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mardi, 14 janvier 2014

Maurras, inlassable avocat des langues régionales

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Maurras, inlassable avocat des langues régionales
 
Ex: http://anti-mythes.blogspot.com
 
 
De ses tout premiers engagements de jeunesse, Maurras a-t-il conservé l’idée que décentralisation et défense des langues régionales vont de pair ? C’est une hypothèse naturelle, tant la chose allait de soi dans la Déclaration des jeunes félibres fédéralistes de 1892. Mais ce n’est qu’une hypothèse, qu’il faudrait étayer par des études sérieuses qui, à notre connaissance, n’existent pas.

Lorsque Maurras construit son corpus doctrinal sur la République centralisatrice, les problématiques linguistiques n’y figurent pas en première ligne, ne serait-ce que parce tous les territoires ne sont pas concernés, ou pas également concernés. On pourrait dès lors formuler l’hypothèse inverse : le combat de Maurras pour la décentralisation, qui a donné lieu à un nombre considérable d’écrits, et son combat pour la langue et la culture provençales, accessoirement pour le breton ou l’alsacien, ont été menés quasi indépendamment l’un de l’autre, avec des rencontres qui ne sont que fortuites.
 
Pourquoi se poser cette question ? Simplement parce que l’ouvrage de synthèse que Maurras consacre aux langues régionales et à leur enseignement, Jarres de Biot, date de 1951, soit un an avant sa mort, alors que son équivalent L’Idée de la décentralisation a été composé en 1898.
 
Un élément de réponse se trouve peut-être dans l’observation du comportement du pays légal. Tout député, même le plus pénétré d’idéologie jacobine, sera un jour en butte au pouvoir d’un préfet et en tirera la conclusion que, s’il avait été libre de ses mouvements et de ses décisions, les choses seraient allé mieux et plus vite. Il y a donc chez chaque élu un décentralisateur qui sommeille et, lorsqu’il est dans l’opposition, il trouvera aisément matière à faire une proposition en ce sens. Dans L’Idée de la décentralisation, Maurras dresse l’impressionnante liste de ces joutes parlementaires, analysées avec minutie, et nul doute qu’il a continué à les suivre avec attention tout le restant à vivre de la IIIe République. Le scénario en a toujours été le même ; le parti au pouvoir enterre le projet, quelle que soit sa couleur, et c’est l’un des siens qui en représentera un autre semblable lorsque le gouvernement sera renversé, ce qui était fréquent à l’époque.
 
Les propositions en faveur des langues régionales, également récurrentes et également toujours retoquées, n’obéissaient pas à la même logique. Elles n’étaient présentées que par des élus des régions concernées, Bretons, Basques, Catalans… qui pouvaient également être décentralisateurs, mais qui souvent ne l’étaient pas. Maurras eut d’ailleurs très tôt affaire à certains dirigeants du Félibrige qui étaient de farouches jacobins. Ceci l’a sans doute amené à faire la part des choses.
 
Jarres de Biot, que nous publions aujourd’hui et qui n’a été tiré à l’époque qu’en édition de luxe à 500 exemplaires, est sans doute, avec Le Mont de Saturne qui est d’un tout autre genre, le plus achevé, le plus documenté, le mieux argumenté des textes écrits par le Maurras d’après guerre.
 
Sa publication fait suite à des polémiques qui se sont déroulées en 1950 pendant la discussion de la première loi républicaine sur l’enseignement des langues régionales, dite « loi Deixonne ». L’un des principaux adversaires de cette mesure fut l’académicien Georges Duhamel qui sonna le tocsin dans plusieurs articles du Figaro. Jarres de Biot est en fait la réponse de Maurras aux articles de Georges Duhamel ; il n’évoque pas la loi Deixonne en tant que telle.

Il n’est pas inutile de resituer ces événements dans leur contexte. Tout a commencé par l’initiative de deux députés communistes bretons, Pierre Hervé et l’aïeul Marcel Cachin. Ceux-ci exhument une proposition de loi déposée avant guerre par un député démocrate-chrétien nommé Trémintin, laquelle concernait l’enseignement de la langue bretonne à l’école primaire. Ils la rajeunissent quelque peu et la déposent, le 16 mai 1947. Mais juste avant, le 5 mai, le gouvernement Ramadier se sépare des ministres communistes ; c’est le début de la guerre froide en France. La bataille pour la langue bretonne commence donc dans un climat d’affrontement violent qui lui confère un enjeu inattendu ; rapidement, le MRP s’y associe, ce qui met les socialistes en minorité. Ceux-ci tiennent certes le gouvernement, mais sur ce point précis ils doivent composer et finissent par nommer un de leurs, Maurice Deixonne, rapporteur du projet de loi, avec mission occulte de le saboter autant que possible.
 
Deixonne est un gros bosseur, qui de son propre aveu ne connaît rien au sujet, et qui de plus a sans doute quelques fréquentations ultra-pacifistes d’avant guerre à se faire pardonner, la plupart de ses amis d’alors ayant fini dans la collaboration. C’est un orphelin qui s’est fait lui-même à coup de brillantes études ; mais dès la fin des années 1920 il interrompt sa carrière universitaire pour s’engager au parti socialiste. Sa puissance de travail impressionne ; d’ailleurs sa la loi sur les langues régionales, qui porte son nom, ne figure même pas dans sa biographie de l’Assemblée, tant il y a fait d’autres choses depuis jugées plus importantes…
 
Il s’attelle à la tâche et finalement, contre toute attente, réussit à finaliser un texte consensuel qui sera adopté par l’Assemblée le 30 décembre 1949.
 
Entre temps il sera parvenu à faire la jonction avec les députés catalans, puis à intégrer le basque et l’occitan, terme préféré après de longues escarmouches à ceux de provençal ou de langue d’oc. Il aura ainsi pratiquement reconstitué le contenu de la circulaire Carcopino de décembre 1941, qui par la force des choses ne concernait ni le flamand, ni l’alsacien, ni le lorrain, et qui a été abolie à la Libération.

Il reste alors, ainsi fonctionnait la quatrième République, à faire adopter le texte par le Conseil des ministres. Cela durera toute l’année 1950, jusqu’à promulgation de la loi le 11 janvier 1951. Cette année 1950 verra la polémique gagner la presse, l’Académie Française et tout le monde enseignant, avec d’un côté une alliance de fait entre communistes et MRP, auxquels on peut joindre l’Action française, et de l’autre les jacobins de tout bord, dénonçant les risques épouvantables qu’une heure facultative de langue bretonne à l’école fera immanquablement courir à l’unité française.

Le texte final de la loi est plus que modeste. Les mots « facultatif », « dans la mesure du possible », reviennent sans cesse. Le ton à l’égard des langues concernées est volontiers condescendant : il est question de « richesse du folklore et des arts populaires » ; rien de bien subversif, et cependant cela a conduit Georges Duhamel à pousser des cris d’orfraie au long de cinq éditoriaux d’avril et de mai 1950. Avec au moins une conséquence heureuse,celle d’avoir incité Maurras à écrire ce qu’il avait sur le cœur, sans doute depuis cinquante ans et plus.

Il y a eu deux éditions de Jarres de Biot, comportant en plus du texte lui-même des illustrations et des poèmes. Nous avons noté les variantes entre les deux éditions, et reproduit l’ensemble des illustrations. Nous publierons en revanche les poèmes à part, dans un autre cadre, car ils n’ont aucun rapport avec la loi Deixonne ni avec Georges Duhamel.

lundi, 13 janvier 2014

La poudrière des Balkans

La poudrière des Balkans...

La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 70, janvier - février 2014).

Le dossier central est consacré aux Balkans comme zone de déchirement et de conflit tout au long du XXe siècle. On peut y lire, notamment,  des articles de Philippe Conrad ("Histoire des Balkans" ; "1914-1915, la Serbie dans la guerre"), de Tancrède Josseran ("Les guerres balkaniques de 1912-1913"), de Gérard Hocmard ("Les conflits balkaniques et la politique britannique"), de Rémy Porte ("L'Armée d'Orient 1915-1919"), d'Yves Morel ("L'échec du royaume yougoslave") de Martin Benoist ("L’État oustachi de Croatie"), de Frédéric Le Moal ("Le combat perdu des tchetniks"), de Thierry Buron ("Churchill et les résistances yougoslave et grecque") et de Alexis Troude ("Yougoslavie : une désintégration programmée").

Hors dossier, on pourra lire, en particulier, un entretien avec le général, et historien,  André Bach ("Commémoration du centenaire de 1914") ainsi que des articles d'Emma Demeester ("Gaston d'Orléans, un adversaire de Richelieu"), de Rémi Soulier ("Michel de Nostredame, un médecin des âmes"), de Jean Kappel ("L'aventure française au Sahara"), de Pierre de Meuse ("Quand la France était en Syrie"), d'André Cubzac ("L’avènement et le triomphe du marché") et d'Yves Nantillé ("Le septennat de Giscard d'Estaing").

 

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mercredi, 08 janvier 2014

La Démocratie au Moyen Âge !

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La Démocratie au Moyen Âge !

 

En dépit de la vague romantique qui, au XIXe siècle, va entreprendre une réhabilitation partielle et souvent mythique du récit « historique » de cette longue époque (un millénaire) que les érudits de la renaissance ont reléguée au rang de « moyen-âge », l’imagerie commune en garde encore des idées complètement fausses : le moyen-âge, pour beaucoup, c’est l’époque où le petit peuple, ignorant et analphabète, est soumis au diktat implacable d’un ordre politique militaire monarchique, et d’un ordre spirituel clérical séculaire et dogmatique ; c’est l’époque des seigneurs, de l’inquisition, des sorcières et des bûchers ; c’est l’époque des guerres incessantes, des croisades sanglantes et de la peste ; en résumé, le moyen-âge serait une époque obscure, sombre, « gothique ». Voici ce que nous en dit Michel FRAGONARD :

« (…) l’histoire représente, au XIXe siècle, un enjeu « politique » essentiel (en témoigne d’ailleurs l’attention des gouvernements, dont l’action d’un Guizot, lui-même historien, est le meilleur exemple) : sa promotion est inséparable de l’affirmation du sentiment national, fruit à la fois de la Révolution française et des courants romantiques allemands ; et l’un des enjeux essentiels est la question des origines nationales. On comprend alors l’intérêt des historiens, initiateurs et propagateurs de cette conscience nationale, pour le Moyen Age, aux fondements de la nation. Intérêt non dépourvu de considérations idéologiques : au moment où, en France, conscience nationale et aspiration démocratique sont intimement liées dans une mystique du « peuple » (notion combien ambiguë), l’œuvre d’Augustin Thierry (Récits des temps mérovingiens, Essais sur la formation et les progrès de l’histoire du Tiers État) est sous-tendue par une thèse historico-ethnique (les origines proprement « gauloises » du peuple français, à contre-pied d’une historiographie « aristocratique » insistant sur les origines franques). Dans cette quête historique d’un Moyen Age où se trouvent les sources de la nation, l’exemple le plus illustre, en France, est celui de Michelet, qui consacre six volumes de sa monumentale Histoire de France (inachevée) au Moyen Age et qui, dans ses autres ouvrages, revient régulièrement sur la période (voir la Sorcière). »

cc1jos6j.jpgIl nous suffit de voir à quoi ressemble ce mouvement culturel « gothique » né dans les années 1990, qui mêle à la fois l’imagerie mythique de ce moyen-âge du XIXe siècle et les idées les plus noires que le quidam se fait de cette ère. Vêtus et maquillé de noir ou de sombre, visages tristes ou désespérés, véhicules « morts-vivants » d’un romantisme lui-même sombre, noir et désenchanté.

Que dire alors de l’idée que l’on se fait au sujet de la politique au moyen-âge ? A l’évocation d’une démocratie au moyen-âge, la plupart vont faire les yeux ronds et se dire « mais de quoi parle-t-il ? ». Moyen-âge et démocratie sont deux termes que la plupart considèrent antinomiques. Or, la réalité est bien différente. La démocratie était plus vivace durant la majeure partie du moyen-âge et de la renaissance, qu’elle ne le fut depuis la Révolution. En fait, c’est la Révolution qui va éteindre un ensemble de pratiques démocratiques populaires qui perdurera jusqu’au XVIIIe siècle.

Ce que je découvre, en parcourant l’excellent livre de Francis Dupuis-Déri « Démocratie. Histoire politique d’un mot aux États-Unis et en France », est entre autre une déconstruction radicale de ce moyen-âge obscurantiste que l’élite contre révolutionnaire et le « siècle des Lumières » a durablement imprimé dans nos esprits. Permettez-moi de partager avec vous les quelques passages de ce livre qui nous éclairent sur cette activité démocratique vivace au moyen-âge.

« Au Moyen Age et pendant la Renaissance européenne, des milliers de villages disposaient d’une assemblée d’habitants où se prenaient en commun les décisions au sujet de la collectivité. Les « communautés d’habitants », qui disposaient même d’un statut juridique, ont fonctionné sur le mode de l’autogestion pendant des siècles. Les rois et les nobles se contentaient de gérer les affaires liées à la guerre ou à leurs domaines privés, d’administrer la justice et de mobiliser leurs sujets par des corvées. Les autorités monarchiques ou aristocratiques ne s’ingéraient pas dans les affaires de la communauté, qui se réunissait en assemblée pour délibérer au sujet d’enjeux politiques, communaux, financiers, judiciaires et paroissiaux[1]. »

Voilà déjà qui tranche avec les images d’une monarchie omnipotente et omniprésente, gérant, en collaboration avec l’Église, tous les faits et gestes de leurs sujets. En réalité, l’aristocratie nobiliaire avait bien d’autres chats à fouetter que de s’occuper des affaires du peuple, et elle laissait donc volontiers à ses gens le soin de s’occuper de leurs propres affaires. Le peuple disposait donc de fait d’une large autonomie, autrement plus grande que nous n’en disposons actuellement sous le régime prétendument représentatif. Et cette autonomie s’étendait sur des domaines importants et essentiels, comme nous allons le voir.

« On discutait ainsi des moissons, du partage de la récolte commune ou de sa mise en vente, de la coupe de bois en terre communale, de la réfection des ponts, puits et moulins, de l’embauche de l’instituteur, des bergers, de l’horloger, des gardes-forestiers, parfois même du curé, des gardiens lorsque sévissaient les brigands, les loups ou les épidémies. On y désignait ceux qui serviraient dans la milice, on débattait de l’obligation d’héberger la troupe royale ou de l’utilité de dépêcher un notable pour aller soumettre à la cour des doléances au nom de la communauté. »

Imaginez que, dans votre ville ou votre commune, de nos jours, vous puissiez, par le biais d’une assemblée communale publique, décider en commun de la répartition de la récolte commune ou de sa mise en vente (alors qu’aujourd’hui, les paysans – souvent les « serfs » modernes de l’industrie agro-alimentaire – se voient imposer leur cotât de production, les prix de vente, le cahier des charges et jusqu’aux semences qu’ils peuvent utiliser), la réfections ou l’édification des ouvrages d’art (routes, voiries communales, ponts, éoliennes, barrages, écluses, etc.), de qui, parmi les habitants, servira dans la police municipale (qui est maintenant un corps centralisé au service de l’Etat, et non du peuple). Impensable, n’est-ce pas ? Pourtant, les assemblées d’habitants étaient dynamiques.

« Il y avait environ dix assemblées par an, parfois une quinzaine. Elles se déroulaient sous les arbres (le chêne), au cimetière, devant ou dans l’église, ou encore dans un champ. Bref, dans un lieu public, car il était interdit de tenir l’assemblée dans un lieu privé, pour éviter les magouilles. Une étude statistique de quelque 1500 procès-verbaux indique que ces assemblées comptaient en moyenne 27 participants, soit une représentation d’environ 60% des foyers des communautés, et pouvaient même accueillir jusqu’à quelques centaines d’individus, dont 10 à 20% de femmes. Mais à l’époque, dix personnes suffisaient pour former « un peuple » et tenir une assemblée. La participation à l’assemblée était obligatoire et une amende était imposée aux absents quand l’enjeu était important. Un quorum des deux tiers devait alors être respecté pour que la décision collective soit valide, par exemple celle d’aliéner une partie des biens communs de la communauté (bois ou pâturage). Il était si important que la communauté s’exprime que même lorsque la peste a frappé dans la région de Nîmes, en 1649, l’assemblée a été convoquée dans la campagne sur les deux rives d’une rivière, pour permettre de réunir à la fois les personnes ayant fui la ville et celles qui y étaient restées. En général, le vote était rapide, à main levée, par acclamation ou selon le système des « ballote » distinguant les « pour » des « contre » par des boules noires et blanches. Lorsque la décision était importante, les noms des personnes votantes étaient portés au procès-verbal. »

Ainsi, le peuple, au moyen-âge, parvenait à s’autogérer sur tout un ensemble de domaines considérés non comme « privés », mais comme publiques, car à l’inverse de nous, les « modernes » atomisés par une culture du chacun pour soi (la culture individualiste que nous devons à l’origine aux physiocrates du XVIIIe siècle et à leurs successeurs libéraux et capitalistes du XIXe et du XXe siècle), nos ancêtres « médiévaux » avaient conscience de l’interdépendance mutuelle dans laquelle ils étaient, et la majeure partie des ressources produites par la terre étaient considérées comme un ensemble de richesses communes, non comme des richesses privées. Cela n’empêchait pas le commerce, l’artisanat, ni même une certaine forme d’industrie. Ils parvenaient, en dépit de leurs intérêts individuels, à s’entendre et à gérer eux-mêmes ces ressources en commun, chose qui nous semblent aujourd’hui hors de portée – il suffit, pour s’en convaincre, de voir les commentaires récurrents qui décrient l’apathie populaire et considère, aujourd’hui, la masse comme incapable de débattre et de décider communément de ses propres intérêts. Ainsi, il serait impossible aux hommes « modernes » de ce XXIe siècle de faire ce que les paysans « incultes » du moyen-âge faisaient couramment ? Si cela est vrai, pouvons-nous encore parler de « progrès de la modernité » ? Ne devrions-nous pas plutôt faire le terrible constat de la régression imposée par cette « modernité » ?

« La démocratie médiévale, bien vivante alors, mais aujourd’hui si méconnue, permettait au peuple de traverser de longs mois sans contact direct avec des représentants de la monarchie, une institution qui offrait finalement très peu de services à sa population composée de sujets, non de citoyens. En d’autres termes : un territoire et une population pouvaient être soumis à plusieurs types de régimes politiques simultanément, soit un régime autoritaire (monarchie pour le royaume, aristocratie pour la région) et un régime égalitaire (démocratie locale ou professionnelle). »

 

 

On rêverait, de nos jours, de disposer de cette autonomie et de ce régime égalitaire, rien qu’au niveau local de nos villes ou de nos communes. Or, même cela nous est refusé, et cette simple idée fait se dresser un mur de défit et de mépris qui, au moyen-âge ou à la renaissance, aurait donné lieu à une « jacquerie », une révolte justifiée du peuple contre l’oppression d’un pouvoir par trop dictatorial et jugé tyrannique. En Espagne, les autorités gouvernementales ont mis leurs institutions judiciaires en marche pour détruire cette expérience unique d’autogestion réussie dans la petite ville andalouse de Marinaleda, dont le succès jette une lumière crue sur l’échec de la politique libérale nationale. Décidément, les « élites » libérales, de gauche comme de droite, n’aiment pas la démocratie, et ils le montrent de façon brutale. Cet événement récent montre ce qui se produisit à la Révolution et qui signa durablement le glas de l’expérience démocratique populaire.

« Les communautés d’habitants et les guildes de métiers perdent peu à peu de leur autonomie politique non pas en raison d’un dysfonctionnement de leurs pratiques démocratiques, qui se poursuivent dans certains cas jusqu’au XVIIIe siècle, mais plutôt en raison de la montée en puissance de l’État, de plus en plus autoritaire et centralisateur. [...] Or, si la démocratie locale peut bien s’accommoder d’un roi et même l’honorer, c’est dans la mesure où il se contente de rendre justice et de vivre surtout des revenus de ses domaines. De nouveaux prélèvements fiscaux et l’élargissement de la conscription militaire sont perçus dans les communautés comme le résultat de mauvaises décisions du roi ou de ses conseillers, et comme une transgression inacceptable et révoltante des coutumes et des droits acquis. L’assemblée d’habitants est alors un espace où s’organise la résistance face à cette montée en puissance de l’État. »

Voilà ce que l’élite contre-révolutionnaire – les « patriotes » et les « pères fondateurs » du XVIIIe siècle, ont très bien compris, et voilà pourquoi ils se sont attaché à décrier cette population agissante. Jugeons donc de cette sentence de ce procureur de la république qui este contre Babeuf dans un procès en trahison – et l’accuse par ailleurs d’être un « anarchiste » :

« Qui oserait calculer tous les terribles effets de la chute de cette masse effrayante de prolétaires, multipliée par la débauche, par la fainéantise, par toutes les passions, et par tous les vices qui pullulent dans une nation corrompue, se précipitant tout à coup sur la classe des propriétaires et des citoyens sages, industrieux et économes ? Quel horrible bouleversement que l’anéantissement de ce droit de propriété, base universelle et principale d’ordre social ! Plus de propriété ! Que deviennent à l’instant les arts ? Que devient l’industrie ?[2] »

Que voulait Babeuf ? Selon lui, la société était divisée en deux classes aux intérêts opposés, soit l’élite et le peuple. Chacune voulait la république, mais l’une la voulait bourgeoise et aristocratique, tandis que l’autre entendais l’avoir faite populaire et démocratique. Populaire et démocratique ? Vous n’y pensez pas !

L’interdiction de s’assembler est alors justifiée par un discours qui relève de l’agoraphobie politique : on présente les assemblées comme tumultueuses et contrôlées par les pauvres. En 1784, l’intendant de Bourgogne explique ainsi que : « ces assemblées où tout le monde est admis, où les gens les moins dociles font taire les citoyens sages et instruits, ne peuvent être qu’une source de désordre ». Le ton est donné. Ce genre de discours, nous ne le connaissons que trop, encore aujourd’hui. Pourtant, l’historien Antoine Follian écrit qu’il « n’y a probablement pas plus de  »tumultes » au XVIIIe siècle qu’au XVIe siècle. Soit les autorités s’offusquent de choses qui n’en vallent pas la peine, soit ce n’est qu’un prétexte pour servir une politique de resserrement des assemblées sur les  »notables » ».

Parfois, le rejet des principes démocratiques sont moins virulents, tout en étant pourtant suffisamment catégoriques pour en rejeter l’idée même. Ainsi Bresson écrit dans ses Réflexions sur les bases d’une constitution, par le citoyen[3] :

« Je sais fort bien ce qu’est une république démocratique ; mais je ne peux concevoir une constitution démocratique pour un pays qui ne peut être une république démocratique. Dans une république démocratique, le peuple en corps a le débat des lois, adopte ou rejette la loi proposée, décide la paix ou la guerre, juge même dans certaines circonstances. Cela est impossible, physiquement impossible en France ; ainsi la France ne peut être une république démocratique : c’est mentir à la nature même des choses que de la nommer ainsi[4]. »

De l’autre côté de l’Atlantique, dans les États-Unis émergeant de leur propre révolution, d’autres expriment la même idée, pour les mêmes raisons, ainsi par exemple le fédéraliste Noah Webster qui explique :

« Dans un gouvernement parfait, tous les membres d’une société devraient être présents, et chacun devrait donner son suffrage dans les actes législatifs, par lesquels il sera lié. Cela est impraticable dans les grands États ; et même si cela l’était, il est très peu probable qu’il s’agisse du meilleur mode de législation. Cela a d’ailleurs été pratiqué dans les États libres de l’Antiquité ; et ce fut la cause de malédictions innombrables. Pour éviter ces malédictions, les modernes ont inventé la doctrine de la représentation, qui semble être la perfection du gouvernement humain. »

On voit bien, aujourd’hui, la damnation à laquelle nous a mené, en un peu plus de deux siècles de « perfection du gouvernement humain », la représentation ! son bilan à lui seul réduit en miette les sophismes des pères fondateurs et révèle surtout que leur dialectique avait essentiellement pour vocation le service de leurs intérêts de classe sociale dominante, et que ces arguments étaient très certainement fondés… pour décrier l’aristocratie bourgeoise !

De  nos jours, les mêmes sophismes et les mêmes raisonnements antidémocratiques, exprimant une agoraphobie politique (détestation de la démocratie dite « directe ») culturellement imposée depuis deux siècles à l’inconscient collectif, se retrouvent jusque dans la conception populaire qui, comme par une sorte de syndrome de Stockholm collectif, se fait elle-même, parfois, défenseur de cette rhétorique qui peut se résumer en quatre points, comme le synthétise Francis Dupuis-Déri dans son livre :

« 1) le « peuple », poussé par ses passions, serait déraisonnable en matière politique et ne saurait gouverner pour le bien commun. »

> Je ne dirais pas les choses autrement au sujet des gouvernements prétendument représentatif et de cette « élite » oligarchique qui nous gouverne depuis deux siècles. Pour le dire autrement : « c’est c’ui qui dit qui est » (désolé, mais c’est vraiment là qu’on en est !).

« 2) conséquemment, des démagogues prendraient inévitablement le contrôle de l’assemblée par la manipulation. »

> En conséquence, des lobbys financiers et industriels prennent inévitablement le contrôle de l’assemblée par la corruption et la manipulation, tandis que les démagogues divisent les peuples dans de faux enjeux politiques de façade, laissant libre court en coulisses aux magouilles politiques les plus scandaleuses.

« 3) l’agora deviendrait inévitablement un lieu où les factions s’affrontent et la majorité impose sa tyrannie à la minorité, ce qui signifie généralement qu’en démocratie (directe), les pauvres, presque toujours majoritaires, opprimeraient les riches, presque toujours minoritaires. »

> L’agora devient le lieu où des factions s’affrontent sur des enjeux factices (au travers les affrontement des partis politiques pour accéder ou conserver le pouvoir), permettant toujours aux minorités (généralement les plus riches) de l’emporter sur la majorité (généralement les plus pauvres ou les moins bien nantis).

« 4) enfin, la démocratie directe peut être bien adaptée au monde antique et à une cité, mais elle n’est pas adaptée au monde moderne, où l’unité de base est la nation, trop nombreuse et dispersée pour permettre une assemblée délibérante. »

> Dès lors, l’oligarchie (travestie en pseudo démocratie « moderne ») est bien adaptée au gouvernement des États modernes libéraux, et toute forme de démocratie, même locale, est une entrave inacceptable à la main mise des marchés sur les ressources et à l’exploitation des travailleurs actifs, toujours majoritaires, par la minorité rentière passive, toujours minoritaire. Francis Dupuis-Déri est très clair sur un point essentiel :

« L’idée et l’idéal de « république » a déterminé en grande partie la formation du régime électoral libéral que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « démocratie ». Donc, l’idée de « démocratie » n’a pas joué de rôle déterminant dans l’instauration des démocraties modernes libérales pour la simple et bonne raison que les patriotes les plus influents et leurs partisans étaient animés par un idéal républicain. La république représentait le régime modèle de patriotes notoires [...]. »

C’est donc dire – et là je m’adresse tout spécialement à vous, amis français (je suis Belge) – que la république fut, a toujours été, et est encore l’enterrement définitif de tout projet de (vraie) démocratie. En ne cessant, comme une antienne, de vous référer à « la République »[5], vous vous faites défenseur d’un régime qui dès l’origine et à toutes les époques fut instauré pour empêcher la démocratie et imposer le dictat d’une minorité possédante et dominante sur une majorité dépossédée et dominée. Si j’étais français, je ne militerais donc certainement pas pour une « VIème République », mais bien pour une « Première Démocratie ».

Au minimum, il nous faut reconquérir cette précieuse et vitale autonomie communale que même la vile engeance monarchique accordait aux gueux que furent nos ancêtres, et que nous refusent avec force et obstination nos prétendus représentants « démocratiquement élus » (cherchez l’erreur). Si nous ne nous en montrons pas capable, alors que la malédiction de la tyrannie oligarchique et ploutocratique continue à s’abattre implacablement sur nous et qu’elle étouffe à jamais nos plaintes et nos cris !

Nous pourrons alors à nouveau aller crever dans les tranchées en chantant avec Jacques Brel « Oui not’ Monsieur, oui not’ bon Maître ».

Comme en ’14…

Morpheus

 


[1] Henry Bardeau, « De l’origine des assemblées d’habitants », Droit romain : du mandatum pecuniae – Droit français : les assemblées générales des communautés d’habitants en France du XIIIe siècle à la Révolution, Paris, Arthur Rousseau, 1893, p. 63.

[2] Gérard Walter, op. cit., p. 230-231.

[3] Où l’on peut voir que l’idée de Étienne Chouard n’a rien de neuf et fut bel et bien menée – et tuée dans l’œuf – au moment de la Révolution.

[4] Jean-Baptiste Marie-François Bresson, op. cit., p. 2-3.

[5] Prenez donc, s’il vous plaît, un peu de recul et montrez-vous, juste un moment, autocritique, et vous verrez à quel point ce mot de « république » vous empoisonne l’esprit et obscurcit ce que votre discernement pourrait éclairer : les républiques n’ont jamais été des démocraties, mais au contraire, furent toujours des oligarchies.

mardi, 07 janvier 2014

William Joyce

William Joyce

By Kerry Bolton

Ex: http://www.counter-currents.com

William_Joyce_politician-426x625.jpgWilliam Joyce, more infamously known to history as “Lord Haw Haw,” the epitome of a British Traitor, was hanged on the basis of a passport technicality on January 3, 1946. Like the name “Quisling” (see Ralph Hewin’s excellent biography Quisling: Prophet Without Honour) much nonsense persists about Joyce. 

The following is redacted from my introduction to William Joyce’s Twilight Over England [2] (London: Black House Publishing, 2013). The second part of the introduction, not included here, examines the primary points of Joyce’s book, the continuing relevance of which is its cogent criticism of Free Trade liberalism and international finance.

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Twenty-five years ago I was told a little anecdote by a work colleague, a middle aged Englishman. He said that as a small lad in England he and his friends were one Christmas eve singing carols to earn some pocket money. One household they came to was particularly memorable for him during those Depression years. A gentleman answered the door, invited the children inside and gave them each not only a cake but also a shilling. What struck my work colleague all those years later, still, was not only the generosity of the amount each child had been given, but more particularly, that someone from the ‘middle class’, invited a group of working class children in to the household where they received their cakes and coins. Such lack of social snobbery was a rarity that my work colleague had never forgotten. My English friend concluded by stating that the kind benefactor was named William Joyce.

My English friend was no Nazi; not even vaguely ‘right-wing’. His anecdote on this humanity of William Joyce, enduringly hated as a traitor, whose very name, as ‘Lord Haw-Haw’, as he was dubbed by the Allied propaganda machine, is Britain’s equivalent to Norway’s Quisling, and America’s Benedict Arnold. Joyce, as a British ‘Nazi’, is automatically regarded as a rogue, a lunatic, an apologist for mass murder and aggression, a fool, or any combination thereof. Yet the anecdote from my English friend’s childhood betrays a human side to the likes of William Joyce that just maybe indicates the he was none of those things, but a man of entirely different character. For in Twilight Over England, written while Joyce’s beloved Britain – yes, beloved Britain – was at war with Germany, and while Joyce had made the fateful decision that siding with those who were fighting Britain was the greatest manifestation of that love of Britain, we have the testament of a man deeply anguished at the level to which his people had been reduced by a rapacious system. That this system of international finance and Free Trade is more fully enthroned today and over more of the world than in Joyce’s time shows the relevance of this volume for the present and foreseeable future. In Twilight Over England we might discern – if we open our minds, and for a little while at least, leave behind the prejudgements and the victor’s hateful propaganda – the historical circumstances, centuries in the making, that brought this Briton to a martyr’s death.

Indeed, J A Cole, as objective a biographer that one could expect, described Joyce as ‘intelligent, well-educated, dedicated, hardworking, fluent and sharp-tongued’.[1] Although critical of Joyce, Cole also described him as ‘so unlike the stereotype which fear and prejudice had created’.[2] As a paid broadcaster for the Germans during the war, Joyce retained a character devoid of egotism and vanity, living frugally, refusing pay raises and perks other than cigarettes, and only being persuaded with some difficulty to buy himself a smartly-cut suit.[3] How far away the reality of Joyce was from the character depicted, apparently without a shred of good conscience, by Rebecca West, who gloated at Joyce’s trial, referring to him as opening ‘a vista into a mean life’, always speaking ‘as though he was better fed and better clothed than we were, and so, we now know, he was’,[4] going so far as to describe Joyce as ‘a tiny little creature’,[5] presumably confident that such was the hysteria that nothing she wrote against him would be challenged. It is as though West, and a gaggle of lesser slanderers, took all that Joyce truly was and turned it on its head. However, anyone with an eye to fame or money can still write whatever junk they can contrive on certain events related to the Second World War, and seldom are they called to account for their humbug. Indeed, to expose the lies can render one a jail sentence in many states and the destruction of one’s reputation and career.[6]

Joyce was a rare combination in history: an activist, a revolutionary, and a tough fighter, scarred with a Communist-welded razorblade. He was not some sallow intellectual whose only battle was fought within the brain and with verbosity at a safe distance from one’s targets. He had been the Director of Propaganda for a mass movement, Sir Oswald Mosley’s British Union of Fascists, which like Fascist movements across the world in the aftermath of the First World War, attracted individuals of many types and classes in solidarity. In Britain these included the American expatriate poet Ezra Pound, a founder of modern English literature;[7] Wyndham Lewis, novelist, painter, philosopher and co-founder with Pound of the Vorticist arts movement; the British nature writer and Hawthorne Prize Winner Henry Williamson, who never repudiated his belief in the heroic virtues of Mosley or Hitler, even after the war and who, like many who joined Mosley, was a First World War veteran haunted by the prospect of another war, but also reminded of the Europe that might still be when on Christmas Eve 1914 Germans and Britons greeted each other in no-man’s land to play football, returning to slaughter one another the following day; the military strategist, General J F C Fuller, father of modern tank warfare; and many others of the highest intellectual and cultural calibre.

William was born in New York on 24 April 1906, his father, Michael Francis Joyce, a Catholic, having migrated from Ireland in 1892, and marrying Gertrude Brooke, daughter of a Lancashire physician. In 1906 the family returned to Ireland, Michael having done well as a builder, and now becoming a publican and a property owner. William was educated at Catholic schools, and at an early age threw himself with gusto into whatever he did: When assisting at a service in the chapel he swung the censer with such force that the glowing incense flew down the aisle. He received his broken nose not through a fist fight with a Communist during the 1920s or 30s, but with a boy at school who had called him an ‘Orangeman’, because of the Joyce family’s avidly pro-British sentiments at the time of Ireland’s tribulations. His nose was not properly attended to, and hence William always had a distinctively nasal tone to his voice. During the Republican rebellion Michael’s properties endured arson. Young William saw the body of his neighbour, a policeman, on the road, with a bullet through his head. On another occasion he witnessed a Sinn Feiner cornered and shot by police.[8]

In 1920 the British Government reinforced the Royal Irish Constabulary with the Black & Tan paramilitaries. At fourteen, William served as a spy for the authorities, keeping his eyes and ears open for snippets of information that might be of use, and ran a squad of sub-agents. With the truce of 1921, and the departure of the British, the Joyce family moved to England. At 15, eager to continue serving King and Empire, he enlisted in the army at Worcester, giving his age as 18, but his real age was soon discovered and he was discharged. At 16 he joined the Officer Training Corps at the University of London, and after graduating from Battersea Polytechnic, enrolled at Birbeck College, part of the University.

Of Joyce’s intellectual gifts, his lifelong friend and comrade, John MacNab related to Cole:

‘He kept no files, diaries or notes of any kind, but he could recall the date, place and circumstances of remote events and meetings with people. He never forgot a face or a name, and could give a full account, unhesitatingly, of almost anything that had ever happened to him. At intervals of years he would repeat the same account without the least variation. He could quote – always exactly – any poem he had ever read with attention, and even notable pieces of prose. As a Latin scholar his technical qualifications were inferior to my own, yet he was the one who could quote Virgil or Horace etc., freely and always to the point, not I’.[9]

MacNab stated that Joyce was a multi-linguist, gifted in mathematics and his ability to teach it. ‘He read widely in history, philosophy, theology, psychology, theoretical physics and chemistry, economics law, medicine, anatomy and physiology. When he broke his collarbone in 1936 while skating, he was able to set it himself due to his knowledge of physiology. He was a talented pianist’.[10]

British Fascisti

While pursuing a BA in Latin, French, English and History, in 1923 he joined the British Fascisti, founded that year by Miss R L Linton-Orman, a member of a distinguished military family who had served with the Women’s Reserve Ambulance during the Frost World War and had twice been awarded the Croix de Charité for gallantry for heroic rescues in Salonica.[11]

The first such body to be established in Britain, inspired by the assumption to power by Mussolini in 1922, and the destruction of Communism in Italy, there was not much ideological substance to the British Fascisti (later ‘British Fascists’), other than loyalty to ‘King and Empire’, a determination to form a paramilitary force to stop Communism in the event of revolution or strikes, and to maintain order at Conservative Party meetings when Communists and Labourites threatened violence. The membership was drawn mainly from the middle and upper classes, and included a good number of retired officers. The first president of the British Fascists was Lord Garvagh, who was succeeded by Brigadier-General Blakeney, later associated with both Arnold Leese’s Imperial Fascist League, a small but persistent anti-Semitic group; and Mosley’s British Union.[12] The present of such personalities indicates the impression that Fascist Italy was making on important sections of Britain, and that it could never be dismissed as the collective delusions of a ‘lunatic fringe’.

Despite the lack of ideological substance, many stalwart Fascists got their start with the British Fascisti, including those who were to play a prominent role in the British Union of Fascists (BUF). It was as leader of the ‘I Squad’ of the British Fascisti that on 22 October 1924 Joyce stationed his men at Lambeth Baths Hall in South-East London, to protect the election meeting of Jack Lazarus, Conservative party Parliamentary candidate for Lambeth North, from Communist attack. These were times in which electoral meetings not approved by the Left were subjected to attack from Communist and Labour party thugs armed with razors, often put into potatoes for throwing, and spiked sticks. Hence, the British Fascisti emerged at a time of a very real threat of violence by the Left against the Conservative and Unionist parties, regardless of the other shortcomings of the organisation as a serious political alternative.

The Communist assault on Lazarus’ election meeting was ‘vicious’.[13] A ‘Jewish Communist’, as Joyce described him, jumped on his back and tried to slash his throat with a razor, but only succeeded in cutting Joyce from mouth to ear, his neck protected by a thick woollen scarf. He did not realise he had been slashed until the crowd drew back aghast, and he attempted to stem the blood with a handkerchief given to him, then walked to the police station where he collapsed.

While active with the British Fascisti, Joyce was also president of the Conservative Society at Birbeck College, where he developed his oratory, seeing Conservatism as the upholder of ‘Anglo-Saxon tradition and supremacy’.[14] Meanwhile, 1926 proceeded with a General Strike that did not result in the threat of a Soviet Britain, and the British Fascisti went into decline. That year Joyce married Hazel Barr, while continuing to do well with his studies, and the following year obtained First Class Honours in English, but did not complete his MA. His attempts for several years to introduce the Conservative Party to ‘true Nationalism’ failed. Biding his time, as the several small Fascist groups that arose failed to impress him, Joyce taught at the Victoria Tutorial College, and then at King’s College.

The Red thuggery that the British Fascists had attempted to combat continued. A target was to be not a party from the Right but from the Left: the New Party, founded in 1931 by the Labour Party’s most promising young politician, Sir Oswald Mosley, after Labour Caucus refused to adopt Mosley’s bold plan for unemployment.[15] The New Party was regarded as traitorous by the Labour Party, and was subjected to violent attacks by Communists and Labourites. It was such violence that contributed to Mosley’s turning to Fascism and forming his Blackshirt squads to protect the meetings that he could not efficiently protect during the New Party electoral campaigns, although even then he had started forming a squad of stewards trained in boxing by Jewish boxing champion Ted ‘Kid’ Lewis. Mosley records that extreme Left reaction had been subdued until the promising results of the New Party vote came out in a by-election.[16] Mosley, referring to the General Election soon after, related: ‘All over the country we met a storm of organised violence. They were simply out to smother us, we were to be mobbed down by denying us our only resource: the spoken word; we were to be mobbed out of existence’.[17]

In 1932 Mosley visited Fascist Italy, and like many others was impressed by what he saw at a time when Britain continued to stagnate. Joyce read the news reports of Mosley’s visit with interest but, having long had an increasing animosity against Jewish influence in Britain, was more interested in the progress that the Hitler movement was making in Germany.[18] When Mosley re-established the New Party as the British Union of Fascists most of the adherents of other Fascist groups, particularly the British Fascists, joined him. Joyce joined the BUF in 1933,[19] and, fatefully, obtained a British passport by falsely claiming that he had been born a British subject, with the expectation that he might accompany Mosley on a visit to Hitler.

Joyce was soon noted in the BUF for his oratory skills, and he resigned his teaching post at Victoria Tutorial College and his studies at London University to become the BUF’s West London Area Administration Officer. He then became Propaganda Director, addressing hundreds of meetings. It was on hearing Joyce, then 28, speaking that ex-Labour MP John Beckett,[20] joined the BUF, and committed himself to National Socialism, having previously been impressed by what he had seen in Fascist Italy, declaring Joyce to be one of the greatest orators who had recruited thousands to Fascism.[21] Indeed, Joyce filled in for Mosley if the latter could not attend a function. Jeffrey Hamm, a young Mosleyite before the war, who became particularly active in Mosley’s post-war Union Movement, reminisced on Joyce’s oratory that ‘his wit and repartee were proverbial’. ‘On one occasion a buxom lady in the crowd was shouting abuse at him, culminating in an angry roar: “You bastard!” Quick as a flash Joyce gave her a cheerful wave, as he cried: “Hullo, Mother!”’[22]

Joyce divorced Hazel amicably in 1934. He had sired two daughters who were close to their father, despite his hectic life as a Fascist leader.

His BUF classes on Fascist ideology, held jointly with his closest colleague, John Angus Macnab, with whom he also established a private tutoring business, were used to propagate his own views on Fascism, and here he introduced the term National Socialism to the movement, which was renamed the British Union of Fascists and National Socialists in 1936.[23] Although Joyce believed that National Socialism was intrinsically based on the nation from which it arose, was more inclined to quote Thomas Carlyle than Hitler, and eschewed both the swastika and the fasces when creating his own movement, he saw Hitler as a closer example to consider than Mussolini, not least because Hitler dealt with the Jewish question head-on. It was Joyce who coined the BUF axiom: ‘If you love your country you are National. If you love your people, you are Socialist. Be a National Socialist’. The reader will find this phrase cogently explained in Twilight Over England.

Joyce met Christian Bauer, who represented Goebbels’ newspaper Der Angriff, in Britain, and at Bauer’s request, after his return to Germany, Joyce maintained contact with him,[24] although it transpired that Bauer was more important when in Britain than he was in Germany.

In 1937 Joyce married Margaret White, a Manchester BUF organiser, who had accepted his proposal at a party, even although the two hardly knew one another. It had been literally ‘love at first sight’ between the two, and a scholarly member of her branch remarked on the engagement that it ‘may be uncomfortable being married to a genius. And William is a genius, you know!’[25] On the first day of the year, the Public Order Act was introduced banning the wearing of uniforms at public political functions; i.e. the black shirt, prohibiting the effective stewarding of open-air meetings, and other measures designed to impinge on the BUF campaign. As previously stated, Mosley had adopted a black shirt uniform to establish a disciplined and recognisable formation to keep order at his meetings having experienced Red thuggery at New Party meetings, as had the Conservative Party many years. The banning of the uniform saw a considerable rise in disorder at BUF functions. Despite the great deal of nonsense that had been alleged about ‘Fascist violence,’ the Blackshirts always answered the razorblade and the cosh with fists when necessary. One of these great myths is that Lord Rothermere, proprietor of the Daily Mail, who had supported the BUF during the first few years, withdrew his support in 1934 because of such Fascist violence. In fact, as related by Randolf Churchill some thirty years later, it was due to ‘the pressure of Jewish advertisers’.[26]

By 1937, both Joyce and Beckett, editor of Action and The Blackshirt, had become increasingly critical of BUF administration. Matters were decided when Mosley was obliged through financial stringency to reduce the paid-staff by four-fifths. Among them were both Joyce and Beckett. Macnab, the editor of Fascist Quarterly, resigned in protest at Joyce’s dismissal. Macnab & Joyce, Private Tutors, was a now established to earn a modest income to offer tuition for university entrance and professional preliminary examinations, and to teach English to foreign pupils of sound character.

National Socialist League

Joyce’s concerns were directed towards forming a new political organisation that would more precisely reflect his view on British National Socialism. Joyce, Beckett, McNabb and a few others founded the National Socialist League. Despite Joyce’s admiration for Hitler, his organisation was based on British roots. That a front-group for the League was named the Carlyle Club after Thomas Carlyle, whom Joyce often cited as a precursor of British National Socialism, is indicative of the British character of his variation of National Socialism. After all the concept of the National and the Social synthesis is universal, and movements of such a type had been arising spontaneously and independently of one another since the immediate aftermath of the First World War. One might refer to the Legion of the Archangel Michael in Romania, the Hungarist movement in Hungary, National-Syndicalist Falangism in Spain, and many others throughout the world. The Israeli scholar Dr Zeev Sternhell provides a convincing argument for the emergence of proto-Fascism from a union of Left-wing syndicalist and Right-wing Monarchist theorists in France as early as the late 19th century.[27] Mosley’s ‘Fascism’ had been based on his Birmingham manifesto to cure unemployment through a massive public works programme that had been rejected as too radical by the Labour Government, not by reading Mein Kampf or Mussolini’s Doctrine of Fascism.

As for Joyce’s National Socialist League, it was surprisingly ‘democratic’ in structure, with leaders elected at branch level, and no fuehrer-complex being evident in either Beckett of Joyce. Nor was there a paramilitary complexion to the group.[28] The symbol was a ship’s steering wheel, the design of which is also suggestive of a Union Jack, below which was the motto: ‘Steer Straight’. A newspaper was published, The Helmsman. Funding came from Alec Scrimgeour, an elderly stockbroker, whom Joyce had known since the BUF, and who treated Joyce as a son. Cole mentions that one supporters ‘claimed to be the King of Poland’. This cannot be anyone other than the New Zealand poet Geoffrey Potocki de Montalk who, unlike his many contemporaries who were embracing to Communism, being a Monarchist, embraced the Right, then Fascism and National Socialism, and never recanted. Indeed, even in December 1945, Potocki printed an ‘Xmas card’, the ‘X’ in the shape of a swastika, with a poem that paid tribute to ‘our William Joyce’. As to his eccentric claim to the throne of Poland, it was as legitimate as any other, being descended from a Polish noble lineage. [29]

The primary ideological text of the League was National Socialism Now, published in September 1937. National Socialism Now is a cogent 57 pages defining the fundamentals of National Socialist ethos, method of statecraft, and type financial and economic systems. Joyce’s opening lines are that,

‘We deal with National Socialism for Britain; for we are British. Our League is entirely British; and to win the victory for National Socialism here, we must work hard enough to be excused the inspiring task of describing National Socialism elsewhere’.[30]

While National Socialism was forever linked with the name of Hitler, no matter where it arises it ‘must arise from the soil and people or not at all’.

‘It springs from no temporary grievance, but from the revolutionary yearning of the people to cast off the chains of gross, sordid, democratic materialism without having to put on the shackles of Marxian Materialism, which would be identical with the chains cast off’.[31]

Joyce returned to a theme that he had introduced to the BUF, that the synthesis of Nationalism and Socialism is a logical development; that ‘the people’ are identical with ‘the nation’, and anything else, whether called ‘nationalism’ or ‘socialism’, is a waste of time. It was Socialism that provided the foundation for class unity rather than class antagonism, which had been engendered by the dislocations caused by industrialism and usury. Such class division is aggravated rather than transcended by Marxism and other forms of materialistic socialism. Both Capitalism and Marxism are international. Indeed Marx pointed this out in The Communist Manifesto, and described anyone resisting this internationalising tendency of Capitalism as ‘reactionary’, because the historical process towards Communism is aided by Capitalist internationalisation, and what Marx called the ‘uniformity in the mode of production’ across the world.[32] Today we call this ‘globalisation’ and the process has been accelerating. What has emerged is not Communism, but a Capitalist ‘new world order’. Communism is not even anti-Capitalist, but an extension of it, and hence, as Joyce explains in Twilight, it is Nationalism, intrinsically based on Socialism, that not only opposes Capitalism, but transcends it. Equally, any Socialism that embraces internationalism is not only hopeless in combating Capitalism, but assists in its victory. We are now able with both hindsight and observing present-day events, to confirm that this indeed the case. Communism, and Social Democracy literally failed to ‘delver the goods’, and now Free Trade Capitalism runs rampant over the entire world, imposed by US weaponry where, where debt to international finance and the opiate of the shopping mall and MTV are insufficient. The Socialism of Joyce’s day, represented mainly by the Labour Party, did not oppose the system of international finance any more than the Conservative Party, that had long since forsaken its patriotic and rural origins, and both permitted a system of Liberal Free Trade that invested capital to build up cotton manufacturing in India for example, while allowing the mill workers of Lancashire to rot.[33] The same situation is visited upon us in recent years, with Tony Blair’s ‘New Labour’ in Britain, and in New Zealand, the Labour Party during the 1980s, being in the forefront of inaugurating ‘Free Trade’ in the name of ‘socialism’. Joyce saw it going on in his own day. We relive it today. The same old abandonment to Capitalism by Social Democracy, which had also obliged Mosley to resign from the Labour Party in disgust.

The weakness of Westminster parliamentary democracy allowed international finance to carry on unhindered. Joyce’s British National Socialism advocated the ‘leadership principle’, with authority to act, but in Britain’s case the symbol of unity within one personality had existed for centauries in the form of the Crown, and Joyce did not envisage a National Socialist Britain that need be under the dictatorship of a British ‘fuehrer’. Indeed, he advocated the corporatist or organic state that he had alluded to in his BUF pamphlet, Dictatorship. In NS Now Joyce pointed to the guilds of Medieval Britain, and outlined a corporate state based on the revival of the guilds as taking over many functions of the state. Both employers and employees would be represented in the same corporative organs, which was the method of successful industrial organisation that would be enacted in Germany in the Reich Economic Chamber. Parliament would hence be a corporative body with representatives elected from such guilds.

Joyce next turned his attention to the financial system. National Socialist banking reform is based the premise that money and credit should serve the people, and not master them. Hence, credit and currency should be issued by the state according to the production of the people, allowing the people to consume that production. Private financial interests should not issue credit and currency as a profit -making commodity. Currency and credit are only intended as a means of exchanging goods and services. That is the method that National Socialist Germany, Fascist Italy and Imperial Japan used and by which they flourished in the midst of the world Depression.[34] Again, there is nothing intrinsically ‘fascist’ or ‘nazi’ in such a banking system. The First New Zealand Labour Government had initiated the same type of policy, issuing 1% Reserve Bank state credit in 1935 for the construction of New Zealand’s iconic state housing project, which itself solved 75% of the unemployment rate.[35] Banking reformers around the world were demanding that the state assume its prerogative to issue the nation’s own credit and currency, without recourse to becoming indebted in perpetuity to international finance.[36] As Joyce was to emphasis in Twilight, it was this struggle between productive work and parasitism that led to the world war, the fact being that it was the Axis states that posed a deathly challenge to this parasitism the world over. New Zealand, despite the Labour Government measures in 1935, true to Social Democratic form, did not go beyond those limited measures, despite their success, and despite the promises the party had made in its 1934 election manifesto. Again, Social Democracy posed no real challenge to the system of world trade and banking that was – and remains – in the hands of a few parasites.

The League was ‘openly and unashamedly Imperialist.’ One of the primary aims of ‘Fascism’ was to create autarchic or self-sufficient economics states, or geo-political blocs. Of course, with Britain being the greatest imperial power, British Fascism or National Socialism sought to re-create the Empire as an autarchic bloc, where investments would be made only within the Empire, and not placed outside the Empire, only to undermine the manufacturing the agricultural sectors of the Empire peoples. Joyce pointed out that the system of international trade and finance was the enemy of both the British and the Colonial peoples; that both were equally exploited, and granting independence to India was not going to change that situation a jot. National Socialism would end usury and exploitation in India with the same methods as in Britain.[37] What Fascism was trying to address was the iniquitous system that is today called ‘globalisation’, whereby investments can be moved out of states and indeed entire industries shut-down and relocated to cheap labour pools, and currency speculators can make vast fortunes overnight by destroying entire economies. That is the system that won the Second World War against the Axis and that is the system that has driven the world to the present debt crisis, as it inevitably would. That is the system for which the Allied troops fought and died, just as the same plutocratic wire-pullers of ‘democracy’ declare war on states that are problematic to the ‘new world order’.

Finally, Joyce addressed the matter of foreign policy. Even then the war drums were being beaten against Germany, Italy and Japan. Joyce saw the keystone of world peace and order being an alliance between Britain and Germany with the assistance of Italy, which would form a bulwark against both international finance and Communism. From the 1920s, when Hitler wrote Mein Kampf, an alliance with Britain and Italy was envisaged as the cornerstone of Germany’s future foreign policy, Hitler definitively stating: ‘In the predictable future there can only be two allies for Germany in Europe: England and Italy’.[38] Was this mere cant, albeit dictated a decade before Hitler came to Office, while sitting in a jail following the abortive Munich putsch? Hitler in both public and private pronouncements always affirmed his admiration for the British Empire and the kinship that should have existed between the Third Reich and the Empire. Like Joyce, he believed that the two would be a great stabilising force in the world, and legitimate scholarship has only confirmed these views.

Captain A H M Ramsay, Conservative Member of Parliament for Midlothian and Peeblesshire from 1931 until his detention through 1940-1944, under Defence Regulation 18B along with Mosley and 1000 others, wrote after the war a volume much in the mode of Joyce’s Twilight and NS Now not only in regard to the war but also the takeover of Britain by international finance. Joyce had been a member of Ramsay’s Right Club that campaigned against war with Germany.[39] Like Joyce, Ramsay pointed to the Judaic character of the Puritan revolutionary zealots, whose armies ‘marched around Scotland, aided by their Geneva sympathisers, dispensing Judaic justice’.[40] Ramsay proceeds to consider the formation of the Bank of England with the encumbering of Britain with a National Debt; a matter that is dealt with in relative detail by Joyce in Twilight. Ramsay points out that the officialdom of ‘world Jewry’ had ‘declared war’ on Germany as soon as Hitler assumed Office. An ‘international economic boycott’ was declared by the World Jewish Economic Federation, headed by Samuel Untermeyer from the USA, who wrote in The New York Times of a ‘holy war’ against Germany, in which both Jew and Gentile must embark, while the Jews were the ‘aristocrats of the world’.[41] The Jewish leadership through its influence on politics, business and media the world over, hoped to economically strangle Germany. They could not ruin Germany through such means however, because the Hitler regime’s banking and trade reform not only withdrew Germany from the international finance system, but through barter proceeded to capture the markets of central Europe and South America. As Joyce was to emphasise in Twilight, this was the real cause of the world war; a conflict between two systems, one productive and creative, the other parasitic and exploitive.

It should be pointed out that Ramsay enjoyed the friendship and confidence of British Prime Minster Neville Chamberlain in the moths immediately preceding the World War. Ramsay alludes to Chamberlain’s guarantee to assist Poland in the event of invasion on the basis of a supposed Germany ultimatum that transpired to be fraudulent,[42] and that Germany had sought for months a negotiated solution for the return of Danzig and the ‘Polish Corridor’ to Germany, while Poland resorted to what today would be called ‘ethnic cleansing’ of the Germans within Poland; a matter which will be considered further.

Ramsay points out that Hitler had ‘again and again made it clear that he never intended to attack or harm the British Empire’. [43] Indeed, what is called the ‘Phoney War’ ensued, where no real fighting was taking place. The situation changed immediately Churchill became Prime Minister. Then the previous policy of only bombing military targets was reversed, and British Bomber Command was ordered to bomb civilian targets, a strategy that would eventually lead to the deaths of hundreds of thousands of German civilians by the end of the war, the fire-bombing of Dresden,[44] Hamburg, Berlin and other German cities going down in infamy as obliterating in deadly infernos more victims than the atomic bombing of Hiroshima and Nagasaki.

Actions speak louder than words, as it is said, and Hitler on numerous occasions offered his hand of friendship, while still in a position of strength, indeed winning the war. One of the most notable occasions is that involving the British invasion of Dunkirk, around which much nonsense about British heroism continues to be spoken. Ramsay cites the pre-eminent official British military historian Captain Liddell Hart. This nonsense continues despite Hart’s book on World War II, The Other Side of the Hill, having been published in 1948, with chapter 10 entitled ‘How Hitler beat France and saved Britain’. Ramsay comments that the chapter would ‘astound all propaganda-blinded people… for the author therein proves that not only did Hitler save this country; but that this was not the result of some unforeseen factor, or indecision or folly, but was of set purpose, based on his long enunciated and faithfully maintained principle’. Hart details how Hitler halted the Panzer Corps on 22 May 1940, allowing the British troops to escape back to Britain. Hitler had cabled Von Kleist that the armoured divisions were not to advance or fire. Von Kleist ignored the order, and then came an ‘emphatic order’, according to Von Kleist, that he was to ‘withdraw behind the canal. My tanks were kept halted there for three days’.[45] Hart records a conversation between Hitler and Marshall Von Runstedt two days later (24 May):

‘He [Hitler] then astonished us by speaking with admiration of the British Empire, of the necessity for its existence, and of the civilisation that Britain had brought into the world… He compared the British Empire with the Catholic Church – saying they were both essential elements of stability in the world. He said that all he wanted from Britain was that she should acknowledge Germany’s position on the Continent. The return of Germany’s lost colonies would be desirable but not essential, and he would even offer to support Britain with troops, if she should be involved with any difficulties anywhere. He concluded by saying that his aim was to make peace with Britain, on a basis that she would regard compatible with her honour to accept’. [46]

Captain Hart comments on the above: ‘If the British army had been captured at Dunkirk, the British people might have felt that their honour had suffered a stain, which they must wipe out. By letting it escape, Hitler hoped to conciliate them’.[47] Hart alluded to the pro-British sentiments in Mein Kampf and the manner by which Hitler did not deviate from his desire for an alliance with Britain. As we now know, so far from the British people being cognisant of the equanimity of Hitler towards them, the propaganda machine merely used this to further inflame them toward war, and Dunkirk had ever since been portrayed as a great feat of British moral courage.

Even during the early 1920s, when Hitler was in jail dictating Mein Kampf he realised that any future goodwill between Germany and Britain relied on the question as to ‘whether the exiting influence of the Jews is not stronger than any understanding or good intentions and will this frustrate and nullify all plans’.[48] Mosley, Ramsay, Admiral Sir Barry Domvile and hundreds of others jailed under 18B, who sought peace with Germany, were aware of this also. However, there were still prominent people within Britain who were free, to whom Hitler might appeal for peace, and it is presumably with these in mind that Hitler kept open the prospect of a negotiated peace with honour.

However, eminent people who hoped for a negotiated peace with Germany were no match for the war party and its backers. Winston Churchill, whose drunken, opulent lifestyle had got him into debt, led the war party. He had personal reasons for assuring the destruction of Hitler, even if that also meant the destruction of the British Empire; which, of course, it did. By 1938 Churchill was bankrupt, and Chartwell House was about to be put on the market. A few days before however Sir Henry Strakosch, the South African Jewish mining magnate and financial adviser, came to the rescue and agreed to pay off Churchill’s debts.[49] Churchill had whored himself to international finance for the sake of £18,000, and in so doing doomed the lives of millions and the survival of the British Empire. Strakosch was financial adviser to General Smuts of South Africa, and in 1920 drafted the blueprint for the Reserve Bank of South Africa.[50] He has also served as adviser on setting up the Reserve Bank of India. Like the US Federal Reserve Bank and other central banks throughout the world, the reader should not be confused into thinking that these acted as state banks issuing state credit, even when they were, like the Reserve Bank of New Zealand, nationalised. These central banks were based on plans provided by individuals such as Strakosch, the Bank of England’s Sir Otto Niemeyer, and Warburg in the USA. The thraldom of most states to international finance, from which Germany, Italy and Japan had broken free, is the most significant cause of World War II, as explained by Joyce in Twilight.

Since the 1920s Churchill’s financial adviser for his stock market dealings had been Bernard Baruch, the international financier who had run the US War Industries Board during the First World War I, and had become the virtual dictator of the USA during the war years.[51] Nothing would or could divert Churchill from leading Britain into war with Germany.

To Germany

During the Munich crisis in 1938 Joyce foresaw the coming war, and the quandary that placed him as an avidly pro-British devotee of National Socialism and Anglo-German accord. He told Macnab that in the event of war, he could not fight against Germany in the service of international finance but neither could he be a conscientious objector and evade national service. He had already envisaged sending Margaret to Ireland with Macnab, while he would go to Germany, perhaps to fight the Russians[52].

Mosley’s answer was to immediately issue a call to his supporters to fully support the war effort once the war that he had vigorously campaigned against, had eventuated, while he and 800 of his followers were detained under Emergency Defence Regulation 18B. Mosley’s order stated that ‘Our members should do what the law requires of them; and, if they are members of the armed Forces or services of the Crown, they should obey their orders and, in every particular, obey the rules of the Service’. However, it was also a call to ‘stand-fast’ against the ‘corrupt Jewish money-power’ and ‘to take every opportunity within your power to awaken the people and to demand peace’.[53]

Among the first to die in the war were two Blackshirts, Kenneth Day and George Brocking, while on an RAF daylight bomber raid on Brűnsbuttel.[54]

While Joyce campaigned with his National Socialist League, and Mosley held meetings attracting the largest audiences ever seen in Britain to the very eve of war, Joyce also sought to widen his campaign. He was involved in an anti-war campaign with Lord Lymington, Conservative MP, and an early advocate of agricultural self-sufficiency and organic farming,[55] also a particular concern of both Joyce and the BUF.[56] Lord Lymington and Joyce created the British Council Against European Commitments. Lymington’s group joined with a similar organisation founded by Hastings William Sackville Russell, Lord Tavistock (later Duke of Bedford) and emerged as the British People’s Party (BPP), the policy of which not only included peace, but in particular advocacy of banking reform.[57] Joyce had confided in Beckett that he would probably go to Germany in the event of war, and Beckett left the League to become General secretary of the BPP. It is often commented that there was a fallen out between Joyce and Beckett, but, as will be seen, they remained steadfast friends.

As forebodings of war approached in 1939, one of the first to depart from Britain to Germany was Mrs Francis Dorothy Eckersley, a member of the BUF, whose son was at school there. Mrs Eckersley was to play a role in the Joyce’s settling in Berlin. Before Macnab visited Berlin, Joyce had asked him to take a message to Christian Bauer, asking whether Goebbels would arrange for the immediate naturalisation of Joyce and his wife, should they settle in Germany.[58] Defence Regulation 18B was about to be passed when Joyce received news from Macnab that naturalisation would be granted. He then received news from an MI5 agent to whom he given information on Communist activities, that it was likely he would be arrest under 18B within a matter of days.[59] The Joyce’s left for Germany on 26 August 1939, William convinced that imprisonment in Britain during the war would mean unbearable suffering for Margaret.

To the Joyce’s dismay, Christian Bauer did not have the influence in Berlin that had been assumed, and he had been ‘called up’. However, Mrs Eckersley did have connections with the Foreign Office, and Joyce was able to secure a part-time job as a translator of German scripts.[60] Within days, war had been declared by Britain against Germany, a declaration that was not met by the Germans with any more jubilation than it was met by the Joyces and many other Britons. In England, meanwhile Mosley was holding the largest rallies in British Union history, and just two months previously the biggest indoor hall in England had been filled with 20,000 people to hear Mosley.[61] Mosley was arrested under 18B on 23 May 1940, and his wife Diana on 29 June.[62] Captain Ramsay MP, and Admiral Sir Barry Domvile CB, founder of the Link, which had also campaigned for Anglo-German cooperation, were among the 1000 others.[63]

Mrs Eckersley’s friends had been at work to secure Joyce a position, and Dr Erich Hetzler, an official in the Foreign Office, who had studied economics in England, interviewed him. It is notable that during the interview Joyce explained he was a National Socialist and British, but that a National Socialist in Britain was not the same as in Germany.[64] Hetzler recommended Joyce to the English-speaking department of the Reich radio service. Norman Baillie-Stewart, a former Subaltern in the Seaforth Highlanders, headed the English news service, under the direction of Walter Kamm. Joyce’s first broadcast, reading a news bulletin, took place on 11 September 1939. He did well, but drew the immediately jealousy of Baillie-Stewart.[65]

The disparaging nick-name of ‘haw-haw’, which was to become synonymous with Joyce, first appeared in the Daily Express on 14 September 1939 where the columnist, the pseudonymous Jonah Barrington, commented on a broadcast from Germany: ‘A gent I’d like to meet is moaning periodically from Zeesen. He speaks English of the haw-haw, damit-get-out-of-my-way variety, and his strong suit is gentlemanly indignation’.[66] The name was picked up by British propaganda, and stuck, like the name of Quisling was to become synonymous with ‘traitor’.

Ironically, Barrington was describing Baillie-Stewart. Barrington and the media ran with the typically banal propaganda image, and ‘Lord Haw-Haw’ was introduced to the public as a figure of ridicule. Lord Haw-Haw soon became conflated with Joyce and stuck, since Joyce would become the leading British broadcaster, despite his own voice, affected by the broken nose he had since childhood, not being suggestive of the ‘Bertie Wooster’ type figure that Barrington was trying to portray.[67] Other half-witted attempts at satire by Barrington, with names such as The Whopper, Uncle Boo-Hoo and Mopey, fell by the way, while Lord Haw-Haw remained. It was Lord Donegal, writing for the Sunday Dispatch, who suggested that Lord Haw-Haw might be Joyce. However, the voice that he asked Macnab, then a volunteer ambulance driver, to hear, was Baillie-Stewart, and Macnab could reply honestly that it did not sound anything like Joyce.[68]

Joyce could now apply for naturalisation, and correctly recorded his birthplace as New York.[69] Margaret was employed writing women’s features for the radio network, and became known as Lady Haw-Haw. The broadcasts were widely listened to in Britain. The matter of the identities of Baillie-Stewart and William Joyce were soon resolved by the British, but ‘Lord Haw-Haw’ stuck with Joyce rather than with Baillie-Stewart,[70] another reflection of the puerility of British war propaganda. Comedians began to lampoon Lord Haw-Haw. The deaths of millions of Britons and Germans were such a whopping good laugh for those who could avoid service by larking about on the Home Front, while Mosleyites were among the first to enlist and die.

Interestingly, Cole discusses the insistence of ‘upper class’ origins for William Joyce by the British propaganda machine, and hence the maintenance of the ‘Lord Haw-Haw’ myth as an aristocratic ‘traitor’, perhaps also reminding audiences of Sir Oswald Mosley’s aristocratic birth, and the similar backgrounds of others who had sought conciliation with Germany and who had seen Fascism and National Socialism as a means of transcending class divisions. Cole writes: ‘The theme of the aristocratic traitor aroused such an immense public response that the jeering appeared to be directed as much at the traditional British upper classes as at an unknown traitor in Germany’.[71] The irony was that Joyce was the very antithesis of the character portrayed by British propaganda, as indicated by the opening anecdote of this introduction, and he lived simply and without thought of his material well-being.

A survey by the BBC concluded that Joyce was getting six million regular listeners daily, and 18,000,000 occasional listeners. The reasons for this included not only the mirth that had been directed at Lord Haw-Haw, but also that the broadcasts focused on ‘undeniable evils in this country… their news sense, their presentation’, making them ‘a familiar feature of the social landscape’.[72]

In early 1940 the Buro Concordia was formed under the direction of Dr Hetzler, which would focus on explaining National Socialism to English listeners. Joyce would lead the team and write the programmes. He refused insistent offers of a salary increase. The first programme was aired in February 1940, under the name of the New British Broadcasting Station, transmitting for half an hour from East Prussia, albeit under sparse conditions and resources.[73]

It was at this time, in February 1940, that Joyce was asked by the Foreign Office to write a book, Twilight Over England. While Joyce addressed a British audience, which would have few chances to read the book, the Foreign Office, had intended an English language testament for audiences in the USA and India. Twilight also went into German and Swedish editions, at least. The book as will be seen, is largely an indictment of the English system of Free Trade, the influence of Jews and the iniquity of international finance.

On hindsight, reading the volume today, one might be struck by its current relevance, as the world is plunged into what American strategists approvingly call ‘constant conflict’, in extending in the hallowed name of ‘Democracy’ the system of debt and exploitation which the Axis fought seventy years ago. As Joyce tried to explain, Westminster democracy and party government is a system that has not brought any meaningful benefits to the people who have lived under the ‘Mother of all Parliaments’ for centuries, let alone to tribesmen from the deserts of Afghanistan to the jungles of New Guinea, who are having this odd system born from the merchant class of England, imposed on them by force of arms. We still live under the same system that Joyce exposed, because international finance won the war.

By mid 1940 the British had ceased considering Lord Haw-Haw as a joke and were worried by what they thought was his inside knowledge of events in Britain. Other secret Anglophone broadcasting stations were planned under Buro Concordia.[74]. Meanwhile, Joyce’s commitment to Britain was indicated by his having defaced his British passport so that after it had expired it could not be used by German Intelligence, which was eager to obtain such passports.[75] So much for disloyalty.

In July 1940 Hitler made a peace offer to Britain, and Joyce was optimistic. On ‘Workers’ Challenge’, a broadcasting service pitched specifically to British workers, Joyce stated that British workers and German workers did not wish to fight each other. The British Communists had been saying that the war was between capitalist powers and was not a workers’ fight, until the party-line was reversed when Germany and the USSR came into conflict. ‘Workers’ Challenge’ called for a workers’ revolt against Churchill and a peace that would have nothing to do with the nazification of Britain. Of coursed, Churchill was committed to unconditional surrender, and the chance to save the Empire and Europe was rejected for the sake of Churchill’s ego, or perhaps mainly due to his £18,000 debt to Strakosch and his friendship with ‘Barney’ Baruch (?). As Joyce commented on his programme on 23 July, the rejection of peace would bring tragedy to England, and if Britons remained silent then it must be assumed that they consented to their own annihilation.[76] Joyce was prescient. Is there still doubt? While it might be a cliché to say that British won the war but lost the peace, that is beyond rational doubt. As for the impact of ‘Workers’ Challenge’, a BBC survey found that it had a ‘heavy following’, that ‘the following grows’, and that a lot of Joyce’s remarks ‘were true’.[77]

On 28 August the first air raid casualties in Berlin occurred. Both Joyce and the CBS foreign correspondent William Shirer, epitome of the anti-Nazi propagandist, were at the broadcasting house. Shirer, who had avoided meeting the ‘traitor’ for a year, noted in his diary that Lord Haw-Haw ‘in the air-raids has shown guts’.[78] Joyce went out to see the damage and was ‘profoundly moved’ by the devastation. Already there were comments on the civilian targets of the British, in contrast to the military objectives of the Luftwaffe, but could anyone in Germany have envisaged the criminal fire-bombing of defenceless German cities that was to become the speciality of Bomber Command?

Shirer, the inveterate anti-Nazi whose book The Rise and Fall of the Third Reich became a classic history,[79] nonetheless observed Joyce as ‘an amusing and even intelligent fellow’, ‘heavily built and of about five feet nine inches, with Irish eyes that twinkle’.[80] He noted that Joyce had a deep hatred of capitalism. ‘Strange as it may seem, he thinks the Nazi movement is a proletarian one which will free the world from the bonds of “plutocratic capitalists”. He sees himself primarily as a liberator of the working class’.[81]

Shirer’s quip about the ‘strangeness’ of Joyce’s view of National Socialism as a movement fighting capitalism is perhaps best explained by Shirer’s own ignorance as to the character of both National Socialism and the war.[82] The reader will see the anti-plutocratic character of National Socialism explained in Twilight, a copy of which Joyce gave to Shirer.

Twilight was published in September 1940, by Santoro, an elderly Italian who owned a Berlin publishing house, Internationaler Verlag, the English edition running to 100,000 copies.[83] They were distributed at POW camps, where there were efforts to recruit for a Legion of Saint George (also known as the British Free Corps) as a unit of the Waffen SS to fight on the Eastern Front (not against fellow Britons).[84]

After a year of delays, the Joyce’s were German citizens. In 1941 Joyce registered for military service and was put in a reserved category. Joyce was now permitted to reveal his identity and stated:

‘I, William Joyce, left England because I would not fight for Jewry against Adolf Hitler and National Socialism. I left England because I thought that victory which would preserve existing conditions would be more damaging to Britain than defeat’.[85]

On 11 May 1941 Deputy Fuhrer Rudolf Hess reached Scotland on his ill-fated peace mission. It was undertaken at a time when war between the USSR and Germany was approaching, and the German authorities were obliged to repudiate the Hess mission as the lone efforts of someone who had become mentally unhinged. Perhaps Hess was unbalanced if he thought he could overcome the war party led by Churchill, but there was still thought to be a prominent peace party within influential circles who aimed for a negotiated peace. Hess had flown to Scotland in the hope of talking with the Duke of Hamilton, who was thought to be among the peace party. It is known that Hess had long been discussing possibilities of a peace mission to Britain, with Hitler’s knowledge, and that Hess’ friend Albrecht Haushofer had been in contact with the Duke of Hamilton.[86] New evidence has come to light that Hess probably did fly to Britain with Hitler’s approval. British historian Peter Padfield states that Hess brought with him to Britain detailed peace proposals from Hitler. The proposals asked for Britain’s neutrality in a coming conflict with the USSR, in return for which Germany would withdraw from Western Europe and would have no claims on Britain or the Empire.[87] Of course, such proposals were perfectly in keeping with the foreign policy aims that Hitler had desired since the 1920s, as we have seen previously. The proposals from Hitler specified German aims in Russia and even stated the precise time of the German offensive. Padfield remarks: ‘This was not a renegade plot. Hitler had sent Hess and he brought over a fully developed peace treaty for Germany to evacuate all the occupied countries in the West’.[88] Padfield also remarks on a significant ‘negotiated peace’ faction in Britain, and the ruin that peace would have meant for Churchill’s career. There is also allusion to this peace faction including the Royal Family.

Joyce expected he would soon die, whether fighting the Russians, during an air-raid or hanged. Awarded the War Merit Cross 1st Class, a civilian medal, which meant little to him, he was called up to the home guard, the Volkssturm, and he started training with weapons.[89] During the course of an air-raid, confined in a shelter, he proceeded to teach a French journalist English songs, which drew the attention of an air-warden. When Joyce refused the order to quieten a scuffle ensued, Joyce received a cut lip, and the warden a black eye. The air-raid warden stated that Joyce would be reported. Bellowing with laughter at the absurdity of the situation, Joyce was duly notified that he was charged with ‘sub-treason’, and that the warden had been the personal chauffer of Freisler, president of the People’s Court. His employers warned him that the charge was more serious than he assumed. However, the court and all traces of the documentation as well as Freisler’s chauffeur were buried in rubble from an air-raid and so was the charge of ‘sub-treason’.[90]

At the suggestion that the Joyces obtain false papers with the view to escaping as the war drew to a conclusion, Joyce was furious and adamant that ‘soldiers cannot run away, so why should I?’[91] For Joyce, from boyhood to the end of his life, honour an integrity were paramount, courage an instinct.

With Berlin in ruins, the staff of Buro Concordia prepared to relocate. With the impending Russian occupation of the city, the staff of the English Language Services proceeded to Apen, a small town between Bremen and the Dutch border, although Joyce would have preferred the barricades with his Volkssturm colleagues.

Finale

On 30 April 1945 the staff were called together and told of Hitler’s death. Lord and Lady Haw-Haw made their final broadcasts that day. Joyce reiterated what he had always said:

‘Britain’s victories are barren. They leave her poor and they leave her people hungry. They leave her bereft of the markets and the wealth that she possessed six years ago. But above all, they leave her with an immensely greater problem than she had then. We are nearing the end of one phase of Europe’s history, but the next will be no happier. It will be grimmer, harder and perhaps bloodier. And now I ask you earnestly, can Britain survive? I am profoundly convinced that without German help she cannot’.

Is there any reader who is so ignorant or so naïve, other than the ideologically or ethnically biased, who can deny that Joyce has been proved correct? Britain lost her Empire, lost her markets, the Commonwealth and colonial peoples were detached from her and left to wallow in Third World poverty, or become colonies of a US led world order, and debt became more than ever the preferred method of economics.

Orders came from Goebbels, the first from the Reichsminister that had acknowledged them, that the Joyces were not to fall into Allied hands. However, attempts to get them to neutral Sweden via Denmark or to Eire, were abortive. They ended up in Flensburg, back in the crumbling and occupied Reich. Joyce, as was his habit, adopted a rascally attitude even now, and played what he called ‘Russian roulette’ by greeting British soldiers, to see if they would recognise his voice. On a stroll back from the woods he encountered two officers collecting firewood, and approached them offering some sticks. One of the officers, Lieutenant Perry,[92] a returning Jewish refugee serving as an interpreter, a type that was now swarming over Germany in the wake of the Allied occupation, recognised Joyce’s voice. They pursued Joyce in a vehicle, and Perry asked, ‘You wouldn’t happen to be William Joyce would you?’ Joyce reached for the less than convincing fake identity papers that had been given to him by the Germans and was shot by Perry, the bullet entering through Joyce’s right thigh and passing through the left.[93]

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The military authorities promptly called on Margaret Joyce at the lodging of an elderly widow, who was also detained, but quickly released, albeit not before her household food rations had been looted by the liberators.

Joyce’s first court appearance on treason charges was held at the Old Bailey on 17 September 1945. He entered a ‘not guilty’ plea. The main problem for the prosecution was in regard to whether Joyce was a British national under the protection of the Crown when he made his broadcasts in Germany. Joyce had never been a British citizen, and he had obtained a British passport for his move to Germany by making a false declaration. Two of the three charges could not be upheld. The case reached the House of Lords. However, Joyce was in no doubt that his hanging was required, and his defence team had even received death threats should he be acquitted. Joyce was hanged on the basis that because he had a British passport he was under the protection of the Crown when he started his broadcasts, and therefore committed high treason. The charge was dubious at best. He had never used his British status for protection at any time, and there is no reason to believe he would have in any circumstances. He moved to Germany with the intention of become a German citizen as promptly as possible, although German officialdom had been tardy in the process. Joyce was hanged on a passport technicality. Judgement was passed on 18 December 1945 to dismiss the appeal. Lord Porter dissented, stating that it was by no means clear that Joyce could have been considered to have owed allegiance to the Crown at the time of the broadcasts.[94]

Joyce on being told the decision wrote to Margaret that it was a relief the matter was over and that he found it undignified to have to plead for his life before his enemies, and to ‘observer their pretence at “fair play”’. Amidst the petty vengefulness of a befuddled and war-worn people, The Manchester Guardian nonetheless questioned the appropriateness of death sentences for Joyce and John Amery (whose trial had lasted eight minutes) for views that ‘were once shared by many who walk untouched among us’. Joyce appreciated the acknowledgment of his sincerity by the Guardian. His friends remained steadfast, and John Macnab was particularly active on Joyce behalf. Macnab, an avid Catholic, remarked on his last visits to Joyce that ‘being with him gave a sense of inward peace, like being in a quiet church’.[95] Some of his former teachers at Birbeck College, remembering the likeable and hardworking student, asked the prison Governor to relay their well-wishes to Joyce. He handed his brother Quentin his final message:

‘In death, as in this life, I defy the Jews who caused this last war: and I defy the power of Darkness which they represent. I warn the British people against the aggressive Imperialism of the Soviet Union.

‘May Britain be great once again; and, in the hour of the greatest danger to the West, may the standard of the Hakenkreuz be raised from the dust, crowned with the historic words “Ihr habt doch gesiegt”. I am proud to die for my ideals; and I am sorry for the sons of Britain who have died without knowing why’.

Joyce’s old friend, the one-timer Labour Party stalwart John Beckett, wrote to him in his final days: ‘Our children will grow up to think of you as an honest and courageous martyr in the fight against alien control of our country … That is how we shall remember you, and what we will tell our people’.[96] It has only recently been known that Beckett’s departure from the National Socialist League was for reasons other than a falling-out with Joyce. Beckett referred to this when writing to Joyce:

‘No one knows better than myself the sincerity of the beliefs which led to the course of action you chose. You remember we discussed the position in 1938, and the disagreement and respect I showed for your opinion then, remains’.[97]

Joyce replied in a letter that was intercepted and never given to Beckett:

‘Of course I remember, quite vividly, how we discussed the situation in 1938. I do not, in the most infinitesimal degree, regret what I have done. For me, there was nothing else to do. I am proud to die for what I have done’.[98]

Beckett in his farewell wrote to Joyce: ‘Goodbye, William, it’s been good to know you and there are few things in my life I am prouder of than our association. Yours always, John’.[99]

Joyce took holy communion, wrote to his wife and to Macnab, and at 9:00 am precisely he was taken from his cell by the hangman, Albert Pierrepoint and hanged.[100]

On the morning of 3 January 1946, the day of his execution, a crowd of 300 gathered outside Wandsworth prison; most to gloat but some to pay their final respects. Some of the crowd, on the notice of Joyce’s execution being posted up, set themselves apart from the crowd and gave the Fascist salute in Joyce’s honour.

Notes

[1] J A Cole, Lord Haw-Haw: The Full Story of William Joyce (London: Faber and Faber, 1987), 307

[2] Cole, 16.

[3] Cole, 212.

[4] Rebecca West, The Meaning of Treason (London: The Reprint Society, 1952), 3.

[5] Ibid., 4.

[6] One might recall the fates of Dr Robert Faurrison in France, Fred Leuchter in the USA, David Irving in England, Dr Joel Hayward in New Zealand, Ernst Zundel in Canada, et al.

[7] K R Bolton, Artists of the Right (San Francisco, Counter-Currents Publications, 2012), 97-119. Pound, stranded in Italy with his wife when the USA entered the war, broadcast for Italy on a programme called ‘Europe Calling’, analogous to Joyce’s broadcasts named ‘Germany Calling’. Handed over to US troops after the war by Italian partisans, Pound was confined in an animal cage under the scathing Pisan sun. The embarrassment of trying and hanging for treason one of the world’s greatest literary figures was avoided by declaring Pound unfit to stand trial, and he was confined to a mental asylum for thirteen years, after which, still undiagnosed or treated for any supposed ‘mental illness’, he was permitted to leave the USA and return to Italy.

[8] Cole, op. cit., 22-23.

[9] Ibid., 56.

[10] Ibid.

[11] Richard Thurlow, Fascism in Britain (London: Basil Blackwell, 1987), 51.

[12] Ibid., 53.

[13] Cole., op. cit., 30.

[14] Ibid.,  31.

[15] Oswald Mosley (1968) My Life (London: Black House Publishing, 2012), 294.

[16] Ibid, 295.

[17] Ibid., 297.

[18] Cole, op. cit., 39.

[19] Thurlow, op. cit., 98.

[20] In 1925 Beckett become the youngest Labour MP of his time, at the age of 30. Becoming increasingly radical, he was expelled from the Labour party and lost his seat in 1931, joining the BUF two years later.

[21] Cole, op. cit, 45.

[22] Jeffrey Hamm, Action Replay (London: Howard Baker, 1983), 151.

[23] Cole, op.cit., 57.

[24] Cole, op. cit., 59.

[25] Ibid., 65.

[26] Randolf Churchill in letter to The Spectator, 27 December 1963, cited by Mosley, My Life, op. cit., 363.

[27] Zeev Sternhell, Neither Left Nor Right: Fascist Ideology in France (Princeton, New Jersey: Princeton University Press, 1986); The Birth of Fascist Ideology (Princeton, 1994).

[28] Cole, op. cit., 73.

[29] K R Bolton, ‘Geoffrey Potocki de Montalk: New Zealand Poet, “Polish King”, and “Good European”’, Counter-Currents Publishing, http://www.counter-currents.com/2010/08/count-potocki-de-montalk-part-iii/

[30] William Joyce, National Socialism Now, 1939, Chapter 1.

[31] Ibid.

[32] Karl Marx, The Communist Manifesto (Moscow: Progress Publishers, 1975), 71-72.

[33] Joyce, NS Now, op. cit., Chapter 2.

[34] K R Bolton, The Banking Swindle (London: Black House Publishing, 2013), 103-120.

[35] Ibid., 96-100.

[36] Ibid, passim.

[37] W Joyce, NS Now, op. cit., Chapter 4.

[38] Adolf Hitler (1926), Mein Kampf (London: Hutchinson & Co., 1969), 570.

[39] Ramsay was one of the many veterans who had served in the First World War ‘with gallantry’ (Griffiths, 353) who were imprisoned under Regulation 18B. Members of the Right Club included Admiral Wilmot Nicholson (another First World War hero), Mrs Frances Eckersley, who was to assist the Joyce’s on their arrival to Germany; and the Duke of Wellington. Richard Griffiths, Fellow Travellers of the Right (London: Oxford University Press, 1983) 353-355.

[40] A H M Ramsay, The Nameless War (1952), 17.

[41] Ramsay, ibid., 54.

[42] Ramsay, ibid., 59-60.

[43] Ramsay, ibid., 62.

[44] David Irving (1966), The Destruction of Dresden (London: Futura Publications, 1980).

[45] Ramsay, op. cit., 67.

[46] Cited by Ramsay, ibid., 68.

[47] Ibid.

[48] Hitler, Mein Kampf, op. cit., 575.

[49] David Irving, Churchill’s War Vol. 1 (Western Australia: Veritas Publishing, 1987), 104.

[50] Stephen Mitford Goodson, Inside the Reserve Bank of South Africa (2013), 67-69.

[51] David Irving, op. cit., ., 14.

[52] Cole, op. cit., 77.

[53] Stephen Dorril, Black Shirt: Sir Oswald Mosley and British Fascism (London: Penguin Books, 2007), 466.

[54] Ibid.

[55] Griffiths, op. cit., 319.

[56] The BUF had its own notable agricultural expert, Jorian Jencks, author of BUF rural policies.

[57] Griffiths, op. cit., 352.

[58] Cole, op. cit., 82-83.

[59] Cole, ibid., 86.

[60] Cole, 103.

[61] Robert Skidelsky, Oswald Mosley, 440.

[62] Ibid., 449.

[63] Ibid., 455.

[64] Cole, op. cit., 108.

[65] Ibid., 113.

[66] Ibid., 115.

[67] Ibid.

[68] Ibid., 118.

[69] Ibid., 121.

[70] Ibid., 124.

[71] Ibid., 126.

[72] Ibid., 127.

[73] Ibid., 137.

[74] Cole, 159.

[75] Ibid. 161.

[76] Cole, 164.

[77] Cole, ibid., 182.

[78] Cited by Cole, ibid., 170.

[79] William L Shirer, The Rise and Fall of the Third Reich (Secker and Warburg, 1977).

[80] Recall the description of Joyce’s appearance by Shirer with that of Rebecca West.

[81] Cited by Cole, op. cit., 174-175.

[82] Shirer was listed as a Communist sympathiser in a 1950 US publication, Red Channels: The Report of Communist Influence in Radio and Television, based on FBI documents. Shirer had been a member of the Committee for the Prevention of World War III, founded in the USA in 1944, which lobbied for the elimination of Germany. Among its members were James P Warburg, ‘ideologue’ of the society and a scion of the influential Warburg banking dynasty. Did Shirer ever regard the alliance between plutocrats and Leftists against the Axis to be ‘strange’? For several years after the war the Committee’s aims were implemented under the so-called Morgenthau Plan, named after US Secretary of the Treasury Henry Morgenthau Jr., a supporter of the society. The Morgenthau Plan attempted to exterminate the German people through starvation, until being reversed by the Marshall Plan several years after the war, when it was realised that the Germans might be needed to fight the Russians, again.  See: James Bacque, Crimes and Mercies: The Fate of German Civilians Under Allied Occupation 1944-1950 (London: Little, Brown & Co., 1997).

[83] Adrian Weale, Renegades: Hitler’s Englishmen (London: Weidenfield and Nicolson, 1994), 36.

[84] Ibid., passim.

[85] Cole, op. cit., 190.

[86] Wolf Rudiger Hess, My Father Rudolf Hess (London: W H Allen, 1986), 66-67.

[87] Jasper Copping, ‘Nazis “offered to leave Western Europe for free hand to attack USSR”’, The Telegraph, 26 September 2013, http://www.telegraph.co.uk/history/10336126/Nazis-offered-to-leave-western-Europe-in-exchange-for-free-hand-to-attack-USSR.html

[88] Peter Padfield, Hess, Hitler and Churchill (Icon books Ltd., 2013), cited by Copping, ibid.

[89] Cole, 219.

[90] Cole, 221.

[91] Ibid., 222

[92] The large numbers of Jewish lawyers and interpreters who entered Germany with the Occupation forces were given false names. See Cole, op. cit., 247.

[93] Ibid., 246.

[94] Ibid., 287.

[95] Cole, 300.

[96] Cited by Beckett’s son, the author and journalist Francis Beckett, ‘My Father and Lord Haw-Haw’, The Guardian, 10 February 2005, http://www.theguardian.com/books/2005/feb/10/secondworldwar.world

[97] Ibid.

[98] Ibid.

[99] Ibid.

[100] Adrien Weal, op.cit., 195.

 


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lundi, 06 janvier 2014

Il telegramma Zimmermann: la vera ragione che spinse gli USA ad entrare in guerra nel 1917

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Il telegramma Zimmermann: la vera ragione che spinse gli USA ad entrare in guerra nel 1917

Viene spesso, fin troppo spesso, affermato che la causa dell’entrata in guerra di Washington, nella Prima Guerra mondiale, sia stato l’affondamento da parte di un sommergibile tedesco del transatlantico inglese Lusitania, che trascinò con se 123 cittadini statunitensi. (1) In realtà la nave fu affondata nel 1915, mentre gli USA entrarono in guerra nel 1917. Infatti, entrarono in guerra in reazione alla faccenda del “telegramma Zimmermann”.


Il 16 gennaio 1917, Arthur Zimmermann, segretario agli Esteri della Germania imperiale, inviò un telegramma cifrato all’ambasciatore tedesco a Washington, utilizzando il nuovo codice 7500 che gli inglesi non avevano potuto decifrare, ma l’ambasciatore a Washington ritrasmise il telegramma nel vecchio codice 103040, noto agli inglesi, all’ambasciatore tedesco in Messico.


Il testo del telegramma affermava: “Abbiamo intenzione di cominciare la guerra sottomarina senza restrizioni il primo di febbraio. Ci adopereremo, nonostante ciò, a mantenere gli Stati Uniti neutrali. Nel caso non succeda, faremo al Messico una proposta di alleanza sulla seguente base: combattere insieme, fare la pace insieme, un generoso sostegno finanziario e la comprensione da parte nostra del diritto del Messico a riprendersi i territori perduti di Texas, New Mexico e Arizona. I dettagli sono lasciati a voi. Potrete informare il presidente (del Messico) di quanto sopra secretato non appena lo scoppio della guerra contro gli Stati Uniti è certo, e aggiungerei il suggerimento che avrebbe dovuto, di propria iniziativa, invitare il Giappone ad aderirvi immediatamente e anche a mediare tra il Giappone e noi. Si prega di richiamare l’attenzione del presidente sul fatto che l’impiego illimitato dei nostri sottomarini offre ora la prospettiva di convincere l’Inghilterra a fare la pace entro pochi mesi. Accusate ricevuta. Zimmermann


In realtà, il telegramma venne concepito da un funzionario del ministero degli esteri tedesco, Hans Arthur von Kemnitz, che ne scrisse una prima bozza che Zimmermann firmò quasi senza leggere, probabilmente perché impegnato a redigere il testo diplomatico che giustificava l’annuncio della “guerra sottomarina senza restrizioni” contro il traffico navale diretto nel Regno Unito. Quando un altro funzionario seppe del telegramma, esclamò: “Kemnitz, quel fantastico idiota, ha fatto questo!?
Berlino dovette criptare il telegramma perché la Germania era consapevole che gli alleati intercettavano tutte le comunicazioni transatlantiche, una conseguenza della prima azione offensiva della Gran Bretagna nella guerra. All’alba del primo giorno della Prima guerra mondiale, la nave inglese Telconia si avvicinò alle coste tedesche e tranciò i cavi sottomarini transatlantici che collegavano la Germania con il resto del mondo. Questo atto di sabotaggio costrinse i tedeschi ad inviare i messaggi tramite collegamenti radio poco sicuri o cavi sottomarini di proprietà estera. Zimmermann fu costretto a trasmettere il suo telegramma cifrato attraverso la Danimarca e la Svezia con un cavo sottomarino statunitense che passava anche per il Regno Unito. Va ricordato, inoltre, che uno stretto collaboratore del presidente statunitense Woodrow Wilson, il colonnello Edward House, fece si che il dipartimento di Stato degli USA consentisse ai tedeschi la trasmissione di messaggi cifrati diplomatici tra Washington, Londra, Copenhagen e Berlino.


Il telegramma di Zimmermann ben presto venne intercettato ed analizzato dalla Sala 40 dell’Ammiragliato inglese, l’ufficio dell’intelligence elettronica inglese. Winston Churchill, Primo lord dell’Ammiragliato inlgese, ordinò la creazione della sezione intercettazione e decodificazione dei messaggi criptati tedeschi, appunto la Sala 40, divenuta di vitale importanza per gli Alleati. La Sala 40 era formata da linguisti e criptoanalisti. Il telegramma Zimmermann, decifrato parzialmente da Nigel de Grey e dal reverendo William Montgomery, affermava che la Germania voleva istigare il Messico ad attaccare gli USA, un’informazione che avrebbe spinto il presidente degli USA Woodrow Wilson ad abbandonare la neutralità degli Stati Uniti, perciò Montgomery e de Grey lo passarono subito all’ammiraglio Reginald Hall, direttore della Naval Intelligence, aspettandosi che lo trasmettesse agli statunitensi. Ma l’ammiraglio lo ripose nella sua cassaforte, incoraggiando i criptoanalisti a completare il lavoro. Infatti, il 5 febbraio 1917, Hall non ebbe il nulla osta dal Foreign Office affinché consegnasse agli statunitensi tali informazioni. Ma Hall convocò un ufficiale dell’intelligence statunitense a Londra e gli diede lo stesso il telegramma. “In altre parole, il direttore dell’intelligence navale aveva unilateralmente preso la decisione di condividere un’informazione altamente sensibile con una potenza straniera, senza l’autorizzazione del proprio governo“.


Hall pensava che se gli statunitensi venivano a conoscenza del telegramma Zimmermann, i tedeschi avrebbero potuto concludere che il loro nuovo sistema di cifratura 7500 era stato spezzato, spingendoli a sviluppare un nuovo sistema di cifratura, bloccando così l’intelligence inglese. Inoltre “Hall era consapevole che la guerra totale degli U-boat sarebbe iniziata entro due settimane, e che essa avrebbe indotto il presidente Wilson a dichiarare guerra alla Germania imperiale, senza bisogno di compromettere la preziosa fonte dell’intelligence inglese”. Ma il 3 febbraio 1917, sebbene la Germania avesse avviato la guerra sottomarina senza restrizioni, il Congresso statunitense e il presidente Wilson annunciarono la prosecuzione della neutralità. D’altra parte, negli USA era diffuso un notevole sentimento anti-inglese, in particolare tra i cittadini di origini tedesche ed irlandesi, questi ultimi infuriati per la brutale repressione della Rivolta di Pasqua del 1916 a Dublino e, inoltre, presso la stampa statunitense Gran Bretagna e Francia non godevano di maggiore simpatia della Germania. Tutto ciò spinse gli inglesi a sfruttare il telegramma Zimmermann. All’improvviso, e in sole due settimane, Montgomery e de Grey completarono la decifrazione del telegramma. Inoltre, gli inglesi si resero conto che von Bernstorff, l’ambasciatore tedesco a Washington, trasmise il messaggio a von Eckhardt, l’ambasciatore tedesco in Messico, utilizzando il vecchio sistema di cifratura 103040 e “dopo aver fatto alcune piccole modifiche al testo” che poi von Eckhardt avrebbe presentato al presidente messicano Carranza. Se Hall avesse potuto avere la versione “messicana” del telegramma Zimmermann, i tedeschi avrebbero supposto che fosse stato reso pubblico dal governo messicano, e che non era stato intercettato dagli inglesi. Hall contattò un agente inglese in Messico, il signor H., che a sua volta s’infiltrò nell’ufficio telegrafico messicano. Il signor H. poté ottenere così la versione messicana del telegramma di Zimmermann. Hall consegnò tale versione del telegramma ad Arthur Balfour, il segretario agli Esteri inglese, che il 23 febbraio convocò l’ambasciatore statunitense a Londra Walter Page per consegnargli il telegramma di Zimmermann. Il 25 febbraio, il presidente Wilson ebbe la ‘prova eloquente’, come disse, che la Germania incoraggiava un’aggressione agli USA. Il telegramma, in realtà, affermava che il Messico avrebbe dichiarato guerra agli USA solo se questi avessero dichiarato guerra alla Germania. Ciò avrebbe giustificato l’intervento degli USA nella Prima guerra mondiale? Infatti il telegramma di Zimmermann viene citato come il casus belli della guerra tra USA e Germania imperiale. Ma, infine, il Messico sarebbe mai stato un serio nemico per gli Stati Uniti? Il Messico era preda da anni di una feroce guerra civile, non poteva costituire una qualsiasi seria minaccia per gli USA, e Berlino avrebbe dovuto saperlo. Il presidente messicano Venustiano Carranza assegnò a un generale il compito di valutare la fattibilità di un’aggressione agli USA, ma il generale concluse che non sarebbe stato possibile per i seguenti motivi:
- gli Stati Uniti erano militarmente molto più forti del Messico.
- le promesse della Germania erano ritenute appunto soltanto tali. Il Messico non poteva utilizzare alcun “generoso sostegno finanziario” per acquistare armi e munizioni, per la semplice ragione che poteva comprarli solo negli Stati Uniti, mentre la Germania non poteva inviare alcunché in Messico dato che la Royal Navy, ed eventualmente l’US Navy, controllava le rotte atlantiche.
- infine, il Messico aveva adottato una politica di cooperazione con Argentina, Brasile e Cile per evitare un qualsiasi contrasto con gli Stati Uniti e migliorare le relazioni regionali.


Comunque il telegramma fu reso pubblico, ma stampa e parte del governo degli Stati Uniti lo ritennero una bufala ideata dagli inglesi per coinvolgere gli USA nella guerra. Tuttavia, Zimmermann, in modo sbalorditivo, ne ammise pubblicamente la paternità, dicendo a una conferenza stampa a Berlino che semplicemente “non posso negarlo. E’ vero”. La Germania poteva benissimo dire che il “telegramma Zimmermann” era un falso, approfondendo così i gravi dubbi sulla faccenda espressi negli USA, dove l’opinione pubblica era poco restia a partecipare alla Grande Guerra. Perché allora Zimmerman confessò di averlo inviato?


Nell’ottobre 2005, venne scoperto il presunto dattiloscritto originale della decifratura del telegramma Zimmermann, “scoperto da uno storico rimasto ignoto” che lavorava su un testo ufficiale della storia del Government Communications Headquarters (GCHQ), il servizio segreto elettronico inglese. Si riteneva che tale documento sia il telegramma mostrato all’ambasciatore Page nel 1917. Molti documenti segreti relativi a tale incidente furono distrutti su ordine dell’ammiraglio Reginald Hall. Certo, tutto ciò suscita un sospetto: in realtà si sa cosa ha scritto Zimmermann (Kemnitz), ma non è noto cosa avessero di certo mostrato gli inglesi ai diplomatici e al presidente degli USA.


In Germania, le indagini su come gli statunitensi avessero ottenuto il telegramma Zimmermann portarono a credere che fosse stato violato in Messico, proprio come previsto dall’intelligence inglese. Quindi il presidente Wilson, che nel gennaio 1917 aveva detto che sarebbe stato un “crimine contro la civiltà” trascinare il suo popolo in guerra, il 2 aprile dello stesso 1917 affermò: “Consiglio che il Congresso dichiari che il recente corso del governo imperiale non sia in realtà nient’altro che una guerra contro il governo e il popolo degli Stati Uniti, e di accettare formalmente lo status di belligerante cui siamo stati così spinti”.


La diplomazia inglese (così come la sua propaganda nera) cercarono ostinatamente di convincere il presidente Wilson ad abbandonare la promessa di neutralità fatta nella sua campagna elettorale per le presidenziali del 1916, e di entrare in guerra a fianco degli Alleati, ma come affermò la storica statunitense Barbara Tuchman, “Una sola mossa della Sala 40 era riuscita laddove tre anni d’intensa diplomazia avevano fallito”.Unit7_map_Zimmerman_300g80Alessandro Lattanzio, 3/1/2014

Note:
1) “Gli inglesi contarono 1198 vittime, tra cui 123 statunitensi, mentre in realtà i morti furono 1201; vennero infatti omessi i corpi dei tre tedeschi inviati sul Lusitania dall’attaché militare tedesco a Washington di allora, von Papen, per fotografare eventuali materiali sospetti. I tre furono scoperti e tenuti a bordo come prigionieri. In seguito, il segretario personale del presidente Wilson, Joseph Tumulty, fece credere a Washington che le spie fossero in possesso di un ordigno esplosivo, mentre invece si trattava della macchina fotografica”.

Fonti:
The Telegram that brought US into Great War is found, Ben Fenton
The Zimmermann Telegram, Joseph C. Goulden
The Zimmermann Telegram, Barbara Tuchman

dimanche, 05 janvier 2014

L’occupation de la Ruhr en 1923

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Matthias HELLNER:

L’occupation de la Ruhr en 1923

 

Lorsque les Français sont entrés dans la Ruhr, les ouvriers ont déclenché la résistance passive et l’inflation a pris des proportions calamiteuses

 

En janvier 1923, les soldats français et belges occupent l’ensemble de la région de la Ruhr. Une vague d’indignation secoue alors toutes les couches de la population dans le Reich vaincu. Le Chancelier Cuno, en poste depuis le 22 novembre 1922, déclare qu’il faut organiser la résistance passive contre l’occupation. En France toutefois, les esprits se divisent pour juger l’entrée des troupes en territoire allemand, entrée justifiée par le retard d’une livraison de bois imposée par les clauses de réparation. Les socialistes tentent de démontrer les dangers d’une occupation. Clémenceau s’y opposait et le Maréchal Foch parlait d’un “terrible nid de guêpes” où la France avait mis la main.

 

Par l’appel à la résistance passive, toute la vie économique de la région occupée fut paralysée. Les hauts fourneaux furent éteints et les mines fermées. Les cheminots se mirent en grève et les fonctionnaires allemands s’en tinrent à la convention prise, d’éviter tous contacts avec les autorités occupantes. Pour transporter les minerais et le charbon de la Ruhr vers la France, des milliers de techniciens et de cheminots furent mobilisés pour travailler dans la région occupée. Mais dès que les transports se remirent à rouler, des vétérans allemands, dont d’anciens combattants des corps francs comme Heinz Oskar Hauenstein et Albert Leo Schlageter, passèrent à la résistance active et organisèrent des actions de sabotage. Ils firent sauter des ponts, des lignes de chemin de fer et des canaux pour empêcher le transport vers l’étranger des biens économiques allemands.

 

Les autorités occupantes réagirent avec dureté. La région occupée fut complètement verrouillée et la police allemande désarmée. Krupp et d’autres industriels furent condamnés à quinze ans de prison. Partout des confrontations sanglantes eurent lieu. En mars, quatorze ouvriers de chez Krupp furent abattus; d’innombrables citoyens furent arrêtés ou expulsés. Lorsque les Français arrêtèrent Schlageter suite à une trahison, alors qu’il venait de faire sauter un pont près de Calkum, tous les recours en grâce furent inutiles, les Français voulant faire un exemple. L’officier de la Grande Guerre, âgé de 28 ans, fut fusillé le 26 mai. La résistance se poursuivit néanmoins sans discontinuer.

 

ruhrkampf1.gifFin mai, le parti communiste tente un coup de force et les soulèvements armés qu’il téléguidait furent anéantis par des volontaires armés. Au même moment, les attentats contre les occupants se multipliaient. Ainsi, le 10 juin à Dortmund, deux officiers français sont abattus en pleine rue. La réaction des Français a coûté la vie à sept civils.

 

Les tentatives françaises de détacher des régions rhénanes du Reich avec l’aide de mouvements séparatistes ne connurent aucun succès. Des attentats perpétrés contre des chefs séparatistes et la résistance de toute la population ruinèrent ces tentatives. Le 26 septembre, Stresemann, qui, le 13 août, avait remplacé Cuno au poste de Chancelier, déclare que la résistance passive doit se terminer. A ce moment-là, 132 Allemands avaient été tués; onze d’entre eux avaient été condamnés à mort mais un seul avait été exécuté. 150.000 personnes avaient été expulsées de la région; d’innombrables autres avaient écopé d’amendes ou avaient subi des peines de prison.

 

La République de Weimar était dans un état de désolation épouvantable. Non seulement elle avait dû renoncer au poids économique de la région de la Ruhr mais elle avait dû aussi payer pour entretenir la population paralysée par la résistance passive ordonnée par Cuno. L’inflation galopante ne pouvait plus être arrêtée. Le 1 juillet un dollar américain coûtait déjà 160.000 mark; le 1 août, le dollar valait 1.100.000 mark; le 1 novembre 130.000.000.000 mark et le 30 novembre 4.200.000.000.000 mark!

 

Pour stabiliser l’état de la République, il a fallu procéder à une réforme monétaire et, simultanément, l’Allemagne accepte en août 1924 le Plan Dawes lors de la Conférence de Londres, plan qui réglait le paiement des réparations sur des bases nouvelles. En juillet et en août 1925, les Français évacuent finalement une grande partie des régions occupées, sous pression de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. L’aventure de la Ruhr était terminée.

 

Matthias HELLNER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, http://www.zurzeit.at , n°25/2013).

samedi, 04 janvier 2014

Geschiedenisles: Nederlandse protestanten kozen in 16e eeuw kant van de islam

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Geschiedenisles: Nederlandse protestanten kozen in 16e eeuw kant van de islam

Lutheranen en Calvinisten uit Nederland en Engeland vochten zij aan zij met moslim invasiemacht

De unitaristische koning Sigismund zweert trouw aan sultan Suleiman de Grote. Beiden hadden hun afwijzing van de leer van de Drie-eenheid gemeen.

Op 15 december schreven we -op basis van onderzoek van een Amerikaanse auteur en een prent uit de 19e eeuw- dat Maarten Luther de kerstboom populair zou hebben gemaakt. Een Nederlandse auteur liet mij echter weten dat die afbeelding enkel fantasie was, en dat de kerstboom pas in de 19e eeuw in zwang raakte. Wél historisch verifieerbaar, maar nog minder bekend, is dat Luther het Vaticaan dermate haatte, dat hij een moslimheerser boven de paus verkoos. Dit leidde er mede toe dat protestanten in Holland, Vlaanderen en Engeland de kant kozen van de Ottomaanse Turken, toen deze Europa probeerden te veroveren. In onze tijd lijken veel kerken eenzelfde fatale fout te maken, door te beweren dat Jahweh en Allah één en dezelfde God zouden zijn.

Protestanten staan toch al niet bekend vanwege hun kennis van de historie van hun eigen kerken, noch van de inhoud of zelfs het bestaan van de meeste Bijbelse eindtijdprofetieën. Voor de meesten zal het daarom een schok zijn dat Luther toleranter stond tegenover moslims, dan tegenover katholieken en joden.

Luther schreef weliswaar een traktaat met de titel 'De oorlog tegen de Turk', waarbij hij zich op theologische gronden verzette tegen de islam, en de Duitsers opriep een invasie te weerstaan, maar hij schreef tevens: 'Laat de Turk geloven en leven zoals hij wil, net zoals men het pausdom en andere valse christenen laat leven.' En: 'Een slimme Turk is een betere heerser dan een domme christen.'

Haat tegen paus en joden groter dan afkeer van islam

De 'grote reformator' besefte heel goed dat de islam theologisch onverenigbaar was met het christendom, en ook wat er zou gebeuren als de Turken Europa zouden veroveren. Zijn haat tegen de paus en de joden was echter dermate groot, dat hij zijn volgelingen bewust opriep om desnoods een Turkse (moslim)heerser over zich te accepteren.

Tenslotte had Luther de joden en de paus als de 'antichrist' en 'de geïncarneerde duivel' omschreven, en ging hij zelfs zover dat hij zei dat sommige van zijn Duitse tijdgenoten 'feitelijk de komst en heerschappij van de Turken wilden, omdat ze vonden dat het Duitse volk wild en onbeschaafd was, ja, zelfs half-duivels en half-menselijk' (bron: The Ottoman Empire and early modern Europe, Daniel Goffman, 2002).

Sultan Suleiman en unitariër Sigismund

Suleiman de Grote, destijds de sultan van het Ottomaans Rijk, stuurde een brief aan Luthers volgelingen in Holland en Vlaanderen, waarin hij schreef dat hij zich verwant aan hen voelde, 'omdat ze geen beelden aanbaden, in één God geloofden en tegen de paus en de keizer vochten'. Met de Duitse prinsen die zich achter Luther schaarden wilde hij zelfs een alliantie vormen tegen de keizer en de paus, en beloofde hij bescherming aan de protestanten in Hongarije en Transsylvanië.

Eén van de grootste collaborateurs met Suleiman was een unitariër, John Sigismund Zápolya (koning John of János II), die tijdens zijn heerschappij over Hongarije afhankelijk was van de steun van de sultan, aan wie Sigismunds vader (koning John I) trouw had gezworen. Sigismund was de oprichter van de unitaristische 'kerk' van Transsylvanië, die bij de reformatorische kerken in ongenade was geraakt vanwege het ontkennen van de leer van de Drie-eenheid, die ook door de islam als godslasterlijk wordt afgewezen.

Marokko wilde alliantie met Ottomaans Rijk en Holland

Ongeveer een eeuw later stuurde Marokko een moslimdiplomaat naar Europa, met als doel een alliantie te vormen tussen het protestantse Holland, het Ottomaanse Rijk en de islamitische koninkrijken van Marokko en de Morisco's. Deze diplomaat, Al-Hajari, schreef in 'Het Boek van de Beschermer van de godsdienst tegen de beeldenaanbidders' dat 'hun leraren (Luther en Calvijn) hen (de protestanten) waarschuwden tegen de paus en de aanbidders van beelden; ze vertelden hen tevens de moslims niet te haten, omdat zij het zwaard van God in de wereld tegen de beeldenaanbidders zijn. Daarom kiezen zij de kant van de moslims.'

Vanwege hun gezamenlijke haat tegen de katholieke kerk was het voor de volgelingen van Luther en Calvijn niet moeilijk om de kant van de islamitische invasiemacht te kiezen. Met onder andere zijn halfhartige uitspraken over de islam had Luther hiervoor de basis gelegd. Daarmee hield het echter niet op; Murad III, de opvolger van Suleiman, schreef een brief waarin hij een alliantie met de Lutheranen in Vlaanderen en Spanje voorstelde:

'Wat jullie aandeel betreft: aanbid geen afgoden, jullie hebben de beelden en afbeeldingen en 'klokken' van de kerken verwijderd, en jullie geloof beleden door te verklaren dat God Almachtig één is, en de Heilige Jezus zijn Profeet en Dienaar, en nu met hart en ziel zoeken en verlangen naar het ware geloof. Maar de trouweloze die ze Papa noemen ontkent dat de Schepper Eén is, schrijft goddelijkheid toe aan de Heilige Jezus (vrede zij met hem!), en aanbidt beelden en afbeeldingen die hij met zijn eigen handen heeft gemaakt. Hiermee trekt hij de éénheid van God in twijfel en leidt hij velen dat verkeerde pad op.'

Lutheranen en Calvinisten steunden mosliminvasie Europa

Tijdens de slag van Lepanto in 1571 vochten Lutheranen en Calvinisten uit Holland en Engeland zelfs zij aan zij met de islamitische Ottomanen. Dit verraad kende ruim een eeuw later een vervolg in de cruciale slag om Wenen in 1681. Imre Thokoly, de leider van de protestanten in Hongarije, viel toen samen met de Ottomanen Wenen aan. Het is aan de genade van God en de Poolse koning Johannes Sobieski te danken dat het de moslims niet lukte om na Constantinopel ook Wenen te veroveren. Was dat wel gebeurd, dan was Europa wellicht al eeuwen islamitisch geweest.

De volgelingen van Luther en Calvijn kozen dus vóór de islam, omdat beide partijen het katholicisme als de grootste vijand beschouwden. In de 16e eeuw was het onder Nederlandse protestanten een algemeen gezegde dat zij 'liever een Turk dan een papist (volgeling van de paus)' zouden zijn. Eerder hadden Orthodoxe christenen in Constantinopel een vergelijkbaars credo: 'beter een tulband dan de tiara (kroon van de paus)'. Voor deze houding betaalden zij een bittere prijs, toen hun stad in 1453 door de Ottomaanse Turken werd veroverd, en duizenden van hen werden afgeslacht.

Geen excuus voor collaboratie met islam

Anno 2013/2014 dreigt de geschiedenis zich te herhalen. Opnieuw zoekt de islam met suikerzoete woorden toenadering tot de christelijke kerken, door te beweren dat wij dezelfde god zouden aanbidden, en wij veel met elkaar gemeen zouden hebben.

Johannes de Damascener, die werkte aan het hof van de Kalief van Syrië, noemde in zijn boek 'De Bron van Kennis' de islam echter de 'ketterij van de Hagarenen' (afstammelingen van Hagar, de moeder van Ismaël), Allah 'Baäl' en moslims 'verminkers van God', als tegenwerping tegen de (valse) beschuldiging van moslims dat christenen drie Goden zouden aanbidden.*

Christenen hebben geen enkel excuus voor het collaboreren met de islam. Hiermee hebben zij zelfs de kerk en hun geloof verraden, want juist in veel landen waar moslims de baas zijn wordt een uitroeiingsoorlog tegen christenen gevoerd. En als dat christenen niets zegt, dan zouden ze een korte blik op de islamitische leer moeten werpen, die immers de complete basis van het christelijke geloof -de 'Vader en de Zoon', het sterven van Jezus aan het kruis, de opstanding- ontkent en zich volgens de Bijbel daarmee aan de grootste godslasteringen schuldig maakt.

Samenwerking met islam = eigen doodvonnis tekenen

Honderden jaren geschiedenis laat zien dat iedereen die gaat samenwerken met de islam, uiteindelijk een prooi zal worden en op vaak bloedige wijze het onderspit zal moeten delven. De anti-Israël, antisemitische en pro-islamhouding van veel kerken is in dit opzicht even angstwekkend als veelzeggend. Zo verkettert de Lutheraanse Wereldraad regelmatig de Joodse staat voor het zich verdedigen tegen Palestijnse terroristen. En dat is niet zo vreemd als bedacht wordt dat Luther zelf tijdens het grootste deel van zijn leven een openlijke antisemiet was. (1)

Is dit een pleidooi om dan maar katholiek te worden? Zeker niet, want er is theologisch heel veel mis met de leer van het Vaticaan, dat tenslotte de basis heeft gelegd van de onbijbelse vervangingstheologie die ook door de protestantse kerken wordt geleerd, en die onder andere heeft geleid tot eeuwenlange Jodenvervolgingen en een aanhoudende blindheid voor het grootste deel van de Bijbelse eindtijdprofetieën.

Christenen moeten verschillen opzij zetten

Zoals we gisteren al schreven kan het Vaticaan echter nooit de 'hoer van Babylon' zijn, zoals veel kerken en groepen nog altijd leren. Katholieken belijden net als protestanten en evangelische/pinksterchristenen dezelfde Verlosser. In het licht van de islamitische oorlog tegen het christendom wordt het daarom hoog tijd dat christenen van alle gezindten hun theologische verschillen accepteren en laten voor wat ze zijn, en elkaar vinden in hun belijdenis dat Jezus de Christus is, is opgestaan uit de dood, en de enige Weg is om verzoend te worden met God de Vader. Doen we dat niet, dan zouden wij op termijn wel eens hetzelfde lot als de christenen in Azië en Noord Afrika kunnen ondergaan.

* Om een zijdelingse discussie over de Drie-eenheid te vermijden: noch de katholieken, noch de protestanten, noch de evangelischen zeggen drie Goden te aanbidden, maar één God die zich op drie wijzen manifesteert, namelijk als Vader, als Zoon, en als Heilige Geest - net zoals u zelf één persoon bent die uit drie 'delen' bestaat, namelijk geest, ziel en lichaam, waarbij uw lichaam is onderworpen aan uw geest (en zo de Zoon is onderworpen aan de Vader, zoals de Bijbel schrijft). Wij zijn immers naar Zijn beeld (Genesis 1:27) geschapen.

Xander

(1) Shoebat

mardi, 31 décembre 2013

RHF nº XXVI

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RHF n°XXVI

Acaba de aparecer el nº XXVI de la Revista de Historia del Fascismo correspondiente al mes de noviembre de 2013 que incluye los siguientes artículos:

Sumario:

DOSIER
Arde el Reichstag:
¿Cómo? ¿Cuándo? ¿Por qué?. Del 30 de enero al 5 de marzo de 1933: semanas decisivas

En la noche del 27 de febrero de 1933, cuando aún no se cumplía un mes del nombramiento de Hitler como Canciller, el Reichstag quedaba convertido en cenizas. Aun hoy subsiste en de­bate sobre quién incendió el edificio e incluso el autor material, Marinus Van Der Lubbe, ha sido rehabilitado en 1998. La respuesta del gobierno consistió en presentar una ley especial para la represión de estos actos de terrorismo que tuvo como consecuencia la prohibición del Partido Comunista Alemán (KPD) y sucesivas modificaciones legales que concentraron el poder en manos de Hitler. Presentamos la cronología de los acontecimientos y un análisis crítico del episodio.

NACIONAL-SINDICALISMO
Crónica de una frustración histórica
Las causas que impidieron el arraigo de un fascismo en España

La crónica del «fascismo español», esto es, del movi­miento nacional-sindicalista, es también la crónica de una permanente frustración que se manifestó ya desde los primeros momentos y que lo ha acompañado a lo largo de toda su historia. Debemos, pues, hablar de un «fascismo frustrado» mucho más que de una experiencia histórica consumada. Este artículo tiene dos partes, en la primera se aluden a las distintas causas que generaron esa frustración. En la segunda se describen las biografías de los dos principales exponentes de la «derecha falangista»: Onésimo Redondo Ortega y Julio Ruiz de Alda.

NACIONAL-SINDICALISMO
Dos biografías de la “derecha falangista”
Onésimo Redondo y Ruiz de Alda
(por Eduardo Núñez)

Después de esta introducción presentamos las biografías de los dos dirigentes falangistas más conocidos de su «ala derecha». Se trata de dos biografías sintéticas que nos sirven para situar a los personajes. Al lector le será sumamente fácil, con la introducción que hemos realizado, entender que situemos a estos dos personajes en la «derecha fa­langista». Vale la pena decir que, en el propio José Antonio, se percibe una evolución nítida a lo largo del año 1935 que lo va desplazando del «ala derecha», hacia nuevas posiciones. Esta evolución, por el contrario, no se percibe ni en Onésimo Redondo, ni en Julio Ruiz de Alda.

FASCISMOS INTERNACIONALES
Camisas doradas y el fascismo en México
(por Eduardo Basurto)

En el México insurgente del primer tercio del si­glo XX, tras las guerras cristeras (de las que León Degrelle fue un testigo excepcional) apareció el movimiento de los Camisas Doradas, rama militante de la Acción Revolucionaria Mexicanista, dirigida por Nicolás Rodríguez Carrasco, un movimiento que rechazaba a la democracia parlamentaria y el marxismo. Son considerados como el «partido fascista» mexicano más amplio y con una base más sólida. Su ciclo histórico fue breve pero aquí lo repasamos, desde sus orígenes hasta su extinción en el tiempo en el que la guerra ya había vuelto a prender en Europa.

NEOFASCISMO
Memorias de Stefano Delle Chiaie
Los años del exilio español

Reanudamos la traducción y publicación de las memorias de Stefano Delle Chiaie editadas en Italia con el título de El Águila y el Cóndor. Llega­mos a la dilatada etapa española en la que Delle Chiaie consigue crear, junto con el Comandante Borghese, una «santuario» en nuestro país cuya vigencia se prolongará hasta un año después de la muerte de Franco. Esta etapa es prolija en acontecimientos que están ligados en buena medida a las peripecias de la policía española de la época y que harán que el nombre de Delle Chiaie aparezca con mucha frecuencia en las primeras páginas de los medios de comunicación españoles durante la transición.

Formato 15x21 cm
232 páginas
Portada: cuatricomía, plastificada, con solapas
PVP: 18,00 €
Pedidos superiores a 10 ejemplares: 9:00 €

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jeudi, 19 décembre 2013

Les Japonais et la Guerre de l'Asie-Pacifique

Les Japonais et la Guerre de l'Asie-Pacifique
 
De la tragédie au mythe

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

Le livre de Michael Lucken, Les Japonais et la guerre (1937-1952), est un ouvrage qui fera date dans l'historiographie du Japon contemporain autant par l'originalité et la pertinence de l'approche méthodologique que par l'acuité des idées exprimées par son auteur. 


9782213661414-G.jpgMichael Lucken est professeur des université près l'Institut des langues et des civilisations orientales, spécialiste de l'art japonais, spécialité qui est une des pièces maîtresse du dispositif analytique et des sources exploitées par l’auteur pour saisir notamment les mécanismes psychologiques ayant animé les Japonais pendant la guerre de l'Asie-pacifique et l'immédiat après-guerre (fin de l'occupation américaine). Rien de plus précieux en effet, en une période où la parole publique n'est pas nécessairement libre, que de recourir aux sources littéraires, graphiques et visuelles pour saisir l'ampleur affective du drame, son appropriation par les Japonais et son instrumentalisation par les pouvoirs politiques nippons et américains. 

Il suffit de garder en mémoire les passages poignants de Shûsako Endô, notamment dans son roman Le fleuve sacré, pour apprécier l'impact sur cet auteur lorsqu'il fût informé a posteriori des actes de cannibalisme commis par des soldats affamés, harcelés et en déroute en pleine jungle de Birmanie. L'ombre de la guerre se pose aussi implicitement ou explicitement dans les réalisations cinématographiques et la bande dessinée contemporaines (films, anime, manga). Surtout, Michael Lucken, qui a exploité une importante quantité de sources japonaises, nous démontre comment la Seconde Guerre mondiale est devenue « une figure mythique » au Japon. Il nous explique comment la fin du conflit, et en particulier le drame des bombes atomiques, a été exploitée par l'empereur et sa chancellerie pour assurer, avec le consentement des autorités américaines d'occupation (SCAP), la survie et la permanence de l'institution impériale au prix du sacrifices de nombreuses vies humaines, d'une interprétation et d'une manipulation de la réalité historique. Ce thème est abordé dans la seconde partie de l’ouvrage et apporte un éclairage sur les enjeux mémoriels et politiques actuellement en jeu en Asie.

L’auteur relate peu les crimes commis par l'armée japonaise en guerre. Cela a déjà été traité par Jean-Louis Margolin (Violences et crimes du Japon en guerre, 1937-1945, Grand Pluriel, 2009) et les campagnes militaires, ce n'est pas l'objet principal de son livre. Il a surtout étudié le vécu de l'arrière, l'impact de la guerre sur le quotidien : une guerre d'abord coloniale et lointaine, et qui devient de plus en plus présente en raison d'un plus grand embrigadement du corps social, de l'accroissement du nombre des tués et des bombardements alliés. Le lecteur pourra être choqué par le mépris des autorités pour leurs soldats, et en particulier du problème du rapatriement des ossements des morts au combat : pour les Japonais, le respect aux défunts et le deuil des familles est conditionné par le retour des cendres, de restes ou d'effets personnels du défunt ; or, la réalité des engagements armés ne le permettant pas toujours, les autorités militaires japonaises ont multipliés les expédients, et même préconisé le prélèvement in vivo et anticipé de reliques, principalement les phanères (à l'instar des pilotes de kamikaze qui avaient la tête rasée, à l'exception d'une mèche de cheveux destinée à être envoyée aux proches du héros). Ce mépris a ouvert très tôt les portes à toutes les sollicitations au sacrifice : si la valorisation et la pratique d’offrir héroïquement sa vie au combat est ancienne au Japon (et pas uniquement japonaise, l'auteur explique brillamment l'influence de la pensée occidentale au Japon, et en particulier Romain Rolland), c’est surtout l’exemple des trois soldats qui se seraient délibérément sacrifiés à Shangai le 22 février 1932 en transportant un tube de Bangalore (explosif servant à faire des brèches dans les fortifications ou lignes de barbelées adverses) que les contemporains de la guerre ont en mémoire : ces « trois bombes humaines » ou « projectiles de chair » sont à l’origine du terme « nikudan », largement employé dans la presse pour désigner les soldats prêts à mourir dans une mission sans retour. L'épisode des kamikaze se situe dans cette continuité, mais avec une intensité supérieure, car le Japon se trouve devant le gouffre de la défaite...


Enfin, Michael Lucken nous éclaire sur la dimension romantique de l'engagement patriotique de la population japonaise qui pensait sincèrement que l'occupation nippone en Asie serait temporaire, le temps nécessaire d' « éclairer spirituellement » les populations des pays conquis... Malgré la brièveté de la présence des armées impériales, le message d'émancipation véhiculé à l'époque a porté ses fruits, comme en témoigne la vague de décolonisation asiatique. Nous est révélée l'irrationalité et le romantisme du peuple et des élites nippons dans le déclenchement et la poursuite d'une guerre avec de faibles, voire aucune, perspectives de victoire. « Le Japon enfermé dans la modernité occidentale (…) n'avait d'autres solutions (…) que de se lancer dans la guerre, pour que les individus puissent ainsi une dernière fois sentir et prolonger la pureté du souffle national. Il n'y avait à l'horizon ni paix ni après-guerre, seul importait un engagement immédiat, complet et sans retour. La lumière se trouverait dans la ruine. » 


Michael Lucken, Les Japonais et la guerre (1937-1952), Fayard, 2013, 399 p.

mercredi, 18 décembre 2013

A 70 anni dai bombardamenti alleati

mercredi, 27 novembre 2013

Weimar 1941-1942: la Société Européenne des Ecrivains

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Weimar 1941-1942: la Société Européenne des Ecrivains

par Christophe Dolbeau

Au soir du 4 octobre 1941, trois écrivains français, Jacques Chardonne, Marcel Jouhandeau et Ramon Fernandez, embarquent dans un train de nuit qui va les conduire en Allemagne où les autorités les invitent à participer à un congrès littéraire. Ils seront rejoints ultérieurement par quatre de leurs confrères, Abel Bonnard, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach et André Fraigneau. Favorables au nazisme, pragmatiques, opportunistes ou simplement séduits par le discours européen de leurs interlocuteurs allemands, ces sept hommes apportent ainsi leur caution à une ambitieuse entreprise du Dr Gœbbels : mobiliser les écrivains derrière la bannière du Reich pour construire une Europe nouvelle.

À la découverte du Reich

À un peu plus d’un an de l’armistice franco-allemand et tandis qu’une bonne moitié de la France est occupée, ce voyage est tout sauf anodin. Il démontre qu’une page est en train de se tourner et que certains intellectuels sont prêts à jouer la carte allemande. Ce phénomène n’est pas circonscrit à la France et dès l’escale de Cologne, nos voyageurs retrouvent un petit groupe de collègues arrivés des quatre coins du continent. Il y là une romancière bulgare, Fani Popowa-Mutafowa (1), membre du mouvement fascisant des « Ratniks » (Combattants), un essayiste et poète croate, Antun Bonifačić (2), proche du gouvernement oustachi, le jeune poète et dramaturge finnois Arvi Kivimaa (3), le Danois Svend Fleuron (4), auteur d’ouvrages sur la nature et les animaux sauvages, et son compatriote Ejnar Howalt (5), dramaturge et militant du parti national-socialiste danois, le philosophe fasciste italien Alfredo Acito, les phalangistes espagnols Ernesto Giménez Caballero (6) et Luis Felipe Vivanco (7), le Norvégien Kåre Bjørgen (8), disciple de Quisling, le Suédois Einar Malm (9), le poète frison Rintsje Piter Sybesma (10) et les Flamands Ferdinand Vercnocke (11) et Filip de Pillecijn (12). Pour accueillir et guider cette quinzaine d’invités, les organisateurs de la tournée ont mobilisé toute une escouade de jeunes talents au premier rang desquels se détachent l’historien Karl-Heinz Bremer (13) et le lieutenant Gerhard Heller (14), deux hommes qui jouent à Paris un rôle capital. Autour d’eux sont également du voyage les poètes Moritz Jahn (15), Karl-Heinz Bischoff (16), Friedrich Schnack (17) et Hans Baumann (18), ainsi que le dramaturge August Hinrichs (19) et le romancier et traducteur Carl Rothe (20). Les autorités ne lésinent pas : les visiteurs sont traités de façon royale et entre deux pèlerinages culturels, ils ont droit à toutes sortes d’attentions. On les emmène voir la maison de Stefan George, à Bingen, puis le foyer natal de Gœthe, à Mayence, avant de leur faire déguster quelques bons crus rhénans et de les recevoir en grandes pompes à Heidelberg. À Munich, le groupe est hébergé au Bayerischer Hof, l’un des plus beaux hôtels de la ville, où il rencontre Hanns Johst (21), le tout puissant président de la Chambre des Écrivains du Reich. À Salzbourg, les voyageurs assistent à une représentation des Noces de Figaro et le lendemain, ils sont à Vienne où le bourgmestre leur offre le souper. Ils visitent ensuite Baden, la station thermale qu’affectionnait Beethoven, et font le tour de la demeure de Schubert, avant de prendre part, à la Hofburg, au grand dîner d’apparat qu’offre en leur honneur le coruscant Reichsstatthalter de l’Ostmark, Baldur von Schirach. Le 21 octobre, une dernière étape conduit enfin les visiteurs à Berlin où ils rencontrent Carl Schmitt et visitent Babelsberg, la nouvelle chancellerie et le ministère de la propagande où le Dr Gœbbels leur adresse quelques mots de bienvenue. Leur périple touristique s’achève là car le 23 octobre, ils sont attendus à Weimar où vont débuter les rencontres poétiques (Dichtertreffen) dont ils sont les hôtes d’honneur.

Littérature et Ordre Nouveau

Le 24 octobre 1941, c’est donc dans la grande Weimarhalle et sous un oriflamme frappé d’une Croix de fer, d’un livre et d’un glaive que s’ouvre le congrès qui a pour thème « la littérature dans l’Europe de demain ». Le groupe des invités étrangers s’est étoffé de quelques personnalités et il compte désormais une bonne trentaine de membres. Au nombre des gens qui sont venus directement figurent les Français Abel Bonnard, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach et André Fraigneau que nous avons cités plus haut, les Flamands Felix Timmermans (22) et Ernest Claes (23), les Néerlandais Jan de Vries (24) et Jan Eekhout (25), le Finlandais Veikko Antero Koskenniemi (26), le Suisse John Knittel (27), le Norvégien Lars Hansen (28), l’Italien Arturo Farinelli (29), les Roumains Niculae I. Herescu (30) et Ion Sân-Giorgiu (31) et les Hongrois József Nyirö (32) et Lörinc Szabó (33). Après le discours d’inauguration que prononce Wilhelm Hægert, chef de la section « littérature » au ministère de la Propagande et vice-président de la Chambre des Écrivains, plusieurs orateurs allemands, dont Hanns Johst, Hans Baumann, Bruno Brehm (34) et Mauritz Jahn, se succèdent à la tribune pour évoquer qui le rôle phare de la race germanique dans l’essor et la défense de la culture européenne, qui la croisade contre le communisme ou qui encore la place du poète en temps de guerre et la nécessité de célébrer l’héroïsme sous toutes ses formes.. Au-delà de ces allocutions plus ou moins inspirées, l’événement majeur de ces journées reste toutefois la décision que prennent les participants de pérenniser le climat amical du congrès et de formaliser leur coopération en se regroupant de façon permanente au sein d’une nouvelle association, la Société Européenne des Écrivains (Europäische Schriftsteller-Vereinigung ou ESV). Cette initiative a, semble-t-il, pour origine une suggestion conjointe du Prix nobel norvégien Knut Hamsun, du Flamand Stijn Streuvels (35) et de la romancière finnoise Maila Talvio (36), et le Dr Gœbbels en a, bien sûr, aussitôt saisi tout l’intérêt : placée sous le haut patronage de son ministère, la nouvelle association ne pourra que contribuer au rayonnement culturel du Reich et favoriser la collaboration en Europe. À titre personnel, le ministre y voit aussi une belle revanche sur le PEN club international qui a exclu son pays en 1934, et plus précisément sur son président d’alors, H. G. Wells, un individu qui prétend n’avoir « jamais rencontré un homme plus juste, plus candide et plus honnête » que Joseph Staline…

La Société Européenne des Écrivains (ESV) se choisit un président en la personne du romancier italo-bavarois Hans Carossa (37), deux vice-présidents, M.M. Koskenniemi et Giovanni Papini (38), et un secrétaire général qui sera Carl Rothe. Les statuts de l’association ne seront signés que le 27 mars 1942 (39), au terme du premier exercice. Ils sont assez souples et dénués de connotation politique. L’article deux précise que le but de la société est « l’encouragement des contacts personnels et des rencontres entre écrivains des nations européennes, la discussion et la solution de tâches et de désirs communs dans toutes les branches de la littérature ; la consultation compétente en matière juridique et économique » (40) ; l’article cinq indique que l’association « se divise en groupes nationaux qui sont représentés par leurs porte-parole » ; l’article sept stipule que « l’on n’est membre qu’à titre purement personnel » et que « l’on n’acquiert pas la qualité de membre par une adhésion volontaire mais uniquement par une nomination », cette dernière étant faite par le président de la société, sur proposition du porte-parole du groupement national (article 8). Le siège social est établi à Weimar (article 3) et la cotisation fixée à dix Reichsmarks (article 12). Entre deux flâneries dans Weimar, une visite de la maison de Gœthe et un dîner au château de Tiefurt, les congressistes participent à différents ateliers. Parmi divers projets, ils envisagent de créer une grande bibliothèque ouverte aux membres de la société et se promettent d’encourager activement la diffusion dans toute l’Europe des meilleures œuvres des auteurs contemporains. Dans l’immédiat, ils se fixent néanmoins pour premier objectif de lancer une publication de prestige qui servira de vitrine à l’association. Les protecteurs allemands de l’ESV ayant donné leur accord et promis quelques crédits, le premier numéro du mensuel Europäische Literatur verra le jour en mai 1942. Dirigé par Wilhelm Ruoff, il s’agit d’un magazine très éclectique et non dépourvu d’attraits qui traite aussi bien de la poésie japonaise que de la littérature espagnole contemporaine, de la poésie lyrique croate ou du point de vue danois sur les lettres américaines, qui aborde de grands thèmes comme le Danube, le Rhin ou Dante en Allemagne, et consacre de nombreux reportages aux auteurs de l’ESV (41).

Les premières rencontres européennes s’achèvent le dimanche 26 octobre pour faire place à la Semaine du livre de guerre allemand qu’inaugure Joseph Gœbbels. Dans son allocution d’ouverture, le ministre ne manque pas de saluer les invités étrangers. Ceux-ci étaient présents, le matin même, lorsque le Reichsminister est allé fleurir les tombes jumelles de Gœthe et de Schiller, et dans la soirée, ils prennent part à un dîner d’adieu suivi d’une représentation de l’Iphigénie en Tauride de Gœthe. Le lendemain, les congressistes regagnent leurs pays respectifs, à l’exception de Bonnard, Drieu la Rochelle, Brasillach et Fraigneau qui font un crochet à Jäckelsbruch où Arno Breker les reçoit dans son atelier, puis à Berlin où ils s’entretiennent avec quelques travailleurs français. À leur retour, tous les invités de Weimar vanteront la parfaite courtoisie de leurs hôtes, l’organisation impeccable de leur séjour et l’ambiance particulièrement conviviale du congrès ; tous souligneront également les belles perspectives de réconciliation et de renaissance européenne qu’ouvrent de telles rencontres.

Un indéniable succès

Dès la fin de l’année 1941, la toute nouvelle Société Européenne des Écrivains commence à s’organiser et ses « groupes nationaux » à recruter. Un certain mystère demeure, aujourd’hui encore, sur la composition du groupe français dont on ne connaît avec certitude que ceux de ses membres qui se sont rendus à Weimar. On peut toutefois supputer que des gens comme Alphonse de Châteaubriant, Ernest Fornairon, Edouard Dujardin ou Camille Mauclair ont pu y appartenir mais ce ne sont que des suppositions. Apparaît aussi à Paris, en février 1943, un hebdomadaire baptisé Panorama dont les objectifs sont fort proches de ceux de Europäische Literatur (42) et dont les collaborateurs sont souvent les mêmes. Moins de cachotteries, en revanche, pour la Finlande où l’on sait précisément qu’une cinquantaine d’écrivains, dont Mika Waltari (43) et Viljo Kajava (44), figurent dans le groupe local de l’ESV. En Norvège, Knut Hamsun a rejoint l’association et en Suède, Sven Hedin (45) a fait de même. En Croatie et outre Antun Bonifačić que nous avons déjà mentionné, l’association compte 17 membres dont Mile Budak (46), Slavko Kolar (47), Mihovil Kombol (48), Milan Begović (49), Dobriša Cesarić (50), Zvonko Milković (51) et Ivan Goran Kovačić (52). En Espagne, où le recrutement de l’ESV n’est pas bien connu, il est probable que fassent partie de l’association quelques-uns des poètes (53) qui signent, en 1941, le recueil Poemas de la Alemania eterna, mais il s’agit là encore d’une hypothèse. La Belgique, de son côté, est un pays où l’ESV – qui dispose de deux groupes – rencontre un franc succès. Chez les Flamands, la plupart des auteurs nationalistes et « völkisch » – Stijn Streuvels, Felix Timmermans, Filip de Pillecijn, Ferdinand Vercnocke, Emiel Buysse (54), Ernest Claes, Cyriel Verschaeve (55), Gerard Walschap (56), Wies Moens (57) et Antoon Thiry (58) – en font partie (59), et quant à la « section wallonne et belge de langue française », elle rassemble, entre autres, les romanciers prolétariens Pierre Hubermont (60) et Constant Malva (61) (photo ci-dessous), l’académicienne Marie Gevers (62), le journaliste Pierre Daye (63), le traducteur Guillaume Samsoen de Gérard (64), le régionaliste Joseph Mignolet (65), le rexiste Lucien Jablou (alias Franz Briel) et même le très curieux Sulev Jacques Kaja (66).

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Conformément aux statuts de l’association comme aux vœux de ses membres, la Société Européenne des Écrivains se réunit une seconde fois à l’automne 1942, entre le 7 et le 11 octobre. Cette fois, il n’y a pas eu de balade touristique et les conditions de guerre se font sentir : l’hébergement est bien moins luxueux et les menus frugaux. Dans un rapport à son ministre de tutelle, l’un des participants italiens se plaindra notamment de l’omniprésence de la soupe de pommes de terre et de la margarine… Quoi qu’il en soit, de nombreux auteurs étrangers ont cependant fait le déplacement. La Finlandaise Maila Talvio est présente, tout comme ses compatriotes Veikko Antero Koskenniemi, Mika Waltari, Viljo Kajava, Örnulf Tigerstedt (67) et Tito Colliander (68). On dénombre également cinq Français, M. M. Jacques Chardonne, Pierre Drieu la Rochelle, André Fraigneau, André Thérive et Georges Blond (69), le Roumain Liviu Rebreanu (70), le poète hollandais Henri Bruning (71), le dramaturge danois Svend Borberg (72) et le romancier slovaque Jozef Cíger-Hronský (73). Contrairement au premier congrès, la délégation italienne est cette fois plutôt fournie avec les académiciens Arturo Farinelli, Antonio Baldini (74) et Emilio Cecchi (75), le philosophe et musicologue Giulio Cogni (76), les universitaires fascistes Mario Sertoli et Alfredo Acito, le critique Enrico Falqui (77) et les deux valeurs montantes que sont Elio Vittorini (78) et Giaime Pintor (79).

Ce second congrès a pour thème « le poète et le guerrier » et en l’absence de Hans Carossa comme de Papini, c’est le Finnois Koskenniemi qui préside. Comme l’année précédente, la plupart des orateurs sont des écrivains allemands – Edwin Erich Dwinger (80), Wilhelm Ehmer (81), Wilhelm Schäfer (82), Gerhard Schumann, Georg von der Vring (83) et Hermann Burte (84) – mais deux Italiens, Arturo Farinelli et Emilio Cecchi, sont également invités à s’adresser à l’assemblée. Si les communications et les débats restent très académiques, l’association prend toutefois, sur le plan pratique, une décision importante, celle d’attribuer, pour la première fois, une bourse d’encouragement à deux jeunes auteurs : la Finlandaise Irja Salla (85) et le Croate Dobriša Cesarić. La guerre et ses enjeux sont bien évidemment au cœur de toutes les conversations des congressistes auxquels Joseph Goebbels ne manque pas de rappeler, dans son discours de clôture, que le conflit en cours n’est pas seulement un combat entre des forces matérielles mais aussi un affrontement entre des forces spirituelles et que les écrivains n’ont d’autre choix que de s’engager. Le 11 octobre, les écrivains se séparent et pour la plupart, ils ne se reverront pas : du fait de la tournure négative du conflit et de l’intensification des bombardements aériens sur l’Allemagne, il n’y aura, en effet, pas d’autre réunion plénière de l’ESV jusqu’à la dissolution officielle de l’association, en 1948. En 1943, néanmoins, plusieurs membres de l’ESV – Robert Brasillach, Ernesto Giménez Caballero, Pierre Daye, Filip de Pillecijn, Ferdinand Vercnocke, Örnulf Tigerstedt – se rendront à Katyn pour témoigner de l’ampleur du massacre commis par les Soviétiques : ce sera sans doute la dernière manifestation officielle de l’association.

Une initiative novatrice

streuvels.gifÀ l’issue de cette brève évocation de la Société Européenne des Écrivains, force est de constater que le IIIe Reich et l’Europe occupée n’étaient pas le désert culturel absolu que l’on nous a si souvent décrit. Dans cet enfer, il y avait des musiciens, des peintres et des sculpteurs qui s’exprimaient (86) et aussi des écrivains qui ne se sentaient pas si mal. Et quant au Dr Gœbbels, loin de brandir son Browning à l’énoncé du mot culture (87), il témoignait, au contraire, d’un réel intérêt pour les Lettres et les Arts, domaines où il faisait souvent montre (toutes proportions gardées, bien sûr) d’un « libéralisme » étonnant. La Société Européenne des Écrivains en est un peu l’illustration puisque le ministre de la Propagande en avait, en toute connaissance de cause, confié les leviers de commande à des hommes qui n’avaient rien de grands partisans du régime nazi. Hans Carossa et Carl Rothe n’étaient pas membres du NSDAP : le premier se réclamait presque ouvertement de l’ « émigration intérieure » et quant au second, il était même carrément en relation avec des conspirateurs antinazis. Parmi les membres allemands de l’association, nombreux étaient les auteurs qui, à l’instar de Hans Friedrich Blunck (88), Karl Heinrich Waggerl (89), Wilhelm Schäfer ou Eugen Roth (90), n’avaient pas la carte du parti, et si l’on trouvait, bien sûr, chez les adhérents étrangers, un fort contingent de sympathisants déclarés du national-socialisme, on y rencontrait aussi des conservateurs, des européistes et de simples anticommunistes. Lorsque, en mars 1942 et à l’occasion d’une réunion de l’ESV, Giovanni Papini fit un vibrant éloge du christianisme, on ne peut pas dire qu’il était vraiment en adéquation avec la doctrine nazie. Quelques auteurs provenaient d’horizons peu orthodoxes, comme l’académicien Emilio Cecchi qui avait signé, en 1925, le Manifeste des intellectuels antifascistes de Benedeto Croce, ou Viljo Kajava qui était un ancien marxiste. Certains, enfin, n’avaient pas véritablement choisi leur camp : ils étaient peut-être là par opportunisme ou par simple curiosité. Ainsi, les Croates Dobriša Cesarić, Slavko Kolar et Ivan Goran Kovačić ne tarderont-ils pas à se rallier à Tito, et les Italiens Vittorini et Pintor à rejoindre eux aussi les partisans communistes ou les forces alliées…

jouhandeau_.jpg« Nul n’aura de l’esprit, hors nous et nos amis », écrivait déjà Molière auquel Jean-Paul Sartre fait écho à sa manière en affirmant que « par définition, un fasciste ne peut pas avoir de talent » (91). N’en déplaise à « l’agité du bocal » (comme le surnommait Céline), la Société Européenne des Écrivains comptait tout de même dans ses rangs des personnalités comme Knut Hamsun, Sven Hedin, Karl Heinrich Waggerl ou John Knittel qui étaient des auteurs de notoriété internationale et au talent unanimement reconnu. Elle réunissait aussi des gens comme Eugen Roth, Marcel Jouhandeau (photo), Mile Budak, Stijn Streuvels, V. A. Koskenniemi ou József Nyírö qui figuraient à l’époque et dans leurs pays respectifs parmi les auteurs les plus lus. Certes, à côté de ces « célébrités », l’ESV accueillait quelques écrivains moins connus mais ce déficit de notoriété ne tenait pas tant à leur manque de talent qu’au fait que l’ancien système les avait délibérément ignorés ou marginalisés pour des raisons idéologiques…

Au total et même si l’expérience a rapidement tourné court, il semble juste de dire que cette Société Européenne des Écrivains fut une initiative plutôt heureuse et novatrice. Il serait sans aucun doute naïf de ne pas voir la part d’hypocrisie et d’instrumentalisation politique qu’elle recelait, mais au-delà de cette indispensable réserve, force est de reconnaître que cette association s’inscrivait bel et bien dans le cadre d’un vrai projet européen. Elle traduisait indubitablement le désir sincère de nombreux écrivains de se concerter et d’avancer ensemble sur des chemins nouveaux, loin des coteries communisantes et cosmopolites qui régnaient avant-guerre sur la littérature et l’édition. Elle traduisait peut-être aussi, mais avec plus ou moins de sincérité, le souhait ou l’arrière-pensée de certains dirigeants allemands de bâtir autour de leur pays une véritable confédération européenne (92).

Christophe Dolbeau

Notes

(1) Fani Popowa-Mutafowa (1902-1977) est l’auteur de nombreux romans historiques (Le dernier des Assénides ; Ivan Assen II ; La fille du tsar Kaloyan) ; elle sera emprisonnée par les communistes en 1945.

(2) Antun Bonifačić (1901-1986) est l’auteur de recueils de poésie (Pjesme ; Sabrane pjesme), de romans (Krv Majke Zemlje ; Mladice ; Bit ćete kao Bogovi) et d’essais (Paul Valéry ; Ljudi Zapada). Réfugié au Brésil puis aux USA, il présidera le Mouvement de Libération Croate (HOP) entre 1975 et 1981.

(3) Arvi Kivimaa (1904-1984) a été le directeur du Théâtre de Tampere (1940-42) et du Théâtre National de Finlande (1950-1974). Auteur de romans (Epäjumala ; Viheriövä risti), il a également écrit des nouvelles, des essais et des pièces de théâtre.

(4) Svend Fleuron (1874-1966) est l’auteur de nombreux romans consacrés à la nature et aux animaux (Le roman d’un brochet ; Les cygnes du lac de Wild).

(5) Ejnar Howalt (1891-1953) est un auteur de comédies (Asfalten synger ; Hvis jeg havde Penge) ; il appartenait au parti national-socialiste danois (DNSAP).

(6) Ernesto Giménez Caballero (1899-1988) est l’auteur de divers ouvrages inspirés par le surréalisme, l’ultraïsme et le futurisme (Yo, inspector de alcantarillas ; Julepe de menta) ainsi que d’essais politiques (Genio de España ; La nueva catolicidad). Il fut l’un des premiers phalangistes. Après la guerre, il servira dans la diplomatie et occupera notamment le poste d’ambassadeur au Paraguay. Voir C. Dolbeau, « Ernesto Giménez Caballero, un phalangiste hors norme », in Les Parias, Lyon, Irminsul, 2001, pp. 229-239.

(7) Architecte de profession et neveu de José Bergamín, Luis Felipe Vivanco (1907-1975) a publié de nombreux recueils de poésie (Cantos de primavera ; Tiempo de dolor ; Continuación de la vida). D’abord de sympathie républicaine, il s’est rallié aux idées phalangistes en 1936.

(8) Kåre Bjørgen (1897-1974) est le poète officiel du Nasjonal Samling de Vidkun Quisling ; il est l’auteur de plusieurs recueils « engagés » (I Noregs namn ; Eld og blod ; Storm og stille) et d’une pièce dramatique (Angvare).

(9) Einar Malm (1900-1988) est un romancier, poète et scénariste (auteur notamment de l’adaptation cinématographique du roman d’August Strindberg Hemsöborna). Après guerre, il a consacré plusieurs ouvrages aux Indiens d’Amérique du Nord.

(10) Originaire de la Frise, Rintsje Piter Sybesma (1894-1975) est l’auteur de récits en prose (Om it hiem ; It anker) et de poésie (Ta de moam ; Der Zehnte Mai ; De swetten útlein). Il était membre du Nationaal-Socialistische Beweging de Anton Mussert.

(11) Avocat de profession et d’origine ostendaise, Ferdinand Vercnocke (1906-1989) est l’auteur de poèmes (Zeeland ; Heervaart ; Ask en Embla) et de récits en prose (Liebaerts, sagen voor de Dietsche jeugd ; Onze adelbrieven) ; il a également été le scénariste du film de propagande Vlaanderen te weer (1944). Il était sympathisant du Vlaams Nationaal Verbond (VNV).

(12) Filip de Pillecijn (1891-1962) est l’un des fondateurs du pèlerinage de l’Yser. Il est l’auteur de romans (Blauwbaard ; Hans van Malmédy ; De soldaat Johan), de nouvelles (Monsieur Hawarden ; Schaduwen) et d’essais biographiques (Stijn Streuvels en zijn werk ; Renaat De Rudder). Sympathisant des mouvements nationalistes VNV et DeVlag, il sera condamné à 10 ans de prison en 1947 mais sortira de détention en 1949.

(13) Historien de formation, Karl-Heinz Bremer (1911-1942), a été lecteur d’allemand à la Sorbonne et à l’École Normale Supérieure ; il fut aussi le traducteur des œuvres de Montherlant. Après avoir été l’un des dirigeants de l’Institut Allemand de Paris, il est envoyé sur le front de l’Est et tombe au combat à Veliky Novgorod, près du Lac Ilmen.

(14) Après des études de lettres à Berlin, Pise et Toulouse, Gerhard Heller (1909-1982) a travaillé à la Radio Berlin. Affecté à la Propaganda Staffel de Paris durant l’Occupation, il y supervise les services de la censure, ce qui le met en contact avec de nombreux éditeurs et écrivains.

(15) Moritz Jahn (1884-1979) est un professeur spécialisé dans l’étude du bas allemand. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur cette thématique (Ulenspegel un Jan Dood ; Boleke Roleffs) ainsi que de nombreux essais (Das Denkmal des Junggesellen ; Die Gleichen).

(16) Libraire de profession, Karl-Heinz Bischoff (1900-1978) est l’auteur de nombreux récits et essais (Bis zur Heimkehr im Sommer ; Die Muschel ; Das grössere Glück). Membre du NSDAP, il fut également fonctionnaire auprès de la Chambre des Écrivains.

(17) Friedrich Schnack (1888-1977) a étudié la botanique, la géologie et l’entomologie avant de faire carrière dans le journalisme et la littérature. Il est l’auteur de poèmes (Vogel Zeitvorbei ; Palisander), de romans (Die goldenen Äpfel ; Die Orgel des Himmels), d’ouvrages sur la nature (Cornelia und die Heilkräuter ; Sybille und die Feldblumen) et de livres de voyage (Der Maler von Malaya ; Der Zauberer von Sansibar ; Der Mann aus Alaska).

(18) Instituteur, Hans Baumann (1914-1988) est un poète et l’un des plus célèbres compositeurs de chansons (Es zittern die morschen Knochen ; Hohe Nacht der klaren Sterne) de la Jeunesse Hitlérienne. Après la guerre (où il a servi dans une compagnie de propagande), il écrit des livres pour enfants qui rencontrent un grand succès.

(19) Spécialiste du bas allemand, August Hinrichs (1879-1956) est l’auteur de très nombreux récits et comédies (Der Moorhof ; Das Licht der Heimat ; Das Volk am Meer ; Der Musterbauer, etc) ainsi que de pièces radiophoniques.

(20) Carl Rothe (1900-1970) est l’auteur de romans (Die Zinnsoldaten ; Olivia) et d’essais (Weltkrieg gegen Deutsche Wirtschaft ; Karl IV von Luxemburg, deutscher Kaiser und König von Böhmen). Membre de l’Association pour le germanisme à l’étranger (VDA), il n’adhère pas, en revanche, au NSDAP et entretient des liens d’amitié avec plusieurs adversaires du régime (notamment Adolf Reichwein et Caesar von Hofacker, l’un des conjurés du 20 juillet 1944). Il sera, après guerre, le traducteur de Pierre Gaxotte.

(21) Président de la Chambre des Écrivains et de l’Académie de Poésie, Hanns Johst (1890-1978) est l’auteur de nouvelles (Der Anfang ; Die Begegnung ; Mask und Gesicht), de poèmes (Rolandruf ; Die Strasse), d’essais (Meine Erde heisst Deutschland) et de pièces de théâtre (Strof ; Propheten ; Wechsler und Händler ; Der Herr Monsieur ; Thomas Paine). Il est surtout connu pour sa pièce Schlageter où figure la fameuse phrase « Quand j’entends parler de culture, j’arme mon Browning ». Après guerre, il sera interné par les Alliés durant trois ans et demi.

(22) Autodidacte, Felix Timmermans (1886-1947) est l’auteur de romans (Pallieter ; Het kindeke Jezus in Vlaanderen ; Pieter Bruegel ; De familie Hernat), de poésie (Door de dagen ; Adagio) et de pièces de théâtre ; c’était également un peintre de talent. Ses ouvrages sont parmi les plus appréciés du public flamand.

(23) Ernest Claes (1885-1968) est l’auteur de très nombreux romans (De Witte ; Het leven van Herman Coene ; Kobeke ; De moeder en de drie soldaten ; etc). Brièvement interné à la fin de la guerre en raison de son appartenance au VNV, il sera finalement acquitté.

(24) Professeur à l’université de Leyde, Jan de Vries (1890-1964) est un linguiste et un mythographe de réputation internationale. Auteur de nombreux ouvrages qui font autorité (De Germaansche Oudheid ; Altgermanische Religiongeschichte ; Kelten und Germanen ; Het Nibelungenlied ; etc), il sera inquiété à la Libération bien qu’il se fût toujours montré très indépendant à l’égard des nazis.

(25) Jan Eekhout (1900-1978) est l’auteur de poésie (Louteringen ; In aedibus amoris ; De zanger van den Nacht) et de romans (Leven en daden van Pastoor Poncke van Damme in Vlaanderen ; De historie van Kathelijne Claes van Sluys in Vlaanderen ; etc). Proche du NSB de A. Mussert, il sera condamné à deux ans d’emprisonnement à la Libération.

(26) Professeur de littérature à l’Université de Turku et président de l’Association des Écrivains Finnois (1941-46), Veikko Antero Koskenniemi (1885-1962) est l’auteur de récits épiques (Nuori Anssi), de poèmes (Runoja ; Valkeat kaupungit ; Hiilivalkea) et d’essais (Kirjoja ja kirjailijoita). C’était l’un des auteurs les plus populaires de Finlande.

(27) John Knittel (1891-1970) est l’auteur de pièces de théâtre et de romans (Capitaine West ; Thérèse Étienne ; Le Basalte bleu ; Le Commandant ; Via Mala ; Le Docteur Ibrahim ; Amédée ; etc). En raison de ses sympathies pour le IIIe Reich, il sera exclu de l’Association des Écrivains Suisses…

(28) Originaire du nord de la Norvège, Lars Hansen (1869-1944) est l’auteur de romans (I Spitsbergens vold ; Jens Sørskar ; En havets søn ; Hvalrossen av Tromsø ; Beitsaren ; Kongen på Råsa ; Odin klarte det) qui seront pour la plupart traduits en allemand. Il était membre du Nasjonal Samling de V. Quisling.

(29) Linguiste de réputation internationale, Arturo Farinelli (1867-1948) fut professeur aux universités d’Innsbruck et Turin et membre de l’Académie d’Italie (1929). Il est l’auteur de nombreux essais (Die Beziehungen zwischen Spanien und Deutschland in der Literatur ; Dante, Pétrarque et Boccace en Espagne ; Le romantisme dans le monde latin ; Lope de Vega en Allemagne ; etc).

(30) Latiniste de réputation internationale, Niculae I. Herescu (1903-1961) fut professeur d’université, fondateur et directeur de l’Institut Roumain d’Études Latines, président de la Fondation Culturelle Carol Ier et de l’Association des Écrivains Roumains. Il est l’auteur de nombreux essais (La poésie latine : étude des structures phoniques ; Bibliographie de la littérature latine ; Ovidiana ; Points de vue sur la langue de Tite Live ; etc). À partir de 1944, il vit en exil, d’abord au Portugal puis en France

(31) Ion Sân-Giorgiu (1893-1950) est un poète (moderniste), un essayiste, un critique littéraire et un dramaturge, auteur de plusieurs pièces à succès (Masca ; Banchetul ; Femeia cu douā suflete). Membre successivement du Parti National Chrétien et du Front de la Renaissance Nationale, il sympathise ensuite avec la Garde de Fer. Émigré en 1944 et condamné à mort par contumace, il siègera au sein du gouvernement légionnaire en exil qu’avait fondé Horia Sima.

(32) Originaire de Transylvanie, József Nyírö (1889-1953) est l’auteur de romans et de nouvelles (Uz Bence ; Isten igájában ; Halhatatlan élet ; Nésna Küzdelem ; etc) très appréciés du public hongrois. Membre du mouvement des Croix Fléchées, il trouvera refuge en Allemagne puis en Espagne à la fin de la guerre.

(33) Lörinc Szabó (1900-1957) est l’auteur de plusieurs recueils de poésie (Föld, erdö, Isten ; Kalibán ; Te meg a világ ; Régen és most ; etc) qui lui ont valu de nombreuses distinctions. Il est également le traducteur de Shakespeare, Baudelaire, Villon, Verlaine, Gœthe, Kleist et Rilke. Il sera complètement exclu de la vie publique hongroise au lendemain de la guerre.

(34) D’origine autrichienne, Bruno Brehm (1892-1974) est l’auteur de plus de quarante romans et récits (Der lachende Gott ; Apis und este ; Das war das Ende ; Weder Kaiser noch König ; Tag der Erfüllung ; etc). Officier durant la Première Guerre mondiale, il sert à nouveau comme officier d’ordonnance (en Grèce, en Russie et en Afrique du Nord) durant la Seconde Guerre mondiale.

(35) Ancien boulanger, Stijn Streuvels (1871-1969) est un écrivain extrêmement prolixe et très populaire auprès du public flamand. La plupart de ses récits et romans (Zomerland ; De oogst ; Openlucht ; Reinaert de Vos ; De werkman ; etc) décrivent la vie des paysans et des gens modestes en Flandre Occidentale. À deux reprises, S. Streuvels a manqué de très peu le prix Nobel de littérature.

(36) Très célèbre en Finlande, Maila Talvio (1871-1951) est l’auteur de très nombreux romans et nouvelles (Haapaniemen keinu ; Aili ; Juha Joutsia ; Kirjava keto ; Itämeren tytar ; Pimeänpirtin hävitys ; Silmä yössä ; Karjet, etc). Elle a par ailleurs traduit et adapté en finnois les œuvres de Mæterlinck et Andersen. Animatrice d’un salon littéraire réputé, elle est également connue pour avoir ardemment défendu la cause des Polonais et des Baltes.

(37) Médecin de profession, Hans Carossa (1878-1956) est l’auteur de poésie (Gesammelte Gedichte), de nouvelles et de romans, souvent autobiographiques (Eine Kindheit ; Verwandlungen einer Jugend ; Der Artz Gion ; Rumänisches Tagebuchs ; Geheimnisse des reifen Lebens ; Das Jahr der schönen Täuschungen).

(38) Ancien instituteur, Giovanni Papini (1881-1956) est l’auteur de recueils de poésie, d’essais (Storia della letteratura italiana ; Il crepuscolo dei filosofi ; Storia di Cristo), de nouvelles (Il pilota cieco) et de romans (Un uomo finito ; Gog ; etc). Il était également membre du tiers ordre franciscain et académicien.

(39) Les signataires allemands sont H. F. Blunck, H. Baumann, H. Carossa, Moritz Jahn, Herybert Menzel et Gerhard Schumann ; les signataires étrangers sont S. Kolar (Croatie), Jan de Vries (Pays-Bas), Svend Borberg (Danemark), F. de Pillecijn (Belgique), F. Popowa-Mutafowa (Bulgarie), Arvi Kivimaa et Örnulf Tigerstedt (Finlande), J. Chardonne (France), G. Papini (Italie), J. C. Hronsky (Slovaquie), E. Giménez Caballero (Espagne), L. Rebreanu (Roumanie) et J. Knittel (Suisse).

(40) Voir la traduction française des statuts citée par B. Delcord in « À propos de quelques “chapelles“ politico-littéraires en Belgique (1919-1945 », Cahiers d’Histoire de la IIe Guerre mondiale, Bruxelles, Centre de Recherches et d’Études historiques de la IIe Guerre mondiale, N° 10, octobre 1986, p. 205.

(41) Voir Oliver Lubrich, « Comparative Literature – in, from and beyond Germany », in Comparative Critical Studies, 3.1-2 (2006), 47-67.

(42) Sur Panorama, voir Lionel Richard, Le nazisme et la culture, Paris, Maspero, 1978, pp. 290-292.

(43) Mika Waltari (1908-1979) est l’auteur de romans (Suuri illusioni ; Kiinalainen kissa ; Vieras mies tuli taloon ; Fine Van Brooklyn ; Kaarina Maununtytar ; Sinuhe egyptiläinen ; Johannes Angelos ; etc) mais également de contes pour enfants et de pièces de théâtre. De nombreux textes de N. Waltari ont été traduits et adaptés au cinéma.

(44) Viljo Kajava (1909-1998) est l’auteur de quelques romans, de pièces radiophoniques et surtout de nombreux recueils de poésie (Rakentajat ; Murrosvuodet ; Tampereen runot ; etc). Il a fait ses débuts à l’extrême gauche de l’échiquier politique.

AVT_Sven-Hedin_1652.jpeg(45) Sven Hedin (1865-1952) est un célèbre géographe et explorateur. Il est l’auteur de récits de voyage (Le Tibet dévoilé ; Bagdad – Babylon – Ninive ; Persien und Mesopotamien ; Von Peking nach Moskau ; Rätsel der Gobi ; Der wandernde See ; etc), d’ouvrages autobiographiques (Mein Leben als Entdecker ; Eroberungszüge in Tibet ; Ohne Auftrag in Berlin) et d’ouvrages politiques (Ein Volk in Waffen ; Deutschland und der Weltfriede ; Amerika im Kampf der Kontinente). Sympathisant du IIIe Reich (bien qu’il eût des ascendants juifs), il interviendra à plusieurs reprises en faveur de prisonniers juifs et norvégiens et sauvera la vie de plusieurs d’entre eux. En 1946, il obtiendra également la grâce du général allemand Nikolaus von Falkenhorst qui avait été condamné à mort par un tribunal britannique.

(46) Avocat de profession, Mile Budak (1889-1945) est l’auteur de récits autobiographiques (Ratno robije ; Na vulkanima) et de romans consacrés à la vie des paysans croates (Ognjište ; Direktor Križanić ; Na Veliki Petak ; San o sreći ; Kresojića soj). Membre de l’Oustacha, ministre et ambassadeur de l’État Indépendant Croate, il sera condamné à mort et exécuté par les partisans de Tito. Voir C. Dolbeau, « Mile Budak, itinéraire d’un réprouvé » sur http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2013/11/08/temp-bd4084d8309dec37480915bf93bde6df-5216585.html

(47) Slavko Kolar (1891-1963) est l’auteur de scénarios, de livres pour enfants, de pièces de théâtre (Politička večera ; Sedmorica u podrumu), de textes autobiographiques et de nouvelles ou romans (Povratak ; Svoga tela gospodar ; Čizme ; Jesu li kravama potrebni repovi ; etc). Il sera président de l’Association des Écrivains Croates.

(48) Mihovil Kombol (1883-1955) est l’auteur d’études et d’essais consacrés à l’histoire de la littérature (Dinko Ranjina i talijanski petrarkisti ; Povijest hrvatske književnosti do narodnog preporoda ; Zadar kao književno središte).

(49) Milan Begović (1876-1948) est l’auteur de quelques romans et nouvelles mais il est surtout connu pour ses pièces de théâtre (Pustolov pred vratima ; Amerikanska jahta u splitskoj luci ; Gospođa Walewska ; Bez trećega) et son anthologie de la prose moderne (Hrvatska proza XX. stoljeća). Il sera exclu en 1945 de l’Association des Écrivains Croates.

(50) Dobriša Cesarić (1902-1980) est un traducteur, un compositeur de chansons (Knjiga prepjeva) et l’auteur d’une dizaine de recueils de poésie (Lirika ; Pjesme ; Izabrani stihovi ; Slap, izabrane pjesme ; etc). Après guerre, il sera président de l’Association des Écrivains Croates et membre de l’Académie Yougoslave.

(51) Avocat de profession, Zvonko Milković (1888-1978) est l’auteur d’une anthologie de la poésie croate (Hrvatska mlada lirika) et de plusieurs recueils de poésie (Pobožni časovi ; Pjesme ; Krenimo u rano jutro).

(52) Ivan Goran Kovačić (1913-1943) est l’auteur de poèmes (Lirika 1932 ; Dani gnjeva). Rallié aux partisans communistes durant l’hiver 1942, il sera tué par des Tchetniks serbes. Plusieurs de ses œuvres seront publiées après la guerre (Hrvatske pjesme partizanke ; Ognji i rože ; etc).

(53) À savoir Emilio Carrere, Alfredo Marquerie, Tomás Borrás, José Montero Alonso, etc.

(54) Emiel Buysse (1910-1987) est un journaliste nationaliste, auteur de nombreux récits et essais (Vlamingen ; Miele keert terug ; Sneeuw en houtrook ; etc).

CV05.jpg(55) Cyriel Verschaeve (1874-1949) est un prêtre catholique et un militant nationaliste. Poète, philosophe, essayiste et dramaturge, il est l’auteur de nombreux ouvrages (Judas ; Maria-Magdalena ; Jacob van Artevelde ; Passieverhaal ; De Kruisboom ; Het Uur van Vlaanderen ; Eeuwige gestalten ; etc). Chef du Conseil culturel flamand en 1940, il se réfugie en Autriche à la fin de la guerre et sera déchu de la nationalité belge.

(56) Gerard Walschap (1898-1989) est l’auteur de pièces de théâtre, de nouvelles (Volk), de romans (Adelaide ; Houtekiet ; Een mens van goede wil ; Sybille ; Oproer in Kongo) et de contes pour enfants (De doot in het dorp ; De kaartridder van Herpeneert). Il sera anobli (titre de baron) en 1975.

(57) Wies Moens (1898-1982) est un historien de la littérature, un poète et un pamphlétaire. Il est l’auteur de divers recueils de poésie (Gedichten ; De tocht ; Golfslag ; De spitsboog ; etc) et de quelques récits en prose (De dooden leven ; Dertig dagen oorlog). Proche du mouvement solidariste (Verdinaso), il est condamné à mort par contumace, en 1945, et se réfugie aux Pays-Bas où il finira ses jours.

(58) Antoon Thiry (1888-1954) est l’auteur de nombreux romans (Pauwke’s vagevuur ; Onder Sinte Gommarus’ wake ; De vader ; Mijnheer van Geertrui zijn kerstnacht ; De hoorn schalt ; Gasten in ‘t huis ten have ; De zevenslager ; etc). Sympathisant du mouvement DeVlag, il sera condamné à trois ans de prison à la fin de la guerre.

(59) Voir Hedwig Speliers, « Le miracle de Weimar », in Textyles hors série N° 2 (1997), p. 167.

(60) Ancien aide-maçon, Pierre Hubermont (1903-1989) est un écrivain prolétarien qui fut membre du Parti Ouvrier Belge et prit part à la conférence des écrivains révolutionnaires (Kharkov, 1930). Il est l’auteur de plusieurs romans sociaux dont Treize hommes dans la mine, La Terre assassinée, Les Cordonniers, Marie des Pauvres, L’Arbre creux, et d’un témoignage sur les exhumations de Katyn (J’étais à Katyn, témoignage oculaire). Condamné à seize ans de détention pour collaboration, il sera remis en liberté en 1950.

(61) Ancien mineur de fond et militant trotskyste, Constant Malva (1903-1969) est un écrivain prolétarien. Il est l’auteur de divers contes et récits sociaux (Un propr’ à rien ; Borins ; Un ouvrier qui s’ennuie ; Mon homme de coupe ; Un mineur vous parle ; Le Jambot). Il sera condamné à une peine d’emprisonnement à la Libération.

(62) D’origine flamande mais d’expression française, Marie Gevers (1883-1975) est l’auteur de poèmes (Missembourg ; Les arbres et le vent), de romans (La Comtesse des digues ; Madame Orpha ou la sérénade de mai ; Guldentop ; La ligne de vie ; Paix sur les champs ; Château de l’Ouest ; etc), d’ouvrages sur la nature (L’herbier légendaire) et de contes et récits pour les enfants (Les oiseaux prisonniers ; Le Noël du petit Joseph) ; elle a également traduit et adapté en français de nombreux récits néerlandais. En 1938, elle fut la première femme élue à l’Académie Royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Ses livres ont été traduits dans une dizaine de langues.

(63) Journaliste et ancien parlementaire rexiste, Pierre Daye (1892-1960) est l’auteur de très nombreux essais (La politique coloniale belge de Léopold II ; Le Maroc s’éveille ; La Belgique et la mer ; Beaux jours du Pacifique ; Stanley ; Guerre et Révolution ; L’Europe aux Européens ; Portrait de Léon Degrelle ; Trente-deux mois chez les députés ; et). Condamné à mort par contumace et déchu de la nationalité belge (1947), il vit après guerre en exil en Argentine où il finit ses jours.

(64) Guillaume Samsoen de Gérard est un traducteur d’origine liégeoise, membre du parti rexiste. Il est l’auteur d’essais (Missions secrètes en Ukraine ; Le comte de Tilly).

(65) Joseph Mignolet (1893-1973) est un écrivain patoisant. Il est l’auteur de recueils de poésie (Fleûrs di brouwîres ; Lès lâmes), de pièces de théâtre (Li vôye qui monte) et de romans (Vès l’ loumûre ; Li blanke dame ; etc).

(66) Sulev Jacques Kaja ou de son vrai nom Jacques Baruch (1919-2002) est un journaliste, spécialiste des peuples finno-ougriens. Diplômé d’esperanto et très attaché à la défense de l’Estonie (au point de prendre un pseudonyme estonien), il signe durant la guerre l’essai Un an de bolchevisme dans les pays Baltes, ce qui lui vaudra cinq mois de prison à la Libération. Après la guerre, il occupe divers emplois (horticulteur, ébéniste, antiquaire) et collabore à l’hebdomadaire Tintin ; il aurait peut-être inspiré à Hergé le personnage du pilote Szut qui apparaît dans Coke en stock… Il est également l’auteur de Légendes d’Estonie.

(67) Örnulf Tigerstedt (1900-1962) est un écrivain finnois de langue suédoise. Il est l’auteur de poésie (Vid gränsen ; Block och öde ; De heliga vägarna ; etc), d’essais (Skott i överkant ; Utan örnar) et de textes politiques (Statspolisen slår till ; Hemliga stämplingar).

(68) Tito Colliander (1904-1989) est un écrivain finnois de langue suédoise et de religion orthodoxe. Il est l’auteur de poèmes, de biographies, d’essais religieux, de pièces de théâtre et de romans (En vandrare ; Korståget ; Förbarma dig ; Taina ; Ljuset ; Grottan ; Vis om är kvar ; etc).

(69) R. Brasillach, A. Bonnard, M. Jouhandeau et R. Fernandez sont excusés…

(70) Liviu Rebreanu (1885-1944) est un journaliste, un romancier et un dramaturge. Il est l’auteur de nouvelles (Golanii ; Mărturisire ; Cântecul lebedei ; etc), de romans (Ion ; Gorila ; Jar ; etc) et de pièces de théâtre (Cadrilul ; Plicul ; Apostolii). Il a été directeur du Théâtre National et présidera (1940-44) l’Association des Écrivains Roumains.

(71) Henri Bruning (1900-1983) est un poète et un essayiste. Il est l’auteur des recueils Het verbond et Fuga, ainsi que de nombreux essais (Subjectieve normen ; Verworpen christendom ; Voorspel ; Vluchtige vertoogen ; Heilig verbond ; etc). Membre du mouvement solidariste (Verdinaso) puis du NSB, il sera condamné, à la fin de la guerre, à deux ans de détention et dix ans d’interdiction de publier.

(72) Svend Borberg (1888-1947) est l’auteur de poèmes (Verdensspejlet) et de pièces de théâtre (Ingen ; Cirkus juris ; Synder og Helgen). Il est le père de Claus von Bülow.

(73) Jozef Cíger-Hronský (1896-1960) est l’auteur de nouvelles (U nás ; Domov ; Proroctvo doktora Stankovského ; Na križných cestách ; etc), de comédies (Firma Moor ; Návrat) et de livres pour enfants (Janko Hrášok ; Sokoliar Tomáš ; Tri múdre kozliatka ; etc). À la fin de la guerre, il émigre en Italie puis en Argentine où il fonde l’Association des Écrivains Slovaques en Exil. Il présidera également le Conseil National Slovaque.

(74) Antonio Baldini (1889-1962) est l’auteur de récits (Nostro Purgatorio ; Amici allo spiedo), d’essais (Ludovico della tranquillità ; Fine Ottocento. Carducci, Pascoli, D’Annunzio e minori) et de carnets de voyage (La vecchia del Bar Bullier ; Italia del Bonincontro ; Melafumo ; Doppio Melafumo). Il est entré à l’Académie en 1939.

(75) Emilio Cecchi (1884-1966) est l’auteur de récits (Pesci rossi ; Messico ; Et in Arcadia ego ; Corse al trotto vecchie e nuove ; etc), d’ouvrages de critique d’art (Pittura italiana dell’Ottocento ; La scultura fiorentina del Quattrocento) et de critique littéraire (La poesia di Giovanni Pascoli ; Storia della letteratura inglese del secolo XIX ; I grandi romantici inglesi ; etc). Il a également été scénariste et producteur de cinéma. Il est entré à l’Académie en 1940.

(76) Giulio Cogni (1908-1983) est l’auteur d’essais sur la musique (Che cosa è la musica ; Le forze segrete della musica ; Wagner e Beethoven) et la philosophie (Saggio sull’Amore come nuovo principio d’immortalità ; Lo Spirito Assoluto ; Il razzismo ; I valori della stirpe italiana ; etc).

(77) Autodidacte, Enrico Falqui (1901-1974) est l’auteur de très nombreux ouvrages d’histoire de la littérature et d’anthologies (Scrittori nuovi ; Antologia della prosa scientifica italiana del Seicento ; La letteratura del ventennio nero ; Prosatori e narratori del Novecento italiano ; etc).

(78) Elio Vittorini (1908-1966) est l’auteur d’essais (La tragica vicenda di Carlo III ; Americana ; Diario in pubblico) et de romans (Piccola borghesia ; Nei morlacchi – Viaggio in Sardegna ; Conversazione in Sicilia ; Il garofano rosso ; Le donne di Messina ; etc). Rallié à la résistance antifasciste, il dirigera après guerre le quotidien communiste L’Unità.

(79) Giaime Pintor (1919-1943) est un journaliste et un traducteur qui a collaboré à l’anthologie Teatro tedesco. Recruté par les services secrets anglais et envoyé en mission à Rome, il saute sur une mine le 1er décembre 1943. La plupart de ses essais et traductions paraîtront après sa mort (Poesie di Rainer Maria Rilke ; Saggio su la Rivoluzione di Carlo Pisacane ; Vathek di William Beckford ; Il sangue d’Europa ; etc).

220px-Dwinger.jpg(80) Edwin Erich Dwinger (1898-1981) est l’auteur de nombreux essais et romans (Der grosse Grab ; Die Armee hinter Stacheldraht ; Die zwölf Räuber ; Die letzen Reiter ; Zwischen Weiss und Rot ; Ein Erbhof im Allgäu ; Der Tod in Polen ; Dichter unter den Waffen ; etc). Hostile à la politique anti-slave du IIIe Reich, il soutient le général Vlassov et finit par être assigné à résidence et placé sous la surveillance du Sicherheitsdienst.

(81) Wilhelm Ehmer (1896-1976) est un journaliste, auteur de plusieurs récits à succès (Peter reist um die Welt ; Um den Gipfel der Welt ; Das Ringen um den Himalaya ; So werden wir gelebt ; etc). Son ouvrage consacré à l ‘alpiniste britannique Mallory et à la conquête de l’Everest avait été particulièrement salué par la critique.

(82) Wilhelm Schäfer (1868-1952) est un écrivain völkisch extrêmement prolixe. Il est l’auteur de dizaines de pièces de théâtre, nouvelles et romans (Der Hauptmann von Köpenick ; Die Zehn Gebote ; Rheinsagen ; Lebenstag eines Menschenfreundes ; Winckelmanns Ende ; Die rote Hanne ; Deutsche Reden ; etc).

(83) Georg von der Vring (1889-1968) est l’auteur de poèmes (Südergast ; Oktoberrose ; Der Schwan ; etc), de romans (Soldat Suhren ; Die Spanische Hochzeit ; Der Zeuge ; Argonnerwald ; Der Schritt über die Schwelle ; Frühwind ; etc) ainsi que de traductions de Verlaine, Maupassant ou Francis Jammes. G. von der Vring a enseigné le dessin et il est également peintre. Ancien combattant de la Première Guerre mondiale d’où il était revenu résolument pacifiste, il était plutôt mal vu du régime nazi.

(84) Hermann Burte (1879-1960) est l’auteur de poésie (Alemannische Gedichte ; Ursula ; Das Heit im Geiste ; etc), d’une tragédie (Katte) et de romans (Wiltfeber, der ewige Deutsche). H. Burte était également un peintre et un spécialiste du dialecte alémanique.

(85) Irja Salla ou de son vrai nom Taju Birgitta Tiara Sallinen (1912-1966) est l’auteur de romans (Kaksi tietä ; Liisa-Beatan tarina ; Unissakävijä).

(86) À l’automne 1941, il y eut aussi un voyage en Allemagne de musiciens français et un autre de peintres et sculpteurs. Parmi les musiciens invités aux « fêtes Mozart » figuraient les compositeurs Florent Schmitt, Max d’Ollone, Alfred Bachelet, Marcel Delannoy, Marcel Labey, Gustave Samazeuilh, Arthur Honneger, mais aussi Jacques Rouché, Robert Bernard et Lucien Rebatet. Chez les peintres et sculpteurs figuraient Paul Belmondo, Charles Despiau, Henri Bouchard, Louis Lejeune, André Derain, Roland Oudot, Raymond Legueult, André Dunoyer de Segonzac, Maurice de Vlaminck, Kees van Dongen, Othon Friesz et Paul Landowski…

(87) Célèbre réplique tirée de la pièce Schlageter de Hanns Johst (v. note 21) et souvent associée aux dirigeants nazis.

(88) Juriste de formation, Hans-Friedrich Blunck (1888-1961) est l’auteur d’essais (Die nordische Welt) et de romans (Totentanz ; Berend Fock ; Die Weibsmühle ; Werdendes Volk ; Die Jägerin ; etc). Il s’intéresse particulièrement à l’histoire des peuples nordiques, au parler bas allemand, au panthéon germanique et aux sagas scandinaves. Il fut le premier président de la Chambre des Écrivains et n’était pas membre du NSDAP.

(89) Karl Heinrich Waggerl (1897-1973) est un écrivain autrichien. Il est l’auteur de nouvelles et récits (Das Wiesenbuch ; Feierabend ; etc) ainsi que de romans (Brot ; Schweres Blut ; Mütter ; etc). Il a également constitué une importante collection de photographies.

(90) Eugen Roth (1895-1976) est l’auteur de poésie et de romans (Ein Mensch ; Die Frau in der Weltgeschichte ; Der Wunderdoktor ; Der Fischkasten ; Der letzte Mensch ; etc). Ses ouvrages sont parmi les plus lus du monde germanique.

(91) cité par F. Bergeron, in Guide des citations de l’homme de droite, Paris, Editions du Trident, 1989, p. 60.

(92) Derrière le pangermanisme officiel des milieux dirigeants du IIIe Reich existaient de réelles tendances européennes dont témoigne par exemple le manifeste pour une « communauté européenne » que signe Ribbentrop, le 21 mars 1943. On sait que des dignitaires comme Walther Funk et Arthur Seyss-Inquart étaient favorables à un projet européen, de même que certains hauts fonctionnaires (Hans Frohwein, Cécil von Renthe-Fink, Walter Hallstein, Heinrich Hunke, Alexander Dolezalek).

Bibliographie

  • L. Richard, Le nazisme et la culture, Paris, Maspero, 1978.

  • B. Delcord, « À propos de quelques “chapelles“ politico-littéraires en Belgique (1919-1940) », in Cahiers d’Histoire de la IIe Guerre mondiale, Bruxelles, Centre de Recherches et d’Études historiques de la IIe Guerre mondiale, N° 10, octobre 1986.

  • F. R. Hausmann, « Dichte, Dichter, tage nicht ! ». Die Europäische Schriftsteller-Vereinigung in Weimar 1941-1948, Francfort, Vittorio Klostermann, 2004.

  • F. R. Hausmann, « Kollaborierende Intellektuelle in Weimar – Die ‘Europäische Schriftsteller-Vereinigung’ alq ‘Anti-P.E.N.-Club’ », in Europa in Weimar. Visionen eines Kontinents, Göttingen, Wallstein, 2008.

  • F. Dufay, Le voyage d’automne, Paris, Perrin, 2008.

  • H. Speliers, « Le miracle de Weimar », in Textyles, Hors série N° 2 (1997).

  • H. Speliers, « Het wonder van Weimar. Een collaboratie verhaal », in Gierik & Nieuw Vlaams Tijdschrift, N° 80 (2003).

  • O. Lubrich, « Comparative Literature – in, from and beyond Germany », in Comparative Critical Studies 3.1-2 (2006).

  • M. C. Angelini, « 1942. Note in margine al Convegno degli scrittori europei a Weimar » in Studi (e Testi) italiani, N° 5 (2000).

  • M. Serri, Il breve viaggio, Venise, Marsilio, 2002.

  • J. Hillesheim, E. Michael, Lexikon nationalsozialistischer Dichter, Würzburg, Königshausen & Neumann, 1993.

mardi, 26 novembre 2013

Allemagne : 90 ans après, l’hyperinflation est encore dans tous les esprits

Allemagne : 90 ans après, l’hyperinflation est encore dans tous les esprits

Ex: http://linformationnationaliste.hautetfort.com

Le 15 novembre 1923, il fallait 2.500 milliards de marks pour un dollar. L’hyperinflation allemande est un phénomène structurant de la pensée outre Rhin, comme le décrypte aujourd’hui l’historien et écrivain britannique Frederik Taylor dans “The Downfall of Money”, paru en septembre aux éditions Bloomsbury.

Voici 90 ans, le 15 novembre 1923, une nouvelle monnaie, le Rentenmark, était mise en circulation en Allemagne au cours incroyable d’un Rentenmark pour 1.000 milliards de marks.

A ce moment-là, il fallait 2.500 milliards de marks pour obtenir un dollar, la seule monnaie du monde qui s’échangeât alors sans difficultés contre de l’or. A la veille du début de la première guerre mondiale, un peu plus de neuf ans plus tôt, le dollar valait 4,19 marks…

Ce 15 novembre 1923 marque l’acmé de l’hyperinflation allemande, qui a débuté à l’été 1922 et s’est accélérée à la fin de l’été 1923, jusqu’à devenir folle. En août 1923, le dollar ne valait encore « que » 350.000 marks…

Un anniversaire passé inaperçu


Le 90ème anniversaire de cet événement est passé un peu inaperçu, y compris en Allemagne, dans une Europe qui, désormais, craint plus la déflation que son contraire. C’est pourtant l’occasion de se pencher sur un phénomène qui modèle encore une grande partie de la pensée économique et politique allemande, et, partant, européenne.

Le lecteur francophone aura bien du mal à trouver, dans sa langue, une histoire détaillée et complète de l’hyperinflation allemande. Il pourra néanmoins, s’il lit l’anglais, se tourner avec profit vers l’ouvrage de Frederick Taylor. Il y trouvera un récit minutieux des causes qui ont conduit l’Allemagne à la catastrophe de 1923 et une réflexion très poussée sur ses conséquences.

L’illusion de la politique économique durant la guerre

Au chapitre des causes, l’auteur souligne la responsabilité de la politique économique allemande pendant la guerre. En Allemagne comme en France ou au Royaume-Uni, le conflit a été financé par la planche à billets. Mais, soumis à un blocus sévère, le Reich a dû faire un usage moins immodéré encore que ses adversaires de la création monétaire et de la dette publique.

Frederick Taylor montre bien, en se fondant notamment la thèse développée dans les années 1960 par l’historien allemand Fritz Fischer, combien les responsables militaires et civils allemands ont compté sur la victoire pour payer leurs dettes.

En France, on a longtemps blâmé l’illusion de « l’Allemagne paiera » qui a guidé la politique du pays dans les années 1920. Mais l’on ignore souvent que, de l’autre côté de la ligne bleue des Vosges, on se berçait, également, durant la guerre de l’illusion que « la France paiera. »

« Si Dieu nous offre la victoire et la possibilité de construire la paix selon nos besoins et nos nécessités, nous entendons, et nous sommes légitimes pour cela, ne pas oublier la question des coûts du conflit », proclame dans un discours cité dans l’ouvrage le vice-chancelier Karl Helferich en août 1915 au Reichstag.

Un “mur de la dette

Après sa défaite, l’Allemagne s’est naturellement retrouvée face à un « mur de la dette » impossible à franchir sans avoir encore recours à la création monétaire. Un recours qui s’est rapidement auto-entretenu: pour rembourser les dettes, on en contractait de nouvelles et l’on payait le tout avec de l’argent fraîchement imprimé.

La Reichsbank, encore aux mains de responsables nommées par la monarchie, a alors poursuivi, malgré la défaite et Versailles, la politique menée durant la guerre. Et c’est ce qui a conduit à l’hyperinflation.

L’incapacité des gouvernants à briser le cercle vicieux de l’inflation

Mais – et ce n’est pas le moindre des intérêts de l’ouvrage de Frederick Taylor de le montrer – l’hyperinflation allemande n’est pas qu’un phénomène économique. Si la hausse des prix et l’endettement public a échappé à tout contrôle, c’est aussi parce que les gouvernements issus de la défaite ont été incapables de prendre des mesures sévères pour contrer cette spirale. Pourquoi ?

Parce que le régime républicain est d’emblée un régime faible, pris en étau entre la gauche révolutionnaire et l’extrême-droite revancharde. Les années 1919-1923, pendant lesquelles l’Allemagne prend le chemin de l’hyperinflation, sont aussi celles d’une instabilité politique profonde où les coups d’Etat monarchistes et les assassinats politiques succèdent aux tentatives révolutionnaires.

Les considérations économiques ne sont jamais venues qu’en deuxième lieu

Comme le résume Frederick Taylor: « Les politiciens de la république de Weimar, socialistes ou non, ont montré une tendance à prendre des décisions en termes de bénéfices sociaux et politiques perçus. Les considérations économiques, même les plus apparemment urgentes, ne sont jamais venues qu’en deuxième lieu. » Et d’ajouter : « le temps ne semblait jamais venu d’imposer à nouveau une chasteté financière potentiellement trop douloureuse. »

Dans ces conditions, tenir une politique économique de réduction des dépenses et de contrôle de la masse monétaire tenait de la gageure. Frederick Taylor montre avec brio comment les gouvernements tentèrent alors « d’acheter » le ralliement populaire à la république par la dépense publique. Le seul homme, selon l’auteur, capable de faire cesser cette politique était Mathias Erzberger, assassiné par des nationalistes en août 1921.

Le jeu trouble du patronat

Frederick Taylor montre aussi le jeu trouble du patronat allemand dans cette période. Lui aussi a craint la « contagion révolutionnaire » russe et, pour arracher la paix sociale, va accorder des hausses sensibles de salaires qui vont alimenter la spirale inflationniste.

D’autant que les exportateurs, comme Hugo Stinnes, un magnat de la sidérurgie dont l’auteur fait un portrait très complet, vont profiter de leurs accès aux marchés étrangers et donc aux devises pour gagner des sommes considérables.

Régulièrement, les industriels vont freiner toute tentative gouvernementale pour ralentir la hausse des prix afin de bénéficier d’une compétitivité immense grâce à la dévaluation du mark. Frederick Taylor raconte ainsi que, jusqu’à l’été 1923 et à l’emballement de l’inflation, l’Allemagne affichait un quasi-plein emploi !

La responsabilité américaine mise en évidence

Enfin, de façon plus traditionnelle, Frederick Taylor pointe la responsabilité des alliés. Mais il la replace aussi à sa juste valeur et sans le simplisme habituel. Certes, le traité de Versailles imposait des conditions impossibles à une économie déjà à terre. Certes, la politique « jusqu’au-boutiste » de Raymond Poincaré en 1922-23, notamment l’occupation de la Ruhr en janvier 1923, est une des causes les plus directes de l’hyperinflation.

Mais Frederick Taylor pointe aussi la mauvaise volonté allemande et, surtout, la responsabilité ultime des États-Unis.

C’est parce que les Américains voulaient que les dettes de guerre de leurs alliés – et notamment des Français – fussent intégralement payées que ces derniers ont été si exigeants eux-mêmes avec l’Allemagne. « Les réparations, écrit Frederick Taylor, furent un moyen pour les alliés victorieux de rembourser leurs propres dettes de guerre » aux Américains.

« Pour dégager des excédents, il faut que quelqu’un accuse un déficit »

Mais pour que les vœux américains et ceux des alliés fussent satisfaits, il eût fallu que les pays européens puissent dégager des excédents commerciaux suffisants pour obtenir l’or nécessaire aux remboursements de ces dettes de guerre. Toutefois, comme le souligne Frederick Taylor, « pour dégager des excédents, il faut que quelqu’un accuse un déficit. »

Or, à ce moment même, les Américains (et les Britanniques) mènent une politique d’austérité budgétaire qui conduit à une récession de leurs économies. « A qui, alors, l’Allemagne était supposée vendre ses produits pour obtenir l’or nécessaire aux remboursement des réparations ? », s’interroge l’auteur.

L’ouvrage de Frederick Taylor montre ainsi la responsabilité de la politique isolationniste américaine menée par les administrations républicaines arrivées au pouvoir à partir de 1920 dans l’escalade de la situation allemande. Bien loin de l’image d’Épinal d’une Amérique soucieuse de l’avenir de l’Allemagne s’opposant à une France aveuglée par la vengeance…

L’effet sur la classe moyenne intellectuelle

Pour finir, après voir décrit brillamment la folie de cet automne 1923 et – ce qui n’est pas le moins intéressant – son impact sur la société allemande et sur la psyché collective allemande, Frederick Taylor insiste sur l’effet « éthique » de l’inflation qui, en dévaluant l’argent dévalue également les repères de bien et de mal et les liens humains.

« En 1923, toute l’Allemagne était devenue un vaste marché où tout était à vendre », souligne l’auteur. Les classes moyennes, notamment celles qui vivaient du travail intellectuel, la Bildungbürgertum, voient alors leurs valeurs s’effondrer. Par exemple, celle du mariage fondée sur un système de dot en échange de la virginité de l’épousée.

« Quand l’argent est devenu sans valeur, le système s’est effondré », note ainsi une femme témoin de l’époque citée par l’auteur. Laquelle conclut : « Ce qui est arrivé avec l’inflation, c’est que la virginité a absolument cessé d’importer. »

La construction du mythe

Cet effondrement de la classe moyenne est un des arguments essentiels de Frederick Taylor pour expliquer un paradoxe. L’Allemagne n’a pas été le seul pays frappé par l’hyperinflation à cette époque. Quoique dans une mesure moindre, la France, l’Italie et l’Autriche ont connu aussi des périodes de ce type.

A d’autres époques, la Grèce ou la Hongrie du lendemain de la Seconde guerre mondiale ont connu des périodes d’hyperinflation plus sévères que l’Allemagne des années 1920. Mais « aucun de ces pays n’a été aussi apeuré de façon permanente par cette expérience », souligne l’auteur.

Le triomphe d’Hitler est venu pendant la déflation

« Pourquoi ce traumatisme allemand ? » s’interroge-t-il à la fin du livre. Il y a évidemment l’horreur nazie. Mais le triomphe d’Hitler est venu pendant la déflation, non pendant l’inflation où, précisément, le putsch nazi de Munich de novembre 1923 a échoué.

Frederick Taylor explique ce traumatisme par son impact sur les classes moyennes intellectuelles. Ces dernières avaient, sous l’Empire, un prestige social immense. Avec l’inflation, ces classes se sont muées en un nouveau prolétariat. Alors que les ouvriers ont plus ou moins pu couvrir la perte de valeur de la monnaie grâce aux hausses de salaires, la Bildungsbürgertum a subi une déchéance qui l’a rapprochée socialement de la classe ouvrière.

Les « ordolibéraux » sont les traumatisés de 1923

« Dans le cas de l’Allemagne, c’est en grande partie parce qu’une classe sociale relativement petite, mais jadis extraordinairement prestigieuse, a perdu plus que quiconque dans l’inflation » que le traumatisme allemand a été construit. Les victimes principales de l’inflation « sont devenues une grande force qui forgera l’opinion au cours des trois quarts de siècle suivants. »

C’est cette classe qui ira grossir les rangs des déçus de Weimar en 1930-1933 et c’est elle qui organisera la reconstruction du pays après 1945. Ceux que l’on a appelé les « ordolibéraux » sont les traumatisés de 1923. « Ce phénomène joue un rôle important, peut-être crucial, dans la transformation de l’expérience de l’inflation qui a été une expérience dure, mais supportable pour beaucoup – en une catastrophe nationale reconnue par tous », explique Frederick Taylor.

La lecture de son ouvrage permet de comprendre une bonne partie du fossé qui sépare encore l’Allemagne du reste de l’Europe.

La Tribune

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samedi, 23 novembre 2013

Occult Roots of the Russian Revolution

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Occult Roots of the Russian Revolution

Ex: http://www.gnostics.com

Dearest friend, do you not see
All that we perceive –
Only reflects and shadows forth
What our eyes cannot see.
Dearest friend, do you not hear
In the clamour of everyday life –
Only the unstrung echoing fall of
Jubilant harmonies.
– Vladimir Soloviev, 1892

The Great Russian Revolution of 1917, launched by Vladimir Lenin and his Bolshevic party, profoundly influenced the history of the twentieth century. The fall of the Russian Empire and its replacement by the Union of Soviet Socialist Republics ushered in а new аgе in world politics. More than this, the Russian Revolution was the triumph of а dynamic revolutionary ideology that directly challenged Western capitalism. But what of the hidden origins of this Revolution? Did secret influences contribute to the victory of Lenin and the Bolshevics?

Innumerable books, not to forget massive scholarly studies, are devoted to examining the Russian Revolution and the rise of Soviet Communism. All this impressive research is almost exclusively devoted to the obvious political, economic and social dimensions, i.e. the surface manifestations of history. However, within or behind this mundane history lies another reality that is more interesting and more important than the everyday analysis offered by mainstream historians and writers.

Establishment historians pay little attention to the remarkable impact occult and Gnostic ideas had on the rise of Bolshevism and the victory of the Russian Revolution.

A number of social and political movements, including Marxism and Lenin’s Bolshevism, have been linked to Gnosticism, which flourished in the early centuries of the Christian era. The political scientists A. Besancon and L. Pellicani argue the intellectual roots of Russian Bolshevism are a structural repetition of the ancient Gnostic paradigm. A distinguishing feature of Gnosticism is an illusive, symbolic interpretation of reality, including history.

For the early Christian Gnostics the Absolute – termed the ‘Unknown Father’– has nothing in common with the wrathful ‘God’ worshipped by theist religion. In fact, for these Gnostics, the ‘God’ of the Old Testament is the adversary of their ‘Unknown Father’, the true God. Our world, including all human institutions, is not the work of the true God, but of a false creator, the Demiurge, who keeps us captive in the world, away from the divine light and truth.

Therefore, in Gnosticism, the world is merely a sort of illusion, a set of allegorical symbols, a reverse image of the real essence of history. Man, who is asleep to his inner potential, must awake and become an active partner of the ‘Unknown Father’ in the transformation of all life. Otherwise he remains a prisoner in what the eminent Russian Gnostic philosopher Vladimir Solviev (1853-1900) aptly described as “a kind of nightmare of sleeping humanity.” A number of Gnostic communities – like nineteenth century communists – held contempt for material goods and lived communally, teaching “the world and its laws, religious, moral and social, are of little relevance to the plan of salvation.”1

Gnostics, Mystic Sects & Radicals

Russian mystical sects played an extremely important part in the Bolshevik revolution, on the side of the Bolsheviks. In spite of their rejection of the state and the church, these sects were deeply nationalistic, since their members were hostile to foreign innovations. They hated the West.
— Mikhail Agursky, The Third Rome

Throughout nineteenth century Europe we find numerous connections between Gnostics, mystics, occultists and radical socialists. They constituted what the historian James Webb calls “a progressive underground” united by a common opposition to the established order of their day. Constantly, Webb writes, “we find socialists and occultists running in harness.”2 Sundry spiritual communities emerged across the United States, with clear Gnostic and occult doctrines, which attempted to follow a pure communistic life style. Victoria Woodhull, the president of the American Association of Spiritualists during the 1870s, was a radical socialist. Woodhull believed that Spiritualism signified not only religious enlightenment, but also a cultural, political and social revolution. She published the first English translation of the Communist Manifesto and tried in vain to persuade Karl Marx that the goals of Spiritualism and Communism were the same.

Dissident Christian mystics, spiritualists, occultists and radical socialists often found themselves together at the forefront of political movements for social justice, worker’s rights, free love and the emancipation of women. Nineteenth century occultists and socialists even used the same language in calling for a new age of universal brotherhood, justice and peace. They all shared a charismatic vision of what the future could be – a radical alternative to the oppressive old political, social, economic and religious power structures. And more often than not they found themselves facing the same common enemy in the unholy alliance of State and Church.

The birth of radical socialist ideas in Russia cannot be easily separated from the spiritual communism practiced by diverse Russian sects. For centuries folk myths nourished a widespread belief in the possibility of an earthly communist paradise united by fraternal love, where justice, truth and equality prevailed. One prominent Russian legend told of the lost land of Belovode (the Kingdom of the White Waters), said to be “across the water” and inhabited by Russian Old Believer mystics. In Belovode, spiritual life reigned supreme, and all went barefoot sharing the fruits of the land and their labour. There were no oppressive rules, crime, and war. Another Russian legend concerned Kitezh, the radiant city beneath the lake. Kitezh will only rise from the waters and appear again when Russia returns to the true Christ and is once more worthy to see it and its priceless treasures. Early in the twentieth century such myths captured the popular imagination and were associated with the hopes of revolution.

In the latter half of the seventeenth century, a schism occurred within the Russian Orthodox Church of a new religious movement called the Old Believers. The result was that many Russian spiritual dissidents took courage from the split to found their own communities, giving vent to Gnostic ideas that had long been simmering underground. The Old Believers, in the face of severe repression, clung tenaciously to their ancient mystic tradition and expressed their separation from the official world of Imperial Orthodox Russia in collective migration to the fringes of the state, mass suicide by fire, rebellion, and a monastic communism.

Gnostic communities, with their communalism and disdain for private property, proliferated throughout Russia in the eighteenth and nineteenth centuries. Known by a variety of names such as Common Hope, United Brotherhood, Love of Brotherhood, Righthanded Brotherhood, White Doves, Believers in Christ, Friends of God, Wanderers, their followers reportedly numbered in the hundreds of thousands. Ruthlessly persecuted by the authorities, they made up a spiritual underground, often hiding themselves from inquisitive eyes. A countrywide revolutionary sectarianism that rejected the state, the church, society, law, and even religious commandments, which they declared were abolished when the Holy Spirit descended to humanity.

The origin of Gnostic ideas in Russia is difficult to trace, but they appear to be an outgrowth of two powerful spiritual impulses in Russian religious history. The first is the Christian esoteric tradition preserved within the monastic communities of the Russian Orthodox Church. A mystical tradition going back by way of Greek Neoplatonism, Origin and Clement of Alexandria to St. John the “beloved disciple”. “Russian Orthodox mystical theology has bent more than a little in the direction of the Gnostic heresy,” notes the historian Maria Carlson.3 The second impulse originated with Essene and Manichean missionaries who reached Russia in the early centuries of the Christian era. An impulse later given new vitality by the Bogomils whose Gnostic teachings had gained a foothold in Russia by the thirteenth century.

By the end of the nineteenth century occult and Gnostic ideas enjoyed wide circulation among all segments of the Russian population. At one point the Russian philosopher Nicholas Berdyaev (1874-1948) welcomed the Gnostics, urging “Gnosticism should be revived and should enter into our life for all time.”4 After the 1917 Revolution, Gnosticism, observed the Russian scholar Mikhail Agursky, “contributed considerably to Soviet culture and even influenced Soviet political life. Its foundations were laid before the revolution…[by] several gnostic trends in nineteenth century Russian culture.”

While Russian Gnostics rejected the world order and strove to live by the apostolic precept to hold “all things in common,”5 they were also profoundly aware of the approaching end of the age. “Russian popular Gnosticism had a very pronounced apocalyptic character,” says Mikhail Agursky. “Russian mystical sectarians lived in anticipation of a catastrophe. The degradation of human life demanded purifying fire from heaven, which would devour the new Sodom and Gomorrah and replace them with the Kingdom of God. Any revolution could easily be identified by such sectarians as this fire, regardless of its external form.”6

Russian Socialism

Bolshevik collectivism had roots in long-standing Russian values of individual self-sacrifice. The suffering, martyrdom, humility, and sacrifice of Christ was deeply embedded in the texture of Russian religious thought and practice, and the lives of Russian saints were a litany of suffering. The Old Believers, heretics in the eyes of the official church for their adherence to their own version of the truth, suffered persecution for centuries at the hands of the government and sought escape in mass immolation, colonization, and, finally, economic mutual aid.
— Robert C. Williams, The Other Bolsheviks

Alexander_Herzen_7.jpgAlexander Herzen (1812-1870), seen by many as the father of Russian socialism, was a friend and admirer of the French revolutionary Proudhon, who viewed himself as a Christian socialist. Proudhon worked intermittently all his adult life on a never completed study of the original teachings of Jesus Christ. Herzen also paid special attention to Russia’s persecuted religious sectarians. He printed a special supplement for the Old Believers, the mystic Christian traditionalists who had been driven out of the Russian Orthodox Church. Nicholas Chernyshevsky, another Russian socialist thinker of the nineteenth century, wrote an article in praise of the “fools for Christ’s sake” and defended members of the spiritual underground.

The Russian radicals of the 1800s, in the words of James H. Billington, looked upon “socialism as an outgrowth of suppressed traditions within heretical Christianity.”7 They saw the genesis of Russian socialism in the spiritual underground of the Gnostics and religious sectarians. One influential network of Russian socialists openly claimed to be rediscovering “the teaching of Christ in its original purity,” which “had as its basic doctrine charity and its aim the realisation of freedom and the destruction of private property.”8

ho.jpgNicholas Chernyshevsky (1828-1889), who spent much of his life in penal servitude, penned the utopian novel What Is To Be Done? as a vision of the future new society and a guidebook for the revolutionaries who would build it. Chernyshevsky wrote:

Then say to all: this is what will come to pass in the future, a radiant and beautiful future. Have love for it, strive toward it, work on behalf of it, bring it ever nearer, bear what you can from it into your present life. The more you can carry from that future into your present life, the more your life will be radiant and good, the richer it will be in happiness and pleasure.

Chernyshevsky’s novel inspired two generations of idealistic young radicals. Among them was Alexandre Ulianov, the beloved elder brother of V.I. Lenin. He was executed in 1887 for his part in the attempted assassination of Tsar Alexander III. Vladimir Lenin told how Chernyshevsky’s What Is To Be Done? “captivated my brother, and captivated me… It transformed me completely.” What impressed the future leader of the Russian Revolution was how Chernyshevsky:

not only demonstrated the necessity for every correctly thinking and really honest man to become a revolutionary, but also showed – even more importantly – what a revolutionary should be like, what his principles should be, how he must achieve his goals, what methods and means he should employ to realise them.9

Nicholas Berdyaev observed that the “Russian revolutionaries who were to be inspired by the ideas of Chernyshevsky present an interesting psychological problem. The best of Russian revolutionaries acquiesced during this earthly life in persecution, want, imprisonment, exile, penal servitude, execution, and they had no hope whatever of another life beyond this. The comparison with Christians of that time is almost disadvantageous to the latter; they highly cherished the blessings of this earthly life and counted upon the blessings of heavenly life.”10

Chernyshevsky, like those who followed him, was passionately committed to the power of reason. His philosophy firmly grounded in the materialist outlook and a sober utilitarianism. But in his life Chernyshevsky was the embodiment of self-abnegation, single-mindedness and asceticism. Like a true saint he asked nothing for himself, but wanted everything for the people as a whole. When the police officers took him into exile in Siberia they said, “Our orders were to bring a criminal and we are bringing a saint. “These two elements, the religious and the secular, the ascetic and the calculating,” writes historian Geoffrey Hosking, “remained in unresolved tension in his personality, but on the level of theory he sought a resolution in the idea of a social revolution to be promoted by the best people on the basis of personal example.”11

Inspired by Chernyshevsky, groups of young radicals emerged committed to the reconstruction of Russia as a federation of village communes and communally run factories. The reading list of one such revolutionary cell is revealing because it included the New Testament and histories of Russian Gnostic communities. The leader of the main radical circle in the Russian capital St. Petersburg spoke of founding “a religion of humanity.” He called his circle “an Order of Knights” and included in its ranks members of a Gnostic “God-manhood sect” which taught that each individual is potentially destined to become a god. It was not uncommon for the revolutionary call “liberty, equality, and fraternity” to be written on crosses, or for Russian revolutionaries to declare their belief in “Christ, St. Paul, and Chernyshevsky.”

The Russian socialists frequently visited religious sectarians and sought their support because of their history of alienation from the tsarist regime. Emil Dillon, an English journalist who had personal contact with several persecuted religious communities, reminds us:

Among the various revolutionary agencies which were at work… the most unpretending, indirect, and effective were certain religious sectarians…. Coercion in religious matters did more to spread political disaffection than the most enterprising revolutionary propagandists. It turned the best spirits of the nation against the tripartite system of God, Tsar, and fatherland, and convinced even average people not only that there was no lifegiving principle in the State, but that no faculty of the individual or the nation had room left for unimpeded growth.12

 V.I. Lenin & The Spiritual Underground

Men who are participating in a great social movement always picture their coming action as a battle in which their cause is certain to triumph. These constructions… I propose to call myths; the syndicalist “general strike” and Marx’s catastrophic revolution are such myths.
— Georges Sorel, 1906

Religious sectarians played a significant part in the formation of Bolshevism, V.I. Lenin’s unique brand of revolutionary Marxism. Indeed, Marxism with its aggressive commitment to atheism and scientific materialism, scorned all religion as “the opium of the people.” Yet this did not prevent some Bolshevic leaders from utilising concepts taken directly from occultism and radical Gnosticism. Nor did the obvious materialist outlook of Communism, as Bolshevism became known, stop Russia’s spiritual underground from giving valuable patronage to Lenin’s revolutionary cause.

One of Vladimir Lenin’s early supporters was the radical Russian journalist V. A. Posse, who edited a Marxist journal Zhizn’ (Life) from Geneva. Zhizn’ aimed to enlist the support of Russia’s burgeoning dissident religious communities in the fight to overthrow the tsarist autocracy. Posse’s publishing enterprise received the backing of V.D. Bonch-Bruevich, a Marxist revolutionary and importantly a specialist on Russian Gnostic sects. Through Bonch-Bruevich’s connections to the spiritual underground of Old Believers and Gnostics, Posse secured important financial help for Zhizn’.

The goal of Zhizn’ was to reach a broad peasant and proletarian audience of readers that would some day constitute a popular front against the hated Russian government. Lenin soon began contributing articles to Zhizn’. To Posse, Lenin appeared like some kind of mystic sectarian, a Gnostic radical, whose asceticism was exceeded only by his self-confidence. Both Bonch-Bruevich and Posse were impressed by Lenin’s zeal to build an effective revolutionary party. Lenin disdained religion and showed little interest in the ‘religious’ orientation of Zhizn’. The Russian Marxist thinker Plekhanov, one of Lenin’s early mentors, openly expressed his hostility to the journal’s ‘religious’ bent. He wrote to Lenin complaining that Zhizn’, “on almost every page talks about Christ and religion. In public I shall call it an organ of Christian socialism.”

The Zhizn’ publishing enterprise came to an end in 1902 and its operations were effectively transferred into Lenin’s hands. This led to the organisation in 1903-1904 of the very first Bolshevic publishing house by Bonch-Bruevich and Lenin. Both men viewed the Russian sectarians as valuable revolutionary allies. As one scholar notes, “Russian religious dissent appealed to Bolshevism even before that movement had acquired a name.”13

5325987-a-stamp-printed-in-the-ussr-show-mikhail-bonch-bruevich-soviet-radio-engineerings-the-founder-of-the.jpgV.D. Bonch-Bruevich (1873-1955) came to revolutionary Marxism under the influence of the Russian novelist Leo Tolstoy’s social teachings. Like Lenin’s wife Krupskaya, he started his revolutionary career distributing Tolstoy’s The Kingdom of God Is within You, a work infused with neo-Gnostic themes. In 1899 Bonch-Bruevich left Russia for Canada to live among the Doukhobors, Russian Gnostic communists whose refusal to pay taxes and serve in the army drove them into exile. Bonch-Bruevich reported on the secret doctrines of the Doukhobors and put in writing their fundamental oral teachings known as the ‘Living Book’. On his return to Europe in 1901 Bonch-Bruevich introduced Lenin to the chief tenets of these Gnostic communists. The Doukhobors, with their radical rejection of the Church and State, with their denial of the uniqueness of the historical Christ, and their neglect of the Bible in favour of their own secret tradition, were of some interest to the founder of Bolshevism.

In 1904 Bonch-Bruevich, with Lenin’s support, began publishing Rassvet (Dawn) in an effort to spread revolutionary Marxism among the religious dissidents. His first editorial attacked all the Russian tsars for their persecution of the Old Believers and sectarians, and stated that the journal’s goal was to report events occurring world wide, “in various corners of our vast motherland, and among the ranks of Sectarians and Schismatics.” Rassvet combined Communist and apocalyptic themes that were both compelling and comprehensible to Russia’s spiritual underground.

By the early years of the twentieth century Russia was in a revolutionary mood. Bonch-Bruevich wrote that this would soon produce a “street battle of the awakened people.” He urged his fellow Communist revolutionaries to use the language of the spiritual underground in persuading the masses that the government was “Satan” and that “all men are brothers” in the eyes of God. He wrote:

If the proletariat-sectarian in his speech requires the word ‘devil’, then identify this old concept of an evil principle with capitalism, and identify the word ‘Christ’, as a concept of eternal good, happiness, and freedom, with socialism.

 Communist God-Builders  & The Occult

If a newcomer to the vast quantity of occult literature begins browsing at random, puzzlement and impatience will soon be his lot; for he will find jumbled together the droppings of all cultures, and occasional fragments of philosophy perhaps profound but almost certainly subversive to right living in the society in which he finds himself. The occult is rejected knowledge: that is, an Underground whose basic unity is that of Opposition to an establishment of Powers That Are.
— James Webb, Occult Underground

A Marxist pamphlet written before 1917 and later reissued by the Soviet government bluntly declared that man is destined to “take possession of the universe and extend his species into distant cosmic regions, taking over the whole solar system. Human beings will be immortal.” Anatoly Lunacharsky, the first Commissar of Enlightenment in the new Soviet state, believed that as religious conviction had been a great force of change in history, Marxists should conceive the struggle to transform nature through labor as their form of devotion, and the spirit of collective humanity as their god.

lunacharski_.jpgA.V. Lunacharsky (1875-1933) and the Russian writer Maxim Gorky (1868-1936), close friends of Vladimir Lenin, were acquainted with a broad spectrum of occult thought, including Rudolf Steiner’s Anthroposophy and Helena Blavatsky’s Theosophy. Both these prominent Bolshevic revolutionaries shared a life-long interest in ancient mystery cults, religious sectarianism, parapsychology and Gnosticism. Maria Carlson maintains that Gorky’s “vision of a New Nature and a New World, subsequently assimilated to its socialist expression as the Radiant Future, is fundamentally Theosophic.”14 Gorky valued the writings of the occultists Emanuel Swedenborg and Paracelsus, as well as those of Fabre d’Olivet and Eduard Schure.

Drawing on the imagery of the ancient solar mysteries, Gorky declared in Children of the Sun, “we people are the children of the sun, the bright source of life; we are born of the sun and will vanquish the murky fear of death.” In his Confession, the “people” have become God, creators of miracles, possessors of true religious consciousness, and immortal. Gorky envisioned a beautiful future of work for the love of work and of man as “master of all things.” Revealing his familiarity with parapsychology and faith healing, Gorky tells how an assembled crowd uses its collective energy to heal a paralysed girl. He was deeply impressed by research into thought transference, often writing of the “miraculous power of thought”, while expressing the hope that one day reason and science would end fear.

The ideas advanced by Lunacharsky and Gorky became known as God building, described by one researcher as a “movement of secular rejuvenation with mystery cult aspects.”15 God building implied that a human collective, through the concentration of released human energy, can perform the same miracles that were assigned to supra-natural beings. God builders regarded early Christianity as an authentic example of collective God building, Christ being nothing other than the focus of collective human energy. “The time will come,” said Gorky, “when all popular will shall once again amalgamate in one point. Then an invincible and miraculous power will emerge, and God will be resurrected.”16 Years before, Fyodor Dostoyevsky had written in The Possessed, “God is the synthetic personality of the whole people.” According to Mikhail Agursky:

For Gorky, God-building was first of all a theurgical action, the creation of the new Nature and the annihilation of the old, and therefore it coincided fully with the Kingdom of the Spirit. He considered God to be a theurgical outcome of a collective work, the outcome of human unity and of the negation of the human ego.17

Before the Russian Revolution, Lunacharsky’s political propaganda relied heavily on words and images ultimately derived from Russian Gnostics and religious sectarians. In one pamphlet he urged readers to refuse to pay taxes or serve in the army, to form local revolutionary committees, to demand ownership of their land, overthrow the autocracy and replace it with a “brotherly society” of socialism. Indeed, there was as much attention given to Christ as to Marx in Lunacharsky’s writings. “Christianity, in all its forms, even the purest and most progressive,” he wrote, “is the ideology of the downtrodden classes, the hopelessly immobile, those who cannot believe in their own powers; Christianity is also a weapon of exploitation.” But Lunacharsky realised there is also an underground spiritual tradition, the arcane language and symbols of which might be used to mobilise the people to carry out the revolution.

Occult elements are obvious in Lunacharsky’s early plays and poems, including a reference to the “astral spirit”, and a familiarity with white magic and demonology. He discussed Gnosticism, the Logos, Pythagoras, and solar cults in his two volume work Religion and Socialism. After the Bolshevic Revolution, Lunacharsky wrote an occult play called Vasilisa the Wise. This was to be followed by a never published “dramatic poem” entitled Mitra the Saviour, a clear reference to the pre-Christian occult deity. Significantly, it is Lunacharsky, along with the scholar of Russian Gnostic sects V.D. Bonch-Bruevich, who is credited with developing the so-called “cult of Lenin” which dominated Soviet life following the Bolshevic leaders’ death in 1924.

 Soviet Power & Spiritual Revolution

A Weltanschauung has conquered a state, and emanating from this state it will slowly shatter the entire world and bring about its collapse. Bolshevism, if unchecked, will change the world as completely as Christianity did. Three hundred years from now it will no longer be said that it is merely a question of organising production in a different way… If this movement continues to develop, Lenin, three hundred years from now, will be regarded not only as one of the revolutionaries of 1917, but as the founder of a new world doctrine, and he will be worshipped as much perhaps as Buddha.
— Adolf Hitler, 193218

In the wake of the total collapse of Imperial Russia and the devastation caused by the First World War, Lenin and the Bolshevics seized power in October 1917. A revolution that would not have been possible without the active support and participation of the Russian spiritual underground. The Bolshevics, in the opinion of one Russian scholar:

most probably would not have been able to take power or to consolidate it if the multimillion masses of Russian sectarians had not taken part in the total destruction brought about by the revolution, which acquired a mystical character for them. To them the state and the church were receptacles of all kinds of evil, and their destruction and debasement were regarded as a mystic duty, exactly as it was with the [medieval Gnostic sects of] Anabaptists, Bogomils, Cathars, and Taborites.19

Ground down by centuries of autocratic tsarist rule as well as the Orthodox Church, its mere appendage, the Russian people came to accept the Communism of Lenin. “Bolshevism is a Russian word,” wrote an anti-Communist Russian in 1919. “But not only a word. Because in that guise, in that form and in those manifestations which have crystallized in Russia… Bolshevism is a uniquely Russian phenomenon, with deep ties to the Russian soul.”20 Even the Nazi propaganda minister Dr. Goebbels, who built his political career fighting Communism, confessed that no tsar had ever understood the Russian people as deeply as Lenin, who gave them what they wanted most – land and freedom.

Lenin wedded the dialectical materialism of Marx to the deep-rooted tradition of Russian socialism permeated as it was by Gnostic, apocalyptic, and messianic elements. In the same manner he reconciled the Marxist commitment to science, atheism and technological progress with the Russian ideas of justice, truth and self-sacrifice for the collective. Similarly the leader of Bolshevism merged the Marxist call for proletarian internationalism and world revolution with the centuries old notion of Russia’s great mission as the harbinger of universal brotherhood. Violently opposed to all religion, atheistic Bolshevism drew much from the spiritual underground, becoming in the words of one of Lenin’s comrades, “the most religious of all religions.”

“Nonetheless we have studied Marxism a bit,” wrote Lenin, “we have studied how and when opposites can and must be combined. The main thing is: in our revolution… we have in practice repeatedly combined opposites.” Several centuries earlier the Muslim Gnostic teacher Jalalladin Rumi pointed out, “It is necessary to note that opposite things work together even though nominally opposed.”

After the 1917 Bolshevic Revolution:

occultism was part of a cluster of ideas that inspired a mystical revolutionism based on the belief that great earthly events such as revolution reflect a realignment of cosmic forces. Revolution, then, had eschatological significance. Its result would be a ‘new heaven and a new earth’ peopled by a new kind of human being and characterized by a new kind of society cemented by love, common ideals, and sacrifice.

The Bolshevic Revolution did not quash interest in the occult. Some pre-revolutionary occult ideas and symbols were transformed along more ‘scientific’ lines. Mingled with compatible concepts, they permeated early Soviet art, literature, thought, and science. Soviet political activists who did not believe in the occult used symbols, themes, and techniques drawn from it for agitation and propaganda. Further transformed, some of them were incorporated in the official culture of Stalin’s time.21

Apocalyptic and mess-ianic themes, popularised for centuries by the Russian spiritual underground, were played out in the Bolshevic Revolution and fueled the drive to build a classless, communist society. The dream of a communist paradise on earth created by human hands, a new world adorned by technological perfection, social justice and brotherhood, was found both in Marx and in the Russian spiritual underground.

Lenin promulgated a law exempting religious sectarians from military service. Writers and poets, drawing inspiration from the Russian religious underground, hailed the Revolution as a messianic, world mystery. One writer compared the Bolshevic Revolution with the origin of Christianity. “Christ was followed,” he exclaimed, “not by professors, nor by virtuous philosophers, nor by shopkeepers. Christ was followed by rascals. And the revolution will also be followed by rascals, apart from those who launched it. And one must not be afraid of this.”

alexander_blok.jpgAlexander Blok (1880-1921) was the most important Russian poet to recognise the Bolshevics. A student of Gnosticism, Blok discerned the inner meaning of the tumultuous political and social events. There was a hidden spiritual content at the core of the external upheavals of the Revolution and the bloody Civil War that followed. Blok clearly expressed this in his famous poem The Twelve, where the invisible Christ leads the revolutionary march.

Another Russian poet and occultist, Andrei Bely, a disciple of Steiner’s Anthroposophical movement, hailed the Revolution as the first stage of a far greater cultural and spiritual revolution to come. For Bely, as for his contemporary Blok, the Bolshevic Revolution was above all a powerful theurgical instrument. Andrei Bely (1880-1934) saw theurgy as a means to change the world actively in collaboration with God. In spite of the turmoil and bloodshed, for these Russian occultists the revolution served as an instrument of the new creation. Bely celebrated the 1917 Revolution in a poem, Christ is Resurrected, in which the Bolshevic take over is compared with the mystery of Crucifixion and Resurrection. Rudolf Steiner understood why the Russians welcomed the October Revolution, but criticised Bolshevism as a dangerous mix of Western abstract thinking and Eastern mysticism.

The Russian spiritual underground spawned several important writers and poets who welcomed the Bolshevic Revolution. Two of the most outstanding were Nikolai Kliuev (1887-1937) and Sergei Esenin (1895-1925). Occult images and Russian messianic themes abound in their poems. Kliuev saw Lenin as the popular leader and embodiment of the Old Belief. In typically Gnostic fashion Esenin disdained the old God of the Church and proclaimed a “new Nazareth”. The young Esenin gave support to the Bolshevic Red Army and even tried to join the Bolshevic party. Tragically, Kliuev felt betrayed by the Revolution, was arrested and died on the way to a labor camp in 1937. Esenin took his own life in 1925 believing dark forces had usurped the Russian Revolution.

By the early 1920s the Bolshevics had consolidated their hold over much of the former Russian Empire. The Communist Party emerged as the monolithic embodiment of the popular will. All occult societies, including the Theosophists and Anthroposophists, were disbanded. Freemasonry was virulently condemned and its lodges closed. In the drive to modernise Russia and build a technologically advanced Soviet Union, occult notions were publicly classed as superstition and openly ridiculed. The new Soviet State, with its Marxist-Leninist ideology, became the sole arbitrator of all thought. Leading occult teachers were forced into exile. Yet many of those associated with the spiritual underground joined the Communist Party and found employment in various Soviet organisations.

The sway of the spiritual underground did not disappear. Arcane truths and primordial urges took on new forms in keeping with the new reality. Esoteric ideas were clothed in the language of a new epoch. One writer explains:

In Stalin’s time, occult themes and techniques detached from their doctrinal base became part of the official culture…. The occult themes of Soviet literature of the 1920s were transformed into the magical or fantastic elements that observers have noted in Socialist Realism. Stalin himself was invested with occult powers.22

The Russian thinker, Isai Lezhnev (1891-1955), insisted on the profoundly religious character of Communism, which was “equal to atheism only in a narrow theological sense.” Emotionally, psychologically, Bolshevism was extremely religious, seeing itself as the only custodian of absolute truth. Lezhnev correctly discerned in Bolshevism the rise of a “new religion” which brought with it a new culture and political order. He embraced Marxism-Leninism and welcomed Stalin as a manifestation of the “popular spirit”.

The Russian Revolution, which gave rise to the super power known as the Soviet Union, cast a gigantic shadow over the twentieth century. Bolshevism, the materialistic worldview developed by Vladimir Lenin, left its mark on all aspects of modern thought. And the roots of Lenin’s Communism and the Soviet Union go deep into the ancient secret tradition of humanity.

Was atheistic Bolshevism, for all its worship of science and materialism, the expression of something supra-natural? Many in the spiritual underground passionately believed so. The Gnostic poet Valery Briusov (1873-1924), who joined the Bolshevic party in 1920, had been involved in magick, occultism and spiritualism prior to the revolution. Briusov stressed that Russia’s destiny was being worked out, not on earth, but by mystic forces for which the 1917 Revolution was part of the occult plot.

Another prominent Russian occultist, the acclaimed artist Nicholas Roerich, acknowledged Lenin and Communism as cosmic phenomenon. In 1926 he wrote:

He [Lenin] incorporated and circumspectly fitted every material into the world order. This opened up for him the path into all parts of the world. And people have formed a legend not only as a record of his deeds but also as a mark of his aspirations…. We have seen for ourselves how the nations have understood the magnetic power of communism. Friends, the worst counsellor is negativity. Behind every negation ignorance is concealed.

The philosopher Nicholas Berdyaev, a former Marxist who came to embrace Christian mysticism, was exiled from the Soviet Union in the 1920s. He had studied occultism and was acquainted with many Russian Gnostic sects. His 1909 book The Philosophy of Freedom is full of Gnostic themes. And like the Gnostics, Berdyaev opposed the institution of the family as yoking men and women to “necessity” and the endless chain of birth and death. Writing from exile, more than twenty-five years after the Revolution, Berdyaev observed:

Russian communism is a distortion of the Russian messianic idea; it proclaims light from the East which is destined to enlighten the bourgeois darkness of the West. There is in communism its own truth and its own falsehood. Its truth is a social truth, a revelation of the possibility of the brotherhood of man and of peoples, the suppression of classes, whereas its falsehood lies in its spiritual foundations which result in a process of dehumanisation, in the denial of the worth of the individual man, in the narrowing of human thought…. Communism is a Russian phenomenon in spite of its Marxist ideology. Communism is the Russian destiny, it is a moment in the inner destiny of the Russian people and it must be lived through by the inward strength of the Russian people. Communism must be surmounted but not destroyed, and into the highest stage which will come after communism there must enter the truth of communism also but freed from its element of falsehood. The Russian Revolution awakened and unfettered the enormous powers of the Russian people. In this lies its principle meaning.23

 

The Hammer and Sickle: Occult Symbols?

Throughout the twentieth century the hammer and sickle were universally recognised as symbols of communism and the Soviet Union. For millions of people the hammer and sickle symbolised a new political and economic order offering progress, justice and liberty. While countless others looked on the same hammer and sickle as ominous emblems of oppression, hatred and tyranny.

Occultists and students of ancient wisdom saw something more. Behind the outward appearance of these communist emblems, which officially represented the emancipation of labor, there was an element unknown to the masses.

Russian occultists saw the Bolshevics as unconsciously working for the cosmic mission of Russia and interpreted the Soviet hammer and sickle as hidden symbols of the blacksmith’s art, hinting at future transmutation and transformation. Both metallurgy and alchemy (regarded as an occult science) sort to destroy impure elements with fire and thereby release a refined product, whether forged metal (the smith) or spiritual gold (the alchemist). Fire is associated with transfiguration, regeneration, and purification, while iron is associated with Mars (the god of war) and the astral world.

To the occultist, the communist hammer and sickle symbolised conflict and transmutation. The forging – in the fires of struggle – of base elements into a purer, higher form. The atheistic Bolshevic, like the occultist, proclaimed that ordinary man must be transformed into new man, free of the bonds of selfish desires and of the oppressive past, in order to freely build the new civilisation of the future.


Footnotes:

1. Benjamin Walker, Gnosticism Its History & Influence

2. James Webb, Occult Underground

3. Maria Carlson, No Religion Higher Than Truth

4. As quoted in Maria Carlson, No Religion Higher Than Truth

5. Acts 2:44-47

6. Mikhail Agursky, The Third Rome

7. James H. Billington, The Icon and the Axe

8. As quoted in James H. Billington, The Icon and the Axe

9. As quoted in Nina Tumarkin, Lenin Lives: The Lenin Cult in Soviet Russia

10. Nicholas Berdyaev, The Russian Idea

11. Geoffrey Hosking, Russia: People and Empire

12. As quoted in Mikhail Agursky, The Third Rome

13. Robert C. Williams, The Other Bolsheviks

14. Maria Carlson, No Religion Higher Than Truth

15. Richard Noll, The Jung Cult

16. Mikhail Agursky, The Third Rome

17. The Occult in Russian and Soviet Culture, edited by Bernice Glatzer Rosenthal

18. As quoted in Hitler’s Words, edited by Gordon Prange

19. Mikhail Agursky, The Third Rome

20. As quoted in Richard Pipes, Russia Under the Bolshevik Regime 1919-1924

21. The Occult in Russian and Soviet Culture, edited by Bernice Glatzer Rosenthal

22. Ibid

23. Nicholas Berdyaev, The Russian Idea

mercredi, 20 novembre 2013

Als in Polen die Mark galt

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Als in Polen die Mark galt

Während des Ersten Weltkrieges existierte ein von Hohenzollern- und Habsburgerreich errichteter polnischer Nationalstaat

Ex: http://www.preussische-allgemeine.de
 

Der 11. November 1918 markiert nicht nur das Ende der Kampfhandlungen des Ersten Weltkrieges, sondern für die Polen zugleich die Wiedergeburt ihres Staates, der 1795 mit der Dritten Teilung des Landes von der Landkarte verschwunden war. Beinahe in Vergessenheit geraten ist in diesem Zusammenhang aber, dass schon fast auf den Tag genau zwei Jahre vorher, nämlich am 5. November 1916, ein neuer polnischer Staat ins Leben gerufen worden war, der als „Regentschaftskönigreich Polen“ in die Annalen einging.

Da es vorläufig noch keinen König gab, wurde im Dezember 1916 zunächst ein Provisorischer Staatsrat als Regierung gebildet. Dieser bestand aus 25 Mitgliedern, wobei 15 aus den seit Beginn des Weltkriegs vom Deutschen Reich besetzten Teilen Kongresspolens kamen und zehn aus dem von Österreich-Ungarn okkupierten Landesteil. Ernannt wurden die Mitglieder des Staatsrates am 11. Januar 1917, die konstituierende Sitzung fand drei Tage später statt. Vorsitzender beziehungsweise Präsident mit dem Titel „Kronmarschall“ wurde Wacław Niemojowski, sein Stellvertreter Józef Mikołwski-Pomorski. Auch der spätere Nationalheld und Gründer der Republik, Józef Piłsudski, gehörte dem Staatsrat an. Er war dort für militärische Angelegenheiten zuständig. Es formierte sich auch ein Parlament, „Nationalrat“ genannt, das vom 16. bis zum 18. März 1917 tagte. Bereits am 9. Dezember 1916 war eine Polnische Nationalbank gegründet worden, die eine neue landeseigene Währung herausgab, die Polnische Mark.


Im April 1917 legte der deutsche Generalgouverneur Generaloberst Hans von Beseler mit Sitz in Warschau die Justiz sowie das Schul- und das Pressewesen in die Hände des Staatsrates. Im selben Monat erfolgte auch ein Werbeaufruf zur Gründung polnischer Streitkräfte. In ihr sollten nur ehemalige russische Untertanen, sogenannte Nationalpolen, dienen, wohingegen die Polen aus dem österreichisch-ungarischen Herrschaftsbereich in der k.u.k. Armee verbleiben sollten. Auf Kritik stieß auch die vom deutschen und dem österreich-ungarischen Generalgouverneur ausgearbeitete Eidesformel: „Ich schwöre zu Gott dem Allmächtigen, dass ich meinem Vaterlande, dem Polnischen Königreich, und meinem künftigen König zu Lande und zu Wasser und an welchen Orten es immer sei, getreu und redlich dienen, in gegenwärtigem Kriege treue Waffenbrüderschaft mit den Heeren Deutschlands und Österreich-Ungarns und der ihnen verbündeten Staaten halten … werde.“ Es gab Vorbehalte dagegen, auf einen König vereidigt zu werden, der noch gar nicht einmal bekannt war. Außerdem wurde kritisiert, dass eine Armee keinen Eid auf eine Waffenbrüderschaft leisten könne, denn nur der Regierung stünde es zu, Bündnisse abzuschließen. Gleichwohl bestätigte der Staatsrat am 3. Juli die Eidesformel, und Soldaten, die den Eid dennoch nicht ablegen wollten, wurden interniert. Aus Protest gegen diese Vorgänge waren Piłsudski und drei weitere dem linken Spektrum angehörige Mitglieder des Staatsrates am Tag zuvor von ihren Ämtern zurückgetreten. Am 22. Juli ließ man Piłsudski schließlich in Schutzhaft nehmen und verbrachte ihn zuerst in die Festung Wesel, später nach Magdeburg. Anfang August 1917 wurde dann die neu aufgestellte polnische Armee an die Ostfront verlegt. Nun zeugten sich die Meinungsverschiedenheiten über den weiteren Weg in aller Deutlichkeit. Ihr Höhepunkt wurde am 6. August erreicht, als Niemojowski darüber sein Amt als Kronmarschall niederlegte. Am 25. August stellte der Staatsrat seine Tätigkeit ein, und in seiner allerletzten Sitzung am 30. August bildete er einen auch „Übergangskomitee“ genannten Interimsausschuss, der vorläufig die Regierungsgeschäfte führen sollte und an dessen Spitze der bisherige stellvertretende Kronmarschall Mikołowski-Pomorski trat.


Bis zum 12. September des Jahres war eine provisorische Verfassung ausgearbeitet. Dieses sogenannte Patent beschrieb Polen als konstitutionelle Monarchie mit einem aus einem Abgeordnetenhaus und einem Senat bestehenden Zweikammerparlament. Bis zur Übernahme der Staatsgewalt durch einen noch zu bestimmenden König sollte diese von einem dreiköpfigen Regentschaftsrat ausgeübt werden, in den man sechs Tage später folgende Personen berief: Aleksander Kardinal Kakowski, Erzbischof von Warschau, Fürst Zdzisław Lubomirski, Stadtpräsident (Oberbürgermeister) von Warschau, und Józef Ostrowski, vormals Vorsitzender des Polenklubs in der russischen Duma in St. Petersburg. Am 15. Oktober 1917, dem 100. Todestag des polnischen Nationalhelden Tadeusz Kosciuszko, wurde der Regentschaftsrat vereidigt. Am 27. Oktober trat er offiziell sein Amt an.


Genau einen Monat später kam es zur Einsetzung einer ersten ordentlichen Regierung unter Ministerpräsident Jan Kucharzewski, nachdem zuvor seit dem 1. Februar 1917 lediglich eine provi-sorische Regierung unter Michał Łempicki, einem Mitglied des Provisorischen Staatsrates, amtiert hatte.


Am 4. Februar 1918 wurde ein Gesetz über die Schaffung eines Parlaments erlassen, das die Bezeichnung „Staatsrat“ erhielt. Dieser setzte sich aus 110 Abgeordneten zusammen. 55 davon wurden von den Gemeinden und Regionalräten am 9. April 1918 gewählt, 43 wurden vom Regentschaftsrat ernannt, und zwölf gehörten ihm kraft ihres Amtes beziehungsweise aufgrund einer Funktion an. Zu letzteren zählten Bischöfe ebenso wie Universitätsrektoren und der Präsident des Obersten Gerichtshofes. An der Spitze fungierte als „Sprecher der Krone“ ein Marschall, ab dem 14. Juni 1918 Francis John Pulaski. Daneben saßen im Parlamentspräsidium zwei Vizemarschälle, Józef Mikołowski-Pomorski und Stefan Badzynski, sowie vier Beisitzer (Sekretäre). Am 21. Juni fand die feierliche Eröffnung statt, und bis zum 7. Oktober, als man die Arbeit einstellte, folgten insgesamt 14 Plenarsitzungen.

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Bereits am 6. Januar 1918 war der Regentschaftsrat zum Antrittsbesuch beim Deutschen Kaiser und beim Reichskanzler nach Berlin gekommen. Drei Tage später reiste man weiter nach Wien.


In Polen selbst war man besorgt, ja sogar empört, dass die deutschen Militärbehörden am 11. Dezember 1917 einen unabhängigen litauischen Staat mit Wilna (Vilnius) als Hauptstadt proklamiert hatten, war doch gerade diese Region in der Mehrheit von Polen besiedelt, weshalb die Regierung in Warschau dort auch Territorialansprüche stellte. Dies, die Forderung aus deutschen Militärkreisen nach Schaffung eines „Schutzstreifens“ auf polnischem Gebiet entlang der Grenze zum Deutschen Reich und schließlich die Weigerung der deutschen Besatzungsbehörden, statt nur einer eigeschränkten die volle Verwaltung an die Polen zu übergeben, riefen in der Bevölkerung zunehmend eine antideutsche Haltung hervor, was wiederum den Befürwortern einer austropolnischen Lösung in die Hände spielte, also einer Vereinigung Polens mit dem Habsburgerreich unter einer gemeinsamen Krone. Der österreichische Kaiser Karl I. ging im August 1918 sogar auf Distanz zu allen deutschen Plänen, erklärte eine Anwartschaft Erzherzog Karl Stephans auf die polnische Königskrone für obsolet und favorisierte stattdessen die erwähnte austropolnische Lösung mit ihm selbst als Herrscher über das gesamte Imperium.


Währenddessen wandte sich das Blatt immer mehr zu Ungunsten der Mittelmächte. Am 6. Ok-tober 1918 erklärte der Regentschaftsrat in Warschau die 14 Punkte des US-amerikanischen Präsidenten Woodrow Wilson zur Grundlage einer polnischen Staatsbildung, am folgenden Tag verkündete er gar die vollständige Unabhängigkeit Polens und löste zugleich das Parlament, den Staatsrat, auf. Der deutsche Generalgouverneur von Beseler legte daraufhin die gesamte Administration in polnische Hände und übertrug dem Regentschaftsrat am 23. Oktober auch den Oberbefehl über die polnischen Truppen.
Und dann ging alles ganz schnell: Am 6. November bildet sich unter der Führung des Sozialisten Ignacy Daszynski in Lublin eine „Provisorische Volksregierung der polnischen Republik“, die den Regentschaftsrat für abgesetzt erklärte. Das rief in Warschau den Protest gemäßigter Kräfte hervor, und weil sowohl der Regentschaftsrat als auch dessen Kabinett unter Ministerpräsident Władysław Wróblewski im Amt verblieben, amtierten einige Tage lang zwei Regierungen nebeneinander. Nachdem jedoch am 11. November 1918 der kurz zuvor aus deutscher Haft entlassene Józef Piłsudski in Warschau eingetroffen war und die polnische Republik ausgerufen hatte, übertrugen ihm sowohl die Regierung in Warschau als auch die Gegenregierung in Lublin die Regierungsgewalt. Die deutschen Truppen in der Hauptstadt, die sich geweigert hatten, auf polnische Aufständische zu schießen, wurden entwaffnet, und als der Regentschaftsrat am 14. November endgültig alle Staatsgewalt in die Hände Piłsudskis legte, wurde auch der abschließende Akt besiegelt: Das Regentschaftskönigreich Polen, die vierte und letzte Monarchie auf polnischem Boden, hatte aufgehört zu existieren.    

Wolfgang Reith

mardi, 19 novembre 2013

Augusto e l'Impero

18:37 Publié dans Evénement, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : événement, italie, empire romain | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

vendredi, 15 novembre 2013

Okinawa : la « bataille Ragnarök »

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Okinawa : la « bataille Ragnarök » (1er avril – 21 juin 1945)

par Rémy VALAT

 

En mémoire du soldat Tsukamoto Sakuichi, mort au combat à Okinawa (1945)

 

塚本作一氏を偲んで

 

Il y a 68 ans s’est déroulée sur l’île d’Okinawa une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale. Les habitants de l’île, retournée sous la souveraineté du Japon en 1972, vivent dans le souvenir de cette bataille et subissent au quotidien les conséquences de celle-ci : présence de l’armée américaine d’occupation, à la fois fardeau financier et source de crimes sexuels, un sol miné par 2 100 tonnes d’obus encore intacts, des séquelles psychologiques et morales. En un mot, le Japon paye encore le prix de la défaite face aux forces alliées en septembre 1945.

 

Une île martyre…

 

L’île est encore occupée par un fort contingent de troupes de marine américaines, bien que 9 000 soldats vont être prochainement déplacés sur l’échiquier de la zone Pacifique, en application des accords bilatéraux nippo-américains, récemment révisés, sur le redéploiement des forces américaines stationnées à Okinawa (2006). Les États-Unis vont relocaliser une partie de leurs unités à Guam et à Darwin (Australie). Ces mouvements sont une réponse à la montée en puissance de la flotte de guerre chinoise au sud et à l’est de la Mer de Chine, flotte qui mène d’audacieuses actions de déstabilisations près des îlots dont ils revendiquent la souveraineté (les îles japonaises Senkaku). La stratégie navale chinoise aurait pour ambition de prévenir la présence de porte-avions américains, par la construction de bâtiments de la même catégorie et l’amélioration de son équipement en missiles balistiques anti-navires : la dispersion des unités américaines aurait pour objectif de multiplier les cibles potentielles et de créer une nouvelle donne stratégique. Les unités restantes (9 000 hommes environ) aurait pour zone d’intervention l’Asie du nord-est (péninsule coréenne et façade orientale de la Chine comprise), celle de Guam la zone du Pacifique ouest, et enfin, celle de Darwin, le sud de la Mer de Chine et l’Océan Indien. La présence de la 3e force expéditionnaire du corps des Marine (IIIrd Marine Expeditionary Force) (1) et d’une formation équivalente à un régiment (les 2 200 hommes du 31st Marine Expeditionary Unit) est jugé indispensable par les autorités américaines qui considèrent l’île comme une « position clé de la ligne de front (key frontline base) face à la Chine et à la Corée du Nord. Washington a aussi argué que cette nouvelle répartition faciliterait les interventions humanitaires américaines en cas de catastrophe naturelle majeure dans la zone du Pacifique, ce qui ne peut laisser le gouvernement japonais indifférent après le désastre du 11 mars 2011.

 

Or la population tolère de moins en moins le coût financier et la présence de l’armée américaine dans l’île, dont 10 % du territoire est affecté aux installations militaires. La soldatesque commet régulièrement des actes de délinquance et les habitants subissent les nuisances des entraînements, et aussi un certain mépris des autorités états-uniennes pour leur sécurité. 24 Osprey MV-22, appareils destinés au remplacement des hélicoptères de transport de troupes CH-46 ont été officiellement choisis pour leurs meilleures capacités techniques comparativement aux hélicoptères CH-46 (vitesse double et capacité de portage triple). Leur rayon d’action (3 900 km) permettrait une rapide projection de troupes sur la péninsule coréenne. Mais, les déficiences techniques à répétition ayant occasionné le décès des personnels embarqués (Maroc, Floride et le 5 août 2013 sur une base américaine d’Okinawa) inquiètent les habitants et autorités locales qui se sont opposés vigoureusement à leur arrivée. Les Okinawaiens font également obstacle au déménagement de la base aéronavale de Futenma (qui doit être réinstallée dans la la baie de Henoko). Cette résistance passive, qui rappelle sur la forme celui du « Mouvement d’opposition à l’extension du camp du Larzac » des années 1970 : un noyau de militants, soutenus par la population, se relaient en permanence sur le chantier pour empêcher la progression des travaux. S’ajoute à cela le fléau des viols perpétrés régulièrement et en quasi-impunité (en raison de l’extra-territorialité des polices militaires) depuis 1945 par des soldats américains (118 viols ont été commis par des GI’s entre 1972 et 2008, selon un décompte de l’association des femmes d’Okinawa contre la violence militaire, réalisé à partir de rapports de police et de la presse locale (2). Ce phénomène récurrent (deux marins américains ont été condamnés cette année par un tribunal japonais à 9 et 10 ans de prison pour le viol en octobre 2012 d’une habitante de l’île) a obligé l’état-major des marines a décrété un couvre-feu pour ses hommes.

 

L’actualité entretient le souvenir douloureux de la Seconde Guerre mondiale, la bataille est ancrée dans les mémoires, et aussi souvent dans les chairs. L’année dernière (le 23 juin 2012, en marge des cérémonies officielles) des contemporains de l’affrontement ont relaté leur histoire. « Maman, je suis encore venue te voir cette année », susurre une habitante de Naha, Keiko Oshiro (68 ans). Nourrisson en 1945, Oshiro ne se souvient pas du visage de sa jeune mère, Tomi, âgée de 21 ans, atteinte à l’épaule par une balle alors qu’elle l’alimentait au sein. Selon le témoignages de proches, Tomi serait décédée dans une des grottes servant d’abris et d’hôpitaux aux militaires et aux civils. Lorsque le nom de sa mère a été gravé sur l’un des murs du Mémorial en 1995, Oshiro a pu commencer à faire le deuil de cette disparition… Fumi Nakamura (79 ans), une habitante du village de Nakagusuku est également venue rendre hommage à son père, mort de la malaria dans un camp des prisonniers. Résidant à proximité d’un aérodrome militaire américain, Nakamura déclare se crisper lorsqu’elle entend le rugissement du moteur des avions…

 

On comprend, à la lecture des récits de ces témoins que les habitants de l’île souffrent encore des conséquences de cet épisode de leur histoire : la guerre est restée quelque part en eux. En août 2012, 40 résidents de l’île (survivants ou membres de la famille des victimes) ont décidé d’ester contre le gouvernement : ils réclament un dédommagement financier et moral (une compensation financière de 440 millions de yen et des excuses officielles) pour les souffrances endurées pendant la Seconde Guerre mondiale, soulevant au passage la douloureuse question de l’implication des civils dans la bataille. Cette réclamation s’insère dans un mouvement plus large de reconnaissance des excès de l’armée impériale commis à l’encontre des habitants pendant la guerre.

 

Okinawa est une île marquée par l’Histoire… De par sa position géostratégique, et les derniers développements dans la région le confirment, l’île reste et restera une pièce maîtresse de l’« échiquier nord-américain» dans la région, notamment en raison de l’importance militaire des îles Nansei, passage obligé pour la marine de guerre chinoise voguant vers le Pacifique. Okinawa est un « porte-avion fixe » et une base avancée de l’armée américaine faisant face au continent est-asiatique. Pour ces raisons, les États-Unis ne sont pas prêts de retirer leurs troupes d’une position aussi importante, de surcroît acquise par la mort au combat de milliers de GI’s et de marines, au cours de ce qui a probablement été la bataille la plus sanglante de la bataille du Pacifique. Bataille ayant eu également pour conséquence (même si ce n’était pas la raison première), les bombardements atomiques de Hiroshima et de Nagasaki… Position qui cependant pourrait légitimement défendue par les forces japonaises elles-mêmes, si l’article 9 de la Constitution venait enfin à être modifié et redonnerait au Japon (troisième puissance économique mondiale) sa dignité et sa place comme grande puissance à part entière. De grands espoirs sont portés sur le Premier ministre Abe Shinzô qui œuvre en ce sens dans un contexte international devenu favorable (3).

 

La bataille : enjeux, unités engagées, déroulement des opérations et bilan des pertes humaines

 

Okinawa est une bataille majeure de la guerre Asie – Pacifique : l’ « Opération Iceberg », nom de code donné à l’automne 1944 par l’état-major américain au plan d’invasion des îles Ryûkyû, est l’opération amphibie ayant mobilisé le plus de moyens humains et matériels sur le front Pacifique depuis 1941. Pour la seconde fois, l’armée impériale japonaise va défendre le sol national avec opiniâtreté et courage (Iwo Jima est tombée le26 mars). Surtout, il s’agit d’empêcher l’armée américaine de contrôler les deux bases aériennes de l’île (Yontan et Kadena), autant de facilités pour les flottes de bombardiers stratégiques d’atteindre les îles principales du Japon et sa capitale (550 km environs séparent les deux archipels). Okinawa prise, les troupes américaines pourraient y stationner en prévision de l’invasion du Japon, programmée pour le printemps 1946 (Opération DownFall).

 

Les troupes alliées, très majoritairement américaines (la contribution britannique et des pays du Commonwealth, plus modeste, est navale et logistique) sont appuyées par une importante marine de guerre. L’armée d’invasion (la Xe armée), de plus de 180 000 hommes ayant une expérience du feu inégale, a été subdivisée en deux corps d’armée et en unités de réserve : le IIIe corps amphibie, composé de deux divisions de marines (1re et 6e divisions); le XXIVe corps d’infanterie (7e et 96e divisions d’infanterie), et en réserve la 2e division de marines ainsi que les 27e et 77e divisions d’infanterie. Cette armée est dirigée par le général Raymond A. Spruance.

 

9f312e7244db1e034005b44a2e25f239.jpgL’armée japonaise (la 32e armée, composée de deux divisions d’infanterie  – 24e, 62e divisions – et d’une brigade mixte indépendante), d’un effectif avoisinant 70 000 combattants. La 62e division est une unité aguerrie ayant combattu en Chine. Ce corps principal a été renforcé par des unités à terre de la marine (9 000 hommes), des habitants des îles Ryûkyû réquisitionnés comme combattants ou comme auxiliaires du génie (39 000 individus) et des formations plus modestes composées de lycéens servant de coursiers, de miliciens ou affectés aux hôpitaux de campagne. Les forces navales sont inexistantes ou presque et les forces aériennes reposent sur les unités de Tokubetsu kôgeki-tai (特別攻撃隊), les kamikaze. Comme le firent les officiers commandant les positions de Tarawa ou d’Iwo Jima, les troupes japonaises se sont fortifiées et cantonnées dans des positions souterraines aménagées, construites le plus souvent avec les seuls outils individuels du fantassin (pelle, pioches), un éclairage sommaire et dans des conditions sanitaires pénibles d’un sous-sol volcanique (chaleur et humidité). Les soldats-ouvriers ont ainsi creusé un dense réseau de tunnels de communication et d’installations connectés entre-eux et équipés de discrets systèmes de ventilation. Cette défense a été conçu pour compenser la nette supériorité de la puissance de feu de l’armée d’invasion (aviation, marine et infanterie). D’un point de vue tactique, les fantassins japonais, outre leur valeur intrinsèque, disposent de lance-grenades à tir courbe, très utiles en défense.

 

Avant les opérations terrestres du printemps 1945, l’île a été intensément bombardée : lors du raid du 10 octobre 1944, l’aviation stratégique américaine procède à 1 400 sorties et a lancé 600 tonnes de bombes sur les installations portuaires de Naha et les positions de l’armée. 65 000 civils périrent. Le Jour J, le principal débarquement américain (1er avril 1945) se déroule sans opposition et fait suite aux attaques des îles Kerama et des îlots de Keise prises d’assaut respectivement les 26 et 31 mars.

 

Sur mer, les unités déployées le long de la côte subissent, à partir du 6 avril, des attaques massives et répétées des unités aériennes de kamikaze : entre le 26 mars et le 30 avril, 20 bâtiments lourds sont coulés et 157 unités ont été endommagées; l’armée de l’air japonaise perd 1 100 appareils… Du début des raids massifs au 22 juin, 1 465 unités de kamikaze ont été engagées avec pour cibles privilégiées : les porte-avions. Dans le même esprit, le cuirassé Yamato (le bâtiment était escorté par 8 destroyers), lancé dans une attaque suicide contre l’U.S. Navy, est coulé par l’aviation embarquée américaine (7 avril) sans avoir pu faire le moindre dégât à la flotte de débarquement alliée. Sur une échelle stratégique générale (période du 3 mars au 16 août 1945), les forces aériennes de l’armée de terre et de la marine japonaises ont perdu 2 571 pilotes et aéronefs; la flotte américaine recense 13 navires coulés (dont 9 destroyers) et un grand nombre de navires sérieusement endommagés (9 cuirassés, 10 porte-avions, 4 croiseurs, 58 destroyerset 93 navires de différentes catégories).

 

Sur terre, les unités américaines ont lancé l’offensive sur deux axes après leur débarquement sur les plages de Hagushi (au nord de Naha). La partie nord de l’île est tombée assez rapidement : les aérodromes, enjeux de la bataille, ont été capturés peu après le débarquement (Kadena et Yomidan); le 21 avril, un aérodrome est rendu opérationnel sur l’île de Ie. Le 18 avril, la résistance nippone n’est plus que sporadique et locale dans cette partie de l’île.

 

Mais, comme à Iwo Jima, Ushijima a concentré et fortifié ses unités sur un terrain difficile et c’est dans la partie sud de l’île que va se livrer une sanglante guerre d’usure, proche des combats de la Grande Guerre en Europe. Les positions méridionales de l’île d’Okinawa ont été renforcées et les unités japonaises défendent le terrain pied à pied, avec l’énergie du désespoir et au prix de pertes humaines importantes. Le 12 avril, les unités japonaises contre-attaquent nuitamment avant d’être repoussées et récidivent le 14 avril avec un même résultat. L’offensive américaine reprend, après une relève des unités les plus marquées par l’attrition. La dernière contre-attaque japonaise, le 4 mai, échoue également : mise à découvert, l’artillerie mise en batterie pour appuyer l’assaut a été partiellement anéantie par les canons lourds américains. En juin, sous une pluie continuelle (le phénomène de « mousson japonais », le « tsuyu »), la bataille fait rage autour de la position dite du « Shuri Castle »; celle-ci tombée, la 32e armée se replie, fin mai, encore plus au sud et se positionne sur sa dernière ligne de défense, dans la péninsule de Kiyan. Le dernier carré japonais (environ 40 000 hommes) se bat avec l’énergie du désespoir : face à l’attaque de la 6e division de marines, 4 000 marins japonais (dont l’amiral Minoru Ota) se suicident dans les constructions souterraines leur servant de quartier-général (13 juin).

 

Le 21 juin se livrent les derniers combats d’importance : les généraux Ushijima et Chô se donnent la mort par éventration dans leurs quartiers généraux de la cote 89. Jusqu’en août 1945, des éléments isolés poursuivaient encore le combat contre l’armée américaine en différents points de l’île.

 

Les pertes humaines sont sans précédent sur le front du Pacifique : l’armée américaine déplore 62 000 hommes mis hors de combat (dont 12 500 tués ou portés disparus), à titre de comparaison 58 000 GI’s trouveront la mort au Vietnam entre 1967 et 1973… L’armée japonaise déplore 95 000 morts au combat ou s’étant donné la mort par seppuku ou à l’aide d’une grenade à main (voir l’épisode poignant du film de Clint Eastwood, Letters from Iwo Jima, montrant la mort de soldats japonais selon ce procédé). 7 400 soldats japonais ont été faits prisonniers. Les pertes humaines au sein de la population civile sont estimées être entre 42 000 et 150 000 tués; mais les statistiques officielles de l’armée américaine – qui prennent en considération les civils réquisitionnés – avancent le chiffre de 142 058 victimes (soit ? de la population).

 

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Suicides volontaires ou sacrifice programmé ? Un phénomène d’implication totale de l’individu impliquant les militaires…

 

La bataille d’Okinawa frappe encore les imaginations par les suicides de masse de combattants et de civils, mais aussi par la détermination des combattants (attaques nocturnes au corps-à-corps, collision volontaire de pilotes kamikaze sur les bâtiments de la flotte américaine, flottilles de bateaux suicides, sortie du cuirassé Yamato).

 

L’histoire des kamikaze a fait coulé beaucoup d’encre. Les morts volontaires de pilotes japonais (et américains) dans le Pacifique étaient avant cela des actes héroïques et isolés, d’hommes aux commandes d’un engin sérieusement endommagé et se trouvant dans une situation sans issue. Dès 1942, des pilotes japonais se sacrifient dans de semblables situations et l’idée d’attaques suicides massives chemine dans les esprits en raison du renversement de la situation militaire. La 201e escadrille est la première formation de volontaires a avoir été formée dans ce but et engagée pendant la bataille de Leyte (la première mission se déroule le 25 octobre 1944). Selon Raymond Lamont-Brown, les pilotes auraient eu différents profils à différents moments de leur implication dans la guerre; des profils qui auraient évolués dans le temps. Dans un premier temps se seraient engagés uniquement des volontaires, patriotes fervents, romantiques et inspirés par l’esprit de la chevalerie japonaise : ce sont eux qui instituent les pratiques et les rituels attribués aux kamikaze (écriture de testaments et de poèmes, port d’attributs patriotiques et faisant référence à l’esprit guerrier japonais, la consommation de la dernière coupe de saké, etc.). Les générations suivantes de volontaires auraient eu des motivations plus « rationnelles » : ces jeunes hommes sont souvent des étudiants dont la formation a été interrompue par la guerre ou plus généralement des individus ayant reçu une excellente éducation (85 % étaient lycéens ou étudiants). La lettre de Sasaki Hachirô ci-dessus témoigne d’une grande maturité, mais aussi et surtout d’une forme de résignation : on se sacrifie par devoir, par nécessité… À l’extrême fin de la guerre, toujours selon Raymond Lamont-Brown, d’autres jeunes pilotes auraient été recrutés parmi les délinquants ou des personnes dont le comportement les mettaient en marge de la société. Il est difficile de prendre pour argent comptant une telle catégorisation, mais il est probable qu’il y ait eu une « dépréciation » de la qualité morales des pilotes (des volontaires éduqués aux exclus de la société) en raison du manque de candidats à la mort… La jeunesse (17 ans pour certains) et le niveau d’éducation élevé des kamikaze montre la volonté consciente ou non des autorités militaires à priver la nation d’un futur… Il témoigne aussi peut-être d’une forte intériorisation des valeurs patriotiques apprises, notamment (mais pas seulement) en milieu scolaire. Pendant la bataille d’Okinawa les pilotes étaient aux commandes de chasseurs de combats ou de bombardiers-torpilles (ohka). Ils ont été engagés dans 10 raids majeurs contre la flotte américaine (6 avril – 2 juin 1945). Sur mer, des navires-torpilles, basés dans l’île de Kerama, n’ont pu être engagés et ont été détruits dans leurs installations par les soldats de la 77e division américaine et le cuirassé Yamato, nous l’avons vu, a été coulé avec 4 destroyers de son escorte.

 

Enfin, sur terre, l’armée impériale se livre à des attaques nocturnes ayant pour objectif d’engager l’ennemi en limitant les effets ravageurs de sa puissance de feu. On constate pendant la bataille que, comme pendant la Grande Guerre, l’usage d’une puissance de feu considérable ne peut empêcher la confrontation directe et rapprochée des infanteries ennemies. Celle-ci est souvent d’une brutalité multipliée, parce que fondée sur la recherche du corps-à-corps en réponse à la volonté d’annihilation par les armes de destructions massives (exemple des Stosstruppen de la Première Guerre mondiale). Le soldat japonais s’est bâti une solide réputation de combattant résolu autant pour cette raison que pour sa valeur intrinsèque. Toutefois, la détermination des soldats nippons est une composante de la stratégie des armées alliées qui a pris en considération ce « facteur ». Le maréchal William Slim, commandant des forces alliées en Inde aurait déclaré : « Tout le monde parle de se battre jusqu’au dernier homme, mais actuellement seuls les Japonais le font ». Si les « charges banzai » ont eu un impact moral sur les combattants alliés, les moteurs psychologiques de celles-ci sont plus complexes qu’il n’y parait. Dans son ouvrage, Joanna Bourke (4) souligne l’importance de l’action de « tuer ». Sans minorer l’importance des facteurs et effets psychologiques collectifs (camaraderie, propagande, diabolisation de l’ennemi) et individuels, essentiellement la peur de la mort, cette étude apporte un éclairage significatif l’« intimité » de l’homicide en temps de guerre, la mort donnée au contact de l’ennemi. Les représentations de l’acte de tuer, bâtie souvent sur une éducation, une vision romantique de la guerre ou instrumentalisée par la propagande, tiennent une place importante; et bien souvent l’attaque à la baïonnette ou à l’arme blanche, est considérée être la plus virile et prend une dimension mythique (au Japon le « mythe du samurai »), que renforce le « culte de l’offensive » prôné par l’état-major (qui rappelle la doctrine française des premiers mois de la Grande Guerre). L’entraînement et la discipline (très difficiles dans l’armée impériale japonaise) stimulent le sentiment d’agressivité tout en se mariant aux représentations positives (le mythe du guerrier/« nous ») et négatives (dévalorisation de l’ennemi/« eux ») : l’accent est mis sur les comportements instinctifs et les pulsions primales. Ces facteurs « théoriques » prennent une ampleur plus importante avec l’enchaînement des violences et le sentiment de livrer un combat désespéré.  Ces facteurs sont des pistes utiles à la compréhension des moteurs psychologiques externes et généraux sous-jacents aux attaques suicides, conduites dans un contexte militaire ayant pour horizon la défaite.


 

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Le suicide individuel ou collectif à la grenade était une pratique de l’armée impériale en campagne, souvent le fait de soldats épuisés, grièvement blessés et d’aucune « utilité » militaire. Le sergent Nishiji Yasumasa, décrit une scène de mort collective dans la jungle birmane :« Il arrivait souvent que les soldats prennent leur propres vies par paires. Ils s’étreignaient et plaçaient une grenade entre eux. Nous appelions cela un suicide double. »

 

Les officiers supérieurs pratiquaient généralement l’éventration au sabre (exemple sus-mentionné des généraux Ushijima et Chô) ou livraient le dernier combat avec leurs hommes.

 

Les modes opératoires pourraient être divisés en deux catégories : celui du combattant en pleine potentialité (et correspondant aux normes admises par le groupe) et les autres. Les premiers se donnent la mort avec « noblesse » (seppuku, suicide des pilotes kamikaze) ou au combat avec des armes nobles et viriles (arme blanche, baïonnette); un combat visant au corps-à-corps. Concernant les pilotes d’avion, il pourrait s’agir ici d’une importation des valeurs martiales occidentales qui assimile le combat aérien à un duel chevaleresque (constatations de Joanna Bourke). Que se soit l’arme blanche ou les commandes d’un avion, l’« arme » (avion, sabre, baïonnette) est un prolongement de la main de l’homme : la mort est donnée par la volonté et l’aptitude du combattant à tuer. Il s’agit d’un acte jugé authentique. Les armes de projection (fusils, fusils-mitrailleurs, mitrailleuses, etc.) ou projetées (grenade à main) sont moins valorisantes (parce que utilisées à distance par un tireur susceptible d’atteindre sa cible à l’insu de celle-ci), c’est pourquoi, elles sont utilisées par les combattants ne se trouvant plus en mesure de se battre. Il y a peut-être, au regard de ces constatations, une dimension culturelle et symbolique dans ces actes. Une dimension que nous replacerons dans un contexte général, en infra.

 

Il est surtout intéressant de constater le phénomène de contagion de la pratique et des méthodes suicidaires des militaires aux civils.

 

… Et, par contagion, les populations civiles

 

C’est surtout l’implication directe des civils dans la bataille, phénomène majeur de la Seconde Guerre mondiale (et déjà constaté pendant la Grande Guerre) qui marque encore les esprits, même si en cela la bataille d’Okinawa ne constitue pas un précédent : celle de Saipan (15 juin – 9 juillet 1944), la préfigurait déjà. Pourquoi ? Parce que la prise de cette île signifiait le bombardement régulier du sol national… Le général Saito n’a fait aucune distinction entre civils et militaires dans les derniers moments de la bataille (préconisant que les premiers s’arment de lances en bambou) qui s’est conclue par une attaque suicide de grande ampleur. Dans le cas de la bataille de Saipan également, des civils se sont jetés du haut de falaises…

 

À la différence de la population d’Iwo Jima, qui a été évacuée sur l’ordre du général Kuribayashi, les habitants d’Okinawa ont dû rester sur place et ont été mobilisés pour des travaux de terrassement et comme combattants. D’ailleurs une population aussi nombreuse aurait-elle pu être déplacée, compte tenu de l’état de délabrement de la flotte japonaise, après plus de trois années de guerre dans le Pacifique ?

 

La population a souffert des excès de militaires (confiscation de nourriture, exécution d’habitants soupçonnés d’espionnage en raison de la différence de leur dialecte) et des conditions sanitaires. Si une frontière perméable exista entre le statut de civil et de combattant (Jean-Louis Margolin les qualifient de « civils militarisés »), c’était autant pour des motifs opérationnels qu’idéologiques (une nation unie contre l’envahisseur) : les habitants de l’île sont des auxiliaires précieux en raison de leur connaissance du terrain, mais aussi, pratique peu honorable, comme chair à canons : si des soldats porteurs d’une charge d’explosif ont pu se faire passer pour des civils pour commettre des attaques suicides, les civils étaient souvent utilisés pour cette mission ou comme boucliers humains pour couvrir une attaque… Sur l’île d’Ie, des femmes armées de lances se sont opposées aux troupes américaines. Ailleurs, des collégiens ont été enrôlés dès l’âge de 13 ans et divisés en escouades, souvent armés de sabres, voire d’explosifs : leur mission dans ce cas était de se précipiter sur les chars américains ou d’aller au contact de l’ennemi. Imamine Yasunabu témoigne : « Il y eut un cas où le groupe avec qui j’étais aperçut 40 ou 50 militaires américains à peu près à 100 mètres. Nous priâmes notre professeur de nous permettre d’ouvrir le feu. À ce moment, nous disposions de fusils. Il refusa, et l’ennemi finit par disparaître sans que nous ayons eu une chance d’agir. Je fus à cette époque stupéfait du comportement du professeur. Maintenant, je le comprends. Il réalisait que le Japon était en train de perdre, et il ne voulait pas sacrifier ses élèves. Nous n’avions que 6 balles chacun. Si nous avions ouvert le feu, les Américains, bien équipés, nous auraient aisément anéantis. »

 

La similitude des décisions et du comportement des officiers supérieurs à l’endroit des populations civiles à Saipan et à Okinawa laissent supposer la possible existence de directives de l’état-major général à l’endroit des populations civiles (ce qui a été partiellement admis par le ministère de l’ Éducation japonais en 2006), mais il ne fait aucun doute que celles-ci étaient considérées comme des « combattants ».

 

Enfin, sur ordre de l’armée, les habitants auraient été incités ou contraints de se suicider sur le modèle des militaires. Les suicides se sont produits par vagues, tout au long de la bataille : la première a eu lieue au moment du débarquement, voire dans certains cas, avant celui-ci, par crainte des représailles et des exactions américaines. Les circonstances ont été décrites par l’historien Jean-Louis Margolin : les responsables, civils ou militaires, organisèrent des regroupements communautaires (familles, voisins); les participants après un toast d’adieu se donnaient la mort (une personne dégoupillait une grenade au milieu d’un petit groupe de participants). Des témoins auraient assistés à des scènes d’horreur entre membres d’une même famille : assassinat à l’arme blanche, matraquages à mort, lapidations…

 

Komine Masao (77 ans en 2007), un survivant des suicides compulsifs de l’île de Tokashiki, raconte (propos recueillis par Kamata Satoshi, le narrateur dans l’extrait qui suit) :« Monsieur Komine m’a montré une grotte d’évacuation [des populations] construite à flanc de colline. Il avait 15 ans au moment de la bataille, et avec l’aide de son jeune frère (qui avait atteint le premier grade [sic]), il l’a creusé pour que sa famille puisse y trouver refuge. La cavité était large de 3 mètres et profonde de 10 mètres. À l’intérieur, Masao, sa grand-mère , tantes et autres parents y ont trouvé refuge des attaques aériennes et des tirs de l’artillerie de marine, mais le 28 mars, le jour suivant le débarquement américain dans l’île, ils se rendirent à Nishiyama, désigné comme un “ point de rassemblement ”. Ce jour-là, des grenades ont été distribuées aux personnes réunies. Massao et ses parents s’assirent en cercle. Sa mère et sa sœur, qui étaient allées chercher du ravitaillement, à leur retour se joignirent au cercle. Sa mère étreignit ses enfants comme s’ils étaient deux jeunes oisillons. Alors le cercle de chaque famille se resserra, se pressant les uns contre les autres et les grenades détonnèrent. Des explosions assourdissantes se firent écho et les gens crièrent. À cet instant, un feu de mortier américain s’abattit sur eux. Comme il était un enfant, Masao n’a pas reçu de grenade, mais le milicien (“ local defense soldier ” dans le texte, ou bôeitai) près de lui en avait une et elle explosa. Sur le sol gisaient des gens recouverts de sang. Les corps allongés les uns sur les autres. Ce jour-là, 315 personnes moururent sur l’île de Tokashiki, soit le tiers de la population du village de Awaren. Les personnes en familles qui ne parvinrent pas à faire exploser leurs grenades s’entre-tuèrent à la faucille ou au rasoir, en se frappant avec des battes ou des rochers ou s’étranglèrent avec des cordes…Ceux qui encore en vie se pendirent eux-mêmes ».

 

Dans d’autres cas, les militaires accompagnent en les contraignant peut-être les civils dans la mort, comme en témoigne notamment le récit de Frank Barron, combattant de la 77e division d’infanterie. L’action se déroule à Kerama Retto, le 26 mars 1944 : « Comme nous atteignions le sommet du premier repli de terrain, j’ai réalisé que les fantassins autour de moi étaient pétrifiés. Aussitôt mon attention a été attiré par un groupe de civils. Sur notre droite, sur le rebord du précipice, une jeune femme portant un nourrisson dans ses bras, avec derrière elle, une autre jeune femme, précédée d’un enfant de 2 ou 3 ans. Elles étaient à 30 ou 40 pieds de moi, toutes les deux nous regardant fixement comme de petits animaux apeurés. À cet instant, apparu la tête d’un homme derrière les épaules de la femme (sic). Je n’ai pu seulement voir que sa tête et son cou, mais il avait un collet d’uniforme. Si cet homme a une arme, à savoir une grenade, nous serions réellement en situation périlleuse, à moins que nous n’ouvrions le feu et tuions l’ensemble des individus se trouvant sur cette colline. J’ai fait signe à l’homme de s’approcher de moi, tandis que je me déplaçai de quelques pas pour voir si il avait quelque chose à aux mains. En un instant, ils étaient tous évanouis. Si j’avais  fait quelques pas de plus, j’aurais pu voir leurs corps rebondir le long de la paroi jalonnant leur chute. »

 

Ailleurs, les suicides en masse se firent avec de la mort-au-rat, quand les grenades vinrent à manquer (île de Zamami, en ce lieu 358 civils trouvèrent la mort). Il y eu des cas, où des officiers poussèrent la population au suicide, puis se rendirent aux troupes américaines (îles de Tokashiki et de Zamami).

 

Cet ensemble de témoignages illustre le contexte d’extrême tension nerveuse dans laquelle se trouvait les habitants. Si il est impossible de connaître les mobiles exacts des personnes à s’entre-tuer ou à commettre l’acte suprême d’autodestruction. Les actes perpétrés par les uns et les autres sont révélateurs d’un contexte : il existe probablement une étude sur ces questions, mais pour saisir ces mécanismes, je renvoie à la lecture du livre d’Alain Corbin (Le village des cannibales), une analyse du massacre d’Hautefaye en 1870.

 

En définitive, cette tactique délibérée ou non a eu pour effet de raidir l’affrontement : les soldats américains préférant souvent ouvrir le feu, et même sur des enfants, que d’être victimes d’une potentielle attaque suicide.

 

Okinawa : une « bataille Ragnarök » dans une guerre totale ?

 

Nous pourrions qualifier l’affrontement d’Okinawa de « bataille Ragnarök », une bataille ultime, eschatologique (nous signalons au passage que cette dimension n’apparaît pas dans la mythologie japonaise). Pourquoi ?

 

Tout d’abord parce qu’elle se déroule sur le sol national, comme à Iwo Jima. Il ne s’agit plus d’îles lointaines comme auparavant. Nous sommes dans le contexte des bombardements de Tôkyô, celui de la nuit du 9 au 10 mars (20 jours avant l’attaque générale sur Okinawa), surpasse en victimes et en intensité celui de Dresde (100 000 victimes de bombes incendiaires lancées de manière à provoquer un maximum de dégâts sur la population et leurs habitations, 30 km2 de surface urbaines ont été détruits). En cette fin de conflit (commencé en 1937), la violence devient quasi-paroxystique et le nombre des pertes humaines augmente sensiblement (186 000 combattants jusqu’en 1941, puis 2 millions, dont 400 000 civils entre 1942 et 1945).

 

Les officiers supérieurs (et probablement une large partie de la population) ont conscience de livrer une bataille perdue d’avance… Le capitaine Koichi Itoh a déclaré, lorsqu’il a été interrogé sur ces événements plusieurs années après : « Je n’ai jamais envisagé, après le commencement de la guerre, que nous puissions la gagner. Mais après la chute de Saipan, je me suis résolu à admettre que nous l’avions perdue. »

 

Quelque puisse être le mobile, l’honneur, la défense de la patrie, différer l’invasion américaine, etc., la guerre est perdue et l’on redoute la ire du vainqueur (le sentiment de peur est entretenu par la propagande) et peut-être la fin d’une vision du Japon.

 

À cela s’ajoute des facteurs internes, tout d’abord le rôle de la propagande. Si cette dernière a pu être intériorisée par les combattants japonais (et en particulier sur les officiers) et peut-être les plus jeunes habitants d’Okinawa, son impact est difficile à déterminer, mais les acteurs ont dû se positionner par rapport à elle. De la lucide méfiance (dans sa lettre Sasaki Hachirô qualifie de « litanies creuses » les discours des « chefs militaires ») à l’adhésion sincère et naïve (dans son journal personnel un jeune habitant d’Okinawa de 16 ans qualifie les Américains de « Bêtes démoniaques », plusieurs passages du texte répète son patriotisme et son attachement au Japon au point de donner sa vie), la palette des motivations a pu varier dans le temps. Les femmes et les enfants qui se donnent la mort « à chaud » dans la bataille n’ont probablement pas suivi le même « raisonnement » qu’un pilote de kamikaze qui « à froid » décide de se porter volontaire pour une mission sans retour.

 

Ces suicides marquent aussi un refus de la réalité, de la défaite et de ses possibles conséquences. D’autant et bien qu’occulté par l’ampleur du nombre des suicides parmi les civils, il apparaîtrait aujourd’hui que, comme sur le sol français (et à une échelle moins importante que l’armée russe en Allemagne au printemps 1945), des soldats américains aient violé des habitantes de l’île (peut-être 10 000 cas).

 

Cette bataille (par un phénomène déjà constaté dans d’autres engagements nippo-américains dans le Pacifique et en particulier à Saipan) prend une dimension symbolique : le Japon offre la valeur (et les valeurs traditionnelles) de ses combattants aux moyensimpersonnels et techniques de l’armée américaine… Cette interprétation paraît résulter autant d’une décision pragmatique sur le champ de bataille que d’une interprétation dépréciative sur la combativité du soldat américain. L’exemple des femmes armées de lance (à l’instar des « fédérés » de la Révolution française, mais aussi parce que les armes longues sont généralement l’apanage des femmes au Japon, par exemple le naginata) symbolise l’engagement total d’un peuple (les femmes étant généralement tenues éloignées du métier des armes) pour défendre son sol, teintés de la part de quelques officiers d’une forme de mépris de la vie humaine. La dimension symbolique se retrouve peut-être également dans les suicides de mères et de leurs enfants du haut des falaises d’Itoman, peut-être un répétition involontaire et inconsciente du sacrifice du jeune empereur Antoku, précipité dans les flots par sa grand-mère Nii qui l’accompagne dans la mort lorsque la bataille navale de Dan-no-Ura (1185) a été perdue pour le clan Taira (face aux Minamoto qui instaureront le premier shôgunat).

 

Si ces facteurs ont motivés les suicides compulsifs (coercition des militaires, propagande et l’éducation données aux jeunes habitants de l’île dans le cadre d’une politique d’assimilation), on recherche aussi échapper à l’ennemi et la mort paraît être le seul refuge, comme pour les défenseurs de Massada… On redoute la culpabilité et l’infamie pour avoir préféré le déshonneur de vivre et d’endosser une partie de la responsabilité de la défaite… On retrouve un écho de cet état d’esprit (notamment dans la littérature et les mangas) dans la jeune génération n’ayant pas pris les armes de l’après-guerre… Les arguments culturels ont été avancés, le code de l’honneur du « bushidô » (en réalité une construction intellectuelle à destination des Occidentaux) notamment… Mais que penser de la lettre de Ichizu Hayashi, pilote de confession chrétienne ? On se rend bien compte qu’il est quasi-impossible de comprendre totalement le phénomène.

 

En 1944, le Japon était entré, selon l’expression de Maurice Pinguet, dans l’« engrenage du sacrifice » : « Dans la guerre du Pacifique, l’armée japonaise avait mis son existence en jeu, la défaite serait sa mort – ce serait donc aussi la mort du Japon : elle s’identifiait trop étroitement à la nation pour imaginer une autre conclusion. » Cela, je pense, résume bien ce qui s’est déroulé à Okinawa à une échelle ayant atteint quasiment son paroxysme.

 

Rémy Valat

 

Notes

 

1 : L’accord initial prévoyait, selon une source rendue disponible par la marine américaine en 2009, le départ de l’état-major du IIIrd M.E.F. pour Guam. Cette structure est un élément singulier des forces américaines outre-mers : elle est dirigé par un lieutenant-général qui commande les forces américaines sur l’île et sert de coordinateur pour la « zone d’Okinawa ».

 

2 : Cf. http://japon.aujourdhuilemonde.com/au-japoncontre-les-viols-des-soldats-americains-les-femmes-lancent-un-cri-dalarme

 

3 : Le 28 août dernier, le ministre de la Défense japonais, Itsunori Onodera et le secrétaire d’État à la Défense nord-américain, Chuck Hagel, ont entamé une discussion en faveur d’une possibilité pour les forces aériennes d’autodéfense japonaise d’effectuer des frappes préventives sur des bases ennemies (c’est-à-dire contre la Corée du Nord).

 

4 : Joanna Bourke, Intimate Story of Killing. Face-to-Face Killing in Twentieth-Century Warfare, Londres, Granta, 1999. Cette étude aborde aussi la guerre du Pacifique, bien que centrée sur la Première Guerre mondiale.

 

Bibliographie

 

• Astor Gerald, Operation Iceberg. The invasion and conquest of Okinawa in World War II, World War II Library, 1995.

 

• Daily Yomiuri (The), 24 juin et 16 août 2012.

 

• Kakehashi Kumiko, Lettres d’Iwo Jima. La plus violente bataille du Pacifique racontée par les soldats japonais, Les Arènes, 2011.

 

• Lamont-Brown Raymond, Kamikaze. Japan’s suicide samurai, Cassell Military Paperbacks, 1997.

 

• Margolin Jean-Louis, Violences et crimes du Japon en guerre (1937 – 1945), Hachette, Pluriel, 2007.

 

• Pinguet Maurice, La mort volontaire au Japon, Tel – Gallimard, 1984.

 

• Rabson Steve, The Politics of Trauma. Compulsory Suicides During the Battle of Okinawa and Postwar Retrospectives, http://intersections.anu.edu.au/issue24/rabson.htm.

 

• U.S. Army in the World War II. The War in the Pacific. Okinawa The last battle,www.ibiblio.org/hyperwar/USA/USA-P-Okinawa/USA-P-Okinawa.

 

Concernant les violences et leur dimension psychologiques en temps de guerre, voici quelques pistes de lectures :

 

— Alain Corbin, Le village des cannibales, Aubier, 1990.

 

— Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires, le 101e bataillon de réserve de police allemande et la solution finale en Pologne, Belles Lettres, 1994, (chapitre « Des hommes ordinaires »).

 

— Louis Crocq, Les traumatismes de guerre, Odile Jacob, 2006.

 

— Jacques Sémelin, Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et des génocides, Le Seuil, 2003.

 

— Rémy Valat, Les calots bleus et la bataille de Paris. Une force de police auxiliaire pendant la guerre d’Algérie, Michalon, 2007 (chapitre « Salah est mort ! Les moteurs psychologiques d’une unité en guerre »).

 


 

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Historical Reflections on the Notion of “World War”

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Robert Steuckers:

Historical Reflections on the Notion of “World War”

First thesis in this paper is: a World War was started in 1756, during the “Seven Years’ War” or “Austrian Succession War” and has lasted till now. We still experiment the effects of this 1756 World War and present-day events are far results of the scheme inaugurated during that remoted 18th century era.

Of course, it’s impossible to ignore all the dramatic events of the 17th century, which lead to the situation of the mid-18th century, but it would make this short paper too exhaustive. Even if Britain could already master the Western Mediterranean by controling Gibraltar and the Balears Isles after the “Spanish Succession War”, many British historians are anyway aware nowadays that British unmistakeable supremacy was born immediately after the “Seven Years’ War” and that seapower became the most determining factor for global superiority since then. Also it would be silly to forget about a certain globalization of conflicts in the 16th century: Pizzaro conquered the Inca Empire and stole its gold to finance Charles V’s war against the Ottomans in Northern Africa, while the Portuguese were invading the shores of the Indian Ocean, beating the Mameluks’ fleet in front of the Gujarat’s coasts and waging war against the Yemenite and Somali allies of the Turks in Abyssinia. The Spaniards, established in the Philippines, fought successfully against the Chinese pirates, who wanted to disturb Spanish trade in the Pacific. Ivan IV the Terrible by conquering the Volga basin till the Caspian made the first steps in the direction of the Russian conquest of Northern Asia. The war between Christianity (as defined by Emperor Charles V and Philipp II of Spain) and the Muslims was indeed a World War but not yet fully coordinated as it would always be the case after 1759.

For the British historian Frank McLynn, the British could beat their main French enemy in 1759 —the fourth year of the “Seven Years’ War”— on four continents and achieve absolute mastery of the seas. Seapower and sea warfare means automatically that all main wars become world wars, due to the technically possible ubiquity of vessels and the necessity to protect sea routes to Europe (or to any other place in the world), to transport all kind of materials and to support operating troops on the continental theatre. In India the Moghul Empire was replaced by British rule that introduced the harsh discipline of incipient industrialism to a traditional non hectic society and let the derelict Indian masses —of which one-third perished during a famine in 1769— produce huge bulks of cheap goods to submerge the European markets, preventing for many decades the emerging of a genuine large-scale industry in the main kingdoms of continental Europe. While France was tied up in a ruinous war in Europe, the British Prime Minister Pitt could invest a considerable amount of money in the North American war and defeat the French in Canada, taking the main strategical bases along the Saint-Lawrence river and conquering the Great Lakes region, leaving a giant but isolated Louisiana to the French. From 1759 on, Britain as a seapower could definitively control the Northern Atlantic Ocean and the Indian Ocean, even if the French could take revenge by building a new efficient and modern fleet in the 1770s anyway without regaining full global power.

The Treaty of Paris of 1763 marked the end of French domination in India and Canada, a situation that didn’t preoccupy Louis XV and his mistress Madame de Pompadour but puzzled the King’s successor, the future Louis XVI, who is generally considered as a weak monarch only interested in making slots. This is pure propaganda propagated by the British, the French revolutionaries and the modern trends in political thought. Louis XVI was deeply interested in seapower and sea exploration, exactly as the Russian were when they sent Captain Spangberg who explored the Kurils and the main Northern Japanese island of Hokkaido in 1738 and some years or decades later when they sent brilliant sailors and captains around the world such as Bering and his Lieutenant Tshirikov —who was the first officer to hoist the Russian imperial flag on the Pacific coast of Northern America— and Admiral von Krusenstern (who claimed the Hawai Islands for Russia), Fabian Gottlieb Bellingshausen (who circumnavigated the Antarctic for the first time in mankind’s history) and Otto von Kotzebue (who explored Micronesia and Polynesia), working in coordination with land explorers such as Aleksandr Baranov who founded twenty-four naval and fishing posts from the Kamtshatka peninsula to California. If the constant and precious work of these sea and land explorers would have been carried on ceaselessly, the Pacific would have become a Russian lake. But fur trade as a single practiced economical activity was not enough to establish a Russian New World empire directly linked to the Russian possessions in East Siberia, even if Tsar Aleksandr I was —exactly as Louis XVI was for France— in favour of Pacific expension. Tsar Nikolai I, as a strict follower of the ultraconservative principles of Metternich’s diplomacy, refused all cooperation with revolutionary Mexico that had rebelled against Spain, a country protected by the Holy Alliance, which refused of course all modifications in political regimes in name of a too uncompromising traditional continuity.

Louis XVI, after having inherited the crown, started immediately to prepare revenge in order to nullify the humiliating clauses of the 1763 Paris Treaty. Ministers Choiseul and Praslin modernized the dockyards, proposed a better scientific training of the naval officers and favoured explorations under the leading of able captains like Kerguelen and Bougainville. On the diplomatic level, they imposed the Spanish alliance in order to have two fleets totalizing more vessels than the British fleet, especially if they could table on the Dutch as a third potential ally. The aim was to build a complete Western European alliance against British supremacy, while Russia as another latent ally in the East was trying to concentrate its efforts to control the Black Sea, the Eastern Mediterranean and the Northern Pacific. This was a genuine, efficient and pragmatical Eurasianism avant la lettre! The efforts of the French, Spaniards and Dutch contributed to the American revolt and independance, as the colonists of the thirteen British colonies on the East Coast of the present-day US-territory were crushed under a terrible fiscality coined by non-elected officials to finance the English war effort. It is a paradox of modern history that traditional powers like France and Spain contributed to the birth of the most anti-traditional power that ever existed in mankind’s history. But modernity is born out the simple existence of a worldwide thalassocracy. The power which detains seapower (or thalassocracy) is ipso facto the bearer of modern dissolution as naval systems are not bound to Earth, where men live, have always lived and created the continuities of living history.

Pitt ,who was governing England at that time, could not tolerate the constant challenge of the French-Spanish-Dutch alliance, that forced Britain to dedicate huge budgets to cope with the united will of the challenging Western European powers. This lethal alliance had to be broken or the civil peace within the enemies’ borders reduced to nothing in order to paralyze all fruitful foreign policies. French historians such as Olivier Blanc put the hypothesis that the riots of the French Revolution were financed by Pitt’s secret funds in order to annihilate the danger of the French numerous and efficient vessels. And indeed the fall of the French monarchy implied the decay of the French fleet: for a time, vessels were still built in the dockyards to consolidate the seapower of which Louis XVI dreamt of but as the officers were mainly noblemen, they were either dismissed or eliminated or compulsed to emigrate so that there was no enough commanding staff anymore and no able personnel that could have been easily replaced by conscription as for the regiments of the land forces. Prof. Bennichon, as a leading French historian of navies, concludes a recent study of him by saying that workers in the dockyards of Toulon weren’t paid anymore, they and their families were starving and consequently looted the wood reserves, so that the new Republican regime was totally unable to engage the British forces on sea. Moreover, the new violent and chaotic regime was unable to find allies in Europe, the Spaniards and the Dutch prefering to join their forces to the British-lead coalition. The English were then able to reduce French naval activities to coastal navigation. A British blocus of the continent could from then on be organized. On the Mediterranean stage, the French after the battle of Abukir were unable to repatriate their own troops from Egypt and after Trafalgar unable to threaten Britain’s coasts or to attempt a landing in rebelling Ireland. Napoleon didn’t believe in seapower and was finally beaten on the continent in Leipzig and Waterloo. Prof. Bennichon: “Which conclusions can we draw from the Franco-British clash (of the 18th century)? The mastery of seapower implies first of all the long term existence of a political will. If there is no political will, the successive interruptions in naval policy compels the unstable regime to repeated expensive fresh starts without being able in the end to face emergencies... Fleets cannot be created spontaneously and rapidly in the quite short time that an emergency situation lasts: they always should preexist before a conflict breaks out”. Artificially created interruptions like the French revolution and the civil disorders it stirred up at the beginning of the 1790s, as they were apparently instigated by Pitt’s services —or like the Yeltsin era in Russia in the 1990s— have as an obvious purpose to lame long term projects in the production of efficient armaments and to doom the adverse power plunged into inefficiency to yield power on the international chessboard.

The artificially created French revolution can so be perceived as a revenge for the lost battle of Yorktown in 1783, the very year Empress Catherine II of Russia had taken Crimea from the Turks. In 1783 the thalassocratic power in Britain had apparently decided to crush the French naval power by all secret and unconventional means and to control the development of Russian naval power in the Eastern Mediterranean and in the Black Sea, so that Russian seapower couldn’t trespass the limits of the Bosphorus and interfere in the Eastern Mediterranean. What concerns explicitly Russia, an anonymous document from a British government department was issued in 1791 and had as title “Russian Armament”; it sketched the strategy to adopt in order to keep the Russian fleet down, as the defeats of the French in the Mediterranean implied of course the complete British control of this sea area, so that the whole European continent could be entangled from Norway to Gibraltar and from Gilbraltar to Syria and Egypt. This brings us to the conclusion that any single largely dominating seapower is strategically compelled to meddle into other powers’ internal affairs to create civil dissension to weaken any candidate challenger. These permanent interferences —now known as “orange revolutions”— mean permanent war, so that the birth of a global seapower implies quasi automatically the emerging process of permanent global war, replacing the previous state of large numbers of local wars, that couldn’t be thoroughly globalized.

After Waterloo and the Vienna Conference, Britain had no serious challenger in Europe anymore but had now as a constant policy to try to keep all the navies in the world down. The non entirely secured mastery of the Atlantic and the Indian Oceans and the largely but not completed mastery of the Mediterranean was indeed the puzzle that British decision-makers had to solve in order to gain definitively global power. Aiming at acquiring completely this mastery will be the next needed steps. Controling already Gibraltar and Malta, trying vainly to annex to Britain Sicily and Southern Italy, the British had not a complete grasp on the Eastern Mediterranean area, that could eventually come under control of a reborn Ottoman Empire or of Russia after a possible push in direction of the Straights. The struggle for getting control overthere was thus mainly a preventive struggle against Russia and was, in fact, the plain application of the strategies settled in the anonymous text of 1791, “Russian Armament”. The Crimean War was a conflict aiming at containing Russia far northwards beyond the Turkish Straights in order that the Russian navy would never become able to bring war vessels into the Eastern Mediterranean and so to occupy Cyprus of Creta and, by fortifying these insular strong points, to block the planned shortest highway to India through a future digged canal through one of the Egyptian isthmuses. The Crimean War was therefore an wide-scale operation directly or indirectly deduced from the domination of the Indian Ocean after the French-British clash of 1756-1763 and from the gradual mastery of the Mediterranean from the Spanish Succession War to the expulsion of Napoleon’s forces out of the area, with as main obtained geostrategical asset, the taking over of Malta in 1802-1804. The mastery of this island, formerly in the hands of the Malta Knights, allowed the British and the French to benefit from an excellent rear base to send reinforcements and supplies to Crimea (or “Tavrida” as Empress Catherine II liked to call this strategic place her generals conquered in 1783).

The next step to link the Northern Atlantic Ocean to the Indian Ocean through the Mediterranean corridor was to dig the Suez Canal, what a French engineer Ferdinand de Lesseps did in 1869. The British by using the non military weapon of bank speculation bought all the shares of the private company having realised the job and managed so to get the control of the newly created waterway. In 1877 the Rumanians and the Bulgars revolted against their Turkish sovereign and were helped by Russian troops that could have reached the coasts of the Aegean Sea and controled the Marmara Sea and the Straights. The British sent weapons, military trainers and ships to protect the Turkish capital City from any possible Bulgarian invasion and occupation in exchange of an acceptance of British sovereignty on Cyprus, which was settled in 1878. The complete control of the Mediterranean corridor was acquired by this poker trick as well as the English domination on Egypt in 1882, allowing also an outright supervision of the Red Sea from Port Said till Aden (under British supervision since 1821). The completion of the dubble mastery upon the Atlantic and the Indian Ocean, that had already been acquired but was not yet fully secured, made of Britain the main and uncontested superpower on the Earth in the second half of the 19th century.

The question one should ask now is quite simple: “Is a supremacy on the Atlantic and Indian Oceans and in the Mediterranean area the key to a complete global power?”. I would answer negatively. The German geopolitician Karl Haushofer remembered in his memoirs a conversation he had with Lord Kitchener in India on the way to Japan, where the Bavarian artillery officer was due to become a military attaché. Kitchener told Haushofer and his wife that if Germany (that dominated Micronesia after Spain had sold the huge archipelago just before the disasters of the American-Spanish war of 1898) and Britain would lost control of the Pacific after any German-British war, both powers would be considerably reduced as global actors to the straight benefit of Japan and the United States. This vision Kitchener disclosed to Karl and Martha Haushofer in a private conversation in 1909 stressed the importance of dominating three oceans to become a real global unchallenged power: the Atlantic, the Pacific and the Indian Ocean. If there is no added domination of the Pacific the global superpower dominating the Atlantic, the Mediterranean and the Indian Ocean, i. e. Britain at the time of Kitchener, will be inevitably challenged, risking simultaneously to change down and fall back.

In 1909, Russia had sold Alaska to the United States (1867) and had only reduced ambitions in the Yellow Sea and the Sea of Japan, especially after the disaster of Tshushima in 1905. France was present in Indochina but without being able to cut maritime routes dominated by the British. Britain had Australia and New Zeland as dominions but no strategical islands in the Middle and the Northern Pacific. The United States had developped a Pacific strategy since they became a bioceanic power after having conquered California during the Mexican-American war of 1848. The several stages of the gradual Pacific strategy elaborated by the United States were: the results of the Mexican-American War in 1848, i. e. the conquest of all their Pacific coast; the purchase of Alaska in 1867; and the events of the year 1898 when they colonized the Philippines after having waged war against Spain. Even if the Russian Doctor Schaeffer tried to make of the volcanic archipelago of Hawai a Russian protectorate in 1817, US American whale hunters used to winter in the islands so that the islands came gradually under US domination to become an actual US strong point immediately after the conquest of the formerly Spanish Philippines in 1898. But as Japan had inherited in Versailles the sovereignty on Micronesia, the clash foreseen by Lord Kitchener in 1909 didn’t happen in the Pacific between German and British forces but during the Second World War between the American and Japanese navies. In 1945, Micronesia came under American influence, so that the United States could control the entire Pacific area, the North Atlantic area and gradually the Indian Ocean, especially when they finished building a navy and airforce strong point in Diego Garcia in the very middle part of the Indian Ocean, from where they can now strike every position along the coasts of the so-called “Monsoon countries”. According to the present-day American strategist Robert Kaplan, the control of the “Monsoon lands” will be crucial in the near future, as it allows the domination of the Indian Ocean linking the Atlantic to the Pacific where US hegemony is uncontested.

Kaplan’s book on the “Monsoon area” is indeed the proof that American have inherited the British strategy in the Indian Ocean but that, contrary to the British, they also control the Pacific except perhaps the maritime routes along the Chinese coasts in the South China Sea and the Yellow Sea, that are protected by a quite efficient Chinese fleet that is steadily growing in strength and size. They nevertheless are able to disturb intensely the Chinese vital highways if Taiwan, South Korea or Vietnam are recruited into a kind of East Asian naval NATO.

What could be the answer to the challenge of a superpower that controls the three main oceans of this planet? To create a strategical thought system that would imitate the naval policy of Choiseul and Louis XVI, i. e. unite the available forces (for instance the naval forces of the BRICS-countries) and constantly build up the naval forces in order to exercice a continuous pressure on the “big navy” so that it finally risks “imperial overstretch”. Besides, it is also necessary to find other routes to the Pacific, for instance in the Arctic but we should know that if we look for such alternative routes the near North American Arctic bordering powers will be perfectly able to disturb Northern Siberian Arctic coastal navigation by displaying long range missiles along their own coast and Groenland.

History is not closed, despite the prophecies of Francis Fukuyama in the early 1990s. The main problems already spotted by Louis XVI and his brilliant captains as well as by the Russian explorers of the 18th and 19th centuries are still actual. And another main idea to remember constantly: A single World War had been started in 1756 and is not finished yet, as all the moves on the world chessboard made by the actual superpower of the time are derived from the results of the double British victory in India and Canada during the “Seven Years’ War”. Peace is impossible, is a mere and pure theoretical view as long as a single power is trying to dominate the three oceans, refusing to accept the fact that sea routes belong to all mankind.

Robert Steuckers.

(Vorst-Flotzenberg, november 2013).

 

Bibliography:

  • Philippe Conrad (ed.), “La puissance et la mer”, numéro spécial hors-série (n°7) de La nouvelle revue d’histoire, automne-hiver 2013.

  • Philippe Conrad, “Quand le Pacifique était un lac russe”, in “La puissance et la mer”, op. cit..

  • Philippe Bonnichon, “La rivalité navale franco-anglaise (1755-1805)”, in “La puissance et la mer”, op. cit.

  • Niall Ferguson, Empire – How Britain Made the Modern World, Penguin, Harmondsworth, 2004.

  • Richard Harding, Seapower and Naval Warfare – 1650-1830, UCL Press, London, 1999.

  • Robert Kaplan, Monsoon – The Indian Ocean and the Future of American Power, Random House, New York, 2011.

  • Charles King, The Black Sea – A History, Oxford University Press, 2004.

  • Frank McLynn, 1759 – The Year Britain BecameMaster of the World, Pimlico, London, 2005.

  • Richard Overy, Atlas of 20th Century History, Collins Books, London, 2005.

  • Tom Pocock, Battle for Empire – The Very First World War – 1756-63, Caxton Editions, London, 1998.

  • Robert Steuckers, “Karl Haushofer: l’itinéraire d’un géopoliticien allemand”, sur: http://robertsteuckers.blogspot.com (juillet 2012).

samedi, 09 novembre 2013

Mile Budak : itinéraire d’un réprouvé

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Mile Budak : itinéraire d’un réprouvé

par Christophe Dolbeau

Lorsque la Seconde Guerre mondiale s’achève, au printemps de 1945, l’épuration « anti-fasciste » qui lui succède ne se montre pas tendre envers les intellectuels qui ont fait le « mauvais choix » : les écrivains français Georges Suarez, Robert Brasillach et Paul Chack finissent au poteau d’exécution, tout comme leur collègue belge José Streel, des dizaines d’autres s’en vont croupir dans d’obscurs cachots, le philosophe italien Giovanni Gentile est abattu au coin d’une rue, tandis que le Norvégien Knut Hamsun (prix Nobel 1920) et l’Américain Ezra Pound se retrouvent bouclés pour de longues années dans des asiles psychiatriques. En Croatie où, adossés à l’Armée Rouge, les Partisans de Tito ont finalement triomphé, cette épuration s’apparente carrément à un véritable carnage dans lequel disparaît la majeure partie de l’intelligentsia (1) : les communistes veulent faire place nette. Comme le dira cyniquement Simone de Beauvoir, « certains hommes n’avaient pas leur place dans le monde qu’on tentait de bâtir » (2)… Pris dans les tourbillons de cette époque où « les règles élémentaires du droit furent littéralement foulées aux pieds » (3), l’écrivain Mile Budak fait figure de victime emblématique : romancier, poète, mais aussi avocat, ministre, ambassadeur et surtout dignitaire oustachi, il polarise toutes les haines des vainqueurs. Jugé en quelques heures par un trio de reîtres mal dégrossis, exécuté à la va-vite la nuit suivante et enseveli en catimini, il sera ensuite effacé des anthologies et exclu de la littérature nationale au prétexte de turpitudes imaginaires sur lesquelles il n’est pas inutile de revenir aujourd’hui.

Premiers pas

Originaire de la province de Lika, c’est le 30 août 1889, six jours après la mort de son père, que Mile Budak vient au monde à Sveti Rok, au sein d’une famille qui compte déjà huit enfants. D’abord élève de l’école primaire du village, il intègre ensuite le lycée de Sarajevo où il obtient, au printemps de 1910, son baccalauréat. Issu d’un milieu très modeste, le jeune homme a pu effectuer sa scolarité grâce à une bourse de l’institut catholique Napredak ; il a également travaillé ici et là comme commis aux écritures. Bachelier, il rejoint dès lors Zagreb et s’inscrit à l’université en vue d’y poursuivre des études d’histoire et de géographie, une option qu’il abandonne toutefois assez rapidement pour s’orienter finalement vers le droit.

Dès ses années de lycée, Mile Budak milite au sein des jeunesses patriotiques croates et donne ses premiers articles aux revues Pobratim, Behar et Mlada Hrvatska. À Zagreb, cet engagement peut s’exprimer plus librement (4) et dès la rentrée de 1910, le jeune homme adhère officiellement à l’association des étudiants nationalistes. Élu secrétaire du groupe, il en compose l’hymne et collabore désormais assidûment au journal Mlada Hrvatska, ainsi qu’à diverses publications – Hrvatsko Pravo, Hrvatska Prosvjeta, Savremenik – proches du Parti du Droit. Si dans ses articles, Mile Budak réclame fermement la fin de la tutelle que Vienne et Budapest exercent sur sa patrie, il aborde aussi souvent la question serbe qui est au cœur de nombreux débats en Croatie ; en disciple d’Ante Starčević (5), il souligne notamment que beaucoup de ceux qui se disent serbes, en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, ne le sont pas vraiment, il distingue entre vrais Serbes et Zinzares (6), soutient que beaucoup de soi-disant Serbes sont en fait de souche croate (7) et affirme avec force qu’en Croatie, il ne peut y avoir de pouvoir légitime que celui qui émane du peuple croate. Déjà bien ancré dans sa personnalité, ce sourcilleux nationalisme le conduit à fréquenter les éléments les plus radicaux, ce qui lui vaudra quelques démêlés avec la police, au lendemain des attentats qui visent, en 1912, le Ban Slavko Cuvaj.

Parallèlement à ses études, au journalisme et au militantisme politique, la vie de Mile Budak est bien remplie puisque le jeune homme trouve encore le temps d’exercer un petit emploi de gratte-papier au Bureau Municipal des Statistiques et d’effectuer une préparation militaire. Au plan privé, sa situation évolue également puisqu’il se marie et que son épouse, Ivka, ne tarde pas à lui donner un premier enfant (20 juillet 1914).

De l’uniforme à la toge d’avocat

Les événements ne laissent que quelques jours à Mile Budak pour fêter la naissance de son fils Zvonimir (8) car la guerre éclate (4 août 1914) et le jeune aspirant est appelé à rejoindre son régiment. Engagé sur le front de Mačva, il s’y bat quelques semaines avant d’être sérieusement blessé et d’aboutir à l’hôpital militaire de Valjevo où les Serbes le font prisonnier (8 décembre 1914). Sa captivité va durer quasiment cinq ans. Elle l’amènera à traverser à pied la Macédoine et l’Albanie aux côtés de ses geôliers puis à séjourner dans les camps italiens de Muro Lucano et d’Asinara. Ce n’est que le 18 août 1919, huit mois après la cessation des hostilités qu’il débarque enfin à Gruž, dans un pays qui s’appelle désormais le « Royaume des Serbes, Croates et Slovènes » : il témoignera plus tard de ses tribulations de prisonnier de guerre dans Ratno roblje (Otages de guerre), un livre qui paraîtra en 1941.

Sitôt de retour à Zagreb, Mile Budak entreprend de terminer ses études et le 31 juillet 1920, il soutient avec succès sa thèse de doctorat. À 31 ans, il peut désormais envisager d’avoir un emploi décent et en rapport avec ses ambitions. Avocat stagiaire au cabinet du Dr Ante Pavelić, il collabore également avec ce dernier au sein du Parti du Droit, collabore aux publications (Hrvatski Misao, Pravaš, Hrvatsko Pravo) qui soutiennent cette formation et participe aussi aux activités du Hrvatski Sokol (9). Au terme de sa période probatoire (1923), il accède au plein statut d’avocat, ouvre son propre cabinet et se fait vite connaître en plaidant quelques affaires politiques retentissantes : en mai 1925, il défend par exemple son ami de jeunesse Vladimir Ćopić (10), un activiste communiste, pour lequel il a déjà témoigné en 1922, et quatre ans plus tard, il plaide pour Josip Šunić, un militant du Parti Paysan que l’on accuse d’avoir occis le journaliste serbe Vlada Ristović. Élu au conseil municipal de la capitale (4 septembre 1927), Mile Budak y siège durant deux ans, jusqu’à l’instauration de la dictature – à compter de janvier 1929, les conseillers sont en effet nommés par le roi, ce que refusent Budak et ses collègues du Parti Paysan.

Avec l’instauration de la dictature (6 janvier 1929), l’action politique légale devient impossible. Ante Pavelić quitte donc le pays, non sans avoir auparavant fondé l’Oustacha, mouvement révolutionnaire et clandestin qui se propose de libérer la Croatie de l’oppression étrangère et de proclamer l’indépendance. Moins exposé que son confrère, Mile Budak reste à Zagreb où les patriotes se lancent, sous la houlette de Stipe Javor, dans l’action subversive et la résistance armée. En mars, le journaliste pro-serbe Tony Schlegel est abattu par de jeunes nationalistes, ce qui entraîne une vague d’arrestations et la fuite à l’étranger de plusieurs militants (11) ; le 29 et le 31 août, Mile Budak et Stipe Javor sont eux aussi arrêtés. Accusé d’être le cerveau de la subversion, Stipe Javor se verra bientôt condamné à 20 ans de détention (12). Pour sa part, Mile Budak, sur lequel ne pèse aucune charge précise, passe sept mois derrière les barreaux avant d’être remis en liberté sans qu’aucune procédure ne soit ouverte à son encontre !

N’étant pas poursuivi, Mile Budak peut prendre part à la défense des patriotes et lors du procès que l’État yougoslave intente à Stipe Javor, Matija  Soldin, Marko Hranilović (13) et une vingtaine de leurs camarades, il figure d’ailleurs parmi les avocats des inculpés, au côté du Dr Vladko Maček (14) avec lequel il se lie d’amitié. Faute d’avoir pu légalement le réduire au silence, le pouvoir royal décide alors de le faire taire définitivement et par des moyens plus expéditifs. Le 7 juin 1932, Mile Budak est assailli dans une rue par deux ou trois individus qui le blessent d’un coup de feu et l’assomment à coups de gourdin, l’expédiant pour trente-huit jours à l’hôpital ! L’intention était clairement de le tuer et il n’en réchappe que grâce à l’intervention rapide de quelques passants qui devront eux-mêmes faire face à mille tracasseries. Identifiés comme des agents de la police secrète, ses agresseurs n’écoperont que de trois ans de prison, ce qui soulève, à Zagreb, une tempête d’indignation : une pétition de soutien à Mile Budak réunit en quelques jours 209 signatures (dont celles des archevêques Bauer et Šarić et celles des communistes August Cesarec et Božidar Adžija), tandis que des parlementaires interpellent violemment le ministre de l’Intérieur.

Malgré ce climat délétère, Mile Budak participe, en novembre 1932, aux discussions qui préludent à la signature de ce que l’on appellera la « Déclaration de Zagreb » (Zagrebačka Punktacija), un document dans lequel les principales forces politiques croates (Parti Paysan, Parti du Droit, Parti Démocrate Serbe) dénoncent ensemble l’hégémonisme serbe et réclament l’instauration du fédéralisme. À peine remis de l’attentat qu’il a subi, Budak se sent encore menacé et il envisage désormais d’émigrer afin de mettre quelque distance entre sa famille, lui-même et les hommes de main du régime. L’arrestation de Vladko Maček (31 janvier 1933) achève de le convaincre et après avoir cédé les rênes de ce qu’il reste du Parti du Droit à son confrère Lovro Sušić (15), il quitte le royaume le 2 février 1933. Officiellement, il part en cure à Karlsbad (Karlovy Vary) avec son épouse et laisse ses filles (16) à Zagreb, aux bons soins de son ami Ivan Werner (17) ; elles rejoindront discrètement leurs parents quelques semaines plus tard.

L’émigration

Après une brève escale à Graz, Mile Budak et les siens gagnent ensuite Modène où ils sont hébergés par la famille Pavelić, puis Turin où ils vont demeurer jusqu’en décembre 1933. C’est à cette époque que Budak adhère formellement à l’Oustacha dont il prête le serment. C’est également durant ce court séjour qu’il rédige une petite brochure, Le peuple croate et son combat pour un État libre et indépendant (Hrvatski narod u borbi za samostalnu i nezavisnu hrvatsku državu), dont il confie le manuscrit au Père Stipanovic (18). Venu des Etats-Unis pour remettre un mémorandum à la Société des Nations, cet ecclésiastique invite Budak à l’accompagner au Vatican (24 octobre 1933) où ils rencontrent tous deux Sa Sainteté Pie XI lors d’une audience privée, avant d’être reçus à la Secrétairerie d’État.

Outre la brochure que nous avons mentionnée, Mile Budak commence également à collaborer à la presse oustachie : sa première contribution, signée Velebitski, est un poème à la gloire des combattants du mouvement qui paraît aux alentours de Pâques dans Grič et Ustaša. « L’ennemi piétine ta mère », s’écrie l’auteur, « Il crache sur les autels et souille les tombes des tiens » mais la Croatie attend impatiemment la venue de l’Oustacha (19). Associé à la rédaction de l’almanach « de l’État Indépendant Croate » qui réunit les signatures des intellectuels émigrés (20), il y publie ensuite « quelques réflexions » (21) qui lui permettent d’exprimer son attachement à la terre natale et aux paysans, et d’exposer sa vision essentiellement agrarienne du futur État croate. C’est à la même époque, enfin, qu’il compose pour les militants une marche belliqueuse où il chante « le héros Ante » qui s’élève comme un aigle sauvage des sommets du Velebit pour « chasser le diable au-delà de la Drina »… [Crûment intitulée « Bježte, psine ! » ou « Fichez-le-camp, chiens ! », cette marche serbophobe sera souvent reprochée à Mile Budak. Il faut toutefois la replacer dans le contexte d’extrême tension des années 1930. Au moment où Budak écrit ces paroles, il y a des attentats, des tortures, des pendaisons, une répression terrible et les passions sont exacerbées. Cette marche traduit peut-être de façon un peu radicale l’exaspération des patriotes croates mais elle reste néanmoins sensiblement moins acrimonieuse que La Marseillaise…].

À la fin de l’année 1933, Mile Budak et son épouse partent pour Berlin où l’écrivain doit superviser l’édition du bimensuel Nezavisna Hrvatska Država et de l’almanach du même nom, deux publications que dirige Branimir Jelić (22). À cette époque, le gouvernement allemand ne veut plus que ces titres soient imprimés à Berlin : ils le seront donc à Dantzig avant que l’imprimerie italienne de l’Oustacha n’en reprenne l’édition. La cohabitation à la tête d’une même entreprise éditoriale de deux personnalités aussi fortes que celles de Mile Budak et Branimir Jelić se révèle vite orageuse et une brouille profonde opposera durablement les deux hommes. Dans l’immédiat, ce différend est mis entre parenthèses car Jelić se rend en Amérique où Pavelić l’a chargé d’implanter l’Oustacha (23). De son côté, Budak ne reste pas non plus en Allemagne car au début du mois d’octobre 1934, le Poglavnik l’appelle d’urgence en Italie. Entre les deux hommes, Pavelić a, semble-t-il, fait son choix puisqu’en mai 1934, il a écarté Jelić des instances dirigeantes du mouvement et promu Budak au rang supérieur de conseiller (doglavnik).

Arrivé à Bologne le 8 octobre 1934, veille de l’attentat de Marseille [dans lequel il ne joue aucun rôle], Mile Budak se rend ensuite à Turin auprès des Pavelić. Pour les émigrés croates commence alors une période difficile car d’énormes pressions s’exercent maintenant sur leurs pays d’accueil et notamment sur l’Italie. Le 17 octobre, le chef de l’Oustacha et son bras droit, Eugen Dido Kvaternik (24), sont incarcérés par les autorités fascistes qui interceptent peu après (8 novembre) Branimir Jelić qui arrive des Etats-Unis. Les camps oustachis sont fermés et la plupart de leurs occupants (plus de 500 hommes) assignés à résidence sur l’île de Lipari. Placé par Pavelić à la tête de toutes les bases de l’organisation (10 janvier 1935), Mile Budak devient dès lors le principal interlocuteur du gouvernement fasciste et le responsable en chef des internés, une position qui s’avère vite inconfortable. Contesté par de nombreux militants qui lui reprochent de se montrer trop conciliant avec les Italiens et qui contreviennent ouvertement à ses ordres, Mile Budak peine à imposer son autorité. Ces conflits internes lui vaudront des rancunes tenaces et lui laisseront un souvenir amer.

À partir de 1936, son épouse Ivka s’établit à Messine où il la rejoint en février 1937, la direction du groupe de Lipari étant désormais assurée par Eugen Dido Kvaternik ; il ne s’agit cependant que d’une étape de plus puisque trois mois plus tard, le couple déménage encore, cette fois pour Salerne. Libéré des exténuantes chamailleries de Lipari, Mile Budak peut enfin se remettre à écrire. Ponctuée par la parution successive de Pod gorom (Au pied des montagnes – 1930), Raspeće (La mise en croix – 1931), Na ponorima (Au bord des abîmes – 1932) et Opanći dida Vidurine (Les mocassins de Pépé Vidurina – 1933), sa carrière littéraire s’est brutalement interrompue lorsqu’il a pris le chemin de l’exil, et ses nombreuses obligations ultérieures ne lui ont guère laissé le temps de renouer avec la littérature. À Messine puis à Salerne, c’est donc avec ferveur qu’il reprend la plume. Dans Na vulkanima (Au bord des volcans), qui ne paraîtra qu’en 1941, il raconte tout d’abord les péripéties de sa mission aux îles Éoliennes, puis il s’attelle à ce que beaucoup de critiques considèrent comme son œuvre majeure, le roman Ognjište (L’Âtre). Dans ce livre, dont il rédige les 850 pages en 43 jours, enfermé dans une chambre d’hôtel, Mile Budak – que certains tiennent pour un émule de Dostoïevski et d’autres pour un épigone de Wladislaw Reymont – trace un tableau fidèle et vivant de la vie des paysans de sa province natale de Lika. Avec cette œuvre, il prend place, aux côtés de Jean Giono, Stijn Streuvels, Dezsö Szabó et quelques autres, parmi les grands noms de la littérature du terroir et du courant que les Allemands nomment le Blut und Boden.

Le retour

Suite à l’accord intervenu entre l’Italie et la Yougoslavie (25 mars 1937), la branche italienne de l’Oustacha est dissoute (1er avril 1937) et les émigrés se voient fermement invités à rentrer au pays. Au cours des douze mois qui suivent, un premier contingent de 161 personnes regagne d’ailleurs la Yougoslavie (25). Dans ce contexte, Mile Budak, dont l’épouse supporte de plus en plus mal les rigueurs de l’exil, commence à envisager sérieusement l’hypothèse d’un retour. Il est difficile d’établir, aujourd’hui, s’il agit en accord avec Pavelić ou de son propre chef mais le fait est qu’il rencontre à deux reprises le célèbre policier yougoslave Vladeta Miličević afin d’évoquer les conditions de son retour, et qu’il s’entretient même, sur les bords du Lac de Côme, avec le Premier ministre yougoslave Milan Stojadinović. En tout état de cause, ces discrètes négociations finissent par aboutir puisqu’au bout de cinq mois, Mile et Ivka Budak quittent Salerne pour Zagreb où ils arrivent le 6 juillet 1938, quelques semaines seulement après la sortie en librairie de Ognjište

Pour l’homme de lettres, ces retrouvailles avec la Mère Patrie marquent un regain d’activité. Peu de temps après la publication de Ognjište paraît le roman Direktor Križanić, suivi en 1939 de Na Veliki Petak (Le Vendredi Saint) et de Rascvjetana trešnja (Le cerisier en fleurs), puis en 1940 de San o sreći (Songe de bonheur). Cette créativité littéraire n’empêche pas Mile Budak de redescendre dans l’arène politique en prenant tout d’abord la direction du nouvel hebdomadaire nationaliste Hrvatski Narod et en patronnant ensuite l’association Uzdanica. [Animé par des sympathisants de l’Oustacha, ce groupe a pour objectifs de fournir une assistance morale et financière aux victimes de la répression et de concurrencer dans toutes les communes l’appareil du Parti Paysan]. Alors que la Seconde Guerre mondiale vient d’éclater, les patriotes croates sont encore loin d’avoir gagné la partie : la Croatie a certes obtenu un semblant d’autonomie (24 août 1939) mais la répression anti-indépendantiste ne faiblit pas. Au cours de l’année 1940, le journal Hrvatski Narod est d’ailleurs suspendu, tandis que les dirigeants nationalistes sont arrêtés les uns après les autres et incarcérés au camp de Krušćica, en Bosnie centrale. Figure de proue de la contestation anti-yougoslave, Mile Budak n’est, bien sûr, pas épargné par la rafle : appréhendé le 27 février 1940, il ne sera élargi que cinq semaines plus tard, non sans avoir observé deux grèves de la faim. L’écrivain n’est pas épargné non plus par le destin puisque le 11 avril 1940, le jour même où s’achève sa détention, son épouse Ivka décède à leur domicile de Zagreb. Retrouvée noyée dans un bassin de jardin, on ne saura jamais si elle a mis fin à ses jours ou si elle a été victime d’un homicide…

Ministre de l’Instruction

Au moment où se déclenche l’offensive allemande contre la Yougoslavie (6 avril 1941), Mile Budak se trouve dans un hôpital de Zagreb où il se remet d’une opération de la vésicule biliaire (et où il échappe de peu à une nouvelle tentative d’attentat). C’est donc depuis son lit de douleur qu’il apprend, le 10 avril 1941, la proclamation par Slavko Kvaternik (26) de l’État Indépendant Croate. Même si ses problèmes de santé l’ont tenu à l’écart des événements du 10 avril et s’il n’appartient pas au noyau dur de l’Oustacha, l’écrivain demeure cependant l’un des personnages les plus en vue du mouvement et à ce titre, le Poglavnik lui offre bientôt d’entrer dans le premier gouvernement du nouvel État. Le 16 avril 1941, Mile Budak est donc nommé ministre des Cultes et de l’Instruction (27), un poste qu’il va occuper durant un peu plus de six mois.

La création du nouvel État implique la mise en place d’un nouveau système scolaire et universitaire, ce qui constitue la tâche prioritaire du nouveau ministre. Ce dernier procède à quelques promotions et mutations chez les enseignants et directeurs de lycée, il fait réaliser de nouveaux livres de lecture pour les écoles primaires et de nouveaux manuels pour les établissements secondaires. Dans le domaine universitaire, il installe une commission de réforme et supervise l’attribution des postes [contrairement aux clichés souvent répandus, le nouveau régime ne déclenche aucune chasse aux sorcières et seuls 14 ou 15 professeurs sont placés en situation de retraite]. Dans le même temps, Mile Budak ordonne (9 août 1941) la création de l’Institut d’Édition Bibliographique (HIBZ) qui aura pour mission de rédiger et de publier une encyclopédie croate ; son champ d’action dépassant le strict domaine scolaire pour s’étendre à celui de la culture en général, il s’intéresse également à la fondation (12 juillet 1941) de l’Académie Croate des Sciences et des Arts (HAZU) ainsi qu’aux travaux de l’Association des Écrivains et à l’avenir du Théâtre National. Parallèlement à ces activités qui relèvent de son ministère, il poursuit d’autre part l’édition de ses propres œuvres et notamment de Ratno roblje (Otages de guerre), Na vulkanima (Au bord des volcans) et Musinka qui paraissent durant l’année.

Globalement, ce semestre à la tête du ministère de l’Instruction est une période plutôt positive pour Mile Budak au crédit duquel il faut encore porter de discrètes interventions en faveur des écrivains Miroslav Krleža (28) et Ivo Andrić (29). La seule ombre au tableau mais elle est de taille, ce sont les quelques discours que Budak prononce au cours de l’été et dans lesquels il s’en prend maladroitement aux Serbes, ce que la propagande ennemie ne manquera pas de monter en épingle. Pour se faire une idée objective des propos du ministre, il faut bien les replacer dans le contexte de la libération du pays et bien comprendre aussi l’état d’esprit de Mile Budak. Il ne faut pas oublier que ce dernier a eu à subir deux attentats et un emprisonnement arbitraire du fait du pouvoir serbe, qu’il a dû passer cinq ans en exil et que son épouse a peu ou prou succombé à cette pression ; il faut aussi se souvenir que Mile Budak n’est pas un politicien de métier mais un écrivain et un artiste, qu’il ne possède pas la traditionnelle cautèle des hommes politiques confirmés et qu’il n’est pas rompu à ce langage convenu que les Russes nommaient autrefois la « langue de chêne ». Lorsqu’il lance, presque à son corps défendant (30), la fameuse formule « Srbe na vrbe » ou « Les Serbes dans les saules », il ne s’agit donc nullement, comme on l’a prétendu, d’un mot d’ordre invitant les Croates à pendre les orthodoxes haut et court. Il s’agit simplement, dans la liesse et la chaleur communicative d’un meeting fêtant l’indépendance, d’une allusion – plutôt inopportune, il est vrai – à un slogan d’avant la Première Guerre mondiale, et plus précisément à un poème composé en juillet 1914 par le Slovène Marko Natlačen. Notons au passage que les Serbes n’en tinrent pas vraiment rigueur au dit Natlačen puisque le roi de Yougoslavie le nomma plus tard gouverneur de la Banovine de la Drave… À l’occasion d’une autre réunion publique, Budak aurait également annoncé au sujet des Serbes qu’il fallait en chasser un tiers, en tuer un second tiers et en convertir le dernier tiers. Cette fois encore, tout sera fait pour accréditer la thèse que le ministre énonçait là le monstrueux programme génocidaire de l’État Croate. En réalité, cela ne correspond ni aux projets de l’État (31), ni à la pensée d’Ante Pavelić (32) et encore moins à celle de Budak lui-même (33). Il s’agit tout au plus et dans le feu d’un discours, du pastiche d’une vieille déclaration faite au siècle précédent et au sujet des musulmans par le général et ministre serbe Milivoje Blažnavac (34). On parlerait aujourd’hui, au pire, d’un dérapage verbal ou d’une incongruité, et il semble tout à fait exagéré d’y voir autre chose qu’une maladresse et un manque d’expérience. Outre que Budak n’aurait probablement pas fait de mal à une mouche, il n’était aucunement concerné par les questions raciales, ne possédait aucune influence en la matière et n’a d’ailleurs jamais signé le moindre document officiel y ayant trait.

Ambassadeur à Berlin

Le 2 novembre 1941, Mile Budak quitte le ministère de l’Instruction pour devenir ambassadeur de Croatie en Allemagne, une nomination qui ne s’est pas faite sans difficultés car la Wilhelmstrasse le soupçonne d’être favorable à l’Italie et même d’appartenir à la franc-maçonnerie. Aux yeux de beaucoup d’observateurs, cette affectation a tout d’un exil doré. Personnage un peu marginal et jugé parfois fantasque, il ne jouit peut-être pas de la totale confiance du Poglavnik et compte de féroces détracteurs parmi les hiérarques de l’Oustacha. À Berlin, il sera loin de la scène politique croate et ne fera de l’ombre à personne…

Arrivé le 8 décembre dans la capitale du Reich, Mile Budak présente ses lettres de créance à Hitler le 28 février 1942. Il dispose à Grunewald d’une belle ambassade et fait l’objet de quelques prévenances mais de toute évidence, son rôle politique est tout à fait minime car les affaires importantes se négocient directement à Zagreb, entre Pavelić, le plénipotentiaire Siegfried Kasche et le général Glaise von Horstenau. Le seul sujet de quelque relief dont il aura à s’occuper sera la création et l’équipement d’une gendarmerie croate. Faute d’être associé aux débats de fond, le nouvel ambassadeur se consacre donc aux travailleurs croates qui résident en Allemagne (environ 150 000), à l’établissement de relations cordiales avec le corps diplomatique et au renforcement de la coopération culturelle germano-croate. On sait, par exemple, qu’il établit de fructueux contacts avec les ambassadeurs de Turquie (Rizvanbegović) et du Japon (Hiroshi Ōshima)-(35), ainsi qu’avec le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini (36), et l’influent général Gottlob Berger. Sur le plan culturel, il prépare la venue à Vienne de l’Opéra Croate et organise à Berlin une grande exposition où sont présentées, en janvier 1943, 460 œuvres d’artistes croates (76 peintres et 19 sculpteurs). Au bout d’un an et demi de séjour en Allemagne (où plusieurs de ses livres ont été traduits) et à l’heure où sa mission s’achève, on peut dire que Mile Budak a parfaitement tenu son rang et qu’il a sensiblement amélioré l’image de la Croatie auprès du grand public.

Ministre des Affaires Étrangères

Des difficultés ayant surgi avec l’Italie en raison du soutien de certains militaires fascistes aux Tchetniks de Dalmatie, Ante Pavelić se trouve contraint de procéder à un remaniement et le 23 avril 1943, Mile Budak se voit désigné pour prendre la succession de Mladen Lorković à la tête du ministère des Affaires Étrangères. Sur le papier, il s’agit d’une promotion mais dans les faits, l’écrivain ne dispose de guère plus de latitude qu’à Berlin car la politique étrangère demeure l’une des chasses gardées du chef de l’État. Concrètement, le rôle de Mile Budak se borne le plus souvent à accompagner le Poglavnik puis à répercuter les décisions prises ou les orientations choisies aux légations diplomatiques. Ainsi, le 27 avril 1943, le nouveau ministre est-il au château de Klessheim où il assiste aux entretiens entre Pavelić et Hitler, apparemment sans intervenir ; le 5 mai, il est également présent lors de la rencontre entre Himmler et le Poglavnik, et le 26 juillet, lors des entretiens au cours desquels Pavelić et Siegfried Kasche évoquent la chute de Mussolini. À aucun moment au cours de ces trois rendez-vous importants, Mile Budak n’intervient de façon notable. Ses premiers gestes, plus symboliques que vraiment significatifs – et qu’il n’effectue certainement pas sans un feu vert préalable du chef de l’État – consistent, au mois d’août 1943, à établir des relations diplomatiques avec la Birmanie puis, le 17 octobre, avec les Philippines… On ne peut pas dire qu’il s’agisse de décisions majeures.

Le 8 septembre 1943, l’Italie capitule et dès le lendemain, Ante Pavelić annonce que les Accords de Rome sont abrogés et que la Croatie va récupérer ses frontières historiques. Les choses sont néanmoins plus complexes qu’il n’y paraît et Mile Budak se retrouve au cœur des tractations qui s’engagent. Se posent, en effet, de nombreux problèmes car dès le 10 septembre, Hitler ordonne la création d’une « Zone d’opération du littoral adriatique » (OZAK) qui englobe Rijeka et les îles du Kvarner et où il désigne un haut commissaire ; d’autre part, la République Sociale Italienne (fondée par Mussolini, le 23 septembre 1943) revendique toujours la souveraineté sur cette région ainsi que sur Zadar. Au sud se pose aussi la question de Kotor que le Monténégro entend disputer à la Croatie. Très engagé dans la défense des intérêts territoriaux et militaires de la Croatie, Mile Budak se montre beaucoup plus actif que durant les mois précédents : il multiplie les interventions, tente de faire pression et n’hésite pas à critiquer ouvertement les choix de Berlin, ce qui finit par fragiliser sa position au sein du gouvernement. Devenu plus ou moins importun, l’écrivain se voit alors proposer le portefeuille de la Justice mais il décline cette offre et demande, le 5 novembre, à être déchargé de ses fonctions.

Un dénouement tragique

Rendu à la vie civile, Mile Budak peut à nouveau se consacrer pleinement à son œuvre littéraire. En 1943 paraît une sélection de ses nouvelles, Izabrane pripoviesti (Textes choisis), tandis que l’écrivain s’attelle désormais à la rédaction d’une grande saga en six volumes, Kresojića soj (Le sang des Kresojić), dont les trois premiers récits, Kresina, Gospodin Tome (Maître Thomas) et Hajduk (Le Haïdouk) paraîtront en 1944.

Ce travail d’écriture ne l’écarte cependant pas totalement de la vie politique puisqu’il conserve son rang de doglavnik et reste donc membre du Grand Conseil de l’Oustacha (37). En cette qualité, il prend d’ailleurs part à toutes les réunions du Conseil, certaines se déroulant même à son domicile. Cette participation, il faut le préciser, est assez symbolique car le Conseil ne possède qu’un rôle consultatif ; elle démontre en tout cas que Mile Budak demeure fidèle à ses engagements et qu’il n’abandonne pas le combat.

Au printemps de 1945, ce combat entre toutefois dans sa dernière phase car l’Armée Rouge et les Partisans progressent irrésistiblement en direction de Zagreb où l’on ne se fait plus beaucoup d’illusions sur l’avenir de l’État Indépendant Croate. Le 6 mai, les membres du gouvernement et les notables du régime quittent d’ailleurs la capitale et prennent la direction de Turracher Höhe, en Autriche : Mile Budak est du voyage, avec sa fille Grozdana et sa nièce Ana. Arrivés le 7 au soir, les fugitifs, qui sont sous l’autorité formelle du Premier ministre Nikola Mandić, prennent ensuite le chemin de Turrach, Predlitz et Tamsweg où Mandić prend contact avec l’armée britannique (14 mai 1945). Au bout de trois jours, le groupe – qui comprend 69 personnes, femmes et enfants compris – est transféré au camp de Spittal, puis à Rosenbach où il est remis aux Partisans qui emmènent les captifs à Škofia Loka. Là, Mandić, Budak, Ademaga Mešić et une douzaine d’autres dignitaires sont séparés de leurs compagnons pour être acheminés sur Zagreb où ils arrivent entre le 21 et le 25 mai. Des 54 prisonniers restés à Škofia Loka, seuls quelques jeunes enfants survivront : les autres, dont la fille et la nièce de Budak, ainsi que la fille aînée du ministre Ivica Frković et le frère du Poglavnik, sont tous exécutés le 25 mai, sans aucun jugement préalable.

Incarcéré à Zagreb, Mile Budak est interrogé le 26 mai et son « procès » s’ouvre le 6 juin devant le tribunal militaire de la IIe Armée. Il s’agit bien entendu d’un grossier simulacre de justice : les inculpés sont dix (38) et ils n’ont qu’un seul avocat que l’on a prévenu la veille… La pseudo cour se compose du colonel Hrnčević, du major Divjanović et du capitaine Ranogajec, et quant à l’accusation, elle a été confiée au Vychinski de Tito, le sinistre Jakov Blažević (39). Bien que la procédure vise dix personnes dont cinq anciens ministres, les débats sont vite expédiés et le verdict tombe dans la soirée : Mile Budak est condamné à mort par pendaison, pour haute trahison et crimes de guerre (40). Il sera exécuté dans la nuit, aux petites heures du 7 juin 1945, treize ans jour pour jour après l’attentat qui avait failli lui coûter la vie en 1932 !

Un homme d’honneur

Exécuté à la hâte parce que ses idées et son talent étaient insupportables aux nouveaux maîtres de la Yougoslavie reconstituée et parce qu’il fallait décapiter l’intelligentsia croate, Mile Budak n’a bien sûr perpétré aucun « crime de guerre » ni commis la moindre « trahison ». Homme de lettres, il a écrit et parlé en faveur de son peuple, de l’indépendance de sa patrie et du parti dont il était membre mais il n’a jamais attenté à la vie de quiconque ni ordonné à qui que ce soit de commettre un quelconque méfait (41). Ministre de l’Instruction et des Affaires Étrangères, ambassadeur et conseiller supérieur de l’Oustacha, il n’est jamais entré dans ses attributions de commander des troupes sur le terrain, ni de leur fixer une ligne de conduite et encore moins de leur assigner des objectifs. Eut-il même voulu commettre un crime de guerre qu’il n’eut pas vraiment été en situation de le faire. Par ailleurs, on ne voit pas comment on peut décemment l’accuser de trahison au vu des trente-cinq ans qu’il a consacrés à servir la Croatie, son pays. À l’égard de la Yougoslavie, entité artificielle, imposée de force et par l’étranger, il ne devait aucune allégeance et ce n’est pas le moindre des paradoxes que de constater que ce sont ceux-là mêmes qui ont tout fait pour étouffer l’indépendance de la Croatie et asservir son peuple qui ont osé le condamner au motif d’une pseudo trahison. L’honneur était de son côté, pas du leur.

Romancier, poète, militant, avocat, ministre et diplomate, Mile Budak fut à la fois un artiste et un homme d’action auquel il semble juste de reconnaître un certain panache. On peut, certes, ne pas apprécier son œuvre ou désapprouver son engagement mais ce n’était sûrement pas une raison pour l’expédier à la potence !

Christophe Dolbeau

Notes

(1) Voir C. Dolbeau, « Croatie 1945 : une nation décapitée », in Tabou, vol. 18 [version croate in Hrvatski list du 12 mai 2011, « Hrvatska 1945 : obezglavljeni narod (komunistički aristocid nad Hrvatima) »] et « Bleiburg, démocide yougoslave », in Tabou, vol. 17.

(2) Cf. La force des choses, Folio-Gallimard, Paris 1963, p. 36.

(3) Cf. Gabriel Marcel, Les hommes contre l’humain, La Colombe, Paris 1951, p. 185.

(4) En Bosnie-Herzégovine, les activités de Mlada Hrvatska étaient proscrites alors qu’elles ne l’étaient pas en Croatie.

(5) L’écrivain Ante Starčević (1823-1896), fondateur du Parti Croate du Droit, fut un partisan déclaré de l’indépendance croate ; il est considéré par les patriotes croates comme le Père de la Patrie.

(6) Les Zinzares ou Aroumains sont une peuplade romanophone des Balkans ; on les appelle également Morlaques, Valaques, Mauro-Valaques, Latini Negri, Blahoï, Kara-Martoloži, Eflakan, Aromounes, Olaks ou Čiči. Selon certains spécialistes dont le Père D. Mandić, 50 à 52% des Serbes de Bosnie-Herzégovine seraient de lointaine origine zinzare – voir D. Mandić, Hrvati i Srbi, dva stara različita naroda, KHR, Barcelone 1971, p. 212.

(7) Cf. D. Mandić, op. cit., p. 212.

(8) Né le 20 juillet 1914, Zvonimir Budak quitte la Croatie en 1933 pour les Etats-Unis où il deviendra citoyen américain sous le nom de Frank M. Berger. Vétéran de la Guerre de Corée, il est décédé à Memphis, le 13 novembre 1994.

(9) Le Hrvatski Sokol est une organisation patriotique (40 000 membres) qui promeut et encourage la pratique du sport. Mile Budak en sera le vice-président.

(10) Ancien cadre de Mlada Hrvatska (Jeune Croatie), Vladimir Ćopić (1891-1939) a rejoint les bolcheviks durant la Première Guerre mondiale. Fondateur du Parti Communiste Yougoslave, il sera délégué au Ve Congrès du Komintern avant de commander la XVe Brigade Internationale au cours de la Guerre d’Espagne (1937-38) ; rappelé à Moscou, il y a été liquidé lors de la Grande Purge.

(11) dont Mijo Babić, Zvonimir Pospišil et Mladen Lorković.

(12) Incarcéré à Lepoglava et Srijemska Mitrovica où il fait la grève de la faim, Stipe Javor (1877-1936) succombe le 27 mars 1936 des suites d’une pneumonie et des tortures qu’on lui a infligées.

(13) Matija Soldin et Marko Hranilović seront condamnés à mort et exécutés par pendaison le 25 septembre 1931. L’un et l’autre avaient été sévèrement torturés durant l’instruction de leur affaire.

(14) Vladko Maček (1879-1964), avocat, député, chef du Parti Paysan Croate.

(15) Lovro Sušić (1891-1972), avocat, député, futur ministre de l’État Indépendant Croate et secrétaire général (postrojnik) de l’Oustacha.

(16) Outre son fils Zvonimir, Mile Budak a eu deux filles : Neda, née le 4 février 1921, et Grozdana, née le 17 mars 1924. Épouse de Krešimir Puk (fils d’un célèbre dignitaire oustachi), Neda émigrera aux Etats-Unis où son mari prendra le nom de Peter Poock ; elle est décédée le 16 mars 1995 dans l’Iowa. Grozdana sera quant à elle assassinée par les Partisans, le 25 mai 1945.

(17) Industriel de la viande, Ivan Werner (1887-1944) sera nommé maire de Zagreb en 1941.

(18) Cette brochure sera éditée en mai 1934 par une association croate de l’Ohio. Une version espagnole paraîtra à Buenos Aires en 1937 mais en revanche, les traductions allemande et italienne seront jugées « inopportunes » par les gouvernements de Berlin et Rome.

(19) « Ustašo moj » – texte cité dans « Prilog životopisu dra Mile Budaka » par Jere Jareb, in Hrvatska Revija, N° 1 [157], mars 1990, p. 104.

(20) À savoir Ante Pavelić, Marko Došen, Joža Milković, Ivan Perčević, Stanko Hranilović, Ante Brkan, Ante Valenta, Stijepo Perić, Ante Bubalo, Mijo Bzik, etc.

(21) « Nekoliko misli o uređenju slobodne i nezavisne hrvatske države ».

(22) Branimir Jelić (1905-1972), médecin de profession, avait été le chef des jeunesses du Parti du Droit. Arrêté à Gibraltar en 1941, alors qu’il revenait des USA, il sera incarcéré durant quatre ans sur l’île de Man et ne jouera donc aucun rôle dans l’État Indépendant Croate.

(23) L’opération est un succès puisque selon J. Sadkovich, le Hrvatski Domobran des USA (fondé le 21 août 1933 par B. Jelić) regroupe, en 1935, 15 000 adhérents répartis en 30 sections – voir « La composizione degli ustascia : una valutazione preliminare », in Storia Contemporanea, N° 6 (décembre 1980).

(24) Principal organisateur de l’attentat de Marseille contre le roi Alexandre Ier, Eugen Dido Kvaternik (1910-1962) sera Commissaire à l’Ordre Public et à la Sécurité au début de l’État Indépendant Croate.

(25) En 1938-39, cent dix-sept autres sont renvoyés en Yougoslavie, et en 1939-40 quatre – voir P. Iuso, Il Fascismo e gli Ustascia 1929-1941, Gangemi Editore, Roma 1998, pp. 119-125.

(26) Ancien colonel de l’armée austro-hongroise, Slavko Kvaternik (1878-1947) sera le premier ministre de la Défense de l’État Indépendant Croate ; promu maréchal des armées et général oustachi, il s’exile en Slovaquie et prend quelque distance avec le régime à partir d’octobre 1942.

(27) Le 9 octobre 1942, le ministère changera de dénomination : de ministère de l’Instruction et des Cultes il deviendra ministère de l’Éducation Nationale.

(28) Proche du Parti Communiste, le romancier Miroslav Krleža (1893-1981) se voit proposer, à l’initiative de Mile Budak, un poste d’intendant du Théâtre National, puis une chaire à l’université et enfin une mission en Suisse, afin de le mettre à l’abri de la répression. Il déclinera ces offres.

(29) Ancien diplomate yougoslave, le futur prix Nobel Ivo Andrić (1892-1975) se verra proposer, à l’initiative de Mile Budak et avec l’assentiment de Pavelić, un poste dans la diplomatie croate. Il ne donnera pas suite à cette offre.

(30) Il confiera au Dr Mate Frković que l’expression « lui a spontanément échappé » – cité par Jere Jareb, « Prilog životopisu dra Mile Budaka ; drugi dio », in Hrvatska Revija, N° 2 [158], juin 1990, p. 315.

(31) Si l’État Croate est hostile à l’existence d’une cinquième colonne serbe, il est en revanche favorable à l’intégration des « orthodoxes croates ». À cette fin, Ante Pavelić fonde même une Église Orthodoxe Croate autocéphale (3 avril 1942) qu’il place sous l’autorité du métropolite russe Germogen. Par ailleurs, le gouvernement compte dans ses rangs un ministre orthodoxe (Savo Besarović) et le Sabor (Diète) quelques parlementaires de cette religion. Plusieurs généraux orthodoxes (Fedor Dragojlov, Milan Uzelac, Đuro Dragičević, Mihajlo Lukić, Đuro Gruić, Jovan Iskrić, Miroslav Opačić, Dušan Palčić, Milan Desović) exercent des commandements importants dans l’armée régulière ; quelques orthodoxes, comme le célèbre colonel Delko Bogdanić, servent également dans la milice oustachie.

(32) Si l’on en croit le général oustachi Ante Moškov, « Pavelić ne s’est jamais prononcé sur un quelconque anéantissement du peuple serbe » – voir Pavelićevo doba, Laus, Split 1999, pp. 204-206. Selon l’historien Stefan Sipić, « Pavelić affiche ouvertement son anti-yougoslavisme aussi bien idéologique que politique et son opposition au régime de Belgrade, mais cet antagonisme ne prend jamais un caractère racial qui pourrait se généraliser à l’ensemble du peuple serbe » – voir « L’idéologie du mouvement oustachi de 1930 à 1941 », in Cahiers balkaniques, 38-39/2011, 3-18.

(33) Si l’on en croit Luka Fertilio (cité par J. Jareb, op. cit., p. 316), Mile Budak apporte son aide à plusieurs orthodoxes et juifs croates lorsqu’il est en poste à Berlin. Si l’on s’en réfère à Marko Čović, il fait de même à Zagreb avec certains intellectuels serbes.

(34) Voir D. Pavličević, « Nije Budak nego Blažnavac », in Vijenac, 423, du 20 mai 2010.

(35) C’est notamment grâce aux bonnes relations de Budak avec l’ambassadeur Ōshima que le Japon nommera un chargé d’affaires (Kazuichi Miura) à Zagreb.

(36) En avril 1943, le Grand Mufti effectuera une visite officielle en Croatie.

(37) Ce Grand Conseil ou Doglavničko Vijeće compte douze membres. Mile Budak en a fait partie du 6 mai 1934 au 10 mai 1943 puis du 20 juillet 1943 au 6 mai 1945.

(38) À savoir Nikola Mandić, Mile Budak, Julije Makanec, Nikola Steinfel (Steinfl), Pavao Canki, Juraj (Jućo) Rukavina, Ivan Vidnjević, Ademaga Mešić, Lavoslav Milić et Bruno Nardelli.

(39) Le même qui requerra contre le Bienheureux Alojzije Stepinac, cardinal et archevêque de Zagreb.

(40) Des dix accusés, seuls trois échappent à la peine de mort : Ademaga Mešić est condamné à la réclusion à perpétuité, Lavoslav Milić et Bruno Nardelli à vingt ans d’emprisonnement.

(41) Mile Budak était catholique pratiquant et cela eut été en totale contradiction avec sa foi.

Bibliographie

        V. Nikolić, « Mile Budak : pjesnik i mučenik Hrvatske », Hrvatska Revija, N° 4 [156], décembre 1989, pp. 647-659.

        Jere Jareb, « Prilog životopisu dra Mile Budaka », Hrvatska Revija, N° 1 [157], mars 1990, pp. 92-122, N° 2 [158], juin 1990, pp. 311-355.

        P. Iuso, Il fascismo e gli Ustascia 1929-1941, Gangemi Editore, Roma 1998.

        Collectif, Tko je tko u NDH, Minerva, Zagreb 1998.

        T. Jonjić et S. Matković, « Novi prilozi za životopis Mile Budaka uoči Drugoga svjetskog rata », Časopis za suvremenu povijest, vol. 40, N° 2 (octobre 2008), pp. 425-452.

        D. Pavličević, « Nije Budak nego Blažnavac », Vijenac, N° 423, 20 mai 2010.

        S. Sipić, « L’idéologie du mouvement oustachi de 1930 à 1941 », Cahiers balkaniques, N° 38-39/2011, pp. 3-18.

        T. Jonjić et S. Matković, « Presuda protiv Mile Budaka i družine pronađena je i objavljena », Društvena istraživanja, vol. 22, N° 2, juillet 2013, pp. 369-375.        

Wall Street & the November 1917 Bolshevik Revolution

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Wall Street & the November 1917 Bolshevik Revolution

By Kerry Bolton 

Ex: http://www.counter-currents.com

My last article [2] documented the funding of the March 1917 Revolution in Russia.[1] The primary financier of the Russian revolutionary movement 1905–1917 was Jacob Schiff, of Kuhn Loeb and Co., New York. In particular Schiff had provided the money for the distribution of revolutionary propaganda among Russians prisoners-of-war in Japan in 1905 by the American journalist George Kennan who, more than any other individual, was responsible for turning American public and official opinion against Czarist Russia. Kennan subsequently related that it was thanks to Schiff that 50,000 Russian soldiers were revolutionized and formed the cadres that laid the basis for the March 1917 Revolution and, we might add–either directly or indirectly–the consequent Bolshevik coup of November. The reaction of bankers from Wall Street and The City towards the overthrow of the Czar was enthusiastic.

This article deals with the funding of the subsequent Bolshevik coup eight months later which, as paradoxical as it might seem to those who know nothing of history other than the orthodox version, was also greeted cordially by banking circles in Wall Street and elsewhere.

Apologists for the bankers and other highly-placed individuals who supported the Bolsheviks from the earliest stages of the communist takeover, either diplomatically or financially, justify the support for this mass application of psychopathology as being motivated by patriotic sentiment, in trying to thwart German influence over the Bolsheviks and to keep Russia in the war against Germany. Because Lenin and his entourage had been able to enter Russia courtesy of the German High Command on the basis that a Bolshevik regime would withdraw Russia from the war, Wall Street capitalists explained that their patronage of the Bolsheviks was motivated by the highest ideals of pro-Allied sentiment. Hence, William Boyce Thompson in particular stated that by funding Bolshevik propaganda for distribution in Germany and Austria this would undermine the war effort of those countries, while his assistance to the Bolsheviks in Russia was designed to swing them in favor of the Allies.

These protestations of patriotic motivations ring hollow. International banking is precisely what it is called–international, or globalist as such forms of capitalism are now called. Not only have these banking forms and other forms of big business had overlapping directorships and investments for generations, but they are often related through intermarriage. While Max Warburg of the Warburg banking house in Germany advised the Kaiser and while the German Government arranged for funding and safe passage of Lenin and his entourage from Switzerland across Germany to Russia;[2] his brother Paul,[3] a partner of Jacob Schiff’s at Wall Street, looked after the family interests in New York. The primary factor that was behind the bankers’ support for the Bolsheviks whether from London,[4] New York, Stockholm,[5] or Berlin, was to open up the underdeveloped resources of Russia to the world market, just as in our own day George Soros, the money speculator, funds the so-called “color revolutions” to bring about “regime change” that facilitates the opening up of resources to global exploitation. Hence there can no longer be any doubt that international capital a plays a major role in fomenting revolutions, because Soros plays the well-known modern-day equivalent of Jacob Schiff.

Recognition of Bolsheviks Pushed by Bankers

This aim of international finance, whether centered in Germany, England or the USA, to open up Russia to capitalist exploitation by supporting the Bolsheviks, was widely commented on at the time by a diversity of well-informed sources, including Allied intelligence agencies, and of particular interest by two very different individuals, Henry Wickham Steed, editor of The London Times, and Samuel Gompers, head of the American Federation of Labor.

On May 1, 1922 The New York Times reported that Gompers, reacting to negotiations at the international economic conference at Genoa, declared that a group of “predatory international financiers” were working for the recognition of the Bolshevik regime for the opening up of resources for exploitation. Despite the rhetoric by New York and London bankers during the war that a Russian revolution would serve the Allied cause, Gompers opined that this was an “Anglo-American-German banking group,” and that they were “international bankers” who did not adhere to any national allegiance. He also noted that prominent Americans who had a history of anti-labor attitudes were advocating recognition of the Bolshevik regime.[6]

What Gompers claimed, was similarly expressed by Henry Wickham Steed of The London Times, based on his observations. In a first-hand account of the Paris Peace Conference of 1919, Steed stated that proceedings were interrupted by the return from Moscow of William C. Bullitt and Lincoln Steffens, “who had been sent to Russia towards the middle of February by Colonel House and Mr. Lansing, for the purpose of studying conditions, political and economic, therein for the benefit of the American Commissioners plenipotentiary to negotiate peace.”[7] Steed also refers to British Prime Minister Lloyd George as being likely to have known of the Mission and its purpose. Steed stated that international finance was behind the move for recognition of the Bolshevik regime and other moves in favor of the Bolsheviks, and specifically identified Jacob Schiff of Kuhn, Loeb & Co., New York, as one of the principal bankers “eager to secure recognition”:

Potent international financial interests were at work in favor of the immediate recognition of the Bolshevists. Those influences had been largely responsible for the Anglo-American proposal in January to call Bolshevist representatives to Paris at the beginning of the Peace Conference—a proposal which had failed after having been transformed into a suggestion for a Conference with the Bolshevists at Prinkipo. . . . The well-known American Jewish banker, Mr. Jacob Schiff, was known to be anxious to secure recognition for the Bolshevists . . .[8]

In return for diplomatic recognition, Tchitcherin, the Bolshevist Commissary for Foreign Affairs, was offering “extensive commercial and economic concessions.”

Wickham Steed with the support of The Times’ proprietor, Lord Northcliffe, exposed the machinations of international finance to obtain the recognition of the Bolshevik regime, which still had a very uncertain future.

Steed related that he was called upon by US President Wilson’s primary adviser, Edward Mandel House, who was concerned at Steed’s exposé of the relationship between Bolshevists and international financers:

That day Colonel House asked me to call upon him. I found him worried both by my criticism of any recognition of the Bolshevists and by the certainty, which he had not previously realized, that if the President were to recognize the Bolshevists in return for commercial concessions his whole “idealism” would be hopelessly compromised as commercialism in disguise. I pointed out to him that not only would Wilson be utterly discredited but that the League of Nations would go by the board, because all the small peoples and many of the big peoples of Europe would be unable to resist the Bolshevism which Wilson would have accredited.[9]

Steed stated to House that it was Jacob Schiff, Warburg and other bankers who were behind the diplomatic moves in favor of the Bolsheviks:

I insisted that, unknown to him, the prime movers were Jacob Schiff, Warburg, and other international financiers, who wished above all to bolster up the Jewish Bolshevists in order to secure a field for German and Jewish exploitation of Russia.[10]

Steed here indicates an uncharacteristic naïveté in thinking that House would not have known of the plans of Schiff, Warburg, et al. House was throughout his career close to these bankers and was involved with them in setting up a war-time think tank called The Inquiry, and following the war the creation of the Council on Foreign Relations, in order to shape an internationalist post-war foreign policy. It was Schiff and Paul Warburg and other Wall Street bankers who called on House in 1913 to get House’s support for the creation of the Federal Reserve Bank.[11]

House in Machiavellian manner asked Steed to compromise; to support humanitarian aid supposedly for the benefit of all Russians. Steed agreed to consider this, but soon after talking with House found out that British Prime Minister Lloyd George and Wilson were to proceed with recognition the following day. Steed therefore wrote the leading article for the Paris Daily Mail of March 28th, exposing the maneuvers and asking how a pro-Bolshevik attitude was consistent with Pres. Wilson’s declared moral principles for the post-war world?

. . . Who are the tempters that would dare whisper into the ears of the Allied and Associated Governments? They are not far removed from the men who preached peace with profitable dishonour to the British people in July, 1914. They are akin to, if not identical with, the men who sent Trotsky and some scores of associate desperadoes to ruin the Russian Revolution as a democratic, anti-German force in the spring of 1917.[12]

Here Steed does not seem to have been aware that some of the same bankers who were supporting the Bolsheviks had also supported the March Revolution.

Charles Crane,[13] who had recently talked with President Wilson, told Steed that Wilson was about to recognize the Bolsheviks, which would result in a negative public opinion in the USA and destroy Wilson’s post-War internationalist aims. Significantly Crane also identified the pro-Bolshevik faction as being that of Big Business, stating to Steed: “Our people at home will certainly not stand for the recognition of the Bolshevists at the bidding of Wall Street.” Steed was again seen by House, who stated that Steed’s article in the Paris Daily Mail, “had got under the President’s hide.” House asked that Steed postpone further exposés in the press, and again raised the prospect of recognition based on humanitarian aid. Lloyd George was also greatly perturbed by Steed’s articles in the Daily Mail and complained that he could not undertake a “sensible” policy towards the Bolsheviks while the press had an anti-Bolshevik attitude.[14]

Thompson and the American Red Cross Mission

As mentioned, House attempted to persuade Steed on the idea of relations with Bolshevik Russia ostensibly for the purpose of humanitarian aid for the Russian people. This had already been undertaken just after the Bolshevik Revolution, when the regime was far from certain, under the guise of the American Red Cross Mission. Col. William Boyce Thompson, a director of the NY Federal Reserve Bank, organized and largely funded the Mission, with other funding coming from International Harvester, which gave $200,000. The so-called Red Cross Mission was largely comprised of business personnel, and was according to Thompson’s assistant, Cornelius Kelleher, “nothing but a mask” for business interests.[15] Of the 24 members, five were doctors and two were medical researchers. The rest were lawyers and businessmen associated with Wall Street. Dr. Billings nominally headed the Mission.[16] Prof. Antony Sutton of the Hoover Institute stated that the Mission provided assistance for revolutionaries:

We know from the files of the U.S. embassy in Petrograd that the U.S. Red Cross gave 4,000 rubles to Prince Lvoff, president of the Council of Ministers, for “relief of revolutionists” and 10,000 rubles in two payments to Kerensky for “relief of political refugees.”[17]

The original intention of the Mission, hastily organized by Thompson in light of revolutionary events, was ‘”nothing less than to shore up the Provisional regime,” according to the historian William Harlane Hale, formerly of the United States Foreign Service.[18] The support for the social revolutionaries indicates that the same bankers who backed the Kerensky regime and the March Revolution also supported the Bolsheviks, and it seems reasonable to opine that these financiers considered Kerensky a mere prelude for the Bolshevik coup, as the following indicates.

Thompson set himself up in royal manner in Petrograd reporting directly to Pres. Wilson and bypassing US Ambassador Francis. Thompson provided funds from his own money, first to the Social Revolutionaries, to whom he gave one million rubles,[19] and shortly after $1,000,000 to the Bolsheviks to spread their propaganda to Germany and Austria.[20] Thompson met Thomas Lamont of J. P. Morgan Co. in London to persuade the British War Cabinet to drop its anti-Bolshevik policy. On his return to the USA Thompson undertook a tour advocating US recognition of the Bolsheviks.[21] Thompson’s deputy Raymond Robbins had been pressing for recognition of the Bolsheviks, and Thompson agreed that the Kerensky regime was doomed and consequently “sped to Washington to try and swing the Administration onto a new policy track,” meeting resistance from Wilson, who was being pressure by Ambassador Francis.[22]

The “Bolshevik of Wall Street”

Such was Thompson’s enthusiasm for Bolshevism that he was nicknamed “the Bolshevik of Wall Street” by his fellow plutocrats. Thompson gave a lengthy interview with The New York Times just after his four month tour with the American Red Cross Mission, lauding the Bolsheviks and assuring the American public that the Bolsheviks were not about to make a separate peace with Germany.[23] The article is an interesting indication of how Wall Street viewed their supposedly “deadly enemies,” the Bolsheviks, at a time when their position was very precarious. Thompson stated that while the “reactionaries,” if they assumed power, might seek peace with Germany, the Bolsheviki would not. “His opinion is that Russia needs America, that America must stand by Russia,” stated the Times. Thompson is quoted: “The Bolsheviki peace aims are the same as those of the Untied States.” Thompson alluded to Wilson’s speech to the United States Congress on Russia as “a wonderful meeting of the situation,” but that the American public “know very little about the Bolsheviki.” The Times stated:

Colonel Thompson is a banker and a capitalist, and he has large manufacturing interests. He is not a sentimentalist nor a “radical.” But he has come back from his official visit to Russia in absolute sympathy with the Russian democracy as represented by the Bolsheviki at present.

Hence at this time Thompson was trying to sell the Bolsheviks as “democrats,” implying that they were part of the same movement as the Kerensky regime that they had overthrown. While Thompson did not consider Bolshevism the final form of government, he did see it as the most promising step towards a “representative government” and that it was the “duty” of the USA to “sympathize” with and “aid” Russia “through her days of crisis.” He stated that in reply to surprise at his pro-Bolshevik sentiments he did not mind being called “red” if that meant sympathy for 170,000,000 people “struggling for liberty and fair living.” Thompson also saw that while the Bolsheviki had entered a “truce” with Germany, they were also spreading Bolshevik doctrines among the German people, which Thompson called “their ideals of freedom” and their “propaganda of democracy.” Thompson lauded the Bolshevik Government as being the equivalent to America’s democracy, stating:

The present government in Russia is a government of workingmen. It is a Government by the majority, and, because our Government is a government of the majority, I don’t see how it can fail to support the Government of Russia.

Thompson saw the prospects of the Bolshevik Government being transformed as it incorporated a more Centrist position and included employers. If Bolshevism did not proceed thus, then “God help the world,” warned Thompson. Given that this was a time when Lenin and Trotsky held sway over the regime, subsequently to become the most enthusiastic advocates of opening Russia up to foreign capital (New Economic Policy) prospects seemed good for a joint Capitalist-Bolshevik venture with no indication that an upstart named Stalin would throw a spanner in the works.

The Times article ends: “At home in New York, the Colonel has received the good-natured title of ‘the Bolshevik of Wall Street.’”[24] It was against this background that it can now be understood why labor leader Samuel Gompers denounced Bolshevism as a tool of “predatory international finance,” while arch-capitalist Thompson lauded it as “a government of working men.”

The Council on Foreign Relations Report

The Council on Foreign Relations (CFR) had been established in 1921 by President Wilson’s chief adviser Edward Mandel House out of a previous think tank called The Inquiry, formed in 1917–1918 to advise President Wilson on the Paris Peace Conference of 1919. It was this conference about which Steed had detailed his observations when he stated that there were financial interests trying to secure the recognition of the Bolsheviks.[25]

Peter Grose in his semi-official history of the CFR writes of it as a think tank combining academe and big business that had emerged from The Inquiry group.[26] Therefore the CFR report on Soviet Russia at this early period is instructive as to the relationship that influential sections of the US Establishment wished to pursue in regard to the Bolshevik regime. Grosse writes of this period:

Awkward in the records of The Inquiry had been the absence of a single study or background paper on the subject of Bolshevism. Perhaps this was simply beyond the academic imagination of the times. Not until early 1923 could the Council summon the expertise to mobilize a systematic examination of the Bolshevik regime, finally entrenched after civil war in Russia. The impetus for this first study was Lenin’s New Economic Policy, which appeared to open the struggling Bolshevik economy to foreign investment. Half the Council’s study group were members drawn from firms that had done business in pre-revolutionary Russia, and the discussions about the Soviet future were intense. The concluding report dismissed “hysterical” fears that the revolution would spill outside Russia’s borders into central Europe or, worse, that the heady new revolutionaries would ally with nationalistic Muslims in the Middle East to evict European imperialism. The Bolsheviks were on their way to “sanity and sound business practices,” the Council study group concluded, but the welcome to foreign concessionaires would likely be short-lived. Thus, the Council experts recommended in March 1923 that American businessmen get into Russia while Lenin’s invitation held good, make money on their investments, and then get out as quickly as possible. A few heeded the advice; not for seven decades would a similar opportunity arise.[27]

However, financial interests had already moved into Soviet Russia from the beginning of the Bolshevik regime.

The Vanderlip Concession

H. G. Wells, historian, novelist, and Fabian-socialist, observed first-hand the relationship between Communism and big business when he had visited Bolshevik Russia. Travelling to Russia in 1920 where he interviewed Lenin and other Bolshevik leaders, Wells hoped that the Western Powers and in particular the USA would come to the Soviets’ aid. Wells also met there “Mr. Vanderlip” who was negotiating business contracts with the Soviets. Wells commented of the situation he would like to see developing, and as a self-described “collectivist” made a telling observation on the relationship between Communism and “Big Business”:

The only Power capable of playing this role of eleventh-hour helper to Russia single-handed is the United States of America. That is why I find the adventure of the enterprising and imaginative Mr. Vanderlip very significant. I doubt the conclusiveness of his negotiations; they are probably only the opening phase of a discussion of the Russian problem upon a new basis that may lead it at last to a comprehensive world treatment of this situation. Other Powers than the United States will, in the present phase of world-exhaustion, need to combine before they can be of any effective use to Russia. Big business is by no means antipathetic to Communism. The larger big business grows the more it approximates to Collectivism. It is the upper road of the few instead of the lower road of the masses to Collectivism.[28]

In addressing concerns that were being expressed among Bolshevik Party “activists” at a meeting of the Moscow Organization of the party, Lenin sought to reassure them that the Government was not selling out to foreign capitalism, but that, in view of what Lenin believed to be an inevitable war between the USA and Japan, a US interest in Kamchatka would be favorable to Soviet Russia as a defensive position against Japan. Such strategic considerations on the part of the US, it might be added, were also more relevant to US and other forms of so-called “intervention” during the Russian Civil War between the Red and the White Armies, than any desire to help the Whites overturn the Bolsheviks, let alone restore Czarism. Lenin said of Vanderlip to the Bolshevik cadres:

We must take advantage of the situation that has arisen. That is the whole purpose of the Kamchatka concessions. We have had a visit from Vanderlip, a distant relative of the well-known multimillionaire, if he is to he believed; but since our intelligence service, although splendidly organized, unfortunately does not yet extend to the United States of America, we have not yet established the exact kinship of these Vanderlips. Some even say there is no kinship at all. I do not presume to judge: my knowledge is confined to having read a book by Vanderlip, not the one that was in our country and is said to be such a very important person that he has been received with all the honors by kings and ministers—from which one must infer that his pocket is very well lined indeed. He spoke to them in the way people discuss matters at meetings such as ours, for instance, and told then in the calmest tones how Europe should be restored. If ministers spoke to him with so much respect, it must mean that Vanderlip is in touch with the multimillionaires.[29]

Of the meeting with Vanderlip, Lenin indicated that it was based on a secret diplomacy that was being denied by the US Administration, while Vandrelip returned to the USA, like other capitalists such as Thompson, praising the Bolsheviks. Lenin continued:

. . . I expressed the hope that friendly relations between the two states would be a basis not only for the granting of a concession, but also for the normal development of reciprocal economic assistance. It all went off in that kind of vein. Then telegrams came telling what Vanderlip had said on arriving home from abroad. Vanderlip had compared Lenin with Washington and Lincoln. Vanderlip had asked for my autographed portrait. I had declined, because when you present a portrait you write, “To Comrade So-and-so,” and I could not write, “To Comrade Vanderlip.” Neither was it possible to write: “To the Vanderlip we are signing a concession with” because that concession agreement would be concluded by the Administration when it took office. I did not know what to write. It would have been illogical to give my photograph to an out-and-out imperialist. Yet these were the kind of telegrams that arrived; this affair has clearly played a certain part in imperialist politics. When the news of the Vanderlip concessions came out, Harding—the man who has been elected President, but who will take office only next March—issued an official denial, declaring that he knew nothing about it, had no dealings with the Bolsheviks, and had heard nothing about any concessions. That was during the elections, and, for all we know, to confess, during elections, that you have dealings with the Bolsheviks may cost you votes. That was why he issued an official denial. He had this report sent to all the newspapers that are hostile to the Bolsheviks and are on the pay roll of the imperialist parties . . .[30]

This mysterious Vanderlip was in fact Washington Vanderlip who had, according to Armand Hammer, come to Russia in 1919, although even Hammer does not seem to have known much of the matter.[31] Lenin’s rationalizations in trying to justify concessions to foreign capitalists to the “Moscow activists” in 1920 seem disingenuous and less than forthcoming. Washington Vanderlip was an engineer whose negotiations with Russia drew considerable attention in the USA. The New York Times wrote that Vanderlip, speaking from Russia, denied reports of Lenin’s speech to “Moscow activists” that the concessions would serve Bolshevik geopolitical interests, with Vanderlip declaring that he had established a common frontier between the USA and Russia and that trade relations must be immediately restored.[32] The New York Times reporting in 1922: “The exploration of Kamchatka for oil as soon as trade relations between this country and Russia are established was assured today when the Standard Oil Company of California purchased one-quarter of the stock in the Vanderlip syndicate.” This gave Standard Oil exclusive leases on any syndicate lands on which oil was found. The Vanderlip syndicate comprised sixty-four units. The Standard Oil Company has just purchased sixteen units. However, the Vanderlip concessions could not come into effect until Soviet Russia was recognized by the USA.[33]

The Vanderlip syndicate holds concessions for the exploitation of coal, oil, and timber lands, fisheries, etc., east of the 160th parallel in Kamchatka. The Russian Government granted the syndicate alternate sections of land there and will draw royalties amounting to approximately 5 percent on all products developed and marketed by the syndicate.[34]

It is little wonder then that US capitalists were eager to see the recognition of the Soviet regime.

Bolshevik Bankers

In 1922 Soviet Russia’s first international bank was created, Ruskombank, headed by Olof Aschberg of the Nye Banken, Stockholm, Sweden. The predominant capital represented in the bank was British. The foreign director of Ruskombank was Max May, vice president of the Guaranty Trust Company.[35] Similarly to “the Bolshevik of Wall Street,” William Boyce Thompson, Aschberg was known as the “Bolshevik banker” for his close involvement with banking interests that had channeled funds to the Bolsheviks.

Guaranty Trust Company became intimately involved with Soviet economic transactions. A Scotland Yard Intelligence Report stated as early as 1919 the connection between Guaranty Trust and Ludwig C. A. K. Martens, head of the Soviet Bureau in New York when the bureau was established that year.[36] When representatives of the Lusk Committee investigating Bolshevik activities in the USA raided the Soviet Bureau offices on May 7, 1919, files of communications with almost a thousand firms were found. Basil H. Thompson of Scotland Yard in a special report stated that despite denials, there was evidence in the seized files that the Soviet Bureau was being funded by Guaranty Trust Company.[37] The significance of the Guaranty Trust Company was that it was part of the J. P. Morgan economic empire, which Dr. Sutton shows in his study to have been a major player in economic relations with Soviet Russia from its early days. It was also J. P. Morgan interests that predominated in the formation of a consortium, the American International Corporation (AIC), which was another source eager to secure the recognition of the still embryonic Soviet state. Interests represented in the directorship of the American International Corporation (AIC) included: National City Bank; General Electric; Du Pont; Kuhn, Loeb and Co.; Rockefeller; Federal Reserve Bank of New York; Ingersoll-Rand; Hanover National Bank, etc.[38]

The AIC’s representative in Russia at the time of the revolutionary tumult was its executive secretary William Franklin Sands, who was asked by US Secretary of State Robert Lansing for a report on the situation and what the US response should be. Sands’ attitude toward the Bolsheviks was, like that of Thompson, enthusiastic. Sands wrote a memorandum to Lansing in January 1918, at a time when the Bolshevik hold was still far from sure, that there had already been too much of a delay by the USA in recognizing the Bolshevik regime such as it existed. The USA had to make up for “lost time,” and like Thompson, Sands considered the Bolshevik Revolution to be analogous to the American Revolution.[39] In July 1918 Sands wrote to US Treasury Secretary McAdoo that a commission should be established by private interests with government backing, to provide “economic assistance to Russia.”[40]

Armand Hammer

One of those closely associated with Ludwig Martens and the Soviet Bureau was Dr. Julius Hammer, an emigrant from Russia who was a founder of the Communist Party USA. There is evidence that Julius Hammer was the host to Leon Trotsky when the latter with his family arrived in New York in 1917, and that it was Dr. Hammer’s chauffeured car that provided transport to Natalia and the Trotsky children. The Trotskys were met on disembarkation at the New York dock by Arthur Concors, a director of the Hebrew Sheltering and Immigrant Aid Society, whose advisory board included Jacob Schiff of Kuhn, Loeb and Co.[41] Dr. Hammer was the “primary owner of Allied Drug and Chemical Co.,” and “one of those not so rare creatures, a radical Marxist turned wealthy entrepreneur,” who lived an opulent lifestyle, according to Professor Spence.[42] Another financier linked to Trotsky was his own uncle, banker Abram Zhivotovskii, who was associated with numerous financial interests including those of Olof Aschberg.[43]

The intimate association of the Hammer family with Soviet Russia was to be maintained from start to finish, with an interlude of withdrawal during the Stalinist period. Julius’ son Armand, chairman of Occidental Petroleum Corporation, was the first foreigner to obtain commercial concessions from the Soviet Government. Armand was in Russia in 1921 to arrange for the reintroduction of capitalism according to the new economic course set by Lenin, the New Economic Policy. Lenin stated to Hammer that the economies of Russia and the USA were complementary, and in exchange for the exploitation of Russia’s raw materials he hoped for America’s technology.[44] This was precisely the attitude of significant business interests in the West. Lenin stated to Hammer that it was hoped the New Economic Policy would accelerate the economic process “by a system of industrial and commercial concessions to foreigners. It will give great opportunities to the United States.”[45]

Hammer met Trotsky, who asked him whether “financial circles” in the USA regard Russia as a desirable field of investment? Trotsky continued:

Inasmuch as Russia had its Revolution, capital was really safer there than anywhere else because, “whatever should happen abroad, the Soviet would adhere to any agreements it might make. Suppose one of your Americans invest money in Russia. When the Revolution comes to America, his property will of course be nationalized, but his agreement with us will hold good and he will thus be in a much more favorable position than the rest of his fellow capitalists.[46]

The manner by which Russia fundamentally changed direction, resulting eventually in the Cold War when Stalin refused to continue the wartime alliance for the purposes of establishing a World State via the United Nations Organization, traces its origins back to the divergence of opinion, among many other issues, between Trotsky and Stalin in regard to the role of foreign investment in the Soviet Union.[47] The CFR report had been prescient in warning big business to get into Russia immediately lest the situation changed radically.

Regimented Labor

But for the moment, with Trotsky entrenched as the warlord of Bolshevism, and Lenin favorable towards international capital investment, events in Russia seemed to be promising. A further major factor in the enthusiasm certain capitalist interests had for the Bolsheviks was the regimentation of labor under the so-called “dictatorship of the proletariat.” The workers’ state provided foreign capitalists with a controlled workforce. Trotsky had stated:

The militarization of labor is the indispensable basic method for the organization of our labor forces. . . . Is it true that compulsory labor is always unproductive? . . . This is the most wretched and miserable liberal prejudice: chattel slavery too was productive. . . . Compulsory slave labor was in its time a progressive phenomenon. Labor obligatory for the whole country, compulsory for every worker, is the basis of socialism. . . . Wages must not be viewed from the angle of securing the personal existence of the individual worker [but should] measure the conscientiousness, and efficiency of the work of every laborer.[48]

Hammer related of his experiences in the young Soviet state that although lengthy negotiations had to be undertaken with each of the trades unions involved in an enterprise, “the great power and influence of the trade unions was not without its advantages to the employer of labor in Russia. Once the employer had signed a collective agreement with the union branch there was little risk of strikes or similar trouble.”

Breaches of the codes as negotiated could result in dismissal, with recourse by the sacked worker to a labor court which, in Hammer’s experience, did not generally find in the worker’s favor, which would mean that there would be little chance of the sacked worker getting another job.[49]

However, Trotsky’s insane run in the Soviet Union was short-lived. As for Hammer, despite his greatly expanding and diverse businesses in the Soviet Union, after Stalin assumed power Hammer packed up and left, not returning until Stalin’s demise. Hammer opined decades later:

I never met Stalin—I never had any desire to do so—and I never had any dealings with him. However it was perfectly clear to me in 1930 that Stalin was not a man with whom you could do business. Stalin believed that the state was capable of running everything without the support of foreign concessionaires and private enterprise. That is the main reason I left Moscow. I could see that I would soon be unable to do business there and, since business was my sole reason to be there, my time was up.[50]

Foreign capital did nonetheless continue to do business with the USSR[51] as best as it was able, but the promising start that capitalists saw in the March and November revolutions for a new Russia that would replace the antiquated Czarist system with a modern economy from which they could reap the rewards was, as the 1923 CFR report warned, short-lived. Gorbachev and Yeltsin provided a brief interregnum of hope for foreign capital, to be disappointed again with the rise of Putin and a revival of nationalism and opposition to the oligarchs. The policy of continuing economic relations with the USSR even during the era of the Cold War was promoted as a strategy in the immediate aftermath of World War II when a CFR report by George S Franklin recommended attempting to work with the USSR as much as possible, “unless and until it becomes entirely evident that the U.S.S.R. is not interested in achieving cooperation . . .”

The United States must be powerful not only politically and economically, but also militarily. We cannot afford to dissipate our military strength unless Russia is willing concurrently to decrease hers. On this we lay great emphasis.

We must take every opportunity to work with the Soviets now, when their power is still far inferior to ours, and hope that we can establish our cooperation on a firmer basis for the not so distant future when they will have completed their reconstruction and greatly increased their strength. . . . The policy we advocate is one of firmness coupled with moderation and patience.[52]

Since Putin, the CFR again sees Russia as having taken a “wrong direction.” The current recommendation is for “selective cooperation” rather than “partnership, which is not now feasible.”[53]

The Revolutionary Nature of Capital

Should the fact that international capital viewed the March and even the November Revolutions with optimism be seen as an anomaly of history? Oswald Spengler was one of the first historians to expose the connections between capital and revolution. In The Decline of the West he called socialism “capitalistic” because it does not aim to replace money-based values, “but to possess them.” H. G. Wells, it will be recalled, said something similar. Spengler stated of socialism that it is “nothing but a trusty henchman of Big Capital, which knows perfectly well how to make use of it.” He elaborated in a footnote, seeing the connections going back to antiquity:

Herein lies the secret of why all radical (i.e. poor) parties necessarily become the tools of the money-powers, the Equites, the Bourse. Theoretically their enemy is capital, but practically they attack, not the Bourse, but Tradition on behalf of the Bourse. This is as true today as it was for the Gracchuan age, and in all countries . . .[54]

It was the Equites, the big-money party, which made Tiberius Gracchu’s popular movement possible at all; and as soon as that part of the reforms that was advantageous to themselves had been successfully legalized, they withdrew and the movement collapsed.[55]

From the Gracchuan Age to the Cromwellian and the French Revolutions, to Soros’ “color revolutions” of today, the Russian Revolutions were neither the first nor the last of political upheavals to serve the interests of Money Power in the name of “the people.”

 Notes

[1] K. R. Bolton, “March 1917: Wall Street & the March 1917 Russian Revolution,” Ab Aeterno, No. 2 (March 2010).

[2] Michael Pearson, The Sealed Train: Journey to Revolution: Lenin–1917 (London: Macmillan, 1975).

[3] Paul Warburg, prior to immigrating to the USA, had been decorated by the Kaiser in 1912.

[4] Col. William Wiseman, head of the British Secret Service, was the British equivalent to America’s key presidential adviser, Edward House, with whom he was in constant communication. Wiseman became a partner in Kuhn, Loeb & Co. From London on May 1, 1918 Wiseman cabled House that the Allies should intervene at the invitation of the Bolsheviks and help organize the Bolshevik army then fighting the White Armies in a bloody Civil War at a time when the Bolshevik hold on Russia was doubtful (Edward M. House, ed. Charles Seymour, The Intimate Papers of Col. House [New York: Houghton, Mifflin Co., 1926], Vol. III, p. 421).

[5] Olof Aschberg of the Nye Banken, Stockholm, the so-called “Bolshevik banker” who became head of the first Soviet international bank, Ruskombank, channeled funds to the Bolsheviks. On September 6, 1948 The London Evening Star commented on Aschberg’s visit to Swiss bankers that he had “advanced large sums to Lenin and Trotsky in 1917. At the time of the revolution Mr. Aschberg gave Trotsky money to form and equip the first unit of the Red Army.”

[6] Samuel Gompers, “Soviet Bribe fund Here Says Gompers, Has Proof That Offers Have Been Made, He Declares, Opposing Recognition. Propaganda Drive. Charges Strong Group of Bankers With Readiness to Accept Lenin’s Betrayal of Russia,” The New York Times, May 1, 1922. Online at Times’ archives: http://query.nytimes.com/gst/abstract.html?res=9E00E3D81739EF3ABC4953DFB3668389639EDE [3]

[7] Henry Wickham Steed, “Through Thirty Years 1892–1922 A personal narrative,” The Peace Conference, The Bullitt Mission, Vol. II.  (New York: Doubleday Page and Co., 1924), p. 301.

[8] Ibid.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Charles Seymour, 165–66. House was assigned by Wilson to draw up the constitution for the League of Nations, and in 1918 formed a think tank at Wilson’s request, called The Inquiry, to advise on post-war policy, which became the Council on Foreign Relations. House was the US chief negotiator at the Peace Conference in Paris, 1919–1920.

[12] Henry Wickham Steed, “Peace with Honor,” Paris Daily Mail, 28 March 1922; quoted in Steed (1924).

[13] Crane was a member of a 1917 Special Diplomatic Mission to Russia, and a member of the American Section of the Paris Peace Conference in 1919.

[14] H. W. Steed, 1924, op. cit.

[15] Antony Sutton, Wall Street and the Bolshevik Revolution (New York: Arlington House Publishers, 1974), p. 71.

[16] Ibid., p. 75.

[17] Ibid., p. 73.

[18] William Harlan Hale, “When the Red Storm Broke,” America and Russia: A Century and a Half of Dramatic Encounters, ed. Oliver Jensen (New York: Simon and Schuster, 1962), p. 150.

[19] Ibid., p.151.

[20] “Gives Bolsheviki a Million,” Washington Post, 2 February 1918, cited by Sutton, ibid., pp. 82–83.

[21] A. Sutton, op.cit., p. 8.

[22] W. Harlan Hale, op.cit., p. 151.

[23] Trotsky while still in the USA had made similar claims. “People War Weary. But Leo Trotsky Says They Do Not Want Separate Peace,” New York Times, March 16, 1917. This was why he became the focus of British intelligence efforts via R. H. Bruce Lockhart, special agent to the British War Cabinet in Russia.

[24] “Bolsheviki Will Not Make Separate Peace: Only Those Who Made Up Privileged Classes Under Czar Would Do So, Says Col. W. B. Thompson, Just Back From Red Cross Mission,” New York Times, January 27, 1918.

[25] Robert S. Rifkind, ‘”The Wasted Mission,” America and Russia, op. cit., p. 180.

[26] Peter Grose, Continuing The Inquiry: The Council on Foreign Relations from 1921 to 1996 (New York: Council on Foreign Relations, 2006). The entire book can be read online at: Council on Foreign Relations: http://www.cfr.org/about/history/cfr/index.html [4] (Accessed on February 27, 2010).

[27] Ibid. Chapter: “Basic Assumptions.”

[28] H. G. Wells, Russia in the Shadows, Chapter VII, “The Envoy.” Wells went to Russia in September 1920 at the invitation of Kamenev, of the Russian Trade Delegation in London, one of the leaders of the Bolshevik regime. Russia in the Shadows appeared as a series of articles in The Sunday Express. The whole book can be read online at: gutenberg.net.au/ebooks06/0602371h.html [5]

[29] V. I. Lenin, December 6, 1920, Collected Works, 4th English Edition (Moscow: Progress Publishers, 1965), Volume 31, 438–59 http://www.marxists.org/archive/lenin/works/1920/dec/06.htm [6] (Accessed on August 4, 2010).

[30] Ibid.

[31] A. Hammer, Witness to History (Reading, England: Hodder and Stoughton, 1988), pp.151-152.

[32] “Vanderlip’s Empire,” The New York Times, December 1, 1920, 14.

[33] “Standard Oil Joins Vanderlip Project,” The New York Times, January 11, 1922, p. 1.

[34] Ibid.

[35] Antony Sutton, Wall Street and the Bolshevik Revolution (New York: Arlington House Publishers, 1974), pp. 62–63.

[36] “Scotland Yard Intelligence Report,” London 1919, US State Dept. Decimal File, 316-22-656, cited by A. Sutton, ibid., p. 113.

[37] Basil H. Thompson, British Home Office Directorate of Intelligence, “Special Report No. 5 (Secret),” Scotland Yard, London, July 14, 1919; cited by Sutton, ibid., p. 115.

[38] A Sutton, op.cit., pp. 130–31.

[39] Sands’ memorandum to Lansing, p. 9; cited by Sutton, ibid., pp. 132, 134.

[40] A. Sutton, ibid., p. 135.

[41] Richard B Spence, “Hidden Agendas: Spies, Lies and Intrigue Surrounding Trotsky’s American Visit, January-April 1917,” Revolutionary Russia, Vol. 21, #1 (2008).

[42] Ibid.

[43] Ibid.

[44]  A. Hammer, Witness to History, op. cit., p. 143.

[45] Ibid.

[46] Ibid., p. 160.

[47] K. R. Bolton, “Origins of the Cold War: How Stalin Foiled a New World Order,” Foreign Policy Journal, May 31, 2010, http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/31/origins-of-the-cold-war-how-stalin-foild-a-new-world-order/all/1 [7]

[48] Leon Trotsky, Third All-Russian Congress of Trade Unions, April 6th, 1920. http://www.marxists.org/archive/brinton/1970/workers-control/05.htm [8] (Accessed on August 4, 2010).

[49] A. Hammer, op. cit., p. 217.

[50] Ibid., p. 221.

[51] Charles Levinson, Vodka-Cola (West Sussex: Biblias, 1980). Antony Sutton, National Suicide: Military Aid to the Soviet Union (New York: Arlington House, 1973).

[52] Peter Grose, op. it., “The First Transformation,” http://www.cfr.org/about/history/cfr/first_transformation.html [9]

[53] Jack Kemp, et al., Russia’s Wrong Direction: What the United States Can and Should do, Independent Task Force Report, no. 57 (New York: Council on Foreign Relations, 2006) xi. The entire publication can be downloaded at: http://www.cfr.org/publication/9997/ [10]

[54] Oswald Spengler, The Decline of The West (London: George Allen & Unwin, 1971), Vol. 2,  p. 464.

[55] Ibid., p. 402.

Source: Ab Aeterno, no. 5, Fall 2010

 


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[4] http://www.cfr.org/about/history/cfr/index.html: http://www.cfr.org/about/history/cfr/index.html

[5] gutenberg.net.au/ebooks06/0602371h.html: http://www.counter-currents.comgutenberg.net.au/ebooks06/0602371h.html

[6] http://www.marxists.org/archive/lenin/works/1920/dec/06.htm: http://www.marxists.org/archive/lenin/works/1920/dec/06.htm

[7] http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/31/origins-of-the-cold-war-how-stalin-foild-a-new-world-order/all/1: http://www.foreignpolicyjournal.com/2010/05/31/origins-of-the-cold-war-how-stalin-foild-a-new-world-order/all/1

[8] http://www.marxists.org/archive/brinton/1970/workers-control/05.htm: http://www.marxists.org/archive/brinton/1970/workers-control/05.htm

[9] http://www.cfr.org/about/history/cfr/first_transformation.html: http://www.cfr.org/about/history/cfr/first_transformation.html

[10] http://www.cfr.org/publication/9997/: http://www.cfr.org/publication/9997/

vendredi, 08 novembre 2013

Wall Street & the March 1917 Russian Revolution

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Wall Street & the March 1917 Russian Revolution

By Kerry Bolton 

Ex: http://www.counter-currents.com

“There is no proletarian, not even a communist, movement that has not operated in the interests of money, in the directions indicated by money, and for the time permitted by money — and that without the idealists amongst its leaders having the slightest suspicion of the fact.” Oswald Spengler.[1]

The “Russian Revolution” (sic) is heralded in both the popular imagination and by academe as a triumph of the people against Czarist tyranny, even if most concede that the utopian vision turned sour, at least with the eventual dictatorship of Stalin. However a look behind the multiple facades of history shows that the “Russian Revolution” was one of many upheavals that have served those who provide the funding. Few–whether laymen or supposed “experts”–ever seem to question as to where the money comes to finance these revolutions, and we are expected to believe that they are “spontaneous uprisings of the people against oppression,” just as today we are still expected to believe that the so-called “colour revolutions” in the Ukraine, Georgia, Serbia, etc., are “spontaneous demonstrations.” This essay examines the funding of the March 1917 Russian Revolution, the so-called First Revolution that served as an opening scene for the Bolsheviks, and concludes that there are forces at work behind he scenes, whose goals are far removed from the welfare of the masses.

March 2010 marks the ninety-third anniversary of the (First) Russian Revolution, which served as the prelude for the Bolshevik coup the following November, known as the “Bolshevik Revolution.” A look beyond orthodoxy shows with ample documentation that socialism, from social democracy and fabianism[2] to communism, has generally “operated in the interests of money” as Spengler observed.

The Fabian historian and novelist H. G. Wells, when in Russia in 1920 observing the still precarious Bolshevik regime, commenting on how arch-capitalists were even then already going into the embryonic Soviet republic to negotiate commercial concessions[3], wrote:

. . . Big business is by no means antipathetic to Communism. The larger big business grows the more it approximates to Collectivism. It is the upper road of the few instead of the lower road of the masses to Collectivism.[4]

Big Business saw in socialism a means for both destroying the traditional foundations of nations and societies and as a control mechanism. In the case of Old Russia where a State based on monarchical and rural traditions was not amenable to being opened up for global business exploitation of its resources the scene was set for the upheavals of 1917 back in 1905 at the time of the Russo-Japanese War, which played a significant role in the formation of a Russian revolutionary cadre.[5] The funding for the formation of that cadre came from Jacob Schiff, senior partner of Kuhn, Loeb & Co., New York, who backed Japan in the war against Russia.[6]

The individual most responsible for turning American opinion, including government and diplomatic opinion, against Czarist Russia was the journalist George Kennan[7], who was sponsored by Schiff. In a collection of essays on American-Russian diplomacy, Cowley states that during the Russo-Japanese War of 1904-1905 Kennan was in Japan organising Russian POWs into ‘revolutionary cells’ and claimed to have converted “52,000 Russian soldiers into ‘revolutionists’”. Cowley also adds, significantly, “Certainly such activity, well-financed by groups in the United States, contributed little to Russian-American solidarity.”[8]

The source of the revolutionary funding “by groups in the United States” was explained by Kennan at a celebration of the March 1917 Russian Revolution, as reported as by the New York Times:

Mr. Kennan told of the work of the Friends of Russian Freedom in the revolution.

He said that during the Russian-Japanese war he was in Tokio, and that he was permitted to make visits among the 12,000 Russian prisoners in Japanese hands at the end of the first year of the war. He had conceived the idea of putting revolutionary propaganda into the hands of the Russian army.

The Japanese authorities favoured it and gave him permission. After which he sent to America for all the Russian revolutionary literature to be had . . .

“The movement was financed by a New York banker you all know and love,” he said, referring to Mr Schiff, “and soon we received a ton and a half of Russian revolutionary propaganda. At the end of the war 50,000 Russian officers and men went back to their country ardent revolutionists. The Friends of Russian Freedom had sowed 50,000 seeds of liberty in 100 Russian regiments. I do not know how many of these officers and men were in the Petrograd fortress last week, but we do know what part the army took in the revolution.”

Then was read a telegram from Jacob H. Schiff, part of which is as follows: “Will you say for me to those present at tonight’s meeting how deeply I regret my inability to celebrate with the Friends of Russian Freedom the actual reward of what we had hoped and striven for these long years.”[9]

The reaction to the Russian revolution by Schiff and indeed by bankers generally, in the USA and London, was one of jubilation. Schiff wrote enthusiastically to the New York Times:

May I through your columns give expression to my joy that the Russian nation, a great and good people, have at last effected their deliverance from centuries of autocratic oppression and through an almost bloodless revolution have now come into their own. Praised be God on high! Jacob H. Schiff.[10]

Writing to The Evening Post in response to a question about revolutionary Russia’s new status with world financial markets, Schiff replied as head of Kuhn, Loeb & Co.:

Replying to your request for my opinion of the effects of the revolution upon Russia’s finances, I am quite convinced that with the certainty of the development of the country’s enormous resources, which, with the shackles removed from a great people, will follow present events, Russia will before long take rank financially amongst the most favoured nations in the money markets of the world.[11]

Schiff’s reply reflected the general attitude of London and New York financial circles at the time of the revolution. John B. Young of the National City Bank, who had been in Russia in 1916 in regard to a US loan stated in 1917 of the revolution that it has been discussed widely when he had been in Russia the previous year. He regarded those involved as “solid, responsible and conservative.”[12] In the same issue, the New York Times reported that there had been a rise in Russian exchange transactions in London 24 hours preceding the revolution, and that London had known of the revolution prior to New York. The article reported that most prominent financial and business leaders in London and New York had a positive view of the revolution.[13] Another report states that while there had been some disquiet about the revolution, “this news was by no means unwelcome in more important banking circles.”[14]

These bankers and industrialists are cited in these articles as regarding the revolution as being able to eliminate pro-German influents in the Russian government and as likely to pursue a more vigorous course against Germany. Yet such seemingly “patriotic sentiments” cannot be considered the motivation behind the plutocratic support for the revolution. While Max Warburg of the Warburg banking house in Germany, advised the Kaiser and while the German Government arranged for funding and safe passage of Lenin and his entourage from Switzerland across Germany to Russia; his brother Paul,[15] as associate of Schiff’s,[16] looked after the family interests in New York. The factor that was behind this banking support for the revolution whether from London, New York, Stockholm,[17] or Berlin, was that of the tremendous largely untapped resources that would become available to the world financial markets, which had hitherto been denied control under the Czar. It must be kept in mind that these banking dynasties were–and are–not merely national or local banks but are international and do not owe loyalty to any particular nation, unless that nation happens to be acting in their interests at a particular time. [18]

The Bolshevik Revolution of eight months later, despite the violent anti-capitalist rhetoric, was to open Russia’s vast resources up to world capitalism, although with the advent of Stalin, not to the extent that the plutocrats had thought when the Lenin-Trotsky regime had held sway for several years.

Notes 

This essay is based on parts of chapters in my book Revolution From Above: Manufacturing “Dissent” in the New World Order (London: Arktos, 2011). I hope to submit a similar essay on the funding of the November 1917 Russian Bolshevik Revolution for the October-November-December issue of Ab Aeterno.

[1] Oswald Spengler, The Decline of The West, 1918, 1926 (London: G. Allen & Unwin, 1971), vol. 2, p. 402.

[2] The Fabian Society features on its coat-of-arms a wolf in sheep’s clothing. Prominent among the founding members were literati such as H. G. Wells and G. B. Shaw. The Fabians founded the London School of Economics and Political Science as a training academy for the future governing elite in a collectivist state. According to co-founder Beatrice Webb, funding for this came from Sir Ernest Cassel of Vickers armaments and Kuhn, Loeb & Co., New York; and the Rothschilds, et al. (K. R. Bolton, op.cit., “Revolution By Stealth”).

[3] Washington A. Vanderlip was in Russia at the same time as Wells, negotiating commercial concessions with the Soviet regime–successfully.

[4] H. G. Wells, Russia in the Shadows, Chapter VII, “The Envoy.”  Wells went to Russia in September 1920 at the invitation of Kamenev, of the Russian Trade Delegation in London, one of the leaders of the Bolshevik regime. Russia in the Shadows appeared as a series of articles in The Sunday Express. The whole book can be read online at: gutenberg.net.au/ebooks06/0602371h.html [2]

[5] The Russian monarchy and the Russian peasant were both considered historically passé by the Western financial establishment, in the same manner that in our own time the Afrikaner farming folk were considered passé and their system of apartheid hindered the globalisation of South Africa’s economy. Like the March and November 1917 Russian Revolutions, the ostensibly “Black” revolution in South Africa eliminated the Afrikaner anachronism and under “socialism” has privatised the parastatals (state-owned utility companies) and privatised the economy.

[6] “Jacob Schiff,” Dictionary of American Biography, Vol. XVI, p. 431. Schiff gave a loan of $200,000,000 to the Japanese aggressors, for which he was decorated by the Japanese Emperor.

[7] Robert Cowley, “A Year in Hell,” America and Russia: A Century and a Half of Dramatic Encounters, ed. Oliver Jensen (New York: Simon and Schuster, 1962), pp. 92-121. The introductory note to the chapter indicates the nature of Kennan’s influence: “An American journalist, George Kennan, became the first to reveal the full horrors of Siberian exile and the brutal, studied inhumanity of Czarist ‘justice’.” Cowley quotes historian Thomas A. Bailey as stating of Kennan: “No one person did more to cause the people of the United States to turn against their presumed benefactor of yesteryear.” (A reference to Czarist Russia’s support for the Union during the American Civil War). Cowley, ibid., p. 118.

[8] Ibid., p. 120.

[9] New York Times, 24 March, 1917, pp. 1-2.

[10] Jacob H. Schiff, “Jacob H. Schiff Rejoices, By Telegraph to the Editor of the New York Times,” New York Times, 18 March, 1917. This can be viewed in The New York Times online archives: http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9802E4DD163AE532A2575BC1A9659C946696D6CF [3] (accessed 12 January 2010).

[11] “Loans easier for Russia,” The New York Times, 20 March 1917. http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9B04EFDD143AE433A25753C2A9659C946696D6CF [4] (accessed 12 January 2010).

[12] “Is A People’s Revolution.” The New York Times, 16 March 1917.

[13] “Bankers here pleased with news of revolution,” ibid.

[14] “Stocks strong – Wall Street interpretation of Russian News,” ibid.

[15] Paul Warburg, prior to emigrating to the USA, had been decorated by the Kaiser in 1912.

[16] Paul Warburg was also Schiff’s brother-in-law.

[17] Olof Achberg of the Nye Banken, Stockholm was to serve as the conduit for funds between international banks and the Bolsheviks.

[18] For example, what national or prior imperial loyalties could a banking dynasty such as the Rothschilds owe, when they had family branches of the bank in London, Paris, Frankfurt, and Berlin? The same question applies to all such banks, and in our own time to the trans-national corporations.

Source: Ab Aeterno: Journal of the Academy of Social and Political Research, no. 2, March 2010


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[3] http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9802E4DD163AE532A2575BC1A9659C946696D6CF: http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9802E4DD163AE532A2575BC1A9659C946696D6CF

[4] http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9B04EFDD143AE433A25753C2A9659C946696D6CF: http://query.nytimes.com/mem/archive-free/pdf?res=9B04EFDD143AE433A25753C2A9659C946696D6CF

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samedi, 02 novembre 2013

De Boerenkrijg tussen hamer en aambeeld

boerenkrijg.jpg

Archief 1998

De Boerenkrijg tussen hamer en aambeeld

Wannes Alverdinck en Jan Creve

Ex: http://www.devrijbuiter.be

Tweehonderd jaar geleden werd in de Zuidelijke Nederlanden een ware oorlog uitgevochten. Gedurende 3 maanden streden verspreide plattelandslegertjes tegen één van de machtigste oorlogsmachines van die tijd. De Franse invaller won tenslotte het pleit maar de strijd van de Brigands bleef voortleven in de herinnering. Honderden activiteiten in tal van Vlaamse gemeenten herdachten afgelopen maanden deze 'Boerenkrijg' (1). Maar van overheidswege werd er in alle talen gezwegen. Minister van Binnenlandse Zaken Di Rupo wilde er zelfs geen postzegel aan wijden.

TWEE VISIES

Is de Boerenkrijg wel zo belangrijk geweest dat we er papier aan zouden verspillen!? Grosso modo zijn twee meningen te onderscheiden die lijnrecht tegenover elkaar staan:

1. De Boerenkrijg was de strijd van ons volk tegen een vreemde indringer. Het was een bevrijdingsstrijd. Een heroïsche strijd. De herdenking is een eerbetoon aan deze helden.

2. De Boerenkrijg is een oproer geweest van een minderheid, van wat landvolk en geboefte. Een laatste opstoot van een voorbijgestreefde en verdwijnende wereld. Het betreft een fait-divers dat enkel interesse verdient vanuit wetenschappelijk-historisch oogpunt.

De eerste benadering vindt voornamelijk aanhang bij Vlaamsgezinde katholieken, al is dat ooit anders geweest (2), de tweede is die van het politieke en historisch-wetenschappelijke establishment.

De enen willen bewijzen dat de Boerenkrijg een volksopstand was van Vlaanderen tegen het Franse imperialisme. De anderen (zien zij de wervende kracht van dit postulaat?) grijpen - onder het mom van wetenschappelijkheid - alles aan om de Boerenkrijg te minimaliseren. Zo is er het werk van de Gentse professor Luc François die niets onverlet laat om de Boerenkrijg af te doen als een geheel van onbeduidende en onge-organiseerde opstandjes. Op zich is het uitgangspunt van François en zijn studenten, namelijk de historische feiten scheiden van de 19de eeuwse (romantische) fictie, zéér lovens-waardig. Maar het resultaat is niet om wild van te worden: Het negeren van een aantal historische documenten, vereenvoudigingen, zelfs verdraaiingen zijn eerder regel dan uitzondering. Zo geeft men in dit boek een opsomming van gemeenten "zonder", met "een kleine", "een grotere" en "een sterke actiebereidheid". Wat we hieronder in concreto moeten verstaan is onduidelijk maar de bedoeling van deze werkwijze is dat wel: namelijk aantonen dat in de opsomming van honderden gemeenten 'slechts' enkele tientallen gemeenten een "grotere" of "sterke" actiebereidheid vertoonden. Uitgezet op grafiek komt dat zeer overtuigend over maar wie zich de moeite geeft om dezelfde gegevens eens op een kaart te bekijken kan niet anders dan besluiten dat bepaalde streken werkelijk in vuur en vlam stonden. (3) Het zijn niet de enige zaken waarin de Gentse professor opvalt: zo ontkent hij het bestaan van enige organisatie, stelde hij op een uiteenzetting in Putte dat cijfers over de getalsterkte van het boerenleger door 10 moeten gedeeld worden en, op een andere uiteenzetting in Gent, dat het voornaamste motief voor de Boerenkrijg te vinden is in economische factoren, zijnde de terugval van de huisnijverheid op het platteland einde van de 18de eeuw en de tegenstelling platteland-stad.

EEN POGING TOT SYNTHESE

300px-Boerenkrijg.jpgToegegeven, het is niet gemakkelijk de woelige tijd van de Boerenkrijg te reconstrueren. Ongetwijfeld bevatten beide voormelde thesissen een kern van waarheid. De Boerenkrijg was een georganiseerde opstand van de plattelandsbevolking tegen het Frans imperialisme. En ja, de Boerenkrijg ontstond uit spontane woede en was een verbeten wanhoopsdaad om het tij te keren. Maar eigenlijk dringt zich een derde thesis op: Dé Boerenkrijg heeft zich nooit voorgedaan!

Op 12 oktober 1798 begaf zich een groep Franse soldaten, sansculotten (4) naar een boerderij in Overmere (Oost-Vlaanderen) waar een boer weigerde de zoveelste oorlogsbelasting te betalen. Andere bronnen spreken van een opstand van dienstplichtigen. Hoe dan ook, plaatselijke bewoners gingen de Fransen te lijf met alles wat maar op een wapen leek: vliemen, houthakkersbijlen, knuppels, dorsvlegels... Binnen de kortste keren waren de Fransen verdreven. In hun overwinningsroes trokken ze het dorp binnen, kapten de door de Fransen geplante 'vrijheidsboom' om, openden de kerkdeuren en luidden de kerkklokken. (5) Het was de aanleiding voor een opstand die reeds een maand eerder met de afkondiging van de Franse conscriptiewetten nog moeilijk te vermijden leek.

Als een lopend vuur verspreidde de opstand zich over het land. In West-Vlaanderen werd de opstand, met honderden doden in Ingelmunster en Kortrijk, na tien dagen bedwongen. In het Houtland, Waasland, Hulst, tot aan het Vlaams Hoofd voor Antwerpen, trokken de opstandelingen van dorp tot dorp. Maar de verdedigings-mogelijkheden waren in dit vlakke land beperkt en de Franse troepen konden vanuit de steden (Gent, Oostende en Doornik) gemakkelijk deze streken bestrijken. En in Hulst, dat zijn poorten opende voor de Wase Boerenkrijgers, lieten de Brigands zelfs een scheepskonvooi met een lading van 300 kanonnen zomaar voorbijvaren.

In de streek van Bornem, St-Amands, Willebroek en Hingene kon het Boerenleger onder de kundige leiding van de handelaar Emmanuel-Benedict Rollier langer weerstaan. Niet alleen was deze streek, met zijn moerassen, waterlanden en bossen, geprangd tussen enkele rivieren, beter geschikt voor een zich steeds hergroeperend leger, maar daarnaast was dat leger waarschijnlijk ook beter bewapend én getraind. Het kon beschikken over Engelse bakergeweren en Engels geld om de vrijwilligers te betalen. Maar uiteindelijk moest men ook daar zwichten voor de militaire overmacht. Bornem werd grotendeels in de as gelegd en ook elders vonden represailles plaats.

In de Antwerpse en de Limburgse Kempen wist het boerenleger zich langer te verweren. Onder leiding van de drukker Pieter Corbeels, de brouwerszoon Jozef Emmanuel Van Gansen en de jonge advokaat Eelen speelde het boerenleger, dat op een bepaald moment meer dan 5000 strijders telde, tussen Essen en Hasselt gedurende verschillende weken een kat-en-muis-spel met de Fransen. In de morgen van 5 december werd het leger in Hasselt echter verrast en definitief verslagen.

De Boerenkrijg kostte aan duizenden opstandelingen het leven. Corbeels en Meulemans werden met honderden medestanders terechtgesteld. Rollier dook onder, net als van Gansen die de rest van de Franse tijd in zijn eigen dorp overleefde.

Op verschillende plaatsen in het land smeulde de opstand nog na maar nergens kreeg hij nog de afmetingen van wat in het najaar van 1798 had plaatsgevonden. (6)

DE OORZAKEN VAN DE BOERENKRIJG

Ondanks de herhaalde bezettingen en oorlogen behoorden onze streken in de 18de eeuw tot de meest welvarende van Europa. De landbouw kende dankzij het systeem van de teeltwisseling (7) een hoge productiviteit. Er was een goed uitgebouwd net van land- en waterwegen. We kenden een hogere alfabetiseringsgraad dan in de 19de eeuw (tot 60 procent in bepaalde streken). Alle standen en regio's waren vertegenwoordigd in het politiek bestel. De vrijheden en privilegies uit de Middeleeuwen hadden hier, meer dan elders, dankzij de desinteresse van onze vreemde vorsten, kunnen standhouden.

Toen de Oostenrijkse keizer Jozef II met zijn radicale hervormingen deze toestand ongedaan probeerde te maken brak er een gewapende opstand uit (1789) die uitliep op de vorming van de Republiek der Verenigde Nederlandse Staten (République des Etats Unis de la Belgique). Eén van de (geheime) genootschappen die mee aan de basis lag van het verzet tegen de nieuwe denkbeelden van de keizer heette zeer toepasselijk "Pro Aris et Focis" ("Voor Outer en Heerd"). Daarmee duidelijk beklemtonend dat de opstand in feite draaide om het behoud van de tradities tegenover de nieuwlichterij van de keizer. (8) Onderling gekrakeel maakte echter snel een eind aan de jonge republiek. Al in 1790 wisten de Oostenrijkers hun gezag te herstellen. In 1792 marcheerden de Frans-republikeinse troepen hier voor het eerst binnen. Enkele maanden later werden ze opnieuw verdreven maar in juni 1794 behaalden ze met de slag bij Fleurus een definitieve overwinning op de Oostenrijkers. En in oktober 1795 werden de Zuidelijke Nederlanden ingelijfd bij de Franse republiek.

Boerenkrijg5-300x434.jpgDe ware aard van deze "bevrijding" onder de leuze "vrijheid, gelijkheid, broederlijkheid" werd snel duidelijk. De "nieuwe departementen" werden systematisch geplunderd. Naast deze plunderingen - het Louvre dankt er een groot deel van haar collectie aan - waren er de belastingen; de vorderingen van graan, hooi, vee en paarden; de inkwartiering van Franse soldaten bij de bevolking; de invoering van assignaten, papieren geld dat na herhaaldelijke devaluaties niets meer waard was; de vervolging van priesters die de eed van trouw aan de republiek weigerden af te leggen; de invoering van de republikeinse kalender die de jaartelling startte op 22 september 1792 en de vloer aanveegde met de traditionele feestdagen (Van de 80 dagen waarop er niet diende gewerkt te worden tijdens het "Ancien Régime" bleven er na 1795 nog amper 40 over...).

De opstand smeulde. Vertegenwoordigers van de standen die voordien in de Staten zetelden, organiseerden zich en vroegen om steun bij de vijanden van hun vijanden: de Engelsen, de Pruisen, Oostenrijk en de kringen rond de prins van Oranje die in ballingschap leefde (ook Noord-Nederland was door de Fransen onder de voet gelopen).

Afspraken werden gemaakt. De eerste ladingen geweren, de eerste financiële steun sijpelden het land binnen. Hiervan getuigen onder meer de verslagen van Franse spionnen (9). Een (begin van?) landelijke organisatie lijkt dus wel erg waarschijnlijk. Net als de samenwerking met andere mogendheden. De Engelsen patrouilleerden voor de kust en voerden regelmatig raids uit. Enkele maanden voor de Boerenkrijg uitbrak werd Oostende gebombardeerd vanuit zee. En in Vlissingen was er een mislukte landing. Op 27 oktober zou de Boerenkrijg moeten beginnen. Maar dit plan werd uiteindelijk niet gevolgd, zodat we belanden bij de thesis dat de Boerenkrijg zoals hij gepland was, nooit heeft plaatsgevonden. Reden voor het voortijdig uitbreken van de Boerenkrijg was de invoering van de dienstplicht voor alle jongemannen tussen 20 en 25 jaar, gedurende 5 jaar in vredestijd en voor onbepaalde tijd in oorlogstijd. En het was oorlog. Er was geen houden meer aan. De plattelandsbevolking greep vervroegd naar de wapens.

BETEKENIS

OuterEnHeerd-3.jpgHet is ontegensprekelijk zo dat het romantische beeld van de Boerenkrijg zoals het in de 19de eeuw is ontstaan nood had aan bijsturing. De Boerenkrijg was géén avant-première van de strijd voor Vlaamse onafhankelijkheid en was ook, in tijd en plaats, geen unieke gebeurtenis. Eerder had in onze streken onder impuls van gelijklopende motieven de Brabantse Omwenteling plaatsgevonden. Elders in Europa waren er de opstanden in de Vendée en in Süd-Tirol; de Klöppelkrieg in Luxemburg, de Chouannerie, het gewapende verzet van Charles Jacquemin de Loupoigne in Vlaams én Waals Brabant, de opstand in het departement van de Ourthe...

De Boerenkrijg past op die manier in een brede tegenbeweging die overal in Europa op gang kwam tegen de rationalisering en 'modernisering' van de samenleving. Een beweging die niet de "nieuwe" en maakbare mens als norm nam maar de gemeenschap met haar geheel aan gebruiken en tradities. En dààrin ligt ongetwijfeld de betekenis van deze en andere opstanden.

Noten:

(1) Brigand betekende zoveel als rover en was het scheldwoord waar de Franse overheid zich van bediende om opstandelingen aan te duiden.

In de literatuur heeft men het steeds over de 'Boerenkrijg' maar in feite speelden boeren slechts een bescheiden rol in deze oorlog. Het aandeel van ambachtslieden, dagloners, handelaars was minstens even groot.

(2) 'De Boerenkrijg' van Conscience (1852), 'La guerre des paysans' van August Orts (187O) en 'La Belgique sous la domination Française' van Paul Verhaegen (1924) zijn geschreven vanuit een Belgisch-unitair standpunt.

(3) Tekenend voor de werkwijze van deze Gentse professor is dat de gemeenten Menen, Moorslede, Wervik worden opgenomen in de lijst van gemeenten "zonder actiebereidheid" maar in een ander hoofdstuk lezen we dat in Menen al begin oktober pamfletten circuleerden; dat in Moorslede een grote groep Brigands verzamelde; en dat er in Wervik incidenten plaatsvonden en er "een opstand dreigde". Melsele en Kruibeke worden omschreven als gemeente met een kleine actiebereidheid terwijl ze in een ander hoofdstuk omschreven staan als centra van de Boerenkrijg in het Waasland.

(4)sansculotten: diegenen die niet de aristocratische kniebroek maar de povere pantalon, of volksbroek droegen. Buiten Frankrijk werden er de (vaak pover aangeklede) Franse soldaten mee bedoeld.

(5)De vrijheidsboom, was een linde of berk, geplant in opdracht van de republikeinse overheid als symbool van hun vrijheidsstreven. Het omhakken van de vrijheidsboom en het openbreken van de kerkdeuren was in die zin een sterk symbolisch geladen actie.

(6) In de zomer van 1799 liep de Brabantse opstandelingenleider Charles Jacquemin de Loupoigne in een Franse hinderlaag en zijn hoofd werd in Brussel op een staak tentoongesteld. Gevangengenomen Brigands werden massaal gevonnist, steden en dorpen beboet. Daarmee leek er zogoed als een eind gekomen te zijn aan de de reeks van opstanden. In de loop van 1800, Napoleon had zich intussen meester gemaakt van de macht, werden de verbanningsbesluiten t.o.v. duizenden priesters ingetrokken en keerden de meeste gevangengenomen Brigands weer naar huis.

(7) Teeltwisseling veronderstelt de totale bebouwing van het akkerland. Bij het oudere drieslagstelsel werd 1/3 van het akkerland braak gelaten opdat het niet zou uitgeput raken. Bij teeltwisseling werd er gebruik gemaakt van zgn. grondverbeteraars als rapen en klavers wat ervoor zorgde dat het vee niet meer moest gedecimeerd worden voor de voedselarme winter.

(8) Pro Aris et Focis was de geheime organisatie van de "democratische" volgelingen van Jan-Frans Vonck. Of de strijdkreet "Voor Outer en Heerd" effectief gebruikt werd tijdens de Boerenkrijg wordt door verschillende historici betwist. Volgens hen zou de slogan door 19de eeuwse schrijvers aan de Boerenkrijgers zijn toegedicht.

(9) voor het terugvinden van deze aanwijzingen over de internationale draagwijdte van de Boerenkrijg verwijzen wij graag naar het Boerenkrijgkomitee Klein-Brabant dat ondermeer de tentoonstelling in St-Amands 'Het Verzet van 1798. Van Evolutie tot Revolutie, van Zelfbestuur tot Dictatuur en van Federalisme tot Centralisme' heeft gerealiseerd. In feite vormen zij de kern van alle evenementen die zich dit jaar rond de Boerenkrijg hebben afgespeeld. De tento is reeds afgelopen, maar waarschijnlijk zij er nog (zeer uitgebreide) catalogen beschikbaar, Aan alle geïnteresseerden warm aanbevolen. Daarvoor kan u contact opnemen met dhr. Aimé De Decker, tel. nr. 052/33.41.53

Bibliografie:

FRANCOIS, L., De Boerenkrijg. Twee eeuwen feiten en fictie, Leuven 1998.

SUYKENS, A., Franse Revolutie en Boerenkrijg in Klein-Brabant, Brussel, 1948.

VOORDE, H. VAN DE (e.a.), Bastille, Boerenkrijg en Tricolore. De Franse Revolutie in de Zuidelijke Nederlanden, Leuven, 1989.

jeudi, 31 octobre 2013

La Kriegsmarine et l'Opération Barbarossa

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La Kriegsmarine et l'Opération Barbarossa

Ingo Lachnit

En conquérant toute la côte atlantique de la France en juin 1940, les armées de Hitler ont dégagé le Reich de l'encerclement maritime que lui avaient imposé les Britanniques et les Français. La victoire allemande à l'Ouest ouvre au Reich les portes du large. A partir de ce moment, la Kriegsmarine ébauche des projets globaux et non plus purement défensifs, limités à la Mer du Nord et à la Baltique. C'est l'Amiral Carls, Commandant en chef du Groupe Est, qui fut le premier à fournir une étude globale, définissant les objectifs de la guerre sur mer (1). Son mémorandum reflète parfaitement l'état d'esprit des chefs de la marine allemande, après que les côtes atlantiques de la France soient tombées aux mains des Allemands.

L'Allemagne: une puissance d'ordre à l'échelon mondial

Carls, dans son mémorandum, parlait un langage clair. Sans circonlocutions, il déclare que l'Allemagne, désormais, doit devenir une puissance mondiale. Il ne craint pas de mener la guerre “contre la moitié ou les deux tiers du monde”. Déjà en 1938, il avait dit que l'Allemagne pouvait envisager de mener un tel combat avec succès. En déclarant que l'Allemagne devait devenir une puissance mondiale, Carls imposait à la marine une ligne de conduite, qui impliquait, à son tour, plusieurs objectifs de guerre: après avoir récupéré les anciennes provinces et territoires du Reich à l'Ouest et réclamé le retour des anciennes colonies africaines, Carls préconisait la constitution d'une confédération des Etats d'Europe du Nord sous l'égide allemande, regroupant, outre le Reich, une Grande-Flandre, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, y compris leurs possessions d'outre-mer. Les possessions qu'apporteraient le Danemark et la Norvège dans la nouvelle communauté d'Etats (Spitzberg, Groenland, Islande, Iles Féroé), garantirait la domination maritime du Reich dans l'Atlantique-Nord, qui serait encore consolidée par l'annexion des Iles anglo-normandes et des Shetlands  —la marine considéraient encore l'annexion de ce petit archipel au Nord de l'Ecosse comme un but de guerre en 1944. Cette position fortifiée dans le Nord aurait permis à l'Allemagne d'avoir un accès libre aux zones centrales de l'Atlantique, grâce à l'inclusion dans la sphère d'influence du Reich d'une bande littorale ouest-française. Les ports de cette bande littorale auraient servi de tremplin vers le sud, permettant du même coup de se rendre maîtres de la côte ouest-africaine. Sur cette côte, l'Allemagne devra s'assurer quelques territoires, de façon à s'aménager des points d'appui. Ensuite, l'Union Sud-Africaine, y compris la Rhodésie du Sud, deviendraient des Etats indépendants et se détacheraient de l'Empire britannique, s'empareraient de Madagascar et des îles avoisinantes, de façon a créer une “chaîne” de points d'appui qui s'étendrait de l'Océan Indien au Pacifique, en passant pas les colonies néerlandaises (Indonésie), tombées sous influence allemande grâce à l'inclusion de la Hollande dans la communauté des Etats du Nord de l'Europe. Cette “chaîne” aboutirait au Bornéo septentrional qui serait, lui aussi, détaché de l'Empire et passerait sous domination allemande.

Cette esquisse des ambitions allemandes, élaborée par Carls, correspondait bel et bien à l'état d'esprit qui régnait dans les états-majors de la marine. Seuls quelques officiers ont émis des revendications plus modérées, mais qui ne portaient que sur les détails, non sur l'essentiel. Ainsi, le Chef du 1er Skl., le Contre-Amiral Fricke, en formulant une ligne de conduite légèrement différente, estimait que l'Allemagne devait en priorité s'affirmer comme puissance européenne dominante. Fricke suggérait de ne pas mettre la charrue avant les bœufs et de ne pas aller trop vite en besogne en voulant faire de l'Allemagne une puissance mondiale. Le Commandant-en-chef de la Marine, le Grand-Amiral Raeder, pour sa part, refusait de s'emballer pour les projets trop audacieux et ne voulait pas perdre de vue l'essentiel: les objectifs à court terme; l'acquisition de points d'appui insulaires et continentaux le long des côtes africaines ne serait alors qu'un objectif à moyen terme. Dans les détails, les buts déclarés variaient d'une personnalité à l'autre. Mais il n'en demeure pas moins vrai que tous les officiers de l'état-major de la marine de guerre étaient d'accord sur un point: l'Allemagne était devenu une puissance d'ordre et devait s'affirmer en tant que telle sur toute la surface du globe. Aucun officier de marine ne mettait en doute la nécessité de faire du Reich la puissance hégémonique en Europe, la puissance organisatrice d'un “grand espace” économique européen, avec son complément colonial africain. Cette mission devait forcément donner à l'Allemagne une vocation planétaire. Toutes les ébauches de la marine impliquaient une Weltpolitik  de grande envergure. Sans la moindre hésitation, les officiers de la marine prévoyaient de bétonner et de consolider les positions du “Reich Grand-Allemand” sur le plan géostratégique, de même que ses intérêts outre-mer, de “façon définitive, sur le fond, pour tous les temps”.

L'objectif à court terme: devenir une puissance coloniale

Les exigences coloniales de la marine allemande, de même que sa volonté d'acquérir des points d'appui, vise en premier lieu à asseoir solidement les revendications allemandes. Carls souhaitait un désarmement de l'Angleterre et de la France et pensait qu'il ne fallait réaccorder l'égalité en droit à ces deux puissances que lorsqu'elles auraient accepté l'ordre nouveau imposé par le Reich à l'Europe. Leurs empires coloniaux devront être réduit en dimensions, afin qu'ils soient égaux en taille aux possessions allemandes d'outre-mer, mais ne devront en aucun cas être détruits. Les possessions coloniales de la Grande-Bretagne, de la France et de l'Italie demeureront suffisamment vastes, après que l'Allemagne ait accedé au statut de grande puissance mondiale, “pour leur assurer l'existence et assez de puissance”, toutefois “dans les proportions que nous aurons souhaitées”. L'objectif de devenir “puissance mondiale” ne pourra se concrétiser que dans la mesure où l'Allemagne se montrera capable d'assurer l'équilibre entre les autres puissances. Carls parle en fait d'“auto-limitation” (Selbstbeschränkung)  quand il parle du Reich; il ne perçoit pas celui-ci comme une puissance qui règnerait seule sur le destin de la planète, mais qui serait davantage “régulatrice” de la politique internationale. La notion de “puissance mondiale” (Weltmacht) n'est donc pas synonyme, dans la pensée de Carls”, de “domination (non partagée) sur le monde” (Weltherrschaft).  Les objectifs coloniaux énoncés dans le mémorandum ont une connotation nettement restauratrice. Ils se contentent, pour l'essentiel, de rétablir les colonies allemands d'avant 1918, en leur adjoignant quelques possessions françaises et la Rhodésie, qui souderait ses colonies entre elles.

Carls renonce à toute acquisition en Méditerranée et à toute intrusion dans les sphères d'infuence américaine et japonaise. Il tient compte du fait “que le Führer ne veut pas s'installer en Méditerranée, ni s'immiscer dans les sphères d'influence américaine et japonaise”. Carls savait intuitivement quel état d'esprit régnait dans le quartier général du Führer et devinait ce que ce dernier voulait entendre. Il élaborait ses plans non pas dans les limites de son propre domaine mais tenait davantage compte des intentions du commandement suprême que Raeder quand il rédigeait ses rapports. Raeder, lui, n'élaborait de projet que sur base de son domaine spécifique et tentait, envers et contre tout, de l'imposer au commandement suprême.

Ce qui frappe, c'est la mansuétude de Carls à l'égard de l'ennemi principal du Reich, la Grande-Bretagne. Celle-ci, dans la mesure du possible  —c'est-à-dire si elle ne s'oppose pas au Reich allemand de manière irrémédiable—  conserverait son Empire et demeurerait une puissance thalassocratique. Carls exprime de la sorte, outre une admiration pour l'œuvre coloniale des Britanniques, le point de vue de la marine: l'Empire britannique a eu une fonction stabilisante dans l'équilibre international. Sa chute favoriserait le Japon, puissance qui cherche l'hégémonie à l'échelle du globe, et qui se révèlerait, dans un avenir plus lointain, un nouvel adversaire du Reich allemand.

La Marine: facteur de décision dans la guerre

ship5.jpgLa marine de guerre allemande s'est toujours définie dans et par sa lutte contre la flotte britannique. Dans cette optique, l'Allemagne, en s'opposant à l'Angleterre, est logiquement, par la volonté du destin, obligée de devenir une puissance thalassocratique à l'échelle du globe. Cette vision des choses est solidement ancrée dans la marine depuis Tirpitz. Le corps des officiers de marine n'a jamais cessé de penser et d'agir dans le cadre de ces idées claires et compactes; tous ses objectifs s'inscrivent dans cette logique implaccable, même après 1918, année de la défaite que n'admettent pas plus les officiers de marine que ceux de l'armée de terre. Dans son Dienstschrift IX  (Note de service IX), rédigé en 1894, Tirpitz avait conçu le rôle des armées de terre  —protéger l'Etat contre l'arbitraire de l'ennemi—  comme inférieur à celui, sublime, de la marine: emporter la décision en cas de guerre. Cet état d'esprit témoigne de la cohésion morale, élitaire et sélective, du corps des officiers de marine allemands; ces hommes étaient convaincus de l'importance de leur arme et cette conviction, largement partagée, s'est perpétuée et renforcée après 1918 et l'intermède de Weimar. Le vocabulaire lui-même en témoigne: la marine est kriegsentscheidend,  elle force la décision, fait la décision, en cas de guerre. Tel est le noyau de la pensée stratégique et opérative de la marine. Ce qui explique la franchise avec laquelle la marine élabore ses plans pour faire de l'Allemagne une Weltmacht. Elle n'est pas victime de l'euphorie qui règne dans le Reich après la victoire sur la France mais s'inscrit plus simplement, plus naturellement, dans la tradition forgée à la fin du XIXième siècle par Tirpitz, tout en espérant, avec les nouveaux acquis territoriaux, rencontrer plus de succès.

Le problème de l'Angleterre

Comme les opérations contre la “forteresse insulaire” britannique s'avèrent lentes et n'emportent aucun succès, et comme l'invasion de l'Angleterre est reportée à l'année 1941, les esprits, en Allemagne, se concentrent sur le “problème anglais”. Si l'Angleterre ne peut être vaincue sur son île métropolitaine, il faudra trouver des points faibles dans l'Empire et y remporter des victoires décisives qui obligeront le gouvernement britannique à composer et à accepter la paix allemande. Cette question, essentielle, préoccupait bien entendu tous les militaires allemands, les chefs de la marine comme l'état-major de la Wehrmacht. Pour résoudre le problème anglais, il y avait plusieurs possibilités:

1) Une guerre contre les sources d'approvisionnement qui s'inscrirait dans le cadre d'une guerre économique de plus vaste envergure.

2) Des attaques ponctuelles contre les points névralgiques de l'Empire, de façon à ce qu'il s'effondre. A portée des Allemands, par ordre d'importance, nous avions, à l'époque: Suez, Gibraltar et Malte.

3) L'acquisition de positions stratégiques navales en Afrique du Nord et de l'Ouest, afin de donner aux opérations dans l'Atlantique l'ampleur souhaitée.

4) Intensifier la guerre des croiseurs. C'est l'idée motrice de Raeder.

La question qui se pose alors: où les chefs de la marine allemande doivent-ils porter le poids de leurs armes, en concentrant toutes leurs forces? Afin d'obtenir l'effet escompté le plus rapidement possible, avec les meilleures chances de succès?

Le tonnage anglais se concentrait dans l'Atlantique. C'est par l'Atlantique et la Méditerranée que passent les axes vitaux qui relient la Grande-Bretagne à ses sources d'énergie venues d'outre-mer. Fragmenter ces axes était la mission des sous-marins. Les chefs de la marine considéraient donc que la guerre anti-tonnage dans l'Atlantique était prioritaire. Mais le commandant en chef de la Marine tenait à la guerre traditionnelle des croiseurs, qu'il voulait mener en deux endroits: dans l'Atlantique et en Méditerranée (sur ce théâtre en guise de diversion). Mais comme les plus lourdes unités allemandes se trouvent dans l'Atlantique, elles ne peuvent être déployées en Méditerranée. Convaincu du grand impact que pourrait avoir sa stratégie de diversion  —laquelle ne pouvait que s'amplifier dès le début de la guerre du Pacifique et prendre des proportions globales—  Raeder envoya ses sous-marins en Méditerranée. Il s'est heurté à une critique sévère des sous-mariniers, hostiles à cette stratégie de diversion. Pour Dönitz, la Méditerranée n'avait qu'une importance secondaire. Selon Dönitz, toutes les mesures qui visent à diviser et disperser les forces ennemies sont erronées, car elles ne peuvent que contribuer à prélever des forces allemandes hors de la zone principale des combats, qui est l'Atlantique. Mais, dans l'optique de Raeder, au contraire, la Méditerranée ne revêt pas une importance stratégique qui ne vaudrait que pour la diversion qu'il entend planifier. En lançant une offensive contre Suez, il veut trancher l'“artère principale” de l'organisme qu'est l'Empire britannique et porter ainsi le coup fatal à l'Angleterre. Après la prise de Suez, les résidus de la domination britannique en Méditerranée pourraient facilement être éliminés avec l'aide de la flotte française. Sans nul doute, Raeder exagérait l'importance de la Méditerranée pour les Britanniques mais n'avait pas tort de valoriser l'importance des côtes du nord et de l'ouest de l'Afrique et comptait sur la coopération française dans les opérations navales dans l'Atlantique.

L'Atlantique, l'Afrique du Nord-Ouest et Suez: tels sont les objectifs principaux de la stratégie de la marine allemande.

Y avait-il communauté d'intérêt entre la France et l'Allemagne?

Au fur et à mesure que les officiers supérieurs de la marine allemande élaborent et peaufinent leur stratégie, la France vaincue acquiert de plus en plus de poids à leurs yeux. Le choc de Mers-el-Kébir et de Dakar du côté français, l'impossibilité de mener à bien l'Opération Seelöwe  (le débarquement en Angleterre) du côté allemand, contribuent à un rapprochement franco-allemand, qui devrait se concrétiser par un effort de guerre commun. Et comme les Italiens et les Espagnols n'ont pas réussi à chasser les Britanniques de la Méditerranée, contrairement à ce qu'avaient espéré les Allemands, les chefs de la marine allemande en viennent à estimer que la participation française à la guerre navale contre l'Angleterre est indispensable. Pour que les Français deviennent les adversaires de l'Angleterre, les Allemands doivent leur donner des garanties politiques, qui valent le prix d'une entrée en guerre de Vichy à leurs côtés. Raeder envisage une alliance en bonne et due forme avec les Français et souhaite que Berlin élargisse l'axe tripartite Rome-Berlin-Tokyo à Vichy. L'inclusion de la France dans le nouvel ordre européen a été l'une des exigences de base des chefs de la marine allemande.

Ceux-ci ont trouvé des appuis dans l'état-major de la Wehrmacht. Le Général-Major Warlimont, Chef du L/WFSt, après une visite à Paris, s'est fait l'avocat du rapprochement franco-allemand. L'Afrique du Nord-Ouest et de l'Ouest constitue un flanc stratégique indispensable contre l'Angleterre ainsi qu'un espace économique soustrait au blocus britannique. Le conseiller militaire de Hitler, le Chef de l'état-major général de la Wehrmacht, le Colonel-Général Jodl, partage ce point de vue. La France pourrait aider le IIIième Reich et lui donner la victoire finale, si elle met à la disposition des Allemands ses bases africaines. Si l'Allemagne perd les bases nord-africaines possédées par la France, expliquent les chefs de la marine, il ne sera plus possible de battre l'Angleterre dans la guerre commerciale qui se déroule dans l'Atlantique. Cette formulation est évidemment osée. Mais il n'en demeure pas moins vrai que la masse territoriale nord-africaine et ouest-africaine constitue une barrière importante contre toutes les attaques anglo-saxonnes contre le Sud de l'Europe. En outre, ce territoire peut servir de base pour des attaques de l'aviation allemande contre les Etats-Unis.

Kriegsmarine-Cruiser-KMS-Prinz-Eugen-14.jpgUne alliance franco-allemande constituerait donc un atout complémentaire, qui permettrait au Reich de faire son jeu sur le continent européen. Mais Hitler s'imaginait toujours qu'il allait pouvoir faire la paix avec l'Angleterre. Il laisse le sort de la France dans l'indécision. Après Mers-el-Kébir, l'Allemagne assouplit encore ses mesures de démobilisation, politique qui ne correspond pas du tout aux souhaits de la Marine et de l'état-major de la Wehrmacht, qui, eux, envisageaient de consolider militairement une communauté d'intérêt franco-allemande.

La campagne de Russie

Mais un projet militaire va s'avérer plus déterminant que tous les problèmes soulevés par la stratégie nouvelle, proposée par la marine allemande, plus déterminant aussi que tous les problèmes non résolus et toutes les occasions perdues: celui de lancer une campagne contre la Russie. Ce projet freine définitivement le développement de la stratégie maritime suggéré par Carls. La stratégie maritime dépend désormais de la guerre sur terre.

Pour les chefs de l'armée de terre, la capitulation de la France et l'impossibilité pour la Grande-Bretagne d'entreprendre des opérations sur le continent ont rendu impossible la guerre sur deux fronts. Du moins dans un premier temps. Mais l'élimination de la France n'a pas donné à la Kriegsmarine la liberté qu'elle souhaitait avoir sur ses arrières. Les forces opérationnelles de la marine allemande étant faibles, ses chefs ne pouvaient considérer l'Opération Barbarossa que comme un fardaud supplémentaire. Mais, mise à part cette objection, la marine n'avait nulle crainte quant au déroulement de la guerre à l'Est: “Les forces militaires qu'aligne l'armée russe doivent être considérées comme très inférieures à nos troupes expérimentées. L'occupation d'un territoire s'étendant du Lac Ladoga à la Crimée en passant par Smolensk est militairement réalisable, de façon à ce qu'en détenant ce territoire, il nous soit possible de dicter les conditions de la paix” (2). Les chefs de la marine partagent la conviction des dirigeants politiques de l'Allemagne: le Reich gagnera la guerre à l'Est sans difficulté. Mais doutent que, par cette victoire, la guerre contre l'Angleterre sera plus rapidement terminée. La marine croit en effet que l'impact d'une victoire allemande à l'Est sera mininal sur le moral de l'ennemi occidental. Les victoires allemandes sur le continent ne contraindront nullement la Grande-Bretagne à composer. Au contraire, l'effort exigé par la campagne de Russie sera tel qu'il favorisera une victoire anglaise dans l'Atlantique et rendra aux Britanniques toutes les positions perdues. Pire: si la Russie ne s'effondre pas immédiatement, l'Allemagne court un danger très grave, dans le sens où les territoires non neutralisés de l'URSS deviendront ipso facto des tremplins pour une attaque américaine. Dans l'esprit des chefs de la marine, le combat principal, c'est-à-dire la guerre contre l'Angleterre, pourrait bien être perdu, même si l'Opération Barbarossa débouche sur une victoire.

La guerre à l'Est soulage l'Angleterre

Les chefs de la marine jugent la sécurité globale de l'Allemagne, en incluant le facteur “Russie” dans des catégories qui justifient l'attaque contre l'URSS: la sécurité de l'Allemagne exige la consolidation, par des moyens militaires, d'un espace qui soit à l'abri de toute attaque extérieure, l'élimination, par des moyens politiques, des petits Etats peu fiables, et, enfin, la construction, par des moyens économiques, d'une autarcie continentale. Les chefs de la marine, de surcroît, acceptent les projets de colonisation et les dimensions idéologiques inhérents à la guerre contre l'URSS. Sur un plan politique plus général et animés par la conviction que les forces armées soviétiques de terre et de mer constituent un danger pour le Reich, les chefs de la marine s'alignent exactement sur les thèses du gouvernement allemand. Si les objectifs de construire un espace intangible ou une autarcie économique justifiaient dans une certaine mesure la guerre à l'Est, aux yeux du gouvernement, la marine, elle, tire des conclusions opposées. Dans son évaluation de la situation, trois éléments sont importants: 1) la conviction que l'Allemagne aurait obtenu tout ce qu'elle voulait de la Russie, même sans lui faire la guerre; 2) le problème anglais restait sans solution; 3) un éventail de réflexions sur l'industrie militaire.

Pour la marine, l'Angleterre est l'ennemi n°1

Du point de vue de la marine, le gouvernement du Reich surestime la “masse soviétique” et poursuit, vis-à-vis de Moscou, une politique de concessions inutile. Le gouvernement allemand devrait au contraire montrer à l'Union Soviétique, fragile parce que tout un éventail de crises la guette, la puissance politique et militaire du Reich. Les Russes, pour l'état-major de la marine, sont prêts à négocier, ce qui rend toute guerre inutile. Moscou, pensent les officiers supérieurs de la marine allemande, ira au devant de tous les souhaits de l'Allemagne.

La mission première de la marine de guerre est donc d'affronter directement l'Angleterre. Si celle-ci est abattue, le Reich obtiendra presque automatiquement la victoire. Toute campagne militaire à l'Est influencerait négativement la situation stratégique de l'Allemagne sur mer et jouerait en faveur de l'Angleterre, qui serait de fait soulagée. Le Korvettenkapitän Junge, chef du département “marine” auprès de l'état-major général de la Wehrmacht, tire les mêmes conclusions: l'Allemagne ne doit pas entrer en guerre contre la Russie, avant que l'Angleterre ne soit mise hors course.

La campagne à l'Est a-t-elle été une alternative?

Fricke (Chef de la 1ière Skl.) constatait que les Anglo-Saxons, affaiblis après avoir perdu leur allié continental potentiel, la Russie, ne s'en prendraient plus à la grande puissance continentale que serait devenue l'Allemagne. Mais cette constatation n'a en rien influencé l'élaboration de la stratégie navale allemande, favorable, en gros, à la campagne de Russie. La marine a été incapable de s'opposer avec succès à l'option anti-soviétique du gouvernement allemand. Mais ni Fricke ni les officiers supérieurs de la Kriegsmarine n'ont pu voir dans le projet “Barbarossa” une entreprise qui aurait contribué à abattre l'Angleterre (pour Hitler, ce n'était d'ailleurs pas l'objectif). Les gains territoriaux à l'Est ne compenseront nullement le tonnage que les Allemands, occupés sur le continent, ne pourront couler dans l'Atlantique, théâtre où se décide réellement le sort de la guerre. Les chefs de la marine ne voient ni la nécessité ni l'utilité d'une opération à l'Est, qui éloignerait les Allemands de l'Atlantique. Le Reich, pour les marins, ne perdra ni ne gagnera la guerre en Russie. Le destin de l'Allemagne se joue uniquement dans l'Atlantique.

Si l'option Barbarossa se concrétise, l'industrie de l'armement consacrera tous ses efforts à l'armée de terre et à l'aviation. Si les livraisons russes cessent d'arriver en Allemagne à cause de la guerre germano-soviétique, la marine en essuiera les conséquences et ne pourra plus espérer aucune priorité dans l'octroi de matières premières et de carburants. La guerre à l'Est ôtera à la marine son principal fournisseur de matières premières. Ses chefs ne pensent pas, en conséquence, que les opérations en Russie apporteront une solution au problème des matières premières, domaine où l'Allemagne est dans une situation précaire. Les livraisons de pétrole pour l'Opération Seelöwe ne seront pas nécessairement assurées, une fois l'Opération Barbarossa terminée. En conséquence, la marine estime que la campagne de Russie n'est qu'un élargissement compromettant de la guerre, pire, qu'elle l'étend dans une mauvaise direction et au moment le plus inapproprié.

Appréciation

Avec la victoire sur la France en juin 1940, la marine allemande peut enfin mettre au point sa “grande stratégie”. Mais cette stratégie prend fin avec le débarquement allié en Afrique du Nord de novembre 1942. Pour Raeder, la “grande stratégie navale” est une alternative à l'Opération Seelöwe et, plus tard, à l'Opération Barbarossa, dont il n'a jamais été convaincu de l'utilité. La stratégie maritime n'est pas une stratégie partielle ou complémentaire, qui se déploierait parallèlement à la guerre sur terre. Elle est une stratégie globale qui affecte également les opérations sur le continent. Aujourd'hui, il n'est pas possible de dire comment elle aurait influencé le cours de la guerre, si elle avait été appliquée sans restriction.

Dans les mois qui se sont écoulés entre la fin de la campagne de France et le début de la campagne de Russie, le III° Reich a pu choisir entre plusieurs options: 1) Il se tient coi, renonce à entamer toute opération et organise la défensive; 2) Il poursuit la guerre à l'Ouest jusqu'à la capitulation anglaise et impose sa paix; 3) Il se tourne vers l'Est, soumet la Russie et se retourne vers l'Ouest avec l'atout complémentaire: un continent uni par la force et inexpugnable. Aucune de ces options n'avait la chance de réussir à 100%. Toutes pouvaient réussir ou échouer. Evidemment, la stratégie consistant à demeurer coi ou la stratégie navale préconisée par les chefs de la marine, qui n'a pas été appliquée, ont le beau rôle dans les querelles entre historiens: personne ne peut dire avec certitude qu'elles étaient erronées, puisqu'elles ne se sont pas traduites dans le concret. Quant à la “solution continentale”, recherchée par Barbarossa, elle a échoué. Mais elle aurait pu réussir.

Notes:

(1) M. SALEWSKI, Die deutsche Seekriegsleitung 1935-1945, 3 tomes, tomes 1 & 2, Francfort s. M., 1970-75. Tome 3: Denkschriften und Lagebetrachtungen 1938-1944. Pour notre propos: Tome 3, pp. 108 et suivantes.

(2) 1/Skl, “Betrachtungen über Russland”, 28 juillet 1940 (Salewski, tome 3, pages 141 et suivantes).  

mercredi, 30 octobre 2013

Munich ou Athènes-sur-l’Isar: ville de culture et matrice d’idées conservatrices-révolutionnaires

 

 

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Robert STEUCKERS:

Munich ou Athènes-sur-l’Isar: ville de culture et matrice d’idées conservatrices-révolutionnaires

Conférence prononcée à Vlotho im Wesergebirge, université d’été de “Synergies Européennes”, 2002

Cette conférence est la recension des premiers chapitres de:

David Clay Large, Hitlers München – Aufstieg und Fall der Hauptstadt der Bewegung, C. H. Beck, Munich, 1998.

koenig_ludwig_i_von_bayern.jpgLe passé de Munich, capitale bavaroise, est marqué par la volonté culturelle de ses rois. Il y a d’abord eu Louis I, qui règne de 1825 à 1848. Ce monarque, quand il était prince héritier, a fait le voyage en Italie, en 1817-1818: il a été, comme beaucoup d’Allemands, fasciné par l’urbanisme traditionnel des villes de la péninsule et veut faire de Munich, sa “Residenzstadt”, un centre culturel allemand incontournable, au service d’une véritable renaissance culturelle qui a, cette fois, pour point de départ, l’espace germanophone du centre de l’Europe. Pour embellir la “ville de résidence”, il fait appel à des architectes comme Leo von Klenze et Friedrich von Gärtner, tous deux appartenant à l’école dite “classique”, renouant avec les canons grecs et romains de l’antiquité, ceux de Vitruve. En épousant la cantatrice espagnole Lola Montez, il se heurte à la bourgeoisie philistine de la ville, hostile aux dépenses de prestige voulues par le roi et qui prend le prétexte de ce mariage avec une roturière étrangère, pour manifester sa désapprobation à l’endroit de la politique royale et du mécénat pratiqué par le monarque. Ce mariage donnera lieu à quantité de ragots irrévérencieux, censés saborder l’autorité de ce monarque tourné vers les arts.

De Maximilien II au Prince-Régent Luitpold

Prinzregent_Luitpold_von_Bayern_1911_Dittmar.pngSon successeur sur le trône bavarois, Maximilien II, règnera de 1848 à 1864. En dépit des cabales menées contre son père, il poursuivra l’oeuvre de ce dernier, ajoutant au classicisme une touche de futurisme, en faisant construire un palais des glaces (de fer et de verre) comme celui de Londres, prélude à une architecture différente qui ne table plus uniquement sur la pierre comme matériau de construction. Maximilien II attire des savants d’Allemagne du Nord à Munich, qui ne sont évidemment pas des Bavarois de souche: on parlera alors des “Nordlichter”, des “Lumières du Nord”. Louis II, qui règne de 1864 à 1886, prônera une nouvelle architecture romantique, inspirée par les opéras de Wagner, par le moyen âge, riche en ornementations. On connaît ses châteaux, dont celui, merveilleux, de Neuschwanstein. Cette politique se heurte également à une bourgeoisie philistine, insensible à toute forme de beauté. Après Louis II, après sa mort étrange, le Prince-Régent Luitpold, aimé du peuple, préconise une industrialisation et une urbanisation de la Bavière. Munich connaît alors une évolution semblable à celle de Bruxelles: en 1800, la capitale bavaroise comptait 34.000 habitants; en 1880, elle en avait 230.000; en 1910, 596.000. Pour la capitale belge, les chiffres sont à peu près les mêmes. Mais cette industrialisation/urbanisation provoque des déséquilibres que la Bavière ne connaissait pas auparavant. D’abord il y a l’ensauvagement des moeurs: si la liaison entre Louis I et Lola Montez avait fait scandale, alors qu’elle était toute romantique et innocente, les trottoirs de la ville sont désormais livrés à une prostitution hétérosexuelle et homosexuelle qui n’épargne pas les mineurs d’âge. Il y a ensuite les mutations politiques qu’entraîne le double phénomène moderne de l’industrialisation et de l’urbanisation: les forces politiques conservatrices et catholiques, qui avaient tenu le haut du pavé avant l’avènement du Prince-Régent Luitpold, sont remises en question par la bourgeoisie libérale (déjà hostile aux rois mécènes) et par le prolétariat.

Bipolarisme politique

Un bipolarisme politique voit le jour dans la seconde moitié du 19ème siècle avec, d’une part, le “Patriotenpartei”, fondé en 1868, rassemblant les forces conservatrices catholiques, hostiles à la Prusse protestante et au “Kulturkampf” anti-clérical lancé par le Chancelier Bismarck. Pour les “Patrioten”, l’identité bavaroise est catholique et conservatrice. Les autres idées, importées, sont nuisibles. Face à ce rassemblement conservateur et religieux se dresse, d’autre part, le “parti social-démocrate”, fondé en 1869, qui parvient à rassembler 14% des suffrages à Munich lors des élections de 1878. Le chef de file des sociaux-démocrates, Georg von Vollmar, n’est pas un extrémiste: il s’oppose à tout dogmatisme idéologique et se profile comme un réformiste pragmatique. Cette politique paie: en 1890, les socialistes modérés et réformistes obtiennent la majorité à Munich. La ville est donc devenue rouge dans un environnement rural et semi-rural bavarois majoritairement conservateur et catholique. Cette mutation du paysage politique bavarois s’effectue sur fond d’un antisémitisme ambiant, qui n’épargne que quelques vieilles familles israélites, dont celle du mécène Alfred Pringsheim. Les Juifs, dans l’optique de cet antisémitisme bavarois, sont considérés comme les vecteurs d’une urbanisation sauvage qui a provoqué l’effondrement des bonnes moeurs; on les accuse, notamment dans les colonnes d’une feuille populaire intitulée “Grobian”, de spéculer dans le secteur immobilier et d’être les “produits collatéraux” du progrès, notamment du “progrès automobile”. Cet antisémitisme provoque une rupture au sein des forces conservatrices, suite à la fondation en 1891 d’un nouveau mouvement politique, le “Deutsch-Sozialer Verein” ou DSV, sous la houlette de Viktor Hugo Welcker qui, armé de quelques arguments tirés de cet antisémitisme, entame une campagne sociale et populaire contre les grands magasins, les agences immobilières et les chaînes de petits commerces en franchise, dont les tenanciers ne sont pas les véritables propriétaires de leur boutique.

Les pangermanistes

A l’émergence du DSV s’ajoute celle des cercles pangermanistes (“Alldeutscher Verband”) qui véhiculent également une forme d’antisémitisme mais sont constitués en majorité de protestants d’origine nord-allemande installés en Bavière et hostiles au catholicisme sociologique bavarois qu’ils jugent “rétrograde”. Les pangermanistes vont dès lors s’opposer à ce particularisme catholique bavarois et, par voie de conséquence, au “Patriotenpartei”. Pour les pangermanistes, la Bavière doit se détacher de l’Autriche et de la Bohème majoritairement tchèque, parce que celles-ci ne sont pas “purement allemandes”. Dans une seconde phase, les pangermanistes vont articuler dans la société bavaroise un anti-christianisme sous l’impulsion de l’éditeur Julius Friedrich Lehmann. Pour ce dernier et pour les théoriciens qui lui sont proches, une lutte systématique et efficace contre le christianisme permettrait aux Allemands de mieux résister à l’emprise du judaïsme ou, quand cet anti-christianisme n’est qu’anti-confessionnel et ne touche pas à la personne du Christ, de faire éclore une “chrétienté germanique” mâtinée d’éléments de paganisme. Cette attitude du mouvement pangermaniste en Bavière ou en Autriche s’explique partiellement par le fait que la hiérarchie catholique avait tendance à soutenir les populations rurales slaves de Bohème, de Slovénie ou de Croatie, plus pieuses et souvent plus prolifiques sur le plan démographique. Les protestants “germanisés” dans le cadre du pangermanisme affirmaient que l’Allemagne et la Bavière avaient besoin d’un “nouveau Luther”.

Le contre-monde de Schwabing

Telle était donc la scène politique qui animait la Bavière dans les deux décennies qui ont précédé la première guerre mondiale. Deuxième question de notre exposé aujourd’hui: comment le choc des visions du monde (car c’est bien de cela qu’il s’agit) s’est-il manifesté à Munich au sein de la bohème littéraire, productrice d’oeuvres qui nous interpellent encore et toujours? Cette bohème littéraire a, de fait, généré un contre-monde libre-penseur, débarrassé du fardeau des “tu dois”, propre au chameau de la fable de Nietzsche, un contre-monde qui devait s’opposer aux raideurs du wilhelminisme prussien. On peut dire aujourd’hui que la bohème munichoise était une sorte d’extra-territorialité, installée dans les cafés à la mode du faubourg de Schwabing. Les “Schwabinger” vont remplacer les “Nordlichter” en préconisant une sorte de “laisser-aller joyeux et sensuel” (“sinnenfrohe Schlamperei”) contre les “ours lourdauds en leur cerveau” (“bärenhaft dumpf im Gehirn”). Cette volonté de rendre l’humanité allemande plus joyeuse et plus sensuelle va amorcer un combat contre les étroitesses de la religion (tant catholique que protestante), va refuser les rigidités de l’Etat (et du militarisme prussien), va critiquer la domination de plus en plus patente de la technique et de l’argent (en déployant, à ce niveau-là, une nouvelle forme d’antisémitisme antimoderne). Les “Schwabinger”, dans leurs critiques, vont englober éléments de droite et de gauche.

Le 18 décembre 1890 est le jour de la fondation de la “Gesellschaft für modernes Leben” (“Société pour la vie moderne”), une association animée par Michael Georg Conrad (très hostile aux catholiques), Otto Julius Bierbaum, Julius Schaumberger, Hanns von Gumppenberg. Pour Conrad, qu’admirait Arthur Moeller van den Bruck, la tâche principale de la littérature est “d’abattre les vaches sacrées” (tâche encore plus urgente aujourd’hui!). Conrad s’attaquera à la personnalité de l’Empereur Guillaume II, “le monarque qui n’a pas le temps”, lui reprochant sa frénésie à voyager partout dans le monde, à sacrifier au culte de la mobilité fébrile propre à la Belle Epoque. Conrad sera plusieurs fois condamné pour “crime de lèse-majesté” et subira même un internement de deux mois en forteresse. Mais cet irrévérencieux n’est pas ce que nous appelerions aujourd’hui un “gauchiste”. Il s’oppose avec virulence à l’emprise sur Munich de la SPD sociale-démocrate et de son idéologie de la lutte des classes. Conrad veut une réconciliation des masses et de la monarchie, en dépit des insuffisances actuelles et conjoncturelles du wilhelminisme. Pour lui, les socialistes et les ultramontains sont à mettre dans le même sac car ces deux forces politiques ont pour objectif de détruire “l’esprit national”, lequel n’est nullement “bigot”, “bourgeois” au sens de “Biedermeier” mais, au contraire, doit s’affirmer comme insolent (“frech”) et moqueur (“pfiffig”). L’Allemand de demain doit être, selon Conrad, “uilenspiegelien” (la mère de Charles De Coster était munichoise!) et opposer aux établis coincés le cortège de ses frasques et de ses farces. La littérature a dès lors pour but de “libérer la culture allemande de tout fatras poussiéreux” (“Die deutsche Kultur von allem Angestaubten zu befreien”). L’art est l’arme par excellence de ce combat métapolitique.

Insolence et moqueries

panizza.jpgInsolence et moqueries dans ce combat métapolitique de libération nationale seront incarnées par Oskar Panizza (1853-1921), psychiatre et médecin militaire, auteur de pièces de théâtre et de poèmes. Panizza s’insurge contre le moralisme étouffant de son époque, héritage du formatage chrétien. Pour lui, la sensualité (souvent hyper-sexualisée) est la force motrice de la littérature et de l’art, par voie de conséquence, le moralisme ambiant est totalement incompatible avec le génie littéraire. Panizza consigne ces visions peu conventionnelles (mais dérivées d’une certaine psychanalyse) et blasphématoires dans une série d’écrits et de conférences visant à détruire l’image édulcorée que les piétistes se faisait de l’histoire de la littérature allemande. Dans une pièce de théâtre, “Das Liebeskonzil”, il se moque du mythe chrétien de la Sainte Famille, ce qui lui vaut une condamnation à un an de prison pour atteinte aux bonnes moeurs et aux sentiments religieux: c’est la peine la plus sévère prononcée dans l’Allemagne wilhelminienne à l’encontre d’un auteur. Une certaine gauche spontanéiste, dans le sillage de mai 68, a tenté de récupérer Oskar Panizza mais n’a jamais pu annexer son antisémitisme affiché, de facture pansexualiste et délirante. Panizza, en effet, voyait le judaïsme, et le catholicisme figé, pharisaïque, qui en découlait, comme une source de l’anti-vitalisme dominant en Europe qui conduit, affirmait-il avec l’autorité du médecin-psychiatre, à l’affadissement des âmes et à la perversité sexuelle. Ses tribulations, jugées scandaleuses, le conduisent à un exil suisse puis français afin d’échapper à une condamnation en Allemagne pour lèse-majesté. En 1904, pour se soustraire au jugement qui allait immanquablement le condamner, il sort nu dans la rue, est arrêté, considéré comme fou et interné dans un asile psychatrique, où il mourra en 1921.

Le “Simplicissimus”

simplicissimus2.jpegEn 1896 se crée à Munich la fameuse revue satirique “Simplicissimus” qui, d’emblée, se donne pour tâche de lutter contre toutes les formes de puritanisme, contre le culte des parades et de la gloriole propre au wilhelminisme, contre la prussianisation de l’Allemagne du Sud (“Simplicissimus” lutte à la fois contre le prussianisme et le catholicisme, la Prusse étant perçue comme un “Etat rationnel”, trop sérieux et donc “ennemi de la Vie”), contre le passéisme bigot et rural de la Bavière. On peut dès lors constater que la revue joue sur un éventail d’éléments culturels et politiques présents en Bavière depuis les années 70 du 19ème siècle. Le symbole de la revue est un “bouledogue rouge”, dont les dents symbolisent l’humour agressif et le mordant satirique que la revue veut incarner. Le mot d’ordre des fondateurs du “Simplicissimus” est donc “bissig sein”, “être mordant”. Cette attitude, prêtée au bouledogue rouge, veut faire comprendre au public que la revue n’adoptera pas le ton des prêcheurs moralistes, qu’elle n’entend pas répéter inlassablement des modes de pensée fixes et inaltérables, tous signes patents d’une “mort spirituelle”. En effet, selon Dilthey (puis selon l’heideggerien Hans Jonas), on ne peut définir une chose que si elle est complètement morte, donc incapable de produire du nouveau, par l’effet de sa vitalité, même atténuée.

L’homme qui se profile derrière la revue “Simplicissimus”, en abrégé “Der Simpl’”, est Albert Langen (fondateur d’une maison d’édition qui existe toujours sous le nom de “Langen-Müller”). Il est alors âgé de 27 ans. Il rejette le wilhelminisme comme David Herbert Lawrence rejetait le victorianisme en Angleterre ou August Strindberg l’oscarisme en Suède. Cette position anti-wilhelminienne ne participe pas d’une hostilité au patriotisme allemand: au contraire, Albert Langen veut, pour la nation, contribuer à faire éclore des idéaux combattifs, finalement assez agressifs. Les modèles dont il s’inspire pour sa revue sont français car en France existe une sorte de “métapolitique satirique”, incarnée, entre autres initiatives, par le “Gil Blas illustré”. Pour confectionner le pendant allemand de cette presse parisienne irrévérencieuse, Langen recrute Ludwig Thoma, virtuose des injures verbales, comme le seront aussi un Léon Daudet en France ou un Léon Degrelle en Belgique; ensuite l’Israélite Thomas Theodor Heine, excellent caricaturiste qui fustigeait les philistins, les ploutocrates, les fonctionnaires et les officiers. Le dramaturge Frank Wedekind se joint au groupe rédactionnel pour railler les hypocrisies de la société moderne, industrialisée et urbanisée. Langen, Heine et Wedekind finissent par être, à leur tour, poursuivis pour crime de lèse-majesté. Langen s’exile à Paris. Heine écope de six mois de prison et Wedekind de sept mois. Du coup, la revue, qui tirait à 15.000 exemplaires, peut passer à un tirage de 85.000.

Pour une armée nouvelle

simplicissimus.jpgLes moqueries adressées à la personne de l’Empereur ne signifient pas que nos trois auteurs niaient la nécessité d’une autorité monarchique ou impériale. Au contraire, leur objectif est de rétablir l’autorité de l’Etat face à un monarque qui est “pose plutôt que substance”, attitude risible, estiment-ils, qui s’avère dangereuse pour la substance politique du IIème Reich. Les poses et les parades du wilhelminisme sont la preuve, disaient-ils, d’une immaturité politique dangereuse face à l’étranger, plus équilibré et moins théâtral dans ses affirmations. S’ils critiquaient la caste des officiers modernes, recrutés hors des catégories sociales paysannes et aristocratiques traditionnellement pourvoyeuses de bons soldats, c’est parce que ces nouveaux officiers modernes étaient brutaux et froids et non plus sévères et paternels: nos auteurs plaident pour une armée efficace, soudée, capable de prester les tâches qu’on réclame d’elle. De même, notre trio du “Simpl’”, derrière leurs satires, réclament une meilleure formation technique de la troupe et fustigent l’anti-militarisme des sociaux-démocrates.

Sur le plan géopolitique, la revue “Simplicissimus” a fait preuve de clairvoyance. En 1903, elle réclame une attitude allemande plus hostile aux Etats-Unis, qui viennent en 1898 d’arracher à l’Espagne les Philippines et ses possessions dans les Caraïbes, l’Allemagne héritant de la Micronésie pacifique auparavant hispanique. L’Allemagne et l’Europe, affirmaient-ils, doivent trouver une réponse adéquate à la Doctrine de Monroe, qui vise à interdire le Nouveau Monde aux vieilles puissances européennes et à une politique agressive de Washington qui chasse les Européens du Pacifique, en ne tenant donc plus compte du principe de Monroe, “l’Amérique aux Américains”. Le “Simpl’” adopte ensuite une attitude favorable au peuple boer en lutte contre l’impérialisme britannique. Il est plus souple à l’égard de la France (qui avait offert l’asile politique à Langen). Il est en revanche hostile à la Russie, alliée traditionnelle de la Prusse.

Les cabarets

439976_Die-Elf-Scharfrichter-The-Eleven-Executioners.jpgA côté du “Simplicissimus”, le Munich de la première décennie du 20ème siècle voit naître le cabaret “Die Elf Scharfrichter” (“Les onze bourreaux”) qui marquera durablement la chronique entre 1901 et 1903. Ce cabaret, lui aussi, se réfère à des modèles étrangers ou non bavarois: “Le chat noir” de Paris, “Il quatre cats” de Barcelone, le “Bat” de Moscou et l’“Überbrettl” de Berlin. Les inspirateurs français de ce cabaret munichois étaient Marc Henry et Achille Georges d’Ailly-Vaucheret. Mais Berlinois et Bavarois appliquent les stratégies du rire et de l’arrachage des masques préconisées par Nietzsche. En effet, la référence au comique, à l’ironie et au rire chez Nietzsche est évidente: des auteurs contemporains comme Alexis Philonenko ou Jenny Gehrs nous rappellent l’importance critique de ce rire nietzschéen, antidote précieux contre les routines, les ritournelles des conformistes et des pharisiens puis, aujourd’hui, contre la critique aigre et inféconde lancée par l’Ecole de Francfort et Jürgen Habermas. Jenny Gehrs démontre que les cabarets et leur pratique de la satire sont étroitement liés aux formes de critique que suggérait Nietzsche: pour celui-ci, l’ironie déconstruit et détruit les systèmes de valeurs et les modes de pensée qui figent et décomposent par leurs raideurs et leur incapacité vitale à produire de la nouveauté féconde. L’ironie est alors expression de la joie de vivre, de la légèreté d’âme, ce qui n’induit pas une absence de sériosité car le comique, l’ironie et la satire sont les seules voies possibles pour échapper à l’ère du nihilisme, les raideurs, rigidités, pesanteurs ne produisant que “nihil”, tout comme le “politiquement correct” et les conventions idéologiques de notre temps ne produisent aucune pensée féconde, aucune pensée capable de sortir des ornières où l’idéologie et les praxis dominantes se sont enlisées. La pratique de l’ironie implique d’adopter une pensée radicale complètement dépourvue d’indulgence pour les conventions établies qui mutilent et ankylosent les âmes. L’art, pour nos contestataires munichois comme pour Jenny Gehrs, est le moyen qu’il faut déployer pour détruire les raideurs et les rigidités qui mènent le monde à la mort spirituelle. Alexis Philonenko rappelle que sans le rire, propre de l’homme selon Bergson, les sociétés basculent à nouveau dans l’animalité et ruinent les ressorts et les matrices de leur propre culture de base. Si ne règnent que des constructions idéalisées (par les médiacrates par exemple) ou posées comme indépassables ou éternelles, comme celle de la pensée unique, de la bien-pensance ou du “politiquement correct”, le monde sombrera dans la mélancolie, signe du nihilisme et du déclin de l’homme européen. Dans ce cas, il n’y a déjà plus de perspectives innovantes, plus aucune possibilité de faire valoir nuances ou diversités. Le monde devient gris et terne. Pour nos cabaretistes munichois, le wilhelminisme était une praxis politique dominante qui annonçait déjà ce monde gris à venir, où l’homme ne serait plus qu’un pantins aux gestes répétitifs. Il fallait réagir à temps, imméditement, pour que la grisaille envahissante ne dépasse pas la première petite étape de son oeuvre de “monotonisation”.

Franziska zu Reventlow

revenpor.jpgFranziska zu Reventlow est la figure féminine qui opère la jonction entre ce Schwabing anarchisant et la “révolution conservatrice” proprement dite, parce qu’elle a surtout fréquenté le cercle des Cosmiques autour de Stefan George, où se manifestaient également deux esprits profonds, Alfred Schuler et Ludwig Klages, dont la pensée n’a pas encore été entièrement exploitée jusqu’ici en tous ses possibles. David Clay Large définit la vision du monde de Franziska zu Reventlow comme “un curieux mélange d’idées progressistes et réactionnaires”. Surnommée la “Reine de Schwabing”, elle est originaire d’Allemagne du Nord, de Lübeck, d’une famille aristocratique connue, mais, très tôt, elle a rué dans les brancards, sa nature rebelle passant outre toutes les conventions sociales. La lecture du Norvégien Ibsen —il y avait un “Ibsen-Club” à Lübeck— du Français Emile Zola, du socialiste allemand Ferdinand Lassalle et, bien entendu, de Friedrich Nietzsche, dont le “Zarathoustra” constituait sa “source sacrée” (“geweihte Quelle”). Elle arrive à Schwabing à 22 ans et, aussitôt, Oskar Panizza la surnomme “la Vénus du Slesvig-Holstein” (“Die schleswig-holsteinsche Venus”), tout en ajoutant, perfide, qu’elle était “très sale”. Les frasques de Franziska ont choqué sa famille qui l’a déshéritée. A Munich, elle crève de faim, ne prend qu’un maigre repas par jour et se came au laudanum pour atténuer les douleurs qui l’affligent. Rapidement, elle collectionne quelques dizaines d’amants, se posant comme “mère libre” (“freie Mutter”) et devenant ainsi l’icône du mouvement féministe, une sorte de “sainte païenne”.

Quel est le “féminisme” de Franziska zu Reventlow? Ce n’est évidemment pas celui qui domine dans les esprits de nos jours ou qui a animé le mouvement des suffragettes. Pour la Vénus de Schwabing, le mouvement de libération des femmes ne doit pas demander à ce qu’elles puissent devenir banquières ou courtières en assurances ou toute autre horreur de ce genre. Non, les femmes vraiment libérées, pour Franziska zu Reventlow, doivent incarner légèreté, beauté et joie, contrairement aux émancipées acariâtres que nous avons connues naguère, les “Emanzen” dont se moquent aujourd’hui les Allemands. Franziska les appelaient déjà les “sombres viragos” (“Die finstere Viragines”). Si les femmes libérées ne deviennent ni légères ni belles ni joyeuses le monde deviendra atrocement ennuyeux et sombrera dans la névrose, bannissant en même temps toute forme charmante d’érotisme.

Les “Cosmiques” de Schwabing

 

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Malgré le scandale que suscite ses positions féministes et libératrices, Franziska zu Reventlow demeure d’une certaine manière “conservatrice” car elle valorise le rôle de la femme en tant que mère biologique, dispensatrice de vie mais aussi d’éducation. La femme doit communiquer le sens de la beauté à ses enfants, les plonger dans le patrimoine littéraire de leur nation et de l’humanité toute entière. Cette double fonction, à la fois révolutionnaire et conservatrice, Franziska zu Reventlow la doit à sa fréquentation du cercle des “Cosmiques” de Schwabing, autour de Karl Wolfskehl et Stefan George, d’une part, d’Alfred Schuler et Ludwig Klages, d’autre part, avant la scission du groupe en deux clans bien distincts. Les “Cosmiques”, au nom d’une esthétique à la fois grèco-romaine, médiévisante et romantique, teintée de pré-raphaélisme et d’Art nouveau, présentaient tous les affects anti-industriels de l’époque, déjà repérables chez leurs prédécesseurs anglais; ils vont également renouer avec l’anti-rationalisme des premiers romantiques et manifester des affects anti-parlementaires: la raison conduit, prétendaient-ils, aux horreurs industrielles de la sur-urbanisation inesthétique et aux parlottes stériles des députés incultes, qui se prennent pour des émules de Socrate en n’émettant que de purs discours dépourvus de tous sentiments. Les “Cosmiques” toutefois ne renouent pas avec le christianisme romantique d’un Novalis, par exemple: ils déploient, surtout chez Schuler et Klages, une critique radicale du christianisme et entendent retourner aux sources païennes de la culture européenne pré-hellénique qu’ils appeleront “tellurique”, “chtonienne” ou “pélasgique”. Ce paganisme est, en filigrane, une révolte contre les poncifs catholiques du conservatisme bavarois qui n’abordent la spiritualité ou la “carnalité” de l’homme qu’en surface, avec la suffisance du pharisaïsme: pour les “Cosmiques”, “il existe des chemins sombres et secrets”, qu’il faudra redécouvrir pour redonner une “aura” à la culture, pour la ramener à la lumière. Franziska zu Reventlow, dans ses souvenirs de Schwabing, où elle se moque copieusement des “Cosmiques”, dont certains étaient tout-à-fait insensibles aux séductions de la féminité, que les hommes et les femmes qui emprunteront ces voies “sombres et secrètes” seront les initiés de demain, les “Enormes” (“Die Enormen”), tandis que ceux qui n’auront jamais l’audace de s’y aventurer ou qui voudront les ignorer au nom de conventions désuètes ou étriquées, seront les “Sans importance” (“Die Belanglosen”).

De Bachofen à Klages

Si Stefan George a été le poète le plus célèbre du groupe des “Cosmiques”, Ludwig Klages, qui se détachera du groupe en 1904, en a indubitablement été le philosophe le plus fécond, encore totalement inexploré aujourd’hui en dehors des frontières de la germanophonie. Figure de proue de ce qu’Armin Mohler a défini comme la “révolution conservatrice”, Klages ne basculera jamais dans une tentation politique quelconque; il étudiera Bachofen et Nietzsche, fusionnera leur oeuvre dans une synthèse qui se voudra “chtonienne” ou “tellurique”, tout en appliquant ses découvertes philosophiques à des domaines très pratiques comme la science de l’expression, dont les chapitres sur la graphologie le rendront mondialement célèbre. La postérité a surtout retenu de lui cette dimension de graphologue, sans toutefois vouloir se rappeler que la graphologie de Klages est entièrement tributaire de son interprétation des oeuvres de Bachofen et Nietzsche. En effet, Klages a été l’un des lecteurs les plus attentifs du philosophe et philologue bâlois Bachofen, issu des facultés de philologie classique de Bâle, tout comme Nietzsche. Klages énonce, suite à Bachofen, une théorie du matriarcat primordial, expression spontanée et non détournée de la Vie mouvante et fluide que le patriarcat a oblitéré au nom de l’Esprit, censé rigidifier les expressions vitales. L’histoire du monde est donc une lutte incessante entre la Vie et l’Esprit, entre la culture (matriarcale) et la civilisation (patriarcale). Alfred Schuler, mentor de Klages mais qui n’a laissé derrière lui que des fragments, mourra lors d’une intervention chirurgicale en 1923; Klages s’exilera en Suisse, où il décédera en 1956, après avoir peaufiné son oeuvre qui attend encore et toujours d’être pleinement explorée dans diverses perspectives: écologie, géophilosophie, proto-histoire, etc. Quant à Franziska zu Reventlow, elle quittera Munich pour une autre colonie d’artistes basée à Ascona en Suisse, une sorte de nouveau Schwabing avec, en plus, l’air tonifiant des Alpes tessinoises. Elle y mourra en 1918.

Thomas Mann patriote

La guerre de 1914 balaie le monde de Schwabing, que les conservateurs aigris voulaient voir disparaître, pour qu’il ne puisse plus les ridiculiser. Bon nombre d’artistes s’engagent dans l’armée, dont le poète Richard Dehmel et les peintres August Macke et Franz Marc (du groupe “Blauer Reiter”, le “Cavalier bleu”) qui, tous deux, ne reviendront pas des tranchées. Le “Simplicissimus” cesse de brocarder cruellement les officiers, ces “analphabètes en uniforme”, et les généraux, ces “sombres simplets”, et devient un organe patriotique intransigeant, sous prétexte qu’en temps de guerre, quand la patrie est en danger, “les muses doivent se taire” et qu’il faut participer “à une guerre qui nous est imposée” et “au combat pour défendre la culture menacée par l’étranger (belliciste)”. Thomas Mann participe à l’effort de guerre en opposant la culture (vivante, tirée d’un humus précis) à la civilisation dans un opuscule patriotique intitulé “Gedanken im Kriege” (“Idées en temps de guerre”). La culture (allemande) pour Mann, en cette fin août 1914, est “homogénéité, style, forme, attitude et bon goût”. Quant à la “civilisation”, représentée par l’Ouest, elle est “rationalité (sèche), esprit des Lumières, édulcoration, moralisme, scepticisme et dissolution”. La tâche de l’Allemagne, dans cette guerre est de défendre la fécondité vitale de la culture contre les attaques de la civilisation qui entend “corseter” les âmes, leur faire perdre leurs élans, édulcorer la littérature et la musique qui ne peuvent se développer que sur un terreau “culturel” et non “civilisationnel”. Ces idées nationales de Thomas Mann sont consignées dans “Betrachtungen eines Unpolitischen” (“Considérations d’un apolitique”). Son frère Heinrich Mann, en revanche, plaidait pour une civilisation marquée par l’humanisme de Zola, adepte d’une justice pour chaque individu, au-delà de toute institution ou cadre politique, un Zola qui s’était précisément hissé, lors de l’affaire Dreyfus, au-dessus des institutions politiques de la France: pour Heinrich, Thomas aurait dû prendre une position similaire à l’auteur du “J’accuse” et se hisser au-dessus de l’idée patriotique et de l’Etat semi-autoritaire du wilhelminisme. A partir des années vingt, les deux frères se réconcilieront sur base des idées “occidentales” de Heinrich.

Noire vision spenglerienne

Oswald Spengler était revenu à Munich en 1911, après y avoir passé une année d’étude en 1901: toujours amoureux de la ville bavaroise, il était cependant déçu en s’y réinstallant. Il ne retrouvait plus intact le style classique de Louis I, y découvrait en revanche “l’ornementalisme imbécile” de l’“Art Nouveau” et les “escroqueries expressionnistes”, toutes expressions du déclin qui affecte l’Europe entière. Pour Spengler, qui s’apprête à rédiger sa somme “Der Untergang des Abendlandes”, les affres de décadence qui marquent Munich sont autant de symboles du déclin général de l’Europe, trop influencée par les idées “civilisatrices”. Pour Spengler, la transition entre, d’une part, la phase juvénile que constitue toute culture, créatrice et d’abord un peu fruste, et, d’autre part, la phase sénescente de la civilisation, s’opère inéluctablement, comme une loi biologique et naturelle. Les hommes —les porteurs et les vecteurs de culture vieillissants— se mettent à désirer le confort et le raffinement, abandonnent les exigences créatrices de leur culture de départ, n’ont plus la force juvénile d’innover: tous les peuples d’Occident subiront ce processus de sénescence pour en arriver d’abord à un stade de lutte planétaire entre “pouvoirs césariens”, ensuite à un stade d’uniformité généralisée, à une ère des masses abruties, parquées dans des villes tentaculaires, dont l’habitat sera constitué de “casernements” sordides et sans charme. Ces masses recevront, comme dans le Bas-Empire, du pain et des jeux. Tel est, en gos, le processus de déclin que Spengler a voulu esquisser dans “Der Untergang des Abendlandes”.

Le déclin de Munich et de toute l’Europe était donc en germe avant le déclenchement de la première grande conflagration intereuropéenne. La guerre accélère le processus. Au lendemain de l’armistice de novembre 1918, nous aurons donc affaire à un autre Munich et à une autre Europe. Une autre histoire, bien différente, bien plus triste, pouvait commencer: celle de l’après-Schwabing. Avant d’assister à la lutte plénétaire entre les nouveaux Césars (Hitler, Staline, Churchill, Roosevelt). Après la victoire du César américain, l’ère des masses abruties par la consommation effrénée et par le confort matériel a commencé. Nous y sommes toujours, malgré les ressacs dus aux crises: l’aura des Cosmiques n’élit plus personne. Les masses abruties sont là, omniprésentes. Les villes tentaculaires détruisent les cultures, au Japon, au Mexique, en Afrique. Et pas seulement en Europe et en Amérique du Nord. Les jeux virtuels sont distribués à profusion. Spengler avait raison.

Robert Steuckers.

(Forest-Flotzenberg, Vlotho im Wesergebirge, été 2002).

vendredi, 25 octobre 2013

Conversations with History: Robert Fisk

Conversations with History: Robert Fisk

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jeudi, 24 octobre 2013

Conversations with History: Howard Zinn

Conversations with History: Howard Zinn