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samedi, 22 mai 2021

La nouvelle Merkel sera plus jeune et plus à gauche

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La nouvelle Merkel sera plus jeune et plus à gauche

Ex : https://katehon.com/ru/news/novaya-merkel-budet-molozhe-i...

Il y a six mois, les Allemands essayaient de deviner qui, parmi les solides hommes en blazers représentant divers partis, dirigerait le pays après les élections de septembre. Aujourd'hui, la situation a radicalement changé. Depuis que le parti allemand "Union 90/Verts" a désigné Annalena Baerbock comme candidate à la chancellerie, sa cote augmente rapidement. Jusqu'à présent, 28 % des électeurs sont prêts à voter pour son parti, ce qui en fait la favorite dans la course électorale. Même la CDU/CSU d'Angela Merkel ne remporte pas encore ce pourcentage élevé de voix.

Si les Verts parviennent à conserver leur avance, Mme Baerbock, âgée de quarante ans, deviendra le plus jeune chancelier de l'histoire de l'Allemagne. En même temps, les experts politiques sont presque certains qu'elle sera le premier ministre le plus à gauche que le pays ait jamais vu.

La plus jeune du parti

D'une certaine manière, le parcours de Baerbock est également lié à l'histoire des Verts. Elle est née en 1980, un peu après la création du parti. Elle a grandi dans une ferme dans ce qui était alors l'Allemagne de l'Ouest, en Basse-Saxe. Ses parents hippies l'ont emmenée avec eux à des manifestations antinucléaires. Les Verts, dont l'émergence a été précédée par le mouvement étudiant des années 1960, étaient considérés comme l'un des partis radicaux de l'époque et étaient surnommés les "mangeurs de muesli militants".

Peu à peu, l'organisation est passée de la frange politique au courant dominant et, lorsque Baerbock a atteint sa majorité, les Verts sont devenus des partenaires juniors du parti social-démocrate (SPD) de centre-gauche dans la coalition au pouvoir.

Pendant tout ce temps, Annalena Baerbock a étudié. À 16 ans, elle a passé un an en Floride en tant qu'étudiante d'échange. Elle a ensuite étudié les sciences politiques à Hambourg avant de se rendre au Royaume-Uni pour obtenir une maîtrise en droit international à la London School of Economics (ndt : ces diplômes sont contestés désormais).

En conséquence, l'actuelle Baerbock donne avec assurance des interviews en anglais, ce qui, même de nos jours, ne va pas de soi pour les poids lourds de la politique allemande.

Avant de se lancer dans la politique, Mme Baerbock a pratiqué le sport de manière professionnelle - elle est une ancienne championne de plongée.

"C'est un sport un peu marginal", déclare Waltraud Schelkle, professeur d'économie politique à l'Institut européen de la London School of Economics. - "Son succès dans ce domaine montre qu'elle avait une certaine autodiscipline, de l'ambition et de la résilience dès son plus jeune âge.

Gravir les échelons de la carrière

Après avoir travaillé un temps comme journaliste pour le journal allemand Hannoversche Allgemeine Zeitung, Baerbock a rejoint les Verts dans les années 2000 et est devenue l'assistante de l'eurodéputée Elizabeth Schrödter.

L'arrivée d'Annalena Baerbock chez les Verts marque la fin d'un tournant dans l'histoire du parti: son premier mandat au gouvernement fédéral, où le parti écologiste était le partenaire junior dans une coalition avec le parti social-démocrate de centre-gauche, est terminé.

Pendant ces sept années, de 1998 à 2005, les Verts ont dû faire face à de nombreuses réalités politiques. Sous la direction de Joschka Fischer, alors ministre allemand des affaires étrangères, le parti a soutenu la décision d'envoyer des troupes allemandes au Kosovo dans le cadre de la campagne de l'OTAN contre l'épuration ethnique. Lors du congrès du parti à Bielefeld en 1999, un désaccord sur cette question a conduit à une scission qui a duré des années.

Baerbock a rejoint le parti après tous ces débats et conflits. Par conséquent, elle a évité le ballast politique associé à certaines des figures principales du parti. Néanmoins, sa première tentative de se présenter au Bundestag en 2009 n'a pas abouti. En 2013, cependant, elle a remporté un siège au parlement et est depuis devenue l'un des dirigeants et co-dirigeants de son propre parti.

Bon avec les poings

Sous la direction de Baerbock et de son collègue Robert Habeck, avec qui elle codirige le parti depuis 2018, les Verts sont devenus une force centriste majeure dans la politique allemande, y compris en matière de politique étrangère.

À la fin de l'année dernière, l'organisation a approuvé un programme qui qualifiait l'OTAN d'"acteur indispensable à la sécurité européenne" et promettait un financement fiable des forces armées allemandes. Depuis lors, Mme Baerbock a réitéré ces engagements dans des discours et des interviews. Toutefois, comme beaucoup de membres de son parti, elle critique l'idée de consacrer 2% du PIB à la défense.

Le parti appelle à une réduction de 70 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport aux niveaux de 1990 et ce, d'ici à 2030. Cela semble bien plus radical que l'objectif actuel du gouvernement, qui est de 55 %. Pour l'atteindre, il faudrait éliminer progressivement le charbon et l'énergie nucléaire et faire disparaître les voitures à essence et diesel des routes allemandes.

En outre, le parti entend réintroduire un impôt sur la fortune pour les biens d'une valeur égale ou supérieure à 2 millions d'euros, qui avait été supprimé en 1997. Dans le cadre de ces plans, les personnes ayant les revenus les plus élevés devraient également payer plus de 50 % de leurs bénéfices sous forme d'impôt sur le revenu. Les appels à une réintroduction de l'impôt sur la fortune et à une augmentation significative de l'impôt sur le revenu sont également soutenus par les sociaux-démocrates, avec lesquels les Verts pourraient s'allier. De nombreux hommes d'affaires y voient une menace et certains envisagent même de quitter le pays si une telle évolution se produit.

Le successeur de Merkel

La majeure partie de la presse allemande parle de Baerbock comme d'une "bouffée d'air frais". Certains la comparent à Tony Blair, d'autres à Angela Merkel. "Certains comparent son style à celui d'Angela Merkel, car elle n'est pas super charismatique, pas très drôle", note la journaliste du Frankfurter Allgemeine Zeitung, Helen Bubrowski, qui a déjà interviewé Mme Baerbock. Elle se souvient que la leader des Verts a appelé ses collègues tard dans la nuit "parce qu'elle avait une question sur le troisième paragraphe d'une certaine page d'un traité international". "Elle a une approche très pratique et très pragmatique de la politique", déclare M. Bubrowski.

Selon les experts, le succès électoral de M. Baerbock dépendra en grande partie de la capacité du candidat de la CDU/CSU, Armin Lachet, à retenir les partisans de Mme Merkel lorsque celle-ci démissionnera.

Lachet, 60 ans, est le premier ministre de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un catholique fervent dont le père était autrefois ingénieur des mines de charbon. Il a été choisi comme candidat du parti après une lutte angoissante pour la direction. Mais les récents sondages d'opinion le montrent impopulaire en tant que candidat à la chancellerie.

Cela dit, Annalena Baerbock est ouvertement sympathique à tous les médias, notamment aux chaînes de télévision allemandes ARD et ZDF. L'autre jour, un journaliste conservateur a demandé en plaisantant si les redevances de télévision et de radio (8 milliards d'euros par an), que tous les Allemands doivent payer, ne pourraient pas être ajoutées aux dons politiques exonérés d'impôts pour les Verts. Certains journalistes ont même affirmé que Mme Merkel aurait préféré que Mme Baerbock la remplace au poste de chancelier plutôt qu'un membre de son propre parti. Cependant, il s'agit très probablement d'une invention de l'imagination des fans de la potentielle nouvelle ‘’Frau Kanzlerin’’.

Source : Octagon

vendredi, 21 mai 2021

Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

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Une Darpa européenne - Un rêve irréalisable

par Jean-Paul Baquiast

Ex: http://www.europesolidaire.eu

C'est la préparation d'une guerre éventuelle avec la Russie puis aujourd'hui également avec la Chine qui permet aux Etats-Unis d'être et de rester une superpuissance scientifique et technologique dominante.

Depuis plusieurs décennies, l'agence américaine Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) est le facteur essentiel de cette domination. La Darpa est une agence du département de la défense américaine. Elle finance des innovations technologiques de rupture dans des domaines considérés comme stratégiques à la fois pour garantir la supériorité militaire et la domination économique. Ces innovations, dans la mesure où elles ne sont pas couvertes par le secret militaire, possèdent des retombées qui ont un rôle d'entraînement essentiel dans le domaine civil.

Le budget de la Darpa est officiellement pour 2020 de 2.970 milliards de dollars. Compte tenu des contributions non publiques provenant de divers organismes et entreprises, il est au moins du double. Le budget fédéral des Etats-Unis est pour la même année estimé à 1.200 milliards. Ce budget sert à Washington, indépendamment de la Darpa, de prendre en charge des dépenses dans le domaine de la sécurité civile et des nouvelles technologies. Le déficit chronique de l'administration fédérale lui permet de se désintéresser de nombreux secteurs, notamment en matière de santé et de financement sociaux, qui pèsent sur les budgets européens.

La Darpa constitue également un agent essentiel pour favoriser la dualité des technologies (c'est-à-dire la synergie entre applications civiles et militaires). Ainsi la supériorité américaine dans le domaine spatial repose en grande partie sur un réseau de satellites militaires dépendant de la Darpa. De plus elle n'hésite pas à prendre en charge des projets technologiques innovants dont le succès n'est pas assuré au départ. Ainsi elle a financé l'Arpanet, ancêtre d'Internet, ou encore le GPS. Aujourd'hui, elle s'intéresse à des domaines aussi différents que les véhicules terrestres autonomes utilisables en milieu urbain ou que les nouvelles générations de missiles.

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L'Agence dispose d'une organisation très souple. Elle lui permet d'éviter les innombrables procédures qui consomment l'essentiel du temps des autres organismes. Par ailleurs elle peut recruter ou licencier son personnel administratif et de recherche à la demande, en ne faisant pas seulement appel aux ressources des autres organisations militaires. Ses chefs de projet viennent aussi bien du civil que du militaire, du public ou de privé. Ils ne restent en poste que quelques années. Lorsqu'ils quittent la Darpa, ils ne tardent pas à retrouver d'importantes responsabilités. Leur passage par la Darpa constitue un élément important de leur carrière.

Beaucoup de responsables européens souhaiteraient la mise en place sur le continent d'une « Darpa européenne ». Mais il s'agit d'un vœu pieux, pour de nombreuses raisons. L'Europe n'a pas de politique de défense commune justifiant une telle agence. Elle est incapable de s'entendre sur des projets technologiques d'une certaine ampleur. La rivalité entre États-membres est telle au plan politique que de tels projets ne seraient pas acceptés. Mais la cause déterminante de son impuissance tient à la domination américaine qu'elle accepte de subir. Or les États-Unis n'accepteraient pas la création d'une Darpa européenne qui viendrait concurrencer la leur.

mercredi, 19 mai 2021

La Normandie à la rencontre de son héritage patrimonial par la reconnaissance de ses parlers traditionnels

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La Normandie à la rencontre de son héritage patrimonial par la reconnaissance de ses parlers traditionnels

par le RÉSEAU CITOYEN DU CERCLE NORMAND DE L’OPINION

Les parlers traditionnels en Normandie que l’on désigne couramment sous le nom de langue normande sont pratiqués encore par quelques dizaines de milliers de locuteurs actifs ou occasionnels.

L’UNESCO considère que cette langue est sérieusement en danger. La récente loi votée par le Parlement – qui marque un progrès notable en faveur des langues régionales – ne lui reconnaît pas une réalité suffisante pour qu’elle puisse être admise par l’État dans le Code de l’Éducation, lui permettant la possibilité d’un enseignement immersif dans les écoles publiques.

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C’est une occasion manquée et c’est une faute. La Fédération des associations pour la langue normande (FALE) s’en émeut et a reçu l’appui d’Hervé Morin, président de la région Normandie : ils interpellent le président de la République à ce sujet, réclamant à tout le moins un traitement identique à celui accordé à toutes les autres langues d’oïl.

Ces dernières étant constitutives du Français officiel qu’elles ont fécondé, il serait certainement possible que, dans le cadre du grand projet de promotion de la francophonie en gestation au château de Villers-Cotterêts en cours de restauration, il fût fait une place de choix à la langue normande.

Pourquoi ?

Parce que, par deux fois au moins (XIIIe et XVIIe siècles), la Normandie donna le ton et la prééminence de son vocabulaire et de sa syntaxe à la littérature française et que – particularité insigne – elle fut aussi à l’origine de près de la moitié du vocabulaire de la langue anglaise. Ce que l’on appelle curieusement « l’anglo-normand » n’a d’anglais que l’origine insulaire du normand utilisé par l’élite de la société britannique depuis la conquête de notre Duc Guillaume.

En ces temps de Brexit, où des deux côtés du Norman Channel, on cherche de nouvelles affinités et de nouvelles accointances, il serait peut-être raisonnable que l’on se référât aux parentés linguistiques et historiques : la Normandie a, en ce domaine, plus que son mot à dire.

Drapeau-Normand.pngQuoi qu’il en soit – malgré le mépris affiché par certains milieux au jacobinisme dépassé (Nous pensons, on l’aura compris, au maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, qui s’insurgea contre la volonté régionale de promouvoir les panneaux et autres signalétiques en langue normande) – il convient de soutenir les efforts de la Région en faveur d’une redécouverte et d’une utilisation de la langue normande. Soutien aussi à la diffusion des dictionnaires bilingues franco-normands. Soutien encore à la création d’un Conseil scientifique pour la langue normande et la mise en perspective d’une bibliographie aussi complète que possible des œuvres littéraires en normand.

Quant à l’enseignement… Il suffirait déjà que les autorités académiques encourageassent l’enseignement toujours possible de la culture régionale, tel que prévu par la circulaire Savary de 1982…

Mais ceci est une autre histoire…

Réseau citoyen du Cercle normand de l’Opinion

• D’abord mis en ligne sur TVNC, le 16 avril 2021.

dimanche, 16 mai 2021

La revue de presse de CD 16 mai 2021

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La revue de presse de CD

16 mai 2021

ECONOMIE

Le lithium prendra-t-il la place du pétrole ?

Electromobilité : un changement radical de la relation homme/voiture est en cours. Le lithium sera-t-il le « carburant » du futur et supplantera-t-il le pétrole ? Entre-temps, la course géopolitique à l'accaparement des précieux éléments naturels a déjà commencé.

Euro-synergies.Hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/05/06/l...

La métropolisation de la France, un danger pour la République

La métropolisation est une tendance lourde de nos sociétés. Né aux États-Unis, ce phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations a gagné la France au cours des dernières décennies et l’a profondément transformée. La métropolisation a conduit à une éviction des classes moyennes et populaires des métropoles, renvoyées dans une France périphérique appauvrie. La crise des Gilets jaunes a mis en lumière les dommages démocratiques de cette partition sociale et territoriale. C’est la thèse de Pierre Vermeren, professeur d’histoire contemporaine à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, qui vient de publier dans la collection Le Débat chez Gallimard L’impasse de la métropolisation.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/les-metropoles-et-la-metropolisation-de-l...

FRANCE

Nucléaire en France : les éléments du choix

Le nucléaire a mauvaise presse auprès des principaux mouvements écologistes. L’histoire récente nous rappelle bel et bien que l’énergie nucléaire est sujette à d’importantes contraintes technologiques, financières et humaines. Le risque d’un accident majeur, même s’il est probablement limité en France, n’est pas nul. Ainsi, l’énergie nucléaire nécessite une vision stratégique de long terme, des investissements réguliers, une conservation du savoir-faire et des compétences, un appui permanent de l’État et de la société. Toutefois, une fois ces conditions remplies et le choix réalisé de manière démocratique, une énergie nucléaire bien gérée peut représenter un réel apport pour relever le défi de la transition énergétique. Un apport que les écologistes pourraient n’avoir pas le luxe de refuser.

Le Vent Se Lève

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GEOPOLITIQUE

L’Ukraine, le piège de la sécurité européenne

Jean-Claude Galli, membre du Comité d’orientation stratégique de Geopragma, revient sur les rapports de force qui s’affrontent dans le Donbass et les enjeux qui alimentent la récente escalade des tensions.

Geopragma

https://geopragma.fr/lukraine-le-piege-de-la-securite-eur...

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Égypte et Éthiopie : jeu à somme Nil ?

Les tensions montent autour du projet éthiopien du barrage de la Renaissance. Le Caire craint une main mise d’Addis-Abeba sur les eaux du Nil bleu et exige le maintien du statu quo hydraulique et stratégie dans la région. 

Conflits

https://www.revueconflits.com/gil-mihaely-nil-ethiopie-eg...

Perte de l’indépendance stratégique de la France : l’autre pétition des militaires

Dans une tribune publiée il y a quelques jours, un certain nombre de militaires de haut grade ayant quitté le service actif et regroupés au sein d’un « cercle de réflexion interarmées » déplorent vivement la participation de la France aux exercices militaires de l’OTAN dirigés contre la Russie. Ils y voient la soumission de notre pays à une stratégie américaine dangereuse et la perte de notre indépendance stratégique. Ainsi qu’une « erreur politique confinant à la provocation irresponsable », dont on peut penser qu’elle est dictée à la fois par l’alignement permanent d’Emmanuel Macron sur la politique des États-Unis et sur la confiscation du ministère des affaires étrangères français par le groupe de faucons néoconservateurs installés par Kouchner au Quai d’Orsay.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/perte-de-lindependance-...

MEDIAS

Les médias américains, Pravda de la CIA et des agences de renseignement ?

La presse américaine, pendant longtemps, avait su se confronter à l’appareil de l’État profond, attitude qui culmina dans l’affaire des Pentagon Papers, dans les années 70, et ce avec le plein soutien de la Cour Suprême des États-Unis. Mais c’est à partir de l’affaire Snowden (qui divulgua en 2013 des informations secrètes aux journalistes Glenn Greenwald et Laura Poitras) que la galaxie de la sécurité nationale a montré les dents. Cette évolution a été d’autant plus facile que les journalistes, payés par des entreprises de presse au capital social de plus en plus concentré, sont progressivement devenus des distributeurs de nouvelles prérédigées par l’establishment des agences de presse. Bref, l’intrusion du « Big Business » comme du « Big Government », renforcée par la culture de l’instantané en continu, ont ainsi asphyxié l’essence même du journalisme.

OJIM

https://www.ojim.fr/les-medias-americains-pravda-de-la-ci...

Complots - comploteurs - complotistes

Un essai d’analyse de la crise sanitaire qui se déroule depuis le début de 2020 à travers ces trois termes à partir d’une question : « Y a-t-il eu un complot mené dans les coulisses de l’État français ? » Pour répondre à une telle question, rien de mieux que de se référer à un ensemble de faits parfaitement documentés… Un examen délicat qui souvent se résume à l’enfantin « C’est celui qui dit qui y’est »

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/opinions-tribunes/complots-comp...

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Qui sont les « Décodeurs » ? Entre GAFAM, argent et influence. Première et deuxième partie

Aujourd’hui plus que jamais la vérification d’information, aussi appelée « fact checking » a le vent en poupe. Les journalistes et médias dispensent leurs vérités ou ce qu’ils estiment telles, sous l’ombre protectrice des multinationales américaines. Cinq grands médias ou agences en ont en France le quasi- monopole : Les Décodeurs du Monde, Désintox et Checknews par Libération, l’AFP Factuel, Fakes Off de 20 Minutes, et Les Observateurs de France 24.

OJIM

https://www.ojim.fr/qui-sont-les-decodeurs-entre-gafam-ar...

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SECURITE

Loi Renseignement 2 : la surveillance algorithmique hors de contrôle

Protéger les citoyens du terrorisme en intégrant une surveillance de masse algorithmique altère les libertés fondamentales et se fait sans aucun élément probant quant à son efficacité.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2021/05/05/396765-loi-rensei...

Cybersécurité : « Les attaques informatiques peuvent créer le chaos », alerte le patron de l’ANSSI

« On ne sera jamais assez ambitieux parce que nous sommes face à des menaces qui sont extrêmement fortes ». Auditionné par la commission des affaires européennes du Sénat, Guillaume Poupard, patron de l’ANSSI (agence nationale des systèmes de sécurité des systèmes d’information) a listé, ce jeudi, les enjeux en matière de cybersécurité auxquels la France doit faire face.

Public Sénat

https://www.publicsenat.fr/article/politique/cybersecurit...

jeudi, 13 mai 2021

Pressions occidentales sur la Turquie

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Pressions occidentales sur la Turquie

Par Aldo Braccio

Ex: https://www.eurasia-rivista.com/richiamo-occidentale-alla...

Avril 2021 : on assiste à une accentuation de la pression occidentale sur la Turquie, placée entre un réalignement atlantique (pour lequel, toutefois, un " changement de régime " significatif et une rééducation appropriée de l'opinion publique seraient nécessaires) et le dialogue eurasien. Des États-Unis et de l'Union européenne viennent des leçons de morale - consciencieusement marquées par l'idéologie décadente du politiquement correct - et d'histoire (concernant le conflit entre Turcs et Arméniens) visant à réaffirmer la pensée unique autorisée en matière de droits civils et de recherche historique. Des positions polémiques, des menaces et, de temps en temps, des flatteries qui ajoutent aux tensions en Méditerranée - où une alliance fonctionne déjà pour exclure la Turquie de tout jeu - et en Mer Noire, où l'ingérence militaire de Washington prévoit la collaboration obligatoire d'Ankara dans une perspective anti-russe.

I.

Le mur de l'OTAN présente quelques fissures qu'il n'est pas toujours facile de cacher ou de minimiser: c'est par exemple le cas de la Turquie, à propos de laquelle les attaques médiatiques continues et intenses (et pas seulement) contribuent à creuser la distance entre le monde occidental et le monde turc.

Derrière la regrettée - et grotesque - " discourtoisie du canapé "[1] mise en scène en avril 2021 à l'occasion du sommet entre la Turquie et l'Union européenne se cache d'abord l'idéologie du politiquement correct, qui se conjugue avec une hostilité préjudiciable à l'égard de ce qui est turc : mais il y a aussi un jeu géopolitique plus profond qui concerne en particulier les scénarios à l’œuvre dans la Méditerranée et la mer Noire (c'est-à-dire de la "Méditerranée au sens large") dans le contexte de la confrontation russo-américaine.

Il s'agit de scénarios qui impliquent directement la République turque, la plaçant probablement devant un choix géopolitique décisif pour son avenir.

Mais prenons en considération l'autre controverse anti-turque, plus lourde, qui a explosé en avril 2021, celle du ‘’génocide des Arméniens’’, relancée avec force par le nouvel occupant de la Maison Blanche.

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Joe Biden a toujours eu, à titre personnel, peu de sympathie pour la Turquie d'Erdoĝan, mais aussi pour les Turcs en général, considérés comme génocidaires des Arméniens. Avec des membres du Congrès et des sénateurs des partis républicain et démocrate - tels que Joe Knollenberg, George Radanovich et Nancy Pelosi - le sénateur Biden s'est distingué depuis la première décennie de notre siècle dans la campagne pour la reconnaissance de cette prétendue extermination, allant au-delà de la volonté d’Erevan elle-même - plus prudente que la diaspora arménienne disloquée en Occident - et surtout de l'Eglise arménienne basée en Turquie[2].

Lors de la campagne électorale pour la présidence des États-Unis, le candidat Biden a réitéré sa position, annonçant en août 2020 son intention de faire reconnaître par les États-Unis le génocide des Arméniens attribué aux Turcs.

Comme on le sait, la Turquie ne reconnaît pas et conteste radicalement cette thèse, allant jusqu'à poursuivre ceux qui la soutiennent - et ce, selon une leçon qui vient de l'Occident, où l'on fait souvent semblant de faire taire et d'emprisonner ceux qui proposent courageusement des recherches historiques non conformes à la "vérité" officielle.

Quelle que soit la réalité historique de l'affaire - certes douloureuse mais controversée - la Turquie a toujours perçu cette grave accusation portée contre elle comme une ingérence inacceptable et injustifiée, portant atteinte à sa dignité nationale. Un nouveau pas a été franchi dans cette direction, marqué par une couverture médiatique mondiale: le New York Times du 21 avril a été le premier à rapporter que le président Biden avait décidé de "reconnaître le meurtre d'un million et demi d'Arméniens comme un génocide", et que l'annonce officielle serait faite trois jours plus tard.

C'est ainsi que, le 24 avril, M. Biden a écrit solennellement que "le peuple américain honore tous les Arméniens qui sont morts dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans’’.

Le président américain a montré qu'il voulait adoucir le ton de la déclaration - qui reprend par ailleurs les motions similaires approuvées entre octobre et novembre 2020 par le Congrès et le Sénat américains, bien que non contraignantes - en espérant une "réconciliation entre l'Arménie et la Turquie" et une "normalisation de leurs relations". Mais la réaction d'Ankara, de son président et de son ministre des affaires étrangères, a été, à juste titre, dure et furieuse.

Mais en fait, la déclaration solennelle de Biden va dans une direction tout à fait différente de la réconciliation et de la normalisation: elle interrompt la laborieuse tentative de confrontation - même dans le domaine de la recherche historique - en cours entre Turcs et Arméniens pour la fouler aux pieds et condamner son objectif, exacerbant les pulsions nationalistes des extrémistes des deux côtés.

Une déclaration publique récente et raisonnable d'Erdoğan ("Je me souviens respectueusement des Arméniens ottomans qui ont perdu la vie dans les conditions difficiles de la Première Guerre mondiale, et je présente mes condoléances à leurs petits-enfants") est annulée par la "vérité officielle" sanctionnée par Washington, qui intervient pour exciter les esprits: comme cela arrive toujours, surtout au Proche-Orient.

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Une autre attaque contre Erdoğan, que le président américain s'était réservée à l'occasion de la sortie de la Turquie de la Convention dite d'Istanbul, c'est-à-dire la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, en vigueur depuis août 2014 : une convention que la Turquie considère viciée par une orientation idéologique hostile à la famille traditionnelle sous couvert de lutte contre la violence.

"Un choix soudain et injustifié, alors que dans le monde nous assistons à une augmentation des cas de violence domestique, y compris les nouvelles sur l'augmentation des féminicides en Turquie", a commenté Biden, qui avait déjà accusé Erdoğan d'"autocratie", un concept qui s'avère être complètement similaire à celui de dictature, bien que peut-être moins explicite.

L'Union européenne, comme à son habitude, s'est adaptée à l'accélération du ton américain: la commission des affaires étrangères du Parlement européen - par exemple - a condamné Ankara pour "les déclarations provocatrices à l'encontre de l'UE et de ses États membres, la politique hostile, l'éloignement de plus en plus marqué des valeurs et des normes européennes, l'incarcération massive et continue de journalistes, de défenseurs des droits de l'homme et d'opposants politiques"; le ridicule scandale des canapés, mentionné ci-dessus, a ensuite relancé toutes les raisons et tous les prétextes d'accusation contre le pays du Croissant de Lune.

L'Italie, elle aussi, joue un rôle dans le barrage antiturc - ainsi que dans les barrages antirusse et antichinois - comme en témoigne l'attaque soudaine du Premier ministre Draghi contre le président Erdoğan, qualifié rien de moins que de "dictateur", sur fond de campagne médiatique antiturque continue et martelée de la presse italienne.

Le rôle de l'Italie semble être celui indiqué par le secrétaire d'État Blinken lors de la réunion/convocation du ministre des affaires étrangères Di Maio à Washington: une "forte collaboration sur la Libye, l'Ukraine et l'Afghanistan". "L'Italie et les États-Unis partagent la même préoccupation concernant la présence de forces étrangères en Libye", a confirmé Di Maio avec diligence, faisant évidemment allusion à la Turquie et à la Russie, considérées comme des intrus gênants dans un pays que l'Italie a également contribué à plonger dans le chaos le plus total.

II.

Tout cela est certainement le prélude à une nouvelle tentative occidentale de changement de régime en Turquie - cette fois peut-être par des moyens électoraux, plutôt que par un coup d'État militaire - mais cela provoque déjà une forte pression sur Ankara [3], pour l'inciter à coopérer avec la politique extrémiste des États-Unis contre la Russie, la Chine et l'Iran [4].

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Nous avons déjà mentionné l'importance des scénarios de la Méditerranée et de la mer Noire: si dans le premier cas, le fer de lance de la campagne visant à évincer la Turquie est l'alliance sans précédent entre la France, Israël et la Grèce (avec l'approbation explicite de l'Union européenne), dans le second, l'option d'une "réhabilitation" de la Turquie est réclamée par Washington, qui est toujours à l'aise avec la politique des menaces et des flatteries. En particulier, dans cette phase, les Américains exigent le passage de leurs navires de guerre - et évidemment ceux de l'OTAN - à travers les détroits (Bosphore, Dardanelles, mer de Marmara) - vers la mer Noire, une zone cruciale dans le déploiement antirusse ; c'est là que le grand exercice US-Ukraine-OTAN, nommé Sea Breeze, a été annoncé pour l'été. Le rôle attribué à la Turquie par la Convention de Montreux, qui réglemente le passage par le "Détroit", est, dans cette perspective, important et décisif.

Il faut reconnaître que les relations entre Ankara et Kiev sont bonnes, mais cela ne suffit pas à Washington: dans le cadre d'un récent sommet du Conseil de coopération turco-ukrainien, Erdoğan a en effet déclaré qu'"Ankara est favorable à une résolution rapide et pacifique des différends entre la Russie et l'Ukraine par le biais de négociations", afin de "préserver la paix en mer Noire".

On est loin de la position de Washington, qui ne veut tout simplement pas entendre parler d'équidistance entre la Russie et l'Ukraine et cherche plutôt, comme le souligne le politologue et professeur d'université turc Volkan Özmedir, à "favoriser intentionnellement une augmentation de ces tensions en poursuivant une stratégie visant à ramener de son côté des membres de l'OTAN comme l'Allemagne et la Turquie"[5].

NOTES

1] Une description objective de l'événement, loin des représentations hypocrites des grands médias, dans : Giuseppe Mancini, Il sofà della Von der Leyen: dietro lo scandalo inesistente c’è solo il protocollo, www.laluce.news 7 avril 2021.

2] En ce qui concerne plus particulièrement les Arméniens de Turquie, il convient de tenir compte de: Beraaa Gőktürk, Patriarche arménien de Turquie - "L'exploitation de la douleur d'autrui nous attriste’’ www.aa.com.tr 23 avril 2021. Le patriarche Sahak Mashalian note que le fait de mettre la question historique du ‘’génocide’’ à l'ordre du jour des parlements d'autres pays "ne sert pas le rapprochement des Arméniens et des Turcs, et retarde même leur réconciliation."

3] Le 29 avril, le secrétaire d'État américain, M. Blinken, est allé encore plus loin en annonçant des sanctions en cas de deuxième achat de systèmes de défense S-400 de fabrication russe.

4] Mais cette attitude arrogante et simpliste conduit de plus en plus à une impatience généralisée de la Turquie face aux prétentions occidentales, ainsi qu'à une plus grande prise de conscience historique et géopolitique. Nous citons par exemple Ibrahim Karagül dans Yeni Şafak (le journal le plus représentatif de la zone gouvernementale) du 26 avril 2021, qui souligne qu'il existe des forces en Turquie "en faveur de la protection des États-Unis et de l'Occident sur la Turquie". "Une protection - explique-t-il - demandée depuis l'époque ottomane par les libéraux, les conservateurs et les islamistes pro-américains; les États-Unis sont au centre de l'attaque contre la Turquie (...) ils constituent un État qui s'est établi sur le sang de millions de personnes, qui a massacré des centaines de milliers de personnes même au XXIe siècle (...) mais ils ne sont plus au centre du monde": ils perdent du terrain face aux puissances émergentes du XXIe siècle, et ils sont à couteaux tirés avec la moitié du monde, ils n'ont plus aucune crédibilité (...). Les États-Unis, l'Europe, Israël, toutes les puissances troublées et préoccupées par la montée en puissance de la Turquie, soutiennent la bataille (contre elle) encore plus qu'avec la tentative de coup d'État de 2016". Toujours dans Yeni Şafak et les mêmes jours, Abdullah Muradoğlu déclare que "les fausses accusations de Biden contre la Turquie sont le dernier exemple de la vacuité de la compréhension américaine du terme "allié" (...) Inutile de dire qu'il n'y avait pas de place pour une mentalité génocidaire dans l'ordre établi par l'Empire ottoman". Muradoğlu détaille ensuite les précédents de la politique étrangère américaine, notamment les cas des massacres de la Seconde Guerre mondiale, de Dresde et des bombes atomiques sur le Japon, pour conclure que "les États-Unis doivent se regarder dans le miroir longtemps avant de prêcher le génocide."

5] Sur ce sujet et les retombées de la Convention de Montreux (non signée par les États-Unis), l'intéressant article: Esperto turco: la Convenzione di Montreux ostacola gli USA nel Mar Nero, dans www.it.sputniknews.com du 17 avril 2021.

Aldo Braccio

Aldo Braccio a collaboré assidûment à Eurasia. Rivista di studi geopolitici depuis le premier numéro et a publié de nombreux articles sur son site web. Ses analyses concernent principalement la Turquie et le monde turcophone. Sur des sujets liés à la zone turque, il a donné des conférences au Master Mattei de l'Université de Teramo et ailleurs. Il est l'auteur du livre La norma magica. Il sacro e il diritto in Roma (sur les relations entre la conception du sacré, le droit et la politique dans la Rome antique) et Turkey ponte d'Eurasia (sur le retour du Pays du Croissant sur la scène internationale). Il a écrit plusieurs préfaces et a publié de nombreux articles dans des journaux italiens et étrangers. Il a participé au VIIIe Forum italo-turc qui s'est tenu à Istanbul et a été invité à plusieurs reprises, pour des interviews et des commentaires, par la radio et la télévision d'État iraniennes.

mardi, 11 mai 2021

Aperçu rapide de la situation en France, en mai 2021

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Aperçu rapide de la situation en France, en mai 2021

par La Hire

Je n’arrive pas à dormir, nerveux malgré une grande fatigue, alors j’écris à l’improviste ceci. J’hésitais et je voulais le faire plus tard, genre +/- un an, mais l’histoire n’attend pas et s’accélère de plus en plus. Je ne voudrai pas me retrouver à la traine, même pour une chose aussi insignifiante qu’un écrit et pourtant, je ne suis plus très passionné par la politique et tout ce qui s’y rattache. Je vais essayer de dresser un bilan rapide de la situation ambiante. Pour tout curieux, ce n’est pas mon idée de ce qu’il faut faire, peut-être que ce sera pour bien plus tard. Du reste, on pourra écrire un livre (et il y en a déjà plein) sur ce pourquoi nous sommes là, etc. Pour l’instant, on ne va pas trop s’étendre sur les détails. Alors récapitulons.

En France, en 2021, le régime (mot neutre, genre nous les humains, sommes des mammifères) est la Vème République. Le régime a connu une période de prospérité économique vers la fin des 30 glorieuses. Depuis les mandats Giscard/Mitterrand (deuxième moitié années 70/début 80), le pays connait une décroissance économique, hausse constante du chômage et entre autre, surtout, une mutation du régime vers ce qu’il est aujourd’hui, donc depuis +/-40 ans. Ce régime est en-haut, libéral-mafieux, en bas étatique à fond. Il n’est pas indépendant, lié au-dehors de France à l’Union Européenne (domination politique/économique) et à une « alliance militaire » qu’il ne dirige pas.

La forme du régime est autoritaire molle, pseudo-démocratique (en théorie) et a décuplé son durcissement depuis l’épisode des Gilets Jaunes et le début de l’épidémie de COVID. Les moyens de répression du régime sont d’abord la mort sociale, puis la machine judiciaire, les forces de police et enfin, l’armée.

Mafieux, ce n’est pas une expression, il en obéit à plusieurs critères :

-Caste fermée, on n’y accède qu’aux moyens (très forts) financiers, au copinage, au népotisme.

-Plus d’éthique. Comme l’ont montré et le montrent les scandales à répétition, sa culture est ouvertement « pas vu, pas pris ».

-Affichage d’une richesse de plus en plus ostentatoire.

-Censure de plus en plus ouverte et de plus en plus visible.

-Usage de plus en plus fréquent et décomplexé de la force.

-Racket omniprésent et systématique, contre les entreprises, ce qui reste de classe moyenne, les commerçants divers, les automobilistes etc (au moyen surtout d’une démultiplication exponentielle de taxes).

-Casse progressive des institutions publiques « utiles » (santé, secours, forces de l’ordre, armée) et entretien d’une caste toujours plus grande administrative parasitaire.

-Achat de la sympathie et de la paix sociale, avec une part de l’argent qu’elle a racketté.

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La forme que prend le régime est de plus en plus totalitaire :

-Flicage de plus en plus généralisé, par tous les moyens.

-Contrôle des déplacements (pas au-delà d’un certain rayon, difficultés pour sortir du pays, puis de l’UE, etc.)

-Difficultés croissantes à l’obtention de la propriété (foncière, immobilière, etc.).

-Prévention de la moindre capacité d’autonomie du peuple (Déplacement automobile régulé, associations obligatoires pour tout, interdiction pratique de plus en plus fréquente de s’entrainer même à des choses insignifiantes si vous faites de la politique d’opposition, etc.).

-Alignement flagrant des médias « officiels » sur les thèmes (idées, champ lexical, images, etc.) diffusées par le régime. Contrôle des médias « officiels » par le régime au moyen de l’école de journalisme, de la carte de presse, du ministère de l’information, etc.

-Poursuites pénales contre écrivains/artistes de plus en plus nombreuses et visibles («sous couvert « d’appel à la haine », « d’antisémitisme » ou de « fake news », définitions toujours plus larges).

-De plus en plus d’encadrement dans toutes les manifestations publiques du peuple (telle conférence interdite, telle manifestation sévèrement encadrée, disproportion forces de police/manifestants, etc)

-Utilisation de la police républicaine toujours plus comme :

1) Moyen de sécurité personnelle (quartiers « de pouvoir » ou résidences privées d’hommes politiques protégés et ultra sécurisés tandis que de larges zones sont abandonnées).

2) « Milice » de protection du régime (avec mise en avant de la BAC comme unité du maintien anti-émeute alors que ce n’est pas du tout son rôle, etc.)

3) Passage au cours des années 2010 d’une stratégie classique du maintien de l’ordre à une doctrine de la répression systématique et dissuasive.

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-Les élections aujourd’hui, en 2021 (depuis plus ou moins longtemps mais comme pour tout, la tendance à fortement accéléré ces dernières années) ne servent pas à leur rôle premier, mais à envoyer divers messages. Il est illusoire d’espérer changer quoi que ce soit (mis à part quelques mesures superficielles) au moyen direct des élections, seulement indirect (en se faisant entendre). Si les élections ne vont pas dans le sens du régime, il en ignore le résultat (référendum de 2005) et passe quand même les mesures un peu plus tard et un peu plus discrètement (traité de Lisbonne de 2007).

Ajoutons à cela une situation générale comme suit : la société française est fortement morcelée en petites « tribus » sociales, musicales, vestimentaires, culturelles, ethniques (revendicatives) et religieuses (ostentatoires). La sociologie a aussi largement changé, d’une population relativement homogène jusque dans les années 70, on est passé progressivement et de plus en plus à une société complètement hétérogène. Les problèmes sont multiples et on pourrait continuer des heures comme cela, mais aussi principalement :

Le régime, ce qui reste de la « droite » et de la « gauche » sont incapables de comprendre, d’analyser ce qu’il se passe devant eux, d’accepter que le monde change et donc que leurs logiciels réflexifs doivent être largement mis à jour.

Le régime continue idéologiquement de plus en plus d’agir à l’intérieur par une fuite en avant dans la répression et l’absurde, et à l’extérieur comme si c’était encore la première guerre froide (finie en… 91 !). Ce qui reste de la « droite » et de la « gauche » se morcelle en mille tribus contradictoires. Elles aussi ne savent pas s’adapter et évoluer, elles continuent d’essayer de comprendre le monde avec des grilles de lecture obsolètes, ce qui les amène à disparaitre plus ou moins vite.

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L’effritement de plus en plus rapide de la société est ralenti autant que possible par :

-Le confort matériel (décroissant très vite).

-Le décalage mental (« Les dictatures, c’est quand les gens sont habillés en militaires, c’est la Corée du Nord, pas ici, voyons, nous on est une gentille démocratie, c’est ce qu’ils disent à la télé ! »)

-La force. C’est le régime qui concentre les moyens de force pratique et le pouvoir de frapper les dissidents au portefeuille ou de les emprisonner, voire de les tuer si le régime se trouve trop menacé.

Cela étant, fatalement, arrivera un moment où ce ne sera plus possible de « tenir les choses ensembles » et ce moment semble arriver de plus en plus vite. Pour le régime comme pour les gens, l’impression domine que rien ne va jamais changer et que ça va être les années 90 à perpétuité.

En attendant, concrètement, la machine consomme énormément et ne produit plus rien, donc cqfd elle est dysfonctionnelle.

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Sans entrer dans les détails, deux grands cas de figure sont possibles.

  • La guerre civile. On en parle de partout.

Le gros interdit à franchir serait d’abord mental, car pour les français de 2021, la guerre ici, ce n’est pas possible, c’est de la science-fiction, ça n’existe pas. Face à la pénurie matérielle et si jamais le fil de plus en plus fin qui tient notre « économie » (ou plutôt notre illusion de confort) se cassait, des comportements violents, chaotiques puis prédateurs apparaitraient vite, comme on en a vu le début par exemple lors du début de l’épidémie de COVID.

Si guerre il y avait, elle serait peut-être très localisée : scénario yougoslave, libyen ou syrien.

Elle serait particulièrement féroce car la violence serait provoquée par principalement des différences (réelles ou perçues) sociales, ethniques et/ou religieuses.

Elle serait totale en certains endroits parce que pendant plus de 7 décennies, la violence a été enseignée comme une chose mauvaise, refoulée et cachée au maximum. Et donc, comme tout ce qui est refoulé, on risque un retour de flammes particulièrement violent et inattendu.

Elle serait à 3, 4, 5… factions, pas juste 2. Au début, du moins.

Elle serait aggravée par le fait qu’il y ait en France une forte communauté musulmane « passive » et une « minorité » active de musulmans d’influence salafiste, des frères musulmans etc. Cette faction serait donc immédiatement soutenue par les pays du Golfe et la Turquie (donc argent + armes) et peut-être par l’afflux de combattants étrangers aguerris.

Elle serait asymétrique et de moyens matériels disproportionnés: les forces du régime ayant un armement bien supérieur à celui des différentes fractions du peuple, qui lui n’aurait quasiment rien. Le régime, suivant son incapacité habituelle à changer à s’adapter à de nouveaux paradigmes, la mènera peut-être comme une contre-insurrection classique au Moyen-Orient ou en Afrique (et aura de grandes chances d’échouer)

Elle pourrait être une série de micros conflits et « troubles » localisés ou durer longtemps. Il a fallu au moins 40 ans pour en arriver à ce point. L’éclatement de la Yougoslavie (Slovénie, Croatie puis Bosnie) a pris 5 ans. La guerre au Yémen dure depuis 7 ans, celle de Lybie depuis +/-  9 ans, celle en Syrie depuis 10 ans.

  • Il ne se passe « rien ».

L’UE ou le FMI ont fait/font/feront un coup d’état plus ou moins discret et prennent le contrôle sur la « machine » cassée.

Plus ou moins discret car les apparences seraient peut-être sauvegardées : on serait officiellement toujours sous la Vème République, on voterait, la Constitution serait préservée en apparence, de même que la devise, le drapeau ne changerait pas, etc.

La loi, l’ordre, le contrôle et le flicage seraient donc renforcés et on répéterait comme on le fait aujourd’hui que c’est « pour le bien » ou « pour la sécurité » des gens.

Il pourrait y avoir en apparence un « coup de balais », intervention de l’armée ou de la gendarmerie pour « ramener l’ordre » et calmer en gros 50% des motifs publics de mécontentements que sont l’immigration et l’insécurité (tandis que grosso modo 50% des autres sont d’ordre économico-social).

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Dans ce dernier cas, des têtes tomberaient symboliquement (condamnation de quelques dizaines de politiciens corrompus). Peut-être que le « coup de balais » se limiterait à l’expulsion médiatisée de quelques imams radicaux plus nombreux que d’habitude et un durcissement de la répression des troubles sociaux.

Ce pourrait aussi être un déchainement de violence autorisée des forces de l’ordre ou du peuple, d’autant plus fort qu’il aurait longtemps été refoulé (« Allez-y les gars, c’est open bar, tirez dans le tas, faites-vous plaisir, feu vert).

Une telle action « fusible » ne réglerait pas les problèmes de fond mais pourrait calmer un peu la situation et donc de gagner du temps.

Quoi qu’il advienne, il faut partir de plusieurs principes.

-Droite et gauche sont périmées, il faudra comprendre la France différemment, peut-être en la résumant à une opposition populaire au régime.

-La France d’abondance matérielle et de paix sociale apparente que nous avons connu disparait et va probablement disparaitre.

-Il faut se baser sur la pratique, la réalité, ne serait-ce que pour aller chercher le pain, et non plus sur la théorie (des manuels d’éducations civiques aux actualités « officielles »).

-Il faut apprendre psychologiquement de se préparer du mieux que possible aux situations inattendues et apprendre à sortir de sa routine mentale pour réagir le plus rationnellement possible en cas d’imprévu. Ce n’est pas une mince affaire, surtout que tout est de plus en plus renforcé de la part du régime pour cultiver chez nous un esprit et un état physique de victime isolée, passive et vulnérable.

Il va donc falloir, dans tous les cas, réaliser ce qu’on a en face de soi, à tous les niveaux et à toutes les échelles de temps, déterminer une ou des actions en conséquent, les réaliser, plus tard, en tirer des conclusions. C’est difficile et inhabituel pour les gens habitant en France, mais ils pourront de moins en moins fuir la réalité.

En conclusion, 2 chances sur 3 que ce serait le cas « 1 » (guerre civile) et 1 chance sur 3 que ce serait le cas « 2 » (« rien »). On verra bien ce qu’il advient. Pour ma part, c’est simplement ce que j’imagine.

Si j’écris de nouveau, je résumerai pourquoi, par exemple, le terrorisme n’est pas une solution et autres considérations plus ou moins pratiques.

Bon courage à tous.

 

La Hire.

lundi, 10 mai 2021

La revue de presse de CD - 9 mai 2021

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La revue de presse de CD - 9 mai 2021

ECONOMIE

Après l’affaire Danone : comment les fonds activistes font trembler les PDG

Ce n’est pas la peau des entreprises qu’ils veulent, mais souvent celle de leurs dirigeants. En mars 2021, ces fonds d’investissement ont réussi à faire tomber le PDG de Danone, Emmanuel Faber. Leur objectif : impulser le changement dans l’entreprise, générer une hausse du cours de l’action et revendre au plus haut... même s’il faut renverser la direction pour ça. Enquête sur ces nouveaux acteurs capables de tout pour arriver à leurs fins. Vidéo.

Les Echos

https://www.youtube.com/watch?v=VVMebvjqI5M

FRANCE

Pétition des mille : grandeur et misère du « devoir de réserve »

La publication d’une pétition, signée par un grand nombre de militaires, s’inquiétant de l’état de leur pays a provoqué un grand tintamarre. Le danger d’un fascisme imaginaire stimulant l’appétit répressif des antifascistes de pacotille. Au nom d’un devoir de réserve inventé pour la circonstance.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/05/petition-des-mille-gran...

GEOPOLITIQUE

Reconnaissance du génocide arménien par Joe Biden : le dessous des cartes

Samedi dernier, le génocide arménien a été officiellement reconnu par le Président américain Joe Biden. Il est premier dirigeant américain à franchir le pas. Quelles seront les conséquences pour la Turquie, ses relations avec Washington et sur la politique extérieure agressive d’Erdogan ? Décryptage avec Tigrane Yégavian*, chercheur associé au CF2R et spécialiste du Caucase et des minorités d’Orient.

Fildmédia.com

https://fildmedia.com/article/reconnaissance-du-genocide-...

Un canal sur le Bosphore et un nouveau pacte avec les États-Unis. Le pari d'Erdogan

Ces dernières semaines n'ont pas été comme les autres pour la Turquie. Elles ont commencé par un raid policier impliquant des amiraux à la retraite, les plus importants du pays, accusés de fomenter un coup d'État, et se sont terminées par le "sofa-gate" d'Ankara, pour se conclure avec les propos de Mario Draghi contre Recep Tayyip Erdogan, défini comme un "dictateur" par le Premier ministre italien. Les trois épisodes semblent complètement indépendants, du moins en apparence. Qu'est-ce qui peut unir dix amiraux accusés d'avoir signé un document faisant craindre un coup d'État avec une conférence de presse du Premier ministre italien au Palazzo Chigi ? Tout indiquerait qu'il s'agit de deux dossiers totalement distincts. Pourtant, il existe un fil conducteur : une fine ligne rouge qui relie Ankara à Rome en passant par Istanbul et Tripoli et qui révèle l'un des rapports de force les plus complexes de la Méditerranée.

Euro-Synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/04/28/u...

MEDIAS

Relations entre la presse et les forces de sécurité : un rapport sévère pour l'administration

Le 3 mai, un rapport de 116 pages a été rendu au Premier ministre Jean Castex qui dresse un état des lieux, ainsi que 32 recommandations, sur les relations entre la presse et les forces de l'ordre. Rédigé par une commission indépendante dirigée par l'ancien contrôleur des prisons Jean-Marie Delarue, ce document ne manque pas d'écorner certains passages controversés du schéma national du maintien de l'ordre (SNMO) publié en septembre 2020 ou de la proposition de loi Sécurité globale présentée un mois plus tard (pour la deuxième fois).

RT.com/France

https://francais.rt.com/france/86282-relations-entre-pres...

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RWANDA

Que s’est-il passé au Rwanda le 6 avril 1994 ? Vidéo avec Charles Onana

Le 6 avril 1994, l’avion Falcon 50 transportant deux chefs d’État africains, leurs collaborateurs et trois Français, membres de l’équipage, est abattu par un missile SAM 16 au-dessus de l’aéroport de Kigali. Cet acte est reconnu par l’ONU comme « l’événement-déclencheur » du génocide au Rwanda. Depuis plus de 20 ans, ses auteurs ne sont ni arrêtés ni jugés. Toutes les enquêtes menées par l’ONU, la justice belge, espagnole et française sont sabotées et en proie à de fortes pressions politiques. Interview de Charles Onana, Docteur en sciences politiques et spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs et des conflits armés, auteur de « Enquêtes sur un attentat. Rwanda, 6 Avril 1994 » aux éditions L’Artilleur.

Sud Radio

https://www.sudradio.fr/societe/charles-onana-laffaire-de...

SECURITE

L’inexorable ascension des drones

A moins d’avoir vécu coupé du monde ces dix dernières années, plus personne ne s’étonne de la présence des drones, que ce soit auprès des particuliers, des professionnels ou des armées. Ils sont de plus en plus nombreux, et utilisés pour toujours plus de tâches. Relativement économiques – si l’on met à part la catégorie des drones militaires de plusieurs tonnes, – ils sont assez faciles à piloter et leur emploi est bien plus souple qu’un avion ou un hélicoptère piloté. De plus, ils peuvent être utilisés dans des endroits dangereux sans risquer la moindre vie. Le marché civil des drones est en croissance exponentielle depuis une dizaine d’années et devrait dépasser les 8 milliards de dollars par an à l’horizon 2022, tous marchés confondus

CF2R.org

https://cf2r.org/rta/linexorable-ascension-des-drones/

samedi, 08 mai 2021

Élections régionales de Madrid: punition pour la gauche

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Élections régionales de Madrid: punition pour la gauche

Par Jordi GARRIGA

Ex: https://metainfos.com/2021/05/06/

Ce mardi 4 mai, des élections régionales anticipées ont eu lieu dans la Communauté de Madrid. Elles étaient anticipées car les dernières avaient eu lieu en 2019. La raison de l’avance électorale était la rupture du pacte gouvernemental entre le Parti populaire et Ciudadanos dans la région de Murcie et l’accord du nouveau gouvernement régional de Ciudadanos avec le parti socialiste. La présidente de Madrid, Isabel Díaz Ayuso, craignant le même mouvement à Madrid (puisqu’elle gouvernait grâce à la même combinaison), a décidé de faire avancer les élections, malgré le fait que la gauche ait tenté d’éviter cet appel, signe que le plan était bien de faire la même chose qu’à Murcie.

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Malgré les sondages gouvernementaux, qui prédisaient une victoire pour les partis de gauche, l’actuelle président de Madrid a réalisé un grand triomphe, obtenant 65 députés (+35) et touchant la majorité absolue (sur 132 sièges). Il faut tenir compte du fait qu’elle gouvernait auparavant grâce au pacte de ses 30 députés à l’époque avec les 26 de Ciudadanos et 12 de VOX. Elle a donc gagné son pari !

Le parti le plus perdant a été Ciudadanos, un parti du centre libéral qui avait joué électoralement aux côtés de la droite, mais de manière inattendue et contre l’opinion de ses cadres et des membres du parti, ou des électeurs, qui s’étaient alors tourné vers le parti socialiste en essayant changer le gouvernement de trois régions par des motions de défiance. La punition a été totale: de 26 députés à 0. Plus de 500 000 voix perdues.

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Au contraire, la présidente Díaz Ayuso, qui a été diabolisée et assiégée à la nausée par le gouvernement central et ses médias, a reçu le soutien de 1.600.000 voix, remportant 1 million de voix en plus et représentant la force la plus plébiscitée dans tous les districts de Madrid et sur 176 des 178 communes de la région. Dévastateur ! Les raisons les plus plausibles de ce soutien populaire ont sans aucun doute été sa position contre la fermeture des lieux de travail  en défendant une circulation maximale, organisant du coup une confrontation permanente avec le gouvernement socialiste en Espagne pendant et sur la crise du COVID.

Le parti socialiste est descendu de la première position à la troisième, avec son candidat Gabilondo, personnage gris sans charisme, dépassé de quelques milliers de voix par un autre candidat de gauche, séparé du PODEMOS, Más Madrid.

VOX a pour sa part été maintenu, passant de 12 à 13 députés et remportant près de 50 000 voix supplémentaires. Il a déjà annoncé sans surprise sa volonté de soutenir un gouvernement du Parti populaire dans la région.

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Le soir même des élections, Pablo Iglesias, qui avait démissionné de son poste de vice-président du gouvernement espagnol pour être candidat du PODEMOS, a annoncé sa démission de ses fonctions et de la politique. Comme je l’ai annoncé (https://metainfos.com/2021/04/18/pablo-iglesias-ou-quand-...), même si je ne m’attendais pas à ce que ce soit si tôt. Sa candidature a obtenu 80 000 voix de plus qu’en 2019, mais c’est clairement un échec avec 7% de voix au total. Dans tous les quartiers populaires qu’ils prétendent représenter, la droite a gagné et l’étrange campagne intimidante, dans laquelle ils ont reçu des lettres avec des balles à l’intérieur, ainsi que leurs appels à parier entre «démocratie ou fascisme» n’ont guère influencé les résultats. En fait, le véritable électorat espagnol, au-delà des cris hystériques des médias, ne se préoccupe pas des problèmes typiques d’une guerre civile qui a pris fin il y a plus de 80 ans, mais plutôt de pouvoir manger et pouvoir travailler tous les jours. Les appels antifascistes ou anticommunistes (Vox avec son « nous avons arrêté le communisme à Madrid« ) ont déjà perdu de leur efficacité à cause d’une certaine saturation passéiste. Le monde a changé mais certaines générations comme en France ne s’en sont pas encore rendu compte !

En fait, les vrais communistes et fascistes qui se sont présentés à ces élections, avec leurs candidatures marginales qui n’ont pas atteint 1% des voix, ont été encore plus acculés: le Parti communiste des travailleurs d’Espagne (PCTE) est passé de 2610 à 1 653 voix (0,05%) et la Falange Española de las JONS (FE de las JONS) de 2 217 à 1 129 voix (0,03%)…

Le chef du PP, Pablo Casado, dans son euphorie a annoncé que ces élections marquent le début de la récupération du gouvernement espagnol. Certes, puisque la lecture initiale de ces élections pourrait bien être le retour, dans peu de temps, du bipartisme en Espagne. Si, jusqu’à récemment, cinq partis se disputaient directement des positions de pouvoir dans les différentes élections, la carte politique espagnole est maintenant la suivante:

– Ciudadanos, après une série d’erreurs stratégiques  disparaîtra rapidement et presque tous ses électeurs iront au Parti populaire.

– PODEMOS, après le départ de Pablo Iglesias a de nombreuses possibilités de désintégration, puisque son leader était le pilier fondamental de sa cohésion.

– VOX, qui malgré son maintien, ne cesse de suivre le Parti populaire, court le risque que ses électeurs finissent tôt ou tard par parier sur le parti le plus grand, le plus modéré et qui en dit autant sans trop crier.

vendredi, 07 mai 2021

Fond Européen de la Défense: une dotation ne suffit pas pour armer l’Europe

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Fond Européen de la Défense: une dotation ne suffit pas pour armer l’Europe

FED : l'Union européenne alloue 7,9 milliards d'euros à la création d'une défense commune, mais cela ne suffit pas à nous libérer des États-Unis.

par Salvatore Recupero

Ex : https://www.centrostudipolaris.eu/

Le 29 avril 2021, les députés ont approuvé l'adoption du Fonds européen de défense (FED), qui sera doté d'un budget de 7,9 milliards d'euros pour la période 2021-2027. Il s'agit peut-être d'un premier pas vers le soutien et la coopération en matière de défense en Europe. Pour l'instant, cependant, nous ne serons pas pour autant autonomes par rapport à Washington. En fait, la création d'un système de défense européen n'exclut pas un partenariat avec les États-Unis.

La genèse de l'EoF

C'était l'année 2016 et Jean-Claude Junker (alors président de la Commission européenne) avait parlé de la nécessité de créer une défense européenne commune (1). L'homme politique luxembourgeois invitait notamment à réfléchir à la nécessité de prendre la responsabilité de protéger les intérêts et le mode de vie des citoyens européens, sur leur territoire et à l'étranger, sans déléguer leur protection aux pouvoirs militaires des autres. L'idée était (et est) excellente, et indépendamment de ce que l'on peut par ailleurs penser de Junker.

Pour passer des paroles aux actes, il a fallu créer un fonds (le Fonds européen de défense) uniquement pour financer les premiers projets. Tout cela devait faire partie du "plan d'action européen en matière de défense". Entériné par le Conseil, l'EoF est devenu une réalité le 7 juin 2017, lorsque la Commission a adopté une communication intitulée "Établissement du Fonds européen de défense", soulignant ses caractéristiques distinctives. Il ne manquait que le sceau du Parlement. Il n'y a donc plus d'alibis.

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L'avenir du FED

Que va-t-il se passer maintenant? Simple, l'UE pourra cofinancer des programmes de recherche et de développement dans le domaine militaire. Mais sans la coopération des États nationaux, l'effort risque d'être inutile. Il faudra donc profiter de l'expérience acquise ces deux dernières années avec les projets pilotes (2): l'Edidp (le programme de développement de l'industrie européenne de la défense) pour 500 millions 2019-2020 ; et le PADR, l'action préparatoire dans le domaine de la recherche, pour 90 millions.

Bien que nous n'en soyons qu'aux premiers pas, l'enthousiasme est grand. Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur et des services, a parlé d'un "jour historique pour l'Europe", car "l'idée de travailler ensemble pour promouvoir notre Union de défense et pour la sécurité des citoyens de l'UE est désormais une réalité tangible". L'opération aura également des effets positifs d'un point de vue économique, comme l'a expliqué la vice-présidente de la Commission européenne chargée des questions numériques, Margrethe Vestager. Selon Mme Vestager, "le Fonds jouera un rôle essentiel en permettant aux PME de participer aux chaînes d'approvisionnement de la défense et en développant la coopération industrielle transfrontalière. L'Italie aussi, par la voix de son ministre de la Défense Lorenzo Guerini, a exprimé sa grande satisfaction pour l'accord conclu. Tout va bien alors? Pas tout à fait.

Les Italiens veulent les Américains

Guerini, en effet, fait pression pour la participation de pays non membres de l'UE. En pratique, l'Italie (mais pas seulement elle) se félicite de la présence des Américains. À ce stade, une question se pose: mais pourquoi impliquer "nos alliés" alors que nous investissons pour nous rendre plus autonomes ? La réponse n'est que trop évidente: nous sommes forcés de le faire. L'Europe a perdu la Seconde Guerre mondiale et paie toujours pour cette défaite. Pas une feuille ne bouge sans que Washington ne le veuille. La rhétorique de la libération ne tient pas la route. Nous disons plutôt qu'après avoir porté le collier pendant plus de soixante-dix ans, nous nous sommes convaincus qu'il s'agit d'un collier (sans laisse). Cependant, il faut dire que la Maison Blanche avait déménagé à temps sans que le ministre de la PD n'en ait eu besoin.

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Les États-Unis ne reculent pas d'un pouce

Le journal en ligne Formiche.net (3) avait anticipé il y a plus d'un mois l'intention de la Maison Blanche d'entrer dans le projet de coopération structurée permanente (Pesco) dédié à la mobilité militaire. Une intervention qui est possible grâce au règlement approuvé en novembre qui "ouvre la défense européenne aux États-Unis". Un paradoxe en plein essor.

Pour mieux le comprendre, nous devons expliquer davantage ce qu'est le ‘’projet de coopération structurée permanente’’. La ‘’coopération structurée permanente’’ (Pesco precisely) est la coopération structurée permanente en matière de défense signée par 25 pays européens lors du Conseil Affaires étrangères/Défense de Bruxelles en 2017. Il s'agit de la première étape exécutive vers l'intégration des forces armées européennes, car elle vise à "simplifier et normaliser les procédures de transport militaire à l'intérieur des frontières européennes". C'est pourquoi l'OTAN, ou plutôt le Pentagone, ne pouvait pas être spectateur. Et c'est ainsi que dans les premiers jours de mars arrivent les nouvelles: l'entrée des Etats-Unis dans le Pesco se passe bien et "peut fonctionner". C'est ce qu'a déclaré l'ambassadeur Stefano Sannino, secrétaire général du Service européen d'action extérieure, lors d'un événement de l'ECFR, rapporté par DefenseNews.

Il est évident que les questions sont beaucoup plus complexes. Quelques lignes ne suffisent pas pour analyser la question de manière exhaustive. Cet épisode clarifie cependant nos idées sur l'équilibre des forces entre les deux côtés de l'Atlantique.

L'importance d'une armée européenne

Pour en revenir au thème de l'article, un "fonds" ne suffit pas à faire de l'Europe une puissance militaire, mais c'est un premier pas. Une condition nécessaire mais pas suffisante pour avoir une armée européenne qui ne dépend pas du Pentagone.

À la lumière de ce qui a été dit, il est clair que l'Union européenne doit agir différemment. Le professeur Vittorio De Pedys explique comment dans le numéro 21 de la revue Polaris (4). Selon M. De Pedys, "un accord fort est nécessaire immédiatement sur trois aspects. Le premier est la défense des frontières. La coopération dans ce domaine est essentielle car il y a, et il y aura de plus en plus, le danger du terrorisme, la marée montante de l'immigration, l'illégalité, le commerce des armes, les patrouilles et la sécurité des frontières extérieures.

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L'autre aspect est celui des missions internationales de "maintien de la paix". Au lieu de dépenser autant d'argent et de vies de jeunes gens à faire les guerres des autres, il serait bon d'envoyer les forces d'une armée et d'une marine européennes sur les théâtres où nos intérêts l'exigent (Méditerranée, Afrique du Nord, Tchad, Libye, Syrie, etc.). Enfin, la création d'une industrie européenne de la défense qui permettrait d'acheter des systèmes d'armes étrangers de manière concertée et moins coûteuse. L'Europe est l'un des quatre grands acteurs mondiaux par la taille de ses armées et de ses armements : elle dispose de porte-avions (italiens et français) et de marines de guerre, qui lui permettraient de projeter son pouvoir d'influence sur différents théâtres ; elle entretient également un surprenant rapport de force et d'influence avec un très grand nombre d'anciennes colonies situées à l'autre bout du monde, qui sont sensibles à toute proposition européenne unifiée. Cet énorme potentiel n'est pas du tout exploité aujourd'hui parce qu'il est fragmenté dans un fatras (et non une somme) inepte, stérile et substantiellement inutile de micro-politiques nationales". Ces mots nous montrent quelle est la bonne approche pour construire une Europe qui redevienne un phare de la civilisation.

Notes :

  1. (1) Fonds européen de défense : un financement pour l'avenir de la défense européenne par Lucrezia Luci, Geopolitica.info, 13 septembre 2020 https://www.geopolitica.info/european-defence-fund-finanz...
  2. (2) La défense européenne commence. Feu vert pour le fonds de (presque) 8 milliards d'euros par Stefano Pioppi, Formiche.net, 26 avril 2021 https://formiche.net/2021/04/fondo-europeo-difesa-approva...
  3. (3) La défense européenne s'ouvre aux États-Unis. Voici les plans pour la mobilité militaire par Stefano Pioppi, Formiche.net, 16 mars 2021 https://formiche.net/2021/03/usa-difesa-europea-pesco/
  4. (4) L'Europe que nous voulons - Populaire, pas populiste, souveraine, pas souverainiste, européenne, pas européiste par Vittorio De Pedys, Polaris Magazine, Numéro 21 Hiver 2018 https://www.centrostudipolaris.eu/2018/11/01/leuropa-che-...

 

mardi, 04 mai 2021

Éric Zemmour à découvert

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Éric Zemmour à découvert

par Georges FELTIN-TRACOL

Le microscopique landerneau des « nationaux » hexagonaux connaît ces derniers temps une véritable fièvre politico-intellectuelle. Éric Zemmour se présentera-t-il à la présidentielle en 2022 ? Le maire d’Orange, Jacques Bompard, mobilise les ressources de son micro-parti, la Ligue du Sud, afin que le chroniqueur-vedette de CNews le soit.

L’hypothèse d’une candidature présidentielle de Zemmour n’est pas neuve. En 2015 bruissaient déjà des rumeurs autour de cette hypothèse. Quelques sondages lui accordaient au premier tour entre 12 et 16 %. Le futur directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, Geoffroy Lejeune, publia même une fiction politique intitulée Une élection ordinaire (1) qui imaginait sa victoire face à François Hollande (2). Il est vrai que contre « Flamby », même une chèvre l’emporterait tant le bilan du septième président de la Ve République est désastreux.

La tentation est grande. Le mécontentement de l’opinion populaire est si vif qu’il rend possible l’entrée en lice d’un candidat « vafanculiste » ou, tel Christophe Mercier dans les ultimes épisodes de la troisième et dernière saison de Baron noir, un « anti-Système » capable de bouleverser les rapports de force politiciens habituels (3) et de s’approche ainsi de l’Élysée.

Une candidature nécessaire ?

Les actuels soutiens politiques d’Éric Zemmour ne cachent pas leur volonté de faire chuter Marine Le Pen qui a déjà commencé sa troisième campagne présidentielle. Se prépare-t-elle dès à présent, malgré des sondages flatteurs qui indiquent un vrai conditionnement en amont de l’opinion publique, à un nouvel échec ? Elle sait si bien transformer l’or des intentions de vote en plomb des suffrages. Un nouveau second tour entre les protagonistes de 2017 installerait pour au moins trois décennies la présidente du Rétrécissement népotique dans une posture monopolistique qui étoufferait toute tentative sérieuse de renouvellement politique et générationnel. Une candidature Zemmour conduite à son terme logique, c’est-à-dire sa présence au premier tour de l’élection, nonobstant les difficultés financières, le problèmes d’obtenir les inévitables cinq cents parrainages, l’obstruction éventuelle de la part d’une justice guère indépendante et l’effroyable tir de barrage médiatique (4), aboutirait à l’écarter du duel final, à l’empêcher de danser ensuite le soir de sa nouvelle défaite sur des airs musicaux des années 1980 et à la renvoyer à son occupation favorite et sympathique : l’élevage des chatons.

41TsW-sneOL._SX340_BO1,204,203,200_.jpgToutefois, Éric Zemmour mériterait-il l’appui, matériel, humain et financier, de l’Opposition nationale, populaire, sociale, identitaire et européenne ? On peut en douter à la lecture de L’Autre Zemmour de Youssef Hindi. L’auteur des Chroniques du sionisme (Kontre Kulture, 2019) enquête sur le fer de lance journalistique de la réaction néo-conservatrice hexagonale. Il entend dévoiler les impostures et les contradictions du rédacteur d’Un quinquennat pour rien (2016). Ce livre n’est pourtant pas un pamphlet qui attaquerait la personne.

Youssef Hindi expose dans un style clair, précis et agréable une stratégie qu’il qualifie de « violence par tiers interposée (p. 188) » et dont Éric Zemmour serait sinon l’instigateur, pour le moins le bénéficiaire. « Cette stratégie […] consiste […] à désigner à un allié de circonstance un ennemi, ou un bouc émissaire, pour dévier la violence vers ce tiers et ainsi atteindre un objectif stratégique (p. 188). » Éric Zemmour ne serait-il pas néanmoins l’un de « nôtres » ? Son intervention, la plus virulente et la plus applaudie, à la Convention de la droite du 28 septembre 2019 n’est-elle pas ouvertement identitaire (5) ? N’a-t-il pas naguère accordé un long entretien au magazine Réfléchir & Agir (6) ? Suivant les conseils de son entourage, il n’a en revanche jamais donné suite aux demandes répétées de venir dans le local de la radio Internet dissidente Méridien Zéro

Une autre interprétation française

Rejoignant les analyses d’Emmanuel Todd, Youssef Hindi estime qu’« Éric Zemmour est un outil de détournement d’une colère populaire (p. 49) ». À l’instar de ses équivalents de « gauche », Bernard-Henry Lévy, Claude Askolovitch, Edwy Plenel, grands promoteurs d’« un multiculturalisme qui mine la société (p. 190) », Éric Zemmour s’oppose à leurs propositions mortifères sans pour autant se préoccuper de la question sociale. « Le peuple est pris en étau entre ces deux discours idéologiques apparemment antagonistes mais en réalité complémentaires (p. 190). » Son infléchissement idéologique dû à divers facteurs se vérifie quand on s’intéresse à sa « trilogie française ». Le Suicide français (2014) et Destin français (2018) exposent un panorama décliniste qui ignore les causes profondes de cette décadence. Leur auteur ne semble pas connaître l’œuvre remarquable d’Emmanuel Beau de Loménie, en particulier son étude en cinq volumes sur Les Responsabilités des dynasties bourgeoises. Dans Mélancolie française (2010), sa perspicacité y était plus affinée. Certes, son anti-féminisme anachronique l’incite à critiquer le renversement des alliances de 1756 orchestré par Madame de Pompadour et à déplorer le mariage autrichien de Napoléon Ier alors que Louis XV et l’empereur des Français avaient compris l’avantage de s’allier durablement à la Maison d’Autriche au nom des équilibres géopolitiques fondamentaux du continent européen face au nouveau bloc protestant Angleterre – Provinces-Unies – Hanovre – Prusse.

817FYEFLIOL.jpgÉric Zemmour appartient sans aucune contestation possible à une « droite » qui fait sienne l’universalisme républicain. Youssef Hindi le qualifie donc de « militant télévisuel d’un laïcisme de combat (p. 59) ». Or, « l’Autre Zemmour, le vrai, n’a pas été à l’école publique et laïque ni sur les bancs d’une école privée catholique comme pourraient l’imaginer ses lecteurs et admirateurs. Il a passé son enfance dans des écoles confessionnelles juives (p. 60) ». Pour la circonstance, l’auteur retrace la généalogie intellectuelle du judaïsme politique et insiste sur la « pénétration de la kabbale dans la Révolution et la République (p. 65) ». Il rappelle par ailleurs que « le mouvement assimilationniste juif […] avait un lien de parenté direct avec la secte frankiste dont le père est le rabbin kabbaliste et messie autoproclamé Jacob Frank (1726 – 1791) (p. 66) ». Un autre chercheur non formaté au politiquement correct, Pierre Hillard, a mis en lumière les liens étroits entre les cénacles kabbalistes et frankistes et le néo-conservatisme anglo-saxon par l’intermédiaire, d’une part, du philosophe politique Leo Strauss et, d’autre part, des dynasties européennes installées via le rôle subversif, discret et déterminant des Battenberg – Mountbatten…

L’antinomie France – République

Youssef Hindi ne commet pas l’erreur d’Éric Zemmour de lier la France et la république dans la même continuité politique. Bien au contraire, « la république s’est fondée dans une opposition radicale et sanglante à la France catholique. C’est une rupture historique, idéologique et certainement pas une union (p. 112) ». Si Éric Zemmour ne comprend pas que l’idée républicaine issue des abjectes Lumières corrompt la France, Youssef Hindi confirme à demi-mot la thèse « gallovacantiste » ou « francovacantiste », ce qui explique l’abêtissement sans précédent du « peuple » français.

41ySDqKJPyL.jpgOn peut cependant lui reprocher de ne pas s’intéresser suffisament aux liens anciens et étroits entre certains mouvements sionistes et des factions entières de la Droite nationale. En 1967, au moment de la Guerre des Six Jours, cette Blitzkrieg lancée par Israël contre ses voisins arabes, le journaliste Serge de Beketch voulait s’engager dans les forces armées israéliennes. Jean-Marie Le Pen et Dominique Venner apportaient leur soutien à l’État hébreu dans Minute. Auteur du Livre noir de la droite (1998), Éric Zemmour connaît bien cet arrière-plan idéologique que regrettaient Maurice Bardèche, François Duprat et Pierre Sidos et qui apparaît aujourd’hui comme un « national-sionisme ». La référence idoine de ce nationalisme français pro-israélien demeure néanmoins Pierre Boutang. Le fils spirituel prodigue de Charles Maurras se rallia à la Ve République gaullienne, écrivit en 1980 un retentissant pamphlet contre Valéry Giscard d’Estaing, Précis de Foutriquet, et ne cessa jusqu’à sa mort en 1998 d’approuver les actions d’Israël. Il voyait dans le sionisme un nationalisme maurrassien juif. Éric Zemmour renoue avec l’héritage du fondateur de La Nation française.

L’Autre Zemmour de Youssef Hindi est un vrai pavé jeté dans la mare. Certes, l’auteur ne débattra pas à 19 h sur le plateau de CNews avec son brillant sujet… Les gazettes droitières tairont bien évidemment l’ouvrage et il serait plus qu’improbable de le trouver sur la devanture des librairies parisiennes dites « rebelles », à part bien sûr la Librairie Vincent qui vient d’avoir les honneurs de la deuxième page de Charlie Hebdo du 14 avril 2021. C’est le lot habituel des livres qui dérangent vraiment.

Georges Feltin-Tracol

Notes

1 : Geoffroy Lejeune, Une élection ordinaire, Ring, 2015.

2 : Sur la recension d’Une élection ordinaire, cf. Georges Feltin-Tracol, « Opération Monsieur Z », mis en ligne sur Europe Maxima, le 14 juillet 2019.

3 : cf. Georges Feltin-Tracol, « Les leçons de Baron noir », mis en ligne sur Europe Maxima, le 1er novembre 2020.

4 : Les accusations récentes d’agressions sexuelles contre Éric Zemmour à l’initiative de quelques femmes qui réagissent quinze ans après les faits supposés, reprises et amplifiées par les « petits soldats » de Mediapart dans un article fielleux paru le 29 avril dernier dénotent une réelle inquiétude de la part d’une certaine gauche en coma dépassé à propos d’une éventuelle candidature présidentielle du polémiste.

5 : cf. Éric Zemmour, « La société progressiste est une société liberticide », mis en ligne sur Polémia, le 3 octobre 2019.

6 : « Brillant à grand pas Éric Zemmour », entretien d’Éric Zemmour par Pierre Gillieth, dans Réfléchir & Agir, n° 26, été 2007, pp. 36 – 38.

• Youssef Hindi, L’Autre Zemmour, préface d’Alain Soral, Kontre Kulture, 2021, 252 p., 17,50 €.

dimanche, 02 mai 2021

L'Europe en tant que puissance ne peut être « atlantique »

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L'Europe en tant que puissance ne peut être « atlantique »

Par Eduardo Zarelli

Ex : https://www.grece-it.com/articoli/

Le changement de présidence aux États-Unis a coïncidé avec l'anniversaire de la mort du général Charles de Gaulle et un échange de vues indicatif entre l'actuel chef de l'Élysée et le gouvernement allemand, en la personne de la ministre de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, qui représente bien le tableau incertain des relations entre les États-Unis et l'Union européenne mises à mal pendant la présidence de Donald Trump et, plus généralement, souligne l'émergence évidente de la multipolarité dans les équilibres mondiaux.

"L'Europe, souveraine en sa défense, combat unie pour ses valeurs contre la barbarie", tel est l'appel du président français Emmanuel Macron qui exhorte l'Union européenne à devenir plus puissante sur la scène internationale et capable d'agir indépendamment des États-Unis dans de nombreux domaines, des opérations militaires à la politique industrielle. Cet appel se dirige contre la posture soumise de l'Allemagne, sans pourtant qu’il y ait équivoque sur sa primauté économique continentale et sur son impact commercial mondial. Cette posture se révèle aussi dans la servilité la plus inconsolable à un "passé qui - évidemment - ne passe pas". Elle a été bien résumé par Kramp-Karrenbauer, selon qui "les Européens ne pourront pas remplacer le rôle crucial de l'Amérique pour assurer la sécurité". En ce sens, on a vraiment la nostalgie du Général de Gaulle qui, en 1964, avait parfaitement défini le problème en déclarant: "Pour nous, Français, il faut faire l'Europe européenne. Une Europe européenne signifie qu'elle existe par elle-même et pour elle-même, c'est-à-dire qu'elle a sa propre politique au centre du monde. Eh bien, c'est précisément ce que certaines personnes rejettent, consciemment ou inconsciemment, même si elles prétendent vouloir que cela se produise. Après tout, le fait que l'Europe, sans politique, reste soumise à celle que lui dicte l'autre côté de l'Atlantique, leur paraît encore normal et satisfaisant".

marsdg.jpgEn fait, il sera très difficile pour les protagonistes actuels de représenter un destin politique adéquat pour le continent. L'Union européenne est évidemment un comité d'entreprise qui, dans ses fondements, évite la question de la souveraineté, ce qui démultiplie les effets de l'irrésoluble désaccord qui existe toujours entre démocratie et libéralisme, participation et individualisme de masse, volonté populaire et institutions technocratiques.

L'édifice européen présente deux défauts structurels: 1) la primauté de l'économique, au détriment du politique et du culturel, qui entraîne un principe de citoyenneté incohérent, couvert par l'idéologie des droits civils et le catéchisme moralisateur du "politiquement correct"; 2) il est construit d'en haut, avec beaucoup d'autoréférence à la nature oligarchique de l’ensemble et à la posture techno-morphique des classes dirigeantes, insensibles au bon sens des peuples qu'elles doivent gouverner, des peuples compris, en dernière analyse, comme des obstacles substantiels au renversement d'un marché autorégulé.

Le premier nom de l'Union européenne était "Marché commun" et aujourd'hui nous en sommes à une dérive libérale complète des institutions - et libéraliste de l'économie - qui marchandise la société et ne fait qu'un avec la mondialisation vue comme but ultime de la dystopie impolitique du cosmopolitisme apatride. En ce qui concerne la verticalité, l'Europe ne peut qu'être une complémentarité d'identités fédérées intégralement dans une subsidiarité communautaire, une démocratie organique, tandis qu'à son opposé, à Bruxelles, il y a une bureaucratie centralisatrice et entropique qui veut s'imposer avec le diktat juridique sur chaque espace vécu, cimentant la forme du capital, supplantant la vitalité sociale et la nature des choses.

Les souverainetés nationales sont pliées aux dynamiques mondiales, mais à leur place, aucune souveraineté politique légitime, faisant autorité, n'émerge sur le continent, subsumée par le scénario post-idéologique de l'involution de tout idéal volontariste en faveur de la brutalisation de la société de consommation et du matérialisme hédoniste.

ares-sculpture-3.jpgA cette orientation impolitique se superpose une indolence morale. Obsédée par l'universalisme dont elle a été historiquement le point de référence, l'Europe a injecté un sentiment de culpabilité et d'abnégation qui a fini par façonner la "vision du monde" de ses classes dirigeantes et le mode de vie de la classe aisée, devenant par ailleurs le seul continent à vouloir "s'ouvrir" sans plus se préoccuper - sauf pour les avantages économiques - de ce qu'il veut signifier pour le monde. Le résultat est une paresse impardonnable et géopolitiquement suicidaire, étant donné que la dynamique internationale est projetée dans le désordre de multiples intérêts divergents, absolus seulement s'ils sont autosuffisants, et donc politiquement et militairement défendables.

Un exemple - parmi d'autres - est la politique migratoire suicidaire de ces dernières décennies, soutenue par une irresponsabilité assimilationniste totalement fanatique sans qu'un réalisme identitaire ne puisse y faire contrepoids car inexistant. C’est là le signe avant-coureur d'une désintégration civique qui prend désormais la forme d'une "guerre civile froide" interne, rampante et interstitielle, directement proportionnelle à l'absence de respectabilité externe, c'est-à-dire de politique étrangère commune. Comme le dit Alain Finkielkraut: "cela signifie que, pour ne plus exclure personne, l'Europe doit se débarrasser d'elle-même, se "dés-originer", ne conserver de sa propre tradition que l'universalité des droits de l'homme [...] Nous ne sommes rien, c'est la condition préalable pour que nous ne soyons fermés à rien ni à personne".

Malgré cela, l'Europe, en tant qu'espace métapolitique et idéal, reste le point de référence pour quiconque en fait partie en raison de la conscience anthropologique et culturelle, le processus de la civilisation européenne étant notre histoire vécue. La valeur d'un juste milieu holistique, où la totalité est supérieure aux parties individuelles, reconnues et donc complémentaires dans leurs différences, doit s'identifier à la justice sociale et au bien commun, à la réciprocité des appartenances communautaires et des corps intermédiaires, à la durabilité et à une civilisation de la mesure capable de mettre en symbiose nature et culture. Une communauté de destin.

La nécessité d'une troisième voie entre le libéralisme et le collectivisme ont marqué les arguments des alternatifs sensés, lors de cette tension idéale qui, dans la seconde moitié du 20ème siècle, revendiquait l'indépendance européenne et le non-alignement face aux impérialismes opposés du système de Yalta. Aujourd'hui, le changement du scénario historique international ne modifie pas la nécessité d'échapper à la subalternité, plus précisément à celle qu’induit la mondialisation, mais, cette fois, en faveur d'un multilatéralisme adhérant au réalisme des rapports de force dans un monde multipolaire, ce qui constitue un projet original de culture et de civilisation.

414eea2HHzL._AC_.jpgIl n'y a aucune comparaison possible entre une Europe qui cherche à se constituer en tant que puissance politique souveraine autonome et une Union européenne qui n’est que procéduralisme fonctionnel adapté à un échange mercantile mondial dit «  libre ». En ce sens, la question militaire n'est pas secondaire et consiste à résoudre définitivement la relation avec l'OTAN.

Conçue dans une perspective antisoviétique, au plus fort de la guerre froide, comme une réponse opérationnelle à d'éventuelles crises entre les blocs occidental et oriental, cette alliance militaire, conformément à la logique et à sa nature fondatrice, aurait dû cesser d'exister après la période triennale qui s’étendit de 1989 à 1991, c'est-à-dire après la chute du mur de Berlin et suite à la dissolution de l'Union des républiques socialistes soviétiques. En raison du dualisme à l'égard du Pacte de Varsovie (l'organisation militaire supranationale dirigée par l'URSS à laquelle adhéraient les pays d'Europe de l'Est soumis à la férule du Moscou soviétique), après avoir remporté ce qui était défini comme la principale "bataille", l'OTAN aurait dû commencer à se démanteler et à se retirer progressivement des territoires européens dans lesquels elle occupait des terrains et des bases militaires (Allemagne, France et Italie in primis). Rien de tout cela, trente ans après ces événements de césure, ne s'est produit. Avec la fin du socialisme réel, l'OTAN est devenue l'instrument explicite des intérêts stratégiques, économiques, commerciaux, géopolitiques et militaires des États-Unis, au détriment de la souveraineté européenne et du multilatéralisme international.

Ce n'est pas une coïncidence si l'un des premiers ordres exécutifs de l'administration du nouveau président Joe Biden en matière de politique étrangère est de confirmer la présence et même le renforcement en Allemagne de l'ensemble du dispositif militaire américain déployé en plein centre du continent européen, et que la Russie doit être considérée comme un ennemi stratégique et géopolitique de premier plan.

La série d'interventions militaires s’est ancrée dans l’histoire européenne récente: déjà dans la période 1992-1999, l'OTAN a facilité la crise en ex-Yougoslavie, accélérant le processus de dissolution, tant sur le plan diplomatique que par l'intervention militaire de ses troupes sur le terrain. En 1999, année de la crise du Kosovo, l'OTAN a mené une intervention militaire sur le sol européen sans aucune légitimité internationale (ONU), alimentant les conflits ethniques entre Serbes, Albanais et Kosovars, bombardant toute la région à l'uranium appauvri, avec la complicité italienne (gouvernement dirigé par Massimo D'Alema, avec pour ministre de la défense Sergio Mattarella).

Le cas paradigmatique des Balkans n'est que le début d'une expansion territoriale del’OTAN et de l'ingérence occidentale dans toute l'Europe de l'Est pour encercler stratégiquement la Russie, jusqu'au coup d'État de 2014 en Ukraine. Ensuite, cet interventionnisme s’est porté sur d'autres échiquiers hors statut, comme le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord ou le Proche-Orient: Afghanistan, Irak, Libye, Syrie. Qui plus est, la Turquie - membre de l'organisation depuis sa première expansion en 1952 – s’avère capable de mener une politique néo-ottomane sans scrupules en Méditerranée. Elle soutient aussi le terrorisme islamiste fondamentaliste d'ISIS. Comment peut-on, en tant qu’Européens, continuer à soutenir les raisons invoquées par cet instrument pour étayer l'hégémonie mondiale déclinante des États-Unis ?  Ce soutien insensé témoigne du niveau d'abrutissement atteint par le diktat de la pensée unique dominante, et s'il y a un thème "souverainiste" vraiment univoque, sur lequel mesurer les intentions réelles, au-delà des déclinaisons de gauche et de droite du populisme, c'est précisément celui-ci.

mars.jpgL'OTAN porte atteinte à la souveraineté et à l'indépendance de l'ensemble du continent. Soixante-dix ans et plus après sa fondation, l'Europe, si elle veut être crédible envers elle-même, doit créer des forces armées indépendantes, pour une défense commune intégrée de ses frontières et de ses intérêts, en évitant l'unilatéralisme et l'agression atlantiste, facteur d'inimitié et de conflit dans le grand espace eurasien. La civilisation européenne, en tant que puissance neutre, point d'équilibre entre l'Est et l'Ouest, retrouvant sa véritable fonction historique et son propre limes, pourra être souveraine, parce que la "volonté de puissance" n'a rien à voir avec l'imposition de la force et l'expansionnisme, mais se manifeste surtout dans la domination de soi, de ceux qui luttent donc de manière désintéressée, sans s'attacher au résultat de leurs intentions, parce que, pour citer Walter Whitman, "les batailles sont perdues dans le même esprit avec lequel elles sont gagnées". Ceux qui reconnaissent la décadence et l'effondrement de la civilisation occidentale seront en mesure de créer les conditions d'un réveil de la conscience de l'Europe.

La revue de presse de CD (2 mai 2021)

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La revue de presse de CD (2 mai 2021)

COVID

Une étude d’un ancien praticien de Stanford confirme l’inutilité médicale du port du masque…mais les gouvernements ne sont pas prêt de l’abandonner

Le masque est nuisible pour la santé et ne sert à rien contre le COVID 19. C'est un ancien praticien d'un des hôpitaux de Stanford qui le confirme en passant en revue toutes les études scientifiques sur le sujet. Mais alors pourquoi les gouvernements en maintiennent-ils l'usage obligatoire sous peine d'amende ? Effet placebo ? Influence chinoise ? Outil de contrôle social ?

Le courrier des stratèges

https://lecourrierdesstrateges.fr/2021/04/20/une-etude-se...

ECONOMIE

Nouvelles guerres économiques

Les entreprises françaises exercent dans un contexte de guerre économique multiforme. Leurs dirigeants doivent être plus avertis et mieux armés. Des services et des experts s’y emploient. La réaction doit cependant gagner en vigueur. Le combat exige de la lucidité, de la clarté et de la vaillance.

Comes-Communication.com

http://www.comes-communication.com/files/FFB-Constructif_...

ETATS-UNIS

Activité diplomatique intense en Russie et en Turquie en avril au sujet de l'Afghanistan

Le président américain Joe Biden a annoncé que l'intervention militaire américaine en Afghanistan prendra fin le 11 septembre 2021 et que le dernier soldat américain quittera le pays plusieurs semaines avant le 20e anniversaire de l'invasion et de la conquête de ce pays d'Asie centrale par les États-Unis, le 7 octobre 2001.

Euro-synergies.hautetfort.com

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/04/24/a...

FRANCE

Le sexe des mots, par Jean François Revel

Le combat pour la défense du français et contre l’imbécile féminisation des mots ne date pas d’hier. Jean François Revel a disparu en avril 2006 ; philosophe, homme de presse, écrivain, académicien, il avait compris, l’un des premiers, l’agression de notre culture et la volonté de détruire notre langue par tous les moyens. Précurseur et visionnaire, il pressentait le désastre qui approchait et qui n’a cessé de se propager depuis.

Breizh-Info.com  

https://www.breizh-info.com/2021/04/25/163044/le-sexe-des...

Pétition des militaires : Pinochet bientôt à l’Élysée ?

Qu’est-ce que j’apprends ? L’armée française viendrait donc de menacer la France d’un coup d’État visant à renverser la République pour instaurer une féroce et sanglante dictature ? Alors grand émoi dans le poulailler, chacun y va de son couplet, et dans un jeu de rôle finalement assez classique on entend d’une part des « ben quoi ? » pour ceux qui sont contents, et d’autre part les « no pasaran » de ceux qui dans la gôgoche s’imaginent pouvoir un peu se sentir moins seuls en psalmodiant les vieux slogans.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/04/petition-des-militaires...

GEOPOLITIQUE

L’ONU pointe du doigt l’utilisation du viol comme arme de guerre dans le Tigré

Depuis le début du conflit, au moins 829 cas de violences sexuelles ont été signalés dans cinq hôpitaux. Les victimes les plus jeunes n’ont que huit ans. Dans le même temps, la famine règne et a causé la mort d’au moins 150 personnes.

South China Morning Post

https://www.revueconflits.com/tigre-lonu-pointe-du-doigt-...

Journée d’études combattants étrangers UCO. Compte rendu

Le vendredi 26 mars 2021 s’est tenue une journée d’études sur le thème des combattants étrangers à l’Université Catholique de l’Ouest (UCO), à Angers. Co-organisé par le CREDO (Centre de Recherche en Ethique et Droit de l’Ouest) et le Centre de Recherche des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, avec le parrainage de l’Association Française de Droit de la Sécurité et de la Défense, ce colloque a visé à comprendre les problématiques liées aux combattants étrangers, au cœur de l’actualité.

Conflits

https://www.revueconflits.com/journee-d-etudes-combattant...

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MEDIAS

Samuel Laurent et le monstre Twitter

Après une école de journalisme à Grenoble, un emploi de pigiste puis de titulaire au Figaro.fr, Samuel Laurent s’inscrit sur Twitter en 2008 juste avant de rejoindre Le Monde début 2010. Onze ans plus tard, après avoir frôlé le burn-out, il n’utilise Twitter que comme source d’information mais plus comme vecteur d’échanges et de commentaires, sinon ponctuellement. Que s’est-il passé ? Il le raconte dans son livre,  « J’ai vu naître le monstre, Twitter va-t-il tuer la #démocratie ? » publié par Les Arènes

OJIM

https://www.ojim.fr/samuel-laurent-et-le-monstre-twitter/...

RUSSIE

Les services de renseignement soviétiques et russes : considérations historiques par le colonel Igor PRELIN

A l’heure où les services de renseignement russes défraient, à tort ou à raison, la chronique, il est intéressant de recueillir la vision d’un ancien officier supérieur du KGB, grand professionnel — il fut l’instructeur de Vladimir Poutine —, sur les points forts des services soviétiques et russes. 

Theatrum-belli.com

https://theatrum-belli.com/les-services-de-renseignement-...

Russie-Europe : le grand écart

Un Européen perspicace, Winston Churchill, avait dit en 1939 de la Russie qu’elle est « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme ». On oublie souvent la deuxième partie de sa phrase car il ajoutait : « Mais il y a peut-être une clé. Cette clé c’est l’intérêt national russe. » Les malentendus et l’incompréhension entre l’Occident et la Russie ne datent hélas pas d’hier mais ont atteint ces dernières semaines un point dangereux, se muant en franche hostilité : les bruits de bottes en Ukraine, la valse des renvois de diplomates, les soubresauts de l’affaire Navalny, les accusations de cyberattaques et les nouveaux trains de sanctions contre la Russie…

Géopragma

https://geopragma.fr/russie-europe-le-grand-ecart/

Poutine dénonce le projet US d’assassiner Loukachenko et menace l’Occident de ne pas franchir la « ligne rouge »

Dans le discours présidentiel du 21 avril 2021 à l’Assemblée fédérale, après avoir évoqué la situation intérieure, en particulier à la pandémie et à ses conséquences économiques et sociales pour la population - ainsi que toutes les mesures prises par le gouvernement pour faire face à la situation et aider les plus démunis - Vladimir Poutine a abordé en fin de discours les problèmes internationaux. C’est ce développement, sous forme d’adresse au reste du monde, qui a été traduit ci-dessous.

Le Cri des Peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/04/26/poutine-denonce-le-...

RWANDA

Rwanda : qui espionne qui ?

Le Rwanda est un pays renommé pour son espionnage contre ses voisins, à la recherche d’informations sur ses ennemis. Ceci est tout à fait normal car aucun pays ne peut se passer de le faire. En plus de cela, cependant, alors qu’il n’y a pas de liberté d’expression au Rwanda, toute personne a peur de parler, de dire ce qu’elle veut, ce qu’elle voit et comme elle le ressent, même à propos de choses censées être ordinaires. Parce que le système de renseignement qui constitue la base du régime de Kigali, a l’œil partout. Hormis les services de renseignements bien connus, ou les départements d’intelligence des organes de sécurité, l’on dit qu’au Rwanda quand il y a 3 personnes ensemble, l’une d’entre elles espionne les autres ! Comment est-elle construite, cette panoplie de structures de renseignement du Rwanda ?

The Rwandan

https://www.therwandan.com/fr/rwanda-qui-espionne-qui/

vendredi, 30 avril 2021

Russie-Europe: le grand écart...

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Russie-Europe: le grand écart...

par Héléna Perroud
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Héléna Perroud, cueilli sur Geopragma et consacré à la fracture qui s'élargit entre Russie et Europe, fruit d'une politique de long terme menée par les stratèges occidentistes. Russophone, agrégée d'allemand, ancienne directrice de l'Institut Français de Saint-Petersbourg et ancienne collaboratrice de Jacques Chirac à l'Elysée, Héléna Perroud a publié un essai intitulé Un Russe nommé Poutine (Le Rocher, 2018)

Russie-Europe : le grand écart

Un Européen perspicace, Winston Churchill, avait dit en 1939 de la Russie qu’elle est « un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme ». On oublie souvent la deuxième partie de sa phrase car il ajoutait : « Mais il y a peut-être une clé. Cette clé c’est l’intérêt national russe. » Les malentendus et l’incompréhension entre l’Occident et la Russie ne datent hélas pas d’hier mais ont atteint ces dernières semaines un point dangereux, se muant en franche hostilité : les bruits de bottes en Ukraine, la valse des renvois de diplomates, les soubresauts de l’affaire Navalny, les accusations de cyberattaques et les nouveaux trains de sanctions contre la Russie… 

L’épisode qui a commencé en 2014 autour de la Crimée et de l’Ukraine a ouvert une période dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences. La Russie dans le rôle de l’agresseur, annexant la Crimée et voulant la partition de l’Ukraine est une des lectures possibles des événements qui se déroulent depuis 2014. Il est étonnant toutefois que dans les analyses faites dans les médias occidentaux, américains et européens, très peu d’observateurs se réfèrent à un ouvrage qui fait pourtant référence et que l’on doit à l’un des plus grands experts américains en matière de géopolitique : Le Grand Echiquier de Brzezinski, dédié à ses « étudiants, afin de les aider à donner forme au monde de demain ». Les dates ont leur importance. Cet ouvrage est sorti en 1997, à un moment où la Russie était à terre. Mal réélu en 1996, Eltsine était un intermittent du pouvoir et ne contrôlait plus grand chose, accaparé par ses ennuis de santé. Les salaires n’étaient pas payés, l’espérance de vie était au plus bas et des séparatistes tchétchènes faisaient la loi. Le fil directeur de l’ouvrage est qu’il faut contenir la Russie dans un rôle de puissance régionale pour asseoir la « pax americana » dans le monde et pour ce faire détacher d’elle un certain nombre de pays satellites : les républiques d’Asie centrale et les pays d’Europe de l’Est, le rôle principal revenant à l’Ukraine. Brzezinski l’écrit sans ambages : « L’Ukraine constitue cependant l’enjeu essentiel. Le processus d’expansion de l’Union européenne et de l’OTAN est en cours. L’Ukraine devra déterminer si elle souhaite rejoindre l’une ou l’autre de ces organisations. Pour renforcer son indépendance, il est vraisemblable qu’elle choisira d’adhérer aux deux institutions dès qu’elles s’étendront jusqu’à ses frontières et à la condition que son évolution intérieure lui permette de répondre aux critères de candidature. Bien que l’échéance soit encore lointaine, l’Ouest pourrait dès à présent annoncer que la décennie 2005-2015 devrait permettre d’impulser ce processus. » 

Si on connaît cet ouvrage, si on en comprend la philosophie, il est une autre lecture possible des événements de 2014 : l’application à la lettre de l’agenda défini par les stratèges américains, depuis la révolution orange de 2004 jusqu’aux événements de Maidan à l’hiver 2013-2014 avec la suite que l’on connaît et les 13000 morts du Donbass que l’on oublie trop souvent.

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Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov le citait encore le 1er avril dans un entretien d’une rare franchise accordé à la Première Chaîne de la télévision russe, en réponse aux accusations de Joe Biden traitant Poutine de « tueur ».

Dans la crise qui a éclaté ces jours-ci entre Prague et Moscou, on voit que les projecteurs sont braqués sur l’entreprise Rosatom et le vaccin Spoutnik V. Le motif officiel de la brouille réside dans les soupçons pesant sur l’implication de la Russie dans une affaire d’explosion dans un stock d’armement en République tchèque qui remonte à 2014 et qui éclate curieusement aujourd’hui. S’agissant du vaccin, si l’Union européenne rechigne à lui accorder droit de cité (même si trois pays de l’UE l’ont adopté à ce jour), il est autorisé dans une soixantaine de pays qui représentent un quart de la population mondiale.  Son efficacité, d’abord évaluée à 91,6 % par une étude publiée dans le Lancet se monterait aujourd’hui à 97,6 % sur la base des données provenant de 3,8 millions de personnes ayant reçu les deux doses, d’après une étude de l’Institut Gamaleïa qui l’a mis au point. A côté des déboires des vaccins occidentaux, on peut comprendre l’intérêt de certains à barrer la route au vaccin russe. Pour ce qui concerne Rosatom, qui était en lice avec d’autres concurrents pour une centrale nucléaire dans ce pays, il vient d’être exclu de l’appel d’offres. Peut-être faut-il regarder là du côté de l’Arabie Saoudite et de la tournée qu’a entreprise Sergueï Lavrov dans les monarchies du Golfe courant mars. Ce traditionnel allié des États-Unis resserre ses liens avec la Russie depuis quelques années, notamment depuis la visite historique – la première du genre – du roi Salman à Moscou à l’automne 2017. Et là aussi Rosatom est dans la course pour construire une centrale nucléaire et a passé avec succès les premières étapes, même si le terrain est bien occupé par la Chine, dont l’entreprise publique CNNC est engagée avec le ministère saoudien de l’énergie dans un programme d’extraction d’uranium. La Russie va ouvrir une représentation commerciale à Riyad à l’automne, une offre d’achat du système antimissiles russe S-400 est sur la table et l’inauguration du troisième réacteur de la centrale nucléaire d’Akkuyu en Turquie, dont le chantier a été confié à Rosatom, a eu lieu en grandes pompes en présence des présidents turc et russe le 10 mars, le jour même où Lavrov rencontrait son homologue saoudien… peut-être plus qu’une simple coïncidence.

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Le résultat de cette stratégie occidentale au long cours – américaine d’abord mais suivie à la lettre par les Européens – est maintenant là. Les Russes se sentent de moins en moins Européens. Un diplomate russe m’avait fait part en 2019 de sa préoccupation devant le gouffre qui s’élargissait entre l’Europe et la Russie depuis 5 ans, le temps moyen, disait-il, qu’un étudiant passe dans l’enseignement supérieur et se forge sa vision du monde. Un sondage du centre Levada (institut indépendant du gouvernement) rendu public le 18 mars dernier, sept ans après « l’annexion » ou « le rattachement » de la Crimée – à chacun de choisir sa vision – confirme cette tendance. Aujourd’hui 29% seulement des Russes disent que leur pays est européen. Ils étaient 52% en 2008. Fait notable : chez les plus jeunes ce sentiment d’éloignement de l’Europe est plus fort que chez leurs aînés : les plus de 55 ans sont 33% à estimer que la Russie est un pays européen, un taux qui tombe à 23% chez les 18-24 ans. Alors qu’en 2000, Poutine écrivait sans sourciller, en répondant à des questions de journalistes dans le premier ouvrage biographique qui lui était consacré en Russie « Première  personne »  : « Nous sommes Européens » – c’était le titre d’un chapitre entier . En août 2019 encore, il recevait au Kremlin l’homme fort de la Tchétchénie en le félicitant pour l’inauguration dans la ville de Chali de « la plus grande mosquée d’Europe » même si sur ces terres du Caucase on est un peu éloigné de l’univers mental européen.

Vu de France, où un ennemi bien identifié nous a déclaré la guerre, emportant encore une vie innocente vendredi 23 avril à Rambouillet, en privant deux enfants mineurs de leur mère qui s’était engagée au service de ses compatriotes en choisissant d’entrer dans la police, il serait temps de changer de regard et de ne plus se tromper d’ennemi. Et même de comprendre que dans ce combat-là la Russie, dont 15% de la population est de confession musulmane, et dont le caractère multi-ethnique et multi-confessionnel échappe très largement au regard occidental, a peut-être quelque chose à dire aux vieux pays d’Europe de l’Ouest. 

Héléna Perroud (Geopragma, 26 avril 2021)

Les généraux, le pouvoir et la nation

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Les généraux, le pouvoir et la nation
 
par Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/avril/les-g-n-...

Pas assez radicaux, pas à la hauteur de la crise, pas au niveau de l'Histoire. Entre Napoléon et Hamlet ils ont choisi Hamlet. Quand la crise est révolutionnaire elle s'inscrit dans le sang et dans le drame. Elle ne peut compter sur la légalité, car il n'existe pas de coup d’État légal. Une insurrection ne peut se solder par un retour en arrière, une restauration du "status quo", une subordination capitularde à un pouvoir qui a failli. Le problème de la force est posé, et est posée par là même, la question de la souveraineté, autrement dit le point de savoir "Qui décide en situation d'exception". Les généraux, le pouvoir ou la nation? Quelle est la nature de la crise et quelles en sont ses solutions? Cette crise n'est pas passagère, mais existentielle, car elle concerne la substance de la nation, sa force vive et la forme politique qui devrait la préserver, la forme précaire du pouvoir, sa fiction démocratique. Traduire les généraux en justice c'est réduire la crise au "status quo", à la subordination hiérarchique et, de ce fait, au pouvoir en place. Cela veut dire pour la France, de combattre sur deux fronts, celui de la loi déchue et celui du danger dormant. En effet, crier aux loups, c'est ignorer que le loup est déjà dans la bergerie, où il y égorge et où il faut le traquer et l'éliminer. Choisir entre de Gaulle et Weygand, ou entre Napoléon et le Conseil des Cinq Cent, c'est choisir entre le changement et la capitulation sans combat. Or, combattre c'est l'art de la guerre et il est difficile "de ne pas ensanglanter la lame", car le cours de la guerre est "dictée par la loi de l'autre". Faire de la subordination des militaires au politique la clé du dénouement de la crise c'est saborder sa propre défense et se rendre à l'ennemi. "Aléa jacta est!" (Les dés sont tirés!). Dans de telles conditions, le Sénat de Rome nommait les deux consuls, dictateurs temporaires afin que la République n'en tirasse pas nuisance. En cas contraire l'ennemi gagnerait Rome et instaurerait sa loi. Restaurer la seule constitution ce n'est point sauver la nation, mais le pouvoir failli et soumettre la France éternelle à une légalité morte, en ouvrant ainsi ses portes à l’invasion barbare et au chaos.

imagesmilf.jpgLa prise de position des généraux français sur le délitement de la France et sur les effets destructeurs de l'islamisme et du gauche, affectant l'esprit et le corps de la nation, ont suscité surprise et débat, ont fait et défait les loyautés et dévoilé un refoulé dangereux, d'ordre sociétal et historique, l'avenir d'un pays et d'une civilisation, qui, transcendant les polémiques d'actualité, pèse sur les considérations d'ordre prospectif. Ce sont les problèmes d'identité, de sécurité et de stabilité qu'une immigration indiscriminée dénature en profondeur, inquiétant les patriotes. Ce sont les drames d'une guerre civile probable, qui rappellent quotidiennement l'incompatibilité historique de l'Islam et de l'Occident, en France et en Europe. Ce rappel vaudra, pour les généraux, un Conseil de discipline militaire, mais pour le pouvoir, le tribunal de l'Histoire, toujours plus sévère des accidents des corps constitués de l’État.

Le reprint soumis à votre attention reprend analyse de la stratégie de conquête politique, démographique et culturelle de l'Europe par l'Islam et l'Organisation des États Islamiques (OCI).

En voici un court rappel.

L'islamisation de l'Europe

et le "retour aux armes"

Irnerio SEMINATORE

Date de publication: 15/11/2018

Une folle orthodoxie diversitaire prépare la capitulation de l'Europe.

Elle prétend immuniser les esprits contre l'islamisation du continent, en masquant les vrais enjeux, de culture et de civilisation, de notre conjoncture, sous les images trompeuses d'une lutte entre la gauche et la droite, l'humanisme et les ennemis publiques de l'humanité.

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Il s'agirait d'une radicalisation de la lutte entre les deux principes, du Bien et du Mal, qui hantent perpétuellement le cœur de l'homme et réapparaissent sous la forme intimidante du fascisme, du nazisme et de l'extrémisme ultra-droite.

Une stratégie de "reductio ad hitlerum", bref une hydre, qui n'a d'égal, que dans les images bibliques.

Repoussé en dehors du périmètre de la légitimité politique, le questionnement sur l'islamisation de nos sociétés occidentales, revient sans cesse, pathologique et accablant.

C'est la singularité de notre débat et l'aveuglement de notre époque, qui cache l'hypothèse (A. de Gobineau), selon laquelle les civilisations meurent en raison du métissage ethnique, corrupteur du principe de hiérarchie et de supériorité raciales.

Peut-on formuler les fondements actuel de l'islamisation en cours, sans faux refoulements?

La conversion d'une société civile à l'Islam, peut découler, selon une approche analytique sans concessions:

- d'un processus d'adhésion volontaire ou larvée à la foi religieuse montante, nécessairement long et moléculaire

- d'une stratégie politique, prônant une véritable colonisation de l'Europe

- ou encore, d'une conquête combinée d'insécurité, d'intimidation, de terrorisme et de Djihad, conduisant à la constitution d'une autre société, ethniquement hétérogène.

Celle-ci, soumise à l'Oumma et régie par un Califat montrerait le rejet violent du "vivre ensemble" entre immigrés et autochtones.

La portée d'une pareille conversion à l'Islam serait, en tous cas, d'ordre historique et aboutirait à une lutte inévitable.

On peut s'interroger sur le fait que les mutations qu'elle comporte réunissent un confluent d'éléments, qui caractérisent le déclin d'une civilisation, un esprit de démission ou de renoncement, un épuisement de la force vitale, imputable au vieillissement des populations, un accaparement de la violence physique de la part des "envahisseurs" et une célébration intellectuelle du nihilisme, engendrant une pente irréversible, qui conduit aux portes de la mort.

D'illustres historiens et philosophes ont développé ces différentes hypothèses, car des signes prémonitoires se sont manifestés toujours, dans les moments décisifs, aux observateurs les plus aiguisées.

Pour ma part, je développerais les aspects intentionnels et déclarés de la stratégie contemporaine, à l’œuvre depuis les années soixante dix, lorsque, définitivement achevé le processus de décolonisation de l'Occident, se profilent des défis multiples à son hégémonie, inversant les rapports de dépendance entre l'Europe et l'Asie et l'Europe et l'Afrique et se redessine, en particulier, la carte géopolitique du Proche et Moyen Orient.

Cette inversion sera marquée par les turbulences et les conflits entre Israël et les pays arabes et par le changement général des rapport des forces entre l'Europe communautaire de l'époque et le reste du monde.

La stratégie de conquête de l'Islam (dar al Harb), dont il est question dans ces lignes, se précise en effet dans les résolutions de Strasbourg de 1975 entre les Neuf et les pays belligérants, suite à l'attaque-surprise syro-égyptienne du Yom-Kippour contre Israël et donnera vie au Processus de Barcelone.

Ces résolutions sont censées mettre un terme au chantage de la hausse des prix du pétrole, (augmentés de 70% et décrétés par l'OPEP au Koweït) et ouvrir un dialogue permanent (le Dialogue Euro-Arabe de 1995) entre la Communauté européenne des Neuf et les pays en conflit avec Israël, pour faire accepter ce nouveau rapport de forces.

C'est un statut de Dhimmitude qui s'instaure désormais entre l'Europe et le monde islamique.

Par ces accords, l'Europe bascule du côté des pays arabes et les résolutions mentionnées seront adoptées à Doha en 2000, par l'Organisation des États Islamiques (OCI), comme critères de référence de leurs relations avec les pays consommateurs (classés en pays amis, ennemis ou neutres, vis à vis de la "cause palestinienne").

Les conditionnalités contenues dans ces résolutions constituent encore aujourd'hui les principes directeurs des relations entre les deux parties.

Certes plus favorables des conditions du sac de Constantinople en 1453, par Mehmed II, provoquant la chute de l'Empire romain d'Orient, elles représentent tout de même une défaite et un tournant historique.

Elles ont pour objet:

- au plan international, la reconnaissance de l'autorité palestinienne comme représentante légitime du "peuple palestinien", assorti du soutien des Neuf à leurs revendications et, en particulier, à la solution finale à deux États, comme issue des négociations de paix

- au plan intérieur, une aliénation de la souveraineté culturelle des pays européens, à propos de l'égalité de traitement, à consentir aux minorités musulmanes qui s'établissent sur le continent européen.

Or l'accès des populations immigrées aux droits sociaux et politiques, dont jouissent les populations autochtones, font de ces communautés des corps organiques soudés et liés à leurs pays, étrangers à la civilisation européenne et inassimilables par celle-ci, mais vivant cependant sur le sol du continent.

Par ailleurs les conditionnalités de ces mesures établissent, dans leur mise en œuvre, une véritable dépossession des pouvoirs de regard et de contrôle des autorités des"pays hôtes", puisque ces minorités restent toujours des entités ethniques, continuant à pratiquer la culture, les lois et les mœurs de leurs origines ancestrales.

La mention de la mise en place d'une politique de recrutement de main d’œuvre et d'immigration, réclamée à l'époque, par les pays européens, comporta la prise en charge d'une importante infrastructure de mosquées, de centres culturels et d'écoles d'enseignement parallèles à l'enseignement publique et laïque, pour l'apprentissage de la langue arabe.

Ces dispositions ne sont rien d'autre que l'application de la "stratégie culturelle islamique", adoptée à Doha et intégrée par l'organisation des États Islamiques (OCI), comme mode d'action de l'ensemble du monde musulman vis à vis de l'Occident.

L'aspect le plus important du narratif concernant l'Islam et retenu par les Neuf, est que l'Islam devient désormais une partie constitutive de la culture européenne.

Ainsi le dialogue euro-arabe n'est que le masque officiel d'un chantage politique et d'une nouvelle perspective d'armistice, par lequel les intérêts pétroliers l'emportent sur l'héritage historique de la civilisation européenne.

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Ses conséquences, de pleine actualité, apparaissent très clairement dans la déclaration de la Haute Représentante pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité de l'UE du 28 février 2018, lorsque, Mme Mogherini annonce publiquement, au nom des Vingt-huit, que: "L'Europe partage globalement la position de la Ligue Arabe sur la relance du processus de paix", dans le but de se démarquer de la position des États-Unis à propos de l'Iran et de la rhétorique pro-palestinienne et anti-sioniste qui s'y accompagne rituellement.

Avec le recul du temps, les répercussions de l'embargo pétrolier de 1973, apparaissent aussi graves que la chute de Byzance, car elles dépassent de loin le rééquilibrage des forces et des cultures, consécutives à la défaite syro-égyptienne, pour atteindre la moelle de la civilisation européenne, son existence et sa pérennité.

L’islamisation actuelle de nos sociétés voit se multiplier des espaces d'extraterritorialité islamique et d'organisation parallèle des pouvoirs, soumis à la Sharia, où la pression intérieure (poids démographique, insécurité, radicalisation et djihad), épouse la déliquescence interne des autorités légitimes, désemparées et impuissantes et ne peut représenter une alternative, en termes de régimes politiques, ni à la démocratie, ni à l'autocratie.

A la décomposition des pouvoirs nationaux en Europe se rajoute la différente progression démographique des deux communautés,autochtone et étrangère, à la défaveur de la population de souche, destinée à devenir minoritaire à moyen terme, engendrant un "hiver démographique".

La désaffection des identités nationales par rapport à leur mémoire, à leur passé et à leur langue en serait une conséquence inéluctable.

Le multiculturalisme qui en résulte équivaut ainsi à une multiconflictualité permanente, à la partition des territoires et, en cas, d'affrontement général, à une possible réédition de la théorie guévariste des "focos", par l'embrasement du continent.

Jouent simultanément, au détriment de la civilisation européenne, deux facteurs convergents, dus au principe de "non-discrimination".

Le premier concerne les frontières territoriales; le deuxième les frontières anthropologiques (homme/femme, vie et mort, procréation naturelle ou assistée).

Les répercussions du premier conduisent à un monde déraciné et à un syncrétisme universaliste; celles du deuxième à la disparition de la famille et à la confusion des sexes et des genres, qui ont perdu toute relation avec les aspects normatifs de la sexualité naturelle, hors de  la soumission du bios au choix arbitraire de la "raison".

Quant à l'alternative aux régimes démocratiques en crise, l'Islam compte que sur un personnel politique idéologiquement épuisé, qui à rompu la relation
passionnelle et spirituelle entre le peuple et la liberté, elle même liée à l’idéologie du progrès et à la cohésion sociale.

Ils s'ajoutent à la décomposition sociétale en cours, les déterminismes idéologiques de la conjoncture planétaire:

- le globalisme des modèles culturels ("l'american way of life", les modes télévisuelles aliénantes, etc)

- la "gouvernance" acéphale des institutions supra-nationales et internationales, hostiles aux "résistances" identitaires des nations millénaires. (Union européenne, Nations Unies, etc)

- les anathèmes discursifs contre les trois notions de "peuple", "populisme" et "dissidence", porteuses de doutes et de scepticisme, quant aux régimes politiques et à l'organisation de la société.

Dans ces expressions, les "élites" cosmopolites, au lieu d'y voir la force de la souveraineté de l'esprit et du pouvoir de décision, y décèlent la poudre incendiaire de la subversion anti-système et du danger de révolte du "peuple libre", qui est, pour le principe démocratique, le dépositaire ultime du pouvoir.

- les interventions du pouvoir judiciaire (Cours Européenne des Droits de l'Homme, en faveur de la protection de l'Islam, en légitimant, par une décision politique contraignante le code islamique du blasphème, dans le souci de préserver la" paix religieuse" en Europe, une "pax islamica",ce qui engendre la politisation de l'appareil judiciaire et le déséquilibrage démocratique des trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)

- plus paradoxal encore, le cachet spirituel du Vatican au programme improbable du gauchisme international, en faisant de l'église catholique romaine, le support principal de l'écologie et de l'évangélisation de l'Islam en terre d'Europe, par le "Coup d’État", qualifié de "printemps catholique", promu, selon Wikileaks, par Soros, Obama et H. Clinton, dans le but de remplacer le traditionaliste Benoît XVI par le Pape de gauche François.

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Si on ajoute aux aspects institutionnels et idéologiques, les aspects démographiques, raciaux et anti-autoritaires, qui marquent la violence endémique des banlieues des grandes villes européennes, la boucle de l'islamisation est bouclée et le choc de civilisation en plein développement.

Fallait-il attendre les répercussions suicidaires de la politique de la"porte ouverte" aux migrants, de la part de M.me Merkel en 2015, ou les déclarations de Collomb, ministre français de l'intérieur, démissionnaire, en 2018, pour lier d'un même fil l'immigration, l'islamisation et la guerre civile?

Après les essais retentissants sur la fin de l'idéologie, de l'utopie et de l'histoire, le déni des réalités, concernant l'islamisation de l'Europe, pousse les élites de pouvoir à mentir à leurs propres peuples et à faire taire leurs critiques, en condamnant les contestataires pour délit de "discours de haine", dont elles sont les seules à posséder la maîtrise.

Face à la déroute morale des démocraties en crise, un vent de réveil souffle sur la planète euro-atlantique et l'histoire qui s'écrit, porte dans son discours, l'affranchissement du "politiquement correct" et la dissidence des esprits libres.

Cette insurrection démocratique met en face à face "deux mondes", celui du nouveau totalitarisme globaliste, poussant d'une part à un aveuglement glaçant sur l'islamisme et de l'autre à une révolte morale et à une insurrection montante, face à la guerre civile qui vient.

Or la ligne de front qui oppose les partisans du système aux forces anti-système et donc les globalistes aux populations autochtones, enracinées dans une tradition, s'amplifie de jour en jour.

La révolte qui gronde, contre une "colonisation à l'envers" et contre la fin de la race blanche, est aussi, en Europe, une lutte pour la survie de l'existence nationale, pour la défense du menu peuple, des classes populaires et des classes moyennes.

Présentée sous la forme trompeuse d'un combat politique entre globalistes et souverainistes, ou entre gauche universaliste et droite néoconservatrice, cette lutte pour la survie de la civilisation européenne a des précédents historiques, puisqu'elle exprime une crise des régimes au pouvoir.

En effet, aujourd'hui en Europe, comme hier dans la République de Weimar, une série de chocs à répétition frappe des populations traumatisées par l'absence de protection des démocraties, confrontées aux émergences économiques, aux endettements excessifs et aux incertitudes internes et internationales.

Dans ces conditions, la bataille des cœurs qui oppose deux attitudes de l'esprit, l'esprit de ceux qui, au nom de la "raison", ont oublié Dieu, détruit les traditions anciennes et perdu la confiance et l'espoir et ceux qui, au nom d'Allah, vouent au néant l'ordre institué du monde.

Le vieux "Vae Victis", tonnera à nouveau du haut du ciel, puisque "ni les hommes, ni les États n'ont dit définitivement adieu aux armes!" (R. Aron) et il n'y aura ni pitié ni pardon pour les perdants, dédaignant le souvenir de l'héritage au nom de la paix.

L'Europe a été la patrie des nations et des révolutions nationales.

Elle a été terre de conquêtes et de découvertes universelles.

Elle restera la source inépuisable de la foi, de la raison et de l'idéal.

Renoncera-t-elle pour longtemps au retour vengeur de ses traditions et au rachat violent de ses identités humiliées?


Bruxelles, le 11 Novembre 2018

jeudi, 29 avril 2021

Groenland : un aperçu historico-politique après les élections

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Groenland : un aperçu historico-politique après les élections

Par Enric Ravello Barber

Ex : https://www.enricravellobarber.eu/

Les élections du 6 avril dernier ont donné une large victoire à la gauche éco-indépendantiste inuit (esquimaude), le parti ‘’Inuit Ataqatiglit’’ (IA, ‘’Communauté du peuple’’ en inuit) a réalisé 36,6 %, dépassant largement les 25,5 % obtenus en 2018 et redevenant le premier parti de l'île au détriment des sociaux-démocrates indépendantistes de ‘’Siumut’’ (‘’En avant’’ en inuit). IA et Siumut ont alterné au pouvoir depuis 2005, soit en coalition, soit l'un d'entre eux avec une représentation majoritaire. Le leader de l’IA, Mute Egede, deviendra le prochain premier ministre de l'île, bien que pour former un gouvernement, il aura besoin du soutien d'au moins quatre députés qui avec ses 2,4% ont réalisé le du parti indépendantiste centriste Naleraq (‘’Descendants de notre terre’’ en inuit), qui a obtenu 2,4%. Le parti Naleraq converge idéologiquement avec l’IA surtout sur l’enjeu principal de cette campagne électorale: l'opposition au projet d'exploitation des gisements de terres rares et d'uranium à Kvanefjeld, qui sont aux mains d'une société australienne, derrière laquelle se cache la Chine.

Pourquoi le Groenland est-il danois ?

Le Groenland fait géographiquement partie du continent américain ; il faut noter que la division entre l'Europe et l'Amérique dans l'Atlantique Nord passe par la partie occidentale du territoire d'une autre île proche, l'Islande. Comme le reste des régions arctiques de l'Amérique du Nord, elle a été peuplée à partir du 3e millénaire avant J.-C.au moins par une population qui donnera naissance à la culture dite de Dorset.

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Erik Thorvaldsson, plus connu sous le nom d'Erik le Rouge - un Viking norvégien qui s'était réfugié en Islande - a été le premier Européen à arriver au Groenland en 982. Après lui, plusieurs familles de Vikings norvégiens établies en Islande sont arrivées sur les côtes du Groenland à partir de cette date, où elles ont construit des colonies dans le sud et l'ouest de l'île.

Erik le Rouge a appelé l'île ‘’Gron (vert) Land (terre)’’ pour la rendre attrayante aux Vikings arrivés dans les décennies suivantes, qui ont exploité la région en y élevant du bétail. Les Scandinaves ont pris le contrôle de l'île et celle-ci faisait partie de la couronne norvégienne en 1261.

Le changement climatique en Europe et dans l'Atlantique Nord, qui a débuté au 16ème siècle et est connu sous le nom de "petit âge glaciaire", a entraîné un changement brutal des conditions géo-économiques. Les colons scandinaves ont été doublement affectés par ce changement: d'une part, leur système économique productif était incompatible avec le froid extrême et, d'autre part, la route vers l'Islande et la Norvège, vitale pour leur survie, était coupée. Un autre facteur cruellement décisif a été l'arrivée sur l'île des peuples inuits - les Esquimaux d'aujourd'hui - venus de Sibérie, qui ont exterminé les Dorsétiens dans le nord de l'actuel Canada, d'où ils ont abordé le Groenland, poursuivant leur politique de conquête contre les Dorsétiens - qui ont en fait disparu de l'histoire pour toujours. Cette conquête et extermination de la population locale visait également les colons norvégiens, déjà en phase d'affaiblissement et d'isolement. En d'autres termes, les Inuits ne sont pas la population originelle du Groenland, mais la troisième et dernière à y être arrivée et ont été, de ce fait, les protagonistes de l'extermination des deux peuples précédemment installés: les Dorsétiens et les colons européens; un fait important à souligner en ces temps où l’on évoque des pardons et de la culpabilité en référence à l’histoire.

En 1721, le navigateur norvégien Hans Egede s'est rendu au Groenland, avec l'idée de vérifier s'il y avait des descendants de la colonisation scandinave médiévale ; il a découvert qu'il n'y avait plus aucune trace de cette population. Il a alors décidé de christianiser la population locale et, après lui, des familles norvégiennes et danoises se sont installées sur l'île, qui fit alors partie d'un seul royaume scandinave (dano-norvégien). En 1814, après la séparation en deux du Royaume du Danemark-Norvège, le Groenland est devenu une colonie danoise. Des années plus tard, en 1953, elle a cessé d'être sous statut colonial et est devenue un territoire danois, ce qui lui a conféré un statut d'autonomie en 1979, qui a été prorogé en 2008 après avoir été approuvé par référendum, tout en restant entre les mains du gouvernement danois, qui continue de contrôler la défense et la gestion de la politique étrangère et dont les subventions sont vitales pour l'économie de l'île.

Le Groenland au carrefour du nouvel espace nord-polaire

Le résultat des élections paralysera - pour l'instant - l'extraction de l'uranium et des terres rares, deux minerais essentiels pour la fabrication des téléphones portables, des véhicules électriques et des armes de nouvelle génération, minerais dont la Chine est le principal producteur mais qui veut prendre le contrôle du marché mondial de manière quasi monopolistique. Mais Kvanefjeld n'est pas le seul gisement aux mains des Chinois. La Chine exploite également plusieurs autres gisements au Groenland. Les géologues chinois ont identifié où se trouvent les "ressources supérieures", précisément celles "dont la Chine a un besoin urgent". En fait, les banques chinoises participent au financement d'une grande mine de zinc dans le fjord Citronen, sur la côte nord de l'île, afin de renforcer la stratégie chinoise d'obtention de minéraux arctiques.

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Le Groenland est devenu un point stratégique et géopolitique d'importance vitale, un point d'affrontement entre les trois principales grandes puissances de notre temps: la Chine, les États-Unis et la Russie, qui y voient un élément crucial pour la domination d'un nouvel espace-clé: l'Arctique, qui le deviendra de plus en plus à mesure que le dégel progressera et que la voie de communication arctique s'ouvrira. Un nouvel espace destiné à être le théâtre de batailles féroces entre les trois principaux acteurs mondiaux.

Les États-Unis, qui depuis le début du siècle dernier considèrent comme une anomalie qu'un territoire géographiquement américain soit aux mains d’Européens, territoire, qui plus est, est crucial pour leurs intérêts militaires et stratégiques. Washington possède des bases militaires sur l'île. Rappelons qu'en 2019, Donald Trump a fait une offre d'achat qui a été rejetée par le gouvernement danois; il n'était pas le premier président américain à tenter d'acheter l'île à Copenhague.

La Chine qui, en plus de son intérêt militaire et minéral, conçoit la route arctique comme la variante septentrionale - la route de la soie arctique - qui complète sa nouvelle route de la soie terrestre à travers le cœur de l'Eurasie.

La Russie, qui a déjà entamé sa stratégie arctique à l'époque soviétique, ne se laissera pas distancer dans la course au contrôle de cet océan glacial du Grand Nord. Bien que l'île soit sous souveraineté danoise, l'Europe démontre une fois de plus son inexistence en tant qu'acteur politique dans le monde multipolaire du 21ème siècle.

La question qui se pose après ces élections est la suivante: 56 000 Groenlandais pourront-ils vraiment s'opposer aux grandes dynamiques géopolitiques de cette nouvelle époque des grands espaces?

mercredi, 28 avril 2021

Les États-Unis vont organiser l'opération et rejeter la faute sur la Turquie: le complot des mercenaires djihadistes en Ukraine

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Les États-Unis vont organiser l'opération et rejeter la faute sur la Turquie: le complot des mercenaires djihadistes en Ukraine

Ex : http://www.elespiadigital.com/

Les États-Unis ont intensifié leurs efforts pour saboter les relations turco-russes et préparent un complot: Washington prévoit d'envoyer des mercenaires dans la région du Donbass et d'en faire porter la responsabilité à la Turquie.

United World International a découvert une nouvelle conspiration américaine en Ukraine

L'UWI a obtenu des informations fiables de sources internationales selon lesquelles les Etats-Unis ont préparé un plan pour d'abord susciter la méfiance entre la Russie et la Turquie, puis provoquer des tensions entre Ankara et Moscou. Selon le plan, les djihadistes et les mercenaires syriens seront déplacés vers la région du Donbass. Ces groupes comprendront des Tatars et des Tchétchènes qui connaissent bien la région et seront envoyés pour combattre les forces russes et pro-russes. Plus tard, les médias mondiaux répandront le mensonge selon lequel la Turquie a transféré ces groupes dans la région. De cette manière, les États-Unis ont l'intention de provoquer un conflit entre la Turquie et la Russie.

Revendications concernant le transfert d'une avant-garde dans la région du Donbass

La source internationale qui a parlé à l'UWI a déclaré: "Les relations turco-russes se développent généralement bien. Il existe des points de désaccord, mais ils sont d'importance secondaire. Les relations entre Poutine et Erdogan sont bonnes, et ils l'ont déclaré à l'opinion publique mondiale. Les États-Unis n'acceptent pas cette situation. Washington élabore des plans sur la manière d'éloigner la Turquie de la Russie et applique la tactique de la carotte et du bâton."

"En ce moment", poursuit la source, "les États-Unis effectuent des démarches informatives en Ukraine. Leur dernière tentative consiste à faire venir des mercenaires de Syrie en Ukraine. Les préparatifs ont déjà commencé. Les hommes sont spécialement choisis dans les groupes qui auraient des liens avec la Turquie et sont entraînés."

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La source poursuit: "Des rumeurs indiquent qu'un petit groupe d'avant-garde a déjà été déplacé dans la région du Donbass. Les djihadistes tatars et tchétchènes parmi eux rendront les choses encore plus faciles. Le déploiement sera bientôt terminé et ils recommenceront la propagande selon laquelle la Turquie a transporté en Ukraine les groupes qu'elle a formés en Syrie, comme elle l'a fait en Libye et dans le Haut-Karabakh. Ils accuseront la Turquie de ce qu'ils ont eux-mêmes organisé. Ils utiliseront ces mercenaires dans des opérations secrètes ; ils les utiliseront contre des civils. Ou bien ils mèneront eux-mêmes les opérations et rejetteront la faute sur ces groupes.

La source a déclaré que cette opération vise également à influencer l'opinion publique russe: "Ils présenteront au public des documents de presse, des vidéos, des photos de mercenaires syriens amenés en Ukraine et de leurs actions sur place. Ils publieront des photos et des vidéos de ces groupes prises en Turquie. Ils utiliseront les réseaux sociaux. Ils essaieront également de saboter les relations turco-russes comme ils l'ont fait lors de la crise où l'avion russe a été abattu. Et tout en exécutant ce plan, ils tenteront de provoquer l'opinion publique russe contre la Turquie. Ils utiliseront les forces anti-turques à l'intérieur de la Russie. Ils activeront les forces pro-occidentales en Russie pour accroître les tensions avec la Turquie.

La Russie est alarmée

Pendant ce temps, la Russie serait alarmée. Les sources indiquent que la Russie dispose d'un vaste réseau de renseignements dans la région et déclarent ce qui suit : "La Russie dispose également d'un vaste réseau de renseignements à l'intérieur de l'Ukraine. Moscou a la capacité d'observer toute personne entrant et sortant de la région. En outre, la majorité de la population de la région du Donbass soutient la Russie."

"La Russie est donc au courant de tous les mouvements et activités dans la région. Il est nécessaire de s'abstenir de toute action que la Russie pourrait mal interpréter. Des mesures erronées qui pourraient rendre la Turquie suspecte provoqueront une forte réaction en Russie. De telles mesures et leur réaction raviront avant tout les Arméniens et le PKK / PYD".

Déclaration de Lavrov

Lors d'une récente visite en Égypte, le ministre russe des affaires étrangères, M. Lavrov, a répondu comme suit à une question posée lors d'une conférence de presse: "Je vous dirai tout de suite que nous exhortons tous les pays responsables avec lesquels nous communiquons, et la Turquie en fait partie, à les inciter fortement à analyser la situation et les déclarations implacablement belliqueuses du régime de Kiev, et nous les mettons également en garde contre le fait d'encourager ces aspirations militaristes."

Des sources diplomatiques indiquent que des responsables russes ont recueilli des renseignements sur des plans visant à déplacer des mercenaires du Moyen-Orient vers l'Ukraine, et que ces inquiétudes ont poussé M. Lavrov à faire cette déclaration.

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Esper a demandé le déploiement de troupes américaines en mer Noire

L'ancien secrétaire américain à la défense, Mark Esper, a demandé que son pays déploie davantage de soldats dans les pays riverains de la mer Noire, tels que la Bulgarie et la Roumanie, afin de prévenir d'éventuelles attaques russes.

Washington devrait chercher à rassurer les alliés européens et à renforcer l'alliance de l'OTAN en déployant davantage de forces en Pologne, "dans les Pays Baltes, si cela a un sens, et dans des pays comme la Roumanie et la Bulgarie, si ce n'est pas de manière permanente, sur la base d'une rotation", a déclaré M. Esper dans une interview accordée à Reuters mardi.

À la suite de la montée des tensions en Ukraine, les États-Unis ont annoncé qu'ils allaient renforcer leur présence militaire en Allemagne. Auparavant, l'administration Trump, où Esper a servi en tant que secrétaire à la défense, prévoyait de réduire la présence militaire américaine en Allemagne de 36.000 à 12.000 soldats. Trump affirmait que l'Allemagne profitait de la présence des forces américaines dans la région sans assumer ses responsabilités financières au sein de l'OTAN.

L'Ukraine comme refuge pour ISIS

Le journal ukrainien Zoborana a publié le 2 décembre 2020 un article intitulé "Les djihadistes en vacances: pourquoi l'Ukraine est devenue un refuge pour les militants d'ISIS?" L'article présente des informations intéressantes.

L'article de Zobarana rapporte que "plusieurs centaines d'anciens combattants du Califat ont choisi l'Ukraine comme lieu d'installation. Avec des institutions publiques faibles, la corruption, des frontières poreuses et des escarmouches permanentes, l'Ukraine offre de grandes opportunités pour ceux qui veulent rester cachés."

L'article poursuit: "L'Ukraine attire des militants qui ont perdu en Syrie et en Irak. Le pays est un bon endroit, sûr, pour rester, se cacher et attendre jusqu'à ce qu'ils aient une chance de rentrer chez eux, dans l'Union européenne ou dans une ancienne république soviétique."

Les États-Unis donnent à l'ISIS de nouvelles tâches

Les États-Unis ont utilisé ISIS comme un passe-partout en Syrie et en Irak pour toutes les portes. ISIS a largement perdu sa valeur après l'opération turque dans la région. Les militants d'ISIS, dont le nombre est estimé à plusieurs milliers, ont reçu de nouvelles tâches. Une partie importante d'entre eux a été transférée avec le soutien militaire américain dans les régions contrôlées par le PKK/YPG.

Cette organisation, dont l'ancien président américain Trump a ouvertement déclaré que la CIA l'avait fondée, est principalement composée de mercenaires. Elle comprend également des militants de Syrie, d'Irak et d'autres pays arabes, ainsi que des combattants du Caucase.

Des militants tchétchènes, dirigés par la CIA et ayant servi dans la guerre de Géorgie, qui se sont ensuite réfugiés dans la vallée de Pankisi en Géorgie, ont été transportés depuis 2011 en Syrie. Ces mercenaires servent selon les besoins de la CIA un jour au sein d'ISIS, le lendemain au sein d'Al Nousra, un autre jour au sein d'une autre organisation "djihadiste", et sont également influents au sein du PKK / YPG.

Les djihadistes en Ukraine

Parmi ceux qui sont actifs en Syrie sous le masque des "djihadistes" figurent également des groupes originaires des anciennes républiques soviétiques et d'Asie centrale. Parmi eux se trouvent environ 500 Tatars de Crimée. Dimitry Yarosh, dirigeant de l'organisation d'extrême droite ukrainienne "Secteur droit", avait en 2014 appelé les dirigeants de l'émirat séparatiste tchétchène du Caucase à unir leurs forces contre la Russie. En mars et avril 2014, des informations ont filtré dans les agences de presse, faisant état d'environ 300 mercenaires revenus de Syrie et ayant commencé à combattre dans la région du Donbass. Le député de l'organisation terroriste Jaish al-Muhajireen wal-Ansar, Abdul Karim Kirimli, a appelé tous les Tatars de Crimée et tous les musulmans d'Ukraine à "entrer dans la voie du djihad".

D'autre part, les militants de l'organisation terroriste Hizb ut-Tahrir avaient commencé leurs activités parmi les Tatars de Crimée avant les événements de Maidan, le gouvernement de Kiev détournant sciemment le regard. Les idées extrémistes du Hizb ut-Tahrir sont très vite devenues populaires parmi la population tatare de Crimée. Entre 2012 et 2013, Hizb ut-Tahrir comptait environ 10.000 membres en Crimée et certains d'entre eux ont combattu en Syrie aux côtés d'organisations terroristes.

Source : https://uwidata.com/17631-us-will-organize-and-put-the-blame-on-turkey-the-conspiracy-of-mercenaries-in-the-ukraine/

AfD goes East (interview with German politician Petr Bystron)

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AfD goes East (interview with German politician Petr Bystron)

Ex: https://katehon.com/en/

Tim Kirby: So first question: what brings you to Moscow?

Mr. Bystron:  Oh well, it’s a working visit. I’m on the head of the parliamentarian group of the Alternative for Germany in the German parliament so foreign policy is my job. Every year at least one time, I am in Moscow. This year we did this visit together with Dr. Alice Weidel, who is the head of our group in the Bundestag. And we visited a couple of our friends here in Russia.

Tim: It's pretty much almost a media staple that they always see the relations between Russia and Europe are bad. I think maybe the evidence for that would be that there are sanctions between Russia and Europe, things have been a little bit off. But what's the core reason what's the real problem? Why are relations bad?

Mr. Bystron:  Well this is a big deal for us and it was also a big topic for in all our talks. We met Mr. Slutsky and the Duma, we met Mr. Tjapkin and the foreign ministry and a lot of other people. Of course this is like one of the main topic, why is it so? Obviously, there are there are powers which are interested in that the relationships between Germany and Russia especially but also between Europe and Russia are getting worse. We see it since 2014 with the Ukrainian crisis and then of course it followed it with Crimea and so on and so on. Now with we say Scripali, Navalny and so on.

Tim: Well it's interesting! Because you kind of say that with a smile. You almost acknowledge that this this whole situation with Navalny and Scripali is kind of silly. Does it seem silly?

Mr. Bystron:  Of course it's silly. Because I can see it from the other side, you know. We are in the parliament and we see always how fast and uncritical certain things are communicated through the whole media landscape in Germany. And it was the same with Skripali, it was the same with Navalny. There is no thinking about and at the beginning there was nothing like “Oh let's investigate, let's wait how where is the true?” But the true is from the beginning defined and it is just communicated through. And therefore I’m smiling about it and this is a strong difference to other cases in other countries. It's always specifically against Russia. But see what happened with Mr. Khashoggi and the embassy?

Tim: So your colleagues in Germany, I'll call them colleagues depending whether you see them as colleagues or enemies that's up to you, but the people you're with, who are with you - sort of in the German government, who don't like Russia - is it a matter that they have this sort of deep-seeded fear or dislike of Russia, that every bit of news from Russia they believe it? Or are they just sort of typical bureaucrats or they get a piece of paper and it says that “Putin poisoned the Navalny and this is bad” - I have to believe this because I got the piece of paper that says it's bad? So are they just mindless bureaucrats or is it something personal?

Mr. Bystron:  It's a mixture. You know for a really a long period of time the Soviet Union was really “The Enemy”, and it was the “Empire Of The Evil”. But then in the 90s it turned around completely. And you can follow it even in the Hollywood movies you know. It was a period of time when a Russian policemen were side by side with the with the US policemen. They were working together in New York and so on. Not promoting movies but you know it is and it was the whole period. Before it was Rambo against the Russian and then it was Red Heat. So it changed. And the Russians were no enemies anymore, they were friends. And now it's slowly coming back to Rambo and it’s docking on the synapses in the people's brains you know. Now the people are triggering the same pictures of “the evil Russia”. So this is this is the psychological background. Of course there are there are people that are even politicians who are doing this on purpose. They are not interesting in good relations with Russia. And what surprises me a lot, you know, is that German politicians were saying “we are against Nordstream-2” for example. This is totally a US position. I don't blame the USA you know. If the USA say “our geopolitical, our strategical targets are that we don't want the cooperation between Russia and Germany” - that's fine you know. This is they say it frankly they do it. This is their position. But what I don't understand when German politicians say this, because it's not good for Germany.

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Tim: Not so much. Interesting how that works out. One thing about defying Washington then is we can sit here and talk about that and we can maybe get into these ideas that there's sort of conspiracy theories that it's really Washington pulling all the strings, but then how does your party get seats? Because you guys try to fight these mystery forces?

Mr. Bystron:  Well this is a good question that I’m asking every day myself. And it was a very special situation in 2013 when I would say the system allowed unknown professor Bernd Lucke to enter during a period of five or six weeks еvery big TV show in German television, political TV show and get an audience of five, six, seven million and spread his news. And in this period of time, those five, six weeks seventeen thousand people entered a party which didn't exist. It was just an idea. This professor Lucke said “I have a party.” There was nothing, and then seventeen and a half thousand people entered and said, “I identify myself with the content and ideas this guy is saying on public television”. So and there we were, in this party, and they let us to run for elections. We did quite well and became the most successful party in the postwar history. We entered every parliament we have in Germany, and in each state in the Bundestag of the European parliament. Around 2016 there were public polls, which said 35 percent of the German population could imagine to vote for this party. With 35 - 36 percent in Germany, you can get chancellor. From this point we become “Nazis” or “extremely right wing” - you know and so on and so on and this is incredible. If you imagine that we are a party where a lot of foreigners like me. I’m from Czechoslovakia, I’ve got political asylum in Germany and we have many colleagues who are coming from Russia, from Romania, who just got German passport, and they are not Germans by birth. We have also a lot of voters from foreigners who are voting for us and just imagine how what kind of nonsense it is to say this is a “Nazi party where foreigners are giving votes to foreigners because they are not this is incredible.

Tim: Well some crazy things do happen in politics. I mean look at Kiev, but that's another story…

Mr. Bystron:  This is a funny story because in Kiev, the real Nazis are in Kiev. Nobody cares in Germany and nobody cares in in the EU. In the EU, there are real Nazis supporting the regime change. Nobody was talking about that. Maybe there are good and bad Nazis?

Tim: The ones that go against Russia I think are the good ones? I think that that's overall what unites them, but let's get into this: I’m kind of curious so when we talk about this whole Nordstream and energy deals between Europe and Moscow because it's always through Germany. People always talk about Berlin and Moscow having this deal, but you know, when it snows in Hungary — it snows in the Czech Republic. Why it is such a big thing to send gas from Moscow to Berlin?

Mr. Bystron:  I really don't know, because we have already since the 70’s. There is a pipeline, you know, and it was a deal between western Germany and the former Soviet Union, and it worked perfectly. Despite that we had the Iron Curtain, the Soviet Union was always a reliable partner delivering. This is also a funny thing: we have quite every winter the media brings the news “Oh, now there is a winter. It's dangerous because the Russians maybe will not deliver the gas”. And I think, “Okay, why should they do it, because they want to sell something, you know. We have the money and they want our money. Why should they stop the delivering the gas to us”? It’s complete nonsense.

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Tim: I guess maybe the idea would be to sort of scare you into controlling you, to make you agree to something? Because if you threaten someone so do this or else, that's the threat. So what would be the “do this”?

Mr. Bystron:  Exactly, it's just reasoning the people and creating an image of Russians that they are not a reliable partner, that they would like to stop the delivery of gas, and this is what you asked before. If they are normal people, why do they react as they react? Because you have permanent propaganda like this or permanent news like this, so it works. And if they repeating and repeating it. There is a saying, “if you if you repeat a lie thousand times it becomes true.”

Tim: Now in Russia there's this belief that in the 1800s, so long long ago, the Tsars were very confident that things were going to go well with Germany because Germany was becoming a rising power. This is the whole Bismarck era and that it looked like the continental Europe would be mostly controlled by Germany. But there was a lot of sort of inter-marriages and interrelations between the Russian aristocracy and the German aristocracy, so everyone Russia thought “this is gonna be great. There's not gonna be any more wars, we're gonna be able make agreements with these guys, they're gonna control everything it'll be real easy. We'll sort of split the world with the Germans”. Well, that didn't happen. With World War I Germany and Russia fought and it was really, really bad, I think for both sides. World War II was really bad for both sides, especially the German side. The cold war probably didn't help. So one thing is in Germany why is no one sort of woken up to the possibility that maybe conflict with Russia has really shot Germany in the foot at least twice, maybe more?

Mr. Bystron:  Well I would go even more years back, maybe two thousand years back to the Roman Empire. You remember what happened when the Roman Empire split to the western and the eastern part? From the west, the western part developed to the Holy Roman Empire of the German nation and the eastern – to Byzantine. It is the heritage on which Russia is standing. There are not many people that know that the word “Tsar” comes from “Caesar”. So what I want to say is that Russia and Germany — those are just like Yin and Yang those are two parts which belong together. They’ve just been separated but they have common roots. And in my view Russia is the eastern part of Europe historically seen. So and what we want as a party and what many people want is that those two parts come together again and that they work together again and that they even profit both from this from this alliance.

Tim: You've had the opportunity to talk to a lot of Russian politicians. You've probably had the opportunity to talk to a lot of American politicians. Do foreign people really understand Germany? Or do someone understand it more or less or is Germany still a bit of a mystery the outside?

Mr. Bystron:  Germany is a total mystery. At first, many people outside of Germany have a picture of Germany as it was in the 90s maybe and they don't realize that the country changed totally getting worse. We have a really heavy problem with democracy inside the country. Just an example: we are the biggest opposition party in the German parliament but our politicians get beaten on the street quite to death.

Tim: By whom?

Mr. Bystron:  By left extremists, by Antifa. And the point is these Antifa groups are not just coming out from nowhere. They are there for years and years and many of them have established legal formations that are donated by the state. So they're getting public money and the same people who are then beating the opposition.

Tim: Now are you talking about a protest where there are two sides and the sides fight? Or are you talking about like someone hunting down a politician, finding out where they live, watching their daily routine and then picking a day and getting them right? You talked about that?

Mr. Bystron:  Of course! It happened to me! It happened to me. It wasn’t an attack on my person, but it was an attack on my car, on my house. They sprayed my house, they crashed my car and but it was exactly as you described. There were two Antifa people in the street in the morning, in the day they just checked out where I live. I was going with my six-year-old son to school, and they saw where we live. At night, they did the attack. The next morning, the whole way from my home to the school of my son, it was labeled with Antifa stickers like “we know where you are, we know where your son is going to school”. But I had also I had been physically attacked on the street by Antifas. This is nothing unusual - it goes to thousands and thousands, and this is not everything. You know, people are losing their jobs in Germany just because they are engaging in themselves in the opposition party. People are even losing their jobs just because they meet with our boss. There is a case that went public. Professor Mending was just having a lunch in a restaurant with professor Meuthen, who is the boss of our party. Somebody saw them and the professor Mending lost his job in the television and public television. They said “no you're meeting you're meeting this guy. He was doing his job, and this is nothing unusual people losing their jobs nowadays just because they are in the opposition.

Tim: Well proving the motivations of why someone's fired can be hard, but with physical attacks… what do the police do? Or for some reason the cases just disappear? Why don't the police react to these things, these attacks?

Mr. Bystron:  Well this is a good question because the police is always investigating. It is a special part of the police — it's the «Stadtschutz», so they really know their opponents. I have an interesting experience because when it happened to me. This police task force come and they ask me “Have you seen something you can tell us?” And I said “yes I saw. I saw two suspects in the street in the morning”. They are not living here in the area I am going every morning there — so I know the people there. And they are obviously from Antifa, they look like this and I described them I said “There was a girl she had the blue hairs I don't know her”. Then I described the guy because I knew him already from the demonstrations. You know, I described him and the policeman said, “oh I know who it is,” so they know their you know suspects uh-huh of course when I know them just from speaking in public and seeing them as an anti-demonstration. This is always the same bench. So the police of course they know them. They investigate but I didn't got any results.

Tim: Gotcha. Oh that's really depressing, that's really really rough.

Mr. Bystron:  It continues, now this is a very hot topic. We have a secret service, domestic secret service, which is which is used to suppress the opposition. It was publicly announced that the secret service will take this political party under of observation, because we are supposed to be extremists. Isn’t that funny? The only thing is that we say we would like that the government is following the rules and the laws. And we are saying the government is breaking the laws! And they say “Wow they are extremists”.

Tim: Gotcha. What’s the one thing that maybe Germany could actually stand to learn from Russian culture or history or the way Russians do things?

Mr. Bystron:  There are many things that the Germans could learn from the Russians. And there are many things the Russians could learn from the Germans. I mean I would say just talk to each other just meet each other just relax, don't paint any pictures of enemies on the walls. And we will be fine all together.

Tim: Well thank you very much for being with us that was great.

mardi, 27 avril 2021

Entretien avec le collectif Zannekinbond: Socialiste Révolutionnaire et Flamand

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Entretien avec le collectif Zannekinbond: Socialiste Révolutionnaire et Flamand

Ex: https://rebellion-sre.fr/

Nous, animateurs de la revue Rébellion, sommes très heureux t’offrir la parole à nos camarades du collectif Zannekinbond. Ils font un important travail qu’il faut soutenir pour faire vivre une alternative socialiste révolutionnaire partout en Europe.

Pourriez-vous présenter Zannekinbond ?

Le Zannekinbond a été créé officiellement le 11 juillet 2019. Il a l’ambition d’être un groupe de réflexion dans le but d’établir un corpus idéologique de fond, avant d’être un groupe d’action. Cette possibilité n’est pas exclue à l’avenir mais nous souhaitons, pour l’instant, nous placer dans la bataille des idées. Nous voulons mener cette bataille nécessaire car en Flandre, en Belgique et dans les Pays-Bas en général, les idées que nous portons sont absentes. Alors que beaucoup de nouvelles idées intéressantes circulent à l’étranger, la mentalité de clocher et la politique des polders persistent en Flandre. La plupart restent bloqués sur les mêmes idées démodées depuis les années 1990. Dans les années 70, les idées développées en France, en Allemagne et en Italie se sont facilement propagées ici. Quand il pleut à Paris, il coule à Bruxelles et bruine à Anvers. Mais il n’y a plus d’innovation politique depuis le début des années 90.

La tribalisation politique, qui caractérisent actuellement la politique en Europe, et plus généralement le monde occidental dans son ensemble, sont apparus très tôt en Flandre. D’une part, le libéralisme progressiste de gauche et, d’autre part, la droite, libérale, conservatrice ou identitaire. Cette droite qui ,tout comme chez nos voisins du Nord, est de plus en plus guidée par des tendances venue de l’autre côté de l’Atlantique.

Les partis politiques et les protagonistes vont et viennent, mais les thèmes restent largement les mêmes, les deux partis jouant de facto le rôle d’idiots utiles du grand capital. Notre activité s’inscrit dans la diffusion d’une vision qui est, d’une part, explicitement de gauche sur le plan socio-économique, de nature socialiste sans se réduire à un mouvement spécifique au sein de la grande famille socialiste. D’autre part, le Zannekinbond souhaite offrir au nationalisme flamand un ressourcement, un nouveau souffle, loin des recettes libérales.

Nous souhaitons revenir aux origines du mouvement radical qui a défié la Belgique depuis la Première Guerre mondiale. De nombreux Flamands, même au sein du mouvement national flamand, ont oublié les batailles, les grandes figures et leurs points de vue de l’époque. Pourtant, Il est étonnant de constater à quel point les questions du passé peuvent encore inspirer les problèmes actuels.

Par exemple, nous souhaitons apporter une critique saine de la politique d’ouverture des frontières. Le discours habituel de la droite radicale n’est que trop peu de crédibilité pour une partie considérable de la population car elle s’exprime sur fond de racisme. Cette radicalité engendre une polarisation entre, d’un côté, le camp de la droite radicale qui restera toujours indigeste pour une majorité de la population et, en face, cette majorité qui reste sous l’influence d’une élite libérale et cosmopolite qui prône l’ouverture des frontières. Nous pensons qu’une politique économique de type socialiste n’est possible que si la souveraineté nationale est restaurée et si le travail n’est plus considéré comme un facteur de production mobile à l’échelle mondiale, comme le souhaitent les capitalistes. En outre, nous concentrons nos flèches sur la mise en péril du socialisme par la politique identitaire libérale. Nous affirmons que que la privation de droits nationaux et la lutte des classes coïncident. Il ne peut en être autrement.

Nous constatons qu’à l’étranger, les idées profondément innovantes sur le plan social, économique, politique et géopolitique sont dynamiques. Ces idées ne sont pas nouvelles, mais elles prennent de plus en plus d’ampleur. L’objectif du Zannekinbond est donc d’entreprendre une nouvelle approche au débat, de développer de nouvelles idées, de lancer des analyses critiques et d’importer de nouvelles idées de l’extérieur en Flandre et de les y adapter. Par exemple en traduisant des œuvres politiques pour un public néerlandophone. L’objectif est de déconstruire le clivage habituel gauche/droite afin d’en synthétiser des idées pertinentes. Cette synthèse ne se situe pas tant « à gauche du capital, à droite de la morale » mais devrait construire un nouveau cadre de référence sur lequel de nouvelles valeurs peuvent être construites pour le 21ème siècle. Et parfois, s’inspirer et adapter les anciennes à notre siècle.

Quel lien faite vous entre combat de libération nationale et socialisme?

L’un ne va pas sans l’autre. D’une part, il ne peut y avoir de souveraineté populaire tant que les Nations, les peuples et les régions, restent soumises à des structures supranationales au service d’un ordre mondial qui est en contradiction avec l’idée de souveraineté. D’autre part, les mouvements et les partis politiques qui parlent de souveraineté et d’indépendance ne semblent pas pouvoir analyser correctement cette situation et semblent même en être souvent les plus grands défenseurs. Par exemple, au sein du Mouvement flamand traditionnel, il était jusqu’à très récemment impossible de remettre en question le rôle des multinationales, car ces dernières étaient nécessaires dans la prospérité de la Flandre en renforçant sa position concurrentielle vis-à-vis de nos voisins. La myopie l’emporte. Maintenant que ces mêmes multinationales sont activement engagées dans une politique d’identité, de genre, de communautarisme et de censure, le fusil change lentement d’épaule. Mais il est trop tard.

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Pour nous, les deux sont donc inséparables : les notions de lutte des classes et de libération nationale se fondent en un mélange explosif qui peut briser le statu quo libéral. Ernst Niekisch avait déjà indiqué les moyens de la lutte des classes pour parvenir à la libération nationale. Nous récusons La croyance romantique – et ultérieure – selon laquelle il existerait une communauté populaire indivisible dans laquelle il n’y aurait pas d’intérêts opposés dans un environnement libéral-capitaliste. L’Histoire de libération du peuple flamand contredit également ce constat : la classe ouvrière flamande a été à maintes reprises trahie par son élite économique qui, dès que l’occasion de monter dans l’échelle sociale se présentait en étant incluse dans l’élite économique belge.

Avec le Zannekinbond, nous sommes vigilants aux courants de type fascistes, ou autres tendances d’extrême droite, qui s’infiltrent dans le courant national-révolutionnaire. Par le passé, en Flandre comme ailleurs en Europe, des groupes d’extrême droite ont abusé de l’étiquette « national-révolutionnaire » pour cacher leurs véritables opinions. Mais, assez rapidement, les masques tombent et, aussi bien le racisme brut que l’autoritarisme de droite, apparaissent. Pour nous, l’inspiration se trouve plus souvent dans un James Connolly ou un Henning Eichberg et certainement pas dans la Falange espagnole par exemple. Cela signifie que la résistance à l’impérialisme coïncide avec la volonté d’assurer la liberté et la souveraineté de chaque peuple sans perdre de vue le tableau européen dans son ensemble. Les luttes de libération nationale, à l’heure actuelle et en ce qui concerne l’Union européenne, mais aussi en ce qui concerne les États nationaux européens, ont connu leurs meilleurs moments.

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Une Europe socialiste de Dublin à Vladivostok dans laquelle tous les peuples peuvent vivre leur spécificité culturelle et où il n’y a plus de place pour des Etats comme la Belgique, la France, l’Espagne. Notre nationalisme est basé sur l’idée que cette nation peut encore construire son propre empire tel qu’il a été propagé dans les années trente. Pour nous, ce que Jean Thiriart a appelé le « petit nationalisme » en ce qui concerne la Flandre, la Bretagne, la Corse etc. s’applique aux États européens multiethniques qui, à maintes reprises, empêchent une véritable unification européenne par leur nationalisme inspiré soit par les valeurs de 1789, soit par le traditionalisme réactionnaire catholique. Comme les jumeaux siamois, ils sont attachés par leurs élites à l’UE, à l’OTAN et à l’ordre socio-économique existant. Le statu quo institutionnel et politique est lié à l’emprise des États-Unis sur l’Europe. L’UE et sa Banque centrale européenne veillent au libre marché et à une politique néo-libérale dans les États membres. En échange de quoi ces derniers sont autorisés à s’accrocher désespérément à leur propre armée nationale au sein de l’OTAN et à leur propre corps diplomatique comme dernier noyau de leur « souveraineté nationale ». Nous saluons le fait que la Russie ait déjà montré qu’elle considère la lutte pour les droits des peuples d’Europe occidentale et d’ailleurs comme un moyen d’affaiblir le statu quo, comme en témoigne la conférence « Dialogue des nations : le droit à l’autodétermination et la construction d’un monde multipolaire » en 2015.

En ce qui concerne ce positionnement géopolitique, nous constatons le même problème au sein du Mouvement flamand traditionnel. Pendant des décennies, les nationalistes flamands se sont révélés être de grands défenseurs d’institutions telles que l’OTAN, l’UE, et ont soutenu les guerres au Moyen-Orient, parce que c’était « contre l’Islam ». Nous voyons encore qu’ils sont – avec leurs « ennemis » de gauche d’ailleurs – en première ligne lorsqu’il s’agit de mener une politique hostile à l’égard de la Russie ou de la Chine – car c’est là que les « communistes » règnent en maître. Nous sommes chaque fois très surpris de voir ces mêmes institutions supranationales se retourner finalement contre leurs vassaux. On ne mord pas la main qui nourrit, on nourrit la bouche qui mord. Le néolibéralisme en est à la pointe ; le socialisme, en revanche, est détesté. Avec le Zannekinbond, nous essayons de briser cette spirale descendante.

Ce qui se présente comme de “gauche » a non seulement quitté le nationalisme populaire, ce qui n’était certainement pas le cas par le passé, mais aussi le socialisme ! Un cocktail mortel de mondialisme, de politique identitaire et de néolibéralisme en constitue désormais l’épine dorsale et tente également de dominer le discours social, universitaire et politique. Ainsi, toute opposition à ce projet sera fondée en premier lieu sur la souveraineté nationale, et en second lieu sur le socialisme comme alternative économique au service de la communauté, et non au service du grand capital. La lutte de libération nationale est donc nécessaire pour libérer la communauté populaire et souveraine des entraves de l’oligarchie internationale afin de réaliser le véritable socialisme comme base économique et sociale au service de cette même communauté. C’est la seule alternative au néolibéralisme globalisant. Nous ne faisons aucune distinction entre le socialisme marxiste et non marxiste. Avec les éléments du passé, nous tirons les leçons nécessaires et déconstruisons et (re)construisons ce qui doit être démasqué et analysé comme une plate-forme stable pour construire des communautés et des nations solides.

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Comment jugez-vous la situation politique de la Belgique après une dizaine d’année de crise politique ?

En fait, la crise politique en Belgique est beaucoup plus ancienne. Pour la comprendre, il faut revenir à la naissance de l’État belge. La Belgique est une construction artificielle de l’État qui devait servir les intérêts politiques internationaux de l’époque en obtenant un équilibre des superpuissances européennes de l’époque tout en proposant un projet très libéral. La révolution belge de 1830 fut avant tout une révolution de type libérale, soutenue par la bourgeoisie libérale francophone d’une part et par le concours de l’Église catholique d’autre part pour qui la crainte du protestantisme aux Pays-Bas était justifiait de devoir accepter une constitution très libérale. En 1831, sur la recommandation de la famille bancaire britannique Rothschild, les familles Saxe-Cobourg et Gotha ont été placées sur le trône royal. L’une des principales raisons en est l’activité financière du premier roi, Léopold Ier. À aucun moment, le soulèvement belge n’a été un soulèvement ouvrier. Le nationalisme belge était et est toujours bourgeois. À l’époque, les Flamands étaient une population paysanne appauvrie dont l’élite était francisée, et la nouvelle élite belge voulait étendre cette francisation à toute la Flandre.

La crise en Belgique se renforce alors que l’élite dirigeante capitaliste belge se mondialise. Elle se transforme en une élite cosmopolite qui trouve les frontières nationales gênantes. Le libéralisme belge est en train de tuer son propre enfant, la Belgique. Plus rien ne justifice cet état, sauf peut-être encore quelques intérêts financiers de groupes capitalistes. Parce qu’un État belge unitaire s’est avéré intenable après la Seconde Guerre mondiale – les Flamands exigeant plus de droits politiques – une construction fédérale nébuleuse a été conçue. En plus de l’État fédéral, des régions et des communautés viennent s’y superposées, et ce système arrive à terme. Il est temps d’abolir définitivement cette construction belge. D’un point de vue purement électoral, la situation au niveau fédéral, belge et national devient intenable. La formation du gouvernement fédéral est extrêmement difficile car la population wallonne vote plus à gauche et la population flamande plus à droite. Cette orientation de droite en Flandre est principalement basée sur des valeurs culturelles plutôt que sur des questions socio-économiques.

En termes de politique actuelle, le gouvernement dit de Vivaldi qui est une mosaïque composées de libéraux, de sociaux-démocrates, de verts et des chrétiens-démocrates flamands, et qui a été formée après une autre longue période de négociation politique, représente le pire des mondes. Culturellement, elle exprime un libéralisme de gauche agressif par lequel elle se distingue du précédent gouvernement du Premier ministre Michel qui est désormais le président de l’Union européenne. Elle était perçue comme conservatrice et néolibérale en raison de la présence de la N-VA, parti nationaliste flamand de type libéral-conservateur. Dans une large mesure, cela était correct. Le gouvernement Michel Ier n’a pas caché son soutien aux organisations patronales en faisant reculer beaucoup de droits et acquis sociaux.

Mais à bien des égards, le gouvernement actuel ne diffère guère de son prédécesseur. La parodie de « changement » de ce gouvernement vise en fait à intégrer des sous-identités dans son administration afin de donner à l’ensemble un faux air de « justice sociale ». Celà sert à masquer les mêmes mesures néolibérales et à imposer à la population un projet social qu’elle n’a pas demandé.

De plus, la situation devient de plus en plus urgente. Les partis politiques qui composent la coalition Vivaldi se rendent compte qu’ils pourraient être le dernier gouvernement d’un État unitaire s’ils échouent dans leur tâche de reconquérir le soutien populaire. Les rapports de force évoluent. Les partis flamands séparatistes et confédéralistes voient leur influence augmenter dans les sondages, tout comme les communistes. Les « partis majoritaires » bénéficient du soutien d’une minorité de la population. En 2024, il pourrait donc y avoir un cap important. Mais cela en dit peu sur le type de société vers lequel nous évoluerons. Si ces mêmes groupes d’intérêt se recentrent sur le niveau flamand, au lieu du niveau belge comme actuellement, ce que nous constatons déjà par le lobbying de certains groupes d’intérêt et partis politiques conservateurs de droite et nationalistes flamands, alors en fin de compte, peu de choses changeront pour la communauté.

Vue depuis la France, le mouvement national flamand semble très libéral. Cette impression est une réalité?

Depuis les années 60, le mouvement national flamand s’est de plus en plus préoccupé des intérêts d’une certaine classe moyenne naissante, avec la mentalité d’épicier qui en découle. Cela lui a donné la réputation, en tant que rare mouvement nationaliste populaire en Europe, d’être marqué très à droite, très libéral et très réactionnaire. C’est une grande différence avec l’Irlande, la Corse ou l’Écosse, pour n’en citer que quelques-unes des régions européennes en lutte. L’un des rares mouvements régionalistes en Europe avec lequel vous pourriez comparer le mouvement flamand actuel est l’ancienne Lega Nord sous Umberto Bossi. Mais vous pourriez aussi avoir du mal à le qualifier de nationaliste populaire. De plus, le Mouvement flamand est aujourd’hui en proie à des clichés anticommunistes, à une adoption superficielle du nouveau langage formel de l’altright, à un populisme informe et sans but, et à un sentiment général que le gouvernement est responsable de toutes les souffrances, d’autant plus qu’il s’agit du gouvernement belge. Pourtant, le fait que des partis nationalistes flamands, tels que la Volksunie ou la N-VA, aient partagé le pouvoir à plusieurs reprises par le passé, ne semble pas constituer une objection à cela. Cela crée une symbiose entre les idées libérales et libertaires de droite, souvent issues des États-Unis, et le nationalisme populaire flamand, qui, à notre avis, est non seulement tout à fait unique en Europe, mais aussi contradictoire sur le plan interne.

imageszbpal.jpgCette image libérale du mouvement flamand est donc largement correcte ou du moins compréhensible. Il est dominé par un parti conservateur-libéral de centre-droit, la N-VA, et par le Vlaams Belang, un parti radical de droite. Tous deux sont libéraux lorsqu’il s’agit de vision socio-économique. La N-VA est plus explicitement pour le libre-échange – moins de gouvernement, plus de privatisation – que le Vlaams Belang. Mais ce dernier continue aussi à prôner une économie de l’offre déterminée par les forces du marché libre. Ces dernières années, le Vlaams Belang a adopté un profil socio-économique plutôt de gauche, mais on ne peut pas se défaire de l’impression qu’il s’agit là d’un opportunisme propagandiste. La preuve étant les vote de leurs élus dans les parlements lorsque des dossiers socio-économiques sont sur la table, ainsi que de leurs attaques persistantes contre l’action syndicale.

Les deux partis soutiennent aussi explicitement le camp pro-occidental en termes de politique internationale, en laissant de côté les exceptions individuelles. La domination de ces deux partis sur la scène politique flamande conduit également à son caractère visceralement anti-socialiste. L’une des conséquences de cette main-mise politique est que la Wallonie et la population wallonne sont visées à la place de l’État belge, de sa monarchie et de ses principaux groupes capitalistes, qui de fait se maintiennent au pouvoir.

Avec le Zannekinbond, en revanche, nous souhaitons rétablir une vision de l’État belge et de son élite dirigeante comme principal ennemi du peuple flamand en lieu et place de la Wallonie et de la classe ouvrière wallonne. Nous souhaitons revenir aux véritables racines émancipatrices du Mouvement flamand. Il devrait en résulter un nouveau cadre conceptuel, adapté au 21e siècle mais avec les deux pieds dans les traditions sociales du Mouvement flamand. Bien sûr, il reste encore beaucoup de travail à faire, mais nous pensons que le moment est venu, plus que jamais !

L’Histoire du mouvement radical flamand prouve qu’il n’a pas toujours été à “droite”. Lorsqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, le mouvement s’est radicalisé et a résolument choisi la voie anti-belge – abandonnant ainsi la voie de la réfome linguistique dans un cadre belge – cela a souvent coïncidé avec des sympathies ou des positions socialistes et révolutionnaires au début de l’entre-deux-guerres. La période 1916-1922 a clairement vu naitre des opinions révolutionnaires et socialistes parmi les vétérans du front flamands et les militants flamands. On relève des sympathies pour la rébellion de Pâques irlandaise de 1916 et pour la révolution d’octobre russe de 1917. Ces racines ont été quelque peu oubliées et Zannekinbond veut contribuer à les ramener sur le devant de la scène.

Si nous regardons la société contemporaine, nous pensons que la politique bourgeoise libérale et/ou de droite radicale ne peut pas offrir une solution de long terme. C’est surtout la politique au jour le jour en fonction du mécontentement général de la population. La phase actuelle du capitalisme tardif montre de plus en plus que la défense de la souveraineté populaire, des traditions et de l’individualité coïncide avec l’anticapitalisme, avec la volonté de repositionner la politique au-dessus de l’économie et de réguler à nouveau cette dernière, avec la volonté d’écrire une nouvelle histoire d’inspiration socialiste. Les Flamands attachent une grande importance aux valeurs de droit culturel, au respect des traditions. Mais sur le plan socio-économique, les Flamands sont souvent beaucoup plus à gauche qu’on ne le pense, y compris en Flandre même. La grande majorité de la population flamande n’est pas favorable à la privatisation de la sécurité sociale. 80 % des Flamands pensent que le grand capital devrait contribuer davantage aux revenus de l’État. Le problème, c’est que lorsqu’ils votent pour la droite bourgeoise, ils obtiennent une politique libérale, aussi et surtout sur le plan économique.

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Lorsque l’on examine la genèse du mouvement flamand radical, celui qui ne se contenta plus de défendre les droits linguistiques mais qui a décidé de remettre en question l’État belge, il apparaît que bon nombre de cadres de ce mouvement se sont naturellement aligner non seulement sur les positions socialistes mais aussi sur la lutte contre l’impérialisme militaire qui a pris forme dans le mouvement pacifique flamand. Elle a conduit aux célèbres pèlerinages de l’Yser où des milliers de nationalistes flamands sont venus prêter serment d’allégeance à l’héritage politique des soldats flamands du front. Avec le Zannekinbond, nous pensons que ce mouvement pacifiste flamand a besoin d’être relancé, compte tenu de la politique d’agression de l’OTAN à l’égard de la Russie et à laquelle la Belgique atlantiste reste fidèle. Il reste un mystère pour nous, par exemple, de savoir comment les Flamands de droite, conservateurs et libéraux, parviennent à jurer allégeance au “Testament de fer” des “Fronters” et à accepter ensuite les crédits de guerre pour le soutien militaire belge en Syrie, à accepter les propositions de réintroduction du service militaire dans l’armée belge ou même d’adhésion à l’OTAN…

Comment intégrer vous la dimension européenne à votre engagement pour la Flandre ?

En ce qui nous concerne, la reconquête de la souveraineté des communautés s’inscrit avant tout dans la réalité de l’Union Européenne. Mais cela ne signifie en aucun cas une croyance ni dans une Europe des nations indépendantes, ni dans une Europe aux 100 drapeaux selon la vision de Yann Fouéré. Nous pensons que cette souveraineté ne peut être garantie que lorsqu’il existe un projet idéologique commun aux différentes communautés de personnes, qui peut être une alternative à l’ordre mondial atlantique et néo-libéral. La liberté des peuples européens, d’une part, et l’organisation d’une économie socialiste, d’autre part, ne peuvent être séparées de la (re)construction d’une Europe unifiée. Une association de peuples ne sert donc pas à subordonner ces peuples à certaines prémisses idéologiques, telles que le libre marché ou la liberté absolue des formes d’expression individuelles, ou à une oligarchie de groupes d’intérêts financiers, comme c’est le cas actuellement de l’UE, mais plutôt à soutenir les intérêts de ces peuples et à sauvegarder leur souveraineté. Le leitmotiv idéologique, c’est à dire un cadre commun socialiste et nationaliste populaire, est nécessaire pour défendre l’intégrité de ces communautés, ainsi que de promouvoir l’amitié et la fraternité entre les différents peuples. La Belgique, par contre, a été dès le départ du côté de l’Atlantisme, du côté de l’économie capitaliste volatile, du colonialisme, de l’économie de marché libérale, du développement d’un État occidentaliste.

images.jpgEn ce qui concerne la Flandre et ses relations avec l’Europe, nous optons pour la « civilisation de la terre », pour la fermeté, l’identité, la durabilité, les valeurs immuables et l’enracinement, une économie basée sur les principes socialistes où la politique peut diriger l’économie. Cela signifie qu’il faut regarder plus loin vers l’Est, vers un rapprochement avec l’Europe centrale et orientale, y compris la Russie. Avec le Zannekinbond, nous nous concentrons – précisément en raison de cette souveraineté des communautés – sur un espace politique eurosibérien et, par extension, sur un espace spirituel eurasien. Il y a donc certainement des questions où l’Europe a besoin d’une unification politique, mais cela ne peut se faire uniquement dans le cadre de l’Union européenne. L’UE actuelle est née des souhaits des Américains qui, avec leur plan Marshall, ont exigé que les Européens disposent désormais d’un marché plus vaste qui faciliterait l’approvisionnement en produits américains. Les élites libérales européennes ont travaillé davantage sur ce point en voulant réaliser l’unification politique par l’unification économique. Outre l’érosion de la souveraineté nationale, le résultat est une Europe impuissante sur le plan international car elle reste le jouet des Américains.

Ainsi, pour savoir quelle peut être la dimension européenne d’un futur projet flamand, il faut d’abord savoir : quelle Europe et quelle Flandre ? Ensuite, il faut déterminer quel est le cadre le plus approprié pour réaliser ces objectifs. Selon nous, il s’agit d’un projet continental de Dublin à Vladivostok, où les peuples de langues, de cultures et d’ethnies différentes peuvent préserver leur identité organique, leurs intérêts économiques et leur intégrité écologique dans un cadre idéologique partagé, une plate-forme consultative commune et, si nécessaire, une organisation de sécurité commune.

Merci à vous camarades.

Retrouvez nos camarades sur le net :

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Deux fauteuils pour trois

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Deux fauteuils pour trois

par Georges FELTIN-TRACOL

Stupeurs ! Effrois ! Horreurs ! Le Berlaymont, siège de l’eurocratie, n’en revient toujours pas. Le 6 avril dernier, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, se rendent à Ankara afin de relancer les discussions avec la Turquie. Devant les caméras, le président turc Recep Tayyip Erdogan accueille le duo et l’invite à prendre place. Les deux hommes s’installent dans les fauteuils. Stupéfaite, Ursula von der Leyen se contente d’un sofa un peu mis à l’écart et en face du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu. Le « Sofagate » vient d’éclater.

Dans les heures suivantes, un déluge de réactions négatives submerge la Toile. La médiasphère tient enfin la preuve incontestable de la misogynie et du machisme d’Erdogan. Ce n’est pas pour rien si la Turquie vient de se retirer de la Déclaration d’Istanbul qui instaure une tyrannie féministe larvée en Occident. Les folliculaires droitiers partagent pour une fois l’avis de l’extrême gauche et des centristes : le président Erdogan outrage l’Union européenne, la femme moderne et l’égalité paritaire (ou la parité égalitaire). Au XIXe siècle, un tel mépris aurait aussitôt provoqué une intervention armée vengeresse. On aurait aimé que les mêmes va-t-en-guerre eussent la même détermination belliciste au moment de la reconquête martiale azérie de l’Artsakh… Or, il faut reconnaître que pour la circonstance le dirigeant turc n’est que la victime collatérale du « Sofagate », habile prétexte pour cacher les dysfonctionnements institutionnels initiaux de l’Union pseudo-européenne. L’unité de commandement turque découvre in vivo la multiplicité du commandement, ses tiraillements permanents et l’effarante polysynodie propres à l’incurie eurocratique. L’antagonisme virulent entre Ursula von der Leyen et Charles Michel accentue l’impuissance générale.

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Les rapports entre les deux têtes de l’exécutif dit européen sont détestables dès leur entrée en fonction. Charles Michel a été de 2014 à 2019 Premier ministre fédéral belge tandis qu’Ursula von der Leyen n’a occupé que trois postes ministériels, dont la Défense, ce qui dans une Allemagne à la souveraineté limitée, n’est pas un portefeuille prestigieux. La cohabitation très courtelinesque entre le libéral belge et la chrétienne-démocrate allemande s’agrémente d’un haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité en la personne du socialiste espagnol Josep Borrell. Ce dernier a d’ailleurs connu, quelques semaines plus tôt, une sévère déconvenue bien méritée à Moscou.

Ursula von der Leyen et Charles Michel rêvent chacun de régenter à leur profit l’entité euro-atlantiste. Charles Michel a pris un léger avantage en respectant le protocole. Le président du Conseil européen a en effet le rang de chef d’État, d’un État qui n’existe pas. Selon ces mêmes règles et les textes en vigueur, la présidente de la Commission européenne a le statut de chef de gouvernement même si la Commission n’est pas un vrai gouvernement. Ne le savait-elle pas ? À moins qu’elle cherche à se faire passer pour une pauvre victime d’affreux mâles… Charles Michel aurait-il pu lui laisser son fauteuil et ainsi entériner un coup d’État institutionnel interne ? Le duo aurait-il dû rester debout devant le président turc assis ? L’interprétation découlant aurait fait penser au maître d’école turc sermonnant deux élèves turbulents. On peut reprocher à Ursula von der Leyen de n’avoir pas eu le courage de s’asseoir sur les genoux de Charles Michel, voire sur ceux du président turc. Craignait-elle peut-être de provoquer l’ire des féministes jamais contentes ? Quant à mettre en face du président Erdogan deux fauteuils, cela aurait déséquilibré la photographie au désavantage des eurocrates.

En se servant du protocole, les diverses têtes de l’hydre pseudo-européenne démontrent que l’Union dite européenne est plus qu’un tigre de papier, c’est un formidable paillasson sur lequel n’importe qui peut s’essuyer. Conçue comme un espace de libre échange économique anticipant un monde uni par le doux commerce et la belle musique du pognon-roi, l’Union supposée européenne a renoncé dès sa naissance à la puissance stratégique, militaire et géopolitique. Elle préfère rester sous la protection interlope de l’OTAN. La souveraineté européenne chère au gamin de l’Élysée demeure fictive tandis qu’à rebours du discours souverainiste, la souveraineté nationale des États membres se dissipe.

L’anecdote d’Ankara révèle le caractère chimérique de l’actuelle Union européenne. Les Européens ne réaliseront pas leur unité historique à travers des transactions bancaires, des virements financiers et des échanges économiques. Leur unité ne se forgera que par le fer, le feu et le sang dans la plus grande imprévisibilité historique.

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 211, mise en ligne sur TVLibertés, le 20 avril 2021.

lundi, 26 avril 2021

La revue de presse de CD (25 avril 2021)

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La revue de presse de CD

(25 avril 2021)

ECOLOGIE

Transition énergétique ou chinoise ?

A en croire la majorité des politiciens européens et des médias, nous serions en train de basculer du vieux monde de l’énergie vers celui de la transition énergétique. Penser qu’une politique aussi cruciale que la politique énergétique puisse se résumer au slogan simpliste « Sauver la planète » témoigne d’un manque de vision de la marche du monde. Espérer que l’urgence climatique pourra tout faire changer rapidement est naïf, car l’unité de temps du système énergétique est au mieux la décennie.

Conflits

https://www.revueconflits.com/transition-energetique-ou-c...  

ECONOMIE

Dette et souveraineté financière

On parle beaucoup de la dette publique ces temps-ci, non sans motif vu les dépenses démentielles occasionnées par l’épidémie. Un angle peu abordé est toutefois celui de la souveraineté financière. On voit bien intuitivement que s’endetter, quel que soit le motif, ne peut pas être neutre sur votre capacité d’autonomie et par là votre influence. C’est vrai, mais la question est un peu plus complexe. Notamment quand on s’intéresse aux financements privés des États, des appels au « marché ».

Géopragma

https://geopragma.fr/dette-et-souverainete-financiere/

FRANCE

Viry-Châtillon : ne pas se tromper d’adversaire

L’émotion provoquée par l’arrêt d’appel prononcé par la cour d’assises dans l’affaire de Viry-Châtillon est parfaitement compréhensible. Comme pour les affaires Sarah Halimi ou Barbarin, l’agenda judiciaire se télescope avec l’actualité d’un pays à cran. L’opinion publique est complètement exaspérée par le spectacle de la montée d’une violence intolérable, dont l’évidence ne résiste plus au déni des belles âmes, et par les liens entre cette violence et les questions de l’immigration. Il s’agit bien d’une question totalement politique que cette situation créée par 40 ans d’abandon par ceux qui avaient la mission de gouverner ce pays. Malheureusement, une fois de plus, on va se tourner vers la justice et lui faire porter une responsabilité qui n’est pas la sienne.

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/04/viry-chatillon-ne-pas-s...

Quand Karl Marx pleurait la mort d’un chantre de la « race aryenne »…

Le hasard fait bien les choses. La toute récente biographie de Jenny Marx (par Jérôme Fehrenbach, une étude remarquable, aussi érudite qu’agréable à lire) m’a conduit jusqu’à un personnage dont j’ignorais tout, Gustave Flourens. Un ami très proche de Jenny et Karl Marx qui eurent la douleur de le perdre en 1871. Officier communard, Flourens avait conduit une sortie contre les Versaillais qui avait tourné court. Un officier de gendarmerie l’avait abattu sans forme de procès, le 3 avril 1871.

Breizh-Info.com

https://www.breizh-info.com/2021/04/25/163131/quand-karl-...  

GEOPOLITIQUE

Gouvernance globale et guerre civile mondiale

Au vu de la tension croissante entre USA et Chine/Russie, la toile bruisse de rumeurs de guerre et beaucoup se posent légitimement la question de savoir si une guerre mondiale ouverte pourrait suivre la séquence du Covid commencée fin 2019. Tenter de répondre à cette question nécessite d’aborder cette problématique complexe sous trois aspects principaux : politique, géopolitique et stratégique. Trois niveaux d’analyse qui peuvent permettre de sonder quelles sont les ruptures en cours susceptibles ou non d’entraîner une fracturation de l’ordre mondial et ainsi conduire à une guerre ouverte entre les faces occidentale et orientale de la gouvernance mondiale.

Stratagika.fr

https://strategika.fr/2021/04/14/gouvernance-globale-et-g...

ISLAM

Vidéo. A qui profite le djihad ? Xavier Raufer

Le criminologue Xavier Raufer vient de publier une nouvelle étude sur les ramifications du djihad entre la France et les pays étrangers. Face à des ennemis indéfinissables et souvent hybrides, se borner à prolonger des courbes ne sert qu’à s’aveugler ou à faire perdurer le chaos. Une vidéo qui propose quelques clefs pour comprendre le djihad et surtout à qui il profite.

Conflits

https://www.revueconflits.com/xavier-raufer-djihad-crimin...

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MEDIAS

Agences de renseignement et grandes entreprises : l’idéologie Woke en commun

Cet article dénonce l’idéologie du « Woke capitalism », les grandes entreprises rentrent dans le débat politique en se polarisant à l’extrême et avec des moyens disproportionnés qui biaisent complètement le débat démocratique et sont vecteurs de division difficilement réconciliables ensuite tant les sujets sont clivants.

OJIM

https://www.ojim.fr/agences-de-renseignement-et-grandes-e...

« Vaccin contre la désinformation », le journalisme entravé dans quelque 130 pays

« Principal vaccin contre la désinformation », l’exercice du journalisme est « totalement ou partiellement bloqué » dans plus de 130 pays, alerte Reporters sans frontières (RSF), à l’heure où la crise sanitaire rajoute des entraves à la couverture de l’actualité.

Le Devoir

https://www.ledevoir.com/culture/medias/599188/medias-vac...

Qui est Alain Ternational ?

Chronique sur la langue française, son charme, ses difficultés, et… ses nouveaux locuteurs

Causeur.fr

https://www.causeur.fr/qui-est-alain-ternational-196319?u...

samedi, 24 avril 2021

Civilisation latine - variante orientale - La Pologne, le sarmatisme et le catholicisme

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Ronald Lasecki:

Civilisation latine - variante orientale

La Pologne, le sarmatisme et le catholicisme

Ex : https://xportal.pl/

Dans les auto-déclarations idéologiques des milieux conservateurs polonais, la référence à la civilisation latine apparaît très souvent. Elle est très souvent comprise à travers le prisme de la théorie controversée et critiquée de Feliks Koneczny sur la civilisation. Il est considéré comme un monolithe indifférencié en interne et immuable dans le temps. Rome et les pays catholiques de la Méditerranée devaient être son lieu de référenceet son centre le plus important. La culture polonaise ne devait être que leur écho et leur reflet régional.

Une telle perspective semble simplifier à l'extrême les problèmes plus complexes de la morphologie de la civilisation latine et de l'identité civilisationnelle de notre pays. Il est nécessaire d'exposer ces questions de manière plus approfondie et de fournir des explications complémentaires, ce qui sera fait dans cet essai.

Origine et expansion de la civilisation latine

La civilisation latine est l'une des civilisations qui ont émergé sur le continent européen. Historiquement, elle est née de la civilisation en déclin de la Rome antique, avec tous ses ajouts spirituels orientaux de l'époque, y compris le christianisme né parmi les Juifs. Dans sa période de formation, entre le 4e et le 9e siècle, elle a également intégré de nombreux éléments culturels germaniques, celtiques et gnostiques, tels que la chevalerie, le concept d'honneur, une sorte de sacralisation des femmes, etc.

Au cours des siècles suivants, la civilisation latine s'est étendue vers le nord et l'est, couvrant presque toute l'Europe. À partir du XVe siècle, elle a été implantée par les couronnes portugaise, espagnole et française dans l'hémisphère occidental ainsi qu'en Afrique, en Asie et dans le Pacifique. Aux XIVe et XVIe siècles, les Allemands, les Suédois et les Polonais ont également tenté de l'étendre aux régions de l'est et du sud-est de l'Europe. Aux 17e et 18e siècles, les Allemands d'Autriche ont réussi à étendre leur influence dans le bassin du Danube.

Crise de la civilisation latine

En même temps, depuis le XIVe siècle, on assiste à une crise multiforme de la civilisation latine dans la plupart des pays d'Europe occidentale et dans certains pays d'Europe centrale. Des difficultés économiques et des troubles sociaux apparaissent. La crise atteint son apogée dans la tentative de réforme de l'Église menée par Martin Luther. Les hypothèses de la réforme sont erronées, la personnalité impulsive du réformateur complique encore la résolution du conflit qu'il a initié. En fin de compte, des pans entiers de l'Europe du Nord se détachent de l'Église romaine, les cultures et les sociétés traditionnelles se désintégrant et ces pays entrant dans la modernité.

L'Église catholique romaine réagit au protestantisme en procédant à sa propre réforme à partir du Concile de Trente (1545-1563), qui constitue une transition de l'Église au départ d'une civilisation traditionnelle vers une civilisation moderne. Les contenus anthropocentriques de la doctrine chrétienne, tels que la confiance dans la raison humaine et l'importance de l'individu humain, sont soulignés. Toutefois, elle reste dans une relation non conflictuelle avec la pensée traditionnelle - après tout, la raison doit être éclairée par la lumière de la foi, tandis que l'individu doit établir un contact personnel avec Dieu dans le cadre de la devotio moderna.

Modernité occidentale et modernité

Il est très important à ce stade de faire la distinction entre la modernité et le modernisme. La modernité est un paradigme anthropocentrique (humaniste). Il se distingue du paradigme théocentrique traditionnel, mais il ne l'attaque pas ouvertement. L'ère moderne est une coexistence de paradigmes traditionnels (théocentriques) et modernes (anthropocentriques).

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Un changement qualitatif accompagne la modernité. La modernité ne crée pas son propre paradigme, distinct du paradigme moderne. La modernité conserve comme paradigme l'anthropocentrisme moderne. La différence est qu'au sein de la modernité, le paradigme traditionnel est dépouillé de son droit d'exister. La modernité commence l'extermination idéologique et physique planifiée de la société traditionnelle.

Pour illustrer cette thèse à l'aide d'exemples, des représentants de la modernité tels que Copernic, Newton, Kepler, Galilée et Hobbes commençaient généralement leurs œuvres par des invocations à Dieu et des louanges aux souverains, au moins dans leur titre. Des philosophes déjà modernes, tels que Condorcet, Diderot, Voltaire et d'autres, s'en prenaient toutefois ouvertement à la religion et aux dispositifs de la société traditionnelle, n'hésitant parfois pas à critiquer la monarchie. Marquant symboliquement le début de la modernité, la révolution de 1789 en France a commencé la liquidation physique des sociétés et institutions traditionnelles.

Trois variantes de la civilisation latine

Pour en revenir à l'étendue spatiale de la civilisation latine, elle est sortie des turbulences des XVIe et XVIIe siècles en étant spatialement réduite et territorialement hétérogène, ce qui n'est pas resté sans influence sur son histoire et sa morphologie ultérieures. En effet, dans les pays habités par les peuples germaniques en Europe du Nord et en Amérique du Nord, la modernité protestante a prévalu. La civilisation latine a cependant survécu dans les pays européens méditerranéens, dans les pays d'Europe centrale et dans les colonies des États espagnols en Amérique et aux Philippines, ainsi que dans les anciennes colonies de la France dans l'hémisphère occidental.

Ces pays étaient géographiquement séparés les uns des autres et la civilisation latine s'y est développée dans des conditions sensiblement différentes, prenant un caractère légèrement différent dans chacune de ces régions. On peut donc distinguer trois variétés de civilisation latine :

  1. la variété euro-romaine. Géographiquement, elle englobait les pays d'Espagne, d'Italie, de Belgique, de Suisse occidentale et méridionale et la France ;
  2. la variété d'Europe centrale. Elle a rayonné dans des pays qui ont été à différentes époques sous l'influence politique de la Pologne et de l'Autriche, et des traces de son influence plus ou moins forte sont visibles à l'intérieur des frontières des anciens dominions d'Europe centrale des Jagellons et des Habsbourg;
  3. la variété latino-américaine. Elle a façonné le visage civilisationnel de l'Amérique latine, c'est-à-dire des pays américains où l'espagnol, le portugais ou le français sont langues officielles ou la langue utilisée par la majorité des habitants.

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Il est important de noter que chacune des variantes indiquées de la civilisation latine avait sa propre spécificité, la différenciant clairement des autres, bien qu'évidemment les éléments communs l'emportent sur les différences. Par exemple, dans les pays de la version méditerranéenne de la civilisation latine, le nationalisme ethnique est incomparablement plus fort que dans les pays d'Amérique latine. Les immigrants du Moyen-Orient, tels que les Juifs, les Arabes et les Berbères, sont chassés d'Espagne, de France et d'Italie. Des tendances ethnocentriques similaires n'apparaissent qu'éphémèrement en Amérique latine où la population européenne était la population immigrée.

Au seuil de la civilisation sarmate

Cependant, nous sommes plus intéressés à ce stade par le cas de la variante orientale de la civilisation latine, dans laquelle se situe également la Pologne. La spécificité du Commonwealth polono-lituanien en Europe centrale devait en fait être un accélérateur des tendances menant à la création d'une civilisation "sarmate" distincte. En elle, la matrice religieuse chrétienne et la matrice civilisationnelle de la steppe devaient se fondre.

La civilisation sarmate serait donc une civilisation chrétienne de la steppe, bien qu'elle ne soit pas du tout nomade, mais sédentaire et agricole. Ces centres centripètes et en même temps autonomes par rapport aux centres extérieurs ont influencé dans la République l'orthodoxie (l'archevêque de Moguilea, l'Académie de Kiev), l'islam (les Tartares lituaniens) et même le judaïsme local et les colons germaniques et les États allemands vassalisés (Prusse, Courlande).

Le catholicisme en Pologne a également pris une spécificité slave: les catholiques polonais ont mené des campagnes missionnaires, et non des guerres, dans les pays païens. La Lituanie n'a pas coulé du sang des infidèles comme les pays germaniques convertis par le feu et l'épée, et plus tard les pays des Slaves de l'Elbe et des Prussiens. Dans cette première période, les Polonais n'ont pas mené de guerre contre les orthodoxes comme les Allemands et les Suédois. Avant que la modernité ne pénètre nos terres, nous n'avions rien sur la conscience comme le sac de Constantinople en 1204.

La chute du sarmatisme polonais

La faiblesse du sarmatisme polonais, qui a déterminé son échec final, est le fait qu'il n'a jamais été clairement conceptualisé. Il n'y avait pas d'idée clairement articulée d'une civilisation sarmate, dans laquelle des éléments tirés de la civilisation latine occidentale seraient traités et mélangés à d'autres contenus locaux. C'est pourquoi le Commonwealth s'est avéré sans défense face à l'expansion agressive de la modernité protestante et de la modernité catholique occidentales, qui, se disputant l'influence en son sein, ont empêché la formation d'une civilisation distincte de la steppe sarmate et ont finalement provoqué l'effondrement de l'État et sa disparition de la carte politique de l'Europe.

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Elle a commencé avec la diffusion des idées de la Réforme et du protestantisme dans les pays de l'ouest et du nord de la République. Les gens font rarement attention à ce fait, mais les idées de la Réforme polonaise ont eu une influence fatale et décomposante sur le système de la République de Pologne, renforçant son contenu républicain, parlementaire, civique ou même individualiste. Aujourd'hui, notre pays est une colonie des États-Unis d'Amérique, et la norme politique et idéologique obligatoire est donc le démolibéralisme. Dans cette situation, on ne peut critiquer les idées des protestants polonais, car elles préfigurent de facto le système politique et l'idéologie actuels. Cependant, si l'on se base sur le paradigme traditionnel, la validité de cette critique devient évidente.

La réponse à la menace de voir le Commonwealth se détacher de l'Église romaine a été la profonde ingérence politique, par le biais de l'ordre des Jésuites, dans les affaires internes de l'État, et la réorientation finale du Commonwealth en un instrument de la politique orientale du pape. Henryk Litwin en parle abondamment dans son excellent ouvrage Glory of the North. Il s'agissait d'une politique de latinisation, d'occidentalisation et de catholicisation unilatérale menée dans un esprit moderne formaliste et rationaliste envers un pays oriental et largement traditionnel. Le contenu fatal de cette politique est symbolisé par trois noms : Skarga, Kuncewicz et Bobola.

La civilisation sarmate de la République, incapable de se définir, était donc vouée à l'échec. Elle aurait pu être la proie de la modernité protestante ou de la modernité catholique. Ces deux tendances étaient occidentales, et la victoire de l'une ou l'autre signifiait un reformatage de l'idéo-matrice polonaise en une idéo-matrice occidentale. Les coûts étaient terribles, car ils signifiaient une division civilisationnelle et territoriale du Commonwealth sarmate. Le modèle moderne de catholicisme centralisé et bureaucratique pouvait être imposé par la force en Amérique du Sud ou en France, mais en République, l'équilibre des pouvoirs était complètement différent et de tels "traitements" conduisaient à la "mort du patient".

La civilisation latine face au postmodernisme

Faisons maintenant un grand saut historique du 17ème siècle au début du 21ème siècle. Les pays latins de la Méditerranée et d'Amérique sont entrés dans la modernité dans la première moitié du XIXe siècle, mais ils n'y ont pas été entraînés par l'Église catholique, mais par les révolutions politiques anti-cléricales qui ont commencé en France en 1789. La corporation sacerdotale catholique romaine elle-même est restée dans le paradigme moderne "tridentin" jusqu'au Concile de Vatican II de 1962-1965. Le Concile n'a cependant pas marqué le passage du clergé catholique de la modernité au modernisme, mais le passage de la modernité à la postmodernité.

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Le glissement de la hiérarchie catholique romaine vers le postmodernisme a déclenché les mêmes processus dans les sociétés latines de la Méditerranée et d'Amérique qui étaient déjà modernes depuis le XIXe siècle. Le postmodernisme crée un paradigme distinct du paradigme anthropocentrique moderne: c'est un paradigme de subjectivation et d'individualisation totales. La modernité a détruit le paradigme traditionnel objectif, imposant à sa place le paradigme moderne objectif. Le postmodernisme se retourne contre l'idée même d'un paradigme objectif.

L'Église libérée de la modernité

Cette situation est porteuse d'opportunités et de dangers. La première consiste dans le fait que le catholicisme, en "sautant" en quelque sorte par-dessus la modernité, évite le danger de se ternir par un chauvinisme envers la société traditionnelle. Notons les différences dans les effets de la colonisation ibérique et française et de la colonisation anglo-saxonne: dans les pays d'Amérique latine, malgré tous les crimes qui y ont été commis par les colonisateurs, une grande partie des peuples indigènes ont survécu, alors qu'en Amérique anglo-saxonne, ils ont été presque totalement exterminés.

Sur ce facteur, le traditionaliste américain Carlos Albert Disandro, entre autres, a établi une distinction entre l'América hispánica romanizada et l'América británica, périphérique sur le plan civilisationnel. La première était une civilisation construite sur le paradigme moderne et n'a donc pas attaqué directement les sociétés indiennes traditionnelles mais les a plutôt intégrées. La seconde était une forme de modernité protestante et, en tant que telle, elle refusait aux sociétés non modernes le droit d'exister et pratiquait à leur encontre l'ethnocide, voire le génocide.

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Le catholicisme n'a donc jamais été mêlé au paradigme moderne chauvin et criminel. Pour le moins, l'Église catholique romaine s'est toujours tenue à l'écart des courants chauvins du nationalisme, du totalitarisme mécanisé moderne, de l'économisme et du scientisme qui ont complètement englouti et subjugué les branches protestantes du christianisme.

Contrairement aux protestants, les prêtres catholiques se sont opposés aux attitudes chauvines envers les peuples archaïques dès une prise de conscience relativement précoce du problème, empêchant ainsi le génocide colonial contre les peuples indigènes d'Amérique du Sud et d'Amérique centrale (dans le cas des Caraïbes, la réaction est arrivée trop tard et les peuples Tain et Arawak ont été massacrés par les Espagnols avant que l'Église ne puisse les aider).

L'Église détruite par le postmodernisme

Le danger du postmodernisme, en revanche, est la décomposition complète et donc la mort du catholicisme lui-même et de la civilisation latine fondée sur lui. La libéralisation du clergé catholique après le Concile Vatican II a supprimé le dernier point d'appui des États latins déjà envahis politiquement par le démo-libéralisme. La variante méditerranéenne de cette civilisation a été complètement anéantie. Pendant la crise de l'immigration de 2017, elle n'était déjà qu'un triste souvenir en Europe occidentale. Lors des émeutes des immigrés en France en novembre 2005, les autorités et la société ont réagi par une ouverture encore plus grande aux immigrés et par la suppression des pulsions éphémères d'autodéfense.

La situation en Amérique n'est pas meilleure. Au XVIIIe siècle, le Québec fut séparé de l'Amérique latine. Au 19ème siècle, la Floride, le Mississippi, et plus de la moitié du Mexique, ainsi que les îles Malouines au sud en ont également été détachés. Sous l'occupation américaine, les Philippines ont cessé d'être latines dans la première moitié du 20e siècle. Aujourd'hui, le pourcentage de protestants dans les pays d'Amérique centrale, au Brésil ou au Venezuela, atteint un tiers, parfois même 40% de la population. Déchirée par de constantes convulsions politiques et économiques et tourmentée par l'oppression et l'exploitation yankee, l'Amérique latine perd peu à peu son caractère civilisationnel latin.

Polonia semper fidelis sur les ruines de la civilisation latine

Il semble que le catholicisme des pays d'Europe centrale soit dans une position plus favorable. Sa situation dans la partie orientale de l'Europe a retardé l'entrée des pays de notre région dans la modernité. Ce n'est que dans le dernier quart du XIXe siècle que la modernité, dans sa version capitaliste, a atteint les terres polonaises, et ce n'est qu'avec les bolcheviks, dans les années 1920 et 1930, que la Russie a connu une modernisation en profondeur, détruisant les sociétés traditionnelles pour les remplacer par une société moderne communiste. L'invasion soviétique et un demi-siècle de captivité communiste ont, tel un rouleau compresseur, rasé la civilisation latine en Pologne, mais ont en même temps isolé notre pays et d'autres pays d'Europe centrale et orientale de l'Occident démo-libéral, nous protégeant de son nihilisme postmoderne.

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Ainsi, dans certains pays de notre région, comme la Pologne, la Lituanie, la Slovaquie, l'Autriche, la Bavière, le catholicisme a été préservé en assez bon état. Le problème est qu'il a été préservé dans sa forme moderne, et non dans sa forme traditionnelle. En outre, depuis le Concile Vatican II, et surtout depuis la chute du communisme et la transformation définitive de la Pologne en colonie des États-Unis dans la première décennie du XXIe siècle, notre pays et toute la région ont été soumis à une pression occidentale de plus en plus forte, exercée par de nombreux canaux, visant à nous imposer le nihilisme postmoderne.

Latinité slave

Une bonne réponse à ce défi historique serait, cette fois, un choix conscient des Polonais de construire une civilisation latine catholique d'Europe centrale. Cela ne consisterait même pas en un transfert sélectif et une renaissance des institutions de la civilisation latine de la Méditerranée, qui s'est effondrée depuis. Les peuples méditerranéens sont les peuples romans. Les Polonais sont un peuple slave occidental. Nous ne devons jamais nous rabaisser au rôle de "rempart" ou de "bras armé" du premier. Dans les années à venir, la Pologne sera le centre le plus important du catholicisme en Europe. Compte tenu du déclin de l'Occident roman, elle devrait également créer sa propre variante, slave, de la culture latine.

Puisque nous ne devons pas être le "rempart" ou le "bras armé" de l'Occident contre l'Orient, cela ouvre la porte à un accord avec les centres conservateurs non catholiques. Dans la situation actuelle, afin de préserver notre identité catholique, nous devons nous protéger du mondialisme occidental, du démo-libéralisme et du postmodernisme. Par conséquent, nous devons rechercher un accord et tisser un réseau d'alliances avec d'autres centres de force qui poursuivent des objectifs similaires: il peut s'agir de la Hongrie catholique/calviniste, de la Russie orthodoxe et du Belarus, de la Bavière et de la Croatie catholiques et de la Turquie musulmane. Ce sont tous des centres de pouvoir contre-hégémoniques que nous avons intérêt à renforcer dans leur identité traditionnelle et leur orientation contre-hégémonique.

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La civilisation latine en Eurasie

Avec l'effondrement de la civilisation dans la partie occidentale de l'Europe, le rôle de la partie orientale du continent sera de préserver l'héritage de la civilisation européenne. Dans le nouveau système géopolitique, l'Est, c'est aussi nous. Nous sommes l'Orient parce que nous rejetons le postmodernisme. Quiconque accepte le démo-libéralisme, le capitalisme et le postmodernisme est désormais un partisan de la civilisation occidentale. Quiconque les rejette en Europe passe dans la catégorie de l'Est européen.

La civilisation latine dans les pays méditerranéens-romains a cessé d'exister. Face à la décomposition des repères romains et ibériques, l'Amérique latine est confrontée à un reformatage de son identité. Il est probable qu'au moins les Caraïbes et l'Amérique centrale évolueront vers une civilisation anglo-saxonne protestante et des pays comme le Pérou, la Bolivie ou le Paraguay vers une nouvelle civilisation américaine syncrétique dans laquelle les accents indiens seront les plus forts.

Le catholicisme et des éléments de l'héritage latin peuvent être préservés en Pologne et dans certains autres pays d'Europe centrale. Cette région n'évitera cependant pas l'occidentalisation postmoderne si elle ne développe pas l'idée de sa propre spécificité civilisationnelle et de son autonomie idéologique par rapport au centre romain dégénéré du catholicisme. Le catholicisme et le latinisme en Pologne ne peuvent être des importations romaines ou des extensions de Rome. Ils doivent acquérir un contenu local, slave, et s'intégrer harmonieusement dans le paysage civilisationnel de l'Europe de l'Est et de l'Eurasie.

Aujourd'hui, nous sommes les vrais catholiques. La civilisation catholique s'est effondrée en Europe méditerranéenne, tandis qu'elle a survécu en Europe slave occidentale, qui pourra être reconstruite en tant que pays et sociétés traditionnels catholiques. Peut-être que, de même que dans le passé le centre réel de l'orthodoxie s'est déplacé de Constantinople à Moscou, de même à l'avenir le centre réel du catholicisme se déplacera de Rome, par exemple, à Czestochowa. Si nous avions un "pape polonais", pourquoi les papes ne déménageraient-ils pas un jour en Pologne et nous aurions un "pape en Pologne" ?

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Ce ne serait plus le catholicisme moderne "tridentin" avec son formalisme, son bureaucratisme, son rationalisme, son caractère doctrinaire et sa jurisprudence. Le paradigme moderne dans l'Église s'est effondré lors du Concile Vatican II. Un retour à cette situation ne serait ni possible ni souhaitable. En reconstruisant la civilisation catholique en Pologne, nous devons nous tourner vers les éléments les plus traditionnels et les plus archaïques du catholicisme. Avec notre dévotion mariale et le culte de nos saints locaux, notre tâche est beaucoup plus facile.

Notre identité est donc catholique et latine dans le sens où nous puisons dans l'héritage de la variante orientale de la civilisation latine. Notre vocation est de porter le catholicisme et l'héritage de la civilisation latine dans le nouvel ordre géopolitique qui se dessinera en Eurasie autour des nouvelles routes de la soie. La Chine offre sa coopération à la Russie et aux pays asiatiques, et - dans le format 16+1 - également à l'Europe centrale. Lors du 1er forum "Belt and Road" en mai 2017, le président Xi Jinping, aux côtés de l'union eurasienne, a notamment évoqué la "route de l'ambre" passant autrefois par les terres polonaises. Notre destin est donc de nous tourner géopolitiquement vers l'Est, mais, comme le dirait Stanislaw Brzozowski, "nous ne devons pas manquer un moment", ce qui signifie que nous devons entrer dans le projet eurasien, mais avec tout notre bagage culturel.

Ronald Lasecki

 

vendredi, 23 avril 2021

Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

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Etats-Unis/Russie : un conflit pour l’Europe

Par Gabriele Melchiorre

SOURCE : https://www.rivistaspiral.org/usa-russia-un-conflitto-per-leuropa/

Ces derniers jours, les États-Unis, sous la nouvelle administration démocrate, ont lancé une série de sanctions et de mesures contre leur ennemi/ami historique: la Russie. Tout a commencé par une déclaration provocante du président Biden qui, lors d'une interview le 17 mars (1), a déclaré qu'il pensait que Vladimir Poutine était un ‘’meurtrier’’, réitérant en même temps ses soupçons que l'ancien pays soviétique avait d'une manière ou d'une autre interféré dans les élections américaines de novembre dernier. La réponse russe à cette provocation ne s'est pas fait attendre et le Kremlin a convoqué l'ambassadeur américain à Moscou pour comprendre la direction que prendraient désormais les relations entre les deux pays. C'est à partir de là qu'a commencé une escalade de nouvelles provocations diplomatiques, qui ont conduit ces derniers jours à l'expulsion de dix diplomates russes des États-Unis, de trois de la Pologne (l’un des principaux alliés des États-Unis en Europe), à l'émission de nouvelles sanctions (2) et à la déclaration de l'état d'urgence par le gouvernement américain.

Le président américain a probablement jeté un coup d'œil aux cartes de son adversaire, voyant dans les récentes activités du gouvernement de la Fédération de Russie une future atteinte à la sécurité nationale, allant jusqu'à émettre un décret de saisie des avoirs de toute personne ayant eu le moindre lien avec l'État rival (3), suivi d'un déploiement plus conséquent de troupes le long de la frontière ukrainienne, tant par la Russie que par l'OTAN (4).

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Mais quels sont exactement les intérêts des États-Unis dans la poursuite de cette sorte de guerre froide du troisième millénaire? La réponse n'est à chercher ni à Washington ni à Moscou, mais à Berlin. Plus précisément encore dans les profondeurs de la mer Baltique, car c'est là que le Nord Stream 2 est en train de se construire. Il s'agit du doublement du gazoduc Nord Stream déjà achevé en 2012 qui, en traversant la mer qui baigne les côtes du nord de l'Europe, alimente l'Allemagne en précieux combustible.

Depuis l'administration Trump, les États-Unis ont exprimé leur désapprobation à l'égard de ce projet, considéré comme un projet géopolitique russe et une occasion d'approfondir les relations entre le pays eurasien et l'Allemagne (et à travers elle l'Union européenne). Mais alors que la politique "America First" du magnat voulait se tenir à l'écart des questions européennes, l'axe franco-allemand mis en place par Macron et Merkel a profité de l'occasion pour entamer un processus d'"autonomie" par rapport aux États-Unis ; or le président Biden a de nouveau tourné son regard vers le vieux continent, le considérant de toute évidence trop important pour qu'on lui lâche la bride. Dans cette optique, le premier point à l'ordre du jour était précisément d'entraver la construction du gazoduc, ou plutôt de limiter au maximum les conséquences de ce projet, qui aurait fait pencher la balance du côté de la Russie. La Maison Blanche a ensuite publié, le 18 mars, un communiqué de presse indiquant que toutes les entités, étatiques et privées, russes et allemandes, impliquées dans le projet de pipeline pourraient faire l'objet de sanctions (5). La faction atlantiste allemande ne s'est pas fait attendre et s'est immédiatement montrée fidèle à son maître: le parti des Verts, deuxième parti national aux élections européennes, a pris la tête de la bataille contre le Nord Stream 2, obtenant le soutien des États-Unis et de l'influent électorat écologiste. Et le 13 avril, un appel visant à bloquer indéfiniment les travaux à l'intérieur des sites de construction de l'oléoduc a été envoyé au tribunal administratif de Hambourg. La requête demande aux autorités d'arrêter la construction pour des raisons de protection de l'écosystème régional (6).

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En plus de la question du NS2, la nouvelle est tombée: 500 soldats supplémentaires viendront s'ajouter aux 36.000 déjà présents en Allemagne (7). Trump, en raison des tensions qui se sont créées avec la chancelière allemande concernant les dépenses liées au maintien des bases de l'OTAN, a procédé au retrait d'un tiers des troupes du territoire de la république fédérale et au démantèlement de deux bases militaires. Avec l'arrivée de nouveaux soldats, il est facile de comprendre que le plan a été annulé.

Pourtant, malgré les enjeux évidents, la diplomatie européenne n'a pas encore pris les devants et aucune déclaration particulière n'a été faite, pas même lors de la rencontre entre Macron, Merkel et le président ukrainien Zelensky à Paris, où une proposition prudente a été faite pour commencer la désescalade (8). L'invitation européenne semble avoir été ignorée à la fois par Biden et Poutine. Lundi, a annoncé M. Borrel, il y aura une réunion entre les ministres des affaires étrangères de tous les pays de l'Union où la question de l'Ukraine sera abordée. C'est à partir de là que l'on comprendra la position et le poids de l'Europe sur la question.

En bref, la nouvelle guerre froide entre les États-Unis et la Russie, plus qu'une expression de la rivalité entre les deux pays, semble être un avertissement pour l'Europe et le reste du monde : l'Amérique est de retour et n'a pas l'intention d’abandonner ses atouts en Europe. Il faudra voir si les pro-européens allemands et français se permettront de reprendre ce fil d'autonomie qu'ils avaient réussi à gagner sous l'administration Trump. Il est encore trop tôt pour faire des prédictions sûres mais une chose est certaine: tôt ou tard, il faudra compter avec la question atlantiste.

Gabriele Melchiorre.

jeudi, 22 avril 2021

Ukraine et nouvelle guerre froide

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Ukraine et nouvelle guerre froide

par Irnerio Seminatore

Ex: http://www.ieri.be/fr/publications/wp/2021/avril/ukraine-...

Les tensions entretenues par les États-Unis et l'Otan en Ukraine, en soutien du bellicisme de Kiev et du but déclaré de cette dernière de remettre en cause l'autonomie des provinces séparatistes de Donetsk et Lougansk, dans la tentative d'unifier un pays historiquement divisé entre deux pôles d'influence, l'Europe et la Russie, sont susceptibles de provoquer une escalade aux incertitudes multiples. Les répercussions conflictuelles de cette aventure n'épargneront pas l'Europe, subalterne et impuissante et suivront un clivage qui va des pays baltes à la Mer Noire et du Caucase à la Turquie et à la Syrie. Elles remettront à l'ordre du jour un conflit, dont l'aspect principal n'est plus celui de 2014, "partition européenne ou partition du pays", mais la confirmation d'une forme d'instabilité régionale à précarité permanente.

L'explication des tensions dans le Donbass, ainsi que de la "Nouvelle Guerre Froide", trouvent leurs raisons d'être dans les élargissements continus de l'Otan, à proximité des frontières de la Russie et dans la modification de l'équilibre global des forces entre les États-Unis, la Russie et la Chine à l'ère de la multipolarité. Ce déséquilibre se traduit par une remise en cause de la dissuasion et par la nouvelle doctrine américaine d'emploi de l'arme nucléaire à des fins tactiques, mais ayant des répercussions stratégiques d'ordre général Le débat qu'elle suscite et les adaptations qu'elle exige, remettent en discussion la centralité de l’atome, ainsi que l'équilibre stratégique sur lequel ils reposaient. Par conséquent la distribution des alliances s'effectue en fonction d'un choix systémique et d'une géopolitique planétaire, qui discrimine entre puissances du Hearthland et puissances du Rimland, puissances du"statu-quo" et puissances révisionnistes, pions géostratégiques (Arménie et Azerbaïdjan-Turquie) et pays-pivots (Iran,Turquie), opérant par bonds et croisements, entre arcs de crise et axes de rapprochement. Dans l'échiquier du grand Moyen Orient l'axe chiite Téhéran-Bagdad-Damas-Beyrouth, débouchant sur la Méditerranée, sera le premier à intéresser la Russie et, par ricochet, la Chine, les États-Unis et Israël. La redistribution des alliances qui en découle, oriente l'identification de l'adversaire de la part de l'Occident, en la Russie,au moyen d'une triple campagne, d'isolement, de sanctions et d'information, par une flagrante inversion des responsabilités.

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Du point de vue historique, l'aggravation de la sécurité européenne consacre l'échec des politiques de voisinage de l'UE (PEV) à l'Est et les instabilités des pays issus de l’écroulement de l'URSS, ou de "l'étranger proche" (Bélarus, Caucase, Asie centrale). Elle dévoile la subordination politico-stratégique aux États-Unis et à l'Otan d'une Union, dont la vacuité politique et intellectuelle semble se résumer aux querelles personnelles et protocolaires (le Sofagate), échappant aux demandes de sécurité et d'autorité des populations et à l'oubli des vulnérabilités géopolitiques des Nations et des États.

Au niveau du système international la vassalité européenne a deux sources principales et permanentes, la protection nucléaire de l'Amérique et la stabilité régionale assurée par celle-ci tout au long de la bipolarité. Ainsi la culture de défense hégémonique, qui porte les États-Unis à une projection de puissance dangereuse, frôle la provocation, en Europe (Pays-baltes, Pologne, Bélarus et Ukraine..), au Grand Moyen Orient (Syrie, Turquie, Iran et Irak) et en Asie (Taïwan et région de l'Indo-Pacifique).

En ce sens les tensions et le conflit potentiel vis à vis de la Russie, par Ukraine interposée, font partie d'une tentative de désarticulation de la continuité géopolitique de l'Europe vers l'Asie (Brzezinski) et de la Chine vers la région de l'Indo-Pacifique. Cette fracturation du monde comporte de multiples facteurs d'incertitude et de multiples formes de vassalité entre les divers pays, et principalement, en Europe, entre les pays d'obédience et d'influence atlantique stricte (GB, Pays nordiques, Hollande, Belgique, Pays baltes et Pologne) et les pays du doute et de la résistance (France, Italie,Allemagne etc) vis à vis du Leader de bloc. Dans une sorte de jeu d'échec planétaire la région des Balkans, de la Mer Noire, de la Caspienne, du plateau turque, du Golfe, de l'Iran, de l'Inde, d'Indonésie, du Japon et d’Australie fait partie des zones à hégémonie disputée et demeure sujette à l'influence grandissante de la realpolitik chinoise (Hong-Kong et Taïwan).

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Les césures au sein de l'Ukraine: le vote Ianukovitch en 2010

C'est dans ce cadre que se tissent et se resserrent les nouvelles alliances et se précisent les enjeux stratégiques et les clivages de civilisation. C'est encore dans ce cadre que se partagent ou se disputent les anciens héritages et les vieilles allégeances. Les raisons qui, selon l'ancien conseiller de Reagan à l'économie, Paul Claig Roberts ont poussé à la deuxième guerre mondiale, le remplacement de la Grande Bretagne par les États-Unis, pourraient jouer le même effet d’entraînement vers la troisième, concernant la substitution de la vieille Union Soviétique par le duopole Russie et Chine. Dans cette perspective de glissement vers une confrontation inter-étatique de haute intensité, la "nouvelle guerre froide" ne serait qu'un prélude du conflit qui se prépare et, parallèlement une dilation pour la réconfiguration générale du système, qui passe par une "guerre limitée" et locale, mais peut se poursuivre par une "guerre illimitée".

L’Ukraine, baromètre des relations entre Washington et Moscou ?

En revenant aux tensions entre Kiev, le Donbass, la Russie et l'Occident, l’Ukraine est elle devenue le baromètre des relations entre Moscou et Washington? L’Ukraine a exclut vendredi 16 avril, toute possibilité d'une offensive militaire contre les séparatistes des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk. Au vue des déclarations officielles, le Général Rouslan Khomtchak, commandant en chef des forces armées ukrainiennes a confirmé que "La libération par la force des territoires occupés temporairement conduira inévitablement à de nombreuses pertes civiles et militaires, ce qui est inacceptable pour l'Ukraine". Dans un communiqué ultérieur il a soutenu l'idée d'une solution "politique et diplomatique", pour récupérer les territoire perdus. A la veille de l'exercice de l'Otan, "Defender Europe", le plus important depuis la Guerre froide, prévu pour le printemps 2021, dans 16 aires différentes du continent et concentré principalement dans les régions des Balkans, de la Mer Noire et de la Baltique, avec la participation de 28.000 hommes et pour la durée de trois mois, Moscou a déclaré qu'une offensive ukainienne dans le Dombass, signerait la fin de l’État ukrainien. Pourquoi ce conflit, qui dure désormais depuis sept ans et qui ne se déroule pas entre Philadelphie et le lac du Michigan , pousse à une intervention "musclé"de Joe Biden, depuis la Maison Blanche, se déclarant favorable à des sanctions contre la Russie? Et pourquoi, côté européen, Zelensky s'empresse d'obtenir le soutien de deux États-membres du quatuor "Format Normandie", la France et l'Allemagne, signataires des accords de Minsk 2, concernant le règlement des contentieux russo-ukrainiens de 2014? S' il s'agit du "Syndrome Sakaachvili" de 2008, quelles sont les voies des scénarios possibles ?

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Face à la dissymétrie des forces, les trois hypothèses prévisibles, "percée russe en profondeur et occupation durable du territoire", "flambée de violence élevée, mais de courte durée, suivie d'un règlement politique rapide", "retour au calme et fin du conflit", la première serait coûteuse, la deuxième aléatoire et la troisième plus payante, car elle permettrait d'influer sur la politique intérieure ukrainienne et de bloquer l'adhésion de l’Ukraine à l'Otan. Cette hypothèse ne pourrait pas faire l'économie d'une négociation et d'une entente avec les USA. Joe Biden est à son Rubicon: "Hic Rhodus, Hic salta!"

Guerres visibles, invisibles, dissuasives et hybrides,

à l'épreuve de la guerre d’Ukraine et du modèle de guerre de Clausewitz

Avec du recul, les tensions et le conflit potentiel entretenus en Ukraine depuis 2014 nous forcent à revenir sur la relation entre guerre et politique et sur le retour, aux yeux de l'Occident, de la figure de l'ennemi, se définissant par l’incompatibilité de principes et de projets politiques, qui président à l'action de guerre. Le modèle de conflit westphalien, fondé sur la soumission de la guerre au but défini par l'intelligence personnifiée de l’État, était fondé sur l'étonnante trinité, de l'entendement pur (gouvernement), de la libre activité de l'âme (armée ou chef de guerre) et de l'impulsion naturelle aveugle (peuple). Ce modèle, qui imposait des limites à la guerre, a vu l'éclatement de son unité et nous force aujourd’hui à des réflexions indispensables sur les réalités du conflit en cours à l'est de l’Ukraine. Il s'agit d'une guerre classée comme "hybride" et caractérisée par une inversion de la relation entre guerres visibles (soumettre) et guerres invisibles, cachées ou secrètes (contrôler). Elle conduit à la décomposition du lien clausewitzien entre objectifs civils et militaires et donc à une multiplicité des formes d'affrontement. Au pluralisme des acteurs civils et militaires, légaux et illégaux, la pensée stratégique lui assigne des modes d'actions divers, qui dans le cas de l’Ukraine, maintiennent le seuil de la réponse au dessous du conflit (inter-étatique). Ce dernier fonctionne comme une couverture arrière et visible du champ d'affrontement entre acteurs de la scène internationale, plus vaste et plus profond, qui se manifeste sur le terrain des combats locaux, comme la "ruse" du tiers non engagé, la Russie. L'action de terrain dispose ainsi, par paradoxe, d'une couverture visible (mouvements de troupes et réserves importantes, prêtes à intervenir, au delà d'une "ligne rouge" politique), qui acquièrent une valeur dissuasive ou de réplique défensive. Cette couverture (ou ruse) interdit l'accès au conflit d'autres acteurs tiers, l'Otan ou les États-Unis, étrangers aux engagements en cours. Ce jeu des parties assigne une position favorable à la force belligérante et irrégulière de Donetsk et Lougansk, en position de défense, selon le principe de l'art de la guerre pour lequel : "Qui tient la défense (ou la ruse), tient l'attaque, et qui tient l'attaque (ou l'initiative) tient la victoire !" Kiev apparaît ainsi vulnérable et fautive, comme les forces de soutien venues de l'Ouest. placées dans l’impossibilité d'atteindre leur but, celui d'une percée, d'une guerre d'embrasement et, au final, d'un rapprochement aux frontières de la Russie.

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Sous l'unité d'un même concept de guerre retrouverions nous l'unité d'un même concept d'ennemi? Celui schmittien de l'hostis (ennemi public), qui aboutissait à la conception de la guerre comme duel ou guerre discriminatoire, sous l'effet des conceptions universalistes et "utopiques", étendues à un ordre global. La guerre-discriminatoire (adoptée contre l'Allemagne nazie et aujourd'hui contre la Russie poutinienne) comporte la criminalisation de l'ennemi, dans le but de l'éradiquer, en autocrate et en coupable de tueur d'opposants (Navalny), rabaissé au rang de criminel. La figure de l'ennemi change également de statut et présente la puissance hostile (Russie) en figure éversive de l'ordre international, par rapport à celle d'un acteur local, menacé et souverain (Ukraïne). Le processus de criminalisation de la politique étrangère et mondiale s'achève ainsi dans la tentative d'inverser les paradigmes politiques existants sous la surface accidentée de la géopolitique mondiale. En effet, le refus d’accepter la subordination euro-atlantique, dans le cadre de l'Otan, ne s'accompagne pas de l'esquisse d'un projet européen de sécurité. Or, la vraie question, qui n'a pas été posée et demeure pourtant capitale, est de savoir qui joue, de nos jours, en Europe le rôle du perturbateur et s'il y a encore un espace pour la stabilité et la négociation.

Dans le cas de la Russie poutinienne l'Occident est il en présence d'une ré-incarnation de la figure schimittienne et radicale de l'ennemi existentiel, à nier en sa totalité, ou non plutôt en face d'une puissance révisionniste, qui définit son rôle en termes de rapports de forces et peut jouer tour à tour, selon les cas et les situations, avec les autres puissances de la scène internationale, à l'antagoniste déterminé et principiel, à l'adversaire militaire aguéri et au partenaire diplomatique, calculateur et implacable ? Dans le cas de l'Ukraïne l'objectif historique d'Hégémon demeure toujours celui, esquissé par Brzezinski, d'éviter la constitution d'une logique et d'un bloc continental eurasiens, le Heartland, rivalisant avec les États-Unis et aujourd'hui avec la Chine. Pour rappel, l'évolution planétaire du monde, depuis l'effondrement de l'Union Soviétique a comporté une déterritorialisation des sociétés, dépourvues de frontières et la soumission du monde à la logique des flux, ou, en définitive, à la logique des marchés et de la mer. Au même temps l'élargissement de l'Union européenne et de l'Otan vers les grands espaces d'Asie a substitué le principe d'ordre des relations internationales, fondé sur l'universalisme abstrait du droit international public, par celui de la discrimination de l'ami et de l'ennemi et par le retour aux rapports de force du réalisme classique, dont la Russie est l'une des héritières et une maîtresse incontestée.

Bruxelles, 21 avril 2021

mercredi, 21 avril 2021

Démographie et multiculturalisme...

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Démographie et multiculturalisme...
 
par David Engels
Ex: http://metapoinfos.hautetfort.com

Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de David Engels, cueilli sur le Visegrád Post et consacré aux questions de démographie et d'homogénéité ethno-culturelle.

Historien, spécialiste de l'antiquité romaine, David Engels, qui est devenue une figure de la pensée conservatrice en Europe, est l'auteur de deux essais traduits en français, Le Déclin. La crise de l'Union européenne et la chute de la République romaine (Toucan, 2013) et Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe (Blauwe Tijger, 2019). Il a également dirigé un ouvrage collectif, Renovatio Europae - Plaidoyer pour un renouveau hespérialiste de l'Europe (Cerf, 2020).

« Size matters » ? La démographie déclinante de la Pologne dans le contexte européen

Il y a quelques jours, les médias ont rapporté que, malgré les efforts considérables de son gouvernement, la Pologne continue d’afficher une tendance démographique à la baisse : par rapport à 2020, la population a diminué de 115 000 personnes, et le nombre de naissances est aussi faible qu’il l’était pour la dernière fois il y a 17 ans. Que signifie cette évolution, qui est considérée par de nombreux opposants au gouvernement comme la preuve de l’« échec » des politiques natalistes et anti-avortement du gouvernement conservateur ?

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Tout d’abord, il convient de souligner que la Pologne s’inscrit tout à fait dans la tendance des autres pays de l’UE pour l’année 2020 : l’Allemagne, la France et de nombreux autres pays ont également connu une baisse analogue des naissances. L’explication est simple : une pandémie accompagnée d’un confinement de la population, d’une surpopulation dans les hôpitaux, d’une fermeture des écoles et de la crainte des conséquences désastreuses du lockdown pour l’économie est certainement tout sauf un moment idéal pour mettre des enfants au monde – que ce soit en Pologne, en Allemagne ou en France. Mais le problème est plus profond, car l’ensemble du monde occidental souffre d’un déclin démographique rampant depuis des décennies.

Les explications sont multiples : déclin de la foi religieuse, attitude hédoniste face à la vie, désir de développement personnel radical, banalisation de l’avortement, féminisme extrême, conséquences de la propagande sur le changement climatique, crise de la masculinité, disparition du mariage, nécessité pour les deux partenaires de travailler pour gagner leur vie, effets du culte de l’« éternelle jeunesse », etc. Mais toutes ces raisons ne sont que des symptômes superficiels d’un fait beaucoup plus profond : toutes les civilisations, lorsqu’elles atteignent leur stade final, connaissent un déclin démographique progressif, et nous pouvons observer des tendances similaires en Égypte au début de la période ramesside au XIIIe siècle avant Jésus-Christ, en Chine à la fin de la période des « États combattants » au IIIe siècle avant J.-C., dans le monde gréco-romain de la République tardive au Ier siècle avant J.-C., dans l’Iran sassanide tardif du VIe siècle de notre ère, ou dans le monde islamique post-classique du Xe siècle de notre ère.

Si l’on considère les civilisations par analogie avec les êtres vivants, tôt ou tard, elles sont toutes condamnées à décliner, à mourir, à se fossiliser, et à mesure que la vigueur de la civilisation diminue, le désir de transmettre les traditions ancestrales à ses enfants s’estompe. Pourquoi une personne qui ignore, méprise ou même déteste son propre passé (et ces personnes sont de plus en plus nombreuses, grâce aux écoles, universités et médias politiquement corrects) voudrait-elle transmettre ses traditions culturelles à ses descendants – ou même avoir des enfants?

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Lorsque j’ai discuté avec une dame allemande lors d’une conférence il y a quelques années, elle m’a pratiquement reproché d’avoir des enfants, affirmant que les « Européens » avaient commis de telles atrocités dans leur histoire que c’était un signe de colonialisme et d’égoïsme que d’avoir sa propre progéniture, plutôt que d’adopter des enfants d’Afrique ou d’Asie, ou – afin de lutter pour la « neutralité climatique » – de s’en passer complètement. Lorsqu’une société entière pense de cette façon – et c’est maintenant le cas de beaucoup de citoyens, pas seulement en Allemagne – les civilisations se fossilisent et s’éteignent : non seulement par manque d’enfants, mais aussi par manque d’amour pour leur propre histoire et leur tradition. Il ne reste qu’une masse anonyme de personnes qui ne pensent qu’à leur propre intérêt matériel et ne peuvent ressentir aucune solidarité culturelle entre elles.

Mais comment se fait-il que la Pologne et les autres États de la zone du trimarium soient particulièrement touchés par ce déclin démographique et donc aussi culturel ? Cela signifie-t-il même que l’Est de l’Europe est moins disposé à vivre que l’Ouest ? Ce serait probablement une erreur. D’une part, il faut garder à l’esprit que le déclin démographique de l’Europe de l’Est n’est pas seulement dû à la natalité, mais aussi au simple fait que de nombreuses personnes de l’Est se rendent à l’Ouest pour y travailler durement (et donc sans enfant) pendant plusieurs années et profiter des salaires plus élevés, et ne rentrent chez elles que plus tard – voire pas du tout. Mais d’autre part – et cela me semble central – les pays d’Europe de l’Est se caractérisent par une grande homogénéité de leur population, tandis que l’Ouest est de plus en plus peuplé de personnes issues des mondes subsaharien et musulman.

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Il est bien connu que ces personnes ont nettement plus d’enfants que les habitants « autochtones », non seulement au début, mais souvent aussi après plusieurs générations, et cela explique aussi la différence entre les deux moitiés de l’Europe : plus la nation est homogène et « européenne », moins il y a d’enfants désormais ; plus elle est « multiculturelle », plus il y en a : il n’est pas étonnant que la France et l’Angleterre aient une natalité élevée, mais plus on regarde vers l’Est et le Sud-Est, plus la démographie diminue.

Maintenant, bien sûr, la question se pose de savoir quels seront les effets de cette dépopulation progressive. Une faible population signifie-t-elle nécessairement que son propre peuple sera dominé par ceux qui sont plus nombreux ? Pas nécessairement, ou du moins pas immédiatement : lorsque les Espagnols ont conquis les Amériques au XVIe siècle, ou lorsque les Anglais et les Français ont colonisé de grandes parties de l’Afrique et de l’Asie au XIXe siècle, ils étaient bien moins nombreux que les indigènes. Ils avaient cependant un avantage fondamental que l’Europe d’aujourd’hui a perdu : leur énorme supériorité technique. C’est également la voie empruntée par une autre société en déclin, celle des Japonais ; au lieu de compter sur l’immigration massive, ils investissent massivement dans les technologies du futur afin de maintenir un niveau de vie et une influence politique constants. Mais nous devons également considérer d’autres aspects.

Auparavant, les Européens étaient convaincus de leur mission dans ce monde et avaient des sociétés fortes et cohérentes qui soutenaient la croissance et l’expansion. Aujourd’hui, la majeure partie de l’Europe est encore traumatisée par les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et renonce non seulement à toute forme d’expansionnisme ou même de violence physique, mais même à la défense de sa propre survie, préférant acheter la paix et la tranquillité à court terme avec de l’argent plutôt qu’avec du respect – et sacrifier pour cela les générations suivantes.

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Et, bien sûr, il y a le problème de la pression démographique que subit l’Europe, non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur, en raison de sa « culture de l’accueil » qui remonte déjà à des décennies, mais qui a été renforcée de manière drastique par le gouvernement Merkel : la population des Européens de souche diminue de façon spectaculaire, tandis que le nombre d’immigrants augmente rapidement, de telle sorte que dans de nombreuses villes d’Europe occidentale, les immigrants et leurs descendants constituent déjà la nette majorité de la population, surtout dans les groupes d’âge les plus importants, c’est-à-dire les jeunes. Compte tenu de l’absence apparente d’intégration culturelle dans la culture occidentale, cela signifie qu’au long terme, il sera de plus en plus difficile d’attendre une quelconque forme de solidarité entre les habitants de ce continent, car la solidarité se fonde généralement sur un certain nombre d’éléments culturels communs tels que l’histoire, la langue, la religion, le patriotisme, le folklore, les caractéristiques nationales et régionales ou une vision très spécifique de l’individu ou de la famille.

Ces facteurs d’identité commune ont aujourd’hui largement disparu, et de nombreux pays, comme la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, se sont transformés en sociétés tribalisées. Tant que l’économie reste stable et que les pressions démographiques extérieures sont maîtrisées, même une société aussi fragmentée peut raisonnablement survivre. Mais dès que des conflits internes éclatent à propos de la répartition de richesses décroissantes et que les frontières extérieures ne sont plus défendues, cela conduit inévitablement à la catastrophe. Et c’est exactement ce qui se passe en ce moment.

En conclusion, il est donc peut-être plus sûr pour une nation européenne d’avoir une population décroissante, mais homogène et solidaire, qu’une population croissante, mais multiculturelle et déchirée à l’intérieur d’elle-même.

David Engels (Visegrád Post, 15 avril 2021)

mardi, 20 avril 2021

Un Russe nommé Poutine

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Un Russe nommé Poutine

Ex: Compte vk de Jean-Claude Cariou

Recension: Héléna PERROUD, Un Russe nommé Poutine, Editions du Rocher, 2018, 314 pages.

Héléna Perroud est l’une des meilleures spécialistes de la Russie en France et elle a eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises Vladimir Poutine. Dans son dernier livre, Héléna Perroud nous permet de mieux comprendre la personnalité de l’un des hommes les plus puissants de la planète. La trajectoire de cet homme, qui inquiète autant qu’il fascine en Occident, est analysée par une femme au parcours singulier qui l’a rencontré à plusieurs reprises. Française de langue maternelle russe, familière des cercles de pouvoir russes et français, et connaissant aussi intimement la Russie « ordinaire », elle a voulu avec cet ouvrage, reposant sur de nombreux entretiens, y compris à l’Élysée et au Kremlin, faire comprendre au public français comment Vladimir Poutine est perçu par les Russes. Agrégée d’allemand, Héléna Perroud a été collaboratrice à l’Élysée au cabinet du Président Chirac. Elle a dirigé l’Institut français de Saint-Pétersbourg entre 2005 et 2008. Depuis 2015, elle exerce une activité de conseil entre la France et la Russie, et elle effectue de nombreux déplacements en Russie dans ce cadre.

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A travers cet ouvrage, elle croise ce qu’elle sait des réalités de la vie russe de ces dernières décennies avec ce qu’elle sait du regard que peuvent porter les Occidentaux sur la Russie et l’homme qui la dirige. Et elle tente de répondre sans a priori idéologique à cette question si souvent entendue : Qui est Vladimir Poutine ?

Elle apporte un éclairage sur l’homme, qu’il plaise ou non, qui préside aux destinées de la Russie depuis le 31 décembre 1999 et sur qui par quatre fois se sont portées les voix de dizaines de millions de ses compatriotes. Elle essaye de le voir surtout avec un œil russe, l’œil de Saint-Pétersbourg, de Moscou et des « profondeurs » du pays, comme on dit là-bas. Car elle a trop longtemps vu en Russie des correspondants de grands journaux occidentaux qui ne connaissaient pas le russe et rédigeaient leurs articles sur les seules bases des réunions de presse de l’ambassade des Etats-Unis.

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Au-delà de la biographie, replacée dans son contexte historique, de Vladimir Vladimirovitch Poutine, ce livre tente de faire comprendre pourquoi les Russes, dans leur majorité, croient toujours en lui et comment il incarne une certaine idée de la Russie en ce début du XXIe siècle.

Une partie de l’explication tient dans le fait que Vladimir Poutine n’est pas un homme de Moscou, ni un apparatchik, ni un fils d’apparatchik. Il n’est pas issu de l’élite dirigeante de la capitale. C’est un provincial, à l’aise avec les petites gens et à l’aise dans la nature et il sait parfaitement cultiver cette image aux yeux des Russes .

Il a la particularité de vouloir réconcilier les deux Russie, la grandeur tsariste et celle de l’URSS, pour écrire une histoire apaisée. Il se voit avant tout comme un homme au « service » de la Russie, voulant rétablir la place de celle-ci dans le monde.

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Interview d'Héléna PERROUD:

" Vous nous permettez de comprendre l’âme russe et la façon dont Vladimir Poutine aborde l’histoire de la Russie, qu’il prend dans son intégralité, alors que vous nous rappelez que nos dirigeants français ont tendance à ne commencer l’histoire de France qu’en 1789 et qu’ils parlent plus souvent de la République que de la France…

C’est un point fondamental pour bien comprendre ce que Poutine essaie de faire avec son pays : il essaie de le réconcilier avec son histoire. On ne comprend pas Poutine si l’on ne comprend pas dans quelle histoire il s’inscrit. En Russie, on s’inscrit dans le temps long et on se projette loin devant. C’est vrai, nos dirigeants français parlent beaucoup plus de la République que de la France. Quand Vladimir Poutine arrive au pouvoir, le 31 décembre 1999, il s’agit d’un pays qui est très jeune puisque la Fédération de Russie n’existe que depuis 1991. L’élection du 18 mars 2018 a été la septième élection d’un président au suffrage universel. Donc, la démocratie russe est extrêmement jeune, mais l’histoire de la Russie est millénaire. Le cœur de la Russie historique a commencé à Kiev à la fin du neuvième siècle. La décennie 90 a été très compliquée pour les Russes et Poutine arrive après l’effondrement de l’URSS, qui a duré 70 ans, et après deux événements tragiques pour les Russes avec des millions de pertes humaines : la révolution de 1917 et la résistance contre les nazis, avec plus de 30 millions de morts.

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Vous rappelez d’ailleurs le lourd tribut payé par les Russes lors de la Seconde Guerre mondiale…

Les Russes ont payé un prix très élevé à cette victoire. Dans les entretiens entre Oliver Stone et Vladimir Poutine, il y a une séquence très intéressante, lorsque Stone lui dit que les Occidentaux ne se rendent pas compte du prix payé par les Russes : « Vous avez donné tout ce que vous aviez… » C’est une question d’Américain. Et Poutine a une réponse de Russe : « Non, on n’a pas donné tout ce que nous avions, on a donné jusqu’à la dernière goutte de notre sang… » Cela veut dire que l’on a donné tout ce que nous étions. C’est l’être côté russe et c’est l’avoir côté américain…

Sur la question de la démocratie, vous montrez à quel point les avancées sont importantes, mais vous insistez sur cette volonté des Russes d’avoir un État fort et, surtout, de placer Vladimir Poutine au-dessus des querelles internes… Il y a là une autre forme de vision de la démocratie…

J’ai visionné des centaines d’heures de vidéos de Vladimir Poutine et de ses opposants, tout en russe, et il y a une séquence très intéressante où Vladimir Poutine dialogue avec un chanteur de rock de Saint-Pétersbourg. C’est d’ailleurs un chanteur très populaire que je connais bien. Il n’hésite pas à dire ce qu’il pense et à descendre dans la rue pour participer à des manifestations lorsqu’il n’est pas d’accord… C’est Iouri Chevtchouk du groupe DDT et Poutine lui dit que la Russie n’a pas d’autre avenir que démocratique : « Il n’y a que dans une société démocratique qu’un homme peut librement s’épanouir, librement travailler au bien de sa famille et librement travailler au bien de son pays ». C’est toujours l’idée du patriotisme qui est le fil rouge de l’action de Poutine. Mais Poutine a le souvenir d’un événement qui a traumatisé les Russes, que les Occidentaux ne connaissent pas bien : c’est en octobre 1993, lorsque Boris Eltsine a fait tirer sur le Parlement communiste avec des milliers de morts à Moscou. Le souci principal de Poutine, c’est la concorde civile. Il sait qu’il peut y avoir de la violence en Russie et, lorsqu’il arrive au pouvoir, la violence est très importante en Tchétchénie. Ce souci fait qu’il faut d’abord assurer la sécurité et la paix, et ensuite introduire des éléments de démocratie.

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Vous citez quand même les Russes qui disent avec humour que « le taux de mortalité est très élevé chez les opposants… »

Il ne faut pas faire d’humour avec ces choses-là, mais c’est une remarque de l’homme de la rue et des observateurs occidentaux… Il y a une violence physique sur la scène politique russe, elle existe, mais le souci de Poutine et de son équipe est de la minimiser. Il y a des journalistes qui ont dénoncé des faits graves comme Anna Politkovskaïa, assassinée en bas de chez elle le jour de l’anniversaire de Poutine, ce qui a eu une signification particulière, choquant énormément de Russes. Elle dénonçait notamment les exactions de l’armée en Tchétchénie. Il y a eu le meurtre de Boris Nemtsov en février 2015, alors qu’il rentrait du restaurant un soir. Mais il ne faut pas faire de raccourcis trop rapides entre ces assassinats et le Kremlin. Il y a eu des procès, les exécutants ont été jugés et ils sont tous en prison. Sur la question des commanditaires, il n’y a pas de réponse précise… Mais dans l’équipe très rapprochée de Poutine, depuis octobre 2016, il y a un homme qui était un ami très proche de Boris Nemtsov, Sergueï Kirienko, et il doit même le début de sa carrière politique à Nemtsov. Donc, les choses sont beaucoup plus compliquées que ce que l’on peut voir au premier coup d’œil…

Il y a eu une réelle volonté de Vladimir Poutine de se rapprocher de l’Europe et des États-Unis. Cependant, la première humiliation du peuple russe, c’était le bombardement de la Serbie en 1999 car il ne pouvait rien faire pour leurs frères serbes…
C’était la première humiliation sérieuse sur le plan extérieur. Il y a eu ensuite un événement majeur qui a vraiment traumatisé les esprits en Russie : c’était le naufrage du sous-marin nucléaire Koursk, très peu de temps après l’arrivée de Poutine au pouvoir, car les Russes n’ont rien pu faire pour les 118 marins qui ont péri dans cet accident effroyable. L’armée russe était dans une situation de désastre.

Vous étiez à l’Élysée en 1999 : comment avez-vous vécu le bombardement sur la Serbie ?

À titre personnel, je ne vous dirai rien… Il est dramatique de penser que l’on ait pu connaître de tels événements au cœur de l’Europe. Dans les années 90, il y a eu aussi les tickets de rationnement dans les villes russes, tout cela au cœur de l’Europe aussi… C’était une décennie vraiment très dure pour les Russes.

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La Russie a beaucoup aidé l’Occident dans sa lutte contre le terrorisme, mais elle a le sentiment de ne pas avoir été remerciée à sa juste valeur. Elle vit aussi comme un échec le fait de ne pas être considérée comme un pays européen à part entière…

Ce sentiment est tout à fait juste, parce que la culture russe est une culture européenne à bien des égards. Imaginez ce que serait la culture européenne sans les Russes, sans Tchaïkovski, sans Pouchkine ou sans Dostoïevski… Pour un homme comme Poutine, ce sentiment est encore plus important parce qu’il est originaire de la ville la plus européenne de Russie, Saint-Pétersbourg, et c’est ce qui m’a frappé en vivant trois ans à Saint-Pétersbourg, lorsque j’ai eu le bonheur de diriger l’institut français de Saint-Pétersbourg, que j’ai fait déménager – d’ailleurs sans le faire exprès – à l’adresse natale de Sacha Guitry. Il y a des clins d’œil de l’histoire à tout moment dans cette ville. Pour un homme comme Poutine, le caractère européen de la Russie est évident et c’est ce qu’il dit dans une autobiographie publiée en mars 2000. Les Russes n’ont même pas à se demander s’ils sont européens, ils le sont, avec un pays qui est plus large que l’Europe stricto sensu. Poutine est aussi le dirigeant le plus européen que la Russie ait connu depuis les Romanov : à l’exception d’Andropov, les autres dirigeants russes n’ont pas connu l’Europe aussi intimement que Poutine. Il a vécu en Allemagne, entre 1985 et 1990, certes en Allemagne de l’Est, puisqu’il était envoyé au titre de sa mission au KGB. C’est un homme qui maîtrise parfaitement l’allemand et c’est le seul à avoir eu cette expérience de vie ordinaire. Il a donc vécu la vie d’un Allemand ordinaire pendant quelques années.

Il y a aussi une occasion manquée pour la France, car Saint-Pétersbourg est une ville francophile et vous dites qu’à la sortie de l’aéroport, on voit encore des grandes affiches publicitaires en français…

C’est manifeste. En ce moment, quand vous arrivez à Saint-Pétersbourg, vous avez une grande publicité en français pour les baignoires Jacob Delafon et vous avez un autre panneau très important pour un grand magasin, construit par un Belge, qui s’appelle « Au Pont Rouge » et, sur la grande façade, il est écrit en français et en russe « Chaussures, ganterie… » Très honnêtement, il est plus difficile de trouver au monde un peuple plus francophile que les Russes !

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Malheureusement, le peuple russe n’a pas le sentiment de recevoir en retour l’amour qu’il nous porte. Vous évoquez les sanctions à l’égard de la Russie et vous soulignez que cela a pénalisé nos agriculteurs en profitant à ceux d’Afrique du Nord…

Les sanctions étaient une bêtise de la part des Occidentaux, car elles n’ont pas impacté les Russes. À l’origine, les Occidentaux voulaient désolidariser les Russes de Poutine mais, sur un plan politique, on a vu que les élections législatives de 2016 ont donné beaucoup plus de voix au parti « Russie unie » de Poutine et il y a eu de nombreuses chansons et de réactions populaires aux sanctions en disant : « Nous sommes derrière notre président et nous allons accroître notre production ! » La réaction était : « Vous, les Occidentaux, vous ne comprendrez jamais rien à la Russie ! » Du jour au lendemain, les magasins ont vu disparaître de leurs rayons, en raison de l’embargo sur certains produits alimentaires, les viandes, les poissons, les fruits et légumes venus d’Europe. D’abord, ils les ont remplacés par d’autres importations en provenance d’Afrique du Nord, mais ils ont surtout appris à produire ce qu’ils ne pouvaient plus importer. Je donne des chiffres précis dans le livre sur la viande porcine et le blé, et la Russie prend les marchés qui étaient traditionnellement ceux de la France. Le chancelier autrichien a même dit que les sanctions avaient coûté aux Autrichiens 0,3 % de leur PIB.

Vous revenez sur le divorce de Vladimir Poutine, qui s’est déroulé dans des conditions très dignes. L’explication officielle était : « Je me concentre sur la patrie… »

Cette explication était étonnante. Il n’y a pas eu de communiqué, mais il était devant les caméras, avec sa femme, lors de l’entracte lors de la représentation d’un ballet. Il ne fait pas référence à ses trente ans de mariage et il dit : « Elle a été à son poste, en tant que première dame, pendant neuf ans, elle a fait son devoir et elle a monté la garde… » Il emploie un vocabulaire militaire et il précise que c’est une femme qui n’aime pas du tout la vie publique, qui n’aime pas les caméras et qui n’aime pas les déplacements en avion. Or, Poutine se déplace énormément. Il fait des milliers de kilomètres chaque semaine, ce sont les dimensions de la Russie, et cette vie n’était pas faite pour elle, donc il la libère de cette tâche. On peut prendre cela comme on veut, mais il essaie de mettre à l’ombre sa femme et ses filles. Il n’aime pas du tout en parler et il demande aux journalistes de comprendre ce souci de ne pas leur faire subir le fait d’être leur père, en leur laissant vivre une vie normale.

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Cependant, il y a un grand échec, c’est la difficulté qu’à la Russie de contrôler son image à l’extérieur… Ils n’ont pas Hollywood…

Il y a deux points sombres en Russie : l’image extérieure et la démographie. Leur souci majeur est l’enjeu démographique. C’est un pays immense, le plus grand pays du monde, avec une population qui n’est pas à la hauteur de la superficie du pays. Quand on essaie de faire le bilan, entre 1990 et 2010, la Russie a perdu 5 millions d’habitants, ce qui est énorme. Le taux de fécondité est de 1,16 enfant par femme quand il arrive au pouvoir. Évidemment, cela ne suffit pas, donc il fixe pour objectif la famille de trois enfants : c’est la famille modèle, le minimum syndical qu’il demande aux familles russes. Pour cela, il a déployé un arsenal financier important en aidant beaucoup les familles. Aujourd’hui, le pays est à 1,76. Il a su inverser cette tendance et cela veut dire que les Russes vont mieux et qu’ils croient en l’avenir de leur pays. Ce mieux-être est associé aux années Poutine. Sur l’influence de la Russie dans le monde, l’image pourrait être meilleure, Poutine se soucie de ce sujet, les instruments du « soft power » existent et ils ont été théorisés. Ce vecteur d’influence vise surtout à faire comprendre, c’est d’abord de l’explication de texte. Il y a eu un classement international sur le succès de l’apprentissage de la lecture chez les enfants de 9 à 10 ans et la France n’arrête pas de dégringoler, puisqu’elle est 34e. Or, les Russes sont premiers devant Singapour. Les Russes savent former leurs jeunes générations, donc ce sont des gens qui ont sans doute des choses à nous dire, mais il faut savoir les entendre."