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samedi, 24 mai 2014

Le Luxembourg pendant la première guerre mondiale

Le Luxembourg pendant la première guerre mondiale

Un petit Etat victime de la géographie

Le Plan Schlieffen avait été conçu en 1905: selon ce plan, le corridor mosellan constitue l’axe majeur et médian de la marche en avant de toutes troupes allemandes censées envahir la France. Par conséquence, les voies de pénétration prévues par les armées allemandes pendant l’été 1914 passaient immanquablement par le territoire du Grand-Duché du Luxembourg, Etat juridiquement neutre (et dont la Prusse était une puissance garante) depuis le Traité de Londres de 1867.

Marie-Adélaïde,_Gran.jpgMais on ne peut parler d’une indépendance luxembourgeoise que depuis 1890, l’année où le Grand-Duché s’est émancipé des Pays-Bas. Le Roi Guillaume III des Pays-Bas meurt effectivement cette année-là et sa fille Wilhelmine hérite de la couronne néerlandaise. Mais de celle de Hollande seulement car au Grand-Duché, on appliquait la “Loi salique” (“in terram salicam mulieres ne succedant”, “en terre salique les femmes ne succèdent pas”). C’est ainsi que prit fin l’union personnelle néerlando-luxembourgeoise et que, de facto, le Grandc-Duché acquit l’indépendance. Le nouveau Grand-Duc est Adolphe, issu d’une branche annexe et luthérienne de la dynastie des Orange-Nassau (la branche principale étant calviniste), celle de la maison de Nassau-Weilburg. Le fils d’Adolphe du Luxembourg, Guillaume IV, meurt sans descendance masculine. La famille décide alors de se débarrasser de la Loi salique le 16 avril 1907, afin que la fille aînée de Guillaume IV, Marie-Adelaïde, puisse accéder au trône grand-ducal. Comme sa mère portugaise, elle est catholique de stricte obédience. Le pays a donc à nouveau un souverain de confession catholique-romaine. Lorsque Marie-Adelaïde prend en mains les rênes du pouvoir le 18 juin 1912, le Luxembourg a enfin un souverain né dans le pays: cela n’avait plus été le cas depuis la naissance en 1296 du Duc Jean l’Aveugle. Très rapidement, après l’accession au trône de Marie-Adelaïde, le petit pays mosellan est secoué par de graves troubles politiques intérieurs, justement parce que la nouvelle Grande-Duchesse veut intervenir activement dans la gestion du gouvernement.

Le 2 août 1914, vers trois heures du matin, les premières troupes allemandes entrent dans le pays en franchissement le pont de Wasserbillig. Vers six heures du matin, un train blindé entre dans la gare de Luxembourg-Ville: en sortent un capitaine et une troupe de 150 soldats du génie. Le capitaine a reçu l’ordre de sécuriser la gare et la voie de chemin de fer contre toute intervention française. A neuf heures, cinq automobiles, avec, à leur bord, des militaires allemands, pénètrent dans la capitale. Sur ordre du premier ministre Paul Eyschen, le commandant des faibles troupes luxembourgeoises, le Major Van Dijk, remet une note de protestation officielle aux officiers allemands.

Eyschen remet ensuite une note de protestation, émanant cette fois du gouvernement luxembourgeois et adressée au ministre d’Allemagne, Wilhelm von Buch. La Grande-Duchesse Marie-Adelaïde évoque la protestation de son gouvernement dans un télégramme à l’Empereur Guillaume II et demande à celui-ci “de garantir en tous cas les droits du Grand-Duché”. A onze heures, le Commandant prussien von Bärensprung déclare au ministre Eyschen qu’il a reçu l’ordre d’occuper militairement la ville et ses environs, de ne pas intervenir dans la gestion civile des affaires et de maintenir le trafic ferroviaire. Le gouvernement du Reich justifie en ces termes l’occupation du Luxembourg: “Les mesures militaires que nous avons prises au Luxembourg ne signifie pas que nous agissons de manière inimicale contre ce pays mais que nous nous bornons à prendre des mesures pour assurer la sécurité des chemins de fer qui se trouvent entre nos mains afin de les protéger contre toute attaque française”.

Le Kaiser Guillaume II fixe d’ailleurs son quartier général dans la ville de Luxembourg de la fin août à la fin septembre 1914. Il demande à être reçu par la Grande-Duchesse au château de Berg. Cette réception a permis, plus tard, de dire que la Grande-Duchesse avait des sympathies pro-allemandes. Celles-ci et son gouvernement restent d’ailleurs en place. L’industrie de l’acier, située dans le sud du pays, se voit inféodée à la machine militaro-industrielle allemande. De 1914 à 1918, les habitants des villes luxembourgeoises connaissent la famine et l’inflation y est galopante.

Pendant la guerre, la Grande-Duchesse, ainsi que sa mère et ses soeurs, s’occupe personnellement des malades et dirige la Croix-Rouge luxembourgeoise. A la fin de la première guerre mondiale, les socialistes et les libéraux, foncièrement hostiles au principe monarchique et cherchant l’appui de la France laïcarde et républicaine et de la Belgique, décrivent la Grande-Duchesse comme une “germanophile” invétérée, tout simplement parce qu’elle avait reçu une seule fois le Kaiser, à la demande expresse de celui-ci, sans avoir la possibilité de se dérober! Socialistes et libéraux demandent alors l’annexion à la Belgique. Les chrétiens-sociaux, eux, refusent cette politique. En décembre 1918, les partisans de l’annexion au royaume voisin échouent: la Chambre vote contre, par 29 voix contre 11.

Le 15 janvier 1919, Marie-Adelaïde renonce au trône grand-ducal parce que le Parlement l’a suspendue et parce que l’Entente fait pression pour qu’elle se retire. Elle abdique au profit de sa soeur Charlotte qui règnera très longtemps, jusqu’en 1964. A la fin de l’année 1919, l’ancienne souveraine quitte le pays pour se fixer d’abord à Montreux. Quelques mois plus tard, elle s’en va résider en Italie et rencontre à Rome le Pape Benoît XV. Sous l’influence de ce dernier, elle se réfugie à l’automne 1920 dans un couvent de carmélites à Modène. Mais elle y sombre dans la mélancolie. Elle doit dès lors renoncer à la vie monastique.

En avril 1922, Marie-Adelaïde s’installe au château de Hohenburg en Bavière et décide de devenir infirmière diplômée: dans ce but, elle s’inscrit en 1923 à l’Université de Munich. Peu de temps après, elle commence à souffir de parathyphoïde, une maladie qui ne pardonnait pas avant l’invention des antibiotiques. Elle mourra le 24 janvier 1924 dans l’intimité familiale, à peine âgée de 30 ans, sans jamais s’être mariée. Son corps sera rapatrié en 1947 et placé dans la crypte de la cathédrale de Luxembourg.

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Charlotte et Félix: un couple qui s’est aimé...

Dès l’automne 1918, la défaite des Puissances Centrales était imminente. Cela n’empêcha pas la princesse Charlotte de Luxembourg de se fiancer, le 6 octobre 1918, dans le château de Berg, au frère de l’Impératrice Zita, le Premier Lieutenant de l’armée impériale et royale austro-hongroise Félix de Bourbon-Parme. Le 11 novembre 1917, il avait sauvé l’Empereur Charles des flots tumultueux du Tore Torrente. Après la guerre, Félix, en tant qu’ancien officier d’une armée ennemie, ne peut revenir au Luxembourg qu’à l’automne 1919, après que les Français et les Belges aient retiré leur veto.

Pour cette raison, Charlotte et Félix concluent un mariage par procuration au château de Wartegg, près de la commune suisse de Rorschach, elle-même à un jet de pierre de la commune de Höchst dans le Vorarlberg autrichien. Aux côtés du fiancé se trouvent l’ancien Empereur Charles et son épouse Zita. A 10 h 30, le Père capucin Cölestin Schwaighofer scelle le mariage dans la chapelle du château. La fiancée, désormais chef d’Etat, avait dû rester au Luxembourg parce que la dynastie était encore vacillante: seul le référendum de septembre a donné une majorité nette de 78% en faveur de son maintien. Charlotte est représentée par sa soeur aînée, l’ancienne Grande-Duchesse Marie-Adelaïde. Le mariage officiel a lieu le 6 novembre 1919 dans la capitale luxembourgeoise, ce mariage religieux ne constituant que la confirmation du sacrement déjà scellé à Wartegg.

(articles parus dans “zur Zeit”, Vienne, n°16-17/2014; http://www.zurzeit.at ).

vendredi, 23 mai 2014

L'Albanie en 1914

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L’Albanie en 1914

Par Erich Körner-Lakatos

Une construction étatique fragile dans les Balkans

En 1479, l’Albanie était devenue turque. Dans les dernières décennies du 19 siècle, on imaginait qu’elle le resterait encore longtemps. En effet, plus des deux tiers des habitants du pays étaient musulmans et fournissaient au Sultan de la lointaine Istanbul d’excellents et fidèles soldats. Le plus célèbre d’entre eux fut Mehmed Ali, devenu en 1841le khédive (ou: vice-roi) d’Egypte. Il mit un terme à la domination des mamelouks et fonda une dynastie qui perdura jusqu’en 1952. Le dernier souverain égyptien de cette dynastie fut le roi Farouk I.

L’Albanie resta un solide bastion ottoman, même quand l’Empire turc vacillait et était contraint, dans les Balkans, d’accorder l’indépendance à la Serbie, à la Bulgarie et à la Grèce puis d’accepter l’occupation de la Bosnie par l’Autriche-Hongrie.

En 1910, les temps changent: les Skipetars se révoltent. La conscience nationale émerge chez eux aussi, comme auparavant chez leurs voisins slaves. Dans le Kosovo, on assiste à des massacres. Le soulèvement est d’abord maté à grand peine par les Turcs, parce qu’au même moment, ils doivent affronter les Italiens en Tripolitaine.

A partir d’octobre 1912 se déclenche la première guerre balkanique. Les Ottomans sont durement étrillés par les armées de la Ligue Balkanique, qui regroupe la Serbie, la Bulgarie, la Grèce et le Monténégro. Les armées bulgares ne sont finalement arrêtées par les soldats du Sultan qu’à quelques kilomètres d’Istanbul, le long de la ligne de défense de Çatalça. Les Albanais profitent de l’opportunité pour se proclamer indépendants le 28 novembre par la voix du Musulman Ismail Kemal Bey, siégeant dans sa ville natale de Valona.

Aucun voisin de cette nouvelle Albanie n’est heureux: Nikola du Monténégro veut étendre son petit royaume vers le sud; son concurrent de Belgrade évoque l’histoire pour obtenir le Kosovo et, qui plus est, la Serbie souhaite détenir une fenêtre sur l’Adriatique. Les Grecs, eux, se souviennent des minorités grecques qui peuplent le Nord de l’Epire.

Un autre Etat, non balkanique cette fois, énonce des revendications: l’Italie. Celle-ci avait subi les moqueries des chanceleries européennes pendant longtemps, surtout après la défaite d’un corps expéditionnaire italien en Abyssinie en 1896, vaincu par des troupes indigènes éthiopiennes. Mais l’Italie avait vengé l’affront: elle venait de vaincre l’Empire ottoman et lui avait arraché la Libye et l’archipel de Rhodes. Elle briguait désormais la rive orientale de l’Adriatique de façon à contrôler entièrement ce prolongement de la Méditerranée vers le nord et d’en verrouiller l’accès.

Lors de la conférence des ambassadeurs à Londres en juillet 1913, l’Autriche-Hongrie a plaidé pour la création d’une Albanie ethniquement homogène. La double monarchie austro-hongroise n’avait nul intérêt à un accroissement de puissance des Serbes et des Monténégrins. Le Tsar russe, lui, soutenait les revendications serbes et monténégrines, qui voulaient une Albanie aussi réduite que possible. Les tiraillements entre diplomates ont débouché, comme d’habitude, sur un compromis. Le Kosovo est attribué à la Serbie, si bien que deux Albanais sur trois seulement vivent désormais dans la nouvelle principauté. Le Roi Nikola du Monténégro revient de Londres les mains vides. Il voulait obtenir la ville de Skutari, sur le lac du même nom, mais les diplomates européens ne donnent aucune suite à ses desiderata . Il est obligé de retirer ses troupes quand l’Autriche menace d’entrer dans le pays et bloque avec sa flotte les côtes du Monténégro, de concert avec d’autres puissances.

Guillaume-I-2.jpgLe 6 février 1914, les grandes puissances européennes s’accordent pour donner la couronne princière d’Albanie au Prince allemand Wilhelm zu Wied, devenu de ce fait le “Mbret des Skipetars”. Sa ville de résidence devient Durazzo, sur la côte adriatique. L’autre candidat, un noble d’origine albanaise, le Prince Ahmed Fuad, descendant de Mehmed Ali, est débouté.

Le Prince Wilhelm zu Wied était né le 26 mars 1876 à Neuwied près de Coblence. L’épouse du Roi de Roumanie Carol I, Elisabeth zu Wied (connue sous le nom de “Carmen Sylva”), est une tante de Wilhelm d’Albanie. Celui-ci est protestant, une confession qui n’est pas représentée en Albanie. En soi, c’est un avantage car le pays est déjà suffisamment divisé: les 800.000 habitants de la nouvelle principauté indépendante sont aux deux tiers musulmans; un cinquième est orthodoxe; 10% sont catholiques. A cela s’ajoute un clivage d’ordre linguistique entre les Albanais du Nord, qui se servent d’un dialecte particulier, et les Albanais du Sud qui parlent “tosque”. C’est ce parler des régions méridionales qui va s’imposer comme langue officielle dans le pays.

Le Prince Wilhelm n’a aucune fortune personnelle digne de ce nom. Quand il achète un yacht anglais, c’est grâce à des spéculations sur les devises. Le nouveau souverain s’embarque sur un navire autrichien, le “Taurus” qui prend la mer en direction de Durazzo, où il arrive le 7 mars 1914. Le Prince et sa famille y résideront dans des conditions fort modestes, comparées à celle des princes d’Europe centrale.

Le pouvoir que détient ce prince de sang allemand est très réduit. Un homme, avec sa tribu, est fidèle au Prince zu Wied: Ahmed Zogu qui, plus tard, deviendra le Roi du petit Etat.

Wilhelm, lui, ne parvient pas à s’adapter au monde albanais, totalement étranger pour lui. Un soulèvement populaire l’oblige à quitter le pays au bout de quelques mois, le 3 septembre 1914. Le nouvel homme fort est Essad Pacha Toptani.

Pendant la première guerre mondiale, les forces de l’Entente occupent le pays. A partir de janvier 1916, le Nord de l’Albanie est placé sous administration autrichienne, ce qui procure à la population de meilleures conditions de vie. Le front divise le pays jusqu’à la fin du conflit, de l’Adriatique au Lac d’Ohrid.

Erich Körner-Lakatos.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°13-14/2014; http://www.zurzeit.at ).

Le Roi Zog: une vie mouvementée

Albanie-Zog-I.jpgLa journée du 8 octobre 1895 est un jour de joie pour Djemal Pacha Zogu, un chef de tribu de la région de Mati en Albanie centrale. Un fils, Ahmed, vient de naître dans la résidence fortifiée de ce spadassin. Plus tard, le jeune Ahmed recevra sa formation dans une école du Bosphore. Après la guerre, il entame une carrière fulgurante: en 1920, il devient ministre de l’intérieur; deux ans plus tard, il est premier ministre. En janvier 1925, il est le président de l’Etat albanais. Il survivra à cinquante-cinq attentats! Pendant l’été de l’année 1928, le Parlement albanais décide que le pays doit devenir une monarchie. Le couronnement a lieu le 1 septembre. Le nouveau roi, Zogu I, jure sur le Coran et sur la Bible.

Le 27 avril 1938, il épouse une aristocrate hongroise désargentée, la Comtesse Géraldine Apponyi. Le 5 avril 1939, nait le Prince Leka. Deux jours plus tard, des hôtes indésirés ruinent le bonheur personnel du Roi: les troupes italiennes —22.000 hommes— débarquent sur les côtes albanaises. Le Duce a toujours rêvé de la “Mare Nostrum”... Zogu fuit vers la Grèce, au volant du cabriolet Mercedes-Benz 540K, de couleur rouge écarlate, qu’il avait reçu en cadeau du chef de l’Etat allemand...

En exil, Zogu a vécu à Londres, en Egypte et en France, où il mourra, seul roi d’Albanie de l’histoire, le 9 avril 1961. Son épouse Géraldine lui survivra quatre décennies. Elle était revenue à Tirana en 2001, où elle décédera paisiblement à son tour, quelques mois plus tard, à l’âge de 87 ans. Son fils Leka est mort en novembre 2011.

EKL.

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dimanche, 18 mai 2014

Heroen einer Jugendkultur

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Heroen einer Jugendkultur

von Egon W. Scherer

Ex: http://www.jungefreiheit.de

Genau hat sie damals keiner gezählt. Bis zu 3.000 Teilnehmer aus alles Teilen des Reiches strömten Anfang Oktober 1913 in die tiefe Provinz des Osthessischen Berglandes zwischen Kassel und Eisenach. Am Meißner, der im Jargon der Jugendbewegung damals bereits „Hoher Meißner“ genannt wird, wollen sie den Ersten Freideutschen Jugendtag abhalten. Die verschiedenen Strömungen der Bewegung von Wandervögeln, Lebensreformern, reformierten Studenten möchten in geschlossener Form einen Kontrapunkt zu den „hurra-patriotisch“ und als oberflächlich empfundenen offiziellen Festlichkeiten anläßlich des 100. Jubiläums der Völkerschlacht bei Leipzig 1813 setzen.

In einer Kurzform faßten die Anwesenden ihren Geist in einem Bekenntnis zusammen, welches die versammelte Jugend öffentlich ablegte. Diese „Meißner-Formel“ sollte der ganzen Jugendbewegung die Richtung weisen. „Die Freideutsche Jugend will ihr Leben nach eigener Bestimmung, vor eigener Verantwortung und in innerer Wahrhaftigkeit selbst gestalten. Für diese Freiheit tritt sie unter allen Umständen geschlossen ein.“

Der „Wandervogel“ als wirkungsmächtige Bewegung

Zu dieser Zeit war der „Wandervogel“ schon eine Organisation mit rund 25.000 Mitgliedern in 800 Ortsgruppen in Deutschland, Österreich und der Schweiz – also eine so wirkungsmächtige Bewegung, daß bereits eine erste Geschichte dieses Jugendbundes geschrieben werden konnte, als deren Verfasser Hans Blüher, Philosoph mit jugendbewegter Herkunft, weithin bekannt wurde. Auch seiner wird ebenfalls mit einem Stein gedacht.

Keine zwölf Jahre zuvor, am 4. November 1901, wurde in Berlin-Steglitz der Wandervogel gegründet. Das war die Geburtsstunde der deutschen Jugendbewegung. Mit ein paar wanderfreudigen Gymnasiasten in einem Berliner Vorort fing es an, breitete sich dann innerhalb weniger Jahre geradezu ansteckungsartig im ganzen deutschen Sprachraum aus und hatte schließlich nahezu die gesamte organisierte deutsche Jugend erfaßt. Der Zeit des Wandervogels von 1901 bis zum Ersten Weltkrieg folgte in der Weimarer Republik die Phase der „Bündischen Jugend“, bis die Gleichschaltungspolitik der Nationalsozialisten schließlich auch die Jugend Deutschlands unter die Hakenkreuzfahne zwang.

Ehrenhain im Hunsrück für prominente Protagonisten

Markante Gestalten sind es gewesen, die der Jugendbewegung das Gepräge gegeben haben. Heute sind diese Namen auf Gedenksteinen im Ehrenhain der deutschen Jugendbewegung verzeichnet, um so die Erinnerung an diese Wegweiser deutscher Jugend wachzuhalten. Hüter dieses Ehrenhains ist der „Nerother Wandervogel“, der sich mit der in jahrzehntelanger Eigenarbeit errichteten „Rheinischen Jugendburg“ Waldeck im Hunsrück, die auf den Ruinen einer mittelalterlichen Burg entstand, ein noch heute bestehendes Zentrum geschaffen hat.

An einem Wiesenhang im Vorfeld der Burg ist der Ehrenhain angelegt, in dem inzwischen über dreißig Steine aufgestellt wurden. Von Steinmetzen formschön gestaltet, tragen die Steine den Namen und das Bundeszeichen der jeweiligen Persönlichkeit. Erinnert wird da etwa an Karl Fischer, als Gründer des Steglitzer Jugendbundes sozusagen der „Urwandervogel“. Er war ein junger Mann von starker Ausstrahlungskraft und mit großen Führungsqualitäten, allerdings auch ein recht diktatorisch waltender Herrscher im Jugendreich. Aber ohne sein Charisma hätte sich der „Wandervogel“ nicht so rasch ausgebreitet. 1930, im Jahr der Rheinlandbefreiungsfeiern nach dem Abzug der französischen Besatzung, machte ihn der Nerother Wandervogel zum Ehrenmitglied.

Prägende Gestalten zwischen Weltkrieg und Drittem Reich

Einer weiterer Gedenkstein im Ehrenhain erinnert an den Schulreformer Gustav Wyneken, eine der Hauptfiguren beim Meißner-Treffen. Erinnert wird im Ehrenhain auch dem 1918 vor Verdun gefallenen Hans Breuer, der als Student in Heidelberg mit dem „Zupfgeigenhansl“ das damals weitverbreitetste Liederbuch in Deutschland schuf – es erreichte, 1908 erstmals erschienen, schließlich eine Gesamtauflage von über einer Million.

Der „Bündischen Jugend“ zwischen Weltkrieg und Drittem Reich drückten dann wieder andere Jugendführer ihren Stempel auf. Da ist Ernst Buske zu nennen, der Führer der mitgliederstarken „Deutschen Freischar“, einem Zusammenschluß von Pfadfindern und Wandervögeln – ein Mann von so unbestrittener Autorität, daß man ihn, obwohl aufgrund eines Geburtsfehlers einarmig, den „General“ nannte. Die Zwillingsbrüder Robert und Karl Oelbermann gründeten den Nerother Wandervogel, den wohl originellsten aller Jugendbünde, der durch seine weltweiten, abenteuerlichen Fahrten berühmt wurde.

Nach 1945 entstanden viele Bünde nicht mehr neu

Eberhard Köbel, genannt „Tusk“, ging als Gründer und Führer der elitären „Deutschen Jungenschaft dj. 1. 11.“ (nach dem Gründungsdatum 1. November 1929) in die Geschichte der Jugendbewegung ein. Er war ein Mann von solcher Dymanik, daß er Jungen weit über seinen eigenen Bund hinaus zu begeistern verstand und in seinem Bestreben, die ganze Jugendbewegung nach seinen Vorstellungen zu formen, schließlich an seinem übertriebenen Ehrgeiz scheiterte. Er träumte von einer politischen Jugend mit sich als Führer und endete, von seiner Schar nicht mehr verstanden, im Parteikommunismus.

Auch Fred Schmid, ein Schweizer Professor, Gründer des „Grauen Corps“, und Karl Christian Müller, ein Lehrer aus dem Saarland, Führer der „Jungentrucht“, setzten ebenfalls starke Akzente in der damaligen Jugendarbeit. Aus dem Nerother Wandervogel ging der Schriftsteller Werner Helwig hervor, der neben Romanen und Reisebüchern eine weitere Geschichte der Jugendbewegung schrieb: „Die blaue Blume des Wandervogels“. Karl Buschhüter war der Architekt der Nerother Jugendburg. An sie alle erinnern Gedenksteine im Ehrenhain.

Jugendmusikbewegung und Pfadfinderbund

Auch die Erinnerung an die Jugendmusikbewegung wird wachgehalten, mit Gedenksteinen für Walther Hensel, bekanntgeworden durch seine „Finkensteiner Singwochen“, den jugendbewegten Musikpfleger Fritz Jöde und den Musikpädagogen Georg Götsch. Die Pfadfinder sind vertreten mit Steinen der Erinnerung für Maximilian Bayer und Alexander Lion, die Gründer des Deutschen Pfadfinderbundes, sowie für Erich Mönch, der die Pfadfinderschaft „Grauer Reiter“ gründete, und für den Pfarrer und Dichter Fritz Riebold von den Christlichen Pfadfindern (CPD).

Ein Stein steht für den im Ersten Weltkrieg gefallenen Dichter Walter Flex, der zwar selbst nicht der Jugendbewegung angehörte, aber mit seinem Roman „Wanderer zwischen beiden Welten“ zum Idol der Jugendbewegten wurde. Flex gab mit seiner Schilderung des Wandervogelführers Ernst Wurche ein gültiges Bild des Empfindens im Wandervogel wieder, geprägt von Haltung, Romantik und Ideal.   

Der Nerother Wandervogel geht noch immer auf Fahrten

Ursprünglich war der Ehrenhain an Burg Waldeck nur für Mitglieder des Nerother Bundes gedacht. Erste Steine wurden schon Ende der zwanziger Jahre gesetzt, beginnend mit einem Stein für den Nerother Wilhelm Brauns, der auf einer Fahrt in der Wüste am Toten Meer verdurstet war. Auch wurde hier der Weltkriegs-Gefallenen aus den Reihen der Nerother gedacht.

Nach dem Zweiten Weltkrieg entstanden viele Bünde nicht mehr neu, wohl aber waren Kreise von Ehemaligen geblieben, die ihre Erinnerung an die jugendbewegte Zeit bewahrten. Aus diesen Älteren-Gemeinschaften wurde dann der Wunsch an die Nerother im Hunsrück herangetragen, ob nicht in ihrer Obhut und bei ihrer Burg eine Gedenkstätte entstehen könne, die insbesondere an die Kriegsopfer der Jugendbewegung erinnern solle. Die Nerother waren bereit, und im Wandel dieses Gedankens entstand schließlich eine Anlage, die nicht nur dem Andenken an die Opfer der Kriege, sondern überhaupt an die starken Gründerpersönlichkeiten der gesamten Jugendbewegung gewidmet ist.

Hier im Hunsrück lebt Jugendbewegung aber auch heute noch nicht nur in der Erinnerung, sondern auch in der Tat, denn der kleingewordene Nerother Wandervogel geht wie von alters her noch immer auf weltweite, abenteuerliche Fahrten.

JF 41/13

vendredi, 16 mai 2014

Waren de Beatles Ierse nationalisten?

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Waren de Beatles Ierse nationalisten?
 
Francis Van den Eynde
 
Ex: Deltapers - Nieuwsbrief - Nr. 83 - Mei 2014
 
Je hoeft geen fan van de popmuziek te zijn en ook niet zelf de beruchte ‘sixties’ meegemaakt te hebben om te weten dat de wispelturige en incidentrijke muziekgeschiedenis van de Beatles grosso modo in drie periodes kan worden opgedeeld.

Tijdens de eerste, die ongeveer duurde van 1960 tot 1965, werden ze formidabel populair op wereldniveau met het coveren van bekende Amerikaanse rock and roll en al even Amerikaanse rhythm and blues nummers: I Got a Woman van Ray Charles, That’s all Right Mama van Elvis Presley, Roll over Beethoven van Chuck Berry, enz. De eigen muziek die ze tijdens die jaren uitbrengen, is hierop volledig geïnspireerd: I Want to hold your Hand, I Saw Her Standing There … Vanaf 1965 wagen ze zich verder en beginnen ze te experimenteren. Eerst vrij schuchter, voor het nummer Norvegian Wood schakelen ze bijvoorbeeld een sitar in en het overbekende Yesterday laten ze door een strijkorkest begeleiden. Van af dan zullen ze op veel radicalere wijze het ingeslagen pad blijven volgen. In die mate dat wanneer ze in 1967 de LP Sgt. Peppers Lonely Hearts Club Band op de markt brengen, deze door de recensent van de oerdeftige Britse Times een mijlpaal in de popgeschiedenis wordt genoemd. Het zijn de jaren van Let it Be, Hey Jude, Penny Lane, Strawberry Fields for Ever, Eleanor Rugby (deze opsomming is niet chronologisch) en zo vele andere. Ze hebben op dat ogenblik met hun meer gesofisticeerde muziek definitief de Merseybeat (genoemd naar de rivier Mersey, die door hun geboortestad Liverpool stroomt) ver achter zich gelaten. Ook de teksten die ze zingen hebben een hele verandering ondergaan. Misschien spreken ze u niet aan, geachte lezer, maar u zult moeten toegeven dat de inhoud van pakweg Let it Be of Eleanor Rugby heel wat meer diepte heeft dan die van She Loves You of die van A Hard Day’s Night. Ze durven zich zelf aan politiek wagen. Ze hebben uiteraard een links pacifistische reputatie, maar dit weerhoudt er hen niet van, in het nummer Revolution de draak met Mei 68 te steken. Oordeel zelf:
 
 
You say you'll change the constitution
Well, you know
We all want to change your head
You tell me it's the institution
Well, you know
You better free your mind instead
 
 
Liever de IRA dan het Brits leger
 
De derde fase van de muzikale evolutie van leden van deze popgroep wiens populariteit tot hiertoe door niemand werd geëvenaard, kan best het Post Beatle tijdperk worden genoemd. Ten gevolge van allerlei interne strubbelingen valt de ploeg in 1970 uiteen. Alhoewel ze af en toe nog eens  met een paar andere leden van de groep musiceren,  beginnen John Lennon en Paul McCartney met succes een eigen carrière uit te bouwen. Lennon gaat solo, denk aan het lied Imagine. Je kan het met de teneur van de tekst totaal oneens zijn maar niemand kan tegenspreken dat het een prachtig stuk is. McCartney van zijn kant sticht een nieuwe groep, The Wings, en brengt onder meer het prachtige en onvergetelijke Mull of Kintyre uit.

Ondertussen staat Noord-Ierland in rep en roer. De bewoners uit de zogenaamde katholieke wijken van dat stukje Ierland waren in 1969 een vreedzame campagne voor gelijke burgerrechten begonnen (het censitair kiesrecht was er nog altijd van toepassing). De campagne werd door de Britsgezinde protestanten met veel geweld beantwoord. In die mate zelfs dat de IRA er zich toe verplicht zag haar wapens boven te halen om een aantal wijken tegen ware pogroms te beschermen. De Britse troepen die de politie te hulp kwamen, gingen zich algauw als een brutaal bezettingsleger gedragen. De situatie werd met de dag erger. Op 13 augustus 1971 gingen de Engelsen over tot de arrestatie van honderden Ieren die allemaal zonder vorm van proces voor onbepaalde tijd in het pas gebouwde concentratiekamp van Long Kesh werden opgesloten. Het trieste hoogtepunt werd bereikt op 30 januari 1972 (Bloody Sunday) toen Britse soldaten In Derry (op dat moment nog Londonderry) 13 burgers die aan een vreedzame manifestatie deelnamen, doodschoten. Dit alles liet John noch Paul onberoerd. Ze kwamen immers uit Liverpool, een stad die ten gevolge van de massale immigratie in de negentiende eeuw qua bevolking eerder Iers dan Brits is. Beiden zijn ze trouwens van Ierse afkomst: Lennon is de verengelste vorm van de Ierse familienaam O Lionnain die veel voorkomt in het Noord-Ierse graafschap Fermanagh en de ongehuwde moeder van Paul droeg de typisch Ierse naam Mary Mohin McCartney. Beiden zullen dan ook fel reageren. McCartney schrijft het lied Give Ireland Back to the Irish, dat hij met de Wings op plaat uitbrengt. Het refrein luidt:
 
 
Give Ireland Back To the Irish
Don't Make Them Have To Take It Away
Give Ireland Back To the Irish
Make Ireland Irish Today
 
 
Lennon reageert nog feller met twee liederen die volledig in de Ierse rebelsongtraditie thuis horen, The Luck of the Irish en Sunday Bloody Sunday, dezelfde titel als het gekende nummer van Bono en U2, maar veel harder qua tekst. We kunnen er dan ook niet aan weerstaan, het u in extenso te laten lezen:
 
 
Sunday Bloody Sunday (Lennon-Ono)

Well it was Sunday bloody Sunday
When they shot the people there
The cries of thirteen martyrs
Filled the Free Derry air

Is there any one amongst you
Dare to blame it on the kids?
Not a soldier boy was bleeding
When they nailed the coffin lids!

Sunday bloody Sunday
Bloody Sunday's the day!

You claim to be majority
Well you know that it's a lie
You're really a minority
On this sweet emerald isle
When Stormont bans our marches

They've got a lot to learn
Internment is no answer
It's those mothers' turn to burn!

Sunday bloody Sunday
Bloody Sunday's the day!
Sunday bloody Sunday
Bloody Sunday's the day!

You anglo pigs and Scotties
Sent to colonize the North
You wave your bloody Union Jack
And you know what it's worth!
How dare you hold to ransom
A people proud and free
Keep Ireland for the Irish
Put the English back to sea!

Sunday bloody Sunday
Bloody Sunday's the day!

Well, it's always bloody Sunday
In the concentration camps
Keep Falls Road free forever
From the bloody English hands

Repatriate to Britain
All of you who call it home
Leave Ireland to the Irish
Not for London or for Rome!

Sunday bloody Sunday
Bloody Sunday's the day!


(bekijk en beluister op youtube)
 
 
Een toemaatje: zowel Lennon als McCartney werden meer dan eens in pro Ierse demonstaties opgemerkt en Lennon die ooit verklaarde dat hij de IRA boven het Britse leger verkoos, werd er door de FBI van verdacht het Iers geheim leger te financieren. Meent u ook niet dat de vraag die als titel voor dit stuk wordt gebruikt, positief mag worden beantwoord?
 
Francis Van den Eynde

jeudi, 15 mai 2014

La Teoría del Corazón Continental de Mackinder y la contención de Rusia

por Niall Bradley*

Ex: http://paginatransversal.wordpress.com

“Lo que ha ocurrido en Crimea es una respuesta al modo en que colapsó la democracia en Ucrania. Y hay una única razón para esto: la política antirrusa de EE.UU. y algunos países europeos. Ellos buscan cercar a Rusia para debilitarlo y eventualmente destruirlo… Existe una cierta élite transnacional que durante 300 años ha anhelado este sueño.”

Lo que ha estado ocurriendo recientemente en Ucrania tiene muy poco sentido si no se ve en un amplio contexto histórico y geopolítico; así que en la búsqueda de un firme entendimiento de los eventos que se están desarrollando, he estado consultando libros de historia. En primer lugar es necesario decir que Ucrania ha sido históricamente parte de Rusia. Se constituyó como “una nación independiente” sólo en nombre a partir de 1991, pero ha sido completamente dependiente de la ayuda externa desde entonces. Y la mayoría de esta “ayuda” no ha sido, al menos, en su mejor interés.

La respuesta corta a por qué EE.UU. ha puesto en acción su descabellado plan para derrocar a Yanukoych recientemente en noviembre, es que el verdadero objetivo es Rusia, quien se interpone constantemente en los planes de dominación mundial de la élite bancaria, cuyo imperio se centra en los EE.UU. La respuesta larga es algo más compleja, pero en el proceso de trabajar sobre ella hemos descubierto sorprendentes precedentes históricos para todo lo que está ocurriendo en la actualidad, y hasta en los mismos fundamentos políticos se vislumbra una respuesta de por qué hacen lo que hacen.

Desde la desastrosa invasión de Napoleón a Rusia en 1812 (y quizá desde antes, si alguien pudiera resolverlo porque el Presidente de Venezuela, Nicolás Maduro, se refirió a “300 años”), han existido esfuerzos sostenidos por parte de los poderes Occidentales por “contener a Rusia”. ¿De dónde proviene este deseo? Bien, en la actual narrativa Occidental en relación a la “agresiva incorporación de Crimea” por parte de Rusia, proviene de la necesidad de “contener el intento de Putin de recrear el Imperio Soviético”, y “evitar que la Rusia de Putin actúe como la Alemania Nazi”.

En el centro de esta narrativa está toda la retórica sobre que la Unión Soviética fue un “Imperio Malvado” del cual Ucrania y otras Repúblicas ex-soviéticas, Asia Central y ex-estados miembros del Pacto de Varsovia en Europa del Este, como Polonia, se liberaron para unirse al Libre Mercado Mundial alrededor de 1990, cuando “el Imperio Soviético colapsó”. Y todo esto, por supuesto, está basado en la narrativa Occidental de que el Comunismo Soviético fue “la raíz de todos los males”, y que tenía que ser erradicado de donde fuera que él se instalara o propagara (o se sospechara que se propagaba) tras la Segunda Guerra Mundial.

De hecho, podemos ir más lejos, pero antes de hacerlo, vamos a considerar en primer lugar la participación del FMI durante el último cuarto de siglo en Europa del Este. El FMI no está apareciendo en escena sólo recientemente con la “muy necesitada inyección de dinero” a la economía ucraniana. Los economistas occidentales, los académicos, banqueros e industriales, han estado, efectivamente, operando desde el terreno en las economías de Europa del Este desde que ellas “recuperaron su libertad al independizarse de Rusia”. Lea este reporte del parlamento ucraniano para hacerse una idea del daño que sufrió Ucrania durante los 90 – su población se redujo en un número mayor a los muertos durante la Segunda Guerra Mundial.

Los préstamos del FMI, generalmente, no están destinados a incrementar las arcas de los países que se suscriben a su “asistencia”; más bien están orientados al pago de los intereses devengados por las deudas de las naciones. A cambio, los suscriptores a estos préstamos mortales reciben “consejos” que deben seguir si quieren el dinero – entregado a cuentagotas – para seguir adelante con respecto a sus deudores y así evitar que sus deudas crezcan aún más. Dichos consejos – “condicionamientos estructurales” en términos técnicos – esencialmente se reducen a: “Vender absolutamente todo… a nosotros”.

Así que no fue el “espontáneo caos del momento” lo que provocó las extendidas calamidades económicas en Europa del Este en los 90. El desastre resultante fue consecuencia directa de la política monetaria y económica impuesta por Occidente sobre la región. Así se pudo observar la miseria extrema de millones de polacos repentinamente impedidos para comprar alimentos que estaban siendo exportados con el único fin de pagar las deudas contraídas – deudas que implicaban indefectiblemente un intercambio por las verdaderas riquezas de esos países, en especial sus recursos naturales y las industrias nacionales.

Rusia también obtuvo su parte de esta “terapia de shock”. Échele un vistazo al capítulo 11 de La Doctrina del Shock de Naomi Klein para ver la auténtica historia de horror de lo que pasó allí (“La Hoguera de una Democracia Joven: Rusia elige la opción Pinochet”). El Pueblo ruso sin embargo no sucumbió al genocidio económico. Para el año 1993, se dieron cuenta de que la única “libertad y democracia” que iban a obtener era, de hecho, una forma extrema de “terapia de shock económica” de la derecha. Ocuparon edificios gubernamentales en Moscú en un esfuerzo por detener el saqueo de su país y restaurar el orden. En medio de un tenso punto muerto, he aquí que “francotiradores desconocidos” aparecieron de la nada y comenzaron a disparar a la gente a la cabeza. Yetsin pensó que las balas estaban viniendo de una facción del ejército atrincherada en la Casa Blanca de Moscú y ordenó a fuerzas leales a él atacar el edificio. Cientos de personas resultaron muertas y, junto con ellas, murió la primera (y última) incursión rusa en la Democracia Liberal Occidental ®.

Así es como la “Mafia de Estado” de la oligarquía “cercana a Yeltsin” apareció. Fueron enteramente criaturas nacidas de los Intereses Financieros de Occidente. No había billonarios en Rusia antes de 1991. Y a través de todo esto, los medios de comunicación occidentales cantaron alabanzas a Rusia puesto que había implementado las “difíciles pero necesarias reformas” que redujo el Estado del bienestar, la base industrial y la población en general. Rusia entonces fue “libre y liberal” y todo fue maravilloso. ¡Ay de nosotros ahora que Putin ha dado la vuelta a la tortilla y Rusia está en posición nuevamente de frustrar la propagación de la Libertad y la Democracia ®! Rusia es una vez más “autoritaria y antidemocrática”, es decir, lisa y llanamente “pura maldad”.

Cuanto buscamos en retrospectiva a través de la historia, encontramos una serie de abruptos desplazamientos de la actitud de Occidente en relación a Rusia, donde esta nación pasa de ser “amiga” a “enemiga” casi de la noche a la mañana. Lo vemos claramente al final de la Segunda Guerra Mundial cuando la Unión Soviética de Stalin pasó de ser “nuestro increíble aliado” a el “nuevo Hitler”, incluso cuando la esfera de influencia de Europa del Este y el Oeste fue discutida a fondo y acordada por las potencias aliadas mientras que duró la guerra (ver La Controversia de Zion de Douglas Reed).

Previo a la Primera Guerra Mundial, Rusia fue “nuestro aliado” a partir de la coalición del “Triple Entente” conformada junto a Gran Bretaña y Francia; para el final de la guerra, se transformó en la “amenaza bolchevique”. Y comprensiblemente Rusia ahora es vehementemente antiimperialista y anticapitalista. Pero menos conocido es el hecho de que los bolcheviques también fueron enteramente criaturas nacidas de los Intereses Financieros Occidentales (ver Wall Street y la Revolución Bolchevique de Anthony Sutton).

A lo largo de la historia del siglo XX, todas o casi todas las acciones de Rusia fueron defensivas en naturaleza. Ahora bien, no pretendo subestimar ninguno de los delitos de sus líderes – de los cuales hay varios, a los países vecinos y a los propios – sino que, en términos de “imperialismo comparado” por decirlo de algún modo, no recuerdo a las milicias rusas a 13.000 Km. de distancia causando “conmoción y terror” y aniquilando en el proceso a millones de personas de otras naciones – personas que, por cierto, no tenían ninguna conexión con el pueblo ruso.

Mackinder y la Teoría del Corazón Continental

Antes del Imperio Norteamericano existió el Imperio Británico, y antes de Zbigniew Brzezinski existió Halford Mackinder. Este gurú académico de Oxford devenido en político fue ostensiblemente un “geógrafo”, aunque también el poseedor de una cierta “diligencia” que lo llevó a ser un hacedor de reyes de Gran Bretaña, en nombre de los Estados de Europa del Este y en detrimento de los imperios caídos de Europa después de la Primera Guerra Mundial. En 1904 Mackinder envió un artículo a la Sociedad Geográfica Real titulado “El pivote geográfico de la historia”, en el cual formulaba la “Teoría del Corazón Continental”, que él mismo, tiempo después, reduciría a esto:

“Quien domine Europa del Este controlará el Corazón Continental; quien domine el Corazón Continental controlará la Isla Mundial; quien domine la Isla Mundial controlará el mundo”. Mackinder, Ideales democráticos y realidad, p.194.

Podrías estar preguntándote ¿qué diablos significan esos términos arcaicos? “Europa del Este” es suficientemente obvio: los Balcanes, Ucrania, Belarús, Polonia, la Rusia “Europea” y los estados Bálticos. El “Corazón Continental” se extiende desde el río Volga hasta el Yangtze y desde el Himalaya hasta el Océano Ártico. La “Isla Mundial”… se lo imagina… es toda la masa de tierra contigua de Europa, Asia, Oriente Medio y África – así que, básicamente, todo el mundo salvo América y Australia. Échele una mirada a su mapa mundial.

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Etiquetando a América como la “Isla de la periferia”, y a las islas británicas como las “Islas Exteriores”, Mackinder estaba remarcando el hecho de que eran periféricos al “centro”, la “zona de pivote”, que sencillamente pasa a ser Rusia. Aquí es donde la contribución como geógrafo de Mackinder finaliza, y su contribución como sirviente del imperio comienza. Él entendió hace 100 años que era (y es) una quimera para los administradores de imperios como los actuales de EE.UU. y la Unión Europea (la Alianza del Atlántico) obtener completa dominación sobre la “Isla Mundial” a través de los medios convencionales, simplemente porque las poblaciones y los recursos combinados de la vasta, interconectada y mutuamente dependiente masa de territorios opacarían sus “Islas Periféricas” como Gran Bretaña y EE.UU. Así que ¿qué hacer?

Mientras su propaganda constantemente proyecta “el permanente peligro de Rusia” (y a la vez de otros poderes de Eurasia, pero mayormente de Rusia) como una amenaza global que está presta a romper la contención ceñida sobre ella y tomar el control de la “Isla Mundial” y luego de las “Islas de la periferias”, el verdadero propósito de su “Gran Juego” es “contrarrestar esos factores físicos y tecnológicos que favorecieron la formación de grandes imperios continentales en la masa terrestre de Eurasia” [1].

En otras palabras, dándose cuenta de que fueron naturalmente excluidos del centro de la acción por su posición marginal en las “Islas de la periferia”, ellos se figuraban que la única esperanza de poder establecer un imperio global era organizar periódicamente “escaramuzas destructivas”, manipulando a los países del Corazón Continental poniéndolos unos contra otros, de modo tal que antes de que cualquiera de éstos pueda recuperarse del shock y volverse lo suficientemente fuerte económica y militarmente, se apresurarán a volver a cero la relación entre los pueblos, intentando de este modo que la situación sea favorable para mantener y avanzar en la hegemonía Anglo-Americana.

A propósito, Mackinder estuvo directamente involucrado en el nuevo trazado del mapa de Europa del Este como lo conocemos hoy en día. Participando en la Conferencia de Paz de París al final de la Primera Guerra Mundial a favor de la Oficina de Relaciones Exteriores Británica, directamente supervisó la disolución de cuatro imperios eurasiáticos (el alemán, el austro-húngaro, el otomano y el ruso) en arbitrarios pequeños estados “con el fin de cerrar las puertas de las tierras centrales de Eurasia a los enemigos de Gran Bretaña y mantener un status quo internacional favorable a los intereses de la nación Anglosajona” [2]. Esta es exactamente la misma “lógica” que se sigue en la actualidad.

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Por supuesto, esta “lógica” precede a la Teoría del Corazón Continental de Mackinder y nuevas formulaciones han sido “inventadas” desde entonces, pero la mente en la cual surgen tales ideas sigue siendo tan estéril y ajena a la percepción humana normal como siempre. William Engdahl sugiere en La Guerra del Siglo: La política Anglo-Americana del petróleo y el Nuevo Orden Mundial que la teoría del Corazón Continental fue simplemente la más clara explicación del concepto de “balance de poder” que fue “venerado” por la élite británica en el siglo XIX:

La diplomacia británica cultivó [la] doctrina cínica [de balance de poder], la cual dictaba que Gran Bretaña nunca debería mantener relaciones sentimentales o morales con otras naciones como respetables socios soberanos, sino más bien debería obrar únicamente en favor de sus propios “intereses”. Las alianzas estratégicas británicas fueron dictadas estrictamente por lo que ellos determinaron en un período dado que podría servir mejor a sus propios “intereses”.

Esta forma paramoralista y psicopática de ver el mundo nos muestra a las claras el lenguaje dominante de la “diplomacia” y las relaciones internacionales – “el Gran Juego”, “el Gran Tablero de Ajedrez”, “el balance de poder”, “los intereses especiales”, etc… Esto no significa que todos los países y todas las alianzas mundiales perciben el mundo en estos términos. Ellos ciertamente tienen que responder a veces como si estuvieran envueltos en un juego de ajedrez geopolítico, pero esto suele deberse a que “el Juego”, como tal, es impuesto a ellos por la dominación de Occidente. Tome nota, por ejemplo, de Putin menospreciando la jerga diplomática y describiendo su asombro en relación a los juegos mentales de occidente en una conferencia de prensa tras el golpe de Estado armado en Kiev en febrero:

“La lengua de los diplomáticos, como sabemos, está allí para ocultar sus pensamientos. [...] A veces siento que en algún lugar cruzando el charco, en Norteamérica, hay gente sentada en un laboratorio conduciendo experimentos, como con ratas, sin en realidad entender las consecuencias de lo que ellos están haciendo. ¿Por qué necesitan hacer esto? ¿Quién puede explicarlo? No hay ninguna explicación en absoluto para esto”.

Lo que nos permite ver la “Teoría del Corazón Continental” – y similares formulaciones como la “Teoría del Juego” – ideada por la mente psicopática, es un sentido del complejo insular eterno de las élites de Occidente. Esto puede verse claramente cuando acusan a Eurasia o a otros de todas las cosas que ellos mismos hacen, y de poseer “el mal” que ellos mismos padecen: ese insaciable impulso por dominar absolutamente todo. El hecho mismo de que existan ciertas personas en este planeta quienes ven el mundo de este modo megalomaníaco, es lo que da lugar a este “Gran Juego” y el metódico esfuerzo por dominar y controlar el planeta entero. Sí, es psicopático, y es conducido por la codicia ciega y por sea cual sea la forma en que sople el viento en ese momento, pero también hay un método para su locura. Si pudieran, colonizarían otros mundos también.

Pero no hace falta que me crea a mí…

El mundo esta dividido casi en su totalidad, y lo que queda está siendo dividido, conquistado y colonizado. Pienso en esas estrellas que vemos sobre nuestras cabezas cada noche, esos vastos mundos a los que nunca podremos llegar. Anexaría los planetas si pudiera, con frecuencia pienso en ello. Siento tristeza al verlos tan claros y aún tan lejos. Cecil Rhodes

Mientras tanto, quizá el lector quiera escuchar nuestra entrevista a Eric Wallberg en el <SOTT Talk Radio del último domingo. Autor de Imperialismo posmoderno: Geopolítica y el Gran Juego, pienso que Wallberg ha hecho un buen trabajo dándole sentido a la “geopolítica” y sobre cómo este imperio mundial tomó forma en los últimos 150 años más o menos.

Notas

1. “Geopolítica, Federalismo, y Defensa Imperial: Halford Mackinder y Europa del Este, 1919-20″, artículo presentado en “Europa Central y del Este en la política mundial después de Versalles: Hacia una Nueva Historia Internacional”, Universidad de Oxford, Facultad de Historia, 4-5 de Octubre del 2013

2. Ibid.

* Niall Bradley es editor de Sott.net desde 2009.

Fuente: El Espía Digital

Les ressorts psychologiques des pilotes Tokkôtai

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Manipulation esthétique et romantisme

Les ressorts psychologiques des pilotes Tokkôtai

Kamikazes, fleurs de cerisiers et nationalismes

Rémy Valat
Ex: http://metamag.fr

花は桜木人は武士(hana wa sakuragi hito wa bushi).

« La fleur des fleurs est le cerisier, la fleur des hommes est le guerrier. »


Les éditions Hermann ont eu la bonne idée de publier le livre d’Emiko Ohnuki-Tierney, Kamikazes, Fleurs de cerisier et Nationalismes, paru précédemment en langue anglaise aux éditions des universités de Chicago (2002) sous le titre Kamikaze, Cherry Blossoms, and Nationalisms : The Militarization of Aesthetics in Japanese History. La traduction de cette étude magistrale est de Livane Pinet Thélot (revue par Xavier Marie). Emiko Ohnuki-Tierney enseigne l’anthropologie à l'université du Wisconsin ; elle est une spécialiste réputée du Japon. Sa carrière académique est exceptionnelle : elle est présidente émérite de la section de culture moderne à la Bibliothèque du Congrès de Washington, membre de l’Avancées de Paris et de l'Académie américaine des arts et des sciences. 

Kamikazes, Fleurs de cerisier et Nationalismes n’est pas une histoire de bataille. L’auteure s’est intéressée aux manipulations esthétiques et symboliques de la fleur de cerisier par les pouvoirs politiques et militaires des ères Meiji, Taishô et Shôwa jusqu’en 1945. La floraison des cerisiers appartient à la culture archaïque japonaise, elle était associée à la fertilité, au renouveau printanier, à la vie. L’éphémère présence de ces fleurs blanches s’inscrivait dans le calendrier des rites agricoles, lesquels culminaient à l’automne avec la récolte du riz, et étaient le prétexte à libations d’alcool de riz (saké) et festivités. Au fil des siècles, les acteurs politiques et sociaux ont octroyé une valeur différente au cerisier : l’empereur pour se démarquer de l’omniprésente culture chinoise et de sa fleur symbole, celle du prunier ; les samouraïs et les nationalistes pour souligner la fragilité de la vie du guerrier, et, surtout pour les seconds, institutionnaliser une esthétique valorisant la mort et le sacrifice. Emiko Ohnuki-Tierney nous révèle l’instrumentalisation des récits, des traditions et des symboles nippons, ayant pour toile de fond et acteurs des cerisiers et des combattants : le Manyôshû (circa 755 ap. JC), un recueil de poèmes mettant en scène les sakimori (garde-frontières en poste au nord de Kyûshû et sur les îles de Tsushima et d’Iki) ont été expurgés des passages trop humains où les hommes exprimaient leur affection pour leurs proches de manière à mettre en avant la fidélité à l’empereur.  L’épisode des pilotes tokkôtai survint à la fin de la guerre du Pacifique et atteint son paroxysme au moment où le Japon est victime des bombardements américains et Okinawa envahi. Ces missions suicides ont marqué les esprits (c’était l’un des objectifs de l’état-major impérial) et donné une image négative du combattant japonais, dépeint comme un « fanatique »... Avec une efficacité opérationnelle faible, après l’effet de surprise de Leyte (où 20,8% des navires ont été touchés), le taux des navires coulés ou endommagés serait de 11,6%....Tragique hasard de l’Histoire, la bataille d’Okinawa s’est déroulée au moment de la floraison des cerisiers, donnant une touche romantique à cette irrationnelle tragédie, durant laquelle le Japon va sacrifier la fine fleur de sa jeunesse.

suzuki.jpgFine fleur, car ces jeunes hommes, un millier environ, étaient des étudiants provenant des meilleures universités du pays, promus hâtivement officiers-pilotes pour une mission sans retour. 3843 pilotes (estimation maximale incluant toutes les catégories socio-professionnelles et classes d’âge) sont morts en tentant de s’écraser sur un bâtiment de guerre américain. L’étude des journaux intimes de ces jeunes kamikazes, journaux parfois entamés plusieurs années auparavant constitue une source inestimable car elle permet de cerner l’évolution psychologique et philosophique des futurs pilotes. L’analyse, centrée sur 5 cas, révèle que l’intériorisation de la propagande militaire et impériale était imparfaite, individualisée. Toutefois, le panel étudié (5%de la population) est la principale faiblesse de l’argumentation d’Emiko Ohnuki-Tierney (l’auteure aurait eu des difficultés à trouver des sources originales et complètes). Il ressort de son analyse que peu de pilotes, dont aucun n’était probablement volontaire, aurait réellement adhéré à l’idéologie officielle. Ironie, les étudiants-pilotes étaient pétris de  culture : la « génération Romain Rolland » (lire notre recension du livre de Michael Lucken, Les Japonais et la guerre).


L’opposition entre la culture occidentale prônant le libre arbitre et l’obligation de se donner la mort en mission commandée a ouvert la porte à l’irrationalité et au romantisme. Leur dernière nuit était un déchirement, mais tous ont su trouver la force de sourire avant le dernier vol. Kasuga Takeo (86 ans), dans une lettre au docteur Umeazo Shôzô, apporte un témoignage exceptionnel sur les dernières heures des kamikazes : « Dans le hall où se tenait leur soirée d’adieu la nuit précédant leur départ, les jeunes étudiants officiers buvaient du saké froid. Certains avalaient le saké en une gorgée, d’autres en engloutissaient une grande quantité. Ce fut vite le chaos. Il y en avait qui cassaient des ampoules suspendues avec leurs sabres. D’autres qui soulevaient les chaises pour casser les fenêtres et déchiraient les nappes blanches. Un mélange de chansons militaires et de jurons emplissaient l’air. Pendant que certains hurlaient de rage, d’autres pleuraient bruyamment. C’était leur dernière nuit de vie. Ils pensaient à leurs parents et à la femme qu’ils aimaient....Bien qu’ils fussent censés être prêts à sacrifier leur précieuse jeunesse pour l’empire japonais et l’empereur le lendemain matin, ils étaient tiraillés au-delà de toute expression possible...Tous ont décollé au petit matin avec le bandeau du soleil levant autour de la tête. Mais cette scène de profond désespoir a rarement été rapportée. » (pp. 292-293).


Quel sens donner à leur sacrifice ?

 
Outre celui de protéger leurs proches, l’idée de régénération est forte. Un Japon nouveau, épuré des corruptions de l’Occident (matérialisme, égoïsme, capitalisme, modernité) germerait de leur sublime et suprême offrande. La méconnaissance (source d’interprétations multiples) et l’archaïsme du symbole a, semble-t-il, éveillé et mobilisé des sentiments profonds et primitifs, et pourtant ô combien constitutifs de notre humanité. Ironie encore, ce sont contre des bâtiments américains que viennent périr ces jeunes hommes, ces « bâtiments noirs, venus la première fois en 1853, obligeant le Japon à faire face aux défis de l’Occident et de la mondialisation. Il ne faut pas oublier que l’ultranationalisme japonais est une réponse à ce défi... Le Japon ne s’est pas laissé coloniser comme la Chine ; les guerres de l’opium ont donné à réfléchir aux élites japonaises. Mieux, les Japonais ont su s’armer, réfléchir et chercher le meilleur moyen de retourner les armes de l’agresseur. Le Japon a été un laboratoire intellectuel intense, et le communisme, idéologie sur laquelle la Chine habillera son nationalisme, est un import du pays du Soleil Levant... Ernst Nolte explique les excès du nazisme comme une réaction au danger communiste (La guerre civile européenne) : il en est de même au Japon. La menace des navires américains est un retour à l’acte fondateur du nationalisme nippon expliquerait l’irrationalité des actes de mort volontaire...


Le livre d’Emiko Ohnuki-Tierney, qui professe aux Ėtats-Unis, est remarquable, mais peut-être marqué par l’esprit du vainqueur. « Ce qui est regrettable par-dessus tout, écrit-elle (p. 308), c’est que la majorité de la population ait oublié les victimes de la guerre. Ces dernières sont tombées dans les oubliettes de l’histoire, ont été recouvertes par la clameur des discussions entre les libéraux et l’extrême-droite, au lieu d’être le rappel de la culpabilité de la guerre que chaque Japonais devrait partager ». La culpabilité (la repentance) est une arme politique ne l’oublions pas : une arme qui sert peut-être à garder le Japon sous influence américaine, car même si le Japon s’achemine vers une « normalisation » de sa politique et de ses moyens de défense, l’interdépendance des industries d’armement et de communication ainsi que l’instrumentalisation du débat sur la Seconde Guerre mondiale en Asie entravent le processus d’une totale indépendance politique de ce pays. Si les Japonais devraient partager la culpabilité des victimes de la guerre ? Qui doit partager celles des bombardements de Tôkyô, de Hiroshima et de Nagasaki ? Enfin, on ignore l’état d’esprit de ce qui ont le plus sincèrement adhéré à l’idéologie impériale au point de sacrifier leurs vies pour elle (Nogi Maresuke, Onishi Takijiro, fondateur des escadrilles tokkôtai, pour les plus illustres). Orages d’acier ou À l’Ouest rien de nouveau, deux expériences et deux visions, radicalement opposées, sur une même guerre...


Emiko Ohnuki-Tierney, Kamikazes, Fleurs de cerisier et Nationalismes, éditions Hermann, 2013, 580 p., 38 euros.

mardi, 06 mai 2014

Identité et devenir de l'Europe...

Identité et devenir de l'Europe...

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La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 72, mai - juin 2014).

Le dossier central est consacré à l'Europe, son identité et son devenir. On peut y lire, notamment,  des articles

de Philippe Fraimbois ("Charlemagne, fondateur du premier empire européen"),

de Bernard Fontaine ("Le XIIIe siècle des cathédrales et des universités"),

de Jacques Berrel ("La Hanse, une Europe de marchands"),

de Philippe Conrad ("L'Europe rassemblée face au péril ottoman"),

de Jean-Joël Brégeon ("Quand l'Europe des Lumières parlait français"),

de Robert James Bellairs ("Les relations anglo-allemandes de 1871 à 1991")

de Christophe Réveillard ("L'Europe de Jean Monnet" ; "De Gaulle et l'Europe"),

de Guillaume Bernard ("La construction d'une Europe... introuvable"),

de Paul-Marie Coûteaux ("Qu'est-ce que le souverainisme ?" ; "Pour un Etat européen").

Hors dossier, on pourra lire, en particulier, deux entretiens, l'un avec Gérard-François Dumont ("Histoire et démographie") et l'autre avec Andreas Kappeler ("Quelle identité historique pour l'Ukraine") ainsi que des articles d'Emma Demeester ("Olympe de Gouges, une victime de la Révolution"), de Philippe Maxence ("Honoré d'Estienne d'Orves. Une jeunesse française") et de Virginie Tanlay ("1944. La Normandie sous les bombes").

The Iran/Iraq War: Mutual Assured Destruction

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The Iran/Iraq War: Mutual Assured Destruction

(Excerpted from Chapter 10: The Iran/Iraq War: Big Oil & Their Bankers…)

In 1979, as Iranian revolutionaries were taking charge in Tehran, Carter National Security Adviser, Afghan Frankenstein godfather and Trilateral Commission co-founder Zbigniew Brzezinski was in Kuwait City meeting with Kuwaiti Emir Sheik Jaber Ahmed al Sabah, House of Saud envoys and Iraqi President Saddam Hussein.  The group decided that Saddam’s Republican Guard would seize the oil-rich Iranian province of Khuzistan.

In 1980 Iraq invaded Iran.  That same year Kuwait’s Ambassador to the UN shed light on the forces which used Brzezinski to goad Hussein into his attempt to partition Iran’s oilfields.  He informed the UN General Assembly of, “a cabal which controls, manipulates and exploits the rest of humanity by controlling the money and wealth of the world”.

Silent Weapons for Quiet Wars

The cabal which Kuwait’s UN Ambassador was referring to controls the JASON Society which, according to author William Cooper’s book Behold a Pale Horse, emerged from a 1952 alliance between Europe’s Black Nobility, the Illuminati and the Vatican.  The JASON Society is also known as The Order of the Quest, the exact name of the Afghan Roshaniya “all-seeing ones”.  The power structure for JASON is recruited from Skull & Bones, Scroll & Key, Britain’s Group of Oxford and the German Thule Society.  JASON has close ties to the Trilateral Commission and the CFR. [1]  Its name comes from the story of Jason and the Golden Fleece, which denotes a search for truth.

President Eisenhower commissioned JASON to investigate the UFO question. Many of the group’s top scientists came from the Manhattan Project which developed the atomic bomb.  The group was behind the advent of submarine warfare and President Reagan’s Star Wars initiative.  JASON is the driving force behind secret US military technology being developed at places like Area 51 near Groom Lake, Nevada.

Cooper, a former Naval Intelligence officer, states that JASON scientists have come to the conclusion that the greenhouse affect may actually lead to a new Ice Age.  The Pentagon Papers revealed that JASON was behind an electromagnetic barrier placed over the DMZ (demilitarized zone) during the Vietnam War. [2]  JASON, through the Black Nobility, serves the Bilderberger Group, whose Policy Committee, at its first known meeting in 1954, endorsed a JASON document titled Silent Weapons for Quiet Wars.  Research for the document was done at the Rockefeller Foundation’s Harvard Economic Research Project.  What follows are excerpts of the document, which Cooper claims to have had in his possession:

“This publication marks the 25th anniversary of the Third World War, called the ‘Quiet War’, being conducted using subjective biological warfare…implying extensive objectives of social control and destruction of human life, i.e., slavery and genocide…dominance revolved around the subject of energy sciences…bookkeeping can be made king if the public can be kept ignorant of the methodology…it was agreed that a nation or world of people who will not use their intelligence are no better than animals…Such people are beasts of burden and steaks on the table by choice and consent…consequently …it was decided to privately wage a quiet war…shifting the natural and social energy of the undisciplined and irresponsible many into the hands of the self-disciplined, responsible and worthy few.

In order to achieve a totally predictable economy, the low-class elements of the society must be brought under total control, i.e., must be housebroken, trained and assigned a yoke…the lower class family unit must be disintegrated by the process of increasing preoccupation of the parents…The quality of education given to the lower class must be of the poorest sort…with such an initial handicap, even the bright lower class individuals have little hope of extricating themselves from their assigned lot in life.  This form of slavery is essential to maintaining some measure of social order, peace and tranquility for the ruling upper class.

The public cannot comprehend this weapon, and therefore cannot believe they are being attacked and subdued.  The general public…has become a herd of proliferating barbarians…a blight upon the face of the earth…it is possible to program computers…(to) bring about the complete control and subjugation of the public…the simplest form of economic amplifier is advertising.  If a person is spoken to by a TV advertiser as if he were a 12-year-old, then…he will reach into his economic reservoir to buy that product…achieved by disengaging their minds…engaging their emotions…the more confusion, the more profit.  Create problems, then offer solutions…keep the public entertainment below the 6th grade level…keep the public busy…back on the farm with the other animals…silent weapons technology is an outgrowth of a simple idea discovered, succinctly expressed and effectively applied by…

Mr. Mayer Amschel Rothschild…Rothschild discovered the missing passive component of economic theory known as economic inductance…That principle is ‘when you assume the appearance of power, people soon give it to you’…Rothschild discovered that currency or deposit loan accounts had the required appearance of power that could be used to induce people into surrendering their real wealth in exchange for a loan of promissory notes (paper money).

Mr. Rothschild loaned his promissory notes to individuals and governments.  Then he would make money scarce, tighten control of the system, and collect collateral through the obligation of contracts (debt)…The pressures could be used to ignite war.  Then he would control the availability of currency to determine who would win the war.  That government which gave him control of its economic system got his support…balanced by the negation of population (genocide)…war is therefore the balancing of the system by killing the true creditors…the politicians are publicly hired hit men that justify the act (of war)…take control of the world by the use of economic silent weapons in the form of ‘quiet warfare’ and reduce economic inductance of the world to a safe level by the process of benevolent slavery and genocide…if the lower classes can be postponed long enough, the elite can achieve energy dominance…the ‘Presidential’ level of commander-in-chief is shared by the international bankers.”

Arming the Iranians

While Brzezinski gave Saddam the green light to invade Iran, CIA Director Bill Casey met Iranian Shah loyalist Cyrus Hashemi in Madrid, ostensibly to plan a new round of “energy domination” and “economic inductance”.  The US would now arm both Iran and Iraq then send them to war, hoping to decimate both oil price-hawk nations.

In 1981 while Hashemi was panhandling Princess Ashraf, the Shah of Iran’s sister, for $20 million to launch Hardy Boy John Shaheen’s Hong Kong mujahadeen fronts, brother Jamshid bought a Greek freighter and made four trips between the Israeli Port of Eliat and the Port of Bandar Abbas on Iran’s Arabian Sea coast.  His cargo was $150 million in weapons and ammunition produced by Israeli Defense Industries under US license.

Arif Durfani, a Pakistani arms dealer, ran another Enterprise cell that delivered hundreds of millions of dollars in weaponry to the Iranians.  Durfani was a close friend of BCCI-founder Aga Hasan Abedi, whose bank financed the operation.  He was also tight with the Saudi Gokal brothers, who shipped the weapons from Israel to Iran. [3]  While the Iranian port at Bandar Abbas was humming with activity, other shipments of TOW missiles were entering Iran from the north at Tabriz.

Overseeing the arming of Iran was Assistant Secretary of Defense Richard Armitage, the Far East Trading Company godfather and Valerie Plame leaker.  Armitage was assured a steady supply of weapons by Chief White House Liaison to Saudi Arabia Richard Secord.  In 1985 Ted Shackley met with Cyrus Hashemi in Hamburg, where Hashemi introduced him to Manucher Gorbanifar, another former SAVAK agent who now worked for Israeli Mossad.  Gorbanifar was a friend of Iranian President Hashemi Rafsanjani, whose family owned pistachio groves in Iran.  He worked with BCCI’s Black Network and often procured financing for his weapons deals from Saudi billionaire Adnan Khashoggi.  Gorbanifar became the key Iranian contact to Secord’s Enterprise.

BCCI paid Southern Air Transport pilots like Eugene Hasenfus to fly Enterprise weapons to both the Nicaraguan contras and the Iranian mullahs.  In 1978 42% of Southern Air’s CIA contracts were for flights to Iran.  In 1997 the Mobile Register reported an incident in that Alabama city involving a Southern Air Transport plane.  The aircraft landed at Mobile Aerospace Technologies.  Mechanics working on the plane popped off a fiberglass panel and found hundreds of kilos of cocaine.  The Southern Air flight had originated in Latin America and was en route to Miami, but had taken a rather circuitous detour to Germany along the way. [4]

The US sent Hawk and Phoenix missiles to protect Iran’s oil installations, especially the vast Kharg Island facility which includes the massive Abadan refinery at the strategic mouth of the Shatt al-Arab waterway on the Persian Gulf.  Mansur Rafizadeh, former SAVAK intelligence officer and CIA liaison, said the US had thrown its support behind Ayatollah Khomeini, thinking Islamic fundamentalism the best defense against communism in the Middle East.  This strategy was certainly playing out in Afghanistan, where the CIA was funding the most fanatical faction of mujahadeen Assassins.

Despite releasing the US hostages the day Reagan was inaugurated, the Iranians had saved a powerful trump card.  Iran is the main supporter of Hezbollah, the militia group battling Israel’s occupation of southern Lebanon.  The Israelis continually thumb their noses at UN Resolution 3236, which calls for a Palestinian state. They have seized additional Arab lands in Egypt, Syria, Jordan and Lebanon through invasions in 1956, 1967 and 1973.  In 1978 Israeli troops marched into southern Lebanon where they remained until 2001.  In 1984 the US vetoed a unanimous UN resolution calling on Israel to respect international law and pull out of Lebanon.  In June 2006 Israel bombed Beirut and sent troops into Lebanon after two of its soldiers were allegedly kidnapped.  Over 500 Lebanese civilians were killed.

Lebanon was for decades an offshore banking haven utilized by the CIA via Edmund Safra’s Republic Bank and a web of Beirut drug and gold smugglers. Henry Kissinger is a friend of Safra. Both sat on the board of American Express.  When Syrian-backed Arab nationalists took control of Lebanon they cracked down on drug money laundering.  Republic moved its headquarters to New York where it continued to be a major player in the gold market.  In 1999 Republic was bought by a bigger goldfish- HSBC.

British, Israeli and American bankers were forced to move their operations to Dubai and Bahrain, while their MI6, Mossad and CIA goons harassed the new Lebanese government.  In 1982 the USS New Jersey shelled Beirut in its backing of pro-Israeli Lebanese militia leader Amin Gemayel. That same year Israeli Defense Minister Ariel Sharon, now the country’s prime minister, oversaw the massacre of hundreds of Lebanese at Sabra and Shatila.  In January 2002 Gemayel, who took part in the massacre under Sharon’s command, was gunned down as he was about to testify on the ordeal before a Belgian court. [5]  The court indicted Sharon for war crimes anyway.

Hezbollah retaliated to the massacres by kidnapping CIA Chief of Middle East Operations William Buckley.  Buckley had been the CIA contact to the mid-1970’s Argentine fascists, who tossed 30,000 suspected leftists into the Atlantic Ocean. [6]  Buckley was tortured and left for dead, but not until Hezbollah made videotapes of Buckley singing about CIA black operations in the region.  Hezbollah was still holding five other CIA agents as hostages.

In 1983 Hezbollah bombed a US Marine barracks in Beirut killing 283 American soldiers and precipitating a US withdrawal from Lebanon.  The CIA countered with a March 1985 car bomb in a crowded Shi’ite suburb of Beirut, killing 80 civilians and injuring 200.  Few people will ever know what Buckley confessed to his Hezbollah interrogators, but apparently the CIA thought the tapes embarrassing enough to cut a deal with Hezbollah’s Iranian backers.

Former SAVAK agent and CIA liaison Mansur Rafizadeh said the CIA was pursuing a two-track strategy in Iran.  On the one hand they were arming the Ayatollah and helping him crush the Iranian left.  On the other hand they were working to destabilize the Khomeini regime in a variety of ways.  The CIA was funding Iranian exile groups like the Paris-based Front for the Liberation of Iran and the Cairo-based Radio Nejat.

In 1986 the CIA recruited the Shah’s exiled son to deliver an 11-minute derision of the mullahs which was piped into Iran with CIA help and shown on the nation’s television networks.  Robert Sensi, a CIA agent who worked with BCCI money launderer Faisal Saud al Fulaij’s Kuwaiti Airways, set up CIA front companies in Iran with the help of Habib Moallem.  Through these fronts, they recruited Iranian agents who would spy on the mullahs and help destabilize the government.

Arming the Iraqis

The Saudis and Kuwaitis agreed to fund Saddam Hussein’s attack into Iran’s oil-rich Khuzistan Province at Brzezinski’s request.  The idea was to sever Khuzistan from the rest of Iran, then install a pliable government with which the Four Horsemen could do business.  Khuzistan contains the strategic Shatt al-Arab Waterway, which flows into the Persian Gulf and forms the Iran/Iraq border.  Kharg Island, in the waterway’s delta, is home to the bulk of Iran’s oil processing facilities, including the Abadan and Ahwaz refineries.

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Khuzistan is also home to 90% of Iranian oil reserves and most of Iran’s significant natural gas reserves, which are surpassed only by those in Russia and Turkmenistan.  Khuzistan is the stronghold of the Tudeh and People’s Mujahadeen Parties, thorns in the side of the Ayatollah, the Shah and Big Oil alike.  The population of the province is largely Arab and Kurdish, while Persians predominate elsewhere in Iran.  The CIA hoped to exploit these ethnic differences as it so often does.

Brzezinski told Saddam that his Revolutionary Guard would be seen entering Khuzistan as, “great Arab liberators”.  Hussein was also assured control of the Shatt al-Arab, which former Iraqi President al-Bakr had ceded to Iran under the 1973 Algiers Agreement in return for a cessation of Shah and CIA backing of Iraqi Patriotic Union of Kurdistan rebels.  In 1980 Hussein’s troops invaded Iran.  Iraq gained control of the prized Shatt al-Arab only briefly. Its troops were seen by the Khuzistanis for what they really were- tools of US imperialism.  The real US goals were quite different from what Brzezinski had told Saddam Hussein.

While the CIA was funneling information to the Ayatollah and his goons on Iranian nationalists, Saddam Hussein’s troops now pounded the leftists as a rear guard.  Iranian dissidents, who had backed Mohammed Mossadegh’s calls to nationalize Iran’s oil in the 1950’s, and who later launched the oilfield strikes against the Iranian Consortium that brought the Shah to his knees, were now caught in a crossfire of the CIA’s making.

Iraqi forces also targeted Iran’s oil infrastructure.  MIG-27 fighters strafed the refineries at Abadan and Ahwaz on Kharg Island, while Revolutionary Guard troops laid waste to facilities at Iran’s largest port of Khorramshahr on the Persian Gulf. [7]  By disrupting Iranian oil exports, the CIA hoped to starve the mullahs of foreign exchange, a situation which would lead to a devaluation of the Iranian rial and subsequent hyperinflation.  The CIA could then exploit the economic decay to turn the country against the Khomeini government.  Iran, which had become a modern nation state, saw decades of progress destroyed during the war with Iraq.  The nation was literally de-modernized.

The CIA’s goals toward Iraq were no different.  Throughout the war GCC members Kuwait, Saudi Arabia and the UAE provided Saddam with interest-free loans.  The Saudis and Kuwaitis sent Iraq over $120 billion. [8]  Kuwait, the UAE and Jordan all made their ports available to the Iraqi Navy.  Saudi Arabia and Oman provided landing rights for Iraqi MIG-27 fighters.  The US was joined by Israel, Russia, Italy, France, Egypt and Brazil in sending Iraq weapons through the Jordanian Port of Aqaba.  US corporations such as Honeywell, Rockwell, Unisys and Hewlett Packard sent over $40 million in dual-use items to both Iran and Iraq during the war.

The CIA took a shine to Saddam Hussein for the same reason they worked with Ayatollah Khomeini.  In 1974, as Revolution Command Council Internal Security Chief, Hussein attacked leftist political parties in Iraq. Jalal Talabani’s Patriotic Union of Kurdistan worked for CIA and the Shah of Iran in attacking the al-Bakr government in Baghdad.  Al-Bakr was an influential OPEC price hawk leader who railed against Big Oil dominance over Arab oil.

Saddam was doing everything he could to suppress these voices.  From 1974-75 250,000 Iraqi Kurds fled to Iran.  In April 1979, while his Ba’ath Party thugs were brutalizing Shi’ite Muslims, leftists and renegade Kurd factions, Saddam signed a security agreement with Saudi Arabia.  By 1980 Saddam, a Sunni Muslim, banned two major Shi’ite political parties in Iraq- al-Dawah al Islamiyya and al-Mujahidin.  Iranian-born Shi’ites were deported, along with 3,000 leftists.  Twenty-two Ba’ath leaders accused of collaborating with Syria were executed. [9]

Hussein’s purges looked so similar to the ones being conducted by the Ayatollah that one had to wonder if Saddam had not also received a Company hit list.  Thrilled with Saddam’s fascist killing spree, Western multinationals flocked to Iraq where a massive agricultural privatization was under way.  Cooperative land that had grown staple foods for Iraqi peasants for decades was now for sale to the highest bidder.  A handful of wealthy Iraqis got most of the land and their diras (estates) began cultivating crops for export.

Iraq was forced to import basic foods like wheat and rice to feed its suddenly landless people.  Western grain giants Cargill and Continental Grain (now merged), Louis Dreyfus, Andre and Bunge & Born moved in to fill the void.  In 1982 Iraq imported 820,000 tons of US grain. [10]

Other segments of Iraq’s economy were ceded to multinationals as well.  Had Saddam cut a deal with the West, whereby US corporations got greater access to Iraq’s economic spoils in return for US support in his war with Iran?

Until 1984 the US publicly favored Iran in the war with Iraq.  Then Iran reclaimed the Shatt al-Arab Waterway and Khuzistan Province.  The tide of the war was turning in Iran’s favor.  In 1984 the US began re-flagging Kuwaiti oil tankers in the Persian Gulf which, it claimed, came under attack by Iranian gunboats.  Actually it had been the Iraqis who started the tanker war that year.  By 1987 the Iraqi Navy had damaged 219 oil tankers. [11]

The shift was on. In 1984 Reagan removed Iraq from the State Department list of nations that support terrorism.  That year marked the beginning of the War of Cities, when numerous major cities in both countries were reduced to rubble, including the capitals Tehran and Baghdad.  Both countries targeted the economic infrastructure of the other.  A 1985 CIA memo to Director Casey stated, “Our tilt to Iraq was timely when Iraq was against the ropes and the Islamic Revolution was on a roll”.

Picture.jpgIn 1987 85,000 Iranian troops overran Fao, Iraq’s main oil terminal for its vast Rumaila oilfields near the Kuwaiti border.  Under the pretext of a US Navy re-flagging operation, forty-two US Naval vessels arrived in the Persian Gulf.  US gunboats shelled Iranian oil installations at the mouth of the Shatt al-Arab and shot down an Iranian passenger jumbo jet, killing everyone on board.  When Iraq used mustard gas against its own Kurdish people in 1987, the US looked the other way and began to arm Saddam Hussein.

The House of Saud, which had been bankrolling the Iraqi war effort all along, now began to work through BCCI to arm the Iraqis.  In addition to the $1 billion/month they were sending Saddam, the Saudis now provided intelligence, logistics and weapons, including NK-84 helicopters.  The Saudis entered a joint venture to help strengthen Baghdad’s nuclear capabilities, which the Israelis had wiped out in a 1981 bombing raid commanded by Ariel Sharon. [12]

Saudi Arabia and Iraq set up Gulf International Banks to supplement the BCCI channel.  A 1989 Defense Department study showed US military aid to the Saudis landing in Iraqi accounts in Switzerland.  US AWAC surveillance planes flew from Saudi bases and gathered intelligence for Iraq.  The US/Saudi collaboration was so blatant that many believed the Americans were directing Saudi security agencies. [13]

Mutual Assured Destruction

The US continued to play both sides in the Iran/Iraq War, backing one country until it had a military advantage, before switching sides to back the other.  The US resisted any moves to negotiate a peace treaty. Both countries saw their infrastructure leveled, their economies crippled and their people decimated.  In Iraq 750,000 people were killed.  A 1979 memo to President Carter from NSA Brzezinski, explains the US policy, “the Iran-Iraq conflict is a unique opportunity to consolidate our security position”.

The Export Import Bank provided $200 million in taxpayer insured loans to Iraq, most of which were funneled through Banco Nacionale de Lavoro.  The Commodity Credit Corporation provided a similar amount of taxpayer-insured loans so Iraq could buy grain from Cargill and Continental Grain.  As much as 20% of the US rice crop was sold to Iraq. By the first quarter of 1990 Iraq was the United States’ third largest trading partner. [14]  Iraq owed $241 billion to global creditors: $120 billion to Kuwait and Saudi Arabia, $9 billion to Russia and $3 billion to Japan.  In 1989 Japan cut Iraq off.

iran_iraq_stalemate.jpgCarter NSA Gary Sick, said later that, “the US has resisted all moves in the United Nations toward a negotiated settlement of the tanker war”. [15]  The US Navy’s re-flagging operation established a permanent US presence in the Persian Gulf.  Reagan Defense Secretary Casper Weinberger, who was later Knighted by Queen Elizabeth II for his genocidal efforts, characterized the re-flagging as a “trade-off for basing rights”, in GCC countries.  The monarchs had been slow to cooperate with US security plans in the region.  The Iran/Iraq War had the effect of scaring the daylights out of the emirates and getting them on board with US plans to modernize bases in Saudi Arabia and to build new ones in the other GCC emirates.

Saudi/US relations became very cozy during this time, especially on the military front.  The Saudis became the biggest annual recipient of US military aid.  In 1983 the Saudis received $17 billion in US military hardware.  In 1984 that jumped to $22.7 billion.  Richard Secord was in the thick of it- brokering the sale of five AWACs to the Saudis the night Reagan was sworn into office.  Hidden in the $8.5 billion package was a provision that beefed up the Kingdom’s C3 system at bases, some of which contain underground nuclear command centers that only US personnel can control.

By 1993 the Saudis had spent $156 billion on the joint Saudi/US military buildup within the Kingdom.  The US now effectively occupied Saudi Arabia, guarding the 261 billion barrels of Four Horsemen oil.  Many members of Congress were not even aware of what was going on.  As Rep. Howard Metzenbaum (D-OH) said, “The US/Saudi relationship is different because only a tiny White House club is in the know”. [16]

Iran and Iraq are the only two OPEC nations with large enough oil reserves to challenge Saudi/GCC control over oil prices.  Iraq is second only to the Saudis with 112 billion barrels of oil reserves and much of the country remains unexplored.  Iran has close to 100 billion barrels of crude.  Both are firmly in the camp of the OPEC price hawks.  By disrupting oil flows from these two nations, Big Oil eliminated competition and kept the price hawks busy rebuilding their shattered economies instead of rallying for OPEC unity.

Both Iran and Iraq’s primary oil exporting facilities- Khorramshahr and Fao respectively- were demolished during the war.  Iran’s entire Kharg Island facilities were leveled.  Iraq was now deeply in debt to the Saudis and Kuwaitis.  Many of both nations’ oil tankers were damaged in the tanker war.  The cities of both countries required billions of dollars and a decade to be rebuilt as a result of the war of the cities.  It was a war of attrition with each side suffering untold loss of life and $25-35 billion worth of damage.

In CIA-think, a decisive victory by either Iran or Iraq would have left the winner in a position to take on the Saudis militarily.  A staggering defeat by either might breed internal revolutionary forces who would challenge the Ayatollahs or Saddam, who had been quite useful to the CIA in wiping out nationalistic elements and in providing a pretext for the US military buildup in the Persian Gulf.  But a long war of attrition would leave both nations crippled and focused on rebuilding.  Neither would have the luxury of mounting any sort of challenge to Four Horsemen control over Persian Gulf oil.

Big Oil used the war as another excuse to hike gas prices in the US.  The GCC sheiks filled the oil shortfall which the war created, pumping out more than enough crude to move wholesale prices lower on world markets.  The Four Horsemen pocketed the difference, while stockpiling crude oil.  A memo uncovered by Edwin Rothschild, energy adviser for the group Public Citizen, sums up US policy towards Saudi/GCC overproduction and the misery it brings the poor countries of OPEC.  The memo, sent by Undersecretary of State Richard Murphy to the Saudi government, said simply, “Let the market rule”.

Lower wholesale prices made it more difficult for Iraq and Iran to rebuild. In 1988 Iran earned 90% of its hard currency through oil exports. Iraq gained 99% of its foreign exchange from oil.  Both the Iraqi dinar and the Iranian rial plummeted.  In 1994 the rial lost 100% of its value.  Before the war Iraq had $40 billion in hard currency reserves. Afterwards, it had zero and huge debts to pay.

The Israelis worked hand-in-hand with the US to destroy both nations.  While supplying Mustafa Barzani’s Kurds in their attacks on Iraq, the Israelis duplicitously provided missile targeting to Saddam Hussein for his attacks on Iranian cities via US spy satellites.  In 1988 Mossad launched Operation Brush Fire, a psychological warfare campaign designed to draw the US military further into the Middle East conflagration.  Their ultimate goal was to have the US destroy Iraq’s powerful military, while leaving their “perfect villain” Saddam in power.

The campaign was launched when Israeli commandos bombed an Iraqi weapons plant at Al-Iskandariah in at attempt to make “Iraqi weapons of mass destruction” a global household phrase.  Mossad set up a London Observer freelance journalist named Farzad Bazroft to take the story international.  Bazroft had been investigating the death of Shah-loyalist tuned Mossad arms dealer Cyrus Hashemi and had gotten too close to the truth, which was that Mossad had eliminated Hashemi.  Knowing Bazroft would be seen as a foreign spy by Baghdad after the Mossad terrorism at the weapons plant, they sent him into Iraq.  Saddam took the bait and Bazroft was hung as a spy creating an even bigger international incident.  To speed things along, Mossad leaked secret documents on Iraqi weapons programs to ABC News.

US and Israeli arms merchants made a killing during the war.  The US refused to supply spare parts to either side, so when a weapons system broke Iran or Iraq would be expected to buy a whole new system.  This policy bolstered the bottom lines of US defense contractors and assured that battlefield weapons malfunctions could not be fixed on the spot, thus negating the momentum which the side on the offensive had attained. This helped keep the war in a constant state of stalemate.

Israeli Defense Minister Ariel Sharon used the conflict as an opportunity to bomb Baghdad’s nuclear facilities in 1981.  In 1982 Sharon declared that Israel was siding with Iran, but his exact words were more revealing.  Sharon declared at a conference in Paris that, “Israel has a vital interest in the continuing war in the Persian Gulf and in Iran’s victory.”  In 1986 retired Mossad Chief General Aharon Yariv declared the US and Israeli position more succinctly when he stated bluntly, “It would be good if the Iran/Iraq War ended in a tie, but it would be better if it continued”.

[1] Behold a Pale Horse. William Cooper. Light Technology Press. Sedona, AZ. 1991. p.81

[2] Ibid. p.83

[3] The Outlaw Bank: A Wild Ride into the Secret Heart of BCCI. Jonathan Beaty and S.C. Gwynne. Random House. New York. 1993. p.268

[4] The Spotlight. June 1997

[5] BBC World News. January 2002

[6] The Great Heroin Coup: Drugs, Intelligence and International Fascism. Henrik Kruger. South End Press. Boston. 1980. p.217

[7] The Reign of the Ayatollahs: Iran and the Islamic Revolution. Shaul Bakhash. Basic Books, Inc. New York. 1984. p.193

[8] Iraq and Kuwait: A History Suppressed. Ralph Schoenman. Veritas Press. Santa Barbara, CA. 1990. p.21

[9] Beyond the Storm: A Gulf Crisis Reader. Phyllis Bennis and Michel Monshabeck. Olive Branch Press. Brooklyn, NY. 1991. p.31

[10] Iraq Since 1958: From Revolution to Dictatorship. Marion Farouk-Sluglett and Peter Sluglett. I.B. Tauris & Company, Inc. 1990. p.260

[11] “The Gulf Between Pretense and Reality”. Larry Everest. In These Times. 7-20-88. p.9

[12] “The Arming of Saudi Arabia”. Frontline. PBS. 2-16-93

[13] The Gulf: Scramble for Security. Raj Choudry. Sreedhar Press. New Dehli. 1983. p.108

[14] March to War. James Ridgeway. Four Walls Four Windows. New York. 1991. p.13

[15] Everest. p.9

[16] Frontline

Dean Henderson is the author of five books: Big Oil & Their Bankers in the Persian Gulf: Four Horsemen, Eight Families & Their Global Intelligence, Narcotics & Terror Network, The Grateful Unrich: Revolution in 50 Countries, Das Kartell der Federal Reserve, Stickin’ it to the Matrix & The Federal Reserve Cartel.  You can subscribe free to his weekly Left Hook column @ www.deanhenderson.wordpress.com

mardi, 29 avril 2014

Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

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Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

Martin Lichtmesz

Ex: http://www.sezession.de

Charles Péguy (1873-1914) war Sozialist, „Dreyfusard“, Humanist, Publizist, Polemiker, Dichter, Patriot, Katholik. Er fiel als Freiwilliger am 5. September 1914, zu Beginn des 1. Weltkrieges, am Vorabend der Marne-Schlacht.  Sein Werk hat heute in Frankreich den Status eines „kleineren“, inzwischen etwas verblassten Klassikers.

In Deutschland ist Péguy so gut wie völlig vergessen (allenfalls Robert Spaemann [2] erinnert gelegentlich an ihn), zumal sein Prosawerk im Gegensatz zu seinen recht voluminösen Versdichtungen nur bruchstückhaft übersetzt wurde. Das hat verschiedene Gründe.

Hans Urs von Balthasar schrieb, das „ungeheure“ Prosawerk Péguys sei „selbst für Franzosen ein Urwald“: „Vieles daraus, und einiges vom Schönsten, wird immer unübersetzbar bleiben. Manches ist Gestrüpp und würde eine Übertragung nicht rechtfertigen. Sehr vieles ist leidenschaftliche, zeitgebundene politische Diskussion und Polemik und setzt, um verstanden zu werden, bereits ein historisches Studium voraus.“ Hinzu kommt noch der eigentümliche, in endlose Arabesken und „Litaneien“ ausufernde Stil des Autors, der dem Leser oft viel abverlangt. Wenn sie aber ihre Wirkung entfaltet, hat Péguys Prosa eine bewegende suggestive Kraft.

Balthasar gab 1953 eine von ihm selbst übersetzte Auswahl unter dem Titel „Wir stehen alle an der Front“ heraus. Um über all dem tagespolitischen Theater die übergeordnete Perspektive nicht zu vergessen, möchte ich als Ostergabe ein herrliches Stück aus Péguys Schrift “ Un nouveau théologien“, aus dem Jahr 1911  bringen. Auch unsere un- und nichtchristlichen Leser werden es ohne Zweifel mit Gewinn lesen, sofern ihr Herz in einem ähnlichen Rhythmus schlägt.

Charles Péguy: Alle unsere Häuser sind Festungen im Meer

Man redet von einem Zeitalter des Glaubens. Will man damit sagen, daß jahrhundertlang, Jahrhunderte der Christenheit, des Liebesgesetzes, der Gnadenherrschaft, anno Domini, anno gratiae Domini, der Glaube, die angenommene Wahrheit etwas Gemeinsames war, sozusagen und buchstäblich etwas Öffentliches, das im Blut und in den gemeinsamen Adern floß, im Volke lebte, sich von selber verstand, einen Teil des anerkannten Rechtes bildete, etwas, das nicht nur Zustimmung fand, sondern eine öffentliche, feierliche, amtliche Begehung, und daß es sich heute nicht mehr gleicherweise verhält: so hat man recht. Man hat historisch recht. Man hat bloß ein geschichtliches Faktum festgestellt und zur Kenntnis genommen.

Aber diese Kenntnisnahme muß mit der äußersten Vorsicht geschehen. Denn es ist die große Frage, ob unsere heutige Treue, unser heutiger Christenglaube, wie er so badet in der modernen Welt und unangetastet hindurchgeht durch die moderne Welt, das moderne Zeitalter, die modernen Jahrhunderte, die zwei oder mehreren intellektuellen Jahrhunderte, dadurch nicht eine seltsame Schönheit erhalten hat, eine bisher unerreichte Schönheit, eine einzigartige Größe in den Augen Gottes. Es ist eine ewige Frage, ob unsere moderne Heiligkeit, das heißt unsere christliche Heiligkeit, eingetaucht in die moderne Welt, in diese vastatio [3], diesen Abgrund von Unglauben und Untreue in der heutigen Welt, vereinsamt wie ein Leuchtturm, der seit bald drei Jahrhunderten vergeblich von einem ganzen Meer berannt wird, nicht doch – vielleicht – angenehmer ist in den Augen Gottes.

Nolite judicare. Wir werden darüber nicht richten. Nicht wir (man vergißt es zu oft) sind mit dem Gericht beauftragt. Aber ohne bis zu den Heiligen zu gehen, zu unseren modernen Heiligen (der Zeit nach modern): auch wir Sünder sollten uns hüten, in Hochmut zu verfallen. Zu sehen, was ist, ist aber vielleicht kein Hochmut. Festzustellen, daß unsere moderne Beständigkeit, unser moderner Glaube, von allen Seiten angegriffen, bedrängt, aber in keiner Weise erschüttert, vereinsamt in dieser modernen Welt, im Wellenschlag einer ganzen Welt, unerschöpflich von Wogen und Sturm gepeitscht, immer aufrecht, allein in einer ganzen Welt, aufrecht in einem unerschöpflich entfesselten Meer, einsam im Ozean, unangetastet, vollständig, nie und in keiner Weise erschüttert, nie und in keiner Weise schartig und angenagt, zuletzt doch ein schönes Denkmal errichtet vor dem Angesicht Gottes. Zur Verherrlichung Gottes.

Vor allem ein bisher nie gesehenes Denkmal. Daß unsere Lage neu ist, daß unser Kampf neu ist, das zu betonen, ist vielleicht nicht unsere Sache, aber schließlich: wer sieht nicht, daß unsere Lage neu, daß unser Kampf neu ist? Daß diese moderne Kirche und Christenheit, christlich tauchend in der modernen Welt, christlich schreitend durch die moderne Zeit, die moderne Periode, eine Art von großer eigentümlicher tragischer Schönheit besitzt, beinahe die große Schönheit nicht zwar einer Witwe, aber einer Frau, die allein eine Festung bewacht. Eine dieser tragischen Schloßherrinnen, die Jahre und Jahre das Schloß unversehrt bewahrten für den Herrn und Meister, für den Gemahl.

Wer sieht nicht, daß unsere Glaubenstreue mehr denn je eine Lehenstreue ist. Daß unsere Standhaftigkeit, unser Glaube, unsere Treue, ein eigenes, bisher unbekanntes Gewicht besitzen, weil sie durch bisher unbekannte Prüfungen hindurchgegangen sind. Es ist eine ewige Frage, ob die Unwissenheit näher bei Gott ist oder die Erfahrung, ob die Unwissenheit schöner ist in den Augen Gottes oder die Erfahrung, ob die Unwissenheit Gott angenehmer ist oder die Erfahrung. Aber eines können wir sagen, weil wir es sehen: unsere Glaubenstreue hat eine gewisse besondere Schönheit, die wir gleichsam erfunden haben. Die wie geschaffen wurde für die heutige Welt. Unsere Treue ist  gleichsam treuer als die einstige Treue. Wie gesteigert. Wie ins Licht gehoben. Mehr als je ein Glaube, der durchhält.

Miles Christi. Jeder Christ ist heute Soldat. Kämpfer Christi. Es gibt keine ruhigen Christen mehr. Diese Kreuzzüge, die unsere Väter in den Ländern der Ungläubigen suchten, sie kommen heute von selbst auf uns zu, wir haben sie bei uns zu Hause. Unsere Glaubenstreue ist ein Kastell. Jene Kreuzzüge, die ganze Völker versetzten, die einen Erdteil auf den anderen warfen, sind zurückgeflutet auf uns, bis in unsere Häuser. Die Ungläubigen, einzeln oder gebündelt, umrißlos oder bestimmt, unförmig oder geformt, allenthalben verbreitet, verankert im öffentlichen Recht – und mehr noch die Ungläubigkeiten, die Treulosigkeiten haben den Kampf bis zu uns zurückgeschlagen.

Der Geringste von uns ist ein Soldat. Der Geringste von uns ist buchstäblich ein Kreuzfahrer. Alle unsere Häuser befinden sich heute in periculo maris, sind vom Meer bedroht. Der Heilige Krieg ist überall. Er währt ununterbrochen. Das ist längst kein hundertjähriger Krieg mehr. In diesem Moment (1911) befindet er sich in seinem zweihundertsten oder hundertfünfzigsten Jahr. Er ist überall, darum braucht er auch nirgends mehr gepredigt zu werden. An keinem bestimmten Ort.

Dieser Krieg, der sich einst wie ein großer Fluß bewegte, dessen Namen man kannte, dieser Krieg umspannt nun den Kontinent, geht über den Kontinent hinaus, bewegt sich wie ganze Völker, wie ganze kontinentale Armeen von einem Kontinent zum anderen, ist heute in tausend Flüsse aufgespalten, er steht heute vor unserer Schwelle, er schlägt an unsere Tore. Wir alle sind Inseln, gepeitscht von einem unaufhörlichen Sturm, und alle unsere Häuser sind Festungen im Meer.

Und das heißt, daß die Tugenden, die einst von einer bestimmten Fraktion der Christen verlangt waren, heute von der gesamten Christenheit eingefordert werden. Ein Kampf, eine Tugend, die einst freiwillig waren, da sie den Gegenstand eines Gelübdes bildeten, sind heute benötigt, gefordert, gebieterisch auferlegt, ohne daß und bevor wir noch dazu Stellung nehmen könnten. Ohne daß wir befragt würden. Ohne daß wir unsere Ansicht dazu äußern müßten. Hier gilt die Redensart: Jeder ist Soldat trotz seiner Einwilligung. Welcher Vertrauensbeweis an die Truppe! Es gilt buchstäblich der obligatorische Militärdienst; und es ist äußerst beachtlich, daß die weltlichen Staaten genau das gleiche Gesetz erlassen haben, das für die Christenheit gilt. Es ist Massenaushebung (levée en masse).

Was Sache des Gelübdes war und infolgedessen der Freiheit des Einzelnen überlassen blieb, ist Gesetz für alle geworden. Man hat so sehr auf uns gezählt, daß, wo die andern frei waren, wir gezwungen sind. Was den andern angeboten war, ist uns auferlegt. Was für die anderen außergewöhnlich war, ist für uns gewöhnlich, macht uns selbst aus. Aus diesem Stoff ist unser ganzes Leben gemacht, aus diesem Stoff ist unser Mut gemacht.

Unsere Väter mußten selber „das Kreuz nehmen“ und mit ihm fortziehen, in den Kreuzzug. Uns gibt Gott das Kreuz (welcher Vertrauensbeweis!) für einen unaufhörlichen Kreuzzug am Ort. Die schwächsten Frauen, die Kinder in der Wiege sind schon belagert. Der Krieg steht auf der Schwelle und klopft an unsere Pforten. Wir müssen ihn nicht suchen, wir müssen ihn nicht hinaustragen. Er ist es, der uns sucht. Er ist es, der uns findet. Die Tugenden, die einst den Soldaten, den bewaffneten Männern, den Edelleuten in ihren Rüstungen vorbehalten waren, sie werden heute von dieser Frau und von diesem Kind abverlangt.

Von dort erwachsen uns unsere Standhaftigkeit, unsere Treue, unsere Pflicht, von dort empfangen wir diese einzigartige Größe, diese tragische, auf der Welt einzigartige Schönheit der Belagerten, diese Schönheit der Treue in der Einkesselung, der die Größe entspringt, die tragische Schönheit der großen militärischen Belagerungen, der Belagerung von Orléans, der Belagerung von Paris. Wir werfen uns heute alle in die Bresche. Wir stehen heute alle an der Front. Ihre Grenze ist überall. Der Krieg ist überall, in tausend Stücke aufgespalten, zerteilt, zerbröselt. Wir stehen heute alle auf den Stufen des Königreiches.

Aus: Charles Péguy, Wir stehen alle an der Front. Eine Prosa-Auswahl von Hans Urs von Balthasar (1953). Bearbeitung und zusätzliche Übertragungen von Martin Lichtmesz.


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[2] Robert Spaemann: http://www.kath-info.de/frustration.html

[3] vastatio: http://dela.dict.cc/?s=vastatio

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samedi, 26 avril 2014

La fière et discrète République de Gagaouzie

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La fière et discrète République de Gagaouzie

Territoire oublié d’Europe d’environ 150 000 habitants seulement, sa petitesse (18323 km²) pouvant pousser à croire que c’est un artefact (ou l’origine d’une célèbre chanson britannique). Au contraire, c’est l’héritage d’une riche histoire, celle de turcs chrétiens ayant une filiation avec les peuplades mongoles qui dominèrent un temps l’Europe, de l’Est en particulier.

Peuple turcophone donc, creuset des tribus Oghouzes qui immigraient vers l’Ouest de l’Europe entre les X et XIIe siècle ap. J.-C.

Ils ont été christianisés au cours du XIXe siècle à partir d’un échange de territoires entre les empires russe et ottoman en 1812 (l’Empire russe obtenant la Bessarabie).

Le chemin de l’indépendance de la Gagaouzie débute dès le XXe siècle. Ainsi, et dès 1906, la République de Komrat est proclamée, sa durée de vie ne dépasse pas les 15 jours. Puis, en 1917 les députés Gagaouzes votent l’indépendance de la Moldavie et leur rattachement à la Roumanie. Rétrospectivement, c’est assez ironique avec la configuration de la fin du XXe siècle. Enfin, en 1940 la Moldavie est annexée à l’URSS. Sous administration soviétique, les revendications gagaouzes sont gêlées.

Le cheminement de l’accession à l’indépendance des Gagaouzes débute, comme beaucoup de choses en Europe de l’Est, par l’invitation du président Boris Eltsine à prendre autant de libertés que possible. Ou plutôt, la célèbre formule eltsienne ne sera là que pour sanctionner un mouvement largement entamé. Les revendications nationalistes gagaouzes se font jour dès les années 1980. En 1990, les Gagaouzes se révoltent lors de la chute de l’empire soviétique. En août 1990 la République de Gagaouzie est autoproclamée. Le leader indépendantiste Sepan Topal est élu à la présidence du Soviet suprême le 31 octobre 1990.

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© Wikipédia.

La Moldavie ne peut que trouver une solution avec cette turbulente république. Chose pressante puisque les évènements gagaouzes sont simultanées à ceux de Transdniestrie… La souveraineté et l’intégrité territoriale de la Moldavie se fera au prix d’une certaine souplesse. Après trois années de conflit, en 1994, la région autonome de Gagaouzie est créée entraînant l’officialisation du gagaouze comme langue de cette région autonome. Les gagaouzes gèrent aussi leur politique éducative désormais.

Les Gagaouzes parlent une langue altaïque qui est relativement différente de la langue turque. Cela n’empêche pas la Turquie d’entretenir des liens culturels fort avec ce territoire. Depuis la dissolution de l’URSS, Ankara conserve des liens par les créations d’un centre culturel turc et d’une bibliothèque en République de Gagaouzie.

Le partage des population s’est fait relativement pacifiquement. Toutes les localités comprenant plus de 50% de Gagaouzes ont été intégrées. Dans les autres au peuplement plus métissés des référendums furent organisés.

Les relations avec les autorités centrales restent encore aujourd’hui très tendues. Par exemple, en janvier 2014, la région autonome de Gagaouzie annonçait son intention de consulter ses administrés par référendum. Ce serait une réaction à l’agenda pro-européen du gouvernement moldave. Il trahirait la volonté de s’unir à terme à la Roumanie. Les résultats du référendum du 2 février 2014, qui a atteint un taux de participation de plus de 70% (présence d’observateurs bulgares, polonais et ukrainiens, entre autres), ont été connu le 3 février : 98,4% des électeurs ont voté pour l’intégration de la Gagaouzie à l’Union douanière (Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan) et 98,9% à avoir voté en faveur du droit de la Gagaouzie à déclarer son indépendance, si la Moldavie devait perdre ou abandonner sa propre souveraineté.

Enfin, il reste la question de l’accès à la mer. Sans cela, il y a de quoi s’interroger sur la crédibilité et la profondeur de la volonté d’engagement dans la communauté économique russe. C’est bien en raison de la proximité de la mer Noire et de l’importance de la crise de Crimée de 2014 qui pousse à imaginer que Moscou a quelques gains territoriaux à négocier pour offrir cet accès à la mer.

© Inconnu.

Le drapeau non-officiel des Gagaouzes de tous pays est très original. Il détonne dans le concert européen des drapeaux. Il est à ne pas confondre avec l’emblême de la maison Stark de la fiction « Game of Thrones » (George R. R. Martin). Ainsi qu’il est dit dans l’ouvrage précité (et très bien expliqué à la page 116), ce drapeau est constitué d’une tête de loup rouge (mémoire de l’empire Couman du XIe siècle, peuple turcophone originaire des bords de la Volga ayant émigré en Europe dont les Gagaouzes sont des descendants) dans un cercle blanc, sur fond bleu azur, ce qui détonne en Europe où le lion est roi (et le coq l’exception culturelle). Ce bleu clair est la couleur traditionnelle des Turcs et des Mongols.

Le drapeau officiel est des plus classiques.

Le marquis de Seignelay

Bibliographie :

Atlas des Nations sans Etat en Europe – Peuples minoritaires en quête de reconnaissance, dirigé par BODLORE-PENLAEZ Mikael, éditions Yoran Embanner, Fouesnant, 2010.

vendredi, 25 avril 2014

La route des Varègues aux Grecs

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La route des Varègues aux Grecs : à l’origine du tropisme russe pour les mers chaudes

En l’an 862, et sur les berges de l’Ilmen, Rurik vient de gagner un territoire qu’il pressentait sans limites, et dont Holmgard, l’inexpugnable forteresse le toisant derrière le rideau brumeux, serait le premier jalon. C’est ainsi que débute vraiment la longue route vers le sud, dite des varègues aux grecs, d’une longueur totale de près de 1700 kilomètres des rives de la Baltique jusqu’à l’embouchure du Dniepr.

C’est à partir de Novgorod, implantation varègue à proximité d’un village slave que l’axe nord-sud va prendre progressivement tout son sens. Car ce choix relevait de tout sauf du hasard puisque la forteresse permettait un déploiement, un contrôle et un ravitaillement se situant au tout début de cette fameuse route (trajet en violet sur la carte). Un axe commercial nord-sud à la fois fluvial et terrestre particulièrement lucratif pour ce peuple de marchands qu’étaient ces scandinaves venus de l’actuelle Suède et dont les qualités guerrières étaient appréciées à leur juste valeur jusqu’à la cour de l’Empereur Byzantin : ce dernier fut souvent fort ravi de disposer de sa garde varangienne, une unité de choc et d’élite qu’eurent à craindre les adversaires de l’Empire romain d’Orient pendant près de deux cents ans jusqu’à leur dissolution par les nouveaux maîtres croisés de Constantinople en 1204. Pour en revenir à cet axe, ce cheminement et la sécurisation de cette voie fut aussi à l’origine de la prise de Kiev par Oleg, fils de Rurik en 882.

À ce titre, cette progression vers le sud ne se fit pas sans difficultés. Cette expansion territoriale ne pouvait que tôt ou tard heurter les intérêts de peuples disposant de structures déjà bien établies tels l’Empire byzantin ou encore l’Empire khazar, bordant la Mer Noire et bénéficiant d’un rayonnement civilisationnel très étendu. Enfin et tout naturellement, des complications logistiques inhérentes à la topologie du terrain puisqu’un coup d’oeil attentif au tracé fait clairement surgir l’absence de voie d’eau directe entre le Nord et le Sud. La réponse est simple : lorsqu’il n’était plus possible de remonter le cours d’eau, les hardis guerriers-commerçants transportèrent leurs navires jusqu’à un autre afin de poursuivre leur chemin.

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De la sorte, ils arrivèrent à proximité de la zone d’influence byzantine, et plus particulièrement des avant-postes de Kherson et Theodosia, villes grecques de Crimée. Pour mieux en découdre… Singularité de ces affrontements avec les héritiers de l’Empire romain qui mèneront les rus’ jusqu’aux portes de Constantinople : les combats se solderont très souvent par des traités… commerciaux [1]. Le premier affrontement entre les deux puissances semblerait avoir eu lieu extrêmement tôt : en 860. Laquelle « rencontre » semble avoir été un raid rondement mené avec butins et prisonniers pendant que la majeure partie des forces de la capitale guerroyait en Asie mineure.

Pour leur part, les khazars, peuple semi-nomade turcophone de religion juive, s’opposèrent avec moins de succès à la poussée des rus’. Les richesses de leurs cités ne manquaient pas d’attiser l’intérêt des souverains du nord. Jusqu’à Sviatoslav qui harassa cet Empire qui s’étendait de la Mer Noire à la Mer Caspienne jusqu’à prendre Sarkel en 965 puis Ittil en 968, clôturant de fait l’existence indépendante d’un gigantesque territoire.
La victoire et l’emprise sur la Mer Noire n’étaient pourtant pas acquises : la fortune de la guerre en décidèrent autrement. Les conflits envers les pétchénègues et les byzantins les siècles suivants aboutirent à ce que le territoire ne fut jamais sérieusement considéré comme terre Rus’ permanente même si les revendications perduraient.

Une situation fragile qui perdura jusqu’à l’arrivée de la Horde tataro-mongole qui disloqua la Rus’ de Kiev (assauts de 1223 puis de 1237) et l’assujettit à son joug pendant près de trois cents années. Tout ce qui avait été âprement disputé pendant des siècles appartenait désormais au grand Khan. Et même si la Moscovie prit le relais de la Rus’ de Kiev à partir du XVème siècle, elle vit se dresser devant ses ambitions de reconquête les puissants descendants de cette invasion regroupés autour du Khanat de Crimée sans réussir à reprendre pied sur les bords de cette mer intérieure. Furent décisives l’ouverture vers le monde extérieur (et les technologies utiles) et la pugnacité de plusieurs souverains russes pour revenir enfin sur ces berges.

Pour ce faire, tant Pierre le Grand qu’Anne Ière et pour finir Catherine II emploieront au XVIIIème siècle l’ensemble des moyens humains, financiers et militaires à leur disposition pour reprendre pied sur les bords de la Mer Noire, avec des fortunes diverses mais toujours selon la même abnégation. Ils n’ont fait en cela que reprendre une marche inexorable des russes vers le sud commencée des siècles auparavant.

Et cet attrait peut encore se comprendre dans les années 2010 même s’il est désormais plus militaire que commercial. Ainsi le point d’appui naval de Tartous en Syrie (en cours de modernisation) ne manqua pas de peser sur la décision ferme du Kremlin d’empêcher toute intervention occidentale dans le pays en proie à la guerre civile. Cet exemple appuie davantage le fait que de disposer d’une flotte opérationnelle en Méditerranée demeure un objectif stratégique pour les autorités. Et si la Russie entend aussi peser sur les décisions qui se jouent dans la zone Pacifique, la Mer Noire comme tremplin vers la Méditerranée reste à la fois un symbole fort de l’imaginaire russe mais aussi une nécessité pour prendre part aux décisions géopolitiques en Europe et au Proche Orient. Quant à la Crimée, tout observateur se penchant sur une carte acquiescera au fait que celle-ci est le promontoire idéal des ambitions russes dans la région.

 Route varègues grecs

[1] Le dit de la campagne d’Igor, long poème épique exhumé à la fin du XVIIIème siècle relate notamment l’une de ces campagnes par le souverain de Kiev, Igor (1ère moitié du Xème siècle). Par la suite, et comprenant tout l’intérêt de bénéficier de telles lames, les Empereurs byzantins s’efforceront à s’entourer de mercenaires varègues jusqu’au tout début du XIIIème siècle : ces derniers devenant de plus en plus essentiels quant aux affaires étatiques non seulement en tant que troupe d’élite parfois même décisive sur le champ de bataille (bataille de Beroia en 1122) mais aussi comme garde personnelle. L’un des épisodes de la saga d’un Harald III Hardrada, mercenaire et roi de Norvège étant particulièrement éclairant quant à cet aspect de la vie byzantine.

Pour approfondir le sujet :

Arrignon Jean-Pierre, La Russie médiévale, Éditions Belles Lettres, 2003

Vodoff Vladimir (sous la dir.), Histoire des slaves orientaux – des origines à 1689, Éditions CNRS, 2001

lundi, 21 avril 2014

Les Français sous les bombes alliées...

Les Français sous les bombes alliées...

Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Les éditions Tallandier viennent de publier un essai d'Andrew Knapp intitulé Les Français sous les bombes alliées (1940 - 1945). Diplômé d'Oxford et de Cambridge, Andrew knapp enseigne l'histoire contemporaine française à l'université de Reading.

Ce livre vient utilement compléter et actualiser les ouvrages d'Eddy Florentin, Quand les Alliés bombardaient la France (Perrin, 1999) et de Jean-Claude Valla, La France sous les bombes américaines (L'Æncre, 2001) sur cette tragédie bien souvent occultée...

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" Aulnoye, Avignon, Bordeaux, Boulogne-sur-Mer, Brest, Cagny, Calais, Cannes-La Bocca, Chartres, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Creil, Le Creusot, Dunkerque, Gennevilliers, Juvisy-sur-Orge, Laon, Lens, Lille, Lisieux, Le Mans, Mantes, Modane, Montluçon, Nevers, Nice, Noisy-le-Sec, Orléans/Les Aubrais, Reims, Saint-Lô, Sète, Somain, Tergnier, Toulouse, Tours, Trappes, Villeneuve-Saint-Georges…

Au moins 57 000 Français sont morts sous les bombes entre 1940 et 1945. Peu de régions françaises échapperont à cette pluie de feu et d’acier, qui fera près de 74 000 blessés et détruira quelque 300 000 habitations.S’appuyant sur les archives françaises et britanniques, ainsi que sur des témoignages inédits, l’historien Andrew Knapp, spécialiste des stratégies aériennes durant la Seconde Guerre mondiale, lève ici un tabou : les Américains et les Anglais ont-ils tout fait pour éviter le sacrifice de tant de vies ? Fallait-il bombarder la France ? Toutes les frappes étaient-elles pertinentes ? Parfois imprudents, souvent solidaires, partagés entre le deuil, la colère et l’espoir, les Français touchés par les bombardements méritent le plus grand respect pour ce qu’ils ont enduré. "

samedi, 19 avril 2014

Les Cahiers du Cercle Proudhon

Pierre De Brague est l’auteur du mémoire en préface des Cahiers du Cercle Proudhon : “Le Cercle Proudhon ou l’existence d’une révolution conservatrice française”.
De 1911 à 1914, s’est tenu en France une des expériences politiques les plus intéressantes de l’Histoire des idées.
Cénacle de réflexion se revendiquant de la figure tutélaire de Pierre-Joseph Proudhon, principalement réuni autour d’Édouard Berth et de Georges Valois, respectivement sous l’égide de Georges Sorel et de Charles Maurras, le Cercle Proudhon se veut une union sacrée envers les institutions démocratiques, honnies en tant que bourgeoises, libérales, républicaines, parlementaristes et ploutocrates.
Combat de patriotes français issus de deux traditions antidémocratiques, de droite et de gauche, le Cercle Proudhon tente de concilier royalisme et syndicalisme révolutionnaire, Tradition et Révolution, nation et lutte des classes, dans un même attachement aux valeurs et aux vertus du travail, de la production, de la culture classique, de la virilité et de l’héroïsme.
Révolutionnaire contre les socialistes réformistes, et Contre-révolutionnaire vis-à-vis des modernistes républicains, le Cercle Proudhon se posait, comme en témoignent ses publications sous forme de Cahiers, en véritable alternative au libéralisme marchand, à l’exploitation du peuple et à la destruction de la nation.
Peu diffusé, en proie à ses contradictions, et détruit par l’éclatement de la Grande Guerre, la tentative du Cercle Proudhon est souvent occultée par l’histoire officielle ou présentée comme une expérimentation « préfasciste »…
L’étude de ses écrits et de ses composants nous pousse plutôt à tirer les espoirs et les limites d’une pareille expérience et d’envisager les idées et les actes de cette « révolution conservatrice française » comme un modèle et un honneur pour tous ceux qui se veulent conséquents sur le champ politique.

vendredi, 18 avril 2014

Philippe Conrad: 1914

L’été 1914 connaît des pluies diluviennes qui défoncent les grands boulevards et inondent les campagnes. La météo crie à la catastrophe ! L’Europe, concentrée sur le mauvais temps, semble ignorer l’imminence du cataclysme ô combien plus dévastateur qui va s’abattre sur elle. Grelottant sous leur parapluie, ni les Français ni les Belges, ni les Allemands ne pensent que la guerre est inéluctable. L’était-elle ? Contrairement aux assertions ultérieures, Philippe Conrad nous montre comment une autre histoire aurait pu s’écrire.
À côté des tensions belligènes manifestes, de nombreux éléments étaient susceptibles d’assurer le maintien de la paix : la mise en place effective d’une mondialisation économique favorable à toutes les nations occidentales, les débuts d’une organisation internationale extérieure aux systèmes d’alliances traditionnels (les conférences de La Haye, par exemple), les aspirations pacifistes et l’internationalisme socialiste, l’optimisme progressiste dominant, le maintien aux commandes de tous les grands pays européens – à l’exception de la France – des aristocraties traditionnelles, que rapprochent des liens familiaux. Enfin le règlement, avant 1914, des grands différends coloniaux.


À la lecture de nombreux courriers et documents inédits, l’auteur conclut que si le déclenchement du conflit ne peut être réduit à un simple allumage de mèche, l’imprévu a largement prévalu dans le déroulement des événements qui se succédèrent au cours des six semaines suivant l’attentat de Sarajevo.
Cette approche originale du sujet, aux limites de l’Histoire et de l’uchronie, met en avant diverses données généralement négligées. Il permet au lecteur de renouveler son regard sur l’Europe d’avant 1914 et de prendre la mesure de la part de malchance et d’imprévus dans l’Histoire.


Un siècle après les événements, alors que se multiplient les signaux inquiétants sur le plan international et que se dessine, de manière bien incertaine, un nouvel équilibre du monde, revenir sur l’épisode fondateur du siècle dernier présente aussi l’intérêt d’ouvrir un champ de réflexion nouveau.
 
Philippe Conrad a été professeur d’Histoire contemporaine et de géopolitique à l’Institut pratique de journalisme de Paris, directeur de séminaire au Collège Interarmées de Défense et professeur de géopolitique à l’École Supérieure de Guerre.


Journaliste indépendant depuis 1976, il collabore régulièrement à Historama, Histoire- Magazine, Perspectives, Valeurs Actuelles, Spectacle du Monde, le Figaro hors-série, Revue française de Géopolitique, Nouvelle revue d’Histoire, parmi d’autres. Il a également été rédacteur en chef de Nation-Armée de 1976 à 1979, d’Histoire-Magazine de 1979 à 1983, de Terres d’Histoire de 1988 à 1991.
Actuellement Philippe Conrad est rédacteur en chef du magazine électronique Les Nouvelles de Clio.


Philippe Conrad a une quarantaine d’ouvrages à son actif dont Le poids des armes, Guerres et conflits de 1900 à 1945 (Les PUF, 2004).

mercredi, 16 avril 2014

Les drapeaux noirs du mouvement paysan (1929-1931)

Jan Ackermeier:

Les drapeaux noirs du mouvement paysan (1929-1931)

Sur l’histoire du “Landvolkbewegung” 

big_21308835_0_300-225.jpgAprès la première guerre mondiale, la plupart des paysans allemands affrontaient d’énormes difficultés économiques. Afin de pouvoir vaille que vaille fournir en vivres la population, l’agriculture allemande, au début de la République de Weimar et jusqu’en 1922, avait été contrainte d’accepter de gré ou de force une politique dirigée, contraignante. Cette politique avait suscité un rejet général de la jeune République dans de larges strates de la paysannerie qui votait traditionnellement pour les formations conservatrices ou libérales.

Cette tendance négative s’est encore accentuée pendant les années de la grande inflation (1922 et 1923). Dans un premier temps, les paysans, en tant que propriétaires de terrains et de biens tangibles, avaient profité de la dévaluation de la devise allemande; plus tard toutefois, avec l’introduction du “Rentenmark” en 1923, ils ont dû endurer de lourds sacrifices économiques. C’est surtout lorsqu’il a fallu couvrir la nouvelle devise par des hypothèques imposées par les autorités publiques sur les propriétés foncières dans le domaine agricole que le rejet s’est fait général: cette politique a été perçue comme une terrible injustice, comme un sacrifice spécial réclamé à la seule paysannerie.

Vers le milieu des années 20, les paysans ont dû faire face à un dilemme: acheter des machines agricoles pour consolider leurs entreprises jusqu’alors peu mécanisées, afin de pouvoir produire davantage et de compenser les déficits dus à l’augmentation des prix des biens industriels. Pendant les années d’inflation, les paysans n’avaient pratiquement rien pu capitaliser: ils se virent contraints, par la suite, de prendre des crédits à des conditions très désavantageuses pour pouvoir financer les nouveaux investissements nécessaires. Mais, dès 1927, on pouvait prévoir la crise économique mondiale où les prix, sur les marchés agricoles, ont chuté à l’échelle internationale; de plus, les récoltes désastreuses de 1927, dues à des conditions climatiques déplorables, ont conduit de nombreux paysans à l’insolvabilité.

C’est surtout dans le Slesvig-Holstein rural, avec un secteur largement dominé par le bétail et par les spéculations sur les produits de l’élevage, que de nombreux paysans étaient menacés. Ils ne pouvaient plus payer ni les impôts ni les intérêts. La faillite les guettait. Cette situation critique amène les paysans de la région à se rassembler dans un mouvement protestataire parce que les associations paysannes traditionnelles, le gouvernement du Reich (rendu incapable d’agir en 1928 vu sa composition politique hétérogène) ou les partis établis ne pouvaient les aider. Ce mouvement de protestation ne présentait pas de structures organisationnelles claires mais se caractérisait plutôt par une sorte de spontanéisme, où quelques paysans décidés parvenaient à mobiliser rapidement leurs homologues pour organiser de formidables manifestations de masse.

En janvier 1928, le Slesvig-Holstein est le théâtre de très nombreuses manifestations de masse pacifiques, où, certains jours, plus de 100.000 paysans sont descendus dans les rues. Les représentants de la paysannerie demandent alors au gouvernement du Reich de mettre sur pied un programme d’aide urgente. Ils échouent dans leurs démarches. La paysannerie se radicalise et, en son sein, des voix, toujours plus nombreuses, s’élèvent pour réclamer la dissolution du “système de Weimar”. Les chefs de file du mouvement avaient toujours été modérés: ils s’étaient bornés à réclamer des mesures ponctuelles dans les seuls domaines de l’agriculture et de l’élevage. Face à l’incompréhension des autorités du Reich, ces hommes modérés sont vite remplacés par des activistes plus politisés qui exigent désormais que l’ensemble du “système de Weimar” soit aboli et détruit pour faire place à une forme d’Etat populaire (folciste), aux contours encore mal définis par ses protagonistes, mais que l’on peut qualifier d’essentiellement agrarien.

A la fin de l’année 1928, le mouvement prend le nom de “Landvolkbewegung” (“Mouvement du peuple de la terre”), sous la direction de Claus Heim, du pays de Dithmarschen, et der Wilhelm Hamkens, d’Eiderstedt. Tous deux financeront et publieront un journal, “Das Landvolk”, ainsi que des “associations de garde” (“Wachvereiningungen”), sorte de troupes paramilitaires animées par d’anciens combattants des Corps Francs. Le mouvement acquiert ainsi une forme d’organisation qu’il ne possédait pas auparavant.

En 1928, Heim lance un appel à boycotter les impôts. Du coup, les protestations publiques ne sont plus passives: elles sont suivies d’actions musclées voire d’attentats terroristes. Les huissiers qui viennent saisir les biens  des paysans insolvables sont pris à partie et chassés avec violence. La petite ville de Neumünster est soumise à un boycott de la part des paysans qui refusent d’aller y acheter denrées et matériels. Les opposants au mouvement sont victimes d’attentats aux explosifs, destinés à les intimider. A la suite de ces attentats aux explosifs, les meneurs sont poursuivis par la justice et condamnés à la prison. Le mouvement est brisé.

Jan ACKERMEIER.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°11/2014, http://www.zurzeit.at ).

dimanche, 13 avril 2014

Chi ha voluto la guerra sovietico-polacca del 1920?

Chi ha voluto la guerra sovietico-polacca del 1920? Una questione storiografica ancora aperta

Autore:

Ex: http://www.centrostudilaruna.it

Soldati polacchi a Vilnius nel 1920.

Soldati polacchi a Vilnius nel 1920.

Da sempre gli storici discutono su chi porti la maggiore responsabilità per la scoppio della guerra russo-polacca che, preannunciata da alcuni scontri di frontiera nel 1919 (ma la «frontiera, appunto, non esisteva: era questo il problema), precipitò nella primavera successiva con la repentina irruzione polacca fino a Kiev; vide poi una temibile controffensiva sovietica, che sembrò sul punto di poter “esportare” la rivoluzione nell’Europa centrale; ma essa s’infranse sotto le mura di Varsavia, a metà agosto, per concludersi poi, nel marzo 1921, con la pace di Riga.

Fu una strana guerra, fra il regime sovietico ancora invischiato negli spasimi di una guerra civile che era sembrata portare gli eserciti «bianchi» di Kolčiak, Denikin e Wrangel a un soffio dalla vittoria e il governo della Polonia “resuscitata” fra le nazioni d’Europa, dopo la sua cancellazione dalla carta politica nelle tre spartizioni, avvenute alla fine del XVIII secolo (nel 1772, nel 1793 e nel 1795), fra i suoi potenti vicini: Austria, Prussia e Russia.

Non è questa la sede per rievocare dettagliatamente le complesse vicende che portarono, grazie alla sconfitta dei tre imperi limitrofi – russo, germanico e austro-ungarico, alla fine della prima guerra mondiale – alla ricostituzione dell’antico Stato polacco.

Ci limiteremo a ricordarne, per sommi capi, le tappe principali.

Durante la prima guerra mondiale, i patrioti polacchi si erano divisi: il gruppo facente capo a Pilsudski si era schierato con gli Austriaci; quello capeggiato da Dmowski e Grabski, al contrario, aveva preso posizione per i Russi; ma tutti indistintamente avevano di mira la liberazione della patria, e ciò che cambiava tra essi erano solo le strategie per avvicinarsi a un tale risultato.

Il 14 agosto del 1914 lo zar Nicola II Romanov aveva promesso l’autonomia ai Polacchi nell’ambito dell’Impero russo; ma poi, con l’offensiva austro-tedesca del maresciallo Mackensen, erano stati gli Imperi centrali ad occupare la Polonia russa, nella primavera-estate del 1915. Così, il 5 novembre 1916, si era giunti alla proclamazione di un regno di Polonia da parte degli Imperi centrali, che, ovviamente, non comprendeva né la Galizia (austriaca) né la Posnania (tedesca).

Il socialista Józef Pilsudski, ottenuto un seggio nel nuovo Consiglio Stato, aveva rifiutato di prestare il giuramento di fedeltà il 2 luglio 1917 e aveva perciò subito l’internamento in Germania, nella fortezza di Magdeburgo, sino al novembre 1918.

Intanto, a Parigi, fin dal 15 agosto 1917 Roman Grabski, del partito democratico-nazionale, aveva assunto la presidenza di un Comitato nazionale polacco in esilio riconosciuto dagli Alleati che, fra l’altro, aveva organizzato il nucleo di un esercito nazionale reclutato fra i prigionieri di guerra degli eserciti austro-ungarico e tedesco, di nazionalità polacca.

Intanto, dopo lunghe discussioni fra Austriaci e Tedeschi circa la politica da adottare verso i Polacchi, il 12 settembre 1917 si era insediato un governo polacco sotto il controllo degli Imperi centrali, denominato “Consiglio di reggenza”. Questo debole organismo nazionale aveva il vantaggio, rispetto al Comitato di Parigi, di essere insediato a Varsavia, nel territorio della patria; ma lo svantaggio di vivere all’ombra del governo di Berlino, dopo che quello di Vienna si era deciso a passare la mano nello scacchiere polacco (in cambio di ingrandimenti nei Balcani: in Montenegro, Serbia e Romania), avendo compreso che una annessione austriaca avrebbe implicato una forma di governo trialista nell’Impero danubiano (invisa a Budapest) e avrebbe comportato, inevitabilmente, la perdita della Galizia a favore della nuova entità statale.

Va tenuto presente, per avere un quadro completo (e sia pure molto riassuntivo) della situazione, che il 2 febbraio 1918 gli Imperi centrali avevano sottoscritto una trattato di pace separata con l’Ucraina, la cosiddetta “pace del pane”: ossia pace in cambio della fornitura di grano ai vincitori. Dopo di che i Tedeschi e gli Austriaci, approfittando della debolezza dell’atamano Skoropadskij, avevano proceduto all’occupazione militare dell’Ucraina fino al Don e anche della Crimea; con i Tedeschi che prevalevano nella zona di Kiev e gli Austriaci che prevalevano in quella di Odessa; mentre le forze «bianche» del generale Krasnov, aiutate dai primi, si erano organizzate nella regione fra il Don, il Volga e il Caucaso settentrionale.

Ma poi, nel novembre del 1918, era sopraggiunto il crollo degli Imperi centrali (rispettivamente il giorno 4 per l’Austria-Ungheria e il giorno 11 per la Germania); e i Polacchi, prima ancora di attendere la resa ufficiale dei loro scomodi protettori, avevano proclamato la nascita di una Repubblica polacca indipendente, il 3 novembre.

Qualche giorno dopo, il 14, il Consiglio di reggenza si era dimesso e Pilsudski, liberato dalla prigione militare di Magdeburgo e rientrato a Varsavia, era stato proclamato capo provvisorio dello Stato.

Fin dal suo sorgere, la Repubblica polacca aveva avuto una vita travagliatissima.

Tre erano le maggiori cause di tensione: la questione delle nazionalità; la questione della riforma agraria; e la contesa fra i seguaci di Pilsudski (i “legionari”) e i democratico-nazionali di Dmowski circa la gestione della politica estera.

1) Per quanto riguarda la questione delle nazionalità, la Polonia si era trovata ad inglobare nel suo territorio delle minoranze assai consistenti: 100.000 Lituani, 1.000.000 di Tedeschi, 1.500000 di Bielorussi, 4 milioni di Ucraini; senza contare circa 3.000.000 di Ebrei. Le tensioni fra queste minoranze e il governo polacco erano fortissime, specialmente ad ovest, dove il Consiglio interalleato aveva deciso l’istituzione di plebisciti per decidere il destino di vaste zone di frontiera, specialmente nel bacino industriale dell’Alta Slesia (durante i quali vi furono incidenti sanguinosi che coinvolsero anche i contingenti italiani che, insieme a quelli inglesi e francesi, presidiavano quei territori). Perfino con la neonata Cecoslovacchia esisteva una astiosa disputa territoriale, per il possesso del distretto di Teschen. Ma anche verso est la tensione era altissima, tanto che nel 1922 sarebbe scoppiata una rivolta da parte della popolazione ucraina, che solo nel 1930 avrebbe potuto dirsi pienamente “pacificata”.

2) I progetti di riforma agraria erano duramente osteggiati dall’aristocrazia, attaccatissima ai suoi latifondi e ai suoi antichi privilegi (si ricordi che già nel 1863 la guerra di liberazione nazionale contro i Russi era fallita, dopo i primi, notevoli successi, proprio a causa del rifiuto dei proprietari terrieri di promettere la distribuzione delle terre ai contadini). Tale resistenza fece sì che la riforma, che pure venne varata, non diede i risultati sperati, essendosi svolta in maniera incompleta e nel più lamentevole disordine.

3) In politica estera, dopo che gli Alleati avevano indicato, con la “linea Cuzon” (che ricalcava, sostanzialmente, i confini dell’antico Granducato di Varsavia), i territori da considerarsi incontestabilmente polacchi, mentre restava aperta la questione della delimitazione delle frontiere con la Lituania e soprattutto con la Russia, i democratico-nazionali avevano richiesto addirittura il ristabilimento delle frontiere del 1772, o almeno del 1793, quando la Polonia abbracciava vasti territori che ora, in base al principio di nazionalità, non potevano in alcun modo venire da essa rivendicati. Pilsudski, invece, perseguendo un progetto di tipo “federalista” o neo-jagellonico (Polonia e Lituania erano state unite, dal 1400 al 1600, in una federazione che aveva visto la grandezza di entrambe, sotto la dinastia degli Jagelloni), puntava a creare degli Stati cuscinetto fra la Polonia e la Russia, di cui temeva il ritorno offensivo, allorché la guerra civile vi si fosse conclusa. Lituania, Bielorussia e Ucraina avrebbero dovuto, così, divenire tre Stati semi-indipendenti all’interno di una federazione con la Polonia, capace di fronteggiare qualsiasi rinnovata minaccia espansionista della Russia.

Nell’autunno del 1919 si erano verificati degli scontri fra unità polacche e sovietiche, nel quadro delle campagne finali della guerra civile russa, quando le forze «bianche» di Wrangel e quelle nazionaliste ucraine erano state respinte dall’avanzata dell’Armata Rossa.

Per il governo di Varsavia, naturalmente, il problema orientale non era solo di carattere territoriale, ma anche e soprattutto politico: con l’avvicinarsi dell’Armata Rossa di Trotzkij alle frontiere della Polonia, provvisorie perché non regolate da alcun trattato internazionale, cresceva nei Polacchi (e specialmente nella classe dei grandi proprietari) il timore che l’ideologia comunista si diffondesse nel paese, con esiti imprevedibili.

Józef Pilsudski

Józef Pilsudski

La medesima preoccupazione era condivisa dai comandanti dell’esercito, i quali ben ricordavano – per l’esperienza fatta durante la prima guerra mondiale – come fosse contagiosa l’ideologia rivoluzionaria per dei soldati-contadini i quali, a casa, avevano lasciato delle famiglie affamate e che pensavano con bramosia alle terre dei latifondi, magari incolte.

Ha scritto lo studioso di storia dell’Europa orientale Valerio Perna nel suo saggio Storia della Polonia tra le due guerre (Milano, Xenia Edizioni, 1990, pp. 73-76):

«In quella vasta striscia territoriale che dal baltico giunge fin quasi al Mar Nero includendo le vaste pianure lituane, bielorusse e ucraine, si era creato, a seguito degli eventi bellici [del 1914-18], un temporaneo vuoto di potere. La Russia, già ricacciata verso est per centinaia di chilometri, era stata poi costretta ad uscire dal conflitto; i tedeschi erano in fase di smobilitazione dopo la firma dell’armistizio; l’impero austro-ungarico, infine, si stava dissolvendo sotto la spinta delle aspirazioni nazionali. Quanto alle Potenze vincitrici, esse non procedevano alla definizione dei confini della Polonia in attesa della lotta di potere in Russia: in caso di vittoria dei “bianchi” non intendevano sacrificare il futuro stato democratico russo nel settore occidentale; se invece avessero prevalso i “rossi”, allora sarebbe stato necessario rinforzare le capacità difensive dell’Occidente attraverso un sistema di alleanze teso a contenere il futuro espansionismo bolscevico. Nell’uno o nell’altro caso i confini della Polonia e i destini delle popolazioni locali sarebbero stati decisivi in funzione di queste esigenze strategiche.

Pilsudski non intendeva chinarsi di fronte a questi disegni. Secondo le sue convinzioni la partita per il futuro assetto di quei territori si giocava esclusivamente tra Polonia e Russia. I calcoli degli Occidentali e i giochi diplomatici internazionali dovevano essere quindi ridimensionati.

Józef Pilsudski era un uomo dell’est. La sua nascita lituana, l’educazione ricevuta in famiglia, gli ideali patriottici della gioventù trascorsa tra Vilna, Pietroburgo e Karkow, lo avevano calato profondamente nella questione russo-polacca. Aveva acquisito una perfetta conoscenza dei rapporti fra queste due nazionalità, dell’attitudine nei loro confronti di lituani, bielorussi e ucraini ee era giunto alla conclusione che il rinato Stato polacco doveva realizzare uno stabile equilibrio nei territori ad est della Polonia etnica coinvolgendo, nel comune interesse, le altre nazionalità che occupavano quegli spazi orientali. Insieme a loro doveva essere disposto un sistema difensivo per tutelarsi dalle future velleità espansionistiche del vicino russo, fosse esso stato repubblicano o bolscevico. La sicurezza dei confini orientali era per Pilsudski una questione di vitale importanza nei difficili rapporti russo-polacchi.

Anche se Austria e Germania avevano partecipato al processo di spartizione e avevano tenuta soggiogata per tanto tempo la nazione polacca, da loro si poteva temere la volontà di dominazione, ma non il tentativo di cancellazione. Con i russi la questione era diversa: appartenenti anch’essi al ceppo slavo, rivendicavano il ruolo di grande madre, verso la quale le nazionalità sorelle dovevano guardare e avvicinarsi fino al punto di identificarsi con essa. Era stato così con i baltici, con i bielorussi, con gli ucraini; poteva esserlo anche con i polacchi. Dopo centoventi anni di occupazione diretta, i Russi consideravano già il Regno di Polonia semplicemente come la loro provincia sulla Vistola.

Pilsudski confutava queste aspirazioni russe in forza di una limpida concezione che si fondava su tradizioni e fatti storici: la così detta “idea jagellonica”.

Durante i secoli XV, XVI, XVII, l’Unione polacco-lituana estendeva il proprio dominio sulla Polonia etnica, la Lituania, la Bielorussa, la Galizia e l’Ucraina fin quasi al Mar Nero. Durante questo periodo i polacchi erano stati la guida di una civiltà indipendente, nell’ambito di una cerchia di popoli consanguinei, che si differenziava da quella creata lungo il Volga dai russi. Questa civiltà barbara e chiusa era tutt’altra cosa rispetto a quella polacca e slava. Qui prevalevano già i principi del rispetto della persona, dei popoli con i quali si conviveva e vi erano penetrate profondamente le correnti umanistiche e rinascimentali provenienti dall’Europa Occidentale; al di là di questi confini regnava invece il dispotismo della schiavitù della persona. La lotta che si combatteva lungo questa frontiera divideva l’Europa libera dall’Est schiavo.

La frontiere culturali e geografiche della Polonia erano pertanto chiare (dato che anche ad occidente esisteva un profondo solco che separava l’elemento polacco da quello germanico). “Se dovessimo legarci con i tedeschi o con i bolscevichi significherebbe che la nostra missione civilizzatrice non è stata realizzata fino in fondo” ripeteva Pilsudski in quel tempo.

Così, in quel vasto spazio territoriale dell’Europa centro-orientale compreso tra i fiumi Vistola, Dnieper, Elba e Danubio e quindi tra i mari Baltico, Nero e Adriatico, si erano affermati sistemi culturali e socio-politici assai simili. Gran parte di questi territori erano stati occupati dal Regno jagellonico, dalla sua cultura e tradizione. Dopo la sua decadenza, a partire dal diciassettesimo secolo, in seguito alle spinte germaniche e russe, questo patrimonio era andato disperso, ma ora la rinata Repubblica polacca si proponeva di raccogliere questa eredità del passato (…).

Pilsudski intendeva realizzare questo programma riguardo ai territori ad est della Polonia etnica attraverso un progetto di tipo federalista: lo Stato polacco doveva approfittare dei profondi sconvolgimenti post-bellici per imporsi nuovamente come guida di quei popoli, suoi vicini orientali, che non avendo la forza di costituirsi in Stati indipendenti sarebbero ben presto ricaduti nell’orbita russa; ma non intendeva attuare questi progetti approfittando della guerra civile che là si combatteva. Egli era convinto che nessuno dei due contendenti sarebbe stato, per i polacchi, un interlocutore sincero. I “bianchi” rappresentavano la continuità con il vecchio sistema di potere russo, quello nei confronti del quale erano stati consumati centoventi anni di cospirazioni e insurrezioni, schierarsi quindi a favore di questa parte non era proponibile. Dai bolscevichi, viceversa, si potevano ottenere dei vantaggi temporanei, pur nella consapevolezza che il futuro rapporto con il loro regime si sarebbe basato unicamente sulla forza: il loro atteggiamento conciliante era infatti palesemente dettato dalla stretta necessità di mantenere i polacchi fuori dalle questioni interne russe.

Durante le passeggiate a cavallo, nell’inverno 1919, Pilsudski esprimeva così le sue convinzioni a proposito dei bolscevichi: non è il caso di sopravvalutare Trotzkij; si tratta di un agitatore di professione che crede nel trionfo delle rivoluzioni e delle guerre grazie ai comizi e alla dialettica. Lenin invece è diverso: ha inserito nello Stato Maggiore dei militari esperti; […] ha scelto il terrore come strumento di dominio nei rapporti interni, il mezzo più efficace per le masse russe e, come esecutore, ha scelto Dzierzinski, il più fanatico, privo di scrupoli, ma forse perché questi, essendo polacco, elimina i russi con più “facilità”. […] Lenin è un perfetto opportunista […] accetta ogni accordo, ogni alleanza, ma è pronto a ritirarsi al primo momento per lui favorevole accusando, per di più, il suo partner di averlo perfidamente ingannato.”

Da questo insieme di motivazioni deriva per la Polonia la necessità di tutelarsi attraverso una favorevole sistemazione territoriale che mantenesse i confini dello Stato russo quanto più possibile contenuti verso est. L’idea di Pilsudski era la seguente: Finlandia, Estonia e Lettonia costituiti in Stati indipendenti; Lituania, Bielorussia e Ucraina legati in unione federale con la Polonia. Egli agiva nella speranza che, sostenendo le istanze di indipendenza di ucraini e bielorussi, si potesse guadagnare la loro fiducia così da convincerli a legare le loro sorti con quelle della Repubblica polacca, attraverso il sistema federativo. Alla Lituania guardava poi con maggiore fiducia dati i legami del comune passato: il rapporto con questo popolo doveva essere ancora più stretto di quello previsto dalla federazione. Solo a queste condizioni sarebbe stato possibile accentuare l’influenza polacca verso est, limitando nello stesso tempo quella russa. Ma una simile espansione non poteva avvenire sottoponendo popoli e territori alla sovranità polacca. Sarebbe risultata inaccettabile. La vasta estensione territoriale dell’ex granducato di Lituania poteva essere governata solo con il favore delle popolazioni locali convincendole ad accettare la centralità dell’elemento polacco.

La mancata realizzazione di questo progetto, pur nell’ipotesi migliore che queste nazionalità fossero riuscite a costituire un proprio Stato indipendente, avrebbe assecondato le future aspirazioni della Russia; una serie di piccoli e deboli Stati sarebbe ricaduta immancabilmente sotto la sua influenza».

Valerio Perna rappresenta, nella storiografia di queste vicende, una voce decisamente favorevole alle tesi polacche alla vigilia della guerra del 1920.

Altri studiosi sono meno inclini a valutare con simpatia i progetti federalisti di Pilsudski del 1919-20, e citano le testimonianze di uomini come l’ex ministro degli Esteri polacco, conte Skrzinski, il quale affermava chiaramente che Ucraini, Bielorussi e Lituani non nutrivano allora molta simpatia per i Russi, ma ne avevano ancora di meno nei confronti dei Polacchi.

Fra gli storici poco favorevoli alla posizione polacca si può ricordare l’americano Louis Fischer, autore di una importante opera realizzata sulla base di fonti diplomatiche di prima mano, I Sovieti nella politica mondiale, 1917-1929 (titolo originale: The Soviets in World Affairs; traduzione italiana di Delfino Rogeri di Villanova, Firenze, Vallecchi, 1957, vol. 1, pp. 282-85), il quale, dopo aver descritto minutamente i negoziati avviati segretamente fra Polonia e Unione Sovietica nella seconda metà del 1919, afferma senza mezzi termini che fu la cattiva volontà di Pilsudski a farli fallire, aprendo così la strada alla guerra fra le due nazioni.

«Erano sinceri i Polacchi? Il conte Skrzinski, ex ministro degli Esteri polacco, dice di no.

“Le proposte di pace (sovietiche)”, egli dichiara, “non venero prese in seria considerazione… Dato però che una politica parlamentare e democratica non consentiva di lasciarle senza risposta, la questione del luogo ove i negoziati avrebbero potuto esser tenuti venne prospettata in modo così offensivo, che tutto si arrestò a quel punto”.

Quasi gli stessi termini vengono usati da H. H. Fisher, commentatore neutrale e storico ufficiale dell’Associazione Americana di Soccorso.

“I Polacchi – egli afferma – non vi diedero (alle proposte di pace sovietiche) alcuna seria considerazione e la risposta che alla fine e controvoglia fu presentata dal loro Governo era così offensiva nello spirito e così esagerata nelle richieste da dimostrare che la pace sulla base delle proposte sovietiche, di per se stesse non irragionevoli, non era evidentemente desiderata”.

Patek [il ministro degli Esteri polacco] sapeva che la proposta di Borisov era inaccettabile; ed è perciò che la fece. Dopo essere divenuti ministro di Polonia a Mosca, Patek disse all’autore di questo libro che al momento in cui la proposta di Borisov venne fatta i Polacchi tenevano posizioni militari favorevoli presumibilmente in vista dell’imminente offensiva; una tregua più lunga di ventiquattro ore ed un luogo diverso avrebbero permesso ai Bolscevichi di rafforzare le loro posizioni di difesa.

In un tentativo disperato di salvare la situazione Cicerin propose allora che le discussioni avessero luogo a Varsavia o a Mosca o a Pietrogrado o in una città estone; ma Patek fu irremovibile.

La Polonia, che aveva rigettato la pace perché si preparava alla guerra, era un paese che aveva bisogno di pace non meno della Russia sovietica. La inclusione di molti milioni di allogeni entro il suo territorio aveva reso caotica la sua situazione. La situazione economica sarebbe stata sufficiente a farle desiderare la pace. La A. R. A. di Hoover, su suggerimento della Conferenza della pace di Parigi, distribuì in Polonia fra il febbraio e l’agosto del 1919 viveri per 50.000.000 di dollari, e continuò a dare i suoi soccorsi nel 1920, mentre la Polonia continuava a prepararsi alla guerra. Nel giugno di quell’anno l’A. R. A. nutriva 1.315.000 bambini. A quel tempo le armate di Pilsudski erano penetrate profondamente in Ucraina. I comitati di soccorso stranieri stavano distribuendo vestiario e calzature a centinaia di migliaia di persone. La Polonia, settore principale del cordone sanitario, registrava non meno di 34.000 casi di tifo nel mese di gennaio 1920, una catastrofe che il Governo polacco era impotente ad affrontare. Ma le autorità di Varsavia sognavano di conquistare terre straniere. E i diplomatici di Parigi, che avevano rifiutato di dar da magiare alla Russia sovietica, se questa non si fosse impegnata a non battersi contro i nemici che l’attaccavano, attuavano energicamente i loro programmi di soccorso in Polonia, senza nemmeno cercare di metter un freno ai piani forsennatamente aggressivi dei suoi uomini di Stato.

Il signor Herbert Asquith espose la situazione alla Camera dei Comuni, il 10 agosto, in questi termini succinti: “Ecco qual’era sei mesi fa! – egli disse della Polonia -, una popolazione colpita dalle malattie e dalla carestia, per cui non si esagera dicendo che fosse sull’orlo della rovina nazionale; ed è in questa condizione di cose che essa incominciò la sua campagna. Suo scopo dichiarato -, egli continuò – era di sbarazzarsi delle sue relativamente anguste frontiere, per quanto non fossero disprezzabili… e spingersi oltre di esse fino agli antichi confini della Polonia del 1772… Come ho già detto, fu un’avventura puramente aggressiva… un’impresa scellerata”.

I piani polacchi si potevano sintetizzare in una sola parola: Federalismo.

“Il Federalismo (il cui esponente maggiore era Pilsudski) era un piano audace e romantico per risolvere la questione delle frontiere orientali colla creazione, a spese della Russia, di una serie di Stati indipendenti- la Lituania, la Russia Bianca e l’Ucraina – federate colla e sotto l’egemonia della Polonia”.

È questa un’idea che ha lasciato fino ad oggi la sua impronta sulla politica estera polacca.

La questione delle frontiere della Polonia non era stata regolata. Né la linea Foch di demarcazione della frontiera tra fra la Polonia e la Lituania (27 luglio 1919) né quella Curzon, segretamente tracciata dal Consiglio Supremo l’8 dicembre 1919, erano state accettate come definitive dai dirigenti polacchi. La Polonia aveva sfidato con successo la Conferenza della Pace nella faccenda della Galizia Orientale ed i suoi uomini politici non intendevano accettare dai diplomatici meno di quello che credevano ottenibile colla forza delle armi.

La stampa inglese dell’8 marzo 1920 pubblicò un’intervista data da Patek al corrispondente del “Journal” di Parigi, circa la pace coi Sovieti: era in favore di negoziati, ma “base delle nostre condizioni saranno le frontiere del 1772″.

“La pubblica opinione polacca – dice il professor Fisher – era a quel tempo inebriata dalla dottrina del Federalismo, che non avrebbe potuto esser attuato che con la guerra”. E, strano a dirsi, i fautori più entusiasti dell’idea federativa, che non era altro se non un malcelato imperialismo, erano i socialisti polacchi, guidati da Pilsudski e da Ignatius Daszinski, Vice Primo Ministro di Polonia. Il 4 gennaio 1920, per esempio, l’organo di stampa di Daszinski, il “Naprozd” (“Avanti”), diceva: “Per l’intero avvenire della Polonia sarebbe di enorme importanza se potessimo spostare la frontiera della Russia ad est del Dnieper”.

In apparenza i Polacchi erano interessati a liberare i loro vicini orientali dal “giogo del Bolscevismo”, ma il professor Fisher, fra gli altri, afferma che “quel piano grandioso ignorava disgraziatamente il fatto… che vicini quali gli Ucraini e i Lituani avrebbero gradito quasi ogni altro destino piuttosto che quello di esser governati dalla Polonia, quand’anche sotto mentite spoglie”. Il signor A. L. Kennedy, un inglese estremamente filopolacco ed antibolscevico, non cela il fatto che sotto l’idea cosiddetta federativa covavano piani annessionisti. Riferendosi al programma di Pilsudski di creare due grandi Stati-cuscinetto, la Russia Bianca e l’Ucraina, fra la Polonia e la Russia, Kennedy ammette che “per quanto nominalmente indipendenti, essi erano evidentemente immaturi e sarebbero dipesi dalla Polonia per la loro sicurezza”. E difatti un trattato poi firmato da Petljura in nome di un’Ucraina che non governava, prevedeva la nomina di due ministri polacchi nel gabinetto ucraino proposto da Pilsudski.

Un patriota placco del calibro del conte Skrzinski smaschera l’ipocrisia dell’idea federalista.

“Le nazioni – egli scrive – che, secondo questa teoria, la Polonia voleva liberare dal giogo russo, non avevano desideri particolari in materia e, anche se non amavano molto la Russia, amavano ancor meno la Polonia”.

Per quanto concerne il motivo economico, ne abbiamo un cenno dal signor Kennedy, che si trovava in Polonia in quel momento e godeva la fiducia illimitata degli uomini di Stato polacchi. Secondo lui, “la lotta fra Russia e Polonia fu realmente una lotta per il controllo delle sue abbondanti risorse, che comprendevano all’est il grande bacino del Donetz”, dove la Francia, l’amica della Polonia, aveva enormi impegni finanziari».

Questa, l’interpretazione di Louis Fisher; il quale, pure essendo americano, può essere sospettato di eccessive simpatie nei confronti del punto di vista sovietico.

In effetti, pare che egli ignori completamente i legittimi timori dei vicini occidentali della Russia nel 1919, a cominciare dalla Polonia; timori che erano di duplice natura: nazionale e ideologica. Facendo leva sulle questioni etniche e, ancor più, facendo appello ai contadini e agli operai polacchi in senso rivoluzionario, l’Unione Sovietica poteva realmente costituire un fattore, se non di rischio, quanto meno di turbolenza e di imprevedibilità per la Polonia appena rinata dalle sue ceneri; né si può ignorare la comprensibile preoccupazione dei governanti di Varsavia nei confronti del tradizionale imperialismo russo, che aveva sottomesso il loro Paese per più di un secolo e che non vi era motivo di ritenere esaurito, solo perché era cambiata la forma di governo a Pietrogrado.

Gli storici italiani possiedono la fortuna di avere a disposizione una fonte di primissima mano, ossia la testimonianza dell’ambasciatore Francesco Tommasini che, presente a Varsavia in quel periodo, ebbe frequenti contatti personali con Pilsudski ed altri membri del governo polacco e poté seguire da vicino l’intera vicenda della guerra sovietico-polacca.

risurrezione-poloniaTommasini ha lasciato un libro molto documentato sulla sua esperienza di ambasciatore italiano in Polonia, nel libro La risurrezione della Polonia (Milano, Fratelli Treves Editori, 1925, pp. 113-118), di cui riportiamo alcuni passaggi:

«Nel novembre 1919, Pilsudski, ricevendo la Commissione per gli Affari Esteri della Dieta, aveva espresso l’intenzione di indire prossimamente plebisciti nelle regioni orientali, che le truppe polacche avevano occupato. Si sarebbe trattato della regione di Vilna, che fu poi denominata Lituania centrale, e di gran parte dell’ex Governatorato russo di Minsk, che avrebbe dovuto costituire la Russia Bianca… ma tale proposito, all’infuori di qualsiasi considerazione d’opportunità politica, doveva sollevare obiezioni d’indole giuridica, che io stesso formulai al Capo dello Stato in un colloquio, avuto con lui il 17 novembre. Esso era infatti contrario all’art. 87 del Trattato di Versailles, il quale stabilisce: “Les frontières de la Pologne, qui ne sont pas spécifiées par le présent Traité seront ultérieurement fixées par les Principales Puissances alliées et associèes” (…).

Per quanto riguarda l’Ucraina, la situazione si era considerevolmente modificata dopo l’ottobre 1919. Al principio d dicembre, l’atamano Petruscevic, che in novembre aveva voluto avvicinarsi a Denikin, allora all’apogeo della sua potenza, era stato abbandonato dalle sue truppe, passate in parte ai Bolscevichi ed in parte a Denikin, e si era rifugiato dapprima in Romania, donde era poi passato a Praga ed a Vienna. L’atamano Petljura, un avventuriero, che portava il titolo di capo del “governo dell’Ucraina al di là del Dnieper”, sentendosi in pericolo per un attacco di Denikin e per la defezione di una parte delle sue genti, cominciò una politica a doppio fondo, cercando di intendersi al tempo stesso colla Polonia e col governo dei Soviet. A quest’ultimo egli aveva inviato due socialisti ucraini, non massimalisti, i quali sembra però che siano stati imprigionati a Mosca. Miglior esito ebbero le trattative con Pilsudski, al quale Petljura in data 2 dicembre rilasciò una dichiarazione con cui riconosceva il corso dello Zbrucz come frontiera fra i due paesi, ciò che equivaleva ad una rinunzia alla Galizia orientale. Contro tale dichiarazione, protestò presso le grandi potenze Petruscevic, orami atamano in partibus infidelium.

Battuto poi da Denikin, Petljura si era rifugiato in Polonia e da quel momento si era messo sotto la protezione di Pilsudski, il quale però ne diffidava e non gli lasciava molta libertà. Si stabilì a Varsavia, ricompose il suo governo, che si insediò a Kamieniec di Podolia, occupata nel frattempo dalle truppe polacche, e cominciò anche il riordinamento del suo esercito, le cui unità, verso la fine di febbraio, si trovavano ad oriente del Dnmiester fra Moylow (da non confondere con la città quasi omonima del Dnieper), Balta e Bar, dove ogni tanto anche le truppe bolsceviche facevano qualche apparizione.

Il piano di Pilsudski nell’inverno del 1919 era il seguente: far trascinare fino alla primavera con espedienti dilatori i negoziati di pace coi bolscevichi, che non si potevano evitare dopo la decisione del Consiglio supremo e le esortazioni ripetute delle grandi potenze alleate; in primavera attaccare violentemente l’esercito bolscevico e sbaragliarlo; fare poi la pace costituendo, fra la Russia e la Polonia, uno Stato bianco-russo ed uno stato ucraino al sud.

Il 4 febbraio il Ministro degli Affari Esteri Patek accusò ricevuta a Cicerin della sua comunicazione del 29 gennaio, riservandosi di dare più tardi una risposta in merito. L’elaborazione di tale risposta durò circa un mese e mezzo.

Intanto il 10 marzo Millerand, allora Presidente del Consiglio in Francia, inviava a nome del Consiglio supremo alla delegazione polacca presso la Conferenza della pace una nota, in cui si ribadivano i due punti seguenti:

1. le frontiere orientali della Polonia, a tenero dell’art. 87 del Trattato di Versailles, dovevano essere definite dalle principali potenze e non dalla Polonia.

2. Secondo il principio che ha ispirato il Trattato di Versailles, nessun plebiscito poteva aver luogo in regime d’occupazione militare di una delle parti interessate. (…)

Verso la metà di marzo il governo placco compì l’elaborazione delle condizioni di pace, che furono comunicate confidenzialmente ai rappresentanti delle grandi potenze alleate a Varsavia: alcune indiscrezioni circa esse trapelarono nella stampa e provocarono una vivace discussione nella Commissione della Dieta per gli Affari Esteri. Le basi fondamentali erano:

1. le trattative di pace non dovevano pregiudicare la situazione militare. Quindi, niente armistizio. A tale proposito si allegava che ogni sospensione delle ostilità avrebbe indotto le truppe polacche nell’illusione che la guerra fosse finita e le avrebbe esposte ad una pericolosa azione di propaganda bolscevica;

2. la Polonia doveva sottoporre a revisione tutto ciò che era avvenuto dal 1772 in poi.

Questa pretesa, che veniva giustificata con considerazioni morali e storiche, bastava a rivelare che le trattative non si iniziavano con effettiva buona volontà. Essa era stata approvata da tutti i partiti, perché nessuno aveva il coraggio di mostrarsi meno patriota dell’altro, ma, in realtà, suscitava forti obiezioni tanto a sinistra quanto nel Partito nazionale democratico. Malgrado ciò il ministro Patek, nel concretarla, le diede una espressione particolarmente intransigente, poiché richiese che la Russia rinunziasse puramente e semplicemente ad ogni diritto sui territori appartenenti nel 1772 alla Polonia, la quale ne disporrebbe secondo la volontà delle rispettive popolazioni. Le truppe bolsceviche avrebbero quindi dovuto sgomberare ampie regioni, che comprendevano Vitebsk, arrivavano davanti a Smolensk, contornavano Kiev, si inoltravano a oriente in direzione di Poltava. Sembra che tale formula sia stata redatta all’insaputa dello stesso Consiglio dei Ministri e che financo Patek ne riconoscesse poi l’inopportunità, mostrandosi disposto a lasciarla cadere, fin dall’inizio delle trattative.

In realtà il rimettere in questione tutto ciò che era successo dal momento della prima spartizione in poi non poteva servire che ai disegni di Pilsudski. Il suo principale avversario, il partito nazionale democratico, voleva invece che la Polonia annettesse puramente e semplicemente i territori che la Delegazione polacca aveva chiesto alla Conferenza della pace, la così detta linea Dmowski, e che corrispondevano, all’ingrosso, a queli rimasti dopo la seconda spartizione, comprendendo in più Kamieniec al sud e Minsk al nord. (…)

Il 27 marzo il governo placco annunziò a quello sovietico di esser pronto a iniziare le trattative di pace senza preventivo armistizio: propose di condurle a Borysow, piccola città del governatorato di Minsk, allora occupata dalle truppe polacche, situata sulla Beresina e sulla grande linea ferroviaria Varsavia-Mosca. L’indomani Cicerin rispose chiedendo un armistizio. Il 1 aprile Patek ripose mantenendo il suo punto di vista. Il 2 il governo bolscevico rinnovò la domanda d’armistizio e chiese che i negoziati, anziché a Borysow, avessero luogo in Estonia o a Mosca o a Varsavia. Il 7 la Polonia respinse la proposta di Cicerin il quale, l’indomani, si rivolse alla Polonia ed alle grandi potenze dell’Intesa, con le quali non era ancora in rapporti, chiedendo che le trattative avvenissero a Londra o a Parigi».

Ma ormai non c’era più tempo; Pilsudski aveva deciso: e la parola passò alle armi.

Come si vede, l’ambasciatore Tommasini, pur essendo nel complesso filo-polacco, non esita ad indicare chiaramente la malafede con cui il governo di Varsavia condusse le trattative con quello di Mosca; né tace il fatto che Pilsudski, avendo ormai stabilito di lanciare l’offensiva in primavera, fece in modo di trascinare in lungo i negoziati, al solo scopo di guadagnare tempo e lasciar passare il rigidissimo inverno.

Se, poi, una tale linea politica da parte del governo polacco si possa considerare, almeno in parte, giustificata dalle circostanze assai complesse e potenzialmente pericolose, nelle quali era venuta a trovarsi, sulla frontiera orientale, la neonata Repubblica di Polonia, questa è una cosa sulla quale gli storici possono discutere a lungo.

Pilsudski attaccò per primo; ma non sempre chi attacca per primo porta su di sé l’intera responsabilità dello scoppio d’un conflitto.

Si potrebbero fare molti esempi significativi al riguardo; crediamo che quello della guerra franco-prussiana del 1870, e quello della stessa guerra franco-austriaca del 1859 (da noi chiamata seconda guerra d’indipendenza), siano sufficienti ad illustrare pienamente il concetto.

Dopo essersi alleato con il governo anticomunista ucraino dell’atamano Petljura, il 24 aprile Pilsudski lanciò una fulminea offensiva su Kiev, ove le truppe polacche entrarono, con il massimo ordine e senza colpo ferire, l’8 maggio.
Il maresciallo Tuchacevskij, però, aveva guidato l’Armtata Rossa in una violenta controffensiva, che si era spinta fin nel cuore della Polonia: non solo oltre la frontiera provvisoria, ma oltre la stessa “linea Curzon”.

A Varsavia si viveva aspettando, di ora in ora, l’irreparabile; ma Pilsudski, come Joffre, a Parigi, alla vigilia della battaglia della Marna, conservò il massimo sangue freddo e predispose abilmente le sue contromisure.

Così, sfruttando anche i consigli del generale francese Weygand (peraltro molto sopravvalutati da certi storici, mentre è vero che il piano strategico polacco era stato interamente preparato da Pilsudski), i Polacchi avevano sorpreso il nemico avanzante in disordine e lo avevano duramente battuto sotto le mura di Varsavia, inseguendolo poi fin dentro il territorio sovietico.

Il risultato di questo avanti e indietro dei due eserciti avversari, nelle paludi e nelle foreste fra Varsavia e Smolensk, venne sancito dalla pace di Riga, il 18 marzo 1921, con la quale veniva fissato il confine orientale della Polonia ben 250 km. a est del confine etnico.

In apparenza la Polonia aveva vinto e si era notevolmente ingrandita; in realtà, Pilsudski aveva dovuto ripiegare sulla soluzione del “semplice” ingrandimento allorché vide fallire, per la diffidenza dei suoi interlocutori lituani, ucraini e bielorussi, il suo progetto iniziale di costituire una vasta federazione jagellonica nell’Europa centro-orientale.

Adesso si era creata proprio quella situazione che egli avrebbe voluto in ogni modo evitare: la Germania e l’Unione Sovietica stava ridiventando forti e la Polonia, “gonfiata” dall’annessione di vasti territori ucraini e bielorussi, ma indebolita all’interno da quelle numerose minoranze etniche, non era riuscita a diventare una grande potenza, in modo da poter scongiurare per sempre l’incubo di nuove, future spartizioni da parte dei suoi temibili vicini.

Eppure, i governanti polacchi tra le due guerre continueranno a cullarsi nell’illusione di essere realmente alla guida di una grande potenza, capace di resistere vittoriosamente, se attaccata, sia alla Germania che all’Unione Sovietica, anche contemporaneamente. E la presunzione da grande potenza spinse quei governanti a sognare addirittura di acquisire un impero coloniale: al punto da avviare dei sondaggi presso il governo francese, per sapere che cosa ne pensasse di una eventuale cessione del Madagascar alla Polonia. Manovre che – è inutile sottolinearlo – irritarono profondamente la Francia, che sulla Polonia e sulla «Piccola Intesa» (Cecoslovacchia, Romania, Jugoslavia) aveva costruito, dopo la pace di Versailles, il suo sistema di potere in Europa orientale, per premunirsi contro un ritorno aggressivo della Germania.

Sta di fatto che, nella crisi dell’estate 1939, i governanti polacchi – forti anche della garanzia britannica – si illusero di poter sfidare qualunque minaccia tedesca ed, eventualmente, anche sovietica; al punto da assicurare il governo di Londra che, in caso di guerra, essi prevedevano che la loro cavalleria si sarebbe spinta nei pressi di Berlino entro le prime due settimane dalla mobilitazione…

Una clamorosa sopravvalutazione della propria forza, che non fu certo uno degli ultimi fattori che provocarono lo scoppio della seconda guerra mondiale.

Eppure, l’idea “federalista” di Pilsudski non è stata interamente bocciata dalla storia, visto che sia la Lituania, sia la Bielorussia, sia l’Ucraina sono realmente divenute degli Stati indipendenti, dopo la dissoluzione dell’Unione Sovietica. Questa era la parte “viva” della sua intuizione. La parte “morta” era il sogno di creare una federazione di questi Stati, sotto l’egida polacca, che riportasse in vita, in qualche modo, il glorioso Stato polacco-lituano di alcuni secoli prima.

Un sogno romantico, senza dubbio; ma, appunto, nient’altro che un sogno.

* * *

Tratto, con il gentile consenso dell’Autore, dal sito Arianna Editrice.

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mercredi, 09 avril 2014

Europe-Action, notre grand ancêtre

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Europe-Action, notre grand ancêtre

par Edouard Rix

Ainsi que nous le répétait régulièrement le regretté Jean Mabire, à Réfléchir & Agir nous sommes les héritiers d’Europe-Action.

Si l’on en croit les Dupont et Dupond de l’antifascisme, Camus et Monzat, « l’importance théorique » d’Europe-Action « est fondamentale pour établir la généalogie de l’extrême droite nationale-européenne, néo-paganisante et racialiste » (1). Son fondateur, Dominique Venner, né en 1935, est le fils d’un militant du PPF de Doriot. Engagé volontaire à dix-huit ans, il combat en Algérie entre 1954 et 1956. Cette même année, il rejoint Jeune Nation, imprimant à ce petit groupe néo-pétainiste fondé par les frères Sidos une nette inflexion activiste.

Pour une critique positive

Incarcéré à la prison de la Santé pour son appartenance à l’OAS, Venner profite des vacances forcées offertes par l’Etat gaulliste pour se livrer à une réflexion doctrinale et stratégique approfondie. Pour lui, après le « 1905 » que viennent de subir les nationalistes avec la dissolution de Jeune Nation, puis du Parti nationaliste, et l’échec d’une OAS dépourvue de tout contenu idéologique, il convient de faire du léninisme retourné. C’est ainsi qu’il rédige et publie en 1962 un texte synthétique intitulé Pour une critique positive, qui se veut le Que faire ? du nouveau nationalisme. « Le travail révolutionnaire, écrit-il, est une affaire de longue haleine qui réclame de l’ordre dans les esprits et dans les actes. D’où le besoin d’une théorie positive de combat idéologique. Une révolution spontanée n’existe pas ». Concrètement, il préconise d’en finir avec l’activisme, d’éliminer « les dernières séquelles de l’OAS », de créer « les conditions d’une action nouvelle, populaire et résolument légale » s’appuyant sur une doctrine cohérente.

Dès sa libération de prison, il lance un mouvement et un organe de presse, puisqu’il s’agit désormais pour lui de mener un combat d’idées. Sur le plan militant, il s’appuie sur les éléments les moins pétainistes de l’appareil clandestin de l’ex Jeune Nation, ainsi que sur la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), créée en mai 1960 afin de servir de « périscope de légalité » au mouvement interdit, et animée par François d’Orcival. Les étudiants nationalistes partagent avec Venner le souhait de réhabiliter la réflexion théorique dans une mouvance dominée par un profond anti-intellectualisme.

La revue, qui devait d’abord s’appeler Rossel, en référence à l’officier communard incarnant une « gauche patriote », prend finalement pour titre Europe-Action. Le premier numéro, tiré à 10 000 exemplaires, paraît en janvier 1963. Une nouvelle formule, sous le format 21 x 27 cm, style newsmagazine, verra le jour en 1964 avec un tirage atteignant 15 000 à 20 000 exemplaires. Sous la direction de Dominique Venner, la rédaction comprend Jean Mabire, rédacteur en chef à partir de juin 1965, Alain de Benoist, secrétaire de rédaction et rédacteur en chef du supplément hebdomadaire sous le nom de Fabrice Laroche, Alain Lefebvre, François d’Orcival, Jean-Claude Rivière, ou encore Jean-Claude Valla qui signe Jacques Devidal. Des « anciens » comme Saint-Loup ou Saint-Paulien y collaborent régulièrement. Les ouvrages recommandés aux militants de la FEN et aux Volontaires d’Europe-Action sont publiés par les Editions Saint-Just et vendus par la Librairie de l’Amitié à Paris.

Réalisme biologique et défense de l’Occident

Racialisme européen, réalisme biologique, défense des peuples blancs face à la démographie galopante des masses du Tiers Monde, tels sont les principaux thèmes développés dans les colonnes dumensuel.Le premier des Cahiers d’Europe-Action, supplément trimestriel qui paraît en mai 1964, est consacré, sous le titre « Sous-développés, sous-capables », au fardeau représenté par les peuples de couleur et à leur incapacité chronique à maîtriser la technique.

Europe-Action est incontestablement le premier mouvement à dénoncer l’immigration extra-européenne incontrôlée et les risques de métissage en découlant. Car, « le métissage systématique n’est rien d’autre qu’un génocide lent » (2). Inlassablement, tout au long de son existence, il mènera une campagne « Stop à l’invasion algérienne en France », exigeant le rapatriement massif des allogènes, ce qui le rapprochera de François Brigneau, dont les éditoriaux dans Minute évoquent souvent ce problème. « Ils seront bientôt un million» proclame en une le n° 22 d’octobre 1964. « En France, écrira Dominique Venner en 1966, l’immigration importante d’éléments de couleur pose un grave problème (...) Nous savons également l’importance de la population nord-africaine (...) Ce qui est grave pour l’avenir : nous savons que la base du peuplement de l’Europe, qui a permis une expansion civilisatrice, était celle d’une ethnie blanche. La destruction de cet équilibre, qui peut être rapide, entraînera notre disparition et celle de notre civilisation » (3). Visionnaire !

europe_action.jpgPlus généralement, dans le numéro spécial « Qu’est-ce que le nationalisme ? », les rédacteurs font l’apologie de l’Occident « dévoré par le besoin d’agir, de réaliser, de vaincre », citant en exemple Beethoven qui, « sourd à trente ans, empoigne son destin à la gorge et continue de composer », ou « les équipes de chercheurs et d’hommes d’action qui se lancent à la conquête de l’espace, les Vikings traversant au Xè siècle l’Atlantique nord sur leurs coques de noix » (4). Quelques pages plus loin, le « Dictionnaire du militant » définit l’Occident comme une « communauté des peuples blancs », tandis que le peuple est présenté comme « une unité biologique confirmée par l’histoire » (5). Dans cette optique organiciste et völkisch, le nationalisme est vu comme une « doctrine qui exprime en termes politiques la philosophie et les nécessités vitales des peuples blancs (...), doctrine de l’Europe » (6), celle-ci étant entendue comme le « foyer d’une culture en tous points supérieure depuis trois millénaires » (7).

Partisan de l’Europe des ethnies, Europe-Action se prononce pour l’unité continentale : « Le destin des peuples européens est désormais unique, il impose leur unité politique, reposant sur l’originalité de chaque nation et de chaque province » (8). La revue souhaite la compléter par une alliance avec les bastions blancs d’Afrique australe comme l’Afrique du Sud et la Rhodésie, voire même l’Amérique du nord. D’où la formule provocatrice du rédacteur en chef Jean Mabire : « Pour nous, l’Europe est un cœur dont le sang bat à Johannesburg et à Québec, à Sidney et à Budapest » (9).

Son nationalisme européen se veut moderne, de progrès, en rupture avec le vieux nationalisme chauvin et réactionnaire. Il se fonde sur les « lois de la vie », la réalité, le « réalisme biologique » qui exalte une vision social-darwiniste du combat pour la vie, en opposition à l’universalisme, philosophie de l’ « indifférenciation » : « Le nationalisme, écrit maître Jean, s’il ne veut pas être une curiosité historique ou une nostalgie rétrograde, ne saurait être tout d’abord que réaliste et empirique. Il doit s’appuyer non sur des dogmes abstraits mais sur les données mêmes de la vie. Les nationalistes reconnaissent d’abord qu’il font partie d’un monde où tout est lutte. La nature en constante évolution ignore l’uniformité et l’indifférenciation. L’homme soumis aux lois de la vie, déterminé par son hérédité, trouve son accomplissement dans la maîtrise de la nature ». Il ajoute : « Ce réalisme biologique est tout aussi éloigné du matérialisme que de l’irréalisme. Il reconnaît un certain nombre de valeurs, appartenant en propre à notre communauté : le sens du tragique, la notion du réel, le goût de l’effort, la passion de la liberté et le respect de l’individu » (10). Le jeune Alain de Benoist renchérira, enthousiaste : « Le réalisme biologique est le meilleur outil contre les chimères idéalistes » (11).

Socialisme enraciné contre socialisme universaliste

Le nouveau nationalisme d’Europe-Action se veut aussi « socialiste ». Ce socialisme n’a rien à voir avec celui des marxistes ou des sociaux-démocrates, la revue se revendiquant du « socialisme français », celui de Proudhon et de Sorel. Jean Mabire prône un « socialisme enraciné », opposé au « socialisme universaliste » : « Le nationalisme, c’est d’abord reconnaître ce caractère sacré que possède chaque homme et chaque femme de notre pays et de notre sang. Notre amitié doit préfigurer cette unanimité populaire qui reste le but final de notre action, une prise de conscience de notre solidarité héréditaire et inaliénable. C’est cela notre socialisme » (12). Ce socialisme ne doit être ni égalitaire, ni internationaliste, ainsi que le rappelle Dominique Venner : « Ainsi reviennent constamment les idées de sélection, compétition, individualité qui, liées à la préservation du capital génétique, apparaissent bien comme les valeurs propres à l’Europe et nécessaires à son édification politique (...) Elles s’opposent, point par point, aux valeurs de mort de la société actuelle. En cela, elles sont révolutionnaires. Elles s’opposent au chaos universaliste, en cela elles sont nationalistes. Elles édifieront un monde où la qualité fera le prix de l’existence : en cela, elles fondent notre socialisme » (13).

« Les thèmes d’Europe-Action réapparurent (...) de manière de nouveau virulente dans des revues identitaires comme Réfléchir & Agir » (14) s’inquiètent les nouveaux entomologistes de la planète brune. Cette filiation de sang et d’esprit, nous la revendiquons insolemment. Dominique Venner, présent !

Edouard Rix, Réfléchir & Agir, automne 2013, n°45, pp. 48-50.

Notes

(1) J.Y Camus, R. Monzat, Les droites nationales et radicales en France, PUL, 1992, pp. 44-45.

(2) G. Fournier, « La guerre de demain est déclenchée », Europe-Action, avril 1964, n°16, p.21.

(3) Europe-Action, février 1966, n°38, p. 8.

(4) Europe-Action,mai 1963, n°5.

(5) Ibid, pp. 73-74.

(6) Ibid, p. 72.

(7) Ibid, p. 64.

(8) Ibid.

(9) J. Mabire, « Notre nationalisme européen », Europe-Action, juillet-août 1965, n°31-32, p. 13.

(10) J. Mabire, « Le nationalisme », Europe-Action, avril 1966, n°40, p. 14.

(11) Europe-Action, décembre 1965, n°36, p. 9.

(12) J. Mabire, « L’écrivain, la politique et l’espérance», Europe-Action, juin 1965, n°30, pp. 4-5.

(13) D. Venner, « Notre socialisme», Europe-Action, mai 1966, n°41, p. 19.

(14) S. François, N. Lebourg, « Dominique Venner et le renouvellement du racisme », Fragments sur les Temps présents, 30 mai 2013.

La vieille droite contre Europe-Action

Les prises de positions racialistes, nietzschéennes et païennes d’Europe-Action  susciteront la haine rabique de la vieille droite réac, maurrassienne et intégriste. Suite au numéro « Qu’est-ce que le nationalisme ? », Jacques Ploncard d’Assac enverra une lettre de rupture à la rédaction, publiée dans le n°8 d’août 1963 : « Les nationalistes français, même agnostiques comme Maurras, ont toujours reconnu le caractère chrétien de l’ethnie française. Il y a donc incompatibilité entre le matérialisme athée et l’objet même du nationalisme français ». Scandalisé que ceux qu’il appelle élégamment les « venneriens » professent un « racisme théorisant », l’inénarrable Pierre Sidos tiendra à préciser dans L’Echo de la presse et de la publicité du 15 janvier 1964 qu’il n’a « rien de commun avec la société Saint-Just » et émet les « plus expresses réserves (...) quant aux thèses exposées par les publication de cette firme, et notamment la revue Europe-Action ».

dimanche, 06 avril 2014

Der konservative Ultra

Der konservative Ultra

von Carlos Wefers Verástegui

Ex: http://www.blauenarzisse.de

 

Heinrich_Leo.jpgHeute ist der preußische Historiker Heinrich Leo vergessen. Dabei gehörte dieses „Enfant terrible der Reaktion“ zu den originellsten und bekanntesten Konservativen des 19. Jahrhunderts.

Das Attribut „Enfant terrible der Reaktion“ stammt von seinem Biograph Christoph Freiherr von Maltzahn. Denn Leo (17991878) war einer der bekanntesten und streitbarsten deutschen Historiker des 19. Jahrhunderts. Selbst aus dem konservativen Geschichtsbewusstsein dürften Leos Person und Werk fast gänzlich verschwunden sein. Das liegt vor allem an dessen Streitlust.

Ein konservativer Ultra…

Der liberale Theologe Karl Schwarz nannte Leo den „Höllenbreughel unter den Historikern“. Selbst konservative Gesinnungsgenossen der Kamarilla um Friedrich Wilhelm IV. von Preußen, wie die Gebrüder Gerlach, konnten bei Leos Ausbrüchen nicht immer mitgehen. Mit Leopold von Ranke, ebenfalls ein konservativer Historiker, hatte sich Leo überworfen. Obwohl er gläubiger Protestant war, stand Leo innerlich dem Katholizismus nah, nicht nur wegen seiner „kultischen Neigungen“, die der nationalkonservative Historiker Georg von Below ihm attestierte: Die altlutherische, aber zugleich katholisch eingefärbte Liturgie, die Leos Vater, ein Garnisonsprediger, noch im weißen Chorhemd zelebrierte, hinterließ bei ihm einen bleibenden Eindruck.

Als konservativer Ultra hatte Leo politisch kein Auge für gemäßigt liberale Parteien, er kannte nur das „Entweder-​oder“. Leo stand inmitten einer Umbruchszeit gesellschaftlicher, politischer und geistiger Revolutionen, mit denen er sich lautstark auseinandersetzte. Er suchte den Konflikt. Nicht nur politisch blieb Leos Konservatismus Ausdruck der Zeit: er war vor allem Ausdruck seines Naturells.

…und revolutionärer Burschenschafter

Otto von Bismarck dagegen schätzte Leo sehr, sowohl als Menschen und Publizisten als auch als Ratgeber. Der junge Leo genoss die Aufmerksamkeit und Wertschätzung von Männern wie dem Philologen Karl Wilhelm Göttling, dem Turnvater Friedrich Ludwig Jahn, Georg Wilhelm Friedrich Hegel und Johann Wolfgang von Goethe. Neben Göttling erhielt Leo vor allem Förderung von Jahn, welcher ihm das Studium der Philologie und Geschichte nahelegte. Auch Hegel unterstützte Leo nach Kräften. Leo blieb ihm wiederum zeit seines Lebens zu Dank verpflichtet, obwohl er die Junghegelianer später heftig kritisieren sollte.

Leo war eine unbändige Urnatur, die nur allzu gern auf Zwist aus war. Dies führte ihn als jungen Mann geradewegs zur Burschenschaft, die ihn wegen ihres Radikalismus anzog. Leo trug selbst die deutsche Flagge beim Wartburgfest. Zu dieser Zeit blieb er jedoch weder politisch noch religiös festgelegt. Mit Karl Ludwig Sand, dem Mörder des russischen Gesandten und Dramatikers August von Kotzebue, war Leo gut bekannt.

Romantik und Radikalismus

Die Ermordung Kotzebues am 23. März 1819 bedeutete für ihn eine Abkehr von der Burschenschaft. Leo gewann einen zunehmend konservativen Standpunkt. Romantische Motive und romantisches Gedankengut hatten ihn empfänglich für den Konservatismus gemacht. Hegels Philosophie ist es zu verdanken, dass dieser romantische Konservatismus Leos entwicklungsfähig war und es bis zuletzt auch blieb. Zur Religion zurück fand Leo über pietistische Kreise in Halle, wo er Professor für Geschichte war. Die Verschmelzung des Konservatismus mit einem aufrichtigen, christlichen Offenbarungslauben vollzog Leo, unterstützt vom Theologen August Tholuck und den Gebrüdern Gerlach.

Wie der Historiker Gerhard Masur bemerkt, war Leo „nach Temperament und Charakter kein Romantiker.“ Er nennt Leo zwar keinen Reaktionär, bezeichnet ihn aber dennoch als „energisch restaurativ.“ Masur stellt ebenfalls fest, dass Leo der „echteste Romantiker unter den Geschichtsschreibern“ war.

Knorrige Sittlichkeit

Früh eine Halbwaise geworden, sein Vater starb, als Leo 8 Jahre alt war, wuchs er in bescheidenen Verhältnissen im thüringischen Rudolstadt auf. Seine ausgeprägte Naturverbundenheit, ein angeborener bäuerischer Sinn sowie seine Freude am „Knorrigen“, und überhaupt allem, was Ecken und Kanten hat, haben ihn sein Lebtag begleitet. Die urgewaltige Freude am Raufen, die Streit– und Zanksucht, waren ihm genauso angeboren wie sein strenger Sinn für Sittlichkeit. Das erklärt auch Leos Vorliebe fürs Mittelalter, seine ungestüme Vorgehensweise und seine auffallende Verherrlichung des Krieges.

Von seinem radikalen Standpunkt aus verhöhnte Leo gnadenlos Humanität und bürgerliche Zivilisation. Motive und Einflüsse auf seinen Charakter blieben christlich-​pietistisch und allgemein romantisch. Der „mittelalterlichen Natur seines Geistes“, so der Historiker und Nationalökonom Wilhelm Roscher über Leo, entsprachen vollkommen seine barocke, bilderreiche Sprache sowie sein „heldisches Reckentum“, betont Masur.

Ein „frischer, fröhlicher Krieg“

Oberflächlich betrachtet erscheint Leos Kriegsverherrlichung in ihrer antibürgerlichen Zuspitzung unmenschlich. Doch eigentlich ist sie sehr tiefsinnig. 1853, zur Zeit des Krimkrieges, schrieb Leo: „Gott erlöse uns von der europäischen Völkerfäulnis und schicke uns einen frischen fröhlichen Krieg, der Europa durchtobt, die Bevölkerung sichtet und das skrophulöse (nach einem Halsdrüsengeschwulst, Red.) Gesindel zertritt, was jetzt den Raum zu eng macht, um noch ein ordentliches Menschenleben in der Stickluft führen zu können. Jetzt spielt noch die Canaille des materiellen Interesses (…) Ein einziger, ordentlicher, gottgesandter Kriegsregen würde die prahlerische Bestie mit wenigen Tropfen schon zum Schweigen gebracht haben.“

Maltzahn erklärt Leos Kriegsenthusiasmus: „In seiner Universalgeschichte bedauert Leo, dass man den Krieg in die Kategorie des Unglücks gebracht habe, während er dochein so notwendiges Lebensingredienz ist wie der Verkehr und sogar unvergleichlich viel mehr Tugenden der Liebe und Hingebung an höhere Dinge weckt und erzieht als der Friede. Er ist die Quelle von Disziplin, Zucht und des Ordnens der Massen, der Friede aber die Quelle der Zersplitterung der Massen, weil er das Bedürfnis nach schützenden Mächten schwächt. Äußerer Friede ist der Vater des Egoismus.

Kritik am Judentum

Politisch war Leo als junger Mann kein Konservativer. Was ihn mit dem Konservatismus verband, war die Ablehnung der Moderne. Diese Ablehnung war anfangs noch unreflektiert, das heißt mehr Instinkt denn Frucht einer Selbstbesinnung. In diesem Antimodernismus fügt sich auch seine fehlende Religiosität, der anfängliche Rationalismus Hegelscher Färbung sowie seine Ablehnung des Judentums als etwas innerlich der Moderne Verwandtem, betont der Historiker Christhard Hoffmann.

Überhaupt war Leos Verhältnis zum Judentum sehr gespannt, was in seinen Vorlesungen über die Geschichte des jüdischen Staates von 1828 zum Ausdruck kommt. Dort hatte er mit der Bemerkung, „Juden haben einen wahrhaft zerfressenden Verstand“, eine Beziehung zwischen dem Judentum und dem französischen Rationalismus der Aufklärung hergestellt.

Nach seiner religiösen Kehre änderte sich Leos Auffassung vom Judentum, dem er nun auch positive Aspekte zugestand. Nach wie vor schied er jedoch das Judentum vom Deutschtum, ohne jeweils Antisemit noch deutscher Nationalist zu sein. Seine Bewertung des Judentums vollzog sich ganz im Sinne des Individualitätsdenkens der „Historischen Schule“. Trotz seiner persönlichen Abneigung kam Leo nie dazu, es niedriger zu bewerten als das Deutschtum.

Juden seien anders, aber nicht schlechter als Deutsche, so Leo. Im Gegensatz zu den assimilierten erhielten die orthodox gebliebenen Juden seine Anerkennung. Seine Vorurteile gingen aber immerhin soweit, dass sie ihn davon abgehalten, sich rechtzeitig mit der Rechts– und Staatslehre Friedrich Julius Stahls, dem Führer der preußischen Konservativen und einem ehemaligen Juden, vertraut zu machen. Später bereute Leo diesen Fehler und pries die Einsicht und protestantische Orthodoxie Stahls.

Der konservative Ultra II

Heinrich Leo (17991878) war einer der ersten Theoretiker des modernen Konservatismus. Ferdinand Tönnies erkannte in ihm einen „überklugen Erzreaktionär“, Karl Marx wetterte gegen ihn.

Leo wandelte sich vom Gefühlsliberalen des frühen 19. Jahrhunderts zum Konservativen hegelscher Prägung. Dem ging eine intensive Lektüre voraus. Als Korrektiv zu Leos burschenschaftlichen Ansichten hatte der Rechtsgelehrte Karl Friedrich Eichhorn ihm die Lektüre von Karl Ludwig von Hallers Die Restauration der Staatswissenschaften empfohlen. Dazu kamen Edmund Burke, die französischen Traditionalisten Louis de Bonald, Joseph de Maistre, Augustin Barruel sowie von den deutschen Autoren vor allem Adam Müller.

Individualität setzt Glauben und Autorität voraus

Von Haller akzeptierte Leo jedoch nicht die rein privatrechtliche Patrimonialstaatstheorie, die besagte, dass die Fürsten vor allem als Eigentümer eines bestimmten, vererbten Territoriums legitimiert seien. Ebenso wenig konnte Leo dessen naturalistische Rechtfertigung des Staates als eines Gewaltinstituts akzeptieren. Trotzdem blieb er Haller in einigen seiner Gedankengänge sein Leben lang verpflichtet.

Leos eigene, unbändige Urnatur begründete ihrerseits ein ursprüngliches Verhältnis zur Gewalt. Den festesten Halt fand Leos Konservatismus allerdings im christlichen Offenbarungsglauben sowie im Prinzip der monarchischen Autorität und deren göttlicher Berufung. Individualität und Unabhängigkeit stehen bei Leo deswegen in einem Zusammenhang mit Glauben und Autorität. Sie liegen auch Leos antiliberalem Freiheitsbegriff der „Eigengeartetheit“ zugrunde, beziehungsweise der „Eigenheit“ und „Besonderheit“, die den Gedanken der historischen Schule und der Romantik entsprechen.

Die sinnliche Gewalt der Waffen

Obwohl Leo sich in vielen Punkten als konservativer Parteigänger entpuppte und auch sonst dazu neigte, Preußen und seine Monarchie zu verherrlichen, war er dezidierter Realist. Dem lag seine „Betrachtung des Seinsmäßigen und Zuständigen“ zugrunde, wie der Schriftsteller und Literaturwissenschaftler Kurt Mautz in seiner Einleitung zur Neuauflage von Leos Naturlehre des Staates von 1948 schrieb. In diesem Werk überrascht Leo unter anderem mit dieser Erkenntnis: „Alle sinnliche Gewalt also, inwiefern sie Staaten gründet sowohl als erhält, alle sinnliche Gewalt als politisches Element ist in letzter Instanzder Sieg der Waffen.“

Leos Realismus resultiert hier primär aus seinem bäurischen Wesen und seiner einfachen Herkunft. Dazu kommt die intensive, wenn auch noch nicht quellenkritische, geschichtliche Forschung. Ein weiteres Moment dieses Realismus bezog Leo von Hegel. Leos Offenheit für Machiavellis Machtlehre zum Beispiel verdankt Hegel so einiges. Als Historiker hatte Leo Machiavellis Briefe an seine Freunde 1826 ins Deutsche übersetzt und redigiert. Über seine Machiavelliinterpretation entbrannte schließlich der Streit mit dem Historikerfürsten des 19. Jahrhunderts schlechthin, mit Leopold von Ranke.

Ein Urgrund der Politik: Krieg und Gewalt

Leos romantischer Konservatismus hielt zwar ideell am Althergebrachten fest, erhielt aber, dank seines eigentümlichen, durch Haller, Hegel und Machiavelli befruchteten Realismus, einen politischen Gegenwartsbezug. Dies bezeichnet schließlich auch den Weg, den Leo persönlich innerhalb der historischen Entwicklung des 19. Jahrhunderts nahm. Seine Ideologie wandelte sich vom rein kontemplativen Konservatismus und der politischen Lehre der Historischen Rechtsschule zur neukonservativen Machtstaatspolitik Bismarcks.

Bei Bismarck fühlte sich Leo speziell von dessen „mystischer Gewalt der Persönlichkeit“ angezogen. Anders als bei den Altkonservativen, zum Beispiel den Gerlachs, klaffen bei Leo rückwärts gewandte Utopie und ein fast naturalistischer Realismus derart auseinander, dass die Entscheidung nur zu Gunsten des Realismus ausfallen konnte. Es geht Leo deshalb vor allem um die Rückführung der Politik auf ihren Urgrund der Gewalt.

Marx gegen Leo

Das Vergessen Leos heute suggeriert fälschlicherweise seine geringe Bedeutung und führt zu der Annahme, er selbst sei nur eine exzentrische Figur aus dem 19. Jahrhundert. Tatsächlich ist seine Bedeutung groß genug gewesen. Der Historiker Georg von Below, der Leo gezielt als konservativen Gegenpart progressiver Gesellschaftswissenschaft anführte, wies wiederholt auf die Parallelen zwischen der Kulturgeschichtsschreibung Leos und dem Werk von Karl Marx hin.

In seiner Naturlehre hatte Leo nämlich das Wort „naturwüchsig“ als polemischen Gegensatz zu allen „mechanischen“, das heißt künstlich verbildeten und „gemachten“ Gesellschaftsformen, geprägt. Das Wort „naturwüchsig“ wurde im damaligen Deutschland recht populär. Und tatsächlich geht die Übernahme Leoscher Begrifflichkeit bei Marx in der Deutschen Ideologie von 1847 über die bloß statistische Häufigkeit hinaus. Es heißt dort unter anderem: „Schon die Reaktionäre wussten, dass die Bourgeois in der Konstitution den naturwüchsigen Staat aufheben und einen eigenen Staat errichten und machen (…), dass dieser gemachte Staat wie ein gemachter, gemalter Baum ist“ Marx macht zwar Leo nicht die Freude, ihn zu zitieren. Aber der wiedergegebene Gedankengang bleibt ein mehr als ausreichender Beweis.

Leo bei Burckhardt und Tönnies

Vor Marx hat sich Leo ebenfalls einen klaren Begriff von dem Phänomen der „Ideologie“ gemacht. Mautz zählt darunter anhand von Leo auch „Maskierung“ und „maskierte Interessen“. Aber schon ein bestimmter Gebrauch der Wörter „abstrakt“, „Abstraktion“ zeigt, in wieweit sich Leo des Wesens der „Ideologie“ bewusst war. Das Wesen der modernen, bürgerlichen Ehe wird von Leo, wie auch von Marx, gleichermaßen erkannt. Nur die Bewertung fällt jeweils anders aus: Während für Leo die bürgerliche Ehe „unsittlich“ ist, ist sie für Marx eine „Heuchelei“.

Auch in Ferdinand Tönnies Soziologie tauchen Leos Gedanken nicht nur durch Marxsche Vermittlung auf. In Tönnies Studie Die Entwicklung der Soziologie in Deutschland im 19. Jahrhundert von 1908 fand der „überkluge Erzreaktionär“ Leo als Soziologe Erwähnung. Bei Jakob Burckhardt, der vor allem Leos Geschichte der italienischen Staaten von 1832 gut kannte, fand dessen Kriegsenthusiasmus Zustimmung in den Weltgeschichtlichen Betrachtungen. Tönnies beruft sich hier ausdrücklich auf Leo: „ Sodann ist hier vorauszunehmen schon der Krieg überhaupt als Völkerkrisis und als notwendiges Moment höherer Entwicklung. (…) Denken wir hier vollends auch an H. Leos Wort vom frischen fröhlichen Krieg, der das skrofulöse Gesindel wegfegen soll.

Das Christentum macht den Konservativen

Für den heutigen Konservativen liegt Leos Bedeutung darin, zu erkennen, dass Konservatismus eben kein vergilbter Ideenkatalog zum Schmökern ist. Es gehört eine individuelle Grundlage, eine Persönlichkeit, dazu, um wahrhaft konservativ zu sein. Gerade Leos Vortrag Was ist konservativ? hat zum Ziel, zu verdeutlichen, was einen echten Konservatismus ausmacht und was der Konservative selbst mitbringen muss, um eben ein solcher zu sein.

Allein das Christentum, aber auch dies nur als ein wirkliches und lebendiges, scheidet wahren vom falschen Konservatismus. Leos eigene Persönlichkeit macht zudem auf besonders drastische Weise deutlich, wie sehr es das Leben ist, das dem Konservatismus Kraft gibt. Es kommt nämlich nicht auf die richtigen Ideen, oder, noch schlimmer, den richtigen Diskurs an. Entscheidend bleiben die richtigen Leute, die diese Ideen verkörpern. Auch die Kriegsverherrlichung und die Freude an der Gewalt haben letzten Endes ihren Sinn bei Leo. Sie sollten die innere Ausweglosigkeit, derer er sich nur allzu bewusst war, sprengen.

vendredi, 04 avril 2014

JACQUES LE GOFF: Une vie pour l'Histoire

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JACQUES LE GOFF
Une vie pour l'Histoire

Jean Pierinot
Ex: http://metamag.fr

Jacques Le Goff est mort, ce 1er avril, à Paris, âgé de 90 ans. Né en 1924, à Toulon, il a consacré sa vie à l'exploration du Moyen Âge. Normalien et agrégé d'Histoire, il a participé aux belles heures de l'École des Annales avec les disciples de Marc Bloch (1886-1944) tel Fernand Braudel et Lucien Febvre. Tous ses ouvrages évoquent un Moyen Age qui serait un «tremplin pour l'avenir, Moyen Age qui apparaît comme la matrice de notre modernité ». A la question «l'Europe est-elle née au Moyen Age ?», Jacques Le Goff n'apporte qu'une réponse: « Oui, et c'est une bonne nouvelle.» Agnostique et Européen convaincu, il est mondialement connu comme l’un de nos plus grands médiéviste. Il est considéré comme "le père de la Nouvelle histoire".

jacques_le_goff_temps_sacre.jpgDans "L'Europe est-elle née au Moyen Age? " ( Ed. Seuil), il expose sa conception de la naissance de l'idée européenne. Il divise son étude en quatre périodes, de la fin de l'empire romain à la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb.


Selon Jacques Le Goff : « La mémoire ne cherche à sauver le passé que pour servir au présent et à l’avenir ». Pour lui, l’inscription dans le temps est un élément constitutif de l’identité collective. Tout groupe est en effet confronté à la question de la pérennité de son identité. La mémoire participe à la construction de l’identité de nos sociétés.


Jacques Le Goff  était aussi un historien ancré dans le monde. Dans une interview à La Vie  (2004) il expliquait sa position hostile à l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne : « Quel est le territoire de l’Europe? La géographie a fait qu’au Nord, à l’Ouest et au Sud, la question soit facile à trancher. En revanche, à l’Est, pas de frontières nettes... Or, il n’y a pas d’espace politique sans une certaine conformité à la géographie. Pour l’essentiel, la Turquie est une puissance asiatique, pas européenne. La question se pose différemment pour la Russie, qui, culturellement et historiquement, fait partie de l’Europe. Pour moi, l’Europe s’arrête à l’Oural et au Bosphore, même s’il est clair que la Russie n’entrera dans l’Union qu’avec ses territoires asiatiques. La question est partiellement résolue depuis 1989, puisque la plupart des territoires non russes de l’URSS ont pris leur indépendance. »

Dans un article intitulé « Le pouvoir et l’histoire » ( Libération, 19/10/2007), face aux lois liberticides, il défendait la liberté pour l’histoire : « Laissons aux historiens le soin d'établir les faits. Et, si une situation historique est complexe, si une mémoire est tourmentée, laissons aux citoyens le soin de se faire une opinion en fonction des informations. »


jlg.jpgHéritier de l'école des Annales, il fut l'auteur d'une oeuvre monumentale et très dense. Parmi ses plus récentes publications: "Le Moyen Age et l'Argent" (2010), "Le Moyen Age expliqué en images" (2013) ou encore, paru en janvier 2014, "Faut-il vraiment découper l'histoire en tranches?" aux éditions du Seuil. Son ouvrage le plus connu est consacré à Saint Louis (Gallimard, “ Bibliothèque des Histoires ”, 1996 »), une somme de 1000 pages. On note aussi  "Les intellectuels au Moyen Âge" (Seuil, 1957)," La civilisation de l'Occident médiéval" (Arthaud, 1964) etc. Il se situe dans la lignée des Marc Bloch, Lucien Febvre, Fernand Braudel, Georges Duby,  Maurice Lombard  et Jean Favier.


Jacques LE GOFF, un européen pour qui  « Il n’y aurait pas eu d’Europe sans les bibliothèques, sans la présence du savoir gréco-romain dans l’enseignement. Platon, Aristote, Cicéron, c’est bien le Moyen Âge qui les a fait connaître et qui les a installés dans la pensée européenne ! L’apport grec se résume, au plan politique, à la démocratie et, au plan du savoir, au goût de la science et à l’esprit critique. Tout cela, aujourd’hui encore, reste très européen. La plupart des autres civilisations sont restées imperméables à l’esprit critique. Dans l’apport romain, je retiens essentiellement le droit. Un apport que le Moyen Âge va considérablement enrichir. Au droit romain, il a ajouté le droit canonique et le droit coutumier, qu’il a couchés par écrit au XIIIe siècle.»


Jacques Le Goff rejoint Jean-François Mattéi au Panthéon des Européens illustres.

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samedi, 22 mars 2014

1914 : Caillaux, l’homme qui n’aimait pas la guerre

1914 : Caillaux, l’homme qui n’aimait pas la guerre

 

par Dominique Jamet
 
Ex: http://www.bvoltaire.fr
 
La France s’apprête à célébrer le centenaire du plus grand attentat-suicide de son histoire.

 

 

 

 

 

1313385-Joseph_Caillaux.jpgEn ce début 2014, la France s’apprête à célébrer le centenaire du plus grand attentat-suicide de son histoire, de l’immense, de la monstrueuse, de l’imbécile tuerie de masse qui marqua le début de son déclin et la fin de l’hégémonie européenne sur le monde. De pieux discours, des cérémonies devant les monuments aux morts, des défilés, des reconstitutions, des livres et des films commémoreront le sacrifice de notre jeunesse, l’héroïsme de nos poilus, la gloire de nos grands-pères, et l’on rendra l’hommage rituel, sinon aux « grands chefs » de nos armées qui n’ont plus tellement la cote, du moins aux deux principaux fauteurs français de l’hécatombe : Poincaré, qui présida à la déclaration de guerre, Clemenceau qui, avec une obstination sénile, la fit jusqu’au bout avec le sang des autres et concourut, avec le traité de Versailles, à mettre au point le détonateur de l’explosion à venir.

C’est à Sarajevo, comme on sait, que furent tirés par un nationaliste serbe les trois coups de feu qui donnèrent le signal du départ aux chevaux de l’Apocalypse qui piaffaient d’impatience dans leurs starting-blocks peints aux différentes couleurs nationales. Mais l’écho s’est perdu dans le tumulte des événements, des cinq coups de revolver qui, tirés par une femme au siège d’un grand quotidien parisien, préludèrent à l’hécatombe, et Le Figaro – puisque c’est de ce journal, toujours vivant, qu’il s’agit – a omis, ces jours derniers, d’évoquer et même de mentionner l’assassinat de son directeur d’alors, Gaston Calmette, par Mme Caillaux.

Lorsque l’épouse de Joseph Caillaux, qui est le tout-puissant ministre des Finances et l’homme fort du cabinet Doumergue, tire sur le journaliste, elle entend simplement – si l’on peut dire – mettre un terme à la campagne féroce que celui-ci mène depuis trois mois contre son mari, se substituer à l’époux outragé et éviter la publication – qu’elle redoute – de correspondances privées qui porteraient atteinte à sa propre réputation. Elle ne mesure en aucune manière (et pour cause) les conséquences incalculables de son acte.

Encouragé, informé et instrumentalisé par les trois personnalités politiques de premier plan que sont Raymond Poincaré, Louis Barthou et Aristide Briand, Le Figaro, en prenant pour cible Joseph Caillaux, n’a pas seulement entendu servir les ambitions et les rancunes personnelles de ses rivaux, mais voit dans le partisan de l’apaisement entre la France et l’Allemagne, adversaire résolu de la loi des trois ans et de la course aux armements et initiateur de l’impôt sur le revenu, l’homme à abattre.

Le coup semble raté lorsqu’aux élections législatives d’avril 1914, l’alliance du Parti radical (formation hégémonique présidée par Caillaux) et du Parti socialiste de Jean Jaurès (qui franchit pour la première fois la barre des cent députés) sort largement victorieuse du scrutin. Les conditions sont réunies pour la mise en place d’un gouvernement de coalition réunissant toute la gauche française et bien décidé à mettre en échec le parti de la revanche. Caillaux saura apaiser et même liquider tous les contentieux qui peuvent opposer les deux puissances qui dominent le continent, l’Allemagne de Guillaume II et notre pays.

Oui, mais… La plus élémentaire décence interdit au vainqueur des élections de prendre la direction du gouvernement tant que Mme Caillaux, incarcérée depuis le 16 mars, n’a pas été jugée. Caillaux va donc consacrer toute son énergie – qui est grande – et son influence – qui l’est plus encore – à préparer, voire à organiser, le procès et l’acquittement de sa femme. Ce sera chose faite… le 28 juillet 1914, cinq jours avant le déclenchement du conflit.

À cette date, c’est le pâle et novice René Viviani, choisi par Caillaux lui-même pour exercer l’intérim, qui, chef nominal d’un gouvernement dominé par Poincaré, accompagne le président de la République dans sa fatale visite d’État à Saint-Pétersbourg. Le président du Conseil n’a ni l’expérience, ni l’envergure, ni le caractère qui lui permettraient de tenir tête au chef de l’État, ardent partisan de la revanche et de tout ce qui s’ensuit. À sa place, c’est-à-dire à la place qui aurait dû être la sienne, Caillaux aurait su – comme il l’avait déjà fait en 1911, lors de la crise d’Agadir – claquer les portes du temple de Janus au bec des rossignols et des corbeaux du carnage. Caillaux n’aimait pas la guerre.

Le revolver de Mme Caillaux, s’il se fût enrayé, la face du monde était changée…

jeudi, 20 mars 2014

Worse Than the Black Death?

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Worse Than the Black Death?
The “Second Demographic Transition”

By Andrew Hamilton 

Ex: http://www.counter-currents.com

This article should be read in conjunction with my brief essay “On Family” [2] (2014).

In the 1300s, the Black Death (bubonic plague), possibly history’s greatest demographic catastrophe, killed between 30 to 60 percent of the earth’s white population within a few short years.[1] Today our people are facing an even greater calamity: extinction.

While some readers are doubtless familiar with the well-known demographic transition model (DTM) [3] formulated shortly after WWII, fewer have heard of second demographic transition (SDT) theory, originally advanced in 1986. Its central focus is permanent or structural sub-replacement fertility and the related phenomena—which it views as contributing to radical population decline—of family breakdown and associated ideologies and attitudes downplaying the importance of children, family, and marriage.

Because adherents of SDT view the current period—correctly, in my opinion—as a new demographic phenomenon, they refer to the older theory as the “first demographic transition” rather than the “demographic transition model.” Although there were temporary cases of below replacement fertility during the first transition, these invariably corresponded to exceptional circumstances, such as deep economic crises or war.

According to the co-founder of SDT theory, Dirk van de Kaa, emeritus Professor of Demography at the University of Amsterdam:

If now asked to define the essential difference between the first and second demographic transitions, I would simply say that while the first, the traditional demographic transition, was a long term consequence of the decline in mortality, the second transition should be interpreted as a consequence of fertility declining way below the levels long thought plausible. . . . [Over time,] the number of women of reproductive age will be comparatively small and the number of children born to them will, most likely, remain below replacement level. Three decades of fertility decline have already affected the age structure of most industrialized countries [N.B.—as of 2002: so, 1970–2002; in 2014 we have passed the four decade mark]. . . .

The two transitions appeared to be founded on different family models. . . . In fact, while during the first transition the family became a stronger institution, the weakening of that institution was considered to be characteristic of the second transition. (pp. 2–3, 6)

Clearly, the earlier model worked for us; the second has proved disastrous.

Here, and throughout the remainder of this essay, short-form references to “Van de Kaa” followed by specific page numbers are to Dirk J. van de Kaa, “The Idea of a Second Demographic Transition in Industrialized Countries [4].” Paper presented at the Sixth Welfare Policy Seminar of the National Institute of Population and Social Security, Tokyo, Japan (January 29, 2002), 34 pp.

Ron Lesthaeghe, The Second Demographic Transition Chart [5]A key feature of the SDT is the belief that population collapse has not been due solely to socioeconomic factors (i.e., purely materialist causes), but is equally the consequence of anti-natalist, anti-family, and feminist ideology (although proponents do not call them that, of course). Since 1960 the West has experienced later marriage, lower marriage rates, increased marital instability (more divorce, cohabitation, and single parenthood), massive decline in fertility, and miscegenation both inside and outside of marriage.

Of course, SDT proponents—well-heeled academics and globalist functionaries—are delighted that anti-family ideology and replacement migration have pushed the white race to the brink of extinction.

Nevertheless, the theory was developed in direct response to the sudden onset of sub-replacement fertility, which began among whites in the First World around 1965. White population collapse was not anticipated by the original demographic transition model, which predicted population stability (replacement fertility) and the persistence of Western marital and family patterns.

It is important to understand that second demographic transition analysis is not marginal.

The European Association for Population Studies, a group of academic demographers that has NGO Consultative Status with the Council of Europe, asserts that SDT [6] “has profoundly influenced research on family and fertility behavior. It can be argued that presently, it constitutes ‘the’ mainstream concept among population scholars dealing with demographic change in European societies.”

University of Oxford demographer David Coleman calls SDT “the most frequently used and cited model of demographic change in the Western world at the present time.”[2]

In 2004, Ron Lesthaeghe—emeritus Professor of Demography at the Free University of Brussels, the other Dutch-speaking (but in his case Belgian) co-founder of the theory—was ranked tenth [7] among the most influential demographers in the world from 1950–2000 by 637 of his professional colleagues.

Revolutionary Change

The speed with which white fertility plunged below replacement, and the precision with which its onset can be marked, is well-captured in a statement by Dirk van de Kaa:

The spectacular decline of period total fertility rates in Europe immediately after 1965 struck the region as unexpectedly as a bolt of lightning coming from a blue, clear sky. No one had predicted that sudden shift. In fact, the population projections of the time customarily assumed a continuation of the, in hindsight, unusually high [white] fertility levels of the early 1960s. That within a few years fertility would drop below replacement level had not been imagined. (p. 6)

In a footnote he added: “The Netherlands offers a good illustration in that regard. The projections with 1965 as the base year concluded that the total size of the population would increase rapidly. A growth from 12.38 to nearly 21 million by the year 2000 appeared likely. The observed figure on 1 January 2000 was 15.9 million.” (p. 6)

What he does not say is that the latter figure includes large numbers of imported non-whites, their offspring, and, by 2000, grandchildren, etc., not to mention part-white hybrids. 15.9 million was not the number of white Netherlanders. One must keep this distinction in mind whenever raw numbers are cited. Aggregate numbers must be associated with their corresponding dates to form a rough estimate of the size of white (or non-white, including racially mixed) population(s).

Across the white world, “the decade and a half between 1965 and 1980 were the most crucial. By 1990 only a few of the more traditional countries had not seen their fertility drop below replacement. . . A reversal of the steady downward trend has not been observed anywhere.” (p. 12)

Van de Kaa and Lesthaeghe introduced the idea of the second demographic transition in 1986 in “Twee Demografische Transities?” (“Two Demographic Transitions?”) in D. J. van de Kaa and R. Lesthaeghe, eds., Bevolking: Groei en Krimp (Population: Growth and Decline)(Deventer: Van Loghum Slaterus, 1986), pp. 9–24.

Recalling their conversations while formulating the SDT hypothesis, Van de Kaa said, “To our growing amazement and excitement we noted that in both countries [Belgium and Holland] almost every variable in the field of fertility and family formation had undergone very significant changes since the mid-1960s. It seemed as if a new transition had been taking place under our very eyes!” (p. 4)

Again emphasizing the revolutionary nature of the change, Van de Kaa comments upon “the spectacular shift in period fertility that has occurred in the industrialized societies in the thirty years from 1970 to 2000,” adding, “Its amazing simultaneity, first in the countries of Northern and Western Europe, slightly later in Southern Europe, and after the fall of the Berlin Wall in 1989 also in the former socialist countries, cannot possibly be accidental.” (pp. 10–11; emphasis added)

The Role of Ideology in Population Decline

A major factor contributing to fertility decline is attitudinal or ideological. Revolutionary ideological change was a major factor in the decline of marriage and family, the rise of divorce, the spread of birth control (including oral contraception and legalized abortion), widespread cohabitation in lieu of marriage, extramarital childbirth, and extensive miscegenation.

During the first demographic transition, social solidarity was central, as was the idea of the family. All religious and political institutions, from churches to Socialist, Liberal, and even Communist parties, remained committed to the organic Western family. (Lesthaeghe, pp. 3-4)

Here, and throughout the remainder of this essay, short-form references to “Lesthaeghe” followed by specific page numbers are to Ron Lesthaeghe, “Second Demographic Transition [8],” Basil Blackwell. This is a brief, 7-page encyclopedia-style introduction to the topic in Word format.

In the words of Van de Kaa, the new dispensation has been generated in part by radical changes in value systems, worldview (Weltanschauung), and the spirit of the age (Zeitgeist) that have radically transformed basic norms governing politics, work, religion, family, and sexual behavior.

It is a state of mind, whereby people question the validity of the metanarratives, the grand stories, underpinning the modern [i.e., white, pro-family] period. The belief in progress, in the value of working diligently, in the need to honour the elderly, in the nation state and its sovereignty, and so on and so forth, weakens or evaporates even. (p. 26)

Three cultural-ideological factors propelling population decline in the 1960s were the “contraceptive revolution,” the “sexual revolution with declining ages at first sexual intercourse,” and “the gender revolution questioning the sole breadwinner household model and the gender division of labor,” all leading to “an overhaul of the normative structure.” (Lesthaeghe, p. 3)

In truth, the second transition had a pronounced top-down, “revolution from above” ideological-cultural element, and was not simply a passive, out-of-the-blue, inexplicable upheaval, as SDT theory slyly implies.

The overall outcome of this with respect to fertility is postponement: mean ages at first parenthood rise, opportunities for childbearing are lost due to higher divorce, the share of childless women increases, and higher parity births (4+) become rare. The net result is structural and long term below replacement fertility. (Lesthaeghe, p. 3. Emphases added.)

The changes associated with reproductive collapse were accompanied by widespread “disengagement from civic, professional or community-oriented associations” (Lesthaeghe, p. 4). This is clearly what Robert Putnam [9], the author of Bowling Alone (2000), describes as a decline in social capital.

Marriage & Divorce

The 1950s and early 1960s are described as “the golden age of marriage” by both Van de Kaa (p. 15) and David Coleman in his Oxford lecture. Virtually everyone entered into marriage when society was still white and demographically replacing itself.

Contrariwise, a strong increase in divorce is characteristic of the second transition.

A crucial element from a demographic point of view is that man-woman relations are increasingly seen as a means of reciprocal emotional enrichment to which the birth of children may, or may not, be considered to be contributing. The relationships are expected to be based on love and mutual attraction, are entered into freely and come to an end once they are lastingly disrupted, whether they have the form of a stable union [unmarried cohabitation] or a marriage. (Van de Kaa, p. 7)

Though many men and women say they want two or more children when surveyed, that reality will be precluded for many by the harsh, disruptive consequences of separation or divorce, which are often emotionally draining and expensive.

A chart in Van de Kaa (Figure 5, p. 17, not reproduced here) shows the US as having the highest divorce rate of any country listed in 1999 (around 58%), though I recall reading elsewhere that Scandinavia’s divorce rates were as high as 70%. In Van de Kaa’s chart the Nordic countries ranged between 40–53% in 1999. Divorce rates in all nations leapt since 1980, the rates for which are also shown. Italy’s divorce rate was lowest at 10% in 1999.

Children in Marriage

Until recently, reproduction took place almost entirely within the family. “Historically, levels of illegitimate fertility [‘fertility outside of marriage’] in the West have been insignificant as (at least until the last few decades) the vast majority of reproduction has occurred within the context of marriage.” (Massimo Livi-Bacci, A Concise History of World Population, 4th ed., 2007, p. 240, n. 14. Emphasis added. Livi-Bacci is Professor of Demography at the University of Florence.)

Reproduction within marriage is no longer universal. Large numbers of children are now born out of wedlock.

Cohabitation

Since the 1970s, unmarried cohabitation has replaced marriage as the most frequent type of first union among whites. Cohabitation is also increasingly viewed as a socially acceptable alternative to marriage, and preferred by the widowed and the divorced as well.

According to Great Britain’s Office of National Statistics [10], as of 2012, cohabitation was the fastest growing “family type” in the UK.

Australia: Percentage of marriages preceded by cohabitation, 1975–2008 (Source: Australian Government: Australian Institute of Family Studies, 2014) [11]

Australia: Percentage of marriages preceded by cohabitation, 1975–2008 (Source: Australian Government: Australian Institute of Family Studies, 2014)

As seen in the accompanying chart, the figure for premarital cohabitation in Australia rises steadily from 16% in 1975 to 77.7% in 2008. The 1975 starting point (16%) is misleading in the context of our discussion, because in the preceding years cohabitation had already jumped sharply from low historical norms.

In such a regime, people behave as if their current romantic relationship will last forever, and genuinely hope it will, yet continue searching for another love perceived to be closer to the ideal. But new relationships turn out to be limited in duration as well. For example, a divorcee, age 34 (an anonymous woman described by her Israeli psychologist [12], a former president of the University of Haifa), who was still young enough to have two or three children, had engaged in four “long-term” consecutive romantic relationships, two of them in the form of marriage. Like many people, she continued to search for greater novelty and romantic excitement outside each relationship while she was in it, even if this was done more or less instinctively and unconsciously.

Thus, a strong increase in the dissolution of non-marital cohabiting unions is also characteristic of the second transition.

Births to Unmarried Women

The proportion of extra-marital births has risen sharply during the second transition.

Surveys show a sharp decline in the age at first sexual intercourse for both men and women. Men born in 1972–73 first experienced sex while younger than 18, and invariably at a lower age than men born in the period 1932–1941. Women born 1932–1941 were over 20, on average, when they had their first sexual encounter, while girls born in the early 1970s did so at an average age no higher than 16–17. (Van de Kaa, p. 18)

The proportion of out of wedlock births has surged. Again using Australia as an example, throughout most of the 20th century (the chart, note, goes back as far as 1901), only 4–6% of all babies were born outside of marriage. Abortion was illegal, and therefore unavailable as a means of birth control for pregnant women. As late as 1960 only 4.8% of babies were born out of wedlock. That proportion nearly doubled to 8.3% in 1970, and increased again to 12.4% by 1980. In 2000, 29.3% of all babies were born out of wedlock, and in 2008 34.4% (more than one-third).

Australia: Percentage of births outside marriage, 1901–2007 (Source: Australian Government: Australian Institute of Family Studies, October 2010) [13]

Australia: Percentage of births outside marriage, 1901–2007 (Source: Australian Government: Australian Institute of Family Studies, October 2010)

Of course, many children born within marriage will experience divorce and subsequent single-parent households, the remarriage or cohabitation of their biological parent(s) with other people, and the need to “blend” with any children or other on-scene relatives of their parents’ later partner(s). It is presumably all very confusing and emotionally unsettling.

Table 3 in Van de Kaa, p. 14 (not shown here), calculates the percentage of extra-marital births to all births in 29 advanced countries for the years 1965, 1980, and 1999 respectively. The lowest was 1.1% in Greece (1970), 4% by 1999. The highest was 13.8% in Sweden (1965), 55.3% (i.e., well over half of all births) by 1999. (Remember, 1999 is already 15 years ago, and everything is moving at tremendous speed.) Estonia was similar to Sweden, with 14.8% of all births extramarital in 1965, and 54% by 1999. Other countries fell between the two extremes, though Greece was an outlier on the low end.

According to one source, from 1960 to 2006 the percent of all births to unmarried women in the United States increased 626%. Although the total percentage of unmarried births to blacks was twice that to white women, actual percentage increases were largest among non-black populations: All races: 626% increase (1960–2006), blacks: 99% increase (1969–2006), whites: 1,291% increase (1960–2006). (“The Contraceptive Revolution and the Second Demographic Transition: An Economic Model of Sex, Fertility, and Marriage [14],” 2012, p. 3)

Replacement Migration

In the second transition, sub-replacement fertility is viewed as a permanent (structural, long-term) feature of white populations. It is linked to a multitude of living arrangements other than marriage, and a disconnect that occurs between marriage and procreation. Collapsing populations are offset by massive Third World immigration—the course chosen by anti-white elites. Note that immigration restrictions were struck down, and the importation of non-whites begun, before white populations started to collapse.

Yet Lesthaeghe invokes sub-replacement fertility as a justification for “replacement migration” (his term; Van de Kaa refers to mass immigration as “compensatory”). Replacement migration [15] is the program to replace existing white populations worldwide with Third World non-white populations through mass immigration. It has been going on for decades now, and the endgame is finally in sight for its proponents. Replacement migration, of course, is genocide, a crime against humanity.

A stable population corresponding to replacement fertility (just over two children on average) would mean “no ‘demographic’ need for sustained immigration.” But massive white population decline requires huge migration streams to “stabilize population sizes,” thereby leading to “the further growth of ‘multicultural societies’” and “integration of immigrants and other cultures” (Lesthaeghe, p. 1).

Author Edmund Connelly [16] has drawn my attention to the fact that Japan suffers many of the same fertility and population problems as the West, but has spared itself the insanity of mass immigration. There is no “demographic need” for replacement migration. It is a ruling class want, that is all.

Aging

SDT theory heavily emphasizes First World aging in what are now mixed race nations. The great majority of the elderly, of course, are white. By the late 1990s, life expectancy at birth had risen to 75 years for men and over 80 for women. (Van de Kaa, p. 19) But theorists seem eager to anticipate a future problem of the “oldest old”—people over 85. They dubiously project that medical advances and their ready availability to the elderly will extend lifespans indefinitely. (Adopting such a position, of course, also “justifies” increasing immigration even further.)

Real-world experience provides a far less abstract and sanguine view. It is hard even now to cajole or compel the system to respond to the needs of the elderly. Much sooner than you’d think, institutions become noticeably resistant to treating the aged as they would anybody else, often precipitating a cascade of further problems that result in a foreshortening rather than extension of life.

Furthermore, it is difficult not to believe that a Jewish and non-white—indeed, a virulently anti-white—social system will more and more withdraw medical care from and annul social insurance promises made to whites during their working years in prosperous times, particularly when the elderly are in no position to fight back.

Therefore, the lifespans of whites are likely to shorten rather than stay the same, much less lengthen, as time goes by. An expeditious but quiet removal of the aged through attrition from the population is just too easy a method to alleviate intractable fiscal burdens, and is consistent with prevailing ideological norms as well, as periodic outbursts of virulent racial hatred from the mass media of news and entertainment, and Jewish spokesmen such as Susan Sontag, Tim Wise, and Noel Ignatiev, make all too clear.

Adherents of the belief set characteristic of Communism, Zionism, and US-UN-EU-style “democracy” are not renowned for their humanitarianism.

Miscellaneous Elements

A number of other components of SDT can be dealt with very briefly.

The theory, like demography generally, treats human races as interchangeable. It examines only raw population statistics within officially demarcated political boundaries, usually nations. Of course, the truth is that races are not fungible. For example, white fertility is much lower than the fertility of colored populations imported into our homelands to replace us.

SDT, like the original demographic transition model, is universalist. Proponents view it as applicable to all races, populations, and nations on earth, when it might simply constitute a good description of what happened to white Europeans.

The authors provide a Maslovian theoretical underpinning to explain the anti-family ideologies that promote non-reproductive behavior. This is based upon an odd reading of Jewish psychologist Abraham Maslow’s well-known hierarchy of needs theory. Proponents of SDT view social atomization and the destruction of the family as fulfilling “higher-order” self-actualization needs of individuals at the pinnacle of Maslow’s pyramid.

Readers who desire more background on this aspect of the theory, which is important to its proponents but irrelevant to me, can listen to the portion of David Coleman’s lecture discussing it; he provides a very clear summary. They can also glance over the “Societal Background” section of Ron Lesthaeghe’s accompanying overview chart contrasting the FDT with the SDT.

Finally, the SDT correctly considers modern contraception and abortion as central to causing sub-replacement fertility. This topic, however, is too broad to deal with here, so I will try to address it in a future essay.

Conclusion

Whites today are confronted with a rapidly diminishing population many of whose members have never experienced intact families while young, much less lived in a white society. There is no precedent for such a development encompassing an entire global population.

In an interview with an anti-white academic who spent years studying “haters” (racially aware whites), the SPLC, a powerful Jewish hate group with strong ties to the media, academia, and secret police, expressed puzzlement over why a handful of whites, unlike the overwhelming majority of their fellows, oppose Jewish dominance, totalitarianism, white dispossession, and the cultural and biological genocide of their race and civilization. What, they asked, motivates such perverse beliefs?

One of the professor’s answers was that “haters” often come from broken homes. Indeed, it seems indisputable, based upon SDT analysis, that this must be the case—as it is true also for an expanding lumpen population of aracial, degraded whites, and affluent “anti-racists” who loyally serve the Jews and government. The truth is, almost no whites have escaped the harmful effects of the disintegration of the Western family over the past five decades (half a century). Everyone is stranded in new terrain. Most don’t even know what they’ve lost.

Any action, or plans for a free, progressive future following liberation, must take into account the catastrophic consequences of family destruction, and the evaporation of social capital that accompanied it.

Whites everywhere are perilously close to nonexistence as a group in any meaningful sense of the term. Our race’s gravest crisis is at hand.

Notes

1. Ole J. Benedictow, author of The Black Death, 13461353: The Complete History (2004), writes: [17] “Researchers generally used to agree that the Black Death swept away 20–30 per cent of Europe’s population. However, up to 1960 there were only a few studies of mortality among ordinary people, so the basis for this assessment was weak. From 1960, a great number of mortality studies from various parts of Europe were published. These have been collated and it is now clear that the earlier estimates of mortality need to be doubled. . . . A historical turning point, as well as a vast human tragedy, the Black Death of 1346–53 is unparalleled in human history.”

2. Coleman makes this statement in Lecture 3, “The ‘Second Demographic Transition:’ New Forms of Family” [18] (at approximately 34:38), one of a series of 11 hour-long lectures comprising his freshman-level Oxford University course, “Demographic Trends and Problems of the Modern World.” [19] All 11 talks can be viewed online through Oxford’s Open Academy program. Readers may be interested to learn that Oxford social science lectures closely resemble social science lectures at less exclusive universities.

Coleman, 67, is a member of the Galton Institute (formerly the Eugenics Society) and has written for its Newsletter (e.g., “Replacement Migration [20],” March 2001). He is an advisor to Migration Watch UK [21], which he helped found. Last year he told the Independent (UK) that white Britons will be a minority before 2070 [22]. Unsurprisingly, anti-white elites have attacked him as a “racist.” (E.g., “Watching David Coleman [23],” Guardian [UK], March 16, 2007.)

 

 


 

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

 

URL to article: http://www.counter-currents.com/2014/03/worse-than-the-black-death-the-second-demographic-transition/

 

URLs in this post:

[1] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/the-black-death-plaque.jpg

[2] “On Family”: http://www.counter-currents.com/2014/03/on-family/

[3] demographic transition model (DTM): http://www.counter-currents.com/2014/02/holes-in-the-demographic-transition-model/

[4] The Idea of a Second Demographic Transition in Industrialized Countries: http://websv.ipss.go.jp/webj-ad/WebJournal.files/population/2003_4/Kaa.pdf

[5] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/Ron-Lesthaeghe-The-Second-Demographic-Transition-Chart3.jpg

[6] asserts that SDT: http://www.eaps.nl/index.php?q=scientific-activities/working-groups/second-demographic-transition-europe-completed

[7] was ranked tenth: http://www.vub.ac.be/SOCO/Lesthaeghe.htm

[8] Second Demographic Transition: http://www.vub.ac.be/SOCO/ron/final_textSDTBasilBlackwellEncyclop.doc

[9] Robert Putnam: http://www.counter-currents.com/2013/10/a-wasp-jew-harvard-universitys-robert-d-putnam/

[10] According to Great Britain’s Office of National Statistics: http://www.ons.gov.uk/ons/rel/family-demography/families-and-households/2012/cohabitation-rpt.html

[11] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/Australia-Percentage-of-marriages-preceded-by-cohabitation-1975-2008.gif

[12] described by her Israeli psychologist: http://www.psychologytoday.com/blog/in-the-name-love/200810/is-serial-monogamy-worth-pursuing

[13] Image: http://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2014/03/Australia-Percentage-of-Births-Outside-Marriage-1901-20071.jpg

[14] The Contraceptive Revolution and the Second Demographic Transition: An Economic Model of Sex, Fertility, and Marriage: http://mysite.avemaria.edu/jburke/working-papers/WP1003-Burke-Pakaluk-Contraceptive-Revolution.pdf

[15] Replacement migration: http://www.counter-currents.com/2014/02/replacement-migration/

[16] Edmund Connelly: http://www.counter-currents.com/tag/edmund-connelly/

[17] writes:: http://www.historytoday.com/ole-j-benedictow/black-death-greatest-catastrophe-ever

[18] “The ‘Second Demographic Transition:’ New Forms of Family”: http://theopenacademy.com/content/lecture-3-second-demographic-transition-new-forms-family

[19] Demographic Trends and Problems of the Modern World.”: http://theopenacademy.com/content/demographic-trends-and-problems-modern-world

[20] Replacement Migration: http://www.galtoninstitute.org.uk/Newsletters/GINL0103/replacement_migration.htm

[21] Migration Watch UK: http://www.migrationwatchuk.org/

[22] white Britons will be a minority before 2070: http://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/white-britons-will-be-minority-before-2070-says-professor-8600262.html

[23] Watching David Coleman: http://www.theguardian.com/commentisfree/2007/mar/16/watchingdavidcoleman1

 

dimanche, 16 mars 2014

Die Artamanenbewegung als Beispiel alternativer Lebensgestaltung

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“Rückkehr – Die Artamanenbewegung als Beispiel alternativer Lebensgestaltung”

von Stephan Jurisch

Ex: http://www.hier-und-jetzt-magazin.de

Wer träumt nicht davon, wieder Herr auf eigener Scholle zu sein und anstelle eines „jobs“ in der Dienstleistungsgesellschaft seiner Berufung nach einem ehrlichen Handwerk nachzugehen? Auch das Bewußtsein, sich nicht nur gesund ernähren, sondern selbst ernähren zu wollen, aus eigener Ernte, steigt. Wenn auch noch unmerklich, so schwindet doch die Identifikation lebensbewußter Menschen mit dem entwertenden Begriff Verbraucher. Alle sind heute nur noch Verbraucher, Verbraucher zunehmend nebulös produzierter Erzeugnisse. Lebensmittel sind zum anonymen Verbrauchsgut anonymer Verbraucher verkommen, denn es ist schwer geworden zu beurteilen, was wir essen und woher es kommt. Die Unkontrollierbarkeit des globalen Warenverschleppungssystems wird immer Lebensmittelskandale provozieren, insofern sie überhaupt öffentlich werden. Für diejenigen, die dies als befremdend und als eine nicht unumstößliche Gegebenheit empfinden, ist der eigene Garten je nach Größe längst zu einer partiellen Alternative geworden. Wer dort nicht stehen bleiben will, lebt in Hofgemeinschaften in der Landwirtschaft. Dafür müssen diese Stätten aber ein Hort der Arbeit und nicht nur der gemeinsamen Freizeitgestaltung sein. Auf der Grundlage der gestaltgebenden und schöpferischen Kraft einer gemeinsamen Weltanschauung wären Gemeinschaften möglich, die es auch und gerade im Heute zu einer alternativen Lebensführung und Lebensform schaffen können, deren Leistungen über die eigene Versorgung mit Lebensmitteln hinausgehen. Es geht um den Gedanken der Siedlung.

 

Siedeln, das ist weniger Romantik als vielmehr harte Arbeit und Existenzkampf. Doch es ist Arbeit für die Gemeinschaft, die dieser und der eigenen Seele Freiheit verleihen. Vor allem aber ist es die Tat um einer Sache selbst wegen, der es heute – neben dem Geschwätz stets besser Wissender, neben dem wehleidigen Beklagen – der Armut an Luxusgütern mangelt. Mag sein, daß erst echte Armut wieder den Blick für die Selbstlosigkeit und die unmittelbare Notwendigkeit zu dieser freizumachen vermag. In den Notzeiten der Weimarer Republik finden wir das Beispiel der deutschen Jugendbewegung und hier genauer der Artamanenbewegung. Denn wenn es um Jugend, Landwirtschaft und Siedlung geht, können wir diese einmalige geschichtliche Erscheinung einer aus Idealismus arbeitenden Tatgemeinschaft nicht außer Acht lassen.

 

Die Abkehr vom Bürgertum

 

Die deutsche Jugendbewegung als geistig-kulturelle Erneuerungsbestrebung entwickelte sich maßgeblich im ersten Drittel des zwanzigsten Jahrhunderts und empfand sich als geistige Avantgarde der Gesellschaft. Ihre Mitstreiter sahen sich als einen Teil einer Bewegung und fanden in ihr eine tiefere und weitergehende Bindung als wir sie in heutigen Jugendorganisationen – oder besser gesagt Zusammenrottungen – antreffen. Naturerleben in ausgedehnten Fahrten abseits städtischen Lärms und moderner Zivilisation, Brauchtumspflege und starke Belebung von Volkstanz, -lied und Laienspiel standen in der Erlebniswelt der Jugendbewegten im Vordergrund, die sich gesellschaftskritisch als Jugendgemeinschaft konträr der Massengesellschaft der Erwachsenenwelt verstanden. Die in einer Vielzahl entstandenen Bünde gaben ihnen neue Bindungen, eine neue soziale Heimat außerhalb der Familie. Der Jugendbund war der selbstgeschaffene Ort der Gemeinschaft und Verbundenheit und unterschied sich strukturell völlig von den Gebundenheiten der bürgerlichen Gesellschaft. Um ihrer Haltung gerecht zu werden und zu bezeugen, daß ihre Vorstellungen auch Gestaltungskraft besaßen, genügte sich die Jugendbewegung nicht mit einer Protesthaltung und mahnenden Zeigefingern. Aus dem Strom der sich vom Bürgertum Abgewandten sollten Schaffende werden. Die Durchführung von Bildungs- und Arbeitslagern, die Gründung eigener Landheime und schließlich eigener Siedlungen charakterisierte das nach innen gerichtete soziale Anliegen der Bünde. Erste Siedlungsunternehmungen, die aus der Ideenwelt der Jugendbewegung heraus geboren waren, sind schon mit der Jahrhundertwende zum zwanzigsten Jahrhundert mit der „Vegetarischen Obstbaukolonie Eden“ in Oranienburg oder der Siedlung Klingenberg zu benennen.

 

Die Republik der Nachkriegszeit des ersten Weltkrieges verstrickte sich in außen- und innenpolitische Verwirrungen, die Bürgerkrieg, brennende Grenzen, anhaltende Inflation und Hunger hervorbrachte. Das Rettende in der alle Lebensbereiche umflutenden Gefahr aber wuchs im Gedanken der Siedlung, dessen Umsetzung in die Tat eine große Anziehungskraft in der Jugendbewegung zu entfalten vermochte. Ein mannigfaches Bild von Einrichtungen, Stätten, Siedlungen, Höfen und Klausen schaffte sich Raum aus diesem Gedanken, dem es zum Bestehen in der wirtschaftlichen Krisenzeit der Weimarer Republik jedoch noch an der gestalt- und richtungsweisenden Form einer Siedlungsbewegung mangelte. Die Isolierung von der Gesellschaft und vor allem die Isolierung untereinander führten bald schon zum Scheitern des Großteils der vorwiegend allein romantisch-idealisierten Unternehmungen.

 

Die Artamanenbewegung

 

Der im Dezember 1915 entstandene Greifenbund und spätere Jungdeutsche Bund hatte sich bereits die Sammlung Siedlungswilliger aus der Jugendbewegung auf die Fahne geschrieben. Dünn besiedelte Gebiete in Ostdeutschland zu beleben und in diesem Zuge die polnischen Erntehelfer zu verdrängen, sollten die Aufgaben des Bundes sein, der jedoch nach nur kurzem Bestand zerfiel, nachdem dessen Führer Ottger Gräf 1918 gefallen war. Die Zielsetzungen aber überdauerten und fanden sich 1923/24 in zwei Aufrufen zur Bildung von Artamanenschaften wieder, für die sich vor allem Bruno Tanzmann, Wilhelm Kotzde und Dr. Willibald Hentschel verantwortlich zeichneten und die heute als das Gründungsmoment der Artamanenbewegung gelten.

 

Bruno Tanzmann und die völkische Bewegung in Dresden

 

Ein besonderes Augenmerk soll an dieser Stelle Bruno Tanzmann gelten, ohne dabei seine geschichtliche Rolle überbetonen oder den Rang der anderen Gründungsväter der Artamanen schmälern zu wollen. Interessant sind nicht nur seine vielseitigen Verbindungen, sondern vor allem wird anschaulich, welche Impulse für die völkische Bewegung dereinst von Dresden ausgingen.

 

Nicht nur die theoretische Konzeption und Publikation allein, auch die konkrete Umsetzung der Artamanen-Idee kam dem in der Gartenstadt Hellerau eifrig schaffenden Bruno Tanzmann zu. Der im November 1878 bei Zittau geborene Tanzmann ist gelernter Landwirt. 1910 zieht es ihn in die ein Jahr zuvor von Lebensreformern gegründete Gartenstadtsiedlung Hellerau von wo aus er zunächst einen völkischen Lesering und die Wanderschriften-Zentrale gründet, die völkischen Jugendbewegten zugedacht war. Seine vorwiegend publizistische Arbeit führt ihn bald mit Ernst Emanuel Krauss alias Georg Stammler zusammen. Der Buchhändler und Schriftsteller siedelte ebenfalls in Hellerau. Wesentlich beeinflußt wurde Tanzmann von dem völkischen Literaturhistoriker Adolf Bartels aus Weimar.
Zu Tanzmanns Bekanntenkreis zählten ferner der Mühlhäuser Verleger Erich Röth, Kurt Gerlach, Heinrich Pudor als auch der Dresdner Expressionist und Autor des allseits bekannten Romans „Widukind“ Heinar Schilling. 1917 erscheint Tanzmanns „Denkschrift zur Begründung einer deutschen Volkshochschule“. Durch diese bedeutende Proklamation der völkischen Bildungsbewegung, die in seiner Wanderschriften-Zentrale erschien, gilt er bis heute als Vorkämpfer der Volkshochschul- und vor allem Bauern-Volkshochschulbewegung, aus welcher letztlich sechs Bauernhochschulen in Deutschland hervorgingen, die für völkische Jugendbewegte politisch und kulturell eine essentielle Prägung zu entwickeln vermochten. Schließlich erscheinen auch die Aufrufe zur Bildung von Artamanenschaften in der von ihm verlegten Zeitschrift „Deutsche Bauernhochschule – Zeitschrift für das geistige Bauerntum und die Volkshochschulbewegung“.

 

Im November 1923 veröffentlichte Willibald Hentschel den Aufruf „Was soll nun aus uns werden?“ Und so, wie ihn Hentschel formulierte, stand der Satz fragend vor den Gesichtern der Jugendbünde. So, als hätte diese Frage noch nicht den Raum im Bewußtsein der Agrarromantiker und ausgesprochenen Feinde des von Menschenhand geschaffenen Stadtmolochs eingenommen, den sie zur Überwindung der vorherrschenden Kritikhaltung gegenüber Wirtschaft und Gesellschaft hin zur eigenen Tat benötigte. Hentschels Antwort war der Aufruf an die „ehrliebende Jugend“. Er erteilte dem politischen Hader und den Barrikadenkämpfen seiner Zeit eine klare Absage und forderte die Jugend statt dessen zur Bildung von freiwilligen Werkgemeinschaften, zum Aufbau von Artamanengruppen auf: „Es kommt heute wahrlich nicht mehr auf kleines politisches Gezänk an und auf Soldatenspielerei – mögen es die anderen unter sich und gegen uns fortsetzen! – und mögen sie sehen, wie weit sie damit kommen – wir haben anderes zu tun. Es geht jetzt auch nicht mehr um Reparationskosten und ähnliche Bagatellen. (…) Es geht um Sein oder Nichtsein, nicht um Sanktionen, sondern um die endliche Heiligung des Lebens. Abermals soll ein Heer aufgestellt werden, aber nicht gegen Frankreich oder England, sondern gegen die Hölle die uns bedroht: Raff- und Genußgier, Mammonismus und geheimes Behagen.“ Auf den riesigen Gütern des Ostens wurden in zunehmendem Ausmaß polnische Schnitterkolonnen beschäftigt, die in der Folge mehr und mehr in der Lage waren, ganze Siedlungen für Deutschland strittig und zum Gegenstand polnischer Expansionsgelüste zu machen. Auf den Gütern der preußischen Ostprovinzen, den „Einfallstoren der Fremden“, wie Hentschel sie nannte, sollten alle laufenden landwirtschaftlichen und technischen Arbeiten, die auch noch so schlecht bezahlt wurden, fortan von Artamanen übernommen werden.

 

Selbiger Gedanken beseelt, warb Tanzmann zusammen mit Wilhelm Kotzde, dem Bundesführer der „Adler und Falken“, in einem erneuten Aufruf, gerichtet an „die gesamte völkische Jugendbewegung“, für die Artamanen-Idee. Der bereits offene Türen aufstoßende Appell hieß den sich aus den Jugend- und Wehrbünden meldenden Artamanen, eine Bewegung zu schaffen. Eine Bewegung, die aus gereiften Thesen- und Theoriepapieren unter dem drängenden Zwang der Notwendigkeiten nun mit praktischen Lösungen in die rauhe Wirklichkeit der Weimarer Verhältnisse trat. In Dresden, einem dazumal bedeutsamen Zentrum völkischer Avantgardisten und einer Heimstätte des sittlich-kulturellen Aufschwungs des Bauerntums, gingen, von Bruno Tanzmanns Verlag in Hellerau aus organisiert, die ersten Artamanenschaften zur Tat über. Nicht wenige von ihnen kamen aus den ehemaligen Grenzschutzformationen und Freikorps, die sich aus den Wirren des deutschen Nachkriegs erhoben hatten und im März 1920 unter dem Druck der Reichsregierung offiziell aufgelöst und bis 1923 endgültig entwaffnet werden mußten. Es kamen Tatmenschen, Freiwillige. Über 30.000 Artamanen soll es im Laufe des Bestehens der Bewegung gegeben haben. Die Lebensform der Artamanenbewegung wurde im Wesentlichen von den Angehörigen der Jugendbewegung bestimmt, die den Befehl ihres Gewissens vor jegliches militärische Kommando stellten. Die Verschiedenheit und Vielzahl der Bünde, aus denen sich die Artamanen zusammensetzten, schuf mit der Artamanenbewegung einen überbündischen Bund. Die Artamanen, die Hüter der Scholle, setzten sich zum Ziel: die Zurückdrängung der polnischen Wanderarbeiter und das Ausfüllen der leeren Räume der Grenzprovinzen, die Einleitung der notwendigen Umschaltung der Menschenmassen der Stadt aufs Land, Hebung der Nahrungsmittelproduktion und schließlich die Einleitung einer Siedlungsbewegung, die Schaffung eines Grenzlandbauerntums mit Hilfe besitzlosen süd- und westdeutschen Bauerntums.

 

Die Artamanenschaften und ihr Aufbauwerk im Osten

 

Vielgestaltig war auch die Herkunft der Artamanen, denn unter ihnen waren Jungbauern, Arbeiter, Angestellte und Studenten bis hin zu Adelssöhnen zu finden. Ein zu damaliger Zeit neues Lebensgefühl der Überwindung von Klassenschranken entstand. Fast die Hälfte hatte einen kaufmännischen Beruf erlernt und nur jeder Fünfte war gelernter Landwirt oder Ingenieur. Die „Ferienartamanen“, also Studenten und Oberschüler, arbeiteten dem Namen nach ausschließlich während ihrer Ferienzeit und waren die einzigen Artamanen ohne eine abgeschlossene Berufsausbildung. In einer Ausgabe der Leipziger Neuesten Nachrichten vom Juli 1926 heißt es: „Unter den Artamanen finden sich Menschen im Alter von 18 bis 26 Jahren aus allen Volksschichten und Berufen. Vorwiegend sind heute – der wirtschaftlichen Lage entsprechend – Studenten, Junglehrer und Handwerker und nicht zuletzt Bauernsöhne vertreten.“ Die meisten Artamanen stammten aus der Stadt. In den einzelnen Gruppen bestand darum ein ziemlich hoher Bedarf an Artamanen mit landwirtschaftlichen Vorkenntnissen. Sie kamen aus nahezu dem gesamten deutschen Sprachraum, arbeiteten ihrer Ausrichtung nach aber verstärkt in den preußischen Provinzen, deren Güter zuvor von vielen polnischen Saisonarbeitern bewirtschaftet wurden.

 

„Junge, gut veranlagte Menschen fallen der Irreführung und Verhetzung gewisser Kreise zum Opfer. In den Jahren, die zur Berufsausbildung dienen müssen, arbeiten sie im Sommerhalbjahr bei den Großgrundbesitzern und fallen im Winterhalbjahr der Verelendung anheim“, verlästerten 1926 die Sozialdemokraten, nicht ohne Neid, jedoch mit unhaltbaren Vorwürfen, den Idealismus der Jugend, den sie offenbar nicht im Stande waren zu begreifen. Aus der Not, der von der SPD wesentlich mitzuverantwortenden Jugendarbeitslosigkeit in der Weimarer Republik, machten die Artamanen eine Tugend, nämlich nicht zuletzt die, ihren Landsleuten zu verdeutlichen, daß es unwürdig und bedenklich ist, eine notwendige, aber schwere und geringgeachtete Arbeit lieber „Gastarbeitern“ zu überlassen.

 

Ebenso wichtig waren den Artamanen das Gemeinschaftsleben und ihr kultureller Auftrag. Nach Tanzmann bildet „jede Schar eine geschlossene Gemeinschaft und stellt sich in den Dienst des ganzen Volkes. Dadurch hat die Schar die Freiheit, ihr eigenes geistiges Leben zu führen. In ihrer Freizeit kann sie der Verstädterung des Landlebens durch Volkslied, Volkstanz, Laienspiel, Leseabende, Kleidung und gute Sitte entgegenarbeiten und sich selbst ein stolzes Erobererglück verschaffen.“ Die Volksgutpflege, die die kulturelle Eigenständigkeit des ländlichen Raumes zu stärken und zu erhalten suchte, ging mit dem Gemeinschaftsleben der Artamanen einher, denn das bäuerliche Kulturgut wirkt stärker gemeinschafts- und bewußtseinsbildend als beispielsweise die Tanz- und Musikkultur von heute.
Von Seiten des Staates erhielten die Artamanen keine Unterstützung oder Zuwendungen. Finanzielle Hilfe, insbesondere für die landwirtschaftlichen Schulungen des Bundes, brachte die 1926 gegründete Gesellschaft der Freunde der Artamanenbewegung e. V. mittels Spendengeldern. Die Schulungen fanden vorrangig im Winterhalbjahr statt, wo die Artamanen Landwirtschaftsschulen besuchten und auf Universitätsgütern eine Spezialausbildung in Ackerbau und Pflanzenzucht, Tierzucht und Landarbeitslehre absolvierten. Zwischen 1924 und 1929 entstanden insgesamt über 700 Artamanenschaften mit mehr als 6.000 Artamanen, die in der Landarbeit auf einem Gebiet verteilt schafften, das weitaus größer war als die Republik, die heute auf deutschem Boden existiert. Ihre Haupteinsatzgebiete lagen in Ostpreußen, Brandenburg, Provinz und Freistaat Sachsen und in Mecklenburg. 1928 trennte sich der zwei Jahre zuvor eingetragene Verein Bund Artam von seinen Gründungsvätern Tanzmann und Kotzde wegen Meinungsverschiedenheiten und der als zu stark empfundenen versuchten Einflußnahme auf die Geschicke des Bundes.

 

Spaltung und Auflösung

 

Der Entvölkerung der östlichen Landstriche konnte mit zeitlich begrenzter Landarbeit allein freilich kein Einhalt geboten werden. Als mit der Gründung des Bund Artam der Siedlungsgedanke deutlicher in den Vordergrund treten sollte, bildeten sich in dieser Frage auch zwei Meinungen heraus, die den Bund letztendlich zur Spaltung führten. Die Bundesführung hielt es für geboten, den Bund weiter auszubauen und einen Arbeitsdienst als breite Organisation zu schaffen. Zahlreiche Artamführer aus den Einsatzgebieten sahen mit der Vermassung und Breitenöffnung des Bundes aber eine Verflachung der Artam-Idee kommen. Es sollten hingegen Gemeinschaftssiedlungen geschaffen werden, nach dem Konzept, daß überschuldete Güter zu recht günstigen Preisen vom Bund aufgekauft und nach dem gemeinsamen Aufbau an Siedlungswillige übergeben werden konnten. Als Folge der Weltwirtschaftskrise 1929 und dem damit einhergehenden Fall der Preise für landwirtschaftliche Produkte, mußte der Bund Artam 1931 den Konkurs anmelden. Es gründeten sich neu Die Artamanen – Bündische Gemeinden für Landarbeit und Siedlung und als selbständiger Bund in Mecklenburg der Bund der Artamanen. 1934 wurde nach über einjähriger Verhandlungszeit mit der HJ letzterer in den Landdienst der HJ eingegliedert. Die Bündischen Gemeinden für Landarbeit und Siedlung verdoppelten bis zum Frühjahr 1931 die Mitgliederzahl des vormaligen Bund Artam. Ende 1933 erfolgte die Rückbenennung in Bund Artam. Die Artamanen schufen sich mit dem Kauf eines alten Lehngutes das Bundesgut Koritten mit 150 ha, welches nach fünf Jahren vollends ausgebaut und mit stetig steigenden Erträgen bewirtschaftet werden konnte. Mehre hundert Artamanen wurden auf diesem Gut zu Landwirten und Siedlern ausgebildet. Bis 1935 entstanden annähernd 50 Gemeinschaftssiedlungen und über 100 Einzelbauernstellen. Weitere 50 Artamanen heirateten sich in bestehende Höfe oder Güter ein. Schließlich beugte sich auch der Bund Artam der politischen Vereinheitlichung und löste sich 1935 auf Anraten des Reichsnährstandes auf. Die Artamanen gingen teilweise im Landdienst als Gebietsreferenten oder Landdienstführer, im Reichsarbeitsdienst oder in anderen Berufen auf.

 

Und heute?

 

Die einstigen Haupteinsatzgebiete in den preußischen Provinzen sind unter Fremdherrschaft gestellt, die Deutschen überwiegend vertrieben. Auf dem Gebiet der ehemaligen DDR wird noch heute die intensive Großraumlandwirtschaft betrieben, wobei nun auch im Westen die Tendenz zu Großbetrieben steigt. Landwirtschaft hat mit Bauerntum immer weniger gemein. Weltmarktpreise, Gewinnmaximierung, Ertragssteigerung, kurzum das reine Profitdenken wandelt Pflanzen und Tiere zu starrem Gold und Bauernhöfe zu Fabriken. Landtechnik-, Düngemittel- und Saatgutindustrie bejubeln in schillernden Umsatzstatistiken ihre Innovationen und heften sich gern das Verdienst des Wachstums der landwirtschaftlichen Betriebe mit intensiver Großraumlandwirtschaft an die Brust. Von Fortschritt ist die Rede, von Produktivität und Rentabilität, von weltweiter Konkurrenz und vor allem von den Milliarden Mäulern, die in den kommenden Jahrzehnten von den Industrienationen gestopft werden sollen. Der Markt der Biokraftstoffe greift mit finanzstarken Händen nach Anbauflächen für die nachwachsenden Rohstoffe. Bald schon wird es an Flächen für den Anbau von Nahrungsmitteln mangeln. Von der Resignation und der bitteren Aufgabe von Familienbetrieben, ja vom stetigen Sterben der Kleinbauern wird lediglich im Zusammenhang des anhaltenden Strukturwandels als notwendigem Umstand gesprochen. Jährlich gehen in Deutschland über 10.000 landwirtschaftliche Betriebe mit einer Nutzfläche von unter tausend Hektar an dem Prozeß des Wachsens oder Weichens zugrunde. Immer weniger Betriebe bewirtschaften immer größere Flächen.

 

Mehr als dreiviertel der landwirtschaftlichen Nutzfläche in Deutschland werden von Haupterwerbsbetrieben bewirtschaftet. Dennoch wird gut die Hälfte aller landwirtschaftlichen Betriebe im Nebenerwerb geführt, wo also die Haupteinkommensquelle außerhalb der Landwirtschaft liegt. In strukturschwachen und für die intensive Großraumlandwirtschaft ungünstigen Gebieten und Mittelgebirgslagen tragen diese Betriebe im Wesentlichen zur Pflege und Erhaltung der Kulturlandschaft bei. Sie halten die Landbewirtschaftung aufrecht und sichern die natürlichen Lebensgrundlagen.

 

Nebenerwerbsbetriebe erhalten wie Haupt­erwerbsbetriebe ebenfalls finanzielle Zuschüsse und Prämien, die hier aber nur genannt werden sollen. Maßgeblich sind die Betriebsprämien aus EU-Direktzahlungen. Hinzu kommen Beihilfen für verschiedene Pflanzen sowie eine vom Bundeshaushalt finanzierte Agrardieselvergütung. In strukturschwachen Regionen gibt es eine sogenannte Ausgleichszulage. Umweltgerechte Produktionsweisen werden durch länderspezifische Programme besonders gefördert. Bei den Erträgen der landwirtschaftlichen Betriebe stellen diese Zahlungen einen bedeutenden Anteil dar. Wer sich also für den Schritt zu einer bäuerlichen Siedlung entschließt, sollte dies im Rahmen eines Nebenerwerbs verwirklichen, der von vornherein kein finanzielles Desaster bedeutet, wie gemeinhin vielleicht angenommen wird.

 

Die notwendigen Fertigkeiten können in landwirtschaftlichen Lehranstalten, Fach- und Bildungszentren, in Form von Praktika auf Betrieben oder gar durch eine Ausbildung oder ein Studium erworben werden. Das Vorbild der Artamanen zeigt unter anderem aber auch, daß es möglich ist, sich diesbezüglich auf eigene Beine zu stellen und einen Austausch mit bestehenden Siedlungen zu ermöglichen.

 

Viele Bauernhöfe in Mitteldeutschland stehen längst zum Verkauf. Nicht wenige Kleinbetriebe finden innerhalb der Familie keinen Nachfolger. Abwanderung und Geburtenschwund haben dem Land zwischen Erzgebirge und Ostsee bereits das Schicksal der Entvölkerung aufgedrückt. Doch halten wir uns vor Augen, daß die scheinbare Perspektivlosigkeit und Resignation keine Gegebenheiten höherer Gewalten sind. Allein, wir brauchen ein Bewußtsein, andere Verhältnisse aus eigener Kraft schaffen zu können. Sehen wir es einmal von der anderen Seite: die Abwanderung hat Raum geschaffen! Mit einem ersten Schritt, den viele schon getan haben, gilt es zu beginnen. Doch dieser erste Schritt liegt nicht in der großen Politik, in Straßensprüchen und öffentlichen Wehklagen, in Bittstellungen nach besseren Zeiten! Er liegt in unumstößlich kleinen Gemeinschaften der bäuerlichen Siedlung in Mitteldeutschland.

 

Freilich bedeutet das nicht, sich von politischen Fragen loszusagen und in einem Einsiedlerdasein zu verkriechen. Es sind nicht die Schlechtesten, die sich gegen die befremdende Zivilisation wehren und trotzig und voller Zuversicht an ihrem Traum werken, wieder eigener Herr auf eigener Scholle zu sein. Vergeblich wird es nur sein, wenn es weiterhin an einer Bewegung mangelt, die das Ganze stärkt und formt.

samedi, 15 mars 2014

Gabriele D’Annunzio y los orígenes del fascismo

GABRIELE D'ANNUNZIO

 

por Adriano Erriguel

Hoy es difícil admitirlo, pero en sus inicios el fascismo italiano no hacía presagiar el rumbo funesto que terminaría tomando para la historia de Europa.

Surgido del caos como una oleada de juventud, el fascismo pertenecía a una época revolucionaria en la que, ante los viejos problemas, se vislumbraban nuevas soluciones. En su momento fundacional el fascismo italiano se presentaba como una actitud más que como una ideología, como una estética más que como una doctrina, como una ética más que como un dogma. Y fue el poeta, soldado y condottiero Gabriele D´Annunzio quien esbozó, de la manera más rotunda, ese fascismo posible que nunca pudo ser, y que terminó dando paso a un fascismo real que malogró sus promesas iniciales para embridarse, de la forma más obtusa, hacia el abismo.

Poeta laureado y héroe de guerra, exhibicionista y demagogo, megalómano e histrión, nacionalista y cosmopolita, místico y amoral, asceta y hedonista, drogadicto y erotómano, revolucionario y reaccionario, talento del eclecticismo, del reciclaje y del pastiche, genio precursor de la puesta en escena y de las relaciones públicas: D´Annunzio fue un postmoderno avant la lettre cuyas obsesiones se nos antojan asombrosamente contemporáneas. El incendio que contribuyó a provocar tardaría en extinguirse, pero después nada volvería a ser lo mismo. ¿Por qué rememorar, hoy en día, a este maldito?
Tal vez porque en una atmósfera monocorde de corrección política, de transgresiones amaestradas y de pensamiento desnatado figuras como la suya funcionan como contramodelo, y nos recuerdan que, después de todo, la imaginación, sí, puede llegar al poder.

Años incendiarios

Hubo una época de vitalidad incontenible que, sobrecargada de tensiones e ideas de alto voltaje, precisó de una guerra mundial para ventilar sus contradicciones. Los pocos años que median entre 1900 y 1914 conocieron un extraordinario incendio en el arte y en la literatura, en el pensamiento y en la ideología, que pronto se propagó a todo el mundo. Uno de los epicentros de ese incendio fue Italia – más en concreto el eje entre Florencia y Milán –, lugar donde prendió “el sueño de un futuro radiante que surgiría tras haber purificado el pasado y el presente por el hierro y por el fuego”.(1)

Esta piromanía artístico-literaria se alimentaba, en sus estratos más profundos, de una revolución filosófica y cultural cuidadosamente incubada durante la segunda mitad del siglo XIX: un vendaval ideológico que arremetía contra el positivismo racionalista de la triunfante civilización burguesa. Frente a la tabulación de la existencia por la economía y por la razón este nuevo vitalismo reivindicaba el poder de lo irracional, del instinto y del subconsciente, y frente al optimismo liberal en un mundo pacificado por el progreso oponía una concepción trágica y heroica de la existencia. En este clima intelectual surgió una apuesta que, por su radicalidad, bien podría calificarse de nuevo mito. Un mito destinado a cortar la historia en dos mitades.

El ensayista italiano Giorgio Locchi dio hace tres décadas el nombre de “suprahumanismo” a una corriente de ideas que encontró su formulación más acabada en la obra de Friedrich Nietzsche – en un plano filosófico –, y en la obra de Richard Wagner – en un plano artístico y mitopoético –. En su esencia, según Locchi, el suprahumanismo consistía en “una conciencia históricamente nueva, la conciencia del fatídico advenimiento del nihilismo, esto es – para decirlo con una terminología más moderna –, de la inminencia del fin de la historia”.(2)

Esencialmente antiigualitarista, el suprahumanismo se situaba frente a las corrientes ideológicas que configuraron dos milenios de historia: el “cristianismo en cuanto proyecto mundano, la democracia, el liberalismo, el socialismo: corrientes todas que pertenecían al campo igualitarista”. La aspiración profunda del suprahumanismo – que para Locchi no era sino la emergencia del inconsciente precristiano europeo al ámbito de la consciencia – consistía en proceder a una refundación de la historia, a través del advenimiento de un hombre nuevo. Con un método de acción: el nihilismo como única vía de salida del nihilismo, un nihilismo positivo que bebía la copa hasta las heces y que hacía tabla rasa para construir, sobre las ruinas y con las ruinas, el nuevo mundo.

Más que una corriente organizada el suprahumanismo se configuró como un clima intelectual europeo que impregnó, en grados diversos, el pensamiento, la literatura y el arte de comienzos del siglo XX, con Francia como laboratorio ideológico y con Italia como teatro de todos los experimentos. En la ebullición italiana de aquellos años se agitaban sindicalistas revolucionarios, vanguardistas, anarquistas, y nacionalistas, y todos llevaban, en grados diversos, la impronta suprahumanista. Pero el protagonista indiscutible entre todos los aspirantes a incendiarios era el movimiento futurista.

El futurismo fue la primera vanguardia auténticamente global, no sólo en el sentido geográfico sino en cuanto vehiculaba una aspiración a la totalidad.(3) Lejos de limitarse a ser una propuesta artística el futurismo se extendía al pensamiento, a la literatura, a la música, al cine, al urbanismo, a la arquitectura, al diseño, a la moda, a la publicidad, a la política. El futurismo portaba “la euforia por el mundo de la técnica, de las máquinas y de la velocidad” y empleaba “un nuevo lenguaje sintético, metálico, sincopado”. No desdeñaba “la apología de la violencia y de la guerra, exaltaba la raza entendida como estirpe – no como racismo vulgar – y sobre todo como promesa de una suprahumanidad futura”(4). Sus enemigos eran la burguesía, el romanticismo la tradición, el clero, las familias, todo lo viejo, en suma. El futurismo era la vanguardia por excelencia, la teorización radical de una voluntad pirómana. Algo que parecía estar, en principio, en las antípodas de D´Annunzio.

En el momento de apogeo de las vanguardias y del estallido de la primera guerra mundial Gabriele D´Annunzio – celebrado en toda Italia como Il Vate – era el escritor más famoso de la península, para muchos su principal poeta después de Dante. Pero para los futuristas su estilo – abundante en manierismos modernistas, decadentistas y simbolistas, en florilegios y en retórica ochocentista – podía ser considerado por derecho propio como el lenguaje de ese mausoleo al que ellos querían prender fuego.

Pero entre los futuristas y D´Annunzio se trataba más bien de amor y odio. En la estela de Byron, Il Vate pensaba que un poeta podía ser también un héroe. Al estallar la guerra mundial, y haciendo gala de la versatilidad que ya había mostrado en su carrera literaria, se tornó de poeta decadente en poeta combatiente. Y se invistió de una nueva misión, la de ejemplarizar el ideal suprahumanista y su aspiración máxima: la superación del mundo burgués y la llegada de un “hombre nuevo” que encarnase una nueva ética de la acción. El estilo es el hombre. Pocas figuras tan dispuestas como la suya para simbolizar los nuevos tiempos.

Florilegios para una masacre

La muerte está aquí…tan hermosa como la vida, embriagadora, llena de promesas, transfiguradora.
GABRIELE D´ANNUNZIO

Hoy es difícil comprender la pulsión suicida de una civilización que, en la cúspide de su poder, organizó su propio holocausto. El estallido de la primera guerra mundial fue celebrado como derroche de vitalidad, como catarsis y como regeneración moral. El entusiasmo belicista no conocía fronteras de ideología o de clase, y los artistas e intelectuales de toda Europa se aprestaron a convertirse en la voz de la nación. Ninguna otra voz cantó a la guerra con tanto arrebato como la de D´Annunzio. Ninguna otra oratoria preparó a tantos compatriotas, por la gloria y seducción de las palabras, para matar y morir. Ningún otro apóstol de la guerra se mostró tan ávido de asumir, en su propia carne, los efectos de lo que predicaba.

Cuando Italia anunció su entrada en guerra Il Vate se encontraba en la cúspide de su gloria. Celebrado en toda Europa, rodeado de lujos y cubierto de mujeres, todo le invitaba a contemplar la guerra desde una cómoda distancia. Pero con 52 años se alistó en los Lanceros de Novara, unidad con la que llegaría a participar en decenas de acciones. El ejército, consciente del potencial propagandístico de su figura, le permitió servir de la manera en la que el impacto público fuera más notable. Y le permitió utilizar la que sería su arma más letal: la palabra.

Durante cuatro años de guerra D´Annunzio habló y habló. Habló en las trincheras y en las retaguardias, en los aeródromos y en las bases navales, en los funerales masivos y en la hora de los ataques. Sus discursos eran sugestivos y magnéticos, destinados a ganar no el intelecto sino las emociones. En ellos las miserias físicas más crudas eran orladas de un nimbo de gloria, los combatientes eran héroes y mártires – tan nobles como los héroes de la antigüedad clásica o las legiones de Roma –, y la guerra era una sinfonía heroica en la que sus palabras repicaban como “oleadas hipnóticas de lenguaje: sangre, muerte, amor, dolor, victoria, martirio, fuego, Italia, sangre, muerte…” Aunque conocía de primera mano el horror de la carnicería continuaba predicando su fe en “las virtudes purificadoras de la guerra y diciendo a las tropas que eran sobrehumanas”. Hablaba de banderas ondeando sobre el cielo de Italia, de ríos llenos de cadáveres, de la tierra sedienta de sangre. No disimulaba la atrocidad de la guerra – a la que describía como las torturas que Dante nunca imaginó para su Infierno –pero a los soldados les decía que su sacrificio tenía un sentido, y les elogiaba de una forma en la que nunca se hubieran reconocido, y les repetía que la sangre de los mártires clamaba por más sangre, y que sólo por la sangre la Gran Italia se vería redimida. (5)<

Una apologética de la matanza que resulta, a cien años vista, difícil de digerir. ¿Se lo creía?

No es ésa la cuestión. Y parece insuficiente conformarse aquí con una lectura “no anacrónica”, o limitarse a señalar que “ése era el lenguaje de la época”. Tal vez sería más indicado proceder a una inversión de perspectiva. O a una lectura diferente, en clave suprahumanista.

La guerra como experiencia interior

La reputación que D´Annunzio adquirió durante la guerra se debe más a sus hechos que a sus palabras. Lejos de ser un “soldado de papel” no desperdició ocasión de poner su vida en peligro, y a lo largo de tres años llegó a combatir por tierra, mar y aire. Con un talento precursor para la publicidad sabía que los pequeños actos de terrorismo tenían más fuerza psicológica que los ataques masivos, y se especializó en acciones suicidas – aéreas y navales según los cánones futuristas – con valor simbólico e impacto mediático. Voló en numerosas ocasiones sobre los Alpes – en una época en la que eso era algo extraordinario – para bombardear al enemigo, ocasionalmente con hojas de propaganda. Y cuando los austríacos pusieron precio a su cabeza lideró una incursión suicida, en una torpedera con un puñado de hombres, contra el puerto enemigo de Buccari.(6) En una de sus misiones aéreas perdió la visión de un ojo y parcialmente la del otro, lo que ocultó durante un mes para seguir volando. Finalmente tuvo que permanecer varios meses inmovilizado para salvar la vista.

Suspendido de espaldas y entre dolores y pesadillas compuso su poema Notturno. La perspectiva de la ceguera era para él ocasión de superación, más que de abatimiento. Se confesaba feliz en la grandeza de su pérdida – los ciegos en acción eran considerados como la aristocracia de los heridos –y se recreaba en la agudización de sus sentidos del oído y del olfato. De creerle, esa sensación de felicidad nunca le abandonaría a lo largo de toda la guerra. (7)

El verdadero D´Annunzio se revela, más que en sus trompeterías patrióticas, en su correspondencia y en sus diarios. En ellos trasluce su actitud suprahumanista frente a la guerra. Si algo llama la atención en sus anotaciones es la “fluctuación constante entre lo espantoso y lo pastoral”. Todo se hace para él objeto de celebración, hasta los detalles más nimios: desde las explosiones y los ataques a la bayoneta hasta el brillo de una libélula en el barro o la aparición fugaz de un pájaro carpintero entre los árboles calcinados. De creerle, D´Annunzio fue feliz en medio del hambre, de la sed, del frío extremo, de las heridas y de los bombardeos, porque su entusiasmo omnívoro por la vida podía con todo ello, porque todo ello no era sino uno y lo mismo: la manifestación de esa vida que él consumía con un entusiasmo voluptuoso. ¿Qué era la guerra, sino un agujero en la vida ordinaria a través del cuál se manifestaba algo más alto?… “la vida tal y como debe ser, y que pasa ante nosotros, la Vida – en palabras de Ernst Jünger – como esfuerzo supremo, voluntad de combatir y dominar”.(8)

El paralelismo entre D´Annunzio y Jünger no es casual, ambos manifiestan una común actitud suprahumanista. La misma avidez de experiencias, el mismo desafío al azar, la misma preocupación estética, la misma ausencia de moralismo. Contrasta en el caso del prusiano – aparte de la objetividad acerada de su estilo – la práctica ausencia de cualquier nota patriótica. Pero cabe también pensar que en D´Annunzio la prosopopeya nacionalista no era el grano, sino la paja. Un arma de guerra como otras muchas. Cabe pensar que lo esencial para él era esa disciplina del sufrimiento de la que hablaba Nietzsche, ese Amor fati que no es sino un gran a la vida en toda su crudeza.

Más que de exaltación belicista se trata de una opción filosófica, muy distinta de la postura moralizante y lastimera de otros escritores. Cuando Wilfred Owen, Heinrich Maria Remarque o Ernest Hemingway denuncian y condenan la guerra indudablemente tienen razón, pero no por eso dejan de subrayar una obviedad. Ocurre que ellos viven la guerra desde la sensibilidad horrorizada del hombre moderno. Pero cuando Ernst Jünger escribe: “aquellos que únicamente han sentido y conservado la amargura de su propio sufrimiento, en lugar de reconocer en ella (la guerra) el signo de una alta afirmación, ésos han vivido como esclavos, no tuvieron Vida Interior, sino solamente una existencia pura y tristemente material”, lo que hace es expresar esa sensibilidad inmemorial que considera que el espíritu lo es todo. “Todo es vanidad en este mundo – continúa Jünger – sólo la emoción es eterna. Sólo a muy pocos hombres les es dado poder hundirse en su sublime inutilidad”. Amor fati. El lenguaje “moral” no tiene nada que hacer aquí. Si acaso, el lenguaje de La Iliada.

Otro elemento interesante es el uso que D´Annunzio hace del tiempo histórico. La dicotomía nuevo/viejo, un tema recurrente en su pensamiento, alcanzaría expresión plena en sus anotaciones bélicas. Siempre a la caza de analogías históricas “cada soldado de infantería le recordaba a algún episodio del glorioso pasado, cada campesino agotado a un intrépido marinero veneciano, a un legionario romano, a un caballero medieval, a algún santo marcial recreado en un cuadro renacentista. Su visión del pasado glorioso de Italia recubría el horrible conflicto de un velo teatral y rodeaba de glamour a los excrementos, a la basura y a los montones de muertos”.(9) Para el poeta de Pescara el armamento podía ser moderno, pero los hombres que lo manejaban – los jóvenes reclutas que asemejaba a héroes míticos o arquetipos – pertenecían a una tradición intemporal.

Esta confusión del pasado y del presente ilustra a su manera un elemento que Giorgio Locchi asociaba a la mentalidad suprahumanista: la concepción “no-lineal” del tiempo, la presencia constante del pasado como una dimensión que está dentro del presente junto a la dimensión del futuro. Es la idea revolucionaria – frente a las concepciones lineales, ya sean “progresistas” o “cíclicas” – de la tridimensionalidad del tiempo histórico: en cada conciencia humana “el pasado no es otra cosa que el proyecto al cual el hombre conforma su acción histórica, proyecto que trata de realizar en función de la imagen que se forma de sí mismo y que se esfuerza por encarnar. El pasado aparece entonces no como algo muerto, sino como una prefiguración del porvenir”.(10)

Locchi asociaba esta “nostalgia del porvenir” a la imagen “esférica” del tiempo esbozada en Así habló Zaratustra, así como a uno de los significados canalizados por el mitema nietzschiano del Eterno Retorno. Confusión del pasado y del porvenir, nostalgia de los orígenes y utopía del futuro: la concepción suprahumanista del tiempo – sentida de forma seguramente inconsciente por D´Annunzio y muchos otros – pone en primer plano la libertad del hombre frente a todo determinismo, porque el pasado al que religarse es siempre objeto de elección en el presente, así como objeto de interpretación cambiante. El momento presente “nunca es un punto, sino una encrucijada: cada instante presente actualiza la totalidad del pasado y potencia la totalidad del futuro”. (11) De manera que el pasado nunca es un dato inerte, y cuando se manifiesta en el futuro lo hace de forma siempre nueva, siempre desconocida.

Señala Hughes-Hallett que “la guerra trajo a D´Annunzio la paz”. Había encontrado una trascendental “tercera dimensión” del ser, más allá de la vida y la muerte. Partir en misión peligrosa era para él alcanzar un éxtasis comparable al de los grandes místicos. La guerra le trajo “aventura, propósito, una cohorte de bravos y jóvenes camaradas a los que amar con un amor más allá del que se dedica a las mujeres, una forma de fama, nueva y viril, y la intoxicación de vivir en peligro mortal constante”.(12)

Acabó la guerra reconocido como un héroe y cubierto de condecoraciones. Y entonces él y muchos como él – aquellos reclutas que a los que comparaba con los héroes míticos del pasado – debían volver a sus casas, a sus talleres, a sus matrimonios de conveniencia, a la monotonía de sus aldeas….

Comenzaba a nacer el fascismo.

¿Adiós a las armas?

La revolución victoriosa llegará. Pero no la harán las almas bellas, como la suya, la harán los sargentos y los poetas.
MARGARITA SARFATTI, en el film El joven Mussolini. 1993.

Cuando el 23 de marzo de 1919 un batiburrillo de futuristas, de ex arditi (tropas de asalto del ejército italiano), de sindicalistas revolucionarios y de antiguos socialistas fundaba en la plaza del Santo Sepulcro en Milán el primer Fasci di combattimento nadie sabía en realidad qué iba a resultar de todo aquello. Su cabeza visible era el ex sargento Benito Mussolini, un político maniobrero y posibilista recién expulsado del Partido Socialista italiano. Mussolini afirmaba que los fascistas evitarían el dogmatismo ideológico: “nos permitimos el lujo de ser aristocráticos y democráticos, conservadores y progresistas, reaccionarios y revolucionarios, de aceptar la ley y de ir más allá de ella”. Y añadía que “ante todo somos partidarios de la libertad. Queremos la libertad para todos, aún para nuestros enemigos”.(13) El primer programa fascista, visiblemente escorado hacia la izquierda, recogía la herencia intelectual del sindicalismo revolucionario.

Visto en perspectiva no cabe duda hoy de que el fascismo histórico fue un fenómeno ideológico completo. Pero en sus inicios parecía el fruto de una gran improvisación. Mussolini proclamaba entonces: el fascismo es la acción y nace de una necesidad de acción. En primer lugar recogía muchas de las aspiraciones urgentes de la “generación perdida” que había hecho la guerra, y que consideraba que el estado de Italia – un país pobre y atrasado, con desigualdades crónicas, sin coberturas sociales, con una victoria “mutilada” por los aliados y en proa a una guerra civil – hacía impensable una vuelta a la era de los partidos burgueses y a sus danzas electorales. Pero en un sentido más profundo – tal y como señala el historiador Zeev Sternhell – antes de convertirse en fuerza política el fascismo fue un fenómeno cultural, una manifestación extrema – aunque no la única posible – de un fenómeno mucho más amplio.(14)

El antecedente intelectual más inmediato del fascismo era la revisión del marxismo acometida por el sindicalismo revolucionario, una revisión en un sentido antimaterialista. Lo que estos herejes del marxismo recusaban de la doctrina era su pretensión científica, su infravaloración de los factores psicológicos y nacionales, su visión del socialismo como una mera forma racional de organización económica. Otra de sus motivaciones era el desencanto ante el valor del proletariado como fuerza revolucionaria: los proletarios eran normalmente refractarios a todo lo que no afectase a sus intereses materiales, o sea a su aspiración a convertirse en pequeños burgueses. Algo que los primeros fascistas constataron, así como también constataron que, entre el socialismo y el proletariado, la relación era meramente circunstancial. De lo que se deducía que la revolución no era ya cuestión de una sola clase social… lo que a su vez quebrantaba el dogma de la lucha de clases. La revolución pasaría a ser, pues, una tarea nacional, y el nacionalismo su hilo conductor… (15)

>Pero ¿qué revolución? Una revolución de móviles puramente económicos resultaba insuficiente para la cultura política que se estaba gestando: una cultura política comunitaria, antiindividualista y antiracionalista y que aspiraba a poner remedio a la disgregación social ocasionada por la modernidad. De hecho en economía el fascismo se manifestaba como posibilista y declaraba querer aprovechar lo mejor del capitalismo y del progreso industrial, siendo lo esencial que la esfera económica quedase siempre subordinada a la política. La cuestión subyacente era otra.

Lo esencial – siguiendo a Zeev Sternhell – era “instaurar una civilización heroica sobre las ruinas de una civilización rastreramente materialista, moldear un hombre nuevo, activista y dinámico”. El fascismo originario exhibía un carácter moderno y su estética futurista aguijoneaba la imaginación de los intelectuales – lo que explica la atracción que ejercía sobre la juventud – así como predicaba que una elite no es una categoría definida por el lugar que ocupa en el proceso de producción, sino la expresión de un estado de ánimo: la aristocracia forjada en las trincheras era una prueba de ello.(16) Y del marxismo tomaba la idea de la violencia como instrumento de cambio. Alguien definió una vez al fascismo como nuestro mal de siglo: una expresión que evoca una aspiración hacia la superación del mundo burgués. Más que un corpus doctrinario el fascismo original era una nebulosa, una fuerza rupturista de carácter inédito que aspiraba a la construcción de una “solución de recambio total”.

Lo que ocurría – dicho sea en términos Locchianos – es que el principio suprahumanista estaba pasando, de forma acelerada, de su fase mítica a su fase ideológica y política.(17) En el plano ideológico la llamada “Revolución conservadora” alemana era una sus manifestaciones. Y en el plano político el fascismo de Mussolini fue el brote que hizo fortuna. Pero no el único.

Y aquí es donde entra D´Annunzio.

Gabriele D´Annunzio y sus chicos, en Fiume

D´Annunzio y sus chicos, en Fiume

La ruta hacia el Rubicón

A comienzos de 1919 Mussolini era solo un líder político en ciernes, mientras que D´Annunzio era el hombre más célebre de Italia. Finalizada la guerra con una “victoria mutilada” – los aliados ignoraron las promesas territoriales hechas a Italia – el país se sumió en una espiral de caos político y social. Y entonces muchos de los que esperaban que un “hombre fuerte” tomara las riendas empezaron a mirar a D´Annunzio. Por su parte el poeta-soldado descubría lo difícil que le resultaba vivir sin la guerra, y al igual que muchos otros italianos rumiaba su amargura por la traición de los aliados.

“Vuestra victoria no será mutilada” – escribió D´Annunzio en octubre 1918. Un eslogan que hizo fortuna (como tantos otros que acuñó) y que era música en los oídos de todos los que esperaban una nueva llamada a las armas. Italia rebosaba de hombres acostumbrados a la violencia y que, en vez de recibir una bienvenida de héroes, eran tratados como huéspedes indeseables cuando no como bestias salvajes, abocados al desempleo y a los insultos de los agitadores de una revolución bolchevique en ciernes. Entre esos hombres destacaban los arditi, los soldados de élite, fieramente indisciplinados, acostumbrados a la lucha cuerpo a cuerpo y con dagas y granadas, ataviados con uniformes negros y con matas de pelo a veces tan largas como crines de caballo – los dandis de la guerra.(18) Su bandera era negra y su himno: Giovinezza (Juventud). Todos miraban a D´Annunzio como a un símbolo, y algunos de ellos empezaron a llamarse “dannunzianos”. Un héroe de guerra y un ejército de vuelta a casa: una conjunción fatídica para cualquier gobierno civil. Las autoridades comenzaron a temer a D´Annunzio. El Rubicón nunca había sido verdaderamente olvidado en Italia.

El poeta-soldado comenzó a multiplicar sus apariciones públicas, a escarnecer al gobierno que había aceptado la humillación de Versalles, a incitar a los italianos a rechazar a sus autoridades. En muy poco tiempo se vio en el centro de todas las conspiraciones y todos los grupos de oposición comenzaron a utilizar su nombre. Con los fascistas mantuvo las distancias, D´Annunzio los consideraba como “vulgares imitadores, potencialmente útiles pero lamentablemente brutales y primarios en su forma de pensar”.(19) Y entre todos los que volvían su mirada a D´Annunzio destacaban las comunidades italianas en la costa del Adriático que esperaban ser “redimidas” mediante su incorporación a la madre patria. D´Annunzio, por su parte, les prometió que estaría con ellos “hasta el fin”.

La ciudad de Fiume, puerto principal del Adriático, contaba con una mayoría de población italiana que en octubre 1918 reclamó su incorporación a Italia.(20) Pero los aliados reunidos en Versalles situaron la ciudad bajo una administración internacional. La ciudad se convirtió entonces en un símbolo para todos los nacionalistas italianos y grupos de ex arditi, al grito de “Fiume o muerte”, comenzaron a formar la “Legión de Fiume” dispuestos a “liberar” la ciudad. Y en medio de una espiral de violencia los italianos de Fiume ofrecieron a D´Annunzio el liderazgo de la ciudad.

El poeta-soldado había encontrado su Rubicón. Y su nueva encarnación: la de condottiero.

Fiume era una fiesta

El contagio de la grandeza es el mayor peligro para cualquiera que viva en Fiume, una locura contagiosa, que ha impregnado a todo el mundo
(EL OBISPO DE FIUME, EN UNA ENTREVISTA)

Cuando el 11 de septiembre 1919 D´Annunzio llegó a Fiume en un Fiat 501 seguramente no sabía que daba inicio a uno de los experimentos más extravagantes de la historia política de occidente: el sueño platónico del príncipe-poeta cobraba vida con dos milenios de retraso. Un vendaval de liberación dionisíaca se desencadenó sobre la ciudad adriática, un desmadre nietzschiano en la que se daban la mano la política y el misticismo, la utopía y la violencia, la revolución y Dadá. La era de la política- espectáculo había empezado, y D´Annunzio levantaba el telón.

La época de Fiume ha sido descrita como un microcosmos del mundo político moderno: todo se prefiguró allí, todo se experimentó allí, todos somos en gran parte los herederos. Un momento mágico, una bacanal de soñadores, una sinfonía suprahumanista y heroica en la que una sociedad hambrienta de maravillas – galvanizada por la guerra, hastiada de la insipidez de un siglo de positivismo – se encontraba con un líder a su altura y secundaba, a ritmo de desfiles multicolores y multitudes enfervorizadas, sus quimeras de César visionario.

La trayectoria política de la ciudad durante esos dieciséis meses fue, como no podía ser menos, errática. El primer programa – la anexión a Italia – era simple y realista, pero naufragó en un piélago de indecisiones y gazmoñerías diplomáticas. El segundo programa era de carácter subversivo: provocar la chispa que desencadenase una revolución en Italia. Pero había un tercer programa, incontrolable y radical: Fiume como primer paso, no hacia una Gran Italia, sino hacia un nuevo orden mundial.

Un programa que ganaba fuerza a medida que se disipaba – por la presión de los aliados y por la indecisión del gobierno italiano – la perspectiva de la incorporación a Italia. Impulsada por los revolucionarios sindicalistas que rodeaban a D´Annunzio, la “Constitución de Fiume” (la Carta del Carnaro) es el aspecto más interesante del legado de Fiume, por cuanto supone de contribución original a la teoría política.(21) La Carta del Carnaro contenía elementos pioneros: la limitación del (hasta entonces sacrosanto) derecho a la propiedad privada, la completa igualdad de las mujeres, el laicismo en la escuela, la libertad absoluta de cultos, un sistema completo de seguridad social, medidas de democracia directa, un mecanismo de renovación continua del liderazgo y un sistema de corporaciones o representación por secciones de la comunidad: una idea que haría fortuna. Según su biógrafo Michael A. Leeden el gobierno de D´Annunzio – compuesto por elementos muy heterogéneos – fue uno de los primeros en practicar una suerte de “política de consenso” según la idea de que los diversos intereses en conflicto podían ser “sublimados” dentro de un movimiento de nuevo cuño. Lo esencial era que el nuevo orden estuviera basado en las cualidades personales de heroísmo y de genio, más que en los criterios tradicionales de riqueza, herencia y poder. El objetivo final – básicamente suprahumanista – no era otro sino la aleación de un nuevo tipo de hombre.

La Carta del Carnaro contenía toques surrealistas como designar a “la Música” como principio fundamental del Estado. Pero lo más original – lo más específicamente dannunziano – era la inclusión de “un elaborado sistema de celebraciones de masas y rituales, designados para garantizar un alto nivel de conciencia política y de entusiasmo entre los ciudadanos”.(22) En Fiume D´Annunzio – ahora denominado “el Comandante” – comenzó a experimentar con un nuevo medio, creando “obras de arte en las que los materiales eran columnas de hombres, lluvias de flores, fuegos artificiales, música electrizante – un género que posteriormente sería desarrollado y reelaborado durante dos décadas en Roma, Moscú y Berlín”.(23) El comandante inauguró una nueva forma de liderazgo basada en la comunicación directa entre el líder y las masas, una especie de plebiscito cotidiano en el que las multitudes, congregadas ante su balcón, respondían a sus preguntas y secundaban sus invectivas. Todo el ritual del fascismo estaba ya allí: los uniformes, los estandartes, el culto a los mártires, los desfiles de antorchas, las camisas negras, la glorificación de la virilidad y de la juventud, la comunión entre el líder y el pueblo, el saludo brazo en alto, el grito de guerra ¡Eia Eia Alalá!(24) . Señala Hughes-Hallett que D´Annunzio nunca fue fascista pero que el fascismo fue inequívocamente dannunziano. Alguien escribió que, bajo el fascismo, D´Annunzio fue la víctima del mayor plagio de la historia.

Otro elemento pionero fue la creación de una Liga de Naciones antiimperialistas: la “Liga de Fiume”, proyecto de alianza de todas las naciones oprimidas que desarrollaba el concepto de revolución mundial y de “nación proletaria” teorizado por Michels, y que aspiraba a reunir desde el Sinn Fein irlandés hasta los nacionalistas árabes e indios. Alguien ha querido ver al Comandante como a un profeta del Tercermundismo, si bien sería más correcto ver aquí “la primera aparición de la temática de los derechos de los pueblos”.(25) Las potencias aliadas comenzaron a alarmarse. La empresa de Fiume perdía su carácter nacionalista y acentuaba su contenido revolucionario…

¡Haced el amor y haced la guerra!

¡Giovinezza, Giovinezza, Primavera di Bellezza!
CANCIÓN DE LOS ARDITI

Un Estado regido por un poeta y con la creatividad convertida en obligación cívica: no era extraño que la vida cultural adquiriese un sesgo anticonvencional.(26) La Constitución estaba bajo la advocación de la “Décima Musa”, la Musa – según D´Annunzio – “de las comunidades emergentes y de los pueblos en génesis… la Musa de la Energía”, que en el nuevo siglo debería conducir a la imaginación al poder. Hacer de la vida una obra de arte. En el Fiume de 1919 la vida pública se convirtió en una performance de veinticuatro horas en la que “la política se hacía poesía y la poesía sensualidad, y en la que una reunión política podía terminar en un baile y el baile en una orgía. Ser joven y ser apasionado era una obligación”.(27) Entre la población local y los recién llegados se propagó una atmósfera de libertad sexual y de amor libre, inusual para la época. Comenzaba la revolución sexual. Así lo quería el nuevo “Príncipe de Juventud”, tuerto y de cincuenta y seis años

No es de extrañar que la ciudad se convirtiera en un polo magnético para toda la cofradía de idealistas, rebeldes y románticos que pululaba por el mundo. Un País de la Cucaña en el que se codeaban protofascistas y revolucionarios internacionalistas sin que a nadie se le ocurriera algo tan vulgar como “entrar en diálogo”. Un laboratorio contracultural en el que brotaban grupos variopintos como el “Yoga” (inspirado por el hinduismo y por el Bhagavad-Gita), los “Lotos Castaños” (proto-hippies partidarios de una vuelta a la naturaleza), los “Lotos Rojos” (defensores del sexo dionisíaco), ecologistas, nudistas, dadaístas y otros especímenes de variada índole. El componente psicodélico estaba asegurado por una generosa circulación de droga bajo la tolerante mirada del Comandante, consumidor más o menos ocasional de polvo blanco.(28) Los años 60 comenzaron en Fiume. Pero a diferencia de los hippies californianos, los hippies del Comandante estaban dispuestos no sólo a hacer el amor, sino también a hacer la guerra.

Mientras tanto Roma miraba a Fiume con una mezcla de consternación y de pavor. En palabras de los socialistas Italianos “Fiume estaba siendo transformada en un burdel, refugio de criminales y prostitutas”. Lo cierto es que todo el mundo iba a Fiume: soldados, aventureros, revolucionarios, intelectuales, espías aliados, artistas cosmopolitas, poetas neopaganos, bohemios con la cabeza en las nubes, el futurista Marinetti, el inventor Marconi, el Director de orquesta Toscanini… Proliferaban la elocuencia y el dandismo, la personalidad del Comandante era contagiosa. ¡Condecoraciones, uniformes, títulos, himnos y ceremonias para todos! El estilo ornamental era de rigor. Y a su vez los nuevos visitantes se iban haciendo cada vez más marginales: menores fugados, desertores, criminales y otras gentes con asuntos por aclarar con la justicia…. muchos de estos elementos fueron reclutados para formar la guardia de corps del Comandante: la “Legión Disperata”, de rutilantes uniformes. D´Annunzio observaba a sus arditi comiendo cordero en las playas, en sus fantásticos uniformes resplandecientes a la luz de las llamas, y los comparaba con Aquiles y sus mirmidones de vuelta a su campamento frente a Troya. Es esa mezcla electrizante de arcaísmo y futurismo, tan propia de la sensibilidad suprahumanista. Sonaba tan antiguo, sin embargo era tan nuevo…

Presionado por sus compromisos internacionales el gobierno de Roma decretó un bloqueo contra Fiume, y la ciudad encontró un método para asegurar su subsistencia: la piratería. Organizados por un antiguo as de la aviación italiana, Guido Keller, los barcos de Fiume pasaron a adueñarse de cualquier buque que transitase entre el estrecho de Messina y Venecia. Y cada captura realizada por los uscocchi – así llamados por D´Annunzio en honor a los piratas adriáticos del XVI – era recibida en la ciudad como una fiesta. Las actividades ilícitas se ampliaron al secuestro – un comando de Fiume capturó a un general italiano que pasaba por Trieste – y a las expediciones para requisar provisiones en territorios vecinos. También a las ocupaciones simbólicas de otras ciudades próximas. El Comandante hizo bordar su lema Ne me frego (algo así como: “me la pela”) en una bandera que colgó sobre su cama.(29) Fiume era un Estado fuera de la ley, lo que hoy llamaríamos un Estado gamberro. Señala su biógrafa que D´Annunzio, como un nuevo Peter Pan, había construido una “Tierra de Nunca Jamás, un espacio liberado de las relaciones causa-efecto donde los niños perdidos pudieran disfrutar por siempre de sus peligrosas aventuras sin sentirse molestados por el sentido común”.(30)

Pero el problema de la niñez es que se acaba, y llega la hora de los adultos. El Tratado de Rapallo, firmado en Noviembre 1920, establecía las fronteras italo-yugoeslavas y llegaba a un compromiso sobre Fiume. D´Annunzio se quedó aislado, y hasta los fascistas de Mussolini le retiraron su apoyo. Tras una intervención de la Marina italiana y la resistencia de un puñado de arditi – que se saldó con varias docenas de muertos – D´Annunzio fue obligado a abandonar Fiume a fines de Diciembre 1920. En una ceremonia de despedida su último grito fue: ¡Viva el amor!

El poeta había concluido su revolución. Llegaba el turno del ex sargento.

El Fascismo sin D´Annunzio

Pasados los años un Mussolini ya en el poder celebraría a Gabriele D´Annunzio como al “Juan Bautista del fascismo”. Convertido en una leyenda el poeta pasaría sus dos últimas décadas recluido en su mansión de El Vittoriale a orillas del lago de Garda, donde Mussolini acudiría ocasionalmente para retratarse con él.

Hoy se considera a D´Annunzio como a un personaje del Régimen, pero lo cierto es que nunca fue miembro del Partido Fascista y sus relaciones con el Duce fueron mucho más ambivalentes de lo que se piensa. En privado Mussolini se refería a D´Annunzio como a “una caries, a la que hay que extirpar o cubrir de oro”, y se refería también al “fiumismo mal entendido” como a sinónimo de actitud anarquizante y de poco fiar. En realidad ambos personajes se observaban con sospecha: Mussolini consideraba que D´Annunzio era demasiado influyente e impredecible, y éste se abstenía de prestar un apoyo expreso al Duce. En realidad el poeta había recomendado a sus arditi mantenerse al margen de cualquier formación política, si bien muchos acabarían en el fascismo y algunos en la extrema izquierda o incluso en España en las Brigadas Internacionales.(31) Las únicas ocasiones en las que D´Annunzio trató de influir políticamente en Mussolini fueron para aconsejarle que se mantuviera bien alejado de Hitler (“ese payaso feroz”, “eserostroengominado e innoble”).

El poeta-soldado falleció en 1938 en su mansión del Vittoriale, en una atmósfera tan barroca como claustrofóbica, rodeado de espías italianos y alemanes. Con su muerte desapareció toda una época: la de los albores de ese fascismo que no pudo ser. El fascismo real recogió la puesta en escena y la liturgia de Fiume, pero las vació de libertad y las transformó en una coreografía burocratizada al servicio de un proyecto que llevó a Italia a la catástrofe. La historia es bien conocida. No obstante suelen pasarse por alto algunas cosas…

Normalmente se pasa por alto que ese primer fascismo formaba parte de un clima cultural vanguardista, sofisticado y plural, muy diferente del provincianismo obtuso que caracterizaba a los nazis y a su cursilería völkisch. De hecho, el pluralismo cultural de la Italia fascista – un país donde prácticamente no hubo éxodo intelectual alguno – no tiene parangón con el dirigismo impuesto sobre la cultura en la época nazi. Estudiosos como Renzo de Felice o Julien Freund han contrapuesto el carácter optimista y “mediterráneo” del fascismo – con su tendencia a exaltar la vida dentro de un cierto espíritu de mesura – frente al carácter sombrío, trágico y catastrófico del nazismo, con su inclinación germánica por el Raggnarokk. (32)Igualmente podría destacarse el carácter antidogmático – incluso artístico y bohemio – de ese primer fascismo, en contraposición a las ínfulas “científicas” de la dogmática nazi, basada en el racismo biológico y en el darwinismo social.

A lo que hay que añadir que el primer fascismo no tenía ningún atisbo de antisemitismo, sino más bien al contrario: muchos judíos fueron fascistas de primera hora e incluso tuvieron cargos importantes, tales como la publicista Margaritta Sarfati, amante judía del Duce y prima donna de la vida cultural del régimen. De hecho la política exterior del régimen mantuvo frecuentes contactos con el movimiento sionista. Y tras la llegada de Hitler al poder eminentes exiliados judíos encontraron acogida en Italia.

Se pasa también por alto que tras la “marcha sobre Roma” en 1922 Mussolini se presentó ante el Parlamento y obtuvo un amplio voto de confianza de la mayoría no-fascista. Se tiende a olvidar que la violencia de las escuadras fascistas, si bien muy cierta, no era exclusiva del fascismo: ése era el lenguaje político en buena parte de Europa. Y en Italia fue el fascismo, mejor organizado, el que finalmente se impuso. Se omite también que el fascismo colaboró con los socialistas y con otras fuerzas de oposición, y que ganó una mayoría de votos en las elecciones de 1924. Sólo entonces, tras el brutal asesinato del diputado socialista Matteoti y la negativa de la oposición a permanecer en el Parlamento, los energúmenos del fascismo ganaron la mano y se institucionalizó la dictadura.

En realidad 1924 marca el comienzo del declive. Los años posteriores son los de las grandes realizaciones del régimen: la edificación de un Estado social, las grandes obras públicas y la modernización del país. Logros que compraron la adhesión de buena parte de la población. Pero el fascismo ya estaba herido de muerte. Al traicionar aquella promesa de 1919 en la Plaza del Santo Sepulcro de Milán (“Queremos la libertad para todos, aún para nuestros enemigos”) el fascismo se transformó en una burocracia autocomplaciente y satisfecha, y Mussolini se fue apartando de la realidad para encerrarse en una megalomanía que resultó funesta.

Aún así durante algunos años el fascismo impulsó una política favorecedora de la paz y la cooperación internacional, como lo prueban los Acuerdos de Letrán en 1929 y las propuestas de desarme en la Sociedad de Naciones en 1932. En relación a la Alemania nazi hay algo que también suele olvidarse: Mussolini fue el impulsor del llamado “Frente de Stressa”, una iniciativa diplomática que en abril 1935, junto a Francia y Gran Bretaña, trataba de garantizar la independencia de Austria y el respeto al Tratado de Versalles, y por consiguiente frenar a Hitler cuando todavía era posible hacerlo. Dos meses después, en Junio de 1935, Gran Bretaña firmaba con la Alemania Nazi un Acuerdo naval que suponía la primera violación de ese Tratado. Mussolini se quedó solo.

El aislamiento se consumó a partir de la invasión de Abisinia y las sanciones que le fueron impuestas a Italia, y que abocaron a Mussolini a una alianza con Hitler. A partir de entonces, prisionero de una mezcla de temor y fascinación por el dictador alemán, el Duce se vio arrastrado hasta el abismo. En 1938 cayó incluso en la abyección de importar la legislación antisemita del Tercer Reich.

¿Hubiera sido posible otro derrotero, menos dictatorial y más “dannunziano”? Mussolini, al contrario de Hitler, nunca tuvo un dominio absoluto sobre el Partido, y dentro del fascismo siempre hubo línea contraria a los nazis y favorable a un entendimiento con Francia y Gran Bretaña. Su principal figura era el Ministro de Aviación Italo Balbo, héroe de guerra y escuadrista de primera hora: el auténtico prototipo del “nuevo hombre” exaltado por el fascismo. Pero un celoso Mussolini le nombró Gobernador de Libia para apartarlo de los centros del poder. Allí falleció en 1940, en un accidente de aviación poco claro. Los últimos restos de la oposición fascista fueron liquidados en 1944 en el proceso de Verona, con el ex Ministro de Exteriores Galeazzo Ciano y otros jerarcas ejecutados a instancias de los alemanes.

¿Un fascismo democrático?

A casi cien años de distancia D´Annunzio y su aventura en Fiume plantean todavía interrogantes. Hay uno especialmente provocador: ¿pudo haber sido posible un fascismo democrático?

Una pregunta que sólo tiene el valor que queramos darle a la historia-ficción. Porque la historia es la que es, y no se puede cambiar. Hablar de “fascismo democrático” es hoy un oxímoron, y eso parece irrebatible. No obstante demasiadas veces nos refugiamos en posturas intelectualmente confortables y moralmente irreprochables, y eso dificulta la comprensión de ciertos fenómenos. En este caso, el de la naturaleza del fascismo. La interpretación marxista clásica del fascismo como un instrumento defensivo del Capital se condena a no comprender nada, y deja sin explicar la amplia adhesión que obtuvo un sistema que sólo fue extirpado por la guerra, una guerra en la que los marxistas se aliaron con… el capitalismo. Esta interpretación ha sido superada hace ya tiempo, y hoy tiende a admitirse que, como señala Zeev Sternhell, el fascismo era una manifestación extrema de un fenómeno mucho más comprehensivo y amplio – ése que Giorgio Locchi denominaba suprahumanismo –, y como tal es parte integral de la historia de la cultura europea.

D´Annunzio no fue un ideólogo sistemático, pero su empeño prometeico y nietzschiano simboliza ese clima cultural suprahumanista del que brotó el fascismo. Fiume fue un momento mágico y necesariamente fugaz, no se puede ser sublime durante veinte años. Pero Fiume nos recuerda que la historia pudo haber sido diferente, y que tal vez esa rebelión cultural y política – llamémosla “fascismo” – pudo haber sido compatible con un mayor respeto a las libertades, o al menos evolucionar alejada de las aberraciones ya conocidas… Claro que entonces tal vez eso no sería ya fascismo, sería más bien otra cosa…

Si no tenemos en cuenta el fenómeno cultural del suprahumanismo no se puede entender el fascismo. Pero éste no fue su único retoño. Históricamente hubo otros dos. El primero fue un brote intelectual de gran altura, y que sigue hablando al hombre de nuestros días: la llamada “revolución conservadora” alemana. Y el segundo fue una planta venenosa: el nazismo. La cuestión que hoy podría plantearse es la de saber si ese humus cultural suprehumanista está definitivamente agotado, o si aún podría dar lugar a derivaciones inéditas. Al fin y al cabo – y según la concepción “esférica” del tiempo – la historia siempre está abierta, y cuando la historia se regenera lo hace de forma siempre nueva, de forma siempre imprevista.

Anarquismo de derecha

Denunciamos la falta de gusto de la representación parlamentaria. Nos recreamos en la belleza, en la elegancia, la cortesía y el estilo…queremos ser dirigidos por hombres milagrosos y fantásticos
FILIPPO TOMMASO MARINETTI

El arte de mandar consiste en no mandar
GABRIELE D´ANNUNZIO

Pero el interés de revisitar a D´Annunzio va mucho más allá de la pregunta sobre la naturaleza del fascismo. El poeta-soldado prefigura una forma de hacer política vigente hasta la actualidad: la política espectáculo, la fusión de elementos sacros y profanos, la intuición de que en último término todo es política. La Carta del Carnaro es un documento visionario en cuanto recoge preocupaciones, libertades y derechos hasta entonces relegados fuera del ámbito político, y que durante las décadas siguientes pasarían a ser integrados en el constitucionalismo moderno. De alguna forma D´Annunzio parecía poseer la clave de todo lo que iba a venir después. Todos somos en buena parte sus herederos, para bien y para mal.

Por eso sería un error menospreciar a D´Annunzio como a un esteta dilettante metido a revolucionario. O despolitizarlo y considerar – como parece apuntar su perspicaz biógrafo Michael A. Leeden – que lo importante de Fiume no es el contenido, sino el estilo, y que ninguna posición ideológica concreta se desprende de Fiume. Pensamos que mucho más acertado está Carlos Caballero Jurado cuando señala que: “Fiume no era un pedazo de tierra. Fiume era un símbolo, un mito, algo que quizá no pueda entenderse en nuestros días, en una época tan refractaria al mito y a los ritos. La empresa de Fiume tiene más de rebelión cultural que de anexión política”.(33) ¿Qué mensajes puede extraer el hombre de hoy en día, no sólo de Fiume, sino de toda la trayectoria de D´Annunzio?

En primer lugar la idea de que la única revolución verdadera es la que persigue una transformación integral del hombre. Esto es, la que se plantea ante todo como una revolución cultural. Algo que los revolucionarios de mayo 1968 parecieron entender bien. Pero lo que desconocían es que, en realidad, casi todo lo que proponían ya estaba inventado. La imaginación ya había llegado al poder, cincuenta años antes, en la costa del Adriático. La gran sorpresa es que el que así lo decidió – y esta es la segunda gran lección de Fiume – no era un utópico progresista, libertario y mundialista, sino un patriota, un elitista practicante de una ética heroica. Fiume es la demostración de que ideas como la liberación sexual, la ecología, la democracia directa, la igualdad entre hombres y mujeres, la libertad de conciencia y el espíritu de fiesta pueden plantearse no sólo desde posiciones igualitaristas, pacifistas, hedonistas y feministas, sino también desde valores aristocráticos y diferencialistas, identitarios y heroicos.

El gesto D´Annunzio implica además algo muy actual: fue el primer grito de rebeldía contra un sistema americanomorfo que en aquellos años empezaba a extender sus tentáculos, es el grito de defensa de la belleza y del espíritu frente al reino de la vulgaridad y el imperio del dólar.

El gesto de D´Annunzio fue también la reivindicación, surrealista y heroica, de una regeneración política basada en la liberación de la personalidad humana, y un grito de protesta frente al mundo de burócratas anónimos que se venía encima.(34)

Fiume es además la demostración de que sí es posible trascender la división derecha- izquierda, de que la transversalidad es posible. Valores de derecha más ideas de izquierda. La primera síntesis genuinamente posmoderna. Fiume es el único experimento conocido hasta la fecha de lo que podría ser un anarquismo de derecha llevado a sus últimas consecuencias.

Hay una última cuestión, y que tiene que ver con la actividad de D´Annunzio como predicador y exaltador de la guerra. Eso es algo que hoy nos parece indefendible – aunque no lo era tanto en aquellos años en los que la guerra todavía podía vivirse como una aventura épica –. Pero hoy sabemos que detrás de aquella retórica inflamada no había ninguna causa real que justificase tanto sacrificio. Y sin embargo…

Sin embargo es posible que aquellos hombres de retórica inflamada, en el fondo, esto también lo supiesen. Es muy posible que D´Annunzio y otros como él, por destilación de un nihilismo positivo, supiesen que a fin de cuentas es mucho mejor el patriotismo a la Nada. Hoy tenemos la Nada, y desde luego tenemos menos muertos. Pero cabe plantearse si gracias a eso, en comparación con aquellos hombres, estamos también más vivos.

La era de los años incendiarios quedó sumergida en el tiempo. Pasó la época en la que los sargentos y los poetas hacían revoluciones. Y como suele decirse, a los cuerpos los devoró el tiempo, a los sueños los devoró la historia, y a la historia la engulló el olvido. También dicen que los viejos guerreros nunca mueren, que sólo se desvanecen físicamente. Después de la catástrofe nos queda el recuerdo de la grandeza, y el de los hombres que la soñaron.

 

Video musical con la letra del poema de D´Annunzio: “la Canzone del Carnaro” (“Los treinta de Buccari”)

1 Marcello Veneziani, Anni Incendiari, Valecchi 2009, pag 7.

2 Giorgio Locchi, Definciones. Los textos que revolucionaron la cultura inconformista europea.

Ediciones Nueva República 2011, pags 280-281.

3 El futurismo estuvo presente en Rusia (Maiakovski), en Portugal (Pessoa), en Bélgica, en Argentina o en el mundo anglosajón con la fundación del Londres del movimiento vorticista por Ezra Pound y Wyndham Lewis.

4 Marcello Veneziani, Anni Incendiari, Valecchi 2009, pags 15 y 16.

5 Lucy Hughes-Hallett, Gabrielle D´Annunzio. Poet, seducer and preacher of war. Fourth State, edición Kindle, 2013.

6 En el bombardeo incluyó proyectiles huecos de goma que contenían mensajes líricos. Posteriormente celebró este hecho – conocido como La beffa di Buccari (La broma de Buccari) – en una famosa balada: La Canzone del Carnaro (“Los treinta de Buccari”): “Somos treinta hombres a bordo/treinta y uno con la Muerte…”.

7 Lucy Hughes-Hallett, Obra citada.

8 Ernst Jünger: Tres fragmentos de “La guerra, nuestra madre”, en Revista de Occidente nº 46, marzo 1985, pag 158.

9 Lucy Hughes-Hallett, Obra citada.

10 Giorgio Locchi: Definiciones, Ediciones Nueva República 2010. Pag 59.

11 Alain de Benoist: Lés idées à l´endroit. Avatar Éditions 2011. pags 54-55.

12 Lucy Hughes-Hallett: Obra citada.

13 Álvaro Lozano: Mussolini y el fascismo italiano. Marcial Pons Historia 2012, pag. 108.

14 Zeev Sternhell: El nacimiento de la ideología fascista. Siglo veintiuno editores 1994, pag 1. Nos ceñimos aquí a un análisis estricto del fascismo italiano, lo que excluye al nazismo. Señala el historiador israelí: “en modo alguno cabe identificar el fascismo con el nazismo (…) ambas ideologías difieren en una cuestión fundamental: el determinismo biológico, el racismo en su sentido más extremo…la guerra a los judíos (…) El racismo no es una de las condiciones necesarias para la existencia de un fascismo. Una teoría general que quiera englobar fascismo y nazismo chocaría siempre con ese aspecto del problema. De hecho, una teoría así no es posible”. (Obra citada, pags. 4-5).

15 En este sentido, los análisis teóricos de: Georges Sorel, R. Michels y Eduard Berth (Zeev Sternhell, Obra citada, pag. 182).

16 Zeev Sternhel: Obra citada, pag. 386.

17 Giorgio Locchi distinguía las fases mítica, ideológica y sintética como fases arquetípicas de las tendencias históricas. Así, en el caso del pensamiento igualitario su fase “mítica” se correspondería con la ecumene cristiana, la fase “ideológica” con la disgregación ocasionada por la reforma protestante y la aparición de diversas filosofías y partidos, y la fase “sintética” a las doctrinas de pretensiones científicas y universales (marxismo, ideología de los “derechos humanos”).

18 Lucy Hughes-Hallett, Obra citada

19 Lucy Hughes-Hallett, Obra citada.

20 Fiume es la actual Rijeka, en Croacia.

21 La “Carta del Carnaro” fue adoptada como Constitución de la “Regencia Italiana del Carnaro”, nuevo Estado independiente llamado así por el Golfo del Carnaro, lugar donde se encuentra Fiume. Su redactor principal fue el líder sindicalista- revolucionario Alceste de Ambris.

22 Michael A. Ledeen: D Annunzio, The first Duce. Transaction Publishers 2009, pags XIV y XV.

23 Lucy Hughes-Hallett, Obra citada

24 ¡Eia Eia, Alalá! era, según la leyenda, el grito con el que Aquiles llamaba a sus caballos. D´Annunzio lo acuñó durante la guerra como sustituto grecorromano al ¡hip hip, hurra! anglosajón.

25 Carlos Caballero Jurado: El Comandante y la décima musa. La fascinante historia de D´Annunzio en Fiume.

26 El Ministerio de Asuntos Exteriores de Fiume estaba dirigido también por dos poetas: León Kochnitzky y Henry Furst.

27 Lucy Hughes-Hallett: Obra citada

28 En los años previos a la guerra la cocaína, cuyos auténticos efectos no eran todavía bien conocidos, era considerada como un suplemento para la resistencia y el coraje. Personajes como Shackleton o Scott la llevaron en sus expediciones, y tampoco era infrecuente entre los pilotos de guerra. (Lucy Hughes-Hallett: Obra citada).

29 Años después Mussolini adoptó este lema como expresión del “estilo de vida” fascista.

30 Lucy Hughes-Hallett: Obra citada.

31 Muy significativamente el líder nacionalsindicalista y principal redactor de la Carta del Carnaro, Alceste de Ambris, pasó a la oposición radical contra el fascismo. Privado de la nacionalidad italiana, murió en el exilio en Francia en 1934.

32 Es curiosa a este respecto la excelente serie de televisión de la RAI “El joven Mussolini” (Gian Luigi Calderone, 1993), en la que el futuro Duce (interpretado por Antonio Banderas) aparece retratado, más que como un futuro dictador sanguinario, como un simpático tarambana.

33 Carlos Caballero Jurado: El Comandante y la décima musa. La fascinante historia de D´Annunzio en Fiume.

34 Una Historia de Europa: “de D´Annunzio a Van Rompuy”… (a ¿quién?).

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jeudi, 13 mars 2014

Robert Taft and His Forgotten "Isolationism"

Robert Taft and His Forgotten "Isolationism"

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Mises.org

Ex: http://www.lewrockwell.com

taft.jpgRepublicans are today almost always fervent supporters of big military budgets and an interventionist foreign policy.

But many Republicans forget a period before and after World War II when dozens of Republican lawmakers were against military alliances and a save-the-world American foreign policy. They ignore a time when many of their predecessors were called isolationists. Later, these Cold War isolationists criticized an interventionist foreign policy. They were sometimes labeled “apologists” for Moscow. The accurate term for these forgotten Republicans is “non-interventionists.” One of the leaders of the isolationists/non-interventionists was Republican Senator Robert Alphonso Taft (1889-1953).

Taft is now a forgotten Republican, but in the 1940s and 1950s he was known as “Mr. Republican.” Taft has few scions in the modern GOP.

Still, echoes of Taft recently re-surfaced, even though many of the people subscribing to these ideas had never heard of Taft. Millions of Americans inadvertently became “isolationists” for a short period. After President Obama suggested that the United States should start bombing Syria, they flooded Washington with communications, insisting that we stay out. Taft likely would have been delighted. He believed that when foreign policy issues were extensively debated by the public the potential for war declined.

However, “most Republicans,” Wall Street Journal columnist Bret Stephens recently wrote during the Syrian debate, “don’t want to become again the party of isolationists.” Nevertheless, Taft has been acclaimed as one of the great leaders of the modern Republican Party by numerous historians. He represented a GOP wing that embraced a peaceful way of engaging the world. This was a philosophy that once was very popular with most Americans. Still, the John McCain/Mitch McConnell rationale for still another American military intervention was that “the prestige of the presidency” would be hurt if President Obama backed down.

Taft viewed the prestige of the presidency and the world in a different way. He was not only a critic of big federal budgets, he frequently complained about defense spending after WWII. Taft consistently warned of the tragic nature of war, saying “[w]e should never forget what an awful catastrophe war is.”

Taft also warned of the long term domestic effects of following an imperial foreign policy. “Just as our nation can be destroyed by war it can also be destroyed by a political or economic policy at home which destroys liberty or breaks down the fiscal and economic structure of the United States,” Taft wrote in his only published book, A Foreign Policy for Americans. Taft continued: “We cannot adopt a foreign policy which gives away all of our people’s earnings or imposes such a tremendous burden on the individual American as, in effect, to destroy his incentive and his ability to increase production and productivity and his standard of living.”

Once committed to an interventionist foreign policy. Taft believed defense spending would stay at permanently high levels if the United States entered into military alliances. The use of U.S military power, he said, should be very limited.

“I do not believe any policy which has behind it the threat of military force is justified as part of the basic foreign policy of the United States except to defend the liberty of our people,” Taft wroteIt is that comment, along with his 1949 vote against joining NATO, which explains why Taft is usually cited by Republicans today as an example of the so-called bad old days. Taft also didn’t want the United States to have a peacetime draft. The domestic consequences of an aggressive foreign policy, he warned, would lead to the curtailment of civil liberties.

Taft scholar Professor John Moser of Ashland University writes that Taft believed that war tended to concentrate power in the hands of the central state. It threatened, Taft believed, “the cherished American ideals of limited government and separation of powers.” It reduced the powers of state and local governments, Taft said. Decentralized government, Taft held, was one of the guarantees of liberty. Moser also wrote that Taft had an “innate anti-militarism.”

Centralization would be furthered by the American state entering into military alliances, Taft said. By turning its back on its non-interventionist history, the nation would be bogged down in needless wars.

Taft also had an innate decency. He opposed war-crime trials and criticized the War Department’s jailing of Japanese-Americans during WWII. Taft called the treatment of Japanese Americans the product of “the sloppiest criminal law I have read or seen anywhere,” according to Secretary Stimson by Richard N. Current.

Who was Robert Taft? The son of a president and U.S. Supreme Court justice, Taft was elected in 1938 to the Senate from Ohio. Beginning his congressional career as a critic of FDR’s New Deal, he would warn of the dangers of an aggressive foreign policy. Taft opposed FDR’s backdoor foreign policy just before WWII.

This was a policy in which FDR proclaimed America’s intent to stay out of European wars—clearly a policy favored by most Americans in the late 1930s and early 1940s as shown in public opinion polls—while he privately supported the British. He also often ignored Congress while his policy became deliberately provocative.

After World War II, Taft ended his career by questioning the Truman Doctrine—which committed the United States to opposing communism in Greece and Turkey as well as almost anywhere else—and later urged president Dwight Eisenhower not to send troops to Indochina to save the French. Their Asian empire was collapsing in the early 1950s. Although initially supportive of President Truman in the Korean War, Taft later complained that the president had never asked for Congressional authorization in sending troops into war. Taft also questioned the legitimacy of the UN resolution calling for American intervention.

Taft hated the term “isolationist,” but said he accepted it if it meant “isolating the United States from the wars of Europe.” Still, isolationism was a sentiment that was in the political mainstream through a large part of the 20th century. Taft was three times a failed aspirant for his party’s presidential nomination. His last try was in 1952. The GOP’s internationalist wing triumphed, giving the nomination to Eisenhower. Here was a turning point in American history. “Taft,” wrote Michael Burleigh in Small Wars, Faraway Places, was a “serious anti-interventionist presidential candidate.”

Taft also complained of a modern presidency with seemingly unlimited powers. By contrast, Taft believed America should continue its historic no-military-alliance policy as stated in George Washington’s Farewell Address.

Taft also criticized bipartisan support for aggressive American foreign policy. Taft, in a debate that would recur prior to numerous wars, argued that a president’s foreign policy should face the same political constraints as his domestic policy. “There are some who say politics should stop at the water’s edge, and that nation must present a united front. I do not agree,” Taft said in a radio address in September 1939.

Taft also warned that the United States, supposedly trying to help struggling democracies and fight totalitarian regimes after WWII, could easily slip into the 19th-century role of the British Empire. The United States, Taft said, could become the self-appointed world policeman, a new John Bull (Novelist Washington Irving had written in his sketch John Bull, “He [John Bull] is continually volunteering his services to settle his neighbors’ affairs and take it in great dudgeon if they engage in any matter of consequence without asking his advice.”)

Many years later, amongst the angst caused by the Vietnam War, a few Americans did start to reconsider Taft. It was Washington Post columnist Nicholas von Hoffman who aptly described Taft’s so-called isolationism after it was repeatedly dismissed.

“It is a full generation later,” von Hoffman wrote, “and it turns out that Taft was right on every question all the way from inflation to the terrible demoralization of the troops.” He noted that Dean Acheson in the 1970s, still condemned isolationism and President Nixon disparaged Taft’s foreign policy. Von Hoffman concluded both were wrong.

Taft’s foreign policy, the columnist said, “was a way to defend the country without destroying it, a way to be part of the world without running it.” It’s time for a reconsideration of this forgotten Republican.

dimanche, 09 mars 2014

Aux sources de l’idéologie sioniste

Robert STEUCKERS:

Aux sources de l’idéologie sioniste

Extrait d’une conférence sur le Proche Orient, prononcée à la tribune du “Cercle Proudhon” à Genève, avril 2010

Le sionisme suscite l’enthousiasme dans une bonne part de la communauté juive, tous pays confondus, chez les “chrétiens sionistes” américains, qui sont des fondamentalistes protestants, et chez les occidentalistes et les atlantistes de toutes obédiences (de gauche comme de droite). En revanche, pour beaucoup d’autres, et a fortiori dans les pays arabes et les communautés arabo-musulmanes immigrées dans les pays occidentaux, le sionisme est considérée comme une forme de racisme juif dont les victimes sont les Arabes de Palestine. Une vive passion s’est emparée de toutes les discussions relatives à cette question, tant et si bien que les parties prenantes de ce débat ont une vision généralement propagandiste et militante sur le fait sioniste, oublieuse, comme toutes les autres visions propagandistes et militantes, des racines historiques du complexe d’idées qu’elles exaltent ou qu’elles vouent aux gémonies. L’esprit partisan est toujours rétif aux démarches généalogiques. Il répète à satiété ses “ritournelles”, sans tenir compte ni du réel ni du passé.

Le Prince de Ligne et Napoléon

ottoman.gifNotre position ne peut être ni propagandiste ni militante car nous ne sommes ni juifs ni arabes, car nous ne pouvons raisonnablement nous identifier aux uns ou aux autres, tout en étant désireux de ne pas voir l’ensemble du Levant et du Moyen Orient plongé dans une guerre sans fin, qui, dans tous les cas de figure, serait contraire à nos intérêts. Le sionisme, c’est-à-dire la volonté de transplanter tous les juifs d’Europe dans l’ancienne Palestine romaine ou ottomane, n’a pourtant pas, au départ, des origines juives. Le tout premier à avoir émis l’hypothèse d’une telle transplantation est mon compatriote, le Feldmarschall impérial Charles-Joseph de Ligne, envoyé comme attaché militaire autrichien auprès de Catherine II la Grande en guerre contre l’Empire ottoman, auquel elle arrachera la Crimée, sanctionnant ainsi la prépondérance russe en Mer Noire. A cette époque qui a immédiatement précédé les délires criminels de la révolution française, Russes et Autrichiens envisageaient de porter un coup final à cet empire moribond qui avait assiégé l’Europe du Sud-Est pendant plusieurs siècles. Pour y parvenir, le Prince de Ligne a suggéré d’envoyer toute la population des ghettos d’Europe centrale et orientale dans la partie médiane de l’Empire ottoman, de façon à ce qu’un foyer de dissidence se crée, au bénéfice des Russes et des Autrichiens, entre l’Egypte, province de la Sublime Porte, et l’Anatolie proprement turque. L’objectif de ce “sionisme” ante litteram, non idéologique et non religieux mais essentiellement tactique, était donc de séparer l’Egypte de la masse territoriale anatolienne, sur un territoire, qui, dans l’histoire antique, avait déjà été âprement disputé entre les Pharaons et les souverains hittites (bataille de Qadesh) voire, aux temps des Croisades européennes, entre Fatimides d’Egypte, alliés occasionnels des rois croisés, et Seldjouks.

La révolution française, fomentée par Pitt pour venger la défaite de la flotte anglaise à Yorktown en 1783 lors de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, va distraire Russes et surtout Autrichiens de la tâche géopolitique naturelle qu’ils s’étaient assignée: parfaire la libération de l’Europe balkanique, hellénique et pontique afin de conjurer définitivement la menace ottomane. Napoléon Bonaparte, fervent lecteur des lettres galantes et coquines du Prince de Ligne, reprendra l’idée à son compte, sans pouvoir la réaliser, sa campagne d’Egypte s’étant soldée par un fiasco total avec la défaite navale d’Aboukir. En occupant provisoirement l’Egypte, Bonaparte s’oppose à l’Empire ottoman, déjà considérablement affaibli par les coups que lui avaient portés les armées russes et autrichiennes près d’une vingtaine d’années auparavant. Les visées françaises sur l’Egypte obligent, d’une part, les Anglais à soutenir les Ottomans (aussi contre les Russes qui font pression sur les Détroits) et, d’autre part, Napoléon à envisager de créer une sorte d’Etat-tampon juif francophile entre une future Egypte tournée vers la France et la masse territoriale anatolienne et balkanique, d’où étaient généralement issus les meilleurs soldats ottomans, dont les pugnaces janissaires et leurs successeurs. L’enclave juive devait servir à protéger le futur Canal de Suez encore à creuser et les richesses du Nil, notamment les cultures du coton, richesse convoitée par la France révolutionnaire. Le militant sioniste de droite Jabotinski, ancêtre intellectuel des droites israéliennes, faisait directement référence à ces projets napoléoniens dans ses écrits militants, marqués par des linéaments idéologiques bonapartistes, garibaldistes et... mussoliniens. Mais les projets du Prince de Ligne et de Bonaparte resteront lettre morte. Ce sionisme non juif et purement tactique sera oublié pendant plusieurs décennies après la défaite napoléonienne à Waterloo et les dispositions prises lors du Traité de Vienne.

Lord Shaftesbury

Le projet sera réexhumé dès la fin des années 30 du 19ème siècle quand l’Empire ottoman sera déchiré par une guerre interne, opposant le Sultan d’Istanbul, soutenu par l’Angleterre, et Mehmet Ali, d’origine albanaise, khédive d’Egypte appuyé par la France. A Londres, Lord Shaftesbury relance l’idée dans les colonnes de la revue Globe et dans un article du Times (17 août 1840); il réclame dans ces publications “a land without a people for a people without a land” (“une terre sans peuple pour un peuple sans terre”), esquissant un plan, qui, finalement, se concrétisera un peu plus d’un siècle plus tard, lors de la création de l’Etat d’Israël. Le père du “sionisme”, qui n’a pas encore de nom, est donc un lord conservateur anglais. Outre le fait qu’il émet l’idée fausse d’une Palestine vide, prête à accueillir une population errante en Europe et jugée indésirable, Lord Shaftesbury préconise dans son article la création d’un Etat indépendant en Syrie-Palestine ouvert à la colonisation juive (et donc non entièrement juif), un Etat qui fera tampon entre l’Egypte et la Turquie, projet où l’Angleterre aura le beau rôle du “nouveau Cyrus” qui ramènera les juifs en Palestine. Disraëli, d’origine juive, relance à son tour l’idée en lui donnant une connotation plus romantique, un peu dans le style du “philhellénisme” de Lord Byron, autre figure tragique et originale anglaise qui a permis à Londres d’intervenir dans le bassin oriental de la Méditerranée. Mais l’idée “pré-sioniste” est très vite abandonnée après la Guerre de Crimée où la France et l’Angleterre s’allient à l’Empire ottoman contre la Russie, afin de la contenir au nord du Bosphore. L’Angleterre devient la protectrice de l’Empire ottoman, le soutient à fond lors de la guerre russo-turque de 1877-78 tout en occupant Chypre et en étendant sa protection à l’Egypte en 1882: Albion ne fait rien pour rien! Dans un tel contexte, il est donc bien inutile de fabriquer un Etat-tampon entre deux entités d’un même empire dont on est l’allié ou dont on “protège” le fleuron. On ne ressortira l’idée sioniste du placard que lorsque l’Empire ottoman s’alignera progressivement sur l’Allemagne de Guillaume II, faute d’une politique cohérente de ses alliés français et anglais, qui ont d’abord protégé la Sublime Porte contre la Russie, entre 1853 et 1856 (Guerre de Crimée) et en 1877-78, quand Russes, Bulgares et Roumains envahissaient les possessions balkaniques du Sultan, tout en menaçant Constantinople. La politique franco-anglaise était marquée par la duplicité: les alliés occidnetaux avaient deux fers au feu: protéger l’Empire ottoman moribond, tout en le dépouillant de ses territoires les plus stratégiques; imaginer une politique de dislocation de ce même Empire ottoman, en pariant sur l’éventuelle royauté d’Abdel Khader au Levant ou en créant une élite arabe pro-occidentale au Liban et en Syrie (cf. infra), pour affaiblir le nouvel allié du Kaiser allemand.

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Abdel Khader

Après la guerre “inter-ottomane” entre le Sultan et Mehmet Ali, en 1847, Abdel Khader capitule et se rend aux Français en Algérie, pays auquel il avait voulu rendre l’indépendance. Le Duc d’Aumale, vainqueur, lui accorde sa garantie et sa protection. Il croupit d’abord dans une prison française de 1848 à 1852 puis s’exile à Damas en Syrie en 1853. Il est autorisé à y séjourner avec sa suite, une troupe d’un millier de soldats maghrébins aguerris, avec leur famille. Cette émigration hors de l’Algérie devenue française permet au Second Empire de se débarrasser des éléments les plus turbulents de la première révolte algérienne et, comme nous le verrons, d’exploiter leur dynamisme et leur fougue guerrière. Les Ottomans ne contestent pas cette présence: ils ont besoin de leurs nouveaux alliés français contre la Russie qui a attaqué les ports turcs de la Mer Noire, déclenchant ainsi la Guerre de Crimée. En 1860, après cette guerre qui a ruiné les principes pan-européens (et eurasistes avant la lettre) de la Sainte-Alliance, des troubles éclatent au Liban et dans le Djebel druze, où la population locale musulmane ou druze massacre les chrétiens, obligeant la France, protectrice de jure de ces minorités chrétiennes dans l’Empire ottoman, à intervenir. Abdel Khader, devenu instrument militaire de la France avec son armée algérienne installée en Syrie, intervient et sauve les chrétiens syriens du massacre. Ces troubles du Levant avaient éclaté parce que le Sultan avait envisagé d’accorder aux puissances européennes, surtout la France et l’Angleterre, toutes sortes de concessions, notamment celles qui consistait à lever le statut de dhimmitude pour les chrétiens d’Orient et à autoriser les puissances chrétiennes à ouvrir des écoles dans tous les vilayets entre Antioche et le Sinaï. La politique occidentale, franco-anglaise, n’est plus, alors, de créer un Etat-tampon juif mais de créer une nation arabe moderne, favorable à l’Occident, en rébellion contre la Sublime Porte, formant un verrou grand-syrien cohérent entre l’Egypte et l’Anatolie. Dans ce projet, la France et l’Angleterre visent surtout à asseoir leur domination sur le Liban actuel, où on fabriquera, grâce aux nouvelles écoles catholiques ou protestantes, une élite intellectuelle occidentalisée, au départ de groupes de Maronites nationalistes arabes, hostiles à la Sublime Porte, qui ne les avait pas protégés en 1860 dans le Djebel druze.

En 1876, Abdülhamid monte sur le trône ottoman. En 1877-78, ses armées sont écrasées par les Russes qui volent au secours des Bulgares et des Roumains qui venaient de proclamer leur indépendance. Les territoires balkaniques de l’Empire ottoman se réduisent comme une peau de chagrin, entraînant une crise générale dans tout l’Empire. Il est fragilisé à l’extrême: les Bulgares ont campé devant les murs de Constantinople et sont désormais en mesure de réitérer cette aventure militaire avec l’appui russe. La Turquie ottomane se tourne de plus en plus vers l’Allemagne, tandis que les Français rêvent d’un royaume arabe du Levant, dont le souverain serait... Abdel Khader. On ne songe plus à envoyer dans la région les juifs d’Europe.

Rabbi Alkalai, Zvi Hirsch Kalisher, Joseph Natonek

L’idée sioniste est alors quasiment absente dans les ghettos juifs d’Europe, a fortiori au sein des judaïsmes émancipés dont les représentants n’ont nulle envie d’aller cultiver la terre ingrate du Levant. On peut cependant citer des prédécesseurs religieux, dont le rabbin de Sarajevo Alkalai (1798-1878), sujet ottoman, qui énonce, non pas l ‘idée d’aller s’installer en Palestine, mais une idée neuve et révolutionnaire au sein du judaïsme européen: le judaïsme ne doit plus être la religion qui attend en toute quiétude que revienne le Messie. Pour Alkalai, il ne faut plus attendre, il faut se libérer activement et le Messie viendra. Pour développer une action, il faut un projet, qu’Alkalai n’énonce pas encore mais son refus de l’attitude d’attente de la religion mosaïque traditionnelle implique ipso facto de sortir de sa quiétude impolitique, de se porter vers un activisme qui attend son heure et ses mots d’ordre. Par ailleurs, à Thorn en Posnanie prussienne, Zvi Hirsch Kalisher (1795-1874) propose, pragmatique à rebours de son collègue de Sarajevo, la création d’une société de colonisation en 1861-62. C’est le premier projet “sioniste” juif non purement tactique, émanant d’une géopolitique française, russe ou autrichienne. On notera que ces projets constituent une réaction contre l’émancipation (qui, disent ces pré-sionistes, va aliéner les juifs par rapport à leur héritage ancestral) et non contre les persécutions. Leur attitude est dès lors assez ambigüe: il faut rester juif mais non pas à la mode traditionnelle et “quiète”; il faut le rester en pratiquant un nouvel activisme qui, dans ses principes, serait juif, non transmissible aux non-juifs, mais simultanément non traditionnel, ce qui conduit les traditionalistes quiets à rétorquer qu’un activisme ne peut être juif, mais seulement copie maladroite des manies des “goyim” et que seul l’attente est signe de judaïsme véritable.

Un peu plus tard, Joseph Natonek (1813-1892) élabore un plan plus précis, celui que reprendra Herzl et son fameux “Congrès sioniste” de 1897. Natonek suggère la création d’un “Congrès juif mondial”, de demander ensuite une charte aux Turcs, d’amorcer une colonisation agricole puis de favoriser une émigration de masse vers la Palestine et de créer une langue hébraïque moderne. Natonek ne donne pas de nom à son projet: on ne peut pas parler de sionisme, puisque le terme n’existe pas encore. Personne ne suit Natonek: l’alliance israélite universelle refuse ses plans en 1866 et se borne à aider, via des initiatives philanthropiques, les juifs ottomans de Palestine, ceux du “vieux peuplement” ou “vieux yishuv”. Natonek, dépité, se retire de tous les débats que ses idées avaient lancés. Deux membres de sa famille partent en Palestine pour fonder une colonie agricole, la toute première de l’histoire du sionisme.

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Moïse Hess

Le socialiste allemand de confession juive Moïse (Moshe) Hess, issu de l’écurie des Jeunes Hégéliens comme Karl Marx (avec qui il se disputera), observe, après 1848, l’agitation politique que suscitent les mouvements nationaux partout en Europe, surtout en Italie, en Pologne et dans les Balkans. Il voyait la faiblesse du judaïsme dans son particularisme, face à un christianisme qui se voulait universel (positions assez différentes de celles, bricolées, d’un Bernard-Henri Lévy qui, lui, voit des peuples goyim indécrottablement “particularistes” ou “vernaculaires” et un judaïsme essentiellement universaliste). Errant dans un espace idéologique sans limites perceptibles, dans un flou conceptuel, le socialisme de Hess l’induit d’abord à lutter pour l’émancipation du prolétariat, indépendamment de toute appartenance religieuse. Plus tard, il revient au judaïsme, noyau religieux de la “nationalité juive”, et réclame le droit des juifs à avoir un Etat à eux puisque personne ne veut les assimiler, les accepter. Il en déduit que les juifs sont inassimilables et que cette “inassimilabilité” —qu’il juge finalement positive— caractérise leur nationalité, en même temps que leur particularisme. Par conséquent, il pense que la France, qui a défendu les Maronites de Syrie contre les Druzes avec l’aide des guerriers d’Abdel Khader, pourrait aider les juifs d’Europe à se créer un foyer au Levant qui, en même temps, serait un modèle de société socialiste et égalitaire. Il n’est pas pris au sérieux par la majorité de ses co-religionnaires d’Europe occidentale et centrale qui le prennent pour un utopiste (exactement comme Marx!).

Leo Pinsker

Avant le manifeste de Theodor Herzl, qui lancera le sionisme proprement dit, une idée motrice émerge dans le monde intellectuel juif, chez un certain Leo Pinsker: celui-ci préconise un “retour à la normalité”. Il argumente: c’est parce que les juifs ne sont pas “normaux” qu’il y a de l’antisémitisme. Si les juifs revenaient à une “normalité” qu’ils partageraient avec les autres citoyens des Etats dans lesquels ils vivent, l’antisémitisme n’aurait plus raison d’être. Or l’antisémitisme devenait virulent en Europe orientale: les pogroms se succèdaient en Russie et la Roumanie, devenue indépendante, ne reconnaissait pas les juifs comme citoyens; de même, les émeutes et les pillages antijuifs, commis par les Européens de souche et les autochtones arabo-berbères en Algérie française se multiplient dans les années 90 du 19ème siècle. L’idée sioniste, avant la lettre, trouvera par conséquent un large écho en Roumanie. Parmi les tout premiers immigrants juifs du “nouveau yishuv”, on comptait beaucoup de ressortissants des ghettos de Roumanie, mal accueillis par leurs coreligionnaires du “vieux yishuv”. Quant aux juifs de Russie, la route de l’immigration leur est barrée en 1893 par ordre du Sultan, qui craint que les Russes appliquent l’idée purement tactique du Prince de Ligne et de Napoléon, en créant, par l’envoi massif de juifs de Russie, un judaïsme fidèle à l’ennemi slave sur le flanc sud de l’Anatolie turque. Par la volonté du Sultan, les juifs russes ne peuvent donc plus acheter de terres en Palestine. En 1890, Nathan Birnbaum forge le mot de “sionisme” dans la revue Kadima, en faisant référence à la colline de Sion à Jérusalem. Mais Birnbaum abandonne bien vite l’idée sioniste: il plaidera pour l’éclosion de “judaïsmes nationaux”, notamment en Allemagne, dont la langue serait le yiddisch et non pas un “nouvel hébreu” comme l’avait demandé Natonek. Il tranche ainsi à sa manière le dilemme activisme/quiétude: il replonge dans les traditions juives/yiddish tout en refusant l’activisme sioniste/moderniste (et “simili-goy”). Mais Herzl est un disciple de Birnbaum, qui ne retient que l’idée de revenir à la colline de Sion, d’y créer un Etat où les juifs pourraient vivre la vie de citoyens modernes normaux, selon les critères préconisés par Pinsker (et aussi, avant lui, par Hess).

Théodore Herzl

TheodorHerzl.jpgJusqu’à la parution du petit livre de Théodore Herzl en février 1896, intitulé L’Etat juif, le sionisme est une idéologie vague et confuse, affirmée puis critiquée, acceptée puis reniée. Le livre de Herzl n’était pas moins confus car il ne disait rien de précis sur le site géographique de ce futur et très hypothétique “Etat juif”. Il pourrait se situer en Palestine mais aussi ailleurs dans le monde. Son manifeste, bien que confus, attire quelques personnalités influentes (Nordau, Kahn, Lazare, Goldschmidt, Montagu, etc.) et recueille les signatures de milliers d’étudiants juifs d’Europe centrale. Mais les assimilationistes et les quelques colons de Palestine (issus du mouvement ‘Hovevei Zion) ne le soutiennent pas, parce qu’ils craignent d’éveiller un nouvel antisémitisme ou de voir les frontières des vilayets ottomans du Levant se fermer à tous nouveaux arrivants par crainte d’une submersion. Herzl développe alors une véritable “diplomatie sioniste” tous azimuts pour tenter, vaille que vaille, d’arriver à ses fins, avec l’appui, non pas d’une bourgeoisie juive assimilationiste, mais de dizaines de milliers de petites gens qui n’ont guère d’espoir d’avancer socialement, surtout en Pologne, en Russie et en Roumanie. Cette agitation autour de Herzl va, suite au “Congrès de Bâle” d’août 1897, donner naissance au sionisme moderne, autonome, capable, théoriquement, de faire avancer ses idées sans le soutien d’une puissance impériale. Guillaume II d’Allemagne, qui n’est certainement pas antisémite, décourage cette volonté romantique de faire l’alya (le retour à la Terre de Sion) pour ne pas heurter son nouvel allié turc. Les Russes, qui auraient pu pratiquer à leur profit la politique jadis préconisée par le Prince de Ligne ou Napoléon, répugnent à le faire. Le rêve sioniste de Herzl ne pourra cependant pas se concrétiser sans la “Déclaration Balfour” de 1917 qui donnera le coup d’envoi à la colonisation massive des terres de Palestine par des colons juifs venus d’Europe après la première guerre mondiale, surtout de Russie (ceux qui refusaient la bolchevisation de l’Empire des Tsars comme Jabotinsky) et d’Europe centrale, après les réactions hongroises et roumaines contre le régime “judéo-bolchevique” de Belà Kun à Budapest.

Conclusion

Les origines de cette idée sioniste, assortie d’une volonté de créer un nouvel Etat au Levant, sur territoire ottoman, ne sont cependant pas juives au départ. Elles résultent de calculs froids et cyniques de militaires européens soucieux de briser la cohérence territoriale de l’Empire ottoman en enfonçant, tel un coin, une entité nouvelle, à leur dévotion, entre l’Egypte et l’Anatolie: cette entité envisagée a été tour à tour juive, avec de Ligne et Napoléon, puis arabe, avec Abdel Khader ou les Maronites occidentalisés. Pendant la première guerre mondiale, les Britanniques avaient d’ailleurs parié sur les deux: sur les Hachémites avec Lawrence d’Arabie, sur les juifs avec la “Jewish Legion” et la “Déclaration Balfour”. Par conséquent, il ne serait pas faux d’affirmer que tout sionisme pratique découle d’un calcul stratégique non juif, parfaitement impérial, destiné à contrôler le Levant et à affaiblir et l’Egypte (grande puissance potentielle au temps de Mehmet Ali) et la Turquie ottomane: le “sionisme” des non juifs n’est pas au départ une volonté de faire du “favoritisme” au bénéfice des juifs; ce n’était ni le cas hier, où l’on était parfois naturellement cynique, ni le cas aujourd’hui, où l’on camoufle ses hypocrisies derrière une façade d’humanisme; le mobile principal est d’avoir une population, quelle qu’elle soit —au départ exogène (les Algériens d’Abdel Khader ou les juifs sionistes) ou minoritaire, en conflit avec son environnement géographique et historique— mais qui puisse toujours servir à créer un Etat-bastion pour disloquer les territoires de l’ancien Empire ottoman, pour empêcher la soudure Egypte/Anatolie, pour tenir l’ensemble de la Méditerranée jusqu’à son “bout” sur les côtes du Levant, pour garder les approches du canal de Suez, pour avoir une fenêtre sur la Mer Rouge (le port d’Elat à côté d’Akaba en Jordanie). L’attitude de la Grande-Bretagne de Lloyd George, désireuse d’affaiblir les Turcs et de créer une zone-tampon en lisière du Sinaï et du Canal de Suez, pour protéger le protectorat britannique sur l’Egypte, ne relève pas d’un autre calcul.

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Les Anglais, toutefois, voulaient un “foyer” juif et non un Etat juif car ils devaient ménager leurs protégés arabes grâce auxquels ils avaient pu chasser les Turcs du Levant. L’idée de “foyer” permet d’avoir un territoire disloqué, présentant une mosaïque de diversités, sans cohésion aucune et donc plus facilement contrôlable. Les sionistes d’extrême-droite, dont l’idéologue principal fut au départ Vladimir Jabotinsky, voudront un Etat en bonne et due forme et ne se contenteront pas d’un simple “foyer”, immergé dans une population arabe majoritaire, dont ils ne partageaient ni les moeurs ni les aspirations. Ces sionistes radicaux, qui, au fond, ne voulaient de cette mosaïque judéo-arabe envisagée par les stratèges londoniens, se révolteront contre la puissance mandataire britannique en s’inspirant des écrits de Michael Collins, le leader révolutionnaire irlandais, et de l’action de l’IRA. Jabotinsky ne suivra pas ses disciples les plus virulents sur cette voie maximaliste et terroriste: il était un officier britannique de la “Jewish Legion”, d’origine russe, fidèle à l’Entente franco-anglo-russe et hostile aux Bolcheviques de Lénine. Il restera donc loyal à l’égard de l’Angleterre. Aujourd’hui, l’Etat d’Israël, né en 1948, ne survit que pour une seule raison: il est la zone-tampon au Levant dont se sert une nouvelle puissance impérialiste, américaine cette fois, pour asseoir sa domination dans le bassin oriental de la Méditerranée, pour tenir l’Egypte, la Syrie et, éventuellement, la Turquie en échec.

 

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La preuve la plus tangible de cette inféodation d’Israël à l’hegemon américain est, bien entendu, la présence permanente de la flotte US de la Méditerranée, qui y a évincé toutes les flottes européennes riveraines, faisant automatiquement de l’Etat d’Israël la “tête de pont” de cette redoutable flotte au fond de cette mer qui s’enfonce très profondément dans les terres “eurafricaines” et qui, par cette configuration géographique, a acquis pour l’éternité une importance stratégique cardinale. Les Israéliens lucides, dubitatifs face aux outrances de leurs gouvernants ou de leurs extrémistes, savent que ce statut d’Etat-tampon est fragile sur le long terme: d’une part, ils craignent aujourd’hui que les Etats-Unis ne reviennent à leur ancienne alliance avec l’Iran, situation qui les déforcerait considérablement, déplorent le chaos créé en Syrie, savent que les Etats-Unis ne peuvent indéfiniment froiser le monde arabo-musulman, où ils perdraient alors tous leurs avantages stratégiques. D’autre part, ces Israéliens lucides commencent à réfléchir sur la fragilité des mythes sionistes (pures fabrications?) avec l’école dite “post-sioniste” qui développe une critique argumentée de l’idéologie et des pratiques du sionisme réellement existant et s’interroge sur la substantialité réelle de toute la mythologie politique de l’Etat d’Israël, né au lendemain de la seconde guerre mondiale par l’afflux des “personnes déplacées”, suite aux expulsions et déportations qui ont tragiquement marqué les années 1945-1950, où l’Europe n’était qu’un champ de ruines où régnait la misère et la famine. Pour pallier ces doutes et ces inquiétudes, bien présentes dans la société israélienne, les forces sionistes qui structurent l’Etat hébreu comptent essentiellement sur deux facteurs: sur l’électorat juif des Etats-Unis et, surtout, pour faire poids et masse, sur les millions de “Christian Zionists” fanatisés par les téléprédicateurs d’Outre-Atlantique. Tant que les juifs d’Amérique et les “Christian Zionists” seront capables d’imposer et de ré-imposer, par leurs voix, une politique pro-israélienne aux Etats-Unis, le rêve sioniste des innombrables juifs jadis manipulés par les grandes puissances restera réalisable mais dans la douleur et dans une tension permanente, harassante, décourageante.

Robert Steuckers.

(Forest-Flotzenberg, Fessevillers, Genève & Nerniers, avril 2010; rédaction finale: mars 2013).

Bibliographie:

Delphine BENICHOU (éd.), Le sionisme dans les textes, CNRS Editions, Paris, 2008.

Alain BOYER, Les origines du sionisme, PUF, Paris, 1988.

Gudrun KRÄMER, Geschichte Palästinas – Von der osmanischen Eroberung bis zur Gründung des Staates Israel, Verlag C. H. Beck, München, 2002-2006 (5. Auflage).

Shlomo SAND, Les mots et la terre – Les intellectuels en Israël, Flammarion, coll. “Champs”, n°950, Paris, 2010.

Colin SHINDLER, Israel, Likud and the Zionist Dream – Power, Politics and Ideology from Begin to Netanyahu, I. B. Tauris, London, 1995.

Zeev STERNHELL, Aux origines d’Israël, Gallimard, coll. “Folio”, n°132, Paris, 1996-2005.