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lundi, 27 décembre 2021

Gougenot et l’avènement apocalyptique du mondialisme totalitaire (1865)

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Gougenot et l’avènement apocalyptique du mondialisme totalitaire (1865)

par Nicolas Bonnal

La mise en place du mondialisme technologique évoque bien sûr l’apocalypse. Même sans être de culture juive ou chrétienne, on peut comprendre (même le chien Ran-Tan-Plan) qu’il se passe quelque chose d’abominable en ce moment à mi-chemin entre le contrôle et l’extermination.

Le penseur Gougenot des Mousseaux publie en 1865 un livre sur les démons. Ce fanatique chrétien comme on dirait aujourd’hui se rapproche du Dostoïevski théologien de la Fin que j’ai évoqué dans plusieurs textes et pour finir dans mon livre sur lui et la modernité occidentale (voyez les Démons, les Karamazov et le fastueux rêve final de Raskolnikoff). Une minorité folle va terrasser, réduire et dominer un troupeau sans âme et sans défense. Nous y sommes.

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Dans son dernier chapitre Gougenot (ancien camérier de Charles X, dernier roi sacré) évoque l’avènement antéchristique qu’il relie aux temps modernes : socialisme, industrie, presse, fin des religions, mondialisation. Voyez aussi sur cette question mon texte sur Chateaubriand et la mondialisation. Gougenot :

« Le premier, le plus inconcevable de tous les miracles, ce serait que tant de peuples ennemis, que tant de nations acharnées de si longue date les unes contre les autres, ouvrissent enfin leur âme, pour la laisser pacifiquement s'épanouir aux rayons d'une même et nouvelle religion, représentée par un seul et même monarque. »

Gougenot évoque même comme le dément Stolz une fédération mondiale à venir :

« Existe-t-il, peut-il exister un moyen de rallier et d'unir  en un seul corps politique, en une seule et unique fédération la grande et immense masse des peuples ; une masse qui, par elle-même et par son irrésistible prépondérance, entraînerait en quelque sorte la totalité du genre humain ? »

Il évoque un catholicisme à l’envers :

« Mais où chercher encore, où trouver la cause puissante, la cause génératrice de cette même et unique croyance, de ce catholicisme à l'envers, par lequel il s'agit de révolutionner et de passionner, en le propageant d'un bout à l'autre du monde social, le cœur de nos semblables? Où donc? ».

L’Antéchrist se rapproche ; l’homme moderne arrive, celui des réseaux et de l’électricité, celui des « fluides » comme dit Gougenot (Nerval y fait allusion aussi dans Aurélia, voyez mon livre sur Internet) :

« Dans ces conditions si simples, et auxquelles les prophéties, d'accord avec les événements, semblent nous préparer, l'Antéchrist, « l'homme des fluides » , selon l'expression prophétique de l'hérésiarque Vintras, serait tout uniment l'Homme-RévoIution et pouvoir, l'homme spirite ou pythonisé, l'Homme-Démon, le Verbe de l'Enfer, celui qui briserait et charmerait les peuples, en donnant à la pensée de propagande qui doit réaliser ses plans l'unité nécessaire pour en assurer le règne sur la terre. »

Gougenot évoque une conspiration révolutionnaire, machine à détruire régimes (sauf républicains…) et nations. Le monde multipolaire n’est pour demain (lisez Laurence Guillon pour comprendre ce qui se passe en Russie – quant à ceux qui voient dans la Chine une alternative…) :

« La conspiration pousse encore à la destruction des divers empires et royaumes par les principes nouveaux qu'elle proclame et qu'elle travaille de toutes ses forces à faire prévaloir partout. Déjà elle a mis le trouble dans plusieurs; elle y a excité des révoltes et des révolutions… ».

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Le mythe de la fraternité crée le totalitarisme global :

« Et comme ce caractère de fraternité ou d'humanité est identique partout et pour tous les hommes, il s'en suit qu'une seule et même législation, un seul et même gouvernement, doivent être à la fin admis pour répondre aux droits de la fraternité et de l'humanité. »

Comme Joly dans un texte célèbre, notre auteur évoque le rôle des sociétés secrètes (en fait elles ne l’ont jamais été): « sur quoi, il faut savoir que les sociétés secrètes, organisées depuis un siècle dans toutes les parties de l'Europe, ou plutôt dans le monde entier, sous divers noms et sous diverses formes sont le vrai foyer où fermentent tous ces projets détestables, et d'où part le mouvement, la force d'agression qui s'attaque ensemble et à l'Église et aux puissances temporelles… ».

Gougenot précise ensuite les actions de l’Antéchrist –il est lié au monstre froid de Nietzsche, j’ai nommé l’Etat :

« Le socialisme, aboutissant au communisme, est la doctrine antisociale qui tend et aboutit à faire de l'État le maître absolu de toutes choses, c'est-à-dire des personnes et des biens, des corps et des âmes. Or, l'Antéchrist se présentant comme l'apôtre et le chef de cette œuvre de fausse et détestable charité, comme le propagateur et le soutien de ce plan de fraternité cosmopolite et démoniaque, il deviendra la personnification parfaite de ce régime, dont la réalisation se complétera sous son sceptre. Préparé de longue main déjà par les essais révolutionnaires, par l'énormité croissante des charges, par ce principe monstrueux dont retentirent, sous le dernier règne, les échos de la tribune législative… »

Cet antéchrist est séducteur et comédien :

« Et personne ne se rencontrera qui se hasarde à contester à ce bateleur couronné, à ce terrible et prodigieux comédien, à ce séducteur des foules, ces excès de bon plaisir sévissant sous la Corme hypocrite des droits et des intérêts de tous ! »

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On a droit comme avec Schwab et Davos à l’abolition de la propriété privée :

« Les propriétaires, graduellement courbés et accablés sous un joug impitoyable et intolérable de charges et d'impôts, solliciteront alors, comme un moyen de s'exonérer et de vivre en paix, la faveur de passer à l'état de fermiers ou de tenanciers. Et selon son caprice ou ses intérêts, il expulsera les uns et acceptera les autres, tenant à la fois les hommes par la terre et la terre par les hommes.

Le nom de propriétaire aura péri; il n'y aura, dès lors, ni classes élevées, ni classes inférieures; il n'y aura ni pauvres, ni riches, ni petits, ni grands, si ce n'est ceux qu'il lui plaira de combler et d'élever autant que durera son caprice. »

Comme s’il prévoyait l’ordinateur et son clavier, Gougenot voit un « clavecin révolutionnaire » qui sera l’expression et l’instrument (cf. Thalès, Microsoft, Cisco, Google, Apple, etc.) de cette monstruosité totalitaire – et il cite le fameux passage de Saint Jean :

« Un clavier du plus implacable niveau représentera la société tout entière, chaque touche de ce clavecin révolutionnaire, s'élevant et s'abaissant au gré du maître, et sous le mouvement de ses doigts. C'est ce degré d'égalité dans l'abaissement que nous peignent, avec une prophétique énergie, les paroles littéralement véridiques de saint Jean : « Nul ne pourra plus acheter ni vendre sans la permission de la bête, et sans l'exhibition de son signe ! »

Les religions seront tuées. On le voit maintenant (cf. les « grands travaux » de Notre-Dame) avec l’indifférence du troupeau hébété :

« Tenant à la fois en mains tous les fils de sa trame, l'Antéchrist détruira, chemin faisant, toute religion, tout culte, excepté celui de sa personne… »

Les résistants seront liquidés :

« Car ses images, universalisant sa présence, sueront le miracle, et le dragon de l'abîme, le démon du spiritisme les animant, elles parleront, elles feront entendre la parole de celui qu'elles représentent. Et qui ne leur obéira point, qui ne les adorera point sera mis à mort !... Et quiconque n'observera point sa loi, quiconque ne s'assujettira pas à tenir pour bon et pour mauvais ce que ce monstre aura décrété bon ou mauvais sera coupable, et devra mourir. »

L’humanité deviendra le troupeau dont rêve Platon, troupeau que voit arriver Vance Packard étudié ici :

« Les mariages, ne seront, sous sa loi, que des unions de passage entre individus de sexes différents. Il en imposera le devoir, afin de pourvoir à la conservation de l'espèce; mais il les dissoudra selon son caprice, selon le vœu de quelque nouvel intérêt. Seul maître et seul éducateur des enfants procréés sous le jeu de ce vaste système de prostitution, il se proposera pour but d'anéantir toutes les traditions de la famille; et sa république réalisera, quant aux mariages, mais en les dépassant, les cyniques beautés de la république de Platon. »

Le troupeau sera marqué au signe de la bête (au code QR donc) en attendant mieux:

« Et ne nous récrions point contre cette expression d'éleveur qui doit nous sembler si grossière; car les hommes, sous ce néfaste empire, ne formeront, à la lettre, qu'un immense troupeau dont chaque tête se verra marquer au signe de la bête 2. »

Tout cela est lié au progrès de la technologie de la communication. A l’époque on a le télégraphe pour créer la Babel mondialiste:

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« Voyez le fil électrisé du télégraphe s'emparant de la pensée pour lui donner le vol de l'éclair! Chaque jour donc, les relations de peuple à peuple, en se multipliant, se simplifient!... et, déjà, deux ou trois langues, élevées à la hauteur de langues universelles par le vœu de la littérature et des affaires commerciales, offrent au prix de faciles études les clefs de toute intelligence humaine! Le libre-échange de la pensée, que Babel avait interrompu, et qui prépare l'unisson de la pensée, semble donc poindre et précéder le libre-échange de toits les biens de la terre, ce principe devant lequel, poussé par l'esprit aventurier du commerce, l'économiste moderne veut que s'effacent toute frontière et toute nationalité. »

Le patriotisme sera à exterminer :

«  Car le patriotisme, déjà, n'est plus qu'insigne étroitesse d'esprit et de cœur pour les vrais libéraux du progrès, pour ceux que décore le titre de cosmopolites, ces prochains dominateurs de l'opinion… »

Pauvres Zemmour, Marine, Florian et Asselineau ! Ils ont face à eux l’Antéchrist en personne, le tueur des nations !

On aura un César mondial :

« …et bientôt, du fond de son palais, un seul maître, un César, dieu, pontife et monarque, la main sur le fil électrique, pourra dater ses décrets, je ne sais d'où, sera-ce de Paris, de Moscou, je veux dire de Constantinople, de Rome ou d'ailleurs ? »

Sa Majesté du Pouvoir Humanitaire (belle expression) poursuivra de sa haine tous les résistants :

« Faites périr, effacez de la liste des vivants tel homme, telle famille, ou telle secte, qui semble méconnaître en ma personne la Majesté du Pouvoir humanitaire. Quelques minutes après, le fil du télégraphe, obéissant, apportera cette réponse : Sire, vous avez dit, et votre parole, — ainsi que doit être — a fait la loi ! bénie soit-elle : l'ordre règne. »

A la même époque (simple rappel) le frère Jules Verne et le frère Ulysse S. Grant célèbrent cette rapide unification électrique et politique du monde.

Frères qui nous présentent aujourd’hui l’addition salée…

Sources :

https://archive.org/details/mursetpratiquesd00goug_0

https://reseauinternational.net/le-president-grant-et-la-...

https://reseauinternational.net/dostoievski-et-la-prophet...

https://www.amazon.fr/Dosto%C3%AFevski-modernit%C3%A9-occ...

https://www.dedefensa.org/article/maurice-joly-et-le-gouv...

https://nouveau-monde.ca/bientot-le-portefeuille-didentit...

https://fr.wikipedia.org/wiki/Roger_Gougenot_des_Mousseaux

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Israel Lira - Critique épistémologique de l'"Ur-Fascisme" d'Umberto Eco

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Critique épistémologique de l'"Ur-Fascisme" d'Umberto Eco

par Israël Lira (2017)

Ex: https://legio-victrix.blogspot.com/2021/01/israel-lira-critica-epistemologica-ao.html?fbclid=IwAR38npV79Y-qXvC19qMq0ICJdazVy8-XX-_xYOFJqilg83z6rfjMXrvVEck

"On remarque que, tel qu'il est utilisé, le mot "fascisme" n'a presque aucune signification. Dans la conversation, il est utilisé de manière encore plus insensée que dans la presse. D'après ce que j'ai entendu, elle s'applique aux agriculteurs, aux commerçants, au crédit social, aux châtiments corporels, à la chasse au renard, à la tauromachie, au comité de 1922, au comité de 1941, à Kipling, à Gandhi, à Chang Kai-Shek, à l'homosexualité, aux programmes de Priestley, aux auberges de jeunesse, à l'astrologie... aux femmes, aux chiens et à je ne sais quoi d'autre" [1]. Une citation orwellienne qui est plus pertinente aujourd'hui que jamais, car face à l'instabilité de la région, s'il semble y avoir plus de fascistes qu'à l'époque de la montée du fascisme, eh bien c'est parce que le terme a déjà été complètement vidé de son contenu.

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Umberto Eco, l'écrivain et philosophe italien, n'est certainement pas le genre de personne qui abandonne son objectivité juste pour soutenir un système de pensée ; au contraire, il s'est toujours caractérisé par sa grande sagesse sur de nombreux sujets, surtout lorsqu'il s'agit de sémiotique [2]. Sans préjudice de cela, et en hommage à l'amicus plato sed magis amicas est veritas [3], on ne peut manquer de remarquer que, concernant ses thèses traitant de la phénoménologie fasciste, et bien qu'elles ne manquent pas de révéler des positions intéressantes qui nécessiteraient un plus grand contraste empirique - en raison du manque général d'intérêt pour l'investigation objective du sujet - il y a certaines déficiences qui diminuent l'objectivité du discours d'Eco, ceci dans le cadre d'une critique strictement encadrée par l'épistémologie.

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Eco, dans son œuvre Cinq questions de morale, nous présente une partie orientée vers l'analyse de ce qu'il considère comme les caractéristiques essentielles et imperturbables d'un concept de fascisme, dans laquelle il expose ses 14 points :

"Le terme "fascisme" convient à tout, car il est possible d'éliminer d'un régime fasciste un ou plusieurs aspects, et on peut toujours le reconnaître comme fasciste. Si l'on retire l'impérialisme du fascisme, on obtient Franco ou Salazar ; si l'on retire le colonialisme, on obtient le fascisme des Balkans. Ajoutez au fascisme italien un anticapitalisme radical (qui n'a jamais fasciné Mussolini) et vous avez Ezra Pound. Ajoutez le culte de la mythologie celtique et du mysticisme du Graal (complètement étranger au fascisme officiel) et vous obtenez l'un des gourous fascistes les plus respectés, Julius Evola. Malgré cette confusion, je pense qu'il est possible d'indiquer une liste de caractéristiques typiques de ce que j'aimerais appeler "Ur-Fascisme", ou "fascisme éternel". Ces caractéristiques ne peuvent être encadrées dans un seul système ; beaucoup se contredisent et sont typiques d'autres formes de despotisme ou de fanatisme, mais il suffit que l'une d'entre elles soit présente pour que se coagule une nébuleuse fasciste.

1. La première caractéristique d'un Ur-Fascisme est le culte de la tradition. (...) En conséquence, il ne peut y avoir de progrès de la connaissance. La vérité a été annoncée une fois pour toutes, et la seule chose que nous pouvons faire est de continuer à interpréter son message obscur.

2. Le traditionalisme implique le rejet du modernisme. (...) Le rejet du monde moderne était camouflé en une condamnation du mode de vie capitaliste, mais il s'agissait surtout du rejet de l'esprit de 1789 (ou 1776, évidemment). Les Lumières, l'âge de la raison, sont considérées comme le début de la dépravation moderne. Dans ce sens, l'Ur-Fascisme peut être défini comme un "irrationalisme".

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3. L'irrationalisme repose également sur le culte de l'action pour l'action. L'action est belle en soi, et il faut donc agir d'abord, sans aucune réflexion. Penser est une forme de castration. C'est pourquoi la culture est suspecte dans la mesure où elle est identifiée à des attitudes critiques.

4. (...) Pour l'Ur-Fascisme, la dissidence est une trahison.

5. Le désaccord est également un signe de diversité. L'Ur-Fascisme se développe et cherche le consensus en exploitant et en exacerbant la peur naturelle de la différence. Le premier appel d'un mouvement fasciste, ou prématurément fasciste, est contre les intrus. L'Ur-Fascisme est donc raciste par définition.

6. L'Ur-Fascisme naît d'une frustration individuelle ou sociale. Cela explique pourquoi l'un des traits typiques des fascismes historiques a été l'appel aux classes moyennes frustrées, découragées par une crise économique ou une humiliation politique, effrayées par la pression des groupes sociaux subalternes.

7. (...) la racine de la psychologie Ur-Fasciste réside dans l'obsession du complot, éventuellement international. Les sbires doivent se sentir assiégés. Le moyen le plus simple de faire apparaître un complot est de faire appel à la xénophobie.

8. Les hommes de main doivent se sentir humiliés par la richesse et la force ostentatoires des ennemis. (...) les ennemis sont simultanément très forts et très faibles.

9. Pour l'Ur-Fascisme, il n'y a pas de lutte pour la vie, mais "la vie pour la lutte". Le pacifisme est alors une connivence avec l'ennemi ; le pacifisme est mauvais car la vie est une guerre permanente.

10. L'élitisme est un aspect typique de toute idéologie réactionnaire, en ce sens qu'elle est fondamentalement aristocratique. Tout au long de l'histoire, tout élitisme aristocratique et militariste a impliqué le mépris des faibles. L'Ur-Fascisme ne peut éviter de prêcher un élitisme populaire.

11. Dans cette perspective, tout le monde est éduqué pour devenir un héros. (...) Ce culte de l'héroïsme est étroitement lié au culte de la mort... (...).

12. La guerre permanente et l'héroïsme étant des jeux difficiles à jouer, l'Ur-Fasciste transfère sa volonté de puissance sur les questions sexuelles. C'est l'origine du machisme (qui implique le mépris des femmes et une condamnation intolérante des mœurs sexuelles non-conformistes, de la chasteté à l'homosexualité).

13. L'Ur-Fascisme est basé sur un populisme qualitatif. (...) Pour l'Ur-Fascisme, les individus en tant que personnes n'ont aucun droit, et le peuple est conçu comme une qualité, une entité monolithique exprimant la volonté commune.

14. L'Ur-Fascisme parle la Novilangue. La novlangue a été inventée par Orwell dans 1984 comme la langue officielle de l'Ingsoc, le socialisme anglais, mais des éléments de l'Ur-Fascisme sont communs à diverses formes de dictature. Tous les textes scolaires nazis ou fascistes étaient basés sur un lexique pauvre et une syntaxe élémentaire afin de limiter les outils de raisonnement complexe et critique. Mais nous devrions être prêts à identifier d'autres formes de novlangue, même lorsqu'elles prennent la forme innocente d'une émission de télé-réalité populaire" [4].

Cependant, les 14 hypothèses d'Eco semblent n'être qu'une liste exhaustive des aspects négatifs, - dans la forme où elles sont exposées, elles ressemblent presque à des apothéismes - caractéristiques d'une étape antérieure à celle d'une théorisation scientifique, puisqu'elles n'ont pas été mises en contraste avec les aspects positifs du fascisme, car en ne l'affirmant pas, on pécherait en biaisant les variables au détriment d'une vision objective, puisqu'il faut peser les aspects positifs et négatifs pour porter un jugement scientifique, qui nous permettra de tirer des conclusions sur les caractéristiques essentielles d'un phénomène ou d'un fait recherché ou étudié : "Pour combattre [5] le fascisme, il faut le comprendre, ce qui implique de reconnaître qu'il contient certaines bonnes choses ainsi que de nombreuses mauvaises" [6] ; ce parti pris d'Eco est encore plus évident lorsque George Orwell [7], antifasciste convaincu, fait preuve d'une plus grande objectivité que son homologue italien dans son traitement du sujet, puisque certaines des affirmations qu'Eco prend pour acquises - dans ses 14 points, et même dans une logique pars pro toto - indiquent qu'un de ces 14 points suffit à configurer le concept, nous conduisant à un anarchisme sémantique dans lequel tout ce qui tombe dans l'un de ces 14 points est fasciste - dans une approche orwellienne, ces 14 points ne seraient pas entièrement corrects, ce qui sape l'objectivité de l'argument d'Eco, sans lui enlever sa potentialité en tant que contre-pied empirique ultérieur :

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"De toutes les questions en suspens de notre époque, la plus importante est peut-être : qu'est-ce que le fascisme ? L'une des organisations qui réalisent des études sociologiques aux États-Unis a récemment interrogé une centaine de personnes à ce sujet et a obtenu des réponses allant de la "démocratie pure" au "diabolisme pur". Dans ce pays, si vous demandez à l'homme de réflexion moyen de définir le fascisme, il répond généralement en donnant l'exemple des régimes qui ont régné jadis en Allemagne et en Italie. Mais ce n'est pas satisfaisant, car même les grands États fascistes diffèrent grandement en termes de structure et d'idéologie. Il n'est pas facile, par exemple, d'inclure l'Allemagne et le Japon dans le même schéma, et il est encore plus difficile d'y inclure certains des petits États qui peuvent être décrits comme fascistes. On suppose, par exemple, que le fascisme est intrinsèquement belliciste, qu'il s'épanouit dans une atmosphère d'hystérie guerrière et qu'il ne peut résoudre ses problèmes économiques qu'en dépensant pour préparer des guerres ou conquérir des pays étrangers. Mais cela est clairement faux si l'on prend l'exemple du Portugal ou des différentes dictatures d'Amérique du Sud. Ou d'un autre côté, l'antisémitisme est censé être l'un des signes distinctifs du fascisme ; mais certains mouvements fascistes ne sont pas antisémites" [8].

De ce qui a été dit, on peut conclure que ces caractéristiques d'un fascisme éternel exposées par Eco dans ses 14 points, ne sont pas en accord avec la téléologie de la même re-signification qu'Eco a cherché à soutenir, de sorte que nous serions face à une incohérence apparente, puisque le concept ne serait pas fidèle à son fondement (Bunge, 2009), en cela, le concept d'Ur-Fascisme, serait sans rapport avec son fondement dans des caractéristiques qui ne se produisent tout simplement pas - en général -, ou ne se produisent pas dans tous les fascismes, comme Orwell l'a mentionné, concernant le bellicisme inhérent, l'appel aux classes frustrées, la xénophobie et l'antisémitisme. Étant donné que, pour ces raisons, le fascisme éternel d'Eco ne serait pas configuré comme une théorie scientifique sur la phénoménologie fasciste, mais simplement comme un ensemble d'hypothèses lâches qui n'ont pas atteint un degré de théorisation, nécessaire pour traiter le phénomène que l'on essaie d'expliquer d'une manière objective: "(...) au-delà des détails historiques du fascisme, il y a quelque chose d'éternel. L'écrivain italien Umberto Eco l'a appelé "Ur-Fascisme", ce qui signifie "primitif" ou "original". Malheureusement, ses "quatorze points" irréguliers étaient trop axés sur le totalitarisme descendant des grands dictateurs fascistes et de leurs collaborateurs. Leur "Ur-Fascisme" n'était pas assez "primitif". Ce n'était pas du tout "éternel" [10].

Pourtant, il vaut la peine de sauver des enfermements conceptuels d'Eco, la vérité qu'il a réellement essayé de présenter et qu'il n'a pas réussi à systématiser - étant donné les limites de son expertise académique - et qui est de rechercher l'essence même du fascisme, de ce fascisme primitif et original, de ce fascisme vraiment éternel.

"La plupart des gens associent les "maux" du fascisme à une institution bureaucratique descendante, mais pour moi les fasces semblent symboliser une idée ascendante"[11].

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Dans le faisceau de fasces ou fascio littorio, on trouve l'essence même du fascisme le plus primitif :

 "Les bâtons du fasces représentent la force et l'autorité d'un collectif uni. C'est leur attrait "primitif". La véritable unité tribale ne peut être imposée d'en haut. Il s'agit d'un phénomène organique. L'unité profonde vient d'hommes liés par un ruban rouge de sang. Le sang de la nécessité catastrophique qui lie la bande des frères devient le sang de l'héritage et du devoir qui lie la famille, la tribu, la nation. Les fasces captent l'imagination humaine car ils semblent symboliser la volonté unifiée des hommes. Les hommes préfèrent croire qu'ils offrent leur loyauté par choix, qu'ils le fassent réellement ou non. La libre association - ou sa simple apparence - est la différence entre les hommes libres et les esclaves. Si vous ne pouvez pas partir, vous êtes un prisonnier. Si vous choisissez de rester, si vous choisissez d'aligner votre destin sur celui du groupe et de vous soumettre à l'autorité collective du groupe, vous êtes un membre et non un esclave. En tant que membre, vous devez apporter le poids de votre masculinité à une confédération unifiée d'hommes" [12].


Notes:


[1] ORWELL, George, "Qu'est-ce que le fascisme ?" The Collected Essays, Journalism and Letters of George Orwell".1968 : "On remarque que, tel qu'il est utilisé, le mot "fascisme" n'a presque aucune signification. Dans la conversation, il est utilisé de manière encore plus insensée que dans la presse. D'après ce que j'ai entendu, elle s'applique aux agriculteurs, aux commerçants, au crédit social, aux châtiments corporels, à la chasse au renard, à la tauromachie, au comité de 1922, au comité de 1941, à Kipling, à Gandhi, à Chang Kai-Shek, à l'homosexualité, aux programmes de Priestley, aux auberges de jeunesse, à l'astrologie, aux femmes, aux chiens et je ne sais quoi encore."
[2] Sémiotique (del gr. semeiotike) n. Science qui étudie les symboles en général. Une branche de cette science est la linguistique, qui étudie le langage, le système des signes linguistiques.
[3] "Platon est un ami, mais la vérité est un meilleur ami." Dire contre le magister dixit, c'est-à-dire l'autorité des fondements par la seule notoriété et la transcendance de l'auteur.
[4] ECO, Umberto. Cinco Escritos Morales. Editorial Lumen. 1997. Pág.47-56.
[5] Ou en tout cas, étudier et/ou approfondir.
[6] ORWELL, George, The Road to Wigan Pier. 1937. Partie II, chapitre 12 : "Pour combattre le fascisme, il faut le comprendre, ce qui implique d'admettre qu'il contient à la fois du bien et du mal."
[7) Eric Arthur Blair ou plus connu sous son nom de plume "George Orwell", écrivain et journaliste britannique d'une grande importance pour la littérature universelle, non seulement pour son style basé sur une excellence critique, mais aussi pour son utilisation d'analogies et de parallélismes pour la présentation de dystopies ou de réalités humaines. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent La ferme des animaux (1945) et 1984 (1949).
[8] ORWELL, George, "Qu'est-ce que le fascisme ? The Collected Essays, Journalism and Letters of George Orwell" (1968).
[10] DONOVAN, Jack, Anarcho-Fascisme In : Un ciel sans aigles Dissonant Hum, 2014.
[11] Ibidem.
[12] Ibidem.

Leo Strauss critique la "vie nue" dans le libéralisme 2.0

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Leo Strauss critique la "vie nue" dans le libéralisme 2.0

Michael Kumpmann

Ex: https://www.geopolitica.ru/de/article/leo-strauss-kritik-am-nackten-leben-im-liberalismus-20

Dans mon dernier article, le rapport de Leo Strauss à la raison et à la religion a été mis en lumière. La deuxième partie traite de sa thèse des "Anciens" et des "Modernes", du déclin du libéralisme et de la manière dont cette thèse peut s'appliquer au concept de "libéralisme 2.0" de Dugin (voir sur ce site: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/10/19/leo-strauss-liberalisme-1-0-et-revolution-conservatrice-6344800.html ).

Il convient toutefois de préciser au préalable que Strauss utilise un concept de libéralisme qui est plus qu'étrange. Il ne considère pas le libéralisme comme la première théorie politique de l'époque moderne, née des Lumières et des influences protestantes, mais il considère plutôt toute la philosophie européenne comme "libérale", à commencer par Platon et Aristote. En revanche, Strauss critique massivement les fondateurs plus récents du libéralisme, comme John Locke, et la plupart des autres libéraux actuels, qu'il considère comme des traîtres à l'idée libérale. En particulier dans le contexte où Douguine critique à juste titre le libéralisme tout en réclamant un retour à Platon, l'approche de Strauss semble plutôt bizarre. Elle offre néanmoins quelques conclusions intéressantes.

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Pour Strauss, l'approche eudémoniste des humanistes classiques (qu'il appelle les "Anciens") constitue le noyau antique du libéralisme. Ce faisant, il défend une conception positive de la liberté : la liberté ne signifie pas que l'on peut faire tout ce que l'on veut, jeter sa vie aux orties, ne passer ses journées qu'à boire, manger de la malbouffe, regarder la télévision trash, regarder du porno, etc. Cette "liberté" n'est pas digne d'un être humain et ne conduit qu'à le faire dégénérer. Au lieu de cela, les humanistes classiques pensaient que l'homme possédait une sorte d'"étincelle divine" qui lui permettait d'aspirer à la grandeur.  L'homme n'est pas parfait, c'est un être avec des faiblesses et des défauts, mais il peut reconnaître ses erreurs, se relever après chaque défaite, affronter des charges et des difficultés toujours plus grandes pour devenir la meilleure version possible de lui-même. Et même s'il échoue une fois, c'est toujours mieux que de ne jamais avoir essayé. La liberté positive est nécessaire pour que l'homme puisse mener exactement une telle vie. Et ce n'est que par cette vie que l'homme peut être libre. Une vie sans problèmes ni difficultés, où l'on obtient tout ce que l'on veut, comme le proverbial asticot, n'est pas une véritable liberté.

Selon Leo Strauss, cette eudaimonia est ce qui a fait le bien du libéralisme, mais le déclin et la chute du libéralisme ont commencé parce que les philosophes libéraux, à commencer par Machiavel, Hobbes et John Locke, ont commencé à se détourner de cette idée. On pensait qu'il était faux d'avoir des idéaux et des exigences envers les hommes et qu'il fallait accepter l'homme comme fondamentalement mauvais et corrompu.

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Les libéraux ont ainsi sacrifié l'idée de vertu, d'eudaimonia et de courage pour arriver au nouvel idéal de "survie nue". Et ce changement de paradigme a conduit à une redéfinition de la morale. Désormais, la morale ne consistait plus à rechercher la meilleure vie possible, mais tout ce qui assurait la survie de l'individu et de l'État était soudain moral. Pour Hobbes, l'homme n'avait fondamentalement aucun désir plus grand ou plus élevé que celui de simplement survivre. Et c'est de là qu'est né le concept des droits de l'homme, qui réduisait la morale à la phrase "Fais ce que tu veux, mais ne dérange pas et ne mets pas les autres en danger en le faisant".

Selon Strauss, cette orientation vers la "survie nue" était toutefois le germe du totalitarisme.

En ce qui concerne la thèse de Leo Strauss selon laquelle le (vrai) libéralisme a périclité à cause de l'idée de "survie pure" et a "accouché" d'idées totalitaires, il est bien sûr désormais macabre que Giorgio Agamben, un autre élève de Carl Schmitt, affirme que c'est précisément cette "vie nue" qui est le paradigme derrière la "dictature née du coronavirus". Il y a plus de 50 ans, un philosophe a averti qu'à cause de l'idée de "survie nue", l'idée d'une société libre se meurt. Et c'est au nom de cette idée que nous avons aujourd'hui des interdictions de contact, l'obligation de porter un masque, des mesures de surveillance, la censure de scientifiques critiques comme Sucharit Bhakdi, des violences policières contre les manifestants et certains politiciens discutent même de "camps de quarantaine".

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Le plus drôle dans tout cela, c'est que cela révèle en fait le caractère non libre de la morale lockienne des droits de l'homme. D'habitude, on considère ce mantra de "ne pas déranger ni mettre en danger d'autres personnes" comme le garant de la liberté. Mais dans la pandémie, les aspects sociaux élémentaires de l'être humain tels que l'amitié, l'amour, la tendresse, le contact, l'échange avec d'autres personnes et ainsi de suite deviennent tous des perturbations potentielles et des menaces pour la paix, raison pour laquelle l'État, afin de protéger la "vie nue", sépare l'être humain de son prochain et tente de l'enfermer chez lui, car c'est la seule façon de garantir une sécurité absolue.

Selon Strauss, cette idée de la vie nue conduit finalement à ce que seuls le confort, la sécurité, la richesse, la croissance économique, etc. soient considérés comme des vertus politiques, tandis que le courage et le goût du risque sont érigés en vices (et indirectement, cela conduit à un renversement des valeurs, où le "crétin consumériste paresseux et lâche" est alors en toute apparence moralement supérieur à l'homme courageux). Selon Strauss, le militarisme des Soviétiques et des fascistes consistait en une révolte contre l'idée libérale de "survie nue". On a vu dans la volonté de mourir pour la bonne cause l'antithèse de la "vie à tout prix", propre de l'idéologie libérale.

Mais Strauss voyait dans le retour à l'éducation classique, qui mettait l'accent sur l'eudaimonia et l'apprentissage des compétences comme moyen de formation du caractère, plus qu'un effort pour être purement utilisable et utile au capitalisme (pour le reste, Strauss ne voulait malheureusement pas se débarrasser de la démocratie libérale, mais simplement la réformer de l'intérieur pour qu'elle corresponde à nouveau davantage à l'idéal antique; bien qu'il ne s'agisse que d'une approche en demi-teinte, l'idée de Strauss pourra peut-être aider à surmonter complètement le monde moderne à l'avenir).

L'approche de Strauss est en tout cas une bonne explication de ce qu'Alexander Dugin appelle le "libéralisme 2.0". On voit bien que le libéralisme a abandonné ses prétentions au courage, à l'excellence et à la vertu (au sens aristotélicien du terme) et qu'il s'est réduit à une fausse promesse de sécurité. Le libéralisme 2.0 est le "cauchemar achevé", la conséquence de la chute dans le nihilisme.

De nombreux événements de l'histoire indiquent que Strauss avait raison sur ce point.

L'école autrichienne, Ayn Rand et Franz Josef Schumpeter ont encore célébré l'entrepreneur génial qui s'impose contre les résistances et supporte courageusement toutes les hostilités comme l'adversité pour réaliser sa vision.  (Chez Jack Parsons et Ayn Rand, un tel état d'esprit "courageux" correspondait aussi indirectement à la virilité qui rend les hommes attrayants aux yeux des femmes). Karl Raimund Popper a, quant à lui, diabolisé tous les illibéraux et présenté le libéralisme comme un rempart contre eux. On peut déjà y voir une position de lâcheté. La recherche de l'excellence s'est transformée en choix du moindre mal.

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Aujourd'hui, dans le libéralisme 2.0, la peur prend les traits d'une paranoïa développée. Le meilleur exemple en est le débat sur le prétendu discours haineux (hate speech). Les libéraux classiques qui défendent l'homosexualité se prononceraient éventuellement en public pour les droits des homosexuels. Mais on n'aurait pas pu en déduire que d'autres trouvent cela bien. On leur aurait plutôt répondu qu'une personnalité forte et surtout libre doit pouvoir supporter que des choix de vie entraînent des conséquences négatives et qu'ils puissent être critiqués par d'autres. Mais aujourd'hui, on essaie de protéger les minorités de toute critique et de toute conséquence négative de leurs actes. Même lorsqu'il s'agit de quelque chose d'anodin comme une "remarque stupide". Et le droit des religieux à rejeter l'homosexualité aurait également mérité d'être protégé.

En matière de morale sexuelle, la permissivité des anciens soixante-huitards et des hippies a totalement disparu pour laisser place à une paranoïa omniprésente vis-à-vis de la culture du viol, de la masculinité toxique et autres. Tout partenaire sexuel potentiel (ou même un homme qui ose tenir la porte à une femme) est d'abord considéré comme un agresseur potentiel, contre lequel l'État doit déployer un parapluie protecteur. Des formes de sexualité complètement irréelles/virtuelles comme la consommation de pornographie fleurissent, car elles n'ont pas besoin de partenaires et représentent donc les seules formes de sexualité totalement sûres.

En Occident, les enfants sont souvent empêchés de jouer à l'air libre par des parents surprotecteurs trop zélés, parce que cela pourrait être trop dangereux.

En Occident, le débat politique se résume à "Oh mon Dieu, nous allons tous mourir". Qu'il s'agisse de l'énergie nucléaire, de la grippe porcine, du SRAS, de Corona, de la droite si méchante, du changement climatique, de Donald Trump, des prétendus Etats voyous ou d'autres scénarios d'horreur, le peuple est maintenu dans une peur permanente.

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Les professeurs d'université doivent désormais assortir même les classiques de la littérature mondiale comme MacBeth d'avertissements moralisateurs, quand on ne finit pas par réécrire ces classiques ou par les interdire complètement au nom du politiquement correct. Entre-temps, chaque philosophe ayant vécu en Allemagne entre 1933 et 1945 est publiquement ostracisé, parce que l'on craint que son œuvre ne contienne quelque pensée nazie cachée et n'incite donc d'autres personnes à devenir elles aussi des nazis.

Il règne une mentalité "tous risques", où il est considéré comme bon de se prémunir contre toute éventualité. Et au lieu de mener une bonne vie ici et maintenant, il vaut mieux se préparer à un éventuel effondrement du système de retraite.

La loi impose d'étiqueter les produits avec des avertissements exagérés, même si ces "dangers" sont évidents pour le bon sens. On connaît par exemple un cas aux États-Unis où un fabricant d'allumettes a dû avertir que les allumettes étaient inflammables.

Outre le courage, l'excellence a également disparu. On le voit par exemple aux choses dont on devrait être fier selon les libéraux de gauche. Autrefois, on devait être fier d'avoir accompli quelque chose de grand, d'avoir des compétences particulières, etc. Aujourd'hui, ce n'est plus une chose dont on peut être fier qui compte. Au lieu de cela, on doit être fier d'être gay, trans, handicapé ou d'avoir une maladie mentale. Aujourd'hui, celui qui a réussi quelque chose dans la vie n'est plus digne d'admiration, mais un soi-disant méchant, privilégié, qui discrimine certainement les autres en permanence.
Les gens qui, comme Donald Trump, risquent tout, mais se battent pour remonter la pente après un échec, ne sont plus considérés comme des modèles, mais comme des idiots dangereux pour la société.

Le fait que la survie à l'état brut soit aujourd'hui devenue un idéal était déjà perceptible avant la crise du coronavirus. Chez les féministes libérales et le libéralisme 2.0, clairement marqué par le féminisme, prévaut une drôle de conception de la liberté, qui se concentre uniquement sur l'indépendance économique et sur la capacité à pouvoir subvenir seul à ses besoins, et qui considère donc le travail et la consommation comme les choses les plus importantes de la vie, tout en faisant des sentiments humains élémentaires comme l'amour un "luxe sans importance", car on n'en a pas forcément besoin pour la simple survie. Des choses comme l'esprit d'entreprise créatif, dont les "libéraux 1.0" parlaient volontiers, ont également complètement cédé la place à un matérialisme primitif.

Après avoir examiné la principale critique du libéralisme de Strauss, la dernière partie de cette série sera consacrée à Michael Anton et à sa réaction au "libéralisme 2.0" inspirée par Strauss.

dimanche, 26 décembre 2021

La "San Esteban", la Catalogne et l'Axe carolingien

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La "San Esteban", la Catalogne et l'Axe carolingien

par Enric Ravello Barber

Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/12/san-esteban-cataluna-y-el-eje-carolingio.html#.Ych7blnjKUk

Le 26 décembre, jour de la Saint-Étienne, la Catalogne célèbre son deuxième grand jour des célébrations de Noël. Ici, la nuit du 24 est moins importante que dans d'autres régions européennes proches ; les grands jours sont les 25 et 26 décembre. Sur les tables des foyers catalans, on trouve des cannellonis et des poulets farcis, du nougat pour terminer en douceur le repas familial.

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L'origine de la fête de saint Étienne remonte au IXe siècle, lorsque les comtés catalans faisaient partie de l'empire carolingien et étaient inclus dans le diocèse de Narbonne. Le concept de famille dans ces territoires de l'ancienne Catalogne était imprégné du principe du clan, ou famille élargie. Pour les Wisigoths et les Francs, les peuples germaniques qui se sont installés en Catalogne et en Occitanie, l'individu faisait partie de la sippe, l'idée germanique de la famille élargie. Comme pour toute l'Europe chrétienne, le 25 décembre, Noël, était la date religieuse la plus importante de l'année et pour la célébrer, tout le clan familial se réunissait autour du feu - symbole européen traditionnel de ces célébrations. Les voyages et les déplacements pour cette célébration étaient longs, ainsi que le fait que nous sommes à l'époque de la nuit la plus longue et la plus sombre de l'année, il était nécessaire d'utiliser le lendemain de Noël, le 26, pour retourner aux lieux habituels respectifs. Ainsi, la Saint-Étienne est d'abord devenue un jour chômé, puis un jour férié.

La fête de la Saint-Étienne s'est répandue de la Catalogne à la Nouvelle-Catalogne, et plus tard, avec le repeuplement par les familles de guerriers-paysans catalans, au reste de notre aire ethnoculturelle. Dans le Royaume de Valence, elle était connue comme le deuxième jour de Noël - un jour férié jusqu'aux années 1990 - et dans les îles Baléares comme "la fiesta mediana", qui a cessé d'être un jour férié officiel depuis un certain temps.

La Saint-Étienne est un autre élément qui rappelle l'origine politique de la Catalogne en tant que partie de l'Empire de Charlemagne, dont naîtront plus tard la France (Ouest) et l'Allemagne (Est).  Il est regrettable de voir que des personnes qui se prétendent nationalistes, même si elles en sont conscientes, prétendent à une orientation atlantiste et anti-européenne, niant ainsi l'essence même de la Catalogne.

La Catalogne est née comme la continuité - culturelle et politique - de cet axe carolingien projeté vers le sud et vers la Méditerranée. Notre potentiel géopolitique serait décisif pour relier la Méditerranée européenne occidentale à l'axe franco-allemand en tant que pilier solide de la construction européenne. L'axe transversal Paris-Berlin a également une puissance sud-nord comme l'axe Barcelone-Paris-Berlin, et une puissance encore plus complète - dans le sens que nous avons évoqué plus haut - comme l'axe Alicante-Barcelone-Paris-Berlin.  La Lombardie a un passé et un potentiel géopolitique très similaires ; une coopération catalano-lombarde pourrait renforcer la dynamique d'intégration continentale. La Catalogne n'est pas une rupture mais une union et une cohésion européenne.

 Malheureusement, la classe politique catalane, la plus inepte d'Europe occidentale, traître à notre histoire, à notre identité et à notre potentiel, composée de médiocrités et d'eunuques mentaux, ne sera jamais en mesure de diriger ce potentiel. Je ne doute pas - parce que je l'ai vécu - que si la Catalogne savait articuler ce discours, notre voix serait entendue et considérée comme quelque chose de positif et de crucial pour la construction d'un avenir de puissance, de cohésion et de stabilité pour l'Europe du XXIe siècle.

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Crise migratoire en Europe de l'Est

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Crise migratoire en Europe de l'Est
 
Crise des réfugiés

par Nick Krekelbergh

Ex: Nieuwsbrief Knooppunt Delta - nr. 164 - December 2021

Au cours des derniers mois, l'Europe a été confrontée une fois de plus, peut-être pour la première fois depuis l'apparition de la pandémie du coronavirus, à une manifestation plus ou moins vive de ce que l'on appelle la "crise migratoire". Bien sûr, on ne peut pas dire que le phénomène de la migration endémique vers l'Europe ait été absent pendant tout ce temps. L'accident le plus meurtrier impliquant des migrants sur la Manche à ce jour, qui a eu lieu le 24 novembre, a rappelé brutalement, au prix de 27 vies, que la "jungle" de Calais a peut-être été évacuée, mais que le trafic illégal de personnes entre l'Europe et les îles britanniques se poursuit sans relâche. Des centaines de migrants attendent toujours de passer au Royaume-Uni sur la côte nord de la France. L'année dernière, un nombre record d'entre eux s'est aventuré dans ce voyage risqué, avec 15.400 migrants arrivés rien qu'entre le 1er janvier et le 31 août. Ces chiffres de l'immigration clandestine ont atteint un pic en particulier pendant les mois d'été.

Ce qui est nouveau, en revanche, c'est l'escalade à la frontière entre plusieurs pays d'Europe orientale, dont l'un est en dehors de l'Union européenne et l'autre à l'intérieur. Il ne s'agissait pas des scènes auxquelles nous sommes déjà habitués en provenance de la Méditerranée ou des longs flux de migrants empruntant la route des Balkans, mais d'une accumulation improbable de réfugiés, souvent originaires du Kurdistan irakien, dans un no man's land entre les pays slaves de Pologne et de Biélorussie, loin au nord, ainsi que les pays de la mer Baltique. Au cours de l'été 2021, le nombre de migrants illégaux entrant dans l'espace Schengen via la Lituanie a été multiplié par 50. Cette évolution a été rapidement suivie d'une forte augmentation des flux migratoires vers la Lettonie et la Pologne. Le Belarus enverrait délibérément les migrants à travers la frontière et les attirerait même à Minsk avec des visas touristiques, pour ensuite leur montrer le chemin vers les frontières de l'UE. La Lituanie a rapidement réagi en construisant une clôture de 508 km pour fermer la frontière, et la Lettonie a également rapidement commencé la construction d'un mur similaire. Une telle construction était improvisée et totalement nouvelle, car jusqu'à présent, pas plus de quelques dizaines de migrants s'étaient aventurés du Moyen-Orient à travers l'Europe de l'Est. Le consensus social s'est toutefois avéré large et il n'y a pas eu besoin d'un grand débat politique. Le gros de la migration s'est déplacé à l'automne vers la Pologne, qui a réagi comme si elle avait été piquée par une guêpe. Des troupes ont été mobilisées et envoyées à la frontière et des milliers de migrants ont été piégés entre les armées polonaise et biélorusse dans un camp de tentes près de Kuznica.

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La Pologne fait partie de l'Union européenne depuis 2004, mais elle est depuis 2015 sous la coupe de la coalition dominée par le PiS, un parti national-conservateur, et se montre depuis lors de plus en plus euro-critique. En octobre de cette année, la décision du tribunal constitutionnel de Varsovie selon laquelle certaines parties du droit européen violent la Constitution polonaise a provoqué de nouveaux troubles à Bruxelles, et les craintes - à la limite de l'hystérie - d'un hypothétique Polexit ont augmenté de manière exponentielle à la nomenclature de l'UE et dans les médias d'Europe occidentale. Depuis les années 1990, le Belarus est dirigé par le leader postcommuniste Loukachenko, qui a instauré un régime autocratique et peu libéral qui est resté extrêmement populaire pendant des décennies. Cela s'explique en partie par le maintien de nombreuses structures sociales et économiques de l'ancienne Union soviétique, qui a épargné à l'ancienne république soviétique une grande partie du malaise économique de ses voisins causé par les libéralisations sauvages des années 1990 et les crises financières de 2008 et 2010. Ces dernières années, cependant, la popularité du leader charismatique a été mise à mal et le régime a été soumis à une pression croissante. Après le déclenchement d'importantes manifestations à l'été 2020, Loukachenko a réussi à éviter un Maïdan à l'ukrainienne, mais seulement en échange d'une influence croissante de Moscou, de sorte que la transition pacifique du pays vers une ère post-Loukachenko semble résider principalement dans la réalisation éventuelle d'une Union-État supranationale (qui existe théoriquement depuis 1999) avec la Russie.

Jeu d'échecs géopolitique

Les Bélarussiens éprouvent un profond ressentiment à l'égard de l'UE, qui présente la dirigeante de l'opposition bélarussienne Sviatlana Tsikhanouskaya comme la grande gagnante des élections et tente d'imposer des sanctions strictes au pays (183 personnes et 26 entités figurent sur la liste des sanctions, ainsi que toutes les compagnies aériennes bélarussiennes). En Occident, Mme Tsikhanouskaya, l'épouse du blogueur Tsikhanousky, qui a été condamné à 18 ans de prison, est considérée comme le visage de l'opposition, bien qu'en réalité celle-ci soit très divisée et comporte également une importante composante pro-russe. Selon un sondage réalisé par Chatham House à l'été 2021, le candidat présidentiel le plus populaire est même le larbin de Gazprom Victor Babarika (également en prison), et Loukachenko est toujours beaucoup plus populaire que Tsikhanouskaya, qui représente elle-même moins de 10 % des votes, mais qui correspond à l'idéal occidental d'une femme, d'un pouvoir et d'une "citoyenne du monde" (bien qu'elle ait pu elle-même être affectée à ce rôle par des étrangers sans trop de contribution après avoir fui le territoire du Belarus à l'été 2020). La Lituanie et la Pologne ont joué un rôle de premier plan dans le soutien de l'opposition biélorusse en 2020, bien que ce rôle semble désormais avoir été largement repris par l'Union européenne. Tout récemment encore, Ursula von der Leyen a annoncé, à la suite d'une rencontre avec Tsikhanouskaya, qu'elle disposerait d'un paquet d'investissements de trois milliards prêts si un changement de régime - souhaitable pour l'UE - devait avoir lieu au Belarus.

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Il est donc clair que la crise aux frontières orientales de l'Europe faisait partie d'une partie d'échecs géopolitique sophistiquée, mais ce n'est pas nouveau. Après tout, il est depuis longtemps inhabituel que la migration vers l'UE soit au centre des négociations avec des pays situés à la périphérie du continent européen. À cet égard, il y a déjà eu le "Turkey deal" avec Erdogan en 2016, selon lequel les migrants illégaux arrivant sur les îles grecques pouvaient être renvoyés en Turquie. Elle a non seulement fourni à la Turquie environ six milliards par an, mais aussi un levier pour exercer une pression géopolitique. Cela a été démontré lorsqu'en 2019, l'armée turque a mené l'opération Printemps de la paix au Kurdistan, à la frontière avec la Syrie, et a menacé d'ouvrir les portes à 3,6 millions de réfugiés vers l'Europe lorsque cela a suscité des critiques internationales. En fait, cet accord semble avoir eu un effet d'entraînement. Le Maroc reçoit environ 130 millions de subventions européennes depuis 2014 pour arrêter les migrants à la frontière et l'Espagne a signé un accord selon lequel tout réfugié qui traverse à la nage le détroit de Cueta peut être renvoyé. La réalité, cependant, est régulièrement différente. Pas plus tard qu'en mai de cette année, le gouvernement marocain de Mohammed IV a exercé des représailles contre l'Espagne pour avoir hébergé Brahim Ghali, l'un des dirigeants du Polisario, un mouvement indépendantiste luttant pour le Sahara occidental. Des milliers de migrants ont traversé à Cueta sans que les garde-côtes marocains n'interviennent. Dans d'autres incidents similaires, les gardes-frontières marocains mobilisent même les migrants et leur montrent le chemin. Une situation similaire à celle du Belarus, donc.

Par rapport aux autres frontières extérieures européennes, la détermination rigide avec laquelle les Polonais maintiennent leurs frontières fermées et le niveau de militarisation qui l'accompagne sont peut-être des éléments distinctifs. L'arrivée de l'hiver rigoureux d'Europe de l'Est a mis fin temporairement à l'impasse à la frontière. Les Biélorusses ont démantelé les camps de tentes à partir du 17 novembre et ont rapatrié une grande partie des migrants, mais on s'attend à ce que le jeu recommence tout simplement au printemps prochain. A suivre, sans doute ...
 

Nick Krekelbergh

Éric Zemmour, le pour et le contre

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Éric Zemmour, le pour et le contre

par Georges FELTIN-TRACOL

Le mardi 30 novembre 2021, à quarante-huit heures de deux événements historiques chers à ce fervent napoléonien, Éric Zemmour a décidé de se présenter à l’élection présidentielle. Sa candidature attise les tensions au sein du « camp national » avec les partisans respectifs de Marine Le Pen, de Florian Philippot, de Nicolas Dupont-Aignan, de François Asselineau, voire d’Yvan Benedetti. Son entrée officielle dans l’arène électorale va-t-elle bouleverser les actuels rapports de forces ? À voir…

D’après les sondages, l’ancien journaliste se trouve dans le quatuor de tête en compagnie d’Emmanuel Macron, de Valérie Pécresse et de Marine Le Pen. Il faut néanmoins rester prudent envers ces indicateurs à la fiabilité aléatoire. Ils constituent en effet de redoutables outils de manipulation médiatique. Ces instruments de guerre psychologique de masse sont dorénavant capables de fomenter dans l’opinion des détestations ou des adhésions factices. Souvenons-nous que quatre mois avant le 21 avril 2002, Jean-Pierre Chevènement faisait figure de troisième homme… Les couvertures de la presse people sur Éric Zemmour participent à une entreprise de formatage des mentalités qui à la fois le valorise et le dénigre. Nul doute que la papesse des ragots de pissotière à peine sortie de taule soit en service commandé pour l’Élysée. Quant aux nombreux exemplaires vendus de La France n’a pas dit son dernier mot, ils ne préjugent en rien du résultat final au soir du premier tour. Avec divers titres (biographies historiques et essais politiques), le vicomte Philippe de Villiers se vend bien. Il ne fit pourtant aux présidentielles de 1995 et de 2007 que 4,74 % et 2,23 %. Supposons qu’Éric Zemmour écoule trois cent mille volumes, que tous les acheteurs soient ses électeurs et qu’ils entraînent avec eux une autre personne, cela ne ferait que six cent mille suffrages, soit, avec une abstention de 50 %, 2,66 % des votes exprimés. Le nouveau candidat est peut-être la victime d’une illusion savamment orchestrée.

413IdvOdhmL._SX319_BO1,204,203,200_.jpgFaudrait-il que le 10 avril prochain, les électeurs puissent encore trouver dans les bureaux de vote des bulletins marqués « Éric Zemmour » ? Obtiendra-t-il les cinq cents parrainages nécessaires ? La transparence tyrannique du calamiteux Flamby a imposé la publicité des signatures. Souvent lâches malgré leur appel incessant au civisme de leurs administrés, les élus locaux ne cachent plus leurs réticences à soutenir un candidat. Et quand bien même le « Z » les aurait, rien n’empêcherait le Conseil constitutionnel, fort du précédent de 1969 avec Pierre Sidos, de rejeter sa candidature soit pour des formulaires mal remplis, soit parce qu’il a été condamné à deux reprises pour délit d’opinion. Cette dernière hypothèse serait osée quand on sait que parmi les neuf conseillers constitutionnels siège un ancien condamné exilé une année au Québec…

Supposons qu’Éric Zemmour franchisse ces deux obstacles. Il a déjà compris la nécessité de fortifier son équipe, d’où la nomination comme directeur de campagne de l’ancien n°2 de l’armée de terre, le général Bertrand de la Chesnais. Il va avoir du boulot en raison d’une organisation pour l’heure  « vaporeuse ». Qui fait quoi entre les Comités Zemmour, Génération Z et les Amis d’Éric Zemmour ? Une campagne présidentielle est un marathon de courses de 110 m haies.

La précédente chronique se gaussait de la dénomination grotesque qui affuble certains partis. Force est de constater que le nom du mouvement zemmourien, Reconquête !, n’appartient pas à ce registre de tiédeur sémantique. C’est un beau titre et un excellent mot d’ordre qui a des précurseurs. Le programme embryonnaire demeure en revanche toujours déficient. Le nouveau candidat n’émet presque aucune critique envers l’actuel despotisme sanitaire. Hormis l’immigration et une vision enjolivée des « Trente Glorieuses », en particulier les décennies 1950 et 1960, ses quelques propositions semblent contenter les nostalgiques de Nicolas Sarközy, les exclus de Marine Le Pen, les orphelins de Marion Maréchal, les déçus de François Fillon et les recalés de « La Manif pour Tous ». Éric Zemmour pense réaliser sur sa personne la fameuse « union des droites », cette alliance fantasmagorique entre la « droite hors-les-murs » d’essence versaillaise et le « bloc populaire » péri-urbain ou la coagulation entre la petite bourgeoisie conservatrice et les Gilets jaunes. Pas sûr que l’amalgame prenne…

mon-programme-faye.jpgS’il veut vraiment réussir cette synthèse improbable, même si les questions sociale, identitaire et écologique sont intriquées, Éric Zemmour devrait puiser dans Mon Programme écrit en 2012 aux Éditions du Lore par Guillaume Faye. Les commentateurs ne comprennent pas que l’auteur de Premier sexe soit protectionniste à l’extérieur et libéral à l’intérieur. Tout en se référant à des libéraux hétérodoxes tels que Vilfredo Pareto, Maurice Allais et François Perroux, Guillaume Faye développait « un programme révolutionnaire [qui] ne vise pas à changer les règles du jeu mais à changer le jeu ». Le « Z » se sent-il capable de changer le jeu ? Lors de son discours de Villepinte, il aurait pu proclamer sa volonté de renverser la table. Il s’arrête au milieu du Rubicon.

Bon éditorialiste et essayiste de talent, le personnage Zemmour n’est pas antipathique. Ses deux condamnations judiciaires en font même une victime du politiquement correct. Il est le seul candidat présent dans les sondages à souhaiter l’abrogation salutaire des lois liberticides et mémorielles hémiplégiques. En 2013, il a signé la pétition des « 343 salauds » contre la pénalisation des clients de prostituées. S’il n’a pas encore adopté toutes les convenances médiatiques, son parler vrai tranche avec le ronron douçâtre des autres candidats.

Son entourage immédiat constitué d’anciens sarközystes et de start uppers ex-macroniens soulève toutefois des interrogations légitimes. Ne l’a-t-il pas empêché d’accepter naguère les invitations de s’exprimer sur Radio Méridien Zéro ? N’est-ce pas sous sa pression que le nouveau candidat a en partie estimé l’inélégance de son doigt d’honneur à une rombière marseillaise qui le méritait largement ? Cet entourage risque de le mener dans une impasse libérale-conservatrice guère compatible avec les aspirations sociales-sécuritaires de la « France périphérique ». On touche là une réelle béance stratégique, tactique et programmatique.

Éric Zemmour répète volontiers qu’il souhaite refaire le RPR des années 1980 (et non, nuance, le FN des années 1970 ou du début des années 1990 !). Mais quel Rassemblement pour la République ? Celui du discours d’Égletons de 1976 en faveur d’un « travaillisme à la française » (comprendre une forme édulcorée de gaullisme de gauche en confrontation directe avec le libéralisme avancé giscardien) ? Celui de 1977 qui ouvre ses listes municipales à Paris aux militants du Parti des Forces nouvelles ? Celui, anti-européen, de l’« Appel de Cochin » de 1979 rédigé par Marie-France Garaud et Pierre Juillet ? Celui de la période 1982 – 1986 qui bénéficie des travaux du Club de l’Horloge ? Celui du putsch interne raté de Charles Pasqua et de Philippe Séguin en 1990 contre Alain Juppé ? Celui du « non » au référendum sur le traité de Maastricht en 1992 ? Ou bien celui de 1995 avec un Jacques Chirac faisant campagne sur la « fracture sociale» ?

Le nouveau candidat se dit « gaulliste » et « gaullien ». Pourquoi tient-il alors des propos ultra-libéraux à faire pâlir Thatcher et Reagan ? Il devrait plutôt souscrire à des mesures de « démondialisation » pratiques susceptibles de réconcilier les sans-culottes artisans et commerçants, canuts propriétaires de leurs outils de travail et les catholiques sociaux d’Albert de Mun, de Léon Harmel, de René de La Tour du Pin et de G.K. Chesterton : l’intéressement des salariés aux bénéfices, la participation effective à cette communauté productive de destin nommée « entreprise », l’association capital – travail et la cogestion. Par ailleurs, il ne réclame pas la sortie de la civilisation européenne du carcan décadent de l’Union faussement européenne et ouvertement cosmopolite.

Les écrits politiques d’Éric Zemmour inclinent nettement vers une recentralisation politico-administrative autour de Paris et de l’Île-de-France. C’est une grave erreur. La France souffre d’une hypertrophie centralisatrice parisienne ainsi que d’une décentralisation avortée monopolisée par les partis politiques. Oublie-t-il qu’en 1969, Charles De Gaulle défendait une régionalisation couplée à une déconcentration administrative bien plus pertinente que les lois Defferre de 1982 ? Ignore-t-il qu’en 1947, l’ancien non-conformiste des années 1930 Jean-François Gravier dénonçait dans Paris et le désert français les ravages anciens du centralisme parisien ?

81AIXrEMpvL.jpgSon autre grave erreur concerne l’assimilation. Nostalgique de l’école de la IIIe République, le candidat préfère ne pas s’attarder sur le bilan désastreux des « Hussards noirs ». Au-delà des souvenirs savoureux de Marcel Pagnol dans la classe de son père, les lois scolaires de Jules Ferry ont durablement et profondément altéré l’identité enracinée et européenne de la France. Les instituteurs de la « Belle Époque » ont brisé les identités vernaculaires et ainsi indirectement favorisé le terrible ethnocide des campagnes françaises entre 1914 et 1918.

Vouloir et même exiger au XXIe siècle l’assimilation de fait impossible de millions de non-Européens est non seulement un non-sens, mais c’est aussi un mépris pour toutes les personnalités collectives. Osons le dire fermement ! Le désaccord sur ce sujet entre Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour relève de l’ordre du degré et non de sa nature. La « créolisation » rêvée du premier n’est que l’aboutissement ultime de l’« assimilation » républicaine du second.

Éric Zemmour entend-il vraiment adopter une « synthèse nationale et  populaire » ou bien ne fait-il que sonner le tocsin civilisationnel ? Les prochaines semaines montreront s’il est en mesure d’atteindre le seuil du second tour ou bien s’il sera un autre Louis Ducatel.

GF-T.

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 14, mise en ligne le 14 décembre 2021 sur Radio Méridien Zéro.

Profil: Antonio Medrano

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Profil: Antonio Medrano

Ex: https://www.azionetradizionale.com/2021/12/02/profili-antonio-medrano/

(de www.heliodromos.it) - À l'occasion de la récente publication du texte La Via dell'Azione d'Antonio Medrano, qui vient d'être imprimé par "CinabroEdizioni", nous pensons qu'il est utile de proposer à nos lecteurs ce "profil" de l'auteur, qui aurait dû à l'origine faire partie de la présentation que nous avions préparée, et qui a été supprimée pour des raisons d'espace et pour ne pas surcharger le texte. Les informations biographiques contenues dans ce document sont pour la plupart le résultat d'une longue connaissance et d'une correspondance approfondie que nous avons partagée avec l'auteur au fil des années.

* * *

Antonio Medrano est né le 6 mars 1946 à Badajoz, l'ancienne Pax Augusta des Romains, à 6 km de la frontière portugaise, donc dans la principale ville d'Estrémadure, une région éminemment paysanne, dédiée à l'agriculture et à l'élevage, connue comme la "terre des conquérants" (car la plupart des conquérants des Amériques y sont nés : Hernán Cortés, Pizarro, Valdivia, Orellana, Alvarado, Núñez Cabeza de Vaca, Núñez de Balboa, Hernando de Soto, García de Paredes, etc.) ). Une terre rude et extrême, qui constituait la frontière avec les zones encore sous contrôle musulman ; "la terre où les dieux sont nés", comme l'a appelé un écrivain espagnol dans un livre portant ce titre. Un autre auteur a résumé l'essence de l'Estrémadure par les mots "heroic fantasy". 

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L'écrivain américain James Albert Michener, qui a remporté le prix Pulizer en 1948, a consacré un magnifique ouvrage à la terre et à la ville natale de Medrano (Iberia. Spanish travels and reflections, Londres, 1983, en 2 volumes), effectuant un voyage en sens inverse sur les traces des conquérants espagnols du Mexique et des futurs États-Unis. Michener commence son voyage en Espagne par une visite à Badajoz, apparemment dépourvue de tout attrait touristique ou artistique particulier, expliquant son étrange décision par le fait qu'il s'intéresse à "l'Espagne héroïque", dont la représentation la plus pure à ses yeux est l'Estrémadure. "Quand je pensais à l'Espagne, je pensais surtout à l'Estrémadure, la région brutale de l'ouest, dont Badajoz était la ville principale". Il explique qu'il a découvert l'Espagne et son influence au Nouveau-Mexique, en Arizona, au Texas et en Californie : "L'Espagne que j'ai connue dans l'ouest des États-Unis était une Espagne héroïque". Et il est arrivé à la conclusion que "l'approximation la plus directe de cette Espagne dans la patrie était l'Estrémadure". 

518T9yOgetL.jpgLouant les prouesses de ces hommes féroces venus de l'une des régions les plus pauvres de la péninsule ibérique, Michener affirme que le bien le plus précieux que les galions espagnols ont apporté au Nouveau Monde était "leur courage d'Estrémadure". "L'Estrémadure était mon Espagne". Debout dans l'ancienne Pax Augusta, voyant autour de moi "les Extremadurans austères, têtus et méfiants, dont les ancêtres ont conquis non pas des villes mais des nations et des continents entiers, j'ai senti que j'étais arrivé dans ma vraie patrie". Il a également affirmé que la meilleure façon de connaître le mystère de l'espagnol (ou de l'hispanique) est de connaître la capitale de l'Estrémadure, "cette ville maladroite et négligée" ; "si l'on comprend Badajoz, on comprendra l'Espagne". 

Viriato, terreur des Romains

L'actuelle Estrémadure occupe la partie orientale de ce qui était autrefois la Lusitanie, l'une des régions de la péninsule ibérique dont la conquête et la pacification ont coûté le plus cher aux Romains (et qui comprenait également la majeure partie de l'actuel Portugal, tout comme plus tard, au Moyen Âge, les terres portugaises faisaient partie du royaume arabe de Badajoz, l'un des plus grands et des plus importants de l'Espagne musulmane, dont les frontières s'étendaient jusqu'à Lisbonne et la côte atlantique).  Les Lusitaniens, peuple guerrier et amoureux de leur terre, opposent une résistance ferme et tenace aux légions de Rome, notamment sous la conduite de leur célèbre chef Viriato, appelé Terror romanorum. Les défaites que Viriato inflige aux Romains sont telles que le consul Quintus Servilius Cepion, craignant un échec définitif de ses campagnes militaires, décide de l'assassiner par traîtrise, en impliquant les trois émissaires que les Lusitaniens avaient envoyés pour négocier la paix. Revenant au camp du chef lusitanien, les traîtres l'ont tué dans son sommeil. Lorsqu'ils demandèrent la récompense promise pour leur perfidie, ils reçurent en réponse les mots célèbres : "Rome ne paie pas les traîtres".

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Medrano déclare : "Pour moi, en tant qu'Espagnol et natif d'Estrémadure, Viriato a toujours été - avec El Cid - une figure admirée, étudiée avec sympathie et vénération, digne d'émulation et de la plus haute estime. Dès mon plus jeune âge, Viriato a personnifié les plus hautes vertus de la race, incarnant la grandeur et la dignité de nos ancêtres lusitaniens. À mes yeux d'enfant et de jeune, il est apparu comme l'incarnation suprême de l'héroïsme, comme le grand héros défenseur de l'indépendance nationale, comme le prototype du chef politique et militaire qui offre sa vie pour son peuple. Le "caudillo" lusitanien héroïque était mon idéal, le modèle auquel j'aurais voulu ressembler, au prix de subir le même sort final (hormis l'épisode de la trahison, triste, déplorable et infamant pour la lignée). Dans la lutte de Viriato, j'ai toujours vu l'un des chapitres les plus importants et les plus significatifs de l'histoire de l'Espagne. Souvent, en parcourant la campagne de ma terre, assis à l'ombre de ses chênes séculaires (qui ont été mes premiers maîtres et mes compagnons inséparables), j'ai imaginé que le cheval de Viriato avait peut-être chevauché là, à l'endroit où je me trouvais, et j'ai senti avec fierté que le même sang coulait dans mes veines, palpitant à travers les siècles avec la même force, avec le même élan héroïque. Je me disais : "J'ai du sang lusitanien, je suis de la lignée des Viriato ; je dois vivre en accord avec ce noble et haut héritage"". 

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Antonio Medrano est né dans une famille aux convictions religieuses fermes, dont il a reçu les premiers fondements de ce qui est aujourd'hui sa vision du monde et son attitude face à la vie. Sa mère, issue d'une famille d'éleveurs et d'agriculteurs d'Estrémadure, très attachée à la terre, a connu la Phalange en tant qu'infirmière volontaire pendant la guerre civile. Son père, Luis Medrano, était l'un des as de l'armée de l'air espagnole. Il a combattu héroïquement pendant la croisade de libération de 1936, en tant que membre de l'escadron légendaire de García Morato, le pilote le plus célèbre d'Espagne, et a ensuite combattu en Russie avec l'"Escadron bleu", où il a réalisé des exploits mémorables contre des avions soviétiques. Il a reçu de nombreuses décorations espagnoles, italiennes ("Merito di Guerra") et allemandes ("Croix de Fer"). Un autre membre militaire éminent de la famille était le frère cadet de son père, un amiral réputé de l'Armada espagnole, la marine.

Il a reçu le nom d'Antonio en souvenir de son oncle, Antonio Espárrago, un jeune homme idéaliste, frère cadet de sa mère, qui s'est engagé comme volontaire dans la milice de la Phalange et a été tué lors des premières batailles de la guerre civile, quelques jours après la libération de Badajoz, dans un village proche de la ville, alors qu'il n'avait que 17 ans. En raison de l'idéalisme qui l'a guidé dès son plus jeune âge, certains membres de sa famille ont vu dans cet Antonio (Medrano) une copie de l'autre Antonio qui a donné sa vie pour son pays, comme si son esprit revivait en lui. Antonio Medrano est fermement convaincu d'avoir vécu sous l'influence, la direction et la protection de son oncle, un jeune homme naïf et généreux, qu'il n'a jamais pu connaître et dont il voyait chaque jour la photo, au visage rayonnant et portant un uniforme phalangiste, dans la maison de ses grands-parents maternels.

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Medrano raconte que, étant né au pays des conquistadors, lorsqu'il était enfant, à l'internat, ses professeurs lui demandaient parfois "qu'est-ce que tu veux conquérir ?".  "Je suppose que ma réponse les a laissés plutôt surpris. Depuis mon enfance, j'avais l'idée claire que dans la vie, je devais conquérir quelque chose : mon pays, une partie plus ou moins grande du monde, l'âme des hommes. Et j'ai senti que, en tant qu'extrémadurien, cet impératif de conquête me concernait particulièrement. Une vie dans laquelle il n'y avait rien à conquérir semblait absurde, mesquine et insupportable.  

978849215823.gifDiplômé en sciences de l'entreprise de l'ICADE (Instituto Católico de Dirección de Empresas), il a travaillé dans l'industrie (dans des rôles techniques et de gestion), principalement dans le contrôle de gestion, la planification stratégique, le conseil, la motivation du personnel, l'assistance et la coopération avec la direction, et dans des associations publiques et privées pendant plus de 20 ans. Il a derrière lui un long militantisme politique et culturel, qui l'a amené à vivre diverses expériences en Espagne en tant que protagoniste, ayant été le promoteur d'initiatives (groupes, publications, maisons d'édition : Centro Librario Aztlán, Circolo Culturale Imperium, revue Traditio, Maison d'édition YATAY) qui ont contribué de manière décisive à la diffusion de la pensée traditionnelle dans la péninsule ibérique. Il a également une grande expérience en tant que traducteur de livres, d'articles et de documents officiels, avec une connaissance de plusieurs langues. Il a eu des contacts et des relations avec d'éminentes personnalités internationales : hommes politiques et hommes de culture, artistes et sportifs, soldats et hommes d'affaires, autorités religieuses et maîtres spirituels. 

En 1970, il rencontre son épouse Maria Antonia, qui devient sa précieuse collaboratrice dans ses travaux, activités et initiatives. Une épouse-secrétaire qui a composé ses livres et ses articles, organisé ses voyages, géré ses finances, son équipement technique (machines à écrire, ordinateurs et Internet) ; intervenant dans ses initiatives sociales et culturelles : conférences, concerts, correspondance, sports, cours, contacts, relations diplomatiques et visites en Europe, recevant des jeunes qui venaient lui rendre visite même de Russie.

51HjCJ9HqeL._SX332_BO1,204,203,200_.jpgUn exemple de l'esprit, mêlé d'insouciance et de courage, qui animait le jeune Medrano se trouve dans un épisode raconté par sa femme. Le 23 février 1981, alors que la tentative de coup d'État menée par le colonel Tejero - qui avait occupé le Parlement espagnol avec ses hommes et tenait en joue le gouvernement et les parlementaires - était en cours, Medrano et Maria Antonia tentaient de se rendre à leur travail, traversant le centre de Madrid complètement isolé par les forces de police. Il était impossible de passer, une garde civile lourdement armée les empêchant d'accéder à leur lieu de travail. Antonio l'a affrontée, lui disant qu'ils devaient entrer coûte que coûte, même s'ils devaient marcher sur son cadavre, et que s'il avait un devoir à accomplir, ils avaient un devoir à accomplir et n'étaient pas prêts à rentrer chez eux comme des idiots après s'être levés tôt et avoir parcouru plusieurs kilomètres pour aller travailler. À la surprise de sa femme, le garde les laisse passer sans sourciller.

Convaincu de l'importance de la formation intégrale de l'être humain, il a personnellement pratiqué plusieurs sports (haltérophilie, rugby, natation, lutte gréco-romaine), ainsi que les arts martiaux, le yoga et les techniques orientales. Amateur d'art, passionné par la beauté, il a toujours su apprécier le pouvoir formateur des grandes créations artistiques de l'humanité. L'empreinte que l'art a laissée sur sa vie est incontestable, la musique et la poésie jouant notamment un rôle décisif. Sa mentalité et sa sensibilité ont été forgées au feu de l'architecture médiévale (romane et gothique), du chant grégorien, de la poésie de Victor Hugo ou de Fray Luis de León, des vers de Dante, du haïku japonais, de la peinture zen, des idéogrammes chinois, des tableaux de Zurbarán et de Dürer (l'un des meilleurs souvenirs de notre association avec Antonio Medrano fut une visite en sa compagnie du musée du Prado à Madrid), les dessins et poèmes de William Blake, les couleurs vives des préraphaélites anglais, la sculpture hindoue et bouddhiste, les sculptures d'images sacrées des sculpteurs castillans (Hernández, Berruguete, Siloé), la musique de Mozart et de Beethoven, les cantates et passions de Bach, les oratorios de Händel, les tragédies de Shakespeare et de Calderón, les drames musicaux de Wagner, la musique du baroque français et italien, etc.

honorsenda.jpgDeux courants fondamentaux convergent dans sa pensée et son œuvre : la tradition occidentale, tant dans sa version chrétienne que pré-chrétienne (grecque, romaine, celtique et germanique), et les traditions orientales (hindouisme, bouddhisme, taoïsme, shintoïsme), auxquelles il convient d'ajouter d'autres doctrines et courants traditionnels, tels que le zoroastrisme, la spiritualité amérindienne, le soufisme islamique ou la kabbale et l'hassidisme (mystique et ésotérisme juifs). Bon connaisseur des trois branches du christianisme (catholique, protestant et orthodoxe), on retrouve dans ses écrits des phrases de mystiques, saints, théologiens, penseurs et poètes chrétiens de tous âges et de toutes nationalités. En même temps, les enseignements des maîtres de l'Inde, de la Chine, du Japon, du Tibet, de la Birmanie, de la Thaïlande, du Sri Lanka, de la Corée et du Vietnam s'y rencontrent. Cette fusion de l'Orient et de l'Occident, notamment du christianisme et du bouddhisme-hindouisme, très similaire à celle que l'on retrouve dans l'œuvre de Coomaraswamy, a conduit certains à le surnommer "le Coomaraswamy espagnol". Et il a d'autres points communs avec Coomaraswamy : l'importance accordée à la beauté et à l'art ; l'attention portée aux symboles et aux mythes ; la citation d'auteurs qui ne sont pas strictement traditionnels (ou pas du tout) ; l'abondance de citations ; l'impact de certains auteurs anglo-saxons qui ont influencé les deux (comme William Blake ou Eric Gill). 

Depuis sa jeunesse, il essaie de suivre les conseils de Platon, qui recommande que l'élite ou la caste dirigeante de la cité idéale soit formée et éduquée à l'aide de deux piliers fondamentaux : la gymnastique et la musique. Et lorsque Platon parle de "musique", ce concept inclut la poésie, car dans la culture grecque, la musiké, qui est l'activité inspirée par les muses, comprend à la fois la composition musicale et poétique, toutes deux unies dans le chant, le rythme et l'harmonie. Pour la mentalité hellénique, musique et poésie se confondent, comme l'a souligné Walter Otto. De plus, il ne faut pas perdre de vue que dans la pensée platonicienne, la gymnastique et la musique correspondent à l'action et à la contemplation. Les deux visages de l'homme intégral : d'une part, l'athlète, le guerrier, le combattant, l'homme d'action ; d'autre part, le poète (capable de capter la musique du cosmos), le moine, le prêtre, le contemplatif, le voyant ou le sage (ouvert à la Vérité, fusionné avec la Vérité).

835_001.jpgEt voici ce que Medrano lui-même dit du rôle de la beauté : "En ce qui concerne la beauté, je suis chaque jour davantage convaincu de l'importance de la beauté pour la vie humaine, je découvre chaque jour de nouveaux aspects de la beauté de la réalité, reflet et manifestation de la Beauté suprême. Je suis fasciné, étonné et émerveillé par la beauté sous toutes ses formes : la beauté de la Création, la beauté de la nature, la beauté des animaux et des plantes, la beauté de chaque lever de soleil, la beauté de la lumière, la beauté des femmes, la beauté des différentes langues et de ce que l'on dit avec elles, la beauté morale des personnes bonnes et nobles qui m'entourent, la beauté des grandes œuvres d'art, la beauté des grandes œuvres d'art, la beauté des symboles et des rites sacrés, la beauté des idées bien présentées et de celles qui nous transmettent la vérité, la beauté de tant de pages bien écrites qui nous instruisent et illuminent nos vies, la beauté des bonnes actions, la beauté de l'amitié, la beauté du sport, la beauté de l'esprit athlétique et olympique. Face à une telle beauté, on ne peut s'empêcher d'adorer, de vénérer et de se soumettre respectueusement à Celui qui l'a conçue et créée".

Depuis quelque temps, Medrano a pris la décision de quitter son travail pour se consacrer entièrement à ses études et à la compilation des nombreux ouvrages qu'il a prévus. Voici comment il décrit ce choix dans une lettre datée de janvier 1996 : "Jusqu'à il y a quelques années, j'exerçais ma profession - en tant qu'employé dans le monde des affaires - avec laquelle je pouvais subvenir à mes besoins, ainsi que financer ma vocation, mon travail intellectuel et mon combat au service de la Tradition. Avec l'argent que je gagnais de mon travail d'employé, je pouvais payer mes études et mes recherches: livres, voyages, correspondance, matériel, ordinateurs, etc. Je vivais d'un travail qui n'était pas fait pour moi. Je vivais d'un travail qui ne m'intéressait pas beaucoup, mais qui me permettait de vivre pour un autre type d'activité qui était et reste la raison de ma vie, ma mission et mon destin. Mais à un certain moment, j'ai pensé qu'il était de mon devoir de me consacrer pleinement à ce pour quoi je vis, car alors le résultat serait meilleur à tous points de vue. Il s'agissait d'essayer de vivre en fonction de ce pour quoi on vit. Il s'agissait de suivre le conseil de Platon : "que l'artisan vive de son travail". J'ai abandonné mon emploi, c'est-à-dire mon gagne-pain, et j'ai commencé à m'occuper exclusivement de travaux intellectuels : livres, articles, conférences. Le chemin n'a pas été facile, il ne l'est pas aujourd'hui et ne le sera probablement pas à l'avenir, d'autant plus que je ne peux pas écrire sur tout ce qu'on me demande, ni faire beaucoup de concessions, car je dois toujours m'adapter aux exigences de ma fonction. À cela s'ajoute le manque de sérieux des personnes et des initiatives sur lesquelles on comptait au départ, mais qui, au moment de la vérité, nous mettent en difficulté. Toutefois, l'horizon semble maintenant s'éclaircir un peu et certaines possibilités se présentent. (...) Mais le fait que je doive vivre de mon travail ne signifie pas que j'en oublie le sens fondamental. J'ai des idées claires : l'important, c'est le travail qui est fait, qu'il soit bien fait et serve le but qui est sa raison d'être, les principes auxquels il est subordonné et qui l'inspirent ; la question des bénéfices, des ventes, des gains, est secondaire, qu'il faut garder à l'esprit parce qu'on ne peut pas s'en passer, mais qui en soi n'a aucun intérêt. Si ce dernier est si nécessaire, soit, mais c'est l'autre qui compte".

liderazgoarte.jpgLe résultat de ce choix courageux (qu'il considère comme "inévitable" : "Le destin m'avait fermé toutes les autres portes. Je me suis limité à accepter la seule voie qui m'était offerte et qui semblait être celle que je devais suivre, celle que la "société" attendait de moi") de se consacrer totalement et exclusivement à sa "vocation" est représentée par les œuvres déjà réalisées et celles en préparation. En plus de La voie de l'action, enfin disponible dans sa traduction italienne, Medrano a déjà publié en Espagne : Sabiduría Activa (deuxième volume consacré à l'action) ; La Lucha con el Dragón (le symbolisme du dragon vu, avant tout, comme une représentation de l'ego qui nous domine et nous opprime) ; Magia y Misterio del Liderazgo - El arte de vivir en un mundo en crisis (la figure du leader comme être humain intégral et complet, comme idéal de noblesse et comme objectif auquel nous devons tous aspirer) ; La Luz del Tao (le Tao-Te-King de Lao-Tse traduit et commenté dans un exposé vaste et approfondi) ; La Senda del Honor ("Le chemin de l'honneur", présentation de l'une des valeurs fondamentales de toute société traditionnelle).

Mais en plus de celles déjà disponibles, il y a beaucoup d'autres œuvres sur lesquelles Medrano travaille dans son "buen retiro" : Shinto y Zen. Raíces metafísicas de la cultura japonesa ; El valor de la persona ; Vivir con inteligencia ; Mente, espíritu y libertad ; El sendero de la felicidad ; La revolucíon poética ; La accíon heroica ; El camino de la vida noble ; El Grial en Oriente y Occidente ; El mito de Hércules y el destino del hombre occidental ; Kali-Yuga. La crisis de Occidente y el fin del milenio ; La Tradición como Sabiduría Universal ; El Simbolismo del Sol ; La revolución de la Cruz Gamada (analyse critique de l'idéologie nationale socialiste) ; Wakan-Tanka ; El Imperio, forma suprema de la unidad de Europa ; El arte de leer ; Orden y desorden. Los fundamentos de la vida humana ; El Deber, fuerza liberadora y forjadora de la persona.

Récemment, il s'est particulièrement impliqué dans le projet de création de la "Fundación Antonio Medrano", une institution qui vise à reconnaître officiellement, à valoriser et à gérer son énorme bibliothèque et les innombrables volumes sur tous les sujets de la connaissance humaine qu'elle contient, orientée vers l'éducation des jeunes, la défense et la promotion de la culture, de la spiritualité, des idéaux et des valeurs qui font que la vie vaut vraiment la peine d'être vécue. Il existe également un site web en espagnol qui lui est consacré (https://antoniomedrano.net/), où l'on peut trouver une sélection actualisée de ses écrits et des nouvelles utiles, constamment mises à jour, pour suivre en temps réel ses innombrables activités.

La théologie de l'hyper-objet et de l'hyper-pandémie

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La théologie de l'hyper-objet et de l'hyper-pandémie

Alexander Bovdonov

Ex: https://www.geopolitica.ru/es/article/la-teologia-del-hiper-objeto-y-la-hiper-pandemia

Timothy Morton est un transhumaniste bien connu et s'est rendu célèbre pour avoir créé le concept de "dark ecology". A plusieurs reprises, il a affirmé que le Covid-19 "est l'hyper-objet ultime ou quintessentiel" (1).

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Morton utilise le terme philosophique "hyper-objets" pour décrire des entités extérieures à notre conscience qui sont "fortement distribuées dans le temps et l'espace, transcendant la spécificité spatio-temporelle, quelque chose que nous pouvons observer dans le réchauffement climatique, le polystyrène, le plutonium radioactif" (2) et, apparemment, aussi dans Covid-19.

Cependant, si nous voulons comprendre de quoi nous parlons, nous devons garder à l'esprit que Morton est l'un des "classiques vivants" du réalisme spéculatif et de l'ontologie orientée objet, de plus en plus populaire, qui postule une sorte de "magie réaliste" et de "théologie sombre" qui recommande le contact avec des entités "démoniaques" qui existent à l'intérieur des objets et se trouvent dans un espace totalement chaotique, destructeur et illusoire (ce qu'on appelait autrefois "le monde"). Ainsi, les "hyper-objets" possèdent une dimension spirituelle qui sera reprise par les sociétés futures à l'instar de la crainte religieuse. En ce sens, les hyper-objets seraient les "dieux" qui donneraient naissance à un nouvel âge.

Morton soutient que "les hyperobjets sont un véritable tabou parce qu'ils sont l'inversion démoniaque de ce que la religion appelle les substances sacrées...". N'est-il pas ironique que des sociétés aussi matérialistes et séculières aient pu créer ces substances spirituelles supérieures ?

51dVe3f1HKL._SX302_BO1,204,203,200_.jpgEn fait, tout cela est très simple : quiconque tiendrait de tels propos dans une société traditionnelle (surtout s'il utilise à plusieurs reprises le pronom "ils" au lieu de "il" pour se désigner) serait considéré comme possédé : "Car il dit : "Sors de cet homme, esprit impur". Et Il lui demanda : "Quel est ton nom ? Et il lui dit : "Légion est mon nom, car nous sommes nombreux" (Mc 5,8-9). Or, dans le monde d'aujourd'hui, ce sont précisément ces êtres qui créent notre vocabulaire et nos concepts philosophiques qui, peu à peu, deviendront des réalités évidentes pour le commun des mortels.

Or, il s'avère que Timothy Morton est diplômé du St Magdalene's College, à Oxford, où enseignait à une époque un célèbre penseur chrétien : Clive Staples Lewis. Lewis a écrit un livre célèbre à la fin des années 1930, intitulé That Hideous Strength, dont l'intrigue tourne autour de scientifiques britanniques qui tentent de prendre le contrôle de la planète en utilisant des démons. Ces scientifiques appellent ces esprits impurs "macrobes" ("hyper-objets") et leur projet se résume à l'imposition du transhumanisme ("l'individu deviendra le cerveau de la société et la race humaine deviendra une technocratie"), à la réduction de la population et à la promotion de l'art moderne comme moyen d'"éliminer" la subjectivité humaine. De plus, à un moment donné, ils souhaitent imposer une dictature médico-sanitaire où "le traitement est continu, puisqu'il ne s'arrête jamais tant qu'un remède n'est pas trouvé, et la question de savoir si un patient est guéri n'est pas tranchée par un tribunal". Soigner un malade est un geste d'humanisme, mais il est beaucoup plus humaniste de prévenir la maladie".

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Le livre de Lewis se termine par l'intervention des forces angéliques, car dans un monde dominé par l'"ontologie orientée objet" et par les "scientifiques britanniques" qui ont fait un pacte avec les démons, seul un événement exceptionnel peut résoudre les choses. Après tout, il est impossible pour les êtres humains ordinaires de résister à un tel assaut: "Ils s'adressèrent aux dieux, mais les dieux ne leur répondirent pas et firent au contraire tomber le ciel sur eux".

Post-scriptum :

D'autre part, il est intéressant de noter que l'un des collègues de Morton, Dominic Boyer - un partisan du mouvement antifa américain et un grand promoteur du transhumanisme - a proposé la création du concept d'hypo-sujet (4) (c'est-à-dire un infra-sujet), qui devrait remplacer l'être humain dans le cadre d'un monde dominé par des "hyper-objets". Boyer dit ceci à propos de l'hypo-sujet :

"Les hypo-sujets sont les espèces indigènes de l'Anthropocène et nous commençons tout juste à découvrir ce qu'ils peuvent être ou devenir". "Comme leur environnement hyper-objectif, les hypo-sujets sont également multiformes et pluriels : ils n'existent ni ici ni là et sont moins que la somme totale de leurs parties. En d'autres termes, ce sont des êtres sous-jacents plutôt que transcendants. Ils ne recherchent ni ne prétendent posséder la connaissance ou le langage absolus, et encore moins le pouvoir. Au lieu de cela, ils sont occupés à jouer, à s'inquiéter de choses insignifiantes, à s'adapter aux circonstances, à éprouver de la douleur ou à rire.

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"Les hypo-sujets sont nécessairement féministes, colorés, queer, écologiques, transhumains et intrahumains. Ils ne reconnaissent pas les règles du jeu imposées par l'andro-leuko-hetero-petro-modernité ni le comportement de l'espèce qui domine aujourd'hui la planète. De plus, les hypo-sujets regardent avec bonheur-horreur les fantasmes d'extinction, car que ce soit avant, maintenant ou plus tard, ils seront toujours nombreux".

La philosophie de Boyer voit dans le populisme et le phénomène Trump des tentatives de retarder la naissance des hypo-sujets qui essaient de défendre une espèce biologique "dépassée" ("êtres frustrés") au lieu de voler plus haut et de vaincre la gravité. C'est pourquoi Boyer recommande que les "êtres vivants" s'éteignent, sinon aucun nouveau n'émergera. Dans ce nouveau monde qui émerge, il n'y a pas de place pour les êtres humains.

Notes :

1. https://www.newyorker.com/culture/persons-of-interest/timothy-mortons-hyper-pandemic

2. https://www.geopolitica.ru/directives/ekspertiza-dugina-no-79-prosypayutsya-sushchestva-kotoryh-boyatsya-dazhe-v-adu

3. https://www.fadedpage.com/showbook.php?pid=20141232

4. https://culanth.org/fieldsights/hyposubjects

samedi, 25 décembre 2021

Les revues de presse de CD - 12 & 19 décembre 2021

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Les revues de presse de CD

12 & 19 décembre 2021

DÉSINFORMATION

Et si Assange avait révélé des crimes chinois ou russes et non américains ?

Si Julian Assange était un journaliste et éditeur chinois, il aurait reçu le prix Nobel, serait la pièce maîtresse de la Journée internationale des droits de l’homme célébrée ce 10 décembre, et cette semaine, son portrait aurait figuré en proue du sommet sur la démocratie du Président Joe Biden.

Le Cri des peuples

https://lecridespeuples.fr/2021/12/10/si-assange-avait-re...

États-Unis : l’indignation sélective des médias face aux tragédies

La couverture d’une tragédie semble dépendre de l’origine du présumé criminel.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/12/07/416080-etats-unis...

ÉCOLOGIE/ÉCONOMIE

Le mur de l’argent revisité. En route vers le trillion. L’irrésistible ascension des zombies.

Le terme mur d’argent, ou mur de l’argent exprimait dans les années 1920 l’opposition des grands capitalistes à toute réforme économique et sociale. Il fut forgé par Herriot en 1924 je crois. pour exprimer l’action négative des détenteurs de capitaux face à la montée d’une démocratie ouvrière,

Brunobertez.com

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La longue agonie du fret ferroviaire

Le 22 octobre dernier, le premier ministre inaugurait en grande pompe la reprise du train des primeurs : le Perpignan-Rungis. Après deux ans de suspension, ce retour fait écho aux mesures annoncées le 27 juillet pour relancer le fret ferroviaire. Cette initiative semble pourtant déjà s’inscrire dans une longue liste de plans de relance qui n’ont pas donné les effets escomptés. Alors, comment expliquer ce déclin du fret ferroviaire ?

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/la-longue-agonie-du-fret-ferroviaire/

FRANCE

Dans les coulisses du Brexit 

Malgré ses dénégations répétées en boucle sur des chaînes d’information complaisantes, le gouvernement français est en train de lâcher les pêcheurs qui naviguent en mer du Nord et dans la Manche. Dans la vive querelle qui oppose Paris à Londres au sujet des zones de pêche dans les eaux britanniques et anglo-normandes, la République française et l’Union dite européenne démontrent leur évidente volonté de ne surtout pas nuire à la Grande-Bretagne.

Euro-synergies

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GAFAM

Amazon tente de torpiller une loi protégeant les libraires

La multinationale du e commerce a proposé au gouvernement français de relever ses frais d'envois des livres dans l'Hexagone en échange d'un engagement à retirer la loi établissant un prix de port minimal. Une proposition qui fait suite à un intense travail de lobbying. 

Challenges.fr

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GÉOPOLITIQUE

Comment peut-on être Tigréen (suite et fin ?) ?

Les Tigréens sont des guerriers redoutables. Ce sont eux qui ont permis à l’Ethiopie de vaincre l’Erythrée. Ce sont également des hommes d’autorité qui ont dominé la vie politique éthiopienne après le renversement et le départ en exil de Mengistu en 1991. Participant tout d’abord au gouvernement de Abiy Ahmed, originaire de l’ethnie oromo, ils le quittèrent en 2020 et refusèrent de participer au Parti de la Prospérité du Premier ministre, estimant que celui-ci ne faisait pas aux Tigréens la place qu’ils devraient occuper. L’alliance conclue avec les Erythréens ne pouvait pas non plus leur plaire, eux qui avaient largement contribué à les mater. Aujourd’hui, l’Erythrée, qui cherche à prendre sa revanche, se trouve impliquée dans la guerre civile éthiopienne. Mais elle ne s’en sort pas bien.

Geopragma.fr

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Géopolitique de l’espace

Dans un monde en mutation profonde avec un changement sans précédent des paradigmes de la puissance, les États puissants sont en quête d’un renforcement d’une souveraineté extraterritoriale afin d’asseoir leur suprématie et de fait d’avoir des relais de rééquilibrage stratégique. Dans ce sens, l’espace est devenu un terrain de plusieurs enjeux que ce soit économique, scientifique, militaire ainsi que géostratégique.

Conflits

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LECTURE

Tous résistants dans l’âme. Éclairons le monde de demain !, du docteur Louis Fouché, 214 p., 17 €. Guy Trédaniel éditeur, Paris, 2021.

Présentation :

Curieux et intéressant ouvrage composé de sept discussions issues de YouTube entre l’auteur et son interviewer et ami Stéphane Chatry. Si Louis Fouché est très pertinent sur la santé et le néolibéralisme, le transhumanisme et le déferlement totalitaire (ce qui n’est pas rien dans ces temps difficiles !), il apparaît dans d’autres domaines (permaculture humaine et arts militants notamment) trop rempli de bons sentiments quelque peu naïfs, à l’instar des dessins, sympathiques mais un peu « justes » qui illustrent ce livre.

Auteur :

Louis Fouché est un docteur en réanimation à l’AP-HP de Marseille qui a très courageusement fait face au délire totalitaire qui a accompagné l’apparition du Covid19. Il est l’un des plus brillants ambassadeur du collectif Reinfocovid et a très brillamment relayé les diagnostics du professeur Raoult.

Extraits :

« Le néolibéralisme est un système d’asservissement intégral du vivant pour maximiser le profit financier. Son moteur principal est la peur ».

« Le capitalisme se base sur l’idée que la rotation accélérée de capital – dit autrement : la destruction du monde puis sa reconstruction – génère du profit. […] On appelle cela la ‘’destruction créatrice’’. C’est le principe de Schumpeter. Il est enseigné, ad nauseam, aux étudiants en école de commerce, en écoles d’ingénieurs, en écoles d’administration. Et si on le file, comme on file une métaphore, on l’amène un cran plus loin encore à la ‘’disruption’’. Ce concept a été théorisé par Clayton Christensen, professeur à la Harvard Business School. Si quelqu’un propose un outil technique – qui peut être une innovation technique, une innovation managériale ou administrative – qui va plus vite que la capacité du groupe à le métaboliser, alors ce quelqu’un prend le contrôle sur le système. »

« L’idéologie transhumaniste est surtout portée par des gens qui n’ont plus aucun problème matériel réel. Le seul problème qui leur reste à affronter est celui de la mort. Il faudrait donc la dépasser. Et le rêve transhumaniste ultime serait de télécharger notre esprit sur une clé USB, notre identité, afin qu’on puisse la recharger dans un nouveau véhicule, un nouveau corps dans une sorte d’éternité infiniment suspendue de nous-mêmes. »

« Derrière cette feuille de route numérique de duplication du monde pour nous aider en permanence à ce que tout soit plus fluide, plus facile, à ce que ta vie soit liquide, il y a une prétention totalitaire. Parce que, si tu lui échappes, tu seras un grain de sable dans l’engrenage. Tu vas empêcher le plan de se dérouler comme il se devait. Tu vas constituer une bifurcation, une anomalie, pire un danger ? Et c’est intolérable. Tout va être mis en œuvre pour que tu ne puisses pas faire autrement »

« En France, les lois sont votées à 3 heures du matin par quelques députés présents. Il ne se trouve plus personne pour s’y opposer. C’est une ignominie démocratique, une ignominie sanitaire : pourtant, le législateur y souscrit. Les législateurs servent d’autres intérêts que ceux des citoyens. Les juges ne prennent aucune décision qui aille à l’encontre du pouvoir exécutif. Le pouvoir journalistique et médiatique ne donne plus qu’un unique son de cloche, univoque et simpliste. C’est désormais une véritable propagande. »

« Pendant cette crise du Covid, énormément de gens ont été et sont encore dans une ‘’extraordinaire banalité du mal’’. Ils veulent juste que les trains arrivent à l’heure. Sans jamais regarder où vont les trains. L’un des enjeux est de regarder en face où vont les trains, puis de tout faire pour les faire dérailler, pour essayer que ça s’arrête. Parce que sans résistance, le totalitarisme peut rester très longtemps figé. »

« Le sujet de l’art est quasiment passé sous silence. Comme si l’art n’existait plus, comme si les artistes, devenus non essentiels, avaient vocation à crever de cette crise, éradiqués parmi les scories des choses accessoires. Des gens qui ne serviraient à rien ! C’est la logique du néolibéralisme où il faut être ‘’’utile’’’, participer à la croissance infinie de la matérialité du monde sous peine d’être considéré comme un parasite qui vivrait sur le budget des autres ! »

POLOGNE

La fin du mythe de l’Amérique

À bien des égards, la vie en Pologne est meilleure qu'aux États-Unis. Nous avons de meilleures écoles, de meilleurs transports publics, des soins de santé plus efficaces, des taux de criminalité et de sans-abri radicalement inférieurs. Mais ce qui est le plus surprenant, c'est que les Polonais sont plus nombreux que les Américains à avoir des économies.

Euro-synergies

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RÉFLEXION

La bataille culturelle contre le progressisme : elle ne peut être menée avec des prémisses communes à ce même progressisme !

La droite rappelle souvent la nécessité de mener une "bataille culturelle" contre le progressisme rampant, une expression destinée à dépeindre une sorte de dérapage de combat culturel, journalistique et médiatique dans lequel deux visions du monde radicalement opposées se battent pour l'hégémonie culturelle. Cependant, pour mener une telle bataille, il faut se battre avec des principes tout-à-fait opposés à ce progressisme, des principes qui proposent une alternative radicale (non pas parce qu'ils sont extrémistes, mais parce qu'ils vont à la racine des problèmes qui sont en jeu). Lorsque cela ne se produit pas, lorsqu'il n'y a pas adoption de principes radicalement opposés, la bataille des droites est inévitablement perdue.

Euro-synergies

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RUSSIE

Danse autour d’un champ de bataille

Une “guerre” sourde se déroule autour d’un champ de bataille pour l’instant virtuel, nommé Ukraine. On assiste à une formidable “guerre de communication”, – plus qu’une guerre de la seule information tant est grande la complexité exotique, – où des alliances inédites de circonstance sont activées pour la séquence crisique actuelle.

Dedefensa.org

https://www.dedefensa.org/article/danse-autour-dun-champ-...

SANTÉ/LIBERTÉ

Que contient le QR code du pass sanitaire ?

Le QR code du pass sanitaire contient plein de choses, mais pas votre anonymat.

Contrepoints

https://www.contrepoints.org/2021/12/06/402940-que-contie...

Pfizer va-t-il nous vendre (cher) un traitement précoce moins efficace que l’ivermectine ?

Le Ministre des Solidarités et de la Santé a annoncé il y a quelques semaines que la France a déjà acheté au laboratoire Merck 50 000 doses de Molnupiravir (aussi vendu sous le nom de Lagevrio), un nouveau traitement précoce contre le Covid-19, sur lequel les études sont en cours et qui soulève des inquiétudes sur les risques d’effets secondaires. Le prix aux USA est d’environ 850$ la dose, mais M. Véran a gardé secret le prix français de cet adorable cadeau.

covid-factuel.fr

https://www.covid-factuel.fr/2021/12/03/pfizer-va-t-il-no...

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Des décennies de profits et de scandales pour une industrie pharmaceutique qui mise sur les vaccins

Le plus grave problème posé par les géants du médicament, c’est leur influence néfaste sur la recherche médicale. L’industrie domine ce secteur et il existe des preuves solides que les études financées par les entreprises tendent à présenter des biais favorables au produit du sponsor.

The Conversation

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DÉSINFORMATION

Le projet maléfique de Gates s’appuie sur la corruption. 319 millions déversés dans les médias

Bill Gates est un corrupteur de tout ce qui compte dans le domaine public, académique, médiatique, politique et scientifique. Même le storytelling de la fondation de Microsoft cache mal un immense plagiat connu des initiés et bien protégé par les médias mainstream.

Le blog de Liliane Held Khawam

https://lilianeheldkhawam.com/2021/12/07/le-projet-malefi...

ÉTATS-UNIS

Concurrence mondiale : La suprématie américaine sous un autre nom

Dans une interview sur CNN, Jake Sullivan, conseiller de Biden pour la sécurité, a déclaré que c’était une erreur d’essayer de changer la Chine : « L’Amérique ne cherche pas à contenir la Chine : ce n’est pas une nouvelle guerre froide. » Les remarques de Sullivan interviennent une semaine après que le président Biden a déclaré que les États-Unis ne cherchaient pas de « conflit physique » avec la Chine, malgré la montée des tensions. « Il s’agit d’une compétition », a déclaré Biden. Cela semblait en effet signaler quelque chose d’important. Mais est-ce bien le cas ? L’utilisation du mot « concurrence » est un peu curieuse en tant que terminologie et nécessite un petit décryptage.

Les-crises.fr

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Le Sommet du déni de la démocratie

Le président américain Joe Biden a marqué le pas le mois dernier de manière consistante avec la politique étrangère de son pays depuis la formulation de la doctrine Monroe en 1823, celle-ci à l’époque devant « préserver le continent nord-américain et l’Amérique latine contre de nouvelles interventions colonisatrices européennes. » Depuis, cette doctrine a été étendue et appliquée à travers le monde par ses prédécesseurs, pour le meilleur et pour le pire. Naturellement, il défend et promeut les intérêts nationaux des Etats-Unis comme devrait le faire chaque président ou premier ministre pour son pays. Mais il s’est lourdement trompé sur l’organisation d’un « Sommet de la démocratie ».

Geopragma

https://geopragma.fr/le-sommet-du-deni-de-la-democratie/

Ce que l’affaire Assange révèle du pouvoir américain depuis le 11 septembre

Dix ans de captivité et une seule condamnation, pour défaut de comparution. Un asile politique accordé, puis révoqué. Des procédures viciées. Et une mise hors-jeu de fait : depuis 2018, Wikileaks n’a pratiquement rien publié. Son fondateur, Julian Assange, attend l’issue de la demande d’extradition vers les États-Unis, où il encourt 175 ans de prison ; le jugement rendu le 10 décembre par la Haute cour de justice de Londres constitue une nouvelle victoire pour la partie américaine. Alors que la couverture médiatique se focalise sur la défense de l’accusé et les atteintes portées à la liberté de la presse, ce prisme juridique occulte les enjeux effectifs de l’affaire : le formidable réseau de pression géopolitique qui s’exerce sur la justice britannique, et le mode de gouvernement par le secret caractéristique de l’État américain depuis le 11 septembre. L’absence d’analyses approfondies sur ces enjeux dans la presse est symptomatique d’une carence de contrepouvoirs.

Le Vent Se Lève

https://lvsl.fr/ce-que-laffaire-assange-revele-du-pouvoir...

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FRANCE

La Nouvelle-Calédonie, un atout stratégique méconnu dans le Pacifique

Le 12 décembre 2021, les électeurs de Nouvelle-Calédonie exprimaient leur souhait de demeurer français à l’issue d’un troisième référendum en trois ans, certes boycotté par les indépendantistes. Au-delà des mines de nickel et du combat politique des partisans de l’autodétermination, les Français de métropole connaissent mal cet archipel d’îles jouxtant l’Australie en mer de Corail. S’y joue pourtant une partie essentielle dans l’affrontement des puissances.

Conflits.com

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La menace turco-islamiste en France. Enjeux & perspectives

Une récente note de la DGSI a alerté sur la pénétration de l’islam fondamentaliste en France. S’appuyant sur des associations françaises et étrangères, des mouvements liés aux Frères musulmans ou à Al-Qaïda tentent de prendre le contrôle des populations immigrées pour les détacher de la France et se servir d’elle. État des lieux, à travers l’exemple des réseaux turcs.

Conflits

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GAFAM

Puissance des géants du numérique, impuissance des États ?

Les Gafa vont-ils dominer le monde ? Quels sont leurs rapports avec les États, sont-ils leurs adversaires ou leurs alliés ? Éléments de réponse avec Laurent Gayard.

Conflits

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GÉOPOLITIQUE

L’Ukraine du Maïdan

L’histoire récente de l’Ukraine est, comme celle de la Syrie qui en sera notre deuxième exemple, un condensé des techniques utilisées par les États Unis pour forcer les pays récalcitrants à se soumettre à son idéologie ultralibérale. Révolutions de couleurs, terrorisme, corruption, propagande de guerre et autres psyops pour les pays concernés et propagande médiatique pour le monde occidental afin que la population ne puisse pas en comprendre les enjeux.

Le Saker francophone

https://lesakerfrancophone.fr/ceg9-lukraine-du-maidan

ISRAËL

Un ex-chef des renseignements israéliens qui a un autre point de vue sur l’Iran

Danny Citrinowicz estime – entre autres – que le manque de nuances des politiciens a entraîné un échec politique « colossal »

The Times of Israël

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SANTÉ/LIBERTÉ

Tribune : « Une nouvelle religion vaccinale est née en Occident »

La séquence d’appel à la vaccination des enfants par le gouvernement français ce lundi 6 décembre était écrite d’avance. Telle est la nouvelle religion qui se répand dans le monde et permet aux grands maîtres argentiers Pfizer et Moderna d’engranger 1 000 dollars de bénéfice par seconde à chaque instant de nos vies, le tout orchestré par leurs vassaux régionaux que sont devenus la plupart des gouvernements occidentaux ainsi que les agences internationales – à commencer par une Commission Européenne emmenée par une Ursula von der Leyen orchestrant la grande opération vaccinale tout en ayant un fils travaillant pour le cabinet McKinsey et un mari directeur d’une entreprise de biotechnologies orientée vers les thérapies génétiques.

QG.media

https://qg.media/2021/12/12/tribune-une-nouvelle-religion...

Covid-19. Sans surmortalité, les mesures sont-elles justifiées ?

A l’heure où la vaccination est ouverte aux enfants et aux adolescents ; à l’heure où il leur est demandé de respecter des restrictions nombreuses et contraignantes (port du masque, distanciation sociale, pass sanitaire…), sans forcément s’attacher à exposer les arguments qui ont conduit à cette situation, il est temps de faire un pas vers eux et de rendre l’information accessible. Cette vidéo propose une vulgarisation scientifique qui tend à détailler et mettre en évidence les erreurs d’interprétation liées aux calculs réalisés pour établir une surmortalité en 2020 par rapport à 2019, avec les fameux 9% de mortalité en plus. Car s’il s’avère qu’il n’y a pas eu de surmortalité due à l’épidémie de Covid, l’ensemble des mesures prises par la suite n’ont de ce fait pas de fondement scientifique et sont ainsi sérieusement à remettre en cause.

breizh-info.com

https://www.breizh-info.com/2021/12/18/176515/covid-19-sa...

La mode comme matrice de la dictature écologiste et woke

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La mode comme matrice de la dictature écologiste et woke

par Nicolas Bonnal

Je revoyais le film de Robert Altman Prêt-à-porter mal reçu en son temps (1994). Il ne s’agit certainement pas d’un policier (un gros bourgeois s’étrangle avec un sandwich) mais d’une satire « chorale » (des dizaines de grands acteurs) et sociale dont le Maître avait le secret et qui renouait avec le génie d’opus pétroniens comme MASH ou Nashville. Mais en voyant ce cortège de tarés (les gens de la mode donc) balayés par la caméra acide d’Altman, on découvrait que la mode ne reflète pas la dictature actuelle qui sévit rageusement en occident, mais qu’elle l’inspire.

51iPzeSMPKL._AC_SY445_.jpgLa fin du film montre un défilé à poil comme on sait, alors essayons en quelques lignes de mettre à nu ce monde abominable dont les défilés « genrés » accompagnent et précèdent les décisions totalitaires et démentes de la commission de Bruxelles et de Washington. Rappelons que c’est un type de la mode (JP Goude) qui organisa le défilé du bicentenaire de la Révolution qui consacra la tyrannie de la gauche-caviar qui achève la liquidation de la France actuellement (cf. mon Mitterrand le grand initié) : les grands travaux auront eu un impact psychologique et occultiste mondial. Résumons donc (à chacun d’ajouter et de développer un thème à son goût) :

La mode (IE les gens de la mode) est new Age et occultiste en diable. Elle court après les gourous. La mode est bourrée de pognon, ne crache pas dessus, se fout des pauvres mais est à l’avant-garde de tous les bouleversements sociétaux.

La mode est végétarienne et si possible véganienne.

La mode veut voyager en jet exclusivement mais ne veut pas d’avions pour le reste de la planète. Idem pour nos oligarques et politiques.

La mode est unisexe ou transmaniaque ; elle baigne dans tous les scandales liés au blanchiment, à la drogue, aux mafias (Versace etc.).

Antiraciste avant tout le monde (années soixante déjà), la mode a imposé l’agenda multiculturel anti-blanc d’aujourd’hui : si seulement il pouvait nous débarrasser des « créateurs » blancs dégénérés d’aujourd’hui ! On nage dans le Sardanapale de notre cher Artaud qui sous-titrait ainsi son livre : l’anarchiste couronné.

La mode est hystérique et dispose depuis longtemps de ses propres chaînes de télé (ils les regardent toute la journée pour s’y voir et se rassurer).

 La mode est bavarde, pédante et surtout irresponsable, comme tous les toqués qui nous dirigent. On attend les défilés-seringue.

La mode est stupide et ne vit comme un petit insecte que pour une saison ou même quelques jours. Elle partage le présent permanent des imbéciles.

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La mode a gagné le catholicisme romain (Castelbajac ou le Roma de Fellini) et l’on pourra donc rappeler que l’habit fait le moine ; être à la mode, c’est être moderne. Elle frappe surtout un pays comme la France. Montesquieu a écrit sur cette mode folie française dans ses lettres persanes (dans une lettre, la C, beaucoup plus importante que celle imposée à l’école) :

« Quand je te dis qu’ils méprisent tout ce qui est étranger, je ne parle que des bagatelles ; car, sur les choses importantes, ils semblent s’être méfiés d’eux-mêmes jusqu’à se dégrader. Ils avouent de bon cœur que les autres peuples sont plus sages, pourvu qu’on convienne qu’ils sont mieux vêtus ; ils veulent bien s’assujettir aux lois d’une nation rivale, pourvu que les perruquiers français décident en législateurs sur la forme des perruques étrangères. Rien ne leur paraît si beau que de voir le goût de leurs cuisiniers régner du septentrion au midi, et les ordonnances de leurs coiffeuses portées dans toutes les toilettes de l’Europe. » Montesquieu parle de SERVITUDE dans la même lettre.

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Et dans la lettre la plus connue il évoque ce présent permanent dont je parle souvent et cette capacité d’oubli débile :

« Je trouve les caprices de la mode, chez les Français, étonnants. Ils ont oublié comment ils étaient habillés cet été ; ils ignorent encore plus comment ils le seront cet hiver ; mais surtout on ne saurait croire combien il en coûte à un mari pour mettre sa femme à la mode. »

Le texte de Montesquieu est essentiel pour comprendre que nous entrons dans la modernité : le temps des abrutis est arrivé. Comment peut-on être persan (et pas perçant en effet ?). Ajoutons que Montesquieu a inventé le style journalistique dans ce même méphitique ouvrage à la solde de l’Angleterre.

Mais concluons pour souligner l’importance de ce sujet négligé. Le vêtement n’est pas secondaire, et le métaphysicien traditionaliste Frithjof Schuon en a parlé mieux que Carlyle ou Montesquieu dans son texte sur LE MESSAGE D’UN ART VESTIMENTAIRE.

Schuon donc : « le vêtement, comme le langage et la position verticale, est une des prérogatives de l’homme ; beaucoup moins important sans doute que les deux autres prérogatives mentionnées, il n’en est pas moins caractéristique de l’homo faber. »

Schuon ajoute : « …le « vêtement » pouvant avoir pour fonction, soit de dissimuler le corps, soit au contraire d’en rehausser le symbolisme ou la beauté. L’existence des vêtements princiers et sacerdotaux prouve que le vêtement confère à l’homme une personnalité, c’est-à-dire qu’il exprime ou manifeste une fonction qui éventuellement dépasse ou ennoblit l’individu. »

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Et on terminera par cette belle envolée :

« Le vêtement en soi peut représenter ce qui voile, donc l’exotérisme, mais il s’intériorise et s’« ésotérise » moyennant ses éléments symboliques, son langage sacerdotal précisément. Dans ce cas, le vêtement représente à son tour l’âme ou l’esprit, donc l’intérieur, le corps ne signifiant alors que notre existence matérielle et terrestre. »

Assez pour Schuon. La consécration de l’occident à Satan, évidente aujourd’hui,  n’est pas visible que dans la mode ; voyez le site vigilantcitizen.com qui fait très bien le lien entre musique, vidéo, mode et même politique (la noce rouge des Getty avec Pelosi, les liens de Microsoft avec Abramovici, Apple et les défilés Queer). La transformation en diable par le costume a été bien filmée par Ridley Scott (voyez mon livre) dans le négligé film Légende, qui forme sans doute l’épicentre de son œuvre alchimique. Scott est le producteur exécutif des clips de Lady Gaga dont on ne rappellera pas ici les exploits.

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Et revoyez le Vatican Fashion Show de Fellini-Roma pour rire : il avait prévu et filmé la fin de la religion en occident. Le cinéma aura pu tout montrer car la foule télé était trop nulle pour croire et voir.

Sources:

Schuon – Avoir un centre (recueil)

Bonnal – Ridley Scott (Amazon, Dualpha)

Montesquieu – Les lettres persanes

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Le droit européen contre le droit national - en l'occurrence la Pologne

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Le droit européen contre le droit national - en l'occurrence la Pologne

par Jan Sergooris

Ex: Nieuwsbrief Knooppunt Delta vzw - Nr. 164 - December 2021
 
De même que la Hongrie était devenue la tête de Turc de l'UE le mois dernier, c'est maintenant au tour de la Pologne d'être torpillée comme le plus grand pécheur de l'Europe. Cette attaque frontale a été déclenchée par l'arrêt de la Cour constitutionnelle polonaise (PGH) remettant en cause la primauté automatique du droit communautaire sur le droit polonais.

Il n'est nullement dans notre intention de faire l'éloge du régime politique en Pologne. Mais, tout comme nous avons critiqué dans notre précédent bulletin d'information les reportages en Europe occidentale sur la Hongrie et sa soi-disant "loi anti-gay", les reportages des médias grand public sur la Pologne nous dérangent énormément. Pour des raisons purement idéologiques, ils utilisent sans vergogne des demi-vérités et des mensonges complets pour déformer délibérément les faits.

De quoi s'agit-il ? Dans la presse occidentale, des journalistes, des universitaires et des politiciens ont affirmé que la Cour constitutionnelle polonaise (PGH) avait jugé que la Constitution polonaise prévalait toujours sur le droit européen. Pour eux, ce n'est rien d'autre qu'une déclaration de guerre à l'Europe et à ses principes fondateurs. D'ailleurs, les gens parlent toujours de l'Europe alors qu'ils veulent en fait parler de l'UE. Mais cela n'a rien à voir avec le sujet.

Lode Goukens, chargé de cours en "Institutions européennes et mondiales" au Collège universitaire Thomas More, est l'un des rares universitaires à tenter de contrecarrer le parti pris idéologique de la presse politiquement correcte en laissant les faits parler d'eux-mêmes. Il souligne qu'en réalité, le PGH n'indique nulle part que le droit polonais prime de toute façon sur le droit européen. Le PGH a seulement jugé que certains des traités européens n'étaient pas compatibles avec la Constitution polonaise dans certains domaines. Le droit communautaire ne peut primer sur le droit national que si l'UE reste dans les limites des pouvoirs qui lui sont accordés par les États membres. Si l'UE dépasse ces limites, le droit communautaire ne pourra jamais primer sur le droit national. Toujours selon Boudewijn Bouckaert, la Pologne reconnaît explicitement la supériorité du droit européen, mais uniquement lorsqu'il s'agit de compétences qui ont été explicitement transférées dans les traités de l'UE. Il souligne que l'Europe n'est pas un État ou un super-État, mais une organisation conventionnelle dotée de pouvoirs importants mais limités ( !).

Dans les interviews qui ont suivi la décision polonaise, les politiciens, les universitaires et les journalistes d'Europe occidentale se sont évertués à faire comprendre que le droit de priorité de l'UE sur le droit national est une loi de la moyenne. Mais sur quoi se base-t-elle ? Revenons donc à l'histoire récente.

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Dans son livre "Slow Democracy", David Dzjaïz décrit comment la justice sous l'égide de l'UE a clairement déraillé. En droit international classique, un traité européen signé par un État national ne s'appliquait pas encore directement aux citoyens de ce pays. Pour ce faire, l'État devait d'abord transposer le traité dans la législation nationale, c'est-à-dire en pilotant une loi par le parlement. Mais en 1963, la Cour de justice de l'UE (CJUE), dans son arrêt Van Gend & Loos, est allée à l'encontre de la jurisprudence internationale en déclarant que les traités européens sont directement applicables aux citoyens (1). Un an plus tard, la CJUE est allée plus loin avec l'arrêt Costa/Enel (2). Dans cette affaire, la Cour européenne a jugé que, dorénavant, toutes les dispositions juridiques européennes priment sur les législations nationales, y compris les constitutions. Une loi nationale qui ne serait pas conforme au droit européen pourrait être ignorée. Les traités européens sont ainsi devenus une sorte de constitution imposée à toutes les démocraties nationales, qui a primé même sur leurs lois suprêmes, alors que tous les textes fondamentaux de la démocratie affirment que la souveraineté appartient en dernier ressort à la nation. 

Retour en Pologne. Selon le professeur Marc De Vos (Itinera), la révolution de palais polonaise touche une corde sensible dans la construction de l'Union européenne. "L'Union est le résultat final des traités que les pays européens ont conclus par vagues depuis les années 1950. Avec chaque traité, les pays contractants cèdent une partie de leur souveraineté à Bruxelles. Peu à peu, l'Union elle-même a acquis les éléments constitutifs d'un État constitutionnel : un parlement élu, une Commission européenne désignée comme gouvernement de facto, une cour européenne à Luxembourg. L'Union européenne est un État proto-fédéral. Il manque toutefois une chose : un choix clair, inscrit dans les traités constitutionnels de l'Union, concernant la relation hiérarchique entre l'Union et les États membres. Au début de l'unification européenne, il n'y avait pas de consensus politique sur ce point, peut-être même pas de compréhension politique. La Cour de Luxembourg a existé. Dès 1964, la Cour a jugé que le droit européen devait automatiquement primer sur le droit national (supra, Jan S). Toute l'architecture de l'Europe est fondée sur ce principe de primauté. La caractéristique des États fédéraux est que la constitution fédérale régit les relations entre l'État fédéral et les États fédérés et prévoit un mécanisme de règlement des conflits. Dans l'Union européenne, il n'y a jamais eu d'accord. Les États membres n'ont pas eu à modifier leurs constitutions" (Knack 27/7/2021).

Le principe de la primauté du "droit européen" sur le "droit national" n'était pas inscrit dans le traité de Rome ni dans aucun des autres traités européens. Une tentative a été faite pour l'inclure dans la constitution européenne qui a échoué, mais elle n'a pas été incluse dans le traité de Lisbonne (UNHERD).

Herman Michiel affirme également que la priorité du droit européen n'a pas été décrétée par les chefs d'État ou de gouvernement après une décision démocratique des représentants du peuple ou après un référendum, mais par des juristes non élus de la Cour européenne de justice à Luxembourg. Donc pas plus que quelques juges au Luxembourg ! Il n'y a aucune mention d'un traité de souveraineté partagée dans les annales européennes... (12/5/2020 dans Ander Europa).

Le journaliste Bart Haeck confirme que la discussion a été réglée par des juges, et non par des politiciens (de Tijd 21/10/2021). Marc De Vos souligne que la Pologne n'est pas seule dans son attitude. Les deux hautes cours de France (Conseil d' État) et d' Allemagne (Bundesverfassungsgericht), deux membres respectueux des lois de l' UE, ont, ces dernières années, de plus en plus remis en question le fonctionnement de la Cour de justice... Le Royaume-Uni a quitté l'UE en partie par mécontentement face à la jurisprudence européenne incontrôlée et invérifiable qui met la souveraineté nationale sens dessus dessous.....

La Cour constitutionnelle allemande avait déjà jugé à plusieurs reprises dans des arrêts précédents que la préservation d'une véritable démocratie exige que des pouvoirs suffisants restent au niveau national et que la compétence des institutions européennes soit limitée, entre autres, par le principe de subsidiarité (ne pas faire des choses que les États membres peuvent mieux faire eux-mêmes) et le principe de proportionnalité (cela signifie que l'UE ne prend que les mesures nécessaires pour atteindre ses objectifs, et pas plus). Ces principes ont été consacrés dans les traités européens révisés (traité de Lisbonne). Matthias Storme a souligné que dans le contexte de l'achat massif d'obligations gouvernementales par la BCE, la Cour constitutionnelle allemande (le 5/5/2020) a fait une déclaration forte concernant les limites des pouvoirs transférés à l'UE. Les institutions européennes, et plus particulièrement la Banque centrale européenne et la Cour de justice, ont refusé d'entamer un dialogue avec la Cour. Et où était l'indignation des 26 autres États membres parmi les politiciens, les universitaires et dans la presse ?

Conclusion :
 
La chasse aux sorcières contre la Pologne a essentiellement peu ou rien à voir avec les principes concernant la juridiction qui prévaut. Ce n'est rien d'autre qu'un sophisme. Le véritable problème est que la Pologne et la Hongrie, en tant que leaders les plus francs des pays wisigoths, refusent de se conformer politiquement, éthiquement et religieusement aux oukases libéraux de gauche de la Commission européenne et d'autres organes non élus de l'UE. 

Les accusations portées contre les Polonais sont pleines d'hypocrisie. Par exemple, une décision de la Cour constitutionnelle polonaise visant à renforcer les règles relatives à l'avortement était entièrement conforme à l'opinion de la majorité des Polonais qui sont catholiques. Les oligarques de gauche de l'UE n'aiment pas cela.

Ce qu'ils ne veulent pas comprendre, c'est que la population des pays d'Europe de l'Est estime que l'éducation sexuelle de leurs enfants doit relever de la responsabilité des parents, et non d'une idéologie du genre promue par le gouvernement. Alors que la presse occidentale reproche aux zones interdites aux LGTBQ en Pologne d'être un symbole d'homophobie, c'est dans les capitales d'Europe occidentale que les homosexuels sont les victimes quotidiennes de la violence anti-gay, principalement de la part d'extrémistes musulmans. Mais les bien-pensants détournent ostensiblement le regard.

Une autre critique à l'encontre de la Pologne est que la nomination des juges à la Cour suprême en Pologne porte atteinte à la séparation des pouvoirs ... Quel raisonnement bizarre. Dans plusieurs pays européens également, les juges sont nommés ou désignés par des hommes politiques. En Allemagne, par exemple, cela s'applique aux plus hauts juges du Bundesverfassungsgericht. Ces nominations politiques n'ont jamais été une raison de remettre en question l'état de droit en Allemagne. Et la Cour constitutionnelle de Belgique n'est-elle pas un exemple typique d'ingérence politique : sur les 12 membres, six sont nommés parmi les (anciens) politiciens. Et dans le contexte européen, les nominations politiques sont devenues la règle. Les juges de la Cour de l'UE à Luxembourg sont nommés par les différents gouvernements des 26 États membres.

David Engels dit à juste titre que lorsque la Pologne a rejoint l'Union, elle était convaincue que ce projet reposait sur le respect partagé d'institutions sociales fondamentales telles que la famille classique, la propriété privée, l'identité nationale ou la civilisation occidentale. Cependant, les élites européennes se sont de plus en plus tournées vers des idées de gauche radicale telles que le multiculturalisme, la théorie du genre, l'idéologie LGTBQ, le mondialisme, la culture de la dette et le masochisme occidental.

Lode Goukens affirme à juste titre que la CEE, en tant que prédécesseur de l'UE, a de plus en plus glissé du statut d'organisation de libre-échange d'États souverains à celui de club dirigiste et centraliste. Nous pourrions ajouter que la haine et l'intolérance envers ceux qui pensent différemment sont devenues les ingrédients constants de leur recette idéologique.

Jan Sergooris

(1) La société néerlandaise Van Gend en Loos a été confrontée à une taxe à l'importation sur des marchandises importées d'Allemagne. Selon Van Gend en Loos, il s'agissait d'une augmentation des droits de douane interdite par le traité CEE. 

(2) L'affaire Costa Enel concernait un Italien détenant des parts dans une société d'électricité qui se sentait injustement traité par sa nationalisation.

Biden atlantiste contre Poutine eurasien

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Biden atlantiste contre Poutine eurasien

Alexandre Douguine

Source: https://www.geopolitica.ru/article/atlantist-bayden-vs-evraziec-putin

L'escalade des relations entre la Russie et les États-Unis après l'arrivée de Joe Biden à la présidence et l'aggravation de la situation autour de l'Ukraine, ainsi que la tension croissante sur le périmètre des frontières russes (actions provocatrices des navires de l'OTAN dans le bassin de la mer Noire, manœuvres agressives des forces aériennes américaines le long des frontières aériennes russes, etc.) - tout cela a une explication géopolitique tout à fait rationnelle. La racine de tout doit être recherchée dans la situation qui a émergé à la fin des années 80 du vingtième siècle, lorsque l'effondrement des structures du camp soviétique a eu lieu. En même temps que le socialisme en tant que système politique et économique, une construction géopolitique solide et de grande ampleur, qui n'a pas été créée par les communistes, mais représentait une continuation historique naturelle de la géopolitique de l'Empire russe, s'est effondrée. Il ne s'agissait pas seulement de l'URSS, qui était un successeur direct de l'Empire et comprenait des territoires et des peuples rassemblés autour du noyau russe bien avant l'établissement du pouvoir soviétique. Les bolcheviks - sous Lénine et Trotsky - en ont perdu une grande partie au début, puis avec beaucoup de difficultés - sous Staline - l'ont regagnée (avec davantage encore de territoires). L'influence de la Russie en Europe de l'Est n'a pas non plus été uniquement le résultat de la Seconde Guerre mondiale, poursuivant à bien des égards la géopolitique de la Russie tsariste. L'effondrement du pacte oriental et l'effondrement de l'URSS n'étaient donc pas seulement un événement idéologique, mais une catastrophe géopolitique (comme le président Poutine lui-même l'a déclaré sans équivoque).

Dans la Russie des années 1990, sous le règne d'Eltsine et de la toute-puissance des libéraux pro-occidentaux, le processus de désintégration géopolitique s'est poursuivi, avec en ligne de mire les territoires du Caucase du Nord (première campagne de Tchétchénie) et, à plus long terme, d'autres parties de la Fédération de Russie. Pendant cette période, l'OTAN s'étendait librement et rapidement vers l'Est, incorporant presque entièrement l'espace de l'Europe de l'Est (les anciens pays du Pacte de Varsovie) ainsi que les trois républiques baltes de l'URSS - Lituanie, Lettonie et Estonie. Ce faisant, tous les accords avec Moscou ont été rompus. Washington a promis à Gorbatchev que même une Allemagne unie gagnerait en neutralité après le retrait des troupes soviétiques de la RDA et, de plus, aucune expansion de l'OTAN n'avait été envisagée. Zbigniew Brzezinski a déclaré avec franchise et cynisme en 2005 lorsque je lui ai demandé directement comment il se faisait que l'OTAN se soit étendue au mépris de ces promesses faites à Gorbatchev : "nous l'avons trompé". Gorbatchev a également été trompé par l'Occident en ce qui concerne les trois républiques baltes.

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Le nouveau chef de la Russie, Boris Eltsine, s'est vu promettre une nouvelle fois qu'aucune des anciennes républiques soviétiques restantes ne serait admise dans l'OTAN. Immédiatement, l'Occident a commencé à créer, selon son habitude, divers blocs dans l'espace post-soviétique - d'abord le GUAM, puis le Partenariat oriental - avec un seul objectif : préparer ces pays à l'intégration dans l'Alliance de l'Atlantique Nord. "Nous avons triché, nous avons triché et nous continuerons à tricher", ont proclamé les atlantistes presque ouvertement, sans honte.

En Russie même, les cinquième et sixième colonnes au sein de l'État ont adouci le choc et contribué au succès de l'Occident à tous les coups. Poutine a récemment décrit comment il a éliminé les espions américains directs de la structure de gouvernance du pays, mais il est clair qu'il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg - il ne fait aucun doute que la majeure partie du réseau atlantiste occupe toujours des postes influents au sein de l'élite russe.

Ainsi, dans les années 1990, l'Occident a tout fait pour transformer la Russie, sujet de la géopolitique qu'elle était à l'époque de l'URSS et de l'Empire russe (c'est-à-dire presque toujours - à l'exception de l'époque des conquêtes mongoles), en objet. C'était la "grande guerre continentale", l'encerclement du Heartland, la constriction de "l'anaconda" autour de la Russie.

Dès son arrivée au pouvoir, Poutine a entrepris de sauver ce qui pouvait encore l'être. C'était opter pour la voie de la souveraineté. Dans le cas de la Russie - compte tenu de son territoire, de son histoire, de son identité et de sa tradition - être souverain signifie être un pôle indépendant de l'Occident (car les autres pôles sont soit très inférieurs à l'Occident en termes de puissance, soit, contrairement à l'Occident, ne prétendent pas étendre agressivement leur modèle civilisationnel). L'orientation même de Poutine vers la souveraineté et le retour de la Russie dans l'histoire impliquait une augmentation de la confrontation. Et cela a eu un effet naturel sur la diabolisation croissante de Poutine et de la Russie elle-même en Occident. Comme l'a déclaré Darya Platonova dans une émission de Channel One, "la ligne rouge pour l'Occident est l'existence même d'une Russie souveraine". Et cette ligne a été franchie par Poutine presque immédiatement après son arrivée au pouvoir. 

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L'Occident et la Russie sont comme deux vases communicants : s'il y a du flux vers l'un, il y a du flux hors de l'autre, et vice versa. Jeu à somme nulle. Les lois de la géopolitique sont strictes, et nous en étions convaincus sous Gorbatchev et Eltsine - ils voulaient être les amis de l'Occident et partager ensemble le pouvoir sur le monde. L'Occident a pris cela comme un signe de faiblesse et de capitulation. Nous gagnons, vous perdez, signez ici. Cette formule du néoconservateur Richard Perle ("nous gagnons, vous perdez, signez ici") a été la base des relations avec la Russie post-soviétique. Mais c'était comme ça avant Poutine.

Poutine a dit "stop". Doucement et tranquillement au début. Puis il n'a pas été entendu. Puis, dans le discours de Munich, il y a été plus fort. Et encore une fois, ses propos n'ont suscité que de l'indignation, semblant être une "farce inappropriée".

Les choses sont devenues plus sérieuses en 2008, et après le Maïdan atlantiste, la réunification ultérieure avec la Crimée, et le retrait du Donbass hors de l'orbite de Kiev et le succès des forces russes en Syrie - la situation est devenue plus grave que jamais. La Russie est redevenue un pôle souverain, s'est comportée comme tel et a parlé à l'Occident en tant que tel. Trump, davantage préoccupé par la politique nationale américaine, n'y a pas prêté beaucoup d'attention car il a adopté une position réaliste sur les Relations internationales. Et cela signifie prendre au sérieux la souveraineté et une erreur de calcul purement rationnelle - comme dans les affaires - des intérêts nationaux en dehors de tout messianisme libéral. De plus, Trump n'était apparemment pas du tout conscient de l'existence de la géopolitique.

Mais l'arrivée de Biden a aggravé la situation à l'extrême. Derrière Biden aux États-Unis se profilent les faucons les plus radicaux, les néoconservateurs (qui détestent Trump pour son réalisme) et les élites mondialistes qui diffusent fanatiquement une idéologie ultra-libérale. L'impérialisme atlantiste se superpose au messianisme LGBT. Un mélange détonnant de pathologie géo-idéologique et de gendérisme. La Russie indépendante et souveraine (polaire) de Poutine est une menace directe pour ces deux éléments. Ce n'est pas une menace contre l'Amérique, mais contre l'atlantisme, le mondialisme et le libéralisme gendériste. Mais la Chine actuelle est également de plus en plus souveraine.

C'est dans cette situation que Poutine informe l'Occident de ses "lignes rouges". Et ce n'est pas quelque chose de frivole. Il y a derrière cela un contrôle concret des réalisations spécifiques de la Russie. Jusqu'à présent, il n'est pas question que l'Europe de l'Est soit écartée de l'Eurasie. Le statu quo des États baltes est reconnu. Mais l'espace post-soviétique est une zone de responsabilité exclusive de la Russie. Cela concerne principalement l'Ukraine, mais aussi la Géorgie et la Moldavie. D'autres pays n'expriment pas ouvertement leur désir d'adopter une position agressive contre Moscou et de fusionner avec l'Occident et l'OTAN. 

Toute faux finit par trouver une pierre. Biden l'atlantiste contre Poutine l'eurasien. Il y a un choc entre deux points de vue totalement exclusifs l'un de l'autre - noir et blanc. "Le grand échiquier", comme l'a dit Brzezinski. L'amitié ne peut pas gagner dans une telle situation. Cela signifie deux choses : soit la guerre est inévitable, soit l'une des parties ne peut pas supporter la tension et abandonne ses positions sans se battre. Les enjeux sont extrêmement élevés : le sort de l'ordre mondial tout entier est en jeu.

L'Ukraine n'est qu'une figure mineure dans le Grand Jeu. Oui, c'est une pierre d'achoppement aujourd'hui. Pour la Russie, il s'agit d'une zone vitale en termes de géopolitique. Pour l'Occident, elle n'est qu'un des maillons de l'encerclement de la Russie-Eurasie par la "stratégie de l'anaconda" atlantiste. Laisser l'Ukraine adhérer à l'OTAN ou autoriser la présence de bases militaires américaines sur son sol est un coup fatal porté à la souveraineté de la Russie, qui annule la quasi-totalité des réalisations de Poutine. Insister sur les "lignes rouges", c'est se préparer à la guerre.

Dans une telle situation, le compromis est impossible. Certains perdent, d'autres gagnent. Avec ou sans guerre.

Il est évident que la sixième colonne (personne n'écoute la cinquième colonne au pouvoir aujourd'hui) perd tout en cas de confrontation directe avec l'Occident en Ukraine, ou simplement lorsque le conflit passe à la phase chaude. Un changement dans la politique russe est inévitable - et il est évident que les figures patriotiques vont passer au premier plan. C'est pourquoi aujourd'hui, non seulement les libéraux du système (presque officiellement enregistrés comme agents étrangers), mais aussi de nombreuses autres personnes, qui ne peuvent formellement pas être soupçonnées d'être occidentalisées, persuadent Poutine, au sein de l'élite russe, de se retirer. Toutes sortes d'arguments sont en jeu : le sort de Nord Stream 2, la déconnexion de SWIFT, le retard technologique imminent, l'isolement, etc. Les mêmes arguments ont été utilisés en 2008, et après Maidan, et en Syrie. Poutine en est probablement bien conscient, et il reconnaîtra immédiatement le pouvoir qui se cache derrière ces marcheurs d'élite de Bruxelles et de Washington. Donc ils feraient mieux de ne pas essayer.

La seule façon de gagner une guerre - de préférence sans combat - est de s'y préparer pleinement et de ne céder aucune des positions vitales.

L'espace post-soviétique ne devrait être sous le contrôle stratégique que de la Russie. Aujourd'hui, non seulement nous le voulons, mais nous pouvons le faire. Et qui plus est : nous ne pouvons pas faire autrement.  Mais le statut des États baltes (déjà membres de l'OTAN) et nos projets pour l'Europe de l'Est peuvent être discutés.  Cela va au-delà des "lignes rouges" - un compromis est également possible ici.

Notre bref aperçu géopolitique le montre : Poutine a changé la signification géopolitique même de la Russie, la transformant d'un objet (ce qu'était la Russie dans les années 1990) en un sujet. Le sujet, en revanche, se comporte très différemment de l'objet. Elle insiste sur les siens, découvre et désigne les tromperies, entraîne une réponse, marque sa zone de responsabilité, résiste et pose des exigences, des ultimatums. Et le plus important : le sujet a suffisamment de pouvoir, d'envergure et de volonté pour mettre tout cela en pratique.

La crise des relations avec l'Occident, que nous connaissons aujourd'hui, est un signe sans équivoque de l'énorme succès de la géopolitique de Vladimir Poutine, qui, d'une main de fer, conduit la Russie vers le renouveau et le retour à l'histoire. Et dans l'histoire, nous avons toujours été capables de défendre nos "lignes rouges". Et sont souvent allés bien au-delà. En tant que vainqueurs, nos troupes ont visité de nombreuses capitales européennes, notamment Paris et Berlin. Bruxelles, Londres et... qui sait - peut-être même Washington un jour. À des fins purement pacifiques.

vendredi, 24 décembre 2021

Crépuscule de l'hégémonie : l'échec de Biden et scission aux États-Unis

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Crépuscule de l'hégémonie: échec de Biden et scission aux États-Unis

Daria Platonova

Ex: https://www.geopolitica.ru/article/zakat-gegemonii-proval-baydena-i-raskol-v-ssha

Plus que jamais, la scission des États-Unis en deux parties est évidente aujourd'hui :

- la civilisation mondialiste (Biden, les apologistes de l'unipolarité, les néocons) et

- le camp réaliste représentant le peuple (avec Trump).

Le deuxième pôle aura désormais aussi son propre espace virtuel.

2021 s'est avérée être une année de crises et d'échecs pour Biden :

a) au niveau national

- Une pandémie de coronavirus fait rage (le nombre de nouveaux cas par jour en 2021 a atteint le chiffre record de 300.000 nouveaux cas, il est aujourd'hui de 150.000) ;
- MSN rapporte que le nombre d'homicides dans les villes américaines bat des records ;
- L'inflation est montée en flèche pour atteindre son plus haut niveau depuis trente ans, à savoir 6,2 % pour l'année (les prix des denrées alimentaires, des services et de l'énergie augmentent) ;
- Une forte augmentation du sentiment de protestation, y compris parmi les anciens loyalistes de Biden (BLM) ;
- La crise migratoire à la frontière sud non seulement n'a pas été résolue, mais s'est encore aggravée ;

b) sur la façade extérieure  

- Le retrait de l'Afghanistan, qui a échoué et dont la réputation n'est plus à faire.
- Les tentatives de renforcer l'influence des États-Unis sur la scène internationale en organisant un "sommet des démocraties" virtuel qui s'est transformé en une confrontation accrue entre les États-Unis, la Russie et la Chine.
- Escalade des tensions au sujet de l'Ukraine (revendications de non-reconnaissance des "lignes rouges de Poutine" par les États-Unis), ramenant le monde au seuil d'une guerre mondiale.

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Dans le contexte du taux d'inflation le plus élevé depuis 1982, l'augmentation du budget américain de la défense pour 2022 semble pour le moins injustifiée : il est intéressant de noter que 4 milliards de dollars ont été alloués à l'endiguement de la Russie et de la Chine, tandis que le poste d'aide à l'Ukraine est passé à 300 millions de dollars. Dans un récent discours, M. Biden a établi un lien entre l'inflation et la pandémie, déclarant : "Le COVID-19 a eu un impact sévère sur la capacité à produire de nombreux produits essentiels".

Aux yeux des électeurs, cependant, ces explications n'aident pas beaucoup Biden. Le 8 novembre 2022, il y aura des élections à la Chambre des représentants des États-Unis, où seront élus les représentants des 435 districts du Congrès dans chacun des 50 États américains. La fragile majorité démocrate pourrait s'effriter sous l'assaut des républicains, ce qui entraînerait un certain nombre de difficultés dans la mise en œuvre des initiatives législatives de Biden. Selon un sondage du Wall Street Journal, 44 % des électeurs voteraient républicain si une élection de mi-mandat avait lieu aujourd'hui.
La cote de popularité de Joe Biden n'a jamais été aussi basse : à la mi-novembre, selon le dernier sondage de l'université Quinnipiac, 36 % des Américains approuvent le président Joe Biden (contre 38 % en octobre). Surtout, selon le sondage, les Américains sont mécontents de la politique économique du président. La crise alimentaire aux États-Unis s'est reflétée sur les réseaux sociaux, où les Américains ont commencé à poster des photos des rayons vides des supermarchés avec le hashtag #EmptyShelvesJoe en octobre. À la mi-novembre, le Wall Street Journal a publié un article décrivant comment les grands supermarchés s'efforcent de surmonter les pénuries de produits et de maintenir un "aspect attrayant dans les magasins" : parmi les astuces, on trouve l'exposition de mannequins en carton, y compris des boîtes vides préemballées, ainsi que la technique classique consistant à faire défiler les produits pour cacher les rayons vides, les propriétaires les plus créatifs modifient généralement l'agencement des magasins, en réduisant le nombre d'étagères.

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Il est intéressant de noter que les analystes de la banque d'investissement danoise, Saxo Bank, prévoient un taux d'inflation record dans leurs prévisions pour 2022. "L'inflation annualisée américaine dépassera 15 % au début de 2023, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale." Ils prévoient que la Fed commencera à relever le taux de base avec un certain retard. En outre, les analystes soulignent l'éventualité d'une crise constitutionnelle de grande ampleur dans leurs prévisions pour l'année prochaine. Cela aussi, selon les analystes, aura un impact économique : "Les rendements des obligations du Trésor américain vont augmenter, tandis que le dollar va baisser en raison de la couverture contre une 'crise existentielle' de la première économie mondiale et de l'émetteur de la monnaie de réserve mondiale".

Les Américains sont également mécontents de la lutte inefficace du président contre la pandémie (augmentation quotidienne de plus de 160.000 nouveaux cas par jour en décembre) ; en outre, ses activités de politique étrangère (Afghanistan et rhétorique militaire agressive) sont également évaluées négativement.

La société sociologique américaine The Trafalgar Group a présenté un tableau similaire, avec des taux d'approbation du président extrêmement bas : le taux d'approbation du président américain en exercice était de 36,3% (en octobre 2021 - 39,6%, en mai - 48,3%), la désapprobation - 59,1% (en octobre 2021 - 56%). La performance de M. Biden est approuvée par 65 % des démocrates, 29,3 % des indépendants et seulement 8,2 % des républicains.

Autre élément important du sondage, 54,2% des personnes interrogées estiment que Biden est responsable "des divisions du peuple américain". Le plan de Biden pour "unir la nation", annoncé dans son discours d'investiture, a complètement échoué. "Mon objectif est d'unir l'Amérique, d'unir notre nation, et je demande à tous les Américains de me rejoindre dans cette cause. Pour lutter contre l'anarchie, la violence, les épidémies, le chômage", a déclaré M. Biden le 20 janvier 2021. Presque un an s'est écoulé, la lutte contre la violence, l'épidémie, le chômage et l'anarchie n'a pas été un grand succès selon les sondages.

L'Amérique fracturée : la confrontation entre l'Amérique profonde et l'État profond

L'historien militaire américain Victor Davis Hansen note que la nouvelle division des États-Unis (en États bleus et rouges) pendant la "nouvelle guerre civile" peut être décrite en termes de géopolitique. Selon son interprétation, l'empire américain d'aujourd'hui s'est divisé entre la Rome cosmopolite et côtière des "États bleus" et la "Byzantine rouge" traditionaliste du Heartland. Dans le même temps, Hansen souligne qu'au lieu de l'éclatement de l'Amérique, ce sont deux systèmes sociaux et systèmes de valeurs, deux versions de la civilisation américaine, en conflit mais n'osant pas encore rompre l'une avec l'autre et conservant une unité symbolique, qui prennent forme au sein d'un espace politique formellement unifié.

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"Notre arrière-pays byzantin et la côte romaine interprètent très différemment leur héritage américain commun, car ils tracent de plus en plus des voies radicalement différentes pour survivre à cette époque terrible. Mais, comme par le passé, il est bien plus probable qu'un modèle d'État s'avère insoutenable et s'effondre qu'une guerre civile n'éclate dans une région donnée."

Sur la base des évaluations ci-dessus de la présidence Biden, on peut supposer que c'est le modèle démocrate qui commence maintenant à échouer et à faire preuve d'instabilité. Et elle provoque la guerre civile qui couve déjà aux États-Unis, du moins dans l'espace en ligne, depuis un certain temps déjà.

L'Amérique alternative de Donald Trump

Dans ce contexte, la période de la présidence de Donald Trump semble au moins plus stable. Et ce n'est pas seulement l'absence de pandémie alors. Dans une récente interview accordée à Fox News, l'ancien président a déclaré que son administration avait réussi à établir de bonnes relations avec les dirigeants de la Russie et de la Chine. Le réalisme dans les relations internationales, dans le chenal duquel Trump a agi en décidant de se concentrer sur la situation intérieure de son pays, a également profité aux conflits internationaux : ainsi, sous son administration, Kiev a été effectivement "abandonnée". Trump a déclaré que "pendant son administration, il a dit à l'Ukraine qu'il n'allait pas se 'battre' pour elle, Kiev devait se battre pour elle-même". L'ancien président s'est également montré assez sévère à l'égard de la politique étrangère de M. Biden et a qualifié le président du comité des chefs d'état-major des forces armées américaines, Mark Milley, de "foutu idiot" pour ne pas avoir retiré les troupes d'Afghanistan.

"Vous avez un avion de 50 millions de dollars. Vous avez un magnifique hélicoptère pour 29 millions de dollars. Nous avions tous les types d'hélicoptères. Beaucoup d'entre eux sont tout neufs. Littéralement sortis hors de leur boîte. Pensez-vous qu'il est moins cher de la laisser là pour qu'ils la récupèrent que de la remplir d'un demi-réservoir d'essence et de l'envoyer par avion au Pakistan ou de la ramener par avion dans notre pays ?" - a exprimé M. Trump.

Il est important de noter que Trump s'est récemment fortement impliqué dans l'opposition à la tyrannie des grandes technologies et s'est employé à développer un espace alternatif de mise en réseau de l'information : ainsi, en juillet 2021, son ancien assistant et représentant Jason Miller a lancé son propre réseau social GETTR, proche en fonctionnalité de Twitter mais se proclamant libre de toute censure. En novembre 2021, la plateforme avait rassemblé plus de 3 millions d'utilisateurs.

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Début décembre, Trump Media & Technology Group, la nouvelle société américaine de médias et de technologies de Trump, ainsi que son partenaire Digital World Acquisition, ont annoncé avoir reçu un milliard de dollars d'un groupe de divers investisseurs institutionnels pour un nouveau projet, Truth Social. Le 20 octobre 2021, Trump Media & Technology Group a publié un communiqué de presse annonçant que la plateforme passera en version bêta limitée pour iOS fin 2021 et sera disponible pour tous les utilisateurs dès 2022.

"Ce milliard de dollars est un signal important envoyé à Big Tech pour lui faire comprendre que la censure et la discrimination politique doivent cesser. L'Amérique est prête pour TRUTH Social, une plateforme qui ne fera pas de discrimination fondée sur l'idéologie politique", a déclaré M. Trump.

Truth Social s'inspire largement de Twitter . Les utilisateurs pourront publier ("vérité") et partager les messages d'autres utilisateurs ("retweets"). La plateforme dispose également d'un fil d'actualités, appelé "fil de vérité", ainsi que d'un système de notification.  La plateforme Truth Social utilisera une version spéciale du logiciel d'hébergement de médias sociaux gratuit et open-source Mastodon.

L'application est décrite dans le descriptif comme une plateforme américaine "qui encourage un dialogue mondial ouvert, libre et honnête, sans discrimination fondée sur l'idéologie politique". Trump Media & Technology Group positionne le réseau comme s'opposant aux grandes technologies, contrant le phénomène destructeur de la "culture de l'annulation" (interdisant l'adhésion à toute idéologie anti-mondialisation) et s'opposant à la discrimination politique.

"En 2021, le balancier médiatique a dangereusement basculé à gauche. La Silicon Valley, les médias grand public et les grandes entreprises technologiques ont commencé à faire taire de force les voix qui ne se conformaient pas à leur idéologie. Les plateformes Big Tech démonétisent, restreignent et défont ceux qui s'écartent du discours dominant. Ils ne se contentent pas de censurer le contenu - ils déterminent ce qui peut et ne peut pas être dit. En contrôlant l'échange d'informations, ils contrôlent l'ordre du jour. Ils contrôlent l'avenir. Ils vous contrôlent", peut-on lire sur la page d'accueil du Trump Media & Technology Group.

James Clayton, journaliste à la BBC, a déclaré que la plateforme pourrait être une version plus réussie d'autres plateformes de médias sociaux basés sur la technologie alternative, comme Parler et Gab.

Le PDG de Gettr, Jason Miller , un ancien conseiller de Trump, a fait l'éloge de Truth Social et a déclaré que la plateforme ferait perdre à Facebook et Twitter "encore plus de parts de marché". La direction des réseaux sociaux de Gab a déclaré dans un communiqué qu'elle soutient Truth Social.

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Dans le contexte de la crise et des échecs politiques de Biden, un tel réseau constitue une excellente plateforme de consolidation en ligne entre les partisans de Trump et les opposants aux politiques mondialistes destructrices du Parti démocrate. Début décembre, M. Trump a laissé entendre sur la chaîne de télévision britannique GB News qu'il pourrait revenir en politique, à la fois en soutenant les candidats républicains aux élections de mi-mandat du Congrès en 2022 et en participant éventuellement à l'élection présidentielle de 2024. La scission des États-Unis en deux parties est aujourd'hui plus évidente que jamais :
- la civilisation mondialiste (Biden, les apologistes de l'unipolarité, les néocons) et
- le camp réaliste représentant le peuple (Trump).

Le deuxième pôle disposera dorénavant également de son propre espace virtuel.

Honneur à Terminus, le dieu des frontières

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Honneur à Terminus, le dieu des frontières

Diego Fusaro

Ex: https://www.geopolitica.ru/es/article/honor-terminus-el-dios-de-las-fronteras

Terminus : c'était le nom de la divinité limite adorée par les Romains dans un temple spécial sur la colline du Capitole. En son honneur, des pierres ont été plantées pour marquer les limites des fermes. Ovide le célèbre en vers dans les Fastos (II, vv. 640-650) : " Que le dieu dont la présence marque les limites des champs soit dûment célébré. O Terme, qu'il s'agisse d'une pierre ou d'un poteau planté dans le champ, tu as un pouvoir divin (numen) depuis l'antiquité". Hegel n'a pas tort lorsque, dans ses Leçons sur la philosophie de la religion, il affirme que la religion des Romains, à la différence de la religion grecque, fondée sur la beauté, est la " religion de la finalité extérieure ", dans le panthéon de laquelle les dieux sont compris comme des moyens pour la réalisation de fins entièrement humaines : le Terminus n'échappe pas non plus à cette logique, car il incarne la nécessité très matérielle et même banale de subdiviser la terre.

Les Terminalia étaient aussi les fêtes dédiées au dieu, introduites par Numa Pompilius pour le 23 février : à l'occasion de la fête, les deux propriétaires des frontières adjacentes couronnaient de guirlandes la "statue" du dieu, une simple pierre fichée dans le sol, et érigeaient un autel grossier. La fête publique s'est déroulée à la borne du kilomètre VI de la voie Laurentienne, identifiée à la limite originelle du territoire de l'Urbs.

On peut raisonnablement affirmer que l'essence de la frontière, outre la figure de Terminus, peut également être déchiffrée à travers un autre dieu romain, Janus, la divinité dont les deux visages font allusion au passage. Du dieu Janus dériverait la même devise ianua, qui renvoie à la "porte" comme figure par excellence d'un passage réglementé et qui remplit donc de manière paradigmatique la fonction de frontière entre l'intérieur de la domus et son extérieur. La ville de Gênes elle-même devrait, selon certains, devoir son nom à sa position particulière d'ianua régulatrice du transit biunivoque entre les puissances thalassiques et telluriques.

De ce point de vue, le "con-fino" indique une vérité aussi simple que profonde : à savoir que séparer et relier sont deux faces différentes d'un même acte, représenté par ce seuil par excellence qu'est la porte, dont l'ontologie fondamentale (par rapport à celle du pont) fait d'ailleurs l'objet d'une importante étude de Simmel. Une maison sans portes et sans accès n'est plus une maison, mais une forteresse, un espace clos inaccessible et, pour ceux qui y sont enfermés, une prison oppressante. Contrairement au mur, qui est hermétiquement fermé, la frontière sépare en unissant et unit en séparant : son essence est relationnelle, car elle favorise la relation dans l'acte même de veiller à ce que les personnes liées restent distinctes.

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Le mur, par son essence même, est un finis matérialisé, sans le "avec" du cum-finis : l'autre est exclu et caché, refusé au toucher et à la vue, expulsé dans sa forme la plus radicale. L'autre est exclu et caché, privé du toucher et de la vue, expulsé dans sa forme la plus radicale. Le mur érigé par Israël en Cisjordanie, avec sa volonté explicite de se désengager, même visuellement, des Palestiniens, en est un sinistre exemple, parmi tant d'autres. En tant que seuil et limite osmotique, la con-fine est au contraire un seuil relationnel : elle reconnaît l'altérité de l'autre et le rend égal à nous en tant que sujet, acceptant et confirmant ainsi cette variété irréductible de l'être et du monde que le mur et la traversée voudraient nier.

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Dans sa logique sous-jacente, la frontière est donc le non-reniement de l'autre et, en outre, le fondement de toute relation possible avec l'autre, puisqu'elle présuppose toujours - cela va de soi - que l'autre est. On dit souvent, sur un ton désormais proverbial, que nous avons besoin de ponts et non de murs. C'est vrai, à condition d'apporter une double précision, qui n'est pas oiseuse : a) tout pont n'est pas relationnel, puisque nous savons, depuis Les Perses d'Eschyle, que le pont a aussi une possible fonction martiale et agressive ; b) le pont existe tant qu'il y a deux rives différentes qui se relient, ce qui nous permet de comprendre le pont lui-même comme un cas spécifique de frontière et, donc, de relation entre des identités différentes.

Il ne faut pas oublier que la génération elle-même a lieu sous la forme d'une relation à double sens, et aussi sous la forme d'un choix d'ouverture à l'autre et de relation avec lui sans perdre sa propre différence : la frontière qui marque la différence de genre entre le masculin et le féminin et la différence ontologique entre le Je et le Tu ne nie pas la relation, mais la garantit. En garantissant la différence, elle rend possible la relation et la reconnaissance de manière fructueuse.

Source première: https://avig.mantepsei.it/single/onore-a-terminus-il-dio-del-confine

Pour la défense de Noël

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Pour la défense de Noël

par Enric Ravello-Barber

Ex: https://www.enricravellobarber.eu/2021/12/en-defensa-de-la-navidad.html#.YcWqF1njKUk

Le 30 novembre, la Commission européenne a retiré le "dossier inclusif" demandant de ne pas utiliser le terme "Noël". Les protestations et l'indignation générale ont empêché la réalisation du projet et l'UE l'a retiré. Le dossier avait été proposé par la commissaire à l'égalité, la socialiste maltaise Hellena Dalli, pour qui les vœux de Noël "excluent les citoyens européens d'autres origines". Cependant, trois jours après avoir présenté le projet anti-Noël, Dalli a officiellement félicité la Hanukkah juive. Cette fois, l'indignation populaire a empêché le projet de loi de passer, mais l'attaque contre les traditions européennes n'a plus besoin d'être déguisée.

Depuis des milliers d'années, les derniers jours de décembre sont vécus de manière particulière dans toutes les cultures européennes. Aujourd'hui encore, au milieu d'une époque post-moderne où tout est dissous et oublié, ces célébrations sont toujours présentes.

Nous ne nous étendrons pas sur la manière personnelle dont chacun interprète et ressent sa signification.  Pour la plupart des Européens, elle symbolise la naissance du Christ, mais nul ne peut ignorer que le mythe vécu de nos jours remonte à l'aube de notre civilisation commune.

Ce n'est pas le sujet de cet article de débattre sur le fait que l'Église a mis longtemps à reconnaître la date du 25 décembre comme étant celle de la naissance du Christ, et que cette date était précisément celle du jour du "Sol invictus" à Rome, ou celle de la naissance de Mithra, qui naît dans une grotte, entre une mule et un bœuf. Son culte, le mithraïsme, était une religion d'origine aryenne-persane répandue dans l'Empire romain. Parmi les iconographies de Noël d'origine biblique, nous trouvons également les Mages d'Orient. L'Orient est l'ancienne Perse et le terme "mages" est dérivé du persan "ma-gu-u-sha", qui désigne les prêtres de la religion aryenne-persane zoroastrienne. Les Rois mages, qui en Espagne sont ceux qui apportent des cadeaux aux enfants dans la nuit du 5 au 6 janvier, sont ceux qui en apportent aussi au Christ nouveau-né : Melchior lui donne de l'or "comme un roi", Gaspar de l'encens "comme un dieu" et Balthazar de la myrrhe "comme un homme qui va mourir". Les trois rois symbolisent également les trois âges de l'homme. Il faut attendre le XVe siècle pour voir une représentation dans laquelle Balthasar apparaît comme un roi noir ; l'Église a justifié ce changement en prétendant qu'il symbolisait les races des trois continents connues jusqu'alors, mais la référence alchimique : Melchior-blanc ; Gaspar-rouge ; Balthasar-noir est facile à voir. Les Mages sont représentés pour la première fois dans la célèbre mosaïque de Saint Apollinaire le Nouveau à Ravenne, datée du 6e siècle, où ils sont représentés comme des Perses.

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Dans la plupart des pays européens, le personnage qui apporte des cadeaux aux enfants est historiquement associé à saint Nicolas, mais le parallélisme iconographique avec Odin, un dieu barbu coiffé d'un grand chapeau qui traverse le ciel sur Sleipnir, son cheval à huit pattes, la nuit du 21 décembre, renvoie à un symbolisme et à des divinités plus anciens, à des cultes ancestraux.

L'élément iconographique qui fait le plus référence à Noël est sans aucun doute l'arbre, qui, dans les cultures indo-européennes, est le symbole de l'union de la Terre et du Ciel. "Le sapin de Noël est issu des anciennes traditions occidentales : il est une survivance populaire de l'arbre sacré Yggradsil des pays nordiques, il est l'Axe de la Vie Universelle, tout comme la colonne vertébrale est l'Axe biophysique de l'Homme", déclare Marc de Smedt dans le numéro de décembre 1974 de la revue "Le Nouvel Observateur". Ce sont précisément des immigrants allemands et des soldats de Hesse, recrutés par George V pendant la guerre d'indépendance, qui ont apporté le sapin de Noël aux États-Unis. Dans les pays méditerranéens, on utilise également le pin et l'olivier, qui ont la même signification.

Ce qui est célébré ces jours-ci est précisément la "Naissance de la lumière" ; c'est aussi la signification chrétienne. Le Soleil renaît du point le plus bas de l'elliptique le jour du solstice d'hiver, lorsqu'il semble "s'arrêter", afin d'entamer - à partir de cette date - le chemin ascendant qui culminera au solstice d'été. Ainsi, ces jours-ci, il nous est rappelé que la Lumière, même dans la plus grande obscurité - la nuit du solstice - émerge toujours victorieuse. Selon l'hindouisme - autre religion aux racines indo-européennes - cette lumière est victorieuse, et c'est ainsi que commence le deva-yana ou "cycle des dieux" par opposition au pitri-yana ou "cycle de l'homme". Dans l'iconographie chrétienne, cette lumière victorieuse est représentée par l'enfant Jésus.

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Aujourd'hui, ce Noël, la fête ancestrale des peuples européens, a trois grands ennemis, qui sont - par essence - les grands destructeurs des identités.

 - Consumérisme : cycliquement, le retour du soleil et de la lumière a été lié à la fonction productive -et donc à la consommation-, ainsi qu'aux "cadeaux" -aujourd'hui des cadeaux purement commerciaux-. C'est d'ailleurs la signification des boules accrochées aux arbres de Noël, qui sont généralement rouges car, mythiquement, elles sont aussi les pommes de l'arbre des Hespérides. Mais le consumérisme est l'erreur qui consiste à prendre une partie pour le tout, et à réduire le sens profond de ces festivités à cette seule fonction (la fonction productive-consumériste), en oubliant voire en niant la fonction spirituelle, et en faisant de Noël une caricature de lui-même.

- Islamisme : les attaques passées d'ISIS à Noël, et les mesures de sécurité prises chaque année en Europe contre d'éventuelles attaques musulmanes, ne sont pas seulement liées au fait que ces jours-ci il y a plus de rassemblements de personnes dans les rues, mais sont motivées par la haine intrinsèque et permanente de l'islamisme wahhabite envers toute forme de tradition européenne.

 - Le pseudo-progressisme stupide : son but est toujours d'attaquer tout ce qui rappelle l'ordre, la beauté dans l'harmonie, de le vulgariser et de le détruire. Les exemples se multiplient, des bêtises de la maire de Barcelone, Ada Colau, à la "cabalgata de reinas magas" de Valence, en passant par l'image ordinaire, pitoyable et lâchement irrespectueuse de la Vierge Marie LGTB (un transsexuel barbu) conçue par Riccardo Simonetti, ambassadeur spécial auprès de l'UE pour les droits LGTB, ou la dégoûtante "crèche érotique" d'une pâtisserie de Séville. Des attaques permanentes de mauvais goût contre toute forme religieuse et symbolique propre aux Européens.

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Les célébrations de Noël sont communes à la civilisation européenne, mais elles sont aussi spécifiques à chacune des cultures qui la composent.  C'est pourquoi il serait judicieux de les célébrer de la manière la plus locale et identitaire possible.

Personnellement, j'ai l'habitude de relire, pendant les fêtes de fin d'année, le merveilleux livre de Charles Dickens, Un conte de Noël, où l'auteur anglais capture par l'esprit tout ce que j'ai voulu transmettre dans cet article.

Joyeux Noël. 

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jeudi, 23 décembre 2021

La Dé-Réalité – Stade Suprême du Spectacle

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Café Noir N°36

La Dé-Réalité – Stade Suprême du Spectacle

Café Noir – Un Autre Regard sur le Monde. Émission du vendredi 10 décembre 2021 avec Gilbert Dawed & Vincent Chapin.
 
Sommaire de la vidéo et livres avec liens de Vincent Chapin ci-dessous. Guy Debord, Niklas Luhmann, Situationnistes, Société du Spectacle, Système Informationnel, Médias, Crise Sanitaire, Climat, Écologie, etc.
 
SOMMAIRE 00:00:00
– Introduction 00:01:09
– Présentation de l'auteur 00:03:19
– Présentation du livre 00:06:35
– Kant : Que puis-je savoir? 00:15:06
– Kant : Qui suis-je? 00:17:43
– Kant : Que m’est-il permis d’espérer? 00:19:27
– Géopolitique : Qu'est ce que le monde libre? 00:27:33
– Géopolitique : Qu’est ce que la politique? 00:32:36
– Que signifie le dédoublement dans une perspective traditionnelle? 00:36:03
– Conclusion
 
 
LIVRES DE CHAPIN CHEZ AVATAR EDITIONS
 

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La Dé-Réalité – Stade Suprême du Spectacle https://avatareditions.com/livre/la-d...
 
LIVRES DE LA COLLECTION AGORA
 
Le Pragmatisme – Outil d’Analyse d’un Monde Complexe de Gérard Dussouy https://avatareditions.com/livre/le-p...
L’Économie de Proximité – La Solution aux Méfaits de la Mondialisation de Michel Soriano https://avatareditions.com/livre/leco...
 

Non-sens politico-sémantique

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Non-sens politico-sémantique

par Georges FELTIN-TRACOL

De nombreux et remarquables « Panoramas – Actu » sur la présente radio critiquent régulièrement les politiciens sans imagination, en particulier ceux qui profitent de la France pour toujours mieux la ruiner. On a maintenant la confirmation qu’ils conçoivent les affaires publiques comme leur réserve privilégiée avec des noms de partis politiques inexpressifs. Depuis la fin du XIXe siècle, les partis présentaient leurs intentions programmatiques : L’Appel au Peuple bonapartiste, la Section française de l’Internationale ouvrière socialiste, le Parti républicain radical et radical-socialiste, le Parti paysan, etc. L’ambiguïté commençait déjà à poindre avec des partis de droite qui refusaient de s’assumer en tant que tels comme l’Action libérale populaire de Jacques Piou et du comte Albert de Mun qui rassemblait les catholiques ralliés à la République, ou l’Union républicaine de France – Fédération républicaine de France (1924 - 1940) qui regroupait les députés de droite modérée. Il faut aussi noter que certains noms ne correspondent plus à leur évolution postérieure. Ainsi, se positionnant au centre, le Parti radical et ses succédanés ne défendent-ils plus aucune radicalité.

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Le 9 octobre 2021, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a lancé un nouveau parti appelé Horizons, ce qui ne veut rien dire. « Horizons 2027 » aurait été plus parlant dans la perspective de la présidentielle suivante. Gageons que cette nouvelle formation politicarde dont le secrétaire général n’est autre que Christophe Béchu, le maire d’Angers, l’un des principaux détracteurs de L’Alvarium, n’a pas dû faire face à de nombreuses obstructions administratives et bancaires au contraire d’autres formations militantes.

Au lancement du parti philippiste participait La France audacieuse de Christian Estrosi, le maire « motodidacte » de Nice. Ce dernier ne pouvait pas nommer son association « La France frileuse » ou « L’Hexagone timoré ». Cette désignation fait surtout penser au slogan de François Bayrou à la présidentielle de 2002 : « La France humaine ». Il est vrai qu’il lui aurait été difficile de parcourir le pays à bord de son bus avec « La France bestiale » ou « La France automatique » inscrit dessus…

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Le parti présidentiel incarne l’absence de tout signifiant. D’abord appelé En marche, il est devenu dès l’élection de son concepteur La République en marche. Faut-il comprendre que la République arrive à reculer ? LREM signifie surtout « La Répression en marche » avec une profusion inouïe de mesures liberticides établissant une tyrannie 2.0. Dans le marécage macronien où grenouillent de sémillants groupuscules (Territoires de progrès, Agir, En commun) vient chapeauter une sorte de « maison commune » appelée « Ensemble citoyens ! ». Et pourquoi pas « Ensemble clampins ! », « Ensemble moutons ! » ou « Ensemble béotiens ! » ?

La vacuité sémantique des partis politiques n’appartient pas aux seuls macroniens. D’autres partis prennent des noms grotesque. Cette mode se comprend avec la généralisation de l’« analphabétisme civique » d’une opinion sevrée d’informations et de propagande. Certes, il perdure encore le Parti communiste français, le Rassemblement national, Lutte ouvrière et même Europe – Écologie – Les Verts. Avant 2015, Les Républicains se nommèrent successivement « Union pour la majorité présidentielle » assez compréhensible avant de devenir une fumeuse Union pour un mouvement populaire (UMP). Cette appellation avait été adoptée après de longues tractations. Certains avaient proposé « La Maison Bleue ». Aux législatives anticipées de 1988, l’alliance RPR – UDF attribuait à ses candidats l’étiquette URC, soit « Union pour le rassemblement et le centre ». Jean-Marie Le Pen s’en gaussa en parlant de l’« Union pour la redondance comique ».

Au cœur de l’UMP longtemps sarközyste, plusieurs tendances prenaient divers noms susceptibles de ravir les militants comme « La Droite libre ». En novembre 2012, les adhérents purent choisir entre la « Droite forte », la « Droite sociale », la « Droite populaire » et « Le gaullisme, une voie d’avenir pour la France ». La plus caricaturale se désignait « France moderne et humaniste ». Animée par Laurent Wauquiez, la « Droite sociale » s’adossait à un micro-parti de son fondateur, « Nouvel Oxygène ». Au moment de la guerre interne pour la présidence de l’UMP en 2012 entre François Fillon et Jean-François Copé, il exista de novembre 2012 à janvier 2013 un groupe dissident éphémère de députés fillonistes appelé « Rassemblement – UMP », une autre redondance loufoque.

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Raphaël Glucksman a pour sa part créé en novembre 2018 Place publique. Combien d’électeurs comprennent-ils qu’il s’agit d’une allusion à l’agora athénienne et au forum romain ? En juillet 2017, Benoît Hamon lança Génération.s, point médian et écriture inclusive en plus. Vu les résultats électoraux, « Riquiqui » ou « Étriqué » serait plus approprié… Le débat public serait-il enfin plus riche avec « Lévrette politique », « Pissotière républicaine » ou « Mycose démocratique » ?

imdardage.jpgN’oublions pas que certains acronymes prêtent à sourire. En mars 2010, l’humoriste et saltimbanque chiraquien Patrick Sébastien mit brièvement un pied en politique avec le DARD ou « Droit au respect et à la dignité ». Il abandonna toute velléité politique trois mois plus tard, vexé et meurtri d’être qualifié par le système médiatique d’« apprenti populiste »… Des slogans électoraux sont parfois dignes de l’excellent Almanach Vermot. Aux municipales de 2020 dans la commune de Bezons dans le Val-d’Oise, la liste macroniste s’intitula « Bezons, de toutes nos forces ». Quant aux listes vertes, elles s’approprièrent le climat en s’intitulant, par exemple, « Pétahouchnock pour le climat » comme si le temps géologique se confondait ici avec une fébrilité électoraliste momentanée.

Instruit de tous ces précédents, l’instant est historique, Amis ! Votre serviteur fonde dès à présent son propre parti : le Mouvement bien profond. Nul doute qu’il remportera les prochaines échéances électorales avec plus de 500 % des suffrages avant même le premier tour surtout si on valorise son slogan principal : « Au fondement de la République, le Mouvement bien profond ! » 

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 13, mis en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 7 décembre 2021.

vendredi, 10 décembre 2021

La revue de presse de CD - 05 décembre 2021

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La revue de presse de CD

05 décembre 2021

(Cette revue de presse paraît avec un certain retard, dû à des circonstances indépendantes de notre volonté)

DÉSINFORMATION

Immersion dans le Centre de formation des journalistes

« Les petits soldats du journalisme » continuent de marcher au pas. C’est en tous cas ce qu’il ressort du documentaire « En Formation » : une immersion, le temps d’une année scolaire, dans une promotion du Centre de formation des journalistes (CFJ). Entretien avec les réalisateurs Julien Meunier et Sébastien Magnier. Le journalisme comme du spectacle vu avec pertinence par ce site d’extrême-gauche.

Acrimed

https://www.acrimed.org/Immersion-dans-le-Centre-de-forma...

ÉTATS-UNIS

Les États-Unis protègent les tueurs par drones et persécutent les lanceurs d’alerte

Un rapport du Pentagone considère le meurtre d’une famille afghane comme une simple bavure – et confirme la tradition américaine qui consiste à justifier les crimes de guerre.

Les-crises.fr

https://www.les-crises.fr/les-etats-unis-protegent-les-tu...

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FRANCE

La Nouvelle-Calédonie, un baril de poudre, avec les mèches allumées…

La question de la Nouvelle-Calédonie est compliquée. Cet écheveau est le résultat d’une incroyable suite de renoncements, de cafouillages, d’ambiguïtés et de faiblesses de la France. Pour cette raison, on peut tout craindre du scrutin attendu le 12 décembre prochain, pour ou contre l’indépendance du territoire.

Geopragma

https://geopragma.fr/la-nouvelle-caledonie-un-baril-de-po...

GAFAM

De quoi le « Meta » de Facebook est-il le nom ?

Plutôt que de répondre sur la désinformation et la sécurité de ses usagers, Facebook détourne les projecteurs de l’attention publique sur une autre actualité : celle du métavers (contraction de « meta » et « univers ») un monde virtuel en ligne et immersif. Cette manœuvre présente l’avantage d’opérer la mue du média social en entreprise numérique diversifiée, tout comme Google en 2015, avec sa maison-mère, Alphabet.

The Conversation

https://theconversation.com/de-quoi-le-meta-de-facebook-e...

GÉOPOLITIQUE

L'effondrement de la chaine logistique dans le contexte géopolitique actuel

Les besoins en logistique, communication et transport de matières premières suite aux invasions américaines après les attentats du 11 septembre 2001 et la nécessité d'un contrôle stratégique de l'Asie centrale ont incité la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton, à annoncer la mise en œuvre de l'initiative de la nouvelle route de la soie en 2011. Le projet bénéficierait du soutien et de la complicité de l'Inde, le grand rival stratégique de la Chine (et du Pakistan) dans la région.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/23/l...

Pourquoi les États-Unis, la Chine et la Russie veulent s'emparer du Groenland

En 1867, les États-Unis ont acheté l'Alaska à la Russie pour 7,2 millions de dollars. La soif de territoire émanant de Washington n'a pas cessé depuis. Il y a deux ans, le président Donald Trump a proposé au Danemark d'acheter le Groenland, la plus grande île du monde, de plus de 2 millions de kilomètres carrés, alors qu'elle ne compte que 60.000 habitants, pour la plupart des Inuits. La Chine et la Russie veulent également prendre le contrôle du Groenland dans une course qui rappelle la fièvre colonialiste de la fin du 19ème siècle.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/28/p...

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ITALIE

Quel avenir pour le souverainisme en Italie ? Entretien avec Lorenzo Bernasconi

Arrivé à la tête d’un État fragile, Mario Draghi a réussi à stabiliser le pays et à faire travailler des forces politiques opposées. A-t-il pour autant éteint les sujets du populisme et du souverainisme portés par différents partis italiens de droite ou de gauche ? Entretien avec Lorenzo Bernasconi, ancien chef de cabinet du Vice-président du Conseil des ministres Matteo Salvini entre 2018-2019.

Conflits

https://www.revueconflits.com/quel-avenir-pour-le-souvera...

RÉFLEXION

Le naufrage de la gauche politique face au Covid, par Toby Green et Thomas Fazi

L’incompréhension des partis et intellectuels de gauche face à la situation engendrée par le Covid aura des conséquences désastreuses. Une fois de plus c’est l’extrême-droite qui a réussi à capter la dissidence populaire, réduisant toute chance de renverser son hégémonie. N’y avait-il vraiment aucune critique progressiste à formuler à l’encontre de la mise en quarantaine d’individus en bonne santé, de laboratoires avides de milliards, d’un tel moment de fragilité collective utilisé cyniquement pour laminer toutes les libertés publiques ?

Quartier Général (QG)

https://qg.media/2021/11/30/le-naufrage-de-la-gauche-poli...

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Analyse des perspectives de l'économie de l'hydrogène

La question du remplacement complet de tous les types de combustibles fossiles dans le secteur énergétique mondial (et par conséquent dans l'économie) par l'hydrogène revêt actuellement un caractère stratégique. Si les prévisions des experts sur le succès significatif de la nouvelle tendance mondiale dans l'avenir proche, celui des quinze prochaines années, et dans l'absolu, pour le basculement de 2040-2050, sont correctes, cela signifie une transformation fondamentale de toute l'économie mondiale.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/28/a...

RUSSIE

L'État perd le peuple

Par Alexandre Douguine. Le fossé entre l'État et le peuple, la société, a commencé à être remarqué par beaucoup d'observateurs aujourd'hui. En particulier Surkov, dans un récent article. Il est impossible de ne pas le remarquer.

Euro-synergies

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/26/a...

Morale et éthique dans le renseignement : le point de vue du KGB/SVR

Existe-t-il une morale dans le renseignement ? Cette profession est-elle compatible avec les valeurs et les idéaux modernes ? Comment justifier les méthodes et les moyens employés ? Est-il permis de tromper et manipuler même au nom d’intérêts

« supérieurs » ? Un dossier très étonnant rédigé par le Colonel Igor Prelin.

CF2R.org

https://cf2r.org/recherche/morale-et-ethique-dans-le-rens...

SANTÉ/LIBERTÉ

Pr Luc Montagnier : des cas de Creutzfeldt-Jakob liés au vaccin contre le Covid ?

C’est à nouveau pour endosser le costume de « lanceur d’alerte » que le professeur Luc Montagnier est de retour. Le prix Nobel de médecine avait expliqué en 2018 que le virus du Covid-19 était issu d’une manipulation en laboratoire avant avertir que les vaccins contre le Covid-19 auraient de graves effets secondaires. Deux hypothèses balayées d’un revers de main par l’intelligentsia à l’époque. Depuis, le temps, l’analyse et l’information ont donné du crédit à ces analyses. Cette fois, le professeur de médecine, âgé de 89 ans mais « toujours actif intellectuellement » et prompt à donner son avis, surtout « s’il y a des vies humaines en jeu », alerte sur les liens entre les vaccins et des cas de maladies à prions et propose des pistes concrètes pour lutter contre de Covid.

Francesoir.fr

https://www.francesoir.fr/videos-le-defi-de-la-verite/pr-...

Pfizer et Merck : qu’en est-il de leurs nouveaux traitements précoces ?

Aucun des traitements précoces contre la COVID-19 proposés par de nombreux médecins et scientifiques n’ont été mis en avant en France. La vaccination, toujours en phase 3, a pratiquement été imposée à l’ensemble de la population française comme la seule solution, en dépit de doutes croissants sur sa balance bénéfices/risques mis en avant par les médecins et les scientifiques. Deux géants pharmaceutiques viennent chacun de présenter leurs solutions de traitements, sans aucunes données scientifiques validées par des pairs. Plusieurs états, dont la France, s’engagent à acheter ces traitements, dont le coût annoncé est de l’ordre de € 700 par patient.

Reinfocovid.fr

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UNION EUROPÉENNE

Marie-France Garaud (4) : « Le rêve européen efface l’État et la volonté nationale »

Malgré les impasses de l’Union Européenne, le projet d’Europe fédérale reste toujours d’actualité. Dans cette dernière partie de l’entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2012, Marie-France Garaud nous offre son point de vue sur le projet de Fédération européenne.

Elucid

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samedi, 04 décembre 2021

Submersion migratoire de l'Europe: pourquoi ils ne feront rien contre...

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Submersion migratoire de l'Europe: pourquoi ils ne feront rien contre...

Frédéric Andreu

Une réaction s’impose après avoir visionné le "débat de la droite" organisé ce 21 novembre 2021 par BFMTV. Un mot tout d’abord sur le décorum de l’émission : un fond bleu roi, des spots lumineux qui font penser à un jeu de télé-réalité, peut être un décor de billard électronique. Remarquons aussi que la table est désormais remplacée par le pupitre qui ressemble à la cabine de jeu d'arcade ce qui en dit long sur le changement de civilisation auquel nous assistons.

Après plus d’une heure à phosphorer sur des questions de quotas, de réformes, de droit du sol et autres amendements, les candidats LR, comprendre «Les Réformettes», révèlent à l'unisson le fond de leur pensée. Cette droite "propre sur elle" s'insurge contre l'immigration rampante non pas parce qu'elle menacerait les équilibres européens ou parce qu'elle transformerait en profondeur son identité plurimillénaire, mais parce qu'elle contrevient "aux valeurs de la république". Le mot-argument de cette droite reste encore et toujours la "république" et seulement elle - autant dire le pays légal - et en aucun cas le pays réel.

La question ethnique qui pourtant crève les yeux pour le moindre quidam n'est jamais abordée de manière directe - sauf, bien sûr - en privé. Ce qui préoccupe cette caste politicienne au pouvoir depuis 40 ans est de savoir comment empêcher la submersion démographique à Mayotte, où vivent des populations d’origine noire africaine par les populations cousines des îles voisines.

Voilà le fer de lance de ces candidats «drapées dans les valeurs de la république»: empêcher le mariage entre noirs dans les îles tout en souriant au joyeux métissage de la France historique.

En d'autres termes, face à la surnatalité de l’Afrique, au tsunami migratoire qui ne fait que commence et qui menace l’Europe, la stratégie de cette droite "propre sur elle" consiste désormais à échanger la petite cuillère pour endiguer le tsunami par une cuillère à soupe.

C'est ainsi, pensent-ils que l'on parviendra à climatiser la question migratoire du moins pour les 5 ans à venir. Leur échelle de temps européen c'est le quinquennat, la place qu'ils occuperont pour 5 ans. Comment mieux fouler au pieds le temps long homérique et les valeurs éternelles de l’Europe ?

Les candidats des Républicains portent donc bien leur nom: ce sont sans l’ombre d’un doute des "républicains", légaux, efficaces dans leur inaction et lourdeurs et en aucun cas des Français du réel. Ils passent leur temps en formules, en éléments de langage choisis pour ne surtout pas empiéter le périmètre imposé par le politiquement correct parce qu'ils savent que l'esprit gaulois et homérique est aujourd'hui surveillé de prêt par les ligues de vertu, comme autant d’ «attouchements sexuels». La suspicion a gagné la guerre contre le réel et le bon sens.

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Ce faisant, ces "LR" sont les mauvais élèves de leur maître, Nicolas Sarkozy, car lui au moins eu en son temps le courage de ses opinions. Il a révélé à ciel publiquement le véritable plan de la république en déclarant que l'"objectif" était de relever le "défi du métissage". "Il faut relever le défi du métissage et l'imposer partout, par la contrainte s'il le faut". Avec Sarkozy, au moins, les choses étaient claires. Il a fallu une altercation avec un homme de la trempe de Poutine pour faire taire le caquet à ce flelutin. Elles le sont beaucoup moins depuis son éviction de la politique. C'est regrettable car le plan de dilution de l'Europe et de la race blanche n'est aujourd'hui plus clairement annoncée. Pire, il est camouflé derrière l'écran de fumée des mesurettes "LR". Se faisant, la véritable ligne de démarcation n’a, quant à elle, jamais été plus claire. Elle n'est pas entre la taille de la cuillère pour contenir le tsunami qui subvient - et qui submerge déjà nos grandes villes européennes. Elle se situe entre le pays légal et le pays réel. Et ces candidats de la grande cuillère ne feront rien pour contenir le tsunami. Ils se contenteront de jouer la montre sans conviction comme ils le font depuis 40 ans. Ils attendront que les émeutes se multiplient pour appliquer "la fermeté" et pour rétablir l'"ordre républicain" mais feront tout pour faire taire les Charles Martel de notre temps ou à les assimiler à des «extrémistes». Bref, cette classe politico-médiatique qui se croit le curseur centrale ne représente que le ronron et le néant.    

On le sent tous confusément, la politique française consistera de plus en plus à faire du Le Pen sans Le Pen. Ils ne pourront pas nier plus longtemps ce qui crève les yeux mais, dans le même temps, ils feront tout pour sabrer toute réponse gauloise à la question migratoire et ce pour une raison : l'immigration massive est le moyen le plus sûr et le plus rapide de parvenir au nouvel ordre mondial, l’horizon indépassable de notre temps.

Voici donc leur programme : installer des climatiseurs sémantiques là où il faudrait des frontières et des citadelles.

 

Dans les coulisses du Brexit 

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Dans les coulisses du Brexit 

par Georges FELTIN-TRACOL

Malgré ses dénégations répétées en boucle sur des chaînes d’information complaisantes, le gouvernement français est en train de lâcher les pêcheurs qui naviguent en mer du Nord et dans la Manche. Dans la vive querelle qui oppose Paris à Londres au sujet des zones de pêche dans les eaux britanniques et anglo-normandes, la République française et l’Union dite européenne démontrent leur évidente volonté de ne surtout pas nuire à la Grande-Bretagne.

Cette soumission des intérêts continentaux aux exigences de la perfide Albion n’est pas une surprise quand on lit le nouvel ouvrage de Michel Barnier. L’actuel prétendant à la primaire interne fermée du parti Les Républicains pour désigner son candidat à l’Élysée a écrit La grande illusion. Journal secret du Brexit (2016 – 2020) (Gallimard, 2021, 544 p., 23 €). Pendant les quatre années de négociations serrées et féroces, l’ancien commissaire européen, promu responsable en chef des discussions pour l’Union pseudo-européenne, a tenu un journal de bord quotidien.

Titulaire de différents ministères sous François Mitterrand, Jacques Chirac et Nicolas Sarközy, Michel Barnier est un gaullo-centriste très tôt préoccupé par les questions écologiques. Il a co-organisé les Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. Il place son action publique sous la tutelle de la femme politique Simone Veil et de Jean-Paul II. Gravitant autour de la Commission à Bruxelles, il présente toutes les garanties de politiquement correct. On pourrait par conséquent craindre que La grande illusion soit un livre fade et convenu. Ce n’est pas le cas malgré une profusion regrettable d’anglicismes. On présume que les discussions avec les Britanniques et entre les membres de son équipe se faisaient dans la seule langue de Shakespeare.

Certes, par sa parution au printemps 2021, cet ouvrage constitue le premier étage d’une éventuelle candidature présidentielle l’an prochain si son auteur parvient à terrasser au terme d’un combat épique de titans Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Éric Ciotti et Philippe Juvin. C’est un plaidoyer pro domo à propos de deux longues négociations. En effet, il a fallu discuter à deux reprises avec les Britanniques. La première s’organisait autour de toutes les modalités pratiques et des répercussions quotidiennes de la sortie du Royaume-Uni de l’Union. La seconde portait sur les relations à venir à établir entre Londres et Bruxelles. Au fil des séances bilatérales, bientôt troublées par le covid et les confinements successifs, Michel Barnier fait découvrir au lecteur la machinerie eurocratique, c’est-à-dire des fonctionnaires européens issus des différents États membres impliqués dans leur domaine de compétence.

Dès la réception de son mandat, l’auteur agit pour que les 27 montrent face à Londres une unité réelle et non pas une entente de façade. Il y réussit. Outre la Commission et le Conseil européen, il fait des comptes rendus réguliers aux ambassadeurs permanents à Bruxelles, au Parlement européen et aux parlements nationaux, ce qui implique de se rendre chaque semaine de la Finlande à Chypre, du Portugal aux Pays baltes. À force de côtoyer des chefs d’État et de gouvernement et sachant que depuis Sarközy, n’importe qui peut briguer la présidence de la République hexagonale, Michel Barnier a dû se sentir pousser des ailes et une ambition…

Bien que diplomate et connaisseur des dossiers nombreux inhérents au Brexit, l’auteur ne cache pas son agacement. Plus on avance dans le livre, plus on découvre les manœuvres vachardes de Martin Selmayr. Le directeur allemand du cabinet de Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, en est l’éminence grise. Il est devenu son secrétaire général en un temps record. À la demande des Britanniques toujours prêts à enfoncer un coin, Selmayr tenta de court-circuiter l’équipe officielle. Michel Barnier répliqua au quart de tour en lui faisant comprendre qu’il jouait avec le feu…

Ce sont toutefois les Britanniques eux-mêmes qui exaspèrent souvent le narrateur. S’il s’était penché sur l’histoire diplomatique du Royaume-Uni et des États-Unis, il aurait aussitôt compris qu’on ne peut pas se fier aux Anglo-Saxons : ils ne respectent jamais les traités qu’ils signent. Les tribus amérindiennes au XIXe siècle, les Alliés en 1919 – 1920 et l’Iran au début du XXIe siècle peuvent le certifier. Signé en 2003 par Nicolas Sarközy alors ministre de l’Intérieur, le traité du Touquet profite avant tout aux Britanniques qui retrouvent leur vieille maîtrise sur Calais. Le lundi 17 février 2020, David Frost, négociateur en chef du Royaume-Uni, retrouve Michel Barnier à Bruxelles. Le Britannique annonce que « le gouvernement de Boris Johnson ne se sent pas lié par la déclaration politique qu’il a pourtant signée le 17 octobre, il y a à peine quatre mois ». Pis, le gouvernement de Sa Gracieuse Majesté « se contenterait bien d’un accord du type Canada et en même temps nous demande dans d’innombrables domaines de maintenir les avantages du marché intérieur : prestataires de services, interconnexions électriques, cabinets d’audit, avocats, services financiers ». Rappelons que Londres a aussi quitté le marché intérieur et ne consent qu’à conclure un traité de libre-échange le moins contraignant possible…

Pendant ses dix années de présidence, Charles De Gaulle a toujours refusé l’admission du Royaume-Uni dans la Communauté européenne. Ce fut l’une des nombreuses erreurs de Georges Pompidou d’en approuver l’adhésion. Le chaos politique qui résulte du Brexit, l’impréparation manifeste des dirigeants britanniques à ce choix et leur audace à vouloir toujours siéger entre deux chaises montrent la clairvoyance du premier président de la Ve République.

Il faut maintenant souhaiter que s’aggravent les effets du Brexit en Grande-Bretagne afin que les successeurs de la Queen puissent assister depuis leur palais à la réunification irlandaise, à l’indépendance de l’Écosse, à l’autodétermination des Cornouailles et du Pays de Galles, à la sécession de la métropole londonienne et au rattachement – inéluctable - à l’Espagne et à l’Argentine de Gibraltar et des Malouines.

GF-T

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 12, mise en ligne le 30 novembre 2021 sur Radio Méridien Zéro.

Günther Anders et le virus de la télévision

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Günther Anders et le virus de la télévision

Nicolas Bonnal

La fin du monde a donc pu venir avec une simple boite de Pandore : la télévision. C’est elle qui impose tout, avec le Pentagone et Madison avenue, disait Patrick McGoohan en répondant à Warner Troyer à une question sur notre feuilleton préféré. Là, elle impose le totalitarisme médical (les camps en Australie sont réels), le génocide malthusien sans frontières, la peur omniprésente, le transhumain et la misère universelle. Rien que ça ? Oui, oui, rien que ça. Déjà Ovide et Virgile décrivent (je les ai commentés aussi sur ce point) le rôle sinistre de Fama qui ne désigne pas, comme le disent nos imbéciles cours de latin, la renommée, mais les news et leur rôle apocalyptique sur les consciences (voyez aussi mon texte De Platon à Cnn).

Comment disait Lucien sans la télévision on n’aurait même pas su qu’il y avait épidémie. La peste noire évoqué par les bouffons aux commandes a tué 40% des Européens, le coronavirus 0.4% de la population globale, et encore ; on  a transformé une petite grippe bien moins mortelle que l’espagnole et tout aussi suspecte en Fin du monde pour les besoin de la cause : la Fin du monde précisément – renommée Reset. Plein d’imbéciles refusent encore de voir la réalité du complot, n’y voyant sans rire que l’incompétence. La théorie du complot devient l’insulte supérieure  - et donc l’ultime stratagème - dont parle Schopenhauer à la fin de son Art d’avoir toujours raison: « Ultime stratagème, Soyez personnel, insultant, malpoli, Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli. Cela consiste à passer du sujet de la dispute (que l’on a perdue), au débateur lui-même en attaquant sa personne… »

La télévision (coup de génie de ces chaînes news avec l’actu en bandeau – répétition, seule figure de rhétorique importante, disait Napoléon qui s’y connaissait mieux qu’un pape jésuite en propagande) est donc la grande triomphatrice de cette fausse pandémie. Elle a maté le monde pour les oligarques fous et les gouvernements dictatoriaux et elle imposera le Reset et la dictature informatique comme à la parade. Nous aurons le grand camp de concentration électronique promis dans l’indifférence ou l’assentiment général du troupeau. Debord sur la question dans les années soixante et Günther Anders dans les années cinquante nous avaient prévenus. La messe des téléphages imposera sa laisse électronique aux non vaccinés qui seront de toute manière transformés en parias, les Vladimir et Estragon de la terrifiante pièce de Beckett citée et commentée par Anders.

Philosophe de formation allemande, juif libre et non libéral de noble fibre (même Adorno se moque des « juifs libéraux » dans son essai sur les médias), Anders brosse un tableau d’épouvante de cette humanité abrutie dans sa peu connue Obsolescence de l’homme écrite en 1956, quand la télé fait des ravages aux USA (c’est elle qui fera élire le catastrophique – n’en déplaise à certains – Kennedy). Le cinéma s’en rendait compte.

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Voyez le film « Il fait toujours beau temps » de Stanley Donen (et par là même notre ouvrage sur la comédie musicale, très bons pour les « fêtes ») et « l’Homme au complet gris » de Mervyn Le Roy qui montre la destruction de la famille américaine de l’époque (trois enfants, le chien, la caravane, le pavillon, etc.) par cette même télévision. La télévision c’est la disparition du foyer, de la vie intérieure et du noyau solidaire. Anders écrit à ce propos des lignes extraordinaires :

« Ce mode de consommation permet en réalité de dissoudre complètement la famille tout en sauvegardant l'apparence d'une vie de famille intime, voire en s'adaptant à son rythme. Le fait est qu'elle est bel et bien dissoute : car ce qui désormais règne à la maison grâce à la télévision, c'est le monde extérieur - réel ou fictif - qu'elle y retransmet. Il y règne sans partage, au point d'ôter toute valeur à la réalité du foyer et de la rendre fantomatique - non seulement la réalité des quatre murs et du mobilier, mais aussi celle de la vie commune. Quand le lointain se rapproche trop, c'est le proche qui s'éloigne ou devient confus. Quand le fantôme devient réel, c'est le réel qui devient fantomatique. Le vrai foyer s'est maintenant dégradé et a été ravalé au rang de « container» : sa fonction n'est plus que de contenir l'écran du monde extérieur. »

Or le monde extérieur, c’est le virus et il va tout conditionner : je suis l’alpha et l’omicron, le principe et la Fin de votre monde.

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Le livre de Gunther Anders et riche et long, on ne va se concentrer que sur cette seule question de la destruction de la famille, à l’heure où les parents (comme les profs) détruisent, vaccinent et masquent leurs enfants, sauf une poignée de louves. Il ajoute :

« La télévision a liquidé le peu de vie communautaire et d'atmosphère familiale qui subsistait dans les pays les plus standardisés. »

Rappelons que ce sont les pays les plus riches- les plus standardisés – qui se sont jetés sur les vaccins. Certains aiment citer l’Occident et sa civilisation (qui a disparu depuis  deux siècles – voir mes textes sur Guénon et Chateaubriand), ils sont servis! Etre un Occidental signifie être un riche et vieux consommateur, un téléphage abruti, strictement rien d’autre. L’homme libre n’est jamais occidental. Le moyen âge se référait à l’orient comme le psalmiste.

« Les fantômes (les envahisseurs du célèbre feuilleton) ont gagné : Sans même que cela déclenche un conflit entre le royaume du foyer et celui des fantômes, sans même que ce conflit ait besoin d'éclater, puisque le royaume des fantômes a gagné dès l'instant où l'appareil a fait son entrée dans la maison : il est venu, il a fait voir et il a vaincu. Dès que la pluie des images commence à tomber sur les murailles de cette forteresse qu'est la famille, ses murs deviennent transparents et le ciment qui unit les membres de la famille s'effrite : la vie de famille est détruite. »

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La télé aussi a marqué la Fin du christianisme (Cène/Table) :

« Ce qui ne veut pas dire que la télévision est maintenant devenue le centre de la famille. Au contraire. Ce que l'appareil représente et incarne, c'est précisément le décentrement de la famille, son excentration.

Il est la négation de la table familiale. »

Etre ensemble c’est regarder la télé ensemble. On est certes réunis, dit Guy Debord, mais dans le séparé.

Simple auditeur, le téléspectateur devient un serf. Et dans une brillante note le traducteur Christophe David écrit :

« Der Hörige, qui désigne le serf, est un dérivé du verbe hören, écouter. Le serf est celui qui écoute silencieusement les ordres de son maître et ne les conteste jamais. Son statut juridique est proche de celui de l'enfant. C'est donc par un calembour étymologique qu'Anders assimile au cours de ce paragraphe l'attitude infantile de l'auditeur (der Hörer) à celle du serf. »

Internet qui n’est qu’une énorme télé pour 90 ou 99% de la masse a renforcé cette aliénation. Il y a vingt ans j’avais forgé la notion de techno-serf dans mon livre sur internet (notion qui m’a été volée). Nous y sommes.

On se consolera avec Guénon en rappelant qu’il y a longtemps que l’occident est une civilisation hallucinatoire : le mythe de Faust, l’imprimerie…

Sources :

Gunther Anders – L’obsolescence de l’homme (Ivréa)

Nicolas Bonnal – Internet nouvelle voie initiatique

Debord – La Société du Spectacle

Schopenhauer –L’art d’avoir toujours raison (Wikisource !)

http://www.dedefensa.org/article/de-platon-a-cnn-lenchain...

https://www.dedefensa.org/article/divagations-et-citation...

https://www.dedefensa.org/article/rene-guenon-et-notre-ci...

https://www.dedefensa.org/article/chateaubriand-et-la-con...

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Schopenhauer et l’accusation de complotiste : « Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli (L'Art d’avoir toujours raison). »

Soyez personnel, insultant, malpoli

Lorsque l’on se rend compte que l’adversaire nous est supérieur et nous ôte toute raison, il faut alors devenir personnel, insultant, malpoli. Cela consiste à passer du sujet de la dispute (que l’on a perdue), au débatteur lui-même en attaquant sa personne : on pourrait appeler ça un argumentum ad personam pour le distinguer de l’argumentum ad hominem, ce dernier passant de la discussion objective du sujet à l’attaque de l’adversaire en le confrontant à ses admissions ou à ses paroles par rapport à ce sujet. En devenant personnel, on abandonne le sujet lui-même pour attaquer la personne elle-même: on devient insultant, malveillant, injurieux, vulgaire. C’est un appel des forces de l’intelligence dirigée à celles du corps, ou à l’animalisme. C’est une stratégie très appréciée car tout le monde peut l’appliquer, et elle est donc particulièrement utilisée. On peut maintenant se demander quelle est la contre-attaque, car si on a recours à la même stratégie, on risque une bataille, un duel, voire un procès pour diffamation.

Arthur Schopenhauer, L'Art d’avoir toujours raison, § 38, Wikisource.

vendredi, 03 décembre 2021

L'Intermède romain de Drieu, les muses de marbre au manège des illusions

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L'Intermède romain de Drieu, les muses de marbre au manège des illusions

Donato Novellini : "Drieu est un homme qui s'aime cruellement et se déteste donc avec une méthode scrupuleuse".

par Donato Novellini

Ex: https://www.barbadillo.it/102047-intermezzo-romano-di-drieu-le-muse-di-marmo-alla-giostra-delle-illusioni/

Le court roman Intermezzo romano (titre original français: L'intermède romain), récemment publié en Italie par Aspis, traduit et édité par Marco Settimini, ramène l'attention des lecteurs italiens sur l'œuvre de l'écrivain français Pierre Drieu La Rochelle (1893 - 1945), quelques années après l'apparition opportune dans les rayons de nos bibliothèques du grand roman corsé et ambitieux Gilles (Giometti & Antonello, Macerata, 2016) et d'Une femme à la fenêtre (GOG, 2018), autre signe heureux d'un accueil jamais assoupi chez nous - quoique joliment minoritaire - accueil que notre industrie éditoriale réserve à une littérature française moins banale, moins inféodée à la cause progressiste conformiste; en ces temps de révisionnisme démocratique violent, portant même sur le patrimoine lexical, et d'interdiction de toute pensée dissidente. On devrait aussi évoquer une littérature moins encline à se faire frénétiquement homologuer par de vertueux dispensateurs de jugements après coup, par des censeurs et des moralistes, des attachés culturels confortablement engoncés dans leur fauteuil, par des juges myopes de l'Histoire qui gardent toujours levé le petit doigt grondeur, presque cent ans après les "temps suspects", parbleu, qu'ils ont mal vieillis pétris de leurs préjugés barbares.

L'archéologie politique, qui s'en soucie ? Par ailleurs, nous avons affaire, en l'occurrence, à un intellectuel classé fasciste, à tendance misogyne et, qui plus est, obsédé, il serait donc vain de tergiverser dans des accommodements hypocrites. Il semblerait même oiseux d'expliquer ce genre de pensée romantique, d'impétuosité hors du stéréotype, chez un auteur qui pose l'européisme comme un héroïsme désespéré pris en tenaille entre le capitalisme et le communisme, tout en plaidant des causes perdues, ou pire, en faisant des chichis, en diluant en quelque sorte le pari pro-germanique d'un dandy parisien au nom du beau, en pliant l'art - certes contradictoire, esthétisant, humoristique, parfois même paresseusement incohérent - du romancier d'origine normande, le ramenant aux catégories obsolètes du bien et du mal: car tel est bien le paramètre des idiots. Au contraire, dans le cas spécifique et particulier de Drieu, la question devient beaucoup plus complexe, imperméable à tout jugement schématique ou verdict préétabli, considérant ce dernier critère d'interprétation inadéquat par manque de style, d'éducation et de sensibilité.

intermezzo_romano-337x500.jpgNous voudrions terminer ici en disant à nos contemporains: vous ne méritez pas Pierre Drieu La Rochelle, vous ne devriez pas le lire du tout, vous ne pourriez pas vous le permettre ne serait-ce que par un manque de bon goût généralisé. A tel point que certains auteurs doivent être d'autant plus aimés et soignés qu'ils sont morts, mérités ou inévitablement perdus : certains écrivains parviennent à nous faire croire que nous leur ressemblons, alors que nous ne nous rendons pas compte que nous les avons naïvement pris pour modèle. Un mimétisme peu concluant, pourrait-on dire, un simulacre perdant. Ils ont soigneusement préparé le banquet de notre échec de suiveurs occasionnels, un repas tristement émulatif, nous laissant sans autres mots: ils les avaient déjà écrits, bien mieux. Que peut-on ajouter, si ce n'est de l'admiration? Certains romanciers conservent même le privilège de nous juger, page après page, comme des lecteurs inadéquats : nous méritons tous que l'on nous crache au visage, nous, aveugles ou analphabètes, tant notre nullité verbeuse est insignifiante, cette communication vide de tout ce qui est impérieux ou important, un amusement moderne et rustre. S'il existe une rare possibilité de perfection dans la vie d'un homme, elle consiste précisément dans la fatalité brûlante de l'adhésion à un destin, ou plutôt à la Destinée, même si c'est le destin tragique d'un suicidé traqué par le piège qu'il s'est créé, mais là, près de la corde au cou ou du poison à avaler, naturellement élégant, convenablement équipé d'une garde-robe raffinée, même si elle sera complètement inutile le lendemain. Ce qui compte, c'est le geste, quelle que soit l'occasion, et qu'il soit bien fait.

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Le malheur de posséder le bon goût, en des temps très vulgaires, dans le passé comme dans le présent (bien qu'aujourd'hui bien pire), ressemble à une torture. Les bons vêtements, les allumettes et les cigarettes, les filles et les bons mots, l'alcool... peu à peu on finit par remarquer l'incommunicabilité sociale. Vanité réactionnaire. La mort de Pierre Drieu La Rochelle est, au-delà des contingences de la guerre et de la politique, un certificat de combat romantique, le dernier assaut domestique possible, un corps à corps bourgeois mais épique: pensée contre pensée, geste contre geste, duel contre la décadence séductrice, défi aux monstres du nihilisme. Une vengeance contre la vieillesse.

Alors que vous avez prononcé ou écrit le mot Amour, il a déjà été corrompu, violé, le moment s'est estompé, il est devenu une représentation consolatrice, un mensonge, une rhétorique, un faux, une illusion, une collection de papillons, une reconstitution historique habillée de chiffons brodés et de houppelandes en dentelle des époques passées. Mémoire transfigurée. Drieu en est bien conscient et s'amuse à Rome autant qu'à Paris ou Berlin, installant son martyre mondain désabusé autour du cratère féminin. Son indolent voyage romain, en fait. Précédé par le sketch La Voix et clos par un manuel sentimental, comme d'habitude impitoyablement autobiographique - Notes pour un roman sur la sexualité - l'intermède capitolin libère tout ce dégoût contenu, cet ennui et ce désenchantement mêlés de modestie, traits typiques des snobs qui snobinent le snobisme et qui pratiquent le mépris des lieux communs, plus encore le rejet du cliché touristique absorbant.

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Que faire des musées et des ruines à ciel ouvert, quand on peut vivre ? L'œil nordique tend plutôt vers la précision maximale, scrutant chirurgicalement la lie périphérique, les restes sauvages de la plèbe comme de la haute société aristocratique, partout décomposés en rituels moisis, perçant les formalismes à la recherche d'un souffle d'humanité réaliste, ou du moins plausible, négligeant précisément ce fascisme scénographique, déjà surchargé de balcons et de réunions commandées, baroque et bourgeois, ouvertement nationaliste, que l'auteur a prétendu aimer jusqu'à la fin. Des ambitions dangereuses qu'il paiera en autodafés conséquents, paraphilies d'un éternel insatisfait.

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L'intermède romain de Drieu

Voici, par exemple, le caprice d'Edwige, une muse de marbre à inventer derrière sa belle prestance, ou à sculpter pour son usage personnel, une parfaite noble à idéaliser avec une virilité fatiguée, épuisée, une énième reine de salon posée sur un échiquier d'albâtre, jouant sans adversaire. Le protagoniste est attiré par elle, mais ce n'est qu'après avoir saisi son côté dramatique qu'il aura envie de l'aimer. Le défaut rend la femme parfaite ; si elle n'était que belle, elle ennuierait vite. Le spectre de Dora, l'Américaine perdue et irrémédiablement distante, figure vitaliste récurrente dans la littérature de Drieu (l'épouse absente Dorothy dans Le feu follet) plane toujours, alibi de l'éternel regret masculin pour l'inconclusivité conséquente, parfois puérile. L'homme couvert de femmes n'est qu'un malentendu onaniste, une agression incapacitante d'un gentilhomme qui aurait voulu être barbare à ses dépens, un afflatus plein d'incertitudes et un séjour prédisposé à l'abandon. Partir, c'est l'aboutissement de chaque désir déjà vécu, avant la pantomime. L'homme plein de femmes n'est qu'un solitaire aux belles manières, un génie raté par trop de raffinement, à la recherche vaine d'une mère compréhensive, peut-être d'une nourrice aimante, ou d'une putain.

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L'écrivain français relance en reculant, affirme en niant, agresse en reculant, déclare en niant parce qu'il sait bien que tout est, presque toujours, une clameur d'auto-illusion. C'est un jeu personnel perdant, alors il s'en tient au mouvement souvent irrationnel, afin de ne pas stagner dans la misère bourgeoise. D'autre part, même les illusions doivent avoir leur propre charisme pour le rester ; si elles en sont privées, les désirs se fanent et sombrent dans une mélancolie condescendante. Et pourtant, il s'accroche à ce "presque", synonyme de vivre, en y enfonçant toutes les métaphysiques possibles, l'héritage d'une souveraineté perdue, dissous en esquisses d'évasions mystiques, les bannières de la guerre comme initiation, l'ivresse brutale des vicieux incapables de devenir des héros. Consumé par le désir et en même temps méfiant à l'égard du plaisir, toujours si éphémère, l'ego du narrateur s'arrête dans une insatisfaction introspective, inclémente, souvent autoréférentielle, comme si le monde avec ses bouffons et ses commerçants, et la vie elle-même, étaient exactement ce qu'ils sont : des passe-temps.

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Les femmes peuvent ébranler ce mécanisme égocentrique, mais rarement, lorsqu'il se manifeste dans la pureté, peut-être par hasard, les yeux bandés comme une surprise de la fortune, la joie non préméditée, l'épiphanie mystérieuse d'un bordel : refuge des bravades timides, des arrogants délicats, chambre louée des envies immédiates, dernière enclave des mâles. Cet amour frugal, consommé dans l'urgence et avec une ignorance furieuse, une animalité qui sent déjà l'adieu, qui sent l'abandon pour l'argent, la possession et l'oubli, offre à l'auteur un prétexte marginal d'assentiment à la vie, les derniers privilèges chevaleresques, l'épée au poing et la bouse fumante de l'animal fidèle après avoir possédé le corps d'une femme. Drieu est un homme qui s'aime cruellement et se déteste donc avec une méthode scrupuleuse : trop fin pour se contenter de la vérité mondaine ou pour croire au mensonge qu'il met joliment en place avec ses pseudonymes de journal intime - on dirait qu'il se porte à la perfection, comme un costume sur mesure - il travaille sans relâche à mettre en place des dénégations, des dénis, des commisérations, des adieux et des regrets, demandant, s'il le faut, l'hospitalité au désordre et à ses honteux, réservant sa tristesse la plus intime au premier venu. A une femme sans mémoire.

@barbadilloit
Donato Novellini

L'État réformateur dans la vision de Carlo Francesco Ferraris 

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L'État réformateur dans la vision de Carlo Francesco Ferraris 

L'essai de Francesco Ingravalle, professeur à l'Université du Piémont oriental, rend compte de l'importance de la pensée du grand intellectuel italien, natif de Moncalvo, dans le débat philosophico-politique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

par Giovanni Sessa

Ex: https://www.barbadillo.it/101993-lo-stato-riformatore-nella-visione-di-carlo-francesco-ferraris/

Le débat sur l'issue du Risorgimento et sur la formation de l'État unitaire en Italie est toujours ouvert : il a animé une partie importante de la culture politique du XXe siècle. Le dernier volume de Francesco Ingravalle, maître de conférences à l'Université du Piémont oriental, nous rappelle son caractère crucial, également au regard de la contingence historique et politique actuelle. Le livre s'intitule Lo Stato riformatore. Carlo Francesco Ferraris : intellettuale et funzionario (1850-1924), qui a récemment paru dans le catalogue de la maison d'édition Oaks. Le volume est complété par une anthologie des écrits de Ferraris et une bibliographie, essentielle pour les futurs chercheurs.

Cop.-INGRAVALLE-def.jpgL'intérêt pour l'éminent universitaire et homme politique a été ravivé après la conférence d'étude organisée en son honneur en 2007 par Corrado Malandrino, alors doyen de la faculté des sciences politiques de l'université du Piémont oriental. Le texte d'Ingravalle reconstruit l'itinéraire théorico-politique de Ferraris, en saisissant sa pertinence dans le débat philosophico-politique de la fin du XIXe et du début du XXe siècle et, en même temps, en identifie les limites possibles. La contribution spéculative de l'intellectuel piémontais méconnu était centrée sur l'idée de l'État super partes, à un moment historique où, après le mouvement des "Fasci siciliens", la société italienne était en proie à des conflits sociaux qui la marquaient profondément. Ferraris considère cette situation : "comme la menace la plus radicale pour l'existence de la res publica, comme une caractéristique pathologique de la politique italienne" (p. 18). Lorsque l'ordre sociopolitique est juste, argumente le chercheur, il ne peut y avoir de conflit: "Le conflit est une crise [...] et la crise est, pour le corps politique, ce que pour le corps organique est le symptôme d'une maladie" (p. 18). Quelle est la thérapie pour guérir ou atténuer cette pathologie de l'État national ? Ferraris répond, dans ses nombreux ouvrages, d'une manière monotone : l'État réformateur. Qu'est-ce, en réalité, que l'État réformateur ?  

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Le Prof. Francesco Ingravalle.

La référence de base de notre théoricien est celle de l'État libéral, corrigée par des références idéales au "socialisme de la chaire" allemand (Kathedersozialismus), en particulier à la pensée politique d'Adolph Wagner, qui a identifié son propre paradigme politique dans l'État "social" d'Otto von Bismarck. Les références à l'utilitarisme social de Stuart Mill ne manquent pas dans les écrits de Ferraris. L'État réformateur travaille pour "l'inclusion des masses laborieuses dans le système des intérêts protégés par la puissance publique, en tentant de désamorcer, de cette manière, les pulsions subversives" (p. 13). Un réformisme "d'en haut" qui, en Italie, aurait dû être mis en œuvre à travers la symbiose collaborative entre les organes: soit les "organes non électifs et électifs de l'État [...] condition de base pour l'action réformatrice [...] et le progrès social" (p. 14). C'est-à-dire entre la Chambre des députés, organe électif de l'État, lieu de représentation politique et, par conséquent, expression sensible au dynamisme et aux conflits sociaux, et le Sénat, non électif, nommé par le roi, accompagné, dans le moment exécutif, par la bureaucratie. Dans ce projet, développé dans le cadre institutionnel du Statuto Albertino et dans le sillage du libéralisme de D'Azeglio, Ferraris fait explicitement l'éloge du "notabilato", tout en soutenant le caractère crucial de la science de l'administration dans le processus de réforme.

Ferraris et la science de l'administration

En effet, note Ingravalle, Ferraris peut être considéré à juste titre comme le créateur de la science italienne de l'administration, qui accorde une grande attention aux statistiques, ainsi qu'aux sciences juridiques et économiques. L'expertise de Ferraris dans ces disciplines et sa culture de dimension européenne l'ont amené à initier une réforme de décentralisation politique et administrative, qui rappelle à certains égards la leçon de Cattaneo. L'idée de l'État super partes, avec laquelle nous devons être d'accord avec Ingravalle, a empêché Ferraris d'avoir une vision réaliste des événements qui se sont déroulés en Italie après 1918. À l'époque "le droit et l'État étaient [...] objectivement impliqués dans le conflit social [...] complètement subordonnés aux intérêts des classes" (p. 17). Depuis le discours inaugural de l'année académique 1909-1910, Santi Romano avait compris, comme le rappelle Ingravalle, que le conflit social, la dimension polémologique, est consubstantielle et inéliminable dans la construction de la res publica, contrairement à Ferraris qui juge le choc social comme un risque mortel pour la securitas de la chose publique. En ce sens, l'Etat est pour Santi Romano une instance recherchée, non encore réalisée, un règlement momentané du conflit socio-politique. Pour Ferraris, au contraire : "L'État libéral semblait aere perennius" (p. 20). 

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La critique du socialisme scientifique

Pour cette raison, comme le montre le chapitre consacré à l'exégèse de la critique du socialisme scientifique de Ferraris, le théoricien piémontais n'a pas pleinement compris que l'État peut être "l'instrument de la domination d'une classe sur une autre" (pg. 22), se limitant à rejeter cette thèse, sans réussir, à la fin, à la réfuter. Sa notabilisation est abstraite, détachée et, en théorie, épurée des sodalités de classe : elle finit donc par reproposer le sempiternel problème platonicien du contrôle des gouvernants. Il saisit certes l'image normative de la société italienne de l'époque, mais le mouvement réel, la dynamique qui l'anime de l'intérieur, se dissout entre ses mains, et ne peut se résoudre dans le cadre général de l'État libéral, comme le montrent les événements entre 1918 et 1922. La nouveauté théorique de l'utilitarisme de Ferraris se trouve dans sa lecture de l'État comme médiateur entre le bonheur individuel et le bonheur communautaire, qui était absent de la scolastique libérale-utilitariste.

Le rôle de l'État

L'importance du livre d'Ingravalle ne réside pas seulement dans le fait qu'il a porté à l'attention des lecteurs la pensée peu connue et, en tout cas, originale de Ferraris, mais aussi dans le fait qu'il a été écrit à un moment de l'histoire qui suit la théorisation de la fin de l'État-nation et qui, au contraire, voit la réémergence de sa fonction essentielle. Après la crise de 2008, "les États ont été les garants [...] de transitions financières qui autrement manqueraient de garanties" (p. 8), sans parler de la présence étatique évidente derrière les organismes supranationaux (les États-Unis, derrière le Fonds monétaire), qui font bouger l'histoire du monde contemporain. Ce n'est pas une mince affaire...

*L'État réformateur. Carlo Francesco Ferraris : intellettuale e funzionario (1850-1924), par Francesco Ingravalle(Oaks editrice, pour les commandes : info@oakseditrice.it, pp.220, euro 20)

@barbadilloit
Giovanni Sessa

Vers un renouveau du conservatisme ? (Armin Mohler)

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Vers un renouveau du conservatisme ? (Armin Mohler)

 
Dans cette vidéo, nous nous pencherons sur une figure intellectuelle majeure de la « Neue Rechte », la nouvelle droite allemande, à savoir Armin Mohler. Ancien secrétaire de Ernst Jünger et auteur de la première étude sur la « Révolution conservatrice » allemande, Armin Mohler a réfléchi, dès le début de son parcours intellectuel, sur la notion de conservatisme et sur l’usage qu’on peut encore en faire ou non, dans le but d’aider la droite allemande à se renouveler. A partir d’une critique honnête et radicale de la situation des conservateurs modernes, Mohler a ainsi ouvert de nombreuses pistes fécondes à la pensée européenne de droite pour se montrer à la hauteur de son temps.
 
 
Pour en savoir plus sur Armin Mohler : http://www.archiveseroe.eu/mohler-a48...
Numéro 33 (Nominalisme) de Nouvelle École : https://www.revue-elements.com/produi...
Numéro 42 (Archéologie) de Nouvelle École : https://www.revue-elements.com/produi...
 
Les éditions Antaios : https://antaios.de/
Pour lire « Sezession » : https://sezession.de/
 
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Alfred Herrhausen: assassiné par les ennemis de l'Europe?

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Alfred Herrhausen: assassiné par les ennemis de l'Europe?

Le banquier allemand, directeur de la Deutsche Bank, a été tué le 30 novembre 1989.

Un "crime géopolitique" pour empêcher la révolution européenne ?

par Salvatore Recupero

Ex: https://www.centrostudipolaris.eu/2021/11/30/alfred-herrahausen-fermato-dai-nemici-delleuropa/

Le matin du 30 novembre 1989, une forte explosion a secoué Bad Homburg, une banlieue aisée de Francfort. Une bombe télécommandée explose au passage de la voiture d'Alfred Herrhausen, banquier allemand et directeur de la Deutsche Bank, le tuant sur le coup. Pourquoi est-il si important de se souvenir de cet homme ? Tout simplement, il a essayé de révolutionner l'Europe, mais quelqu'un l'a empêché de le faire. Ce n'est pas une mince affaire.

Qui était Herrhausen?

Alfred Herrhausen est né à Essen en 1930. À l'âge de 26 ans, il a rejoint la VEW (l'une des principales entreprises allemandes dans le domaine de l'électricité et de l'énergie). Il avait déjà obtenu un doctorat en finance de l'université de Cologne l'année précédente, alors qu'il travaillait chez Ruhrgas. À l'âge de 40 ans, il rejoint la Deutsche Bank en tant que membre adjoint du conseil d'administration. Mais avant de devenir banquier, il a démontré ses talents de gestionnaire. Comme le rappelle Giacomo Gabellini (1), il a géré "la restructuration de Daimler-Benz, à laquelle il avait imposé un processus de diversification aboutissant à la transformation de l'entreprise en un groupe technologique intégré, doté du savoir-faire nécessaire pour opérer dans les secteurs stratégiques de l'aérospatiale, de la défense, de l'électronique et de la technologie ferroviaire". Ainsi, "la division Mercedes a été progressivement rejointe par les trois autres divisions fondamentales, à savoir DASA, axée sur l'aérospatiale et la défense, AEG, axée sur l'électronique, et DEBIS, axée sur le secteur financier". Il s'est également fait remarquer à la Deutsche Bank, en devenant le conseiller économique du chancelier Kohl.

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Remettre en question le bloc anglo-américain

Comme le rappelle Salvatore Santangelo dans son essai "Gerussia", Herrhausen était "un banquier, mais avec une formation de gestionnaire industriel, il avait une vision ouverte et innovante des relations internationales, et surtout poursuivait une stratégie financière visant à redessiner le rôle d'une Allemagne réunifiée, en lui donnant une nouvelle centralité" (2). C'est dans ce contexte qu'il faut replacer l'absorption (par la DB) de la Banca d'America e d'Italia, des banques d'affaires MDM (portugaise), Albert de Bary (espagnole) et Morgan Grenfell (une prestigieuse banque d'investissement londonienne).

416cBsd7IbL._SX354_BO1,204,203,200_.jpgC'est à ce moment-là qu'apparaît la stratégie de Herrhausen, qui cherche à créer un contrepoids économique et financier aux géants anglo-américains. Cela n'est pas passé inaperçu. Pour la CIA, "les marchés financiers et monétaires mondialisés sont une question de sécurité nationale pour les États-Unis". Le banquier allemand commençait à être agaçant. Bien que le mur ne soit pas encore tombé, le chef de la DB avait déjà un plan pour relancer l'Europe de l'Est. Quelque chose de révolutionnaire, comme mentionné au début.

Le plan de Herrhausen

Herrhausen avait un plan très clair en tête, qu'il a expliqué dans une interview accordée au Wall Street Journal : "En dix ans, l'Allemagne de l'Est doit devenir le complexe technologique le plus avancé d'Europe et le tremplin économique vers l'Est. Dans ce cadre, la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie et même la Bulgarie joueront un rôle essentiel dans le développement européen". 

Il s'est également élevé (dans les colonnes du journal économique allemand Handelsblatt) (3) contre la politique d'endettement des banques américaines envers les nations en difficulté. Il est nécessaire de réduire la dette des pays les plus pauvres jusqu'à 70 % et d'allonger en même temps le délai de remboursement. C'était le seul moyen de "permettre à ces nations de réaffecter à la relance économique les ressources qui avaient été jusqu'ici allouées au service de la dette".

Mais n'est-ce pas les Allemands qui ont toujours fait une fixation sur la dette ? De toute évidence, il s'agit au moins d'un exemple. Retour au banquier d'Essen.

Herrhausen souhaite créer une banque qui, à l'instar de la KFW allemande, financerait "la reconstruction et l'intégration de l'Europe de l'Est au reste de l'Europe". L'Europe de l'Est a besoin d'investissements et doit se libérer de l'étau de la dette "intra-entreprise", un chiffre comptable qui pèse sur les anciennes industries communistes (estimé à 200 milliards de marks). Comme le rappelle Santangelo, cette dette était "considérée comme un atout par les institutions financières internationales, qui s'opposaient catégoriquement à la réorganisation du secteur industriel hérité par l'Allemagne après la réunification, préférant une privatisation massive". 

 Le 4 décembre 1989, Herrhausen aurait dû être à New York pour défendre son projet auprès de l'establishment financier anglo-saxon. Mais ce jour n'est jamais venu pour lui. C'est une dose d'explosifs qui lui a barré la route.  

Coupable comme accusé

Les auteurs de ce crime sont restés impunis. Sur le banc des accusés se trouvait la Rote Armee Fraktion (le plus important groupe terroriste de l'extrême gauche allemande). Mais l'enquête a abouti à une impasse. À vrai dire, peu de gens ont pris cette piste au sérieux, car la plupart des membres de cette association étaient soit en prison, soit morts. Le groupe terroriste allemand se désintégrait depuis des années. Comment une telle attaque a-t-elle pu être menée ? Difficile à croire. Pourtant, le RAF est accusé du meurtre d'un homme clé de la politique allemande: l'économiste Detlev Karsten Rohwedder (photo, ci-dessous). Il était à la tête de la Treuhandanstalt, la holding qui contrôlait les fonds, les industries et les sociétés commerciales de l'ancienne Allemagne de l'Est. Ce dernier était une sorte d'IRI de la RDA.

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Rohwedder - comme Herrhausen - n'était pas aligné sur la pensée dominante et avait été clair: "le libéralisme de marché doctrinaire ne fonctionne pas, nous devons privilégier une politique de réorganisation plutôt que de privatisation". En pratique, tout ce qu'il voulait, c'était soustraire les industries de l'ancienne RDA à la spéculation. Ces derniers devaient rester entre les mains du secteur public jusqu'à ce qu'ils soient "réhabilités" au point de pouvoir voler de leurs propres ailes. De cette façon, "la population est-allemande pourrait surmonter son infériorité matérielle le plus rapidement possible". Mais là encore, la "RAF" s'en mêle: Rohwedder meurt à la fenêtre de son bureau, dans sa maison à Düsseldorf, abattu de trois balles. Un coup de maître. Un crime parfait.

Un "crime géopolitique" ?

Pour en revenir à Herrhausen, son objectif ne se limite pas au moratoire sur la dette. D'un point de vue géo-économique mais aussi géopolitique, il souhaitait renforcer l'axe Berlin-Moscou et plus généralement la relation entre l'Europe et la Russie. Cependant, cela aurait créé un bloc géopolitique qui aurait érodé le pouvoir de l'OTAN sur le Vieux Continent. Comme l'a dit Kissinger : "si les deux puissances (l'Allemagne et la Russie) devaient s'intégrer économiquement, en nouant des relations plus étroites, le danger de leur hégémonie serait créé" (4) . Malheureusement, l'attaque de la RAF est arrivée. C'est étrange (pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire), mais les terroristes communistes et les États-Unis ont souvent la même cible. Quelqu'un, en Italie, se souvient-il d'Aldo Moro ?

Notes:

    1. Le meurtre géopolitique d'Alfred Herrhausen par Giacomo Gabellini Arianna Editrice 19 septembre 2021

(version française sur ce site: http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/09/21/le-meurtre-geopolitique-d-alfred-herrhausen-6338973.html 

    2. "Die Zeit ist reif. Schuldenkrise am Wendepunkt", par Alfred Herrhausen Handelsblatt, 30 juin 1989

    3. Alfred Herrhausen, Un altro Rathenau ? La Gérusse. L'orizzonte infranto della geopolitica europea di Salvatore Santangelo, Editrice Castelvecchi, Roma, 2016

    4. Voir Kissinger : "Der western muß sich an das neue Selbstbewußtsein der Deutschen gewöhnen", Welt am Sonntag, 3 mai 1992.