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lundi, 26 septembre 2011

L’Empire invisible : Soft-Power et domination culturelle

L’Empire invisible : Soft-Power et domination culturelle

par Pierre-Antoine PLAQUEVENT

http://www.egaliteetreconciliation.fr/

Guerre cognitive

A notre époque qui est celle de l’information globalisée (on parle d’âge de l’information, comme il y a eu un âge industriel, ou encore un âge de l’agriculture), ce qu’on appelle la guerre cognitive est au cœur des enjeux contemporains de la puissance.

La guerre cognitive – appelée aussi guerre de l’information – est un élément essentiel pour la compréhension des enjeux contemporains de la lutte planétaire qui oppose actuellement les puissances œuvrant à l’édification d’un ordre unipolaire du monde, à celles qui tendent de leur côté, à la mesure de leur capacité de résistance, à une multi-polarité du monde et à un nouveau non-alignement.

Ainsi peut-être demain la France et l’Europe, redevenues maitresse de leur destin politique. Nous exposerons régulièrement sur ce site certains des concepts essentiels de cette guerre qui ne dit pas son nom mais qui ne cesse jamais. Concepts nécessaires à une meilleure compréhension de la réalité de notre époque et de ses enjeux stratégiques dissimulés sciemment ou simplement occultés par le « bruit » informationnel constant émis par les acteurs contemporains du « choc des puissances »(1).

Connaître afin d’anticiper. Anticiper pour résister.

Nous traiterons ici du concept de « soft-power » et de quelques pistes existantes pour une insurrection cognitive.

concept de Soft-Power

Le concept de « soft power » (ou « puissance douce ») est un concept utilisé en relations internationales et en géopolitique pour désigner la capacité qu’a un acteur politique (Etat, société multinationale, minorité agissante, ONG, réseau ou autre) d’influencer indirectement un autre acteur afin de l’amener à adopter son propre point de vue, voire à suivre ses buts, sans lui donner le sentiment de la coercition. Le soft-power regroupe ainsi l’ensemble des forces d’influence idéologiques douces mais offensives que peuvent être : la culture, le mode de vie ou juste l’image que l’autre (celui à influencer) perçoit de cet acteur.

Le soft power consiste en la capacité de mobiliser des ressources basées sur la séduction et l’attractivité que l’on exerce sur l’autre afin de l’influencer et de le contraindre en douceur.

Le soft power combiné au hard power, qui désigne la force coercitive classique (armée, diplomatie, pressions économiques), participe à la consolidation de la puissance politique et géopolitique d’une nation. Quand celle-ci arrive à se hisser au rang d’empire, la vassalité et la dépendance des autres nations ou groupes humains dépendent directement de sa capacité à user de sa « puissance douce ». Comprendre cette notion de soft power, c’est donc comprendre qu’aucun rayonnement culturel n’est réellement neutre si on l’analyse sous un angle géopolitique et qu’il accompagne et camoufle généralement une volonté et une capacité de puissance.

Puissance « douce » et Empire

« La capacité à être perçu comme modèle organisateur politico-social ou porteur de valeurs universelles, est aujourd’hui un facteur essentiel de toute politique de puissance » (Lorot-Thual « La Géopolitique »).

En géopolitique comme en histoire, les théories et concepts dépendent directement de la puissance, de la position et de la situation qu’occupe dans le monde celui qui les énonce. De nos jours si l’on pense à une capacité d’induction de comportement chez l’adversaire et à une influence culturelle modelante, on pense de fait aux Etats-Unis, première puissance mondiale actuelle, cœur et réceptacle de l’Empire. S’agissant de cette notion de puissance douce, le principal théoricien du soft power est justement un américain : Joseph Nye, professeur à Harvard puis secrétaire adjoint à la défense sous Clinton.

D’après Nye, si le leadership américain après la seconde guerre mondiale a dans un premier temps reposé essentiellement sur la puissance militaire et économique des Etats-Unis, c’est désormais autant sur le pouvoir d’attraction et la diffusion de son modèle que l’Amérique fonde sa puissance. Chez Joseph Nye transparaît l’appréhension de la situation précaire de l’Amérique comme puissance globale, fragile quant à la légitimité de son empire. S’ensuit donc la nécessité de bien communiquer en usant du pouvoir attractif de l’Amérique sur ceux qui sont ses vassaux de fait.

Ainsi explique-t-il : « Il convient de distinguer notre capacité offensive de notre capacité de défense. Celle-ci ne se limite pas à notre pouvoir coercitif (hard power), mais se fonde principalement sur notre pouvoir attractif (soft power). Aujourd’hui, le plus important ce n’est pas notre armée, mais le fait qu’un million et demi d’étrangers viennent chez nous suivre des études, que des millions d’autres souhaitent voir des films américains et adopter l’ « american way of life ».

Ceux sur qui nous exerçons une fascination ne nous feront jamais la guerre, au contraire ceux sur qui nous n’exerçons aucun pouvoir attractif (les islamistes, par exemple) peuvent constituer une menace. Dans l’histoire, c’est le pouvoir coercitif qui donne aux États la confiance en eux-mêmes qui les rend attractifs. Mais le pouvoir attractif peut persister au-delà du pouvoir coercitif. Ainsi, malgré la perte de son pouvoir temporel, le Vatican dispose encore d’un des plus puissants pouvoirs attractifs ».

Analyse qui rejoint celle du géopoliticien et homme d’influence Z.Brzezinski (2), qui est à la fois théoricien (« Le Grand Echiquier ») et acteur -il est l’un des fondateurs de la Commission Trilatérale- de l’hégémonie américaine contemporaine : « L’Amérique exporte aujourd’hui son mode de vie et sa culture comme Rome autrefois le droit ».

Suite [...]

L’« american way of life » n’est donc pas qu’un simple mode de vie qui aurait gagné l’Europe puis une grande partie du monde depuis l’après-guerre mais bien un outil de guerre idéologique pensé stratégiquement dans une perspective de soumission culturelle et politique des adversaires potentiels de l’Empire mais plus encore de ses alliés. Alliés qui furent généralement d’anciens adversaires vaincus d’abord par la guerre directe et le hard-power. Ainsi l’Europe occidentale après la défaite des fascismes puis l’Europe de l’Est après celle du communisme(3) ou encore le Moyen-Orient après l’échec du pan-arabisme (4).

Pour nous, européens, ce « soft-power » impérial est donc bien l’arme d’une guerre qui ne cesse pas et qui, partout et tout le temps, est l’un des foyers originaires de notre perte d’identité et de notre incapacité de résistance politique face à la destruction de notre civilisation. Cette « vieille Europe » comme la désignait avec mépris Donald Rumsfeld à l’époque de l’administration Bush.

L’Empire invisible : puissance « douce » mais conséquences dures

Ce n’est pas pester en vain contre l’Empire que de reconnaître son emprise sur nos vies ; c’est en fait reconnaître comme telle la force et les moyens d’une puissance qui travaille à maintenir son hégémonie, cela afin de savoir les utiliser dans le sens de la promotion de notre combat qui est celui de l’indépendance et de la souveraineté des peuples. Souveraineté qui passe nécessairement par une résistance spirituelle et culturelle face à l’hégémon américain et sa vision du monde matérialiste et utilitariste. Vision du monde pesante et sans grâce, faite de mauvais films et de sous-culture rap et pop qui avilit l’âme de l’homme et l’enchaîne à une réalité obscène créée de toutes pièces pour dévaster nos fonctions premières de résistances morales et politiques.

Car qu’est-ce que représente concrètement le soft-power atlantique pour le citoyen européen lambda ? Des illustrations de cette emprise « douce » sur nos vies peuvent être relevés dans notre quotidien le plus trivial -précisément le plus trivial, cible naturelle du soft-power américanomorphe- peut-être par exemple quand votre voisine vous raconte le dernier épisode de « Desperate Housewives », quand vos parents sifflotent une chanson des « Rolling-Stones » qui leur rappelle leur jeunesse ou quand des jeunes répètent machinalement des airs de rap sans réfléchir plus avant au sens des paroles en anglais.

Cette même jeunesse qu’on rabat comme bétail à l’abattoir de l’intelligence pour aller voir le dernier « block-buster » américain. Dans ses conséquences concrètes, le soft power de l’Empire s’exerce aussi quand par exemple des parents amènent leurs enfants fêter leur anniversaire au fast-food ou dans ces grands hypermarchés où l’on va s’enfermer même les jours de grand beau temps ! Et combien de braves gens l’ont fait autour de nous, preuve de la force d’imprégnation et de propagande culturelle modelante qu’a le soft power pour maintenir une hégémonie culturelle et politique.

L’Empire soumet ainsi les puissances concurrentes en s’attaquant d’abord à leur esprit par la conquête idéologique et par des représentations sous-culturelles corrosives, puis directement au « bios » du peuple et à sa santé physique par la malbouffe et la destruction des savoir-vivre ancestraux et des coutumes alimentaires.

Tranquillement et continuement, c’est ainsi que notre quotidien d’européens occidentalisés est devenu sans que l’on s’en rende bien compte, une gigantesque machine d’acculturation permanente qui a pour fonction première de nous faire vivre dans un plasma sous-culturel omniprésent et paralysant. Ainsi inhibés et acculturés, les Européens - et tous les peuples du monde touchés de prêt ou de loin par le démon de l’occidentalisation - se retrouvent sans anticorps face à ce processus de mort lente mais programmée de l’esprit puis de la chair.

C’est ainsi que les souvenirs et la vie des gens (de nos gens, des nôtres, et de nous-mêmes) sont parasités en permanence par une sous-culture avilissante et déstructurante utilisée par le vainqueur de la seconde-guerre mondiale et de la guerre-froide comme une arme de guerre contre nos peuples ; comme une arme de destruction massive, une bombe radiologique au rayonnement continu, diffus, permanent et mortel contre les peuples.

Cette influence géopolitique et culturelle a donc pour fonction de créer un cadre de vie totalement intégré, une soumission quotidienne que l’on ne remarque même plus tellement elle constitue l’arrière plan et le décor de nos vies. L’Empire sous une forme occultée mais omniprésente, presque immanente et consubstantielle au quotidien du citoyen de Cosmopolis, le « village » global.

Et même si partout dans le monde, des résistances à ce processus d’intégration monoculturel se font jour, le plus effrayant reste la passivité des populations face à l’intériorisation forcée des modes de vie promut par le libéralisme impérial anglo-saxon ; passivité d’autant plus inquiétante de la part de ceux des peuples qui ont à subir le plus directement son influence délétère.

Il s’agit donc pour nous d’ouvrir les yeux sur la réalité d’une colonisation culturelle et idéologique qui est bien proche d’avoir réussi à anéantir notre culture, non plus par les moyens classiques de la guerre d’agression –comme encore en Irak, en Serbie ou en Afghanistan- mais plus insidieusement par l’imprégnation quotidienne d’une sous-culture « pop » imposée de l’étranger (5) qui n’est pas une culture naturellement populaire, c’est-à-dire issue du peuple et donc émanation naturelle de ses joies et de ses peines, comme par exemple les chansons populaires de nos aïeux, mais bien l’un des vecteurs principaux de notre décadence actuelle promu à dessein pour permetrre notre sujetion.

Une autre illustration d’un « soft power » très puissant était hier celui de l’U.R.S.S. Cette « puissance douce » qui prônait chez nous par le biais de ses réseaux et relais (parti, associations, syndicats, lobbys, éducation nationale, personnalités etc.) tout l’inverse de ce qui était entrepris et promu chez elle pour le maintien de sa puissance, c’est-à-dire : désarmement, pacifisme exacerbé, rejet des valeurs patriotiques, etc. Aujourd’hui effondré, l’aile gauche du mondialisme militant imprègne encore l’Occident d’une idéologie qui faisait hier le jeu de l’influence soviétique sur l’Europe et qui continue encore par inertie historique d’exercer son influence délétère par endroit. Cela alors même que la source originelle de sa vitalité, l’Union Soviétique, a cessé d’être depuis longtemps.

De nos jours, d’autres acteurs émergent au niveau de l’utilisation d’un « soft-power » propre à leurs vues. Ainsi la « puissance douce » d’un islamisme militant sous influence mondialiste rayonne aussi quand par exemple un jeune accroche à son rétroviseur un chapelet de prière musulman ou quand un jeune français porte ostensiblement un t-shirt « 113 » ou « Médine » et jure sur une Mecque qu’il n’a jamais vu… Puissance « douce » se heurtant bien souvent avec celle des réseaux protestants évangéliques américains visant à concurrencer immédiatement l’Islam ou le Catholicisme sur ses propres terres. (6) Comme actuellement en France où l’enjeu pour les prochaines années est la prise en main des futures élites issues de l’immigration nord-africaine par l’Empire. (7)

On peut donc considérer que le « soft power » agit quand l’homme déraciné contemporain croit qu’il est libre de ses choix, opinions et actes alors qu’il est justement, plus que jamais, la proie des réseaux et des champs de force idéologiques des puissances qui s’entrechoquent et qui ont pour champ de bataille les consciences et les représentations des peuples et des individus.

L’individu contemporain est victime d’une guerre qui ne dit pas son nom aux civils mais qui est clairement théorisée et instrumentalisée par les états-majors : la guerre cognitive. Nul part où fuir, le champ de bataille est ubique et les azimuts proliférant : consumérisme, mondialisme, américanisation, droit-de-l’hommisme, fondamentalismes, sectarismes, New-Âge etc. Furtivement l’ennemi se dissimule partout où l’enjeu est le contrôle des populations par la propagande indirecte.

C’est, avec la mondialisation des échanges et la révolution technologique permanente, la globalisation des rayonnements idéologiques et culturels des acteurs de la puissance et l’anéantissement de fait des zones de neutralité, des zones de paix. C’est la fin de l’époque des trêves entre deux guerres car ici la guerre ne cesse pas. C’est aussi la fin de la sphère intime de l’homme et de son intériorité car cette mainmise idéologique par les différents « soft-powers » en présence s’infiltre sans discontinuer dans son esprit aux travers du foisonnement des moyens de communication contemporains.

Finalement, c’est l’habitant du village global qui est pris pour la cible permanente d’une guerre idéologique qui ne s’avoue pas comme telle et qui, s’appuyant sur l’individualisme et le narcissisme de masse, a fait débordé la guerre de ses limites classiques depuis bien longtemps. Le « viol des foules par la propagande » n’aura donc été que la répétition d’une méthode aujourd’hui bien plus perfectionnée : nous faire désirer ce qui nous tue et nous faire associer notre bien être à notre sujétion. (8)

NTIC et « soft-power proliférant » : une résistance en avant-garde

Conceptualisé et instrumentée au départ par la puissance hégémonique actuelle : l’Amérique-Monde ou l’« Occidentisme » comme l’appelle le dissident russe Zinoviev, le soft-power est devenu l’un des piliers de l’extension de l’Empire et de la tentative d’Etat universel auquel veulent aboutir les élites financières et politiques du G20. Pour autant, comme toujours en histoire, il n’est pas sûr que ce concept ne se retourne pas finalement contre ses créateurs car avec la révolution technologique en cours et le développement rapide des médias et circuits d’informations non-alignés, les résistants à l’Empire et au processus d’intégration mondialiste peuvent encore arriver à retourner les armes de l’oppression contre l’oppresseur.

Ce processus de résistance au rayonnement idéologique de l’Empire s’est bien vu en ce qui concerne le combat pour la vérité historique autour des attentats du onze septembre 2001. Ainsi, alors qu’une version officielle fut rebattu sans cesse par les principaux médias occidentaux, c’est par l’utilisation d’une contre-information citoyenne (ou plus politique) que des acteurs indépendants (certains parfois lié à des puissances non-alignés au bloc occidental) (9) ont pu amener une grande partie des opinions publiques à ne plus croire à la version officielle de ces attentats, ceci malgré toute l’artillerie classique de la propagande médiatique. Propagande qui allait de l’accusation de « complotisme » jusqu’au chantage à l’antisémitisme le plus hystérique (10). Arrivant même à influencer certaines personnalités publiques qui furent immédiatement lynchées par les mêmes médias qui les portaient aux nues peu avant.

La résistance cognitive qui a eu lieu face à la version officielle des attentats du onze septembre nous donne une illustration que, contrairement à ce que beaucoup trop de personnes pensent, l’Empire ne peut tout contrôler en même temps. Dans le chaos que génèrent l’avancée du Nouvel ordre mondial, se créent ainsi des interzones informationnel qui échappent par endroit à l’Empire et où il nous faut nous installer pour résister. Autant de « bandes de Gaza » idéologiques et cognitives où la tyrannie de l’Empire vient s’embourber malgré tout.

L’œil cyclopéen qui veut le contrôle de nos vies ne peut tout arraisonner parfaitement, c’est certes son vœux le plus cher et le but vers lequel tendent tous ces capacités mais il n’est pas encore réalisé ; et face à son phantasme de contrôle absolu nous pouvons encore lever des barricades dans la guerre de l’information. Le Nouvel ordre mondial se déconstruit à mesure qu’il progresse. Comme l’Empire Romain sur sa fin, l’Empire actuel trébuchera peut-être sur son gigantisme. A mesure que l’Empire avance et détruit, il ouvre aussi sous ses pas de nouvelles lignes de fractures qui peuvent devenir autant de lignes de front pour de possibles résistances et renaissances populaires.

Introduisons ici une notion qui pourrait servir de contrepoids à la toute puissance impériale en matière de domination informationnelle : la notion de soft-power proliférant. Les géopolitologues occidentaux appellent « puissances proliférantes », les puissances considérées utiliser des armes non-conventionnelles comme le terrorisme ou la guérilla pour pallier à leur faiblesse face aux puissances dominantes. Mais si cette accusation d’Etat terroriste ou « voyou » peut être aisément renversée et retournée à l’envoyeur dans la plupart des cas, la résistance anti-mondialiste peut prendre exemple sur la manière dont ces puissances proliférantes savent manier des thématiques mobilisatrices pour les opinions publiques ou utiliser les faiblesses des dogmes et versions officielles de l’adversaire.

Ainsi l’Iran avec l’arme du révisionnisme historique ou la Russie qui relaye massivement chez elle les travaux des chercheurs indépendants ou non-alignés sur la réalité des évènements du onze septembre 2001. (11) La résistance Palestinienne constitue aussi un bon exemple de « soft-power proliférant », elle qui a su utiliser à partir des années 80-90, l’intifada et le martyr des enfants palestiniens pour retourner une opinion internationale au départ plutôt encline à voir dans le palestinien en lutte, un Fedayin preneur d’otages de Septembre Noir.

Tout en gardant bien soin de rester ancrés sur nos réalités et problématiques nationales et civilisationnelles, les réseaux et mouvements anti-mondialistes et alter-nationalistes peuvent aisément faire leurs, les méthodes de guerre cognitive utilisés par ces acteurs géopolitiques qui savent utiliser la guerre médiatique indirecte pour contrer la propagande à vocation universelle de l’impérialisme mondialiste.

Face à un géant on ne peut utiliser la force directe, il nous faut donc adopter la stratégie de la mouche qui agace le lion jusqu’à le vaincre par épuisement. Face à la guerre cognitive de l’Empire : l’insurrection et la guérilla de l’information sont des armes stratégiques majeures. Chaque mensonge déboulonné, chaque vérité diffusée sont autant d’entailles dans la carapace idéologique du Léviathan qui pourront peut-être un jour se révéler mortelles à force d’acharnement. A nous donc de développer notre propre « puissance douce » de militants anti-mondialistes et alter-nationalistes face au moloch globalisé. Ceci par des actions de lobbying, par l’action sociale et culturelle, par des actions d’influence sur la société ou des campagnes de réinformation. (12)

Par le méta-politique en appui du politique, par le « soft power » et la « réinfosphère » (13) en appui de notre « hard power » qui constituerai lui en la création de réseaux de résistances et l’organisation concrète de l’autonomie populaire.

Par Pierre-Antoine PLAQUEVENT pour les-non-alignes.fr

(1) Nous reviendrons ultérieurement sur cette notion de « choc des puissances » qui nous parait plus pertinente et moins instrumentalisable que celle, plus ambigu, de « choc des civilisations ». Nous empruntons ce terme à un colloque tenu par l’Ecole de Guerre Economique au Sénat en 2007 et qui avait pour titre : « le Choc des puissances ». http://www.infoguerre.fr/evenements...

Nous pensons essentiel de concevoir le monde politique contemporain et les relations inter-Etats, non pas comme le lieu d’une guerre entre des civilisations nettement différenciés en lutte pour leur hégémonie : le « choc des civilisations » ; mais plutôt comme le lieu de l’affrontement entre des ensembles civilisationnels, politiques, culturels et identitaires contraints de s’agréger de force à un processus d’intégration économique mondialisé. Processus totalitaire conduit à marche forcée par les instances dirigeantes d’organismes économiques transnationaux tel le FMI ou l’OMC et sous tendu par une mystique et un projet cosmocratique à vocation planétaire : la création d’un gouvernement mondial. Projet d’une sortie de l’histoire définitive en gestation chez nos « élites » qui le désignent sous le nom de Nouvel ordre mondial et que ses opposants appellent souvent « Empire ». Terme générique désignant tous les aspects de ce projet : spirituel et philosophique, politique et économique.

Même si pour nous, patriotes européens, il y aurait beaucoup à dire sur ce double usage du terme d’Empire selon qu’il désigne le projet cosmocratique universel mondialiste ou bien son opposé : l’Empire comme unité de destin continentale des peuples européens. On évoquera ici qu ’à cet "empire invisible" expansioniste et démonique des mondialistes s’opposent un "Empire intérieur", tel que théorisé en son temps par Alain de Benoist par exemple. Empire intérieur du coeur et de l’orthodoxie, de la liberté et de la personalité face au néant du libéralisme et de l’individualisme.

Pour nous, ce qui se révèle juste dans le paradigme « Huntingtonien » - principalement les heurts inter-ethniques dans les cités ghettos du village global et de son mode de développement unique - relèverait peut-être plus exactement de frictions identitaires plus que d’un réel choc de civilisations. Frictions participant pour beaucoup de cette intégration forcée des civilisations – ou de leurs survivances – et de leurs populations à ce projet de Nouvel ordre mondial comme le désigne les élites qui le portent. Il en va de même pour les déplacements massifs de populations soumises aux logiques ultra-libérales de développement économique. Logiques ultra-libérales qui prennent la forme de vrais dictats économiques comme ceux du FMI ou de L’OMC qui imposent aux nations du Tiers-Monde, principalement en Afrique (mais aussi partout où l’Empire se montre plus direct comme en Afghanistan et en Irak), le pillage des ressources naturelles et la fuite des populations de leur pays d’origine. Empêchant ainsi toute forme de souveraineté nationale et populaire réelle d’émerger. Souveraineté nationale empêchée par l’Empire dans les pays du tiers-monde mais aussi dans ceux considérés comme développés. Il est ainsi significatif pour un pays comme la France d’accueillir des réfugiés politiques d’Afghanistan au moment même où nos soldats s’y font tuer pour les intérêts américains. Plus d’américanisation c’est donc bien plus d’immigration et au final plus d’Islamisation de l’Europe. N’en déplaise aux néo-conservateurs d’Europe et d’ailleurs.

(2) Z.Brzezinski fût aussi le conseiller du président Carter et aujourd’hui l’un de ceux d’Obama. Adepte d’une vision dite « réaliste » des rapports que doivent entretenir les USA avec le reste du monde, il s’est opposé à celle trop clairement agressive des néo-conservateurs américains, allant jusquà dévoiler leur intention d’organiser éventuellement de faux attentats sur le sol américain afin de provoquer une réponse contre l’Iran.

http://video.google.fr/videoplay?do...

Il est vrai qu’il est aussi un connaisseur en matière de manipulation, s’étant lui-même vanté d’avoir fait tomber l’URSS dans le piège afghan, lui offrant ainsi son Vietnam.

http://contreinfo.info/article.php3...)

Il est aussi l’un des théoriciens de la notion de « titytainment ». Notion centrale dans les stratégies de l’Empire pour la domination et l’arraisonnement des masses humaines hétérogènes qui peuplent « Cosmopolis », l’Urbs mondialisée de ce début de XXI ème siècle. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tittyt...

(3) Dans le cas de la guerre froide, et surtout à partir des années 80, c’est pour beaucoup par le Soft-Power et le travail des opinions de l’Europe de l’Est que le communisme a pu être démantelé. L’image d’un occident opulent et « libre » -au sens où prend ce mot dans les démocraties de marché- a autant fait pour mettre à genoux la puissance soviétique que la guerre perdu en Afghanistan ou la nouvelle course au réarmement relancée par l’administration Reagan. Face aux files d’attente devant les magasins d’alimentation, rien ne fût plus désagrégateur du soutien de l’opinion au régime -soutien déjà légitimement au plus bas- que les images d’abondance en provenance de l’occident.

Là encore la sous-culture pop d’importation américaine joua son rôle dans les désordres qui précédèrent et suivirent la fin du bloc communiste. On peut penser notamment à ce concert géant des groupes américains « Metallica » et « AC/DC » qui réunirent dans une Russie à peine « désoviétisée » entre cinq cent mille et un million de personnes accourus de tout le pays pour assister à ce spectacle. On dénombra alors des dizaines de morts et une centaine de viols durant les festivités. La culture américaine venait de prendre pied sur le sol russe. Les membres de ces groupes jouant devant un océan humain déchainé ont ainsi surpassé tous les rassemblements totalitaires du XX ème siècle. Le néo-libéralisme est bien la forme finale du totalitarisme dont le national-socialisme et le communisme ne furent que des répétitions balbutiantes.

(4) Pan-arabisme dont on ne peut que souhaiter la renaissance réelle (même sous une forme islamique non expansionniste) au moment où nous écrivons ces lignes au cœur des bouleversements actuels dans le monde arabe.

(5) Le libéralisme anglo-saxon a effectué ici un détournement du sens sémantique originel du mot : « populaire ». Ainsi l’usage d’un terme tel que : « pop-music », répété machinalement par des générations de français, retrouve son vrai sens une fois énoncé dans notre langue natale : musique populaire. « Musique populaire » cela sonne un peu comme « démocratie populaire ». Déclaration programmatique d’un contrôle politique qui s’auto-justifie et s’auto-promeut en captant à son compte une volonté populaire que l’on n’a jamais consultée auparavant.

Comme dans tout système totalitaire, asseoir la légitimité de son emprise politique et de son contrôle passe par l’appropriation et l’usage abusif du mot peuple. Voir sur ce sujet de la « pop-music » comme instrument d’hégémonie et de contrôle des masses par l’Empire des multinationales : les travaux du groupe de musique Slovène Laibach, et le film visionnaire de Peter Watkins : "Privilège". Nous reviendrons ultérieurement sur la nécessité vitale d’une contre-culture de qualité comme terreau d’une résistance réelle au système.

(6) Cela alors même que le nombre de catholiques augmentent en permanence aux Etats-Unis par la démographie galopante et l’immigration des latinos du sud. Latinos dont les ancêtres furent eux-mêmes convertis il y a plusieurs siècles par le Soft-Power de l’Eglise et de ses missions…

(7) Phénomène qui est loin d’être du phantasme et qui m’a été confirmé par plusieurs musulmans français. Dans nos banlieues, la guerre des réseaux d’influence bat son plein : les sectes évangéliques, l’église de scientologie ou la franc-maçonnerie se disputent les personnalités émergeantes afin de capter ces nouvelles ressources humaines et de les orienter dans le sens de leurs intérêts. Sens qui n’est pas vraiment celui de la souveraineté française on s’en doute… Se superposant au mépris de la culture française enseignée dans les écoles et avec la perspective du chômage de masse, on imagine que la perspective d’une telle carrière doit en attirer plus d’un. On est pourtant surpris de rencontrer ça et là des français d’origine nord-africaine conscientisés et réfractaires à l’Empire des multinationales, comme ce camarade qui me racontait avoir voyagé tous frais payés aux Etats-Unis et qui expliquait à ses mécènes qui enrageaient, combien il était Gaulliste et combien la France était son pays qu’il ne trahirait pas !

Un paysage de ruine se dessine donc sous nos yeux : alors que les migrants se massent à nos frontières et pénètrent en France par tous les moyens imaginables, les américains cooptent et « dénationalisent » au même moment ceux des « afro-européens » qui sont eux nés en France. Notre pays n’est réellement plus que le fragment territorial sans pouvoir et en ruine d’un empire invisible. Invisible ou tout du moins occulté pour la plus grande partie de nos compatriotes.

Sur ce sujet : http://archives-fr.novopress.info/2...

(8) « le Viol des foules par la propagande politique » Serge Tchakhotine 1952

(9) On peut raisonnablement penser que Thierry Meyssan par exemple a été appuyé dans ses premiers travaux par des sources des services de renseignement français voulant « tacler » avec leurs moyens le rouleau compresseur de l’Empire qui allait bientôt s’abattre sur le monde arabe et annihiler au passage nombre d’intérêts de la France et de la « Chiraquie » au Moyen-Orient. Il a d’ailleurs affirmé lui-même qu’à l’époque de sa première tournée des pays arabes, il a été protégé personnellement du Mossad par le Président Chirac. Le même qui aurait d’ailleurs fait, toujours d’après Thierry Meyssan, décoller la chasse française comme un avertissement à l’armée israélienne lors de la dernière guerre d’Israël contre le Liban. Chirac contre l’Empire ! Voire …

(10) Ceci alors même que la théorie officielle relève bien d’une théorie du complot… islamiste !

(11) "Le 12 septembre 2008, la 1ère chaîne de TV russe ORT diffusa en prime time le film "Zéro - Enquête sur le 11 Septembre" de l’euro-député Giulietto Chiesa suivi d’un débat contradictoire sur les attentats du 11 septembre 2001 regardé par plus de 32 millions de téléspectateurs. Le débat réunissait notamment des architectes, ex-agents du KGB, experts, ainsi que Léonid Ivashov (chef d’état major des armées russes en poste en 2001) et Chiesa" :

http://www.dailymotion.com/video/x8...

Source : http://www.ReOpen911.info

(12) Un autre exemple de soft-power « proliférant » porté par des résistants au Nouvel ordre mondial peut être trouvé chez les militants nationalistes de Casapound. Au départ centre social pour des familles de travailleurs italiens en difficulté et structure de combat culturel avant-gardiste, cette maison du peuple est devenu un véritable réseau militant alternatif qui essaime dans toute l’Italie et se développe sans discontinuer par le croisement d’une action de terrain concrète quotidienne et d’une contre-culture, jeune, active et contemporaine.

Un bon exemple de l’influence du soft-power de casapound a été donné à l’Europe entière quand le réalisateur italien de gauche Michele Placido, venu retirer son prix au festival du film de Venise, a affirmé en direct à la télé qu’il espérait d’être invité dans « les cercles culturels de Casapound » car c’est seulement là, d’après lui, qu’existe une activité culturelle qui est morte à gauche. Une gauche alternative italienne qui a perdu le contrôle de la culture jeune à Rome et dans nombre de grandes villes italiennes faute de projet politique et de vision de la société réellement contemporaine et positive. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si récemment Casapound a subi les attaques d’une extrême gauche rétrograde et manipulée et, plus grave, si l’un des animateurs principaux de Casapound a essuyé des tirs de pistolets dans les jambes. Le système sait reconnaître ses ennemis réels. http://cafenero.ilcannocchiale.it/?...

(13) Nous désignons par réinfosphère toute la mouvance qui dénoncent les "médias-mensonges" des mass-médias comme les désigne Michel Colon, mouvance qui lutte pour la réinformation et la diffusion d’une vérité médiatique et historique objective. La réinfosphère se développe sur internet en grande partie depuis les attentats du onze septembre 2001 et la remise en cause de la version officielle qui a suivi.

Un grand nombre de militants anti-mondialistes actuels doivent leur prise de conscience à la remise en cause de ces évènements par des groupes citoyens comme l’association Reopen911 ou Egalité et Réconciliation. En moins d’une décennie c’est une partie non négligeable de l’opinion qui a ainsi été gagné par le doute sur ces évènements et d’autres eu égard aux moyens dérisoires de la réinfosphère comparés à ceux des « médias-menteurs » du système.

dimanche, 25 septembre 2011

Turchia e Qatar: i nuovi leader regionali?

Turchia e Qatar: i nuovi leader regionali?

Hamze JAMMOUL


Ex: http://www.eurasia-rivista.org

Dopo la cosiddetta “Primavera Araba” che ha contagiando diversi paesi arabi, il Vicino Oriente sta vivendo la mancanza di un leader. Questa situazione permette alla Turchia e al Qatar di assumere un ruolo strategico, che alla fine potrebbe portare ad un conflitto politico tra i due ambiziosi stati.

La Turchia sogna i tempi degli Ottomani

È chiaro che quello che accade nel mondo arabo abbia influenzato la politica turca che da molto tempo cerca di riprendere il suo ruolo nel Vicino Oriente. Il grande sogno turco affrontava degli ostacoli rappresentati dal continuo ruolo strategico dell’Iran in Libano, in Siria e in Iraq, e dalla solida alleanza tra i due paesi Arabi più influenti: l’Arabia Saudita e l’Egitto.

Ma l’attacco israeliano contro la nave turca Marvi Marmara nel maggio 2010 e l’inizio della rivoluzione tunisina nel 2011, hanno contribuito alla modifica della mappa geopolitica del Vicino Oriente aggiungendo nuovi attori desiderosi di ricoprire un ruolo di primo piano nella geopolitica vicino e mediorentale.

Il rifiuto di Israele di presentare le scuse al popolo turco, e l’inaspettato risultato della commissione Ballmer, che ha considerato legittimo l’embargo israeliano contro Gaza, affermando che quanto accaduto nel luglio 2010 contro la flotilla non è un atto terroristico e criminale come sostiene Ankara, ma un semplice uso eccessivo della forza, hanno portato il governo turco ad espellere l’ambasciatore Israeliano e a congelare i rapporti commerciali con Tel Aviv.

Il primo ministro turco Recep Tayyip Erdoğan ha inoltre annunciato l’inizio di una campagna legale presso il tribunale penale internazionale con l’obbiettivo di condannare i crimini israeliani.

L’azione turca nei confronti di Israele arriva dopo diversi tentativi da parte di Ankara di assicurarsi un ruolo strategico nella regione e di apparire come la salvatrice della democrazia, il frutto della “ Primavera Araba ” .

La domanda che ci si può porre è la seguente: riuscirà Ankara a riprendere il suo potere nel Vicino Oriente ?

Vi sono numerosi elementi che possono aiutare la diplomazia turca a riacquistare un ruolo importante nella regione:

a. L’attuale mancanza di un paese arabo leader. Tale mancanza è dovuta al fatto che l’Arabia Saudita sta affrontando un conflitto politico all’interno della famiglia reale; L’Egitto dopo la caduta del governo di Mubark è occupato a portare avanti le riforme interne; mentre la Siria sta affrontando una grave situazione interna.

b. La notevole ambizione dell’amministrazione turca che, dopo le fallite trattative con l’Unione Europea, ha preferito concentrarsi nel Vicino Oriente. Nel 2006 Ankara ha condannato il severo attacco israeliano contro il Libano, nel 2009 ha condannato l’attacco israeliano contro Gaza ed ha considerato l’embargo illegale e disumano.

c. La vittoria di Giustizia e Sviluppo, il partito “laico -Islamico” di Erdoğan, nelle ultime elezioni ha consolidato il suo potere e ha indebolito il potere dell’esercito considerato il primo alleato di Israele. Tutto ciò permette a quest’uomo di grande potere e alla sua squadra di realizzare il loro progetto sulla nuova Turchia ricca ed influente.

d. L’importanza strategica che gli Stati Uniti e l’Europa danno alla Turchia. Attraverso l’accoglimento della richiesta NATO di installare il “sistema radar di difesa”, il leader turco continua a giocare un ruolo fondamentale tra l’Occidente e il Vicino Oriente.

e. La crescita dell’economia turca che ha permesso al Paese di occupare il tredicesimo posto nell’economia mondiale.

Tutti questi sono elementi che possono aiutare la Turchia ad assumere un potere strategico specialmente dopo la rivoluzione sentimentale che sta portando avanti Erdoğan nel mondo arabo e islamico, una rivoluzione il cui obbiettivo è dire no a Tel Aviv.

Alla luce di quanto segue, sembra che la Turchia stia andando nella direzione giusta per conquistare il cuore del popolo arabo.

Non bisogna però sottovalutare ciò che stanno sottolineando gli analisti, ossia il fatto che gli Arabi non hanno dimenticato la sofferenza che hanno vissuto durante l’occupazione dell’impero Ottomano. La nomina della Turchia come leader nel mondo arabo e islamico, potrebbe affrontare delle difficoltà rappresentate dalla futura ripresa dell’Egitto e della Siria e dall’attuale ruolo che sta assumendo un nuovo stato ambizioso, il Qatar.

Il Qatar alla ricerca di un ruolo strategico

Il Qatar che ha conquistato una fama internazionale nel settore commerciale e del Gas, l’anno scorso ha voluto dimostrare la sua capacità di organizzare i mondiali del 2022. Con l’inizio delle “rivoluzioni” nel mondo arabo, il Qatar ha preso una posizione politica tramite la sua Al Jazeera, il più noto canale televisivo arabo.

Tale posizione ha creato nuovi amici e nuovi nemici all’Emiro che, come hanno riferito i quotidiani arabi, il mese scorso si è salvato da un attacco suicida nella capitale Ad Dawhah.

Cosa vuole il Qatar della “Primavera araba”? Questa è una domanda che ormai si pongono tutti sia nel mondo arabo che in Occidente. La risposta è chiara: il Qatar ambisce ad avere un ruolo strategico nella regione. Da anni il Qatar ha iniziato un programma politico per uscire dal gruppo dei paesi non influenti e attraverso tale piano vuole diventare un nuovo leader arabo.

L’emirato è stato il primo paese arabo ad ospitare il congresso mondiale per la ricostruzione della Libia, oltre ad essere stato l’unico componente della lega Araba ad avere preso parte alla guerra con i suoi aerei militari e ad aver finanziato i ribelli contro Gheddafi.

Il canale satellitare Al Jazeera, ha seguito gli eventi in Tunisia ed Egitto sin dal primo giorno, ed in Siria si considera il primo nemico mediatico del governo di Bashār al-Asad.

Al Jazeera che ha voluto proteggere le “rivoluzione arabe” e i diritti umani non ha reagito nello stesso modo quando è scoppiata la rivoluzione in Bahrein, alleato dell’Emiro e dell’Arabia Saudita. Tale comportamento ha messo a rischio la professionalità del canale e ha fatto sorgere dei dubbi sui reali obiettivi dell’emirato.

 

Gli elementi sopracitati, a cui si aggiunge il fatto che il paese non è stato ancora soggetto a manifestazioni, sono elementi che rafforzano la teoria secondo la quale il Qatar è alla ricerca di un nuovo ruolo strategico nella regione. Tale ruolo però si scontrerà alla fine con la volontà dell’Egitto di riprendere il suo ruolo e con il sempre più crescente ruolo politico di Ankara, fenomeno confermato dal fatto che nei giorni scorsi il primo ministro turco ha concluso la sua missione in Egitto, Tunisia e in Libia, aprendo un nuovo rapporto con i paesi della cosidetta “Primavera araba”.

*Hamze Jammoul, giurista Libanese, esperto nella gestione dei conflitti internazionali

L’Otan refuse de surmonter l’héritage de la guerre froide

«L’Otan refuse de surmonter l’héritage de la guerre froide»

INTERVIEW – L’ambassadeur de la Russie à l’Otan, Dmitri Rogozine, se montre très critique envers l’Alliance atlantique et ce «droit d’ingérence» dont elle s’est dotée.

L’ambassadeur de Russie à l’Otan, Dmitri Rogozine, était à Paris cette semaine pour évoquer le projet de bouclier antimissile de l’Otan. Il propose que l’Otan et la Russie aient chacune leur propre système de ­défense. Proche de Vladimir Poutine et représentant du courant nationaliste russe, il pourrait jouer un rôle dans la campagne des législatives de décembre.

LE FIGARO. – Où en sont les négociations sur le bouclier antimissile en Europe ?

Dmitri ROGOZINE. – Les États-Unis avaient offert à la Russie une coopération sur ce bouclier antimissile mais aucune coopération de fait ne nous a été proposée.

Une véritable coopération permettrait de rétablir la confiance en Europe et d’économiser beaucoup d’argent en période de crise. En fait, l’Otan a toujours peur de la Russie et refuse de surmonter l’héritage de la guerre froide.

Que proposez-vous ?

 

Puisqu’un seul bouclier antimissile intégré a été refusé, nous proposons que chacun ait son propre système. Le dispositif de l’Otan assurerait la sécurité des pays de l’Otan, à condition que son rayon d’action ne touche pas le territoire russe. Nous proposons aussi d’établir un lien entre nos systèmes d’alerte parce que le temps de réaction à un tir de missile n’est que de quelques secondes. Sans interconnexion, tout lancement d’un intercepteur pourra être considéré par la Russie comme une agression potentielle. Nous demandons enfin la garantie que notre potentiel nucléaire n’est pas menacé.

Cela va à l’encontre du système de l’Otan qui, dans sa troisième phase de déploiement, prévoit des intercepteurs en Pologne…

Le rayon d’action de ces intercepteurs, basés en Pologne ou dans la mer Baltique, ira jusqu’à l’Oural alors que la menace est censée venir de pays du Moyen-Orient ou d’Asie. Si l’Iran n’est qu’un prétexte pour déployer des intercepteurs au nord et menacer la Russie, nous voulons que cela soit dit clairement.

Quelle est la réaction de vos interlocuteurs européens ?

Leur passivité est étonnante. Ils trouvent nos arguments raisonnables, mais affirment que cela doit être discuté avec Washington. Pourtant, les Américains négocient avec la Pologne. Quand un accord sera signé personne ne demandera l’avis des autres Européens.

En Libye et en Syrie, la Russie soutient les régimes en place. La diplomatie russe n’est-elle pas en train de perdre son prestige au Moyen-Orient ?

Nous ne nous sommes pas fait d’illusions sur Kadhafi, mais nous ne partageons pas votre vision du monde arabe. Vous pensez que c’est le rendez-vous de l’islam et de la démocratie. Nous croyons que c’est un choix entre un tyran et al-Qaida. En Tchétchénie, c’est ce qui s’est passé. Et puis, nous n’avons pas aimé la façon dont l’Otan s’est servi de la résolution de l’ONU pour poursuivre des objectifs qui n’avaient rien de commun avec elle. Ce qui est préoccupant, c’est que l’Otan se dote d’un droit d’ingérence qui est du domaine exclusif de l’ONU.

Vous vous êtes inquiété des conséquences d’un retrait de l’Otan d’Afghanistan pour la stabilité en Asie centrale. Souhaitez-vous que l’Otan reste longtemps en Afghanistan ?

L’Otan s’est donné une tâche qu’elle doit mener jusqu’au bout. Après avoir agité la fourmilière, nous ne voulons pas que l’Otan nous laisse face à face avec les chiens de la guerre. Une fois que l’Otan sera partie, ils se répandront au Tadjikistan et en Ouzbékistan et cela deviendra notre problème.

La Russie est-elle un pays européen ?

Elle l’est davantage que d’autres pays européens. Nous avons propagé la culture européenne jusqu’à Vladivostok alors que l’espace culturel européen est en train d’être réduit par les cultures venues du sud. Berlin n’est-elle pas la troisième ville turque dans le monde ? Si on veut intégrer d’autres cultures, il ne faut pas perdre ses propres valeurs culturelles. C’est ce que nous faisons en Russie.

Le Figaro

samedi, 24 septembre 2011

Les faux calculs de l’ingérence

Les faux calculs de l’ingérence

 
Une nouvelle fois, l’incantation à la religion des droits de l’homme a fait pleuvoir les bombes de l’Otan. Comme toutes les guerres de l’“Empire” auxquelles la France apporte son tribut, l’intervention en Libye a été menée au nom du devoir humanitaire de protection des populations civiles. Tous les ingrédients classiques de la guerre d’ingérence rêvée par Kouchner et ses amis furent au rendez-vous ...

les don­neurs de leçons indignés (hier Glucks­mann, aujourd’hui BHL), le conte pour “enfants de la télé” qui fait fi de toute réalité géopolitique (“un peuple entier dressé contre son dictateur”, alors qu’il s’agit d’une guerre civile Cyrénaïque contre Tripo­litai­ne), l’absence d’esprit critique de la presse occidentale face à la propagande de l’Otan (diffusion de ­fausses scènes de liesse à Tripoli tournées au Qatar alors que les rebelles ne sont pas encore dans la capitale ; chronique de la cruauté du Guide), la contradiction permanente avec les principes affichés (quid de la chasse aux Noirs pratiquée par les rebelles et plus largement de l’épuration massive en cours contre les tribus restées fidèles à Kadhafi ?)

Et la realpolitik dans tout cela ? Si, en effet, le masque de l’hypocrisie servait un but géopolitique tangible, nous pourrions parler de realpolitik et accepter celle-ci au nom de l’intérieur supérieur du pays. Mais, pour au moins trois raisons géopolitiques fondamentales, l’ingérence en Libye (comme le furent celles en Yougoslavie, en Afghanistan et en Côte d’Ivoire) est l’ennemie des intérêts géopolitiques français.

La première raison est que l’opposition que nous soulevons n’est plus celle d’un tiers-monde impuissant. Le monde est devenu multipolaire ; les pays émergents n’ont qu’une envie, arracher à l’Occident ce masque humanitaire qui dissimule sa politique de terreur contre la souveraineté des peuples. Russes, Chinois, Indiens, Brésiliens, Sud-Africains : ces gens n’ont aucune illusion quant au but réel de guerres que leurs médias qualifient de néocoloniales et prédatrices (pétrole, gaz). En s’alignant sur les États-Unis, la France détruit son capital principal en politique étrangère : sa position d’équi­libre, qui était respectée et demandée. Le monde change aussi chez nous, en Europe. Avec un double “non” (Irak, Libye), l’Allemagne s’est écartée de la géopolitique états-unienne comme elle rompra demain avec le capitalisme financier anglo-saxon. C’est elle qui demain ajoutera à son prestige industriel international une position d’équilibre qu’elle nous aura ravie.

La deuxième raison est que la chute de Kadhafi aggrave le chaos dans le Sahel. Le pillage des dépôts de l’armée libyenne dès le début de la guerre civile (comme en Irak en 2003), augmenté de nos parachutages d’armes et de munitions, transforme de fait le territoire libyen en une poudrière. Les tribus sont surarmées, à l’image des Touaregs pro-Kadhafi repliés vers leurs bases arrière nigériennes et maliennes et qui préparent déjà la revanche. Le Tchad ne sera pas épargné. Les trafics en tout genre (drogue, cigarettes, immigration), jusque-là endigués par les régimes autoritaires de Kadhafi et Ben Ali, vont exploser. Quant à nos “amis” rebelles, ce sont presque tous des islamistes radicaux ; les plus aguerris (les chefs) ont gagné leurs “lettres de noblesse” dans le djihad irakien… contre l’armée américaine (ce qui ne veut pas dire contre la CIA). L’assassinat, en juillet dernier, du ministre de l’Intérieur de Kadhafi rallié aux rebelles de l’Est ne s’explique que par la vengeance des islamistes contre leur ancien tortionnaire.

En favorisant l’effondrement des régimes autori­taires qui formaient le dernier écran protecteur de l’Europe face à la misère africaine, nous avons libéré des énergies qui vont travailler au service de trois buts : davantage d’immigration vers l’Europe, davantage de trafics, davantage d’islamistes.

Enfin, il existe une troisième raison pour laquelle un éventuel calcul stratégique français était par avance voué à l’échec. L’État libyen était déjà faible sous Kadhafi (lorsque les esprits seront apaisés, il faudra un jour mieux comprendre la nature du rapport entre le Guide de la révolution et son peuple), mais désormais et pour plusieurs années, il faudra parier sur l’absence quasi totale d’État libyen. Malheureusement, les Français, à la différence des Britanniques, n’excellent guère dans la manœuvre politico-économique (obtention des mar­chés) lorsqu’ils ne disposent pas de partenaire étatique clairement identifié. Les clés des marchés libyens se trouveront sans doute davantage au cœur des tribus que dans l’exécutif officiel. Si le président et son entourage voient dans les chefs rebelles auxquels ils ont déroulé le tapis rouge à l’Élysée l’incarnation de l’État libyen de demain, la désillusion risque d’être forte. Car il se pourrait bien que, cette fois, les Américains ne fassent pas l’erreur qu’ils ont faite en Irak en détruisant l’État baasiste et qu’ils cherchent au contraire à s’appuyer sur les anciens de Kadhafi plutôt que sur cette étrange “variété modérée de djihadistes démocrates” (!) dont l’entourage de Sarkozy nous vante les mérites.

Aymeric Chauprade, géopolitologue

Le BRICS acteur géostratégique émergeant

Le BRICS acteur géostratégique émergeant

Ex: http://www.europesolidaire.eu/
Jusqu'à présent les relations plutôt informelles entre les membres du bloc dit BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ne leur avaient pas permis de se comporter en acteur géostratégique cohérent au sein d'un monde multipolaire. Un discours différent à l'égard de l'intervention de l'Otan en Libye avait été mal ressenti.

 

Aujourd'hui, deux principaux membres, la Russie et l'Inde, semblent vouloir revenir sur ce désordre et positionner le BRICS d'une façon bien plus offensive, notamment à l'égard des Etats-Unis et de ses proches alliés européens. La Chine, prudente à l'habitude, reste sur la réserve mais on peut penser qu'elle suit l'évolution de la situation avec attention.

Ce sont les rapports avec la Syrie et les interventions ou menaces occidentales à l'encontre du gouvernement Bachar el Hassad, sommé de respecter ses minorités, qui fournissent l'occasion de ce durcissement. Mais tout laisse penser que d'autres sujets sensibles, notamment la question de la reconnaissance de l'Etat Palestinien, auront le même effet fédérateur. La Russie multiplie les mises en garde. Mais l'Inde semble décidée à aller plus loin encore.

Un expert indien, qui ne devrait pas  s'exprimer sans un minimum de caution gouvernementale, le Dr Sreeram Chaulia, professeur à l'Ecole Jindal des Affaires Internationales. estime que les pays du groupe BRICS, dont le sien, sont naturellement désignés pour s'opposer à ce qu'il nomme une dérive néocoloniale, dans le domaine des sanctions ou interventions que les Occidentaux voudraient imposer à Damas. (voir Russia Today, http://rt.com/news/brics-syria-west-hegemony/) Il va très loin dans cette direction puisqu'il envisage que le BRICS, pour mieux se faire entendre, puisse rechercher l'appui de l'Iran. Il s'agirait d'un appui diplomatique notamment à l'ONU mais quand on connait les prétentions militaires de Téhéran, cette perspective ressemble à une sorte de déclaration de guerre. Le ministre russe des affaires étrangères Lavrov paraît cautionner cette perspective.

On ne sait comment les Etats-Unis, très embarrassés dans leur soutien croisés tant à Israël qu'aux monarchies pétrolières et aux Etats issus du printemps arabe, prendront une telle montée en puissance du BRICS, si elle se confirmait. Il nous semble par contre que les Etats européens, notamment la France et l'Allemagne, pour qui les relations avec la Russie et l'Inde présentent un intérêt stratégique majeur, ne pourront pas continuer, comme ils l'ont fait jusqu'à présent, à suivre aveuglément la diplomatie américaine dans la région. Si le monde devenait véritablement multipolaire, avec un BRICS très offensif, il faudrait que l'Europe se constitue elle-aussi en pôle autonome et puissant dans ce concert. Elle ne devrait pas ce faisant oublier l'importance de coopérations étroites et multiformes avec la Russie, grande puissance pan-européenne.

 

 
 
 
08/09/2011

vendredi, 23 septembre 2011

Erdogan in Nordafrika: Türkei kehrt Europa den Rücken

Erdogan in Nordafrika: Türkei kehrt Europa den Rücken

http://de.rian.ru/

Der türkische Premier Recep Tayyip Erdogan scheint ein diplomatisches Genie zu sein.


Die Ergebnisse seiner Nordafrika-Reise in der vergangenen Woche haben die Erwartungen übertroffen. Bei seinen Reden in Kairo, Tunis und Tripolis traf er den richtigen Ton. Der türkische Regierungschef wird als Held der arabischen Revolutionsmassen gefeiert.

Obwohl Ankara sich nicht aktiv an der Anti-Gaddafi-Offensive beteiligt hatte (es stellte lediglich ein Schiff für die Evakuierung der Einwohner Misratas zur Verfügung), wurde der türkische Premier auch in Tripolis herzlich empfangen. Die Türkei ist mit Libyen vor allem durch Bau-Projekte im Wert von etwa 15 Milliarden Dollar verbunden und bemüht sich darum, sie zu erhalten.

Türkei gewinnt an Bedeutung in der islamischen Welt

Alle seine Aufgaben hat Erdogan glänzend erfüllt. Er hat die internationale Rolle seines Landes unter Beweis gestellt und es als eine der islamischen Führungskräfte in der Nahost-Region etabliert. Der Premier zeigte deutlich, dass es in der islamischen Welt eine Alternative statt den radikalen Vektor gibt: die islamische Demokratie auf türkische Art. Außerdem gewann er an Stellenwert in seinem Land und in der ganzen arabischen Welt.

Es wäre jedoch naiv zu glauben, dass nur die Begeisterung der arabischen Revolutionsanhänger die Türkei zu einem Führungsland zwischen Zentralasien und Maghreb machen. Erdogan wird nur von den Volksmassen gefeiert, die die Türkei für einen vorbildhaften islamischen säkularen Staat halten, der eine starke Wirtschaft hat und seinen Bürgern einen hohen Lebensstandard bietet.

Die Herrscher sind gegenüber Erdogan eher skeptisch eingestellt. Ägypten hat nach der Revolution noch immer keine starke Führung, die dortigen Militärs wollen offenbar nicht ihre Macht verlieren. Auch in Saudi-Arabien oder im Iran sind die Machthaber nicht gerade von den Aktivitäten Ankaras begeistert. Die Begeisterung der Volksmassen ist eine vorübergehende Erscheinung, besonders wenn es sich um arabische Länder handelt.

Man sollte auch bedenken, dass die Türken in der arabischen Welt traditionell nicht besonders beliebt sind. Deshalb kommt Ankara als regionale Supermacht vorerst nicht infrage.

Demokratie auf türkische Art als Vorbild

Arabische Politiker sollten sich aber überlegen, warum Erdogan als gemäßigter Islamist und konservativer Liberale bei den Volksmassen so beliebt ist. Zumal sie von ihm etwas lernen könnten.

Die islamisierte Demokratie auf türkische Art ist in Wirklichkeit etwas wirklich Einmaliges, genauso wie die „souveräne Demokratie“ in Russland.

Die einmalige Mischung aus Islamismus und Demokratie bei einer ständig wachsenden Wirtschaft ist das, was auch Ägypten, Libyen und Tunesien guttun würde. Aber in keinem dieser Länder gibt es derzeit solche Kräfte, die das entstandene Machtvakuum füllen könnten. Dafür ist viel Zeit erforderlich.

Erdogan will seinerseits von den Möglichkeiten profitieren, die ihm der „arabische Frühling“ bietet. Er könnte an Einflusskraft gewinnen, weil Ägypten, Syrien, Libyen und der Irak schwächeln. Dabei geht es vordergründig um die Wirtschaft - Erdogan verkündete in Kairo, dass die türkischen Investitionen in Ägypten von 1,5 auf fünf Milliarden Dollar wachsen werden. Politisch gesehen hat Ankara jedoch keine großen Chancen auf die Führungsrolle in der islamischen Welt.

Erdogans politische Karriere hat zudem einige Kratzer. Bevor er 2003 seine Partei für Gerechtigkeit und Aufschwung ins Leben gerufen hatte und zum Premier gewählt wurde, war er Mitglied der islamistischen Tugendpartei gewesen, die 1997 verboten wurde. Damals wandete er sogar für die nationalistische Propaganda vier Monate ins Gefängnis.

Darüber hinaus war der begeisterte Empfang des türkischen Premiers in Nordafrika der Beweis, dass die USA und Westeuropa ihre Einflusskraft in der Region endgültig verloren haben.

Nicht zu vergessen ist, mit welcher Begeisterung 2009 der frischgebackene US-Präsident Barack Obama in Kairo empfangen wurde. Damals versprach er, Washingtons politischen Kurs zu ändern und die Interessen der Araber mehr zu berücksichtigen, Israel zu mäßigen und zu einem Friedensabkommen mit den Palästinensern zu überreden sowie die Bildung eines unabhängigen Palästinenserstaates zu fördern. Nichts davon ist jedoch in Erfüllung gegangen. Angesichts dessen ist die Unbeliebtheit der Amerikaner in der arabischen Welt nicht verwunderlich.

Erdogan gewann an Popularität wegen seiner Schritte gegen Israel. Er hatte sich  de facto für die Unterbrechung der diplomatischen Beziehungen mit Tel Aviv entschieden, die Teilnahme israelischer Kampfjets an Manövern in der Türkei verboten und die bilateralen Militärkontakte eingestellt.

Während seines Besuchs in Tunis warnte Erdogan sogar, er würde türkische Kriegsschiffe an die israelische Küste schicken, wenn Tel Aviv weiterhin Schiffe mit Hilfsgütern für den Gaza-Streifen abfangen sollte.

Wenn man bedenkt, dass die Türkei Nato-Mitglied ist, sind Erdogangs Worte starker Tobak. In der arabischen Welt wurden sie aber mit Begeisterung aufgenommen.

Abwendung von Europa


Erdogans Nordafrika-Reise hat noch einen wichtigen Aspekt. Er zeigte den Europäern deutlich, was sie verlieren, wenn sie der Türkei den EU-Beitritt verweigern.

Ankara hatte 1987 die EU-Mitgliedschaft beantragt, wurde aber erst 1999 bei einem EU-Gipfel in Helsinki als Anwärter anerkannt. Seit dieser Zeit haben entsprechende Verhandlungen keine großen Fortschritte gebracht.

Niemand hat den Türken bisher deutlich gemacht, dass es für sie in Europa keinen Platz gibt. Aber Deutschland und Frankreich wollen nicht, dass in der Europäischen Union weitere 60 Millionen Muslime leben. Deshalb wurden Ankara Bedingungen gestellt, die es unmöglich erfüllen kann, um EU-Mitglied zu werden. So verlangte Frankreich, dass die Türken den Völkermord an Armeniern im Jahr 1915 anerkennen.

So etwas kann sich Erdogan nicht gefallen lassen. Jetzt kehrt er Europa allmählich den Rücken. Im Grunde tut er das, was er zuvor versprochen hatte.

Die Meinung des Verfassers muss nicht mit der von RIA Novosti übereinstimmen.

La diplomatie-missile d’Erdogan

Turquie vs Israël. Erdogan met le feu aux poudres de l'OTAN en refusant d'installer le Ballistic Defense Missile Europe à Kurecik (ABM).

La diplomatie-missile d’Erdogan

Ex: http://mbm.hautetfort.com/

Le rythme de la diplomatie du gouvernement turc et de son Premier ministre Erdogan devra-t-il être inscrit comme un des facteurs fondamentaux du “printemps arabe”, au même titre, par exemple, que la place Tahrir au Caire ? Poser la question, c’est y répondre. Les Turcs sont à l’offensive sur absolument tous les fronts, avec un objectif de facto, qu’on doit constater comme évident s’il n’est à aucun moment énoncé comme tel ; il s’agit de la destruction de l’“ordre” du bloc BAO, essentiellement tenu par Israël et son “tuteur” US, – l’un et l’autre désormais privés de soutiens de taille, comme celui de l’Egyptien Moubarak.

Les derniers développements sont particulièrement remarquables, en ce qu’ils haussent le niveau de l’offensive turque au plus haut, avec la question de l’attitude turque vis-à-vis de l’affaire palestinienne à l’ONU et l'affaire des forages en Méditerranée orientale, qu’on connaît bien ; mais surtout, affaire nouvelle venue dans sa dimension polémique, celle de l’engagement turc dans le réseau anti-missiles de l’OTAN (BMDE, pour Ballistic Defense Missile, Europe, – dénomination initiale US qu’on peut aussi bien garder, pour réumer les explications et les réalités de la chose). Il s’agit désormais, avec le réseau BMDE dans la forme que prend cette affaire, de questions stratégiques majeures impliquant la Turquie et l’OTAN, c’est-à-dire les USA, et les autres qui vont avec. Voyons les nouvelles…

• Le quotidien d’Ankara Hurriyet Daily News donne plusieurs informations exclusives, ce 19 septembre 2011. D’une part, le journal annonce que le cabinet turc ne prendra pas de décision définitive sur l’installation de la base de détection radar du réseau BMDE en Turquie, avant le retour du Premier ministre Erdogan, en visite aux USA, notamment pour la séance plénière annuelle de l’Assemblée des Nations-Unies. Erdogan rencontre Obama aujourd’hui. Puis l’ONU doit se prononcer sur la demande palestinienne de reconnaître l’Etat palestinien. La décision turque de retarder sa décision sur la base du réseau BMDE en Turquie intervient alors que Washington avait d’abord demandé à Ankara d’accélérer sa décision (selon DEBKAFiles, voir plus loin), et la chronologie désormais établie ressemble fort à une conditionnalité implicite ; tout se passant comme si Erdogan laissait entendre que cette décision turque dépendrait de l’attitude US dans la question palestienne à l’ONU. Cette position n’est pas à prendre comme telle, mais elle représente un acte de défiance des Turcs vis-à-vis des USA, au moins affirmé du point de vue de la communication.

Hurriyet Daily News va plus loin, au rythme de la diplomatie turque, en dévoilant que l’acceptation possible/probable de déploiement de la base du réseau BMDE sera accompagnée, très rapidement, d’une mission d’information auprès de l’Iran. Un comble, du point de vue du bloc BAO, puisque le réseau BMDE est déployé théoriquement contre une menace future possible de l’Iran (ainsi va le narrative du complexe militaro-industriel, donc il faut bien la rapporter) ; pire encore, si c’est possible, la rencontre entre Erdogan et Mahmoud Ahmadinejad, jeudi à l’ONU, à New York, avec la question du réseau BMDE au menu des conversations. … Pourquoi ne pas faire participer l’Iran au réseau, se demanderaient certains, pour protéger ce pays contre ses propres futurs missiles ? (Tout cela, après l’annonce par le ministre turc des affaires étrangères Davutoglu que la Turquie refusera le partage avec Israël des informations obtenues par la station radar sur son sol…)

«The agreement envisions the deployment of a U.S. AN/TPY-2 (X-band) early warning radar system at a military installation at Kürecik in the Central Anatolian province of Malatya as part of the NATO missile-defense project. Obama and Erdogan will likely discuss the fate of the agreement, which has been described by anonymous U.S. officials as the most strategic deal between the two allies in the last 15 to 20 years.

»A swift approval of the deal is needed to carry out the technical phases of the radar system’s deployment before the end of this year, as suggested by the U.S. Department of Defense. U.S. warships carrying anti-ballistic missiles are expected to take up position in the eastern Mediterranean Sea in the upcoming months, U.S. media outlets have reported. As part of the project, missile shield interceptors and their launching system will be deployed in Romanian and Polish territory, in 2015 and 2018, respectively.

»Senior Turkish officials who are planning to visit Tehran in the coming weeks will seek to diffuse growing Iranian concerns about the deployment of the radar system on Turkish soil. Hakan Fichan, chief of the National Intelligence Organization, or MIT, is expected to be the first visitor, followed by Erdogan.»

DEBKAFiles annonce effectivement, ce 19 septembre 2011, qu’un envoyé spécial du président Obama, le directeur du renseignement national (coordination et supervision de toutes les agences de renseignement US) James Clapper, se trouvait en visite surprise et d’urgence, samedi soir à Ankara. Clapper venait presser Erdogan de réduire son soutien au Palestinien Abbas, d’adopter un ton moins menaçant dans l’affaire des forages en Méditerranée orientale, impliquant Chypre et Israël, etc. Clapper venait aussi demander une accélération de la réponse turque concernant la base radar du réseau BMDE ; puis, devant les déclarations du ministre des affaires étrangères Davutoglu dimanche, il avertissait la Turquie que le partage des informations avec Israël était une condition sine qua non de l’installation de la base en Turquie…

«Following Davutoglu's statement on the X-band radar, Clapper was authorized to warn the Erdogan government that if it barred the sharing of information with Israel, the plan for its installation in Turkey would have to be abandoned. The entire missile shield system is based on a network of advanced radar stations scattered across the Middle East, including the Israeli Negev, and Israel's highly-developed ability to intercept Iranian ballistic missiles.»

• On signalera également l’article du New York Times du 18 septembre 2011, où le ministre Davutoglu annonce un “ordre nouveau” au Moyen-Orient avec l’axe entre la Turquie et l’Egypte. La dynamique de la diplomatie turque prend une forme de plus en plus structurée, et de plus en plus officiellement affirmée.

• On signalera également (suite) la forme extraordinairement agressive, anti-turque, que prennent certaines interventions de commentateurs proches d’Israël par divers liens, y compris ceux de l’idéologie de l’“idéal de puissance”. L’un d’entre eux est certainement David P. Goldman (dit “Spengler” pour ATimes.com), qui publie un virulent article anti-turc (anti-Erdogan) sur le site Pyjama Media, le 18 septembre 2011 ; et un autre article dans sa chronique “Spengler” de ATimes.com, le 20 septembre 2011, où il fait un procès véritablement “spenglérien” de l’état social et culturel de l’Egypte, particulièrement méprisant pour la valeur intellectuelle et économique de ce pays et de ses habitants. Il s’agit de discréditer autant les ambitions turques que l’alliance égyptienne, exprimant en cela une frustration peu ordinaire d’Israël et du bloc BAO, appuyés sur cet “idéal de puissance” cité plus haut. (Cet “idéal” forme le tronc idéologique et darwinien commun aux diverses entités du bloc, toutes autant les unes que les autres attachées aux conceptions de puissance, – en général des frustrations psychologiques anglo-saxonnes aux visions caricaturales diverses de “la volonté de puissance” nietzschéenne.) Nous ne sommes pas loin des neocons, des ambitions impériales américanistes et des arrières pensées eschatologiques du Likoud. Cette soupe, rescapée de la première décennie du XXIème siècle, se concentre pour l’instant en une appréciation absolument toxique de ce qui est considéré par le noyau dur du bloc BAO comme une trahison de la Turquie d’Ataturk “kidnappée” par les islamistes d’Erdogan. Dans ce cas, les durs israéliens sont évidemment particulièrement concernés, avec leurs alliés neocons qui furent des auxiliaires attentifs, au niveau du lobbying bien rétribué, de l’ancien régime turc. (Richard Perle était l’un des principaux lobbyistes des Turcs à Washington dans les années 1990, appuyé sur les ventes d’armement à la Turquie, notamment de Lockheed Martin, qui finance les même neocons. C’est un aspect important des réseaux américanistes et pro-israéliens, et pseudo “spanglériens” pour le cas qui nous occupe, qui est en train de s’effondrer avec l’énorme défection turque.)

…Tout cela commençant à signifier clairement qu’en quelques semaines, depuis la mi-août pratiquement, la Turquie a complètement basculé pour se retrouver au rang de premier adversaire du bloc BAO (Pentagone + Israël, principalement) au Moyen-Orient, – à la place de l’Iran, et dans une position infiniment plus puissante que celle de l’Iran. Le renversement est fantastique, tout comme l’est potentiellement cette affaire du réseau BMDE qui implique les intérêts stratégiques de tous les acteurs au plus haut niveau. Pour le Pentagone, l’accord turc sur la station radar à installer dans la base de Kurecik, en Anatolie centrale, est présenté d’abord comme “le plus important accord stratégique entre les deux pays depuis 15 à 20 ans” ; puis il s’avère, cet accord, tellement chargé de conditions turques, comme le refus de partager les informations avec Israël, que le Pentagone doit envisager d’annuler son offre (pardon, celle de l’OTAN) ; ce qui nous permet au passage de nous interroger pour savoir qui contrôle quoi dans le réseau OTAN si les Turcs estiment avoir un droit de veto sur la disposition des radars qui seraient installés à Kurecik… Cela, jusqu’à l’annonce des assurances et des informations données à l’Iran, ce qui ne doit pas entrer dans les plans généraux du Pentagone ni de l’OTAN, ni de nombre de membres de l’OTAN qui cultivent dans leur arrière-cour la narrative de la menace iranienne.

En plus des diverses querelles et crises en développement dans l’énorme chamboulement du Moyen-Orient, l’affaire du réseau BMDE de l’OTAN, et de la Turquie, nous est précieuse parce qu’elle permet l’intégration potentielle de plusieurs crises, bien dans la logique de la Grande Crise de la Contre-Civilisation (GCCC, ou GC3). A un moment ou l’autre, la Russie ne va-t-elle pas se manifester, elle qui déteste le réseau BMDE et qui prétend avoir des relations très moyennes avec l’OTAN, et plutôt bonnes avec la Turquie ? On aura alors un lien très ferme établi avec la question de la sécurité européenne, et de l’engagement européen dans des réseaux stratégiques contrôlés par la puissance en cours d’effondrement des USA… Et que va donner cette affaire du partage avec Israël d’informations stratégiques du réseau BMDE, alors que les Turcs le refusent, alors que les Turcs ont mis leur veto à l’installation d’une délégation de liaison d’Israël à l’OTAN…

D’une façon générale, avec cet élargissement de la crise et le passage à la dimension stratégique fondamentale, on comprend alors que la Turquie est de plus en plus orientée pour tenir le rôle que la France gaullienne tenait en d’autres temps. Face à cela, la France, qui n’a réussi qu’à placer son président-poster un jour avant la visite d’Erdogan en Libye, apparaît sous la lumière impitoyable d’une dissolution totale ; son ministre des affaires étrangères, qui fut en son époque “le plus intelligent de sa génération”, s'emploie actuellement à la tâche hautement louable et profitable de faire en sorte que les USA n'apparaissent pas trop isolés lors de leur vote à l'ONU contre la reconnaissance de l'Etat palestinien.... Il est temps que les Français aillent aux urnes, pour s’occuper, puisque la Turquie s'occupe de tout. (Ce qui est effectivement et concrètement le cas : d’une façon générale, les journalistes français de “politique étrangère” des organes-Système les plus réputés, lorsqu’ils sont sollicités par des organismes internationaux pour des visites, des conférences, des rencontre, etc. répondent depuis septembre qu’ils sont totalement mobilisés par l’élection présidentielle. C’est effectivement là que se passent les choses…)

lundi, 19 septembre 2011

Débat entre Aymeric Chauprade et Pierre Conesa sur la nécessité de l’ennemi pour imposer sa puissance


Débat entre Aymeric Chauprade et Pierre Conesa sur la nécessité de l’ennemi pour imposer sa puissance

jeudi, 15 septembre 2011

Obama a adopté la "Doctrine Nixon"

 

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Ferdinando CALDA:

Obama a adopté la “Doctrine Nixon”

 

Bombardements aériens, opérations secrètes et vietnamisation du conflit: c’est ainsi que les Etats-Unis étaient sortis du conflit vietnamien!

 

La comparaison qui s’impose entre le conflit qui secoue aujourd’hui l’Afghanistan et la guerre du Vietnam a été faite à maintes reprises au cours de ces dernières années. Souvent, cette comparaison a été émise de manière inflationnaire et hors de propos, dans les descriptions que faisaient les observateurs du bourbier sanglant dans lequel les Etats-Unis semblent empétrés depuis peu. Quoi qu’il en soit, Barack Obama lui-même, dans son discours tenu à la fin de l’année 2009 à l’Académie militaire de West Point, a bien dû reconnaître qu’il y avait plus d’un parallèle à tracer entre les deux conflits.

 

Il est tout aussi vrai que les différences entre les deux guerres sont nombreuses; d’abord, parce que l’époque n’est plus la même et parce que les équilibres internationaux et les acteurs en jeu ont changé. On demeure dès lors stupéfait de constater que les stratégies adoptées par les locataires successifs de la Maison Blanche sont fort similaires. Cette similitude frappe d’autant plus que nous avons, d’une part, le démocrate Barack Obama, Prix Nobel de la Paix, et d’autre part, le républicain Richard Nixon, considéré comme le président belliciste par excellence.

 

Nixon avait hérité de son prédécesseur démocrate Lyndon B. Johnson (qui avait accédé à la Maison Blanche après l’assassinat de John F. Kennedy) une guerre toujours plus coûteuse et impopulaire. Nixon avait donc élaboré la fameuse “Doctrine Nixon” pour tenter d’obtenir en bout de course une “paix honorable”, permettant aux Etats-Unis de se “désengager” sans perdre la face. La nouvelle stratégie visait à réduire les pertes en hommes, toujours mal acceptées par l’opinion publique, en recourant massivement à l’utilisation des forces aériennes, y compris pour bombarder des pays voisins comme le Laos ou le Cambodge (ce qui n’a jamais été reconnu officiellement; le scandale a éclaté ultérieurement à la suite de la publication des “Pentagon Papers”). Parallèlement aux bombardements, la “Doctrine Nixon” prévoyait des opérations secrètes dirigées contre des objectifs stratégiques et doublées d’une vaste opération de renseignement pour identifier et frapper les combattants du Vietcong (c’est ce que l’on avait appelé le “Programme Phoenix”).

 

Dans le “Quadriennal Defence Review”, le rapport du Pentagone qui paraît tous les quatre ans, le ministre de la défense américain Robert Gates présentait, début février 2010, les principales lignes directrices de la nouvelle stratégie de guerre, annonçait l’augmentation du financement des opérations spéciales et secrètes et un recours croissant aux bombardements par drônes (avions sans pilote). Ces avions sans pilote ont mené à bien des centaines d’attaques “non officielles” en territoire pakistanais. Toutes ces manoeuvres ont été flanquées d’un reforcement général des appareils destinés à glaner du renseignement.

 

Mais les analogies entre la “Doctrine Nixon” et l’ “exit strategy” d’Obama ne s’arrêtent pas là. Il y a aussi la tentative d’acheter le soutien de la population par l’intermédiaire de “projets de développement”, comme l’était le “Civil Operations and Rural Development Support” (CORD; = “Opérations civiles et soutien au développement rural”) au Vietnam et comme l’est actuellement son équivalent afghan, le “Provincial Reconstruction Team” (PRT; =”Equipe de reconstruction des provinces”). On constate aussi que se déroulent des tractations secrètes avec le parti ennemi (ou, du moins, des tentatives de dialogue), qui se font en dehors de toutes les rencontres officielles. Il y a ensuite et surtout le programme mis en oeuvre pour un retrait graduel qui implique de transférer les missions proprement militaires à l’armée du “gouvernement local”.

 

Selon la stratégie vietnamienne élaborée en son temps par le Secrétaire d’Etat Henry Kissinger, le renforcement de l’armée sud-vietnamienne et la vietnamisation du conflit devaient assurer aux Etats-Unis un “espace-temps satisfaisant”, un “decent interval”, entre le retrait américain et l’inévitable victoire du Vietcong; ou, pour reprendre les paroles mêmes de Henry Kissinger: “avant que le destin du Sud-Vietnam ne s’accomplisse”. Tout cela était mis en scène pour que le retrait américain ne ressemble pas trop à une défaite. Comme prévu, l’armée nord-vietnamienne est entrée à Saigon, quatre années après le départ des troupes américaines.

 

Aujourd’hui cependant, Obama doit se contenter d’une armée afghane à peine capable de tenir pendant le “decent interval” envisagé, c’est-à-dire pendant l’espace-temps entre le retrait définitif des troupes américaines et la rechute terrible et prévisible de l’Afghanistan dans une guerre civile où s’entre-déchireront les diverses ethnies qui composent le pays.

 

Ferdinando CALDA (f.calda@rinascita.eu).

(Article tiré de “Rinascita”, Rome, 27 mai 2011 – http://www.rinascita.eu/ ).

mardi, 13 septembre 2011

Le parachèvement de l'oléoduc de la Baltique plus rapide que prévu!

Le parachèvement de l'oléoduc de la Baltique plus rapide que prévu!

 

Le dernier lien vient d’être installé!

 

L’oléoduc de la Baltique, baptisé “Nord Stream”, est en voie d’achèvement définitif: une étape décisive vient d’être franchie dans la mesure où, à Lubmin près de Greifswald, notre oléoduc vient d’être soudé à l’oléoduc continental “Opal”. La liaison pour l’acheminement de gaz naturel de Russie vers l’Europe occidentale par la Baltique est devenue réalité. Quelque 55 milliards de m3 de gaz naturel devraient arriver à Lubmin chaque année. L’année prochaine un nouveau tronçon devrait logiquement amener le gaz de Lubmin à Brème. Mais les premières fournitures de gaz sibérien doivent arriver en Europe cette année déjà.

 

Tout cela indique que les travaux ont été parachevés plus rapidement que prévu. Le gaz naturel, qui arrive à Lubmin, emprunte l’oléoduc continental “Opal” de Wingas jusqu’à la frontière tchèque. Grâce à cela, 26 millions de foyers recevront ce gaz. Gazprom a déjà conclu des accords avec Dong Energy (Danemark), Eon Ruhrgas et Wingas (Allemagne), GDF-Suez (France) et Gazprom Marketing & Trading (Grande-Bretagne).

 

Gazprom détient 51% des actions du consortium “Nord Stream”. Les entreprises allemandes BASF Wintershall et Eon Ruhrgas détiennent chacune 15,5%, les Néerlandais de “Gasunie” et les Français de GDF-Suez détiennent tous deux 9%.

 

Contrairement à ce projet “Nord Stream”, le projet Nabucco, soutenu avec énormément de zèle par l’UE, ne va pas dans le sens des intérêts économiques et énergétiques allemands et européens: la politique de l’UE suit davantage les ukases politiques (et irréalistes) émis par l’eurocratie bruxelloise et par Washington. A partir de 2015, l’oléoduc Nabucco devrait faire transiter le gaz naturel en provenance de la région caspienne, via la Turquie puis la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie, pour aboutir à Baumgarten en Autriche.

 

Pour la Turquie, le projet Nabucco n’est jamais qu’un instrument pour favoriser la politique de candidature et d’adhésion à l’UE; il n’est qu’un atout de plus dans le jeu turc. Mais, dans ce cas, il n’est pas difficile de constater qu’Ankara n’est jamais autre chose qu’une pièce du jeu d’échec que jouent contre l’Europe les stratégistes américains. Ceux-ci ont grand intérêt à voir se réaliser ce projet caspien/turc, au détriment de toute liaison directe entre la Russie, d’une part, l’Allemagne et l’Europe occidentale, d’autre part. En réalité, le projet Nabucco est un pion dans la stratégie générale et globale que pratiquent les Etats-Unis sur l’échiquier eurasien.

 

(article paru dans “DNZ”, Munich, n°36/2011, 2 sept. 2011).

 

Il rafforzamento dell’alleanza sino-pakistana

Il rafforzamento dell’alleanza sino-pakistana

Francesco Brunello Zanitti

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

Il legame strategico tra Pechino e Islamabad è sempre più forte. Il tradizionale rapporto diplomatico tra i due paesi si è consolidato recentemente con l’intensificarsi dei legami economici, commerciali, energetici e militari, unitamente all’allontamento pakistano nei confronti degli Stati Uniti. La stabilità dell’alleanza sino-pakistana è però messa alla prova dalle sfide poste dai gruppi armati degli estremisti islamici operanti nello Xinjiang cinese.

La crisi dei rapporti tra Stati Uniti e Pakistan degli ultimi mesi ha comportato il rafforzamento dello storico legame esistente tra Islamabad e Pechino. Le relazioni tra i due paesi sono in realtà ottime da circa un trentennio, a differenza di quelle pakistano-statunitensi; il proficuo rapporto diplomatico tra Stati Uniti e Pakistan ha, infatti, ricoperto un ruolo fondamentale nelle rispettive politiche estere durante l’intervento sovietico in Afghanistan tra anni ’70 e ’80, per poi subire un deciso deterioramento all’inizio degli anni ’90. Il rapporto tra Washington e Islamabad è tornato ad essere importante in seguito all’invasione afghana statunitense del 2001, nella quale il Pakistan è stato utilizzato come fondamentale punto d’appoggio per il controllo di Kabul. L’unilaterale bombardamento dei territori nord-occidentali del Pakistan, la crescente ingerenza statunitense nella politica interna pakistana, mediante mezzi militari e servizi d’intelligence, e i comportamenti ambigui pakistani in alcune questioni di primaria importanza hanno comportato un deciso peggioramento delle relazioni tra Stati Uniti e Pakistan. Questo deterioramento ha raggiunto l’apice tra maggio e giugno, in seguito alla rivendicazione statunitense dell’uccisione di Osama Bin Laden in Pakistan.

I sempre più tesi rapporti tra i due paesi sono legati, inoltre, all’avvicinamento statunitense nei confronti dell’India, il quale ha raggiunto il proprio culmine nel 2007, mai così evidente rispetto al passato; l’amminsitrazione Bush e l’attuale governo di Manmohan Singh avevano delle ottime relazioni diplomatiche. Il Pakistan non gradisce, inoltre, il ruolo affidatogli dopo l’invasione statunitense dell’Afghanistan nel 2001, nel quale osserva un pericoloso calo del proprio ascendente strategico su Kabul. L’Afghanistan è tradizionalmente considerato da Islamabad una propria area d’influenza, strategicamente importante nel caso di un conflitto con l’India, poiché visto come territorio di supporto o di ritirata nell’ipotesi di una massiccia invasione del Pakistan dell’esercito di Nuova Delhi.

Il primo paese a difendere il rispetto dell’integrità territoriale di Islamabad in seguito alla notizia della morte di Bin Laden è stata la Cina; visitata poche settimane dopo dal primo ministro Gilani. Il Pakistan avrebbe, inoltre, permesso ai militari cinesi di visionare i resti del velivolo statunitense di tecnologia Stealth impiegato dagli Stati Uniti nel territorio pakistano.

Il legame sino-pakistano rappresenterà un importante elemento delle future relazioni internazionali, in particolar modo nel confronto tra Stati Uniti e Cina, tra quest’ultima e l’India, nonché negli interessi cinesi in Afghanistan e nel più generale contesto del cosiddetto “Nuovo Grande Gioco” in Asia Centrale. Mentre il Pakistan nel corso degli anni ’80 fu un importante alleato degli Stati Uniti durante la guerra sovietica in Afghanistan, fondamentale territorio di transito per i rifornimenti militari destinati ai combattenti anti-sovietici, oggi Islamabad non garantisce, nell’ottica nordamericana, il medesimo contributo per il tentativo statunitense di controllare l’Afghanistan. La relazione con Islamabad rappresenta per gli Stati Uniti un elemento di vitale importanza per i propri interessi a Kabul. Basta considerare l’importanza strategica del paese pakistano, dotato degli unici punti d’accesso via mare per le truppe statunitensi e della NATO e per i rifornimenti militari, nonché territorio di collegamento geostrategico nel cuore dell’Eurasia. Il porto di Karachi è fondamentale per l’arrivo e invio di truppe e materiale bellico, passante poi in territorio pakistano mediante trasporto su strada, giungendo successivamente a Kabul e Kandahar. Gli Stati Uniti stanno ricercando una possibile alternativa ai rifornimenti via Pakistan, data l’insicurezza di Karachi e del confine lungo la linea Durand. Gli altri collegamenti ai porti situati in paesi confinanti con l’Afghanistan, Iran e Cina, sono impraticabili per evidenti motivi politici. Una via d’accesso alternativa è potenzialmente quella passante attraverso le ex-repubbliche sovietiche dell’Asia Centrale: esiste un discorso aperto con l’Uzbekistan, dal quale passerebbero i rifornimenti provenienti dal porto di Riga, in Lettonia, passando per il territorio russo e kazako. Esiste un’altra opzione, probabilmente maggiormente fattibile rispetto a quella precedente, vista la lunghezza del percorso e la possibile inclusione della Russia nell’affare afghano, prospettiva non gradita a Washington. E’ quella attraverso la Georgia, l’Azerbaigian, il Mar Caspio e il Turkmenistan oppure via Kazakistan e Uzbekistan. L’attenzione statunitense nei confronti di Baku, Ashagabat, Astana e Tashkent è in ogni caso in costante aumento.

Negli ultimi mesi è comunque evidente come il Pakistan punti maggiormente ad adottare una politica estera più autonoma nei confronti di Washington, attivandosi, inoltre, nel potenziamento delle relazioni con i vicini, soprattutto con la Cina, ma anche con Iran e Russia.

L’importanza strategica del Pakistan, unito al suo attivismo in politica estera, ha reso il governo del paese molto più convito nel richiedere il termine dei bombardamenti dei droni statunitensi nelle province nord-occidentali. Nel caso in cui ciò non avvenga, il Pakistan è pronto ad adottare una politica ancor più marcatamente filo-cinese, avendo, inoltre, l’appoggio della Cina, critica nei confronti delle azioni statunitensi nel paese. Un ulteriore fattore è legato al termine dell’aiuto economico statunitense, unito al declinare dei rifornimenti militari: il Pakistan guarda anche in questo caso a incrementare i propri legami economici e militari con la Cina.

Un’altra arma spendibile a livello diplomatico dal Pakistan è legata alle risorse energetiche. Lo stretto rapporto con Pechino, oltre ad aumentare l’influenza cinese in Asia Meridionale e Centrale, comporterebbe un’importante vittoria per la Cina nella competizione riguardante l’approvigionamento di petrolio e gas naturale.

La Cina è interessata a investire massicciamente in Pakistan. I punti chiave della strategia energetica sino-pakistana sono rappresentati dal potenziamento del porto di Gwadar, dalla quale possono passare i gasdotti e oleodotti provenienti dall’Iran. I progetti d’investimento cinese nel paese sono legati alla realizzazione del gasdotto IP, al quale potrebbe partecipare in sostituzione dell’India, con evidenti vantaggi in termini economici per il Pakistan grazie ai diritti di transito. La Cina è interessata al potenziamento di infrastrutture, strade e ferrovie pakistane, unitamente alla costruzione dei collegamenti per il petrolio e il gas naturale lungo il territorio pakistano partendo dalla città beluca per arrivare al Gilgit-Baltistan. I progetti sino-pakistani sono legati al potenziamento degli assi viari che assieme alle pipeline collegherebbero il Pakistan allo Xinjiang. A questo proposito sono in progetto la costruzione di diversi collegamenti stradali e ferroviari tra Kashgar e Abbotabad, e tra la città dello Xinjiang e Havelian. Un ulteriore collegamento tra i due paesi lungo confine è quello delle fibre ottiche, mentre il più importante e ambizioso progetto caratterizzante la cooperazione sino-pakistana è il collegamento stradale, ferroviario ed energetico tra Gwadar e Urumqi.

La recente visita di Gilani a Pechino si è conclusa con la firma di importanti accordi commerciali, finanziari e tecnologici, seguito dei colloqui del dicembre 2010, nei quali erano previsti il potenziamento della cooperazione in diversi settori: energia, sistema bancario, tecnologia, costruzione, difesa e sicurezza. Il crescente legame economico tra Pechino e Islamabad è unito alla tradizionale e comune avversione verso l’India, la quale può essere ostacolata nella sua ascesa in Asia Meridionale dall’azione comune dei due paesi asiatici. La Cina aiutò militarmente il Pakistan in seguito alla guerra sino-indiana del 1962, così come fornì la tecnologia nucleare al paese dopo che l’India nel 1974 iniziò i suoi primi test nucleari. Tra gli anni ’80 e ’90 la Cina ha stabilito un’alleanza militare e nucleare con Islamabad, ancora oggi molto forte. Più del 40% delle esportazioni militari cinesi sono destinate al Pakistan. I due paesi hanno in progetto la produzione congiunta degli aerei da combattimento JF-17 Thunder (FC-1 Fierce in Cina). Durante il mese di marzo 2011 si è svolta un’importante esercitazione aereonautica tra la Pakistan Air Force (PAF) e la People’s Liberation Army Force (PLAFF) denominata Shaheen 1 (in urdu significa aquila). Si tratta della prima manovra militare tra PAF e PLAFF, alla quale si aggiungeranno nel corso del 2011 delle esercitazioni tra il PLA e l’esercito pakistano. Un simile legame militare tra i due paesi, oltre ad essere un importante fattore all’interno degli equilibri asiatici, dimostra come oggi la Cina possa agire molto più attivamente rispetto al passato in uno Stato considerato strategico per gli Stati Uniti per la propria politica in Afghanistan, ma anche in Asia Meridionale. Dato il lento declino economico statunitense, il Pakistan ha individuato nella Cina un’alternativa importante, la quale, a differenza di Washington, è in costante ascesa economica e militare. La cooperazione militare sino-pakistana è valutata da Islamabad e Pechino anche come una forma di bilanciamento nell’area nei confronti delle simili politiche militari adottate da Russia e India.

Inoltre, mentre gli Stati Uniti premono sul Pakistan per il proprio arsenale nucleare, la Cina rappresenta un’importante fonte di tecnologia in questo settore. A questo proposito Pechino sarebbe intenzionata a finanziare i progetti di costruzione per nuovi reattori nucleari in Pakistan.

Per quanto riguarda un fattore negativo legato alle relazioni tra Cina e Pakistan, è possibile fare riferimento all’attuale situazione dello Xinjiang. La regione cinese è un’area ricca di gas e petrolio, confinante con le repubbliche centro-asiatiche e con una considerevole presenza di abitanti di religione musulmana. Il territorio è attraversato da decenni dalla spinta indipendentista degli uiguri. La Cina ha sostenuto che i responsabili degli attentati avvenuti nello Xinjiang poche settimane fa sono estremisti islamici dello East Turkestan Islamic Movement (ETIM) o Turkistani Islamic Party (TIP) provenienti da campi d’addestramento situati nelle zone tribali del Pakistan. L’ETIM ha legami con la rete Haqqani e con il Tehrik – e – Taliban Pakistan (TTP). L’accusa cinese di simili resposabilità pakistane per le violenze degli uiguri rappresentano un campanello d’allarme per Islamabad. Secondo l’intelligence pakistana la Cina starebbe premendo il Pakistan affinché crei delle basi militari nelle aree tribali in modo da controllare la possibile azione degli estremisti e il loro successivo sconfinamento in territorio cinese. La Cina avrebbe anche intenzione di inviare delle proprie truppe nelle FATA e nella Khyber Pakhtunkhwa, senza comunque l’intenzione di creare delle basi militari permanenti. Sarà da valutare come gli Stati Uniti considereranno la possibile presenza militare cinese in Pakistan.

I media cinesi hanno criticano significativamente le autorità pakistane per l’incapacità dell’esercito di controllare le aree tribali del paese. Il quotidiano pakistano “Dawn” ha sostenuto come gli attentati possano portare a della conseguenze negative nelle relazioni bilaterali tra Islambad e Pechino, comportando delle serie ripercussioni soprattutto per il Pakistan. Allo stesso modo l’incapacità di Islamabad nel prevenire l’azione dei terroristi può risultare controproducente per la potenziale cooperazione sino-pakistana in Afghanistan. Una possibile azione congiunta delle autorità pakistane assieme a quelle cinesi potrebbe garantire, invece, nell’ottica di Pechino, un possibile miglioramento della condizione delle aree nord-occidentali del Pakistan, avendo come conseguenza dei possibili benifici per la situazione dello Xinjiang. Una condizione importante per la Cina è rappresentata dal contemporaneo termine dei bombardamenti statunitensi nell’area, i quali possono fomentare l’estremismo islamico. Senza dubbio la cooperazione tra Islamabad e Pechino nelle FATA e nella Khyber Pakhtunkhwa renderà ancora più evidente lo stretto legame sino-pakistano, foriero di interessanti conseguenze nel contesto dell’attuale competizione in corso nella regione.

*Francesco Brunello Zanitti, Dottore in Storia della società e della cultura contemporanea (Università di Trieste). Ricercatore dell’IsAG per l’area Asia Meridionale, è autore del libro Progetti di egemonia (Edizioni all’Insegna del Veltro, Parma 2011). In “Eurasia” ha pubblicato Neoconservatorismo americano e neorevisionismo israeliano: un confronto (nr. 3/2010, pp. 109-121).

I risvolti geopolitici delle violenze etniche a Karachi

I risvolti geopolitici delle violenze etniche a Karachi

Francesco Brunello Zanitti

Ex: http://www.eurasia-rivista.org/

Il Pakistan è scosso da una considerevole spirale di violenza. Ai bombardamenti statunitensi lungo il confine con l’Afghanistan si sono aggiunti gli scontri etnici nelle province del Belucistan e del Sindh. Per quanto riguarda quest’ultima regione, il carattere d’indiscriminata conflittualità contraddistingue soprattutto la sua capitale, Karachi. L’estrema violenza caratterizzante la città potrebbe comportare delle conseguenze imprevedibili per l’intero Pakistan, mettendo in seria discussione l’unità e l’intregrità territoriale del paese. La conflittualità interna è strettamente connessa agli interessi dei paesi limitrofi e degli Stati Uniti, con potenziali ripercussioni anche per l’Afghanistan.

Karachi rappresenta il centro urbano e portuale economicamente più importante del Pakistan. La città è il traino dell’industria, del commercio e delle comunicazioni, in particolar modo per quanto riguarda i settori tessile e automobilistico, l’editoria, l’informatica e la ricerca medica. Il centro urbano è, inoltre, un fondamentale nodo geostrategico affacciato sul Mar Arabico. Data l’importanza economica di Karachi, già florido centro prima della nascita del Pakistan, la capitale del Sindh ha attirato nel corso degli ultimi due secoli un gran numero di migranti provenienti da diverse aree del Subcontinente, trasformandosi in una città multietnica e multilinguistica. Nella città, prima del 1947, convivevano diverse etnie, attirate dalle possibilità commerciali; erano presenti differenti comunità religiose, principalmente musulmani, hindu, parsi e cristiani. Karachi e il Sindh intero, in seguito alla partizione tra India e Pakistan, sono stati contraddistinti da una massiccia migrazione di musulmani provenienti dall’India, demominati mohajirs e di lingua urdu (mohajirs in urdu significa “migrante”). Rispetto ad altre aree del Pakistan, nel Sindh la migrazione urdu è stata più evidente ed ha generato una situazione di maggiore criticità. Mentre nelle restanti zone del paese la minoranza dei mohajirs è stata assimilata perché il suo numero era inferiore rispetto alla popolazione autoctona, nel Sindh, molto più vicino geograficamente all’India, i nuovi arrivati di lingua urdu superarono numericamente le etnie locali, modificando considerevolmente il carattere etnico della provincia.

Una delle cause scatenanti l’attuale stato di violenza della città è da ricercare nel composito carattere etnico del Sindh, complicato a partire dal 1947. La conflittualità tra etnie a Karachi e nella regione circostante non è, infatti, un problema che caratterizza il Pakistan da pochi anni, ma è invero una situazione perdurante da decenni. Tra gli anni ’50 e ’80 la regione era contraddistinta in particolare dagli scontri tra la popolazione di lingua urdu, rappresentanti solitamente la classe urbana, commerciale e maggiormente istruita della provincia, e i sindhi, gruppo etnico per la maggior parte dei casi rurale e meno istruito, trasformatosi minoranza nel proprio territorio storico. Gli scontri vennero, inoltre, utilizzati a seconda dei mutevoli interessi delle autorità centrali di Islamabad, tradizionalmente intenti a privilegiare l’etnia punjabi. La presenza a Karachi dei mohajirs è, inoltre, considerevolmente aumentata a partire dal 1971, in seguito alla migrazione di ulteriori gruppi musulmani di lingua urdu provenienti dall’ex Pakistan orientale dopo l’indipendenza del Bangladesh.

 

I motivi degli scontri etnici a Karachi e le possibili conseguenze per l’integrità territoriale del Pakistan

 

Le violenze quotidiane che hanno trasformato Karachi in un pericoloso centro, teatro di scontro tra bande, mafie locali e gruppi armati artefici di rapimenti, estorsioni ed esecuzioni sommarie, è dovuto principalmente alla conflittualità tra i mohajirs e i pashtun, questi ultimi di recente immigrazione. Il nesso tra criminalità e politica è molto forte, mentre le forze di sicurezza locali e le autorità centrali di Islamabad non sono in grado, per il momento, di riportare la città in una situazione di normalità. I partiti politici più importanti di Karachi, il Muttahida Quami Movement (MQM) rappresentante gli urdu, 45% della città, e l’Awami National Party (ANP), partito della minoranza pashtun, 25% degli abitanti di Karachi, si accusano a vicenda per la responsabilità delle violenze; i due gruppi politici, assieme al partito nazionale e governativo del Pakistan People’s Party (PPP), che a Karachi rappresenta gli interessi sindhi, sono i diretti responsabili delle violenze. Queste sono esplose soprattutto a partire dal 27 giugno, quando l’MQM decise di uscire dalla coalizione di governo del Sindh per l’avversione nei confronti dell’ANP e per incompresioni politiche con il governo nazionale di Islamabad guidato dal PPP. Il carattere etnico della città è complicato ulteriormente dalla presenza di altre minoranze, in particolare balochi, punjabi, kashmiri, saraiki e numerose altri gruppi etnici. A Karachi è presente anche una minoranza sciita, la quale si è sovente scontrata con la maggioranza sunnita. I sindhi, 60% della popolazione di Karachi nel 1947, oggi rappresentano il 7% della città.

La massiccia presenza pashtun a Karachi è recente ed è dovuta soprattutto alla considerevole migrazione verso sud delle popolazioni provenienti dalle regioni settentrionali del Pakistan, soprattutto dalla provincia di Khyber Pakhtunkhwa e dalle Federally Administered Tribal Areas (FATA), ma anche dall’Afghanistan; le migrazioni sono state causate dall’invasione sovietica del 1979, da quella USA nel 2011 e dai bombardamenti statunitensi lungo la linea Durand. Le recenti migrazioni di pashtun, ma anche di tagiki, hazara, turkmeni e uzbeki provenienti dall’Afghanistan, hanno modificato considerevolmente il carattere etnico di Karachi, la quale unitamente alle violenze tra urdu e sindhi, è diventata teatro di scontri tra urdu e pashtun, e tra questi ultimi e i sindhi. Senza dimenticare i punjabi, rappresentanti gli interessi dei militari e delle autorità centrali pakistane, attente a favorire una o l’altra etnia a seconda delle circostanze politiche. La recente storia del paese è caratterizzata da questa particolare linea di politica interna.

L’attuale importanza dell’MQM, terzo gruppo politico a livello nazionale, è derivata, infatti, dall’azione governativa del regime di Zia ul-Haq tra anni ’70 e ‘80. Avendo come fine l’indebolimento del PPP e del suo capo, Zulfiqar Ali Bhutto, di etnia sindhi e il cui governo venne rovesciato proprio da Zia, il generale favorì la nascita e il consolidamento politico del partito urdu. L’MQM si rafforzò nel corso degli anni ’80, trasformandosi in un’importante forza di equilibrio nel panorama politico pakistano, alleandosi, a seconda delle circostanze, con il PPP o con la conservatrice Pakistan Muslim League (PML). Dopo il crollo di Zia, l’ISI accusò l’MQM di essere una forza cospirativa filo-indiana, finanziata dai servizi segreti di Nuova Delhi e avente come obiettivo primario la creazione di uno Stato autonomo di lingua urdu, il Jinnahpur con Karachi capitale. Durante gli anni ’90, infatti, l’MQM ha subito una violenta repressione da parte del governo centrale di Islamabad, in particolar modo quando salirono al potere Nawaz Sharif (PML-N) e Benazir Bhutto (PPP). Il partito degli urdu contò invece sull’appoggio del generale Pervez Musharraf, anch’esso di etnia mohajirs. Nell’ultimo decennio, infatti, l’MQM ha registrato una considerevole espansione, aumentando la propria influenza nell’intero paese, ma soprattutto in Punjab, cuore politico e militare del Pakistan. Diversi analisti sostengono il fatto che l’MQM possa contare attualmente sul decisivo appoggio dell’apparato militare pakistano e dell’ISI, vicini all’etnia punjabi, in modo da poter controbilanciare l’influenza pashtun nel Sindh, ma soprattutto nell’intero Pakistan.

Le violenze a Karachi sono dunque legate alla complicata situazione della politica interna pakistana, ricalcante le differenze etnico-linguistiche del paese. La forza politica dell’MQM non è attualmente riscontrabile solo nella città portuale, ma è evidente nell’intero paese. In questa fase politica è necessario per gli altri partiti, soprattutto per il PPP, scendere a patti con l’MQM, il quale si è trasformato in un indispensabile partito, garante del mantenimento dell’equilibrio politico del Pakistan. A Karachi le violenze sono aumentate in seguito all’abbandono da parte dell’MQM del governo federale del Sindh: i mohajirs accusano Zardari e il PPP di essere troppo vicini all’ANP. Lo scontro tra MQM e governo centrale è legato anche ai recenti arresti di attivisti mohajirs di Karachi accusati di terrorismo.

Una spiegazione delle violenze che stanno attraversando Karachi è connessa certamente alle migrazioni di popolazione pashtun nella città. Non si tratta solamente di un problema sociale ed economico, per l’evidente accresciuta competizione tra etnie diverse nella ricerca di lavoro e nell’acquisto di terre. Una questione fondamentale riguarda una problematica di tipo politico, ovvero quale gruppo etnico assumerà il controllo di Karachi, la città economicamente più importante del Pakistan che garantisce il 68% delle entrate nazionali. Le preoccupazioni dei diversi gruppi etnici sono evidenti: gli abitanti di lingua urdu temono la “talebanizzazione” della città ad opera della minoranza pashtun; questi ultimi denunciano l’eccessiva violenza dei mohajirs; i sindhi osservano negativamente sia i pashtun sia i mohajirs. Tutti e tre i gruppi etnici maggioritari di Karachi accusano il governo centrale di Islamabad di privilegiare l’etnia punjabi, favorendo lo sviluppo del solo Punjab a discapito degli altri territori dello Stato.

Le violenze fra etnie, fomentate dall’MQM, dall’ANP e dal PPP, possono portare a della serie conseguenze non solo per la città, ma anche per il resto del paese, generando una potenziale situazione d’instabilità. Se si pensa all’attuale situazione del Belucistan, tale scenario non sembra lontano dalla realtà. Di fondamentale importanza sono i risvolti geopolitici connessi alla stabilizzazione del paese e l’azione che intraprenderanno i diversi attori internazionali attenti alle sorti del Pakistan e dell’Afghanistan.

 

I collegamenti internazionali delle violenze a Karachi e nel Pakistan

 

Secondo l’ottica pakistana, una delle cause della situazione di completa anarchia e settarismo di Karachi deriva dall’appoggio esterno alle diverse fazioni in lotta. Questo sarebbe garantito in primo luogo dall’India, ma anche da Stati Uniti e Israele. Una delle spiegazioni offerte dal governo nel passato per descrivere la conflittualità del Sindh, ripresa recentemente, è connessa all’azione svolta da attori esterni, i quali aizzano le diverse etnie del paese una contro l’altra, in modo da favorire la destabilizzazione e lo smembramento del Pakistan.

La situazione in Belucistan, zona ricca di gas naturale e minerali, ma molto povera, è particolarmente tesa. Secondo Islamabad, i servizi segreti dell’India appoggerebbero le spinte indipendentiste dei beluci e le violenze anti-punjabi. Il Belucistan è teatro, inoltre, del violento scontro tra governo centrale e movimenti sciiti della regione. Secondo la visuale pakistana, oltre ai servizi segreti indiani, agirebbero in Belucistan la CIA e l’MI6 britannico, i quali fomenterebbero le azioni anti-governative dei beluci. Il Pakistan guarda con sospetto all’attivismo indiano nella città iraniana di Chabahar, anch’essa beluca. L’azione statunitense potrebbe avere dei chiari risvolti negativi per gli interessi cinesi nell’area e per l’Iran, dato l’indipendentismo beluco presente nella provincia iraniana del Sistan-Belucistan.

Sempre secondo Islamabad, la RAW indiana, il Mossad e la CIA favorirebbero il traffico illegale di armi nell’emporio di Karachi, la cui zona portuale è controllata dall’MQM. All’indomani della visita di Karzai e Zardari a Tehran lo scorso giugno, il ministro degli interni pakistano Rehman Malik ha riferito pubblicamente alla stampa del ritrovamento di armi di fabbricazione israeliana a Karachi.

Il Pakistan, se da una parte ha visto deteriorarsi i propri legami con gli Stati Uniti, ha migliorato i propri rapporti con l’Iran, testimoniati concretamente dal possibile avvio dei lavori in territorio pakistano del gasdotto di collegamento tra Tehran e Islamabad. L’Arabia Saudita osserva con particolare preoccupazione l’avvicinamento tra i due paesi, foriero di una pericolosa messa in discussione del teorema dell’inevitabile scontro e competizione tra sunniti e sciiti nel mondo musulmano. Un problema comunque di primo piano da risolvere nel dialogo iraniano-pakistano sarà legato al finanziamento del gruppo terroristico Jandullah, il quale opera nel Sistan-Belucistan e, secondo l’Iran, ha legami diretti con l’ISI. L’Iran ha sospetti anche sull’Afghanistan, mentre la stessa Islamabad ritiene che ci siano dei collegamenti tra Tehran e l’indipendentismo beluco in Pakistan. Islamabad ha, inoltre, intensificato i propri rapporti con la Cina. In questo modo il governo pakistano, legandosi maggiormente a Tehran e Pechino, sta aumentando considerevolmente il proprio potere negoziale nei confronti degli Stati Uniti. Un altro fattore da considerare è, inoltre, il crescente interesse di Russia, Iran e Cina per la questione afghana. Gli Stati Uniti guardano naturalmente con estremo interesse l’evolversi della situazione interna del Pakistan, un paese del quale non possono fare a meno per la propria strategia in Afghanistan. Vista la recente intenzione di mantenere una base militare a Kabul fino al 2024 è necessario, nell’ottica statunitense, sostenere un dialogo con i talebani, i quali non appaiono comunque troppo favorevoli alla presenza di truppe nordamericane in Afghanistan; del medesimo parere sono Russia, Cina, Pakistan e Iran. Islamabad, possibile canale privilegiato per il dialogo con i talebani, diventa dunque fondamentale per l’azione statunitense in Afghanistan, data anche l’attuale debolezza politica di Karzai.

La destabilizzazione del Pakistan e il suo potenziale controllo si collegano alle recenti violenze di Karachi, connesse a una strategia volta al favorire lo smembramento del paese asiatico discussa in diversi think tank nordamericani (vedi l’articolo http://www.eurasia-rivista.org/gwadar-la-competizione-sino-statunitense-e-lo-smembramento-del-pakistan/9828/). Tutto ciò è collegabile alla notizia secondo la quale gli Stati Uniti avrebbero come obiettivo il controllo diretto dell’arsenale nucleare pakistano, alle richieste di Islamabad di poter disporre del diritto di veto per gli unilaterali bombardamenti statunitensi sul proprio territorio e alle schermaglie tra CIA e ISI, con l’insolito avvicendarsi nel giro di pochi mesi di tre diversi capi del servizio segreto statunitense a Islamabad. Se da una parte, inoltre, gli Stati Uniti vogliono ricercare un dialogo con i talebani, dall’altro lato non si curano dei bombardamenti nei confronti di quei gruppi che hanno già raggiunto una pacificazione con il Pakistan, ma che operano in Afghanistan, vedi la rete Haqqani, con possibili ripercussioni negative per la sicurezza interna di Islamabad. Un’altra fondamentale questione riguarda il temine degli aiuti finanziari di Washington nei confronti del Pakistan, uniti alla crisi finanziaria e all’impossibilità da parte degli Stati Uniti di mantenere un costoso apparato militare in Afghanistan, vista anche l’attenzione crescente per il Vicino Oriente e il Nord Africa. Resta da capire se le strategie sul Pakistan discusse nei think tank statunitensi verranno concretamente messe in azione. Sta di fatto che un’interpretazione dell’attuale fase critica del Pakistan è connessa al teatro afghano, poiché il carattere di estrema precarietà del paese può essere valutato come una diretta conseguenza dell’invasione e destabilizzazione dell’Afghanistan, propagatasi successivamente in territorio pakistano. Il collasso del sistema statale è concretamente in atto lungo il confine tra i due paesi e le migrazioni dei pashtun verso Karachi degli ultimi anni rendono la situazione della città e del paese in generale sempre più complicata.

E’ da valutare, inoltre, quanto le violenze a Karachi possano favorire gli interessi statunitensi, vista la sua posizione strategica come unico porto in grado di supportare le truppe NATO in Afghanistan. Kabul non ha collegamenti via mare e risulta essenziale l’attenzione nordamericana su Karachi, importante porto sul Mar Arabico e attualmente punto strategico per il riformimento di mezzi e truppe via mare da indirizzare in Afghanistan. Nell’emporio di Karachi si può individuare un ulteriore elemento che testimonia l’importanza del Pakistan per gli Stati Uniti. Collegato alla questione della città e alle sue minoranze, saranno da valutare anche gli impatti sull’etnia pashtun del potenziale dialogo che potrebbe stabilirsi tra i talebani e gli Stati Uniti, così come il ruolo che ricoprirà il Pakistan nei colloqui.

Dialogo valutato negativamente dall’India e dall’Iran. Per quanto riguarda Nuova Delhi è da valutare quanto convenga all’India fomentare l’indipendentismo delle minoranze etniche presenti in Pakistan. La destabilizzazione dell’Afghanistan, avvenuta a partire dal 2001, con la successiva caotica situazione pakistana, non è detto che non si espanda anche in India. Se da una parte, con l’annichilimento del Pakistan si conorerebbe il sogno della definitiva sconfitta del nemico, da una diversa prospettiva tutto ciò potrebbe comportare delle serie ripercussioni per l’autonomismo e l’indipendentismo di vaste aree interne del paese, soprattutto in Kashmir e nel nord-est indiano. Se da una parte gli Stati Uniti hanno come obiettivo il caos per poi controllare la situazione, sembra che recentemente Nuova Delhi stia addontando una politica più accorta nei confronti del Pakistan.

 

*Francesco Brunello Zanitti, Dottore in Storia della società e della cultura contemporanea (Università di Trieste). Ricercatore dell’ISaG per l’area Asia Meridionale, è autore del libro Progetti di egemonia (Edizioni all’Insegna del Veltro, Parma 2011). In “Eurasia” ha pubblicato Neoconservatorismo americano e neorevisionismo israeliano: un confronto (nr. 3/2010, pp. 109-121).

 

lundi, 12 septembre 2011

L’avenir de l’Eurasie se joue en Mer de Chine

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L’avenir de l’Eurasie se joue en Mer de Chine

par Jure VUJIC

Comme l’a si bien déclaré Z. Brzezinski, l’Eurasie est le pivot mondial du supercontinent. La puissance qui dans les prochaines décennies exercera sur cette masse continentale l’hegemon, exercera corrélativement une grande influence sur les peuples et les deux zones économiques les plus riches et les plus productives du monde : l’Europe occidentale et l’Asie du sud-est.

D’autre part, compte tenu de la proximité géographique de l’Eurasie, la puissance hégémonique en Eurasie exercera de même une grande influence sur l’Afrique et le Moyen Orient. La Chine et l’Inde en tant que puissance émergentes, la renaissance impériale de la Russie en tant qu’hegemon régional, l’émergence du Japon et de la Corée du sud dans le jeu des grandes puissances, laissent présager un éventuel nouveau partage des cartes géopolitiques dans la région. L’ Europe occidentale, avec sa stratégie de défense et sa PÉSC malgré sa dépendance vis-à-vis des mots d’ordre atlantistes de Washington, semble néanmoins consciente de l’enjeu géopolitique eurasiatique.

C’est dans cette optique que l’UE entend promouvoir, dans la région et les pays de Union, davantage de multilatéralisme effectif, afin d’éviter un cloisonnement de cette région et son isolement par la politique européenne du voisinage et la toute nouvelle Union méditerranéenne. Les intérêts géo-économiques et financiers de l’Union dans la région, les enjeux de la globalisation sont trop grands pour que l’Europe soit marginalisée par le jeu des grandes puissances en Eurasie. En suivant les thèses bien connues de Mackinder à propos du heartland, il est aujourd’hui davantage plus clair que les États-Unis et les autres puissances régionales atlantistes entendent parfaire la bien connue stratégie de défense du néo-containement par un contrôle accru des mers et de la zone littorale qui s’étend de Suez à Shangai, et notamment à cause de l’émergence de nouveaux acteurs régionaux d’envergure comme le Japon, la Chine, et l’Inde. C’est dans cette perspective que Bill Émmot l’éditoraliste de The Economist affirme que les nouveaux pouvoirs eurasiatiques renforcent leurs pouvoirs maritimes sous la forme d’installations militaires localisées, pour les mettre au service de la protection de leurs intérêts économiques, la défense de leurs routes stratégiques et afin élargir leurs zones d’influence.“

La stratégie américaine d’encerclement de la Chine

Depuis des décennies et surtout depuis la guerre froide, les États-Unis se posent en pouvoir dominant sur le littoral asiatique méridional.Afin d’améliorer son dispositif hégémonique dans la région et de décourager toute puissance montante continentale en Asie centrale, le système de sécurité maritime américain repose actuellement sur des régions sécuritaires dites pivots : d’une part le canal de Panama qui relie l’Atlantique et le Pacifique, deuxièmement les lily pads qui relient les installations militaires maritimes de San Diego à Hawaï jusqu’à Guam, et de Guam au Japon et la Corée du Sud, et enfin troisièmement, la grande barrière qui s’étend le long du littoral du sud-est asiatique. Grâce à cette barrière maritime qui s’étend du nord de Borneo en passant par Singapour, les États Unis sont assurés d’une présence géostratégique en Asie du sud-est.

Le système de sécurité maritime américain comprend deux têtes de ponts stratégiques : Taïwan et le Japon. Les États Unis ont conclu en octobre 2008 un contrat avec Taïwan pour la vente de de missiles intercepteurs et d’hélicoptères Apaches pour 4.4 milliards d’euro. En chien de garde de la grande barrière sécuritaire maritime, Taïwan a mis la Chine dans une position défensive. Le second pilier du dispositif défensif américain est le Japon qui abrite la plus importante base navale de l’American Seventh Fleeth et possède une armée efficace. La modernisation militaire de la Chine et la montée en puissance maritime de la Corée du Sud ont forcé les cercles militaires et stratégiques japonais à repenser leur doctrine militaire. C’est ainsi que le vice-amiral Hideaki Kaneda à la tête de la force japonaise maritime d’autodéfense explique, en affirmant que la Chine a changé de style de défense maritime vers un sea-power plus agressif, ce qui a poussé le Japon à reformuler sa stratégie maritime nationale. L’armée japonaise vient de se doter d’armements sophistiqués, d’hélicoptères Hyuga qui accroissent les capacités opérationnelles maritimes.

Tokyo utilise le JMSDF (Force japonaise maritime d’autodéfense) en support aux opérations en Afghanistan et en Irak. D’autre part le Japon a acquis une nouvelle force de frappe avec le développement de la garde côtière qui est engagée dans la diplomatie maritime avec leurs partenaires dans l’Asie du Sud-Est. La Corée du sud, allié stratégique des USA dans la grand barrière maritime, vient de construire des bases navales maritimes tout près de la Chine et du Japon. La Corée du Sud, qui a le plus grand budget militaire dans le monde en proportion de son PIB, vient de réorganiser et de moderniser son armée avec la mise sur pied de trois escadrons mobiles stratégiques qui seront opérationnels en 2020 et qui seront constitués de bâtiments équipés de missiles AEGIS combat system. Paul Kennedy dans The Rise and Fall of the Great Powers a déclaré que le Japon et la Corée du Sud se doteront d’un certain degré d’autonomie face à leur allié les États-Unis, mais continueront d’occuper une place prépondérante dans le dispositif de défense américain de la grande barrière maritime.

La stratégie chinoise du collier de perles

La Chine constitue une menace géopolitique certaine pour le Japon et la Corée du Sud. Sa croissance économique a doublé depuis 1990 ; afin de soutenir cette croissance vertigineuse Pékin devra augmenter sa consommation de pétrole de 150% d’ici 2020. Actuellement plus de 6000 navires chinois naviguent dans l’Océan Indien pour approvisionner leur pays en pétrole. Il va de soit que d’ici 2025, la Chine devra importer de considérables ressources énergétiques du Moyen-Orient et de l’Afrique. Les géostratégies maritimes américaine et japonaise buttent uniquement sur la voie maritime chinoise, laquelle passe par la mer de Chine avec ses ramifications le long du détroit de Malacca. 80% des transports maritimes pétroliers empruntent cette artère stratégique. Afin d’assurer la sécurité de ses routes maritimes d’approvisionnement énergétique, la Chine devra contourner les États-Unis et le Japon à l’est. La Russie concentre sa puissance maritime au nord, alors que l’Inde contrôle le flanc sud maritime de l’Océan Indien. En conséquence, la Chine devra renforcer son indépendance et la puissance de son pouvoir naval militaire, en particulier dans l’Océan Indien. La Stratégie maritime chinoise est double : d’une part, elle doit contenir la présence américaine dans le détroit de Taïwan, d’autre part, à l’avenir, elle devra assurer sa poussée maritime vers l’Océan Indien en encerclant l’Inde.

C’est dans le cadre de cette nouvelle stratégie maritime que la Chine vient de s’équiper de sous-marins russes Kilo-class. La deuxième composante du programme de modernisation navale chinois et d’encerclement stratégique de l’Inde est constituée de ce que l’on appelle le collier de perles maritime. Ce collier maritime relie l’installation navale chinosie de Sanya dans le sud avec lîle de Hainan, et d’autre part avec le Moyen-Orient. D’autres colliers maritimes secondaires s’étendent vers le Sri Lanka et dans les Maldives, reliant la baie de Bengale avec Gwadar dans la mer d’Arabie et complétant le triangle stratégique autour de l’Inde. La Chine redoute actuellement que les États-Unis et leurs alliés encerclent la Chine et l’espace maritime privilégié chinois, et c’est pourquoi les thèses d’Alfred Mahan à propos de la nécessité de la sécurisation des routes de transports sont actuellement très en vogue dans les milieux stratégiques militaires chinois. Les perles (étapes) du collier chinois, du Pakistan à Bornéo, vont devenir des couloirs stratégiques dans le littoral qui relie l’Afrique au Moyen-Orient. Afin de diversifier ses routes d’approvisionnement et d’éviter des goulots d’étranglements dans le dispositif du collier de perles, les ressources énergétiques pourront être acheminées par Sittwe et Gwadar, par route et voie ferrée le long de la frontière chinoise avec la Birmanie et le Pakistan en pénétrant dans les provinces chinoises de Yunnan ou le Xingjina. Lorsque la géostratégie chinoise sera consolidée dans l’océan indien, le futur collier de perles pourra s’ouvrir aux Seychelles en étendant la poussée stratégique chinoise vers l’Afrique. Ce n’est pas un hasard si Pékin a annoncé en décembre 2008 la volonté de construire une base aérienne, afin de de sécuriser son collier de perle et de consolider la présence stratégique maritime chinosie dans l’océan indien.

Le contre encerclement de l’Inde et le projet indo-atlantiste

Comme la Chine, l’Inde est extrêmement dépendante des routes maritimes commerciales. 77% des importations indiennes de pétrole proviennent du Moyen-Orient et de l’Afrique. Le Brigadier Arun Sahgal, directeur de l’Institut indien United Service Institution de New Delhi, qualifie la politique géopolitique chinoise de stratégie d’encerclement. En effet, le Nord de l’Inde est directement voisin de la Chine ; à l’Ouest le rival régional pakistanais, avec lequel la Chine développe ses relations, à l’est le Bangladesh pro-chinois et la junte birmane, alors qu’au sud se trouve le collier de perles chinois qui entoure l’Inde tel un serpent maritime géostratégique. Pour certains géopoliticiens et stratèges indiens et américains, une grande coalition des États côtiers et insulaires permettrait d’opérer un contre-encerclement de la Chine. Cette stratégie Indo-Américaine permettrait d’assurer un contre-encerclement par une ceinture géostratégique autour des rimlands asiatiques : l’Inde au sud-ouest de la Chine, la Corée du Sud au Nord-est, le Japon et Taïwan à l’Est, et les Philippines et Guam au sud-est, ce qui obligerait la Chine à adopter une posture géostratégique défensive. Cette stratégie indo-américaine pourrait menacer à long terme la construction d’une alliance eurasienne stratégique maritime et continentale.

L’Inde anticipe de même la menace d’un renforcement des relations entre le Pakistan et la Chine, et a entamé une pénétration géostratégique en Asie centrale : en 2006, New Delhi a étendu son influence dans cette région de l’Eurasie en ouvrant un premier aéroport militaire indien dans cette région, au Tadjikistan, un pays qui borde le Pakistan au Nord et la Chine à l’ouest, et qui offre à l’Inde un pont avancé dans la région. L’Inde renforce son potentiel militaire naval et a construit une nouvelle installation maritime militaire stratégique à Karwar au sud-ouest de la côte indienne, ainsi qu ‘une nouvelle base aéronavale à Uchipuli dans le sud-est, et un poste d’observation à Madagascar lui permettant de concentrer son commandement naval dans les îles d’Andaman. L’Inde a pris place dans la profondeur de la mer de Chine du sud, en pénétrant dans la baie vietnamienne de Cam Ranh, laquelle lui ouvre la voie à une combinaison géostratégique navale et aérienne permettant de projeter sa force de frappe dans la mer arabe, le golfe de Bengale, le long de l’Océan Indien et la partie ouest du Pacifique. Consciente de ces menaces d’encerclement et de contre-encerclement de la profondeur eurasiatique continentale sur les franges maritimes du continent européen et asiatique, la Russie se livre à un redéploiement de sa stratégie militaire eurasiste le long du littoral eurasien et africain, qu’illustre la décision d’ouvrir des bases militaires navales en Syrie, en Libye et au Yémen. Ces décisions sont accompagnées d’un vaste programme de modernisation navale, par des projets de construction d’avions de combats de nouvelle génération et un renforcement des capacités technologiques et logistiques.

Tribulations géopolitiques dans la zone côtière eurasiatique

Il est désormais évident que les stratégies d’encerclement et de contre-encerclement américaines, japonaises, sud-coréennes, chinoises, indiennes et russe se concentrent sur la zone côtière eurasienne, en tant que zone géopolitique pivot pour le contrôle de l’hinterland, la profondeur stratégique de la masse continentale eurasienne. Dans cet ensemble géopolitique émergeant, la ceinture littorale eurasienne passe par des axes géostratégiques composés par le canal de Suez et Shanghai, car ces axes séparent des pouvoirs émergents eurasistes : la Chine, le Japon et la Corée du sud à l’Est, l’Inde au Sud, la Russie au Nord, alors que l’UE se situe à l’extrême ouest, et les USA sont présents dans la région par la présence de bases navales. La revue stratégique de Défense française en 2008 annonçait déjà que le centre de gravité stratégique global glissait vers l’Asie. Dans le cadre d’une reconfiguration multipolaire du monde, au XXIème siècle, la zone Suez-Shanghai jouera le rôle géostratégique de gateway entre les divers pouvoirs continentaux et maritimes de l’Eurasie.

Le jeu sino-américain et la stratégie du linkage en mer de Chine

Point de passage entre la mer de Chine, l’Asie du Sud-Est et l’Asie Orientale, la mer des Philippines offre des possibilités incontournables à l’armée américaine pour s’assurer du contrôle de toute cette zone stratégique. Mais la Chine est la puissance régionale incontestée de la zone. Elle fait figure de menace en raison de son implication dans toutes les zones de conflits, de ses multiples revendications territoriales et de ses réticences à entrer dans un processus de règlement multipolaire. En effet, la Chine cherche à étendre sa zone économique exclusive, notamment sur les archipels de Paracels, Spratly, Pratas et Macclesfield. Au total, depuis les années 90, le renouveau de l’intérêt porté par la Chine à cette mer ne s’est pas démenti. Mais, cela n’est en rien comparable à l’intérêt que Pékin porte à Taïwan.

La Chine est hyper sensible à l’égard de Taïwan, qu’elle considère comme sa 22ème province. Elle ne concède aucun compromis sur la position d’une Chine unique. Bien que les États-Unis aient accepté cette position, la Chine est convaincue que l’aide fournie par les États-Unis à Taïwan lui donne la confiance de s’opposer aux revendications de Pékin ; ce qui entraîne la méfiance de la Chine à l’égard des États-Unis. Il est certain que, de son attitude dépendront la paix et la sécurité de cette partie de monde. Il est aussi certain qu’avec le développement économique, la Chine sera de plus en plus dépendante de son approvisionnement en pétrole et de son commerce maritime.

L’enjeu stratégique de la mer des Philippines

Le rôle éminent joué en Asie, sur le plan militaire, par les États-Unis, au cours des cinquante dernières années, leur a permis de mettre en place un dispositif aux articulations majeures dont la mer des Philippines offre des possibilités qui demeurent incontournables. En effet, les États-Unis sont actuellement, en Asie, la nation la plus puissante, à la fois politiquement, économiquement et militairement. Leur présence actuelle tient principalement à la menace qu’exerce la Corée du Nord dans la péninsule coréenne et au réveil de la Chine. En Asie du Sud-Est, les États-Unis ne sont plus présents de manière permanente, depuis qu’ils ont dû abandonner leurs deux bases des Philippines, en novembre 1992. Néanmoins, dans toute la région sauf, peut-être la Chine, il existe une reconnaissance générale des États-Unis comme seul et important acteur ayant la capacité d’assurer l’équilibre stratégique. Ainsi les États-Unis participent largement au maintien de la sécurité dans cette région du monde. Le commandement du Pacifique, dont l’État major est à Hawaï, est en charge de l’ensemble des forces américaines stationnées entre la côte ouest des États-Unis et la mer des Philippines.

Le contrôle de la mer des Philippines permet à l’armée américaine d’assurer le soutien logistique de ses forces largement disséminées dans la région asiatique et de donner la liberté d’action aux flottes déployées dans la région des Philippines. Disposer à nouveau de bases aux Philippines présente aux yeux des Américains un double intérêt. Le premier est le relais entre les océans Pacifique et Indien, lequel n’est assuré aujourd’hui que par Singapour, où un millier d’hommes s’occupent du ravitaillement et de l’entretien des bâtiments et avions américains. Mais Singapour est une petite île aux capacités limitées et qui se trouve à l’entrée du détroit de Malacca. Les Américains lorgnent le complexe aéroportuaire de Général-Santos qu’ils ont récemment aménagé loin des regards indiscrets dans une baie bien abritée de l’île philippine de Mindanao. Général-Santos est davantage à l’écart que la baie de Subic de la mer de Chine du Sud, des eaux qui sont l’objet d’une querelle ouverte notamment entre la Chine, le Vietnam et les Philippines et dont les États-Unis ne paraissent pas vouloir se mêler. Le deuxième intérêt est de disposer en Asie de l’Est, en cas de conflit en Extrême-Orient, d’un point d’appui solide à l’extérieur du Japon et de la Corée du Sud. Le complexe de Subic et Clark remplissait autrefois cette fonction. Les Philippines pourraient de nouveau le faire si les « manœuvres conjointes » en cours, qui peuvent s’étaler de six mois à un an, débouchent sur un engagement plus durable. Cette possibilité ne peut être exclue si l’on s’en tient aux pressions constantes des Américains sur les Philippins pour aboutir à une « normalisation » des relations militaires qui feraient du vote de 1991 un accident de l’histoire. La mer des Philippines occupe une place stratégique sur le plan militaire aussi bien pour les puissances régionales que pour les États-Unis d’Amérique.

La Chine, quant à elle, cherche à utiliser sa puissance maritime croissante pour contrôler, non seulement l’exploitation des eaux riches en hydrocarbures de cette zone, mais aussi les voies maritimes, parmi les plus fréquentées au monde. Afin de contrer l’influence chinoise en mer jaune et en Chine méridionale, les États-Unis entendent redéployer une ceinture maritime militaire autour de la Chine en s’associant à des exercices maritimes et aériens avec la Corée du Sud, au large de la côte est de la péninsule coréenne. Les liens militaires entre les États-Unis et l’unité d’élite des forces armées indonésiennes s’inscrivent dans le cadre de cette politique navale renouvelée. Ces jeux de stratégie militaire constituent surtout un avertissement lancé à la Corée du Nord sur la force de l’engagement de l’Amérique en Corée du Sud, suite au naufrage du bâtiment de guerre sud-coréen le Cheonan. Mais ils confirment surtout que les engagements de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan n’empêchent pas les États-Unis de défendre leurs intérêts nationaux vitaux en Asie. Le deuxième théâtre de ces jeux stratégiques s’est sitUE en mer Jaune, dans les eaux internationales, très proches de la Chine, démontrant encore une fois l’engagement des États-Unis pour la liberté des mers en Asie. S’ensuivit la visite d’un porte-avions américain au Vietnam, le premier depuis la fin de la guerre, il y a 35 ans. La Corée du Nord, s’est violemment opposée à ces jeux stratégiques, menaçant même d’une réponse « physique ». La Chine a non seulement qualifié l’intervention de Mme Clinton au sujet des îles Spratly « d’attaque », mais a aussi organisé des manœuvres navales non prévues en mer Jaune avant les exercices conjoints américano-coréens.

Le théâtre géostratégique de la mer de Chine

La mer de Chine méridionale devient ainsi un théâtre géopolitique parmi les plus critiques de la planète. En effet, se superposent ici les projections d’influence de la Chine à caractère expansif et le rôle régional des États Unis à caractère défensif. Les premières remettent en cause la stabilité régionale, le deuxième préfigure un « soft-containement » d’un type nouveau. A partir du discours d’Obama à Tokyo en novembre 2009, la politique de la nouvelle Administration américaine vise à définir les États Unis comme « une nation du Pacifique ». Cette déclaration, énoncée dans le but de « renouveler le Leadership américain dans le monde », s’adresse non seulement aux alliées historiques de la région, mais également aux pays de l’ASEAN (The Association of Southeast Asian Nations). L’ASEAN constitue un Forum Stratégique de toute première importance pour la stabilité, la paix et le développement économique en Éxtrême Orient et les USA ont demandé d’y adhérer. Dans une perspective de mouvement de l’échiquier asiatique, l’activisme chinois en politique étrangère influence en profondeur les enjeux stratégiques des principaux acteurs régionaux dans la mer de Chine méridionale, dont les ressources naturelles sont disputées par Taïwan, les Philippines, la Malaisie, l’Indonésie, Brunei, Singapour et le Vietnam.

Cette zone est désormais inclue, d’après le New York Times, dans le périmètre des « intérêts vitaux » de la Chine au même titre que le Tibet et Taïwan, et ceci bien qu’aucune déclaration officielle n’ait fait étalage de cette position. La superposition de deux zones d’influence chino-américaine sur le même espace a été confirmée par la Secrétaire d’État, Mme Hillary Clinton à Washington, le 23 juillet 2010, lors d’une déclaration dans laquelle elle a fait référence à des « intérêts nationaux » des États-Unis concernant la liberté de navigation et les initiatives de « confidence building » des puissances de la région à l’encontre d’une prétendue « Doctrine Monroe » chinoise dans la mer de Chine méridionale. Une partie des pays du Sud-Est comptent, de manière explicite, sur la présence des États-Unis pour contre-balancer l’activisme chinois. Rien ne serait plus dangereux pour la politique étrangère de Kung-Chuô, qu’un pareil alignement sur les déclarations américaines, car la Chine n’a aucun intérêt à l’internationalisation de litiges concernant les eaux territoriales. Or le Linkage entre la mer de Chine méridionale et la façade maritime du Pacifique est inscrite dans l’extension des intérêts de sécurité chinois.A travers les mers du sud et les détroits, transite 50% des flux mondiaux d’échange, ce qui fait de cette aire maritime un théâtre de convoitises et de conflits potentiels, en raison des enjeux géopolitiques d’acteurs comme la Corée du Sud et le Japon qui constituent des géants manufacturiers et des pays dépendants des exportations.Une des clés de lecture de cette interdépendance entre zones géopolitique à fort impact stratégique est le développement des capacités navales, sous-marines et de surface, de la flotte chinoise.

L’importance des routes maritimes eurasiatiques

L’importance stratégique des routes maritimes eurasiatiques pour l’économie de l’Europe est grandissante, compte-tenu de l’accéleration de l’industrialisation et du développement commercial de la Chine, de l’Inde et de la Corée du Sud. Parmi les 15 plus grands partenaires de l’UE, 7 d’entre eux (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Taïwan, Singapour et Arabie Saoudite) sont situés le long de la côte eurasiatique. Le volume d’importation de l’UE via ces pays est passé de 268.3 milliards d’euros en 2003 à 437.1 milliards d’euro en 2007. Par ailleurs, 90 % du commerce maritime de l’UE passe par les voies maritimes, alors que le commerce maritime avec l’Asie constitue 26.25% du total du commerce maritime transcontinental.

Les points de choc et les flash point stratégiques

En raison des risques d’interruption d’approvisionnement en énergie, et plus particulièrement en gaz (comme cela a été le cas plusieurs fois ces dernières années dans la crise du gaz entre la Russie et l’Ukraine), l’UE doit compter sur une diversification croissante des routes énergétiques d’approvisionnement. Il en est ainsi également du commerce maritime cargo dans le cadre des relations commerciales entre l’Europe et l’Asie, lequel doit emprunter des routes maritimes instables et des zones maritimes côtières de Suez à Shangai. Les navires de commerce doivent suivre des routes maritimes qui longent le continent africain, à travers l’océan Pacifique et l’océan atlantique, en passant par des zones géographiques précaires appelées points de frottements. Elles peuvent être définies comme des chaînes. Les navires pétroliers européens qui s’approvisionnent au Moyen-Orient passent par le détroit d’Hormuz, alors que les produits manufacturés d’Asie du Sud -est passent par le détroit de Malacca. Tous les pavillons européens doivent passer par le tunnel maritime stratégique du canal de Suez et de Bab-el Mandeb et le Golfe d’Aden. La localisation géographique de ces points stratégiques, tout près de la corne de l’Afrique, du Moyen-Orient et de l’Asie du sud-est, est d’autant plus sensible dans le contexte d’embrasement du monde arabe et d’intervention occidentale en Libye.

Vers un projet eurasiste pluri-océanique

L’Europe devra prendre conscience de l’importance stratégique des zones maritimes eurasiennes et asiatiques, moyen-orientales et indo-océaniques, et plus particulièrement celles qui se trouvent au carrefour du canal de Suez et de Shangaï, non seulement pour la croissance de son économie mais aussi pour la sécurité militaire et commerciale de sa profondeur continentale euro-sibérienne. Aujourd’hui, la majeure partie des zones eurasiennes côtières à risque est sécurisée par la flotte américaine, mais la dépendance de l’Europe à l’égard des États- Unis sur le plan stratégique et militaire ne fera qu’accroître à long-terme sa faiblesse stratégique commerciale et géopolitique. Le développement d’une stratégie eurasiatique maritime pluri-océanique (avec le développemnt des capacités de frappe et de défense navales appropriées) dans la zone située entre Suez et Shangai, le renforcement d’une géopolitique multipolaire et des partenariats privilégiés avec la Chine, la Russie, l’Inde, Le Brésil, l’Afrique puissances multipolaires émergentes, constituent les véritables défis géostratégiques de l’Europe-puissance de demain.

La dialectique atlantisme/eurasisme, dont les néo-eurasiens actuels font usage dans leurs polémiques anti-américaines, oublie que l’Amérique ne tient pas sa puissance aujourd’hui de sa maîtrise de l’Atlantique, océan pacifié où ne se joue pas l’histoire qui est en train de se faire, mais de son retour offensif dans l’Océan du Milieu, ce qui illustre bien la concentration de ces capacités opérationnelles maritimes en mer de Chine. L’atlantisme ne saurait se réduire à la seule maîtrise des Açores, petit archipel portugais au centre de l’Atlantique, car il ne faut pas oublier que ce qui a précipité la désagrégation de l’URSS, puissance eurasienne, c’est la maîtrise de Diego Garcia, île au centre de l’Océan Indien, d’où partiront plus tard les forteresses volantes pour bombarder l’Afghanistan et l’Irak. La présence de l’Amérique à Diego Garcia est en contradiction avec les intérêts de l’Europe puissance et de la Russie et leurs possibilités de s’ouvrir demain des fenêtres sur les espaces orientaux où se joue le destin du monde.

Article printed from geostrategie.com: http://www.geostrategie.com

La distruzione della Libia, una crescente minaccia per la Russia

La distruzione della Libia, una crescente minaccia per la Russia

Guennadi Ziouganov

Ex: http://gazeta-pravda.ru/content/view/8768/34/

Pravda, 1 Settembre 2011

 

Secondo i media, le forze che cercano di rovesciare il governo della Libia hanno occupato la capitale, Tripoli, e diverse altre città. Ovunque siano commettono omicidi di massa e saccheggi. E’ stato anche saccheggiato l’eccezionale museo nazionale di Tripoli.

 

Tutto questo parla da se del tipo di persone coinvolte nella lotta contro il governo legittimo. E’ ben noto che l’”opposizione” che si sarebbe ribellata contro la “tirannia” di Gheddafi, sta ricevendo armi dall’estero. Ma ancora, non avrebbero potuto affrontare le truppe del governo libico, senza il sostegno massiccio dell’aviazione della NATO, che ha distrutto i centri di comando, depositi di munizioni e armi e le linee di comunicazione. I “ribelli” appaiono solo dopo che la tempesta di fuoco della NATO ha distrutto ogni cosa sul suo cammino.

 

Questo è certamente un intervento militare, accuratamente nascosto dietro lo schermo trasparente dei “ribelli”. In Libia, si sta perfezionando una nuova tattica per rovesciare i governi indesiderabili all’Occidente, con ampio uso di eserciti privati e di mercenari come ausiliari alla NATO. Tutto questa orgia si svolge sotto la copertura della risoluzione 1973 del Consiglio di Sicurezza delle Nazioni Unite e con l’attuazione del “no-fly zone”, il cui presunto obiettivo era proteggere la popolazione civile della Libia dai bombardamenti. In pratica, gli aerei della NATO ha lanciato attacchi con missili e bombe, non solo contro le posizioni dell’esercito libico, anche contro le strutture civili nelle città. Di conseguenza, essi hanno ucciso migliaia di civili, tra cui anziani e bambini. Fatti come questi sono, secondo il diritto internazionale, un crimine contro l’umanità. Ma la lingua dei Gesuiti della NATO, le vite distrutte vengono chiamate “danni collaterali”.

 

La Libia è l’ultima vittima dell’intervento globale della NATO, che è diventato possibile dopo la distruzione dell’Unione Sovietica. Proprio in questo momento, con la scomparsa di una forza capace di affrontare l’avventurismo dell’oligarchia mondiale, apparve al nostro attuale “partner” la sensazione dell’impunità. Imposta dall’esterno, ebbe inizio la guerra civile in Jugoslavia, che si è conclusa dopo 78 giorni di bombardamenti di città e cittadine indifese.

 

Poi gli Stati Uniti ed i suoi alleati hanno invaso l’Iraq, impigliandosi nel filo spinato di quel paese. Poi seguì l’Afghanistan, convertito dalle truppe di occupazione in un ritrovo per la produzione di droga. Nel frattempo, le agenzie d’intelligence dell’Alleanza avviarono le rivolte “arancione” in Georgia, Ucraina e Moldavia. Passando anni a cercare di rovesciare il Presidente bielorusso Lukashenko.

 

La Siria è prossimo della lista, sottoposta ad attacchi di insorti armati dall’esterno. Assistiamo alla guerra di informazione contro il governo siriano. Prova eloquente dei preparativi per l’intervento della NATO.

 

Oggi il mondo affronta un nuovo colonialismo, nella sua variante più disgustosa e cinica, proprio come lo era due secoli fa. L’ex potenze coloniali, USA, Regno Unito e Francia ancora rivendicano il diritto di decidere del destino di qualsiasi stato sovrano. Durante questa operazione “umanitaria” hanno calpestato la Carta delle Nazioni Unite e le norme del diritto internazionale. Come risultato, la Libia è stata sommersa nel caos, e potrebbe eventualmente svilupparsi successivamente nello scenario somalo: la divisione in innumerevoli tribù e clan che si combattono tra loro. La Russia è anch’essa responsabile della tragedia in Libia, dal momento che il governo ha dato il via libera alla risoluzione anti-Libia delle Nazioni Unite, non usando il suo potere di veto e, quindi, unendosi alle sanzioni contro la Libia. Questo ha significato non solo che abbiamo perso 20 miliardi di dollari di potenziali benefici dal commercio e della cooperazione economica con questo ricco paese africano, ma abbiamo anche perso uno degli stati amici che avevamo nella regione strategicamente importante del Mediterraneo.

 

Se non finisce questa orgia del neo-colonialismo, la Russia con i suoi sconfinati territori e le sue enormi riserve di materie prime, diventerà uno degli obiettivi futuri dell’esportazione atlantista della “democrazia”. Indebolito da due decenni di cosciente deindustrializzazione e decadenza, con un esercito demoralizzato e distrutto, il nostro Paese inevitabilmente diventerà un bersaglio per l’intervento.

 

Il PCRF condanna la pirateria mondiale dell’oligarchia coloniale ed esorta il governo della Federazione Russa a prendere coscienza delle conseguenze più pericolose che comporta la collusione con gli aggressori.

 

Solo un governo forte e patriottico, in grado di rilanciare l’industria, l’agricoltura, l’istruzione, la scienza e la cultura, il nostro passato di potenza e il ritorno delle nostre Forze Armate, può salvare la Russia dal ripetersi dello scenario libico delle rivoluzioni “colorate”.

 

Link: [1] http://josafatscomin.blogspot.com/2011/09/destruccion-de-libia-crecela-amenaza.html [2] http://gazeta-pravda.ru/content/view/8768/34/ http://tortillaconsal.com/tortilla/print/9378

Traduzione di Alessandro Lattanzio
http://www.aurora03.da.ru http://www.bollettinoaurora.da.ru http://aurorasito.wordpress.com

samedi, 10 septembre 2011

Wer wird das libysche Erdöl kontrollieren?

Wer wird das libysche Erdöl kontrollieren?

Auf einem Treffen französischer Diplomaten aus aller Welt am Mittwoch, dem 31. August, lobte der französische Staatspräsident Nicolas Sarkozy die Unterstützung der libyschen Rebellen durch das NATO-Bündnis als »unverzichtbares Instrument« und wichtigstes Ergebnis des Kriegs, auch wenn sich Washington entschieden habe, in den Hintergrund zu treten. »Zum ersten Mal stellte die NATO ihre Dienste einer Koalition zur Verfügung, die aus zwei entschlossenen europäischen Ländern bestand – Frankreich und Großbritannien«, bemerkte er in einem Tonfall, der seinen Stolz darüber, Frankreich mit der Entscheidung, sich dem militärischen Vorgehen der NATO in Libyen, die auf den Sturz Muammar al-Gaddafis abzielte, anzuschließen, wieder zu seiner früheren imperialen Größe zurückzuführen, nicht verhehlen konnte.

 

 

Die Prahlerei des französischen Präsidenten Sarkozy über einen erfolgreichen europäischen Krieg ist nur zum Teil berechtigt. Auch wenn Amerika die Führung an England und Frankreich abgetreten hatte, wäre keines dieser Länder ohne amerikanische Aufklärungssatelliten, Spionageflugzeuge und US-Nachschub in der Lage gewesen, Tripolis zu erobern, und Gaddafi hielte sich immer noch in Bab al-Aziziya versteckt.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/redaktion/wer-wird-das-libysche-erdoel-kontrollieren-.html

 

La diplomatie des mosquées

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La diplomatie des mosquées

Ex: http://www.insolent.fr/

Les faits et les photos peuvent passer avant les commentaires. Ici le ministre turc des affaires étrangères M. Ahmet Davutoglou fête la fin du Ramadan à Sarajevo. On le voit entouré de Bakir Izetbegovic, membre de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine et du chef religieux, le "reis ul islam" Mustafa Ceric. Cela se passe en la mosquée édifiée au XVIe siècle par Gazi Husrev-beg (1480-1541) gouverneur ottoman de la Bosnie, puis de la Syrie, à l'époque de Soliman le Magnifique.

 

Les jours précédents le même professeur de géopolitique, devenu maître d'œuvre de la politique extérieure d'Ankara s'était rendu dans deux autres pays des Balkans. Au Kossovo, il avait accompli ses dévotions d'abord à la mosquée impériale de Pristina. Celle-ci est également connue sous le nom de "Mehmed Fatih", en l'honneur du conquérant de Constantinople Mehmet II qui en avait ordonné la construction en 1461. Puis, dans le même territoire majoritairement albanais, il avait visité l'élégante mosquée édifiée au XVIIe siècle par Sofi Sinan Pacha et dont une légende veut qu'elle aurait été bâtie avec les matériaux du monastère des Saints-Archanges. Enfin en Roumanie, il avait accompli les mêmes gestes en un lieu édifié en 1910, aujourd'hui centre de l'implantation islamique locale, à la frontière bulgare, la mosquée "Hinkar" de style maure mais dont les guides aiment à souligner qu'elle copie son homologue de Konya, capitale des derviches tourneurs en Anatolie.

Commentant ce qu'il appelle la "diplomatie des mosquées" le journal pro gouvernemental turc Zaman Today (1)⇓ souligne que, jusqu'en 2002, les diplomates turcs visitaient traditionnellement leurs compatriotes mais que, depuis l'arrivée au pouvoir de l'AKP ils se tournent désormais au-delà des Turcs, au mépris de la laïcité, vers l'ensemble de leurs coreligionnaires.

Ne doutons pas une seconde que, pour un nombre non négligeable de Turcs, le souvenir de ce grand passé impérial représente une perspective de réimplantation dans les Balkans. Davutoglou, du reste, avait fait sensation à l'automne 2009 en y proclamant "Sarajevo est notre ville". Il s'agissait là, remarquions-nous à l'époque, du premier membre d'une phrase qu'il complétait en ajoutant, à l'attention des musulmans balkaniques : "Istanbul est votre Ville". (2)⇓

La même semaine écoulée, les journalistes français présents à Tirana pour la rencontre de podosphère entre les "bleus" et l'équipe nationale albanaise ne remarquaient guère un incident ayant justifié l'intervention de la Police. En effet, les irrédentistes locaux avaient déployé dans le stade une immense banderole de 30 mètres sur 40 figurant une carte de la Grande Albanie occupant des territoires actuellement situés dans divers pays voisins dans le sud de la Serbie, au Monténégro, ou dans l'ancienne république yougoslave de Macédoine. Le moment venu, ce genre d'étincelles, montées en épingle, pourrait justifier une intervention de l'armée turque, sans même que soit levée l'hypothèque du PKK, et avec la bénédiction du Département d'État.

Il était évidemment beaucoup plus encourageant, pour nos excellents moyens hexagonaux de désinformation, de mettre en exergue les quelques gestes, attendus depuis des années et promis désormais par le chef du gouvernement Erdogan en faveur des minorités non-musulmanes qui n'ont pas encore fui le pays. Quelques hôpitaux et écoles en bénéficieront. Un bon point, pensera-t-on. Il faut se pencher attentivement sur "Zaman" pour relever qu'au moins deux catégories de chrétiens échapperont apparemment à cette libéralisation : les Syriaques et les Turcs protestants (3)⇓. Les premiers souffrent sans doute de témoigner de l'injustifiable annexion du sandjak d'Alexandrette, les seconds indiscutablement coupables de prosélytisme.

Certes on peut se féliciter de voir normaliser certains aspects des relations entre l'État turc et les organismes de bienfaisance ou religieux arméniens, grecs ou juifs. Mais on n'omettra pas non plus de remarquer que cela aussi fait partie des traditions ottomanes et des théories islamiques : les gens du Livre ont droit à un statut spécial à la fois protégé et inférieur. Ils payent un impôt particulier et sont généreusement "dispensés" du service militaire. Beaucoup d'autres choses leur sont interdites, mais ils survivent. Les lecteurs de mon livre sur "La Question turque et l'Europe" ont compris que les crimes commis au XXe siècle ont été inspirés, dans ce pays comme ailleurs, par les adeptes d'une idéologie jacobine. Aujourd'hui le mouvement de Fethullah Gulen, qui inspire le pouvoir AKP, milite pour un retour aux principes antérieurs à la république et, donc, à une plus grande tolérance à l'égard des chrétiens. On ne doit pas l'ignorer.

L'expert géopolitique Ahmet Davutoglou a jusqu'à maintenant échoué dans son programme poudre aux yeux "pas de problèmes avec nos voisins". Les problèmes existants ne sont pas résolus. D'autres sont même apparus. Mais il ne renoncera pas à sa vision tridimensionnelle de l'expansion turque, à la fois vers le Proche Orient en posant au protecteur des Arabes, vers l'Asie centrale en rivalisant avec les Russes, et en utilisant contre l'Europe les minorités islamiques.

Ne nous méprenons pas sur les bonheurs passagers de l'économie turque actuelle. Ce triple rêve tourne évidemment le dos aux derniers lambeaux des principes légués par Mustafa Kemal. Mais il confirme encore plus la grave erreur que développent encore les négociations d'adhésion de ce pays aux institutions encore fragiles de l'Union européenne.

JG Malliarakis
        
Apostilles

  1. cf. Zaman Today du 4 août 2011 article "Ahmet Davutoğlu conducts ‘mosque diplomacy’ in Balkans".
  2. cf. L'Insolent du 4 janvier 2010 "Comment les Turcs regardent leurs alliances".
  3. cf. cf. Zaman Today du 4 août 2011 article "Non-Muslims praise law to return properties, await its implementation".

    Vous pouvez entendre l'enregistrement de nos chroniques
    sur le site de

     

     

    Lumière 101

 

vendredi, 09 septembre 2011

Why Gaddafi got a red card

Why Gaddafi got a red card
By Pepe Escobar

Surveying the Libyan wasteland out of a cozy room crammed with wafer-thin LCDs in a Pyongyang palace, the Democratic People's Republic of Korea's Dear Leader, Kim Jong-il, must have been stunned as he contemplated Colonel Muammar Gaddafi's predicament.

"What a fool," the Dear Leader predictably murmurs. No wonder. He knows how The Big G virtually signed his death sentence that day in 2003 when he accepted the suggestion of his irrepressibly nasty offspring - all infatuated with Europe - to dump his weapons of mass destruction program and place the future of the regime in the hands of the North Atlantic Treaty Organization (NATO).

Granted, Saif al-Islam, Mutassim, Khamis and the rest of the
Gaddafi clan still couldn't tell the difference between partying hard in St Tropez and getting bombed by Mirages and Rafales. But Big G, wherever he is, in Sirte, in the central desert or in a silent caravan to Algeria, must be cursing them to eternity.

He thought he was a NATO partner. Now NATO wants to blow his head off. What kind of partnership is this?

MORE: http://atimes.com/atimes/Middle_East/MI01Ak02.html

Libye: pétrole et droits de l'homme

Libye pétrole et droits de l'Homme

Ex: http://www.insolent.fr/

110902 La campagne militaire engagée au printemps contre le régime de Kadhafi étant terminée, pour la mission initialement définie, on peut maintenant parler tout à fait librement de la Libye sans risquer d'attenter au moral de l'armée française.

Je redis en cette occasion que, de mon point de vue, (1)⇓ la capacité de défense et d'action des nations européennes représente, dans ce type de situation, un enjeu beaucoup plus important que toutes les autres considérations.

Les gouvernements de Paris et de Londres s'étaient engagés, pour la première fois depuis 1956, dans un processus de confrontation : il eût été catastrophique que cette opération échouât comme il était advenu de celle de Suez.

Défendre l'armée française partout où elle se bat me semble à la fois un impératif moral et politique qui devrait s'imposer à tous les Français. Et, en même temps il implique de se préoccuper sérieusement des insuffisances de nos capacités militaires que dénoncent les plus hautes instances de l'État-major : on pouvait craindre au printemps que la France et l'Angleterre ne soient pas en mesure d'atteindre leurs objectifs.

On peut remarquer à cet égard, et on doit le souligner, que les forces adverses leur ont tenu la dragée haute plus longtemps que prévu.

Quant aux dépenses qu'a engendrées cette affaire, on les estime pour la république jacobine à hauteur de 200 millions d'euros contre 270 millions de livres sterling, soit 306 millions d'euros du côté britannique, (2)⇓ beaucoup moins que l'effort financier des États-Unis qui revendiquent 27 % des sorties aériennes.

Depuis hier 1er septembre la réunion des 60 pays présentés pour "amis de la Libye" se tient à Paris. Elle met en lumière les vraies préoccupations de la plupart des États participants. L'attitude "chacun pour soi" des gouvernements européens persiste à se présenter de manière de plus en plus inquiétante.

Rappelons qu'une des conditions essentielles du traité négocié à Maastricht en 1991, beaucoup plus importante que les critères monétaires, comportait une identité de défense autour de l'Union de l'Europe occidentale. Et on remarquera que, depuis, celle-ci a disparu.

On soulignera également l'évanescence de la politique extérieure commune sous la responsabilité de Lady Ashton. Reconnaissons-lui au moins ce mérite : elle joue sans défaillir ce rôle de figuration intelligente pour lequel on l'a embauchée.

On savait l'Union européenne plus encline à se préoccuper de consommatique que de géopolitique. On découvre que, désunie, l'Europe réduite à son grouillement de 27 nains, qu'aucune Blanche Neige ne semble envisager de sortir de leurs enfantillages, se révèle encore plus mercantile dans la division.

Des soupçons contradictoires avaient été exprimés au moment de la décision d'intervenir en Libye.

Par charité chrétienne on m'abstiendra de citer ici ceux qui pensaient que l'on faisait la guerre pour complaire à BHL, aussi bien que leurs contradicteurs aux yeux desquels on prenait pour Tobrouk un taxi, conduit par feu Oussama bin Laden.

Car, non seulement les uns et les autres se fourvoyaient eux-mêmes, plus encore qu'ils ne trompaient leurs lecteurs ou leurs auditeurs, mais, se croyant anticonformistes, ils se situaient bien au-dessous de la vérité.

Le roi de la brosse à reluire glapissait sa chronique ce 2 septembre sur RTL consacrée au dossier libyen sans prononcer le mot pétrole. Autant dire qu'il s'agissait de la question essentielle puisqu'Alain Duhamel n'en parlait pas.

Le fameux projet surnommé "Eurabia" se développe en effet depuis bientôt 40 ans dans un contexte de servilité devant la finance pétrolière. On l'a rebaptisé, ces derniers temps, "Union pour la Méditerranée" et on veut à tout prix nous fourguer comme paradigme le modèle turco-démocratique de l'AKP, en oubliant bien sûr que l'habile démagogue Erdogan avait accepté en 2010 de recevoir le "prix Kadhafi des Droits de l'Homme". Dernière survivance du traité de Sèvres, l'Irak petroleum company n'aspire plus qu'à redevenir la Turkish petroleum company.

Ne nous parlez donc plus de guerre pour les droits de l'Homme. Dites en toute franchise que vous cherchez à rassurer les émirs et à défendre les intérêts du CAC 40. Cela deviendra plus crédible et plus tangible.

Mais quels que soient les motifs à court terme de ce genre de confrontations, on doit mettre en garde nos compatriotes quant aux échéances des conflits futurs. Ils surgiront de manière d'autant plus inéluctable que nos moyens de défense ont été rognés, d'année en année, depuis maintenant un demi-siècle.

On fait de la sécurité intérieure un enjeu électoral, et cela ne manque pas de justification.

Qui osera se faire écho, dans la prochaine campagne présidentielle, et au cours de la campagne législative qui suivra, des signaux d'alarme très nets lancés par les chefs militaires ?

JG Malliarakis
        
Apostilles

  1. cf. notre chronique du 21 mars "Les occidentaux face à leurs ennemis" qui nous a valu bien sûr quelques crachats.
  2. f. Le Canard enchaîné du 24 juillet.
  3. cf. "Le prétendu modèle turc".

Vous pouvez entendre l'enregistrement de nos chroniques
sur le site de Lumière 101

samedi, 03 septembre 2011

Sur le "Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie" de Pascal Gauchon


Sur le "Dictionnaire de géopolitique et de géoéconomie" de Pascal Gauchon (PUF)

jeudi, 01 septembre 2011

Boreas Rising

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Boreas Rising:
White Nationalism & the Geopolitics of the Paris-Berlin-Moscow Axis, Part 1

By Michael O'MEARA

Ex: http://www.counter-currents.com/ 

 “History is again on the move.”
—Arnold Toynbee

For a half-century, we nationalists stood with the “West” in its struggle against the Asiatic Marxism of the Soviet bloc. There was little problem then distinguishing between our friends and our foes, for all evil was situated in the collectivist East and all virtue in the liberal West.

Today, things are much less clear. Not only has the Second American War on Iraq revealed a profound geopolitical divide within the West, the social-political order associated with it now subverts our patrimony in ways no apparatchik ever imagined. Indeed, it seems hardly exaggerated to claim that Western elites (those who Samuel Huntington calls the “dead souls”)[1] have come to pose the single greatest threat to our people’s existence.

For some, this threat was discovered only after 1989. Yet as early as the late forties, a handful of white nationalists, mainly in Europe, but with the American Francis Parker Yockey at their head, realized that Washington’s postwar order, not the Soviet Union, represented the greater danger to the white biosphere.[2] Over the years, particularly since the fall of Communism, this realization has spread, so that a large part of Europe’s nationalist vanguard no longer supports the West, only Europe, and considers the West’s leader its chief enemy.[3]

For these nationalists, the United States is a kind of anti-Europe, hostile not only to its motherland, but to its own white population. The Managerial Revolution of the thirties, Jewish influence in the media and the academy, the rise of the national security state and the military-industrial complex have all had a hand in fostering this anti-Europeanism, but for our transatlantic cousins its roots reach back to the start of our national epic. America’s Calvinist settlers, they point out, saw themselves as latter-day Israelites, who fled Egypt (Europe) for the Promised Land. Their shining city on the hill, founded on Old Testament, not Old World, antecedents, was to serve as a beacon to the rest of humanity. America began—and thus became itself—by casting off its European heritage. The result was a belief that America was a virtuous land, dedicated to liberty and equality, while Europe was mired in vice, corruption, and tyranny. Then, in the eighteenth century, this anti-Europeanism took political form, as the generation of 1776 fashioned a new state based on Lockean/Enlightenment principles, which were grafted onto the earlier Calvinist ones. As these liberal modernist principles came to fruition in the twentieth century, once the Christian, Classical vestiges of the country’s “Anglo-Protestant core” were shed, they helped legitimate the missionary cosmopolitanism of its corporate, one-world elites, and, worse, those extracultural, anti-organic, and hedonistic influences hostile to the European soul of the country’s white population.[4]

This European nationalist view of our origins ought to trouble white nationalists committed to a preserving America’s European character, for, however slanted, it contains a not insignificant kernel of truth. My intent here is not to revisit this interpretation of our history, but to look at a development that puts it in a different racial perspective. So as not to wander too far afield, let me simply posit (rather than prove) that the de-Europeanizing forces assailing America’s white population are only superficially rooted in the Puritan heritage. The Low Church fanatics who abandoned their English motherland and inclined America to a biblical enterprise, despite their intent, could not escape their racial nature, which influenced virtually every facet of early American life. Indeed, the paradox of America is that it began not simply as a rejection but also as a projection of Europe. Thus, beyond their ambivalent relationship to Europe, Americans (until relatively recently) never had any doubt that their race and High Culture were European. As such, they showed all the defining characteristics of the white race, taming the North American continent with little more than rifles slung across their backs, and doing so in the European spirit of self-help, self-reliance, and fearlessness. As Francis Parker Yockey writes: “America belongs spiritually, and will always belong to the [European] civilization of which it is a colonial transplantation, and no part of the true America belongs to the primitivity of the barbarians and fellaheen outside of this civilization.”[5]

As long, then, as Americans were of Anglo-Celtic (or European) stock, with racially conscious standards, their Calvinist or liberal ideology remained of secondary importance. Our present malaise, I would argue, stems less from these ideological influences (however retarding) than from a more recent development—the Second World War—whose world-transforming effects were responsible for distorting and inverting our already tenuous relationship to Europe. For once our motherland was conquered and occupied (what the apologists of the present regime ironically refer to as its “liberation”) and once the new postwar system of transnational capital was put in place, a New Class of powers with a vested interest in de-Europeanizing America’s white population was allowed to assume command of American life. The result is the present multiracial system, whose inversion of the natural order negates the primacy of our origins and promises our extinction as a race and a culture. The only possibility of escaping its annihilating fate would seem, then, to be another revolutionary transformation of the world order—one that would throw the existing order into crisis and pose an alternative model of white existence. The “Paris-Berlin-Moscow Axis” formed during the recent Iraq war, I believe, holds out such a possibility.

Genesis of an Axis

As part of its Mobiles Géopolitique series, the Franco-Swiss publisher L’Age d’Homme announced in April 2002 the release of Paris-Berlin-Moscou: La voie de l’indépendance et de la paix (Paris-Berlin-Moscow: The Way of Peace and Independence). Authored by Henri de Grossouvre, the youngest son of a prominent Socialist party politician, and prefaced by General Pierre Marie Gallois, France’s premier geostrategic thinker, Paris-Berlin-Moscou argued that Europe would never regain its sovereignty unless it threw off American suzerainty and did so in alliance with Russia.

In recommending a strategic alliance between France, Germany, and Russia for the sake of a Eurasian federation stretching from the Atlantic to the Pacific, Grossouvre’s thesis seemed entirely utopian. For although the prospect of such an alliance had long animated the imagination of revolutionary nationalists, it seemed more fantasy than possibility, even when proposed by a well-connected and reputable member of the governing elites. Fantasy, however, rather unexpectedly took hold of the international arena. Within months of the book’s publication, its thesis assumed a life of its own, as the new Likudized administration in Washington started beating the drums for another war on Iraq.

The axis and the war it sought to avoid will be looked at in the following sections. Here, a few words on Grossouvre’s book are in order, for, besides being one of those novel cases where life seemed to imitate art, it stirred the European public, was extensively reviewed, led to the organization of several international conferences attended by diplomats, military leaders, and parliamentarians, and culminated in a website with over two thousand pages of documentation.[6] Its effect on the European—especially on the anti-liberal—spirit has been profound. If the axis it proposes is stabilized as an enduring feature of the international order (and much favors that), a realignment as significant as 1945 could follow.

Paris-Berlin-Moscou begins by acknowledging the common values linking America and Europe, the so-called Atlantic community, as well as the US role in guaranteeing European security during the Cold War. On both these counts, the author’s establishment ties are evident, for no anti-liberal views the Atlantic relationship in quite such uncritical terms. Nevertheless, in arguing that these two factors no longer justify Europe’s dependence on the United States, he breaks with the prevailing system (or at least what was the prevailing system) of strategic thought.

In Grossouvre’s view, Europe’s geopolitical relationship to the United States was fundamentally altered between 1989 and 1991, when Eastern Europe threw off its Soviet yoke, Germany reunified, and Russia called off the Communist experiment begun in 1917. Then, as Europe’s strategic dependence on the US came to an end, so too did its heteronomy.[7] Moreover, it is only a matter of time, Grossouvre predicts, before Russia recovers, China develops, and US power is again challenged. In the meantime, US efforts to perpetuate its supremacy, defend its neo-liberal system of global market relations, and stifle potential threats to its dominance are transforming it into a force of international instability. But even if this were not the case, Grossouvre contends that Europeans would still need to separate themselves from America’s New World Order (NWO), for their independence as a people is neither a luxury nor a vanity, but requisite to their survival.[8] For as Carl Schmitt contends, it is only in politically asserting itself that a people truly exists—conscious of its place in history, oriented to the future, and secure in its identity.[9]

Europe’s ascent—and here Grossouvre most distinguishes himself from the reigning consensus—will owe little to the European Union (EU). Although its GNP is now approaching that of the US; its share of world imports and exports is larger; its manufacturing capacity and productivity are greater; its population is larger, more skilled, and better educated; its currency, the euro, sounder; and its indebtedness qualitatively lower, the EU does not serve Europe in any civilizational sense.[10] Its huge unwieldy bureaucracy serves only Mammon, which means it lacks a meaningful political identity and hence the means to play an international role commensurate with its immense economic power. It indeed caricatures the “European idea,” representing a technocratic economism without roots and without memory, focused on market exchanges and financial orthodoxies that are closer in spirit to America’s neo-liberal model than to anything native to Europe’s own tradition. (As one French rightist argues, “Every time the technocrats in Brussels speak, they profane the idea of Europe.”)[11] The EU’s growth has, in fact, gone hand in hand with the weakening of its various member states—and the corresponding failure to replace them with a continental or federal alternative.[12] Given its current enlargement to twenty-five members, political unity has become an even more remote prospect, particularly in that many of the new East European members lack any sense of the European idea.

A strong centralized state, however, is key to Europe’s future. Since the Second World War, power is necessarily continental: Only a Großraum (large space), a geopolitically unified realm animated by a “distinct political idea,” has a role to play in today’s world.[13] Yet even with the dissolution of the East-West bloc, a continental state is not likely to emerge from the EU’s expanding market system. If earlier state-building is any guide (think of Garibaldi’s Italy, Kara-George’s Serbia, Pearse’s Ireland, or Washington’s America), political unification requires a vision, a mobilizing project, emanating from a history of blood and struggle. As Jean Thiriart writes: “One does not create a nation with speeches, pious talk, and banquets. One creates a nation with rifles, martyrs, jointly lived dangers.”[14] For Grossouvre, this mobilizing vision is De Gaulle’s Grande Europe: a political-civilizational Großraum pivoted on a Franco-German confederation (encompassing Charlemagne’s Francs de l’Ouest et Francs de l’Est), allied with Russia, and forged in opposition to the modern Carthage.

The three great continental peoples, he believes, constitute the potential “core” around which a politically federated Europe will coalesce. Like De Gaulle, who refused to accept his country’s defeat in 1940 and who fought all the rest of his life against the conquerors of 1945, Grossouvre views the entwined cultures of the French, Germans, and Russians as fundamentally different from les Anglo-Saxons (the English and the Americans), whose thalassocratic, Low Church, and market-based order favors a rootless, economic definition of national life. Accordingly, for most of her history, with the tragic exception of the 1870–1940 period, France’s great enemy was “perfidious Albion,” not Germany.[15] Then, after 1945, this larger historical relationship was resumed, as numerous cooperative ventures succeeded in blunting nationalist antagonisms—to the point that war between them is now inconceivable.[16] Finally, in 1963, when De Gaulle and Konrad Adenauer signed the Treaty of Elysée, their reconciliation was formalized on the basis of an institutionalized system of social, economic, and political collaborations. Their supranational commitment to Europe has since had a powerful synergetic effect, influencing virtually every significant measure undertaken in the name of continental unity. The complementary nature of these closely related peoples has, in fact, triumphed over the political disunity that came with the Treaty of Verdun (843).[17] While a confederation between France and Germany is probably still on the distant horizon, the history of the last 60 years suggests that their national projects are converging.[18] Until then, they are likely to continue to speak with a single voice, for France and Germany are more than two states among the EU’s twenty-five. In addition to being the crucible of European civilization, their combined populations (142 million), their economic power (41 per cent of the EU), and, above all, their capacity to transcend national interests make them special—the nucleus, the motor, the vanguard of a potentially united Europe. Whatever political organization the EU eventually achieves will undoubtedly be one of their doing.

A somewhat different convergence is also under way in the East. The fall of the Berlin Wall in 1989 and Germany’s ensuing reunification shifted Europe’s center of gravity eastward. The EU’s enlargement to Eastern Europe this year moved it even farther in this direction. The consolidation of Europe’s eastward expansion hinges, though, on Russia, whose white, Christian people, as the historian Dieter Groh argues, represents one of the great primeval stirrings of the European conscience.[19] (It was the Roman Catholic Church, in its schism with Orthodox Christianity in 1054, not Russia’s history, culture, or racial disposition that kept it from being recognized as a European nation.) France has ancient ties with Russia and today shares many of the same geopolitical interests. But it is Germany that is now most involved in Russian life. She is Russia’s chief trading partner, her banks are the chief source of Russian investment capital, and her 1800 implanted entrepreneurs the leading edge of Russian economic development.[20] Thanks to these ties, along with bimonthly meetings between Russia’s Vladimir Putin and Germany’s Gerhard Schröder, Russia is presently engaged in numerous joint ventures with the EU. Together, they have put seven communications satellites into orbit, developed a global positioning system (Galileo) to rival the American one (GPS), signed numerous agreements in the field of aerospace research, given one another consultative voice in the other’s military operations, upgraded and expanded the roads, canals, and railways linking them, brokered a series of deals related to gas and energy, and established an elaborate system of cultural exchanges. Visa-free travel between Russia and the EU is expected by 2007. And though Russia is too big to be integrated into the EU, she is nevertheless developing relations with it that portend ones of even greater strategic significance.

Russia also sees its future in Europe. Since the collapse of Communism and the imposition of what critical observers characterize as a “Second Treaty of Versailles,” it has been on life-support.[21] The economy is in shambles, the state discredited, society afflicted with various pathologies, and its former empire shattered. The appointment of Vladimir Putin in 1999 and his subsequent election as president in 2000 and again in 2004 represent a potential turnaround (even if he is not the ideal person to lead Russia). Full recovery is probably still far off, but it has begun and Europe—its capital, markets, and expertise—is necessary to it. Putin also believes Europe’s growing estrangement from America’s unilateral model of hegemony will eventually lead it into a collective security pact with Russia.[22] Having distanced himself from the pro-American regime of the corrupt Yeltsin, whose liberal market policies were an excuse to plunder the accumulated wealth of the Russian people, and having had his various efforts at rapprochement rebuffed by the Bush administration (which continues to encroach on Russia’s historical spheres of interest), this Deutsche im Kreml now looks to exploit his German connections to gain a wedge in European affairs.[23]

His Eurocentric policies are already assuming strategic form, for Russia’s vast oil reserves have the potential of satisfying all of Europe’s energy needs. (As russophobes say, Russia will build her hegemony in Europe with pipelines.) To consolidate these emerging East-West exchanges, Russia has recently received a €400 million grant to modernize its institutional, legal, and administration apparatus to accord with the EU’s. At the same time, tariffs on Russian imports have been slashed (50 percent of Russian exports now go to the EU) and the EU is sponsoring Russia’s admission to the World Trade Organization. Putin’s arrest of the oligarch Mikhail Khodorkovsky, one of the principal proponents of US-style “casino capitalism,” and the seizure of his massive Yukos oil concern, the resignation of the last Yeltsin holdovers, especially Alexander Voloshin; and an ongoing series of internal reforms, however incomplete, represent further steps toward a restoration of Russian state power.[24] Finally, Russia possesses the military capacity, even in its debilitated state, to guarantee Europe’s security, for in a period when America’s “new liberal imperialism” runs roughshod over European concerns, threatening endless conflicts detrimental to their interests, Russia suddenly becomes a credible defense alternative.[25]

Grossouvre concludes that an axis based on France’s political leadership, Germany’s world class economy, and Russia’s military might represent the potential nucleus of a future Eurasian state. Five distinct advantages, he argues, would follow from such a rapprochement: It would guarantee Europe’s independence from America, correct certain imbalances in the globalization process, enhance the EU’s security, solve its energy needs, and complement the different qualities of its allied members. If such an axis draws the chief continental powers into a more enduring alliance, it will inevitably reshape the international order, making the white men of the North—the Boreans—the single most formidable force in the world.[26] It should come as no surprise, then, that Grossouvre’s most strident critics are to be found in those former left-wing Jewish ranks (as represented by Bernard-Henri Lévy, André Gluckmann, Alain Finkielkraut, etc.), who, like our home-grown neocons, champion the raceless, deculturated policies of Washington’s New World Order.

Notes

1. Samuel P. Huntington, Who Are We? The Challenge to America’s National Identity (New York: Simon and Schuster, 2004), pp. 264ff.

2. Francis Parker Yockey, The Enemy of Europe (Reedy, W.V,: Liberty Bell Publications, 1981). In this same period, a related argument can be found in the works of Maurice Bardèche, Julius Evola, Otto Strasser, and, later, Jean Thiriart.

3. For example: Claudio Finzi, “‘Europe’ et ‘Occident’: Deux concepts antagonistes,” Vouloir (May 1994); Guillaume Faye, Le système à tuer les peuples (Paris: Copernic, 1981).

4. For example, Robert de Herte (Alain de Benoist) et Hans-Jürgen Nigra (Giorgio Locchi), “Il était une fois l’Amérique,” Nouvelle Ecole 27–28 (Fall 1975); Robert Steuckers, “La menace culturelle américaine” (January 16, 1990), http://foster.20megsfree.com [2]; Reinhard Oberlercher, “Wesen und Verfall Amerikas” (n.d.), http://www.deutsches-kolleg.org [3]

5. Francis Parker Yockey, “The Destiny of America” (1955), http://www.counter-currents.com/2011/06/the-destiny-of-america/ [4]

7. Emmanuel Todd, Après l’empire: Essai sur la décomposition du système américain (Paris: Gallimard, 2002); Charles A. Kupchan, The End of the American Era: U.S. Foreign Policy and the Geopolitics of the 21st Century (New York: Knopf, 2002).

8 Henri de Grossouvre, Paris-Berlin-Moscou: La voie de l’indépendence et de la paix (Lausanne: L’Age d’Homme, 2002), p. 47.

9 Carl Schmitt, The Concept of the Political, tr. by G. Schwab (Chicago: University of Chicago Press, 1996), p. 53.

10 Robert Went, “Globalization: Can Europe Make a Difference?,” EAEPE 2003 conference paper, http://eaepe.infomics.nl/papers/Went.pdf [6]

11. Louis Vinteuil, “Discours sur l’Europe” (July 20, 2004), http://www.voxnr.com

12. Pierre-Marie Gallois, Le consentement fatal: L’Europe face aux Etats-Unis (Paris: Seuil, 2001).

13. In 1943, at the height of the Second World War, Pierre Drieu La Rochelle wrote: “The national era has come to an end and an age of [continental] empires is dawning.” See Révolution Nationale: Articles 1943–44 (Paris: L’Homme Libre, 2004), p. 7. Theoretically, the notion of a European Großraum was worked out in Carl Schmitt, Der Nomos der Erde im Völkerrecht des Jus Publicum Europaeum (Cologne: Greven Verlag, 1950); its most impressive programmatic formulation is Jean Thiriart, Un empire de 400 millions d’hommes: L’Europe (Brussels, 1964).

14. Jean Thiriart, For the European Nation-State (Paraparaumu, NZ: Renaissance Press Pamphlet,  n.d.).

15. Pauline Schnapper, La Grande Bretagne et l’Europe: Le grand malentendu (Paris: Eds. Presses de Sciences Po, 2000); Christian Schubert, Grossbritannien: Insel zwischen den Welten (Munich: Olzog, 2004).

16. Brigitte Sauzay, “L’Allemagne et la France: Quel avenir pour la coopération?” (n.d.), http://geogate.geographie.uni-marburg.de [7]

17. This treaty divided Charlemagne’s empire, separating the Germanic tribes of the West from those of the East. In one respect, the fratricidal history of nineteenth and twentieth century nationalism was a history of this separation.

18. Blanine Milcent, “La ‘Françallemagne’ attendra,” L’Express, December 11, 2003.

19. Dieter Groh, Russland und das Selbstverständis Europas (Neuwied: Luchterhand Verlag, 1961). Also see Georges Nivat, Russie-Europe: La fin du schisme (Lausanne: L’Age d’Homme, 1993); Andreas-Renatus Hartmann, “Die neue Nachbarschaftspolitik der Europäischen Union” (April 16, 2004), http://www.boschlektoren.de [8]

20. Klaus Thörner, “Das deutsche Spiel mit Russland” (February 2003), http://www.diploweb.com

21. Nikolai von Kreitor, “Russia and the New World Order” (1996). Published years before the Iraq war, Kreitor’s article is perhaps the single most important analysis to have been made of the international situation leading up to the war. My views here are much indebted to it.

22. Wladimir Putin, “Russland glaubt an die große Zukunft der Partnerschaft mit Deutschland,” Die Zeit (April 10, 2002).

23. Alexander Rahr, “Ist Putin der ‘Deutsche’ im Kreml?” (September 2002), http://www.weltpolitik.com [9]

24. Jacques Sapir, “Russia, Yukos, and the Elections” (February 2004), worldoil.com ; “Poutine restaure l’Etat: Un entretien avec Jacques Sapir,” Politis 774 (November 6, 2002); Wolfgang Strauss, “Putin oder Chodorkowski: 14. März, eine Niederlage Amerikas” (March 29, 2004), http://staatsbriefe.de [10]

25. One sign of this capacity is the fact that in 2003, Russia became the world’s number one arms exporter. See P. Schleiter, “Defense, securité, relations internationales” (April 25, 2004), http://www.polemia.com [11]; also Yevgeny Bendersky, “Keep a Watchful Eye on Russia’s Military Technology” (July 21, 2004), http://www.pinr.com [12]

26. The notion of a possible northern imperium of white men is taken from Guillaume Faye, Le coup d’Etat mondial: Essai sur le Nouvel Impérialisme Américain (Paris: L’Æncre, 2004), pp. 183ff. On the myth of the Boreans (or Hyperboreans), see Jean Mabire, Thulé: Le soleil retrouvé des hyperboréens (Lyon: Irminsul, n.d.).

Boreas Rising:
White Nationalism & the Geopolitics of the Paris-Berlin-Moscow Axis, Part 2

A Defensive Alignment

The Paris-Berlin-Moscow axis arose in reaction to the Second American War on Iraq. It needs thus to be understood in the context of that war, which the Bush administration treated as the second phase of its war on terror, the first being the invasion of Afghanistan and the assault on the Taliban regime harboring bin Laden’s al-Qa’ida (both of which, incidentally, were, via the CIA and Pakistan’s ISI, made in the USA).[1] However much it resembled the Anglo-Afghan and Russo-Afghan wars of the nineteenth century, the American assault on Afghanistan did not provoke the kind of opposition that Iraq would, for there was still enormous sympathy for the US after “9/11.” “Victory,” moreover, came quickly, as it had for all former conquerors. The Taliban were chased from Kabul and the warring tribes associated with the US-supported Northern Alliance, which did most of the fighting on the ground, soon gained control of the countryside. While Afghanistan has since reverted to a pre-state form of regional, tribal rule (ideal for narco-terrorists) and most al-Qa’ida fighters succeeded in dispersing, the Bush administration was nevertheless able to broadcast publicly satisfying TV images of swift, forceful action.[2]

Buoyed up by the nearly effortless rout of the medieval Taliban, Bush adopted the policies recommended by his neoconservative advisers,[3] whose neo-Jacobin assertion of American power not only has nothing to do with fighting Islamic terrorism, but cloaks a Judeo-liberal vision of global domination which threatens to turn the entire Middle East into something akin to Israel’s occupation of the West Bank. Key to their vision is Iraq, whose threat to Israel has been repackaged by such Jewish propaganda mills as the Project for the New American Century as a threat to US security. Besides promoting a peculiar blend of liberal statist and Zionist strategic concerns that represents a turn (not a break) in US foreign policy, the Krauthammers, Wolfowitzes, and other sickly neocon types advising the administration seek to “Sharonize” Washington’s strategic culture. To this end, military force is designated the option of choice, and a moralistic Manichaeanism which pits the US and Israel against the world’s alleged evils is used to legitimate the most dishonorable policies.[4] As the former wastrel of the Bush dynasty signed on to this Likud-inspired agenda, he began making a case for extending his antiterror crusade to Mesopotamia. Iraq’s “Hitler-like tyrant,” he claimed, had links with al-Qa’ida and weapons of mass destruction (WMD) capable of reaching the United States.

While America’s TV-besotted masses had little difficulty swallowing his unsubstantiated argument, the rest of the world balked.[5] At this point in early 2002, the two shores of the Atlantic began pulling apart. German chancellor Gerhard Schröder was the first major European figure to oppose Bush’s war plans. He was soon joined by French president Jacques Chirac. In July 2002 they issued a joint declaration formally rejecting the US proposal, stating that the UN’s embargo and its inspectors were doing their job and that the proposed attack would only distract from the “real war on terror.” By September, Russia (whose economic situation required the good graces of Washington) hinted that it too would veto a UN resolution sanctioning war. Then, on February 10, 2003, Putin joined Chirac and Schröder in issuing a declaration condemning what one senior US intelligence officer later called “an avaricious, premeditated, unprovoked war against a foe who posed no immediate threat.”[6]

The Paris-Berlin-Moscow axis thus originated as a temporary coalition organized around a single point of agreement. Convinced that Bush had failed to make his case for war, the French, Germans, and Russians thought the evidence for al-Qa’ida links and WMD was unconvincing (we know now, by the government’s own admissions, that it was a tissue of lies, distortions, and manipulations).[7] Their coalition was nevertheless more than a response to a momentary disturbance in the world system. As one high-level Russian analyst characterized it, the coalition was a “rebellion against a unilateral America unwilling to accommodate European interests.”[8] As such, it announced a possible geopolitical power shift from the Atlantic to Eurasia.

Globalism at Gunpoint

Since the Cold War’s end, international relations have undergone changes as fundamental as those following the world-historical realignment of 1945.[9] The neoconservatives influencing Bush, in their preemptive crusade for what is tendentiously labeled “global democracy,” have been anxious to take advantage of these “shifting tectonic plates in international politics . . . before they harden again.”[10] As Robert Kagan and William Kristol, two of the chief neocon publicists, argue: There is a danger today that an unassertive US will lose control of the world order it created in 1945. Beginning with the fall of the Soviet Union, when the field was cleared of possible rivals, they believe the US should have consolidated its “benevolent hegemony,” turning the unipolar moment into the unipolar era. Instead, George I and Clinton allegedly failed to exploit the moment, further ensnaring the US in multilateral relations that compromised its power and interests.[11]

Against this trend, the Bush administration has carried out what some characterize as a “revolution in foreign policy.” Without abandoning Washington’s objective of developing a global market system based on American-style liberal-democratic principles, it now employs hegemonist methods, codified in the new Bush Doctrine, that change the way the US asserts its power abroad.[12] In this vein, the administration dismisses international laws and institutions, as it asseverates America’s unilateral right to alter the world system however it wishes, including attacking and overthrowing states deemed a threat to its security. Traditional strategies of deterrence and containment have consequently been supplanted by a proactive policy of prevention and preemption, just as ad hoc coalitions are given precedence over established alliances and collective security arrangements, regime change over negotiations with “failed” states, and ideological goals over previous notions of the national interest.[13]

The entire tenor of American power has thus altered, but against those who claim Bush has abandoned the core assumptions of the liberal internationalist tradition, the conservative Andrew J. Bacevich points out that his foreign policy innovations are largely methodological in character. For the past half century, no matter which party occupied the White House, US policy has pursued a single overarching goal: “global openness”—as in Hay’s “Open Door” imperialism—which promotes the movement of goods, peoples, and fashions into and out of world markets for the sake of US capitalist concerns.[14] Moreover, in assuming responsibility for this integrated international trading system—this “empire”—the US wins the right not only “to sell Big Macs and Disney products round the world,” but to govern the system itself.

While Bacevich’s argument is an excellent foil to those seeking to portray Bush as a revolutionary—somehow different from the Democrats who have manipulated the United States into most of the 20th century wars and played a leading role in semantically transforming “democracy” and “human rights” into the totalitarian double-speak of the NWO—Bacevich nevertheless ignores the different ways in which the two parties implement their liberal internationalist principles. Republicans, especially since Reagan, are inclined to see the growth of US national power as the precondition for sustaining their imperial system, while Democrats look to the universalization and institutionalization of their liberal principles. This disposes Republicans to a unipolar model of liberal internationalism based on military supremacy, unlike Democrats, who favor a world-government model emphasizing the economic facets of globalization and the need for international regulation. (Lately, though, the Democratic world-government types, if such influential liberal internationalists as those associated with Richard Haas of the Council on Foreign Relations and Helmut Sonnenfeldt of the Brookings Institution are any guide, seem increasingly disposed to the unipolar model; John Kerry’s neocon cloning of Bush’s foreign policy also suggests a shift toward the Republican vision.) But whether pursued by Republicans or Democrats, this liberal internationalist agenda, with its emphasis on the antitraditional and anti-Aryan forces of free trade, free markets, and open societies, has been a bane to white people everywhere—for it wars against “the fundamental value of blood and race as creators of true civilization.”[15]

In pressing into areas which were off-limits during the Cold War, Washington’s imperial market system has become increasingly aggressive. Under Clinton, the Weinberger/Powell Doctrine of avoiding military engagements unless absolutely necessary was discarded, as the “unipolar moment” ushered in by the Soviet collapse was treated as a blank check for “intervening practically wherever and whenever it chose.” In this spirit, Clinton’s Secretary of State contemplated invading Iraq and disparaged the principle of national sovereignty. Her distinction between war and the use of military force has since reoriented US policy, as military interventions overseas cease being labeled wars and become armed forms of “humanitarianism.”[16] Finally, the Clinton Doctrine of Enlargement, in championing the worldwide spread of US-style democracy and free markets (that is, the globalist assault on national identity and national institutions), privileged unilateralism (rechristened “assertive multilateralism”) over containment and disarmament.[17]

Although he avoided Bush’s swaggering brand of leadership, Clinton was only slightly less coercive in promoting the totalitarian ideology of openness.[18] It is hardly irrelevant that Iraq was bombed nearly every day of his administration, that Bosnia was turned into a US military protectorate, and that unilateral military action, in one of the great “war crimes” of the 20th century, was taken against Serbia. Though smaller in scale than Operation Iraqi Freedom, the terrorist air assault on this proud little country (whose historical role was the defense of the white borderlands) aimed at “spreading democracy” for the sake of openness. Symptomatic of the “openness” Washington favors, the Albanian Liberation Front (UCK), an Islamic, drug-smuggling, terrorist mafia with links to al-Qa’ida, was armed and trained by Clinton’s government and a quarter million Christian Serbs, whose nationalist aspirations represented an affront to the New World Order, were ethnically cleansed from Kosovo.[19] These interventions by the Clintonistas also played a leading role in destabilizing the international state system, giving rise to new stateless groups whose megaterrorism is historically unprecedented. The horror of 9/11 and the unfathomable massacre of Russian children at Beslan, not to mention numerous lesser affronts to our humanity, have roots in Clinton’s Yugoslavian intervention. Bush has simply accelerated this process, which is nourishing new, more nihilistic forms of terrorism.[20]

Although he came into office complaining of Clinton’s immodest foreign policy, Bush II has actually gone further, introducing methods which removed the existing restraints on Washington’s use of military force and whatever reservation it might have in violating national sovereignty.[21] Like Clinton, he is a man beholden to alien and dishonorable interests, and inspired by a juvenile notion of power. His “faith-based foreign policy,” like the alley-cat policies of his predecessor, privileges the liberalization of global trade relations, imposes the cosmopolitan imperatives of his corporate supporters on virtually every issue pertinent to the nation’s biocultural welfare, rejects the American tradition of “isolationism,” and runs roughshod over whoever resists an order hostile to ethnocultural particularisms (unless they take innocuous folkloric forms). He might differ with Clinton in favoring a missile defense system, a different approach to China, and a Likudnik rather than a Laborite Zionism, but he is no less committed to a global system of market democracies “open to trade and investment, and policed by the United States.” As one Marxist puts it: “Playboy Clinton, Cowboy Bush, same policy.”[22] With his “Judeo-Protestant” rhetoric of American exceptionalism and his willingness to remove the velvet glove from America’s mailed fist, Bush’s “jackbooted Wilsonianism” differs from that of his predecessor mainly in linking economic globalization to “military modernization.”

As the neoconservatives Thomas Barnett and Henry Gaffney argue, the Bush Doctrine ought to be viewed as a necessary complement to the globalizing process. They claim that before 9/11 globalization (which much of the world identifies with Americanization) was mainly economic, thought best left to business. The collapse of the Twin Towers has since (allegedly) triggered a more serious reflection on America’s role as globalism’s “system administrator.” In their view, bin Laden’s al-Qa’ida, Saddam Hussein’s Iraq, and all the “rogue states”—Bush’s “axis of evil”—act as “dangerous disconnects” from a world based on interdependence and a single framework of economic governance. (Although they refrain from taking their argument to its logical conclusion, globalization here is inadvertently revealed as the harbinger of global terror.)[23] Faced with these threats to its one-world system, the market not only needs to be policed, the US has a responsibility to maintain its harmonious functioning. Bush’s unilateralist use of force, in applying military power whenever violent “disconnects” interrupt the international flow of labor, raw materials, and energy, Barnett and Gaffney argue, aims at ensuring the security and operability of the globalizing process.[24] But what they do not mention is that once economic globalization is joined with “military globalization,” the globalizing process is not so much ensured as altered, becoming less a neutral extension of economic trends (not that it ever was simply that) and more a classic expression of imperial power. In Iraq, for instance, the American army had no sooner occupied Baghdad than its neoconservative viceroy, Paul Bremer, began to dismantle the Iraqi state, privatize the economy, open the borders to unrestricted imports (unless they came from France or Germany), and, within two weeks of his arrival, had declared that Iraq was “now open for business.”[25]

September 11, then, did not change the long-range goal of US foreign policy (global openness), only the way in which it was pursued. The restraints on military force, already compromised under Clinton, were formally thrown off and a proactive doctrine of preemption superseded the more reactive methods of containment and disarmament. At the same time, Clinton’s human rights rhetoric and “humanitarian” militarism were jettisoned for the bellicose language of “strategic vital interests” and “imperial responsibilities.” It would be misleading, however, to think the transatlantic rift was due solely to Bush’s militaristic assertion of US global interests. Long before 9/11, real policy differences had begun to emerge: over trade; agriculture; armament exports; relations with Cuba, Iran, and Korea; the Palestinian-Israeli conflict; the Echelon economic espionage system monitoring European faxes, e-mails, and phone calls; the Kyoto Protocol; globalization; the abrogation of the ABM treaty; the euro and the dollar, etc. All these differences, in one way or another, reflected Europe’s unwillingness to remain a pawn on Washington’s global chessboard.[26] In the year leading up to Iraq, as Europe sought to check Bush’s unilateralist moves, the transatlantic relationship went into crisis, forcing France and Germany to assert their autonomy sooner than they might otherwise have intended.[27]

Notes

 

1. Alexandre del Valle, Islamisme et Etats-Unis: Une alliance contre l’Europe (Laussanne: L’Age d’Homme, 1999).

2. Justin Raimondo, “Afghanistan: The Forgotten War” (June 21, 2004), http://antiwar.com; Elaine Sciolino, “NATO Chief Offers Bleak Analysis,” New York Times, July 3, 2004.

3. Louis R. Browning, “Bioculture: A New Perspective for the Evolution of Western Populations,” The Occidental Quarterly 4(1) (Spring 2004).

4. There is still no satisfactory treatment of neocon foreign policy. One of the better recent ones, although highly flawed, especially in ignoring its Jewish roots, is Stefan Halper and Jonathan Clarke, America Alone: Neo-Conservativism and the Global Order (Cambridge: Cambridge University Press, 2004). On neoconservatism’s racial basis, see Kevin MacDonald, “Understanding Jewish Influence III: Neoconservatism As a Jewish Movement,” The Occidental Quarterly 4(2) (Summer 2004). The previous, and in many ways, still existing strategic basis of U.S. policy is perhaps best represented by Zbigniew Brzezinski, The Grand Chessboard: American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (New York: Basic Books, 1997). On the larger historical contours of U.S. foreign policy, see Walter A. McDougall, Promised Land, Crusader State: The American Encounter with the World since 1776 (New York: Houghton Mifflin, 1997).

5. John Le Carré, “The United States Has Gone Completely Mad,” London Times, January 15, 2003. With some irony, one Russian general, Leonid Ivashov, characterized the U.S. media coverage of the war debate (and not simply that of Fox News) as something one might expect in a “police state.” See Johannes Voswinkel, “Schmallippig im Kreml,” Die Zeit (15/2003). For one of the more interesting critiques of the controlled media’s role in mobilizing the population behind Bush’s crusade, see David Miller, “Caught in the Matrix” (April 26, 2004), http://www.scoop.co.nz [2]

6. The anonymous author of Imperial Hubris (2004), quoted in Julian Borgen, “Bush Told He Is Playing into Bin Laden’s Hands,” The Guardian, June 19, 2004.

7. Andrew Buncombe, “Carter Savages Bush and Blair,” The Independent, March 27, 2004; David Corn, The Lies of George W. Bush (New York: Three Rivers Press, 2004); F.-B. Huyghe, “Pour en finir avec les ADM” (February 2004), http://vigirak.com [3]; the Carnegie Endowment for International Peace, “WMD in Iraq” (January 2004), http://www.ceip.org [4]

8. Viatcheslav Dachitchev, “La Turkie doit-elle faire partie de l’Europe?” (July 8, 2004), http://www.voxnr.com [5]

9. Gabriel Kolko, “The U.S. Must Be Contained: The Coming Elections and the Future of American Global Power” (March 12, 2004), http://www.counterpunch.org [6]; Robert L. Hutchins, “The World after Iraq” (April 8, 2003), http://www.cia.gov

10. Norm Dixon, “What’s behind War on Terrorism? (September 2002), www.globalresearch.ca [7]

11. Robert Kagan and William Kristol, “The Present Danger,” The National Interest 59 (Spring 2000).

12. The Bush Doctrine was elaborated in three key documents, which can be accessed at http://www.whitehouse.gov [8].  They are: “Presidential Speech of 17 September 2001,” “President Bush Delivers Graduation Speech at West Point” (June 1, 2002), “The National Security Strategy of the United States of America” (September 2002).

13. François Géré, “La nouvelle stratégie des Etats-Unis” (May 2002), http://www.diploweb.com [9]; Ivo H. Daalder and John M. Lindsay, America Unbound: The Bush Revolution in Foreign Policy (Washington: Brookings Institution Press, 2003), p. 13; Chalmers Johnson, “Sorrows of Empire” (November 2003), http://www.fpif.org [10]

14. Andrew J. Bacevich, American Empire: The Realities and Consequences of U.S. Diplomacy (Cambridge: Harvard University Press, 2002).

15. Julius Evola, Three Aspects of the Jewish Problem (N.P.: Thomkins & Cariou, 2003), p. 36.

16. Thomas W. Lippman, Madeleine Albright and the New American Diplomacy (Boulder: Westview Press, 2004). In his treatment of the subject, James Mann suggests (correctly, in my view) that the move to military assertiveness begins, haphazardly, with George I. See Rise of the Vulcans: The History of Bush’s War Cabinet (New York: Viking, 2004), pp. 179–97.

17. Phillipe Grasset, “Finalement, Clinton sera-t-il réélu?” (June 25, 2004), http://www.dedefensa.org [11]

18. Nikolai von Kreitor, “American Political Theology” (n.d.), http://foster.20megsfree.com [12]; Mann, Rise of the Vulcans, pp. 214–15.

19. Michael A. Weinstein, “Containment or Concessions: The Eclipse of Regime Change” (June 28, 2004), http://www.yellowtimes.org [13]; Hunt Tooley, “The Bipartisan War Machine” (September 17, 2003), http://www.mises.org [14]; Pierre M. Gallois, La sang du pêtrole: Bosnie (Lausanne: L’Age d’Homme, 1996).

20. Brendan O’Neill, “Beslan: The Real International Connection” (8 September 2004), http://www.spiked-online.com [15]; David Halberstam, War in a Time of Peace: Bush, Clinton and the Generals (New York: Scribner, 2001).

21. Bacevich, American Empire, p. 199; Daalder and Lindsay, America Unbound, pp. 36–40.

22. Samir Amin, “Le contrôle militaire de la planète” (February 17, 2003), http://www.alternatives.ca [16]

23. “Globalization inevitably generates global terror. For if the U.S. claims the entire planet as its sphere of vital interests, then all the territory of the U.S. becomes a possible sphere of vital interests for global terrorists.” See Alexander Dugin, “Premiers signes de l’apocalypse” (October 18, 2004), http://www.voxnr.com [17]

24. Thomas Barnett and Henry Gaffney, “Operation Iraqi Freedom Could Be the First Step toward a Larger Goal: True Globalization,” Military Officer 1(5) (May 2003); also Thomas Barnett, The Pentagon’s New Map: War and Peace in the 21st Century (New York: Putnam, 2004). Cf. Alain Joxe, “Les enjeux stratégiques globaux après la guerre d’Iraq” (May 27, 2003), http:www.ehess.fr [17]

25. Naomi Klein, “Baghdad Year Zero: Pillaging Iraq in Pursuit of a Neocon Utopia,” Harper’s Bazaar (September 2004).

26. Charles A. Kupchan, “The End of the West,” The Atlantic Monthly (November 2002).

27. Europe’s growing alienation from the U.S. is thus not just about the latter’s unilateralist bullying. In addition to the above cited issues, it also touches on the drug-running, mafia, terrorist, and espionage networks that the U.S. operates in Europe. For example, see Rémi Kaufer, L’arme de la désinformation: Les multinationales américains en guerre contre l’Europe (Paris: Grasset, 1999); Xavier Rauffer, Le grand réveil des mafias (Paris: Lattés, 2003); Karl Richter, Tödliche Bedrohung USA: Waffen und Szenarien der globalen Herrschaft (Tübingen: Hohenrain Verlag, 2004); Alexander del Valle, Guerres contre l’Europe (Paris: Syrtes, 2001); Robert Steuckers, “Espionage par satellites, guerre cognitive, manipulation par les mafias” (November 2003), http://www.centrostudaruna.it; Thierry Meyssen, “Propagande états-unien” (January 2, 2003), http://www.reseauvoltaire.net [18]

Boreas Rising:
White Nationalism & the Geopolitics of the Paris-Berlin-Moscow Axis, Part 3

A Promising Rapprochement

In the last instance, the US-European rift of 2002–2003 followed from the Cold War’s end, which destroyed the rationale for the transatlantic alliance and hence the restraints on European autonomy. For without the Red Army on the Elbe, Europe was no longer obliged to take orders from the West Wing. Because NATO has outlived its usefulness and Bush’s unipolar security system made no accommodation to Europe’s post-Cold War status, the more self-confident Europeans have begun to distance themselves from Washington.

However headline-capturing, their modest assertion of autonomy has nevertheless been carried out in ways that are thoroughly inadequate to Europe’s independence, based as they are on principles of jurisprudence and ethics, rather than on more consequential forms of power. In Robert Kagan’s now famous characterization, Europeans are from Venus and Americans from Mars, with the former acting as if the world were governed by abstract Kantian principles, ignorant of or unwilling to acknowledge the violent Hobbesian reality which Americans, especially after 9/11, have been forced to confront.[1] In other words, Europeans look to negotiations, diplomacy, and international law to resolve international disputes, while Americans emphasize the importance of military force. These differing “perspectives and psychologies of power,” the anti-white Kagan suggests, explain something of what divides the two shores of the Atlantic.[2] But perhaps more debilitating than Europe’s “Kantianism” (which will not last) is the fact that its increasingly autonomous foreign policy is less an expression of its political identity (although it is that) than a symptom of its liberal evasion of what such an identity ought to entail.

In France, for instance, which is the sole continental country to have defended the European idea in the last half century, as well as maintained a nuclear arsenal and professional army worthy of a “power,” opposition to US unilateralism has been framed largely in liberal internationalist terms that draw attention away from the state’s failed domestic policies. Since De Gaulle’s death, France has been in decline. The population is aging, millions of inassimilable Muslim immigrants are colonizing its lands, and virtually all the major institutions are in need of reform. Having eyes only for the “poor immigrant,” the metastasizing state bureaucracy imposes unrealistic social laws that hamper production and serve as a force for national decline. At the same time, the historical sources of nationalism have been dissolved, the native French dispirited by the institutionalization of multiculturalism, and the country’s extraordinary military and diplomatic apparatus, the necessary basis of both French and European power, if not neglected, then underfunded.[3] The hoopla that comes with France’s resistance to Bush simply focuses attention away from these failures and toward geopolitical developments that are potentially key to Europe’s future, but whose import is limited by the state’s misconceived domestic policies. As Julius Evola puts it: “The measure of freedom is power.”[4] And because Europeans are now uncomfortable with the exercise of power, their freedom is necessarily limited.

It is worth recalling that Jacques Chirac was responsible for the totalitarian mobilization against the presidential candidacy of the nationalist Jean Marie Le Pen in 2002.[5] Like much of the European governing class, he is a product of the same plutocratic system that subordinates national interests to international finance, indifferent to everything associated with his people’s blood and soil.[6] Such a system, as our own experiences reveal, is incapable of producing anything other than mediocrities. In this spirit, Chirac’s opposition to Washington’s unipolar order orients to a multipolar model based on liberal market principles hostile to Europe’s unique bioculture. As Guillaume Faye points out, Chirac’s opposition to the Iraq war was motivated less by his Gaullist nationalism (which he routinely betrays) than by his pacifist and Third World politics.[7] With the 2007 presidential elections in view, his foreign policy seems, in fact, aimed at the new Muslim electorate, which thrives on his anti-American, Third World, and multilateralist posturing.[8]

Faye also claims that American power is ultimately a reflex of Europe’s refusal of power.[9] Like many commentators, he stresses that US power in this period is greatly exaggerated and goes unchecked mainly for want of challengers. Revealingly, Chirac has, for all his opposition to Bush, done little to rearm Europe and what he does do he does for the worst of reasons, neglecting Grande Europe in the name of a legalistic idealism that contradicts the biocultural foundations of European life. Rather than fixating on the illegalities and incivilities of American unilateralism (which has proven to be a paper tiger in Iraq), he and other establishment leaders would make a greater contribution to Europe’s destiny if they devoted more attention to its military, restored the basis of its national identity, and addressed the real dangers coming from the South. Worse, they wholeheartedly subscribe to the American model of ethnopluralism, communitarianism, and multiculturalism. Just as US leaders think nothing of sending troops halfway around the world to fight a war whose immediate beneficiary is Israel, ignoring the more serious security threat posed by the Third World’s incessant assaults on the country’s southern border, European elites (and the demonstrators massed behind them) trumpet their solidarity with the Islamic Middle East, whose immigrants are presently rending the fabric of European life. There are good reasons for opposing Bush’s war, but the liberal ones motivating Chirac cannot but come back to haunt the continent.

Germany’s relationship with the US is significantly different than France’s, but no less infused with noxious anti-identitarian influences. Germany was virtually remade by the Americans after 1945 and throughout the Cold War remained subservient to them. Yet Germany is slowly beginning to throw off her tutelage. Schröder nevertheless adheres to values and policies that qualify as examples of Kagan’s Kantianism (i.e., pure liberalism). More than Chirac, he upholds Washington’s earlier liberal internationalism, criticizing Bush for violating its principles.[10] (As one journalist for the Süddeutsche Zeitung writes: “We [Germans] owe a great debt to the US for contributing to our transformation into truly democratic citizens after World War II. . . . They [Americans] must forgive us if we have difficulty letting go some of the lessons we have learned.”)[11] It was thus his pacifism—his Social Democratic opposition to power per se—rather than any geopolitical ambition for a powerful Europe that seems to have prompted his opposition to the Iraq war.[12] And in this, alas, he resembles much of the German population, which prefers bourgeois comforts to those virtues that made earlier generations great. Finally, Schröder, like Chirac, supports Turkey’s admission to the EU and panders to the new “German Turk” electorate. He might therefore have been the first German chancellor since Hitler to frontally oppose Washington, but he has no intention of letting the old anti-liberal dream of white renaissance out of the bag.[13]

Despite the mediocre stature of these politicians, which makes them ill-suited to the great tasks at hand, I would argue that the “force of things”—the realities of power and the dictates of survival—is greater than those charged with carrying them out.[14] This seems especially evident in Europe’s rapprochement with Russia. For as France and Germany become increasingly alienated from the US, they lean eastward—even though French and German elites have much more in common with their American than their Russian counterparts.[15]

A rapprochement between the three great European peoples promises great things. As Karl Haushofer once said: “The day when Germans, Frenchmen, and Russians unite will be the last day of Anglo-Saxon [i.e., liberal] hegemony.”[16] Bush—and this is why his administration seems destined to achieve world-historical significance—has brought about what a century of US geostrategists have sought to prevent. Conversely, it is hardly coincidental that even at the Cold War’s height, a wing of the French military looked to Russia as a possible ally. In 1955, the prominent geostrategist, Admiral Raoul Castex, published an article titled “Moscou, rempart de l’Occident?” (Moscow, rampart of the West?), in which he wondered if Russia might not one day become “the vanguard of the white world’s defense.”[17] Today, in a period when Grande Europe—from Dublin to Vladivostok—is at peace, white nationalists in Europe and America again pose Castex’s question and again affirm the possibility that Russia has a leading role to play in the white race’s defense. Indeed, the question now possesses a qualitatively greater weight than it did a half century ago, before the Third World hordes, abetted by the West’s liberal elites, began their colonization of our lands. Russia, moreover, is not just the last white nation on earth, but the only one to have shown the slightest interest in defending its ethnoracial identity. (Our russophobic nationalists might be reminded that the former Soviet Union was the sole white power to define nationality racially.) Its heritage of nationalism, socialism, and anti-liberalism also lends it something of that “Prussian socialism” which Spengler and Yockey saw as the one viable antidote to Western liberalism.[18] In courting Russian support in their conflict with the US, French and German elites might think Putin will be converted to their misconceived Kantianism, but in the great racial-civilizational battles that lie ahead, it is far more likely that Russia’s ethnonationalism will prevail.[19]

America’s Future

Since the rise to world power of the United States, white America has been in decline. For most of the twentieth century, but especially since the end of the Second World War, the country’s overlords have taken one step after another to de-Europeanize its white population. To this end, white culture and identity have been socially re-engineered. White communities, schools, and businesses have been forced to integrate with races previously considered inferior and inimical. And, for the last 40 years, whites have been expected to replace themselves with Third World immigrants. As the biocultural identity of white Americans gives way to a universal, transnational, and global one (the ideological analogue of the New World Order), they are further alienated from who they are.[20] Against this de-Europeanization and the postnational, multiracial regime succeeding it, the small, isolated pockets of white resistance confront a seemingly impossible task—similar to the one King Canute faced when he tried to hold back the ocean tide. Because of this, I would argue that only a catastrophe will save white America. Only a catastrophic collapse of the political, institutional, and cultural systems associated with imperial America—call it the managerial state, liberal democracy, corporate capitalism, the NWO, or whatever label you prefer—holds out any possibility that a small, racially conscious vanguard of white Americans will succeed in defending their people’s existence.[21] With the Iraq war, Bush—”this Buster Keaton of the apocalypse”—has opened a Pandora’s box of catastrophes. He, in fact, has done more to discredit, weaken, and vilify the existing systems of liberal subversion than any previous president, inadvertently creating conditions that should give white Americans another chance to regain control of their destiny. In this spirit, his administration acts as “a lightning rod for catastrophes.”  As one foreign observer notes: “The paradox of the present situation is that the worse the crisis becomes, the more Washington reinforces the position that evokes so much resistance.”[22] Indeed, his “war on terror creates more monsters than its destroys.”[23] Lacking the cognitive and normative tools to deal with a complex area like the Mideast, the president ends up managing the Iraqi occupation “by the seat of his pants.”[24] And as he does, the real dangers threatening the country are totally ignored: the dangers posed by the mestizo and Asiatic colonization of our lands, the growth of US Muslim communities, the denationalization of the economy and the looming fiscal crisis of the state, the Zionist domination of the political and information systems, the replacement of truth with propaganda and disinformation, the deculturation and miscegenation of our people, and the unrelenting assault on everything associated with the “freedoms” he allegedly defends in Mesopotamia. Instead of inaugurating a new era of unchallenged American power and enhancing national security, Bush seems set on preparing their demise.[25] Since the murderous terror of 9/11, his administration has shattered the myth of American military omnipotence, tarnished the country’s moral authority, alienated its allies, squandered its once formidable diplomatic powers, created the basis of an anti-US realignment, and undermined America’s image not only as a force for democracy and order, but as a secure economic haven. This latter tendency is now causing overseas investors to think twice about sending their capital to the US, which, combined with the ballooning expenses of the Iraq war, is hastening the dollar’s decline and the country’s economic deterioration. But more than undermining American power and prestige, the Bush administration has discredited the liberal civilizational model associated with the United States, provoking, in the process, a worldwide revulsion against the “American way of life.”[26]

The simple-minded, dishonorable, and raceless character of Bush’s government—riddled with Israeli spies and unsavory influence peddlers and premised on the belief that truth is irrelevant to its political calculus—seems to epitomize nothing so much as the debilitated state of our governing classes and their inability to serve as a nation-bearing stratum. That for the first time in American history Europe is not the focus of US strategic thinking, but rather Israel, should say it all.[27] It would be misleading, though, to think the failures at the highest level of state are simply the result of an unusually incompetent administration or its alien controllers. For even the “opposition” party produces candidates who are but variants of the reigning mediocrity.[28] This suggests that the system itself is bankrupt. Not coincidentally, the telltale signs of blockage, symptomatic of regimes heading toward the abyss (or “staying the course,” as George II says), appear now with increased frequency. The great bard of our decline, H. Millard, likens America to a runaway train. “The Israel firsters, neurotics, low IQ PTA types, political opportunists, easily susceptible dupes, genocidal blenders, party loyalists, war profiteers, and opportunists of various stripes” who are at the controls either have no idea of what they are doing or an unwillingness to profess it publicly.[29]

Contrary to the pipedreams of both our conservatives and liberals, there will be no going back.[30] Like the Soviet Union in the 1980s, the US has become bogged down in a protracted war at the very moment its economy is in steep decline. The slash-and-burn policies Bush has introduced will also be extremely difficult to retract, no matter who captures the White House in 2008. But even if there were a desire to retract them, the means are lacking. For example, in 1956, when Dwight Eisenhower warned France and England not to retake the Suez Canal, after Egypt nationalized it, he was able to threaten the stability of their national currencies. Today, the dollar is itself threatened.[31] For all the fabled shock and awe of US power in this period, the country is qualitatively weaker than it was a generation ago, when it was able to rein in the largest European empires. This erosion of its economic, diplomatic, moral, and even military power, combined with the near universal opposition to its increasingly unilateral and militaristic foreign policy, cannot but provoke a geopolitical realignment. The prospect of the Iraq war spreading to Iran and elsewhere will simply compound these destabilizing forces.[32] Increased conflict abroad, growing dissent at home, and deep division within the government itself are also likely to foster decisional paralysis, further exacerbating the crisis.

But however this crisis plays out, America and Europe seem set on a collision course.[33] Already wary of Washington, France and Germany (along with Spain, Belgium, and Italy, once Berlusconi goes) will eventually have no choice but to reposition themselves in opposition to it, for their strategic imperatives are increasingly at odds. This is certain to trigger new conflicts and new alignments, compelling Europeans to reaffirm their sovereignty—and their distinct strategic identity. As they do, their cooperation is bound to deepen and their nationalist consciousness to grow. At the same time, certain mentalities will be forced to change and certain taboos to fall, including the postmodern ones that leave Europe powerless. The collapse of the Cold War alliance system also throws open the strategic-political parameters of the international arena. The future, as a consequence, now holds out several possible alternatives. The Paris-Berlin-Moscow axis may still lack credibility, but this is probably less important than the effect it has had—and will continue to have—on the European spirit. It thus promises a possible renewal. The big question is whether or not Europeans have the will and acumen to realize it.

Fundamental to virtually all schools of geopolitical thought is the notion that the augmentation of power in one part of the world inevitably comes at the expense of another part. If the Paris-Berlin-Moscow axis continues to affect the continent and shift power out of the Atlanticist camp, this cannot but destabilize the United States, for without its omnipotent dollar and its domination of global markets, it will no longer be able to consume more than it produces, to live on credit, to afford the social-welfare measures that buy off the Africans and tame the Mexicans, to sustain the social-engineering schemes discriminating against the talents and energies of its white majority, to afford the police, the drugs, the TVs, and the computer toys that narcotize its cretinized masses. The institutionalization of such an axis is also likely to dislodge America’s dominant place in the world system, setting off economic disruptions that will make it impossible for whites to live in the old way, to lose themselves in vacuous material comforts, to accept the lies that fly in the face of reality. Once this point is reached, European-Americans will be forced to act like people elsewhere who are suddenly thrown into a do-or-die situation.[34]

Like the “American Century” Henry Luce announced in 1941, the “New American Century” of Washington’s current generation of schemers and chiselers promises an even greater holocaust of our people. The future they envisage might indeed be called the New Anti-White Century. For like the order issuing from their Second World War, the one planned for the period following Iraq will not serve white America, only the alien, plutocratic, and cosmopolitan interests aligned in the current Washington-London-Tel Aviv axis.

No one should be surprised, then, that when the inevitable collapse comes, white America’s front fighters will not mourn the eclipse of the so-called American Century, for they are nationalists not in the nineteenth century sense. They do not fight for the petty-statism of the so-called “nation-state”—which is now made up of peoples from many different nations. The American, German, and French states—none of these entities any longer represent the descendants of those who founded them. As Sam Francis puts it, “the state has become the enemy of the nation.”[35] And as a thousand years of European history demonstrate, whenever the state and the nation come into conflict, the latter inevitably proves the stronger. I think it is no exaggeration to claim that only on the ruins of the existing political order will white America be reborn—and reborn not as another constitutional “nation-state” which elevates abstract rights above biocultural imperatives, but as a northern imperium of white peoples who, as Bismarck exhorted, “think with their blood.”

Those who would dismiss the Paris-Berlin-Moscow axis as a temporary happenstance, a product of convenience, inflated with purely speculative significance, should be reminded that the 21st century will decide if white people have a future or not. From this perspective, collapse and realignment are necessities—and necessities have a way of engendering the imagination appropriate to them. For when the world’s population reaches ten billion, when China, India, and all Asia challenge the white man’s dominance, when the colored multitudes crossing our borders are magnified by ten or a hundred, when oil is depleted and raw materials are used up, when all the forests have been cut down and all the cultivable lands claimed, and—hopefully—when the Paris-Berlin-Moscow axis has established an alternative realm of white existence, the ensuing chaos cannot but sunder whatever misbegotten allegiance white Americans have had to the present system. Then, in alliance with their kinsmen in Europe and Russia, they—if they are to survive as a people—will have no choice but to accept that they are made not in the multihued images of a deracinated humanity, but in that of the luminous Boreans, whose destiny opposes the darkening forces of Bush’s America.

Let us prepare for the coming collapse.

Notes

1. Robert Kagan, Of Paradise and Power: America and Europe in the New World Order (New York: Knopf, 2003), p. 3. Actually, the unreferenced metaphor originates with Denis MacShane, “Europe and America Need Each Other More Than Ever,” http://www.post-gazette.com [2]

2. Kagan, Of Paradise and Power, p. 28.

3. Guillaume Faye, La colonisation de l’Europe: Discours vrai sur l’immigration et l’Islam (Paris: L’Æncre, 2000); Nicolas Baverez, La France qui tombe (Paris: Perrin, 2004).

4. Julius Evola, Imperialismo pagano: Il fascismo dinanzi al pericolo euro-cristiano (Padua: Ar, 1996), p. 45.

5. Yves Daoudal, Le tour infernal: 21 avril–5 mai (Paris: Godefroy de Bouillon, 2003).

6. Yves-Marie Laulan, Jacques Chirac et le déclin français 1974–2002 (Paris: François-Xavier de Guilbert, 2001); Emmanuel Ratier, Le vrai visage de Jacques Chirac (Paris: Facta, 1995).

7. Faye, Le coup d’Etat mondial, p. 113.

8. Omer Taspinar, “Europe’s Muslim Streets,” Foreign Policy (MarchApril 2003).

9. As Schröder says: “Es gibt nicht zu viel Amerika, es gibt zu wenig Europa.” See “Die Krise, die Europa eint: Ein Gespräch mit Gerhard Schröder,” Die Zeit (14/2003). Cf. Philippe Grasset, “Le dilemme stratégique des U.S.A: Sa faiblesse militaire” (June 15, 2004), http://www.dedefensa.org

10. Günter Maschke, “Vereinigte Staaten sind die Macht der Unordnung,” Deutsche Stimme (June 2003).

11. Quoted in Richard Lambert, “Misunderstanding Each Other,” Foreign Affairs (March–April 2003).

12. Alexander Rar, “Europa ist Zerspaltet” (December 15, 2003), http://evrazia.org [3]

13. Edouard Husson, “Crise allemande, crise européenne?” (March 2003), http://www.diploweb.com [4]

14. As Joseph de Maistre said of the revolutionaries of 1789: “Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c’est la révolution qui emploie les hommes.” See Considérations sur la France (Lyon: Vitte, 1924), p. 7.

15. Maja Heidenreich, “Europa und Russland: Eine rückblickende und analysierende Darstellung” (n.d.), http://www.boschlektoren.de/ [5]

16. Quoted in Sacha Papovic, “De la dialectique géopolitique” (August 2003), http://www.voxnr.com.

17. Cited in “Russie-France-Allemagne” ( n.d.), http://www.paris-berlin-moscou.org [6]

18. Oswald Spengler, Preussentum und Sozialismus (Munich: Beck, 1919); K. R. Bolton, ed., Varange: The Life and Thoughts of Francis Parker Yockey (Paraparaumu, NZ: Renaissance Press, 1998), pp. 36–38. Also N. N. Alexeiev, “Raisons spirituelles de la civilisation eurasiste” (1998), http://www.voxnr.com [7]

19. W. Joseph Stoupe, “The Inevitability of a Eurasian Alliance” (August 17, 2004), http://atimes.com [8]

20. James Kurth, “The War and the West,” Orbis (Spring 2002).

21. Guillaume Faye, Avant-Guerre: Chronique d’un cataclysme annoncé (Paris: L’Æncre, 2002).

22. Philippe Grasset, “Comment Rumsfeld devient le garante de l’aventure irakienne” (May 11, 2004), http://www.dedefense.org [9]

23. François-Bernard Huyghe, Quatrième guerre mondiale: Faire mourir et faire croire (Paris: Rocher, 2004), p. 9.

24. D. Priest and T. E. Ricks, “Growing Pessimism on Iraq: Doubts Increase within U.S. Security Agencies,” The Washington Post, September 29, 2004.

25. Philippe Grasset, “La destruction méthodique de la puissance américaine” (September 27, 2004), http://www.dedefensa.org [10]; Guatam Adhikari, “The End of the Unipolar Myth,” International Herald Tribune, September 27, 2004.

26. Philippe Grasset, “Comment l’américainisme est en train d’apparaître pour ce qu’il est: un problème de civilisation” (September 1, 2004), http://www.dedefensa.org [10]

27. Brent Scowcroft, George I’s national security adviser, has publicly criticized George II for being “inordinately influenced by Israel’s Prime Minister Ariel Sharon. ‘Sharon just has him wrapped around his little finger’, Scowcroft said. ‘I think the president is mesmerized.’“ See “Key GOP Figure Raps Bush on Mideast,” San Francisco Chronicle, October 17, 2004.

28. Ehsan Ahari, “How Bush, Kerry Are One and the Same” (September 2, 2004), http://www.latimes.com [11]

29. H. Millard, “Ridin’ the Runaway Train Named America” (2004), http://www.newnation.org [12]

30. Françoise Vergniolle de Chantal, “Les débats américains sur la relations transatlantiques” (2004), http://robert-schuman.org [13]

31. Ian Williams, “Deterring the Empire” (May 13, 2003), http://www.alternet.org [14]

32. David Wood, “U.S. to Sell Precision-Guided Bombs to Israel” (September 23, 2004), http://www.newhousesnews.com [15]

33. Ian Black, “The Transatlantic Drift,” The Guardian, September 20, 2004; Philippe Grasset, “L’UE: Une stratégie de rupture avec l’Amérique” (September 20, 2004), http://www.dedefensa.org [10]

34. Faye, Avant-Guerre.

35. Sam Francis, “When the State Is the Enemy of the Nation” (July 19, 2004), http://www.vdare.com [16] This is not to say that the state is inherently the enemy of the nation—only that this is the case with the existing liberal state. On the difference between statism and nationalism, see Walker Connor, Ethnonationalism: The Quest for Understanding (Princeton: Princeton University Press, 1994).


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

Pour un grand empire turkmène contre Staline

Wolfgang KAUFMANN:

Pour un grand empire turkmène contre Staline

 

L’historien allemand Jörg Hiltscher a analysé les plans secrets des Turcs pendant la seconde guerre mondiale

 

seconde guerre mondiale, deuxième guerre mondiale, Turquie, panturquisme, pantouranisme, Proche Orient, Asie mineure, Asie, affaires asiatiques, Au début du mois de juillet 1942, tout semblait accréditer que la Wehrmacht allemande courait à la victoire définitive: l’Afrika Korps de Rommel venait de prendre Tobrouk et se trouvait tout près d’El Alamein donc à 100 km à l’ouest du Canal de Suez; au même moment, les premières opérations de la grande offensive d’été sur le front de l’Est venaient de s’achever avec le succès escompté: la grande poussée en avant en direction des champs pétrolifères de Bakou pouvait commencer. Tout cela est bien connu.

 

Ce qui est moins connu en revanche est un fait pourtant bien patent: au moment où les Allemands amorçaient leur formidable “Vormarsch” de l’été 42, un autre déploiement de troupes de grande envergure avait lieu au Sud-Ouest des frontières géorgiennes et arméniennes. Sur l’ordre du chef de l’état-major de l’armée turque, Fevzi Çakmak, 43 divisions, totalisant 650.000 hommes, avançaient vers les régions orientales de l’Anatolie. Il ne s’agissait évidemment pas de défendre l’intégrité territoriale de la Turquie contre une attaque potentielle de Staline car celui-ci ne pouvait opposer, dans la région transcaucasienne, que 80.000 soldats (dont des bataillons féminins et des milices arméniennes).

 

Çakmak agissait surtout comme un militant des cercles panturquistes, qui rêvaient d’une alliance avec les forces de l’Axe victorieuses, surtout l’Allemagne et le Japon, pour réaliser leurs propres ambitions de devenir une grande puissance. Ces ambitieux étaient grandes, et même fort grandes, comme l’atteste une note des affaires étrangères de Berlin, rédigée après une conversation avec le panturquiste Nouri Pacha: “De tous les territoires jusqu’ici soviétiques, ils revendiquent en premier lieu l’Azerbaïdjan et le Daghestan située au nord de ce dernier; ensuite, ils réclament la Crimée, de même que toutes les régions situées entre la Volga et l’Oural”. Une revendication complémentaire concernait “le Turkestan, y compris la partie occidentale de l’ancien Turkestan oriental, appartenant officiellement à la Chine mais se trouvant actuellement sous influence soviétique”. En plus de tout cela, Nouri réclamait “les régions peuplées d’ethnies turcophones dans la partie nord-occidentale de l’Iran, jusqu’à la ville d’Hamadan et une bande territoriale frontalière dans le nord de la Perse, depuis la pointe sud-orientale de la Mer Caspienne le long de l’ancienne frontière soviétique”. Nouri n’oubliait pas non plus de revendiquer “la région irakienne de Kirkouk et Mossoul”, de même “qu’une bande territoriale située dans le protectorat français de Syrie”.

 

En tentant de créer un grand empire de cette ampleur, la Turquie se serait bien entendu placée entre toutes les chaises... D’une part, elle serait entrée en conflit avec l’Allemagne et avec le Japon, parce que Berlin et Tokyo briguaient certaines de ces régions. D’autre part, tout ce projet constituait une déclaration de guerre implicite à l’URSS et à la Grande-Bretagne. Pour cette raison, il s’est tout de suite formé à Ankara une forte opposition aux aventuriers panturquistes, regroupés autour de Çakmak et du Premier Ministre Refik Saydam, surtout que plusieurs indices laissaient accroire qu’ils préparaient un putsch pour s’emparer de tout le pouvoir.

 

Cette situation explique pourquoi Saydam, dans la nuit du 7 au 8 juillet 1942 a eu une soudaine et très mystérieuse “crise cardiaque”, qui le fit passer de vie à trépas, et que son ministre de l’intérieur et chef des services secrets, Fikri Tuzer, qui partageait la même idéologie, a connu le même sort, quelques jours plus tard. A la suite de ces deux “crises cardiaques” providentielles, le Président anglophile et neutraliste, Ismet Inönü, fut en mesure de chasser tous les autres panturquistes du cabinet et d’isoler Çakmak. Ensuite, Inönü annonça lui-même officiellement devant la grande assemblée nationale turque qu’il disposait des moyens nécessaires pour éliminer les orgueilleux qui nuisaient aux intérêts de la Turquie.

 

Ces événements sont étonnants à plus d’un égard: si les panturquistes avaient réussi leur coup, ils auraient peut-être pu changer le cours de la guerre car la Turquie, pendant l’été 1942, disposait d’une armée d’1,2 million d’hommes, et étaient par conséquent le poids qui aurait pu faire pencher la balance. Pourtant l’historiographie a généralement ignoré ces faits jusqu’ici;  ce qui est encore plus étonnant, c’est que Hitler n’a pas appris grand chose de cette lutte pour le pouvoir à Ankara. Le Führer du Troisième Reich n’a pas été correctement informé des vicissitudes de la politique turque parce que les quatorze (!) services de renseignement allemands qui s’occupaient de glaner des informations sur la Turquie se sont montrés totalement inefficaces.

 

Le travail de l’historien Jörg Hiltscher mérite dès lors un franc coup de chapeau. Sa thèse de doctorat est enfin publiée; elle concerne, comme nous venons de le voir, la politique intérieure et extérieure de la Turquie pendant la seconde guerre mondiale. Elle démontre aussi l’inefficacité de la direction nationale-socialiste face aux questions turques. La façon de travailler de Hiltscher mérite d’être évoquée dans cette recension: notre historien a fourni un effort sans pareil, lui qui travaille dans le secteur privé; il a dépouillé et exploité près de 200.000 documents, sans avoir jamais reçu le moindre centime d’une instance publique ou d’un quelconque autre mécène. Ce qui nous laisse aussi pantois, c’est la rigueur et l’acribie avec lesquelles il a dressé un synopsis du chaos que représentait les services de renseignements du Troisième Reich. Il est le seul à l’avoir fait jusqu’ici.

 

Face à l’intensité de ce travail, nous pouvons affirmer que le titre de la thèse de Hiltscher est un exemple d’école de modestie exagérée car jamais il ne dévoile à ses lecteurs le caractère inédit et unique de ses recherches. La retenue dont Hiltscher fait preuve contraste avec l’emphase dont font montre certains historiens universitaires fats, comme Peter Longerich, qui ressassent éternellement les mêmes banalités et puisent toujours aux mêmes sources (cf. “Junge Freiheit”, n°14/2011) mais vendent leurs recherches comme de formidables exploits scientifiques ouvrant des pistes nouvelles.

 

Wolfgang KAUFMANN.

(article paru dans “Junge Freiheit”, n°33/2011; http://www.jungefreiheit.de/ ).

lundi, 29 août 2011

Germany's sovereignty was and is restricted by US and allies

 

Germany's sovereignty was and is restricted by US and allies

mercredi, 24 août 2011

Geopolitics of Leviathan

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Geopolitics of Leviathan

By Edouard RIX

Ex: http://www.counter-currents.com/

Translated by Greg Johnson

“Nur Meer und Erde haben hier Gewicht.”
(Only sea and land matter here.)
—Goethe

This article is less concerned with geopolitics than with thalassopolitics, a neologism coined by professor Julien Freund “to call into question certain conceptions of geopolitics that privilege telluric phenomena over maritime phenomena.”

“World history is the history of the fight of maritime powers against continental powers and of continental powers against maritime powers” writes Carl Schmitt in Land and Sea.

In the Middle Ages, the cabbalists interpreted the history of the world as a combat between the powerful whale, Leviathan, and the no less powerful Behemoth, a land animal imagined as looking like an elephant or a bull. Behemoth tries to tear Leviathan with its defenses, its horns or its teeth, while Leviathan, for its part, tries to stop with its fins the mouth and the nose of the land animal to starve or suffocate it. A mythological allegory not unrelated to the blockade of a terrestrial power by a maritime power.

The “Sea Power” of Admiral Mahan

Around the turn of the 20th century, the American Alfred T. Mahan in The Influence of Sea Power upon History (1890), the German Friedrich Ratzel in Das Meer als quelle der Volkergrösse [The Sea as Source of National Greatness] (1900), and the British Halford John Mackinder in Britain and the British Seas (1902), attach a paramount importance to the sea as source of power of the nations.

Admiral, historian, and professor at the US Naval Academy, Alfred T. Mahan (1840–1914) is the most famous geopolitician of the sea, his work comprising twenty books and 137 articles. On the basis of the study of European History of the 17th and 18th centuries, he sought to show how maritime power (Sea Power) appeared determinative of the growth and prosperity of nations.

For him, the sea can act against the land, whereas the reverse is not true and, in the long run, the sea always ends up winning any fight against the land. Mahan is deeply persuaded that the control of the seas ensures the domination of the land, which he summarizes with the formula “the Empire of the sea is without any doubt the Empire of the world.” By thus affirming the intrinsic superiority of the maritime empires, he offers a theoretical justification to imperialism, the great expansionist movement of the years 1880–1914.

In The Problem of Asia, published in 1900, Mahan applies his geopolitical paradigm to Asia, insisting on the need for a coalition of maritime powers to contain the progression towards the open sea of the great terrestrial power of the time, Russia. Indeed, he stresses that its central position confers a great strategic advantage on the Russian Empire, because it can extend in all directions, and its internal lines cannot be crossed.

On the other hand—and here lies its principal weakness—its access to the sea is limited, Mahan seeing only three possible axes of expansion: toward Europe, to circumvent the Turkish blockade of the straits, toward the Persian Gulf, and toward the China Sea. This is why the admiral recommends damming up the Russian tellurocracy through the creation of a vast alliance of the maritime powers, thalassocracies, which would include the United States, Great Britain, Germany, and Japan, the Americans asserting themselves as the leaders of this new Holy Alliance.

Halford John Mackinder

Inspired by Admiral Mahan, the British academic Halford John Mackinder (1861–1947) also believed that the fundamental geopolitical reality is the opposition between continental powers and maritime powers. A fundamental idea run throughout his work: the permanent confrontation between the Heartland, i.e. the central-Asian steppe, and the World Island, the continental mass Asia-Africa-Europe.

In 1887, Mackinder delivered a short public speech to the Royal Geographical Society that marked his resounding debut on the geopolitical stage, declaring in particular “there are two types of conquerors today: land wolves and sea wolves.” Behind this allegorical and somewhat enigmatic utterance is the concrete reality of Anglo-Russian competition in Central Asia. In fact, Mackinder was obsessed by the safety of the British Empire vis-à-vis the rise of Germany and Russia. In 1902, in Britain and the British Seas, he noted the decline of Great Britain and concluded from it that she must “divide the burden” with the United States, which would take over sooner or later.

In his famous essay of 1904, “The Geographical Pivot of History,” he formulates his geopolitical theory. One can summarize it in two principal points: (1) Russia occupies the pivotal zone inaccessible to maritime power, from which it can undertake to conquer and control the Eurasian continental mass, (2) against Russia, maritime power, starting from its bastions (Great Britain, the United States, South Africa, Australia, and Japan) that are inaccessible to terrestrial power, encircles the latter and prohibits her from freely reaching the open sea.

Studying the “pre-Colombian” epoch, Mackinder contrasted the Slavs, who inhabited the forests, with the nomadic riders of the steppes. This semi-desert Asian steppe is the Heartland, surrounded by two densely populated crescents: the inner crescent, encompassing India, China, Japan, and Europe, which are territorially adjacent to the Heartland, and the outer crescent, made up of various islands. The inner crescent is regularly subject to the pressures of nomadic horsemen from the steppes of the Heartland.

Everything changed in the “Colombian” age, which saw the confrontation of two mobilities, that of England which began the conquest of the seas, and that of Russia which advanced gradually in Siberia. For the academic Mackinder, this double European expansion, maritime and continental, found its explanation in the opposition between Rome and Greece. Indeed, he affirms that the Germans were civilized and Christianized by the Roman, the Slavs by the Greeks, and that whereas the Romano-Germans conquered the oceans, the Slavs seized the steppes on horseback.

Mackinder made the separation between Byzantine and Western Empires in 395, exacerbated by the Great Schism between Byzantium and Rome in 1054, the nodal point of this opposition. He emphasized that after the fall of Constantinople to the Turks, Moscow proclaimed itself the new center of Orthodoxy (the Third Rome). According to him, in the 20th century, this religious antagonism will lead to an ideological antagonism, between Communism and capitalism: Russia, heiress of the Slavic country village community, the Mir, will choose Communism, the West, whose religious practice privileges individual salvation, for capitalism . . .

For Mackinder, the opposition Land/Sea is likely to lean in favor of the land and Russia. Mackinder noted that if the United Kingdom could send an army of 500,000 to South Africa at the time of the Boer Wars, a performance saluted by all the partisans of the maritime power, Russia at the same time had succeeded in an even more exceptional exploit by maintaining an equivalent number of soldiers in the Far East, thousands of kilometers of Moscow, thanks to the Trans-Siberian Railroad. With the railroad, the terrestrial power was henceforth able to deploy its forces as quickly as the oceanic power.

Enthralled by this revolution in land transportation, which would make it possible for Russia to develop an industrialized space that is autonomous from and closed to trade with the thalassocracies, Mackinder predicted the end of the “Colombian” age and concluded that the telluric power is superior, summarizing his thought in a striking aphorism: “Whoever holds continental Europe controls the Heartland. Whoever holds the Heartland controls the World Island.”

Indeed, any economic autonomy in central-Asian space leads automatically to a reorganization of the flow of trade, the inner crescent thus having an interest in developing its commercial relations with the center, the Heartland, to the detriment of the Anglo-Saxon thalassocracies. A few years later, in 1928, Stalin’s announcement of the implementation of the first Five Year Plan would reinforce the British thinker, who did not fail to stress that since the October Revolution, the Soviets built more than 70,000 kilometers of railways.

Shortly after the First World War, Mackinder published Democratic Ideals and Reality, a concise and dense work in which he recalls the importance of the Russian continental mass, that the thalassocracies can neither control from the seas nor invade completely. Thus, concretely, it is imperative to separate Germany from Russia by a “cordon sanitaire,” in order to prevent the union of the Eurasiatic continent. This prophylactic policy was pursued by Lord Curzon, who named Mackinder High Commissioner in “South Russia,” where a military mission assisted the White partisans of Anton Denikin and obtained from them the de facto recognition of the new Republic of Ukraine . . .

To make impossible the unification of Eurasia, Mackinder never ceased recommending the balkanization of Eastern Europe, the amputation from Russia of its Baltic and Ukrainian glacis, the “containment” of Russian forces in Asia so that they could not threaten Persia or India.

Notes

1. C. Schmitt, Terre et Mer (Paris: Le Labyrinthe, 1985), p. 23. [See the English translation available on this website here [2]. -- Trans.]

2. The names of Leviathan and Behemoth are borrowed from the Book of Job (chapters 40 and 41).

3. A. T. Mahan, The Problem of Asia and its Effect upon International Policies (London: Sampson Low-Marston, 1900), p. 63.

Source: Edouard Rix, Terre & Peuple, No. 46 (Winter Solstice 2010), pp. 39–41.

Online: http://tpprovence.wordpress.com/2011/07/07/geopolitique-du-leviathan/ [3]

Geopolitics of Leviathan, Part 2

Karl Haushofer’s Kontinentalblock 

 

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It was in Germany, under the decisive influence of Karl Haushofer (1869–1946), that geopoliticians, diplomats, and National Revolutionary and National Bolshevik theorists (the Jünger brothers, Ernst Niekisch, Karl-Otto Paetel) would oppose thalassocratic pretentions with greatest force.

A Bavarian artillery officer and professor at the War Academy, Karl Haushofer was sent to Japan in 1906 to reorganize the Imperial Army. During his return to Germany on the Trans-Siberian railroad, he became vividly aware of the continental vastness of Russian Eurasia. After the First World War, he earned a doctorate and became professor of geography in Munich, where connected with Rudolf Hess. In 1924, Haushofer founded the famous Zeitschrift für Geopolitik (Journal of Geopolitics). He was the direct intellectual heir to his compatriot Friedrich Ratzel and the Swede Rudolf Kjeller.

To begin, let us set aside the black legend of Haushofer as fanatical Hitlerist who used geopolitics to justify the territorial conquests of the Third Reich, a legend based in “American propaganda efforts,” according to Professor Jean Klein.[1] This diabolization will astonish only those who are ignorant of the anti-thalassocratic orientation of Haushofer’s geopolitics . . .

 

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Haushofer wished to rise above petty nationalisms. Thus, beginning in 1931, in Geopolitik der Pan-Ideen (Geopolitics of Continental Ideas), he advocated the constitution of vast continental spaces as the only means to go beyond the territorial and economic weakness of traditional States. The first stage could be the sub-continental gatherings theorized in 1912 by the geographer E. Banse, who recommended 12 large civilizational regions: Europe, Greater Siberia (Russia included), Australia, the East Indies, Eastern Asia, the “Nigritie” (the “black lands,” i.e., Africa), Mongolia (with China, Indochina, and Indonesia), Greater California, the Andes, America (Atlantic North America), and Amazonia.

HaushoferPazifischen0187-01.jpgHaushofer’s radically continentalist and anti-thalassocratic thought came into focus in 1941, when he published Der Kontinentalblock-Mitteleuropa-Eurasien-Japan (The Continental Bloc Central Europe-Eurasia-Japan). Written after the Germano-Soviet pact, this work argued for a Germano-Italo-Soviet-Japanese alliance that would radically reorganize the Eurasian continental mass. He stressed that the permanent fear of the Anglo-Saxons is the emergence of a Berlin-Moscow-Tokyo axis, which would completely escape the influence of the commercial thalassocracies, which, he writes, practice the policy of the anaconda, which consists in gradually encircling and slowly suffocating its prey. But a unified Eurasia would be too large for the Anglo-American anaconda. Thanks to its gigantic mass, it could resist any blockade.

haushofer_raum_small.jpgThe idea of a tripartite alliance first occurred to the Japanese and Russians. At the time of the Russo-Japanese War of 1905, when the British and Japanese united against the Russians, some of the Japanese leadership—including Hayashi, their ambassador in London, Count Gato, Prince Ito, and Prime Minister Katsura—desired a Germano-Russo-Japanese pact against the English seizure of global sea traffic. The visionary Count Gato recommended a troika in which the central horse, the strongest one, flanked by two lighter and more nervous horses, Germany and Japan. In Russia, the Eurasian idea would be incarnated a few years later by the minister Sergei Witte, the creative genius of the Trans-Siberian Railroad who in 1915 advocated a separate peace with the Kaiser.

Needless to say, Haushofer disapproved of Hitler’s wars of conquest in the East, which went against his historical project of creating a Eurasian continental bloc.

The Anaconda Strategy of Spykman and Brzezinski

 

Route of the Trans-Siberian Railroad

The fundamental idea, posed by Mahan and Mackinder, to prohibit Russia’s access to the open sea, would be reformulated by Nicholas John Spykman (1893–1943), who insisted on the pressing need for controlling the maritime ring or Rimland, the littoral zone bordering the Heartland and which runs from Norway to Korea: “Whoever controls the maritime ring holds Eurasia; whoever holds Eurasia controls the destiny of the world.”[2]

Interpreting this maxim at that onset of the Cold War, the United States tried by a policy of “containment” of the USSR, to control the Rimland by means of a network of regional pacts: NATO in Europe, the Baghdad Pact then the Organization of the central treaty of the Middle East, SEATO and ANZUS in the Far East.

With the collapse of the Soviet bloc, one might have expected a strategic redeployment of the USA and a break with Mackinderite orthodoxy. But that was not to be. So much so that still today, the (semi-official) foreign policy adviser most heeded by President Obama proves to be a dedicated disciple of Mackinder: none other than Zbigniew Brzezinski, a friend of David Rockefeller, with whom he co-founded the Trilateral Commission in 1973, and Jimmy Carter’s National Security Advisor from 1977 to 1980. His major theoretical work, The Grand Chessboard, appeared in 1997, at the time of the wars in Yugoslavia undertaken mainly under his initiative, under the aegis of the Secretary of State Madeleine Albright.

Brzezinski’s strategic analysis cynically reprises Anglo-Saxon geopolitical doxa: Eurasia, which comprises half the planet’s population, constitutes the spatial center of world power. The key to control Eurasia is Central Asia. The key to control Central Asia is Uzbekistan. For this Russophobe of Polish origin, the objective of the American Grand Strategy must be to fight against a China-Russia alliance. Considering that the principal threat comes from Russia, he recommends its encirclement (the anaconda, always the anaconda) by the establishment of military bases, or, in the absence of friendly regimes in the former Soviet republics (Ukraine included), insisting in particular on the necessary utilization of Islamists. Paradoxically, it is in the name of the fight against these same Islamists that American forces were deployed Uzbekistan after September 11th, 2001 . . . Machiavelli is not dead!

Notes

1. Jean Klein, Karl Haushofer, De la géopolitique (Paris: Fayard, 1986).

2. N. Spykman, The Geography of the Peace (New York: Harcourt-Brace, 1944), p. 43.

Edouard Rix, Terre & Peuple, No. 46 (Winter Solstice 2010), pp. 39–41.


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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lundi, 22 août 2011

IRAN-USA: la grande parodie

IRAN – USA : la grande parodie

par Jean-Marc Desanti

Ex: http://leschevaliersnoirs.hautetfort.com/

«  Le pouvoir n'existe plus que comme parodie  »

(Jean Baudrillard )

 

Il n'existe pas entre états stables de tensions irréductibles car il n'y a pas entre gouvernements de relations établies «  une fois pour toutes  ». Les adversaires d'hier deviennent les amis d'aujourd'hui et les alliés de demain, parce que la nature même de tout pouvoir est de survivre en développant une politique prioritairement conforme à ses intérêts, c'est à dire, en termes moins élégants, de tout faire pour durer.

 

Les USA et l'Iran ont , officiellement, connu une amitié réciproque jusqu'à la chute du Shah, puis en apparence, depuis vingt ans, de violentes tensions qui semblaient se cumuler durant le conflitIran-Irak. En réalité l'administration américaine de Reagan misa très concrètement sur Téhéran en organisant des livraisons massives d'armes par l'intermédiaire d'Israël. Ce qu'on nomma « l'Irangate » apparaissait comme incompréhensible aux yeux de beaucoup de « spécialistes », l'explication était pourtant simple : Face au « matérialisme » soviétique l'islamisme était favorisé. En vendant des armes aux iraniens les États-Unis faisaient d'une pierre deux coups.

D'une part ils se servaient des profits engrangés pour soutenir « les contras » qui combattaient les Sandinistes soutenus par l'URSS au Nicaragua et d'autre part nourrissaient la lutte armée contre l'Irak, faisant plus de 500 000 morts, qui avait le soutien de Paris et de Moscou.

 

Puis, les évènements continuèrent à resserrer les liens très discrets mais très étroits entre Washington et Téhéran. En 1998, 70 000 hommes des forces terrestres et aériennes iraniennes, appartenant aux pasdaran (gardiens de la révolution) et aux bassidji (milices islamiques) se massèrent à une cinquantaine de kilomètres de la frontière afghane en menaçant d'intervenir pour écraser les talibans. C'est à cette époque que la Vevak ( services secrets iraniens ) établit des contacts avec le commandant Massoud. C'est à cette époque aussi que la Vevak et la CIA s'entendirent sur le plan de soutien et de secours aux forces de Massoud. Téhéran était, d'ailleurs, déjà engagé dans le conflit, ses avions ravitaillant en vivres et en armes depuis des mois l'Hazarajat, une région du centre de l'Afghanistan, tenue par les milices chiites hazaras, alliées de Massoud et que les talibans n'avaient pas encore conquises.

 

Aussi lorsque le premier décembre 2001 l'US Air Force commença les bombardements sur Tora Bora, elle put bénéficier de l'ouverture de l'espace aérien iranien pendant deux mois.

 

Mieux encore, en 2003, l'armée américaine est partie du Koweit vers Bagdad, via le désert de Nassiriyah, les brigades de l'organisation Badr avec leurs 15000 hommes ( réfugiés et transfuges chiites irakiens ayant combattu avec les iraniens pendant la guerre irano-irakienne ) étaient déjà entrées depuis la côte d'Al Imara et de Sa'd Algharbi pour protéger les arrières de l'armée américaine. C'est à ce moment-là aussi que les Iraniens proposèrent aux Etats-Unis le fameux accord 6+6 , les six pays frontaliers de l'Irak, plus les USA et les pays du Conseil de sécurité, plus l'Égypte... Ce qui fut appliqué, dans les faits, malgré les dénégations embarrassées des diplomates US.

 

Pour le Pentagone, les iraniens sont des gens censés avec lesquels on peut faire « de bonnes affaires », la réciproque est vraie.

 

Depuis une dizaine d'années, il n'est pas de mois où l'on n'annonce une attaque américano-israélienne ou israélienne ou américaine contre l'Iran. Les experts les plus avisés nous exposent avec précision le déroulement des opérations futures, escomptant bien qu'avec le temps , ils auront forcément un jour raison …

 

Mais il n'en est rien et pour cause.

 

Les américains ont pu, grâce au puissant allié chiite, pacifier l'Irak, c'est à dire morceler le pays en le laissant sous forte influence iranienne.

 

Les iraniens, toujours inquiets et en opposition face au monde arabe sunnite, ont réussi par Gi interposés à détruire Bagdad l'orgueilleuse et même, par ricochet, à s'introduire et à remporter de grandes victoires en imposant le Hezbollah dans le jeu compliqué entre le Liban, la Syrie et Israël.

 

Le reste, recette médiatique rabâchée de l'intox et de la peur, n'est qu'un rideau de fumée , des gesticulations à usage interne.

 

Le USA PATRIOT Act n'est-il pas indispensable au capitalisme d'état américain pour expliquer ses atteintes aux droits fondamentaux face à l'apocalypse d'un nucléaire iranien ?

 

De même la répression de toute opposition par les bassidji ne trouve-t-elle pas sa parfaite justification dans les manœuvres supposées destructrices du « grand Satan » ?

 

Mais observons, de plus près, les dernières trouvailles des deux présumés protagonistes.

 

On parle de plus en plus du PJAK, groupe révolutionnaires armé kurde créé en 2004, d'inspiration marxiste et féministe ( la moitié des combattants sont des femmes ).

 

Ce groupe perpétrerait des attentats à la frontière de l'Irak et de l'Iran.

Le 4 Février 2009, Barrack Obama décréta le PJAK , comme groupe international terroriste. Cet acte gouvernemental américain n'est-il pas un soutien direct au gouvernement iranien ?

 

Quel genre de conception est-ce ? Pourquoi le président américain prend-t-il cette décision et choisit-il de ne pas soutenir la démocratie et les droits des groupes minoritaires en Iran comme les Kurdes, les Azéris, les Assyriens, les Juifs ou les Arabes ? 

 

Le gouvernement américain sait pourtant bien que les droits des Kurdes n'ont pas été reconnus pendant un siècle. Comment se fait-il alors que le président Obama s'oppose aux droits fondamentaux tels que le respect de toute culture et le libre apprentissage de sa langue maternelle ?

 

Ce volontarisme politique soutient-il le gouvernement iranien pour lui permettre de continuer son « alliance » avec le Pentagone, et le gouvernements turc afin que la Turquie puisse rester membre de l'OTAN ? 

 

Le régime iranien craint-il les militants du PJAK parce qu'ils sont pour la démocratie ?

 

Il semble, curieusement, que l'administration Obama ne supporte pas la lutte pour la démocratie en Iran.

 

De même, elle montre une patience peu commune et une prudence inhabituelle dans ses commentaires, concernant les évènements sanglants en Syrie. Le peuple kurde qui a vécu en Syrie des milliers d'années, avant même l'arrivée des Arabes au Moyen-Orient, n'a pas obtenu la citoyenneté syrienne, et est le premier à payer le prix du sang aujourd'hui.

 

Est-ce donc la raison pour laquelle on laisse la répression durer et se renforcer encore ?

 

« Nous avons des rapports de nos frères à l'intérieur de l'appareil de sécurité iranien qui démontrent que des généraux turcs sont venus en Iran pour préparer l'écrasement du PJAK et faire porter, à l'organisation,la responsabilité d'actes terroristes réalisés par des provocateurs », a déclaré Amir Karimi, membre du Comité de coordination du PJAK. 

 

« Ce plan de terreur fait partie de leur tentative pour obtenir de l'Union européenne de rallier les États-Unis afin de répertorier le PJAK comme un groupe terroriste ».

 

Pendant ce temps, en Europe, le régime iranien a envoyé quelques tueurs à gages en l'Allemagne pour abattre le secrétaire général du PJAK, Rahman Haji Ahmadi. 

 

« La police allemande a appelé la semaine dernière Ahmadi pour l'avertir que trois tueurs iraniens, utilisant des passeports turcs, avaient emménagé dans un appartement près de l'endroit où il vit  », a déclaré le porte-parole du PJAK . « Ils lui ont demandé d'être prudent, mais ne lui ont offert aucune protection  ».

 

Comment comprendre de telles circonvolutions ?

 

Il nous suffit de regarder une carte du «  grand Moyen -Orient », projet US machiavélique déjà largement engagé.

 

Ainsi, si on y voit un Kurdistan « libre » avec pour capitale Kirkouk, où les kurdes représentaient les trois quarts de la population en 1897, avant d'être massacrés dès 1980 par le régime arabe d'Hussein, avec l'aide et la complicité des turcs et des iraniens, on observe aussi que l'Iran débarrassé au nord – ouest des kurdes, récupérerait, au sud-ouest, une vaste zone appelée «  états arabes chiites  », entourant le Koweït et ayant une frontière commune avec les «  territoires intérieurs saoudiens indépendants  », une partie de l'Arabie saoudite démembrée.

 Il est à craindre qu'une fois de plus, ayant toujours besoin de barbouzes pour leurs opérations très spéciales, la NSA, avec l'aide du MIT turc ( Millî İstihbarat Teşkilatı ) et de la Vevak n'ait encore créé, un nouveau Al Qaida ou une nouvelle UCK, manipulables à souhait, qu'elle agite , qui parfois lui échappe, mais qui donne l'impression, l'illusion fausse qu'il se passe « quelque chose » , que demain peut-être les rapports de force basculeront.

 

Mais tout est sous contrôle. Le logiciel suit sa progression. Tous les paramètres ont été rentrés, les hypothèses élaborées sont testées et corrigées en temps réel.

 

N'oublions pas, Oncle Sam ne sort de son grand chapeau que le meilleur scénario possible à ses yeux.

 

Pour les petits James Bond obéissants comme Oswald, Diem, Bakhtiar, Moro, Kabila ou Ben Laden , leurs destinées, nous le savons, est de finir truffés de plomb car les états ne s'opposent jamais. Il peut y avoir, seulement, des changements d'équipes, des rotations de mafias ( pour ceux qui transgressent les règles du Monopoly mondial ). On sort les « caves » de la salle de jeu pour ne garder que les « affranchis ».

 

Les états sont, ne l'oublions pas, le « game », le casino, la banque.

Le lieu où se décident les règles à suivre impérativement, les pauses, les clients qui gagnent un peu, les mensonges, les stratégies et les trahisons, bref ce qui fait que la banque ne perd jamais.

 

Jean-Marc DESANTI

 

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samedi, 20 août 2011

Choc des civilisations ou querelles intestines?

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Choc des civilisations ou querelles intestines ?

Thierry MUDRY
 
En Europe, la thèse du « choc des civilisations », en partie inspirée de l’œuvre de Samuel Huntington, s’est frayé, semble-t-il, un chemin jusque dans le discours de certains partis de gouvernement qualifiés de « modérés » ou « conservateurs ».

Cette thèse postule l’existence de conflits inévitables entre les systèmes religieux porteurs de normes politiques, juridiques et culturelles qui structurent les civilisations. Ainsi, aux yeux d’un nombre croissant d’Européens, la civilisation occidentale christo-centrée apparaît-elle menacée sur le territoire européen même par l’Islam: par le terrorisme islamique et, plus sournoisement, par les tentatives des croyants musulmans visant à imposer une plus grande visibilité sociale de leur religion et à se conformer à des normes dérogatoires à l’ordre public (polygamie) et à la culture dominante (port du voile).

Il est pourtant évident que tous les résidents ou citoyens européens d’origine ou de croyance musulmane ne partagent pas l’opinion des éléments les plus radicaux d’entre eux qui prétendent placer l’Islam, tant symboliquement que politiquement, au cœur de l’espace public. Et ce désaccord n’est pas seulement motivé par l’adhésion à un crédo laïque « à la française », mais aussi, dans de larges secteurs, par une interprétation somme toute assez classique de la doxa islamique ou une approche assez conforme à la jurisprudence islamique de ce que doivent être les rapports entre l’Islam et l’État dans une société majoritairement non musulmane.

Il est également évident que le terrorisme islamiste vise prioritairement les pays musulmans et les populations musulmanes elles-mêmes qu’il prétend vouloir ramener à ce qu’il affirme être la pureté du message muhamadien.

C’est là un exemple parmi d’autres du fait que les conflits religieux n’opposent pas tant les religions entre elles, dans un « choc des civilisations », que des factions adverses au sein de chaque religion, voire au sein de chaque dénomination.

Cela ne revient évidemment pas à dire que ce « choc des civilisations » est une fiction, qu’il est purement fantasmé, loin s’en faut. Il acquiert une réalité du seul fait que nombre d’acteurs politiques croient en son existence, et que certains autres l’instrumentalisent aux fins d’affaiblir leurs rivaux ou ennemis potentiels: on sait l’usage que les États-Unis ont fait de l’arme islamique contre le nationalisme arabe laïque et contre l’Union soviétique, usage que Zbigniew Brzezinski avait remarquablement décrit dans Le Grand Échiquier, et l’usage qu’en a fait Israël contre les chrétiens palestiniens, souvent surreprésentés dans le mouvement de libération nationale, et contre l’O.L.P. Aujourd’hui, il est permis de se demander si la promotion de la multi-culturalité par la puissance américaine, modèle imposé à l’Europe, avec les tensions sociales qu’elle y fait naître et le « choc des civilsations » qu’elle y favorise, n’obéit pas, elle aussi, à des buts politiques précis…

Qui qu’il en soit, il faut admettre que le « choc des civilisations » n’est bien souvent lui-même que le produit, que la conséquence d’un rapport de forces et de conflits internes aux ensembles religieux en cause.

Ainsi l’actuelle polémique pan-européenne sur la construction des minarets et sur le port du voile intégral apparaît-elle d’abord comme un débat interne à la communauté musulmane avant que d’être un débat impliquant la société globale. On peut même considérer qu’elle constitue d’abord un enjeu de pouvoir au sein de la communauté musulmane et que le bénéfice que souhaitent en tirer les radicaux n’est pas l’« islamisation » de l’Europe (objectif certes souhaitable à leurs yeux mais difficilement accessible) que la « ré-islamisation » et la radicalisation de l’opinion musulmane locale.

Les parallèles historiques avec la situation actuelle de l’Islam en Europe ne manquent pas.

On pourrait évoquer la conquête ottomane des Balkans avec laquelle s’affirme l’image d’un Islam militairement expansif voué à subjuguer l’Europe et à la plier à sa loi.

Or, comme l’ont montré Irène Beldiceanu-Steinherr et Michel Balivet, cette conquête a été menée, avec l’appui de derviches hétérodoxes, par des seigneurs des frontières indociles échappant au contrôle d’un pouvoir central ottoman embryonnaire. Elle a débouché, dans un premier temps, moins sur l’islamisation des populations soumises que sur l’émergence d’un syncrétisme local.

La réaction sunnite qui s’est fait jour à partir du règne de Selîm Ier (1512-1520), face à la menace des Safavides iraniens devenus les champions du chiisme (encore un conflit interne à l’Islam!), conduira les dynastes ottomans à mettre au pas les musulmans d’Anatolie et des Balkans, dont on pouvait craindre les sympathies safavides, et à procéder à leur normalisation politique et religieuse.

C’est dire que la conquête ottomane des Balkans a d’abord été l’expression de dissensions internes à la société et à l’État musulmans ottomans, plutôt qu’un affrontement frontal entre Chrétienté et Islam. Le sultan a d’ailleurs été longtemps plus assuré de la loyauté de ses sujets chrétiens que de celle de ses sujets musulmans balkaniques!

Quittant les rives de la Méditerranée, il n’est pas inutile d’évoquer l’un des derniers conflits « religieux » armés dont l’Europe a été le théâtre: le conflit nord-irlandais.

Même si Samuel Huntington n’a pas compté, au nombre des fractures civilisationnelles qu’il inventorie, l’opposition entre le « catholicisme gaélique irlandais » et le « protestantisme anglo-saxon britannique » (pour reprendre une terminologie populaire aux XIXème et XXème siècles tant dans les Îles britanniques qu’en Amérique du Nord), celle-ci revêt encore aux yeux de beaucoup en Irlande du Nord l’aspect d’un choc de civilisations.

Les accords du Vendredi Saint qui ont, en 1998, mis un terme progressif au conflit nord-irlandais en organisant le désarmement et le démantèlement des groupes para-militaires républicains et loyalistes, et la participation de leurs branches politiques au processus électoral local, ont en quelque sorte conforté cette vision des choses en associant indissolublement catholicisme, républicanisme et culture gaélique, d’un côté, protestantisme, unionisme et culture britannique dans sa variante « ulster scot », de l’autre. Avec ces accords destinés à restaurer la paix se voit donc consacrée la division « sectaire » des six comtés en deux sociétés, deux cultures irréductiblement distinctes.

Pourtant, la situation ainsi figée par les accords de paix est un produit de l’histoire récente de l’île.

Il faut relever en effet que la confédération de Kilkenny qui fut, au XVIIème siècle pendant la guerre des Trois Royaumes, la première expression politique du catholicisme irlandais unissant les Gaels, les habitants originels de l’île, et les Vieux-Anglais, les descendants des premiers colons anglais de l’île restés fidèles au catholicisme (la confédération de Kilkenny soutenait le roi Charles Ier contre le parlement anglais et Cromwell), consacra l’hégémonie de la langue anglaise et de la loi anglaise, la common law, au sein du catholicisme local.

A l’inverse, une grande partie, voire la majorité des colons presbytériens d’Irlande du Nord venus d’Écosse étaient à l’origine de langue et de culture gaéliques comme l’ont montré récemment J. Michael Hill et l’historien du presbytérianisme irlandais Roger Blaney.

Au XVIIIème siècle, ce sont les protestants, seuls détenteurs des droits politiques, qui contestèrent la domination politique, économique et culturelle britannique sur l’Irlande à travers le mouvement des Volontaires irlandais et celui, plus radical, des Irlandais-Unis, tandis que l’Église et les classes moyennes catholiques espéraient que l’union de l’Irlande à la Grande-Bretagne déboucherait sur l’émancipation des catholiques irlandais.

La situation actuelle résulte en fait clairement des mutations du catholicisme et du protestantisme irlandais amorcés au XIXème siècle.

Le premier a connu une « révolution dévotionnelle » (selon l’expression d’Emmet Larkin) initiée par le cardinal Cullen au lendemain de la Grande Famine. Ce prélat s’était donné pour objectif d’aligner le catholicisme local sur les canons du catholicisme continental et de « re-catholiciser » de la sorte ses ouailles suspectes d’indifférence religieuse, de s’adonner à des pratiques païennes ou, encore, de manifester des inclinations protestantes.

Chez les protestants s’affirma le courant évangélique et pan-protestant au sein du presbytérianisme et de l’anglicanisme, soucieux d’unir dans un prosélytisme agressif la famille protestante jusqu’alors divisée contre la menace démographique et les revendications « papistes ». Avec lui se dessina bien tardivement le « sectarisme » protestant dans ses dimensions tout à la fois religieuses, politiques et culturelles.

Mais il aura fallu pour cela que le courant évangélique l’emporte définitivement sur le courant « non-souscripteur » (ce courant refusait l’adhésion obligatoire à la confession de Westminster) et sur le courant millénariste du presbytérianisme irlandais, engagés à des degrés divers dans la lutte contre l’establishment politico-religieux anglican, comme le montre l’implication de leurs pasteurs et de leurs paroisses dans le mouvement des Irlandais-Unis et le soulèvement révolutionnaire de 1798.

Il aura fallu qu’il l’emporte également sur les courants anglo-catholique et libéral de l’anglicanisme irlandais sensibles aux convergences dogmatiques et liturgiques avec le catholicisme et aux affinités entre croyants des deux confessions.

Ce sont donc ces mutations décisives qui favoriseront en Irlande l’affrontement direct entre le catholicisme et le protestantisme.

Là aussi, à l’image de la question musulmane telle qu’elle est posée aujourd’hui en Éurope, la prétendue guerre de religions ou de civilisations n’y est que la conséquence d’un règlement de comptes interne.

C’est dire que la géopolitique des conflits religieux se doit d’être d’abord une géopolitique des conflits intra-confessionnels.

Thierry Mudry

À propos de l'auteur

Thierry Mudry
 
Docteur en droit et avocat au Barreau de Marseille, Thierry Mudry est également chargé d'enseignement à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence. Ses recherches et ses cours portent sur le fait religieux et ses rapports avec la problématique identitaire et les dynamiques géopolitiques.