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mardi, 03 février 2009

Jean Thiriart: prophète et militant

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES  - 1993

Jean THIRIART: Prophète et militant

 


Dott. Carlo TARRACCIANO


«J'écris pour une espèce d'hommes qui n'existe pas encore, pour les Seigneurs de la Terre...»

(F. Nietzsche, La Volonté de puissance).


La disparition soudaine de Jean Thiriart a été pour nous comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, pour nous, militants européens qui, au cours de plusieurs décennies successives, ont appris à apprécier ce penseur de l'action, surtout depuis son retour à la politique active, après bon nombre d'années d'«exil intérieur» où il a médité et reformulé ses positions antérieures.


A plus forte raison, sa mort nous a surpris, nous, ses amis italiens qui l'avions connu personnellement lors de son voyage à Moscou en août 1992, où nous formions de concert une délégation ouest-européenne auprès des personnalités les plus représentatives du Front du Salut National. Ce front, grâce aux travaux de l'infatigable Alexandre DOUGUINE, animateur mystique et géopolitique de la revue Dyenn (Le Jour), a appris à connaître et à estimer bon nombre d'aspects de la pensée de Thiriart et les a diffusés dans les pays de l'ex-URSS et en Europe orientale.


Personnellement, j'ai l'intention, dans les lignes qui suivent, d'honorer la mémoire de Jean Thiriart en soulignant l'importance que sa pensée a eue et a toujours dans notre pays, l'Italie, dès les années 60 et 70 et dans le domaine de la géopolitique. En Italie, sa réputation repose essentiellement sur son livre, le seul qui ait véritablement donné une cohérence organique à sa pensée dans le domaine de la politique internationale: Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, édité par Giovanni Volpe en 1965, il y a près de trente ans.


Trois années seulement venaient de se passer depuis la fin de l'expérience française en Algérie. Cet événement dramatique fut la dernière grande mobilisation politique de la droite nationaliste, non seulement en terre de France, mais dans d'autres pays d'Europe, y compris en Italie. Les raisons profondes de la tragédie algérienne n'ont pas été comprises par les militants anti-gaullistes qui luttaient pour l'Algérie française. Ils n'ont pas compris quels étaient les enjeux géopolitiques de l'affaire et que les puissances victorieuses de la seconde guerre mondiale entendaient redistribuer les cartes à leur avantage, surtout les Etats-Unis.


Combien de ces militants de l'Algérie française ont-ils compris, à cette époque-là, quel était l'ENNEMI PRINCIPAL de la France et de l'Europe? Combien de ces hommes ont-ils compris intuitivement que, sur le plan historique, la perte de l'Algérie, précédée de la perte de l'Indochine, tout comme l'effondrement de tout le système vétéro-colonial européen, étaient des conséquences directes de la défaite militaire européenne de 1945? Ce fut en effet non seulement une défaite de l'Allemagne et de l'Italie, mais aussi de l'EUROPE ENTIERE, Grande-Bretagne et France comprises. Pas une seule colonie de l'ancien système colonial qui ne soit devenue à son tour sujette d'une forme nouvelle, plus moderne et plus subtile, d'impérialisme néo-colonialiste.


En méditant les événements de Suez (1956) et d'Algérie, les «nationaux-révolutionnaires», comme ils s'appelaient eux-mêmes, finirent par formuler diverses considérations et analyses sur les conséquences de ces deux affaires tragiques, considérations et analyses qui les différenciaient toujours davantage des «droites classiques» de notre après-guerre, animées par un anti-communisme viscéral et par le slogan de la défense de l'Occident, blanc et chrétien, contre l'assaut conjugué du communisme soviétique et des mouvements de libération nationaux des peuples de couleur du tiers monde. En un certain sens, le choc culturel et politique de l'Algérie peut être comparée à ce que fut, pour la gauche, l'ensemble des événements d'Indochine, avant et après 1975.


La vieille vision de la politique internationale était parfaitement intégrée à la stratégie mondiale, économique et géopolitique de la thalassocratie américaine qui, avec la guerre froide, avait réussi à recycler les diverses droites européennes, les fascistes comme les post-fascistes (ou du moins prétendues telles), en fonction de son projet géostratégique de domination mondiale. Le tout pour en arriver aujourd'hui au «Nouvel Ordre mondial», déjà partiellement avorté et qui semble être la caricature inversée et satanique de l'«Ordre Nouveau» eurocentré de mouture hitlérienne.


La Nouvelle Droite française, pour ne donner qu'un exemple, a commencé son cheminement au moment des événements d'Algérie pour entamer une longue marche de révision politique et idéologique, qui a abouti au voyage récent d'Alain de Benoist à Moscou, étape obligatoire pour tous les opposants révolutionnaires d'Europe au système mondialiste. La démarche a donc été faite par de Benoist, en dépit de ses rechutes et de ses reniements ultérieurs, appuyés par quelques-uns de ses plus minables affidés, lesquels n'ont évidemment pas encore compris pleinement la portée réelle de ces rencontres entre Européens de l'Ouest et Russes au niveau planétaire et préfèrent se perdre dans de stériles querelles de basse-cour, qui n'ont d'autres motivations que personnelles, relèvent de petites haines et de petits hargnes idiosyncratiques. Dans ce domaine comme tant d'autres, Thiriart avait déjà donné l'exemple, en opposant aux différences naturelles existant entre les hommes et les écoles de pensée l'intérêt suprême de la lutte contre l'impérialisme américain et le sionisme.


Pour revenir à l'Italie, nous devons nous rappeler la situation qui régnait en cette lointaine année 1965, quand a paru l'œuvre de Thiriart: les forces national-révolutionnaires, encore intégrées au Mouvement Social Italien (MSI), étaient alors victimes d'un PROVINCIALISME vétéro-fasciste, provincialisme cyniquement utilisé par les hiérarques politiques du MSI, complètement asservis à la stratégie des Etats-Unis et de l'OTAN (une ligne politique qui sera par la suite suivie avec fidélité, même au cours de la brève parenthèse de la gestion «rautiste», soi-disant inspirée des thèses national-révolutionnaires de Pino Rauti, gestion qui a appuyé l'intervention des troupes italiennes en Irak, aux côtés de l'US Army).


Les chefs de cette droite collaborationniste utilisaient les groupes révolutionnaires de la base, composés essentiellement de très jeunes gens, pour créer des assises militantes destinées, en ultime instance, à ramasser les voix nécessaires à envoyer au parlement des députés «entristes», devant servir d'appui aux gouvernements réactionnaires de centre-droit. Et tout cela, bien sûr, non dans l'intérêt de l'Italie ou de l'Europe, mais seulement dans celui de la puissance occupante, les Etats-Unis. Et une fois de plus, nous avons affaire à un petit nationalisme centralisateur et chauvin, utilisé au profit d'intérêts étrangers et cosmopolites!


C'était aussi le temps où l'extrême-droite était encore capable de mobiliser sur les places d'Italie des milliers de jeunes qui réclamaient que Trente et Trieste soient et restent italiennes, ou pour commémorer chaque année les événements de Hongrie de 1956! Mai 68 était encore loin, semblait s'annoncer à des années-lumière de distance! La droite italienne, dans ses prospections, ne voyait pas que cette «révolution» s'annonçait. Dans un tel contexte humain et politique, vétéro-nationaliste, provincial et, en pratique, philo-américain (qui débouchera ensuite dans la farce pseudo-golpiste de 1970, qui aura pour conséquence, au cours de toute la décennie, les tristement célèbres «années de plomb», avec leur cortège de crimes d'Etat), l'œuvre de Jean Thiriart fit pour un grand nombre de nationalistes l'effet d'une bombe; un choc électrique salutaire qui mit l'extrémisme nationaliste botté face à des problématiques qui, certes, n'étaient pas neuves, mais avaient été oubliées ou étaient tombées en désuétude. Aujourd'hui, nous ne pouvons donc pas ne pas tenir compte des effets politiques pratiques qui découlèrent de la pensée de Thiriart, même si ces effets, dans un premier temps, ont été fort modestes. Disons qu'à partir de la publication du livre de Thiriart, la thématique européenne est devenue petit à petit le patrimoine idéal de toute une sphère qui, dans les années suivantes, développera les thématiques anti-mondialistes actuelles.


Sans exégération, nous pouvons affirmer que c'est vers cette époque que se sont développés les thèmes de l'Europe-Nation, d'une lutte anti-impérialiste qui ne soit pas de «gauche», de l'alliance géostratégique avec les révolutionnaires du tiers monde. L'adoption de ce thème est d'autant plus étonnante et significative quand on sait que l'aventure de Jeune Europe a commencé par une lutte contre le FLN algérien. Thiriart avait, sur ce plan, changé complètement de camp, sans pour autant changer substantiellement de vision du monde, lui qui, quelques décennies auparavant, avait quitté les rangs de l'extrême-gauche belge pour adhérer à la collaboration avec le III° Reich germanique, sans pour autant perdre de vue le facteur URSS. Ces acrobaties politico-idéologiques lui ont valu les accusations d'«agent double», toujours aux ordres de Moscou!


En Italie, la section italienne de Jeune Europe (Giovane Europa) est rapidement mise sur pied. Malgré l'origine politique de la plupart des militants, Giovane Europa n'avait aucune filiation directe avec Giovane Italia, l'organisation étudiante du MSI (copiée à son tour de la Giovine Italia de Mazzini au 19° siècle); au contraire, Giovane Europa en était pratiquement l'antithèse, l'alternative contraire. Si bien qu'une fois l'expérience militante de «Giovane Europa» terminée, la plupart de ses militants se sont retrouvés dans le Movimento Politico Ordine Nuovo (MPON), opposé à la ligne politique prônant l'insertion parlementaire, comme le voulaient les partisans de Pino Rauti, retournés dans les rangs du MSI d'Almirante.


Si l'on tient compte du rôle UNIQUE qu'a joué la pensée de Julius Evola sur les plans culturel et idéologique en Italie, on ne doit pas oublier non plus que Jean Thiriart a impulsé, pour sa part, une tentative unique de rénovation des forces nationales dans ces années-là et dans les années qui allaient venir. Même un Giorgio Freda a reconnu lui-même ses dettes, sur le plan des idées, envers le penseur et le militant belge.


Autre aspect particulier et très important du livre Un Empire de 400 millions d'hommes, l'Europe, c'est d'avoir anticipé, de plusieurs décennies, une thématique fondamentale, revenue récemment dans le débat, notamment en Russie, grâce aux initiatives d'Alexandre Douguine et de la revue Dyenn, et en Italie, grâce aux revues ORION et AURORA: la GEOPOLITIQUE.


La première phrase du livre de Thiriart, dans la version italienne, est dédiée justement à cette science essentielle qui a pour objets les peuples et leurs gouvernements, science qui avait dû subir, dans notre après-guerre, un très long ostracisme, sous prétexte d'avoir été l'instrument de l'expansion nazie! Accusation pour le moins incongrue quand on sait qu'à Yalta les vainqueurs se sont partagés les dépouilles de l'Europe et du reste du monde sur base de considérations proprement géopolitiques et géostratégiques. Thiriart en était parfaitement conscient, en écrivant son premier chapitre, significativement intitulé «De Brest à Bucarest. Effaçons Yalta»: «Dans le contexte de la géo-politique et d'une civilisation commune, ainsi qu'il sera démontré plus loin, l'Europe unitaire et communautaire s'étend de Brest à Bucarest». En écrivant cette phrase, Thiriart posait des limites géographiques et idéales à son Europe, mais bientôt, ils dépassera ces limites, pour arriver à une conception unitaire du grand espace géopolitique qu'est l'EURASIE.


Une fois de plus, Thiriart a démontré qu'il était un anticipateur lucide de thèmes politiques qui ne mûrissent que très lentement chez ses lecteurs, du moins certains d'entre eux...


Mais il n'y a pas que cela!


Conjointement au grand idéal de l'Europe-Nation et à la redécouverte de la géopolitique, le lecteur est obligé de jeter un regard neuf sur les grands espaces de la planète. Ce fut un autre mérite de Thiriart d'avoir dépasser le traumatisme européen de l'ère de la décolonisation et d'avoir recherché, pour le nationalisme européen, une alliance stratégique mondiale avec les gouvernements du tiers monde, non asservis aux impérialismes, en particulier dans la zone arabe et islamique, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il est vrai que ceux qui découvrent la géopolitique, ne peuvent plus faire autrement que de voir les événements du monde sous une lumière nouvelle, prospective.


Et c'est dans un tel contexte, par exemple, qu'il faut comprendre les nombreux voyages de Thiriart en Egypte, en Roumanie, etc., de même que ses rencontres avec Chou en Lai et Ceaucescu ou avec les leaders palestiniens. Partout où il était possible de le faire, Thiriart cherchait à tisser un réseau d'informations et d'alliances planétaires dans une perspective anti-impérialiste. Par ailleurs, notons tout de même que la révolution cubaine, avec son originalité, exerçait de son côté sa propre influence.


Avec son style synthétique, presque télégraphique, Thiriart lui-même avait tracé dans ses textes les lignes essentielles de la politique extérieure de la future Europe unie:

«Les lignes directives de l'Europe unitaire:

avec l'Afrique: symbiose

avec l'Amérique latine: alliance

avec le monde arabe: amitié

avec les Etats-Unis: rapports basés sur l'égalité».


Mise à part l'utopie qu'était son espoir en des rapports égaux avec les Etats-Unis, on notera que sa vision géopolitique était parfaitement claire: il voulait de grands blocs continentaux et était très éloigné de toute vision étriquée d'une petite Europe «occidentale et atlantique» qui, comme celle d'aujourd'hui, n'est plus que l'appendice oriental de la thalassocratie yankee, ayant pour barycentre l'Océan Atlantique, réduit à la fonction de «lac intérieur» des Etats-Unis.


Bien sûr, aujourd'hui, après l'aventure politique de Thiriart, certaines de ces options géopolitiques, dans le milieu «national», pourraient sembler évidentes, voire banales, pour les uns, simplistes et intégrables pour d'autres. Mais mis à part le fait que tout cela n'est guère clair pour l'ensemble des «nationaux» (il suffit de penser à certaines résurgences racistes/biologistes et anti-islamiques d'un pseudo-néo-nazisme, utilisées et instrumentalisées par la propagande américaine et sioniste dans un but anti-européen), nous ne nous lasserons pas de répéter qu'il y a trente ans, cette option purement géopolitique de Thiriart, vierge de toutes connotations racistes, était très originale et courageuse, dans un monde bipolaire, opposant en apparence deux blocs idéologiques et militaires antagonistes, dans une perspective de conflictualité «horizontale» entre Est et Ouest et sous la menace de l'anéantissement nucléaire réciproque, surtout pour les «alliés» des deux puissances majeures en Europe.


Nous pouvons affirmer aujourd'hui que si bon nombre d'entre nous, en Italie, en sont arrivés progressivement à dépasser cette fausse vision dichotomique de la conflictualité planétaire, et cela bien avant l'effondrement de l'URSS et du bloc soviétique, c'est dû en bonne partie à la fascination qu'ont exercée les thèses que propageait Thiriart à l'époque, à ses intuitions géniales.


Effectivement, on peut parler de «génialité», en politique comme dans tous les autres domaines du savoir humain, quand on PRE-VOIT et que l'on EX-POSE (du latin exponere, poser en dehors, mettre en exergue ou en évidence) des faits ou des événements qui sont encore occultés, méconnus, peu clairs pour les autres et qui ne se dégagent de leur phase occulte que graduellement pour n'advenir au monde en pleine lumière que dans un futur plus ou moins lointain.


Sur ce chapitre, nous voulons simplement rappeler les assertions de Thiriart relatives à la dimension géopolitique du futur Etat européen, consignées dans le chapitre (10, §1) intitulé «Les dimensions de l'Etat européen. L'Europe de Brest à Vladivostock» (pp. 28 à 31 de l'éd. franç.): «L'Europe jouit d'une grande maturité historique, elle connaît désormais la vanité des croisades et des guerres de conquêtes vers l'Est. Après Charles XII, Bonaparte et Hitler, nous avons pu mesurer les risques de pareilles entreprises et leur prix. Si l'URSS veut conserver la Sibérie, elle doit faire la paix avec l'Europe — avec l'Europe de Brest à Bucarest, je le répète. L'URSS n'a pas et aura de moins en moins la force de conserver à la fois Varsovie et Budapest d'une part, Tchita et Khabarovsk d'autre part. Elle devra choisir ou risquer de tout perdre» (les caractères italiques sont dans le texte).


Plus loin: «Notre politique diffère de celle du général De Gaulle parce qu'il a commis ou commet trois erreurs:

- faire passer la frontière de l'Europe à Marseille et non à Alger;

- faire passer la frontière du bloc URSS/Europe sur l'Oural et non en Sibérie;

- enfin, vouloir traiter avec Moscou avant la libération de Bucarest» (p. 31).


A la lecture de ces deux brefs extraits, on ne peut plus dire que Jean Thiriart manquait de perspicacité et de prévoyance! Or ces phrases ont été écrites, répétons-le, à une époque où les militants sincèrement européistes, même les plus audacieux, parvenaient tout juste à concevoir une unité européenne de Brest à Bucarest, c'est-à-dire une Europe limitée à la plate-forme péninsulaire occidentale de l'Eurasie; pour Thiriart, elle ne représentait déjà plus qu'une étape, un tremplin de lancement, pour un projet plus vaste, celui de l'unité impériale continentale. Qu'on ne nous parle plus, dès lors, des droites nationalistes, y compris celles d'aujourd'hui, qui ne font que répéter à l'infini leur provincialisme, sous l'oeil bienveillant de leur patron américain.


Il y a trente ans déjà, Thiriart allait plus loin: il dénonçait toute l'absurdité géopolitique du projet gaulliste (De Gaulle étant un autre responsable direct de la défaite de l'Europe, au nom du chauvinisme vétéro-nationaliste de l'Hexagone) d'une Europe s'étendant de l'Atlantique à l'Oural, faisant sienne, du même coup, cette vision continentale absurde, propre aux petits professeurs de géographie, qui trace sur le papier des cartes une frontière imaginaire à hauteur des Monts Ourals, qui n'ont jamais arrêté personne, ni les Huns ni les Mongols ni les Russes.


L'Europe se défend sur les fleuves Amour et Oussouri; l'Eurasie, c'est-à-dire l'Europe plus la Russie, a un destin clairement dessiné par l'histoire et la géopolitique en Orient, en Sibérie, dans le Far East de la culture européenne, et ce destin l'oppose au West de la civilisation américaine du Bible and Business. Quant à l'histoire des rencontres et des confrontations entre les peuples, ce n'est rien d'autre que de la GEOPOLITIQUE EN ACTE, tout comme la géopolitique n'est rien d'autre que le destin historique des peuples, des nations, des ethnies et des empires, voire des religions, en PUISSANCE. En passant, nous devons ajouter que la conception de Jean Thiriart, pour autant qu'elle ait été encore liée aux modèles «nationalistes» influencés par la France révolutionnaire, était finalement plus «impériale» qu'impérialiste. Il a toujours refusé, jusqu'à la fin, l'hégémonie définitive d'un peuple sur tous les autres.


L'Eurasie de demain ne sera pas plus russe qu'elle ne sera mongole, turque, française ou germanique: car quand tous ces peuples ont voulu exercer seuls leur hégémonie, ils ont échoué. Echecs qui devraient nous avoir servi d'enseignement.


Qui pouvait, il y a trente ans, prévoir avec autant de précision la faiblesse intrinsèque de ce colosse militaro-industriel qu'était l'URSS, qui semblait à l'époque lancée à la conquête de toujours plus de nouveaux espaces, sur tous les continents, en âpre compétition avec les Etats-Unis qu'elle allait bientôt dépasser?


Avec le temps, finalement, tout cela s'est révélé un gigantesque bluff, un mirage historique probablement fabriqué de toutes pièces par les forces mondialistes de l'Occident pour maintenir les peuples dans la servitude, avec, à la clef, un chantage constant à la terreur. Tout cela pour manipuler les peuples et les nations de la Terre au bénéfice de l'intérêt stratégique suprême, unique, posé comme seul «vrai»: celui de la superpuissance planétaire que sont les Etats-Unis, base territoriale armée du projet mondialiste. En fin de compte, pour parler le langage de la géopolitique, c'est la «politique de l'anaconda» qui a prévalu, comme la définissait hier, avec les mêmes mots, le géopoliticien allemand Haushofer, et la définissent aujourd'hui les géopoliticiens russes, à la tête desquels officie le Colonel Morozov; les Américains et les mondialistes cherchent toujours à éloigner le pivot territorial de l'Eurasie de ses débouchés potentiels sur les mers chaudes, avant de grignoter petit à petit le territoire de la «tellurocratie» soviétique. Le point de départ de cette stratégie de grignotement: l'Afghanistan.


Jean Thiriart avait déjà mis en lumière, dans son livre de 1965, les raisons brutes et crues qui animaient la politique internationale. Ce n'est pas un hasard, d'ailleurs, que l'un de ses modèles était Machiavel, auteur du Prince.


Certes, nous diront les pessimistes, si le Thiriart analyste de la politique a su anticiper et prévoir, le Thiriart militant, organisateur et chef politique du premier modèle d'organisation transnationale européiste, a failli. Soit parce que la situation internationale d'alors n'était pas encore suffisamment mûre (ou pourrie), comme nous le constatons aujourd'hui, soit parce qu'il n'y a pas eu de «sanctuaire» de départ, comme Thiriart l'avait jugé indispensable. En effet, il a manqué à Jeune Europe un territoire libre, un Etat complètement étranger aux conditionnements imposés par les superpuissances, qui aurait pu servir de base, de refuge, de source d'approvisionnement pour les militants européens du futur. Un peu comme le fut le Piémont pour l'Italie.


Toutes les rencontres de Thiriart au niveau international visaient cet objectif. Toutes ont échoué. Réaliste, Thiriart a renoncé à l'engagement politique, au lieu de reprendre son discours et d'attendre que l'occasion se représente, et même une meilleure occasion, celle d'avoir un grand pays auquel il aurait pu proposer sa stratégie: la Russie. Le destin de ce citoyen belge de naissance mais Européen de vocation a été étrange: il a toujours été «hors du temps», surpris par les événements. Il les a toujours prévus mais a toujours été dépassé par eux.


Sa conception de la géopolitique eurasienne, sa vision qui désigne GLOBALEMENT les Etats-Unis comme l'ennemi OBJECTIF absolu, pourraient être perçues comme les indices d'un «visionarisme» illuminé, freiné seulement par un esprit rationnel cartésien, et rationalisé en ultime instance.


Son matérialisme historique et biologique, son nationalisme européen centralisateur et totalisant, sa fermeture à l'endroit de thématiques écologiques et animalistes, ses positions personnelles face aux spécificités ethno-culturelles, son hostilité de principe à tout pathos religieux, son ignorance de toute dimension métapolitique, son admiration pour le jacobinisme de la Révolution française, pierre d'achoppement pour bon nombre d'anti-mondialistes francophones: tout cela constituait des limites à sa pensée et des résidus de conceptions vétéro-matérialistes, progressistes et darwiniennes, de plus en plus éloignées des choix culturels, religieux et politiques contemporains, chez les hommes et les peuples engagés, dans toute l'Eurasie et dans le monde entier, dans la lutte contre le mondialisme. Les idées «rationalistes», que Thiriart faisait siennes, au contraire, ont été l'humus culturel et politique sur lequel le mondialisme a germé au cours des siècles passés. Ces aspects de la pensée de Thiriart ont révélé leurs limites, pendant les derniers mois de son existence, notamment lors des colloques et conversations de Moscou en août 1992. Son développement intellectuel semblait s'être définitivement arrêté à l'époque de l'historicisme linéaire et progressiste, avec sa mythologie d'un «avenir radieux pour l'humanité».


Une telle vision rationaliste ne lui permettait pas de comprendre des phénomènes aussi importants que le réveil islamique ou le nouveau «mysticisme» eurasiste russe, ainsi que leur projections politiques d'une teneur hautement révolutionnaire et anti-mondialiste. Et ne parlons même pas de l'impact des visions traditionalistes d'un Evola ou d'un Guénon. Thiriart véhiculait donc cet handicap «culturel», ce qui ne nous a pas empêché de nous retrouver à Moscou en août 1992, où nous avons cueilli au vol ses innombrables intuitions politiques.


Quelques-unes de ces intuitions ont fait qu'il s'est retrouvé aux côtés de jeunes militants européens pour aller rencontrer les protagonistes de l'avant-garde «eurasiste» du Front du Salut National russe, rassemblés autour de la revue Dyenn et du mouvement du même nom. Nous avons découvert, ainsi, dans la capitale de l'ex-empire soviétique qu'il avait été parfaitement reconnu comme un penseur d'avant-garde par les Russes. Les enseignements géopolitiques de Thiriart ont germé en Russie, c'est indubitable, alors qu'en Occident ils ont toujours été méconnus voire méprisés. Thiriart a eu un impact lointain, dans les immensités glacées de la Russie-Sibérie, dans le cœur du Vieux Monde, près du pivot central de la tellurocratie eurasiatique.


Est-ce une ironie de l'histoire des doctrines politiques, qui surgit au moment de leur actualisation pratique ou est-ce la ennième confirmation de cet adage antique, «nul n'est prophète en son pays»? Le long «exil intérieur» de Thiriart semblait donc terminé, il s'était retiré de la politique active pour toujours et avait surmonté ce retrait qui, au départ, avait été une grosse déception. Il nous inondait de documents écrits, de comptes rendus d'interventions orales. Le flot ne semblait jamais devoir s'arrêter! Comme s'il cherchait à rattraper le temps qu'il avait perdu dans un silence dédaigneux.


Mu par un enthousiasme juvénile, parfois excessif et agaçant, Thiriart se remettait à donner des leçons d'histoire et de géopolitique, de sciences exactes et de politologie, de droit et toutes autres disciplines imaginables, aux généraux et aux journalistes, aux parlementaires et aux écrivains, aux politiciens de l'ex-URSS et aux militants islamiques de la CEI, et aussi, bien sûr, à nous, les Italiens présents qui avions, en même temps que lui, connu des changements d'opinion, en apparence inattendus. Et tout cela s'est passé dans la Russie d'aujourd'hui, où tout est désormais possible et rien n'est certain (et qui pourra être, qui sait, la Russie d'hier, quand cet article paraîtra); nous avons en effet affaire à une Russie suspendue entre un passé glorieux et un futur ténébreux, mais grosse de potentialités inimaginables. C'est là-bas que Jean Thiriart a retrouvé une nouvelle jeunesse.


Dans une ville de Moscou qui survit au jour le jour entre l'apathie et la fébrilité, semblant attendre «quelque chose» dont on ne connaît encore ni le nom ni le visage; une ville où tout se passe, où tout peut se passer comme dans une dimension spéciale, entre ciel et terre. De la terre russe tout et le contraire de tout peut jaillir: le salut et l'extrême perdition, la renaissance ou la fin, une nouvelle puissance ou la désintégration totale d'un peuple qui fut impérial et est devenue, aujourd'hui, une plèbe misérable. Enfin, c'est là, et là seulement, que se joue le destin de tous les peuples européens et, en définitive, de la planète Terre. L'alternative est bien claire: ou nous aurons un nouvel empire eurasiatique qui nous guidera dans la lutte de libération de TOUS les peuples du globe ou nous assisterons au triomphe du mondialisme et de l'hégémonisme américain pour tout le prochain millénaire. C'est là-bas que l'écrivain et homme politique Jean Thiriart avait retrouvé l'ESPOIR de pouvoir mettre en pratique ses intuitions du passé, cette fois à une échelle bien plus vaste.


Dans cette terre de Russie, d'où peut surgir le messie armé des peuples d'Eurasie, nouvel avatar d'un cycle de civilisation ou Antéchrist des prophéties johanniques, nous aurons un espace pour toutes les alchimies et les expériences politiques, inconcevables si on les regarde avec des yeux d'Occidental. La Russie actuelle est un immense laboratoire, une terre politiquement vierge que l'on pourra féconder de greffons venus de loin, une terre vierge où la LIBERTE et la PUISSANCE vont se chercher pour s'accoupler et tenter de nouvelles synthèses: «Le chemin de la liberté passe par celui de la puissance», soulignait Thiriart dans son livre fondamental, «Il ne faudrait donc pas l'oublier, ou il faudrait l'apprendre à ceux qui l'ignorent. La liberté des faibles est un mythe vertuiste, une ingénuité à utilisation démagogique ou électorale. Les faibles n'ont jamais été libres et ne le seront jamais. Seule existe la liberté des forts. Celui qui veut être libre, doit se vouloir puissant. Celui qui veut être libre doit être capable d'arrêter d'autres libertés, car la liberté est envahissante et a tendance à empiéter sur celle des voisins faibles». Ou encore: «Il est criminel du point de vue de l'éducation politique de tolérer que les masses puissent être intoxiquées par des mensonges affaiblissants comme ceux qui consistent à “déclarer la paix” à ses voisins en s'imaginant ainsi pouvoir conserver sa liberté. Chacune de nos libertés a été acquise à la suite de combats répétés et sanglants et chacune d'entre elles ne sera maintenue que si nous pouvons faire étalage d'une force susceptible de décourager ceux qui voudraient nous en priver. Plus que d'autres, nous aimons certaines libertés et rejetons de nombreuses contraintes. Mais nous savons combien sont perpétuellement menacées ces libertés. Que ce soit en tant qu'individu, que ce soit en tant que nation, nous connaissons la source de la liberté et c'est la puissance. Si nous voulons conserver la première, nous devons cultiver la seconde. Elles sont inséparables» (p. 301-302).


Voilà une page qui, à elle seule, pourrait assurer à son auteur un poste dans une faculté d'histoire des sciences politiques. Quand tout semblait à nouveau possible et quand le jeu des grandes stratégies politiques revenait à l'avant-plan, sur un échiquier grand comme le monde, quand Thiriart venait à peine d'entrevoir la possibilité de donner vie à sa grande idée d'Unité, voilà qu'a surgi le dernier coup du destin: la mort.


En dépit de son inéluctabilité, elle est un événement qui nous surprend toujours, qui nous laisse avec un sentiment de regret et d'incomplétude. Dans le cas de Thiriart, le fait de la mort fait vagabonder l'esprit et nous imaginons tout ce que cet homme d'élite aurait encore pu nous apporter dans nos combats, tout ce qu'il aurait encore pu apprendre à ceux qui partagent notre cause, ne fût-ce que dans de simples échanges d'opinions, ne fût-ce qu'en formulant des propositions en matières culturelle et politique.


Enfin, il nous appartient de souligner la complétude de l'œuvre de Thiriart. Plus que tout autre, il avait complètement systématisé sa pensée politique, tout en restant toujours pleinement cohérent avec ses propres prémisses et en demeurant fidèle au style qu'il avait donné à sa vie.


Lui, moins que tout autre, on ne pourra pas lui faire dire post mortem autre chose qu'il n'ait réellement dite, ni adapter ses textes et ses thèses aux exigences politiques du moment. Il reste le fait, indubitable, que sans Jean Thiriart, nous n'aurions pas été ce que nous sommes devenus. En effet, nous sommes tous ses héritiers sur le plan des idées, que nous l'ayions connu personnellement ou que nous ne l'ayions connu qu'au travers de ses écrits. Nous avons tous été, à un moment ou à un autre de notre vie politique ou de notre quête idéologique, les débiteurs de ses analyses et de ses intuitions fulgurantes. Aujourd'hui, nous nous sentons tous un peu orphelins.


En cet instant, nous voulons nous rappeler d'un écrivain politique, d'un homme qui était tout simplement passionné, impétueux, d'une vitalité débordante, le visage toujours illuminé d'un sourire jeune et l'âme agitée par une passion dévorante, la même que celle qui brûle en nous, sans vaciller, sans la moindre incertitude ou le moindre fléchissement.


Le cas Jean Thiriart? C'est l'incarnation vivante, vitale, d'un homme d'élite qui porte son regard vers le lointain, qui voit de haut, au-delà des contingences du présent, où les masses restent prisonnières. J'ai voulu tracer le portrait d'un PROPHETE MILITANT.


Carlo TERRACCIANO.


 

 

lundi, 02 février 2009

Buy American-clausule Obama verontrust Europa

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Buy American'-clausule Obama verontrust Europa

De Europese Commissie maakt zich zorgen over een clausule in het economische herstelplan van de Amerikaanse president Barack Obama die stelt dat enkel Amerikaans staal en ijzer aangewend mag worden bij de op til staande infrastructuurwerken.

'Indien er een wet wordt goedgekeurd die de verkoop van Europese producten in de Verenigde Staten verbiedt, zullen we niet zomaar toekijken', zei de woordvoerder van eurocommissaris voor Handel Catherine Ashton donderdag.

Het Huis van Afgevaardigden in Washington schaarde zich woensdag achter Obama's plan, dat onder meer grootschalige investeringen in wegen, bruggen, scholen, overheidsgebouwen en andere infrastructuur behelst.

Het plan van de president bevat een aanzienlijke uitbreiding van de 'Buy American'-clausule, die het gebruik van ingevoerd ijzer en staal voor de meeste overheidsopdrachten zou verbieden. De projecten zijn samen tientallen miljarden dollars waard.

Andere producten

De Europese Commissie wacht met haar definitieve oordeel tot de goedkeuring van het plan in de Senaat. Daar zou men zich volgende week over de tekst buigen. Volgens Amerikaanse media gaan er zelfs stemmen op om het 'Buy American'-principe nog uit te breiden naar andere producten.

Grote Amerikaanse bedrijven als Boeing, General Electric en Caterpillar hebben zich tegen de clausule gekant. Ze vrezen Europese vergeldingsmaatregelen. Eurofer, de koepel van Europese ijzer- en staalproducenten, trok reeds aan de alarmbel.

Protectionisme

Ook secretaris-generaal John Monks van de Europese vakbondskoepel ETUC verwees donderdag naar het Amerikaanse plan. In een interventie voor het World Economic Forum in Davos waarschuwde de syndicale topman voor een nieuwe golf van protectionisme in Europa en in de wereld. Hij drong bij de Europese Commissie aan om stappen te ondernemen.


Amerikanen dringen eerst aan op het vrijmaken van de wereldmarkt, ze koloniseren de wereld, veroorzaken vervolgens een economische crisis en wanneer zij nadelen beginnen te ondervinden van de vrije markt sluiten ze hun markt af.

samedi, 31 janvier 2009

Geopolitische Dynamik Gesamteuropas

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1995

Die neue geopolitische Dynamik Gesamteuropas

 

Im Jahre 1995 werden Main und Donau endlich durch einen Wasserweg verbunden. Damit entsteht ein Flußweg von Rotterdam bis zum Schwarzen Meer und zum Kaukasus. Dieser Flußweg ist der eigentlichen Rückgrat Europas als Kontinent. Da der Eiserne Vorhang verschwunden und Deutschland wiedervereinigt ist, erlaubt diese neue Verkehrsmöglichkeit eine gewaltige Dynamik ökonomischer und kultureller Art. Konkret bedeutet das, daß der ukrainische Weizen und das Öl des Kaukasus unmittelbar im Herzen Europas, d.h. in Deutschland, transportiert werden können. Das von der amerikanischen Flotte kontrollierte Mittelmeer verliert an geostrategischem Gewicht. Gorbatschow als Hauptling der maroden kommunistischen Sekte, konnte aus ideologischen Gründen den Boden den Bauern nicht rückgeben. Aber diesen Schritt werden wohl die neuen Parteien, die heute in der Ukraine an die Macht kommen, tun. Damit wird innerhalb etwa zehn Jahre die Ukraine wieder die Kornkammer Europas. Die Preis der Zerealen werden sinken, da die Transportkosten durch die kürzeren Entfernungen nicht mehr so teuer sein werden.

Fazit: wir befinden uns wieder in der Lage von 1914.

Das wollen der Westen und Amerika so lange wie möglich verzögern, genau wie Carl Schmitt es beobachtet hatte. Für den Großraumdenker aus Plettenberg, waren eben die angelsachsischen Mächte die «Verzögerer der Geschichte». Seit dem Fall der Berliner Mauer, spürt Amerika, daß seine Stunde in Europa geschlagen hat. Europa läßt sich nicht mehr so einfach kontrollieren. Die innereuropäische Rhein/Main/Donau-Dynamik wollte zwischen 1890 und 1916 das kaiserliche Deutschland mit einer Nahosten-Dynamik ergänzen, d.h. durch den Bau einer Eisenbahnlinie zwischen Konstantinopel und dem Perzischen Golf finanzieren. Sobald Gorbatschow vom «Gemeinsamen Haus» gesprochen hatte und anfing, seine mittelosteuropäischen Genoßen fallen zu lassen, wußten sofort bei Instinkt die Amerikaner, daß die potentielle Macht des Europas von 1914 wieder im Keim war. Deshalb konnte Washington nur am schwächsten Punkt schlagen: am Golf. Warum? Weil der Golf als Wasserfläche am tiefsten im eurasiatischen Kontinent hineindringt und weil von dort aus hoch wichtige strategische Punkte in Schach gehalten werden können, z. B. der Kaukasus und Iran, ein Land, das bekanntlich eine Drehscheibe zwischen Ost und West ist. Eine Kontrolle über das Golfgebiet stört jede harmonische Entwicklung im Becken des Schwarzen Meeres.

Weiter hat der Amerika-hörige Westen Interesse daran, daß der Kampf zwischen Serben und Kroaten sich verewigt. Dieser Kampf bedeutet:

1. Komplette Störung des Flußverkehrs auf der Donau zwischen der ungarischen Grenze und der rumänischen Grenze. Dadurch wird jede positive Entwicklung im Donaubecken verhindert. Das Mittelmeer bleibt den einzigen Wasserweg für den Transport von Weizen und Öl und bleibt unter Kontrolle der amerikanischen und israëlischen Flotten und Luftstreitkräfte. Der Flußweg des Kontinents wäre selbstverständlich unter Kontrolle anderer ortsgebundener Mächte innerhalb des Gemeinsamen Hauses geblieben.

2. Störung des Verkehrs im Adriatischen Meer. Würde Ruhe im Adriatischen Meer herrschen, dann kann ein Hafen wie Triest seine ehemalige Bedeutung zurückfinden. Der Raum Venedig-Triest ist auch, geopolitisch betrachtet, das tiefste Eindringen des Mittelmeeres in Richtung Mitteleuropa. Der Achse Stettin-Triest entlang, entstand im Mittelalter die Macht des böhmischen Hauses Przemysl (Ottokar II.).

Es ist kein Zufall, daß Golfkrieg und Balkankrieg unmittelbar nacheinander enstanden sind. So bricht der Westen die gesamteuropäische Dynamik, dessen Zentrum Deutschland und dem stark ungarisch geprägten Donaubecken (Kárpát-Duna Nagy Haza, d.h. «Großraum der Karpaten und der Donau» in der Sprache der ungarischen Nationalisten) sind.

Die EG hat eine miese Rolle in dieser Tragödie gespielt. Statt seine Kräfte zu bündeln, um ein wirkliches gemeinsames Haus aufzubauen, hat sie die Verzögerungsstrategie, die nur Amerika nutzt, praktiziert. Vergessen wir auch nicht, daß Amerika den Aufstieg Hitlers gleichgültig aus der Ferne beobachtet hatte und daß es nur gegen Deutschland aufzuhetzen anfing, wenn landwirtschaftliche Verträge 1934 zwischen dem Reich und Yugoslawien unterzeichnet wurden (s. William S. Grenzbach, Germany's Informal Empire in East-Central Europe. German Economic Policy Toward Yugoslavia and Rumania, 1933-1939,  Franz Steiner Verlag, 1988; s. auch Hans-Jürgen Schröder, «Widerstände der USA gegen europäische Integrationsbestrebungen in der Weltwirtschaftskrise 1929-1939», in Helmut Berding (Hg.), Wirtschaftliche und politische Integration in Europa im 19. und 20. Jahrhundert, Vandenhoeck & Ruprecht, 1984).   

Die Skeptiker brauchen nur gewisse Bücher aus der Zeit des ersten Weltkrieges zu lesen, um zu begreifen, daß der Westen, um im Ostsüdeuropa, die germanischen Macht zu bremsen, die Strategie der verbrannten Erde im balkanischen Raum und in Mesopotamien üben muß. Der niederländische Ministrer Hans Van den Broek hat in der süd-slawischen Raum eben die Politik Amerikas durchgeführt, indem er den Prozeß der Auflösung des jugoslawischen Staates tatsächlich mit seinem Moratorium verzögert hat. Und diese Politik dient bestimmt nicht sein eigenes Land, das daran Interesse hat, sich der mitteleuropäischen Dynamik anzuschließen. Das gleiche gilt für alle Beneluxländer sowie für Elsaß und Lothringen. Durch französischen Druck, konnte vor 1914 und nach 1918 keine Eisenbahnlinie zwischen Antwerpen und Düsseldorf gebaut werden. Heute spricht man noch nicht davon aber will mit TGV (Train à Grande Vitesse; Superscheller Zug) Amsterdam mit Paris verbinden, obwohl zwischen Brüssel und Amsterdam das Gewinn an Zeit genau nur 8 Minuten gleicht! Aber damit die Eurokraten diese 8 Minuten sparen können, muß man fast ganz Antwerpen kaputtzerbauen! Zwischen Mosel und Rhein im Elsaß-Lothringen hat man noch kein Kanal gebaut, um das Gebiet mit Mitteleuropa zu verbinden.

Diese Politik des Abschneidens der West- und Ostmarke vom Reich war die Politik Frankreichs vor, während und nach dem ersten Weltkriege. Ganz deutlich wird dieser Wille (d.h. der Wille zur Zerstörung der Mitte unseres Kontinents) im Buch der französische Geopolitiker André Chéradame ausgedrückt (Le Plan pangermaniste démasqué,  Paris, Plon, 1917). Die Donaumonarchie sollte entweder zerstückelt oder gegen das Hohenzollern-Reich unterstützt bzw. aufgehetzt werden, Bulgarien sollte eingedämmt werden, Rumänien und Serbien vergrössert, die Türkei aus dem Nahen Osten verjagt, damit das industrielle Deutschland keine unmittelbare angrenzenden Absatzmärkte mehr in diesen Gebieten findet. Diese Politik führt heute Amerika, damit es noch einige Jahre atmen kann, bevor es unter dem Last seiner Schulden erstickt.

Die Deutschland-zentrierte EG sollte heute gebremst werden, sich ostwärts auszudehnen, sich aus dem Sowjetunion eine Art Ergänzungsraum zu schaffen. Amerika versucht, Mexiko als Ergängzungsraum zu erwerben, aber trotz bedeutender Bodenreichtümer, ist noch Mexiko nicht so groß wie Sibirien. Die ellendigen Politiker der EG, weil ideologisch ungeschult und geopolitisch ignorant, führen eine Politik, die das Ende Europas als Kulturzentrum bedeutet. Wenn man das feststellt, weiß man, daß man gebildetere Leute an den Entscheidungsstellen braucht.

 

Robert Steuckers.     

  

samedi, 24 janvier 2009

Plaidoyer pour un protectionnisme européen!

Sortons de la crise ! Plaidoyer pour un protectionnisme européen.
Par Karl Hauffen

Depuis le mois d’août 2007 la crise financière n’en finit pas de faire des ravages jusqu’à se transmettre désormais à l’économie réelle et menacer la planète d’une grave dépression. On reste toutefois surpris de voir que parmi nos élites aucune analyse des causes profondes à l’origine de la crise n’ait été ni produite, ni même entamée. Certes, afin d’éviter la déflagration totale du système, des solutions ont été apportées dans la précipitation - consistant d’ailleurs essentiellement à émettre des chèques en bois - mais aucune d’entre elles ne se révèle en mesure de corriger durablement le grand chaos désormais installer au cœur de l’économie monde, un chaos qui ne cesse de s’amplifier et de se propager. Refusant de reconnaitre les apories du modèle dont elle tire sa richesse, l’hyperclasse mondiale en a perdu tout simplement le contrôle. Son pouvoir consiste donc désormais à faire croire, coût d’annonce médiatique après coût d’annonce médiatique, qu’elle est en mesure de relancer l’économie grâce à des milliers de milliards virtuels cachés dans son chapeau et dont elle ne dispose pas dans la réalité.

La mondialisation première responsable de la crise
Sur la base des travaux de nombreux économistes reconnus, il apparait pourtant évident que cette crise est d’abord et avant tout une faillite de la mondialisation économique et financière imposée aux populations par une petite élite mondiale depuis la fin des années 80. En ayant libéralisé les échanges mondiaux de biens et de capitaux, en ayant fait sauter tous les verrous douaniers et étatiques visant à réguler les flux marchands, la mondialisation s’est révélée sous les traits d’un système libre-échangiste planétaire dénué d’écluses et entièrement livré au principe des vases communicants : les emploies industrielles partaient des pays développés vers les pays émergents à faibles coûts salariaux acculant ainsi les ménages des mêmes pays développés à s’endetter pour acheter les biens qu’ils ne produisaient désormais plus. Lorsque le 15 septembre 2008 la banque Lehman Brother se déclara officiellement en faillite, c’est toute cette machinerie de redistribution des rôles entre pays émergents et pays développés qui venait d’atteindre la masse critique au-delà de laquelle le système mondialiste entrait dans une réaction en chaîne de fission nucléaire.

Une crise de l’endettement provoquée par une déflation salariale sans précédent.
Qu’on le veuille ou non, la crise financière actuelle est donc d’abord une crise de l’endettement. En effet, fidèles aux logiques dictées par la mondialisation, les pays émergents ont opté pour des politiques de prédation en pratiquant un dumping social et écologique à l’échelle planétaire. Cette concurrence a provoqué en Europe et aux Etats-Unis un effet de déflation salariale, les menaces de délocalisation systématiquement brandies obligeant les salariés à accepter une dégradation de leurs conditions salariales et sociales afin de conserver leurs emplois. Le recours à l’immigration permit également d’étendre les effets de cette déflation salariale à des secteurs économique non délocalisables comme le bâtiment, l’hôtellerie ou la restauration. Pour compenser les effets de cette redoutable concurrence internationale, les pays développés n’avaient d’autres choix que de mettre en œuvre des stratégies par déficit. Ainsi devant la stagnation de leurs revenus, les ménages ont été conduits à accroitre leur taux d’endettement pour maintenir leur capacité de consommation. Un surendettement rendu possible grâce à une libération financière qui tolérait la création de produits bancaires toxiques permettant de sortir du bilan des banques des crédits de plus en plus pourris et insolvables. Certains pays plus dirigistes optèrent également pour un endettement public, certes plus propre en apparence mais qui revient finalement au même et s’avère en prime bien plus difficile à reformer. Ni vu, ni connu, l’appauvrissement structurel des économies occidentales disparaissait ainsi par magie des tableaux statistiques et comptables. L’engrenage infernal de la crise des subprimes pouvait alors pleinement dérouler sa logique folle jusqu’à que les déséquilibres monétaires internationaux deviennent intenables.

Avant tout, briser la spirale de la déflation
A la lumière de ce constat, on éprouve donc bien de la peine à croire que les mesures prises par Sarkozy suffiront à contenir la grande déconfiture économique que tout le monde annonce pour l’Europe. Ni les plans de relance annoncés par le gouvernement, ni les aides financières abyssales garanties au secteur bancaire ne sauront compenser le déséquilibre structurel de l’économie-monde. Sortir de la crise implique en priorité de briser la spirale infernale de la déflation salariale. Comment envisager sérieusement une hausse des salaires et une relocalisation des activités industrielles sans d’abord mettre en place un système d’écluses douanières ? Car rappelons-le une fois encore : la crise actuelle est avant tout le résultat de déséquilibres provoqués par une mondialisation libérale mettant en concurrence des espaces de développement par trop hétérogènes. Ces profonds déséquilibres ne pourront être résolus sans d’abord procéder à un découplage partiel et raisonné entre les grandes régions économiques de la planète. L’avènement d’un ordre monétaire stable nécessite un encadrement du commerce international incompatible avec un libre-échange débridé. Un développement social et économique planétaire en bon ordre implique donc de revoir complètement l’organisation mondiale de l’économie.

Reconstituer des zones d’échange régionales homogènes
Nous savons maintenant qu’aucun équilibre monétaire international ne pourra être viable sans un minimum d’équilibre des balances commerciales. La crise actuelle vient de nous enseigner que cet équilibre ne saurait être obtenu par le simple jeu du marché. Des règles claires doivent donc être définies et appliquées afin de réguler les échanges internationaux en pénalisant et les stratégies par déficit et les stratégies misant sur le dumping social ou écologique. Le projet mondialiste de libre-échange planétaire faisant fi des frontières, des peuples et des nations apparait pour ce qu’il est et a toujours été : une pure folie. Pour sortir de la crise, de grandes zones régionales de libre-échange, regroupant des pays aux structures économiques à peu près homogènes, devront être constituées. Les échanges entre ces grandes zones devront être régulés par des politiques protectionnistes souples et transparentes assises sur de solides accords bilatéraux. Toutefois, il serait complètement illusoire de vouloir mener cette politique sans déléguer aux pouvoirs nationaux une part de la régulation. Le souhait de Jacques Attali de voir confier l’économie-monde à une gouvernance mondiale stratosphérique (élue par qui et représentant qui ?) est tout simplement irréaliste, dangereux et proprement anti-démocratique. Nous pensons au contraire que seule une coordination interétatique laissant une marge de manœuvre confortable aux échelons nationaux sera à même de garantir des résultats vraiment satisfaisants et durables. Car nous savons mieux que quiconque que seuls les pouvoirs nationaux peuvent correctement connaitre et défendre les intérêts de leurs peuples.

Un protectionnisme pro-européen à l’encontre des intérêts étatsuniens
En Europe, l’Union européenne se voit toute désignée pour jouer cette mission de coordination interétatique. A elle donc de consolider une zone d’échange régionale protégée et d’en fixer les modalités d’interaction avec les autres zones économiques ou grands Etats du monde. Il lui revient aussi clairement la mission de contribuer à la redéfinition des règles mondiales de contrôle des flux de capitaux et de fixation des taux de change. Difficile toutefois d’envisager l’esquisse de ces solutions salutaires sans se heurter au refus catégorique des Etats-Unis. C’est aussi pourquoi il nous semble nécessaire de rappeler que si les Européens veulent vraiment s’en sortir, ils devront forcément accepter l’idée d’une friction, voire d’une opposition, avec Washington. Dans cette partie de bras de fer, l’Europe devra se rapprocher de la Russie (allié géostratégique naturel) de manière à peser de tout son poids pour imposer aux USA une vision moins univoque de l’économie monde. On reste cependant consterné d’observer qu’au moment même où l’Europe trouve enfin une opportunité historique de s’affirmer, ses Etats membres agissent isolément dans la plus grande confusion cédant à un égoïsme contre-productif qui confine à l’incompétence. Même consternation encore lorsque nous constatons que Sarkozy a précisément choisi cette phase historique pour conduire à contretemps la France sur une politique d’alignement atlantiste qui va à l’encontre de tous nos intérêts économiques et stratégiques. Les oligarques européens et bruxellois, trop compromis avec l’hyperclasse mondialiste et n’ayant pas pris toute la mesure des bouleversements en cours, se révèlent incapables ni d’imaginer, ni de préparer le monde d’après la crise. Alors que la crise gronde de plus en plus fort et annonce une ère nouvelle en gestation, il est grand temps que l’Europe reprenne la pleine souveraineté de son destin et rompe avec le dictat des barons de Wall-Street. Il est grand temps également que les Européens renversent une classe dirigeante qui a complètement failli et s’avère incapable d’aller contre les intérêts de l’hyperclasse capitaliste mondiale.

 


 

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mardi, 20 janvier 2009

Géopolitique et Mittleuropa

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES - GRECE (Paris) - Décembre 1989

Robert Steuckers:

Géopolitique et Mitteleuropa

 

Contribution au XXIIIième Colloque du G.R.E.C.E. , Paris, Dimanche, 3 décembre 1989

 

 

Mesdames, Messieurs, Chers amis et camarades,

Quand, le soir du 9 novembre, une voix a interrompu le journaliste sportif, qui relatait les exploits d'une équipe de football, pour annoncer que le Mur de Berlin venait d'être ouvert, que sa sinistre existence avait cessé, que la rue avait arraché cette mesure aux gouvernants communistes de la RDA, j'ai su d'emblée qu'une ère historique nouvelle venait de naître, que l'Europe ne serait plus celle, manichéienne, de mon adolescence, que l'Europe de mon fils serait autre, que nous ne serions plus enfermés dans le ronron de notre Occident et que nos frères à l'Est ne seraient plus prisonniers de la logique communiste, logique sèche, froide, absconse et obsolète.

 

La destruction du Mur de Berlin annonce la guérison de l'Europe, son recentrage géographique et géopolitique. Si l'univers communiste a tenté en vain, pendant 40 ans, d'empêcher les Européens qui croupissaient sous son knout de recevoir des informations de l'Ouest, l'univers de la société marchande nous a gavé de sous-culture à profusion, de films idiots, de feuilletons d'une bêtise ahurissante et a sournoisement et systématiquement éradiqué en nous la fibre historique. A cette heure, nous nous trouvons donc en présence d'une moitié d'Européens qui peuvent dire tout ce qu'il veulent, mais si ce qu'ils veulent est important, on l'occultera et on le noiera sous une masse d'informations périphériques. Et en présence d'une autre moitié d'Européens qui ne peuvent en théorie rien dire, mais qui ont su garder au fond de leur cœur le souvenir de l'histoire, et qui savent transformer ce souvenir en force, en une force imperméable aux dogmes, en une force qui balaie les dictatures, les régimes sclérosés, les polices anti-émeutes.

Les peuples de l'Est de la Mitteleuropa sont debout sur leur sol, sur leur glèbe et, faute de dialoguer dans un parlement, dialoguent avec l'immémorial de leur histoire. Une histoire qui a été mouvementée, qui est d'une complexité inouïe, où ne se mêlent pas seulement les souvenirs des Germains et des Slaves, des Magyars et des Daces romanisés, mais aussi ceux des ethnies indo-européennes dont il ne reste plus de traces linguistiques comme les Celtes, les Illyriens et les Vénètes. Cette richesse (S3) constitue un remède contre les simplifications abusives: le cocktail ethnique de la Mitteleuropa est infiniment productif, en créations culturelles et en tragédies politiques, parce qu'il a été buriné par des millénaires. La césure de l'Europe n'a duré que 40 ans. Qu'est-ce que c'est face à des millénaires d'histoire commune? De quel poids pèse la sécheresse marxiste face à l'incommensurable richesse culturelle de l'Europe centrale, face au sublime de la culture baroque et au génie des mélodies populaires, qu'à l'aube du siècle des musiciens hors pair ont sublimées en musique classique (H4)? Pour l'écrivain hongrois György Konrád (K9, K10, K11), c'est ce formidable kaléidoscope de créations immortelles que Yalta a voulu fourrer dans sa camisole de force, c'est cette matrice qu'il a voulu stériliser, en imposant, depuis Washington et Moscou, une métaphysique paralysante de nature idéologique; un manichéisme lourd, porté par d'impavides idéologues ou militaires, incapables de relativiser quoi que ce soit et réduisant la mosaïque centre-européenne à un terrain d'exercice pour armées étrangères, pour un champ de tir destiné aux ogives nucléaires.

 

Mais le déclin de la Mitteleuropa, depuis la dissolution de la monarchie austro-hongroise, jusqu'à son absorption par l'Allemagne nationale-socialiste puis à la conquête soviétique, relève de la responsabilité des peuples centre-européens eux-mêmes: ils ont voulu bâtir des Etats-Nations homogènes à la mode jacobine sur un territoire aux contours si flous qu'aucune frontière ne pouvait jamais y être juste. En conséquence, la logique qui convient au cœur de notre continent est une logique des fluidités, des réseaux, des rhizomes et non pas une logique équarissante, homogénéisante, rigide et arasante (H4) qui blesse les âmes, aigrit les cœurs, provoque les massacres et l'irréparable. Et c'est exactement une logique souple de ce type que suggère pour la nation allemande l'enfant terrible de la social-démocratie autrichienne, Günther Nenning, un écrivain original ne s'encombrant d'aucun conformisme (N2). La nation allemande et l'esprit allemand, dit-il, transcendent toutes les frontières que l'histoire leur a assignées. De même pour les Hongrois, les Polonais et les Tchèques. 

 

La Mitteleuropa est donc un espace qui échappe à toutes les logiques cartésiennes. Mais qui n'en garde pas moins une originalité partagée par plusieurs peuples, une originalité telle qui fait qu'elle n'est pas saisissable à l'aide de quelques pauvres concepts étriqués mais seulement par l'âme et le cœur. Dans la sphère du concret, et plus précisément dans le domaine du droit, le professeur Wilhelm Brauneder (B9), constate que le droit autrichien, codifié dès la fin du XVIIIième siècle, sert de modèle à l'ensemble du monde slave et germanique et déborde en Lombardie. La Révolution française et l'épopée de Bonaparte mettront un terme à l'extension dans toute l'Europe de ce code de droit forgé dans les chanceleries viennoises. Mais la nostalgie de certaines mesures prévues, plus respectueuses des collectivités locales ou professionnelles, plus attentives aux phénomènes associatifs, durera jusqu'à la deuxième guerre mondiale.

 

La Mitteleuropa par sa diversité, par la superposition de ses multiples cultures nationales, parce qu'elle est synthèse de tant de contraires, s'oppose diamétralement à la culture atlantique qu'ont imposé nos suzerains américains. Outre-Atlantique, l'uniformisation est aisée, la mise au pas des cerveaux est facile: chaque immigrant est arrivé les mains vides, dans des villes sans histoire, face à une nature vierge, sans un ancêtre qui puisse lui rappeler la généalogie de chaque chose. Une telle uniformisation est impossible en Mitteleuropa: chaque maison, chaque chaumière, chaque autel, chaque forêt bruisse du murmure des siècles et des millénaires. Le communisme a tenté une uniformisation: il a échoué. Entre l'Amérique et la Mitteleuropa, incarnée par l'Autriche-Hongrie, une vieille haine couve et l'affaire Waldheim n'en est que le dernier et ridicule avatar. Une nation pluri-ethnique, soucieuse de respecter chaque spécificité populaire ou religieuse, soucieuse de forger un droit adapté à la mosaïque européenne, ne pouvait apparaître que comme "réactionnaire" aux yeux de ceux qui dominaient le Nouveau Monde après avoir éliminé les autochtones et obligé les immigrants à oublier ce qu'ils avaient été.

 

Pour échapper aux logiques de l'arasement, portée par les deux super-puissances, pour restaurer dans la foulée toutes les identités de l'Europe Centrale, pour leur assurer une indépendance politique et un développement autonome, un nombre impressionnant de projets ont été lancés dans le débat. Ces projets sont l'œuvre d'essayistes et d'écrivains issus de toutes les nationalités: Tchèques (K18), Polonais (K13), Croates, Hongrois (H4, H5, K9, K10, K11, S21, V1), Autrichiens (N2, D10, B9) , Allemands (A1, B7, W2), Slovaques. Certes, ces projets varient, sont chaque fois marqués par la nationalité de leurs auteurs. Le Hongrois György Konrád souhaite une confédération de la Pologne, de la Tchécoslovaquie et de la Hongrie, parce qu'il estime que l'expérience du socialisme réel et de la répression soviétique est une condition sine qua non pour définir la "culture du milieu". Dans la tradition de Masaryk, quelques essayistes pensent que la Mitteleuropa ne comprend que les pays qui ne sont ni allemands ni russes, de la Scandinavie à la Grèce. Mais peut-on exlure les deux Allemagnes et l'Autriche du débat sur la Mitteleuropa? Peut-on en exclure la Vénétie et la Lombardie, la Suisse, les Pays du Bénélux et, même, la France du Nord-Est voire le Sud-Est de l'Angleterre?

 

A ces questions, nous répondons évidemment: "non". La Mitteleuropa en tant que foyer de culture s'est diffusée, s'est insinuée partout en Europe, si bien que nous sommes tous, à des degrés divers, des Mitteleuropäer. Et l'indépendance des régions les plus éloignées des foyers que sont Vienne, Budapest et Prague, dépend en fin de compte de l'indépendance de l'Autriche, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie. Et dépend également de l'indépendance des Allemagnes. Et comme la question de l'Europe Centrale est indissolublement liée à la question allemande (W2), il faut que celle-ci soit réglée dans les plus brefs délais. La pression de tous les Européens conscients du destin de leur continent doit s'exercer tous azimuts dans ce sens.

 

En Allemagne, une impressionnante phalange d'auteurs ont élaboré au cours de ces dernières années des projets de confédération inter-allemande, suggérant une neutralisation des deux Allemagnes, qui aurait précédé la réunification et l'adoption d'une nouvelle constitution, à mi-chemin entre le socialisme et le libéralisme, inspirée partiellement de Jakob Kaiser, l'adversaire chrétien-démocrate d'Adenauer, qui voulait une Allemagne neutre et sociale-solidariste (H1). Cette recherche fébrile fut la première phase (A1, B6, B7, IJ1). La phase suivante, elle, évoquait aussi la réunification par confédération mais sortait du cadre strictement allemand pour analyser la situation des pays neutres d'Europe: la Yougoslavie, la Suisse, l'Autriche, la Suède et la Finlande. L'Allemagne devait calquer son futur statut sur ceux des neutres et adopter un mode de défense national dégagé des blocs (A1, B6, G7, L5, L7). C'était l'idée d'une Europe qui ne serait ni atlantiste ni soviétisée mais trop importante pour être finlandisée. La gauche comme la droite participaient au débat et l'observateur extérieur pouvait constater avec quelle aisance et quelle tolérance les uns reprenaient des arguments aux autres; tous dialoguaient sans tenir compte des étiquettes (IJ1). Avec la perestroïka de Gorbatchev, les projets de confédération allemande et de zone neutre, à insérer entre les blocs pour éviter toute confrontation directe, acquièrent automatiquement une dimension nouvelle dès que le nouveau leader soviétique parle de "maison commune".

 

Devant le nouveau discours de Gorbatchev, on peut s'enthousiasmer ou rester sceptique. On peut arguer que la politique d'ouverture, les paroles de pacification, sont comparables à la procession d'Echternach: trois pas en avant, deux pas en arrière; résultat final: un pas en avant (H11, G1). On peut penser que l'URSS cherche toujours à se mesurer avec les Etats-Unis mais que, pour parvenir à ses fins et pour franchir le fameux "technological gap", dont parlait Arnold Toynbee (T3), elle a besoin de capitaux européens, ouest-allemands en l'occurrence. Gorbatchev organiserait ainsi une nouvelle NEP à l'exemple de Lénine (H11) et tournerait le dos au brejnévisme, pratique politique se résumant en un repli stérile de la Russie sur elle-même. Ce repli ne permettrait pas l'envol d'une technologie soviétique autonome et provoquerait en fin de compte un recul sur le plan militaire. L'analyse est juste. Mais, malgré ce calcul russe et malgré la présence des divisions de l'Armée Rouge, Gorbatchev prend plusieurs risques: tomber sous la dépendance de l'Europe sur le plan technologique, mécontenter de larges strates du peuple soviétique peu habituées à la concurrence libérale, amorcer un processus de dissolution des franges marginales de son empire. Du coup, les Européens peuvent lui renvoyer la balle et dire que l'idée de la "maison commune" les intéresse, à condition que les Europes (CEE + AELE, sans discrimination) soient ses seuls fournisseurs de biens technologiques, qu'il accepte de livrer des matières premières à prix concurrentiels, qu'il évacue le glacis centre-européen, que les principes fédéralistes de la constitution soviétique soient réellement appliqués, y compris dans les pays baltes. Que Gorbatchev se rassure: l'éventuelle désagrégation des franges marginales de l'Empire ne portera pas atteinte à l'identité du peuple russe, si celui-ci prend réellement au sérieux les implications du projet de "maison commune". Ce qui signifie qu'il pourra s'ouvrir sans obstacle à l'Europe et que, simultanément, tous les Européens pourront s'ouvrir aux potentialités du territoire russe, Sibérie comprise.

 

Pour les nouveaux diplomates soviétiques (D1, IJ2, L4, P3), la "maison commune" constitue un projet dynamique collectif, auquel tous les Européens doivent participer indépendamment de l'idéologie qu'ils professent et appliquent. Il s'agit en outre d'un processus d'intégration qui rencontre les vœux séculaires des partisans de l'Europe unie. La diversité européenne postule une architecture politique complexe et souple, de façon à éviter les gâchis des deux guerres mondiales. Lesquelles prouvent que plus aucun problème ne peut être résolu par les armes sur le continent européen. La similitude entre ce discours et la notion de jus publicum europaeum  chez Carl Schmitt est évidente. Le jus publicum europaeum, c'était la limitation et la modération des conflits à l'intérieur du continent européen et/ou de la chrétienté, assorti du recours constant à la négociation. Aujourd'hui, expliquent les diplomates soviétiques, la recréation d'un jus publicum europaeum  sous la dénomination simple et concrète de "maison commune", postule non un désarmement unilatéral mais un alignement des systèmes militaires sur les critères de la défensive, peut-être selon les modèles suisse et yougoslave. Ensuite, ils suggèrent une accentuation des coopérations économiques inter-européennes. 95% des échanges entre Européens de l'Est et Européens de l'Ouest ne concernent rien que l'Europe, ce qui prouve, ajoute le Soviétique Lomejko (L4), que la "maison commune", considérée comme entité globale, pourrait vivre en une autarcie relative, avec un surplus d'indépendance vis-à-vis du reste du monde.

 

Devant ce nouveau discours gorbatchévien, les Occidentaux restent perplexes. Pour les Américains (Z2), c'est "une métaphore sans contenu précis" mais qui vise, si l'on sait lire entre les lignes, l'élimination des Etats-Unis sur le continent européen ou, du moins, une minimisation drastique de leur rôle dans la défense et l'économie européennes. Et l'Américain Zinner suggère un modus vivendi:  déconstruction de l'armement nucléaire américain en Europe si les Soviétiques en font autant; maintien de la présence économique américaine à part égale avec les Soviétiques. Les Etats-Unis ne renoncent pas au marché européen et entendent conserver la plus-value qu'ils retirent du contrôle des grands axes maritimes, plus-value qui se rétécirait comme une peau de chagrin si les flux d'échanges basculent vers l'Eurasie. Quant au porte-parole européen du débat organisé par le Club de Berlin, Wichard Woyke (W4), il se dit séduit par les propositions de Gorbatchev mais reste simplement prudent et refuse toute précipitation!

 

La "maison commune" partage donc bien des points communs avec l'idéal grand-européen qui a toujours été le nôtre et je concède qu'il est quelque peu vexant de le voir confisquer aujourd'hui par Gorbatchev. Mais voilà, l'idée grande-européenne est tellement évidente, la coopération entre toutes les nations d'Europe une nécessité historique vitale, qu'on devait tôt ou tard y aboutir sur l'ensemble du continent, y compris à Moscou. Evidemment —et c'est là que réside le danger—  Gorbatchev n'a pas beaucoup d'autres atouts dans son jeu que sa belle rhétorique; les remarques de Paul Zinner, porte-paroles des Etats-Unis, ne sont donc pas dépourvues de pertinence. L'économie soviétique est dans un état déplorable. Mais son armée est toujours là et elle est la plus puissante en Europe, même si la propagande de l'OTAN a quelque peu exagéré les chiffres. Sans concessions sous le couvert de l'idéal de la "maison commune", Polonais et Soviétiques passeraient mal l'hiver, puisque leurs stocks sont quasi vides. Il faut donc bien que les Occidentaux les remplissent. C'est la raison pour laquelle les virtualités du discours gorbatchévien doivent être exploitées à fond et dans le sens de nos intérêts car les Européens doivent prendre leurs rivaux américains et japonais de vitesse en proposant, sur base des arguments de Lomejko (L4), une idéologie corrigée de la "maison commune" intégrant ET les intérêts européens (ceux de la CEE ainsi que ceux de l'AELE) ET les intérêts soviétiques, tout en annulant les nombreux points confus où les Soviétiques, en bons joueurs d'échec, pourraient faire montre de duplicité. Au fond, l'Américain Zinner (Z2) ne propose rien d'autre: un pacte américano-soviétique de neutralisation de l'Europe. A nous de proposer un pacte euro-soviétique, faisant pièce à l'impérialisme américain.

 

Car, si un nouvel espace euro-centré devait voir le jour, il ne pourrait plus être organisé selon les critères du communisme puisque ces recettes se sont avérées totalement improductives. Mais comme le libéralisme à l'occidentale affaiblit le politique, cette seule instance apte à faire passer les décisions du virtuel au réel; comme le libéralisme ne semble plus capable d'assurer le plein-emploi, c'est-à-dire la maximisation des capacités créatrices de nos peuples et non pas seulement la simple maximisation du profit dans le sens où l'entendent les idéologies matérialistes libérales; comme le libéralisme ne peut servir de modèle aux peuples de l'Est, habitués aux réflexes collectifs même si ceux-ci ont été dénaturés par la rigidité communiste, il est évident que l'organisation socio-économique de l'Europe réunifiée de l'avenir devra faire référence à d'autres théories, à des théories alternatives. Une dissidente tchèque déclarait la semaine dernière à des journalistes occidentaux que jamais son peuple n'accepterait la logique marchande et qu'il s'insurgerait contre elle avec la même énergie que contre le communisme d'appareil. Déclaration qui nous force à admettre que les principes de l'intéressement et de la participation, chers au gaullisme des années 60 et moqués par la bonne conscience néo-libérale, ont l'avenir devant eux. C'est d'ailleurs la plus belle pierre que la France peut apporter à la construction du grand espace, de la "maison commune".

 

En effet, le printemps de Prague, écrasé en août 1968 par les chars de Brejnev, avait son théoricien de l'économie alternative: Ota Sik. Son œuvre, si elle était conjuguée aux travaux du MAUSS en France, aux projets des théoriciens de la régulation et aux critiques des économies "décontextualisantes", permettrait de combler une terrible lacune commune et au discours gorbatchévien et au discours des eurocrates: en effet, quel projet de société alternatif et innovant suggèrent-ils? Aucun. La tâche d'un mouvement comme le nôtre, au seuil des années 90, n'est-il pas de s'investir à fond dans ce type de recherche, afin de ne pas déchoir en simple supplément d'âme d'une société entièrement imprégnée de l'utilitarisme libéral? Car la vague néo-libérale n'a rien apporté de durable à nos sociétés et ceux qui, présents dans tous les partis de l'établissement, se sont trop facilement laissé séduire par le clinquant de son discours, vont rater le train des années 90, vont fermer leurs cerveaux aux idées d'avenir.

 

Mais revenons à la question allemande, qui verrouille encore et toujours le passage de l'Europe fragmentée à l'Europe totale. Parmi les projets de confédération et de réunification, que j'évoquais tout-à-l'heure, les questions de sécurité dominent. A gauche de l'échiquier politique, elles se mêlaient de considérations anti-militaristes et pacifistes. Ailleurs, la volonté de créer l'apaisement entre l'Est et l'Ouest, couplée à l'espoir toujours récurrent de la réunification, passait par une critique systématique des stratégies de l'OTAN, y compris dans les rangs chrétiens-démocrates. Ainsi, le Dr. Bernhard Friedmann, parlementaire CDU et responsable de plusieurs commissions parlementaires, publie en 1987 un livre qui fait l'effet d'une bombe (F5). La réunification, y explique-t-il, est le seul projet de sécurité collective pour l'Europe. L'Allemagne, comme jadis la France de De Gaulle, doit trouver un mode original d'insérer sa défense entre les deux gros, sans être un simple jouet entre leurs mains.

 

L'année suivante, le Professeur Willms, éminent politologue, qui a défini de manière particulièrement magistrale les concepts d'identité et de nation, suggère une "fédération centre-européenne", obéissant à des principes politiques véritablement alternatifs tels:

1) la représentation triple des professions, des régions et des partis;

2) un ordre économique repensé et

3) une défense renforcée à la mode helvétique.

 

De Gaulle avait suggéré des mesures analogues, du moins quant à la représentation. Les thèses de Willms (W2) doivent dès lors mobiliser l'attention des Français. Car elles permettent de transcender les logiques bloquantes de la partitocratie et de maximiser la représentation populaire au sein des parlements. Autre argument de poids avancé par Willms: la fédération centre-européenne ne peut fonctionner que sur base d'une amnistie réciproque, d'un "oubli" permettant à l'histoire de redémarrer après la parenthèse de la seconde guerre mondiale et de notre long après-guerre.

 

Le Général Kiessling, chassé de l'état-major de l'OTAN en 1984, vient, quant à lui, de publier un brûlot remarquable: Neutralität ist kein Verrat,  la neutralité n'est pas de la trahison (K2, K3). Dans cet ouvrage, il esquisse les grandes lignes d'un nouvel ordre européen. Parce que le statu quo est intenable. La volonté de rénover de fond en comble le statut de notre continent passe par une remise en question globale de tous les réflexes politiques et stratégiques auxquels nous avons été habitués depuis la guerre froide. C'est une contradiction insoluble de vouloir et la réunification et l'ancrage de la RFA dans les structures économiques et militaires occidentales. L'alignement sur l'Ouest, ce mot d'ordre d'Adenauer qui devait remplacer la raison d'Etat allemande, s'est révélé pure aberration. L'idée de réunification dans la neutralité est plus conforme aux principes généraux de la constitution démocratique de la RFA et permettrait d'insérer une Allemagne neutre entre les deux blocs, qui, ainsi, ne se feraient plus face directement.

 

C'est pourquoi Kiessling suggère un processus de réunification en huit étapes, passant 1) par le référendum populaire, 2) la constitution d'un conseil inter-allemand, 3) la reconstitution des Länder en RDA et la suppression de sa départementalisation, afin de redonner existence à des espaces homogènes et naturels et de supprimer des schémas administratifs desséchants, 4) la constitution d'une confédération allemande, 5) la réunification de Berlin, 6) l'élection d'une assemblée nationale constituante, 7) la proclamation de la République allemande, 8) la signature d'un traité de paix en bonne et due forme avec les Alliés de la seconde guerre mondiale. Cette République serait neutre et défendue par une armée unique de 300.000 hommes. La question reste ouverte de savoir si un pays comme l'Allemagne, avec des frontières ouvertes, sans protection naturelles, sauf les Alpes au Sud, peut se contenter d'une armée aussi dérisoire. La neutralité helvétique, malheureusement quelque peu battue en brèche lors de la "votation" de dimanche dernier, a été solide et durable parce que ce pays de 7 millions d'habitants peut mobiliser 650.000 hommes en 24 heures. Si ces proportions étaient appliquées à une Allemagne réunifiée, celle-ci devrait pouvoir mobiliser 7.400.000 hommes dans le même laps de temps!

 

Sur ce chapitre, la solution préconisée par le Colonel d.r. Lothar Penz (P2) est une imbrication de l'armée permanente, hyper-professionnalisée, dans des structures de défense populaire locale et dans la défense civile. Les brigades se mouvraient dans des zones territoriales bien circonscrites et constitueraient un système exclusivement défensif, procédant par "maillage" du territoire. Une Allemagne (ou une Europe centrale), défendue selon de telles stratégies, apaiserait et dissuaderait simultanément l'URSS. Le point commun des discussions lancées par Löser (L5), Kiessling (K2, K3) et Penz (P2), c'est la volonté de déconstruire les systèmes stratégiques offensifs qui forment la politique de l'OTAN et du Pacte de Varsovie, tout en garantissant une sécurité solide et crédible pour l'Europe.

 

En matière de politiques alternatives sérieuses, préconisées par des hommes compétents, ayant pignon sur rue, le terrain a été préparé en République Fédérale. Nous avions donc raison d'insister sur l'importance de ces projets dans les colonnes de notre presse et à la tribune de notre mouvement de pensée. D'autant plus, que le Chancelier Kohl lui-même vient de suggérer un processus de réunification simplifié, calqué sur toutes ces idées qui courent depuis quelques années. Kohl voit la réunification se produire en dix étapes, prévoyant des élections libres en RDA; ainsi que la création de "structures confédératives" et, enfin, la réunification après un référendum populaire. Cela ne manque pas de piquant, lorsque l'on sait que ce même chancelier avait traité les suggestions de Friedmann d'"insensées" (F5).

 

Le processus de réunification est donc en marche, qu'on le veuille ou non, qu'on le trouve trop lent ou trop rapide, qu'on estime ou non qu'il est grèvé de dangers et d'illusions. Alain Minc disait d'ailleurs, avec sa pertinence habituelle, dans La grande illusion  (M8), que le Mur de Berlin protégeait l'Est de l'Ouest au temps de l'immobilisme diplomatique soviétique mais qu'il s'est mis à protéger l'Ouest de l'Est dès que s'est enclenchée la politique de charme de Gorbatchev! Maintenant que le Mur n'existe plus, c'est toute la rigidité des conceptions atlantistes qui est ébranlée. Les craintes habituelles de l'Occident, des éditorialistes américains et des publicistes français, qui en restent aux conceptions de Richelieu, ne se sont plus guère fait entendre (L1). Ce qui inquiète l'Occident, c'est l'éventuel retrait de la RFA de la CEE et de l'OTAN. Si l'Alliance atlantique devient effectivement redondante et qu'elle est davantage un magasin où les Etats-Unis écoulent leurs vieux stocks militaires, comme nous le souligne très justement l'Amiral Sanguinetti, il est quelque peu hardi d'affirmer que la RFA va tout de go renoncer à ses débouchés ouest-européens et à ses investissements industriels, notamment en Espagne et au Portugal. La RFA et les autres pays de la CEE ont désormais l'occasion de pratiquer une politique économique qui ne se réduit pas à l'Europe hémiplégique qu'est la CEE mais de s'assigner pour terrain de manœuvre l'Europe Totale, CEE, AELE et COMECON compris, des Açores au Détroit de Bering! Avec Régis Debray, nous disons: faisons l'Europe TOUS AZIMUTS!

 

Mais ce n'est pas seulement la perestroïka et le projet de "maison commune" qui ont suscité la nouvelle synergie. Un projet de l'OTAN a lui aussi provoqué un déclic. Quand le scénario des manœuvres dites Wintex-Cimex de février-mars 1989 a été publié, il a provoqué un véritable tollé en Allemagne fédérale. En effet, dans ce charmant exercice, les militaires américains avaient prévu un conflit en Europe centrale qui ne se résolvait que par le lancement de 17 têtes nucléaires sur les territoires allemand, tchèque, hongrois et polonais. Le territoire soviétique était épargné, de crainte que des représailles ne frappent le territoire américain. L'Europe, depuis toujours, n'a été considérée que comme un terrain de bataille dans les stratégies américaines (S16, M4). Une seule alternative pour les Européens, comme titrait Der Spiegel:  "se sacrifier" (AA8). Entre le sacrifice exigé par les Etats-Unis et la prospérité promise par l'idéal de la "maison commune", il n'est pas difficile de comprendre pourquoi l'opinion publique allemande choisit de préférence le second terme de l'alternative. Même les politiciens de la CDU ont rué dans les brancards (AA9). L'Amiral Schmähling et les généraux Altenburg et Mack ont annoncé qu'en cas de conflit et d'application d'une telle stratégie criminelle, l'OTAN ne devait pas compter sur eux (S8). Déclaration qui équivaut à une démission pure et simple des principaux cadres de la Bundeswehr, fer de lance conventionnel de l'OTAN.

 

Cette gaffe gigantesque, commise par le Pentagone, a apporté de l'eau au moulin de Gorbatchev et révélé deux choses lourdes de concrétude: l'Europe ne peut survivre qu'en pratiquant une politique globale commune et en instaurant une défense commune, strictement défensive et en toute autonomie.

 

Le scénario des manœuvres Wintex-Cimex rend par conséquence le processus de réunification irréversible, de même que le rapprochement inter-européen, prélude à une confédération voire une fédération grande-européenne.

 

Depuis quelques années, nous avons défendu, à cette tribune, la théorie des "trois Europes", avec une Europe occidentale, sous influence américaine, ensuite une Europe centrale neutre ou en voie de neutralisation (s'étendant de la Suède à la Grèce), et, enfin, une Europe maintenue sous la coupe soviétique. Sur le plan économique, ces trois Europes correspondent peu ou prou à la CEE, l'AELE et le COMECON; sur le plan militaire, à l'OTAN, aux neutres et au Pacte de Varsovie. Nos vœux nous portaient à espérer un élargissement maximal de la zone centrale neutre, au détriment des zones d'influence soviétique et américaine. L'explosion de cet automne en RDA et la quasi neutralisation de la Hongrie ont accéléré ce processus de manière inattendue et l'agitation en Moldavie, dans les pays baltes, en Ukraine et en Biélorussie (B2, D8, G5, L2, S20, V3, Z1) ont jeté le doute sur la cohérence de l'URSS elle-même. N'oublions pas de mentionner aussi les manifestations tsaristes et l'audace du mouvement Pamyat à Moscou et à Leningrad. Toutes ces manifestations sont nationalistes et identitaires: elles contestent la perestroïka parce qu'elle est une idée abstraite et qu'elle pourrait introduire en Russie un libéralisme destructeur des identités. De cette façon, les visées impérialistes que pourrait dissimuler la stratégie soft  du Kremlin à l'heure de Gorbatchev se voient annulées par la pression qu'exercent en aval les nationalistes russes, baltes, ukrainiens, etc. sur la politique intérieure de l'URSS. Quand Gorbatchev avait lancé sa politique de restructuration, de perestroïka, en 1985, les problèmes nationaux n'étaient pas à l'ordre du jour; en bonne logique marxiste et réformiste, le progrès devait advenir tout simplement par régulations des paradigmes de gestion en matières économiques. Le 6 janvier 1986, dans les colonnes de la Pravda,  Gorbatchev déclare qu'il faut se débarrasser des réflexes nationaux archaïques et se vouer entièrement à un nouvel internationalisme prolétarien. Sous la pression des événements, cet optimisme progressiste très conventionnel fera long feu. Deux années plus tard, en juin 1988, Gorbatchev doit bien constater que la résistance à son projet internationaliste initial n'est pas venue des vieux cénacles brejnéviens, très minoritaires et complètement discrédités, mais des linéaments pré-marxistes, nationaux, qui structurent la mémoire des peuples de la grande fédération soviétique. Mieux: des groupes de pression mixtes, mi-nationaux mi-écologistes, contestent l'ensemble des structures soviétiques, voire la légitimité même de l'appareil. La perestroïka a ouvert la boîte de Pandore... 

 

L'Europe post-communiste est donc en marche (S13); l'idéologie communiste a largement fait faillite, comme idée et comme pratique. Ce qui implique que l'URSS en tant que puissance mondiale ne dispose plus de cinquièmes colonnes dynamiques dans les pays occidentaux; c'est également une des raisons du profil bas qu'adopte Gorbatchev car l'histoire de ce siècle nous enseigne que l'arme la plus redoutable de Moscou a précisément été cette cinquième colonne. Et si les services américains ont sans doute tablé sur les crypto-libéraux parmi les réformistes gorbatchéviens, ils ont fait chou blanc. Nous autres, en revanche, partisans des identités européennes, pouvont développer notre propre cinquième colonne parmi les nationalistes russes et non-russes d'URSS et parmi les écologistes indépendants. Parallèlement à cette évolution, les Etats-Unis accusent un sérieux déclin, après la parenthèse du reaganisme, plus verbale que concrète. Le professeur Paul Kennedy (K19) a tiré le bilan: lorsque la puissance dominante ne détient plus le leadership technologique absolu ni une incontestable supériorité économique en tous domaines, elle entre dans une phase de déclin. Déclin qui, pour les Etats-Unis, s'est symbolisé tout récemment par l'acquisition du Manhattan Center Building  par les Japonais. 

 

Sur cet arrière-plan de déclin des deux super-gros, nous n'avons pas encore eu le temps, en Europe occidentale, d'esquisser un scénario affirmateur, où se trouveraient condensés toutes nos aspirations et tous nos intérêts. C'est une faiblesse. François Schlosser, dans Le Nouvel Observateur  (S7), oppose un scénario positif à un scénario négatif. Ce dernier est une Europe nouvelle, auto-centrée autour de l'Allemagne, pays Baltes compris. Son scénario positif, c'est tout simplement un statu quo amélioré. Les pays européens du Comecon y sont positivement "finlandisés", ont reçu des institutions plus ou moins démocratiques et la CEE reste isolée sur elle-même. Les pays de l'AELE, eux, restent tels quels. Pour l'idéologie soft, qu'elle soit libérale ou socialoïde, ce statu quo amélioré est parfait: les économies se sont légèrement interpénétrées; les pays de l'Est sont gardés ou non par l'Armée Rouge si cela amuse encore Moscou mais il n'y a pas de grand espace européen, pas d'auto-centrage, pas de fusion, pas de réelle "maison commune". Les multinationales peuvent donc faire de bonnes affaires et améliorer leurs bilans. Les Etats-Unis restent économiquement présents en Europe, comme le souhaite Zinner (Z2). Valéry Giscard d'Estaing rejoint cette position lorsqu'il déclare à Paris-Match  (G4) que la CEE ne peut se dissoudre dans une Europe de l'Atlantique à l'Oural. La soft-idéologie ambiante, l'établissement, l'espace de la pensée marchande, sont des partisans de la toute petite Europe... Et des adversaires de l'Europe Totale: nos adversaires...

 

Le mauvais scénario, pour François Schlosser, c'est celui d'une Europe allemande, c'est-à-dire recentrée autour de l'Allemagne réunifiée. Ce qui effraie en fait Schlosser, ce n'est pas tant la germanisation proprement dite que l'autonomisation spontanée de l'Europe par rapport aux stratégies des multinationales, l'émergeance de nouveaux circuits et flux économiques, annulant l'effet de la division et de la balkanisation de l'Europe. Quoi qu'il en soit, l'Allemagne étant le centre du continent européen, toutes les relations économiques et commerciales devront nécessairement passer par son territoire. Le commerce italo-scandinave, hollando-hongrois, anglo-roumain, etc. passe obligatoirement par le territoire allemand. Ensuite, le processus d'unification du continent passe également par les relations bilatérales tissées entre les petites nations de l'Est et de l'Ouest, méthode de détente qu'avait préconisée Pierre Harmel dans les années 60. Avec le dégel hongrois, ce processus est en train de reprendre de plus belle (B12, H3).

 

Quant à la France, dont les voies d'expansion économique ne portent pas vers l'Est ou vers les Balkans, son opinion publique doit savoir que des projets cohérents existent à Paris et en Allemagne pour pallier à cette situation (F6, K7). Depuis 1988, les observateurs allemands constatent que les craintes françaises de voir "dériver" l'Allemagne vers l'Est s'estompent et disparaissent (K7). Sous l'impulsion de quelques cercles diplomatiques et, en apparence sous l'oeil bienveillant de Mitterand, Français et Allemands envisagent une Ostpolitik  commune. Richard von Weizsäcker le déclare en outre à Moscou: "La France et l'Allemagne peuvent collaborer [en Europe orientale et en URSS]. Il n'y a pas en ce domaine de voie allemande solitaire. Ce serait contre nos propres intérêts" (F6). D'importants cercles diplomatiques français abandonnent donc le vieil isolationisme récurrent de Paris, enterrent la méfiance héréditaire à l'égard de l'Allemagne, se distancient de l'idée d'une Europe exclusivement latine et carolingienne, renoncent à vouloir ancrer à tout prix la RFA à l'Ouest et adhèrent désormais à une forme de nationalisme grand-européen (K7). Ce sont là des tendances qu'il faut accentuer et qu'un visionnaire comme Jean Parvulesco a aperçu depuis longtemps déjà (P1, D5). A-t-il raison de dire que le grand projet gaullien de libération continentale, de libération eurasiatique, est en train de revenir subrepticement, à pas furtifs? Peut-être. Il est encore trop tôt pour répondre. L'histoire le confirmera ou l'infirmera.

 

Que la réunification plus que probable fasse imploser la CEE, que l'adhésion éventuelle de la Finlande, de la Pologne ou de la Hongrie à la CEE provoque un basculement tel qu'elle en acquiert un tout autre visage, l'important c'est qu'advienne, à l'aube du IIIième millénaire, l'Europe Totale que nous appelons de nos vœux. Mais la tâche sera lourde pour nous, si nous voulons participer à la construction de cet immense édifice. Nous devrons travailler avec plus d'énergie que jamais. Toutes les recettes de notre long après-guerre ont échoué. Plus aucune d'entre elles n'est intellectuellement satisfaisante. Il nous faut des systèmes sociaux nouveaux, obéissant à de tout autres principes. Il faut créer un droit adapté aux fantastiques innovations de notre siècle. Il faut réorganiser et redessiner nos territoires administratifs selon le mode des Länder allemands ou des cantons suisses, afin que toutes les spécificités qui constituent notre continent puissent être représentées valablement; ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Kiessling demande la fin de la départementalisation en RDA et la reconstitution des anciennes provinces. Enfin, nos armées devront être restructurées de fond en comble et dégagées de cette Alliance contre-nature qu'est l'OTAN.

 

Ces travaux innombrables et herculéens, auxquels notre mouvement de pensée devra participer, signalent que l'histoire est revenue et qu'elle nous interpelle. Ce que Jean Parvulesco appelle l'"ensoleillement ontologique" illuminera le cœur de nombreux citoyens d'Europe. Car elle revient la saison rougeoyante des Grands Brasiers et la forteresse révolutionnaire d'avant-garde achève de se construire dans quelques cerveaux hardis...

 

J'espère que cette salle en compte quelques-uns et qu'ils accompliront ce que l'Histoire commande, quand tombe le crépuscule des blocs et que s'annonce l'aurore des peuples.

 

Je vous remercie. 

 

Bibliographie:

 

A.

 

A1) Herbert AMMON - Theodor SCHWEISFURTH, Friedensvertrag. Deutsche Konföderation. Europäisches Sicherheitssystem. Denkschrift zur Verwirklichung einer europäischen Friedensordnung,  Ibf, Starnberg, 1985.

 

A2) Dominique AUDIBERT, "Hongrie: un réveil désordonné", Le Point,  890, 9 octobre 1989.

 

A3) Dominique AUDIBERT, "Hongrie: Bye, bye Lénine,...", Le Point,  891, 16 octobre 1989.

 

A4) Rudolf AUGSTEIN, "Ami, Go Home", Der Spiegel,  19/1989.

 

B.

 

B1) Egon BAHR, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel,  19/1989.

 

B2) Arnulf BARING, "Zerfällt das Zarenreich?", Frankfurter Allgemeine Zeitung,  13. Sept. 1989.

 

B3) Jörg BECKER, "US-amerikanischer Einfluß auf die Medien", in Eckart SPOO, op. cit.

 

B4) Volker BEECKEN, "Der Europagedanke: Deutsche Antwort oder bundesdeutsche Lebenslüge?", in SCHLEE, op. cit.

 

B4 bis) Hermann von BERG, "Der Weg zur Einheit wird frei", Mut,  266, Okt. 1989.

 

B5) Pierre BLANCHET, "Europe de l'Est: après l'effondrement du système totalitaire. Sur les décombres, quoi?", débat avec la participation d'Alexandre ADLER, Claude LEFORT, Paul THIBAUT, Alain BESANÇON, Hélène CARRERE d'ENCAUSSE, Pierre HASSNER, Thierry de MONTBRIAL, Christophe BERTRAM, Helmut SONNENFELDT, in Le Nouvel Observateur,  2-8 novembre 1989.

 

B6) Volker BÖGE - Peter WILKE, Sicherheitspolitische Alternativen. Bestandaufnahme und Vorschläge zur Diskussion,  Nomos, Baden-Baden, 1984.

 

B7) F. BOLDT, "Mitteleuropa - Aktuelle Visionen seiner zukünftigen Gestalt", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

B8) Dieter BORKOWSKI, Erich Honecker. Statthalter Moskaus oder deutscher Patriot,  Bertelsmann, München, 1987.

 

B9) Wilhelm BRAUNEDER, "Juristisches Mitteleuropa. Die Rechtstraditionen gemeinsamer Kultur", Mut,  246, Februar 1988.

 

B10) Karen BRESLAU, "Are These the Taiwans of Europe?", Newsweek, November 13, 1989.

 

B11) Pierre BRIANÇON, "Pays de l'Est: Moscou joue la non-ingérence. Mais limitée", Le Point,  891, 16 octobre 1989.

 

B12) Georg BRUNNER, "Die Bedeutung der kleineren Staaten des Warschauer Pakts für das Ost-West-Verhältnis", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

B13) H.-P. BURMEISTER, F. BOLDT, Gy. MESZAROS (Hrsg.), Mitteleuropa. Traum oder Trauma? Überlegungen zum Selbstbild einer Region,  Temmen, Bremen, 1988.

 

Addendum:

 

B14) Justus B. BÜHLOW, Ostrevolution,  Sinus, Krefeld, 1981.

 

C.

 

C1) James de CANDOLE, "Václav Havel as a Conservative Thinker", The Salisbury Review,  Vol. 7, Nr. 2, December 1988.

 

C2) Jean CAU, "Elle ne se fara pas la réunification? Blague colossale! Elle est déjà faite!", Paris-Match,  23 novembre 1989.

 

C3) Yves CUAU, "La fin de l'après-guerre", Le Vif-L'Express,  352/2002, 17-23 novembre 1989.

 

C4) Arthur CONTE, "Aujourd'hui la mystique communiste est enterrée et Khomeiny prend la relève de Lénine", Paris-Match,  23 novembre 1989.

 

C5) Gordon A. CRAIG, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 1989.

 

D.

 

D1) Wjatscheslaw I. DASCHITSCHEW, "Das gesamteuropäische Haus und die deutsche Frage", in Mut,  267, Nov. 1989.

 

D2) Alain DAUVERGNE, "CEE: le risque d'implosion", Le Point,  888, 25 septembre 1989.

 

D3) Régis DEBRAY, Tous azimuts,  Ed. Odile Jacob, Paris, 1989.

 

D4) Patrick DEMERIN, Passion d'Allemagne. Une citadelle instable,  Ed. Autrement, Paris, 1986.

 

D5) Dominique DE ROUX, L'écriture de Charles De Gaulle,  Trédaniel, Paris, 1989.

 

D6) James F. DOBBINS, "Die Vereinigten Staaten von Amerika, die Sowjetunion und die Deutschlandpolitik", Mut, 257, Jan. 1989.

 

D7) Andreas DOLLFUS, "Europa JA - Zentralismus NEIN", Mut,  258, Feb. 1989.

 

D8) Juris DREIFELDS, "Latvian National Rebirth", Problems of Communism, July-August 1989.

 

D9) François-Georges DREYFUS, Les Allemands entre l'Est et l'Ouest, Albatros, Paris, 1987.

 

D10) Heinrich DRIMMEL, Die Antipoden. Die Neue Welt in den USA und Österreich vor 1918,  Amalthea, Wien/München, 1984.

 

D11) Heinz DÜRR, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 45/1989.

 

E.

 

E1) Horst EHMKE, "Perspektiven des europäisch-amerikanischen Verhältnisses in den neunziger Jahre", Europa Archiv, 44. Jahr, 15/16, 25. August 1989.

 

F.

 

F1) Ferenc FEHER/Agnès HELLER, Gauche de l'Est - Gauche de l'Ouest (contribution à la morphologie d'une relation problématique),  Index (Etude n°10), Köln, 1985.

 

F2) Karl FELDMEYER, "Die Rückkehr der deutschen Frage", Mut,  266, Okt. 1989.

 

F3) Andrzej FLIS, "Crisis and Political Ritual in Postwar Poland", Problems of Communism,  May-August 1989.

 

F4) Dieter FÖTISCH, "Die wirtschaftlichen Folgen der deutschen Wiedervereinigung", Criticón,  114, Juli/August 1989.

 

F5) Bernhard FRIEDMANN, Einheit statt Raketen. Thesen zur Wiedervereinigung als Sicherheitskonzept,  Busse-Seewald, Herford, 1987.

 

F6) Renata FRITSCH-BOURNAZEL, "Paris-Bonn: Wachsende Chancen gemeinsamer Ostpolitik?", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

G.

 

G1) Marie-France GARAUD (éd.), numéro spécial de la revue Géopolitique, été 1989.

 

G2) Hans-Dietrich GENSCHER, Interview accordée à Der Spiegel,  39/1989.

 

G3) Manfred GERLACH, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 45/1989.

 

G4) Valéry GISCARD d'ESTAING, Interview accordé à Laurence MASUREL pour Paris-Match,  23 Novembre 1989.

 

G5) Paul GOBLE, "Soviet Ethnic Politics", Problems of Communism,  July-August 1989.

 

G6) Günter GRASS, "Je ne crois pas à la réunification mais à la confédération des deux Etats", Paris-Match,  23 novembre 1989.

 

G7) Annemarie GROSSE-JÜTTE, "Profile neutraler/blockfreier Sicherheits- und Verteidigungspolitik", in Dieter LUTZ/A. GROSSE-JÜTTE, op. cit.

 

H.

 

H1) Christian HACKE, "Ein deutscher Patriot im Gegenstrom der Nachkriegsentwicklung. Zum 100. Geburtstag von Jakob Kaiser", Deutschland Archiv,  Februar 1988.

 

H2) Karl-Eckhard HAHN, "Westeuropäische Integration, mitteleuropäisches Tauwetter und die deutsche Frage", Criticón, 113, Mai/Juni 1989.

 

H3) János HAJDU, "Die Bedeutung der kleineren Staaten Europas für das Ost-West-Verhältnis", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

H4) P. HANAK, "Schöpferische Kraft und Pluralität in der mitteleuropäischen Kultur", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

H5) P. HANAK, "Mitteleuropa als historische Region der Neuzeit", Ibid.

 

H6) Peter HAUNGS (Hrsg.), Europäisierung Europas?,  Nomos, Baden-Baden, 1989.

 

H7) Václav HAVEL, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 45/1989.

 

H8) Kurt HEISSIG, "Deutschland und der Freiheitskampf Ost-Mitteleuropas", Die Aula,  7-8/1987.

 

H9) Stefan HEYM, "Hurra für den Pöbel", Der Spiegel,  45/1989.

 

H10) Rudolf HILF, Deutsche und Tschechen. Bedeutung und Wandlungen einer Nachbarschaft in Mitteleuropa mit einem Exkurs zur deutschen Frage,  Leske + Budrich, Opladen, 1986.

 

H11) Klaus HORNUNG, "Gorbatschow auf Lenin-Kurs. Moskau, die Deutsche Frage und der "neue Stil"", Mut,  260, April 1989.

 

I/J.

 

IJ1) Eckhard JESSE, "Der "dritte Weg" in der deutschen Frage. Über die Aktualität, Problematik und Randständigkeit einer deutschlanpolitischen Position", Deutschland Archiv,  22. Jahr, Nr. 5/1989.

 

IJ2) Hanns-D. JACOBSEN, Heinrich MACHOWSKI, Dirk SAGER (Hrsg.), Perspektiven für die Sicherheit und Zusammenarbeit in Europa. Festschrift zum 20-jährigen Bestehen des Politischen Clubs Berlin,  Nomos, Baden-Baden, 1989.

 

K.

 

K1) Heinz J. KIEFER, "Die Europäische Nation Deutschland", Mut,  261, Mai 1989.

 

K2) Günter KIESSLING, Neutralität ist kein Verrat. Entwurf einer europäischen Friedensordnung,  Straube, Erlangen, 1989.

 

K3) Günter KIESSLING, "Abrüstung und deutsche Frage", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

K4) Klaus Peter KISKER, "Veränderungen in den ökonomischen Beziehungen USA-BRD", in Eckart SPOO, op. cit.

 

K5) Hans-Helmuth KNÜTTER; "Die westdeutschen Parteien und der Antifaschismus", Mut,  266, Okt. 1989.

 

K6) Mauno KOIVISTO, Interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel, 37/1989.

 

K7) Ingo KOLBOOM, "Ostpolitik als deutsch-französische Herausforderung", Europa Archiv,  44. Jahr, 4, 25. Februar 1989.

 

K8) György KONRAD, Antipolitik. Mitteleuropäische Meditationen,  Suhrkamp, Frankfurt a.M., 1985.

 

K9) György KONRAD, "Mein Traum von Europa", in Kursbuch,  81, Sept. 1985.

 

K10) György KONRAD, "Den westlichen Höhlenforschern zur Aufmerksamkeit empfohlen", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

K11) Michel KORINMAN, "Naissance et renaissance d'un projet géopolitique", Hérodote,  48, Janv.-mars 1988.

 

K12) Hartmut KOSCHYK, Die Zukunft Deutschlands in Europa,  BdV, Bonn, 1989.

 

K13) A. KRASINSKI, "Mitteleuropa", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

K14) Charles KRAUTHAMMER, "Return of the German Question", Time, September 25, 1989.

 

K15) J. KREN, "Historische Wandlungen des Tschechentums", in BURMEISTER  et alii, op. cit.

 

K16) Detlev KÜHN, "Nachdenken über Deutschland - und handeln", Mut,  253, Sept. 1988.

 

K17) Detlef KÜHN, "Noch in diesem Jahrhundert", Mut, 266, Okt. 1989.

 

K18) Milan KUNDERA, "Das Abenteuer des europäischen Romans. Ein Gespräch mit dem tschechischen Schriftsteller Milan Kundera", Beilage der Süddeutschen Zeitung zur Frankfurter Buchmesse,  7. Okt. 1987.

 

Addendum:

 

K19) Paul KENNEDY, The Rise and Fall of the Great Powers. Economic Change and Military Conflict from 1500 to 2000,  Random House, New York, 1987.

 

L.

 

L1) Pierre LELLOUCHE, "Au péril de l'Alliance", Le Point,  888, 25 septembre 1989.

 

L2) Egil LEVITS, "Der politische Aufbruch in den baltischen Staaten. Das Problem der Selbstbestimmung der nichtrussischen Völker in der Sowjetunion", Europa Archiv,  44. Jahr, 13, 10. Juli 1989.

 

L3) Werner LINK, "Gesamteuropäische Kooperationsansätze und Perspektiven", in Peter HAUNGS, op. cit.

 

L4) Wladimir B. LOMEJKO, "Das "Haus Europa" aus sowjetischer Sicht", in JACOBSEN/MACHOWSKI/SAGER, op. cit.

 

L5) Jochen LÖSER - Ulrike SCHILLING, Neutralität für Mitteleuropa. Das Ende der Blöcke,  Bertelsmann, München, 1984.

 

L6) Alain LOUYOT, "Cinq scénarios pour l'Europe", Le Vif-L'Express, 352/2002, 17-23 novembre 1989.

 

L7) Dieter LUTZ - Annemarie GROSSE-JÜTTE (Hrsg.), Neutralität - Eine Alternative? Zur Militär- und Sicherheitspolitik neutraler Staaten in Europa,  Nomos, Baden-Baden, 1982.

 

M.

 

M1) Claudio MAGRIS, Introduction à Roman SCHNUR, op. cit.

 

M2) Elie MARCUSE, "Europa über alles! Une interview exclusive de Horst Teltschick, le plus proche conseiller du Chancelier Kohl", Le Vif-L'Express, 352/2002, 17-23 novembre 1989.

 

M3) Tadeusz MAZOWIECKI, Interview accordée à Der Spiegel,  39/1989.

 

M4) Alfred MERCHTERSHEIMER/Erich SCHMIDT-EENBOOM, "Die Rolle der Bundesrepublik Deutschland in der US-Militärdoktrin", in Eckart SPOO, op. cit.

 

M5) Michael MEYER, "Germany's Mission", Newsweek,  November 13, 1989.

 

M6) Adam MICHNIK, "Liegt die Existenz der DDR im Interesse Polens?", Der Spiegel,  42/1989.

 

M7) Werner MEYER-LARSEN, "Durchmuddeln mit George", Der Spiegel,  8/89.

 

N.

 

N1) Miklos NEMETH, Interview accordée à Der Spiegel,  43/1989.

 

N2) Günther NENNING, "Dieses deutsche Geisterreich...", Mut,  266, Okt. 1989.

 

N3) Thomas NOWOTNY, "Neutralitätspolitik", Europa Archiv,  44. Jahr, 13, 10. Juli 1989.

 

O.

 

O1) Achille OCCHETTO, "Neue Leitideen für eine europäische Linke. Etatismus und Neoliberalismus: eine falsche Alternative", Die Neue Gesellschaft/Frankfurter Hefte,  33. Jahrgang, 8, August 1985.

 

P.

 

P1) Jean PARVULESCO, Préface à Dominique De Roux, op. cit. (D5).

 

P2) Lothar PENZ, "Zukünftige Verteidigung", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

P3) Nikolaï PORTUGALOW, "Perestroïka im Bewußtsein der Deutschen. Die Zukunft der Bundesrepublik in einem Europa vom Atlantik bis zum Ural", Der Spiegel,  23/1989.

 

R.

 

R1) Jean-François REVEL, "Repartir à zéro", Le Point,  891, 16 octobre 1989.

 

R2) A.M. ROSENTHAL, "Alptraum für Westeuropa", Der Spiegel,  19/1989.

 

R3) Peter RUGE, Interview accordée à l'hebdomadaire Le Point,  888, 25 septembre 1989, p.35.

 

S.

 

S1) Tilo SCHABERT, "Die Atlantische Zivilisation. Über die Entstehung der einen Welt des Westens", in Peter HAUNGS, op. cit.

 

S2) Alfred SCHICKEL, "Schlesien, Brücke zwischen Deutschen und Polen", Mut,  253, Sept. 1988.

 

S3) Bruno SCHIER, West und Ost in den Volkskulturen Mitteleuropas, N.G. Elwert Verlag, Marburg, 1989.

 

S4) Emil SCHLEE (Hrsg.), Deutsche Frage - Deutsche Antworten,  Arndt, Kiel, 1985.

 

S5) Rolf SCHLIERER, "Wiedervereinigung und Europäische Union", Criticón, 113, Mai/Juni 1989.

 

S6) Karl SCHLÖGEL, Die Mitte liegt ostwärts. Die Deutschen, der verlorene Osten und Mitteleuropa,  Corso bei Siedler, Berlin, 1986.

 

S7) François SCHLOSSER, "La fin du bloc de l'Est? Quand l'Allemagne s'éveillera...", Le Nouvel Observateur,  2-8 novembre 1989.

 

S8) Elmar SCHMÄHLING, "Unsere Existenz ist unmittelbar berührt. Die Atomstrategie der NATO", Der Spiegel,  18/1989.

 

S9) Roman SCHNUR, Transversale. Spurensicherungen in Mitteleuropa, Karolinger, Wien, 1988.

 

S10) Thomas SCHREIBER, "La permanence du problème national en Europe centrale et orientale", Hérodote,  48, janv.-mars 1988.

 

S11) Wolfgang SCHULLER, "Zusammengehörigkeit über Systemgrenzen", Mut,  246, Februar 1988.

 

S12) Peter SCHWAN, "Europa als Dritte Kraft", in Peter HAUNGS, op. cit.

 

S13) Hans-Peter SCHWARZ, "Auf dem Weg zum post-kommunistischen Europas", Europa Archiv,  44. Jahr, 11, 10. Juni 1989.

 

S14) Jaroslav SEDIVY, "Neue Bedingungen für die Beziehungen zwischen sozialistischen Staaten", Europa Archiv,  44. Jahr, 15/16, 25. August 1989.

 

S15) Thomas SHERLOCK, "Politics and History under Gorbachev", Problems of Communism,  May-August 1988.

 

S16) Eckart SPOO, Die Amerikaner in der Bundesrepublik. Besatzungsmacht oder Bündnispartner?,  Kiepenhauer & Witsch, Köln, 1989.

 

S17) Wolfgang STRAUSS, ""Nieder mit der Partei!"", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

S18) Carl Gustaf STRÖHM, "Bonn-Washington, eine zerrüttete Ehe?", Criticón, 113, Mai/Juni 1989.

 

S19) Scott SULLIVAN, "A German-Slav Affinity?", Newsweek,  November 13, 1989.

 

S20) Roman SZPORLUK, "Dilemmas of Russian Nationalism", Problems of Communism,  July-August 1989.

 

S21) J. SZÜCS, "Ungarns regionale Lage in Europa", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

T.

 

T1) Harald THOMAS, "Friedenszone nicht Schlachtfeld", in Europa. Nationaleuropäisches Forum,  2/1989.

 

T2) Piet TOMMISSEN, "De Grootruimtetheorie van wijlen Carl Schmitt", Dietsland Europa,  12/1985.

 

T3) Arnold TOYNBEE, A Study of History,  Volume 8, Oxford, OUP, 1954-63, pp. 126-150. Ibid., Volume 12 ("Reconsiderations"), pp. 536-546.

 

V.

 

V1) M. VAJDA, "Wer hat Rußland aus Europa ausgeschlossen?", in BURMEISTER et alii, op. cit.

 

V2) Georges VALANCE, "Une sacrée prise de poids", Le Point,  888, 25 septembre 1989.

 

V3) V. Stanley VARDYS, "Lithuanian National Politics", Problems of Communism,  July-August 1989.

 

V4) Michael VOGT, "Neutralität: Fakten und Gedanken zu einem politischen Tabu", in SCHLEE, op. cit.

 

V5) Karsten D. VOIGT, "Die Vereinigung Europas - Westeuropäische Integration und gesamteuropäische Kooperation", Europa Archiv,  44. Jahr, 13, 10. Juli 1989.

 

W.

 

W1) Karlheinz WEISSMANN, "Die konservative Option. Vorschläge für eine andere Politik", Criticón,  113, Mai/Juni 1989.

 

W2) Bernard WILLMS - Paul KLEINEWEFERS, Erneuerung aus der Mitte. Diesseits von Ost und West,  Busse-Seewald, Herford, 1988.

 

W3) Karel Van WOLFEREN, Vom Mythos der Unbesiegbaren. Anmerkungen zur Weltmacht Japan,  Droemer-Knaur, München, 1989.

 

W4) Wichard WOYKE, "Das "Haus Europa" aus westeuropäischer Sicht", in JABOBSEN et alii, op. cit.

 

Z.

 

Z1) Jan ZAPRUDNIK, "Bielorussian Reawakening", Problems of Communism, July-August 1989.

 

Z2) Paul E. ZINNER, "Das "gemeinsame Haus Europa" aus amerikanischer Sicht", in JACOBSEN et alii, op. cit.

 

 

Articles anonymes:

 

 

AA1) AA, "If two Germanies became one", The Economist, 2-8 September 1989.

 

AA2) AA, "Germanies in confusion", The Economist,  7-13 October 1989.

 

AA3) AA, "In Search of Central Europe", The Salisbury Review,  Vol. 6, Nr. 4, June 1988.

 

AA4) AA, "EG-Kommissar aus der DDR?", Der Spiegel,  44/1989.

 

AA5) AA, "Das Handels- und Industrieministerium Miti organisiert die Angriffe auf die Weltmärkte", Der Spiegel,  45/1989.

 

AA6) AA, "Deutschland, eine Supermacht?", Der Spiegel,  47/1989.

 

AA7) AA, "Der Umbruch im Warschauer Pakt macht Nato-Pläne zur Makulatur", Der Spiegel,  47/1989.

 

AA8) AA, "Wir Europäer sollen uns opfern", Der Spiegel,  17/1989.

 

AA9) AA, "Unsere Antwort wird Nein sein", Der Spiegel, 18/1989.

 

AA10) AA, "Der Iwan kommt - und feste druff. Wie die Amerikaner den großen Atomschlag in Europa übten", Der Spiegel,  18/1989.

 

AA11) AA, "Auf der Hut vor Deutschland", Der Spiegel,  19/1989.

 

dimanche, 18 janvier 2009

Por la autodefensa étnica integral: Reflexiones sobre "La colonizacion de Europa" de Guillaume Faye

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Por la autodefensa étnica integral: Reflexiones sobre "La colonización de Europa", de Guillaume Faye

Stefano Vaj

[Traducción de Santiago Rivas]

Conocí a Guillaume Faye en París en 1978, durante el undécimo congreso anual del GRECE (Groupement de Recherche et Etudes pour la Civilisation Européenne), en el momento álgido de una personal "crisis de identidad".

Aun siendo yo muy joven, llevaba cuatro o cinco años sumergido en un ambiente que creía hacer política prestando el empeño militante al sostenimiento del MSI, un partido sustancialmente empeñado en administrar los restos italianos de la derrota militar europea. Peor aún, la estrategia de aquella administración consistía en aguardar a la espera de ser finalmente reciclada, y en ofrecer sus servicios a las franjas más a la retaguardia de la "clase dirigente" vaticanista-capitalista-masónica –en una época un tanto preocupada por la atenuación de la guerra fría y por la garantía americana, así como por la concurrencia de los "compañeros de reparto" de observancia soviética.

Por lo demás, tal ambiente vivía en una absoluta esquizofrenia política, permaneciendo unido casi exclusivamente por el ansia de diferenciarse y por el rechazo respecto a la línea general biempensante, conservadora y ávida de respetabilidad, del partido; aquel mismo partido del cual continuaban frecuentando sus sedes, sosteniendo sus listas, suscribiendo sus manifiestos, etc. Los varios personajes que encontré no eran por lo demás ajenos a los miles de pequeños compromisarios, aunque llevasen cargos cuya denominación altisonante se correspondiese con una absoluta falta de poder real; además, pertenecían a connotaciones ideológicas tan variadas como carentes de correspondencia con mis propias ideas, o por mejor decir, a la sensibilidad que me había aproximado a un ambiente tal. Católicos integristas, anticomunistas genéricos, personajes convencidos de que la guerra mundial había sido combatida para hacer participar a cualquier representante sindical en las reuniones de los consejos de administración ("...como en Alemania Federal, como en Yugoslavia"), tradicionalistas y esoteristas al borde de la sesión espiritista, nihilistas, admiradores indiscriminados del militarismo chileno, israelita o francés, pseudoidealistas que nunca habían leído una línea de Spirito, Gentile o Fichte, vestales y adoradores de una crónica política pasada y mal comprendida; pero el empacho de la elección no era algo que me repugnase mayormente. Por muchos aspectos una corte de los milagros, en suma, cuyos miembros eran ciertamente "desviados" pero también en gran parte "recuperados" por el Sistema, presa de sugestiones ideológicas cuya gran variedad iba solamente a la par de la sustancial extrañeza de esos elementos con la "tendencia histórica" encarnada por las grandes revoluciones nacional-populares de la primera mitad del siglo, por Nietzsche, Wagner y Stefan George, Marinetti, D´Anunnzio y Drieu La Rochelle.

La imagen tan caricaturesca, demoníaca y en el fondo ridícula que de tal ambiente era ofrecida desde el exterior, con su intrigante perfume de azufre, era casi más atractiva que la mediocre realidad que yo experimentaba directamente cada día

El contacto con el ambiente francés, por entonces principalmente representado por el GRECE, "Groupement de Recherches et Etudes pour la Civilisation Européenne" (1), fue, por todo lo dicho, mucho más que una agradable sorpresa. No me había inventado una pertenencia literaria a una comunidad mítica irremediablemente extinta; aún existían personas que verdaderamente compartían aquellos valores que me habían atraído hacia un mundo italiano que teóricamente habría debido ser su heredero, pero que no usaba argumentos de acción histórica ni de "gran política".

Por lo demás, el movimiento francés, después de un decenio de duro trabajo, se encontraba visiblemente en la espera de un gran suceso, intentando agregar en torno suyo "compañeros de viaje" de notable renombre y, sobe todo, de suscitar un séquito, pequeño pero entusiasta, en numerosos países europeos, de Bélgica a Grecia, de Alemania a Inglaterra, de Suiza a la misma Italia. Un séquito que únicamente pedía ofrecer su propia contribución, creando comunidades locales o participando en el trabajo de difusión de ideas por medio de conferencias, publicaciones e infiltraciones en los medios de comunicación y de la universidad.

Pero alejemos las divagaciones. El congreso en cuestión trataba sobre "L´inégalité de l´homme", y venía a focalizar uno de aquellos temas que ya habían sido estabilizados como "leit-motivs" de la batalla cultural del movimiento, temática de identificación, de encuentro y alternativas de nuestra época, de antítesis frente a las ideologías de matriz judeo-cristiana, democrática, marxista, etc., y de visión del mundo antiigualitaria, aristocrática y sobrehumanista.

Entre los participantes se encontraban, naturalmente, Alain de Benoist el intelectual; Giorgio Locchi el filósofo –que habría de ser mi gurú y "maitre á penser" personal, si alguna vez tuve alguno, y cuya intervención en el congreso fue posteriormente publicada por "l´Uomo libero" n.6 con el título "Mito y Comunidad"–; y, sobre todo, Guillaume Faye el militante, el ponente que sin duda más me impactó.

Orador excepcional, hipnótico en su lectura de una relación escrita en la atenuada atmósfera de un convenio de estudios en un palacio de congresos, Guillaume Faye se asemejaba físicamente y en sus movimientos un poco al joven Feddersen interpelado por Gustav Froelich, el protagonista de "Metrópolis", de Fritz Lang; y era ya indiscutiblemente el astro en alza del movimiento. Especialmente para un dieciochioañero sediento de coherencia y pasión, pero también asaltado por la despreocupación, Faye daba la impresión de un "lúcido fanatismo" en donde de mezclaban reminiscencias del Che Guevara, D´Annunzio, Ignacio de Loyola y Goebbles, lejos, muy lejos de ese material humano sectario y arribista, conformista y reaccionario que dominaba en mi experiencia política de la Italia del momento. Las noches pasadas en discutir las cuestiones fundamentales de nuestra época y del futuro de Europa en la campiña provenzal de la Universidad de Verano del GRECE fueron, desde el principio, una bienvenida bocanada de oxígeno.

No sorprendía por ello que Faye fuese simplemente adorado por toda la base del movimiento, incluyendo los componentes internacionales, obviamente menos atraídos por otros exponentes condicionados por un residuo de "espíritu de salón parisino", o bien por una excesiva preocupación por la administración de las vicisitudes cotidianas y locales de la asociación. Y fue precisamente con Faye, Pierre Vial, Jason Hadgidinas y otros camaradas europeos de este ambiente con quienes nos reencontramos pocos años después en Grecia, en el santuario de Apolo en Delfos, al alba, para jurar en diez lenguas en una ceremonia privada nuestra fidelidad a Europa, a sus Dioses y al Sol (re)naciente de su cultura, tras el solsticio de invierno de nuestra época.

Ese rol especial de Guillaume Faye vino después a enfatizarse cuando, poco después, el movimiento, bautizado para la ocasión por los "media" como Nueva Derecha, tomó el control de la redacción de la revista "Figaro-Magazine", apareciendo en la primera página de los diarios de todo el mundo, ilusionándose por un instante de haber afirmado unas raíces inextirpables en la oficialidad. Excluyendo a unos pocos personajes dedicados a misiones meramente organizativas, Faye fue prácticamente el único que no jugó sus cartas en los medios tradicionales, en los círculos intelectuales acreditados y en la universidad, el único que permaneció empeñado únicamente en el movimiento, para el cual trabajaba a tiempo completo, en donde sus problemas de supervivencia eran de naturaleza puramente… económica. En semejante posición particular, Faye abrió algunos temas y frentes de lucha fundamentales que más tarde resonaron en toda Europa. En "El sistema contra los pueblos", traducido por mí mismo al italiano para "Edizioni dell´Uomo libero" y recientemente reeditado por "Societá Editrice Barbarossa" (2), constituyó el primer manifiesto contra la globalización publicado en nuestro continente, durante la época de los bloques y de las últimas etapas de la descolonización. La versión definitiva en la cual fue publicada el libro constituyó el fruto de una lucha épica, típica de Faye, contra los editores de "Copernic", por entonces la principal editorial del movimiento. Como es sabido, en el mundo francés y más aun en el anglosajón no son las editoriales (o publisher), sino los editores que jamás han publicado un renglón propio quienes pretenden enseñar a los escritores qué es escribir y cómo se escribe. En el caso, estas figuras no solamente discutían problemas de puntos y comas, de extensión de los capítulos o de "provocaciones" lo suficientemente atractivas para suscitar la atención de esos lectores que raramente superan las primeras páginas antes de regresar definitivamente sobre la cubierta, sino que también ejercieron una tentativa de atenuación y sustancial censura política de un mensaje considerado esta vez demasiado "paradójico", "visionario", "poco realista", "poco serio". El hecho de que el libro sea hoy una descripción fiel de cuanto positivamente ha sucedido y está sucediendo ante los ojos de todos, es el fruto y el testimonio del increíble entusiasmo y energía destinados a convencer, ilustrar, re-escribir la re-escritura de personajes más o menos ignotos, y al final… conseguirlo por cansancio.

Del mismo modo, Guillaume Faye fue quizá el primero en identificar en los Derechos Humanos la doctrina sincrética y final de la tendencia humanista, que el marxismo no ha sabido ser, y que representa el punto de convergencia final, post-ideológico, de todas las corrientes laicas y religiosas en las cuales tal tendencia se ha subdividido después de su afirmación en Europa con el edicto de Teodosio y la derrota de los sajones. El "especial" publicado al respecto por uno de los números de "Elèments" constituyó la inspiración para mi tesis de licenciatura, que después constituyó el núcleo de mi libro publicado con el título "Indagine sui Diritti dell´Uomo" (3) (L.Ed.E., Roma 1985), prologado por Julien Freund, y el cual dediqué al propio Faye. Otra piedra miliar en el recorrido de Faye es la representada por la publicación del "Nouveau Discours à la Nation Européenne" (4), incitación fichteana a la reivindicación de la propia identidad, al redescubrimiento de la fuerza de Europa y a la revuelta contra la dominación extranjera y mundialista de nuestro espacio vital; obra que el autor logró ver publicada por una editora "oficial" (Albatros), con introducción de Michel Jobert, exministro de De Gaulle.

Y aunque hoy pueda parecer banal, debemos a Faye la definitiva liquidación, en "L´Occident comme déclin" (5), de una confusión que hacía todavía a finales de los años setenta a los cantautores nacional-revolucionarios glorificar a la "civilización occidental", mientras algunos epígonos franceses de aquellos que habían combatido en Normandía contra los americanos aún denominaban "Occident" a uno de los pocos movimientos políticos con una cierta importancia. Igualmente, fue nuestro autor el primero en reproponer, en oposición tanto al progresismo ingenuo como al rechazo tradicionalista y neolúdico, la visión faústica de la técnica, relacionándola con la sensibilidad postmoderna que lucha por emerger en la cultura contemporánea ("Hermes, le retour du sacré". Ed. Le Labyrinthe). Siempre a Faye debemos, además, el clarividente análisis sociológico sobre "La Nueva Sociedad de Consumo", o el relanzamiento de modelos económicos alternativos basados en los grandes espacios continentales autocentrados y semiautárquicos (ver el artículo "Por la independencia económica", publicado en italiano por "l´Uomo libero" n. 13). Y podríamos continuar extendiéndonos, empezando por sus traducciones en esta misma revista que pueden consultarse en el sumario de números atrasados.

Por lo demás, frente a mi experiencia directa de la realidad italiana que se distinguía en asociar paradójicamente "fraccionismo" y conformismo, la acción de Faye en el ámbito de la Nueva Derecha conjugaba hasta el extremo disciplina y libertad de espíritu, por cuanto él mismo es uno de los pocos en recoger verdaderamente, junto a otras "piedras en el estaño", la invitación a intensificar el "debate interno" –concepto que ha preocupado durante un cierto periodo a los espontáneos del movimiento, obsesionados con la idea de devenir, o ser percibidos como, una "secta".

Entretanto, había llegado el tiempo de las intervenciones críticas sobre la cuestión religiosa y sobre la postura del GRECE en esta materia.

En efecto, la experiencia común mostraba que cuando en el neo-paganismo la partícula "neo" es gradualmente olvidada, fácilmente aparece la obsesión por la "positividad" y la "legitimación".

Después de todo, mientras es perfectamente posible ser el único, o el último, cristiano, musulmán o judío del mundo, la "religión", desde el punto de vista pagano, es aquello que "liga al conjunto" de un pueblo y a éste con sus orígenes. Pero, desde el momento en que el paganismo innegablemente no es una religión positiva, o bien se tiene el coraje trágico y zaratrustiano de intentar conscientemente la creación de formas originales y de nuevas "normas de valores", ciertamente inspiradas en el pasado que se reclama, pero precisamente por ello distintas, o bien es absolutamente central la búsqueda de una "legitimación" de cualquier tipo. Ésta, para los tradicionalistas evolianos o guenonianos termina regularmente por ser esotérica (los Sabios Ocultos, el Rey de la Montaña, la Tradición Oculta, etc.), cuando no termina por confluir en muchos casos en el Islam, en cualquier variante minoritaria del catolicismo católico u ortodoxo o, mucho peor aún, en los sincretismos vagamente masónicos o New Age.

Para el GRECE, sin embargo, como ya antes para el movimiento völkish de la Alemania de los años treinta, tal búsqueda de legitimación es, antes que metafísica, esencialmente sociológica, tendente a valorizar como "políticamente" importante cualquier fósil de creencia o hábito popular del cual se pueda hipotetizar un origen autóctono, precristiano o simplemente a-cristiano, desde la "fiesta del conejo" a las "estatuas de la felicidad" y otros folklores.

Respecto a todo ello, fue nuevamente Faye el reivindicador, mediante un famoso artículo en "Elements", de las razones de un paganismo laico, solar y postmoderno, abiertamente nietzscheano, distiguiéndose netamente de la obsesión de la "ninfa en su capullo" y de las manías de un "catolicismo a la inversa" de muchos conspicuos componentes de la Nueva Derecha, condicionada así por la rivalidad con las confesiones cristianas que a veces terminaban por remendar.

Artículo profético respecto a la más tardía "evolución" de un De Benoist, el cual, comenzando desde un interés hacia el empirocriticismo y la epistemología russelliana o popperiana, acabó paradójicamente, después de su libro "¿Cómo ser pagano?" (6) y tras un paréntesis heideggeriano, discutiendo con cristianos y judíos sobre metafísica y valores comunes de matriz sustancialmente neoplatónica o neognóstica, sobre cuya base poder atribuir la palma de la superioridad moral a Séneca o a Pablo de Tarso como oponentes de la secularización (ver, por ejemplo, su obra sobre "L´éclipse du sacré" ) (7). Si alguien desea ver los detalles del fin de un sueño no tiene más que leer las páginas de la nueva y extensa introducción de Robert Steuckers a "El sistema contra los pueblos", añadida a la mía en la última edición ya citada del libro de Faye.

A finales de 1986 la crisis anunciada por Giorgio Locchi ("todo lo que está de moda pasa de moda…") llegó a su maduración. Los animadores originales del GRECE, cuando no han sido simplemente recuperados por el Sistema, se encuentran reducidos por un lado a una dimensión de puro testimonio y, por el otro, son cada vez más marginalizados por la realidad de la vida cotidiana de la asociación, dedicada a burocráticos empeños de recolección de fondos para pagar al personal dedicado a recoger fondos… en una degeneración estilo Cienciología. Otros han decidido jugar la carta del Frente Nacional de Le Pen, en su tiempo duramente ridiculizado y ahora en posición de ridiculizar a su vez a la Nueva Derecha, que ya no es percibida como un sujeto dotado de un proyecto histórico o político y aparece reducida a un simple productor de conferencias y publicaciones con ambiciones limitadas.

Los temas de las publicaciones del área (en sustancia "Elèments", "Nouvelle Ecole" y su réplica de infeliz título "Krisis") cada vez son más refinados y literarios. El mismo Alain de Benoist, en una especie de regresión romántica, confiesa a Faye, a mitad de los años ochenta, estar cada vez más interesado en las "imágenes" antes que en las "ideas", hasta el punto de que éste último, en una conversación privada conmigo mismo durante el mismo periodo, describe la contraposición entonces presente en el ambiente como la de los "germanómanos no sobrehumanistas frente a los sobrehumanistas no germanómanos". Entre las consecuencias de tal deriva cabe destacar la extremización de las operaciones consistentes en el reclamo y valorización de los más estrafalarios componentes y sectores de la Revolución Conservadora alemana, por cuanto puedan alabar cualquier disidencia frente a los regímenes fascistas de los años treinta. Es más, era progresiva la concentración sobre temas de carácter sustancialmente histórico, literario y mítico, a despecho de las grandes argumentaciones de naturaleza sociológica, tecnocientífica, política, económica, sobre las cuales, en los años precedentes, el movimiento había tomado posiciones fuertemente originales e innovadoras.

Frente a la creciente presión de la censura y del "pensamiento único", el movimiento responde, por lo demás, con un creciente silencio sobre temas decisivos, paradójicamente acompañado de una constante irrigación de los temas secundarios y por "fugas hacia delante" difícilmente comprensibles para el público propio, como el guiño de ojos a un filosovietismo a lo Jean Cau, del todo onírico y prontamente liquidado por la evolución histórica. También por la incapacidad de no hacerse un hueco en las antítesis del debate político (nacionalismo-cosmopolitismo, liberalismo-socialismo, aborto sí aborto no, ecologismo-antiecologismo, feminismo-antifeminismo, imperialismo-anticolonialismo, comunismo-anticomunismo, etc.), por pretender imponer los propios, pero que se transformará o bien en una incapacidad de tomar posiciones sobre los problemas centrales de nuestro tiempo o bien en un gusto por la batuta brillante y por los eslóganes con fin en sí mismos.

Toparon después con el peine los nudos de los errores políticos y propagandísticos cometidos. El primero de todos: la obsesión con evitar ser presos de cualquier suerte de "internacional negra", y la falta de compresión del potencial de una dimensión verdaderamente internacional, más fácilmente accesible; por ejemplo en términos de capacidad de superar las crisis locales contingentes, de disminución de la vulnerabilidad a la represión y al "black-out" mediático, de movilización mítica de los militantes. Secundariamente, pesó muy negativamente el progresivo vacío de la función central del GRECE (presa del micro-leninismo de los funcionarios antes descritos, siempre más asfixiantes en su tentativa de sobrevivir a sí mismos en su improductividad metapolítica) a favor de una supuesta "corriente" y "comunidad", de cuyos confines e identidad, por cuanto indefinidos, se hipotetizaba que eran los mejores para mantener la riqueza, variedad u organicidad típicas de los grandes movimientos culturales, y sobre todo para evitar los golpes de la reacción, penetrar en los ganglios del poder cultural y evitar la temida "transformación en secta". En fin, al final terminó insostenible para muchos la ambigüedad respecto a los temas de la política real, cuyos contenidos eran justamente rechazados como inesenciales, pero que terminaron condicionando negativamente al movimiento como una suerte de "angelicalismo" y de "neutralidad" en toda materia, dada las posiciones públicas de Alain de Benoist, quien había rechazado en los años setenta, patrocinado por Maurizio Cabona, asumir la titularidad de una firma en el "Candido" de Giorgio Pisano, revista no precisamente arcádica.

Esta involución no pudo remediarla por si solo Guillaume Faye, con una incesante animación de iniciativas siempre más personales y "paralelas" –desde las transmisiones radiofónicas de temática postmoderna "Avant-Guerre", hasta la creación de siglas y actividades –como "l'Institut des Arts et des Lettres" (Instituto de las Artes y las Letras) o el "Collectif de Réflexion sur le Monde Contemporain" (Colectivo de Reflexión sobre el Mundo Contemporáneo)–, llevadas adelante sin un sueldo, un apoyo o un patrocinador, y contempladas con indiferencia, suficiencia y creciente hostilidad desde los vértices del movimiento, aparentemente cada vez más interesado, cuando no se ocupaba por la contabilidad, por las mistificaciones del arte moderno, la poética sobre los elfos en la Sajonia del siglo XV o los "decisivos" debates con Thomas Molnar sobre la cuestión de si lo divino se expresa "en" el mundo o "a través de" el mundo.

El abandono final de Faye devino así –junto con la muerte de Locchi, por lo demás ya aislado del movimiento muchos años antes, en el aparente ocaso de la Nueva Derecha– el símbolo de la conclusión de un ciclo, y el inicio de un periodo de relativa desmovilización en toda Europa, que vió a algunos refugiarse en la política tradicional, a otros en el ámbito de lo privado, y a muchos en confortables "capillas" locales con contactos externos cada vez más reducidos. Sin animar las escisiones, sin intentar apuntalar un flanco ni señalar una dirección, sin mucho menos "convertirse" a lo Marco Tarchi, Guillaume Faye se retira durante un decenio a la sombra, mientras el GRECE, naturalmente sin pagar derechos de autor, continúa utilizando sus escritos, no sin tolerar ciertos rumores según los cuales Faye estaba loco, tenía el cerebro embrutecido por la droga o había sido reclutado por la CIA.

En este escenario, su re-emersión, a finales de los "malditos" años noventa que vieron el derrumbe de tantas esperanzas y el triunfo del Sistema mundialista inútilmente denunciado y combatido con increíble clarividencia, no pudo sino representar para mí un presagio de buen augurio, y un estímulo para una re-movilización de cada uno, con el acostumbrado "pesimismo de la razón, optimismo de la voluntad", que no es sino la lógica del que no puede hacer otra cosa y no puede sino encontrar una dimensión existencialmente atractiva en la sola propia vida cotidiana, profesional y familiar.

Que los diez años no habían pasado en vano está bien ilustrado por la aparición del ensayo sobre "El Arqueofuturismo" (París 1998, L'Aencre, 12 rue de la Sourdière) (8), que en trescientas páginas diseña un balance comprensivo de treinta años de debate político y cultural europeo, de la sociología de la concertación a la política y el significado cultural del deporte, del cine y la música a la genética y la homosexualidad, de la inmigración y la globalización a los modelos económicos, la religión y la ecología, para concluir con una "novela" arqueofuturista que constituye una sugestiva continuación al prólogo de "El Sistema contra los pueblos": si entonces se trataba de una figuración, durante una época considerada "paradójica", de cómo el mundo estaba en efecto a las puertas de su transformación con la victoria mundialista, ahora se trataba de la descripción de un mundo inversamente transformado en un escenario "arqueofuturista", en donde también tenía su pequeño puesto un… descendiente directo mío en la Milán del año 2073.

Como siempre, la mirada penetrante de Faye diseña nuevas pistas ya antes batidas, une lo impensable, despedaza los ídolos y los tópicos del pensamiento hegemónico, combate el conformismo… del pensamiento anticonformista, ayudando a cada uno de nosotros a pensar hasta el fondo todo aquello que ya piensa. La ruptura con la Nueva Derecha, de cuyas experiencias diseña un balance equilibrado y al margen de toda lógica de resentimiento personal que pudiera tener miles de justificaciones, hace ahora más libre el análisis tanto de las tendencias dominantes (respecto a las cuales destacan las cautelas del "political correctness" presentes en tantos escritos del movimiento) como de las carencias del mundo que ha buscado defenderse y afirmarse en oposición a ellas, desde el redescubrimiento de las identidades regionales a la defensa del cine nacional desde una oposición política militante.

"El Arqueofuturismo" fue continuado, por la misma editorial, por una reedición corregida y aumentada" del ya citado "Nouveau discours à la Nation Européenne", seguido a su vez por "La colonisation de l´Europa – Discours vrai sur la Colonisation et l´Islam" (9), que representa uno de los más interesantes estudios publicados en materia de política demográfica, inmigración y colonización de nuestro continente.

Decimos "estudio" para subrayar el grado de profundización, pero también insólito en cuanto al argumento y el trato. Aunque no será ciertamente una sorpresa para los lectores que conozcan al autor, es necesario precisar que las intenciones del libro no son precisamente "inocentes".

"Son muchos los que intentaron disuadirme de escribir este libro. Me avisaban con argumentos del tipo: No es necesario decir las cosas como son. Es peligroso, ¿Entiendes? Hubieras podido escribir un ensayo ilegible y pseudofilosófico, o vagamente sociológico, sobre las virtudes comparadas de la asimilación, la integración y el comunitarismo. Pero el intelectualismo burgués no me interesa (…) La apuesta de la disidencia es hoy la más fecunda. Ésta es la del pensamiento radical… Se trata de retornar –lejos de todo extremismo– a las raíces de las cosas, y atacar las cuestiones fundamentales de la época. No se debate del sexo de los ángeles cuando los bárbaros asedian Constantinopla. Ahora bien, la cuestión principal de la época es la más visible y a un tiempo la más clandestina, aquella de la que todos hablan pero que no es abordada sino con medias palabras y en voz baja, es decir la colonización demográfica que sufre Europa por parte de los pueblos magrebíes, africanos y asiáticos y se acompaña con una empresa de conquista del suelo europeo por parte del Islam. No es una curiosidad política, es un advenimiento histórico clamoroso, sin precedente alguno en la historia europea por mucho que queramos alargar la memoria. Se trata ante todo de tomar acto, de desvelar a las conciencias este hecho capital. No para admitirlo ni para mejor "convivir", sino para rechazarlo y abrir el debate sobre la manera de combatirlo e invertir su marcha (…) Es urgente. La casa está en llamas. No se trata de hacer folklore, ni de insultar, ni de profundizar en delirios odiosos, ni de un racismo de portería. Se trata de afirmar. De afirmarse con rigor y con determinación y defender el derecho imprescindible de los europeos a continuar siendo ellos mismos, un derecho que se les niega mientras le es reconocido a todos los otros pueblos del mundo… El tiempo de las prudencias metapolíticas ha terminado". Y el autor concluye: "En este libro preconizo la guerra civil étnica y apelo a la Reconquista".

Podemos continuar. El libro contiene gran cantidad de datos, anécdotas, análisis, refutaciones, puntos que desenmascaran la censura de desinformación del Sistema sobre el tema, que denuncian la gravedad calamitosa de las consecuencias socio-politicas y socio-económicas que se anuncian, poniendo en vereda las ilusiones de controlar el fenómeno y las "ilusiones" prefabricadas sobre las cuales debate la "política politicante".

Contiene también numerosas provocaciones, fecundas y desalentadoras también respecto a ideas o temas dados por descontado entre los opositores al mundialismo. Leemos, por ejemplo, respecto a los pueblos del Tercer Mundo: "No somos nosotros quienes han "destruido sus culturas", como pretenden los defensores –en el fondo rousseanianos y adeptos del mito del buen salvaje– del etnopluralismo, ya sean de derecha o de izquierda. ¿Después del paso de los europeos, las culturas árabe, índia, china, africana, etc., se han cancelado y desaparecido? Para nada. En realidad han quedado mucho más vivas y mucho menos occidentalizadas y americanizadas que las pobres culturas europeas". O aun más: "En general, el pauperismo de muchos países del sur del mundo no es la consecuencia del colonialismo o del neocolonialismo, sino de la incapacidad de hacerse cargo de sí mismos, aun cuando posean inmensos recursos naturales. También yo he pensado que el colonialismo europeo era cínicamente responsable, por gusto del beneficio, del pauperismo del Tercer Mundo. Es una visión intelectual que abandoné hace tiempo".

Otra tendencia de un cierto fenomeno en Italia, de la cual el libro hace sumariamente justicia, es aquella que Faye había liquidado junto a la Nueva Derecha de los inicios de los años ochenta, pero que ahora resurgía a caballo de su involución neotradicionalista. Hablamos de la tendencia a afirmar la existencia de una Tradición fundamentalmente unitaria, metacultural y metarracial por cuanto metafísica, de la cual Europa habría participado en el pasado, "paritariamente" (según el Evola de postguerra), o "parasitándola" del Oriente (como dice Guénon), y cuyos vestigios sobrevivieron eventualmente en otro lugar. Es obvio que el "antimodernismo" de tales corrientes no es en absoluto suficiente para fundar teóricamente una praxis política y metapolítica de oposición a la globalización. En conjunto, no representan sino una variante "invertida" del progresismo linealista, universalista y homologador del Sistema, en la común indiferencia a las tradiciones concretas y plurales y a la conservación y desarrollo de las identidades irreductibles de las cuales está compuesta la especie humana, indiferencia fundada sobre una supuesta "unidad trascendente de todas las religiones", así como de todas las razas y culturas (que representarían, a lo sumo, grados diversos en una jerarquía de valores comunes, o de decadencia irresistible).

Aún más. Faye es muy claro en reivindicar los límites de la tolerancia "politeísta" al Otro-en-sí, límites por lo demás bien presentes también en la reacción de la romanidad más conservadora y menos decadente, de Nerón a Celso y Juliano, contra la intolerancia y el sectarismo de importación medio-oriental que habia llegado para pervertir la identidad etno-cultural del Imperio. Sobre un plano más político, otro tema subyacente a todo el texto contenido en "La colonización de Europa" es la implícita visión identitaria que hace forzosamente diferentes las naturalezas de los movimientos migratorios internos, intraeuropeos, y la colonización por parte de las poblaciones foráneas.

Es este un aspecto que merece ser resaltado en nuestro país (Italia), donde los obispos predican la inmigración de asistentas y trabajadores filipinos, "bravos católicos", y donde todo transexual mulato brasileño encuentra trabajo rápidamente en las calles tras desembarcar con un visado de turista en cualquier aeropuerto nacional, mientras las raras "exhibiciones de fuerza" del régimen son reservadas a croatas, albaneses, búlgaros, yugoslavos, rechazados de cuando en cuando al mar con sus mujeres e hijos, concentrados a la Pinochet en los estadios por orden del ministro del interior, ¡mientras su gobierno discute la admisión en la Unión Europea de Israel y Turquía!

Los mismos procesos lingüísticos en uso tampoco son inocentes. La imposición por parte de los "media" y del lenguaje burocrático del término "extracomunitario" (término nunca aplicado a los suizos o americanos, y que en sustancia significa "de color") es absolutamente elocuente de la tentativa de acreditar una pretensión común de pertenencia económico-comunitaria y promover una "solidaridad" implícita, pongamos por caso, con un jamaicano de ciudadanía británica o con un nacional de religión judaica, en contraposición a la pretendida "extrañeidad" nacional de un húngaro o de un croata. También esto sirve para negar y dividir la identidad europea, facilitando su fagotización. Por lo demás, el libro de Faye es sobre todo una invitación a la reflexión, a la toma de posiciones y al debate. "Las tesis que sostengo no son dogmas. Llevar el debate hasta las cosas esenciales, electrizar las consciencias, éste es mi único objetivo. Soy un provocador. Informaos sobre la etimología latina de este término".

Por ello recojo la invitación del autor continuando un diálogo personal y a distancia que dura ya, al menos, veinte años, tomando posiciones sobre algunas de las cuestiones por él levantadas.

Un punto sobre el cual Faye, yo, y lo que resta de la Nueva Derecha estamos absolutamente de acuerdo es en la crítica y el rechazo del asimilacionismo, o del denominado "racismo integracionista". La procedencia francesa de la más fuerte denuncia de esta tendencia, sea en sus formas explícitas y conscientes como en sus formas latentes, es más que significativa. Francia es, en efecto (aunque en medida menor que los Estados Unidos) la patria de elección de la ideología integracionista más dura. Ideología abstracta, irrealista, que prolonga el monoteísmo político del jacobinismo y encuentra su mismo origen en la Francia de los Cuarenta Reyes, de la Revolución y del rechazo al modelo imperial, a favor tanto de la negación tanto de las realidades políticas, étnicas y culturales supraordenadas, como de las mismas nacionalidades diversas alojadas en el "Hexágono" francés, reprimidas y canceladas durante ochocientos años con una dureza y sobre todo con una tenacidad que ha tenido pocos iguales en Europa.

Tal tendencia se refleja inmutable en la política y la cultura colonial francesa, aunque otros colonialismos no han sido inmunes. Pero el italiano o el alemán, por ejemplo, estaban poseídos por la idea de expansión imperial, y el anglosajón era en el fondo la expresión de un instrumento mercantilista de una clase de aventureros que marchaban de sus comunidades locales para recrear caricaturas periféricas e impermeables de la sociedad inglesa en la jungla de Borneo o en la sabana africana. Francia, sin embargo, devino el escenario de los prefectos, de los burócratas y de los gendarmes encargados de la administración de los territorios y dominios de ultramar según el modelo centralista del Estado-nación, con su séquito de instructores que enseñaban a los pequeños senegaleses a repetir en coro: "Nuestros antepasados, los galos, eran altos y rubios" ("Ils étaient grands, ils étaient blonds, nos ancétres, les Gaulois"), y a apreciar las virtudes republicanas.

Esta tendencia, más difusa en su versión "humanitaria", "misionera" y "redentora", habita todavía profundamente, en su versión "dura", también en el espíritu de cierta derecha francesa, especialmente gaullista (por ejemplo, Charles Pascua o Alain Griotteray), gracias a una claramosa afirmación del principio sacrosanto según el cual un pueblo no es (sólo) una raza, sino sobre todo un proyecto común al que cualquiera -- independientemente de su origen étnico -- puede unirse. El "asimilacionismo forzado" no es tampoco extraño a ciertos ambientes italianos que se declaran de algún modo antiimigracionistas o, como mínimo, favorables a un control de la inmigración, particularmente a algunos componentes del ambiente legista.

La variante práctica y menos intelectualmente pulida de esta inclinación corresponde, por lo demás, a las versiones pequeño-burguesas y "de derechas" de la nostalgia de "un" proletariado, sea cual sea, del cual se siente evidentemente su ausencia. ¿Cuántas veces hemos oído decir: "El huésped debe respetar las reglas de la casa", o "No tengo nada contra los inmigrantes, siempre que respeten las leyes / hablen nuestra lengua / hagan un trabajo honesto / se comporten como los demás / no sean molestos / hagan la comunión todos los domingos / se vistan como nosotros / se comporten como "personas civilizadas", con segundas intenciones más o menos alucinatorias sobre la posibilidad, mejor dicho el derecho, de convertir al inmigrante extra-europeo en alguien "como nosotros", pero deseablemente más gentil y amable, dispuesto a trabajar en el mercado negro, a bajo coste y a tiempo indefinido, a prestarse para realizar "los trabajos que los europeos ya no quieren hacer"?

Al contrario, la realidad nos dice que el asimilacionismo solo puede funcionar al límite únicamente con minorías demográficamente insignificantes y étnicamente próximas. Pero en el resto de los casos no es sino una vía acelerada hacia el mestizaje cultural, también para los "asimiladores", y a la perdida brutal de la identidad de los inmigrados, de sus pertenencias y reglas comunitarias y, necesariamente, hacia una militarización creciente de la sociedad, ya que la integración forzada, cuando no es causa de una definitiva destrucción de la identidad de los ingredientes (de los alógenos y de los autóctonos), solamente puede ser mantenida por medio de una presión constante, sustancialmente policíaca.

Partiendo de los grupos espontáneos que se forman según el orígen en las aulas escolares hasta la composición del panorama urbano, los grupos etnoculturales tienden sin embargo a separarse como los componentes de una emulsión de agua y aceite, hasta el punto en que, cuando los "blancos" devienen ya irrelevantes, explota la rivalidad étnica, ahora con mayor intensidad, entre los etíopes y los egipcios, los nigerianos y los senegaleses, los cubanos y los puertorriqueños. Un famoso cómic de Lauzier muestra una mujer blanca de la periferia parisina, siendo entrevistada por un periodista de "Le Monde" sobre el racismo: "Ah, sí. Tenemos un grave problema en nuestro barrio con la intolerancia entre los bantúes y los mandingos… ¿Cómo dice? ¿Con los franceses?. No. Nadie nos hace caso, somos tan pocos…"

La misma particular crueldad de la guerra de Argelia refleja, por lo demás, la intolerancia y la incomprensión jacobina de los motivos por los cuales algunos "franceses" de ultramar pudieron, llegados a un cierto punto, tener ciertos motivos para rebelarse y traicionar a la "patria", puesto que la piel, la religión, usos, lengua y geografía no eran sino accidentes privados de peso en la visión idealista, abstracta y burocrática de la patria del gobierno francés de la epoca.

Un equivalente contemporáneo de la ideología colonialista de modelo "francés" es la idea, ya no inaudita en Italia, ya no sólo en los ambientes legistas, sino ahora también presente entre el electorado de "Alleanza Nazionale" (10) y de los partidos católicos del Polo, de acoplar un eventual y veleidoso "control" o "limitación" de la inmigración con la nacionalización forzada de los inmigrantes y de las poblaciones étnicamente extrañas que han adquirido ya la ciudadanía, a base de peticiones populares contra la edificación de mezquitas, del monolingüismo obligatorio o de la prohibición del uso del chador (hasta el punto de poner en cuestión la tolerancia de siempre hacia las monjas católicas). Actitudes que reproducen exactamente tanto la represión centralista tradicional contra las minorías autóctonas –especialmente en Francia (como bien saben corsos, vascos, bretones, normandos, occitanos…), pero también en nuestro propio país (caso del Tirol Sur)– como el tipo de ideología "colonialista" antes descrita, que en este caso sería aplicada a una especie de "re-colonización" puramente ideológica, prescindiendo del elemento etnodemográfico… del propio territorio nacional, y/o de la "mano de obra" cuya importación ha sido ya diseñada.

Así, al contrario que en la perspectiva "imperial" diferencialista, italo-alemana", en la perspectiva del "racismo asimilacionista" francés, la hibridación y el mestizaje no son solamente irrelevantes, sino incluso fenómenos positivos en cuanto conducen, en tal visión, a la "absorción" y a la "conversión", ayer del "colonizado", hoy del inmigrante, hasta transformarles en "ciudadanos" de la "república". Ahora bien, es fácil notar que tal punto de vista no es sino la versión "nacional", "politizada" y autoritaria de la globalización y homogeneización planetaria impuestas por el Sistema, tal y como la revolución francesa y Rousseau fueron las versiones locales de la revolución americana y de Locke, respectivamente.

Esta actitud es ciertamente "racista", en cuanto toma en cuenta la identidad cultural y étnica del Otro para abolirla e integrarla en un modelo propio, pero no tiene nada que ver con el pensamiento identitario europeo (ni africano, japonés, etc.). La demostración de la absoluta confusión mental que reina al respecto es la dada por las definiciones en términos de "limpieza étnica", con referencias más o menos explícitas al nacionalsocialismo (!) de la supuesta política de violaciones en masa desarrollada en Yugoslavia, cuyo resultado en términos procreativos, obviamente, no podía sino ser diametralmente opuesto a cualquier objetivo de defensa o "purificación" de la identidad étnica de los violadores. Aquí, ahora, nos encontramos entre grupos que, entre fuertes rivalidades históricas, y por ello entre una inevitable acentuación polémica de las diferencias existentes, viviendo en la misma región durante siglos, y presentando durante siglos un fuerte cruce de componentes políticas, lingüísticas, genéticas, religiosas, etcétera, que no tiene nada que ver con la hipotética convivencia, viviendo en los mismos barrios y en los mismos edificios comunales, con poblaciones provenientes de todos los posibles extremos del espectro ofrecido por la especie humana y por la geografía.

Así, el asimilacionismo "de derechas" aún piensa en celebrar sus propios complejos de superioridad en el intento de forzar a los inmigrantes (que creen poder importar "por encargo", según las necesidades coyunturales del momento) a convertirse en… caricaturas de los europeos, con la idea de tener una propia reserva de esclavos a su pronta disposición; exactamente como el asimilacionismo católico-comunista (11), en el fondo, contempla con buenos ojos la inmigración en su idea de convertir a los extraeuropeos a la democracia, al humanitarismo y a las religiones locales, con la idea de tener a su disposición una buena masa de desarrapados que puedan cambiar la vacilante fortuna de sus estructuras militantes.

Es casi inútil revelar cómo, en el mejor de los términos, los resultados son contrarios a los esperados por los mismos aprendices de brujo, puesto que el intento de asimilación forzada de importantes flujos migratorios fuertemente heterogéneos genera en realidad, aun más que la política "multicomunitarista" de la sociedad a manchas de leopardo sobre la cual hablaremos, costes sociales (y también, al final, costes económicos) espantosos, odios y enfrentamientos raciales, así como sociedades depauperadas, policíacas, asustadizas, híbridas, perdidas, confusas, violentas, en las cuales no tienen un gran peso los intereses de la burguesía blanca ni los valores "biempensantes", y en las cuales la política se transforma en una cuestión de simple pertenencia de tipo tribal.

La explosiva situación francesa de nuestros días reproduce por lo demás, "mutatis mutandis", el profundo cambio verificado en los últimos veinte años en el país que hizo del "melting pot" su mismo mito de fundación: los Estados Unidos de América, en donde las mismas "minorías", o menor los componentes étnicos menos favorecidos, tienden a re-ghettizarse, recreando comunidades homogéneas en difícil convivencia o en abierto conflicto con sus vecinos, dotadas con una vida social propia, civil y religiosa, con una propia economía local más o menos en los límites de la legalidad y la ilegalidad, con sus propios líderes, etc.; y en las cuales la "integración" tiende, cuando no al nivel del mero discurso teórico, a refugiarse en las provincias declaradas como "zona franca" y en las instituciones comunes, como las fuerzas armadas, los "show-business", el deporte profesional, etc., antes que permear la vida cotidiana de las masas de población.

Con algunas significativas diferencias, que Faye es el primero en recordar. Primera entre todas: que los Estados Unidos, a diferencia de los países europeos, se han dado forma a sí mismos a partir del rechazo colectivo de la identidad y de las pertenencias orgánicas (también aunque, como se ha dicho, reemergen constantemente), rechazo que constituye la misma razón de ser de un país que goza de recursos y espacios inmensos no sólo en sentido geográfico, espacios donde poder difuminar las comunidades étnicas, religiosas, etc., y donde pueden permitirse, al menos fuera de los grandes conglomerados urbanos, unas condiciones de relativa segregación; un país donde la naturaleza compuesta de su base social ya conoce una inmigración, legal o clandestina, fuertemente limitada y organizada sobre la base de un sistema de cuotas, y no una invasión salvaje de desesperados alógenos; un país, en fin, cuyo poder de "reducción" y de "control" de la identidad por parte del Sistema es el más eficaz del mundo, gracias en parte a los enormes medios que dispone el poder local, y gracias también a su dominio sobre el resto del mundo.

Por no mencionar el hecho de que la sociedad americana es mucho más brutal y pragmática (cosa por cierto normal para una sociedad de "pioneros", o cuando menos de sus herederos) frente a todo cuanto nos gusta pensar, o sea tolerar, en Europa. Con un sistema judicial ciertamente en mucho sentidos más "garantista" que el nuestro, el ciudadano americano convive perfectamente no tanto con una pena de muerte rara y tardíamente aplicada sobre todo por costosa (los gastos por los procedimientos relativos se cuantifican en varias decenas de miles de dólares por cada ejecución), sino mucho más concretamente con una población carcelaria en proporción diez veces superior a la italiana o la francesa, con un derecho penal basado en penas elevadísimas, y con métodos de control social –dada la inexistencia de una previsión digna de este nombre en lo relativo al comportamiento práctico sobre el territorio de los "vrai law enforcement officers"– cuando menos sospechosos para nuestros actuales "standards".

Igualmente es digna de mención la crítica radical de Guillaume Faye a las posiciones respecto a los problemas consecuentes de la colonización de Europa por la Nueva Derecha actual, cuyos exponentes, hoy, como alternativa a la entropía socio-cultural y a la desnaturalización de la civilización europea, proponen el fantasioso escenario de una sociedad multiétnica y comunidades diferenciadas, cada una de ellas enraizada en la propia identidad específica, ¡sobre… territorio europeo!

Así, la revista "Eléments" (n. 91, 1998) publicó un dossier titulado "El desafío multicultural", con una mujer magrebí velada en la portada gritando con megáfono frente a la sede de la CRS (policía francesa) en claro disturbio de orden público. Tal "dossier" está perfectamente citado en "La colonización de Europa", en donde las críticas van dirigidas sobre todo al título, pero no sólo.

Ya la palabra "desafío" dice el autor, sugiere que la inmigración en masa, la colonización demográfica que sufrimos, sea un desafío a aceptar, un dato al cual hacer frente para adaptarse. "Esto es fatalismo y etnomasoquismo. Es más, ¿por qué decir "multicultural" cuando el problema es multirracial y multiétnico? ¿Por qué cancelar esta dimensión antropo-biológica y religiosa de la inmigración, cuando nos encontramos frente al arribo masivo de poblaciones radicalmente alógenas y de un monoteísmo teocrático, el Islam, y no frente a la aportación "arriesgada" de "nuevas culturas", como infelizmente sugiere "Eléments"?

Esta actitud conduce objetivamente a travestir la realidad volviéndola neutra, "simpática", aceptable, a hacer pasar una colonización agresiva por una presencia pacífica y fraterna de "otras culturas". Se llega así a la afirmación del discurso de la izquierda y del episcopado francés: la inmigración sería una riqueza (cultural, etc.) para Europa. "Encuentro un pecado que los intelectuales de la Nueva Derecha actual hayan caído en semejante trampa. Como si el multiculturalismo no fuese ya una riqueza europea autóctona, como si tuviésemos necesidad imperiosa de afromagrebíes y musulmanes… para enriquecer nuestro natural pluralismo de identidades entre los europeos"

Según el editorial del número en cuestión de la revista, "como todo fenómeno postmoderno, el multiculturalismo… busca conciliar la memoria y el proyecto, la tradición y la novedad, lo local y lo global; representa una tentativa de sustraerse a la homogeneización institucional y humana" realizada por el Estado represivo y terapéutico. El multiculturalismo y el "comunitarismo" (en el sentido de promoción de la constitución y mantenimiento de comunidades diferenciadas por razones de pertenencia) podrían así "facilitar la comunicación dialogadora y por ello mismo fecunda entre grupos claramente situados los unos respecto de los otros", y ofrecerían "la posibilidad, para aquellos que lo auspician, de no deber pagar su integración social con el olvido de sus raíces". Ahora bien, se pregunta Faye: ¿pero porqué deben afirmar sus raíces aquí, entre nosotros?

Ante un relieve tan obvio, reforzado por la fácil constatación de que ningún país europeo, incluyendo a aquellos con fuerte emigración, sueña con consentir a otros pueblos, constituidos como tales, intentar nada semejante sobre el propio territorio, podemos añadir que tal visión, por mucho que pueda aparentar ser "moderna", "realista", "constructiva", "sin prejuicios", resulta en realidad fatalista, conservadora y, sobre todo, perfectamente irreal. A toda inmigración corresponde necesariamente una emigración, que empobrece, destruye y altera los equilibrios naturales y las tradiciones de la cultura de procedencia, tanto en el país abandonado como obviamente aun más en la población que se transfiere. Con toda la simpatía por los esfuerzos de los emigrantes italianos para conservar una identidad en los países de acogida, no creemos que nadie pueda probar nostalgia por los países vaciados y abandonados a los viejos, los criminales, los parásitos, o por las parodias de "sociedad italiana" recreadas en las varias "Little Italy" que viven entre la tentación de integrarse y la tenaz conservación de hábitos privados de un significado que no sea puramente folklórico.

Por no hablar de la estaticidad de una tal visión, que no toma en cuenta los flujos aun en acto y su potencial capacidad de expulsar de su territorio a las poblaciones autóctonas, desde el punto de vista físico, demográfico y político. Faye cita a este propósito el ejemplo de Kosovo, cuna de la nacionalidad serbia y convertido objetivamente en albanés a pesar de los esfuerzos del régimen de Belgrado; pero tal ejemplo no nos parece apropiado, pues se trata de fenómenos que permanecen en un lugar en cierto modo superficial, puramente político o, a lo más, lingüístico. Un ejemplo más adecuado de aquello que la "sociedad multicultural" puede aportar a Europa sea quizás el aportado por la "enriquecedora" inmigración extra-americana a los nativos de América del Norte. ¿Acaso los amerindios no gozan de una sociedad "multicultural"? Sí, pero solamente si por tal definición entendemos la supervivencia de cuatro alcohólicos fumando el calumet para gozo de los turistas de la reserva, cuyos hijos hablan exclusivamente inglés en un 95% y expresan su propia identidad mediante el deseo de ingresar, en la escuela, en una banda de pandilleros puertorriqueños o chinos. Esta perspectiva, que según "Eléments" conciliaría "la memoria y el proyecto", no ofrece ningún espacio ni a la primera ni al segundo.

Ciertamente, es más "trendy", y también demagógico (al menos entre los mismos inmigrantes y los intelectuales de la "political correctness"), "tomar nota" del pretendido carácter "irreversible" de la repoblación ya en marcha, y hasta del fenómeno migratorio todavía en curso, y estudiar "soluciones" a partir de este dato.

La solución propuesta por la Nueva Derecha es por otra parte, en sus últimas consecuencias, exactamente aquella antes combatida bajo los nombres de Sistema, americanización, mundialismo o globalización. El desarraigo territorial, la proletarización, el despedazamiento de todos los lazos comunitarios e identitarios en los aspectos que cuentan verdaderamente (el Estado-nación, el pueblo, la región) encuentra una compensación puramente virtual, consoladora y consumista a nivel de parroquias, "reservas", escuelas para extranjeros, ghettos para emigrantes de similar procedencia, etc. Todo esto no es ni siquiera el modelo americano, donde existen comunes valores federales, como no sea en negativo; es más bien el modelo del apartheid, del "desarrollo separado de las culturas" de la memoria sudafricana, que no resultó demasiado bien para ninguna de las culturas implicadas, salvo quizás para los intereses de los círculos especuladores anglo-hebreos; es el modelo que de seguro no goza de ninguna buena prensa en Europa y en el Tercer Mundo, si ésta fuese nuestra preocupación principal.

No se puede eludir esta realidad haciendo poesía. Leemos nuevamente en "Eléments": "En los últimos treinta años, el mundo ha entrado en una nueva era marcada por la diseminación y la reticulación: las pirámides ceden el puesto a los laberintos, las estructuras a las redes, lo vertical a lo horizontal, los territorios a los flujos". La inmigración no sería sino un fenómeno postmoderno, parte de un proceso mundial, aceptable e ineludible, al cual sería ilusorio y reaccionario oponerse. Pero, sorprende que los autores del dossier eludan que tales ideas resultan impregnadas de determinismo y de un fatalismo en verdad sorprendente en un movimiento intelectual fundado en torno al rechazo de las visiones lineales, deterministas, providencialistas o progresistas, de la historia.

Como apunta Faye, esta visión traduce por lo demás una falta de perspectiva geográfica e histórica (el fenómeno en cuestión, a diferencia de la "globalización", contra la cual sin embargo se continúa combatiendo, no afecta a una escala global; y la experiencia del pasado es rica en ejemplos de intensos cambios que han conducido a la destrucción de la identidad y del tejido social de los protagonistas relativos). Ahora bien, por "anticolonialismo", este aspecto caleidoscópico, esta naturaleza reticular del mundo contemporáneo, parece atribuir un derecho de repartición y colonización del territorio y de la sociedad exclusivamente a las poblaciones extraeuropeas empujadas a transferirse entre nosotros, lo cual cuando menos es difícil de justificar. En fin, después de tanto hablar de "comunidad y sociedad", este discurso comporta la renuncia a ver realizada en Europa y en los singulares países que la componen una verdadera estructura comunitaria y orgánica, en favor, mas bien, de la implantación sobre nuestro territorio de una "sociedad multirracial de comunidades" más o menos utópicamente confederadas por un contrato social basado sobre puros intereses comunes.

Este género de tesis nace en realidad de dos errores. La primera, una deriva y un equívoco de fondo de carácter ideológico. "Se comienza", comenta Faye, "por defender con justo derecho una concepción politeísta de la sociedad contra el universalismo asimilador, el centralismo jacobino, el republicanismo igualitario que niega la comunidad orgánica y las diferencias en beneficio de un individuo abstracto, simple consumidor desarraigado y "ciudadano" desencarnado. Esta visión se opone al modelo americano (y francés) de Estado, cuyo "crisol" pretende homogeneizar los pueblos en una masa nacional eventualmente animada por un patriotismo abstracto, y en la práctica por valores cosmopolitas". Esta visión, sin embargo, intentaba en sus inicios una defensa de la identidad de los pueblos europeos contra el centralismo de los estados-nación primero, y contra el universalismo mesiánico y tecnocrático del Sistema después, que intentan eliminar las diferencias y las pertenencias; es una visión, sí, "plural", pero étnica y arraigada. Más tarde se desvía: el principio del etnopluralismo es exagerado, pervertido. Se olvida la noción de proximidad étnica. Se ponen en un mismo plano las sacrosantas reivindicaciones autonomistas de los bretones, los tiroleses, los escoceses, los vascos, los corsos o… los italianos del norte –reivindicaciones centradas en gran parte sobre el mantenimiento del control económico y estructural del propio territorio contra la amenaza de colonización– y la creación, nada más y nada menos, de espacios de contrapoder de comunidades inmigrantes instaladas sobre nuestro territorio.

Llegamos así al punto en donde Charles Champetier, siempre en "Eléments", llega a escribir: "En una sociedad pluriétnica, las culturas no deben ser solamente toleradas en la esfera privada, sino reconocidas en la esfera pública, en particular bajo la forma de "derechos colectivos" específicos de las minorías." Buen cuadro, en verdad. Si la difusión de tales tesis se extendiese improbablemente tanto a los ambientes de la inmigración como a nosotros los europeos de origen, una vez convertidos en minoría podremos (quizás) continuar regulando nuestros asuntos internos. Eso o simplemente extinguirnos, después de haber debidamente colaborado, con nuestro ejemplo de borregos, a la occidentalización y al suicidio cultural de los mismos inmigrantes. Y no esperemos que la tolerancia, o incluso la promoción, del poder de la comunidad inmigrante sobre sus propios miembros tenga efectos limitados sobre los desvíos criminales de éstos últimos. Las experiencias históricas de "política de ghetto" demuestran que tales expectativas son completamente utópicas.

Igualmente, el reclamo hecho a propósito por la actual Nueva Derecha al modelo imperial, al politeísmo político y al "derecho a la diferencia" un poco incoherente. Se trata, muy al contrario, de rechazar con la inmigración la reducción forzada de las diferencias y de las pertenencias arraigadas y plurales, impuesta por un monoteísmo práctico (el universalismo de los Derechos Humanos y del indiferentismo trámite de la folklorización, que en parte camina también con las piernas de los monoteísmos religiosos, en particular de variante islámica), desnaturalización niveladora que representa exactamente la negación de tal "politeísmo".

Particularmente mal elegido resulta en particular el ejemplo del Imperio romano, cuando precisamente la Nueva Derecha ha subrayado tantas veces las consecuencias de su trágica inclinación, a pesar de los ocasionales sobresaltos de conciencia, al considerar superficialmente al dios judeocristiano "un dios como tantos otros" y al concederle apresuradamente la ciudadanía.

Una segunda componente, casi más psicológica que ideológica, de este tipo de posiciones es la desesperada convicción de que la presencia de comunidades organizadas, tradicionalistas y antioccidentalistas sobre nuestros territorios limita el mestizaje (una especie de "confianza en el racismo de los otros") y pueda por ello inducir a los europeos a redescubrir, por contraste y por imitación a un mismo tiempo, la propia identidad.

Tal convicción no tiene ningún fundamento real. Ante todo, una componente significativa de la inmigración mira decidida y espontáneamente hacia la integración, y los matrimonios mixtos, por lo demás de media poco estables, se intensifican inevitablemente, así como se pervierten las lenguas y se alteran las costumbres. El mismo improponible sistema indio de las castas, trágica tentativa de una ínfima minoría conquistadora de no ser reabsorbida por las poblaciones conquistadas, muestra el inevitable fracaso de las políticas de este género; pero además, aquí no estamos frente a una comunidad estable, sino ante un aluvión migratorio incontrolado, aun en acto heterogéneo incluso desde su propio interior y poseedor de una dinámica demográfica superior a la de las poblaciones autóctonas.

En cierto modo, esta posición se asemeja a la postura puramente defensiva del extremismo "blanco" y boer sudafricano, que al final del régimen no apoyó sin embargo al gobierno "nacional", alegando: estamos aquí desde ocho o diez generaciones, somos una minoría; ¿en qué somos diferentes de los zulúes? Hagamos como ellos y transformémonos en una tribu celosa y custodia de los propios intereses colectivos, en competición con las otras tribus, en lugar de hacernos cargo de todos los "problemas" y del gobierno de la sociedad. Un nivel de replegamiento que, en la Europa contemporánea, parece todavía francamente excesivo.

Por lo demás, los inmigrantes que rechazan la asimilación suelen ser radicalmente antieuropeos –y por ello reclaman polémica y propagandísticamente temas identitarios con fines de su propia afirmación como grupo en nuestra sociedad, sea de forma política, intelectual, mafiosa o pandillera de barrio– sin necesidad de ser por ello antioccidentales en sus comportamientos y en sus valores prácticos.

La cosa está más que demostrada por los poquísimos deseos que muestran de retornar a sus lugares de origen –cuyos estilos de vida y cuyas reglas, especialmente para las mujeres, los jóvenes y los intelectuales, les resultarían ya inaceptables– también una vez que eventualmente han "hecho fortuna", y es por ello que cesa la ayuda del "hambre" cantada por los inmigracionistas. La reivindicación de cuotas de reserva, reclamada a la administración pública especialmente por los musulmanes, no se acompaña sin embargo sino muy raramente por la aspiración de retornar a unos países donde la libertad de palabra es desconocida, el consumo de alcohol está prohibido, el clítoris es considerado un inútil ornamento del cual es preciso librarse, y el robo está castigado con la amputación al término de los procesos sumarios.

Además, el "hambre" en sentido literal es un factor del todo secundario en la nueva trata de esclavos suscitada por el sistema, como demuestra el hecho de que la inmigración procedente de los países cuyas condiciones de vida son objetivamente peores es más modesta respecto a aquellos relativamente acomodados, en donde el modelo consumista puede cómodamente agitarse bajo la nariz de las masas, y donde sin embargo pueden generarse más fácilmente conflictos sociales y culturales entre las rutilantes imágenes difundidas por los televisores vía satélite y una realidad local no sólo más austera, sino también bajo el fuerte control social de los modos de vida tradicionales.

Una variante aun más implícita, o quizás más inconsciente, de estas convicciones "multiculturalistas" es la tácita esperanza de que, en la instauración del caos étnico-religioso, en el fallecimiento del orden social, en la atribución de derechos colectivos a las "tribus" que compondrán la sociedad europea, podría existir una posibilidad para las minorías "incorrectas", por ejemplo antiigualitarias y "fascistas", de ser "dejadas en paz" o incluso autorizadas, en el cuadro del caleidoscópico "patchwork" multicultural, a autoconstituirse o autorregularse en alguna medida como "comunidad" a la par con las otras, e idealmente con la oportunidad de devenir en polo de atracción y/o encarnación residual de la "tribu europea".

Esta idea, naturalmente, representa la renuncia a todo sueño de "Grosse Politik" y la aceptación del modelo, no por casualidad estadounidense, de los amish, o de los mormones hasta los años cincuenta, contentos de vivir recluidos en un ambiente delimitado donde pueden de algún modo poner en práctica sus ideas –pero en este caso sin ninguna Utah deshabitada a donde emigrar para escapar a las "contaminaciones". Y en efecto, en la mejor (y más improbable) de las hipótesis, la realización de esta esperanza conduce derecha al "sueño americano", donde todo puede ser dicho y donde… nada de lo que se dice tiene la menor importancia, excepto para tu pequeño grupo de "desplazados".

Naturalmente, todos estos discursos, en nuestro continente, no son otra cosa que fantapolítica propia de un cómic. No solamente faltan los espacios y la "cultura" para implementar un modelo de este género, sino que en los mismos ambientes de la inmigración, más allá de reclamos identitarios que en Europa aparecen como puramente demagógicos y "cortijeros", son completamente recuperados e integrados a la ideología dominante. La eventual mala fe con la cual sacrifican cada día ante el altar de los Derechos Humanos, del poder de las organizaciones internacionales como la ONU, del ecumenismo religioso (naturalmente sólo entre religiones "del Libro"), no tiene la más mínima importancia, puesto que otra "mala fe" puede ser también hipotetizada en los centros del poder mundialista, sin que esto cambie mínimamente los valores que hoy informan nuestra sociedad. La intolerancia hacia los valores realmente alternativos crece, nunca disminuye, con la instauración del caos étnico en nuestra sociedad, en donde la "political correctness" termina así por ser el único criterio de ciudadanía.

Cuando veamos por vez primera a un exponente de la inmigración alzar la voz en defensa de un detenido político europeo antioccidental, o a favor de las minorías étnicas autóctonas del país huésped, nos replantearemos nuestras dudas.

Pero hay más. Como apunta Faye, el "asimilacionismo forzado" es hoy en día un blanco polémico antes que una praxis real y coherente de los gobiernos europeos, que permanecen en realidad, en su sustancial inmigracionismo, presos y en poder de un comportamiento esquizofrénico entre la asimilación y el "etnopluralismo" propuesto como la gran alternativa a la primera. Tras una campaña contra la ablación femenina (hipócrita, cuando la circuncisión neonatal masculina judía es en nuestros países un dato adquirido que nadie osa poner en discusión…) y una protesta "verde" contra las matanzas de corderos en cualquier festividad musulmana, siempre son cada vez más numerosas las voces favorables a la adopción de sistemas de cuotas y de "affirmative action", financiación de las actividades culturales y religiosas de los grupos alógenos, etc., medidas todas típicamente comunitaristas (si, por decreto, las razas y las religiones "no existen", no tienen importancia, obviamente no tendría sentido atribuirles porcentajes y puestos).

Escribe Faye: "Ser corso, alsaciano, vasco, flamenco o bretón ya es tener pocas posibilidades de obtener subvenciones para una asociación cultural, una escuela donde enseñar la propia lengua y cultura, iniciativas que enriquecen el patrimonio étnico europeo; pero ser chino, cingalés, nigeriano y –sobre todo– árabe-musulmán es tener siempre atenta a la administración ante todas las solicitudes de financiación, tanto en París como en Bruselas. En París, las fiestas rituales asiáticas y los diarios "comunitaristas" son en parte costeados por la administración pública. La asociación de los Arvernos de París (12), como otras de vascos o bretones, por su parte, sólo pueden contar con sus propios recursos. El señor Tiberi, que sin duda olvida ser corso antes que gaullista o ciudadano del mundo, se niega a conceder ayudas a las asociaciones de enseñanza de la lengua corsa. Sería subversivo, ¿capite bene…? En compensación, los centros de enseñanza del árabe han recibido en 1998 la suma de 123 millones de francos, con el fin de poder dispensar gratuitamente sus propios servicios. En París, aprender el árabe o el chino es gratis. Aprender el holandés, el italiano o el bretón cuesta dinero".

¡Y así también en Londres, Milán, Madrid o Viena! La tolerancia que es la oportunidad concretamente ofrecida a los inmigrantes para practicar un contrapoder territorial real, con suspensión del ordenamiento jurídico ordinario, y la creación de espacios donde es tolerada la violación de casi cualquier norma, desde la ablación y la bigamia hasta el ejercicio de la actividad comercial; constituye un ulterior ejemplo de discriminación antieuropea, frente a la obsesión del control de todo detalle mínimo de la vida social que aun denotan las políticas nacionales y de la CEE, más allá de la retórica de la desregularización, y que continúa ejerciéndose con mano dura sobre las poblaciones autóctonas y sobre territorios aún no bajo dominio extrauropeo.

Las ideas de "gobernar la transformación", de "colocarse a la cabeza de los procesos para mejor guiarlos", de "afrontar virilmente la realidad", de cortar gordianamente los nudos de cualquier dilema en una síntesis superior, son perfectamente legítimos en muchos casos.

Pero al así obrar, uno corre el riesgo de aceptar los falsos alivios de la desmovilización, y de tomar posiciones históricas perdidas y de hecho conservadoras. Desde el dirigente belga resignado a convivir con Hitler "por mil años" relatado por Degrelle, a los ambientes diplomáticos alemanes convencidos de que el comunismo y la partición de Alemania eran "realidades que siempre habría que tener en cuenta", a los nacionalistas irlandeses que acusaban a Michael Collins de "aventurero irresponsable", muchos, después de haber ridiculizado o criminalizado como "utópicos" a los propios políticos rivales, se encontraron a la vuelta ridiculizados por la historia, sea en la esperanza de "convivir" con la realidad de su época y "controlarla", sea en la miope convicción de que tal realidad era el reflejo de datos de naturaleza eterna.

Ahora bien, "La colonización de Europa" es bien clara al afirmar que, una vez que se rechaza el inmigracionismo salvaje, etnomasoquista y suicida de los circulos más ligados a la ideología y a los intereses del Sistema, la alternativa no está entre el "control" y la "integración forzada" de la inmigración por un lado y la sociedad neotribal por el otro. La alternativa está entre la rendición a este proceso o la autodefensa étnica integral. Autodefensa que se sustenta en todas aquellas medidas y reacciones inmunitarias que la combatan en todas las zonas del mundo eventualmente amenazadas de repoblación y de colonización demográfica y cultural del propio espacio histórico y geográfico.

Esta "utopía" es todavía la realidad cotidiana del Japón, el cual, a pesar de una derrota, una ocupación militar y un pesadísimo condicionamiento político, vemos aun acompañado por un (puro contraste) proceso de occidentalización de los valores y una admirable capacidad de mantener y desarrollar la propia homogeneidad racial, la propia dinámica demográfica, la propia identidad lingüística y modelos socio-económicos originales. Ejemplos similares pueden citarse de la praxis y la mentalidad, obviamente más contrastada, de los países islámicos antioccidentales, de las dos Chinas, de las dos Coreas, de la India y, en verdad, si incluimos el punto de vista jurídico, de la mayor parte de las naciones del mundo, comenzando por los Estados Unidos e Israel, que bien se guardan de hacer aceptaciones pasivas e indiferentes de los posibles flujos de emigrantes en amenaza de su composición étnica, lingüística y religiosa.

Es por lo demás "irreal" e imposible –si no en sentido lógico o físico, si en sentido humano y político– que la pequeña zona del planeta coincidente con una porción de la península euroasiática, con recursos naturales limitados y explotados al máximo durante siglos, contaminada, actualmente (a pesar del declive demográfico) relativamente superpoblada, con delicados equilibrios sociales, política y económicamente "fracturada" por la subordinación a mecanismos y centros de poder internacionales, pueda ser el receptáculo de masas de desocupados y prófugos, de colonia de criminales, de comunidades heterogéneas, de odre de esclavos rebeldes, por los demás destinados a urbanizarse súbitamente. El mismo improbable escenario en el cual "no sucede nada", y la evolución de la situación prosigue de modo lineal en la misma dirección sin crisis significativas, conduce sin remisión a una inmensa favela en donde las bandas étnicas de desesperados se mueven sobre un escenario dilapidado y "post-atómico", contentándose (y terminando por destruir) con los restos del pasado, tras pequeñas fortalezas privilegiadas completamente aisladas y fuertemente defendidas, desde la cuales se administrará el poder militar y cultural del sistema mediante tanques teleguiados y antenas de televisión, en un contexto mucho más similar al de "Mad Max" o "1997. Fuga de Nueva York" que al de "Metrópolis" o "1984".

Para apreciar toda la "magia" de esta perspectiva, vale la pena visitar, mucho antes que los ghettos de Los Angeles o el Bronx –que, después de todo, son lugares privilegiados por el hecho de encontrarse en los Estados Unidos– las periferias de México DF, de Río de Janeiro o de Johannesburgo, o incluso de eso en lo que se está convirtiendo el extrarradio parisino, para hacernos una idea precisa de lo que el Sistema reserva para Europa.

La autodefensa de la cual habla Faye no debería por lo demás reducirse a la esfera jurídico-administrativa. El problema no puede en modo alguno ser resuelto únicamente a nivel "policial", o de control de las fronteras, dada la inadecuación absoluta, en términos culturales y de recursos, de los aparatos estatales. Estos últimos están además fuertemente infiltrados, especialmente en los países donde, como en Francia y a diferencia de Italia o Alemania, rige el "jus soli" (es ciudadano aquel que ha nacido en el territorio) y no el "jus sanguinis" (es ciudadano el hijo de otro ciudadano), y en donde las minorías, en vías de convertirse en mayorías gracias a la "fuerza de las cunas", incluso sin continuos los refuerzos recibidos, están representadas por inmigrantes de segunda y tercera generación. El problema únicamente puede ser afrontado a nivel de conciencias y movilización social general: una movilización del mismo tipo a la que ha permitido a las minorías vasca en España o germanófona en Italia no ser sumergidas y canceladas, o al Tibet no transformarse aun en una provincia China.

Una tal movilización práctica y popular tiene además la ventaja de forzar mucho más fácilmente el cuadro jurídico impuesto por el Sistema y las ideologías dominantes, desgraciadamente hoy en día garantizadas a niveles internacionales. Aun siendo numerosísimas las posibles medidas útiles, formalmente respetuosas de tal cuadro, que podrían reingresar en los poderes ordinarios y en las políticas legítimas de los gobiernos no paralizados por el mito incapacitante de la "sociedad multiétnica inevitable", Faye no se hace ilusiones de que los procesos en curso puedan ser invertidos sin la adopción de medidas extraordinarias, más allá y fuera de la legitimidad burguesa y socialdemócrata; medidas que hoy en día solamente pueden ser impuestas desde lo bajo, y no ciertamente por administraciones impotentes, por un lado en cuanto sirven al Sistema y, por el otro, en cuanto están ellas mismas en vías de ser colonizadas, a partir del nivel local.

A la inversa, continuamos asistiendo en Italia al insólito espectáculo de una "Immigration Law" cada vez más esotérica e imposible para los abogados que tienen el problema de obtener un permiso para que un "manager" japonés o argentino pueda venir a dirigir una empresa italiana comprada por su casa madre, mientras traficantes, prostitutas, abusadores de todo género y simples desesperados tienen "de facto" libre acceso, y que a los pocos meses de desembarcar se comportan no como extranjeros, sino como verdaderos ocupantes.

Todo ello mientras, como subraya Faye, en la mayor parte de los países del mundo fuera de Europa los inmigrantes o los extranjeros presentes en su territorio son, en toda circunstancia, considerados no como colonos definitivos, ni como refugiados acogidos en nombre de la religión de los Derechos Humanos, sino como "visitantes" y "huéspedes", sin que nadie tenga en mente contestar las normas vigentes en materia de "preferencia nacional" o de expulsión de los clandestinos, como por ejemplo aquellas aplicadas por el benjamín islámico del Sistema, el gobierno de Arabia Saudita que, preocupado por la inmigración asiática, "ha reforzado la "saudización" de su mano de obra, con el consiguiente despido del 90% de los extranjeros y reemplazando a los mismos con súbditos saudíes. El sector privado también ha sido forzado a seguir tal política: los efectivos de todas las empresas deben comprender al menos un 80% de saudíes" (Al Quds Al-Arabi, 1 de enero 1999).

En fin, otro de los puntos tocados por Faye en la conclusión de su libro, quizás para poner el acento, es un punto que retoma el análisis actual de la Nueva Derecha para volcar voluntarísticamente las conclusiones. Hablamos de la novedad del escenario con el cual nos enfrentamos. Si la cosa no puede evidentemente devenir en una coartada para el suicidio histórico de Europa, es simplemente cierto que el mundo actual es diverso de aquel que lo ha precedido, y que está atravesando una crisis de pasaje epocal, respecto al cual las dos guerras mundiales, la revolución industrial, las revoluciones democráticas y comunistas no serían sino notas a pie de página de la historiografía futura. Una crisis cuyo orden de grandeza se asemeja al de la revolución neolítica.

La tecnología y la capacidad de gestión de la información y de las comunicaciones, el grado de influencia sobre el ambiente en el cual estamos inmersos, la anulación de las distancias, el control que el hombre está adquiriendo sobe su misma identidad biológica y de las especies animales y vegetales con las que convive, ciertamente, van mucho más allá de lo que representaron la máquina de vapor o la rotación de los cultivos.

Hoy, la atenuación de las tradicionales presiones selectivas por un lado y, por el otro, la disponibilidad de tecnologías como la diagnosis prenatal, la fecundación artificial, el chequeo genético, el implante de embriones y la gestación extrauterina, la clonación, la manipulación directa del genotipo y por ello de las líneas germinales, representan adquisiciones epocales que hacen a nuestra especie íntegramente responsable de la propia identidad biológica, por mucho que algunos de sus componentes decidan "removerlo" e ignorarlo. Es exactamente como el hecho de tener una pistola en la mano vuelve al poseedor el único responsable, para bien y para mal, de la elección de disparar o no disparar (indiferentemente del hecho de que obre para cometer un atraco, defender a un inerme o festejar el año nuevo), sin que pueda sustraerse de modo alguno a tal responsabilidad.

En efecto, también arrojar la pistola, o fingir que no existe como implícitamente propone la tendencia histórica judeocristiana y democrático-humanista, representa exactamente una de las elecciones posibles, que el desarmado no tiene necesidad de hacer. El desafío "postmoderno" representado por esta revolución ya ha sido repetidamente discutido tanto por Locchi como por Faye o por mí mismo, por ejemplo en el artículo "La técnica, l'uomo, il futuro" ("La técnica, el hombre, el futuro"), publicado en el ya citado n. 20 de "l´Uomo libero", donde apuntaba que las dos únicas respuestas posibles son la opción prometeica, "sobrehumanista", de quienes se hacen cargo de tal destino ("¿En qué quiero/queremos devenir?, ¿Qué gran proyecto celebra mejor mi libertad?"), o la negación freudiana y el pretendido rechazo del "dominio del hombre por el hombre" ("nadie podrá poseer esclavos, porque fuisteis creados mis esclavos", dice Yahvé), que conduce a la tiranía anónima, mecanicista, literalmente "insensata", representada por el Sistema.

En este cuadro, no puede ser ignorado el hecho de que las culturas y las razas nacen y se desarrollan por la identidad, fecundidad y creatividad de los relativos troncos a través de una separación ligada a factores naturales de los cuales no es hipotetizable la reproducción sino en improbables épocas neoprimitivas. Tales épocas pueden ciertamente ver la luz fuera de los estudios de Hollywood, pero serían necesarias catástrofes de tal magnitud que ya no sería puesta más en discusión, posiblemente, la supervivencia del ecosistema, o al menos de la especie humana, sino más bien la conservación de adquisiciones probablemente destinadas a permanecer con nosotros para siempre.

También en el campo étnico, racial y demográfico, la clave del análisis siempre nos remite al advenimiento del "tercer hombre". Así como el primer hombre estuvo inmerso en el reino animal y el segundo se hizo cargo, tras la revolución neolítica, del destino del mundo, el hombre es ahora llamado a asumir trágicamente el propio destino, incluida su identidad biológica.

Un hecho objetivo que hoy es del todo silenciado por intolerable, y que estaba perfectamente claro en los años treinta, y no sólo en Alemania sino también en los países escandinavos, en Francia y en los mismos Estados Unidos, cuando la ingeniería genética y las manipulaciones directas solamente eran posibles en los marcos de la ciencia-ficción y de la especulación pura, es que, en el futuro, la conservación de la evolución, o incluso el nacimiento, de razas, lenguas y culturas diversificadas solamente podrá ser el fruto de una elección deliberada en tal sentido, elección que podrá determinar los contenidos y las características, sobre la base de valoraciones de naturaleza esencialmente estética y afectiva.

En este sentido, no es casualidad que el alcance entrópico de la colonización poblacional de Europa represente a fin de cuentas un valor positivo desde el punto de vista del universalismo de la ideología del Sistema y del fin de la historia, sobre una escala mucho más amplia que el mero dato político inmediato, y precisamente como elemento de oposición respecto a la "tentación" identitaria y faústica; mientras un correspondiente disvalor viene ampliamente asignado por las mismas fuerzas al terrible poder de autodeterminación del cual el hombre ha sido llamado a hacerse cargo.

Por lo demás, estos elementos de fondo son también de alguna medida prometedores. Si la extinción de nuestra identidad étnica, amenaza que hoy pesa sobre nosotros, es ciertamente más definitiva que cualquier decadencia política, cultural o económica, en cuanto por definición irremediable. Existe ya una experiencia histórica, cuando el hombre operaba solamente con los instrumentos tradicionales de los procedimientos legislativos y administrativos, de la propaganda, de la medicina y de la educación colectiva, de cómo los "trends" demográficos y los procesos aparentemente consolidados pueden al día de hoy ser invertidos en el giro de una sola generación. En pocos decenios, las características y la identidad étnica y biológica de nuestras poblaciones serán íntegramente determinadas (o no determinadas, por pura elección, si prevalece la filosofía de la condena y de la degradación) por opciones individuales y colectivas. En cualquier caso, la responsabilidad relativa no será ya de la "naturaleza", ni de los procesos históricos "parabiológicos" que han gobernado hasta ahora las afirmaciones, la decadencia y el ascenso de las razas y de las civilizaciones. En todo caso, los cielos spenglerianos descritos en "La decadencia de Occidente" han llegado a su fin.

Si nuestras visiones de fondo continúan manifestando una absoluta consonancia con Faye, por otra parte emergen en las actuales posiciones "políticas" del mismo autor elementos menos convincentes. No trato aquí solamente de responder a la invitación al debate por él formulada en su libro, sino que también deseo resaltar cómo muchas de sus posiciones son debatidas actualmente en Italia.

La primera cuestión fundamental es la anunciada en el subtítulo mismo del libro, en la cual la colonización de Europa es tratada al modo de un "discurso verdadero" sobre la inmigración y el Islam.

En lo que respecta al último, la posición de Faye es cristalina. "En el curso de conferencias que he podido pronunciar, en el curso de las cuales he abordado incidentalmente la cuestión del Islam en Europa, jóvenes musulmanes me han acusado de "hostilidad visceral hacia el Islam" y de "complot contra el Islam". Mi respuesta siempre ha sido muy pacífica y determinada. Sí muestro una hostilidad visceral contra el Islam, tenéis razón. No, no fomento ningún complot contra el Islam, porque el "complot" hace referencia a una hostilidad disimulada, mientras que la mía es franca y abierta".

Al respecto, el autor tiene razón al subrayar cómo la "islamofilia" de muchos ambientes, paradójicamente con la primera línea ocupada por sectores del episcopado católico, progresistas, burgueses y extremistas de extracción varia, se funda sobre todo en la ignorancia: "Ninguno de ellos ha estudiado el Corán, ninguno habla el árabe, ninguno ha puesto nunca el pie en un país musulmán (salvo quizás en el enclave de algún "Club Med"), ninguno ha visitado una ciudad de mayoría musulmana. Para ellos, el Islam –y la inmigración– son hechos abstractos, lejanos, simpáticos".

Ahora bien, el que escribe no da pruebas de ninguna "ternura filosófica" por el Islam. "Religión del desierto" en mayor medida que las otras dos "del Libro", entristecida por la predestinación aun más que la confesión luterana, con la cual además no comparte el rigor alemán, más represiva e hipócrita que el catolicismo, más ritualista y justificacionista que el judaísmo, mercantil como el calvinismo, iconoclasta, universalista, levantina, completamente desprovista del concepto de honor en el sentido que ha sido entendido durante tres mil años en nuestro continente, no tiene necesidad de una ojeada particularmente profunda para evidenciar su profunda alteridad respecto a la sensibilidad y a los valores que me hacen sentir europeo".

La ceguera que ha conducido a autores y opositores al sistema como Claudio Mutti, o algunos militantes de la derecha radical francesa, a la conversión al Islam, siguiendo al "ilustre" precedente guenoniano, no es sino una variante de esa ceguera que ha conducido a otros muchos, especialmente el Italia, a refugiarse entre los brazos de la Santa Madre Iglesia, especialmente después de algún trauma histórico o personal, a la búsqueda de unas migajas de identidad europea, de la que abjuran, que hayan podido quedar atrapadas en el vestido a pesar de los enérgicos y continuos cepillados.

Es perfectamente cierto, por lo demás, que el cristianismo (y el mismo judaísmo) han participado de nuestra historia, y no por ello son, en muchos sentido, menos extraños que el Islam.

Esta consideración, por otra parte, puede ser exactamente contestada en la constatación de que el Islam es una religión árabe, de matriz árabe, afirmada en Arabia y en la inmediata esfera de expansión de tal mundo, y cuyo destino en parte conspicuo se asocia estrechamente al de la nación y la identidad de los árabes. En este modo, el Islam nos parece efectivamente acercarse mucho más, "mutatis mutandis", a una religión ancestral, "política" e identitaria en sentido europeo; particularmente en oposición al judaísmo, fundado sobre el rechazo de la validez religiosa de la comunidad política, por lo cual el mismo Israel sería la anti-nación; y también en relación al cristianismo, cuyas (pasadas) relaciones privilegiadas con Europa han sido fruto de una identificación contingente y por ello incompleta, y cuya vocación universalista es, por ello, tanto más explícita.

Símbolo de este último punto es la relación respectiva de las dos religiones por un lado con el latín, lengua no originaria que fue abandonada sin demasiados problemas en el curso de una generación, y por el otro con el árabe coránico, que es Palabra de Dios, desde el punto de vista musulmán también desde un punto de vista lingüístico, dada de una vez y para siempre en su perfecta e insuperable formulación (exactamente como el hebreo bíblico, lengua ya muerta en la época del Imperio romano y artificialmente resucitada por el sionismo, y por los siglos de los siglos la única lengua del Eretz-Israel). Y en cuanto a la pretendida "intolerancia" islámica, ¿se trata simplemente de la característica de un sistema religioso en una fase menos decadente y envejecida de las que estamos habituados?

La dulzura y mansedumbre cristianas se implantaron en Europa con el asesinato a traición de un emperador por haber rechazado la nueva fe, el genocidio de los sajones, la persecución de los "hombres libres" del norte arrinconados hasta Islandia; y la misma dulzura y mansedumbre, en el momento de su triunfo, "santificó" las ciudades con las campanas y las hogueras preparadas para las brujas y los herejes, la matanza fratricida de la noche de San Bartolomé, el regicidio, las guerras de religión sobre el suelo europeo, el genocidio de los indios que rechazaron la conversión, el terrorismo de las sectas subversivas y el simétrico terrorismo represivo de la inquisición, que por vez primera en Europa elevó la tortura, el lavado de cerebro y la perversión del proceso judicial, a una forma de arte.

Sobre el plano histórico y doctrinal, el escenario diseñado por ejemplo por "Las mil y una noches" (ver la historia de Hasan al-Basri, capítulos 778-831, o la del sastre, del jorobado, del hebreo del intendente y del cristiano, capítulos 25-34) representa una sociedad cruel y profundamente extraña a nosotros, pero en el fondo más pluralista, flexible y articulada también desde el punto de vista religioso que aquella alumbrada por las "Luces del Medievo" cruzado y, después, por los fastos de la Reforma y de la Contrarreforma. Una sociedad en la cual se mueven libremente no sólo cristianos y judíos reconocidos como tales, aunque sean ridiculizados y condenados, sino también los temidos "magos adoradores del fuego" –que no son otra cosa que los supervivientes (perseguidos al día de hoy en pleno Jomeinismo) del culto zoroastriano en la Persia islamizada–, ciertamente de cuando en cuando matados por el héroe de turno o por la autoridad, pero aparentemente más a sus anchas de lo que pudieron estar nuestras brujas en Toledo o las americanas, algunos años después, en Salem.

Por lo demás, como recuerda Faye una vez más en "La colonización de Europa", "si hoy la Iglesia católica no practica la intolerancia inquisitorial, no predica la conversión universal y la cristianización del mundo, sino que se repliega sobre el "ecumenismo" y sobre la "apertura al Otro", es simplemente porque se encuentra en decadencia, porque las relaciones de fuerza no juegan ya a su favor, de modo que la fe es cancelada por la caridad y ésta última es cada vez más secularizada hasta terminar confundiéndose con los Derechos Humanos.

El mismo libro de Faye abunda en concesiones relativas al hecho de que los musulmanes, desde su punto de vista, hacen bien en ser lo que son, y en el reconocimiento del hecho de que sus componentes emigrados permanecen más arraigados en su cultura que las mismas poblaciones en las cuales se insertan. Incluso llega a acreditarles méritos que quizás, como veremos, ni siquiera tienen, escribiendo: "Pero no es necesario negar al enemigo su nobleza, ni la humana justicia de su causa. Llena el suelo que tú abandonas. Preserva su territorio y su sangre, engrandece su territorio con el tuyo y reemplaza tu sangre por la suya. El enemigo que juega su papel es estimable. Y el traidor en no serlo en absoluto…" Y continúa: "El Islam nos considera como una civilización en un tiempo temible y hoy desvirilizada, decadente, afeminada, homofilizada. Nos ataca por ello. Y desde su punto de vista tiene buenas razones… Se pueden perfectamente compartir valores comunes con el enemigo que te invade… El Islam aparece como una "rebelión contra el mundo moderno" (13), y por ello seduce… Respeto, como enemigo digno de interés, al musulmán conquistador, al "Beur" (14) presa del odio y la venganza".

A la luz de tales relieves, no es posible comprender cómo Faye pueda individuar en sus conclusiones al Islam como el "enemigo principal", añadiendo, aunque sea en modo cualificado: "Los Estados Unidos son, como ya he explicado en otra obra, y más precisamente en "El Arqueofuturismo", un adversario, no un enemigo".

Ciertamente, Carl Schmitt, abundantemente citado en las obras de Faye, distingue entre "inimicus" (el oponente civil, el opuesto de un aliado y un compañero en el interior de la comunidad) y "hostis" (el enemigo externo, el extranjero hostil en guerra perenne, actual o potencial, con la comunidad). En este sentido, al menos etimológicamente, "inimicus" es un término que denota una alteridad más blanda y meramente "concurrente". También cuando el uso corriente de los términos "enemigo" y "adversario", en el francés, italiano o inglés contemporáneo, parecen indicar conceptos diversos especularmente inversos.

La cuestión, por terminológica que pueda ser, es grave, porque comúnmente, cuando se hace la relativa distinción, se atribuyen al "adversario" exactamente las posiciones antes descritas para el Islam, es decir una rivalidad y una concurrencia nutridas en sustancia por un mero conflicto de intereses y de voluntades de poder contrastadas, entre sujetos distintos entre sí, pero no "metafísicamente" opuestos, y en posiciones de algún modo simétricas y equivalentes en el ámbito respectivo, que pueden también encontrar ocasionalmente razones de alianza (por ejemplo contra un enemigo común) y de respeto recíproco.

El "enemigo" parece exactamente ser aquello que el Sistema representa para todas las culturas y las razas vitales, la misma negación radical de su legitimidad y posibilidad de existir. La afirmación de Faye suena así paradójica, similar a aquella de un pretendiente al trono de los zares que declarase que el "verdadero enemigo" es su rival en la sucesión, reconociendo a la inversa a los bolcheviques que están a las puertas del Palacio de Invierno como legítimos "adversarios", oponentes deportivamente respetuosos de las reglas y de los valores de la sociedad rusa tradicional. Pero el sentido común nos dice, por el contrario, que en el lenguaje corriente el verdadero "enemigo" de los muchachos de la calle Pala no es la banda que disputaba con ellos el uso del campo de juegos, sino la empresa que terminó desmantelándolo para construir allí un edificio, después de tantos sacrificios inútiles para defenderlo.

El vuelco de esta distinción parece confinar peligrosamente con una deriva en donde se termina por reconocer, en la más pura ideología de las burocracias de Estrasburgo y Bruselas, una común pertenencia "concurrencial" de los Estados Unidos y la Unión Europea al mismo "club occidental", contrapuesto en cuanto tal a todos los demás. Y por lo demás, dado que los "traidores" a quienes Faye reserva un peor juicio son exactamente los partidarios del Sistema y del poder internacional y fundamentalmente americano, parece extraño considerar digno de respeto al partido "enemigo", y de desprecio e ignominia al partido solamente "adversario".

La afirmación no parece fruto de un lapsus ocasional. Faye insiste repetidamente en su libro en su perdurable y absoluta oposición al poder americano en Europa (oposición que es, por lo demás, el tema central del "Nouveau discours à la Nation Européenne", también en su segunda edición), generando cierta notable perplejidad un par de puntos sobre la Guerra del Golfo. Leemos, por ejemplo, al autor escandalizarse en sustancia por los estados de ánimo perplejos de los pilotos ingleses musulmanes al bombardear Iraq. O bien, en otro punto, mencionar de paso la crisis iraquí como un caso en el cual los "europeos" (¿!) supieron "una vez más" comportarse como "predadores", término por cierto no particularmente insultante ni para Faye ni para su público.

Estas salidas son absolutamente sorprendentes tanto en líneas generales como desde el punto de vista del autor, desde el momento en que se refieren a un caso en el cual los europeos han ido a la zaga de los americanos y de Israel en la defensa de las fortalezas del tradicionalismo islámico más oscurantistas y feudales, aunque políticamente más sumiso del Sistema, contra un Estado ciertamente árabe y de mayoría musulmana, pero administrado por un gobierno laico dirigido por principio de socialismo nacional, al menos en la contingencia específica en posición anti-Sistema, y representado por un ministro de exteriores de fe cristiana.

Situación que Saddam Hussein no ha sabido utilizar propagandísticamente, por ejemplo transmitiendo por televisión las misas de Navidad en Bagdad, mientras los "cristianísimos" obispos católicos y adventistas americanos destinados en territorio saudita deben guardarse bien de turbar la sensibilidad religiosa de sus protectores musulmanes con "inoportunas" celebraciones.

Por otra parte, Faye cita ampliamente un libro de Alexandre Del Valle: "Islamisme et Etats-Unis, une alliance contre l'Europe" (Editions L'Age d'Homme) (15), para demostrar que, si los americanos y comúnmente el Sistema apoyan y promueven la inmigración, por ejemplo a través de la política de las organizaciones internacionales, el Islam sería a su vez el aliado objetivo de los EEUU en la destrucción del continente europeo, no sólo a través de la inmigración, sino por ejemplo a través de la política petrolífera, la crisis de Bosnia, etc., hasta el punto de ser muy creíble una sustitución del condominio americano-soviético por un condominio americano-islámico, con la potestad de los mismos EEUU para intervenir como "pacificadores" o "garantes de los Derechos Humanos" también en países de la Europa occidental donde el enfrentamiento étnico superase cierto umbral, provocando una situación similar a la de Bosnia. En realidad, el "anti-islamismo" y el "anti-arabismo" de Guillaume Faye parecen nutrirse de una perspectiva en este caso "francesa, demasiado francesa", un tanto paradójica en un autor generacional y etiológicamente extraño a la hipoteca "argelina" que tanto ha pesado desde la postguerra en los ambientes anticonformistas transalpinos.

Y es evidente en numerosas admisiones del autor una especie de identificación refleja entre "inmigrante" y "musulmán", entre musulmán y árabe e, incluso aunque menos posiblemente, entre árabe y magrebí. Como demuestran los ejemplos y las citas de los ambientes de la inmigración que abundan en su libro. Cuando Faye habla de inmigración y Tercer Mundo hace en toda evidencia referencia a una realidad en sustancia representada por argelinos y marroquíes, o comúnmente a árabes con un fuerte predominio norteafricano, a lo máximo con alguna franja subsahariana, cerrando sus conclusiones con alguna experiencia personal directa, adquiridas "in situ", de la realidad saudita.

Pero la realidad de los barrios periféricos de París o del mediodía francés, que Faye describe de modo apasionado pero objetivo, no es la fotocopia exacta de los problemas de todo el resto del continente, y aun menos su proyección cósmica en términos de definición de los escenarios del choque final. Según los datos publicados por "Il Giornale" del 13 de enero de 2001, diario no sospecho de filo-arabismo, los árabes musulmanes son, según el Ministerio del Interior (y son datos que podrían estar subestimados, existiendo otras áreas en donde la componente clandestina de la inmigración es más elevada) menos de un quinto de toda la realidad de la inmigración italiana, y esto solo gracias a una reciente contribución masiva de Marruecos. Egipto, por ejemplo, no representa más del tres por ciento; Túnez –a unos pocos cientos de kilómetros de nuestras costas– el cinco; y el porcentaje del resto de países árabes hace proverbial referencia directa a sus prefijos telefónicos (16), mientras las cristianísimas Filipinas aportan a la casa ocho puntos, y el Senegal y la China rondan el cuatro por ciento cada uno.

Y hablando de "trends" demográficos y de pesos respectivos, ésta última por sí sola tiene, además de una excepcional homogeneidad étnica dominada en un 95% por la raza jan, una población siete u ocho veces superior a todos los países árabes juntos (o quizás deberíamos decir árabo-bereber-fenicios, dadas las crecientes reivindicaciones de los tamazigh en el África noroccidental y la componente no árabe del Líbano). El editorialista de "Il Corriere della Sera" del 2 de febrero de 2001 recuerda las proféticas palabras recientemente pronunciadas al respecto por la actual élite china: "¿creen en verdad que trataremos de administrar un país en donde se concentra un cuarto de la humanidad según los principios de la legalidad burguesa occidental? ¿Creen poder afrontar un derrumbe del cual nacería un flujo migratorio sin precedentes en la historia?"

Ahora bien, Faye parece paradójicamente mucho menos preocupado por esta perspectiva, hasta el punto de oponer la "buena integración" o la aparente tranquilidad (organizada por los Tong, las Tríadas y los traficantes de carne humana y heroína) de las minorías asiáticas a las minorías árabe-musulmanes de los pandilleros que se hacen notar rompiendo escaparates y violentando a las mujeres blancas en el metro parisino.

Por lo demás, mientras la India superó hace ya tiempo los mil millones de habitantes, la misma África negra tiene una presión demográfica notablemente superior a la de los países árabes, a pesar de las continuas sequías y las carestías de todo género, y a pesar también de la perdurante mortalidad infantil y la difusión endémica del SIDA, problemas que implican en mucha menor medida a la población emigrada en Europa, donde pueden gozar de condiciones de vida, higiene y nutrición, similares a la población local. Y sus emigrantes son mucho menos "integrables" que los árabes, como las mismas comunidades negras americanas, hoy compuestas exclusivamente por mulatos de diferente gradación, demuestran.

Alemania, como indirectamente también recuerda "La colonización de Europa", sufre a su vez mucho menos de una inmigración árabe que turca, etnia a la que Faye dedica en algunos puntos singulares palabras de simpatía, con obvia función antiárabe. Pero, aunque los turcos ("mal islamizados", según Faye) hayan aplastado durante algunos siglos a los países árabes y norteafricanos bajo su dominio, por mucho que puedan haber sido aliados de los imperios centrales o haber refundado su propio estado en los años de entreguerras en imitación de los institutos y reformas introducidos por las revoluciones nacionales europeas, el verdadero "enemigo musulmán de Europa", despues de los "moros" de Carlos Martel, los enfrentamientos armados con los restos del Imperio bizantino y la Reconquista española, siempre ha estado representado sustancialmente por los turcos. Partiendo de las alucinantes vicisitudes que les vieron competir en humanidad y caballería con personajes como Vlad Tepes, alias Dracul, en los Balcanes, hasta llegar al asedio de Viena, pasando por la piratería mediterránea y las batallas de Creta, Malta y Lepanto. "Mamma, li Turchi!", se gritó en las costas italianas durante siglos a la llegada de los piratas, "Mamma, gli Arabi!" es una exclamación posible en nuestra lengua solamente… desde finales de los años noventa. Y aun hoy los turcos son la comunidad musulmana más numerosa en territorio europeo.

Mientras los árabes son acusados de esterilidad y parasitismo cultural, pues lo habrían tomado todo de los países conquistados (tesis que tiene indudables elementos de verdad), generalmente se escucha un clamoroso silencio frente a la "refinada" civilización otomana creada por predadores asiáticos y mercenarios rebelados contra sus señores araboegipcio-iraquíes para construir una parodia del Bajo Imperio, con tantos trazos discutibles y por lo demás con tantos éxitos a la hora de integrarse en la historia y en la identidad griega y balcánica. Y que hoy están dignamente prolongados por películas como "El expreso de media noche" y "Hamman". Un país en donde, para mostrar la propia desaprobación civil a las posiciones expresadas por un adversario político, no es el todo inaudito encontrarse al hijo crucificado en la puerta de casa con los ojos arrancados y los genitales en la boca, en donde corrupción, terrorismo y represión compiten en una carrera infinita y donde se consuma con toda tranquilidad el etnocidio de los kurdos y los armenios con la bendición del Sistema y de los aliados en la OTAN.

La misma realidad del Islam es una realidad compleja, que "La colonización de Europa" afronta certeramente sobre el plano cultural y teológico, desmintiendo con justicia muchos tópicos y mucha propaganda tranquilizadora al respecto, pero que merecen una mayor profundización también sobre el plano histórico-político.

Parece, por ejemplo, una consideración obvia que algunos de los principales Estados musulmanes, para bien y para mal, no son en absoluto árabes, ni étnica ni políticamente, ni siquiera –en parte– culturalmente: ver, más allá de la citada Turquía, el Irán, Afganistán y Paquistán. Además, el África del Norte es en varios aspectos una realidad bien distinta al Oriente Medio. Igualmente, la distinción entre sunnitas y chiítas reviste hoy en día un peso ciertamente superior al que divide, por ejemplo, a los cristianos ortodoxos de los católicos. Aun teniendo presente que, como dice Faye, "no se discute sobre el sexo de los ángeles cuando los bárbaros están a las puertas", y que no parece adecuado adentrarnos en minucias irrelevantes y desmovilizantes, para combatir a algo o a alguien, sea enemigo o adversario, es preciso conocerlo.

Aun más relevantes nos parecen otro tipo de distinciones, que ven hoy en día al "mundo islámico" subdividirse en algunas grandes componentes:

– las áreas fuertemente occidentalizadas, completamente integradas al sistema, como Túnez en primer lugar y en segundo Marruecos, a los que hay que añadir Turquía, Argelia y Egipto, a pesar de las fuertes oposiciones internas.

– los gobiernos del tradicionalismo y oscurantismo feudal musulmán, como Arabia Saudita, Kuwait, Qatar y, en parte, los Emiratos Árabes Unidos, todos de hecho protectorados americanos, aliados objetivos del sistema y traidores a los intereses del pueblo árabe.

– los países "laico-revolucionarios", "en los márgenes de la comunidad internacional", como Libia, Iraq (17) y, en posiciones más ambiguas, Siria y Paquistán.

– los países y movimientos del Islam militante, como el Irán, Afganistán, los libaneses de Hezbollah, Sudán, el denominado fundamentalismo islámico en Argelia, Egipto, Turquía y las repúblicas ex soviéticas, los componentes "extremistas" de la resistencia palestina, etc.

Ahora bien, los problemas para Europa, en materia de inmigración, provienen en sustancia del primer grupo. La alianza política objetiva con las fuerzas del Sistema denunciada por Faye no atañe sino al primer y al segundo grupo. Para el tercero y el cuarto, frente a la retórica sobre la agresividad del Islam, parecen ciertamente retorcidos los análisis que intentan demostrar la alianza "objetiva" entre Libia y los Estados Unidos, entre Nato e Intifada, entre la oposición argelina y los "sponsors" internacionales del gobierno que capturó el poder tras un golpe de Estado que canceló el respaldo electoral favorable a las fuerzas islámicas (¡!). Siguiendo ese hilo, podríamos concluir imaginando a los talibanes o a los imanes chiítas incitando a la propia juventud a desertar del propio país y de la propia comunidad militante para emigrar a los países donde el alcohol se consume en público, la mujer goza de una libertad sexual análoga a la del hombre y la blasfemia reina soberana, salvo quizás para pensar en salvar el alma con la firma de alguna petición para la construcción de alguna pequeña mezquita en nombre de los Derechos Humanos.

La verdad es que ningún italiano ha visto un libio de carne y hueso en la segunda mitad del siglo apenas concluso, a menos de haber sido llevado al lugar o a la embajada. Y se trata de un país que fue una de nuestras colonias por más de una generación, donde aún se habla la lengua italiana, y casi a tiro de artillería o de las lanchas neumáticas desde las costas de Pantelleria (¡!).

No por lo demás los ayatolás iraníes o el gobierno iraquí aparecen en primera fila incitando a la emigración, mientras los fundamentalistas egipcios manifiestan todo el propio deseo de mezclarse con los infieles organizando además atentados contra los turistas. Al contrario, es posible sostener que los únicos inmigrantes que originan los países no alineados con mayorías musulmanas son disidentes filo-occidentales o minorías étnicas –¡quizás católicos, como los armenios!

Si en Argelia no hubiese tenido lugar un golpe de Estado anti-islámico apoyado por Occidente, la misma Francia tendría quizás menos problemas de inmigración con su más discutida ex-colonia, exactamente como la inmigración de la Europa oriental no representó mayor problema hasta que los ciudadanos de tales Estados no precisaron solicitar un visado de salida. Y ello aunque el Adriático no se hubiese vuelto en ningún modo más estrecho, o los albaneses de algún modo mejor equipados en cuanto a embarcaciones o más emprendedores de lo que eran antes.

El Islam será seguramente siendo agresivo, y los países en donde viene siendo practicado no tienen ciertamente nada en contra para expandir con la mejor buena conciencia el propio territorio y esfera de influencia, pero si se le acredita representar un movimiento conquistador, identitario, patriarcal y autoritario, por cuanto gravado por la hipoteca universalista y monoteísta propia a todas las religiones del Libro, difícilmente se le puede imaginar dispuesto a promover la emigración hacia un país donde, como recuerda Faye, el 20% de los matrimonios de hoy en día son mixtos, estadísticamente destinados terminar en el divorcio y con la prole confiada a las mujeres infieles (¡!). Aquello que es directamente causante de la  inmigración no es la pobreza, ni mucho menos la agresividad o rebeldía de los respectivos gobiernos. Es el dominio de los valores occidentales en su sociedad, y el grado de sometimiento político y económico de sus países al Sistema.

De Iraq solamente emigran los kurdos, a pesar de ser un país sometido a un terrible embargo internacional, con el 15% de los niños, según "Il Giornale" del 19 de febrero de 2001, afectados de desnutrición. No hay que olvidar que el primero de los Derechos Humanos, el primer elemento de desarticulación –¡también interna!– de los residuos de identidad común en las regiones aun no alienadas y occidentalizadas, es la libertad de andar y venir, el desarraigo de las raíces territoriales que vuelve a las poblaciones móviles, fungibles, proletarizadas, privadas de pertenencias (cuando no en el límite alienado e imaginario representado por los restaurantes y la parroquias, o por la afición futbolera), cuyo vértice es naturalmente la emigración.

Otra cosa es, naturalmente, el islamismo "literario" de los conversos europeos, o el imaginario y polémico de los negros extremistas estadounidenses, que se creen musulmanes como el barbudo americano de color protagonista del film "Ghost Dog" cree, leyendo el "Hagakure" de Yoko Yamoto, ser un samurai del medioevo japonés, ejemplos tan patéticos como la convicción de algunas "stars" occidentales del espectáculo de ser budistas. Y otra cosa es aun el islamismo minoritario y sedicioso, representado no sólo por la componente "radical" de los inmigrantes musulmanes en Europa, sino por ejemplo por una parte notable de la población india –contexto en el cual parece obvio el deber de tomar partido por un gran país cuya cultura y religiosidad profundizan en las más lejanas (y degeneradas) raíces indoeuropeas, contra la intolerancia facciosa de sectas fanáticas que han llevado la maldición de Abraham contra la sacralidad del mundo y de la comunidad política hasta la tierra de la literatura védica, de Indra, Mitra y Varuna.

Es pues el mismo Guillaume Faye quien, acusando a la Nueva Derecha de confundir la perspectiva de acuerdos geoestratégicos con el Islam (entendido como conjunto de entidades políticas y estatales) con la tolerancia hacia la inmigración o la islamofilia "filosófica", subraya indirectamente cómo las dos posiciones no tienen absolutamente ninguna relación necesaria. Cosa demostrada históricamente, por lo demás, por la política filo-árabe de los ingleses a principios del siglo XX (en función anti-turca) y de los alemanes de entreguerras y durante toda la Segunda Guerra Mundial (en función anti-occidental), ciertamente ni en el primero ni en el segundo caso por aspiraciones al mestizaje árabe-europeo, o a la conversión o a la creación de sociedades multirraciales en los propios países.

De nuevo es el mismo autor quien explícitamente hipotetiza posibles relaciones diversas, incluso alianzas, entre Europa y los países islámicos, enumerando como pre-condiciones: que no sea suscitada ni la interpenetración étnica ni el proselitismo religioso; que cese la política de alianza subterránea antieuropea con los Estados Unidos; que sea reconocida la soberanía europea sobre el territorio que abarca "desde Portugal hasta el estrecho de Behring, del Cáucaso al espacio siberiano". Pero, en el momento de exponerlas sobre el plano político concreto, apenas podemos imaginar la perplejidad de un dirigente político islámico frente a estas "condiciones" o "solicitudes" ante una mesa de negociaciones.

Veámoslo brevemente desde el punto de vista del imaginario dirigente:

1) El tráfico de mano de obra musulmana hacia las tierras infieles está organizado por el Sistema y por los gobiernos fantoches de los países filo-occidentales, aun cuando éstos no lo promuevan activamente, ni escondan su preferencia por algunos miles de dólares de más en "ayudas internacionales", empleados sobre el lugar por parte de las corruptas burocracias del poder, respecto a diez permisos de trabajo de otros tantos emigrantes cuyos (dudosos y eventuales) envíos de divisas a las familias de procedencia son ciertamente más difíciles de interceptar.

2) Mientras exista una obvia presión objetiva a la conversión en las zonas y en los barrios europeos de dominio musulmán, para un musulmán, como subraya Faye, el aspecto religioso permanece estrechamente conectado al aspecto político y étnico, así que el escenario de "misioneros del Islam" enviados a convertir a otras poblaciones según el modelo católico y protestante no tiene ninguna posible comparación histórica pasada o contemporánea. Para la mentalidad árabe, la única verdadera "conquista" es aún la tradicional adquisición de territorios a través de anexiones político-militares.

3) Ninguna de las naciones árabes tiene reivindicaciones territoriales o dominios sobre Europa; a lo más, es Turquía, a la que hemos visto gozar de la indulgencia cuando no de la simpatía de Faye, quien mantiene bajo el propio indiscutible dominio una ciudad particularmente importante en la historia europea bajo los nombres de Bizancio y Constantinopla, controlando además por cuenta de los americanos los estrechos y el acceso de las poblaciones eslavas del este al Mediterráneo.

4) La posición de la Europa actual no la de la oposición a la "alianza subterránea" reprochada por Faye a los árabes respecto a los EEUU –situación que por lo demás únicamente describe las posiciones de los gobiernos árabes filo-occidentales–, sino una subordinación del todo abierta y "oficial" a los mismos EEUU y a las organizaciones internacionales por ellos dominadas, que se manifiesta en particular con un apoyo incondicionado a los intereses americanos e israelitas en el Mediterráneo y en el Oriente Medio (¡!). No es difícil imaginar que si nuestro hipotético dirigente tiene algún conocimiento de la Biblia, además del Corán, la primera idea en venirle a la mente sea la parábola de la paja en el ojo ajeno y la viga en el propio.

Todo ello nos lleva a introducir un nuevo elemento crítico respecto al análisis contenido en "La colonización de Europa".

La utilización de términos como "conquista", "guerra", "colonización", es absolutamente legítima para evocar la situación de dramática emergencia en la cual nos encontramos, y tiene su eficacia y posibilidad en términos metafóricos. Pero tal utilización parece menos justificable, y comúnmente menos útil en términos estrictamente políticos, cuando es expresada en sentido literal y con vistas a acreditar la tesis de que exista un positivo y consciente "complot" por parte de las jerarquías religiosas, de los emigrantes y de los gobiernos de los países islámicos, todos indiferente y globalmente incluidos, con vistas a la realización de un diseño político unitario.

Hemos visto que el Islam, incluyendo la más reducida nación árabe, por desgracia o por fortuna, ni está unido ni es particularmente unitario. Mientras en cada uno de los países y componentes anidan algunos de los más resueltos opositores contemporáneos al sistema de poder internacional, otros no solamente están perfectamente alineados a éste último, sino que no constituyen más que irrelevantes fiduciarios locales de una colonización occidental que persiste en tales países de una forma nueva, hasta privarles de cualquier capacidad o poder de iniciativa que vaya más allá del hecho de negar la extradición de Craxi a los ministerios públicos de la República Italiana o de constituir útiles objetos y pretextos para las guerras occidentales contra otros musulmanes.

Ahora bien, las masas sociales de desadaptados, homologados neo-occidentales, criminales, jóvenes desarraigados y desesperados varios que hacen fila para entrar en Europa, vientre blando y puerta de servicio del "centro del Imperio", al mismo tiempo original en el pasado y copia bruta actual de la realidad transmitida por los televisores vía satélite, no son ciertamente las orgullosas tropas de asalto de una civilización conquistadora. Son mucho más similares a los rechazados de regiones y culturas que sufren a su vez de una fortísima incomodidad a una horda empujada sobre nuestras orillas por el atractivo de botines imaginarios, desplazados, "merci umane", por el sistema económico internacional según las propias exigencias. Representan las avanzadas de una "conquista" árabo-musulmana de Europa exactamente como los Padres Peregrinos representaron la conquista del continente americano por parte de la milenaria cultura europea o del Sacro Imperio Romano. Algo, seamos claros, que no impedirá a nuestros inmigrantes reducir a la ruina y a la extinción a nuestros pueblos, exactamente como las culturas de los pieles rojas fueron extirpadas por los emigrantes que partieron allí para así mejor renegar de la propia civilización, la propia raza y su comunidad. No es casualidad, por lo demás, que la norteamericana haya sido, como la que hoy nos amenaza, un colonia de población, como lo fueron en gran parte Australia o Sudáfrica, zonas ambas, por lo demás, a diferencia de Europa, con una bajísima densidad de población autóctona –en oposición a las colonias un tanto diversas como las de Indochina, Malasia, Tanzania, Etiopía o las Filipinas.

Cuando, como relata Faye, los imanes de la periferia de París predican: "Este continente se ofrece a nosotros, o mejor es Allah quien nos lo ofrece, como un fiero guerrero metamorfoseado en mujer sumisa" (de un boletín difundido por "Amicale des Musulmans de Créteil" en noviembre de 1999), se oyen resonar distintos ecos, muchos árabes, de desesperación depresiva y de una arrogancia compensatoria, incluso no sea una cita extraña a los lectores de "Las mil y una noches" (ver la historia entre el rey an-Un´man y sus descendientes contra el Imperio bizantino, capítulo 45). Por ello, las comparaciones históricas con Solimán el Magnífico, con Saladino el feroz o con el mismo imperialismo otomano aparecen sin duda sugestivas, potencialmente movilizadoras, pero sólo con la condición que tales referencias no vengan ofuscadas con la correcta comprensión de la realidad histórica y de las aclaraciones pertinentes.

Parece que este caso es el propio Faye quien concede un crédito excesivo a los gobiernos y a los países emigracionistas, en atribuirles planes orgánicos y coordinados de conquista, cuando su rol y peso actual parece más similar al de los jefes de tribu del África central y occidental que durante al menos cuatro siglos vendieron regularmente a sus propios súbditos a los traficantes de esclavos, primero para abastecer los mercados árabes y después los brasileños y los estadounidenses. ¿Aquel tráfico de esclavos puede ser considerado una "estrategia" para alterar la composición étnica del África sahariana o de los inmigrantes americanos "caucásicos", o para colonizar genética y culturalmente los relativos ámbitos?

Sería más que dudoso. Seguramente tal emigración ha mestizado más o menos consistentemente las zonas de destino, seguramente en los casos brasileño y estadounidense ha alterado irremediablemente las líneas culturales. Pero que todo ello correspondiese a una expansión deliberada, y al avance histórico, cultural y biológico de las poblaciones implicadas, es en verdad difícil de sostener. El autor parece aquí víctima de la propaganda identitaria de los mismos inmigrantes que, extraños en tierra extranjera, buscan en el peor de los casos recuperar y mantener una cohesión interna con valencia sustancialmente sindical y reivindicadora, compensatoria y consoladora de su "status" de desarraigados y renegados mestizos que, a pesar de todo, a diferencia de muchos europeos, americanos o brasileños, evidentemente aun no están enteramente habituados. También aquí habla en el fondo de Guillaume Faye la voz del ciudadano de un país antaño colonialista, que conoce desde hace pocos decenios la inmigración, pero que por emigración entiende aun hoy… ¡el éxodo hacia otras cortes europeas del residuo no guillotinado de la aristocracia francesa durante el periodo napoleónico y revolucionario! Concepto y experiencia cuando menos diferente de aquellos que el término "emigración" representa por ejemplo para la cultura italiana o irlandesa.

Si es cierto que el veinte por ciento de los matrimonios franceses son hoy en día matrimonios mixtos –incluso atribuyendo todo el peso del caso al hecho significativo de que se traten en la gran mayoría de los casos de matrimonios entre inmigrantes y mujeres autóctonas (y los jueces franceses contemporáneos asignan regularmente, en caso de separación, la prole a la madre, exactamente como los italianos)–, si es cierto que los inmigrantes no son (todavía) mayoría, y si finalmente es cierto que los inmigrantes no son ciertamente homogéneos entre sí, ¡no se diseña en el panorama un futuro de "limpieza étnica" para las comunidades extranjeras en el hexágono francés!

Por lo demás, al frente de las preocupaciones expresadas en "La colonización de Europa" a propósito del potencial condicionamiento de la libertad de la política exterior europea (¡!) por parte de los ambientes de la inmigración, en particular musulmana, es fácil constatar que la incidencia que la comunidad islámica puede ejercer al respecto es muy similar a aquella, en verdad mínima, de la comunidad italiana y alemana en América en las vigilias de la Segunda Guerra Mundial, y no por ejemplo a aquella de signo opuesto de la comunidad judía en nuestros países, o a aquella ejercida, por la vía del chantaje económico, la ocupación militar y el sometimiento político-cultural, por los Estados Unidos.

Estoy perfectamente de acuerdo con Faye al considerar hipócrita, jesuítico y perdedor el eslogan que invita a luchar "contra la inmigración, no contra los inmigrantes", muy parecido al anticomunismo clerical de los años cincuenta que quería "combatir al pecado, no a los pecadores". Los segundos caminan evidentemente con las piernas de la primera, y combatir la inmigración significa combatir la llegada, la instalación y la permanencia de los inmigrantes, por lo demás en nuestro país casi siempre ilegales en el sentido de la propia normativa vigente.

Pero considerar a los inmigrantes la consciente quinta columna de una guerra de conquista, cuando son a la inversa los gérmenes patógenos de un desarraigo universal que vacía y destruye las culturas y las economías de procedencia y saquea hasta reducirlas a ruinas las de destino (más allá de las momentáneas ventajas que aún están por demostrar), parece fruto de un "complotismo" que termina por revelarse políticamente funcional como discurso de legitimación para una "microguerra local de bandas", que es precisamente uno de los aspectos mas caracteristicos de la sociedad multirracial a la americana.

Evidentemente, también aquella de la "trata de esclavos" es una metáfora. Los inmigrantes, no sólo en Francia, apenas llegados se "empadronan" se benefician en la mayoría de los casos de un inmediato acceso a los bienes de consumo normalmente muy superior al que gozaban en los países de procedencia; se integran casi inmediatamente en la economía más o menos ilegal, cuando no criminal, de las respectivas comunidades; obtienen beneficios, ayudas y asistencia pública, con condiciones incluso discriminatorias para las poblaciones autóctonas. En una palabra, se "aburguesan". ¿Pero acaso es esto lo que entendemos por "victoria" y por "conquista"? Después de lamentar una tal suerte para las poblaciones europeas, ¿reconocemos en ella una "victoria histórica" de los inmigrantes? Del mismo modo se podría sostener que el proletariado o la Unión Soviética "han vencido", porque, hoy, con un poco de fortuna pueden comprar algún foulard de Hermes en las rebajas del supermercado occidental…

En "El Arqueofuturismo" Faye critica tal vez con exceso las que él mismo define como sus pasadas posiciones, y el proyecto político resumido en el título del libro "Europe-Tiers Monde, méme combat" de Alain de Benoist. Es absolutamente cierto que en Arabia Saudita un "pagano" o un "ateo", a diferencia de un cristiano o un judío, no tienen ningún derecho de entrada, y que los musulmanes desprecian a los europeos (por lo demás, como reconoce Faye, perfectamente con razón). Es cierto que son ilusorios "acuerdos" y "alianzas" entre mundos que en gran parte compiten para mejor comprometerse con el común enemigo americano. Pero no es en absoluto necesario que la detención del "ataque demográfico", o de una "colonización" que sólo es tal en el sentido zoológico del término, devenga objeto de un "acuerdo negociado" Europa-Tercer Mundo, según la hipótesis debenoistiana de la época (hoy desfasada en el "comunitarismo etnopluralista" de la Nueva Derecha ya tratado).

La verdad es que los países del Tercer Mundo que conservan algún residuo de independencia política o de cultura comunitaria e identitaria no han sido antes y no son ahora países de emigración, puesto que en ellos se entiende comúnmente que los recursos humanos pertenecen a la comunidad nacional, y pueden y deben ser empleados para resolver los posibles problemas comunes, e igualmente para compartir el destino común.

Y no es casualidad, exactamente como sucedió en Europa, que el enfriamiento y la inversión de los flujos migratorios siempre ha dependido constantemente del grado de sometimiento o independencia del país implicado (ver en nuestro continente como ejemplos a la Escocia después de la batalla de Culloden, la Irlanda dominada por los ingleses, la Alemania de los pequeños estados preguillerminos…). Exactamente como inversamente proporcional al grado de sometimiento político resulta la presión demográfica autóctona –lo que deja no sorprendentemente a Italia y Alemania en el fondo del mismo grupo europeo-occidental, ¡con la tasa de natalidad más baja de la historia de nuestro continente, como anota Faye, del tercer siglo después de Cristo!

Por lo demás, en términos ciertamente no de "cohabitación", sino más bien de "consistencia histórica posible, hemos ya apuntado que el cristianismo es intrínsecamente misionero y universalista (y aún lo es más en sus formas secularizadas), y por consiguiente inevitablemente llamado a "convertir" y adulterar con todos los medios las culturas ajenas; el judaísmo es fundamentalmente cosmopolita y por ello llamado a insertarse como cuerpo extraño etno-religioso en las otras culturas y comunidades y a minar y negar su cohesión interna; el Islam es hoy fundamentalmente el monoteísmo identitario de una comunidad etnocultural compuesta, ciertamente antifaústico y fundado sobre el rechazo de la visión europea de la historia, ciertamente imperialista e investido por una misión divina de autoafirmación, pero sobretodo, y, no sin razón, preocupado de no ser asimilado.

Tal diversificación tiene orígenes no solamente en diferencias teológicas, sino en experiencias históricas muy concretas que han envuelto a las tres religiones, llevándolas a ser lo que son, de tal modo que el Islam es el único en poder reivindicar con buen derecho una especie de "autoctonía" (que en el ámbito monoteísta sólo las corrientes sionistas del judaísmo buscan, no por casualidad, remedar con la constitución del Estado de Israel). En tal sentido, el expansionismo islámico, con la excepción quizás de la compleja vivencia de la primera islamización de Persia, parece ciertamente más cercano, a pesar de todo, a los modelos tradicionales de expansionismo político-culturales propios a todas las civilizaciones que al tipo de influencia etnocida ejercida en Occidente y en todo el mundo por el judeocristianismo, primero, y por sus variantes secularizadas que conocemos con el nombre de Sistema después; y por ello parece ciertamente menos inclinado a malgastar la propia voluntad de poder en la conversión y la adulteración forzada y/o en la dominación oculta.

Simétricamente, a diferencia de la mentalidad propia al judaísmo y al cristianismo, las poblaciones musulmanas derrotadas y sometidas, como reconoce Faye, siempre se encierran en el fatalismo y en la preservación de las propias tradiciones, sin representar ningún particular potencial de "envenenamiento" para aquellos que han llegado eventualmente a dominarles. Parece así difícilmente admisibles, y casi increíbles en boca del autor, algunas declaraciones en las que se deja arrastrar en su brillante discurso, como aquella (pág. 147) según la cual… "el pagano puede vivir sin conflictos con el cristiano o el judío, pero no con el musulmán" (¡!)

Del mismo modo, me parecen históricamente muy dudables, y políticamente desmovilizadoras, las opiniones según las cuales "es más fácil liberarse de unos "jeans" que de un chador, de un McDonald´s que de una mezquita". La historia está repleta de culturas que se imponen sobre otras culturas, para luego sufrir el desquite; las mezquitas fueron ya extirpadas sin mayores problemas de España, de Sicilia y de los Balcanes; la destrucción de todo testimonio cultural en el magma indiferenciado del Sistema, especialmente allí donde deviene completa, parece, según el actual estado de las experiencias, más irremediable.

Así, este tipo de afirmaciones, que sería erróneo extrapolar del contexto globalmente condivisible de la obra que comentamos, me parecen muy peligrosas bajo tres perfiles. El primero: la desenfatización de ese componente del aspecto propiamente racial y demográfico del problema, sobre el cual Faye ha insistido antes como una de las componentes trágicamente ignorados en las tendencias asimilacionistas o multiculturalistas por él criticadas. El segundo, estrechamente unido al primero: la objetiva continuidad que se genera con las posiciones del clero católico "combativo", que ya pagó el cambio con un lento declive de las vocaciones y del peso religioso contra el reconocimiento y el respeto social ahora unánimemente compartidos en exclusiva con los "hermanos mayores" de religión hebrea, y que hoy no tolera la improvista llegada de los "primos" mahometanos, convocando así a ciertos cruzados según quienes "nuestra cultura" será defendida solamente prohibiendo el culto islámico o expulsando al mar a los prófugos (europeos, a pesar de todo) de Bosnia, mientras serían bien recibidos los párrocos del Zaire, las criadas filipinas, los obreros andinos, las hermanas jamaicanas, los programadores israelíes…

Y, en tercer lugar, el hecho de que la pseudo-cultura de los McDonald´s y los jeans preparan y hacen posible exactamente el tipo de sociedad en donde conviven mil sectas entre sí, con el indiferentismo común y mayoritario, entre cientos de razas diversas sobre el mismo territorio. Todo el mundo es ciudadano, todos van y vienen, se entienden en inglés, no hay razón para no llevar a casa el propio pedacito de folklore o de creencia, o para no organizar la propia banda étnica en la cual encontrarse y encontrar un sucedáneo de política en el enfrentamiento tribal contra el barrio o el condominio confinante.

Retornando sobre un plano más filosófico y cosmo-histórico, uno de los eslóganes propuestos por "La colonización de Europa" es "Del etnopluralismo al etnocentrismo". Tales posiciones siguen los pasos de una ulterior crítica a la extremización (o mejor, en realidad, a la "externalización") de las posiciones antiuniversalistas de la Nueva Derecha.

También en este caso la Nueva Derecha ha partido de presupuestos correctos, y sobre todo capaces de derrotar políticamente al interlocutor "politically correct", precisamente por la constatación de la fundamental irreductibilidad de las civilizaciones y de las razas humanas, de modo que toda hipótesis de "igualdad humana" en sentido intercultural es en primer lugar ofensiva y lesiva para la identidad y el legítimo orgullo de pertenencia del "igualado". "Igualado" que es aburridamente asimilado, desde un punto de vista ideal antes que práctico, en una "humanidad" genérica definida sobre la base de parámetros occidentales, en donde como en Schelling "todas las vacas son grises", negando implícitamente el mismo derecho del Otro a la existencia –lo cual termina por reflejo negando implícitamente la existencia del Uno.

El subrayado de tal consecuencia "racista" inscrita en los postulados ideológicos del Sistema pertenece, por lo demás, a una estrategia más general del "déplacement" siempre aplicada en los ambientes de la Nueva Derecha, como ya hemos visto por ejemplo elevando a sistema el hecho de relanzar las tesis más inconvenientes a través de la sagacidad de citar entre comillas a personajes "santificados" por cualquier discrepancia con los regímenes fascistas históricos (quizás por repugnancia hacia un guardia urbano, o paradójicamente por… extremismo político mal conciliable con la "centralidad" mussoliniana o hitleriana), de la serie "he aquí, si queremos citar las ideas incómodas ya perseguidas también en los años treinta, etc."; y en este caso gritando a la inversa: "no respetan el derecho a las diferencias y las características concretas y específicas de las poblaciones extraeuropeas" (acusación que muchos toleran si se refiere a nuestra cultura y raza, pero que deja un fuerte sentido de incomodidad si se generaliza en una acusación de "injusticia" hacia los otros).

Al igual que en el ejemplo citado se termina en verdad por ser influenciado por todas las componentes más bizarras, lunáticas y marginales del mundo antiliberal de la primera mitad del siglo XX, también el discurso de la Nueva Derecha relaciona la cuestión de la originalidad e incompatibilidad de las culturas que termina siempre por desembocar en la idea perniciosa de una fundamental equivalencia entre la civilización y la raza, de una "par dignidad" acordada incondicional y automáticamente en toda dirección histórica y geográfica.

Desde aquí no hay mas que un paso para admitir incluso una inferioridad de la civilización europea, o al menos de la civilización europea históricamente existente, tesis que por lo demás ya había sido aceptada tanto en los ambientes tradicionalistas ("ex oriente luz", la "acción" como sierva de la "contemplación", la decadencia moderna y el reino de la cantidad respecto a la conservación a través de usos y costumbres más cercanos a una presunta Tradición ancestral común) como en los ecologistas y neoprimitivistas (con sus declaraciones en favor de sociedades históricamente extrañas, en supuesta armonía con la naturaleza, "no-agresivas" antifaústicas).

Tal conjunto de ideas es justamente rechazado por Faye como fruto y manifestación de un disolvente oscuro, de un etnomasoquismo enfermo que reniega de las propias raíces y no puede percibir intelectual ni afectivamente la absoluta peculiaridad de la propia identidad respecto a la identidad de los demás.

En oposición a ello, el autor retiene de nuevo la afirmación polémicamente opuesta de la superioridad de la cultura europea, que el libro "demuestra" con ejemplos y argumentos cuando menos convencionales y propios del siglo XIX, como la comparación entre Miguel Angel y la estatuaria precolombina, entre Mozart y la música ritual del Asia u Oceanía, enumerando además los legados de la cultura europea "en campos tan diversos como la arquitectura, la poesía, la literatura, las artes plásticas, la música, la astronomía, la física, las ciencias naturales, las matemáticas, la filosofía, la espiritualidad, la medicina, las técnicas aplicadas".

Ciertamente, cualquier tentativa de devolver a los europeos "conciencia de sí" es seguramente apreciable. Pero el discurso de "La colonización de Europa" deviene tan ambiguo y desviado como aquellos a los que se opone el autor cuando él mismo termina por escribir: "Existen criterios objetivos y universales de comparación entre las civilizaciones". O peor aún, en una caída absolutamente insólita de Faye en el tópico y en lo "políticamente correcto": "Hay religiones objetivamente superiores a otras porque sus obras espirituales son más elevadas (?) y porque no han dado lugar a masacres" (!).

Ahora bien, la idea de la "superioridad objetiva" es exactamente el punto de vista del extremismo "blanco" americano, del colonialismo franco-británico y tambien del reciente occidentalismo liberal (como por ejemplo, en Francis Fukuyama), y está tan viciada en sus presupuestos como es perjudicial en sus recetas prácticas. Por mucho que pueda aparentar ser "etnocentrista", comporta en realidad la admisión de una comparación universalista "entre naranjas y manzanas", como dicen los ingleses, algo extraño a la experiencia y al espíritu de las grandes civilizaciones históricas. Escribe Faye: "Los pueblos de larga duración, las civilizaciones vivaces siempre se han creído centrales y superiores", y cita como ejemplos a la China y al pueblo judío. Trasladando aquí las cuestiones más complejas y absolutamente peculiares que posee éste último, es perfectamente cierto que todas las grandes culturas y razas siempre se han considerado "superiores", pero en relación a los valores que ellas mismas se daban y expresaban, sin importarles mínimamente que en la base de tales reivindicaciones obvias (y contingencias) hubiese o no cualquier "verdad objetiva" de naturaleza universal, supercultural e interracial.

También me parece equívoco el criterio del "suceso histórico", porque tal "suceso" de la civilización europea es hoy peligrosamente puesto es discusión sobre el plano cultural y biológico, sin que ello deba mínimamente poner de nuevo en discusión la fidelidad que debo tributar a la misma civilización europea. Y secundariamente porque el mismo criterio está evidentemente influenciado por un punto de vista exactamente occidental-europeo, puesto que el "suceso" (versión pervertida de la idea de la "gloria inmortal" específica de la mentalidad indoeuropea, y por nada universal) es ya un sistema de medida culturalmente relativo, y como tal puede representar bien poco, o ser completamente incomprensible, en la perspectiva original, no occidentalizada, de la cultura malgache o de la tibetana.

Aún peor me parece el recurso a los "reconocimientos" que a la "superioridad" europea vemos tributar por otras culturas ("En el Japón, por ejemplo, la música europea es reconocida como más evolucionada que la música nacional"). Es fácil identificar en muchos de tales reconocimientos nada más que la manifestación del desarraigo impuesto por el colonialismo cultural del sistema occidental, o nada menos que la regresión a un estadio ulterior de degradación, un equivalente local del exotismo folklórico y de la xenofilia que Faye reprocha a los europeos (ver los coreanos que cenan en restaurantes con los camareros disfrazados de gondoleros o con traje tirolés). Pero en otras ocasiones, los mismos reconocimientos no son sino la manifestación de un fenómeno legítimo de (crítica y limitada) "cross-pollination" cultural, que siempre ha existido a nivel de las élites, y absolutamente funcional en el nacimiento, desarrollo y floración de las grandes culturas (que para ser sí mismas tienen necesidad de otro del cual distinguirse y con el cual relacionarse dialécticamente), al cual se opone Faye, declarándose provocadoramente partidario del "aislacionismo cultural".

El pensamiento identitario de matriz, decíamos, italogermano y centroeuropeo se funda sobre una afirmación voluntarista de valores, tradiciones y elementos culturales que son defendidos y propugnados simplemente porque son los reconocidos y reivindicados como propios. Y ello sin necesidad de recurrir a una dudable Razón Universal, como tal susceptible de ser desmentida (¿qué le importa a un indio boliviano que nunca ha tomado contacto con el Occidente el pensamiento de Heráclito, o sobre qué bases debería reconocerlo como "superior" y prescindir de la cultura irreduciblemente distinta en la cual vive él?).

La misma teoría nacionalsocialista de la "raza superior", correctamente entendida, retiene la afirmación de ciertos valores y elementos a un nivel completamente interno a una dialéctica alemana y europea, a un juicio aparentemente fundado sobre elecciones y pertenencias ya dadas por descontado, y a una voluntad de poder colectiva y autofundada. A ningún autor o dirigente de tal ambiente se le habría pasado por la mente la idea de que la civilización europea pudiera ser considerada "superior" desde el punto de vista de un judío, un africano o un japonés, así como estaba claro para todos que el juicio diverso sobre estas tres razas y tradiciones, por ejemplo, fuese el único juicio posible sobre ellas: era el juicio desde el punto de vista europeo, alemán y nacionalsocialista, y no el de un inexistente "observador desencarnado".

En el momento en que –después de haber reconocido (y luego inexplicablemente olvidado) que cada raza y cultura no puede sino considerarse superior desde su propia perspectiva– introducimos la idea según la cual existe una posible "discusión" al respecto fundada en referencias comunes y "objetivas", justificamos evidentemente la "conversión" a la "superior" civilización occidental, conversión que a su vez termina por justificar la "acogida" por parte de ésta última de elementos humanos y culturales extraños, así "convertidos" y mestizados, a lo más bajo una temporal "tutela" europea, pero al final, inevitablemente, inmersos en la entropía étnica total.

Estoy perfectamente de acuerdo con el hecho de que los europeos deben ante todo (pre)ocuparse de su identidad cultural y racial antes de angustiarse por la de los otros, que además corren menos riesgos. Pero también es cierto que todo ataque occidental a la identidad de los otros representa una llama que ataca por ambos lados, porque el mestizaje étnico y cultural anula cualquier especificidad de pertenencia.

Y estas especificidades son, como reconoce Faye, una riqueza que condiciona la misma capacidad de la especie humana en su complejo de conservar la propia peculiaridad respecto al resto de la biosfera, sobrevivir y realizar el propio destino. Las razas y culturas humanas no son solamente como las razas de los caballos o de los perros. Son también experimentos, a escala cósmica y macrocósmica, de una autocreación en la cual el hombre es trágicamente llamado para ser, o mejor devenir, aquello que es. Por ello, toda gran civilización ha necesitado de la existencia y de la resistencia de otras poblaciones distintas, en términos genéticos, espirituales, lingüísticos, para autodefinirse y adquirir, polémicamente, una consistencia de sí. Lo repetimos una vez más: quien afirma agresivamente la propia identidad es un rival contingente, que la niega y reniega ("te envenena también a ti") con éxitos potencialmente fatales para todos los pueblos.

Al contrario, Faye tiene perfectamente razón cuando subraya la absoluta prioridad, entre las varias cuestiones políticas actuales, de la cuestión relativa a la inmigración alógena, como amenaza a la supervivencia étnica, física y biológica de los pueblos europeos.

En este sentido toda otra cuestión es relativamente secundaria, en cuanto que ésta representa la amenaza última, la catástrofe irremediable que hoy nos amenaza.

Pero de nuevo a mi parecer hay que añadir un nuevo dato, a nivel político, sobre la inserción de tal fenómeno en un escenario migratorio, e "inmigratorio", más complejo, que en cierto sentido constituye también el cuadro que hace posible, facilita o acompaña, tal "inmigración de población" fundamentalmente etnocida.

Intento obviamente hacer referencia a la inmigración que, por ejemplo, recibe hoy en día Italia de la Europa suroriental (Albania, Rumanía, ex Yugoslavia en primera fila), por ser un veinte por ciento del total y que técnicamente puede ser considerado un flujo interno europeo, y que aun siendo la única reprimida por el poder constituido (aunque sea con resultados ridículos) comporta consecuencias sociales desastrosas en términos por ejemplo de criminalidad común y mafiosa, de orden público, de ilegalidad difusa, que a su vez afecta a la ya limitada capacidad de resistencia y conciencia identitaria de las poblaciones más directamente expuestas. Igualmente merece ser mencionada la migración interna del Sur al Norte presente en muchos países europeos, así como de la "periferia" al "centro", en la última fase de un proceso re-instalación y proletarización (o mejor, "movilización" a la americana) que aún no ha terminado de consumarse así como aún no ha terminado de consumarse la destrucción en curso de las identidades regionales bajo el ataque concentrado de la inmigración alógena y de la "naturalización" forzada centralista aún en acto.

Reconocer el "status" de europeos a los albaneses o a los rumanos, y subrayar la paradójica discriminación sustancial que éstos sufren respecto a los senegaleses, los chinos, los filipinos o los zulúes, no significa aprobar o tolerar el traspaso en masa de aquellos a nuestras ciudades, o la implantación masiva de comunidades extrañas –y además parasitarias, nómadas o criminales– sobre el territorio italiano.

Así como la pertenencia al mismo Estado-nación no puede representar una justificación para la perduración en vastas áreas europeas, concretamente en el sur de ciertos países, de círculos viciosos típicos de la emigración – subdesarrollo – asistencialismo – clientelismo – mafia - emigración, que generan presiones fiscales y distorsiones económico-políticas inaceptables en las regiones urbanas y en el norte, causa a su vez de disgregaciones sociales según el modelo mexicano-brasileño, y de sucesivas e irresponsables importaciones de mano de obra a bajo precio sobre todo el territorio (ver la actual situación de la agricultura en el valle del Po).

Estos fenómenos, lejos de ser irrelevantes, constituyen el marco en donde se inserta y prospera el etnocidio de las poblaciones europeas autóctonas, contribuyendo a desquiciar los "fundamentos" comunitarios de una posible resistencia, como parecen al menos haberse dado cuenta las áreas más conscientes del legismo italiano, del movimiento bretón o del nacionalismo galés.

En fin, hemos visto cómo Guillaume Faye profetiza la guerra civil étnica sobre el suelo europeo. Que será, como él mismo precisa, antes que una guerra civil del tipo clásico y fratricida, una guerra de liberación nacional, en sentido muy literal.

El autor manifiesta sin embargo, con razón, una desconfianza absoluta en la capacidad de nuestra sociedad para administrar el impacto del asentamiento masivo de poblaciones y culturas alógenas y hostiles (sea a través de la absorción forzada o a través de la implantación de un modelo social "multicultural" y neotribal) y en la posibilidad actual de contrastar el fenómeno en el ámbito de la pura política gubernamental o en el ámbito de la legalidad constitucional e internacional del Sistema, y es así que prevé el alcance en todo caso de un punto de ruptura que ponga en discusión los procesos denunciados. Y no sólo. Confía en que tal crisis se produzca, como elemento necesario para que pueda producirse un vuelco de la mentalidad presente y del escenario político contemporáneo, en un contexto sustancialmente insurreccional.

Ahora bien, que no existen soluciones prácticas en el interior del contexto político y cultural contemporáneo es perfectamente cierto, así como lo es el hecho de que se debe tener el coraje salir decisivamente de los parámetros mentales de la "political correctness" y de los regímenes democrático-liberales tradicionales. La "espera de la crisis" en el pensamiento de Faye, crisis étnica en "La colonización de Europa" como económica y ecológica en "El Arqueofuturismo", amenaza sin embargo de colorearse de aspectos mesiánicos, en el sentido en que la Revolución comunista era la espera de la extrema agravación de la explotación, de la concentración de la propiedad de los medios de producción y de la lucha de clases. Por lo demás puesto que tal crisis es tanto más probable cuanto más brutal, cuanto menos gradual es el fenómeno combatido, tal postura lleva a una valoración ambigua de su agravación, por sus auspiciadas potencialidades "catastróficas", en sentido etimológico; valoración que amenaza confinar, como en todos los "adventismos" religiosos y laicos, con una "lógica de lo peor", a nivel político fundamentalmente desmovilizante, en cuanto incoherente con los valores defendidos. Una lógica verdaderamente peligrosa, exactamente a la luz de la potencial irremediabilidad, sobre lo cual el mismo Faye insiste mucho, de procesos que inciden sobe la misma existencia física del sujeto histórico europeo, entendido como grupo etnocultural concreto. Soy, en efecto, en cierto modo más pesimista que el autor; y no se me escapa, bajo la falsilla de las reflexiones de Giorgio Locchi, que, si la historia es verdaderamente "abierta", el mismo fin de la historia es posible; que, a pesar de la resistencia siempre renaciente a la misma, la entropía cultural racial y lingüística encarnada por el Sistema puede perfectamente realizarse hasta el fondo, también a precios y con costos hoy impensables para sus actores. De la "crisis" profetizada no me parece en efecto cierto ni su verificación –especialmente allí donde y cuando la gradualidad, la aceleración de los fenómenos extiendan la toma de conciencia y de reacción colectiva–, ni sobre todo el éxito. Para que estalle la guerra de liberación, y sobre todo para que resultemos vencedores, debe haber alguien dispuesto a combatir. El etnocidio de por sí no genera revuelta, o al menos revuelta de relieve político, como la crisis económica y la explotación no generan por sí la revolución, o la difusión del pecado y los cataclismos simbolizadores del adviento del Anticristo generen de por sí las condiciones para la Segunda Venida.

Pero, mientras el mito solsticial ("la ocasión se manifiesta a quien la sabe atender", "donde el peligro es mayor, allí nace lo que salva", "tocar el fondo del cual ya no se puede salir", "nada hay más oscuro que la medianoche", etc.) representa una referencia espiritual ineludible para quienes hoy se baten por el renacimiento y la misma supervivencia de Europa, es útil reafirmar que no es la crisis la que provoca la "ruptura del tiempo de la historia" de la que representa a lo sumo la ocasión, sino que es la voluntad histórica del sujeto que en ella se esconde.

Y no sabremos cómo suscitar, mantener y cementar tal voluntad si no es a través de una acción y una praxis militante y coherente con los principios afirmados, que impongan hoy combatir la colonización y el etnocidio de Europa a todos los niveles y en todos los ámbitos posibles y concretamente en la elección política y personal cotidiana, ciertamente en la conciencia de su insuficiencia y en la determinación de aprovechar el cambio de las condiciones comúnmente destinadas a producirse, pero también en el apoyo constante a cualquier iniciativa de contraste y contención que se ofrezca concretamente.

 

 

Traducción de Santiago Rivas

 

 

Notas

(1) Grupo de Investigación y Estudios para la Cultura Europea. "Grece", en francés, significa "Grecia" [NdT]

(2) Con el título "Il sistema per uccidere i popoli" (El sistema para matar a los pueblos), Societá Editrice Barbarossa, Milano 1997.

(3) Indagaciones sobre los Derechos Humanos.

(4) Nuevos discursos a la Nación Europea.

(5) Occidente como decadencia.

(6) Ediciones Nueva República. Barcelona 2003.

(7) (El eclipse de lo sacro). Editions du Labyrinthe. París 1990.

(8) Traducido al español por Klaas Malan y disponible en red-vertice.com

(9) La Colonización de Europa. Edición particular. Madrid 2001

(10) El grupo dirigido por Gianfranco Fini, que aglutina a los denominados "postfascistas" procedentes del antiguo MSI:

(11) "Catto-comunista", expresión corriente en el lenguaje político italiano y de difícil traducción literal a otras lenguas. En sí, hace referencia a las corrientes de la Iglesia Católica permeables a las ideologías progresistas en general y no tanto marxistas en particular.

(12) Se trata de una famosa asociación cultural y folclórica celticista. Los Arvernos fueron una de las tribus de la antigua Galia.

(13) Referencia a la famosa obra de Julius Evola, "Rivolta contro il mondo moderno".

(14) Beur: joven árabe nacido en Francia de padres inmigrantes.

(15) "El Islam y los EEUU. Una alianza contra Europa". Inédito, no publicado. Madrid 2000.

(16) se trata de una broma: los prefijos telefónicos internacionales, desde Italia, comienzan todos 000.

(17) Obviamente escrito antes de la segunda Guerra del Golfo y la posterior ocupación americana.

 

[Extraído de la Revista L'Uomo Libero, número 51, Mayo de 2001]

samedi, 17 janvier 2009

London - urbanes Testlabor der "One World"

London – urbanes Testlabor der »One World«

Gefunden : http://www.deutsche-stimme.de

Moscheen, Synagogen, Hindutempel – so wie die Themsestadt könnten bald auch deutsche Städte aussehen

Von wegen »britische« Polizei – auch die Behörden
in Großbritannien sind längst auf »Multikulti«-Kurs

Die Stadt an der Themse war einst unbestrittener Nabelpunkt der Welt und das Zentrum transnationaler Handels- und Kolonialpolitik. Auf einem Viertel des Erdballs flatterte der Union Jack, bis die vorletzte Jahrhundertwende den Höhepunkt des kolonialen Hegemonialanspruchs Großbritanniens markierte.

Seither befand sich die Hauptstadt des Vereinigten Königreichs in stetigem Wandel. London ist nicht mehr der Ausgangspunkt des britischen Expansionsdranges, sondern ein multikultureller Schmelztiegel ganz nach dem Geschmack großkapitalistischer »Global Players«. Stadt und Umgebung mutierten zum Babylon Europas. Im einstigen Zentrum des britischen Weltreiches werden heute 300 Sprachen gesprochen, es gibt 183 Synagogen, 130 Moscheen und 37 Hindu-Tempel – Europas Babylondon.

Großbritanniens koloniales Erbe und die weiterhin enge Verbindung des Inselstaats mit den ehemaligen Kolonien im Commonwealth schuf jenen besonderen Einwanderungsdruck, dessen Intensität mit einem Pendelschwung zu vergleichen ist. Während die britische Geschichte infolge der Vormachtstellung des Königreichs auf See von starken Auswanderungswellen geprägt war, in deren Verlauf Engländer, Schotten und Waliser fremde Kontinente besielten und wirtschaftlich erschlossen, änderte sich die Richtung der Menschströme schlagartig in den siebziger Jahren.

Oberste Devise der jeweiligen Kolonialverwaltungen war es, die überseeischen Landstriche eng an das »britische Mutterland« zu binden und Schulwesen und Rechtsprechung kopiert und möglichst unverfälscht auf die jeweiligen Kolonien zu übertragen. Es ist daher nicht verwunderlich, daß mit Beginn der siebziger Jahre die erste große Einwanderungswelle aus der Karibik, aus Indien, Pakistan und Bangladesch auf London hereinbrach.

Natürliche migrations-hemmende Barrieren wie die Unkenntnis der Sprache, der landesüblichen Gepflogenheiten, der Gesetzeslage und der kultureller Exklusivität stellten kaum Hindernisse für die einreisenden Fremden dar. Um die letzte Jahrhundertwende zogen dann vermehrt reiche Russen nach London. Rund 250 000 Russen haben London zum »Moskau an der Themse« gemacht – mit drei florierenden russischen Tageszeitungen und vier eigenen Schulen.

Keine Meldepflicht für Immigranten

Im Zuge der EU-Osterweiterung 2004 kamen schließlich Polen, Slowenen, Tschechen und Slowaken ins Königreich. Die meisten der osteuropäischen Zuwanderer stammen aus Polen. Sonntags sind beispielsweise nunmehr die Besucher von katholischen Gottesdiensten gegenüber den traditionellen Briten als Anglikaner in der Überzahl.

Allein seit 2004 sind schätzungsweise 1,8 Millionen Ausländer ins Land gekommen, allein nach London 650.000 Einwanderer, so der Daily Telegraph. Es fehlen aber präzise Zahlen, weil es im Vereinigten Königreich keine Meldepflicht gibt.

Zwei entscheidende Gründe machten diesen zweiten großen Zustrom möglich. Erstens: Die Labour-Regierung unter Tony Blair verzichtete 2004 nach dem Beitritt der osteuropäischen Staaten in die Europäische Union auf eine entsprechende Regulierung für den heimischen Arbeitsmarkt. Dieser freiwillige Verzicht auf eine Begrenzung hinsichtlich des Schutzes einheimischer Arbeitskräfte wurde bitter bestraft und begünstigte die Masseneinwanderung massiv.

Da – zweitens - infolge eines konjunkturellen Aufschwungs in den Jahren zwischen 1997 und 2007 mehr als zwei Millionen Arbeitsstellen geschaffen wurden, beugte sich die Labour-Regierung dem Druck der Wirtschaftslobbyisten und schuf jenen verhängnisvollen Umstand, den der konservative Politiker Chris Graylingin die Worte faßte: »Die Regierung schuf britische Jobs für ausländische Arbeitskräfte«. Auf keinen Fall herrscht in Großbritannien auch nach dieser »Job-Offensive« Vollbeschäftigung. Das Arbeitsministerium mußte einräumen, daß mehr als 80 Prozent aller neuen Stellen von Ausländern besetzt wurden.

Afrikanische Autohändler in Elephant&Castle

»Die Welt in einer Stadt« – mit diesem Motto bewarb sich London in der Bewerbungskampagne zur Austragung der olympischen Spiele 2012. In den vergangenen zehn Jahren sind mehr Ausländer nach London gezogen als nach New York. Die »Tube« – die Londoner Untergrundbahn verbindet ganze Erdteile miteinander. Von den polnischen Delikateß-Läden in West-London über den Currymarkt in Southall führt die Fahrt den Reisenden bis zu afrikanischen Autohandelsplätzen in Elephant&Castle.

Derzeit ist in London mit seinen Vororten jeder dritte gemeldete Einwohner außerhalb Großbritanniens geboren worden – in der Stadt London selbst mit mehr als sieben Millionen Einwohnern sind es fast 40 Prozent. Nur noch zwei von drei Londonern sind weiß, da auch statistisch Angehörige der zweiten und dritten Generation in Großbritannien nicht mehr als Ausländer erfaßt werden.

Auch andere britische Städte sind ein Vielvölkergemisch. Die Statistik besagt zwar, daß der Ausländeranteil in Deutschland höher liegt, aber das trügt: In Großbritannien kann man sich viel leichter einbürgern lassen, und deshalb werden die meisten Ausländer auf den Inseln irgendwann als Passport-»Briten« geführt.

Ohne Ausweiskontrollen, Einreisekriterien und Anstellungskontingente wird der Moloch laut Zukunftsprognosen weiter anschwellen. Ein Blick auf die Fernsehbildschirme, die sich in der Berichterstattung zu den Bombenanschlägen im Juni 2005 überschlugen, offenbart dem Zuschauer nicht mehr die Sicht auf eine europäische Stadt. Träger von Turban, Kaftan und Burka dominieren Londons Straßenbild.

In der Innenstadt Londons (City of London, das Viertel der globalen Hochfinanz) hört man häufig Englisch mit Akzent: 27 Prozent aller Beschäftigten in der City sind Ausländer. Die Schwerreichen aus Rußland, Amerika, Indien, den Golfstaaten und vielen anderen Teilen der ganzen Welt profitieren von den Steuerprivilegien für Ausländer.

Einheimische – nur noch Minderheit unter vielen

Nur britische Einkünfte müssen an den Staat versteuert werden – alle anderen Einnahmen bleiben steuerfrei. Zwar sollen Ausländer, die länger als sieben Jahre in Großbritannien wohnen, ab April dieses Jahres einen Pauschalbetrag von jährlich 30.000 Pfund bezahlen. Doch »für die wirklich Reichen wird dies nicht mehr als ein lästiger Flohbiß sein«, sagt Vince Cable, finanzpolitischer Sprecher der Liberaldemokraten.

Rund 66 Prozent der Edel-immobilien mit einem Preis von mehr als zwei Millionen Pfund (2,7 Millionen Euro) sind nach Angaben der Maklerfirma Knight Frank im Besitz von Ausländern.

Das Privatleben der Hochfinanz findet immer noch weitgehend in den westlich gelegenen Edelstadtteilen Kensington und Chelsea, Knightsbridge, Mayfair und Notting Hill statt. Hier leben die begüterten Briten und Ausländer, und hier verschwimmen die Grenzen zwischen den Nationalitäten – die Wohlhabenden und Superreichen bilden eine Multikulti-Klasse für sich. Die Mehrheit der zugereisten Fremden bleibt naturgemäß ethnozentrisch und weiterhin unter sich und die Ghettoisierung einzelner Volksgruppen prägen die Viertel Londons.

Europas erstes Babylon ist unzweifelhaft London. Andere Städte wie Paris, Stuttgart, Freiburg und Mannheim werden dem Beispiel Londons in Kürze folgen. Es ist nur eine Frage der Zeit, bis das abendländische Antlitz deutscher Städte nicht nur verschwommen, sondern gänzlich unkenntlich sein geht. Es liegt am Willen des Volkes, es nicht soweit kommen zu lassen.

Mathias Krebs

vendredi, 16 janvier 2009

L'Europa delle patrie

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mercredi, 14 janvier 2009

De nazaten van Djengis Khan

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De nazaten van Djengis Khan
http://klauwaert.blogspot.com/
Hoe de christenen een gouden kans om de opmars van de islam tot staan te brengen uit hun handen lieten glippen en waarom het westerse schuldcomplex met bijbehorende zelfkastijding onzinnig is –een lesje uit de geschiedenis.

Djengis Khan, geboren als Temudjin rond 1167, verloor al op jonge leeftijd zijn vader en leefde als uitgestotene jarenlang in uiterst precaire omstandigheden. Na vele omzwervingen en tegenslagen werd hij in 1206 in een kuriltai (samenkomst van alle stamleiders) verkozen tot Grote Khan van de door hem verenigde Mongolenstammen. Hij teisterde als een ‘gesel Gods’ het grootste deel van Azië, met een door hem gecreëerde, schier onoverwinnelijke strijdmacht.


Niet alleen was dit leger optimaal toegerust (door de inzet van reservepaarden, het dragen van een zijden onderhemd dat het verwijderen van pijlen uit schotwonden vergemakkelijkte, het gebruik van een geavanceerde composietboog), ook de strijdwijze was zeer effectief. Mongolen vernietigden hun tegenstanders door manoeuvrerend op hun snelle paarden een regen van pijlen af te schieten en het vrijwel nooit op een man-tegen-man gevecht te laten aankomen (daarbij waren ze kwetsbaar). Ook adopteerden ze gretig de militaire innovaties van over-wonnen tegenstanders: belegeringswerktuigen, buskruid, zelfs schepen. Ze verpletterden niet alleen de fine fleur van het Europese ridderschap, maar ook de tot dan toe zo succesvolle moslimlegers.

Djengis had vele concubines, maar de enige nakomelingen van belang waren de vier zonen die hij verwekte bij zijn vrouw Börte. De afkomst van de oudste, Jodji, was verdacht (kort na hun huwelijk werd Börte door tegenstanders van Djengis ontvoerd en verkracht), maar hij behandelde hem niet anders. Alle zoons kregen grote leengebieden (ulus) toegewezen. Djengis stierf in 1227 en werd opgevold door zijn bekwame, maar drank-beluste derde zoon Ögödei, die de scepter doorgaf aan zijn verwaten spruit Güyük. Deze volgde hem spoedig in het graf, waarmee deze tak als factor van betekenis uitstierf. De nazaten van zijn drie andere zonen vestigden afzonderlijke khanaten.

Batu, de tweede zoon van de eveneens in 1227 gestorven Jodji, breidde het hem toegewezen leengebied in het noordwesten van het rijk met behulp van de briljante generaal Subodai uit tot voorbij Moskou en roofde Polen en Hongarije leeg. Hij perste zulke gigantische tributen af van zijn Russische vazallen, dat zijn fabelachtig rijke clan de bijnaam de Gouden Horde kreeg. Na een zeer korte heerschappij van zijn zoon en kleinzoon ging de macht naar zijn tot de islam bekeerde jongere broer Berke. De laatste nazaat van Djengis, Berdebek, stierf in 1335, maar de Gouden Horde overleefde onder andere leiders tot 1502.

De bescheiden tweede zoon Djaghatai, die aan het hoofd van het dagelijkse bestuur van het rijk stond, kreeg de gebieden van de Kara-Kitai en Transoxanie in Centraal Azië (het huidige Afghanistan en de omringende landen) en had het daarmee niet echt goed getroffen.

Tolui kreeg het ‘hart van Mongolië, waarop hij als laatstgeboren zoon vanuit de traditie recht had. Hij stierf in 1233, maar dankzij de capaciteiten van zijn vrouw Sorghahtani Beki, een geboortige christin die door een Perzische historicus werd beschreven als “buitengewoon intelligent en bekwaam en hoog boven alle andere vrouwen op aarde verheven”, werd deze lijn de meest succesvolle. Ze sloot een bondgenootschap met Batu en wist in 1251 haar oudste zoon Möngke tot Grote Khan te laten kronen. Deze werd acht jaar later opgevolgd door zijn jongere broer Kubilai, na een burgeroorlog met de jongste zoon Arik Böke, die populair was onder de conservatievere Mongolenleiders omdat hij niet ‘verpest’ was door een leven in luxe.

Möngke en Kubilai onderwierpen China (dat door hun voorgangers alleen was geteisterd met roofovervallen) en Kubilai, de grootste van de Grote Khans, wijdde vrijwel al zijn tijd aan het bestuur van dit rijk. Door het herstellen van rust en orde, het bevorderen van de landbouw en het aanknopen van handelsbetrekkingen bloeide China weer op. Hij stichtte een nieuwe dynastie, de Juan, die een eeuw later door een volksopstand onder leiding van de eerste Ming-keizer aan zijn eind kwam.

Hülagü, de tweede zoon van Tolui, liep Perzië onder de voet en hield op afschrikwekkende wijze huis in het Midden-Oosten: hij veroverde o.a. Baghdad en ruimde bijna 200 ‘Assassijnen-nesten’ op (waarvoor velen hem zeer dankbaar waren). Hij was de christenen gunstig gezind: een belangrijk deel van zijn leger bestond uit Armeense en Georgische christenen en de christenen in de veroverde steden werden gespaard, terwijl alle moslimmannen aan het zwaard geregen werden en de vrouwen en kinderen als slaven naar het oosten werden versleept. Hij bood de kruisridders en de christelijke vorsten in Europa herhaalde malen een bondgenootschap tegen de islamieten aan, maar de eersten verkozen de kat uit de boom te kijken en de laatsten waren de ravage die door Batu in Oost-Europa was aangericht nog niet vergeten. Ze gingen niet op het aanbod in –een fatale vergissing. Hülagü’s positie werd bovendien verzwakt door een conflict met Berke, die liever niet zag dat zijn moslimbroeders in het Midden-Oosten werden uitgeroeid.

Iedere keer als een Grote Khan stierf werden van heide en verre leiders bijeengeroepen om in een kuriltai een nieuw opperhoofd te kiezen. De veroveringstochten werden dan afgebroken. Zo trok Batu zich bij een dergelijk gelegenheid terug uit Polen, Hongarije en het westelijk deel van Rusland en Hülagü uit het Midden-Oosten. Vaak was men het niet onmiddellijk eens en duurde het jaren voor de opvolger bekend was. Dit betekende uiteindelijk de redding van Oost-Europa en de islam in het Midden-Oosten.

Nadat Hülagü zich met het grootste deel van zijn troepen had teruggetrokken uit Syrië en het stroomgebied van de Eufraat bleef er nog slechts een klein Mongolenleger achter. Kortzichtige kruisvaarders besloten de Egyptische Mamelukken-generaal Qutuz vrije doortocht te verlenen en deze wist de Mongolen, die onder bevel stonden van de christelijke generaal Ked-Buka, bij Ain Jalut een vernietigende nederlaag toe te brengen -de eerste en de laatste keer dat de Mongolen verslagen zijn. Het Midden-Oosten was voor de islam veilig gesteld en kort daarop vielen de laatste kruisvaarderbolwerken.

Het rijk van Hülagü en zijn nazaten (de Ilkhans) beperkte zich voortaan tot Perzië. Het gebied bleef onrustig en Ghazan de Hervormer, die in 1295 aan de macht kwam, besloot de banden met zijn onderdanen aan te halen door zich tot de islam te bekeren. Hij werd nagevolgd door de meeste van zijn bevelhebbers. Zijn neef Abu Sa’id was de eerste khan met een islamitische naam –en tevens de laatste, want hij had geen kinderen. De resterende Mongolen gingen geruisloos in de Perzische bevolking op.

De nazaten van Djaghatai, ook tot de islam bekeerd, leken in Centraal Azië aan het kortste eind getrokken te hebben, maar hielden het uiteindelijk nog het langste vol. Een aanvankelijk onbeduidende prins, Babur, kwam op de vlucht voor binnenlandse onrusten in Noord-India terecht en stichtte aan het begin van de 16e eeuw het Moghul Rijk, dat (uiteindelijk in sterk afgeslankte vorm) tot 1857 zou bestaan.

Bij hun veroveringstochten gingen de Mongolen met ongekende wreedheid te werk. De minste weerstand had totale vernietiging tot gevolg, maar ook de bevolkingen van steden die zich direct overgaven werden soms uitgeroeid, louter om schrik aan te jagen. Bij de verovering van Baghdad kwamen volgens Perzische bronnen tussen de 800.000 en 2.000.000 mensen om het leven. Zelfs als men aanneemt dat deze cijfers zwaar overdreven zijn, liep het aantal doden in de honderdduizenden. Daarbij vallen de 2700 islamitische krijgsgevangenen die Richard Leeuwenhart bij de strijd om Akko liet executeren en zelfs de 40.000 burgers die sneefden bij de verovering van Jeruzalem volkomen in het niet. [Het beestachtige gedrag van de Mongolen is men echter vergeten, het aanzienlijk minder beestachtige gedrag van de Kruisvaarders niet.] De rooftochten van Djengis en Ögödei in China kostten volgens schattingen ca. 30 miljoen Chinezen het leven. Dat hadden er nog heel wat meer kunnen zijn, want generaal Subodai kon er slechts met moeite van weerhouden worden 10 miljoen Noord-Chinese boeren over de kling te jagen om hun land te kunnen benutten als weidegrond voor Mongoolse paarden.

De huidige Mongolen denken echter niet met afschuw terug aan de bloederige daden van hun nietsontziende voorouders. Integendeel: de herinnering aan Djengis Khan is de reddingboei waaraan dit door het communisme vernederde volk, verdeeld over een Russische vazalstaat en een Chinese provincie, zich vastklampt. Zijn portret prijkt op talloze voorwerpen, van wodkaflessen tot tapijten, en wekt niets dan trots en nostalgie op.

Vergeleken met de vernietigingstochten van de Mongolen waren de koloniale expedities van het Westen een toonbeeld van beschaving en ingetogenheid. Hoog tijd dus om maar eens op te houden ons te wentelen in schuldgevoelens. Die zijn nergens voor nodig, want in het rijtje van de grootste schurken uit de geschiedenis nemen westerse koloniale veroveraars zeer bescheiden posities in.

Jeremia 5 januari 2009

Bron
http://www.hetvrijevolk.com/?pagina=7618

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mardi, 13 janvier 2009

Le recours aux frontières

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Le recours aux frontières

http://www.europemaxima.com

vendredi 2 janvier 2009, par Georges Feltin-Tracol


La crise financière actuelle devrait réjouir les tenants de l’État puisqu’il sauve d’une ruine certaine bien des établissements bancaires. S’il faut en effet se féliciter de la fin du primat des « marchés » et des places financières, on ne peut que rester sceptique sur l’avenir de la crise. Assistons-nous aux prémices d’un effondrement général comme le prévoyait dès 1998 Guillaume Faye ou ne faut-il pas craindre que cette dramatique péripétie accélère plutôt le dessein d’intégration mondialiste ? Le réaliste pessimiste tend vers cette dernière hypothèse, car le F.M.I. souhaiterait devenir une Banque centrale planétaire. Si ce vœu se réalise, gageons que viendront ensuite une monnaie unique universelle (le mondo ?), puis un État mondial et, enfin, une société globale métissée. Cette marche insensée ne peut être empêchée (ou retardée) que si les États transgressent aujourd’hui un tabou et réhabilitent l’idée de frontières (peu importe ici le singulier ou le pluriel).

Il ne fait guère de doute que les « ploutoligarchies » transnationales exècrent cette idée qui contrarie leurs ambitions mortifères. C’est pourquoi, tout en injectant des sommes considérables dans des institutions financières en faillite, consacrant de la sorte un « communisme de marché » (1) dans lequel l’hyper-classe privatise des bénéfices gigantesques et « nationalise / étatise » des pertes faramineuses, les gouvernements se gardent de récuser le dogme du libre-échange (rien à voir ici avec les turpitudes strictement privées d’un haut-responsable français en poste à Washington). Pour la nouvelle classe dépeinte par Christopher Lasch, le protectionnisme (taxé de tous les maux dont le populisme et la xénophobie) n’est pas la réponse adéquate et, quand on ne le vilipende pas, les médias conservent un silence révélateur. En France, pendant longtemps, à part Maurice Allais, Emmanuel Todd soutint des thèses protectionnistes dans un cadre européen, mais d’une façon inaudible. Sa faible audience ne s’explique-t-elle pas aussi par l’incohérence de sa réflexion ? Favorable à un protectionnisme économique raisonnable, ce nationiste hostile aux souverainistes hexagonaux développe un discours républicain fortement intégrationniste. Or il n’a pas vu (ou compris) que nos sociétés d’Europe occidentale pâtissent d’une intense globalisation. L’anglicisme entend montrer le double phénomène qui frappe, entre autre, la France depuis deux générations :

— d’une part, une mondialisation extérieure initiée au début du XXe siècle, entérinée par les accords de Bretton Woods, le G.A.T.T. et le plan Marshall et amplifiée au milieu des années 1980 par la « révolution atlantique néo-libérale » reagano-thatchérienne de déréglementation de la circulation des capitaux et de l’ouverture progressive des marchés intérieurs européens à la concurrence intercontinentale,

— d’autre part, une mondialisation intérieure avec l’arrivée massive d’une immigration extra-européenne qui encourage l’islamisation, l’africanisation et la tiers-mondisation de l’Europe, et ce, combinée en même temps à une américanisation des mentalités et des attitudes ; ces processus ravageurs transforment par conséquent de vieilles sociétés solides en ensembles sociaux instables.

Vouloir le retour des frontières ne signifie pas seulement contester la mondialisation économique. Il s’agit aussi de contrer l’annihilation du politique.

Refonder des frontières (géo)politiques

Remettre dans les esprits et dans les faits l’idée de frontières exige au préalable l’abandon définitif du projet fumeux de « société ouverte ». La fermeture s’impose, car c’est une évidence incontestable que « la société politique est toujours société close, écrit Julien Freund. […] Elle a des frontières, c’est-à-dire elle exerce une juridiction exclusive sur un territoire délimité. […] Elle est l’âme des particularismes. En effet, toute société politique perdurable constitue une patrie et comporte un patrimoine » (2). Cependant, à rebours de la pensée uniforme la plus établie, il précise aussitôt que « clos n’est pas identique à statique, immobile, figé. Bien que close, la société politique n’est pas du tout repliée sur elle-même ni imperméable à ce qui se passe dans le reste du monde. Au contraire les bouleversements, modifications et innovations dans une société ont immanquablement un retentissement dans les autres sociétés (3) ». Ces incessantes interactions incitent au maintien de cette unité politique inscrite dans l’espace et le temps qu’est l’État qu’on ne saurait confondre avec l’État-nation qui n’en est qu’une des nombreuses manifestations historiques.

Malgré l’apparition d’acteurs nouveaux non étatiques marqués par l’émergence de réseaux transnationaux criminels (les maffias, Al-Qaida) ou religieux (Église catholique, sectes évangéliques, mouvements bouddhistes, etc.) et par la persistance de puissantes entreprises multinationales, le fait étatique subsiste, persiste, résiste, y compris pour des entités concernées à un processus d’intégration régionale telle que le Mercosur. L’exemple le plus flagrant reste la construction européenne avec l’Espace Schengen. Alors que les frontières intérieures de l’Union (entre les États-membres ou avec des voisins « sûrs » comme la Suisse, la Norvège ou l’Islande) s’estompent et se changent progressivement en quasi-limites administratives similaires au tracé séparant l’Île-de-France de la Bourgogne, ses frontières extérieures se renforcent théoriquement : on érige des murs high tech et on donne à l’Ukraine ou la Libye des millions d’euros pour qu’elles arrêtent chez elles toute la misère du monde. On comprend dès lors le dépit infantile des sans-frontièristes, ardents soutiens des hors-la-loi clandestins, qui éructent contre une « Europe-forteresse » fort peu fortifiée en réalité, car l’idéologie dominante mondialiste en fait une passoire indéniable.

Bien qu’elle s’inscrive dans une logique anti-stato-nationale, l’Union européenne sait bien qu’il lui faut des frontières, car une structure politique ne peut déployer son autorité que sur un espace plus ou moins strictement arpenté. Les eurocrates de Bruxelles cherchent à biaiser cette réalité par des élargissements toujours plus lointains. Ils préparent l’adhésion à moyenne échéance de la Turquie, du Maroc et d’Israël et songent d’y inclure un jour lointain l’Afghanistan, le Soudan et, pourquoi pas ?, la Papouasie - Nouvelle-Guinée… Il est cependant inéluctable que cette « Europe mondiale » se fracassera tôt ou tard sur le mur cruel des événements tragiques.

L’erreur originaire, ontologique même, des pères de la construction européenne fut de ne pas fixer dès le départ une limite ultime à leur ambitieux projet. Un européaniste exalté tel que Jean Thiriart en imagina plusieurs, de l’Irlande aux marches moldaves d’abord, de l’Islande à l’Union soviétique ensuite, de l’« Euro-U.R.S.S. » élargie à la Turquie, au Proche-Orient et à l’Afrique du Nord, enfin. Toutefois aussi étendus que fussent ces espaces géopolitiques fantasmés, ils savaient se donner des bornes. D’autres « européanistes » plus pragmatiques (Dominique Venner ou Henri de Grossouvre) évoquent plutôt un « noyau carolingien » basé sur une complémentarité franco-allemande ou sur un axe Paris - Berlin - Moscou. Ces considérations sur les limites ultimes d’une Europe idéale paraissent fort oiseuses à un moment où le machin de Bruxelles demeure un ectoplasme sectaire. Le repli vers les États et/ou les nations serait-il la solution en attendant mieux ? Méfions-nous toutefois de ce mirage : le cadre étatique et/ou national risque d’être comme ces chênes d’apparence robuste et en fait totalement pourris de l’intérieur, dévastés par le « cosmopolitisme » et des délocalisations industrielles massives.

Repenser des frontières économiques

Relancer le protectionnisme et sortir de l’O.M.C. seraient-elles des solutions judicieuses à la crise ? Des économistes bien-pensants rappellent que la Grande Dépression de 1929 s’installa durablement en raison du relèvement des barrières douanières et de l’adoption par Londres et Paris d’une « préférence impériale » fondée sur leurs colonies. Comparaisons n’est pas raison et on n’est plus dans les années 1930. Il serait temps de débarrasser le protectionnisme de toute connotation péjorative. Ce n’est pas la célébration d’une quelconque autarcie associée, parfois, à la décroissance (4), mais l’édification raisonnable d’« écluses » douanières qui freineraient, arrêteraient ou détourneraient les torrents de la marchandisation mondiale. On peut en outre exiger le retour des frontières en économie sans pour autant verser dans un excès protectionniste. D’autres voies anti-conformistes sont toujours envisageables.

Janpier Dutrieux suggère par exemple de « transcender le libre-échangisme et le protectionnisme, qui sont sources de conflits, et [de] leur opposer un système qui enrichit tout le monde. Ce système, c’est la mutualité commerciale » (5). Sans entrer dans les détails, il s’enchâsserait dans une « économie créditrice » avec « un étalon monétaire stable et fixe : l’eurostable » et « un nouveau système monétaire international autour d’une Union monétaire de compensation internationale qui fondera un mutualisme financier international » (6).

« De quoi s’agit-il, s’interroge donc Janpier Dutrieux ? Il s’agirait de mutualiser les avantages retirés de l’échange entre deux pays afin de ne pas léser la branche ou le secteur de production du pays exportateur (comme le fait le protectionnisme), ni pénaliser celui du pays importateur (comme le fait le libre-échangisme). Techniquement, il s’agirait d’appliquer une taxe sur les exportations (et non sur les importations), prélevée par la douane du pays exportateur. Cette taxe serait égale à la moitié de la rente de situation différentielle que possède la marchandise exportée par rapport à la même marchandise produite par le pays importateur. Le pays exportateur compenserait la branche professionnelle du pays importateur qui fait les frais de cette exportation. Ces échanges pourraient se faire dans le cadre d’une Alliance internationale de mutualité commerciale qui viendra s’opposer aux principes de l’Organisation mondiale du commerce […]. Le produit de cette taxe sur les exportations viendra financer les pertes à gagner des producteurs du pays importateur et permettre à ses branches de production d’améliorer leur compétitivité. (7) »

Il est vraisemblable que cette troisième voie commerciale libérerait l’économie dite « réelle » (les P.M.E., les artisans, les petits producteurs, les consommateurs, les couches populaires et moyennes) de l’emprise de la finance folle. Avec la mutualité commerciale, « les pays importateurs sont gagnants, ils n’ont pas à sacrifier leurs branches de production, ni à délocaliser leurs usines. Les pays exportateurs sont également gagnants, ils peuvent vendre leurs marchandises aux pays plus riches, et ainsi progressivement s’enrichir eux-mêmes. Dans ces conditions, ils pourront faire vivre leurs nationaux. La mutualité commerciale ré-enracine les populations. Elle stoppera les flux migratoires qui déstructurent l’humanité » (8). Voilà comment une réforme radicale des échanges internationaux permettrait aux entités politiques pourvues de frontières restaurées de reprendre le contrôle des déplacements mondiaux d’hommes, de les restreindre, voire de les renverser…

Admettre des frontières sociologiques

On se contente bien souvent de n’examiner les frontières que selon un angle politique et économique en délaissant complètement leur portée sociale ou « sociétale ». Le recours indispensable aux frontières entraîne inévitablement une remise en cause radicale du paradigme égalitaire moderne. Nous vivons, d’après Louis Dumont, à l’ère de l’homo æqualis triomphant (9). Or la destruction des corps intermédiaires et l’absence d’une armature organique participent à la négation des frontières, en l’occurrence sociales, ce qui engendre une quête frénétique, névrotique, quasi-pathologique, de la moindre distinction et l’émergence de l’astre noir de la Modernité, le racisme, qu’il faut considérer comme la nostalgie malsaine d’un désir d’homogénéité égalitaire. On découvre là l’« astre noir » de l’idéologie des Lumières et de son rêve dément d’ingénierie humaine. « L’homme moderne, et cela commence au XVIIIe siècle, observe finement Philippe Ariès, tolère de moins en moins des voisins qui ne sont pas conformes à son modèle. Il tend à les isoler, puis à les expulser, comme notre organisme réagit à un corps étranger. Les sociétés pré-industrielles ignoraient cet appétit d’identité » (10). Au nom d’une « égalité différentielle » exprimée par le slogan aporique « Tous différents, tous égaux ! », le discours multiculturaliste suscite des reconnaissances collectives, plus ou moins provoquées, autour d’affinités culturelles, sociales, sexuelles, linguistiques, confessionnelles…, qui opèrent de facto des clivages, des frontières, à l’intérieur d’une société voulue égalitaire. Certains s’écrient alors au « communautarisme », mais toute société n’est-elle pas un assemblage de multiples collectivités plus restreintes ? Et puis ce phénomène paradoxal de « différenciation égalitaire » ne répond-il pas à la pulvérisation (11) de nos sociétés minées par le couple infernal du productivisme et de l’argent ?

Quelques beaux esprits, égalitaristes frénétiques ou conservateurs patentés, condamnent le communautarisme qui saperait l’État. Ils ne décèlent pas qu’on quitte la Modernité pour un âge dit « néo-moderne », « hyper- moderne », « post-moderne » ou « archéofuturiste ». Ces modernes bientôt hors-jeu ne perçoivent toujours pas que l’individu, détaché de tout lien traditionnel ancestral, dépérit dans une unidimensionalité aliénante qui le réduit en homo consumans - homo faber alors qu’il s’épanouit quand il retrouve des entourages communautaires (12). D’autres le pressentent et multiplient en réponse de ce manque des occasions artificielles festives : les « nuits blanches », les raves parties, les grandes kermesses politico-musicales. L’homme moderne doit oublier sa condition de déraciné en promouvant l’homo festivus. Néanmoins, si les sociétés traditionnelles s’affirmaient par la prédominance du groupe sur l’individu tandis que les sociétés modernes s’analysent par la domination de l’individu sur le groupe, les sociétés post-modernes se définiraient plutôt par un équilibre toujours subtil, parfois conflictuel, entre un individualisme - qu’on ne peut renier et, faute de mieux, qu’on doit assumer - et un vivre-ensemble organique à (ré-)inventer sans sombrer dans l’absorption dangereuse (totalitaire) du privé par le public. La frontière y exerce dès lors par conséquent un rôle déterminant dans la « reholisation » des comportements collectifs.

Quitte à irriter, prenons un exemple provocateur. Le port du foulard islamique par les musulmanes dans nos sociétés participe indirectement à la réhabilitation des frontières. Certes, le tchador marque la volonté d’imposer l’islam sur les terres d’Europe. Oui, son port outrage la femme européenne qui - ne l’oublions jamais - assure la maîtrise du foyer chez nos peuples boréens (Pénélope, Guenièvre, Iseut sont des figures majeures de notre imaginaire forestier, maritime et montagnard qui ne disent rien à un fidèle venu du désert) (13) et ne concerne que des converties. Son port sur notre sol signifie en réalité que la musulmane établit une frontière tangible entre elle et les autres. Ce simple morceau de tissu visualise par conséquent une nette séparation entre l’Oumma et la « Maison de la guerre ». Va-t-on le déplorer comme se lamentent les républicains et humanitaristes ou bien faut-il vraiment se formaliser de cette distinction réelle entre elles (et par delà elles, eux) et nous ?

Indispensables discriminations

Dans le langage courant, la discrimination - toujours mis au pluriel - fait figure de mal absolu. Contre elle, on dilapide chaque année des milliers d’euros dans des campagnes de propagande. L’« idéologie » anti-discriminatoire s’est depuis longtemps infiltrée dans tous les pans de la société. Ainsi, les établissements scolaires ont retiré l’estrade sur laquelle se trouvait le bureau du professeur qui surplombait sa classe si bien que l’enseignant se retrouve maintenant placé au même niveau que ses élèves. Cependant, malgré des réticences, le monde si généreux des pédagogues continue à discriminer par des notes, en distinguant les bonnes copies des mauvaises. La haine contre les enseignants ne serait-elle pas un effet indirect - et inconscient - d’un environnement saturé de thèmes anti-discriminatoires ? Loin d’être politique, la lutte contre les discriminations relève de la moraline et verse souvent dans l’impolitique.

La pensée unique critique donc ces discriminations majeures que sont les frontières, car elles constituent une introduction aux différences. « Traverser une frontière, constate Julien Freund, c’est le plus souvent être dépaysé (au sens plein du terme), parce qu’on entre dans une sorte d’autre monde avec d’autres institutions, d’autres coutumes, d’autres modes de vie, un autre esprit. (14) » Comment ce changement est-il possible ? Parce que, poursuit-il, « la frontière exclut le reste. C’est elle qui donne un sens à l’acte de guerre, c’est elle qui définit l’étranger, c’est elle aussi qui détermine les situations qui désorientent l’être humain et le troublent parfois jusqu’au plus profond de lui-même : celles de l’exilé, du banni, du proscrit, du réfugié, de l’expulsé, de l’émigré, du déporté, etc. » (15). Bref, les frontières sont inévitables, d’autant que « la répartition des humains par unités politiques particulières répond […] à certains besoins de l’homme : celui de se distinguer et celui de “ se situer ”, pour employer une expression du vocabulaire contemporain. La reconnaissance de l’homme par l’homme n’efface jamais les particularités : elles sont aussi vraies que l’homme lui-même. La multiplicité des unités politiques fournit à chacun la possibilité de se définir extérieurement, la discrimination politique étant la plus simple, la plus nette, la plus manifeste et la plus compréhensible » (16). Il en résulte que la discrimination est une donnée irréfragable propre à l’homme.

Il y a dans la Bible un fameux passage dans lequel on sépare l’ivraie du bon grain. N’est-ce pas une métaphore discriminatoire ? Les agences matrimoniales fondent leur réussite et leur réputation sur des discriminations puisque les candidats au mariage recherchent le partenaire idéal à partir de critères précis (le sexe, l’âge, le niveau intellectuel, la profession, la taille, le poids, la couleur des yeux et des cheveux, les goûts, les loisirs…) qu’ils définissent soigneusement. Verra-t-on bientôt, sous peine de Goulag aseptisé, ces agences seulement mentionner : « Être humain recherche quelqu’un » ? Si cette folie anti-discriminatoire prend de l’ampleur, on peut imaginer que tous les mâles jaloux de voir l’actrice Angelina Jolie vivre avec l’acteur Brad Pitt leur intenter un procès pour discrimination parce qu’ils n’auront pas été choisis… Discriminer appartient au politique, au vivant, et non à une morale supposée universelle. L’anti-discrimination s’apparente en dernière analyse à une tentative échevelée de l’égalitarisme pris dans des contradictions inextricables. Ainsi, suite aux pressions féministes, il existe dorénavant à Mexico des compartiments strictement réservés aux femmes dans le métro ; à quand des compartiments pour les végétariens ou pour les porteurs de lunettes (ou pour les gens de non-couleur) (17) ? Cette tendance paradoxale de discrimination anti-discriminatoire est au fond logique puisque « la division de la société en sociétés particulières procède du concept même de politique, explique Julien Freund. La politique provoque la discrimination et la division, car elle en vit. Tout homme appartient donc à une communauté déterminée et il ne peut la quitter que pour une autre » (18). Le combat contre les discriminations qui favorise dans un premier temps une indifférenciation globale, crée, dans un second temps, de nouvelles distinctions plus sournoises encore que les anciennes et dont les natifs européens sont les premières victimes.

Quand on stigmatise l’opposition (la frontière) entre le citoyen et l’étranger au nom du genre humain, on va à l’encontre de sa nature politique. Qu’est-ce qu’un étranger ? « Être un étranger signifie précisément : habiter un pays dont on n’est pas citoyen. (19) » Ce rappel est inacceptable pour l’idéologie actuelle. Réhabiliter le politique, reconstituer la citoyenneté, restaurer l’État régalien (ce qui signifie par exemple de revenir au monopole de battre monnaie et de rétablir le châtiment capital) suppose au préalable de revendiquer et d’appliquer le concept vital de préférence identitaire d’ordre politique (nationale, européenne et/ou régionale) ou ethnique. Il est légitime que chez nous, les nôtres soient prioritaires par rapport aux autres. Une mère de famille se souciera d’abord de nourrir ses enfants avant de donner une bouchée de pain aux rejetons de la famille voisine, à moins qu’agissent des mécanismes de solidarité communautaire qui permettront de dépasser le simple égoïsme pour une coopération équitable entre personnes du même cercle d’appartenance d’une part, entre divers cercles d’appartenance d’autre part. Les enchâssements communautaires (ou les attaches collectives, naturelles ou subjectives) autour de la personne humaine ne sont pas exclusifs, mais plutôt cumulatifs et / ou synergiques. Les mesures anti-discriminatoires en cours dénotent une véritable phobie de l’originalité alors que « le particularisme est une condition vitale de toute société politique » (20). Soulignons en outre que ces lubies affaiblissent dangereusement le corps social qui perd son homogénéité spirituelle (ses traditions, sa mémoire, sa conscience d’être et d’agir au monde) au profit d’une hétérogénéité ethnique et d’une uniformité culturelle inquiétantes. Or « une société qui n’a plus conscience de défendre un bien commun qui lui est particulier, c’est-à-dire toute société qui renonce à son originalité, avertit Julien Freund, perd du même coup toute cohésion interne, se disperse lentement et se trouve condamnée à plus ou moins longue échéance à subir la loi extérieure » (21).

Redoutable machine de guerre contre l’esprit humain et le politique, l’anti-discrimination travaille l’opinion afin de lui inculquer une signification trompeuse. Les discriminations prennent sous son influence le sens de « traitements inégaux », de « préjugés inqualifiables (et désuets) ». Quant à la « discrimination positive », c’est-à-dire admettre une préférence envers des minorités reconnues aux dépens de la majorité et des autres minorités non qualifiées, car ignorées, elle apparaît surtout comme un favoritisme créateur à moyen terme de discordes internes, voire de guerre civile. Par ailleurs, les mesures de « préférence étrangère » posent les jalons de la ségrégation.

S’opposer à la ségrégation, stade suprême de la pulvérisation sociale

Par ségrégation, on désigne premièrement l’action de séparer quelqu’un ou quelque chose d’un ensemble, puis secondement la nette séparation entre groupes ethniques coexistant sur le même territoire. Ce terme connaît actuellement une éclipse relative dans le vocabulaire courant. Il subsiste volontiers quand on évoque la situation du Sud des États-Unis jusqu’aux années 1960 ou l’apartheid (qui se concevait à l’origine comme un développement ethnique séparé) en Afrique du Sud. En réalité, il y a ségrégation quand le primat égalitaire innerve la société et que la majorité pulvérisée, fragmentée, segmentée, égalisée, inquiète pour l’avenir de sa suprématie, réagit par une systématisation radicale de l’exclusion. Les sociétés traditionnelles ne nient pas les inégalités, elles les assument plutôt pleinement. Louis Dumont et Alain Daniélou (22) ont démontré l’inexistence de ségrégations dans le système hindou des castes.

Au contraire, la ségrégation, qui accroît l’anomie de nos sociétés, provient de l’indifférenciation généralisée des conditions d’existence et de l’oubli systématique des frontières. Les relever signifierait du même coup reconstituer un pluralisme authentique, car, si elles séparent, les frontières aussi unissent. Ce sont des interfaces, des lieux d’échanges (pacifiques ou non), entre différents mondes sociaux et culturels. Julien Freund estime que « la frontière est un chiffre de l’existence sociale de l’homme en tant qu’il est citoyen : elle sépare les hommes et en même temps elle est agent de cohésion des groupes et formatrice des communautés, celles-ci restant toujours particulières » (23). C’est « en affirmant la légitimité de certaines discriminations et la vertu des inégalités, de l’originalité et de l’expérimentation sociale, [que la frontière] exprime à sa manière le destin de l’homme par le refus du conformisme social auquel le public est sans cesse tenté de succomber » (24).

La frontière permet au Même de dialoguer avec l’Autre alors que la ségrégation nie, refuse, oublie, occulte, détruit l’altérité, la différence. Sans frontières, l’Autre cesse d’être ce qu’il est pour devenir quelconque ou rien. Les frontières ne nuisent jamais à la diversité humaine, bien au contraire ! Dans ce monde toujours plus terne, le recours aux frontières s’impose indubitablement au nom de l’écologie des cultures et de la variété immarcescible des peuples encore vivants.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Cf. Flora Montcorbier, Le communisme de marché, L’Âge d’Homme, coll. « Mobiles géopolitiques », 2000.

2 : Julien Freund, L’essence du politique, Dalloz, 2004, pp. 38 - 39.

3 : Julien Freund, op. cit., p. 42.

4 : Il est compréhensible de craindre que l’application de la décroissance entraîne une perte de puissance pour les États qui l’adopteraient (sauf si une instance mondiale l’impose à tous). Les faits semblent démontrer le contraire. Il existe actuellement un État au monde qui pratique une certaine décroissance économique sans que cela n’obère d’ailleurs sa puissance relative puisqu’il a contraint les États-Unis à céder : c’est la Corée du Nord. Mais à quel prix pour sa population civile…

5 : Janpier Dutrieux, « Nomadisme et enracinement : les nouveaux enjeux économiques, commerciaux et financiers », in sous la direction de Benjamin Guillemaind, La mondialisation est-elle une fatalité ?, Via Romana, 2006, p. 51.

6 : Janpier Dutrieux, art. cit., p. 49.

7 : Idem, pp. 51 - 52. Il importe aussi de relocaliser les économies et d’exhorter les pays émergents, présents et futurs, à cesser d’imiter le modèle occidental. Il revient donc à l’Europe de montrer une fois de plus une nouvelle orientation, la voie de la désoccidentalisation.

8 : Idem, p. 52.

9 : Sur Louis Dumont, cf. Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Gallimard, 1970 ; Homo æqualis I. Genèse et épanouissement de l’idéologie économique, Gallimard, 1977 ; Homo æqualis II. L’idéologie allemande. France - Allemagne et retour, Gallimard, 1991 ; Essais sur l’individualisme. Une perspective anthropologique sur l’idéologie moderne, Le Seuil, 1983.

10 : Philippe Ariès, « Le racisme dans notre société industrielle », in Le Présent quotidien 1955 - 1966, Le Seuil, 1997, p. 262.

11 : Pour comprendre ce concept de « pulvérisation », cf. Éric Werner, Vous avez dit guerre civile ?, Éditions Thael, 1990.

12 : Le démembrement du cadre communautaire de l’être humain par la Modernité « relève d’une volonté de puissance déréglée fondée sur une boursouflure de l’ego. Qu’est-ce que cet ego ? Ce “ moi ” n’a rien à voir avec le cerveau rationnel ; il exprime les instincts du cerveau reptilien associés au cerveau limbique.

La maladie dont souffre l’Amérique et l’Occident est de type métaphysique (et anthropologique) : dans la société “ moderne ” où ne compte que ce qui est fonctionnel au service des instincts animaux, le “ moi ” est divinisé. Dans le cadre collectif, cette divinisation du “ moi ” se traduit par un égalitarisme haineux fondé sur le désir de vengeance. Dans une pareille situation, le système politique lui-même ne peut plus fonctionner normalement », écrit judicieusement Yvan Blot, « Vers un “ fascisme ” gay ? », Polémia, www.polemia.com, 9 décembre 2008.

13 : Dans la trilogie du Seigneur des Anneaux de J.R.R. Tolkien, Eowyn, nièce du roi du Rohan, incarne superbement l’archétype de la féminité européenne et on ne peut la comparer à Schéhérazade des Mille et une nuits.

14 : Julien Freund, op. cit., p. 39.

15 : Idem, p. 39, souligné par nous.

16 : Idem, p. 38.

17 : L’idéologie anti-discriminatoire sombre dans des querelles inextricables. Pour preuve, le 4 novembre 2008, les Californiens approuvent par référendum la proposition 8 qui interdit le « mariage » homosexuel. Les études post-électorales montrent que 70 % des Afro-Américains ont voté en faveur de cette interdiction. En critiquant ce vote populaire, les gays ne versent-ils pas dans la négrophobie tandis que les Noirs donneraient dans l’homophobie ?

18 : Julien Freund, op. cit., p. 38.

19 : Idem, p. 367.

20 : Idem, p. 39.

21 : Idem, p. 39.

22 : Sur Alain Daniélou, cf. Shiva et Dionysos. La religion de la Nature et de l’Éros. De la préhistoire à l’avenir, Éditions Arthème Fayard, 1979 ; Les quatre sens de la Vie. Et la structure sociale de l’Inde traditionnelle, Le Rocher, 1992 ; Le Destin du Monde d’après la tradition shivaïte, Albin-Michel, 1992 ; La Civilisation des différences, Éditions Kailash, coll. « Les Cahiers du Mleccha, volume II », 2003. On lira aussi avec profit d’Alain Daniélou « Le système des castes et le racisme », pp. 37 - 62, in sous la direction de Julien Freund et d’André Béjin, Racismes Antiracismes, Méridiens Klincksieck, 1986, ainsi que dans le même recueil l’excellente contribution de Michel Maffesoli, « Le polyculturalisme. Petite apologie de la confusion », pp. 91 - 117.

23 : Julien Freund, op. cit., p. 39.

24 : Idem, p. 313.

 

lundi, 12 janvier 2009

Les Gallois: une nation qui refuse de mourir

 

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES / VOULOIR - 1989

 

Les Gallois: une nation qui refuse de mourir

 

par Gwyn DAVIES

 

Je voudrais vous parler aujourd'hui du Pays de Galles et des Gallois, une nation à laquelle on dénie le droit de vouer un culte à son héritage et d'avoir sa place ju­ridiquement parlant au sein de l'ordre international des Etats. Et pourtant cette nation survit toujours sous une forme re­connaissable et conserve tous les attributs né­cessaires d'un Etat, même si des forces exté­rieures l'empêchent d'exercer sa fonction souve­raine en toute indépendance. Cette nation a ma­gnifiquement résisté à la culture étrangère qu'on lui a imposée, une culture perverse, envahis­sante qui a déjà corrompu et édul­coré bien des peuples dans le monde.

 

A notre époque, où l'auto-détermination est in­voquée comme un droit naturel de l'homme et où les mouve­ments de libération nationale dans le tiers-monde sont acceptés avec la ferveur des croisades, il s'avère tout à fait impossible de contester intellectuellement la légi­timité de la lutte pour la liberté des populations indi­gènes d'Europe, enfermées dans les structures éta­tiques actuellement existantes. Nous sommes au cré­puscule des empires coloniaux et les derniers restes de ces vieilles instances peuvent aisément se repérer dans les colonies intérieures, retran­chées à l'intérieur même des frontières de la plupart des Etats européens mo­dernes. Le Pays de Galles est l'une de ces colonies.

 

C'est un objet d'étonnement pour tous d'apprendre que ce promontoire occidental des Iles Britanniques ait pu maintenir son identité et son caractère face à l'hostilité incessante de la puissance occupante au cours de près de vingt siècles. C'est l'histoire de cette résistance re­marquable que je vais tenter de vous ré­sumer aujourd'hui.

 

Du départ des légions romaines à l'époque arthurienne

 

Après le départ des légions romaines au début du Vième siècle, la province de Britannia dut assumer seule sa défense. L'historien grec Zo­zime nous relate cet épisode: «Les Bretons pri­rent les armes et, bravant le danger pour la sau­vegarde de leur indépendance, li­bérèrent les ci­tés des barbares qui les menaçaient». Les en­nemis des Bretons étaient nombreux et mena­çaient l'île de toutes parts. Le danger majeur, toute­fois, était représenté par l'invasion et l'installation sur les côtes est et sud de tribus germaniques migrantes, connues sous le nom collectif de Saeson,  ainsi que les nommait la population autochtone.

 

Pendant cette période romantique, cet «âge hé­roïque», l'Etat romano-breton se fragmenta en plusieurs petits sous-royaumes guerroyant entre eux. Chaque regulus luttait pour établir sa propre domination sur ces cymru (= compa­triotes), au moins avec le même zèle qu'il com­battait les barbares. Malgré les efforts de chefs comme Ambrosius Aurelianus et le légendaire Arthur, les Saeson  (que nous appelerons "Anglais" par faci­lité dans la suite de ce texte) poursuivirent inlassable­ment leur avance vers l'Ouest.

 

En 577, la bataille de Dyrham coupa les Bre­tons du sud-ouest de leurs compatriotes du nord. En 615, la bataille fatidique de Chester interrompit les communi­cations entre Ystrad Clud, le «Vieux Nord» et la ré­gion que l'on ap­pelera par la suite le «Pays de Galles».

 

A cette époque où les Anglais s'accrochent et s'installent, les Bretons parvinrent quand même à re­pousser des envahisseurs irlandais qui s'étaient établis sur leurs côtes occidentales. De puissantes dynasties s'imposèrent à Gwynedd, Deheubarth et Powys dans l'actuel Pays de Galles. Ce sont ces dynasties qui in­carnèrent au mieux la résistance des Gallois à l'agression an­glaise, agression violente dont témoigne l'horrible massacre de 1200 moines à Bargor-Is-Coed par Aethelfrith, Roi de Northumbrie. Ce grand mo­nastère et scriptorium  était un centre d'érudition et témoignait de la continuité de la civilisation romaine, dont les Bretons étaient les fidèles héritiers.

 

Le triomphe des Northumbriens à Chester per­mit d'étendre la puissance anglaise dans tout le pays bre­ton, situation qui connut son point cul­minant dans l'invasion de Gwynedd et la fuite de Cadwallon, son souverain, en Irlande.

 

Mais Cadwallon ne devait pas mourir ignomi­nieuse­ment en exil. Dès son retour, il leva une armée contre les Anglais qui furent mis en déroute en 632 à la ba­taille de Meigen. Leur chef, le puissant Edwin, mou­rut au com­bat. On apprend, par la plume de Bède le «Vénérable», propagandiste anti-breton viru­lent, quelles étaient les intentions de Cadwal­lon: «totum ge­nus Anglorum Brittaniae finibus erasorum se esse deliberans» («ils complotè­rent entre eux d'exterminer toute la race des Anglais présente dans le pays de Bretagne»). Que Cadwallon ait ou non planifié un tel géno­cide, il est clair que ses actions visaient la restau­ration de la domination bretonne dans les territoires conquis par les Anglais.

 

Le grand projet de Cadwallon ne se réalisa pas à cause de son décès précoce. Toutefois, sa marche vers l'est détruisit la prééminence de la Northumbrie. Les Bre­tons du Pays de Galles, bien que coupés de leurs frères du Nord, n'auront plus jamais à faire face à un danger an­glo-saxon aussi mortel pour leur existence.

 

Arrêt de la progression anglaise et guerres intestines

 

Les quatre siècles qui suivirent connurent bien des aléas, chanceux et malchanceux. Gallois et Anglais luttèrent pour déterminer le tracé de leur frontière commune, laquelle fut effective­ment fixée, grosso modo contiguë à celle d'aujourd'hui. Les Anglais dressèrent la Offa's Dyke  (= la Digue d'Offa), une ligne de fortifi­cations en terre le long de la frontière, prouvant une mutation dans la philosophie politique an­glaise: les Gallois ne doivent plus être conquis mais «contenus».

 

Au-delà de la Dyke, les Gallois se livrèrent à d'incessantes querelles fratricides; des royau­mes ri­vaux se combattaient mutuellement, as­sortissant leurs luttes de changement d'alliances si rapides que l'image que nous avons de cette époque est particuliè­rement confuse. Mais le grand legs laissé à l'histoire par ces roitelets gallois, c'est le soutien qu'ils ont ac­cordé à la tradition bardique. Grâce à ce patronage, les Gallois purent atteindre un haut degré de civi­lisation, unique en soi et qui mérite parfai­tement le qualificatif de «classique». Cette culture représente l'une des plus an­ciennes traditions littéraires d'Europe. Le Ox­ford Book of Welsh Verse commence par une œuvre de Taliesin, un poète du VIième siècle. Le premier poème présenté dans le Oxford Book of English Verse  date du XIVième siècle!

 

Ces poèmes composés il y a quinze siècles nous sem­blent toujours d'une importance vitale au­jourd'hui, aussi vitale qu'au moment de leur conception. Lais­sez-moi illustrer cela en citant un vers de Y Godod­din, une élégie guerrière de Aneirin, datant du VIième siècle:

«Gwyr a aeth Gatraeth oedd ffraeth eu Llu,

Glasfedd eu harcwyn a gwerwyn fu,

Trichart trwy beiriart yn catau,

Ac wedi elwch tawelwch fu».

 

Aux yeux de beaucoup, la littérature galloise atteint son apogée dans le Mabinogion, une collection de douze récits incarnant plus de mille ans de narration bardique: ce sont des ré­cits comme Culhwch ac Ol­wen, une romance arthurienne qui anticipe l'Historia Regum Bri­tanniae de Geoffrey of Monmouth, et The Dream of Macsen Wledig,  une épopée ayant pour hé­ros central Magnus Maximus, l'Em­pe­reur Maxence, l'«usurpateur» de l'Empire d'Oc­cident au IVième siècle.

 

Un code de lois

très modernes

 

Mais les Gallois n'étaient pas que des poètes. Sous la férule d'un chef du Xième siècle, Hywel Dda («le Bon»), un code de lois complet fut es­quissé et main­tenu en pratique jusqu'à ce que la conquête anglaise ne l'annule. Ce code, rédigé en gallois, contenait des idées juridiques révo­lutionnaires pour l'époque: les femmes pou­vaient réclamer une compensation lorsqu'elles étaient battues par leurs maris et revendi­quer une part de propriété égale en cas de divorce; le vol n'était pas punissable si le but de l'acte dé­lictueux était la survie physique; un fils illégi­time avait des droits égaux au patrimoine de son père, comme tous les autres fils.

 

Jacques Chevalier écrit que «le peuple du Pays de Galles était le plus civilisé de son époque et avait at­teint le plus haut degré d'intellectualité... Le Pays de Galles au Xième siècle était le seul pays d'Europe possédant une littérature natio­nale à côté d'une litté­rature impériale en latin».

 

Les années qui ont immédiatement suivi la conquête normande de l'Angleterre furent trau­matisantes pour les Gallois. Des aventuriers normands se rassem­blaient à l'Ouest pour se tailler des fiefs et de la puis­sance. Le Pays de Galles, malgré sa division en un réseau de petits royaumes, résista aux envahisseurs avec da­vantage d'efficacité que les royaumes anglo-saxons. Lorsque les Normands tuèrent à Has­tings le Roi Harold, ils emportèrent, d'un coup, un royaume centralisé, mais lorsqu'ils élimi­naient un petit chef gallois, ils n'enregistraient qu'un succès local.

 

Néanmoins, la marée montante de la conquête nor­mande finit par battre les contreforts des royaumes gallois et, au début du XIième siècle, le destin des dynasties autochtones semblait scellé.

 

Conquête normande et

«âge des Princes»

 

Mais la tenacité des Gallois s'avéra aussi âpre que l'appétit des Normands. Dans sa Descriptio Kam­briae,  Geraldus Cambrensis, prélat «cam­bro-nor­mand» du XIIième siècle, écrit à propos des Gallois que leur esprit «est entière­ment voué à la défense de leur pays et de leur liberté; c'est pour leur pays qu'ils se battent, pour leur liberté qu'ils œuvrent; pour cela, il leur semble doux, non seulement de lutter l'épée à la main, mais aussi de mettre leur vie à dispo­sition... Lorsque sonne le clairon de la guerre, les pay­sans abandonnent leur charrue et se pré­cipitent sur leurs armes, avec la même promp­titude que le courtier vers sa cour».

 

Les historiens surnomment les 300 années qui suivi­rent la prise du pouvoir par les Normands d'«Age des Princes». Pendant toute cette pé­riode, les chefs gallois comme Owain Gwynedd et Lord Rhys de Deheubarth luttèrent vaillam­ment pour résister aux incursions étrangères et pour unir leurs turbulents sujets en une nation capable de résister aux menaces extérieures.

 

Pendant cette époque, les Gallois enregistrèrent plu­sieurs victoires importantes, comme la des­truction d'une armée normande et flamande à Crug Mawr en 1136, l'humiliation de Henri II Plantagenet à Basing­werk en 1157 et à Cadair Berwyn en 1165. Mais mal­gré ces victoires, la résistance des chefs gallois a toujours été frei­née par les guerres fratricides endé­miques. Ces luttes intestines s'expliquent pour une part par le système des héritages, lequel, même s'il est équitable, divise et partitionne les terres. Con­trai­re­ment au système de la primogéniture ap­pliqué en An­gleterre, où le fils aîné hérite de l'en­tièreté des pro­priétés de son père, en Pays de Galles, tous les fils ont droit à une part égale de la propriété paternelle, ce qui engendre des ri­valités et des antagonismes sur une base inter-familiale. Ces disputes sont alors exploi­tées, encouragées et soutenues par des forces exté­rieures et intéressées.

 

Le seul espoir de conserver l'indépendance, c'était d'établir un Etat unitaire. Les efforts de la Maison des Gwynedd visaient un tel objectif. Sous l'égide de Llywelyn Fawr ("le Grand") et de son petit-fils, Lly­welyn ap Gruffudd, les Gwynedd prouvèrent leur prédominance sur toutes les autres dynasties autoch­tones. Ce clan de chefs chercha à fonder une structure féodale semblable à celle des Normands; leur effort connut son apogée lors du Traité de Montgo­mery de 1267, par lequel la Couronne anglaise reconnaît le droit de Llywelyn ap Gruffudd à porter le titre de «Prince de Galles» et à avoir le droit de recevoir l'hommage des autres princes mineurs.

 

Les Anglais deviennent maîtres du pays

 

Une telle concession n'a pu être arrachée que par moyens militaires car les Anglais auraient autrement refusé d'abandonner leurs projets de rapines et n'auraient jamais accepté un com­promis politique. Mais inévitablement, la toute-puissance de l'Empire anglais et la volonté in­domptable d'Edouard I, combi­nées, ruinèrent les aspirations des Gwynedd. En 1282, Llywe­lyn est tué et ses terres démembrées.

 

Les succès anglais, dus aux armées nombreuses et à la finance génoise, ont été renforcés par la construc­tion d'un réseau de puissantes forte­resses garnies de garnisons permanentes, sym­boles de l'autorité royale et destinées à surveil­ler et à réprimer la population autochtone. Un chroniqueur anglais de l'époque écri­vit: «L'histoire du Pays de Galles arrive à sa fin». Ce jugement était assurément fort prématuré! Face à l'arrogance anglaise, les Gallois refusè­rent de recon­naître leur défaite.

 

Les Anglais durent déployer une formidable puissance militaire pour mater de nombreuses rébellions, dont la plus sérieuse fut celle menée par Madog ap Llywelyn en 1294-95. Ce soulè­vement, pour être contré, exigea une campagne de neuf mois et la mobilisation de 35.000 hommes. Il empêcha la réalisation du plan d'Edouard d'envahir la France.

 

De nombreux Gallois avaient fui leur pays pour se rendre en France afin de poursuivre la lutte contre l'ennemi comme l'avaient fait les Wild Geese  (= les «Oies Sauvages») d'Irlande. Le plus connu de ces exilés fut Owain Lawgoch (= «la Main Rouge»), qui se proclama Prince de Galles et Capitaine de France. Le Duc Yvain de Galles, ainsi qu'il fut baptisé par les Français, commanda la flotte française qui s'empara de Guernesey. Yvain retournait en son pays lorsque le Roi de France le rappela pour investir La Rochelle  et entrer dans le Poitou. Le Pays de Galles s'est sou­venu des gestes d'Owain et les récits contant sa bra­voure ont été chantés à profusion par les Bardes. La Couronne anglaise voyait en lui une telle menace qu'elle loua les services d'un assassin pour le tuer lors du siège de Mortagne-sur-Mer.

 

Owain Glyndwr, le plus grand et le plus célèbre des patriotes gallois

 

Mais à peine un quart de siècle s'écoule après l'assassinat du premier Owain, qu'un autre se dresse, Owain Glyndwr, le plus grand et le plus célèbre des patriotes gallois. Les exploits de ce héros inspirèrent de nombreux esprits et ce n'est pas un hasard si les nationalistes activistes gal­lois d'aujourd'hui, qui s'attaquent aux propriétés détenues par des Anglais dans tout le Pays de Galles, ont choisi de s'appeler «Meibion Glyndwr» ou «les Fils de Glyndwr».

 

Au tournant du XVième siècle, le Pays de Galles était travaillé par le ressentiment. Aucun Anglais ne pou­vait être mandé devant une cour de justice par un Gallois et dans les arrondisse­ments ruraux (les bo­roughs),  la détention des terres et le commerce étaient des privilèges ex­clusifs des planteurs anglais. Le Parlement, averti de la colère des Gallois, émit une re­marque méprisante: «Qu'avons-nous cure de ces pendards et va-nu-pieds?». Dans une telle atmo­sphère, Glyndwr fut proclamé «Prince de Galles» et, sous les acclamations ferventes de son peuple, il fut salué comme le sauveur tant attendu, le fils du destin, l'icône des prophéties bardiques.

 

De 1400 à 1415, le Pays de Galles connut le tumulte et les feux de la rébellion, menaçant du même coup la construction de l'Angleterre mo­derne. En 1404, la plus grande année de Glyndwr, le jeune chef n'avait aucun rival en Pays de Galles; même les grandes for­teresses royales de Harlech et de Aberystwyth étaient tombées entre ses mains. Cette année-là, Owain convoqua son premier parlement national à Machynl­leth et, en présence d'émissaires d'Es­pagne, de France et d'Ecosse, avec la béné­dic­tion du Pape d'Avignon, il fut couronné for­mellement Dei Gratia Princeps Walliae  (= Prin­ce de Galles par la Grâce de Dieu). On éla­bora des plans pour détacher l'Eglise du Pays de Galles de la tutelle de Canterbury et pour fon­der des universités dans le nord et le sud du pays. Ces plans attestent le projet authentique­ment national de Glyndwr.

 

La défaite de ses alliés en Angleterre, de ses co-si­gnataires du Tripartite Indenture  qui vou­laient parta­ger l'Ile de Bretagne en un nord, un sud et un ouest, pesa considérablement sur la stratégie d'Owain; même l'aide d'une armée française ne put garantir son invul­nérabilité. Entre-temps, avec toutes les res­sources de la puissance anglaise dirigées contre lui, Glyndwr perdit du terrain. Mais si l'étau royal se re­fermait sur lui, Owain ne fut jamais battu définitive­ment sur le champ de bataille. Vers 1412, ses activités se résumaient à des coups de guerilla. Les légendes entourant son personnage se multiplièrent et s'amplifièrent. Glyndwr dis­parait de la scène vers 1415 et un voile de mystère entoure sa mort. Un chroniqueur gal­lois de cette époque relate que «la majorité af­firme qu'il est mort; les devins disent qu'il n'est pas mort».

 

Les Tudor, une dynastie galloise oublieuse

de ses racines

 

Bien qu'elle ait été écrasée par un Etat dont la popula­tion était quinze fois supérieure et dont les richesses étaient incomparablement plus im­portantes, la nation galloise, par sa guerre d'indépendance, s'était signa­lée à l'attention de toute l'Europe. A la Conférence de Constance de 1415, la délégation française maintint avec succès que le Pays de Galles était une nation dis­tincte en tous points de l'Angleterre. Les efforts de Glyndwr n'avaient pas été vains.

 

Depuis l'échec de Glyndwr jusqu'aujourd'hui, il a été refusé au peuple gallois le droit à l'auto-détermina­tion. Même l'accession de Henry Tu­dor au trône d'Angleterre avec l'appui d'une ar­mée galloise, ne déboucha pas sur une recon­naissance de la spécificité galloise. En effet, le couronnement d'un roi d'Angleterre de nationa­lité galloise retarda considéra­blement la lutte de libération car les membres les plus compétents de la gentry  galloise abandonnèrent leur rôle traditionnel de chefs du gwerin  (le peuple, le Volk)  pour partir en Angleterre à la recherche de postes, de richesses et d'influence.

 

La politique des Tudor fut d'assimiler le Pays de Galles à l'Angleterre et, en conséquence, de détruire l'identité nationale distincte des Gal­lois. A cette fin, deux actes d'union passèrent en 1536 et en 1543. Le préambule de celui de 1536 mérite d'être cité ici: «... le dominion,  la princi­pauté et le pays de Galles est in­corporé, annexé, uni et soumis à et sous la Cou­ronne impériale de ce Royaume... parce que dans le dit pays, principauté et dominion  existent divers droits, usages, lois et coutumes très différents des lois et coutumes de ce Royaume et aussi parce que le peuple du dit dominion  possède un langage quotidien utilisé dans le dit dominion  ne res­semblant pas et n'ayant pas la même euphonie que la langue mater­nelle utilisée dans le Royaume... Son Altesse, en conséquence, mani­feste l'intention de les réduire à l'ordre parfait et à la connaissance des lois du Royaume et d'extirper complètement les coutumes et usages singuliers et sinistres différant de ce qui est en ce Royaume... Elle a ordonné que le dit pays et domi­nion  de Galles sera à l'avenir, pour tou­jours et dorénavant incorporé et annexé au Royaume d'Angleterre».

 

La traduction de la Bible en gallois sauve la langue de la disparition

 

Le gouvernement anglais fit donc de la langue galloise un problème politique. La situation est restée telle jusqu'à nos jours. La survie de la langue, exclue de la vie publique et des ins­tances légales, doit beaucoup à la traduction de la Bible en gallois, terminée en 1588. Cette tra­duction permit à la langue de ne pas dégénérer à la suite de l'effondrement de l'ordre bardique et fournit la base linguistique nécessaire au Y Diwygiad ou «Grand Réveil». Le revival  reli­gieux qui souffla sur le pays au XVIIIième siècle fut alimenté par des prêcheurs charisma­tiques qui s'adressaient en gallois et en plein air à des foules de milliers de personnes. Ce qui est plus significatif encore, c'est que ce revival permit la création d'écoles itinérantes dont l'objectif était d'enseigner au gwerin  comment lire afin qu'il soit instruit des principes de la foi chrétienne. Bien sûr, la langue d'enseignement était le gallois. A la fin du XVIIIième siècle, le nombre total des élèves fré­quentant les classes de jour et de nuit s'élevait à quelque 300.000 et, avec les 3/4 de la population ayant fréquenté les écoles, le Pays de Galles était la région la plus lettrée d'Europe à cette époque.

 

L'éducation du gwerin  conduisit, inévitable­ment, à sa politisation et, dans les premières années du XIXième siècle, une agitation sé­rieuse agita le sud nouvellement industrialisé et les régions centrales encore rurales. En 1831, les ouvriers de Merthyr, la ville du fer et du charbon, brandirent le drapeau rouge et prirent d'assaut les positions tenues par les troupes gouver­nementales. Il fallut quatre journées de combat, avec l'appui de renforts en soldats ré­guliers, pour que le soulèvement soit maté. Huit années plus tard, la ville de Newport lançait à son tour un défi à l'Etat britan­nique.

 

Les Chartists  gallois constataient que leur lutte pour la justice sociale ne réussirait pas s'ils n'adoptaient pas les méthodes qui avaient fait le succès de la Guerre d'Indépendance américaine et de la Révolution française. En conséquence, ils décidèrent d'utiliser la force physique pour renverser l'ordre existant. Une armée, composée surtout de «sans armes», comptant 20.000 hommes, se rassembla pour marcher sous la bannière de CYFIAWNDER (= Justice) afin de fon­der une République Galloise (Silwian Repu­blic). L'entreprise échoua sous le feu des canons du 45ième Régiment à Pied.

 

Après les révoltes des Chartists, les Anglais décident de détruire la langue et la culture galloises

 

Les autorités anglaises étaient bien conscientes que le Pays de Galles était au bord de la révo­lution. Le Times  rapporte que «le Pays de Galles est devenu aussi volcanique que l'Ir­lande», tandis que le Mor­ning Herald  dé­clare: «Le Pays de Galles est devenu un théâtre où l'on proclame des doctrines révolution­naires, où l'on prêche la violence et l'effusion de sang. Les horreurs de la "petite guerre des Chartists  ont frappé les dominions  de la reine, qui n'avaient plus été souillés par le sang de la guerre civile depuis le temps d'Owen Glando­wer (sic)».

 

La solution préconisée par les Anglais était simple: détruire la langue galloise et le pays de­viendrait ainsi une province anglaise comme les autres. A cette fin, des commissaires sont en­voyés au Pays de Galles pour récolter des "preuves" du primitivisme et de l'ignorance du peuple autochtone. Et bien que sept huitièmes de la population était de langue galloise, les commissaires unilingues interrogeaient les té­moins en anglais. De ce fait, ce n'est pas une surprise d'apprendre que leur rapport concluait les choses sui­vantes: «Le langage gallois des­sert considérablement le Pays de Galles et constitue une barrière complexe au progrès mo­ral et à la prospérité commerciale du peuple... A cause de sa langue, la masse du peuple gallois est inférieure au peuple anglais dans tous les domaines du savoir pratique et technique».

 

Armées d'un pareil rapport, les autorités possé­daient enfin l'excuse qu'elles avaient recherchée pour asseoir une politique d'éducation obliga­toire en anglais, afin d'angliciser le gwerin  de façon si systématique qu'il serait totalement as­similé. Cette politique fut imposée sans am­bages et les enfants des écoles que l'on enten­dait parler leur langue maternelle interdite étaient punis et humiliés. Pas de surprise donc que de telles mesures, appliquées systémati­quement pendant plu­sieurs générations, combi­nées à l'immigration mas­sive d'Anglais dans les zones industrielles, s'avérèrent catastrophiques pour l'avenir de la langue galloise. Alors que 88% de la population étaient de langue galloise vers la moitié du XIXième siècle, la proportion est, aujourd'hui, d'environ 20%. Comme prévu, la perte de la langue a conduit à la perte de la conscience nationale et des pans entiers de la société galloise ont transféré leurs allégeances au concept par­faitement illusoire de la British­ness,  véhicule à peine voilé de la suprématie anglaise.

 

De telles défections se sont répercutées sur la scène politique. Dans les dernières années du XIXième siècle, un puissant mouvement de home rule  naît au Pays de Galles sous l'appellation de Cymru Fydd  (= Le Pays de Galles du Futur). Cette organisation doit être mise en parallèle avec le mouvement contempo­rain Young Ireland  (= Jeune Irlande): elle vise à créer un parti national pour le Pays de Galles, qui, au dé­but, devait se développer à l'intérieur du parti libéral gallois. Mais le Cymru Fydd  était profondément di­visé et sa vision d'un Pays de Galles autonome dans une Grande-Bretagne fédérale, marquée par l'éthos impérial anglais, n'avait rien de révolutionnaire. Par la suite, le lobby du home rule capota par la défection de ses chefs, partis à Londres pour exercer des respon­sabilités gouvernementales, comme Tom Ellis et, plus tard, David Lloyd George.

 

Premières menées activistes

 

Il fallut attendre 1925 pour que le Pays de Galles ait son premier parti national indépen­dant, avec l'apparition du Plaid Genedlaethol Cymru,  dénommé ultérieurement Plaid Cymru  (Le Parti du Pays de Galles). Sous la présidence de Saunders Lewis pen­dant l'entre-deux-guerres, le parti reçut son principal soutien de la part d'écrivains et d'intellectuels et cher­chait à donner au Pays de Galles une doctrine natio­naliste rigoureuse qui mettait l'accent sur la préserva­tion de l'identité des communautés de langue galloise contre toute installation étran­gère. Cette campagne eut pour moment fort l'incendie d'une école de l'armée de l'air, où les pilotes de bombardiers devaient être en­traînés, que les militaires avaient fait construire au cœur du Pays de Galles. Cette action provoqua l'in­culpation et l'emprisonnement de trois membres importants du parti. Ce fut un procès célèbre qui fournit à la cause nationaliste l'appui d'un public nou­veau. Mais le parti ne put enre­gistrer que de très faibles succès électoraux et la plupart des critiques le dénoncèrent pour ses tendances dangereusement fas­cistes.

 

Pendant la seconde guerre mondiale, le Plaid Cymru resta résolument neutre, affirmant que son premier devoir était de défendre la nation galloise et non un Etat britannique artificiel; cette politique aboutit à l'arrestation et à l'em­prisonnement de beaucoup de membres de l'or­ganisation nationaliste.

 

Après la guerre, le Plaid Cymru  se débarrassa de ses principes les plus pointus afin de s'attirer un électorat plus nombreux; ce fut une politique qui s'avéra fruc­tueuse quant au nombre de sièges gagnés à West­minster mais qui compro­mit l'intégrité de la cause na­tionaliste au Pays de Galles. Dans sa volonté d'obtenir une repré­sentation en Angleterre, le Plaid avait trahi sa nation et sa langue. Beaucoup d'activistes se sentirent frustrés par cette "trahison" de la di­rection du Plaid,  dont le président en exercice se décrivit un jour sottement comme un «socialiste intel­lectuel britannique». Cela dé­boucha sur la formation de plusieurs groupes alternatifs et plus radicaux, dont le plus réussi fut le Cymdeithas yr Iaith Gynraeg  (La Société de la Langue Galloise).

 

Une action directe

et non violente

 

L'organisation opta pour une action directe non vio­lente, de façon à attirer l'attention sur le sta­tut infé­rieur de la langue galloise. Les cam­pagnes du mou­vement ont ainsi lutté pour l'élimination de la signali­sation routière en an­glais, pour l'installation d'un bon service de ra­diodiffusion gallois (cet objectif a été partielle­ment réalisé avec l'apparition de la chaîne S4C) et l'accroissement de l'usage du gallois dans la vie publique. Actuellement la Cymdeithas  met l'accent sur l'importance qu'il y a d'accroître l'enseignement moyen en gallois et fait cam­pagne pour obtenir un nouveau Language Act  pour le Pays de Galles.

 

Dans les années 60, certains radicaux gallois fu­rent impliqués dans des organisations proto-ter­roristes comme la Free Wales Army  (FWA) et le Mudiad Amddifyn Cymru  (MAC; Le Mou­vement de Défense du Pays de Galles). Ces groupes se formèrent en ré­ponse à l'échec des méthodes constitutionnelles visant à éviter la destruction des communautés galloises en proie aux autorités anglaises. Lorsque plusieurs dis­tricts unilingues gallois furent mis sous eau afin de fournir de l'eau et de l'électricité à bon mar­ché à des villes anglaises, les tracés d'aqueducs et les pylônes devinrent les cibles légitimes des attaques à la bombe des groupes en question.

 

L'investiture de Charles comme Prince de Galles au cours d'une cérémonie arrogante rap­pelant les conquêtes anglaises déclencha une campagne accrue d'attentats à la bombe dans tous le Pays de Galles. Mais les autorités étaient bien conscientes de la me­nace et, le jour même de l'investiture, les membres di­rigeants de la FWA furent traduits en justice et em­prisonnés pour appartenance à une organisation quasi mi­litaire. Incident plus sérieux, le même jour, deux membres du MAC sont tués par l'ex­plosion prématu­rée de leur engin, alors qu'ils étaient en route pour at­taquer la voie de chemin de fer que devait emprunter le train royal. On soupçonne, à bon droit semble-t-il, que la machine infernale avait été «arrangée» par les services de sécurité… L'arrestation et l'inculpa­tion des membres de la FWA et du MAC mit un terme aux attentats à la bombe mais la stratégie de l'«action di­recte» constitue toujours une option pour le Meibion Glyndwr.  Ce groupe na­tionaliste clandestin a mené une campagne d'at­tentats incendiaires contre les pro­priétés possé­dées par des Anglais dans les dis­tricts de langue galloise au nord et à l'ouest du pays. Le Mei­bion Glyndwr  prend pour appui le souci des Gallois face à l'impact destructeur du «syn­drome de la rési­dence secondaire». L'organi­sation nationaliste a tra­vaillé à grande échelle et elle jouit indubitablement d'un appui populaire tacite, ce qui explique qu'elle n'a pas pu être repérée et est restée opérationnelle de­puis neuf années.

 

Pour en terminer avec ce tableau nécessaire­ment schématique des bases de l'identité gal­loise, je vou­drais citer les mots de Saunders Lewis, écrits pour une émission de la BBC en 1930, émission interdite parce qu'elle était «forgée pour enflammer les sym­pathies natio­nalistes»: «Il ne peut y avoir de lende­mains heureux pour le Pays de Galles si nous ne nous montrons pas capables de passer à l'action, de nous imposer une auto-discipline, de nous don­ner un esprit fort et viril d'indépendance et si nous ne cultivons pas la fierté qui a animé nos ancêtres. Ce dont le Pays de Galles d'aujour­d'hui et de demain a besoin, c'est de l'appel de l'héroïsme. La touche d'héroïsme n'a ja­mais vibré dans la politique galloise. Et c'est la raison pour laquelle je suis un nationaliste politique, parce que le nationalisme est appel à l'action et à la coopéra­tion, parce que le natio­nalisme re­ferme les di­visions de classe et im­pose aux ri­ches et aux pauvres, aux clercs et aux travail­leurs, un idéal qui transcende et enri­chit l'indi­vidu: l'idéal de la nation et du terroir».

 

Gwyn DAVIES.

Conférence prononcée le 11 mars 1989 dans les salons de l'Hôtel Bedford à Bruxelles. 

 

samedi, 10 janvier 2009

La guerra del gas

 

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La guerra del gas

http://www.rinascitabalcanica.info

 



Si è tenuta oggi a Bruxelles la riunione tra il direttore esecutivo Gazprom Alexei Miller e i dirigenti della Commissione europea, per illustrare lo stato attuale della crisi di fornitura e di transito del gas attraverso il territorio ucraino. La Russia riattiverà le forniture se l'Ucraina acconsentirà l'ispezione degli osservatori europei, e garantirà successivamente il transito.

Dopo soli pochi giorni di tagli alle forniture di gas, molti Stati Europei cominciano ad essere vittima del caos e del panico, oltre che del freddo, nonostante le rassicurazioni impassibili dei rispettivi Governi.  Continua dunque ad imperversare quella che può essere definita "la guerra del gas", scatenata da Russia e Ucraina senza nessun preavviso o misura cautela per preservare tutte le controparti coinvolte, ripetendo testardamente lo stesso errore del 2006. Tra l’altro, le schermaglie dei due litiganti hanno dato vita ad una diffusa disinformazione, tra accuse reciproche e intimidazioni, sintomo evidente della reciproca responsabilità dei due operatori energetici. La regione europea orientale, e la stessa Germania, sono rimaste senza gas, e chi ne ha la possibilità ricorre alle riserve strategiche. I Balcani non hanno alcun approvvigionamento di gas, che non può essere compensato con il ricorso agli stoccaggi, ma solo alla riconversione energetica con altri combustibili più costosi. Anche l’Italia non riceve da due giorni il gas russo, registrando secondo quanto riportato dall’ENI una sostanziale interruzione del gas proveniente dal gasdotto TAG, vedendosi così costretta ad aumentare il ricorso agli stoccaggi per compensare il calo delle importazioni. Il Ministro dello Sviluppo Economico, Claudio Scajola ha stimato un’autonomia non superiore alle tre settimane, in considerazione del fatto che l’apparato infrastrutturale italiano non ha avuto negli ultimi anni delle migliorie sensibili che possano compensare l’ammanco delle forniture provenienti della Russia. Si cerca dunque di massimizzare gli approvvigionamenti dagli altri Paesi fornitori (Algeria, Libia, Norvegia, Olanda, Gran Bretagna), ma anche dalla Slovenia, a cui sono stati già richiesti circa 200 mila m3 di gas al giorno.


Nel frattempo, si è tenuta oggi a Bruxelles la riunione tra il direttore esecutivo Gazprom Alexei Miller e i dirigenti della Commissione europea, per illustrare lo stato attuale della crisi di fornitura e di transito del gas attraverso il territorio ucraino. Miller ha incontrato il Commissario europeo per l'Energia Andris Piebalgs, il Presidente della Commissione Europea José Manuel Barroso e il Presidente del Parlamento europeo Hans-Gert Pottering. Allo stesso tempo, nella nottata tra la giornata di mercoledì e giovedì, si è avuto un faccia-a-faccia tra i dirigenti  Gazprom e Naftogaz  Ukraine a Mosca, quali Alexei Miller e Oleg Dubina, per giungere ad un compromesso per porre fine alla crisi.   Mosca rimane ferma sulla tesi secondo cui Gazprom ha sospeso le forniture di gas verso l'Ucraina dopo che non era stato raggiunto nessun compromesso sull’accordo commerciale per il 2009 e la liquidazione degli arretrati: una minaccia inutile se non attuata. Pur assicurando che il taglio interessava solo le esportazioni di gas destinate al consumo interno dell’Ucraina, Gazprom si è detta costretta a sospendere tutte le forniture sul territorio ucraino, in quanto la società energetica ucraina Naftogas  ha deviato più di 86 milioni di metri cubi di gas russo destinato al mercato europeo,  mentre la società RosUkrEnergo non ha ricevuto 25 milioni di metri cubi dalla UGS Ucraina. Il gigante russo ha poi intimato la società ucraina di restituire, mediante le proprie riserve, il gas che non è stato ricevuto dai consumatori europei.  Al contrario, il Vice Presidente della  Naftogaz Vladimir Trikolich accusa apertamente Gazprom, e afferma che "la Russia non ha neanche cercanto di riaprire il deposito del transito del gas attraverso l'Ucraina",  e che "Gazprom ha completamente bloccato le forniture di gas per l'Ucraina e lo stesso transito di gas verso l'Europa".  Secondo Kiev, la propaganda russa è deliberatamente volta a screditare la Naftogas e lo stesso Stato ucraino, a cui vengono imputando tutte le responsabilità per la cessazione della fornitura di gas ai Paesi Europei.


 Ora la Russia chiede che sia garantito il transito del gas e l’autorizzazione del controllo da parte di osservatori internazionali come condizione per la ripresa delle forniture di gas alle frontiere.  Il Presidente russo Dmitri Medvedev ha infatti ribadito che, prima di riaprire le condutture, è necessario autorizzare il monitoraggio da parte di rappresentanti  Gazprom, Naftogaz, le autorità ministeriali dei due Paesi e gli osservatori della UE.  La controparte ucraina, da parte sua, si dice pronta a fornire il transito di gas russo verso l'Europa, come affermato da Oleg Dubina nel corso di una conferenza stampa con i giornalisti al termine dei colloqui a Mosca con Miller. "La situazione attuale e le incomprensioni derivano da questioni economiche, non da problemi politici. Essi devono essere risolte in conformità degli interessi economici delle parti", afferma Dubina, aggiungendo che l'Ucraina è pronta a garantire il transito di gas verso l’Europa, e che la parte russa deve comunque garantire la fornitura di una certa quantità di gas necessaria al funzionamento del compressore e delle stazioni di transito.  Allo stesso modo si dice favorevole ad ammettere l’ingresso sul territorio degli osservatori dell'Unione Europea per il monitoraggio di gas. "I nostri uomini sono pronti ad entrare sul territorio ucraino. Stiamo aspettando l'esito della riunione tra i capi di Gazprom e Naftogaz", ha riferito  Pottering dopo l'incontro con il Vice Primo Ministro d'Ucraina Grigory Nemyreem.


In un modo o nell’altro, sembra che la situazione stia lentamente tornando alla normalità, dopo che Mosca e Bruxelles hanno dettato delle precise condizione per lo sblocco della crisi energetica. Molto probabilmente l’emergenza rientrerà da qui a pochi giorni, viste le forti pressioni giunte dai vertici delle Istituzioni Europee e dei singoli Stati membri.  L'esito della grande crisi sarà comunque negativo, in quanto i prezzi saranno aumentati e i Paesi fornitori si sentiranno,  a maggior ragione, in balia della lotta perpetua di Mosca per il controllo della regione, sia dal punto di vista energetico che politico. Il rapporto fornitore-consumatore è stato in qualche modo incrinato, non essendovi nei fatti una strategia di cooperazione reale, al punto che basta una lite commerciale per decretare il taglio secco e totale dell’energia, senza la minima considerazione per i possibili danni economici e reali che si provocano. Il tutto si riduce ad un gioco-forza per ottenere il dominio delle proprie zone di influenza. La "guerra del gas" dichiara sconfitta innanzitutto l’Europa, impotente e impreparata nonostante le grandi strategie di diversificazione, ma anche l’Ucraina, che non è riuscita ancora una volta nel suo "colpo di Stato" contro la Russia.  Ogni strategia è stata dispiegata per portare a compimento il progetto dell’Opec del gas, e ribadire il fatto che l’Europa, l’Ucraina ed ogni altro Stato che dipende da tali fonti di energia, non possono fare a meno della Russia.

 

Fulvia Novellino

 

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jeudi, 01 janvier 2009

Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe

 

 

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES / TROISIÈME VOIE (Paris) / Mai 1985

 

Robert STEUCKERS:

Réflexion sur le destin et l'actualité de l'Europe

Discours prononcé à la Mutualité à Paris en mai 1985

Les années 80 sont marquées par l'agitation pacifiste en Allemagne Fédérale, aux Pays-Bas, en Angleterre, en Scandinavie et en Belgique. Lors de leur congrès de la Pentecôte, il y a trois jours, les Verts ont réclamé une nouvelle fois le départ des troupes américaines et le retrait de la RFA de l'OTAN.

Parallèlement à cette version de "gauche", à cette version contestatrice et iréniste de l'hostilité à l'OTAN et aux Etats-Unis, s'est développée, en Allemagne Fédérale, une véritable renaissance de l'historiographie nationale. La "nation" est réelle-ment redevenue une valeur politique Outre-Rhin et un objet de discussions politiques incessantes. De l'extrême-gauche à l'extrême-droite de l'échiquier politique parlementaire ou extra-parlementaire, des voix se sont élevées pour réclamer le non-alignement de l'Allemagne et la réunification. En France, de ce glissement de terrain idéologique, on n'enregistre pratique-ment pas d'écho dans les médias. Et pour cause, ce phénomène souterrain, cette maturation sourde ne correspond à aucun des schémas dans lesquels les idéologies dominantes veulent enfermer l'Allemagne.

Aux Pays-Bas, mêmes défilés de masse, mêmes pétitions, même hostilité aux fusées étrangères. En Angleterre, l'amé-ricanolâtrie pathologique de Madame Thatcher  —et en prononçant son nom, on a envie de cracher la même hargne que le chanteur anar Renaud—  provoque le bradage de l'industrie militaire britannique au profit des Etats-Unis. En Belgique, le scéna-rio est identique: le gouvernement conservateur rejette un projet national de blindé transporteur de troupes au profit de surplus obsolètes de l'US Army!! Alors que le chômage concerne 15% de la population active et qu'aucune amélioration de cette situation n'est prévue... De part et d'autre de la Mer du Nord, atlantiste rime de plus en plus avec "anti-national" et "anti-social"...

Jouer la carte américaine, c'est clair désormais, c'est faire un mauvais pari. C'est renoncer à l'indépendance comme en Alle-magne ou aux Pays-Bas; c'est renoncer à l'autonomie militaire comme en Grande-Bretagne ou en Belgique. Les Allemands sont ceux qui, en Europe, ont le plus réfléchi à la question. Quatre modèles d'organisation militaire alternatifs existent dans la réalité et non dans les rêves fumeux des pacifistes, pour qui la chose militaire doit être purement et simplement abrogée. Quatre modèles peuvent servir à amorcer une réflexion, une réflexion qui doit nous conduire à élaborer un système de défense européen efficace et indépendant. 

Il y a le modèle suisse, le modèle yougoslave, le modèle suédois et le modèle autrichien. La Suisse  -on s'en moque parfois-  est pourtant le seul pays qui s'est donné un système militaire réellement démocratique, c'est-à-dire organique et populaire. Quand je parle de démocratie, je ne parle pas de partitocratie ni de truquages électoraux. La Yougoslavie a calqué son système militaire sur le mode de mobilisation des partisans enracinés dans leurs villages. La Suède a su créer sa propre industrie mili-taire et sa propre industrie informatique: SAAB pour les avions, Volvo et Scania pour le charroi, Chars "S", missiles "Carl Gustav" et missiles air-sol, etc. L'Autriche nous a légué un théoricien hors ligne: le Général Spannocchi.

En Suisse, les citoyens disposent chez eux de leurs uniformes de combat et de leurs armes et munitions. Le reste, armes anti-chars, munitions supplémentaires, charroi, etc; est entreposé aux maisons municipales ou aux commissariats. Ce système permet une mobilisation immédiate de 600.000 hommes. La Suède s'est dotée d'une industrie militaire et aéronautique auto-nome, qui ne demande, au fond, qu'à devenir l'arsenal du non-alignement eu-ropéen. Les officiers d'Etat-Major yougo- slaves ont procédé à une étude systèmatique des guerres et guerillas de partisans pour construire une armée populaire nombreuse, immédiatement mobilisable comme en Suisse et prête à affronter n'importe quel envahisseur, d'où qu'il vienne. L'Autriche, "protégée" par un "Traîté d'Etat" cosigné par les quatre puissances occupantes en 1955, ne s'est pas dotée d'une armée et d'une industrie militaire aussi puissantes que dans les autres pays neutres. Néanmoins, l'Autriche construit en autarcie ses armes légères, ses munitions et son charroi et privilégie ses achats militaires en Suisse, en Suède et en France, trois pays qui n'appartiennent ni à l'OTAN ni au Pacte de Varsovie. Mais l'Autriche, rappelons-le, a donné à l'Europe un doctrinaire mili-taire remarquable, le Général Emil SPANNOCCHI. 

Entre les blocs existe donc un "cordon sanitaire" de pays qui adoptent, sur le plan militaire, des principes de "troisième voie", c'est-à-dire une logique de la non-inféodation diplomatique. Bien sûr, la Suède, l'Autriche et la Suisse appartiennent toutes trois à la sphère "capitaliste", à la sphère dominée par la logique libérale. Mais les sociales-démocraties autrichiennes et suédoises assurent une large redistribution et, en Suède surtout, les gouvernements sociaux-démocrates, contrairement à bon nombre de leurs camarades bavards d'Europe Occidentale, ont pratiqué une politique d'investissements nationaux dans les domaines les plus divers: création d'une usine nationale de chaussures pour enrayer la concurrence venue du Tiers-Monde, création d'industries de pointe en informatique et en bio-technologie, maintien d'une relative autarcie alimentaire (en Au-triche également), etc. La sociale-démocratie suédoise est bien souvent dénigrée par les néo-libéraux qui mettent en exergue sa lourde fiscalité mais prennent bien soin d'occulter le résultat: une indépendance nationale accrue. 

Qu'il n'y ait pas d'équivoque: notre défense partielle et limitée de la sociale-démocratie suédoise n'implique nullement une va-lorisation quelconque des "sociales-démocraties" corrompues, inefficaces, oligarchiques, népotistes, partisanes, préban-dières et, pire reproche, atlantistes de Grande-Bretagne, de Belgique, de France, d'Espagne et d'Italie. 

Il y a donc un "cordon sanitaire" non-aligné au centre le l'Europe, du Cercle polaire à la frontière grecque, avec un énorme trou au milieu: le territoire de la RFA. Bons géographes, les observateurs politiques ouest-allemands revendiquent le rem-blaiement de cette trouée, c'est-à-dire l'élargissement du statut de l'Autriche à leur pays. Ainsi, le cordon serait soudé et les blocs ne seraient plus face à face. Le danger d'une conflagration, d'une apocalypse guerrière au centre du continent diminue-rait. Pour ceux qui ont le souci de l'avenir de l'Europe, cette perspective est à envisager avec le maximum de sérieux. Mais, halte aux utopistes, aux pacifistes peureux qui voudraient un neutralisme à la hippy, un neutralisme de la rose contre les baïonnettes, copié des manifestations de Washington contre la guerre du Vietnam. Halte à ceux qui voudrait, par niaiserie, faire de ce cordon un ventre mou, un espace démilitarisé. Cet espace doit obéir à la logique militaire helvétique, celle du "hérisson" aux piquants acérés, celle de l'oursin aux piquants vénéneux. Cet espace doit obéir aux principes de la logique de l'économie nationale et non aux chimères idéologiques du libéralisme, à une logique économique impliquant des investisse-ments industriels innovateurs et rentables.

Une doctrine de dialogue inter-européen avait été élaborée au Ministère belge des affaires étrangères dans les années soixante. C'était la "Doctrine HARMEL", brillant projet aujourd'hui abandonné au profit du suivisme atlantiste le plus ser-vile, le plus lâche, le plus abject. La Doctrine HARMEL, qu'est-ce que c'est que ça? C'est une doctrine qui préconisait le dia-logue entre partenaires subalternes de l'OTAN et partenaires subalternes du Pacte de Varsovie, de façon à diminuer sciemment le poids des super-gros au sein des deux pactes et à créer, petit à petit, une "EUROPE TOTALE". A ce propos, on a parlé de "gaullisme élargi". Cette doctrine européiste, courageuse, qui a fait enrager les Américains, le Général ouest-allemand KIESSLING en est un chaleureux partisan. Vous vous souvenez, amis et camarades, du Général Günther KIESSLING? Non, sans doute. Eh bien, c'était ce Général allemand en poste au QG du SHAPE à Mons-Casteau, qui a volé dehors en 1984, sous prétexte d'homosexualité. Le scandale orchestré par les médias, focalisé sur le sensationnel de la "pénétration" du sous-off chauffeur par le Général quatre étoiles, a tout simplement occulté la raison politique de ce limogeage. La raison politique, c'était que le Big Brother américain ne voulait plus entendre parler de rapprochement inter-européen, de diplomatie indépen-dante, de "voie européenne".

Notre projet est donc clair et précis: renouer avec la vision d'Harmel d'une EUROPE TOTALE, collaborer avec les neutres, re-trouver l'indépendantisme gaulliste, rejeter l'éparpillement tous azimuts des capitaux que postule le libéralisme mondia-liste, construire une défense autonome, bâtir une industrie de pointe sans capitaux américains. 

Comment y parvenir? Par étapes. La France est, depuis l'application des principes de Richelieu, une nation homogène, ca-pable de vivre en semi-autarcie. Il n'en est pas de même pour le reste de l'Europe. Et la CEE, avec son cirque parlementaire strasbourgeois, ses interminables palabres qui visent l'harmonisation du pas-harmonisable, ne résoudra pas la question eu-ropéenne et freinera au contraire l'avènement de l'EUROPE TOTALE. D'autres regroupements devront s'opérer: un ensemble scandinave, un ensemble britannique, un ensemble hispanique, un ensemble français, un ensemble balkanique et un en-semble centre-européen, couplant les zones industrielles de la Wallonie et de la Ruhr aux greniers à blé polonais. Dans cha-cun de ces ensembles, l'organisation des armées devra obéir aux principes militaires élaborés par BROSSOLET, AFHELDT et LöSER, c'est-à-dire la défense par maillages des territoires. 

Postulat incontournable de cette réorganisation de l'Europe: la réunification allemande. En effet, nous ne voulons pas d'une Europe qui juxtapose faiblesses et forces. Une Europe avec une France et une Russie fortes et une Allemagne faible est im-pensable. Une Europe avec une Russie et une Allemagne fortes et une France faible est également impensable. N'est pensable qu'une Europe avec une France, une Allemagne et une Russie fortes. Pourquoi? Parce que la stratégie des thalassocraties a tou-jours été de s'allier avec la puissance la plus faible contre la puissance la plus forte, de façon à éliminer cette dernière. L'Angleterre a pratiqué cette stratégie contre Napoléon et contre Guillaume II. ROOSEVELT l'a pratiqué contre HITLER, en at-tendant que STALINE soit suffisamment aux abois. Il ne faut donc pas laisser subsister de nations faibles en Europe, pour que celles-ci ne tombent pas sous la tutelle de la thalassocratie d'Outre-Atlantique. Et pour rassurer mon camarade WALKER ici présent, j'ajouterai qu'il faut, dans ce Concert de demain, une Grande-Bretagne forte, qui n'aura pas bradé ses industries mi-litaires, grâce au zèle atlantiste de Madame THATCHER et de Lord BRITTAN.

Pilier central du continent, l'Allemagne réunifiée et incluse dans un "marché commun" semi-autarcique et auto-centré, cessera d'être un foyer de discorde entre Européens et perdra le rôle abominable qu'on veut lui faire jouer, celui de champ de bataille nucléaire potentiel. Une bataille entre les blocs qui se déroulerait au centre de notre continent aura pour résultat d'irradier à jamais le cœur de l'Europe et de stériliser irrémédiablement notre civilisation. 

Devant ces projets de rendre l'Europe autonome, de dépasser l'occidentalisme de la CEE et d'envisager un dialogue avec les Est-européens, vous autres Français, vous vous posez certainement la grande question de LENINE: QUE FAIRE? Eh oui, que faire? Que faire, en effet, quand on se sent un peu étranger, un peu en dehors de ses spéculations suèdoises ou allemandes, au-trichiennes ou polonaises, hongroises ou belges? Quand, de cet immense débat, les médias ne transmettent que quelques bribes informelles, détachées de leur contexte, tronquées ou détournées de leur sens réel, avec une stupéfiante malhonnêteté?

En entendant ce plaidoyer neutraliste centre-européen, balkanique ou scandinave, les Français demeureront sans doute scep-tiques et estimeront être hors du coup. Pourtant, entre le désengagement de 1966, voulu par De GAULLE, et ce neutralisme des sociales-démocraties et des cercles conservateurs-nationaux, il y a une analogie évidente. Entre la vieille politique sué-doise d'indépendance et d'autarcie et l'esprit de Richelieu et de Colbert, il y a une filiation historique certaine. L'Académie Royale suédoise est calquée sur l'Académie Française, héritage de l'alliance entre Richelieu et Gustav Adolf au XVIIème siècle. La tradition nationale française et la tradition nationale suédoise (qui a pris en ce siècle une coloration sociale-démo-crate sans en altérer l'esprit colbertiste et la philosophie inspirée de Bodin), ces deux traditions nationales dérivent de la clarté conceptuelle du XVIIème, le siècle que MAURRAS admirait car il n'était pas infecté des miasmes du moralisme. 

Cet esprit national a permis aux deux pays de se forger chacun un complexe militaro-industriel et celui de la France, à l'Ouest, est le deuxième en importance après celui des Etats-Unis. Et avec ces deux complexes, le français et le suédois, notre Europe tient les instruments pour construire et affirmer sa "troisième voie". Les avions Dassault et Saab, conjointement aux produc-tions de Fokker aux Pays-Bas et de MBB en RFA, sont à même d'équiper les aviations européennes et les Airbus pour-raient parfaitement remplacer les flottes de Boeings des compagnies aériennes européennes. La force de frappe française est un élément d'indépendance que vous connaissez tous et sur lequel je ne reviendrai pas. La France, la RFA et la Suède ont conçu des blindés sur roues ou chenillés remarquables. Bref, aucune arme n'est négligé dans les forges européennes et toutes pour-raient très aisément se passer du matériel américain, finalement moins fiable. On se souvient en RFA des fameux F-104 de Lockheed qui s'écrasaient allègrement à une cadence inégalée; Merci Oncle Sam pour les pilotes "alliés" qui ont péri à cause de la piètre qualité technique de tes avions....

Mais pour qu'une collaboration européenne d'une telle ampleur s'effectue et se réalise, il faut sauter au-dessus du mirage occi-dentaliste. Car il s'avère INDISPENSABLE d'extirper de notre vocabulaire et de notre mental cette notion d'Occident. Hur-lons-le une fois pour toutes: il n'y a pas d'Occident. Il y a une Europe et deux Amériques. Dans le dernier numéro de la revue française de géopolitique, Hérodote , dirigée par Yves LACOSTE, le philosophe Robert FOSSAERT écrit: "L'Occident? On cherchait un continent ou deux et l'on ne trouve, au premier abord, qu'une manifestation banale d'incontinence  idéo-logique, une évidence du discours social commun ". Hélas, devant les rudes réalités du devenir, des changements, des mutations, des nécessités, les "incontinences idéologiques" ne valent généralement pas tripette. 

L'Occident n'est plus l'Europe et l'Europe n'a pas intérêt à rester l'Occident. La France doit de ce fait cesser de se percevoir comme "occidentale" et doit s'affirmer "européenne". Le "front" n'est plus à l'Est ni au Nord; il est à l'Ouest, il est sur le tracé de feu le Mur de l'Atlantique. Se défendre, pour la France européenne de demain, c'est donc se donner une Marine super-puis-sante, se donner l'instrument nécessaire pour se mesurer à la thalassocratie qui nous fait face. Se défendre contre la triple me-nace culturelle, économique et militaire qui nous vient de Disneyland, de la Silicon Valley et de la Force d'Intervention Ra-pide (RDF), c'est truffer l'océan de nos sous-ma-rins nucléaires. Et dans ce déploiement, c'est la France qui a plus d'une lon-gueur d'avance sur les autres Européens. Autant exploiter cet atout. L'Amiral de "gauche" Antoine SANGUINETTI ne nous contredira pas. 

Outre la flotte et les sous-marins, la France doit reprendre ses projets de construction d'aéroglisseurs militaires et de navires à effet de surface (NES). Les côtes aquitaines, charentaises, vendéennes, bretonnes et normandes de la forteresse Europe doi-vent être protégées par une "cavalerie marine" d'aéroglisseurs et de NES, bardés de missiles. Français et Britanniques avaient abandonné ces projets fascinants, la construction de ces armes du XXIème siècle. Et voilà que, depuis janvier dernier, les in-génieurs américains font un petit tour d'Europe pour vendre leurs productions... 

La figure du combattant français de demain sera sans doute ce missiliste d'un NES, avatar moderne du fusilier-marin et de l'artilleur de la "Royale". Autre vocation de la France: entretenir ses liens avec les peuples de son ancien Empire colonial. Il faut d'ailleurs que la France continue à monter la garde à Dakar et maintienne une présence dans l'Océan Indien, en symbiose avec la volonté de non-alignement qui se manifeste dans cette zone géographique. Non-alignement entretenu, impulsé par la Fédération Indienne. 

Et Moscou, dans ce scénario? L'URSS acceptera-t-elle la réunification allemande? Veut-elle d'une Europe forte? Est-elle com-plice avec les Etats-Unis, poursuit-elle le rêve duopolistique de Yalta? La soviétologie occidentale reste indécise, fumeuse et incohérente, elle ne perce pas les mystères du Kremlin. Alain de BENOIST et l'équipe rédactionnelle d'Eléments soulignent à juste titre que les kremlinologues occidentaux sont parfaitement incapables de déduire la moindre conclusion valable de leurs observations. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas Washington qui doit nous dicter l'attitude à prendre à l'égard de Moscou. Si Wa-shington nous enjoint d'être sage avec Papa Gorbat, nous aurions tendance à jouer les sales mômes et à clamer que Papa Gor-bat, il nous pompe l'air. Si Washington tonitrue que Papa Gorbat est le Grand Méchant Loup, nous aurions tendance à dire qu'il n'est pas si méchant que cela, qu'il est sur la voie du gâtisme, qu'il a des problèmes de sous, que son économie bat de l'aile, etc. 

Mais il y a deux choses que nous voulons signifier à Papa Gorbat: qu'il rentabilise sa Sibérie et qu'il s'occupe de ses voisins chinois. Et surtout, qu'il n'a rien perdu chez nous et que nous n'avons nulle envie de rééditer les tentatives de Charles XII de Suède, de Napoléon et de Hitler. Il y a aussi une promesse d'un illustrissime prédécesseur de GORBATCHEV, le camarade STALINE, que nous aimerions remémorer à Moscou. La promesse de réunifier l'Allemagne dans la neutralité. Des milliers de camarades allemands s'en souviennent de cette promesse, qui aurait fait de STALINE un vainqueur magnanime, un Européen à part entière. Tant qu'il ne sera pas répondu clairement à cette question, nous ne pourrons pas agir en anti-américains consé-quents, nous ne pourrons pas construire notre économie auto-centrée, nous ne pourrons pas monter notre défense autonome et protéger la façade occidentale de la Russie, dernier Empire. Nous serons toujours condamnés à armer nos divisions contre une éventuelle velléité belliqueuse de Moscou. La clef de l'Europe future, de la seule Europe future viable, de la seule Europe future qui perpétuera notre destin, se trouve, qu'on le veuille ou non, à Moscou. A Moscou et à Bonn, ajoute Harald RüD-DENKLAU. A Moscou car c'est aux Soviétiques qu'il appartient de réitérer leur offre de 1952 et de 1955 et de rompre avec les momies para-post-staliniennes qui inondent encore quelques médias de leurs pitreries, au détriment de Moscou. A la poubelle de l'histoire donc, les mauvais propagandistes de la Russie, les pires amis du Kremlin. C'est aussi à Bonn que se trouve la clef de l'Europe du XXIème siècle, à Bonn que siègent ceux qui devront décider de poursuivre ou non l'alignement pro-occidental, pro-américain d'ADENAUER. C'est à Bonn qu'il faudra décider si l'axe germano-américain, dénoncé ici à Paris par Charles SAINT-PROT (comme il y a quelques années par le CERES de CHEVENEMENT), vaut la peine d'être maintenu. 

Voici donc, chers amis et camarades, chers partisans de la "Troisième Voie", quelques refléxions grandes-européennes. Uto-pie tout cela, rétorqueront les esprits chagrinés de libéralisme, les adorateurs de paragraphes, les branchés de l'américanolâtrie... C'était aussi utopie et belles paroles quand FICHTE prononçait ses discours dans les caves de Berlin... Quoi qu'il en soit, demain, ce sera la nécessité, la nécessité la plus cruelle, la nécessité de la misère et du chomâge, la néces-sité de la faim, qui nous imposera cette Europe que j'ai esquissée ici. Muß es sein? Es muß sein. Cela doit-il advenir? Cela adviendra. 

Nous aurons alors l'honneur d'avoir toujours récusé les chimères, les abstractions, les irréalismes. Nous aurons l'honneur d'avoir été les pionniers. Nous aurons l'honneur d'avoir transgressé toutes les séductions. Nous aurons l'honneur d'avoir été d'inlassables combattants.

Robert Steuckers,

mai 1985.    

 

 

 

R.I.P. Samuel Huntington

 

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R.I.P. Samuel Huntington

Gevonden op: http://yvespernet.wordpress.info

Op 24 december 2008 is Samuel Huntington overleden, autheur van o.a. het zeer bekende “Clash of Civilizations”. De man heeft bakken kritiek gekregen van de zogenaamde “hybridisation”-aanhangers (de mensen die geloven dat globalisme zal zorgen voor een beter verstaan van culturen en het opnemen van elementen uit andere culturen, zonder dat daarbij de eigen cultuur schade lijdt, cfr. Jan Nederveen Pieterse), maar na 11 september groeide zijn aanhang enorm.

Persoonlijk heb ik de man zijn visies leren kennen van zijn “Clash of Civilizations”, trouwens ook het eerste politieke werk dat ik kocht. Ik zat toen ergens in het vijfde middelbaar en kan gerust zeggen dat een deel van mijn politiek “bewustzijn” mede door dat boek is ontstaan. Of toch alvast de fascinatie om zoveel mogelijk te weten komen over de processen die ons dagelijks bestaan op een globale schaal bepalen. Niet dat Huntington altijd gelijk heeft gekregen in zijn voorspellingen, maar op vele vlakken had de man wel degelijk een punt.

Samuel Huntington (New York City, 18 april 1927 – Martha’s Vineyard, 24 december 2008); rust in vrede. Hieronder een korte bibliografie (los van Wikipedia geplukt)

  • The Soldier and the State: The Theory and Politics of Civil-Military Relations (1957),
  • The Common Defense: Strategic Programs in National Politics (1961),
  • Political Order in Changing Societies (1968),
  • The Crisis of Democracy: On the Governability of Democracies (1976),
  • American Politics: The Promise of Disharmony (1981),
  • The Third Wave: Democratization in the Late Twentieth Century (1991),
  • The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order (1996),
  • Who Are We? The Challenges to America’s National Identity (2004)

 

mercredi, 31 décembre 2008

Sarközy dans le collimateur en Allemagne

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Sarközy dans le collimateur en Allemagne

On savait déjà que l’entente n’était pas parfaite entre Angela Merkel et Nicolas Sarközy, coupable aux yeux des Allemands de négliger le binôme Paris/Berlin au profit de relations privilégiées avec la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, voire en annonçant l’avènement d’une « Union Méditerranéenne », englobant les 27 pays de l’UE et noyant, de ce fait même, le cœur germanique et danubien du continent dans un gigantesque magma informel et sans colonne vertébrale, sans trognon mental commun, fort peu susceptible de fonctionner et de générer de l’harmonie et du consensus. Dans un tel magma, rien de constructif ne peut être entrepris avec toute la célérité décisionnaire voulue, vu l’hétérogénéité de ce bricolage racoleur, qui ne produira que des palabres sans suite. La Méditerranée est certes importante et sa maîtrise est vitale pour l’Europe mais l’empreinte qu’elle doit recevoir doit être européenne, doit venir du cœur du continent et non pas du désert arabique. Pierre Vial disait que la Méditerranée, depuis l’effondrement de l’Empire romain, l’échec des Vandales et des tentatives byzantines de reconquête, était un front et non pas un trait d’union. C’est là une évidence historique. La verbosité de Sarközy et ses gesticulations théâtrales n’y changeront rien.   

Dans le n°50/2008 de l’hebdomadaire « Der Spiegel », l’essai, que le magazine publie chaque semaine, était consacré à l’ « Omniprésident » Sarközy et était signé Ullrich Fichtner (dont on n’évoque pas les qualités ou fonctions). Cet « essay » était féroce : il énumérait, sur le ton du sarcasme et du mépris, voire du dégoût, les frasques du président français, accusé de surcroît de trahir les idéaux de Montesquieu quant à la séparation des pouvoirs. Sarközy aurait ainsi fait de l’Etat le « butin » du pouvoir. Et Fichtner de citer quelques exemples d’entorses graves à l’idéal de Montesquieu, dont les mésaventures d’un manifestant, Hervé Eon, qui s’était promené lors d’une visite présidentielle dans sa ville, avec une pancarte au cou, sur laquelle il reproduisait la parole historique du Président, empreinte de tant de délicatesse, « Casse-toi, pauv’ con ! ». Après que pression eût été exercée sur les tribunaux et sur la magistrature couchée et vénale, Hervé Eon a été condamné pour « injure au Président de la République » (sans que les professionnels de l’idéologie et de la pratique des « droits de l’homme » ne s’en soient outrancièrement émus, ni en France ni ailleurs en Europe…) ; ensuite, la brutalité avec laquelle a été traité un journaliste de « Libération », arrêté dès potron-minet et copieusement rossé dans un commissariat de police, parce qu’il avait écrit, il y a deux ans, quelques rosseries sur le candidat président.  

Face à ces dérapages, dignes du Zaïre de feu Mobutu, Ullrich Fichtner constate : en l’an II du mandat de Sarközy, « le pays (la France) est aujourd’hui devenu l’objet de rapports négatifs qui auraient pu provenir de l’Amérique du Sud des années 70 ».  Et d’ajouter que le commissaire européen des droits de l’homme, Thomas Hammarberg, avait décrit, après sa visite des prisons françaises, que la situation y était « inacceptable » et que la politique française de la justice contredisait les « droits fondamentaux de la personne humaine ». Et hop, quelques belles fleurs dans le jardin de Rachida Dati… Et tout cela se passe aujourd’hui dans le pays de la « rrrrrévolution » et des « droits de l’homme »… dont les ténors du journalisme et de la pensée ( ?) aiment tant donner des leçons aux autres… Fichtner : « Avec Sarközy, un style politique est né, en un laps de temps très court, qui nuit à la culture démocratique du pays » ; « nous assistons à une brutalité croissante du discours politique, comme si Sarközy et ses compagnons avaient suivi les leçons de Georges Bush le Jeune » ; « ivre de son pouvoir, Sarközy se sent compétent en tout et le contraire de tout : il tient des discours sur la maladie d’Alzheimer et sur la psychiatrie, sur la construction automobile, le logement et l’urbanisme, il propose des plans pour les économies à la traîne et contre la tragédie des sans-abri ; il exprime ses visions sur l’avenir de l’Afrique, sur les chances du Québec ; il a des idées sur l’énergie éolienne, le Tibet et le rugby ».

Jusqu’ici, rien que de la polémique, des reproches, comme chaque président français en a essuyés. Mais, l’ « essay » se termine par des paragraphes plus consistants : « Ses discours et ses projets ne peuvent contribuer à étayer l’Etat : généralement, Sarközy cherche la sensation car il se pose comme une homme politique éternellement en campagne électorale et, à cause de cela, dans les circonstances inquiétantes d’aujourd’hui, le système politique français manque d’un pôle de repos et de stabilité, d’un étalon fiable, d’une instance neutre ».

« La télévision d’Etat a été réformée de façon telle que l’émetteur public ne pourra plus diffuser de la publicité après 20 heures, à partir de janvier prochain. Sarközy vend cette réforme comme un « saut qualitatif », le téléspectateur est donc content et toute cette politique semble parfaitement raisonnable et rationnelle. Mais cette politique, de manière drastique, ne permet plus le financement des programmes de la télévision publique, qui se montraient aisément critique à l’encontre du pouvoir. On craint partout en France que l’on tentera de récupérer l’argent perdu de la publicité en ne recrutant plus de journalistes sérieux. Cette crainte est fondée car Sarközy a fait bidouiller sa loi de façon telle que ce sera en fin de compte le Président qui nommera personnellement le futur gestionnaire principal de la télévision publique. Quant aux émetteurs privés, à la tête desquels se trouvent les nouveaux amis super-riches de Sarközy, ils bénéficieront à partir de janvier d’entrées financières proportionnellement plus substantielles, ce qui est un effet collatéral parfaitement voulu, bien entendu ».

Et in cauda venenum : « Les forces de la désintégration politique corrodent l’Etat plus férocement en France qu’ailleurs dans le monde, car la société française est un mélange bigarré d’ethnies, de religions et, heureusement, de citoyens à l’esprit libre ; il n’empêche que l’édifice, qui les abrite tous, se lézarde. Ce processus n’a pas commencé avec Sarközy mais ce président-là n’a rien entrepris pour l’endiguer, l’apaiser, ni trouvé des nouveaux ciments pour le souder à nouveau ; au contraire : animé par son leitmotiv ‘diviser plutôt que concilier’, il mine encore davantage la cohésion de la nation. L’évolution actuelle de la France est une leçon qui nous enseigne que la démocratie et l’Etat de droit ne sont pas de simples évidences, mais des principes que l’on doit gagner chaque jour, pour lesquels il faut lutter quotidiennement, qu’il faut façonner et surtout remplir de sens, de volonté et de ‘virtù’. L’Allemagne, comme aucun autre pays, a dû apprendre cette leçon dans les peines, les douleurs et la souffrance. La France, qui s’est presque toujours retrouvée du côté ensoleillé de l’histoire doit bigrement faire attention, elle, de ne pas l’oublier ».

L’article de fond de Fichtner est le premier, depuis des décennies, à évoquer, au sein d’un établissement politique allemand pourtant bien soucieux de « rectitude politique », la nature « composite » et artificielle de la France en tant que construction politique. Et laisse sous-entendre que cette nature composite, ce manque d’homogénéité, et notamment d’homogénéité ethnique, est une faiblesse effroyable qui risque, à terme, de provoquer un vaste chaos entre le Rhin et les Alpes, d’une part, et l’Atlantique, d’autre part.

L’article de Fichtner montre en filigrane que son auteur préfère une référence directe à Montesquieu qu’un discours, tout en trémolos, sur les droits de l’homme, qui n’est pas suivi d’une pratique ad hoc. Montesquieu permet effectivement une application sereine, sobre et posée des droits du citoyen d’une république ou du sujet d’une monarchie, sans les excès criminels ou verbeux du discours républicain et révolutionnaire. La pratique européenne du droit doit s’inspirer davantage de Montesquieu que des mauvais modèles révolutionnaires. Voilà donc un axiome que l’on peut facilement tirer de l’article de Fichtner.

L’article de Fichtner révèle aussi toute la teneur de l’ère glaciaire qui règne actuellement dans les relations germano-françaises, une glaciation dont Sarközy est responsable. En plus, Fichtner dénonce la césure existante entre le discours (souvent tonitruant) sur les droits de l’homme en France et la pratique quotidienne, très déficitaire, de cette idéologie, soi-disant fondatrice de la République, inviolable et intangible. Cela, les régionalistes bretons, alsaciens ou autres le savaient depuis toujours. Et les cadavres des Vendéens ou des noyés de la Loire savent qu’immédiatement après la proclamation des droits de l’homme et du citoyen, on a inventé le principe de « dépopulation », soit une pratique en bonne et due forme de l’extermination totale d’une population au nom d’un délire abstrait, et qu’on l’a appliqué sans état d’âme par le truchement de « colonnes infernales ». Cette césure entre ce discours et cette pratique indique précisément que le discours en question est, sur le fonds, et depuis son émergence, pure hypocrisie.

L’article de Fichtner devrait inspirer nos législateurs pour condamner, comme le fit un jour Soljenitsyne, la matrice des totalitarismes exterminateurs, après avoir condamné ces derniers ; ensuite pour assimiler les symboles de cette matrice, dont le sinistre tricolore qu’a sacralisé Sarközy, à ceux des totalitarismes du passé, si bien que leur exhibition ou leur vénération ou toute tentative de les importer chez nous, en toutes circonstances ou sous quelque prétexte que ce soit, soit considérées comme un délit, assimilable à l’ostentation pathologique d’oripeaux ou de « paraphernalia » national-socialistes . Ce qui permettrait, en autres choses, d’écarter le délire du rattachisme en Wallonie. 

Enfin l’article de Fichtner devrait inciter à une vigilance européenne généralisée contre les déviances sarközistes, permettant à terme de libérer les peuples de France d’une idéologique intrinsèquement terroriste dans ces principes, même si elle ne peut actuellement les traduire dans le réel et dans toute leur effroyable pureté, et de pratiques contraires aux principes nord-européens de l’habeas corpus, incarnés chez nous, notamment, par la Charte de Kortenberg. La révolution française, comme les pratiques centralisatrices et absolutistes des derniers rois de la monarchie capétienne, a forcé les peuples des anciennes Gaules à sortir d’une matrice européenne commune où la liberté et l’autonomie sont des valeurs cardinales. Il faut les y accueillir à nouveau.

En résumé, c’est un fort beau costume, un pur alpaga haut de gamme, que le principal hebdomadaire d’information en Europe, le « Spiegel », qui tire au moins à deux millions d’exemplaires, a taillé pour cet hiver au nouveau président français, au sortir de ses six mois d’animateur numéro un de l’UE.

(source : Ullrich FICHTNER, « Der Omnipräsident », in « Der Spiegel », n°50/2008). 

 

 

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lundi, 29 décembre 2008

Kosovo, Osetia del Sur y Abjasia: precedentes que cambiaron el panorama geopolitico

Kosovo, Osetia del Sur y Abjasia: precedentes que cambiaron el panorama geopolítico

Debido a los acontecimientos de gran envergadura que sucedieron este año bisiesto: las elecciones presidenciales en Rusia, los Juegos Olímpicos en Pekín, la crisis económico-financiera desatada a nivel mundial, la muerte del Patriarca de Moscú y toda Rusia, Alexis II, el 2008 será recordado por millones de personas.

De todas formas, la agresión de Georgia contra Osetia del Sur (Cáucaso del Norte) ocupa un lugar especial en la serie de acontecimientos importantes. Esta tragedia segó las vidas de miles de personas. La agresión agravó la ya delicada situación en esta región clave del planeta y marcó el inicio de los más significativos cambios geopolíticos desde el término de la Segunda Guerra Mundial.


Sobre los planes de Georgia, suministrada por los EE.UU., en lo que respecta al Cáucaso, se sabía ya desde abril. Desde ese entonces la situación en las fronteras entre Georgia y Osetia del Sur era más que alarmante. En la zona de conflicto se concentraron tropas. Las localidades de Osetia del Sur estaban sometidas a un intenso fuego artillero. En las fronteras de Abjasia se respiraba un aire de intranquilidad y nerviosismo. El Ejército georgiano para ese entonces se encontraba en el desfiladero del Kodori, territorio de Abjasia. El denominado “Gobierno legítimo” de Abjasia, reconocido por Tbilisi, declaró que estaba listo para tomar las “riendas del país”. Las provocaciones por parte de Georgia con respecto a las autonomías, no cesaban. Sobre sus espacios aéreos volaban aviones de espionaje no pilotados de procedencia norteamericana, que las autoridades oficiales de Tbilisi los hacían pasar como aviones rusos.

Por televisión Mijaíl Saakashvili aseguraba al pueblo de Osetia que el conflicto se resolvería rápidamente por la vía pacífica. En esos momentos tenía lugar en Pekín la ceremonia de inauguración de los Juegos Olímpicos. Por tradición histórica, debe haber un alto al fuego entre las partes bélicas mientras se llevan a cabo los mencionados juegos. Pero precisamente en esos días por orden del Comandante en Jefe el ejército georgiano sometió a un intenso y masivo fuego artillero a Tsjinvali (capital de Osetia del Sur) y otras localidades surosetas haciendo utilidad de artillería pesada, lanzamisiles múltiples “Grad”, tanques etc. Se inició la operación “campo despejado”. Según los planes de Georgia, en cuestión de 24 horas después de iniciada la operación, Tsjinvali había de desaparecer de la faz de la tierra; y su población, ser eliminada o desterrada. Operación similar se preparaba para atacar a Abjasia, pero la diferencia consistía en que sería de mayor magnitud.

Es curioso saber, ¿en Moscú estarían enterados de la agresión que Georgia tenía en mente?, aunque qué tiene que ver aquí Rusia, si Osetia del Sur y Abjasia forman parte de Georgia. Al juzgar por las innumerables notas diplomáticas que el Ministerio de Relaciones Exteriores de la Federación Rusa envió a Tbilisi; por lo activamente que se discutía en el Consejo de la Federación, en la Duma, el Ministerio de Defensa y las autoridades rusas reiteradas veces intentaron detener el desarrollo de tales acontecimientos; de advertir a Tbilisi sobre las consecuencias de sus acciones.

Moscú advirtió insistentemente al Consejo de Europa, a la ONU, a los líderes de las más grandes potencias sobre la posible complicación de la situación en el Cáucaso. Pero nadie prestaba la debida importancia o Europa se hacía la que no entendía la gravedad de la situación. Como resultado del conflicto armado, en el Cáucaso plenamente tuvo lugar el denominado “efecto dominó” del que ya había advertido Rusia después del precedente de Kosovo. Las consecuencias del conflicto son conocidas. Decenas de soldados del ejército de paz ruso, cientos de soldados georgianos, cientos de civiles murieron. Tsjinvali y muchas localidades de Osetia del Sur quedaron destruidas, decenas de miles de refugiados. Pasará mucho tiempo para reparar los efectos de esta catástrofe humanitaria.

En agosto del presente año, la muerte de miles de civiles de Osetia del Sur fue catalogado por el gobierno de Rusia como “genocidio”. Será o no tal definición, objetiva, el tiempo lo dirá. Las investigaciones oficiales de tales trágicos sucesos en el Cáucaso todavía no están por terminar. Las investigaciones están siendo llevadas tanto por las fuerzas del orden público rusas como por las instituciones europeas. Es muy posible que en el 2009 se de una apreciación jurídica merecida de los nefastos hechos de agosto último y que los culpables sean procesados con todo el peso de ley. Inevitablemente se mencionarán los nombres de los cómplices de Saakashvili que armaron al agresor violando las leyes internacionales en detrimento de la propia seguridad nacional.

Después de lo acontecido en el Cáucaso, la posición inicial de los países occidentales que acusaban a Rusia de agredir a Georgia, cambió radicalmente gracias a los esfuerzos de los diplomáticos rusos y los medios de comunicación. El mismo hecho de que la OTAN no haya incluido en sus filas a Georgia y Ucrania en el 2008, evidencia el cambio de su posición inicial con respecto a Rusia. Países influyentes de la Alianza Atlántica como Gran Bretaña, Francia, Alemania y otros decidieron no incluir a países cuya política haya empeorado la situación político-militar en una región tan importante y estratégica como es el Cáucaso. En sólo 5 días de acciones bélicas no solamente en la región del Cáucaso cambió el panorama geopolítico. En el mapamundi aparecieron dos nuevos Estados: Osetia del Sur y Abjasia. Por primera vez se ven modificadas las fronteras de las repúblicas de la Comunidad de Estados Independientes (CEI), creadas en tiempos soviéticos como intergubernamentales. Apareció un nuevo tipo de formación de Estados: los parcialmente reconocidos. De hecho Osetia del Sur y Abjasia han sido reconocidos de jure por Rusia y algunos otros países. Varios politólogos rusos y occidentales consideran que pasarán unos cuantos años y el número de nuevos estados aumentará. Valga como ejemplo el tema de Kosovo que hasta el día de hoy ha sido reconocido por más de 50 países miembros de la ONU, pero no lo ha sido por dos miembros permanentes del Consejo de Seguridad de esta institución: Rusia y China. Esto significa que Kosovo, al igual que Osetia del Sur y Abjasia, es un estado parcialmente reconocido. La misma definición puede ser aplicada para Chipre del Norte y Taiwán.

Los precedentes de Kosovo, Osetia del Sur y Abjasia contribuyeron a la redefinición del existente sistema de relaciones internacionales y del Derecho Internacional. Ya que en el planeta algunos conflictos “congelados” corren el peligro del “efecto dominó”. Por ejemplo, Pekín teme seriamente al problema de la intensificación de las tendencias separatistas del mismo Taiwán y en la región autónoma de Xingjian Uighur (al oeste de China). En lo que respecta a la CEI podemos citar como ejemplo a Chisinau y Alto Karabaj. En diciembre de este año los rusinos (grupo etnográfico de los ucranianos que habitan en Transcarpatia, región más occidental de Ucrania) anunciaron su deseo de independizarse y crear su propio Estado.

“Los acontecimientos de agosto en el Cáucaso seriamente influenciaron en lo que respecta a los temas de zonas de conflicto en la CEI”, declaró Sergei Markedónov, Jefe del Departamento de problemas de relaciones interétnicos del Instituto de análisis político y militar. La imposición de la paz que se llevó a cabo en el Cáucaso es una señal clara para Bakú en lo que se refiere a su política relativa a Alto Karabaj. Azerbaidzhan ha visto que los intentos de Georgia por resolver de manera unilateral el estatus quo en el Cáucaso, se han encontrado con la fuerte posición de Rusia, y que una política poco perspicaz en lo concerniente al tema de Alto Karabaj puede conducir a malos resultados. Actualmente Bakú tiende a hacer apreciaciones más políticas que militares y optar por métodos más adecuados en su política con respecto a “territorios no reconocidos”.

Según la opinión de Markedónov, se ha presentado también la posibilidad de arreglar otros conflictos en el Cáucaso. Las investigaciones del Instituto de análisis político y militar, demuestran que la proclamación de independencia de Osetia del Sur y de Abjasia en el Cáucaso del Norte, así como el hecho de que Rusia durante el conflicto de agosto haya apoyado a Osetia del Sur y llevado a cabo la operación de imposición de paz, son acogidos absolutamente como correctos.

Dmitri Evláshkov

Extraído de RIA Novosti.

dimanche, 28 décembre 2008

Les fortes paroles de la crise politique belge

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Les paroles fortes de la crise politique belge…

Dans son édition de Noël (24-25 décembre 2008), le quotidien flamand « Het Laatste Nieuws », journal populaire lu à près d’un million d’exemplaires dans le pays, s’étonne que l’on ait fait appel au vieux cheval de retour Wilfried Martens pour arranger les bidons d’une crise qui n’en finit pas, tout simplement, ajouterions-nous, parce qu’elle n’a pas de solution. Pour l’éditorialiste du quotidien, Luc Van Der Kelen, et pour son collaborateur Jan Segers, le choix de Martens indique qu’aucun politicien belge actuel, tous partis confondus, n’est jugé digne ou capable de tirer les marrons du feu. Il n’y aurait donc pas eu de relève et seuls les septuagénaires retirés des voitures après une « carrière » de partitocrate commencée fin des années 50 (quand l’Atomium n’existait pas encore…), pourrait rafistoler l’esquif qui fait eau de toutes parts. C’est un point de vue qui se défend mais qu’il est curieux de lire sous la plume d’intellectuels, braves mais établis, qui se prétendent « démocrates » et « libéraux ». En effet, la partitocratie, à la belge ou à l’italienne, est un système qui installe des bidouilleurs plus ou moins malins, comme on le sait depuis Machiavel, qui ne vont pas faire montre du sens de l’Etat mais tirer à toutes les ficelles pour obtenir prébendes, avantages personnels, avantages pour les copains ou les maîtresses, comme on le sait depuis le célèbre ouvrage de Max Weber, « La politique comme profession ».

L’attitude classique du bidouilleur est de coopter, dans sa suite, parmi ses complices, des autres bidouilleurs, mais moins malins, plus lourdauds et patauds. Et ainsi de suite. Jusqu’à la cooptation de crabes totalement clodos par des crabes à peine moins clodos. On l’a vu avec Jean Gol, qui coopta jadis l’inénarrable Louis Michel parmi ses leudes, et dont on a pu déceler naguère les grands talents de diplomate, un Louis Michel qui a coopté ensuite le fameux Daniel Ducarme, dont Gol disait : « Il est si léger, qu’il montera haut ! ». En attendant ce clodo de Ducarme-là est devenu rattachiste et veut accorder à la Wallonie le même statut que les Dom-Tom au sein de la république sarközisée.  Normal qu’un clodo admire les sans-culottes. Et rêve de joindre son destin au leur. 

Je ne jouerai pas le cuistre en citant les grands ouvrages de science politique qui annonçaient, dès la fin du dix-neuvième siècle, avec les Italiens Minghetti, Mosca et Pareto, avec Roberto Michels, que la partitocratie chavirerait tôt ou tard dans ce type de gluante raspoutitsa. Paul Hymans, que célèbrent les libéraux francophones belges en nommant leur institut d’étude ( ?) de son nom, avait prédit cette involution dès 1899. Dans le MR libéral, seul le Sénateur Alain Destexhe résiste encore à cette déliquescence inéluctable  en dénonçant ces petits jeux de plus en plus piteux, au nom des idéaux et de la clairvoyance de Paul Hymans, mais, en se posant ainsi comme Cassandre, il perd tout état de grâce et sa sagacité importune ses propres co-partisans et co-listiers  : il finira avec l’étiquette de facho accorchée au cou. Et dans la foulée, avec zèle et acribie, on débaptisera l’Institut Paul Hymans pour lui donner le nom de Jean Gol et, à Woluwé, la belle Avenue Paul Hymans finira par s’appeler « Avenue de la Démocratie » ou « Avenue de l’ONU » ou « Avenue des Droits de l’Homme », ou autre dénomination verbeuse.

En attendant, ça râle sec dans les rangs des politiciens non encore septuagénaires. Ainsi le Sénateur Pol Van Den Driessche (CD&V) conteste l’idée que les talents étaient davantage représentés jadis qu’aujourd’hui : « Il n’en a jamais été autrement au sommet de la vie politique belge, cela a toujours été comme aujourd’hui : vous avez une petite strate supérieure, une épaisse strate d’hommes et de femmes qui travaillent dur, qui ont du mérite et qui pensent bien, et une petite strate d’idiots absolus (« absolute onnozelaars ») ». L’épaisse strate médiane, à nos yeux, est composée d’une masse immense de ronds-de-cuir, de pense petit, de canules sans vision, de taupes bornées constituant un ballast inutile dont il conviendrait de se débarrasser le plus rapidement possible. Quant à la strate inférieure des « idiots absolus », est-elle si petite que cela ?  

Un ministre d’Etat, qui entend rester anonyme (on ne sait jamais…), ajoute à ces propos tout d’aigreur une belle louche de perfidie: « Qu’est-ce qui pousse Martens et Dehaene, croyez-vous ? Le sens du devoir ? Ne me faites pas rigoler… Le sens du devoir est une feuille de vigne pour dissimuler leurs ambitions et leur vanité. Il n’y a pas d’âge pour cela ».

Le leader socialiste flamand Johan Vande Lanotte vise plutôt le Grand Maréchal de la Cour, Jacques van Ypersele de Strihou, âgé de 72 ans et indéboulonnable, et lui reproche, comme le font aussi bien d’autres, de ne pas avoir tenu son agenda à jour et de ne conserver, en cas de crise et d’urgence, que les adresses de vieux cachalots cacochymes munis d’un tube de glu, pour réparer les bris de vaisselle. Il y a du vrai dans ce crime de lèse-Maréchal, un Maréchal qui a voulu inventer la « monarchie de proximité ». Et du non vrai : car, là, le Grand Maréchal a sans doute raison, il n’y a plus ni jeune étalon fougueux ni poulain prometteur dans l’écurie, plus que canassons usés avant l’âge, vieilles rossinantes ou bourriquets poussifs. Because there are les lois d’airain  —n’est-ce pas Roberto Michels ?—  des oligarchies : cooptation d’imbéciles par des vaniteux, puis de trisomiques par les imbéciles chéris des vaniteux.

Mais où Vande Lanotte étonne, c’est quand il tient un langage digne de Roberto Michels, un langage que nous avons tenu naguère, et qui nous a valu, à nous-mêmes et à Michels, l’étiquette de « facho ». Goutons les paroles du socialiste ostendais et ouest-flandrien : « Le Palais n’ouvre plus que les vieilles boîtes de conserve contenant les anciens CVP de jadis. A la différence près que les chrétiens-démocrates ne font plus 40% ou plus, comme auparavant, mais à peine encore la moitié de ces scores. Je ne comprends pas pourquoi cette vieille génération de CVP mais aussi de coryphées venus d’autres partis, se pavanent tout en haut de leur tour (« zo hoog van de toren blaast »). Où vont-ils chercher le culot pour dire que ma génération et la génération d’aujourd’hui ne peuvent y arriver ? Alors que, nom d’un chien (« verdorie »), c’est justement la génération des Léo Tindemans, Mark Eyskens et Wilfried Martens qui ont précipité le pays dans le gouffre d’une dette d’Etat de 10.000 milliards d’anciens francs belges ! Parce qu’ils dominent l’art du compromis ? On ne le dirait pas quand on énumère tous les gouvernements qui sont tombés, sous leur houlette, dès que survenait le moindre conflit. C’est précisément cette génération-là qui fait que le pays va à vau-l’eau, et non la nôtre, pour ne même pas évoquer les trentenaires et quadragénaires d’aujourd’hui. Ce sont les hommes politiques de ma génération qui doivent payer depuis déjà vingt ans les dettes que Wilfried Martens et les siens ont contractées. Un peu de modestie leur ferait honneur ».

Bigre ! Vande Lanotte va se retrouver avec Destexhe et nous-mêmes dans la géhenne du « fascisme » médiatique. Quand Jean van der Taelen tonnait contre ces déviances dans les colonnes du bulletin de la « Ligue des Contribuables », dans quelques éditoriaux de « Vouloir » ou dans ses articles pour le « Club du Beffroi », il a récolté, et récolte encore à titre posthume, les insultes des « chiens de garde » de la partitocratie en phase « Leterminale ». Ses cendres doivent jubiler sur la pelouse d’Uccle-Calevoet ! Les atomes de ses chairs et de ses os doivent entamer de joyeuses sarabandes et farandoles, dans une liesse toute breughélienne, en constatant que l’homme qu’ils ont constitué jadis, était un vrai prophète !

Et c’est vrai, en écrivant cela, en méditant les propos de Vande Lanotte, une petite larme se forme au coin de mon œil, parce que je pense à Jean, à la veille du treizième anniversaire de son trépas, qu’il savait imminent, comme il l’avait dit, sans peur aucune et avec la sérénité qu’a voulu nous enseigner Louis Pauwels dans la partie philosophique de son œuvre, fin décembre 1995, en allant présenter ses derniers vœux à cet autre Jean du bon vieux temps, à Jean V., fort ému rétrospectivement de ce dernier adieu.

Leur système crève sous nos yeux, quelques jours avant la Saint-Sylvestre 2008. Et nous rions, et nous rirons, car nous rirons les derniers !

Bonnes fêtes de fin d’année à tous ! Et bon courage pour les épreuves qui vous attendent en 2009 !

 

samedi, 27 décembre 2008

Afrikanisering van Europa

Afrikanisering van Europa

“Hoe verdwijnt een beschaving, hoe verdwijnt de democratie? Democratie kun je niet invoeren, democratie moet te verwerven”. Eén van de vele treffende opmerkingen van mevrouw Marcia Luyten in haar boek Ziende blind in de sauna, waarin ze met veel verve waarschuwt voor een Afrikanisering van Nederland – en bij uitbreiding van Vlaanderen en Europa. Nederland gaat steeds meer op Afrika lijken, schrijft ze. 

Om de lezer vooraf toch al dit mee te geven: het boek gaat niet over de bedreiging vanwege immigranten, vanwege asielzoekers. Mevrouw Luyten is begonnen als een overtuigde telg van het multiculturele, progressieve kamp, al heeft ze ondertussen en gaandeweg een aantal van haar linkse standpunten bijgesteld. Neen, dit boek gaat over Nederlandse (Westerse) instellingen en instituties die door een kortetermijndenken in de politiek en de economie, die door een inhalige moraal, door uitholling van de moraal en door misbruikt vertrouwen ten onder dreigen te gaan, en die hierin steeds meer beginnen te lijken op Afrika.

Marcia Luyten (geboren in 1971) is journaliste, cultuurhistorica en econome, ze schrijft voor verschillende kranten en woonde van 2001 tot 2003 in Rwanda, en sinds 2007 in Oeganda. Ze kent de Afrikaanse cultuur vrij goed en beseft dus maar al te goed de draagwijdte van haar woorden. En hoewel ze zich blijft opstellen als een ‘progressief’ auteur, merkt men op elke bladzijde de sterke (soms onmerkbare trouwens) invloed van overtuigd conservatieve denkers als Dalrymple, die in zijn kritiek op het links-libertaire al wees op hun verpletterende verantwoordelijkheid in het ontkennen van elke publieke moraal. Mevrouw Luyten haalt Joep Dohmen aan: “Waarden als identiteit, individualiteit en vrijheid veronderstellen dat het individu door de samenleving een zekere morele vorming heeft ondergaan”.

Zo roept ze op “de vrijheid en de eigenzinnigheid te veroveren op de fanatiekelingen die zich in de jaren 60 van vorige eeuw hebben toegeëigend maar die daaraan behalve de emancipatie vooral één dimensie hebben: die van de permissiviteit”. Ze lijkt de politieke en metapolitieke rechterzijde na te zeggen dat “alles kan, alles mag” een deel van het probleem van Europa, van Vlaanderen en van Nederland is.

Over economie – toch wel zéér actueel, meen ik – schrijft Luyten heel treffende zinnen neer, vooral over het korte termijn winstbejag van aandeelhouders in multinationals, over de kip met de gouden eieren. En ook hier weer de parallel met Afrika: “Het aanstekelijke, bewonderenswaardige ‘leven in het moment’ van Afrika heeft een schaduwzijde: het maakt van armoede een gesloten cirkel”.

Niet alleen de economie, maar ook de politiek is ‘verafrikaniseerd’. Afrika kent vooral een politiek van aanhankelijkheden. Maar ook in Europa groeit het cliëntelisme sterk. Het gaat in de politiek – ook in België, ook in Nederland – steeds minder om politieke programma’s, om ideeën. Macht in Afrika dient vooral en bijna uitsluitend om de eigen achterban goed te verzorgen. Is dat het lot dat de politiek in Europa te wachten staat? Maar lees ook haar bladzijden over de massamediacultuur, lees haar vernietigend oordeel over allerlei schoolse experimenten!

Dit boekje van Marcia Luyten is echter geen programmabrochure van een politieke partij. Mevrouw Luyten schrijft met veel schroom, té veel schroom allicht, over de uitwassen van de multiculturele maatschappij. Maar toch is ook bij haar het taboe, om er liever niets over te schrijven dan slecht, gevallen. Zo noteert ze: “Toen een delegatie van het Nederlands Centrum voor Terrorismebestrijding het Amsterdamse stadsdeel Bos en Lommer bezocht, na de moord op Van Gogh, keken de bezoekers op van de hoeveelheid schotelantennes die er als geraniums balkons sierden”. Inderdaad, onze maatschappij is niet weinig verkleurd, mevrouw Luyten.

Het zal niemand verbazen dat geregeld wordt verwezen naar stevige Nederlandse conservatieve filosofen als Kinneging. Toch wil mevrouw Luyten verder door het leven als progressief auteur, niet zonder de arrogantie van links er stevig van links te geven. “Terug naar dat karakter (als een van de bouwstenen van een gezonde samenleving). Welke karaktereigenschappen zijn daarvoor nodig? Een schets van zo’n persoonlijkheid is niet ongevaarlijk. Voor je het weet, word je in een hoek gezet waar je niet wil zijn – bijvoorbeeld die van de conservatieven – want dat is wat sommige linkse mensen graag doen met andere linkse mensen die het over cultuur en moraal hebben”. Jaja, de verdraagzaamheid van links is een mooi ding…

Dit boek – maar dat had u al begrepen, beste lezer – bevat zeer veel stof tot nadenken. Veel introspectie in een maatschappij die wat ver in de ene richting is doorgeschoten. Marcia Luyten brengt noodzakelijke correcties aan.

(Peter Logghe)

Ziende blind in de sauna, 220 pagina’s
Auteur: Luyten, M.
Uitgeverij: Lemniscaat, Rotterdam 2008
ISBN  978 90 477 0035 7



 

vendredi, 26 décembre 2008

A l'Est, du nouveau...

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Archives de SYNERGIES EUROPÉENNES - LE COURRIER DES PAYS-BAS FRANçAIS (Lille) - VOULOIR (Bruxelles) - DÉCEMBRE 1989

Ce texte issu de nos archives montre, une fois de plus, quels espoirs fous soulevaient nos coeurs au moment de la disparition du Mur de Berlin ! Nos espoirs, faut-il le dire, n'ont pas été exaucés. La responsabilité de cette trahison vient de l'impéritie et de la veulerie du personnel politique européen, que nous n'avons pas eu le courage de jeter aux poubelles de l'histoire, comme les Est-Européens avaient jeté leurs apparatchiks communistes en descendant en masse dans la rue. Et aujourd'hui, y a-t-il eu foule en Belgique pour qu'on demande l'emprisonnement et la condamnation des immondes banksters? Et des flics ripoux qui pillent les librairies? Honte sur nous !

A l'Est, du nouveau

par Fabrice GOETHALS

L'ère de Yalta s'achève. Le rideau de fer, sinistre ba-lafre portée au cœur du continent européen, a craqué le 11 septembre dernier, lorsque la Hon-grie a ouvert ses frontières à l'Ouest. Deux mois plus tard, le Mur de Berlin était démantelé sous les acclamations du peuple allemand vivant des deux côtés de la frontière, tandis que le monde entier n'en croyait pas ses yeux. Ne nous payons pas de mots. Si, depuis 1945, il y a eu en Europe des événements proprement historiques, ce sont bien ceux auxquels nous venons d'assister au cours de ces dernières semaines. Evénements symbo-liques, mais aussi annonciateurs d'une époque qui ne pourra jamais plus avoir le même visage.

La première leçon que l'on peut tirer du spectacle qui se déroule à l'Est aujourd'hui, c'est qu'il constitue un démenti flagrant à bien des théories énoncées avec aplomb par les politolo-gues occidentaux. On nous dé-crivait l'Union Soviétique comme un mal absolu, quasi onto-logique et, comme tel, incapable de se ré-former lui-même. Mikha'il Gorbatchev (dont nul n'avait non plus prévu l'arrivée au pouvoir) a répondu à sa façon à cette représentation aussi specta-culaire que fantasmatique. Le fait que la peres-troïka soit une ré-volution accomplie par le haut dément, à elle seule, les analyses classiques des soviétologues libéraux. En réalité, comme l'a noté Paul Thibaud, "le totalitarisme absolu, sans faille, n'a jamais existé. S'il existait, il serait littéralement increvable" (Le Nouvel Observa-teur,  2-11-1989). S'écroulent du même coup l'image d'une bureaucratie "indéracinable", pri-son-nière d'un lobby militaro-industriel tout puissant, et d'un pouvoir installé dans l'irréversible, qui ne pourrait s'achever que dans la guerre et le sang.

Identité allemande et "Mitteleuropa"

Mais la fin du Mur de Berlin démontre encore autre chose. Elle démontre quels sont les enjeux historiques et les forces politiques les plus es-sentiels. Elle dé-montre que, sur la longue durée, ce sont les exigences des peuples, la reven-dication identitaire des commu-nautés nationales et les lois de la géopolitique qui fi-nissent tou-jours par l'emporter. Pendant des décen-nies, les hommes politiques occidentaux  —allemands y compris—  ont feint de croire que la vieille "question allemande" pouvait être mise per-pétuellement sous le boisseau. Comme l'a dé-claré ingénument l'ancien Premier ministre bri-tannique Edward Heath: "Bien sûr, nous disions que nous croyions à la réunification, mais c'est parce que nous savions que cela n'arriverait pas!". Il faut aujourd'hui se rendre à l'évidence: le re-foulé revient toujours au galop. L'évolution de l'opinion en RFA depuis quelques années, le regain d'intérêt pour la "Mitteleuropa" étaient des signes avant-coureurs qui ne trompaient pas. Tout récemment encore, l'exode massif des Allemands de l'Est vers la RFA, via la Hongrie et la Tchécoslovaquie, a brutale-ment rappelé aux observateurs que pour les Alle-mands, la "question nationale" n'est toujours pas ré-glée, et que les jeunes Allemands sont aujourd'hui les seuls à ne pas avoir d'identité propre en Europe.

Certes, la réunification allemande n'est pas encore faite. Elle se heurtera à bien des résis-tances! Gorbatchev, d'ailleurs, souligne lui-mê-me avec force que l'existence de deux Etats allemands fait aujourd'hui partie des "réalités existantes" en Europe. Mais qu'en sera-t-il demain?

Bien que l'attitude soviétique reste éminemment pro-blématique, compte tenu de la multitude des para-mètres à prendre en compte, il est clair, con-cernant l'Allemagne, que l'intérêt des Russes est de conserver pour l'avenir quelque chose de négociable. En clair, de "vendre" la réunification le plus cher possible. Dans l'immédiat, on aurait tort de sous-estimer la dyna-mique mise en œuvre par les derniers événements.

En RDA, la libéralisation politique a en effet nécessai-rement une résonnance différente de celle qu'elle peut avoir dans les autres pays de l'Est, dont l'existence nationale n'est pas en question. La division de l'Allemagne est directe-ment liée à l'existence d'un ré-gime communiste. Que ce régime s'affaiblisse, et la frontière née de cette division apparaîtra comme plus artificielle encore.

L'histoire revient au grand galop

Rapprocher la structure politico-institutionnelle des as-pirations populaires revient alors imman-quablement à rapprocher le temps de la réunifi-cation. Rétablir la libre circulation entre les deux parties d'une ville  —et qui plus est, d'une ancienne capitale—  traversée par la frontière Est-Ouest, c'est faire en sorte que cette fron-tière perde toute signification. Après cela, toute une sé-rie de cliquets vont jouer.

Une chose est sûre, et c'est elle qui donne aux événe-ments leur véritable dimension: l'Alle-magne, du fait de sa situation géopolitique, reste au cœur de l'Europe et de ses contradictions. L'unité de l'Europe passe par la réunification allemande et, inversement, toute évolu-tion du statut de l'Allemagne ne peut à terme qu'affecter le statut de l'Europe toute entière. Pour l'heure, la grande interrogation des Occidentaux est de savoir si la réunification est "compatible avec l'Europe". En un sens, ils n'ont pas tort: dans les an-nées qui viennent, c'est la nature de la coo-pération al-lemande avec l'Est qui va déter-miner la future structure de la Communauté européenne.

Mais en même temps, leur raisonnement est fautif, précisément parce qu'en parlant d'Europe, ils n'ont en tête que la "petite" CEE. Or, l'Eu-rope ne se ramène pas à son promontoire occi-dental. Elle est un conti-nent, dont les peuples aspirent à retrouver les voies de l'autonomie, de la puissance et de l'identité, perspec-tive qui implique l'abandon de la seule logique économique et marchande et l'émergence d'une "troi-sième Europe", sortie de l'affrontement stérile des blocs.

Alors qu'aux Etat-Unis, la mode est aujourd'hui de spéculer sur la "fin de l'histoire", tout se passe au contraire comme si, brusquement, l'histoire faisait re-tour. Et de fait, c'est toute une dynamique proprement historicisante qui s'en-clen-che actuellement, prenant de court les futurologues et la classe politique, toutes nuances con-fondues. Certes, il reste bien des incerti-tudes, et nous restons mal informés sur l'exacte signification des réformes entreprises en Union Soviétique, comme sur l'avenir de la perestroïka. On peut envisa-ger des phases de recul. Mais déjà, l'essentiel est fait. Si toute l'Europe de l'Est s'ébranle, les Russes, de-main, ne pourront pas envoyer les chars partout. L'histoire redevient ou-verte, et l'on peut déjà parier que, parmi ceux qui applaudissent aujourd'hui à la destruction du Mur, il s'en trouvera beaucoup demain pour regretter à mi-vois la "stabilité" de l'époque de la guerre froide. Donner l'initiative aux peuples, sortir de la logique des blocs, c'est en effet entrer dans la zone de l'imprévisible. Mais l'histoire est faite de cette im-prévisibilité-là. Et c'est pour cela que l'homme lui-même est toujours "ouvert": il se construit historiquement.

Fabrice GOETHALS.

Texte paru dans Le Courrier des Pays-Bas Français (n°62, nov. 89), lettre mensuelle éditée par la SEDPBF. Tout courrier à SEDPBF, 46 rue Saint-Luc, 59.800 Lille. Abonnement annuel (10 numéros): 100 FF ou 650 FB.

lundi, 22 décembre 2008

Deux livres sur l'Europe

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Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

Deux livres sur l'Europe


Herbert KRAUS, «Großeuropa». Eine Konföderation vom Atlantik bis Wladi­wostok, Langen-Müller, München, 1990, 147 S., DM 28, ISBN 3-7844-2197-0.


A cause des problèmes en Allemagne de l'Est, de la situation catastrophique de l'économie polo­naise, de l'intervention des militaires sovié­tiques à Vilnius, de la fragilisation de la posi­tion de Gorbatchev à Moscou, l'unification gran­de-continentale, de l'Atlantique au Paci­fique, la communauté de destin euro-soviétique est postposée. Cette remise aux calendes grec­ques d'un processus nécessaire ne doit pas pour autant nous empêcher de réfléchir à son adve­nance, de la préparer. Herbert Kraus, ex­pert au­trichien des questions d'Europe orientale, fon­dateur du parti libéral autrichien, l'a soule­vée dans un livre qui a la forme d'un manifeste et qui appelle à la consitution de la «Grande Con­fédération». Pour Kraus, ressortissant d'un pe­tit Etat neutre, sis à la charnière de l'Est et de l'Ouest, les Européens doivent préparer l'a­vè­nement d'un Etat multiculturel englobant tous les pays d'Europe et l'ensemble du territoire au­jourd'hui soviétique. Dans cet immense es­pace, tous les Européens devraient pouvoir avoir le droit de travailler, de commercer ou de fonder des entreprises. L'heure de l'Etat-Nation, étroit, trop exigu pour les impératifs qui s'annoncent, a sonné. Il doit faire place au «grand espace». Ce processus de méta/macromorphose doit s'ac­com­pagner d'un socialisme acceptable pour tous, d'une déconstruction des antagonismes mi­litaristes du passé afin de construire une gi­gantesque armée confédérative. La Russie a un rôle tout particulier à jouer dans cette évolution: elle doit transformer l'URSS qu'elle domine par son poids en une confédération-modèle que l'Ouest pourra imiter, tandis que les réussites de la CEE en matière d'intégration devront servir de modèles à l'Est. La confédération devra être plus souple, plus soucieuse des tissus locaux, moins centralisatrice en matières écono­mi­ques. Logiques intégratives et identitaires doi­vent pouvoir jouer simultanément.


Otto MOLDEN, Die europäische Nation. Die neue Supermacht vom Atlantik bis zur Ukraine, Herbig, München, 1990, 323 S., DM 39,80, ISBN 3-7766-1649-0.


Ancien chef de la résistance autrichienne con­tre le nazisme, Otto Molden, homme poli­tique et historien, a toujours eu la volonté de for­ger un «patriotisme européen», reposant sur une inter­prétation «culturo-morphologique» de son his­toire, qui n'est pas sans rappelé Spengler et Toynbee. La disparition du Rideau de fer, pense Molden, va activer la constitution d'une Europe unie et faire d'elle la première puissance cultu­relle, économique et financière du globe, lais­sant les Etats-Unis stagner loin derrière elle. Paradoxalement, poursuit Molden, ce sont les dangers venus de la steppe asiatique, les inva­sions hunniques, avares, magyares et mon­go­les, qui ont, à certains moments de l'histoire, don­né aux Européens l'idée d'une communauté de destin. Pour Molden, l'ère des Etats-Nations, incapables de gérer leurs problèmes de minori­tés, doit être close. Ces problèmes de minorités doivent être résolus, non seulement à l'Est, mais aussi à l'Ouest (Irlande, Pays Basque), de façon à ce que l'on obtienne une nation consti­tuée de peuples et de citoyens solidaires. Pour or­­ganiser ce gigantesque ensemble, il faut in­venter une représentation nouvelle, fondée sur le «fédéralisme intégral des communautés de voisinage». Une telle représentation permettra à moyen ou long terme de resouder les tissus so­ciaux ravagés par la révolution industrielle.

 (Robert Steuckers)


 

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dimanche, 21 décembre 2008

Nous allons vers une nouvelle guerre froide...

 

 

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Nous allons vers une nouvelle « Guerre Froide »…

 

Entretien avec le Prof. Dr. Peter Scholl-Latour

Propos recueillis par Moritz Schwarz

Q. : Professeur Scholl-Latour, la Russie réagit fermement au déploiement des missiles anti-missiles américains en Pologne et en République Tchèque ; elle riposte en déployant à son tour des engins balistiques à moyenne portée à Königsberg en Prusse orientale. La Guerre Froide revient-elle au galop ?

PSL : De fait, la réaction russe correspond au modèle classique de la guerre froide, à plus d’un point de vue. Les Russes répondent à ce qu’ils perçoivent comme une provocation américaine. Ils procèdent exactement comme le fit l’OTAN au début des années 80 qui, pour répondre à l’installation des fusées SS-20 soviétiques, avait déployé les Pershing-2 américaines. A cette époque, j’étais rédacteur en chef du « Stern » et, dans la rédaction, le seul à avoir pris position pour le réarmement occidental. C’est pourquoi je comprends bien les Russes aujourd’hui. Mais je reviens à votre question : « La Guerre Froide revient-elle ? ». Je réponds « Non ». Car la nouvelle « guerre froide » n’est pas l’ancienne. Raison pour laquelle j’ai intentionnellement intitulé mon livre « La voie vers la nouvelle guerre froide ».

Q. : Et qu’est-ce qui distingue la nouvelle de l’ancienne ?

PSL : L’ancienne guerre froide était bien plus prévisible que celle que nous vivons aujourd’hui. A l’époque existait un contact permanent entre Washington et Moscou. Quand la situation devenait alarmante, on utilisait le téléphone rouge et on cherchait tout de suite à aplanir la situation. On oublie un peu vite qu’Eisenhower et Khrouchtchev se sont opposés de concert au débarquement insensé des Français et des Britanniques à Suez en 1956, en leur lançant un ultimatum. De plus, n’oublions pas que les Soviétiques, avant d’entrer en Tchécoslovaquie en 1968, avaient préalablement averti les Américains.

Q. : Votre livre est finalement un recueil d’articles, ce qui lui donne un caractère purement descriptif. La pertinence analytique qui caractérise généralement vos travaux semble cette fois absente. Pensez-vous que cela satisfera vos lecteurs ?

PSL : En 2003, quand j’ai dit que la guerre en Irak pourrait se terminer par un désastre, on m’a appelé « le vieux roi des prophètes de malheurs ». Ce que je présente dans mon nouveau livre, c’est l’évolution graduelle de la situation de 2001 à nos jours. Je n’ai pas changé un seul mot dans tous les articles que j’ai sélectionnés pour ce livre : le premier date du 22 octobre 2001, alors que l’offensive contre l’Afghanistan venait de commencer, et le dernier date du 5 novembre 2008, un jour après l’élection d’Obama. Dans ce vaste éventail d’articles, le lecteur pourra aisément constater que l’évolution des choses nous portait bien à la situation actuelle et que tout était donc parfaitement prévisible.

Q. : Le blocus de Berlin en 1948 est considéré comme la « première bataille » de l’ancienne guerre froide.  Pour la nouvelle guerre froide, vous considérez que c’est l’attaque américaine contre l’Afghanistan qui constitue le premier acte, même si dans ce conflit, les Etats-Unis ne font pas face à une autre grande puissance…

PSL : La Guerre froide du passé résultait d’une confrontation bipolaire. Aujourd’hui les Etats-Unis ne sont plus la puissance hégémonique universelle. Ils en sont eux-mêmes conscients, comme le révèle d’ailleurs une étude interne des services secrets américains. La principale différence entre l’ancienne et la nouvelle guerre froide réside dans la nature multipolaire de la nouvelle confrontation. Aux côtés des rivaux traditionnels que sont les Etats-Unis et l’Union Soviétique (dont la Russie est l’héritière, ndt), de nouveaux acteurs sont entrés en lice, comme la Chine, l’Inde et le monde islamique. La guerre en Afghanistan témoigne de la nouvelle acuité de la confrontation avec l’islam.

Q. : Est-ce utile de lier les rivalités entre grandes puissances au conflit avec l’islamisme ? Samuel Huntington a forgé, pour ce conflit tout particulièrement, la notion de « choc des civilisations » ; cette notion s’avère-t-elle pertinente pour distinguer ce conflit contre l’islamisme du conflit classique entre puissances, que vous évoquez sous la formule de « guerre froide » ?

PSL : Le 21ème siècle est d’ores et déjà marqué par le parallélisme entre divers conflits. Aujourd’hui, nous nous en apercevons, notamment lors des derniers événements d’Inde, où des islamistes ont défié l’Etat indien en perpétrant le massacre de Bombay. Le terrorisme international, que l’on appelle à Washington la lutte contre « l’islamo-fascisme » alors que je préfèrerais l’appeler la « révolution islamique », est un boulet que doivent traîner tous les « global players ». Dans cette optique, il faut tenir compte d’une chose : ici les véritables acteurs ne sont pas des Etats mais des mouvements insurrectionnels diffus, soutenus par la population, qui prennent de plus en plus souvent des attitudes antioccidentales. En principe, les attentats visent les gouvernements locaux et sont antioccidentaux surtout dans la mesure où l’Occident soutient ces gouvernements. Si l’ancienne guerre froide était une grande affaire planétaire sur laquelle on pouvait encore jeter un regard synoptique, la nouvelle se caractérise surtout par ses imbrications si complexes qu’elles ne sont plus immédiatement perceptibles.

Q. : La confrontation de type classique entre les Etats-Unis et la Russie aura-t-elle encore son point de gravitation principale en Europe centrale ?

PSL : La Russie n’est plus une puissance mondiale capable d’assurer un hégémon comme le fut jadis l’Union Soviétique. Mais elle reste, malgré tout, une grande puissance. Surtout parce qu’elle dispose d’un potentiel nucléaire, qui équivaut peu ou prou à celui des Etats-Unis.

Q. : Les Russes ont envoyé récemment une flotte avec pour navire amiral le croiseur atomique « Pierre le Grand », le principal bâtiment de leur flotte de l’Arctique et le plus grand navire de guerre du monde, au Venezuela. Dans l’avenir, n’y a-t-il pas là-bas le risque d’une nouvelle crise de Cuba ?

PSL : Je ne crois pas qu’on en arrivera là mais, quoi qu’il en soit, les Russes pourront équiper le Venezuela du Président Hugo Chavez d’armes qui ne seront certes pas aussi perfectionnées que celles des Américains mais qui confèreront aux Vénézuéliens un poids militaire important dans la région. N’oublions pas que quelques temps auparavant, les Etats-Unis avaient envoyé des navires de guerre en Mer Noire pour aller cingler face au littoral de la Géorgie. Les Russes ont réagi en adoptant le même mode de comportement. Ce genre d’incident se répétera dans l’avenir jusqu’au jour où les Etats-Unis reconnaîtront qu’ils doivent traiter la Russie comme un partenaire égal.

Q. : L’ex-général américain Wesley Clark a déclaré récemment dans un entretien avec « Junge Freiheit » (Berlin ; n°36/2008) que ces gesticulations russes n’étaient rien d’autre que du « boucan et des hurlements de colère », indices de l’impuissance de Moscou…

PSL : Mouais… je me souviens, moi, du conflit des Balkans en 1999, quand ce général Clark voulait jeter les Russes manu militari hors du Kosovo. Le Général britannique Mike Jackson lui avait rétorqué : « Je ne tolèrerai pas que l’on déclenche ici une troisième guerre mondiale ». La grande erreur du gouvernement Bush a été d’acculer sans cesse la Russie et de susciter de la sorte une animosité permanente à l’endroit de Washington qui, au départ, n’existait pas.

Q. : Vous écrivez également que la nouvelle guerre froide sera marquée par un déclin relatif de la Russie assorti d’un renforcement concomitant de la Chine…

PSL : Dans l’avenir, le véritable adversaire de l’Amérique sera la Chine qui, stratégiquement parlant, deviendra, à partir de 2025, l’égale des Etats-Unis. Les Russes entretiennent certes de bonnes relations avec la Chine, mais ils se sentent néanmoins menacés par l’énorme pression démographique chinoise en Sibérie orientale, surtout dans la province de Primorié, littorale du Pacifique. Cette province connaît actuellement une immigration chinoise massive, comme on l’a toujours craint, mais aujourd’hui la Russie est consciente que ses territoires d’Extrême Orient se dépeuplent à grande échelle (i. e. perdent leur peuplement slave). Face à ce vide démographique se masse le long du fleuve Amour et en Mandchourie une population de 130 millions de Chinois, qui connaît un développement fort dynamique. Les Russes savent que leur déficit démographique  —la Russie, avec ses 142 millions d’habitants compte à peine plus de citoyens que la France et l’Allemagne réunies—  menace leur statut de grande puissance. Or l’avenir annonce encore un ressac démographique : la population russe perd chaque année 800.000 âmes. L’époque où l’on parlait du « rouleau compresseur » russe, slogan du temps de ma jeunesse, est bien révolue. Ce ressac s’avère d’autant plus dramatique qu’environ 25 millions de musulmans vivent au sein de la Fédération de Russie, appartenant majoritairement aux peuples de souche turque ; ceux-ci ont une croissance démographique en hausse contrairement aux Slaves. Face à ces problèmes russes, l’Amérique à son tour présente des symptômes d’affaiblissement. Pensons à cette tragicomédie qui se déroule actuellement face aux côtes de la Somalie où la marine américaine, si puissante, n’a pu se trouver sur place à temps pour contrer l’action des pirates locaux.

Q. : La caractéristique majeure de l’ancienne guerre froide était d’être une guerre par parties interposées. Ce type de conflits reviendra-t-il avec la nouvelle guerre froide ?

PSL : C’est déjà le cas. Mais on ne les appelle plus de la sorte. Songeons à ce propos au conflit qui vient de secouer le Caucase en août dernier, en opposant la Géorgie à la Russie pour le contrôle de l’Ossétie du Sud. Les Américains avaient déployé 140 conseillers militaires en Géorgie qui auraient pu avertir immédiatement le Pentagone des intentions offensives du Président géorgien Saakachvili. Un simple coup de fil de George Bush à Tbilissi aurait suffi pour mettre tout de suite un terme à l’aventure. Mais les Etats-Unis ont délibérément laissé venir l’épreuve de force.

Q. : Leur objectif est donc bel et bien d’étendre le territoire de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie…

PSL : Du point de vue russe, il s’agit ici, une fois de plus, d’une pure provocation. Kiev, la capitale de l’Ukraine, est considérée par l’historiographie russe comme « la mère de toutes les villes russes ». En première instance, les Etats-Unis veulent évidemment placer des oléoducs et des gazoducs, afin d’acheminer directement les richesses en hydrocarbures de l’ancienne Union Soviétique vers l’Ouest sans passer par les territoires russe et iranien. L’enjeu n’est évidemment pas la liberté de la Géorgie, une liberté fort compromise par le régime imposé par Saakachvili. Pour ce qui concerne l’Ukraine, il faut se rappeler que nous avons affaire à un pays profondément divisé.  Si les Européens avaient encore une once de courage politique, ils imposeraient à leur allié américain de cesser toute tentative d’expansion de l’OTAN vers l’Est.

Q. : Qu’est-ce que cela signifierait pour nous si l’OTAN s’élargissait à Kiev et à Tbilissi ?

PSL : D’un point de vue militaire, ce serait totalement inutile car la Russie aurait bien des difficultés à lancer une guerre d’agression contre l’Europe.

Q. : Qu’en est-il de la puissance militaire russe ? Et du nationalisme russe ?

PSL : Les Russes ont bien d’autres soucis aujourd’hui pour qu’ils songent à mener une guerre de conquête à l’Ouest. Ils ne peuvent même pas se permettre une telle agression. Ce que nous entendons dans les médias à ce sujet relève d’une pure propagande, bien ciblée contre Moscou.

Q. : Et nous devrions réagir contre les effets de cette propagande…

PSL : A Berlin, nous devrions enfin avoir le courage de dire aux Américains (ce qui irait d’ailleurs aussi dans le sens de leurs propres intérêts) : « Nous ne participons plus ! ». L’Allemagne est un partenaire important de l’OTAN et n’a nul besoin de conserver ses lumières sous le boisseau. Si la Chancelière fédérale avait de bons conseillers, elle coopèrerait étroitement avec la France mais, à l’évidence, entre elle et Sarközy, les rapports sont plutôt tendus.

Q. : Les Etats-Unis n’ont-ils que la seule Russie dans le collimateur en envisageant un tel élargissement de l’OTAN ?

PSL : Non. Il s’agit aussi de créer et de maintenir une tension permanente entre l’Europe et la Russie. Les néo-conservateurs de l’entourage de Bush veulent surtout éviter que ne se créent entre l’Allemagne et la Russie des rapports de bon voisinage, assortis d’une profonde imbrication économique et politique de leurs atouts respectifs. En disant cela, je ne plaide nullement pour un changement d’alliance : nous devons nous garder d’un nouveau Rapallo ou de répéter l’alliance russo-prussienne de Tauroggen ; pour moi, l’Allemagne doit rester orientée vers l’Atlantique ! Cependant, l’Europe et la Russie se complètent naturellement : les Russes disposent des matières premières dont nous avons besoin et nous disposons des infrastructures techniques dont la Russie a besoin pour moderniser les siennes, qui sont dans un état lamentable.

Q. : Peut-on dire que les Américains font un mauvais usage de l’OTAN ?

PSL : D’une certaine manière, oui car l’OTAN, au départ, était une alliance défensive. Les Etats-Unis cherchent désormais à transformer l’OTAN en un instrument de leur politique hégémoniste globale. Nous devrions revenir à l’ancienne et solide politique de sécurité commune qui alliait l’Europe à l’Amérique.

Q. : L’ancienne guerre froide, disait-on, avait été provoquée par les Soviétiques, qui entendaient étendre leur pouvoir à l’Europe occidentale. Si l’on suit aujourd’hui vos analyses, les Etats-Unis portent la responsabilité d’avoir déclenché la nouvelle guerre froide.

PSL : Le gouvernement de Bush porte de lourdes responsabilités à ce niveau. Que cherchait-il, par exemple, en pratiquant sa politique constante de coups d’épingle contre la Chine, politique à laquelle participent d’ailleurs les Allemands ? Les présidents Clinton et Bush Senior se sont montrés bien plus flexibles face à la Chine. La situation actuelle provient tout entière des errements idéologiques des néo-conservateurs et de la cupidité insatiable des consortiums américains du pétrole, qui cherchent à s’emparer des hydrocarbures d’Asie centrale. L’Amérique, en ce domaine, a sauvé l’honneur car sa presse est bien plus critique à l’égard de cette politique agressive des pétroliers et des néo-conservateurs que notre propre presse allemande, qui, victime d’un éclairage historique fallacieux, considère encore et toujours que les Américains sont les vainqueurs et les libérateurs de 1945.

Q. : Beaucoup placent de grands espoirs en Obama. Sera-t-il le Richard Nixon ou le Jimmy Carter de la nouvelle guerre froide, c’est-à-dire le président qui tentera de remplacer la confrontation par la coopération ?

PSL : Obama se trouve dans une situation incomparablement plus difficile que ses prédécesseurs Nixon ou Carter. S’il est intelligent, il comprendra que Moscou et Washington font face aux mêmes forces ennemies. Ainsi, nous avons les forces de la révolution islamique, que tant la Russie que les Etats-Unis considèrent comme une menace. Un jour viendra peut-être où la confrontation avec l’islamisme militant partira des républiques autonomes musulmanes du Daghestan ou du Tatarstan pour ne pas évoquer la Tchétchénie qui n’est que temporairement pacifiée. La situation actuelle est donc préoccupante parce que ni à Washington ni à Berlin on n’envisage ni n’ébauche de contre-mesures appropriées pour cette nouvelle forme de guerre froide. A Berlin, nous ne trouvons personne de nos jours qui soit capable d’énoncer une conception cohérente et définitive en matière de politique étrangère ou de stratégie. La guerre froide d’antan avait, elle, ses règles fixes et les plans défensifs de l’alliance atlantique contre l’Union Soviétique s’inscrivaient dans un cadre bien défini. A l’époque, cela paraissait tout naturel que les Etats-Unis gardassent le leadership militaire. Aujourd’hui, les intérêts respectifs de l’Europe et de l’Amérique sont tout au plus parallèles : ils ne sont en tout cas plus identiques. Le Président Obama se voit obligé de faire d’abord face à la catastrophe économique dans laquelle son pays est plongé. Mais il devra également envisager une refondation complète de l’alliance et au moins  annoncer à ses adversaires qu’il est prêt à dialoguer.

(entretien paru dans « Junge Freiheit », Berlin, n°50/2008 ; trad. franç. : Robert Steuckers).

 

 

 

 

 

vendredi, 19 décembre 2008

?El fin de la Europa liberal?

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¿El fin de la Europa liberal?

Un dato que ha tenido gran relevancia para explicar la evolución de la Europa Social es la evolución del desempleo en el promedio de la Unión Europea de los Quince (UE-15), el grupo de países con mayor nivel de desarrollo económico de la Unión Europea. Históricamente el desempleo en los países que más tarde serán los países miembros de la UE-15, había sido más bajo que el nivel de desempleo de EE.UU. Ello fue cierto desde la Segunda Guerra Mundial hasta los años ochenta. A partir de entonces, sin embargo, el desempleo en el promedio de la UE-15 ha sido mayor, no menor que EE.UU. Ha sido una constante desde entonces que el porcentaje de la población activa en paro ha sido mayor en la UE-15 que en EE.UU.

Los economistas liberales (que gozan de grandes cajas de resonancia en los medios de información y persuasión en España) han atribuido este hecho a la mayor desregulación de los mercados de trabajo y menor protección social existentes en EE.UU. que en la UE-15. De ahí sus propuestas que para disminuir el desempleo en la UE-15 debiera copiarse las supuestamente exitosas políticas públicas de EE.UU. y desregular los mercados de trabajo europeos y disminuir la protección social en este continente. Estas posturas liberales se han generalizado en Europa y se han convertido en dogmas y como tales se han reproducido a base de fe, y con escasa evidencia científica que las apoyen. Este dogma de fe se ha promovido también en este lado del Atlántico por la Comisión Europea y por el Banco Central Europeo, que han reproducido el consenso de Bruselas, y en EE.UU. por el Fondo Monetario Internacional y por el gobierno federal de EE.UU., que han reproducido el consenso de Washington. El informe del Fondo Monetario Internacional sobre España reproduce, frase por frase, tal dogma.

Los datos, sin embargo, no apoyan el dogma. En realidad, en los países que constituirían a partir de 1980 la Unión Europea, la regulación de los mercados laborales y el nivel de protección social en el periodo 1950-1980 eran más elevados que durante el periodo 1980-2000, el periodo en que el desempleo fue mucho mayor en tales países. Una característica de este último periodo en aquellos países ha sido precisamente el aumento de la desregulación de sus mercados de trabajo y un descenso de su protección social. Fue más fácil despedir a un trabajador (un indicador de desregulación del mercado de trabajo) en los países de la UE.15 durante el periodo 1980-2000 que durante el periodo 1950-1980, siendo el nivel de precariedad mayor en el segundo que en el primer periodo. Y el grado de cobertura del seguro de desempleo, del seguro de enfermedad y del seguro de accidente laboral es menor en el periodo 1980-2000 que en el periodo 1950-1980, siendo la tasa de crecimiento del gasto público per capita en protección social menor en el segundo que en el primer periodo (ver Navarro, V. “Cómo está evolucionando la situación social de la Unión Europea”, en Borrell, J. Europa en la Encrucijada. 2008). Según las tesis liberales, el desempleo tendría que haber disminuido en la UE en la medida que los mercados laborales se han ido desregulando y la protección social ha ido disminuyendo. Pues no ha ocurrido así. Antes al contrario, el desempleo ha aumentado, coincidiendo con la institucionalización de aquellas políticas liberales en las agencias y organismos de la UE, lo cual ocurrió precisamente durante el periodo 1980-2000. En realidad, el desempleo tiene poco que ver con el mercado de trabajo y con el nivel de protección social. En la propia UE, los países nórdicos de tradición socialdemócrata tenían mercados de trabajo altamente regulados y con elevada protección social, y así y todo, tenían un desempleo menor incluso que el de EE.UU.

La causa de que la UE-15 tenga mayor desempleo que EE.UU. durante el periodo liberal 1980-2000 no ha sido por lo tanto ni la menor regulación del mercado de trabajo, ni la menor protección social existentes en EE.UU. La causa, ignorada por los economistas liberales, es que el gobierno federal durante la totalidad del periodo 1950-2000 ha sido mucho más keynesiano que el gobierno de la UE-15 durante el periodo 1980-2000. Soy consciente que esta frase entra en conflicto con la visión muy extendida en círculos económicos y políticos europeos (incluyendo los españoles) que asumen que el gobierno federal de EE.UU. es el gobierno liberal por antonomasia, caracterizándose por su escaso desarrollo y escasa intervención en el espacio económico de aquel país. Y como prueba de ello se suele referir al hecho de que el gasto público como porcentaje del PIB de EE.UU. es más bajo que el de la mayoría de países de la UE-15 (36% del PIB comparado con el promedio de la UE-15, 43%, España es sólo un 38%). Pero tal dato es un indicador muy insuficiente del intervencionismo del sector público en aquel país. El gasto público incluye el gasto público social (compuesto por las transferencias públicas y gastos en los servicios públicos del estado del bienestar) y el gasto público no social (en el que hay los servicios y transferencias a las empresas así como el desarrollo de las infraestructuras públicas del país y la administración del estado). El primero se llama gasto social (que incluye la protección social y la educación), y el segundo es lo que se llama en la literatura anglosajona el core, el gasto esencial del Estado, que incluye como elemento fundamental los servicios y transferencias a la economía, es decir, a las entidades y agencias económicas, así como el desarrollo y mantenimiento de la infraestructura federal del país. Pues bien, el primero, el gasto público social, es muy bajo en EE.UU., más bajo que en la mayoría de países de la UE-15, y ello como consecuencia de la debilidad del movimiento obrero y ausencia de un partido laborista o social demócrata que defendiese sus intereses. Tales intereses se reflejan predominantemente a través de las izquierdas en el Partido Demócrata, sin que tal partido, sin embargo, pueda definirse como socialdemócrata.

El estado central o core sin embargo es mucho mayor en EE.UU. que en todos los países de la UE-15. Representan el 7,1% del PIB en EE.UU., comparado con un 6,7% en Suecia y un 5,7% en España. Y dentro de este core, el gasto militar representa casi el 50% de tal gasto público, jugando un papel clave en el desarrollo industrial del país, constituyendo la política industrial más avanzada existente en la OECD. Es más, dentro del gasto público social, un porcentaje elevado es en la investigación médica (que incluye los famosos Institutos Nacionales de Salud del gobierno federal, que son los institutos de investigación sanitaria más importantes de EE.UU. y del mundo) que ha sido un elemento clave para el desarrollo de la industria biotecnológica de aquel país, de las más avanzadas del mundo.

Referirse al estado de EE.UU. como un estado liberal no intervencionista es desconocer la realidad de aquel país. Aquel estado es de los más intervencionistas existentes en la OECD. Y lo ha sido así desde el establecimiento del New Deal por el Presidente Franklin D. Roosevelt. La respuesta a todas las crisis económicas por parte del gobierno federal de EE.UU. ha sido un aumento considerable de este core gasto público. Sólo unos pocos ejemplos. El New Deal invirtió el equivalente al 56% del PIB, la Segunda Guerra Mundial, el 129% del PIB, la crisis financiera del 2008, el32% del PIB, y así un largo etcétera. Tales medidas entre otras, convierten las políticas públicas de aquel estado en profundamente keynesianas. Complementando este incremento del gasto público, existe la política del Banco Central de EE.UU., el Federal Reserve Board, que tiene como objetivo no sólo el control de la inflación, sino también la creación de empleo a partir del estímulo del crecimiento económico. De ahí que la bajada del precio del dinero junto con el crecimiento del gasto público hayan sido las políticas keynesianas tradicionales que el estado de EE.UU. ha seguido desde el establecimiento del New Deal. La propuesta de Obama es aumentar el gasto público (unos 700.000 millones de dólares) en no sólo el core del gasto sino también en el gasto público social (en construcción de escuelas y centros sanitarios y en establecer un sistema electrónico sanitario) junto con la bajada de intereses es típicamente keynesiana y también típicamente estadounidense. Es muy importante y urgente que se cambie esta percepción del estado de EE.UU. como un estado liberal, pues ha sido este propio estado el que ha ido promoviendo a través del Fondo Monetario Internacional y del Banco Mundial durante los últimos treinta años, unas políticas liberales que nunca se han aplicado a su propio país. Tal como reconoció John Williamson, uno de los gurus del consenso liberal de Washington (que cristalizaba la doctrina liberal que Washington promovía a nivel internacional) “EE.UU. no practica en su casa lo que promueve fuera de ella”. No podría haberse dicho mejor.

El consenso de Bruselas ha sido tan negativo como el consenso de Washington.

El problema es que el consenso liberal de Bruselas ha hecho lo que ha dicho, al revés del consenso de Washington. Las políticas liberales en la Unión Europea se han institucionalizado primordialmente a través del Pacto de Estabilidad y a través del Banco Central Europeo. El primero ha significado un obstáculo a las políticas expansivas del gasto público, al no permitir a los estados a endeudarse por encima de un 3% del PIB. Tanto por su cantidad (3% del PIB), como por su nula sensibilidad hacia los diferentes tipos de déficit (agrupando indiscriminadamente el gasto en inversiones con el gasto corriente), el Pacto de Estabilidad es una medida anti-keynesiana, de tipo neoliberal, que ha sido responsable del elevado desempleo en la UE. La otra política liberal ha sido el comportamiento del Banco Central Europeo, que ha mantenido unos intereses excesivamente altos (más altos históricamente que los del Federal Reserve Board estadounidense), consecuencia de priorizar el control de la inflación, a costa de una mayor destrucción de empleo. No es un objetivo prioritario del Banco Central Europeo el crear empleo a partir del estímulo de la economía. Esta política dificulta, cuando no imposibilita, el crecimiento de la demanda, base de las políticas keynesianas. El consenso de Bruselas, que se basa en la aplicación de las políticas neoliberales desarrolladas en las instituciones europeas cuyos pilares son el Pacto de Estabilidad y las políticas monetarias del Banco Central Europeo, son los responsables del enorme desempleo en la UE y el bien documentado deterioro de la situación social de la UE. Esta es la realidad ignorada, cuando no desconocida, por el pensamiento neoliberal que se ha reproducido, no sólo en los círculos conservadores, cristiano demócratas y liberales, sino también socialistas y laboristas europeos.

En realidad, los guardianes de la ortodoxia liberal han sido personas socialistas o propuestas por partidos socialistas. El Sr. Pedro Solbes, que había sido Ministro de Economía del gobierno socialista español (responsable del mayor recorte de gasto público que haya habido en la España democrática durante el periodo 1993-1995, cuando el gasto público social por habitante descendió en términos absolutos pasando de 3.039 euros estandarizados en 1993 a 2.931 euros estandarizados en 1995, mientras que el promedio de la UE-15 pasó de 4.677 a 4.989 durante el mismo periodo) fue el comisario europeo de Asuntos Económicos y Monetarios en la UE-15, máximo guardián de la ortodoxia liberal responsable del cumplimiento del Pacto de Estabilidad. Y le ha sucedido el Sr. Almunia, también socialista que, incluso ahora, en un momento de crisis profunda, insiste en la necesidad de que se respete el Pacto de Estabilidad, permitiendo una mínima flexibilización. Ambos han sido también defensores de las políticas monetarias del Banco Central Europeo. El Sr. Solbes, Ministro de Economía del Gobierno Socialista (después de abandonar la Comisión Europea), ha sido uno de los economistas más resistentes a aumentar el gasto público en España, habiendo declarado en una entrevista a El País que la medida de la cual estaba más orgulloso era precisamente el de no haber aumentado el gasto público, y ello en el país que tiene el gasto público más bajo de la UE-15. E incluso hoy, en medio de una enorme crisis, el Sr. Solbes ha presentado gran resistencia a aumentar el déficit del estado para permitir un mayor crecimiento del gasto público que facilitara un mayor estímulo de la economía. Tal resistencia ha sido responsable de que la respuesta del gobierno Zapatero a la crisis haya sido tan tardía y tan moderada. Compárense los 550.000 millones de dólares del gobierno Obama en inversión pública destinada a crear empleo en nuevas inversiones públicas con los 15.000 millones de euros del gobierno Zapatero para el mismo fin, y ello en un país que tiene una tasa de desempleo de casi el doble que EE.UU. La cifra equivalente para España de lo que Obama propone, serían alrededor de 100.000 millones de euros. En realidad, ningún país europeo ha propuesto tal cifra para crear empleo a través del gasto público. De ahí que es probable que EE.UU. mantenga un desempleo menor que la UE-15, lo cual será explicado, una vez más, por los economistas neoliberales como consecuencia de la mayor desregulación del mercado de trabajo y menor protección social en EE.UU. que en la UE.

Dos últimas observaciones. Una es que no parece haber consciencia entre sectores socialistas europeos (incluyendo los españoles) del grado de institucionalización de las políticas liberales en la UE Es sorprendente que en el programa a las elecciones europeas del Partido Socialista Europeo, no se proponga un cambio en el ordenamiento institucional de la UE en aquellos elementos, como el Pacto de Estabilidad y el Banco Central Europeo, que sostienen el neoliberalismo en la UE. No se puede decir que se está a favor del reforzamiento de la Europa Social –tal como el programa indica- y a la vez dejar sin modificar aquellas instituciones.

Y la segunda observación es que en España hemos tenido unas enormes discusiones sobre la distribución de la tarta nacional entre las CC.AAs. Dirigentes políticos de todas las sensibilidades políticas (incluyendo barones socialistas) han sacado pecho en defensa de su CC.AA., y en cambio ha habido un silencio ensordecedor (también por parte de barones socialistas) sobre el problema mayor que es el hecho de que el tamaño de la tarta sea excesivamente bajo. Y ello como consecuencia, en parte, de la ortodoxia liberal encuadrada en las instituciones de la Unión Europea. ¿Hasta cuando continuará este silencio que rige todavía hoy la UE? Sería también urgente que hubiera más voces dentro del socialismo europeo (incluyendo el español) y del sindicalismo europeo (incluyendo el español), criticas de la orientación neoliberal de las instituciones económicas y monetarias europeas.

Rebelion.org

Vicenç Navarro es Catedrático de Políticas Públicas. Universidad Pompeu Fabra

jeudi, 18 décembre 2008

Solo el 30% de los ucrainos apoya la integracion en la OTAN

Sólo el 30% de los ucranianos apoya la integración en la OTAN

 

Tan sólo un 30,1 por ciento de los ucranianos estaría a favor de la entrada de su país en la OTAN, frente al 59,6 por ciento que se oponen al ingreso en esta alianza, según revela una encuesta encargado por el Ministerio de Asuntos Exteriores de Ucrania al Instituto de Transformaciones de la Sociedad con colaboración de la Embajada de Noruega.

Un 10,2 por ciento de los encuestados no quisieron responder al sondeo. La encuesta fue realizada después del rechazo de los miembros de la Alianza a incluir a Ucrania en el Plan de Acción de Adhesión (MAP, por sus siglas en inglés), paso previo indispensable para el ingreso en la OTAN.


Los estudios anteriores a la cumbre de la OTAN de principios de este mes proporcionaban resultados similares, con un apoyo al ingreso de entre el 24 y el 31 por ciento.

Extraído de EcoDiario.

samedi, 13 décembre 2008

Europe: le temps joue pour le populisme

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Europe : le temps joue pour le populisme

Condensé de la communication de Jean-Yves Le Gallou à la XXIVe université
annuelle du Club de l'Horloge sur :
Le populisme : une solution pour l'Europe en crise

1. Le populisme : une dissidence politique populaire

Le populisme est une attitude politique qui conduit les électeurs à se recentrer sur les notions sous-jacentes à l’identité et aux libertés nationales et à se détacher des « partis de gouvernement » qui se partagent le pouvoir en Europe, pouvoir que ces partis exercent dans le sens des intérêts de l’hyperclasse mondiale et de son idéologie dominante, l’idéologie mondialiste et antiraciste qui la conforte.

Prenant racine dans des pays européens différents, les populismes expriment des particularismes nationaux et locaux mais tous se retrouvent dans une expression populaire et électorale qui tourne autour des cinq « I » :

         - moins d’Immigration,
         - moins d’Islamisation,
         - moins d’Impôts,
         - plus d’Identité,
         - plus d’Indépendance.

2. Le populisme : une cause difficile et souvent décevante pour ses partisans

Le populisme a trouvé une expression électorale significative depuis plus de vingt ans dans de très nombreux pays d’Europe de l’Ouest. Néanmoins ses résultats n’ont nulle part permis d’avancées décisives, ce qui peut conduire les pessimistes à croire que la cause du populisme est désespérée :
- le succès électoral ne garantit pas l’accès au pouvoir ;
- lorsqu’il est au rendez-vous, l’accès au pouvoir est précaire ;
- la participation des populistes à des gouvernements nationaux ou locaux ne garantit pas la mise en œuvre des mesures souhaitées par leurs électeurs.

3. Les difficultés des populistes proviennent de leur opposition frontale aux intérêts et à l’idéologie dominante

La difficulté majeure des populistes ne vient pas des faiblesses de leurs dirigeants mais de ce qu’ils sont et de ce qu’ils défendent. En s’opposant à l’ordre établi par les puissances dominantes (grandes institutions internationales, grandes entreprises mondiales, grandes administrations, grands lobbies, grands médias), les populistes livrent une bataille asymétrique du faible au fort.

En fait, deux armes de destruction massive sont utilisées contre les mouvements populistes : la diabolisation et la répression politique et judiciaire.

4. L’arme de la diabolisation

La diabolisation est l’instrument utilisé pour imposer la tyrannie du politiquement correct, grâce notamment à une « novlangue » de type orwellien. La tyrannie du politiquement correct s’impose par l’usage de mots sidérants et d’images incapacitantes à l’encontre des dissidents de la pensée unique.

Il convient ici d’observer que le succès électoral et populaire n’est pas un bouclier contre la diabolisation mais que, bien au contraire, il contribue à l’amplifier, comme l’ont montré l’exemple suisse en 2007 ou l’exemple français de 2002.

La diabolisation vise à produire – et produit – plusieurs effets :

- elle freine l’ascension électorale ;
- elle nourrit les divisions internes des mouvements visés ;
- elle rend les relations internationales difficiles ;
- elle rend les alliances impossibles ou politiquement peu intéressantes.

5. La répression judiciaire et politique et les atteintes aux libertés fondamentales

Au-delà de ses inconvénients médiatiques et politiques, la diabolisation sert à légitimer une répression judiciaire et politique qui frappe à des degrés divers les formations populistes des différents pays européens, y compris la Suisse :

- poursuites judiciaires pour des motifs politiques ;
- fermeture de sites Internet et refus d’hébergement ;
- limitation, voire interdiction pure et simple d’accès aux grands médias ;
- dissolution ou tentative de dissolution de formations politiques ;
- interdiction de manifestations et de réunions ;
- organisation de contre-manifestations violentes ;
- levée des immunités parlementaires pour de simples délits d’opinion ;
- arrestations arbitraires et gardes à vue illégales de députés européens ;
- violations de la vie privée ;
- piratage et vol de fichiers d’adhérents ;
- interdits professionnels ;
- pressions sur des personnes (et sur leur famille) visant à leur faire retirer leur candidature à des élections locales ;
- modification des règles du jeu électoral et des modes de scrutin ;
- mise en cause des financements politiques et/ou électoraux ;
- usage des cours constitutionnelles pour combattre les populismes ;
- manipulations policières.

Cette liste d’atteintes aux libertés politiques des partis populistes européens est très partielle et très incomplète. Elle montre toutefois l’ampleur et la variété des moyens répressifs utilisés contre des formations concourant à l’expression du suffrage. Les dirigeants européens donnent souvent des leçons de droits de l’homme à la Russie et à la Chine mais ils utilisent contre leurs propres dissidents les méthodes qu’ils condamnent chez les autres.

6. En vingt-cinq ans, le populisme s’est néanmoins enraciné dans l’espace et la durée

Le populisme s’affirme depuis plus de vingt ans dans de très nombreux pays d’Europe de l’Ouest : ainsi en France, en Belgique (Flandre), en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Danemark, en Suède, en Norvège, en Autriche, les mouvements de dissidence populiste ont couramment rassemblé entre 10 et 30% des suffrages. Des mouvements populistes se développent aussi en Grande-Bretagne et en Allemagne et même en Grèce. La tendance générale est à une progression notable des résultats.

Et lorsque les peuples ont été consultés par référendum, ils ont souvent désavoué les élites politiques, médiatiques, économiques et syndicales :

- les Suisses et les Norvégiens ont refusé d’intégrer l’Union européenne ;
- les Suédois et les Danois ont refusé d’entrer dans l’euro ;
- les Irlandais ont obtenu des dérogations aux traités auxquels ils ont fini par adhérer ;
- les Français et les Hollandais ont rejeté le traité constitutionnel européen ;
- les Irlandais se sont prononcés contre la ratification du Traité de Lisbonne.

7. Temps politique, temps historique

A travers la diversité de leurs orientations et de leurs méthodes, les mouvements populistes s’inscrivent tous en rupture avec les forces et les idées dominantes. Ils s’opposent aux puissants et aux sachants qui servent les puissants.

Et c’est bien la profondeur des changements proposés par les populistes qui explique le tempo de leur progression : vingt-cinq ans, pour la politique, c’est du temps long mais, pour l’histoire, c’est du temps court.

Dans le passé les grands courants idéologiques et politiques ont mis beaucoup de temps pour s’imposer :
– la philosophie manchestérienne du libre-échange a mis un demi-siècle à triompher en Grande-Bretagne avec la suppression des Corn Laws en 1846 et de l’Acte de navigation en 1849 ;
– les courants nationaux et libéraux, étouffés par le retour du principe de légitimité au Congrès de Vienne en 1815, ne ressurgissent au grand jour que trente ans plus tard lors des révolutions de 1848 ;
– les mouvements nationaux mettent encore de longues années avant de déboucher sur l’unité italienne (en 1860) et l’unité allemande (en 1871) ; l’Irlande ne devient un Etat souverain qu’en 1921 ;
– le socialisme est construit intellectuellement dans la première moitié du XIXe siècle ; il n’accède au pouvoir sous sa forme révolutionnaire qu’en 1917 en Russie ; en France, sous une forme réformiste, ce n’est qu’en 1936 qu’il prend la tête du gouvernement ;
– le « Wilsonisme », ancêtre du mondialisme contemporain, a mis près d’un siècle à s’imposer à la planète ;
– le mouvement des droits civiques, matrice de l’antiracisme contemporain et de la discrimination positive, attendra quarante-quatre ans entre la proclamation, devant la Maison Blanche, du « rêve » de Martin Luther King et l’élection de Barak Obama comme président des Etats-Unis.

8. La crise économique : un accélérateur pour le populisme ?

La crise financière et économique que le monde traverse depuis le 15 septembre 2008 peut bouleverser la donne en soulignant les failles des actes des puissants et des discours des « sachants ».

Citée dans la revue « Krisis » de février 2008, la politologue britannique Margaret Canovan distingue plusieurs formes d’expression du peuple à travers le populisme : united people (« le peuple souverain »), common people (« le peuple classe »), ordinary people (« le peuple de base »), ethnic people (« le peuple nation »). Chacune de ces expressions du populisme peut trouver les moyens de se renforcer à travers la crise.

L’ordinary people, « le peuple de base », a toutes les raisons d’accroître sa défiance vis-à-vis des élites politiques, médiatiques et financières : élites qui n’ont pas vu venir la crise et qui la gèrent dans l’agitation et l’affolement.

Le common people, « le peuple classe », a, lui, des raisons de se révolter contre l’hyperclasse mondiale dont il découvre la malfaisance et les fantastiques avantages auto-octroyés.

L’united people, « le peuple souverain », n’a, lui, pas de raison d’accepter que les Etats-Unis d’Amérique, à l’origine de la crise, continuent de dicter leur loi au reste du monde et il peut légitimement réclamer un retour à un protectionnisme raisonnable.

L’ethnic people, « le peuple nation », peut trouver dans la crise économique un argument supplémentaire – et décisif – contre une immigration qui peut se révéler nuisible en termes d’équilibre des comptes sociaux comme d’emplois.

Les élites ne le savent pas encore ou, si elles le savent, elles feignent de l’ignorer : la crise économique et financière met à mal le modèle mondialiste du libre-échange généralisé. La sortie de crise ne pourra se faire que par un changement du référentiel idéologique.

Et ce sont bien les populistes qui, malgré leurs faiblesses et leurs imperfections mais à travers leur diversité, portent en germe le modèle de rechange !

Jean-Yves Le Gallou
Ancien député européen
XXIVe université annuelle du Club de l’Horloge
6 et 7 décembre 2008

 

Jean-Yves Le Gallou

L'Europe et Obama

 

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L’Europe et Obama

Le nouveau président américain, Barack Obama, possède incontestablement un grand charisme, une constitution d’acier (« Je ne l’ai jamais vu fatigué », écrit H. J. A. Hofland, qui a suivi la campagne électorale aux Etats-Unis, dans le quotidien néerlandais « NRC-Handelsblad », en date du 5 novembre 2008) ; en outre, Obama a pu rassembler des sommes d’argent considérables lors de ces présidentielles ; d’après les estimations, quelque deux milliards de dollars ont été injectés dans sa campagne (« Rita Verdonk pourrait-elle devenir, elle aussi, présidente avec un tel pactole ? », se demandait-on aux Pays-Bas, dans les colonnes du « NRC-Handelsblad » du 5 novembre 2008). L’historien américain Simon Schama, spécialiste de l’histoire néerlandaise qui enseigne à Amsterdam, qualifie Obama de « politicien populiste », qui « revient aux grassroots, grâce auxquelles le pays pourra retrouver son élan » ; Schama pense qu’Obama doit son succès à ce populisme (émission NOS sur la chaine NL2, 4 novembre 2008). Incontestablement, Obama force le respect, commente « Newsweek » (3 nov. 2008), qui constate, avec étonnement, qu’il est probablement le premier candidat à la présidence qu’aucun clown de cabaret en Amérique n’a ridiculisé.

Mais cela n’ôte rien au fait que l’euphorie et l’Obamania européennes sont exagérées. L’avalanche de superlatifs, que nous avons subie, par ses outrances, générait un sentiment de malaise, même si on peut la comprendre. Les années Bush ont laissé un goût d’amertume dans toute l’Europe. Dans une enquête publiée en septembre et commentée dans le « NRC-Handelsblad » du 1 nov. 2008, on nous rappelle qu’en 2002 64% des Européens estimaient souhaitable que les Américains exercent un leadership en politique internationale ; en 2008, il n’y en avait plus que 36% pour émettre une telle opinion.

Mais l’euphorie actuelle risque d’apporter de solides désillusions (comme le constate l’article principal du « Monde », le 7 nov. 2008 : « cette euphorie porte en elle-même le risque de déception »). Ces déceptions sont effectivement inévitables. L’Amérique est de moins en moins dominée par des immigrants dont les ancêtres étaient Européens. Parfois les Européens imaginent que les Américains sont amoureux de l’Europe, mais ce n’est pas le cas. L’équivalent de l’Obamania, qui sévit de ce côté-ci de l’Atlantique, est difficilement imaginable aux Etats-Unis. La plupart des Américains ne savent même pas qui est le Président de la France car cela ne les intéresse pas. Lors de la campagne électorale, qui vient de se dérouler aux Etats-Unis, l’Europe n’a joué aucun rôle, si ce n’est négatif : lorsqu’Obama a débarqué le 25 juillet à Paris, il a refusé de rencontrer une personnalité de l’opposition socialiste car ses conseillers de campagne lui avaient bien fait comprendre qu’il ne fallait surtout pas apparaître en photo avec un socialiste européen. A Londres, il a posé sans hésiter avec le chef de l’opposition conservatrice. A Berlin, il n’a pas pu échapper à une poignée de main furtive avec le ministre social-démocrate des affaires étrangères du cabinet Merkel, mais, ostensiblement, il regardait dans la direction opposée ; la photo, de surcroît, n’a pas pu paraître en Amérique.

On peut partir du principe qu’Obama a tout en lui pour devenir un grand homme d’Etat et l’expérience de l’histoire nous apprend que les hommes d’Etat sont des politiques qui ne connaissent pas de plus haut intérêt que l’intérêt national. Cela vaudra aussi pour Obama. Seuls des intérêts américains guideront sa politique (« Le Monde », op. cit., 7 nov. 2008 : « Ce sont les intérêts strictement américains qui dicteront la conduite du président Obama »). Ses admirateurs de la gauche européenne trouveront sans nul doute sa gestion problématique, peu conforme à leur desiderata : « nous, les Américains, restons un pays de droite », déclare le rédacteur en chef Jon Meacham, dans le numéro de « Newsweek » du 20 oct. 2008, un hebdomadaire que l’on qualifie de « progressiste » aux Etats-Unis.

Pendant la campagne, Obama est resté assez vague. Son slogan principal, « Change », « Changement », il l’a annoncé à cors et à cris mais quand on lui demandait d’expliciter davantage ce concept, il s’enlisait dans une rhétorique creuse, certes servie par le talent d’un grand orateur. Après ses explications, on n’en savait pas davantage qu’auparavant. Comment Obama affrontera-t-il la récession dans un pays où les finances s’avèrent quasi ingérables ? Les Démocrates américains ont tendance, habituellement, à recourir au protectionnisme commercial mais s’ils mènent une telle politique qualifiable de « notre-peuple-d’abord », alors les entreprises automobiles de Gand, Anvers et Genk peuvent d’ores et déjà songer à fermer très bientôt leurs portes. Je ne sais pas si la gauche flamande conservera alors son enthousiasme pour Obama…

Et la politique étrangère ? Le premier acte d’Obama a été de nommer chef de l’état-major de la Maison Blanche (l’équivalent du chef de cabinet du Roi chez nous) un citoyen israélien qui a milité naguère dans les mouvements sionistes les plus extrémistes de son pays. Lors de sa première conférence de presse, Obama n’a abordé qu’une seule thématique de la politique internationale, l’Iran, en lançant une attaque en règle contre ce pays, utilisant une terminologie courante à Tel Aviv. Voilà qui n’est pas pour nous tranquilliser.

Dans l’allocution qu’il a prononcée immédiatement après sa victoire, le Président a annoncé qu’ « une aurore nouvelle se levait pour le leadership américain ». C’est finalement la même rhétorique que Bush, à la différence qu’Obama est plus convaincant. Mais est-ce vraiment ce que nous souhaitons, ici en Europe ? Avons-nous vraiment besoin d’un leadership, américain ou autre ? Surtout si l’on sait que ce terme de « leadership » n’est qu’un euphémisme pour désigner l’hégémonisme ? La Russie, le monde arabe et la Chine ont réagi tout de suite et négativement en entendant cette déclaration d’intention. L’Europe, elle, a gardé le silence et tournait ses regards, pleine d’espoir et avec une naïveté enfantine, vers Obama. Accordons toutefois à Obama le bénéfice du doute, en attendant janvier 2009, quand il prendra véritablement le gouvernail de l’Amérique entre les mains, quand il dira clairement ce qu’il nous faudra entendre sur tous les aspects de la politique étrangère et économique des Etats-Unis.

(article paru dans « Journaal - De Nieuwsbrief van Mark Grammens », n°537, 20 nov. 2008, Liedekerke/Brabant/Flandre).