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dimanche, 01 mai 2022

La revue de presse de CD - 01 mai 2022

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La revue de presse de CD

01 mai 2022

EN VEDETTE

Victoire de Macron : les 10 commandements des médias, par Jean-Yves Le Gallou

Ainsi la pièce est jouée. Comme prévu, le deuxième tour de l’élection présidentielle a vu s’affronter Marine Le Pen et Emmanuel Macron, permettant au Grand Liquidateur d’être réélu malgré l’immense rejet qu’il suscite par son arrogance et son mépris. Du début de la campagne jusqu’à sa clôture, les médias de propagande sont parvenus à garder la situation sous contrôle. Jean-Yves Le Gallou raconte l’histoire en 10 séquences.

Polemia.com

https://www.polemia.com/victoire-de-macron-les-10-command...

DÉSINFORMATION/CORRUPTION/DICTATURE

Un système de crédit social à l’essai en Italie pour récompenser les « citoyens vertueux »’.

Quoique publiée il y a trois semaines de cela déjà par le célèbre Corriere della Sera, cette information surprenante (ou pas) n’en est pas moins restée étrangement inaperçue. Et c’est bien dommage, car l‘article en question gagnerait à être connu

Le blog de Liliane Held Khawam.com

https://lilianeheldkhawam.com/2022/04/25/officiel-un-syst...

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Le sort de Julian Assange est entre les mains du gouvernement britannique… pour l’instant

Mercredi 20 avril 2022, la justice britannique a formellement autorisé l’extradition aux États-Unis de Julian Assange, journaliste australien et fondateur de Wikileaks, où il risque une peine de prison de 175 ans pour avoir révélé au grand public les crimes de guerre commis par le gouvernement américain.

les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/le-sort-de-julian-assange-est-e...

ÉCOLOGIE

L’écologie des gestionnaires : une impasse. Le cas du Parc National des Calanques

Le Parc National des Calanques (PNC) use de médias pour promouvoir son massif : affichages publicitaires, site internet, réseaux « sociaux » (Facebook, Instagram...) et une application mobile. Tout est fait pour inciter les touristes à s’y rendre. Paradoxalement, il souhaite mettre un terme à « l’hyper-fréquentation » de Sugiton pour mieux protéger ce « site naturel en péril 1 ». En effet, l’été dernier, nous apprenions la mise en place d’un permis de visite de cette Calanque dès la saison 2022. Cette mesure expérimentale de « contingentement » vise à plafonner le nombre de visiteurs du site à un seuil fixé par le directeur du PNC. Un système de
réservation génèrera automatiquement le précieux sésame : un QR Code. Un de plus.

Piecesetmaindoeurvre.com

https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/l_e_cologie_d...

Qui pour « incarner » l’action climatique en France ?

Les rapports du GIEC se succèdent, tirant de toujours plus nombreuses sonnettes d’alarme ; malgré cela, la prise en considération de l’urgence climatique semble très souvent en décalage avec les faits. Dans ce sens, on peut dire qu’il existe un écart important entre l’action politique et les éléments mis en lumière par les scientifiques.

theconversation.com

https://theconversation.com/qui-pour-incarner-laction-climatique-en-france-181210?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2026%20avril%202022%20-%202274522615&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2026%20avril%202022%20-%202274522615+CID_8873156874489c4f478fa843d3441aa5&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Qui%20pour%20%20incarner%20%20laction%20climatique%20en%20France  

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ÉCONOMIE

La tension sur le Doliprane : l’arbre qui cache la forêt

La cause évoquée pour expliquer la délocalisation de la fabrication du paracétamol est le coût de la production en France. C’est un argument bateau pour expliquer n’importe quelle délocalisation. De prime abord c’est évident. Quand on creuse un peu c’est plus compliqué. En vérité, c’est l’industrie chimique qui s’est effondrée. Ce qui entre dans le cadre de l’effondrement de l’industrie en général, lui même lié à l’effondrement de l’économie française.

Contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/04/30/426464-la-tension...

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ÉNERGIES

Les 12 mensonges du GIEC, par Christian Gerondeau

Il est difficile de croire qu’un organisme international officiel mente effrontément. C’est pourtant ce que fait le GIEC, émanation des Nations-Unies censées représenter l’intérêt de l’humanité. Il l’a fait par exemple lorsqu’il a déclaré en 2011 que l’humanité pourrait se passer des énergies fossiles en 2050 et que « près de 80 % des besoins d’énergie de l’humanité pourraient alors être satisfaits par les énergies renouvelables. » Or toutes les projections montrent que ces dernières ne pourront répondre au mieux à cette date qu’à 10 % des besoins et que les énergies fossiles en satisferont toujours près de 80 %. D’autres mensonges, tout aussi grossiers, concernent l’évolution de la température terrestre, la montée supposée des eaux, la survie de la faune et de la flore… L’invité de « Politique & Eco », l’ingénieur polytechnicien Christian Gerondeau, les énumère dans son ouvrage « Les douze mensonges du GIEC ». Passionnant !

Tvlibertes.com

https://www.tvlibertes.com/les-12-mensonges-du-giec-polit...

ÉTATS-UNIS

Qui sont les vrais criminels de guerre ?

Si tuer des civils sans nécessité est la définition standard d’un crime de guerre, alors les cinq derniers présidents américains sont tous des criminels de guerre. En d’autres termes, historiquement parlant, les accusations de crimes de guerre, qui n’ont aucune signification réelle en droit et sont à la fois infiniment élastiques et sujettes à interprétation, ont souvent dépendu du côté de la barrière où l’on se trouvait lorsque la guerre s’est terminée.

Lecridespeuples.fr

https://lecridespeuples.fr/2022/04/23/qui-sont-les-vrais-...

L’Empire du Mensonge

On dit que l’Amérique est devenue l’empire du mensonge. Aussi difficile à accepter soit-elle, cette allégation est vraie. Le nier serait se bercer d’illusions. La vérité est qu’au cours des dernières décennies, les élites américaines ont érigé un système dans lequel les mensonges imprègnent tous les aspects de notre vie sociétale.

lesakerfrancophone.fr

https://lesakerfrancophone.fr/lempire-du-mensonge

FRANCE

La France hors limites

Les cinq années à venir marqueront un point de bascule stratégique pour la France dans le cadre d’un deuxième mandat du président Emmanuel Macron. Si la période 2017-2022 fut celle du retour aux dures réalités géopolitiques pour l’Europe et en particulier pour la France, l’avenir de notre pays est un parcours semé d’embûches dans lequel aucune puissance, alliée ou non, ne nous fera de cadeaux. Je vois trois chantiers sur lesquels le président français et sa majorité devront travailler : l’indépendance, l’interopérabilité des alliances, et la prévention.

Geopragma.fr

https://geopragma.fr/la-france-hors-limites/

GAFAM

Informatique. Les cookies c’est fini, place aux API de conversion

Les données de conversion sont le fondement de l’écosystème de la publicité numérique. Le suivi des conversions capture les interactions avec le site web ou les événements du navigateur, tels que les consultations de produits, les ajouts au panier, les paiements, etc. Les données de conversion permettent non seulement d’établir des rapports sur les publicités, mais elles constituent également le principal moteur des actions de suivi marketing, notamment l’optimisation des futures publicités, le choix de la meilleure audience pour les annonces grâce à l’optimisation du Machine Learning, le développement des prospects et le ciblage dynamique des publicités pour les clients potentiels.

Breizh-info.com

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GÉOPOLITIQUE

L'adhésion de la Suède et la Finlande à l'OTAN : réponse émotionnelle ou peur rationnelle ?

Réaction émotionnelle ou “peur rationnelle” ? Selon des sources nordiques, la Suède et la Finlande seraient en train de préparer une déclaration commune pour le mois de mai affichant leur volonté de rejoindre l’OTAN. Comment expliquer le virage de ces deux pays historiquement non-alignés (mais qui sont déjà des partenaires de l’OTAN depuis des années) ? Il convient certes de noter certaines nuances de perspectives : pour Stockholm, la neutralité a longtemps été un choix philosophique, tandis que pour Helsinki, elle a représenté une stratégie pragmatique pour maintenir l’indépendance de l’état finlandais face à son grand voisin de l'Est. Dans les deux cas, il est néanmoins clair que l’invasion de l’Ukraine par les forces de Poutine vient de pousser l’opinion publique fortement vers l’Alliance atlantique.

Laselectiondujour.com

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La géopolitique des îles: litiges territoriaux et autres aspects de la géographie maritime

Début avril, deux événements apparemment sans rapport ont eu lieu: l'Argentine a célébré le 40e anniversaire du début de la guerre pour les îles Malouines (au début, l'opération était en faveur de Buenos Aires, mais les Britanniques ont fini par battre les Argentins et ceux-ci ont capitulé), ainsi que les préoccupations exprimées par certains pays au sujet du prochain traité entre la Chine et les îles Salomon dans l'océan Pacifique. En fait, les deux cas reflètent un facteur très important de la géopolitique mondiale - l'importance des îles en tant que bastions, bases militaires et territoires souverains (autrement dépendants) contestés.

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2022/04/27/l...

RÉFLEXION

La démolition contrôlée de l'Occident

Le déclin de l'Occident se produit sous nos yeux, en ce moment même, mais il sera dévastateur pour bien plus de lieux que l'Occident lui-même. Ne vous méprenez pas, ce qui se passe est une démolition contrôlée conçue par l'élite. La dernière fois (bien sûr, ce n'est qu'un bref rappel de l'histoire) que nous avons vu quelque chose de similaire, c'était à la fin de l'Empire britannique et lors de la montée des États-Unis.

Euro-synergies.hautetfort.com

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SANTÉ/MENSONGES/LIBERTÉ

Explosion des effets secondaires suite à la vaccination contre le Covid aux États-Unis

Aux États-Unis, les événements indésirables qui pourraient être liés aux vaccins grimpent en flèche. Parmi les effets secondaires repérés pendant la vaccination en population générale depuis le début de l'année 2021, les myocardites et les péricardites sont ceux qui sont le plus fréquemment rencontrés.

Francesoir.fr

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Addiction aux opiacés : un rapport d'enquête parlementaire américain accable McKinsey

573 millions de dollars ! C’est la somme que McKinsey a accepté de payer en février 2021 dans le cadre d’un compromis avec la justice américaine. Plusieurs États de l’Union accusaient McKinsey d’avoir contribué à la crise des opiacés par ses conseils à plusieurs laboratoires pharmaceutiques. Purdue Pharma, le fabricant de l’OxyContin et client important de McKinsey, était dans l’œil du cyclone. L’addiction aux médicaments opiacés contre la douleur a provoqué une épidémie dramatique : on estime à 500 000 le nombre de morts par surdosage aux États-Unis entre 1999 et 2018. Aujourd’hui, près de 650 000 prescriptions d’opioïdes sont faites tous les jours dans ce pays. 2 millions de personnes sont dépendantes et au moins 90 d’entre elles meurent chaque jour. On s’approche, sur une base annuelle, du double de morts par armes à feu.

leselectiondujour.com

https://www.laselectiondujour.com/addiction-aux-opiaces-u... /

Peut-on apprendre quelque chose des chiffres de la DREES

Chaque semaine, la DREES met à jour les données résultant des appariements entre 3 fichiers produits par Santé Publique France : les fichiers de vaccination anti-Covid (VAC-SI), de tests (SI-DEP) et de données hospitalières (SI-VIC).

Peut-on en tirer des indications sur l’efficacité des vaccin, comme cela a parfois été fait pour affirmer que « la vaccination protège contre les formes sévères de Covid-19 » ? Ce n’est pas certain. En effet, outre certains biais possibles, les données fournies par la DREES ne reposent pas toujours sur des observations, et ne sont donc pas infaillibles.

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2022/04/28/peut-on-apprendre...

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UNION EUROPÉENNE

L’Union européenne va autoriser le transfert de nos données personnelles numériques à la NSA

C’est ce que nous a expliqué Ursula von der Leyen via Twitter après sa rencontre du vendredi 25 mars avec Biden. « Heureuse que nous ayons trouvé un accord de principe sur un nouveau cadre pour les flux de données transatlantiques. Il permettra des flux de données prévisibles et dignes de confiance entre l’UE et les États-Unis, en équilibrant la sécurité, le droit à la vie privée et la protection des données. Il s’agit d’une nouvelle étape dans le renforcement de notre partenariat. »

Generationfexit.fr

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La folle stratégie de l’Europe pour la sécurité alimentaire

La Commission Européenne a produit un document le mois dernier : « Safeguarding food security and reinforcing the resilience of food systems » (préserver la sécurité alimentaire et renforcer la résilience des systèmes alimentaires). Cette stratégie de l’UE sur la manière d’atténuer la crise de la sécurité alimentaire, les famines et l’augmentation de la malnutrition à venir consiste à promouvoir davantage la production alimentaire biologique, l’agro-écologie, la réduction de l’utilisation des engrais, l’agriculture de subsistance, les théories de justice sociale, Farm2Fork et l’augmentation de l’aide liée à l’alimentation (aux pays prêts à adopter une certaine idéologie de culte alimentaire partagée par une minorité d’activistes à Bruxelles). L’UE présente une recette pour la famine, les conflits civils et l’effondrement économique dans de larges pans du monde en développement… et leur communication s’en félicite.

contrepoints.org

https://www.contrepoints.org/2022/04/28/426312-la-folle-s...

Europe : L’UE veut faciliter l’immigration de travail provenant du Maroc, de la Tunisie, du Sénégal, du Nigéria et du Pakistan

La Commission européenne devait présenter, mercredi 27 avril, un projet de directive visant à faciliter l’arrivée « de compétences et de talents » en Europe. En clair, favoriser une migration légale de travailleurs et de jeunes pour répondre au défi démographique et pallier le manque de main-d’œuvre dans des secteurs comme la santé, la technologie, la construction ou le transport.

fdesouche

https://www.fdesouche.com/2022/04/27/europe-lue-veut-faci...

Origines de la Fête du jour de Mai

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Origines de la Fête du jour de Mai

Source: https://www.romanoimpero.com/2017/05/i-maggio-le-maiae.html

LA DÉESSE MAIA

Mai était le mois dédié à Maia et sa fête, qui tombait le 1er mai, était appelée - MAIAE -.
La racine Ma lui est attribuée en tant que Mère, mais aussi en tant que Maius, c'est-à-dire plus grande et abondante, et l'abondance signifiait des récoltes abondantes et des animaux bien nourris qui assuraient la survie.

Chaque 1er mai, le dieu Vulcain, c'est-à-dire ses prêtres, lui offrait une truie enceinte en sacrifice, afin que la terre soit également enceinte de bons fruits. Cela suggère une Déesse Mère qui gouverne les volcans, donc une Déesse du feu.

En fait, le nom du porc vient d'elle aussi, soit du latin "sus maialis". Ses origines sont grecques, de la déesse Maia, qui signifie "nourricière". En fait, la Terre nourrit toutes ses créatures.

À Rome, cette nymphe était identifiée à une déesse italique préexistante, Maiesta (d'où le mot majesté) ou Maia. C'est pourquoi elle était invoquée, surtout au cours du mois qui lui est consacré, et surtout au début du mois, c'est-à-dire le 1er mai, également en tant que garante des contrats agricoles ou d'élevage.

Si un mois, celui de mai, lui était dédié, on peut comprendre l'importance de cette divinité dans les temps archaïques.

Octave, pour ne pas être en reste, a eu un mois qui lui était dédié, le mois d'août, et à son père adoptif il a dédié le mois de juillet, Iulius.

Mais il n'a pas osé retirer la dédicace du mois de mai à la déesse vierge Maia, par ailleurs mère d'un tel Dieu, à savoir l'infatigable travailleur Mercure, qui faisait office de messager entre les dieux et les hommes, était le patron des commerçants, des voyageurs et des voleurs, et accompagnait enfin les âmes des morts aux enfers.

La déesse Maia était si importante que l'Église a dû s'efforcer d'effacer son souvenir, qui était très vivant et suivi par la population, en le dédiant à une autre Vierge, à Marie, d'ailleurs le mois de mai lui est désormais consacré.

En fait, Maia aussi était vierge, mais comme toutes les Grandes Mères, elle a eu des rapports sexuels et même des enfants, en fait Mercure est né d'elle. Dans les temps anciens, la virginité n'indiquait pas un état physique mais un état d'esprit. La Vierge était celle qui n'avait pas de mari et était donc libre d'aller avec qui elle voulait, à tel point que la vierge au sens physique était appelée la "Virgo intacta".

Comme attributs, la déesse avait le laburnum, la torche enflammée, la corne d'abondance, les volcans.

NOMS DE MAIA

    Mara
    Maiesta
    Mammon (est devenu un diable dans le catholicisme).
    Mama Mammon - la nature visible
    Mamma Mammon - la nature invisible, ou l'énergie divine qui la gouverne.

À Florence, dans la Via Strozzi, on a retrouvé un fragment d'épigraphe dédié au dieu Mercure et à sa mère Maia ; il y avait probablement un temple qui leur était consacré.

Ce n'est pas un hasard si Mercure est également un psychopompe, c'est-à-dire un passeur d'âmes vers l'au-delà. Le fils a rempli une tâche qui appartenait à la mère. En tant que déesse mère, Maia était en fait une triple déesse, régnant dans le ciel (comme la lune), sur la terre (par la production de plantes et de champs cultivés) et dans le monde souterrain (comme déesse des morts).

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DE MAIA À LA MADONNA 

Le "Mai des roses et de la Vierge" trouve son origine au Moyen Âge, lorsque, dans une tentative de christianisation des fêtes païennes en l'honneur de la nature et de la déesse Maia, on a pensé que les thèmes de la nature et de la Sainte Vierge pouvaient être combinés avec la Madone, la plus haute créature. Selon l'historien médiéviste Cardini, la pratique des premières dévotions remonte "au XVIe siècle, lorsque les gens ont commencé à réagir à l'esprit de la Renaissance, jugé trop païen: le mois de mai a donc également revêtu un caractère réparateur".

Cela confirme que dans les campagnes jusqu'au 16e siècle, les anciens dieux étaient encore vénérés selon les anciens rituels. Ce n'est pas pour rien que l'Église a brûlé un nombre disproportionné de sorcières, car le paganisme était considéré comme de la sorcellerie ou de la diablerie. À Rome, le mois de mai était dédié à la déesse Maia, et les roses lui étaient également dédiées. Mai vient donc de Maia, une ancienne déesse italique de l'époque préromaine et plus tard romaine.

MAIELLA

La montagne Maiella, dans les Abruzzes, tire son nom de la déesse et la légende des gigantesques "maiellane" y a fleuri, ces femmes guerrières mythiques parées de grandes boucles d'oreilles à cerceaux et de colliers voyants, qui, en des temps très reculés, se battaient, indomptées, pour défendre leur indépendance.

La légende remonte aux temps anciens où les femmes se battaient et luttaient, si nécessaire, comme les hommes. Il suffit de se souvenir des Amazones qui dominaient l'Europe de l'Est et une partie de l'Asie.

Ce n'est pas un hasard si l'abbaye de Santa Maria dell'Avella, construite avant le 10e siècle, a été bâtie sur une crête de la montagne Maiella, où la déesse a certainement été vénérée autrefois.

En outre, le 1er mai, la "Madonna della Mazza" est célébrée dans les Abruzzes, et les habitants de Pretoro font un pèlerinage sur la Maiella, pour prendre la statue du temple et la transférer à la paroisse de Pretoro, où elle reste pour des honneurs solennels jusqu'à la fin juin.

Cela suggère une ancienne fête de Maia, dont le sanctuaire devait se trouver sur la montagne, où se déroulaient des processions et des rituels, notamment pendant la Maiaie.

Dans les Abruzzes, il y a aussi la légende de la nymphe Maia, fille d'Atlas, qui se réfugia dans la montagne pour sauver son fils blessé, qui mourut et fut enterré là, à la douleur infinie de sa mère. Il s'agit clairement d'une reconstitution du mythe de l'enfant-nymphe qui meurt chaque année pour être ressuscité l'année suivante. Un mythe repris plus tard par l'Église catholique avec le Christ mort et ressuscité.

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BONA DEA

LA FÊTE DE MAIA - LES MAIAE

"Kalendae Maiae sunt antiquae hemisphaerii septentrionalis feriae vernae die 1 Maii habitae, usitate feriae publicae, et in multis culturis translaticiae veris feriae. Cum Internationali Operariorum Die congruit. In multis linguis tantum Dies Maii appellari potest ; Anglice (langue anglicane) autem in Havaiis (langue hawaïenne)".

C'était avant tout une fête des champs, célébrant les bourgeons de la récolte à venir et le vin de l'année écoulée. Dans les temps anciens, les premiers fruits étaient scarifiés à la déesse, plus tard le rite est devenu sanglant et une truie enceinte était sacrifiée, un symbole du printemps et de tout ce qui fleurit et produit, pour les femmes c'est devenu un souhait de fertilité.

Le sacrifice de la truie était une particularité des sacrifices dédiés à la Mère Terre, donc forcément la Déesse Maia était une Mère Terre et une Grande Mère, très puissante et très suivie dans les temps archaïques. Après avoir été sacrifié, l'animal était cuit et mangé, un rite très important dans les campagnes, où le cochon salé et aromatisé pouvait être un aliment prêt à l'emploi pour toute l'année.

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À cette occasion, des parties des porcs sacrifiés étaient données à ceux qui avaient eu divers malheurs ou une récolte plus malheureuse, ce qui renforçait les liens entre les villages de la campagne.

Bien sûr, le rite était beaucoup plus populaire à la campagne que dans les villes, mais il était également de coutume que les nobles romains qui possédaient des villas rustiques en dehors de la ville se rendent dans ces villas pour vérifier que les esclaves y travaillaient et pour célébrer dignement les Maiae.

Comme il s'agit d'un rite ancien, il durait jusqu'à tard dans la nuit, favorisant les accouplements amoureux et non amoureux. Les femmes, comme les tables dressées, étaient ornées des pousses du laburnum. Le fait que la déesse ait une torche comme attribut signifiait que le rituel durait jusque tard dans la nuit, grâce aux feux qui étaient allumés pour l'occasion dans la campagne.

Ici, les femmes mariées qui souhaitaient avoir des enfants préparaient une sorte de lit fait de branches d'aulne et, enguirlandées de cytise, faisaient l'amour avec leur mari après avoir récité les prières appropriées. Cependant, la fête avait un caractère très licencieux et même les personnes mariées aimaient changer de partenaire et s'adonner à quelques escapades avec la bénédiction de la déesse.

La fête était préparée de nombreux jours avant, avec des chants, des danses, des banquets et de la musique, où les esclaves mais aussi les poètes locaux étaient invités à s'exprimer afin d'honorer la déesse qui assistait aux fêtes sous la forme d'une statue, parfois en bois, car il s'agissait d'une divinité très ancienne.

LE MAIAE AUJOURD'HUI

Plusieurs coutumes festives issues de cette tradition ont survécu jusqu'à aujourd'hui. En Italie, en fait, on l'appelle souvent Calendimaggio (calendes de mai qui tombaient ou étaient faites pour tomber le premier mai) ou Cantar Maggio, une fête saisonnière célébrant l'arrivée du printemps.

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La fonction magico-propitiatoire de ce rite est souvent réalisée au cours d'une questua pendant laquelle, en échange de cadeaux (traditionnellement des œufs, du vin, de la nourriture ou des sucreries), les maggianti (ou maggerini) chantent des versets de bon augure aux habitants des maisons qu'ils visitent.

Il s'agit manifestement d'un vestige des cadeaux offerts aux plus pauvres, mais aussi aux esclaves, qui, en échange des cadeaux, offraient diverses petites représentations de chant, de danse et de musique, participant également à la fête d'une manière ou d'une autre.

La partie centrale des rituels est aujourd'hui l'exécution de chants de questua, et l'on trouve souvent des chants de Pâques/Calendimaggio dans le nord de l'Italie, comme dans les collines du Piémont, dont le motif "questua delle uova" correspond exactement à ce que l'on appelle dans l'Oltrepò pavese "la galina grisa".

ANCIENNE DÉESSE ITALIQUE

Il y a ensuite le chant du Carlin di maggio (mauvaise prononciation des calendes), de la veine de la "lyrique magique profane" qui, à partir des lacs Cusio, Verbano et Ceresio, s'étend dans tout l'Apennin septentrional jusqu'à ce qu'il rencontre les autres types de maggi (lyrique dramatique, sacré) des montagnes toscanes-émiliennes, puis reprend sa présence dans l'Apennin central.

Souvent, une très grande branche de l'aulne est portée par les "Maggerini" (les chanteurs de mai) et on y accroche les cadeaux offerts dans les maisons, créant ainsi l'arbre de cocagne (Cuccagna).

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Cet arbre folklorique a des racines très anciennes, car il était le réveil de l'arbre de vie, l'arbre dit cosmique qui s'est réveillé après les ténèbres de l'hiver et a donné ses fruits aux hommes et aux animaux, permettant ainsi la perpétuation de la vie.

Les symboles de la renaissance printanière sont les aulnes et les cytises, qui accompagnent les asticots et les fleurs (violettes et roses) mentionnés dans les couplets des chansons, et dont les participants se parent. L'aulne en particulier, qui pousse le long des cours d'eau, est considéré comme le symbole de la vie et est donc souvent présent dans le rituel.

C'est une célébration qui remonte aux peuples anciens qui étaient très intégrés aux rythmes de la nature, comme on le trouvait chez les Celtes, les Étrusques, les Bruziens, les Samnites et les Ligures. Mais il a certainement affecté l'ensemble du monde italique, romain et préromain.

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JOURNÉE DES TRAVAILLEURS

Aujourd'hui, le 1er mai rappelle les émeutes américaines visant à réduire le temps de travail des ouvriers, qui ont été noyées dans le sang. Pendant les vingt années de fascisme, à partir de 1924, la célébration a été avancée au 21 avril, coïncidant avec le Noël de Rome, devenant pour la première fois un jour férié avec le nom de "Noël de Rome - Fête du travail". Il a ensuite été ramené au 1er mai après la fin de la guerre mondiale en 1945, mais a conservé son caractère de jour férié. Cependant, elle est restée une fête romaine d'abord, puis une fête fasciste, transformée en fête communiste.

Le 1er mai 1955, le pape Pie XII a institué la fête de la Saint Joseph Travailleur, afin qu'elle devienne une fête catholique au lieu de la fête laïque qu'elle était à l'origine. La fête de Maia a été oubliée pour ce jour de fête, remplacée par celle de Marie, qui a également été oubliée.

Depuis 1990, les syndicats confédéraux CGIL, CISL et UIL, en collaboration avec la municipalité de Rome, ont organisé un grand concert pour célébrer le 1er mai sur la Piazza San Giovanni, de l'après-midi à la nuit, avec la participation de nombreux groupes musicaux et chanteurs, retransmis en direct à la télévision par la RAI.

BIBLIOGRAPHIE

- Hésiode - Théogonie -
- Walter Burkert - La religion grecque - 1985 - section III -
- Michael Ventris et John Chadwick - Documents en grec mycénien - Cambridge UP - 1956 -.
- Caius Plinius Secundus - Historia naturalis -
- John A. - La religion romaine - Oxford - Oxford University Press pour la Classical Association - 2000 -.
- AA.VV, - Le Premier Mai dans l'histoire de la classe ouvrière - Milan - Lotta Comunista - 2005 -

Fêtes romaines de Mai

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Fêtes romaines de Mai

Source: https://www.romanoimpero.com/2016/05/maggio.html

Plutarque, dans ses Questioni Romane, affirme qu'au mois de mai, il n'y a pas de mariages à Rome car en ce mois-là a lieu la plus solennelle des cérémonies de purification, à savoir la fête des Argei, en l'honneur de Saturne, au cours de laquelle des marionnettes en bois sont jetées dans la rivière. Ces jours peu propices dureront jusqu'au 15 juin, date à laquelle les ordures du temple de Vesta, jetées dans le Tibre, atteignent la mer, selon un oracle rapporté par Ovide dans les Fasti. Avant cette date de la mi-juin, les jours sont peu propices aux mariages.

"Selon l'historien médiéviste Cardini, la pratique des premières dévotions actuelles remonte "au XVIe siècle, lorsque les gens ont commencé à réagir à l'esprit de la Renaissance, considéré comme trop païen: le mois de mai a donc également revêtu un caractère réparateur".

Cela confirme que jusqu'au 16e siècle, les anciens dieux étaient encore vénérés dans les campagnes avec les anciens rituels. Ce n'est pas pour rien que l'Église a brûlé environ un million de sorcières, car le paganisme était considéré comme de la sorcellerie ou de la diablerie.

Selon l'Église catholique, c'est le "mois de la Madone". Mais pourquoi l'appelle-t-on ainsi? Madonna est un terme médiéval qui signifie "ma femme". Maintenant, à Paris, il y a une église qui porte le nom de la Madonne et qui s'appelle "Notre Dame".

Si elle avait été nommée "Madonna" dès le départ en France, elle aurait été appelée "Notre Femme". Partout, la Madone est appelée Notre Dame, même chez les Étrusques, chez qui la déesse Turan signifiait "La Dame". Ici, cependant, il s'agit d'une femme. À Rome, le mois de mai était dédié à la déesse Maia, et les roses lui étaient également dédiées. Mai vient donc de Maia, une ancienne déesse italique de l'époque préromaine et plus tard romaine.

En effet, au mois de mai, de nombreux festivals étaient dédiés à la Madone, que voulaient-ils nous faire oublier? Le mois marial devrait s'appeler le mois de Maia.

5 mai : Notre Dame d'Europe (Nostra Signora de Europa, Our Lady of Europe, seulement parce qu'elle est étrangère, en Italie elle n'est pas une Dame)
8 mai : Notre Dame du Rosaire de Pompéi
8 mai : Bienheureuse Vierge Marie de Sterpeto
13 mai : Notre Dame de Fatima
24 mai : Marie Auxiliatrice
26 mai : Notre-Dame de la Fontaine de Caravaggio (BG)
31 mai : Visitation de la Sainte Vierge Marie 

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MAIA (ou BONA DEA)

LES FÊTES ROMAINES

Mai a été le mois dédié à Maia
 
(1er mai) - Fête de Maia - MAIAE -


Maia était une ancienne déesse du feu et de la chaleur sexuelle, et sa fête était célébrée le 1er mai. La racine Ma lui est attribuée en tant que Mère. Racine qui appartient également au nom de Marie. De ce culte descend aujourd'hui le culte marial superposé par l'Église catholique.

Chaque 1er mai, le dieu Vulcain, c'est-à-dire ses prêtres, lui offrait en sacrifice une truie enceinte, afin que la terre soit également enceinte de bons fruits.

Cela fait penser à la déesse Maia (ancienne Tellus) qui gouverne les volcans, donc déesse du feu. La truie enceinte lui était sacrifiée.

Cela suggère une Déesse Mère qui gouverne les volcans, donc une Déesse du feu. En réalité, le mythe de Maia fait référence au fait que chaque année, le 1er mai, d'où le Calendimaggio, le dieu Vulcain lui rendait hommage avec une truie enceinte, sans aucune allusion à des sacrifices d'animaux. 

Le nom de mai vient d'elle et sa fête était le premier jour du mois, même le nom du "cochon" vient d'elle, du latin "sus maialis". Ses origines sont grecques, de Maia qui signifie "nourricière".

La truie, étant donné son abondante capacité à produire de nombreux rejetons à la fois (jusqu'à des portées de 12 porcelets) était un bon souhait de fertilité pour la terre, les animaux, les cultures et les fruits abondants.

Cependant, Maia était l'épouse du dieu Conso, puis l'amante de Vulcain et enfin l'amante de Mercure. Une sorte de Vénus, en somme.


LE MOIS DÉDIÉ À MAIA

MAIA GREC

Maia, fille d'Atlas, fut aimée de Zeus et donna naissance à Hermès (Mercure), puis elle s'effaça. Certes, au début, c'est le fils qui meurt, ressuscite et s'accouple avec la Déesse Mère.

Maia a laissé le trône olympique aux hommes, tout comme Hestia, signifiant ainsi le changement de culte de la femme à l'homme. Avec les invasions helléniques, de nombreux dieux ont changé, d'abord des dieux Titan aux dieux olympiques, puis des Grandes Mères aux déesses olympiques mineures.

Toutes les Grandes Mères étaient vierges, de Maia à Hestia, de Diane à Minerve, etc. Cela ne signifie pas qu'elles n'avaient pas de rapports sexuels, mais qu'elles n'étaient pas soumises aux hommes, à tel point que les Latins appelaient la vierge au sens physique du terme la "Virgo Intacta".

De plus, "Vierge" était Virgo, ce qu'on appelle aujourd'hui Virago, d'où le terme Vir (mâle, homme). Les grandes Mères s'accouplaient librement avec qui elles voulaient et avaient des enfants, contrairement à la Madone qui ne s'accouple jamais.

MAIA ROMAINE

À Rome, cette déesse-nymphe était identifiée à une déesse italique préexistante, Maiesta (d'où le mot majesté) ou Maia ; elle était mère et épouse de Vulcain, exprimant ainsi le pouvoir du feu destructeur. Cependant, en tant que déesse de la nature, elle avait également un aspect bienveillant, comme fertilité et nourriture des champs, et comme celle qui annonçait le printemps. Les volcans rendent en effet les terres de leurs pentes et au-delà fertiles, notamment pour la vigne et l'olivier.

Il semble qu'elle ait également été invoquée en tant que garante des contrats agricoles ou relatifs au bétail. Si un mois, le mois de mai, lui était dédié, on peut comprendre l'importance de cette divinité dans les temps archaïques.

C'est précisément parce qu'elle était la déesse de l'éveil de la nature que ce mois lui était dédié et consacré, également parce que dans l'Antiquité, la nouvelle année commençait au printemps, avec l'éveil de la végétation et le réveil de l'ardeur sexuelle chez les animaux qui commençaient leur accouplement.

Selon le mythe grec, Maia était une déesse très timide, aussi lorsqu'elle fut invitée à s'asseoir au banquet des Dieux, elle abandonna son siège et le laissa à Hermès (Mercure).

Évidemment, sur l'Olympe, les chaises ne manquaient pas, et si l'on se souvient que dans l'Antiquité, la déesse était la compagne d'abord de Vulcain et ensuite de Mercure, tout comme Vénus, et ce n'est pas pour rien qu'elle était la déesse de la chaleur sexuelle, on peut penser que d'une part le culte de Mercure a été accentué, et d'autre part remplacé par le culte de Vénus.

Cependant, comme la déesse préromaine Vesta, elle n'a jamais été oubliée et toujours honorée, surtout dans les campagnes.

Maio est le nom de l'arbre de mai qui fleurit en mai, et tire son nom de Maia, en tant que déesse porteuse de cadeaux, repris plus tard dans l'"albero della cuccagna" (l'arbre ou mat de cocagne).

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Flora.

Elle était considérée comme liée à Fauna, la compagne des Faunus, mais aussi à Flora et aux Bona Dea, déesses également du printemps. Macrobe rapporte que la compagne de Vulcain serait Maia, justifiant cette affirmation par le fait que les flamines de Vulcain sacrifiaient à cette déesse les calendes de mai, tandis que selon Pison, la compagne du dieu serait Maiesta, qui est pourtant la même déesse.

Toujours selon Gellius, Maia était associée à Vulcain, citant les livres de prières en usage à son époque.

Dans un autre mythe, cependant, elle n'était pas la mère mais la fiancée de Mercure, et en tant que telle était équipée du caducée.

En fait, les serpents ont été les attributs de la Grande Mère tout au long de l'Antiquité, et le fait que le caducée avec les deux serpents couplés était pertinent pour Hermès, ou Mercure, soulève quelques soupçons de traduction.


NOMS DE MAIA

    Mara
    Maiesta
    Mammon (est devenu un diable dans le catholicisme).
    Mamma Mammon - la nature visible
    Mama Mammon - la nature invisible, l'énergie divine qui la gouverne.


LE MOIS DÉDIÉ À LA MADONE   

Matthieu 1,18-25

18 Voici comment s'est produite la naissance de Jésus-Christ: sa mère Marie, qui avait été fiancée à Joseph, est devenue enceinte par le Saint-Esprit avant qu'ils n'aillent vivre ensemble.  
19 Joseph, son mari, qui était juste et ne voulait pas la renier, décida de la renvoyer en secret.  
20 Mais comme il pensait à ces choses, voici qu'un ange du Seigneur lui apparut en songe et dit: "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre Marie pour épouse, car ce qui est engendré en elle est du Saint-Esprit. (Mais il est dit de Jésus qu'il était de la lignée de David, donc Joseph est le vrai père, pas le père adoptif).
21 Elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés.
22 Tout cela a été fait pour accomplir ce qui avait été dit par le Seigneur par l'intermédiaire du prophète :
23 Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, qui sera appelé Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.  (Pourquoi, alors, les parents n'ont-ils pas appelé le fils Emmanuel au lieu de Jésus ?)
24 Lorsque Joseph se réveilla de son sommeil, il fit ce que l'ange du Seigneur lui avait ordonné, et prit sa femme auprès de lui, qui, sans qu'il la connaisse, lui donna un fils qu'il appela Jésus.


CHRÉTIENS ET PAÏENS

Il ne faut pas croire qu'avec la mort du Christ le monde est devenu subitement chrétien, car au 4ème siècle, Théodose a dû imposer la peine de mort à ceux qui ne se convertissaient pas et il a fait démolir les temples déjà fermés parce que les fidèles païens priaient devant les temples interdits.

335 - L'empereur Constantin saccage de nombreux temples païens en Asie Mineure et en Palestine et ordonne l'exécution par crucifixion des "praticiens de la magie et des devins" (En fait, les prêtres en tant que devins n'ont pas deviné, ils ont donc interdit la divination)

341 - L'empereur Flavius Julius Constantius persécute "tous les devins et les Hellènes". De nombreux Gentils (païens) sont emprisonnés ou exécutés.

353 - Constance, par édit, ordonne la peine de mort pour toute forme de culte par des sacrifices et des "idoles".

354 - Un nouvel édit ordonne la fermeture de tous les temples païens. Beaucoup de leurs espaces sont profanés et transformés en bordels ou en maisons de jeu. Les prêtres païens sont exécutés.

354 - Un nouvel édit de Constance ordonne la destruction des temples païens et le meurtre de tous les adorateurs d'idoles. Premier incendie de bibliothèques dans diverses villes de l'empire. Les premières usines de ciment sont installées près des temples païens fermés. La plupart de l'architecture sacrée des Gentils est réduite à des décombres.

359 - À Skytopolis, en Syrie, l'église chrétienne organise le premier camp de torture et d'extermination pour les Gentils arrêtés dans tout l'empire.

4e siècle - Introduction du Noël de Jésus, anciennement Mithras ou Sol Invictus.

431 - Dogme proclamé par le Concile d'Ephèse : Marie est la Mère de Dieu, Theotokos, parce qu'elle est la mère de Jésus (Au lieu de Mater Deorum, nous avons Mater Dei).  

553 - La virginité perpétuelle de Marie, dogme établi par l'Église lors du deuxième concile de Constantinople, selon lequel Marie est restée vierge avant, pendant et après la naissance de Jésus (Explication de l'Église: Jésus, à l'âge de neuf mois, s'est transformé dans le ventre de sa mère, où il avait chair et os, en un point de lumière, a traversé l'hymen et est descendu sur terre, redevenant un corps)

649 - La virginité de la Vierge n'est devenue un dogme de foi qu'avec la décision du concile de Latran tenu par l'évêque romain Martin Ier.

16e siècle - Début des bûchers et des tortures pour les vestiges du paganisme, qui se poursuivront secrètement dans les campagnes jusqu'à ce siècle.

1870 - Infaillibilité papale - Premier concile du Vatican. Le pape a décrété que s'il déclarait un dogme, il ne pouvait pas avoir tort (S'il le dit...).

Mais pourquoi ce mois-ci, alors que d'autres contiennent des fêtes liturgiques plus importantes consacrées à Marie ?

8557663.jpgLe bienheureux cardinal John Henry Newman en donne plusieurs raisons dans son livre posthume Meditations and Devotions:

"La première raison est que c'est le moment où la terre éclate en feuillage tendre et en verts pâturages, après les dures gelées et les neiges de l'hiver et l'atmosphère rude, le vent violent et les pluies de printemps", écrit-il depuis un pays de l'hémisphère nord.

"Parce que les jeunes pousses fleurissent sur les arbres et les fleurs dans les jardins. Comme les jours rallongent, le soleil se lève tôt et se couche tard."

"Parce qu'une telle joie et une réjouissance extérieure de la nature est le meilleur accompagnement de notre dévotion à Celle qui est la Rose Mystique et la Maison de Dieu".

"Mai est le mois, sinon de la consommation, du moins de la promesse. N'est-ce pas dans ce sens que nous nous souvenons plus proprement de la Sainte Vierge Marie, à qui nous dédions ce mois ?",

Certains auteurs, comme Vittorio Messori, voient dans cette manifestation de religiosité populaire une autre christianisation d'une fête païenne : la dédicace du mois de mai aux déesses de la fertilité : en Grèce Artemisia, à Rome Flora. Le mois de mai doit d'ailleurs son nom à la déesse du printemps Maia.

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MAI

- 1er mai - FÊTE DE MAIA
Les flamines du dieu Vulcain lui ont offert une truie enceinte en sacrifice, afin que la terre soit également enceinte de fruits.

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- 1er mai - LUDI FLORALES vel FLORALIA -
Les Floralia étaient des fêtes licencieuses en l'honneur de la déesse Flora (30 avril - 4 mai), l'ancienne déesse italique de la végétation, du printemps et de la jeunesse. Elles se sont tenues à partir de 241 av. J.-C. avec des jeux dans le Circus Maximus.
Ludi célébré du 28 avril au 3 mai en l'honneur de la déesse Flora, déesse de la végétation en fleur. Le 4 mai, le festival prend fin.

- 1er mai - CERALIA -
Fêtes annuelles en l'honneur de Cérès.  Lors de ces festivals, une procession était organisée et des animaux étaient sacrifiés pour propitier une récolte abondante.

- 1er mai - TEMPLUM BONAE DEAE IN AVENTINO -
Anniversaire de la dedicatio du temple de la Bona Dea sur la colline de l'Aventin, où se trouvait un bois sacré où les femmes et les jeunes filles célébraient les Mystères de la Bona Dea chaque année au début du mois de décembre, rites auxquels les hommes étaient exclus, sous peine de mort.

- 2 Mai - LUDI FLORALES vel FLORALIA -
Les Floralia étaient des fêtes licencieuses en l'honneur de la déesse Flora (30 avril - 4 mai), l'ancienne déesse italique de la végétation, du printemps et de la jeunesse. Elles se sont tenues à partir de 241 av. J.-C. avec des jeux dans le Circus Maximus.
Ludi célébré du 28 avril au 3 mai en l'honneur de la déesse Flora, déesse de la végétation en fleur. Le 4 mai, le festival prend fin.

- 3 mai - LUDI FLORALES vel FLORALIA -
- Templum Florae in Quirinale - la dédicace du temple sur le Quirinal à la déesse se célèbre.

Les Ludi sont célébrés du 28 avril au 3 mai en l'honneur de la déesse Flora, l'ancienne déesse italique du printemps et des fleurs. La dédicace du temple sur la colline du Quirinal en 238 avant J.-C. se commémore.

- 4 mai - FLORALIA -
Dernier jour dédié à la déesse Flora avec la procession des prostituées.

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- 9 mai - LEMURIA vel LEMURALIA -
Le premier jour de la "fête lémurienne", qui était célébrée en l'honneur des esprits des morts. Elle était célébrée en silence et la nuit. Les portes des temples restent fermées. Les mariages étaient découragés tant pendant la Lémurie que pendant le mois de mai. Les spectres des morts agités, les Lemuri ou larves, étaient calmés par des offrandes de haricots. Ces jours-là, les Vestales préparaient une salsa de mola avec les premiers grains de la saison.
Les trois jours du festival étaient les 9, 11 et 13 mai. Le mythe, selon Ovide, dérive d'une Lemuria Remuria instituée par Romulus pour apaiser l'esprit de Remus.
Ovide note qu'à cette fête, il y avait une coutume pour éloigner les mauvais esprits en marchant pieds nus et en jetant des haricots noirs par-dessus son épaule pendant la nuit. C'est le chef de famille qui se levait à minuit et marchait pieds nus dans la maison en jetant des haricots noirs et en répétant neuf fois: "Envoie-les, avec ces haricots, rachète-moi et ce qui est à moi".
La famille battait alors des pots de bronze en répétant neuf fois "Fantômes de mes pères et de mes ancêtres, c'est parti !". Le jour culminant de la Lemuralia, le 13 mai 609 ou 610, le pape Boniface IV a consacré le Panthéon de Rome pour la Sainte Vierge et tous les martyrs, et la fête de cette dedicatio Sanctae Mariae ad Martyres est célébrée à Rome depuis lors.
Selon les historiens, cette coutume a été christianisée en la fête de la Toussaint, basée à Rome avant le 13 mai, afin de dépaganiser la Lémurie romaine. Au 8e siècle, la fête de la Toussaint a été déplacée au 1er novembre, coïncidant ainsi avec la fête celtique des esprits de Samhain. Le pape Grégoire III (731-741) a consacré une chapelle de la basilique Saint-Pierre à tous les saints et a fixé la date anniversaire.

- 11 mai - LEMURIA -
La fête de la Lémurie était célébrée en l'honneur des esprits des morts. Elle était célébrée en silence et la nuit. Les portes des temples restent fermées. Les mariages étaient découragés tant pendant la Lémurie que pendant le mois de mai.

- 12 mai -TEMPLUM MARTIS ULTORIS in CAPITOLIO -.
Festival célébré le 12 mai. Anniversaire de la dedicatio du temple de Mars Ultor sur la colline du Capitole.

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- 12 Mai - LUDI MARTIALES CIRCENSES -
En plus de la fête et de la cérémonie organisées au temple de Mars, les Ludi en l'honneur du dieu Mars étaient célébrés au Circus Maximus avec des courses de chevaux et de chars.

- 13 mai - LEMURIA -
La troisième fête de la Lémurie était célébrée en l'honneur des esprits des morts. Elle était célébrée en silence et la nuit. Les portes des temples restent fermées. Les mariages étaient découragés tant pendant la Lémurie que pendant le mois de mai.

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- 14 mai - ARGEI -
Festival célébré le 14 mai. Les Argei, ou 24 marionnettes en bois, étaient jetées dans le Tibre depuis le Pons Sublicius par des vestales lors d'un rite public. Selon Varron, il s'agissait de princes de la suite d'Hercule qui s'étaient installés sur le Capitole, ce qui suggère une conquête. Cela expliquerait le rite, qui pour beaucoup est étrangement interprété, mais qui a une signification très évidente: ils ont jeté les principes Argei dans la rivière. Hercule était très vénéré à Rome, et tout indique qu'il s'agit d'un héros ayant réellement existé, mais on ne sait rien de son départ de Rome, d'autant plus qu'ils s'étaient installés au Campidoglio, le centre du pouvoir romain. De toute évidence, elles ont été expulsées, également parce que les rites herculéens étaient généralement opposés aux rites féminins, et ce n'est pas un hasard si Hercule a étranglé les deux pythons qui étaient le symbole de la Grande Mère, dont les prêtresses étaient appelées les Pythonesses.

- 15 Mai - TEMPLUM MERCURII à AVENTINA -
Le 15 mai 495 avant J.-C., un temple situé sur la colline de l'Aventin a été consacré au dieu Mercure.  Ovide raconte : "Près de la porte de Capena, il y a une eau de Mercure, miraculeuse, si l'on en croit ceux qui l'ont essayée ; là, le marchand se rend avec sa tunique attachée par sa ceinture et nettoyée, avec une amphore purifiée, tire de l'eau pour l'emporter. Avec cela, il humidifie une branche de laurier et avec la branche humidifiée, il asperge la marchandise qui changera de maître". Mercure était le dieu des marchands, ainsi que des voyageurs, des avocats et des voleurs.

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- 15 mai - MERCURALIA - Le même jour, une fête est organisée en l'honneur de Mercure et Maia, Dies Mercuriae et Maiae. Mercure était le messager des dieux, le dieu du commerce, de la ruse et des affaires, le dieu des voyageurs, le protecteur des routes, mais aussi des voleurs, et le guide des âmes dans l'Hadès. Maia, sa mère, était la Nature et la mère par excellence.

- Kalends of May - FÊTE DE MAIA - 
Le flamine de Vulcain sacrifie à cette déesse chaque année aux Kalendes de mai. Le fait que le flamine de Vulcain s'en soit chargé confirme que dans l'Antiquité, les deux dieux formaient un couple.

- 17 mai - AMBAVARALIA -
Un festival en l'honneur de la déesse Dia, une ancienne déesse romaine qui protégeait la fertilité de la terre et était vénérée par les Arvales. Les cérémonies étaient effectuées par les prêtres dans le temple de la déesse situé au cinquième kilomètre de la Via Campana.
Elle était célébrée par les Fratres Arvales, également appelés "frères de Romulus", qui étaient douze prêtres affectés au culte de la déesse Dia, identifiée plus tard à Cérès, un collège sacré de 12 membres. Les Arvali pratiquaient une très ancienne cérémonie de purification des champs, l'Arvalia, mais étaient aussi les seuls hommes, à part les adeptes de Mithra, à suivre un culte secret et mystérieux.
Arva signifie champs et le préfixe amb signifie autour, ce qui signifie: se déplacer autour des champs. Probablement dans les temps anciens, ils étaient utilisés pour établir les limites des champs. Plus tard, ils sont devenus des processions qui se déroulaient autour des champs pour propitier la récolte. Selon l'année, les cérémonies pourraient avoir lieu les 27, 29 et 30 mai, ou les 17, 19 et 20 mai.

- 21 mai - AGONALIA IANUI -
Fêtes en l'honneur notamment du dieu Ianus, Janus. L'Agonalia, ou Agonie, était une fête célébrée plusieurs fois par an, en l'honneur de diverses divinités, telles que Janus et Agonius, que les Romains avaient l'habitude d'invoquer pour entreprendre toute activité d'importance. Le mot dérive d'Agonia, "victime", ou d'Agonium, "fête". Nous savons, grâce aux calendriers anciens, qu'elle était célébrée trois jours : le 9 janvier, le 21 mai et le 11 décembre.

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- 21 mai - AGONALIA VEDIOVIS vel VEIOVIS - (AGONALIA VEDIOVIS vel VEIOVIS).
Fête célébrée le 21 mai en l'honneur de Vediovis, une ancienne divinité romaine, le dieu de la vengeance, identifié à Jupiter et Apollon infernal et armé de flèches. Il était à l'origine une divinité des marais et des volcans. Plusieurs temples lui étaient dédiés dans lesquels une chèvre était sacrifiée chaque année pour conjurer les calamités. Les emplacements et le sacrifice de la chèvre suggèrent tous deux une divinité chthonique.

- 23 mai - TUBILUSTRIUM -
La fête de la purification des trompettes, tubes, utilisés dans les cérémonies sacrées par les trompettistes, tubicines sacrorum. Elle était célébrée le 23 mars et le 23 mai.

- 23 mai - FERIAE VULCANIS 
Ancienne fête latine dédiée au feu et aux forgerons.

- 24 mai - Q.R.C.F. (Quandum Rex Comitiavit Fas)
Lorsque le roi tient une réunion, le jour est faste (favorable, par opposition à nefas qui est de mauvais augure). La fin de la période inauspicieuse et le début des jours auspicieux sont donc célébrés. Le Rex sacrificulus, à qui il était habituellement interdit d'entrer dans la comitia, y célébrait des rites puis en sortait. Il est également interprété comme Quando Rex Comitio Fugit. Q.R.C.F. est également lié au Regifugium célébré le 24 février.

- 25 mai -TEMPLUM FORTUNAE PUBLICAE dans les hauteurs du Quirinal -.
Un festival célébré en l'honneur de la déesse Fortuna Publica Populi Romani. Elle commémorait la dedicatio du temple sur le Quirinal effectuée par Q. Marcius Ralla en 194 av. Le temple avait été offert par P. Sempronius Sophus en 204 avant J.-C. au début de la bataille de Crotone contre le général carthaginois Hannibal.

- 27 mai - AMBAVARALIA -
La fête célébrée par les Fratres Arvales, un collège sacré de 12 membres masculins uniquement pour la Bona Dea. Ils avaient des rituels initiatiques et des secrets. Arva signifie champs et le préfixe amb signifie autour, ce qui signifie : se déplacer autour des champs. Probablement dans les temps anciens, ils servaient à établir les limites des champs. Plus tard, ils sont devenus des processions qui se déroulaient autour des champs pour propitier la récolte. Selon l'année, les cérémonies pourraient avoir lieu les 27, 29 et 30 mai, ou les 17, 19 et 20 mai.

- 29 mai - AMBAVARALIA -
La fête des Fratres Arvales, dédiée à Cérès. Arva signifie champs et le préfixe amb signifie autour. Les Ambarvalia étaient des processions autour des champs pour propitier la récolte, avec des sacrifices d'animaux associés.

- 29 mai - LUDIS HONORIS et VIRTUTIS - (LUDIS HONORIS et VIRTUTIES)
Jeux du cirque dédiés aux divinités de Honos et Virtus.

- 30 mai - AMBAVARALIA -
3ème fête de Cérès pratiquée par les Fratres Arvales.

samedi, 30 avril 2022

Comment les États-Unis ont façonné une gauche à leur convenance

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Comment les États-Unis ont façonné une gauche à leur convenance

Source: https://misionverdad.com/globalistan/como-eeuu-formo-una-izquierda-su-medida

Pour s'opposer à l'Union soviétique, au socialisme et au communisme, le gouvernement américain a largement recouru à des armes idéologiques secrètes, finançant une gauche "saine" pour la sauvegarde des intérêts du capitalisme dans le monde.

Une question bien documentée récemment abordée par le journaliste Benjamim Norton afin de souligner que l'intervention de Washington a été une question clé dans les divisions de la gauche occidentale, amenant des groupes censés être affiliés aux idées primordiales du socialisme à s'opposer à l'anti-impérialisme ou à soutenir ouvertement les politiques impériales.

Se tourner vers la "gauche non communiste" et la financer

Dans la première moitié du 20e siècle, après les deux guerres mondiales et après que le succès de la révolution russe et les réalisations de la construction du socialisme en Union soviétique soient devenus évidents, de nombreux intellectuels américains et européens se sont tournés vers les théories socialistes et le communisme de Marx, Engels, Lénine et Staline, et l'influence du libéralisme de droite a diminué. Cette situation a suscité l'inquiétude des groupes de pouvoir dans les pays occidentaux qui pilotent le cours du capitalisme, notamment aux États-Unis.

Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, les projecteurs se sont braqués sur le communisme, ennemi numéro un de l'Occident, et la guerre froide a commencé. Le gouvernement américain et les agences de renseignement ont compris que la meilleure façon de combattre les communistes était de recruter des personnes qui étaient mécontentes du projet mais qui professaient encore des affinités avec les idéaux de gauche. Cela a donné l'image que l'opposition au communisme n'était pas seulement exprimée par les réactionnaires.

La stratégie consistant à s'appuyer sur des "gauchistes non communistes" est devenue un élément central des opérations politiques anticommunistes dans la seconde moitié du 20e siècle.

Tous les chemins mènent au gouvernement américain

Ben Norton mentionne des cas spécifiques et influents qui ont résulté des opérations secrètes de Washington visant à saper le développement d'un bloc pour affronter le capitalisme. Parmi eux se trouvait Herbert Marcuse (photo), un intellectuel allemand d'origine juive qui a gagné le titre de "parrain de la nouvelle gauche", une gauche qui ne représentait aucune menace pour les entreprises et leur agenda international.

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Si Marcuse est devenu célèbre, c'est parce qu'il a travaillé pour l'Office of Strategic Services (OSS), l'organisation qui a précédé la CIA. À l'origine, il a été engagé par les services de renseignement américains pour enquêter sur le nazisme en Allemagne, mais après la Seconde Guerre mondiale, il a continué à travailler pour eux sur des recherches contre l'Union soviétique. Selon les recherches de Norton, ses "critiques" des politiques soviétiques étaient financées par le gouvernement américain. En fait, l'un des livres les plus connus de Marcuse, Le marxisme soviétique, était basé sur des recherches financées par l'OSS et le Département d'État.

Norton mentionne également Carl Gershman comme une autre figure qui expose l'intervention du gouvernement américain dans les divisions de la gauche occidentale. Gershman était l'un des dirigeants des Social Democrats, USA (SDUSA), un parti né de la scission du Socialist Party of America (SPA), et a ensuite été président du NED depuis sa fondation jusqu'en 2021.

La guerre culturelle et certains de ses produits

Entre le 25 et le 29 avril 1966, le New York Times a publié une série d'articles révélant que, pendant plus de 15 ans, la CIA avait financé des dizaines de magazines culturels dans le monde entier, créant ainsi un puissant réseau d'influence sur la gauche. Au centre de ce travail se trouvait le "Congrès pour la liberté culturelle" (CCF), fondé en 1950.

Le système mis en place par la CIA lui a permis de financer un grand nombre de projets secrets. À son apogée, le Congrès pour la liberté culturelle avait des bases dans 35 pays, toutes les capitales européennes, ainsi qu'au Japon, en Amérique latine, en Inde, en Australie, aux Philippines, entre autres.

Dans son livre The CIA and the Cultural Cold War (1999), l'historienne britannique Frances Stonor Saunders note qu'"il y avait très peu d'écrivains, de poètes, d'artistes, d'historiens, d'universitaires ou de critiques dans l'Europe d'après-guerre dont les noms n'étaient pas liés d'une manière ou d'une autre à cette entreprise secrète".

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La "guerre culturelle" déclenchée par la CIA avait un objectif à grande échelle : détourner les intellectuels européens de leur sympathie pour l'Union soviétique et imposer les valeurs culturelles américaines au monde. Les principaux théoriciens de ce mouvement, James Burnham et Irving Kristol, ont par la suite travaillé à façonner le néo-conservatisme, un courant politique sur lequel s'appuient les politiciens américains qui prônent la guerre comme solution aux conflits internationaux, sur la base de l'idéologie suprématiste selon laquelle les États-Unis sont une "nation indispensable".

Le forum fondateur du Congrès, qui s'est tenu à Berlin-Ouest en 1950, a réuni les principaux écrivains, philosophes, critiques et historiens occidentaux de l'après-Seconde Guerre mondiale : Karl Jaspers, John Dewey, Bertrand Russell, Benedetto Croce et Arthur Schlesinger Jr. pour n'en citer que quelques-uns.

Le travail efficace du CCF dans la création et le parrainage de revues littéraires et politiques prestigieuses a fait de la CIA un acteur clé dans la formation idéologique du peuple. Il s'agit notamment de The New Leader (États-Unis), Partisan Review (États-Unis), Paris Review (France), Der Monat (Allemagne), Mundo Nuevo (Amérique latine) et de nombreuses autres publications qui étaient considérées comme des références en matière d'opinion et de critique sur la gauche occidentale.

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Aujourd'hui, les mêmes personnes politiques et les mêmes réseaux financiers utilisent exactement les mêmes méthodes pour obtenir des résultats similaires dans la promotion d'une gauche utile, que ce soit au niveau international, avec des intellectuels devenant commodément "anti-guerre" lorsqu'il s'agit de l'opération de dénazification de la Russie en Ukraine et pointant du doigt "l'autoritarisme" de la Chine lorsqu'elle prend des mesures pour se protéger face à des menaces avérées d'armes biologiques ; ou au niveau de la région latino-américaine, avec des groupes de gouvernements "désillusionnés" dans des pays comme Cuba, le Nicaragua et le Venezuela, qui finissent par collaborer, qu'ils le sachent ou non, avec l'impérialisme dirigé par les États-Unis.

Toutefois, c'est la composante idéologique qui a prévalu au fil du temps, lorsque l'argent n'est pas nécessaire pour acheter les consciences. Il est notoire, comme dans le cas de la gauche espagnole, qu'il n'est pas nécessaire de dépenser de grosses sommes d'argent pour mettre les intellectuels et les créateurs au service de l'agenda de l'OTAN. Car même la banalité et l'atomisation intellectuelle dans le domaine des idées, de la formation et de l'information, ainsi que les opérations psychologiques à grande échelle, ont atteint la cible des positions de beaucoup qui justifient la volonté anglo-impériale sur la formation d'un monde multipolaire et la dignité.

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Le facteur diesel produit un paradoxe existentiel en Europe

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Le facteur diesel produit un paradoxe existentiel en Europe

Source: https://misionverdad.com/investigaciones/el-factor-diesel-produce-una-paradoja-existencial-en-europa

Bloomberg : L'Europe ne dispose que d'environ 40 jours d'approvisionnement en diesel dans ses stocks.

Des "sanctions" qui nuisent à ceux-là mêmes qui les appliquent.

Plus de 15 jours de grèves en Espagne et dans d'autres pays en raison de la hausse des prix du carburant.

Le ministre italien de la Transition écologique, Roberto Cingolani, a déclaré que 40 % de la consommation nationale correspondait à du gaz importé de Russie.

Le transport alimentaire, la navigation, l'agriculture et l'industrie lourde en Europe sont quelques-uns des secteurs les plus touchés par la série de "sanctions" imposées à la Russie sous les auspices des États-Unis et en chœur par l'UE.

Comme l'a expliqué John Cooper de Fuels Europe : "Il est très clair pour les gouvernements qu'il existe un lien évident entre le diesel et le PIB, car presque tout ce qui entre et sort d'une usine utilise du diesel.

L'Europe, si dépendante des ressources énergétiques, et plus encore de la Russie, se trouve maintenant à la croisée des chemins car la décision d'imposer des "sanctions" à son principal fournisseur d'énergie aurait un impact non seulement sur la disponibilité du gaz et, dans ce cas, du diesel, mais aussi sur l'inflation, les prix de tous les biens de consommation étant appelés à augmenter. C'est une chaîne, car elle entraînerait des problèmes dans la circulation des camions et donc dans la distribution des biens de consommation, à commencer par la nourriture.

Récemment, les principales sociétés de négoce de matières premières telles que Trafigura et Vitol se sont accordées pour avertir que l'Europe court un grand risque de pénurie systémique de diesel qui pourrait conduire à un rationnement. Cette situation a été aggravée par un rapport du réseau financier Bloomberg selon lequel le continent européen ne dispose plus que de 40 jours de diesel dans ses réserves.

La semaine du 21 mars s'est tenue le Financial Times World Commodity Summit. À cette occasion, l'événement a réuni les dirigeants de Trafigura, Vitol, Energy Aspects et Gunvor, qui ont présenté leurs projections concernant les ressources énergétiques face aux "sanctions" imposées à la Russie par les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union européenne.

    - Russell Hardy pour Vitol. L'Europe importe environ la moitié de son diesel de Russie, et les raffineurs pourraient augmenter la production de diesel en réponse à la hausse des prix au détriment d'autres produits pétroliers pour soutenir l'offre.

    - Torbjorn Tornqvist pour Gunvor. Le diesel n'est pas seulement un problème européen, c'est un problème mondial. En outre, les marchés européens du gaz ne fonctionnaient plus correctement, les négociants devant faire face à d'énormes demandes de liquidités auprès des banques pour couvrir les positions de couverture.

    - Jeremy Weir pour Trafigura. Entre 2 et 2,5 millions de barils de la production pétrolière russe disparaîtraient du marché mondial, répartis entre le brut et les produits raffinés. Le marché du carburant diesel se trouve actuellement dans des conditions extrêmement difficiles et va encore empirer.

    - Amrita Sen, analyste chez Energy Aspects. Le diesel est le plus touché des produits pétroliers car l'Europe importe environ 1 million de barils par jour de diesel russe.

La sonnette d'alarme a été tirée et les autorités européennes ont déployé la carte du monde pour voir quelles autres latitudes pourraient fournir des livraisons alternatives de gaz et de diesel. Et bien sûr : les orbites du Venezuela comme alternative.

Le mouvement de balancier de l'Europe

La semaine dernière, le vice-premier ministre russe Alexandre Novak a déclaré devant la Douma d'État :

"Les stocks européens de diesel sont à leur plus bas niveau depuis 2008, 8% en dessous de la moyenne des cinq dernières années. La pénurie de gazole pourrait être un facteur fortement déstabilisant, car la demande augmente en raison de la reprise du trafic de marchandises et de passagers après la pandémie".

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Le diesel dans les stations-service de certains pays européens, comme l'Allemagne, la Suède, la Belgique et la Pologne, a enregistré des prix plus élevés que le prix de l'essence. Selon Bloomberg, pour la première fois en 15 ans, le coût s'est situé autour de 2,13 euros par litre.

Depuis le début de l'opération spéciale de dénazification de Donbass, l'UE a déclenché toute la narration offensive consistant à imposer des "sanctions" à la Russie sans craindre la sphère énergétique dont elle est si dépendante. Dans la pratique, les faits sont différents, puisque les "sanctions" imposées aux banques, par exemple, sont celles qui n'ont aucun rapport avec les transactions dans le secteur gazier russe. Aujourd'hui, le ton du discours a été atténué, et encore plus lorsque le président russe Vladimir Poutine a répondu en annonçant que le paiement du gaz russe devait se faire en roubles.

Le ministre allemand de l'économie, Robert Habeck, a déclaré que la décision concernant le rouble constitue une violation des accords et que le gouvernement allemand discutera des mesures à prendre avec ses partenaires européens. La réponse de Habeck à la réponse de Poutine à l'ensemble de l'attaque contre le secteur énergétique russe est inhabituelle - à quoi s'attendaient-ils ?

Le Dr Jens Südekum, professeur à l'Institut d'économie compétitive de l'Université Heinrich Heine en Allemagne, abonde dans le même sens lorsqu'il souligne que la décision du président Poutine ne ferait qu'"intensifier la guerre économique" et qu'"un embargo sur les importations d'énergie en provenance de Russie est désormais plus probable".

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Contrairement à cet universitaire, l'Association des industriels allemands (BDI) a mis en garde les autorités allemandes contre toute décision précipitée en matière de "sanctions", car pour elle "l'UE n'est pas prête pour un embargo énergétique complet à court terme". Le président de l'association, Siegfried Russwurm (photo), s'est inquiété du fait qu'une telle décision pourrait mettre en péril la cohérence et la mobilité de l'UE, tant sur le plan économique que politique.

Cette semaine, le chancelier allemand Olaf Scholz s'est entretenu par téléphone avec le président Poutine pour négocier sur la question. Dans cette optique, l'État russe a opté pour un nouveau système de paiement directement à la Gazprom Bank, qui ne fait l'objet d'aucune "sanction" ; la banque serait alors chargée de convertir l'argent en roubles.

Bien que les attaques provenant des États-Unis soient des attaques directes contre la Russie, elles sont indirectement dirigées contre l'Allemagne. Mision Verdad a développé ce sujet dans quelques articles :

    La crise en Ukraine concerne le commerce entre l'Allemagne et la Russie (https://misionverdad.com/globalistan/la-crisis-en-ucrania-se-trata-del-comercio-entre-alemania-y-rusia ).

    L'Europe se met la corde au cou dans la guerre énergétique contre la Russie ( https://misionverdad.com/globalistan/europa-se-pone-la-soga-al-cuello-en-la-guerra-energetica-contra-rusia ).

L'Allemagne est l'un des pays de l'UE les plus touchés par les "sanctions" dans le secteur du gaz. À la lumière des positions de chaque pays, on voit le Premier ministre Boris Johnson annoncer que "nous poursuivrons notre mission sans relâche pour sortir la Russie de l'économie mondiale, morceau par morceau, jour par jour et semaine par semaine", car sa dépendance au gaz russe n'est pas si importante par rapport à l'Allemagne ou à d'autres pays.

Il en va de même pour l'architecte "en chef" des manœuvres de sanctions, le président américain Joe Biden, lorsqu'il a annoncé les "sanctions" début mars "sur l'artère principale de l'économie russe : nous interdisons toutes les importations de pétrole, de gaz et d'énergie russes", car si les États-Unis importent du gaz et d'autres produits pétroliers de Russie, le pourcentage n'est pas comparable à celui de l'Allemagne.

Il convient de noter que les États-Unis ont besoin de diesel non seulement pour le transport des produits essentiels à la vie quotidienne de leur population, mais qu'il est également utilisé sur les plateformes de forage pour l'extraction du pétrole de schiste, ainsi que pour les générateurs d'électricité et le chauffage des habitations. De plus, de grandes quantités de diesel ne peuvent être obtenues à partir de l'huile de schiste, car l'un des avantages du pétrole brut lourd est que le diesel est obtenu à partir du craquage de l'huile de schiste.

En revanche, en Europe, ils comptent gagner du temps, car, par exemple, les décharges de gaz sont remplies pendant les mois d'été à venir, lorsque la demande et les prix sont plus faibles, mais ce scénario pourrait laisser l'Europe affronter l'hiver avec des stocks inférieurs à la normale.

Les pays européens continueront à produire du diesel et chercheront à l'importer au départ d'autres sources traditionnelles non russes. La vitesse à laquelle les stocks s'épuiseront dépendra du remplacement des fournitures provenant actuellement de Russie.

Manifestations en Europe

C'est la population européenne dans son ensemble qui a subi l'assaut direct des actions du duo USA-UE. Cela a conduit à une série de protestations et de fermetures de fermes dans différentes parties du continent européen :

- En Grèce, des centaines d'agriculteurs ont manifesté pour réclamer des subventions afin de lutter contre les prix élevés du carburant et des engrais qui ont grimpé en flèche avec l'imposition de "sanctions" au secteur énergétique russe. Les agriculteurs disent que les coûts ont tellement augmenté qu'ils seront obligés de produire moins et d'augmenter les prix pour les consommateurs.

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- En Italie, l'association agricole Coldiretti a signalé que 100 000 exploitations agricoles italiennes sont sur le point de fermer en raison des coûts de production élevés, car les prix des matières premières utilisées (y compris le diesel) par les producteurs agricoles ont considérablement augmenté. En Italie, le coût du diesel atteint 2,1 euros par litre.

- En Espagne, le Comité national du transport routier (CNTC) a lancé une grève des transporteurs routiers en raison de la hausse des prix du diesel le 14 mars. La hausse des prix du carburant a provoqué de graves problèmes dans la chaîne alimentaire.

- En France, les agriculteurs, les viticulteurs et les artisans ont également commencé à protester contre la hausse des prix du carburant. Une caravane d'une vingtaine d'agriculteurs sur leurs tracteurs dans la région ouest de la Bretagne a bloqué les autoroutes.

La réponse de l'Italie a été d'introduire des taxes spéciales dans le secteur des transports. Le ministre italien de la Transition écologique, Roberto Cingolani, a expliqué que l'Italie importe chaque année environ 29 milliards de mètres cubes de gaz de Russie, ce qui correspond à un peu plus de 40 % de la consommation nationale. Sur la base de ce chiffre, il a demandé que des mesures soient prises pour remplacer ce montant, ils sont donc à la recherche de nouveaux fournisseurs. Tout cela semble facile, mais les exportateurs alternatifs de ces ressources ne peuvent pas prendre tous les volumes dont ils ont besoin en Europe.

Selon le radiodiffuseur italien Rai, ces derniers jours, des membres du gouvernement italien ont tenu des réunions avec des représentants d'autres pays exportateurs de gaz et d'autres ressources pétrolières pour tenter de réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie.

Du côté français, la réponse du gouvernement d'Emmanuel Macron, en pleine campagne électorale, a annoncé une aide de 400 millions d'euros pour les transporteurs et une réduction de 15 centimes par litre de diesel.

Pour l'Espagne, la ministre des transports, de la mobilité et de l'agenda urbain, Raquel Sánchez, a annoncé qu'elle s'engageait à subventionner chaque litre de diesel à hauteur de 20 centimes d'euro, une réduction qui sera appliquée du 1er avril au 30 juin.

La situation du secteur énergétique européen, qui a des répercussions sur le reste des zones productives du continent, devient de plus en plus compliquée. Il n'est toujours pas question pour les majorités européennes de subordonner leurs propres intérêts afin de se conformer aux ordres des États-Unis, qui cherchent à être le grand inspecteur et le contrôleur des ressources énergétiques mondiales.

Ces actions, qui sont absurdes pour le moment, pourraient déclencher d'autres résultats à long terme pour le spectre géopolitique dont l'Occident, en particulier les États-Unis, a besoin pour tenter de survivre au réalignement international que le monde connaît, la Russie et la Chine étant les pivots de cette voie longue et complexe.

Le 31 mars, Joe Biden a invoqué la loi sur la production de défense de 1950. Comme son nom l'indique, cette loi nationale, qui, en raison de l'exceptionnalisme américain, sert unilatéralement le reste du monde, pousserait à stimuler la production de minéraux stratégiques pour la fabrication de batteries pour véhicules électriques et le stockage à long terme, en prétextant la situation avec la Russie et "l'action légitime des États-Unis pour se défendre".

En fin de compte, la transition énergétique n'est rien d'autre que le droit d'exploiter tout minerai qui se présente à nous afin de parvenir à "ne pas dépendre des pays producteurs de ressources".

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L'OTAN et la manipulation politique de la jeunesse occidentale

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L'OTAN et la manipulation politique de la jeunesse occidentale

Par Marcelo Ramirez*

Source : https://noticiasholisticas.com.ar/la-otan-y-la-manipulacion-politica-de-las-juventudes-de-occidente-por-marcelo-ramirez/

Deux mois après le début de l'opération spéciale de la Russie en Ukraine, nous commençons à voir de quoi il retourne vraiment. Le combat sous-jacent concerne en réalité l'OTAN contre la Russie, un différend qui se déroule à plusieurs niveaux qui vont au-delà du niveau militaire.

Il existe deux axes principaux que l'on pourrait sans peine qualifier de guerre hybride: l'axe militaire et l'axe économique/financier.

L'aspect économique est présenté dans les médias occidentaux comme une réponse dévastatrice contre l'économie russe qui détruira son fonctionnement et ramènera le pays eurasien des décennies en arrière.

Joe Biden, le flamboyant président américain qui suscite des doutes quant à sa clarté mentale pour évoluer dans un monde aussi dangereux, a déclaré sans ambages que le rouble allait être réduit à néant lorsqu'il a annoncé de nouvelles séries de sanctions contre la Russie.

Le 31 décembre 2021, le rouble s'échangeait à 0,01332 cents US par unité alors que la crise existait mais que l'on ne craignait pas encore la guerre. Le 24 février, lorsque l'action armée a commencé, il est tombé à 0,01187, le 9 mars, il a enregistré son prix le plus bas jamais atteint au milieu de prédictions sinistres sur l'avenir de la Russie et sur "l'erreur" de Poutine d'avoir fait un faux pas en permettant à "la communauté internationale", c'est-à-dire les États-Unis, l'UE, le Canada, l'Australie et le Japon, ainsi que quelques autres États mineurs, de prendre les devants pour déclencher une tempête de sanctions qui feront tomber le gouvernement russe, déjà, selon la presse occidentale, discrédité aux yeux de ses citoyens.

Mais à partir de ce moment-là, la Russie a commencé à montrer non seulement que le leadership de Poutine était toujours intact, progressant de 10 points pour atteindre 79 % des Russes - en contraste frappant avec les pourcentages pitoyables du dirigeant occidental moyen - mais aussi à montrer des signes que son économie était prête à affronter les sanctions.

Non seulement la Russie a commencé à démontrer que sa production d'énergie, de minerais et d'autres matières premières était indispensable à l'Occident, mais elle a planifié un système de compensation bancaire international pour remplacer SWIFT et, dans un geste impensable, Poutine a annoncé à qui voulait l'entendre que son pays n'accepterait plus les dollars ou les euros des pays hostiles et exigerait des roubles pour son énergie, et que cela pourrait être étendu à d'autres types de production.

Le résultat a été une inversion de la courbe descendante du rouble, et le rouble a commencé à se redresser pour atteindre des valeurs qui dépassent maintenant celles d'avant la crise ukrainienne, à des niveaux similaires à ceux de la fin de 2021.

Le résultat de ces politiques a montré que la Russie dispose d'un plan stratégique économique/financier efficace avec des touches originales qui menacent aujourd'hui quelque chose que beaucoup pensaient impossible, à savoir que le dollar perdra son statut de monnaie de réserve et d'échange internationale, compromettant ainsi les fondements de la puissance américaine.

La vulnérabilité attendue ne se trouvait pas chez les sanctionnés mais chez les sanctionneurs, comme l'UE, qui a commencé à connaître des fissures internes car tous les pays ne sont pas d'accord avec les sanctions et certains d'entre eux se sont rebellés en rejetant l'imposition des sanctions en n'utilisant pas de roubles.

L'Allemagne soutient formellement ces mesures, mais ses organisations intermédiaires, économiques et politiques avertissent déjà publiquement que cela conduira à une catastrophe pire que celle vécue avec la paralysie due au Covid 19. Le risque ne sera pas seulement qu'il n'y ait pas de chauffage pour l'hiver prochain, mais aussi que la production industrielle devienne non viable, paralysée par les coûts énergétiques, et que la société perde une grande partie de ses emplois.

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Si ce tableau n'est pas assez inquiétant, nous pouvons y ajouter le coût des denrées alimentaires, qui, avec l'énergie, entraînera une hausse des taux d'inflation plus typique de l'Argentine en difficulté que de l'Europe autrefois puissante.

Une image grave qui compromet le leadership européen en général, alors que ces conséquences commencent à avoir un impact féroce sur la société et que les protestations sociales se multiplient devant des citoyens qui ne se contentent plus de blâmer Poutine pour tout et qui commencent à se demander pourquoi ils ont dû abandonner leur vie autrefois confortable et sombrer dans un niveau de pauvreté du tiers monde auquel ils ne sont pas habitués.

Si cela semble en soi quelque chose qui devrait tirer la sonnette d'alarme, il y a d'autres questions en jeu qui pourraient faire de cette situation le moindre des problèmes, et c'est le front militaire.

La presse, et certaines chaînes militaires spécialisées sur les réseaux, toutes largement contrôlées par l'OTAN, ne se lassent pas de répéter que Poutine, comme pour la question économique/financière, a fait une nouvelle bourde sur le plan militaire en entrant en Ukraine avec ses troupes.

Les nouvelles se multiplient: la Russie subit d'énormes pertes humaines et matérielles, fait preuve de maladresse dans ses stratégies, ne parvient pas à mettre en place des tactiques efficaces, doit se retirer de Kiev vaincue, les Ukrainiens ont une capacité de résistance étonnante, et un etcetera sans fin de raisons pour lesquelles on conclut que la Russie a une armée du "tiers-monde" qui ne pourrait pas résister à la puissance de l'OTAN plus de quelques heures.

Ils expliquent sans ambages qu'au désastre de la Russie s'ajoute le "réveil d'un géant endormi" comme l'Allemagne et que le résultat se traduit par des déclarations de responsables qui investissent énormément dans l'avenir.

Tout d'abord, l'Allemagne est dans un état de quasi-impuissance où elle ne dispose pas d'une force aérienne dotée de capacités opérationnelles à moitié sérieuses, de matériel obsolète, d'une production coûteuse et surtout d'un personnel militaire plus soucieux de montrer son bronzage et de faire respecter ses droits individuels que de descendre dans la boue pour combattre les Tchétchènes. Il faudra des années pour inverser ce cours et un changement de priorités politiques par rapport à une succession de gouvernements plus préoccupés par les droits des minorités que par le fait d'avoir une armée en bonne santé.

La vocation pacifiste que l'on pourrait présupposer pour s'exonérer de toute responsabilité se dilue lorsqu'ils envoient des armes en multipliant les menaces, ajoutant de l'huile sur le feu de la guerre.

L'Allemagne est le symbole d'une Europe décadente qui est aujourd'hui impuissante, face à l'abîme à cause d'un leadership servile au pouvoir atlantiste, qui n'est plus mondialiste parce que le mondialisme est mortellement blessé. Menacée par une crise économique aux proportions bibliques, Berlin non seulement ne prend pas de mesures pour écarter cette menace, mais l'aggrave et ajoute un défi ouvert à une puissance comme la Russie.

La Russie, soyons clairs sur ce point, a réussi en quelques heures à mettre hors d'état de nuire une armée de 350.000 hommes entraînée et équipée par l'OTAN pendant huit ans, qui dispose aujourd'hui du soutien de milliers de mercenaires, de troupes spéciales camouflées en volontaires et de toutes sortes d'informations tactiques pour les opérations sur le théâtre du conflit.

S'il y a le moindre doute, c'est Moscou qui décide quand et où se battre, qui a pris le contrôle de grandes villes, qui a réduit l'armée ukrainienne à une guérilla se cachant parmi les civils, qui a capturé des troupes étrangères et éliminé des centaines de mercenaires, en envoyant de nombreux autres en fuite. Sans vergogne, les chaînes spécialisées qui alimentent en informations de nombreux "spécialistes" des affaires internationales et de vulgaires journalistes qui insistent sur le fait que la Russie est plongée dans un désastre militaire, sont incapables de comprendre, ou peut-être d'accepter, que les techniques de Maskirov ont été utilisées par l'armée ukrainienne dans le passé, que la technique maskirovka (technique de tromperie sur les actions réelles), dont on parle beaucoup, signifie que la Russie n'a jamais eu l'intention de prendre les grandes villes comme Kiev mais qu'il s'agissait d'un moyen d'empêcher de plus grandes concentrations dans la région du Donbass, dans laquelle une nouvelle offensive russe pour libérer ces régions russophones va avoir lieu.

Les "spécialistes" occidentaux insistent sur leurs théories des catastrophes russes, prouvant ainsi que leur intention n'a jamais été de travailler sur la vérité de manière professionnelle, mais qu'ils sont de simples outils de l'OTAN dans la guerre de l'information.

C'est d'autant plus important que l'escalade de l'action militaire commence à menacer sérieusement la guerre nucléaire, créant un faux sentiment d'efficacité des troupes de l'OTAN et d'inefficacité de la Russie.

La Russie n'a utilisé que 7% de ses capacités réelles, ne montrant que certaines de ses armes révolutionnaires telles que le Kalibr, l'Iskander ou les missiles hypersoniques Kinzhal utilisés pour frapper des cibles spécifiques dans toute l'Ukraine. Moscou démontre ainsi que pratiquement personne en Europe n'est hors de sa portée et que, si nécessaire, elle pourrait détruire les nations européennes qui s'opposent à elle et deviennent une menace.

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Le nouvel essai du missile Sarmat est un message pour Washington: ce missile de nouvelle génération, qui n'a pas d'équivalent en Occident, peut détruire un pays de la taille de la France et est presque impossible à arrêter en raison de sa manœuvrabilité. S'il est équipé de planeurs hypersoniques Avangard, l'Occident ne peut qu'assister à la destruction de ses capitales ou de cibles choisies par la Russie.

Cette puissance apocalyptique que possèdent les forces stratégiques russes - et nous n'avons mentionné que quelques cas, mais il y en a beaucoup d'autres, comme le drone maritime Poseidon qui peut transporter une ogive de 100 mégatonnes, dont l'explosion pourrait anéantir une ville côtière avec des vagues de 500 mètres de haut ou couler une flotte menée par un porte-avions - n'est qu'un exemple de plus du risque que représente la politique de l'OTAN.

Le plus étonnant, ce sont les sociétés européennes qui vivent dans l'ignorance la plus totale de ce que leur réserve l'avenir immédiat. Si leurs élites politiques continuent dans cette voie, elles verront leur niveau de vie réduit à ce qu'était la vie de leurs grands-parents après la guerre. S'ils ont de la chance et que leurs dirigeants reviennent à la raison au sujet de la guerre et laissent l'expansion des frontières de la Russie tranquille, ils ont un espoir, sinon leurs beaux jours seront finis en quelques minutes.

La grande question, vu qu'en France c'est le clownesque Macron, un personnage étrange qui, de par son activité politique antérieure, a décroché la présidence française et qui a montré des signes d'arrogance et d'incapacité, qui l'emporte une fois de plus, est de savoir comment il est possible qu'il ait été réélu.

Nous ne devrions pas être surpris lorsque Boris Johnson sera à la tête du Royaume-Uni ou Joe Biden des États-Unis. Certains de ces personnages hauts en couleur, d'autres souffrant de graves déficiences cognitives, tiennent le destin du monde entre leurs mains et ne semblent pas comprendre que la Russie ne peut plus reculer, qu'elle est acculée mais qu'elle a plus de pouvoir que leur propre pays.

Ils feraient bien de se demander pourquoi la Chine, qui est tout aussi menacée, soutiendrait l'Occident dans un conflit qui se retournerait ensuite contre elle.

La Russie n'est pas seule: elle a le soutien de nombreux pays comme l'Inde, qui ignore les pressions occidentales; la Turquie, membre de l'OTAN, a une attitude très prudente et s'oppose non seulement aux sanctions mais veut aussi entrer sur le marché russe; Israël lui-même, insoupçonné d'être hostile à l'Occident, Tel Aviv vient d'ajouter d'autres devises à son panier de réserves en plus de l'euro, du dollar et de la livre, et a ajouté le yuan dans une première étape de réajustement à ce qu'elle perçoit comme une nouvelle réalité mondiale dans laquelle elle devra évoluer.

Dans ce contexte, les sociétés occidentales sont narcotisées et ne réagissent pas.

Avec des perspectives de faim, de chômage et de guerre, il y a peu de protestations dans cet hémisphère contre ce que font les gouvernements. Les raisons sont peut-être à chercher dans une génération qui se retire de la vie, qui a connu un progrès matériel constant et qui a vendu son âme au diable en acceptant la destruction de sa propre identité culturelle en échange de la prospérité.

Les personnes âgées en Occident sont soumises à un bombardement médiatique qui, combiné au confort et à la résignation de l'âge, ne semblent pas comprendre grand-chose à ce qui se passe et, si elles le comprennent, elles ne sont plus en mesure d'organiser des manifestations de rue et d'affronter la police comme elles le faisaient dans les décennies précédentes.

Nous ne devrions certainement pas être surpris que ce soit le cas, après tout, leur cycle historique est terminé et les jeunes, avec leur avidité naturelle à tester les limites, à rechercher de nouvelles expériences et leur désir inné de justice, sont ceux qui devraient prendre le relais et freiner le délire de leurs conducteurs.

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Cependant, cela ne se produit pas. Les jeunes naissent dans un environnement où le matérialisme, l'hédonisme et l'individualisme sont favorisés. Leurs idées se réduisent donc à vivre le plus confortablement possible, en profitant des plaisirs les plus immédiats et dans la solitude ; il n'y a pas d'idées fermes d'engagement envers la communauté, la nation ou les idées supérieures de transcendance.

Ainsi formés, leur quotidien, lorsqu'ils sont issus des classes moyennes ou aisées, est de prendre du bon temps, et comme la vie a besoin de stimuli et d'une alternance naturelle entre désirs et réalités, ces jeunes font appel comme éléments à des sujets mineurs comme la musique, l'alcool ou la drogue. Rien d'étonnant à ce que la CIA ait fait la promotion du sexe, de la drogue et du rock&roll dans les années 60 par le biais du hippisme et d'autres idéologies.

Leurs idéaux révolutionnaires ne visent plus à socialiser les moyens de production, mais à satisfaire les désirs de petites minorités radicalisées sur des questions secondaires et souvent néfastes, mais qui servent un double objectif, en canalisant ceux qui ont encore un peu de rébellion vers des questions qui ne compromettent pas les véritables pouvoirs ou leurs structures.

La stratégie même du pouvoir a été d'inculquer une idée d'immédiateté et de manque d'engagement, en considérant que tout doit être "amusant", mais pas de manière saine, mais comme une sorte d'évasion des vrais problèmes, les "bonnes vibrations" sont la prémisse maximale et donc toute personne porteuse de nouvelles inquiétantes est quelqu'un qui "a de mauvaises vibrations" et doit être isolée.

Étant ensuite dans une société qui encourage la passivité, qui considère les choses profondes comme ennuyeuses, qui pense en 144 caractères, la réflexion et la critique s'éteignent progressivement. Ce processus conduit à la réalité que nous voyons aujourd'hui, une majorité sociale qui est inconsciente de ce qui se passe dans le monde, qui donne au mieux une opinion légère sur des questions qu'elle ne comprend pas et qui valorise sa propre volonté comme quelque chose sans limites.

Lorsqu'il s'agit de l'Ukraine, leur univers se réduit à des Russes autoritaires parce qu'ils n'acceptent pas les idées minoritaires à la mode et sont des traditionalistes, qui ont le droit de faire ce qu'ils veulent sans comprendre les nuances et la sécurité internationale, et sont finalement très faciles à manipuler pour la propagande de l'OTAN.

Si une personne comme Marine Le Pen suggère que nous devrions repenser à rester dans cette UE, ou à ne pas acheter de gaz russe en expliquant les conséquences pour l'ensemble, la réponse est qu'elle est une fasciste. Il est inutile de leur expliquer que c'est Macron qui soutient les vrais néo-nazis, ils ne découvrent jamais ce qui se passe réellement car cela ne peut être expliqué en 144 caractères et il y a des priorités pour être informé en profondeur. L'immédiateté et l'idée du plaisir comme seule chose qui fait l'homme leur servent de pierre d'achoppement pour développer leurs propres critères.

Dans une société où ceux qui ont certaines expériences sont fatigués et méprisés parce que seul le jeune novice est à valoriser plutôt que la sagesse que procurent les années, il est simple de manipuler des jeunes qui ne connaissent pas d'histoire et qui sont vulnérables à ces trois sensations de base: l'attachement au matérialisme, l'hédonisme profond et le fait de ne penser qu'à soi, un individualisme qui se transforme rapidement en égoïsme malgré une patine de solidarité qui marque comme scandaleuse la fin de certains mots.

Il existe une profonde ignorance de ce qui se passe réellement dans le monde, mais celle-ci, et c'est ce qui la rend plus dangereuse, s'accompagne d'un désintérêt, de pensées banales, d'un manque de spiritualité ou de toute idée que quelque chose est transcendant.

Ne penser qu'au présent finit par être synonyme de ces jeunes gens incapables de réagir au danger qui plane au-dessus de leurs têtes, la fluidité et le détachement consommant leurs actions.

Il n'est donc pas étonnant qu'ils soutiennent la "lutte contre le réchauffement climatique" et appellent à la fermeture des centrales à charbon et à gaz, tandis que leurs politiciens mènent ce même pays à la destruction parce qu'ils refusent que la Russie soit garantie de ne pas être attaquée.

Comment est-il possible qu'il y ait un défilé de "fierté" gay avec des dizaines ou des centaines de milliers de personnes ou que le féminisme continue à prétendre que le problème de l'humanité est l'oppression des femmes et la nécessité d'intégrer le genre dans les gouvernements, alors que les menaces d'une guerre nucléaire qui exterminera des milliards de personnes deviennent une réalité ?

Elle est le résultat naturel de tout ce qui précède, l'ignorance, l'égoïsme, le vide, l'indifférence. Pour ces jeunes, la rébellion consiste à devenir végétalien parce que les animaux sont égaux aux personnes, ou parce qu'ils polluent, à croire que les enfants annulent une femme ou sont des fautes graves parce qu'ils augmentent l'empreinte carbone, à penser qu'ils peuvent choisir d'être des hommes, des femmes ou quelque chose de non spécifique selon leur volonté et une énorme liste de questions similaires.

Pendant ce temps, l'atlantisme s'achemine vers la destruction du monde tel que nous le connaissons et se redéfinit selon un autre modèle qui leur garantit de conserver leurs positions dominantes.

La situation est donc très grave lorsque l'incompétence, l'ignorance et la mauvaise foi se conjuguent chez les dirigeants occidentaux et que ceux qui devraient faire contrepoids ont été aliénés par ce même pouvoir pour les diriger comme des moutons obéissants qui n'ont même pas conscience de ce qu'ils sont.

Ils ont fait en sorte que les esclaves mettent leurs fières chaînes, et ils réprimandent, "annulent" en termes d'aujourd'hui, ceux qui leur crient qu'ils sont des esclaves poussés à la destruction. Ne pas jeter de "mauvaises ondes" sera sûrement leur dernière réponse s'ils aperçoivent le champignon atomique avant qu'il ne s'éteigne.

*Marcelo Ramirez est un analyste géopolitique. Directeur d'AsiaTV.

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Sondagite aiguë

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Sondagite aiguë

par Georges FELTIN-TRACOL

Les régimes pseudo-démocratiques d’Occident se complaisent volontiers dans un mal moderne venu d’outre-Atlantique : la « sondagite aiguë ». Certes, il ne s’agit pas d’une nouvelle épidémie virale ou d’une infection microbienne jusque-là inconnue. La « sondagite aiguë » désigne l’emploi compulsif et incessant des enquêtes d’opinion et des sondages par les gouvernements, les médiats et les formations politiques. La récente élection présidentielle française et les législatives à venir témoignent de leur grande nocivité.

Politologues et journalistes s’accordent sur les résultats du premier tour, le 10 avril 2022: les trois candidats qui franchissent la barre des 20 % ont bénéficié dans les derniers jours d’un vote utile. Les électeurs ont choisi un candidat non pas en fonction de son programme, de ses convictions, de sa personnalité, mais en suivant les intentions de vote publiées tous les jours avant les quarante-huit heures fatidiques de réserve électorale obligatoire.

C’est à la présidentielle de 2002 que s’est installée cette vilaine habitude de sondagite permanente. Auparavant, entre 1965 et 1995, les plus anciens auditeurs s’en souviennent peut-être, les quinze jours de la campagne officielle s’effectuaient en l’absence de tout sondage. L’incertitude dominait les derniers jours. Ainsi personne ne vit-il les 14,39 % en 1988 et les 15 % en 1995 de Jean-Marie Le Pen. Toujours en 1995, les sondages alors confidentiels pronostiquaient un duel entre Édouard Balladur et Jacques Chirac. C’est le candidat socialiste Lionel Jospin qui arriva en tête au soir du 23 avril avec 23,30 %.

La publication répétée des sondages jusqu’à l’ultime instant autorisé transforme les citoyens en véritables « parieurs » politiques, en « turfistes » électoraux qui misent non point sur les meilleurs chevaux de course, mais sur le candidat le plus apte à gagner. Cette pratique marque en matière politico-électorale le passage de l’électeur en consommateur d’ailleurs vite dépité par son choix.

La propension sondagière commence en France en 1965 au moment de la première élection présidentielle au suffrage universel direct de la Ve République. L’atlantiste libéral Jean Lecanuet mène une campagne inspirée de l’exemple étatsunien. Surnommé « Monsieur Dents blanches », le maire centriste de Rouen s’inspire du candidat Kennedy et bénéficie des conseils avisés du publicitaire Michel Bongrand qui inaugure dans l’Hexagone les méthodes de mercatique politique. Couplée aux premiers sondages politiques, la persuasion quasi-commerciale de segments socio-professionnels particuliers assure à Jean Lecanuet une troisième place, 15,57 % des suffrages, qui met en ballottage le général De Gaulle trop sûr de lui-même, et assèche le candidat national, Jean-Louis Tixier-Vignancour, qui plafonne à 5,20 %.

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Michel Bongrand (photo) est le lointain ancêtre des spin doctors anglo-saxons, capables de vendre des tonnes de sable aux habitants du Sahara par une narration médiatique sophistiquée. En Russie, leurs équivalents s’activent autour des polittekhnologui (ou « technologies politiques »). Ce terme regroupe les démarches de lobbying, les relations publiques, voire des actions compromettantes si possibles filmées. Toutes travaillent l’électorat sous l’impulsion des professionnels de l’information, de l’influence subliminale, de la manipulation factuelle et de la désinformation.

Le recours massif aux sondages n’est pas anecdotique. Avant la campagne officielle qui impose une stricte égalité du temps d’antenne des candidats, les semaines qui précédent cette phase déterminante appliquent une équité entre les candidats. Outre les résultats électoraux antérieurs récents, entrent dans la prise en compte les tendances générales indiquées dans les sondages. Cette procédure entérinée par les autorités de l’audio-visuel accentue l’invisibilité des « petits candidats » qui, écartés des émissions grand public, restent inaperçus aux yeux du public. Cette absence de visibilité rend plus incertaine encore la collecte des parrainages comme Florian Philippot a pu l’observer récemment.

L’importance accordée aux sondages permet enfin aux plumitifs du Système de relativiser certaines performances obtenues. Au lendemain du premier tour, les 7,07 % d’Éric Zemmour déroutent ses sympathisants. Les commentateurs ne se privent pas de comparer ce résultat effectif avec les sondages flatteurs d’octobre – novembre 2021 qui le propulsaient au second tour face à Emmanuel Macron. Or un sondage n’est que la radiographie de l’opinion publique à partir d’un panel sociologique scientifiquement constitué à un instant T. Ses données demeurent virtuelles, liquides qui ne peuvent pas être confrontées avec le résultat définitif. Réunir 2.485.226 voix pour un essayiste candidat néophyte est un exploit impossible à minimiser, surtout quand il s’accompagne d’un écroulement parallèle des deux partis qui ont dominé la Ve République de 1958 à 2017 !

Quitte à se mettre à dos les instituts de sondage et les étudiants en sciences politiques ou en sociologie qui y exercent de petits boulots, il serait temps d’interdire strictement la réalisation et la publication de tout sondage politique au minimum quinze jours avant le premier tour et au maximum un à deux mois auparavant au nom de la salubrité publique et de l’hygiène mentale du corps électoral. On notera que l’électeur occidental n’adhère plus à un projet particulier; il préfère rejeter celui des autres. Il participe à un jeu de massacre qui, au final, le conduit à un abattoir symbolique. Les sondages incitent à un comportement moutonnier panurgique collectif.

Georges Feltin-Tracol

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 30, mise en ligne le 26 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

Les peuples d'Europe se soulèveront contre les élites mondialistes

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Les peuples d'Europe se soulèveront contre les élites mondialistes

Entretien avec Alexandre Douguine pour Nexus

Propos recueillis par Lorenzo Maria Pacini

1) Alexander Goulievitch, le conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine modifie l'ordre géopolitique mondial de manière multipolaire. À votre avis, à quoi ressemblera l'architecture internationale - disons, dans les cinq prochaines années - lorsque les combats seront terminés ? Qu'est-ce qui va changer exactement, quels équilibres de pouvoir sur l'échiquier mondial vont émerger et/ou être configurés ? 

Tout d'abord, un système de trois pôles s'est clairement formé. Chacun d'entre eux a son propre domaine de responsabilité, sa propre monnaie de réserve, son propre ensemble de valeurs culturelles, sa propre stratégie indépendante.

Ce n'est pas une seule humanité normative qui émergera (en tant que projection de l'Occident libéral et de ses normes et règles), mais trois. Pas un seul ordre libéral basé sur les règles occidentales, mais trois ordres civilisationnels différents - avec des idéologies différentes. Ce sera un coup dur pour le mondialisme.

Suite à cet effondrement du monde global, d'autres civilisations se joindront à cette multipolarité. Tout d'abord, je pense, l'Inde. Elle a son propre système, une démographie énorme, un potentiel économique puissant.  Le monde peut devenir quadripolaire assez rapidement. Puis viendra le temps du monde islamique, où l'Iran, le Pakistan, la Turquie, et aussi la Syrie, sont déjà des entités souveraines. 

L'Amérique latine et l'Afrique graviteront dans le même sens.

Et parallèlement à cela, je pense qu'une guerre civile va commencer en Europe - les peuples d'Europe se soulèveront contre les élites mondialistes. Lorsque les continentalistes auront gagné, l'Europe se sera organisée en un autre pôle.

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Et enfin, sous les coups de toutes parts, la dictature mondialiste aux États-Unis elle-même s'effondrera, et les Trumpistes comme les continentaux américains créeront un nouvel État. Peut-être le plus fort, peut-être pas.

2) La lutte géopolitique est aussi un "choc des civilisations", selon l'expression de Huntington, qui contraste avec la "fin de l'histoire" prônée par Fukuyama. Plusieurs fois dans vos discours, vous avez parlé d'une "guerre de l'esprit" quand vous évoquiez ce qui se passe. Pourriez-vous expliquer plus clairement votre vision métaphysique de ce conflit ?

C'est une longue histoire. Je suis un traditionaliste, et je crois que le monde moderne est l'opposé du monde de la Tradition. L'Occident moderne a détruit sa propre tradition, la tradition médiévale, la tradition antique, et détruit la tradition chez les autres peuples. En bref, l'Occident moderne est le Satan collectif, l'Antéchrist. À la fin des temps, et nous vivons à la fin des temps, Satan l'emporte sur ceux qui restent fidèles à Dieu, à l'ordre sacré. Mais cela ne dure pas longtemps. Dans la bataille finale, les armées de l'archange Michel, c'est-à-dire nous, sont victorieuses. C'est là l'essentiel : c'est le combat de la Tradition contre le monde moderne, le monde de la Révolution conservatrice. Pour les chrétiens, c'est une guerre contre l'Antéchrist, pour les musulmans contre Dajjal, pour les hindous contre le Kali Yuga, pour les Chinois contre le capitalisme et l'impérialisme occidentaux.

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3) En Italie, vous avez été appelé à plusieurs reprises "l'idéologue de Poutine" et "le Raspoutine du Kremlin". Une grande partie de la presse italienne vous associe politiquement à l'extrême-droite, vous qualifiant de "fasciste" ou de "néo-nazi". Et cela - comme pour toute personne qui reçoit une "étiquette idéologique" de la part des médias - a en tout cas contribué à changer les perceptions des Italiens, intellectuels ou simples citoyens. À votre avis, qu'est-ce qui a suscité des étiquettes aussi peu judicieuses ?

Je suis une personne assez courageuse, et si j'étais un fasciste ou un nazi, je le dirais. Et je me moque de ce que les autres en pensent. De même, si j'étais communiste. Mais je ne suis pas un nazi, un fasciste ou un communiste, et je détaille ma critique de ces visions du monde dans La quatrième théorie politique et dans mes autres écrits. Je suis contre l'Occident moderne et toutes ses idéologies - libéralisme, communisme et fascisme. Pour moi, les sujets normatifs de ces trois visions - l'individu, la classe et la nation (et encore moins la race) ne sont pas acceptables. Je crois que le sujet de la politique devrait être le Dasein ou le peuple compris existentiellement, non pas une nation politique, mais l'unité historique et culturelle d'un tout organique - toujours ouvert et sans rapport avec la citoyenneté ou l'ethnicité. Une nation est une unité de destin.

Mais le libéralisme qui prévaut aujourd'hui ne permet pas la possibilité même d'une critique à partir de la position de la Quatrième théorie politique. Tout ce qui s'y oppose doit être considéré soit comme du fascisme, soit comme du communisme. Les libéraux ne discutent donc pas avec moi, ils se contentent de me diaboliser, de me bannir, puis de colporter une caricature qu'ils ont eux-mêmes créée et qui n'a absolument rien à voir avec moi ou avec mes idées.

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Il en va de même pour Poutine. Il n'est clairement pas un libéral, mais pas non plus un communiste et encore moins un nationaliste. Comment le définissez-vous en Occident? Comme un mélange de Staline et d'Hitler, il ne faut pas longtemps aux libéraux pour se décider. Et il n'est ni l'un ni l'autre. Les libéraux ne sont pas des nazis, mais ils se comportent comme des nazis. Et leur comportement rappelle également les procès staliniens, même s'ils ne sont pas communistes. 

Je sais tout cela depuis ma jeunesse soviétique : le libéralisme est devenu si totalitaire qu'il ne tolère pas la dissidence et est incapable de polémiquer. Il s'agit d'un monologue. Un tel monologue narcissique sans cervelle est la chose la plus désagréable du fascisme et du communisme. C'est la méthode privilégiée du libéralisme aujourd'hui : si vous n'êtes pas un libéral, vous êtes un ennemi de la société ouverte, c'est-à-dire un "fasciste" Cela ne peut être modifié selon les vicissitudes du moment. Le camp de concentration idéologique en Occident et dans le monde disparaîtra en même temps que le libéralisme, tout comme les autres idéologies totalitaires occidentales ont disparu. 

4) Dites-nous, s'il vous plaît, pour notre public italien, qui est de plus en plus intéressé par vos idées, mais qui, en même temps, n'écoute souvent que ce qui est diffusé par les grands médias : quelle est votre relation avec Vladimir Poutine ?

Poutine et moi sommes inspirés par la logique du destin russe, défendons l'identité russe, sommes dévoués à la civilisation russe et sommes conscients des règles du grand jeu géopolitique. Je pense que cette coïncidence est spontanée.

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5) Votre quatrième théorie politique est un dépassement des trois grandes doctrines politiques, et elle fascine aussi les Européens, y compris les Italiens. Y a-t-il, en fait, un élément nouveau qui offre des possibilités pour l'avenir - y compris pour notre pays ? Et, à votre avis, quel rôle joue l'Italie dans la renaissance de l'Europe ? Et dans quelle mesure votre Quatrième théorie politique peut-elle être une voie à suivre ?

Je ne peux pas dire que je suis particulièrement impressionné par le patriotisme italien. Je ne suis pas non plus impressionné par aucun État-nation bourgeois créé à l'époque moderne. J'admire Rome et l'Empire romain. Je suis fasciné par la Renaissance italienne. J'aime beaucoup les régions italiennes - la Sicile, le Nord, etc. Et je suis très impressionné par les travaux et les idées du traditionaliste italien Julius Evola.

La quatrième théorie politique en Italie doit se fonder logiquement sur le Dasein italien. Mais qu'est-ce que c'est ? Chaque nation a son propre Dasein. Ce n'est pas une catégorie formelle - pas la citoyenneté, pas l'ethnicité, pas la langue... C'est la structure de la vie et la relation à la mort, c'est la profondeur d'une culture métaphysique et existentielle. Parfois, je pense que je ressens le Dasein italien et que je l'admire. Mais cela nécessite une sérieuse philosophie là. Dans ma série de livres, Noomachia, l'un des volumes est consacré au Logos latin. Je me penche sur l'histoire de l'Italie, de la Rome antique à nos jours. Mais il ne s'agit encore que d'une approche préliminaire. Décrire et explorer le Dasein italien est l'affaire des Italiens eux-mêmes. C'est également le point sur lequel doit être construite la version italienne spécifique de la Quatrième théorie politique. D'ailleurs, de telles études ont déjà été lancées en Espagne, au Brésil, en Argentine et dans d'autres pays.

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6) En raison des sanctions (passées et présentes), la Russie est et sera contrainte d'accroître son indépendance vis-à-vis de la finance occidentale. Et selon certains, la possibilité d'un retour à l'étalon-or, surmontant la monnaie fiduciaire qui prévaut depuis les années 1970, lorsque les États-Unis ont imposé au monde une monnaie abstraite sans valeur, est proche. En outre, l'or a une signification symbolique précise que les traditions spirituelles ont toujours prise en compte. Pensez-vous qu'un tel scénario n'aurait qu'une signification économique, ou aurait-il également une signification plus large ?

Je m'en tiens ici plutôt à la théorie économique développée par Ezra Pound dans ses Cantos. L'étalon-or est une catégorie associée à quelque chose d'étranger à une économie particulière et porte déjà en elle, bien que modifiée, la référence à la caisse d'émission. Une monnaie nationale ne devrait être liée qu'au volume du produit national. L'émission est l'affaire de la banque centrale souveraine sans aucune référence à une quelconque mesure étrangère, qu'il s'agisse d'une monnaie de réserve mondiale ou d'un étalon-or. Et pour éviter de déclencher l'inflation, les investissements stratégiques doivent être acheminés par une deuxième boucle, distincte de celle du consommateur de masse. Ce modèle ne dépend pas de l'idéologie - le New Deal de Roosevelt, l'économie de Staline de 1928-1953 et l'économie de HJalmar Schacht ont été toutes aussi efficaces, tandis que le libéralisme, le communisme ou le nazisme dans d'autres versions auraient pu se conjuguer avec stagnation, effondrement et dégradation. La souveraineté économique, que Pound vantait et que le brillant Silvio Gesell a tenté d'incarner, est la solution optimale. 

vendredi, 29 avril 2022

Où l'Occident trouvera-t-il des roubles?

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Où l'Occident trouvera-t-il des roubles?

par Luciano Lago

Source: https://www.ideeazione.com/loccidente-dove-trovera-i-rubli/

Poutine a ordonné que le marché monétaire national de la Russie soit préparé au passage au règlement en roubles des livraisons à l'exportation, pour l'instant, notamment du gaz naturel. Cette demande devient urgente car les banques des "pays hostiles" (un terme technique qui inclut l'UE et la plupart des pays anglophones) retardent délibérément et volontairement les paiements pour l'énergie russe. Par conséquent, les livraisons sont désormais effectuées à crédit - un crédit basé sur le rouble !

Entre-temps, le taux de référence de la banque centrale russe est passé à 17%, contre 20% précédemment, mais quand même ! Il semble que quelqu'un de pas très intelligent fasse tout pour faire grimper les prix de l'énergie. Entre-temps, les paiements reçus pour les exportations de pétrole et de gaz ont été réduits de moitié, ce qui rend probable que ces mêmes exportations (vers des "pays hostiles") seront également réduites de moitié. À ce stade, certains historiens pourraient sortir de vieux livres poussiéreux et prétendre que ce genre de politique commerciale folle était la cause de la Grande Dépression. Je ne suis pas d'accord et je l'appelle l'effondrement des entreprises, qui suit l'effondrement financier avec sa perte d'accès au crédit causée par un risque de contrepartie excessif.

Poutine aimerait que ce problème soit résolu. Il veut que l'Europe soit maintenue en vie car la Russie n'a pas besoin d'un énorme cadavre en décomposition à sa frontière occidentale. Le problème avec le décret de Poutine est que les banques russes feront office d'agents de change dans le règlement du programme "marchandises contre roubles" et que les transactions de conversion auront lieu sur le marché des devises de la Bourse de Moscou au sein du système financier russe, et que ce système connaît une grave pénurie d'acheteurs de devises étrangères.

Poutine n'est pas un magicien, et il ne peut pas générer à partir de rien une armée de zombies qui voudront emprunter des roubles et acheter avec eux des dollars et des euros qu'il n'y a aucun moyen d'investir de manière rentable pour rembourser les intérêts de la dette libellée en roubles; pas avec une inflation à deux chiffres dans la zone euro et la zone dollar; pas avec un taux d'intérêt d'au moins 17% sur le rouble. Sauf une, sur laquelle je reviendrai plus tard.

Si ce ne sont pas les zombies, alors qui élargira ses positions en dollars et en euros à une échelle aussi gigantesque?

Des importateurs russes? Non, les importations représentent la moitié des exportations, sans parler des problèmes logistiques et contractuels dus aux sanctions.

Le peuple russe? Certainement pas! La mode consistant à conserver un stock de billets de 100 dollars sous le matelas a disparu depuis longtemps, tout comme celle consistant à conserver des comptes en dollars dans les banques russes. Tout le paradigme monétaire a changé et il n'y a pas assez de monnaie libre parmi la population russe pour absorber les flux d'exportation.

Des entreprises russes ? Parmi eux, seuls les exportateurs disposent de ressources importantes, mais leur faire accepter des dollars ou des euros les ramène à la case départ et ne fait qu'exacerber leur problème en les obligeant à vendre 80 % de ces dollars et euros en roubles. Et le problème est encore pire pour les exportateurs russes, qui doivent maintenant essentiellement vendre 100 % de leurs revenus en dollars et en euros pour des roubles.

Les banques russes? C'est une possibilité ce mois-ci, mais pas dans les mois à venir. Les banques servent les intérêts de leurs clients et ceux-ci, ayant été coupés du système financier occidental, n'ont plus besoin de dollars ou d'euros. Et comme ils ont eux-mêmes été coupés du système financier occidental, ils n'ont pas non plus besoin de ces monnaies. Ils liquident leurs actifs en dollars et en euros.

Oh, et enfin, les étrangers n'ont pas accès au marché des changes russe. Cela rend les choses vraiment simples, n'est-ce pas?

Il ne reste plus que la banque centrale russe et le gouvernement russe qui la possède et l'exploite. Alors qu'auparavant ils se contentaient d'accumuler des réserves en dollars et en euros, la définition des réserves a été modifiée pour exclure ces deux éléments. Si une accumulation de réserves de change devait avoir lieu maintenant, ce serait en yuan, et alors tous ces roubles excédentaires passeraient directement des mains des acheteurs d'énergie des "nations hostiles" aux mains amicales des exportateurs chinois.

On pourrait penser que les Chinois polis seraient prêts à accepter des dollars et des euros en échange de leurs exportations vers la Russie, ce qui leur permettrait de gagner des roubles en utilisant ces deux monnaies. Malheureusement non, la Chine et la Russie ont passé des accords pour transférer leurs échanges commerciaux vers le rouble et le yuan, excluant spécifiquement le dollar.

J'ai bien peur de ne pas avoir d'idées brillantes à proposer pour résoudre ce problème, comme l'a ordonné Poutine. Il y a cependant une idée. Il est possible d'obtenir des crédits en roubles très bon marché dans le but de remplacer les importations. Le plan consiste donc à emprunter des roubles, à les utiliser pour acheter des dollars ou des euros, puis à utiliser ces dollars ou ces euros pour acheter, emballer et expédier en Russie des usines et des équipements occidentaux capables de fabriquer des produits pour lesquels il existe une demande en Russie et dans les pays amis de la Russie.

Bien sûr, les gouvernements occidentaux tenteront très probablement de bloquer ce plan. Ils n'ont plus beaucoup d'occasions de se tirer une balle dans le pied, mais ils vont certainement continuer à essayer. Et la Russie se retrouvera avec un énorme cadavre en décomposition à ses frontières occidentales. J'espère que quelqu'un trouvera le moyen d'exécuter l'ordre de Poutine, mais je n'ai aucune idée de ce que cela pourrait être.

26 avril 2022

Pourquoi l'Occident déteste la Russie et Poutine

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Pourquoi l'Occident déteste la Russie et Poutine

par Fabrizio Marchi

Source : Fabrizio Marchi & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/perche-l-occidente-odia-la-russia-e-putin

Bien que cela puisse ressembler à un fantasme politique, surtout pour ceux qui ne sont pas impliqués dans la politique internationale, il est important de souligner que l'objectif stratégique de l'offensive globale américaine (lire, entre autres, l'expansion de l'OTAN à l'Est), est la Chine, et non la Russie.

L'affaiblissement, voire la déstabilisation de la Russie à moyen-long terme n'est "que" (avec beaucoup de guillemets...) une étape intermédiaire, même si elle est d'une importance énorme, pour isoler la Chine, le véritable et plus important concurrent des Américains. Tout reste à vérifier, bien sûr, pour savoir si cela est possible, mais à mon avis, telle est bien l'intention.

Les États-Unis cherchent à prolonger le conflit en Ukraine le plus longtemps possible, voire à le rendre permanent. Ils espèrent ainsi saigner la Russie, tant sur le plan militaire que, surtout, sur le plan économique, et l'user psychologiquement au fil du temps, en sapant sa cohésion interne. À moyen terme, la guerre pourrait renforcer le leadership de Poutine, et c'est déjà le cas, mais à long terme, elle pourrait peut-être l'affaiblir. Après tout, rester embourbé dans une guerre à long terme peut être, et a été, déstabilisant pour tout le monde. Pensez au Vietnam pour les États-Unis et à l'Afghanistan pour l'Amérique et l'Union soviétique, pour ne citer que quelques exemples bien connus. Et quelle que soit la solidité du leadership de Poutine, nous ne pouvons pas exclure a priori qu'il puisse être affaibli en interne au fil du temps. Dans quelle mesure et si cela est possible, comme je l'ai dit, est une autre question, mais je crois que la stratégie du Pentagone est la suivante.

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Immédiatement après l'effondrement de l'URSS (mais la désintégration avait déjà commencé depuis un certain temps), la Russie a été réduite à l'état de colonie, un pays disposant d'un énorme réservoir de matières premières à piller et d'une grande masse de main-d'œuvre bon marché à la disposition des multinationales et des entreprises occidentales, ainsi que d'un gouvernement d'hommes d'affaires sans scrupules, de mèche avec la mafia et dirigé par une marionnette ivre au service des États-Unis. Ils étaient convaincus qu'ils avaient le monde entre leurs mains. Et c'était leur plus grande erreur. Une erreur qu'ils ont en fait souvent commise au cours des trente dernières années. Ils ont été littéralement délogés par la croissance économique impétueuse, voire inquiétante, de la Chine et n'ont pas pensé que la Russie pouvait se relever et retrouver sa force, son centre de gravité, son identité, qui est celle d'un grand pays, avec une grande histoire, une grande culture et un grand peuple qui ne peut accepter d'être réduit à une colonie de l'Occident.

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Qu'on le veuille ou non (cela n'a absolument rien à voir avec la compréhension des choses), Poutine était l'homme qui incarnait cette renaissance. Et c'est précisément cela que l'Occident ne lui pardonne pas. Parce qu'il leur a enlevé le grand jouet qu'ils pensaient avoir entre les mains et, ce faisant, leur a enlevé le rêve - qui semblait avoir été réalisé - de pouvoir dominer la planète entière.

Que la croisade anti-russe se fasse pour défendre les valeurs occidentales, la liberté, les droits civils et la démocratie, c'est évident, mais c'est du bavardage, de la propagande des plus évidentes, de la soupe pour les naïfs (je ne veux pas m'y frotter...). L'Occident fait et a fait des affaires, a soutenu, financé, armé et souvent créé les dictatures les plus féroces dans le monde entier (tout comme il n'hésite pas aujourd'hui à anoblir la pire racaille nazie-fasciste jamais vue en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale), et encore moins si le problème peut être les droits et la démocratie. Si Putin était à votre service, vous pourriez aussi bien manger littéralement de la chair de petit enfant au petit déjeuner et personne ne s'en soucierait le moins du monde et tout le monde trouverait même un moyen de le dissimuler.

Affaiblir, réduire radicalement ou même déstabiliser la Russie et installer un gouvernement complaisant signifierait, comme je l'ai dit, isoler la Chine. Pensons aujourd'hui à l'Inde, un pays formellement placé dans la sphère d'influence occidentale, mais en fait non homogène avec cette même sphère, pour des raisons géographiques évidentes et donc économiques et commerciales. Avec la disparition de la Russie, l'autre principal bastion, outre la Chine, du bloc (euro-asiatique), l'Inde serait inévitablement aspirée dans la sphère d'influence occidentale, et peut-être aussi le Pakistan, un allié des États-Unis jusqu'à il y a tout juste un an ou deux.

Il s'agit évidemment d'une stratégie et d'un projet très ambitieux avec lesquels les Américains pourraient jouer à moyen et long terme. D'autre part, s'ils ne parviennent pas à briser d'une manière ou d'une autre le lien entre la Russie et la Chine, c'est-à-dire l'axe central du bloc asiatique (possible mais pas encore complètement homogène), les choses pourraient se gâter pour les États-Unis et le bloc occidental.

C'est pourquoi la crise actuelle est certainement la plus grave et la plus inquiétante depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Objectivement, nous ne sommes pas en mesure de prévoir les évolutions et, surtout, les résultats potentiellement dramatiques.

Elections françaises: le peuple dit "non", les élites disent "oui" à Macron

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Elections françaises: le peuple dit "non", les élites disent "oui" à Macron

par Daria Platonova Douguina

Source: https://www.ideeazione.com/elezioni-francesi-il-popolo-dice-no-le-elite-dicono-si-a-macron/

Au second tour, Emmanuel Macron a obtenu 58,55% des voix (résultats fournis par le ministère français de l'Intérieur après traitement de 100% des bulletins de vote). La première soirée après l'élection du président pour un second mandat a déjà été marquée par des manifestations de grande ampleur contre le "macronisme" et le libéralisme. Les gilets jaunes, des éléments de la gauche et de la droite sont descendus dans la rue. Philippe Poutou, le leader du parti anticapitaliste, a appelé au renversement de Macron. Et les leaders de l'opposition (Le Pen, Zemmour, Mélenchon), dont l'électorat cumulé dépasse 50% de la population française, ont déclaré que les élections ne sont pas terminées, et que le troisième tour sera les élections législatives qui auront lieu en juin. Macron risque de ne pas obtenir de majorité parlementaire. Cela est fortement influencé par l'échec de sa politique quinquennale, surnommée le "Macronisme", qui a conduit le parti de Macron à ne remporter aucune des 13 régions lors des élections régionales de 2021.

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Philippe Poutou.

Le fait que les prochaines années seront turbulentes a également été noté par le président nouvellement élu lui-même. "Un second mandat ne sera pas turbulent, mais il sera historique pour la France", a déclaré M. Macron, lors d'un meeting de victoire. La France risque d'être confrontée à une période d'instabilité, et la page s'est ouverte pour un quinquennat plus défiant (ou même un septennat, dans le cas de la réforme constitutionnelle de Macron visant à prolonger le mandat présidentiel). Le pays entre dans une période de turbulences politiques et les slogans des manifestations d'hier, avec le mot "Révolution", suggèrent de possibles changements radicaux à venir.

Dans le même temps, trois grands blocs politiques ont émergé, dont deux représentent les intérêts du peuple (Le Pen et Mélenchon) et un, Macron, les intérêts des élites transnationales orientées vers un agenda mondialiste. Le résultat de Le Pen est en effet impressionnant: par rapport à 2017 (où l'écart était de 33%), le tableau actuel montre que ses thèses (critique de l'immigration, de l'OTAN, du mondialisme, du capitalisme) reflètent la volonté de la moitié des Français.

Le think tank français Strategika note que "les situations des élections présidentielles de 2017 et de 2022 sont très différentes. En 2017, il y a eu une confrontation entre le candidat Macron, présenté à l'époque par tous les médias et le système politique comme "nouveau", et Marine Le Pen, qui portait en quelque sorte le "poids" du passé (du passé de son parti). Il y avait une illusion que le monde politique vermoulu, contre lequel Macron s'est positionné comme une fausse nouveauté sans précédent, allait soudainement exploser et résoudre des décennies de problèmes accumulés". Toutefois, selon l'auteur de Strategika, en 2022, la situation a radicalement changé: "En 2022, un autre Macron est apparu - avec une crise économique massive à son actif et des politiques néolibérales qui ont eu un impact négatif sur le peuple français et la cohésion sociale du pays, ainsi qu'une série d'échecs en matière de politique intérieure et extérieure, notamment :

    - la répression sanglante des "gilets jaunes" ;

    - une gestion autoritaire et inadéquate de la crise sanitaire ("covidisme") ;

    - le déclin de la démocratie et de la liberté d'expression dans le pays ;

    - la dégradation de la situation migratoire dans le pays (un épisode récent hautement symbolique de l'état de guerre civile rampante de la France a été l'assassinat en prison du militant nationaliste corse Ivan Colonna par un djihadiste. Sans parler de l'hypothèse de l'exécution éventuelle donc d'un meurtre sur commande) ;

    - échec au Mali et perte d'influence sur le continent africain ;

    - l'annulation des contrats de sous-marins avec l'Australie ;

    - l'échec du processus de paix entre Moscou et Kiev".

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La crédibilité de Macron a également été ébranlée par une importante affaire McKinsey: "Macron a effectivement placé le pays sous un contrôle externe: le Sénat français a constaté que la France perdait sa souveraineté dans la sphère législative".

Strategika note que "outre la montée en popularité de Marine Le Pen (également causée par la présence dans son projet d'un certain nombre d'éléments de politique socio-économique: retraite à 60 ans, réductions d'impôts, accent mis sur le pouvoir d'achat, etc.), on a assisté à un renforcement de la position de l'homme politique de gauche Jean-Luc Mélenchon. Le point commun des deux candidats est qu'ils se concentrent davantage sur les stratégies visant à résoudre la crise économique actuelle en France et qu'ils envisagent des modèles pour introduire une régulation étatique partielle dans certains secteurs de l'économie dans la période d'après-crise.

Que réserve l'avenir à la France? Devons-nous nous attendre à des changements radicaux? Apparemment, oui. La victoire de Macron hier a ouvert une boîte de Pandore. Le peuple français, sensible à la trahison et à la déloyauté, ne pardonnera pas à un président responsable d'une crise d'une telle ampleur. Les sanctions anti-russes ont touché les cordons de la bourse des Français, beaucoup admettant qu'il est plus coûteux de se déplacer pour aller travailler que de rester au chômage chez soi. La politique étrangère de Macron, que ce soit en Afrique ou en Ukraine, a soulevé des questions non seulement parmi les citoyens ordinaires ou les politiciens, mais aussi parmi les militaires. L'insatisfaction à l'égard de Macron est croissante. Et les lettres sur les pancartes des manifestants deviennent plus vives : "Révolution. Renversons le régime libéral".

27 avril 2022

jeudi, 28 avril 2022

La CIA adopte une idéologie de gauche

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La CIA adopte une idéologie de gauche

Michael Tracey (2021)

Source: https://misionverdad.com/traducciones/la-cia-adopta-una-ideologia-de-izquierda

Dans une vidéo marketing époustouflante diffusée pour la première fois le 25 mars 2021, mais qui était passée inaperçue jusqu'à il y a quelques jours, la CIA a approuvé avec enthousiasme plusieurs principes clés de ce qui est désormais indiscutablement devenu une construction idéologique et rhétorique hégémonique de la gauche et du libéralisme :

"Je suis une femme de couleur", proclame triomphalement la protagoniste de la vidéo, un agent de la CIA anonyme". "Je suis une millenian cisgenre à qui on a diagnostiqué un trouble d'anxiété généralisée. Je suis intersectionnelle, mais mon existence n'est pas un exercice de mise en boîte".

Elle poursuit: "J'avais l'habitude de lutter contre le syndrome de l'imposteur. Mais à 36 ans, je refuse d'intérioriser les idées patriarcales erronées sur ce qu'une femme peut ou doit être. Je suis fatiguée de me sentir comme si je devais m'excuser pour l'espace que j'occupe".

La vidéo est un rapide tour de force des tropes et des bizarreries les plus étroitement associés à l'"idéologie Woke" contemporaine, comme par exemple:

    - Une référence directe à la doctrine de l'"intersectionnalité". On peut soutenir que c'est le principal principe de fonctionnement de la dite idéologie, ce qui signifie qu'un large éventail d'oppressions fondées sur l'identité se "croisent" et doivent être renversées.

    - L'invocation du terme "cisgenre", qui vise à signifier l'inclusion par la CIA des personnes sans normes de genre, c'est-à-dire les personnes trans.

    - Une dénonciation du "patriarcat", l'un des systèmes d'oppression identitaire les plus abhorrés.

    - L'étrange fierté d'être diagnostiquée avec une maladie mentale, comme s'il s'agissait simplement d'un autre trait d'identité à rendre public et à accepter, plutôt que d'une affection débilitante à guérir.

    - L'utilisation désormais omniprésente du substantif "espace" pour désigner non pas un lieu physique quelconque, mais la vague force métaphysique que l'on est censé exercer dans la vie... ou quelque chose comme ça. ("Connaissez votre valeur. Maîtrisez votre espace", ajoute la femme).

"Woke Ideology" est un terme vague et amorphe désignant un vaste ensemble de croyances et de pratiques; les adeptes de l'idéologie nient souvent qu'une telle chose existe. Et pourtant, toute personne qui n'a pas vécu sous une roche sait à peu près ce que ce terme signifie, reconnaît le style rhétorique dans lequel il est exprimé et comprend immédiatement que cette vidéo en est un exemple. Tout comme on peut identifier des exemples de "communisme" ou de "libertarisme" malgré les débats perpétuels sur la définition précise de ces désignations idéologiques.

Bien que la vidéo ait été produite par la CIA, elle aurait facilement pu être produite par n'importe quelle entreprise du Fortune 500 ou organisation militante financée par une fondation, qui lisent toutes plus ou moins le même script.

La vidéo de la CIA est en fait un épisode d'une série intitulée Humans of the CIA, un titre probablement destiné à rappeler la mode des médias sociaux Humans of New York, dans laquelle des citoyens ordinaires sont "humanisés" avec des histoires sentimentales et touchantes. Tout comme la CIA a tenté de le faire avec cette série.

Une autre vidéo de la série Humans of the CIA présente un homme qui raconte son parcours avec la citation suivante: "Ayant grandi en étant gay dans une petite ville du sud, j'ai eu la chance d'avoir une famille merveilleuse et acceptante. J'ai toujours lutté contre l'idée de ne pas pouvoir parler de ma vie personnelle au travail. Imaginez ma surprise lorsque, lors de mon assermentation à la CIA, j'ai remarqué un arc-en-ciel sur le cordon du directeur de l'époque, M. Brennan".

"L'inclusion est une valeur fondamentale ici", poursuit The Man Who Came Out Gay. "Les membres du personnel, du haut en bas de l'échelle, s'efforcent de faire en sorte que chaque personne - quel que soit son sexe, son identité sexuelle, sa race, son handicap ou son orientation sexuelle - puisse apporter tout son être au travail chaque jour".

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Il s'avère que John Brennan (photo) , l'ancien directeur de la CIA sous Barack Obama (et protagoniste de la saga Trump/Russie générée par la CIA) apparaît dans ces deux vidéos comme un homme qui cherche à s'assurer que les agents de la CIA puissent "apporter tout leur moi au travail chaque jour", plutôt que juste une partie de leur moi, comme quelques membres. Il est là, souriant aux côtés de la femme latina, symbole de l'engagement de la direction de la CIA en matière d'équité et d'inclusion. L'un des successeurs de Brennan, Gina Haspel, dont la nomination a été annoncée par l'administration Trump comme une victoire pour "l'émancipation des femmes", fait également un caméo. Il est clair que la nouvelle dévotion passionnée de l'Agence pour ces valeurs identitaires n'a rien de partisan !

S'il est possible que le zèle du département marketing de la CIA à adopter ce jargon se soit intensifié avec le début d'une nouvelle administration démocrate, le plan de relations publiques semble être antérieur à l'inauguration de Joe Biden. Le 4 janvier 2021, une vidéo a été publiée dans laquelle un autre agent anonyme vante son expérience en tant que "responsable de la stratégie d'entreprise et de l'éducation pour la diversité et l'inclusion" comme une merveilleuse préparation à une carrière à la CIA.

On a du mal à imaginer Donald Trump autorisant personnellement une telle campagne de marketing (mais qui sait). Quoi qu'il en soit, le rôle de la CIA dans l'activisme politique gauche/libéral a atteint une sorte de crescendo sous la présidence de Trump. Brennan a joué un rôle particulièrement important dans le lancement du récit selon lequel Trump aurait été "de connivence" avec le gouvernement russe pour subvertir la démocratie américaine, et ce récit est devenu un objet de fixation furieuse de la gauche/gauche libérale, en partie en raison de l'agitation constante de Brennan sur Twitter et de sa position dans les médias d'entreprise :

 
John O. Brennan
 
@JohnBrennan
 
Donald Trump’s press conference performance in Helsinki rises to & exceeds the threshold of “high crimes & misdemeanors.” It was nothing short of treasonous. Not only were Trump’s comments imbecilic, he is wholly in the pocket of Putin. Republican Patriots: Where are you???
 

(Traduction de ce Twitter du 16 juillet 2018: La performance de Donald Trump lors de sa conférence de presse à Helsinki nous mène au seuil, et dépasse même ce seuil, du "délit et méfait de haute gamme". Ce n'était rien moins que de la trahison. Non seulement les commentaires de Trump étaient imbéciles, mais il s'avère qu'il est complètement dans la poche de Poutine. Patriotes républicains: où êtes-vous???")

(Pour tous ceux qui nient que des segments de "la gauche" ont été impliqués dans le récit Trump/Russie, veuillez jeter un coup d'œil aux organisations qui ont parrainé des rassemblements pour défendre le conseiller spécial Robert Mueller tout au long de 2017 et 2018. Ils comprennent le Working Families Party, Progressive Democrats of America, People for the American Way, Indivisible, et d'autres. Ce ne sont pas seulement les "libéraux" ou les "centristes" insipides qui ont fait cela).

Ainsi, la dernière ouverture rhétorique de la CIA pourrait être comprise comme une continuation de la tendance selon laquelle les prérogatives de la CIA sont de plus en plus alignées sur les prérogatives du complexe à but non lucratif de la gauche libérale et des activistes financés par des fondations. Ce n'est peut-être pas une coïncidence si les anciens (ou "ex") agents de la CIA ont constitué une part importante des nouveaux membres du Parti démocrate lorsque celui-ci a pris le contrôle de la Chambre des représentants en 2018.

Chaque fois qu'ils sont confrontés à la réalité que leurs styles rhétoriques sont imités dans tous les centres de pouvoir du pays, y compris maintenant la Communauté du renseignement, les militants et les journalistes de gauche ont tendance à nier rageusement toute culpabilité. La décision de la CIA de se déclarer institutionnellement comme une source d'"intersectionnalité", insisteront-ils, est une cooptation fausse et cynique.

Cependant, il ne s'agit pas tant d'une "cooptation" que d'une évolution naturelle des impératifs de l'idéologie woke. La CIA peut facilement adopter quelque chose qui s'approche d'une attitude "intersectionnelle" à l'égard des oppressions raciales, de genre et d'identité sexuelle et poursuivre sa mission ordinaire. En fait, l'adoption de cette rhétorique pourrait améliorer sa mission en renforçant son cachet culturel interne. Supposons que John Brennan soit un vrai croyant dans la doctrine de l'intersectionnalité - ce qui n'est absolument pas hors de question - et qu'il croit vraiment que la CIA peut contribuer à la réalisation de ses objectifs. Que faire alors ?

Prétendre qu'il y a une discontinuité entre la nouvelle popularité universelle de ces concepts et l'activisme de gauche n'a aucun sens. Y a-t-il une croyance de gauche plus puissante en circulation en ce moment que celle des oppressions "intersectionnelles" et de leur influence omniprésente et déterminante sur la vie américaine ? La CIA ne fait que signaler son empressement à participer au projet idéologique de démantèlement de ces supposées oppressions. D'une certaine manière, il s'agit d'une véritable victoire pour la gauche militante, dont les convictions gagnent des adhérents à un rythme vertigineux, probablement jamais aussi rapide que l'année dernière.

Mais au lieu de se demander pourquoi le paradigme rhétorique et idéologique qu'ils ont promu sans relâche s'accorde si facilement avec les institutions les plus puissantes du pays, des banques de Wall Street aux grands monopoles technologiques en passant par la CIA, les activistes et les journalistes de gauche changent souvent de sujet avec pétulance. Après que j'ai commenté la vidéo "Woke CIA" hier via Twitter, le frontman radical de Rage Against the Machine, Tom Morello, est sorti de nulle part pour m'accuser de nier les "maux" des actions passées de la CIA - comme les assassinats et les coups d'État - et de faire comme si le "vrai problème" de la CIA était sa pratique soudaine de distribution de soi-disant "pamphlets woke".

En ce moment, je lis un livre très éclairant (ce n'est pas un pamphlet) qui détaille de nombreuses transgressions brutales et largement oubliées de la CIA, comme une mission secrète de 1958 qui a abouti au bombardement d'un marché et d'une église sur l'île d'Ambon, en Indonésie, anéantissant des civils. Tous ceux qui ne connaissent pas ce chapitre de l'histoire de la CIA, ainsi que d'autres, devraient "s'instruire", et peut-être cela les aidera-t-il à comprendre ce que le guitariste gauchiste audacieusement subversif ne comprend manifestement pas: que l'"idéologie du réveil" est parfaitement compatible avec la prérogative institutionnelle de la CIA d'asseoir davantage son propre pouvoir.

Cette histoire rend doublement absurde le fait que les libéraux (et, bien que plus tacitement, les gauchistes) aient été si tolérants à l'égard des interventions de la CIA dans les affaires politiques intérieures parce que leurs objectifs politiques à court terme (désactiver et destituer Trump) s'alignaient les uns sur les autres. Maintenant, ils semblent plus en colère contre ceux qui soulignent l'absurdité évidente de cette tactique de marketing de la CIA que contre la tactique elle-même. Peut-être est-ce parce qu'ils ont été les principaux artisans de la création des conditions politiques dans lesquelles l'adoption de telles tactiques est considérée comme astucieuse.

(L'été dernier, Morello s'est déclaré un grand admirateur de White Fragility de Robin DiAngelo, l'un des pires livres jamais écrits et une source primaire des préceptes "antiracistes" insensés adoptés dans toute l'Amérique des entreprises. Cela vous donne donc une idée d'où il vient).

Les libéraux et les gauchistes doivent constamment nier que leurs croyances, leur esthétique et leurs codes d'expression sont devenus hégémoniques, car se positionner comme des marginaux nobles et assiégés est au cœur de leur concept de soi. Comme me l'a dit un commentateur sur Twitter : "A mon avis, la CIA a examiné les croyances de ceux qui sortent des écoles d'élite et a décidé que c'est ainsi qu'elle doit se présenter à eux". Eh bien... oui.

Nombreux sont ceux qui ne trouvent pas intéressant ou digne de commentaire le fait que les prescriptions idéologiques et les formulations rhétoriques, autrefois largement reléguées au Tumblr et aux cercles académiques obscurs, ont migré vers les plus hauts niveaux de l'appareil de renseignement américain en l'espace de quelques années. Qu'ils se sentent libres de continuer à hurler dans le vide en ligne, tandis que d'autres tentent d'évaluer de manière critique ce phénomène qui perturbe la culture.

Michael Tracey est un journaliste américain qui se concentre sur l'analyse et le commentaire de la politique américaine. Son livre sur la façon dont la psyché collective des élites politiques et médiatiques américaines a été déformée par une rupture épistémique sismique pendant l'ère Donald Trump doit être publié en 2022.

Cet article a été initialement publié sur le blog de Michael Tracey le 4 mai 2021, traduit pour Mision Verdad par José Aponte.

- Nous sommes un groupe de chercheurs indépendants qui se consacrent à l'analyse du processus de guerre contre le Venezuela et de ses implications mondiales. Depuis le début, l'utilisation de notre contenu est gratuite. Nous comptons sur les dons et les collaborations pour soutenir ce projet. Si vous souhaitez contribuer à Misión Verdad, vous pouvez le faire ici: https://misionverdad.com/donate .

Les "Straussiens" ou les architectes des guerres de l'Amérique

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Les "Straussiens" ou les architectes des guerres de l'Amérique

Javier Barraycoa

Source: https://posmodernia.com/guerra-en-ucrania-iii-los-straussianos-o-los-arquitectos-de-las-guerras-de-estados-unidos/

Qui sont les "Straussiens" et quel est leur lien avec la guerre actuelle en Ukraine ? Nous allons nous référer à une série de doctrinaires et de politiciens qui ont guidé la politique étrangère américaine pendant des décennies, tant en matière économique que militaire. Nombre d'entre eux ont été, directement ou indirectement, des disciples du philosophe allemand Leo Strauss (1899-1973) et sont connus dans certains milieux sous le nom de "secte straussienne" [1]. Face à la montée du nazisme, Strauss se réfugie à l'université de Chicago où il enseignera la philosophie. Tous ses premiers disciples, qui formaient un cercle presque secret, étaient d'origine juive. Strauss les a rassemblés et a transmis oralement sa pensée la plus cryptique et la plus ésotérique. Aucune trace écrite de ces leçons ou réunions privées ne nous est parvenue, car elles étaient orales, et nous n'en avons que des références indirectes. Le fil conducteur de "l'enseignement secret" de Strauss était que, pour éviter un nouvel holocauste, une dictature forte devait être mise en place pour défendre les Juifs. Il a également soutenu que les démocraties libérales isolées ne pouvaient pas survivre par elles-mêmes et que les sociétés devaient cohabiter face à un "ennemi" hostile.

Strauss pensait que les œuvres des anciens philosophes contenaient délibérément des concepts "ésotériques" dont la vérité ne peut être comprise que par un petit nombre et qui seraient mal compris par les masses à endoctriner avec des connaissances "exotériques". On sait que le maître lui-même appelait ses élèves choisis les "hoplites" [2]. Le professeur leur avait inculqué l'idée d'utiliser le soi-disant "noble mensonge" (il est moralement éthique de mentir afin de préserver une fin noble)[3], quelque chose que ses disciples allaient rapidement apprendre à appliquer à leurs activités politiques. Ils n'ont pas renoncé à l'action, et il les a envoyés révolutionner les classes des enseignants opposants. Strauss soutenait qu'il fallait toujours se battre, et cette agitation en classe pouvait être appliquée à la géopolitique. C'est pourquoi il soutenait qu'un État (comme les États-Unis) qui voulait survivre devait toujours être en guerre. Pour le philosophe, cela fournissait une éthique spartiate, car la paix mène toujours à la décadence. Les straussiens croient donc à la "guerre perpétuelle" prônée par leur maître et non à la "paix perpétuelle" prônée par Kant. 

Leo Strauss

Le platonisme et une fausse idée du droit naturel dominent l'ensemble de la pensée de Leo Strauss. Il a toujours défendu l'existence d'une élite qui devrait être compatible avec les structures démocratiques formelles. Par conséquent, il a sensibilisé ses disciples à l'idée que dans les sociétés, certains sont destinés à diriger et d'autres à être dirigés. Qui, alors, doit diriger ? Ceux qui réalisent qu'il n'y a pas de moralité en dehors d'eux et qu'il n'y a qu'un seul "droit naturel": le droit du supérieur de dominer l'inférieur. Néanmoins, il a fait valoir que la loi morale, n'étant pas une fin en soi mais plutôt un artifice, était nécessaire pour maintenir l'ordre et la cohésion interne des sociétés. Et que l'un des moyens les plus efficaces pour diffuser ces principes moraux était la religion. Alors que Marx considérait la religion comme l'"opium du peuple", Strauss l'appelait la "sainte fraude". La religion est devenue l'un des instruments les plus efficaces de l'action politique, comme la "colle qui lie les sociétés entre elles". La religion n'était nécessaire que pour les masses, car les dirigeants n'en avaient pas besoin. Toute cette révolution d'idées finira par influencer la politique étrangère américaine au cours des dernières décennies.

Les premiers "Straussiens"

Peut-être Strauss n'aurait-il pas été beaucoup plus loin que les autres penseurs de son époque sans la force et l'influence politique que ses disciples ont progressivement acquises [4]. Ils se sont infiltrés dans l'administration américaine aux plus hauts niveaux et font maintenant partie des groupes de réflexion les plus influents des États-Unis. Toute l'architecture des guerres menées - directement ou indirectement - par les Etats-Unis depuis la chute de l'URSS a été légitimée par les thèses des "straussiens" et leur capacité de contrôle idéologique dans les administrations américaines, qu'elles soient républicaines ou démocrates.

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Lorsque Leo Strauss meurt en 1973, ses disciples restent groupés et s'engagent en politique par l'intermédiaire du sénateur démocrate Henry "Scoop" Jackson (photo). Parmi les plus connus, citons Elliott Abrams, Richard Perle et Paul Wolfowitz [5]. Ils ont été rejoints par un groupe de journalistes trotskistes du City College de New York qui publiaient le magazine Commentary (pensée et opinion conservatrices en vogue dans les milieux juifs de la côte Est). Ces derniers étaient connus comme "les intellectuels de New York". En raison de leur ancrage idéologique dans le trotskisme et de leur haine de l'URSS stalinienne, ils se sont impliqués dans la politique par le biais de la RAND Corporation [7]. L'acte fondateur de ce groupe a été la rédaction et l'adoption ultérieure de l'"amendement Jackson-Vanik" (1974) qui devait contraindre l'Union soviétique à autoriser l'émigration de sa population juive vers Israël sous la menace de sanctions économiques.

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Paul Wolfowitz, un straussien par excellence

Un Paul Wolfowitz encore très jeune (que l'on appellera plus tard le Wolfowitz d'Arabie, étant donné son obsession pour le renversement du régime de Saddam Hussein), formé auprès de Leo Strauss et de son collaborateur Albert Wohlstetter (un homme de l'État profond américain au temps de la guerre froide). Le véritable mentor de Wolfowitz serait Albert Wohlstetter (1913-1997), partisan d'une politique nucléaire ferme contre l'URSS, qui enseignait au département des sciences politiques de Chicago à cette époque. Grâce à ce contact, Paul Wolfowitz et Richard Perle (un autre des futurs architectes de la future guerre en Irak) [8], à l'été 1969, commencent à collaborer avec le Committee to Maintain a Prudent Defense Policy (CMPDP), un organisme créé par le secrétaire d'État Dean Acheson pendant la guerre froide pour élaborer des stratégies contre l'URSS.

Selon Francis Fukuyama, un néoconservateur et disciple indirect des straussiens: "Wolfowitz a fait la synthèse entre Strauss et Wohlstetter", ils étaient l'un, le philosophe, et l'autre, le stratège; les deux maîtres des néoconservateurs. Comme nous le soulignerons ci-dessous, ces collaborateurs trostkystes du parti démocrate, se sont progressivement convertis au républicanisme et sont devenus la base idéologique des "néocons". Wolfowitz, pendant son mandat de secrétaire adjoint à la défense sous George W. Bush, a été à l'origine de concepts tels que la "guerre préventive" ou l'"axe du mal", qui ont fait florès.

La formation "straussienne" des néoconservateurs

Dès 1976, Wolfowitz met en place l'équipe B, sous la présidence républicaine de Gerald Ford, pour analyser le danger que représente l'URSS pour le monde occidental. La conclusion de l'étude était qu'il ne suffisait pas de l'isoler, mais de l'éradiquer. Par la suite, les straussiens et les intellectuels new-yorkais - tous d'origine juive et anciens bolcheviks, comme nous l'avons déjà dit - se sont paradoxalement mis au service de Ronald Reagan et des républicains. C'est alors qu'ils ont commencé à s'appeler "néo-conservateurs". Ils ont été les architectes de groupes de travail et de groupes de réflexion tels que le National Endowment for Democracy (NED - Dotation nationale pour la démocratie) et l'US Institute of Peace (USIP). Ce dernier a été impliqué dans la révolution de Tianamen et les révolutions dites de couleur: manifestations d'octobre 2000 en Yougoslavie qui ont conduit au renversement de Miloševich; révolution des roses qui a conduit à la chute d'Edouard Chevardnadze (pro-russe) en Géorgie en 2003 et s'est terminée par la guerre russo-géorgienne de 2008; révolution orange qui a conduit à la fuite du candidat Viktor Iouchtchenko (pro-russe) en Ukraine en 2004; la Révolution des tulipes qui a conduit à l'éviction du gouvernement (pro-russe) d'Askar Akayev au Kirghizstan en 2005 (photo, ci-dessous); la Révolution blanche qui a tenté sans succès de renverser Alexandre Lukashenko (pro-russe) en Biélorussie; ou les manifestations en Moldavie contre le gouvernement du Parti communiste (pro-russe) en 2009.

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Plus inquiétant est un document rédigé par Paul Wolfowitz en 1992 après la chute de l'URSS, qui précise que les Etats-Unis doivent maintenir l'hégémonie mondiale en empêchant l'émergence de nouvelles puissances et même en s'imposant en Europe [9]. Gary Schmitt, Abram Shulsky et Paul Wolfowitz, grâce au groupe de travail sur la réforme du renseignement du Consortium for the Study of Intelligence, ont progressivement imprégné les agences de renseignement américaines de leurs idées. Ils ont diffusé la thèse selon laquelle les autres gouvernements démocratiques du monde n'avaient pas la vision globale que l'Amérique avait. L'empire américain a donc dû prendre des décisions unilatérales pour diriger le monde [10]. Cette année-là, Bill Clinton est arrivé au pouvoir, ce qui a relégué les néoconservateurs dans les puissants groupes de réflexion d'où ils affinent leurs théories.

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En 1992, William Kristol [11] (photo, ci-dessus, il est le fils du célèbre néocon, juif et ex-trotskiste Irving Kristol [12]) et Robert Kagan (futur conseiller de George W. Busch, auteur d'un livre intéressant contre l'Europe, Paradise and Power - America and Europa in the New World Order) et mariée à Victoria Nuland [13] (porte-parole du département d'État sous Obama), a publié un article important dans le magazine Foreign Affairs défendant "l'hégémonie mondiale bienveillante des États-Unis" [14]. L'année suivante, ils ont fondé le Projet pour un nouveau siècle américain/Project for a New American Century (PNAC) dans les locaux de l'American Enterprise Institute, un très puissant think tank conservateur financé principalement par la compagnie pétrolière Exxon Mobil. Le PNAC a réuni des néocons comme Gary Schmitt, Abram Shulsky et Paul Wolfowitz et des admirateurs non juifs de Leo Strauss, comme le protestant Francis Fukuyama (un autre néocon influent). Il comprenait également des membres du cabinet de George W. Bush : le vice-président Dick Cheney et le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, qui devaient jouer un rôle clé dans la guerre contre l'Irak.

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En 1994, Richard Perle (photo, ci-dessus) est passé de la politique de haut niveau au trafic d'armes. Soudain, il apparaît en Bosnie-Herzégovine comme conseiller du président bosniaque et d'Alija Izetbegovic. C'est Richard Perle qui a fait venir Oussama ben Laden d'Afghanistan avec sa Légion arabe, le prédécesseur d'Al-Qaida. Perle était même membre de la délégation bosniaque qui a signé les accords de Dayton à Paris. Les "straussiens" ont utilisé (et utilisent encore) les islamistes pour affaiblir les alliés de la Russie, comme la Serbie à l'époque. Mais ils coopèrent également avec les Israéliens pour les soutenir dans leurs plans visant à "achever" l'État d'Israël, qui serait alors sans population palestinienne. Lorsque Benyamin Netanyahou gouvernait Israël en 1996, des membres du PNAC tels que Richard Perle, Douglas Feith et David Wurmser ont rédigé une étude [15] à la demande de Netanyahou à l'Institute for Advanced Strategic and Political Studies (IASPS). Il s'agit d'un rapport résolument sioniste, conseillant l'élimination de Yasser Arafat, l'annexion des territoires palestiniens, le lancement d'une guerre contre l'Irak et la déportation massive des Palestiniens vers le territoire irakien. Ce rapport s'inscrit clairement dans la lignée de la pensée de Leo Strauss et de son collègue Zeev Jabotinsky, le fondateur du "sionisme révisionniste". Il s'agit du courant qui cherche à faire de l'État d'Israël un État entièrement juif, à annexer la Jordanie et à transférer massivement la population palestinienne dans des pays en faillite comme l'Irak.

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George W. Busch et Donald Rumsfeld

Ce qui était une théorie, avec la chute des tours jumelles, pourrait devenir une réalité. Wolfowitz est crédité de la paternité de la fameuse opération "Tempête du désert". Les néo-conservateurs, du Bureau des plans spéciaux, ont développé des arguments en faveur de l'invasion, tels que l'idée des armes de destruction massive. Ils n'ont fait qu'appliquer la stratégie des "nobles mensonges" inculquée par Leo Strauss: les "armes de destruction massive" en sont un. Les contacts "straussiens" ont fonctionné à la perfection. Richard Perle et Paul Wolfowitz ont promu l'amiral Arthur Cebrowski (photo, ci-dessous), qui devait rendre compte à Donald Rumsfeld (aujourd'hui décédé). La "Doctrine Rumsfeld-Cebrowski" a été imposée.

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Pour l'essentiel, cette doctrine peut être résumée comme suit: 1) les États-Unis ont besoin de s'assurer des ressources bon marché des pays en développement; 2) de nos jours, les guerres coloniales conventionnelles pour conquérir et dominer totalement l'administration d'un pays sont pratiquement impossibles (ou très coûteuses); 3) par conséquent, les conflits doivent être prolongés dans une "guerre sans fin" [16] qui laisse derrière elle des "États en faillite" (cf. Libye); 4) dès lors, les États-Unis n'essaieraient plus de gagner des guerres mais seulement de les déclencher (même indirectement par le biais d'Isis) afin de les prolonger le plus longtemps possible (voir l'Afghanistan, l'Irak ou la Syrie); 5) sans un État en position de négocier avec lui, il est beaucoup plus facile d'extraire des ressources. Dans ce lien,  http://centredelas.org/actualitat/galeria-de-monstruos/?lang=es, on peut trouver une liste de tous les néocons impliqués dans le business du pétrole et qui sont passés par les échelons supérieurs de l'administration publique américaine, notamment dans le domaine de la Défense.

Les échecs ultimes de ces conflits ont conduit les "néocons straussiens" à repenser les stratégies visant à maintenir l'instabilité mondiale. Ce n'est que dans cette perspective que nous pouvons comprendre la guerre actuelle en Ukraine.

Notes:

[1] Il y a déjà plusieurs générations de Straussiens.

[2] Nom des citoyens-soldats d'Athènes.

[3] L'idée du "noble mensonge", c'est-à-dire que la vérité n'est pas la même pour le citoyen que pour le politicien, se trouve déjà chez Aristote, mais Leo Strauss l'applique à la modernité.

[4) Leo Strauss a ensuite supervisé une centaine de thèses électorales, laissant son empreinte sur bon nombre de ses doctorants. L'un de ses disciples, Allan Bloom, qui a eu une influence significative sur la formation des "straussiens", a également supervisé une centaine de thèses. De plus, les élèves et étudiants qui le suivent se marient entre eux, créant ainsi des liens qui leur permettent d'infiltrer l'administration publique.

[5] Paul Dundes Wolfowitz est né le 22 décembre 1943 à Brooklyn, New York, dans une famille d'origine juive et polonaise, dont la plupart ont péri dans l'Holocauste. Il a appris l'hébreu dans un environnement familial intensément religieux. Après avoir occupé des dizaines de postes de direction et de groupes de réflexion, il est devenu président de la Banque mondiale.

[6] Dans un article récent, Zelensky a été décrit comme le "héros juif".

[7] Le principal groupe de réflexion du complexe militaro-industriel américain.

[8] Richard Norman Perle (né le 16 septembre 1941) est un consultant politique américain qui a occupé le poste de sous-secrétaire à la défense pour les affaires stratégiques mondiales pendant la présidence de Ronald Reagan. Il a commencé sa carrière politique en tant que membre senior du personnel du sénateur Henry "Scoop" Jackson au sein de la commission des services armés du Sénat dans les années 1970. A siégé au comité consultatif du Defense Policy Board de 1987 à 2004, dont il a été le président de 2001 à 2003 sous l'administration Bush. Conseiller clé du secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld dans l'administration Bush.

[9] L'existence de ce document a été révélée dans un article intitulé "US Strategy Plan Calls For Insuring No Rivals Develop", par Patrick E. Tyler, The New York Times, 8 mars 1992.

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[10] Voir Silent Warfare : Understanding the World of Intelligence, Abram N. Shulsky et Gary J. Schmitt, Potomac Books, 1999.

[11] Rédacteur en chef du magazine The Weekly Standard.

[12] Irving Kristol, issu d'une famille juive non pratiquante d'Europe de l'Est, était membre du groupe trostkyste de jeunes intellectuels new-yorkais mentionné ci-dessus.

[13] Il appartient au noyau dur de l'administration américaine qui se considère comme l'"État profond".

[14] "Toward a neo-Reaganite Foreign Policy", Robert Kagan et William Kristol, Foreign Affairs, juillet-août 1996, vol. 75 (4), pp. 18-32.

[15] "A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm", Institute for Advanced Strategic and Political Studies, 1996.

[16] Expression utilisée par le président de l'époque, George Bush Jr.

Langage clair à la télévision russe: "Les Allemands sont de la chair à canon dans la guerre économique"

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Langage clair à la télévision russe: "Les Allemands sont de la chair à canon dans la guerre économique"

Source: https://www.compact-online.de/klartext-im-russischen-fernsehen-deutsche-sind-kanonenfutter-im-wirtschaftskrieg/?mc_cid=3b95b79c94&mc_eid=128c71e308

Les sanctions contre la Russie nuisent énormément à l'UE, mais Bruxelles travaille déjà sur le sixième paquet de sanctions. L'économie allemande, en particulier, ne doit plus servir que de chair à canon dans la guerre économique.

par Thomas Röper

La pression monte au sein de l'UE pour que le pétrole et le gaz russes soient également sanctionnés. En outre, il n'y a pas encore d'accord sur l'opportunité de répondre aux exigences russes de payer le gaz en roubles. La Commission européenne, du moins, a déjà fait savoir qu'elle considérait qu'accepter les conditions russes constituait une violation des sanctions de l'UE à l'encontre de la Russie. Dans la revue hebdomadaire d'actualité de la télévision russe, le correspondant russe en Allemagne a énuméré sans ménagement les problèmes actuels de l'Allemagne dans ce contexte de sanctions. Comme il est toujours intéressant de voir comment la Russie rend compte de la situation politique en Allemagne, j'ai traduit le reportage de la télévision russe.

Début de la traduction :

Les Européens hésitent toujours à payer le gaz russe en roubles. Ils sont trop occupés à inventer un nouveau paquet de sanctions, le sixième, contre la Russie. Même les protestations, l'appauvrissement de leur propre population, la hausse vertigineuse des prix du chauffage, de l'essence et de la nourriture ne les arrêtent pas.

Pas de rouble, pas de gaz

Moscou a déclaré sans ambages: si le paiement n'est pas effectué en roubles, il n'y aura pas de gaz. Jusqu'à présent, seuls quelques pays européens ont accepté de payer le gaz en roubles et de ne pas détruire leur économie. Il s'agit de la Hongrie, de la Bulgarie, de la Moldavie, de la Serbie et de l'Arménie.

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Le président allemand Frank-Walter Steinmeier (SPD) tolère jusqu'à présent les insultes de l'ambassadeur ukrainien Andrej Melnyk et garde un calme stoïque.

Pourquoi Steinmeier a-t-il été insulté de la sorte? Depuis mardi soir, lorsqu'il a été annoncé que le président allemand ne pourrait pas se rendre à Kiev, les hommes politiques et les médias allemands analysent les raisons de cette démarche diplomatique. Steinmeier lui-même ne s'est pas exprimé à ce sujet, se limitant aux faits. Il s'est exprimé ainsi :

    "Mon collègue et ami, le président polonais Duda, a proposé l'autre jour que nous visitions Kiev avec les présidents de Lettonie, de Lituanie et d'Estonie et que nous envoyions un message de solidarité européenne à l'Ukraine. J'étais prêt à le faire, mais apparemment, je dois prendre acte du fait que ce n'était pas dans l'esprit de Kiev".

En quoi le parrain de l'actuel régime ukrainien a-t-il contrarié ses protégés ? On s'est souvenu du soutien de Steinmeier au Nord Stream 2, de ses contacts avec Moscou et de la formule Steinmeier, de son nom, pour appliquer les accords de Minsk, détestés par Kiev.

"Une insulte qui n'aide aucune partie"

Même le président de la CDU, Friedrich Merz, s'est exprimé :

    "J'interprète cette insulte, qui a un arrière-plan politico-historique, comme une réaction émotionnelle des dirigeants ukrainiens qui n'aide aucune partie".

D'autre part, Zelensky n'aurait guère osé insulter l'Allemagne sans consulter - directement ou indirectement - Washington, comme le montre la participation de la Pologne à la provocation. Et bien sûr, la véritable cible n'était pas Steinmeier, mais son camarade de parti, Olaf Scholz. Le chancelier allemand ne veut pas partir à la guerre et, si l'on en croit le diplomate en chef de l'UE, M. Borrell, l'Europe définit le processus dans lequel elle est engagée en Ukraine comme une guerre pour elle-même, sans euphémisme ni demi-teinte.

La rébellion des amis des armes

Le premier reproche fait à Scholz est de ne pas vouloir envoyer d'armes lourdes en Ukraine. Le groupe Reinmetall a décidé de se faire un peu d'argent supplémentaire et a rendu un mauvais service au chancelier en annonçant au monde entier qu'il avait en stock cinq douzaines de chars Leopard 1 obsolètes et une soixantaine de véhicules de combat d'infanterie Marder, eux aussi très anciens, et que ces équipements pouvaient encore être utilisés. Cette nouvelle a provoqué un grand émoi parmi les partenaires de la coalition qui demandent à Scholz de donner son feu vert à ces livraisons.

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Le magazine Der Spiegel a fait remarquer ce qui suit :

    "Le chancelier est de plus en plus sous pression - à Bruxelles et à Berlin - en raison de sa politique réservée à l'égard de l'Ukraine. Une rébellion a éclaté au sein de la coalition. L'incompréhension grandit dans les rangs des partenaires du chef de gouvernement silencieux et extrêmement faible".

Et Anton Hofreiter, président de la commission des affaires européennes au Bundestag, a fait remarquer :

    "Nous ternissons notre réputation aux yeux de tous nos voisins. Nous devons enfin commencer à fournir à l'Ukraine ce dont elle a besoin, y compris des armes lourdes. Et l'Allemagne doit cesser de bloquer l'embargo énergétique, notamment sur le pétrole et le charbon".

"Une zone d'exclusion aérienne franchirait la ligne rouge"

Les Verts allemands ont été si actifs qu'au cours de la semaine, des rumeurs ont effectivement circulé selon lesquelles l'Allemagne était sur le point d'envoyer du matériel dans le Donbass, d'autant plus que des convois militaires se dirigeaient effectivement quelque part vers l'est. Le gouverneur de la région de Mykolaïv a tweeté avec excitation que des chars allemands allaient à nouveau traverser l'Ukraine et tirer sur les Russes. Mais la rumeur n'a pas été confirmée: les images qui ont tant inspiré l'homme politique ukrainien ont apparemment donné au chancelier un sentiment si sombre qu'il a pour l'instant émis un "non" ferme.

Olaf Scholz a en revanche souligné :

    "Permettez-moi de le dire encore une fois très clairement. Je suis impressionné par le nombre de personnes qui parviennent à googler rapidement quelque chose et à devenir immédiatement des experts en armes. Bien sûr, dans une telle situation, il y aura toujours quelqu'un pour dire: je veux que les événements se déroulent de cette manière. Mais je voudrais dire à certains de ces garçons et filles: je gouverne le pays précisément parce que je ne fais pas les choses comme vous le voudriez".

Il est clair que par "garçon", Scholz entend le député Hofreiter. Mais par "fille", voulait-il évoquer la ministre des Affaires étrangères Baerbock ? D'ailleurs, tous les Verts ne sont pas contre Scholz. Son allié inattendu sur la question de la livraison d'armes lourdes était l'un de leurs leaders, le ministre de l'Économie Habeck. Comme on pouvait s'y attendre, le respecté ministre-président chrétien-démocrate de Saxe, Michael Kretschmer, s'est également rangé du côté de Scholz.

Il a déclaré :

    "Nous franchirions une limite si nous fournissions des chars ou des avions, ou même si nous établissions une zone d'exclusion aérienne. Cette ligne doit être maintenue".

Aller en Biélorussie pour faire le plein

Une concession au "parti de la guerre" a été la décision de Scholz d'augmenter immédiatement les dépenses de défense de deux milliards d'euros - dont une grande partie pour l'achat d'armes pour l'armée ukrainienne, qui ne nécessitent pas une longue formation. Cependant, pour satisfaire la deuxième exigence, M. Scholz a besoin de beaucoup plus d'argent et surtout de ce dont il dispose le moins - du temps. Les partenaires demandent un embargo sur l'énergie. La décision a été prise pour le charbon - les importations doivent cesser à la mi-août - mais comment vivre sans pétrole russe ?

Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a quant à lui déclaré:

    "Nous commençons maintenant à travailler sur le sixième paquet de sanctions. Avec des options sur le pétrole. Cela signifie que nous avons déjà commencé à travailler pour parvenir à un consensus, et j'espère que cette fois-ci, nous y arriverons".

Rien que des mots

En tout cas, cela va marcher. En fait, tout a déjà fonctionné dans le pays dont la diplomatie est dirigée par M. Landsbergis, sauf qu'on n'entend plus parler de l'industrie lituanienne depuis longtemps et que les citoyens vont faire le plein en Biélorussie.

On peut dire que l'Allemagne, son économie et ses ménages, n'apprécieront pas une telle victoire sur les Russes. De plus, l'OPEP a fortement déçu cette semaine; l'Organisation des pays exportateurs de pétrole ne sera pas en mesure de compenser le retrait de la Russie du marché et l'agence de notation Moody's prévoit que, dans ce cas, le prix du pétrole atteindra immédiatement 160 dollars le baril. Berlin veut élaborer une stratégie progressive de sortie du pétrole russe, mais ce ne sont pour l'instant que des mots.

La situation sur le marché du gaz est encore plus incertaine et menace de diviser l'UE - la date limite pour le passage au rouble approche. La Commission européenne a émis cette semaine un avis selon lequel cela serait contraire à la politique de sanctions de l'UE, qui vise à dévaluer la monnaie russe. On ne peut que constater: oui, l'UE a un gros problème avec cette partie des sanctions.

Ainsi, le chancelier autrichien Karl Nehammer a déclaré :

    "L'Autriche n'est pas seule à s'opposer à l'embargo sur le gaz. L'Allemagne, la Hongrie et d'autres États membres de l'UE sont du même avis. D'autre part, l'Autriche soutient fermement, avec les États de l'UE, les sanctions contre la Russie. Mais les sanctions devraient frapper la Russie plus durement que l'UE".

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Et le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó a déclaré :

    "Pour nous, il y a une ligne rouge: la sécurité énergétique de la Hongrie. C'est pourquoi nous avons décidé que nous ne pouvions pas signer de sanctions contre le pétrole et le gaz".

Lutte pour le gaz du Qatar

Si l'approvisionnement en gaz russe est interrompu, l'économie allemande perdra environ 220 milliards d'euros au cours des deux prochaines années. Elle les perdrait même si elle trouvait une sorte de substitut pour les volumes supprimés, car il n'y aura jamais de prix aussi avantageux que ceux que Gazprom peut offrir. Le GNL australien ou colombien ne peut pas coûter la même chose que le gaz de pipeline russe. D'ailleurs, la Chine a plus que quintuplé ses achats de GNL par rapport à l'année dernière, ce qui signifie qu'il y aura également une bataille pour le gaz du Qatar. Dans l'ensemble, une autolimitation et une économie strictes seront la clé de sa survie dans les années à venir.

Robert Habeck, ministre de l'Économie et vice-chancelier de la République fédérale d'Allemagne, a déclaré :

    "Je demande à chacun de faire sa part pour économiser l'énergie. A titre indicatif, j'essaierais d'économiser 10 pour cent, c'est faisable. Si vous chauffez votre appartement et fermez les rideaux le soir, vous pouvez économiser jusqu'à 5 pour cent d'énergie. Et si vous baissez la température de la pièce d'un degré, cela représente environ 6 pour cent. Bien sûr, ce n'est pas très confortable, mais personne n'aura froid. Une situation dans laquelle il y aurait des problèmes d'approvisionnement ou des entreprises qui devraient fermer serait un cauchemar politico-économique".

Il appelle ses concitoyens à économiser presque chaque semaine, c'est-à-dire avec la même fréquence que celle avec laquelle la Grande-Bretagne, par exemple, ment. Pour maintenir la folie des sanctions sur le continent, National Grid promet d'augmenter le transit du gaz produit en Norvège, mais on a pu voir comment la Grande-Bretagne se comporte réellement en cas de crise au plus fort de la pandémie, lorsqu'elle a réussi à faire passer tous les vaccins sous le nez de la Commission européenne. Et la Grande-Bretagne connaît déjà une crise du carburant. L'inflation explose, elle a atteint 7% en mars. Du jamais vu depuis 30 ans. Et cela vaut pour toute l'Europe.

Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, s'est exprimée à ce sujet :

    "L'inflation a atteint 7,5 pour cent en mars, contre 5,9 pour cent en février. Les prix de l'énergie ont augmenté depuis le début de la guerre et sont maintenant 45 pour cent plus élevés qu'il y a un an".

Vers une pauvreté assistée

Friedrich Merz en est convaincu:

    "De toute façon, le sommet de notre prospérité est probablement derrière nous depuis longtemps. La situation devient de plus en plus difficile. Ce n'est pas seulement moi, en tant que chef de l'opposition, mais aussi le chancelier Olaf Scholz qui doit le dire à la population".

La fin de l'ère de la prospérité, il est amusant que ce diagnostic soit posé par le multimillionnaire et président du parti CDU, qui représente les intérêts des moyennes et grandes entreprises. Mais sur le fond, le pessimisme public est juste. L'inflation en Allemagne est déjà perçue par les consommateurs comme étant de 14%, soit le double de ce qu'elle est en réalité, ce qui signifie que le niveau de frustration augmente plus rapidement que le niveau de vie réel ne diminue. Et c'est là que diverses pensées malheureuses viennent à l'esprit.

Le Süddeutsche Zeitung écrit ainsi :

    "Quel est le double standard aujourd'hui ? Il s'agit de condamner l'attaque russe, mais de refuser l'embargo sur le gaz. Il s'agit de condamner la guerre en Europe, mais de ne pas voir la guerre dans le reste du monde. C'est condamner la propagande russe, mais rester silencieux sur la guerre en Irak, qui a été déclenchée sur des mensonges. Il s'agit de diaboliser le gaz de Poutine, mais de ramper devant les Émirats. Et il faut en tout cas admettre comment on a été induit en erreur par Poutine, par les exigences démesurées de la Russie et par l'âme russe elle-même".

La citation du journal allemand sonne comme une invitation à réfléchir à ses propres erreurs.

Et bien sûr, on peut réfléchir, mais on ne peut rien changer. Le naufrage est un sentiment qui se répand lentement dans la société allemande. La situation avec Steinmeier, les accusations constantes de faiblesse contre le chancelier Scholz, la fissure au sein de la coalition, la pression de ceux qui considèrent les Allemands comme des alliés - on commence à comprendre son propre rôle dans le conflit entre l'Occident et la Russie. Pour le dire sans détour : même une guerre économique a besoin de chair à canon.

Fin de la traduction

Macron gagne, mais la fracture sociale interne de la France est irrémédiable

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Macron gagne, mais la fracture sociale interne de la France est irrémédiable

Par Luigi Tedeschi

Source: https://www.centroitalicum.com/macron-vince-ma-la-frattura-sociale-interna-della-francia-e-insanabile/

L'abstentionnisme record est devenu une marée montante, qui affecte profondément la crédibilité et la représentativité de la classe politique dans le système libéral-démocratique occidental. Le clivage entre le peuple et les institutions est clair: le choc social entre le peuple et l'élite, entre le centre et la périphérie, reviendra très bientôt. 

Macron a gagné et vaincu la menace souverainiste, illibérale et poutiniste de Le Pen. Macron est-il donc le héros de la croisade eurocratique contre le démon souverainiste dissolutiste? Non, l'UE veut juste se préserver et conserver son immobilisme cadavérique, révélant sa totale aversion au changement dans un contexte géopolitique mondial en mutation. L'élection présidentielle française, du moins en termes d'image médiatique, a été présentée comme un référendum dans lequel la survie même de l'Europe était en jeu. Soit l'UE (et l'OTAN), soit la dissolution de l'Europe elle-même (et de l'Occident). Soit avec l'OTAN, soit avec Poutine. Par répétition inlassable de ces contrastes, qui ont eu un effet médiatique dévastateur, une campagne de diabolisation authentique de l'idée de souveraineté lepéniste a eu lieu.

Macron a gagné, comme cela était largement prévisible. Mais, pour reprendre une vieille blague d'Altan, "le truc est là, vous pouvez le voir et tout le monde s'en fout". Il est tout à fait clair que le processus de décomposition progressive des institutions démocratiques en Europe est maintenant à un stade avancé. La dissolution des partis traditionnels (socialistes et gaullistes) est une réalité incontestable en France, comme en Italie. Sur les cendres de l'ancienne opposition entre la droite et la gauche, il est devenu nécessaire de créer un parti artificiel comme "En Marche" et un nouveau leader, Macron, ancien membre de la Banque Rothschild & Cie.

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Donc un parti institutionnel, apte à créer une coalition républicaine en opposition à "l'ennemi absolu" souverainiste et poutiniste, dont le contenu politique peut se résumer au slogan "Tout sauf Le Pen". Par conséquent, Macron et son parti ont leur raison d'être en tant que garants de l'ordre eurocratique et de la loyauté de la France envers l'OTAN.

Ce sont en fait les valeurs qui donnent une légitimité démocratique aux gouvernements des pays de l'UE. En Italie, une fonction similaire est assurée par le PD, un parti minoritaire mais ancré dans les institutions politiques et économiques italiennes. En fait, le PD s'est vu déléguer la gouvernance de l'Italie par l'UE et l'OTAN.

Même en cas de victoire de Le Pen, le camp souverainiste n'aurait certainement pas été autorisé à gouverner le pays. En effet, Marine Le Pen se serait trouvée confrontée au bombardement quotidien des grands médias, qui auraient évoqué le danger d'une guerre civile fantôme, un système judiciaire hostile, une UE dominée par la rigueur financière allemande, et surtout elle aurait été rapidement déstabilisée par le jugement défavorable des marchés, seuls détenteurs d'un pouvoir économique pouvant conférer ou non une "légitimité démocratique" aux gouvernements, dans le contexte d'un système néolibéral qui a privé le consensus populaire de son pouvoir. L'expérience du gouvernement gialloverde en Italie est un témoignage tragique de la structure technocratique et financière dominante en Europe. Ce n'est pas une coïncidence si, dans la semaine précédant le second tour, Mme Le Pen a été inculpée de fraude financière présumée en rapport avec des fonds publics européens indûment dépensés pour 600.000 euros.

Macron a gagné grâce au soutien de l'establishment économique et financier, du courant dominant et de l'élite intellectuelle idéologiquement alignée sur les libéraux anglo-saxons. Macron a obtenu 18,7 millions de voix (58,55%) et Le Pen 13,3 millions de voix (41,45%). Mais le chiffre le plus remarquable est le pourcentage d'abstentionnistes (28%), le niveau le plus élevé depuis le scrutin de 1969. L'abstentionnisme record est devenu une marée montante, qui affecte profondément la crédibilité et la représentativité de la classe politique dans le système libéral-démocratique occidental. La fracture irrémédiable entre le peuple et les institutions est évidente : la somme du vote souverainiste et des abstentions dépasse largement 50% du corps électoral.

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L'orientation nettement fondée sur la classe sociale du vote présidentiel français est également notable. Elle reflète la stratification sociale générée par le modèle néo-libéral, dans lequel prévalent des inégalités de plus en plus marquées et la prolétarisation rampante des classes moyennes, c'est-à-dire les perdants de la mondialisation. Le vote pour Macron s'est en effet concentré dans la bourgeoisie et les classes éduquées des grandes villes, tandis que celui de Le Pen s'est concentré dans les régions du Nord décimées par la désindustrialisation et dans l'immense province agricole française, de plus en plus appauvrie et dépeuplée.

La première présidence de Macron a débuté sous les auspices d'une réforme libérale des institutions et de l'économie, qui s'est fatalement heurtée au malaise social croissant apparu d'abord avec la révolte des gilets jaunes, puis avec la crise de la pandémie et enfin avec la crise russo-ukrainienne. Nous ne savons pas comment Macron pourra imposer de nouvelles réformes libérales face à un choc social entre le peuple et l'élite, entre le centre et la périphérie, qui ressurgira. La fracture interne de la France est désormais irrémédiable. Un scénario similaire se déroulera bientôt en Italie. Il est difficile de voir comment la vision politique libéraliste de Macron peut guérir la pays. Le gouvernement Macron, ainsi que le gouvernement de Draghi en Italie, sont l'expression d'un système qui veut préserver les équilibres sociaux élitistes en Europe, en conflit ouvert avec les classes populaires: l'UE est un organe réactionnaire et répressif qui ne défend que sa propre subsistance.

imafrfsges.jpgEn ce qui concerne l'Europe, les propositions de Le Pen, orientées vers une réforme des politiques publiques européennes, qui prévoirait le rapatriement des pouvoirs déjà dévolus des Etats vers l'UE, une politique anti-immigration plus efficace et la prévalence du droit national sur le droit européen, il faut noter que Macron lui-même a été confronté à de multiples conflits entre les intérêts nationaux et européens. Le projet d'"intégration différenciée" des États membres de l'UE n'a pas été couronné de succès. Macron a réussi à imposer à l'Allemagne le lancement de l'UE nouvelle génération, mais s'est heurté au veto des pays frugaux du Nord concernant la réforme du pacte de stabilité (un projet partagé avec Draghi) et la proposition de partager la dette contractée par les États pendant la crise de la pandémie.

Les propres propositions de Macron pour la création d'une force de défense européenne autonome n'ont pas abouti, étant donné la réticence évidente des pays d'Europe de l'Est et du Nord, qui exigent plutôt un renforcement de l'OTAN. Le propre rôle prééminent de la France en Europe dans le domaine de la défense, en tant que seul pays de l'UE (après le Brexit) doté de l'arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, pourrait être remis en question par les perspectives de réarmement de l'Allemagne. La présidence de l'UE et les initiatives diplomatiques de Macron dans la crise russo-ukrainienne ne sont pas formidables. Le bilan global de la première présidence de Macron est donc négatif, comme le soulignait Giulio Sapelli quelques jours avant le scrutin: "Si Macron gagne les élections, comme cela est hautement probable, la réduction de la puissance internationale de la France continuera à être douloureuse et profonde et entraînera de plus en plus toute l'Europe, avant l'UE, avec elle. La présidence française de l'UE a déjà été un échec que seules la guerre d'agression russe et la crise énergétique peuvent dissimuler. Le macronisme est la destruction de la force civique de la France par la destruction de ses bastions politiques et institutionnels historiques: l'État napoléonien et l'Armée. 

Les déchirures entre les nations européennes sont profondes et seront exacerbées par l'incapacité de Macron à développer une politique de puissance française qui rappelle de loin la fierté gaulliste et le radicalisme républicain de Jean-Pierre Chevènement: les deux seuls grands leaders, De Gaulle et Chevènement, que la France a produit après la Seconde Guerre mondiale, éclipsés par le fascinant écran de fumée littéraire de Mitterrand. Macron a fait en France ce que la libéralisation par le haut souhaitée par les États-Unis et le Royaume-Uni a fait en Italie, en utilisant le système judiciaire et la crise morale d'une nation déjà épuisée par la confusion institutionnelle et l'incapacité expansionniste internationale de sa classe moyenne supérieure industrielle et étatique-financière".

L'Europe traverse une crise politique et institutionnelle sans solution, car le système démocratique libéral s'est révélé irréformable. Parce qu'avec l'UE, la démocratie a dégénéré en démocratie libérale. Le libéralisme et la démocratie ne se sont pas avérés compatibles. La démocratie libérale est fondée sur l'individu, ne tient pas compte de la communauté, protège les droits de l'homme et les libertés individuelles, mais la valeur du bien commun, qui est une caractéristique de la démocratie ancienne, lui est étrangère. Par conséquent, dans une démocratie libérale, la représentation politique est le reflet des relations entre les groupes d'intérêt qui dominent la société civile. L'idéologie du progrès est inhérente à la démocratie libérale. Le pouvoir politique est donc de plus en plus dévolu à des oligarchies technocratiques. La démocratie libérale est donc un système destiné à se transformer en oligarchie. L'inévitable dérive élitiste de la démocratie libérale est analysée comme suit par Alain de Benoist dans son essai "La crise actuelle de la démocratie": "L'expression "démocratie libérale" associe deux termes censés être complémentaires, alors qu'ils sont contradictoires. Cette contradiction, qui se manifeste pleinement aujourd'hui, menace les fondements mêmes de la démocratie. "Le libéralisme met la démocratie en crise", dit Gauchet. Chantal Mouffe a observé à juste titre que "d'un côté, nous avons la tradition libérale constituée par l'État de droit, la défense des droits de l'homme et le respect de la liberté individuelle; de l'autre, la tradition démocratique dont les idées maîtresses sont celles de l'égalité, de l'identité entre gouvernants et gouvernés, et de la souveraineté populaire. Il n'y a pas de relation nécessaire entre ces deux traditions différentes, seulement une articulation historique contingente".

Quiconque ne voit pas cette distinction ne peut rien comprendre à la crise actuelle de la démocratie, qui est précisément une crise systémique de cette "articulation historique contingente". La démocratie et le libéralisme ne sont en aucun cas synonymes ; en effet, sur des points importants, ce sont même des notions opposées. Il peut y avoir des démocraties non libérales (démocraties tout court) et des formes de gouvernement libérales qui n'ont absolument rien de démocratique. Carl Schmitt est allé jusqu'à dire que "plus une démocratie est libérale, moins elle est démocratique".

 

Volume Four of CONSERVATIVE REVOLUTION: RESPONSES TO LIBERALISM AND MODERNITY

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As the first three volumes in this series have demonstrated, the Revolutionary Conservative milieu of 1920s, 1930s and 1940s Germany continues to fascinate and inspire those of us living in the first quarter of the twenty-first century. Thanks to our diligent translator, Robert Steuckers, as well as a host of other prestigious writers, Black Front Press is now in a position to offer readers a fourth volume on this topic and one which matches the high standard that was set by its predecessors.

Chapters include Ernst Jünger and the Conservative Revolution; Spengler's Criticism of Marx is That He Did Not Understand Modern Capitalism; Ernst von Salomon: Memorialist of the German Conservative Revolution; Terra Sarda: Ernst Jünger's Metaphysical Mediterranean; Under Occupation: Ernst Röhm in the Bavarian Soviet Republic; Ernst Jünger: Decipherer and Memorialist; Spengler and the Russian Soul: Ancient Russia and Enlightenment "Pseudomorphosis; Ernst Jünger: Between Panic, System and Rebellion; Oswald Spengler: From "Stur" Magazine, 1937; Ernst Niekisch and the "Kingdom of Demons"; The Atlantic Journey of the Unpublishable Jünger; The Constraints of Ernst von Salomon; and Ernst Jünger Between Technophile Modernity and a Return to the Natural. The contributors include Troy Southgate (Editor), Robert Steuckers, Adriano Romualdi, Francesco Lamendola, Andrea Scarabelli, Francis Bergeron, Luc-Olivier d'Algange, Stefano Arcella, Nicolas Bonnal, Roger Hervé, Daniele Perra and Markus Klein.

 

Le général de brigade à la retraite Erich Vad: il règle maintenant ses comptes avec les écolos fauteurs de guerre

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Le général de brigade à la retraite Erich Vad: il règle maintenant ses comptes avec les écolos fauteurs de guerre

Par Sven Reuth

Source: https://www.compact-online.de/brigadegeneral-a-d-erich-vad-jetzt-rechnet-er-mit-gruenen-kriegstreibern-ab/?mc_cid=3b95b79c94&mc_eid=128c71e308

Une escalade de la guerre en Ukraine comporte d'énormes risques pour l'Allemagne. C'est ce que le général de brigade à la retraite Erich Vad n'a cessé de rappeler ces dernières semaines. Il s'est exprimé clairement sur le bellicisme des Verts.

Erich Vad est un homme qui possède la plus grande expérience et a occupé les plus hauts postes de direction. De 2006 à 2013, il a été chef de groupe à la Chancellerie fédérale, secrétaire du Conseil fédéral de sécurité et conseiller en politique militaire de la chancelière Angela Merkel. Cette ascension a été possible malgré le fait que Vad ait donné en 2003 une conférence à l'Institut für Staatspolitik sur le thème "Le maintien de la paix et la géopolitique dans la pensée de Carl Schmitt". En 1996, Vad avait déjà publié le livre Stratégie et politique de sécurité. Perspectives dans l'œuvre de Carl Schmitt.

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"Nous n'avons pas besoin d'une guerre par procuration"

Il y a deux semaines à peine, Vad avait déjà provoqué un scandale selon l'ambassadeur ukrainien Melnyk parce que, dans une interview accordée à Die Welt, il ne voulait pas attribuer à Poutine une intention de bombarder une clinique et faisait en outre référence au nombre élevé de victimes que les guerres menées par l'Occident avaient fait au cours des dernières décennies. Son message principal à l'époque était le suivant:

    "Si nous ne voulons pas de la troisième guerre mondiale, nous devrons tôt ou tard sortir de cette logique d'escalade militaire et entamer des négociations".

Hier, dans le talk-show Maybritt Illner, Erich Vad a de nouveau suscité l'irritation en critiquant à la fois la ligne belliciste des Verts et l'attitude complètement naïve de la majorité de la société allemande face à une éventuelle escalade de la guerre en Ukraine. Son message de base était que l'établissement d'un cessez-le-feu rapide devrait être prioritaire par rapport à la question de savoir quel camp remporterait la victoire à la fin.

Vad a déclaré à ce sujet:

    "Nous n'avons pas besoin en Europe centrale d'une guerre par procuration pendant des années, qui a le potentiel de dégénérer en guerre nucléaire".

"Nous ne voulons pas d'une victoire de l'Ukraine"

Toute "rhétorique guerrière" devrait être évitée. Afin de montrer clairement que la négociation rapide d'un cessez-le-feu et la recherche d'une solution politique à long terme au conflit sont prioritaires, aussi le gouvernement allemand devrait enfin déclarer :

    "Nous ne voulons pas la victoire de l'Ukraine".

Il s'est montré particulièrement critique à l'égard du rôle actuel des Verts dans la politique fédérale. Il a déclaré à ce sujet :

    "Ce qui me dérange, c'est quand les politiciens des Verts présentent les solutions militaires comme l'objectif ultime. C'est complètement fou ! Ce sont des politiciens Verts qui ont refusé et condamné le service militaire à l'époque !"

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Vad avait déjà déclaré dans son interview à Die Welt qu'il estimait totalement erroné de dénier au président russe son humanité et de le qualifier de despote pathologique avec lequel personne ne peut plus parler. Après tout, il y a eu dans un passé récent d'autres guerres terribles et contraires au droit international, en Irak, en Syrie, en Libye et en Afghanistan, menées par des puissances occidentales.

Voici revenu le temps du nazisme

La bulle de gauche libérale et woke de Twitter est déjà en ébullition suite aux déclarations de Vad. On y fait notamment référence à un texte de Vad paru il y a 19 ans dans le magazine intellectuel de droite Sezession pour justifier l'interdiction imposée à cet expert patenté de participer à un talk-show. Si la campagne devait aboutir, l'un des rares critiques de la guerre encore en vie disparaîtrait de la scène publique.

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mercredi, 27 avril 2022

La géopolitique des îles: litiges territoriaux et autres aspects de la géographie maritime

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La géopolitique des îles: litiges territoriaux et autres aspects de la géographie maritime

Leonid Savin

Source: https://katehon.com/ru/article/geopolitika-ostrovov-territorialnye-spory-i-drugie-aspekty-morskoy-geografii

Bases militaires, postes d'étape et garantie du contrôle d'une zone économique exclusive

Début avril, deux événements apparemment sans rapport ont eu lieu: l'Argentine a célébré le 40e anniversaire du début de la guerre pour les îles Malouines (au début, l'opération était en faveur de Buenos Aires, mais les Britanniques ont fini par battre les Argentins et ceux-ci ont capitulé), ainsi que les préoccupations exprimées par certains pays au sujet du prochain traité entre la Chine et les îles Salomon dans l'océan Pacifique.

En fait, les deux cas reflètent un facteur très important de la géopolitique mondiale - l'importance des îles en tant que bastions, bases militaires et territoires souverains (autrement dépendants) contestés. Bien que l'un des premiers géopoliticiens, Halford Mackinder, ait utilisé le concept d'île mondiale pour l'Eurasie et l'Afrique, et que les îles britanniques ou Cuba soient également des sujets assez importants de la politique internationale, nous analyserons dans ce rapport la fonction, le rôle et l'importance d'îles plus petites, voire de rochers et d'atolls. Cela dit, de nombreux cas sont tout à fait uniques.

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Le cas des Malouines (la version argentine et françaises des îlesnommées Falkland par les Britanniques) est un pur défi de souveraineté. Le 2 avril 1982, l'Argentine a tenté de reprendre les îles par la force et a pu y prendre pied pendant un certain temps. Cependant, le gouvernement de Margaret Thatcher a envoyé un groupe de porte-avions dans la zone de conflit, et pour un certain nombre de raisons objectives (indécision des dirigeants argentins, problèmes de munitions et de logistique), l'Argentine a perdu.

Quarante ans plus tard, la question n'a toujours pas été résolue. Dans le même temps, la plupart des pays d'Amérique latine reconnaissent la souveraineté argentine sur les Malouines (la Russie aussi, d'ailleurs), tandis que l'Occident collectif se range du côté de la Grande-Bretagne. Les îles sont importantes pour la sécurité de l'Atlantique Sud. En tant que membre de l'OTAN, la présence de la Grande-Bretagne près du littoral du cône sud du continent (qui s'ouvre à l'Antarctique) est une préoccupation constante pour les pays qui n'ont aucune sympathie pour les politiques anglo-saxonnes.

Un cas géographiquement plus proche est celui des îles Åland dans la mer Baltique, qui appartiennent formellement à la Finlande mais ont un statut autonome. En outre, ils ont leur propre juridiction douanière, un parlement et un gouvernement séparés.

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Les îles ont un statut démilitarisé. La question se pose: que se passera-t-il si la Finlande rejoint l'OTAN ? Ces îles resteront-elles sans contingent militaire, ou leur statut sera-t-il révisé, comme cela s'est produit pour l'île suédoise de Gotland relativement récemment (manifestement sous l'influence d'une russophobie artificiellement gonflée) ?

Les États-Unis, après tout, sont les principaux experts en matière de manipulation des îles. Et les bases de cette politique manipulatoire ont été posées dès le 19e siècle. Le fondateur de l'atlantisme, Alfred Mahan, dans un article de 1890, écrivit: "Les États-Unis regardent vers l'extérieur"; il soulignait ainsi que "des conditions politiques instables, comme en Haïti, en Amérique centrale et dans de nombreuses îles du Pacifique, en particulier dans le groupe hawaïen, combinées à une grande importance militaire ou commerciale, comme dans le cas de la plupart de ces positions, entraînent, comme toujours, de dangereux germes de discorde, auxquels il est au moins sage de se préparer".

"Il ne fait aucun doute que l'état d'esprit général des nations est plus opposé à la guerre qu'il ne l'était autrefois. Si nous ne sommes pas moins égoïstes et avides que nos prédécesseurs, nous avons une grande aversion pour les inconvénients et les souffrances qui accompagnent la rupture de la paix; mais pour préserver cette paix si précieuse, et la jouissance sereine des profits du commerce, il est nécessaire de discuter avec l'ennemi à armes égales".

Et plus loin: "La France et l'Angleterre donnent déjà aux ports qu'elles détiennent un degré de puissance artificielle, inapproprié à leur importance actuelle. Ils se tournent vers l'avenir proche. Parmi les îles et sur le continent, de nombreux postes très importants sont désormais occupés par des États faibles ou instables. Les États-Unis sont-ils prêts à les vendre à un puissant concurrent? Mais quel droit invoqueraient-ils contre un tel changement? Ils ne peuvent revendiquer qu'une seule chose - ses politiques sensées soutenues par sa puissance" [i].

Aujourd'hui, Porto Rico dans les Caraïbes, et dans le Pacifique, Guam, Hawaï et un certain nombre d'îles et d'atolls au sud servent divers objectifs des États-Unis. Saisie de l'Espagne pendant la guerre en 1898, Guam est aujourd'hui une possession américaine, ce qui signifie que l'île ne fait pas partie des États-Unis et qu'elle est "officiellement répertoriée comme un territoire non associé organisé par les États-Unis".

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Entre-temps, il y a un délégué de Guam à la Chambre des représentants des États-Unis, bien que sa fonction ne soit pas tout à fait claire puisqu'il n'a pas le droit de vote. Apparemment, il s'agit d'une sorte d'aumône symbolique de la part de Washington afin que les habitants ne soient pas particulièrement indignés, car il existe un mouvement pour l'indépendance sur l'île.

Et Washington a beaucoup à perdre - c'est maintenant la plus grande base militaire stratégique américaine dans le Pacifique. Les troupes américaines sont principalement concentrées sur la base aérienne d'Andersen et la base navale d'Apra Harbour. Étant donné que les distances dans le Pacifique ne sont pas proches (par exemple, la côte de la Chine est à environ cinq mille kilomètres, celle de l'Australie un peu moins), le Pentagone tentera de tenir cet avant-poste.

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Les États-Unis ont également des bases dans des territoires étrangers. L'île de Taïwan est souvent considérée comme le plus grand porte-avions insubmersible des États-Unis. Mais la base militaire américaine la plus septentrionale, Thulé, est située au Groenland, qui appartient au Danemark, mais qui est des dizaines de fois plus grand que ce royaume d'Europe du Nord.

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Au XXe siècle, les États-Unis ont utilisé certaines îles pour tester des armes nucléaires - les tristement célèbres atolls de Bikini (découverts, soit dit en passant, par un capitaine russe) et Eniwetok sur les îles Marshall ont subi la frappe de 67 ogives nucléaires. De nombreux natifs des îles voisines sont morts de cancer, et la radioactivité est toujours au-dessus des niveaux acceptables [ii].

On trouve des choses tout aussi intéressantes en Méditerranée. L'île grecque de Kastellorizo se trouve à deux kilomètres de la côte sud de la Turquie et à des centaines de kilomètres de la côte grecque, y compris d'autres îles importantes comme Rhodes et Chypre.

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Le groupe d'îles, qui comprend Kastellorizo, Rho et Strongili, est très important pour la zone économique exclusive de la Grèce, car il s'agit du territoire le plus oriental de la Grèce. En vertu du droit maritime des Nations unies ainsi que du droit international coutumier, la Grèce peut revendiquer la majeure partie du bassin méditerranéen oriental.

En plus de ce groupe d'îles, il en existe d'autres dans la mer Égée qui sont proches de la Turquie, ce qui pose un problème de chevauchement des eaux territoriales et de l'espace aérien entre les deux pays [iii].

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Chaque année, des incidents surviennent entre les deux pays. Les avions de guerre turcs envahissent régulièrement le territoire grec et la Grèce répond en faisant décoller ses avions de chasse pour les intercepter. Dans les années 90, il y a même eu des morts de pilotes des deux côtés. Jusqu'à présent, le problème n'a pas été résolu.

Un sujet assez proche est la zone de défense aérienne (ZDA). Ainsi, l'évolution du droit international au cours des dernières décennies a transformé les paramètres des zones de défense aérienne de l'Asie de l'Est et les revendications juridictionnelles connexes. Les zones de défense aérienne japonaise et sud-coréenne ont été établies avant la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, qui stipule que les eaux territoriales/espace aérien s'étendent à 12 milles nautiques (22 km) de la côte et la zone économique exclusive (ZEE) à 200 milles nautiques (370 km).

Le rocher submergé de Jeodo Rock dans la mer Jaune, à 149 km de l'île sud-coréenne de Jeju, se trouvait auparavant en dehors de la zone de défense aérienne de la Corée du Sud en raison d'un simple oubli. Séoul a étendu sa zone de défense aérienne en 2013 parce qu'il se trouvait dans les eaux internationales et non dans la zone de défense aérienne sud-coréenne lorsque celle-ci a été établie. L'extension de cette zone par la Corée du Sud a entraîné un chevauchement de sa zone de défense aérienne avec celle du Japon au-dessus de Yodo, bien qu'il n'y ait aucun désaccord entre le Japon et la Corée du Sud sur cette question.

Toutefois, alors que le droit international affirme qu'un rocher immergé situé en dehors des eaux territoriales d'un État ne peut faire l'objet d'un litige sur la zone, la Chine et la Corée du Sud se disputent depuis longtemps le droit de juridiction sur la zone maritime autour de Yodo, qui couvre les zones de défense aérienne des deux pays qui se chevauchent.

Le 23 novembre 2013. La Chine a atteint un degré établi de contrôle de l'espace aérien en mer de Chine orientale grâce à l'établissement de sa première zone de défense aérienne. La Chine a conçu sa zone de défense aérienne de manière à chevaucher les zones de défense aérienne du Japon, au Sud et à l'Est.

La Corée et Taïwan, malgré des juridictions territoriales et maritimes contestées telles que les îles Senkaku (Diaoyu dans la version chinoise) contrôlées par le Japon et les eaux autour de Yodo, qui ont suscité les protestations des responsables japonais, sud-coréens et américains [iv].

La Corée du Sud a demandé à la Chine de redessiner sa zone de défense aérienne pour supprimer ce chevauchement, mais la Chine a refusé d'apporter des modifications. En décembre 2013. La Corée du Sud a répondu en étendant sa zone de défense aérienne pour inclure Yodo. Aucun des trois pays en question ne reconnaît aujourd'hui la zone de défense aérienne de la Chine.

La Chine, en général, qui a mis en avant une stratégie unique consistant à créer des îles artificielles et à déclarer sa souveraineté sur celles-ci. C'est le cas des îles Paracel et Spratly, précédemment inhabitées, dans la mer de Chine méridionale.

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Dans le cadre du concept géopolitique du collier de perles, la Chine a besoin des îles comme bases de transbordement et places fortes. C'est pourquoi Pékin s'emploie activement à conclure des baux avec les États insulaires et à proposer ses services.  Au Sri Lanka, la Chine a aidé à construire des installations dans le port de Hambantota, et comme il n'y avait rien à payer, un bail à long terme a été négocié [vi].

Mais revenons aux îles Salomon dont nous avons commencé à évoquer dans le présent article. Jusqu'à présent, seule une ébauche de l'accord a été préparée.

"L'accord-cadre en six articles claironné par les médias occidentaux a une formulation plutôt vague. Les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande estiment qu'il permettra à la Chine de mener des opérations militaires et de renseignement diversifiées et à grande échelle, ainsi que de participer activement au maintien de l'ordre public en déployant "des policiers, des policiers armés, des militaires et d'autres forces de l'ordre et forces armées".

La souveraineté des Îles Salomon serait vraisemblablement protégée par des pouvoirs détaillés contrôlant l'intervention chinoise, tels que la délivrance de "consentements" pour les visites de navires de la marine chinoise. Cependant, l'inclusion d'une phrase qui donne soi-disant aux deux pays le droit d'agir "conformément à leurs propres besoins" a renforcé les craintes de ce qui pourrait arriver si l'accord prend effet.

L'accord accorderait également à tout le personnel chinois une "immunité légale et judiciaire" et les coûts seraient traités "par une consultation à l'amiable entre les parties".

La véracité du document n'a pas été confirmée jusqu'à ce que le gouvernement des Îles Salomon reconnaisse officiellement, le 25 mars 2022, qu'il recherchait "une coopération accrue en matière de sécurité avec davantage de partenaires". Ils ont également confirmé que l'accord-cadre avec la RPC n'est pas encore signé, bien que le gouvernement des îles Salomon ait l'intention de le compléter, malgré les pressions régionales croissantes.

La situation intérieure des Îles Salomon doit également être prise en compte ici, car les casques bleus régionaux d'Australie, de Nouvelle-Zélande, de Fidji et de Nouvelle-Guinée ont commencé à arriver à la demande du Premier ministre Manasseh Sogavare depuis le 26 novembre 2021. Cette demande d'assistance fait suite aux émeutes qui ont éclaté dans la capitale Honiara deux jours plus tôt. La résidence du chef du gouvernement et le bâtiment du parlement national étaient sur le point d'être envahis par les émeutiers.

Les émeutes elles-mêmes ont été déclenchées par des désaccords de longue date entre la province de Malaita (qui couvre toute l'île du même nom), la plus peuplée et la plus grande des îles Salomon, qui souffre d'un manque chronique de ressources, et la population de l'île principale de Guadalcanal (où se trouve Honiara), où de nombreux Malaitis doivent souvent s'installer pour trouver du travail.

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Les tensions ont dégénéré en un conflit armé entre les Malaitis et la population de Guadalcanal en 1998. La situation s'est détériorée au point que la Mission d'assistance régionale aux îles Salomon (RAMSI), dirigée par l'Australie, est arrivée à la demande du premier ministre de l'époque en 2003 et est restée sur place jusqu'en 2017. À cette époque, l'Australie a signé un accord de sécurité avec les îles Salomon.

Les tensions non résolues entre Malaita et le gouvernement se sont à nouveau intensifiées en septembre 2019, lorsque le Premier ministre Sogaware a radicalement modifié l'engagement de 36 ans du pays envers Taïwan. Les politiciens de Malaita se sont opposés à cette décision, déclarant leur soutien continu à Taiwan.

Ils ont accusé le gouvernement Sogaware d'abandonner les projets de développement et d'autres formes de soutien à la province de Malaita en représailles de leur position pro-Taïwan, qui a été le déclencheur des émeutes. Ce faisant, les attaques visaient la communauté chinoise de Honiara. Et l'accord-cadre prévoit la "protection" du personnel chinois et des "grands projets" comme déclencheur de l'intervention chinoise.

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Lorsque les forces de maintien de la paix régionales ont répondu à la demande d'aide de Sogaware (photo), les dirigeants de Malaita se sont opposés à l'intervention car, selon eux, elle soutenait un "dirigeant profondément corrompu et très impopulaire".

La superposition des tensions entre la RPC et Taïwan a connu une nouvelle escalade en décembre 2021, lorsque Sogaware a accusé les émeutiers d'être des "agents de Taïwan" et a annoncé que la Chine enverrait six formateurs de police avec des équipements "non létaux" pour travailler avec la police des îles Salomon.

Selon les experts américains, "le 80e anniversaire de la bataille épique de Guadalcanal pendant la Seconde Guerre mondiale, qui approche à grands pas, souligne l'importance critique des îles Salomon pour la sécurité de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (en particulier la nation en développement de Bougainville, située au nord de la frontière des îles Salomon), de la Nouvelle-Calédonie, du Vanuatu et des Fidji, ainsi que de la région au-delà des voisins immédiats des îles Salomon.

Il convient de réfléchir au coût de cette bataille pour toutes les parties, car les habitants des îles Salomon sont toujours aux prises avec des débris militaires résiduels et dangereux. Bien que la situation en matière de sécurité ait radicalement changé au cours des huit décennies qui se sont écoulées depuis la bataille de Guadalcanal, les principes de base qui ont rendu cette bataille cruciale pour renverser le cours de la guerre et empêcher une invasion japonaise imminente de l'Australie restent les mêmes.

Les îles Salomon se trouvent à 2000 miles (ou moins de quatre heures d'avion) à l'est du nord de l'Australie. Ils traversent des voies de navigation et de communication critiques, de sorte que, comme en 1942, leur contrôle par une puissance hostile constitue une menace pour la capacité de défense de l'Australie et au-delà.

L'accord-cadre assurerait une présence militaire importante pour l'Armée populaire de libération dans les îles Salomon (les troubles civils serviraient probablement de prétexte à l'APL pour envahir les îles Salomon) et permettrait également à la marine de l'APL de visiter régulièrement les navires et de réapprovisionner la logistique.

La réaction régionale, menée par l'Australie et la Nouvelle-Zélande, s'est fortement opposée à l'accord. Le Premier ministre néo-zélandais, Jacinda Ardern, l'a qualifié d'"extrêmement préoccupant". L'accord proposé n'est pas seulement le résultat de la coopération régionale et du soutien apporté au gouvernement des Îles Salomon pour l'envoi de soldats de la paix en novembre dernier, il s'accompagne également d'autres manifestations de soutien.

Il s'agit notamment de l'annonce, en février 2022, lors de la visite du secrétaire d'État Anthony Blinken dans le Pacifique, de la réouverture de l'ambassade des États-Unis à Honiara, fermée depuis 1993. Lors de l'annonce, M. Blinken a déclaré que cette mesure visait à empêcher la Chine de "s'implanter fermement" dans la nation du Pacifique Sud.

Confronté à une rude bataille de réélection où les relations avec la Chine sont un facteur majeur, le Premier ministre australien Scott Morrison a essuyé des critiques selon lesquelles ses politiques sur le changement climatique et les coupes dans l'aide étrangère, notamment aux îles Salomon, ont sapé l'influence de l'Australie au bénéfice de la Chine.

Le gouvernement Morrison a largement utilisé l'expression "famille du Pacifique" pour exprimer les liens profonds entre les acteurs traditionnels du Pacifique, ce qui exclut implicitement la Chine. Le déploiement de cette rhétorique sentimentale ne semble pas avoir réussi en tant que stratégie.

Il ne fait aucun doute que l'émergence de l'accord-cadre est une pilule amère à avaler pour tous les pays qui ont travaillé ensemble ces derniers mois pour contrer l'influence de la Chine dans le Pacifique par divers moyens. Il est impossible d'éviter le sentiment que ce regain d'intérêt pour le Pacifique arrive trop tard.

Ce récent regain d'activité est évident dans le pacte de sécurité AUKUS entre l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis, annoncé en septembre 2021, et dans la stratégie indo-pacifique lancée par la Maison Blanche de M. Biden en février 2022. Certains commentateurs appellent maintenant à une révision complète de la stratégie des îles Salomon, en particulier en ce qui concerne le Premier ministre Sogaware et son gouvernement" [vii].

Ainsi, le Centre d'études stratégiques et internationales, au nom de son expert, a trahi les véritables objectifs et intérêts des États-Unis, qui sont de maintenir leur contrôle sur l'océan Pacifique. Et dans le cadre de la stratégie indo-pacifique, nous voyons une tentative d'étendre sa zone d'influence [viii].

En réalité, les différentes îles peuvent être plus que de simples points d'appui aériens ou navals. Si la souveraineté d'un État, aussi petit soit-il, est établie sur un point de terre dans l'océan, le droit international étend cette souveraineté à la zone économique exclusive ainsi qu'à l'espace aérien.

La surface de l'eau peut être utilisée pour la capture de fruits de mer et le plateau continental pour la prospection et l'extraction de ressources naturelles - hydrocarbures, minéraux et métaux et terres rares. L'épuisement des exploitations minières traditionnelles dans divers pays oblige de nombreuses entreprises à se tourner de plus en plus vers cette forme prometteuse d'extraction des ressources naturelles.

"L'économie bleue", comme les explorateurs modernes appellent les projets impliquant des ressources marines, même si elles se trouvent en eaux profondes, présente un sérieux potentiel d'enrichissement. Et la présence d'îles facilite grandement l'exploitation des fonds marins en permettant l'équipement, le personnel, le stockage et le traitement des ressources, ainsi que la poursuite de la logistique en fonction de leurs intérêts.

Cela encourage à son tour les pays à prendre plus au sérieux la protection de leurs îles et territoires d'outre-mer. La France, par exemple, possède les îles Wallis et Futuna en Océanie, qui sont formellement les royaumes d'Alo et de Sigaw, mais font partie de la République française en vertu du traité de protectorat de 1887.

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De ce fait, la France revendique une présence commerciale, économique, politique et donc militaire dans le Pacifique. Et le domaine maritime total de la France s'élève à plus de 11 millions de kilomètres carrés, soit vingt ( !) fois plus que le territoire continental de la France.

La première place en termes de possessions maritimes revient aux États-Unis, les véritables maîtres des mers. De manière révélatrice, la disponibilité des ressources peut provoquer des tensions politiques entre la métropole et les provinces. Par exemple, lorsque les habitants de Wallis et Futuna, ainsi que leurs dirigeants, ont découvert qu'un groupe minier français, Eramet, prévoyait de draguer le cratère du Culolassi, qui contient des gisements de métaux de terres rares, ils ont protesté auprès de Paris et ont même menacé de faire sécession.

Et combien d'autres micro-îles de ce type peuvent être trouvées dans les océans Pacifique et Atlantique, et les grandes entités n'hésitent pas à transformer leurs économies dans les bonnes conditions et à se joindre à la course aux terres rares et autres ressources des fonds marins.

Ces facteurs complexes ont toujours été associés aux îles, mais à l'ère actuelle de la mondialisation et de la transformation simultanée de l'ordre géopolitique mondial, leur rôle et leur statut sont considérablement renforcés.

Notes:

[i] Alfred T. Mahan, "The United States Looking Outward", Atlantic Monthly, LXVI (décembre, 1890), 816-24.

[ii] https://phys.org/news/2019-07-radioactivity-marshall-islands-higher-chernobyl.html

[iii] http://www.turkishweekly.net/pdf/aegean_sea.pdf

[iv] https://fas.org/wp-content/uploads/2020/08/ADIZ-Report.pdf

[v] https://www.gazeta.ru/business/2015/04/17/6644201.shtml

[vi] https://www.ng.ru/world/2021-02-25/6_8090_%20srilanka.html

[vii] https://www.csis.org/analysis/framework-agreement-china-transforms-solomon-islands-pacific-flashpoint

[viii] https://www.fondsk.ru/news/2018/07/04/indo-tihookeanskij-region-ssha-v-prostranstve-dvuh-okeanov-46398.html

Les Iles Salomon: elle peuvent conférer l'hégémonie!

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Les Iles Salomon: elle peuvent conférer l'hégémonie!

Anastasia Tolokonina

Source: https://www.geopolitika.ru/article/gegemonovy-ostrova

Comment les États-Unis et la Chine utilisent les îles Salomon comme un point d'appui pour protéger leurs intérêts.

Il a été révélé le 18 avril que le coordinateur du Conseil national de sécurité américain pour les affaires indo-pacifiques, Kurt Campbell, et le secrétaire d'État adjoint américain pour les affaires de l'Asie de l'Est, Daniel Kritenbrink, visiteront trois îles du Pacifique cette semaine: les Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Salomon, ce dernier État présentant un intérêt particulier. Selon Adrienne Watson, porte-parole du NSC, la délégation américaine entend veiller à ce que leur partenariat "assure la prospérité, la sécurité et la paix dans le Pacifique et les îles indo-pacifiques". Quel est le véritable objectif de la visite des fonctionnaires du département d'État aux îles Salomon et qu'est-ce que l'Australie a à voir avec cela ?

Officiellement, le voyage a été programmé pour coïncider avec la visite du secrétaire d'État américain Anthony Blinken dans la région en février et en fait, il s'agit d'une continuation de celle-ci. C'est après la tournée asiatique du chef de la politique étrangère américaine que la Maison Blanche a publié la stratégie indo-pacifique, qui explique en grande partie le très fort intérêt de Washington pour la région, ainsi que les objectifs réels des visites prévues cette semaine, notamment aux îles Salomon.

Échiquier asiatique

La région indo-pacifique a été le principal centre d'intérêt de la politique étrangère américaine, car le principal objectif de Washington en matière de politique étrangère depuis la fin de la guerre froide était (et est toujours) la domination du monde.

Néanmoins, avec l'influence croissante de la République populaire de Chine, avec sa soi-disant "ascension" dans le monde et ses ambitions de leadership mondial, les États-Unis ne peuvent pas avoir le statut de superpuissance mondiale sans domination dans la région indo-pacifique. Il existe donc une rivalité constante entre ces deux "géants" pour le leadership dans la région indo-pacifique, et les pays asiatiques sont confrontés au choix d'être avec l'Amérique contre la Chine ou sans l'Amérique dans une alliance avec la Chine. Ainsi, la rivalité entre la Chine et les États-Unis dans la région indo-pacifique est principalement motivée par des raisons géopolitiques, même si l'économie joue également un rôle important, étant donné la croissance économique continue des pays de la région. Néanmoins, l'importance de la géopolitique est également notée dans la stratégie indo-pacifique des États-Unis:

"La RPC combine sa puissance économique, diplomatique, militaire et technologique dans la poursuite d'une sphère d'influence dans la région indo-pacifique et cherche à devenir la puissance la plus influente du monde".

Pour l'Amérique, la région indo-pacifique fait partie de "l'échiquier" eurasien dont parlait l'idéologue de la politique étrangère américaine Zbigniew Brzezinski dans son livre The Great Chessboard (1997). C'est dans cette région que se déroule une confrontation féroce entre les États-Unis et la Chine, et c'est l'un des endroits où la suprématie américaine est contestée.

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Le dilemme des îles Salomon

En ce qui concerne les îles Salomon, c'est le seul État qui n'a pas encore totalement résolu le dilemme d'"être avec l'Amérique contre la Chine ou sans l'Amérique dans une alliance avec la Chine". Ce dilemme a de profondes racines historiques.

Le fait est que les îles Salomon, qui ont obtenu leur indépendance de la Grande-Bretagne en 1978, sont géographiquement et culturellement fragmentées. Ces facteurs ont rendu difficile une gouvernance centralisée et ont créé un certain nombre de problèmes, notamment une méconnaissance de la communauté politique par l'État et la quasi-impossibilité pour les insulaires éloignés de participer à la vie politique du pays. En outre, en 1998, une guerre civile a éclaté dans les îles Salomon à la suite d'un conflit interethnique entre les résidents de Guadalcanal (où le gouvernement central est basé) et les migrants de Malaita. La population indigène exigeait plus de respect et de réparation de la part des Malaitis et bientôt, les Guadalcanais ont commencé à attaquer les Malaitis et ont fondé une organisation paramilitaire, le Mouvement de libération de l'Isatabu (ODI), forçant la plupart des Malaitis à quitter Guadalcanal. Les Malaitis restants ont formé les Malaitan Eagles pour se défendre contre l'ODI.

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Il convient de noter que l'Australie et la Nouvelle-Zélande ont joué un rôle important dans le conflit en envoyant leurs troupes dans les îles Salomon en 2003. Comme raison de l'introduction de ces troupes, les deux pays ont indiqué le fait que les îles Salomon ne sont pas en mesure d'assurer seules la stabilité de leur territoire, qui peut donc devenir un champ d'action pour diverses organisations criminelles et terroristes. En conséquence, l'intervention australo-néo-zélandaise a permis de ramener l'ordre dans les îles Salomon, mais les conflits internes ne se sont pas arrêtés là, ils ont juste été "gelés" pendant un certain temps.

Le conflit a repris de plus belle le 24 novembre 2021, lorsque des manifestations pacifiques ont éclaté et sont devenues violentes, les manifestants (pour la plupart originaires de la province de Malaita) affrontant la police et les forces gouvernementales, faisant des victimes et mettant le feu au bâtiment du parlement des Îles Salomon.

Les émeutes semblent avoir été suscitées par un autre désaccord entre le gouvernement et les Malaitis: en 2019, le premier ministre des îles a décidé d'établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine, rompant 36 ans de liens officiels avec la République de Chine (Taïwan) partiellement reconnue, qui, du point de vue de la Chine continentale, est l'une de ses unités administratives, bien qu'indépendante de facto. Cette décision a provoqué un fort mécontentement parmi les habitants de la province de Malaita, dont le premier ministre a accusé le premier ministre des îles Salomon d'entretenir des liens trop étroits avec Pékin.

Il convient de noter que tant Taïwan, soutenue par Washington, que la RPC apportent une aide financière à la région depuis le milieu des années 2000 pour obtenir une reconnaissance diplomatique. Si les Malaitis se sont initialement rangés du côté de Taipei, le gouvernement central des Iles Salomon a eu tendance à coopérer avec Pékin. En conséquence, Malaita a continué à soutenir Taïwan et les États-Unis, et ces désaccords, associés au rejet par le gouvernement du référendum sur l'indépendance de Malaita ainsi qu'à la hausse de la pauvreté et du chômage, ont provoqué des troubles en 2021.

Cette fois, l'Australie est à nouveau intervenue dans le conflit, déployant du personnel de la police fédérale australienne et de la force de défense australienne à la demande du gouvernement des îles Salomon, en vertu d'un traité de sécurité bilatéral entre l'Australie et les îles Salomon.

Ainsi, l'essence du dilemme des îles Salomon est que l'État est effectivement divisé en deux sphères d'influence, comme c'était le cas pendant la guerre froide, par exemple en Allemagne, en Corée ou au Vietnam. Une des sphères d'influence (le gouvernement du pays) appartient à la Chine communiste, l'autre (la province de Malaita) à Taïwan soutenue par Washington (c'est-à-dire les États-Unis). Si, jusqu'à présent, la Chine remporte cette bataille géopolitique, il est possible que les Malaitis déclenchent à nouveau une guerre civile. Pour cette raison, il est trop tôt pour parler de la certitude totale des Îles Salomon face au dilemme "être avec l'Amérique contre la Chine ou sans l'Amérique dans une alliance avec la Chine".

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Visite géopolitique

De toute évidence, les îles Salomon constituent un autre champ de bataille pour les deux grandes puissances représentées par les États-Unis et la Chine. Par conséquent, la prochaine visite de responsables du département d'État américain aux îles Salomon ne porte pas en elle l'objectif de simplement "s'assurer que le partenariat garantit la prospérité, la sécurité et la paix dans le Pacifique et les îles indo-pacifiques", comme l'a déclaré le porte-parole du NSC. Quel est donc l'objectif principal ?

Le 19 avril, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a annoncé un pacte de sécurité de grande envergure avec les îles Salomon. L'accord, essentiel pour une nation insulaire aux prises avec des troubles politiques incessants, a particulièrement alarmé les États-Unis et l'Australie, car la possibilité d'une tête de pont militaire de la RPC dans le Pacifique Sud menace les intérêts des pays de la région. Bien que le texte du traité n'ait pas été divulgué, un projet de document ayant fait l'objet d'une fuite indique qu'il permettrait aux navires de guerre chinois de s'arrêter dans les îles Salomon et que la police de la RPC, à la demande de l'archipel, pourrait aider à maintenir l'ordre public.

C'est pourquoi, immédiatement après l'échec de l'Australie à convaincre les Îles Salomon d'annuler l'accord de sécurité avec la Chine, de hauts responsables américains se sont immédiatement rendus dans le pays. Bien entendu, l'objectif principal de Washington est de "tirer" Honiara de son côté et de le convaincre que l'accord avec la Chine doit être abandonné.

Compte tenu de la politique américaine à l'égard des Îles Salomon, on peut affirmer qu'à ce stade, il ne sera pas possible de "tirer" Honiara de son côté. Pendant de nombreuses années, les États-Unis n'ont pas accordé suffisamment d'attention aux îles; ils y ont été pratiquement absents, distraits par d'autres problèmes mondiaux et laissant l'élaboration de la politique régionale à l'Australie. Par conséquent, la visite de Campbell aux îles Salomon est probablement une entreprise vaine.

Toutefois, si l'on considère le long terme, le succès de la visite des officiels américains dans le pays pourrait être favorisé par une rencontre avec toutes les forces politiques des îles, y compris l'opposition. Tôt ou tard, le pouvoir peut changer, ce qui fera le jeu des États-Unis.

En outre, un facteur qui affecte négativement la politique américaine dans la région est l'absence fondamentale d'ambassade. Une représentation diplomatique renforcerait le poids politique et économique de la région, mais elle est absente depuis 29 ans. En revanche, la Chine dispose d'une grande ambassade de trois étages à Honiara, avec suffisamment de place pour accueillir la police et le personnel militaire, qui pourrait arriver sous peu.

Enfin, les îles Salomon ont besoin d'investissements dans les infrastructures. On pense que c'est la promesse du gouvernement chinois d'une aide financière sous la forme d'un prêt de 500 millions de dollars qui a contribué à la décision d'abandonner Taipei pour se joindre à Pékin en 2019.

Il est clair que dans la bataille géopolitique entre la RPC et les États-Unis dans les îles Salomon, la Chine mène actuellement par une large marge. Mais Washington pourrait également tirer son épingle du jeu s'il intensifie sa politique dans la région et commence à fournir une assistance financière et militaire. Mais le temps presse.

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L'intérêt de l'Australie

Si les intérêts des États-Unis dans la région sont presque évidents, la situation est quelque peu différente avec l'Australie, qui ne rivalise pas avec la Chine pour le statut de leader mondial.

L'Australie a conclu un pacte de sécurité avec les îles Salomon en 2017, mais malgré le respect du droit des îles à prendre des décisions souveraines, la signature du pacte avec la Chine a été profondément décevante pour l'Australie. En effet, le parti travailliste de l'opposition l'a qualifié de "plus grand échec de la politique étrangère australienne dans le Pacifique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale".

Bien entendu, l'accord préoccupe l'Australie car il pourrait compromettre la stabilité de la région. Et cela se comprend: une présence militaire chinoise potentielle à quelque 1 600 km de l'Australie n'est pas agréable.

Il ne faut pas non plus oublier le fait qu'en 2021, l'Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni ont créé l'alliance politico-militaire AUKUS, qui vise précisément à contenir la Chine dans la région. Les relations difficiles entre Pékin et Canberra sont également mises en évidence par l'abandon par l'Australie de presque tous leurs projets de coopération conjointe au cours des deux dernières années.

Une autre raison de l'inquiétude de l'Australie est la crainte que le pacte n'entraîne une nouvelle poussée d'instabilité dans les îles Salomon. En particulier, elle pourrait provoquer chez les Malaitis, qui ont des sentiments anti-chinois très forts, une nouvelle vague de protestations. L'instabilité au sein des îles, à son tour, pourrait conduire à une autre intervention australienne dans le conflit au sein de l'État.

En outre, les îles Salomon sont un partenaire économique de l'Australie et un point stratégique essentiel, car elles constituent une route maritime reliant la côte est de l'Australie à l'Asie. Par conséquent, Canberra est effrayée par la perspective d'une détérioration des relations avec les îles Salomon.

Ainsi, les îles Salomon constituent un autre champ de bataille pour les États-Unis et la Chine. Malgré l'avantage diplomatique de Pékin sur les îles, il est prématuré de parler d'un nouveau succès chinois dans la région, car les îles Salomon sont un État très spécifique avec beaucoup de contradictions et de problèmes internes qui pourraient ultérieurement affecter de manière significative l'issue de la rivalité entre les États-Unis et la Chine pour le leadership dans la région indo-pacifique.

mardi, 26 avril 2022

Quels sont les atouts dans la manche de l'Iran ?

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Quels sont les atouts dans la manche de l'Iran?

Anastasia Solyanina

Source: https://www.geopolitika.ru/article/kakie-kozyri-v-rukave-irana

Le cœur du Moyen-Orient

L'Iran (République islamique d'Iran) est l'un des plus anciens pays du monde. Le pays a une histoire riche et une variété de particularités culturelles. Il est important de noter que jusqu'en 1935, l'Iran était appelé Perse. D'après les événements historiques, la Perse était l'un des États les plus puissants. Toutefois, en raison de l'impact des États-Unis sur l'opinion publique, l'Iran est désormais identifié comme un pays du tiers monde sous-développé et menaçant sur le plan du terrorisme. L'Amérique a souvent profité des capacités des pays qui lui étaient ou sont alliés. Cependant, comme nous le savons, l'Amérique est célèbre pour sa "politique spéciale", dans laquelle il est important pour un pays allié d'exister seulement selon le principe élaboré par les États-Unis.

Dès qu'un État va à l'encontre de l'agenda politique de l'Amérique, il passe automatiquement du statut de pays ami à celui de pays inamical.

La pierre d'achoppement actuelle de la coopération de l'Iran avec l'Occident et les États-Unis est le "programme nucléaire". L'Iran développe sa propre puissance nucléaire depuis les années 1950, donc déjà sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi, un allié des Etats-Unis au Moyen-Orient. Le président américain Dwight Eisenhower a soutenu l'idée dans le cadre du programme Atomes pour la paix, et en 1957, il a signé un accord avec l'Iran pour "l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire".

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En 1958, l'Iran est devenu membre de l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'objectif du développement de l'énergie nucléaire en Iran était de développer une supériorité technologique sur les pays arabes. Il convient également de noter qu'outre les États-Unis, des pays comme la France, le Royaume-Uni, l'Italie, la Belgique et l'Allemagne ont participé au programme de développement de l'énergie nucléaire en Iran dans les années 1960 et 1970. Le projet de diversification de l'énergie nucléaire en Iran devait être achevé en 1994, mais le plan a été entravé par la vague révolutionnaire islamiste qui a éclaté en 1979. En conséquence, tous les projets ont été réduits à néant et tous les contrats avec les partenaires américains et européens ont été annulés.

À partir de la seconde moitié des années 1980, l'Iran a commencé à coopérer avec la Chine après l'échec des tentatives de rapprochement avec l'Occident. Toutefois, sous la pression des États-Unis, la Chine s'est également retirée de la coopération avec l'Iran. Ainsi, après cela, presque tous les pays ont refusé de coopérer avec l'Iran. Ce n'est qu'au début des années 1990 que la Russie a commencé à coopérer avec l'Iran, période durant laquelle un accord intergouvernemental a été signé entre la Russie et l'Iran. En août 2002, le Conseil national de la résistance iranienne a exposé les usines d'enrichissement d'uranium non déclarées de l'Iran à Natanz. Il convient également de noter que la coopération entre la Russie et l'Iran se situe à un niveau élevé. Le chiffre d'affaires commercial entre la Russie et l'Iran à la fin de 2021 a atteint un record historique de 4 milliards de dollars.

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L'année 2003 a été marquée par le début des négociations avec l'Iran sur le "dossier nucléaire". Au départ, trois pays européens participaient aux pourparlers: la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. En 2006, les États-Unis, la Russie et la Chine les ont rejoints. Cela a été facilité par l'émergence du format 5+1 ou JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action). Il convient également de noter qu'un certain nombre de trains de sanctions ont été imposés à l'Iran entre 2006 et 2010. Cependant, les sanctions à l'encontre de l'Iran remontent aux années 1950, lorsque l'Iran a nationalisé l'Anglo-Iranian Oil Company, qui était détenue par la Grande-Bretagne. Pendant 30 ans, les États-Unis ont rompu tout contact avec l'Iran, interdisant toute forme de commerce.

Le 14 juin 2015, la version finale du JCPOA a été approuvée à Vienne. L'Iran s'est engagé à ne pas produire de plutonium de qualité militaire pendant 15 ans, à ne pas détenir plus de 3,67 % d'uranium enrichi et à utiliser ses installations nucléaires exclusivement à des fins pacifiques. Depuis lors, les sanctions ont été assouplies. Mais à peine 2 ans plus tard, en février 2017, l'administration du président Donald Trump a annoncé de nouvelles sanctions, contre l'Iran. En effet, Trump, un républicain, avait accusé l'Iran de ne pas respecter les accords adoptés par le format des Six-Parties.

Encore une fois, en 2017, l'Iran est un État voyou. Cependant, l'Iran détient le record des réserves d'hydrocarbures liquides. Il convient de noter ici que les changements dans l'environnement géopolitique, tels que l'imposition ou la levée des sanctions contre l'Iran, affectent les prix du pétrole. En mai 2018, ignorant la déclaration de l'AIEA selon laquelle l'Iran respecte toutes ses obligations, les États-Unis ont annoncé leur retrait de l'accord sur le nucléaire iranien. Les États-Unis ont formulé de nouvelles demandes, avec l'intention de parvenir à un nouvel accord. Et depuis le 5 novembre 2018, ils ont renouvelé les sanctions contre l'Iran. En mai 2019, le bras de fer entre l'Iran et les États-Unis s'est intensifié, en raison de l'escalade de la situation dans le golfe Persique. Ceci était dû à des informations présumées selon lesquelles les troupes iraniennes se préparaient à attaquer les installations américaines situées au Moyen-Orient. Les États-Unis ont également accusé l'Iran d'avoir attaqué des pétroliers au large des côtes des Émirats arabes unis (EAU). Les États-Unis imposent à nouveau une série de sanctions contre l'Iran.

Le conflit s'est encore intensifié en janvier 2020. Le gouvernement américain a lancé une frappe de missiles pour détruire le Corps des gardiens de la révolution islamique, Al-Quds. L'Iran a ensuite déclaré que l'armée américaine était une "organisation terroriste".

En mars 2021, sous la pression des sanctions américaines, la Chine et l'Iran concluent une coopération globale de 25 ans, ce qui renforce la coopération entre la Chine et l'Iran. Ici aussi, la confrontation stratégique de l'Iran avec les États-Unis en entrant en coopération avec des pays désignés par l'Amérique comme une menace est remarquable. Outre la Chine et la Russie, l'Iran coopère également avec la RPDC et le Venezuela.

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Il convient de mentionner qu'en 2002, le président américain George W. Bush a déclaré les pays qui sont menacés par une activité terroriste accrue et les a nommés "axe du mal". Il s'agit de l'Iran, de l'Irak et de la RPDC, et plus tard, en 2007, la Russie et la Chine ont été ajoutées à la liste. Par conséquent, la coopération entre ces pays pourrait être considérée comme la bonne décision stratégique. Après tout, la Corée du Nord et le Venezuela sont sous sanctions depuis un total combiné de plus de 60 ans. Les pays tentent de s'entraider pour affronter les États-Unis. La RPDC avec ses secrets nucléaires et militaires, l'Iran avec ses capacités de raffinage du pétrole, et le Venezuela avec ses réserves naturelles et sa position stratégique vu la proximité géographique des États-Unis. La coopération entre l'Iran et la Corée du Nord est très controversée, mais les modes de développement des programmes nucléaires des deux pays sont similaires, sauf que la RPDC a développé son programme nucléaire sans le soutien des États-Unis. En effet, l'Amérique voyait un avantage à aider Téhéran, poussée par un intérêt personnel dans les réserves de pétrole de l'Iran. Pourtant, le Venezuela est considéré comme une source principale de réserves de pétrole, représentant environ 17,2% du total mondial. Les États-Unis ont également imposé des sanctions au Venezuela depuis 2005, pour des allégations de trafic de drogue et de terrorisme. L'énergie peut donc être considérée comme un domaine clé de la coopération entre le Venezuela et l'Iran. Les pays coopèrent dans le cadre de l'OPEP et s'encouragent également mutuellement pour maintenir des prix élevés pour les hydrocarbures.

Le 29 novembre 2021, des pourparlers entre Téhéran et Washington sur l'"accord sur l'Iran" ont eu lieu à Vienne. Les pays occidentaux n'étaient prêts à discuter des sanctions que dans le cadre de "l'accord nucléaire". Le résultat idéal pour l'Occident aurait été de limiter non seulement le programme nucléaire de l'Iran, mais aussi son programme de missiles. Cependant, l'Iran a fait des demandes réciproques, en premier lieu la levée totale de toutes les sanctions. Mais l'Occident et l'Iran ne sont pas parvenus à un nouvel accord sur le programme nucléaire.

De plus, à ce jour, la situation n'a pas changé ; après 11 mois de négociations, la signature d'un nouvel accord nucléaire va dérailler. La raison en était l'opération spéciale de la Russie en Ukraine. Politico note qu'il est très difficile de négocier un accord nucléaire dans les circonstances actuelles. La Russie est actuellement sous le coup de sanctions américaines et européennes. L'UE étudie actuellement un moyen de reprendre l'accord nucléaire sans la participation de la Russie, mais dans la pratique, elle est toujours dans l'embarras.

Il convient également de noter que le 13 avril 2022, l'Iran a annoncé qu'une usine fabriquant des pièces pour une centrifugeuse à uranium à Natanz avait été mise en service.

Le 20 avril 2022, les États-Unis ont soulevé la question du bénéfice de la Russie, sous réserve de l'accord de l'Iran sur son programme nucléaire. Plus tôt, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, a déclaré que la reprise des négociations sur le programme iranien touchait à sa fin. Par conséquent, les préoccupations des États-Unis sont immédiatement compréhensibles. Après tout, la coopération entre l'Iran et la Russie pourrait constituer une menace sérieuse pour les politiques menées par les États-Unis.

L'Iran joue un rôle clé dans la région de l'Asie occidentale et occupe une position militaro-stratégique vitale en raison de sa situation géographique avantageuse.

L'Iran est également désigné comme le cœur du Grand Moyen-Orient. De plus, comme il a été mentionné précédemment, l'Iran dispose de réserves de pétrole, ce qui lui permet d'influencer l'environnement géopolitique mondial. Le soutien de l'Iran à des pays comme la Chine, la Russie joue un rôle important dans la formation d'un monde multipolaire. Il convient ici de prêter attention à la théorie de la multipolarité. Il s'agit d'un modèle politique qui suppose l'existence non pas d'un seul centre, mais d'un certain nombre de centres de pouvoir qui seraient à la mesure de leurs capacités politiques, militaires, culturelles et économiques. Un autre facteur important de ce modèle est d'éviter de "marcher sur les pieds", en d'autres termes, d'étendre l'influence d'un pays sur un autre en appliquant le genre de double standard que l'Amérique a si souvent utilisé.

La réorientation du monde d'unipolaire à multipolaire dépend dans une large mesure des pays BRICS (Russie, Chine, Brésil, Inde). Par conséquent, l'Iran, en raison de sa situation géographique avantageuse et de ses réserves de pétrole, est déjà capable d'influencer les changements dans l'ordre mondial. Et avec l'aide des alliés mentionnés précédemment comme le Venezuela et la RPDC, ainsi que des pays du BRICS, la Chine et la Russie font partie des alliés qui peuvent obtenir des résultats s'ils unissent leurs forces. Cependant, il est important de dire que c'est la coopération égale des pays qui créera un monde multipolaire. Mais la question se pose ici de savoir si des États tels que la Chine et la Russie coopéreront sans exercer leur influence sur d'autres "États moins importants" : il est important de maintenir un équilibre et de répartir les rôles intelligemment. L'Iran est le plus susceptible de jouer un rôle sur la voie d'un monde multipolaire - un pays servant de lien entre d'autres États de valeur.

Bismarck entre tradition et innovation: les discours du chancelier de fer

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Bismarck entre tradition et innovation: les discours du chancelier de fer

Giovanni Sessa

Source: https://www.paginefilosofali.it/bismarck-tra-tradizione-e-innovazione-i-discorsi-del-cancelliere-di-ferro-giovanni-sessa/

Otto von Bismarck est sans aucun doute un personnage historique de grande importance. Ses choix politiques ont conditionné non seulement l'histoire de l'Allemagne moderne, mais aussi les événements de la première moitié du 20e siècle. Afin de mieux connaître l'homme et le chancelier, nous vous recommandons vivement la lecture d'un de ses livres, Kulturkampf. Discorsi politici, récemment en librairie par la maison d'édition Oaks (pour les commandes : info@oakseditrice.it, pp.291, €24.00). Le volume est enrichi par la préface clarifiante du germaniste Marino Freschi. Né en 1815, une année fatidique pour le destin de l'Europe, Bismarck, comme le note la préface, "est resté attaché aux racines de l'aristocratie foncière" (p. I). Dans sa jeunesse, ses débuts dans l'administration prussienne ne sont pas brillants. Il a été impliqué dans un certain nombre de scandales et a mené une vie inconvenante. Cependant, ce n'était qu'un moment passager: bientôt, la spiritualité piétiste, basée sur la dévotion mystique et visant l'éveil intérieur, s'enracine dans son âme.

Cop.-BISMARCK-ok.jpgDans les cercles piétistes, il a rencontré sa femme et quelques futurs collaborateurs. Parmi eux se trouvait von Roon, qui l'a introduit dans le cercle du futur Wilhelm I. Son éducation politique et culturelle a eu un impact sur sa vie. Son éducation politique et culturelle culmine dans sa fréquentation du cercle conservateur animé par les frères von Gerlach. Il acquiert une expérience administrative au niveau municipal et provincial jusqu'à ce que, après l'accession de Wilhelm Ier au trône en 1862, il soit appelé à la Diète de Francfort en tant que représentant du souverain.  Ses discours étaient caractérisés par un esprit anti-révolutionnaire et démontraient ses qualités oratoires incontestables, comme le montre le livre que nous présentons ici. L'art oratoire de Bismarck, tout en montrant en maints endroits la vaste culture du chancelier, avec des références à Goethe, Lessing, Schiller, Heine, son auteur préféré plus que tout autre, était direct: " il était fondé sur la franchise et l'attaque [...] au-delà de toute pratique rhétorique" (p. III). Il a toujours été conscient du lien entre les choix de politique intérieure et étrangère, en raison de son long séjour en tant qu'ambassadeur à Saint-Pétersbourg et, pour une période plus courte, à Paris. Il se trouvait dans la capitale française lorsqu'il a été rappelé par le nouveau monarque, qui lui a confié la chancellerie.

Dès son premier discours parlementaire, il a exprimé clairement ses idées. L'avenir de la Prusse "devait être réalisé non pas avec des discours, mais par "le fer et le feu", suggérant que l'unification allemande ne serait possible qu'avec une Prusse en armes" (p. V). En 1863, il soutient la répression tsariste des soulèvements polonais. L'opinion publique libérale se dresse alors, ce qui provoque l'affaiblissement politique de Bismarck pendant un moment et conduit à la réapparition des ambitions hégémoniques de François-Joseph.

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Avec l'habileté d'un grand stratège, le chancelier s'est rapproché de l'Autriche à l'occasion de la guerre avec le Danemark pour la crise des duchés de Schleswig et de Holstein, mais a ensuite fait déclarer la guerre à son allié dans ce qui est pour nous la troisième guerre d'indépendance: "L'empire séculaire des Habsbourg a été démantelé en quelques batailles" (p. VI). Après la victoire, le chancelier a eu le mérite d'apaiser le désir d'anéantir l'Autriche qui grandissait dans les milieux militaires. Afin de devenir la puissance hégémonique en Europe et de procéder à l'unification allemande, la France doit être vaincue. Le signal a été fourni par la crise dynastique espagnole. Bismarck modifie la dépêche d'Ems rédigée par Wilhelm Ier et lui donne une tournure péremptoire.

La France, malgré une tentative du prudent Thiers pour apaiser les esprits, déclare la guerre et subit une défaite retentissante. La nation française, pendant des décennies, a vu monter les esprits de la revanche alors qu'elle se sentait au bord de la fin: désemparée par la défaite militaire et les troubles de la Commune. Pendant ce temps, le Second Reich est en fait né. Wilhelm devient empereur d'Allemagne, couronné à Versailles le 18 janvier. Malgré cela, le chancelier n'a jamais baissé la garde contre la France, convaincu que seul un renforcement militaire allemand garantirait la stabilité politique sur le continent. Selon lui, l'Alsace et la Lorraine sont stratégiquement importantes pour la défense de l'Allemagne. Il devient ainsi un défenseur de l'autonomie alsacienne, déclarant: "plus les habitants de l'Alsace se sentiront alsaciens, plus ils cesseront d'utiliser le français" (p. XVI). Le Kulturkampf, mené contre l'Église catholique et le "Parti du Centre", aliène les sympathies des Alsaciens, fidèles à l'Église de Rome. Cette bataille était essentiellement un conflit de pouvoir: "c'est la lutte entre la monarchie et le sacerdoce [...] Le but qui a toujours clignoté devant les yeux de la papauté était la soumission du pouvoir séculier au spirituel" (p. XVIII). Bismarck, en tant que piétiste, voyait l'autorité divine incarnée par le roi.

Ce n'est qu'avec l'accession de Léon XIII à la papauté qu'un rapprochement s'opère entre les parties. Après s'être mis en congé de la politique, Bismarck fait un retour en force sur la scène publique avec la promulgation de lois anti-socialistes. Influencé par Lassalle et les "socialistes de la chaire", afin d'ôter toute marge de manœuvre aux sociaux-démocrates, il promeut une législation sociale d'avant-garde, annoncée dans son discours du 15 février 1884. En 1883, il avait introduit une loi prévoyant une assurance contre la maladie, en 1884 pour les accidents du travail, et en 1889 pour l'invalidité et la vieillesse. Une sorte de socialisme d'État, de "socialisme prussien", ou, comme l'a dit le chancelier, de "christianisme pratique".

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La politique de Bismarck évolue entre deux pôles, qu'il parvient à intégrer de manière dialectique, la tradition et l'innovation. Lorsque les milieux industriels allemands, qui auraient voulu que le Reich s'implique dans la politique coloniale, se sont débarrassés de lui, avec la complicité de Guillaume II, il a cédé la place, comme le confirme ce recueil de discours, celle d'un homme politique d'une grande profondeur, dont l'Europe aurait encore besoin.

Giovanni Sessa.

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Les risques pour la Finlande (et au-delà) d'abjurer la neutralité

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Les risques pour la Finlande (et au-delà) d'abjurer la neutralité

Les Finlandais, avec leurs grosses vieilles chaussures de paysans bien ancrées dans le sol, étaient autrefois politiquement concrets. Mais maintenant, ils continuent de répéter le mantra "la situation sécuritaire a changé". Ce qui n'est pas vrai du tout, car dans le quadrant nord de la Baltique, les Russes n'ont fait aucun mouvement dans cette délicate partie d'échecs avec l'OTAN ; au contraire, ils ont éloigné des troupes de la frontière finlandaise, probablement pour les envoyer en Ukraine.

par Luigi De Anna

Source: https://www.barbadillo.it/104133-i-rischi-per-la-finlandia-e-non-solo-che-abiura-la-neutralita/

HANNIBAL AD PORTAS... OU... DELENDA CARTHAGO ?

Observer une guerre de loin est déjà dramatique, mais l'avoir vraisemblablement à sa porte conduit au découragement. Découragement, pour l'essentiel, de la capacité des politiciens à concevoir une stratégie qui préserve les intérêts de l'Europe, et non ceux de son puissant allié, les États-Unis.

J'ai vécu en Finlande pendant plus de 50 ans. Lorsque je suis arrivé là-bas, la règle stricte de la "finlandisation" était en vigueur, c'est-à-dire que la Finlande restait un pays libre avec un système parlementaire de style occidental, mais n'interférait pas avec les intérêts de l'Union soviétique et, en tant que nation neutre, faisait office d'État tampon entre l'Est et l'Ouest. Il s'agissait de la ligne dite Paasikivi-Kekkonen, poursuivie ensuite de manière substantielle par Mauno Koivisto. Avec la chute de l'Union soviétique, la Finlande a commencé à regarder vers l'ouest, oubliant ce que le président Koivisto avait dit sur le danger de ce renversement de la politique étrangère, car "celui qui s'incline d'un côté montre son derriere à l'autre".

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Urho Kekkonen et Mauno Koivisto.

Le parti conservateur Kokoomus est au gouvernement depuis des années, et devrait revenir lors des prochaines élections. Le centre et la droite finlandais ont été anti-russes en raison de leur vocation naturelle à s'occidentaliser, mais aussi en raison de l'attrait génétique fort, presque inéluctable, qui pousse les peuples riverains de la Baltique à l'anti-russisme. Alors que l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie faisaient partie de l'Union soviétique, la Finlande, comme mentionné, avait conservé son indépendance.

Nous pourrions nous demander pourquoi. En 1944, Staline aurait pu pousser ses armées jusqu'à Helsinki et ne l'a pas fait. La version finlandaise pour expliquer cette décision est liée au mythe de l'héroïsme de ses soldats, né avec la soi-disant "guerre d'hiver", de novembre 1939 à mars 1940. Sans doute héroïque, mais pas suffisamment pour arrêter l'Armée rouge qui, après être arrivée à Berlin, aurait bien pu arriver à Helsinki. Staline n'a pas non plus réalisé en Finlande l'assimilation des pays que Yalta lui avait accordée, alors qu'il existait en Finlande un parti communiste fort qui aurait été bien adapté à cette tâche. Staline juge plus utile d'avoir une Finlande neutre, et surtout il ne veut pas risquer de pousser la Suède dans le camp occidental, ce qui aurait fermé la Baltique à sa flotte. La Finlande a payé les réparations de guerre, a jugé dans son propre petit Nuremberg (mais sans bourreaux américains ou soviétiques) les responsables de l'alliance avec l'Allemagne (mais pas le maréchal Mannerheim, probablement le principal architecte de l'accord avec Staline) et, année après année, a prospéré grâce au commerce avec sa voisine orientale.

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Carl-Gustav Emil Mannerheim.

Nous en arrivons à la crise ukrainienne: la Finlande s'aligne immédiatement sur le récit atlantiste. Les nouvelles sont pleines d'images larmoyantes, les (rares) talk-shows (les Finlandais sont notoirement peu loquaces) n'invitent que ceux qui accusent la Russie d'agression, de massacres, etc. etc., mais jamais quelqu'un qui, je ne dirai pas défend la Russie, mais qui explique ses raisons. Les plus modérés dans cette course à l'anti-russisme semblent être les militaires, invités en tant qu'experts, bien conscients de là où cela pourrait mener.

Sic fuit in votis. Hier, 13 avril, le gouvernement finlandais a présenté son Livre blanc sur la sécurité, ou plutôt sur les perspectives de cette crise internationale, qui recommande l'adhésion de la Finlande à l'OTAN.

Mais qui menace la Finlande ?

Personne. Et, chose intéressante, personne n'a posé cette question très simple. On ne fait que plaider... "si la Russie... si la situation... si un jour...". En finnois, il existe un verbe, "jossitella", qui indique précisément la futilité des hypothèses. Les Finlandais, avec leurs grosses vieilles chaussures de paysans bien ancrées dans le sol, étaient généralement politiquement concrets. Mais maintenant, ils continuent de répéter le mantra "la situation sécuritaire a changé". Ce qui n'est pas vrai du tout, car dans le quadrant nord de la Baltique, les Russes n'ont pas fait un geste dans cette délicate partie d'échecs avec l'OTAN; au contraire, ils ont déplacé des troupes de la frontière finlandaise, probablement pour les envoyer en Ukraine.

Oui... la frontière. Une frontière de près de 1300 km, qui passe non loin de Saint-Pétersbourg, la patrie de Vladimir Poutine, qui pourrait un jour voir de sa fenêtre, au-delà des dômes en bulbe de ses belles églises, les missiles nucléaires de l'OTAN. L'alliance atlantique s'étendrait pratiquement jusqu'à Mourmansk, la base navale la plus importante de la Russie, qui abrite sa flotte de sous-marins nucléaires. Et Mourmansk est la clé stratégique de la nouvelle route arctique qui s'ouvre, qui unira le commerce asiatique à l'Occident.

Comment Poutine pourrait-il laisser ces deux zones sensibles, le golfe de Finlande et la péninsule de Kola, être assiégées par l'OTAN ?

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L'absurdité est que la Finlande demande à rejoindre l'OTAN (sans doute le Parlement le proposera-t-il) pour éviter une éventuelle intervention russe et, ce faisant... ils la provoquent ! Vraiment brillant !

Les Finlandais, comme de bons vieux paysans, se croient malins: ils veulent rejoindre l'OTAN maintenant parce que la Russie n'a pas assez de soldats pour l'envahir... oui, c'est vrai, les soldats sont ailleurs, mais la Russie, ne pouvant utiliser de chars utiliserait... les sages dirigeants finlandais n'y pensent-ils pas? Les armes nucléaires tactiques de la Russie devraient les faire méditer. Les temps désespérés appellent des mesures désespérées, c'est peut-être aussi un dicton slave.

À la folie incontestable des dirigeants actuels de la Finlande, il faut cependant ajouter une autre motivation: faire plaisir aux États-Unis. La Finlande coopère militairement avec l'OTAN depuis longtemps, organisant des exercices militaires conjoints avec elle, tout récemment il y a quelques semaines en Norvège, manifestement en préparation de l'activation de l'offensive arctique. L'année dernière, la Finlande a acheté les F-35 dont elle avait besoin pour remplacer les vieux Hornets, mais ce sont des avions offensifs, alors pourquoi? Au lieu de se doter de systèmes de missiles défensifs, à la suggestion des Américains, ils ont opté pour des jets qui transportent une telle charge de missiles et de bombes ainsi que des équipements électroniques que... de temps en temps, ils tombent, comme nos Starfighters, appelés tombes volantes.

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Le Premier ministre finlandais, Sanna Marin (photo), a clairement indiqué avant-hier que des consultations avec les États-Unis sur cette possibilité de rejoindre l'OTAN sont en cours. Et voici la véritable raison pour laquelle le gouvernement de centre-gauche de Marin fait pression en faveur de l'OTAN: les États-Unis ont besoin d'un nouveau front sur lequel engager la Russie, en la détournant et en l'affaiblissant ainsi sur le front ukrainien. Sans aucun doute une stratégie intelligente et utile. Pour eux. Mais pas pour la Finlande, qui entre désormais allègrement dans la tanière de l'ours pour le réveiller. Une chose que les anciens chasseurs finlandais savaient être très risquée.

Mais il n'y a plus de vieux chasseurs en Finlande. Le pays est gouverné par une troïka de cinq secrétaires de parti, tous âgés d'une trentaine d'années. La nouvelle histoire nous a appris qu'il existe des composantes apparemment irrationnelles mais quantifiables dans l'histoire. Et sans doute le récit médiatique des enfants ukrainiens comme victimes de la guerre agit-il sur l'inconscient de ces jeunes mères. Mais les mères devraient aussi penser à leurs enfants plus âgés: ceux que la Finlande enverra inévitablement à la mort dans une guerre absurde et futile à venir.

Delenda Carthago... oui, mais quel Carthago ?

Luigi De Anna

La guerre hybride de l'argent

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La guerre hybride de l'argent

par Roberto Pecchioli

Source : Ereticamente & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/la-guerra-ibrida-del-denaro

La guerre en Ukraine est un désastre. Nous devons respecter la souffrance de la population et le sacrifice des soldats des deux côtés. Il faut cependant sortir d'un récit de guerre déséquilibré, manichéen, propagandiste, qui a généré une forme d'hyperréalité dans laquelle l'opinion publique est plongée dans un climat de mensonge, de distorsion, de tension permanente dont le but est de faire accepter de nouveaux sacrifices, de nouvelles privations de liberté. Une approche testée avec succès lors de la pandémie et appliquée selon un scénario de guerre.

Il est essentiel de regarder l'ensemble du tableau pour tenter de comprendre les événements d'un point de vue politique, économique, financier et géopolitique, c'est-à-dire d'analyser le véritable pouvoir, le "grand jeu" contemporain qui se moque des peuples, de la vie humaine et de la destruction. Suivre l'argent est un excellent critère pour observer les événements comme des mouvements sur un échiquier aussi grand que la planète. L'un des premiers effets de l'affrontement entre l'Occident - les États-Unis, l'Anglosphère et les vassaux européens - et le reste du monde est l'émergence probable d'un système financier alternatif, soutenu par une monnaie numérique basée sur un panier mixte de monnaies nationales et de ressources naturelles. L'objectif sous-jacent est de vaincre l'unipolarité occidentale et le pouvoir du dollar, monnaie de référence du commerce international.

Les signes de cet affrontement - non moins titanesque que celui des armes - sont déjà visibles: l'expulsion de la Russie du système interbancaire Swift, l'autoroute numérique sur laquelle fonctionnent les échanges et les paiements liés aux importations, aux exportations et aux services internationaux; le blocage des fonds russes en Occident (un vol déguisé en sanction) et la réponse de Moscou, avec la demande de paiements en roubles. Dans le même temps, la création de systèmes financiers et monétaires et d'instruments techniques détachés de l'hégémonie américaine progresse. Ce sont les enjeux d'un jeu dans lequel la guerre n'est qu'un des champs de bataille.

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L'opération, selon ses inspirateurs, permettra de libérer le Sud du monde de la dette occidentale et de l'austérité imposée par le Fonds monétaire international. L'un des protagonistes de la tempête géopolitique et géoéconomique est Sergey Glazyev (photo), un Russe, l'un des économistes les plus influents du monde, responsable de l'intégration macroéconomique de l'Union économique eurasienne, l'espace économique financier formé par la Russie, le Belarus, l'Arménie, le Kazakhstan et le Kirghizstan. Le défi consiste à concevoir un système monétaire/financier grâce à un partenariat entre l'UEE et la Chine, en contournant le dollar américain. Le projet est une sorte de Bretton Woods de l'Est du monde alternatif au Consensus de Washington libéral et dominé par le dollar. Selon Glazyev, l'oligarchie dirigeante américaine joue son dernier atout dans la guerre hybride contre la Russie. Le gel des réserves de change de la Russie pourrait toutefois avoir sapé le statut du dollar, de l'euro et de la livre en tant que monnaies de réserve, accélérant ainsi la fin de l'ordre mondial basé sur le dollar.

Des travaux sont en cours pour passer à un système alternatif fondé sur un échange de devises virtuelles basé sur un indice des devises des pays participants. Le panier de devises est complété par la valeur d'au moins vingt matières premières négociées en bourse, afin de maintenir un haut degré de résilience et de stabilité. Dans le même temps, les gouvernements d'Eurasie et la Chine ont entamé des pourparlers pour créer une coalition internationale de contre-attaque dans la guerre hybride pour la domination mondiale déclenchée par l'élite dirigeante américaine contre les pays qui échappent à son contrôle impérial. Glazyev a expliqué la nature de cette guerre dans un livre publié en 2016 (The Last World War : The United States to Move and Lose) et a fait valoir son caractère inévitable, fondé, selon lui, sur les lois objectives du développement économique à long terme, qui entraînerait la défaite de l'ancien pouvoir en place.

indexlgla.jpgLes États-Unis luttent pour maintenir leur hégémonie, mais comme la Grande-Bretagne avant eux, qui a provoqué deux guerres mondiales mais n'a pu maintenir son empire et sa position dominante en raison de l'obsolescence de son système économique colonial, ils sont voués à l'échec. Le système colonial britannique basé sur l'exploitation massive et directe a été supplanté par les États-Unis et l'URSS, qui ont été plus efficaces dans la gestion du capital économique et humain au sein de systèmes intégrés verticalement qui ont divisé le monde en zones d'influence. Après la désintégration de l'URSS, une longue transition a commencé, qui touche à sa fin avec la défaite imminente du système basé sur le dollar, le linteau de la domination mondiale des États-Unis.

Le nouveau système économique convergent qui émerge entre la Chine, la Russie et l'Inde est pour Glazyev la prochaine phase inévitable. Elle combine les avantages de la planification stratégique centralisée avec l'économie de marché et le contrôle par l'État de l'économie monétaire et physique, des infrastructures et de l'esprit d'entreprise. Le nouveau paradigme vise à unir ces sociétés en augmentant la prospérité au-delà du modèle occidental.  Ce succès est la principale raison pour laquelle Washington ne serait pas en mesure de gagner la guerre hybride qu'il a déclenchée. Le système financier centré sur le dollar sera remplacé par un nouveau mécanisme fondé sur le consensus entre les pays qui y adhèrent.

Dans la première phase de la transition, ces pays se contenteront d'utiliser les monnaies nationales et leurs mécanismes de compensation, soutenus par des échanges bilatéraux de devises. La formation des prix sera toujours déterminée principalement par les performances des bourses, qui sont libellées en dollars. Cette phase toucherait à sa fin: après le gel des réserves russes en dollars, euros, livres et yens, il est peu probable qu'un pays souverain continue à accumuler des réserves dans ces monnaies, remplacées par l'or et les monnaies nationales.

La deuxième phase de la transition impliquera des mécanismes de tarification qui ne se réfèrent pas au dollar. La fixation des prix en monnaies nationales pose des problèmes considérables, mais peut être plus attrayante que le risque politique des monnaies devenues traîtresses comme le dollar, la livre sterling, l'euro et le yen. L'autre monnaie mondiale, le yuan chinois, ne les remplacera pas en raison de son inconvertibilité et de son accès externe limité aux marchés de capitaux chinois. L'utilisation de l'or comme référence de prix est limitée par les inconvénients des paiements et le contrôle exercé par l'anglosphère (galaxie Rothschild).

La troisième étape de la transition vers le nouvel ordre économique impliquera la création d'une monnaie numérique résultant d'un accord international fondé sur des principes de transparence, d'équité, de bonne volonté et d'efficacité. Cette monnaie pourrait être émise par un panier de réserves monétaires des pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), que d'autres pays pourraient rejoindre. Le poids de chaque devise serait proportionnel au PIB de chaque pays (pondéré à la parité de pouvoir d'achat), à la part dans le commerce international, à la population et au territoire des participants. Il contiendrait également un indice des prix des principales matières premières négociées à la bourse: or, métaux précieux et industriels, hydrocarbures, céréales, sucre, eau et autres ressources naturelles. Pour soutenir la monnaie, d'importantes réserves de ressources internationales seraient créées. La nouvelle monnaie serait utilisée exclusivement pour les paiements transfrontaliers et émise sur la base d'une formule prédéfinie. Les pays participants utiliseraient leurs monnaies nationales pour la création de crédits, pour financer les investissements et l'industrie nationale, et pour les réserves de richesse souveraine. Les flux de capitaux transfrontaliers resteraient soumis aux réglementations nationales.

Un projet d'une énorme ambition, destiné à modifier la carte du pouvoir sur la planète: il y a une vie au-delà de l'Occident. La transition vers le nouvel ordre économique mondial, selon ses architectes, s'accompagnera peut-être d'un refus d'honorer les obligations en dollars, euros, livres et yens. Cela n'est pas sans rappeler l'exemple des pays occidentaux qui ont confisqué les réserves monétaires de l'Irak, de l'Iran, du Venezuela, de l'Afghanistan et de la Russie, une véritable confiscation de la richesse d'autrui.

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Le système vise à rester flexible, en accueillant ses membres indépendamment de leurs dettes en dollars, euros, livres et yens, dont le défaut éventuel n'affecterait pas leur notation dans le nouveau système financier. La nationalisation de l'industrie extractive est recommandée, un changement de paradigme par rapport au modèle de privatisation qui a dominé après la fin de l'Union soviétique. Les pays qui utilisent une partie de leurs ressources naturelles pour soutenir le nouveau système augmenteraient leur poids dans le panier de devises de la nouvelle unité monétaire, accumuleraient des réserves et obtiendraient une plus grande solvabilité. En outre, les lignes d'échange bilatérales avec les partenaires fourniraient un financement adéquat pour les co-investissements et les initiatives commerciales. Il s'agirait d'une architecture extrêmement importante, déplaçant l'axe du pouvoir et de la prospérité vers l'est et le sud et orientant le nouvel ordre financier et le système de règlement des paiements dans une direction bipolaire: l'Ouest contre le Sud-Est du monde.

Pour M. Glazyev, la Russie ne peut plus jouer selon les règles du système du dollar "après que les réserves monétaires de la Russie ont été capturées par l'Occident. Les agents d'influence occidentaux contrôlent les banques centrales de la plupart des pays, les forçant à appliquer les politiques prescrites par le FMI, qui sont manifestement contraires aux intérêts nationaux de ces nations". "Au sein des groupes de direction de la Banque centrale russe, il y a un affrontement permanent entre les partisans du consensus de Washington et les partisans du nouveau système. Entre-temps, la BCR a dû faire face à la réalité et créer un système interbancaire national indépendant du réseau Swift, ouvert aux banques étrangères. Des lignes d'échange intermédiaires ont été mises en place avec les principales nations participantes. La plupart des transactions entre les États membres de l'Union eurasienne sont désormais libellées en monnaies nationales.

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Une transition similaire est en cours dans le commerce avec la Chine, l'Iran et la Turquie. L'Inde a également manifesté son intérêt. De nombreux efforts ont déjà été faits, accélérés ces derniers mois, pour développer des mécanismes de compensation pour les paiements en monnaies nationales. Parallèlement, des tentatives sont faites pour développer un système de règlement numérique non bancaire lié à l'or et à d'autres matières premières négociées en bourse (stablecoin).

La BCR a longtemps conseillé aux producteurs d'or russes de vendre sur le marché de Londres pour obtenir un prix plus élevé que celui que le gouvernement ou la banque centrale elle-même paierait, en suivant les recommandations du FMI. Le résultat a été dévastateur, le gel de près de 400 milliards de dollars de réserves de change. Les soi-disant oligarques russes auraient détourné des sommes incalculables vers des destinations offshore. Suivant les indications du grand public, la BCR a cessé d'acheter de l'or ces dernières années, obligeant l'industrie minière à exporter la totalité de sa production de 500 tonnes par an. L'erreur et les dégâts sont évidents. Aujourd'hui, la BCR a repris ses achats d'or et les dirigeants politiques exigent des politiques plus conformes à l'intérêt national, plutôt qu'un contrôle strict de l'inflation au profit des spéculateurs internationaux, comme cela a été le cas au cours de la dernière décennie.

Le gel des réserves russes en réponse à la guerre est une mesure gouvernementale qui a pris les banques centrales au dépourvu, un retour de la politique qui a surpris les autorités monétaires, qui sont perplexes et irritées. Sergei Glazyev est favorable au remplacement des dollars, des euros, des livres et des yens dans les réserves monétaires par de l'or, qui est produit en abondance en Russie. Cependant, seul le scénario de guerre semble mettre à l'ordre du jour ses suggestions, qui ont jusqu'à présent été rejetées par Elvira Nabiullina, qui a récemment été confirmée à la tête de l'institut d'émission.

Le partenariat stratégique russo-chinois se renforce de jour en jour comme moyen de contrer l'unipolarité américaine et la domination du dollar. Les analystes indépendants se rallient à l'idée que l'élite américaine a lancé une guerre hybride mondiale pour défendre sa position hégémonique dans le monde, en ciblant la Chine comme principal concurrent économique et la Russie comme principale force de contrepoids. Au départ, les efforts géopolitiques américains visaient à créer un conflit entre la Russie et la Chine. Cependant, les intérêts souverains de la Russie et de la Chine ont conduit à une coopération stratégique croissante pour faire face aux menaces de Washington.

La guerre tarifaire américaine contre la Chine et l'ampleur des sanctions financières contre la Russie ont accru les inquiétudes et démontré le danger tant du point de vue chinois que russe. Rien n'unit plus qu'un ennemi commun. Guerre mise à part, nous verrons bientôt si l'axe tiendra sur le long terme et si le processus de dédollarisation façonnera l'histoire économique et financière du 21e siècle. Les précédents historiques ne manquent pas: c'est l'URSS qui a soutenu la Chine contre l'occupation japonaise et dans la première industrialisation d'après-guerre, avant qu'émergent les divergences entre les deux puissances communistes. Le présent parle aussi de la Route de la Soie, le grand projet chinois de pénétration vers l'Occident par le biais de gigantesques infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, et aussi de la tentative russe de construire des navires capables de suivre la route de l'Arctique, en contournant les voies du commerce international.

Le conflit en Ukraine n'est qu'un des scénarios d'une confrontation planétaire à multiples facettes, dont l'Europe reste étrangère, tout simplement parce qu'elle n'existe pas. Colonie des États-Unis, incapable de mener une politique commune et de défendre ses propres intérêts concrets, elle vit la dernière phase d'un déclin qui a commencé avec le carnage de la Première Guerre mondiale. Au retour de la grande politique - dont la guerre est parfois la continuation par d'autres moyens - nous sommes spectateurs et victimes d'un choc financier, économique, culturel et civilisationnel. Les absents ont toujours tort.

 

Bombes de vérité : comment les Etats-Unis ont mis la main sur l'Ukraine

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Bombes de vérité : comment les Etats-Unis ont mis la main sur l'Ukraine

par Fabio Mini

Source : Il Fatto quotidiano & https://www.ariannaeditrice.it/articoli/bombe-di-verita-cosi-gli-usa-hanno-messo-le-mani-sull-ucraina

Il y a quelques semaines, lors d'une apparition à la télévision américaine, la célèbre journaliste Lara Logan a lâché tant de "bombes de vérité" sur un public médusé que les présentateurs du programme ont dû supplier (sur des téléphones internes) pour une pause commerciale. Les "bombes" étaient en fait des choses que les soi-disant complotistes disaient au monde entier depuis longtemps, sauf aux Américains bien sûr.

Outre la rhétorique poutiniste, qui reflète la rhétorique anti-poutiniste, ce qui est étonnant, c'est la réaction du public: une avalanche de compliments pour les vérités non dites, quelques objections, de nombreuses expressions d'admiration pour le courage et tout autant de prières de la part de ceux qui craignent pour la vie de Lara.

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Lara Logan.

Même au pays de la liberté d'expression, si vous dites quelque chose qui dérange les pouvoirs en place, vous êtes mort. La tirade de Lara Logan est plus que cela: c'est un appel clair à la responsabilité du leadership américain dans ce qui se passe en Ukraine. Là-bas, la rhétorique des bons gars et des méchants voyous a explosé, tout comme au Vietnam, en Irak et en Afghanistan, mais pour les Américains qui se sont habitués à l'idée d'être les bons gars, c'est toujours une "découverte" saine mais traumatisante.

Rechercher des traces d'une implication directe des États-Unis dans cette guerre, présentée comme une question subalterne qui ne concerne que la Russie et l'Ukraine et tout au plus l'UE ou l'OTAN et la Russie, est moins difficile qu'il n'y paraît.

Les États-Unis sont présents en Ukraine depuis 1991 et n'en sont jamais repartis. Lorsque l'URSS s'est désintégrée, l'Ukraine s'est retrouvée avec le troisième arsenal nucléaire le plus puissant du monde, après les États-Unis et la Russie. Pas moins de 176 missiles intercontinentaux avec 1240 têtes nucléaires.

Plusieurs dizaines de bombardiers nucléaires stratégiques avec 600 missiles et bombes à gravité et 3000 dispositifs nucléaires tactiques. Les États-Unis et la Russie se sont mis d'accord sur une réduction de l'armement nucléaire et, avec l'idée que l'Ukraine serait toujours dans la sphère d'influence de la Russie, ont décidé d'éliminer tout l'armement nucléaire existant en Ukraine.

À partir de 1992, l'Ukraine a exploité la sensibilité de l'Occident à la question nucléaire et, jusqu'en 1994, elle a continué à gagner du temps et à marchander son adhésion au traité de non-prolifération et la ratification de START. Le démantèlement de chaque silo à missiles coûtait 1 million de dollars (à l'époque) et les États-Unis ont fourni 399,2 millions de dollars pour payer Bechtel Corp. afin de sous-traiter les travaux.

La dénucléarisation a été achevée, du moins sur le papier, en 1996, mais ce n'est qu'en 2000 que les bombardiers stratégiques ont été remis à la Russie en échange d'un allègement des dettes de gaz qui s'étaient accumulées. L'Ukraine a hérité d'environ 30 % de l'industrie militaire soviétique, qui représentait 50 à 60 % de toutes les entreprises ukrainiennes et employait 40 % de sa population active. L'armée ukrainienne a échangé des armes conventionnelles et signé des contrats avec des entreprises commerciales. Les premiers contrats de livraison d'armes à l'Iran, signés à la mi-1992, ont provoqué une réaction négative en Occident (surtout aux États-Unis). Depuis lors, l'Ukraine n'a cessé de produire des armes et de les vendre sur le marché noir à divers pays, toujours sous l'œil attentif des États-Unis, de la Russie et de leurs trafiquants et oligarques.

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Depuis la révolution orange de 2004, les États-Unis sont intervenus en Ukraine pour déstabiliser les relations avec la Russie. Les différentes tentatives se sont concrétisées dix ans plus tard avec les incidents de Maidan. L'ingérence est flagrante et il s'agit, en l'occurrence, de l'appel téléphonique de Victoria Nuland - "Fuck the EU !" - pour révéler qu'elle ne se contente pas de surveiller les événements, mais qu'elle assure une direction politique et opérationnelle. De 2014 à 2022, grâce aux sanctions et à l'aide militaire des États-Unis et de l'OTAN, l'armée a été restructurée, des milices paramilitaires ont été équipées et entraînées, et des laboratoires de recherche biologique ont été installés par des entreprises américaines. Dans une tentative grotesque de faire passer la question des laboratoires pour des fake news, l'équipe Vox Check écrit: "Des laboratoires biologiques américains secrets en Ukraine? Un mythe de la propagande russe. Rien ne prouve qu'il y en ait... Cependant, il existe une coopération entre les institutions ukrainiennes et américaines. Depuis 2005, les États-Unis ont aidé à moderniser les laboratoires ukrainiens, à mener des recherches et à améliorer la sécurité pour prévenir les épidémies de maladies infectieuses dangereuses par le biais du programme de réduction des menaces biologiques. Pendant toute la période de coopération, les États-Unis ont investi environ 200 millions de dollars dans le développement de 46 laboratoires et institutions médicales en Ukraine. Ces institutions ne sont pas impliquées dans le développement d'armes chimiques ou biologiques".

Et en effet, comme la mutuelle ukrainienne ne s'occupe pas de vaccins mais d'agents pathogènes à haut risque, l'Organisation mondiale de la santé a conseillé à l'Ukraine, le 11 mars dernier (source : Reuters), de détruire ces agents hébergés dans les laboratoires de santé publique du pays afin d'éviter "toute fuite potentielle" qui propagerait des maladies au sein de la population.

Mais la question est que "au contraire, les États-Unis ont lancé un programme visant à empêcher le développement de telles armes. L'Union soviétique avait son propre programme d'armes biologiques. Après l'effondrement, des matières biologiques dangereuses sont restées sur le territoire de l'Ukraine. Le programme américain vise à garantir que ces matériaux ne soient pas volés ou utilisés à des fins autres que la recherche. Jusqu'en 2014, le programme s'étendait également aux laboratoires russes".

Cependant, ces matériaux laissés par l'URSS soulèvent la question d'autres matériaux soviétiques en Ukraine. L'URSS disposait d'un stock de près de 40.000 tonnes d'agents chimiques neurotoxiques, vésicants et suffocants. Selon certains rapports, le stock total a dépassé 50.000 tonnes, avec un stock supplémentaire de 32.300 tonnes d'agents phosphorés. Quelle proportion de ce stock est restée en Ukraine?

Officiellement aucune, mais si les armes biologiques sont laissées, pourquoi ne pas laisser aussi les armes chimiques que la Russie et les États-Unis possèdent encore?

Les traces des États-Unis en Ukraine sont également présentes ici, ne serait-ce que parce qu'elles savent exactement où elles ont abouti. Si l'on devait mesurer l'implication américaine par le nombre de soldats américains sur le terrain, on peut se limiter à compter les soi-disant volontaires parmi les combattants et les contractants étrangers. Le président Zelensky a parlé d'environ 20.000 volontaires du monde entier (y compris des États-Unis).

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La "légion internationale" a été intégrée aux forces de défense de l'Ukraine, afin de ne pas tomber dans un vide juridique sur le statut des mercenaires. En fait, nombre d'entre eux sont payés avec des fonds donnés par les États-Unis et l'Europe, ainsi que par des "particuliers". Le commandant de la Légion géorgienne, M. Mamulashvili, procède depuis avril 2014 au recrutement et à la formation de bataillons composés de professionnels, principalement américains et britanniques. Eante a personnellement dirigé ses bataillons contre les Russes à l'aéroport d'Hostomel, dans la région de Kiev. Si l'on veut ensuite examiner le rôle des États-Unis dans la question ukrainienne à quelques pas de la frontière, on peut en déduire que la "défense" de l'OTAN est peu défensive et très provocatrice. Le Pentagone a repositionné ses troupes avant l'invasion russe. Les 160 hommes de la Garde nationale de Floride (instructeurs) ont été retirés d'Ukraine. Sur les quelque 40.000 soldats américains présents en Allemagne, plusieurs milliers ont été déployés dans les pays voisins de l'OTAN. L'OTAN a déployé 5000 soldats depuis 2014 dans les États baltes et les États-Unis ont envoyé 5000 autres soldats en Allemagne.

La présence américaine dans la cyberguerre est également ancienne. La dernière attaque russe contre le réseau ukrainien de contrôle de l'électricité (8 avril) a été miraculeusement évitée grâce à Microsoft et à la société slovaque Eset. Le collectif Anonymous a attaqué à plusieurs reprises la Russie et s'est entièrement rangé du côté de l'Ukraine. L'origine des membres éphémères du collectif est des plus variées et offre diverses possibilités aux agents de la cyberguerre de se déguiser derrière cette marque. La même opportunité est offerte aux sites anti-russes comme RURansom Wiper et à des dizaines d'autres plateformes formelles et informelles. Les grandes entreprises américaines sont toutes présentes en Ukraine et boycottent et censurent toute communication "indésirable". Il s'agit d'activités collatérales mais importantes.

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Cependant, l'implication la plus importante se situe avec et derrière l'envoi de fonds et d'armes. Le président Biden a porté la contribution américaine à 1 milliard de dollars en une semaine et à 2 milliards de dollars depuis son entrée en fonction. Les nouvelles armes envoyées comprennent des missiles Stinger (800), des missiles Javelin (2000) et des systèmes antichars (6000). Le transfert de véhicules blindés, de technologies et de drones d'autres pays vers l'Ukraine a été autorisé. Beaucoup de ces systèmes ont également besoin de leurs opérateurs et ceux-ci sont normalement fournis par des sociétés militaires privées, qui continuent à recruter du personnel spécialisé.

Avec tout cela, seul un pays délibérément laissé dans l'ignorance peut encore penser qu'il n'est pas impliqué et peut avoir une Pâques paisible.

Après la conquête de la mer d'Azov

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Après la conquête de la mer d'Azov

par Federico Dezzani

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/dopo-la-conquista-del-mare-di-azov & Federico Dezzani

Au 57e jour de la guerre russo-ukrainienne, le ministère russe de la Défense a annoncé la conquête de la ville de Marioupol. Il est temps d'analyser comment la campagne militaire a évolué au cours des deux derniers mois, comment elle pourrait évoluer dans un avenir proche et, surtout, quelles seront ses répercussions internationales: il est de plus en plus évident que les puissances anglo-saxonnes veulent utiliser le conflit pour affaiblir la Russie et, en même temps, déstabiliser l'Allemagne et l'Italie.

Une guerre par procuration tous azimuts

Un peu moins de deux mois après le début des hostilités russo-ukrainiennes, le ministère russe de la Défense a annoncé la conquête de la ville de Marioupol, qui compte environ 400.000 âmeset est située sur le littoral de la mer d'Azov: seul le grand complexe sidérurgique, qui fait partie du kombinat de l'acier construit dans le Donbass dans les années 1930, reste encore aux mains des troupes ukrainiennes désormais clairsemées, mais sa chute est une question de temps. La Russie a donc obtenu un premier résultat stratégique tangible: elle a recréé un pont terrestre avec la péninsule de Crimée (annexée en 2014) et transformé la mer d'Azov en un lac intérieur. Les frontières russes sont donc revenues, sur le front sud, à la conformation de la première moitié du XVIIIe siècle, lorsque l'empire tsariste a réussi à arracher la mer d'Azov aux Turcs et à entrer dans les mers chaudes.

Il est particulièrement utile de reconstituer comment la Russie est parvenue à ce résultat en l'espace de deux mois. Dans notre analyse effectuée au "jour -1", nous avions supposé une campagne militaire de grande envergure, d'une durée de 30 à 40 jours, qui conduirait les Russes jusqu'au Dniepr et à partir Odessa jusqu'au Dniestr. Les faits montrent toutefois que cette option, une campagne militaire de grande envergure sur le territoire ukrainien, n'a jamais été envisagée par les stratèges russes qui pensaient à tort pouvoir se limiter à une "opération militaire spéciale" aux fins éminemment politiques, à savoir le renversement du gouvernement Zelensky et l'avènement d'une junte militaire qui rétablirait la coopération traditionnelle entre la Russie et l'Ukraine. Appeler les opérations qui ont duré du 25 février au 31 mars la "bataille de Kiev" est erroné: on peut tout au plus parler d'une "intimidation de Kiev", car les Russes n'ont jamais envisagé de conquérir la ville dans cette phase de la guerre. La "première phase" de la campagne militaire peut être résumée par l'appel lancé par Poutine aux militaires ukrainiens le 26 février 2022 pour qu'ils prennent le pouvoir et se débarrassent de la "bande de drogués et de néonazis", facilitant ainsi le début des négociations.karte-meerenge-von-kertsch.jpg

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Ces calculs se sont révélés erronés, car Moscou a sous-estimé le degré de pénétration des puissances anglo-saxonnes dans l'appareil ukrainien: en huit ans (le temps écoulé entre la révolution colorée de 2014 et aujourd'hui), Londres et Washington ont eu les moyens de s'insinuer jusque dans le coin le plus caché de l'État et de l'armée ukrainiens, éliminant les éléments qui auraient pu accepter l'appel de Poutine et renverser Zelensky. À ce moment-là, les Russes se sont retrouvés dans une position militaire aussi inconfortable qu'improductive: une tête de pont autour de Kiev, alimentée avec de grandes difficultés logistiques par la Biélorussie et exposée à la guérilla des nationalistes ukrainiens. Tant qu'il y avait la possibilité d'un règlement politique du conflit (les négociations tenues en Biélorussie puis en Turquie), les Russes sont restés aux portes de Kiev. Une fois ce scénario écarté, ils se sont retirés en bon ordre du nord de l'Ukraine pour poursuivre des objectifs militaires plus concrets dans le sud-est de l'Ukraine: c'est la "phase deux", annoncée dans les derniers jours de mars. La nomination du général Aleksandr Dvornikov, déjà en charge des opérations militaires en Syrie, comme commandant unique du front ukrainien, annoncée le 9 avril, peut être considérée comme le tournant de la campagne, qui prend de moins en moins de connotations politiques et de plus en plus de connotations militaires. Il convient toutefois de noter que deux mois après l'ouverture du conflit, la Russie ne s'était pas encore lancée dans la destruction systématique des infrastructures ukrainiennes, qui, si une approche purement militaire avait été suivie, aurait dû avoir lieu dès les premières heures de la campagne.

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La conquête de Mariupol (avec ses aciéries, photo ci-dessus) annoncée le 21 avril, avec le déploiement consécutif des troupes engagées dans la ville, devrait être le prodrome de la déjà célèbre "bataille du Donbass", dont les Russes ont jeté les bases en conquérant, le 24 mars, le saillant d'Izyum: sur le papier, elle se préfigure ainsi comme une grande tenaille qui, partant du nord et du sud, devrait se refermer sur la ville de Kramatosk. Les avantages que pourraient obtenir les Russes seraient multiples: la destruction de l'armée ukrainienne concentrée depuis le début des hostilités dans le Donbass (estimée à environ 40.000-60.000 unités) et l'affinement des futures frontières, de manière à rendre compacte la région à annexer à la Russie. Quoi qu'il en soit, même en cas de défaite sévère de l'armée ukrainienne, il est peu probable que la "bataille du Donbass" marque la fin des hostilités.

Les puissances anglo-saxonnes ont intérêt à prolonger le conflit le plus longtemps possible et, à cette fin, s'apprêtent à déverser de plus en plus d'armes en Ukraine pour alimenter la "résistance". Le Royaume-Uni, en particulier, qui joue un rôle de premier plan en Ukraine, comme en témoigne le voyage de Johnson à Kiev le 9 avril, a promis d'envoyer des instructeurs, de l'artillerie, des missiles anti-navires Harpoon et même des véhicules blindés pour transporter les systèmes anti-aériens Starstreak. Cet activisme britannique s'explique par le fait que dans la "troisième guerre mondiale" menée par les puissances anglo-saxonnes contre les puissances continentales pour le contrôle du Rimland, le quadrant européen de l'Eurasie a été mis entre les mains de Londres, tandis que Washington et Canberra doivent se concentrer sur le Pacifique et la Chine.

Qu'est-ce que les puissances anglo-saxonnes espèrent gagner en prolongeant jusqu'au bout la guerre en Ukraine, à créer une nouvelle "Syrie" au cœur de l'Europe? Comme nous l'avons souligné à plusieurs reprises dans nos analyses, toute compréhension géopolitique des événements actuels doit englober l'Eurasie dans son ensemble et donc l'axe horizontal Chine-Russie-Allemagne (avec ses nombreuses branches verticales en Birmanie, au Pakistan, en Iran, en Italie, etc.). En prolongeant le conflit pour au moins toute l'année 2022, en jetant de plus en plus d'armes létales sur le théâtre ukrainien, les puissances maritimes anglo-saxonnes espèrent :

- affaiblir davantage la Russie, de manière à rendre possible la chute de Poutine et la relocalisation stratégique du pays dans une fonction anti-chinoise (ou du moins la disparition de la Russie en tant que facteur de puissance, dans le sillage d'une crise politique et d'un effondrement socio-économique) ;

- mener à bien la déstabilisation de l'Europe, en mettant un accent particulier sur l'Allemagne et l'Italie.

A plusieurs reprises, en effet, il a été souligné que les objectifs anglo-saxons de la guerre en Ukraine se situaient sur deux fronts: le russe et l'allemand. Les invectives de plus en plus violentes de Zelensky à l'encontre des dirigeants allemands, coupables de ne pas fournir suffisamment d'armes et de faire obstacle à l'embargo total sur la Russie, illustrent bien ce phénomène. En exacerbant le conflit en Ukraine et en le faisant traîner jusqu'à l'automne prochain, les Anglo-Américains espèrent imposer le blocus convoité sur les approvisionnements énergétiques en provenance de Russie, plongeant ainsi l'Allemagne et l'Italie, qui sont les plus dépendantes du gaz russe, dans une récession économique grave et prolongée. À ce moment-là, l'"axe médian" de l'Europe, qui a son prolongement naturel en Algérie et qui tend naturellement à converger vers la Russie et la Chine, serait jeté dans le chaos ou, du moins, sérieusement affaibli, également parce que les Anglo-Saxons travaillent activement à faire de la terre brûlée partout où les Italiens et les Allemands peuvent s'approvisionner, en Libye comme en Angola. Chaque missile Starstreak envoyé par les Britanniques en Ukraine est un missile visant à laisser l'Allemagne et l'Italie sans énergie: tout porte à croire que l'automne 2022 sera l'un des plus difficiles de mémoire d'homme.