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mercredi, 15 septembre 2021

Sur et autour de Carl Schmitt – Trois heures d'entretien avec Robert Steuckers

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Sur et autour de Carl Schmitt – Trois heures d'entretien avec Robert Steuckers

 
Cette vidéo est consacrée à la pensée de Carl Schmitt à partir du livre « Sur et autour de Carl Schmitt » de Robert Steuckers. Dans cet entretien, Robert Steuckers nous explique le contexte dans lequel Schmitt a élaboré sa conception de la « décision » en politique et du « Grand Espace » (Großraum). En effet, l’entretien est divisé en deux parties, consacrées respectivement à ces notions. L’intérêt de cet entretien est qu’il permet d’aborder la pensée politique de Schmitt non pas de manière abstraite, mais en lien avec son époque et avec ses sources. A travers Schmitt, Robert Steuckers évoque, entre autres, les figures de Donoso Cortés, Karl Haushofer, Clausewitz et même Guillaume Faye. Avec beaucoup de perspicacité et de brio, il nous rappelle l’importance et l’actualité de cette pensée.
 
Sommaire :
00:00 Introduction
12:08 Première partie - décisionnisme
29:20 Qui prend la décision ?
46:08 En quoi le décisionnisme est-il une réponse aux problèmes de l'époque?
01:08:06 "Clausewitz est un penseur politique"
01:20:24 Résumé de la pensée politique allemande depuis la fin du XVIIIe
01:30:39 Seconde partie - le "Grand Espace"
01:43:24 Caractéristiques du Grand Espace
02:04:20 Quel rapport entre le Grand Espace et la géopolitique ?
02:25:03 Actualité de cette notion
02:47:09 Influence de Carl Schmitt sur Guillaume Faye
 
 
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Gouvernance environnementale et sociale : le capitalisme passe au rouge et au vert

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Gouvernance environnementale et sociale: le capitalisme passe au rouge et au vert

par Giulio Montanaro

Ex: https://www.centromachiavelli.com/2021/09/08/environmental-social-governance/

ESG est l'acronyme de Environmental Social Governance, un terme qui, selon le Financial Times, est utilisé sur les marchés des capitaux et par les investisseurs pour évaluer le comportement des entreprises et déterminer leurs futures performances financières.  L'une des personnalités les plus en vue du moment, Larry Fink, le PDG de Blackrock (photo), en parle avec beaucoup plus de ferveur. Blackrock est le plus grand fonds d'investissement du monde pour certains, le véritable gouvernement fantôme de la planète pour d'autres (des médias à Big Pharma en passant par le système bancaire, personne n'échappe à son contrôle).

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L'ESG est donc le nouveau critère de mesure du succès des entreprises, des activités à but non lucratif et des pays. Des milliards de dollars sont disponibles pour garantir que l'ESG prospère à l'avenir : "Pour prospérer à long terme", nous dit Fink, "toute entreprise devra non seulement afficher de solides performances financières, mais aussi démontrer comment elle peut contribuer positivement à la société. "Bloomberg Intelligence prévoit un boom des actifs ESG, les estimant à 50 000 milliards de dollars d'ici 2025, couvrant essentiellement un tiers du marché financier mondial : bienvenue dans l'ère du capitalisme éthique.

Il y a quelques jours à peine, la Deutsche Bank, le groupe bancaire allemand désormais le plus connu pour ses scandales liés à la corruption internationale et à la manipulation des marchés financiers, et qui avait déjà accepté en janvier de verser 125 millions de dollars au gouvernement américain pour éviter d'être poursuivi pour avoir manipulé le marché des métaux précieux, est revenue dans l'œil du cyclone.

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Comme le rapporte le Wall Street Journal, un cadre du DWS Group, le principal gestionnaire d'actifs qui gère actuellement quelque 900 milliards d'euros d'actifs pour le compte de la Deutsche Bank, s'est plaint que le groupe allemand, bien qu'il ait rassuré ses investisseurs dans son rapport annuel en affirmant que "l'ESG est au cœur de toutes les initiatives que nous entendons poursuivre à l'avenir", fait en réalité bien moins que se concentrer sur la planification et la réglementation du phénomène. Oliver Plein, responsable de la branche des produits ESG de DWS, confirme également que le groupe est "bien en retard : nous devons encore comprendre quelle est notre ambition et entamer le processus de transformation". Desiree Fixler, responsable de la durabilité chez DWS, a déclaré au conseil d'administration que l'entreprise "n'a pas d'ambition ou de stratégie claire, manque de politiques sur le carbone et d'autres questions et que les équipes ESG sont considérées comme des spécialistes plutôt que de faire partie du processus décisionnel". Un autre avertissement vient du Financial Times, qui rapporte que les controverses ESG ont déjà dévalué les entreprises américaines de près d'un demi-billion de dollars.

Des considérations qui ne semblent pas trouver de caisse de résonance dans le bureau de Larry Fink. Le PDG de "Blackrock" va jusqu'à prédire (ou peut-être - mieux - anticiper) qu'il n'y aura pas d'échappatoire à l'ESG dans l'avenir des entreprises. Au fil du temps, les performances financières passeront au second plan et la gouvernance environnementale et sociale sera le critère qui déterminera la valeur d'une entreprise : être "réveillé" ou ne pas l'être, en bref.

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Cela semble absurde, mais comment l'un des fers de lance de la mondialisation esclavagiste hypercapitaliste peut-il nous dire qu'à l'avenir, les revenus céderont la place à ce qu'on appelle le "Wokeness" ? En d'autres termes, que l'impératif catégorique de l'avenir des entreprises ne sera plus les bilans sains et les entreprises solides, mais les arcs-en-ciel éblouissants et les sociétés fluides ? En d'autres termes, pour recevoir des financements pour ses propres entreprises, sera-t-il indispensable d'avoir un activisme politique et entrepreneurial totalement déconnecté de toute logique économique et purement progressiste ? Oui, c'est et ce sera le sort qui nous attend. Stephen R. Soukup en parle longuement dans son excellent livre The Dictatorship of Woke Capital : How Political Correctness Captured Big Business, dans lequel, à partir d'un discours du sénateur républicain Tom Cotton, il dénonce la façon dont la gauche pousse les marchés à privilégier les objectifs politiques au détriment des objectifs entrepreneuriaux.

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Comme l'a également observé avec perspicacité Andrew Olivastro, de la Heritage Foundation, "il y a un nombre croissant de personnes qui veulent imposer leurs préférences politiques et culturelles au monde et utiliser votre argent pour le faire". Ce n'est pas la seule incohérence que souligne Olivastro dans son éditorial (dont je recommande la lecture) et il n'est pas le seul à émettre des doutes sur l'ESG. D'autres conspirateurs présumés, ennemis extrémistes de la liberté, portent les noms des universités de Harvard et de Stanford.

Comme le montre une étude publiée le 25 avril 2021 par le Harvard Law School Forum on Corporate Governance (par Peter Reali, Jennifer Grzech et Anthony Garcia), la poussée vers l'ESG (c'est-à-dire, fin du suspense, vers des investissements visant à financer des politiques soutenant la diversité, l'inclusion, l'égalité, l'environnement...) est de plus en plus forte. Harvard, le 12 mai 2021, a publié une autre étude de Richard Morrison, qui dénonce les risques de la théorie de la Gouvernance Sociale Environnementale comme la plus grande menace pour les actionnaires, met en évidence le fait qu'elle devient de plus en plus l'un des sujets à l'ordre du jour de l'ONU et du Forum Economique Mondial, souligne l'incertitude des paramètres et des objectifs, et avertit des très graves conséquences auxquelles nous risquons d'être confrontés dans les prochains mois.

Beaucoup plus précise, et de l'avis de certains, exacte et correcte, est l'analyse de la "Stanford Review" publiée le 16 juin 2021 par Jonah Wu, avec laquelle nous terminons cette pièce et que nous croyons pouvoir résumer en traduisant le dernier paragraphe de la recherche :

"L'ESG se dirige vers l'inconnu et est soutenue par d'immenses capitaux et une élite managériale libérale. Malgré leurs nombreux attributs admirables, beaucoup de ces politiques d'investissement manquent de rigueur et d'incitations pour les pauvres, et poussent de manière déraisonnable les entreprises vers le progressisme. Pour y pourvoir efficacement, il faut trouver une alternative qui modère la force du mouvement GNE : il est temps pour les conservateurs de créer leur propre GNE".

Giulio Montanaro

Polyglotte, découvreur de talents dans le monde de la musique électronique, conseiller créatif avec diverses expériences en gestion d'entreprise, chercheur indépendant et amoureux des médias alternatifs, Giulio Montanaro a fait ses débuts en tant que reporter en 2000, à Padoue, au sein du groupe éditorial "Il Gazzettino".

11:57 Publié dans Actualité, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, économie, woke culture, capitalisme | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

mardi, 14 septembre 2021

Aude Lancelin et la réélection de Macron

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Aude Lancelin et la réélection de Macron

par Nicolas Bonnal

Il a été élu dans un fauteuil il y a quatre ans (66.6% des voix…), face à une incapable qui sera cette fois taclée par Zemmour, le candidat des cons et des islamophobes, et il sera réélu car pour les bourgeois il n’y a rien d’autre. Le putsch du CAC40 (X2 en 12 mois) pourra se prolonger, le coup d’Etat deviendra permanent. Mais n’en sommes-nous pas là depuis deux siècles de bonapartisme et de dirigisme français, au bout de trois décennies de trique gouvernementale au service du capital néolibéral ?

On va relire quelques passages du splendide et nourri texte d’Aude Lancelin, daté du 20 avril 2017, qui expliquait à quelle sauce oligarque le capital allait nous bouffer. On pourrait intituler cet extrait « la présentation du chérubin au temple » :

« C’était à la fin de l’été dernier, je venais de rendre le manuscrit du « Monde libre ». Mon regard errait devant les images de BFM TV, dans les vestiges d’une canicule parisienne achevée il y a peu. C’est alors que je compris brutalement que l’année 2017 serait terrible, et que la présidentielle à venir ne ressemblerait à rien de ce que ce pays avait connu jusqu’ici. La première chaîne d’informations en continu du pays, fleuron du groupe Altice-SFR détenu par Patrick Drahi, n’avait pas lésiné sur les moyens en ce 30 août 2016. Le tout pour couvrir un événement considérable, imaginez du peu : la démission du ministère de l’économie d’un jeune baron du hollandisme encore quasi inconnu du public deux ans auparavant. Un scoop d’importance planétaire, on voit ça, qui valait bien la mobilisation générale de toutes les équipes de la chaîne détenue par ce milliardaire français issu des télécoms. L’étrange spectacle qui s’étalait sur les écrans du pays ce jour-là, c’était un chérubin en costume-cravate s’échappant du ministère de Bercy en navette fluviale pour remettre sa démission à l’Elysée, poursuivi par les caméras de BFM TV, le tout dans le style flouté et distant caractéristique de la paparazzade, de l’image arrachée à l’intimité d’une personnalité livrée bien malgré elle à la convoitise des foules. Comme l’Hyppolite de Racine, le futur ex-ministre en question, qui n’était autre qu’Emmanuel Macron, semblait ainsi être saisi par surprise en train de « traîner tous les cœurs après lui » sur la Seine, dans une étrange séance de ski nautique géant national. Ce que le téléspectateur ignorait à ce stade, c’est que ce sont les cœurs des patrons du CAC 40 qui battaient la chamade pour lui depuis déjà un petit moment, et que tous avaient un plan pour la France : porter à la Présidence de la République le chérubin si compréhensif aux doléances du capital. A ce stade il n’était rien, mais ça n’était pas un problème. Ses Geppetto, les poches pleines de billets et les rédactions pleines de journalistes, étaient prêts à en faire tout. »

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Aude Lancelin commente ce « blitzkrieg médiatique » :

« La scène, totalement surréaliste, m’est toujours restée en mémoire. De même que la surexcitation des commentateurs en plateau, chargés de faire mousser le non-événement, et de faire passer la dérisoire péripétie pour un événement susceptible de casser l’histoire du monde en deux. Ce jour-là, oui, j’eus le pressentiment que nous nous apprêtions à vivre une opération de propagande d’une dimension et d’une nature tout à fait inhabituelles. Une blitzkrieg médiatique à côté de laquelle les éditoriaux érotiques du « Monde » en faveur d’Edouard Balladur en 1995, ou les tribunes culpabilisatrices de « l’Obs » ou de « Libération » pour faire gagner le « Oui » en 2005, ne furent que de dérisoires et fort rudimentaires précurseurs. »

La France n’est pas un pays libre, dixit reporters sans frontières :

« Il est certain en effet que la situation dans les médias s’est spectaculairement dégradée depuis ces années là, jusqu’à faire chuter la France au 45ème rang du classement 2016 de la liberté de la presse établi par « Reporters sans Frontières », quelque part entre le Botswana et la Roumanie. Le tout à cause, contentons-nous de citer l’organisme international sur ce point, « d’une poignée d’hommes d’affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias qui ont fini par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale. » Jamais une situation pareille de mainmise quasi totale sur la presse ne s’était vue en France depuis 1945. De sinistre mémoire, le quinquennat Hollande restera du reste comme celui de la victoire par KO du capital sur l’indépendance des rédactions. »

Les énumérations à la Prévert (ou à la Rabelais ?) se succèdent pour expliquer le  triomphe de la cause oligarque sur celle informative :

«  C’est également sous ce quinquennat qu’aura lieu la prise de contrôle du groupe « Canal+ » par Vincent Bolloré avec les conséquences sinistres que l’on sait. Ou encore le rachat en 2015 du « Parisien » par Bernard Arnault, déjà propriétaire des « Echos » et premier annonceur publicitaire de la presse, bien connu également pour son progressisme social, sans parler de sa sympathie pour le populo. Mais aussi, après l’absorption en 2010 du quotidien « le Monde » par un trio d’investisseurs emmené par Xavier Niel, ogre concurrent des télécoms, l’avalement par ce même groupe de la quasi-totalité de la presse social-démocrate mainstream, avec le rachat en 2014 de « L’Obs », là encore surveillé comme le lait sur le feu par le président de la République. »

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Aude Lancelin ajoute sur le sinistre Hollande :

« Ainsi ce dernier pensait-il encore, début 2016, en dépit de sa popularité exécrable, avoir mis autant d’atouts que possible de son côté pour la reconquête de son fauteuil présidentiel. Las, c’était sans compter sur Emmanuel Macron, le polichinelle que lui avaient mis dans le tiroir ses nouveaux amis du CAC 40. »

Et le Français toujours « enthousiaste » (Céline) élut le ministre de l’économie (du dénommé Hollande) qu’on lui  présenta alors comme un homme neuf (il n’a donc pas la télé le Français !). Lancelin rappelle la stratégie du cruel louveteau :

« Plus précoce que sa dupe élyséenne, il y a des années que Macron plaçait ses pions auprès des géants des médias. Déjà lorsqu’il était banquier d’affaires chez Rothschild, le protégé d’Alain Minc avait conseillé le groupe Lagardère pour la vente de ses journaux à l’international. Excellentes aussi, les relations entretenues par Macron avec le sulfureux patron de Canal+, Vincent Bolloré, dont on connaît la passion pour les démocrates africains et l’indépendance des rédactions. Très étroites également, celles qu’il a avec le fils de ce dernier, Yannick Bolloré, PDG d’Havas, géant de la communication mondiale. Avec le groupe de Patrick Drahi, c’est aussi la love story à ciel ouvert, même si en période électorale les pudeurs de carmélite s’imposent. Ainsi le Directeur général de BFM TV est-il régulièrement obligé de se défendre de faire une « Télé Macron », sans convaincre grand monde, tant les affinités électives sont avérées entre le candidat à la présidence et l’entité Altice-SFR Presse. Lorsque Martin Bouygues et Patrick Drahi s’affronteront pour le rachat du groupe SFR, c’est Emmanuel Macron, devenu le successeur d’Arnaud Montebourg à Bercy, qui entérinera le deal en faveur du second… »

Et on reparle du tout-puissant monsieur Niel, qui sort presque d’un texte de Balzac (on y revient) :

« C’est toutefois avec Xavier Niel, à qui le même Perdriel revendit l’Obs en 2014, que les relations avec le candidat Macron sont devenues au fil du temps carrément torrides. Entre capitalistes qui s’assument, désirant pour la France un destin de « start up nation », peuplée de benêts rêvant de devenir milliardaires, c’est peu de dire que le courant passe. Alors même qu’un reportage diffusé au 20 heures de France 2 annonçait début 2016 que le patron de Free s’apprêtait à financer les ambitions de l’autre, Niel est devenu plus taiseux sur la question. Difficile en effet d’admettre publiquement pour l’homme fort du groupe « Le Monde » son degré de proximité avec le candidat d’En Marche!, alors même que beaucoup accusent déjà le quotidien du soir d’être devenu le bulletin paroissial du macronisme. »

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Aude Lancelin évoquait déjà cette mission Marchand qui allait déboucher sur un Fachoda de nos libertés :

« Une enquête particulièrement bien informée de « Vanity Fair » sur la reine de la presse people, Michèle Marchand dite « Mimi », levait début avril un coin du voile sur les dîners privés organisés entre Xavier Niel et le couple Macron un an avant la présidentielle. « Quand lors d’un dîner avec les Macron, j’ai entendu Brigitte se plaindre des paparazzis, explique ainsi tranquillement Niel à « Vanity Fair », je lui ai naturellement conseillé Mimi. » Et la journaliste Sophie des Déserts de préciser que c’est le patron du groupe « Le Monde » qui organisa la rencontre à son domicile. Un hôtel particulier du Ranelagh, où il réside avec la fille de Bernard Arnault, patron de LVMH et autre grand fan du petit prince Macron, dont le CAC 40 voulait faire son loyal gérant élyséen. »

Et de poursuivre sur le devenir-Sarkozy (ou Badinguet) de la France superficielle – et non profonde – de la postmodernité. La France, dit la belle Aude, n’aura plus que ses yeux pour pleurer :

« Davantage qu’une intuition, c’est une certitude : si Emmanuel Macron devait être élu à la Présidence de la République, on se réveillerait en mai avec une nouvelle nuit du Fouquet’s, des révélations feuilletonnées sur toutes sortes de grands donateurs, des histoires de premier cercle rappelant les pires heures du sarkozysme, de collusions d’une ampleur inédite entre très gros intérêts industriels, médiatiques et financiers. Partout l’argent rode autour de cette candidature, tout le monde le sait. Lorsque les conditions concrètes qui ont présidé à cette mise sur orbite sortiront enfin dans la presse, post festum, car elles finiront par sortir, ces choses-là finissent toujours par sortir, les Français n’auront alors plus que leurs yeux pour pleurer. »

Et les impôts ? Il faut comprendre que pour faire économiser trente milliards d’euros à une poignée d’oligarques chéris et adorés, il faut pressurer beaucoup plus dix ou vingt millions de contribuables à raison de deux-trois mille euros (comme dit Jean-Luc Mélenchon, les vingt-sept Français les plus riches ont plus que les trente millions les plus pauvres).

Lancelin :

 « Entre temps, l’ISF sur les grands patrimoines financiers aura été supprimé, le code du travail ravagé à coups d’ordonnances, les services publics sévèrement amputés, les dividendes toujours mieux reversés. Un véritable continent oligarchique est là encore à demi-englouti, prêt à surgir sous nos yeux le 8 mai prochain, et personne n’a jugé bon jusqu’ici de le dévoiler aux citoyens… »

Notre commentatrice de remarquer tristement :

« Toutes les idées sont tolérées dans ces rédactions-là où, non sans stupéfaction, j’ai par exemple pu entendre un chef de service défendre le programme économique de François Fillon comme étant le meilleur d’entre tous début 2016. Toutes les idées, oui, sauf celles de la gauche debout contre le néolibéralisme. Toutes les idées, sauf celles aujourd’hui portées par un social-démocrate conséquent comme Jean-Luc Mélenchon, repeint par le Président de la République actuel en dictateur et en ennemi de l’Occident. »

Interrogé par la télé russe, j’avais parlé de Louis-Philippe. (Rothschild, Balzac, libéralisme frou-frou, Villermé, modèle anglo-saxon, etc.). Aude Lancelin conclut brillamment sur ce présent permanent de l’Histoire :

« Macron, c’est le 19ème siècle à travers les âges et son indifférence complète à la souffrance populaire, à peine barbouillé de couleurs acidulées et de Silicon Valley. Macron, c’est en réalité ni plus ni moins que le retour du Comité des Forges, et de sa fameuse presse, entièrement asservie par l’argent de la haute finance et celui de la grande industrie, dont les anciens résistants formèrent le rêve de débarrasser le pays à jamais, une fois les « Jours heureux » venus. »

Saluons ce complot permanent du pognon, « mouvement autonome du non-vivant » (Hegel), définitivement plus actif, disait Baudrillard, que l’homme...

Sources :

https://www.legrandsoir.info/emmanuel-macron-un-putsch-du-cac-40.html

Nicolas Bonnal - Chroniques sur la Fin de l’Histoire, Balzac et le déclin de la France… 

 

 

Age of Entitlement : Caldwell met en pièces la révolution des "droits civils".

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Age of Entitlement : Caldwell met en pièces la révolution des "droits civils"

par Daniele Scalea

Ex: https://www.centromachiavelli.com/2021/09/09/caldwell-age-of-entitlement-recensione/

Le journaliste américain Christopher Caldwell, rédacteur en chef de la Claremont Review of Books, est un homme qui, à bien des égards, va à contre-courant de la tendance dominante : un conservateur qui parvient à se faire publier régulièrement par le New York Times, mais, à l'ère de l'hyper-simplification sociale boulimique, on ne le trouve pas sur Facebook ou Twitter, et il publie un livre tous les dix ans. Mais ce sont des livres qui laissent des traces.

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En 2009, deux ans avant la grande crise migratoire qui lancera le thème, il publie Réfllexions sur la révolution en Europe: une analyse fine de la manière dont l'immigration, notamment musulmane, révolutionne déjà l'Europe. Ceux qui ont lu le livre beaucoup plus modeste de l'auteur de cette critique, Immigration : the Reasons of Populists, se souviendront de l'ouvrage de Caldwell comme l'un des textes fondamentaux sur le sujet.

L'année dernière, un nouvel ouvrage du journaliste américain est arrivé sur les étagères des librairies : The Age of Entitlement. America since the Sixties. Le titre, qui se traduit approximativement par "l'âge des droits" (mais le terme "entitlement" a une connotation qui renvoie au privilège et à la revendication), fait référence à l'ère de l'histoire américaine qui a débuté avec la loi sur les droits civils de 1964.

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Le livre analyse ces cinquante dernières années, en essayant de lire entre les lignes des événements et d'expliquer comment et pourquoi la société a changé. Il s'agit sans aucun doute d'un ouvrage essentiel pour le chercheur américain, mais il est également intéressant et précieux pour d'autres : parce que l'on sait combien le Nouveau Monde a eu d'influence sur l'Ancien, et parce que, comme l'écrit Caldwell lui-même, "la politique des droits civils s'est avérée être l'exportation américaine la plus réussie de la fin du vingtième siècle". L'Amérique décrite par Caldwell est aussi, dans les grandes lignes, notre Europe : en comprenant la première, on peut comprendre la seconde.

Age of Entitlement est un livre iconoclaste, qui met en pièces l'un des totems du progressisme (la déségrégation raciale) ainsi que celui du conservatisme (Reagan). Bien entendu, Caldwell n'est pas nostalgique du racisme et de la ségrégation, mais il regarde au-delà de la surface pour pénétrer dans les profondeurs de la révolution que le président Lyndon Johnson, exploitant la vague d'émotions suscitée par l'assassinat de son prédécesseur Kennedy, a lancée avec le Civil Rights Act, la loi fédérale qui a mis fin à la discrimination raciale dans le Sud. Comme l'explique en détail l'auteur, cette révolution a été lancée par une Amérique encore conservatrice, dominée à tous les niveaux (politique, médias et académie) par les vétérans de la Seconde Guerre mondiale, qui ne souhaitaient que mettre fin à la honte de la ségrégation.

Le résultat n'a pas répondu aux attentes du public. La réforme des droits civils est devenue l'une des entreprises les plus difficiles et les plus durables de l'histoire des États-Unis : elle a débuté dans les années 1960, a duré (jusqu'à présent) un demi-siècle, a coûté des billions de dollars et a conduit à une relecture de l'ensemble de l'histoire américaine à la lumière du problème racial. La race a pris une signification religieuse et le mouvement des droits civiques est devenu son église. La réforme des droits civils était censée mettre fin à l'obsession de la race dans le Sud : elle a fini par la nationaliser par le biais de l'action positive, ou discrimination "positive". Avec elle, un système explicite de préférence raciale a été introduit au niveau fédéral.

En outre, la loi sur les droits civils a également offert un modèle de pouvoir transformateur fondé sur la coercition, les dépenses et le mépris des prescriptions constitutionnelles. L'imposition bureaucratique, les décrets, la surveillance militante, les poursuites judiciaires et les décisions de justice ont été les outils utilisés, au cours des décennies suivantes, par chaque minorité pour affirmer ses privilèges contre la tradition et la volonté de la majorité. Les tribunaux et la bureaucratie ont remplacé la politique démocratique. Par exemple, le Bureau des droits civils a été créé, dont les directives ont depuis été traitées comme des lois par les tribunaux, bien qu'elles aient été rédigées par des bureaucrates en dehors de toute représentation et de tout contrôle démocratiques. La loi sur les droits civils est devenue une deuxième constitution "non officielle" qui, en cas de conflit avec la première et "officielle", prévaut toujours. D'où l'annulation de certains "anciens" droits constitutionnels tels que la liberté d'association (pour interdire la ségrégation) et la liberté d'expression. En 1978, la Cour suprême a statué qu'il était légitime d'attribuer des notes sur une base raciale en tant que handicap ; en d'autres termes, la discrimination positive ne visait plus à compenser le racisme passé, mais à corriger le racisme (supposé) présent. Les différences de résultats entre les groupes doivent désormais nécessairement être attribuées au racisme. Prétendre le contraire (par exemple en remettant en question le mérite individuel) revient à délégitimer la révolution des droits civils, la nouvelle "Constitution" de facto des États-Unis. Voici la censure des opinions divergentes, qui prendra la forme du "politiquement correct". Le système créé par les droits civils fait qu'il est intenable pour toute entreprise de supporter des cas de discrimination. Les employeurs sont donc toujours prêts à licencier les employés qui sont attaqués par les "progressistes". C'est la privatisation de la censure. Tout le monde a peur de dire un mot déplacé qui pourrait lui coûter sa carrière. Le politiquement correct est une réforme imposée d'en haut à l'opinion publique par le biais de la punition des dissidents. Il s'agit - écrit Caldwell - de "la conquête idéologique du pouvoir institutionnel la plus complète de l'histoire des États-Unis".

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Toutes les impulsions des minorités ont, depuis 1964, toujours prévalu sur la démocratie. Un exemple évident est celui des gays. Caldwell retrace dans un chapitre le processus d'émancipation/affirmation jusqu'au mariage homosexuel, en soulignant comment il a eu lieu à chaque étape contre l'opinion dominante (qui ne se conformera qu'a posteriori aux décisions affirmées par la minorité) et toujours par le biais de décisions de justice dans des cas étudiés à la table par des fondations et des cabinets d'avocats, dans lesquels les plaignants eux-mêmes sont soigneusement sélectionnés pour plaire aux juges (voir Edith Windsor). Le résultat a été la redéfinition juridique du mariage, qui n'est plus une réalité préexistante à l'État et reconnue par lui, mais une institution sociale créée par l'État lui-même (et qui, en tant que telle, ne peut accepter aucune forme de discrimination).

Les premières épigones noires à exploiter le nouveau modèle dans les années 1970 ont toutefois été les féministes, mais pas toujours avec des résultats heureux pour les femmes elles-mêmes. Le modèle du New Deal de la famille à revenu unique, dans lequel le salaire du mari devait compenser les tâches ménagères de sa femme, a été renversé. Depuis les années 1970, les femmes aussi doivent travailler sur le marché pour gagner leur part, mais cela ne s'ajoute pas à ce qu'elles avaient déjà par l'intermédiaire de leur mari. Le revenu familial reste le même, mais deux personnes doivent désormais travailler pour le gagner. Caldwell cite une pensée intéressante de Bertrand Russell, selon laquelle l'État-providence remplacerait l'État dans le rôle du père et, ce faisant, saperait la moralité traditionnelle. La mère n'a plus besoin d'un père fiable pour ses enfants. Les hommes, privés du rôle paternel, perdent tout intérêt pour la postérité, l'histoire, la continuité et la procréation. Nous ne savons pas si le diagnostic de Russell est correct, mais les symptômes sont sans aucun doute ceux décrits et Lyndon Johnson a créé un État-providence aux États-Unis.

Les années 1970 ont également marqué un changement important au sein de la classe dirigeante américaine. La défaite au Vietnam a miné le prestige de l'armée : ce ne sont plus les anciens combattants qui donnent le ton, mais la génération des baby-boomers et, en particulier, ceux qui s'étaient opposés à la guerre et ne l'avaient pas combattue (essentiellement l'élite universitaire). Il est essentiel de comprendre le rôle des baby-boomers : comme leur nom l'indique, les personnes nées entre 1946 et 1964 constituent une génération numériquement énorme. Pour être précis, note Caldwell, la plus grande génération de l'histoire américaine. Pendant trois quarts de siècle, toutes les autres générations, qu'elles aient précédé ou suivi, ont dû se conformer aux préoccupations exprimées par les baby-boomers, plus nombreux, qui, bien entendu, ont évolué au fur et à mesure de leur maturation : dans les années 1960 et 1970, ils sont jeunes et la sexualité domine ; dans les années 1980 et 1990, ils sont en pleine maturité et l'accent est mis sur la famille et les possibilités d'enrichissement ; après 2000, il s'agit de protéger le patrimoine constitué au cours des décennies précédentes. Caldwell ne peut pas le faire pour des raisons de temps, ayant écrit la majeure partie du livre avant 2020 : mais on pourrait ajouter ce qui s'est passé ces deux dernières années, lorsque les Boomers, maintenant âgés de 60-70 ans, face à une vague épidémique, ont soumis l'ensemble de la société aux exigences de la santé préventive.

Caldwell donne une interprétation originale de la contre-culture des années 1970 : selon lui, elle est essentiellement réactionnaire, un mouvement mystique qui regrette la pureté perdue de l'Amérique du passé ; tout est marqué par un sentiment de décadence. Ce n'est pas un hasard si les citoyens de cette décennie, confrontés à une criminalité galopante et à la propagation de la toxicomanie, sont arrivés à la conclusion que les brillants projets sociaux des années 1960 avaient échoué : c'est pour mettre fin à ces expériences qu'ils ont, à leur grande surprise, porté Ronald Reagan à la Maison Blanche en 1981. Contrairement aux attentes, Reagan n'a pas coulé mais sauvé le système progressiste, qui reviendra d'ailleurs avec encore plus de force après lui.

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L'accusation de Caldwell contre Reagan était qu'il n'était conservateur qu'en paroles. Il était plutôt un libertaire, influencé (comme beaucoup de droitiers de sa génération) par Ayn Rand et le culte anti-traditionnel et anti-moraliste du capitalisme débridé. Le slogan Reagan du "rêve américain" est celui d'une génération qui n'accepte pas les limites de la nature ou du bon sens, qui veut tout maintenant. Avec les Reaganomics, les Boomers ne font qu'exploiter le futur travail de leurs enfants, par l'endettement, et celui des étrangers, par les délocalisations et les portes ouvertes à l'immigration.

La voie choisie par Reagan n'était en aucun cas obligatoire : au cours de ces années, la société américaine a atteint le taux de dépendance le plus bas (c'est-à-dire le rapport le plus élevé entre la population productive et la population non productive) et n'était pas confrontée à une urgence particulière. Et pourtant, la dette a encore augmenté pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Selon Caldwell, les baby-boomers ont acheté (avec l'argent de leurs enfants) la paix sociale avec les secteurs de la société qui dépendaient désormais de l'État-providence Johnsonien, dont le coût explosait et qui, sous Reagan, atteignait des trillions. Reagan a financé (et augmenté) les coûts de la déségrégation mais a compensé la classe moyenne blanche (affectée par la discrimination positive : chaque emploi donné à un homme noir par préférence raciale est un emploi enlevé à un homme blanc qui l'aurait eu par mérite) en réduisant les impôts. Il a donc été le sauveur de la Grande Société (c'est ainsi qu'on appelle en Amérique le programme des démocrates, à partir de Johnson, visant à éliminer la pauvreté et les inégalités raciales), mais au prix de l'endettement de la postérité, de la désindustrialisation du pays et de l'ouverture des portes à l'immigration sauvage.

C'est en 1986, sous la présidence de Reagan, qu'une loi bipartisane a accordé l'amnistie et la citoyenneté aux nombreux immigrants illégaux et, par le biais d'une législation anti-discrimination, a de facto forcé les employeurs (qui ne pouvaient pas "discriminer" sur la base de l'origine nationale) à embaucher des illégaux. Les immigrés ont moins de droits sur le lieu de travail, bien sûr, mais ils en auront davantage devant les tribunaux, en tant que victimes éventuelles de discrimination. De nouveaux groupes ethniques rejoignent les Noirs en tant que "minorités" à protéger dans le cadre du nouveau culte de la "diversité".

Les années 1990 ont été la décennie de l'essor de la nouvelle économie, à propos de laquelle Caldwell est également critique. Avant elle, le pays était "un tout économique"; avec elle, il est devenu une simple partie économique de la division internationale du travail. Des concepts tels que la "souveraineté" et l'"indépendance" ont perdu leur sens; la capacité (donnée par la technologie) d'assembler des composants individuels à distance a permis même aux pays pauvres et non industrialisés de concurrencer les États-Unis. Surtout, les nouvelles chaînes de valeur mondiales n'avaient plus une finalité industrielle (c'est-à-dire la recherche d'une valeur ajoutée dans le monde) mais une finalité politique: elles servaient à passer outre les droits des travailleurs. Le favoritisme fiscal accordé aux entreprises de haute technologie devait porter le coup de grâce à l'économie traditionnelle: des géants comme "Amazon" devaient être aidés par la politique pour remplacer les petits détaillants.

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Les années 1990 ont également vu une accélération de la spirale de l'endettement. Le Républicain George H.W. Bush et le Démocrate Bill Clinton ont tous deux procédé au Bush et Bill Clinton ont poursuivi sur la voie de Reagan (financement de l'État-providence par la dette plutôt que par les impôts). Les prêts ont été complètement politisés : suivant le mantra selon lequel toute inégalité serait une discrimination, l'État a favorisé et garanti les prêts aux minorités (la facture sera payée la décennie suivante avec la crise des prêts hypothécaires à risque et les sociétés soutenues par l'État - "Fannie Mae" et "Freddie Mac" - qui les ont accordés). En outre, les banques ont été incitées (pour éviter les accusations de racisme) à accorder des prêts libéraux et à faire contrôler leurs prêts par des "groupes communautaires" liés au mouvement des droits civiques : des milliards de dollars entre les mains d'organisations politiques hautement idéologisées.

La "société civile" a gagné en importance au cours de cette période, complétant les juristes et les bureaucrates dans l'exercice du pouvoir réel. Dans les années 1980, les super-riches augmentaient leur richesse à un rythme sans précédent, alors que dans le même temps, un culte idolâtre des managers et de l'élite en général se répandait. Le concept de "philanthropie" a subi un changement majeur : alors qu'il ne s'agissait auparavant que de charité et d'aide aux pauvres et aux nécessiteux, il a été établi que la propagande idéologique pouvait également être incluse. Ce qui n'a pas changé, c'est la large déductibilité fiscale des sommes consacrées à la "philanthropie". Les super riches peuvent désormais utiliser des fondations pour influencer la politique en fonction de leurs intérêts pratiques ou de leurs idéaux, l'ensemble de la population devant payer la facture et compenser la perte de recettes fiscales. Il va sans dire que la grande majorité de ces super-riches sont du côté des "progressistes" et des "droits civils". Selon M. Caldwell, parmi les nombreuses motivations, une seule prévaut : l'élite est une minorité et, en tant que telle, bénéficie de lois et de pratiques qui réduisent le pouvoir de la majorité. Elle ne se soucie peut-être pas du sort des Noirs, des immigrés et des homosexuels, mais elle se soucie que la minorité ait les moyens de l'emporter sur la majorité.

Il existe un autre événement peu connu des années 1990 que Caldwell désigne comme très important dans l'histoire américaine : la légalisation et la commercialisation massive de l'OxyContin et d'autres opioïdes à base d'oxycodone en 1996. Puissants analgésiques à fort effet de dépendance, ils ont été à la base d'un nouveau cycle épidémique de toxicomanie dans la population américaine, après l'héroïne dans les années 1970 et le crack dans les années 1980. M. Caldwell se demande comment, dans le débat public et la culture populaire, ces deux autres épidémies d'opioïdes ont eu une profonde influence, alors que l'épidémie actuelle passe plutôt inaperçue. Pourtant, son taux de mortalité est 10 fois supérieur à celui des années 1980 et 20 fois supérieur à celui des années 1970. Qu'est-ce qui a changé ? La réponse de Caldwell est la suivante : à la différence des deux précédentes, l'épidémie d'oxycodone touche principalement les Blancs (au point de provoquer un déclin anormal et rapide de leur population qui n'est compensé que par l'immigration) et ne peut donc pas s'inscrire dans le récit moral "officiel". Le politiquement correct a créé une hiérarchie "morale" entre les races, dans laquelle les Blancs constituent la base méprisée et ne sont destinés qu'à se tordre de culpabilité. L'autorité morale appartient aux Noirs (à tel point que de nombreux Blancs se font passer pour des Noirs : le livre en offre quelques exemples illustres, mais nous avons également abordé ce phénomène dans ce blog) ; la blancheur, en revanche, est considérée comme un état spirituel inférieur - et héréditaire. En somme, la révolution des droits civiques n'a pas créé un monde nouveau, mais seulement effectué une transvalorisation : c'est le même vieux monde mais à l'envers. La pyramide raciale et raciste est toujours là, mais elle a été renversée. La situation s'est peut-être même aggravée, selon M. Caldwell. L'ancienne Constitution américaine garantissait la neutralité et la liberté raciales. La "nouvelle constitution" officieuse des droits civils, en revanche, favorise la conscience raciale et le dirigisme gouvernemental.

Dans ce cadre, les démocrates sont devenus le parti de ceux qui bénéficient des droits civils : les minorités (y compris les super-riches), les immigrants, les femmes (et plus particulièrement les féministes), les bureaucrates, les juges et les avocats. Le parti républicain a donc changé : il englobe désormais l'ensemble du spectre politique d'avant 1960, qui était à l'époque divisé entre les partisans et les opposants du New Deal. Les démocrates, qui contrôlent l'économie et la culture grâce à leur hégémonie dans les universités et les organisations à but non lucratif, dirigent le système même lorsqu'ils ne sont pas au gouvernement. Les républicains, isolés de la classe instruite, sont incapables d'influencer le système (même lorsqu'ils gouvernent) et même de comprendre sa logique.

C'est le dernier et précieux avertissement du livre de Caldwell, qui rend également justice à l'activité de ces associations ou fondations qui, comme le Centro Studi Machiavelli, tentent de reconnecter la droite avec la connaissance afin de la rendre capable de dominer le système, au lieu de s'illusionner en pensant qu'elle peut gouverner - sans le faire - après chaque élection qu'elle gagne.

Daniele Scalea

Fondateur et président du Centre d'études Machiavelli. Diplômé en sciences historiques (Université de Milan) et docteur en études politiques (Université Sapienza), il enseigne "Histoire et doctrine du djihadisme" et "Géopolitique du Moyen-Orient" à l'Université Cusano. De 2018 à 2019, il a été conseiller spécial sur l'immigration et le terrorisme auprès du sous-secrétaire aux affaires étrangères Guglielmo Picchi. Son dernier livre (écrit avec Stefano Graziosi) s'intitule Trump contre tous. L'Amérique (et l'Occident) à la croisée des chemins.

 

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La course à trois pour la chancellerie : ce que disent les sondages allemands

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La course à trois pour la chancellerie: ce que disent les sondages allemands

Andrea Muratore

Ex: https://it.insideover.com/politica/elezioni-germania-2021-sondaggi.html

A moins d'un mois des élections allemandes, le jeu que dessinent les sondages est plus complexe que jamais. Alors que le nombre de jours qui restent avant l'élection qui sanctionnera le début de l'ère post-Merkel diminue, les prévisions semblent avoir complètement démenti le scénario qui voyait une course à deux voies entre le Cdu d'Angela Merkel et les Verts décidés à éroder le consensus du parti social-démocrate. Porté par l'effet propulseur de la candidature du ministre des finances Olaf Scholz, c'est le SPD qui, désormais, se taille la part du lion dans les sondages.

L'été allemand a apporté divers éléments de discussion pour les politologues et les initiés, qui ont signalé un renversement des perspectives avec la montée progressive mais inexorable des sociaux-démocrates (SPD) due à la baisse de confiance dans les deux partis considérés comme leaders et à la hausse de la popularité de leur candidat chancelier.

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Le fait que Scholz fasse partie intégrante du gouvernement de Merkel et puisse revendiquer la continuité de son action politique, les gaffes d'Annalena Baerbock ces dernières semaines et l'impréparation manifeste du dauphin de Merkel, Amin Laschet, face au chaos des inondations de juillet ont contribué à rebattre les cartes pour la énième fois dans cette longue course électorale. Fin août, les sondages ont montré que les sociaux-démocrates dépassaient l'Union Cdu/Csu, ce qui était inattendu il y a seulement quelques semaines. Au début du mois de septembre, ils semblent certifier que le parti de Scholz a pris la tête.

Les sondages récompensent les sociaux-démocrates

Après des années en tant que partenaire junior de la Cdu dans les gouvernements de coalition et après une série de défaites électorales, la SPD est-elle tirée en avant par Scholz au point d'amorcer un dépassement inattendu du parti de Merkel ? Il est encore trop tôt pour le dire, mais les sondages semblent indiquer une tendance positive pour le centre-gauche allemand. Et l'avance se creuse de jour en jour.

Fin juillet, les principaux sondages (de l'institut Insa à ceux de Forsa, en passant par l'agence démoscopique Allensbach) estimaient que le SPD était épinglé en dessous des niveaux décevants des élections de 2017, entre 15 et 17% de consensus. Un mois plus tard, cependant, les estimations variaient entre les 19,5 % d'Allensbach et les 23 % attribués à Forsa (semaine du 16 au 23 août) et à Insa (20 au 23 août), ce qui plaçait le parti de Scholz au moins un point au-dessus de la Cdu-Csu quinze ans après la dernière fois qu'un tel chiffre avait été enregistré. Et tous les sondages s'accordent sur le rôle positif joué par le candidat chancelier dans l'évolution des sondages.

YouGov, Kantar et Forschungsgruppe Wahlen pour la période allant de la dernière semaine d'août au 2 septembre montrent une croissance de 25% pour les sociaux-démocrates. L'institut Wahlkreisprognose les situe même à 27%. Surtout, aucun institut de recherche ne semble désormais sanctionner un avantage pour les chrétiens-démocrates.

La Cdu divisée sur l'après-Merkel

L'alliance Cdu-Csu, elle, risque de perdre quinze à vingt points du vote de 2017 au terme d'une campagne électorale où, en un an et demi, l'Union est passée d'un positionnement autour de 40% des intentions de vote dans la phase initiale de la pandémie à un premier recul devant les Verts alors que la deuxième vague de Covid-19 faisait rage et que le chaos vaccinal commençait, pour ensuite capitaliser sur le redressement de l'exécutif et de la Chancelière.

À l'approche de la fin de l'ère Merkel, le parti s'est retrouvé orphelin et divisé entre l'aile plus ouverte aux compromis acceptés sur l'économie et la gouvernance politique au cours de cette année et demie et la faction plus rigoureuse, rangée pour défendre l'austérité et le retour au passé, et par conséquent polarisée dans son jugement sur la chancelière. L'hémorragie considérable du consensus, vécue par la Cdu-Csu au bénéfice des libéraux (Fdp), parmi les plus farouches partisans de la rigueur, doit être lue dans cette optique. Quand la Cdu-Csu avait entre 30 et 35% des voix en février et mars, les libéraux étaient entre 6 et 7%. Jusqu'à la fin du mois d'août, les sondages montraient une symétrie entre la progression de leur soutien, qui se situait entre 12 % (Forsa) et 13 % (Insa), et le déclin de l'Union, qui ne bénéficiait d'un avantage considérable sur le SPD que grâce à Allensbach, qui lui donnait une avance d'environ 25 % et 27,5 % des voix, mais que les principales agences considéraient désormais comme inférieure à 25 %.

Les révélations les plus récentes amènent à niveler encore ce chiffre vers le bas. La Cdu se situerait autour de 20-22%, et le plus intéressant à noter est le fait que, début septembre, un transfert de voix vers le parti de Scholz a commencé, capitalisant sur son rôle de véritable "héritier" de Merkel.

Les sondages pour les Verts

De ce point de vue, les sondages indiquent un recul de la vague verte qui, à partir de 2017, a conduit les écologistes désormais dirigés par Annalena Baerbock à aspirer sérieusement à des rôles gouvernementaux au niveau fédéral. Certes, en termes absolus, il s'agira tout de même d'une avancée considérable: sixième parti avec 8,9 % des voix en septembre 2017, les Verts ont été largement crédités ces derniers mois de la deuxième place dans les sondages.

Stables autour de 20% depuis des mois, avec quelques incursions jusqu'à 25%, les Verts semblent aujourd'hui plus restreints dans leurs succès potentiels après les gaffes qui ont miné le parcours de Baerbock et après la démonstration des limites d'un agenda programmatique accusé de "moralisme" excessif par leurs adversaires. Les derniers sondages Insa, Kantar, Allensbach et Forsa placent les Verts entre 17 et 19% en tant que troisième parti : ce qui est surprenant, c'est qu'il ne semble pas y avoir eu de transfert direct de voix vers les sociaux-démocrates, qui puisent principalement dans la Cdu et chez les anciens abstentionnistes, témoignant du fait que, selon toute vraisemblance, les écologistes allemands, progressistes et enracinés dans les zones urbaines, ont également construit un bloc sensiblement homogène. Leur expansion, cependant, apparaît désormais de plus en plus marquée de complexité.

Les effets du second débat sont attendus

Jamais auparavant il n'a été aussi clair que lors de ces élections que l'acceptation des dirigeants par l'électorat allemand jouera un rôle décisif. L'effet Scholz est, selon les sondages, en même temps l'effet Laschet-Baerbock : le ministre des finances convainc parce qu'il est considéré comme plus pragmatique et préparé que ses concurrents. Le deuxième débat télévisé du dimanche 12 septembre a donc pris de l'importance. Laschet est passé à l'attaque contre Scholz et est même allé jusqu'à critiquer le gouvernement de large coalition dont il est le ministre des finances, dirigé par Angela Merkel : "Si mon ministre des finances travaillait comme vous, je prendrais des mesures", a déclaré Laschet, attaquant Scholz pour les scandales de ces dernières années, avant que Baerbock n'intervienne et s'en prenne à toute la structure de pouvoir du gouvernement noir-rouge avec ses déclarations. Les effets de ce duel sur les sondages à quelques semaines du vote sont attendus dans les prochains jours.

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Comment se portent l'Afd et Linke

En ce qui concerne les autres formations, les libéraux ont été mentionnés : avec les chiffres qu'elle peut désormais alignés, la Fdp pourrait aspirer à la fois à un gouvernement avec la SPD et les Verts et à rechercher une coalition avec la Cdu et les écologistes, se positionnant en tête des futures négociations gouvernementales.

L'Alternative für Deutschland, parti de droite populiste, serait en reflux dans ses bastions d'Allemagne de l'Est, voué à être contre-attaqué par les libéraux et à reculer par rapport aux 12,6 % qu'il avait obtenus en 2017. Tous les principaux sondages placent la formation entre 10 et 11%, juste au-dessus de l'extrême gauche de Die Linke, perchée entre 6,5% et 7%. Les deux groupes les plus radicaux pourraient, avec ces chiffres, être destinés à former les plus petits groupes du prochain Bundestag : à sa manière, par rapport à il y a quelques années, cela pourrait être l'un des principaux thèmes du vote de septembre. Avec ces chiffres, il semble de plus en plus probable que la formation du gouvernement se jouera entre les trois grands partis, les libéraux pouvant faire pencher la balance.

Il y a sept siècles, le 14 septembre 1321, Dante Alighieri mourait...

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Il y a sept siècles, le 14 septembre 1321, Dante Alighieri mourait...

Spiritualité chrétienne et réalisme psychologique

Péter Miklós

C'est un cliché dans l'histoire culturelle que tout ce que l'homme moderne pense de l'enfer, il le sait non pas de la Bible, mais de l'œuvre immortelle de Dante, la Divine Comédie, que son auteur n'a appelée que La Comédie. Bien sûr, Dante n'a pas inventé lui-même les pécheurs, les châtiments, les horreurs et les convoitises de son œuvre, mais il a puisé dans des éléments apocryphes de l'antiquité chrétienne et des traditions italiennes archaïques.

Dante a été particulièrement influencé par l'Apocalypse de Pierre, datant du deuxième siècle, qui peut être lue comme une véritable histoire d'horreur. Le texte de la pièce et l'un de ses décors, l'enfer, sont également évoqués dans des films cultes comme le thriller Seven (1995), réalisé par David Fincher avec Brad Pitt et Morgan Freeman, et Inferno (2016), basé sur le roman de Dan Brown, réalisé par Ron Howard avec Tom Hanks, et similaire à Da Vinci Code et Anges et Démons.

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Dante Alighieri, qui est mort il y a sept siècles, le 14 septembre 1321 à Ravenne, est né à Florence en 1265. Outre son œuvre littéraire influente (qui a contribué de manière significative à la création de la langue littéraire italienne), il était un chasseur et un soldat émérite, un guerrier, ainsi qu'un éminent homme politique et diplomate. Mihály Babits (qui l'a également traduit en hongrois) a qualifié son œuvre de "plus grand poème de la littérature mondiale". Dans son Histoire de la littérature européenne (1936), Babits a également attiré l'attention sur le fait que la Comédie représente à la fois les valeurs de l'Antiquité et l'éthique de la tradition chrétienne, et qu'elle est à la fois une œuvre symbolique et réaliste, dotée d'une imagination particulière. 

Comme l'a dit Mihály Babits, aucune autre œuvre n'a jamais autant émané de la vie et résumé la vie elle-même. C'est une vie très individuelle, avec tout ce que cette vie est: c'est-à-dire, avec tout ce que cette âme a vu, entendu, connu, ressenti dans sa vie. Toute l'histoire, toute la biographie. Et ainsi ce grand texte devient en même temps une grande épopée. Ce n'est pas seulement le cadre épique du voyage fantastique qui le rend ainsi, mais toute la matière de la vie qui forme ce fantastique, et toute la vie qu'il représente. La vie du poète, de son pays et de son époque ; vie individuelle et présente, vie réelle. Dans cet au-delà, on parle autant des vivants que des morts. Cette pièce divine est en même temps la pièce humaine la plus complète, s'étendant du naturalisme des péchés et des saletés infernales à la musique paradisiaque de l'ascension miraculeuse de l'âme humaine, et englobant dans son extraordinaire densité une substance vitale d'une richesse et d'une subtilité presque inimaginables, une multiplicité infinie de figures et d'événements, tissés ensemble dans la confession d'une grande âme, le contenu d'une vie symbolique et prédestinée".

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Quant à son apparence, le premier grand admirateur de Dante, Boccace, l'a décrit comme étant "de stature moyenne, et au-dessus de ses années quelque peu voûté, mesuré et marchant tranquillement". Il portait toujours les vêtements les plus modestes, adaptés à son âge. Son visage était allongé, son nez aquilin, ses yeux plutôt grands que petits, sa mâchoire forte, la lèvre inférieure légèrement avancée par rapport à la supérieure ; la couleur de ses joues était brune, ses cheveux et sa barbe d'un noir épais et condor, ses yeux toujours pensifs et contemplatifs. "Giovanni Boccaccio, qui a élevé le genre de la nouvelle à un niveau artistique à la Renaissance et le considère encore aujourd'hui comme faisant partie du genre épique, considérait la grande œuvre de Dante écrite en italien comme une trinité de pécheurs, de pénitents et de vertueux, traitant des grandes questions de la moralité humaine et de l'au-delà. Car, écrit Boccace, Dante "a reconnu qu'il pouvait y avoir trois sortes de vie, la vie du pécheur, la vie du pécheur qui revient du péché et s'efforce d'atteindre la vertu, et la vie du vertueux, et dans trois livres magnifiques, il a présenté cette trinité, en commençant par la condamnation du pécheur et en terminant par l'éloge du vertueux, et il a rassemblé ces trois livres dans un ouvrage qu'il a appelé le Drame". Il divisa les trois livres en hymnes, et, comme nous le savons, en hymnes en vers, et les écrivit dans la langue du peuple, et dans un ordre si artistique, si merveilleux et si beau, que personne n'a jamais pu les assembler. Toute personne ayant acquis la compétence requise peut témoigner de son éloquence."

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Antal Szerb, dans sa Synthèse de l'histoire de la littérature mondiale (1941), comme Babits, mettait l'accent sur le réalisme descriptif et la spiritualité catholique de Dante, tout en soulignant la possibilité d'une lecture psychologique de la Divine Comédie et le caractère universel de l'œuvre, c'est-à-dire qu'elle a un message actuel et valable pour tous les hommes de tous les temps. Comme il l'a écrit à propos de Dante : "La plus remarquable de ses qualités artistiques est son talent de portraitiste. Son talent artistique le plus remarquable est qu'il voit tout et montre tout à son lecteur. L'enfer n'est pas une énigme inimaginable ; une fois que vous aurez lu Inferno, vous pouvez être sûr que vous ne vous perdrez pas dans les cercles et les creux du monstrueux entonnoir. Dante, le poète spirituel, est aussi l'un des plus grands réalistes de la littérature mondiale. Ses scènes sont si réalistes que l'on oublie presque que l'on est en enfer et non dans une vieille ville italienne. Il est un grand juge et peintre de caractère. Ses métaphores sont très souvent des comparaisons psychologiques ; il aime comparer son état d'esprit et celui de ses personnages à des états d'esprit familiers et quotidiens, les rapprochant ainsi du lecteur. [...] Le grand poète catholique est aussi catholique dans le sens où il est universel, où il donne la totalité des choses humaines, comme Shakespeare et Goethe, son monde est un monde complet et autonome. Elle est également universelle dans le sens où elle n'est pas liée à l'âge ou à la nation, mais parle toujours et à tous".

Source : https://magyarnemzet.hu/kultura/2021/09/kereszteny-spiritualitas-es-lelektani-alapu-realizmus

lundi, 13 septembre 2021

Les archétypes de la Russie dans la lecture d'Elémire Zolla

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Les archétypes de la Russie dans la lecture d'Elémire Zolla

par Stefano Arcella

Ex: https://www.centrostudilaruna.it/archetipi-della-russia-nella-lettura-di-elemire-zolla.html

Dans son livre Archetipi (Marsilio, Venise, 2002), Elémire Zolla décrit des modèles mythiques avec un langage allusif, presque symbolique en soi, qui laisse place à l'intuition du lecteur et l'incite à s'éveiller.

Le dépassement du dualisme Moi/Monde, le sens de l'Un-Tout, les significations archétypales des nombres, la référence continue à leur valeur symbolique, leur perception émotionnelle et non froidement intellectuelle, l'explication de leur fonction: le savant nous introduit dans un monde ancien, parfois même primordial, mais extraordinairement présent à notre époque.

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"Un archétype", écrit-il, "est ce qui unit une pluralité d'objets en un tout, en les coordonnant avec certains sentiments et pensées. Le contact avec un archétype ne peut être exprimé dans le langage ordinaire, il nécessite des exclamations et des idiotismes, il implique une certaine excitation. Lorsqu'un esprit ordinaire touche un archétype, il perd son équilibre instable et tombe dans le désespoir. Cela peut arriver soudainement: l'amour éclate lors d'une performance galante, la fureur éclate dans l'occasion la plus futile, le désespoir s'installe quand l'ambition est satisfaite, le devoir accompli, l'affection de chacun assurée...

Une vie complètement raisonnable et disciplinée est une utopie : elle croit pouvoir ignorer les archétypes. L'homme a besoin d'axiomes pour son esprit et d'extase pour sa psyché, tout comme il a besoin de nourriture pour son corps : l'extase et les axiomes ne peuvent venir que du monde des archétypes. Les extases légères, les frissons modestes ne suffisent pas non plus: la psyché recherche la plénitude de la panique. L'homme veut périodiquement se perdre dans la forêt des archétypes. Il le fait quand il rêve, mais les rêves ne suffisent pas. Il doit disparaître éveillé, enlevé par un archétype en plein jour" (p.76).

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Il est pourtant difficile de donner une définition précise et exhaustive des archétypes. Pour Zolla, ce sont des "énergies formatrices", mais nous pourrions aussi les appeler des "mythes mobilisateurs" qui s'adressent à la psyché humaine, des "idées-forces" primordiales qui s'adressent au cœur, aux émotions, à la sensibilité, et qui échappent donc à un cadrage rigide dans la pensée dialectique.

Dans le cadre d'un chapitre entier consacré à la "politique archétypale", c'est-à-dire aux résonances des archétypes dans le domaine politique, Zolla éclaire également les archétypes qui se sont manifestés dans l'histoire russe.

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"Byzance a instillé son dernier mythe dans la Rome théocratique, mais aussi dans les ressources de la Russie. Certains milieux ecclésiastiques y ont inventé le mythe de Moscou comme troisième et dernière Rome. Ivan III épouse la nièce de Constantin Paléologue en 1472. C'est comme si le destin de la Russie avait été scellé lorsque, selon la vieille chronique, les envoyés de Vladimir ont inspecté pour lui l'Islam, l'Occident et Byzance. Dans l'Islam, ils ont été frappés par une ferveur échevelée, dans l'Occident ils n'ont vu aucune trace de gloire, mais la beauté des rites byzantins ils n'ont pas pu l'oublier.

Ivan IV le Terrible prend le titre de Tsar, un mot slave dérivé du terme latin Caesar. Au XVIe siècle, la légende d'Auguste qui avait attribué la Russie à Prus, ancêtre de Rjurik, fondateur de la première dynastie, est lancée" (p.104).

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Vladimir, duc de Moscou au Xe siècle: la vocation byzantine de la Russie est si ancienne.

La description de Zolla coïncide avec celle d'Arnold Toynbee, mais il ajoute cette importante légende d'Auguste qui exprime une référence idéale directe aux origines de l'Empire romain d'Occident et pas seulement à Byzance ; le mythe devient histoire et l'histoire devient l'incarnation du mythe. Dans cette dimension mythique, nous pouvons saisir l'âme russe bien plus que ne nous le disent les chroniques, les successions dynastiques et les intrigues diplomatiques.

L'analyse de Zolla diffère de celle de Toynbee lorsqu'il souligne que le mythe inébranlable des tsars était la libération de l'orthodoxie prisonnière des Turcs, la conquête de Constantinople comme clé de l'empire œcuménique.

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Dans l'histoire et la culture russes, Zolla capture deux mythes: celui, "constantinien", qui est le mythe de l'empereur romain-oriental - et celui de l'empereur-philosophe, d'ascendance hellénique et platonicienne, qui trouve sa résurgence dans la pensée, les écrits et l'œuvre de Georges Gemisto Plethon (illustration, ci-dessus), qui, au XVe siècle, a jeté la semence fertile de la floraison du néo-platonisme "païen" d'abord en Grèce, à Mistrà, puis en Italie, à l'occasion de son voyage en 1439.  

Lorsque Byzance tombe aux mains des Turcs en 1453, les deux mythes divergent: les néo-platoniciens grecs s'installent en Italie, tandis que le mythe de l'empereur "constantinien" s'épanouit en Russie. Pourtant, le mythe de l'empereur philosophe a également trouvé son expression dans l'histoire russe: Pierre le Grand, en 1721, a aboli le patriarcat orthodoxe de Moscou, proclamé la tolérance religieuse et pris le titre latin d'Imperator; le mythe de l'empereur philosophe a éclipsé celui de l'empereur constantinien.

Catherine II, amie des philosophes et impératrice-philosophe, se présente comme Minerve ou Astrea rediviva et ramène sur terre le règne de Saturne sous le nom d'Auguste. Cependant, elle éduque son neveu comme un prince byzantin et, afin de le mettre sur le trône, s'allie à Joseph II, le philosophe-empereur d'Occident.

"Les deux mythes, le constantinien et le philosophique", écrit Zolla, "séduiront alternativement les tsars qui se verront toujours empêchés in extremis d'atteindre le Bosphore : Nicolas Ier, Alexandre II, Nicolas II" (p.105).

L'assujettissement à l'archétype semble interrompu avec la révolution bolchevique de 1917 dans laquelle Zolla saisit la manifestation, sur un plan matérialiste, de l'archétype de Romulus, c'est-à-dire l'irruption d'un modèle de violence et de force destructrice et créatrice, comme Romulus s'était affirmé fondateur de Rome en tuant Remus. En réalité, l'interruption de l'archétype n'était qu'un maya, comme diraient les Indiens.

"Les armoiries bolcheviques reproposent les dieux des refondations, l'étoile rouge de Mars, le marteau de Vulcain, la faucille de Saturne avec les manilles de son royaume restauré. Le crâne écrasé de Trotsky a donné à l'État prolétarien la compacité qui était venue à Rome du cadavre de Remus. De nombreux mouvements symboliques obscurs ont été effectués : la capitale est revenue à la troisième Rome, l'Église orthodoxe s'est reconstituée en patriarcat, le Fondateur s'est momifié comme un pharaon" (p. 105).

Et Zolla rappelle encore comment l'obsession du Bosphore est restée intacte dans les discussions entre Ribbentrop et Molotov.

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En ce qui concerne les symboles archaïques présents dans le bolchevisme, Evola et Guénon auraient certainement parlé - comme ils l'ont fait - de signes d'une contrefaçon contre-initiatique. Les archétypes de Mars, Vulcain et Saturne agissent sous les formes d'une religion inversée, le "credo" de l'athéisme.

Le fil rouge de l'histoire russe est donc la référence constante au modèle de la romanité dans la version double et oscillante de l'empereur constantinien et de l'empereur philosophe, entre Byzance et la Grèce classique, entre l'empire absolutiste d'un moule plus oriental et le modèle occidental-romain plus tolérant et pluraliste.

Cependant, malgré cette oscillation, la Russie a consciemment choisi de se rattacher à l'Empire romain d'Orient et de reprendre son héritage, même si elle avait la possibilité historique d'accepter d'autres modèles, comme le modèle religieux juif choisi par les Khazars au IXe siècle de notre ère, ou le modèle turco-islamique.

Et cette constante est fondamentale pour encadrer la vocation historique de la Russie et son âme, ainsi que le fondement de sa communauté culturelle avec l'Europe.

Le césarisme comme nécessité historique 

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Le césarisme comme nécessité historique 

par Carl Faust

Ex: https://motpol.nu/carlfaust/2016/11/09/caesarism-som-historisk-nodvandighet/

Tout au long de l'histoire, les gens ont placé leurs espoirs les plus profonds dans des individus forts, des sauveurs qui trouvaient des solutions à des problèmes qui étaient écrasants pour d'autres. Il y a des figures mythiques comme Kalki Avatara, le Mahdi, Jésus-Christ ; nous avons des personnages militaires et politiques comme Cromwell, Bolivar, Hitler, Castro - quels que soient les noms qui ont traversé l'éther humain, tous ont eu une capacité unique d'enchanter leurs sympathisants, de les faire participer à la mise en œuvre de divers types de grands projets. Ces projets ont varié en termes de sérieux et de portée ; certains ont consisté à créer, d'autres à détruire. Les grands hommes, ceux qui comptent et font l'histoire, ont toujours subordonné leur propre bien-être à l'accomplissement d'un but plus élevé, d'une vocation quelconque, qui a constamment attiré leur attention. Ces personnalités ont eu des familles, des amis, des petites amies et des épouses, des passe-temps, des animaux de compagnie, des voitures et des bateaux ; elles ont voyagé, ri, pleuré, ragé et pleuré, aimé et haï ; en bref, elles ont vécu la vie, expérimenté l'existence et contemplé leur environnement. Malgré toutes les banalités humaines, ils n'ont jamais perdu le contact avec leur désir intérieur, une aspiration mystérieusement enveloppée, accessible et explicable uniquement par eux-mêmes.

1.

Les personnes qui peuvent s'identifier à une telle quête possèdent également la capacité d'écrire l'histoire. Ils veulent représenter, forger des formes pour les autres, qui expriment ce qui est contenu pour eux-mêmes. Il est difficile pour quiconque se promène parmi les troupeaux gonflés des métropoles d'imaginer tout le potentiel unique caché dans les individus masqués, ceux qui, pour diverses raisons, ont choisi de rentrer dans le rang - au moins superficiellement. Leur sang bouillonne en eux ; ce qui aspire à s'accomplir est retenu, enchaîné par les conventions et les dogmes incompréhensibles de l'époque. Pendant quelques instants, ces individus parviennent à déloger leurs aspirations intérieures, mais à la fin, l'anxiété revient, inonde et brise les remparts construits par pure commodité. Ce qui existe a une direction et donc un sens, mais c'est un sens qui varie, qui est relationnel. Les réalités de l'existence font souvent disparaître le sens que nous nous attribuons. Elle nous diminue, écrase notre idéalisme et consume notre désir spirituel. Après cela, nous n'apprécions que les banalités, ce qui est direct et peut être exalté, même si c'est vraiment insignifiant.

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2.

C'est la distance à parcourir pour atteindre l'objectif qui effraie, pas l'objectif lui-même. Les Vikings qui ont traversé l'Atlantique seraient aliénés par cette peur actuelle, si répandue en Occident. Ils ont certainement ressenti le rythme du destin en embarquant sur leurs bateaux, ignorant où ils allaient et s'ils reviendraient un jour. Ils n'ont pas cherché la sécurité - ils ont trouvé leur sécurité en cherchant. Cela est étranger à l'homme moderne ; malgré tous les slogans sur le fait de saisir la bonne occasion du jour et de n'avoir qu'une seule vie, la plupart choisissent une existence relativement sans problème, sans gravité ni responsabilité pesante. Il n'est donc pas aussi simple de dire que c'est seulement le caractère unique de la vie qui nous pousse à rechercher quelque chose. L'arrière-plan de nos objectifs est nécessairement plus profond, plus mystérieux. On a dit de certains individus qu'ils étaient destinés à de grandes tâches, dès l'enfance. Hitler, qui était un type particulièrement extrême de la figure césarienne, est venu au monde cent ans après le déclenchement de la Révolution française - un événement indéniablement symbolique. Il aurait pu mourir en couches, être battu à mort dans une rue de Linz, dans une cave à bière de Munich, ou mis en pièces lors des orages d'acier en Flandre. Le destin - ou la chance, si vous voulez - lui a offert le contraire. Oliver Cromwell a maîtrisé les réalités de l'époque - Robespierre ne l'a pas fait. Ce dernier pensait pouvoir diriger la révolution selon sa propre volonté - il en fut consumé ; Cromwell s'est laissé guider par la révolution et ses actions - en tant que "Lord Protecteur" et détenteur d'un immense pouvoir, il est toujours célèbre. Certains sont embrassés par le destin - d'autres sont écrasés par lui.

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3.

Trop nombreux sont ceux qui sont entraînés dans le profond maelström de la modernité. La dépression et l'automutilation suivent principalement les traces de la jeunesse, l'âge où les caractères et les attitudes se forment pour la vie. À l'origine de ces problèmes se trouve, le plus souvent, l'incapacité de l'individu à se montrer à la hauteur des idéaux fournis par l'industrie culturelle - des idéaux dont très peu peuvent s'approcher. Sa propre existence est considérée comme dénuée de sens à la lumière des célébrités glamour qui "vivent la vie" et "saisissent l'aubaine du jour" (cette dernière expression, à consonance apollinienne, est très étrangère à toute personnalité faustienne). Un nombre suffisant d'individus parvient à entrer dans l'industrie culturelle, ce qui contribue à la soutenir; toutefois, la majorité en est tenue à l'écart, ce qui est également nécessaire - il faut plus de consommateurs que de producteurs, tout comme il faut toujours plus de personnes pour faire le travail que pour le planifier. Le phénomène artificiel moderne des loteries et des paris a une fonction similaire; on sait que les chances de gagner, d'être sélectionné, sont extrêmement faibles, mais éprouver le frisson, le sentiment que toute son existence peut changer en un clin d'œil, que toute sa personne est affectée par la combinaison de quelques chiffres, eh bien, c'est vraiment pousser sa vigilance à sa limite absolue. Le fait que des milliers, voire des millions de personnes, tombent dans ce jeu de la vie n'enlève rien à la joie du gagnant, celui qui a été choisi et qui peut partager pleinement ce que la vie matérielle a de meilleur à offrir. Ces hommes et ces femmes sur qui la chance est tombée n'auront jamais une pensée pour les masses anonymes qui n'ont rien gagné. Nous nous enrichissons aux dépens des autres - les gains de la loterie sont financés par l'argent de ceux qui n'ont pas gagné. C'est comme ça que le monde fonctionne. Malgré toutes les preuves contre les acheteurs de billets de loterie, ils continuent de rêver. Ils veulent atteindre le meilleur du monde, devenir importants, échapper à leur existence atomisée, échapper aux pressions puissantes des masses solitaires. Il existe des alternatives à leurs rêves pathétiques, mais ils ne veulent pas les connaître.

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4.

Il y a toujours différentes sortes de personnalités dans chaque temps et espace. Ceux qui suivent le courant comme des poissons morts, qui sont amoraux, totalement dépendants de la direction du temps et du rythme du destin, même s'ils se décrivent eux-mêmes comme indépendants. Être en phase avec le destin n'est pas la même chose que céder aux forces du temps. Le temps est le marqueur du destin sur terre ; le premier dépend entièrement du second. Lorsque l'individu doué considère sa propre place dans la phase civilisatrice dans laquelle se trouve l'Occident, il doit bien comprendre cela. Il y a une différence essentielle entre utiliser les moyens de son temps pour atteindre des fins mystiques et obscures, pour faire l'histoire et courir sur la ligne du destin, et adopter les formes et les modes les plus éphémères de l'air du temps. Alors que le parlementarisme se désintègre dans tout l'Occident, l'espace sera à nouveau donné - comme l'avait prédit Spengler - aux Césars, les personnalités les plus fortes, celles qui ont soif de pouvoir et qui répondent à toute opposition par les moyens les plus forts possibles. Nous devons comprendre le César comme une figure historique récurrente. Goethe a écrit sur les rebelles flamands dans Egmont ; Shakespeare a traité du talent politique et militaire le plus important de Rome dans l'une de ses plus grandes pièces, Jules César ; lorsque la culture se flétrit et que la civilisation se solidifie, le cadre qui refuse toute marge de manœuvre à la vie doit être brisé, tout comme une lande sauvage doit être brûlée pour pouvoir reverdir. 

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5.

Ceux qui ne remplissent pas la forme césarienne, telle que décrite, mais qui connaissent néanmoins le tact historique et possèdent un fort caractère, peuvent encore avoir de l'importance en tant qu'exécuteurs et exécutants des intentions du César. Historiquement, nous avons également vu l'importance des seconds, des sujets loyaux qui, en servant leurs maîtres, ont également gagné honneur et renommée pour eux-mêmes. Thomas Cromwell, Axel Oxenstierna, le cardinal de Richelieu, Klemens von Metternich, Henry Kissinger - l'histoire est remplie de ces types, qui ont soigneusement planifié, raisonné et parfois réprimandé leurs maîtres lorsqu'ils n'étaient pas sûrs de leur rôle de décideurs. Mais cela exige des connaissances et une certitude intérieure ; les premières s'acquièrent par l'étude, soit dans les livres, soit par l'expérience de la vie, généralement en combinaison ; les secondes sont innées. À l'époque où nous vivons, la connaissance est plus importante que tout, surtout celle qui concerne notre survie de base. Les connaissances dans les domaines de la politique, de l'économie et de la technologie améliorent notre capacité de survie. Il n'y a pas d'équivalent philosophique ou artistique à la violence, à la puissance militaire. Les éléments de la jeunesse qui ont acquis une compréhension des grandes questions de notre temps devraient prendre cet aperçu à cœur. Quelle que soit la grandeur des intentions qui sous-tendent l'écriture d'une grande œuvre poétique décisive, la composition d'un magnifique morceau de musique ou la représentation d'intentions spirituelles avec le pinceau sur le format d'une peinture, elles seront définitivement éclipsées en importance par les actes des maîtres de la réalité. Il s'agit d'accepter les conditions de l'époque et d'accepter les appels envoyés par le destin.

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6.

Ce qu'il faut rechercher, c'est l'indépendance - à tous les niveaux. Il s'agit de créer sa propre entreprise à un stade précoce, de créer des réseaux, de préparer des "canots de sauvetage" qui peuvent offrir des échappatoires, en cas de dégradation soudaine du climat social ; d'investir tout excédent financier dans la famille et les proches, ou accessoirement dans les amis. Contribuer à faire évoluer l'opinion publique, de manière implicite et explicite, si la situation le permet. La première priorité de l'individu fort qui a compris l'importance contemporaine de la figure césarienne est de devenir indépendant, au sens plein du terme. La constitution d'un réseau personnel, la création d'une entreprise et l'accession à la propriété peuvent s'avérer absolument cruciales pour les personnes ayant une personnalité césarienne. Celui qui s'incline devant des relations insignifiantes, celui qui soumet ses opinions et ses objectifs intérieurs au profit d'un travail de petit bourgeois, celui qui s'adapte aux formes temporaires de l'existence et nie ainsi ce que l'éveil impose, notre conscience, celui-là reste un objet, un effet secondaire des grandes actions des Césars. Il s'agit d'apprendre à agir de manière pragmatique en fonction d'un principe suprême, de préférence un principe dont on partage l'importance perçue avec les autres.

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7.

Le point de départ fondamental doit être que le monde ne nous appartient plus ; nous ne risquons pas de le perdre - nous avons la possibilité de le gagner. L'ancienne attitude défensive vis-à-vis du monde extérieur doit cesser - il est temps de passer à l'offensive. Ceux qui vivent pleinement leur vie prennent leur place - c'est aussi simple que cela. Il ne suffit pas d'être civilisé quand les barbares vous écartent. Ils prennent ce qu'ils veulent et se fichent éperdument que les civilisés se plaignent. Notre civilisation actuelle est rigide, elle lie la vie à ses pieds. C'est comme un arbre pourri, qui meurt, ne nourrissant que les parasites qui affluent à la fin.

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8.

Le XXIe siècle appartient au César et donc au barbare. Ce dernier doit être compris comme étant jeune, curieux, créatif et, surtout, vigoureux. Le monde est limité, il s'agit de prendre de la place, surtout dans les domaines qui ont un impact décisif sur la continuité de la vie. Il s'agit de rechercher la permanence, de tendre la main et de réaliser le potentiel qui nous a été donné. Les concessions que nous sommes néanmoins contraints de faire doivent être justifiées à la lumière de cette quête immuable de la permanence.

 
9.

On nous dit souvent que le pouvoir et la moralité ne vont pas ensemble, qu'il s'agit de deux phénomènes totalement disparates, impossibles à concilier. Ce préjugé est entretenu par ceux qui ignorent l'histoire. Sylla aimait ses amis mais détestait ses ennemis ; son traitement du pouvoir n'affectait en rien sa relation avec les dieux et les contraintes morales qu'ils impliquaient. Les critères selon lesquels il jugeait ses amis différaient nettement de ceux selon lesquels il jugeait ses ennemis. Bismarck a marché sur les pieds de nombreux amis avant d'atteindre le sommet en tant que chancelier de l'Empire allemand - l'histoire ne se souvient pas de ceux qu'il a piétinés. Pour Bismarck, le maintien de la Maison des Hohenzollern était la priorité absolue, le but entier de sa vocation politique, surtout à l'époque de Guillaume Ier. Il était avant tout un Prussien et non un Allemand, ce qui explique tous ses actes de Realpolitik. S'il y a quelque chose que le César du XXIe siècle doit apprendre de l'histoire, c'est ceci : aucun homme de tact historique, qui a marché avec le destin, ne s'est jamais plaint de ses propres actions. Il en découle que le César peut agir avec force contre une morale universellement admise, mais jamais contre sa propre conscience.

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10.

Le XXIe siècle verra de nombreux individus marqués par le césarisme. La plupart d'entre eux échoueront, certains de manière beaucoup plus importante que d'autres. Cependant, les échecs de ces individus auront plus de valeur du point de vue de l'éternité que tous les romans policiers modernes, les listettas, les sculptures post-surréalistes et les faux tableaux réunis. Notre destin est de devenir le tissu de l'ère de la culture renaissante, le moment où la terre sera balayée à nouveau dans les sphères chaotiques de la création joyeuse. Nous ferions bien de ne pas nous lamenter sur cette dure réalité, qui heurte de plein fouet notre volonté intérieure de laisser notre empreinte sur ce monde. Plus besoin de livres blancs, de théories maladroites ou de systèmes fantastiques. L'ère des grands romans et des ouvrages philosophiques est terminée - irrévocablement. La littérature qui se vend le plus est ce que nous appelons la littérature de kiosque, que nous considérons à peine et certainement sans ambition comme un pur divertissement. Écrire faussement au XXIe siècle, c'est mettre la plume au service de la politique, de l'économie ou de la culture de masse. Ce qui peut être produit par écrit, ce qui peut encore avoir une valeur durable, nous le trouvons dans le journal intime, avec son aura de pénitence et d'affirmation de soi. Tous les faits sont déjà sur la table, tout ce qui est important a déjà été proclamé. Nous sommes entrés dans l'ère des fortes personnalités - l'ère des caricatures, c'est fini.

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11.

C'est le destin de certains de finir comme de simples moyens de la quête de pouvoir des Césars. Ils ne sont que des pions dans un jeu qu'ils ne jouent pas eux-mêmes, mais dont ils ne peuvent se retirer. Il est regrettable que tant de personnes qui auraient pu participer à ce jeu s'en abstiennent de leur plein gré. N'est-ce pas là le drame particulier de la modernité, qui a rendu possible un dédale d'opportunités (et d'impossibilités) pour la personne "libérée", qui choisit trop souvent des parcours professionnels qui ne correspondent pas à ses véritables aptitudes ? L'héritage des géants pèse sur nos épaules et ajoute à la confusion. Les trésors de notre culture - les symphonies de Beethoven, les opéras de Wagner, les sculptures de Michel-Ange, les peintures de Léonard de Vinci, les romans de Dostoïevski et les drames de Goethe, pour n'en citer que quelques-uns - peuvent difficilement être répétés, expérimentés et honnêtement appréciés par d'autres que les paresseux. S'ils devaient être conservés par d'autres, ce serait comme des curiosités, et non comme des œuvres d'art significatives et des expressions de la volonté ; ils auraient la même signification que les pyramides d'Égypte et les peintures des Mayas ont pour nous. Un esprit faux entraînera une action fausse, qui ne produira rien de durable non plus. Ce qu'il faut rechercher, c'est l'authenticité - à tout prix.

 
12.

Dans notre jeunesse, nous étions à la dérive, à une époque où nous n'avions pas encore trouvé notre direction et ressenti notre vocation à quelque chose. Dans l'obscurité où nous nous trouvons, nous sommes la proie d'ambitions mesquines, sans que celles-ci aient jamais de sens pour nous. L'informe s'empare de l'historiquement faible ; comme une feuille au vent, l'individu atomisé flotte, d'une chose à l'autre, désespérément perdu de la voie tracée par le destin. Le César et ses partisans - tels sont les rôles des participants au grand jeu du XXIe siècle. Les autres, qui, pour diverses raisons, ne remplissent pas ces rôles, doivent se contenter d'être entraînés dans les grands événements que le César, avec sa forte volonté, invoque. Certaines personnes naissent pour accomplir de grandes tâches, d'autres semblent n'exister qu'en tant qu'objets, ne produisant jamais de formes durables au cours de leur existence. Il n'y a rien de plus non-faustien que de naître, vivre et mourir, sans avoir manifesté une aspiration dans des formes définies, des sédiments organiques.

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13.

Le chercheur de la gravité des temps doit prendre une décision décisive. Cette décision doit ensuite guider toutes les actions et omissions de la personne, jusqu'au but final, qui implique toujours une indépendance totale - du moins en ce qui concerne l'homme faustien. Pour ceux qui peuvent associer leur propre personnalité à la figure historique du Césarien, la vie entière apparaît comme un gigantesque rayon d'action, un terrain d'essai pour leurs propres idées, qui sont liées de diverses manières à une volonté de puissance intérieure. Bien que la volonté de puissance puisse être vide, c'est-à-dire sans valeur, elle peut aussi être réelle - fatidique, remplie d'un contenu mystique, liée à quelque chose de plus élevé. Ce contenu mystérieux a été ressenti par les plus grandes personnalités de l'histoire du monde ; lorsqu'elles ont rencontré des oppositions sous diverses formes, le grand objectif s'est toujours profilé à l'horizon, après quoi les revers ont à nouveau semblé surmontables. C'est ce qui distingue le vrai César de l'imitateur prétentieux : pour le premier, le pouvoir est certes inhérent, mais au fond, il cherche quelque chose de plus : l'incarnation d'une idée supérieure, un symbole de la cause, revêtu des formes du pouvoir. Cecil Rhodes a certainement ressenti les contours de ce symbole de la cause lorsqu'il a planifié la construction du chemin de fer du Cap au Caire; il est également omniprésent dans les réunions du groupe Bilderberg, lorsque de grandes décisions sont prises et déléguées pour être mises en œuvre. Le degré d'idéalisme était certainement plus élevé chez Rhodes, mais le sentiment de pouvoir complet, c'est-à-dire de disposer de tous les moyens pour créer ce que l'on veut, est tout aussi enivrant, quel que soit le détenteur.

14.

Personne, cependant, n'a envie de cette ivresse aussi fortement que le César. Si les gens de notre société sont effrayés par les financiers véreux de Wall Street et les dignitaires de Davos, ce n'est rien comparé à ce qu'ils feront lorsque le césarisme percera pour de bon. Alors ce ne sera plus l'argent qui décidera où se trouve le siège du pouvoir. La frénésie barbare qui se cache si bien sous le fragile vernis de la civilisation moderne va se réaffirmer avec l'arrivée des Césars. Il n'y aura plus de raison de percevoir le pouvoir à travers des distinctions. Le pouvoir sera alors le pouvoir, le droit de conquérir appartiendra aux puissants. L'argent s'inclinera alors devant nos pulsions barbares, devant les pouvoirs du sang chaud, devant nos instincts de survie. L'individu qui sent des qualités césariennes dans sa personnalité ferait bien de se préparer à cette période d'épreuves de force dramatiques. Qu'il lise des livres, c'est bien - qu'il agisse, c'est mieux. S'intéresser aux dures réalités de l'économie, de la politique, de la technologie, qui auront de l'importance ; se livrer à une imitation culturelle sans conviction, créer de l'art sans réelle inspiration et se sentir en phase avec les forces de la tradition et les rythmes du destin, c'est perdre son temps avec des questions sans importance. Nous sommes jetés dans ces temps et nous n'avons pas d'alternative. Nous devons accepter notre destin, tirer le meilleur parti de la situation et veiller à être en forme, c'est-à-dire à étendre autant que possible les possibilités dormantes de notre personnalité. Si un nombre suffisant de personnes apprennent à aimer ce qui est possible et à haïr ce qui est impossible, si elles cessent d'admirer l'existence et embrassent l'éveil, si elles parviennent à voir à travers le chemin préparé du destin au-delà des circonstances éphémères du temps, alors toutes les conditions sont réunies pour que les siècles suivants soient les plus dramatiques de toute l'histoire humaine. Les grandes questions attendent leurs réponses - seuls les César du XXIe siècle peuvent les fournir.


A propos de l'auteur : carlfaust
Carl est un poète et historien gothique qui prend comme point de départ une vision du monde qui valorise la volonté, la vérité, la beauté et l'authenticité. Il regarde avec dégoût son époque, qui manque de formes d'expression supérieures et de personnalités réelles. Ses domaines d'intérêt comprennent la philosophie de l'histoire et le gothique. Les principaux modèles intellectuels de Carl sont Oswald Spengler, Carl Schmitt, Julius Evola, Friedrich Nietzsche et Vladimir Lossky.

 

 

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Comment la Chine s'est ouverte au monde

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Comment la Chine s'est ouverte au monde

Ex: https://katehon.com/ru/article/kak-kitay-otkrylsya-dlya-mira

La Chine a été en mesure d'atteindre un nouveau niveau de développement économique, prenant sa place parmi les géants économiques du monde.

Bien que l'Occident parle constamment de tolérance et accuse les autres pays de violer les droits de l'homme, une image bien différente se dessine dans les pays qu'il fustige ainsi, ridiculisant l'entêtement des pays occidentaux. Bien que la vision du monde de la Chine divise le monde entre Chinois et barbares, sa politique actuelle vise à une interaction réussie entre tous les pays du monde sur la base de droits égaux.

L'étude des pictogrammes chinois permet d'en savoir plus sur la culture de ce peuple, y compris sur sa forme contemporaine.

Même dans les caractères eux-mêmes 中国 (zhōngguó), qui sont utilisés pour désigner la Chine, il y a une philosophie ancienne que les Chinois suivent depuis des siècles. Le premier caractère (zhōng) signifie "milieu", (guó) signifie littéralement "état". Traduit littéralement, la Chine est l'"État du milieu". En d'autres termes, le peuple chinois se considérait à l'origine comme le centre de la terre et les autres comme de simples nations barbares, ce qui explique en partie pourquoi la Chine ancienne a été un État fermé pendant des siècles.

Au départ, l'idéologie chinoise solidement établie était très difficile à changer. Au fil du temps, cependant, la Chine s'est progressivement ouverte au monde - ou, pour être plus précis, le monde a commencé à "s'ouvrir" à la Chine. Cette démarche a été motivée par des événements déplaisants: les guerres dites de l'opium (première guerre de l'opium, 1839-1842; deuxième guerre de l'opium, 1856-1860), qui visaient à protéger les intérêts commerciaux britanniques dans l'empire Qing. En 1861, l'impératrice Cixi a adopté une toute nouvelle politique d'autogestion pour la Chine. Le but de cette politique était d'emprunter la technologie occidentale (puisque le développement technologique chinois de l'époque était très en retard sur la technologie occidentale), ainsi que d'utiliser les nouvelles connaissances techno-scientifiques. Plus tard, les Chinois ont même commencé à se rendre à l'étranger pour s'y instruire.

En 1949, la République populaire de Chine a été fondée, et le pays s'est ouvert, bien que principalement aux seuls États communistes.

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En 1978, le grand réformateur chinois Deng Xiaoping a proposé un programme de réforme économique connu sous le nom de "politique de réforme et d'ouverture". Le pays s'est ouvert aux investissements étrangers et la main-d'œuvre chinoise bon marché était recherchée dans le monde entier. Cette phase a préparé le terrain pour la création d'une nouvelle image de la Chine en tant qu'État fort et à croissance rapide.

La politique initiée depuis longtemps par Deng Xiaoping se poursuit aujourd'hui. Le nouveau dirigeant de la République populaire de Chine, Xi Jinping, continue activement à renforcer la position de la Chine dans le monde et à créer une image de la Chine attrayante pour les pays voisins.

Une caractéristique importante de la politique étrangère de Xi Jinping est sa décision de mettre en œuvre le 13ème plan quinquennal de développement de la RPC, qui devait s'étendre de 2016 à 2020. L'objectif de ce plan était de construire une société à revenu moyen d'ici 2020. Les concepts clés pour la mise en œuvre de ce plan étaient l'écologie, l'innovation, l'ouverture et l'orientation de l'économie chinoise vers la demande intérieure du pays. Grâce à cela, la Chine a pu atteindre un nouveau niveau de développement économique, prenant sa place parmi les géants économiques du monde. La Chine a un plan clair de développement économique, dont une partie a été la décision de faire revivre la "route de la soie" chinoise dans le concept moderne de "One Belt, One Road", qui a été proposé lors de la visite du représentant chinois au Kazakhstan.

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Une idée particulièrement importante de Xi Jinping a été la création d'un concept appelé "Communauté d'un seul destin pour l'humanité", qui repose sur les principes de sécurité universelle et de paix durable, de prospérité partagée, d'ouverture et d'inclusion.

Le dirigeant chinois a exprimé à plusieurs reprises l'objectif d'établir une zone de libre-échange en Asie-Pacifique.

Renforcer sa position dans la région asiatique est la tâche prédominante du dragon chinois que de nombreux pays craignent. Beaucoup pensent qu'en adoptant le mode de développement chinois, ils deviendront dépendants de la Chine elle-même.

Malgré cela, la Chine a annoncé une nouvelle forme de politique étrangère qui s'appuie sur le "soft power". Le gouvernement chinois, malgré toutes les réalisations des dernières décennies, présente la Chine à tous comme un pays en développement. Elle le fait afin d'être respectée et de s'engager sur un pied d'égalité avec les autres "pays en développement" (qui sont désormais majoritaires dans le monde).

Si la Chine a, après des années, révisé pour le mieux son attitude à l'égard des États qui l'entourent, pourquoi l'Occident n'essaierait-il pas de faire de même ?

Baerbock, Laschet, Scholz Leur politique étrangère accroît le risque de guerre

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Baerbock, Laschet, Scholz: leur politique étrangère accroît le risque de guerre

Oskar Lafontaine

De Gaulle le savait, Brandt le savait, Macron le sait aussi : l'Europe a besoin d'une politique étrangère indépendante. Lorsque les États-Unis, contrairement à toutes leurs promesses, étendent l'OTAN, transformée en alliance de guerre, jusqu'à la frontière russe et encerclent non seulement la Russie mais aussi la Chine, et que le président Biden, coresponsable de nombreuses guerres américaines qui violèrent le droit international, parle d'une possible "véritable guerre avec une grande puissance", alors le découplage des États-Unis et l'affirmation de soi de l'Europe sont une question de survie pour l'Allemagne également.

Baerbock a prouvé qu'elle n'est absolument pas apte à être chancelière en exigeant que la chose la plus importante maintenant soit "d'augmenter la pression sur la Russie", que le gazoduc Nord Stream 2 de la mer Baltique soit "retiré de tout soutien politique". Elle veut également augmenter la pression sur la Chine. Parce que les Verts continuent d'inviter la tueuse d'enfants Madeleine Albright en tant qu'experte en géopolitique (les sanctions américaines contre l'Irak ont entraîné la mort de 500.000 enfants, mais "nous pensons que le prix en vaut la peine"), qu'ils prônent les drones armés et les guerres qui violent le droit international, leur politique étrangère augmente le risque de guerre en Europe, y compris la guerre nucléaire.

Armin Laschet, qui prônait à l'origine de bonnes relations avec la Russie (Laschet a critiqué une "montée en puissance rhétorique et une diabolisation (de la Russie)" en 2018 et a déclaré en 2019: "Même s'il y avait et continue d'y avoir des différences politiques entre la Russie et l'Allemagne, il est particulièrement important maintenant de poursuivre le dialogue". Nous devons renforcer les liens qui unissent nos pays, resserrer ces liens et intensifier la compréhension mutuelle entre nos peuples, et nous devons aborder ouvertement les choses qui nous divisent"). Il sait pertinemment qu'une politique étrangère agressive à l'égard de la Chine serait désastreuse pour l'économie allemande mais donne malheureusement l'impression de grimacer lorsque les médias allemands bellicistes le réprimandent, et encore plus lorsque le grand frère à Washington fronce les sourcils.

Scholz, qui a été fait roi des sondages par Laschet et Baerbock, a montré lors du débat d'aujourd'hui au Bundestag qu'il serait également un mauvais élève en tant que chancelier. Il n'a jamais entendu parler de la politique étrangère sociale-démocrate traditionnelle. Jugez-en par vous-même : https://youtu.be/IgwCG1Su_tA?t=1550

Brandt voulait la paix et le désarmement. Scholz affirme la guerre et le réarmement. Quelle façon de passer de la génuflexion à Varsovie à la génuflexion devant l'impérialisme américain et l'industrie de l'armement.

Source: https://katehon.com/de/article/baerbock-laschet-scholz-ihre-aussenpolitik-erhoeht-die-kriegsgefahr

dimanche, 12 septembre 2021

La répression chinoise contre l'"opium spirituel" des jeux fait partie d'une grande révolution sociale qui oppose le collectivisme à l'individualisme.

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La répression chinoise contre l'"opium spirituel" des jeux fait partie d'une grande révolution sociale qui oppose le collectivisme à l'individualisme

Les Chinois nous disent: "Nous vivons une nouvelle ère fascinante de réformes socialistes, très ambitieuse et radicale, qui ne vise qu'un seul résultat : gagner la bataille technologique contre l'Amérique".

L'ampleur de la révolution sociale de Xi Jinping s'intensifie chaque jour, et rien ne semble à l'abri de sa portée. En plus de la réorganisation spectaculaire des cours particuliers, de la mise à mal des grandes entreprises technologiques et de la campagne contre la culture des célébrités, l'État chinois s'intéresse désormais à ce qu'il perçoit comme un excès de jeux chez les jeunes. De nouvelles réglementations strictes visent à limiter leurs activités sur les plateformes de jeux à seulement trois heures par semaine, en les décrivant comme un "opium spirituel" et en soulignant qu'elles ont un impact négatif sur leur santé mentale, tout en cherchant à faire en sorte que les enfants se concentrent davantage sur leur éducation.

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Il s'agit d'un nouvel effort pour aligner la société chinoise sur ses priorités nationales, et d'une nouvelle indication que les intérêts des "grandes entreprises" ne représentent pas toujours les intérêts de la société dans son ensemble, comme de nombreux pays occidentaux le supposent habituellement. George Soros a récemment exprimé son inquiétude, mais c'est probablement plus un signe que la Chine est sur la bonne voie qu'autre chose.

Dans le contexte, l'évolution et la croissance des jeux vidéo ont complètement changé nos vies et notre façon de nous divertir. En l'espace d'une quarantaine d'années, les jeux vidéo et les consoles ont transformé les activités récréatives et les passe-temps de millions de personnes, reléguant les "jeux de société familiaux" classiques au rang d'antiquités. Tous les enfants des années 1990 ont grandi avec différentes consoles, de la Playstation à la Nintendo, en passant par la XBox et les plateformes en ligne massives comme Stream. Outre son impact sur les modes de vie, le jeu moderne a également donné naissance à une méga industrie qui se chiffre en centaines de milliards.

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La Chine possède une énorme part de ce gâteau. Mais c'est là que réside le problème aux yeux de Xi. L'industrie des jeux vidéo s'efforce de perpétuer ses produits et d'accaparer une part toujours plus grande du temps et des ressources des jeunes, même si cela perturbe leur développement social et éducatif. Si les jeux sont amusants et divertissants, ils ne correspondent pas au monde réel. Les efforts qui y sont déployés ne débouchent jamais sur quelque chose de tangible ou de valable, et c'est pourquoi la Chine s'y oppose fermement, en disant effectivement "ça suffit" : les enfants doivent se concentrer sur les vraies priorités de leur vie". Et la priorité numéro un est l'éducation, pas l'univers fantastique des jeux.

C'est une mauvaise nouvelle pour les plus grands conglomérats chinois du secteur des jeux, tels que Tencent, qui ont déjà subi les contrecoups du vaste remaniement opéré par Pékin, mais il y a là une sagesse innée, liée à l'intensification de la lutte technologique entre la Chine et les États-Unis et à sa propre vision du développement.

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Cette sagesse est la suivante : la Chine devrait développer de meilleures entreprises de semi-conducteurs, d'intelligence artificielle et de puces technologiques haut de gamme, et non des entreprises de jeux vidéo de plus en plus grosses. S'il y a un message qui ressort des événements de ces derniers mois, c'est que la force économique d'un pays ne se définit pas seulement par le nombre de "Mark Zuckerberg" qu'il possède. Xi articule sans relâche une vision directe et claire de l'économie chinoise et utilise les principes socialistes pour la défendre. Il a décidé que certaines choses sont plus importantes que d'autres pour l'économie de la Chine et son développement stratégique.

Il ne s'agit pas simplement de savoir qui a le plus de milliardaires ou les plus grandes entreprises, mais le défi avec les États-Unis signifie qu'il y a un domaine très spécifique dans lequel le pays doit exceller, et son avenir stratégique et son succès en dépendent. C'est pourquoi Xi s'est attaqué aux jeunes et aux habitudes de jeu dans le cadre de son approche globale de l'éducation, qui a également mis fin au soutien scolaire à but lucratif.

Mais comment cette limite de trois heures va-t-elle être appliquée? Qui dira aux enfants "tu as eu tes trois heures, éteins maintenant !", surtout si les parents ne sont pas coopératifs? La Chine va sans aucun doute faire peser la charge réglementaire sur les sociétés de jeux pour qu'elles l'appliquent, et les punira si elles ne le font pas. Compte tenu de la manière dont la Chine moderne gère l'identité et les données, les gens pourraient être obligés de s'inscrire sur des plateformes de jeux pour vérifier leur âge et leurs documents d'identité, qui limiteront ensuite leur temps en conséquence. Il existe sans doute des moyens de contourner ces limites - il suffit de demander aux centaines de millions de Chinois qui utilisent des VPN (réseaux privés virtuels qui masquent votre identité réelle ou votre localisation) - et l'efficacité de cette mesure n'est pas claire, et elle dépend en grande partie de la volonté des parents d'être responsables et de discipliner leurs enfants.

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En résumé, la Chine dit clairement qu'elle ne veut pas, n'a pas besoin et n'apprécie pas les joueurs. Il s'agit d'un passe-temps qui est fondamentalement une distraction, quelque chose qui est acceptable avec modération, mais pas en tant qu'addiction à grande échelle, étant donné qu'il a une faible valeur sociale. En le qualifiant d'"opium spirituel", la Chine évoque métaphoriquement un puissant souvenir historique: elle est enfermée dans une nouvelle "guerre de l'opium" contre l'Occident, avec une série de pays qui veulent imposer leurs préférences idéologiques, économiques et stratégiques à la Chine, tout comme les Britanniques ont cherché à le faire au XIXe siècle avec leurs exportations de drogue depuis le sous-continent indien.

Mais cette fois, Pékin a décidé que ce type d'asservissement ne pourra plus jamais se reproduire. Xi ne veut pas d'une société de joueurs, il veut une société d'ingénieurs, de scientifiques, de médecins et d'innovateurs ; le genre de personnes qui peuvent faire en sorte que Pékin gagne la course technologique et prenne le dessus dans la lutte avec l'Amérique. Ce faisant, il utilise les principes les plus forts du collectivisme contre la nature individualiste des sociétés occidentales, où les enfants font à peu près ce qu'ils veulent. Il s'agit d'une nouvelle ère de réforme socialiste, très ambitieuse et radicale sans équivoque. Il s'agira d'une expérience fascinante.

Source: https://katehon.com/en/news/chinas-crackdown-spiritual-opium-gaming-part-big-social-revolution-pitting-collectivism-against

Élections allemandes : qui remplacera Mme Merkel et comment les relations entre Berlin et Moscou vont-elles évoluer ?

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Élections allemandes: qui remplacera Mme Merkel et comment les relations entre Berlin et Moscou vont-elles évoluer?

Daria Platonova

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/vybory-v-germanii-kto-smenit-merkel-i-kak-izmenyatsya-otnosheniya-berlina-s-moskvoy

L'Allemagne tiendra des élections législatives le 26 septembre pour élire les membres du vingtième Bundestag. Pour la première fois depuis 2005, Angela Merkel ne sera pas chancelière. Cette décision, probablement justifiée à la fois par la fatigue politique et la baisse de la cote de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), a été prise le 29 octobre 2018. En outre, les sondages d'opinion préliminaires montrent que les élections pourraient entraîner une fragmentation importante du Bundestag, ce qui pourrait conduire à de longues négociations sur la formation de la coalition à hisser au pouvoir (trois à six mois, comme ce fut le cas en 2013 ou 2017) .

Après les élections, les partis allemands négocieront la formation d'un gouvernement et, par conséquent, la nomination d'un chancelier. Le chancelier devra être soutenu par une majorité de tous les membres élus du Bundestag. Si, après trois tentatives, le Bundestag ne parvient pas à nommer un chancelier, le président allemand (une figure presque nominale dans une république parlementaire) a le droit de nommer un candidat qui obtient une pluralité de voix, créant ainsi un gouvernement minoritaire.

Les successeurs possibles de Mme Merkel sont actuellement Armin Laschet (CDU/CSU), Olaf Scholz (SPD) et Annalena Baerbock (Verts).

LES PRINCIPAUX ACTEURS : UNE CARTE DES FORCES POLITIQUES EN ALLEMAGNE

Il y a six acteurs principaux dans ces élections - le Parti social-démocrate, la coalition gouvernementale composée des partis CDU et CSU, les Verts, le Parti démocratique libre (FDP), l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), la Gauche (Die Linke).

- Le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) - défend la redistribution des impôts en faveur des moins bien lotis, a une position géopolitiquement européenne, et fait partie d'une coalition gouvernementale avec la CDU/CSU depuis 2013. Le candidat du parti au poste de chancelier est Olaf Scholz. Selon les sondages, le parti bénéficie d'un soutien de 25%. La cote du parti a recommencé à augmenter à la fin du mois de juillet, pour atteindre et dépasser celle de la CDU/CSU le 23 août (le public en a assez du statu quo).

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- L'Union chrétienne-démocrate (CDU), le principal parti conservateur, dirige le gouvernement depuis 2005. Ses homologues bavarois sont le parti de l'Union chrétienne-sociale (CSU). Ce parti a une orientation droite-libérale, est officiellement orienté vers le partenariat atlantique, et a traditionnellement suivi une voie vers une Europe unie. Le candidat du parti au poste de chancelier est Armin Lachet. Selon les derniers sondages, le bloc CDU/CSU obtient 19% des voix. Depuis février 2021, la cote de ce bloc a commencé à baisser de manière intensive (à la fin du mois de janvier 2021, elle était de 36 %). En outre, de nombreux Allemands sont mécontents de la manière dont les autorités gèrent les conséquences des inondations désastreuses qui ont touché certaines régions du pays cet été.

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- Les Verts sont un parti à vocation mondialiste dont le principal message est la nécessité de protéger la nature et l'environnement sous le contrôle de l'État. Elle promeut aussi activement les droits des minorités sexuelles et des migrants. Depuis 2018, sa coprésidente est Annalena Baerbock (la plus jeune candidate à la chancellerie, elle a 40 ans). Selon les sondages préliminaires, le parti pourrait obtenir 17% des voix. Le parti a atteint le sommet de sa popularité en mai 2021 (lorsque les Verts ont atteint jusqu'à 25%), mais une série de scandales liés au livre d'Annalena Baerbock, accusée de plagiat, ont réduit la popularité du mouvement.

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- Le Parti démocratique libre (FDP) est un parti libéral qui prône une diminution générale des impôts, moins de bureaucratie, le maintien des libertés individuelles et les droits de l'homme. Le candidat du parti au poste de chancelier est Christian Lindner. Selon les sondages, leur cote est de 13% des voix.

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- Alternative für Deutschland (AfD) est un parti eurosceptique de droite avec un programme anti-migration bien développé. Jeune mais gagnant activement en popularité, le parti est désormais représenté dans toutes les circonscriptions d'Allemagne. Les candidats du parti au poste de chancelier sont Alice Weidel et Tino Chruppala. Selon les sondages, ils ont un taux d'approbation de 11 %.

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- La gauche (anciens communistes) est un parti qui critique la mondialisation, l'américanisation de l'UE, et qui est favorable à une régulation de l'économie par l'État. Le candidat chancelier du parti est Jeanine Wissler, Dietmar Bartsch. Les derniers sondages indiquent une part de 6 % des voix.

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PRÉVISIONS POUR LA RUSSIE

Si Armin Lachet (CDU) ou Scholz (SPD) est élu chancelier, nous pouvons nous attendre à ce que les relations avec la Russie soient fondées sur une approche pragmatique recherchant un bénéfice mutuel, dans l'esprit de Merkel et, éventuellement, dans le climat actuel d'affaiblissement de l'hégémonie américaine en Europe.
 
De tous les candidats à la direction de la CDU, Armin Lachet est le plus favorable à la coopération avec la Russie, comme le montrent ses appels à ne pas diaboliser notre pays, et contrairement à ses rivaux de la CDU, Röttgen et Merz, il est également plus positif au sujet de Nord Stream 2. Cependant, Lachet ne peut pas non plus être qualifié de "pro-russe", il s'est inquiété, comme Merkel, de "l'empoisonnement de Navalny" et a également soutenu les sanctions occidentales contre la Russie.

M. Scholz, appelé en plaisantant "Scholzomat" en Allemagne pour ses discours mécaniques et technocratiques, est partisan d'une politique réservée et dure à l'égard du Kremlin. Il a critiqué la réunification de la Russie avec la Crimée et la politique de Moscou à l'égard des minorités sexuelles, et a également évoqué à plusieurs reprises le thème de "l'empoisonnement de Navalny" pour faire pression sur le Kremlin. En même temps, le parti social-démocrate lui-même a une évaluation plutôt positive de la coopération avec la Russie: l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, qui a prôné la formation d'un axe géopolitique continental Paris-Berlin-Moscou, est issu de la SPD.
 
L'arrivée de Baerbock (Verts) au poste de chancelier pourrait, au contraire, conduire à un net refroidissement des relations germano-russes. C'est d'autant plus probable que, selon plusieurs publications allemandes, le parti est financé par des mouvements environnementaux qui font partie d'un réseau lié à l'Open Society de George Soros. C'est elle qui s'est activement opposée à Nord Stream 2 et qui a également demandé à plusieurs reprises de nouvelles sanctions contre la Russie. Il est également possible que Mme Baerbock soit nommée ministre des affaires étrangères dans le nouveau gouvernement, auquel cas elle tentera également de saboter les relations russo-allemandes.
 
Les plus pro-russes sont les représentants des partis de la Gauche (Die Linke) et de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). Ils plaident activement en faveur d'une alliance avec la Fédération de Russie et l'un de leurs dirigeants, Sarha Wagenknecht, a appelé à plusieurs reprises à une révision de la politique allemande à l'égard de la Russie, ainsi qu'à l'abandon de la "politique unilatérale voulue par les États-Unis". Entre-temps, le parti lui-même a déclenché une guerre des clans et, à la veille des élections, Sarha Wagenknecht, l'étoile la plus brillante de la gauche allemande, a même fait l'objet d'une tentative d'exclusion du parti pour son livre Die Selbstgerechten, dans lequel elle critiquait le parcours libéral-gauchiste de ses camarades du parti.

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 L'"Alternative pour l'Allemagne", dont les principaux dirigeants sont Alice Weidel et Tino Chrupalla, prône une réinitialisation des relations entre l'Allemagne et la Russie et est extrêmement sceptique à l'égard du mondialisme, déclare que l'Allemagne doit quitter l'UE et revenir à une politique souveraine, reconnaît la nécessité de lever les sanctions contre la Russie car elles frappent également l'économie allemande, et a activement soutenu la construction de Nord Stream 2. Les députés du parti ont déclaré à plusieurs reprises que "l'abandon du gazoduc signerait la fin du pays en tant que puissance industrielle développée".

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Les candidats de la Gauche et de l'Alternative pour l'Allemagne n'ont aucune chance réaliste de devenir chancelier lors de ces élections, mais en fonction des résultats, ils pourraient faire partie de la coalition gouvernementale et ainsi influencer la composition du gouvernement.

L'ALLEMAGNE VA-T-ELLE SE COMPLAIRE DANS LA CRISE ?

Le groupe de réflexion bien connu et apprécié, Stratfor, note que les prochaines élections en Allemagne "donneront naissance à un gouvernement modéré qui soutiendra l'adhésion à l'UE et à l'OTAN, cherchera à assainir les finances publiques après la pandémie de COVID-19 et mettra en œuvre des politiques visant à réduire les émissions de carbone au fil du temps". Selon Stratfor, le rythme d'un tel programme dépendra de la composition idéologique de la prochaine coalition gouvernementale.
 
Toutefois, il convient de noter qu'il existe des contradictions irréconciliables entre les principaux acteurs de la course électorale sur tous les fronts susmentionnés. L'adhésion de l'Allemagne à l'UE est critiquée par l'AfD, on trouve même des critiques modérées de l'UE au sein de la CDU/CSU (en termes d'attitude à l'égard des mesures aggravant la division des marchés financiers dans la zone euro - l'introduction d'une garantie commune des dépôts pour les banques de l'UE), la gauche (Die Linke) est activement opposée à l'OTAN. L'agenda vert, malgré sa présence dans les programmes du SPD et de la CDU/CSU, divise également les partis - car les Verts poussent à une transition énergétique rapide tandis que le SPD et la CDU/CSU considèrent qu'il est plus approprié de maintenir un équilibre entre la transition énergétique et la protection de la compétitivité de l'industrie allemande. L'agenda environnemental a déjà conduit à l'échec des pourparlers de formation d'une coalition entre la CDU/CSU et les Verts après les élections de 2017.
 
Ainsi, aucun consensus de parti ne peut émerger dans la situation politique actuelle, contrairement aux prédictions des think tanks américains, et l'Allemagne risque de plonger dans une crise prolongée assortie d'un long processus de formation d'un nouveau gouvernement. Personne ne peut prédire quelle en sera l'issue à l'heure actuelle. De nombreux analystes allemands estiment que l'Allemagne entre dans une zone de turbulences politiques. La crise évidente de la communauté atlantique après le retrait américain d'Afghanistan, la récession économique dans l'UE, les problèmes sanitaires, juridiques et technologiques exposés à l'ère de la pandémie, tout cela crée une atmosphère très défavorable pour qu'une société allemande calme et équilibrée continue à le rester.
 

 

La tianxia mondialiste, la double contrainte et le dilemme insoluble de Poutine

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La tianxia mondialiste, la double contrainte et le dilemme insoluble de Poutine

Alexandre Douguine

Ex: https://www.geopolitica.ru/it/article/la-tianxia-globalista-il-doppio-legame-e-lirrisolvibile-dilemma-di-putin

La situation idéologique en Russie à la veille des élections est de plus en plus tendue. Le résultat des élections importe peu, mais le système lui-même commence à trembler, non pas à cause des risques imminents, mais parce qu'il entre en résonance avec les contradictions accumulées en son sein, qui se reflètent non pas dans les élections, mais dans le système lui-même et dans la société. Ces élections ne peuvent même pas prétendre libérer leur charge. Le fait est qu'elles ne publient rien. La vapeur s'accumule, la structure commence à laisser percevoir des tremblements internes.

Tout le monde voit que l'avancée de la cinquième colonne dans la Fédération de Russie n'est que progressive; en outre, plus l'Occident tente de soutenir les organisations terroristes des libéraux, interdites en Russie, moins elles sont considérées à l'intérieur. Le retournement de l'opinion russe s'applique aussi aux entreprises multinationales et surtout aux américaines dans le domaine de l'information; nous assistons dès lors à un processus évident où de nombreux Russes commencent à percevoir de nombreux médias comme étant des agents de l'étranger. Cela remet en question l'existence même de YouTube, Google, Twitter, Facebook, TikTok, etc. Le Goskomnadzor vient d'annoncer la fin des travaux sur le principal VPN, qui permettait de contourner facilement le blocage des sites.

Il convient de noter que dans l'agence de presse, les révélations selon lesquelles non seulement la cinquième colonne (Navalny, agents étrangers directs), mais aussi la sixième, ont fortement augmenté ces derniers temps. Cela nécessite une attention particulière.

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Auparavant, Poutine agissait selon un schéma comparable à la doctrine Tianxia de la Chine, qui prédéterminait le système de relations internationales de la Chine traditionnelle. Ainsi, les voisins de la Chine - principalement la Corée et le Vietnam, mais aussi le Cambodge, le Laos, la Thaïlande et même le Japon - reconnaissent pleinement l'hégémonie culturelle du Céleste Empire (écriture en pictogrammes, coutumes, étiquette, système politique, rituels, canons littéraires, poésie, peinture, musique, danse, etc.), tout en conservant leur souveraineté politique. Officiellement, ils reconnaissaient l'empereur de l'Empire céleste comme leur souverain, mais il s'agissait d'un acte de courtoisie politique, et lorsque la Chine tentait d'établir une domination politique directe sur la Corée ou le Viêt Nam, les dirigeants coréens et vietnamiens se rebellaient farouchement, et parvenaient le plus souvent à défendre leur liberté contre l'agression chinoise ; mais après s'être assurés contre les armées de l'Empire céleste, ils restauraient l'hégémonie culturelle chinoise comme si de rien n'était.

Poutine considère également que la Russie fait partie du monde occidental et ne pense même pas qu'elle puisse constituer une civilisation séparée et isolée. Dans le cas contraire, aurait-il maintenu à la tête de l'État, pendant plus de vingt ans, l'élite libérale pro-occidentale dominante dans les domaines de l'économie, de l'éducation, de la politique étrangère, de la culture et de l'espace d'information? Poutine est d'accord avec l'hégémonie spirituelle occidentale, avec la Tianxia mondialiste libérale, mais seulement jusqu'au moment où la métropole mondiale unifiée (Washington et son satellite Bruxelles) ne pensera pas à intégrer sa culture (économique, de valeur, de domination idéologique - en un mot, le capitalisme) à une subordination directe à la Russie. C'est ici que Poutine prononce le mot; arrêt! Ceux qui ne comprennent pas qu'arrêter signifie arrêter, ça suffit, allez voir Chodorkovsky, Berezovsky, Navalny. C'est pourquoi les autorités écrasent aujourd'hui la cinquième colonne et sont plutôt tolérantes envers la sixième, c'est-à-dire envers les agents libéraux américains de l'élite dirigeante. Si les espions au pouvoir sont personnellement fidèles à Poutine et reconnaissent sa souveraineté politique, alors ils ne sont pas là.

Cependant, dans la structure de l'hégémonie, il est très difficile de tracer une ligne claire

- entre ceux qui soutiennent et développent une culture de libéralisme et

- ceux qui fournissent des informations classifiées (sur les armes, la technologie, l'industrie, etc.) à l'ennemi ou organisent des actions directes de sabotage, déstabilisant gravement la situation.

Il existe un continuum entre la cinquième et la sixième colonne et, bien sûr, tout libéral au pouvoir sympathise secrètement avec les groupes protestataires, rêve que "la Crimée n'est plus à nous" et ne peut attendre la fin du "régime de Poutine." C'est cette contradiction entre la pression croissante sur la cinquième colonne et la prospérité et l'impunité relatives des libéraux au pouvoir qui crée des tensions, surtout avant les élections.

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Le principe de Tianxia a fonctionné avec succès sous Poutine pendant plus de 20 ans. Lorsque le soutien des masses est nécessaire - juste à temps pour les élections - ils se tournent vers le fait que la Russie est une puissance souveraine, qu'ils le veuillent ou non, mais qu'elle est par ailleurs "une partie de l'Europe, du monde occidental", c'est-à-dire qu'elle est régie par les lois de l'hégémonie libérale; et ce n'est que lorsque l'hégémonie empiète sur la souveraineté (comme le font la cinquième colonne, l'"Écho de Moscou" et le mouvement de protestation dans son ensemble) que l'épée punitive s'abat sur elle.

Tout le monde est fatigué de cette situation. Les siloviki pensent: si vous luttez contre les agents, alors vous luttez contre tout le monde, et ils ont un coup d'arrêt venu d'en haut, mais seulement dans le cadre que nous indiquons. En psychologie, on parle de double contrainte, lorsqu'une personne reçoit deux missions qui s'excluent mutuellement. "Cherchez et ne trouvez pas", "fournissez mais perdez", "faites tout pour que rien n'advienne". Si vous interdisez et mettez Navalny en prison, pourquoi s'embêter avec Tchoubai, Gref, Nabiullina, RIAC ou HSE ? Les personnes chargées de la sécurité voient parfaitement la continuité entre la cinquième et la sixième colonne, elles savent que les deux ont les mêmes protecteurs, des systèmes de soutien et de communication communs, et elles ne comprennent pas: s'agit-il d'attraper des espions ou non? Pour renforcer la souveraineté ou simplement pour prétendre qu'ils la renforcent?

Cette incertitude est l'essence même de la stratégie de Poutine pour diriger le pays, la stratégie Tianxia.  La Russie accepte le capitalisme, mais conserve le droit de contrôler son propre territoire. Mais le capitalisme :

    - est de nature internationale
    - est beaucoup plus développée en Occident.

C'est la raison pour laquelle l'Occident est en colère: si notre hégémonie est acceptée, alors ayez aussi la gentillesse d'accepter notre mot à dire en tout. Non seulement avec les silloviki à l'intérieur de la Russie, mais aussi avec l'Occident, avec la métropole capitaliste, il y a une dissonance cognitive.

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Combien de temps cela peut-il durer?  Vladislav Surkov, dans un de ses articles, a suggéré: que ce soit comme ça pour toujours. Une proposition extrêmement suspecte et irréaliste.

Combattre efficacement la cinquième colonne tout en protégeant soigneusement la sixième ne fonctionnera pas longtemps. C'est pourquoi les entreprises qui s'y opposent voient le jour et deviennent rapidement très populaires. En général, Tchoubais est bien plus odieux aux yeux des masses (c'est-à-dire des électeurs) que Navalny, que peu connaissent. Il suffit de le mettre en prison pour faire exploser les résultats des élections, mais il faudrait pour cela rejeter la loi de l'hégémonie libérale, rejeter Tianxia. Je suis sûr que Poutine n'est pas prêt pour cela en ce moment, ce choix est un dernier recours si les troupes ennemies s'approchent du Kremlin, ce qui, Dieu merci, est loin d'être le cas.

D'un point de vue stratégique, il faut choisir, soit la Russie, soit l'hégémonie libérale (capitalisme). Très probablement, ce dilemme fondamental devra réellement être affronté par quelqu'un qui viendra après Poutine.

Traduction par Lorenzo Maria Pacini

La revue de presse de CD - 12 septembre 2021

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La revue de presse de CD

12 septembre 2021

ALLEMAGNE

Élections en Allemagne, la fin du règne d’Angela Merkel

Le 26 septembre prochain, le règne interminable d’Angela Merkel, prendra fin. Il faudrait dire ici « le règne allemand », car nul ne peut affirmer aujourd’hui que ce monstre politique, après quelques mois de semi-repos et de concertation, ne décidera pas de poursuivre, cette fois depuis Bruxelles, sa très nuisible carrière, afin d’y apaiser son goût insatiable pour le pouvoir, cette fois au détriment de tous les Européens, mais toujours au service de la Caste. Quoi qu’il en soit des intentions de la dame, dans les jours et les semaines qui suivront l’élection au Bundestag, les Allemands vont assister à un exercice qui promet d’être assez difficile, celui de la formation de la coalition de gouvernement. L’Allemagne elle-même rentre dans une zone de turbulences, et les mois qui suivront l’élection promettent d’être mouvementés.

Polemia

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Allemagne. Citoyens d’une nation ou du monde ? La bourgeoisie est à gauche

Par le Junge FreiheitJunge FreiheitJeune liberté » en français) est un hebdomadaire allemand proche des idées de la « Nouvelle Droite » fondé en 1986 dont les ventes augmentent chaque année, jusqu’à atteindre les 30 000 exemplaires vendus. Vous trouverez ci-dessous une traduction d’un article de ce média qui gagne à être connu en France.

Polemia

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DÉSINFORMATION

Les aides à la presse viennent remplir les poches des milliardaires

À lui seul, le groupe Bernard Arnault totalise près du quart des aides à la presse nationale. Son beau-fils Xavier Niel, 7 % pour le Monde. Ainsi nos impôts servent-ils à bourrer les crânes de propagande gouvernementale Jusqu’à quand une telle aberration et un tel pillage ?

Nouvelles de France

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ÉTATS-UNIS

CIA : 70 ans de coups d’État et d’assassinats

Les cibles des balles de Washington ont été les dirigeants qui ont tenté d’affirmer la souveraineté économique de leur nation, écrit Jeremy Kuzmarov dans cette critique d’un nouveau livre de Vijay Prashad, Washington Bullets : A History of the CIA, Coups, and Assassinations (Les balles de Washington : une histoire des coups d’Etat et des assassinats de la CIA), avec une préface d’Evo Morales (New York : Monthly Review Press, 2020).

Les-crises.fr

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Lanceurs d’alerte : Le prix de la conscience

Daniel Hale, un ancien analyste du renseignement pour le programme de drones de l’Air Force qui, en tant contractuel en 2013, a divulgué à la presse quelque 17 documents classifiés sur les frappes par drones, a été condamné aujourd’hui à 45 mois de prison. Les documents, publiés par The Intercept le 15 octobre 2015, ont révélé qu’entre janvier 2012 et février 2013, les frappes aériennes des opérations spéciales américaines ont tué plus de 200 personnes. Parmi celles-ci, seules 35 étaient les cibles visées

les-crises.fr

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FRANCE

Nouvelle affaire Fillon : comme par hasard

Comme par hasard, au moment de la rentrée politique, et à quelques semaines du procès en appel de François Fillon, dûment informés en violation du secret de l’enquête, les médias nous apprennent que le fameux PNF diligentait depuis mars 2017 (!) une nouvelle procédure d’enquête préliminaire à l’encontre de l’ancien candidat. Comme par hasard toujours, alors qu’il ne s’était rien passé pendant près de quatre ans et demi, il y avait tout d’un coup urgence à se réveiller, confronter et perquisitionner, en informant immédiatement la presse (en violation de la loi).

Vu du Droit

https://www.vududroit.com/2021/09/nouvelle-affaire-fillon...

Intelligence économique : un impensé français

De l’affaire Raytheon (1994) à l’affaire Alstom (initiée en 2014), la guerre économique a touché de plein fouet les entreprises françaises. Les États, bien loin des préconisations libérales, sont des acteurs constants de cette guerre économique, en particulier des pays comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, qui s’affirment comme les plus en faveur de la libre entreprise. Loin de prendre la mesure des enjeux stratégiques de ce terrain d’affrontements, la politique publique française d’intelligence économique est demeurée insuffisante depuis que la chute de l’URSS en a renforcé les enjeux. La défense des entreprises françaises contre les prises de contrôle étrangères susceptibles de conduire à des transferts de technologies sensibles, ou de mettre en péril des emplois, est donc demeurée une oubliée de l’action publique.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/comment-la-france-perd-la-guerre-economiq...  

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Derrière le Covid, le ras-le-bol des Français

L’actualité liée au Covid, sur médiatisée, tend à faire oublier que la défiance des Français à l’égard des commandements du politiquement correct et du Pouvoir n’a pas diminué, bien au contraire, comme le montrent les sondages d’opinion, y compris chez les sondeurs habituellement favorables à Emmanuel Macron. Un avertissement pour toute la classe politique dans la perspective des élections présidentielles de 2022.

Polemia

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Les demi-vérités d’Emmanuel Macron sur le peuple français

En réponse à une enquête d’Harris Interactive pour Challenges intitulée « Le cœur des Français », Emmanuel Macron a rédigé une lettre publiée par le magazine. Il s’y livre à un exercice d’autosatisfaction, vante son bilan et occulte totalement les très nombreuses zones d’ombres de ce sondage. Et de son bilan.

Front populaire

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GAFAM

Marketing, financiarisation et complexe militaro-industriel : les trois sources de la data-économie

Il est devenu banal de dénoncer l’espionnage industriel pratiqué par les GAFAM et l’extraction des données privées qui alimentent leur chiffre d’affaires. Les causes de la croissance folle de cette data-économie sont cependant rarement évoquées. Pour les chercheurs Robert McChesney et John Bellamy Foster, il faut prendre en compte trois dynamiques à l’œuvre depuis des décennies. La militarisation de l’État américain, qui l’a conduit à développer un espionnage de masse pour neutraliser les opposants à sa politique étrangère ; le développement du marketing, qui a révolutionné la publicité en ciblant avec précision des segments de population, grâce l’accumulation de données personnelles ; la financiarisation, enfin, qui a conduit les banques à requérir toujours davantage d’informations auprès de leurs clients afin d’évaluer le « risque » de leurs prêts.

Le Vent Se Lève

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GRANDE-BRETAGNE

Royaume-Uni : La nouvelle Loi sur les secrets officiels transforme les journalistes en criminels

Le gouvernement britannique a proposé une nouvelle législation pour contrer les menaces étatiques, notamment une refonte de la loi sur les secrets officiels (Official Secrets Act). Selon le ministère de l’Intérieur, cette nouvelle législation est nécessaire car « la législation existante ne tient pas suffisamment compte de la nature concrète et bien réelle que représentent les risques de l’État ».

Les-crises.fr

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ONG

Liens entre passeurs de migrants et ONG : les révélations explosives du journal allemand Die Welt n’intéressent pas les médias français

Le journal allemand Die Welt est une institution en Allemagne. Il figure parmi les journaux les plus lus outre-Rhin. Ses articles ont une réputation de sérieux, même auprès de ceux qui ne partagent pas sa ligne éditoriale. L’article qu’a publié le quotidien le 30 août 2021 contient des révélations d’une importance majeure, qui apportent de nouveaux éléments concernant les liens allégués entre les passeurs de migrants et certaines Organisations Non Gouvernementales dont les bateaux croisent en mer méditerranée.

OJIM

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Philanthropie et advocacy, des liaisons dangereuses ?

En anglais, le terme “advocacy” a été utilisé aux États-Unis dès les années 1950. Mais le concept de plaidoyer ou d’advocacy est bien plus ancien. Les mouvements abolitionnistes du XVIIIème siècle faisaient déjà de l’advocacy transnationale. Une définition délibérément large et générale pourrait être la suivante : l’advocacy est l’acte, la pratique ou les processus visant à défendre ou promouvoir une idée, une personne, une cause, un mouvement, une législation, mais également un produit ou un projet.

Le Temps

https://blogs.letemps.ch/swiss-philanthropy/2021/09/06/ph...

RÉFLEXION

"Parle à mon cul, Herr Kode !" Nos vies, décidément, sont ailleurs.

Voici un appel enlevé à la désertion numérique, au retrait du jeu, à l’indifférence aux injonctions du progrès. Ne pas ajouter son caillou à l’avalanche : telle était déjà la mise en garde de Karel Capek en 1921 dans sa pièce R.U.R, pour laquelle il forgea - en tchèque - le mot “robot”.Et vous, que préférez-vous : un cyber-fonctionnement, virtuel et optimal, ou une vie d’humain, libre et vivant ?

Pièces et Main-d’oeuvre

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RUSSIE

Grandes manœuvres d’automne: à quoi la Russie se prépare-t-elle?

L’armée russe se prépare à réaliser une série d’exercices militaires sur les marches occidentale et centre-asiatique de la Fédération début septembre. Sur le flanc occidental, l’édition 2021 des manœuvres intitulées « Zapad » se déroulera en Biélorussie du 10 au 16 septembre et mobilisera, selon le ministère russe de la Défense, 200 000 hommes, 80 avions et 760 unités blindés. À des milliers de kilomètres de là, « Rubezh-2021 » se tiendra du 7 au 9 septembre au Kirghizistan où ont été rassemblées des troupes en provenance de Russie, du Kazakhstan, et du Tadjikistan qui interagiront avec celles du pays hôte sous l’égide de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), sur fond de retrait américain de l’Afghanistan.

L’Observatoire

https://fr.obsfr.ru/analytics/blogs/12248/

SANTÉ

Scandale derrière la fausse approbation du vaccin Pfizer par la Food and Drug Administration

Ce supposé nouveau statut est utilisé par l’administration Biden et de nombreux États et entreprises pour imposer la vaccination obligatoire. Le conseiller Covid de Biden, Tony Fauci du NIAID, en conflit d’intérêts notoire, s’appuie sur cette décision pour pousser à une vaccination nationale obligatoire dans tout le pays. Ce qui n’est pas révélé, c’est le cloaque de corruption et de conflits d’intérêts entre la FDA et les grandes entreprises pharmaceutiques, dont Pfizer, qui sont à l’origine de cette approbation précipitée. Et il ne s’agit pas d’une approbation complète pour le vaccin de Pfizer, mais seulement pour le vaccin juridiquement différent de BioNTech.

Le Saker francophone

https://lesakerfrancophone.fr/scandale-derriere-la-fausse...

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SUEDE

L’immigration en Suède, source de délinquance et de criminalité. Le rapport qui accable

La Suède ne mène pas une politique sanitaire tyrannique à l’heure actuelle vis à vis de son propre peuple. Cela n’en fait pas un pays modèle, notamment en matière d’immigration, car ce pays scandinave semble être le symbole même de l’aveuglement gauchiste par excellence, aveuglement qui a conduit ce pays à accueillir des immigrés depuis plusieurs décennies (alors que la Suède n’a jamais eu la moindre politique coloniale par le passé), et au final, à mettre en danger sa propre population.

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2021/09/07/170087/limmigratio...

samedi, 11 septembre 2021

Toutes les failles qui divisent l'Allemagne

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Toutes les failles qui divisent l'Allemagne

Andrea Muratore
Ex: https://it.insideover.com/politica/tutte-le-faglie-che-dividono-la-germania.html

Les toute prochaines élections allemandes révèlent une fois de plus les différentes failles au sein de la République fédérale et la possibilité qu'elles se reflètent dans les années à venir dans un pays qui s'apprête à être orphelin d'Angela Merkel.

Merkel et le syncrétisme allemand

La Chancelière, personnage complexe et souvent controversé, avant même d'exercer un leadership clair et énergique, a été une figure centrale de la politique allemande parce qu'elle a interprété un véritable syncrétisme des âmes politiques et sociales du pays. Chrétienne évangélique, elle a relancé au fil des ans l'alliance entre sa CDU et son "parti jumeau" bavarois, la CSU, gérant également les crises et les tensions avec l'ancien dirigeant de Munich et ministre de l'intérieur Horst Seehofer; premier chef de gouvernement issu de l'ancienne République démocratique allemande et première femme au pouvoir à Berlin, son programme politique a cherché à promouvoir les tentatives de réduction du fossé économique et producteur entre les deux Allemagnes; au nom de la relance et de la centralité de Berlin sur le Vieux Continent, elle a promu des gouvernements de coalition ouverts à la fois aux sociaux-démocrates (trois fois depuis 2005) et aux libéraux (2009-2013), cherchant à créer un consensus général dans l'intérêt national du pays.

Lignes de faille politiques et sociales

Mais un compromis ne peut reposer que sur une seule personne. Au contraire, la division en trois dans les prévisions des sondages électoraux allemands pour le vote du 26 septembre entre la CDU, les sociaux-démocrates et les Verts n'est pas seulement le reflet de la complexité croissante de la société allemande, mais aussi la manifestation de différentes visions du monde au sein du pays.

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Pour faire simple, l'Union chrétienne-démocrate est au mieux de sa forme dans le sud de l'Allemagne et dans son fief traditionnel de Bavière, les Verts ont gagné du terrain en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, véritable État dans l'État avec une population et un PIB comparables à ceux des Pays-Bas et un pôle industriel allemand traditionnel, et les sociaux-démocrates ont connu une hausse principalement due à leur remontée dans les sondages dans les Länder de l'Est, où une grande partie de l'électorat ouvrier et de gauche avait choisi de voter pour le mouvement protestataire Alternative fur Deutschland. Cette tripartition va de pair avec une complexité interne qui émerge et met en lumière des différences économiques, politiques, sociales et même religieuses.

L'Allemagne, un pays divisé

L'Allemagne est un pays qui a toujours lutté au cours des siècles pour trouver l'unité dans la complexité. Depuis les luttes entre les seigneurs féodaux impériaux jusqu'à l'ère du cuius regio eius religio après la Réforme protestante, c'est le pouvoir impérial qui a joué le rôle de médiateur, bien que de Frédéric II de Souabe à Charles V de Habsbourg, même les souverains les plus importants aient fait l'expérience directe de l'animosité des princes allemands; la désintégration du Saint Empire romain germanique à l'époque napoléonienne d'abord, puis l'épopée complexe de la Prusse d'Otto von Bismarck, ont montré à quel point le particularisme est un trait distinctif de la politique et de la société allemandes, sous une forme amplifiée par rapport au reste de l'Europe. L'Allemagne impériale d'abord, le Troisième Reich ensuite, lors des deux guerres mondiales, ont fait respectivement de la Weltpolitik et du pangermanisme revanchard le facteur unificateur pour comprimer les différences internes, voyant leurs projets respectifs sombrer avec la défaite dans la guerre.

Ce n'est qu'après la Seconde Guerre mondiale que la République fédérale a tenté de créer un modèle de développement et une construction sociale qui constituerait un point de référence commun à l'ensemble du pays, tandis qu'à l'Est, le syndrome de la "mort de la patrie" était moins perceptible en raison de la redécouverte par le régime socialiste de divers récits liés à l'histoire du pays. Les vingt premières années après la réunification ont donné lieu à une tentative d'interpénétration entre différentes instances qui est entrée en crise lorsque l'Allemagne, vainqueur de l'intégration économique européenne, superpuissance commerciale, nation au centre de l'Europe, a commencé à subir les conséquences de la récession continentale à laquelle sa politique d'austérité a contribué, que de vieilles failles se sont rouvertes dans la société et que la politique est devenue de plus en plus dépendante du rôle de synthèse dévolu à la chancelière.

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La faille de Munich-Berlin

En 2019, Massimo Cacciari, s'adressant à la revue italienne Limes, soulignait l'ouverture d'une faille entre Munich et Berlin, entre l'Allemagne catholique et conservatrice et celle qui tourne autour de la capitale, entre l'industrie traditionnelle ouverte sur l'Europe centrale et l'idée d'une nouvelle Weltpolitik commerciale, entre la récupération d'un sentiment d'identité et le profil bas que Merkel voulait continuer à maintenir. Dans le contexte allemand, notait Cacciari, "nous avons vu cette contradiction, ce conflit entre les deux capitales de l'esprit allemand, s'accentuer. Cela signifie que la grande synthèse entre ces deux grandes âmes du "centre" allemand, le Zentrum, ne tient plus" et risque de ne pas pouvoir survivre au départ de la Chancelière. L'Union, après le refus de nommer à la chancellerie le leader bavarois Markus Söder à la place de l'anonyme Amin Laschet, risque à terme d'entraîner une défaite politique douloureuse, certifiant la difficulté de relancer cette synthèse qui incarne le compromis géopolitique sur lequel repose l'Allemagne.

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De plus, Söder (photo) lui-même a interprété l'agacement croissant de Munich à l'égard de Berlin qui, d'un point de vue politique, a toujours été davantage orienté vers la volonté de perpétuer la Grande Coalition avec les sociaux-démocrates dont le leader Olaf Scholz, par une étrange hétérogénéité des fins, pourrait reprendre l'héritage. Le fait qu'au début de la pandémie à Munich, le mot d'ordre s'était répandu que le Covid, selon de nombreux dirigeants de la Bavière proches de Söder et la presse populaire, serait amené dans l'État libre par les "Allemands" donne une idée de la façon dont la situation tendue actuelle crée une réouverture de blessures longtemps considérées comme dormantes.

Un modèle social à reconstruire

La crise du compromis Berlin-Munich est le signe d'une tension au sein du monde politique et économique allemand, également, sinon surtout, en ce qui concerne les perspectives du pays après des années où l'objectif stratégique était le renforcement de la capacité d'exportation de l'industrie. Un modèle poursuivi aussi et surtout à travers des réformes déflationnistes internes (en premier lieu le dit "paquet Hartz"), qui a conduit à une augmentation des profits et du chiffre d'affaires mais qui, en contrepartie, a généré une augmentation des inégalités, une croissance de la pauvreté et une réduction du pouvoir d'achat des citoyens qui ont diminué leur possibilité de devenir les premiers acheteurs de l'industrie dont ils étaient dépendants. Le Covid, qui a poussé le gouvernement de la Chancelière à revenir sur le terrain économique, a en fait signalé la nécessité d'un nouveau pacte social, rendu manifeste également par la croissance de la ligne de fracture entre le centre et la périphérie au sein même des Länder les plus prospères.

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La récente catastrophe environnementale liée aux inondations de juillet qui ont touché la Westphalie a signalé, en ce sens, une asymétrie dans la perception des problèmes concrets et des dynamiques actuelles entre des parties du pays qui étaient autrefois plus en communication les unes avec les autres. Les villes bourgeoises, progressistes et libérales d'Allemagne votent vert dans le sillage d'un sentiment écologiste que l'on peut qualifier de légitime; les provinces subissent les dommages de plans d'aménagement du territoire mal conçus, de la dégradation de l'environnement et de questions connexes, ce qui signale un décalage avec la perception de l'électorat urbain.

La question orientale

Dans cette perspective, la question centrale du dualisme Est-Ouest apparaît même diluée. Cette question est tellement structurelle qu'elle a attiré la grande attention des décideurs politiques ces dernières années et a gagné en centralité dans le débat public après le passage en force de l'Afd dans les Länder de l'ancienne RDA. Les gouvernements allemands ont tenté de combler ce fossé en cherchant à réduire les écarts de production et d'investissement, oubliant souvent la matrice culturelle différente liée à un demi-siècle de destins différents pendant la guerre froide. Et, comme l'a rappelé Vladimiro Giacché dans Anschluss, forçant une intégration accélérée de l'Est dans la dynamique du marché occidental, qui a produit dans une première phase un déclin productif et démographique avant que la pente ne commence à s'inverser dès que le moteur économique occidental a ralenti.

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La montée de l'Afd et du vote protestataire à l'Est a mis en avant le problème des inégalités: les Allemands de l'Est, note L'Espresso, ont "une espérance de vie plus faible, des revenus plus bas, un taux élevé de jeunes quittant l'école sans diplôme, une assistance locale sous-développée, etc.", et perçoivent l'Ouest comme "dominant": "une enquête menée par la radio publique Mdr (Mitteldeutscher Rundfunk) en 2021 a révélé que les 29 secrétaires d'État des Länder est-allemands sont tous originaires de l'Ouest. Sur les 108 recteurs d'université des nouveaux Länder, seuls deux sont originaires de l'Est, et seuls deux sur 183 sont membres des conseils d'administration des 30 sociétés cotées à l'indice Dax.

Un pays divisé s'apprête donc à choisir le successeur de celle qui, pendant tant d'années, a incarné les forces et les faiblesses de l'éthique allemande, a servi de point de synthèse pour un pays complexe et a tenté d'équilibrer un système que les inégalités économiques et la pandémie ont mis sous pression. Après le vote, l'Allemagne pourrait être aussi hégémonique en Europe que vulnérable sur le plan intérieur, reproposant pour la énième fois une histoire hétérogène et complexe faite de grandes et petites fragmentations.

Byung-Chul Han : Comment les objets ont perdu leur magie

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Byung-Chul Han : Comment les objets ont perdu leur magie

Par Gesine Borcherdt

Ex: http://novaresistencia.org/2021/09/10/byung-chul-han-como-os-objetos-perderam-sua-magia/

Parfois taxé de pessimiste culturel pour s'être fait l'écho de préoccupations similaires si présentes chez Nietzsche et Heidegger quant à la crise du monde contemporain, Byung-Chul Han fait de celle-ci une critique dure et profonde alors que le monde de l'information supplante les relations avec l'autre et avec les objets, qui par la puissance de notre force vitale, acquièrent une présence.

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L'autre jour, j'ai accidentellement renversé une théière décorative en argent qui était ma compagne depuis 20 ans. Les dégâts ont été immenses, tout comme mes regrets. J'ai souffert d'insomnie jusqu'à ce que je trouve un orfèvre qui m'a promis de pouvoir la remettre en ordre. Maintenant, j'attends impatiemment son retour, craignant que lorsqu'elle reviendra, elle ne soit plus la même. Cependant, cette expérience m'a amené à me demander pourquoi je m'en suis débarrassé de cette manière.

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"Les choses sont des points de stabilité dans la vie", déclare Byung-Chul Han, dans son nouveau livre Undinge. "Les objets stabilisent la vie humaine autant qu'ils lui donnent une continuité", décrit Han. La matière vivante et son histoire donnent à l'objet une présence, qui active son environnement. Les objets - en particulier les objets élaborés et chargés d'histoire, pas nécessairement artistiques - peuvent développer des propriétés quasi magiques. Undinge parle de la perte de cette magie. "L'ordre numérique désobjectivise le monde en le rendant informationnel", écrit-il. "Ce sont les informations, et non les objets, qui régulent le monde vivant. Nous n'habitons plus la terre ou le ciel, mais le cloud et Google Earth. Le monde devient progressivement intouchable, brumeux et fantomatique".

Ce genre de position critique sur le présent, écrite dans des phrases claires et zen, est caractéristique de l'écriture de Han. De La société de la fatigue à La disparition des rituels, il décrit notre réalité contemporaine comme une réalité dans laquelle les relations avec l'autre - qu'il s'agisse d'un être humain ou d'un objet - se perdent; comme une réalité dans laquelle le glissement d'un doigt sur un smart-phone remplace le contact et les relations réelles. La qualité éphémère de l'information et de la communication virtuelle, qui efface, par amplification, tout sens profond ou toute permanence, déplace l'objet - qu'il s'agisse d'un juke-box dans l'appartement de l'auteur ou d'un téléphone de l'enfance de Walter Benjamin, notoirement "lourd comme des haltères" - dont la présence physique est la résidence de la composante humaine, ou une aura, qui rend l'objet vivant et mystérieux.

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Selon Han, l'information, en revanche, n'illumine pas le monde. Elle le déforme, horizontalisant la frontière entre le vrai et le faux. "Ce qui compte, c'est l'effet à court terme. L'efficacité remplace la vérité", écrit-il. Pour Han, notre culture du stimulus post-factuel est une culture qui déborde de valeurs qui prennent du temps comme la loyauté, les rituels et l'engagement. "Aujourd'hui, nous courons après l'information sans acquérir de connaissances. Nous prenons note de tout, sans acquérir la perspicacité. Nous communiquons constamment, sans participer à la vie commune. Nous possédons des données et encore des données, sans mémoire. Nous accumulons les amis et les followers, sans faire de rencontres. C'est ainsi que l'information développe une forme de vie : inexistante et impermanente."

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Han parle de l'infosphère qui se superpose aux objets. L'atmosphère qui se développe dans l'espace réel à travers les relations avec les autres et ce qu'il appelle "les choses proches du cœur" disparaît au profit des écrans tactiles, qui suggèrent des expériences brèves et incorporelles. Ce sont ces positions qui ont valu à Han une réputation de pessimiste culturel - d'être un romantique pleurnichard et réactionnaire qui aime s'apitoyer sur son sort. Oui, naturellement, le bouton "Like", l'"enfer de la similitude" et Martin Heidegger comme antithèse terrestre de notre monde affirmé et virtuellement défini sont des sujets sur lesquels il faut revenir. Ces mantras - il y a une qualité presque méditative dans son écriture, qui donne un aperçu et une compréhension sans forcer le lecteur à atteindre des sphères plus élevées - doivent être compris comme des ancrages pour les concepts de base, laissant un horizon à élargir avec la lecture.

Même s'il n'est pas de langue maternelle allemande, Han est capable de disséquer de manière fascinante la sémantique morose de Heidegger, le philosophe de la Forêt Noire, dans son analyse du contemporain, tout comme il est capable de polir les mots de manière à ce qu'ils semblent posséder une qualité typiquement physique qui leur permet presque de devenir, eux-mêmes, des objets.

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En effet, de nombreux artistes sont attirés par le travail de Han précisément en raison de son élision de la forme et du sens: le langage pictural minimaliste-existentiel qu'il utilise de façon si pointue, d'une manière qui s'apparente à la meilleure forme d'art. Il convient également de noter que Han n'a pas eu besoin d'attendre la pandémie pour décrire comment nous sommes volontairement attachés à nos ordinateurs, comment nous nous exploitons dans le modèle du bureau à domicile, comment il nous permet de nous sentir créatifs, intelligents et connectés tout en couvrant notre sentiment de précarité avec des glissements d'écran et des "likes"; il l'a fait il y a plus de dix ans.

Il en est maintenant au stade de l'engagement et de la responsabilité, citant des passages du Petit Prince: "On devient éternellement responsable de ce que l'on tient captif. Tu es responsable de la rose", comme le dit le renard. En plus de "on ne peut bien voir qu'avec le cœur". De plus, Han le fait d'une manière si désarmante que l'on comprend pourquoi les autres philosophes le snobent. Dans une discipline qui se délecte de la complexité et du manque de contact avec la réalité, quelqu'un comme lui ne peut pas bien faire. Toutefois, il convient de noter que si ceux qui ont stoïquement pris le taureau par les cornes se sont toujours fait encorner, leurs actions ont le plus souvent fini par leur donner raison.

Source : ArtReview

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Douze œuvres de science-fiction qui ont préfiguré la grande réinitialisation

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Raphael Machado:

Douze œuvres de science-fiction qui ont préfiguré la grande réinitialisation

Ex: http://novaresistencia.org/2021/09/08/12-obras-de-ficcao-cientifica-que-prenunciaram-o-grande-reset/

Le Great Reset est le projet de restructuration économique mondiale et d'ingénierie sociale annoncé par le Forum de Davos l'année dernière, en pleine pandémie. Dans le cadre de son programme, nous avons le capitalisme vert (qui implique la privatisation de la nature), le remplacement à grande échelle des travailleurs par des machines, l'intensification de la précarisation du travail, la promotion du génie génétique et du transhumanisme, et diverses autres idées, toutes au profit des milliardaires et de la destruction inéluctable de l'humanité. Mais la Grande Réinitialisation a été annoncée, tout au long des XXe et XXIe siècles, par des pronostics que l'on repère dans la littérature de science-fiction. Plus que de simples fantasmes lysergiques ou des divertissements puérils, nombre des ouvrages que nous énumérons ici se sont révélés être de véritables manuels de l'élite mondiale.

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12 - Le Camp des Saints (Jean Raspail)

Le Camp des saints, de l'écrivain français Jean Raspail, dûment primé et décédé en 2020, est probablement le point le plus politiquement incorrect et le plus controversé de notre liste. Publié en 1973, Le Camp des saints relate le voyage simultané de centaines d'immenses navires, chacun chargé de milliers ou de dizaines de milliers d'immigrants, du tiers-monde vers l'Europe. Dans les capitales européennes, une élite complaisante et aliénée, dotée d'une "mauvaise conscience", célèbre l'arrivée des immigrants comme une "rédemption" pour le passé.

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Sur les plages du sud de l'Europe, la population autochtone fuit de peur. Les soldats, sans la fibre morale de leurs ancêtres et sans soutien politique ou médiatique, désertent et fuient face à l'invasion. Les hordes invasives refusent de s'intégrer, elles pillent, assassinent les indigènes et continuent d'exiger un niveau de vie digne du premier monde, soutenues dans les rues par des mouvements anarchistes. En quelques jours, tous les gouvernements européens capitulent, les nouveaux arrivants deviennent la majorité de la population en l'espace de quelques mois, et les familles blanches sont contraintes de partager leur foyer avec des immigrants. Le livre est écrit comme s'il s'agissait du journal d'un personnage qui se serait réfugié en Suisse, le seul pays qui n'a pas encore ouvert ses frontières, et qui est condamné et sanctionné par tous les autres pays occidentaux jusqu'à ce qu'il ouvre enfin ses frontières lui aussi. Une vision dystopique véritablement prophétique, et pour cette raison même, condamnée et attaquée de manière de plus en plus fanatique au fil du temps.

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11 - Soft City (Hariton Pushwagner)

Soft City, bande dessinée légendaire de l'icône du pop art norvégien Hariton Pushwagner, offre une vision de la massification titanesque de la vie dans une mégalopole moderne. L'œuvre a été perdue peu après son achèvement en 1975 et n'a été retrouvée, dans un grenier, qu'en 2002. Écrit et dessiné entre (et pendant) des trips de LSD, Soft City dépeint une journée dans une mégalopole d'un futur (ou d'un présent ?) dystopique. Des bâtiments immenses, massifs et impersonnels dominent le paysage, avec des millions de personnes, plus ou moins identiques, vivant un quotidien plus ou moins identique et répétitif, comme des fourmis qui vivent pour travailler, manger, procréer et dormir, et regarder la télévision entre les deux. Pour maintenir la population satisfaite et conforme, des pilules et un régime alimentaire conçus pour éliminer toute dissidence et dissoudre tout sens de la personnalité. Rappelant des œuvres cinématographiques telles que Metropolis de Fritz Lang ou Les temps modernes de Charles Chaplin, Soft City reflète la banalité et l'aliénation de la vie quotidienne qui est la nôtre (ou du moins qui l'était, jusqu'au confinement perpétuel), démontrant que le futur dystopique tant redouté par les visionnaires du début et du milieu du XXe siècle est déjà là.

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10 - Fahrenheit 451 (Ray Bradbury)

Fahrenheit 451 est l'œuvre la plus célèbre de l'écrivain américain Ray Bradbury, peut-être le principal responsable de la promotion de la science-fiction comme haute littérature, et non plus comme épra-littérature". L'œuvre a été écrite en 1953, en pleine période de persécution idéologique du maccarthysme. Mais si, à première vue, il semble qu'il traite principalement des dangers de la censure d'État, et c'est dans ce sens qu'il est diffusé aujourd'hui, ce n'est pas ce que Bradbury avait l'intention d'aborder avec ce livre. En fait, si Fahrenheit 451 ne portait que sur la censure d'État, l'œuvre ne mériterait même pas d'être mentionnée ici. Dans l'univers construit par Bradbury, l'humanité se désintéresse tout simplement des livres avec l'avènement de la télévision. Pour aggraver les choses, tous les pays deviennent tellement "diversifiés" qu'il n'y a tout simplement plus de majorités, seulement des minorités partout. Chacune de ces minorités se sent offensée et agressée par certaines choses, et elles exigent toutes des coupes dans les oeuvres, une censure permanente et des révisions "politiquement correctes" des créations littéraires. Pour faire face à cette situation, et pour concurrencer la télévision, les livres sont de plus en plus abrégés, au point de ne plus contenir de récits, mais seulement des résumés de faits. Ce n'est qu'après tout cela que le gouvernement commence à utiliser les services des pompiers pour brûler de vieux livres, offensants pour les minorités, et sur la base des plaintes des voisins. Et rien de tout cela n'est une "interprétation". Ray Bradbury a littéralement dit que Fahrenheit 451 traitait des dangers du politiquement correct et de l'hégémonie des minorités lors d'interviews dans les années 1990 et la première décennie du nouveau millénaire.

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9 - Neuromancien (William Gibson)

L'un des pères de la littérature dystopique cyberpunk, Neuromancer est probablement la principale œuvre responsable des visions d'un avenir dans lequel l'humanité vit connectée à des appareils de simulation collective de la réalité. En ce sens, le classique de William Gibson a donc été la principale influence littéraire de la série de films Matrix des frères Wachowski. Avec une étrange prescience, Gibson a inventé en 1982 le concept de cyberespace, comme une hallucination collective consensuelle avec un arrière-plan technologique, qui n'est devenu que récemment l'objet de réflexions stratégiques et géopolitiques et un nouveau champ de bataille dans les opérations de guerre hybride des grandes puissances. Le monde de Neuromancer est une désolation urbaine d'immeubles couvrant toute la planète, où il n'y a que des super-riches et des travailleurs précaires, les deux classes "améliorées" par des implants cybernétiques, soit dans des hôpitaux de luxe, soit dans des cliniques clandestines. Dans ce monde entièrement contrôlé par des méga-corporations transnationales sans visage, les hackers agissent comme des mercenaires dans des guerres secrètes privées. C'est un monde entièrement homogénéisé, pasteurisé, standardisé et nivelé par l'accélération de la mondialisation, avec une population nomade et mixte entièrement dépendante de la technologie et totalement ensorcelée par les stimuli hormonaux dérivés d'une réalité virtuelle à laquelle on accède par des implants. Impossible de ne pas être troublé par les parallèles avec notre monde et, pire, avec le monde que le Forum économique mondial veut instaurer par le biais du Great Reset.

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8 - Transmetropolitan (Warren Ellis)

Histoire d'un journaliste indépendant, en guerre contre le gouvernement, les médias et les institutions, Transmetropolitan se déroule dans un avenir lointain où les mégapoles s'étendent sur la majeure partie de la surface de la planète et où la technologie est si avancée qu'elle permet le clonage de masse et toutes sortes de manipulations génétiques. L'humanité se dégrade dans la même mesure, inversement proportionnelle, que la technologie progresse. Dotée d'une mémoire et d'une capacité d'attention très courtes et d'un goût pour l'iconoclasme aveugle, la société humaine suit des modes allant des implants pour ressembler à des extraterrestres à la consommation de chair humaine génétiquement modifiée. Le protagoniste, Spider Jerusalem, est un anarchiste sociopathe toxicomane, clairement inspiré de Hunter S. Thompson, qui lance une enquête sur le président qui révèle d'immenses systèmes de corruption et qu'en fait, le politicien en question ne voulait se faire élire que parce qu'il détestait le peuple et voulait faire de sa vie un enfer. Contre un gouvernement corrompu et un peuple apathique qui ne se soucie que de satisfaire ses propres désirs éphémères, l'arme de la vérité.

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7 - La machine s'arrête (Edward Morgan Foster)

Dans la liste que nous établissons ici, c'est probablement notre lecture la plus sombre et peut-être aussi la plus dérangeante. The Machine Stopped est une nouvelle publiée en 1909 par Edward Morgan Foster, nominé 16 fois pour le prix Nobel de littérature, et surtout connu pour son œuvre A Passage to India, qui a été adaptée au cinéma par David Lean et a remporté deux Oscars. Avec un peu plus de cent ans d'avance, Foster envisageait un avenir d'isolement individuel absolu, où chaque personne vivrait dans des cubicules hexagonaux, sans jamais voir ni avoir de contact personnel avec un autre être humain. Dans ce futur, une immense machine mondiale connecte tous les individus dans un réseau de communication vidéo. Les boutons donnent accès aux produits de première nécessité tels que la nourriture, les vêtements et les divertissements, et pratiquement tout le monde se satisfait de cette existence sans contact humain, sans effort et sans accès au plein air et à la nature.

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Pourquoi vivent-ils tous dans ces cubicules souterrains ? Car selon les autorités, le monde extérieur est inhabitable et il n'est pas possible de respirer l'air de la surface. Les personnes ne doivent pas non plus avoir de contact avec d'autres personnes, en raison du risque de contamination. Le protagoniste est un homme insatisfait et non conformiste, qui prend la difficile décision d'abandonner le confort et la sécurité de son box pour s'échapper de la Machine et s'aventurer dans le monde extérieur, qu'il découvre non seulement habitable mais aussi doté de paysages de nature luxuriante.

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6 - 1984 (George Orwell)

Probablement le titre le plus célèbre de notre liste et, à notre avis, injustement considéré comme le récit dystopique qui ressemblerait le plus à notre présent (ou futur proche). Néanmoins, 1984 reste un classique et une œuvre très intéressante de George Orwell. Nous osons faire une interprétation de cette œuvre qui va au-delà de la surface. La droite admire la littérature orwellienne parce qu'elle a construit le fantasme qu'il est un auteur anticommuniste et que cela suffit (tout comme ils ont falsifié Soljenitsyne). La réalité est que, avec ses nuances (et nous nous référons ici à la notion que le monde d'aujourd'hui doit plus à la dystopie huxleyenne qu'à la dystopie orwellienne), le totalitarisme décrit par Orwell, avec ses éléments de nouveaux riches et de double langage, est pleinement et exactement réalisé dans notre société occidentale globale, libérale et unipolaire. La "désidéologisation" post-libérale qui a lieu dans les années 1990 a précisément pour outil la construction progressive d'un "code linguistique" qui sert à délimiter les positions entre amis et ennemis. Ce "code linguistique" est précisément ce que l'on appelle aujourd'hui le "politiquement correct".

Le politiquement correct est exactement le code linguistique du post-libéralisme (c'est-à-dire du libéralisme dans sa phase postmoderne). Il appelle l'avortement "avortement" et les coupes sociales "réforme". Elle donne à sa dictature mondiale le terme de "gouvernance" et appelle la guerre des sexes et la dé-féminisation des femmes "autonomisation". Les bombardements et les coups d'État sont appelés "interventions humanitaires", tandis que des mots comme "patrie", "virilité" et autres sont interdits ou ridiculisés. La précarisation des relations libérales est appelée "flexibilisation", tandis que les ennemis sont paralysés, effrayés ou réduits au silence par des "mots-clés" tels que "macho", "fasciste", etc. Quelles que soient les intentions d'Orwell, sa dystopie se déroule précisément dans la société ouverte, aux antipodes du fascisme et du communisme. Et c'est là, dans cette imprévisibilité de la réalisation de la prédiction, dans la fuite au-delà des intentions conscientes de l'artiste, que nous voyons comment l'œuvre d'art, lorsqu'elle est vraiment grande, devient beaucoup plus grande que son créateur.

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5 - The Private Eye (Brian K. Vaughan)

The Private Eye de Brian K. Vaughan est présent sur un mode inhabituel dans notre liste. Alors que la plupart des autres œuvres de la liste traitent du rôle croissant de l'internet et de la virtualisation de la vie, The Private Eye traite d'un avenir post-internet. Dans un futur dystopique où l'humanité est entièrement dépendante de l'internet, des médias sociaux et des nuages de stockage de données, un événement aux proportions apocalyptiques surnommé "Cloud Burst" expose publiquement tous les secrets, les goûts, les peurs, les intérêts et les fétiches de l'humanité. La fuite massive de données entraîne une paranoïa généralisée et, à partir de ce moment, tout le monde commence à porter des masques dans ses relations sociales, à utiliser de faux noms et à mener une vie aussi isolée et privée que possible. L'Internet n'existe plus. La vie privée devient le bien le plus précieux, et l'isolement et l'anonymat permanent deviennent la norme. Le protagoniste est un détective privé engagé pour enquêter sur la vie de la personne qui l'a engagé, pour passer au peigne fin toute information passée qui pourrait affecter ses perspectives d'emploi, et finit par être impliqué par inadvertance dans une intrigue beaucoup plus vaste... .

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4 - Altered Carbon (Richard K. Morgan)

Écrit par Richard K. Morgan, l'un des auteurs de science-fiction les plus primés de ces dernières années, Altered Carbon se déroule dans un futur lointain. Tous les pires cauchemars dystopiques se sont réalisés et ont même été transcendés. L'humanité est déjà passée par la phase des cyborgs, des implants cybernétiques et du génie génétique avec la fusion entre l'ADN humain et l'ADN animal. Des scientifiques ont découvert le secret de l'immortalité matérielle, en réalisant une scission artificielle entre la "conscience" et le corps.

La "conscience" est désormais stockée sur des disques durs situés à l'arrière de la tête, et le contenu de ces disques peut être transporté par la technologie de communication par satellite. C'est précisément cette avancée qui a permis à l'humanité de coloniser des planètes dans toute la galaxie. Mais cette séparation définitive entre le corps et la conscience a des implications immenses et sinistres. D'une part, le corps est définitivement devenu une simple marchandise, un pur objet. L'inégalité matérielle fait que les riches peuvent toujours choisir le corps qu'ils retrouveront après leur mort, tandis que les pauvres doivent se contenter de corps tirés au sort, de corps donnés ou de restes. Ceux qui n'y ont pas accès voient leur conscience figée à jamais dans un tiroir.

Des siècles de ce processus ont assuré un abîme incommensurable entre les zillionnaires littéraux (appelés "Mathusalem") et les gens ordinaires. Les technologies de réalité virtuelle sont à l'origine des divertissements les plus populaires. Grâce à elles, il est possible d'expérimenter toutes sortes de sensations et de perceptions depuis un fauteuil. Il est possible de faire l'expérience de la prostitution virtuelle et des robots prostitués, tandis que les Mathusalem (pour la plupart dégénérés par l'ennui généré par l'immortalité) fréquentent assez fréquemment les bordels de luxe où il est possible de payer pour assassiner le corps (mais pas la conscience) d'une prostituée. L'humanité, dispersée sur plusieurs planètes, est gouvernée par une sorte de Fédération sur le modèle de l'ONU. Globalement, on peut dire qu'Altered Carbon dépeint le futur lointain d'un monde où la Grande Réinitialisation s'est déroulée sans entrave.

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3 - Feed : Total Connection (Matthew Tobin Anderson)

Feed : Total Connection, écrit par Matthew Tobin Anderson, est l'une des œuvres les plus récentes de cette liste. C'est peut-être pour cette raison qu'elle présente un très haut degré de précision dans son analyse. Comme de nombreuses autres œuvres de dystopie cyberpunk, Feed aborde des thèmes tels que le consumérisme, la domination planétaire par une oligarchie internationale d'entreprises et des questions telles que les technologies de l'information, l'extraction de données et la protection de la vie privée, mais avec un accent thématique spécifique. Dans Feed, la majeure partie de l'humanité a déjà reçu des implants cérébraux capables de permettre une connexion directe à l'internet. Dans ce cas, il n'y a pas de contrôle personnel sur son corps, ses sentiments ou même sa propre mémoire. Comme aujourd'hui, après avoir simplement mentionné quelque chose qui nous intéresse, nous sommes déjà bombardés par le marketing de produits sur notre téléphone portable et notre ordinateur, dans Feed tout cela se passe dans l'esprit même. Avez-vous pensé à aller à la plage ? Vous recevez immédiatement un marketing publicitaire d'une agence de voyage. De tous les futurs décrits dans la littérature dystopique, celui-ci est peut-être le plus littéralement réaliste et le plus proche de nous aujourd'hui.

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2 - La machine à remonter le temps (H.G. Wells)

Le classique La machine à explorer le temps, du très célèbre H.G. Wells, raconte un futur situé dans des millions d'années, dans lequel l'humanité a évolué au point de se diviser en deux espèces distinctes: les Eloi et les Morlocks. Les premiers sont des êtres physiquement parfaits (mais intellectuellement naïfs, absolument dépourvus d'esprit et d'initiative) qui vivent dans l'oisiveté et ne consomment que ce qui est produit par les Morlocks. Ces derniers sont une race hideuse et grotesque qui vit sous terre et qui est la seule capable de produire des biens de consommation, faisant véritablement vivre les Eloi. Les Morlocks, eux, se nourrissent des Eloi. Le protagoniste de l'histoire, connu seulement comme le Voyageur du temps, considère que, malgré tous les regrets, ce futur de l'humanité est une utopie. Selon lui, c'est le destin de la société de classe: le prolétariat deviendra les Morlocks et l'élite deviendra les Eloi.

Les métaphores avec les divisions de classe dans notre société sont évidentes. Et si nous prenons les autres œuvres mentionnées ci-dessus, ainsi que les récents développements concrets de la science et de la technologie, nous voyons réellement une élite qui s'éloigne de plus en plus des masses et qui aura bientôt accès au génie génétique pour assurer sa propre perfection physique, tandis que la majeure partie de l'humanité vivra très bientôt dans des bidonvilles, des ghettos, des tenements et des cubicules. Le plus intéressant ici, cependant, est que Wells n'était pas simplement un écrivain, mais effectivement un penseur, avec des prétentions d'ingénieur social, engagé dans les projets mondialistes de la Fabian Society. Ses œuvres ne sont pas de simples fantaisies destinées à divertir, mais recèlent des contenus programmatiques.

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Dans des ouvrages comme La conspiration ouverte ou Le nouvel ordre mondial, il prône l'instauration d'un État mondial, fondé sur le libre marché, qui éliminerait les frontières, tout nationalisme, toute identité, gouverné par des techniciens et des scientifiques, qui auraient pour objectif de garantir la paix, le bonheur et les loisirs. Les écrits de Wells ont influencé la fondation de la Société des Nations, ainsi que la Déclaration universelle des droits de l'homme. En pratique, on peut considérer que le Great Reset n'est rien d'autre que la mise en œuvre des idées de H.G. Wells.

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1 - Brave New World (Aldous Huxley)

Il n'est pas surprenant que l'œuvre littéraire qui se rapproche le plus du projet de la Grande Réinitialisation et qui préfigure donc le mieux notre avenir soit le Brave New World d'Aldous Huxley. L'humanité a été presque entièrement unifiée par un État mondial dirigé par une technocratie de scientifiques et d'ingénieurs qui ont fait du transhumanisme une réalité. Les enfants ne naissent plus de manière naturelle, mais sont produits en laboratoire, par génie génétique. Les différentes religions ont été remplacées par une religion synthétique. Les cultures traditionnelles n'existent plus, l'ensemble de l'humanité participe à la même pseudo-culture de divertissement trivial permanent. En outre, les citoyens vivent constamment dopés par le Soma, une drogue de synthèse qui garantit le bonheur, la passivité et la docilité.

L'économie est entièrement basée sur la consommation et grâce à l'omniprésence des médias de masse, l'homme sert l'économie par une consommation constante plutôt que d'utiliser l'économie comme un moyen. Si d'autres dystopies prévoient une coercition directe, Brave New World envisage un avenir dans lequel chaque aspect de la vie humaine est contrôlé par de grandes entreprises et une technocratie gouvernementale, où personne ne possède rien qui lui appartienne ni aucune liberté authentique, mais où personne ne s'en soucie et où tout le monde est simplement heureux et distrait par d'innombrables futilités. Il s'agit d'une expression littéraire de la devise infâme du Forum de Davos énoncée par Klaus Schwab: "Vous n'aurez rien et serez heureux".

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EGO NON - FAQ: influences, Nietzsche, clivage droite/gauche, philosophie, etc.

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EGO NON - FAQ: influences, Nietzsche, clivage droite/gauche, philosophie, etc.

 
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Ethnologie et ontologie des peuples de l'Afrique de l'Ouest 

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Ethnologie et ontologie des peuples de l'Afrique de l'Ouest 

Alexandre Douguine

Ex: https://katehon.com/ru/

Une branche de la famille nigéro-congolaise est constituée par le peuple mandé. Les langues de cette famille linguistique diffèrent sensiblement des autres langues nigéro-congolaises par des paramètres fondamentaux, c'est pourquoi les linguistes les considèrent comme les premières à se séparer du tronc principal, avec les langues Ijo et Dogon. Les différences entre le mandé et la structure même de la famille nigéro-congolaise sont si grandes qu'il existe des classifications qui séparent les langues mandé et les attribuent à une famille distincte.

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Les peuples mandés ont des origines très anciennes et ont été les fondateurs et la classe dirigeante des anciens empires d'Afrique de l'Ouest. On considèere que le foyer ancestral des peuples mandés est la région du Mandé, dans le sud-est du Mali actuel, d'où diverses tribus se sont répandues dans toutes les directions, formant des types de sociétés distinctes liées par la similitude de la langue et de la culture, mais avec une identité séparée et souvent assez distincte.

Les langues mandées sont divisées en trois grandes branches - occidentale, orientale et bobo, chacune comprenant des groupes entiers ainsi que des langues individuelles.

La plus importante est la branche occidentale, qui comprend quatre sous-branches : la sous-branche centrale, comprenant le Mandé (Mali, Guinée, Côte d'Ivoire, Sénégal, Gambie, Guinée-Bissau, Burkina Faso, Sierra Leone, Liberia), le Mokole, le Wai Kono, le Jogo-Jeri (Côte d'Ivoire), le Soso-Yalonka (Guinée); ensuite la sous-branche du sud-ouest, qui comprend les langues Mende, Loko, Bandi, Zialo, Loma et Kpelle (Sierra Leone, Guinée, Liberia); enfin, la sous-branche du nord-ouest, qui comprend le groupe Soninke-Bobo (Mali, Sénégal, Burkina Faso) et le groupe Samobo (Mali, Burkina Faso).

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Les langues du groupe mandé sont les plus parlées de cette famille (qui porte le même nom), et ont le statut de langues nationales (idiomes) au Mali et en Guinée. Les langues de ce groupe sont parlées par les Malinké (Mali), les Bambara (Mali), les Mandinka (Gambie, Sénégal), les Dioula (Côte d'Ivoire, Burkina Faso), les Mau (Côte d'Ivoire), les Bolon (Burkina Faso), etc. Ces peuples vivent dans la région du Mandé, d'où est probablement originaire le peuple mandé, l'ancêtre de toutes les autres branches et groupes.

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La branche nord-ouest comprend la langue parlée par le peuple Soninké, dont les ancêtres constituaient la classe dirigeante des anciennes cités-états (de la civilisation dite de Dhar Tichitt) et des empires (principalement le Ghana).

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Ruines de la civilisation de Dhar Tichitt

La branche orientale se compose de deux sous-branches: la sous-branche orientale se composant également de deux sous-branches: la branche orientale, constituée du groupe Samo (Burkina Faso), du groupe Bisa (Nigeria, Bénin, Togo, Burkina Faso), du groupe Busa Kyaenga (Nigeria, Bénin), et la branche méridionale, constituée du groupe Tura-Qaenga (Nigeria, Bénin).

Les groupes du sud comprennent le groupe Tura-Dan Mano (Liberia, Côte d'Ivoire).

Dans l'ensemble, ces peuples ont une culture similaire, qui présente toutefois un certain nombre de différences fondamentales. Une composante variable est la présence dans ces sociétés d'une classe supérieure de clans dynastiques et d'une aristocratie guerrière, avec des répercussions de cet agencement social au niveau religieux avec des cultes solaires et stellaires et des représentations patriarcales. Chez certains peuples mandés, cette strate verticale et cette hiérarchie de castes persistent même lorsqu'ils passent d'un état d'ordre impérial à un mode de vie agraire (moins souvent nomade) (c'est le cas de presque tous les peuples du groupe mandé, soninké, etc.); d'autres (par exemple les  Mende, Kpelle, Loma, Bisa, Dan, Mano, Samo, Bobo) sont dépourvus de cet ordre hiérarchique (ce qui s'accompagne parfois de la préservation des cultes solaires, et parfois nous n'y découvrons plus que la religion des esprits et des ancêtres).

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Cette différence peut avoir deux explications: soit l'horizon mandé s'est formé à l'origine dans le contexte de polités différenciées (ce que l'on peut supposer étant donné l'ancienneté de civilisations urbaines comme celle de Dhar Tichitt) et ensuite ses branches individuelles ont subi une simplification (jusqu'à la perte de la composante solaire et ouranienne), soit le processus a été inverse et les cultures agraires matriarcales ont été intégrées dans des polités stratifiées complexes, où à l'origine les porteurs du pouvoir dynastique et des religions célestes appartenaient à d'autres peuples, dont les Mandé eux-mêmes, ont été transférés. Ainsi, les tribus mandé, où l'on ne trouve ni castes ni références directes aux divinités paternelles célestes, peuvent être considérées à la fois comme les plus archaïques, devenues extérieures aux processus ethno-sociologiques de type impérial, et les plus "modernes", c'est-à-dire ayant perdu les couches supérieures de leur identité originelle (si l'on admet que cette identité était intrinsèquement structurée de manière verticale). Le plus souvent, un différentiel de caste significatif prévaut encore dans les sociétés mandéennes, bien que dans le même temps, les structures du matriarcat sous-jacent soient également soulignées de manière très contrastée.

Fulbe : tribus et politiques

Les Fulbe (également appelés Fula, Fulani, Peul, etc.) sont un peuple largement répandu sur les territoires de l'Afrique occidentale et centrale. Ils constituent la communauté la plus importante parmi les autres locuteurs de la branche atlantique des langues nigéro-congolaises. Les tribus Fulbe sont répandues de la côte atlantique de l'Afrique jusqu'au Nil.

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Les Fulbes pratiquaient traditionnellement l'élevage et parcouraient des distances considérables avec leurs troupeaux. Il est probable qu'ils ont adopté le style de vie nomade des Berbères, mais qu'ils ont ensuite fait de l'élevage leur principale occupation, fondant tout leur mode de vie sur cette pratique. Selon une autre version, les Fulbes sont un peuple mixte, formé à partir des tribus nomades (très probablement berbères) d'Afrique du Nord et des peuples du groupe nigéro-congolais. Il existe des différences culturelles et même phénotypiques importantes dans la structure de la branche des peuples de langue atlantique eux-mêmes. Les Fulbe sont donc des nomades et des pasteurs. En même temps, leur peau est souvent plus claire que celle des autres nigéro-congolais, et les traits de leur visage présentent des caractéristiques europoïdes, semblables à celles des Berbères et des peuples tchadiens (comme les Haoussas).

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Dans le mode de vie et la mythologie des Fulbe, nous constatons également des similitudes spécifiques avec l'horizon afro-asiatique. Bien que les Fulbe soient majoritairement musulmans, leurs sociétés, même après un millénaire de domination islamique, montrent des signes évidents de matriarcat: la position des femmes est nettement plus libre que celle des autres tribus Fulbe environnantes.

La langue fulbe était considérée par les linguistes du début du XXe siècle comme appartenant aux langues hamitiques, et l'affinité avec les langues nigéro-congolaises était le résultat de contacts culturels secondaires. Bien que cette théorie ait été réfutée depuis par des méthodes strictement linguistiques, la volonté de voir les Fulba comme relevant d'un horizon afro-asiatique est frappante, tant ils en sont proches typologiquement.

Comme pour la plupart des peuples d'Afrique de l'Ouest liés à l'histoire politique de cette région, il existe trois castes dans la société Fulba, qui sont endogames: les dirigeants (Imams) - Rimbbe, les artisans et pasteurs libres - Ninbbe et les esclaves - jayabbeh.

Cette hiérarchie suggère qu'ils sont une partie organique du même horizon auquel appartiennent les Berbères, les Tchadiens et les peuples de la branche mandingue, qui ont dans leur histoire présentent des organisations strictement verticales depuis l'Antiquité.

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Les Fulbes forment souvent des sociétés mixtes avec les Berbères et les Tchadiens (surtout les Haoussas), occupant une position égale à celle des Africains dans ces structures stratifiées. Il existe un continuum culturel entre les Berbères, les Tchadiens (principalement Haoussa) et les Fulbe, ce qui se reflète dans l'émergence de sociétés telles que les Hausa-Fulani au Nigeria, où les deux peuples forment une unité sociale, se fondant facilement l'un dans l'autre.

Historiquement, cela se manifeste également par le fait que les Peuls ont été les premiers peuples nigéro-congolais à se convertir à l'Islam sous l'influence des Berbères et des Arabes. Certains auteurs pensent que les Fulbe sont originaires du Moyen-Orient, c'est-à-dire qu'ils sont la branche la plus occidentale de l'horizon afro-congolais, ayant perdu leur langue en raison du mélange avec les Nigero-Congolais.

Dans une perspective plus limitée, cependant, la patrie des Fulbe, comme les autres peuples du groupe atlantique, était le fleuve Sénégal. De là, les tribus Fulbe se sont dispersées dans le Sahel et la savane, loin à l'est. Jusqu'à aujourd'hui, les Fulbe mènent principalement un mode de vie semi-nomade et s'adonnent occasionnellement à l'agriculture, qu'ils méprisent généralement comme tous les nomades. Le peuple Teculer parle également une langue proche du Fulbe.

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Selon certaines estimations, il y a plus de 30 millions de Fulbe et de personnes parlant le Fulbe dans l'Afrique d'aujourd'hui, et avec les peuples Yoruba, Igbe et Haoussa, ils constituent le plus grand groupe de tribus africaines. Les Fulbe représentent le plus grand pourcentage de la population au Sénégal, en Gambie, au Mali, au Niger et en Haute-Volta. Dans certains cas, ils se sont mélangés à d'autres peuples, comme c'est le cas au Niger, où un nombre important de Fulbes parlent le haoussa (qui appartient au groupe tchadien). Les Fulbes sont également nombreux en Mauritanie, au Ghana, en Guinée, au Nigeria, en Sierra Leone, au Bénin, au Burkina Faso, en Guinée Bissau, au Liberia, en Côte d'Ivoire, au Cameroun et en République centrafricaine. On trouve des groupes distincts de Fulbe au Tchad, au Soudan et même en Éthiopie.

L'État de Takrur est l'une des premières polities fulbe à être documentée. Ses origines remontent au neuvième siècle de notre ère. Selon une version, les Fulbe sont arrivés sur le territoire en provenance de l'Est et se sont installés dans le cours inférieur du fleuve Sénégal sur la côte atlantique ; selon une autre version, ils se sont formés à la suite d'une interaction entre les Berbères, qui avaient leurs premières polities dans le Sahara, et les Serer locaux (groupe linguistique atlantique). À partir de cette époque, le nord de l'actuel État du Sénégal, sur la frontière avec la Mauritanie, est devenu un centre de commerce et les Fulbe ont commencé à jouer le rôle de classe dirigeante.

La première dynastie Takrur qui a existé avant l'émergence de l'Empire ghanéen serait celle des Dia Ogo. Il est rapporté dans les mythes des peuples sénégalais. La dynastie a été fondée par des étrangers venus du nord-est qui étaient forgerons et sorciers. Leur identité ethnique ne peut être établie avec certitude; diverses versions les rattachent aux peuples de la branche atlantique (Fulbe et Serer) et de la branche mandé (Malinke). Sous le règne de la dynastie Dia Ogo se trouvait une autre ancienne polarité du Sénégal : le royaume de Namandiru.

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Pendant l'ère de l'Empire du Ghana et jusqu'à la montée de l'Empire du Mali, la deuxième dynastie a régné sur le Manna des Soninke (branche mandé). Dans les années 1030, le souverain Takrur de cette dynastie, War Jabi (? - 1041), s'est officiellement converti à l'islam et a introduit la charia dans son État. Il s'agit de la première conversion précoce à l'Islam des souverains des peuples nigéro-congolais, alors que les souverains berbères s'étaient convertis à l'Islam bien plus tôt.

La population Takrur a été connue plus tard sous le nom de peuple Tukuler (en français: Toucouleurs).

Les Toucouleurs étaient orientés vers les puissances islamiques, dont le centre était situé dans le nord de l'Afrique ou dans la péninsule ibérique. Ainsi, les souverains Takrur et d'autres tribus Fulbe ont participé activement à l'écrasement de l'Empire du Ghana au sein de l'armée almoravide. Après la chute du Ghana, Takrur est devenu un royaume totalement indépendant.

Plus tard, l'État de Takrur est passé sous la domination de l'Empire malinka, fondé par le peuple malinka. La prochaine dynastie Tondion arrive au pouvoir, issue du peuple Serer qui constituait la majorité de la population de Takrur à un stade précoce. Ses dirigeants reviennent aux croyances traditionnelles africaines.

Au XVIe siècle, un autre État fulbe, Futa Toro, émerge au Sénégal. Elle a été conquise à l'empire Jolof (qui sera décrit plus loin) par le commandant Koley Tengella (1512 - 1537), d'origine mixte (Fulbe et Mandinke), qui a fondé la dynastie Denianke. La dynastie des Denianke est restée au pouvoir jusqu'en 1776.

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Empire toucouleur.

De la seconde moitié du 18ème siècle au début du 19ème siècle, les tribus islamiques Toucouleurs ont mené une série d'"attaques djihadistes" sur le territoire sénégalais contre des tribus (y compris des tribus Fulbe) qui ne s'étaient pas converties à l'Islam. C'est ainsi qu'en 1776, les islamistes ont renversé la dynastie des Denyanke et établi un régime islamique au Fouta Toro.

À la même époque, dans les années 1770, les musulmans fulbe ont créé un autre État, Futa Jallon, dans ce qui est aujourd'hui la Guinée. Comme Futa Toro, il est dirigé par des chefs d'ordres soufis. En 1804 - 1809, le Fulbe Ousman dan Fodio (1754 - 1817) soumet les Haoussa et établit le califat de Sokoto, qui soumet les cités-états haoussa et contre les attaques de l'empire du Borno. En 1809, les Fulbes créent l'émirat vassal de l'Adamawa, avec Yola comme capitale, dont les terres comprennent des parties du Nigeria, du Cameroun et de petites zones de l'ouest du Tchad et de la République centrafricaine. Le califat de Sokoto est communément appelé l'empire Fulbe.

Dans les années 1920, les Fulbe ont fondé un autre État, le sultanat de Masina au Mali (l'actuelle région de Mopti), dont la capitale était la ville de Hambullahi. Le fondateur du sultanat de Masina est le Fulbe Sekou Amadou (c.1776 - 1845).

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Au milieu du XIXe siècle, l'État de Fouta Tooro, successeur géopolitique de l'État Takrour au Sénégal, soumet Tombouctou et le sultanat de Masina.

Une figure marquante de l'histoire fulbe est le cheikh soufi Omar Tall (1794-1864), également connu sous le nom d'Omar Hajj. Il est considéré comme le fondateur de l'empire toucouleur ou de l'État de Tijaniya. Omar Haj a visité les lieux saints musulmans dans sa jeunesse et a établi des relations étroites avec le deuxième souverain du sultanat de Sokoto, le fils d'Osman dan Fodio, Mohammed Bello (1781 - 1837), ainsi qu'avec le souverain de Masina Sekou Amadou (1776 -- 1845).

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Omar Hajj (photo) a été initié à la tarikat Tijaniyya et est devenu l'un de ses kutbs (pôles) faisant autorité, étant sanctionné pendant le hajj pour diriger toutes les branches de la tarikat en Afrique occidentale.  Il rassembla autour de lui les tribus militantes toucouleurs et mit sur pied une armée efficace et disciplinée qui, en peu de temps, réussit à conquérir d'importants territoires, à soumettre les États de Ségou et de Kaarta (Bamabara), les polities mandingues, et entra également en guerre contre d'autres États peuls islamiques, notamment Masina.

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Le plateau de Bandiagara a été choisi comme centre de l'État de Tijaniya. Omar Hajj a présenté un projet d'"unité transcendantale des peuples du Soudan occidental", qu'il proposait d'unir autour de la religion islamique et de la métaphysique soufie. Dans sa structure, ce modèle d'empire soufi est très proche des idées des tariqats soufis d'Afrique du Nord, du Maroc à l'Égypte, et s'accorde avec les Sénoussistes de Cyrénaïque. En 1890, les Français et les Bambara s'emparent des territoires de l'empire toucouleur et les ajoutent à leurs possessions coloniales.

En 1893, un autre État djihadiste fulbe, le Fouta Tooro, passe sous la domination française. En 1896, les Français ont conquis le principal territoire du Fouta Djallon dans le sud du Sénégal.

En 1901, l'émirat d'Adamawa est divisé entre les Britanniques et les Allemands, qui envahissent le Cameroun. Le dernier État peul à tomber sous la domination britannique en 1903 fut le califat de Sokoto.

L'empire du Mali

Au cours de la période comprise entre le XIe et le XVIe siècle de notre ère, plusieurs nouveaux États importants, tels que le Mali et le Songhai, sont apparus dans différentes parties de l'ancien empire du Ghana. En revanche, à mesure que le Ghana décline, le Mali accroît sa puissance et devient progressivement une force géopolitique majeure en Afrique de l'Ouest.

L'empire du Mali a été fondé par le peuple malinké de l'ethnie mandingue. Le nom Mali est dérivé de l'ethnonyme malinké. Le peuple le plus proche des Malinkés, avec une structure sociale strictement identique, est le peuple Bambara. Elle est également proche des peuples Dioula, Diahanke, Soso, Dialonke et Bwa. Le peuple malinké a influencé les cultures des Dogon (famille distincte), des Senufo (groupe linguistique atlantique), des Mosi (langues gur), etc.

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Folklore, masques et architecture au pays des Dogons (Mali).

L'histoire des Malinke remonte aux premières périodes de l'État du Wagadu, lorsque deux groupes de chasseurs, sous la direction des ancêtres légendaires Kontron et Sonin, se sont retirés dans la région de Mandé, où ils ont établi leurs propres règles de chasse. Ces deux groupes ont ensuite été connus sous le nom de tribus malinké et bambara. Progressivement, ils sont passés à un mode de vie sédentaire et à des pratiques agraires.

Après la défaite du Ghana par les Almoravides au XIIe siècle, la polarité de Kanyaga (Mali actuel), fondée par le peuple Soso (ou Susu) qui dépendait auparavant des Soninkés, a été consolidée. La dynastie de cet État tire son origine de la caste des forgerons, considérée comme inférieure dans les autres sociétés, mais qui avait des fonctions sacerdotales chez les Soso. L'ancêtre de la famille royale était le mythique sorcier-forgeron Kante. Les rois Soso ont rejeté l'islam plus longtemps que les autres peuples Mandé voisins, ont suivi les anciennes traditions et étaient considérés comme de puissants sorciers et faiseurs de miracles. En 1180, ils soumettent les Soninkés, qui étaient auparavant leurs suzerains, en leur faisant payer un tribut. En 1203, les Soso ont capturé la capitale ghanéenne de Kumbi Saleh. Sous le règne du souverain Kanyagi Sumanguru Kwant (vers 1200 - vers 1235), les Soso étendent leur pouvoir au Mandé également.

Le souverain (manse) d'une des principautés du pays Mandé avec un centre dans le village Niani Sundyatta Keita (c.1217 - c.1255), à qui l'on prédisait de devenir un grand roi, s'est révolté contre Kanyaga, et la coalition établie des tribus Malinke (en particulier, le souverain de la cité-état Kangaba) et Soninke en 1235 a vaincu Soso à la bataille de Kirin.

Après avoir vaincu les Soso, Sundyatta Keita s'empare de la capitale ghanéenne Kumbi Saleh en 1240, et devient ainsi le successeur géopolitique du pouvoir Soninke. Sundyatta Keita fait de Niani, où il règne, la capitale du Mali.

Les récits des exploits de ce monarque légendaire constituent l'épopée de Sundiata. Il est fort probable que sous ce roi, qui, dans l'épopée, apparaît comme un puissant magicien capable non seulement de conquérir militairement mais aussi d'accomplir des miracles, la lignée dynastique ait adopté l'Islam.

Sous le règne des descendants de Sundyatta Keita, le Mali soumet un certain nombre de polités régionales telles que Takrur, Songhai, etc. et établit également un contrôle sur les tribus nomades berbères.

L'un des piliers de l'économie de l'empire du Mali, comme de l'empire ghanéen antérieur, était les mines d'or d'Afrique de l'Ouest, qui sont devenues la source de prospérité de la dynastie régnante. La succession du miracle du "serpent noir" s'est poursuivie dans cet Empire également.

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Si nous nous tournons vers une carte sur laquelle nous plaçons les États d'Afrique de l'Ouest de la fin du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle, nous constatons que l'Empire du Mali occupe une position centrale dans toute la constellation des polités limitrophes qui sont d'une manière ou d'une autre associées au Mali et ont été en partie sous son influence. À quelques exceptions près, ces polities sont situées à proximité les unes des autres, créant un continuum politique où chaque segment représente une société hiérarchique stratifiée, c'est-à-dire un État - un empire, un royaume ou une principauté.

Cela montre l'énorme influence de la structure impériale sur toutes les sociétés ouest-africaines, qui sont sous l'influence déterminante du Logos politique vertical. Dans cette configuration, les peuples mandés sont au centre de tout ce système, représentant les peuples associés aux formes les plus anciennes d'organisation politique (ère Dhar Tichitt) ainsi qu'aux empires les plus tardifs et les plus importants d'Afrique de l'Ouest, le Ghana (Soninke) et le Mali (Malinke).

Ainsi, soit les peuples mandéens portent eux-mêmes un Logos patriarcal au cœur de leur identité, soit ils ont été, plus que d'autres, et plus tôt que les autres peuples nigéro-congolais touchés par des influences apolliniennes. Cette influence est clairement perceptible dans la structure même des espaces adjacents de tous côtés à l'Empire du Mali. En s'éloignant du pôle mandé, la concentration des sociétés hiérarchiques commence à s'affaiblir. C'est pourquoi, en Afrique de l'Ouest, dans la zone de l'Empire du Ghana et du Mali, il faut chercher le pôle originel de l'État apollinien, bien que la structure même de la religion et des traditions des Mandés, c'est-à-dire des fondateurs de l'Empire du Mali et de certaines polities adjacentes, ne soit pas aussi ouvertement apollinienne que celle des peuples nilo-sahariens, et comporte une composante matriarcale substantielle et lourde. Tout l'horizon du mandé, inséparable de sociétés clairement stratifiées, doit donc être considéré comme un phénomène complexe et multicouche dès ses origines.

Il est révélateur qu'à côté des polities des peuples du Mandé dans la zone d'influence de l'Empire du Mali et de ses espaces adjacents, on trouve d'autres peuples ouest-africains de la famille nigéro-congolaise appartenant à la branche atlantique (Fulbe, Wolof, Serer), à la branche de la Haute et Basse Volta (peuples Gur et Kwa), ainsi que les Yoruba, Igbo, etc. Et là où cette organisation politique existe, nous trouvons également des sociétés stratifiées correspondantes organisées selon des lignes hiérarchiques. En s'éloignant de ce pôle ouest-africain - à l'est et au sud - vers les peuples Adamawa-Ubangi et l'oikumene bantou, cette ligne verticale s'affaiblit également, et par conséquent les sociétés perdent la couche dynastique-aristocratique et ses niveaux correspondants de théologie solaire et ouranienne.

Guinée : Mande vs Peul

Un autre État où règne le peuple Fulbe (également appelé Peul) est la Guinée, située sur la côte atlantique entre la Guinée Bissau et la Sierra Leone, et bordant le Mali à l'est. La capitale de la Guinée est Conakry.

Les Fulbes sont arrivés au XVIe siècle dans ce territoire, qui faisait autrefois partie des empires ghanéen et malien, alors qu'auparavant, il était principalement habité par les peuples mandés des groupes malinké, yalunk et soso. Les Fulbes, comme nous l'avons vu, se sont tournés vers la pratique du "djihadisme" et ont commencé au 18ème siècle une série de raids, attaquant l'Empire Jolof (Sénégal) et d'autres tribus (principalement le Mandé) ainsi que les tribus Fulbe qui ont conservé l'ancienne foi. C'est ainsi que fut créé l'État de Futa Jallon. Les principaux territoires de cet État sont situés dans la chaîne de montagnes et les Fulbes, qui se sont installés dans ces régions - contrairement à la plupart des autres branches - se sont convertis à la vie sédentaire.

Auparavant, ces territoires étaient habités par les peuples mandés - principalement les Soso et les Yalunka. Les Yalunka (un peuple proche des Soso) se sont convertis à l'Islam en même temps que les Fulbe, mais leur version était fondamentalement différente de la version djihadiste fulbe des XVIIIe et XIXe siècles, à tel point que lorsque les Fulbe ont commencé à imposer leur modèle de charia avec des éléments salafistes, les musulmans Yalunka ont rejeté l'Islam complètement, et ont été convertis de force à nouveau après avoir perdu la guerre contre les Fulbe.

À partir de la fin du XIXe siècle, le Fouta Djallon fit partie de la Guinée française.

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Après l'indépendance, Ahmed Sékou Touré (1922 - 1984) (photo), originaire du peuple malinké, est devenu le premier président de la Guinée. Ahmed Sékou Touré était un partisan de la décolonisation totale et menait une politique violemment anti-française. Passionné de socialisme, il se rapproche de l'URSS et réalise une série de transformations socialistes dans le pays. Par la suite, il a quelque peu réorienté sa politique à l'égard des États-Unis.

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Après la mort d'Ahmed Sékou Touré, le colonel Lansana Conté (1934 - 2008) (photo), un Soso également issu de l'ethnie mandingue, prend le pouvoir en Guinée par un coup d'État militaire. L'appartenance ethnique du dirigeant déterminait l'équilibre du pouvoir en politique. Soso, Yalunka et Malinke soutiennent Conté, tandis que les Fulbe (Peul) sont dans l'opposition. C'est également la logique qui sous-tend les purges dans l'appareil d'État, chaque Peul étant soupçonné de faire partie de l'opposition et considéré comme un conspirateur potentiel. Les représentants du Soso (plus largement du Mandé), en revanche, étaient considérés comme loyaux et formaient l'épine dorsale du cadre politique et militaire du pays.

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Conté a instauré un régime autoritaire, qui s'est effondré immédiatement après sa mort lorsqu'un autre coup d'État militaire a eu lieu. À la tête de la junte militaire se trouvait cette fois le colonel Moussa Camara du peuple Kpelle (également un groupe mandé) (photo). Les Peuls se retrouvent à nouveau en opposition et l'élite est recrutée chez les Kpelle.

En 2009, les Peuls ont entamé une série de manifestations et Moussa Camara a ordonné leur répression violente, ce qui a entraîné un bain de sang et des violences contre les Fulbe.

Moussa Kamara lui-même a été à son tour gravement blessé lors d'une tentative d'assassinat en 2009 par un agent de sécurité, Abubakar Tumba Diakité.

Le régime militaire a pris fin en 2010, et le pouvoir est passé au président Alpha Condé, issu du peuple malinka, lors des premières élections multipartites en Guinée. Il subit une tentative d'assassinat en 2011.

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Alors que les Fulbe constituent la majorité de la population guinéenne, le pouvoir politique est conservé par les membres du groupe mandé (Malinke, Soso, Kpelle), qui constituaient la principale population du pays avant l'arrivée massive de djihadistes fulbe au 18ème siècle. Lors des élections de 2015, l'ancien Premier ministre Chello Daylen Diallo, issu du peuple peul, s'est présenté, mais c'est finalement le candidat mandé, Alpha Condé (photo, ci-dessus), qui a de nouveau gagné.

Le 5 septembre 2021, Alpha Condé, en Guinée, connaît un coup d'État militaire mené par le colonel Mamadi Dumbuya, également ressortissant du peuple mandé.

Nous suivrons les événements dans cette région du monde.

Le réalisme et le credo de l'internationalisme libéral démocratique

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Le réalisme et le credo de l'internationalisme libéral démocratique

par Eleonora Piegallini

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/52860/il-realismo-e-il-credo-dellinternazionalismo-liberaldemocratico

L'Afghanistan est désormais complètement aux mains des talibans, mais certains ne se résignent pas, comme Lindsey Graham, un sénateur républicain, qui promet que "les États-Unis reviendront en Afghanistan".

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Mais, au moins pour le moment, Biden a déclaré que la perspective de la "construction d'une nation" (nation building) en Afghanistan était terminée et a exclu tout retour sur le territoire.

La confrontation interne des États-Unis, où la perspective d'un "endiguement" de la puissance américaine s'oppose à celle d'un expansionnisme agressif, n'est pas nouvelle et est bien présentée dans un article du National Interest d'août dernier.

L'article répond à une étude de l'Institut international d'études stratégiques dans laquelle Daniel Deudney et G. John Ikenberry, deux théoriciens des relations internationales, attaquent la perspective réaliste impliquant la restriction de la politique étrangère, qui est soutenue par des forces aussi disparates que les libertaires nationalistes, les théoriciens de l'équilibre des forces et la gauche progressiste et anti-impérialiste.

Les partisans de la politique d'endiguement, selon Deudney et Ikenberry, seraient unis non pas tant par une proposition spécifique, mais par l'opposition au "projet d'internationalisme libéral américain, qui repose sur un système de règles, d'institutions et de partenariats que les États-Unis ont construit et dirigé au cours des soixante-dix dernières années".

La guerre froide et le réalisme politique

Plus précisément, les deux auteurs soutiennent que la perspective réaliste de la guerre froide, devenue obsolète après l'effondrement de l'URSS, s'est reconstituée comme une simple critique de l'internationalisme libéral, s'opposant aux nouvelles perspectives de l'OTAN, aux missions humanitaires et à l'idéologie dite de nation building.

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Au contraire, comme l'écrit le National Interest, elle n'était en aucun cas obsolète: les réalistes savaient depuis le début "que la paix démocratique libérale de l'après-guerre froide", dans laquelle l'Amérique s'est hissée au rang de seule puissance mondiale (et ce, dans la perspective des internationalistes libéraux) "était une anomalie politique et ne durerait pas".

La fin de l'histoire telle que prônée par Francis Fukuyama était, en fait, à l'époque comme aujourd'hui, une perspective farfelue, et les doutes des réalistes quant à une hégémonie américaine excessive se sont avérés exacts.

Nombre des craintes exprimées par les soi-disant adversaires de l'internationalisme libéral se sont réalisées. "Les réalistes ont fait valoir que, si elle n'était pas contrôlée, l'expansion de l'OTAN conduirait à une Russie de plus en plus revancharde", les petits États ayant recours à l'OTAN pour se protéger de la Russie.

Mais pour les réalistes, comme l'écrit le National Interest, "l'OTAN devrait être une alliance d'égaux chargée de se défendre contre une menace commune, et non un racket offrant une protection ou un club visant à défendre de petits satellites dans des régions lointaines, ou un club ayant pour but de répandre les institutions libérales".

"La Hongrie et la Pologne, en effet, ne sont pas devenues libérales-démocratiques, et les destins de l'Ukraine et de la Géorgie ont toujours été déterminés par leur géographie, une variable que les libéraux semblent constamment sous-estimer dans leurs analyses".

"Les États-Unis ou l'Europe occidentale (en particulier la France et l'Allemagne), selon les réalistes, ne prendront jamais les armes contre une puissance nucléaire, et ne devraient pas non plus être entraînés dans la guerre par de petits pays", comme l'Ukraine belliciste" (Piccolenote).

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Rétrospectivement, le scepticisme réaliste à l'égard des projets de construction nationale concernant la Somalie, les Balkans, l'Iran et le Moyen-Orient en général s'est également avéré fondé.

"Les interventions fondées sur l'idée du nation building en Irak et en Afghanistan ont entraîné la dissipation de milliers de milliards de dollars de taxes et la perte et la destruction de milliers de vies. Les conflits par procuration en Libye et en Syrie ont transformé ces pays en plaques tournantes de la traite des êtres humains et ont dévasté les zones tampons qui assuraient une certaine stabilité [en Occident] en s'interposant entre l'Europe et l'Afrique, et ont provoqué l'une des plus grandes migrations de masse de l'histoire de l'humanité".

Dans leur analyse, Deudney et Ikenberry vont jusqu'à affirmer que la perspective réaliste était le fondement idéologique de la guerre en Irak, qui était censée être menée pour "sauvegarder la primauté américaine au Moyen-Orient". Mais cette perspective est tout simplement absurde". En fait, selon les réalistes, elle a servi à promouvoir le nouvel ordre mondial démocratique libéral.

La religion démocratique libérale

Il faut également considérer que ce qui rend la poussée de l'internationalisme libéral encore plus forte est la tenaille gauche-droite. En fait, il y a des années, Stephen Walt a écrit que les néoconservateurs comme Dick Cheney n'étaient pas différents des libéraux comme Tony Blair et Hillary Clinton, et que "les néoconservateurs sont essentiellement des libéraux sous stéroïdes".

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En fait, ce que les néoconservateurs et les libéraux à la Blair et Clinton ont en commun, c'est une perspective manichéenne centrée sur la nécessité de répandre la démocratie libérale en perturbant et en remodelant les sociétés qui ne la reconnaissent pas.

Pour preuve, le National Interest cite le discours de Blair pendant la guerre du Kosovo, dans lequel il appelait l'Occident à entreprendre une "croisade mondiale sans relâche" pour répandre la liberté, la démocratie, etc.

Mme Clinton, en revanche, est mentionnée dans le livre de Samantha Power, The Education of an Idealist, où elle raconte comment celle qui était alors secrétaire d'État a réussi à convaincre le président Obama de la nécessité d'intervenir en Libye pour sauver les femmes, promouvoir la démocratie, etc., en dépit du vice-président Joe Biden et du secrétaire à la défense Bob Gates.

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En bref, "les idées comptent", écrivent Deudney et Ikenberry. Pourtant, la réalité de la situation en Afghanistan est la suivante: les talibans ont reconquis le pays, la Tunisie et l'Égypte sont de nouveau aux mains de l'armée, décrétant ainsi l'échec du printemps arabe, et en Libye, des milices mercenaires déstabilisent le littoral et le fils du colonel Mouammar Kadhafi, Saif al-Islam, a annoncé son intention de se présenter aux prochaines élections, s'attirant un large soutien.

Ces échecs et les immenses tragédies qu'ils ont causées, conclut le National Interest, devraient conduire une fois pour toutes à remettre en question "certaines des hypothèses théologiques centrales de la religion appelée internationalisme libéral".

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vendredi, 10 septembre 2021

Le visage et la mort. Le projet planétaire que les gouvernements cherchent à imposer est radicalement impolitique

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Le visage et la mort. Le projet planétaire que les gouvernements cherchent à imposer est radicalement impolitique

par Giorgio Agamben 

Source : Quodlibet & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-volto-e-la-morte-il-progetto-planetario-che-i-governi-cercano-di-imporre-e-radicalmente-impolitico

Il semble que dans le nouvel ordre planétaire qui se dessine, deux choses, apparemment sans rapport l'une avec l'autre, soient destinées à disparaître complètement: le visage et la mort. Nous tenterons de déterminer s'ils ne sont pas liés d'une manière ou d'une autre et quelle est la signification de leur suppression.

Les anciens savaient déjà que la vision de son propre visage et de celui des autres est une expérience décisive pour l'homme: "Ce qu'on appelle "visage" - écrit Cicéron - ne peut exister chez aucun animal sauf chez l'homme" et les Grecs définissaient l'esclave, qui n'est pas maître de lui-même, comme aproposon, littéralement "sans visage". Bien sûr, tous les êtres vivants se montrent et communiquent entre eux, mais seul l'homme fait de son visage le lieu de sa reconnaissance et de sa vérité, l'homme est l'animal qui reconnaît son visage dans le miroir et qui y est reflété et se reconnaît dans le visage de l'autre. Le visage est, en ce sens, à la fois similitas, la similitude, et simultas, l'unité des hommes. Un homme sans visage est forcément seul.

C'est pourquoi le visage est le lieu de la politique. Si les gens ne devaient jamais plus rien faire d'autre que se communiquer des informations, toujours sur ceci ou sur cela, il n'y aurait jamais de véritable politique, seulement un simple échange de messages. Mais comme les hommes doivent avant tout communiquer leur ouverture, leur reconnaissance mutuelle dans un visage, le visage est la condition même du politique, le fondement de tout ce que les hommes disent et échangent.

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En ce sens, le visage est la véritable cité des hommes, l'élément politique par excellence. C'est en regardant le visage de l'autre que les hommes se reconnaissent et se passionnent l'un pour l'autre, percevant similitude et diversité, distance et proximité. S'il n'y a pas de politique animale, c'est parce que les animaux, qui sont toujours à découvert, ne font pas de leur exposition un problème, ils la subissent simplement sans s'en soucier. C'est pourquoi ils ne sont pas intéressés par les miroirs, par l'image en tant qu'image. L'homme, en revanche, veut se reconnaître et être reconnu, il veut s'approprier sa propre image, il y cherche sa propre vérité. Il transforme ainsi l'environnement animal en un monde, en champ d'une incessante dialectique politique.

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Un pays qui décide de renoncer à son propre visage, de couvrir partout le visage de ses citoyens avec des masques, est donc un pays qui a effacé toute dimension politique de lui-même. Dans cet espace vide, soumis à tout moment à un contrôle sans restriction, se déplacent désormais des individus isolés les uns des autres, qui ont perdu le fondement immédiat et sensible de leur communauté et ne peuvent échanger des messages qu'à un nom sans visage. Et comme l'homme est un animal politique, la disparition de la politique signifie aussi la disparition de la vie: un enfant qui ne peut plus voir le visage de sa mère à sa naissance risque de ne plus pouvoir concevoir de sentiments humains.

Non moins importante que la relation avec le visage est la relation de l'homme avec les morts. L'homme, l'animal qui se reconnaît dans son propre visage, est aussi le seul animal qui célèbre le culte des morts. Il n'est donc pas surprenant que les morts aient aussi un visage et que l'effacement du visage aille de pair avec l'effacement de la mort. À Rome, les morts participent au monde des vivants à travers leur imago, l'image moulée et peinte sur de la cire que chaque famille conserve dans l'atrium de sa maison. L'homme libre se définit donc autant par sa participation à la vie politique de la cité que par son ius imaginum, le droit inaliénable de conserver le visage de ses ancêtres et de l'afficher publiquement lors des fêtes communautaires. "Après les rites funéraires et d'enterrement, écrit Polybe, l'imago du mort était placée à l'endroit le plus visible de la maison dans un reliquaire en bois, et cette image est un visage en cire fait à l'exacte ressemblance de la personne, tant dans sa forme que dans sa couleur.

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Ces images n'étaient pas seulement l'objet d'une mémoire privée, mais le signe tangible de l'alliance et de la solidarité entre les vivants et les morts, entre le passé et le présent, qui faisait partie intégrante de la vie de la cité. C'est pourquoi ils ont joué un rôle si important dans la vie publique que l'on peut dire que le droit à l'image des morts est le laboratoire dans lequel se fonde le droit des vivants. C'est tellement vrai que ceux qui se sont rendus coupables d'un crime public grave ont perdu leur droit à l'image. Et la légende raconte que lorsque Romulus a fondé Rome, il a fait creuser une fosse - appelée mundus, "monde" - dans laquelle lui et chacun de ses compagnons ont jeté une poignée de la terre dont ils étaient issus. Cette fosse était ouverte trois fois par an et l'on disait que ces jours-là, les mains, les morts, entraient dans la ville et prenaient part à l'existence des vivants. Le monde n'est que le seuil par lequel communiquent les vivants et les morts, le passé et le présent.

On comprend alors pourquoi un monde sans visages ne peut être qu'un monde sans morts. Si les vivants perdent leur visage, les morts ne sont plus que des numéros, qui, réduits à leur pure vie biologique, doivent mourir seuls et sans funérailles. Et si le visage est le lieu où, avant tout discours, nous communiquons avec nos semblables, alors même les vivants, privés de leur relation avec le visage, sont, quels que soient leurs efforts pour communiquer avec des dispositifs numériques, irrémédiablement seuls.

Le projet planétaire que les gouvernements cherchent à imposer est donc radicalement impolitique. Au contraire, elle vise à éliminer tout élément véritablement politique de l'existence humaine, et à le remplacer par une gouvernementalité fondée uniquement sur le contrôle algorithmique. L'effacement du visage, la suppression des morts et la distanciation sociale sont les dispositifs essentiels de cette gouvernementalité qui, selon les déclarations concordantes des puissants, devra être maintenue même lorsque la terreur sanitaire sera atténuée. Mais une société sans visage, sans passé et sans contact physique est une société de spectres, et comme telle condamnée à une ruine plus ou moins rapide.

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Le Léviathan biopolitique

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Le Léviathan biopolitique

par Diego Fusaro 

Source : Diego Fusaro & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/del-leviatano-biopolitico

Beaucoup de gens se demandent pourquoi ils n'ont pas introduit sic et simpliciter l'obligation de vaccination, au lieu de la vile formule de chantage que constitue la fameuse "carte verte", comble de l'hypocrisie (Barbero a raison). Ma réponse est la suivante. Tout d'abord, parce qu'alors la responsabilité n'incombe pas à ceux qui vous veulent du bien, ni à ceux qui produisent le sérum, ni même à ceux qui ne vous forcent pas à vous vacciner, mais vous enlèvent simplement les alternatives d'une vie décente, vous empêchant de travailler et même de prendre le train.

En cas de conséquences négatives, lointaines ou non, la responsabilité doit être la vôtre et la vôtre seulement: personne ne vous a forcé. Mais cela ne suffit pas, il y a autre chose, non moins inquiétante. La deuxième raison est d'ordre exclusivement biopolitique: l'infâme carte verte de l'apartheid thérapeutique est le nouveau laissez-passer de l'avenir, la nouvelle carte avec laquelle non seulement ils contrôleront toujours et dans tous ses aspects l'humanité, mais aussi avec laquelle ils lui imposeront aussi toujours davantage de nouveaux droits/autorisations et toujours de nouvelles "mises à jour du système" qui seront posées comme nécessaires. Pour pouvoir bénéficier de droits fondamentaux, comme l'éducation ou les transports publics, il faudra prouver, carte en main, que l'on est toujours en conformité avec les mises à jour biopolitiques requises, parmi lesquelles les autorisations joueront un rôle décisif. En un mot, la tolérance accordée et la carte verte ne s'excluent pas mutuellement, comme si le fait d'octroyer la première (peut-être assortie de l'obligation) libérait alors de la seconde: au contraire, les autorisations globales, accordées à intervalles réguliers, et la fameuse carte verte forment un système et créent, dans leur union, une pierre angulaire de la nouvelle gouvernance biopolitique du Léviathan techno-sanitaire. Même lorsque tout le monde, et j'insiste sur ce "tout le monde", sera autorisé à agir par de bons ou de mauvais moyens, comme cela arrivera tôt ou tard, les sujets continueront à avoir la carte verte comme un laissez-passer obligatoire, comme un instrument de contrôle totalitaire. En bref, l'obligation ne chasse pas la carte verte, mais l'intègre. Bienvenue dans le capitalisme thérapeutique.

jeudi, 09 septembre 2021

La société méfiante qui ne pense pas et ne croit pas

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La société méfiante qui ne pense pas et ne croit pas

par Marcello Veneziani 

Source : Marcello Veneziani & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-societa-diffidente-che-non-pensa-e-non-crede

Dans quelle "race" de société vivons-nous ? Je sais que la question est mal formulée car elle utilise le "mot interdit", mais il suffit d'un minimum d'intelligence pour en comprendre le sens. Quel malaise profond traduit la révolte contre la vaccination obligatoire et le "passeport vert", en dehors des raisons sanitaires qui la sous-tendent ? Nous vivons dans une société de peur, de méfiance et de ressentiment, et nous en portons tous les signes à des degrés divers. La peur et le terrorisme de la contagion ont également alimenté la peur inverse, celle du vaccin incognito, "expérimental".

La méfiance à l'égard des personnes à risque d'infection et de celles qui ne suivent pas les protocoles sanitaires a accru la méfiance spéculaire à l'égard des pouvoirs politiques, pharmaceutiques et sanitaires et de leurs adeptes. Et le ressentiment à l'égard de la "race maudite" des sceptiques et des rebelles aux prescriptions en matière de santé s'est transformé en une forme de ressentiment à l'égard des obligations, de leurs commissaires-priseurs et des agitateurs de drapeaux. C'est une spirale dont nous ne pouvons comprendre le sens si nous ne regardons que l'effet de la rébellion, sans nous interroger sur les motivations qui l'ont incubée et nourrie, jusqu'à ce qu'elle explose. La vérité est que les rebelles sont une minorité (et que les indisciplinés sont une minorité de la minorité), mais ils sont la partie émergée d'un iceberg beaucoup plus grand : parce qu'en plus des rebelles, il y a le public plus large des réticents, des sceptiques, des méfiants; même parmi ceux qui ont été vaccinés et ont un "laissez-passer vert".

Mais nous ne souhaitons pas revenir sur la question des vaccins et des passeports sanitaires ; nous voulons plutôt comprendre quel malaise pousse notre société à devenir la proie du ressentiment, de la méfiance, de la peur et de l'anxiété.

Ici, nous devons faire un saut supplémentaire pour entrer dans les profondeurs de l'agitation sociale et civile. Au-delà de la pandémie, nous sommes entrés depuis longtemps dans la société qui ne croit pas, qui ne pense pas, qui ne sait pas, qui n'aime pas sauf dans sa vie privée et qui a perdu la foi dans le monde, dans l'avenir et dans les classes dirigeantes.

Il fut un temps où l'on pensait qu'une fois les croyances dépassées, la société mature de la pensée autonome se développerait, remplaçant la foi par la raison, la certitude par la liberté, la dévotion par le sens critique. Au contraire, nous assistons ici à un résultat très différent: notre société qui ne croit pas est aussi une société qui ne pense pas, notre société qui n'a plus la foi, qu'elle soit religieuse ou politique, est plus exposée à la méfiance et à la défiance envers la raison et les guides.

Une fois que la dévotion populaire aux prétendues superstitions religieuses a disparu, le trou noir de l'ignorance s'est agrandi, tout comme le manque de volonté d'enquêter, de penser de manière critique et de porter des jugements indépendants. Les saints ont été remplacés par des gourous, après les prédicateurs sont venus les influenceurs, et une fois les institutions religieuses désertées, les gens s'en remettent aux superstitions de la toile mondiale. Ce qui s'est passé est un terrible mélange d'ignorance et de présomption: l'ignorance des sociétés dominées par la foi et l'autorité était au moins accompagnée d'humilité et de respect pour ceux qui savent, ont plus d'expérience et de culture. Aujourd'hui, cependant, tout le monde prétend juger de tout ; en raison d'un sens mal compris de la démocratie et de la souveraineté des citoyens, chacun se sent autorisé à juger les événements et les personnalités du fond de son ignorance. L'ignorance et l'arrogance se conjuguent pour claironner des jugements méprisants et des comportements conséquents au nom sacré de la liberté.

En bref, la perte de la foi, de la confiance dans l'autorité, s'est combinée avec la perte de la connaissance, avec le mépris de la culture, avec le rejet du savoir, ce qui est un chemin difficile, épineux, dans lequel se forment inévitablement des hiérarchies de compréhension. Une société ne peut vivre si elle ne croit en rien, si elle ne pense pas, si elle n'étudie pas, si elle ne respecte pas les différences, les rôles et les rangs de la connaissance.

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Un texte d'un philosophe à l'écart, Pietro Martinetti, mort en 1943, vient de sortir. Il s'intitule Il compito della filosofia nell'ora presente (= La tâche de la philosophie à l'époque actuelle) (éd. Comunità) et date d'il y a cent ans. Martinetti n'était ni catholique ni traditionaliste, il était plutôt proche du protestantisme. À l'époque du fascisme, il fut le seul philosophe universitaire à refuser de prêter serment d'allégeance au régime, en 1931, et à en subir les conséquences. La solitude de sa dissidence a magnifié sa figure et diminué celle de ses nombreux collègues devenus antifascistes à la chute du régime, mais qui étaient tous alignés à l'époque. Il est facile d'être antifasciste au beau milieu d'un régime antifasciste ; il fallait du courage, de l'amour de la vérité et de la dignité en tant que philosophe pour l'être lorsque le fascisme avait le pouvoir et le consensus.

Martinetti, bien que non croyant, écrit que pour le philosophe "la religion est la charnière de la vie" et que "la vie morale n'a de fin et de véritable consistance que dans la conscience religieuse". Il définit ensuite la société comme "un organisme spirituel dont le but et l'idéal sont l'unité harmonieuse de toutes les volontés dans une vie commune". Vous rendez-vous compte de l'abîme qui nous sépare aujourd'hui de sa vision? Bien sûr, le philosophe regarde ce qui devrait être, l'idéal, et perd de vue "la réalité effective", comme dit Machiavel. Mais le plus décourageant, c'est que les philosophes, les penseurs et les intellectuels eux-mêmes ont perdu l'idéal sans avoir gagné le réel; et s'ils font allusion à une quelconque dissidence, comme ce fut le cas sur la question du covid, ils sont raillés et censurés. Selon Martinetti, l'art, la philosophie et la religion sont les moyens de générer l'union sociale et spirituelle et de s'élever du fini à l'infini.

D'où la question, avec une amertume découragée: dans quelle "race" de société vivons-nous, qui a cessé de croire et de penser, qui est devenue inculte, rancunière et présomptueuse? Et si "la tâche de la philosophie à l'heure actuelle" était de repenser la société en tant qu'organisme spirituel et la philosophie en relation avec le sacré et le destin, sur un chemin qui entrelace croire et penser, connaître et aimer? Mission impossible, mais nécessaire.

Cent ans d'histoire de Mongolie, de Sükhbaatar à la démocratie sociale

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Cent ans d'histoire de Mongolie, de Sükhbaatar à la démocratie sociale

Luca Bagatin

Ex: https://electomagazine.it/cento-anni-di-mongolia-da-sukhbaatar-alla-socialdemocrazia/

Il y a cent ans mourait le baron Roman von Ungern-Sternberg (1886 - 1921), seigneur de guerre russe d'origine allemande qui, à la tête de l'Armée blanche tsariste, s'était proclamé dictateur de la Mongolie, peu avant d'être déposé par l'Armée rouge bolchevique en septembre 1921.

Les milices communistes mongoles dirigées par Damdiny Sükhbaatar (1893-1923), le "Lénine mongol", ont contribué à la chute du "baron fou" (c'est le nom sous lequel il est entré dans l'histoire).

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Sükhbaatar, avec la révolution bolchevique mongole de 1921, a mis fin au long Moyen Âge mongol et à l'autorité ecclésiastique des lamas dans le pays, et l'année suivant sa mort, en 1924, la République populaire mongole a été proclamée. Damdiny Sükhbaatar, fils d'un pauvre fermier, a été un travailleur infatigable toute sa vie avant de rejoindre l'armée en 1912.

C'est son amitié avec des formateurs militaires russes qui le met en contact avec les idéaux léninistes de la révolution soviétique et il devient rapidement le chef d'un cercle d'inspiration nationaliste et bolchevique.

Il entre en contact avec le Komintern et avec Lénine et fonde en 1920 le Parti du peuple mongol, d'idéologie marxiste-léniniste, dans le but est de défendre la nation mongole, de libérer le pays de ses ennemis, de renforcer l'État dans une direction socialiste et de libérer les travailleurs, en particulier les paysans, de l'exploitation de l'homme par l'homme.

Après avoir vaincu le baron Ungern-Sternberg, Sükhbaatar, devenu un héros national, établit des relations étroites avec le Kremlin, rencontrant Vladimir Lénine à Moscou en 1921.

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Le nouveau gouvernement mongol, adoptant une voie dite "non capitaliste", libère les masses paysannes du servage et abolit tous les privilèges des anciens seigneurs féodaux et du clergé lamaïste, imposant à tous une fiscalité équitable.

Le gouvernement socialiste mongol n'a cependant pas aboli la foi bouddhiste, mais l'a plutôt renforcée, la ramenant à son état le plus pur. En réduisant le pouvoir temporel et économique des lamas, le gouvernement entendait ramener le pays aux enseignements originaux du Bouddha, à savoir le sacrifice, la compassion et le dépassement des privilèges matériels.

Si Sükhbaatar, toujours considéré comme un héros national en Mongolie (au point que la capitale Urga portera son nom, à savoir Oulan-Bator), restera dans l'histoire comme le "Lénine mongol", son successeur, Khorloogiin Choibalsan (1895-1952), restera dans l'histoire comme le "Staline d'Oulan-Bator".

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Le Parti du peuple mongol change de nom pour devenir le Parti révolutionnaire du peuple mongol et Choibalsan, son nouveau dirigeant et président du pays à partir de 1929, entame une véritable modernisation de l'État et procède à une sérieuse et lourde confiscation des biens des nobles féodaux et du clergé.

Les paysans sont organisés en coopératives et la collectivisation de l'économie est initiée de manière similaire à celle mise en œuvre par Staline en URSS, commençant également à développer progressivement le secteur industriel, jusqu'alors totalement inexistant en Mongolie.

Tout cela a favorisé un progrès social et culturel progressif du Pays, grâce aussi à des relations socio-économiques toujours plus grandes avec l'URSS, un aspect qui, cependant, rendra souvent difficiles les relations avec la Chine maoïste toute proche, qui, avec l'URSS, surtout après Staline, aura des relations tout sauf idylliques.

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A Choibalsan succède Yumjaagiin Tsedenbal (1916 - 1991), le président d'une Mongolie plus moderne, désormais sur la voie du socialisme avancé.

Un socialisme malheureusement destiné à imploser à cause du réformisme du "Gorbatchev mongol", Jambyn Batmönkh (1926 - 1997), qui, en s'ouvrant aux réformes bourgeoises, a fini par entraîner le pays vers l'abîme capitaliste et, lui-même et sa famille, se sont retrouvés longtemps au chômage et, par la suite, producteurs de pain et vendeurs de vêtements traditionnels mongols.

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Le Parti révolutionnaire du peuple mongol a repris le nom de Parti du peuple mongol et a depuis longtemps abandonné son idéologie marxiste-léniniste pour devenir un parti social-démocrate, tout en conservant sa propre idéologie ancrée dans le nationalisme de gauche.

Les anciennes batailles de Sükhbaatar et de ses dignes successeurs étant toujours vivantes dans la mémoire mongole, le Parti du peuple mongol dirige toujours le pays.

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Depuis juin dernier, avec à sa tête Ukhnaagiin Khürelsükh (1968), il a été élu avec 67,76%, ayant battu le candidat libéral du Parti démocratique, qui se situait à 20,33%.
Le socialisme mongol, sur lequel on a très peu écrit en Europe, est également abordé dans l'intéressant essai de Marco Bagozzi, Il socialismo nelle steppe (="Socialisme dans les steppes"), publié par Anteo.

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Les atlantistes ont vendu le Panshir pour faciliter les accords du maître américain

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Les atlantistes ont vendu le Panshir pour faciliter les accords du maître américain

Augusto Grandi

Ex: https://electomagazine.it/

Et si la fuite des Américains de Kaboul n'était pas seulement une fuite mais une stratégie précise d'entente avec les Talibans ? Cela expliquerait la décision de laisser sur le terrain une quantité impressionnante d'armes sophistiquées et coûteuses qui vont maintenant permettre aux "étudiants coraniques" d'éliminer les poches de résistance dans le Panshir. Parce que les militaires yankees ont détruit un hélicoptère et quatre véhicules blindés à l'aéroport de Kaboul pour faire une mise en scène devant les caméras, après que les talibans aient pu faire le plein de toutes les armes nécessaires pour contrôler l'Afghanistan. Et il est difficile de croire que l'absence de victimes américaines après les accords signés par Trump soit un accident.

Les États-Unis ne combattaient plus et savaient parfaitement que l'armée régulière afghane fondrait sans même essayer de résister. En remettant aux Talibans toutes les armes fournies par l'Occident. Un jeu sale entre les parties où les victimes des alliés et des serviteurs atlantistes italiens ne comptent pour absolument rien.

En fin de compte, cependant, il s'agit d'une tentative des Américains de se préserver un rôle en Afghanistan, de contrecarrer toute expansion diplomatique russe et, surtout, de saboter le nouveau rôle de Pékin qui, pour Biden, est le véritable ennemi. Les Américains ont formé les forces spéciales des talibans qui combattent les alliés de l'Amérique. Un jeu de miroirs, d'ombres. Mais il vaut mieux ne pas en parler car les parents des victimes italiennes pourraient ne pas être heureux du sacrifice inutile de leurs proches. Envoyés à la mort pour les intérêts de Washington et des atlantistes italiotes.

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Combattants du Panshir: trahis ! Purement et simplement !

D'un autre côté, la situation sera pire pour les combattants du Panshir, qui étaient autrefois les plus fidèles alliés de Washington et qui ont maintenant été abandonnés aux représailles des talibans comme monnaie d'échange entre Biden et le nouveau gouvernement de Kaboul. Un destin inévitable quand on fait confiance aux États-Unis. Les faux défenseurs de la liberté qui, au nom de leurs sales intérêts, ont d'abord roulé l'Espagne, puis le Mexique, volant des terres ici et là, de la Californie aux Philippines. Mais l'Italie avait elle aussi cru aux promesses de Washington sur l'autodétermination des peuples, pour se faire voler Fiume et la Dalmatie à la fin de la Première Guerre mondiale.

Ce gouvernement italien atlantiste est la cause de son propre malheur. Mais le gouvernement de la clique jure allégeance à Washington et l'opposition n'est pas différente. Tous des atlantistes de la première heure, tous à la recherche d'une invitation aux Etats-Unis pour embrasser la pantoufle sacrée à la Maison Blanche. Le sacrifice du Panshir vaut bien une photo avec Biden ou Trump. Les soldats italiens qui sont morts en Afghanistan pour faire plaisir à l'allié américain méritent bien un selfie au Capitole. Les atlantistes du monde entier s'unissent et font une génuflexion devant le maître américain.

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