Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 23 octobre 2011

Les rites d'initiation germaniques

 

impression91wy.jpg

Les rites d'initiation germaniques

L'une des pratiques créatrices de société, les rites d'initiation destinés à faire entrer les jeunes dans la société des adultes, eut une très longue postérité en Europe : la chevalerie.
Le Beowulf donne des exemples de jeunes guerriers, porte-main du héros, de jeunes garçons livrés au seigneur par leurs parents. Les garçons sont nourris au sein jusqu'à l'âge de 3 ans, puis sevrés et laissés aux soins des femmes jusqu'à l'âge de 7 ans. Ils sont alors confiés à un père adoptif (fosterfaeder, “père efforceur”). En général, il est de la parenté de la mère, souvent son frère aîné, donc l'oncle maternel comme nous l'avons dit. Le fosterage consiste à éduquer un jeune de 7 à 14 ans, ce qui ne devait pas aller sans peine ; sinon, pourquoi le père adoptif eût-il été qualifié d'efforceur ? Parfois le jeune part en voyage. Sa formation achevée, a lieu la cérémonie de la taille de la première barbe ou de la chevelure. Pépin le Bref se vit ainsi couper les cheveux par le roi Liutprand vers 730 (Paul Diacre, HL, I, 23-24 et VI, 53). Reste l'affrontement avec le père adoubeur pour être un guerrier parfait. Là aussi, à 14 ans, âge de la majorité chez tous les rois francs et leurs successeurs, le passage vers l'homme accompli, le guerrier, est capital.
 
Le cérémonial existait dès l'époque mérovingienne, mais nous n'en avons de preuve certaine qu'avec Louis le Pieux. En 792, âgé de 14 ans, il est “ceint par l'épée” à Ratisbonne par son père Charlemagne, car il est “devenu adolescent”. En septembre 838, Charles le Chauve, âgé de 15 ans, reçoit arma et corona, c'est-à-dire l'épée avec le ceinturon et le baudrier, insignes de sa fonction (militia). En 841, le samedi Saint, Charles, après avoir pris un bain avec ses compagnons, voit arriver ses émissaires venus d'Aquitaine avec des vêtements neufs, une couronne, etc. C'est le plus ancien exemple d'adoubement chevaleresque que nous connaissions. Il eut lieu symboliquement le jour de pâques. D'ailleurs, à partir de 850, le mot latin caballarius ne signifie pas seulement “homme à cheval”, mais désigne un homme de la suite de tel ou tel grand personnage et prend le sens de “chevalier”.
 
 
Raban Maur précise : “On peut faire un cavalier avec un jeune garçon mais rarement avec un plus âgé.” La cavalerie a pris alors une importance décisive. “Aujourd'hui, les jeunes sont élevés dans les maisons des grands, écrit-il encore. Sauter sur le dos d'un cheval est un exercice qui fleurit spécialement chez les peuples francs.” Cela est vrai aussi dans le Midi romain, puisque Géraud d'Aurillac fait de même dans sa jeunesse. Nithard, fils illégitime d'une fille de Charlemagne, Berthe, historien laïc de grande précision, introduit dans ses écrits des années 841-843 des allusions continuelles aux armes et aux chevaux, aux jeux d'entraînement entre cavaliers expérimentés de haute noblesse saxons, gascons, austrasiens et bretons. Il insiste sur l'enracinement régional de la noblesse et sur ses idéaux : mourir dignement plutôt que trahir, rester solidaires entre frères et fidèle au seigneur jusqu'à la mort. Notker de Saint-Gall raconte, vers 885, l'histoire d'un jeune évêque récemment ordonné qui, au lieu de monter à cheval avec des étriers, un progrès récent qui donnait plus de dignité au cavalier, préféra sauter sur la croupe du destrier… ce dont Charlemagne, heureux d'avoir dans sa suite un homme que n'embarrassait pas son statut clérical, le félicita.
 
 
Initiation laïque et germanique, l'adoubement allait dans la perspective d'une violence guerrière déchaînée. Dubban, en vieil-haut-allemand, qui a donné “adoubement”, signifie “frapper”. En effet, le “vieux”, parrain du pied tendre, le faisait mettre à genoux et lui flanquait un grand coup de poing dans l'épaule pour voir s'il tiendrait le choc. Mais la christianisation du rite était déjà en route. En droit canon, le coupable d'un meurtre est privé de ses armes et ne peut plus monter à cheval. Halitgaire, évêque de Cambrai, introduit une distinction entre tuer à la guerre, ce qui est un péché nécessitant trois semaines de jeûne, et tuer dans une bataille soit pour se défendre, soit pour défendre sa parentèle ; dans ce cas, tuer est un péché sans pénitence. Après la bataille de Fontenay en 841, les évêques se réunirent et proclamèrent un jeûne de trois jours pour expier les morts de ce terrible combat dû à une guerre fratricide. En sens inverse, des chevaliers deviennent des soldats du Christ contre les Sarrasins et les païens (chapitre VIII). L'épopée du Ludwigslied, rédigée à chaud en vieil-haut-allemand le soir de la victoire de Louis III à Saucourt-en-Vimeu, confirme cet idéal et contient une oratio super militantes, prière pour les soldats, qui constitue la première manifestation d'une liturgie chevaleresque. Ainsi, à la fin du IXe siècle, la chevalerie était déjà un statut social. Le guerrier à cheval faisait preuve d'un entraînement professionnel d'adulte confirmé et chrétiennement légitimé.
 
 
Michel ROUCHE

samedi, 22 octobre 2011

Türkische Drohungen

Türkische Drohungen

Die Türkei darf EU-Staaten nicht länger sanktionslos drohen

Von Andreas Mölzer

Ex: http://www.zurzeit.at/

kibris.jpgDie Drohungen der Türkei gegenüber Zypern haben ein inakzeptables Ausmaß angenommen. Denn der türkische Premierminister Recep Tayyip Erdogan beläßt es leider nicht bei Wortdrohungen, die schon schlimm genug sind, sondern läßt mittlerweile ein Kriegsschiff in den Gewässern vor Zypern kreuzen.

Die Ursache der derzeitigen Kraftprobe zwischen Türkei und Zypern sind Probeölbohrungen in zypriotischen Gewässern, die die Türkei nicht akzeptieren will. So droht man den Zyprioten: „Wenn sie [Anm.: damit] weiter machen, werden sie die Haltung der Türkei sehr gut kennenlernen“. Solche Äußerungen und Handlungen gegen ein EU-Mitgliedsland sind auf das schärfste zu verurteilen und müssen dazu führen, daß die EU-Beitrittsverhandlungen sofort abgebrochen werden.

Anstelle von klaren Reaktionen gegenüber der Türkei gibt es von seiten der europäischen Politiker jedoch nur Demutsgesten. So ist am 28. September in Straßburg eine Absichtserklärung zwischen der EU-Kommission und der Türkei unterzeichnet worden, wonach hinkünftig auch sog. Nationale Experten aus der Türkei bei der Kommission angestellt werden sollen. Dies stellt jedoch ganz klar einen unzulässigen Vorgriff auf eine zukünftige Mitgliedschaft der Türkei dar und ist entschieden abzulehnen. Es ist sachlich nicht nachvollziehbar, daß türkische Beamte, deren Land nicht Mitglied der EU ist, hinkünftig als Nationale Experten in der Kommission tätig sein sollen. Dies muß Staatsangehörigen von Mitgliedstaaten vorbehalten bleiben.

Was wir brauchen, sind gute politische und wirtschaftliche Beziehungen mit der Türkei, jedoch keine trojanischen Pferde in einer durch den ständigen EU-Zentralismus immer mehr gestärkten EU-Kommission, die verantwortlich für die Gesetzesvorschläge der EU ist.

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

 

dominique%20venner%204.jpg

Dominique Venner, électrochoc des esprits pour un choc de l'histoire

Par Olrik

Ex: La Droite strasbourgeoise (cliquez ici)

choc-histoire.jpgDans un livre d’entretien conduit par la journaliste Pauline Lecomte, « Le choc de l’histoire » publié aux éditions « Via Romana », Venner se penche une nouvelle fois sur notre époque en crise. On retrouvera en filigrane la grille d’analyse affûtée qu’il avait déjà exposée dans son ouvrage « Le siècle de 1914 », mais cette fois pour en dépasser le cadre restreint de la discipline historique. 

Selon lui, la grave crise actuelle clos un cycle historique amorcé en 1914 et qui aura secoué tout le XXème siècle. Après avoir favorisé un lent processus de déchristianisation, les idéaux des Lumières ont vu, au cours du dernier siècle,  les grands récits idéologiques qu’ils avaient enfantés s’effondrer les uns après les autres. Après avoir tordu le cou aux aventures fascistes en Europe, le communisme et le capitalisme mondialiste, qui se sont imposés à une Europe réduite à la sujétion, se sont révélés finalement incapables de surmonter les contradictions systémiques internes qui les taraudaient.

Le communisme s’affaissera brutalement sur lui-même sans prévenir, en 1989, laissant le mondialisme des droits de l’homme porté par les Etats-Unis bien seul face à ses propres apories. Passée une brève période d’euphorie, la faillite de Lehmann Brother en 2008 est venue signifier à une planète incrédule la mort par KO technique de la dernière illusion issue des ruines du XXème siècle et partant, le début du déclin de l’empire américain. 

Pour Dominique Venner, la grande faute qui caractérisa toutes ces expériences idéologiques fut de ne s’inscrire qu’exclusivement dans le champ trop temporel du politique ou de l’économique. Malgré les prétentions eschatologiques et les abords religieux que ces aventures n’ont jamais manqué d’emprunter, toutes se révélèrent in fine bien incapables de bâtir des modèles durables de société, comme su par exemple le faire en son temps le christianisme. Les mythes du progressisme égalitaire, de l’homme nouveau ou encore de la fin de l’histoire auront finalement buté sur l’amère réalité de leur impossible avènement. Leurs échecs successifs laissent donc aujourd’hui les Européens à la fois exsangues et durement désemparés devant un sérieux questionnement identitaire.

Même le christianisme, passablement épuisé, ne présente plus la moindre possibilité d’un recours. Son universalisme - qui put être un atout lorsqu’il s’agissait de légitimer l’hégémonie de l’Europe sur le monde - se révèle désormais totalement inopérant à offrir des solutions pour des Européens ramenés à un monde multipolaire et violemment chaviré par un rééquilibrage des puissances entre ex-dominés et ex-dominants. Pire encore ! Ce résidu d’universalisme, qui nimbe encore tout l’Occident, les handicape aujourd’hui dans leur capacité à répondre au réveil identitaire, et souvent revanchard, des civilisations concurrentes.

L’état des lieux est clair : l’Europe, assommée par le traumatisme de deux guerres mondiales, est entrée en dormition depuis plus de 50 ans. Mais l’effondrement annoncé de l’empire américain provoquera inévitablement le retour souverain des nations du vieux continent dans le jeu de l’histoire. Inutile de s’illusionner ! Ce réveil ne se fera pas sans de déchirantes et profondes révisions. La grande démonstration de ce livre tient précisément dans l’évidence que la solution dépasse largement le champ des contingences du politique stricto sensu.

Dépourvue de religion identitaire, à la différence de l’Inde, du Japon ou de la Chine, l’Europe va devoir retrouver ce qui la singularise en renouant avec sa plus longue mémoire. Une mémoire amenée à former les bases d’une mystique identitaire apte à produire un imaginaire collectif opérant face aux nouveaux enjeux de la modernité. Les Européens vont devoir se réarmer moralement s’ils ne veulent pas tomber en servitude. A cet égard, il nous donne l’exemple du renouveau hindouiste actuel en Inde, amorcé grâce à la création par Nagpur en 1925 d’un mouvement identitaire à vocation plus culturelle et spirituelle que politique.

Sur ce chemin qui remonte dans notre plus longue mémoire, Dominique Venner nous indique des pistes. Il nous renvoie d’abord à son ouvrage « Histoire et Tradition des Européens : 30 000 ans d'identité » et évoque ensuite une « histoire européenne des comportements [pouvant] être décrite comme le cours d’une rivière souterraine invisible et pourtant réelle. » Pour lui, cette rivière qui coule en nous, souvent à notre insu, prend sa source dans la Grèce antique en général et dans l’œuvre fondatrice d’Homère en particulier. Dans l’Iliade et l’Odyssée, qu’il qualifie de « mémoire des origines », il est possible de retrouver tout l’imaginaire européen dans sa substance la plus parfaite. Notre vision du monde, notre rapport à la nature, au vivant, à la mort, notre cœur aventureux, notre façon d’enchanter les éléments et de sublimer nos sentiments, cette relation entre les hommes et les femmes sur un pied d’égalité, tout est là sous nos yeux, écrit il y a presque 3 000 ans déjà.

Venner nous avise toutefois à ne pas confondre tradition et folklore. La vraie tradition consiste à entreprendre des choses neuves dans le même esprit que celui des anciens. Alors que le folklore, c’est justement l’inverse. En exemple, il nous donne des figures contemporaines d’Européens, sur lesquelles, selon lui,  l’esprit de la tradition a indéniablement soufflé. Parmi ceux-ci, il s’attarde longuement sur le cas du colonel Claus von Stauffenberg. Cet officier qui incarna la fidélité à la tradition aristocratique allemande fut l’instigateur décisif de l’attentat manqué contre Hitler.

En conclusion, nous citerons cette phrase de Dominique Venner : « ce n’est pas rien de se savoir fils et filles d’Homère, d’Ulysse  et de Pénélope. »

 

Livres de Dominique Venner (NDLR) :

Le Choc de l'Histoire, Dominique Venner, Editions Via Romana, 185 pages, 2011, 20,00 € (cliquez ici)

Le Siècle de 1914, Dominique Venner, Editions Pygmalion, 408 pages, 2006, 22,50 € (cliquez là)

Histoire et tradition des Européens : 30 000 ans d'identité, Éditions du Rocher, Monaco et Paris, 2002, 273 pages, 17,50 € (cliquez là)

 

00:15 Publié dans Livre, Nouvelle Droite | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dominique venner, livre, nouvelle droite, histoire | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

5 to 9 Conservatism

114660649.jpg

5 to 9 Conservatism

By Greg Johnson

Ex: http://www.counter-currents.com/

Years ago, the friend who had the most influence on my awakening on race and the Jewish question offered a quite clarifying distinction between “9 to 5” and “5 to 9” conservatism.

The 9 to 5 conservatives take their name from the standard 9:00 a.m. to 5:00 p.m. work day. These conservatives focus on the economic realm. They wish to preserve economic freedom from government interference. They also focus on cutting taxes and resisting new taxes, so that productive people can keep more of the fruits of their labor. 9 to 5 conservatism, in short, is just economic liberalism. Its most ideologically pure advocates in America today are libertarians and the Tea Party.

5 to 9 conservatives take their name from the rest of the day. They focus on preserving the non-economic realms of life: the family, civil society, religion, culture, history, the environment, etc.

Many 5 to 9 conservatives are actually political liberals. For instance, environmentalists, historical preservationists, and promoters of walkable communities, mixed-used development, human-scale architecture, and public spaces are all objectively conservatives of the 5 to 9 variety (regardless of any genuinely liberal positions they might also hold). But politically they tend to be left-of-center and at odds with the commercial interests championed by 9 to 5 conservatives.

There is good reason why the two kinds of conservatives are at loggerheads. Unlimited economic freedom tends to corrode the other realms of society. The best way to appreciate this is to consider working hours. In America today, we do not have a 9 to 5 economy. We have a 24/7 economy.

As a bohemian intellectual, I can’t complain about this. I find it very convenient to be able to go out at 4:00 am to buy a carton of milk from a meth-zombie. Americans living in Germany are shocked that most stores are closed by 6:00 pm and are not open at all on weekends. It forces them to actually plan ahead, one of the many faculties that American life has allowed to grow slack.

The reason why Germany and other countries regulate the hours of businesses is not because they are “socialists” or “liberals.” It is because they are 5 to 9 conservatives. They realize that shop clerks have friends and families and communities. Work days are regulated so that more people can spend the 5 to 9 hours, and weekends, with their families and friends. Yes, such laws inconvenience us insofar as we are consumers. But we are more than consumers. We have families, friends, communities. Or we should have them.

Why does the government have to get involved? Say that there are no laws regulating the hours of retail establishments. If one firm decides they will extend their evening hours to increase their market share, others will be pressured to follow. Eventually, through the magic of the marketplace, we will compete our way into a 24/7 economy, in which there will be entire industries where the entry level jobs often taken by young people who have children (or should have them) are on aptly-named “graveyard” shifts.

From a social point of view, this is a profoundly destructive development. And from an economic point of view, it is destructive too, since the same amount of milk is sold in a 24 hour day as would be sold in a 10 hour day, yet all are forced to keep the lights on and the buildings manned 24/7 lest they lose their market share.

F. Roger Devlin uses an excellent analogy [2] to illustrate the nature of destructive competition. Imagine you are seated at a sports event. It might be to your advantage to stand up to see an exciting play. But if one person stands, then others will be forced to stand as well. Eventually, everyone will be standing, so the advantage to any individual of standing will be erased. Everyone will have just as good a view of the game as when they started, but they will all be less comfortable . . . because they are standing. The only way to stop this sort of destructive competition is for people in authority to legislate and enforce rules against it. The same goes for the economic realm.

The idea of 5 to 9 conservatism is useful to White Nationalists, because we are 5 to 9 conservatives ourselves. After all, we are concerned to preserve our race, and we are willing to do battle with the 9 to 5 conservatives who are destroying us by importing non-white labor to take white jobs, or exporting white jobs to non-white countries.

The distinction between 5 to 9 and 9 to 5 conservatism is also helpful for envisioning new political alliances—and breaking up existing ones. In America today, the major political parties are coalitions, both of which include significant numbers of 5 to 9 conservatives.

Among Republicans, the 5 to 9 conservatives tend to be religious conservatives and traditionalists. Among Democrats, the 5 to 9 conservatives tend to be environmentalists, consumer advocates, historical preservationists, new urbanists, and the like.

In both parties, the 5 to 9 conservatives tend to be overwhelmingly white. Furthermore, in both parties, 5 to 9 conservatives are exploited by party leaders for their votes. Finally, in the end, 5 to 9 conservative interests are vetoed by the leaders of the major parties, because their primary focus is the promotion of socially corrosive ideologies: economic liberalism for the Republicans, social liberalism for the Democrats. It would be enormously subversive/productive if 5 to 9 conservatives could free themselves from the corrosive ideology of liberalism, whether of the left or the right.

It would be interesting to bring together 5 to 9 conservatives from across the political spectrum to begin a dialogue. I think they would discover that they have a lot more in common than they think. It is a conversation in which we White Nationalists need to take part. We need to be there to help bring their implicit whiteness to full consciousness. We must show them that their values are the products of homogeneous white communities and cannot be preserved without them. We need to explain to them that the leaders of the major parties are exploiting and betraying them. And we cannot neglect to explain to them why both parties pursue Jewish interests at the expense of white interests.

It is also important to help them understand that before the emergence of the modern aberrations of economic and political liberalism, the mainstream of Western political thought from Aristotle through the American Founders recognized that a free society requires private property broadly distributed and stably possessed, and that to achieve this end, a certain amount of economic regulation is necessary.

In the end, White Nationalists are more than mere conservatives, for although a lot of what we want can be captured by the idea of 5 to 9 conservatism, it is not enough. From my Nietzschean/Spenglerian point of view, mere conservatism is not really an alternative to decadence. Instead, it is a form of decadence, for a healthy organism does not merely preserve or repeat the past, but carries it forward and transforms it creatively. But politically speaking, conservatism comes first, since our race needs to survive before we can worry about the luxury of self-perfection.

 


Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

URL to article: http://www.counter-currents.com/2011/10/5-to-9-conservatism/

Eustace Mullins - The Global Financial Situation

Eustace Mullins - The Global Financial Situation

vendredi, 21 octobre 2011

Crise systémique globale

Le GEAB n°58 est disponible!
Crise systémique globale
Premier semestre 2012 : Décimation des banques occidentales

Communiqué public GEAB N°58 (15 octobre 2011) -

 
 
Comme anticipé par LEAP/E2020, le second semestre 2011 voit le monde continuer sa descente infernale dans la dislocation géopolitique globale caractérisée par la convergence des crises monétaire, financière, économique, sociale, politique et stratégique. Après une année 2010 et un début 2011 qui aura vu le mythe d'une reprise et d'une sortie de crise voler en éclat, c'est désormais l'incertitude qui domine les processus de décision des Etats comme des entreprises et des individus, générant inévitablement une inquiétude croissante pour les années à venir. Le contexte s'y prête particulièrement : explosions sociales, paralysie et/ou instabilité politique, retour de la récession mondiale, peur sur les banques, guerre monétaire, disparition de plus d'une dizaine de milliers de milliards USD d'actifs-fantômes en trois mois, chômage durable et en hausse généralisé, …

C'est d'ailleurs cet environnement financièrement très insalubre qui va générer la « décimation (1) des banques occidentales » au cours du premier semestre 2012 : avec leur rentabilité en chute libre, leurs bilans en pleine déconfiture, avec la disparition de milliers de milliards USD d'actifs, avec des Etats poussant de manière croissante à la réglementation stricte de leurs activités (2), voire à leur mise sous tutelle publique et avec des opinions publiques de plus en plus hostiles, l'échafaud est désormais dressé et au moins 10% des banques occidentales (3) vont devoir y passer dans les prochains trimestres.

Pourtant, dans cet environnement de plus en plus chaotique en apparence, des tendances se dégagent, des perspectives parfois positives apparaissent, … et surtout, l'incertitude est beaucoup moins forte qu'on pourrait le croire, pour peu qu'on analyse l'évolution du monde avec une grille de lecture du monde-d'après-la-crise plutôt qu'avec les critères du monde-d'avant-la-crise.

Dans ce numéro 58 du GEAB, notre équipe présente également ses anticipations 2012-2016 des « risques-pays » pour 40 Etats, démontrant qu'on peut décrire les situations et identifier les tendances lourdes à travers le « brouillard de guerre » actuel (4). Dans un tel contexte, cet outil d'aide à la décision s'avère très utile pour l'investisseur individuel comme pour le décideur économique ou politique. Notre équipe présente également l'évolution du GEAB $ Index et ses recommandations (or-devises-immobilier), y compris bien entendu les moyens pour se protéger des conséquences de la prochaine « décimation des banques occidentales ».

Pour ce communiqué public du GEAB N°58, notre équipe a choisi de présenter un extrait du chapitre sur la décimation des banques occidentales au premier semestre 2012.
 

Premier semestre 2012 : Décimation des banques occidentales

En fait, il va s'agir d'une triple décimation (5) qui culminera avec la disparition de 10% à 20% des banques occidentales au cours de l'année à venir :
. une décimation de leurs effectifs
. une décimation de leurs profits
. et enfin, une décimation du nombre des banques.

Elle s'accompagnera bien entendu d'une réduction drastique de leur rôle et de leur importance dans l'économie mondiale et affectera directement les établissements bancaires des autres régions du monde ainsi que les autres opérateurs financiers (assurances, fonds de pension, …).
 
 
Un exemple de communication bancaire en temps de crise systémique globale Intesa SanPaolo se place par rapport à ses concurrents européens en matière de stress tests (et par rapport à la première victime : Dexia) (6)
Un exemple de communication bancaire en temps de crise systémique globale Intesa SanPaolo se place par rapport à ses concurrents européens en matière de stress tests (et par rapport à la première victime : Dexia) (6)
Notre équipe pourrait aborder ce sujet comme les médias anglo-saxons, le président des Etats-Unis et ses ministres (7), les experts de Washington et de Wall Street, et plus généralement les grands médias (8) le font ces derniers temps à propos de tous les aspects de la crise systémique globale, c’est-à-dire en disant : « C'est la faute de la Grèce et de l'Euro ! ». Cela aurait évidemment comme vertu de réduire à quelques lignes cette partie du GEAB N°58 et de supprimer toute velléité d'analyse d'éventuelles causes aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou au Japon. Mais, sans surprise pour nos lecteurs, ce ne sera pas le choix retenu par LEAP/E2020 (9). Etant le seul think-tank à avoir anticipé la crise et prévu plutôt fidèlement ses différentes phases, nous n'allons pas en effet abandonner aujourd'hui un modèle d'anticipation qui fonctionne bien au profit de préjugés dépourvus de toute capacité prédictive (n'oublions pas que l'Euro se porte toujours bien (10) et que l'Euroland vient de réaliser son petit exploit d'enchaîner en six semaines les 17 votes parlementaires nécessaires pour renforcer son fonds de stabilisation financière (11)). Alors, plutôt que de répercuter de la propagande ou du « prêt-à-penser », restons fidèle à la méthode d'anticipation et collons à une réalité qu'il nous faut dévoiler pour pouvoir la comprendre (12).

En l'occurrence, depuis des lustres, quand on pense « banques », on pense avant tout à la City de Londres et à Wall Street (13). Et pour cause, depuis plus de deux siècles pour Londres, et près d'un siècle pour New York, ces deux villes sont les deux cœurs du système financier international et les tanières par excellence des grands banquiers de la planète. Toute crise bancaire mondiale (comme tout phénomène bancaire d'envergure) prend donc sa source dans ces deux villes et y termine sa course aussi, puisque le système financier mondial moderne est un vaste processus d'incessants recyclages de la richesse (virtuelle ou réelle) développée par et pour ces deux villes (14).

La décimation des banques occidentales qui débute et va se poursuivre dans les prochains trimestres, phénomène d'ampleur historique, ne peut donc se comprendre et se mesurer sans analyser avant tout le rôle de Wall Street et Londres dans cette débâcle financière. La Grèce et l'Euro y jouent indéniablement un rôle comme nous l'avons analysé dans des GEAB précédents, mais ce sont ceux de facteurs déclencheurs : la dette de la Grèce, ce sont les turpitudes bancaires d'hier qui explosent sur la place publique aujourd'hui ; l'Euro c'est l'aiguillon de l'avenir qui perce la baudruche financière actuelle. Ce sont les deux doigts qui pointent le problème ; mais ils ne sont pas le problème. C'est ce que sait le sage et ce qu'ignore l'idiot d'après le proverbe chinois (15).

Pour anticiper l'avenir des banques occidentales, c'est en effet à Londres et Wall Street qu'il faut regarder, car c'est tout simplement là que le troupeau bancaire se rassemble et vient boire sa dose de Dollars chaque soir. Et l'état du système bancaire occidental peut se mesurer à travers l'évolution des effectifs des banques, de leur profitabilité et de leurs actionnaires. De ces trois facteurs on peut déduire assez directement leur aptitude à survivre ou disparaître.
 

La décimation des effectifs des banques

Commençons donc par les effectifs ! En la matière le tableau est bien sombre pour les employés du secteur bancaire (et même désormais pour les « stars du système bancaire ») : Wall Street et Londres annoncent sans interruption depuis la mi-2011 des licenciements massifs, relayés par les centres financiers secondaires comme la Suisse et les banques eurolandaises ou japonaises. Ce sont au total plusieurs centaines de milliers d'emplois bancaires qui ont disparu en deux vagues : 2008-2009 d'abord, puis depuis la fin du printemps de cette année. Et cette seconde vague monte en puissance au fur et à mesure des mois qui passent. Avec la récession globale désormais en cours, l'assèchement des flux de capitaux vers les USA et le Royaume-Uni consécutifs aux changements géopolitiques et économiques en cours (16), les immenses pertes financières de ces derniers mois, et les réglementations en tout genre qui progressivement « cassent » le modèle banco-financier ultra-profitable des années 2000, les dirigeants des grandes banques occidentales n'ont plus le choix : il leur faut à tout prix limiter leurs coûts au plus vite et dans des proportions importantes. La solution la plus simple (après celle consistant à surfacturer les clients) est donc de licencier des dizaines de milliers d'employés. Et c'est ce qui se passe. Mais loin d'être un processus maîtrisé, on constate que tous les six mois ou presque, les dirigeants des banques occidentales découvrent qu'ils avaient sous-estimé l'ampleur des problèmes et qu'ils sont donc obligés d'annoncer de nouveaux licenciements massifs. Avec le perfect storm politico-financier qui s'annonce aux Etats-Unis pour Novembre et Décembre prochains (17), LEAP/E2020 anticipe ainsi une nouvelle série d'annonces de ce type dès le début 2012. Les cost-killers du secteur bancaire ont de beaux trimestres devant eux quand on voit que Goldman Sachs, qui est également directement concerné par cette situation, en est réduit à limiter le nombre de plantes vertes dans ses bureaux par souci d'économies (18). Or, après les plantes vertes qu'on éradique, ce sont généralement les pink slips (19) qui fleurissent.
 

La décimation du nombre des banques

D'une certaine manière, le système bancaire occidental ressemble de plus en plus à la sidérurgie occidentale des années 1970. Ainsi les « maîtres des forges » s'étaient crus les maîtres du monde (contribuant d'ailleurs activement au déclenchement des guerres mondiales), tout comme nos « grands banquiers d'affaires » se sont pris pour Dieu (à l'instar du PDG de Goldman Sachs ou au moins pour les maîtres de la planète. Et l'industrie sidérurgique fut le « fer de lance», la « référence économique absolue », de la puissance pendant plusieurs décennies. On comptait la puissance en dizaines de millions de tonnes d'acier comme on a compté ces dernières décennies la puissance en milliards USD de bonus pour dirigeants et traders des banques d'affaires. Et puis, en deux décennies pour la sidérurgie, en deux/trois ans pour la banque (20), l'environnement a changé : concurrence accrue, profits qui s'effondrent, licenciements massifs, perte d'influence politique, fin des subventions massives et in fine nationalisations et/ou restructurations accouchant d'un secteur minuscule par rapport à ce qu'il était à son heure de gloire (21). D'une certaine manière donc, l'analogie vaut pour ce qui attend en 2012/2013 le secteur bancaire occidental.
 
 
Evolution du cours (et donc des pertes) du contribuable britannique suite aux rachats partiels par l'Etat de RBS et Lloyds - Source : Guardian, 10/2011
Evolution du cours (et donc des pertes) du contribuable britannique suite aux rachats partiels par l'Etat de RBS et Lloyds - Source : Guardian, 10/2011
A Wall Street, déjà Goldman Sachs, Morgan Stanley, JPMorgan avaient dû se transformer soudainement en « banques normales » pour être sauvées en 2008. A la City, l'état britannique a dû nationaliser toute une partie du système bancaire du pays et à ce jour le contribuable britannique continue à en supporter le coût puisque les cours des actions des banques se sont effondrés à nouveau en 2011 (22). C'est d'ailleurs l'une des caractéristiques du système bancaire occidental dans son ensemble : ces opérateurs financiers privés (ou cotés sur les marchés) ne valent pratiquement plus rien. Leur capitalisation boursière s'est envolée en fumée. Cela crée bien entendu une opportunité de nationalisation à faible coût pour le contribuable dès 2012 car c'est le choix qui va s'imposer aux Etats, aux Etats-Unis comme en Europe ou au Japon. Que ce soit par exemple Bank of America (23), CitiGroup ou Morgan Stanley (24) aux Etats-Unis, RBS (25) ou Lloyds au Royaume-Uni (26), la Société Générale en France, Deutsche Bank (27) en Allemagne ou UBS (28) en Suisse (29), certains très grands établissements, « too big to fail » (trop gros pour tomber) vont tomber. Ils seront accompagnés par toute une série de banques moyennes ou petites comme par exemple Max Bank qui vient de faire faillite au Danemark (30). Face à cette « décimation » les moyens des Etats seront rapidement dépassés, surtout en cette période d'austérité, de faible rentrée fiscale et d'impopularité politique du sauvetage bancaire (31). Les dirigeants politiques vont donc devoir se concentrer sur la préservation des intérêts des épargnants (32) et des employés (deux aspects à fort potentiel électoral positif) au lieu de sauvegarder l'intérêt des dirigeants et des actionnaires des banques (deux aspects à fort potentiel électoral négatif et dont le précédent de 2008 a démontré l'inutilité économique (33)). Cette situation entraînera un nouvel effondrement des cours des valeurs financières (y compris les assurances jugées très « proches » du contexte bancaire) et accroîtra le désarroi des hedge funds, fonds de pension (34) et autres opérateurs traditionnellement très imbriqués avec le secteur bancaire occidental. Nul doute que cela ne fera que renforcer le contexte récessionniste général en limitant d'autant les prêts à l'économie (35).

 
 
Evolution de la dette publique globale (1990-2010) (en % du PNB, à taux de change constant 2010) - Sources : BRI / McKinsey, 08/2011
Evolution de la dette publique globale (1990-2010) (en % du PNB, à taux de change constant 2010) - Sources : BRI / McKinsey, 08/2011
Pour simplifier la vision de cette évolution, on peut dire que le marché bancaire occidental réduisant considérablement son périmètre, le nombre d'acteurs sur ce marché est obligé de diminuer en proportion. Dans certains pays, en particulier ceux où les très grandes banques accaparent 70% ou plus du marché bancaire, cela va se traduire inévitablement par la disparition de l'un ou l'autre de ces très gros acteurs … quoiqu'en disent leurs dirigeants, les stress tests ou les agences de notation (36). Si l'on est actionnaire (37) ou client des banques qui risquent de s'effondrer au premier semestre 2012, il y a bien entendu des précautions à prendre. Nous en présentons plusieurs au sein des recommandations de ce GEAB N°58. Si l'on est dirigeant ou employé de ces établissements, les choses sont plus compliquées car il est désormais trop tard selon LEAP/E2020 pour éviter ces banqueroutes en série ; et le marché de l'emploi bancaire est saturé du fait des licenciements massifs. Cependant, voici un conseil de notre équipe si vous êtes employé de ces établissements : si on vous fait une offre de départ volontaire intéressante, saisissez-la car d'ici quelques mois, les départs ne seront plus volontaires et se feront dans des conditions peu favorables.
 
 
----------
Notes:

(1) La décimation était un châtiment militaire romain consistant à punir de mort un légionnaire sur dix quand l'armée avait fait preuve de lâcheté au combat, de désobéissance ou de comportement inacceptable. Le système romain de décimation fonctionnait par tirage au sort.

(2) Des réglementations qui amputent fortement les activités les plus lucratives des banques. Source : The Independent, 12/10/2011

(3) Notre équipe estime la proportion plutôt entre 10% et 20%.

(4) Brouillard de guerre auquel les médias dominants contribuent d'ailleurs fortement au lieu d'essayer de clarifier la situation.

(5) En prenant le sens de décimation au sens large, c'est-à-dire, une diminution brutale pouvant être largement supérieure aux 10% de l'époque romaine.

(6) Pour LEAP/E2020, ce type de classement ne présage en rien des événements puisque le choc en cours est très largement supérieur en intensité et en durée aux hypothèses des stress tests. Et cela vaut également pour les banques américaines bien entendu.

(7) Tout est bon désormais pour Barack Obama, en difficile position pour la future élection présidentielle du fait de son bilan économique catastrophique et de la déception profonde d'une grande partie de son électorat de 2007 du fait de ses multiples promesses non tenues. Il doit à tout prix essayer de rejeter sur n'importe qui ou n'importe quoi l'état désastreux de l'économie et de la société américaine. Alors pourquoi pas la Grèce et l'Euro ? Quand cela ne marchera plus (d'ici un ou deux mois), il faudra trouver autre chose mais la gestion à courte vue étant une spécialité de l'administration Obama, nul doute que le fidèle relais de Wall Street qu'est Timothy Geithner, son ministre des finances, trouvera une autre explication. En tout cas, cela ne sera pas la faute de Wall Street, avec lui on peut au moins être certain de cela. Sinon, l'administration Obama pourra toujours ressortir le « spectre iranien » pour tenter de détourner l'attention des problèmes internes aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs ce qui semble être d'actualité avec l'histoire abracadabrante de la tentative d'assassinat de l'ambassadeur saoudien à Washington par les narcotrafiquants mexicains payés par des services iraniens. Même Hollywood hésiterait devant l'improbabilité d'un tel scénario ; mais pour sauver le soldat « Wall Street » et tenter une réélection, que ne ferait-on pas ? Sources : Huffington Post, 26/07/2011 ; NBC, 13/10/2011

(8) Ces grands médias (financiers ou généralistes) ont en effet un passé brillant en matière d'anticipation de la crise. Vous vous souvenez sûrement de leurs titres en 2006 vous mettant en garde contre la crise des subprimes, en 2007 vous annonçant l' « implosion » de Wall Street pour 2008, et bien entendu, début 2011, vous prévenant d'un grand retour de la crise dès l'été 2011 ! Non, vous ne vous en souvenez pas ? Pas de panique, votre mémoire est bonne … car jamais ils n'ont fait ces titres, jamais ils ne vous ont prévenu de ces événements majeurs et de leurs causes. Alors, si vous persistez à considérer que comme ils le répètent tous les jours, les problèmes actuels ont pour cause « la Grèce et l'Euro », c'est que vous croyez qu'ils sont subitement tous devenus honnêtes, intelligents et perspicaces… et vous devez donc aussi croire au Père Noël dans la même logique. C'est charmant, mais pas très efficace pour affronter le monde réel.

(9) Notre équipe a depuis longtemps souligné les problèmes européens et a anticipé plutôt correctement l'évolution de la crise sur le « Vieux continent ». En revanche, nous essayons d'éviter d'être victime du syndrome de l'arbre européen cachant la forêt de problèmes majeurs américains et britanniques.

(10) Petit rappel pédagogique : ceux qui ont parié pour un effondrement de l'Euro il y a un mois ont à nouveau perdu de l'argent. Au rythme de « crise de fin de l'Euro » tous les 4 mois environ, il ne va pas leur en rester beaucoup d'ici 2012.

(11) Alors que les Etats-Unis par exemple n'ont toujours pas été capables de démontrer leur capacité à surmonter les oppositions entre Républicains et Démocrates concernant la maîtrise de leurs déficits.

(12) A ce sujet, il est consternant de voir le G20 se préoccuper de l'Euro alors que la question centrale de l'avenir reste le Dollar. Visiblement, l'immense opération de manipulation médiatique lancée par Washington et Londres aura réussi à repousser pour un temps encore l'inévitable remise en cause du statut central de la devise US. Comme anticipé par notre équipe, il n'y a donc rien à attendre du G20 jusqu'à la fin 2012. Il va continuer à discourir, à prétendre agir et en fait à ignorer les questions clés, celles qui sont les plus difficiles à mettre sur la table. Les récentes annonces d'un accroissement des moyens du FMI font partie de ces discours vides qui ne seront pas suivi d'effets car les BRICS (les seuls à pouvoir accroître les fonds du FMI) ne mettront pas leurs moyens financiers dans une institution où ils continuent à être marginaux en termes d'influence. En attendant, ces annonces font croire qu'il existe toujours une volonté commune d'action au niveau international. Le réveil en sera d'autant plus douloureux dans les mois à venir.

(13) Si vous pensez à la Grèce, c'est que vous êtes Grec ou bien que vous êtes dirigeant ou actionnaire d'une banque ayant trop prêté à ce pays au cours des dix dernières années.

(14) Et d'une certaine manière aussi pour les deux Etats concernés. Mais c'est un aspect déjà plus discutable, et d'ailleurs largement discuté, de savoir si de telles places financières sont une bénédiction ou une malédiction pour les Etats et les peuples qui les accueillent.

(15) Source : L'Internaute

(16) Entre l'intégration accrue de l'Euroland qui prive la City de juteux marchés et le rapprochement économique, financier et monétaire des BRICS, court-circuitant Wall Street et la City, ce sont des parts croissantes du marché financier global qui échappent aux banques de Londres et New York.

(17) Voir GEAB N°57

(18) Source : Telegraph, 19/08/2011

(19) Aux Etats-Unis, le « pink slip » est le formulaire de couleur rose qui signifie un licenciement. Source : Wikipedia

(20) Il faut plus de temps pour délocaliser de l'industrie lourde que pour déplacer un bureau de trader.

(21) C'est à peu près le processus suivi aux Etats-Unis et en Europe.

(22) Voir graphique ci-dessus.

(23) Bank of America est décidément à la confluence de problèmes majeurs et croissants : un procès lui réclamant 50 milliards USD pour dissimulation de pertes lors de l'acquisition de Merrill Lynch fin 2008 ; un rejet populaire massif de la part de ses clients suite à sa décision d'imposer un coût de 5$ par mois pour les cartes de retrait ; un crash durable et inexpliqué de son site web ; des procès en série concernant les subprimes impliquant propriétaires individuels et collectivités locales ; et une menace de mettre en faillite Countrywide, un autre de ses rachats de 2008, pour limiter ses pertes. Selon LEAP/E2020, elle incarne la banque US idéale pour un scénario de crash entre Novembre 2011 et Juin 2012. Sources : New York Times, 27/09/2011 ; ABC, 30/09/2011 ; Figaro, 29/06/2011 ; CNBC, 30/09/2011 ; Bloomberg, 16/09/2011

(24) La banque US qui en 2008 avait déjà reçu le plus gros soutien financier public et qui affole à nouveau les marchés. Sources : Bloomberg, 30/09/2011 ; Zerohedge, 04/10/2011

(25) Une des banques les plus vulnérables en Europe. Source : Telegraph, 14/10/2011

(26) Qui voit approcher lui aussi l'heure de la dégradation de sa notation de crédit. Source : Telegraph, 12/10/2011

(27) La première banque allemande est déjà exposée à un abaissement de sa notation de crédit. Source : Spiegel, 14/10/2011

(28) UBS est aussi sur le chemin d'une baisse de sa notation de crédit. Source : Tribune de Genève, 15/10/2011

(29) Société Générale, Deutsche Bank et UBS ont un point commun particulièrement inquiétant : toutes les trois se sont ruées sur l' « El Dorado » US au cours de la dernière décennie, investissant sans compter dans la bulle financière US (subprimes comme Deutsche Bank, CDS comme société Générale et évasion fiscale comme UBS). Aujourd'hui, elles ne savent pas comment se sortir de ce maelström qui les entraîne chaque jour un peu plus vers le fond. Au passage, nous rappelons, que dès 2006, nous recommandions aux établissements financiers européens de se dégager au plus vite des marchés américains qui nous apparaissaient comme très dangereux.

(30) Source : Copenhagen Post, 10/10/2011

(31) Même la BBC, certainement marquée par les émeutes britanniques de l'été 2011, se pose une question « impensable » il y a seulement un an pour ce type de médias : les Etats-Unis peuvent-ils connaître des troubles sociaux ? Se poser la question, c'est déjà y répondre. Et en Europe, un pays comme la Hongrie, au gouvernement social-nationaliste, accuse directement les banques, notamment étrangères, d'être responsables de la crise que connaît le pays. Source : BBC, 20/09/2011 ; New York Times, 29/10/2011

(32) Dont un nombre croissant commence à se rebeller contre les pratiques du système bancaire notamment aux Etats-Unis où le rejet de Wall Street est en croissance exponentielle, fragilisant chaque jour un peu plus les grandes banques US. Sources : CNNMoney, 11/10/2011 ; MSNBC, 10/11/2011

(33) Et c'est même pire que de l'inutilité économique puisqu'une étude récente montre que les banques qui ont bénéficié des soutiens publics se sont ensuite montrées les plus sujettes à réaliser des investissements risqués. Source : Huffington Post, 16/09/2011

(34) Les fonds de pension publique aux Etats-Unis sont désormais face à un gouffre financier évalué entre 1.000 et 3.000 milliards USD. Les autorités publiques US préfèreront-elles sauver les banques ou les retraites des fonctionnaires ? Car il va falloir choisir bientôt. Source : MSNBC, 23/09/2011

(35) Source : Telegraph, 02/10/2011

(36) Aucune de ces grandes banques n'est en mesure de résister aux conditions de récession mondiale et de fusion implosive des actifs financiers qui vont prévaloir dans les mois à venir.

(37) Nous aurions aussi pu développer le fait qu'on assiste à un processus de « décimation des actionnaires des banques ».
 
Samedi 15 Octobre 2011
 
 
NOTA BENE:
 
Je sais que je reviens une énième fois avec ça, mais ce qui arrive et ce qui est prédit ici rejoint exactement ce qui est décrit dans LA LORGNETTE DE LA 3ème GUERRE MONDIALE.pdf

L'Afrique Réelle N°22

L'Afrique Réelle N°22 - Octobre 2011

 
 
 
SOMMAIRE :

Numéro spécial : Les Berbères

- Un peuple aux origines multiples
- L'Egypte : une création berbère ?
- Les pharaons berbères
- Les Berbères durant l'antiquité
- Comment les Berbères furent-ils arabisés ? Entretien avec Bernard Lugan
 
EDITORIAL :
 
 

La guerre de Libye a replacé les Berbères au coeur de l’actualité. Le contentieux les opposant au régime du colonel Khadafi était à ce point fort qu’ils furent parmi les premiers à se soulever, juste après les Arabes de Benghazi en Cyrénaïque. Sans les Berbères, le régime libyen ne serait pas tombé puisque c’est en effet le front qu’ils ouvrirent depuis le djebel Nefusa, sur les arrières du bastion régimiste tripolitain, qui permit de couper la frontière avec la Tunisie, puis d’isoler Tripoli, ce qui permit ensuite la prise de la ville. Tout à son nationalisme arabo-islamique, le colonel Khadafi niait la question berbère. En 2007 il déclara ainsi :

« (…) les tribus amazighs (berbères) se sont éteintes il y a longtemps, depuis le temps du royaume de Numidie. Personne n’a le droit de dire « je viens d’ici ou de là-bas ». Celui qui le fait est un agent du colonialisme, qui veut diviser pour régner ». (Mouammar Khadafi, Discours à la Nation, le 2 mars 2007).

Les Berbères qui se désignent sous le nom Imazighen (Amazigh au pluriel), ce qui signifie « homme libre », constituent le fond ancien de toute la population de l’Afrique du Nord, depuis le delta du Nil jusqu’à l’Atlantique et de la Méditerranée jusqu’au Sahel. Les berbérophones ne subsistent plus aujourd’hui en tant que groupes homogènes que dans quelques isolats généralement montagneux ou dans des oasis.
Le monde berbère a eu son histoire propre durant plusieurs millénaires. A la différence de ceux de l’Est, les Berbères de l’Ouest ont constitué des Etats qui s’étendirent sur tout le Maghreb. A partir du VIIe siècle, l’islamisation, avec l’arabisation linguistique qu’elle implique, modifia en profondeur la berbérité, au point de lui faire perdre sa mémoire et ses racines.

Après les indépendances, les nouvelles autorités gouvernementales développèrent une extrême méfiance à l’égard de la langue berbère, le fait berbère lui-même étant vu comme un ferment de division, sa propre existence contredisant le mythe de l’ « arabité » du Maghreb. L’enseignement du berbère disparut ainsi au Maroc avec la suppression en 1956 de la chaire de berbère de l’Institut des hautes Etudes Marocaines de Rabat, et en 1962 avec la suppression de celle de l’université d’Alger.

Au Maroc, le nationalisme s’affirma initialement contre la berbérité, son adversaire principal n’étant pas tant la France que la montagne féodale et berbère. Comme l’amazighité affirmait la double composante du pays, arabe et berbère, le parti Istiqlal représentant les Arabes et les arabo andalous des villes, parla alors de dérive « ethnique », « raciste » et « xénophobe » menaçant de détruire l’Etat. L’inquiétude des élites arabo-musulmanes pouvait être compréhensible face aux déclarations de certains berbérophones. Aussi tard qu’en 2004, le grand intellectuel berbère Mohammed Chafik publia ainsi un article dont le titre explosif était « Et si l’on décolonisait l’Afrique du Nord pour de bon ! »,[1] et dans lequel il écrivait que « Les Imazighen en sont réduits à se sentir étrangers chez eux (…) Au fait, pourquoi le Maghreb arabe n’arrive-t-il pas à se former ? C’est précisément parce qu’il n’est pas arabe ».

En Algérie, figé dans sa gangue idéologique, le régime demeure aujourd’hui encore un jacobinisme arabo-musulman fondant sa légitimité à la fois sur la négation de l’histoire du pays et sur celle de sa composition ethnique. Ici, la question kabyle s’est posée avec une acuité particulière dès l’indépendance de 1962, rythmée par des épisodes sanglants ayant débuté par la guérilla du FFS en 1963, suivie par le mouvement du « Printemps berbère » en 1980, puis par la « grève du cartable » durant les années 1994-1995, par les émeutes de 1998 qui suivirent l’assassinat du chanteur Matoub Lounès et enfin par le mouvement dit des « Aarchs » en 2001 et 2002. Ces derniers mois, la tension n’est pas retombée.

Bernard Lugan
 
[1] Le Monde amazigh, n° 53, novembre 2004.

Nos ancêtres à la conquête de la Méditerranée, il y a 130.000 ans

Nos ancêtres à la conquête de la Méditerranée, il y a 130.000 ans

Ex: http://tpprovence.wordpress.com/

Une découverte archéologique au sud de la Crète bouleverse l’histoire de la conquête des mers et des peuplements des îles méditerranéennes. La nouvelle, annoncée à l’origine par Hesperia

, bulletin de l’Ecole américaine d’archéologie d’Athènes, a été saluée par le magazine Archeology comme l’un des dix événements de l’année 2010.

 

 

3 janvier 2011. Le ministère grec de la culture annonce que des recherches archéologiques menées en Crète, dans le sud de la Grèce, ont livré la première preuve au monde que les ancêtres de l’homme prirent la mer il y a plus de 130 000 mille ans. A l’issue de deux ans de fouilles autour de la localité de Plakias, dans le sud de l’île de Crète, une équipe gréco-américaine a mis au jour des pierres taillées paléolithiques, remontant à 130 000 ans au moins. Ces trouvailles, qui attestent pour la première fois d’une installation d’hominidés sur l’île avant le néolithique (7000 – 3000 avant notre ère), apportent aussi « la plus ancienne preuve de navigation au monde », précise encore le communiqué officiel. Les outils, des « haches », ont été trouvés près de vestiges de « plate-formes marines remontant à au moins 130 000 ans, ce qui apporte la preuve de voyages marins en Méditerranée des dizaines de milliers d’années plus tôt que ce que nos connaissances établissaient jusque là » relève le ministère. Et de conclure : ces découvertes, faites près de la très touristique plage de Prévéli, « modifient aussi l’estimation des capacités cognitives des premières espèces humaines », les outils retrouvés renvoyant à des populations d’ « Homo erectus et Homo heidelbergensis ».

La découverte d’outils de pierre taillée

Cette formidable aventure scientifique commence sur la côte sud de la Crète, près du site de Plakias, où existe aujourd’hui une station balnéaire dont la baie, très ventée, attire – clin d’œil de l’histoire – de nombreux véliplanchistes. On trouve là de hauts reliefs de calcaire forgés par la tectonique des plaques, des terrasses laissées par la baisse du niveau de la mer qu’elles surplombent d’une centaine de mètres, des grottes et des abris rocheux. Ce n’est pas par hasard si l’Américain Thomas Strasser, professeur au Providence College de Rhode Island, aux Etats-Unis, et la Grecque Eleni Panagopoulou, de la direction de la paléoanthropologie et de la spéléologie de la Grèce du sud, ont engagé des fouilles précisément à cet endroit. L’équipe a été guidée par des critères simples, comme la présence d’eau potable et de cavités habitables, critères qui ont déjà permis de localiser des implantations préhistoriques en Grèce continentale.

La baie de Plakias

Au cours de campagnes de fouilles réalisées en 2008 et 2009, les chercheurs découvrent un véritable trésor. Plus de 2000 pierres taillées, façonnées dans du quartz blanc, du quartzite et du chert – une roche siliceuse – dont la taille varie de vingt centimètres pour les plus grands, à moins de un centimètre pour les plus petits éclats. On y trouve des bifaces, des hachereaux, des racloirs, des grattoirs, des perforateurs, des burins. « Notre première réaction a été l’incrédulité, a déclaré Eleni Panagopoulou. Nous étions tout à la fois heureux, stupéfaits et troublés. Puis nous avons dû nous rendre à l’évidence. Car ces outils sont très caractéristiques ».

Restes de haches retrouvés sur le site

L’œuvre d’Homo erectus ou d’Homo sapiens ?

Les pièces mises à jour sont impossibles à dater directement. Mais les couches sédimentaires et les terrasses marines où ils ont été retrouvés laissent présager deux vagues de peuplement. La plus récente, au début de l’holocène, voilà 9000 à 11000 ans, et la plus ancienne au pléistocène, il y a 130 000 ans au moins. Cette phase d’occupation, pense la chercheuse grecque, a même sans doute été « beaucoup plus précoce ». Pascal Depaepe, directeur scientifique de l’INRAP (1) et spécialiste du paléolithique, qui a examiné la facture plutôt grossière de ces vestiges, pense, lui, que les plus anciens pourraient avoir en réalité plusieurs centaines de milliers d’années. Toutefois, précise-t-il, « pour les dater avec certitude, il faudrait pouvoir les associer à des ossements humains qui font défaut ».

Un biface qui daterait de plus de 130 000 ans !

Cette découverte extraordinaire pose bien des questions. Premier mystère : quels représentants du genre humain en furent les artisans ? Si les plus vieux objets lithiques remontent « seulement » à 130 000 ans, ils pourraient bien avoir été façonnés par des néandertaliens ou des hommes modernes, les Homo sapiens. Certes, si l’on en croit la doxa imposée par la science officielle, ceux-ci sont censés n’avoir quitté leur supposé berceau est-africain, où ils seraient nés voici 200 000 ans, il n’y a qu’environ 60 000 ans, pour « conquérir » l’Asie et l’Europe. Dogme quasi religieux, remis en question par nombre de découvertes, ainsi par exemple, ces dents datant de 400 000 ans, trouvées récemment par des chercheurs israéliens, qui auraient appartenu à des Sapiens archaïques. Si, en revanche, les outils ont plusieurs centaines de milliers d’années, ils seraient alors l’œuvre de très anciens cousins, Homo erectus ou Homo heidelbergensis

Les premiers navigateurs !

Un second mystère, plus insondable encore, se pose aux scientifiques. Effectivement, la Crète est séparée du continent depuis plus de cinq millions d’années, sans qu’aucune glaciation ou baisse de niveau n’aient jamais permis de la rejoindre à pied. Les tailleurs de pierre du pléistocène y sont donc obligatoirement arrivés sur une embarcation. Il suffit de lire une carte pour mesurer l’exploit accompli. Même en imaginant des eaux plus basses d’une centaine de mètres, comme lors du dernier maximum glaciaire, il y a 21 000 ans, la bathymétrie (2) montre qu’il leur a fallu parcourir plusieurs dizaines de kilomètres en haute mer, en partant soit de la Grèce continentale, soit de la Turquie, en tenant compte d’éventuelles escales sur les îles de Cythère et d’Anticythère dans le premier cas, de Karpathos et de Kasos dans le second. Depuis la côte libyenne, ils auraient dû voguer sur 200 km, ce qui rend cette troisième hypothèse peu probable.

Le plus vraisemblable, suppose le linguiste Christophe Coupé (3), qui travaille sur les liens entre langue et navigation, est que les premiers marins hauturiers furent « des peuples familiers de la mer, habitués à voyager le long des rivages », qui se sont ensuite enhardis et aventurés plus loin. Evacuons le scénario selon lequel quelques naufragés, emportés par les courants, auraient échoué à Plakias. « Le très grand nombre d’outils trouvés, comme le seuil de population nécessaire à sa survie et à sa reproduction, laisse penser que la colonie devait compter au moins une cinquantaine d’individus » évalue Eleni Panagopoulou. Et qu’il y a donc eu, sans doute, « plusieurs voyages ».

Jusqu’à présent, les paléoanthropologues tenaient pour établi que les premières implantations humaines sur les îles méditérranéennes (Sicile, Sardaigne, Corse) remontaient à une période plus récente. Les colons de Plakias font reculer de plus de cent mille ans, et probablement bien davantage, les débuts de la navigation en Méditerranée, devançant largement les Sapiens qui, il y a 60 000 ans, accostèrent en Australie, où leur présence est attestée par des outils de pierre, mais également des ossements et un bouleversement de l’écosystème fatal à de gros marsupiaux. Ils restent cependant battus par les premiers occupants de l’île de Florès, en Indonésie, où a été mis au jour un outillage lithique datant, lui, de 700 000 à 800 000 ans. Mais le chapelet formé par les îles indonésiennes permettait, lors des pics glaciaires, de passer de l’une à l’autre en franchissant des bras de mer d’une dizaine de kilomètres au maximum.

Pour les professeurs Strasser et Panagopoulou, ces fouilles jettent une nouvelle lumière sur l’histoire « de la colonisation de l’Europe par des hominidés venus d’Afrique ». Dans un article publié par Hesperia, ils écrivent : « L’approche d’un peuplement de l’Europe seulement par la terre doit clairement être repensée (…) il y a peut-être eu des routes maritimes empruntées par des navigateurs sur de longues distances ». Par contre, ils relèvent ne pas pouvoir, en l’état, déterminer d’où venaient les navigateurs paléolithiques de Crète, « une origine africaine ou proche-orientale étant aussi probable qu’une provenance d’Anatolie ou de Grèce continentale ». Encore un effort, Messieurs les chercheurs, pour vous affranchir du dogme de l’out of Africa, et conclure qu’une provenance d’Anatolie ou de Grèce continentale est aussi probable qu’une origine africaine ou proche-orientale !

Jean-François Vilhet, Hyperborée, automne-hiver 2011, n°12.

Notes

(1) Institut national de recherches archéologiques préventives.

(2) Mesure des profondeurs marines.

(3) Chargé de recherche au Laboratoire dynamique du langage, CNRS-Université de Lyon.

Références :

Thomas Strasser, Eleni Panagopoulou, Curtis Runnels, Priscilla Murray, Nicholas Thompson, Panayiotis Karkanas, Floyd McCoy, et Karl Wegmann, « Stone Age Seafaring in the Mediterranean: Evidence from the Plakias Region for Lower Palaeolithic and Mesolithic Habitation of Crete », Hesperia, 79.2, pp. 145-190.

The Sunic Journal - AltRight Radio - The European New Right

The Sunic Journal

AltRight Radio

The European New Right

jeudi, 20 octobre 2011

Atlantic Bridge, ou la perfection de la corruption postmoderniste

Atlantic Bridge, ou la perfection de la corruption postmoderniste

http://www.dedefensa.org/
 
Quoi que nous imaginerons, ils feront toujours plus et mieux, c’est-à-dire toujours pire. La démission du ministre britannique de la défense Liam Fox, à cause d’une affaire d’amitié particulière avec son conseiller Adam Werritty et ses prolongements de corruption plutôt courants que particuliers, affectant tous les domaines possibles, met en lumière la prodigieuse pourriture transatlantique. Tout s’organise autour d’une association de lobbying présentée comme caritative dans son centre Atlantic Bridge, mise en place (dans ce cas, par Fox) pour une corruption à caractères transatlantique, mais multinationale, multiconfessionnelle (pourquoi pas ?) et multi professionnelle. On y trouve bien entendu les Tories britannique (Fox n’est pas le seul ministre à figurer dans Atlantic Bridge), les neocons US, les bailleurs de fonds de Tea Party, l’industrie d’armement, les entreprises de relations publiques et de lobbying, Israël, ses “services” et son Lobby, et quelques satellites annexés (telle ou telle firme d’armement, tel ou tel intermédiaire, au Pakistan, au Sri Lanka et ainsi de suite). Il y a aussi des donations venues des industries pharmaceutiques, du tabac, des pétroliers et de “l’industrie du jeu” liée à Cosa Nostra, le crime organisé US (dans d’autres pays moins policés et plus mal vus, on dit : “mafia”). La structure de corruption est, en perspective, prodigieuse d’importance et de ramification, et elle a été établie, sous le patronage de l’indestructible quoique fort avancée Lady Thatcher, essentiellement durant les années Bush.
Le Guardian (Observer le dimanche) a une bonne couverture de cet aspect de corruption transatlantique globalisée, dont les sujets portent bien sûr sur les questions de défense et de sécurité, mais aussi sur des sujets plus “intérieurs” comme les projets de législation de sécurité sociale, ou encore pour soutenir (pétrole oblige) les groupes critiques des thèses du réchauffement climatique. Il s’agit essentiellement, disons-le tout de même au cas où cela aurait échappé, «to strengthen the special relationships» (entre UK et USA), et tout, absolument tout l’agenda de la corruption subversive s’y trouve rassemblé. Un texte du 15 octobre 2011 résume l’affaire à quelques grands traits qui ne manquent pourtant pas de détails.
«At the heart of the complex web linking Fox and his friend Adam Werritty to a raft of businessmen, lobbyists and US neocons is the former defence secretary's defunct charity, Atlantic Bridge, which was set up with the purported aim of “strengthening the special relationship” but is now mired in controversy.
»An Observer investigation reveals that many of those who sat on the Anglo-American charity's board and its executive council, or were employed on its staff, were lobbyists or lawyers with connections to the defence industry and energy interests. Others included powerful businessmen with defence investments and representatives of the gambling industry.
»Fox's organisation, which was wound up last year following a critical Charity Commission report into its activities, formed a partnership with an organisation called the American Legislative Exchange Council. The powerful lobbying organisation, which receives funding from pharmaceutical, weapons and oil interests among others, is heavily funded by the Koch Charitable Foundation whose founder, Charles G Koch, is one of the most generous donors to the Tea Party movement in the US. In recent years, the Tea Party has become a potent populist force in American politics, associated with controversial stances on global warming. Via a series of foundations, Koch and his brother, David, have also given millions of dollars to global warming sceptics, according to Greenpeace. […]
»Writing in the Observer, the shadow defence secretary, Jim Murphy, said the Tories still had many questions to answer and claimed that “while David Cameron's compassionate conservatism has been undermined by his actions at home, it could be further damaged by connections overseas”. Murphy writes: “With each passing day there have been fresh allegations of money and influence and it appears that much of the source was the Atlantic Bridge network and its US rightwing connections. We need to know just how far and how deep the links into US politics go. This crisis has discovered traces of a stealth neocon agenda. For many on the right, Atlanticism has become synonymous with a self-defeating, virulent Euroscepticism that is bad for Britain.” […]
»The revelations over Atlantic Bridge have triggered questions about the role played by Fox, chair of the charity's advisory council, and that of four of its UK members: William Hague, George Osborne, Chris Grayling and Michael Gove. As a UK charity, the organisation enjoyed tax breaks but had to comply with strict rules prohibiting it from promoting business interests. The charity's political agenda, which it articulated in conferences devoted to issues such as liberalising the health sector and deregulating the energy markets, chimes with the thinking of many on the right of the Conservative party whom Cameron has been keen to check as he holds the Tories to the centre ground of British politics.
»Lib Dem peer Lord Oakeshot said: “Dr Fox is a spider at the centre of a tangled neocon web. A dubious pattern is emerging of donations through front companies. We need to establish whether the British taxpayer was subsidising Fox and his frontbench colleagues. What steps did they take to ensure Atlantic Bridge didn't abuse its charitable status?”
»Werritty, the group’s UK director, was funded by a raft of powerful businessmen including Michael Hintze, one of the Tories biggest financial backers whose hedge fund, CQS, has investments in companies that have contracts with the Ministry of Defence; Poju Zabludowicz, chairman of the Britain Israel Communications and Research Centre, who chairs a US munitions company; and the Good Governance Group, a private security firm set up by a South African businessman, Andries Pienaar, who also has an investment firm, C5 Capital, focused on the defence sector.»
On peut lire d’autres textes sur le sujet, dans le même quotidien. Jim Murphy, parlementaire travailliste occupant le poste de ministre de la défense dans le shadow cabinet, tout surpris de trouver plus corrompus par l’américanisme que les travaillistes eux-mêmes, ne rate pas l’occasion de se payer Fox, dans un article du 15 octobre 2011. Un autre article, toujours du 15 octobre 2011, tire d’autres détails encore, des archives de cette “association caritative”, qui a fait prestement disparaître son site depuis que l’affaire Fox a éclaté. L’entame de l’article vaut également citation, le reste étant à mesure, – et donc à lire…
«Twenty US business leaders assembled in Pittsburgh in October 2006 to pay court to the coming man of British politics. They could have been forgiven for thinking Liam Fox, with his neatly parted hair and clipped Scottish accent, resembled the GP he had once been, rather than a potential Tory leader. But, although few of the business leaders knew much about the shadow defence secretary, they were familiar with his charity, the Atlantic Bridge. This was the organisation whose patron, Lady Thatcher, was lionised in the US for her support of the free market and American military airbases on British soil. It was the organisation whose members in 2004 were ushered into the White House to be briefed by Karl Rove, George W Bush's special counsel. And it was the organisation whose cocktail parties in the Carlton Club in London and Charlie Palmer's steakhouse in Washington were high points of the transatlantic social calendar.
»Shortly after addressing the business leaders at Pittsburgh's Duquesne Club – “the finest city club in the country”– Fox explained that the Atlantic Bridge promoted the special relationship between the UK and the US by creating “a network of individual people who can know one another”. He declared: “We are trying to bring people together who have common interests and to recognise that in an ever more globalised economy, we will all be called upon to defend those common interests.”»
Encore une fois, nous répétons qu’ils nous coupent le souffle, avec leurs capacités de développement de la corruption institutionnalisée… Dire qu’ils osent dénoncer la corruption des divers pays plus ou moins dictatoriaux ou “démocratiques” style-BAO, au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, dire qu’ils tiennent la Russie pour l’empire de la corruption, – dire tout cela et en rester, pour notre compte, comme deux ronds de flanc. Atlantic Bridge est la bonne application du modèle postmoderniste qui repousse les bornes de la corruption dans un paysage jusqu’ici inexploré, par son organisation, sa diversité institutionnalisée, son croisement de toutes les disciplines. On observera qu’il ne s’agit là ni d’un “complot”, ni d’une opération d’influence montée fondamentalement par une quelconque CIA. Plus besoin de ces pratiques obsolètes. On traite directement, de ministre à dirigeant d’entreprise, à lobbyiste israélien, à patron des pétroliers et du crime organisé, en passant par le tabac et les produits pharmaceutiques. Nous serions prêts à jurer, puisque Lady Thatcher trône au milieu de cet aréopage postmoderniste, couvrant de sa notoriété et de sa sénilité la bonne apparence de l’entreprise, que l’on y inclura dans quelques temps BAE et ses mirifiques contrats saoudiens, autre sommet de la corruption (sous la conduite de la Première ministre Thatcher).
(Cela n’empêche évidemment pas les “services” et les grandes ambitions politiques d’avoir leur place dans cette bouillie pour les chats. The Independent of Sunday révèle, le 16 octobre 2011, qu’Adam Werritty, l’ami et “collaborateur” de Fox, était immensément apprécié par le Mossad, qu’il informait régulièrement, et complotait depuis quelques année, comme vous et moi, la chute d’Ahmadinejad, le président iranien. Cette diplomatie-solo, type BHL avec la discrétion british, agaçait singulièrement le MI6 et le Foreign Office. La chose implique évidemment le ministre Fox lui-même, et conduit les commentateurs à en faire un “idiot utile” du Mossad. Cette situation, elle, n’a pourtant rien de nouveau, notamment pour les Britanniques et pour d’autres dirigeants politiques du bloc BAO, et cela de la part du Mossad ou d’autres services du bloc.)
L’“anglosphère”, ou entité anglo-saxonne, a poussé les activités de corruption dans au-delà de tout ce qu’on pouvait imaginer, installant la postmodernité dans le pur domaine de la transformation de toutes les activités en sources de profit et d’influence pour le profit, offrant sa substance même au pourrissement direct. Il ne s’agit même plus vraiment d’une organisation de pression politique pour un peu plus américaniser le Royaume-Uni, pour des intérêts politiques nationaux. Il s’agit bien de liens de parti à parti (les Tories et les républicains) comme l’on dit de gang à gang, avec une impressionnante participation du big business, pour les questions essentiellement de business, – l’agenda politique étant soumis à l’impératif de business. On remarquera, dans les citations du discours de Fox, la référence entêtante aux “intérêts” des uns et des autres (de même que l’absence de références aux agences de renseignement et d’influence, – désormais, l’on s’en passe, au moins de la référence). Les neocons et les Israéliens, connus pour leur activisme idéologique et belliciste qui poursuit son bonhomme de chemin, semblent eux-mêmes être présents autant pour leurs intérêts financiers et autres (les neocons en croquent beaucoup, quant à la direction politique du Likoud et à son Lobby, il s’agit également d’une organisation mafieuse).
On aurait affaire ici à un véritable changement de substance de la corruption. Malgré que Fox ait été ministre de la défense, ses liens avec Atlantic Bridge n’ont pas vraiment interféré sur une politique de défense britannique totalement prisonnière des catastrophes budgétaires en cours. (La pression de la crise déplace nos “centres” d’activité et les politiques possibles, et nos psychologies à mesure. De même, l’influence idéologique qui se heurte à la raréfaction des capacités financières publiques, voit son influence réduite et déplacée.) Ainsi, on comprend que Atlantic Bridge, suivant le mouvement, déplace les normes de la corruption, qui n’est plus que corruption pour la corruption et ses rapports immédiats. Comme les directions politiques elles-mêmes, la corruption ne s’intéresse plus prioritairement à la politique et à l’idéologie, mais à l’activité de corruption d'une façon générale et pluraliste, – “considérée comme un des beaux-arts”, si l'on veut. Il s’agit du pas ultime vers la subversion et même vers l’inversion entraînant la dissolution du Système. Cette orientation induit, en effet, que le Système est en train de perdre, si ce n’est déjà complètement perdu, tous ses impératifs structurels en matière de politique et d’idéologie. Il se trouve sur la dernière marche du pourrissement de la décadence, lorsque cette dernière marche, en bois pourri, cède sous le poids et s’effondre comme une symbolique de la Chute. Il n’y a plus de complots, plus de manipulations, plus de machinations type-Murdoch avec tout de même un sens politique, il n’y a plus que la course effrénée dans la corruption, avec un personnel politico-machin-chose qui a perdu la moindre capacité de réflexion de combat sur un terme constructif, pour la cause qu’il défend prétendument.
Cela nous amène à la remarque complémentaire mais d’importance que, dans ce contexte complètement surréaliste, on doute grandement que l’on puisse jamais aboutir à quelque accord que ce soit, ou quelque arrangement qui satisfasse les “indignés”, entre les mouvements d’“indignés” type Occupy Wall Street et le Système. Même la présence dénoncée de Tea Party dans l’affaire Fox/Atlantic Bridge, ramène le propos à sa caricature, puisqu’il s’agit des frères Koch, corrupteurs de tous et de toutes, et financiers des factions de Tea Party qui acceptent d’être financés ; là aussi, Tea Party réduit à sa caricature, écartant la prise en compte de toutes les activités réelles du mouvement, qui ont bouleversé l’échiquier politique de Washington en accélérant le blocage complet du pouvoir politique US si profondément corrompu.
Conclusion : rien, absolument rien n’est possible en fait d’arrangement, de réforme, de changement, etc., avec une telle situation. C’est la démonstration par Fox et Atlantic Bridge
Mis en ligne le 17 octobre 2011 à 09H17
 

Autour de la Fête de la Fédération

Autour de la Fête de la Fédération

par Georges FELTIN-TRACOL

Le 25 juin 2011 se tenait à Paris un colloque consacré à un grand moment de la Révolution française bien oublié aujourd’hui : la Fête de la Fédération.

 

Co-organisé par le Comité La Fayette, le Carrefour des Acteurs sociaux et La Fédération – Mouvement fédéraliste français, cette manifestation a rassemblé des historiens, des philosophes, des hauts fonctionnaires (comme le légitimiste Daniel de Montplaisir) et des personnalités telles le prince Jean d’Orléans. Les actes de ce colloque viennent de paraître. Comme il est de règle pour ce genre d’ouvrage, l’ensemble est inégal. Il faut néanmoins en saluer la publication.

 

Certaines contributions méritent cependant quelques critiques. Par exemple, Emmanuel Le Roy Ladurie évoque, à la suite de Fernand Braudel, l’incroyable diversité linguistique de la France. Après avoir traité du basque, du breton, du flamand, de l’alsacien, de l’occitan, du corse, des parlers d’oïl, il en arrive à « une étrange région qui n’a pas de véritable identité : la région franco-provençale puisque personne ne vous dira : “ je suis Franco-Provençal ”. On vous dira : “ je suis Savoyard, je suis Dauphinois ” et pourtant cela correspond à peu près à Rhône-Alpes, un peu élargi, avec en plus la Suisse romande qui n’est pas “ française ”, plus le Sud de la Franche-Comté, plus le Velay, le Forez et le Nord des Alpes du Sud : tout sur des bases essentiellement linguistiques (p. 14) ». Il soutient que « la franco-provençalité est une poly-ethnie extrêmement bizarre, centrée sur Rhône-Alpes […]. Il s’agit, hors de la Bourgogne proprement dite, d’une sorte d’identité qui fut burgonde, mais qui ne l’est plus qu’à titre mémoriel. […] La vague unité de l’ensemble se disperse, comme les pièces d’un miroir brisé, en une infinité de dialectes un peu français, un peu provençaux, unifiés les uns aux autres sans le savoir et parfois en le sachant (p. 19) ». L’historien de Montaillou semble méconnaître que le synonyme de « franco-provençal » est arpitan, d’où l’Arpitanie pour désigner ce territoire qui inclut le Val d’Aoste en Italie, mais pas le Velay dont le dialecte est haut-languedocien, donc occitan. Outre des considérations linguistiques et la référence haut-médiévale à la Burgondie, l’aire arpitane correspond en partie à la partie gauloise du Saint-Empire romaine germanique. À la Renaissance, une part non négligeable de ces territoires arpitans appartiennent au domaine de cette haute personnalité européenne, couverte d’opprobes par une historiographie hexagonale officielle et stupide, qu’est le Connétable de Bourbon…

 

Il n’est pas anodin que parmi les co-organisateurs figure « le Mouvement fédéraliste français “ La Fédération ” [qui] œuvre depuis plus de 65 ans, dans la discrétion, pour l’émergence du principe fédéraliste dans tous les domaines de notre société; en particulier par l’application du principe de subsidiarité, dans ses dimensions tant verticale (commune, pays, région, nation, continent, monde) qu’horizontale, par la reconnaissance et le développement des corps intermédiaires (familles, associations, entreprises, syndicats, églises…) (p. 6) », explique son président Laurent Grégoire.

 

Genèse d’une fête civique

 

Le colloque ne débat pas que la la seule Fête de la Fédération. Les interventions portent aussi sur la pertinence de l’idée fédérale. Il ne faut toutefois pas se méprendre sur la signification du mot « Fédération ». En 1790, la France n’est pas devenue une entité fédérale. Certes, les départements ont remplacé et rationalisé les anciennes généralités, subdélégations d’intendance, provinces (ou gouvernements militaires), pays d’État et pays d’élection, mais la « Nation » demeure unitaire, malgré une large décentralisation départementale, de district (futur arrondissement), cantonale et municipale. La Fédération que les Parisiens célèbrent ce 14 juillet 1790 n’est pas la fédération des « collectivités territoriales », mais celle des milliers de membres des gardes nationales des localités. Cette manifestation civique marque l’aboutissement d’un mouvement spontané, « partant des communes, petites ou grandes, venant de tous les horizons, du Dauphiné à la Bretagne, de l’Alsace au Languedoc, signale François Cailleteau. Partout des rassemblements de gardes nationaux s’opèrent quasi spontanément, parfois massifs, 10 000 à Valence en janvier, 50 000 à Lyon en mars, où l’on répète le serment français ou civique de fidélité à la nation, à la loi et au roi, l’ordre de ces trois fidélités étant d’une radicale nouveauté (p. 10) ».

 

L’expression même de « fédération » n’est pas surprenante pour l’époque si l’on en croît Benoît Lagarde : « Dans la correspondance ministérielle, reçue et expédiée par des militaires, il n’apparaît pas un terme unique, fixe, réglementaire. On parle avec libéralité de fédération patriotique, acte de fédération, pacte fédératif, fédération générale, confédération. Jusqu’à la période qui nous intéresse, ce sont des termes absents des rassemblements militaires dans le royaume de France. Ce sont des termes popularisés par les Insurgents de la Guerre d’Indépendance américaine; ce sont des termes qui engagent le militaire dans un processus civique, pour ne pas dire politique. Dans tous les cas le caractère de dualité partagé entre le législatif et l’exécutif est répété : la fédération est décrétée par l’Assemblée nationale et proclamée par le Roi; la loi et le roi seront présents lors de cette fête; reste à convoquer la Nation (p. 38) ». Jacques-Olivier Boudon ajoute, pour sa part, qu’« il faut […] mesurer le chemin parcouru depuis l’été 1789 quand s’organisent les premières fédérations locales, et le mois de juillet 1790. Le mouvement naît, dès le début du mois d’août, dans la région de Millau, dont le maire est un certain Louis de Bonald. Se forme alors une “ Confédération avec les villes de Rodez et de Villefranche et toutes autres villes qui voudraient y adhérer ”. D’autres villes font de même. Puis en janvier 1790, une autre étape est franchie quand se réunissent à Pontivy les milices de 69 villes et bourgs de Bretagne (p. 23) ». Quant à Emmanuel de Waresquiel, il insiste sur le fait que « l’idée de fraternité reprise autant du message évangélique que des Encyclopédistes et de Rousseau est à l’œuvre dès les débuts de la Révolution même si elle ne figure pas explicitement dans la Déclaration des droits du 26 août 1789. Cette confédération fraternelle du peuple français est souhaitée dès les derniers mois de 1789 par nombre de communes du royaume, comme celle de Dijon qui le 3 décembre lance le projet d’un “ traité fédératif ” censé faire respecter les décrets de l’Assemblée et l’autorité du roi. À partir du mois de janvier 1790, les fédérations se multiplient dans les départements, à Pontivy, Dôle, Lyon, Strasbourg (p. 32) ». À ce phénomène s’intègre la mode de l’Antiquité gréco-romaine. La référence à l’âge classique est si présente que « dans le serment du 14 juillet 1790, […] certains témoins de la scène trouveront à juste titre que la cérémonie rappelait plutôt “ une fête de l’ancienne Grèce qu’une cérémonie de l’Église chrétienne ”. On est là déjà quelque part entre les anciennes fêtes de la monarchie et les fêtes laïques de la république (p. 31) ».

 

Pourquoi avoir choisi la date du 14 juillet ? Jacques-Olivier Boudon cite un extrait de La Gazette nationale ou le Moniteur universel du 9 juin 1790 : « c’est le 14 juillet que nous avons conquis la liberté, ce sera le 14 juillet que nous jurerons de la conserver; qu’au même jour, à la même heure, un cri général, un cri unanime retentisse dans toutes les parties de l’Empire, vivent la nation, la loi et le roi ! Que ce cri soit à jamais celui de ralliement des amis de la patrie et la terreur de ses ennemis ». L’allusion à la prise de la Bastille y est évidente. Cependant, si la République a fait du 14 juillet sa fête nationale la plus importante, le rapporteur du projet au Sénat en 1880 insistait volontiers sur le souvenir de la Fête de la Fédération, manifestation de l’unité nationale, afin de convaincre ses collègues que gênait le symbole de la prise sanglante de la Bastille. La proposition d’un républicain attaché à l’unité de la République paraît paradoxale puisque les « bons » républicains français se défient tant du mot que du concept de « fédération ». « Il est […] compréhensible, affirme encore Jacques-Olivier Boudon, que lors de la crise de 1793, l’accusation de “ fédéralisme ” adressée à l’encontre des girondins, ait revêtu une coloration négative, alors qu’ils n’avaient jamais remis en cause l’idée de l’unité de la nation. Mais le fédéralisme devait dès lors être associé à la dissidence, à la dissension pour ne pas dire à la guerre civile (p. 30). »
Problématiques fédéralistes
Outre la Fête de la Fédération proprement dite, les intervenants s’appesantissent aussi sur le fédéralisme. Pour Georges-Henri Soutou, « le fédéralisme, c’est l’affirmation d’une construction politique et sociale qui doit partir de la base et du libre arbitre des individus, et non pas venir du sommet et de l’autorité imposée par l’État. À la fois comme philosophie et comme mouvement social et politique, ce courant ne disparaîtra plus par la suite. Il a inspiré Proudhon, il inspire tout un courant de philosophie politique qui y voit à terme la possibilité d’une organisation pacifique d’une Humanité réunifiée. Pour certains, il constitue une voie nécessaire pour maîtriser ce que nous appelons désormais la mondialisation (p. 12) ». On constate ici que les fédéralistes versent souvent dans l’idéalisme et l’irréalisme, en ignorant superbement les nécessités irréfragables du politique. Rêver d’une humanité unifiée, d’un État mondial, d’une société planétaire est profondément impolitique et qui va à l’encontre des torrents diversificateurs et buissonnants du Vivant. Il est pourtant exact qu’« au départ, signale Soutou, et encore très nettement dans les années 30 et 40, le fédéralisme est en fait un universalisme mondialiste. Dans le cas français, par exemple, si la Démocratie chrétienne a été dès l’origine européenne (imprimant cette marque génétique dans le M.R.P. après 1945) les socialistes de la S.F.I.O. étaient eux aussi fédéralistes, mais dans la vision d’une fédération mondiale, et ils ne se sont ralliés au projet européen qu’en 1955 (c’est largement pour cela que fut créé le Comité pour les États-Unis d’Europe de Jean Monnet). Cette vision mondialiste du fédéralisme n’a pas disparu, elle correspond sans doute à sa logique profonde ultime, comme le montre par exemple la lecture de la revue The Federalist Debate. Mais actuellement malgré tout c’est plutôt la revendication d’une “ gouvernance mondiale ” qui exprime le plus fréquemment cette aspiration (p. 85) ». Le fédéralisme est notre langue d’Ésope…

 

François H. Briard considère, lui, que « le fédéralisme est surtout une pratique, avant d’être une théorie, une pratique qui rend vivante dans une communauté humaine la tension entre unité et diversité. Ensuite, le fédéralisme ne saurait survivre sans une dose de “ nationalisation ”, sans le développement d’un niveau supplémentaire de légitimité (p. 102) ». Est-ce la raison qu’« actuellement, l’Union européenne est une Union d’États qui revêt un caractère fédéral et qui évolue vers un nouveau type de fédéralisme (p. 89) », se demande-t-il ? Or il prévient plus loin qu’« on ne saurait parler de ” Fédération ” à propos de l’Union européenne, au sens classique du terme, dans la mesure où celle-ci ne connaît pas d’intégration politique (p. 91) ».

 

Chantal Delsol estime, quant à elle, que « l’Europe a été faite à l’envers en raison du problème de souveraineté qui s’est posé à juste titre d’ailleurs; c’est-à-dire que les compétences des entités inférieures ont été dévolues en haut alors que les entités inférieures étaient parfaitement capable et en revanche il n’y a pas eu véritablement d’organisation des compétences pour lesquelles les entités inférieures étaient insuffisantes (p. 104) ». Georges-Henri Soutou tente, pour sa part, de mieux cerner le fédéralisme. Il remarque d’abord que « les États fédéraux présentent des caractéristiques communes. Tout d’abord les parties constituantes (États, Länder, cantons…) ont des pouvoirs clairement définis, et sont dans beaucoup de domaines incontournables : pour des pans entiers et importants des prérogatives régaliennes tout passe par eux et non pas par le centre. Les Länder, les States, les cantons jouissent d’une personnalité législative; dans le cas suisse, pour prendre un exemple frappant, la nationalité helvétique n’existe pas de façon immédiate en tant que telle mais est la conséquence de la possession de la combourgeoisie d’un canton. La souveraineté est réellement partagée, les éléments constitutifs en détiennent une partie. Cependant dans un certain nombre de domaines clés le pouvoir central dans les États fédéraux est fort : aux États-Unis, en R.F.A., en Suisse, en ce qui concerne les affaires étrangères, la défense, la monnaie, et un certain nombre de domaines et d’institutions bien choisis, le centre décide seul. Il ne faut pas identifier fédéralisme et dilution du pouvoir : l’organisation gouvernementale des trois pays cités en exemple ici est très cohérente et ramassée sur l’essentiel (p. 80) ». Le fédéralisme sait s’adapter aux spécificités culturelles de chaque pays, d’où sa grande plasticité. Ainsi, « le système fiscal est beaucoup plus centralisé en R.F.A. qu’en Suisse ou qu’aux États-Unis, avec une forte péréquation des ressources entre les Länder. Dans la pratique, cela se traduit par une cogestion entre les Länder et le Bund, avec des rapports de force changeants (p. 81) ». Il en conclut que, « pour qu’une fédération se maintienne, il faut qu’elle dispose d’un pouvoir central stable et puissant, et que les divisions entre les composantes ne soient pas trop fortes, en particulier ne soient pas uniquement selon des lignes ethniques. C’est le cas des États-Unis, de la R.F.A. et même de la Suisse, malgré la division entre Romands et Alémaniques (mais on notera que la carte des cantons, d’ailleurs nombreux, ne se superpose pas avec celle des ethnies existant en Suisse) (p. 81) ». Georges-Henri Soutou considère par conséquent que « le projet européen se trouve […] en quelque sorte coincé entre le niveau inférieur (le régionalisme) et le niveau supérieur (le mondialisme) (p. 83) ».

 

On retrouve la faiblesse inhérente d’un certain fédéralisme qui est le refus, explicite ou non, de la limite géographique, territoriale ou géopolitique. Soutou rappelle que, « pour les Pères fondateurs, nourris par la réflexion des courants européanistes depuis les années 20, la réponse était évidente : l’Europe reposait sur une unité de civilisation, une histoire partagée et désormais réconciliée, et sur des valeurs communes (dont la démocratie, la liberté et l’État de droit). Cette vision a perduré jusqu’aux années 1980. Si les traités de Rome de 1957 disaient seulement que “ tout État européen ” pouvait être candidat, et ne définissaient pas ce qu’était un pays européen, pour les responsables européens des années 60 et 70 les choses étaient cependant très claires. Comme le disait le préambule du Plan Fouchet d’union politique dans sa version de janvier 1962, l’Europe reposait sur une “ civilisation ”, sur un “ patrimoine spirituel ”, sur les “ principes de la démocratie ” et sur les “ droits de l’homme ”. Et la Déclaration sur l’identité européenne adoptée par les chefs d’État ou de gouvernement des Neuf à Copenhague le 14 décembre 1973 ne disait pas autre chose : “ nécessités européennes fondamentales ”, “ civilisation commune ”, “ valeurs d’ordre juridique, politique et moral ”, “ principes de la démocratie représentative, du règne de la loi… ”. On avait là une Europe clairement définie, qui reposait certes sur des valeurs universelles (ou qui se prétendent telles) comme la démocratie et les droits de l’homme mais qui affirmait clairement sa spécificité comme espace géographique, historique et de civilisation. Or à cette Europe clairement définie et donc délimitée par l’histoire et la civilisation, s’est progressivement substitué à partir des années 1980 une notion de l’Europe beaucoup plus abstraite et vague, et sans rivages. C’est ainsi que le préambule du traité de Maastricht de 1992 ne soulignait plus comme ciment de l’Europe que la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit. Et désormais c’était le discours admis dans les enceintes européenne : l’Europe, c’était la démocratie, les droits de l’homme et l’État de droit. Il n’était plus question d’une civilisation commune et d’une histoire partagée, qui marqueraient une spécificité européenne. Cette évolution récente correspond bien entendu à une évolution parallèle dans nos différents pays : on est passé un peu partout d’une vision historique, spirituelle et culturelle de la Nation comme de l’Europe à une conception “ civique ” reposant uniquement sur la démocratie, l’État de droit et les droits de l’Homme (p. 84) ». Si, pour Aristote, la démocratie tend vers l’anarchie, le fédéralisme risque, lui, de verser dans le confusionnisme, le chaos ethnique de grande ampleur et le nivellement culturel. En parlant de la France, Jean-Paul Gourévitch avance que « nous sommes une nation diverse. 7,7 millions de personnes d’origine étrangère (les immigrés et leurs descendants directs) soit 12,5 % de la population vivent sur le territoire de la métropole. Le fait qu’un certain nombre d’entre eux aient choisi la nationalité française et que d’autres l’obtiendront automatiquement à 13, 16 ou 18 ans sans la demander en vertu du droit du sol n’est pas suffisant pour que chacun se sente partie prenante de la communauté nationale. Ceci d’autant plus qu’il existe en métropole deux communautés très fortes – 3,4 millions d’originaires du Maghreb, 2,4 millions originaires de l’Afrique subsaharienne sans compter les Turcs, les originaires de la Péninsule balkanique ou de l’Extrême-Orient – qui ne partagent pas toujours les valeurs qu’on veut leur imposer (p. 107) ». Le fédéralisme est-il encore viable dans ces conditions ? On n’en a pas l’impression. Les auteurs ne semblent pas voir le fédéralisme passer d’une pratique moderne à des modalités nouvelles, post-modernes, fondées sur le retour des communautés, un fédéralisme communautaire/communautarienne.

 

De la Fédération à l’Empire en passant par Mistral

 

L’alternative à la France unitaire et à la non-Europe actuelle serait logiquement une fédération de communautés populaires organiques. En d’autres temps et en d’autres lieux, cette fédération s’appellerait l’Empire. La référence à l’Empire traditionnel est peu ou mal abordé par les participants. Concernant la monarchie danubienne des Habsbourg, Soutou lance, contre toute évidence historique, que « l’Autriche-Hongrie n’a pas été assassinée, elle est morte toute seule, certes après avoir été affaiblie par la guerre et la défaite (p. 81) ». N’a-t-il donc jamais lu Requiem pour un empire défunt (1988) de François Fejtö qui apporte de façon définitive les preuves de cet assassinat ?

 

Jacques-Olivier Boudon rapporte une anecdote peu connue qui devrait faire réfléchir les Français. « Un membre non identifié de la Société des Jacobins, avait le 17 juin [1790] suggéré qu’à l’occasion de la manifestation du 14 juillet, les représentants de la nation substituent au “ Vive le roi un vive Louis empereur ”, ajoutant : “ Ce titre nouveau conviendrait parfaitement au nouvel ordre des choses ”, avant de convoquer le souvenir de Charlemagne. “ Louis XVI doit donc reprendre un titre d’honneur que les rois fainéants ont laissé passer chez nos voisins. Effaçons les noms de roi, de royaume, de sujets, qui ne s’unirent jamais bien avec le mot de liberté. Les Français qui ont la souveraineté et qui l’exercent, sont soumis à la loi et ne sont sujets de personne. Le prince est leur chef, non leur maître : Imperat, non regit. Qu’il revienne donc du Champ de Mars la couronne impériale sur la tête; et que son auguste épouse soit, comme sa nièce, saluée du nom d’Impératrice ”. Cette proposition est rapidement balayée, mais elle montre que l’idée d’un retour à l’empire ne naît pas ex nihilo en 1804 (p. 24) ». En consultant les archives, on sait qu’à partir du règne de Louis XVI, le terme « Empire » signifie dans les documents administratifs officiels « État » et désigne le royaume de France. Quant au titre d’« empereur des Français » de Napoléon Ier, il doit se comprendre comme « chef de l’État des citoyens français ».

 

L’idée impériale rejaillit indirectement avec le fédéralisme régionaliste dans l’allocution de Martin Motte consacrée à Frédéric Mistral. Prix Nobel de littérature en 1905, Mistral est le grand défenseur de la langue provençale. « Remarquons l’insistance du poète à souligner que toutes les écoles font la guerre au provençal, la privée comme la publique; de ce fait, sa défense transcende les clivages partisans, remarque Martin Motte. Sous-jacente à toutes ces propositions, on retrouve l’idée fédérale : la Provence est née d’une fédération de races; le combat pour sa langue est le seul thème fédérateur qui puisse imposer silence aux haines politiques; quant à la poésie, elle est la forme de littérature la plus fédératrice parce qu’elle s’adresse aux strates profondes du psychisme humain, non aux couches superficielles où sévit l’esprit de parti (p. 56). » Il rappelle que Mistral a soutenu le Second Empire, surtout dans sa période libérale (1860 – 1870) : « Mistral prend ici acte d’une divine surprise : en faisant du principe des nationalités l’axe de sa politique extérieure, le Second Empire réalise les promesses de 1848. Encore faudrait-il qu’il se montrât aussi libéral à l’intérieur, ce pour quoi le poète l’appelle à respecter “ le vieux parler roman ” de Provence. La langue est en effet la première des libertés, “ car, face contre terre, qu’un peuple tombe esclave, s’il tient sa langue, il tient la clef qui le délivre de ses chaînes ”. De la reconnaissance du provençal en France et du catalan en Espagne, Mistral espère la résurrection d’une communauté culturelle “ des Alpes aux Pyrénées ” qui préfigurera un temps où l’on verra “ l’amour seul joindre les races ”. En somme, l’identité régionale forme la thèse du poème, l’identité nationale son antithèse et l’idée fédérale sa synthèse (p. 58). » C’est en toute logique qu’il appuie l’Union latine, puis prône une Confédération latine entre la France, l’Espagne et l’Italie.

 

En 1871, Frédéric Mistral s’oppose à la Commune qui pervertit, selon lui, le fédéralisme régional. Son fédéralisme entend « soustraire les esprits au nivellement technicien comme aux sirènes du socialisme, celui-ci se nourrissant de celui-là et tous deux conduisant au nihilisme; réinscrire l’homme dans ses cercles de sociabilité réels, à commencer par la commune et la région; donner à ces dernières les moyens de traiter la question sociale à la base et désamorcer par là même les menaces de guerre civile, tels étaient les défis de l’heure (p. 59) ». Pour Mistral, « par sa nature même, le fédéralisme permettait le dépassement du clivage droite – gauche. Il avait d’ailleurs le vent en poupe dans le débat politique français en tant que carrefour des diverses oppositions : on l’avait vu dès le boulangisme, auquel Mistral avait été attentif, on le revit avec Barrès et son journal La Cocarde (1894 – 1895), auquel collaborèrent Maurras et Amouretti et qui fut le lieu par excellence d’une synthèse entre nationalisme et fédéralisme. Mistral n’eut aucun mal à se reconnaître dans cette synthèse, autour de laquelle ses intuitions tournaient depuis longtemps. C’est donc tout naturellement que, l’affaire Dreyfus venue, il adhéra à la Ligue de la Patrie française (p. 63) ».

 

Martin Motte mentionne fort à propos une combinaison nationaliste – fédéraliste – régionaliste qui conduira à l’« Union sacrée » de 1914. « En octobre 1913, souligne-t-il, Raymond Poincaré, de passage en Provence, voulut apporter à Mistral l’hommage de la nation française tout entière : il vint le prendre lui-même à Maillane pour l’emmener déjeuner à bord du train présidentiel. Amplement médiatisé, l’événement avait une finalité politique très précise : Poincaré, désireux de mobiliser les énergies du pays dans un contexte international tendu, venait sceller l’alliance du nationalisme et de “ ce régionalisme dans lequel notre France aura […] son rajeunissement ”. Mistral lui répondit que la province était en effet la “ mère des paysans et des soldats de France ”, et qu’à cet égard au moins elle méritait qu’on ne la négligeât pas (p. 65). »

 

Malgré les disparités propres à ce type de livre collectif, La Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Histoire et héritage apporte un éclairage intéressants autour des notions de fédéralisme régional, national et européen. Marc Bloch écrivait qu’« il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération ». Le jugement est abrupte et partial. Plutôt qu’avoir des émotions, préférons la nostalgie d’un événement manqué.

 

Georges Feltin-Tracol

 

Georges-Henri Soutou (sous la direction de), La Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Histoire et héritage, Actes du colloque du 25 juin 2011, Paris, 117 p., 18 €, à commander par chèque bancaire à l’ordre du Carrefour des Acteurs Sociaux, 103, avenue Parmentier, F – 75011 Paris, France.

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2153

Petites réflexions éparses sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves

 

map2.jpg

Robert STEUCKERS:

Petites réflexions éparses sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves

En me demandant d’écrire un petit article sur la découverte de l’Amérique par les Scandinaves, Bernard Levaux, sans aucune intention maligne, ouvre, une fois de plus, ma secrète boîte de souvenirs d’adolescent. C’est une fois de plus parce que l’article qu’Yves Debay a écrit récemment dans les colonnes de ce bulletin, avait déjà ravivé quelques bons et solides souvenirs car ce sacré Yves Debay était un camarade d’école, forcément inoubliable vu sa personnalité, et un compagnon de voyage en Grèce en 1973. Enfin, parce que le thème que Bernard Levaux me demande d’aborder me ramène en fait à la même année: The Vinland Saga – The Norse Discovery of America est le tout premier livre sérieux, le tout premier classique, que j’ai acheté en anglais, sans vraiment connaître encore tous les secrets de la langue de Shakespeare. Généralement, en anglais, j’achetais en temps-là des livres ou des revues sur les maquettes d’avions ou de chars, comportant profils ou guides de peinture. A cette époque, j’avais la même habitude que le Professeur Piet Tommissen, dont on vient de déplorer la disparition à Bruxelles en août 2011, celle d’inscrire la date d’achat de chaque livre sur un coin de la première page. C’est donc avec émotion que j’ai repris entre mes mains de quinquagénaire ce premier bon livre anglais de ma bibliothèque et que j’ai retrouvé la mention “20 Jan. 1973”.

Ce petit livre de la collection “Penguin Classics”, à dos noir, voulait compléter l’exposé, fait un an auparavant, d’un camarade de classe, Eric Volant, passionné par la saga des Vikings. Si Debay a connu une brillante carrière de soldat puis de journaliste militaire à “Raids” ou à “Assaut”, Eric Volant, lui, a connu un destin tragique et n’a vécu que vingt ans: ce garçon, au sourire toujours doux et franc, les joues constellées de taches de rousseur, désirait ardemment devenir historien. Et se préparait à un tel avenir. Mais rapidement, le couperet est tombé: son paternel refusait de lui financer des études. A 18 ans, au boulot! Et hors de la maison! Eric est devenu sombre: son éternel sourire s’est effacé. Son ressort intérieur était brisé. Du jour au lendemain, il est devenu communiste! Nous ne pensions pas que le père allait mettre son projet à exécution et flanquer son aîné à la porte du foyer parental au lendemain même de la proclamation de fin de secondaires. Mais, hélas, il l’a bel et bien fait et Eric est venu sonner chez moi début juillet: il avait trouvé un cagibi absolument sordide, au fond d’une cours, où habiter. Il n’avait pas de meubles, juste un sac avec ses hardes et quelques livres: mon père, bouleversé, lui a aussitôt donné une table, une bibliothèque, deux chaises et quelques autres babioles, que nous avons amenées aussitôt dans la triste annexe qui devait lui servir de logis. On l’a ensuite vu errer dans les rues, de plus en plus sombre et rancuneux. Et, deux ou trois ans plus tard, nous avons appris sa mort tragique: il s’était porté volontaire pour servir de passeur à l’ETA basque, que les Républicains espagnols, fort nombreux dans son quartier et quasi les seuls militants communistes dans le Bruxelles du début des années 70, estimaient être la seule force politique capable de ramener une mouture modernisée du “Frente Popular” au pouvoir dans les premières années du post-franquisme. Eric a été descendu par des tireurs embusqués, au moment où il franchissait un ruisseau dans les Pyrénées. On a retrouvé son corps quelques jours plus tard. Il a été enterré à la sauvette, paraît-il, dans un petit village basque. Personne n’a voulu rapatrier le corps. Nous avions perdu un garçon qui avait été un très bon camarade. Il avait marché jusqu’au bout de la passion qu’avait généré son immense déception.

Voilà, je viens de payer mes dettes à mon passé, à ceux qui ont disparu.

Revenons au thème du modeste exposé scolaire d’Eric Volant, c’est-à-dire à la conquête de l’Atlantique Nord par les Scandinaves. Aujourd’hui, on devine qu’ils ne furent pas les premiers Européens à avoir abordé le continent de l’hémisphère occidentale. Déjà Louis Kervran, dans son “Brandan, le grand navigateur celte du VI° siècle” (Laffont, 1977), posait la thèse que les Scandinaves, lancés à l’aventure sur les flots glacés de l’Atlantique Nord et tous probablement proscrits ou en fuite, ont suivi des routes maritimes découvertes antérieurement par des ermites irlandais ou bretons, qui s’en allaient méditer aux Orcades, aux Féroé, en Islande et, pourquoi pas, plus loin, au Labrador, ou sur les terres que les Vikings nommeront “Helluland”, “Markland” ou “Vinland”. On retrouve leur nom sur une carte des “terres hyperboréennes”, dressée vers 1590 par un géographe, Sigurdur Stefansson. Louis Kervran rappelait fort opportunément que les peuples de la façade atlantique des Gaules et de la “Britannia” romaine possédaient une solide tradition maritime et que les multiples récits des voyages de Saint Brandan ont constitué une thématique littéraire très répandue et très appréciée tout au long du moyen âge européen. Kervran conclut que Brandan a très problablement suivi un itinéraire de Saint Malo ou de l’Irlande vers les Orcades et les Féroé, l’Islande, les côtes canadiennes pour aboutir probablement aux Antilles: certains textes de la matière “Brandan” décrivent des îles luxuriantes et des animaux exotiques. La légende rappelle, très précisément, que Brandan est parti avec douze compagnons pour entreprendre un voyage de neuf ans sur l’Atlantique. Par ailleurs les pêcheurs de morue poussaient très vraisemblablement jusqu’au large du Labrador, qu’ils aient été scandinaves, flamands, bretons, galiciens ou portugais. Colomb connaissait-il les secrets de ces pêcheurs ou de ces itinéraires scandinaves? La question demeure ouverte.

Pour les deux spécialistes allemands de l’ère mégalithique, Gert Meier et Hermann Zschweigert, Ulysse, dont la légende remonterait à la proto-histoire mégalithique de la vieille Europe, aurait déjà testé les flots atlantiques: en cinglant de Gibraltar vers les Açores (l’île Ogygie) et, poussé par le Gulf Stream de celles-ci vers Heligoland, il aurait abouti en face des côtes aujourd’hui danoises qui recelaient l’ambre, matière très prisée par les peuples méditerranéens. L’histoire marine de l’Europe, pour nos deux savants allemands, est bien plus ancienne qu’on ne l’a cru jusqu’ici. Les embarcations faites de peaux pourraient bien remonter à 10.000 ans. En 1976, l’historien anglais Tim Severin traverse l’Atlantique sur une copie du bateau attribué à Brandan, démontrant que de telles embarcations étaient parfaitement capables de tenir l’océan, exactement comme le Norvégien Thor Heyerdahl avait traversé le Pacifique sur le Kon-Tiki en 1947, pour démontrer la véracité des récits traditionnels polynésiens et prouver que des peuples marins de l’aire pacifique avaient été capables de cingler jusqu’à l’île de Pâques. Les Maoris néo-zélandais construisaient des embarcations capables de transporter de 60 à 100 guerriers, couvrant parfois des distances de 4000 km en l’espace de plusieurs semaines. Ces embarcations étaient mues par rames et/ou par voiles. L’aventurier allemand Hannes Lindemann a réussi à traverser l’Atlantique au départ des Canaries en 65 puis en 72 jours, sur un petit bateau africain, en se guidant par les étoiles: la navigation en haute mer étant plus aisée de nuit que de jour, du moins à hauteur des tropiques et de l’Equateur (au nord, vu la nébulosité permanente, elle est plus “empirique” donc plus hasardeuse et plus aventureuse, plus risquée). Nos ancêtres avaient un atout complémentaire par rapport à nous, dégénérés par la civilisation et par ce que le sociologue Arnold Gehlen nommait les “expériences de seconde main”: celui de pouvoir correctement s’orienter en connaissant à fond la carte du ciel. Le lien de l’homme à la mer n’est pas récent mais quasi consubstantiel à toute forme de culture depuis la préhistoire. Mais ce lien à la mer n’est pas pensable sans connaissances astronomiques précises, fruit d’une observation minutieuse du ciel.

Meier et Zschweigert évoquent aussi la voie “terrestre” vers l’Amérique, qu’il était possible d’emprunter, il y a environ 16.000 ans. La calotte glaciaire pesait à l’époque sur l’ensemble de la Scandinavie, sur une bonne partie des Iles Britanniques et sur tout le pourtour de la Baltique et sur l’Allemagne du Nord. L’actuel Canada et une bonne frange du territoire des Etats-Unis se trouvaient aussi sous une épaisse calotte. Mais la côte orientale de la Mer Blanche et l’Alaska étaient dégagés de l’emprise des glaces. Il y avait possibilité, en longeant la banquise arctique et en passant de la Sibérie occidentale à la péninsule de Kola, d’aller vers les Spitzbergen et, de là, au Groenland. Au nord de cette grande île atlanto-arctique se trouvait le “Pont Blanc” qui menait au Canada puis à la terre ferme et dégagée des glaces que constituait alors l’Alaska. On pouvait suivre ensuite la côte pacifique jusqu’en Californie et au Mexique actuels. De la Mer Blanche à l’Alaska, la distance est de 2500 km. Elle devait s’effectuer en 60 jours environ. Selon cette hypothèse, désormais dûment étayée, l’Amérique n’a pas seulement été peuplée par des ethnies sibériennes venues du nord de l’Asie par le Détroit de Bering mais aussi par des éléments venus d’Europe, encore difficilement identifiables au regard des critères de l’archéologie scientifique. Comment cette migration par le “Pont Blanc” s’est-elle opérée avant les nombreuses submersions qui eurent lieu vers 8500 avant notre ère et qui détruisirent notamment la barrière Tanger/Trafalgar et la bande territoriale qui liait l’Italie et la Sicile au continent africain, faisant du lac méditerranéen initial une mer salée? Ces voyages s’effectuaient par traineaux à traction canine, à la mode lapone, le chien étant l’animal domestique par excellence, la première conquête de l’homme; ou ne devrait-on pas plutôt parler d’une fusion “amicale” entre deux espèces morphologiquement très différentes pour que toutes deux puissent survivre en harmonie? Le chien est effectivement un allié dans la chasse, un chauffage central qui chauffe en hiver (les Aborigènes australiens parlent de “five-dogs-nights”, de nuits où il faut cinq chiens pour chauffer un homme; l’expression est passée dans l’anglais moderne), un pharmacien qui lèche les plaies et les guérit vu l’acidité de sa salive, un gardien et un compagnon, qui, en guise de récompense, reçoit les reliefs des repas.

Magnus Magnusson et Hermann Pàlsson ont rédigé une brillante introduction pour mon petit livre de 1973, qui n’est autre que le texte même de la “Vinland Saga”, de la saga du voyage vers le Vinland américain. Cette introduction relate l’histoire de la colonisation scandinave de l’Islande et du Groenland et retrace l’épopée nord-atlantique des marins norvégiens et islandais. La colonisation de l’Islande s’est déroulée à la suite de l’émigration de proscrits norvégiens, chassés pour “avoir provoqué mort d’homme”, à la suite de méchantes manigances ou pour raisons d’honneur voire pour refus d’être christianisés. Celle du Groenland procède de la même logique: Eirik le Rouge est banni d’Islande au 10ème siècle. Il fonde les premières colonies scandinaves du Groenland. Un marin prudent, Bjarni Herjolfsson, dévié par les vents et les éléments déchaînés de sa route entre l’Islande et le Groenland, aperçoit les côtes de terres inconnues vers 985 ou 986. Leif Eirikson, dit Leif l’Heureux, achète le dernier bateau survivant de l’expédition incomplète et chamboulée de Bjarni et décide de partir à la découverte des terres aperçues au loin par son prédécesseur. C’est ainsi que fut découvert le “Vinland”, terre sur la rive méridionale du Saint-Laurent, où les explorateurs nordiques ne découvrent pas seulement une baie qui ressemble au raisin mais surtout la principale matière première dont ils ont besoin, le bois, ainsi que du gibier en abondance, du saumon à profusion et du blé sauvage prêt à être récolté. Leif ne restera pas en Amérique: c’est son beau-frère Thorfinn Karlsefni qui tentera d’installer une première colonie permanente sur le sol américain. Thorfinn fait le voyage accompagné de sa femme. Elle met un bébé au monde sur la terre américaine. Mais elle meurt peu après l’accouchement. Thorfinn passe l’hiver avec l’enfant qu’il parvient à sauver de la mort. Ce petit Snorri Thorfinnson a probablement été le premier Européen attesté et non mêlé d’Amérindien ou d’Esquimau à avoir vu le jour dans l’hémisphère occidental. Quant à Thorvald, fils d’Eirik, il est un des premiers Européens tombés au combat face aux natifs du continent américain: il a été frappé d’une flèche en défendant une implantation dans l’actuel Labrador canadien.

L’âge viking, l’ère en laquelle les Normands se répandirent en Europe, en Russie jusqu’au comptoir de Bolgar sur la Volga et dans l’espace nord-atlantique, est une époque où l’Europe ne connaît plus la gloire de l’Empire romain: en ce temps-là, nous explique le Prof. Roger Grand, le trop-plein démographique scandinave descendait calmement la Weser germanique, jusqu’à hauteur du premier grand affluent du Rhin, la Lippe, pour aller se présenter dans les castra des légions de l’Urbs et trouver une affectation militaire ou civile dans l’Empire. La chute de l’Empire romain interdit cette transhumance: la masse démographique germanique-continentale s’est déplacée à l’intérieur de l’Empire, dans les provinciae de Germania Inferior et Germania Superior et dans le nord de la Gallia Belgica, voire dans la vallée du Rhône pour les Burgondes, installés principalement dans la “Sapaudia” (la terre des sapins) jurassienne, entre Besançon et le lac de Neuchâtel selon l’axe Ouest-Est, et entre Belfort et Grenoble, selon l’axe nord-est/sud-ouest. L’Europe est trop pleine et, en plus, elle est désorganisée. Les Germains continentaux n’ont plus d’affectations à offrir à leurs cousins du Nord. L’Europe est dangereusement ouverte sur la steppe qui s’étend de la Puszta hongroise jusqu’à la Mandchourie. Entre le Danube à hauteur de Vienne et l’Atlantique, les populations romanisées et germanisées sont acculées, dos à l’Océan, d’où les Nordiques viennent pour remonter leur fleuves et piller leurs villes et abbayes. En Méditerranée, elles sont harcelées par le débordement démographique sarrazin, c’est-à-dire hamito-sémitique.

La recherche d’échappatoires est donc une nécessité vitale: la Russie offre un tremplin vers la Mer Noire et l’espace byzantin et, via la Volga, vers la Caspienne et l’Empire perse. Mais, là aussi, l’élément scandinave, finalement trop ténu, ne pourra pas, comme avaient partiellement pu le faire avant eux les tribus gothiques, maîtriser le cours des grands fleuves russes et ukrainiens pour avancer les pions des populations européennes vers l’espace persan. La seule route pour trouver terres, matières premières et espaces apaisés est celle de l’Atlantique septentrional. Cette donnée stratégique est une constante de l’histoire européenne: elle sera reprise par Henri le Navigateur, roi du Portugal, désireux de contourner la masse continentale africaine pour éviter la Méditerranée contrôlée par les puissances musulmanes et atteindre l’Inde par voie maritime et non plus terrestre. Elle sera reprise par Ivan le Terrible quand il descendera la Volga pour l’arracher au joug tatar, sous les conseils d’un marchand anglais, qui n’avait pas oublié la route varègue (suédoise) vers le comptoir de Bolgar, vers la Caspienne et l’espace persan. Les recettes norroises et varègues ont donc servi de source d’inspiration aux tentatives européennes, en l’occurence portugaises et russes, de désenclaver l’Europe.

La première tentative de désenclavement par l’Ouest atlantique a donc été celui du quatuor Bjarni, Eirik, Leif et Thorsinn. Elle est importante dans la mesure où les marins scandinaves, paysans sans terre à la recherche d’un patrimoine, cherchent non plus à fusionner avec d’autres sur une terre étrangère, comme le fut peut-être la Normandie, mais à créer des communautés scandinaves homogènes sur des sols nouveaux. Ce sera le cas en Islande, où les colonies se sont maintenues. Ce sera le cas au Groenland, du moins tant que durera l’optimum climatique médiéval. L’installation en Amérique, dans “l’Anse aux Meadows” sera, elle, éphémère: elle se heurtera à la résistance des indigènes d’Amérique du Nord, les “Skraelinger” des sagas, que les Scandinaves ne pourront vaincre, en dépit de la supériorité de leurs armes en fer. Les “Skraelinger” disposaient d’armes de jet, des arcs mais aussi une sorte de catapulte ou de balliste, qui leur permettaient de tenir tête à des guerriers dotés d’armes de fer mais qui ne disposaient plus, au Groenland, de forges et de mines capables d’en produire à bonne cadence. Tout devait être importé d’Europe. La logistique scandinave en Atlantique nord était trop rudimentaire pour permettre de se tailler une tête de pont, comme le firent plus tard les Espagnols ou les Anglais, pourvus d’armes à feu.

Le trop-plein démographique scandinave, à la suite de mauvaises récoltes, ne s’est plus déversé en Europe, à partir d’un certain moment quand l’espace impérial carolingien s’organise et s’hermétise, mais dans les îles de l’Atlantique (Shetlands, Féroé, Orcades, Hébrides) et en Islande. Cet exode d’audacieux répond aussi à une nouvelle donne politique: le pouvoir royal, imité du pouvoir impérial carolingien et armé de la nouvelle idéologie chrétienne, marque des points dans les vieilles terres scandinaves et déplait car jugé trop autoritaire et irrespecteux tant de la liberté personnelle que de la liberté des communautés d’hommes libres. L’Islande sera ainsi le laboratoire d’une démocratie populaire et originale: le pouvoir sera d’emblée limité par des lois; le chef, élu temporairement, devra respecter un contrat avec les représentants du peuple siégeant au “Thing” (= Assemblée, parlement); le médiateur au sein de ces assemblées de paysans libres, les “bondi” ou les “godhar” (“les chefs”, désignés par leurs propres communautés) joue un rôle capital. L’île de Thulé, que mentionnent les sources de l’antiquité et du haut moyen âge telles celles d’Orose, de Boèce (“à six jours de navigation” du continent) et de Bède le Vénérable, est indubitablement l’Islande.

En 825, le moine irlandais Dicuil, actif à la Cour de Charlemagne, écrit un traité de géographie (“Liber de mensura orbis terrae”), où, pour la première fois, on peut lire une description détaillée de cette “Thulé” de l’Atlantique nord, grâce à des renseignements transmis par trois ermites irlandais qui l’avaient abordée en 795, au moment où les Vikings lançaient leurs premiers assauts contre l’Irlande et ses monastères. Quand les premiers colons norrois abordent l’Islande vers 860, l’île est déjà occupée par quelques moines irlandais, comme le mentionnent d’ailleurs les sources scandinaves et l’attestent des noms de lieux comme “Papey” (“L’île aux moines”) et “Papyli” (“Aux moines”). En 870, Ingolf Arnarson doit quitter la Norvège, car “il y a commis mort d’homme”, et fonde la première colonie permanente et non monacale en Islande, sur le site même de l’actuelle capitale Reykjavik. C’est au départ de l’installation d’Ingolf et des siens qu’un système politique démocratique original, alliant pouvoir temporel et religieux, s’implante dans le pays et que celui-ci devient la base de départ de nouvelles découvertes: non seulement le Groenland et le Vinland, mais des îles stratégiques à la jonction des eaux de l’Atlantique et de l’Arctique, telles les Spitzbergen (vers 1170) et l’île Jan Mayen en 1194.

L’Islande médiévale fut donc à coup sûr la société la plus originale d’Europe, en marge du continent soumis aux assauts sarrazins et mongols ou disloqués par les querelles intestines. Elle développe un commerce intense, surtout avec la Norvège et l’Angleterre; elle exporte de la laine, du tweed, des peaux de mouton ou de phoque, du fromage, du suif (pour les chandelles), des faucons et du soufre en échange de bois (rare sous ces latitudes boréales), de goudron, de métaux, de farine, de malt, de miel, de vin, de bière et de lin. Mais, rappellent Magnusson et Pàlsson, l’exportation majeure, la plus étonnante et forcément la plus originale de cette Islande en apparence isolée et géographiquement marginale, ce sont les productions littéraires; en effet, les Islandais, lettrés et producteurs de sagas qui sont les premières manifestations d’une littérature achevée en Europe, produisent une poésie courtisane, des chants et des éloges pour les rois et les princes, qu’affectionnaient tout particulièrement les “earls” des Orcades, les grands féodaux anglais et les riches habitants de Dublin (colonie norvégienne). Ces récits, poèmes ou chants se payaient au prix fort. Ensuite, les contextes géographiques dans lesquels se déroulaient les récits des sagas sont minutieusement décrits et échappent à toute exagération ou falsification d’ordre mythique ou légendaire. La saga du Vinland ou le “Landnàmabök” (le livre de la colonisation de l’Islande) confirment parfaitement cette objectivité narrative. La première littérature “moderne” (pour autant que ce mot soit adéquat) en Europe a été islandaise. Né en Islande en 1067, Ari Thorgilsson peut être considéré comme le premier historien d’Europe en langue vernaculaire, alliant précision, érudition et volonté d’inscrire l’histoire islandaise dans un cadre général européen. C’est lui qui nous a transmis la plus grande partie du savoir dont nous disposons sur l’âge dit des sagas (930-1030). Il y a dix siècles, l’Islande fournissait à l’Europe un historien qui relatait des faits sans les embellir de légendes, de merveilleux ou de paraboles hagiographiques.

L’Islande a donc été le centre d’un monde thalassocentré, aux institutions politiques originales et uniques, que décrit remarquablement l’historien américain Jesse L. Byock, de l’université de Californie (UCLA). Quand les deux colonies du Groenland se sont mises à péricliter, l’Islande est redevenue marginale, une simple excroissance occidentale du monde scandinave. Mais elle n’a certainement pas exclu de sa mémoire l’épopée aventureuse, commerciale et colonisatrice vers le Groenland et les terres situées plus à l’Ouest. Une carte controversée, probablement une falsification car elle fait du Groenland une île à part entière (ce que l’on ne savait pas avant 1890), montre les trois terres (Helluland, Markland et Vinland) découvertes par Leif. Les falsificateurs dataient cette carte de 1440, cinquante-deux ans avant le voyage de Colomb. Falsification ou non, les terres extrême-occidentales devaient être toujours présentes dans la mémoire des Islandais, comme devaient au moins les deviner les pêcheurs normands, bretons, flamands, anglais, galiciens, portugais ou norvégiens qui cherchaient les bancs de morues. Vers 1020, les tentatives d’installation au Vinland ont dû définitivement cesser, du moins dans le sillage immédiat de Leif et de ses proches. L’évêque Eirik du Groenland a toutefois tenté une nouvelle expédition en 1121, pour “aller voir s’il y avait là-bas des chrétiens survivants”. Il aurait constaté le contraire. En 1347, des Annales mentionnent le retour d’une petite embarcation qui avait été au “Markland”, avec dix-huit hommes à son bord. On sait que les résidents des deux colonies groenlandaises ont évacué leurs installations, sans que l’on puisse dire avec toute la certitude voulue s’ils sont revenus en Islande ou en Norvège ou s’ils ont cinglé vers l’Ouest, pour disparaître sans laisser de traces.

L’universitaire britannique Gwyn Jones, dans une étude consacrée aux Vikings et à l’Amérique, relève deux hypothèses convergentes, non étayées mais plausibles, et qui mériteraient d’être vérifiées: celle de l’Islandais Jon Dùason et celle du Canadien Tryggve Oleson. L’une date des années 1941-1948, l’autre de 1963. Ces deux hypothèses postulent que, vu la détérioration du climat et les difficultés logistiques à vivre à l’européenne (ou du moins à la mode norvégienne) en terre groenlandaise, bon nombre de Scandinaves de ces deux colonies extrême-occidentales ont fini par adopter le mode de vie esquimau, non seulement au Groenland mais aussi au Canada, c’est-à-dire au moins au Helluland et au Markland. Réduit à la précarité, les colons islando-norvégiens auraient traversé la mer entre le Groenland et le Canada pour s’y fixer et finir par se mêler aux populations autochtones de la culture dite du Dorset et former ainsi une nouvelle population, voire une nouvelle ethnie, celle de la culture dite de Thulé, qui aurait repris pour son propre compte l’ensemble du territoire groenlandais, après le recul ou la disparition de la population scandinave homogène qui y avait résidé depuis l’arrivée d’Eirik. Duason et Oleson pensent dès lors qu’une fusion entre Scandinaves résiduaires et chasseurs-trappeurs de la culture dite de Dorset a eu lieu, ce qui a donné à terme la nouvelle culture dite de Thulé. Ensuite, les ressortissants métis de la culture de Thulé seraient entrés en conflit avec les derniers Islando-Norvégiens du Groenland qui auraient alors plié bagages et se seraient installés, très peu nombreux et fort affaiblis, dans l’île actuellement canadienne de Baffin, en se mêlant à la population locale et en disparaissant par l’effet de ce métissage en tant que communauté scandinave homogène. La seule source qui pourrait étayer cette thèse est importante et fiable, c’est un écrit tiré des annales de l’évêque Gisli Oddsson, écrite en latin en 1637, probablement inspirée par une source antérieure disparue et évoquant les événements en “Extrême-Occident” scandinave (ou atlanto-arctique) de 1342: “Les habitants du Groenland ont abandonné la vraie foi et la religion chrétienne de leur propre volonté, ayant déjà rejeté toutes les bonnes manières et les véritables vertus, et se sont tournés vers les peuples d’Amérique (“et ad Americae populos se converterunt”)”.

Si les ermites irlandais ou celtiques cherchaient des terres, c’était pour aller y pratiquer la méditation en solitaire et non pour la colonisation. Pour le celtisant anglais Geoffrey Ashe, comme d’ailleurs pour Louis Kervran, les moines irlandais cherchaient le “Paradis terrestre”, qui, à leurs yeux, n’était nullement un “au-delà” mais une contrée bien terrestre quoiqu’inconnue. Les sources de diverses “matières celtiques” évoquent tantôt la Terre d’Avalon (ou “Avallach” ou encore “Ablach”) tantôt la Terre de “Tir na nOg”, un pays de jouvence éternelle située loin à l’Ouest, au bout de l’Océan. Religion biblique, mythes celtiques et fonds factuel se mêlent de manière trop inextricable dans les récits de la matière de Brandan, qui ne recèlent par conséquent aucune fiabilité scientifique, sauf peut-être si on les lit avec l’acribie dont fit montre Kervran, dans son livre paru en 1977. La colonisation scandinave est rationnelle et les récits qu’elle suscite sont réalistes. Les Irlandais ont toutefois été les premiers à aborder l’Islande et probablement le continent américain. Mais rien n’atteste objectivement de leurs voyages, sauf en Islande, où Dicuil mentionne la présence d’ermites voyageurs. Cette volonté de fuite vers l’Ouest, au-delà de l’Océan Atlantique, indique pourtant que l’humanité de souche européenne a été, pendant quasi tout le moyen âge, depuis la chute de l’Empire romain, un ensemble de populations assiégées et contenues dans l’espace étroit de la péninsule européenne, ce promontoire au Ponant de l’immense masse continentale eurasienne. Les assiégeants, comme l’indique d’ailleurs l’auteur anglais du 12ème siècle Guillaume de Malmesbury après l’invasion seldjoukide des “thermes” orientaux de l’Empire byzantin, sont les peuplades turques, mongoles, hunniques, berbères et arabes. Pour bon nombre d’Européens du haut moyen âge, et pour les Scandinaves qui ne trouvent plus d’affectations suffisantes dans l’espace euro-méditerranéen suite à l’effondrement de la civilisation romaine, l’Europe est une terre que l’on cherche à fuir: en effet, les Nordiques ne sont plus des barbares intégrables de la périphérie (Altheim, Toynbee, Grand) ni dans l’espace catholique-romain ni dans l’espace byzantin (en dépit de l’aventure de la “Garde varègue”); l’Europe leur est devenue un espace fermé tant à cause de la détresse provoquée par les siècles de gabegie mérovingienne et par les assauts sarrazins et hongrois qu’à cause de la fermeture qu’instaure le système carolingien pour procéder à une réorganisation interne du continent. La seule exception, c’est-à-dire la seule colonisation réussie dans l’espace jadis romanisé, est la Normandie et probablement l’aire réduite que constitue l’embouchure du Rhin et de la Meuse en Hollande actuelle, sans compter le Yorkshire anglais (le “Danelaw”). A l’Est, la Russie de Novgorod est une autre terre de colonisation possible pour les Varègues de l’actuelle Suède. Mais ces terres sont bien étroites et soumises à des institutions féodales qui déplaisent aux hommes libres du Nord. La tentative de contrôler l’espace scaldien (de l’Escaut), en établissant un vaste camp militaire dans l’actuelle ville de Louvain sur la petite rivière qu’est la Dyle, a été réduite à néant par les armées d’Arnold de Carinthie, un général pugnace du clan carolingien.

La tragédie scandinave est une tragédie européenne: la volonté de conserver une autonomie politique aussi complète que possible, dans des espaces ethniquement homogènes, sans le moindre compromis sur ce chapitre, se heurte à la nécessité d’une organisation impériale, seul moyen de verrouiller en Méditerranée et sur la steppe les voies d’accès potentielles au coeur du continent. L’Europe a besoin de la liberté scandinave comme elle a besoin de l’organisation impériale: quand trouvera-t-on le juste milieu, le mode politique qui parviendra à réconcilier ces deux aspirations essentielles?

Robert STEUCKERS.

Fait à Forest-Flotzenberg, septembre 2011.

Bibliographie:

-          Geoffrey ASHE, Kelten, Druiden und König Arthur – Mythologie der Britischen Inseln, Walter-Verlag, Olten, 1992.

-          Régis BOYER, Le Livre de la colonisation de l’Islande (Landnàmabök), Mouton, Paris, 1973.

-          Jesse BYOCK, L’Islande des Vikings, Aubier, Paris, 2007-2011.

-          James GRAHAM-CAMPBELL, Das Leben der Wikinger – Krieger, Händler und Entdecker, Kristall-Verlag, Hamburg, 1980.

-          Gwyn JONES, “The Vikings and North America”, in R. T. FARRELL, The Vikings, Phillimore, London, 1982.

-          Louis KERVRAN, Brandan, le grand navigateur celte du VI° siècle, Laffont, Paris, 1977.

-          Jean MABIRE, Les Vikings à travers le monde, Ed. de l’Ancre de Marine, Saint-Malo, 1992.,

-          Magnus MAGNUSSON / Hermann PALSSON, “Introduction”, in The Vinland Saga – The Norse Discovery of America, Penguin, Harmondsworth, 1965-1971.

-          Gert MEIER / Hermann ZSCHWEIGERT, Die Hochkultur der Megalithzeit – Verschwiegene Zeugnisse aus Europas grosser Vergangenheit, Grabert, Tübingen, 1997.

 

mercredi, 19 octobre 2011

La destruction des classes moyennes en France, en Europe et aux États-Unis

La destruction des classes moyennes en France, en Europe et aux États-Unis

par Marc ROUSSET

En Europe, la destruction, mais dans les pays émergents, la montée des classes moyennes, voilà où nous conduisent le libre échange mondialiste, les sociétés multinationales qui, à l’exemple de Renault, délocalisent, ainsi que les stock options des dirigeants embarqués dans un capitalisme au service exclusif des actionnaires, n’en déplaise à Mme Laurence Parisot, présidente du Medef. Seul le retour au capitalisme rhénan et à la préférence communautaire, avec des droits de douane sonnants et trébuchants, peut endiguer la catastrophe économique et sociale en cours !

 

Un symbole éloquent est fourni par l’entreprise américaine Apple. Ses produits sont conçus en Californie et assemblés en Chine par FoxconnApple, la deuxième plus grosse capitalisation mondiale après Exxon, que tous les bien pensants portent aux nues, fait travailler à peine une cinquantaine de milliers de salariés, chercheurs et cadres. Foxconn que  personne connaît fait travailler un million de salariés en Chine dans des emplois industriels ! Le Prix Nobel d’Économie Michael Spence constate que de 1990 à 2008, 98 % des vingt-sept millions d’emplois créés aux États-Unis l’ont été pour des secteurs travaillant exclusivement pour le marché intérieur américain, dont dix millions pour les agences gouvernementales et la santé. En revanche, les industries dont les produits sont exportables n’ont pas accru leurs emplois, sauf dans les métiers très hautement qualifiés. Le grand perdant est donc la classe moyenne employée dans l’industrie. Quant au professeur Alan Blinder,  ancien numéro deux de la Fed, il estime que 25 % de tous les emplois aux États-Unis sont potentiellement « délocalisables (1) ».

 

Il est cocasse de constater pendant le même temps et dans le même quotidien, l’émerveillement du brillantissime footballeur Edson  Arantes do Nascimento Pelé. L’ambassadeur du Brésil pour la Coupe du Monde de 2014 s’émerveille au contraire de l’apparition et de la montée des classes moyennes dans son pays : « Notre économie actuellement la septième du monde est diversifiée, innovante et elle allie croissance, stabilité, durabilité et inclusion sociale. Ces dix dernières  années, plus de quarante millions de personnes ont rejoint la classe moyenne, enfin majoritaire dans le pays (2). »

 

Avec l’expansion des échanges et la diffusion rapide des technologies vers les pays en développement, les employés européens sont confrontés à une concurrence croissante par delà les frontières. La Chine, l’Inde et les pays émergents dans une économie mondiale libéralisée et déréglementée provoquent plus qu’un doublement de l’offre de travail globale et un excès structurel de main d’œuvre permettant de faire porter sur les  salariés  l’ajustement aux nouvelles conditions de concurrence. Le fossé se creuse entre ceux qui sont à l’aise dans la mondialisation et le reste de la population, qui craint la précarité, la vulnérabilité, le déclassement social et se recroqueville sur ses avantages acquis.

 

Les classes moyennes tremblent en France pour leurs enfants, dont beaucoup obtiennent au mieux, des fonctions inférieures à des  diplômes, il est vrai, de plus en plus dévalorisés et inadaptés, et n’auront d’autre ressource que de brûler le patrimoine reçu en héritage (3). 80 % des emplois nouveaux créés en France relèvent de l’intérim, de C.D.D. (sept embauches sur dix), de stage, de travail à temps partiel et il arrive sur certains sites de l’industrie automobile que les effectifs soient à plus de 50 % intérimaires. La moitié des salariés – dont 52 % des cadres et 73 % des plus de cinquante ans – estiment qu’il leur serait « difficile de retrouver un emploi au moins équivalent » en cas de perte de celui qu’ils occupent actuellement (4). La fameuse « France d’en bas » est la conséquence directe de l’absence de véritables frontières douanières européennes.

 

Ce qui est vrai pour la France et les États-Unis se vérifie aussi en Allemagne où selon une étude de Joachim Frick et Markus Grabka, chercheurs à l’Institut pour la recherche en économie (D.I.W.) de Berlin, la classe moyenne, le « milieu », voit son importance décroître. En 2000, elle représentait encore plus de 62 % de la population allemande; en 2006, cette catégorie, autrement dit les Allemands qui gagnent entre 70 % et 150 % du revenu médian, était tombée à 54 %. Aujourd’hui en haut de l’échelle en Allemagne, les richesses issues du capital ne cessent d’augmenter. Selon Joachim Frick, « la répartition des revenus est plus inégale et plus polarisée qu’avant »; la confiance et l’optimisme des classes moyennes s’érodent en raison de la précarisation du travail; il est de plus en plus rare de disposer d’un emploi à temps plein et les salaires ne suffisent plus. Selon un quotidien économique en 2008, « l’Allemagne se découvre, 22 % de travailleurs pauvres ». Albrecht von Kalnein, directeur de la fondation Herbert-Quandt, explique ces changements par l’ouverture de la Chine, la mondialisation et la délocalisation des services et des emplois industriels. L’offre mondialisée exerce « une pression sur les salaires en Allemagne » explique Albrecht von Kalnein.

 

Les emplois délocalisés sont en général des emplois ouvriers stables, porteurs de technologie, d’investissements, favorisant d’autres emplois  et services grâce au pouvoir d’achat initialement créé par les  salaires de l’industrie, ce qui est la base même d’une économie saine. La qualité des emplois se dégrade et les Européens s’abrutissent de plus en plus à des tâches instables, peu gratifiantes et routinières; au-delà du problème du chômage stricto sensu se pose le problème de la dégradation continuelle et structurelle de la qualité de l’emploi. Les emplois créés pour pousser les vieillards dans leurs petites chaises roulantes, pour faire les courses des personnes malades, pour faire le ménage ou pour jardiner sont un exemple  d’emploi de services bas de gamme d’intérêt limité, sans avenir ni contenu technologique, des quasi-transferts de revenu qui portent en fait le nom d’emplois pour des pays décadents en voie de désindustrialisation rapide. Dans les statistiques officielles, ces emplois strictement alimentaires contribuent à la croissance d’un P.I.B. qui est en fait de plus en plus désindustrialisé ainsi qu’à la poudre aux yeux médiatique de la lutte victorieuse des gouvernements contre le chômage. Ce qui caractérisait les pays sous-développés et les économies de l’Ancien Régime, c’est le nombre incalculable de domestiques que faisaient vivre les nobles dans leurs châteaux et les classes  privilégiés dans leurs belles demeures !

 

Bien que sa politique ait conduit les États-Unis et le monde à une situation économique catastrophique, Alan Greenspan prétend que : « L’industrie manufacturière, c’est la technologie du XIXe siècle ! […] L’industrie manufacturière, ce n’est pas un secteur d’avenir. L’avenir est dans les idées qui servent à concevoir les produits. […] Il n’y a rien de sacro-saint qui justifie la préservation de l’industrie manufacturière au sens traditionnel du terme. Un pays qui défend son industrie manufacturière d’antan se condamne à voir son niveau de vie stagner ». Nous aimerions savoir comment l’ancien gouverneur de la Réserve fédérale américaine entend trouver du travail à trois cents millions d’Américains passant leur temps à concevoir des produits ! Dans les années 1950, l’industrie manufacturière représentait 27 % de l’économie et 30 % des emplois aux États-Unis; aujourd’hui, elle ne représente plus que 12 % du P.I.B. et un emploi sur dix. Le développement foudroyant de la Chine (70 % de son P.I.B. dans l’industrie) est là pour montrer que ce qu’affirme Alan Greenspan est complètement inexact !

 

Il est vital pour l’Europe de ne pas rester à l’écart du monde industriel moderne, de concevoir un développement industriel fort, créateur d’emplois pour la prochaine génération, d’assurer un renouvellement de son tissu manufacturier. Il importe de reconquérir avec des droits de douane et la préférence communautaire les trois millions d’emplois industriels perdus en France  pendant trente ans par la classe moyenne, au profit de celle de la Chine et des pays émergents.

 

Marc Rousset
Notes
1 : Jean-Pierre Robin, « Libres échanges », dans Le Figaro, 26 septembre 2011, p. 29.

 

2 : « Coupe du Monde. Une chance pour le Brésil », dans Le Figaro,  26 septembre 2011.

 

3 : Louis Chauvel, Les classes moyennes à la dérive, Le Seuil, 2006, 112 p.

 

4 : cf. l’Observatoire du travail – B.V.A. – L’Express, 14 – 29 septembre 2007.

 

5 : « Les conseils d’Alan Greenspan à la France », Le Figaro, 24 septembre 2007.

Article printed from Europe Maxima: http://www.europemaxima.com

URL to article: http://www.europemaxima.com/?p=2209

»Monsanto« vergiftete die Bevölkerung heimlich mit seinem Unkrautvernichter »Roundup«

»Monsanto« vergiftete die Bevölkerung heimlich mit seinem Unkrautvernichter »Roundup«

Jeffrey M. Smith

 

Dr. Andreas Carrasco saß in seinem von innen verschlossenen Fahrzeug und musste eingeschüchtert miterleben, wie eine johlende Menge zwei Stunden lang auf seinen Wagen einschlug und ihn beschimpfte. Seine Freunde, die es nicht mehr bis in das Fahrzeug geschafft hatten, hatten nicht so viel Glück. Einer von ihnen war am Ende wie gelähmt, ein anderer ohnmächtig. Die wütende Menge von etwa 100 Menschen war wahrscheinlich von einem örtlichen Reisbauern aufgehetzt worden, der über das, was Dr. Carrasco an diesem Tag vorhatte, verärgert war. Was hatte Carrasco denn so Schlimmes verbrochen? Er wollte die Menschen darüber aufklären, dass das Herbizid Roundup des BioTech-Konzerns Monsanto Schädigungen bei ungeborenen Tieren und wahrscheinlich auch Menschen hervorruft.

 

Carrasco gehört zu den führenden Embryologen der Medizinischen Hochschule der Universität der argentinischen Hauptstadt Buenos Aires und ist Mitglied des Nationalen Forschungsrates seines Landes. Er hatte von den erschreckenden Berichten über Bauern gehört, die in der Nähe der landwirtschaftlichen Großflächen leben, auf denen Glyphosat-tolerante Sojabohnen angepflanzt werden [Glyphosat ist der zentrale Wirkstoff des Breitbandherbizids Roundup.]. Diese Pflanzen wurden gentechnisch so verändert, dass sie auch die zumeist hohen Dosierungen des berüchtigten Monsato-Unkrautvernichters überstehen. Die bereits nach kurzer Zeit auftretenden Folgen der Versprühaktionen waren nicht zu übersehen: Hautausschläge, Kopfschmerzen, Appetitlosigkeit und sogar ein Todesfall. Der erst elfjährige Paraguayer Silvino Talavera, der im Jahr 2003 mit seinem Fahrrad in eine Sprühwolke des Herbizids geraten war, starb an den Folgen dieser Vergiftung. Aber Carrasco registrierte auch einen Anstieg der vorgeburtlichen Schädigungen, der Krebserkrankungen und anderer gesundheitlicher Störungen, die nun die Bauern und ihre Familien heimsuchten, die mit Roundup in Kontakt gekommen waren. Er beschloss daher, dieser Angelegenheit im Rahmen einer wissenschaftlichen Studie nachzugehen.

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/enthuellungen/jeffrey-m-smith/-monsanto-vergiftete-die-bevoelkerung-heimlich-mit-seinem-unkrautvernichter-roundup-.html

 

00:10 Publié dans Actualité, Ecologie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, écologie, monsanto, alimentation | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Globalisierungchaos

G. Reisegger: Globalisierungchaos

mardi, 18 octobre 2011

La Russie paie pour la liberté arabe

 

La Russie paie pour la liberté arabe

 
Combien ont coûté les révolutions du Proche-Orient à la Russie ? Le printemps arabe est devenu un vrai mal de tête pour le business russe. Il a coûté très cher aux compagnies touristiques, qui ont perdu des milliers de clients, mais aussi à plusieurs entreprises qui avaient investi dans cette région.

"The lost Spring", Mounir Fatmi
Les pertes financières au Proche-Orient
EGYPTE
Centrale nucléaire d’Ed-Dabaa : 1,6 milliards de dollars
Les militaires qui ont pris le pouvoir pendant la période de transition ont gelé le projet de construction d’une centrale financée par la Russie.
La vente de blé : 700 millions – 1 milliard de dollars par an
Traditionnellement, la Russie fournissait du blé à l’Egypte de Moubarak. En 2011, après une longue période d’absence de concurrence sur la livraison de blé, c’est désormais l’Ukraine qui s’est positionnée pour répondre à l’appel d’offres.
La concurrence est grandissante également en provenance des pays européens qui ont eu une bonne récolte en 2011.
PROCHE-ORIENT
La livraison d’armements : 4,5 milliards de dollars
Selon les données du centre d’analyse du commerce international des armements, tel est le montant des pertes du complexe militaro-industriel russe depuis le début des révolutions arabes.
LIBYE
La livraison d’armements : 95 millions de dollars
Le directeur du service fédéral de la coopération militaro-technique Mikhaïl Dimitriïev a déclaré que les pertes du complexe-militaro industriel étaient de 95 millions de dollars rien que pour la Lybie.
Gazprom : 163 millions de dollars
C’est la somme qui a été versée par Gazprom pour la part d’ENI italien dans le projet de pétrole Elephant qui a été arrêté récemment.
Investissements dans l’infrastructure pétrolière : 43,8 millions de dollars
Ce sont les investissements de la compagnie TATNEFT du Tatarstan dans l’exploitation des gisements dans les régions de Ghadamès et Syrte.
La construction de chemins de fer : 3,2 milliards de dollars
Il s’agit du projet de chemin de fer Benghazi- Syrte commandé à la Compagnie des chemins de fer russes –RZhD-. Il aurait dû devenir la principale ligne ferroviaire le long de la côte nord de l’Afrique.
SYRIE
Gisements de pétrole : plus de 60 millions de dollars
Ce sont les investissements directs de la compagnie TATNEFT dans les quatre gisements à l’Est de la Syrie. Les ressources des gisements de Kichma sont estimées à 4,9 millions de tonnes : si on prend le prix actuel du baril de pétrole et l’accord passé sur le partage de la production, cela signifie que si TATNEFT doit partir, il perdra 965 millions de dollars.
Gazoduc vers la Turquie : 180 millions de dollars
C’est la compagnie Stroïtransgaz qui en était chargée.
La livraison de blé : 280-300 millions de dollars par an
La Syrie a été le cinquième importateur de blé russe en achetant en moyenne 8% de la production annuelle. Avec la chute éventuelle du régime de Bachar Al-Assad, on peut se poser la question quant à l’avenir des échanges dans le secteur.
La livraison d’armements: 300 millions de dollars
Les missiles Yakhont dont la livraison avait été dénoncée par Israël ne seront certainement pas affrétés.
L’opinion des Russes arabes
Oleg Borozdyn, un entrepreneur d’Ekaterinbourg immigré en Egypte et converti à l’Islam est propriétaire d’une société juridique : « L’Egypte est un pays béni. Tu connais les Pharaons ? Ils étaient des impies. C’est pourquoi Dieu leur a envoyé des prophètes pour les rendre plus dociles. C’est la même chose qui s’est passée avec Moubarak. Tu me demandes quelles sont les attentes des Egyptiens après la Révolution ? On espère que la situation va s’améliorer dans le domaine de la santé et de la sécurité sociale, et si Dieu le veut, les retraites ne seront plus accordées seulement aux fonctionnaires ». Sergueï Kim, ressortissant du Kazakhstan habitant en Syrie : « Ici on s’oriente de plus en plus vers la qualité pour des prix acceptables. Les dernières déclarations de la Russie contre la résolution de l’ONU ont anéanti les illusions des simples Syriens sur la Russie. Et les autres, au contraire, lui sont restés fidèles comme des chiens ».
Information recueillie par NINA FASCIAUX et MARIA GORKOVSKAYA
Source : Ruskïi reporter
 
NOTA BENE:
A voir les pertes considérables que ce pseudo "printemps arabe" aura engendrées dans l'économie de la Russie, on peut honnêtement se demander si la Russie ne serait pas LA cible ultime de ces bouleversements dans la région méditerranéenne.

LA LORGNETTE DE LA 3ème GUERRE MONDIALE.pdf

L'Occident, un crime contre l'imaginaire européen

L'OCCIDENT, UN CRIME CONTRE L'IMAGINAIRE EUROPEEN

Jure Georges Vujic, un écrivain „contre-bandier“ d'idées

 

A propos du livre „Un Ailleurs européen -Hestia sur les rivages de Brooklyn“

Avatar Editions, mai 2011

 

un ailleurs europeen.jpg„La tradition est inversée. L’Europe ne raconte plus l’Occident. C’est l’Occident qui comte l’Europe. La marche en avant des proto-iraniens, peuples de cavaliers vers leur foyer « européen », la « hache barbare » du peuple des demi-dieux hyperboréens, Alexandre, Charlemagne, Hoffenstaufen, Charles Quint, Napoléon ne font plus rêver. L’Occident hyperréel sublimé, le mirage du « standing », du bonheur à la carte est le songe éveillé et névrotique du quart-monde favellisé, d’un imaginaire tiers-mondiste « bolly-woodisé ». Il n’y a plus de grand métarécit européen faute de diégèse authentiquemment européenne. La « mimesis vidéosphérique » occidentale dévoile, déshabille, montre et remontre dans l’excès de transparence. Loin des rivages de l’Hellade, Hestia s’est trouvé un nouveau foyer sur les bords de Brooklyn, aussi banal et anonyme que les milliers d’« excréments existentiels » qui jonchent les rivages de Long Island.“

 

C'est sur ce constat pessimiste que l'on pourrait très bien résumer le dernier livre de Maitre Jure Georges Vujic, (écrivain franco-croate),   intitulé  „ Un Ailleurs européen-Hestia sur les rivages de Brooklyn ». Ce livre qui sort aux éditions Avatar, pourrait très bien être autobiographique, l'auteur y mêlant avec un langage á la fois lapidaire, incisif et au style hermétique, á la fois des éléments mémorialistes et anthologiques, mais aussi analytiques qui rendent très bien compte de l'état de la crise á la fois politique , spirituelle  et identitaire que traverse aujourd'hui l'Europe. Au fil d'une méditation et d'une réflexion personnelle que l'auteur qualifie de „contrebandière“ „transversale“ et „asymétrique „ Vujic se livre á un défrichage intellectuel des contradictions et de maux internes qui accablent l'Europe contemporaine. Dans le cadre de cette réflexion, il l'oppose l'idée  d’Europe, éminemment spirituelle, aristocratique, organique et plurielle á l'occidentisme contemporain mercantile, néolibéral, techniciste americanocentré contemporain. Selon lui : « L’Europe d’après 1945 et l’Europe de nos jours ne sont guère différentes et présentent des similitudes flagrantes ou plutôt portent les mêmes stigmates « décadentistes » de la « fin d’un monde », . Depuis la guerre froide jusqu’au monde unipolaire américanocentré de nos jours, l’Europe semble inéluctablement engagée dans une lente agonie á la fois « festives «  et « hyper-réelle » caractérisée par un climat généralisé de déliquescence, la corruption des « idées » et mœurs, l’anomie généralisée, l’absence de « sens et de principes métaphysiques », l’irresponsabilité et la pusillanimité des démocraties parlementaires, l’imposture libérale et le déclin de la notion de souveraineté. La blessure et l’humiliation infligées à l’Europe au lendemain de 1945 ne cessèrent de grandir et d’affecter les organismes vivants que sont les peuples européens : d’est en ouest les mêmes maux accablent l’Europe d’hier comme celle d’aujourd’hui, et je persiste à croire que les mêmes remèdes restent indispensables pour une renaissance authentiquement européenne. »

Il convient de reconnaitre á l’auteur le mérite  et l’audace de vouloir á travers cette démonstration littéraire concilier les thèses et les pensées d’écrivains et penseurs de la « droite révolutionnaire » ou de la « tradition »« » tels que Jünger, Évola, Bardèche, Salomon, avec des penseurs contemporains « post-structuralistes » et « dé-constructivistes » classés à gauche, tels que Derrida, Deleuze, Guattari, Cacciari, Foucault ou Baudrillard. Vujic prône une reconquête de cet esprit européen originel mais sans tomber dans le carcan  d’un discours passéiste et néoromantique antimoderniste. »Remonter à l’essence, à la source spirituelle de la pensée européenne, c’est reconnaître que dans sa solidarité comme dans sa diversité. Cette Europe « plurielle » et « buissonnière » apparaissait ainsi dès le XIXe siècle aux plus hauts et sages de nos penseurs à un Goethe, un Renan. Michelet, Proudhon, Quinet, fils de 1789 et militants de la génération de 1848, traitaient déjà des thèmes socialistes et nationaux : respect de la force, critique de la démocratie, culte du travail et de la patrie, contre-religion. La génération de 14 et la « camaraderie » de 1945 feront entendre la même mélodie martiale : reconquête de la virilité, fidélité à la fraternité des tranchées, exaltation de l’héroïsme guerrier ; Péguy, E. von Salomon, Moeller Van den Bruck, E. Jünger, Georges Sorel apportaient un bain de jouvence révolutionnaire à la pensée nationale. La pensée de Vujic est manifestement « oecuménique «  et reflète bien son idiosyncrasie personnelle,  qui tente dedépasser la simple dimension réactive d’une pensée hétéroclite et à la fois cohérente, pour en extraire les matrices constantes et stables qui imprègnent les diverses chapelles de pensées dites de « droite » ou de « gauche », le plus souvent dispersées voire rivales.

vujic foto.jpgEn abordant la question du devenir de l’Europe, l’auteur rend compte des mutations du „monde européen“ contemporain dans le sens symbolique, essentialiste et métaphysique, asphyxié sous l’empire d'un „occidentalo-centrisme“ mécaniciste qui l'a indéniablement absorbé et consumé, est qui du reste constitue son degré zéro de la puissance symbolique.  Il constate  que l'Europe actuelle  s'est mise aux couleurs de l’Occident qui, dans ses excès, dans son absurdité, produit une fatale réversion pour se transformer en son exact contraire : un extrême-occident impérialiste et mortiphère. Au de la de toute pensée passéiste , a l’opposé des formules réactionnaires et restauratrices, Vujic fait preuve d’une extrême lucidité en appelant á  constater le monde en soi, l’Europe contemporaine « en soi »  c'est-à-dire par ce qu'elle nous offre de plus concret. Cette approche qui nous rappelle l’attitude d’un Jünger ( réalisme tragique), le gai savoir d’un Nietzche et « l’être au monde » d’un  Merleau-Ponty, conduit l’auteur á la réflexion su « l’ailleurs européen » le miroir- inversion, la version spéculaire d’une Europe « kidnappée » par l’occidentisme contemporain. » Défendre le passé d'une Europe „originelle“, intact et mythique consisterait en une opération tautologique qui tendrait á s'opposer á son propre devenir et de défendre son propre „simulacre“, car il faut partir du simple constant que l'esprit prométhéen européen a bel et bien depuis l'antiquité enfanté l'occidentisme hypermoderne actuelle. L'Europe d'hier s'est irrmédiablement  retournée en son contraire, l'Occident contemporain. » C’est ce qui l fait dire a l’auteur que l’Europe actuelle est en proie « au jeu de simulacres ». « La « simulacr-isation » de l’Europe sous forme de produits consuméristes, d’images d’épinal, d’archétypes culturels, de stéréotypes touristiques ne fait que simuler d'autres simulacres sois-disants « évènementiels » « rétrospectifs » ou « ostensibles » . Toute méta-narration incantatoire, tout grand-récit, toute notion de « grande politique »  á la fois « vectorielle » et « vertêbrante », d'une œuvre originale, d'un événement authentique, d'une réalité première a disparu, pour ne plus laisser la place qu'au jeu des simulacres ». En ceci,  Vujic  rejoint l'analyse nietzschéenne de la vérité comme voile, et de la pudeur de la féminité, ensemble de voiles qui ne font que voiler d'autres voiles. Ôtez tous les voiles, et il ne reste plus rien. ». Pour lui l’occident contemporain est «  avant tout un paysage sociétal, de « landscape » virtuel. Souffrant d’un vide identitaire et d’une absence de paternité, L'Europe s'est peu á peu transformer en super-usine occidentale qui produit á l’excès une idéologie économiciste de marché, des valeurs exclusivement consuméristes , une prolifération sans frein de développement technologique, de progrès infini, et s'est fait le porte drapeau d’une morale totalitaire planétaire, qui 'est donnée pour but de réaliser le rêve utopique d'une „unite intégrale“ mondiale.

La structure du livre quasi-photographique pourrait très bien être celle d’un scénario de Godart alors que le séquençage rappelle les actes du théâtre antique- La méprise, la Forclusion, ect… au nombreuses  références de la mythologie grecque. Le style de l’auteur est á la fois baroque et dépouillé, et témoigne d’une curieuse « sérendipité » comme l’aime  l’appeler l’auteur qui nous plonge dans un récit dystopique,  métapolitique et philosophique qui n’en finit pas d’interroger au gré des chapitres.

Le parcours narratif de l’auteur, est hanté par la présence du personnage parabolique et métaphorique d’Hestia, une sorte de déesse postmoderne du foyer et de l’identité, mi-démon mi-ange, qui au gré du cheminement réflexif de l’auteur, rôde telle une vagabond en quête de sens sur les rivages de Brooklyn, comme leitmotiv d’un Occident désoeuvré, spirituellement ravagé et vidé, un peu comme dans un film noir,  mêlant les accents d’un Kerouac  ou d’un Céline.

„Que faire ? Hestia devra-t-elle chevaucher ce nouveau paysage extrême-occidental, c’est-à-dire faire en sorte que ce paysage devienne le centre de l’aventure d’une nouvelle extension métaidentitaire ? Faire l’expérience d’une nouvelle déconstruction identitaire par « l’archipélisation » ? La tâche de Hestia est celle du poète qui s’efforce de diffuser la totalité dans son lieu, trouver et inscrire « l’Ailleurs » dans « l’Ici ». Faire d’un territoire hostile et rival un lieu commun. Le génie « européen » qui avait pensé sensiblement le monde, qui l’avait dompté et conquis en l’accaparant dans la raison instrumentaire et intelligible avait fini par être consumé par la res cogitans occidentale, un « Nouveau monde » qui l’avait pulvérisé dans la sphère de l’intelligible et la surreprésentation excessive. En un mot l’esprit européen avait lui-même enfanté une image criminelle de lui-même. Et si c’était vrai ? Si l’Occident n’avait été que ça : un crime contre l’imaginaire ? S’il n’était rien d’autre qu’une machine à sublimer qui n’a cessé de servir le plus sournois des cultes de la représentation et de la raison discursive ? L’Occident en tant que processus de désenchantement irréversible ?“

 

La question reste ouverte, l’auteur ne nous offre pas des réponses toutes faites, L’intertextualité et les thèses critiques de Vujic sont éminemment politiquement incorrect, contestataires et  « réfractaires », mais aussi pédagogiques et anticipatrices ouvrant diverses pistes de réflexions, de nouvelles lignes de fuites dans la pensée unique. Le grand mérite de ce livre est de mettre en exergue et d’offrir au de lá  des schémas de critique « binaire »,« un archipel de « litteralité » qui regroupe des pensées de générations différentes

C’est pourquoi , dans le contexte de la pensée unique dominante, Vujic fait incontestablement preuve d’un liberté de pensée indéniablement subversive car  l’acte de penser librement et en toute indépendance est indéniablement « subversif », acte non pas illégal mais a-légal, qui se situe en amont du systémisme et du positivisme dominant. Le livre est á recommander á tous les esprits épris de sens et d’amour pour une certaine idée de l’Europe. On parle de la fameuse quête du sens en oubliant que la question du sens est inséparable de la mise en question du sens établi.

 

Edouard Largny

Journaliste et critique littéraire

Occupy Wall Street: Die künstliche Opposition der Neuen Weltordnung

Occupy Wall Street: Die künstliche Opposition der Neuen Weltordnung

Oliver Janich

 

»Zwei Dinge sind unendlich, das Universum und die menschliche Dummheit, aber bei dem Universum bin ich mir nicht ganz sicher«. Mein Lieblingszitat von Albert Einstein könnte über vielen Artikel stehen, aber wenn es um die Occupy-Bewegung geht, trifft es den Nagel wirklich auf den Kopf.

 

Eines vorab: Ich meine nicht, dass jeder, der dort mitmacht, ein Idiot ist. Viele haben berechtigte Zweifel am System und wollen einfach etwas tun. Man kann auch nicht von jedem, der auf die Straße geht, verlangen, dass er erstmal unzählige Bücher über das Geldsystem liest. Aber von den Rädelsführern und denen, die sich ins Fernsehen einladen lassen, darf man das schon verlangen.

Es ist immer schwer zu unterscheiden, ob etwas aus böser Absicht oder aus Dummheit geschieht. War Angela Merkel im Mai 2010 bei der ersten Griechenlandhilfe, als das Desaster begann, aus Zufall in Moskau oder hat sie sich die Befehle ihres Führungsoffiziers abgeholt? Stimmen die Abgeordneten der Ausplünderung Deutschlands zu, weil sie irgendjemand in der Hand hat oder sind sie so doof? Wer weiß das schon?

Mehr: http://info.kopp-verlag.de/hintergruende/geostrategie/oliver-janich/occupy-wall-street-die-kuenstliche-opposition-der-neuen-weltordnung.html

Richard Melisch - Globalisierung - Der letzte Akt

Richard Melisch - Globalisierung - Der letzte Akt

lundi, 17 octobre 2011

La conquista statunitense dell’Africa: Il ruolo di Francia e Israele

La conquista statunitense dell’Africa: Il ruolo di Francia e Israele

 

Introduzione: l’”Operazione Gladio” Ieri e oggi …

Comincerò con lo scandalo dell’Operazione Gladio che culminò nell’omicidio dell’ex Primo Ministro italiano, Aldo Moro, che nel giorno del suo rapimento, doveva annunciare un governo di coalizione che includeva il Partito comunista italiano.


Un leader del Partito della Democrazia Cristiana a quel tempo, Francesco Cossiga, ammette nel documentario della BBC Timewatch del 1992 sull’Operazione Gladio, che aveva scelto di “sacrificare” Moro “per il bene della Repubblica.” Non diversamente dagli omicidi mirati cui il governo degli Stati Uniti si impegna in tutto il mondo, in cui qualcuno emette decisioni extra-giudiziarie su chi vive e chi muore. Nel documentario in tre parti, Cossiga afferma che la decisione ha fatto divenire i suoi capelli bianchi.
L’Operazione Gladio è il brutto racconto reale della decisione del governo degli Stati Uniti di assumere i membri dell’apparato statale di sicurezza di vari paesi europei, e in collaborazione con gli alleati, seminare il terrore tra cittadini innocenti, facendo esplodere stazioni ferroviarie, sparare sui clienti nei negozi, e persino uccidere agenti di polizia, al fine di convincere le popolazioni dell’Europa a rinunciare ai propri diritti, in cambio di alcune misure di sicurezza e di un maggiore potere dello stato.
Sì, l’Operazione Gladio, insieme con l’Operazione Northwoods e la politica statunitense verso la Libia, ci mostra che gli Stati Uniti sono disposti a creare gruppi terroristici per giustificare la lotta contro i terroristi! Purtroppo, questo è diventato il modus operandi del nostro governo in Afghanistan e Pakistan, Europa e Africa. E il governo degli Stati Uniti, dopo il 11/9/01, è diventato il “laboratorio di Gladio” delle politiche statali che stracciano le leggi degli Stati Uniti, fanno a brandelli il diritto e mente all’opinione pubblica.


L’inizio della fine dell’Operazione Gladio si è verificata quando l’esistenza del programma degli Stati Uniti venne rivelato. Tipicamente, invece di fermarsi su tale follia, gli europei si unirono alla creazione di molteplici altre “Operazioni Gladio“. Collocato in questo contesto, la seconda parte della serie in quattro parti di Mahdi Darius Nazemroaya che rivela come la politica degli Stati Uniti in Libia, sia proprio in linea con le azioni degli Stati Uniti nel passato. A mio parere, la Libia non sarà l’ultima occasione per tali attività illegali, a meno che non fermiamo il nostro governo.
Insieme al francese documentarista Julien Teil, Nazemroaya tesse lo scenario ‘incredibile-ma-vero’ dei presunti terroristi finanziati dagli US, ricercati dall’Interpol, e che divennero i protagonisti principali del genocidio della NATO che si svolge attualmente in Libia.

Cynthia McKinney, 1 ottobre 2011.

Cynthia McKinney è un ex membro del Congresso degli Stati Uniti, che è stata eletta in due diverso distretti federali della Georgia, per la Camera dei Rappresentanti USA, nel 1993-2003 e nel 2005-2007, come membro del Partito Democratico degli Stati Uniti. E’ stata anche la candidata alla presidenza, nel 2008, del partito dei Verdi. Mentre era al Congresso degli Stati Uniti, ha operato nella Commissione Finanze e Banche degli Stati Uniti, nel Comitato per la sicurezza nazionale degli Stati Uniti (in seguito ribattezzato Comitato sulle Forze Armate degli Stati Uniti), e nel comitato per gli affari esteri negli Stati Uniti (in seguito ribattezzato comitato sulle relazioni internazionali degli Stati Uniti). Ha anche operato  nella sottocommissione per le relazioni internazionali degli Stati Uniti sulle  operazioni internazionali e i diritti umani. McKinney ha  condotto due missioni in Libia e anche recentemente terminato un tour nazionale  negli Stati Uniti, sponsorizzata dalla Coalizione ANSWER, sulla campagna di bombardamenti della NATO in Libia.

Ordine dal Caos?


Una ripetizione del disordine e del pandemonio generato in Afghanistan è in cantiere per il continente africano. Gli Stati Uniti, con l’aiuto di Gran Bretagna, Pakistan e Arabia Saudita, hanno creato i brutali taliban e poi, alla fine, combattere una guerra contro i suoi alleati taliban. Allo stesso modo, in tutta l’Africa, gli Stati Uniti e i loro alleati, stanno creando una nuova serie di futuri nemici da combattere, ma dopo aver inizialmente lavorato con essi o utilizzandoli per seminare i semi del caos in Africa.
Washington ha letteralmente aiutato le insurrezioni con finanziamenti e progetti di cambiamento di regime in Africa. “Diritti umani” e “democratizzazione” sono utilizzati anche come  cortina fumogena del colonialismo e della guerra. I cosiddetti diritti umani e le organizzazioni umanitarie, sono ormai partner in questo progetto imperialista contro l’Africa.

Francia e Israele: sono le outsourcing di Washington  per le operazioni sporche in Africa?

 


L’Africa è solo un fronte internazionale per un sistema imperiale in espansione. I meccanismi di un vero e proprio sistema globale imperiale sono al lavoro in questo senso. Washington agisce attraverso la NATO e dei suoi alleati in Africa. Ognuno degli alleati e dei satelliti di Washington, ha un ruolo specifico da svolgere in questo sistema globale dell’impero. Tel Aviv ha svolto un ruolo molto attivo nel continente africano. Israele è stato uno dei principali sostenitori del Sud Africa durante il regime dell’apartheid. Tel Aviv ha anche aiutato a contrabbandare armi in Sudan e in Africa orientale, per balcanizzare quella grande nazione africana, contribuendo alla destabilizzazione dell’Africa orientale. Gli israeliani sono stati molto attivi in Kenya e Uganda. Israele è stato presente ovunque ci fossero conflitti, compresi quelli relativi ai diamanti insanguinati.


Israele sta ora lavorando con Washington per stabilire l’egemonia totale sul continente africano. Tel Aviv è attivamente coinvolto – attraverso i suoi legami commerciali e le operazioni di intelligence – per garantire i contatti e gli accordi richiesti da Washington per l’estensione dei suoi interessi in Africa. Uno dei principali obiettivi di Washington è interrompere lo sviluppo dell’influenza cinese in Africa. Israele e i think-tank israeliani, hanno anche svolto un ruolo importante nel plasmare il geo-stratagemma degli Stati Uniti in Africa.


La Francia, come un ex padrone coloniale e potenza in declino, invece, è sempre stata un rivale e concorrente di Washington nel continente africano. Con l’aumento dell’influenza di potenze non tradizionali in Africa, come la Repubblica popolare cinese, sia Washington che Parigi hanno previsto modalità di cooperazione. Sul più ampio palcoscenico globale, questo è anche evidente. Sia gli Stati Uniti che molte delle maggiori potenze dell’Unione europea, considerano la Cina e le altre potenze emergenti come una minaccia globale. Hanno deciso di porre fine alla loro rivalità e di lavorare insieme. Così, un accordo tra Washington e l’Unione europea è stato preso, portando ad alcune forme di integrazione politica. Questo consenso può anche essere stato prodotto dalla crescente influenza degli Stati Uniti in capitali europee. In ogni caso, è stato potenziato dall’inizio della presidenza di Nicolas Sarkozy, nel 2007.


Il presidente Sarkozy non ha perso tempo spingendo per la reintegrazione della struttura di comando militare francese in seno alla NATO. Le conseguenze di questa azione ha portato alla subordinazione dei militari francesi al Pentagono. Nel 1966, il presidente Charles de Gaulle trasse fuori dalla Nato le forze francesi e rimosse la Francia dalle strutture di comando militare della NATO, come mezzo per mantenere l’indipendenza francese. Nicolas Sarkozy ha invertito tutto ciò. Nel 2009, Sarkozy ha ordinato che la Francia si unisse alla struttura di comando militare integrato della NATO. Nel 2010, ha anche firmato un accordo per iniziare la fusione dei militari inglesi e francesi.
Nel continente africano, Parigi è un luogo speciale o di nicchia nel sistema dell’impero globale statunitense. Questo ruolo è quello di un gendarme regionale in Nord Africa, Africa occidentale, Africa centrale, e in tutti i paesi che erano ex colonie francesi. Il ruolo speciale della Francia, in altre parole, è dovuto alla sua storia e all’attuale, anche se calante, posizione della Francia in Africa, in particolare attraverso la “Françafrique.” L’Unione del Mediterraneo, che Sarkozy ha lanciato ufficialmente, è un esempio di questi interessi francesi in Nord Africa.


Il National Endowment for Democracy (NED) ha inoltre lavorato con la Federazione Internazionale dei Diritti Umani (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme, FIDH) della Francia La FIDH è ben consolidata in Africa. Il NED ha essenzialmente esternalizzato verso il FIDH il suo lavoro nel manipolare e controllare i governi, i movimenti, le società e gli stati africani. E’ stata la FIDH e la Lega libico per i diritti umani (LLHR) affiliata, che hanno contribuito a orchestrare i vari pretesti per la guerra della NATO contro la Libia, approvata dal Consiglio di sicurezza attraverso dichiarazioni infondate e false.

Il National Endowment for Democracy e la sua Partnersip con la Federazione Internazionale dei Diritti Umani in Africa


In seguito all’elezione di Nicolas Sarkozy nel 2007 a leader della Repubblica francese, la Federazione Internazionale per i Diritti Umani (FIDH) ha iniziato a sviluppare una vera e propria partnership con il National Endowment for Democracy. Entrambe le organizzazioni sono anche partner in seno al Movimento Mondiale per la Democrazia. Carl Gershman, presidente del NED, si recò in Francia nel dicembre 2009 per incontrare la FIDH e approfondire la collaborazione tra le due organizzazioni, e anche per discutere dell’Africa. [1] Ha anche incontrato persone che sono sono considerati come lobbisti  pro-Israele in Francia.
La partnership tra la FIDH e la NED è per lo più basata in Africa e nel mondo arabo, dove si interseca. Queste partnership operano in una zona che comprende paesi come la Costa d’Avorio (Costa d’Avorio), il Niger, e la Repubblica Democratica del Congo. Il Nord Africa, che comprende la Libia e Algeria, è stata una determinata area focalizzata dalla FIDH, dove Washington, Parigi e la NATO hanno chiaramente grandi ambizioni.
La FIDH, che è direttamente coinvolta nel lancio della guerra contro la Libia, ha ricevuto anche finanziamenti diretti, sotto forma di sovvenzioni, dal National Endowment for Democracy per i suoi programmi in Africa. Nel 2010, una sovvenzione di 140.186 dollari del NED (Stati Uniti) è stata uno degli ultimi importi indicati dalla FIDH per il suo lavoro in Africa. [2] Il NED è stato anche uno dei primi firmatari, insieme con la Lega libica per i diritti umani (LLHR) e l’osservatorio delle Nazioni Unite, a chiedere l’intervento internazionale contro la Libia. [3]

AFRICOM e la strada post-9/11 verso la conquista dell’Africa

 


Nel 2002, il Pentagono ha iniziato importanti operazioni volte a controllare militarmente l’Africa. Questo ebbe la forma del Pan-Sahel Initiative, che è stata lanciata dal Comando europeo degli Stati Uniti (EUCOM) e dall’US Central Command (CENTCOM). Sotto la bandiera di questo progetto, l’esercito statunitense avrebbe addestrato le truppe di Mali, Ciad, Mauritania e Niger. I piani per stabilire la Pan-Sahel Initiative, tuttavia, risalgono al 2001, quando l’iniziativa per l’Africa fu effettivamente lanciata dopo i tragici eventi dell’11 settembre 2001 (9/11). Washington chiaramente pianificava delle azioni militari in Africa, che già comprendevano almeno tre paesi (Libia, Somalia e Sudan) identificati come bersagli nemici da attaccare, da parte del Pentagono e della Casa Bianca, secondo il Generale Wesley Clark.


Jacques Chirac, il presidente della Francia, al momento, ha cercato di opporre resistenza alla spinta degli Stati Uniti in Africa, rinvigorendo il ruolo della Germania in Africa, come mezzo per sostenere la Francia. Nel 2007, per la prima volta il vertice franco-africano aprì le sue porte anche alla partecipazione tedesca. [4] Tuttavia, Angela Merkel aveva idee diverse sulla direzione e la posizione che la partnership franco-tedesca dovrebbe prendere rispetto a Washington.
Nel 2001, lo slancio verso la creazione dell’Africa Command degli Stati Uniti (AFRICOM) era iniziato. AFRICOM, tuttavia, è stato ufficialmente autorizzato nel dicembre 2006, e la decisione di crearlo è stato annunciato alcuni mesi poco dopo, nel febbraio 2007. Fu nel 2007 che AFRICOM fu creato. E’ importante notare che questo slancio ricevette anche l’incoraggiamento di Israele, a causa degli interessi di Israele in Africa. L’Istituto di Alti Studi Strategici e Politici (IASPS), per esempio, è stata una delle organizzazioni israeliane che hanno sostenuto la creazione di AFRICOM. Sulla base del Pan-Sahel Initiative, la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative (TSCTI) fu lanciata dal Pentagono nel 2005, sotto il comando del CENTCOM. Mali, Ciad, Mauritania e Niger furono ora raggiunti da Algeria, Mauritania, Marocco, Senegal, Nigeria e Tunisia, nel giro  della cooperazione militare africana con il Pentagono. Più tardi, la Trans-Saharan Counterterrorism Initiative svenne trasferita al comando di Africom, il 1° ottobre 2008, quando AFRICOM fu attivato.

Il Sahel e il Sahara: gli Stati Uniti adottano chiaramente i vecchi progetti coloniali della Francia in Africa

 


Combattere il terrorismo” e eseguire “missioni umanitarie“, sono solo facciate o cortine fumogene per Washington e i suoi alleati. Mentre gli obiettivi dichiarati del Pentagono sono combattere il terrorismo in Africa, gli obiettivi reali di Washington sono ristrutturare l’Africa e stabilire un ordine neo-coloniale. A questo proposito, Washington ha effettivamente adottato i progetti coloniali
 della Francia in Africa. Ciò include anche l’iniziativa inglese, italiana, statunitense e francese per dividere la Libia, dal 1943, così come l’iniziativa unilaterale francese per ridisegnare il Nord Africa. In questo schema, gli Stati Uniti e le sue coorti hanno intenzione di creare guerre etniche e odio settario tra i berberi, gli arabi ed altri in Nord Africa.


La mappa utilizzata da Washington per combattere il terrorismo sotto la Pan-Sahel Initiative la dice lunga. Il campo o area di attività dei terroristi, entro i confini di Algeria, Libia, Niger, Ciad, Mali e Mauritania, in base alla designazione di Washington, è molto simile ai confini o limiti del soggetto coloniale territoriale che la Francia ha cercato di sostenere in Africa, nel 1957. Parigi aveva progettato di sostenere questa entità africane nel Sahara occidentale e centrale, come dipartimento francese (provincia) direttamente legato alla Francia, insieme alla coste dell’Algeria.
Questa entità coloniale francese nel Sahara è stata nominata Organizzazione Comune delle Regioni del Sahara (Organisation commune des regions sahariennes, OCR). Comprendeva i confini interni dei paesi del Sahel e del Sahara di Mali, Niger, Ciad e Algeria. L’obiettivo francese era raccogliere e vincolare tutti i territori ricchi di risorse naturali di questi paesi in questa entità centrale, l’OCR, per il controllo e l’estrazione francesi. Le risorse in questo settore comprendono petrolio, gas e uranio. Eppure, i movimenti della resistenza in Africa, e in particolare la lotta per l’indipendenza algerina, ha inferto a Parigi un duro colpo. La Francia ha dovuto rinunciare alla sua ricerca e infine dissolvere la OCR nel 1962, a causa dell’indipendenza algerina e della presa di posizione anti-coloniale in Africa. A causa della spinta verso l’indipendenza in Africa, la Francia fu finalmente tagliato fuori dall’entroterra nel Sahara che voleva controllare.


Washington aveva chiaramente in mente questa zona ricca di energia e ricco di risorse, quando ha disegnato le aree dell’Africa che hanno bisogno di essere purificate dalle presunte cellule e bande terroristiche. L’Istituto Francese di Relazioni Internazionali (Institut français des relazioni internationals, IFRI), ha anche apertamente discusso  questo legame tra terroristi e zone ricche di energia, in un report del marzo 2011. [5] E’ in questo contesto che la fusione di interessi e le aziende franco-tedeschi e anglo-statunitensi, hanno consentito alla Francia di diventare parte integrante del sistema imperiale globale statunitense, con interessi comuni.

Regime Change in Libia e il National Endowment for Democracy: un nesso tra  terrorismo e diritti umani

 


Dal 2001, gli Stati Uniti si sono falsamente presentati come il campione contro il terrorismo. La Trans-Saharan Counterterrorism Initiative (TSCTI), che ha aperto le porte di AFRICOM in Africa, è stata giustificata come necessaria da Washington per combattere le organizzazioni come il Gruppo Salafita per la Predicazione e il Combattimento (GSPC) in Algeria, e il Gruppo combattente islamico libico (LIFG) in Libia. Eppure, Washington sta collaborando e utilizzando questi stessi gruppi in Libia, insieme con il Fronte Nazionale per la Salvezza della Libia e i Fratelli Musulmani, come soldati di fanteria e ascari. Inoltre, molte delle persone chiave libiche sono membri del National Endowment for Democracy (NED), e sono membri di questi gruppi, e hanno anche fatto parte di conferenze e progetti di lunga data, che spingevano a un cambiamento di regime in Libia.
Uno degli incontri chiave per stabilire quello che sarebbe diventato l’attuale Consiglio di transizione in Libia, ha avuto luogo nel 1994, quando il Centro per gli Studi Strategici e Internazionali (CSIS) ha organizzato una conferenza con Ashur Shamis e Aly (Ali) Abuzakuuk. Il titolo della conferenza del 1994 era “La Libia post-Gheddafi: prospettive e  promesse“. Nel 2005 un altro convegno con Shamis Ashur si tenne nella capitale britannica, Londra, dove si sarebbe costruita l’idea del cambiamento di regime in Libia. [6] Allora, chi sono questi esponenti dell’opposizione libica? Una serie di domande deve essere posta. Hanno legami con Washington nuovi o vecchi? Con chi sono associati? Inoltre, hanno avuto un sostegno di lunga data o no?


Ashur Shamis è uno dei membri fondatori del Fronte Nazionale per la Salvezza della Libia, che nel 1981 fu fondata nel Sudan. Era ricercato dall’Interpol e dalla polizia libica per anni. [7] Ahsur è anche indicato come il regista del National Endowment for Democracy nel Forum libico per lo sviluppo umano e politico. E’ anche il redattore della pagina web Akhbar, che è stato registrato come Akhbar Cultural Limited e collegato al NED. Ha inoltre partecipato a recenti conferenze chiave per il cambio di regime a Tripoli. Ciò includono la conferenza di Londra, tenuta dalla Chatham House nel 2011, che ha discusso i piani della NATO per l’invasione di Tripoli. [8]
Come Ashur, Aly Abuzaakouk è anch’egli membro del Fronte Nazionale per la Salvezza della Libia ed è legato al National Endowment for Democracy. E’ stato uno dei partecipanti chiave alla tavola rotonda tenuta per il Democracy Awards 2011 della NED. [9] Come Ashur, è ricercato dall’Interpol e opera come regista in occasione del Forum libico per lo sviluppo umano e politico. [10]
Vi è anche Noman Benotman, ex leader e fondatore del Gruppo combattente islamico libico (LIFG) e terrorista ricercato. È presentato come ex terrorista. Benotman ha convenientemente lasciato il Gruppo combattente islamico libico, a seguito degli attacchi dell’11 settembre 2001. Benotman non è solo un direttore del National Endowment for Democracy (NED) al Forum libico per lo sviluppo umano e politico, è anche legato alla rete al-Jazeera.


Non solo questi tre uomini vivevano senza problemi in Gran Bretagna, mentre erano ricercati dall’Interpol a causa del loro legame con il terrorismo o, nel caso di Abuzaakouk, per crimini legati alla droga e alla contraffazione, ma hanno anche ricevuto sovvenzioni dagli Stati Uniti. Hanno ricevuto borse dagli Stati Uniti, che ha formalizzato la loro appartenenza a diverse organizzazioni sponsorizzate dal NED, che hanno sostenuto l’ordine del giorno del cambio di regime in Libia. Questo ordine del giorno del cambio di regime è stato sostenuto anche da MI6 e CIA. Inoltre, i documenti legali che sono stati registrati dalla NED, per quanto riguarda questi individui, sono stati deliberatamente e illegalmente manomessi. L’identità di individui chiave è stata nascosta nella lista degli amministratori del NED. Così, documenti legali sono stati compilati in modo fraudolento per nascondere l’identità di un individuo con lo pseudonimo di “Beata Wozniak.” Perfino la data di nascita di Wozniak non è valida, apparendo come 1 gennaio, 1 (01/01/0001). E’ una persona che è stata membro del consiglio di tutte queste organizzazioni del NED. Viene indicata come regista e segretaria di Akbar, Transparency Libya Limited e diverse altre società britanniche.

La “Lunga Guerra” entra in Africa: la porta dell’Africa è stata aperta


L’avvento del terrorismo in Africa è parte di una deliberata strategia usata dagli Stati Uniti e dai loro alleati, tra cui la NATO. La strategia consiste nell’”aprire la porta del continente africano“, espandendo la cosiddetta “guerra globale al terrorismo.” Quest’ultimo fornisce una giustificazione all’obiettivo degli Stati Uniti di ampliare la propria presenza militare nel continente africano. E’ stata anche usata come pretesto per creare l’AFRICOM del Pentagono. L’US Africa Command (AFRICOM) è destinata a “gestire Africa” per conto di Washington. Consiste nel creare una versione africana della NATO, al fine di realizzare l’occupazione dell’Africa. A questo proposito, gli Stati Uniti e i loro alleati hanno già stabilito un budget per combattere le stesse organizzazioni terroristiche che hanno creato e sostenuto (anche con aiuti militari ed armi), attraverso la carta dell’Africa, dalla Somalia, Sudan, Libia, Mali a Mauritania, Niger, Algeria e Nigeria. I terroristi non solo combattono per gli USA sul terreno, ma tengono anche contatti con Washington ed agiscono come paravento attraverso le cosiddette organizzazioni per i diritti umani, che hanno il mandato di “promuovere la democrazia“. Sul terreno, questi stessi individui e organizzazioni sono utilizzati per destabilizzare i loro rispettivi paesi. Sono supportati anche a livello internazionale, da Washington, per lavorare attivamente al cambio di regime e all’intervento militare in nome dei diritti umani e della democrazia. La Libia ne è un chiaro esempio.

Mahdi Darius Nazemroaya è un  Sociologo e ricercatore associato al Centro per la Ricerca sulla Globalizzazione (CRG), di Montréal. E’ specializzato su Medio Oriente e Asia Centrale. E’ stato in Libia per oltre due mesi ed è stato anche un inviato speciale per Flashpoints, che è un programma di Berkeley, in California. Nazemroaya ha pubblicato questi articoli sulla Libia assieme ai colloqui con Cynthia McKinney trasmessi su Freedom Now, uno show trasmesso da KPFK, Los Angeles, California.

Julien Teil è un operatore video e documentarista investigativo  francese. E’ anche stato recentemente in Libia per circa un mese.

NOTE
[1] National Endowment for Democracy, “NED Strengths Democracy Ties with France,” 16 marzo 2010
[2] National Endowment for Democracy, “Africa Regional,” Agosto 2011
[3] United Nations Watch et al., “Urgent Appeal to Stop Atrocities in Libya: Sent by 70 NGOs to the US, EU, and UN,” 21 Febbraio 2011
[4] Ministry of European and Foreign Affairs (France), “XXIVème sommet Afrique-France,” Febbraio 2007
[5] Etienne de Durand, “Francs-tireurs et Centurions. Les ambiguïtés de l’héritage contre-insurrectionnel français,” Institut français des relations internationals, Marzo 2011
[6] The National Conference of the Libyan Opposition, “The National Accord: The National Conference of the Libyan Opposition, London, 26 giugno 2005“, 2005.
[7] Interpol Wanted Notice for Ashour Al-Shamis
[8] Foreign and Commonwealth Office (UK), “Chatam House event: the future of Libya”, Giugno 2011
[9] National Democracy for Democracy, “2011 Democracy Award Biographies”, Giugno 2011
[10] Interpol Wanted Notice for Ali Ramadan Abu Za Kouk

Traduzione di Alessandro Lattanzio – SitoAurora

André Rieu: Ramona

André Rieu: Ramona

00:05 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, andré rieu | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

The Sunic Journal: Jonathan Bowden

The Sunic Journal: Jonathan Bowden

dimanche, 16 octobre 2011

Entretien avec Bernard Lugan, rédacteur en chef de la revue "L'Afrique Réelle"

Entretien avec Bernard Lugan,

rédacteur en chef de la revue "L'Afrique Réelle"

The Sunic Journal Robert Steuckers on Europe vs. the Turks

The Sunic Journal

Robert Steuckers on Europe vs. the Turks

Identità umana e pregiudizio etnico ne «I viaggi di Gulliver» di Jonathan Swift

 

gulliver1.jpg

Identità umana e pregiudizio etnico ne «I viaggi di Gulliver» di Jonathan Swift

 

di Francesco Lamendola

Fonte: Arianna Editrice [scheda fonte]

 

Da quando è apparso nelle librerie di Londra, nel 1726, il capolavoro di quella mente satirica e paradossale che fu Jonathan Swift (in una sua opera minore, la «Modesta proposta», del 1729, aveva suggerito, con la impassibile seriosità dell’economista, che i bambini poveri venissero utilizzati come cibo per i ricchi), ossia «Gulliver’s travels», esso non ha finito di dar luogo ad equivoci e fraintendimenti.
Basti dire che, per anni ed anni, di esso, o piuttosto di una sua edizione ridotta e “normalizzata”, si è voluto fare un classico per la gioventù; cosa ancora più amaramente paradossale di quel che avrebbe potuto immaginare il suo stesso autore, dato che tutto si può pensare de «I viaggi di Gulliver», tranne che sia un romanzo adatto ai bambini.
Se bastasse il fatto che il protagonista, a un certo punto, capita nel paese di Lilliput, dove tutto, a cominciare dagli abitanti, è quindici volte più piccolo che nel nostro mondo; oppure che, nella sua successiva avventura, egli finisce nel paese di Brobdingnag, ove il rapporto delle grandezze è rovesciato a sfavore dell’uomo, e lo stesso protagonista finisce rinchiuso in gabbia come un canarino, per il trastullo della gigantesca figlia del re; se bastassero tali aspetti puramente esteriori, allora vorrebbe dire che noi attribuiamo ben poca importanza a ciò che diamo da leggere ai bambini, oppure che non abbiamo capito nulla della terribile serietà di questo libro.
Che cos’è che non passa attraverso la macina della satira impietosa di Swift, misantropo inguaribile e scatenato pessimista? Non si salva nessuno: i suoi strali colpiscono con infallibile cattiveria i filosofi, gli storici, gli inventori (e questo in piena ideologia del progresso, in pieno secolo dei Lumi!); l’avidità e la brutalità degli Europei, protesi alla conquista degli altri continenti (e ciò nel Paese europeo che più di tutti si stava impegnando in questa sedicente “missione di civiltà”, la Gran Bretagna, dopo aver ridotto alla disperazione i vicini Irlandesi); la sete degli uomini di vivere eternamente; il primordiale istinto di sopraffazione proprio della natura umana, che viene significativamente contrapposto alla olimpica saggezza e all’esplicito disprezzo ad essa riservato dai nobili cavalli parlanti.
Dal punto di vista filosofico, «I viaggi di Gulliver» sono una vera e propria miniera di spunti per la riflessione, almeno quanto lo sono altri classici ammirati sotto il profilo letterario, ma, di solito, poco considerati in questa prospettiva, quali la «Divina Commedia» di Dante, il «Don Chisciotte della Mancia» di Cervantes e i «Promessi Sposi» di Manzoni.
Una miniera addirittura inesauribile: al punto che, se volessimo non già trattare, ma anche solo sfiorare, le principali tematiche filosofiche sottese al romanzo di Swift, avremmo la necessità di riempire parecchi volumi; qui, pertanto, vogliamo limitarci a toccare uno solo di tali aspetti, vale a dire quello riguardante il problema dell’identità e del pregiudizio etnico.
Formidabile accusatore dell’etnocentrismo, Swift insiste continuamente, lungo tutta la sua opera, sulla estrema difficoltà, anzi, sulla radicale impossibilità di superare i pregiudizi culturali della propria civiltà, nel momento in cui ci si trova alle prese con una civiltà diversa, i cui presupposti materiali e spirituali siano totalmente differenti dai nostri e anche da quelli che potremmo teoricamente concepire.
È ovvio che, così impostata la questione, la soluzione non può consistere nel generico e velleitario cosmopolitismo illuminista, benché tanto decantato da Voltaire e dagli altri “philosophes” francesi, a cominciare da Montesquieu: come si fa ad essere cittadini del mondo, infatti, se risulta per noi insormontabile la barriera culturale entro la quale siamo nati e cresciuti e dall’interno della quale tendiamo a giudicare, con arbitraria sicumera, altri modi di essere, di sentire e di pensare, del tutto diversi ai nostri?
Più sensato, semmai, appare un atteggiamento di scettica tolleranza, simile a quello già mostrato da Montaigne e del quale abbiamo già avuto, a suo tempo, occasione di occuparci (cfr. il nostro articolo «Michel de Montaigne e il cannibale felice», apparso sul sito di Arianna Editrice in data 13/12/2007).
Ha scritto Gianni Celati nel suo saggio introduttivo a «I viaggi di Gulliver» di Jonathan Swift (Feltrinelli, Milano, 2004, pp.  XV-XVI):

«Che si tratti di meschini lillipuziani o di magnanimi giganti o di cavalli virtuosi, le abitudini dei vari paesi  dipendono sempre da una fissazione su certi assiomi, definizioni nominali, dogmi o giudizi a priori; e sono una cecità che impedisce di vere oltre i limiti di una cultura, anche dove si tratta di cose osservabili a occhio nudo. Non solo nei comportamenti, ma anche nelle percezioni e nei pensieri intimi, la natura umana sembra ineluttabilmente dipendente da condizionamenti ambientali. Per cui il passaggio da un regime di abitudini all’altro corrisponde sempre a un lavaggio del cervello; e Gulliver non fa che subire lavaggi del cervello passando da un paese all’atro e adeguandosi a sempre nuove situazioni.
Se tutti i comportamenti e i pensieri dipendono così strettamente  da condizionamenti esterni, viene da chiedersi  dove ci porti questa lezione di relativismo radicale. Come si chiede Patrick Reilly:  “che ne è della vantata libertà della mente, l’inviolabile santuario dell’io”? Spesso è stato detto che Swift  porge un orecchio all’uomo perché si riconosca. Ma guardiamo Gulliver, che sembra un automa in balia della relatività , alieno in tutti i paesi dove capita e anche nella sua amata Inghilterra: se lui è l’uomo in cui specchiarsi, l’uomo è l’alieno del mondo, che appena fuori casa diventa  come Gulliver una specie di “freak” da baraccone, alla maniera dei selvaggi che erano esibiti per lo svago delle folle o dei potenti. Dal libro risulta che l’identità umana viene riconosciuta attraverso “leggi di Natura”; le quali però sono giudizi a priori, abitudini di pensiero per discriminare  l’indigeno dall’estraneo. Ad esempio, nella prima parte Gulliver si trova subito a essere classificato dai dotti lillipuziani come un uomo caduto dalla luna, in base a supposte “leggi di Natura”; e per gli stessi motivi i dotti di Brobdingnag lo classificano come un embrione abortivo, poi uno scherzo di natura; e i matematici lapuziani lo disprezzano perché non ha le loro stesse attitudini demenziali; infine i cavali lo espellono dalla Houyhnhnmland perché lo considerano una bestia irrazionale. Sempre le “leggi di natura” servono a definire la differenza  tra l’indigeno e l’estraneo, e hanno il risultato di esporre Gulliver a sanzioni, a condanne al rischio della vita, all’espulsione.
Inoltre va notato che la consistenza di questi giudizi a priori si fonda  soprattutto sulla boria dei sapienti, sui luoghi comuni della cultura, e in nessun altro libro  la scienza dei dotti viene così collegata alle forme universali dell’etnocentrismo. È questo che impedisce di riconoscere  nell’alieno Gulliver un’identità umana;, facendone appunto un “freak”, uno scherzo di natura: perché, nella scienza dei dotti, i valori differenziali diventano  modi del pregiudizio etnico che decide  l’identità dell’individuo; sicché i luoghi comuni  d’ogni cultura rappresentano i criteri ultimi  per distinguere gli individui umani al resto delle creature sensitive.
Questa  una lezione che Swift ha imparato da Montaigne, uno dei suoi grandi ispiratori;  e il «Gulliver»» sviluppa la visione di Montaigne sulla relatività delle opinioni e abitudini e di tutti i popoli. Una battuta nella quarta parte riassume il pensiero che attraversa il nostro libro: “dov’è mai un essere vivente non trascinato da preconcetti e parzialità per la sua terra natia?”: Bisognerebbe citare i tratti del pregiudizio etnico negli omiciattoli di Lilliput come nei cavali della Houyhnhnmland : pensare alle idee dei capi lillipuziani di macellare  o accecare il povero Gulliver, ricordare le proposte nell’assemblea dei cavalli  di castrare gli Yahoo. Che si tratti dell’untuosa crudeltà  dei lillipuziani, della crudeltà orientale  del re di Luggnagg, di quella olimpica dei cavalli, o di quella  degli europei impegnati in guerre e massacri coloniali, la cultura delle nazionalità sembra che debba sempre confermare  le proprie abitudini ricorrendo a sistemi di crudeltà.
Ogni cultura risulta un modo violento di marchiare gli altri, di segnare i limiti tra noi e l’estraneo.  Perché chi è fuori dai limiti d’una cultura, l’alieno, sembra appartenere alla natura brada come le bestie,  dunque dovrà essere domato, marchiato o castrato come le bestie. Questo mi sembra il succo delle disavventure di Gulliver, e fa venire un mente un celebre passo di Montaigne: “Noi non abbiamo altro punto  di riferimento per la verità e la ragione che l’esempio e l’idea degli usi e opinioni del nostro paese. […] Perciò gli altri diversi da noi sembrano selvaggi, allo stesso modo in cui chiamiamo selvatici i frutti  che la natura ha prodotto nel suo naturale sviluppo” (“Essais”, libro I, cap. XXXI).»

Abbiamo detto che la constatazione della irrimediabile limitatezza e dell’insuperabile condizionamento degli individui da parte della società fa sì che Swift propenda per una visione relativistica e scettica della condizione umana.
La sua satira, che assume talora i toni di un feroce sarcasmo, non sa o non vuole individuare una”pars costruens”  sulla quale far leva, in tanto pessimismo antropologico; egli è un formidabile distruttore, ma non si pone nemmeno il problema di come l’uomo possa tentare di uscire dal condizionamento cui sempre viene sottoposto, senza neppure rendersene conto.
Non si può dire che ne abbia l’obbligo: Swift non è un filosofo, ma uno scrittore; il fatto che abbia saputo vedere e criticare, dietro la vuota retorica del cosmopolitismo illuminista e del progresso illimitato, il vuoto presuntuoso di una cultura incapace anche solo di comprendere i limiti della sua stessa ideologia, sta a significare che il grande demistificatore era di parecchie lunghezze più avanti dei suoi contemporanei, senza però spingersi innanzi fino a raggiungere, o almeno a intravedere, un terreno solido su cui poggiare i piedi.
Proviamo, dunque, a riprendere il discorso là dove l’autore de «I viaggi di Gulliver» lo lascia in sospeso, e vediamo a quali conclusioni si possa arrivare.
Oggi che la globalizzazione sta rimescolando le culture, le riflessioni di Swift appaiono di particolare urgenza, perché è ovvio che una mescolanza culturale, realizzata in tempi brevissimi e con l’unico denominatore comune del profitto economico di pochi, non può che portare a incomprensioni, tensioni, conflitti.
Non ci sembra, però, che l’appartenenza a una determinata cultura debba connotarsi prevalentemente in senso negativo, come Swift sembra pensare: al contrario, l’identità culturale è un elemento essenziale al buon vivere, perché consente all’individuo di interagire positivamente con l’ambiente, di comprendere gli altri ed esserne compreso, di condividere con essi valori, strumenti di pensiero e sensibilità. Un individuo senza identità è come una pianta secca e senza radici; una cultura senza identità è, a sua volta, come un deserto pietrificato, dove ogni cosa diviene anonima e intercambiabile.
È chiaro che l’identità culturale, se si chiude su se stessa e degenera in esclusivismo intollerante, finisce per rendere un pessimo servizio all’individuo, espropriandolo della sua unicità e precludendogli la via di ogni possibile arricchimento spirituale; ma, fino a che questo non avviene e la società si limita ad offrire all’individuo dei saldi punti di riferimento e una rete di relazioni armoniose con l’altro, non solo non ne limita la creatività, ma gli offre un insostituibile punto d’appoggio, sul quale far leva e con il quale orientarsi.
Il problema è che, oggi, da un lato le culture tendono ad abdicare alla propria autonomia e a lasciarsi omologare in un generale appiattimento, ciò che produce un gravissimo impoverimento anche per il singolo individuo; dall’altro, tendono a svuotarsi dall’interno e a dimenticare le proprie radici, trasformandosi in quelle “società liquide” di cui parla Zygmunt Bauman, dominate dalla smania del cambiamento e caratterizzate dalla riduzione del cittadino a consumatore compulsivo di beni sempre più inutili, senza i quali, però, egli si sentirebbe povero ed escluso.
Il grande pericolo, perciò, al giorno d’oggi, non è tanto l’etnocentrismo, quanto l’anonimità e la degradazione delle culture, in nome di un “progresso” incontrollabile e di un tecnicismo esasperato che relegano sempre più l’individuo nel ruolo di semplice accessorio di un sistema efficiente, ma impersonale, dominato dalla sola dimensione economica.
E non ci sembra si possa dire che i pregiudizi dell’economia siano più accettabili di quelli di origine culturale: al fanatismo identitario si sostituisce il non meno temibile ricatto dello status economico-sociale.
Nel romanzo di Gulliver, “freak” è lo straniero in quanto diverso, ridotto a fenomeno da baraccone; nella società globalizzata contemporanea, ove imperano la tecnoscienza e le leggi del profitto, “freak” è colui che non può o non vuole consumare secondo le modalità totalitarie del consumismo imperante: chi, per esempio, si accontenta di essere fruitore di beni e servizi e non più di marchi, di firme, di simboli legati all’industria.
“Freak”, abnorme, è, oggi, colui che voglia essere se stesso e rifiutare le maschere dell’avere e dell’apparire: egli viene guardato con sospetto e disprezzo, proprio come i lillipuziani guardano Gulliver, così ingombrante nella sua diversità.
Ma tale diversità è un bene, non un male, sia per il singolo individuo, sia per la società intera.
Potrebbe una società permettersi di fare a meno di quel cinque per cento creativo, di quella piccola minoranza di persone che non si adeguano passivamente a tutte le mode e a tutti i pregiudizi, ma che coltivano in se stesse la preziosa, inestimabile pianticella dell’originalità, della consapevolezza, dell’apertura esistenziale?


Tante altre notizie su www.ariannaeditrice.it