégration par le biais du marché, elle a une vocation universelle (tous les pays doivent commercer autant qu'ils le peuvent).

2 - Fonction de guide (Direction). La Banque est beaucoup plus interventionniste que les gouvernements dirigistes dont elle cherche à transformer les politiques.

3 - Prédication en faveur d'un programme de vérité. Pourquoi avons-nous besoin d'elle? Une humanité fragile et imparfaite a besoin de contraintes, de garde-fous, d'instruction permanente et d'une doctrine. Chacun doit être guidé sur le chemin du salut. Avec le FMI, la Banque est la gardienne de lois qui, comme les dix commandements, sont immuables. Une fois révé­lées, elles doivent être suivies. Les dissidents sont bannis de la communauté internationale...

 

Frédéric VALENTIN.

 

samedi, 18 octobre 2008

Bolsjewisering van het kapitalisme

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Bolsjewisering van het kapitalisme

De huidige monetaire crisis is in feite een herschikking binnen het globalistische wereldkapitalisme. Dat wereldkapitalisme of financieel globalisme is namelijk overgegaan tot een revolutionaire ingreep in het overschot aan zelf gecreëerde geldmiddelen en het wegwerken van de massale, maar in werkelijkheid onbestaande geldstromen die men ook wel uitstaand krediet placht te noemen. Deze ingreep is te vergelijken met de bolsjewistische machtsgreep van de communisten in Rusland in 1917. Ook daar werden alle geldmiddelen net als de productiemiddelen genationaliseerd. Deze nationalisering van kapitaal moest in een later stadium van de socialistische revolutie uitmonden in een wereldcommunisme of beter gezegd in een globalistisch maatschappijmodel en in een internationalisering van alle kapitaalmiddelen. Die droom van een supergeorganiseerd financieel en economisch internationalisme is nu door de Internationale van het Kapitaal verwezenlijkt. Deze machtsgreep werd in alle landen van de wereld gesteund en zelfs op de sporen gezet door marxisten en kapitalisten samen. Het voorbeeld van de neoconservatieven in de USA die ideologisch worden geleid en gestuurd door oud-trotskistische marxisten is veelzeggend. Maar ook bij ons en in de rest van Europa zijn de sociaal-democraten de mede-organisatoren van deze kapitalistisch-marxistisch globalistische wereld. Op een ogenblik dat het internationale kapitaalsysteem door de creatie van biljoenen aan onbestaande betaalmiddelen is verzeild in een ware bestaans- en geloofscrisis zijn ze overgegaan tot een drastische wereldwijde ingreep.

Die ingreep bestond erin dat de leiders van het huidige globalistische wereldkapitalisme - met name de Verenigde Staten - hun bankroet moesten kunnen exporteren naar de wereldmarkt om zo van een groot deel van hun schuld af te geraken. De globalistische wereldmarkt is dus niet alleen nuttig voor die groep om goederen en diensten en mensen zo goedkoop mogelijk te kunnen exploiteren, maar ook om aankopen en militaire avonturen te laten betalen door de spaarders van de gehele wereld. De technieken zijn intussen gekend, nadat de banken al het spaargeld hebben laten wegroven door de Internationale van de Hebzucht in ruil voor vette persoonlijke commissies en bonussen. Als de hold-up vervolgens bekend dreigt te worden bij het grote publiek, als dat publiek op zijn beurt dreigt om het vertrouwen in de bankiersmaffia op te geven en in paniek zijn eigen centen van de banken terugwil, dan blijft er nog een laatste techniek over voor de gangsters van het grote geld… de internationalisering van het bankwezen. De ultieme droom van zowel marxistische internationalisten als globalistische marktfundamentalisten. En dat is niet verwonderlijk, want het gaat hier om een en hetzelfde economische systeem, namelijk het internationalisme. China had al aan de internationale kapitaalklasse getoond dat het gecombineerde communistisch-kapitalistische systeem superieur was tegenover het oude kapitalistische systeem. Beter was het om de staat al de investeringen en de verliezen te laten betalen, terwijl een profiteurskaste met dwang de massa onder controle houdt en via wetten het gespaarde bezit van een grote groep van mensen laat confisqueren en zo transfereert naar de zakken van een kleine profiteurskaste.

Op dit ogenblik - na amper enkele weken van financiële oplichting door de geldmaffia - zijn er biljoenen dollars, euro’s en andere munten gewoon verdwenen. Ze zijn echter niet in lucht opgegaan, zoals vele door het systeem betaalde financiële analisten ons wijsmaken. Het spaargeld van de massa in de verschillende nationale staten is gebruikt om er miraculeuze vermenigvuldigingen op de internationale geldmarkten mee mogelijk te maken. De miljardenwinsten die een Warren Buffett nu gerealiseerd heeft, zijn daar een bewijs van. De kapitalisten dachten dat ze Goden waren, maar ze blijken ordinaire dieven te zijn. De massa heeft in hen geloofd tot ze op klaarlichte dag werd beroofd.

Het geld is weg en toch wordt de terugbetaling gegarandeerd door politici die in dienst van die kapitaalmaffia staan. De massa en de nationale staten hebben hun rijkdom naar de internationale kapitaalklasse zien verwijnen, vooral de Amerikaanse kapitaalklasse dan. Nu moeten die politici echter hun nationale achterban sussen om zelf aan de macht te kunnen blijven. Ze beloven hun burgers dat deze hun geld zullen terugkrijgen, als ze het maar op hun bank laten staan en niet gaan afhalen. De rekeningen zijn geplunderd. Ze zijn opgegaan in de internationalisering en confiscatie van grote delen van privé-bezit door de kapitaalsnomenclatura. Zoals de oude bolsjewieken aan de massa beloofden dat hun geld en hun grond niet waren verdwenen in de zakken van de partij (partij van vooral joodse bankiers en joodse revolutionairen) maar integendeel keurig werd beheerd om het nut en de rijkdom van het algemeen te bevorderen, zo willen de oude en versleten democraten ons wijsmaken dat alles onder controle is en dat vanaf nu al onze goederen en geldbezit goed beheerd zullen worden ten voordele van het algemeen. De communistische leiders werden terecht door niemand geloofd, maar welke sukkel gelooft die snertdemocraten nog?

00:24 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : crise, banques, usure, usurocratie, argent, globalisation, libéralisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook