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dimanche, 19 octobre 2008

La volonté d'impuissance

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Archives de "Synergies Européennes" - 1996

 

 

La volonté d'impuissance

 

Recension: Pascal BONIFACE, La volonté d'impuissance, Seuil, collection «L'histoire immé­diate», Paris, 1996, 203 p., 110 FF.

 

Dénoncée comme perversité par les idéologies modernes, la puissance  —que on définit classiquement comme étant la capacité à faire triompher sa volonté—  n'en est pas moins au cœur des relations inter­nationales. Directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques, Pascal Boniface a pré­cédemment dirigé un ouvrage portant sur cette notion-clé (1). Il prolonge aujourd'hui ces travaux en in­sistant sur les perspectives d'anarchie internationale, autrement plus probables à ses yeux qu'un quel­conque Nouvel ordre mondial (2). La thèse centrale est la suivante. Régi selon une logique paradoxale, le monde post-guerre froide est de plus en plus global sur le plan économique, financier et médiatique, et fragmenté sur le plan géopolitique et stratégique. Ainsi les différents conflits armés qui se déroulent simultanément aux quatre coins de la planète ne sont-ils plus reliés aux puissances centrales du sys­tème-Monde et susceptibles de mener à un embrasement général. Les grands de ce monde peuvent bien manier des rhétoriques universalistes et les intellectuels faire dans le "stratégiquement correct"  —ces derniers ont transféré leurs utopies salvatrices du champ politique interne à l'international—  le chaos n'en est pas moins borné. En conséquence, aucune menace massive ne pesant sur les pays riches, on s'y prend à rêver de “cocooning stratégique”. Loin d'avoir été conjuré par les présidences Reagan et Bush, le fameux “Syndrôme vietnamien” frappe aujourd'hui l'ensemble de l'hémisphère Nord (c'est-à-dire des pays développés à la démographie stagnante). Déjà présentée dans La puissance in­ternationale (cf. note 1), cette thèse est ici développée dans une langue claire et accessible, force exemples à l'appui, et Pascal Boniface se montre convaincant. Quelques griefs cependant. On aurait aimé que l'auteur s'attarde sur les rapports dialectiques existant entre le processus de mondialisation et la fragmentation géopolitique/géostratégique de la planète selon la “loi” édictée par Régis Debray voici quinze ans, mondialisation des objets/tribalisa­tion des sujets (3).

 

De même, on admettera que le thème de la menace-Sud et la version plus intellectualisée du “Clash of Civilizations” formulée par l'Américain Samuel P. Huntington sont par trop simplistes. Le “Nord” et le “Sud” sont des métaphores spatiales ne renvoyant à aucune entité politique identifiable et l'axe isla­mico-confucéen sencé menacer l'“Occident” est une fiction. Doit-on pour autant faire l'impasse sur les possibles conséquences des évolutions divergentes entre les deux rives de la Méditerranée (4)? Enfin, Pascal Boniface n'insiste pas suffisamment, à notre sens, sur le caractère illusoire et dangereux du “rêve helvétique”. On peut préférer la prospérité à la puissance, celle-ci n'en constitue pas moins un impératif. Violence maîtrisée et ordonnée, elle seule peut tempérer Behémoth (l'état de nature).

 

L'ouvrage est agréable à lire et apporte sa contribution au déchiffrement du monde post-guerre froide mais, on le voit, il n'épuise pas le sujet.

 

Louis SOREL.

 

Notes:

(1) Cf. La puissance internationale, IRIS-Dunod, Paris, 1994. Si nombre de contributions méritent d'être lues, on s'attachera particulièrement à l'étude de Hervé Le Bras sur les rapports entre guerre et population.

(2) En l'absence d'un Léviathan international, c'est-à-dire d'un centre de pouvoir disposant effectivement du monopole de la violence physique légitime, la scène mondiale est par nature anarchique. Les perspectives d'anarchie internationale dres­sées par Pascal Boniface renvoient à l'absence, depuis la fin du système Est-Ouest, de puissance hégémonique. Une puis­sance hégémonique est une puissance assumant des responsabilités internationales et dont la domination est par là-même perçue comme légitime par ses alliés. Les Etats-Unis sont aujourd'hui une puissance dominante à la recherche d'avantages unilatéraux.

(3) Cf. Régis Debray, Critique de la raison politique, Gallimard, Paris, 1981 (réédité en 1987).

(4) Dans son dernier ouvrage, Pierre Lellouche, chargé de mission auprès du Président la République française, s'inquiète du “formidable déséquilibre entre une Europe riche et vieillissante qui, ne renouvelant plus ses générations, se suicide len­tement, et un Sud pauvre, politiquement instable, en pleine expansion démographique”. Cf. Pierre Lellouche, Légitime dé­fense. Vers une Europe en sécurité au XXI° siècle, Editions Patrick Banon, 1996.

vendredi, 17 octobre 2008

Vision du futur

VISION DU FUTUR

Trouvé sur: http://coterue.over-blog.com

Un passage du grand romancier américain Ray Bradbury (auteur notamment de Fahrenheit 451 sur la criminalisation du livre dans un monde futur) qui imagine pour les environs de 2006, plusieurs décennies avant, certains changements qui pourraient affecter notre société. Il s’agit bien sûr de science-fiction apocalyptique, mais tout n’est pas si faux dans sa vision d’une censure moderne, de l’apparition d’un nouveau politiquement correct et du pouvoir grandissant donné aux communautés aux dépens de l’intérêt général.

 

 

« Ça a commencé en douceur. En 1999, ce n’était qu’un grain de sable. On s’est mis à censurer les dessins humoristiques, puis les romans policiers, et naturellement les films, d’une façon ou d’une autre, sous la pression de tel ou tel groupe, au nom de telle orientation politique, tels préjugés religieux, telles revendications particulières ; il y avait toujours une minorité qui redoutait quelque chose, et une grande majorité ayant peur du noir, peur du futur, peur du passé, peur du présent, peur d’elle-meme et de son ombre. Peur du mot "politique" (qui était, parait-il, redevenu synonyme de communisme dans les milieux les plus réactionnaires, un mot qu’on ne pouvait employer qu’au péril de sa vie). Et avec un tour de vis par-ci, un resserrage de boulon par-là, une pression, une traction, une éradication, l’art et la littérature sont devenus une immense coulée de caramel mou, un méli-mélo de tresses et de noeuds lancés dans toutes les directions, jusqu’à en perdre toute élasticité et toute saveur. Ensuite, les caméras ont cessé de tourner, les salles de spectacle se sont éteintes, et les imprimeries d’où sortait un flot niagaresque de lecture n’ont plus distillé qu’un filet inoffensif de produits "épurés". Oh, le mot "évasion" aussi était extrémiste, faites-moi confiance ! [...]

 

Chacun, disait-on, devait regarder la réalité en face. Se concentrer sur l’Ici et le Maintenant ! Tout ce qui ne s’y conformait pas devait disparaitre. Tous les beaux mensonges littéraires, tous les transports de l’imagination devaient être abattus en plein vol ! Alors on les a alignés contre un mur de bibliothèques un dimanche matin de 2006 ; on les a tous alignés, le Père Noel, le Cavalier sans tête, Blanche-Neige, le Petit Poucet, ma Mère l’Oie – oh, quelle lamentation ! Et on les a abattus. On a brûlé les chateaux en papier, les grenouilles enchantées, les vieux rois, tous ceux qui "vécurent toujours heureux" (car naturellement, il était bien connu que personne ne vivait toujours heureux !) et "il était une fois" est devenu "plus jamais". On a dispersé les cendres de Rickshaw, le fantome ainsi que les décombres du pays d’Oz ; on a désossé Clinda la bonne et Ozma, fait voler la polychromie en éclats dans un spectroscope, et meringué chaque Tête de Citrouille pour les servir au bal des Biologistes ! La tige du haricot magique est morte étouffée sous les ronces de la bureaucratie ! La Belle au Bois-Dormant s’est réveillée au baiser d’un scientifique pour expirer sous la piqure fatale de sa seringue. Ils ont fait boire à Alice une potion qui l’a fait rapetisser au point qu’elle ne pouvait plus s’écrier : "De plus en plus curieux", et d’un coup de marteau, ils ont fracassé le Miroir et chassé tous les Rois rouges et toutes les Huitres. »

 

 

Ray Bradbury, "Usher II" in. "Chroniques Martiennes", Denoel, 1997, p.210-212

lundi, 13 octobre 2008

Hiroshima: la décision fatale

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Hiroshima: la décision fatale selon Gar Alperovitz

 

Si on examine attentivement l'abondante littérature actuelle sur l'affrontement entre le Japon et les Etats-Unis au cours de la seconde guerre mondiale, on ne s'étonnera pas des thèses que vient d'émettre Gar Alperovitz, un historien américain. Son livre vaut vraiment la peine d'être lu dans sa nouvelle version alle­mande (ISBN 3-930908-21-2), surtout parce que la thématique de Hiroshima n'avait jamais encore été abordée de façon aussi détaillée. Alperovitz nous révèle une quantité de sources inexplorées, ce qui lui permet d'ouvrir des perspectives nouvelles.

 

Il est évidemment facile de dire, aujourd'hui, que le lancement de la première bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945 a été inutile. Mais les contemporains de l'événements pouvaient-ils voir les choses aussi clairement? Qu'en pensaient les responsables de l'époque? Que savait plus particulière­ment le Président Truman qui a fini par donner l'ordre de la lancer? Alperovitz nous démontre, en s'appuyant sur de nombreuses sources, que les décideurs de l'époque savaient que le Japon était sur le point de capituler et que le lancement de la bombe n'aurait rien changé. Après la fin des hostilités en Europe, les Américains avaient parfaitement pu réorganiser leurs armées et Staline avait accepté d'entrer en guerre avec le Japon, trois mois après la capitulation de la Wehrmacht. Le prolongement de la guerre en Asie, comme cela avait été le cas en Europe, avait conduit les alliés occidentaux à exiger la “capitulation inconditionnelle”, plus difficilement acceptable encore au Japon car ce n'était pas le chef charismatique d'un parti qui était au pouvoir là-bas, mais un Tenno, officiellement incarnation d'une divi­nité qui gérait le destin de l'Etat et de la nation.

 

Alperovitz nous démontre clairement que la promesse de ne pas attenter à la personne physique du Tenno et la déclaration de guerre soviétique auraient suffi à faire fléchir les militaires japonais les plus en­têtés et à leur faire accepter l'inéluctabilité de la défaite. Surtout à partir du moment où les premières at­taques russes contre l'Armée de Kuang-Toung en Mandchourie enregistrent des succès considérables, alors que cette armée japonaise était considérée à l'unanimité comme la meilleure de l'Empire du Soleil Levant.

 

Pourquoi alors les Américains ont-ils décidé de lancer leur bombe atomique? Alperovitz cherche à prouver que le lancement de la bombe ne visait pas tant le Japon mais l'Union Soviétique. L'Amérique, après avoir vaincu l'Allemagne, devait montrer au monde entier qu'elle était la plus forte, afin de faire valoir sans con­cessions les points de vue les plus exigeants de Washington autour de la table de négociations et de tenir en échec les ambitions soviétiques.

 

Le physicien atomique Leo Szilard a conté ses souvenirs dans un livre paru en 1949, A Personal History of the Atomic Bomb;  il se rappelle d'une visite de Byrnes, le Ministre américain des affaires étrangères de l'époque: «Monsieur Byrnes n'a avancé aucun argument pour dire qu'il était nécessaire de lancer la bombe atomique sur des villes japonaises afin de gagner la guerre... Monsieur Byrnes... était d'avis que les faits de posséder la bombe et de l'avoir utilisé auraient rendu les Russes et les Européens plus conci­liants».

 

Quand on lui pose la question de savoir pourquoi il a fallu autant de temps pour que l'opinion publique américaine (ou du moins une partie de celle-ci) commence à s'intéresser à ce problème, Alperovitz répond que les premières approches critiques de certains journalistes du Washington Post ont été noyées dans les remous de la Guerre Froide. «Finalement», dit Alperovitz, «nous les Américains, nous n'aimons pas entendre dire que nous ne valons moralement pas mieux que les autres. Poser des questions sur Hiroshima, c'est, pour beaucoup d'Américains, remettre en question l'intégrité morale du pays et de ses dirigeants».

 

Le livre d'Alperovitz compte quelques 800 pages. Un résumé de ce travail est paru dans les Blätter für deutsche und internationale Politik (n°7/1995). Les points essentiels de la question y sont explicités clai­rement.

 

(note parue dans Mensch und Maß, n°7/1996; adresse: Verlag Hohe Warte, Tutzinger Straße 46, D-82.396 Pähl; résumé de Robert Steuckers).

 

 

vendredi, 10 octobre 2008

Budapest: la NATO a convegno per le strategie del futuro

Budapest: la Nato a convegno per le strategie del futuro

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Venerdi 10 Ottobre 2008 – 12:45 – Andrea Perrone - http://www.rinascita.info stampa

Budapest: la Nato a convegno per le strategie del futuro


La Nato prepara le sue nuove strategie a Budapest e chiede più soldi e militari ai Paesi membri, nonostante una crisi finanziaria che attanaglia tutte le economie nazionali. L’agenda del vertice prevede alcune trasformazioni dell’Alleanza Atlantica, per renderla adatta alle tattiche imperialiste del XXI secolo, e l’andamento delle operazioni dei soldati Nato dislocati in Afghanistan (Isaf) e Kosovo (Kfor). È inoltre prevista, per la prima volta a livello ministeriale, una sessione di lavoro della Commissione Nato-Georgia, costituita nello scorso mese di settembre.
Prima dell’apertura del vertice il capo dello Stato ungherese, Laszlo Solyom, e il primo ministro magiaro, Ferenc Gyurcsany, hanno avuto dei colloqui con il segretario generale della Nato, Jaap de Hoop Scheffer. Oltre a lui l’attuale capo dell’esecutivo ungherese ha incontrato anche il segretario della Difesa Usa, Robert Gates. Al centro dell’incontro fra i ministri della Difesa soprattutto la difficile situazione in Afghanistan, dove le forze Nato si trovano sempre più impantanate in una guerra senza uscita e dall’esito imprevedibile. Nei giorni scorsi Gates aveva chiesto agli alleati un aumento delle truppe, in vista delle elezioni presidenziali afgane nel 2009. A dividere la Nato era stata la richiesta, da parte di Stati uniti, Gran Bretagna e Canada, di estendere i poteri dei militari impegnati in Afghanistan per combattere il traffico di oppio, i cui profitti servirebbero – secondo loro – a finanziare i combattenti talibani. A questo progetto si sono opposte Spagna, Germania e Italia, poiché temono dei rischi aggiuntivi per i soldati Isaf e per la popolazione civile, che potrebbe essere coinvolta nelle operazioni contro il narcotraffico.
A chiarire meglio gli obiettivi della Nato è apparsa un’intervista rilasciata al quotidiano magiaro, Nepszabadsag, del segretario dell’Alleanza Atlantica, il quale non ha mancato di sottolineare che la Nato ha di fronte a sé delle “tremende sfide”, e a loro volta i membri dell’organizzazione devono prepararsi a condividere maggiormente i valori comuni per la difesa, nonché gli sforzi per modernizzare l’Alleanza.
“Abbiamo la necessità di creare una Nato per il XXI secolo, che è costosa ma rappresenta un processo inevitabile”, ha puntualizzato il segretario. Sono proseguiti poi gli scenari funesti che solitamente costituiscono i piani dell’organizzazione militare di Washington e il segretario della Nato ha osservato che è necessario “fare di più, non solo aumentando le spese militari, ma anche sviluppando l’efficienza delle forze”. Ossia nuove guerre per difendere e mantenere gli interessi dell’impero a stelle e strisce in tutto il mondo. “La crisi finanziaria globale premerà certamente sui bilanci nazionali, ma noi dobbiamo difendere i nostri valori congiunti e prepararci ad affrontare le sfide”, non ha mancato di aggiungere Scheffer, secondo il quale l’Alleanza dovrà essere presente per molti anni in Afghanistan. Più sfumati sono stati poi gli attacchi contro la Federazione russa, tanto che il segretario dell’Alleanza ha fatto marcia indietro rispetto alle dichiarazioni delle settimane scorse, affermando che Georgia e Ucraina non sono ancora pronte per entrare nella Nato: “Il summit di Bucarest ha già stabilito che saranno invitati in futuro. Non so quando”. Una minaccia soltanto procrastinata visto che il controllo dell’area contigua ai confini della Federazione continua ad essere uno degli argomenti preferiti dell’Alleanza Atlantica e degli Usa.

Endettement américain, endettement français

Le grand secret : l’endettement des États-Unis comparé à l’endettement français

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jeudi, 09 octobre 2008

Crise financière ou agonie du capitalisme?

Trouvé sur: http://ettuttiquanti.blogspot.com

Crise financière ou agonie du capitalisme ?

Par Thierry Ternisien d'Ouville, 29/9/2008 : "Bien loin d’être due à l’œuvre du spéculateur, l’un des trois boucs émissaires créés par nos sociétés actuelles, la crise financière qui secoue l’économie mondiale n’est que l’aboutissement logique d’une évolution qui s’est accélérée. Par son développement même le capitalisme a atteint des limites qu’il est incapable de dépasser et ne survit que par des subterfuges à la crise de ses trois piliers : l’accumulation du capital, la consommation, le travail.

Le capital. Du fait des gains croissants de productivité et de la baisse de contenu en travail des produits, la production n’est plus capable de valoriser l’ensemble des capitaux accumulés, une partie croissante de ceux-ci conservant la forme de capital financier. Une industrie financière s’est constituée qui ne cesse d’affiner l’art de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien d’autres que diverses formes d’argent. C’est cette industrie que nous voyons s’écrouler. C’est ce qui a fait dire à André Gorz, dans le dernier article écrit avant sa mort que « la sortie du capitalisme a commencé ».

La consommation. Cette impossibilité croissante de valoriser le capital est accentuée par la baisse du pouvoir d’achat dans tous les pays ayant adopté le dogme néolibéral. Le recours à l’endettement massif, dont les subprime ne sont que le dernier épisode, a servi à masquer cette évidence en poussant des millions de travailleurs à consommer des richesses qu’ils n’avaient pas encore créées. C’est cette course à l’endettement qui vient de s’enrayer. Elle devrait logiquement être suivie par un effondrement de la consommation.

Le travail. Cet effondrement de la consommation sera lui-même accentué par la disparition du travail-emploi-marchandise. Ce n’est pas seulement le plein emploi, c’est l’emploi lui-même que le post-fordisme a entrepris de supprimer. Derrière des taux de chômage flatteurs et très souvent manipulés, cette destruction est visible dans la réalité des chiffres de la durée du travail qui traduit une dégradation très profonde de la qualité des derniers emplois créés.

Il faut être précis : nous aurons toujours autant de travail que nous voudrons, mais il ne prendra plus la forme du travail-emploi marchandise. Questionner le travail en revisitant l’œuvre d’Hannah Arendt et sa distinction entre les différents types d’activité humaine (travail (labour), œuvre (work), action) est très éclairant.

Par cette évolution, en détruisant ses moteurs, le capitalisme travaille à sa propre extinction et fait naître des possibilités sans précédent de passer à une économie affranchie de la domination du capital sur le mode de vie, les besoins et la manière de les satisfaire. C’est cette domination qui demeure l’obstacle insurmontable à la limitation de la production et de la consommation. Elle conduit à ce que nous ne produisons rien de ce que nous consommons et ne consommons rien de ce que nous produisons.

Tous nos désirs et nos besoins sont des besoins et des désirs de marchandises, donc des besoins d’argent. L’idée du suffisant -l’idée d’une limite au-delà de laquelle nous produirions ou achèterions trop, c’est-à-dire plus qu’il ne nous en faut -n’appartient pas à l’économie ni à l’imagination économique. Elle peut par contre appartenir à l’imagination citoyenne."

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lundi, 06 octobre 2008

K. Radzimanowski over geopolitiek in Europa

Kersten Radzimanowski over geopolitiek in Europa

“Duitsland is door de NAVO, die door de USA gedomineerd wordt, in steeds sterkere mate van vazal tot knechtje van de Amerikanen verworden. In deze evolutie en dit verbond kan ik niet in de geringste mate iets positiefs zien. Het is duidelijk te zien, met welke zware druk de USA proberen om de opname van Georgië in de NAVO erdoor te drukken, om zo met het breekijzer haar belangen in de regio veilig te stellen. Nadat president Saakaschvili met zijn militaire offensief een fiasco leed, is het geween bij de USA en NAVO groot. (…) In de EU zijn het vooral Oost-Europese staten zoals Polen, maar ook Groot-Brittannië, Denemarken en Nederland die meer in de USA dan in het continentale Europa geïnteresseerd lijken. Dat is hun goed recht, maar dan moeten de basisfundamenten van de EU veranderd worden in een meer losse Statengemeenschap. Met een land als Groot-Brittannië of Polen die deelneemt aan een agressieoorlog aan de zijde van de USA, tegen het volkenrecht in, kan ik niet de zoveel geprezen waardegemeenschap erkennen.”

Dr. Kersten Radzimanowski, voormalig DDR-staatssecretaris voor Buitenlandse zaken, voormalig CDU-politicus, vandaag NPD-militant. Bron: Deutsche Stimme, sep. 2008, p.3

Het citaat toont de grote geopolitieke kwestie voor Europa aan het begin van de 21ste eeuw duidelijk aan: welk Europa willen wij? Een Atlantisch slaafje van de USA dat ons meesleurt in imperialisme om de Amerikaans-kapitalistische en zionistische belangen veilig te stellen, en daarbij Europeanen als kanonnenvlees gebruikt? Of een continentaal sterk Europa dat zelfstandig zijn eigen belangen kan verdedigen? N-SA kiest onomwonden voor het laatste. Als “Groot-Nederland” betekent dat wij nog meer in de Angelsaksische, Atlantische invloedssfeer terechtkomen, dan kan dit Groot-Nederland à la Geert Wilders maar beter oplossen in het zoute Noordzeewater.

samedi, 04 octobre 2008

Les finances européennes contaminées par la crise américaine

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ECONOMIE ET MONDIALISATION
Ex:
http://www.polemia.com

Les finances européennes contaminées par la crise américaine

Après les messages d’apaisement lancés par notre ministre des Finances –  « Nous avons un système bancaire extrêmement sain qui ne sera pas touché », « La crise financière américaine est derrrière nous », etc. –, le président de la République, à l’occasion de son discours de Toulon le 25 septembre, n’a pas hésité, à son retour de New York, à annoncer aux Français que cette crise mondiale aurait des répercussions en France touchant la croissance, le chômage et le pouvoir d’achat. A vrai dire, son objectif n’était pas facile à atteindre : les crises de confiance sont redoutables pour les politiques, ils n’ont que les mots à leur disposition. A Toulon, Nicolas Sarkozy aura-t-il su parler aux Français ? Aura-t-il rassuré par les mesures qu’il entend prendre, à savoir une réglementation des rémunérations et des parachutes dorés des grands patrons (on n’est jamais très loin de la démagogie !), son « engagement solennel » à suppléer tout établissement financier défaillant afin que pas un seul épargnant ne perde un seul euro, à assurer la stabilité « des impôts et des taxes » en excluant toute hausse, une meilleure « réglementation » du système bancaire pour écarter tout esprit de spéculation au profit d’un meilleur développement économique… ? En un mot, il s’aligne sur le discours de George Bush ; il a voulu éviter que l’inquiétude ne se transforme en « panique ».
Comme toujours dans les périodes de crise politico-institutionnelle, nos médias restent assez discrets sur les risques encourus par les établissements financiers français. Néanmoins, le séisme qui frappe les banques et les marchés financiers pourrait faire les affaires d’Axa. Henri de Castries, président du directoire de l’assureur, a en effet indiqué jeudi matin sur Europe 1 que son groupe pourrait profiter de la baisse des cours de Bourse pour opérer des rachats de sociétés : « La situation d’aujourd’hui nous offrira, dans quelques mois, les opportunités de conforter encore nos positions», a-t-il précisé. Comme quoi le malheur des uns fait encore le bonheur des autres. Rien de changé sous le soleil ! Souhaitons qu’il soit de bon augure, car ce n’est déjà pas le cas de certaines banques européennes qui, comme le décrit ci-après Stéphen Steinberg, sont déjà sous perfusion.

Polémia

La crainte d’un krach financier mondial plane sur l’Europe

L’élite dirigeante européenne est sous le choc et considère avec incrédulité ce qu’elle craint être la plus sérieuse crise du capitalisme mondial depuis le krach de Wall Street en 1929.

La Banque centrale européenne (BCE) a réagi à la faillite de la banque d’affaires américaine, Lehman Brothers, en injectant des liquidités massives afin de soutenir les marchés boursiers européens. Lundi, la BCE avait procédé à des appels d’offres rapides pour injecter 30 milliards d’euros dans les marchés monétaires en déclarant dans un communiqué qu’elle était « prête à contribuer à des conditions ordonnées sur le marché monétaire en euros ».

La démarche de la BCE fut suivie de celle de la Banque nationale suisse (BNS) qui a également fourni des liquidités supplémentaires alors que les marchés boursiers d’Europe et d’Asie poursuivaient leur plongée.

Anticipant une baisse brutale des cours de la Bourse anglaise, la Banque d’Angleterre est intervenue lundi à hauteur de 5 milliards de livres (6,3 milliards d’euros) pour apaiser les marchés.

Le ministère allemand des Finances, la Bundesbank (banque centrale allemande) et la Bafin (autorité allemande des marchés financiers) ont tous tenté de restaurer le calme sur les marchés allemands en publiant un communiqué conjoint disant que l’exposition des banques allemandes à Lehman serait gérable.

Ni les efforts entrepris par les banquiers des banques centrales européennes pour rassurer les esprits ni les injections massives de liquidités n’ont réussi à apaiser les craintes des marchés. Lundi, l’indice des valeurs européennes FTSE Eurofirst 300 britannique a chuté de 5 pour cent alors que le Dax allemand est tombé de 4,7 pour cent, pour atteindre son plus bas niveau depuis deux ans. Les valeurs bancaires ont été le plus durement touchées.

Lundi, après les pertes considérables sur les marchés boursiers et la crainte de l’effondrement du plus grand assureur américain, l’American International Group (AIG), les banques européennes intervenaient une fois de plus mardi, la BCE injectant 70 milliards d’euros supplémentaires et la Banque d’Angleterre 20 milliards de livres (25,1 milliards d’euros) de plus.

Une fois de plus, les injections massives de liquidités ne sont pas parvenues à stabiliser les marchés. Mardi, le FTSE 100 de Londres a plongé en dessous de 5.000 points pour la première fois depuis sept ans. Les valeurs allemandes ont poursuivi leur chute. L’indice Dax 30 [indice de référence des valeurs des trente blue chips allemandes] a baissé de 98,99 points à 5.965,17, soit un recul de 1,63 pour cent. Le principal indice français, le CAC, a enregistré lundi une forte baisse de 3,78 pour cent et mardi de 1,96 pour cent.

Contrairement aux déclarations officielles faites en Allemagne, l’ampleur totale de l’implication des principales banques européennes dans Lehman Brothers est énorme. Mardi, par exemple, il a été rapporté que la banque publique allemande Kreditanstalt für Wiederaufbau (Banque pour la reconstruction, KfW) avait transféré par erreur 300 millions d’euros à Lehman Brothers le jour même où la banque américaine déposait son bilan, tandis que l’établissement bancaire helvétique UBS annonçait qu’il s’attendait à des pertes identiques d’au moins 300 millions d’euros en raison de son implication avec Lehman Brothers. UBS, le numéro 1 de la gestion de fortune, avait déjà dû rayer 37 milliards de dollars d’actifs liés à la crise du crédit hypothécaire des subprimes américains.

Selon le journal économique allemand « Handelsblatt » il est possible que la totalité du fonds d’urgence mis sur pied par un consortium de banques allemandes pour s’assurer contre les crises soit absorbée par l’effondrement de Lehman. Le Fonds de garantie de dépôt de la fédération des banques allemandes (BdB) est évalué à 4,6 milliards de dollars, une somme qui sera entièrement engloutie pour éponger 6 milliards d’euros de dettes des filiales de Lehman en Allemagne. Les pertes de 6 milliards d’euros provenant de l’effondrement de Lehman représentent la plus grosse perte de l’histoire de la finance allemande.

La Grande-Bretagne est encore plus exposée à la crise financière américaine. Après l’effondrement de la banque Northern Rock en début d’année, le premier établissement de crédit immobilier de Grande-Bretagne, la Halifax Bank of Scotland (HBOS) se trouve également au bord de la faillite. Ses actions en Bourse ont dégringolé mardi de 40 pour cent et il semblerait qu’elle puisse être rachetée par Lloyds TSB.

D’autres importantes banques européennes pourraient être entraînées dans le tourbillon financier dans des conditions où entre avril et juin l’ensemble des économies de l’Union européenne avait déjà rétréci de 0,2 pour cent. La Grande-Bretagne et l’Espagne qui avaient aussi été durement touchées par une grave crise immobilière connaîtraient déjà la récession. Selon l’Institut économique de Kiel, la première économie d’Europe, l’Allemagne, sera également affectée par la récession cette année.

Face à la montée de l’inflation de par l’Europe, et dont les taux dépassent 4 pour cent dans de nombreux pays, les analystes économiques redoutent déjà la stagflation au sein de l’Union européenne.

Les politiciens français et allemands ont lancé des platitudes euphorisantes à la ronde en déclarant que les données fondamentales des économies et du système bancaire européens étaient saines et en meilleur état que les données américaines. Mais les analystes ont émis des avertissements sombres indiquant tout le contraire en soulignant qu’il n’est pas possible que l’Europe ne soit pas touchée par l’effondrement continu des institutions financières américaines.

En signalant les implications d’une menace de faillite imminente de l’assureur AIG, le « New York Times » a relevé que les banques européennes possédaient trois quarts des 441 milliards de dollars d’actifs de l’AIG liés aux crédits immobiliers à risque assurés et détenus par un consortium de banques. Ces titres exposent les institutions financières européennes à d’énormes risques en cas de défaillance de l’AIG.

Dans son article, paru lundi dans le quotidien « Frankfurter Rundschau », Jan Pieter Krahnen parlait du « grand danger d’une onde de choc » qui pourrait ensevelir les banques allemandes et européennes au cas où en Allemagne la confiance placée dans le genre de contrat assurant le risque de crédit (credit default swaps, CDS) préconisé par Lehman Brothers et AIG serait ébranlé. Mercredi, le journal « Süddeutsche Zeitung » intitulait son interview avec un expert financier « Le pire est à venir. »

Un certain nombre de commentaires quasi apocalyptiques ont paru dans la presse britannique, disant que la crise actuelle est au moins comparable à l’effondrement financier de 1929.

Larry Elliot, rédacteur en chef des pages Economie du « Guardian » a intitulé son papier « Cette semaine, le krach est nucléaire et la Grande-Bretagne va ressentir les pires retombées. » Il a écrit : « Il est clair que les événements du week-end rendent bien plus probable une récession prolongée et profonde. Oublions tout ce qui a été dit d’un atterrissage en douceur ou d’une récession si forte et courte qu’on la remarquerait à peine. Comme les choses se présentent actuellement, la question est de savoir à présent s’il s’agit d’un effondrement total du système financier avec les institutions s’écroulant comme un jeu de quilles ou si un resserrement rigoureux du crédit sur une période prolongée entraînera une baisse des prix immobiliers, une chute des dépenses à la consommation, de plus faibles investissements et une hausse du chômage. »

« Il ne fait aucun doute qu’il s’agit du choc financier le plus grave depuis 1929, » poursuivit-il.

Dans un article paru dans le journal de droite « Daily Mail », Alex Brummer rappelle que les premiers signes de gonflement de la crise internationale remontaient aux problèmes qu’a connus une banque européenne : « La crise du crédit a débuté », écrit-il, « le 9 août de l’année dernière après que l’une des premières banques privées françaises, BNP Paribas, eut annoncé la suspension du calcul des valeurs liquidatives de deux de ses fonds d’investissement parce qu’ils contenaient des titres toxiques. » Il poursuit en se référant à « des dizaines sinon des centaines de milliards de pertes sur des titres basés sur des produits dérivés liés aux subprimes », pour conclure : « Ce n’est que maintenant que la taille véritable du trou noir est reconnue chez Lehman, Merrill Lynch, AIG et ailleurs. Chez Lehman par exemple, le chiffre des dépréciations a plus que doublé en passant de 17 milliards de livres sterling à 44 milliards de livres sterling en l’espace de la seule semaine passée. »

L’éditorial du journal « Mail » précise : « Des décennies durant, nous avons adoré l’idole or. Les premiers ministres et les présidents se sont agenouillés devant ses gardiens. Les monarques de l’argent, les courtiers de la richesse, les prétendues sources de la sagesse ont tenu en bride l’Europe et les Etats-Unis, rabaissant tous ceux qu’ils croisaient sur leur chemin… Aujourd’hui, nous nous réveillons pour découvrir que pareils à de nombreux magiciens d’Oz, ces personnalités pleines d’assurance sont en réalité de vieux hommes insensés, parfois aussi des jeunes, marmonnant en coulisse des incantations vides de sens. » « Une façon de voir le capitalisme est à présent discréditée », conclut-il.

Willem Buiter, professeur d’économie politique européenne à la London School of Economics, a fait la déclaration la plus claire sur les implications de l’effondrement financier aux Etats-Unis. Dans le « Financial Times », Buiter a dit en parlant des 85 milliards de dollars de renflouement de l’AIG par le gouvernement américain : « Le plus grand supermarché d’assurance du monde, dont le bilan dépasse mille milliards de dollars, a été nationalisé parce qu’on le suspectait d’être trop gros et trop interconnecté mondialement pour faire faillite ! »

Il a poursuivi en précisant : « Derrière cette décision extraordinaire se cachait le fait que l’échec de l’AIG aurait accru les risques, réels et supposés, des contreparties de par le système financier des Etats-Unis et du reste du monde, au point qu’aucun établissement financier n’aurait voulu accorder un crédit à un quelconque autre établissement financier. Les crédits aux ménages et aux entreprises non financières auraient été le domino suivant à tomber, et voilà ! Un Armageddon financier parfait. »

par Stefen Steinberg
Mondialisation.ca, le 25 septembre 2008
Article original, WSWS, paru le 18 septembre 2008.

http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10335

Correspondance Polémia
26/09/08

vendredi, 03 octobre 2008

L'Amérique et le désordre mondial

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http://www.polemia.com
EDITO du 13 Septembre 2008   
L’Amérique et le désordre mondial

Les grands médias parisiens somment les Français de s’intéresser à l’élection présidentielle américaine.
Les intellectuels progressistes et les partisans du métissage n’ont d’yeux que pour Barack Obama. Quant aux milieux plus traditionalistes, ils peuvent se consoler avec l’entrée en scène, auprès de John McCain, de la très conservatrice Sarah Palin.
Reste que les Français ne participeront pas à l’élection du futur président des Etats-Unis. De toute façon la marge de manœuvre du nouvel élu, quel qu’il soit, sera particulièrement faible : la politique américaine restera largement déterminée par les intérêts de l’hyper classe mondiale et des grands lobbies. Or ce sont eux qui imposent aux Etats Unis une diplomatie et une politique qui contribuent au désordre mondial.
Explications :

Diplomatie : de l’équilibre des forces à l’unilatéralisme
Les périodes de paix ou, en tout cas, de conflits limités correspondent à l’application de règles simples : l’acceptation de l’équilibre des puissances, le respect des frontières des Etats et la non-ingérence des autres dans leurs affaires intérieures.
Ces règles sont sans doute imparfaites et moralement discutables mais elles ont assuré de longues périodes de paix : au XIXe siècle, dans la suite du Congrès de Vienne (qui n’avait pas cherché à « punir » la France révolutionnaire) ; dans la deuxième partie du XXe siècle où « l’équilibre de la terreur » entre grandes puissances nucléaires évita toute conflagration générale.
L’effondrement de l’Union soviétique puis de la Yougoslavie a conduit l’Occident, sous la direction unilatérale des Etats-Unis, à oublier les règles d’équilibre et de stabilité de l’ordre international :
– en multipliant des bases américaines aux frontières mêmes de la Russie ; – en projetant d’intégrer à l’OTAN des pays clairement dans l’orbite de la géopolitique russe, tels que la Géorgie ou l’Ukraine ;
– en annulant unilatéralement le traité ABM interdisant les défenses antimissiles et en relançant la course aux armements ;
– en construisant un bouclier antimissiles en Pologne visant notamment à permettre éventuellement la destruction de la Russie sans riposte possible de sa part ;
– enfin, en reconnaissant unilatéralement l’indépendance du Kosovo et le démembrement de la Serbie, contrairement aux résolutions de l’ONU.
Cette politique a conduit au raidissement russe et explique, à défaut de la justifier, la reconnaissance par Moscou de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud ; indépendances de confettis d’Etat, au demeurant, ni moins (ni plus) légitimes que celle du Kosovo.
Reste que la remise en cause des frontières reconnues en Europe mais aussi dans le reste du monde est une bombe à fragmentation qui peut déboucher sur la balkanisation de la planète ; balkanisation qui peut être recherchée par les tenants de l’affaiblissement des Etats au profit d’un empire mondial.

Politique économique : l’irresponsabilité financière américaine
Critiquer la Banque centrale européenne (BCE) est le pont aux ânes des hommes politiques français. Or cette institution financière a reçu pour mission dans le Traité de Maastricht (voté par les Français sur recommandations du RPR, de l’UDF et du PS), d’assurer la stabilité de l’euro et de lutter contre l’inflation. En limitant l’émission de monnaie, la BCE remplit son rôle et adopte une gestion de bon père de famille : la politique de la BCE n’a d’ailleurs créé aucun problème au monde.
Comme le note l’économiste libéral Florin Aftalion, dans « Les 4 vérités » (http://www.les4verites.com/archives/auteurs-Aftalion-Florin-85.html) : « La FED a, à 2%, un taux de base bien trop bas. Le crédit n'étant pas cher, les Américains empruntent beaucoup trop. (…) La BCE, de son côté, ne modifie pas non plus son taux de base, mais il serait plus sérieux, à 4,25%. »
Cette politique irresponsable de la Banque fédérale américaine a créé de la masse monétaire sans contrepartie réelle ; c’est elle qui est à l’origine de la crise immobilière et de l’inflation des matières premières (malgré le calme relatif revenu sur le marché du pétrole).
Cette politique a permis à la fois l’enrichissement de l’hyper classe mondiale et l’accès à la propriété de leur logement de nombreux membres insolvables des minorités ethniques.
Cette politique se solde aujourd’hui par des pertes dans le monde entier, un appauvrissement des classes moyennes et l’appel aux fonds des contribuables – pas seulement américains et anglais – pour recapitaliser des établissements financiers menacés de faillite.
Là aussi c’est l’hybris américaine – financière cette fois – qui est à l’origine de la crise mondiale.

Le leurre du changement

Reprenant un thème électoral éculé (mais toujours efficace), Barack Obama et John McCain promettent le changement. C’est évidemment un leurre car les forces sociologiques et politiques américaines qui ont intérêt au statu quo restent extrêmement puissantes :
– c’est le cas, notamment en politique étrangère, du lobby militaro-industriel, du lobby pétrolier et du lobby israélien qui a placé Joe Biden comme candidat vice-président d’Obama et Joe Lieberman comme candidat secrétaire d’Etat de McCain ;
– c’est le cas du lobby « antiraciste » et « antidiscrimination » qui pèsera de tout son poids pour maintenir les avantages de l’Etat providence et du crédit bon marché au profit des minorités ethniques, notamment noires et hispaniques ;
– plus généralement, c’est l’ensemble des Américains qui sont dépendants du reste du monde pour leur consommation (qui excède leur production) et leur accès aux matières premières énergétiques dont ils restent les plus demandeurs de la planète.
La politique américaine inflationniste de crédit bon marché a donc de beaux jours devant elle ; tout comme la diplomatie impériale des Etats-Unis ou leur politique militaire interventionniste.
Polémia
11/09/08

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jeudi, 02 octobre 2008

Europäer sollen US-Wirtschaft retten

Europäer sollen US-Wirtschaft retten

Ex: http://www.deutsche-stimme.de

Das Ende der Investmentbanken in den USA ist eingeläutet: Die beiden verbliebenen Investmentbanken Goldman Sachs und Morgan Stanley wollen nun „normale“ Banken werden. Die amerikanische Notenbank hat in der Nacht zum Montag dem Begehren der beiden letzten der bis vor kurzen fünf großen Investmentbanken stattgegeben, zu Bank-Holdings zu werden. Das erleichtert es ihnen, durch die staatliche Federal Deposit Insurance Corporation versicherte Kundeneinlagen entgegenzunehmen. Bisher finanzierten sie sich hauptsächlich durch kurzfristige Mittelaufnahmen auf den Finanzmärkten, eine Geldquelle, die in den letzten Tagen zunehmend zu versiegen drohte. Die Vorteile dieser Statusänderung haben allerdings ihren Preis. Die beiden Finanzinstitute werden strengeren Eigenkapitalvorschriften unterliegen und außerdem einer erheblich strikteren regulatorischen Aufsicht unterstehen. Die Diskussion, wie Investmentbanken künftig zu beaufsichtigen sein werden, ist mit dieser Statusänderung praktisch über Nacht weitgehend gegenstandslos geworden.
Der Liberalkapitalismus und sein immer wieder gepriesenes Wirtschaftssystem pfeifen aus dem letzten Loch. Der amerikanische Staat greift nun mit Verstaatlichung von Banken und einem „Rettungsplan“ in Milliardenhöhe in den Markt ein. Mit dem weitreichendsten Eingriff in das Finanzsystem seit der großen Depression der 30iger Jahre versucht die US-amerikanische Regierung, den Zusammenbruch des Finanzmarktes zu stoppen.

Das Rettungspaket für die Wall Street wird täglich größer. Der Finanzminister der USA, Paulson, der zuvor als Chef der Investmentbank Goldman Sachs kräftig beim Spekulationsroulett mitgespielt hat, möchte nun gerne auch Europäer und Asiaten an den Kosten zur Rettung der US-Wirtschaft beteiligen. Erst hat die USA die Finanzkrise in die Welt exportiert, nun sollen europäische Steuerzahler den Schaden abfedern. Diese Forderungen sind eigentlich als schamlos zurückzuweisen.
Viele europäische Banken haben nämlich schon die fragwürdigen Kreditersatzpapiere gekauft und müssen nun den erheblichen Wertverlust tragen. Da sich aus Deutschland vor allem öffentlich-rechtliche Banken am Monopoly der Weltwirtschaft beteiligt haben, sind deutsche Steuerzahler nun ohnehin schon an den Kosten der Finanzkrise beteiligt. Das ist traurig genug und als Beitrag zur Finanzierung der Krise wirklich ausreichend.

Das amerikanische Schatzamt will nun aber „Rettungsanleihen“ im Wert von 700 Milliarden Dollar ausgeben. Diese Anleihen werden dann wohl wieder zu großen Teilen von Ausländern aufgekauft werden, die so schon seit Jahren den Lebensstil der Amerikaner auf Pump finanzieren. Deutschland wäre aber in Zeiten wie heute gut beraten, das Geld zusammenzuhalten und nicht wieder dem windigen „Großen Bruder“ in den Rachen zu schmeißen.

Die Weltwirtschaft ist nämlich durch die Krise in eine Rezession gestürzt, die die nächsten Jahre auch auf Deutschland durchschlagen wird. Die Steuerzahlungen der Unternehmen dürften auch in Deutschland in den Keller gehen, die Arbeitslosenzahlen hingegen wieder ansteigen. Angesichts dieser Aussichten ist es unverantwortlich, sich auf Kosten des deutschen Steuerzahlers als Retter der Wall Street aufzuspielen.

mercredi, 01 octobre 2008

Amérique latine: lumière révolutionnaire

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Paolo EMILIANI:

Lumière révolutionnaire

 

Washington a toujours considéré l’Amérique latine comme une sorte d’arrière-cour et le territoire des nations sud-américaines comme des espaces à dépouiller de leurs énormes ressources, par l’intermédiaire des multinationales américaines, sans que ces Etats n’aient à se préoccuper de politique étrangère. Certes, de temps en temps, la pure volonté populaire a triomphé dans certains de ces Etats mais toujours la seule CIA a suffi pour remettre les choses “en ordre”, comme ce fut par exemple le cas au Chili, où l’expérience Allende fut promptement coulée par le coup d’Etat de Pinochet, “sponsorisé” par les Etats-Unis.

 

En pratique, jusqu’à nos jours, l’unique exception a été Cuba, gouverné depuis presque un demi siècle par Fidel Castro, qui n’a jamais capitulé, ni après la tentative d’un coup de force militaire ni à la suite d’un embargo ininterrompu et criminel. A cause de cette résistance, jamais aucun président américain n’a pu “encaissé” le cas cubain, à commencer par le faux “bon” Kennedy mais, en fin de compte, Cuba n’est jamais qu’une petite île proche des côtes de la Floride.

 

Les choses commencent cependant à changer: les idéaux “bolivaristes”, le rêve d’une grande nation latino-américaine, pourraient devenir réalité.

 

Le guide éclairé de cette révolution bolivariste, celui qui pourrait faire jaillir l’étincelle d’un changement radical et “épocal” sur tout l’échiquier géopolitique mondial, s’appelle Hugo Chavez, président de la “république bolivarienne du Venezuela”. Chavez devient une référence pour tout le continent. Tout récemment, la Bolivie, lassée de devoir subir de continuelles tentatives de déstabilisation institutionnelle sous l’impulsion des services américains, a décidé d’expulser l’ambassadeur des Etats-Unis de La Paz. Chavez  a  immédiatement décidé de ne pas laisser seul son collègue Evo Morales et a fait aussitôt expulser l’ambassadeur américain en poste à Caracas et a menacé Washington de fermer les robinets du pétrole si les Etats-Unis persistaient à mener des actions hostiles aux gouvernements du Venezuela et de la Bolivie. Chavez est même allé plus loin: il a relancé une collaboration militaire avec Moscou; dans un passé fort récent, il avait déjà conclu des liens d’amitié solides avec l’Iran, créant ainsi les prémisses d’un accord international qui déciderait de facturer le pétrole en euro, acte qui marquerait le début d’une crise irréversible pour les Etats-Unis.

 

Les liens entre le Venezuela et la Bolivie sont désormais très forts et Chavez peut compter sur l’appui, plus ou moins sincère, plus ou moins déterminé, de quasi tous les gouvernements latino-américains et certainement d’un grande majorité populaire sur tout le continent. Chavez a démontré au monde que les hommes libres de la planète peuvent se dégager du régime mondialiste, que de nouvelles alliances entre les peuples sont possibles et que la lutte de l’un peut devenir la bataille de tous. Le régime globalitaire, jusqu’ici, avait pu détruire un à un ses ennemis, de Saddam à Milosevic, mais la roue tourne.... et “el pueblo unido jamàs serà vencido”.

 

Paolo EMILIANI.

(éditorial du quotidien romain “Rinascita”, 13-14 septembre 2008; trad.  franç. : Robert Steuckers).

dimanche, 28 septembre 2008

Japon: pour une Commission internationale d'enquête sur les événements du 11 septembre 2001

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Pour une Commission d’enquête sur les événements du 11 septembre 2001

Un parlementaire japonais lance une initiative internationale

 

Entretien avec Yukihisha FUJITA

 

Propos recueillis par Moritz Schwartz

 

Yukihisha Fujita demande à ce que soit constituée une Commission internationale, chargée de relancerl ‘enquête sur les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Début septembre  2008, ce député japonais se trouvait en Europe, afin de nouer les contacts ad hoc pour constituer cette Commission internationale. Au parlement japonais, il s’efforce de créer une initiative parlementaire, au-delà de toutes les fractions politiques, dans le même but. Le 10 janvier 2008, il a pu faire accepter un débat à la Haute Chambre japonaise sur les événements du 11 septembre 2001, où il a interpellé le Premier ministre et le ministre de la défense. Fujita préside la Commission des Affaires étrangères au Sangiin, la deuxième chambre du Kokkai, l’Assemblée nationale japonaise. Il appartient au “Parti démocratique du Japon” (PDJ), qui est la formation politique la plus forte à la Haute Chambre (40%  des représentants) et la deuxième à la Chambre basse (36%). Avant l’année 2005, Fujita représentait son parti à la Chambre basse. Il est né en 1950 à Hitachi sur la plus grande des îles de l’archipel nippon, Honshu.

 

Q.: Monsieur Fujita, pourquoi voulez-vous absolument raviver la question du 11 septembre 2001?

 

YF: Parce que le monde est devenu un autre monde à la suite de cet événement: tant la guerre d’Afghanistan que celle d’Irak n’auraient pas été possibles sans lui. Et dans ces deux guerres, des soldats japonais ont été impliqués d’une manière ou d’une autre. Voilà pourquoi nous sommes en droit de savoir: ce que l’on dit sur ces événements, est-ce exact?

 

Q.: C’est là une question que les hommes politiques allemands ne se posent pas...

 

YF: Ils devraient le faire.

 

Q.: Votre homologue allemand, soit le président de la Commission des affaires étrangères du Bundestag, Ruprecht Polenz, n’aurait jamais l’idée d’enquêter sur cette affaire...

 

YF: C’est dommage car il me semble que les attitudes critiques quant aux événements du 11 septembre 2001 sont nettement plus répandues en Allemagne qu’au Japon. Je constate avec satisfaction que beaucoup d’Allemands s’intéressent à cette question, surtout après toutes les affirmations contradictoires que l’on a énoncées dans cette affaire. Ensuite, ce n’est pas simplement un nombre plus important d’Allemands qui s’y intéressent, l’Allemand moyen, l’homme de la rue, me semble mieux informé sur le sujet que son pendant japonais. Au Japon, on a plutôt tendance à croire la version officielle. Ceux qui tentent d’investiguer plus en profondeur, comme moi, n’ont pas la tâche aisée. 

 

Q.: Quels sont les résultats que vous avez obtenus?

 

YF: Au départ, je ne voyais rien qui m’aurait induit à mettre en doute la version officielle, mais plus je me suis penché sur ce sujet, plus il m’est apparu évident que cette version officielle des événements du 11 septembre 2001 ne peut être juste. Elle perd sa plausibilité tant elle contient des contradictions.

 

Q.: Les nombreux arguments des critiques de la version officielle sont connus. Mais pour chacun des points qui ont été critiqués, les autorités ont avancés des explications.

 

YF: Mais dans la plupart des cas, ils ne sont pas convaincants. Prenez par exemple le trou béant que l’on nous montre dans le bâtiment du Pentagone, qui aurait été touché: ce trou est beaucoup trop petit.

 

Q.: On dit que ce trou est petit par ce que l’avion qui est tombé là s’était déjà désintégré auparavant...

 

YF: Honnêtement, cette explication vous convaint-elle?

 

Q.:  Vous n’êtes ni physicien ni technicien. Ne vaudrait-il pas mieux partir du principe que l’explication est compliquée du point de vus de la physique plutôt que d’en déduire immédiatement qu’il y  a complot?

 

YF:  Il ne faut pas être physicien pour savoir qu’il est impossible qu’un Boeing 757 soit passé par une béance dont le rayon est plus petit que son fuselage.

 

Q.: Comment réagissez-vous quand on vous accuse de complotiste, d’énoncer une théorie du complot?

 

YF: Le président de la Commission d’enquête sur les événements du 11 septembre, l’ancien gouverneur Thomas Kean, a lui-même déploré, à plusieurs reprises, et publiquement, que le gouvernement américain n’a pas mis toutes les informations à sa disposition, alors qu’il en avait besoin. Le rapport officiel fourmille de contradictions. Il y a en plus les contradictions entre les représentants mêmes du gouvernement américain, notamment quand Condoleezza Rice dit: “Personne ne pouvait prévoir une chose pareille” et que, par ailleurs, Donald Rumsfeld concède: “Il y avait beaucoup de signes avant-coureurs”. Ces contradictions ne peuvent être prises pour argent comptant: dans une affaire aussi importante, nous ne pouvons pas continuer notre bonhomme de chemin en considérant qu’elles n’ont aucune importance et passer aux autres points de l’ordre du jour.

 

Q.: Bon. Quelle est alors votre théorie sur le déroulement réel des événements du 11 septembre 2001?

 

YF: Mon but n’est pas de fournir une théorie. Il s’agit d’acter que la version officielle n’est pas exacte. Si l’on se hasarde à formuler une théorie nouvelle, on se rend automatiquement vulnérable et la  version officielle en profite; en effet, si l’on pose des questions sur les contradictions internes de la version officielle, celle-ci peut riposter en évoquant les éventuelles contradictions de la théorie alternative, ce qui annulle l’effet de celle-ci. Non, ne leur donnons pas l’occasion de biaiser et de louvoyer! Posons des questions et voyons s’ils y répondent de manière crédible.

 

Q.: D’après vous les réponses données jusqu’ici ne sont pas crédibles.

 

YF: Au cours de ces dernières années de nombreuses personnalités politiques et des experts  —et leur nombre s’élève désormais à quelques milliers—  ont émis des doutes ou, du moins, posé des questions critiques. Parmi eux, en Allemagne, l’ancien ministre fédéral de la recherche scientifique, expert ès-études sur les services secrets pour le compte de son parti, la SPD: je veux parler d’Andreas von Bülow; mais il n’est pas le seul, il y a aussi des représentants des deux chambres américaines. Je vous le demande à titre tout-à-fait personnel: est-ce que cela ne vous trouble pas d’apprendre, par exemple,qu’Ernst Welteke, membre de la SPD et président de la “Deutsche Bundesbank” de 1999 à 2004, ait confirmé, lors d’un sommet de la Banque centrale européenne, que quelques jours avant le 11 septembre 2001, des options de vente inhabituelles ont eu lieu, et que le prix de l’or et du pétrole ait également augmenté? Ou, autre exemple, qu’Oussama Ben Laden, jusqu’ici, n’est pas recherché par le FBI pour les attentats du 11  septembre 2001 mais “seulement” pour les attaques perpétrées contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, comme le trahit clairement le libellé de la liste officielle des personnes recherchées?

 

Q.:  Avant de passer au vote qui devait décider du renouvellement ou non de la participation japonaise à la mission anti-terroriste américaine baptisée “Enduring Freedom”, vous avez, début janvier dans l’enceinte du parlement japonais, procédé, pendant une demie heure, à une présentation de votre point de vue à la Haute Chambre. Comment ont réagi vos collègues?

 

YF: A ma grande surprise, non seulement j’ai obtenu, et c’est étonnant, beaucoup d’encouragements, mais je n’ai essuyé aucune critique. De surcroît, les encouragement ne venaient pas uniquement de ma propre fraction mais aussi de représentants d’autres partis, dont celui-là même du gouvernement, le PLD. Les encouragements venaient non seulement de la Haute Chambre mais aussi de la Chambre basse. Non seulement de mes collègues de l’Assemblée plenière mais aussi des dirigeants de mon parti! Manifestement, la présentation de mon projet a fait mouche! Il semble bien que cette question ait préoccupé beaucoup de monde.

 

Q.: En Allemagne, une telle réaction serait difficilement imaginable. Comment expliquez-vous cette différence d’attitude?

 

YF: Je ne peux donner aucune explication. C’est à vous d’éclairer ma lanterne!

 

Q.: C’est sans doute parce que vos hypothèses sont dépourvues de tout fondement...

 

YF: Non, je suppose plutôt que la  différence n’est pas  si grande, car, n’oubliez pas que malgré tous ces encouragements je demeure le seul et unique parlementaire japonais qui ose poser de telles questions. Je suppose qu’il existe aussi chez vous quelques députés qui me prodigueraient des encouragements. La différence réside sans doute seulement en ceci: chez vous, jusqu’ici, personne n’a encore brisé le silence.

 

Q.: Vous avez interpellé le premier ministre Yasuo Fukuda et le ministre de la défense Shigeru Ishiba pour leur demander dans quelle mesure le gouvernement nippon avait été informé par les Etats-Unis sur les auteurs des attentats terroristes du 11 septembre 2001 et sur leurs agissements. Avez-vous été satisfaits de leurs réponses?

 

YF: Non, mais je ne m’attendais pas à recevoir des réponses satisfaisantes. Néanmoins, malgré leur réticense et leur circonspection, on pouvait clairement sentir que le gouvernement japonais avait, en réalité, été fort peu informé sur les événements. Bien que vingt-quatre sujets japonais aient été tués à la suite de ces attentats et que la mort de ces personnes ait motivé l’engagement de nos soldats dans la “lutte contre le terrorisme”, notre gouvernement n’a pas, de lui-même, mené une enquête. Au lieu de cela, le gouvernement se fie exclusivement aux affirmations des Américains, qui présentent force lacunes et contradictions.

 

Q.: De ce fait, vous considérez que la participation japonaise à la “guerre contre le terrorisme” ne va pas dans le sens des intérêts de votre pays...

 

YF: Notre intérêt national, c’est de trouver la vérité, afin de savoir à quoi réellement se tenir.

 

Q.: Vous demandez une nouvelle enquête, qui serait cette fois internationale, sur les événements du 11 septembre 2001. Comment une telle enquête doit-elle s’articuler?

 

YF: L’idéal serait que l’ONU patronne une telle enquête. Car, quoi qu’il en soit, dégager la vérité sur ces événements serait de son ressort, car les conséquences de ceux-ci marquent  et imprègnent la politique internationale d’aujourd’hui. Par exemple, l’assemblée plenière pourrait ordonner que se constitue un comité international d’experts. Ou la Cour de justice internationale pourrait s’emparer de l’affaire. Comme le terrorisme n’est pas une forme de guerre mais relève de la criminalité, la Cour de La Haye pourrait parfaitement être compétente. Ou, autre solution possible, des parlementaires de différents pays décideraient de constituer une Commission internationale d’enquête. Plusieurs solutions sont possibles au départ.

 

Q.: Pensez-vous réellement et sérieusement que votre proposition a des chances d’aboutir?

 

YF: Quoi qu’il en soit, une telle Commission aurait davantage de sens que la deuxième commission nationale d’enquête que certains envisagent de mettre sur pied aux Etats-Unis. 

 

Q.: Quelles mesures concrètes entreprenez-vous pour atteindre cet objectif?

 

YF: Je reviens justement d’un voyage en Europe. J’y ai rencotré diverses personnalités comme, par exemple, Michael Meacher, qui fut jusqu’en 2003, le ministre de l’environnement du gouvernement travailliste de Tony Blair ou encore l’ancien président de l’Etat italien, le chrétien-démocrate Francesco Cossiga.

 

Q.:  Meacher dit que la “guerre contre le terrorisme” est une “tromperie” et Cossiga considère que les attentats du 11 septembre sont l’oeuvre de la CIA et du Mossad...

 

YF: En outre, j’ai été invité par le député Giulietto Chiesa au Parlement Européen, où nous avons montré le nouveau film “Zero: An Investigation into 9/11” à six autres députés, alors que ce film a été montré dans toute la Russie par la télévision russe. En Allemagne également, j’ai eu contacts et conversations, mais je ne suis pas autorisé à en parler davantage.

 

Q.: Vous avez rencontré l’ancien président de la “Bundesbank”, Ernst Welteke. Mais avez-vous eu des contacts avec des hommes ou des femmes en Allemagne, qui sont actifs sur la scène politique?

 

YF: Malheureusement non.

 

Q.: Malgré ces contacts, vous êtes encore à des années-lumière de la constitution effective de votre nouvelle commission internationale d’enquête.

 

YF: Mis à part ces efforts sur le plan international, je travaille à Tokyo, avec d’autres collègues du parlement japonais pour que naisse une initiative parlementaire. Il serait bien sûr idéal que nous devenions suffisamment forts pour exiger de nos gouvernements qu’ils adoptent une attitude critique à l’égard de Washington et réclament une enquête sur toutes les questions qui demeurent encore ouvertes.

 

Q.: Que se passera-t-il si, en fin de compte, vous êtes obligés de constater que la version officielle est toute de même exacte?

 

YF: Attendons simplement les résultats d’une enquête future et indépendante.

 

(entretien paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°38/2008 – sept. 2008 – trad. franç. : Robert Steuckers).

samedi, 27 septembre 2008

Pressions américaines contre l'installation du gazoduc de la Baltique

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Pressions américaines contre l’installation du gazoduc de la Baltique

 

Dans son édition n°39/2008, l’hebdomadaire de Hambourg, “Der Spiegel”, dénonce les pressions indirectes qu’exerce Washington pour saboter l’installation définitive du gazoduc germano-russe de la Baltique. Après l’échec de la tentative téméraire du président géorgien Saakachvili dans le Caucase, dont l’enjeu est la ligne de gazoducs et d’oléoducs Bakou-Tiflis-Ceyhan, les Etats-Unis passent à l’offensive en Mer Baltique, pour torpiller le bon fonctionnement de “North Stream”, sur lequel  ils n’exercent aucun contrôle. Ils procèdent de manière indirecte. Soi-disant non officielle. Michael Wood, ambassadeur américain en poste à Stockholm, nommé à ce titre par George Bush junior parce qu’il jouait jadis au golf avec lui et l’accompagnait dans ses randonnées en mountain-bike, vient de publier sous son nom propre un article qui enfreint toutes les règles de la bienséance diplomatique, selon la bonne vieille méthode des néocons, qui revendiquent haut et clair ce style de dérapages. Cet article est paru dans le quotidien suédois “Svenska Dagbladet” et constitue un appel au gouvernement suédois: celui-ci devra vérifier, avec la plus extrême rigueur, si le gazoduc est bien “écologique”, comme prévu, mais ne devra pas se borner à ce seul aspect écologique. Il devra, selon Wood, prendre d’autres facteurs en considération: notamment que ce gazoduc est le fruit d’accords spéciaux entre Allemands et Russes, qu’il est une mise en oeuvre par Moscou de “l’arme de l’énergie” face à laquelle l’Europe doit faire front commun, en refusant bien entendu toutes les séductions qu’elle offre.

 

Pour une fois, le gouvernement fédéral allemand a réagi clairement: Rüdiger von Fritsch, directeur du département économique du ministère allemand des affaires étrangères, a appelé l’ambassadeur américain en ses bureaux pour lui demander des explications. Le gouvernement fédéral allemand se dit “irrité” devant cette démarche “inhabituelle”. La réponse du diplomate américain à Berlin reflète, elle, une hypocrisie bien habituelle: les Etats-Unis sont “surpris”, paraît-il, des propos de Wood et prétendent que Washington n’a aucune objection à formuler “quant à l’installation de ce gazoduc privé”. Rüdiger von Fritsch, qui n’est évidemment pas dupe, a conservé sa fermeté: un incident comme l’article de Wood ne devra pas se répéter, a-t-il demandé.

 

Le diplomate von Fritsch n’a pas été le seul à marquer son mécontentement en Allemagne. Eggert Voscherau, représentant de BASF dans le Conseil de supervision du gazoduc “North Stream” incriminé, a déclaré: “Les Américains manifestent désormais ouvertement leur opposition au gazoduc”. Martin Schulz, chef de la fraction sociale-démocrate au Parlement Européen a, lui, déclaré pour sa part que l’article de Wood est une preuve utile et intéressante “pour montrer quelles sont les intentions réelles des Américains: déstabiliser l’Europe”. Notre commentaire: les sociaux-démocrates, jadis, surtout en Belgique, champions de l’alliance atlantiste, vont-ils enfin comprendre, après plus d’un demi siècle, voire un siècle entier, que cette intention américaine a toujours été telle: affaiblir, déstabiliser et détruire l’Europe?

 

Le ministre allemand des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier ne minimise pas davantage l’affaire: il part du principe que la teneur menaçante de l’article de Wood révèle bel et bien les intentions réelles de Washington. Les observateurs attentifs ont déjà pu constater que la diplomatie américaine ne cesse plus d’intriguer contre ce gazoduc long de 1200 km entre Wyborg et Greifswald, qui, pensent les Américains, accentuera la dépendance énergétique de l’Europe au profit de la Russie. Argument classique, banal mais fallacieux: en effet, ce n’est pas cette dépendance que craignent finalement les Américains mais, au contraire, la fusion des potentialités européennes et russes, qui détacherait les uns et les autres de toute dépendance à l’endroit des Etats-Unis et des sociétés pétrolières moyen-orientales qu’ils contrôlent.

 

Cette crainte n’est pas seulement exprimée par Condoleezza  Rice mais, plus nettement encore, par le Sénateur de l’Utah, Bob Bennett, qui s’inquiète de voir la Russie se transformer “en un Etat gazier et pétrolier”. Ensuite, le tandem énergétique germano-russe, prétendent les Américains, permet à Poutine et Medvedev  d’agir énergiquement dans le Caucase et d’y mettre les manigances américaines, voire turques, en échec et mat. Raison pour laquelle, la diplomatie américaine tente une politique de la zizanie en Europe du Nord en excitant Polonais, Baltes et Suédois contre l’alliance énergétique forgée par Berlin et Moscou. Réactivation du clivage polémique entre “Vieux Européens” et “Nouveaux Européens”, à la différence près que, cette fois, Français, Néerlandais et Britanniques sont ou seront aussi les bénéficiaires du gazoduc contre lequel Washington excite les esprits.

 

La démarche de déstabilisation de l’Europe est si évidente, cette fois, que même les chrétiens-démocrates allemands, souvent très critiques à l’endroit de la politique russe, protestent. Eckart von Klaeden, porte-paroles de la CDU en matière de politique étrangère: “Il faut bien que les énormes investissements [que nous avons faits en Russie] soient amortis”.  Déclaration qui montre bien que la dépendance ne va pas en sens unique, que ce n’est pas seulement l’Europe qui dépend de l’énergie russe mais que, simultanément, la Russie dépend du savoir-faire européen, pour combler le “technological gap” que constataient, triomphants,  les auteurs anglo-saxons entre 1917 et 1989, dont Arnold J. Toynbee. La Chancelière Merkel, qui semblait pourtant avoir cédé aux ukases américains après la Guerre du Caucase en août dernier et déplorait une trop grande dépendance européenne face au gaz et au pétrole russes, soutient le projet “North Stream” sans la moindre réticence.

 

Steinmeier et Merkel se sont rendus en Suède pour plaider la cause du gazoduc, qu’ils définissent comme un “projet stratégique européen”. Les Suédois ont le droit de vérifier la fiabilité écologique de ce gazoduc, mais rien de plus, disent les Allemands. La vérification sera sans doute la plus méticuleuse qu’un gazoduc aura jamais subie. Nous ajouterions que les Américains jouent là sur une vieille inimitié russo-suédoise, qui remonte à Charles XII de Suède, au temps où la Suéde désirait maîtriser “l’axe gothique”, de la Baltique à la Mer Noire, entre Memel et Odessa. La défaite de Charles XII l’a évincée, comme fut aussi évincé le tandem polono-lithuanien. L’axe gothique ne peut plus être maitrisé que par un tandem germano-russe, dans le cadre d’un concert européen cohérent qui rappelle et la Sainte-Alliance de 1815 et l’Alliance des Trois Empereurs au temps de Bismarck.

 

(résumé de l’article et commentaires de Robert Steuckers; titre de l’article: “Aussenpolitik. Amerikanischer Ausrutscher”, par Ralf Beste & Cordula Meyer, in: “Der Spiegel”,  n°39/2008).

Pour la constitution d'un nouveau mouvement pacifiste

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Dr. Alfred MERCHTERSHEIMER:

 

 

Pour la  constitution d’un nouveau mouvement pacifiste !

 

Les leçons à tirer de la Guerre de Géorgie

 

Le Dr. Alfred Mechtersheimer, politologue, ancien Lieutenant-Colonel, ancien député du Bundestag fut l’un des animateurs les plus zélés du mouvement pacifiste allemand dans les années 80. Aujourd’hui, inlassable, il continue à diriger le “Friedenskomitee 2000”, le “Comité 2000 pour la paix”,  après avoir mis sur pied l’ “Institut für Friedenspolitik” à Starnberg.

 

La fraction belliciste à Washington ne veut tout simplement pas admettre que la Guerre froide  ne sera pas suivie de la domination exclusive des Etats-Unis sur la planète. Aujourd’hui cette fraction belliciste mise sur un vétéran de la Guerre du Vietnam, John McCain, et fait tout pour empêcher son rival, Barack Obama, d’accéder à la Maison Blanche. Celui-ci, en effet, pourrait diminuer les dépenses en matière d’armement et se montrer moins belliciste dans un monde perçu comme multipolaire. Voilà pourquoi la fraction belliciste a besoin d’un maximum de confrontations dans le monde pour faire passer son candidat à la présidence.

 

Le rôle du provocateur

 

La guerre contre l’Iran, préparée de longue date avec l’appui israélien, serait une entreprise trop risquée et pourrait renforcer le désir de paix chez l’électeur américain. C’est la raison pour laquelle on a fait jouer le rôle du provocateur à la Géorgie, où l’on avait préalablement installé et armé un régime vassal. La Russie était contrainte de réagir après l’attaque géorgienne contre Tskhinvali en Ossétie du Sud, les 7 et 8  août derniers. Question: la Russie a-t-elle eu une réaction disproportionnée?

 

On ne peut répondre à cette question que si l’on réexamine l’évolution des relations américano-russes de ces vingt dernières années. Les Etats-Unis ont certes été les vainqueurs de la Guerre Froide, mais depuis  cette victoire, ils perdent sans cesse plus d’influence et de puissance sur les plans politique et économique, tandis que la Russie, grâce aux richesses de son sol, vit un boom économique unique. A la place de l’ancienne bipolarité, nous avons un monde multipolaire avec de nouveaux centres économiques et politiques et l’islamisme comme nouvelle force globale. Ces deux éléments de la nouvelle donne continuent sans cesse d’affaiblir les positions américaines. Dans le monde entier, le poids de la politique et de l’économie penche en défaveur des Etats-Unis, comme on le voit en Amérique latine, dans le monde arabo-musulman, en Irak, très récemment au Pakistan et maintenant dans le Caucase.

 

Moscou avait dû subir humiliation sur humiliation

 

Washington ne peut s’affirmer que là où les services américains peuvent envenimer les conflits ethniques ou autres entre Moscou et les Etats issus du démantèlement de l’URSS. Si les Américains réussissent à faire passer les Russes pour des agresseurs, cela les aide sur tous les autres fronts, comme en Europe orientale, où, peu de temps après la guerre de six jours en Géorgie, le gouvernement polonais, à Varsovie, abandonnait ses dernières réticences à l’installation de fusées américaines dans les régions septentrionales de la Pologne.

 

Dans ce jeux de conflits et d’intérêts, Washington a besoin de foyers de désordre pour pouvoir s’affirmer contre la Russie qui est une nouvelle grande puissance montante. Voilà pourquoi l’émergence d’une nouvelle Guerre Froide est de l’ordre du possible,surtout si l’on songe au fait que la première Guerre Froide a laissé derrière elle bon nombre de conflits potentiels. Au lieu de mettre sur pied un système de sécurité couvrant l’Europe tout entière, l’OTAN avance ses pions toujours davantage à proximité de la frontière russe. Tandis que les troupes russes quittaient l’ex-RDA, le territoire allemand devenait de plus en plus une base américaine; il abrite même, aujourd’hui, le commandement US pour l’Afrique!

 

Sous Eltsine, la Russie était un vassal des Etats-Unis et devait accepter humiliation sur humiliation. Poutine a mis rapidement un holà au pillage de ses richesses géologiques.  Aujourd’hui, la situation est telle: les dirigeants russes disposent de réserves colossales de matières premières, voient leurs potentiels politique et militaire se renforcer, avec l’assentiment général du peuple russe; il n’y a donc plus de raison qu’ils acceptent de se laisser traiter comme les vaincus de la Guerre Froide.

 

Le danger d’une nouvelle Guerre Froide est grand car aucun des deux camps n’a tiré les  leçons de la première Guerre Froide. On ne reconnaît pas à temps l’émergence de foyers de  crise, on ne perçoit pas les intérêts économiques communs et, plus dangereux encore, en cas de crise, personne ne cherche à apaiser les conflits, au contraire, on cherche à les envenimer. La France et la Grande-Bretagne veulent des sanctions; Madame la Chancelière Merkel évoque l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN, alors qu’elle s’y était opposée auparavant! Berlin n’a aucun projet en matières de politique étrangère et l’UE encore moins! La politique étrangère se réduit à une seule question: va-t-on suivre les Etats-Unis ou non?

 

Le peuple est contre toute Guerre Froide !

 

Ce qui fait peur, c’est la réaction d’une grande part des media. La presse allemande ressort du placard des réflexes anti-russes que l’on croyait depuis longtemps évacués des têtes. L’hebdomadaire “Die Zeit” perçoit à nouveau un “danger russe” et on voit réapparaître sur les écrans de nos télévisions d’anciens bellicistes de la première Guerre Froide comme l’américaniste Josef Joffe. Même le “Spiegel” titre: “Le voisin dangereux”. Contrairement à l’immense majorité du peuple, on le constate, bon nombre de politiciens et de journalistes attendaient impatiemment que les vieux schémas binaires de la première Guerre Froide retrouvent vigueur et virulence. La réaction musclée du Kremlin est sans doute une erreur mais une erreur qui peut s’expliquer par l’histoire: en aucun cas, elle ne prouve une nouvelle politique étrangère agressive.

 

En CONCLUSION: il nous paraît nécessaire de constituer un nouveau mouvement pacifiste en Allemagne et dans toute l’Europe. Car si les peuples ne manifestent pas leur volonté de paix, l’UE suivra les errements de la fraction belliciste de Washington jusqu’à la guerre. Vingt-cinq ans après le blocus de la base américaine de Mutlangen, à laquelle j’avais participé avec Günther Grass et Volker Schlöndorff, le peuple doit à nouveau se dresser pour qu’advienne une Europe de la paix, Russie comprise, et faire de la guerre et de la paix des thèmes à débattre dans toutes les élections décisives.

 

Dr. Alfred MECHTERSHEIMER.

(article tiré de “DNZ”, Munich, n°38/2008, sept. 2008, trad. franç. : Robert Steuckers).

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vendredi, 26 septembre 2008

Africom, le mani di Bush sul petrolio

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AFRICOM, le mani di Bush sul petrolio
Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

di Djamaledine Benchenouf
Le Quotidien d’Algérie

A conferma “dell'importanza dell'urgenza strategica in Africa„, nel febbraio 2007 il presidente Bush ha deciso di creare Africom, l'organizzazione che controlla le forze militari USA in Africa.
Africom sul modello di Centcom (controllo militare centrale) ed Eucom (controllo militare europeo), concentra il comando delle forze militari che operano sul territorio africano sotto un'unica struttura.
Africom affida molte azioni di natura non militare - come la costruzione di scuole e lo scavo di pozzo - che erano della competenza di ONG americane, alla giurisdizione del dipartimento di Stato alla difesa.
La creazione dello Africom è giustificata dalla lotta al terrorismo, benché il petrolio sembri essere l'obiettivo principale: “Una missione chiave affidata alle forze militari USA in Africa che mira a garantire che le zone petrolifere della Nigeria (che in futuro potrebbero costituire 25 per cento dell'insieme del volume di petrolio importato dagli USA) siano sotto il suo controllo„, spiega il generale Charles Wadd, che comanda forze militari americane in Europa in un'intervista al giornalista Greg Jaffe del Wall Street Journal.
Per rassicurare e controllare le vie d'accesso al petrolio - non soltanto per la nazione, ma anche per le compagnie petrolifere - l'amministrazione Bush ha interamente fatto affidamento sulle forze militari.
L'autore Kevin Philips ha forgiato una nuova parola “l’imperialismo petrolifero„ per descrivere le politiche dell'amministrazione Bush in tale ambito, e “l'aspetto determinante e la trasformazione della forza militare USA verso una realtà che mira ad esercitare una forma di protezionismo sull'economia mondiale del petrolio„. Mettendo queste operazioni sotto l'etichetta ‘della guerra al terrorismo ‘, Bush ha realizzato il più grande rafforzamento delle forze militari che sia mai esistito dalla fine della guerra fredda. Se si fa riferimento alla carta delle operazioni del Big Oil oltreatlantico in relazione alle riserve petrolifere restanti nel mondo e delle rotte di trasporto del petrolio, ci si può fare un'idea di questo rafforzamento, e prevedere il futuro dispiegamento di forze militari americane.
L'Africa, che possiede circa 10 per cento delle riserve di petrolio è ormai una zona dove questo rafforzamento del BIG Oil e delle forze militari americane aumenta sempre di più.
Secondo il dipartimento di Stato dell'Energia degli Stati Uniti, tra il 2000 e il 2007, le importazioni USA di petrolio provenienti dall'Africa sono aumentate del 65%, (da 1.6 a 2.7 milioni di barili al giorno). Quest'importazioni hanno messo in evidenza la progressione in percentuale dell'insieme del volume di petrolio importato dagli USA: un aumento che aumenta dal 14.5 per cento nel 2000, al 20 per cento nel 2007. È da prevedere un aumento ulteriore in futuro. Un incremento accoppiato: più gli USA importano petrolio africano, più le loro compagnie aumentano le loro riserve africane e più rafforzano la loro presenza in questo continente. Secondo i dati 2008 di Sec, Chevron, ConocoPhillips e Marathon, tra le altre società americane, rafforzano la loro presenza con nei paesi seguenti: Algeria, Angola, Camerun, Ciad, repubblica del Congo, repubblica democratica del Congo, Guinea equatoriale, Gabon, Libia, Nigeria.
Il segretario del dipartimento di Stato dell'Energia degli Stati Uniti, Samuel Bodman, ha recentemente dichiarato che le società petrolifere americane sperano ulteriormente di allargare le loro operazioni includendo Madagascar, il Benin, Sao Tomé e la Guinea Bissau Si nota che Shell e BP stanno estendendo le loro operazioni - d'altra parte già importanti - in Africa. L'amministrazione Bush ha sempre più implicato il Dipartimento della Difesa per rendere più stabili i governi africani che sostengono la sua amministrazione e le compagnie petrolifere (americane o affiliate) garantendo loro la `docilità ' dei loro popoli. Ha anche ha aumentato le forniture di armi e gli addestramenti militari destinati al continente africano. I destinatari diretti attuali sono i seguenti paesi: Angola, Algeria, Botswana, Ciad, Costa d'Avorio, repubblica del Congo, Guinea equatoriale, Eritrea, Etiopia, Gabon, Kenia, Mali, Mauritania, Niger, Nigeria, Sudan e Uganda.
Il generale James Jones, che comanda l’ Eucom, ha annunciato che i bastiemneti di guerra della marina americana potrebbero diminuire le loro visite in Mediterraneo e “passare più tempi a solcare le coste occidentali dell'Africa„. Nella base della legione straniera francese di Campo Lemonier, a Gibuti, i soldati americani, che sono collegati alla task force del corno dell'Africa, “si sentono come a casa propria”. Il Comando di Africom ha, attualmente, il suo quartiere generale in Germania, ma prevede “di stabilizzare la sua presenza„ nel continente africano. Esistono molte opzioni per l'impianto di basi militari americane, di cui una che consisterebbero nell’installare una base navale ed un porto nella piccola isola di Sao Tome sulla costa del Gabon in Africa occidentale. Il Pentagono prevede la possibilità di installare nuove basi in Senegal, Ghana e Mali. Le compagnie petrolifere americane hanno utilizzato il contributo delle forze militari e di sicurezza africane per salvaguardare i loro interessi. Sarebbe più onesti da parte loro che il controllo di tali operazioni sia più trasparente.
Gli USA sono impegnati in una guerra per il petrolio in Iraq e le loro forze armate ne sono consapevoli. John Abizaid, generale in pensione del Comando centrale e delle operazioni militari in Iraq, ha dichiarato che lo scopo della guerra “è senza ombra di un dubbio il controllo del petrolio (giacimenti d' idrocarburi)„. Il problema che si profila, sul modello del caso iracheno, deriva della massiccia presenza militare americana che contribuirà a peggiorare l’attuale drammatica situazione, e che causerà un'ostilità interna, un'instabilità nazionale ed una rabbia verso gli Stati Uniti.

samedi, 20 septembre 2008

Les oppositions américaines à Roosevelt

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Les oppositions américaines à la guerre de Roosevelt

 

 

Robert STEUCKERS

 

Analyse : Ronald RADOSH, Prophets on the Right. Profiles of Conservative Critics of American Globalism, Free Life Editions, New York, 1975 (ISBN : 0-914156-22-5).

 

L’histoire des oppositions américaines à la seconde guerre mondiale est très intéressante. Elle nous initie aux idées des isolationnistes et neutralistes des Etats-Unis, seuls alliés objectifs et fidèles que nous pouvons avoir Outre-Atlantique, mis à part, bien en­tendu, les patriotes d’Amérique hispanique.

 

Aborder ce sujet implique de formuler quelques remarques préliminaires.

-          L’histoire contemporaine est é­valuée sous l’angle d’une propa­gande. Laquelle ? Celle qui a été orchestrée par les bellicistes a­mé­ricains, regrou­pés autour du Président Roosevelt. La tâche de l’his­toire est donc de retrouver la réalité au-delà du rideau de fumée propagandiste.

-          L’histoire contemporaine est dé­terminée par la perspective roose­veltienne où

a)       les Etats-Unis sont l’avant-gar­de, la terre d’élection de la liber­té et de la démocratie ;

b)       les Etats-Unis doivent agir de fa­çon à ce que le monde s’ali­gne sur eux.

c)       Via leur idéologie messianique, interventionniste et mondialiste, les Etats-Unis se posent comme le bras armé de Yahvé, sont appelés à unir le monde sous l’au­torité de Dieu. Leur président est le vicaire de Yahvé sur la Terre (et non plus le Pape de Rome).

 

Mais, pour s’imposer, cette idéologie messianique, interventionniste et mon­dia­liste a eu des ennemis inté­rieurs, des adversaires isolationnistes, neutralistes et différentialistes. En effet, dans les années 30, 40 et 50, deux camps s’affron­taient aux Etats-Unis. En langage actualisé, on pourrait dire que les partisans du « village universel » se heurtaient aux partisans de l’ « au­to-centrage ».

 

Quels ont été les adversaires du mon­­dialisme de Roosevelt, outre le plus célèbre d’entre eux, le pilote Lind­­bergh, vainqueur de l’Atlan­tique. Nous en étudierons cinq :

1)       Oswald Garrison VILLARD, é­di­teur du journal Nation, ancré à gauche, libéral et pacifiste.

2)       John T. FLYNN, économiste et éditorialiste de New Republic, é­galement ancré à gauche.

3)       Le Sénateur Robert A. TAFT de l’Ohio, chef du Parti Républicain, surnommé « Mr. Republican».

4)       Charles A. BEARD, historien pro­­gressiste.

5)       Lawrence DENNIS, intellectuel éti­queté « fasciste », ancien di­plo­mate en Amérique latine, no­tamment au Nicaragua et au Pérou.

 

Tous ces hommes avaient une biographie, un passé très différent. Dans les années 38-41, ils étaient tous iso­lationnistes. Dans les années 43-50, ils sont considérés com­me « con­ser­vateurs » (c’est-à-dire adversaires de Roosevelt et de l’al­liance avec l’URSS) ; de 1948 à 1953, ils refusent la logique de la Guerr­e Froide (dé­fendue par la gauche sociale-dé­mo­crate après guerre).

 

Pourquoi cette évolution, qu’on ne comprend plus guère aujourd’hui ?

-          D’abord parce que la gauche est favorable au « globa­lis­me » ; à ses yeux les isolation­nistes sont passéistes et les interventionnistes sont inter­natio­nalistes et « progres­sis­tes ».

-          Dans le sillage de la Guerre du Vietnam (autre guerre interventionniste), la gauche a changé de point de vue.

 

En effet, l’interventionnisme est synonyme d’impérialisme (ce qui est moralement condamnable pour la gauche hostile à la Guerre du Vietnam). L’isolationnisme relève du non-impérialisme américain, de l’anti-colonialisme officiel des USA, ce qui, dans le contexte de la Guerre du Vietnam, est moralement acceptable. D’où la gauche militante doit renouer avec une pensée anti-impérialiste. La morale est du côté des isolationnistes, même si un Flynn, par exemple, est devenu macchartyste et si Dennis a fait l’apologie du fascisme. Examinons les idées et les arguments de chacun de ces cinq isolationnistes.

 

Charles A. BEARD

 

Charles A. Beard est un historien qui a écrit 33 livres et 14 essais importants. Sa thèse centrale est celle du « déterminisme économique » ; elle prouve qu’il est un homme de gauche dans la tradition britannique de Mill, Bentham et du marxisme modéré. La structure politique et juridique, pour Beard, dérive de la stratégie économique. La complexification de l’éco­nomie implique une complexification du jeu politique par multiplication des acteurs. La Constitution et l’appareil légal sont donc le reflet des desidera­ta des classes dirigeantes. La complexification postule ensuite l’in­tro­duc­tion du suffrage universel, pour que la complexité réelle de la société puisse se refléter correcte­ment dans les re­pré­sentations.

 

Beard sera dégoûté par la guerre de 1914-18.

1.        Les résultats de cette guerre sont contraires à l’idéalisme wilsonien, qui avait poussé les Etats-Unis à intervenir. Après 1918, il y a davantage de totalitarisme et d’autoritarisme dans le monde qu’auparavant. La première guerre mondiale se solde par un recul de la démocratie.

2.        Ce sont les investissements à l’étranger (principalement en France et en Grande-Bre­ta­gne) qui ont poussé les Etats-Unis à intervenir (pour sauver leurs clients de la défaite).

3.        D’où le véritable remède est celui de l’autarcie continentale (continentalism).

4.        Aux investissements à l’étran­ger, il faut opposer, dit Beard, des investissements intérieurs. Il faut une planification natio­nale. Il faut construire une bonne infrastructure routière aux Etats-Unis, il faut aug­menter les budgets pour les écoles et les universités. Pour Beard, le planisme s’oppose au militarisme. Le militarisme est un messianisme, essen­tiel­le­ment porté par la Navy League, appuyée jadis par l’Amiral Mahan, théoricien de la thalassocratie. Pour Beard, l’US Army ne doit être qu’un instrument défensif.

 

Beard est donc un économiste et un théoricien politique qui annonce le New Deal de Roosevelt. Il est donc favorable au Président américain dans un premier temps, parce que celui-ci lance un gigantesque plan de travaux d’intérêt public. Le New Deal, aux yeux de Beard est une restructuration complète de l’économie domestique américaine. Beard raisonne comme les continentalistes et les autarcistes européens et japonais (notamment Tojo, qui parle très tôt de « sphère de co-prospérité est-asiatique »). En Allemagne, cette restructuration autarcisante préconisée par le pre­mier Roosevelt suscite des enthousiasmes et apporte de l’eau au mou­lin des partisans d’un nouveau dialogue germano-américain après 1933.

 

Le programme « Big Navy »

 

Mais Roosevelt ne va pas pouvoir appliquer son programme, parce qu’il rencontrera l’opposition des milieux bancaires (qui tirent plus de dividendes des investissements à l’étranger), du complexe militaro-in­dustriel (né pendant la première guerre mondiale) et de la Ligue Na­vale. Pour Beard, le programme « Big Navy » trahit l’autarcie promise par le New Deal.

 

Le programme « Big Navy » provoquera une répétition de l’histoire. Roosevelt prépare la guerre et la militarisation des Etats-Unis, déplo­re Beard. En 1934, éclate le scandale Nye. Une enquête menée par le Sénateur Gerald Nye prouve que le Président Wilson, le Secrétaire d’Etat Lansing et le Secrétaire d’Etat au Trésor Gibbs McAdoo, le Colonel House et les milieux bancaires (notamment la J.P. Morgan & Co) ont délibérément poussé à la guerre pour éviter une crise, une dépression. Résultat : cette dépres­sion n’a été postposée que de dix ans (1929). Donc la politique raison­nable serait de décréter un em­bargo général à chaque guerre pour que les Etats-Unis ne soient pas entraînés aux côtés d’un des belligérants.

 

En 1937, Roosevelt prononce son fameux « Discours de Quarantai­ne », où il annonce que Washington mettra les « agresseurs » en quarantaine. En appliquant pré­ventivement cette mesure de ré­torsion aux seuls agresseurs, Roo­sevelt opère un choix et quitte le terrain de la neutralité, constate Beard. En 1941, quand les Japonais attaquent Pearl Harbour, le matin du 7 décembre 1941, Beard révèle dans la presse que Roosevelt a délibérément obligé le Japon à commettre cet irréparable acte de guerre. De 1941 à 1945, Beard ad­mettra la nature « expansion­niste » de l’Allemagne, de l’Italie et du Ja­pon, mais ne cessera d’exhorter les Etats-Unis à ne pas suivre cet ex­emple, parce que les Etats-Unis sont « self-suffisant » et que l’a­gressivité de ces Etats n’est pas directement dirigée contre eux. Ensuite, deuxième batterie d’argu­ments, la guerre désintègre les institutions démocratiques améri­cai­nes. On passe d’une démocratie à un césarisme à façade dé­mo­cratique.

 

Beard accuse le gouvernement américain de Roosevelt de chercher à entrer en guerre à tout prix contre le Japon et l’Allemagne. Son accusation porte notamment sur quatre faits importants :

1.        Il dénonce l’échange de destroyers de fabrication américaine contre des bases militaires et navales anglaises dans les Caraïbes et à Terre-Neuve (New Foundland).

2.        Il dénonce la « Conférence de l’Atlantique », tenue entre le 9 et le 12 août 1941 entre Churchill et Roosevelt. Elles ont débouché sur un acte de guerre au détriment du Portugal neutre : l’occupation des Açores par les Américains et les Britanniques.

3.        Il dénonce l’incident de septembre 1941, où des navires allemands ripostent aux tirs de l’USS Greer. Beard prétend que Roosevelt monte l’incident en épingle et il appuie son argumentation sur le rapport de l’Amiral Stark, prouvant l’inter­vention du navire aux côtés des Anglais.

4.        En octobre 1941, un incident similaire oppose des bâtiments de la Kriegsmarine à l’USS Kearny. Roosevelt amplifie l’événement avec l’appui des médias. Beard rétorque en s’appuyant sur le rapport du Secrétaire de la Navy Knox, qui révèle que le navire américain a pris une part active aux combats opposants bâtiments anglais et allemands.

 

Une stratégie de provocation

 

Beard conclut que la stratégie de Roosevelt cherche à provoquer dé­libérément un incident, un casus belli. Cette attitude montre que le Président ne respecte pas les institutions américaines et ne suit pas la voie hiérarchique normale, qui passe par le Congrès. La dé­mo­cratie américaine n’est plus qu’une façade : l’Etat US est devenu cé­sa­riste et ne respecte plus le Con­grès, organe légitime de la nation.

 

Il est intéressant de noter que la gauche américaine récupèrera Beard contre Johnson pendant la guerre du Vietnam. De Roosevelt à Johnson, la gauche américaine a en effet changé du tout au tout, modifié de fond en comble son argumentation ; elle était favorable à Roosevelt parce qu’il était l’im­pulseur du New Deal, avec toutes ses facettes sociales et dirigistes, et qu’il fut le leader de la grande guerre « anti-fasciste ». Elle cesse de soutenir l’option présidentialiste contre le démocrate Johnson, redevient favorable au Con­grès, parce qu’elle s’oppose à la guerre du Vietnam et à l’emprise des lob­bies militaro-industriels. En fait, la gauche américaine avouait dans les années 60 qu’elle avait été autoritaire, bouclier de l’autocratie rooseveltienne et anti-parlemen­taire (tout en reprochant aux fas­cistes de l’être !). Pire, la gauche avouait qu’elle avait été « fasciste » par « anti-fascisme » !

 

Dans une première phase donc, la gauche américaine avait été interventionniste. Dans une seconde, elle devient isolationniste. Cette contradiction s’est (très) partiellement exportée vers l’Europe. Cette mutation, typiquement américaine, fait la spécificité du paysage politique d’Outre-Atlantique.

 

Mettre le Japon au pied du mur…

 

Intéressantes à étudier sont également les positions de Beard sur la guerre américaine contre le Japon. Beard commence par constater que le Japon voulait une « sphère de co-prospérité est-asiatique », incluant la Chine et étendant l’in­fluence japonaise profondément dans le territoire de l’ex-Céleste Empire. Pour cette raison, croyant contrarier l’expansion nippone, Roo­sevelt organise l’embargo con­tre le Japon, visant ainsi son asphyxie. En pratiquant une telle politique, le Président américain a mis le Japon au pied du mur : ou périr lentement ou tenter le tout pour le tout. Le Japon, à Pearl Harbour, a choisi le deuxième terme de l’alternative. L’enjeu de la guerre américano-japonaise est donc le marché chinois, auquel les Etats-Unis ont toujours voulu avoir un accès direct. Les Etats-Unis veulent une politique de la « porte ouverte » dans toute l’Asie, comme ils avaient voulu une politique iden­tique en Allemagne sous Weimar. Dans la polémique qui l’op­pose à Roosevelt, Beard se range du côté de Hoover, dont la critique à du poids. Beard et Hoover pensent que l’action du Japon en Chine n’enfreint nullement la sou­veraineté nationale américaine, ni ne nuit aux intérêts des Etats-Unis. Ceux-ci n’ont pas à s’inquié­ter : ja­mais les Japonais ne par­viendront à japoniser la Chine.

 

Après la deuxième guerre mondia­le, Beard ne cessera de s’opposer aux manifestations de bellicisme de son pays. Il critique la politique de Truman. Il refuse la bipolarisation, telle qu’elle s’incruste dans les ma­chines propagandistes. Il critique l’intervention américaine et britanni­que en Grèce et en Turquie. Il critique la recherche d’incidents en Méditerranée. Il rejette l’esprit de « croisade », y compris quand il vise le monde communiste.

 

En conclusion, Beard est resté pen­dant toute sa vie politique un par­tisan de l’autarcie continentale amé­ricaine et un adversaire résolu du messianisme idéologique. Beard n’était ni anti-fasciste ni anti-com­muniste : il était un autarciste amé­ricain. L’anti-fascisme et l’anti-com­munisme sont des idées internationalistes, donc désincarnées et ir­réalistes.

 

Oswald Garrison VILLARD

 

Né en 1872, Oswald Garrison Vil­lard est un journaliste new-yorkais très célèbre, offrant sa prose pré­cise et claire à deux journaux, Post et Nation, propriétés de son père. L’arrière-plan idéologique de Villard est le pacifisme. Il se fait membre de la Ligue anti-impérialiste dès 1897. En 1898, il s’oppose à la guerre contre l’Espagne (où celle-ci perd Cuba et les Philippines). Il estime que la guerre est incom­patible avec l’idéal libéral de gau­che. En 1914, il est l’un des prin­cipaux avocats de la neutralité. De 1915 à 1918, il exprime sa déception à l’égard de Wilson. En 1919, il s’insurge contre les clauses du Trai­té de Versailles : la paix est in­ju­ste donc fragile, car elle sanction­ne le droit du plus fort, ne cesse-t-il de répéter dans ses colonnes. Il s’oppose à l’inter­ven­tion américaine contre la Russie so­viétique, au mo­ment où Wa­shing­ton débarque des troupes à Arkhan­gelsk. De 1919 à 1920, il se félicite de l’éviction de Wilson, de la non-adhésion des Etats-Unis à la SdN. Il apporte son soutien au néo-isolationnisme.

 

De 1920 à 1930, Villard modifie sa philosophie économique. Il évolue vers le dirigisme. En 1924, il soutient les initiatives du populiste La­Follette, qui voulait que soit inscrite dans la constitution américaine l’obligation de procéder à un réfé­ren­dum avant toute guerre voire avant toute opération militaire à l’étranger. Villard souhaite également la création d’un « Third Par­ty », sans l’étiquette socialiste, mais dont le but serait d’unir tous les progressistes.

 

En 1932, Franklin Delano Roosevelt arrive au pouvoir. Villard salue cette accession à la présidence, tout comme Beard. Et comme Beard, il rompra plus tard avec Roo­sevelt car il refusera sa politique extérieure. Pour Villard, la neutralité est un principe cardinal. Elle doit être une obligation (compulsory neutrality). Pendant la Guerre d’Espagne, la gauche (dont son journal Nation, où il devient une exception) soutient les Républicains espagnols (comme Vandervelde au POB). Lui, imperturbable, plaide pour une neutralité absolue (comme Spaak et De Man au POB). La gauche et Roosevelt veu­lent décréter un embargo contre les « agresseurs ». Villard, à l’instar de Beard, rejette cette position qui in­terdit toute neutralité absolue.

 

Plus de pouvoir au Congrès

 

Les positions de Villard permettent d’étudier les divergences au sein de la gauche américaine. En effet, dans les années 30, le New Deal s’avère un échec. Pourquoi ? Parce que Roosevelt doit subir l’oppo­si­tion de la « Cour Suprême » (CS), qui est conservatrice. Villard, lui, veut donner plus de pouvoir au Congrès. Comment réagit Roosevelt ? Il augmente le nombre de juges dans la CS et y introduit ainsi ses créatures. La gauche applaudit, croyant ainsi pouvoir réaliser les promesses du New Deal. Villard refuse cet expédient car il conduit au césarisme. La gauche reproche à Villard de s’allier aux conservateurs de la CS, ce qui est faux puisque Villard avait suggéré d’aug­menter les prérogatives du Con­grès.

 

Dans cette polémique, la gauche se révèle « césariste » et hostile au Con­grès. Villard reste fidèle à une gauche démocratique et parlemen­taire, pacifiste et autarciste. Villard ne « trahit » pas. Ce clivage conduit à une rupture entre Villard et la ré­daction de Nation, désormais dirigée par Freda Kirchwey. En 1940, Villard quitte Nation après 46 ans et demi de bons et loyaux services, accusant Kirchwey de « pro­stituer » le journal. Cette « pro­stitution » con­siste à rejeter le principe autarcique et à adhérer à l’universalisme (messianique). Villard va alors con­tre-attaquer :

1.        Il va rappeler qu’il est un avo­cat du Congrès, donc qu’il est démocrate et non philo-fasci­ste.

2.        Il va également rappeler qu’il s’est opposé aux conservateurs de la CS.

3.        Il va affirmer que c’est l’ama­teurisme de Roosevelt qui a conduit le New Deal à l’échec.

4.        Il démontre qu’en soutenant Roosevelt, la gauche devient « fasciste » parce qu’elle con­tribue à museler le Congrès.

 

Ni le Japon ni l’Allemagne n’en veulent aux Etats-Unis, écrit-il, donc nul besoin de leur faire la guerre. L’objectif raisonnable à pour­suivre, répète-t-il, est de juxtaposer sur la planète trois blocs modernes autarciques et hermétiques : l’Asie sous la direction du Japon, l’Europe et l’Amérique. Il re­joint l’America-First-Committee qui affirme que si les Etats-Unis interviennent en Asie et en Europe, le chaos s’étendra sur la Terre et les problèmes non résolus s’ac­cu­mu­leront.

 

Villard n’épargnera pas la politique de Truman et la criblera de ses cri­ti­ques. Dans ses éditoriaux, Tru­man est décrit comme un « po­li­ti­cien de petite ville incompétent », monté en épingle par Roosevelt et sa « clique ». Villard critiquera le bom­bardement atomique de Hiro­shima et de Nagasaki. Il s’opposera au Tribunal de Nuremberg, aux Amé­ricains cherchant à favoriser la mainmise de la France sur la Sarre, à tous ceux qui veulent morceler l’Allemagne. Villard sera ensuite un adversaire de la Guerre Froide, s’in­surgera contre la partition de la Corée et contre la création de l’OTAN.

 

Robert A. TAFT

 

Le père de Robert A. Taft fut pendant un moment de sa vie Président de la CS. Le milieu familial était celui des Républicains de vieil­le tradition. Robert A. Taft exerce ses premières activités po­litiques dans le sillage de Herbert Hoover et collabore à son « Food Programm ». En 1918, il est élu en Ohio. En 1938, il devient Sénateur de cet Etat. Dès cette année, il s’engage à fond dans le combat pour la « non-intervention ». Toute politique, selon lui, doit être défensive. Il fustige les positions « idéa­listes » (c’est-à-dire irréalistes), des messianistes démocrates. « Il faut défendre du concret et non des abstractions », tel est son leitmotiv. La guerre, dit-il, conduirait à museler le Congrès, à faire reculer les gouvernements locaux, à renforcer le gouvernement central. Même si l’Allemagne gagne, argumente-t-il, elle n’attaquera pas les Etats-Unis et la victoire éventuelle du Reich n’arrêterait pas les flux commerciaux. D’où, affirme Taft, il faut à tout prix renforcer le « Neutrality Act », empêcher les navires américains d’entrer dans les zones de combat, éviter les incidents et décréter un embargo général, mais qui permet toutefois le système de vente « cash-and-carry » (« payer et emporter »), à appliquer à tous les belligérants sans restriction. Taft est réaliste : il faut vendre tous les produits sans exception. Nye, Sénateur du North Dakota, et Whee­ler, Sénateur du Montana, veulent un embargo sur les munitions, les armes et le coton.

 

« Lend-Lease » et « cash-and-carry »

 

Taft ne sera pas candidat républicain aux élections présidentielles car l’Est vote contre lui ; il ne bénéficie que de l’appui de l’Ouest, hostile à la guerre en Europe. Il s’opposera à la pratique commerciale du « Lend-Lease », car cela implique d’envoyer des convois dans l’Atlantique et provoque immanquablement des incidents. En juillet 1941, la nécessité de protéger les convois aboutit à l’occu­pation de l’Islande. Taft formule une contre-proposition : au « Lend-Lea­se », il faut substituer le « cash-and-carry », ce qui n’empêche nul­le­ment de produire des avions pour la Grande-Bretagne. En juin 1941, la gauche adhère à une sorte de front international anti-fasciste, à l’instigation des communistes (vi­sibles et camouflés). Taft maintient sa volonté de neutralité et constate que la majorité est hostile à la guerre. Seule une minorité de financiers est favorable au conflit. Taft martèle alors son idée-force : le peuple travailleur de l’Ouest est manipulé par l’oligarchie financière de l’Est.

 

Dans le cadre du parti Républicain, Taft lutte également contre la fraction interventionniste. Son adversaire principal est Schlesinger qui prétend que les isolationnistes provoquent un schisme à l’intérieur du parti, qui risque de disparaître ou d’être exclu du pouvoir pendant longtemps. Dans cette lutte, que s’est-il passé ? Les interventionnistes républicains, rangés derrière Wendell Willkie, chercheront l’al­lian­ce avec la droite démocratique de Roosevelt, pour empêcher les Républicains de revenir au pouvoir. De 1932 à 1948, les Républicains seront marginalisés. Une telle con­figuration avait déjà marqué l’his­toire américaine : le schisme des Whigs en 1858 sur la question de l’esclavage (qui a débouché ensuite sur la Guerre de Sécession).

 

Pour Schlesinger, les capitalistes, les conservateurs et la CS sont hostiles à Roosevelt et au New Deal, qu’ils estiment être une forme de socialisme. Taft rétorque que les ploutocrates et les financiers se sont alliés aux révolutionnaires, hostiles à la CS, car celle-ci est un principe étatique éternel, servant la cause du peuple, celui de la majorité généralement silencieuse. Les ploutocrates sont favorables au bel­licisme de Roosevelt, parce qu’ils espèrent conquérir des marchés en Europe, en Asie et en Amé­rique la­tine. Telle est la raison de leur bell­i­cisme.

 

Tant Schlesinger que Taft rejettent la responsabilité sur les capitalistes ou les financiers (les « plouto­cra­tes » comme on disait à l’époque). La différence, c’est que Schlesinger dénonce comme capitalisme le ca­pital producteur enraciné (investis­se­ments), alors que Taft dénonce le capital financier et vagabond (non-investissement).

 

Contre l’idée de « Croisade »

 

Quand les Japonais bombardent Pearl Harbour le 7 décembre 1941 et y détruisent les bâtiments de guerre qui s’y trouvent, la presse, unanime, se moque de Taft et de ses principes neutralistes. La stratégie japonaise a été de frapper le port hawaïen, où ne stationnaient que de vieux navires pour empêcher la flotte de porter secours aux Philippines, que les Japonais s’apprêtaient à envahir, avant de foncer vers les pétroles et le caoutchouc indonésiens. Taft rétorque qu’il aurait fallu négocier et accuse Roosevelt de négligence tant aux Iles Hawaï qu’aux Philippines. Il ne cesse de critiquer l’idée de croisade. Pourquoi les Etats-Unis se­raient-ils les seuls à pouvoir dé­clencher des croisades ? Pourquoi pas Staline ? Ou Hitler ? L’idée et la pratique de la « croisade » con­duit à la guerre perpétuelle, donc au chaos. Taft dénonce ensuite comme aberration l’alliance entre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’URSS (chère à Walter Lipp­mann). A cette alliance, il faut sub­stituer des plans régionaux, regrou­per autour de puissances hé­gé­mo­niques les petits Etats trop faibles pour survivre harmonieusement dans un monde en pleine mutation d’échelle.

 

Taft s’opposera à Bretton Woods (1944), aux investissements massifs à l’étranger et à la création du FMI. Il manifestera son scepticisme à l’endroit de l’ONU (Dumbarton Oaks, 1944). Il y est favorable à condition que cette instance devienne une cour d’arbitrage, mais refuse tout renforcement de l’idéo­logie utopiste. Après la guerre Taft s’opposera à la Doctrine Truman, à la création de l’OTAN, au Plan Marshall et à la Guerre de Corée. En 1946, Churchill prononce sa phrase célèbre (« Nous avons tué le mauvais cochon », celui-ci étant Hitler, le « bon cochon » sous-entendu et à tuer étant Staline) et déplore qu’un « rideau de fer » soit tombé de Stettin à l’Adriatique, plongeant l’Ostmitteleuropa dans des « régimes policiers ». Taft, conservateur « vieux-républicain », admet les arguments anti-com­mu­nistes, mais cette hostilité légitime sur le plan des principes ne doit pas conduire à la guerre dans les faits.

 

Taft s’oppose à l’OTAN parce qu’elle est une structure interventionniste, contraire aux intérêts du peuple américain et aux principes d’arbitrage qui devraient être ceux de l’ONU. En outre, elle sera un gouffre d’argent. Vis-à-vis de l’URSS, il modifie quelque peu son jugement dès que Moscou se dote de la Bombe A. Il appuie toutefois Joe Kennedy (père de John, Robert/Bob et Ted) quand celui-ci réclame le retrait des troupes américaines hors de Corée, de Berlin et d’Europe. Taft est immédiatement accusé de « faire le jeu de Moscou », mais il reste anti-com­muniste. En réalité, il demeure fi­dè­le à ses positions de départ : il est un isolationniste américain, il con­sta­te que le Nouveau Monde est sé­paré de l’Ancien et que cette sé­paration est une donnée naturelle, dont il faut tenir compte.

 

John T. FLYNN

 

John T. Flynn peut être décrit com­me un « New Dealer » déçu. Beard et Villard avaient également ex­pri­mé leurs déceptions face à l’échec de la restructuration par Roosevelt de l’économie nord-américaine. Flynn dénonce très tôt la démarche du Président consistant à se don­ner des « ennemis mythique » pour dévier l’attention des échecs du New Deal. Il critique la mutation des communistes américains, qui deviennent bellicistes à partir de 1941. Les communistes, dit-il, tra­hissent leurs idéaux et utilisent les Etats-Unis pour faire avancer la politique soviétique.

 

Flynn était proche malgré lui des milieux fascisants (et folkloriques) américains (Christian Front, German-American Bund, l’American Destiny Party de Joseph McWilliams, un antisémite). Mais le succès de Lindbergh et de son America-First-Committee l’intéresse. Après la guerre, il critiquera les positions de la Fabian Society (qu’il qualifie de « socialisme fascisant ») et plai­dera pour un gouvernement po­pulaire, ce qui l’amène dans le silla­ge de McCarthy. Dans cette opti­que, il fait souvent l’équation « com­­munisme = administration », arguant que l’organisation de l’ad­ministration aux Etats-Unis a été introduite par Roosevelt et para­chevée par Truman. Mais, malgré cette proximité avec l’anti-commu­nisme le plus radical, Flynn reste hostile à la guerre de Corée et à toute intervention en Indochine, con­tre les communistes locaux.

 

Lawrence DENNIS

 

Né en 1893 à Atlanta en Géorgie, Lawrence Dennis étudie à la Philips Exeter Academy et à Harvard. Il sert son pays en France en 1918, où il accède au grade de lieutenant. Après la guerre, il entame une carrière de diplomate qui l’emmène en Roumanie, au Honduras, au Ni­caragua (où il observe la rébellion de Sandino) et au Pérou (au moment où émerge l’indigénisme pé­ru­vien). Entre 1930 et 1940, il joue un rôle intellectuel majeur. En 1932, paraît son livre Is Capitalism Doomed ? C’est un plaidoyer planiste, contre l’extension démesurée des crédits, contre l’exportation de capitaux, contre le non-investis­se­ment qui préfère louer l’argent que l’investir sur place et génère ainsi le chômage. Le programme de Dennis est de forger une fiscalité cohérente, de poursuivre une politique d'investissements créateurs d’em­ploi et de développer une autarcie américaine. En 1936, un autre ou­vra­ge suscite le débat : The Coming American Fascism. Ce livre con­state l’échec du New Deal, à cause d’une planification déficiente. Il constate également le succès des fascismes italien et allemand qui, dit Dennis, tirent les bonnes con­clusions des théories de Keynes. Le fascisme s’oppose au communisme car il n’est pas égalitaire et le non-égalitarisme favorise les bons techniciens et les bons gestionnaires (les « directeurs », dira Burnham).

 

Il y a une différence entre le « fas­cis­me » (planiste) tel que le définit Den­nis et le « fascisme » roose­vel­tien que dénoncent Beard, Villard, Flynn, etc. Ce césaris­me/fas­­cisme roo­seveltien se dé­ploie au nom de l’anti-fascisme et agresse les fascismes européens.

 

En 1940, un troisième ouvrage de Dennis fait la une : The Dynamics of War and Revolution. Dans cet ouvrage, Dennis prévoit la guerre, qui sera une « guerre réactionnaire ». Dennis reprend la distinction des Corradini, Sombart, Haushofer et Niekisch, entre « nations prolétariennes » et « nations capita­listes » (haves/havenots). La guer­re, écrit Dennis, est la réaction des nations capitalistes. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, nations ca­pi­talistes, s’opposeront à l’Alle­magne, l’Italie et l’URSS, nations prolétariennes (le Pacte germano-soviétique est encore en vigueur et Dennis ignore encore qu’il sera dissous en juin 1941). Mais The Dynamics of War and Revolution constitue surtout une autopsie du monde capitaliste américain et occi­dental. La logique capitaliste, explique Dennis, est expansive, elle cherche à s’étendre et, si elle n’a pas ou plus la possibilité de s’é­ten­dre, elle s’étiole et meurt. D’où le capitalisme cherche constamment des marchés, mais cette recherche ne peut pas être éternelle, la Terre n’étant pas extensible à l’infini. Le capitalisme n’est possible que lors­qu’il y a expansion territoriale. De là, naît la logique de la « frontière ». Le territoire s’agrandit et la population augmente. Les courbes de profit peuvent s’accroître, vu la né­ces­sité d’investir pour occuper ou coloniser ces territoires, de les équiper, de leur donner une infrastructure, et la nécessité de nourrir une population en phase d’explo­sion démographique. Historiquement parlant, cette expansion a eu lieu entre 1600 et 1900 : les peuples blancs d’Europe et d’Amérique avaient une frontière, un but à at­teindre, des territoires à défricher et à organiser. En 1600, l’Europe in­vestit le Nouveau Mon­de ; de 1800 à 1900, les Etats-Unis ont leur Ouest ; l’Europe s’étend en Afrique.

 

L’ère capitaliste est terminée

 

Conclusion de Dennis : l’ère capitaliste est terminée. Il n’y aura plus de guerres faciles possibles, plus d’injection de conjoncture par des expéditions coloniales dotées de faibles moyens, peu coûteuses en matières d’investissements, mais rapportant énormément de dividendes. Cette impossibilité de nouvelles expansions territoriales explique la stagnation et la dépression. Dès lors, quatre possibilités s’offrent aux gouvernants :

1.        Accepter passivement la sta­gnation ;

2.        Opter pour le mode communis­te, c’est-à-dire pour la dicta­ture des intellectuels bourgeois qui n’ont plus pu accé­der au capitalisme ;

3.        Créer un régime directorial, corporatiste et collectiviste, sans supprimer l’initiative pri­vée et où la fonction de con­trôle politique-étatique con­siste à donner des directives efficaces ;

4.        Faire la guerre à grande é­chelle, à titre de palliatif.

 

Dennis est favorable à la troisième solution et craint la quatrième (pour laquelle opte Roosevelt). Dennis s’oppose à la seconde guerre mon­diale, tant dans le Pacifique que sur le théâtre européen. Plus tard, il s’opposera aux guerres de Corée et du Vietnam, injections de con­jonc­ture semblables, visant à dé­truire des matériels pour pouvoir en reconstruire ou pour amasser des dividendes, sur lesquels on spéculera et que l’on n’investira pas. Pour avoir pris de telles positions, Dennis sera injurié bassement par la presse du système de 1945 à 1955, mais il continue imperturbablement à affiner ses thèses. Il commence par réfuter l’idée de « péché » dans la pratique politique internationale : pour Dennis, il n’y a pas de « péché fasciste » ou de « péché communiste ». L’obsession américaine de pratiquer des politiques de « portes ouvertes » (open doors policy) est un euphémisme pour désigner le plus implacable des impérialismes. La guerre froide implique des risques énormes pour le monde en­tier. La guerre du Vietnam, son en­lisement et son échec, montrent l’inutilité de la quatrième solution. Par cette analyse, Dennis a un impact incontestable sur la pensée contestatrice de gauche et sur la gauche populiste, en dépit de son étiquette de « fasciste ».

 

En 1969, dans Operational Thinking for Survival, Dennis offre à ses lecteurs sa somme finale. Elle con­siste en une critique radicale de l’A­merican Way of Life.

 

Conclusion

 

Nous avons évoqué cinq figures d’opposants américains à Roosevelt. Leurs arguments sont similaires, en dépit de leurs diverses provenances idéologiques et politiques. Nous aurions pu comparer leurs positions à celles de dissidents américains plus connus en Europe comme Lindbergh ou Ezra Pound, ou moins connus comme Hamilton Fish. Nous aurions pu également analyser les travaux de Hoggan, historien contemporain non conformiste, soulignant les res­ponsabilités britanniques et américaines dans le deuxième conflit mon­dial et exposant minutieux des positions de Robert LaFollette. En­fin, nous aurions pu analyser plus en profondeur l’a­venture politique de cet homme politique populiste des années 20, leader des « pro­gres­sistes ». Leur point commun à tous : la volonté de maintenir une ligne isolationniste, de ne pas inter­venir hors du Nouveau Monde, de maximiser le dé­veloppement du territoire des Etats-Unis. 80% de la population les a suivis. Les intellectuels étaient partagés.

 

L’aventure de ces hommes nous montre la puissance de la manipulation médiatique, capable de re­tour­ner  rapidement l’opinion de 80% de la population américaine et de les entraîner dans une guerre qui ne les concernait nullement. Elle démontre aussi l’impact des principes autarciques, devant con­duire à une juxtaposition dans la paix de grands espaces autonomi­sés et auto-suffisants. En Europe, ce type de débat est délibérément ignoré en dépit de son ampleur et de sa profondeur, l’aventure intellectuelle et politique de ces Américains non conformistes est désormais inconnue et reste inexplorée.

 

Une étude de cette problématique interdit toute approche manichéen­ne. On constate que dans la gauche américaine (comme dans une certaine droite, celle de Taft, p. ex.), l’hostilité à la guerre contre Hitler et le Japon implique, par une logique implacable et constante, l’hostilité ultérieure à la guerre con­tre Staline, l’URSS, la Corée du Nord ou le Vietnam d’Ho Chi Minh. Dans l’espace linguistique francophone, il semble que les non-con­formismes (de droite comme de gau­che) n’aient jamais tenu compte de l’opposition intérieure à Roosevelt, dont la logique est d’une clarté et d’une limpidité admirables. Navrante myopie politique…

 

Robert STEUCKERS.

(Conférence prononcée à Ixelles à la Tribune de l’EROE en 1986, sous le patronage de Jean E. van der Taelen ; texte non publié jusqu’ici).

dimanche, 14 septembre 2008

Derrière le prétendu impérialisme russe: le pétrole qui sent l'impérialisme américain

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Derrière le prétendu impérialisme russe :

le pétrole qui sent l’impérialisme américain

Comme aux plus belles heures de la guerre du Kosovo, les médias « occidentaux » (c’est-à-dire ceux des pays inféodés à l’Oncle Sam) balancent des images en pagaille aux yeux des spectateurs (des images présentées comme celles de la guerre en Géorgie pourraient venir du Liban que personne ne s’en rendrait compte…), avec la traditionnelle répartition des rôles (Russie = puissance impérialiste cruelle, Géorgie = victime innocente et Etats-Unis/ « Communauté internationale » = grands frères protecteurs) et la scène peut être montée : avec la France dans le rôle pathétique des porteurs de riz et les Etats-Unis dans celui de l’acteur que l’on prend au sérieux, parce qu’il a les moyens de ses ambitions (contrairement au coq tricolore qui a renoncé à toute « ambition »). Il est particulièrement risible d’entendre parler « d’impérialisme » à propos de la Russie alors que la Géorgie (qui souhaite adhérer à l’OTAN) est depuis des années le chien fidèle, pour ne pas dire une colonie, des Etats-Unis (ce qui démontre que l’impérialisme n’est pas tant du côté russe qu’américain). Par ailleurs, le président Bush n’a pas craint le ridicule en appelant au respect le plus solennel de « l’intégrité territoriale » de la Géorgie ; on notera toutefois que le vol du Kosovo et le charcutage de « l’intégrité territoriale » de la Serbie n’ont pas particulièrement troublé le sommeil de la diplomatie US ces derniers mois… Joies et délices de l’hypocrisie américaine.

Derrière les pleurnicheries du président géorgien Mikheïl Saakachvili qui veut faire passer son pays pour la victime d’un nettoyage ethnique façon Darfour (il y a des « nettoyages ethniques » dans tous les conflits de nos jours, c’est merveilleux !) et la promptitude du bon samaritain américain à voler au secours de la Géorgie, il y a la réalité froide et incontournable des intérêts pétroliers américains et de leurs vassaux : en effet la Géorgie est l’intermédiaire entre l’axe atlantique (Etats-Unis/Europe de l’ouest) et les hydrocarbures d’Azerbaïdjan, situation bien pratique qui permet de contourner la Russie pour s’approvisionner en pétrole et ainsi accroître la tutelle américaine sur le continent européen grâce au pion géorgien… D’où l’inquiétude des Américains et de leurs alliés. De l’Irak à la Géorgie : rien de nouveau sous le soleil !

Enfin, dans cette affaire où les peuples des deux côtés de l’Atlantique sont pris pour des imbéciles par leurs élites médiatico-politiques, on remarquera cette propension bien journalistique à parler avec emphase de « communauté internationale » comme pour justifier les ingérences insupportables des élites américaines : la « communauté internationale » intervient ici, la « communauté internationale » fait cela… Et on oublie que derrière cette expression en trompe-l’œil (notion floue, sans aucun fondement juridique) se trouve l’œil de Washington puisque les Etats-Unis ont un poids considérable dans les décisions de l’OTAN (organisation politico-militaire héritée de la guerre froide et alliant les Etats-Unis et l’Europe occidentale pour la défense de cette dernière contre l’URSS). Chose qu’avait compris De Gaulle en retirant la France de sa structure militaire intégrée et de sa direction en 1966, se méfiant des arrières pensées du « grand frère américain ». Leçon oubliée par Nicolas Sarkozy qui annonce en 2008 le retour de l’hexagone dans le commandement intégré de l’OTAN. Attention donc aux termes tarte à la crème tels que « la communauté internationale » qui sous-entend de manière sournoise que la décision prise, parce qu’elle est « internationale », l’a été à l’unanimité ou est le résultat d’un consensus, alors que la plupart du temps ce sont les Etats-Unis qui ont le dernier mot (fait admis de tous).

La réémergence de la Russie sur la scène mondiale, débarrassée des scories du communisme, ardent défenseur du Kosovo serbe, impitoyable envers le terrorisme islamique et décidée à en finir avec la pax americana, devrait plutôt exciter la curiosité et la sympathie des Européens au lieu de se laisser bêtement prendre au piège de l’épouvantail soviétique agité par les Etats-Unis. L’âme de l’Europe, si elle est encore bien vivante, est très forte dans cette Russie orthodoxe fière de ses racines et de son identité.

La construction européenne, pour être crédible, ne peut pas se faire sans la Russie : revenir à la situation de la Guerre froide, avec un bloc américain à l’ouest et une Europe occidentale qui lui est totalement soumise (la seule différence aujourd’hui est que la sphère d’influence américaine s’étend jusqu’aux pays de l’est inclus), et un bloc russe d’autre part, serait, plus qu’un retour en arrière en forme de pied de nez historique, un insupportable gâchis ! Ne ratons pas cette occasion historique.

Julien Langella

 

mardi, 09 septembre 2008

Europa der Völker statt US-Globalisierung

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Europa der Völker statt US-Globalisierung

Gesellschaft für Freie Publizistik (GFP) e. V.

 

Deutscher Kongreß vom 23. bis 25. April 2004

 

DIE NEUE ACHSE – EUROPAS CHANCEN GEGEN AMERIKA

 

Vortrag von Robert STEUCKERS

 

Mein Vortrag hat selbstverständlich eine geopolitische Dimension, aber auch eine geoökonomische, in dem Sinn, daß die grossen Kommunikationswege und –netzwerke auf dem Land oder auf dem Meer oder die Tragweite der modernsten Waffensystemen im heutigen Wettbewerb zwischen Europa und den Vereinigten Staaten eine erhebliche Rolle spielen. Die Weite und der Umfang solcher Wege, Netzwerke, usw., bestimmen ob man in Völker- oder Reichskategorien denken sollte.

 

Wenn von Völkern die Rede ist, muß man wissen worum es geht. Die Völker, in der Zeit der Völkererhebungen im 19. Jahrhundert, haben gegen multiethnische Reiche, die sie als Zwangsjacken empfunden, rebelliert. Ab 1848, rebellierten oder entwickelten eine eigene Identitätsbewegung Polen und Finnen in Rußland, Tschechen und Italiener innerhalb des Hoheitsgebietes der k.u.k-Monarchie, Südslawen und Griechen im Ottomanischen Reich, Iren im Vereinigten Königreich; in Frankreich entwickelten sich die bretonischen oder die provenzalischen (die genannten “Félibriges”) Kulturbewegungen im Sinne einen ausgesprochenen Anti-Zentralismus und Anti-Jakobinismus.

 

Woher kommt diese allgemeine Kulturrevolte? Sie stammt, grob gesagt, aus der Geschichtsphilosophie Johann Gottfried Herders, der feststellte, daß bei jedem Volk, die Sprache, die Literatur, das geschichtliche Gedächtnis, jeweils ein Bündel von Kräften bildeten, die man als Identität anschauen kann. Die Identität ist also volksspezifisch, was impliziert, daß jedes Volk das Recht hat, seine eigene politische Gestalt zu haben, d. h. einen Staat nach seiner Fasson zu bilden. Vorteil davon ist es, daß jedes Volk seine Kräfte und seine Eigenheiten frei entfalten kann. Risiko aber ist es, daß innerhalb einer Völkergemeinschaft bzw eines Kulturkreises, Balkanisierung droht. Herder war bestimmt davon bewußt, da er auch eine Synthese zu entwerfen versuchte, indem er zur Zeit der russichen Kaiserin Catharina II. eine neue politisch-ideologisch-philosophische Gestaltung für den Zwischenraum zwischen Rußland und Deutschland theorisierte. Herder träumte, vom Baltikum bis zur Krim ein neues Griechenland homerischer Prägung entstehen zu lassen. Das Germanische, das Baltische und das Slawische hätten zusammen eine Rückkehr zum ältesten und heroischsten Griechenland versucht,  die auch eine Rückkehr zu den ältesten und erhabenensten Quellen Europas wäre. Heute klingt das selbstverständlich ätherisch und utopisch : davon, und auch vom gesamten Werk Herders, muß man heute ein Grundelement enthalten. Eine Synthese in Europa ist nur möglich, indem man eine Rückkehr zu den urältesten Quellen macht, d. h. eine Rückkehr zu den ersten Grundlagen der europäischen Menschheit, zum Kern unseres eigenen Menschseins, den man ständig aktivieren muß. Archetypen sind Motoren, bewegende Kräfte, die kein Progressivismus auslöschen darf, da anders die Kultur in eine öde Trockenheit erstarrt.

 

Die Nation als Begriff war für Herder eine mehr oder weniger homogene und unveräusserliche Einheit von Ethnizität, Sprache, Literatur, Geschichte und Sitten. Für die französische Revolutionäre war die Nation nicht eine solche Bündelung von objecktiven Tatsachen, sondern bloß die bewaffnete Bevölkerung, egal welche Sprache die Massen sprachen, oder das bewaffnete Demos oder der “Dritte Stand”, den mobilgemacht wurde um die universalistische Republik endlos zu erweitern. Tilo Meyer, in seiner ausgezeichneten Definition der Nation, sagte daß das Ethnos (das Volk in der Herderschen Definition) nicht zur bloßen Verfügung des Demos geraten dürfte, was zur Folge hat, daß man als volksdemokratisch nur die politischen Systeme, die auf Herders Definition der Nation füßen, definieren kann, derweil die anderen Systeme, die vom revolutionären Frankreich stammen und nur das Demos verherrlichen zu ungunsten des Ethnos, gleichschaltend und totalitär sind. Das heutige Multikulti-Projekt ist in diesem Sinn ebenso gleichschaltend und totalitär.

 

Die Mobilisierung der Massen zur Zeit der französischen Revolution hatte selbstverständlich ein unmittelbares militärisches Zweck : den Revolutionsarmeen eine entscheidende Schlagkraft zu geben, um die gut ausgebildeten aber zahlenmäßig geringeren Berufsarmeen Preußens und Österreichs zu zerschlagen. Das ist in Jemmappes und teilweise in Valmy passiert. Die Revolution führte eine neue Kriegsführung ein, die ihr entscheidende Siege versichern konnte. Clausewitz, indem er die Gründe der preußischen Niederlagen erforschte, stellte fest, daß die totale Mobilmachung aller männlichen Kräfte innerhalb eines Staates die einzige mögliche Antwort der Revolution gegenüber war, um die Massen der bewaffneten Soldaten Frankreichs zu überschwemmen statt überschwommen zu werden. Das Beispiel der Bauern Spaniens, wo das ganze Volk sich für die Tradition gegen die Revolution einsetzte, bewies damals, daß auch traditionsorientierte Massen revolutionsinspirierte Massenarmeen zerschlagen oder zermürben könnten. Turnvater Jahn ist also die deutsche Synthese zwischen der Theorie Clausewitz’ und der Praxis der rebellierten Bauern Spaniens. Die Mobilisierung des Volkes erst in Spanien und später in Deutschland machte den Sieg über Napoleon, d. h. über das mechanische Revolutionsprinzip, möglich.

 

Nach dem Wiener Kongreß von 1815 wollten die reaktionären Kräfte die Völker wieder entwaffnen. Die versprochene politische Freiheit wollte das Metternich-Europa rückgängig machen. Aber wenn der Bauer oder der Handwerker Soldat sein sollte, und so den Blutszoll eventuell zahlen, erwirbt er ungezweifelt ein Recht auf Mitbestimmung. Wenn jeder das Recht und die Möglichkeit zu studieren erhält, erhält er auch gleichzeitig ein Recht zumindest geistlich mitzubestimmen, wie die deutschen nationaldemokratischen Burschenschaftler es wollten. Die Studenten rebellierten damals gegen eine Restauration, die die Militärdienstspflicht zwar erhalten wollte aber ohne die politische Freiheit zu gewähren. Ihre Rebellion füßte geistlich auf eine kuriose Mischung zwischen dem Herderschen Begriff der Nation und den mechanischen pseudo-nationalen Idealen der französischen Revolution. In dieser Zeit zwischen Revolution und Restauration, zwischen einem rebellischen Denken in Völkern und einem traditionsorientierten Denken in Reichen, waren die ideologischen Grenzen eher diffus. Eine Synthese, die organisch zu sein brauchte, war notwendig. Da eine solche Synthese noch nicht stattgefunden hat, ist es immer heute noch notwendig, über die Begriffe, die damals entstanden sind, nachzudenken.

 

Um zurück zur Dialektik Volk/Reich bzw Völker/Kulturkreise zu kommen, hatte man also am Ende des 18. und am Anfang des 19. Jahrhunderts einerseits grössere Einheiten, die für die Meisten unüberschaubar waren, andererseits brauchten man doch diese grösseren Einheiten, um Wettbewerb leisten zu können, gegen die transatlantische Macht, die sich schon damals entfaltete. Die spanischen Kolonien machten sich angeblich “frei”, gerieten aber in der Abhängigkeit der aufkommenden Vereinigten Staaten. Der österreichische Minister Hülsemann, angesichts der Proklamation der Monroe-Doktrin, und der französische Philosoph Alexis de Tocqueville, nach einer langen Reise nach Amerika, warnten die Europäer, daß dort über die Atlantik eine Macht auftauchte, die ganz anders war, als was man in Europa stets gekannt hatte. Die Weltpolitik erhielt kontinentale Dimensionen. Die Zukunft wird von jetzt ab denjenigen Mächten gehören, die eine genügende Ausdehnung haben werden, die genug Rohstoffe auf einem geballten, gut abgerundeten, Hoheitsgebiet und nicht wie die Kolonialreiche, über alle Windrichtungen zerstreut.

 

Hülsemann, und später Constantin Franz, plädierten für ein Zusammenschließen der kolonienlosen Kontinentalmächte, was letztendlich dazu führte, daß Verträge wie der Drei-Kaiser-Bund oder daß Prinzipien wie die preussisch-russische Rücksprache praktiziert wurden. Anfang des 20. Jahrhunderts, wollte der Bund zwischen dem Deutschen Reich und Österreich-Ungarn das marode Ottomanische Reich als Ergänzungsraum wieder erquicken. Das implizierte die Konstruktion eines Kommunikationsnetzwerkes, m a w eine Eisenbahnstrecke zwischen Hamburg und Bagdad (und eventuell weiter, bis zur Küste des Persischen Golfes). Da liegen die Hauptgründe des Ersten Weltkrieges. England konnte keine nichtenglische Anwesenheit in diesem Gebiet dulden. Russland konnte es nicht annehmen, daß Deutsche und Österreich in Konstantinopel, bzw. Tsarigrad, die Politik mitentschieden.

 

Innerhalb Europas sind also reichische Strukturen notwendig, um den bodenständigen europäischen Kulturkreis zusammenzuhalten, damit alle Völker, die innerhalb dieses reichisch organisierten Kulturkreises, eine Zukunft haben können. Heute plädiert der US-amerikanische Professor Samuel Huntington dafür, politisch in Kulturkreiskategorien zu denken. Er spricht english von “civilizations”, wobei die deutsche Sprache etwa mit Oswald Spengler den Unterschied zwischen dem Begriff “Kultur”, den man als etwas organisches anschauen sollte, und dem Begriff “Zivilisation”, der als die rein mechanischen Errungenschaften eines Kulturkreises anzuschauen ist; diese Errungenschaften erreichen ihren Hohenpunkt, wenn die organischen Wurzelkräfte fast erschöpft sind. Samuel Huntington, als einer aktuelle Spengler-Schüler, meint, daß solche Wurzelkräfte wieder zu beleben sind, wenn man sich wieder darauf besinnen will, wie etwa die Muslimfundamentalisten oder die Erneuerer des Hinduismus es heute tun. Samuel Huntington spricht von einem allgemeinen westlichen Kulturkreis, der Europa und Amerika in einer atlantischen Einheit zusammenschmelzen würde. Für uns wie für Hülsemann und Tocqueville sind Europa, als schlafend-schlummernden Quelle des ureuropäischen Menschentums, und Amerika, als eine weltgeschichtliche und vergangenheitslose Neuheit revolutionärer und mechanischer Prägung, zwei grundverschiedene Pole, eben wenn an der Oberfläche Bruchstücke einer fabrizierten sogenannten “klassischen” Kultur als Ornamente übrigbleiben. Diese “klassischen” Ornamente werden heute in Amerika gründig zur Diskussion gestellt : sollte man sie bewahren als Überbleibsel einer mehr oder weniger vergessenen europäischen gemeinsamen Vergangenheit, sollte man sie im Denken definitiv erledigen, über Bord schmeißen, oder sollte man sie als geistliche Elemente für Tauschmanöver in der Medienwelt weiter benutzen?

 

Das heutige Europa, in der Gestalt von Euro-Brüssel, ist selbstverständlich kein Reich, aber nur ein Superstaat im Werden. “Staat” gleicht nicht “Reich”, da der Staat “steht”, und bewegt sich nicht, und da ein Reich per definitionem alles Organisches in sich aufnimmt, geistig-politisch bearbeitet und anpasst, und also stets in Gärung und Bewegung ist. Das heutige Euro-Brüssel wird, wenn es so weitergeht, zur totalen Erstarrung führen. Das heutige Euro-Brüssel hat kein Gedächtnis, hat jeden historischen Hintergrund verloren, ist wurzellos geworden : die Ideologie dieser machinenhaften Konstruktion ist eine pure Gedankenmachenschaft, die keine einzige Lektion aus der Vergangenheit lernen will. Dazu ist die wirtschaftliche Praxis Euro-Brüssels weltoffen und neoliberal, also eine Negation der geschichtlichen Dimension der realen Wirtschaftssysteme, die tatsächlich auf dem europäischen Boden sich entwickelt haben.  Neoliberalismus erlaubt noch dazu keine positive Entwicklung in Richtung einer kontinentalen Autarkie. Euro-Brüssel ist deshalb nicht mehr europäisch in realgeschichtlichem Sinn des Wortes sondern westlich, da ein doktrinärer Neoliberalismus, als Modernisierung des alten angelsächsischen Manchester-Liberalismus, eben das ideologische Kennzeichen par excellence des Westens ist, wie so unterschiedliche Autoren wie Ernst Niekisch, Guillaume Faye oder Claudio Finzi es gründlich ausgelegt haben.

 

Aber die Projekte, Europas Kräfte zusammenzuballen, waren Anfangs bestimmt nicht “weltoffen”, sondern “autarkisch”, obwohl freiwirtschaftlich im Sinne eines Ordo-Liberalismus, d h eines Liberalismus, der mit nicht-ökonomischen Faktoren Rechnung hält. Eine Wirtschaft kann nicht ohne Gefahr alle anderen Gebieten der menschlichen Aktivitäten ausschalten. Kulturerbe, Organisation der Medizin und des Unterrichtswesens sollten immer einen gewissen Vorrang vor rein ökonomischen Faktoren bekommen, weil sie Ordnungs- und Stabilitätsfaktoren innerhalb einer Gesellschaft bzw eines Kulturkreises sind, sie garantieren deshalb die Zukunft der Völker die innerhalb dieses Kulturkreises leben. Ohne eine solche Stabilisierung, gehen die Völker am Liberalismus zugrunde, wie schon Arthur Moeller van den Bruck es Anfang der 20er Jahre festgestellt hatte.

 

Was Europa unmittelbar betrifft, hatten österreichische Industriellen und Wirtschaftsleute eine Europapolitik schon Ende des 19. Jahrhunderts vorgeschlagen. Zum Beispiel: Alexander von Peez spürte schon sehr früh, daß die VSA die Ausschaltung Europas nicht nur aus der Neuen Welt sondern auch überall und in Europa selbst planten. Die Überlebensfrage für alle europäische Völker war gestellt : entweder eine gesamteuropäische Einigung in einem autarkischen Wirtschaftssystem wie der Deutsche Zollverein oder die Kolonisierung durch die neue panamerikanische Macht, die damals in Werdung war. Alexander von Peez warnte schon vor der Gefahr einer “universellen Amerikanisierung”. Der Wirtschaftstheoretiker Gustav Schmoller, Galionsfigur der sogenannten “deutschen historischen Schule”, predigte für einen “Europäischen Wirtschaftsblock”, der fähig sein würde, den US-amerikanischen Dynamismus eine Antwort zu bieten.  Für Schmoller sollte ein solcher Block “autarkisch” sein und sich durch Zollhürden schützen. Genau das Gegenteil was Europa heute tut. Julius Wolf, ein anderer deutscher Wirtschaftstheoretiker sah die Schließung des immensen panamerikanischen Marktes den europäischen Waren und Produkten gegenüber voraus, sowie auch eine schärfere Konkurrenz zwischen europäischen und amerikanischen Produkten weltweit. Arthur Dix und Walther Rathenau werden auch diese Perpektive annehmen. Jäckh und Rohrbach plaidierten für einen Wirtschaftsblock, der sich vom Nordsee bis zum Persischen Golf ausdehnen sollte. So entstand die sogenannte “Orientsfrage”, der Achse Hamburg-Kuweit entlang. Kaiser Wilhelm II. wollte den Balkanraum, Anatolien und das Zwei-Ströme-Land als Ergänzungsraum für die deutsche Industrie organisieren, aber er schlug die Mitbeteiligung anderer europäischen Mächten, inklusiv Frankreich, ritterlich vor. Gabriel Hanoteaux war der einzige wichtige französische Staatsmann, der positive Folge diesen rationellen Vorschlag geben wollte. In Rußland war das Projekt vom Staatsmann Sergeij Witte positiv akzeptiert. Leider wurden diese hellsehenden Staatsmänner beiseitegeschoben zugunsten Dunkelmänner aller möglichen ideologischen Schattierungen.

 

Der Zankapfel, der zum Ersten Weltkrieg geführt hat, war eigentlich die Stadt Konstantinopel. Objekt dieses extrem mörderischen Krieges war die Beherrschung der Meerstraßen und des östlichen Beckens des Mittelmeeres. Die Engländer hatten es immer gewünscht, diese Meerstraßen in den Händen der schwach gewordenen Türken zu lassen. Aber eine Türkei, die als Ergänzungsraum eines wirtschaftlich einheitlich organisierten Mitteleuropas unter deutscher Führung,war ihnen einen Dorn ins Auge. Der Rest des ottomanischen Reiches sollte nochmals zerstückelt werden, damit keine territoriale Kontinuität übrigbleibt besonders im Raum zwischen Mittelmeer und Perzischem Golf. Die Türkei, Rußland und Deutschland sollten in diesem hoch strategischen Gebiet der Welt verdrängt worden, eine “Containment-Policy” ante litteram. Die Russen träumten immer Konstantinopel wieder zu erobern und von dieser wunderschönen Stadt ein “Tsarigrad” zu machen. Die Russen, als Hauptvertreter des “Dritten Roms”, wollten, daß  das ehemalige Bysanz der Mittelpunkt des christlich-orthodoxen Kutlurkreises wieder wurde. Die Franzosen hatten Interesse im Vorderasien, in Syrien und Libanon, wo sie die Interesse der dortigen christlichen Gemeinschaften offiziell verteidigten. Keine dieser Macht verstand, daß die neuen Zeiten eine neue Politik forderte. Das Zusammenprallen dieser verschiedenen und unterschiedlichen Interessen führte zur Katastrophe von 1914.

 

In 1918 waren Frankreich und England fast ruiniert. Sie hatten Riesenschulden in den VSA gemacht. Die beiden westlichen Mächte hatten allerlei Material in Amerika gekauft, um die Front halten zu können. Die VSA, die vor 1914 überall in der Welt Schulden hatten, wurden sehr rasch Schuldeiser statt Schuldner. Frankreich hatte nicht nur anderhalb Million Männer, d h ihre biologische Substanz, verloren, es mußte fast ewige Schulden zahlen, sodaß Versailles die Deutschen zwung, ein erhebliche Anteil der Schulden zu zahlen. Dieses Spiel von Schulden und Zahlungen hat Europa ruiniert, und es in einer Horrorspirale von Inflationen und Wirtschaftskatastrophen gestürzt. Während derr 20er Jahren wollten die VSA Deutschland als bevorzugter Kunde haben, um die zollgeschützten europäischen Märkte zu “penetrieren”, wie man damals sagte. Die Wirtschaft der Weimarer Republik, etwa mit den Young- oder Dawes-Plänen, galt in den höchsten Wirtschaftskreisen Amerikas als eine “penetrierte” Wirtschaft. Was damals für Deutschland galt, wird nach dem 2. Weltkrieg für ganz Westeuropa gelten und nach dem Kalten Krieg für Gesamteuropa. So hat sich stufenweise die “universelle” Amerikaniesierung, bzw die Eine-Welt-Ideologie Rooseveltscher Prägung bzw die heutige Globalisierung à la Sörös entwickelt. Die Namen sind zwar anders, die Strategie bleibt aber einheitlich. 

 

Der 2. Weltkrieg hatte als Hauptkriegsziel Washingtons und Churchills, die Einheit Europas  durch die Achsen-Mächte zu verhindern, damit so eine “unpenetrierte” und “unpenetrable” Wirtschaft nicht entstehen und sich behaupten könnte. Der 2. Weltkrieg hatte überhaupt nicht als Ziel, Europa zu “befreien”, sondern seine Wirtschaft in einem ständigen Zustand der Abhängigkeit zu halten, was keine “moralische” aber wohl eine sachlich materialistische und ökonomische Beurteilung der Kriegsverantwortlichkeiten ist. Einige deutlich behaupteten Kriegsziele werden kaum noch in unseren Medien erwähnt, was ihre gründliche Bedeutung nicht ausschließt, im Gegenteil! Die quasi offizielle Zeitschrift “Géopolitique”, die heute in Paris herausgegeben wird, erinnerte uns kürzlich an den britischen Willen, die Flußverkehr auf der Donau und die Verwirklichung der Rhein-Main-Donau-Verbindung zu verhindern. “Géopolitique” publizierte dabei eine Karte, die damals 1942 in der Londoner Presse gedruckt wurde. Deutschland sei gefährlich, nicht weil seine politische Regime “undemokratisch” wäre, aber weil diese Regime in der Lage geworden war, das Plan Karel des Großen und das Testament des preußischen Königs Friedrich des Zweiten zu realisieren, d h eine inländische kontinentale Flußverbindung zu verwirklichen, die die kontinentalen Mächte unabhängig ohne umfangreiche Flotte kontrolieren konnten, was automatisch die britische Kontrolle über das Mittelmeer strategisch stark relativierte. Um von der Atlantikküste nach den Kornfelder der Krim und der Dniestr- Dniepr- und Donbecken oder nach Ägypten zu fahren, braucht man nicht mehr notwendigerweise die Frachter der aus England finanzierten Reedereien. Das Schwarze Meer wird auch so direkt mit Mitteleuropa und  dem Rheingebiet verbunden. Eine solche geopolitische, geostrategische und geoökonomische Symphonie wollten die Seemächte eben vermeiden, da sie so ihre Bedeutung  verloren hätten. Die geopolitischen Visionen des von den englischen Diensten fergeleiteten französischen Geopolitiker André Chéradame, der die Zerstückelung Mitteleuropas und des Donau-Beckens für das Versailler Diktat vorbereitete, haben auch als Hauptziel, soviele künstliche, kaum lebbare und miteinander verfeindete Staaten im Donau-Gebiet zu schaffen, sodaß von Wien bis zum Schwarzen Meer keinen wirtschaftlich dynamischen Ergänzungsraum oder keinen reichisch strukturierten Raum mehr entstehen konnten.

 

Das Ziel, die Flußverkehr zu verhindern, wurde von den späteren Ereignissen des Kalten Krieges befestigt. Die Elbe (Achse Prag-Hamburg) und die Donau als Flußadern wurden durch den Eisernen Vorhang verriegelt. Der Kalte Krieg hatte als Ziel, diese Spaltung zu verewigen, sowie die Bombardierung der Donau-Brücken um Belgrad 1999 das gleiche Ziel verfolgten. Weiter hatte der Kalte Krieg als Ziel, Russland weit vom Mittelmeer zu halten, es keine Zugänge zur warmen Seen zu verschaffen, Deutschland gespaltet zu halten, Frankreich eine relative Autonomie zu lassen. Frankreich zählte offiziell zu den Siegermächten und wurde relativ von diesen Zerstückelungs- und Balkanisierungsmaßnahmen bespart. Die Amerikaner tolerierten diese Autonomie einfach weil die grossen französischen Flüße, wie die Seine, die Loire und die Garonne atlantische Flüße sind und keine nennenswerte Verbindungen mit dem Donau-Raum ermöglichen und weil damals die Konsumindustrie Frankreichs zu schwach war. Nur in den 50er und 60er Jahren, entwickelte sich in Frankreich eine solche Industrie mit billigeren Autos (Die 2CV-“häßliche Enten” von Citroën, die “Dauphine” oder R8-Modelle von Renault, usw), Moulinex-Küchenapparaten, usw aber ohne den deutschen Standard zu erreichen. Die Stärke Frankreichs war immer seine Goldreserven. Die Stärke Deutschlands die Herstellung von ausgezeichneten Prezisionsprodukten, die man gegen Gold oder Devisen verkaufen konnte. Anton Zischka schrieb einmal daß die Rückkehr aus Amerika der französischen Goldreserven zur Zeit der De Gaulleschen Rebellion in den 60er Jahren unter dem Impuls des Wirtschaftstheoretiker Rueff eine unzulängliche Maßnahme war, da gewisse Branchen der Konsumindustrie in Frankreich damals nicht bestanden : Photoapparate, Schreibmaschinen, Optikprodukte, solide Autos für den Ausfuhr wurden im Land nicht produziert. Sowie Zischka in seinem wichtigen Buch “Sieg der Arbeit” theorisierte, ist Gold eine statische Quelle des nationalen Reichtums derweil die Arbeit, als ständig produzierender Faktor, der Dynamik der neuzeitlichen Welt entspricht. Das hatten die US-amerikanischen Strategen sehr gut verstanden. Sie haben den Wirtschaftswunder geschehen lassen, da die quantitative Entwicklung eigentlich eine Täuschung war, da sie doch irgendwann ein Ende kennen wurde, nämlich weil die einzigen Weiterentwicklung der deutschen Industrie nur in Richtung des Balkanraumes, des Schwarzen-Meer-Beckens und Vorderasiens möglich ist.

 

In diesem konfliktreichen Gesamtkontext, dessen Wurzeln schon Ende des 19. Jahrhunderts liegen, sind seit einigen Jahrzehnten die Instrumente der Kolonisierung und Ausschaltung Deutschlands und Europas, die folgenden :

 

◊ DROGEN UND MAFIAS :

 

Um die Kontrolle über Europa zu üben, haben die US-amerikanischen Geheimdienste immer verschiedene Mafiaorganisationen ferngesteuert. Sowie der heutige französische Fachmann für das Mafiawesen Xavier Raufer es feststellt, hat der mafiagelenkte “Tropismus” (“tropisme mafieux”) Geschichte : Alles hat 1943 angefangen, wenn die US-Behörde der aus Sizilien stammende Mafiaboss Lucky Luciano aus dem Gefängnis holen, um die Landung der allierten Truppen in Sizilien und die Eroberung Süditaliens vorzubereiten. Seitdem kann man tatsächlich eine enge Verknüpfung zwischen Mafia und US-Spezialdiensten feststellen. Ab 1949, wenn Mao China in einer Volksrepublik umwandelt zieht sich eine nationalchinesische Kuo-Min-Tang-Armee im Goldenen Dreieck zwischen Burma und Laos zurück. Die Amerikaner wünschen, diese Armee in Reserve zu halten, um eventuell Operationen im kommunistischen China zu leiten. Der Kongreß hätte aber geweigert, eine solche Armee durch Steuergelder finanzieren zu lassen und solche Operationen zu billigen. Deshalb war eine Selbstfinanzierung durch Drogenproduktion und -Schmuggeln nötig. Während des Vietnam-Krieges, wurden Bergstämme, wie die Mois, mit militärischem Material bewaffnet, das durch Drogengelder bezahlt wurde. Vor der Machtübernahme Maos in China und vor dem Vietnamkrieg waren die Zahl der Drogensüchtigen sehr gering : nur Avant-Garde-Künstler, Schauspieler oder Schickeriamitglieder verbrauchten Heroin oder Cocain. Höchstens waren das 5000 Leute im Gesamtnordamerika. Drogenkonsum wurde durch die ferngesteuerten Medien angestachelt und am Ende des Vietnam-Krieges zählte Amerika 560.000 Drogensüchtigen. Die chinesische und italienische Mafia nahm die Logistik über und spielte so eine erhebliche Rolle in der Finanzierung von ungeliebten Kriegen. Die Allianz zwischen der Türkei und den Vereinigten Staaten erlaubt ein drittes Mafianetzwerk, an dieser gesamten Strategie teilzunehmen, nämlich die türkischen Organisationen, die eng mit parareligiösen Sekten und mit der Armee zusammenarbeiten. Die haben Beziehung zu ähnlichen kriminellen Organisation in Uzbekistan, in anderen türkischsprechenden Ländern Zentralasiens und insbesondere in Albanien. Die albanischen Mafiaorganisationen haben sich in ganz Europa ausgedehnt zur Gelegenheit des Kosovo-Konfliktes, um die UCK-Verbände zu finanzieren, die so die selbe Rolle wie die vietnamesischen Mois-Stämme in den 60er Jahren zu spielen, d h das Land vorzubereiten, bevor die NATO-Truppen tatsächlich intervenieren könnten.

 

Weiter hat das Drogenkonsum bei Jugendlichen eine andere strategische Rolle : das Unterrichtswesen zu untermauern, damit Deutschland und Europa eine weitere Trumpfkarte verlieren, d h die besten Erziehungsanstalten der Welt, die immer unser Kontinent die Möglichkeit gab, sich aus den schwierigsten Situationen zu retten.

 

Europaweit sollten die politischen Kräfte die Mafiaorganisationen bekämpfen, nicht nur weil sie kriminelle Organisationen sind, sondern auch weil sie Instrumente eines mit den europäischen Mächten tief befeindeten raumfremden Staatswesens. Die Mafiaorganisationen zu bekämpfen impliziert u a eine strenge Regulierung der Migrationsströme aus mafiakontrollierten Ländern (Türkei, Albanien, Uzbekistan, usw.)

 

◊ Die MULTIS (MULTINATIONALE FIRMEN)

 

Schon seit den 60er Jahren, sind die Multinationalen ein Instrument des US-Kapitalismus, um die anderen Staaten zur Öffnung der Grenzen zu zwingen. Ökonomisch führt das Prinzip der Multinationalen zur Entortungsstrategien, die man im neoliberalen Jargon “Delocalizations” (Delokalisierungen) nennt. Diese Entortungsstrategien sind für die hohen Arbeitlosigkeitsquoten verantwortlich. Eben für anscheinend unbedeutende Produkte wie Spielwaren oder Bonbons haben die Multinationalen hunderttausende Arbeitsplätze vernichtet. Beispiele : Miniaturautos wurden früher in meinen Kindersjahren in England hergestellt (wie etwa Dinky Toys, Matchbox, Corgi Toys, usw.). Jetzt kommen diese kleine Spielautos aus Thailand, Macau oder China. Zur Zeit seines nationalrevolutionären Trips schrieb Henning Eichberg mit Recht in den Seiten der Berliner Zeitschrift “Neue Zeit” über die “totale Subvertierung durch Bonbons”. Süßigkeiten für Kinder werden nicht mehr lokal produziert oder von der Oma mit Liebe hausgemacht sondern als “Mars”, “Milky way” oder “Snickers” von Multis massenhaft hergestellt und weltweit verkauft. Wieviele arbeitslose kleine Menschen?

 

Europaweit sollte die politische Kräfte Europas, zumindest wenn sie wirklich die Arbeitslosigkeit bekämpfen wollen, den Entortungsstrategien entscheidend “nein” sagen und alle möglichen Lokalproduktionen revalidieren.

 

◊ Der NEOLIBERALISMUS ALS IDEOLOGIE

 

Der Neoliberalismus ist die wirtschaftliche Ideologie der Globalisierung. Der berühmte französische Autor Michel Albert stellte Anfang der 90er Jahren, daß der Neoliberalismus, als Erbe der Thatcher- und Reaganregierungen, als Praxis eine allgemeine Ablehnung jeder Investierung am Ort war. Gegen diese neue Rage, Thatcher und die “Reaganomics” nachzuahmen, schlug Michel Albert vor, den Ordo-Liberalismus wieder in Ehre zu stellen. Er bezeichnete den Ordo-Liberalismus als “Rheinisches Modell”, das nicht nur “rheinische” bzw. Deutsch ist, sondern auch japanisch, schwedisch, teilweise belgisch (die patrimoniale Wirtschaft der alten Industrie-zonen Flanderns oder Walloniens) oder französisch (die Familiengroßbetriebe der Regionen um Lyon oder Lille oder aus Lothringen). Das “Rheinisches Modell” privilegiert Investierung statt Börsenspekulation. Die Investierung gilt nicht nur für industrielles Maschinenkapital sondern auch für Universitäten, Hochschulen oder Unterrichtswesen. Der Neoliberalismus neben dem Begleitungsphenomen des Mai-68-Gedankengutes ist eben die Ideologie die die Unterrichtssysteme in ganz Europa untermauert hat. In Deutschland ist die Lage schlimm, in Frankreich noch viel schlimmer, fast die totale Katastrophe. In England verlangt heute eine Bürgerinitiative (“Campaign for Real Education”), daß Lehrer und Elternverbände die Disziplin verschärfen und das Niveau der Unterrichte und die Sprachfähigkeiten der Schüler verbessern. Der Geopolitiker Robert Strauß-Hupé, der im Denkfabrik Roosevelts aktiv war, plante in seinem Programm für Deutschland und Europa, das er neben Morgenthaus Pastoralisierungspläne verfasste, die naturgegebenen Kräfte Europas zu zerstören, nämlich seine ethnische Homogeneität und die Qualität seiner Erziehungssysteme, die gebrochen werden sollten. Dazu haben die antiautoritären Spekulationen von weltfremden Pädagogen, das Drogenkonsum und die Mai-68-Ideologie gedient. Man flüstert manchmal, daß der 68-Philosoph Herbert Marcuse für das “Office for Strategic Studies” (OSS) gearbeitet hätte.

 

Europaweit sollten die gesunden politischen Kräfte für ein ordo-liberales Wirtschaftssystem rheinischen Modells sich einsetzen, das investiert statt spekuliert und das Schulwesen und die Universität unterstützt, ohne die anderen “non profit” Sektoren zu vernachlässigen (Krankenhäuser, Gesundheitswesen, Kulturwesen). Die profitlosen Pfeiler einer jeden Gesellschaft sollten nicht zur bloßen Disposition gestellt werden. Sie schmieden die Volksgemeinschaften zusammen und erwecken Treue in allen sozialen Schichten. Der Neoliberalismus wird eher vom Dschungelgesetz bestimmt.

 

◊ Die MEDIEN :

 

Europa wird auch durch Medien beherrscht, die von bestimmten Diensten ferngesteuert werden, um die “richtigen” Emotionen am richtigen Zeitpunkt entstehen zu lassen. Diese Medien prägen die zeitgenössische Mentalität und schliessen jeden kritischen Geist aus, insofern daß kritische Geister nur Geister sind, die in durch die Geschichte geprägte Traditionen und Bilder denken. Ort- und zeitlose Geister gehören der schwebenden Intelligenz, d h eben diese Art Intelligenz, daß die Amerikanisierung und die neoliberale Globalisierung brauchen. Die Beherrschung Europas durch Medieninstrumente fing schon unmittelbar nach dem 2. Weltkrieg an, wenn die Zeitschrift “Reader’s Digest” überall in Europa und in allen Sprachen verbreitet wurde und wenn Frankreich 1948 gezwungen wurde US-Filme überall spielen zu lassen, weil es anders kein Geld im Rahmen des Marshall-Planes bekommen wurde. Die Regierung Léon Blums akzeptierte dieses Diktat. Der ehemalige linke Regisseur Claude Autant-Lara, wenn er 1989 im Europäischen Parlament auf der Liste vom französischen Nationalisten Le Pen gewählt wurde, nahm die Gelegenheit, als älterster Abgeordneter, die US-amerikanische Politik zu denunzieren, Hollywood-Filme systematisch durchsetzen zu wollen und so die jeweils nationale Produktion der europäischen Länder zu torpedieren. Lieder, Mode, Drogen, Fernsehen (mit CNN), Internet sind alle Kanäle, die die US-amerikanische Propaganda benutzt, um das historische Gedächtnis der Europäer auszuwischen und so die öffentliche Meinung zu beeinflussen, damit keine andere Weltanschauung mehr entstehen kann.

 

Europaweit sollten die gesunden politischen Kräfte, unabhängige und ortsgebundene Medien finanzieren und promovieren, die ideologisch und philosophisch verschieden sind, damit unsere Völker es vermeiden, durch hyperzentralisierte und durch eine raumfremde Supermacht ferngesteuerte Medienkomplexe verblödet und beeinflußt zu werden. Medienkontrolle ist eine vitale Notwendigkeit für die künftige “kognitive Kriege”, die als Ziel haben, die Geister zu beeinflussen und die “feindliche / ausländische Hörerschaften” (“enemy / alien audiences” im CIA- oder NSA-Jargon) rezeptiv zu machen, damit keine andere Lösung noch als moralisch oder akzeptabel angeschaut wird.

 

◊ Die militärische MITTEL

 

Man behauptet üblich, daß die US-amerikanische Macht eine Seemacht ist. Starke See- und Weltmächte sind traditionell “bi-ozeanisch”, haben also Fenster auf zwei Weltmeeren bzw Ozeanen. Der Krieg gegen Mexiko 1848 hatte als Ziel, sich ein breites Fenster in Richtung des Pazifischen Ozeans zu erobern und sich so mittel- oder langfristig den chinesischen bzw fernöstlichen Markt als exklusiver Absatzmarkt zu reservieren. Wenn Ende des 19. Jahrhunderts der US-Admiral Alfred Thayer Mahan seine Spannungen nicht sparte, um die “Navy League” als Instrument zur Promotion des US-Imperialismus zu gründen und zu etablieren, sind seine Intentionen auch von der US-Flotte in Werdung ein Waffenmonopol zu machen. Sein politisches und strategisches Ziel war es, den angelsächsischen Mächten eine weltweite, überall auftauchende und interventionsgerichtete Waffe zu geben, die Amerika und England eine grössere Schnelligkeit für weltweite Interventionszwecke gab und die die anderen Mächte nicht haben dürften. Weiteres Ziel war es, den anderen Mächten eine solche Waffe und alle künftigen gleichartigen Waffen zu entziehen. Die Eroberung des Pazifischen Raumes nach der Eroberung der Pazifischen Küste Kaliforniens 1848 fand fünfzig Jahre später statt, wenn der Krieg gegen Spanien mit der Ausschaltung dieser europäischen Macht aus dem Karibischen Raum und aus den Philippinen endete. Deutschland übernahm die Hoheit auf Mikronesien und verteidigte mit seiner Kriegsmarine die Samoa-Insel gegen  die US-amerikanischen Ansprüche. Zwischen 1900 und 1917 unternahmen die VSA keine entscheidende Schritte, aber der Erste Weltkriege gab ihnen  die Gelegenheit, zu intervenieren und den westlichen Allierten Material zu verkaufen, in so einem Umfang, daß sie nicht mehr Schulder sondern Schuldeiser werden.

 

1922 zwangen US-Amerikaner und Britten Deutschland und ihren eigenen ehemaligen Allierten den Vertrag von Washington auf. Zu wenig wurde uns bis jetzt über diesen schicksalhaften Vertrag erzählt. Er bestimmte die erlaubte Anzahl Tonnen für jede Seemacht der Erde : 550.000 Tonnen jemals für Britten und US-Amerikaner, 375.000 Tonnen für Japaner, 175.000 Tonnen jemals für Franzosen und Italiener. Versailles hatte schon das Schicksal der deutschen Marine besiegelt. Frankreich galt zwar als Sieger, konnte sich aber nicht mehr die Mittel geben, eine starke Seemacht zu werden. Die Reduzierung der deutschen Flotte war eine Rache für Samoa und ein Präventivmittel, das Reich aus dem Pazifischen Raum auszuschalten. Warum sollte man den Inhalt der Washingtoner Vertrag heute erinnern? Weil dieser Vertrag ein Schulbeispiel für einen amerikanischen “Modum operandi” ist. 1) Dieses Verfahren wurde später ständig systematisiert; 2) Die Völker versuchten vergebens Antworten zu erfinden, wie die Entwicklung der französischen Luftfahrt, mit heroischen Figuren wie Jean Mermoz und Antoine de Saint-Exupéry oder wie die Entwicklung der deutschen Zeppelin-Luftschiffe, die ein tragisches Ende mit der Katastrophe des Hindenburg-Luftschiffes 1937 in Neu York. Beide Mächte konnten nicht richtig Luftflotte entwickeln, um die verlorene Marinen zu ersetzen. Allgemeines Ziel war es, keine Autonomie der hochtechnologischen Waffenindustrie eben bei ehemaligen Verbündeten zu tolerieren. Nach dem 2. Weltkrieg, wurden Frankreich und die kleineren westlichen Mächten gezwungen, altes Kriegsmaterial für ihren Armeen zu kaufen. Die französische Armee wurde damals nur mit amerikanischem Material ausgerüstet. Aber mit der Hilfe von kriegsgefangener deutschen Ingenieuren wurde Frankreich fähig, sehr moderne Flugzeuge zu entwickeln, wie der Mistral-Düsenjäger. Nach 1945 besaß Deutschland keine nennenswerte Flugzeugindustrie mehr. Fokker in den Niederlanden überlebte kaum noch und blieb quasi unbedeutend. Unter De Gaulle entwickelten die französische Ingenieure, mit deutschen Kollegen, die Mirage-Flugzeuge, die eine sehr ernst zu nehmende Konkurrenz für die amerikanische Kriegsindustrie darstellten. Der Mirage-III-Jäger war eine weitere Entwicklung des sogenannten Volksjägers Heinkel 162. 1975 zwangen die Amerikaner, nachdem sie korrupte europäische Politiker überzeugt hatten, die Regierungen der NATO-Staaten aus dem Benelux und Skandinavien F-16-Düsenjäger zu kaufen, sodaß Franzosen und Schweden (SAAB) sich technologisch und finanziell nicht weiter entwickeln könnten. Den selben Trick wurden kürzlich mit den polnischen und ungarischen F-16s geübt. Seitdem hinken Franzosen und Schweden technologisch hinterher. Waffentechnologisch konnten die Deutsche Leopard-Panzer zwar entwickeln, weil Amerika als Seemacht eigentlich nicht so sehr an Landheerwaffen interessiert sind. Der Akzent liegt bei ihnen auf Flotte, U-Booten, Raketen, Satelliten und Luftwaffe.

 

Heute, so wie ein Dossier, das in dem Wochenblatt “Junge Freiheit” erschienen ist, es uns lernt, kaufen amerikanische Konzerne spitzentechnologische Industrien in Europa, sowie Fiat-Avio in Italien, also der Zweig des gigantischen Fiat-Konzernes, der sich mit Luftfahrt beschäftigt, die norddeutsche U-Boot-Firma und das spanische Konzern “Santa Barbara Blindados”, das die deutsche Leopard-Panzer für die Armee Spaniens produziert. So haben Leute aus der amerikanischen Kriegsindustrie Zugang zu alle Fachgeheime der deutschen Panzerindustrie. Diese finanziellen Manöver haben als Ziel, Europa zur Abhängigkeit zu zwingen, bevor es sich die Möglichkeiten gibt, sich militärisch zu behaupten.

 

Die US-geleiteten militärischen Organisationen wie die NATO, die CENTO oder die OTASE dienen bloß als Markt für alte amerikanische Waffen, besonders Flugzeuge, damit keine unabhängige und konkurrenzfähige Waffenindustrien in allierten Staaten entstehen, die technologische Fortschritte machen könnten, die dazu leiten würden, mächtigere Waffensysteme in “alien armies” einzusetzen und so die leitende Supermacht im Schach zu halten oder sie zu einer Macht zweiten oder drittens Ranges zu degradieren. Die Angst, daß potentielle feindliche Mächte Waffentechnologien entwickeln könnten, ist sehr tief im Geist des US-amerikanischen Politpersonals eingewurzelt. Deshalb ist das Spionieren des Allierten notwendig. Das Satellitensystem ECHELON, wie Michael Wiesberg es sehr genau in einem Heft des Wocheblattes “Junge Freiheit” ausgelegt hat, wurde während des Kalten Krieges entwickelt als ein militärisches Beobachtungssystem, das die schon existierenden Kommunikationsmitteln komplettierte, wie etwa die unterseeischen Kabeln und die anderen Satelliten, die für militärische Zwecke eingesetzt wurden. Unter Clinton, wurde das ECHELON-System offiziell auch für zivile Zwecke umgeschaltet. Wenn zivile Zwecke Objekte von spitzentechnologischen Spionierungssysteme werden, heißt es, daß die Allierten der stark ausgerüsteten Supermacht auch abgehorcht werden können. In einem solchen Kontext sind diese Allierten keine Verbündete im üblichen Sinn mehr. Die rein politische Perspektive, so  wie Carl Schmitt sie theorisiert hatte, ändert völlig. Es gibt keinen Feind im Schmittschen Sinn mehr, aber auch keine Verbündete, die zumindest theoretisch-juridisch als formell gleichberechtigt gelten. Die Sprache, die heute in den hohen Kreisen der US-amerikanischen Geheimdienste benutzt wird spricht eben nicht mehr von “Feinden” und von “Verbündeten” sondern bloß und schlicht von “alien audiences”, d h buchstäblich von “ausländischen Hörerschaften”, die die US-Propagandadienste prägen müssen.  Was bedeutet konkret diese angeblich unbedeutende semantische Änderung? Es bedeutet, daß nach dem Verschwinden der UdSSR die Verbündeten eigentlich nicht mehr nötig und allein noch Überbleibsel eines vergangenen Zeitalters sind, daß Information bei ihnen abgezapft und abgehorcht werden kann, besonders im Gebiet der Hochtechnologie in Europa, wobei schon festgestellt wurde daß deutsche und französische Firmen, die Wasserreinigungssysteme entwickelt hatten, elektronisch und durch die ECHELON-Satelliten auspioniert wurden, wobei US-Firmen die Produkte billiger produzieren könnten, weil sie für Forschung keinen Pfennig investiert hatten. Das US-amerikanische Staatsapparat begünstigt also seine eigenen nationalen Firmen und plündert die Firmen seiner Verbündeten. Diese Art der industriellen Spionierung vertritt eine sehr hohe Zivilgefahr, da sie Arbeitslosigkeit bei hochqualifizierten Fachleuten verursacht. Der mutige britische Journalist Duncan Campbell, der das ECHELON-Skandal entlarvt hat, gibt uns Dutzende von Beispielen solcher Plünderungen, in allen möglichen Zweigen der Spitzentechnologie. Da nicht nur die VSA an dem ECHELON-System teilnehmen, sondern auch Großbritannien, Kanada, Australien und Neuseeland, ist es für uns von großer Bedeutung, eine wichtige Nebenfrage zu stellen : Ist das Vereinigte Königreich  noch eine loyale europäische Macht? Hatte De Gaulle nicht recht, wenn er sagte, daß die “special relationship” mit den VSA Großbritannien immer feindlich dem Kontinenten gegenüber stelle würden?

 

Wenn man von einem Europa der Völker redet, muß man gut davon bewußt bleiben, daß zwei Ebenen konkret eine Rolle spielen. 1) Die Erste dieser beiden Ebenen ist die kulturelle Ebene, die man im Wirbel der modernen Lebensmuster so weit wie möglich intakt halten muß. Wir sind selbstverständlich davon klar bewußt. Aber dieses Bewußtsein enthält trotzdem ein großes Risiko, das in jedem Kulturkampf anwesend ist : Nämlich jede Kulturerbe ins Musäische zu verwandeln oder Kultur als bloßer Zeitsvertrieb anzusehen. Die Verteidigung unserer Kulturerbschaften darf in keinem Fall so statisch und undynamisch bleiben. Eine Kultur hat immer strategische, politische, wirtschaftliche und geopolitische Dimensionen. 2) Jedes Volk, als kulturtragendes und kulturstiftendes ethnisches Substrat, das von der herrschenden politischen Klasse nie zur Disposition gestellt werden darf, läßt selbstverständlich eine unveraußerliche und spezifische Kultur, bzw Literatur, entstehen, und hat eine bestimmte Geschichte erfahren, aber generiert auch ein eigenes Wirtschaftssystem, und dieses Wirtschaftssystem hat eine bestimmte Geschichte, die so ist und nicht anders. Jede Wirtschaftsform ist in einem Raum und einer bestimmten Zeit eingebettet. Also, gibt es keine lebensfähige Wirtschaft möglich, die weltweit und “universell” wäre. Die französischen Wirtschaftstheoretiker Perroux, Albertini und Silem, die den Akzent auf die Geschichte der Wirtschaftssysteme gelegt haben und dabei die große Theoretiker der autarkischen Systeme nicht vergessen haben, haben auch für didaktische Zwecke, diese gesamten Systeme in zwei Kategorien klassifiziert : Einerseits die Orthodoxen, andererseits die Heterodoxen. Die Orthodoxen sind die Liberalen der Adam Smithschen Schule (Manchester-Liberalen) und die Marxisten, die universalistisch denken, die die gleichen Muster überall unter allen Klimaten und Bodenarten aufpropfen wollen. Die sind eigentlich die philosophischen Vorväter der Gleichschalter der heutigen Globalisierung. Die Heterodoxen legen den Akzent über das Besondere an jedem Wirtschaftssystem. Sie sind die Erben der deutschen “Historischen Schule” mit Namen wie Rodbertus, Schmoller, de Laveleye. Der Tat-Kreis zur Zeit der Weimarer Republik, mit Ferdinand Fried und Ernst Wagemann, haben dieses wertvolle Gedankengut weiter entwickelt. Genauso wie hier schon gesagt wurde, hat für diese Heterodoxen und Anhänger der Historischen Schule jeder ortsgebundenen Wirtschaftsraum eine spezifische Geschichte, die man nich so willkürlich ausschalten kann. Geschichte und Wirtschaft prägen volks- und orts- und zeitsgebundene Institutionen und diese durch die Geschichte geerbten Institutionen bestimmen das Funktionieren einer Wirtschaft. Man spürt ganz genau hier, warum die EU bis jetzt gescheitert ist, weiter scheitern wird, weil sie eben diesem heterodoxen Weg nicht gefolgt ist. Wir sind, so wie sie es natürlich gut verstanden haben, Heterodoxen in Sinn Peroux, Silems und Albertinis. Die Wirtschaft ist der “Nomos” des “Oikos”,  d h die Gestaltung des Lebensortes, wo ich, als potentieller politischer Gestalter, und die Meinen leben. Es gibt, nach der Etymologie selbst des Wortes “Wirtschaft”,  keine mögliche Wirtschaft ohne Ort. Eine universelle Wirtschaft gibt es per definitionem nicht. 

 

So kommen wir zurück zur Geopolitik. Nach der Definition des Begriffes “Geopolitik”, handelt dieses Fach um den Einfluß der erdkundigen und räumlichen Faktoren über die ewige Politik innerhalb eines bestimmten Gebietes. Die räumlichen Faktoren beeinflußen selbstverständlich den Modus der am Ort praktizierten Wirtschaft. Wenn dieser Modus bewahrt sein sollte und nicht durch “pseudo-universelle” Regeln ersetzt wird, dann kann man von “Autarkie” reden, wobei die Wirtschaft darauf zielt, selbstgenügend zu bleiben. “Autarkie” meint nicht notwendigerweise, daß man ein geschloßener Handelsstaat aufbauen will. Ein zeitgenößische Autarkie impliziert ein Gleichgewicht zwischen einer vernünftigen Öffnung der kommerziellen Grenzen und einer ebensogut gedachten Schließung, um die innere Produktion von Waren zu schützen. Ein aktualisierter Autarkie-Begriff zielt auf eine gut balancierte “Auto-Zentrierung” der nationalen bzw reichischen Wirtschaft, so wie der Perroux-Schüler André Grjebine es gründlich ausgelegt hat. 

 

Friedrich List im 19. Jahrhundert plädierte für selbstständige Wirtschaftsysteme. Er gestaltete nach seinen Ideen die modernen Wirtschaften Deutschlands, Amerikas, Frankreichs, Belgiens und teilweise auch Rußlands zur Zeit des Czar-Ministers Sergeij Witte, der Rußland am Vorabend des Ersten Weltkrieges modernisiert hatte. Die Hauptidee Friedrich Lists war, die Industrie in jedem Land anzukurbeln, durch gut funktionierende Kommunikationsnetzwerke zu entwickeln. In Lists Zeit waren solche Kommunikationsnetzwerke Kanäle und Eisenbahnstrecken. In seiner Perspektive, die immer noch die Unsere sein sollte, hat jedes Volk, jeder Kulturkreis bzw Föderation von Völker das recht, sein eigenes Kommunikationsnetzwerk  zu bauen, um desto ökonomisch stärker zu werden. In diesem Sinn, wolllte List die konkrete Wünsche von Friedrichs II. Testament realisieren, indem der preußische König 1756 schrieb, daß die Hauptaufgabe des preußischen Staates in der norddeutschen Tiefebene es war, die Flußbecken durch Kanäle miteinander zu verbinden, sodaß zwischen Weichsel und Nordsee einfache Kommunikationen möglich werden. Dieses Projekt wollte die Uneinheitlichkeit des norddeutschen Raumes erledigen, die schicksalhaft für die deutsche Geschichte war. Das geplante System von Kanälen reduzierte auch die Abhängigkeit der Tiefebene dem See gegenüber. List entwickelte auch das Projekt, die großen Seeen in der Mitte des nordamerikanischen Raumes und dem Atlantik zu verbinden. Er ermutigte die Franzosen, ein Kanal zwischen Atlantik und Mittelemeer zu bauen, um die Position von Gibraltar zu relativieren. Er gab dem belgischen König Leopold I von Sachsen-Coburg  den Rat, Schelde und Maas mit dem Rheinbecken zu verbinden : so enstanden das “Canal du Centre”, das Antwerpen-Charleroi-Kanal und erst später das Albert-Kanal (1928). List ließ auch Eisenbahnen überall bauen, um die Kommunikationen zu beschleunigen. Deutschland aber auch die Vereinigten Staaten verdanken diesem großen Ingenieur und Ökonom, starke industrielle Mächte geworden zu sein. 

 

Prinzip ist es aber, daß Seemächte solche innenländische Entwicklungen nicht dulden können. Die Engländer insbesondere fürchteten, daß das Element ihrer Macht d h ihre Flotte an Bedeutung verlieren wurden. Gegen den Bau des Atlantik-Mittelmeer-Kanals meckerte die englische Presse. 1942 wurde in der Londoner Presse eine Karte publiziert, die die Gefahren einer Rhein-Main-Donau-Verbindung erwähnte. Max Klüver, in seinem äußerst interessanten Buch “Präventivschlag”, erinnerte uns daran, daß schon Sabotage gegen Brücken in Ungarn und Rumänien durch Intelligence-Service-Agenten vorgeplant wurden. Der Kalte Krieg hatte auch als Ziel, die Elbe und die Donau zu sperren, um jede wirtschaftliche Dynamik zwichen Böhmen und Norddeutschland und zwischen Bayern-Österreich und dem Balkan-Raum zu strangulieren. Der Krieg gegen Serbien 1999 diente u a auch dazu, die Donau-Verkehr zu stoppen und jede Kommunikationsachse zwischen dem Raum um Belgrad und dem Ägäischen Meer unmöglich zu machen. Die Ideen Lists sind noch ebenso wichtig heute wie damals und sollten ausgedehnt werden, damit sie auch Satellitensysteme miteinbeziehen. Jede Völkergruppe hat also heute das Recht, eigene elektronische Mittel und Systeme zu entwickeln, um seine industrielle und wirtschaftliche Kräfte zu stärken.

 

Um aktualisierte Interpretationen von Lists Theorien, die in Europa mehr oder weniger verpönt wie alle “heterodoxen” Lehren sind, muß man den Umweg nach Lateinamerika machen. Dort dozieren und arbeiten noch gute Schüler von List und Perroux. Wenn sie über einer Emanzipation den VSA gegenüber reden, benutzen sie den Terminus “Kontinentalismus”. Die meinen dabei eine gesamtkontinentalische politische Bewegung, die die Kräfte bündeln, um aus der Abhängigkeit Washingtons zu geraten. In Argentinien zum Beispiel werden autarkische Ideen schon zur Zeit Perons gründlich entwickelt. Argentinien, bevor übernationale Kräfte aus dem Bankwesen das Land mit allerlei Tricks ruinierten, genieß von einer regelrechten Nährungsfreiheit mit eine Überproduktion von Korn und Fleisch, die auch exportiert werden konnte, was Washington einen Dorn im Auge war. Argentinien hatte auch, teilweise mit der Hilfe von deutschen Ingenieuren, eine unabhängige, autonome und weitverzweigte Kriegsindustrie entwickelt. 1982 benutzten noch argentinische Piloten hausproduzierte PUCARA-Kampflugzeuge, um englische Schiffe während des Falkland-Krieges zu zerstören. Deshalb ist die peronistische Ideologie seit mehr als 60 Jahre Feind nummer eins der VSA im südlichen Teil Ibero-Amerikas. Die zahlreichen inszenierten Krisen, die das Land General Perons heimsuchten, haben die ganze Praxis der Autarkie zunichte gemacht. Ein positives Experiment hat so ein jähes Ende gefunden. 

 

Um eine klare Antwort dem US-Globalisierung zu geben, braucht man, auf Grundlage des hier erwähnten Wissens folgende sechs Punkte für eine unabhängige und nonkonforme Europa-Politik durchzukämpfen :

 

Punkt 1 : Wieder von Neoliberalismus zum Ordo-Liberalismus

 

Die Wirtschaft sollte wieder “patrimonial” werden nach dem Rheinischen Modell, sowie Michel Albert es in einem weltweit verbreiteten Buch dargestellt hat. Hauptrichtung einer erneuten ordo-liberalistische Wirtschaftspolitik heißt es, investieren statt spekulieren. Investierung gilt auch in Erzihungsanstalten, Universitäten und Forschung. Eine solche Politik impliziert auch eine Kontrolle der strategisch wichtigen Sektore, genau so wie Japan, die VSA und heute auch das Rußland Putins es tun. Putin fragte eben Chodorkovski sein Vermögen patriotisch in der russischen Föderation selbst zu investieren, statt im Ausland zu belegen und so risikolos zu spekulieren. Euro-Brüssel hat immer eine solche Politik abgelehnt. Kürzlich fragte der FN-Europaabgeordneter Bruno Gollnisch, Europas Politik auf drei Achsen zu konzentrieren : 1) Airbus, um eine von Amerika unabhängige Luftfahrtindustrie zu entwickeln; 2) Aerospace, um Europa ein Satellitensystem zu geben; 3) Energieforschung, um Europa von dem Zwang der US-geleiteten Ölkonzerne zu befreien. Ein so klares Programm ist ungezweifelt ein Schritt in der guten Richtung.

 

Punkt 2 : Die Unabhängigkeit von den großen amerikanischen Medienagenturen zu erkämpfen

 

Um uns von den Medienagenturen, die die Wirklichkeit gegen unsere eigenen Interessen interpretieren, muß Europa eine eigene Raumfahrt entwickeln und deshalb ist eine enge Kooperation mit Rußland nötig. Ohne Rußland, sind wir viele Schritte hinterher. Rußland hat das nötige Wissen in Raumfahrt-Fragen während langen Jahrzehnten versammelt. Indien und China scheinen mitarbeiten zu wollen. Aber um den mediatischen Totalitarismus amerikanischer Macherei zu bekämpfen, braucht man eine geistige Revolution, eine neue Metapolitik, um die reale Fazsination zu brechen, die die amerikanische Film- und Freizeitindustrie übt. Die Qualität und die Attraktivität einer eigenen europäischen Kulturproduktion, die zur gleichen Zeit die Buntheit und Verschiedenheit der europäischen Kulturen im Sinn der Herderschen Philosophie bewahrt, wird uns erlauben den “kognitiven Krieg” zu gewinnen [Die heutigen französischen Strategen sprechen von “guerre cognitive”]. Eine geistige Revolution braucht Fantasie, Kreativität, Futurismus und über alles eine bestimmte Frechheit, die ein  satirisches Blatt aus der deutschen Geschichte wie “Simplicissimus” sehr gut vertrat. Der freche Geist kann, wenn gut gezielt wird, den “kognitiven Krieg” gewinnen.

 

Punkt 3 : Die Prinzipien der Außenpolitik sollten nicht diejenigen sein, die Amerika pausenlos predigt

 

Europa muß seine eigenen Prinzipien in der Außenpolitik entwickeln, d h den Universalismus Washingtons ablehnen, sei er “multilateralist”, wie Kerry es will, oder “unilateralist”, wie Bush es z. B in Irak praktiziert. Für ein Europa, das nicht mehr Euro-Brüssel sein würde, sollte kein Modell weltweit gelten oder als solches verkündet werden. Zwei Lehren sollten hier erinnert und erwähnt werden : 1) Armin Mohler, im Juli 2003 verstorben, sprach von der Notwendigkeit, den Gaullismus deutsch zu interpretieren und zu praktizieren, in dem Sinn, schrieb er in “Von Rechts gesehen”, daß ein wirkliches Europa sich ständig für eben diese Länder, die die Amerikaner als “Rogue States” oder “Schurkenstaaten” betrachten, interessieren. Zur Zeit, wo Armin Mohler diese texte über den Gaullismus schrieb, war der Hauptschurkenstaat China. In “national-europäischen” Lager sagten Jean Thiriart und die Anhänger seiner Bewegung “Junges Europa” in Brüssel genau dasselbe. In Deutschland versuchte Dr. Haverbeck in Vlotho eine objektivere Information über China zu verbreiten. Die belgische Königin-Mutter Elisabeth von Wittelsbach reiste nach China. Alle wurden als “Maoisten” oder “Krypto-kommunisten” beschimpft. Die Orientierung der Außenpolitik auf chinesischen Modellen ist aber keine Dummheit. 2) Diese letzte Idee bringt uns zu einem Modell, das Europa nachahmen sollte, statt dem amerikanischen Universalismus  zu imitieren. China will weltweit die Außenpolitik innerhalb des heutigen Staatensystems auf fünf Hauptprinzipien reduzieren : 1. Keine Einmischung dritter Staaten in den inneren Angelegenheiten eines bestimmten Staates, was bedeutet, daß die Menschenrechtenideologie nicht benutzt werden sollte, um Streitereien in dritten Staaten aufzustacheln. General Löser, der hier in Deutschland für die Neutralität Mitteleuropas unmittelbar vor dem Fall der Mauer predigte, vertrat ähnliche Argumente. 2. Respekt für die Souveränität der existierenden Staaten. 3. Nie die Existenzgrundlagen eines Staates anzutasten. 4. Die friedliche Koexistenz weiter unterstützen. 5. Jedes Volk die Freiheit gewähren, sein eigenes Wirtschaftssystem zu gestalten.

 

Die politische Philosophie Chinas füßt auf klassische Autoren wie Sun Tzu, Han Fei und der Tao-Te-King : alle enthalten glasklare Argumente, die mit dem verderbeden Moralismus nichts zu tun haben.

 

Punkt 4 : Nach der militärischen Unabhängigkeit streben...

 

Hauptaufgabe einer gesamteuropäischen Freiheitsbewegung sollte sein, die Waffenindustrie zu schützen und es vermeiden, daß die existierenden Firmen in den Händen von US-amerikanischen Konzerne wie Carlyle Incorporation fallen. Fiat Avio in Italien, die deutsche U-Boot-Industrie, das spanische “Santa Barbara Blindados”-Konzern sind kürzlich durch Börsenspekulationen amerikanisch geworden. Als andere Aufgabe gilt es, systematisch das Eurocorps statt die NATO zu schützen und weiter das Eurocorps auf Grundlagen der Prinzipien einer Volksarmee schweizerischen Modells oder einer Miliz wie Löser in Deutschland, Spannocchi in Österreich, Brossolet in Frankreich es theorisiert haben. Die NATO ist tatsächlich überholt seitdem Deutschland und Europa 1989 wiedervereint wurden. Damals haben die Europäer die Chance verpasst, eine neue Weltordnung in ihrem Interesse zu gestalten. Deshalb kommt wahrscheinlich die Idee einer Paris-Berlin-Moskau-Achse zu spät. Dritte Aufgabe : eine Flotte mit Flugzeugträger zu entwickeln. Vierte Aufgabe : ein Satellitensystem zu starten, damit Europa endlich Militär- und Kulturkriege zusammenschmelzen kann. Das führt uns zu Punkt 5.

 

Punkt 5 : Gegen das ECHELON-System kämpfen

 

Als Beobachtungs- und Spionierungssystem Großbritanniens, Australiens, Kanadas, Neuseelands und der Vereinigten Staaten, ist ECHELON eine Waffen gegen Europa, Rußland, Indien, China und Japan. Es verkörpert die gefährliche Idee der totalen Überwachung, wie schon Orwell und Foucault sie vorausgesehen hatten. Eine solche Überwachung sollte entgegengewirkt werden nur mit der Entwicklung anderer Systeme, die durch eine enge Zusammenarbeit zwischen Rußland, Europa, Indien und China entstehen können. Wenn ECHELON nicht mehr das einzige System solcher Art ist, können die Mächte der eurasischen Landmasse eine kulturelle, militärische und wirtschaftliche Antwort geben. In ECHELON, verschmelzen sich tatsächlich die kulturellen, wirtschaftlichen und militärischen Operationen, die heute geführt werden. Die Antwort ist wirklich Euro-Space. 

 

Punkt 6 : Für eine unabhängige Energie-Politik

 

Was die Energie-Politik betrifft, sollte der Modus die Diversifikation sein, wie De Gaulle es für Frankreich in den 60er Jahren plante, wenn er sich von Amerika und NATO distanzieren wollte. Das französische Planbüro wollte damals, alle mögliche Energiequellen ausbeuten, so die Wind-, Sonnen-, Ebbe-und-Flut- und Wasserenergie, ohne Öl oder Kernenergie auszuschließen. Die Diversifikation hilft, die Abhängigkeit von einzigen oder ausschließenden Energiequellen abzubauen. Heute, würde eine solche Politik noch gültig sein, aber dazu sollte eine Entwicklungspolitik der eurasischen Ölleitungen zusammen mit Rußland, China, Korea und Japan weiterentwickelt werden. Hauptsache ist es, die Abhängigkeit von saudischen d h amerikanisch-kontrollierten Ölquellen abzubauen.

 

Diese sechs Punkte können nicht von unserem üblichen Politpersonal realisiert werden. Die Lageanalyse desbetreffend ist schon da, als Fundgrube neuer politischen Ideen und Programme. Prof. Erwin Scheuch, Hans-Herbert von Arnim, Konrad Adam, die italienische anti-partitokratische Tradition und das Werk Roberto Michels, Kritiker der Oligarchen, das Werk des ehemaligen Franco-Minister Gonzalo Fernandez de la Mora, haben Kampfbegriffe bestimmt, um die Cliquen und die allgemeine Parteiherrschaft offensiv zu kritisieren, damit die planlosen Eliten den Weg endlich frei halten für neue Eliten, die die richtigen Antworten für die zeitgenößischen Probleme haben. Deshalb scheint es mir noch wichtig ein Zitat von Arthur Moeller van den Bruck zu meditieren, der sagte, daß “Parteipolitik schlimm sei, da die Parteien sich zwischen dem Staatsapparat, das theoretisch allen gehören sollte, stellen, und so einen Filter einscheiben, der jede UNMITTELBARKEIT zwischen Volk und Politik unmöglich macht”. Nur diese von Moeller van den Bruck erwähnte UNMITTELBARKEIT gründet die wahre Demokratie, die auch nur organisch und populistisch sein kann, da anders der Staat rein formal, unorganisch und leblos, wird.

 

Die große Idee der UNMITTELBARKEIT im reinen Politischen macht es möglich reale Projekte zu realisieren und die falsche ideologische Botschaften zu entlarven. Daran sollen wir alle arbeiten.

 

Ich danke Ihnen für Ihre Aufmerksamkeit,

 

Robert Steuckers.

lundi, 08 septembre 2008

Une critique visionnaire du dérèglement économique mondial

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Une critique visionnaire du

dérèglement économique mondial

George FELTRIN-TRACOL

sur: http://www.europemaxima.com/

Au début de la décennie 1930, quand la crise de 1929 commençait à toucher la France, deux jeunes penseurs courageux et originaux, Robert Aron et Arnaud Dandieu, rédigèrent Le cancer américain.

Ces deux noms ne sont pas inconnus pour qui s’intéressent à cet extraordinaire foisonnement intellectuel de la France de l’Entre-Deux-Guerres que Jean-Louis Loubet del Bayle désigna dans un livre magistral et fondateur sous le terme générique de « non-conformistes des années 1930 ». Avec Denis de Rougemont et Alexandre Marc, Robert Aron et Arnaud Dandieu animèrent la revue L’Ordre Nouveau et le groupe éponyme. Situé entre la revue personnaliste Esprit d’Emmanuel Mounier, de sensibilité « progressiste » (ou au moins « humaniste intégral »), et la Jeune Droite d’extraction maurrassienne, L’Ordre Nouveau ne cessa de dialoguer avec elles, occupant ainsi un espace central de la pensée française d’alors sans pour autant renoncer à sa radicalité intrinsèque.

Cette radicalité se manifeste pleinement dans Le cancer américain que L’Âge d’Homme vient enfin de rééditer. À la différence des écrits des autres non-conformistes qui traitent de philosophie, de politique, de moral, Robert Aron et Arnaud Dandieu nous livrent une réflexion économique sur la transformation profonde, capitale, du monde à laquelle ils assistent horrifiés. « Nous voici au changement des temps où il nous faudra choisir entre les routines oppressives d’une tradition faussée et le travail révolutionnaire qui mène à un ordre nouveau. Ce livre sans portée constructive et sans valeur doctrinale, n’a été écrit que pour inviter à ce choix. »

Le cancer américain critique en des termes fort rudes les politiques déflationnistes de l’Étatsunien Hoover et du Français Tardieu. Mais, par delà cette critique conjoncturelle implacable, l’ouvrage dénonce impitoyablement la diffusion de nouveaux modes de production standardisés, la rationalisation des méthodes de travail qui ne se limite pas au seul secteur industriel, le taylorisme et le fordisme qui envahissent les esprits. Il s’en prend aussi au principe de l’assurance et à l’idéal philanthropique des sociétés occidentales qui minent et sapent les communautés humaines. Il en résulte que « pour tous ceux, Français ou étrangers, Américains ou Asiatiques, qui sentent, au sens le plus médiocre comme au plus élevé du mot, leur “ avenir ” menacé et leur existence compromise par des crises qu’ils subissent sans parvenir à les comprendre, pour les peuples qui voient disparaître leurs traditions essentielles, — pour les individus opprimés dans leur bien-être et dans leurs joies — ce livre est un cri d’alarme ». Les auteurs se révoltent donc contre le monde moderne puisqu’ils estiment « le mal dans lequel se débat le monde moderne est bien, comme un cancer, lié à la nature même de ce monde ». En observateurs lucides et soucieux, ils constatent que « le cancer du monde moderne a pris naissance bien loin des charniers de la guerre, en un terrain bien abrité, mieux même qu’on ne le croit souvent. C’est le cancer américain ».

Ce livre, on s’en saurait douté, vitupère contre le système yankee d’autant que « les États-Unis doivent apparaître comme un organisme artificiel et morbide » ! Cependant, les auteurs se nuancent et précisent que « les U.S.A. que nous mettons en cause, c’est une méthode, ce n’est pas un peuple, encore moins une terre. Méthode qui a bien pu se greffer sur tout un groupe humain, comme une maladie ; mais qui n’en garde pas moins sa liberté de propagation et son existence indépendante… ».

Considérant néanmoins que « l’impérialisme américain à base économique et mystique, est l’héritier direct de la tradition coloniale européenne », que « l’esprit américain [est] cancer et détournement de l’esprit véritable » et qu’il « se ramène à une double crise : crise de conscience d’abord, et crise de virilité », Robert Aron et Arnaud Dandieu, doués de prescience, s’indignent de la mise en tutelle des banques européenne par la Federal Reserve Banks via la Banque des Règlements Internationaux, et s’élèvent contre la mise en place d’un système monétaire international qui préfigure et annonce les accords calamiteux de Bretton Woods en 1944.

Comme leurs « homologues » révolutionnaires-conservateurs allemands, Robert Aron et Arnaud Dandieu déplorent le plan Dawes et rejettent le scandaleux plan de remboursement Young qui fragilise les économies européennes. On a tendance à l’oublier aujourd’hui : si les États-Unis ne ratifièrent pas en 1920 le traité de Versailles et choisirent l’isolationnisme, Washington n’en continua pas moins d’exiger de ses débiteurs le paiement complet des prêts de guerre et de leurs intérêts… L’isolationnisme politique yankee s’accorda sans problème avec une solide attention financière intéressée au Vieux Monde. C’est par ce biais que les États-Unis parviennent à s’imposer. « Cette colonisation américaine de l’Europe est évidemment que plus elle devient dangereuse, moins elle est apparente. Et ici se confirme une fois de plus le caractère profondément abstrait de cette colonisation. C’est sur le terrain financier et particulièrement celui du crédit que cette constatation se montre la plus éclatante. À ce titre, et bien qu’il soit bousculé par les événements, le plan Young demeure un objet d’études particulièrement révélateur : son importance subsiste entière et 1929 apparaît comme une étape particulièrement grave dans la colonisation de l’Europe par l’Amérique. Pour la première fois, au moyen d’un organisme bancaire, un protectorat secret sur l’ancien monde était établi de façon assez discrète, pour que nul ne s’en aperçût. Machine admirablement montée, mais encore mieux camouflée, et sur laquelle il faut nous arrêter quelque peu. Véritable charte du colonialisme américain ! » Cette invasion subtile et insidieuse prend des formes surprenantes, que « de la colonisation concrète ayant un but matériel, voire territorial, elle est passée progressivement à ce que l’on pourrait appeler la colonisation abstraite, c’est-à-dire à la colonisation par le commerce, puis par le crédit, puis enfin par le prestige ».

Les auteurs du Cancer américain considèrent par conséquent que la prospérité étatsunienne des « Années folles » s’est bâtie sur les ruines et la reconstruction de l’Europe meurtrie. Or la crise de Wall Street et ses conséquences ne font qu’accentuer ce parasitisme d’une manière dangereuse, car, « que l’Amérique le veuille ou non, c’est à la guerre que mènent inévitablement sa prospérité et ses crises, à la guerre… en Europe », avertissent-ils prophétiquement.

Ils récusent toutefois la solution belliciste. « Ce livre n’est pas un appel à l’on ne sait quelle guerre sainte. La guerre ne peut rien contre les maux de l’esprit, et le cancer américain est avant tout un cancer du spirituel. Ce n’est pas à la guerre contre l’Amérique qu’au-dessus des nationalités il faut appeler l’Europe ; non seulement les canons ne peuvent rien contre le cancer, mais la guerre est un contact plus dangereux que n’importe quel autre, et l’on s’américanise contre l’Amérique plus vite encore que pour elle. Nous n’appelons donc à la guerre, mais à la conjuration. » Ce complot, cette insurrection des cultures populaires enracinées doit aller à l’encontre de l’air du temps et de ses engouements superficiels. Déjà « le rôle que nous nous assignons, dépassant les questions de frontière ou le problème même de race, est d’écrire le Discours contre les excès de la Méthode (1), c’est-à-dire contre les abus d’une méthode jadis bienfaisante, le Discours contre la technique qu’attend notre génération ». Comment ? « Contre l’esprit américain, ce cancer du monde moderne, il n’est aujourd’hui qu’un remède. Pour échapper à l’engloutissement dont nous menacent les déterminismes matérialiste et bancaire, c’est avant tout le mythe de la production qu’il faut attaquer et détruire : c’est avant tout une révolution spirituelle qu’il est de notre devoir de susciter. » MM. Aron et Dandieu suggèrent donc de décoloniser les imaginaires…

Cette « révolution spirituelle » nécessaire, indispensable, vitale même, ne peut que se fonder sur l’idée européenne. Et on comprend mieux tout ce qui sépare la Jeune Droite, restée nationaliste, de L’Ordre Nouveau, véritablement européiste, qui perçoit l’Europe en rempart salutaire au déferlement destructeur de la modernité. « Dans sa Révolution nécessaire, elle rejettera avec indignation tous les colonialismes étrangers ou internes, qui partout, dans les métropoles comme dans les terres d’outre-mer, ne cherchent qu’à brimer les modes d’existence et de pensée indigènes au profit d’autres cancers conçus à l’instar de l’Amérique. » Mieux, l’Europe, pour les auteurs, ne dément pas la juste affirmation des peuples à préserver leurs identités, bien au contraire ! « Diversité et unité peuvent en elles s’appuyer l’une sur l’autre, parce que c’est la diversité des patries et des cultures qui y a lentement, contre la volonté des États et des diplomates, promu au rang de valeur suprême la puissance d’un esprit créateur, spécifiquement humain. Puisque aujourd’hui on s’en prend à ta diversité comme à ton unité, à ta peau comme à ton âme, Europe, réveille-toi ! » Le propos résonne d’une tonalité singulièrement actuelle.

Sorti après Décadence de la nation française (qu’il serait bien que l’éditeur le republie) et avant La Révolution nécessaire (2), Le cancer américain étudie en temps réel la mainmise du système bankstère sur les vieilles nations européennes. Trois quarts de siècle avant la « mondialisation », cet essai signale que loin d’apporter le bonheur et la plénitude individuels entiers, le dérèglement volontaire du capitalisme libéral et sa généralisation virale plongeraient le monde dans un chaos dont l’homme du début du XXIe siècle pâtit encore des affres. Saluons donc L’Âge d’Homme pour cette réédition et méditons les avertissements visionnaires de Robert Aron et d’Arnaud Dandieu afin d’édifier au final cet ordre nouveau souverain, libérateur et européen.

Notes

1 : En 1974, Robert Aron publia chez Plon Discours contre la Méthode, préfacé par Arnaud Dandieu.

2 : La Révolution nécessaire, Grasset, 1933, réédition, Jean-Michel Place, 1993, préface de Nicolas Tenzer.

• Robert Aron et Arnaud Dandieu, Le cancer américain, L’Âge d’Homme, préface de Pierre Arnaud, coll. « Classiques de la pensée politique », 2008, 141 p., 24 €.

samedi, 06 septembre 2008

Heurt frontal au Caucase

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Jan ACKERMEIER:

 

Heurt frontal au Caucase

 

La guerre de cinq jours dans le Caucase vient à peine de se terminer mais ses effets sur les rapports futurs entre les Etats-Unis et la Russie ne sont pas encore vraiment prévisibles dans toute leur portée. Ce qui est intéressant à analyser, c’est le calcul des Etats-Unis dans ce conflit.

 

La guerre a commencé, c’est connu, par l’entrée des troupes géorgiennes en Ossétie du Sud, “une province rénégate”, selon les Géorgiens. A la suite de cette opération, la grande puissance qui s’auto-proclame défenderesse des Ossètes, soit la Russie, intervient dans le conflit, repousse rapidement les troupes géorgiennes et s’avance profondément dans le territoire central de la Géorgie. Les médias occidentaux s’empressent de stigmatiser la contre-attaque russe, en la campant comme “une guerre d’agression contraire au droit des gens”, et se soumettent servilement aux impératifs de la politique et de la propagande américaines. Les Etats-Unis auraient apprécié que la Géorgie, alignée sur l’Occident et donc sur Washington, ait pu activement imposer ses intérêts dans le Caucase et veiller à limiter encore davantage l’influence de la Russie dans cette région.

 

Les Russes, toutefois, en dépit de leurs problèmes de politique intérieure, sont encore capables de faire valoir leurs intérêts de grande puissance: ce qui fait écumer de rage les Etats-Unis et leurs vassaux. On crie déjà au retour de la “Guerre froide” et la ministre américaine des affaires étrangères, Condoleezza Rice, s’est ridiculisée récemment en déclarant que “la Russie par sa  ‘guerre d’agression’ (!!!) contre la Géorgie avait perdu toute crédibilité internationale”! Cette hypocrisie manifeste, les Américains, baignant dans leur narcissisme, ne l’aperçoivent même plus, car, rappellons-le, les attaques américaines contre l’Irak et l’Afghanistan étaient au moins aussi équivoque sur le plan du droit des gens que l’intervention russe dans le Caucase.

 

Il faut tenir compte du fait que les Ossètes, tant ceux du Nord qui vivent au sein de la Fédération de Russie, que ceux du Sud, qui vivent dans une région revendiquée par la Géorgie, se perçoivent comme un et un seul peuple, d’une culture spécifique. Les prérequis pour l’exercice par les Ossètes d’un droit d’auto-détermination, sur les plans intérieur et extérieur, existent bel et bien. Et lorsque la Russie, puissance protectrice des Ossètes, se réclame du droit à l’auto-détermination quand elle intervient contre la Géorgie, ses justifications sont bien plus valables que celles invoquées naguère par les Etats-Unis, qui nous parlaient à tours de bras de la fable des “armes de destruction massive” de l’Irak ou de la menace que faisait peser sur les Etats-Unis eux-mêmes les terorristes afghans, ou encore, de l’autre fable médiatique, celle de l’exportation de la démocratie et des droits de l’homme. Bien entendu, les interventions russes dans le Caucase participent, elles aussi, d’une volonté de faire valoir ses intérêts de grande puissance, exactement comme l’avait fait la politique étrangère des Etats-Unis au cours de ces dernières décennies; parallèle que l’on ne veut pas voir en notre pays: n’est-on pas finalement, dans l’âme et dans les tripes, des vassaux de la “communauté occidentale des valeurs”.

 

Jan ACKERMEIER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°35/2008 – août 2008 – trad. franç.: Robert Steuckers).

vendredi, 05 septembre 2008

M. Mann et la notion d'"Empire incohérent"

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Synergies Européennes – Ecole des Cadres / Bruxelles – octobre 2004

 

Dimitri SEVERENS :

Michael Mann et la notion d’”Empire incohérent”

 

Face aux entreprises de l’Amérique de Bush en Afghanistan et en Irak, les réactions sont diverses, multiples, montrant, hélas, la disparité problématique d’une opposition trop bigarrée à la guerre américaine en Mésopotamie. Bon nombre de réactions relèvent d’un pacifisme pur et simple, c’est-à-dire d’une idéologie diffuse qui a pour caractéristique principale d’être irréaliste, de ne pas réinscrire les événements d’aujourd’hui dans la trame éternelle de l’histoire mondiale, dans le cadre géopolitique d’un Proche- et d’un Moyen-Orient disputé entre puissances rivales depuis la fin de l’ère néolithique.

 

D’autres ouvrages critiques méritent cependant le détour, notamment celui du sociologue Michael Mann, qui enseigne en Californie. Michael Mann a rédigé un plaidoyer pacifiste, qui consiste, en gros, à dire que les entreprises de Bush, inspirées par l’école néo-conservatrice où se rencontrent tous les anciens comploteurs rooseveltiens-trotskistes, ne sont ni plus ni moins que les expressions d’un “néo-militarisme”. Rien de bien original dans cette assertion, qu’il suffit de répéter pour se faire bien voir dans les salons de la gauche planétaire, où l’on bavarde sans jamais défier le système sur le fond. Donc première remarque d’ordre stratégique : l’ouvrage de Mann pourrait nous servir à apprendre le langage des pions en place, dans la vitrine pseudo cultureuse et bien-pensante des établissements occidentaux, qui se piquent d’anti-bushisme. Mann permet donc l’entrisme, une stratégie habile de dissimulation à la Sun Tzu. Le militant identitaire peut apprendre le langage de ceux qu’il souhaite ardemment renverser, jeter à la poubelle de l’histoire. Ce qui nous amène à formuler une deuxième remarque stratégique, à tirer de la lecture du livre du Prof. Michael Mann : celui-ci poursuit son raisonnement en disant que ce néo-militarisme conduit à l’incohérence. Montrer l’incohérence de l’adversaire, pour le déstabiliser, est une pratique du combat culturel et politique dont il faut être virtuose.

 

Pour Mann, l’incohérence américaine actuelle consiste à proclamer et à espérer l’avènement d’un “Nouvel Ordre Mondial”, sans être en mesure d’asseoir une réelle “pax americana”. Mann ne cite pas une seule fois Carl Schmitt dans son ouvrage, or son argument majeur rappelle pourtant quelques éléments de l’œuvre du grand politologue et juriste allemand, et procède du constat que les Etats-Unis ne sont pas une “nouvelle Rome”, en dépit de cette prétention souvent affirmée ces dernières années dans les cénacles néo-conservateurs , notamment chez des auteurs comme Charles Krauthammer et Robert Kagan. Pour Schmitt, les Etats-Unis des années 40 à 70 étaient une sorte de “nouvelle Carthage”, dont l’élément-symbole était l’eau, l’eau salée de la mer, de l’océan, sur laquelle les hommes ne peuvent rien faire pousser, ne peuvent habiter. Schmitt raisonne en paysan romain, germanique et catholique tout à la fois, en natif de ce patelin qu’est Plettenberg dans le Sauerland. La mer n’est rien de concret, même si elle procure la puissance, une puissance issue de la piraterie éternelle, à qui la maîtrise techniquement. Mieux, dans ses écrits d’après-guerre, Schmitt, notamment dans son journal, le fameux “Glossarium”, revient sans cesse sur la dichotomie Terre/Mer et se fait prophète : un impérialisme maritime est un impérialisme qui va introduire la mort car il est, par définition, un impérialisme mouvant comme un navire. Sur la mer, il faut donc bouger sans cesse car qui s’arrête de bouger, de nager, de flotter sur un radeau ou une coquille de noix, sombre, coule à pic et meurt. L’homme est un être politique, lié à la Terre, qu’il organise et qu’il féconde : c’est le “nomos” de la Terre. Le pirate est un vauteur, dans cette perspective, non pas un “zoon politikon”, qui gère, norme, arpente, mesure comme un géomètre, plante et récolte.

 

Mann ne dit pas autre chose, mais dans une langue assez conformiste, qui peut passer comme une petite pilule toute légère à travers le gosier délicat des écervelés contemporains. Schmitt était agacé par le discours “démocratique” de l’Amérique de Wilson et de Rossevelt, qu’il considérait comme une formidable hypocrisie. Plus on parle de démocratie, constatait-il, plus la praxis est brutale et haïssable, diamétralement différente du discours lénifiant. Mann affirme dans son livre que l’Amérique contemporaine parle de liberté et de démocratie, d’abondance matérielle, de cette paix perpétuelle qui viendra après l’élimination des “mauvais”, mais qu’en réalité les guerres se multiplient et se succèdent, les terrorismes jaillissent du sol comme les champignons après la pluie. L’Amérique n’est donc pas une puissance politique au sens d’Aristote et de Schmitt : elle ne pacifie pas, elle ne procède pas au travail du “nomos”.

 

Mann, comme Schmitt, constate que les fondements concrets, idéologiques et économiques, des Etats-Unis sont faibles, dans le fond, et que cette faiblesse postule une politique brutale, celle d’un militarisme qui frappe mais ne construit pas d’acqueducs ou de routes comme les légionnaires de la Vieille Rome. Washington peut gagner la puissance mais n’aura jamais cette fascinante “auctoritas”, fondatrice des vrais empires historiques, qui apportent la paix pendant de longs siècles. Si le langage pacifiste de Mann peut nous faire croire, de prime abord, que son analyse de la situation actuelle est irréaliste, mais, finalement, elle donne, pour qui sait raisonner dans les termes et les catégories que nous a légués Carl Schmitt, la clef pour présenter, hors milieu identitaire, un schmittisme soft (en apparence, car aucun schmittisme n’est soft, in fine) aux âmes fragiles, habituées à un discours médiatique tout de guimauve. Autre concept intéressant de Mann : l’Amérique comme puissance schizophrénique. La schizophrénie américaine selon Mann consiste, comme on l’a vu au cours de ces neuf dernières décennies, à osciller entre “multilatéralisme” et “unilatéralisme”, à conquérir des pays mais sans pouvoir les remettre d’aplomb (comme les Romains l’avaient fait en Gaule), sans comprendre les ressorts des pays conquis, comme l’ethno-nationalisme ou le fondamentalisme religieux.

 

Que faut-il faire du livre de Mann? Un Cheval de Troie pour entrer dans le discours de l’établissement et y injecter un schmittisme corrosif !

 

Dimitri SEVERENS.

 

Michael MANN, Incoherent Empire, Verso, London, 2003. La version française vient de sortir de presse : L'Empire incohérent. Michael Mann, Paris, Calmann-Lévy. ISBN 2702135005. EAN 9782702135006. Code Hachette

5176904. Format : 230x150x25 mm. 384 pages. Prix TTC : 19,00 €.

 

mercredi, 03 septembre 2008

Doctrine de Monroe et géopolitique moderne

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James Monroe

Pankraz / “Junge Freiheit”:

 

Doctrine de Monroe et géopolitique moderne

 

Les héritiers de Friedrich Ratzel et de Karl Haushofer ont bien du pain sur la planche ces jours-ci. Le concept de “géopolitique”, qu’ils ont forgé jadis, est dans toutes les bouches. En effet, les événements de Géorgie et autour de la Géorgie ont fait prendre conscience même au plus obscur des téléspectateurs que la politique étrangère actuelle n’est pas un jeu simple, qui se joue sur un damier rudimentaire et enfantin et sur base de quelques règles proprettes de politologie et de quelques principes juridiques relevant du droit de gens, mais qu’elle est bien plutôt un art de jonglerie, d’une haute complexité, avec  un nombre incalculable de balles qui, de surcroît, sont de dimensions différentes, et dont le mouvement propre est seulement “devinable” par les acteurs en piste et ne peut jamais, ne pourra jamais, être totalement prévisible.

 

Celui qui voudra sur le long terme connaître le succès en politique étrangère devra, par la force des choses, se faire géopolitologue. Il ne suffit pas de se réclamer pompeusement des droits de l’homme, qui sont abstraction, et, pour le reste, s’efforcer d’avoir un potentiel supérieur de suffrages ou de présenter de bons scores électoraux, il faudra bien plutôt immerger ses pensées dans le “génie de l’espace” (comme disait Rudolf Kjellén), c’est-à-dire respecter au cas par cas les traditions régionales, prendre au sérieux les passions du lieu, se donner des idées claires, sans illusions, au-delà de l’espace réduit de ses propres compétences et autorités. 

 

En fait, ce que je dis là sont de pures évidences, que l’on pouvait déjà lire chez Montesquieu (1689-1755). L’ère du colonialisme européen et, à la suite de celui-ci, l’époque de la communication technique embrassant le globe tout entier (la “globalisation”) ont fait en sorte que ces évidences ont perdu de leur lustre. On s’est mis à cultiver l’illusion que l’on pourrait (et devrait) mettre tout dans le même sac, juger tout à la même aune, en matière de politique. On a tenté de mettre en pratique des doctrines sotériologiques universelles, ce qui eut des conséquences désastreuses. La fable qu’un “policier mondial”, soi-disant hissé au-dessus de tous les partis, a eu son heure de gloire; un “policier mondial” qui aurait eu le droit de s’immiscer partout dans tout, avec ou sans l’aval d’un caucus ou d’un conseil autorisé.

 

Ce que nous apercevons aujourd’hui, c’est la fin de cette politique de la “planche à dessin”, de l’épure permanente hors du réel, et le retour de la géopolitique. On reconnaît désormais, lentement mais sûrement, que les “droits fondamentaux”, conçus par la pensée aux heures les plus sublimes de l’histoire occidentale, se télescopent en permanence dans le concret des situations spatiales/territoriales; il en va ainsi de la doctrine de l’intangibilité des Etats et de leurs frontières; cette doctrine de l’intangibilité se heurte, sans espoir aucun d’accalmie, à celle du droit des peuples à l’auto-détermination. 

 

Si les Albanais du Kosovo ont le droit de se débarrasser des structures étatiques qui les liaient à la Serbie, pourquoi les Ossètes du Caucase n’auraient-ils pas, à leur tour, le droit de se séparer de l’Etat géorgien? Quelle loi autorise-t-elle l’une sécession et interdit l’autre? Quelle loi autorise-t-elle l’OTAN, instance étrangère à l’espace balkanique, de bombarder Belgrade dans l’intérêt des Albanais? Quelle loi interdit-elle à la Russie, qui est depuis des siècles la puissance protectrice des Ossètes, d’intervenir à leur profit en Géorgie? Ces lois, que j’évoque dans mes questions, n’existent pas, ni réellement ni potentiellement.

 

Il n’existe que des intérêts et des rapports de force entre regroupements d’Etats, proches ou étrangers à l’espace où se déroulent les affrontements. Sur leurs torts ou leurs raisons ne statue pas une “table de lois” transcendantale, mais, à chaque fois, une constellation régionale concrète, faite d’accords, de conventions et de nécessités. Il est clair, bien évidemment, que les forces inhérentes à l’espace ou proches de cet espace, c’est-à-dire les forces qui sont immédiatement confrontées à la teneur de ces accords et conventions, les forces dont le quotidien est marqué par ceux-ci, ont un droit plus direct et prépondérant à agir ou réagir sur le terrain que les forces qui sont étrangères à cet espace. Ce principe demeure valable même à notre époque de communication globale, où la politique qui régit le flux des finances et des matières premières est mondiale.

 

Lorsque le président américain James Monroe proclame en 1823 la fameuse doctrine qui porte son nom, il a posé, à coup sûr, le premier grand acte de géopolitique prévoyante, visant le long terme. Les Etats-Unis ne se mêleront pas des affaires européennes, disait Monroe, rassurant; mais il fallait aussi que les Européens s’interdisent toute immixtion dans les affaires américaines ou toute implantation de colonies sur un territoire américain. La devise était: “L’Europe aux Européens”, ce qui avait pour corollaire implicite, “L’Amérique aux Américains”.

 

Bien entendu, nous pourrions dire que ce sont là des déclarations et des mots d’ordre antérieurs à la globalisation: il n’en demeure pas moins vrai qu’ils recèlent un solide noyau de réalisme, transcendant les époques; les peuples auraient eu un avenir bien meilleur, s’ils avaient écouté ces déclarations et mots d’ordre plus attentivement; nous aurions pu éviter toute l’ère du colonialisme européen et des guerres mondiales. Aujourd’hui, sous les conditions dictées par les technologies globales de la communication à haute vitesse, plus aucune Doctrine de Monroe n’est possible, sous quelque forme que ce soit. Mais son intention première était juste, comme nous nous en apercevons à nouveau, chaque jour, dans les faits.

 

Prenons en considération la guerre d’Irak et ses conséquences catastrophiques. Le gouvernement Bush, à Washington, disposait de toutes les informations nécessaires pour évaluer de manière réaliste les conséquences de cette guerre. Mais il a obtenu exactement le contraire de ce qu’il avait planifié. Il voulait affaiblir l’Iran, mais celui-ci s’est considérablement renforcé. Mais, au fond, il ne s’agissait pas vraiment d’informations disponibles mais bien plutôt de l’incapacité américaine  —parce que l’Amérique, là-bas, est une puissance totalement étrangère à l’espace moyen-oriental—  à comprendre et à interpréter correctement les informations disponibles dans le cadre des spécificités régionales de cette partie du monde.

 

Les géopolitologues conclueront dès lors: lorsque l’on cherche à résoudre les conflictualités d’une région du monde, il faut appliquer une sorte de principe de subsidiarité, tenant compte du degré d’éloignement spatial par rapport au foyer du conflit. Cet éloignement devant constituer l’instrument de mesure le plus important. Les premiers à pouvoir exercer le droit de résoudre un conflit devraient être les Etats, les peuples et les ethnies qui sont directement concernés par les affrontements. Dans ce cadre, la voix des acteurs les plus modestes devraient peser davantage dans la balance que celle des acteurs les plus puissants. Les forces qui, elles, sont éloignées géographiquement et mentalement du foyer de conflit devront se contenter de patienter et, dans les cas où elles interviendraient effectivement, elles devraient le faire avec beaucoup de décence, de distance et d’indépendance. Elles devraient juguler leur fringale de puissance et surtout faire montre d’une réelle retenue dans leurs médias.

 

Tout beuglement médiatique émis au départ d’un poste soustrait à tous les dangers de la belligérance, dans des rédactions ou des bureaux très lointains sont une nuisance, du point de vue géopolitique. Bien sûr, cela vaut aussi, et d’abord, pour les parties directement concernées. Pour le reste, la géopolitique relève bien de l’esprit de notre temps. Elle vit une nouvelle haute conjoncture.  C’est bon signe.

 

PANKRAZ.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°36/2008 – 29 août 2008 – trad. franç.: Robert Steuckers).

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mardi, 02 septembre 2008

Analyse géopolitique des événements de Géorgie

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John LAUGHLAND:

Analyse géopolitique des événements de Géorgie

 

Sir Halford John Mackinder (1861-1947), professeur de géographie à l’Université d’Oxford, directeur de la London School of Economics et membre du Parlement, est généralement considéré comme le fondateur de la “géographie politique”. Profondément pénétré de l’idée très britannique qu’il est nécessiare de maintenir l’équilibre entre les puissances du continent pour pouvoir conserver l’hégémonie sur la mer, Mackinder, en 1904, pose sa fameuse affirmation: l’Eurasie est le pivot géographique de l’histoire mondiale; de cette affirmation découle que celui qui contrôle l’Europe orientale contrôle simultanément l’Eurasie et, par conséquence, le monde entier.

 

Ses écrits ont eu une influence énorme, qui s’exerce encore aujourd’hui: Zbigniew Brzezinski, le conseiller de Jimmy Carter pour les questions de sécurité nationale, est l’un des principaux débiteurs actuels de Mackinder, notamment pour sa théorie qui veut que l’Amérique doit exercer un contrôle sur l’Asie centrale pour consolider sa propre hégémonie dans le monde. Cependant, les férus actuels de géopolitique ne se rappellent guère que le sommet de la carrière politique de Mackinder fut atteint en 1919, lorsque Lord Curzon, ministre des affaires étrangères, le nomma Haut Commissaire britannique pour la Russie méridionale.

 

La Grande-Bretagne de l’époque avait envoyé des troupes en Russie méridionale pour combattre aux côtés des forces anti-bolcheviques commandées par le Général Denikine. Mackinder avait persuadé ce dernier de reconnaître l’indépendance des peuples du Caucase en cas de victoire blanche; dès que Mackinder s’en retourna à Londres, il déclara que la Grande-Bretagne aurait dû forger une alliance entre une Ukraine indépendante et les Etats du Caucase et maintenir un contrôle sur la ligne de chemin de fer Bakou/Batoum afin de ne pas mettre en danger les fournitures de pétrole en provenance de la Caspienne et afin d’empêcher les Bolcheviques de règner sur l’ensemble des côtes septentrionales de la Mer Noire. A l’époque, la Grande-Bretagne n’opta pas pour cette politique et l’Union Soviétique de Lénine a fini par contrôler efficacement tous les territoires qui avaient appartenu jadis à l’Empire russe (même si elle le transforma en une “fédération”). La vision de Mackinder, elle, n’est devenue réalité qu’un peu moins d’un siècle plus tard, en 1991, au moment de l’effondrement de l’Union Soviétique.

 

C’est à la lumière de cette perspective historique et idéologique que nous devons appréhender, aujourd’hui, le soutien énergique qu’ont apporté les géo-stratèges américains à l’adhésion à l’OTAN de tous les pays riverains de la Mer Noire qui ne le sont pas encore, c’est-à-dire l’Ukraine et la Géorgie. Comme Mackinder jadis, les géo-stratèges américains actuels veulent transformer la Mer Noire en un lac “otanique” et expulser la Russie de tous les territoires pontiques qu’elle a absorbés au cours de l’histoire. Leurs objectifs sont au nombre de trois: 1) protéger les fournitures énergétiques; 2) contribuer à la “démocratisation” (c’est-à-dire à l’occidentalisation) du “Grand Moyen-Orient” de Casablanca à Kaboul; et 3) infliger une défaite décisive à la Russie sur le plan géostratégique. Ces objectifs expliquent pourquoi l’Occident a soutenu Victor Youchtchenko en Ukraine, un politicien pro-OTAN, ainsi que la décision du gouvernement géorgien de reprendre le contrôle de deux provinces séparatistes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, où les tensions se sont dangereusement amplifiées, avec des dizaines de tués lors d’un affrontement aux abords de la capitale sud-ossète Tskhinvali.

 

Quelles sont les chances de succès de l’Occident dans son entreprise? Certes, plusieurs éléments de la théorie de Mackinder ont déjà été traduits dans le réel: l’UE et l’OTAN ont été élargies en direction de l’Est et l’influence de l’Occident vient de progresser en Serbie. Le projet de créer un bouclier “anti-missiles” en Europe orientale avance également et, quand il sera parachevé, il constituera indubitablement une menace pour la Russie. Mais la violence dans le Caucase, si elle s’intensifie, sera la première véritable guerre pour un objectif stratégique depuis l’invasion de l’Irak en 2003; l’ “indépendance” du Kosovo, elle, a été obtenue sans qu’un seul coup de feu n’ait été tiré.

 

Dans son dernier livre, “Le nouveau XXIe siècle”, l’économiste français Jacques Sapir écrit, de manière particulièrement convaincante, que le projet de créer un empire mondial américain est mort-né et cela, depuis 2003. Bien sûr, le projet agite encore l’esprit de quelques fanatiques à Washington.

 

Evidemment, l’économie et la politique des Etats-Unis continuent d’être lourdement influencées par l’industrie militaire, qui stipendie les politiciens pour qu’ils plaident la cause d’un expansionisme militaire, qui a encore le vent en poupe. Enfin, il est patent aussi que les Etats-Unis font montre d’une tendance inquiétante à susciter de nouvelles crises pour distraire l’attention des observateurs, afin qu’ils n’examinent plus trop les crises plus anciennes.

 

Mais les guerres d’usure en Irak et en Afghanistan démontrent que les Etats-Unis ne peuvent effectivement “démocratiser” le Moyen-Orient ni le contrôler véritablement; il s’avère dès lors de plus en plus difficile, dans de telles conditions, de songer à vouloir contrôler toute l’Asie centrale, pour ne pas évoquer l’ensemble du monde. L’armée américaine, finalement, n’est pas assez nombreuse. On peut douter que Washington décide d’envoyer ses propres troupes pour combattre contre les forces pro-russes (ou russes) en Géorgie, même si une telle éventualité reste malgré tout fort probable si John McCain devient président. Mais il ne sera pas nécessairement vrai que “celui qui contrôle Tskhinvali, contrôle le monde”. Néanmoins, l’issue de cette guerre décidera de l’équilibre des forces entre la Russie et l’Amérique dans les prochaines années à venir.

 

John LAUGHLAND.

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 12 août 2008; trad. franç.: Robert Steuckers).

lundi, 01 septembre 2008

Guerre du Caucase: chronologie des événements

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Soldats géorgiens en manoeuvre

 

Andreï ARECHEV:

Guerre du Caucase: chronologie des événements

 

Dans la chronologie des événements, qui ont précédé l’agression géorgienne contre l’Ossétie du Sud, il y a un aspect qui mérite tout particulièrement notre attention: le 31 juillet s’étaient clôturées des manoeuvres communes, regroupant unités géorgiennes et unités américaines, que l’on avait baptisées “Immediate Response 2008”; au cours de ces exercices, les instructeurs américains avaient entraîné les forces armées géorgiennes à parachever des “opérations de nettoyage” contre des terroristes embusqués en zones résidentielles. Les exercices comprenaient des actions comme nettoyer un village des terroristes qui s’y dissimulaient, probablement en vue des engagements futurs des soldats géorgiens en Irak, et de mettre en lieu sûr les populations civiles; Les atrocités commises par les forces géorgiennes à Tskhinvali sont donc le résultat de l’entraînement qu’elles ont reçues de leurs instructeurs occidentaux sous la couverture cynique de “lutte contre le terrorisme”. Les véritables objectifs sont bien entendu complètement différents. L’ancien ministre géorgien des affaires étrangères, Salome Zurabishvili, qui est indubitablement une personnalité bien informée, a déclaré que la présence des Etats-Unis en Géorgie impliquait le déploiement d’une vaste gamme d’activités, parmi lesquelles l’instruction des forces armées et le contrôle du corridor de grande importance stratégique qui passe par le Caucase, où est notamment installé le tracé de l’oléoduc Bakou-Tbilisi-Ceyhan. Selon Zurabishvili, c’est là l’objectif principal du conflit actuel, qui oppose la Géorgie à la Russie et renforce simultanément la loyauté qu’éprouvent désormais les Géorgiens à l’égard des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, ce qui permet à ces deux dernières puissances de contrôler la Géorgie et, par voie de conséquence, l’ensemble du versant méridional du Caucase.

 

Il faut également noter que l’intensification du conflit caucasien, aux confins méridionaux de la Russie, a coïncidé avec les tensions qui ont agité la région autonome chinoise du Xinjiang, où, alors que commençaient les Jeux Olympiques, une attaque terroriste a été commise. Quelques jours auparavant, à Bishkek, la capitale du Kirghizistan, on avait découvert un dépôt illégal d’armes, près duquel résidaient une dizaine de militaires américains et plusieurs diplomates de l’ambassade des Etats-Unis dans ce pays  d’Asie centrale. L’agression de la Géorgie contre l’Ossétie du Sud est un acte de guerre, dans une guerre qui se déroulera dans l’intérêt de tierces puissances et où les Géorgiens sont destinés à jouer le rôle de chair à canon. Si l’agression contre cette petite région caucasienne ne trouve pas rapidement bonne fin, d’autres conflits régionaux seront inévitables et prendront à coup sûr une ampleur bien plus dramatique.

 

Andreï ARECHEV.

(extrait d’un article paru dans “Rinascita”, Rome, 12  août 2008; trad. franç.: Robert Steuckers).

lundi, 25 août 2008

Consolidons deux axes contre l'atlantisme!

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Ugo GAUDENZI:

Consolidons deux axes contre l’atlantisme !

 

Depuis des années déjà, mon quotidien romain, “Rinascita”, milite, prêche et exhorte ses  lecteurs pour aboutir à ce qui semble la seule et unique solution possible pour assurer la survie de notre Europe: l’union stratégique de l’Ouest et de l’Est du continent.

 

Cette unité de la “plus grande Europe” est une question de vie ou de mort: elle ne se réalisera que par la réactivation et la consolidation d’un nouvel “axe carolingien”, l’Axe Paris-Berlin-Moscou (ndt: remarquablement mis en exergue par Henri de Grossouvre en France), et par l’invention révolutionnaire d’une “alliance continentale-méditerranéenne”, d’un Axe Madrid-Rome-Belgrade-Moscou, capable de fermer les côtes méridionales de l’Europe à toute influence hostile émanant de l’atlantisme.

 

Telle est notre “utopie réalisable”  (et, en partie, elle est déjà en voie de réalisation): construire un double axe géopolitique assurant la défense et la sécurité en Europe.

 

L’objectif, de fait, est de rendre la souveraineté aux Etats nationaux européens, qui ont été transformés, par les Anglo-Américains, en un chapelet de petites colonies satellisées. L’objectif, pour tous les peuples d’Europe, c’est de faire converger leurs forces, de les additionner et de les joindre à celles de la Russie, l’unique Etat national européen encore capable de donner à notre “plus grande patrie” un avenir dans l’unité sur tous les plans: culturel, social, économique et politique.

 

En dépit de toutes les vicissitudes, et même des vicissitudes négatives, jour après jour, année après année, notre vision commune s’est renforcée et n’a cessé de se renforcer en Europe. Notre voix, celle de “Rinascita”, n’est plus une voix qui crie dans le désert, mais une voix qui a suscité, en dehors de son vivier d’origine, un écho tangible et des analyses similaires, désormais partagées par de nombreux cercles et personnalités.

 

De l’effondrement du Mur de Berlin à nos jours, l’histoire européenne a enregistré et subi des offensives répétées contre son territoire. Par le miroir aux alouettes du bien-être occidental ou par les armes de l’OTAN, les fédérations des Etats d’Europe orientale, soit l’URSS et l’ex-Yougoslavie, ont été brisées, émiettées et fragmentées par l’offensive anglo-américaine et néo-libérale, agissant souvent par le biais de “révolutions oranges”, financées par des fonds issus de l’usure et de la finance.

 

Actuellement, les “fondations” et les groupes de pression occidentaux (Rockefeller, Agnelli, Trilatérale, Davos et autres) ont juré de détruire tous les Etats nationaux et tous les systèmes de protection sociale qu’ils ont mis sur pied, en faisant miroiter les délices d’un “fédéralisme” composé d’autonomies régionales, alors que leur objectif réel est tout entier contenu dans le vieil adage latin “Divide et impera” (“Diviser pour régner”), à appliquer, cette fois, à tout le globe, par ceux qui détiennent le maximum de pouvoir sur les plans politique et économique.

 

Mais voilà que l’attaque en direction du coeur de la Russie, attaque qui était censée constituer la manoeuvre principale dans la conquête définitive de l’Europe, vient d’échouer.

 

Le Kremlin a repris les rênes du pouvoir en ses terres propres. Il a utilisé les mêmes armes que les puissances atlantiques, le pétrole et l’énergie, mais sans avoir eu besoin, pour ce faire, d’envahir d’autres pays et de les occuper. Ainsi, le Kremlin est revenu à un “status quo ante” qui hisse à nouveau la Russie au rang de puissance planétaire et non plus régionale.

 

Pour le bien commun de toutes nos terres européennes, pour le bien de l’humanité toute entière, il faut qu’échoue la stratégie mondialiste qui, sous les oripeaux de la “globalisation économique” et sous la bannière du “libre marché”, cherche en réalité à imposer à toutes les nations la domination unipolaire des Anglo-Américains, orchestrée par la haute finance.

 

L’enjeu est énorme, extrême. Tellement extrême que, depuis 2001, Washington, prévoyant, pour sa puissance, l’émergence imminente de vents prochains très défavorables, a fait battre ses tambours de guerre, partout dans le monde.

 

Ces tambours, il faut les faire taire. Notre tâche, à nous Italiens, est de travailler à l’alliance méditerranéenne/continentale, à l’Axe qui nous unira à Moscou.

 

Ugo GAUDENZI.

(éditorial de “Rinascita”, Rome, 13 août 2008; trad. franç.: Robert Steuckers).