Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mardi, 26 mai 2009

Livres sur Nietzsche

nietzsche.jpg

 

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1987

 

Livres sur Nietzsche

Recensions de Robert Steuckers

Tarmo Kunnas, Nietzsches Lachen. Eine Studie über das Komische bei Nietzsche, Edition Wissenschaft & Literatur, München, 1982.

Le comique chez Nietzsche est un thème, pense le philosophe et essayiste polyglotte finlandais Tarmo Kun­nas, qui n'a guère été exploré. C'est le pathos nietzschéen, son romantisme fougueux, bruyant, qui sé­duit d'em­blée et capte les attentions. Rares sont les observateurs, bons connaisseurs de l'œuvre com­plète de Nietz­sche, qui ont pu percevoir l'ironie cachée, le sourire dissimulé, qui se situe derrière les aphorismes tran­chés, affirmateurs et romantiques. Nietzsche se sentait trop solitaire, trop menacé, pour se permettre un hu­mour souverain, direct, immédiat, sans fard. Tarmo Kunnas explore toute l'œuvre de Nietzsche pour y re­pérer les éléments de satire, d'ironie, d'humour et de parodie. Il nous révèle les mutations, les glissements qui se sont produits subrepticement depuis sa jeunesse idéaliste jusqu'à la veille de sombrer dans la folie.

 

Tarmo Kunnas, Politik als Prostitution des Geistes. Eine Studie über das Politische bei Nietzsche,  Edition Wissenschaft & Literatur, München, 1982.

Nietzsche a été politisé, mobilisé par des partisans, mis au service des causes les plus diverses. Pour Tarmo Kunnas, Nietzsche est plutôt «anti-politique», hostile à l'emprise croissante du politique sur les esprits. Méticuleusement, il analyse la critique du système partitocratique chez Nietzsche, ses tendances anti-démo­cra­tiques, ses propensions à l'aristocratisme, son refus de l'idéologème «progrès», son anti-socialisme, son an­ti-capitalisme, son anti-militarisme et, finalement, les rapports entre Nietzsche et le nationalisme, entre Nietzsche et le racisme (l'anti-sémitisme).

 

Richard Maximilian Lonsbach, Friedrich Nietzsche und die Juden. Ein Versuch (zweite, um einen Anhang und ein nachwort erweiterte Auflage), herausgegeben von Heinz Robert Schlette, Bouvier Verlag / Herbert Grundmann, Bonn, 1985.

R. M. Lonsbach est le pseudonyme de R. M. Cahen, avocat israëlite de Cologne, émigré en Suisse en 1937, revenu dans sa ville natale en 1948. Cahen/Lonsbach était un admirateur de Nietzsche et son petit li­vre, aujourd'hui réédité, est une réfutation radicale des thèses qui font de Nietzsche un antisémite rabique. Ecrit dans l'immédiat avant-guerre, en 1939, ce livre a enregistré un franc succès dans les mi­lieux de l'émi­gration allemande, ainsi qu'en Pologne, aux Pays-Bas et en Scandinavie. Il réfutait anti­cipativement toutes les théories de notre après-guerre qui ont démonisé Nietzsche. C'est en ce sens que cet ouvrage est un docu­ment indispensable. Malgré l'ambiance anti-nietzschéenne de l'Allemagne amé­ricanisée, Lonsbach/Cahen ne modifia pas sa position d'un iota et réaffirma ses thèses lors d'une émis­sion radiophonique en 1960. Le texte de cette émission est également reproduit dans ce volume édité par H. R. Schlette.

 

Henry L. Mencken, The Philosophy of Friedrich Nietzsche,  The Noontide Press, Torrance (California), 1982 (reprint of the first edition of 1908).

Journaliste brillant, fondateur de l'American Mercury,  auteur d'un livre vivant sur la langue anglo-amé­ri­cai­ne, Henry L. Mencken, dont l'ampleur de la culture générale était proverbiale, écrivit également un essai sur Nietzsche en 1908. Pour l'Américain Mencken, Nietzsche est un transgresseur, sa pensée constitue l'antidote par excel­len­ce au sentimentalisme démobilisateur qui exerçait ses ravages à la fin du XIXème siècle. Menc­ken admire l'in­­dividualisme de Nietzsche, son courage de rejetter les modes et les dogmes dominants. Cu­rieu­sement, Menc­ken croit repèrer un dualisme chez Nietzsche: celui qui opposerait un dyonisisme à un apol­linisme, où le dyonisisme serait vitalité brute et l'apollinisme, vitalité de «seconde main», une vitalité dressée par les con­venances. Les castes de maîtres seraient ainsi dyonisiennes, tandis que les castes d'esclaves seraient apol­li­niennes, parce qu'elles soumettent leur vitalité au diktat d'une morale. Cette interpétation est certes tota­lement erronée mais nous renseigne utilement sur la réception américaine de l'œuvre de Nietzsche. Dans le chef de Mencken, la pensée de Nietzsche devait compléter et amplifier celles de Darwin et Huxley, dans l'or­bi­te d'un univers intellectuel anglo-saxon dominé par l'antagonisme entre l'«individualisme» de l'auto-conser­va­tion et l'«hu­ma­nitarisme» du christianisme moral.

Mihailo Djuric und Josef Simon (Hrsg.), Kunst und Wissenschaft bei Nietzsche,  Königs­hausen + Neumann, Würzburg, 1986.

Ouvrage collectif sur l'esthétisme nietzschéen, ce volume contient un article centré sur l'histoire des idées de Des­cartes à Nietzsche, chez qui les concepts traditionnels d'«imagination» et d'«intuition» acquièrent pro­gres­­si­­ve­­ment une dimension entièrement nouvelle (Tilman Borsche: Intuition und Imagination. Der erkennt­nis­­theo­retische Perspektivenwechsel von Descartes zu Nietzsche).  Mihailo Djuric évoque longuement la fusion de la pensée et de la poésie dans le Zarathoustra (Denken und Dichten in "Zarathustra").  Diana Behler passe au crible la métaphysique de l'artiste ébauchée par Nietzsche (Nietzsches Versuch einer Artisten­meta­physik). Goran Gretic étudie, quant à lui, la problématique de la vie et de l'art, dans laquelle se repère le ren­versement pro­prement nietzschéen: la métaphysique se fonde dans l'homme; donc, le chemin de la pensée ne passe pas nécessairement par l'hom­me pour accéder à l'Etre mais va de l'homme à l'homme.

 

Josef Simon (Hrsg.), Nietzsche und die philosophische Tradition,  Band I u. II, Königs­hau­sen + Neumann, Würzburg, 1985.

Deux volumes comprenant dix études sur Nietzsche. Parmi celles-ci, un essai de Volker Gerhardt sur le «de­venir» dans la pensée de Nietzsche (Die Metaphysik des Werdens. Über ein traditionelles Element in Nietz­sches Lehre vom "Wille zur Macht");  une étude de Tilman Borsche sur le redécouverte des présocratiques chez Nietzsche (Nietzsches Erfindung der Vorsokratiker).  Le Japonais Kogaku Arifuku compare, lui, les fon­­­dements du bouddhisme, dont la vision du vide (sunyata),  avec la définition nietzschéenne du nihilisme (Der aktive Nihilismus Nietzsches und der buddhistische Gedanke von sunyata [Leerheit]).  Günter Abel ana­lyse la philosophie de Nietzsche au départ d'une réinvestigation de l'héritage nominaliste (Nominalismus und Interpretation. Die Überwindung der Metaphysik im Denken Nietzsches).  Abel définit le nominalisme comme une vision du monde qui perçoit celui-ci comme un monde d'individualités, où aucun «universel» n'a d'assise solide, où les principes doivent être manipulés avec parcimonie si l'on ne veut pas choir dans les «schémas» déréalisants, où les assertions doivent se référer à un «contexte» précis; ce monde-là, enfin, est fait, de finitudes concrètes, non d'infinitudes transcendantes. Josef Simon étudie, lui, le concept de liberté chez Nietzsche (Ein Geflecht praktischer Begriffe. Nietzsches Kritik am Freiheitsbegriff der philosophischen Tradition).

 

Mihailo Djuric u. Josef Simon (Hrsg.), Zur Aktualität Nietzsches, Band I u. II, Königs­hausen + Neumann, Würzburg, 1984.

Onze textes magistraux, consacrés au visionnaire de Sils-Maria. Dont celui de Günter Eifler sur les inter­pré­tations françaises contemporaines de l'œuvre de Nietzsche (Zur jüngeren französischen Nietzsche-Rezeption).  Mihailo Djuric se penche sur la question du nihilisme (Nihilismus als ewige Wiederkehr des Gleichen).  Bran­ko Despot démontre avec un extraordinaire brio comment le temps, la temporalité, suscite la «volonté de puissance». La vie, qui est «devenir», ne connait aucune espèce d'immobilité, mais le «déjà-advenu» impose des critères qui ne peuvent pas être ignorés, comme si le «déjà-advenu» n'avait jamais, un jour, fait irruption sur la trame du devenir et n'y avait pas laissé son empreinte. Dans la lutte «agonale», le sur­homme doit affronter les aléas nouveaux et les legs épars du passé, vestiges incontournables. Le temps est donc lui-même volonté de puissance, puisque l'homme (ou le surhomme) doit se soumettre à ses diktats et épouser ses caprices, se lover dans leurs méandres (B.D., Die Zeit als Wille zur Macht).  Tassos Bougas s'interroge sur le retour au monde préconisé par Nietzsche (Nietzsche und die Verweltlichung der Welt); son objectif, c'est de repérer les étapes de cette immanentisation et de dresser le bilan de la contribution nietz­schéenne à ce processus, à l'œuvre depuis l'aurore des temps modernes (T.B., Nietzsche und die Verwelt­lichung der Welt).  Friedrich Kaulbach et Volker Gerhardt se préoccupent de l'esthétisme nietzschéen et de sa «métaphysique de l'artiste» (F.K., Ästhetische und philosophische Erkenntnis beim frühen Nietzsche;  V.G., Artisten-Metaphysik. Zu Nietzsches frühem Programm einer ästhetischen Rechtfertigung der Welt).  

 

 

 

 

00:05 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philosophie, allemagne, nietzsche, livres | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 25 mai 2009

Elecciones europeas

http://3via.eu/

La situation est-elle prérévolutionnaire?

revolution.jpg

La situation est-elle prérévolutionnaire ?

Six thèses sur les bouleversements politiques

1/ Contrairement à ce que soutiennent les historiens et les sociologues, les bouleversements politiques, et notamment les révolutions, sont imprévisibles :

Il faut se méfier en effet de la tendance contemporaine à rationaliser a postériori des évènements, pour y plaquer une grille de lecture idéologique et souvent moralisante, sinon religieuse : l’histoire est alors perçue comme fatalité ou comme châtiment des « fautes » commises par ceux qui perdent le pouvoir. On se souvient de l’ouvrage de Tocqueville L’Ancien Régime et la Révolution, emblématique du genre, puisque son auteur conclut que c’est la monarchie centralisatrice qui est responsable de la Révolution.

Mais cette approche idéologique sert en général surtout à légitimer le nouveau pouvoir issu de ces mêmes bouleversements et accessoirement à valoriser auprès des nouveaux maîtres, celui qui se livre à cette lecture rétrospective de l’histoire. Les universitaires sont passés maîtres en la matière. Ces analyses a posteriori expriment aussi la croyance dans le sens de l’histoire que des esprits « éclairés » pourraient décrypter.

En réalité très rares sont ceux qui sont capables de prévoir de tels évènements : ils sont surtout incapables de les dater. Ils ne sont en outre jamais écoutés.

L’exemple de la chute de l’URSS est éclairant : on peut certes trouver de bons auteurs qui ont annoncé sa décadence ou sa fin (comme par exemple G. Le Bon et son analyse de l’utopie) : mais personne n’a prévu exactement les circonstances ni encore moins la date où elles se sont produites. Sans parler de tous ceux qui se sont trompés quant aux modalités (ex. H. Carrère d’Encausse).

2/ Il est extrêmement rare en outre que les acteurs, sans parler des spectateurs, de ces bouleversements aient conscience de ce qui se produit vraiment :

La lecture des « journaux » rédigés par les contemporains de bouleversements politiques majeurs est éclairante sur ce plan : tels Fabrice à Waterloo, ils ne relèvent souvent que des détails insignifiants qui ne permettent pas d’avoir une vue d’ensemble de ce qui se passe vraiment. De fait comme le dit la sagesse populaire « l’histoire est comme l’herbe : on ne la voit pas pousser ». On se souvient que Lénine fait une conférence à Zurich au début de 1917 pour faire le constat que la révolution n’éclatera pas ! Quelques semaines plus tard il est à Petrograd.

En outre ces témoignages passent à côté d’un phénomène politique essentiel mis en lumière par J.Monnerot : l’hétérotélie qui fait que les acteurs politiques conduisent souvent sous le poids des circonstances des politiques contraires à leurs intentions déclarées. Bien rares sont ceux qui veulent le reconnaître. Qui aurait prévu que le Général De Gaulle serait l’artisan d’un rapprochement franco-allemand ? Certainement pas en 1940 !

3/ Les explications économiques et sociales des bouleversements politiques sont en général dénuées de fondement :

Ce type d’explications a posteriori des bouleversements révolutionnaires est réductionniste et traduit l’influence de la sociologie marxiste de l‘histoire, très en vogue depuis le XXème siècle dans l’université et la recherche : les révolutions seraient la conséquence de l’exploitation sociale, devenue insupportable aux masses (comme le fascisme en Europe serait la conséquence de la crise de 1929 et de l’inflation). Le triomphe du capitalisme en Occident conduit en outre à survaloriser les facteurs économiques par rapport à tous les autres.

Il est pourtant contestable que la pauvreté ou la misère conduise toujours à la révolte et surtout débouchent sur des bouleversements politiques durables. Ils conduisent tout autant à l’apathie et au repli sur soi. Les révolutions ont comme moteur l’espoir en un monde meilleur. La grande misère débouche tout aussi bien sur le désespoir.

En outre les pauvres sont en général fragiles : ils sont dès lors peu capables d’ébranler à eux seuls un ordre politique, encore moins un état moderne. Ces concepts sont enfin extrêmement relatifs : un chômeur aujourd’hui n’est pas dans la situation d’un chômeur dans les années 30.

On peut surtout défendre tout aussi bien le point de vue inverse : les révolutions sont plutôt le fait de ceux qui veulent préserver leur situation ou qui veulent renforcer leur position. Comme le dit l’adage « les mutineries éclatent à l’arrière, jamais au front » : c’est-à-dire qu’elles sont en général le fait de ceux qui ont peur d’aller au front.

L’analyse de l’origine sociale des principaux acteurs révolutionnaires du XVIIIème au XXème siècle est d’ailleurs éclairante : ils étaient avant tout originaires de la petite ou moyenne bourgeoisie provinciale et non pas des miséreux et très rarement des « travailleurs manuels ».

Beaucoup de bouleversements politiques ont été initiés en réalité par l’action de certaines élites à l’encontre des aristocraties en place, plus que par une révolte populaire : par exemple la révolution anglaise a été provoquée par la petite noblesse soucieuse de préserver ses libertés locales face au pouvoir royal. Et ce sont les libéraux qui ont conduit par leurs intrigues le tsar, l’empereur d’Allemagne ou le roi d’Espagne à l’abdication, ouvrant la voie à la révolution. La Révolution française aurait-elle eu lieu si Louis XVI et la Cour n’avaient pas été si sensibles aux Lumières ? Ne vivons nous pas justement aujourd’hui la « révolte des élites » en Occident, selon l’expression de Ch .Lasch ? Le poisson ne pourrit-il pas d’abord « par la tête » ?

4/ Les révolutions frappent tout aussi bien les régimes et les Etats réputés jusqu’alors solides et forts, que les plus instables:

C’est l’autre aspect de leur caractère imprévisible.
En Europe tous les pays ont connu des révolutions politiques plus ou moins violentes. Les plus brutales ont touchées des Etats considérés alors comme puissants: France en 1789, Russie en 1917, Allemagne en 1919.
Le phénomène révolutionnaire a pour caractéristique en effet l’implosion rapide de tout le système institutionnel : les régiments se mutinent, la police disparaît du jour au lendemain, les fonctionnaires n’obéissent plus, les usines s’arrêtent, les amis d’hier se haïssent.
Mais jusqu’au moment fatal rien ne le laissait vraiment prévoir. Ce qui prouve que les révolutions ont avant tout des causes psychologiques et morales.
A l’époque contemporaine la France a connu un temps ce phénomène étrange : en mai 1968, avant le retour de Baden-Baden de De Gaulle, qui a justement réussi à interrompre le processus d’implosion.

5/ C’est la combinaison catastrophique de multiples causes qui conduit aux révolutions :

Le propre d’une catastrophe est de combiner différentes causes normalement indépendantes mais qui brusquement produisent des effets convergents et inattendus.

Le Titanic coule sans secours parce que le commandant veut naviguer vite de nuit (sans radar..) dans une zone d’icebergs, parce qu’un iceberg est de forme biscornue, parce que toutes les cloisons étanches ne sont pas posées et parce qu’aucun bateau alentours n’interprète correctement les signaux de détresse qu’il émet.

Il en va de même des bouleversements politiques qui sont assimilables à des catastrophes. Ils ne peuvent se réduire à une cause unique.

Car l’accumulation de petites causes peut produire de grands effets comme le savait la sagesse populaire et comme le redécouvre la théorie du chaos. C’est aussi ce qui rend difficile les prévisions politiques car les régimes sont des systèmes complexes.

Plus grande la complexité, plus élevé le risque de conjonction imprévue.
Souvent un évènement joue à lui seul le rôle de catalyseur de la crise politique : dans l’histoire il s’agit souvent d’un évènement extérieur (défaite militaire notamment). Il est intéressant de relever d’ailleurs que les républiques en France ont toutes chuté à l’occasion de conflits extérieurs.

6/ Malgré les apparences, on ne doit donc pas exclure l’occurrence de bouleversements politiques majeurs dans les sociétés occidentales d’aujourd’hui :

Les sociétés occidentales modernes sont certes dotées d’appareils de répression et de sidération de l’opinion – en particulier grâce au pouvoir médiatique – formidables et qui paraissent sans précédent dans l’histoire. Les citoyens sont en général réduits au silence (« majorités silencieuses ») car ces sociétés sont devenues de puissantes oligarchies.

Mais ne disait-on pas la même chose de tous les puissants empires qui se sont pourtant effondrés ?

On ne doit pas oublier en outre que ces sociétés sont de plus en plus hétérogènes, en particulier du fait de l’immigration de masse, donc plus complexes. La domination des valeurs marchandes a conduit en outre à l’atomisation sociale. Sous l’influence des médias ces sociétés deviennent composées de foules psychologiques, aux réactions sentimentales imprévisibles.

Pour l’instant le Système qui s’est imposé en Occident paraît inexpugnable. Mais pour combien de temps ?

Michel Geoffroy
07/05/09

Polémia


 

Article printed from :: Novopress Québec: http://qc.novopress.info

URL to article: http://qc.novopress.info/?p=5091

Gogol le libre orthodoxe et la transfiguration du monde

Gogol le libre orthodoxe et la transfiguration du monde

Notes à propos de Nicolas Vassiliévitch (1809-1852) et de son bicentenaire.

090518"Tâchez de voir en moi le chrétien plutôt que le littérateur".
Lettre de Gogol à sa mère en 1844.

"Prie pour que mon labeur soit véritablement consciencieux pour je sois jugé digne de chanter un hymne à la Beauté céleste"
Lettre à son ami Joukovski, 1852

Nul mieux que le grand slavisant Pierre Pascal (1) n'a cerné de manière aussi aiguë ce qu'il appelle le "Drame spirituel de Nicolas Gogol". En 1952 il intitulait de la sorte une magnifique introduction à la traduction française des Méditations sur Divine liturgie (2). Il y soulignait l'incompréhension de la majorité des compatriotes et contemporains. Car, écrit-il : "les intellectuels russes de 1850 étaient encore trop les enfants du siècle des lumières pour voir dans les exigences religieuses de Gogol autre chose qu'une maladie mentale et dans sa fin un drame de la folie".

Dès sa dernière "Nouvelle Pétersbourgeoise" intitulée "Le Manteau", commencée à Vienne en 1841 Gogol préfigure, par la pauvre destinée d'Akaki Akakiévitch, la sienne propre : "Laissez-moi ! Pourquoi me faites-vous mal !... dès lors, tout fut changé pour lui... une force surnaturelle l'écarta des camarades... qu'il avait pris d'abord pour des gens convenables..."

Irrésistiblement aussi, on songe au serviteur souffrant. On se remémore également Celui qui est venu parmi les siens et que les siens n'ont pas reçu.

Une part essentielle d'un des plus grands écrivains russes reste aujourd'hui encore méconnue

Dans sa patrie même, on recommence à s'intéresser à lui, non pas seulement comme auteur des textes charmants ou satiriques, qui lui ont valu son immense renommée depuis les années 1830, mais aussi comme croyant.

Le site internet en langue française "Parlons orthodoxie" (3) indiquait à cet égard début avril que  : "le hiéromoine Syméon Tomatchinski, directeur des éditions du monastère Sretensky à Moscou, est convaincu que l'œuvre de Nicolas Gogol renferme un grand potentiel missionnaire : elle aide l'homme contemporain à comprendre le sens des sacrements de l'Église. Il faut davantage éditer et faire connaître les œuvres de Gogol, considère le père Syméon, persuadé que Gogol est l'écrivain le plus religieux de la littérature russe, non seulement par sa vision des choses, mais aussi par son mode de vie. Parmi les œuvres spirituelles de Gogol, il accorde la place la plus importante aux Méditations sur la divine liturgie, "oubliées" pendant l'époque soviétique."(4)

Sur la tombe de l'écrivain, au cimetière du monastère Novodevitchi de Moscou après une pannykhide donnée pour le 200e anniversaire de la naissance de l'écrivain, le métropolite Juvénal, évêque de la région de Moscou soulignait pour sa part son "désir ardent de partager sa foi avec le monde, de lui transmettre sa vision de l'aspect mystique de notre existence. Il semble qu'il n'ait jamais été entendu (…). La portée véritable de sa quête spirituelle n'a pas encore été complètement comprise".

En Russie, en Ukraine et un peu partout dans le monde orthodoxe slave, nous viennent donc beaucoup  d'éloges à son propos. Mais voici ce qu'on peut trouver dans le Wikipedia francophone au sujet d'une de ses œuvres spirituelles les plus importantes, les Passages choisis d'une correspondance avec des amis témoignage, dans la patrie de Descartes, de l'incompréhension qui demeure quand on lit ceci :

Cet ouvrage est présenté comme une suite de lettres écrites entre 1843 et 1846. Celles-ci touchent à des thèmes extrêmement variés : la littérature (Les Âmes mortes et leur véritable signification, en particulier), l'éducation des serfs par les propriétaires fonciers, les obligations des épouses de gouverneurs etc. Leur contenu est ultra-conservateur, voire obscurantiste. Elles ont le ton du prêche.
Aujourd'hui, les Passages choisis sont surtout un document essentiel pour comprendre le drame de Gogol : dépression, perte d'inspiration et dérive mystique. Depuis 1843, celui-ci n'avait plus rien publié. Voyageant frénétiquement à travers l'Europe de l'ouest, il emportait dans son bagage le manuscrit de la suite des Âmes mortes, son chef-d'œuvre, dont ses nombreux admirateurs attendaient impatiemment la finition. L'écriture, cependant, n'avançait pas. Gogol, déprimé et hypocondriaque, chercha secours dans la religion. C'est ainsi qu'il s'orienta vers un ultra-conservatisme moral et politique (adhésion fanatique à l'orthodoxie et à l'autocratie).
Les Passages choisis déclenchèrent un véritable "scandale Gogol" en Russie.(…)
Tout ceci surprit et bouleversa Gogol, qui croyait sincèrement à sa renaissance artistique. Il ne publia plus rien jusqu'à sa mort, en 1852.

Revenons à la réalité des écrits de Nicolas Vassiliévitch Gogol

Quand on souhaite évoquer l'œuvre ou la pensée d'un écrivain une première remarque s'impose. On se situe soi-même et on inscrit son auditoire dans un certain contexte, celui de la langue de ses interlocuteurs ou de ses lecteurs. Ignorant le russe, je n'accède à cette littérature, que j'aime et qui touche aux choses qui, en définitive, me préoccupent avant tout, qu'au gré de ses traductions françaises.

Dans la pratique on constatera, hélas, que la deuxième partie de ses œuvres complètes, exprimant sa pensée profonde ne reste guère disponible aujourd'hui, pour le lecteur francophone, que dans l'excellente mais coûteuse édition de la Pléiade de 1966.

On peut, et on doit, véritablement distinguer, sans les opposer, deux parties chronologiques dans les écrits de Gogol.

Or, la première, la plus connue, et surtout la plus reconnue, largement profane est abordée le plus souvent par bribes. On ne cherche à y voir aucune continuité, et surtout aucune idéologie. L'auteur de ces lignes peut en attester : entre la découverte émerveillée de "Taras Boulba" (1835), le premier "vrai" livre que quelqu'un lui ait offert, et la lecture des "Nouvelles Pétersbourgeoises" (1843), il s'est écoulé pour moi un bon demi-siècle.

Ces créations délicieuses et heureuses appartiennent au royaume des lettres. Elles semblent, à première vue, échapper à tout classement. Les étiquetages qu'un certain public de faux-lettrés a pu accoler à certains textes, les décrivant comme les plus contestataires, ainsi le "Revizor" (1836) ou, plus encore, les "Âmes mortes" (1842), relèvent surtout du malentendu. Et dès le début notre auteur a tenu à s'en excuser.

Pour comprendre "le Grand Dessein de Gogol"

Tout cela nous amène à évoquer la deuxième partie de son œuvre, celle qui sera qualifiée de "Grand Dessein de Gogol", et qui s'inscrit dans une démarche explicite d'apologie de la Foi orthodoxe.

Né en 1809, l'auteur dont on fête, hélas assez modestement le bicentenaire, est âgé de 36 ans quand il annonce publiquement en 1845 son "retour à la religion".

Que faut-il entendre par "retour à la religion" ?

Ce mot, cet événement et cette démarche appellent à leur tour des éclaircissements. Essayons de ne pas trop nous encombrer de pédantisme ou d'étymologie pour évoquer le fait que dès les auteurs latins, dont la langue française est issue, le terme religio peut s'interpréter dans des sens bien différents. Chez Cicéron, il signifie "le respect que ressent l'individu au plus profond de lui devant tout être qui en est digne, divin en particulier". Pour toute une lignée d'auteurs chrétiens estimables, comme Tertullien, Lactance et jusqu'à Chateaubriand ce fait est supposé "religere", relier, réunir les hommes.

Or tout cela s'inscrit dans une tradition latine et catholique. Et on ne peut ignorer que celle-ci diffère de la pensée orthodoxe, tributaire elle-même de la transposition en langue grecque d'idées hébraïques.

Pour l'orthodoxie chrétienne, le mot "religion" doit être considéré comme ambigu, pour ne pas dire : trompeur. À proprement parler le christianisme ne relève pas du "phénomène religieux".

Il existe plusieurs concepts, fort différents :
- la "foi", adhésion volontaire et individuelle. La phrase récurrente de Jésus consiste à dire aux miraculés "ta foi t'a sauvé" ;
-et le "culte", dont les ministres forment le clergé et ne constituent aucunement à eux seuls "l'Église" ;
- à distinguer lui-même des "œuvres".

Ceci lève la fameuse ambiguïté sur laquelle a buté le "sola fide" de Luther. L'interprétation protestante traditionnelle devient, dans son expression extrême, irrecevable pour un orthodoxe en raison même de l'argument développé dans l'épître de Jacques. Que signifierait, en effet, la "foi sans les œuvres" ? La réponse néo-testamentaire fuse alors comme une évidence : "la foi sans les œuvres est une foi morte" (Jacques 2, 17).

La dérive symétrique, celle d'un certain "activisme occidental", a été chantée par l'excellent philosophe [catholique] Philippe Nemo dans son petit livre "Qu'est-ce que l'occident ?"(5). L'auteur y développe l'éloge de ce qu'il appelle la "révolution papale du XIIe siècle". Ainsi nomme-t-il la "réforme de Grégoire VII" après sa victoire sur Henri IV de Hohenstaufen (1077). Cette lutte de la Papauté contre l'Empire occidental se prolonge jusqu'à la mort de Frédéric II (1250). Pour faire court, et résumer honnêtement le propos, "il ne suffit pas de prier il faut transformer le monde". Tout lecteur de l'Évangile (Mt 4,1-11 ; Mc 1, 12-13 ; Lc 4,1-13) reconnaît les trois tentations du Christ, et particulièrement la première : "transformer les pierres en pain", objectif économique qui guette toutes les tentatives de "doctrines sociales".

Sans aucune ambiguïté, cette formulation "occidentaliste" se veut commune au catholicisme et au protestantisme. (6)

Et elle s'affirme également éloignée de l'orthodoxie.

Elle reprochera donc à cette dernière son "essence conservatrice". Philippe Nemo ne s'abstient pas de le faire explicitement dans son livre : il s'agit de prétendre que l'orient chrétien cantonne la "religion" à la prière. Pour enfoncer le clou, le même brillant apologiste croit bon d'interpréter dans ce sens, à notre avis biaisé, la fameuse Légende du Grand Inquisiteur. Ce passage essentiel des "Frères Karamazov" marquerait de la sorte, et entacherait du sceau de l'obscurantisme "oriental", la foi de Dostoïevski.

On va voir que nous en arrivons là, très précisément, à l'occultation de sa pensée qui sera infligée à Gogol.

Son cercle d'amis et son influence

Globalement incompris, dans les dix dernières années de sa vie, il fit cependant quelques adeptes, et non des moindres.

En 1843-1844 il séjourne à Nice et réunit un petit nombre d'amis. Au nombre de ceux-ci il convient de citer la comtesse Vielgorski et ses deux filles, la comtesse Sophie Solloghoub et Anna Mikhaïlovna "la seule femme dont Gogol ait été amoureux" (7). Ce groupe compte aussi Mme Smirnova, sa protectrice qui est aussi la dame d'honneur de l'Impératrice ainsi que les deux poètes Yazhykhov et Joukovsky.

Plus tard, il n'hésitera pas à donner à ses amis des conseils spirituels. On ne les trouvera pas anodins dans le contexte de sa conception discrète et personnelle de l'orthodoxie : "prends aussi cette habitude : chaque samedi fais célébrer chez toi la vigile nocturne".

Beaucoup plus tard, en 1888 Tolstoï publiera, sous pseudonyme, une brochure "N.V. Gogol comme maître de vie".

Pierre Pascal s'interroge à ce sujet, dans les termes suivants : "Pourquoi Tolstoï, négateur de l'Église et de l'État a-t-il tant aimé Gogol orthodoxe et conservateur ? N'est-ce pas qu'il reconnaissait en lui un premier interprète de sa pensée la plus profonde : pénétrer de christianisme la vie intellectuelle et sociale toute entière ?"

Ce n'est qu'en 1850 qu'il fait un pèlerinage à l'ermitage d'Optina où il s'entretiendra avec le starets Macaire.

Sa vision du salut de la société

Il commence à la développer dans les "Passages choisis" de la correspondance avec ses amis.

"Ma cause, écrit-il pour les présenter, est celle de la vérité et du bien public". Ses textes sont qualifiés, par leur auteur de "nécessaires et utiles". Ils "apportent le salut" et répondent à une situation de la Russie qu'il affirme "malade". Or le pays ne sortira de cette maladie que si :

"à la place qui lui a été assignée par Dieu, chaque Russe, tsar, haut fonctionnaire, propriétaire foncier, serf, artiste, écrivain, femme du monde, femme de gouverneur, etc. se décide à servir"…

Dans un autre texte ("Confession d'un auteur) il posera ce choix comme la découverte du véritable sens de l'existence humaine : "Notre vie tout entière est service". Cette notion, d'ailleurs, remonte aux racines mêmes de son œuvre. Dès 1829 son désir un peu naïf d'être un grand homme, il le définit "pour le bien de sa patrie et le bonheur de ses semblables".

On peut devenir meilleur en suivant les enseignements de l'Église et l'on peut contribuer à rendre les autres meilleurs en exerçant une bonne influence. Tout cela suppose de "faire entrer le Christ dans les moindres actions de sa vie".

On doit noter que Gogol refuse très explicitement, ou pour parler de manière plus exacte, il se désintéresse absolument de l'idée de changer la moindre institution, y compris le servage. Nous serions tenté de résumer de la sorte la vision sociale de Gogol en la définissant du point de vue orthodoxe : Le christianisme ne vise pas la transformation du monde par la loi, mais à sa transfiguration par la foi.

L'exemple de la cruelle institution du servage qu'Alexandre II abolira en 1861…

Le point ne peut pas être pudiquement mis de côté puisqu'il s'agit du sujet même des "Âmes mortes".

Évoquons donc ici quelques données à propos de cette forme sociale. On la considère aujourd'hui, peut-être à juste titre comme la marque, la plus odieuse, d'une injustice toute médiévale et de l'obscurantisme. Elle se distingue radicalement de l'esclavage, en ce sens que le serf y dispose d'un statut social de personne humaine. Le système était apparu dans l'occident médiéval et a évolué au gré des siècles et des pays. En Angleterre, il fut aboli dès XVIe siècle, mais en Écosse seulement au XVIIIe. En France, il avait pratiquement disparu à la veille de 1789.

Dans le royaume de Pologne et le grand-duché de Lituanie, le statut des "serfs-paysans" s'était dégradé au cours des âges. Sur les domaines seigneuriaux, le nombre de jours de servage est passé, on n'arrête pas le progrès : de quelques jours dans l'année XIIIe siècle, à 1 jour par semaine au XIVe siècle, 4 jours par semaine au XVIIe siècle et de 6 au XVIIIe. Et comme le septième jour était consacré au repos, le "serf-paysan" polonais ne pouvait plus cultiver son lopin personnel.

En Russie, au contraire, le servage n'a été généralisé que sous l'effet de l'occidentalisation, à partir du XVIIe siècle. Il sera largement aggravé au temps des "Lumières". Le 19 février 1861 l'abolition de ce "contrat" par le tsar Alexandre II libère de manière radicale 40 % de la population.

Dans la perspective chrétienne qui est la sienne on ne peut évidemment pas dire, de Nicolas Vassiliévitch Gogol, qu'il "défend" le servage. Son livre "les Âmes mortes" est généralement considéré comme la plus admirable dénonciation de cette sinistre institution : mais il s'écarte de toute apologie de la révolte.

Sommes-nous autorisés à dire ici que l'Histoire lui donna raison : moins de 20 ans après son livre, par la volonté d'un monarque libérateur, que les révolutionnaires assassineront, le système disparaît. En revanche après 1921, et la victoire des Rouges, des "justes révoltés", pendant la guerre civile, la condition des travailleurs de la glorieuse Union Soviétique évoluera rapidement vers une forme d'esclavage que l'ancienne Russie n'avait jamais connue, et qui ne disparaîtra qu'après 70 ans de souffrance et d'oppression.

La question de la censure administrative

Vers 1847 il se trouve confronté à la fois au problème de la censure et à son éreintement propre par la presse, de même qu'aux reproches véhéments de certains membres du clergé. Il mobilise un petit comité de lecture de 5 personnes.

Il prend pour modèle Karamzine (1766-1826) précurseur du mouvement slavophile. En 1811, celui-ci avait publié une "Note sur l'ancienne et la nouvelle Russie". L'auteur se verra attaqué comme glorifiant l'autocratie. Mais il subit en fait la censure parce qu'il critique les anciens empereurs modernistes. Le même publiera en 1818 un pamphlet intitulé "L'opinion d'un citoyen russe" où il critique l'autonomie accordée à la Pologne.

Voici ce qu'écrit Gogol à ce sujet : "Karamzine a été le premier à nous montrer qu'un écrivain peut chez nous être honoré et indépendant à l'égal du plus titré des citoyens. Le premier, il a proclamé solennellement que la censure ne saurait gêner un écrivain et que si, l'écrivain est animé du plus pur désir de faire le bien, au point que ce désir, s'emparant de toute son âme, devienne sa chair et sa nourriture, alors aucune censure ne lui est sévère et il est à l’aise partout. Karamzine a dit cela et il l'a prouvé." (8)

"Comme ils sont ridicules après cela, ceux d'entre nous qui prétendent qu'en Russie il est impossible de dire la vérité pleine et entière et qu'elle ne peut que blesser ! (...) Allons donc !", conclut-il. "Ayez une âme aussi pure aussi bien ordonnée que Karamzine, et alors proclamez votre vérité !" (9)

Ceci entraînera à son encontre les foudres du pire inquisiteur des lettres russes, censeur politiquement correct, plus dur encore que son homologue administrative de l'époque, précurseur lui-même du réalisme socialiste, le pense-petit Bielinski qui ose écrire : "les hymnes aux puissances du jour arrangent parfaitement la situation terrestre du pieux auteur".

Certains textes ne pourront paraître qu'après sa mort en 1857 : "Confession d'un auteur" et son travail par les archives de l'Académie de Kiev, que Gogol a recopié des extraits de 17 Pères de l'Église et de 10 théologiens russes des XVIIe et XVIIIe siècles. Il se faisait traduire du grec en latin notamment saint Jean Chrysostome et saint Basile le Grand.

Slavophiles contre occidentalistes

Comme toujours on doit se méfier des classifications réductrices. Dans sa Lettre XI "Controverses" on pourrait même penser de notre auteur qu'il entend se tenir à égale distance des "deux camps" slavophiles et occidentalistes qui apparaissent vers 1839-1840. Les occidentalistes ("rapadnicki") Herzen, Botkine, Bielinski attendaient, au départ, des principes politiques de l'occident la transformation du régime absolutiste. Les "slavophiles" proprement dits sont représentés par IP Kirievski (1806-1856) et Khomiakov (1804-1860). Leur pensée consiste à dénoncer d'abord deux grands maux de la Russie : les réformes de Pierre le Grand, et l'asservissement de l'Église russe à l'État.

En 1844-1845 on assiste à la rupture totale entre les deux milieux. Et c'est à ce moment que, par ailleurs, se situe la conversion, le retour à la foi de Gogol. On verra qu'à tous égards ou presque ses idées rejoignent celles des slavophiles. On remarquera que lui-même utilise des mots différents comme "vostokchnicki" opposé à "zapadnicki". Vostok c'est l'orient "slavianofily" finira par s'imposer un peu plus tard.

Sa conversion

En 1842, Gogol quitte à nouveau la Russie. Il entend alors écrire la deuxième partie de ses "Âmes mortes", aujourd'hui encore célébrissimes quoique largement incomprises et qu'on a si longtemps présenté comme une sorte de pamphlet social. Ses biographes honnêtes considèrent que cet événement essentiel de son cheminement va lui donner ce que la prière liturgique orthodoxe nous apprend à demander au Seigneur : une fin de vie chrétienne.

À partir de 1843, il se veut avant tout chrétien. Il "a pris", dès lors, note Pierre Pascal, "la religion au sérieux".

En 1838 au cours de sa première découverte de l'Italie qui ne constitue alors, a-t-on dit, qu'une expression géographique, il note déjà : "À Rome seulement, on prie, ailleurs on fait seulement semblant". C'est aussi dans la Ville Éternelle que semble se situer une conversion, probablement amorcée aussi par un épisode de 1839, où meurt dans ses bras son ami Joseph Wielgorski, alors que lui-même souffre de maladie et pourra écrire "je sens déjà l'odeur de la tombe".

On ne saurait contester que, redécouvrant la religion à Rome, il ait été attiré par le catholicisme. Quoiqu'il s'en défende, il écrira néanmoins qu'il juge les "religions catholiques et orthodoxes également vraies".

Son chemin mystique se précisera et se développera plus tard, avec les années. En 1844 il découvre la Philocalie. Par la suite il rencontrera les représentants de cette spiritualité cette spiritualité hésychaste sans la connaissance de laquelle on ne peut rien comprendre véritablement à la spécificité du monde orthodoxe.

Si critiquée ait-elle été, sa correspondance, éclaire donc bel et bien la précision de sa pensée, son grand dessein.

Voilà encore ce qu'il écrit :

"Personne ne sera sauvé s'il n'aime Dieu, et cet amour n'existe pas chez nous. Ce n'est pas dans un couvent que vous le trouverez, n'y vont que ceux que Dieu lui-même a appelés".
(…) "Mais comment aimer ses frères, comment aimer les hommes, l'âme ne veut aimer que le beau et les pauvres hommes sont si imparfaits, il y a en eux si peu de beau ! Comment donc y arriver ? Remerciez Dieu avant tout d'être Russe."
(10)

Cela met évidemment en perspective toutes les considérations douloureuses qu'il a pu rencontrer ou formuler lui-même, celles que les âmes pures, en tout temps ou en tout lieu, sont tentées de ruminer, sur l'état de la patrie.

Et enfin cet esprit en marche nous lègue ce viatique :

"Pour un chrétien les études ne sont jamais terminées ; le chrétien est un élève perpétuel, jusqu'à la tombe". (11)

Apostilles

  1. né en 1890 et mort en 1983 ce grand défenseur de la culture russe n'aura jamais connue la fin de l'Union soviétique.
  2. 118 pages, Bruges-Paris 1952, éditions Desclée De Brouwer.
  3. créé par le diocèse français du patriarcat de Moscou
  4. Après vérification, nous pensons cependant que le P. Syméon se trompe quand il écrit : "Pour écrire ces Méditations, Gogol avait même appris la langue grecque." Au contraire il s'était fait traduire les textes des Pères grecs en latin.
  5. publié en 2004 au PUF et qui a rencontré un succès certain puisque réédité en 2005
  6. et ceci contrairement à la fameuse thèse de Max Weber
  7. au témoignage du beau-frère de celle-ci, le comte Sollogoub cf. Œuvres complètes Pléiade page 1867/note de la page 1390
  8. cf. Œuvres complètes Pléiade Lettre XIII p. 1552
  9. ibid. page 1553
  10. cf. Œuvres complètes Pléiade Lettres XIX et XX "il faut aimer la Russie" page 1591 et "il faut voyager à travers la Russie".
  11. cf. Œuvres complètes Pléiade Lettre XII "Le chrétien progresse" p. 1549.

JG Malliarakis

 

Spengler e l'Italia

Spengler e l’Italia

Ex: http://augustomovimento.blogspot.com/



Se si cercano nell’opera di Spengler (sopra in foto) indicazioni riguardanti la situazione politica e spirituale della nazione italiana, si troverà che non esiste un pensiero unitario al riguardo. Al di là dell’ammirazione espressa in Neubau des deutschen Reiches (1924) e in Jahre der Entscheidung (1933) verso Benito Mussolini – ammirazione che però non si estende al fascismo come movimento o ideologia ma rimane circoscritta alla figura cesarea del Duce, alla cui personalità Spengler riconduce tutto il fenomeno fascista in Italia – l’opinione di Spengler sull’anima italiana non è lusinghiera.

In Preußentum und Sozialismus (1919), gli Italiani, insieme ai Francesi, sono le nazioni anarchiche contrapposte alle nazioni socialiste (Spagnoli, Inglesi, Prussiani). «Nel XV secolo, l’anima di Firenze si rivoltava contro lo spirito gotico […]. Quello che noi chiamiamo Rinascimento è la volontà antigotica di un’arte composta e di una formazione intellettuale raffinata; è, assieme alla gran quantità di Stati predoni, alle repubbliche, ai condottieri, alla politica del “momento per momento” descritta nel classico libro di Machiavelli, al ristretto orizzonte di tutti i disegni di potenza – compresi quelli del Vaticano in quel periodo – una protesta contro la profondità e la vastità della coscienza cosmica faustiana. A Firenze è nato il tipo del popolo italiano». Nei frammenti storici, ascriverà l’anima di Firenze all’origine etrusca, ma non si dilungherà altrimenti sull’Italia.

Il secolo italiano si sarebbe dunque svolto e concluso già all’inizio del meriggio della Kultur faustiana, tra il ‘400 e il Sacco di Roma (1527), con cui inizia l’influenza spagnola. Allo spirito spagnolo Spengler attribuisce la creazione sia della corte asburgica di Vienna sia del Papato della Controriforma, tuttora dominato dallo spirito gotico-spagnolo e dall’idea universale dell’ultramontanismo, creazione dello spirito spagnolo così come il capitalismo è creazione dello spirito inglese e il socialismo lo è dello spirito prussiano. Questo spirito è anche ponte tra il socialismo prussiano e il periodo gotico: Bismarck per esempio è considerato l’ultimo uomo di Stato di stile spagnolo.

Questa analisi prosegue ora lasciandosi dietro gli scritti di Spengler, ma sempre alla luce del suo pensiero e traendone le giuste conseguenze. Esaurito il proprio secolo, la nazione italiana ha subìto varie influenze mischiate ed innestate sul proprio spirito: dalla politica francese del Piemonte madamista o della Serenissima al tramonto, al genio spagnolo di un Eugenio di Savoia, all’illuminismo all’inglese di un Francesco di Lorena, diventando campo di battaglia tra le idee e le nazioni faustiane. Anche il nostro Risorgimento reca i segni di uno scontro tra lo spirito spagnolo ormai al tramonto (l’Austria e il Papa), i limitati sussulti della Francia (Napoleone III), il liberalismo inglese (Mazzini, Garibaldi) e l’influenza prussiana (Cavour, Crispi). Di stampo italo-francese è stato poi l’intervento nel 1915, che mirava a Trento e Trieste, senza vedere la lotta titanica tra Inglesi e Prussiani. Dopo esser tornata protagonista col cesarismo mussoliniano, è sprofondata al ruolo di provincia, in seguito alla guerra mondiale.

Se ora si volesse, sempre con una visione storica di carattere spengleriano, inquadrare la giusta chiave per la riscossa nazionale dell’Italia – posto che, a nostro parere, il tentativo d’una nazione europea isolata rischia di risultare sterile – bisogna tenere conto e della situazione storica attuale e della storia del popolo italiano. Il cesarismo avanza, ma la lotta tra socialismo e capitalismo è ancora aperta, ed è inutile dire che il posto dell’Italia, come delle altre nazioni europee, non può che essere in una coalizione continentale d’animo prussiano anziché in una coalizione atlantica d’animo inglese, come oggi.




Il giudizio sull’anarchismo degli Italiani è impietoso ma vero, e spiega molti dei problemi del nostro Paese; ma l’Italia non è solo Firenze. Lasciando da parte lo spirito gotico-spagnolo asburgico-papale, in opposizione al quale essa si è formata, è a Roma che si deve guardare. Per Spengler, l’impero romano fu grande in un periodo di cesarismo, ed essendo l’animo di un popolo legato al paesaggio, è naturale che gli Italiani siano eredi di Roma e destinati a riscoprirne il destino di restare saldi di fronte al futuro. Così, se alla Germania Spengler mostrava il socialismo prussiano quale forma politica, è un “socialismo romano” che l’Italia deve riscoprire.

Ethnopsychiatrie / Psychiatrie

thethno.jpg

Ethnopsychiatrie / Psychiatrie

 

Guérisseurs dogons

 

Les intéressantes éditions  Synthélabo  publient Les guérisseurs de la folie. Histoires du plateau dogon de Piero Coppo. L'éditeur écrit: «Les dogons qui vivent sur le plateau malien sont célèbres dans toute l'Afrique de l'ouest pour les savoirs de leurs guérisseurs et de leurs sages. On vient les consulter de partout. Ils sont célèbres également en Europe à cause d'une des entreprises ethnologiques les plus fameuses: celle de Marcel Griaule en 1931, à laquelle participa Michel Leiris. Une équipe pluridisciplinaire italienne a créé, en 1979, un Centre de médecine traditionnelle à Bandiagara qui a permis de recueillir les témoignages de plus de 400 guérisseurs et de les organiser en réseau, en liaison avec des médecins de formation occidentale et des ethnologues (...) Ce qui était au départ une tentative d'organiser en réseau des guérisseurs traditionnels s'est transformé en une belle expérience d'ethnopsychiatrie (dans la voie ouverte par Georges Devereux et Tobie Nathan) permettant de s'interroger sur les manières dont nous pouvons dialoguer avec eux et avec les patients, sur les noms des maladies, sur les systèmes interprétatifs, la façon dont le peuple dogon conçoit la nature corporelle et spirituelle de l'homme,  la manière dont il pense le rapport à l'environnement» (P. MONTHÉLIE).

 

Piero COPPO, Les guérisseurs de la folie. Histoires du plateau dogon, 1998. 170 Pages. 94 FF. Institut Synthélabo ( 22 avenue Galilée, F-92.350 Le Plessis Robinson).

 

Gaëtan Gatian de Clérambault : aliéniste

 

Chez le même éditeur paraît Le maître des insensés, Gaëtan Gatian de Clérambault (1872-1934) d'Alain Rubens, une excellente biographie présentée ainsi: «Gaëtan Gatian de Clérambault est-il un monstre ou un génie? Médecin-chef, il exerce dans un lieu maudit qui, selon le journaliste Albert Londres, “sentait le fond de vieille cale”, à la Tour pointue, quai de l’Horloge, dans une sorte d'annexe du Palais de justice de l'Ile de la Cité. Là, la police lui amène le petit peuple des malheureux qui ont commis un délit bizarre ou qui errent dans Paris, tous ceux qui pourraient être considérés comme des insensés. Clérambault décide de leur sort: la prison ou l'asile et, plus rarement, la liberté. Quand ils vont grossir les rangs des internés à Sainte-Anne ou Charenton, ils ont de grandes chances d'y finir leurs jours, enfermés dans un mal dont on ne sait pas s'ils en étaient atteints avant leur internement ou si celui-ci est induit par la vie de l'asile. La psychiatrie ne soigne pas. Elle expertise et classe (...) Mais le siècle est à un tournant. La psychologie qui triomphe au Collège de France avec Pierre Janet gagne du terrain et oblige l'aliénisme à ses premières interrogations. Freud ou Clérambault? Troubles organiques ou psychiques? C'est toute la conception de la folie et, au-delà, de ce qu'est le psychisme et l'humain qui sont en jeu. Clérambault apparaît comme un roc face à la révolution psychanalytique qui commence. Les surréalistes vont en faire leur tête de Turc. André Breton pense à lui quand il appelle les patients à “révolvériser” les médecins aliénistes. Son élève Lacan rompt en public et spectaculairement avec celui qu'il appellera ensuite son “seul maître en psychiatrie”. Devenu aveugle, celui qui fut, de mille manières, le maître du regard et des insensés, se suicide d'une balle dans la bouche. Le vieil aliénisme meurt avec lui. La psychiatrie ne sera plus jamais la même» (PM).

 

Alain RUBENS, Le maître des insensés, Gaëtan Gatian de Clérambault (1872-1934), 1998. 250 pages. 94 FF. Editions Synthélabo.

00:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médecine, psychiatrie, ethnopsychiatrie, guérisseurs, dogons | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

dimanche, 24 mai 2009

Pasividad de las grandes potencias contra el narcotrafico

Pasividad de las grandes potencias contra el narcotráfico

El ministro iraní de Asuntos Exteriores, Manoucher Mottaki, denunció hoy “la pasividad” de las grandes potencias en la lucha contra el narcotráfico y subrayó que es un problema que debe ser afrontado con igual intensidad que la piratería en aguas de Somalia.

Para el jefe de la diplomacia iraní, la prueba fehaciente de su denuncia es “el incremento del volumen de droga producido en Afganistán”, que calculó en “ocho mil millones de toneladas” al año.

“Las organizaciones internacionales practican una política de doble rasero en la lucha contra el narcotráfico”, criticó Mottaki tras una reunión en Teherán con el director de la Oficina de la ONU para la lucha contra el Crimen y el Narcotráfico (UNODC, en sus siglas en inglés), Antonio Costa.


En este sentido, el representante iraní cuestionó porqué se actúa “de forma tan directa y decisiva contra la piratería en Somalia, pero no contra el narcotráfico”.

Irán, que tiene más de un millón de drogodependientes, comparte frontera con Afganistán, país considerado el mayor productor de opiáceos del mundo.

La zona limítrofe es escenario continuo de combates entre las fuerzas de Seguridad iraníes y las bandas de traficantes que tratan de introducir la droga en Irán para enviarla después a Europa a través de Turquía y las rutas del golfo Pérsico.

Extraído de Diario de Mallorca.

por LaBanderaNegra en Mayo 21, 2009.

Politica hostil de EE.UU hacia Corea es antipacifica y anti-reunificacion

Politica hostil de EE.UU. hacia Corea es antipacifica y anti-reunificacion

Tambien despues de aparecer la nueva administracion Obama, Estados Unidos recurre a las maniobras de empeorar aun mas las relaciones entre el Norte y el Sur de Corea y obstaculizar el avance de la causa de la reunificacion intensificando la cooperacion con las autoridades conservadoras del Sur de Corea en la confrontacion con la Republica Popular Democratica de Corea de Corea. Esto demuestra que la politica hostil de EE.UU. a esta no ha cambiado ni en lo minimo.

Insiste asi el diario Rodong Sinmun en un articulo individual difundido este jueves y continua:

Tal politica hostil se caracteriza por la de agresion y de guerra para aplastar con las fuerzas a la RPDC y por la de criminal confrontacion y de division que impide la reconciliacion y la unidad de la nacion y la reunificacion de la patria.

Tambien debido a tal politica, los coreanos sufrieron la catastrofe de la guerra en la decada de 1950 del siglo pasado, y experimentaron la pena de division estando siempre en el peligro de guerra sin lograr la paz duradera en mas de medio siglo.


EE.UU. practica hoy tambien la politica para agredir en lo militar al Norte de Corea hostilizandolo de continuo.

EE.UU. es el fautor principal que dividio la nacion coreana en dos y el perverso estorbador de la reunificacion de la patria.

EE.UU. intenta realizar a toda costa la ambicion dominacionista y agresiva exacerbando la confrontacion N-S tras ocupar indefinidamente el Sur de Corea. Tal intencion del imperio ha venido azuzando la perduracion de la division de la nacion coreana y el empeoramiento de las relaciones N-S.

La realidad demuestra evidentemente que mientras sigue siendo la invariable politica hostil de EE.UU. a Corea, no es posible alcanzar la paz y la reunificacion del pais que es la aspiracion de la epoca y el angustioso anhelo de la nacion.

Todos los coreanos del Norte, el Sur y en ultramar deben avivar mas las llamas de la lucha pannacional por frustrar dicha politica de EE.UU. y sus maniobras de provocacion de guerra de agresion a esta y de confrontacion con la RPDC, tienen que observar la paz de la Peninsula Coreana y lograr cuanto antes la causa historica de la reunificacion independiente de la nacion.

Extraído de Korean News.

Plaidoyer pour Louis-Ferdinand Céline

Plaidoyer pour Louis-Ferdinand Céline

Ex: http://ettuttiquanti.blogspot.com/
Article tiré de En avant FFI n°13 du 16/12/1944, hebdomadaire des FFI du Sud-Est :

M. Charles Maurras, qui est encore de l'Académie, et M. Louis-Ferdinand Céline qui n'en est pas encore, se trouvent en ce moment en délicate posture : Ils attendent d'être jugés. Et le cas du premier apparaît comme si critique que l'assemblée des Habits Verts pourrait bien être sommée de l'éjecter de son sein. Dès lors, la candidature de M. L.-F. Céline prendrait la valeur d'une protestation contre un coup de force. L'habit changerait d'échine, mais l'esprit serait sauvé. Et nul doute que M. Claude Farrère se ferait une joie de patronner une telle candidature, lui qui écrivit un jour : « Hitler et Mussolini sont bien libres dé massacrer qui bon leur semble ! » En somme, l'Académie devient le dernier refuge de la liberté.

En outre, si elle ouvrait ses portes à l'auteur du « Voyage au bout de la nuit » et de « L'Ecole des cadavres », on ne pourrait plus lui reprocher d'être le dépotoir des lettres et la maison de retraite du conformisme édenté et zézayant. Car M. L.-F. Céline est un costaud. Ecoutez avec quel dynamisme il fulmine contre les youtres : « Qu'on les enferme, qu'on les fricasse, qu'on les branche, qu'on les fouette jusqu'à l'os, que ça gicle, que ça éclabousse.»

Comme M. Charles Maurras, M. Gélive est un pur doctrinaire, et ce n'est pas sa faute si d'aucuns l'ont écouté et suivi. Enfin, ce Gide de la canaille a décidément créé un genre. On a comparé sa langue à des dissections d'hôpital. Il semble même que M. Céline, médecin aliéniste, soit oublieux de son propre cas, qui relève de la camisole de force. Les Immortels, dont le goût est infaillible, ont toujours fait grise mine aux auteurs rabelaisiens, à ceux dont les histoires truculentes chantent la joie de vivre et respirent la santé — qu'ils se nomment Jules Romains, Louis Pergaud, Gabriel Chevallier ou Maurice Fontbeurre. Mais ils se doivent d'accueillir un individu aux mains sales qui ne peut toucher à rien sans le souiller, et dont les gros bouquins dégagent une odeur à laquelle les narines les moins chatouilleuses finissent par ne plus pouvoir résister. Ça, au moins, c'est de l'art et de l'éclectisme !

Un dernier argument. M. L.-F. Céline est l'auteur de ce jugement aussi clairvoyant qu'intrépide : « Quel est le véritable ami du peuple ? Le fascisme. Qui a le plus fait pour l'ouvrier ? Hitler. Qui nous préserve de la guerre ? Hitler. C'est un bon éleveur de peuples, il est du côté de la vie, il est soucieux de la vie des peuples et même de la nôtre. C'est un Aryen ».

Et M. Céline qui n'aime rien, ni la nature, ni la vie, ni les hommes (à la seule exception d'Hitler) s'aime passionnément lui-même. Il avoue quelque part : « Je suis orgueilleux comme trente-six paons ». Il y a vraiment de quoi.

Vite, Messieurs, élisez-le, pour le plaisir de lui voir faire la roue !

Paul Chevalier.

La quasi-réunification: l'Ouest déchante déjà!

reunificaation__.jpg

SYNERGIES EUROPÉENNES - Décembre 1989

La quasi-réunification: l'Ouest déchante déjà!

par Gilles TEGELBECKERS

Les journaux occidentaux, surtout ceux des trois puis-sances d'occupation, ont salué, début no-vembre, la disparition du Mur de Berlin. "Démo-cratie" oblige. Personne ne peut évidemment se déclarer partisan des barbelés, des champs de mines, ne peut idéaliser les ordres de tirer à vue, ne peut applaudir à la mort des malheureux abat-tus froidement pour avoir voulu quit-ter la RDA. Mais dès que le Chancelier Kohl a parlé de "procéder à l'élaboration de structures confédéra-tives", dès que le peuple, à Leipzig et à Dresde, a scandé sa volonté de réunification, dès que les ci-toyens de la RDA ont fait la chasse aux flics de la po-lice politique et qu'un général de cette même police a échappé de justesse au lynchage, les politiciens de l'établissement en Occident et les prêtres du journa-lisme bien-pensant ont chan-gé de disque. On dirait de-puis deux ou trois se-maines qu'ils regrettent les vo-pos, les chiens policiers, les mines et les barbelés. Au moins, du temps d'Ulbricht, les choses étaient simples: les mauvais étaient de l'autre côté et, eux, les "généreux démocrates" étaient ici, parmi nous, pour nous dispenser leurs bienfaits, en détour-nant acces-soi-rement les deniers publics pour satisfaire quelques caprices.

L'Allemagne, paume de la "main Europe"

L'euphorie de la chute du Mur est bien finie. Les Oc-cidentaux s'aperçoivent que leurs construc-tions poli-tiques, la CEE et l'OTAN, n'ont été que des structures provisoires qui contredisent les lois de la géopolitique. L'Europe est une et indi-visible: il ne peut y avoir d'Europe à long terme sans l'inclusion des pays du COMECON et sans le retour de la Russie dans le giron européen commun. Cette unité continentale n'est pas pos-sible sans la réunification: l'Europe, pour parler en termes d'allégorie, est une main, avec une pau-me, en l'occurrence l'Allemagne avec la Hongrie et la Tchécoslovaquie, et cinq doigts insulaires ou pénin-sulaires (Iles Britanniques, Scandinavie, Ibérie, Italie et Balkans). Sans pau-me, pas de cohésion. Rien que des doigts isolés, repliés sur eux-mêmes. Dans la même logique, l'Ukraine et la Biélorussie forment le poignet, tandis que la Russie-Sibérie forme le bras. La France actionne le pouce ibérique: sa double ou-verture sur l'Atlantique et la Méditerranée en fait la frange laté-rale de la paume. Elle est de ce fait indissoluble-ment liée à la paume et la politique de vouloir la dislo-cation de la paume va fina-lement à l'encontre de ses intérêts. Le processus de cet automne constitue en quelque sorte la restructuration de la "main Europe". Les troubles en Biélorussie et en Ukraine signalent que le poignet participe lui aussi à ce travail de restructuration.

Le défi de Kohl, qui a lancé un plan de réunification en dix points, provoque un sursaut chez les Alliés occi-dentaux et à Moscou. Kohl, en formulant son plan, cherche à atteindre plu-sieurs objectifs. D'abord, cou-per l'herbe sous les pieds de Schönhuber, le dyna-mique leader des Républicains. En arrêtant la progres-sion républi-caine, il arrête l'hémorragie de son propre parti. Il garde pour lui les voix des réfugiés silésiens et poméraniens, qui, avec leur famille, donnaient à la CDU/CSU le pourcentage de suffrages né-cessaires à obtenir la majorité. Ensuite, il tente tout bonnement de faire avancer le processus de réunification auquel aspi-rent tous les Allemands. Les dix points de Kohl inquiètent Gorbatchev, pas tant parce que les Russes craignent la réuni-fication (au fond, ils la souhaitent pour diminuer la puissance des Etats-Unis) mais parce que cet appel, venu trop tôt, a déclenché des troubles en RDA, accéléré les choses en Tchécoslovaquie, pro-voqué des incidents avec les troupes russes stationnées là-bas et fragilisé la position de Gorbatchev qui doit encore lutter chez lui contre les internationalistes anti-européens et certains staliniens partisans du statu quo.

Dans l'Europe de demain, il y aura place pour tous

L'ouverture des frontières de la RDA, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie, la libérali-sation en Pologne, constituent un processus de suture de notre continent. La libre circulation des personnes et des marchandises provoquera un bouleversement pacifique et une multi-plica-tion des échanges économiques. La CEE ne peut plus se replier sur elle-même: elle est contrainte de s'élargir jusqu'aux frontières de l'URSS et puis de s'insinuer jusqu'aux rives de la Mer d'Okhotsk. S'il n'y a plus de barrière militaire, les lois de la géopoli-tique peuvent jouer à fond, sans restriction. Elles don-nent tort à l'Occident, à l'espace où sont nés les prin-cipes désincarnés du libéralisme, qu'il soit de mouture anglo-saxonne ou française. Mitterand et Thatcher, parce qu'ils ne se sont pas débarrassés de vieux ré-flexes obsolètes, croient que leurs pays seront margi-nalisés devant une Allemagne réunifiée. Or, dans le processus de restructuration euro-péen-ne, il y place pour tous: les Espagnols, par exemple, qui sont géo-graphiquement coupés de l'Europe dite de l'Est, ont élaboré un plan d'aide et de coopération très cohérent. Le Président von Weizsäcker a proclamé à Moscou que Fran-çais et Allemands pouvaient se partager les investissements en URSS et qu'il n'y avait pas en ce domaine de concurrence franco-alle-mande.

Il est évident que les systèmes français et britannique sont conçus pour vivre repliés sur eux-mêmes, en cul-tivant une sorte de nostalgie impériale désuète. Il est temps de proclamer dans ces deux pays une peres-troïka qui ba-layerait les institutions résiduelles et en édifie-rait de nouvelles. Rien ne sert de bouder comme le fait Mitterand, tiraillé entre une vision gaul-lien-ne grande-européenne et un repli sur l'Occi-dent avec sa bonne vieille laïcité et sa pensée individualiste. Rien ne sert non plus de ressortir la vieille alliance franco-russe contre le retour de l'Allemagne: contrairement au passé, les peuples de la Zwischeneuropa  (l'Europe d'entre-deux) marcheraient cette fois du côté allemand. Et il n'est pas sûr que les Baltes et les Ukrainiens fe-ront bloc avec les Russes. Le modèle fédéral allemand et la constitution fédé-rative soviétique (même si du temps de Staline, Khroutchev et Brejnev, elle a été manipulée dans le sens de la russification) sont bien plus séduisants que le jacobinisme français, toujours incapable de se réformer, d'accorder un statut d'autonomie à ses provinces selon le modèle des Län-der  allemands. La solution: octroyer aux pro-vinces françaises le même statut que les Länder  allemands, dans une Europe où ce statut se serait généralisé (les Polonais de Solidarnosc  y songent aussi). Le centra-lisme couplé à l'in-dividualisme libéral affaiblissent; la notion de peuple et le centrage des énergies populaires autour d'échelons administratifs intermédiaires, de re-lais, fédèrent les forces et les amplifient.

Les réactions en Israël

Mais les réactions les plus intéressantes à la nouvelle donne en Europe nous sont venues d'Israël. Le Mur de Berlin était le symbole d'une punition, écrit Mena-chem Shalev dans le Jerusalem Post.  Il avait une si-gnification "métaphy-sique". Sa disparition clôt l'univers mental de notre après-guerre, au sein duquel le sionisme avait pu se déployer. Benjamin Begin, fils de l'ancien ministre et militant de l'Irgoun, entend combattre la réunification en toutes circonstan-ces. Pire, l'Europe risque de revenir à l'avant-plan et le conflit du Proche-Orient de déchoir en importance. La fin de la guerre froide réduira l'importance stratégique de la Palestine pour la puissance protectrice américaine. Un député de la Knesseth a dit à ce propos: "Nous pourrions devenir une sorte de Sri Lanka proche-oriental, un phénomène marginal de l'histoire mondiale". A Malte, Bush a déclaré que pour le Proche-Orient, aucune divergence de vue ne le séparait de Gorbatchev. Ce qui signifie en clair que les que-relles du Proche-Orient ont cessé de préoc-cuper les deux grands et les Européens. Les cortèges d'assassinats brutaux, revendiqués au nom de principes religieux fumeux, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, ont fini par lasser. Le Liban et la Pa-lestine devront désor-mais régler leurs propres pro-blèmes sans inter-vention étrangère. Il est temps par ailleurs que les retombées de ces conflits stupides, is-sus d'un âge théologique, cessent d'importuner les Euro-péens. Des mesures doivent être prises avec éner-gie pour que les protagonistes de ces barbaries ne puissent étendre leurs fantasmes sur le sol sacré de notre Europe. Le panier à crabes pro-che-oriental ne vaut pas qu'on lui sacrifie le moindre matelot breton: que Mitterand le sache et que les foudres de guerre, nostalgiques d'un passé colonial, se le mettent en tête. Autant que l'argent du contribuable français aille sou-tenir une usine de chaussures en Ukraine... Une bon-ne godasse vaut mieux qu'un précepte théolo-gique, qu'une sourate absconse ou qu'une icône sur la crosse de fusil d'un fou de dieu libanais.

Les Juifs réformistes américains ont d'ailleurs très bien compris que le Proche-Orient ne valait plus un kopeck. Lors de leur rassemblement à la Nouvelle-Orléans, quatre conférences sur 125 seulement trai-taient encore d'Israël. Quant à l'ex-cellent historien is-raëlien Dan Diener (Univer-sité de Tel Aviv), il a réfuté d'un haussement d'épaule l'argument qui décrétait le Mur de Berlin symbole d'une punition: "ce sont des Al-lemands qui l'ont construit et cela n'a rien à voir avec l'holocauste; il n'y a pas de rapport logique entre la discorde inter-allemande et Auschwitz".

L'Europe revient au centre de nos préoccu-pations. Le Proche-Orient et l'Afrique s'estom-pent à l'horizon de nos soucis. Il ne s'agit pas d'un repli sur soi définitif de la part des Eu-ropéens mais d'un recentrage légi-time, prélude nécessaire à notre retour en force sur la scène historique. Cette fois, nous ne serons plus dés-unis mais rassemblés. Avant cette heure décisive, une perestroïka devra souffler sur la partie occidentale de notre continent. Une perestroïka doublée d'une vo-lonté énergique de balayer les corruptions. Comme à Leipzig. Nous sommes tous des manifestants de Leipzig. Nous sommes tous des citoyens de Dresde en colère.

Gilles TEGELBECKERS.

 

samedi, 23 mai 2009

Obama aggrave la situation au Pakistan et en Afghanistan

talibans.jpg

 

Obama aggrave la situation au Pakistan et en Afghanistan

Ex: http://contreinfo.info/

Nous nous disons mener une guerre contre les talibans. En réalité, il s’agit d’une guerre contre les Pachtounes, qui sont 40 millions, à cheval sur la frontière entre Pakistan et Afghanistan, et qui veulent retrouver à Kaboul la voix au chapitre perdue en 2001. Par une ironie de l’histoire, la stratégie du diviser pour régner de l’empire britannique, qui a présidé au tracé de la Ligne Durand, rend vaine toute logique militaire d’affrontement avec les Pachtounes en Afghanistan. C’est l’échec - prévisible - de la confrontation avec les tribus en Afghanistan qui met aujourd’hui le hinterland pachtoune du Pakistan à feu et à sang. L’occupation étrangère a pour résultat d’unifier toutes les tribus, toutes les familles, contre les envahisseurs, menaçant du même coup la cohésion du Pakistan, et renforçant les tendances les plus extrémistes. Quelle est la solution ? A l’inverse de ce que planifie Obama, c’est le départ des forces étrangères, dont la présence enflamme la région, qui est le préalable à toute amélioration de la situation. Le temps est-il venu - enfin - de comprendre que ce ne seront pas les opérations militaires de contre-insurrection et les bombardements meurtriers sur la population civile qui parviendront à promouvoir les droits de la femme à Kaboul ? Analyse de Graham E. Fuller, ancien responsable de la station Afghane de la CIA.

par Graham E. Fuller, Saudi Gazette, 10 mai 2009

Malgré tous les discours sur le « smart power », le président Obama suit au Pakistan le même chemin menant à l’échec, qui avait été balisé par George Bush. La réalité impose une révision drastique de la pensée stratégique américaine.

• La force militaire ne permettra pas de prévaloir, que ce soit en Afghanistan ou au Pakistan ; les crises ont empiré avec la présence de l’armée américaine.

• Les talibans sont constitués en grande partie de montagnards islamistes fervents et ignorants. Ce sont également tous des Pachtounes. La plupart des Pachtounes voient les talibans - que cela plaise ou non - comme le principal outil permettant la restauration du pouvoir pachtoune en Afghanistan, perdu en 2001. Les Pachtounes sont aussi l’un des peuples au monde les plus farouchement nationalistes, xénophobes et tribaux, qui ne s’unissent que contre les envahisseurs étrangers. En fin de compte, les talibans sont sans doute plus Pachtounes qu’ils ne sont islamistes.

• Croire possible de sceller de façon étanche la frontière pakistano-afghane relève du fantasme. La « ligne Durand » est une ligne arbitraire tracée par l’empire britannique au coeur des tribus pachtounes des deux côtés de la frontière. Et il y a deux fois plus de Pachtounes au Pakistan qu’il n’y en a en Afghanistan. Le combat des 13 millions de Pachtounes afghans a déjà enflammé les 28 millions de Pachtounes du Pakistan.

• L’Inde est la principale menace géopolitique pour le Pakistan, et non l’Afghanistan. Le Pakistan doit donc toujours faire de l’Afghanistan un État ami. De plus, l’Inde est décidée à prendre pied résolument en Afghanistan - dans les domaines du renseignement, de l’économie et du politique - ce qui donne des frissons à Islamabad.

• Le Pakistan ne rompra donc jamais les liens avec les Pachtounes, ni ne les abandonnera dans les deux pays, qu’il s’agisse de radicaux islamistes ou non. Le Pakistan ne pourra jamais se permettre de voir des Pachtounes hostiles à Islamabad ayant le contrôle à Kaboul, ou sur son territoire.

• Partout, l’occupation crée la haine, comme les États-Unis sont en train de l’apprendre. Pourtant, les Pachtounes sont notablement absent du mouvement jihadiste au niveau international, bien qu’ils soient nombreux à s’être rapidement alliés sur leur territoire avec Al-Qaida pour combattre l’armée américaine.

• Les États-Unis avaient toutes les raisons de frapper en représailles à la présence d’Al-Qaida en Afghanistan, après l’attentat du 11 septembre. Les talibans représentaient un cas d’école de régime brutal et incompétent. Mais les talibans ont abandonné le terrain, plutôt qu’ils n’ont perdu la guerre de 2001, afin reprendre le combat plus tard. De fait, on peut débattre pour savoir s’il aurait été possible - avec une pression exercée par le Pakistan, l’Iran, l’Arabie saoudite et la quasi-totalité des autres pays musulmans qui considèrent les talibans comme des rustres - de contraindre les talibans d’extrader Al-Qaïda sans recourir à la guerre . Ce débat est en tout cas, maintenant sans objet. Mais les conséquences de cette guerre débilitante sont funestes et elles continuent encore à se propager.

• La situation au Pakistan est passée de mauvaise à pire encore, en conséquence directe de la guerre menée par les États-Unis et qui fait rage sur la frontière afghane. La politique américaine a désormais porté la guerre d’Afghanistan au delà de la frontière avec le Pakistan, par des incursions, des assassinats et des bombardements de drones - c’est une réponse classique lors de l’échec face à une insurrection. Vous souvenez-vous de l’invasion du Cambodge, afin de sauver le Vietnam ?

• Le caractère islamique et tribal profondément enraciné du pouvoir pachtoune dans les Province de la Frontière du Nord-Ouest du Pakistan ne sera pas transformé par l’invasion ou la guerre. C’est une tâche qui requiert probablement plusieurs générations pour que commence à se transformer le caractère social et psychologique qui sont profondément ancrés dans cette région. La guerre provoque une réponse viscérale et atavique.

• Le Pakistan est de fait en train de commencer à se fissurer sous la pression incessante exercée directement par les États-Unis. Les sentiments anti-américains au Pakistan sont très virulents, renforçant le radicalisme islamique et contraignant même les non-islamistes à y adhérer.

Seul le retrait de l’Amérique et de l’OTAN sur le terrain commencera à permettre à ces émotions proche de la frénésie de s’estomper au Pakistan, et à la région de commencer à se refroidir. Le Pakistan est expérimenté en matière de gouvernance et il est très capable de faire face à ses propres islamistes et mouvements tribaux dans des circonstances normales. Jusqu’à récemment, les islamistes pakistanais avaient l’un des plus faibles taux de succès électoral dans le monde musulman.

Mais les politiques américaines ont porté le nationalisme, la xénophobie et l’islamisme à leur paroxysme. Maintenant que Washington exige que le Pakistan se charge de réparer l’échec des politiques américaines en Afghanistan, Islamabad ne parvient plus à gérer sa crise interne.

L’armée pakistanaise est plus que capable de maintenir le pouvoir de l’État contre les milices tribales et de défendre ses propres armes nucléaires. Seule une convulsion nationaliste et révolutionnaire pourrait modifier cette situation - ce dont la plupart des Pakistanais ne veulent pas. Mais Washington peut encore réussir à déstabiliser le Pakistan en poursuivant sa stratégie de ligne dure. Un nouvel épisode de régime militaire - qui n’est pas ce dont le Pakistan a besoin - sera le résultat probable, et même dans ce cas, les politiques fondamentales d’Islamabad ne changeront pas, sauf au niveau cosmétique.

En fin de compte, seuls les islamistes modérés eux-mêmes peuvent l’emporter sur les radicaux dont la principale source de légitimité provient de l’incitation à la résistance populaire contre les envahisseurs extérieurs. Malheureusement, les forces américaines et les islamistes radicaux sont maintenant proches d’un état de co-dépendance.

Il serait encourageant de voir naître une démocratie en Afghanistan. Ou d’assister à une généralisation des droits des femmes et de l’éducation - des domaines où paradoxalement l’occupation soviétique avait plutôt bien réussi. Mais ces changements ne vont pas se produire, même dans une génération, compte tenu de l’histoire de dévastation sociale et économique de ce pays depuis plus de 30 ans.

La menace d’Al-Qaida ne provient plus des grottes de la frontière, mais de ce qu’elle symbolise, et a depuis longtemps diffusé ses métastases à d’autres activistes du monde musulman. Les Pachtounes se battent pour obtenir une plus grande participation au pouvoir en Afghanistan. Mais peu de Pachtounes des deux côtés de la frontière se placeront longtemps dans une perspective radicale de jihadisme international, une fois disparue l’incitation qui naît de la présence américaine. Personne de part et d’autre de la frontière, ne le souhaite réellement.

Ce qui peut être fait doit être en harmonie avec la culture politique. Il faut laisser les non-militaires et les organisations internationales neutres, libre de préoccupations géopolitiques, prendre en charge la guérison des plaies afghanes et la construction des structures de l’État. Si les huit dernières années avaient apporté des succès, peut-être une pourrait-on adhérer aux politiques menées par les États-Unis. Mais la situation sur le terrain ne montre qu’une détérioration continuelle, rendant l’issue de plus en sombre. Allons-nous renforcer encore cette même politique ? Ou les États-Unis vont-ils reconnaître que la présence américaine est devenue plus un problème que la solution ? Ce débat n’est pas encore ouvert.


Publication originale Saudi Gazette, traduction Contre Info

Si hay un imperio y paises rebeldes, los que restan son paises tributarios

Si hay un imperio y países rebeldes, los que restan son países tributarios

El manejo comunicacional oculta dos de esas verdades y hace blanco en la tercera, en los que resisten.

Y hay un imperio. “El imperio norteamericano ya no es algo que se oculte. En marzo de 1999, la portada del New York Times Magazine exhibía un gigantesco puño cerrado, pintado con las franjas y estrellas de la bandera de los Estados Unidos, debajo del cual se leían las palabras: «Lo que el mundo requiere ahora: para que funcione la globalización, Norteamérica no puede tener miedo de actuar como la superpotencia todopoderosa que es».

“Así se anunciaba el Manifiesto por un mundo rápido, de Thomas Friedman, que instaba a los Estados Unidos a cumplir su papel de agente encargado de poner en vigor el orden global capitalista: «la mano oculta del mercado jamás funcionará sin un puño oculto [...] el puño oculto que mantiene seguro al mundo para las tecnologías del Valle de la Silicona se llama Ejército, Fuerza Aérea, Marina y Cuerpo de Infantería de Marina de los Estados Unidos». Cuatro años después, en enero de 2003, cuando ya dejó de haber razón para simular que el puño estaba oculto, la portada completa del Magazine anunciaba un ensayo de Michael Ignatieff con las siguientes palabras:


“El imperio norteamericano. Acostúmbrense a él: ¿Qué otra palabra, que no sea «imperio» describe esa cosa imponente en la que Norteamérica se está convirtiendo? [...] Ser una potencia imperial [...] significa hacer cumplir el orden existente en el mundo, y hacerlo en interés de Norteamérica•” (1)

George Walker Bush en 2002, al anunciar al mundo La Estrategias de Seguridad de los Estados Unidos expresó “Somos una fuerza militar sin paralelo, tenemos el derecho de actuar en todo el mundo para imponer la economía de mercado y garantizar la seguridad energética, podemos atacar a quien consideremos una amenaza o a cualquier país que pueda convertirse en una competencia militar”. (2)

“Imprimen (los Estados Unidos) las divisas requeridas por el comercio internacional en cantidades que no conocen límites…, mantiene un control monopólico sobre los organismos internacionales de crédito e inversión.”, (se posee) “…un sinnúmero de noticias… que reflejan los privilegios nacionales que ese país ha impuesto al mundo. Hay políticos dentro y fuera de Estados Unidos que se ofenden si alguien se atreve a calificarlo como imperio, cual si existiera otra palabra que lo defina mejor.”

Estados Unidos tiene siete flotas y más de 800 bases militares distribuidas en el planeta. “El poder militar estadounidense se apoya en su arsenal nuclear. Posee 534 misiles balísticos intercontinentales (ICBM) Minuteman III y Peacekeeper; 432 de lanzamiento submarino (SLBM) Trident C-4 y D-5 instalados en 17 submarinos del tipo Ohio, y alrededor de 200 bombarderos nucleares de largo alcance que pueden ser abastecidos en el aire, entre ellos 16 invisibles B-2. Los misiles son portadores de varias ojivas. El número de cabezas nucleares desplegadas oscila entre 5 mil y 10 mil. Sus Fuerzas Armadas disponen de más de 2 millones de hombres. A esto se añaden cientos de satélites de uso militar y comunicaciones, que componen el escudo espacial y los medios para la guerra electromagnética.” (3)

La propaganda y acción del poder capitalista se centran en lograr la sospecha, condena y/o desestabilización de los estados y pueblos que no aceptan esta unipolaridad: Cuba, Venezuela, Bolivia, Ecuador, Nicaragua, Corea del Norte, Irak, Irán, Afganistán, China, Rusia…

Como conclusión de lo anterior la soberanía nacional de los otros países está condicionada por el imperio.

Así se explican la Europa que siempre coincide con las políticas norteamericanas, las socialdemocracias y derechas latinoamericanas que nunca han condenado en la OEA las ilegalidades de Estados Unidos, los miembros mayoritarios de la ONU que han permitido el bombardeo de Yugoslavia, las invasiones de Irak, Afganistán, el acuerdo ilegal entre su organismo de paz y la OTAN.

El mundo provincial en desarrollo se evita conflictos entregando pacíficamente bajo la forma de la economía de mercado los recursos naturales y humanos que las corporaciones necesitan controlar para sus planes de seguir privilegiadas después de la crisis final capitalista.

Conclusión lógica: como no puede haber imperios sin naciones subyugadas hay orgullos falsos de soberanía.

Rómulo Pardo Silva

Notas
1 http://www.forosocialsevilla.org/spip.php?article39
2 http://www.rebelion.org/noticia.php?id=71764
3 http://www.prensa-latina.cu/index.php?option=com_content&task=view&id=80915&Itemid=1

Extraído de Mal Publicados.

00:35 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : impérialisme, etats-unis, politique internationale | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Entretien avec Sanchez Pascual, traducteur espagnol d'Ernst Jünger

ErnsJuenger.jpg

 

Archives de SYNERGIES EUROPEENNES - 1990

 

Entrevue avec Sánchez Pascual

 

 

«Jünger entrera dans l'histoire comme «L'Insubornable»

 

Andrés Sánchez Pascual est suffisamment connu  que pour en tracer ici le profil. Professeur de philosophie à l'Université de Barcelone, ses traductions (surtout celles de Nietzsche, et maintenant celles de Jünger) lui confèrent un critère de premier niveau à l'heure de comprendre la culture allemande. Personne mieux que lui, par conséquent, ne pourra nous parler de l'un de ses représentants les plus illustres: l'auteur de »Tempêtes d'acier».

 

PUNTO Y COMA.- Il n'est pas fréquent qu'un traducteur atteigne la notoriété publique. Cependant, les versions en castillan que vous avez faites de l'œuvre de Nietzsche vous ont acquis l'admiration générale. Quelle a été votre attitude face à l'œuvre nietzschéenne?

 

SANCHEZ PASCUAL.- L'expérience, une expérience très précoce dans ma vie m'a convaincu qu'il n'est pas possible de bien«lire» —Ce que j'appelle bien «lire»— un texte, et encore moins un texte philosophique, sans le «traduire» de quelque manière que ce soit, c'est-à-dire sans le réécrire. Voilà, je crois, le sens de ma profession en ce qui concerne les texte de Nietzsche.

 

PUNTO Y COMA.- Qu'a signifié pour vous le passage de Nietzsche à Jünger? Voyez-vous des ressemblances entre les deux auteurs?

 

SANCHEZ PASCUAL.- En réalité, ma «rencontre» avec Ernst JÜnger ne «suit» pas une étape «Nietzsche». Voilà de très nombreuses années que Jünger est l'un de mes auteurs de chevet. Quant au texte en lui-même, Nietzsche a beaucoup influencé Ernst Jünger, même les nuances de l'écriture. «Passer» de l'un à l'autre, c'est demeurer dans une atmosphère fort similaire.

 

PUNTO Y COMA.- Pour quelle facette d'Ernst Jünger éprouvez-vous le plus d'attirance?

 

SANCHEZ PASCUAL.- D'abord, l'auteur des Carnets, le mémorialiste. Ensuite, l'écrivain de livres de voyages.

 

PUNTO Y COMA.- Dans «Tempête d'acier» Jünger a soumis le texte a des révisions diverses et continuelles. Pourriez-vous nous dire si, dans d'autres œuvres fortemennt liées à l'esprit du temps où elles furent écrites, comme par exemple «Le travailleur», l'auteur a introduit des modifications?

 

SANCHEZ PASCUAL.- Les auteurs ont coutume d'adopter l'une de ces deux attitudes envers leurs textes: ou bien ils considèrent qu'ils sont terminés et déjà loin de leurs vies —et donc intouchables—, ou bien ils les réécrivent continuellement. Ernst Jünger ressemble plus aux seconds. Il lui est arrivé de retoucher ses textes afin de les rendre hermétiques pour la mode du temps. C'est ce qui est arrivé avec «Tempête d'acier» et à ce sujet, je crois en avoir assez dit dans la note préléminaire à la récente traduction espagnole de cette œuvre. Dans d'autres cas —par exemple, «Le travailleur»—, il préfère laisser le texte tel quel, en tant que témoignage historique. De toute façon, Jünger a ajouté un appendice très important à l'édition du livre «Le travailleur» dans ses Œuvres Complètes. Mais, comme je dis, il n'a pas touché au texte du livre.

 

PUNTO Y COMA.- Aujourd'hui Jünger est un auteur qui jouit d'un grand prestige. Pensez-vous qu'il pourrait devenir à la mode? Quel rôle attribuez-vous à Jünger au sein de la culture européenne contemporaine?

 

SANCHEZ PASCUAL.- D'après moi, Ernst Jünger n'est pas précisément un auteur à la mode; mais peut-être, un auteur anti-mode. On pourrait composer un gros volume rien qu'avec les insultes lancées à Ernst Jünger par les Allemands eux-mêmes. Son prestige, oui, est immense. Et il le restera. Je pense qu'il restera au sein de la culture européenne, comme «L'Auteur impossible à suborner».

vendredi, 22 mai 2009

Eslovenia-Croacia: cainismo ex-yugoslavo

Eslovenia-Croacia: cainismo ex-yugoslavo

Diferendo con Eslovenia le complica a Croacia su acercamiento con la Unión Europea

En el piso de una taberna en los Balcanes, el dueño trazó una raya amarilla: a un lado queda Eslovenia; al otro, Croacia, de modo que quienes piden un bistec de cerdo y una jarra de cerveza en un país de la Unión Europea, salen de las fronteras comunitarias un rato después, en busca de los baños. Y el asunto es motivo de risa para los parroquianos.

La anécdota, contada por el diario británico The Independent, sirve para recordar que ambos países, escindidos de Yugoslavia a principios de los años 90, todavía tienen un litigio fronterizo. Se trata de la bahía de Piran, un espacio de apenas 13 kilómetros cuadrados que está complicándole a Croacia el avance hacia su integración en la UE.

Sí, porque desde diciembre pasado Eslovenia bloquea el proceso, hasta tanto no se resuelva el contencioso. «¡Tanto lío por cinco o seis cuadras!», pensará el lector no enterado, pero sucede que ese espacio tan reducido es prácticamente lo único con que cuentan los eslovenos para poder acceder a aguas profundas, pues el país está geográficamente aprisionado entre Italia y Croacia, a las que, si algo les sobra, es agua salada…


El diferendo esloveno-croata cumple ya 19 años, y aunque Ljubljana y Zagreb han tenido tiempo de sobra para definir por dónde pasa la línea amarilla, hasta ahora «nananina». Con un pequeño detalle: la primera entró a la UE en mayo de 2004, mientras que la segunda está aún a la puerta.

¿Qué significa eso? Pues que, para admitir a un nuevo miembro en el bloque comunitario, tienen que levantarse 27 manos para aprobarlo, y la de Eslovenia se ha quedado abajo a última hora, cuando se preveía que las negociaciones terminarían a finales de 2009, y que Croacia ingresaría en 2011.

No será la primera vez que se utiliza esta ventaja para frenar la adhesión de un país candidato: poco tiempo atrás, Chipre bloqueó las conversaciones con Turquía, porque esta decidió no permitir el acceso de barcos y aeronaves chipriotas a su territorio. Otro caso, el de la Antigua República Yugoslava de Macedonia, puede sentarse a esperar las calendas griegas, porque —¡vaya coincidencia de palabras!— Grecia no permitirá su adhesión hasta que aquella quite de su denominación oficial el nombre «Macedonia». Atenas recela de futuras pretensiones anexionistas hacia su norteña provincia homónima, patria de aquel belicoso Alejandro que conocemos por los libros de historia…

De pronto, la UE suena el silbato de árbitro. Olli Rehn, comisario europeo para la Ampliación, propone un plan: cinco jueces —de ellos, uno esloveno y otro croata— tendrán a su cargo la partición exacta de la frontera. Croacia querría dividir la bahía en partes iguales, pero a Eslovenia le parece que ello obstaculizaría la navegación de sus barcos. Entonces, con esta suerte de «ni pa’ ti, ni pa’ ti», la Comisión Europea pone en manos de los dos la resolución del conflicto por vías más expeditas. Y los croatas, que consideraban llevar el asunto a la Corte Internacional de Justicia de La Haya, han dado el sí. Falta ahora su contraparte…

Paradójicamente, si a alguien le beneficiaría salir rápido de este asunto y no enredarse en La Haya, es a Zagreb. Con la crisis económica apagando los embullos de los países eurocomunitarios de recibir a nuevos miembros (por regla general, cortos de billete), y mientras los pronósticos internos dicen que la economía se encogerá en un 3,7 por ciento y que el de-

sempleo subirá rápidamente (ahora ronda el 14 por ciento), tal vez al país de la corbata más le valdría ahorrarse papeleos y correr cuanto antes bajo el paraguas de Bruselas. Es lo que hará, previsiblemente, Islandia.

Debe ser por eso que algunos políticos de los países miembros de la UE confiesan que, en verdad, les importa un pepino ácido el tema de la bahía de Piran, y más les preocupa sumarse un nuevo socio que vendría con el pico abierto, como los pichones en el nido, en un momento en que hay muy poca lombriz que repartir. Otros, entretanto, se fijan más en un aspecto hasta aquí no mencionado: la rampante corrupción y la amenaza del crimen organizado, que ha sacado de escena, bombas mediante, lo mismo a periodistas que a abogados.

El sitio web oficial de la UE lo refiere: «En Croacia, la corrupción afecta sobre todo a los sectores de la salud, la construcción, la economía y las ciencias, así como al aparato judicial y a la administración local y pública», mientras que el propio comisario Rehn, la pasada semana, dedicó un aparte en un discurso a recordarle al país balcánico que «aún tiene mucho que hacer en cuanto a la reforma judicial y el combate a la corrupción».

Quizá sea tiempo de que Zagreb pregunte al tabernero por dónde le aconseja pasar la rayita amarilla, y de poner la cabeza en asuntos más urgentes.

Luis Luque Álvarez

Extraído de Juventud Rebelde.

200 Jahre Donoso Cortés

Donoso.jpg

200 Jahre Donoso Cortés

von Marc Stegherr : Ex: http://www.sezession.de/

Kaum war die Exkommunikation der vier Bischöfe der »ultratraditionalistischen« Piusbruderschaft aufgehoben, ergossen sich über den Papst und die katholische Kirche, vor allem aus Deutschland, Fluten an unsachlichen, tendenziösen Kommentaren, die mit der Sache rein gar nichts mehr zu tun hatten.

Man mußte sich fragen, ob jene Theologen und Kirchenvertreter, die die katholische Kirche unablässig zum Frieden mit der Moderne drängen, nicht mit Blindheit geschlagen sind. Die Moderne ist in ihrem Ursprung eine Häresie gegen das Geoffenbarte, das Verbindliche. Der liberale Kulturhistoriker Peter Gay nannte nicht von ungefähr seine kürzlich erschienene Geschichte der Moderne die »Verlockung der Häresie« (The Lure of Heresy).

Die heftigsten Affekte der Moderne richten sich seit jeher gegen jene Institution, die die moderne Häresie, den Kult des Relativismus (Benedikt XVI.), nicht mitmachen will. Die jüngsten Ausfälle haben gezeigt, daß diese Affekte nur ruhten, sie sind keineswegs Vergangenheit, und sie werden sich im Zeichen des »neuen Atheismus« weiter verstärken. Der katholische Staatsmann und Geschichtsphilosoph Juan Francisco María de la Salud Donoso Cortés, Marques de Valdegamas, der 1809 das Licht Spaniens erblickte, hatte keinerlei Illusionen, was die Phobien und die aggressive Konsequenz der politischen Irrlehren der Moderne betraf.

Seine Ansicht, daß es zwischen der gottverleugnenden Moderne, ihren Ausgeburten Liberalismus und Sozialismus, und dem Katholizismus keinen Kompromiß geben könne, weil die Moderne de natura auf die Ablösung, ja Vernichtung des Katholischen angelegt sei, diese Radikalität des Spaniers beeindruckte nicht nur das katholische Europa seiner Zeit. Carl Schmitt, der Donoso »gesamteuropäisch« interpretierte, rühmte dessen Klarsicht und Radikalität. Treffend sei Donosos Erkenntnis, daß die modernen Ideologien Ersatzreligionen sind, ihre Begriffe säkularisierte theologische Begriffe. Nur der Liberalismus weiche jeder begrifflichen Festlegung aus.

Auch die Kirche war zu Donosos Zeit keinesfalls frei von dieser tödlichen Krankheit der »diskutierenden Klasse«, der »clasa discutidora«, die nicht weiß, ob sie es »mit Barabbas oder mit Jesus halten soll«. Während das revolutionäre Europa, die Mazzini und Proudhon, sofort erkannten, welches polemische Genie ihrem spanischen Todfeind eignete, hielten sich die Vertreter des liberalen Katholizismus, vor allem in Frankreich, an Detailfragen seiner Schriften auf. Sie irritierte die von keinem Zweifel angekränkelte Glaubensfestigkeit Donosos, während Rom über diesen glänzenden Anwalt heilfroh war, und sein Hauptwerk, den Essay, mit dem höchsten Segen bedachte.

Nicht anders heute: Ein österreichischer Geistlicher, der von Rom zum Weihbischof ausersehen ist, weil er den Glauben seiner Kirche ohne Abstriche verkündet, wird von seinen liberalen Amtsbrüdern solange gemobbt, bis er seine Berufung ablehnt. Die Kirche, für die Donoso Cortés stritt, hatte noch einen Klerus und eine Theologenzunft, die weitgehend immun waren gegen die Verlockungen der modernen Häresien. Heute haben sie ihren Marsch durch die Institution Kirche soweit abgeschlossen, daß selbst Personalentscheidungen am linkskatholischen Widerspruch gegen das Orthodoxe scheitern.

Donoso hat das vorhergesehen. In seinem Hauptwerk charakterisiert er den Liberalismus als ein Phänomen einer Gesellschaft in Auflösung: »Die Zeit ihrer Herrschaft ist jene flüchtige Übergangsperiode, in der die Menschheit hin- und herschwankt zwischen radikaler Negation und gläubiger Hinnahme der Offenbarung.« Dann ist ihr eine Schule gerade recht, bei der alles Für ein Wider hat. Der Reformtheologe Hans Küng, den der Papst im Sommer 2005 noch in Audienz empfangen hatte, mischte dieser Tage ätzende Galle mit verlogener Diplomatie. Wenn der Papst sicher auch selbst nicht antisemitisch sei, so hätte doch jeder gewußt, daß die vier Pius-Bischöfe antisemitisch eingestellt sind. Wie einst der Kreml schirme sich der Papst vor seinen Kritikern ab. Donoso hatte recht. Der atheistische Sozialismus hätte wenigstens den Mut zur Negation. »Für den Liberalismus hat er nur Verachtung.« Dem ist nichts hinzuzufügen.

Bücher von Donoso Cortés:
Über die Diktatur. Drei Reden
Essay über den Katholizismus, den Liberalismus und den Sozialismus und andere Schriften

L. F. Céline : Siegmaringen: quel pittoresque séjour!

Louis-Ferdinand Céline - Siegmaringen : quel pittoresque séjour !

Ex: http://ettuttiquanti.blogspot.com/
Peut-être pas encore se vanter, Siegmaringen?... pourtant quel pittoresque séjour!... vous vous diriez en opérette... le décor parfait... vous attendez les sopranos, les ténors légers... pour les échos, toute la forêt!... dix, vingt montagnes d'arbres !... Forêt Noire, déboulées de sapins, cataractes... votre plateau, la scène, la ville, si jolie fignolée, rose, verte, un peu bonbon, demi-pistache, cabarets, hôtels, boutiques, biscornus pour « metteur en scène »... tout style « baroque boche » et « Cheval blanc »... vous entendez déjà l'orchestre !... le plus bluffant : le Château!... la pièce comme montée de la ville... stuc et carton-pâte !... pourtant... pourtant vous amèneriez le tout : Château, bourg, Danube, place Pigalle ! quel monde vous auriez !... autre chose d'engouement que le Ciel, le Néant et l'à Gil!... (1) les « tourist-cars » qu'il vous faudrait !... les brigades de la P. P. ! ce serait fou, le monde, et payant !

Nous là je dois dire l'endroit fut triste... touristes certainement ! mais spéciaux... trop de gales, trop peu de pain et trop de R. A. F. au-dessus!... et l'armée Leclerc tout près... avançante... ses Sénégalais à coupe-coupe... pour nos têtes !... pas les têtes à Dache!... je lis là actuellement tous nos « quotidiens » pleurer sur le sort des pauvres Hongrois... si on nous avait reçus comme eux ! tant larmoyé sur nos détresses, on l'aurait eu belle, je vous dis ! dansé des drôles de claquettes ! s'ils avaient eu au prose l'article 75 ces pathétiques fuyards hongrois Coty les garderait pas souper!... merde!... s'ils étaient simples Français de France il les ferait vite couper en deux!... en dix s'ils étaient mutilos! surtout médaillés militaires ! la sensibilité française s'émeut que pour tout ce qu'est bien anti-elle! ennemis avérés; tout son cœur! masochisse à mort !

Nous là dans les mansardes, caves, les sous d'escaliers, bien crevant la faim, je vous assure pas d'Opérette!... un plateau de condamnés à mort !... 1142 !... je savais exactement le nombre...

Je vous reparlerai de ce pittoresque séjour! pas seulement ville d'eau et tourisme... formidablement historique !... Haut-Lieu!... mordez Château!... stuc, bricolage, déginganderie tous les styles, tourelles, cheminées, gargouilles... pas à croire !... super-Hollywood !... toutes les époques, depuis la fonte des neiges, l'étranglement du Danube, la mort du dragon, la vidoire de SaintFidelis (2), jusqu'à Guillaume Il et Goering.

De nous autres, tous là, Bichelonne avait la plus grosse tête, pas seulement qu'il était champion de Polytechnique et des Mines... Histoire ! Géotechnie !... pardon !... un vrai cybernétique tout seul ! s'il a fallu qu'il nous explique le quoi du pour ! les biscornuteries du Château! toutes ! qu'il penchait plutôt sud que nord?... si il savait? pourquoi les cheminées, créneaux, pont-levis, vermoulus, inclinaient eux plutôt ouest?... foutu berceau Hohenzollern! pardi! juché qu'il était sur son roc ! ... traviole ! biscornu de partout !... dehors !... dedans ! ... toutes ses chambres, dédales, labyrinthes, tout! tout prêt à basculer à l'eau depuis quatorze siècles !... quand vous irez vous saurez !... repaire berceau du plus fort élevage de fieffés rapaces loups d'Europe ! la rigolade de ce Haut-Lieu! et qu'il vacillait je vous le dis sous les escadres qu'arrêtaient pas, des mille et mille « forteresses », pour Dresde, Munich, Augsburg... de jour, de nuit... que tous les petits vitraux pétaient, sautaient au fleuve !... vous verrez !...

Louis-Ferdinand Céline, D'un château l'autre, 1957.

Sur le sujet :

A voir :
>>>
Lucette à Sigmaringen, émission Le Fond et la forme de 1971.

A lire :
>>>
Céline, Degrelle et quelques autres à Sigmaringen

Un seul peuple de frères - l'Etat dans la littérature

Rutli.jpg

 

 

SYNERGIES EUROPÉENNES - Juillet 1988

 

 

 

Un seul peuple de frères - L'Etat dans la littérature

 

 

Peter SCHNEIDER, ”... ein einzig Volk von Brüdern”. Der Staat in der Literatur,  Athenäum, Frankfurt a.M., 390 S., DM 48.

 

 

Le titre de cet ouvrage, c'est la formule du célèbre serment de Rütli, fondateur de la Confédération Helvétique. Etre un seul peuple de frères, tel est le vœu profond de toute nation qui veut for-mer un Etat de citoyens, un Etat fondé sur la volonté commune de tous les citoyens. Dans cette formule, la multiplicité sociale se voit sublimée, les oppositions et les clivages de toutes sortes s'évanouissent dans un néant idéal. Cette aspiration pluriséculaire, qui traverse toute l'histoire européenne, c'est davantage la littérature que la théorie politique qui s'en est fait le véhicule. Schiller, dans son Wilhelm Tell  (= Guillaume Tell) opère de manière optimale la fusion entre unité et pluralité au sein des corps politiques: l'individu-personne possède des droits mais de-meure responsable vis-à-vis du tout; ainsi, sans concept rigide, sans corset juridico-philosophique, dans une langue limpide, s'exprime, par le génie du poète, l'instinct politique européen, idéaliste et faisant ta-ble rase de toutes les corruptions. L'œuvre antonymique, c'est l'épopée médiévale de Reineke Fuchs (le Roman de Renard),  marquée d'esprit satirique. Aucune volonté communautaire, holiste, ne s'y manifeste et il n'y règne que la ruse et la violence. Si Wilhelm Tell  représente l'idéal pur de la psyché politique européenne, Reineke Fuchs  exprime sa désillusion, sublimée en satire. Entre ces deux pôles a émergé une quantité de variantes, démontre Schneider: chez Kafka, il perçoit une désillusion noire qui a la nostalgie de l'amitié, manifestation de pro-xi-mité humaine, et aspire à une nouvelle union de la ratio et de la voluntas.  Les réflexions de Schneider se poursuivent sur Jerry Cotton, James Bond, Ernst Jünger, Anna Seghers, Friedrich Dürrenmatt et Albert Camus (Robert STEUCKERS).

 

jeudi, 21 mai 2009

Comité P erg kritisch over geweld politie

violences polici357702.jpg

 

Comité P erg kritisch over geweld politie bij VB-betoging

 

Ex: http://klauwaert.blogspot.com/

Onder meer VB-kopstuk Filip Dewinter werd hardhandig aangepakt.
Het Comité P heeft zware kritiek op het politieoptreden tijdens de verboden anti-islambetoging op het Brusselse Schumanplein op 11 september 2007. De Vlaams Belangparlementsleden Frank Vanhecke en Filip Dewinter werden toen hardhandig aangepakt. Volgens het verslag van het comité, dat vandaag in de parlementaire begeleidingscommissie besproken werd, was de aanpak chaotisch en werd in sommige gevallen te veel geweld gebruikt.

Geslachtsdelen
Op 11 september 2007 hield het Vlaams Belang een korte manifestatie op het Schumanplein nadat een grote internationale betoging tegen de islamisering van Europa door de Brusselse burgemeester verboden was. Maar die werd na "drie minuten en 18 seconden" hardhandig beëindigd, waarbij Europarlementslid Frank Vanhecke "langs achteren bij de geslachtsdelen vastgenomen" werd en werd Filip Dewinter een pepperspray tegen het gezicht geduwd terwijl hij op de grond lag. Een journalist werd door een politiehond gebeten.
826 agenten
Het Comité analyseerde de opgenomen beelden - 11 dvd's en 8 video's - en hoorde 24 betrokkenen bij de voorbereiding en uitvoering van de ordehandhaving. Uit het rapport van het Comité P blijkt dat de voorbereiding van de manifestatie zeer gebrekkig was, onder meer omdat de burgemeester contact met de organisatoren verbood. Er werden 826 politiemensen ingezet, waarvan 510 uit de politiezones van Brussel en pelotons uit Gent, Antwerpen, Luik en Namen.

Frans
Op de briefing werd slechts een beperkte operatieorder verspreid "vanwege mogelijke lekken naar het Vlaams Belang". De Brusselse pelotons kregen later meer uitleg. Er werd hen gezegd dat ze zich enkel dienden klaar te houden om offensief op te treden. De pelotons uit Antwerpen en Gent bleven passief, en enkel Franstalige agenten kwamen tussen en gaven de manifestanten Franstalige bevelen.
Bh uitdoen
Het Comité P besluit dat het optreden van de politie chaotisch en ongecoördineerd overkwam en dat er duidelijk veel te veel politiemachten op het terrein waren. Bij de aanhoudingsoperatie op het Schumanplein werd in sommige gevallen meer dan de nodige dwang en geweld gebruikt. Dat sommige vrouwelijke aangehoudenen hun bh dienden uit te doen was blijkbaar een persoonlijke fout van één van de bewakende vrouwelijke politiebeambten, stelt het comité nog vast.
Tolerantie
De Parlementaire begeleidingscommissie onderschreef de aanbevelingen van het Comité P, onder meer over het op voorhand duidelijk vastleggen van de tolerantiegrenzen. Deze dienen tactisch uitgewerkt te worden en opgenomen in het schriftelijk operatieorder. In dat order moeten ook de verwachte attitude, de bejegening en de procedure bij de aanhoudingen en de geweldsinstructies beschreven worden. Er mag niet van uitgegaan worden dat deze door iedereen gekend zijn, zeker niet als er pelotons deelnemen van buiten de eigen politiezone.

Alternatieven
Daarnaast wordt aangedrongen op het zoeken naar alternatieve scenario's vermits grootschalige aanhoudingen altijd controversieel blijven en operationeel moeilijk te beheren zijn. Er wordt ook aandacht gevraagd voor communicatie, vrijwillige medewerking en de rechten van de aangehouden persoon. De verantwoordelijke officieren en andere politieambtenaren die blijk geven van een onaangepast optreden tijdens de manifestatie moeten geconfronteerd worden met hun optreden en de zich opdringende tucht- of andere maatregelen dienen te worden genomen.

VB tevreden
Het Vlaams Belang reageerde tevreden op het rapport. Filip De Man, lid van de begeleidingscommissie, hoopt dat de partij voortaan wel haar democratische rechten zal mogen uitoefenen in Brussel. (belga/kh)

La crisi del dono - Intervista Claudio Risé

La crisi del dono.
Intervista Claudio Risé

di Susanna Dolci - 07/05/2009

Fonte: mirorenzaglia [scheda fonte]

crisidono

 

È, Claudio Risé [nella foto sotto], uno degli psicanalisti italiani di ampia fama nazionale ed internazionale. Docente di Scienze Sociali alle Università di Trieste-Gorizia, Insubria (Varese) e Bicocca (Milano), da oltre trent’anni studia l’uomo e la donna ovvero il maschile ed il femminile, nelle loro molteplici sfaccettature. La vita, la famiglia e la genitorialità con particolare attenzione alla figura paterna intesa come assenza o come “mestiere” difficile. I suoi numerosi libri sono stati tradotti in molti paesi europei ed in Brasile. Un spazio internet a disposizione del suo pubblico: www.claudio-rise.it. Esce in questi giorni per le Edizioni San Paolo La crisi del dono. La nascita e il no alla vita. È questo suo nuovo andare in riflessione, una discesa verso le «radici del pensiero che rifiuta la nascita». Un’attenzione di saggia misura sull’aborto inteso come quotidianità di azione da cronaca e da statistica, di battaglia politica, di leggi, di polemica, di giudizi positivi e negativi, di “crimine” addirittura, di orrori legalizzati od illegali e di tanto altro da aggiungere. O da sottrarre… Dipende, sempre, dai punti di vista. Ma il libro non è solo questo… ed è già molto. “La crisi del dono” è una sorta di Summa che non tralascia nulla perché niente vuole lasciare nel silenzio. Tutti gli attori legati alla venuta al mondo vengono chiamati in causa. Siano essi uomini, donne, bambini stessi e dunque padri, madri e figli, miti e mitologie, cambiamento e rinnovamenti, sacro e profano. Spetta, alfine ed in piena libertà, ad ogni singolo lettore decidere a quale cammino interpretativo accingersi. Che oscilla, in presenza, dagli albori temporali come il classico pendolo foucaultiano o la inimitabile quanto terribile spada di Damocle. Tutto sempre e come eterna scelta tra la vita e la morte. Un sentito ringraziamento a Claudio Risé per la sua piena e gentile disponibilità alla realizzazione dell’intervista che segue, nonostante i suoi molteplici impegni.

È stato appena editato dalle Edizioni San Paolo. È il suo “La crisi del dono. La nascita ed il no alla vita”. Lei ci parla di: Mito, Nascita, Figlicidio, Figli, Uomo, Donna, Aborto… E tanto ancora…  Se dovesse definire il centro di questo libro, cosa direbbe?

È un libro sulla nascita, come evento fisico, psichico e simbolico, sul suo significato e sulle resistenze che suscita. Molto spesso non la vogliamo (non solo quella fisica), perché ci chiede sempre di cambiare, trasformarci, ri/nascere.

 

Cos’è veramente l’aborto?

La scelta di evitare una nuova nascita sopprimendo il nascituro. Al di là delle considerazioni morali (non spetta a me giudicare), è una scelta fortemente conservatrice, contro il cambiamento. Dal punto di vista psicologico esprime un’avversione al futuro, alla trasformazione che regge il mondo, cui oppone il potere dell’Io individuale, quello che decide, appunto, l’aborto.

Tra abortire e dare in adozione c’è da sempre in mezzo una montagna invalicabile? Perché?

risa_fondo-magazine

È invece valicabile; molti la attraversano. Occorre rinunciare al possesso del figlio. Che del resto nessuno ha, perché il figlio appartiene a sé stesso. E, per la persona religiosa, a Dio.

Com’è il mondo in cui viviamo? Cito alcuni termini ricorrenti nei suoi studi e libri: neopaganesimo, narcisismo, droghe, guerra, terrorismo, scontro di etnie ma anche felicità come dono di sé, l’altro. Incubi quotidiani, difetti e pregi di questa nostra esile esistenza. Come affrontare al meglio o meno peggio tutto ciò?

Io racconto solo la psiche delle persone che vedo, la quale a sua volta parla del mondo in cui vivono. Un buon metodo per star bene, conosciuto da sempre,  potrebbe essere quello di cercare di essere se stessi, senza continuamente conformarsi, o dipendere dall’approvazione degli altri. Ha dei prezzi, ma ci si guadagna il vivere la propria vita, e non quella altrui, o del sistema  di comunicazione dominante.

 

Uomo? Uomo selvatico? O Maschio? Identità maschile tra essere io e/od altro da proprio sé medesimo? Tra Don Giovanni e Padre?

Consiglio di evitare ogni etichetta, comprese quelle sopra elencate (anche se prese dai miei libri) ed ascoltare chi si è. Che è sempre dentro, non fuori di noi.

 

La Donna? Mi verrebbe di aggiungere “è mobile….” ma forse è meglio “selvatica”? E d’ingegno? A metà tra forza e mistero dell’eterno archetipo dell’essere femminile? La Grande Madre, terribile eppur generosa?

Idem. Ognuna scopra sé stessa, e la interpreti. Il resto riguarda le altre, non te.

 

Lei parla della figura del Padre come dono, assenza e mestiere? Chi è un padre?

Un uomo che genera con una donna un figlio, lo protegge e aiuta a crescere quando è piccolo, e poi a diventare se stesso quando è più grande. Una figura elementare, che la natura conosce da sempre.

 

La natura intesa come mondo selvatico? Ancora respira nel suo esistere?

Sì. Tra le prime leggi firmate dal nuovo Presidente degli Stati Uniti ce n’è una che estende enormemente le aree vincolate a Wilderness, cioè  destinate a rimanere incontaminate, già molto estese in quel Paese. E’ una questione di grande attualità, e futuro. Ma naturalmente la Wilderness è ovunque, a cominciare da dentro di noi. Anche qui, si tratta di ascoltarla, e onorarla. E goderla.

 

Dove vanno i giovani?

Bisognerebbe chiederlo a loro. Io sono vecchissimo.

 

La comunità vivente ha ancora un suo specifico perché ben definito? È ancora dono e sacrificio?

Senza l’uno, e l’altro, non esiste comunità. Al massimo società, associazioni, club etc.

 

Famiglia VS divorzio. Anche qui quali i pregi, le colpe e loro effetti collaterali

La famiglia può fallire, così come un bimbo può essere soppresso. Basta si sappia che è un disastro, e non  si spacci divorzio ed aborto per cose da niente.

 

A conclusione. Siamo ancora in grado di trasformarci e rinnovarci? O restiamo in una immobile opposizione che nega l’anelito alla vita?

Non siamo noi a scegliere. È la natura a determinare che tutto, nell’essere umano, cambia continuamente nel corso della vita, le sue cellule, i suoi neuroni, i suoi sentimenti, il mondo intorno a lui. Certo possiamo optare per la sclerosi, mummificarci a vent’anni; molti lo fanno. Sono di solito pazzi, e piuttosto infelici, ma si può fare anche così. Però è meglio seguire, con spirito di avventura e divertimento, il misterioso  e sorprendente itinerario che la vita ci propone.


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it

La littérature abolit le progrès

hentsch2-7606-1997-4.jpg

La littérature abolit le progrès

 

Pierre Le Vigan / http://europemaxima.com/


Thierry Hentsch écrivait : « La mort est la grande affaire de l’homme. Elle est, qu’il le veuille ou non, le révélateur de sa vie, le suprême moment de vérité, l’échéance qui éclaire la vie de son inéluctable avènement. Vie, mort et vérité sont étroitement chevillées les unes aux autres, et la conscience n’échappe à la pensée de cette jonction qu’au prix de sa propre diminution. » Le récit n’est pas la vérité, mais, même quand il est mythique, il n’est pas le contraire non plus de la vérité. Il est un moyen de mieux se comprendre. Ceci a toujours été admis sauf avec le Nouveau Testament, le seul récit qui s’est voulu aussi La Vérité. « Le christianisme accomplit un incroyable exploit. Il réussit à imposer cette antinomie : un récit de vérité », note Thierry Hentsch. C’est le seul Grand Récit ancien qui ne s’est voulu susceptible de ne relever que d’une seule interprétation. Le Nouveau Testament représente ainsi la fin de la gratuité du récit, offert aux libres interprétations, et le début des mono-interprétations, donc des appauvrissements de l’imaginaire.

Il n’en était pas de même, à son origine, du grand récit scientifique. Kant avait écrit que la science ne nous donnait aucune certitude sur les choses en soi. La science a sauté au dessus de ce problème du vrai. Ce qui importe est ce qui est efficace, ce qui fonctionne. C’est ce qui fonctionne qui est vrai, et non ce qui est vrai qu’il importe de faire fonctionner. De cette conception découle une dévalorisation de la littérature, bien vue, par exemple, par Alain Finkielkraut. Car la logique de la littérature n’est pas l’efficacité, c’est le labourage, c’est le sarclage, c’est justement la culture. La littérature s’oppose à deux choses : à la science, et aussi à l’herméneutique. Le postulat de la littérature est que aucune érudition, aussi nécessaire soit-elle, ne confère une autorité en matière d’interprétation. C’est pourquoi, selon le mot de Thierry Hentsch, la littérature « nous délivre de l’idée de progrès » - et c’est d’ailleurs aussi pour cela, pour éviter cette délivrance funeste à notre « productivité » que la littérature tend à ne plus être enseignée. Heidegger n’est pas un « progrès » par rapport à Pascal ou à Montaigne. Ce point concerne aussi l’art, qui ne peut relever du progrès. Il serait insensé de dire que Van Dongen est un progrès par rapport à Lorenzo Veneziano. Si la littérature n’abolit pas le temps, elle abolit le progrès et c’est en cela qu’elle aide enfin chacun à se comprendre dans le temps.

Pierre Le Vigan

Note

1 : Thierry Hentsch, Raconter et mourir. Aux sources narratives de l’imaginaire occidental, Presses de l’Université de Montréal-Bréal, 2002, prix Louis-Pauwels 2003.

00:15 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature, lettres, philosophie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Julius Evola: Carlo Michelstaedter

Carlo_Michelstaedter.jpg

 

Carlo Michelstaedter

par Julius Evola (dans: Explorations. Hommes et problèmes; Puiseaux 1989)

Carlo Michelstaedter est l'un des auteurs qui ont affirmé, à l'époque moderne, la nécessité pour l'individu de s'élever à l'être, à une valeur absolute en mettant fin à tous les compromis sous lesquels se masque une abios bios, une vie qui n'est pas vie, ne acceptant ce dont l'homme a plus peur que de toute autre chose: se mettre en face de soi, prendre sa propre mesure en fonction, précisément, de l'"être". L'état correspondant à l'être est appelé par Michelstaedter l'état de la "persuasion"; il est défini essentiellement comme une négation des corrélations. Chaque fois que le Moi ne pose pas en soi-même mais dans l'"autre" le principe de sa propre consistance, chaque fois que sa vie est conditionnée par des choses et relations, chaque fois qu'il succombe àdes dépendances et au besoin - il n'y a pas "persuasion", mais privation de valeur. Il n'y a valeur que dans l'existence en soi-même, dans le fait de ne pas demander à l'"autre" le principe ultime et le sens de sa propre vie: dans l'"autarcie", au sens grec du terme. Aussi bien l'ensemble d'une existence faite de besoins, d'affections, de "socialité", d'oripeaux intellectualistes et autres, mais aussi l'organisme corporel et le système de la nature (lequel, en tant qu'expérience, est compris comme engendré, dans son développement spatio-temporel indéfini, par la gravitation incessante en quête de l'être, qu'on ne possédera cependant jamais tant qu'on le cherchera hors de soi) (1), rentrent-ils dans la sphère de la non-valeur.

Le Moiqui pense être en tant qu'il se continue, en tant qu'il ignore la pléntitude d'une possession actuelle et renvoie sa "persuasion" à un moment successif dont il devient par là dépendant; le Moi qui dans chaque instant présent s'échappe à lui-même, le Moi qui ne se possède pas, mais qui se cherche et se désire, qui ne sera jamais dans un quelconque futur, celui-ci étant le symbole même de sa privation, l'ombre qui court en même temps que celui qui fuit, sur une distance entre le corps et sa réalité qui reste inchangée à chaque instant - tel est, pour Michelstaedter, la sens de la vie quotidienne, mais aussi la "non-valeur", ce qui "ne-doit-pas-être". Face à cette situation, le postulat de la "persuasion" est le suivant: l'autoconsistance, le fait de résister de toutes ses forces et à tout moment `a la déficience existentielle, ne pas céder à la vie qui déchoit en cherchant hors de soi ou dans l'avenir - ne pas demander,mais tenir dans son poing l'"être": ne pas "aller", mais demeurer (2).

Alors que la déficience existentielle accélère le temps toujours anxieux du futur et remplace un présent vide par un présent successif, la stabilité de l'individu "pré-occupe" un tempf infini dans l'actualité et arrête le temps. Sa fermeté est une traînée vertigineuse pour les autres, qui sont dans le courant. Chacun de ses instants est un siècle de la vie des autres - "jusqu'à ce qu'il se fasse lui-même flamme et parvienne à se tenir dans le présent ultime" (3). Pour éclairer ce point, il est important de comprendre la nature de la corrélation qui est contenue dans les prémisses: étant donné que le monde est compris comme engendré par la direction propre à la déficience, dont il est comme l'incarnation tangible, c'est une illusion de penser que la "persuasion" puisse être réalisée au moyen d'une consistance abstraite et subjective dans une valeur qui, comme dans la stoïcisme, aurait contre elle un être (la nature expérimentée) dont on peut dire que, pourtant sans valeur, il est. Celui qui tend à la persuasion absolue devraint en fait s'élever à une responsabilité cosmique. Ce qui signifie: je ne dois pas fuir ma déficience - que le monde reflète -, mais la prendre sur moi, m'adapter à son poids et la racheter. C'est pourquoi Michelstaedter dit: "Tu ne peux pas te dire persuadé tant qu'il reste une chose qui n'a pas été persuadée". Il renvoie à la persuasion comme "à l'extrême conscience de celui qui est un avec les choses, qui a en soi toutes les choses: e ounekes".
Pour rendre plus intelligible le problème central de Michelstaedter, on peut rattacher le concept d'insuffisance au concept aristotélicien de l'acte imparfait. L'acte imparfait ou "impur", c'est l'acte des puissances qui ne passent pas d'elles-mêmes (kath auto) à l'acte, mais qui pour cela ont besoin du concours de l'autre. Tel est par exemple le cas de la perception sensorielle: en elle, la puissance de perception n'étant pas autosuffisante, ne produit pas d'elle-même la perception, mais a pour ce faire besoin de la corrélation à l'objet. Or, le point fondamental dont dépend la position de Michelstaedter est le suivant: sur le plan transcendental, l'acte imparfait ne résout qu'en apparance la privation du Moi. En réalité, il la confirme de nouveau. À titre d'exemple, prenons une comparasion. Le Moi a soif; tant qu'il boira, il confirmera l'état de celui qui ne suffit pas a sa propre vie, mais qui pour vivre a besoin de l'"autre"; l'easu et le reste ne sont que les symboles de sa déficience (il importe de fixer l'attention sur ce point: on ne désire pas parce qu'il y a privation de l'être, mais il y a privation de l'être parce qu'on désire - en second lieu: il n'y a pas désir, par exemple celui de boire, parce qu'il y a certaines choses, par exemple l'eau, mais parce que les choses désirées, à l'instar de la privation de l'être qui pousse vers elles, sont créés au même moment par le désir qui s'y rapporte, lequel est donc le prius qui pose la corrélation et les deux termes de celle-ci, la privation et l'objet correspondant, dans notre exemple la soif et l'eau). En tant qu'il se nourrit de cette déficience et lui demande la vie, le Moi se repâit seulement de sa propre privation et demeure en elle, s'éloignant de l'"acte pur" ou parfait, de cette eau éternelle au sujet de laquelle on pourrait citer les paroles même du Christ, eau pour laquelle toute soif, et toute autre privation, seraient vaincues à jamais. Cette appétence, cette contrainte obscure qui entraîne le Moi vers l'extérieur - vers l'"autre" -, voilá ce qui engendre dans l'expérience le système des réalités finies et contingentes. La persuasion, qui va brûler dans l'état de l'absolue consistance, du pur être-en-soi - cet effort a donc aussi le sens d'une "consommation" du monde qui se révèle à moi.

Le sens de cette consommation, il faut, pour l'éclairer, aller jusqu'à des conséquences que Michelstaedter n'a pas complètement développées.

Tout d'abord, dire que je dois pas fuir ma déficience signifie notamment que je dois me reconnaître comme la fonction créatrice du monde expérimenté. De là pourrait suivre une justification de l'Idéalisme transcendental (à savoir du système philosophique selon lequel le monde est posé par le Moi) sur la base d'un impératif moral. Mais on a vu que, selon la prémisse, le monde est considéré comme une négation de la valeur. Du postulat général exigeant que le monde soit racheté, que sa déficience soit assumée, procède donc, toujours comme postulat moral, mais aussi sur le plan pratique, un second point: la négation même de la valeur doit être reconnue, d'une certaine façon, comme une valeur. Cela est important. En effet, si je considère l'impulsion qui a engendré le monde comme une donnée pure, irrationnelle, il est évident que la persuasion, en tant qu'elle est conçue comme la négation de cette impulsion, va en dépendre, donc qu'elle n'est pas absolument autosuffisante mais dépend d'un "autre", dont la négation lui permet de s'affirmer. Dans ce cas, donc dans le cas où le désir même n'est pas réinséré dans l'ordre de l'affirmation de la valeur, mais reste intégralement une donnée, la persuasion ne serait donc pas du tout persuasion - le mystère initial en réduirait inévitablement la perfection à une illusion.
Il faut donc admettre comme postulat moral que l'antithèse même participe, d'une certain façon, de la valeur. Mais de quelle façon? Ce problème amène à inclure dans le concept de persuasion un dynamisme. En effet, il est écident que si la persuasion ne réduit pas à une suffisance pure et autonome - donc à un état - , mais est suffisance en tant que négation d'une insuffisance - donc est un acte, une relation -, l'antithése a certainement und valeur et peut être expliquée ainsi: le Moi doit poser dans un premier moment la privation, la non-valeur, y compris sous la condition òu la privation n'est posée que pour être niée, car cet acte de négation, et lui seul, engendre la valeur de la persuasion. Mais que signifie nier l'antithèse - qui en l'occurence revient à dire la nature? On se rappelle que pour Michelstaedter la nature est non-valeur en tant que symbole et incarnation du renoncement du Moi à la possession actuelle de soi-même, en tant que corrélat d'un acte imparfait ou "impur" au sens défini plus haut. Il ne s'agit donc pas de nier telle ou telle détermination de l'existant, parce qu'on n'atteindrait par là que l'effet, la conséquence, non la racine transcendentale de la non-valeur; il ne s'agit pas non plus d'éliminer en général toute action, car l'antithèse n'est pas l'action en général, mais l'action en tant que fuite de soi, "écoulement" - et il n'est pas dit que toute action ait nécessairement ce sens. Ce qu'il faut résoudre, c'est plutôt le mode - passif, hétéronome, extraverti - d'action. Or, la négation d'un tel mode est constitutée par le mode de l'action autosuffisante, laquelle est aussi puissance - tel est donc le sens du rachat tout à la fois cosmique et existentiel. De même que la concrétisation de la persuasion est le développement d'un monde d'autarcie et de domination; et le moment de la négation pure n'est que le moment neutre entre les deux phases.

Aussi bien le développement des vues de Michelstaedter dans ce qu'on pourrait appeler un "Idéalisme magique" apparaît-il obéir à une continuité logique. En fait, Michelstaedter s'est d'une certaine façon arrête à une négation indeterminée, et ce, en grande partie, pour n'avoir pas considéré suffisamment que le fini et l'infini ne doivent pas être rapportés à un objet particulier ou à une action particulière, mais sont deux modes de vivre n'importe quel objet ou n'importe quelle action. En général, le vrai Maître n'a pas besoin de nier (au sens d'annuler) et, sous le prétexte de la rendre absolue, de réduire la vie à une unité indifférenciée, comme, si l'on veut, dans une espèce de fulguration: l'acte de puissance - qui n'est pas acte de désoir ou de violence - , loin de détruire la possession parfaite, l'atteste et la confirme. Le fait est que Michelstaedter, à cause de l'intensité même avec laquelle il vécut l'exigence de la valeur absolue, ne sut pas donner à cette exigence un corps conret, donc la développer dans la doctrine de la puissance, ce qui pourrait avoir quelque relation avec la fin tragique de son existence mortelle.

Toutefois, c'est Michelstaedter qui a écrit: "Nous ne voulons pas savoir par rapport à quelles choses l'homme s'est déterminé, mais bien comment il s'est déterminé". Au-delá de l'acte, il s'agit donc de la forme ou valeur sous laquelle cet acte est vecú par l'individu. De fait, toute relation logique est, d'une certaine façon, indéterminée, et la valeur est une dimension supérieure où elle se spécifie. L'un des mérites de Michelstaedter, c'est d'avoir réaffirmé la considération selon la valeur dans l'ordre métaphysique: en effet, la "rhétorique" et la "voie vers la persuasion" peuvent être distinguées non d'un point de vue purement logique, mais du point de vue de la valeur. Dans ce contexte, il est très important que Michelstaedter reconnaisse qu'il y a, d'une certaine manière, deux voies. Cette coexistence est elle-même une valeur: car l'affirmation de la persuasion ne peut valoir comme affirmation d'une liberté que si l'on a conscience de la possibilité de l'affirmation comme valeur de la non-valeur elle-même, selon d'indifférence: seul étant libre et infini le "Seigneur du Oui et du Non" (sur cette problématique, cf. notre Teoria dell'Individuo Assoluto, I, 1-5). L'autre justification de l'antithèse dont il a été question plus haut, a évidemment pour présupposé l'option positive pour la "persuasion".

00:05 Publié dans Philosophie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tradition, traditionalisme, julius evola, evola, italie | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Encerclement de l'Iran (6/6) + Bibliographie

Teheran.jpg

L’encerclement de l’Iran à la lumière de l’histoire du “Grand Moyen-Orient” (6/6)

par Robert STEUCKERS

L’Iran d’hier et d’aujourd’hui: un obstacle à l’émergence d’un “Grand Moyen Orient” sous domination américaine

Ces réflexions, issues des mémoires de Houchang Nahavandi, nous permettent, enfin, d’énoncer notre deuxième batterie de conclusions.

◊ L’encerclement de l’Iran a pour objectif d’éliminer le dernier obstacle sur la voie de la constitution du marché commun du “Grand Moyen-Orient”. L’Iran en est en même temps la pièce centrale, le centre territorial d’une périphérie qui, au cours de l’histoire, a été plus ou moins influencée par la “civilisation iranienne”. On parle aussi de “Nouvel Orient énergétique” dans la littérature géopolitique et géo-économique actuelle. Avec, en plus, la Corne de l’Afrique (Somalie, Ethiopie, Kenya), cette région correspond à l’USCENTCOM, soit le Commandement américain du “Centre” de la masse continentale eurasiatique, entre le territoire où s’exerce l’USEUCOM, Commandement américain en Europe et en Afrique, et celui de l’USPACOM, le Commandement américain du Pacifique, qui s’étend de l’Inde à la Nouvelle Zélande et de l’Australie au Japon. Dans le Vieux Monde, le “Grand Moyen-Orient” ou “Nouvel Orient énergétique” constitue bien le centre géographique et géostratégique du grand continent “eurafricasien”, dont l’Iran est l’une des pièces maîtresses, constituant de la sorte un espace charnière. La création d’un marché commun dans cette zone, qui servira essentiellement de débouché pour l’industrie américaine en perte de vitesse, qui en fera un nouvel espace de chasse jalousement gardé et en excluera impitoyablement tous autres partenaires, y compris les “alliés” européens, japonais ou indiens. Cette exclusion de tous se devine déjà clairement quand on voit le sort qui a été fait aux deux projets successifs de diversification, émis par les deux Shahs de la dynastie Pahlavi, et elle se constate quand on voit avec quelle célérité les firmes européennes ont été évincées de tous les marchés de reconstruction de l’Irak.

Les bases américaines de l’USCENTCOM encerclent donc l’Iran aujourd’hui et préparent sinon son invasion, du moins son étouffement lent. Notons, à la lumière de l’histoire pluri-millénaire de l’Iran, que l’USCENTCOM occupe précisément tous les territoires dont les empires perses successifs ou les empires non perses maîtres de l’Iran, avant ou après l’Islam ont eu besoin afin de s’assurer un équilibre stratégique ou des frontières “membrées” (pour reprendre la terminologie de Vauban et Richelieu): 1) la Transoxiane, qui correspond à l’Ouzbékistan actuel (avec toutefois un ressac récent, encaissé par les Américains: l’expulsion de la base de l’USCENTCOM en Ouzbékistan à la suite d’une campagne de dénigrement contre le président et le pouvoir ouzbeks, orchestrée par les grandes agences d’Outre-Atlantique); 2) l’Afghanistan, prolongement pré-himalayen et iranophone des empires du plateau iranien, auquel l’Iran récent n’a jamais renoncé (le dernier Shah le souligne, de manière évidente et en caractères gras, dans sa “réponse à l’histoire”, réf. infra); 3) les Américains campent également en Irak, soit dans cette Mésopotamie dont le contrôle a fait la puissance de tous les empires perses et qui était l’enjeu du conflit entre Rome et les Parthes. Dans un tel contexte, l’Iran est condamné à un lent étouffement, à une stagnation irréversible qui génèrera des troubles intérieurs, qui seront immédiatement exploités, amplifiés et répercutés.

L’Iran: éliminé en deux temps – un projet programmé depuis longtemps

◊ L’Iran est l’objectif d’une stratégie de longue haleine, qui s’est déployée en deux temps: d’abord par l’élimination du Shah, de sa politique d’émancipation, d’industrialisation, de diversification commerciale et énergétique (déjà le nucléaire!), d’indépendance nationale et diplomatique, de rayonnement dans l’Océan Indien (jusqu’en Australie) et de sa marine de guerre (aussi modeste ait-elle été face à la colossale puissance maritime américaine). Pour éliminer cet autocrate avisé, on a monté une révolution de toute pièc, en appuyant tous les illuminés marxistes et autres et en sortant du placard un vieux leader religieux démonétisé et inculte. Pour mener à bien cette opération, on a mobilisé tout l’appareil médiatique occidental: du New York Times où Richard Falk décrivait, avec ce lyrisme coutumier des machines propagandistes américaines, l’humanisme de Khomeiny (Piccolomini et Erasme, Mélanchton et von Hutten doivent se retourner dans leurs tombes!), à un Professeur James Cockraft de la Rutgers University qui prévoyait, sous la houlette de Khomeiny, une ère de “liberté totale” et de “multipartisme”, au Sénateur démocrate Edward Kennedy (le frère de l’autre) qui décrivait le Shah comme le pire monstre ayant traîné ses godasses sur notre pauvre vieille terre; d’autres figures entrent dans la danse: le Sénateur Church mène campagne contre l’Iran. George Ball se rend à Téhéran pour exhorter tous les ennemis du Shah à le combattre. En même temps, les Etats-Unis, Israël et la Grande-Bretagne refusent de vendre des matériels anti-émeute à l’Iran, condamnant les forces de police impériales à l’impuissance. Les ondes sont mobilisées: la Voix de l’Amérique, la Voix d’Israël et surtout la BBC se mettent au service de l’opposition au Shah: ce sont ces radios-là qui assurent la logistique des émeutiers en transmettant les ordres des opposants et des mollahs, en donnant heures et lieux des manifestations contre le régime et pour Khomeiny. Le Général Huyser, commandant en chef adjoint des forces de l’OTAN, est envoyé en Iran pour une mission d’urgence: demander au Shah de déguerpir et neutraliser l’armée iranienne. Une fois le monarque parti sous la pression de Huyser, les officiels américains Richard Holbrooke, Leslie Gelb et Anthony Lake rédigent un rapport, dans lequel il est écrit: “Nous avons acquis la certitude que le système de gouvernement théocratique adopté par Khomeiny était de bonne augure pour les intérêts américains” (cité par H. Nahavandi, pp. 199-200).

L’objectif des Américains, en installant une théocratie qu’ils ne prenaient pas au sérieux, était de freiner et d’arrêter le programme militaire autonome de l’Iran, afin que celui-ci ne devienne pas une puissance régionale sur le “rimland” de l’Océan Indien, dans une région qui avait été impériale dans l’antiquité et était de toute évidence prédéstinée à jouer ce rôle, et dont l’influence s’était étendue sur la frange méridionale de la “Terre du Milieu”, décrite par MacKinder dans ses traités de géopolitique. Mieux: l’Iran avait toujours reçu des impulsions constructives de cette périphérie centre-asiatique conquise dès la proto-histoire par les peuples cavaliers indo-européens, dont les cosaques des tsars pouvaient se poser comme les héritiers légitimes. Si l’Iran du Shah Mohammad Reza Pahlavi se dotait d’une armée, qui deviendrait ipso facto la sixième du monde, l’impérialité persane antique pouvait ressusciter et s’allier au plus offrant. Le risque était énorme. Il fallait l’éliminer. Houchang Nahavandi rappelle que l’armée a tenté d’ailleurs de s’opposer à la prise du pouvoir par les théocrates islamistes, y compris une partie du clergé chiite, dont l’Hodjatoleslam Béhbahani, qui arrangua les 300.000 manifestants du 25 janvier 1979, accourus pour témoigner leur solidarité avec l’empereur. Béhbahani sera assassiné quelques jours plus tard. En effet, tout le clergé chiite, exposant d’une religiosité islamo-persane de grande profondeur mystique et historique, n’a pas suivi la révolution islamiste: l’Ayatollah Sayed Kazem Shariat-Madari appelle le Shah et l’armée à la fermeté. Sa position dans la hiérarchie chiite est si élevée qu’il ne sera pas assassiné tout de suite. Il sera arrêté en 1982, torturé, exhibé à la télévision. Il mourra en 1986 sans jamais avoir pu se faire soigner par un médecin de son choix.

Les figures étranges du premier “Conseil de la Révolution islamique”

Houchang Nahavandi note que dans le premier “Conseil de la Révolution Islamique” figurait Mustafa Tchamran, qui possédait la double nationalité, américaine et iranienne, qui fondera les services secrets de la république islamique, puis exercera les fonctions de ministre de la défense. Autant de positions clefs! Il sera assassiné ultérieurement par, dit-on, des “agents contre-révolutionnaires” ou des inconnus posés comme “agents irakiens”. Les auteurs de l’assassinat n’ont jamais été retrouvés. Un hasard? Mieux: Ibrahim Yazdi est aussi un Américano-Iranien. Il devient vice-premier ministre, puis ministre des affaires étrangères du cabinet Bazargan. C’est lui qui présidera les tribunaux révolutionnaires, sera responsable de l’élimination des militaires (généraux Rahimi, à qui il fit couper une main avant son exécution, Pakravan, Moghadam, Khosrodad, Nassiri et Nadji) et de son prédécesseur Abbas Khalatbari, ministre des affaires étrangères des cabinets Hoveyda et Amouzegar. Ce personnage est toujours en vie. Il a éliminé des témoins gênants. Mieux encore: Houchang Nahavandi rappelle que les membres effectifs des conseils secrets ne sont pas connus: parmi eux, combien d’Américano-Iraniens? Autre fait troublant: le nombre ahurissant de ces membres du premier conseil qui ont été assassinés, sans que l’on ne découvre jamais les auteurs de ces éliminations, tous supposés “contre-révolutionnaires”. Houchang Nahavandi rappelle aussi que “plus de 1200 officiers et sous-officiers ont été mis à mort par les révolutionnaires, souvent sans même une parodie de justice (…). 400 autres, presque tous de l’armée de l’air, ont été massacrés deux ans plus tard après la découverte d’un projet de coup d’Etat; dont 128 pilotes brevetés au cours des quarante-huit heures qui ont suivi cette découverte. L’une des plus puissantes et plus performantes aviations militaires du monde fut ainsi réduite à presque rien. Huit mille autres officiers et sous-officiers ont été rayés des cadres sans aucune indemnité”.

Un procédé avéré depuis la révolution française

◊ La deuxième étape de l’élimination de l’Iran se déroule selon un procédé avéré depuis la révolution française. L’historien Olivier Blanc nous a rappelé, dans Les hommes de Londres. Histoire secrète de la Terreur (Albin Michel, 1989), que les services secrets britanniques de Pitt, avaient fomenté des dissensions à l’infini en France, soutenant tout à la fois des royalistes et des républicains extrémistes, afin que règne le chaos dans un pays qui devait être complètement désorganisé, afin de devenir totalement impuissant et surtout de ne plus avoir assez de fonds pour bâtir une flotte et dominer les mers. D’autres diront que les révolutions russes de 1905 et de 1917 ont des origines similaires. Si le pays, visé par une telle stratégie, se rétablit, on participera à toutes les coalitions contre lui. La révolution iranienne entre parfaitement dans ce schéma, correspond à ce “modus operandi”. Le rétablissement d’un nouvel ordre politique, à références “révolutionnaires” permet alors de démoniser le pays: ce fut le cas de la France révolutionnaire et napoléonienne; ce fut le cas de la révolution mexicaine de Pancho Villa (d’abord décrit comme un “sauveur” puis comme un “monstre”); ce fut le cas de la révolution bolchevique. L’Iran n’échappe pas à la règle. Mais l’illégitimité du nouveau pouvoir, républicain en France, bolchevique en Russie, islamiste en Iran, ne lui procure pas la stabilité voulue: il existe des leviers, par le biais de contre-révolutionnaires et de mécontents, pour disloquer sa cohésion, pour entretenir le dissensus, pour le miner de l’intérieur; on peut lui appliquer les techniques du boycott, du blocus ou de l’embargo. On met des bâtons dans les roues de sa diplomatie, on le dénigre dans les chancelleries. Les machines médiatico-propagandistes peuvent dès lors fonctionner à fond et entretenir systématiquement une attitude de réprobation à l’endroit du pays visé. Personne ne se dresse pour le défendre, sans éveiller des méfiances rédhibitoires. Parce que beaucoup de situations de fait inacceptables, beaucoup de faits accomplis relevant de l’arbitraire, beaucoup de déclarations et de proclamations insoutenables, empêchent de le défendre intelligemment.

Tel est le sort de l’Iran, aujourd’hui, au beau milieu du territoire dévolu à l’USCENTCOM. Après la conquête américaine de l’Afghanistan et de l’Irak, l’Iran sait qu’il doit se doter de l’arme nucléaire pour éviter le même sort, bien que l’immensité de son territoire et les effectifs limités de l’US Army le met à l’abri d’une occupation similaire. Les Etats-Unis ne disposent pas vraiment d’alliés dans la région, prêts à s’embarquer dans l’aventure et qui demanderaient des compensations que Washington ne peut offrir, car les Etats-Unis veulent conserver tous les avantages du pays envoyé au tapis pour eux, comme en Irak. Le risque que court l’Iran est d’être étouffé par des blocus et des embargos, tout en subissant des bombardements au départ des bases de l’USCENTCOM. Ces bombardements et ces blocus viseraient à meurtrir profondément la population civile dans sa vie quotidienne, à susciter chez elle une lassitude face au pouvoir islamiste, à provoquer à moyen ou long terme une révolution intérieure, où des éléments disparates —anciens communistes, partisans nostalgiques des Pahlavi, démocrates occidentalistes, minorités ethniques sunnites— entreraient en rébellion ouverte contre le pouvoir islamiste-chiite de Téhéran et d’Ahmadinedjad.

L’Europe ne peut accepter une élimination de l’Iran en tant que nation indépendante

Malgré la réprobation que peut susciter la révolution islamiste, surtout du fait qu’elle a été une fabrication américaine, l’Europe ne peut toutefois accepter une élimination de l’Iran en tant que nation indépendante, autorisée à déterminer sa politique étrangère et son commerce extérieur. Quel qu’en soit le régime. L’Iran est un débouché pour l’Europe et un fournisseur éventuel de pétrole. Il aurait donc mieux valu conserver les relations économiques qui existaient du temps du Shah. Et conserver le maximum de relations commerciales avec le pouvoir islamiste, de façon à occuper le terrain avant tous nos concurrents. L’Europe ne doit pas agir sous la dictée des médias, en apprence indépendants, mais qui obéissent aux injonctions d’une politique étrangère toujours programmée de longue date. Au contraire, Armin Mohler nous enseignait de prendre toujours le contre-pied des programmes d’action induits par la propagande médiatique américaine. Si les Etats-Unis décrètent tel ou tel pays “infréquentable”, ce doit être une raison supplémentaire pour le fréquenter et entretenir avec lui de bonnes relations. Si une telle politique, qualifiable de gaullienne et, mieux, de “mohlerienne”, avait été suivie en 1978-79, le Shah serait resté en place: la sidérurgie européenne en aurait tiré profit et n’aurait pas connu la banqueroute; nous y aurions vendu des armes et des équipements civils, des avions et des navires. Nous aurions pu en investir les bénéfices dans de nouvelles technologies. Nous venons de perdre l’Irak, où les firmes françaises, allemandes et russes ont été exclues du marché, de même que l’agro-alimentaire danois, malgré l’alignement de Copenhague sur la politique de Washington; la cabale des caricatures de Mahomet, bien orchestrée via tous les médias du globe, a exclu l’agro-alimentaire danois, très performant, de tout le futur “Grand Moyen-Orient”. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de perdre l’Iran de la même façon. Ce serait nous couper pour longtemps d’une région importante du monde et ce serait un ressac terrible pour notre économie.

Il reste à espérer que Moscou et Beijing s’opposeront à toute intervention américaine en Iran. Il n’y a rien à attendre de l’Europe d’aujourd’hui. L’axe Paris-Berlin-Moscou n’a été qu’un espoir. Nos dirigeants n’ont pas été à la hauteur de ce projet, mais il fallait s’y attendre. Cependant, pour ceux qui ont encore la volonté et l’honneur de s’insérer dans la continuité de l’histoire européenne, l’Iran demeure l’espace du premier empire de facture indo-européenne, un espace qui a amené les langues et la culture européennes jusqu’à l’Indus et au Gange, et, si l’on tient compte des peuples de cavaliers proto-iraniens, jusqu’au Tarim et sans doute jusqu’au Pacifique voire jusqu’au Japon. De l’Ecosse au Bengale. Des Pyrénées au Pacifique. Une mémoire qui oblige. Devrait obliger. Que nous voulons honorer. L’unité stratégique de cet espace nous donnerait à tous la puissance, nous redonnerait les rênes du monde.

Robert STEUCKERS,
Forest-Flotzenberg / Nancy, novembre 2005.

Bibliographie:

- Franz ALTHEIM, Niedergang der Alten Welt. Eine Untersuchung der Ursachen, Vittorio Klostermann, Frankfurt am Main, 2 Bände, 1952.
- Franz ALTHEIM, Reich gegen Mitternacht. Asiens Weg nach Europa, Rowohlts Deutsche Enzyklopädie, Bd. 5, Hamburg, 1955.
- Franz ALTHEIM, Entwicklungshilfe im Altertum. Die große Reiche und ihre Nachbarn, Rowohlts Deutsche Enzyklopädie, Bd. 162, 1962.
- Louis BREHIER, Vie et mort de Byzance, Ed. Albin Michel, Paris, 1969.
- Claire BRIERE / Pierre BLANCHET, Iran: la révolution au nom de Dieu, Seuil, Paris, 1979.
- Z. N. BROOKE, A History of Europe. From 911 to 1198, Methuen & Co., London, 1938-1969.
- Gérard CHALIAND, Guerres et civilisations, Odile Jacob, Paris, 2005.
- Gérard CHALIAND, Atlas du nouvel ordre mondial, Robert Laffont, Paris, 2003.
- Henry CORBIN, Le paradoxe du monothéisme, L’Herne, Paris, 1981-2003.
- Henry CORBIN, Histoire de la philosophie islamique, Gallimard, 1964.
- Henry CORBIN, L’Homme de Lumière dans le soufisme iranien, Ed. Présence, Sisteron, 1971.
- Vesta Sarkosh CURTIS, Persian Myths, British Museum Press, 1993-1998.
- Alfonso DI NOLA, Der Teufel. Wesen, Wirkung, Geschichte, Diederichs, München, 1990.
- Mohammed-Reza DJALILI, Géopolitique de l’Iran, Ed. Complexe, Bruxelles, 2005.
- Nazir FANSA, Téhéran, destin de l’Occident, Pierre Saurat éd., Paris 1987.
- Karen FARRINGTON, Atlas historique des Empires, Succès du Livre/Maxi-Livres, Paris, 2002.
- R. GHIRSHMAN, Iran from the Earliest Times to the Islamic Conquest, Penguin Books, Harmondsworth, 1954.
- Peter GÖDEKE, Elmar STUCKMANN, Martin VOGT, Kriege im Frieden, Westermann-Aktuell, Braunschweig, 1983.
- René GROUSSET, L’épopée des croisades, Plon, Paris, 1939.
- John R. HINNELLS, Zoroastre et les dieux de la Perse, R. Laffont, Paris, 1988.
- Peter HOPKIRK, The Great Game. On Secret Service in High Asia, OUP, Oxford, 1990.
- Bernard HOURCADE, Iran. Nouvelles identités d’une république, Ed. Belin/Documentation française, Paris, 2002.
- Clément HUART, Louis DELAPORTE, Paul MASSON-OURSEL, L’Iran antique. Elam et Perse. La civilisation iranienne, Ed. Albin Michel, Paris, 1952.
- Shireen T. HUNTER, Iran and the World. Continuity in a Revolutionary Decade, Indiana University Press, Bloomington/Indianapolis, 1990.
- Dimitri KITSIKIS, L’empire ottoman, PUF, Paris, 1985.
- Gerhard KONZELMANN, Die Schiiten und die islamische Republik, Herbig, München, 1979.
- Vladimir KOUZNETSOV & Iaroslav LEBEDYNSKY, Les Alains, cavaliers des steppes, seigneurs du Caucase. Ier-XVième siècles apr. J. C., Ed. Errance, 2005.
- Bernard LEWIS, From Babel to Dragomans. Interpreting the Middle East, Phoenix, London, 2004-2005.
- John MAN, Atlas de l’an Mil. Sociétés et cultures dans le monde: les premiers liens, Autrement, Paris, 2000.
- Colin McEVEDY, The New Penguin Atlas of Ancient History, Penguin Books, Harmondsworth, 2nd ed., 2002.
- Colin McEVEDY, The New Penguin Atlas of Medieval History, Penguin Books, Harmondsworth, 2nd ed., 1992.
- Patrick MERIENNE, Petit atlas mondial du moyen âge, Ed. Ouest-France, 1997.
- Afshin MOLAVI, The Soul of Iran. A Nation’s Journey to Freedom, W. W. Norton & Co., New York/London, 2002-2005.
- M. MOLE, L’Iran ancien, Bloud & Gay, Paris, 1965.
- Jean-Jacques MOURREAU & Catherine MARTINERIE, La Perse des grands rois et de Zoroastre, Ed. Famot, Genève, 1977.
- Claude MUTAFIAN & Eric VAN LAUWE, Atlas historique de l’Arménie. Proche-Orient et Sud-Caucase du VIII° siècle av. J.C. au XXI° siècle, Autrement, Paris, 2001-2003.
- Houchang NAHAVANDI, La révolution iranienne. Vérité et mensonges, L’Age d’Homme, Lausanne, 1999.
- David NICOLLE, Atlas historique de l’islam, Succès du livre/Maxi-Livres, Paris, 2004.
- Walther PAHL, Wetterzonen der Weltpolitik, Goldmann, Leipzig, 1937.
- Mohammad Reza PAHLAVI, Réponse à l’Histoire, Albin Michel, 1979.
- Christiane et Jean PALOU, La Perse antique, PUF, 1967 (Coll. “Que-sais-je?”, n°979).
- E. D. PHILLIPS, Les nomades de la steppe, Sequoia, Paris/Bruxelles, 1966.
- Michel POCHOY, Le Pakistan, l’Océan Indien et la France, Fondation pour les études de défense nationale, Paris, 1991.
- Paul SCHMITZ, All-Islam! Weltmacht von morgen?, Goldmann, Leipzig, 1937.
- Peter SCHOLL-LATOUR, Allah ist mit den Standhaften. Begegnungen mit der islamischen Revolution, DVA, Stuttgart, 1983.
- Gerhard SCHWEIZER, Iran. Drehscheibe zwischen Ost und West, Klett-Cotta, Stuttgart, 1991.
- SOHRAVARDI, L’Archange empourpré. Quinze traités et récits mystiques, traduits du persan et de l’arabe par Henry Corbin, Fayard, Paris, 1976.
- François SUARD, Alexandre le Grand, Larousse, Paris, 2001.
- François THUAL, Géopolitique du chiisme, Arléa, Paris, 2002.
- Jean-Christophe VICTOR / Virginie RAISSON / Frank TETARD, Le dessous des cartes. Atlas géopolitique, Ed. ARTE/Tallandier, 2005.
- The Collins Atlas of Military History, Collins, London, 2004.
- The Collins Atlas of World History, Collins, London, 2004.

Ouvrage paru après la première composition de cet article:

- Jean-Paul ROUX, Histoire de l’Iran et des Iraniens. Des origines à nos jours, Fayard, Paris, 2006.

 

mercredi, 20 mai 2009

Partijen in overheidsdiensten

corruption_india.jpg

 

Partijen in overheidsdienst

HOE DE OVERHEID DE POLITIEK FINANCIEEL MANIPULEERT
Ex: http://klauwaert.blogspot.com/
Voor wie door de zaak-Vijnck zijn geloof in de politiek nog niet was kwijtgeraakt, heeft BART MADDENS schokkend nieuws: de gevestigde partijen maken misbruik van de partijfinanciering om het politieke landschap naar hun hand te zetten. En de overheid financiert stiekem Belgavox, een manifestatie die de separatistische partijen kiezers moet kosten.
De Vijnck-soap heeft tijdens de voorbije week een storm van verontwaardiging door de Wetstraat gejaagd. Parlementsleden die zich, als politieke huurlingen, verkopen aan de meestbiedende, partijen die hun centen gebruiken om parlementsleden weg te kopen bij de concurrentie: je zou voor minder verontwaardigd zijn. En toch is de zaak-Vijnck maar klein bier in vergelijking met een aantal andere gevallen van financiële manipulatie.

De politieke partijen hebben tijdens de voorbije decennia ongegeneerd in de staatskas gegraaid, met als gevolg dat hun inkomsten vandaag voor 83procent afkomstig zijn van de overheid. Elk jaar vloeit 53 miljoen euro van de belastingbetaler naar de partijen. Politieke partijen zijn daardoor parastatale organisaties geworden, die uit de hand eten van de overheid. Helemaal problematisch wordt het wanneer de gevestigde partijen die overheidsfinanciering ook gaan misbruiken als een politiek wapen om hun concurrenten onderuit te halen.

In 2003 verloren zowel Agalev als de N-VA hun dotatie. Dit betekende voor beide partijen een enorme financiële aderlating en bracht hen op de rand van de afgrond. Maar goed, dat was nu eenmaal de wet: dura lex, sed lex. Alleen hadden de gevestigde partijen het zo niet begrepen. Open VLD wilde vermijden dat de N-VA om financiële redenen een kartel zou sluiten met de CD&V. De N-VA kreeg van Open VLD de belofte dat de criteria om een dotatie te krijgen zouden worden versoepeld, op voorwaarde dat de partij geen kartel zou sluiten met de CD&V. Uiteindelijk is die deal niet doorgegaan en werd er pas bij de Vlaamse regeringsvorming een akkoord bereikt over de wijziging van de wet in het voordeel van de N-VA. Agalev daarentegen bleef financieel in de kou staan. Dat paste het best in het kraam van de SP.A, die op dat moment aanstuurde op een rood-groen kartel. De wetgeving werd dus gewijzigd à la tête du client. Anders gezegd: de gevestigde partijen maken misbruik van de partijfinanciering om het politieke landschap naar hun hand te zetten.

Nog een straffer voorbeeld daarvan is de manier waarop een aantal gevestigde partijen nu proberen om Vlaams Belang financieel droog te leggen. Politici hebben de geldkraan van de bedrijfsgiften helemaal dichtgedraaid en ook de privégiften sterk aan banden gelegd. Het gevolg is dat men door de overheidsfinanciering stop te zetten meteen ook de financiële levenslijn van een partij doorknipt. Wanneer men dit systematisch zou doen, dan komt dit in de praktijk op hetzelfde neer als een partijverbod. Op die manier krijgt de politieke elite een machtig wapen in handen om ongewenste partijen hetzij van de kaart te vegen, hetzij in de pas te doen lopen. Vandaag wordt dit wapen gebruikt tegen een uiterst-rechtse partij, maar morgen kunnen ook andere (communistische, islamitische, Eurosceptische) partijen worden geviseerd die door de elite als bedreigend worden ervaren.

Het zijn heus niet enkel separatisten en extremisten die problemen hebben met de financiële drooglegging van Vlaams Belang. De Raad van State heeft zelf twijfels bij de grondwettelijkheid daarvan en vraagt zich af of die drooglegging wel te rijmen valt met de vrijheid van vereniging. In januari heeft de Raad deze kwestie dan ook voorgelegd aan het Grondwettelijk Hof. Benieuwd wat het Hof zal doen met deze wel zeer hete aardappel.

Maar de kiesstrijd wordt ook nog op een andere manier financieel gemanipuleerd door de overheid. Op 17 mei organiseert de vzw Belgavox een gratis concert aan het Atomium. Het concert heeft een uitgesproken politiek oogmerk, namelijk 'het versterken van de solidariteit, het respect, het samenhorigheidsgevoel en de multiculturele diversiteit in België, en het versterken van de Belgische identiteit.' (aldus de Belgavox-website). Ook al omdat dit concert plaatsvindt in de directe aanloop naar de verkiezingen gaat het hier overduidelijk om een politieke manifestatie. Er kan moeilijk worden ontkend dat het initiatief is gericht tegen de separatistische partijen in Vlaanderen: Vlaams Belang en de N-VA, die samen ruwweg 20procent tot 30procent van de Vlaamse kiezers vertegenwoordigen. Tot hier is er evenwel geen vuiltje aan de lucht. Verkiezingen of niet, het staat de betrokken artiesten en intellectuelen volledig vrij om zich te outen als goede Belgische patriotten en om een antiseparatistische manifestatie te organiseren.

Maar wat te denken van het feit dat deze electorale manifestatie mee wordt gefinancierd door de overheid? Hoofdsponsors van het concert zijn immers de Nationale Loterij en Belgacom (voor 54procent in handen van de Belgische staat). Het initiatief wordt ook gesteund door de Vlaamse en Franstalige openbare omroep en door de Stad Brussel. En bovendien voorziet de NMBS in een voordelig tarief voor wie met de trein naar deze politieke meeting komt.

Met de ene hand probeert de overheid de grootste separatistische partij financieel te nekken. Met de andere hand financiert diezelfde overheid een antiseparatistische politieke manifestatie vlak voor de verkiezingen. Partijen en kandidaten worden tijdens de campagne stevig gekortwiekt door de overheid. Ze moeten zich houden aan draconische uitgavenbeperkingen. Dat gaat zelfs zo ver dat gewone kandidaten nauwelijks nog een campagne kunnen voeren die naam waardig. Maar diezelfde overheid mag zelf blijkbaar onbeperkt electorale manifestaties financieren. Dit is toch echt wel de wereld op zijn kop.

Een land waar zulke dubieuze praktijken mogelijk zijn en worden geduld kan men bezwaarlijk een normale democratie noemen. Maar wie maakt zich daar nu nog illusies over?

Bart Maddens is politicoloog aan de K.U. Leuven.

Pirateria e Impero

Piratería e Imperio

La actual “guerra contra la piratería,” que se extiende a los tribunales kenianos y estadounidenses después pasar meses hirviendo a fuego lento ante las costas de Somalia, es sólo la última en una larga serie de acciones de EE.UU. al servicio del imperio contra protagonistas no-estatales. La “Guerra Global contra el Terror,” que el gobierno de Obama reemplazó recientemente por el término más vago de “operaciones de contingencia en ultramar,” justificó un aumento en gran escala de los gastos militares, dos grandes intervenciones, y llamados explícitos a que EE.UU. mantenga su poderío sin igual. Al poner en peligro los puntos neurálgicos marítimos del mundo, los piratas emergen como la última amenaza no-estatal: los terroristas de los mares.

Sin embargo, no es una historia nueva. Hace doscientos años, los piratas de Barbería llevaron a los primeros gastos militares de importancia en la historia pos-revolucionaria de EE.UU. y aumentaron el perfil del Cuerpo de Marines de EE.UU. Después de los ataques del 11-S, los conservadores utilizaron comparaciones forzadas entre esos piratas y al-Qaeda como justificación para invadir Afganistán y lanzar una guerra global contra el terrorismo.


Hubo piratas presentes en la creación del imperio de EE.UU. ¿Han vuelto para el acto final del imperio?

Los neoliberales y los neoconservadores tienen diferentes respuestas a esta pregunta.

El mito del guerrero renuente

Según un agradable mito liberal excepcionalista, EE.UU. siempre ha defendido la democracia en el extranjero y ha renunciado a primeros ataques militares. George Washington, quien estableció un ejemplo al renunciar a su cargo militar para convertirse en el primer presidente civil del país, recomendó la neutralidad en la política exterior del nuevo país. Como tema utilizado por Jefferson en su advertencia contra “alianzas enmarañadas,” la neutralidad de los Padres Fundadores inspiró un siglo de subsiguientes aislacionistas. En el Siglo XX, EE.UU. entró a dos guerras mundiales sólo cuando fue provocado (el Lusitania, Pearl Harbor), y libró las guerras de Vietnam y Corea no para conseguir ventajas territoriales o por ambición imperial sino para defender a todo el Mundo Libre de una creciente mancha roja.

Las recientes guerras en Afganistán e Iraq pueden ser reempaquetadas para que se ajusten a esa narrativa inofensiva. Lanzamos la guerra contra los talibanes sólo después de que nos atacaron el 11 de septiembre. Luego apuntamos (inicialmente) a Sadam Husein por sus vínculos con el terrorismo, la amenaza (después) de sus armas de destrucción masiva, y (finalmente) por su verdaderamente atroz historial de violaciones de derechos humanos. En los tres casos, fuimos guerreros renuentes y combatimos por cuenta de otros, por razones altruistas de seguridad general o de democracia iraquí. En la más amplia Guerra Global contra el Terror, según la doctrina Bush, EE.UU. combate a terroristas en el extranjero para que no tengamos que combatirlos en nuestro suelo. La guerra “preventiva”, aunque pueda parecer imprudente y agresiva, es en los hechos prudente y defensiva. Como guerreros renuentes, loa estadounidenses son en última instancia hijos de George Washington.

Es un hermoso cuento de hadas para contarlo a niños a la hora de acostarse o a la ONU en tiempos de guerra. Pero, patrocinadores de la Guerra Global contra el Terror, incómodos con la visión de EE.UU. como pacífico excepto cuando es provocado, construyeron una contra-narrativa para servir sus propios propósitos. Para justificar una agenda bastante poco liberal – la adopción de masivos aumentos de los gastos militares, la suspensión de leyes internacionales como las Convenciones de Ginebra y la Convención de la ONU contra la Tortura, la perpetración de violaciones generalizadas de las libertades cívicas dentro del país – los neoconservadores prefirieron una narrativa con más testosterona. Ni siquiera se avergonzaron al utilizar la palabra “imperio.” Su contra-narrativa ha rastreado la historia intervencionista de EE.UU. desde el comienzo del imperio estadounidense hasta fines del Siglo XIX pasando por la construcción del “Siglo Estadounidense” durante la Guerra Fría. Esa desenfadada adopción del imperio suministra el elemento crítico – el thymós o el deseo y el esfuerzo y por lograr reconocimiento – cuya defunción fue lamentada por Francis Fukuyama en el fin de la historia. Los nostálgicos por la era del imperio reconocen que el mundo tiende hacia una inmensa democracia uniforme de mercado. Pero siguen existiendo por ahí diversas fuerzas antidemocráticas y anticapitalistas – vestigios comunistas como Cuba, potencias autoritarias como China, líderes dictatoriales como Robert Mugabe de Zimbabue, y la junta de Myanmar – y los facilitadores de la “Vieja Europa” carecen de las agallas para resistir a toda esa tiranía. Sólo el coraje y el poder de fuego pueden restaurar el thymós a su lugar de honor en el desarrollo de la historia del mundo.

La historia convencional de la expansión de EE.UU. en el extranjero se ha concentrado en que habría repelido a otros imperios y naciones-estado: españoles, soviéticos, vietnamitas, norcoreanos. Perceptiblemente ausentes en esa lista, excepto por un breve período durante el gobierno de Reagan, han quedado los protagonistas no-estatales y el mundo musulmán. Como tal, la campaña inspirada por los ataques del 11-S pareció ser un desvío en la historia de EE.UU.: una reacción sin precedentes a un evento sin precedentes. La Guerra Global contra el Terror se exponía a parecer no-estadounidense en su singularidad. Después de todo, ¿no fueron las Cruzadas algo europeo? ¿No fue el terrorismo un problema local para Londres, Madrid, Moscú, y Beijing? ¿No eran los Estados totalitarios los que libraban guerras globales?

De modo que, después de que decreció el choque inicial de los ataques del 11-S, los arquitectos de la nueva campaña de contraterrorismo se apresuraron a establecer una continuidad histórica. Para sustentar lo que se convertiría en la campaña militar más cara de la historia de EE.UU., era importante fabricar una genealogía – tal como la familia de un nuevo rico construye un escudo de armas falso para establecer un orgulloso y aristocrático linaje. La Guerra Global contra el Terror tenía que convertirse en una expresión esencial del destino de EE.UU. en lugar de ser un desvío del camino hacia una economía liberal de mercado global.

De esta manera, los propugnadores de la guerra global contra el terror descubrieron a los piratas de Barbería. A fines del Siglo XVIII y comienzos del XIX, EE.UU. mantuvo un conflicto de dos décadas de duración contra varios Estados a lo largo de la costa norafricana. La campaña inspiró la expansión de los Marines y la creación de la moderna Armada de EE.UJU. En días de debilidad general de EE.UU. – luchando con poco éxito contra los franceses y los británicos – las guerras de Barbería constituyeron un raro éxito para la joven república. Fue, en breve, una historia predispuesta para ser abusada: una guerra contra terroristas musulmanes antes de los hechos que resultó en una victoria militar de EE.UU. y un temprano triunfo del libre comercio.

La interpretación errónea de este episodio en la historia de EE.UU. es muy reveladora sobre los objetivos de la guerra global contra el terror. Y sirve como punto de salida útil para una consideración del futuro de la disputa entre los neoliberales y los neoconservadores sobre la trayectoria del poder global en lo que Thomas Friedman ha llamado una “era de piratería.”

Un paralelo pirata forzado

Los propugnadores de una Guerra Global contra el Terror no tuvieron que buscar mucho en los libros de historia después del 11-S para encontrar lo que necesitaban. Thomas Jewett, en la edición de invierno/verano de Early America Review, escribió que el 11-S “no es el primer conflicto en el que EE.UU. ha enfrentado semejantes ofensas contra la vida y la propiedad. Hubo otra época en la que se determinó que la diplomacia no sería sólo fútil, sino humillante y a la larga desastrosa. Una época en la que un rescate o tributo no compraría la paz. Una época en la que la guerra era considerada más efectiva y honorable. Y una época en la que la guerra se libraría, no contra grandes concentraciones de poderío militar, sino por pequeñas bandas formadas por individuos de espíritu indomable. Hace casi 180 años nuestro joven país atacó Trípoli bajo circunstancias que son extrañamente similares a los tiempos contemporáneos.”

Los panfletistas identificaron rápidamente los paralelos religiosos. Rick Forcier, director ejecutivo de la Coalición Cristiana del Estado de Washington, escribió en noviembre de 2001 sobre el terrorismo: “Es bastante antiguo, y así es su empleo por fundamentalistas islámicos, quienes durante siglos, han atacado con bombas, secuestrado, raptado, asesinado y extorsionado para difundir su religión y la gloria de su dios Alá. Conocidos en el pasado como ‘piratas de Barbería,’ los terroristas hicieron que el mundo de otrora temblara ante el pensamiento de ser capturado en alta mar y ser muerto o vendido a los traficantes de esclavos de Timbuktú.”

El periodista conservador Joshua London también tocó el tema de la Guerra Santa. Escribiendo en The National Review, opinó: “Aunque hay mucho en la historia de las guerras de EE.UU. contra los piratas de Barbería que es de relevancia directa con la actual guerra global contra el terrorismo, un aspecto parece ser particularmente instructivo para informar nuestro entendimiento de los asuntos contemporáneos. Dicho de modo muy simple, los piratas de Barbería eran musulmanes comprometidos, militantes, que insistían en hacer exactamente lo que decían.”

Sólo un mes después del 11-S, la derivación de paralelos era suficientemente significativa como para justificar un artículo del Washington Post que destacó los puntos de vista de numerosos historiadores sobre el tema. Entre los citados estaba el profesor de derecho de la Universidad George Washington, Jonathan Turley, quien utilizó explícitamente la analogía histórica en su recomendación al Congreso. “Invocó el precedente de los piratas de Barbería, diciendo que EE.UU. tenía pleno derecho a atacar y destruir a la dirigencia terrorista sin declarar la guerra,” informó el artículo.

Tres años después, cuando el entusiasmo por la Guerra de Iraq seguía siendo fuerte en las filas conservadoras, Christopher Hitchens escribió una apología de alto perfil de Thomas Jefferson y su tratamiento de los piratas de Barbería en la revista Time. El punto de partida para Hitchens fue el carácter definitivo de Jefferson. “Considerado en conjunto con algunas otras acciones ambiciosas y casi-constitucionales de Jefferson – la Compra de Luisiana y el envío de la expedición de Lewis y Clark al Oeste – la guerra de Barbería lo expuso a algunas críticas federalistas y en los periódicos por su secretismo, su prepotencia y su estilo exageradamente ‘presidencial.’ Pero no fue posible argüir contra el éxito,” escribió en una obvia reverencia hacia el gobierno de Bush.

En su minería de la historia estadounidense, periodistas, historiadores, y activistas conservadores encontraron las pepitas que buscaban: las humillaciones de la diplomacia, la importancia de demostraciones individuales de valor (¡el thymós!), las contribuciones de un poderoso presidente, y la perfidia militante de los musulmanes. Este establecimiento de paralelos entre los talibanes y al-Qaeda por una parte y los piratas de Barbería por la otra logró varios objetivos. Primero, estableció que los propios Padres Fundadores de EE.UU. habían ido a la guerra contra terroristas islámicos, dando a la guerra global contra el terror un pedigrí indiscutible. Segundo, reveló que desde el comienzo, el apaciguamiento en la forma de diplomacia estéril y del pago a chantajistas era poco efectivo, y que sólo una enérgica reacción militar podía asegurar la victoria. Tercero, esas batallas necesitaban nuevos enfoques (guerra preventiva) y nuevas capacidades (una armada expandida, una guerra centrada en la red). Finalmente, no se trataba de un simple conflicto local sino de una guerra global entre fundamentalistas retrasados y los que defendían el vigor de la ley.

Los mismos temas reaparecieron en una más reciente vinculación de la reacción del gobierno de Obama frente los piratas somalíes con el enfoque de Jefferson ante los piratas de Barbería. Los piratas somalíes son musulmanes y vinculados a fundamentalistas, el apaciguamiento no funciona, y la guerra es la respuesta. Y los expertos utilizan a los piratas como argumento a favor de una transformación de las capacidades del Pentágono. La asociación de piratas y terroristas es tan poco probable hoy en Somalia como lo fue en la histórica malinterpretación de las guerras de Barbería.

El “descubrimiento” de los piratas de Barbería es casi demasiado bueno como para ser verdad – como si un activista contra el aborto descubriera un dictamen desapercibido de la Corte Suprema del Siglo XVII sobre la concepción como inicio de la vida. Al proyectar sus prejuicios hacia el pasado, los neoconservadores deformaron la historia para que sirviera sus intenciones. Por cierto hay paralelos entre las Guerras de Barbería y los conflictos actuales. Pero no son los paralelos aprovechados por Jewett, London, y otros.

La verdadera historia del contraterrorismo

A pesar de las interpretaciones de los neoconservadores, las guerras de Barbería no tuvieron que ver con la religión. Los Estados del Norte de África, distantes tributarios del Imperio Otomano, no eran califatos islámicos sino gobiernos seculares dirigidos por un dey y sus jenízaros turcos. Clérigos musulmanes controlaban la esfera eclesiástica pero tenían poco poder político real. Además, los ataques contra los barcos comerciales no tenían nada que ver con el yihad. Más bien, excluidos de los mercados europeos, Argel, Trípoli y Marruecos se volvieron a la piratería para sobrevivir económicamente. EE.UU., en el intertanto, no inició una guerra santa contra esos Estados. En su lugar, estaba librando la Guerra Revolucionaria a posteriori a fin de conseguir mercados abiertos para productos estadounidenses. Fue, como argumentó Thomas Paine en “Common Sense,” una clave para la supervivencia de un país recientemente independizado. Pero Gran Bretaña no dio la bienvenida al recién independizado EE.UU. en sus mercados. Peor todavía, los británicos lanzaron a los piratas de Barbería contra la navegación comercial de EE.UU. en el Mediterráneo. Lo que algunos intérpretes contemporáneos ven como una temprana confrontación entre Occidente y el Resto – un prototipo para el choque de civilizaciones – fue en realidad la continuación de una batalla entre EE.UU. y sus rivales europeos.

Sin embargo, existen algunos paralelos útiles entre entonces y ahora. Por ejemplo, los Padres Fundadores identificaron rápidamente a sus oponentes de Barbería como piratas y negreros. Pero los británicos interpretaron las incursiones realizadas por John Paul Jones durante la Guerra Revolucionaria como poco más que piratería. La piratería, como el terrorismo, depende del punto de vista del observador. En cuando a la esclavitud, EE.UU. era en esos días el centro de la trata de esclavos. La hipocresía del trato por los Estados de Barbería de un par de cientos de marineros estadounidenses – cuando los negreros estadounidenses había llevando cientos de miles de esclavos africanos – no fue percibida por la mayoría de los comentaristas de la época (con la notable excepción de Benjamin Franklin).

Se puede encontrar un paralelo más pertinente en la esfera militar. A fines del Siglo XVIII, EE.UU. carecía de fuerzas armadas que se pudieran enfrentar frente a frente con las potencias europeas, mucho menos con la flota de Barbería. Muchos Padres Fundadores consideraban que una armada permanente era una amenaza para la libertad. Era costosa y, con el fin de la Guerra Revolucionaria, no existían razones compulsivas para gastar dinero en la construcción de barcos de guerra. James Madison recomendó que EE.UU., en una temprana versión de la Seguridad Interior, se concentrara en la defensa de las líneas costeras. En 1794, sin embargo, el Congreso rechazó los argumentos de Madison y Jefferson y aprobó legislación, firmada por el presidente Washington, para la construcción de seis fragatas. Los propugnadores de la ley utilizaron a los piratas de Barbería como justificación explícita para ese fuerte aumento en los gastos militares, pero sin duda también pensaban en las flotas de Gran Bretaña y Francia.

Había, sin embargo, una cláusula interesante en la ley: “Si llegara a haber paz entre EE.UU. y la Regencia de Argel, no habrá actuaciones ulteriores bajo esta ley.” Después, EE.UU. firmó un tal tratado con Argel. Washington invocó esa cláusula en 1796 para reducir los desembolsos navales. Pero incluso entonces, cuando el complejo militar-industrial estaba en su nadir histórico, hubo preocupaciones sobre el desempleo en el sector de la defensa. De modo que, en un compromiso, la temprana república siguió adelante con la construcción de tres barcos.

La guerra que terminó por acontecer entre EE.UU. y primero Trípoli, y luego Argel, estableció muchos de los mitos fundadores de las hazañas militares de EE.UU. (las hazañas de Stephen Decatur), nuevos tipos de guerra (misiones militares secretas), y la vinculación de la intervención en el extranjero con el comercio. En otras palabras, los neoconservadores del Siglo XXI recibieron una cierta mitología prefabricada en la cual basarse. Todo lo que necesitaban era vincular a los piratas de Barbería con al-Qaeda. Eso precisaba que se convirtiera a los agentes de gobiernos seculares con limitados objetivos económicos en musulmanes terroristas con los más amplios objetivos ideológicos. De esta manera, una guerra de EE.UU. contra el terrorismo islámico adquiriría la distinción de un antiguo interés nacional.

Piratería y globalización

Cuando EE.UU. declaró la Doctrina Monroe en 1823, sólo ocho años después del fin de la Guerra Argelina, tenía el deseo, pero no la capacidad, de mantener a sus rivales europeos fuera del Caribe y de Latinoamérica. Fueron las guerras contra los Estados de Barbería – y ciertamente no la desastrosa guerra de 1812 – lo que había dado a EE.UU. la confianza necesaria para desafiar a los imperios europeos. Esos tempranos conflictos suministraron a EE.UU. la retórica y la visión de un imperio comercial cuando EE.UU. no era más que un simple páramo.

La noción de que EE.UU. pudiera mantenerse fuera de guerras y de las sucias complicaciones de la política imperial europea se acabó durante los conflictos de Barbería. El crecimiento económico de EE.UU. dependía del libre comercio, y los barcos de guerra de EE.UU. eran necesarios para mantener abiertas las líneas de navegación. Cuando Thomas Friedman escribió sobre la importancia de McDonnell Douglas para la seguridad de los restaurantes McDonald’s – el puño de hierro de los militares tras la mano invisible del mercado – heredó esa tradición de lógica imperial. Es también el espíritu que animó la visión geoeconómica de Bill Clinton de mantener el poder económico de EE.UU. mediante la conservación del poder militar de EE.UU., que he llamado en otro contexto “globalización de cañonera.”

Con la presidencia de Barack Obama, sobreviene una cierta versión resucitada del enfoque de Clinton. Se deja de lado toda el habla de imperio, en la que los adversarios son derrotados definitivamente, y viene el arte de la hegemonía, en el que aliados y adversarios de EE.UU. son persuadidos para que vean la confluencia de sus intereses y de los intereses de EE.UU. Obama sigue comprometido con unas inmensas fuerzas armadas – está redistribuyendo tropas de Iraq a Afganistán, aumentando la cantidad de soldados en 92.000 hombres, y manteniéndose “a la ofensiva” de Djibouti a Kandahar” – incluso mientras promete utilizar su pericia persuasiva con los dirigentes de Irán, Corea del Norte, y Venezuela. Obama ha prometido echar marcha atrás en algunos de los aspectos más ofensivos de la Guerra Global contra el Terror (Centro de detención de Guantánamo, la tortura) pero el marco general será mantenido bajo la designación AfPak. Mientras tanto, el nuevo presidente se concentrará en la expansión del poder económico global de EE.UU. como parte de un intento de reanimar la moribunda economía del país.

En este entorno neoliberal reanimado, al-Qaeda seguirá siendo el mismo importante “otro” que constituyeron los Estados de Barbería en el Siglo XVIII: una excusa útil para nuevos gastos militares y la proyección de la fuerza. Pero ahora se le suman otros herederos más directos del manto de Barbería: los piratas de Somalia. Esos piratas atacan la sangre vital misma de la globalización – los barcos que transportan energía y bienes por el Canal de Suez – tal como los piratas de Barbería bloqueaban la intención del temprano EE.UU. de convertirse en un protagonista económico global. Como parte de su propia transformación después de la Guerra Fría, la Armada está alejando su estrategia de la custodia de alta mar al control de las líneas costeras. Ya ha tenido una importante confrontación con China (relacionada con el USNS Impeccable). Pero ante las inversiones de China en la economía de EE.UU., los piratas representan una justificación más segura para este cambio de dirección.

Los terroristas en tierra y en el mar son útiles de otra manera. Precisamente porque no son Estados sino entidades dispersas, los piratas y los terroristas pueden servir mejor para justificar tanto una guerra global como una nueva doctrina militar. El Pentágono ha insistido en costosos, pero bastante anticuados, sistemas de armas para encarar la creciente amenaza de China: portaaviones de tecnología avanzada, inmensos destructores navales, y nuevos submarinos nucleares. Una amenaza dispersa, mientras tanto, requiere una defensa dispersa: Bases militares de EE.UU. (reconfiguradas como “hojas de nenúfar” [ciudades flotantes], tanto mejores para salirse de ellas), unidades de reacción rápida, nuevas capacidades de C4 (comando, control, comunicación y computadores). También justifica una nueva doctrina militar que subraya la rapidez por sobre la posición. Obama ha apoyado esos cambios. Permitirán al Pentágono que reaccione rápido ante amenazas a los intereses económicos de EE.UU., sean ataques paramilitares contra oleoductos en el Golfo de Guinea y Colombia, disputas territoriales que afecten rutas de navegación en el Sudeste Asiático, o piratas en los Estrechos de Malaca.

El fin de la Guerra Fría creó una crisis de misión para la OTAN. ¿Para qué era necesaria si la Unión Soviética ya no existía? Pero esa crisis de misión podía ser aplicada más generalmente al Pentágono. El celebrado segundo frente de la zona desmilitarizada de Corea perdió su propósito cuando Corea del Sur dejó de considerar a Corea del Norte como su enemiga. La amenaza china disminuyó considerablemente cuando Beijing se convirtió en el principal socio comercial de todos los países de la región. Cuba ya no representaba ningún potencial de amenaza aparte de enviar botes cargados de refugiados a la costa de Florida. Sadam Husein está muerto. Colin Powell hizo la genial declaración después de la primera Guerra del Golfo: “Se me acaban los malvados. Sólo me quedan Kim Il Sung y Castro.” Osama bin Laden llegó justo a tiempo para el gobierno de Bush. Los piratas somalíes son el último lazo salvavidas para el Pentágono.

La conservación de altos gastos militares, sea para impulsar los “duros” objetivos imperiales de los conservadores o los “suaves” objetivos económicos hegemónicos de los neoliberales, requiere a malvados de una estatura comparablemente grande. El hermano de Castro y el hijo de Kim Il Sung no bastan. Si al-Qaeda no existiera Washington tendría que crearlos. Por cierto, en su construcción de terroristas islámicos de piratas bastante corrientes, ha hecho precisamente eso.

John Feffer

Traducido por Germán Leyens, extraído de Rebelión.

Savitri Devi Mukherji : Defiance

gold-cover.jpg

 

Savitri Devi Mukherji: Defiance


 

Product details

  • Binding: Hardback, 416 pages
  • Publisher: Black Sun Publications (2008)
  • Language: English
  • ISBN: 0-9746264-6-5


Short Description

Defiance is Savitri Devi’s vivid and impassioned memoir of her arrest, trial, and imprisonment on the charge of distributing National Socialist propaganda in Occupied Germany in 1949. This is a high quality hardback edition limited to 200 numbered copies.


Synopsis

In September of 1948, Savitri Devi entered Germany with eleven thousand propaganda posters and leaflets condemning the Allies, proclaiming that Hitler was still alive (which she believed to be true at the time), and urging Germans to resist the occupation and to hope and wait for the Führer’s return.

It was a quixotic, futile gesture, born of a spirit of defiance and a thirst for martyrdom.

For more than six months, Savitri Devi travelled throughout western Germany distributing thousands of posters and leaflets, making contact with the underground network of faithful National Socialists, and writing her book Gold in the Furnace.

On the night of February 20-21, 1949, Savitri Devi was arrested in Cologne, interrogated, and taken to the Werl Prison. She was tried in Düsseldorf on April 5, 1949, convicted, and sentenced to three years imprisonment in Werl.

While in Werl, Savitri Devi befriended a number of German women imprisoned as war criminals. She also completed Gold in the Furnace and continued work on her magnum opus, The Lightning and the Sun. Defiance can be read as the companion volume to Gold in the Furnace, since it takes place at the same time and tells the story of its creation.

Savitri Devi was released early from prison on August 18, 1949 at the request of Indian Prime Minister Nehru.

Defiance is Savitri Devi’s most readable book. It is not primarily a work of philosophy or history, but a gripping first-person narrative that often reads like a novel. Defiance does, however, contain Savitri Devi’s most profound and moving philosophical meditation, “The Way of Absolute Detachment,” in which she uses the teachings of the Bhagavad-Gita to console herself before the prospect of the destruction of her writings and to explain the proper National Socialist view of the relationship between duty and practical consequences. Reading Defiance, one quickly understands why the Allies imprisoned Savitri Devi and, once she was in prison, tried to keep her away from the other “political” inmates: her spirit of defiance is contagious.

Until now, Defiance has been almost impossible to find. Published in a tiny edition by Savitri Devi’s husband A.K. Mukherji in Calcutta in 1951, it was distributed privately by the authoress to her friends and comrades, and it has not been reprinted since. This deluxe, numbered hardcover second edition is being published in commemoration of the 102nd anniversary of Savitri Devi’s birth. The new edition will also contain a number of previously unseen illustrations from the Savitri Devi Archive.

All Savitri Devi Archive books are manufactured to the highest quality standards. They are printed on heavy, acid-free paper. The pages of both hardcovers and paperbacks are in smyth-sewn signatures. Hardcovers are bound in durable cloth with gold-stamped spines. Dust-jackets and covers are printed on heavy, glossy stock. Given proper care, these books will outlast us all. With a little luck, they might outlast the Kali Yuga.

00:15 Publié dans Traditions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : traditionalisme, inde | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook