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mardi, 14 novembre 2017

Enracinement et mondialité: l’Europe entre nations et régions

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Enracinement et mondialité: l’Europe entre nations et régions

Gérard Dussouy
Universitaire, essayiste

Ex: https://metamag.fr

La notion d’enracinement ne va pas de soi, même si elle suggère l’attachement à un territoire, à des traditions ; enraciner voulant dire faire racine. C’est qu’elle n’implique pas la fixité, comme l’on peut être tenté de le penser, et comme le prouve l’expérience historique de plusieurs communautés humaines.

Néanmoins, cette notion d’enracinement est mise en avant aujourd’hui. Et si elle soulève tant d’intérêt, c’est parce qu’elle répond à une évidente perte de repères. Celle que provoquent les mouvements, les flux ininterrompus, qui caractérisent la mondialité ; ce nouveau cadre de vie des humains. Et qui correspond à un changement radical, intervenu en quelques décennies.


La mondialité est, en effet, le nouvel état du monde (celui qui résulte des différents processus de la mondialisation). Elle signifie que les individus et les peuples sont désormais tous inscrits dans un même monde connexe et synchrone, dans lequel la référence ultime ne semble plus être le local, mais le global. Dans lequel, le temps mondial absorbe toutes les temporalités régionales ou locales.

Cette nouvelle donne suscite, à la fois, de plus en plus d’instabilité dans les activités humaines et de crispations identitaires ou sociales, et elle soulève nombre d’interrogations. Toutes celles qui se trouvent au cœur de la relation problématique entre la tendance forte à l’homogénéisation du monde et ses propres hétérogénéités (dont les enracinements). Et, à propos de laquelle, on risquera ici quelques hypothèses.

La relativité de l’enracinement

On peut définir l’enracinement comme un contexte de vie, un espace-temps individuel ou collectif marqué par un lieu précis, une histoire locale, des traditions, des métiers, des habitudes de consommation, d’alimentation, de comportement.
Le village a pu être considéré comme l’idéal-type de l’enracinement. Symbolisé par son clocher, ou par son minaret en d’autres lieux, et marqué par le mythe du paysan-soldat. Ce qui n’est plus vrai suite à la révolution industrielle et à l’urbanisation des sociétés, facteurs de déracinement et d’uniformisation, à la fois.

enrac1.jpgAujourd’hui la transformation est largement accentuée avec la métropolisation du monde : l’interconnexion des capitales et des grandes villes fait qu’il existe souvent plus de liens entre elles qu’entre chacune d’elles et son propre arrière-pays. D’où, parfois, un sentiment d’abandon au sein des périphéries rurales (thème devenu récurrent en France).

Mais l’espace-temps va au-delà de l’horizon villageois (région ou nation), comme il peut relever d’un contenu plus social que territorial (monde paysan ou monde ouvrier). Enfin, l’enracinement n’interdit pas des affiliations multiples. Dans tous les cas, son apport essentiel est qu’il fixe des repères de vie, et on pourrait dire presque, pour la vie.

En contrepartie, l’enracinement génère nécessairement une vision du monde ethnocentrique. Tout individu ou tout groupement d’individus a une vision circulaire du monde qui l’entoure ; une vision autoréférentielle qui implique des perceptions faussées de l’environnement. C’est sans aucun doute là, le principal obstacle à la construction de l’Europe politique.

Contrairement à l’étymologie même du terme, il existe une réelle dynamique de l’enracinement.

D’abord, il n’est pas synonyme d’immobilité, et l’enracinement n’interdit pas l’échange, le déplacement. Le voyage est parfois le meilleur moyen d’apprécier ses racines. Quant à l’échange commercial, tant qu’il a été un échange de biens, et non pas un transfert de ressources financières ou technologiques, il était effectué entre des entités économiques enracinées.

Ensuite, le déracinement lui-même n’implique pas, systématiquement, la perte des racines (l’éradication proprement dite). Il est à l’origine de nombreuses recontextualisations de vie qui s’accompagnent de ré-enracinements. On en veut pour preuve, les nombreuses Little Italy ou China Towns que l’on connaît dans le monde. A plus grande échelle, l’Argentine est comme une nation hispano-italienne, en tout cas cela y ressemble, installée en Amérique du Sud. Quant à Israël, quoique l’on puisse penser des conséquences géopolitiques de sa création, c’est une remarquable réussite de ré-enracinement, dans la terre des ancêtres après des siècles de dispersion. Mais la diaspora n’avait pas fait disparaître les racines culturelles des Juifs.

De nos jours, la dynamique de l’enracinement est également la cause de la communautarisation des sociétés occidentales avec le ré-enracinement, au moins partiel, parce qu’il faut compter avec les phénomènes d’acculturation, des populations immigrées. En effet, partout dans le monde, les groupes qui migrent ont tendance à reconstruire leur histoire, et ils reconfigurent leur projet ethnique.

La mondialité en cause : culture globale ou communautarisation globale ?

C’est tout le problème aujourd’hui : les flux humains, matériels, et immatériels de la mondialité défient toutes les formes d’enracinement. Que peut-on en attendre ?

Une culture globale ? Dans le monde connexe et synchrone qui est désormais le nôtre, une impression de mouvement perpétuel s’est installée. L’interchangeabilité des lieux, des espaces-temps individuels et collectifs  semble presque être devenu la normalité. Par exemple, jeunes migrants africains en Europe contre retraités européens en Afrique du Nord.

Et la numérisation des sociétés vient ajouter au phénomène éminemment territorial du déracinement/ré-enracinement, celui, a-territorial, des multiples communautés virtuelles qui vient modifier les affiliations, les allégeances et les solidarités traditionnelles.

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Tout cela s’accompagne-t-il de l’émergence d’une culture globale ?

Des sociologues la perçoivent déjà. Ils la comprennent comme une symbiose des cultures particulières. Ou, et c’est quelque peu différent, comme une hybridation d’éléments culturels nationaux, étrangers les uns aux autres et déformés, et d’éléments sans identité, apparus dans la sphère des réseaux sociaux, qui se transmettraient instantanément d’un lieu à un autre, grâce aux supports médiatiques et numériques.

En quelque sorte, la culture globale serait, ni plus ni moins que, la culture du technocosme (à savoir, le système technologique, médiatique et numérique) qui enveloppe toutes les activités humaines et qui tend à se substituer au milieu naturel (avec toutes les rétroactions négatives que l’on connaît). Mais aussi, par la même occasion, des communautés virtuelles qui mettent en réseau des individus éparpillés dans le monde, lesquels peuvent finir par entretenir entre eux plus de relations qu’avec leurs proches ou leurs voisins immédiats. Il est clair que l’enracinement local, régional ou national n’est plus alors prioritaire.

Pour des sociologues comme R. Robertson, la culture globale est devenue l’ensemble humain au sein duquel le processus de l’intégration mondiale a pris son autonomie, en raison de l’expansion et de l’intensification des flux culturels globaux. Mais, cet avis ne fait pas l’unanimité parce que le rétrécissement du monde et le raccourcissement du temps créent aussi de la promiscuité entre les groupes humains qui entendent, malgré tout, conserver leurs particularités.

Une communautarisation globale ?

Et si la proximité, au lieu de promouvoir l’unité, malgré une globalisation relative des cultures, entraîne alors une communautarisation générale des sociétés concernées, à quoi peut-on s’attendre ?

Pour les plus optimistes, cette communautarisation pourrait prendre la forme d’une « fédération de diasporas », soit la cohabitation globale des groupes humains installés et déplacés. La rencontre des migrations de masse et des médias électroniques sans frontières, en permettant la restructuration des identités à distance, en d’autres lieux, serait ainsi fondatrice d’une ethnicité moderne qui caractériserait les nouvelles sociétés multicultures ; celle de la coexistence de différents espaces ou « lieux post-nationaux ». Et ce n’est plus là seulement une hypothèse d’école (propre au sociologue indien Appaduraï), puisque le Premier ministre canadien Trudeau a fait sienne la doctrine de l’Etat postnational qui fait qu’au Canada, à ses yeux, les communautés d’origine anglaise ou française n’ont pas plus de droits à faire valoir, du fait de leur antécédence, que les nouvelles communautés d’immigrés. Il est d’ailleurs fort possible que son successeur à la tête de la Confédération soit bientôt un ressortissant de la minorité indienne.

Néanmoins, conséquemment à ses travaux sur les minorités indiennes (Sikhs notamment) installées aux USA, Appaduraï, avec amertume, mais aussi avec lucidité et honnêteté, a fini par constater que la globalisation culturelle pouvait exacerber les différences. Et que d’une manière générale, il fallait admettre l’aspect schizophrène qu’engendre l’hybridité de la culture de ceux qui depuis les pays du sud viennent s’installer en Occident. Ce qui paraît une évidence quand on parcourt les banlieues françaises.

La fin des luttes hégémoniques ?

Une culture globale ou une « fédération de diaspora », l’une ou l’autre, peut-elle mettre fin aux luttes hégémoniques ? Rien n’est moins sûr. L’historien et sociologue I. Wallenstein (d’obédience néo-marxiste et par conséquent plus politiquement correct que S. Huntington) a qualifié l’arrière-plan culturel de la mondialisation de « champ de bataille du système-monde moderne ». Pour lui, comme pour beaucoup d’autres, le champ culturel demeure un espace structuré par les rapports de puissances. Il reste le terrain des luttes hégémoniques entre les communautés les mieux enracinées et les mieux technologiquement équipées. Dès lors, bien que l’avantage aille encore aux Etats-Unis, il est certain qu’il n’y aura pas d’occidentalisation du monde, contrairement à ce qui a été proclamé tous ces derniers temps. Comme l’a parfaitement dit le philosophe américain R. Rorty, la pensée moderne et la théorie des droits de l’homme qui va avec n’auront jamais été, prises ensemble, qu’une originalité de la bourgeoisie libérale occidentale.

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Car, ce n’est pas maintenant qu’elle est devenue la première puissance économique mondiale, en attendant d’accéder à ce même rang militaire et technologique, à l’horizon 2050, comme vient de le promettre son premier dirigeant, que la Chine va renoncer à ses valeurs et à ses croyances. Bien au contraire, leur retour est à l’ordre du jour. Il va de soi que la culture chinoise, enracinée dans une masse plus que milliardaire, et portée par sa diaspora, va compter de plus en plus dans la structuration mentale de la mondialité.

Nul doute aussi que la mouvance musulmane, malgré ses divisions, en raison de la multitude qu’elle représente et du profond enracinement de la religion qui l’anime doit être considérée, également, comme l’un des principaux challengers de la lutte hégémonique. L’instrumentalisation diplomatique de l’islam par la Turquie, mais elle n’est pas la seule, atteste déjà de ce potentiel.

Trois hypothèses pour une relation problématique

Le changement du contexte mondial, dans ses dimensions technologique et démographique/migratoire surtout, complique sérieusement la compréhension de la nature de l’enracinement. Pour évaluer ce dont il pourrait advenir de cette notion, relative en soi comme on l’a vu, il nous faut faire appel à la relation contradictionnelle qui existe entre la tendance à l’homogénéisation du monde avec toutes ses hétérogénéités (c’est-à-dire, comme on l’a dit tous ses enracinements), et qui ouvre trois hypothèses :
celle de l’homogénéisation forte ou complète.
Elle est la négation des enracinements, car dans cette hypothèse, le local ne serait plus que du global localisé. On en revient à cette culture globale générée par les technologies de la communication, mais aussi par l’uniformisation des styles de vie tournés vers la consommation et le confort.

Mais, le global peut lui-même être imprégné d’éléments locaux globalisés. Il n’est donc pas incompatible avec la présence d’une hégémonie culturelle. Une sorte de global sous hégémonie. Comme cela en a l’allure depuis 1945, et surtout depuis la fin de l’Urss, en raison de la domination écrasante des USA en matière de productions culturelles. Cependant, comme on l’a noté, dans quelques décennies, cela pourrait être le tour de la Chine tant il est vrai que l’influence culturelle est la continuité de la puissance.
celle de l’hétérogénéité triomphante et de la fragmentation planétaire.

Pour différentes causes, la tendance à l’homogénéisation du monde, et à son intégration, par le marché notamment, pourrait s’interrompre. Car rien n’est irréversible. On peut en percevoir trois, parmi d’autres moins évidentes : les catastrophes naturelles engendrées par le changement climatique ; les crises économiques et sociales alors que l’économie mondiale est annoncée, par beaucoup d’économistes, se diriger vers un état stationnaire (insuffisant pour satisfaire à tous les besoins grandissants de la population mondiale en pleine croissance) ; les guerres démographiques structurelles. Trois causes qui peuvent s’avérer, bien entendu, interactives.

Si de tels événements devaient survenir ou de tels phénomènes s’enclencher, il est sûr que l’on assisterait à une fragmentation du système mondial sous l’effet d’un vaste mouvement de reterritorialisation, de renationalisation, de relocalisation…et finalement de ré-enracinement.

Ce nouveau désordre mondial, engendré par les luttes pour la survie, tous les groupements humains, toutes les nations, ne seraient pas en mesure de le surmonter. Parmi les entités politiques les mieux en situation d’y parvenir, on trouverait celles dotées d’un fort mythomoteur (complexe de symboles, de valeurs partagées, de styles et de genre de vie), selon la terminologie du sociologue anglais Anthony Smith. On pense ici au Japon dont le mythomoteur a survécu (et la nation japonaise avec lui) aux avanies subies depuis 1945, malgré la crise d’identité de sa jeunesse, et en dépit d’un déclin démographique prononcé.
Mais le chaos aggraverait les inégalités et les crispations identitaires seraient, pour la plupart, sans apporter de solution, tant les unités reterritorialisées seraient faibles.

En Europe, dans cette hypothèse comme dans la première, c’est la fin des modèles nationaux qui est annoncée. Et que l’on constate déjà, en raison du dépassement structurel des États concernés et de la décomposition de leur nation (dénatalité, vieillissement, communautarisation).

Dès lors, entre l’homogénéisation de la culture mondiale, probablement sous hégémonie, destructrice des identités, et la dispersion régressive ou mortelle dans le chaos, une voie de salut existe du côté de la mise en place de nouveaux cadres politiques à la mesure des défis inventoriés. En recherche de sécurité et de régulation, fondés sur des affinités culturelles et/ou civilisationnelles, ces cadres seront nécessairement plurinationaux. Ce qui, inéluctablement, renvoi à la thématique du fédéralisme.

En effet, face aux réalités de la géopolitique mondiale, et en présence de la diversité culturelle européenne, le seul recours réside dans la restauration du politique grâce à l’ancrage de sa verticalité dans les réalités historiques et locales européennes. Il s’agit de construire l’Europe par le haut et par le bas, de façon simultanée, et d’édifier des institutions à forte réflexivité collective, c’est-à-dire en mesure de s’auto-corriger (en jouant de la subsidiarité, dans un sens comme dans l’autre). Malheureusement, on n’en est pas là ! Malgré le constat d’impuissance, la logique du chacun pour soi l’emporte, jusqu’à engendrer de pathétiques querelles d’Européens.

La question de fond demeure toujours la même : les Européens ont-ils conscience d’avoir des intérêts vitaux communs, et sont-ils prêts à s’organiser en conséquence ? Ou bien, considèrent-ils qu’ils peuvent s’en sortir, chaque État-nation ou chaque État-région, chacun de son côté, et sauver ce qui lui reste de prospérité et d’identité? Ou bien encore les Européens sont-ils résignés à leur autodissolution, ou sont-ils prêts à se replier dans des isolats au sein même de leur propre Etat. L’avenir donnera la réponse !

Contribution aux Assises de l’enracinement, Ligue du Midi.

Gérard Dussouy, professeur émérite à l’université de Bordeaux,  a publié un Traité de Relations internationales, en trois tomes, Editions L’Harmattan, 2009. Et en 2013, Contre l’Europe de Bruxelles, fonder un État européen, Editions Tatamis. Une édition italienne de ce dernier livre, mise à jour et adaptée, est parue.

Bulletin célinien, novembre 2017

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Bulletin célinien, n°401, novembre 2017

Sommaire : Les souvenirs d’Hermann Bickler – Le docteur Clément Camus (1ère partie) – Un célinien au parcours étonnant – D’un château l’autre

Emmanuel Berl

BC-2017-11-BC-Cover.jpgIl y a quelques années, André Derval a signé un recueil des critiques parues en 1938 sur Bagatelles pour un massacre (Éd. Écriture). Curieusement l’article d’Emmanuel Berl, paru le 21 janvier de cette année-là, n’y figure pas. Article pourtant connu des céliniens pour avoir été recensé par  J.-P. Dauphin dès 1977 (Minard éd.).  Et puis, Berl, ce n’est tout de même pas une petite pointure. Éviction due au fait que sa critique de Bagatelles empruntait le mode du pastiche ? Toujours est-il qu’elle est peu banale compte tenu des origines de l’auteur. Cet article, exhumé ici même par Éric Mazet  il y a un an, se conclut par cette constatation: « Le lyrisme emporte dans son flux la malice et la méchanceté »,  ce qui était assez bien vu.  Et  de  conclure : « Juif ou pas juif, zut et zut ! j’ai dit que j’aimais Céline. Je ne m’en dédirai pas. » Curieux personnage que ce Berl marqué comme Destouches par la Grande Guerre, comme lui, pacifiste viscéral (et donc partisan des accords de Munich au grand dam de ses coreligionnaires). Et qui rédigera, autre paradoxe, deux allocutions de Pétain en juin 40. En 1933, il avait vainement sollicité la collaboration de Céline à l’hebdomadaire (de gauche) Marianne qu’il dirigeait mais obtint l’autorisation d’y publier le discours de Médan. Lorsqu’en mai 1939, le décret Marchandeau entraîne le retrait de la vente des pamphlets, Berl s’insurge : « Qu’il soit antisémite, je le déplore. Pour ma part, je l’ai déjà dit, je ne serai pas anticélinien » (!). C’est que ce philosophe égaré en politique n’était pas un sectaire: non seulement il apprécie ses adversaires mais en outre admet l’idée de l’antisémitisme politique. En écho, Céline lui aurait adressé cette promesse : « Tu ne seras pas pendu. Tu seras Führer à Jérusalem. Je t’en donne ma parole. » (De la même manière, Céline eut des échanges furieux avec Jean Renoir, dont il détestait l’idéologie diffusée dans ses films, et… qui était payé en retour par l’admiration indéfectible du cinéaste pour le romancier.)

Tous ces faits, et bien d’autres, sont rappelés dans une passionnante biographie de Berl qui est loin d’être complaisante.

• Olivier PHILIPPONNAT et Patrick LIENHARDT, Emmanuel Berl. Cavalier seul (préface de Jean d’Ormesson), La Librairie Vuibert, 2017, 497 p. (27 €)

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Sur le meurtre oublié de la langue française

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Sur le meurtre oublié de la langue française

par Nicolas Bonnal

Ex: http://www.dedefensa.org

On nous parle de la couche d’ozone et du reste, mais on se moque de nos langues triturées par des pouvoirs démocratiques dégénérés.

Tout le monde se fout de la langue que nous parlons et écrivons (en hébreu le même mot désigne l’abeille et la parole, et l’on constate qu’elles disparaissent ensemble) ; il n’en fut pas toujours de même, même au cours de cette cinquième république, mais nous sommes maintenant tombés trop bas pour nous en rendre compte. Je ne suis pas styliste, et donc suis fidèle à Philippe Grasset (lisez son Nietzsche au Kosovo) comme je l’ai été à Jean Parvulesco, pour des questions de talent et de personnalité métapolitique et littéraire. Le reste recycle, régurgite, reproduit et surtout barbouille de la bouillabaisse à base d’anglicismes, de comique croupier, de journalisme industriel et de jargon techno-syphilitique.

Les langues disparaissent partout, y compris en orient. J’avais rappelé il y a peu ce juste passage d’Ortega Y Gasset dans son légendaire ouvrage sur les masses, plus que jamais au pouvoir aujourd’hui (un milliard de clics par chanson de Lady Gaga ou Jennifer Lopez, avec un million de commentaires, voyez Youtube pour vous faire une idée enfin !).

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« Mais le symptôme et, en même temps le document le plus accablant de cette forme à la fois homogène et stupide - et l'un par l'autre - que prend la vie d'un bout à l'autre de l'Empire se trouve où l'on s'y attendait le moins et où personne, que je sache, n'a encore songé à le chercher: dans le langage. Le premier est l'incroyable simplification de son organisme grammatical comparé à celui du latin classique… »

Sur l’effondrement de la langue, qui m’intéresse plus spécifiquement aujourd’hui, alors que son usage n’était déjà plus très fameux sous Giscard et qu’il a disparu des écrans et des discours politiques (comparons Macron à de Gaulle), Sénèque écrivait alors :

« Enfin partout où tu verras réussir un langage corrompu, les mœurs aussi auront déchu de leur pureté, n’en fais aucun doute (Itaque ubicumque videris orationem corruptam placere, ibi mores quoque a recto descivisse non erit dubium). Et comme le luxe de la table et des vêtements dénote une civilisation malade ; de même le dérèglement du discours, pour peu qu’il se propage, atteste que les âmes aussi, dont le style n’est que l’écho, ont dégénéré. »

Mais j’ai toujours été fasciné depuis mon adolescence par les inactuelles de Nietzsche, en particulier par la méconnue dissertation sur David Strauss. Nietzsche assiste alors à la chute libre de la langue allemande-journaliste. Et l’ironique de tempêter…

 « Tous les jugements (de Strauss) sont uniformément livresques, ou même, au fond, simplement journalistiques. Les réminiscences littéraires remplacent les idées véritables (ici je serais visé, mais je reste sans complexe) et l’entendement pratique des choses ; une modération affectée et une phraséologie vieillotte doivent compenser pour nous le manque de sagesse et de maturité dans la pensée. Comme tout cela correspond à l’esprit qui anime les chaires bruyantes de la science allemande dans les grandes villes ! »

Nietzsche fait le lien avec une complainte de son maître Schopenhauer, connu pour l’impeccabilité supposée de sa prose classique-romantique (comme on sait par mes textes sur le cinéma, pour moi le sommet de la prose allemande est Heinrich Von Kleist, en particulier sa réflexion sur la vie des marionnettes, fondement de notre modernité qui n’a jamais fini de remâcher de l’arbre de la connaissance, müßten wir wieder von dem Baum der Erkenntniß essen, devenu l’arbre de la méconnaissance, pour fabriquer un postmoderne  progrès vide à l’état plutôt impur).

Nietzsche donc et son maître :

« C’est cette dilapidation illimitée de la langue allemande actuelle que Schopenhauer a décrite avec tant d’énergie. « Si cela continue ainsi, disait-il un jour, en 1900 on ne comprendra plus très bien les classiques allemands, car on ne connaîtra plus d’autre langage que le misérable jargon de la noble « actualité » — dont le caractère fondamental est l’impuissance. » Et, de fait, des critiques et des grammairiens allemands élèvent déjà la voix : dans les plus récents périodiques, pour proférer que nos classiques ne peuvent plus servir de modèles pour notre style, car ils emploient une grande quantité de mots, de tournures et d’enchaînements syntactiques dont nous avons perdu l’usage. »

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Quand je parle de présent permanent, je parle bien sûr de celui qui masque et caractérise notre décadence séculaire.

Une fois de plus on se consolera avec Sénèque qui tape sur notre infatigable et presque, finalement, réconfortante décadence romaine – linguistique ici :

« Le choix de la pensée peut être vicieux de deux manières : si elle est mesquine et puérile, ou inconvenante et risquée jusqu’à l’impudence ; puis, si elle est trop fleurie, trop doucereuse ; si elle se perd dans le vide, et, sans nul effet, n’amène que des sons.

Pour introduire ces défauts, il suffit d’un contemporain en possession du sceptre de l’éloquence : tous les autres l’imitent et se transmettent ses exemples. Ainsi, quand florissait Salluste, les sens mutilés, les chutes brusques et inattendues, une obscure concision étaient de l’élégance. Arruntius, homme d’une moralité rare, qui a écrit l’histoire de la guerre Punique, fut de l’école de Salluste et s’efforça de saisir son genre. »

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Et Sénèque de conclure :

« J’ai voulu te donner un échantillon : tout le livre est tissu de ces façons de parler. Clairsemées dans Salluste, elles fourmillent dans Arruntius, et presque sans interruption. La raison en est simple : le premier y tombait par hasard ; le second courait après (ille enim in haec incidebat, at hic illa quaerebat…) »

J’avais cité jeune un jour Salluste à leur télé ; je ne vous dis pas les sifflets… Pour le reste, Voltaire, Benjamin Constant et notre Chateaubriand furent journalistes aussi ; méditons donc avant de tonner contre… le choix de ces grands hommes qui se déclaraient héritiers et non novateurs.

Pensons Tite-Live qui déjà dénonce « cette foule d'écrivains sans cesse renaissants, qui se flattent, ou de les présenter avec plus de certitude, ou d'effacer, par la supériorité de leur style, l'âpre simplicité de nos premiers historiens. »

Sources

Tite-Live – Ab urbe condita

Sénèque – Lettres à Lucilius (CXIV)

Nietzsche – Considérations inactuelles

Ortega Y Gasset – Révolte des masses

Kleist – Scènes de la vie des marionnettes

Puissance et dangers de la désinformation

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Puissance et dangers de la désinformation

 
Auteur : Eric Woillez 
Ex: http://www.zejournal.mobi

Article écrit d’après l’oeuvre de Vladimir Volkoff « petite histoire de la désinformation ». Cet article a pour but de donner les principes généraux de la désinformation afin d’avertir le public du danger qu’elle représente pour la liberté de pensée.

Qu’est ce que la désinformation?

La notion de désinformation est passée dans le vocabulaire courant. Cependant, ce concept est encore mal compris voir inconnu du grand public. Malgré son importance dans les société modernes, aucun cours fouillé sur le traitement de l’information et les techniques de désinformation n’a jamais figuré dans les programmes scolaires. On peut proposer pour la désinformation la définition suivante [1]:

La désinformation est une manipulation de l’opinion publique, à des fins politiques, avec une information traitée par des moyens détournés.

Il est important de distinguer la désinformation de deux pratiques voisines, l’intoxication et la publicité. L’intoxication vise un groupe restreint de décideurs, l’état-major ennemi par exemple lorsqu’il s’agit d’intoxication militaire. La publicité vise à séduire le public, elle peut être fallacieuse, mais elle va droit au but et n’emploie pas de moyens détournés.

Cet article a donc pour but de donner les principes généraux de la désinformation afin d’avertir le public du danger qu’elle représente pour la liberté de pensée. Il n’a pas pour but de faire un cours complet sur la notion de désinformation. Chacun pourra, s’il le souhaite, approfondir tel ou tel aspect dans des ouvrages plus spécialisés.

Nous donnerons tout d’abord brièvement le contexte historique dans lequel est née la désinformation (1). Puis nous analyserons de façon théorique comment est conçue une opération de désinformation (2) et sa mise en oeuvre concrète (3). L’analyse sera illustrée par deux exemples concrets (2-4). Enfin nous verrons comment agit la désinformation sur la population et comment s’en protéger (5).

1-Contexte historique

L’idée d’utiliser la désinformation à des fins militaires est très ancienne. L’art de la guerre( V I è ou I V è siècle av. J.C.) [5] du général chinois Sun Tzu est le premier ouvrage connu à donner les principes fondamentaux de la désinformation. Le général Sun Tzu voyait dans la désinformation une technique de guerre efficace: “L’art suprême de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combattre”. Celui-ci résume sa théorie en quelques grands principes qui eurent une influence considérable et servirent de références aux stratèges futurs qui voulurent pratiquer la désinformation (voir le tableau ci dessous). Nous voyons donc que la désinformation fut dès l’origine une technique de guerre, destinée à détruire l’adversaire avec un minimum de forces.

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Quelques bons principes du général Sun Tzu

  • Discréditez tout ce qu’il y a de bien dans le pays adverse.
  • Impliquez les représentants des couches dirigeantes du pays adverse dans des entreprises illégales. Ebranlez leur réputation et livrez les le moment venu au dédain de leurs concitoyens.
  • Répandez la discorde et les querelles entre les citoyens du pays adverse.
  • Excitez les jeunes contre les vieux. Ridiculisez les traditions de vos adversaires.

La pratique de la désinformation est restée balbutiante dans les siècles qui suivirent par manque de moyens techniques. La situation devait changer substantiellement à l’époque moderne avec l’arrivée des médias de masse, l’invention de l’imprimerie, de la TSF et l’apparition de journaux quotidiens. L’opinion publique prit aussi un rôle croissant dans la vie politique, d’où la tentation bien naturelle pour certains individus ou groupes de s’en emparer et de s’en servir à leurs propres fins.

Lors de la seconde guerre mondiale, la guerre de l’information fut un élément essentiel du conflit. Elle fut pratiquée sous la forme d’opérations d’intoxication et de propagande, qui ne sont pas à proprement parler de la désinformation mais qui utilisent des techniques très similaires. Citons en particulier deux virtuoses des opérations d’intoxication, Sefton Delmer chez les Britanniques et le tristement célèbre Goebbels chez les nazis. Goebbels avait d’ailleurs coutume de se vanter de  » jouer de l’âme populaire comme on joue du piano ».

On peut penser que la désinformation dans sa forme la plus moderne et la plus raffinée apparaît en URSS. Lénine a beaucoup pratiqué la propagande et la désinformation et on lui doit quelques citations remarquables de sincérité:  » Dites-leur ce qu’ils veulent entendre », ce qui est la devise même de toute espèce de désinformation, ou encore « dire la vérité est un préjugé bourgeois mesquin ». Sous Staline, la désinformation prend une ampleur mondiale. Elle est confiée à une élite de spécialistes regroupés dans le département A du KGB qu’on appelait en russe les chapeaux-cachettes. Le but clairement affiché de l’URSS était de faire triompher le communisme partout dans le monde. Le département A a donc organisé entre 1950 et 1989 plusieurs opérations de désinformation maintenant reconnues comme telles.[2] L’opération Tanzanie en 1964 qui avait pour but de monter l’opinion publique en Afrique contre les Etats-Unis, fut un succès total. En France, un agent d’influence travaillant pour le compte du KGB fut pris et condamné en 1979. Une grande opération de désinformation eut lieu qui aboutit à sa grâce en 1981.

Bien qu’ayant pris du retard dans la guerre de l’information et la maîtrise de l’opinion publique, les puissances occidentales ont rapidement pris conscience de la puissance de la désinformation et ont su en faire aussi leur profit, et la désinformation n’a pas été bien longtemps le seul privilège de l’URSS. Un exemple historique sera traité plus en détail dans la section (5).

Notons simplement pour conclure cette section que la désinformation a acquis de plus en plus d’efficacité grâce à l’apparition d’internet et des réseaux sociaux. Elle n’est plus du tout le privilège d’états puissants et de leur services spéciaux. Les opérations de désinformation – aussi appelés montages- sont parfois menées par des agences privées contre rétribution d’un client qui préfère rester dans l’ombre.

2-Schéma type d’une opération de désinformation

Une opération de désinformation n’a pas de schéma fixe puisqu’elle doit impérativement s’adapter au contexte social et politique et aux possibilités techniques. Nous allons cependant essayer de décrire la conception d’une opération dans ses grandes lignes.

Elle commence sous l’impulsion d’un client qui est le financeur et le bénéficiaire de l’opération. Ce client peut être aussi bien une compagnie privée qu’un état ou un homme politique. Comme le client reste généralement dans l’ombre, il est toujours très difficile de savoir qui a lancé une campagne de désinformation.

Le client s’adresse alors à un agent, c’est un professionnel qui est responsable de l’ensemble de l’opération de désinformation. Les agents furent souvent les services secrets lorsque l’opération était lancée par un état, mais aujourd’hui des agences de communication spécialisées peuvent parfaitement assurer ce rôle.

S’il souhaite réussir, l’agent doit obligatoirement faire une bonne étude de marché pour concevoir une campagne qui a des chances d’être bien acceptée par le public. Ceci l’amènera à bien choisir le support et le thème de la désinformation. Le but est toujours d’amener le public à croire à la désinformation, il faut donc que les supports aient l’air aussi vrais que possible. Toutefois la désinformation ne s’adresse qu’en surface à l’intelligence du public qu’elle prétend induire en erreur; en profondeur elle s’adresse à sa sensibilité: ”visez les tripes “ disait Goebbels. Aussi si le thème n’est pas entièrement rationnel, il a des chances d’être mieux accepté, car -ne l’oublions pas- les passions sont toujours plus fortes en l’Homme que les convictions.

Enfin, l’opération de désinformation utilise plusieurs relais pour diffuser le thème choisi. Le message est ensuite amplifié par les caisses de résonances. Les caisses de résonances sont en général de bonne foi, elles croient vraiment au message qu’elles relaient et sont de ce fait d’autant plus convaincantes. On peut comparer la situation à un instrument de musique: le thème de la désinformation, s’il est choisi avec une bonne fréquence, va entrer en résonance et s’amplifier grâce au soutien des médias et du public, jusqu’à devenir une véritable symphonie désinformante.

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L’exemple du cheval de Troie

L’épisode du cheval de Troie est décrit dans Virgile comme une astucieuse ruse de guerre, mais l’épisode peut se voir aussi comme l’allégorie d’une opération de désinformation réussie.

Les Grecs abandonnent sans explications un cheval de bois sur la rive, c’est le support de la désinformation. Le Grec Sinon qui s’est intentionnellement constitué prisonnier sert d’agent pour lancer le thème de la désinformation: ”Les Grecs ne veulent à aucun pris que le cheval rentre dans Troie, sinon les Troyens bénéficieraient à nouveau de la protection de Pallas Athéna “. Le hasard ou les dieux contribuent alors au succès de l’opération car Laocoon et ses fils sont engloutis par des serpents, eux qui avaient conseillé aux Troyens de détruire le cheval. En quelque sorte, on peut dire que le ”vent historique “ soufflait dans la bonne direction pour les Grecs à ce moment.

Sur quoi les Troyens convaincus détruisent eux-mêmes leur protection militaire la plus sûre, ils font une une brèche dans leurs remparts pour faire entrer le cheval qui va précipiter leur perte! ”Tous s’attellent à l’ouvrage “ et ”alentour, jeunes garçons et jeunes filles de chanter des hymnes sacrés, joyeux de toucher au câble… “. L’opération de désinformation s’amplifie, entre en résonance, par l’action des Troyens: plus personne ne se méfie du cheval, tous œuvrent de concert à leur propre destruction. A ce moment, l’opération a parfaitement réussi car elle a abouti à l’autodésinformation. Il n’est plus besoin d’aucune influence extérieure pour entretenir le thème, il est alimenté directement par l’opinion publique.

3-Mise en oeuvre d’une opération

Comment concrètement concevoir une opération de désinformation? Les possibilités sont infinies, elles s’adaptent au contexte et à la mentalité du temps. Cependant, on peut déterminer quelques grandes manières ”classiques “ de désinformer, que nous présentons ici sans prétendre être exhaustifs. (lire [3]  pour approfondir)

Il est en général difficile de nier totalement une réalité, surtout lorsqu’elle est déjà connue du public. Il est donc judicieux de présenter des affirmations en mélangeant le vrai et le faux. Comme une partie des affirmations est vraie et reconnue publiquement, cela donnera confiance à l’auditoire et celui-ci pensera naturellement que l’ensemble des affirmations est vrai. Dans un conflit faisant des victimes par exemple, il est très facile de grossir ou de diminuer abusivement le nombre de victimes selon l’impression que le désinformateur veut créer. Le désinformateur peut aussi modifier les circonstances de l’évènement ou passer sous silence une partie des informations. Il dira qu’une armée A forte d’un million d’hommes a attaqué une armée B de seulement dix mille hommes en oubliant sciemment de préciser que l’armée B a des chars lourds et pas l’armée A.

Nous laissons au lecteur le plaisir de compléter cette liste de techniques à loisir, interprétation sous-jacente des faits, modification ou suppression des motifs, donner des parts inégales aux adversaires, etc… Aucune affirmation n’est abusive en désinformation, il suffit qu’elle soit adaptée à l’auditoire. On observe même des occasions où il est judicieux d’inverser totalement la réalité ( voir l’exemple de la section 2): ”plus c’est gros, plus ça passe “ est également un principe fondamental de la désinformation.

Les médias comme caisses de résonance

Dans notre société, il est très facile de trouver les caisses de résonance pour diffuser de la désinformation, ce sont les médias, internet, les réseaux sociaux. Plusieurs facteurs contribuent à en faire des instruments très puissants de désinformation. Il y a d’abord le fait que le public est très réceptif à une information écrite ou visuelle. ”c’est vrai puisque je l’ai vu “ est souvent notre premier réflexe face à une information visuelle. Or une image se manipule à volonté aussi bien qu’un texte écrit, en jouant sur le cadrage, en la sélectionnant soigneusement, ou tout simplement en la fabriquant par un montage. Si l’opérateur sait s’y prendre, elle peut contenir une charge émotive très forte ce qui en fait un objet idéal pour s’adresser aux passions de l’Homme. N’oublions pas que les buts du désinformateur et ceux du journaliste se recoupent en un point: ils sont l’un et l’autre amenés à créer une émotion. Pour le désinformateur, c’est l’émotion qui entraînera les actions qu’il veut provoquer, et pour le journaliste, l’émotion se vend toujours mieux que le renseignement.

Un autre aspect des médias favorise grandement le désinformateur. Les médias ont une forte tendance à se copier les uns les autres, à parler de ”ce dont on parle “ et à créer ainsi des bouffées éphémères d’informations. Il y a bien sûr des émissions ou des journaux considérés comme les plus importants et au pas de qui les autres ont tendance à se mettre. Lorsqu’un nouveau sujet sort, on observe souvent que l’ensemble des médias s’y concentre rapidement, tel un orchestre qui brode à l’unisson sur le même thème, lequel est ensuite relégué dans l’oubli lorsque le public commence à se lasser. Ce phénomène d’amplification rapide d’un sujet est à l’avantage du désinformateur qui pourra ainsi facilement créer dans le public une sorte de psychose collective.

Il pourrait alors être tentant de ne lire que des journaux ”sérieux “ qui affichent une volonté d’objectivité. En réalité, rien n’est plus favorable à la désinformation que l’objectivité d’apparence [7] . Il faut absolument prendre conscience qu’une information est nécessairement biaisée. Un fait n’est pas une information. Les médias ne donnent jamais des faits, ils donnent des informations. Lorsque le biais n’est pas ouvertement déclaré, il intervient de façon bien plus subtile dans les détails de l’information: mise en page, choix de l’information délivrée, utilisation d’adjectifs valorisants ou dépréciatifs, dessin humoristique, avis de la rédaction… Tous ces petits détails sont des techniques d’influence d’autant plus efficaces qu’elles amènent l’auditeur à croire à ce qu’il lit. L’objectivité d’apparence amène donc à interpréter l’information, non directement, mais par des moyens détournés, exactement ce que recherche le désinformateur lui-même (cf la définition en introduction). Un organe médiatique affichant clairement sa ligne politique et les idées qu’il défend fait parfois de la propagande, mais pas de la désinformation, il est donc plus aisé de s’en protéger.

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La logomachie et la langue de bois

La logomachie, i.e bataille à coup de mots, et la langue de bois [6]  sont deux procédés distincts de désinformation, mais tous deux ont pour objectif d’attaquer le vocabulaire et la façon de parler pour mieux désinformer. Ces procédés se fondent sur le principe que la pensée est impuissante sans parole et qu’un certain vocabulaire condamne non seulement au mensonge exprimé mais aussi au raisonnement tordu. Le but consiste à créer au sens propre une nouvelle langue, en choisissant avec soin un nouveau vocabulaire, afin que tout discours devienne désinformant, même sans mauvaises intentions de la part de celui qui le prononce. La langue de bois appauvrit le vocabulaire en ne retenant que les mots et expressions qui servent la cause choisie. Un appauvrissement du vocabulaire a comme répercussion immédiate un appauvrissement de la pensée. Aussi, lorsque la langue de bois est solidement installée, même un individu voulant penser autrement que la pensée dominante sera automatiquement limité et recadré par l’usage du vocabulaire. La langue de bois fait sien l’aveu de Goebbels: ”Nous ne parlons pas pour dire quelque chose, mais pour obtenir un certain effet “.

La logomachie, elle, va créer de nouvelles expressions pour porter un jugement de valeur sur l’adversaire. Sous la Révolution française par exemple, on avait forgé avec beaucoup de bonheur des expressions telles que ”ennemi du peuple “ ou mieux encore ”ennemi de la liberté “. Le lecteur n’aura aucun mal à décrypter la charge émotionnelle de ces deux expressions.

D’ANOUVILE un peu triste -Votre Majesté compte faire une épuration?

NAPOLÉON frappé – Épurer! Voilà un mot auquel je n’aurais pas pensé. (il considère d’Anouvile.) Vous ne manquez pas de talent mon petit. C’est dommage que vous soyez dans la lune, je vous aurais employé! Jusqu’ici on avait toujours parlé de répression. C’était trop franc. (Il se met le mot dans la bouche avec ravissement.) “L’épuration.” Cela a un petit air hygiénique. C’est une trouvaille! Vous avez des tablettes? (D’Anouvile lui en tend.) Je note le mot. (Il répète, ravi.) “L’épuration.” (Il a une idée.) Et purge, peut-être? Non, ça fait sale, ça fait colique. (Il répète, satisfait. “L’épuration”.)

NAPOLÉON – Je fais ma liste pour l’épuration. J’ai besoin de vous.

LE MARÉCHAL surpris – L’épuration?

NAPOLÉON ravi – Oui. C’est un nouveau mot que j’ai trouvé! Répression n’est plus dans ma nouvelle ligne.

Jean Anouilh, La Foire d’empoigne

4-Un exemple de désinformation moderne: la guerre serbo-croate

Les guerres en ex-Yougoslavie furent l’occasion à partir d’août 1991 d’une magnifique opération de désinformation couronnée de succès, que nous allons présenter en détails dans cette section. L’opération ”Bosnie “, ainsi qu’elle fut appelée, contient tous les éléments d’une opération de désinformation moderne telle que nous l’avons évoquée dans les sections précédentes, un véritable cas d’école.

L’opération avait pour but de flétrir la réputation des Serbes dans l’opinion publique mondiale. Les clients de cette opération, du moins ceux que nous connaissons, furent donc successivement entre 1991 et 1992 la Croatie, puis la république de Bosnie-Herzegovine, et enfin le Kosovo. Il est probable qu’un client bien plus puissant pilotait cette opération, tant les enjeux politiques des Balkans sont importants, mais nous n’en aurons jamais connaissance.

L’opération ”Bosnie “ fut confiée à une agence privée américaine dont nous tairons le nom, puisqu’elle existe toujours. Nous connaissons actuellement les coulisses de cette opération grâce à des confidences de son directeur M.H. [4]  L’agence commença par l’étude de marché, c’est-à-dire par jauger l’état de l’opinion mondiale au sujet de la Serbie. La situation se présentait très mal, du fait de plusieurs facteurs:

1-Les Serbes s’étaient battus héroïquement au côtés des Alliés pendant les deux guerres mondiales

2-Les nazis avaient fondé un État croate dont les Croates se réclamaient alors sans pudeur

3-Certains chefs des fractions croates et de la fraction musulmane en Bosnie avaient déjà fait des déclarations antisémites.

Le génie de l’agence de désinformation fut, comme nous allons le voir, d’inverser les faits et de faire passer les Serbes pour des nazis auprès de l’opinion mondiale. Le support fut la publication par le New-York Newsday d’articles sur des camps de prisonniers où étaient enfermés des musulmans. L’agence choisit ensuite avec intelligence trois grandes organisations juives américaines. Le simple terme de ”camps “, était suffisant pour émouvoir cette communauté, et faire coïncider dans leurs esprits Serbes et nazis. C’était un coup de maître. Le directeur de l’agence explique: ”Aussitôt, il y eut un très net changement de langage dans la presse avec l’emploi de termes à très forte valeur émotive, tels que purification ethnique, camps de concentration, etc…, le tout évoquant l’Allemagne nazie, les chambres à gaz et Auschwitz. La charge émotive était si forte que plus personne ne pouvait aller contre, sous peine d’être accusé de révisionnisme. “

En temps de guerre, il n’est pas difficile de trouver des supports à la désinformation. Chacun des adversaires commet le lot d’atrocités qui sont caractéristiques des situations de guerres. Pour flétrir irrémédiablement les Serbes, il suffisait donc de montrer les atrocités commises par eux, éventuellement de les grossir démesurément ou d’en inventer de nouvelles si elles venaient à manquer. D’autre part, on passait totalement sous silence les crimes commis par le parti opposé, ce qui devait signifier implicitement que seuls les Serbes étaient responsables. L’équation Serbe=nazi était ancrée tellement fortement dans l’opinion publique que n’importe quelle opération de guerre de la part de Serbes passait immédiatement pour un crime contre l’humanité similaire à ceux perpétrés par les nazis.

Principalement sept supports ont servi à l’opération de désinformation: les destructions, la purification ethnique, les camps, les viols, les gaz, les charniers, les massacres de Sarajevo. La presse s’empressa de grossir les destructions faites par les Serbes, allant jusqu’à affirmer que certaines villes, qui sont encore debout à l’heure actuelle, avaient été rasées. Les camps n’étaient pas des camps de concentration mais des camps de prisonniers, mais la presse influença l’opinion publique en allant jusqu’à publier une fausse image d’ un homme émacié derrière des barbelés, image qui n’était absolument pas celle d’un camp Serbe. L’idée que les Serbes avaient un ”plan systématique “ de viol n’avait aucun fondement réel, de même que celle affirmant qu’ils utilisaient des armes chimiques. Enfin, les observateurs militaires de l’ONU, ont montré que les prétendus massacres de Sarajevo, qui ont tant ému la communauté internationale, étaient probablement l’œuvre des musulmans attaquant leur propre population pour faire accroire ensuite l’idée d’une provocation serbe.

Durant toute l’opération, un vocabulaire particulier à été soigneusement employé. Les mots de camp, charnier, purification ethnique ont servi de supports. En parlant des Serbes, on disait qu’ils avaient occupé des villes ou des régions, et assassiné leurs adversaires, tandis que les Croates libéraient les villes, et tuaient les Serbes. Une expression fut employée avec succès, celle de république autoproclamée pour parler de la république Serbe, dans le but de contester sa légitimité, alors qu’il est clair qu’une république indépendante est toujours et par définition autoproclamée.

Ainsi, l’opération ”Bosnie “ fut menée de main de maître. Quelques observateurs vigilants prirent bien conscience qu’une opération de désinformation était en cours et publièrent des articles d’avertissement, mais leurs voix comptaient bien peu au regard de la grande symphonie désinformante en cours. Ironie du sort, toute information qui allait dans le sens de la défense des Serbes était aussitôt appelée ”désinformation Serbe “.

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5-La cible: l’opinion publique

La cible de la désinformation est, par définition, l’opinion publique. La désinformation joue de la paresse intellectuelle de l’Homme, et utilise le fait que la cible se laisse désinformer. Elle ne peut aboutir sans l’acquiescement de ceux qu’on vise. Nous l’avons vu dans la section 2, les Grecs ont bâti le cheval de Troie, mais la ruse aurait été vaine si les Troyens ne l’avaient eux-mêmes introduit dans la ville. Pour obtenir facilement cet acquiescement, la désinformation s’adresse aux passions de l’Homme, et particulièrement à la haine ou à la peur. Une opération de désinformation consiste souvent à donner d’abord à la cible des préjugés qui seront favorables à la future campagne de désinformation, puis à lancer cette campagne. Par exemple, on créera ou on accroîtra l’hostilité que telle population peut éprouver pour l’ennemi qu’on veut lui donner. Une opération de désinformation crée presque toujours deux camps, les bons et les mauvais. Elle vise à dire le plus de mal possible de l’ennemi, à le noircir de sorte qu’il apparaît comme totalement mauvais: c’est le procédé de diabolisation. C’est un procédé extrêmement vicieux, car nous le savons bien, aucun groupe d’humains, aucun individu n’est totalement bon ou mauvais, la réalité est toujours plus subtile que cette vision manichéenne. Mais il est tellement plus confortable d’avoir un ennemi clairement défini, qui joue le rôle de bouc émissaire, et que l’on peut haïr et mépriser sans retenue. Retenons que l’information ne va jamais sans une déformation, hélas toujours dans le sens d’une simplification moralisatrice.

L’opération de désinformation est réussie lorsqu’elle crée dans le public une quasi-unanimité de caractère psychotique. Le public est alors dans un état irrationnel qui le pousse à ne plus voir que ce qui va dans le sens de la désinformation, à en rajouter en se désinformant lui-même. Lorsque cette psychose est atteinte, le désinformateur n’a plus besoin d’agir car le désinformé devient lui-aussi désinformateur et amplifie l’opération. L’Homme possède en lui un instinct grégaire qui le conduit à penser avec la masse, à créer une sorte de pensée unique rassurante parce qu’elle est partagée par tous. Ce type de terrain favorise la désinformation puisqu’il a tendance à éliminer ceux qui pensent autrement. Le ”Dites-leur ce qu’ils veulent entendre. “ de Lénine résume en peu de mots l’essence même de la désinformation.

Vigilance vis à vis de l’image

A titre d’exercice, et afin de montrer au lecteur que la désinformation est un procédé parfaitement actuel, voici deux images du président Vladimir Poutine tirées d’un calendrier paru en Russie en janvier 2017. Que vous soyez partisan fervent ou adversaire acharné de ce personnage ne vous empêche pas de vous interroger sur l’utilisation de ce genre d’information. Quelle représentation de Vladimir Poutine ces photos visent-elles à créer? A quel sentiments font elles appel? Sont-elles réelles ou est ce un montage?…etc

http://www.20minutes.fr/insolite/diaporama-7854-photo-870...

Ces photographies constituent un magnifique support de désinformation. Ce qui est intéressant pour notre étude, c’est de constater qu’elles peuvent être utilisées à loisir pour glorifier ou pour ridiculiser le président Poutine. En Russie, ce calendrier est diffusé avec la claire intention de donner une bonne image du Président. Il fait en quelque sorte la publicité du président, par un moyen direct et non détourné, c’est donc de la propagande. En Europe occidentale au contraire, les médias sont très méprisants. Pour eux, la diffusion de ce calendrier relève d’une pratique dictatoriale (puisque c’est de la propagande) et ils s’en servent donc pour donner de Poutine l’image d’un dictateur essayant de redorer son blason. Les médias occidentaux n’accusent pas directement le président Poutine d’être un tyran, ils s’en prennent à lui par un moyen détourné, c’est de la désinformation.

Que faire?

Il faut d’abord prendre conscience d’une chose: il n’existe pas d’information vraie, objective, décrivant parfaitement la réalité. C’est pourquoi il est inutile de tomber dans la paranoïa en voyant des opérations de désinformation dès qu’une information est biaisée ou mensongère. La prudence et la réserve bien légitime que l’on doit avoir vis-à-vis de l’information ne doit pas nous conduire à une théorie du complot, ce serait de la désinformation au second degré. De même, les médias ne sont pas nécessairement désinformants, ils jouent leur rôle de relais de l’information et ne portent pas à eux seuls la responsabilité des opérations de désinformation. Ne l’oublions pas, c’est l’acquiescement et la paresse intellectuelle de la cible qui fait aboutir l’opération de désinformation.

Cependant une opération de désinformation se repère assez facilement lorsqu’on est sur ses gardes: il y a anguille sous roche quand des journaux, même de bords opposés, se trouvent d’accord jusqu’aux détails près, quand plus personne n’ose soutenir publiquement une thèse contraire à la thèse dominante. On observe alors que les médias peuvent diffuser des informations grossièrement fausses ou absurdes avec le plus grand sérieux, sans même se rendre compte du ridicule de la situation. Et lorsqu’une désinformation flagrante est en cours, il faut la combattre farouchement et intelligemment. Vladimir Volkoff donne pour ce faire quelques conseils pratiques:

  •  N’avoir une opinion que sur les sujets sur lesquels nous pouvons avoir accès à des sources distinctes d’information (en France, presque toutes les informations proviennent de la même agence de presse, l’AFP).
    Lire des journaux extrémistes opposés, ou lire la presse étrangère, sont de bonnes techniques pour obtenir des informations bien distinctes.
  • S’informer via des médias annonçant ouvertement leur appartenance politique et leur ligne éditoriale, afin de n’être pas dupe de l’objectivité d’apparence.
  • Essayer de se faire une opinion plutôt que de les acheter toutes faites.
  • Refuser par-dessus tout de censurer ses propres idées. Le refuser systématiquement, farouchement, intelligemment.

En fin de compte, la désinformation doit questionner notre honnêteté intellectuelle. Il est tentant dans un conflit d’idées de vouloir faire triompher les siennes, en utilisant tous les moyens possibles, y compris le mensonge. Et d’un autre côté, refuser de considérer avec attention les arguments adverses de peur d’être mis en tort, car il est tout aussi difficile de reconnaitre et d’accepter ses erreurs lorsque la vérité apparaît clairement. La désinformation impose à chacun d’entre nous de faire ce choix crucial: ”Est-il plus important de faire triompher mes idées ou de chercher la vérité? “

L'auteur,Eric Woillez, est  Docteur en physique à l’ENS de Lyon

Notes:

[1] Vladimir Volkoff. Petite histoire de la désinformation. Edi- tions du ROCHER, 1998.

[2] Jacques Vindex et Véraldi Gabriel. Les Onagres. L’Âge d’homme, 1988.

[3] Vladimir Volkoff Le Montage. L’Âge d’homme,1982.

[4] Jacques Merlino. Les vérités yougoslaves ne sont pas toutes bonnes à dire. Albin Michel, 1993.

[5] Sun Tzu. L’Art de la guerre. Flammarion, 1972.

[6] Françoise Thom. La Langue de bois. Julliard, 1987.

[7] Jacques Legris. « Le Monde » tel qu’il est. Plon, 1976.

lundi, 13 novembre 2017

V. V. Putin & Eastern Wisdom

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V. V. Putin & Eastern Wisdom

By MEHMET SABEHEDDIN

Ex: http://www.newdawnmagazine.com

Back in October 2000, the newly elected President of the Russian Federation, Vladimir V. Putin, granted a revealing interview to the editors of India Today and The Russian Journal. President Putin paid special tribute to Nicholas Roerich, the Russian artist, explorer and mystic, stating:

“Roerich’s life was an amazing life, a marvel of creativity and astonishing example of spiritual closeness that, perhaps doesn’t lie on the surface, but is nevertheless the spiritual closeness that binds all peoples.”

In December 2002, President Putin’s wife Lyudmila opened an exhibition of Nicholas Roerich’s work at the National Museum of India in Delhi.

Nicholas Roerich (1874-1947) is remembered today as a celebrated Russian painter and occultist, whose intrepid journeys through Central Asia captured the attention of the Western public in the 1920s and 1930s. But Nicholas Roerich was also a master of ‘spiritual geopolitics’ who sought to establish a pan-Buddhist, transnational ‘New Country’ stretching from Tibet to southern Siberia, including territory that was governed by China, Mongolia, Tibet, and the Soviet Union. This ‘New Country’ was conceived by Roerich as the manifest, earthly expression of the invisible Kingdom of Shambhala, “the Holy Place, where the earthly world links with the highest states of consciousness.”1 This Shambhala Project was to establish the Sacred Union of the East.

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The American scholar John McCannon, who is writing a biography of Roerich, points out that in today’s Russia Roerich’s ideas are discussed at the highest echelons:

Roerich’s name has appeared with surprising frequency in civic and academic discussion of international relations and new directions in foreign policy. Mainly, he has been cited by political scientists and strategic thinkers in Russia looking for models of ‘multipolarity’ and ‘global pluralism’ to counter U.S. hegemony and seemingly triumphalist or confrontational political theories from the West…2

Since the earliest days of his first presidency, Vladimir Putin has worked tirelessly to lay the foundations of a Eurasian alliance. Just weeks after paying tribute to Nicholas Roerich, Putin told an international forum that “Russia has always perceived of itself as a Eurasian country.” Then in 2001, Russia and China, along with the states of Central Asia, founded the Eurasian political, economic and military organisation known today as the Shanghai Cooperation Organisation. Mongolia, Pakistan, Iran and India, have all expressed interest in joining the group.

In the lead up to his election for a third term as Russian president, Putin set out his grand Eurasian vision in a series of widely published articles.

Nicholas Roerich was introduced to the Buddhist legend of Shambhala while working on the first Buddhist temple ever constructed in Europe, in St. Petersburg the imperial capital of the vast Russian Empire. The Russian Tsar Nicholas II, although a devout Orthodox Christian and head of the Russian Church, had a deep interest in mysticism and Eastern wisdom. On several occasions the Tsar received the Buddhist monk Dorzhiev, assuring him that, “Buddhists in Russia may feel as if under the wing of a mighty eagle.” Construction of the St Petersburg Buddhist temple commenced in 1913 to coincide with the 300th anniversary of the Romanov dynasty. That same year Lama Dorzhiev, a friend of Nicholas Roerich and George Gurdjieff, wrote that Russia was about to fulfil the old Buddhist messianic myth of Shambhala by founding a great Buddhist empire in the East.

One hundred years later in 2013, President Putin, himself a native of St. Petersburg, promised “100-percent support” for Russia’s Buddhists. Speaking during a visit to Russia’s Buryatia republic, Putin said he was proud that Russia is the only country in Europe where Buddhism is officially recognised as a traditional religion. The Russian President emphasised that “Buddhism plays a significant role in Russia… It has always been that way. It is well known that the Buddhists helped during both world wars.” Putin described Buddhism as a “kind, humanist learning based on love for others and love for one’s country,” and said he, the federal government and regional authorities were “always at [the Buddhists’] disposal and ready to support them.”3

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Like Tsar Nicholas II, President Vladimir Putin is known to be a devout Russian Orthodox believer with a strong interest in Eastern wisdom. A master of both sambo and judo, Putin has often spoken of how the martial arts – imbued with Asian philosophy – are intended to train the body and the mind. Though an Orthodox Christian, he is conscious of the spiritual authenticity of other traditional religions. And like Nicholas Roerich, who was born Orthodox Christian but later became steeped in Buddhism, Vladimir Putin may well sympathise with the view that the highest forms of all the world’s religions point to the same ultimate reality.

For more about Russian President Putin, check out New Dawn Special Issue Vol 8 No 5. 

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Footnotes

1. See ‘From Synarchy to Shambhala, The Role of Political Occultism and Social Messianism in the Activities of Nicholas Roerich’ by Markus Osterrieder, www.scribd.com/doc/119329670/From-Synarchy-to-Shambhala

2. ‘By the shores of white waters: the Altai and its place in the spiritual geopolitics of Nicholas Roerich’ by John McCannon, www.roerichmongolia.org/files/sibirica%20full%20text%20ar...

3. ‘Putin Promises 100% Support for Buddhists’, RIA Novosti, 11 April 2013, http://en.ria.ru/russia/20130411/180578136.html

MEHMET SABEHEDDIN is a researcher, writer and global traveller. He is a longtime contributor to New Dawn magazine. He can be contacted c/- of New Dawn Magazine, GPO Box 3126, Melbourne VIC 3001, Australia.

The above article appeared in New Dawn Special Issue Vol 7 No 6.

Tout dans la Tradition, rien contre la Tradition, rien en dehors de la Tradition

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Tout dans la Tradition, rien contre la Tradition, rien en dehors de la Tradition

par Thierry DUROLLE

« Fascisme » et « fasciste » sont aujourd’hui des termes de novlangue relevant de l’insulte. Ils servent, à l’instar du mot « nazi », à disqualifier toute personne qui tient un discours non conforme. Pour autant, le sens initial de ces mots résonne encore dans la tête d’un bon nombre de personnes, du militant politique jusqu’à l’historien.

Faf-Cologne-196x300.jpgEn effet, les fascismes – non pas uniquement le fascisme italien – en tant que phénomènes politiques, doivent d’être étudiés et leurs résultats longuement médités. En 1977, Georges Gondinet et Daniel Cologne se prononcent sur cette épineuse question avec leur fascicule Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire (1). L’objectif de ce roboratif essai au titre provocateur consiste tout d’abord à mettre dos à dos les deux « mythologisations » du fascisme : la première positive, émanant des milieux dit d’extrême droite; la seconde provenant des ennemis du fascisme, soit le libéralisme et le marxisme. Les auteurs se posent en « héritiers partiels et lucides ». Leur critique du phénomène fasciste s’inscrit donc dans une troisième voie où dominent l’influence de la Tradition Primordiale et le recul historique.

Les critiques du condominium libéralo-marxiste (les auteurs parlent de « critique externe ») n’ont guère évoluées en quarante ans et ne méritent pas que l’on s’y attarde. La « critique interne », c’est-à-dire celle de la Droite radicale, est quant à elle « surtout l’œuvre de nostalgiques, des gens qui ont vécu et apprécié cette époque, de sentimentaux attachés à l’image qu’ils se font de leur passé (p. 11) ». Maurice Bardèche et sa conception rêvée du fascisme n’est pas de leur goût, car selon eux elle ne « débouche pas sur une critique interne, sur une proposition politique nouvelle, sur un fascisme purifié (p. 12) ». Ceci n’enlève rien à l’une des facettes du phénomène fasciste, soit sa proportion à renouer vers un nouvel âge d’or, dans une tentative de restauration de nature héroïque, en plein âge du loup. « Le fascisme nous apparaît comme l’effort révolutionnaire pour retrouver, en plein cœur de la modernité décadente, un monde où la puissance sociale et la supériorité naturelle soit fondées sur des critères spirituels plutôt que matériels (p. 13). » Rebondissant sur deux critiques professées par les libéraux, celles de l’impérialisme et du racisme, Daniel Cologne et Georges Gondinet, en bons défenseurs de l’idée traditionnelle, affirment que « le monde traditionnel connut l’idée impériale et la race, nullement l’impérialisme et le racisme (p. 13) ».

Néanmoins le phénomène fascisme atteint sa limite malgré la tentative de restauration de type héroïque qu’il prétend incarner. En effet, son vitalisme est avant tout perçu comme une dégradation d’un élément autrefois supérieur : « son défaut fut de considérer l’héroïsme comme l’expression de la “ volonté de puissance ”, l’affirmation brutale de la vie, l’exaltation dionysiaque de l’être subintellectuel, le culte de l’action pour l’action, la libération des forces instinctives délivrées de tout interdit moral ou religieux et de toute préconception de l’esprit (p. 16) ». En clair, et les auteurs reprennent d’ailleurs volontiers le terme de Spengler, l’homme façonné par le fascisme est l’incarnation typique de l’« homme faustien ». L’influence de la philosophie typiquement naturaliste de Nietzsche n’échappe donc pas à la critique. « En prônant le naturalisme nietzschéen, le fascisme a voulu renouer avec la grande tradition de l’Europe. En cela, il se trompait. En effet, pour saisir l’essence de la tradition européenne, il faut avoir recours à la conception de la “ spiritualité primordiale ” (Evola) (p. 17). » Ainsi pour renouer avec un idéal à la fois européenne et traditionnelle, la nécessité de se tourner vers un type ascético-militaire comme ce fut le cas avec l’Ordre du Temple par exemple. À l’époque contemporaine et à l’instar de Julius Evola, Georges Gondinet et Daniel Cologne se tournent vers la Garde de Fer du Roumain Codreanu et la Phalange de l’Espagnol Primo de Rivera plutôt que vers le régime du Duce.

sintesi.jpgLa question du matérialisme biologique, c’est-à-dire de la race, figure parmi les sujets évoqués dans cet essai. En bon évoliens, les auteurs condamnent le racisme biologique national-socialiste et adoptent sans réelle surprise les positions de Julius Evola exprimées dans Synthèse de doctrine de la race (2). « La pureté de la race ainsi comprise résulte de l’équilibre entre les trois niveaux existentiels : l’esprit, l’âme, et le corps. Il n’y a pas de pureté raciale sans une totalité de l’être, un parfait accord entre ses traits somatiques, ses dispositions psychiques et ses tendances spirituelles (p. 24). » Les auteurs en arrivent à la conclusion que la race de l’esprit, qu’ils nomment « générisme » est « la condition sine qua non du dépassement du fascisme, du retour à un traditionalisme véritable, de l’effort vers une révolution authentique (p. 25) ».

Après avoir mentionné la distinction entre totalitarisme et « totalitisme », terme que l’on pourrait remplacer par les concepts de holisme ou d’« organicité », Daniel Cologne et Georges Gondinet s’attardent sur l’aspect socialiste du phénomène fasciste. Bien que « le socialisme est une des concessions du fascisme à la modernité (p. 38) », son principal intérêt réside dans la sublimation du prolétariat et de la bourgeoisie car « il débourgeoise le nationalisme en l’unissant au socialisme et déprolétarise le socialisme en lui adjoignant le nationalisme (p. 31) ». Ce dernier découle d’une vision du monde, il n’est pas une technique ou un moyen pour arriver à une fin; les auteurs citent Moeller van den Bruck pour appuyer leurs propos. « Le socialisme, c’est pour nous : l’enracinement, la hiérarchie, l’organisation (p. 32). » Enfin, d’un point de vue social, les auteurs, sans jamais utiliser le terme, insinuent l’idée de caste. « Dans le monde apollinien, la solidarité primordiale est ressentie au niveau de catégories éthiques supranationales, entre des classes d’hommes dont les critères transcendaient le plan naturaliste ou racial. […] Le paysan français attaché à sa terre est plus lié au paysan allemand ou italien partageant sa mystique du sol qu’à l’ouvrier embourgeoisé et déraciné de la banlieue parisienne (p. 34). »

En guise de conclusion à cet essai, Georges Gondinet et Daniel Cologne font un rappel salutaire quant à l’idée, mais surtout au fait, que « le fascisme n’a de sens que dans le contexte de la culture albo-européenne (p. 37) ». Ils rappellent aussi que le fascisme ne se résume pas simplement à une troisième voie politique; cela consisterait à réduire la portée du phénomène fasciste, chose qui « conduit à de graves erreurs (p. 37) ». Ces propos visent clairement certains au sein de la mouvance nationale-révolutionnaire, adeptes du « tiers-mondisme de droite », et qui encensaient à l’époque les divers mouvements de « libération nationale » franchement hostiles au monde blanc. À ce sujet, Philippe Baillet, ancien collaborateur de la revue Totalité où écrivaient aussi Gondinet et Cologne, a fait le tour de la question dans son livre L’Autre Tiers-mondisme. Des origines à l’islamisme radical (3). Enfin, les auteurs énumèrent les concepts-clé de la pensée traditionaliste-révolutionnaire : la volonté de valeur, l’idée impériale, le « générisme », l’État organique, le « totalisme ». « Tels sont les grands axes de la pensée traditionaliste-révolutionnaire permettant d’en finir avec le fascisme, ses erreurs passées et sa déformation présente (p. 40). »

Bien que cet essai fut écrit en 1977, certains propos n’ont pas vieilli, là où d’autres ne sont peut-être plus ou alors moins d’actualité. Nous pensons bien sûr aux attaques à peine dissimulées à l’encontre de la Nouvelle Droite qui à l’époque, et comparé à aujourd’hui, méritait bien son épithète de Droite. Daniel Cologne a toujours été critique envers le nietzschéisme. Nous ne pouvons pas le lui en vouloir. Remettons toutefois les choses à leur place. Comparé à l’involution de la philosophie et de l’éthique du monde moderne, comparé à la subversion galopante des sociétés humaines, notamment celle en cours au sein de la société occidentale, le recours à la philosophie éthique et vitaliste de Nietzsche est définitivement un pas en avant de nature anagogique, comparable au « cycle héroïque » d’Hésiode. Toutefois, il ne doit pas être une finalité, mais une étape vers l’idéal défendu par Georges Gondinet et Daniel Cologne dans ce cas de figure, et par celui de Julius Evola avant eux. La nature de la philosophie nietzschéenne est naturaliste, dionysiaque, c’est-à-dire qu’elle prend source dans l’immanence, alors que la Tradition ou plus exactement l’Âge d’Or, d’essence apollinienne, prend sa source dans la transcendance ou la « transcendance immanente » chère à Evola. Nieztsche a cependant le mérite de focaliser sa philosophie sur l’européanité (5) là où certains éveilleurs de la Tradition, Frithjof Schuon en tête, négligent totalement les voies « européennes » de la philosphia perennis

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Cet opuscule que l’on peut aisément comparer au Fascisme vu de Droite (4) synthétise en partie ce dernier. Cependant, sa nature est différente car la prise de distance toute évolienne du premier cède la place, dans le deuxième, à un volontarisme politique assumé. Court dans le format, direct dans le propos, sa place est naturellement entre les mains de militants. Il est également appréciable que les auteurs ne tombent jamais dans le battage de coulpe, chose qui aurait été surprenante.

« Messagère d’une nouvelle aurore (p. 14) », la Tradition et son incarnation politique, le traditionalisme-révolutionnaire, constitue l’étape d’après dans le perfectionnement d’un mouvement politique d’envergure européen. Le traditionalisme-révolutionnaire est d’autant plus d’actualité dans notre Europe de l’Ouest enlisée dans le laïcisme et le matérialisme. La critique de Daniel Cologne et Georges Gondinet ne plaira sans doute pas aux fascistes orthodoxes, tandis que les militants néo-fascistes, sur lesquels l’influence de Julius Evola est souvent prépondérante, devraient y être plus réceptifs. Certains traditionalistes, ceux qui se tiennent strictement à l’écart de tout engagement politique, ne doivent pas non plus bouder ce fascicule. Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire mériterait d’être réédité, tout comme Éléments pour un nouveau nationalisme (6), opuscule doctrinal paru dans un format identique dont l’auteur est Daniel Cologne. Nous espérons que des éditeurs à contre-courant entendrons notre appel…

Thierry Durolle

Notes

1 : Georges Gondinet et Daniel Cologne, Pour en finir avec le fascisme. Essai de critique traditionaliste-révolutionnaire, Cercle Culture et Liberté, 1977.

2 : Julius Evola, Synthèse de doctrine de la race, Éditions de L’Homme Libre, 2002.

3 : Philippe Baillet, L’autre tiers-mondisme. Des origines à l’islamisme radical, Akribeia, 2016.

4 : Julius Evola, Le Fascisme vu de Droite, Pardès, 1981.

5 : Friedrich Nietzsche, « Regardons-nous en face. Nous sommes des Hyperboréens », dans L’Antéchrist, 1894.

6 : Daniel Cologne, Éléments pour un nouveau nationalisme, Cercle Culture et Liberté, 1977.

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Le Baron Ungern, dernier général blanc et dieu de la guerre

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Le Baron Ungern, dernier général blanc et dieu de la guerre

Souvent dépeint comme un baron sanguinaire, un être cruel, fou et violent, le baron Ungern est une figure qui inspira bien plus souvent les romanciers que les historiens. Il fut, pourtant, l’un des derniers russes blancs à triompher des bolcheviques, un contempteur clairvoyant des catastrophes modernes, un Khan consacré par l’autorité spirituelle et l’incarnation vivante du Dieu de la guerre pour les mongols.

FOss.jpgLe baron Ungern-Sternberg a été rendu célèbre par la description qu’en fit Ossendowski dans son fameux « Bêtes, hommes et Dieux », récit de ses voyages à travers la Mongolie. La figure du baron n’est d’ailleurs pas étrangère au succès du livre tant il semble concentrer en sa personne toutes les qualités qui font le charme si mystérieux de l’ouvrage, à commencer par le titre. « Bête, homme et Dieu » : il est tout à la fois. Au demeurant, il plane autour de lui comme un halo de légende qui, comme pour le récit d’Ossendowski, rend difficile de faire la part entre l’histoire et le mythe. Mais, si l’histoire d’Ossendowski, à l’image de celle d’Ungern, est pleine d’épisodes fabuleux très probablement inventés, il faut rappeler qu’elle fut accrédité pour l’essentiel par René Guénon, y compris des éléments parmi les plus merveilleux, lorsqu’il fit paraître, en réponse aux détracteurs d’Ossendowski, Le Roi du Monde, qui replace certains éléments du récit sur un plan initiatique.

Il en va de même pour le baron dont la vie faite de merveilleuse brutalité et de prodiges répétés ne peut être comprise que si replacé dans une perspective initiatique. Elle s’inscrit d’ailleurs dans une période historique elle-même particulièrement symbolique qui donne tout son sens à l’action du baron, aussi bien du point de vue temporel que spirituel. La lutte acharnée qu’il mena en tant que général blanc contre les bolcheviques, parti de la masse et du matérialisme, peut alors se transposer en un plan supérieur comme le combat éternel des forces célestes supérieures contre les forces infernales.

Robert Nicolas Maximilien von Ungern Sternberg, plus connu sous ses prénoms slaves Roman Fiodorovitch, naquit en 1885 à Graz, en Autriche, dans une famille aristocratique issue de la vieille noblesse allemande baltique. Les Ungern sont très liés à l’ancien ordre des chevaliers teutoniques si bien que, selon le baron lui-même, l’ordre a toujours compté sa parentèle parmi ses membres. Si les ancêtres du baron sont établis en terre baltique depuis des siècles, ils n’en constituent pas moins de purs germain, comme le prouve assez leur lien à l’ordre teutonique. Élevé par son riche beau-père, allemand aussi, dans une Estonie encore russe, Ungern semble très marqué par la figure de son père, un intellectuel converti au bouddhisme. L’enfant manifeste très tôt des dispositions particulières. Comme il le dira plus tard, « toute ma vie je l’ai consacrée à la guerre ou à l’étude du bouddhisme ». Ainsi, entré au corps des marines de Saint-Pétersbourg à dix ans, il en fut exclu à dix-neuf ans pour avoir voulu intégrer l’armée russe et combattre avant même d’avoir terminé sa formation. Il ira jusqu’à s’engager comme simple soldat en Mandchourie mais arrivera trop tard pour guerroyer. Après avoir été admis à l’école militaire Paul Ier de Saint-Pétersbourg et demandant à être affecté au plus près de la ligne de front, il devient finalement officier dans les troupes cosaques de Transbaïkalie où il aura l’occasion de côtoyer des Bouriates et autres peuples mongols de Sibérie.

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Un chevalier teuton chez les Mongols

Il forme le projet dès cette époque de fonder un ordre armé bouddhiste, réunissant des hommes brutaux et féroces pour protéger le Tsar et combattre la révolution qui gronde. « L’idée de la monarchie, voilà ce qui m’a poussé à combattre » confiera-t-il plus tard.  Ce contact avec des Mongols a certainement eu une influence décisive sur le baron qui semble s’être totalement identifié à eux. C’est ainsi, par exemple, que pour se rendre à sa nouvelle affectation, délaissant le train, il préférera chevaucher à travers la toundra, la taïga et l’ancienne Bouriatie, seul avec son faucon et son chien, sans provisions sur plus de mille kilomètres et pendant près d’un an. Cette affinité entre le baron et les peuples altaïques n’a rien de surprenant. Ceux-ci, et les mongols en particulier, ont souvent été considérés comme les destructeurs des sociétés corrompues par l’opulence et un châtiment divin. Or, dans la dichotomie théologique entre beauté et majesté divines, la première déploie ses formes dans la multiplicité des théophanies tandis que la seconde réduit tout à l’unité transcendante.

La majesté divine, qui se traduit par la rigueur et la justice, engendre la beauté et la miséricorde, de même que l’unité engendre la multiplicité. Toutefois, après l’épuisement des possibilités supérieures, c’est le passage inverse qui doit s’opérer. La destruction des masses et des formes dégénérés par le biais de la rigueur et de la justice traduit le retour à l’unité, qui à nouveau, engendrera la beauté. Il est donc tout naturel que parmi les envoyés divins, certains aient pour fonction la rigueur et la justice, préparant la voie au renouveau, de même que saint Jean-Baptiste préparant la venue du Christ. On peut ainsi comprendre le rôle de Gengis Khan, qui affirmait lui-même : « Je suis le châtiment de Dieu ».

Les mongols, peuple guerrier nomade habitant des contrées désertiques et étendues au centre de l’Asie, remplissent parfaitement cette fonction d’épuration. Or l’ordre teutonique auquel ont appartenu les ancêtres du baron semble avoir eu une mission équivalente pour son époque, ce qui explique ses affinités profondes avec les peuples des steppes. Nombreux sont ceux qui soulignent d’ailleurs son aspect terrible et divin. « C’est un être qu’on dirait suspendu entre l’enfer et le ciel », dit de lui son beau-frère. Un autre note : « Quelque chose du Moyen Âge émanait du baron. Un atavisme légué par ses lointains ancêtres, les Chevaliers Porte-Glaive, s’exprimait en lui : comme eux, il avait le goût du combat et peut-être partageait-il avec eux une foi similaire dans le surnaturel. »

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La légende noire du dernier russe blanc

Lassé par la routine d’une nouvelle affectation en Chine, l’officier Ungern demande à être affecté à Ourga, la capitale mongole, mais sera finalement transféré à Kobdo, près des monts de l’Altaï, où des Russes aident les Mongols contre l’occupant chinois. Là, il reste solitaire, lit Dostoïevski et Dante, ne boit ni ne fréquente les bordels et ne se mêle qu’à son groupe de cosaques, délaissant les Russes. Le noble baron, et ce sera une constante chez lui, vit avec ses hommes, mange comme eux, dort avec eux. Il préfère la simplicité rurale au stupre des villes, y compris européennes, qu’il a détestées. Il affirme d’ailleurs que « la bourgeoisie n’est capable que de parasiter l’État et c’est elle qui a conduit le pays à ce qui lui arrive aujourd’hui. Le tsar doit s’appuyer sur l’aristocratie et la paysannerie ». Cette noblesse d’épée qu’il défend, il en donnera l’exemple lors de la grande guerre où sa témérité et sa conduite héroïque lui valent la croix de Saint-George. Il y combat à la tête de cosaques dans le même régiment que l’ataman Grigory Semenov et sous le commandement du colonel Wrangel, futur chef des armées contre-révolutionnaire. Ce dernier écrira à propos d’Ungern : « Des contrastes singuliers se rencontraient en lui : un esprit original, perspicace et, en même temps, un manque étonnant de culture, un horizon borné à l’extrême, une timidité sauvage, une furie sans frein, une prodigalité sans bornes et un manque de besoins exceptionnel. »

Lorsque la révolution russe éclate, l’officier teuton part rejoindre l’ataman Semenov en Mandchourie. Celui-ci avait été chargé par Kerenski de former un régiment de Mongols et de Bouriates en Transbaïkalie, régiment qu’il met finalement au service de la contre-révolution en 1917. Faisant d’Ungern son chef d’état-major, il lui confie le commandement de cavaliers mongols. L’ataman partage de nombreuses affinités avec le germain. Il est à moitié Bouriate, aime profondément les peuples d’Asie centrale et fait lui aussi preuve d’un courage hors du commun sur le champ de bataille. Surtout, ils partagent tous les deux le projet d’un vaste État d’Asie centrale réunissant Bouriates russes et peuples de Mongolie.

Un congrès panmongol se tient même en 1919 où Semenov est décoré, mais le projet n’aboutira pas. De fait, une différence de taille sépare Semenov du baron ;  si le second est guidé par son idéal, le premier est un ambitieux calculateur. Alors que le baron impose la plus sévère austérité à ses hommes, l’ataman vit dans le faste et le luxe, n’hésitant pas à spolier les populations. Aussi ne reconnait-il pas l’autorité de l’amiral Koltchak et déclare-t-il l’autonomie de la Transbaïkalie en 1918, sapant l’union des blancs. Toujours est-il que jusqu’à 1920, les deux militaires rencontreront de nombreux succès contre les bolcheviks. Là, la cruauté de l’ataman bouriate s’associe à la brutalité du baron balte, créant sa légende noire. Mais après l’arrestation de Koltchak et la démission de Denikine, Ungern et Semenov se trouvent isolés. Semenov finira pas s’enfuir, faisant du baron le dernier général blanc.

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La consécration du Dieu de la guerre

Ungern reste à la tête de sa division asiatique sauvage qui s’adjoint Bachkirs, Tatars, Kirghizes, Kazaks, et autres, totalisant plus d’un milliers d’homme. Le balte, s’il aime profondément ses hommes, qui l’appellent « grand-père », n’en est pas moins intraitable sur la discipline, les obligeant parfois à passer des jours entiers sur des toits glissants pour les punir. Mais il est d’une brutalité sans bornes envers quiconque leur porte préjudice. C’est ainsi qu’il fit brûler vif un de ses officiers qui empoisonna des blessés ou qu’il brisa la jambe du médecin bénévole qui refusa de soigner un de ses hommes. Seul lui importait son objectif : « Éveiller l’Asie toute entière et, avec son aide, ramener le royaume de Dieu sur Terre ». Pour ce faire, il veut, comme Semenov, unir dans un grand État asiatique les peuples mongols, tibétains, chinois « pour élever une barrière contre la révolution » et restaurer la monarchie, car elle « sauvera l’humanité corrompue par l’Occident ». Ce n’est pas tant en un sens politique que purement traditionnel qu’il entend mener cette restauration puisque selon lui « l’incarnation suprême de la monarchie, c’est l’union de la divinité et du pouvoir séculier, comme l’empereur de Chine, comme le Bogdo Khan en Khalka et les tsars russes des temps anciens ».

C’est donc très logiquement qu’il emmène sa division en Mongolie afin de la libérer de l’occupation chinoise, à commencer par la capitale, et de libérer le Bogdo Khan qui y est captif. Sous-équipé, en sous-nombre, sans provisions et en plein hiver, le baron va réussir l’impossible. Après une première bataille violente devant Ourga où la division asiatique faillit l’emporter, Ungern et ses hommes sont forcés de se replier. Il harcèle alors l’ennemi depuis sa base et va jusqu’à s’aventurer seul dans la ville occupée au vu et au su de tous, sans être repéré. Puis, à la tête d’un commando déguisé en lama, il parvint à libérer le Bodgo Khan de sa détention. Les nombreuses qui font du baron l’allié de forces surnaturelles, un être vengeur protégé par de puissants lamas qu’aucune balle ne peut atteindre font le reste. De fait, bien que menant les attaques au front, il ne sera jamais touché, et nombreux sont les témoignages de ses dons, dont la clairvoyance. Quelques heures après, sans coup férir, la soldatesque chinoise, terrifiée, abandonne la ville au libérateur.

Cette réussite providentielle doit sans doute beaucoup au soutien spirituel du Bogdo Khan dont la puissance des bénédictions n’est pas à négliger. Le Bodgo lui dit d’ailleurs : « Vous ne mourrez pas, vous serez incarné dans la forme d’être la plus élevée. Rappelez-vous cela, dieu incarné de la guerre, Khan de Mongolie ! » Il est dès lors identifié à un dieu de la guerre, la Mahakala, « grande déité noire ». L’identification d’un être à une déité doit être entendue comme l’incarnation par un initié d’une qualité divine à un degré éminent. Il est, à cet égard, curieux de signaler que les tsars eux-mêmes représentent, selon les tibétains, l’incarnation de la Tara Blanche, une divinité protectrice.

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Dans la mythologie tibétaine, la déesse Mahakala a été envoyée pour éliminer les forces démoniaques qui ont pris le contrôle de la terre. Elle entre dans une frénésie de violence, perçant les démons de son trident, décapitant le roi des forces du mal et tuant de nombreux démons, avant de les ressusciter pour en faire des protecteurs du dharma. Cela correspond bien au baron, qui s’attachait souvent les services d’anciens ennemis, bolcheviques reconvertis, chinois occupants ou japonais. Ici, l’histoire rejoint la symbolique et transcende les contingences temporelles. De l’aveu du baron lui-même, « je ne suis pas seulement un homme, je suis le chef de forces importantes ». Mais le baron ne s’arrête pas à la Mongolie et veut offrir ses services au Dalaï-Lama, l’autorité suprême. Toutefois, ses officiers, pour des raisons obscures, le trahissent et le remettent aux bolcheviques. Il aurait dit, quelques temps avant : « Mon temps est venu … Mais le monde n’a jamais vu une terreur et une mer de sang comme il en verra maintenant. »

Les sept Corées

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Les sept Corées

par Georges FELTIN-TRACOL

Ex: http://www.europemaxima.com

L’actualité fait oublier les tensions permanentes entre les États-Unis d’Amérique et la Corée du Nord. Persiste toujours le risque élevé d’une agression yankee contre un État souverain. Le regard porté de France donne souvent un avis unilatéral sur ce sujet sans pour autant comprendre les origines complexes de ce lourd contentieux.

Avec La Corée du Nord en 100 questions (Tallandier, 2016, 381 p., 15,90 €), Juliette Morillot et Dorian Malovic apportent avec brio et concision des réponses qui frôlent parfois l’incorrection politique. Ils évoquent par exemple le manque de fiabilité des témoignages de certains « défecteurs ». En effet, la plupart de leurs récits sont payés plus ou moins chers par des organisations « humanitaires » protestantes en fonction du degré d’atrocités racontées.

gardes-au-palais-séoul-corée-du-sud-de-gyeongbok-49991293.jpgLes auteurs insistent aussi sur les origines du programme nucléaire de dissuasion nationale conçu avec l’aide d’ingénieurs pakistanais. La détention d’un arsenal atomique garantit le maintien de ce régime hybride national-communiste ultra-souverainiste au moment même où Washington revient sur sa parole à propos de l’accord conclu avec la République islamique d’Iran. L’ouvrage fait enfin découvrir au lecteur l’existence de plusieurs territoires coréens.

Les deux Corées rivales ne sont pas les seules terres du « monde coréen ». Dans la région du Yanbian vit plus d’un million de Coréens de citoyenneté chinoise très liés à leurs cousins nord-coréens. Les Coréens du Nord ont en outre une parentèle assez étroite avec 107 000 citoyens russes d’ethnie coréenne. Les auteurs oublient en revanche de mentionner les descendants des Coréens venus travailler dans l’Empire des tsars à la fin du XIXe siècle. On en recense aujourd’hui quelque 103 000 qui sont citoyens kazakhs et 183 000 de citoyenneté ouzbek… Une « autre Corée » résulte de la colonisation japonaise dans la péninsule entre 1910 et 1945. Résident toujours dans l’Empire du Soleil Levant 458 937 Coréens du Sud et 33 939 Coréens du Nord. Enfin, la « dernière Corée » regroupe l’ensemble des Coréens installés en Amérique du Nord et en Europe. Des exilés nord-coréens mal-adaptés à la société sud-coréenne qui les méprise et les considère comme des ploucs s’installent en Occident où ils leur arrivent de rencontrer leurs compatriotes immigrés. Ces derniers (serveuses, bûcherons, ingénieurs, ouvrières spécialisées) bénéficient légalement de contrats de travail rémunérateurs et versent un pourcentage aux autorités de leur République populaire démocratique. La réalité est moins simple qu’un mauvais film de la Compagnie Disney.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 52, diffusée sur Radio-Libertés, le 10 novembre 2017.

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dimanche, 12 novembre 2017

Libre journal des Européens du 7 novembre 2017

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Libre journal des Européens du 7 novembre 2017: “L’avenir du nationalisme européen: la nécessité d’une géopolitique européenne; La question de la Catalogne”

Patron d'émission : Thomas Ferrier - le 7 novembre 2017

Thomas Ferrier reçoit :

  • Georges Feltin-Tracol, rédacteur en chef du site Europe Maxima, journaliste, écrivain, conférencier, historien des idées
  • Robert Steuckers, politologue

Thèmes : “L’avenir du nationalisme européen : la nécessité d’une géopolitique européenne ; La question de la Catalogne”

Pour écouter:

https://www.radiocourtoisie.fr/2017/11/07/libre-journal-e...

 

Salluste et les derniers instants de la République romaine

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Salluste et les derniers instants de la République romaine

par Charles Guiral

Ex: http://lenouveaucenacle.fr

sall2.gifLes éditions Allia ont fait paraître il y a quelques mois, dans la paisible tiédeur d’une fin d’été, une nouvelle traduction de La Guerre de Jugurtha écrite par Salluste peu de temps après l’assassinat politique de César. L’excellent travail philologique mené par Nicolas Ghiglion nous permet de nous faire une idée assez juste de cette fin de règne républicain et nous fait entrer de plain-pied dans un monde en proie à la désolation, à la corruption et aux assassinats.

Les souvenirs que je conserve de La Guerre de Jugurtha sont surtout liés à un traumatisme scolaire, puisque, n’ayant alors aucune idée claire sur cette guerre que mena la République romaine aux confins de son empire, je devais affronter, sur le terrain miné de la version latine, la langue sèche et concise de l’auteur Salluste, qui, pour les latinistes hésitants, est aussi périlleuse à traduire que l’historien Thucydide pour les hellénistes confirmés. Nicolas Ghiglion, dans cette nouvelle traduction publiée aux éditions Allia, relève avec intelligence le défi de traduire une œuvre complexe tant par sa langue que par le sujet qu’elle traite. Les quelques pages d’introduction placées au seuil du livre sont parfaitement éclairantes et nous permettent de saisir pleinement l’importance que revêt ce texte pour la compréhension du monde romain antique.

« Salluste nous entraîne au cœur d’un conflit qui, quoique se déroulant à des centaines de kilomètres du centre du pouvoir romain, aura des conséquences irréversibles pour la République ».

S’agit-il pour autant d’une énième traduction de La Guerre de Jugurtha ? On peut faire confiance au fondateur et directeur des éditions Allia, Gérard Berreby, pour ne pas se hasarder à publier une traduction d’un texte latin sans autre objectif que de concurrencer les Belles Lettres. Il s’agit plutôt de redonner à ce texte antique la place qui lui revient non seulement dans la littérature dite ancienne, mais aussi dans notre littérature contemporaine. Je me suis plongé dans ce texte comme on se plonge dans un roman d’aventures. Salluste nous entraîne au cœur d’un conflit qui, quoique se déroulant à des centaines de kilomètres du centre du pouvoir romain, aura des conséquences irréversibles pour la République.

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Salluste et la société romaine

L’intrigue est assez simple : un roi d’Afrique du Nord (la région de Numidie) décide de se révolter contre le pouvoir romain qui, ne pouvant accepter cela, tente d’éteindre coûte que coûte la sédition. Jusque-là, rien de compliqué. Jugurtha est le petit-fils d’un grand roi numide, Massinissa avec lequel les Romains avaient conclu un traité de paix qui assurait une forme de stabilité dans la province d’Afrique. Il fut adopté et élevé par son oncle, après la mort de son père, l’aîné des fils de Massinissa. Très rapidement il se distingue de ses deux cousins, Adherbal et Hiempsal, par sa témérité et sa volonté de fer. Massinissa, sentant le pouvoir lui échapper, tente de se débarrasser de ce jeune homme qui commence à faire de l’ombre à ses deux fils naturels. Malheureusement la virtus – c’est-à-dire le courage et la valeur – de Jugurtha lors de la guerre de Numance conduit l’Etat romain à en faire son favori. Il est trop tard. Jugurtha a pris conscience du pouvoir qu’il a désormais et si son orgueil le conduit dans un premier temps à se débarrasser de ses ennemis intérieurs, il ne tardera pas à se retourner contre le Sénat et le peuple romain. Rome, sans le vouloir, a offert à Jugurtha les armes par lesquelles ce dernier tentera de la détruire. Salluste ne nous signale-t-il pas d’ailleurs que le jeune chef numide a appris le latin lors de la guerre de Numance !

« L’historien dresse inlassablement la liste de ceux qui préfèrent « prostituer la République » plutôt que de la défendre à tout prix ».

Le portrait que Salluste dresse de la société romaine à une époque où la République vit ses derniers instants constitue un véritable avertissement pour les siècles à venir. C’est la lutte de la cupidité contre la morale, de la lâcheté contre la virtus. Les passions se déchaînent et, au milieu du fracas des armes, au milieu des invectives, certains hommes se dressent pour dénoncer les maux qui ravagent la République tandis que d’autres s’activent dans l’ombre pour l’enterrer, en amassant au passage quelques richesses. On ne s’étonnera pas que la cupidité soit l’apanage quasiment exclusif de la noblesse romaine, et que la virtus soit un des signes distinctifs de la plèbe – Salluste est plébéien ! – et de ceux qui la composent. L’historien dresse inlassablement la liste de ceux qui préfèrent « prostituer la République » plutôt que de la défendre à tout prix. C’est d’abord le consul Lucius Calpurnius Bestia qui vend l’Afrique à Jugurtha pour quelques poignées d’or. L’armée et les plus hauts gradés n’échappent pas à la corruption et au déshonneur, à l’image du général Aulus qui, se trouvant en difficulté et acculé par Jugurtha, préfèrera accepter des conditions de repli infamantes plutôt que de mourir au combat. O tempora, o mores ! Il est loin le temps des Mucius Scaevola !

Noblesse et plèbe

« Je ne viens pas vous exhorter à prendre les armes contre l’injustice, comme l’ont souvent fait vos ancêtres. Il n’est pas besoin de violence, pas besoin de sécession : vos ennemis, par leur conduite, ont rendu leur ruine inévitable. »

Certains nobles sont pourtant prêts à aller à l’encontre de leur caste en prenant la défense de la République et en soutenant la plèbe. La séparation entre la plèbe et la noblesse n’est pas aussi nette que Salluste voudrait nous le faire croire. Ainsi, alors que Caïus Baebius, pourtant issu de la plèbe,  est prêt à vendre son âme et son honneur à Jugurtha, c’est Caïus Memmius, noble romain et premier lanceur d’alerte de l’histoire, qui prend la parole devant le peuple afin de l’exhorter à agir contre Jugurtha. On notera d’ailleurs l’étonnante modernité de ce discours que Salluste reproduit intégralement dans son ouvrage. Il nous semblerait presqu’entendre Etienne de La Boétie, dans son Discours de la servitude volontaire, seize siècles plus tard : « Je ne viens pas vous exhorter à prendre les armes contre l’injustice, comme l’ont souvent fait vos ancêtres. Il n’est pas besoin de violence, pas besoin de sécession : vos ennemis, par leur conduite, ont rendu leur ruine inévitable. » De la même manière, le proconsul Metellus, envoyé en Afrique pour remettre de l’ordre et découvrant une armée en proie aux turpitudes, fait montre d’une grande valeur. Salluste, malgré les origines nobles de ce personnage, se voit dans l’obligation de faire son éloge. Cependant ce dernier, malgré toutes ses qualités, ne pourra pas être sauvé. Chassez le naturel, il revient au galop ! La perfidie naturelle de Metellus, propre à tous les nobles, réapparaît lorsqu’un certain Marius, homo novus, sans origine patricienne mais plein d’une bonne volonté toute plébéienne, fait son apparition en terre africaine pour venir prêter main forte aux légions romaines. On dirait presque du Zola avant l’heure ! Son ascendance et son hérédité patriciennes le condamnent.

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Il est difficile, à la lecture de Salluste, de ne pas être frappé par les ressemblances avec notre propre histoire. Et on en vient à croire, à l’instar de Bossuet, que les civilisations déclinent périodiquement et que ce que Salluste nous raconte ici n’est qu’un exemple parmi d’autres, dans une vision cyclique de l’histoire, du déclin des civilisations à travers les siècles. Ce n’est donc pas étonnant qu’on retrouve certaines idées de Salluste dans des textes modernes. Que penser, par exemple, de cette théorie énoncée au paragraphe XLI, selon laquelle la guerre serait un moyen généreux de maintenir la vertu, tandis que la paix n’apporterait que faiblesse et mollesse, que l’on retrouve quasiment mot pour mot dans le petit traité politique d’Emmanuel Kant intitulé Projet de paix perpétuel ?

Salluste, à la manière d’un guide qui nous mènerait à travers les ruines d’une grande civilisation disparue en nous racontant ce qu’elle fut du temps où elle était florissante, nous parle de notre histoire. Il est temps d’écouter la voix des Anciens.

La Guerre de Jugurtha, sur le site des éditions Allia 

Les jeunes musulmans n'aiment pas les questions qui fâchent

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Les jeunes musulmans n'aiment pas les questions qui fâchent

par Mireille Vallette

Ex: http://www.lesobservateurs.ch

La jeunesse musulmane a une image si positive d’elle-même et de sa religion qu’elle ne comprend pas pourquoi nous résistons à l’imposition de ses rites et de ses marqueurs. Débat à Genève.

Rares sont les espaces qui permettent de poser des questions critiques à des musulmans. Le titre d’un cycle de l’Institut des cultures arabes et méditerranéennes, «Des questions qui fâchent…» était prometteur. Je me suis laissé tenter.

Ce soir-là, la septantaine de participants est censée se pencher sur le thème «La jeunesse arabe et/ou musulmane dans la situation genevoise: situation et défis».

Ce fut un grand théâtre de victimisation avec en rôles titres «l’identité» et «la visibilité» qui passent d’abord par le foulard au travail, puis la reconnaissance du ramadan, les prières, le burkini… Sans ces marqueurs, impossible de se forger son identité. Je n’ai pas osé suggérer que la disparition de la nôtre pourrait être douloureuse. C’est, comme chacun sait, une opinion d’extrême-droite.

Il semble en tout cas que nous faire accepter les rites et mœurs islamiques et se faire reconnaitre comme musulmans soient les défis et les seules ambitions de cette dévote jeunesse.

Une jeune juriste non voilée a réalisé qu’elle était en milieu discriminant lorsqu’elle s’est posé cette question: «Est-ce que je vais dire à mes collègues que je jeûne?... J’ai eu peur d’être jugée, ou que l’islam soit jugé.» Plus tard, une autre musulmane -à l'esprit critique- remarquera qu’en Turquie, elle ne pouvait pas ne pas porter le voile, ni avouer qu’elle ne faisait pas le ramadan, sous peine de graves ennuis.

Notre juriste compatit avec de nombreuses femmes de sa connaissance «très compétentes»  qui ne trouvent pas de travail à cause du voile. «On les empêche d’exercer un droit fondamental.» Pour elle, ce foulard est une question d’identité. Elle pense à le porter un jour «si Dieu le veut».

«On me renvoie constamment à mon foulard!»

Une future travailleuse sociale, voilée et aux amples vêtements, est depuis peu monitrice dans une maison de quartier. «On me renvoie constamment à mon foulard! C’est un traitement différent des autres; je n’ai pas le droit de mettre un certain type de maillot de bain, on me demande de servir au bar alors qu’on sait que  je suis musulmane… Comment dans ces conditions apprendre aux jeunes à respecter la différence et la construction de notre identité?»

Pour beaucoup, il faut «démystifier l’image de la femme voilée qui est une femme normale». La réussite passera par «davantage de visibilité dans le monde professionnel.» La visibilité comme l’identité, ces jeunes y tiennent beaucoup.  Hugo Lopez, un intervenant non musulman qui fut longtemps éducateur de rue, y tient aussi: «J’emmène des jeunes en Afrique pour qu’ils trouvent leur identité. Certains sont revenus aux coutumes de leur pays…le respect de la mère… Ils sont revenus à la religion parce qu’on en parlait autrement qu’on en parle en Suisse.»

Omar Azzabi est Tuniso-Suisse, non-pratiquant et blogueur dans la Tribune de Genève. Il a adhéré aux Verts et deux ans plus tard s’est présenté aux élections communales. Score honorable, mais pas élu… ce qui l’a fait plancher sur la  discrimination en politique. «Vous avez 14% de chances de plus d’être élu si vous avez un nom d’origine suisse.»  Bon, ça ne parait pas dramatique. Mais en plus, les musulmans se heurtent à un «plafond de verre»: on en élit un nombre acceptable dans les conseils municipaux, moins dans les parlements cantonaux, encore moins au niveau fédéral, etc. Une discrimination à laquelle s’en ajoutent d’autres, sans compter des sondages aux résultats désagréables pour les adeptes de sa religion, et tout récemment un carré musulman vandalisé.

Les remèdes? «Il faut normaliser la présence des arabo-musulmans dans la politique et les médias: leur visibilité n’est pas assez forte. Dénoncer et faire condamner les actes islamophobes et racistes: la norme pénale antiraciste n’est pas assez forte… » (un conseiller municipal a prononcé le mot «nègre » et n’a pas été condamné). Pour lui, il faut s’engager en politique, toujours en tant qu’arabo-musulman, «quel que soit le parti». J’avoue avoir quelques préventions à ce que ce genre de personnages cassent le plafond de verre.

Les médias en ont pris pour leur grade tout au long de la soirée. Normal, ils sont responsables de l’image négative de l’islam.

«Je suis contre la burqa, mais je me battrai pour elle!»

Question burqa, Azzabi a le raisonnement tordu habituel: le problème n’est pas ce symbole honteux que seule sa religion promeut. Le problème, c’est l’UDC et tous ceux qui s’apprêtent à voter son interdiction. Ce qui donne ceci : «Je suis Tunisien séculariste, anti-burqa… De la connaissance que j’ai de l’islam, elle n’est pas islamique. Mais je vais devoir la défendre! Parce que c’est un débat qui va stigmatiser les musulmans… encore une fois les montrer du doigt, donner un peu  plus d’espace aux partis d’extrême-droite.»

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Question stigmatisation, je confirme: je n’arrive pas à comprendre que toutes ces communautés soient favorables à ce symbole. Je ne comprends pas qu’elles n’aient pas été unanimes à le condamner. Il y aurait eu un bref débat, une votation au parlement et pas de stigmatisation. Et cette capacité à se remettre en question aurait insufflé un peu plus de confiance et d’acceptation de l’islam.

Après 1heure 30 d’écoute attentive, je décide de rompre la plaintive harmonie et de poser quelques questions qui fâchent: «Vous parlez de vous et de l’islam comme s’il n’existait qu’en Suisse. Ici, les musulmans sont pacifiques, et ceux qui ne partagent pas vos points de vue sont donc racistes, discriminants, etc. Or, nous, nous voyons ce qui se passe au nom de l’islam ailleurs. Toutes ces atrocités, toutes ces législations discriminatoires…

«Vous pourriez vous mettre à notre place … lorsque nous voyons que plus un mouvement est radical plus il couvre le corps des femmes, nous nous demandons ce que signifie le foulard… Là-bas il est liberticide, ici ce serait la liberté. On ne sait même pas pourquoi les femmes doivent le porter et pourquoi les hommes ne portent rien de particulier: c’est une discrimination qui nous est incompréhensible… Et pourquoi tant de gens se réclament de l’islam pour commettre tant de crimes?…  J’ai lu le Coran et j’y retrouve des composantes de ce qui se passe là-bas. Pourquoi nous répond-on systématiquement ça n’a rien à voir avec l’islam? L’islam d’ici, qu’est-ce que c’est?

Crac, crac… l’hôte de la soirée Alain Bittar, gérant de la Librairie arabe de Genève, descend l’escalier de bois depuis son bureau, très fâché. « Ça fait 38 ans que je tiens un espace culturel où se retrouvent beaucoup de musulmans. Je suis un chrétien d’Orient et je n’ai jamais eu le moindre problème. Nous parlons de gens qui vivent à Genève, qui partagent leur vie quotidienne avec la population suisse.  Que l’islam n’ait pas une belle image, je veux bien le croire, mais cette image est terriblement faussée par les médias en fonction de la politique internationale.

Quand je suis arrivé à Genève, je venais du Soudan. Qu’est-ce que je n’ai pas entendu sur les chrétiens du Soudan qui se faisaient massacrer par les musulmans! J’ai encore de la famille là-bas, ils vivent très bien, ils sont très heureux…

«La géopolitique internationale fait qu’aujourd’hui on stigmatise énormément UNE population. Or dans le monde, ce sont souvent des musulmans qui se font tuer par d’autres musulmans, la majorité des gens qui se font tuer par le terrorisme ce sont des musulmans… On ne peut pas aborder un débat comme celui de ce soir en essayant de prendre l’image qu’ont les musulmans au niveau de la planète parce que… c’est faux. Les musulmans qui vivent à Genève, ce ne sont pas ceux qui sont en train de tirer  sur d’autres populations. Je pense qu’il y a un dérapage qui est facile, des sortes de manipulations idéologiques dont on peut s’abstenir dans des discussions comme celle-ci. »

L’assemblée rassurée reprend son cours.

Après un moment, un peu fatiguée par cette interminable soirée, je m’en vais. On me racontera la suite.

Nadia, Tunisienne regrette mon départ. Pour elle, j’ai symbolisé toute les crispations qu’il y a autour de la question de l’islam. «En Tunisie, ces débats sont les mêmes. Cette dame a raison, on évolue dans un contexte, il y a des choses qui font peur aux gens… Les agresser alors qu’ils font l’effort de venir, de s’intéresser … On peut leur expliquer calmement...»

Azzabi n’a semble-t-il aucun regret. Notre Vert informe l’assemblée que «Madame Vallette écrit un blog fasciste, voire raciste!»

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Revenons-en au point de départ: « Les jeunes arabes musulmans vivent-ils une particularité dans le contexte actuel?» Quelques éléments de réponse.

Chers jeunes musulmans, voici quelques-unes de vos particularités et de nos défis

  • Vous exigez avec une suffisance rare de changer en profondeur notre société: supprimer son caractère séculier pour introduire des mœurs religieuses, par ailleurs très conservatrices: des foulards, des burkinis, des burqas, des prières, des rites (ramadan), le refus de serrer la main de l’autre sexe, la non-mixité dans vos mosquées, la fermeture aux non-musulmans.
  • Ne pouvez-vous comprendre que des citoyens, nombreux, s’opposent à ce bouleversement? Qu’ils attendent sur ce sujet des réponses plutôt que des insultes?
  • Pourquoi voulez-vous à tout prix porter ou soutenir ce foulard et ces vêtements amples ou informes? Ils ont toujours symbolisé dans l’islam l’asservissement des femmes. Ils le symbolisent encore aujourd’hui, et chaque fois qu’un pays se radicalise, l’extension du port du voile en est un signe. Ne pouvez-vous imaginer que la prolifération de ces marqueurs vestimentaires nous envoie un signe de complicité avec ces radicaux?
  • Mesdames, accepteriez-vous d’épouser un non-musulman sans qu’il soit obligé, comme c’est la règle aujourd'hui comme hier, de se convertir à l’islam?
  • Pouvons-nous savoir pourquoi votre dieu impose une telle contrainte aux femmes (se couvrir, y compris les cheveux) et rien d’équivalent aux hommes?
  • Pourquoi tant de crimes au nom de l’islam? Pourquoi tous les pays musulmans (hors la Tunisie… devenue laïque) sont-ils régis par des lois inspirées de la charia qui discriminent les femmes, traquent les minorités religieuses, usent de violence contre les opposants à votre religion? Votre islam à vous, de quoi s’inspire-t-il?

Votre refus de répondre à ces interrogations promet une méfiance croissante et des conflits sans fin.

Mireille Vallette, le 10 novembre 2017

La condamnation d'Abdelkader Merah masque le rôle de l'Otan dans les réseaux islamistes

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La condamnation d'Abdelkader Merah masque le rôle de l'Otan dans les réseaux islamistes

Par Anthony Torres
Ex: https://www.wsws.org

Abdelkader Merah, le frère du meurtrier responsable des attentats de Montauban et de Toulouse en 2012 a été condamné à 20 ans de prison pour « association de malfaiteur », sans être reconnu coupable de complicité d’assassinat. Cette peine extraordinaire, vu l'issue du procès, vise à renforcer l'atmosphère d'intimidation contre les Musulmans qui pèse déjà sur la France. Elle cache également le rôle des réseaux du renseignement français, actifs dans la guerre en Syrie à l'époque, et auxquels participait le frère d'Abdelkader, Mohamed Merah.

Mohamed Merah a tué sept personnes entre le 11 et le 19 mars 2012 dans le sud-ouest de la France : trois parachutistes d’origine maghrébine de régiments déployés en Afghanistan et trois enfants et un professeur d’une école juive. Il a trouvé la mort lors d’un assaut du Raid.

Abdelkader Merah a été arrêté et est emprisonné depuis cinq ans dans l’attente de son procès pour complicité d’assassinat. Après cinq semaines de procès, la cour a souligné que Mohamed Merah a « toujours été seul » pendant les sept assassinats, les 11, 15 et 19 mars 2012.

La cour a donc jugé «que les éléments à charge existant contre l'accusé étaient insuffisants et que le doute devait lui profiter». Pour la cour, la simple participation à une association de malfaiteurs est «insuffisante» pour le condamner pour complicité d’assassinat. Il n'a pas été prouvé qu'Abdelkader Merah avait apporté une «aide ou une assistance» à son frère.

Abdelkader Merah a été reconnu coupable d’« association de malfaiteur », et condamné à la peine maximale pour ce type d’infraction, pour avoir aidé Mohamed Merah a voler un scooter qui servit à mener les tueries. 20 ans de prison est une peine lourde pour ce genre d’infraction. Le parquet qui avait réclamé la perpétuité pour Abdelkader a fait appel de la décision.

Dans un éditorial de l’Express, Christophe Barbier écrit : « Décréter qu’Abdelkader Merah n'est pas complice d’assassinats revient à dire que son frère Mohamed était un loup solitaire. Or, nous savons que cela est faux. Ce procès n'a donc pas permis de faire toute la lumière sur la nébuleuse Merah. Ensuite, la décision du tribunal sous-entend qu'il n'y a pas de complicité lorsque l'on arme intellectuellement, religieusement et mentalement un tueur. Pourtant, il est évident que l'influence d'Abdelkader sur Mohamed a été décisive. »

Barbier a prétendu qu'une peine extraordinaire était nécessaire pour faire peur aux islamistes : « Enfin, c'est un message politique que la France a envoyé aux djihadistes. Les différents groupuscules vont se dire que la République Française est faible, qu'elle retient ses coups. La France doit montrer qu'elle sait combattre ses ennemis. »

Les réactions des médias et de la classe dirigeante sont une fraude politique. En mettant les tueries sur le compte de l' « emprise idéologique » qu’Abdelkader Merah aurait eu sur son frère, on cherche à couvrir le rôle réactionnaire de l’État et du renseignement, qui connaissaient Mohamed Merah bien avant les attentats. En prétendant faussement que l’État était dépassé par l'islamisme et qu'il fallait lui accorder des pouvoirs draconiens pour lutter contre le terrorisme, on a créé un prétexte pour l'état d'urgence et des attaques massives contres les acquis des travailleurs.

En fait, quelques semaines après les tueries, le magazine Les Inrockuptibles citait ainsi des sources italiennes : «Selon des sources au sein des services de renseignement qui ont parlé avec ll Foglio, la Direction générale de la sécurité extérieure a obtenu pour lui [Mohamed Merah] - en le présentant comme un informateur - une entrée en Israël en septembre 2010, via un poste de contrôle à la frontière avec la Jordanie. Son entrée en Israël, couverte par les Français, visait à prouver au réseau djihadiste sa capacité à passer à travers la frontière avec un passeport européen.»

De l'aveu même de l'ex-chef du renseignement intérieur Bernard Squarcini, Merah s'était rendu à plusieurs reprises dans les locaux de la DCRI après ses voyages en Afghanistan et au Pakistan - en Octobre et novembre 2011 - pour discuter de ce qu'il avait vu. Squarcini appelle cela un «entretien administratif sans contrainte, puisque nous n'étions pas dans un cadre judiciaire.» Merah donnait donc librement à la DCRI les informations qu'elle lui demandait ; c'est-à-dire qu'il fonctionnait comme un informateur, que ce soit officiellement ou non.

Dans La Dépêche du Midi, Yves Bonnet, ex-chef de la Direction de la surveillance du territoire (DST) aujourd'hui absorbée par la DCRI, se demandait à l'époque si Merah était un informateur de la DCRI : « Ce qui interpelle, quand même, c'est qu'il était connu de la DCRI non pas spécialement parce qu'il était islamiste, mais parce qu'il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Or, avoir un correspondant ce n'est pas tout à fait innocent. Ce n'est pas anodin. ... [J]e ne sais pas jusqu'où allaient ces relations, voire cette "collaboration" avec le service, mais on peut effectivement s'interroger sur ce point.»

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Le procès d'Abdelkader Merah a confirmé ces éléments. Interrogé par la cour, l’ex-chef du renseignement toulousain, Christian Balle-Andui a expliqué que le 15 juin et le 29 juin 2011, il avait demandé une procédure de judiciarisation, notant l’attitude « inquiétante » de Mohamed Merah. Selon Balle-Andui, Mohamed Merah était fiché. Le 15 mars, Balle-Andui s’est vu refusé l’accès aux images de vidéo surveillance. Après, il a estimé qu’il « aurait pu à 60 pour cent identifier le tueur au scooter au vu de sa silhouette ».

L’information la plus importante fournie par Balle-Andui est que Merah faisait partie d’une liste de terroristes de « premier ordre » sur Toulouse comprenant « l’émir blanc Olivier Corel, les frères Clain, voix des attentats du 13 novembre ou encore le djihadiste de l’Etat Islamique Sabri Essid ». Ces révélations de l’ex-patron du renseignement sur Toulouse confirment l’analyse du WSWS sur l'implication de l’Etat et des services de renseignement dans les guerres au Moyen-Orient comme dans les attentats islamistes en France.

Ces attentats sont la conséquence des guerres menées à partir de 2011 par l’OTAN, en s’appuyant sur des groupes islamistes liés à Al Qaida et Daech contre les régimes de Kadhafi en Libye et d’Assad en Syrie. Les agences de renseignement entraient en contact avec des éléments tels que Merah et les aidaient à se déplacer internationalement pour faire fonctionner les réseaux qui envoyaient des combattants au Moyen-Orient depuis l’Europe et la France.

On a présenté Merah comme un « loup solitaire » pour cacher le fait que les réseaux dont il faisait partie, et qui combattaient à l'époque dans les guerres impérialistes en Libye et en Syrie, comprenaient les responsables des attentats du 13 novembre 2015, revendiqué par Daech. Ceci s'est avéré être le prétexte que la classe dirigeante française a utilisé pour légitimer l'imposition de l'état d'urgence, la loi travail de Myriam El Khomri et les ordonnances de Macron.

«El católico gibelino», de Attilio Mordini

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«El católico gibelino», de Attilio Mordini

Ex: http://www.hiperbolajanus.com

Desde Hipérbola Janus siempre hemos considerado la espiritualidad, en un amplio sentido, como el leivmotiv y guía fundamental en cada una de nuestras publicaciones. Comenzamos con una compilación de artículos tradicionales en torno a la figura de Julius Evola, continuamos con algunas corrientes esotéricas vinculadas a una cierta herencia decimonónica con Giuliano Kremmerz, y en lo posterior Moeller Van den Bruck, más cercano a una concepción tradicional, aristocrática y orgánica dentro del ámbito de la política, y menos orientada a la metafísica. Sucesivamente De Maistre y Malynski se convirtieron en motivo de poderosas críticas al mundo moderno; desde la defensa de la contrarrevolución antiliberal en el caso del primero, y desde la teoría de la conspiración en el del segundo. Tras este compendio de obras fundamentales con las que abrimos nuestra actividad editorial, nos adentramos en la geopolítica, y dentro de ésta en una perspectiva muy particular de ésta, tal y como es el Eurasianismo con sus figuras más destacadas, y tal es el caso de Aleksandr Duguin y Leonid Savin, dentro de esta corriente de la ciencia política hemos profundizado recientemente con dos obras más dedicadas al Islam, las cuales trataban sobre la figura de Mahmud Ahmadineyad y ciertos equívocos en torno a conceptos concretos de la fe islámica.
 
AM-ghi.jpgEn toda esta trayectoria hemos percibido la necesidad de seguir profundizando en la vía de la espiritualidad, y si en su momento hemos querido mostrar perspectivas muy concretas del mundo islámico, ahora, en estos tiempos en los que la religiosidad y las grandes verdades del Espíritu se han visto erosionadas de forma irreversible, consideramos que cierta visión tradicional del Catolicismo se integraba perfectamente en los propósitos y finalidades que, desde nuestros inicios, hemos proyectado. Dentro de las corrientes del tradicionalismo católico podríamos incluir al propio Joseph De Maistre, uno de los iconos fundamentales de la contrarrevolución liberal, testigo directo de la Revolución Francesa y uno de los primeros, y más feroces, críticos de la Modernidad. No obstante, no han faltado las visiones críticas en relación a esa Modernidad dentro de las trincheras católicas, es evidente que desde la perspectiva de un cristianismo preconciliar, más cercanas en el tiempo, que como es el caso del autor que nos ocupa, reviste un carácter muy particular.
 
AM-portrait.jpgAttilio Mordini, autor de la presente obra, fue un autor muy especial, tanto a nivel literario, como pensador, así como en su propia vida personal. Su paso por este mundo fue relativamente corto y accidentado. De origen florentino, vivió unos años dramáticos, los más trascendentales del pasado siglo, y acabó participando como voluntario en el Frente del Este durante la Segunda Guerra Mundial. Durante los últimos años de guerra se adhirió a la República Social Italiana, y cuando ésta cayó acabó vagando por Italia, camino de Roma. Finalmente, como ocurrió con muchos combatientes italianos que apoyaron el régimen precedente, Mordini acabó siendo detenido por los partisanos y sometido a un juicio del que finalmente sería absuelto. Durante su estancia en la cárcel sufrió todo tipo de penalidades y maltratos, que a muy temprana edad le hicieron contraer tuberculosis, una enfermedad que le acompañaría hasta el fin de sus días. Nuestro autor, nacido en 1923, vivió todos los dramáticos acontecimientos de su época a una temprana edad, tal es así que su formación y desarrollo intelectual sólo pudo completarse una vez terminada la guerra. Se licenció en lengua y literatura por la Universidad de Florencia, en la facultad de Magisterio, para finalmente convertirse en profesor de la Universidad de Kiel en los años que precedieron a su muerte, la cual acontecería, desgraciadamente, en 1966, a la temprana edad de 43 años. No obstante, y pese a lo prematuro de su desaparición, dejó una obra amplia y variada sobre diversos temas relacionados con la Tradición, y además se convirtió en uno de los principales revulsivos de la escena tradicionalista italiana de los años 60. Fue el promotor de algunos congresos tradicionalistas como el que tuvo lugar en mayo de 1962 en la ciudad de Nápoles, y en el que, a través de una serie de ponencias, desarrolló los principales elementos de su doctrina.
 
Cuando hablamos de Attilio Mordini es preciso hablar de catolicismo, pero debemos hacerlo desde una perspectiva muy particular. El lector que se adentre en «El católico gibelino» no hallará un catecismo de doctrina católica estándar, ni un compendio de sermones desarrollados única y exclusivamente desde las fuentes bíblicas. Leer a Attilio Mordini es descubrir una visión católico-cristiana totalmente diferente, de una amplitud y un valor inestimable, capaz de unir, bajo una voluntad inequívocamente ecuménica, a corrientes de pensamiento, fuentes y autores diversos. Bajo una concepción providencial de la historia, y tomando como referencia el ejemplo del Sacro Imperio Romano Germánico, como encarnación ideal del «Imperio Universal», Mordini nos muestra la ortodoxia de un cristianismo que es la culminación de su idea de Tradición, de la Redención del hombre en el Verbo Divino, en una especie de reintegración en la Tradición Primordial.

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Se trata de un conjunto de escritos recopilados por Fabrizio Carli en la edición original italiana, los cuales nos remiten a revistas tradicionalistas y ponencias de congresos en los que nuestro autor florentino participó activamente durante los últimos años de su vida. Como bien se apunta en el título, que es especialmente sugerente, el «católico gibelino» de Mordini es un católico que aspira a un ecumene universal, a restaurar los vínculos primordiales entre lo sagrado, entre la función sacerdotal que ejerce de consagrador necesario de todas las acciones humanas, y la función política, asociada a la voluntad de Imperio, que es capaz de reunir en la persona del emperador las dos cualidades fundamentales, aquella del Rex Pontifex, capaz de restaurar esa doble función en una única persona eliminando cualquier dicotomía y contraste negativo entre el poder espiritual y aquel temporal. El «Conflicto de las Investiduras» entre gibelinos y güelfos adquiere la categoría de lucha universal, de enfrentamiento metahistórico más allá de la cronología del Medievo. Los gibelinos, como baluarte de la Tradición y promotores del Imperio Universal frente a los güelfos, representantes de las corrientes disgregadoras de la Modernidad, mantienen una pugna atemporal, que desde el ocaso del Medievo y la fundación de las naciones modernas, naturalmente opuestas a la misión gibelina del Imperio, han ido ganando terreno a medida que hemos ido cayendo en el abismo del desarrollo científico e industrial, con el creciente papel de la razón y el prejuicio frente a los dogmas católicos y el edificio cristiano, ya bimilenario, cimentado sobre un hecho único en la historia de la espiritualidad y las religiones, como es la Encarnación del Verbo, la idea de Cristo como realidad divina encarnada en hombre, como figura universal cuya cruz, símbolo de martirio y Salvación, se proyecta sobre la oscuridad de un mundo que ya ha entrado en una dinámica de caídas y autodestrucción que parece irreversible. Además, tal y como se concibe en los tiempos presentes, la estricta separación entre esos poderes, espiritual y temporal, no deja de ser una señal inequívoca de esa decadencia, para Mordini es la sociedad que ha perdido ese vínculo fundamental con la Revelación Divina y la misión Redentora de Jesús. En este sentido hay una frase muy reveladora que Attilio Mordini que nos remite a esa misma acción disgregadora de la modernidad, que vemos en su obra Verità del Linguaggio:
Si la jerarquía es unidad, no es concentración de poder. La igualdad de todos bajo un solo jefe, como la nivelación de los órdenes y las clases auspiciado por las varias ideologías socialistas son dos aspectos del mismo materialismo, la mayor parte de las veces inconsciente el primero, querido y ambicionado por los hombres mediocres el segundo. No existe concepción verdaderamente espiritual de la vida y del mundo que no ame manifestarse en órdenes, justo como la ley armónica de los nueve coros angélicos.
La obra de Attilio Mordini permanece inédita en parte, como ha ocurrido con otros autores de la Tradición, bien por prejuicio o por olvido intencionado, han acabado siendo condenadas al ostracismo, cuando al margen de los grandes autores de la Tradición, como puedan ser René Guénon o Julius Evola entre los más conocidos, el ámbito de la Tradición Perenne comprende un mosaico de autores con suficiente amplitud y doctrinas como para revalorizar continuamente las corrientes críticas frente a la modernidad y el fondo sapiencial que las nutre. 
 
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samedi, 11 novembre 2017

Where are Europe's Fault Lines?

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Where are Europe's Fault Lines?

Ex: https://charleshughsmith.blogspot.com

Beneath the surface of modern maps, numerous old fault lines still exist. A political earthquake or two might reveal the fractures for all to see.

Correspondent Mark G. and I have long discussed the potential relevancy of old boundaries, alliances and structures in Europe's future alignments.Examples include the Holy Roman Empire and the Hanseatic League, among others.

In the long view, Europe has cycled between periods of consolidation and fragmentation for two millennia, starting with the Roman Empire and its dissolution. Various mass movements of tribes/peoples led to new political structures and alliances, and a dizzying range of leaders rose to power and schemed their way through an equally dizzying array of wars, alliances and betrayals.

Regardless of the era or players, security is a permanent priority: this includes defensible borders, alliances to counter potential foes, treaties to end hostilities and whatever is necessary to secure access to resources and trade routes.

When consolidation served these priorities, then fragmented polities either consolidated by choice or by conquest. When smaller polities served these priorities, then imperial structures fragmented into naturally cohesive territories that were unified by language, culture and geography.

Security is also economic, as people support structures that keep their bellies filled and enable social stability and mobility.

For the sake of argument, let's say that the European Union is the high water mark of consolidation, and the next phase is fragmentation. Where are Europe's natural fault lines? Much has changed in the past 600 years, but geography hasn't changed, and that defines some basic security threats.

German Army Prepares For "Break-Up Of European Union" Or Worse

The Germans are making contingency plans for the collapse of Europe

Nation-states may appear permanent, but history suggests nothing is as permanent as we might reckon. Polities that were brought into an Imperial orbit but retained their identity and geographic boundaries may be last one on, first one off.

In other cases, old fault lines were merely blurred rather than erased.

Brexit is a one-off in some regards, but if we add Catalonia, we discern the possibility of reversion to older borders and configurations. Could Italy fragment into three polities, North, Rome and the South? The idea seems absurd, but the history of modern states is based on much older structures--structures that made sense then and might once again make sense.

Insecurity feeds fragmentation. Once borders are no longer secure and social stability and mobility decay, people naturally start looking around for solutions, and configurations based on language, geography and culture start looking attractive if the current arrangement is seen as decreasing security rather than increasing it.

Empires tend to fail when the centers of power become self-absorbed in political struggles while the prosperity and security of the imperial lands decline. If we view the EU as a modern-day iteration of Empire, it's not terribly surprising that the decay of social stability and mobility are fraying the forces holding the Empire of the willing together.

Here are two maps of the Holy Roman Empire, the first circa 962 AD, and the second circa 1555. It seems the bonds between Eastern and Western Europe aren't as strong as the forces of geography, language and shared security interests binding the polities within the Western and Eastern blocs.

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I'm not making any predictions here, just noting that not all boundaries are lines on a map. Beneath the surface of modern maps, numerous old fault lines still exist. A political earthquake or two might reveal the fractures for all to see.

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Check out both of my new books, Inequality and the Collapse of Privilege($3.95 Kindle, $8.95 print) and Why Our Status Quo Failed and Is Beyond Reform($3.95 Kindle, $8.95 print, $5.95 audiobook) For more, please visit the OTM essentials website.

Le conflit Iran/Arabie Saoudite va-t-il prendre de l'ampleur?

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Le conflit Iran/Arabie Saoudite va-t-il prendre de l'ampleur?

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

Dans un article précédent, Changement de cap en Arabie Saoudite? 1)  ? nous nous demandions quel sens prendra le coup de force du prince héritier Mohammed Bin Salman (dit MBS) contreune partie des « élites » du Royaume et même contre une partie de la famille royale, ceci au prétexte de lutte-anti-corruption, Il apparaît aujourd'hui que cette opération vise en profondeur l'Iran, qui est en train de devenir la rivale majeure de l'Arabie Saoudite au Moyen-Orient.

MBS vient d'accuser l'Iran d'un « acte de guerre », au prétexte d'un tir de missile des rebelles houthistes sur Riyad, intercepté et détruit par la défense anti-missiles saoudienne. “The involvement of Iran in supplying missiles to the Houthis is a direct military aggression by the Iranian regime » , vient il de déclarer , “and may be considered an act of war against the Kingdom. Il est possible que les houthistes disposent de missiles en provenance d'Iran, mais ce genre d'armes fait l'objet d'une intense contrebande et tracer l'origine du missile est difficile. Dans un communiqué, l'Iran a « rejeté les accusations de la coalition arabe dirigée par l'Arabie saoudite « en les qualifiant d'« injustes, irresponsables, destructrices et provocatrices ».

Rappelons que la guerre au Yémen oppose les forces gouvernementales, qui ont été chassées en septembre 2014 de la capitale, Sanaa, aux rebelles houthistes, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme représentant environ 40 % de la population yéménite) très présente dans le nord et soutenus par l'Iran chiite. En mars 2015, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi avait reçu le soutien d'une coalition militaire de pays musulmans, à majorité sunnite et emmenée par l'Arabie saoudite. Parallèlement les houthistes sont soutenus par l'Iran, le Hezbollah libanais et tous les pays ou groupes d'inspiration chiite.

L'affaire du missile, qui n'est pas la première, est manifestement dramatisée par Riyad qui veut en faire un prétexte pour accuser Téhéran d'un acte de guerre et préparer en représailles d'autres actes de guerre contre ce pays. Jusqu'où une telle guerre pourrait-elle s'étendre?

Donald Trump met de l'huile sur le feu

Or Donald Trump vient de se saisir d cet incident pour donner une nouvelle impulsion à son projet de guerre ouverte contre l'Iran, qui faisait partie de son programme électoral et qu'il n'a jamais abandonné. Il vient lui-même d'accuser l'Iran, sans apporter aucune preuve, d'être derrière le tir de missile et laissé entendre que des représailles pourraient être envisagés. Le chef de la Garde Révolutionnaire iranienne a nié en retour toute implication de l'Iran, tandis le ministre des affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif accusait sur twitter Rihad de mener des guerres d'agressions régionales, déstabilisant la région et poussant à des ripostes militaires.

Il désignait manifestement par ces termes une possible attaque d'ampleur contre l'Iran provenant des Etats-Unis et que pouvait laisser craindre l'intervention de Donald Trump. Certes, celui-ci ne sera peut-être pas suivi par le quatuor de généraux qui exercent le pouvoir de fait à la Maison Blanche, compte tenu des risques de guerre mondiale pouvant en découler. La Russie viendrait très probablement au secours de son allié l'Iran . Cependant aux Etats-Unis même, le lobby pétrolier qui convoite les considérables ressources iraniennes en gaz et pétrole et qui craint la concurrence de plus en plus affirmée de l'Iran, ne fera rien pour affaiblir les tensions. Au contraire.

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C'est dans cette perspective que le coup de force de MBS prend tout son sens. L'arrivée au pouvoir d'un prince héritier qui s'est montré allié sans failles des Etats-Unis prend sa place dans une offensive plus générale dont la première victime a été le Premier ministre libanais Saad Hariri. Celui-ci vient de démissionner et d'annoncer depuis Riyad qu'il risquait de connaître dans son pays le même sort que son père Rafiq Hariri, assassiné par le Hezbollah en 2005, ceci parce que, a-t-il dit, il ne supportait plus « la mainmise destructrice » de l'État iranien sur le Liban. Or il semblerait qu'il ait subi de fortes pressions, assorties de menaces, de la part de la coalition américano-saoudienne pour qu'il entre en confrontation directe avec le Hezbollah allié de l'Iran. Hariri pouvait craindre qu'en conséquence un nouveau conflit d'ampleur ne déchire le Liban.

Comme dans le même temps, Binyamin Netanyahu, qui considère l'Iran comme une menace primordiale pour Israël, soutient la posture agressive de MBS, celui-ci, fort de l'appui américain et israélien, risque lui aussi de s'engager dans des offensives militaires contre l'Iran. Celles-ci n'auraient de sens, vu la faiblesse militaire récurrente des Saoudiens, que si elles étaient directement appuyées par l'Armée américaine. Elles pourraient se traduire par des bombardements de grande ampleur visant les sites stratégiques iraniens. Inutile ici d'en souligner les conséquences catastrophiques.

Comme quoi, comme nous l'évoquions dans notre article précité, le prétendue « lutte contre la corruption » entreprise par MBS s'inserrerait dans une une perspective de bien plus grande ampleur: permettre à Washington de reprendre le terrain perdu au profit de la Russie depuis trois ans, c'est-à-dire depuis les chois désastreux de Hillary Clinton alors au Département d'Etat. Manifestement Trump ne tient aucun compte des échecs de la précédente présidence.

1) http://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=2749...

Entrevista sobre Cataluña al hispanista francés Arnaud Imatz

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"Ya se sabe que Cataluña no ha sido un reino como Aragón"

Entrevista sobre Cataluña al hispanista francés Arnaud Imatz

Ex; http://www.latribunadecartagena.com

Hablar de Arnaud Imatz es hablar del hispanista más prestigioso del siglo XXI. Doctor en Ciencias Políticas, diplomado en Derecho y Economía, este vasco-navarro francés, nacido en Bayona, en 1948, en el seno de una familia tradicional, fue funcionario internacional en la OCDE.

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Autor de numerosos libros y artículos, ha publicado en España: “José Antonio: entre odio y amor. Su historia como fue”  (Áltera, Madrid, 2006, 2007), “Los partidos contra las personas. Izquierda y derecha: dos etiquetas” (Áltera, Barcelona, 2005) o “Juan Donoso Cortés: Contra el liberalismo. Antología política” (Áltera, Madrid, 2014) entre otras muchísimas obras. Su pensamiento político disidente siempre le convierten en un referente de independencia académica y rigor histórico.

Para La Tribuna de Cartagena es un honor entrevistar al prestigioso profesor, francés según reza su pasaporte, pero más español que muchos de los nacidos bajo la vieja piel de toro.

¿Cómo vive alguien como Arnaud Imatz, tan enamorado de España, la actual situación que atraviesa la nación?

Pues mal. Mire Usted hace más de cuarenta años que estudio la historia de España. Es una historia extraordinaria, la de una de las cinco grandes naciones que han construido la historia universal. Digan lo que digan los hispanófobos la huella de España en el mundo es imborrable. Par mí  España no es solo 46 millones de habitantes, la quinta potencia de la Unión Europea, o uno de los veinte países más ricos del planeta. España es la nación con una cultura impresionante y que posee una de las dos o tres lenguas más habladas del planeta. Son 550 millones de personas que hablan "el español" (como se dicen sin vacilar en el extranjero). España es un mediador indispensable para Europa, un puente con los 19 países de América. Además de esto Nueva York es hoy prácticamente bilingüe. Resumiendo: España es un rico patrimonio histórico-cultural y una voluntad constantemente renovada de seguir adelante, de hacer que fructifique todo ese legado material y espiritual excepcional. Así que imagínese lo que opino de la situación actual, de la mediocridad, apatía y pusilanimidad de la clase política nacional. Imagínese como juzgo el fanatismo, el sectarismo y el clarísimo anti-democratismo de los secesionistas catalanes radicales. Entiendo perfectamente y puedo justificar el regionalismo, el autonomismo o el federalismo, pero la fobia, el odio, el espíritu de venganza de los secesionistas ¡no! Esa situación me entristece y me da asco. Admiro todo tipo de búsqueda de la excelencia en mis semejantes. Pero nunca se puede alcanzar eso a partir de una tabula rasa. Requiere respeto a la historia, a las obras lentas, progresivas y desinteresadas de nuestros antepasados. No acepto la pequeñez, el rencor, el sórdido resentimiento de unos locos ideólogos que arrojan todo por la borda como en los peores momentos de la humanidad. Cuando los observo me desespera nuestra especie.

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¿Cómo hemos llegado hasta aquí?

Esencialmente por dos series de razones que van mucho más allá de la cuestión catalana: primero, los defectos inherentes a la oligarquía política española moderna. Solo les interesa permanecer en el poder cuando lo detienen o alcanzarlo cuando están en la oposición. Además todos estos señores comulgan en la misma suposición según la cual la economía ocuparía la primera plaza antes de la política, de la cultura, de la moral y de la religión. Son y quieren ser solo administradores de la economía, y como tales inquebrantables vasallos de las autoridades de Bruselas. Pero hay una segunda serie de razones indirectas: a partir de la caída del muro de Berlín, en todo el Occidente las nuevas Tablas de la ley han sido el mundialismo, el mercado, los derechos del hombre, el individualismo, el hedonismo y el consumismo. Dicho de otra forma, en el trasfondo se pueden distinguir los efectos devastadores de la crisis moral, social, política, económica (a partir de 2008) y por no decir de civilización  de toda  Europa y Occidente. En España, gran parte de las generaciones postfranquistas han confundido el progresismo con el "disfrutar sin límites". Muchos han adoptado más o menos conscientemente como forma de vida el lema:"antes de mi la nada, después de mí, el diluvio". Y eso tarde o temprano se paga.

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¿Qué repercusión internacional puede llegar a tener el propagandismo victimista de los secesionistas catalanes?

La repercusión internacional ya la tenemos a la vista: Washington, Londres, París, Berlín y los tecnócratas de la UE no quieren saber. El victimismo catalán es otra cosa. Es un subproducto de la propaganda y de la desinformación moderna. "El centralismo borbónico", "España nos roba" son patrañas. Ya se sabe que Cataluña no ha sido un reino como Aragón que hubo condados bajo Carlomagno, luego en el siglo XVI un virrey nombrado por Carlos V, en 1641, un sometimiento absoluto y vergonzante al rey de Francia, en 1700, una guerra civil  al lado del reino de Aragón y contra el Borbón Felipe V, en el siglo XIX unas guerras carlistas... pero ¿Quien abrió el fructífero mercado de América a los catalanes? Pues precisamente el llamado "centralista" Felipe V.

¿Quién permitió que Cataluña tenga un casi monopolio del comercio con Cuba en el siglo XIX?

También la corona borbónica de España. Cuál es la región que recibió la mayor parte de las subvenciones y que se beneficio más del "milagro español" bajo la dictadura de Franco (1959-1973)? Otra vez Cataluña. Las primeras disposiciones legales contra la lengua catalana se adoptaron no durante el régimen conservador y autoritario de Franco sino en los siglos XVIII y XIX. Y no han sido promocionadas por los borbones más conservadores sino por los reformistas, progresistas francófilos, masones y liberales de izquierda. Para ellos, el castellano debía ser la lengua modernizadora de España a imagen del francés en Francia. En realidad, el catalanismo político (el regionalismo, el federalismo no el independentismo) tiene ciento treinta años. Nace en los años 1880 poco antes de que se hunda definitivamente el Imperio hispánico. Y es casi, casi cuando España pierde Cuba la perla que beneficio tanto a Cataluña. Otro dato revelador es el siguiente: durante la dictadura de Franco la oposición catalana brillo por su ausencia. Los únicos que se enfrentaron realmente a Franco son los comunistas, los anarquistas y los vascos de la ETA. Lo demás es pura ficción.

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¿Podría darse una situación similar en Francia?

Es impensable. El jacobinismo francés es radical, incuestionable. No permite que se discute lo más mínimo lo que llama la unidad e indisolubilidad de la nación francesa.  No tiene absolutamente nada que ver con el pretendido "centralismo" borbónico español. Un solo ejemplo: en un cuarto de siglo los gobiernos y parlamentos franceses de derecha y de izquierda han sido incapaces de ratificar la muy inofensiva Carta europea de las lenguas europeas minoritarias o regionales, adoptada por el Consejo de Europa en 1992.  Se pueden imaginar lo que pasaría con los líderes secesionistas si parte de los Corcegas, Vascos, Alsacianos, Bretones o catalanes de los Pirineos Orientales (el antiguo Rosellón) se declarasen unilateralmente independientes en violación de la Constitución de 1958.

¿Cómo valora la actuación de Jefe del Estado y presidente del Gobierno de España respecto al problema catalán, tanto a nivel nacional como internacional?

El rey ha sido digno y firme, a la altura de las circunstancias. Rajoy sigue navegando a ojo sin brújula. Es un buen burócrata.

¿La España de siempre ya no sirve para el futuro?

Mire Ud. en democracia el soberano es el pueblo. En última instancia no son los representantes del pueblo sino el pueblo mismo en su totalidad que debe pronunciarse inequívocamente. "Pueblo habla" se dijo antaño, pues que hable e inequívocamente.

¿Cuáles son, a su juicio, los mayores problemas que España no ha sabido resolver para mantener un sentido de "lo hispánico" común a la mayoría de los españoles?

La clave es el pueblo no los políticos que desgraciadamente son veletas en su gran mayoría. Podría contestarle: "Dios, que buen vasallo, si tuviese buen señor" o, al contrario, como Montesquieu y Maistre: "los pueblos tienen los gobiernos que se merecen". Pero soy optimista y creo en la capacidad del pueblo español para actuar, movilizarse, salir de su dormición, presionar, influir sobre los políticos.

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Usted conoce, mucho mejor que la mayoría de los historiadores españoles, la figura de José Antonio Primo de Rivera ¿No cree que adelantó, ochenta años, el problema actual que vivimos con Cataluña?

Desde luego José Antonio Primo de Rivera no era solamente "un cerebro privilegiado, quizás el más prometedor de Europa" como dijo Unamuno, sino también un político inteligente, sutil, honesto y moderno. No olvidemos que el mismísimo ex presidente de la Generalitat, Jordi Pujol, dijo un día (Tiempo, 22 de diciembre de 1997, nº 816) que era uno "de los que mejor había entendido a Cataluña, y en circunstancias muy difíciles". José Antonio dijo textualmente lo siguiente: "[...] para muchos, el problema catalán es un simple artificio y, para otros, no es más que un asunto de codicia; sin embargo, estas dos actitudes son perfectamente injustas y desacertadas. Cataluña es muchas cosas a la vez, y mucho más profundas que un simple pueblo de mercaderes. Cataluña es un pueblo profundamente sentimental; el problema de Cataluña no es sobre importaciones y exportaciones; es un problema- muy difícil-, un problema de sentimientos". Dijo también muy acertadamente: "Ni autonomismo viejo, ni viejo centralismo. Entiendo que cuando una región solicita la autonomía, en vez de inquirir si tiene las características propias más o menos marcadas, lo que tenemos que inquirir es hasta qué punto está arraigada en su espíritu la conciencia de la unidad de destino; que si la conciencia de la unidad de destino está bien arraigada en el alma colectiva de una región, apenas ofrece ningún peligro que demos libertades a esa región para que, de un modo u otro, organice su vida interna".

¿Entiende usted que el federalismo pueda ser una vertebración válida para España o contribuiría a desintegrala más todavía?

El federalismo es una solución válida efectivamente pero cuando los dos partes son sensatas, racionales y cuando quieren emprender esa vía. El problema es que los radicales catalanes no lo quieren, ellos quieren la independencia, la secesión y nada más. A ellos no les importa que casi 2000 grandes empresas se hayan exiliado. Ellos dicen "las grandes cosas siempre se hacen sacrificando a unas generaciones". Es el argumento típico de los totalitarios.

¿Cómo cree que acabará la situación? ¿Existirá una reforma constitucional que colabore a la desintegración de España como proyecto común y sugestivo a todos los españoles.

Para impedirlo creo que el pueblo español tiene que evitar las trampas politiqueras y para eso tiene que volver a ser el primer actor de la política por la vía del referendo.

Tierra, Mar y Katechon

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Tierra, Mar y Katechon

Pueblos de la Tierra y pueblos del Mar

Ex: http://www.hiperbolajanus.com

El hombre asumió el principio de territorialidad desde el mismo momento que dejó de ser nómada, cuando en el lejano Neolítico comienza a establecerse en un territorio determinado, bajo comunidades de cierta amplitud, y con un código de valores y unas normas de convivencia que comienzan a forjarse de forma más o menos difusa, en un principio, y con mayor claridad en el devenir de los siglos. Así podríamos definir, de forma simple y concisa los inicios de la historia de la humanidad civilizada, en lo que nos remite al germen del poder político y del desarrollo de estructuras más o menos complejas que derivan en formas estatales de distinta naturaleza.
 
En este sentido es muy interesante destacar las reflexiones de Carl Schmitt al respecto, quien nos habla de una antítesis fundamental en la base del dominio político sobre el territorio. Se trata de un antagonismo que nos remite a dos tipos claramente diferenciados de entornos: por un lado la tierra y por el otro el mar. Estos dos elementos, que vemos claramente expuestos con posterioridad en la obra de Aleksandr Duguin, cuando nos habla del dominio de la tierra (telurocracia) y el dominio del mar (talasocracia), reúnen una serie de condicionamientos a nivel simbólico que reflejan naturalezas en contraste.
 
En el caso de la tierra nos remite a un elemento sólido, compacto y sobre el cual se pueden generar riquezas concretas, en forma de cultivos y cosechas o incluso proporcionarle una identidad al dividirlo, al ser susceptible de contener la impronta del hombre y de las actividades humanas en general. No en vano distintos estratos de asentamientos humanos se superponen sobre la tierra firme, y a día de hoy arqueólogos, paleontólogos o cualquier otro tipo de especialista puede conocer y estudiar la huella del pasado a través de los restos materiales contenidos en esa tierra. De modo que la tierra, en definitiva, es testigo y soporte de nuestras actividades, y por ese mismo motivo es posible establecer un dominio claro y efectivo sobre la misma, un dominio político sin lugar a dudas.
 
En el caso del mar ocurre exactamente lo contrario, y lo vemos reflejado en la ausencia de fronteras de ningún tipo, especialmente en lo que respecta a su superficie, donde se suceden interminables extensiones de un agua que, como elemento líquido, impide que la acción del hombre deje huella sobre la misma. Es muy complicado afirmar un principio de territorialidad sobre el mar, en la medida que es imposible compartimentarlo o dividirlo de manera alguna, de ahí que el dominio sobre los territorios marítimos haya sido, y siga siendo, un principio más difuso desde la perspectiva del derecho político.
 

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Los valores de la Tierra
 
Pero más allá de las cuestiones angulosas y complejas del derecho político, debemos contemplar dentro de la antítesis entre la tierra y el mar otro tipo de elementos que nos remiten al terreno más ideológico, lo cual supone un contraste que dentro de los posicionamientos de los teóricos más actuales del Eurasianismo vemos reflejados. Los valores ideológicos inherentes a la tierra, aquellos que representan el dominio político efectivo, se han traducido en una serie de ítems ideológicos muy claros: aquellos pueblos, imperios o civilizaciones basadas en el dominio de las masas y territorios continentales tienden a ser contrarios a las ideas vinculadas al progreso, a una concepción progresivo-evolutiva de la sociedad en los términos en los cuales es concebida por el liberalismo. El hecho de que la tierra no se atenga a los mismos criterios que el mar, que no sea maleable del mismo modo que lo son los océanos y que cualquier modificación se realice sobre un espacio fijo, nos habla de valores conservadores, contrarios a cualquier idea o principio de Devenir. En este caso debemos hablar de valores tradicionales, heroicos y espirituales que nos remiten a principios fuertemente enraizados en las conciencias de sus pobladores.
 
Del mismo modo la posesión y dominio de la tierra nos remite a un principio de Personalidad, que es el que alude al desarrollo no solo de un derecho privado, sino a la propia formación de un sentido aristocrático y vertical del poder. No en vano, en las sociedades tradicionales la existencia de una aristocracia terrateniente y la fundación de su poder sobre el dominio de posesiones territoriales ha sido fundamental. Respecto al tema de la Personalidad es importante destacar que ha sido uno de los elementos que Evola señala como uno de los procesos disolutivos propios de la Modernidad. La Personalidad, como afirmación de esos valores fuertes, desde la integridad y armonía interior son fundamentales para entender la concepción antropológica existente en este tipo de sociedades. Del mismo modo la Personalidad nos remite a la Persona, vinculada a un principio de identidad individual, que no individualista, dentro de la colectividad, que es otra de las referencias fundamentales defendida por los valores de la Tierra. El sentido comunitario-orgánico tan propio de las generaciones que nos precedieron, depositarias de valores agrarios en referencia a la vital importancia que hablábamos al comienzo, y es que aquellos que mantienen un vínculo directo con la tierra y ligan su existencia a ésta se impregnan de los valores duraderos y firmes que ésta representa. Del mismo modo la estructuración de una comunidad de este tipo entiende la necesidad de que cada una de las personas que la forman represente un rol o una función determinada, es lo que nos remite a la reforma gregoriana del siglo XIII, la que nos habla de la trifuncionalidad de la sociedad cristiana (los que trabajan la tierra, los que hacen la guerra y los que rezan), lo que implica un desarrollo vertical de la estructura de poder, una verdadera jerarquía en la que el dharma de cada persona establece el lugar que se ocupa en el conjunto.
 

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Los valores del Mar
 
Dentro del conglomerado ideológico que define los valores del mar hallamos principios e ideas diametralmente opuestos. El mar ignora fronteras y desconoce todo principio de unidad, como decíamos su estado líquido lo condena a la permanente indeterminación. Es imposible fijar fronteras físicas o moldear el paisaje del mismo de una forma duradera. De hecho, dentro de las concepciones tradicionales, el agua se relaciona con el estado previo a la Creación y al sentido de lo Primordial, es la referencia a la protomateria, a lo increado o lo que permanece en el caos o en la no-creación, con los cual alude a un principio oscuro. Las aguas nos remiten a lo preformal y el hecho de sumergirse en las aguas nos habla de muerte y disolución. Con lo cual los valores vinculados al mar nos remiten a valores que podríamos considerar anti-tradicionales. De hecho, y es algo muy significativo, han sido pueblos talasocráticos, que han fundamentado su poder sobre el dominio marítimo los que han construido la modernidad. Los países anglosajones, y más concretamente Gran Bretaña, han sustentado las bases de sus imperios mundiales sobre el dominio de los mares. En este caso prevalecen valores cosmopolitas, aquellos que hablan de la ausencia de vínculos orgánicos y comunitarios, así como el predominio de un individualismo disgregador, vinculado a intereses materiales y a la ausencia de principios y valores fuertes. Por este motivo los pueblos anglosajones han desarrollado un tipo de moral utilitarista y pragmática, donde han sido más importantes los efectos prácticos de las acciones, los beneficios dentro de un plano material, más que cualquier otro principio o valor político-ideológico inquebrantable. El cosmopolitismo y la reivindicación del individuo son dos procesos disgregativos de la modernidad. Es importante el matiz lingüístico y terminológico que se deriva del concepto «individuo», que deja entrever ese principio abstracto e indeterminado frente a la Persona y la Personalidad inherentes a los valores de la Tierra, y es que el individuo cosmopolita, materialista y pragmático es también un relativista moral, que carece de esa unidad y fortaleza interior propia de quienes integran la perspectiva terrestre, es un accidentalista y un oportunista, enemigo de cualquier valor absoluto y principio trascendente. No es casualidad que la democracia ateniense llegase a su punto de mayor apogeo con el triunfo de la talasocracia, que permitió el acceso de esclavos y metecos al cuerpo social bajo criterios materialistas y utilitaristas y bajo una concepción de la sociedad totalmente horizontal.

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Sobre la idea de Katechon en Carl Schmitt

La interpretación clásica de Katechon

Está claro que los valores del Mar se han terminado por imponer y la Modernidad se ha fraguado al amparo de este tipo de civilización de carácter descendente. Actualmente, bajo el periodo histórico en el que vivimos, en el contexto de la Posmodernidad, nos hallamos en un punto de encrucijada, en lo que no es un momento exclusivo a lo largo del devenir histórico. Obedece a la lógica de los ciclos históricos, describiendo movimientos elípticos, de ascenso, con sus etapas de apogeo, y de descenso con etapas de oscuridad e inversión. Hay un concepto, que aparece referenciado en la obra de Carl Schmitt que resulta muy interesante desde la perspectiva teológico-política y filosófica, la cual nos ha permitido establecer una conexión entre la historia como un fenómeno factual, fundada en los hechos, y el propio acaecer de los acontecimientos humanos. Se trata del concepto de Katechon, al que se hace referencia originariamente en el siguiente pasaje bíblico en el que se describen las tres etapas que impiden la llegada del Anticristo:
Porque el misterio de la iniquidad ya está en acción, sólo que aquel que por ahora lo detiene, lo hará hasta que él mismo sea quitado de enmedio. Y entonces será revelado ese inicuo, a quien el Señor matará con el espíritu de su boca, y destruirá con el resplandor de su venida;...
(2 Tesalonicenses 2-7)

En este fragmento, San Pablo parece referirse a una especie de corriente subterránea que recorre la historia y que caracteriza como «el misterio de la iniquidad», por el mal y por la acción del Anticristo. No obstante la acción contaminante y envilecedora del mal aparece como contrarrestada por otra fuerza misteriosa, la cual es citada de forma neutra, «como aquello que impide» y en género masculino como «aquel que por ahora lo detiene». Este principio inicuo está destinado a manifestarse en toda su trágica virulencia, sin embargo, está condenado a ser derrotado y eliminado, a ser «quitado de enmedio». A continuación San Pablo añade que «Jesucristo lo destruirá con el aliento de su boca» (2 Tesalonicenses, 2-8).
 
La interpretación de la exégesis cristiana es una tarea hartamente complicada, y más si atendemos al fragmento anteriormente citado. Muchas han sido las teorías que han tratado de aportar luz a las palabras de San Pablo pero, sin embargo, los propios Padres de la Iglesia han tratado de desafiar el misterio de las palabras paulinas para adentrarse en una interpretación que comprende una vertiente teológico-política. Se trataría de una fuerza misteriosa que desde tiempos del Imperio Romano y en lo sucesivo, especialmente durante la Edad Media y en el camino hacia la Modernidad actual, habría contenido una serie de desgracias y calamidades que podrían haberse materializado con las profecías de Daniel y el Apocalipsis y que habrían precedido al momento de la Parusía de Cristo. El Katechon nos aparece como una categoría que Carl Schmitt ha utilizado para aplicarla a las propias dinámicas de la política internacional y en la función de las ideologías y las potencias liberales, en aquellas catalogadas anteriormente, como parte de la ideología del Mar.
 
La interpretación según Carl Schmitt
 
De hecho, el propio Schmitt aplica la categoría de Katechon a los Estados Unidos en el momento en el que se produce su entrada en la Segunda Guerra Mundial en el lado de los ingleses, estableciéndose la adhesión de los norteamericanos a la estrategia y herencia talasocráticas de éstos últimos. En este sentido encontramos el concepto de Katechon, en su definición más primaria, como un obstáculo a toda transformación razonable y a todo crecimiento sano. El ensayo de Carl Schmitt donde aparecen claramente formuladas y sistematizadas estas ideas lo encontramos en El nomos de la Tierra en el derecho de Gentes del Jus Publicum Europaeum, donde se establecen una relación entre el elemento jurídico y la Tierra, de modo que entre ambos media una digresión sobre el Imperio como Katechon en la respublica christiana medieval. De hecho este principio nos aparece como una especie de fuerza capaz de mantener en estado de suspensión la idea escatológica del fin del mundo en el ámbito del acontecer humano mediante la creación de una gran potencia histórica. Esa idea de Imperio emerge consagrada o ungida bajo una gran misión histórica, en una especie de contexto de salvación escatológica que permitía, en el ámbito del mundo medieval, establecer un principio de continuidad con el propio Imperio Romano. A partir de entonces vemos cómo el concepto bíblico de Katechon se hace más profano y pierde las raíces místicas que lo vinculan directamente a la idea del fin de los tiempos y la venida del Segundo Reino de Cristo.
 

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De algún modo se produce una transformación del concepto de Katechon durante el Medievo, y esa fuerza misteriosa que, atendiendo a la etimología del término griego τὸ κατέχον que significa «retener», «agarrar» o «impedir», con unas connotaciones dentro del ámbito de lo trascendente, de esa fuerza misteriosa, que a través de un fundamento escatológico vinculado a la propia idea de imperio, le era confiada una misión de acuerdo con la visión metapolítica y metafísica de los Padres. A partir de la Edad Media esta fuerza misteriosa, que «retenía», pasa de tener una función de conservación y reacción a presentar un principio de legitimación «activista» al materializarse mediante un proyecto mundano y político, en lugar de la espera de la venida del Reino de Cristo, sometiendo las prerrogativas de tal reino a la relativización del poder mundano. De hecho, y como ocurre en la citada obra, Schmitt nos habla del Katechon como la principal fuerza que desde el Imperio Romano, y con su continuidad a través de la respublica Christiana medieval se produce una transición en la que esa fuerza histórica de naturaleza extraordinaria y sobrehumana experimenta la citada transformación.
 
No obstante, y al margen de la utilización del término en el contexto medieval, tenemos otras aplicaciones que el propio jurista alemán intenta aplicar el concepto de Katechon a otros contextos diferentes a aquellos de la teología política del Imperio, especialmente en los últimos años de la década de los cuarenta, cuando las potencias del Eje han sido derrotadas, donde el concepto adquiere una significación histórica e ideológica que se opone a la deriva técnica y de planificación de tiempos inestables vinculada a la victoria del liberalismo anglosajón y del marxismo soviético en la Segunda Guerra Mundial. Una alianza entre elementos técnicos, adaptados a las necesidades del mercado y las nivelaciones socialistas. Hay una visión apocalíptica de ese mundo de posguerra, en la cual parece transfigurarse una visión de este pensamiento como sufrimiento y agonía, en una especie de prefiguración del trágico destino de la cruz, como factores caracterizantes de todo Katechon y está vinculado a un fin determinado y que está en plena consonancia con el propio misterio de la salvación dentro de la doctrina cristiana. Forma parte de un diseño divino cuyos contornos solamente nos serán visibles al final de lo tiempos y frente al cual únicamente cabe la confianza y la esperanza.
 
A partir de este contexto de posguerra el katechon aparece asociado a los vencidos, a aquellos que no quieren renunciar a escribir la historia pese a sus condiciones de extrema debilidad y que, incluso, no renuncian a la posibilidad de combatir a las fuerzas que emergen como vencedoras del conflicto, las que construyen el Nuevo Orden Mundial en Yalta, y que representan las fuerzas de la planificación técnico-económica que suponen un precipitarse del mundo hacia un activismo nihilista, la sociedad de masas. Se trata de un intento de resistir que nos puede recordar a la postura evoliana que vemos en Orientamenti, en la que la resistencia interior aparece como una estrategia, aunque más de replegamiento y defensa pero sin renunciar al contraataque. Schmitt habla de la «crucifixión» como parte de la naturaleza y experiencia humana en la historia y sobre la función y el modelo que representa para el cristiano la crucifixión de Jesús. Su muerte como esclavo, por un poder arrogante y autodivinizado se convierte, para Schmitt, en el símbolo de la persecución del enemigo contra los vencidos en la guerra justa. Todo ello en contra del principio racional y caballeresco en la relación amigo-enemigo, dentro del concepto de justus hostis, que representa respecto a todos los fanáticos fautores del justum bellum.
 

Carl Schmitt. Plaidoyer pour la multipolarité, 1943.png

A partir de la sistematización del nomos de la tierra comienza una fase en la que Schmitt aprecia cómo van produciéndose unos antagonismos, y en términos de confrontación, entre el pensamiento histórico cristiano y las filosofías de la historia de la era de la técnica, bajo la idea típicamente moderna y prometeica como un obstáculo providencial en relación al misterio conectado con el camino en el devenir temporal de la humanidad. Se trata de la acción del katechon vinculada a la promoción de una concepción política vinculada a concreción terrestre del orden y del derecho y de los valores orgánico-comunitarios. Esta fuerza misteriosa no aspira a convertirse en una fuerza dúctil y maleable en manos de la humanidad, sino que su misterio se funda sobre la idea de la aceptación de los límites humanos. Tal aceptación implica también que las pretensiones hegemónicas de la nueva humanidad surgida a partir de 1945, en su configuración nihilista y tecnocrática del poder mundial se encuentran sometidas a un límite, lo cual también supone una esperanza de cara a la redención frente al inmanentismo, y el consumismo hedonista de la nueva civilización. De modo que aquí Katechon implica una apelación a una forma de actuar alternativa a las dinámicas aparentemente en confrontación, pero en realidad solidarias, de las ideologías «redentoras» del capitalismo y el comunismo bajo las cuales subyace una peculiar interpretación de la historia.
 
Las connotaciones y prolongaciones del concepto katechónico podrían dar lugar a innumerables ideas e interpretaciones dentro del campo del derecho, la filosofía o la geopolítica que traspasarían nuestros objetivos y pretensiones, que no van más allá de mostrar un elemento interesante dentro de los diferentes recursos ideológicos e interpretativos que el lúcido pensamiento del eminente jurista alemán Carl Schmitt, puede aportarnos.

vendredi, 10 novembre 2017

Lovers of Sophia

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Lovers of Sophia

Jason Reza Jorjani

Ex: https://manticorepress.net

Introduction to Lovers of Sophia

JRJ-sophia.jpgThis mammoth volume is a collection of twenty distinct philosophical reflections written over the course of a decade. Most of them are essays, some almost of book length. Others would be better described as papers. A few are well structured notes. There is also one lecture. A magnum opus like Prometheus and Atlas does not emerge from out of a vacuum, and an alternative title to these collected works could have been “The Path to Prometheus and Atlas.” While there are a few pieces that postdate not only that book but also World State of Emergency, most of the texts included here represent the formative phase of my thought. Consequently, concepts such as “the spectral revolution” and “mercurial hermeneutics” are originally developed in these essays.

In addition to revealing the context for the genesis of specific concepts that I have developed, these reflections also have certain stylistic features and central concerns that, when taken together with my two published books, make it possible to discern the key characteristics of my philosophical standpoint. For example, I reject any subdivision of Philosophy into distinct and specialized fields such as Ontology, Epistemology, Aesthetics, Ethics, and Politics. The main reason that I have included “An Introductory Lecture on Ethics” is because it exemplifies my integral conception of what it means to philosophize. From the essay, “Philosophy, Science, and Art” it becomes clear that beyond a rejection of specialization within Philosophy, I go so far as to argue against any fundamental differentiation of Philosophy from the arts and sciences. It is my contention that philosophers (such as Aristotle and Descartes) determine the deep structure of successive scientific paradigms, at least at their inception, and that philosophical thought can take place in an artistic and literary medium. This is why several of the pieces here are interpretations of literary or cinematic works, such as The Trial of Franz Kafka, or two films based on the writings of Philip K. Dick. In my view, aesthetic intuition is a necessary (but not a sufficient) condition for being a philosopher.

While on the subject of what it means to be a philosopher, let me point out that it is only with the publication of these essays that I reconcile myself to making the claim that I am one. Thus far I have described myself only as “an aspiring philosopher”. In addition to the aforementioned “Introductory Lecture on Ethics” and reflection on the relationship between “Philosophy, Science, and Art”, my diatribe “Against Perennial Philosophy” makes it quite clear that I do not recognize the majority of academics in the field of Philosophy as “philosophers” even though they disrespect the great thinkers of the past by referring to themselves as that. “Against Perennial Philosophy” actually disqualifies the majority of so-called “philosophers” in the Canon as well, and it suggests that there has hardly been any philosophy worthy of the name outside of the Indo-European civilizations (including Buddhist Asia).

A philosopher is someone whose thought engages with fundamental questions concerning Truth, Beauty, and Justice, in a way that leads to the discovery of concepts with a potential to catalyze scientific and political revolutions. The philosopher’s ethics and politics must be grounded on his ontology and epistemology, and, as I have already suggested, this integral thought has to be guided by an aesthetic intuition comparable to that of the most extraordinary geniuses in literature and the arts. This is a definition that disqualifies scientists as innovative as Khayyam, Galileo, and Newton, political theorists like Cicero, Rousseau, and Strauss, or artists such as Ferdowsi, Dostoyevsky, and Kubrick. That I reflect philosophically on the brilliant works of Franz Kafka and Philip K. Dick, does not mean that I consider them philosophers. On this definition, there are probably not many more than two dozen philosophers known to recorded history. (This qualifier “recorded history” is important since I am certain that we have lost a great deal of legitimate philosophy to vicissitudes such as the burning of the Library of Alexandria or the Islamic Conquests of Iran and India.) On account of the development of at least four original concepts thus far, namely the “spectral revolution” and “mercurial hermeneutics” in Prometheus and Atlas, the concept of a “world state of emergency” in the book by that name, and the terrifying idea of a “destructive departure in worldview warfare” from the essay “Black Sunrise” that appears in this volume, I now see myself as (just barely) having joined the ranks of these fellow lovers of Sophia.

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The backbone of this collection is constituted of critical, and in some cases iconoclastic, contemplation of the work of my predecessors in the Canon: Plato, Aristotle, Spinoza, Kant, Hegel, Nietzsche, James, and Wittgenstein. The interpretation of Plato ventured in “The Pharmakon Artist” and that of Aristotle in “Building the Theater of Being” are totally original and extremely destabilizing to received tradition. The essay on Hegel’s “Paranormal Phenomenology”, which also adopts and adapts certain ideas from Maurice Merleau-Ponty, is the point of origin for the concept of “mercurial hermeneutics” further developed in Prometheus and Atlas.

But it is by no means the case that these philosophical reflections are limited to the Western Canon. Rather, one of the distinguishing characteristics of Prometheus and Atlas as well as World State of Emergency is the cosmopolitan scope of my thought. My “Critique of Shiite Esotericism” and exegesis of “Verse 4:34” from the Quran, are incisive philosophical critiques of Islam. They were instrumental scholarly exercises on the way to the anti-Islamic argument of World State of Emergency. Essays like “Serpent Power of the Superman”, where I argue that Hindu Tantra is more Nietzschean than Nietzsche, reaffirm that I recognize no distinction between ‘Western’ and ‘Eastern’ philosophy. Although most of what could be called philosophical thought in the East is Indo-European or Aryan in origin, my “Notes on the Tao of Bruce Lee” suggest that Aryan traditions like Buddhism can be augmented by assimilating elements of non-Aryan traditions such as Taoism. As I argued in both Prometheus and Atlas and World State of Emergency, I see this innovatively evolving cosmopolitan humanism as one of the most distinctive qualities of the Indo-European community. Bruce Lee is Aryan, not Chinese – and I say that mainly on account of the form of his thought, rather than his half-German genetic inheritance or his upbringing in the British colonial culture of Hong Kong.

By the way, as “Trial Goddess” strongly suggests, I also consider Franz Kafka to be an Aryan. Fragmentary as his writings may be, in my view Kafka is the peak of German literature – or rather the cathedral gloom of its most horrifyingly abyssal depth. How integral Jews have been to defining the most Aryan of attitudes and ideas in the Western Canon is also clear from the overwhelming influence of Baruch Spinoza on the development of the core structure of Nietzsche’s thought, which I trace in the essay, “Spinoza, the Untimely One.” Nietzsche, the progenitor of the Aryan Superman, himself recognized the Jews as a world-historical community who, as compared to their small numbers, have demonstrated an incomparable genius in every field of human endeavor, producing some of the most brilliant philosophers, scientists, artists, and mystics.

To the horror of those who consider cosmopolitan Jews to be nothing other than crafters of corrupting golem, in the essay “Prisoners of Property and Propriety” I argue that Karl Marx was a devotee of Prometheus – the most Aryan of all divinities. Moreover, it is in this essay on Marx and other radical Marxists that I first developed the concept of the “spectral revolution” as early as 2010. I synthesized Prometheus and Atlas from this essay with Deleuze’s idea of conceptual personae in “Philosophy, Science, and Art” and Merleau-Ponty’s understanding of spectrality as I interpret it in “Paranormal Phenomenology”, in order to produce the core structure of my magnum opus. Reflecting on Ludwig Wittgenstein’s concept of language games was also instrumental to arriving at the idea of “worlds at war over Earth” in Prometheus and Atlas.

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My thinking defies all binaries. More than that – it mocks them. Those who know how to read esoterically, as I know how to write esoterically, ought to have discerned that in Prometheus and Atlas. Hermes or Mercury, the Trickster, is not the book’s villain. Like the figure of The Joker in the essay “Gotham Guardian”, he (or she, another false binary) is an agent of chaos and a de-structuring force required for any new world order. This is what the Alt-Right never understood about Pepe, the incarnation of the ancient Egyptian god Kek. Of all the figures in the leadership of the Alt-Right, I was Kek’s most faithful emissary. Richard Spencer and Daniel Friberg are just the devil’s playthings.

This brings me to “Black Sunrise”, which is by far the most disturbing essay in this collection and the only one in which I develop a new concept beyond those of my first two books. While a superficial reading might leave one with the impression that this is a Fascist manifesto, those who are attentive will find no explicit endorsement. Even more thoughtful people would recognize that the text carries out what occultists call “revelation of the method.” The method in question is the means whereby a global Fascist state could be established on this planet, well within this century. I conceptualize this method as “destructive departure in worldview warfare” – a loose translation from the much more evocative German phrase that I coined to express this idea: Abbauende Aufbruch ins Weltanschauungskrieg. This is not a hypothetical idea.

It is, in practice, the most radical form of psychological warfare imaginable. It presupposes an anarchical existential ontology on the basis of which one can captivate entire societies through the manipulation of false binaries that form the fabric of their weltanschauung. The societies are broken down and then re-conquered by a breakaway civilization, in comparison to which the target societies are simulacra with programmable mytho-poetic variables. I disclose the modus operandi of this occulted Fascist breakaway civilization. But what is more interesting, from a philosophical standpoint, is the way in which this disclosure serves as the context for an exploration of some radical ideas about the nature of space-time and the possible non-linearity of human history reaching all the way back to the antediluvian civilization of Atlantis.

These questions about Time, and specifically whether it is possible for the future to re-write the past, are at the heart of the debate over free will and determinism. One of the oldest philosophical debates, it is central to at least four of the pieces in this book: “Free Will vs. Logical Determinism”, “Rewriting God’s Plan”, “Changing Destiny”, and “An Introductory Lecture on Ethics.” Readers who are familiar with Prometheus and Atlas will know that my argument for Free Will, which draws heavily on the metaphysics of William James, also featured prominently in that text. Consequently, this concern with the metaphysical preconditions of human freedom, conscientious action, and genuine creativity can rightly be seen as one of the most defining characteristics of my thought. These four essays on free will should leave no doubt that I am, above all, a freedom fighter. It is because, like Zarathustra and Buddha before me, I recognize that superhuman gods are real but unjust and deceptively manipulative that I reject democracy as a political form that is capable of protecting the creative power of the precious individual genius. Democracies will always be instruments of these master manipulators, whether through their direct power over the psyche of the ignorant mob or through their dealings with oligarchs who hide behind the façade of democracy in order to outlast other more forthright forms of tyranny.

My philosophical project ultimately represents a rebellion against all forms of tyranny, including the tyranny of the majority. Its goal is the highest human self-consciousness and the most creative self-determination. One reason that this has not been understood is that my detractors, and those who have defamed me, are not capable of seeing past their own noses. At its deepest and most esoteric level, my thought, like that of Plato or Nietzsche, is scaled to thousands of years of human and post-human evolution. People who think that John Rawls is a philosopher and waste their time writing about him are ants laboring in the shadow of my obelisk. What is written in these pages is not for them. It is for you, lovers of Sophia – all of you, across the ages into the distant future, into the lighthouses of a galactic Alexandria. From Zarathustra onwards, we are all flames of the same undying cosmic fire. We are the glowing forge of futures past.

«Democracia y talasocracia: Antología de ensayos geopolíticos», de Claudio Mutti

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«Democracia y talasocracia: Antología de ensayos geopolíticos», de Claudio Mutti

Ex: http://www.hiperbolajanus.com

La obra que nos disponemos a presentar supone una novedad editorial de primer orden en el ámbito editorial en lengua hispana. Hasta el momento hemos profundizado en el ámbito de la geopolítica desde una perspectiva alternativa, atendiendo a los escritos del profesor Aleksandr Duguin o Leonid Savin, sin olvidar la obra dedicada al ex-presidente iraní Mahmud Ahmadineyad bajo la autoría de Sepehr Hekmat y Alí Reza Jalali, bajo las cuales hemos tratado de trazar una panorámica a nivel de contenidos, estrategias y significados dentro de lo que se conoce como el Eurasianismo, una escuela de pensamiento geopolítico que encuentra en Rusia a sus autores más cualificados.
 
Democracia_y_talasocracia_Claudio_Mutti.jpgEl Eurasianismo es un modelo geopolítico alternativo y completamente antitético respecto al modelo unipolar imperante en la actualidad, que bajo la batuta estadounidense ha impuesto sobre el resto del planeta la hegemonía liberal. Los valores asociados al liberal-capitalismo se han convertido en los dominantes a nivel planetario, y bajo la égida de estos y mediante la doctrina de los «derechos humanos» se ha pretendido exportar este modelo de civilización a todos los rincones del planeta, y esto con toda la carga ideológica que conlleva y la ausencia de un auténtico principio de respeto a aquellas realidades fundamentales del ethos de los pueblos, ignorando la diversidad de culturas, creencias y cosmovisiones que conlleva el gran mosaico que compone la humanidad. Es precisamente frente a ese Leviatán contra el que es necesario actuar, y frente al cual el Eurasianismo representa un modelo adaptado a las realidades étnicas, culturales y existenciales de los pueblos, y nos habla de un principio de equilibrio, de bloques geopolíticos que se convierten en interlocutores de la política internacional al mismo nivel, sin someterse a la autoridad de uno de ellos.
 
Dentro de este contexto, del que representa el Eurasianismo y las diversas ramificaciones o prolongaciones asociadas a su doctrina, es donde podemos enmarcar «Democracia y talasocracia», del conocido lingüista, filólogo, intelectual italiano Claudio Mutti, quien es a su vez el director de la revista Eurasia y de «Edizioni all'insegna del Veltro», editorial italiana con una línea afín a la de Hipérbola Janus y que comparte nuestro espíritu anticonformista. Dentro de este compendio de ensayos geopolíticos podemos encontrar una multitud de temáticas magistralmente hilvanadas a través de un hilo conductor muy concreto: la particular relación entre el espacio político como una especie de matriz sobre la que se superponen e interactúan diversos espacios como pueda ser aquel económico, social, demográfico o lingüístico.

La talasocracia de la Atenas clásica
 
Particularmente esta obra destaca la importancia que factores de naturaleza geográfica pueden producir en el ámbito de la acción política. Paralelamente, podemos extender estas consideraciones tanto en el tiempo como en el espacio, y asistir a la interacción de todos estos elementos y variables en el devenir de la historia, desde los bloques geopolíticos enfrentados en la Antigua Grecia hasta los tiempos presentes, haciendo especial hincapié en aquellos autores que, como Tucídides, Estrabón o Aristóteles, que se convirtieron en epígonos de la geopolítica y nos permiten descubrir relaciones geopolíticas especialmente imbricadas en el curso de épocas históricas muy tempranas. Al mismo tiempo, la acción de los hombres en los entornos de civilización que se desarrollaban en torno al Mediterráneo nos aparecen como elementos activos en las transformaciones y cambios que se producen, sin ser meros elementos pasivos al servicio de la correlación de variables descritas, sino que modifican permanentemente el espacio y hay una simbiosis entre el espacio que ocupan y la generación de un tipo de valores y visiones del mundo muy concretas.
 
De hecho, ya vimos con Carl Schmitt la importancia que el espacio geográfico ha jugado en la Cosmovisión de los pueblos y en su forma de hacer política en el mundo. El mar, que define el modelo talasocrático, es el espacio en el que se despliega su dominio, siempre fue una frontera difusa, difícil de delimitar, y de ahí que establecer una compartimentación o imponer una determinada soberanía sobre el mismo sea una tarea compleja. Es precisamente ese carácter particular del mar el que ha dotado a pueblos como el ateniense en la Antigüedad o a los anglosajones en la actualidad de un modelo de civilización y valores caracterizado por el cosmopolitismo, la preeminencia del materialismo o el individualismo o la horizontalidad del modelo democrático.
 
La cuestión lingüística
 
Otras temáticas nos remiten al tema lingüístico, y más concretamente a la evolución y el papel que la lengua ha jugado en el contexto geopolítico. Hay un evidente nexo entre la capacidad político-militar y la lengua, que en última instancia supone un elemento mucho más eficaz y duradero en la extensión del dominio o un derecho de conquista, en la medida que es capaz de perpetuarse en el tiempo y generar lazos profundos entre los pueblos. Este fenómeno, que vemos reflejado en el mismo origen y desarrollo de nuestras lenguas patrias, como europeos, arranca desde la desintegración del imperio fundado por Roma, con la desintegración de sus distintas partes, la particular evolución de cada una de ellas, y las lenguas romances, unidas cada una de ellas a un destino nacional diferenciado. En este sentido, y durante el último siglo, definido por el ascenso y consolidación de la hegemonía estadounidense, el inglés ha impregnado nuestras lenguas de neologismos en una auténtica invasión lingüística, de la cual no solo la Italia natal de nuestro autor, el egregio profesor Claudio Mutti, ha sido una víctima destacada, sino que es un fenómeno perceptible a nivel global, y en este caso particular, aquellos que tenemos el castellano como lengua materna debemos reconocer la naturaleza invasiva de muchos términos que hoy día son de uso común en nuestra lengua. Estamos hablando de términos como running, parking, marketing, selfie, starup, tablet y un largo etcétera que suponen una expresión del dominio e influencia del mundo anglosajón durante la era moderna.
 

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Asia y Europa
 
Paralelamente, y dentro del pensamiento Eurasianista, no podemos obviar realidades geopolíticas tan importantes como la que representa Turquía, en un área geográfica de encrucijada, la Puerta Sublime, el límite entre Oriente y Occidente, la importancia de su papel geopolítico, sus potencialidades, su legado cultural y lingüístico y los vínculos profundos con otras estados pueblos del Asia Central, donde podemos ver la interacción de las variables que comentábamos al inicio. Hablamos no solo de Turquía, también hablamos de otras grandes potencias regionales como Irán o Kazajistán, que, se hayan ocupan unos espacios geográficos extensos y que suponen la confluencia e integración de vastos espacios que van desde las estepas centrales de Asia hasta el Índico, comprendiendo unos amplios territorios con un gran potencial económico, energético y humano, así como con una historia rica y compleja, en tradiciones, en fuentes culturales, en mitos y en la construcción de imperios.
 
Habiendo esbozado algunos de los aspectos que son tratados en la antología de ensayos, magistralmente abordados por el profesor Claudio Mutti, y excelentemente prologados por Francisco de la Torre, ahora dejamos al lector la tarea de adentrarse en su contenido y de sacar sus propias conclusiones, desentrañando sus claves y tratando de contrastarlas con la realidad imperante. Para nosotros es un orgullo contar con esta obra en nuestro catálogo, y entendemos la necesidad de su aparición en castellano como una forma de homenajear la prolongada trayectoria de Claudio Mutti por estos derroteros ideológicos, los que nos permiten construir una alternativa frente al imperio de lo políticamente correcto, de de la falsa e hipócrita doctrina de los derechos humanos y las diversas estrategias utilizadas por la potencia talasocrática para neutralizar y anular a sus potenciales enemigos, aquellos que son depositarios de una realidad cultural, espiritual y existencial mucho más arraigada y sólida, y que como antítesis frente a las potencias marítimas cimentan sus bases sobre el dominio de la tierra, obedeciendo a un tipo de cosmovisiones jerárquicas, tradicionales y conservadoras.

El libro ya se encuentra disponible en formato papel con encuadernación de tapa blanda a través de Amazon, como también es posible adquirirlo a través de email.

jeudi, 09 novembre 2017

25 novembre à la librairie Facta (Paris)

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De la contradiction du système : État total VS État minimal

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De la contradiction du système: État total VS État minimal

Michel Lhomme
Philosophe, politologue

Ex: https://metamag.fr

Le terme du « pari multiculturaliste » exposé judicieusement il y a peu par Eric Werner  peut surprendre et en aura même irrité quelques uns qui croient encore à l’assimilation quand il n’y a plus rien à assimiler. C’est que, pour la première fois, le dictateur n’a ni visage, ni frontières, ni armées.

Ce n’est pas seulement l’axe horizontal gauche/droite qui est mort mais le principe même de la République. Il n’y a plus de partis parce qu’il n’y a plus que des tribus ou des ethnies éparses sur un territoire en sécession. Les citoyens ne peuvent plus adhérer mais ils sont « en marche », en mouvement perpétuel sans aucune possibilité d’intégration sauf par l’argent puisqu’il n’y a plus d’identité collective autre que commerciale. L’État total est ainsi devenu la seule finalité du gouvernement cosmopolite et multiculturel mais sans plus aucun espoir de grand lendemain collectif. Certes, il y aura encore quelques luttes sociales sporadiques mais sans conflit proprement politique puisque les syndicats ont été dressés pour tout dépolitiser par le consensus.

A l’extrême droite comme à l’extrême gauche, on entend aujourd’hui des phrases comme « les riches doivent payer », « la finance est mon ennemi… », on entend critiquer l’« oligarchie », parler même de « ploutocratie » mais sans se donner les moyens d’envisager l’union ou la conjonction des forces de renversement. Nous sommes ainsi prisonniers sur la scène critique d’un théâtre d’ombres politiques et l’idiotie des masses croissant avec la pédagogie de la compétence, la contestation finira par ne représenter plus rien d’autre que des intérêts tribaux, raciaux et pire religieux. Au final, la dictature sans visage, l’autoritarisme soft du libéralisme risque de s’avérer plus puissant que l’ancienne tyrannie des frontières et des armées sauf que ce ne sera jamais que le contrôle de territoires endettées à hauteur de plusieurs milliards d’argent fictif. L’État total pour « pacifier» le multiculturalisme est bien en construction mais sur la base de l’idéologie qui en est son oxymore même à savoir l’idéologie de l’État minimal.

Concrètement, face aux gigantesques moyens de fabrication et de manipulation de l’opinion, il n’y a plus ,face à la dépolitisation régnante du multiculturalisme que la dictature sans visage de l’État total, le grand État orwellien du contrôle généralisé et de la trace informatique. Mais ce futur suppose l’existence de prisons à l’infini, d’agents de contrôle postés à tous les carrefours, de forces de police  alors que la logique économique du système vise à la privatisation radicale et à la suppression massive des fonctionnaires. Entre l’État total, garant pacifique du multiculturalisme et l’État minimal, pivot du système économique du multiculturalisme, la contradiction est telle qu’il leur faudra bien un jour l’autre descendre dans la rue comme au temps des Versaillais de la Commune .

GO-couv.jpgAinsi, face à la désorientation du pouvoir qui veut faire croire qu’il n’existe plus qu’un modèle de société, que “there is no alternative” et que cette non alternative est toute couleur métisse, l’État total  se heurtera très vite à un sérieux problème de moyens et de compétences au point qu’au final, les citoyens ne pourront et surtout ne devront se défendre que seuls, en somme ne compter finalement pour leur sécurité que sur eux-mêmes.

La France de 2017 a choisi l’option apolitique de la gouvernance technocratique , l’alternance du grand remplacement cosmopolite pour débrider la consommation intérieure. Elle a opté en libertarienne conséquente, la dématérialisation numérique comme mode de gestion des citoyens et commence à prôner la démonétarisation radicale des échanges mais les carotte sont cuites, il ne reste plus à l’Etat de carottes à offrir.

C’est la fin à la française de la République, de l’État-nation et de l’État-Providence, de l’idéal démocratique au sens où l’ultralibéralisme a détruit pour partie la part sociale du rôle de l’État : la main gauche de l’Etat, son côté féminin, la solidarité qui s’exerce dans les écoles, les hôpitaux, l’aide sociale. Tout cela est effectivement mis à mal, saboté, sabordé. De fait, il ne reste plus alors pour lier les tribus que la part masculine, patriarcale, la main droite de l’État, c’est-à-dire la part répressive, ce que l’on appelle le rôle régalien, dont le terme rappelle bien évidemment son origine archaïque.

Dans cette part régalienne de l’État minimal en construction se trouvent l’armée, la police, la justice mais ces institutions sont elles-mêmes appauvries. L’Europe multiculturelle assiste ainsi à un déferlement de violence «légitime» et de restriction des libertés mais les années qui passent nous montrent aussi ce qu’il en advient : on peut tout faire dans l’économie du laisser-faire. La dépolitisation et la déculturation marquent aussi la crise d’efficacité et de légitimité du régime puisque gouverner dans ces conditions à savoir sans penser mais avec des états d’âme éthique s’avérera de plus en plus difficile. L’impuissance idéologique caractérise ainsi de plus en plus le pouvoir sans visage du contrôle total. En plus de cette incapacité à résoudre le plus souvent les problèmes quotidiens des gens, la dictature au visage d’enfant les laisse démunis puisqu’à la fois abandonnés socialement à la misère et à la pauvreté et livrés au fanatisme religieux.

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Quand l’efficacité a prétendu primer pendant des années sur l’identité en cassant les communautés organiques, ces dernières finissent nécessairement par manquer aussi à l’appel pour maintenir le système en équilibre et assurer les nécessaires corps intermédiaires. Dans la décomposition politique de la société multiculturelle, il n’y a effectivement plus alors que trois remèdes : la violence nihiliste des gens d”en bas”, la technocratie de contrôle des ”gens d’en-haut” ou le repli sur la société civile. L’enjeu est terrible puisqu’il en va de la survie même de la liberté c’est-à-dire de quelque chose qui normalement ne se négocie pas.

L’État total du pari multiculturaliste n’est donc pas une plaisanterie. Il s’y dessine la « gouvernance », l’administration de la société par une élite cooptée, sur le modèle des sociétés commerciales. Ainsi, les élites ont-elles décidé depuis longtemps que la démocratie représentative traditionnelle n’est plus adaptée à un monde globalisé fondé sur la libre circulation du capital, sur le métissage, sur l’État minimal et elles ont opté comme principe le multiculturalisme et comme pratique le grand remplacement des populations. Elles ont choisi la fin des peuples mais sur une antinomie intenable : l’État minimal et l’État total. Nous savons que cette antinomie est une aporie et donc par là qu’ils ont déjà perdu la partie.

Suffisante Catalogne pleine d’insuffisances. Jusqu’où ira le bluff catalan?

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Suffisante Catalogne pleine d’insuffisances. Jusqu’où ira le bluff catalan?

par Gustin Sintaud

Ex: https://metamag.fr

Aujourd’hui, l’extravagante fuite très léninienne  de Carles Puigdemont, accompagné de certains de ses ministres, ne serait-elle pas d’une intelligence rouée ? Le chef suprême de l’irréelle république catalane, pseudo-libérée de la tutelle de l’État Espagnol, a-t-il, par cette dérobade, stoppé le rêve séparatiste catalan, ou plutôt jusqu’à quand ?

Pour éviter une poursuite judiciaire pour sédition et rébellion à son encontre et échapper, de sa retraite belge, à un légal procès pour ses délictueux agissements, le madré meneur de toute cette agitation, préfère se soustraire à ses responsabilités : pas fou le stratège à l’aspect minable d’un petit bureaucrate sans relief !

Certes, il n’a rien du tribun persuasif, ni d’un charismatique meneur d’hommes, mais ne nous trompons pas, le rusé est un fieffé manipulateur ! De sa quiète retraite, ce fade personnage poursuit méthodiquement son combat occulte et cherche à peaufiner une stature de révolutionnaire vertueux, quand il affirme n’agir ainsi qu’en toute bonne foi pour vouloir absolument éviter d’éventuelles suites violentes au processus qu’il a généré et amené, jusqu’ici sans grand risque, à ce point de grave rupture.

On pourrait le lui reprocher, si ce n’était qu’astucieux prétexte, de l’énoncer trop tardivement, après n’avoir cessé de jeter de l’huile sur le brasier qu’il a consciencieusement allumé et minutieusement attisé. Comment s’est-il drapé dans un accoutrement de pure et noble démocrate ! Fort de ce trouble bon droit, il va même jusqu’à affirmer perfidement son accord pour les élections proposées pour le 21 Décembre 2017 par l’exécutif madrilène dont il promet même d’admettre la sentence populaire ; mais, par ailleurs, il continue de se retrancher derrière l’incontournable résultat très contestable du référendum du 1er octobre qu’il avait organisé fort litigieusement de son propre chef. De là- bas, bien tranquille le drôle , il sera toujours prêt à parler et agir, soit pour en profiter si cela le conforte, soit pour en contester la validité : à l’abri, il se tient en vaillante réserve.

Mais pour bien percevoir l’esprit de cet agenceur tortueux, il suffit, pour ne point se laisser trop abuser par son doux machiavélisme, d’ausculter les tenants du système qu’il a patiemment suggéré et dont il use, depuis le début, pour pouvoir animer le problème catalan si déstabilisant.

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On s’est efforcé, sous sa baguette de chef d’orchestre, de créer un fausse réalité car totalement dépourvue de solides fondations ; pour compenser cette légèreté remarquable, il faut mentir effrontément, tricher sans le moindre soupçon de probité : la catalogne chérie par une bande de militants peut scrupuleux, comment aurait-elle sa vérité encensée ? Sur quoi s’est -on appuyé pour la stipuler ? Qu’en est-il vraiment de cette histoire revendiquée, de ce peuple catalan ayant la prétention au droit de disposer de lui-même, et de cette nation si mise en avant ? Que savoir aussi sur cette langue catalane comme exclusive et suffisante spécificité ?

Les derniers bonshommes cathares, pourchassés dans le royaume de France, avaient le réflexe de se réfugier au-delà des Pyrénées. Ils y trouvaient accueil sympathique, amitiés protectrices auprès d’une population « cousine » par sa façon de vivre, de semblable mentalité, et surtout dont-ils partageaient totalement le moyen oral de communication usuelle, le même dialecte de langue d’oc.

Ce langage commun était un dérivé de la koïné d’oc du XIIIe siècle ; il s’utilisait quasi uniformément depuis le territoire qui devint l’espace catalan français par le traité des Pyrénées de 1659, et surtout le nord-est de la péninsule ibérique jusqu’à Elche, comme l’atteste toujours le dialecte patoisant valencien.

Le parlé courant aujourd’hui, plus en Catalogne espagnole que Française, est toujours assez proche de ce dialecte d’oc médiéval, même s’il s’est quelque peu distancé de l’actuel occitan moyen, comme l’a toujours affirmé feu le Professeur Robert Laffon grand spécialiste de la langue occitane, animateur charismatique de l’IEO (Institut d’Etudes Occitanes), et expert reconnu de tous le dialectes et patois d’oc. Ce langage sert toujours, plus ou moins harmonieusement, dans les échanges quotidiens, avec le Français en Pyrénées orientales et Cerdagne en territoire Français, et avec le Castillan en catalogne hispanique et un peu plus au sud.


L’usage de ce moyen de communication vernaculaire semble l’argument le moins contestable pour être brandi comme l’élément le plus manifeste d’une unité catalane. Est-il suffisant pour donner tout son sens et sa crédibilité à une nation à par entière ? Depuis quand la réalité linguistique serait-elle seule déterminante pour signifier une nation ? Bien d’autres paramètres, qui doivent lui être associés, semblent tout aussi indispensables : une probante spécifique culture doit tout autant se partager, comme il faut qu’une histoire reconnue comme constituante puisse animer la juste volonté nationale d’une population.

Cette Catalogne qui exige bruyamment et véhémentement son indépendance pour s’extraire de l’Espagne et en divorcer constitutionnellement , ne veut plus se contenter de la large autonomie qu’elle acquit en 1979, comme la lui avait consenti la constitution Espagnole d’après Franquisme de 1978. Celle-ci lui abandonnait toute latitude pour décider et gérer son éducation, sa santé publique, son économie, une large part de son administration, jusqu’à lui permettre une police régionale propre.

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La Catalogne de Puigdemont affirme donc son idée de nation catalane, accomplie pour prétendre à l’indépendance pleine et entière, en commençant par se référer à la constitution de l’Espagne, en ce qu’elle précise que l’État espagnol intègre la « nation catalane ». Que dire de cette argutie qui utilise abusivement à son avantage un terme utile lors de la rédaction d’un ensemble, alors qu’elle ne veut rien reconnaître du tout dont elle le tire ?

Cette discutable prétention de pseudo-nation par ses instigateurs n’en n’est pas à un paradoxe près : leur Catalogne séparatiste, indépendantiste ne se proclame et ne se reconnaît que selon des dispositions espagnoles. Ainsi se satisfait-elle pour son territoire propre des quatre seules provinces administratives que l’État espagnol lui a concédées : celles de Barcelone, de Gérone, de Lérida, et Tarragone …., exit tout ou partie du Levant, malgré toute son ancienneté catalane et son parlé valencien …

De même, comme il ne suffit pas de clamer l’existence d’une histoire catalane efficiente pour lui accorder une plus notable ancienne réalité que sa récente historicité référentielle ; et le délégué pour la catalogne en France a beau assurer les « dix siècles de l’histoire de la catalogne » sur LCI, le 19.10.2017, il ne fait qu’agiter une contre vérité comme assertion non contestable.


Après avoir fait partie de la province ibérique de l’Empire romain, sans statut particulier, elle servit de marche francque jusqu’au IXe siècle, toujours sans notable particularité. Son territoire actuel fut ensuite conquis et occupé par les Wisigoths, puis elle devint dépendante, comme presque toute la superficie de la péninsule ibérique, des envahisseurs arabo-maures, servant alors surtout de base arrière pour raids et razzias de ces Mahométans sur le sud de l’ex Galo-romania.

Ce n’est qu’en 1137, après le début de la Reconquista qu’elle fut annexée au royaume d’Aragon où elle se fondit, alors qu’une part faisait partie de celui de Majorque de 1276 à 1344. Le traité de Pyrénées de 1659 amputa la zone de parlé catalan de son espace transpyrénéen que le roi d’Espagne céda au royaume de France.

Comme tous les corridors géographiques pratiques pour passages, souvent axes faciles pour invasions successives, la catalogne n’exista jamais réellement comme ensemble politique ni entité spécifique ; elle ne fut qu’un territoire peu précisément défini, diversement occupé et gouverné, rarement unitairement.

Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que la partie ibérique catalane, après un remarquable essor économique, aurait pris conscience de sa nouvelle dimension. Elle put entrevoir de réelles intéressantes possibilités qui, associées à de réelles caractéristiques linguistiques et ethniques, ont certainement engendré des balbutiements de prétentions d’autonomie et d’aspirations à plus de liberté. Celles-ci se seraient déjà manifestées durant l’intrusion armée française de Louis XIV en « 1756 ».

Dès lors, étape par étape, la velléité de se prendre librement en charge se développa systématiquement, tout d’abord en privilégiant le catalan comme aspect linguistique déterminant, c’était sa revendication première. Toutes ses manigances impérieuses parvinrent à l’obtenir comme langue officielle en 1967 ; elle avait été revendiquée fortement mais vainement, tant auprès de la république du Frente popular, alors que catalogne et Barcelone se révélaient des centres actifs républicano-anarchistes, que sous la moins condescendante autarcie franquiste si vilipendée : ces deux types totalement différents de gouvernances tout autant unionistes espagnoles, avaient pressenti avec détestation, sous ces futiles revendications, une toute autre détermination de sécession, bien plus profonde, viscéralement destabilisatrice.

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Par- delà tous ces subterfuges pour obtenir tout en excitant et gagnant une population en mal de reconnaissance, et particulièrement inquiétée par les secousses espagnoles d’un crise économique et financière mondiale sauvage, les instigateurs veulent exacerber les revendications primaires en argumentant avec insistance sur la réussite économique et financière exceptionnelle de leur Catalogne, utilisée abusivement par une Espagne centraliste plus nécessiteuse. Ce type de propos incendiaires en un si morose climat général qui ne connaît que balbutiante et très incertaine reprise de sortie de crise, ne permet guère de rêver autrement qu’à travers la bien facile émancipation proposée. Pour cette population habilement aiguillonnée de la sorte, il ne peut plus être question de nationalisme espagnol, et moins encore d’une nécessaire solidarité.

Il est vrai qu’avec son agriculture variée de belle performance, une industrie moderne efficace, une croissance économique appréciable, à plus de trois points, une infrastructure auto-routière, routière, et ferroviaire bien modernisée, des ports de pointe, un niveau de vie moyen à l’égal de ceux des nations européennes les plus dynamiques, bien supérieur à celui de tout le reste de l’Espagne, la population de Catalogne, ne retient rien d’autre que ces atouts, si bien qu’ainsi obnubilée, elle ne peut ni percevoir ni comprendre tous les avantages et bénéfices que sa Catalogne, intégrée à l’Espagne, et grâce à celle-ci, à l’Union européenne, tire de son actuelle situation.

Que l’on se défie, avec raison des États-nations pour un avenir plus performant de l’Europe politique, que l’on ait aussi bon droit de rêver d’une Europe fédérale des régions comme plus vraie, plus juste et plus forte des réalités populaires qui la composeraient, dans tous les cas, ces options s’attachent à une commune démarche identitaire ; cela ne se constate pas du tout dans l’agitation catalane actuelle, sinon peu franchement, ou bien fourbement.

Dans son très utilitaire attachement au respect démocratiste à la mode de la bien pensance, surtout pour faire apprécier le score en faveur de l’indépendance comme seul acceptable objectif, l’ayant droit à un bulletin de vote dans l’urne référendaire s’est défini en personne majeure oeuvrant en sol catalan. Ce qui signifie que les penseurs de la future république catalane n’ont cure de véritable identité toute catalane, puisque leur citoyen de plein droit futur serait quelles que soient ses origines nationales ou ethniques, quelle que puisse être sa langue parlée, sa suffisante connaissance du catalan, son ancienneté participative dans le champ culturel purement catalan… C’est exactement conforme à la nouvelle tendance moralisatrice de juger politiquement incorrect concevoir quelque vérité fondatrice à la notion d’identité populaire stricte ; il faut assurément lui préférer un virtualité de faits sans rappel de racine ou âme particulière !

Dans ce cas catalan, on se prévaut d’identitarisme revendicatif seulement pour donner force à une contestation courbe, alors qu’on se moque profondément de sa propre identité. Alors suffira-t-il de préférer le symbole de l’âne catalan, à afficher ostensiblement, à celui du torro bravo espagnol, pour être reconnu comme pur Catalan séparatiste, que l’on soit tout autre, même noir ou marron… (on avait déjà, par autoritaire décision de l’exécutif et du législatif catalans, pour se couper résolument du culturel hautement espagnol, interdit la corrida dans toutes les places de tous le villages et de toutes les villes catalanes, et ainsi sanctionné comme ignoble collaborateur le séculaire et vivant aficion catalan!) . Dans cette très spécieuse dynamique, il est gentiment envisageable d’imaginer une perceptive républicaine où pourraient être proscrits flamenco et sévillanes pour n’être tolérées que sardanes !

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Regretté Salvador Dali, marquis Grand d’Espagne, tout aussi illustre et fier catalan, peintre génial célébrateur tant de l’Espagne que de votre Catalogne natale, vous qui gisez sous votre dalle mortuaire de votre musée voulu par vous à Figueres, tout proche de votre chère résidence de Purto Llegat sur le cabo Creus, vous devez vous insurger dans votre fosse, en constatant tout ce remue-ménage , et ces grotesques manifestations d’un pseudo-peuple catalan indépendantiste, agitations absurdes , dangereuses revendications, telles celles du CUP. ce petit parti ultra d’extrème gauche. Il est à penser que votre collègue illustre peintre, Pablo Picasso, lui le contestataire espagnol intransigeant, ne comprendrait rien non plus à cette démarche insensée de sécession. En définitive, ne doit-on retenir, qu’à partir d’une indéniable originalité catalane dans le royaume espagnol, l’idée de l’existence d’un peuple catalan homogène, absolument déterminé à promouvoir l’idéologie minoritaire de politiques rouées et de groupes de pression intéressés et cupides, est fallacieuse !

Mais quand bien même tous les vrais Catalans soutiendraient le retors Puigdemont et sa clique hétéroclite mais décidée à gérer une Catalogne indépendante et républicaine, et auraient voté en faveur de son indépendance, la seule volonté populaire n’a jamais attesté seule d’une nation, sauf dans l’inepte conception du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », qui brilla pour accompagner les décolonisations ! Ici n’ont plus, point de génération spontanée acceptable, n’en déplaise au grand prestidigitateur et vrai apprenti sorcier, Carles Puigdemeont, comme à ses intraitables collaborateurs, entre autres les deux Jordi : Sanchez et Cuixart, qui ont précédé en prison espagnole, le vice- président du gouvernement de la Généralitat de Catalogne et tous ses ministres restés en Espagne, à l’inverse du fourbe enfui à l’étranger, qui préfère, à l’ombre carcérale, la lumière médiatique dont-il sait utiliser toutes les possibilités.

Puigdemont sait parfaitement qu’encore ni l’Espagne ni l’Europe ne peuvent le suivre, avec le plus petit soupçon d’intérêt ou de complaisance. Sa tentative de démolition programmée déstabilise un trop fragile équilibre devenu quasi-naturel et vital ; tout autant le succès de sa démarche bousculerait un quiétude difficilement acquise entre véritables et stables Etats-Nations d’Europe, pacification bien déréglée déjà par les régionalismes libérés dans les Balkans lors de l’implosion de l’ex-Yougoslavie, et sapée particulièrement avec l’insensée reconnaissance du Kosovo.

Aucune identité régionale même bien réelle, forte, pleine ne supporte agréablement le carcan d’un État-nation trop centralisateur, mais Basques de part et d’autre de la frontière franco-espagnole, Corses, Bretons même les plus bretonnants, Ecossais, Flamands de Belgique, Lombards et Vénitians de la ligue du nord en Italie…. ne peuvent s’extraire de l’actuel système politique européen, peu confortable pour eux et bien d’autres, fort critiquable somme toute, sans ébranler dangereusement l’ensemble. Presque toute l’Europe l’a clairement signifié en soutenant l’intraitable réaction de Mariano Rajoy qui venait de recevoir en outre l ‘approbation de ses opposants : P.S.O.E. , Podémos, Ciudadamos.

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En jouant avec le feu, Puigdemont a bien déstabilisé l’économie catalane, si flambante il y a peu ; elle commence même à vaciller sérieusement avec le risque de sortie du confort d’avant l’idée d’indépendance et de sécession. S’il espère encore, malgré cet avertissement, arriver à ses fins tortueuses ce sera la preuve du nihilisme à peine et mal dissimulé de la folle programmation de son passage en force, énorme coup de bluff comme au poker menteur avec peuple, histoire et nation catalans totalement préfabriqués et ne servant qu’à dissimuler autres objectifs et prétentions moins avouables.


Même si l’on peut croire, avec le politologue Fernendo Vallespin que : « Puigdemont joue plus à capter l’attention médiatique qu’à échapper à la justice », on le suivra encore plus quant il écrit : « c’est une guerre médiatique, le récit de la Généralitat à été d’essayer de présenter l’État espagnol comme un état oppresseur. », afin de tout circonscrire de l’honnêteté des partisans de l’indépendance catalane à tout prix.

« L’ingénuité » de Puigdemont, selon l’ex-ministre des entreprises du gouvernement catalan, Santi Villa cacherait-elle un manque « d’intelligence politique » de ce prince de luminosité tamisée . En cela, il est permis d’en douter !

The Youth, Evola and the rise of a true Right

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The Youth, Evola and the rise of a true Right

by Thierry Durolle

As traditionalists (1), we believe in the doctrine of cosmic cycles (2) and therefore we know that our present time matches with the last cycle, the one which is known by the name of Kali-Yuga (3). This particular cycle is the darkest one of all four cycles and affects every aspects of life in general. Thus human beings, civilizations and politics cannot escape its corrupting power. This is an important fact to keep in mind.

However, the cycle ends only to start up again with the first one, the Golden age or Krita-Yuga, the dark days leaves room for a new era. Yet in the meantime some of us, the youth, feels the urge for political action but need a strong formation to face the abominations of our post-modern societies. Right-wing is a wide concept after all, as it is the same for the Left. In France – we give this example because we know the situation of this country very well – the Right means ‘Economic Right’, even if it appears sometimes more progressive, sometimes more conservative. Within its scale of principals, the economic principle is always the highest and all the others are subordinated to it. Here is a clear example of a final stage of involution.

The definition of what should be considered the real Right is an imperative task. Among the numerous topics he dealt with through his writings, Julius Evola wrote numerous articles about that question. The Italian philosopher, often reduced to an ‘esoteric fascist’, embodies himself the man of the Right. His writings but especially his deeds made him a living example of the uprightness one would try to attain. The neo-fascist youth of post WW2 Italy was not wrong to seek all the gems herein Evola’s books in order to build its doctrine.

Originally published in Hungarian at the end of 2012 as an anthology of Evola’s articles about the youth and the Right, A Handbook For Right-Wing Youth is now available thanks to Arktos in English. We hope that a french version will see the day sooner or later. Indeed, Evola’s influence on the now famous french Nouvelle Droite and all its heirs (from identitarians to national-revolutionary and traditionalist-revolutionary militants), not to mention the founder of this website Georges Feltin-Tracol (4), contributors Daniel Cologne (5) and ourselves, is simply huge.

A Handbook For Right-Wing Youth contains seventeen texts, mostly press articles but also some excerpts from books like The Bow and the Club and the entire essay Orientations. It includes a foreword by Gabor Vona who is the Chairman of Jobbik and bibliographical notes by Robert Horvath. We also must stress the numerous footnotes and the quality of their explanations. The reader ends up with a handbook intended for militants but also for anyone yearning to discover Julius Evola.

As the title suggests, the two main subjects are the Right and the Youth. The first one was a common topic developed by the author along his writings. In fact the Right follows the Italian writer like his shadow. Julius Evola remains the most political awakener of the Tradition. He always considered himself a man of the Right, he wrote about the Right and his critics and stances outlined a doctrine, even better, a view of the world from the Right:

Yet it is also possible to leave all institutional assumptions aside and speak of the Right as a spiritual orientation and worldview. Aside from opposing democracy and all ‘socialists’ myths, belonging to the Right means upholding the values of Tradition as spiritual, aristocratic, and warrior values (possibly with references to a strict military tradition, as in the case of Prussianism, for instance). Moreover, it means harboring a certain contempt for intellectualism and for the bourgeois fetishism of the ‘cultured man’ [...]’ (p.50.).  

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Throughout the different texts herein the book, Julius Evola stresses how the real Right is: anti-egalitarian, anti-materialistic, anti-democratic but spiritual and heroic. In one word traditionalist: ‘In this sense, the concept of Tradition applies to a system in which ‘all activities are in principle ordered from above and have an upward direction’ (p.37.). In addition, Julius Evola aims at the main sources of infection which must be fought according to him (Marxism, Psychoanalysis, existentialism and Darwinism) and give some clues on the cultural domains that the Right should focus on, one of them being the historiography.

About the second subject Robert Harvath points out ‘that the subject of youth was not among Evola’s central concerns; it’s a thin, but visible, line that runs throughout his entire oeuvre’ (p.150.). When writing about the Youth, Julius Evola either encourages an autre jeunesse or, on the contrary, criticizes it. The latter belongs to the average youth so to speak and Evola focused especially his critics on students and beatniks like in Against the Youth or Some Observations on the Student Movement, both featuring in this handbook.

Julius Evola wrote his first post WW2 writings for the young Italian neo-fascist militants. He does not write about what has to be done but how to be:

‘Not letting oneself go is what is crucial today. In this society gone astray, one must be capable of the luxury of having a character. One ought to be such that, even before being recognized as the champion of a political idea, one will display a certain conduct of life, an inner coherence, and a style consisting of uprightness and intellectual courage in every human relationship’(p.1).

As spirit there exists something that can serve as an outline for the forces of resistance: it is the legionary spirit. It is the attitude of one who knows how to choose the hardest life, to fight even when he knows that the battle is substantially lost, and to confirm the words of the ancient saga: ‘loyalty is stronger than fire’. Through him the traditional idea is affirmed’(p.7).

Inner action must precede all other actions’(p.3).

We believe that these advice are of first-hand importance even if Evola wrote about more strictly political themes like the imperial idea, corporatism, occult war or the ‘demonic possession of the economy’. Some people like Claudio Mutti hastily made Evola an admirer of islam since he positively showed to his readers the warlike mentality of this particular religion and its concept of greater jihad. What he wanted to show (and mostly liked) is this ascetic process, this almost alchemical transformation of oneself to reach something higher. His interests for magic, which he explored in company of Arturo Reghini (6) in the Ur-group, his interest for vamachara tantra or mountaineering are facts that tend to prove our point.

Concerning this collection of texts, we could have appreciated if the last parts of Evola’s Ride the Tiger (6) which consist in a bunch of precepts to be and become in this dark age of Kali-Yuga could have been added. Also, and this would have been a necessary addition according to us, some texts or excerpts from his writings about race, which would have been an excellent correcting concerning racialism.

To conclude, A Handbook For Right-Wing Youth is definitely a must have for any political and metapolitical militants, for every men of the Right in its true essence. We strongly believe that Western societies need a renewal of the Right, not to say a revolution. Gabor Vona pointed out a real problem in nowadays ‘real right’:

The tragedy of this situation is that the tools of the Left are infectious. This creates a political catastrophe, which is extremely common nowadays: the landscape of the so-called Right is in reality becoming more and more filled with Leftist ideas, and allows the Left’s borders to approach closer and closer, displaying and mainstreaming the pseudo- or fake Rightism. Of course, this results in total confusion, schizophrenia, and a chaos of ideas’ (p.11. Of the foreword).

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This is the greater danger the real Right faces now. National-Bolshevism and nazi-maoism left aside (even if their Third-Worldism was ideologically harmful), we clearly identify a strong ‘leftisation’ of the French Nouvelle Droite (especially of one of its prominent figure Alain de Benoist) and what the mass media names Far-Right. The prevalence of the social and economic question, the critics of liberalism from a marxist perspective and worse, the abandonment of the defense of our people’s race – the number one emergency for most of western European countries – and the will to even avoid such words and topics are true signs of degeneracy. We do not have the time and should not bother analyzing the causes; the fruit is too far rotten. The time to rebuild a true Right is now. Julius Evola’s books and A Handbook For Right-Wing Youth are more than necessary readings in order to set les idées à l’endroit!

Thierry Durolle

états-unis,altright,nouvelle droite,nouvelle droite américaine,american new right,philosophie,tradition,traditionalisme,julius evolaFootnotes:

(1) By ‘traditionalist’ we mean someone who refers to the meaning of the word explained by René Guénon.

(2) The doctrine of cosmic cycles is often understood as Hindu concept, yet it corresponds to Hesiod’s ages of Man as well.

(3) It is the same than Hesiod’s age of iron or Nordic age of the wolf.

(4) Born in 1970, Georges Feltin-Tracol is the editor-in-chief of the Europe Maxima website as well as the author of numerous books and articles. Being a long time militant for the Greater Europe, he always claimed Julius Evola’s influence on his work.

(5) Born in 1946, Daniel Cologne is a journalist and essayist. He wrote several books about Tradition and worked with the traditionalist magazine Totalité.

(6) Born in 1878, Arturo Reghini was an Italian free-mason and was considered as the most famous Italian Pythagorean.

(7) Julius Evola, Ride the Tiger: A Survival Manual for the Aristocrats of the Soul, Inner Traditions, 2003, 256 pages.

Les quatre scandales de Machiavel...

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Les quatre scandales de Machiavel...

par Robert Redeker

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un article de Robert Redeker, cueilli sur son journal en ligne, La Vanvole, et consacré à Machiavel et à son traité Le Prince. Philosophe, Robert Redeker a dernièrement publié L'éclipse de la mort (Desclée de Brouwer, 2017).

Les quatre scandales de Machiavel

La puissance et la vérité de la pensée de Machiavel (1469-1527) sont intimement liées au caractère scandaleux de son maître-ouvrage Le Prince. De fait, peu de noms sont aussi maudits que le sien. La malédiction commença tôt. Dès les années 1540-1550 les camps catholiques et protestants s’entre-attribuent polémiquement la paternité de ce livre, accusé d’athéisme. On se lance le nom de Machiavel à la figure, en guise d’injure: l’adversaire serait machiavélique, ses idées seraient celles du secrétaire florentin. Son nom fixe les haines : le machiavélisme est, au choix, l’anglicanisme, le calvinisme, l’athéisme, le jésuitisme, le gallicanisme, l’averroïsme; il est toujours l’Autre dans ce qu’on imagine de pire. De son côté, l’intolérance de la Contre-Réforme se convainc que Le Prince a été écrit de la main même de Satan, conduisant le concile de Trente à le mettre à l’index ; il en suivra des autodafés un peu partout en Europe jusqu’au milieu du XVIIème siècle. En 1615, à Ingolstadt, on élève un bûcher pour y brûler en place publique l’effigie de Machiavel. Des nuées de théologiens, catholiques et réformés, parcourent le vieux continent clamant urbi et orbi que Machiavel est une incarnation du Diable, qu’il s’est échappé de l’enfer pour perdre l’humanité, errant à cette sinistre fin de pays en pays. On torture son nom en quête de l’aveu de son origine diabolique: Match-evill, Matchivell, “ Match-evill, that evill none can match ” répète-t-on. En France l’antimachiavélisme se développe sous les couleurs de l’italianophobie, de l’aversion suscitée par la princesse Catherine de Médicis et son entourage. En Italie, Machiavel est haï pour d’autres raisons : il accusé de justifier un pouvoir se constituant aux dépens de la richesse, de la morale et de la religion. Multiforme, la haine antimachiavélienne poursuit sa course de nos jours.

Imaginons qu’un mage de foire nous offre l’occasion de remonter le temps – l’inverse des Visiteurs – jusqu’au XVIème siècle. Que verrions-nous ?  Une époque agitée et terrible ! Un temps tourmenté, violent, créatif ! Fils de petite noblesse, Nicolas Machiavel commence à exercer des responsabilités après l’épisode Savonarole, qui, postérieurement à son excommunication par le pape Alexandre VI, fut condamné à la pendaison suivi du bûcher en 1498. L’aventure politique de Jérôme Savonarole, moine exalté et fanatique dont le gouvernement théocratique culmina dans l’organisation d’un “ bûcher des vanités ” destiné à consumer dans les flammes toutes les richesses “ superflues ”, y compris les instruments de musique, les œuvres d’art et les poèmes de Pétrarque, de Florence en 1497, marqua puissamment Machiavel qui en tira la leçon selon laquelle “ tous les prophètes désarmés furent vainqueurs, et les désarmés déconfits ”. Savonarole fut un “ prophète désarmé ”, n’ayant pu, de ce fait, conserver le pouvoir obtenu au gré de circonstances exceptionnelles. Machiavel commence sa carrière officielle de secrétaire politique et de diplomate quelques jours après le supplice de Savonarole. Cette existence de secrétariat et d’ambassade, dangereuse au sein de jeux politiques aussi subtils que cruels où l’erreur se paie comptant, lui fournit le terrain d’observation d’où jaillira son œuvre. Il composa ses livres politiques  pendant sa période d’éloignement forcé de la vie publique, entre 1512, année de l’écroulement de la république, et 1526, année où, il se met au service de la famille Médicis. Quel homme rencontrons-nous grâce à ce voyage rétrospectif? Pas le diable assurément, n’en déplaise aux sombres fanatiques et à leurs autodafés. Pas non plus un théoricien – un philosophe au sens de l’antiquité classique ou de l’intellectuel médiéval – ni un héros ou un prince, mais un observateur désabusé et un diplomate fidèle.

Que trouve-ton dans Le Prince, réputé le bréviaire des méchants ? Essentiellement de l’histoire naturelle prenant pour objet non les plantes et les animaux, mais l’univers de la politique. Les postures religieuses s’intègrent à leur tour dans la description en termes d’histoire naturelle. Un prince doit paraître posséder les qualités exigées par la religion – “ faisant beau semblant de les avoir, elles sont profitables ” – tout en évitant de les pratiquer trop scrupuleusement, car alors elles deviendraient nuisibles, conduisant à la perte. Histoire, dans “ histoire naturelle ”, se dit au sens grec de description et enquête: description froide et désillusionnée de la conduite des affaires politiques. Pourtant, Machiavel se sépare des Grecs. Dans Les Parties des animaux, Aristote inventa l’histoire naturelle, dont Machiavel suit l’esprit si ce n’est la méthode. Cependant, Aristote appliqua à toute la nature la notion de finalité, ce qui faussa son regard, quand, parallèlement, il mit à part de l’histoire naturelle les activités humaines tenues pour les plus hautes, l’éthique et la politique. Machiavel fait sauter ces deux verrous : d’un côté, il décrit ce monde politique comme si nulle finalité autre que la soif de pouvoir n’existait, et de l’autre, son regard de naturaliste porte beaucoup plus loin que celui d’Aristote, puisqu’il intègre dans sa logique quasi mécanique, l’univers de l’existence collective des hommes. Que les Borgia et les Médicis agissent comme il le firent, voilà qui est dans l’ordre de la nature!

Il appuie ses analyses sur une idée de l’homme issue de l’observation, non sur un présupposé métaphysique radical comme le feront Hobbes et Rousseau. Sur une anthropologie en situation. Qu’est-ce que l’homme ? Regardez-le en situation, observez-le dans les intrigues de cabinet, les empoisonnements de banquets,  dans l’assaut d’une cité ou bien la défense d’une place forte, vous en apprendrez plus sur lui que dans les traités des philosophes et des théologiens ! Mais justement, regarder et observer sont des activités difficiles – il faut, pour y voir, pour ne point avoir la berlue, s’être guéri de la métaphysique et de morale, avoir jeté par-dessus bord tous ces filtres empêchant d’apercevoir la logique des choses. Le premier grand scandale que causa Le Prince, qu’il continue de causer, réside dans cette posture : écrire une histoire naturelle des activités humaines tenues pour les plus élevées, une histoire naturelle de la politique.

Le contenu du Prince s’éclaire par ce choix initial – décrire sans juger. Nous ne sommes plus, en cette première décennie du XVIème siècle, dans l’Antiquité, où la politique s’articulait intimement à l’éthique (Aristote, Platon), ni au Moyen Age, où elle s’ordonnait à Dieu, s’articulant à la théologie. En même temps, nous sommes pas encore dans la modernité,  où la politique trouvera une configuration différente comme expression et organisation de la justice (de Rousseau à Rawls en passant par Marx). Machiavel occupe une position singulière dans cet entre-deux ères. La Renaissance est un mouvement de retour à l’antique ; le secret de Machiavel est de prendre des exemples dans l’Antiquité pour développer une conception de la politique a-éthique que l’Antiquité aurait repoussée,  impensable dans l’univers gréco-romain. De ce point de vue, Machiavel n’est pas un homme de la renaissance italienne! Pas plus qu’un homme d’une autre époque – il n’est pas pour autant un homme de tous les temps, mais un type anthropologique que Nietzsche aurait appelé “ un intempestif ”, un homme à contre-temps.

Que dit-il, cet intempestif, dans Le Prince ? Le politique doit se conduire selon une exacte observation des hommes. Les “ hommes changent volontiers de maître, pensant rencontrer mieux ”. Cette propension à la versatilité explique l’instabilité des régimes tout en procurant une leçon de politique : il faut toujours être sur ses gardes, nul pouvoir ne se possédant définitivement. Des traits constants dessinent l’humanité : “ les hommes se doivent ou se caresser ou s’occire ; car ils se vengent des légères injures, et des grandes ils ne peuvent ; de sorte que le tort qui se fait à l’homme doit être tel qu’on n’en craigne point la vengeance… ”. Ou bien : “ c’est certes chose fort ordinaire, et selon nature, que le désir de conquérir ”. Et ceci : “ les hommes hésitent moins à nuire à un homme qui se fait aimer qu’à un autre qui se fait redouter ”. Les événements surviennent non en fonction d’une finalité ou de la volonté de Dieu, mais d’une logique aussi observable que celle guidant les comportements humains. Sur cette logique des événements, Machiavel est disert : “ une guerre ne se peut éviter, mais seulement se  diffère à l’avantage d’autrui ”. Ou encore : “ celui qui est cause qu’un autre devient puissant se ruine lui-même ”, ainsi “ causant en Italie la grandeur du Pape et de l’Espagne, les Français y ont causé leur propre ruine ”. La logique des armes mercenaires : “ si on perd on reste battu, et si on gagne on demeure leur prisonnier ”. Logique aussi : “ la haine s’acquiert autant par les bonnes œuvres que par les mauvaises ” par suite le prince, pour conserver ses Etats “ est souvent contraint de n’être pas bon ”.

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Et le prince, figure passagère de l’éternel politique, comment l’envisager ? On peut se faire prince par talent (tel François Sforza), on le peut par fortune (tel César Borgia). Le fondement de la politique repose dans la guerre (Julien Freund et Carl Schmitt le retiendront) : “ un prince ne doit avoir ni autre objet ni autre penser, ni prendre autre matière à cœur que le fait de la guerre et l’organisation militaire ”. Le prince doit savoir imiter et le lion et le renard : “  être renard pour connaître les filets, et lion pour connaître les loups ”. Toute l’attention du prince doit se porter sur les sentiments du peuple à son endroit. L’énoncé “ qui devient prince par l’aide du peuple, il le doit toujours maintenir en amitié ” en appelle un autre, encore plus important : tout prince “ doit sur toutes choses chercher à gagner à soi le peuple ”. Ne voyons pas ici le concept moderne de peuple, un sujet politique; le peuple s’identifie à la plèbe, une force passionnelle. Un conseil en découle:  “ les princes doivent faire tenir par d’autres les rôles qui attirent rancune, mais ceux qui apportent reconnaissance les prendre pour eux-mêmes ”. La politique est la guerre entre les loups, pas la guerre contre la plèbe. Ainsi la pensée de Machiavel se situe-telle à mille lieues de la tyrannie anti-populaire, de la dictature et du totalitarisme. Elle n’est pas non plus une utopie, forme pensée pour la première fois par un contemporain de Machiavel, Thomas More. L’utopie est totalitaire, tandis que la principauté machiavélienne est un lieu de violence parce que la liberté du désir de conquête ne peut jamais être contenue définitivement.

Pourquoi tant de haine contre Machiavel ? Son livre convoque à paraître une vérité dont l’humanité veut ignorer l’existence sans pouvoir l’éloigner de ses yeux. Quelque chose dont le germe ou le grain sommeille en chacun de nous, hommes et femmes ordinaires. Quelle chose? Ni héros grec, ni monarque médiéval oint de Dieu, le prince machiavélien n’est pas d’une autre nature; il est chacun d’entre nous, possédant l’anneau de Gygès, il fait ce que nous ferions tous dans des circonstances analogues, et, il est aussi ce que nous faisons en petit, chacun d’entre nous, en dehors de la politique, chaque jour. Le prince, c’est l’homme ordinaire en grand, l’homme ordinaire libéré. Le second scandale de l’œuvre de Machiavel se dévoile: le prince n’est personne d’autre que chacun d’entre nous. La révélation de notre parenté secrète avec le prince rend Machiavel insupportable. En décrivant la politique, Machiavel nous tend un miroir, renvoyant une image si vraie et si difforme de nous-mêmes que nous ne la supportons pas.

Mais peut-être la haine se justifie-t-elle de la définitive déception que la vérité machiavélienne adresse à toutes les illusions humaines ? Dans ce cas, la haine anti-machiavélienne serait comparable à la haine anti-freudienne. La Bible et le Capital dessinent conjointement un horizon de salut, livres prophétiques promettant à l’humanité la fin de la vallée des larmes, un avenir radieux. Le Prince au contraire ne promet rien. Si gît une prophétie en lui, elle s’appelle répétition : dans le futur, se répétera ce que nous avons sous les yeux, qui s’est déjà produit. Ecoutons-le : “ les hommes marchent toujours par les chemins frayés par d’autres […] ils se gouvernent en leurs faits par imitation ”. Les cités changent, les techniques progressent, les hommes se répètent. Cette répétition ne repose nullement sur l’affirmation d’une nature humaine – ce qui serait de la métaphysique, tour d’esprit éloigné de Machiavel – mais sur la considération de la logique des situations humaines et des passions qui les investissent – ce qui est une mécanique des forces et des passions. Ce point de vue sur l’homme est beaucoup plus subtil qu’un banal pessimisme anthropologique. L’homme est toujours en situation, donc il est toujours méchant. Il est méchant, et non mauvais – mauvais est un terme de morale, renvoyant à une essence, un jugement n’entrant pas dans la perspective machiavélienne, tandis que méchant demeure un  terme descriptif, suggérant qu’il ne peut en aller autrement. Se montre alors le troisième scandale de Machiavel: le mal n’est pas condamnable, puisque, loin de résulter d’une mauvaise nature des hommes (écho du  péché originel), il suit de la logique situationnelle s’imposant à eux. L’homme n’est pas mauvais, il est méchant: la méchanceté est constante sans pour autant être de nature.

Machiavel prend place dans la galerie des auteurs tenus à jamais pour ennemis de l’humanité. Et cela, du fait que sa pensée n’est en aucune façon sauvable par la morale ou l’optimisme anthropologique. Il est beaucoup plus désespérant que Hobbes, chez qui le contrat neutralise la méchanceté, spontanée plutôt que naturelle, de l’homme. Au contraire, cette méchanceté spontanée forme chez Machiavel la matière sur laquelle travaille le politique. Elle est la toile dans laquelle la politique taille son habit (la cité, l’Etat). Tandis que chez Hobbes la politique inhibe cette méchanceté, chez Machiavel elle se sert de cette méchanceté comme le sculpteur se sert du marbre pour sa statue. Ici se présente le quatrième scandale de Machiavel: la politique ne promet aucune rédemption de la méchanceté, mais sa reconduction à l’infini.

Nulle doctrine politique ne se trouve dans Le Prince. Plus: on n’y rencontre aucune critique directe des théories politiques existantes. Machiavel est un penseur politique sans philosophie politique. Construit sur ce vide philosophique, son ouvrage est une éclaircie, un dévoilement : la clairière de la politique. Elle livre à la visibilité la pure politique. Avant Machiavel, la politique était recouverte par des philosophies, des mythes, des religions, des considérations morales; elle demeurait invisible. La pensée politique – sous la forme des philosophies politiques – empêchait de voir et regarder la politique dans son effectivité (“ il m’a semblé plus convenable de suivre la vérité effective de la chose que son imagination ”). Après lui, après l’émergence de l’Etat moderne comme solution aux déchirements de l’Europe, se développeront les idéologies politiques, le progressisme, le marxisme, l’anarchisme, le libéralisme, tout un ensemble de dispositifs théoriques qui, du point de vue de la connaissance de la politique, reviendront au même que celui qui précéda Machiavel, empêcher de voir. L’œuvre de Machiavel est l’éclaircie entre deux nuits politiques, deux périodes où la politique tout en continuant de se pratiquer est occultée par les philosophies politiques. L’absence de philosophie politique conditionne l’accès à la vérité.

Les quatre scandales du Prince de Machiavel (la politique traitée comme une histoire naturelle; l’identité entre le prince et chacun de nous; l’homme étant méchant sans être mauvais; aucun horizon de rédemption ne se dégageant de la politique) se ramènent à un seul: Machiavel rend visible par l’écriture ce qui est fait pour ne pas être regardé, pour demeurer caché. Comme la nature selon Héraclite, la politique, en son essence, aime à se cacher,  à se rendre invisible derrière ces voiles que sont les doctrines, les idéologies, les philosophies. L’écriture de Machiavel est analogue à la peinture, occupée à rendre visible l’invisible. Mais Le Prince peint ce qu’il ne faut pas peindre, visibilise ce qui, par nature, répugne à la visibilité: la politique. D’où son éternel scandale : demain comme hier.

Robert Redeker (La Vanvole, 21 juin 2017)

mercredi, 08 novembre 2017

»Im Innersten des bundesdeutschen Elends«

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»Im Innersten des bundesdeutschen Elends«

von Nils Wegner

Ex: http://www.sezession.de

Mit "Die entfesselte Freiheit" fordert Thor v. Waldstein nach "Metapolitik" erneut realpolitisches Denken und Handeln ein – wir sprachen über das Buch!

Sezession: Sehr geehrter Herr Dr. Dr. v. Waldstein, Ihr Sammelband Die entfesselte Freiheit ist ausweislich des Untertitels »wider die liberalistische Lagevergessenheit« gerichtet.

Die Berufung auf »die Lage« als Fundament politischen Denkens und Handelns findet sich bei Gottfried Benn, findet sich auch in der Arbeit des Politologen Hans-Joachim Arndt, der sich um eine Rückbesinnung der Deutschen auf ihre Eigeninteressen bemühte und dem Sie ein Porträt gewidmet haben, schlußendlich findet er sich ausdrücklich in Ihrem kaplaken-Band Metapolitik.

Worin unterscheidet sich diese »politische Lageanalyse« vom Pragmatismus, der Handeln und Ziele je nach Tagesform wechselt, um das Risiko eines Mißerfolgs zu minimieren?

v. Waldstein: Die Deutschen werden in der Sphäre des Politischen nur bestehen können, wenn es ihnen gelingt, ihre vielfach beschädigte Identität als Volk zurückzugewinnen.

Eine politische Lageanalyse, die nicht nur an den Symptomen herumdoktert, sondern Roß und Reiter benennen will, wird nicht umhin kommen, sich mit den tieferliegenden Ursachen der deutschen Tragimisere zu befassen. Umgekehrt kennzeichnet es die seit 1949 etablierten politischen Kräfte, daß sie das Wahlvolk ebenso planmäßig wie erfolgreich davon abgehalten haben, sich über die Lage der Nation im klaren zu werden.

Diese Verhältnisse scheinen aufgrund der historischen Umbrüche, deren Zeuge wir sind, derzeit ins Rutschen zu geraten, was man nur begrüßen kann. Gleichwohl stehen wir erst am Anfang einer ehrlichen Diagnose.

Wie es im Innersten des mit konsumistischem Flittergold nur mühsam bedeckten, bundesdeutschen Elends tatsächlich aussieht, entzieht sich nach wie vor dem Vorstellungsvermögen der meisten Akteure, leider auch vieler widerständiger Kräfte. Für diese nun anstehenden, wenig erbaulichen, aber unumgänglichen Detailanalysen versucht mein Buch einen ersten Orientierungsrahmen zu geben.

Daß in der Tagespolitik pragmatische Schachzüge vonnöten sein können, die entsprechend den wechselnden Gegebenheiten der Situation variieren (müssen), ist unstreitig. Über „die Kunst, aus Gelegenheiten Ereignisse zu machen“ (Politikdefinition von Helmuth Plessner), verfügt aber nur derjenige, der genau weiß, wohin er will.

Es gehört zu dem Schicksal Deutschlands, daß seit dem Abgang Bismarcks – mit wenigen Ausnahmen – Politiker die Szene bestimmen, denen solche Ziele fehlen, an denen sich der vorzitierte Pragmatismus ausrichten könnte.

Wer diese Dinge permanent durcheinander bringt, endet in dem Muddling-Through, von dem der BRD-Politikbetrieb, dem Treiben in einem Hühnerstall nicht unähnlich, unverändert gekennzeichnet ist.

Sezession: Die Lage der Parteipolitik hat sich in Deutschland mit der Wahl am 24. September von Grund auf geändert. Nicht nur haben wir jetzt das größte Parlament in der Nachkriegsgeschichte; mit der AfD hat auch eine neue, gerade einmal viereinhalb Jahre alte Partei das bundespolitische Parkett betreten, die ausdrücklich mit dem Anspruch angetreten ist, das Establishment durcheinanderzuwirbeln.

Nun haben Sie im Laufe Ihrer eigenen metapolitischen Arbeit viele neue, dissidente Parteien kommen und gehen sehen – wie schätzen Sie die neue Situation ein? Kann diese Partei ebenfalls ihr Scherflein zu einer Abkehr von der »liberalistischen Lagevergessenheit« beitragen?

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v. Waldstein: Die politischen Parteien, zu deren gesetzlichen Aufgaben es u.a. gehören würde, „für eine ständige lebendige Verbindung zwischen dem Volk und den Staatsorganen (zu) sorgen“ (§ 1 Abs. 2 Parteiengesetz), sind in den bleierner Jahrzehnten der BRD zu monolithischen Machtblöcken geronnen, die sich systematisch gegen frischen Wind von außen abgeschirmt haben und die es seit langem gewohnt sind, untereinander die Beute zu teilen.

Die Repräsentanten dieser Parteien sind nicht selten geprägt von Persönlichkeitsdeformationen und sonstigen oligarchischen Abschleifeffekten, die den schönen Charakterzügen des Menschengeschlechts eher abträglich sind.

Das Spinnen von Intrigen, das Ausleben von Geltungssucht und die Pflege der sattsamen Seilschaften bestimmen viel mehr den Politikeralltag als alles andere. Im Lichte dieser strukturellen Verkrustung und personellen Negativauslese ist das Bild einer „flüssigen Demokratie“, die durch einen (teilweisen) politischen Ölwechsel von innen heraus gereinigt werden könnte, wenig realitätsbezogen.

Die Leute, die solch‘ rührende Gemeinschaftskundelyrik unter’s Volk bringen, haben von den filigranen Machtstrukturen in der BRD keine Ahnung. Wie alle alteingesessenen Eliten wird sich auch das hiesige Amalgam aus strippenziehenden Politikern und machtverliebten Journalisten mit allen zu Gebote stehenden Mitteln der eigenen Verabschiedung entgegenstemmen.

Manches spricht indes für den erfreulichen Befund, daß diese Beharrungskräfte eines obszönen selbstreferentiellen Systems angesichts der schon beschriebenen historischen Umbruchsituation mehr und mehr schwinden.

In dieser Lage ist es m.E. nicht Aufgabe der AfD, ein abgewirtschaftetes und deutsche Interessen mit Füßen tretendes Parteiensystem zu erneuern; vornehmstes Ziel sollte es stattdessen sein, auf der Basis einer stolzen zweihundertjährigen deutschen Demokratietradition erst wieder die Voraussetzungen für eine echte Volksherrschaft auf deutschem Boden zu schaffen.

Die – im Vergleich zur FPÖ, die hoffentlich aus ihren Fehlern von 1999 gelernt hat – beneidenswerte Lage der AfD als Oppositionspartei erlaubt einen beinharten Konfrontationskurs gegen diejenigen, die danach trachten, den Ausverkauf Deutschlands auch nach der Bundestagswahl 2017 fortzusetzen.

Getreu dem römischen Motto fortiter in re, suaviter in modo (Bestimmt in der Sache, umgänglich im Ton) müssen die Überlebensfragen der deutschen Nation wieder und wieder in das Zentrum der politischen Debatte gelenkt werden. Will die AfD das Schicksal von DRP, NPD, Republikanern, Schill-Partei, Bund freier Bürger usw. usf. vermeiden, muß die Partei unbedingt ihren Glutkern bewahren.

Zu keinem Zeitpunkt dürfen die AfD-Mandatare vergessen, wer sie warum gewählt hat. Das schließt die weitere Verpflichtung ein, sich von den Verlockungen auf eine harmonieselige und finanziell schmackhaft gemachte „Teilhabe“ an den Trögen der Macht konsequent fernzuhalten.

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Das ist und bleibt die Gretchen-Frage des politischen Dienstes an einem Volk, an dessen „grauenhafter Anpassungsfähigkeit“ (Ernst Kantorowicz) und lebensgefährlicher Konsenssehnsucht man gelegentlich verzweifeln könnte. Ist diese Gefahr eines parteipolitischen Wärmetods gebannt und scheut man sich auch nicht, da, wo nötig, mit der erforderlichen Unversöhnlichkeit dem ancien regime gegenüberzutreten, laufen die Dinge fast automatisch auf einen weiteren, womöglich sogar stürmischeren Stimmenzuwachs für die Partei zu.

Nachdem die AfD mit dem Lucke-Abtritt 2015 und der Petry-Selbstdemontage 2017 zwei wichtige positive Häutungen vollzogen hat, sollte jetzt die Zeit gekommen sein, auf den neugewonnenen parlamentarischen Bühnen den Deutschlandabschaffern auf allen Feldern in die Parade zu fahren.

Sezession: Sie widmen sowohl dem bereits genannten Hans-Joachim Arndt als auch dem Philosophen Bernard Willms, der einer Ihrer beiden Doktorväter war, jeweils ein Porträt.

Nimmt man noch den Erlanger Historiker Hellmut Diwald hinzu, so lassen sich diese Wissenschaftler als das Dreigestirn einer Ende der 1970er aufkeimenden und in den 1980ern für Furore sorgenden nationalen deutschen Geisteswissenschaft bezeichnen. Alle drei sind mittlerweile verstorben; an den Universitäten scheint niemand ihr Erbe angetreten zu haben.

Wie schätzen Sie – vom metapolitischen Standpunkt aus – den Stellenwert und die Chancen einer Renationalisierung der Academia ein? Kann von dort nochmals ein prägender Einfluß auf die Gesellschaft ausgehen, wie dies vor fünfzig Jahren der Fall war? Oder ist der universitäre Betrieb inzwischen selbst ganz den Marktgesetzen unterworfen?

v. Waldstein: Das nationale Renouveau Ende der 1970er Jahre war ein zartes Pflänzchen, das schon damals nur zum Teil auf universitärem Humus aufkeimte. Den von Ihnen genannten drei Personen würde ich gerne noch die Namen Hans-Dietrich Sander und Heinrich Jordis von Lohausen zurechnen.

Von diesen fünf Männern hatte allein Arndt ein vollwertiges C4-Ordinariat (in Heidelberg). Willms und Diwald hatten wackelige, Sander und von Lohausen überhaupt keine universitären Wirkungsmöglichkeiten (mehr).

venohrDEKBd2296741435.jpgDennoch gelang es diesen Patrioten, im Verein mit mutigen Publizisten bemerkenswerte Schneisen in ein damaliges Meinungsklima zu schlagen, in dem die deutsche Teilung als „Garant des Friedens in Europa“ abgefeiert wurde. Ich erinnere nur an den großartigen, von Wolfgang Venohr 1982 herausgegebenen Band Die deutsche Einheit kommt bestimmt, der im Establishment für einige Unruhe sorgte.

Die Lage der deutschen Universität des Jahres 2017 ist eine ganz andere: Von deren Vorlesungssälen und/oder Campusfeldern geht alles aus, nur nicht eine „Renationalisierung“. Nicht erst seit der Bologna-Reform findet dort – insbesondere an den sozialwissenschaftlichen Fakultäten – ein geistiger Niedergang statt, der historisch ohne Beispiel ist.

Allenfalls 40 Prozent der Erstsemester sind überhaupt studierfähig. Anstatt von Humboldtschen Idealen ist die heutige deutsche Universität erfüllt von konformistischen Turnübungen, Denunziantentum und einem wirklich unfaßbaren Gender-Gaga.

Gegen die Vorteilsverlogenheit, die dort tagtäglich unter dem Banner der angeblichen Freiheit der Wissenschaft zelebriert wird, erscheint Heinrich Manns Untertan noch als wahrer Wutbürger. Abgerundet wird dieses Bild durch „Junior-Professoren“, die vor lauter Drittmitteljagd kaum mehr Zeit für wissenschaftliches Arbeiten haben.

Angesichts dieser Zustände kommen einem als Steuerzahler die Tränen; als Bürger überkommt einen die Wut über den Verrat an den geistigen Potentialen der deutschen Jugend. Nein, Herr Wegner, ich bedaure: ein „nationales 1968“ an den deutschen Hochschulen halte ich leider für gänzlich ausgeschlossen.

Die Lebenslügen der BRD werden in den kommenden Jahren nicht in einem universitären, auf Gleichschaltung dressierten Binnenklima verabschiedet werden, sondern auf Straßen, Plätzen und anderen Orten, an denen das freie Wort nach Deutschland zurückkehrt.

SezessionZwei längere Texte in Ihrem Buch scheinen in unmittelbarer Beziehung zueinander zu stehen: »Seit wann wird Deutschland BRDigt?« und »Deutsche Entscheidungen im asiatischen Jahrhundert«.

Beide arbeiten die spezifisch deutsche Lagevergessenheit trennscharf heraus, sowohl im innen-, geschichts- und kulturpolitischen Bereich wie auch vor allem auf geopolitischer Ebene; ein enorm wichtiges Themenfeld, dem sich vielleicht einzig hierzulande allerdings aus einer historisch konnotierten Büßermentalität verweigert wird.

Nun scheinen seit einigen Jahren nationale bis nationalistische und insbesondere antiglobalistische Bewegungen und Parteien in der ganzen westlichen Welt im Aufwind zu sein; insbesondere die Wahl Donald Trumps zum 45. US-Präsidenten vollzog sich unter beinahe schon isolationistischer Rhetorik, die der Neocon-Politik einer Weltbeglückung durch Democracy Absage um Absage erteilte.

Bislang hat sich die Lage als solche gleichwohl nicht spürbar verschoben – wie ist Ihre Meinung dazu, gerade im Angesicht weltwirtschaftlicher Szenarien wie der Aufzehrung fossiler Brennstoffe, die das ganze Globalisierungsgefüge zusammenbrechen lassen könnten?

Die klassische und vielbeschworene Mittellage Deutschlands in einem sich zunehmend polarisierenden Europa in Rechnung gestellt – wie sähe ein Mittelweg zwischen Amerika und Rußland aus? Oder geht es nicht ohne eine von beiden Mächten? Oder doch China?

v. Waldstein: Voraussagen über konkrete politische Entwicklungen sind schon in nationalstaatlichen Rahmen schwierig; auf internationaler Ebene halte ich sie für schlicht unmöglich.

Eine seriöse Politikbeobachtung muß sich daher darauf beschränken, wichtige Tendenzen und entstehende neue Machtpotentiale so früh wie möglich zu erfassen und zu beschreiben.

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Nach meiner Überzeugung wird das Schicksal Europas und Deutschlands bis zur Mitte des 21. Jahrhunderts u.a. von zwei Faktoren wesentlich bestimmt werden: Von dem (weiteren) explosionsartigen Anstieg der afrikanischen Bevölkerung, die derzeit täglich (!) netto um ca. 110 000 Menschen wächst (1900: 200 Mio.; 2000: 1,2 Mrd.; und nach vorsichtigen Schätzungen: 2050: 2,5 Mrd.; 2100: 5 Mrd. = Wachstum um das 25fache in 200 Jahren).

Und außerdem von dem (weiter) wachsenden globalen Machtanspruch Asiens, insbesondere Chinas, und der damit verbundenen, allmählichen Auflösung der pax americana.

Hinsichtlich des ersten Themas haben die Europäer die Wahl, sich nach der ungarischen Blaupause vollständig gegen die in Gang befindliche und von den Feinden der europäischen Völker befeuerte Invasion aus Afrika abzuschotten oder unterzugehen. Ein Mittelweg ist nicht denkbar.

Bei dem zweiten Thema brauchen Sie nur einen Blick auf das Südchinesische Meer werfen, um zu sehen, wie sich die Chinesen dort nach und nach ihren geopolitischen Vorhof zurückholen. Manches spricht dafür, daß sich in diesen Jahren die Völkerrechtliche Großraumordnung mit Interventionsverbot für raumfremde Mächte herausbildet, die Carl Schmitt schon in seiner gleichnamigen Schrift im April 1939 skizziert hatte.

Eine solche Aufteilung des Globus in vier oder fünf solcher Großräume würde auch auf der Ebene der politischen Inhalte neuen, kleinteiligeren Konzepten jenseits von One-World-Ideologien den Weg bahnen.

Für Deutschland böte eine solche Neuordnung die Chance, sich des alten geopolitischen Widerlagers im Osten zurückzuerinnern und zusammen mit den Russen eine europäische Politik zu rekonstruieren, die sich von den transatlantischen Fesseln befreit hat und aus eigener Machtvollkommenheit für die Sicherheit des Kontinents Verantwortung trägt.

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Thor v. Waldstein: Die entfesselte Freiheit. Vorträge und Aufsätze wider die liberalistische Lagevergessenheit, Schnellroda 2017. 287 S., 22 € – hier einsehen und bestellen!