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mardi, 28 février 2017

LE « SANS FRONTIERISME » OU LA HAINE DE SA CULTURE

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LE « SANS FRONTIERISME » OU LA HAINE DE SA CULTURE

Dominique Bianchi
Journaliste indépendant
Ex: http://www.lesobservateurs.ch 
 

Les tenants d'une Europe sans frontières, « citoyens du monde », universalistes et autres adeptes de l'idéologie globaliste ne ratent pas une occasion de s'indigner et de hurler haut et fort contre le « renfermement sur soi » et la « fermeture d'esprit » lorsque de plus en plus de gens revendiquent la possibilité de rétablir le contrôles des voyageurs aux limites de leurs états.

Pourtant les mêmes indignés ne bronchent pas lorsqu'ils se retrouvent bloqués par des contrôles à la frontière marocaine, tunisienne ou algérienne après avoir franchi la méditerranée pour venir dépenser leurs économies dans des complexes touristiques et des marchés exotiques venant ainsi enrichir l'économie du pays visité.

Les adeptes de la libre circulation sont outrés qu'une partie de la population ukrainienne des Dombas n'ait pas envie de passer un contrôle douanier lorsqu'ils désirent aller dans un pays voisin qui parle la même langue qu'eux et qui faisait jadis partie de leur même culture bien avant que les colons européens prennent le territoire de Manhattan aux indiens en échange de quelques kilos de verroteries.

Les citoyens du monde revendiquent le droit aux palestiniens d'établir une frontière entre eux et les israéliens. Ils manifestent pour que les tibétains puissent maintenir une frontière avec leur puissant voisin afin que les chinois n'envahissent pas leur pays et détruisent leur culture « pittoresque et millénaire » en imposant leurs règles, leurs lois et leur culture par la supériorité démographique d'une population étrangère qui les submerge massivement.

Les tenant d'une Europe sans frontières qui nient aujourd'hui les particularités et les différences des substrats culturels propres à chaque pays européens sont souvent les premiers à s'émerveiller devant les cultures et les identités des pays qu'ils vont visiter en Amériques en Asie ou en Afrique heureux d'avoir dégotté sur un étale destiné aux touristes, une statuette Aztéque, une marionnette balinaise, ou un masque baoulé qu'ils pourront exposer dans leur salon en témoignage de ces richesses culturelles pas encore englouties sous le raz de marée consuméristes de l'impérialisme occidental ou l'invasion progressive d'une communauté culturelle voisine.

Les révisionnistes qui tentent de nier l'existence d'une culture propre à un pays européen pour justifier l'éradication de toute frontières sont les mêmes qui déclarent que « c'est vraiment dommage que la culture de l'hospitalité soit en train de disparaître en Mongolie depuis que les chinois y sont de plus en plus nombreux ou de déplorer que les femmes des Célèbes ou des Maldives portent toutes le voile et sont menacées de sanctions sévères si elle parlent à un étranger depuis que les musulmans s'y sont massivement répandus. Ils se félicitent que les pays africains comme l'Algérie aient retrouvé leur indépendances et donc leurs propres constitutions, et par extension, le contrôle de leurs frontières. Ils déplorent aussi souvent, en rentrant de vacances touristiques, que la présence massive du tourisme a perverti les coutumes locales et les mentalités et que c'est ma foi bien triste.

Les opposants au prétendu « renfermement sur soi » incarné par les frontières et le protectionnisme national sont en fait des masochistes suicidaires déterminés à liquider leur propre culture au nom d'un prétendu multiculturalisme qui ne serait finalement destiné qu'à éradiquer toutes racines culturelles, coutumes et particularités propres du pays dont ils sont originaires et qu'ils méprisent profondément dans une sorte de haine de soi ou seul compte finalement le désir de disparaître sous le poids des mixités propagées par les coutumes de « l'Autre » qui ne les intéressent, dans le fond, que lorsque ils les découvrent en tant que touriste de passage. "L'Autre » ce sauveur messianique fantasmé qui les subjuguera dans une soumission repentante et régénératrice que l'on pourrait aussi nommer : Colonialisme culturel.

Moi, je veux bien qu'on abolisse les frontières dans le monde, mais il ne faudra pas venir se plaindre que l'Inde disparaisse sous une masse de chinois qui finira par imposer ses règles aux Indiens, ou que le chinois devienne la première langue parlée dans un Sénégal contrôlé par des magnats de Beijing ou de Honk Hong, que les russes se répandent et contrôlent tous les commerces ukrainiens, polonais et hongrois ou que la Grande Bretagne devienne la première république islamique d'Europe, avant le Frankistan et le Belgistan.

On peut faire tomber toute les frontières mais il ne faudra pas déplorer que le croissant islamique flotte sur le Vatican transformé en mosquée par des masses d'africains musulmans venus s'installer en Italie et qui auront réduit en poussière le David de Michel-Ange parce que sa nudité est contraire aux dogmes religieux adoptés par la majorité des Italiens qui auront jadis décidé d'ouvrir complétement leurs frontières à des dizaines de millions de citoyens africains en quête d'un Eldorado plus riche et plus clément.

Dominique Bianchi

L'IRREDENTISMO CORSO

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L'IRREDENTISMO CORSO

Ex: http://www.katehon.com 

Con il Trattato di Versailles, firmato dai rispettivi plenipotenziari il 15 maggio 1768, la Repubblica di Genova offrì la riottosa e fiera isola di Corsica al Regno di Francia, come garanzia per i debiti contratti con Parigi pari a due milioni di lire genovesi. La situazione politica dell’isola, al momento del passaggio di consegne, era in piena ribellione contro l’occupazione genovese,  che continuò anche contro i francesi guidati dal grande patriota Pasquale Paoli.

L’anelito indipendista fu schiacciato con la battaglia di Ponte Nuovo, tra l’8 e il 9 maggio 1769, dai francesi, che in seguito alla vittoria occuparono tutta la Corsica, ma ciononostante non riuscirono a troncare i radicati e plurisecolari rapporti commerciali e culturali con la Penisola italiana.

Il decreto di riunione della Corsica alla Francia, ultimo atto dell’annessione francese verso l’isola del Mediterraneo, avvenne il 30 novembre 1789. L’italianità era però molto forte, tanto che il filologo e storico Niccolò Tommaseo, in collaborazione con il magistrato e poeta di Bastia Salvatore Viale, tra gli anni 30 e 40 dell’800 studiò il vernacolo corso, influenzato dalla Toscana, definendolo come il più puro dei dialetti italiani. Per tutto il resto del secolo vi fu una sorta di divisione degli ambiti linguistici: il vernacolo corso venne considerato adatto solo a soggetti giocondi, farseschi, popolareschi, mentre per i soggetti più seri la scelta ricadeva sull'italiano.

Il cambiamento di rotta francese avvenne con Napoleone III e la sua francesizzazione che comportò l’imposizione della lingua, delle leggi e dei costumi francesi. Si arrivò addirittura al mancato riconoscimento dei titoli di studio rilasciati dalle Università italiane. Diversi garibaldini e patrioti italiani erano di provenienza corsa, come per esempio Leonetto Cipriani di Centuri che terminò la sua folgorante carriera politica e militare diventando senatore del Regno d’Italia. Dopo la prima guerra mondiale, l’ambito dell’italianità isolana andò peggiorando a causa della politica sciovinistica francese che pretendeva di annullare ogni riferimento culturale italiano della Corsica, scardinando di pari passo anche i legami politici e commerciali. Fu in questo contesto che nacque, per reazione, in Corsica un appassionato movimento irredentista che si diffuse in tutta la popolazione ed in tutti gli strati sociali.

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La situazione economica, già precaria, era diventata disastrosa: molti corsi furono costretti ad emigrare, a fare delle scelte di campo. Chi si appoggiò alla Francia riuscì a trovare un lavoro nell’amministrazione e nell’esercito coloniale francese, chi vedeva un futuro, per l’isola, nell’Italia, come molti intellettuali, si recarono a studiare e a lavorare in Italia. In Corsica, nel frattempo si verificarono continui, meschini scontri tra clans, tra “parrocchie” autonomiste e gruppetti codini di vecchi pensionati dell’impero coloniale francese, per la spartizione di quote locali di potere.

Con l’avvento di Mussolini al potere crebbe, in Italia, l’interesse per i territori di cultura e lingua italiane ancora non riuniti a Roma, come per esempio Corsica e Malta. In contemporanea crebbe in Corsica e nelle altre zone irredente un sentimento fortissimo favorevole a Roma, avvantaggiato peraltro dalle conquiste sociali del Regime.

Quotidiani come  Il Telegrafo di Livorno e L’Isola di Sassari, tra gli altri, che pubblicavano settimanalmente una pagina riguardante la vita corsa. Contemporaneamente fiorirono riviste a carattere spiccatamente  còrso e irredentista, come: Corsica antica e moderna, di Francesco Guerri,  nome di battaglia, “Mimmo Grosso”, e  L’idea còrsa, diretta da Anton Francesco Filippini. Uno tra i primi intellettuali corsi favorevoli all’Italia fu Petru Rocca, nato a Vico il 28 settembre 1887. Dopo aver partecipato alla Prima Guerra Mondiale, fondò, nel 1920, la rivista A Muvra, organo di informazione del Partitu Corsu d’Azzione (PCdA).

Questo partito nel 1927 fu rinominato Partitu Corsu Autonimistu la cui costituzione voleva scrivere Rocca con l’obiettivo di una resistenza corsa verso la Francia. Avendo preso una forte impronta antifrancese nel 1939 il partito fu bandito nel 1939 con l’accusa di aver collaborato con Mussolini. La già ricordata rivista A Muvra esponeva in continuazione l’obiettivo fisso dei suoi redattori: l’unione della Corsica all’Italia. Altri patrioti furono Petru Giovacchini, Marco Angeli e Bertino Poli, i quali fondarono nei primi anni Trenta i Gruppi di Azione Corsa, allo scopo di svolgere attività culturale e politica per l'annessione della Corsica al Regno. Mentre i primi due trattavano argomenti vari e letterari, Poli espresse un contenuto più politico con opere come Il pensiero irredentista còrso e le sue polemiche, pubblicato a Firenze nel 1940, e A Corsica di dumani, pubblicata a Livorno nel 1943. Quello che però aderì  più concretamente e fattivamente al fascismo e che riscosse quindi maggiore apprezzamento presso le autorità italiane fu Petru Giovacchini.

Questi nacque a Canale Verde il primo gennaio 1910 da un’antica nobile famiglia, italiana per cultura, sentimenti, tradizioni. I suoi antenati si erano sempre battuti per l’italianità della Corsica. Simeone Giovacchini, fatto prigioniero durante i primi moti antifrancesi, morì nella fortezza di Tolone senza mai aver rinnegato i suoi ideali di libertà dallo straniero. Un altro antenato, Anghieluvisu, partecipò attivamente al Risorgimento italiano come capo dei Pennuti, i Carbonari corsi. Petru Giovacchini si trasferì a Bastia per studiare al Liceo Nazionale, e si dice che già da adolescente collaborasse a periodici riguardanti l’autonomismo corso. Nel 1927, avendo deciso di dover scrivere su un settimanale risolutamente irredentista, fondò il Primavera, che però venne presto sequestrato comportando per Giovacchini l’espulsione dal  liceo. Nei due anni successivi pubblicò due raccolte di canti patriottici dialettali: Musa casalinga e  Rime notturne. Nel 1930 si iscrisse alla Facoltà di Medicina presso l’Università di Pisa, ma, essendo poi tornato in Corsica per assistere il padre gravemente ammalato, fu costretto a prestare il servizio militare di leva, subendo persecuzioni e violenze durante la ferma, finita la quale gli venne negata la possibilità di concludere gli studi  in Italia. Si trasferì all’Università di Pavia dove fondò, nel 1933, i Gruppi di Cultura Còrsa nel novembre dello stesso anno. Ben presto questi gruppi si trasformarono nei già ricordati Gruppi d’Azione Corsa. Petru Giovacchini fu volontario in Africa  Orientale, arruolato nel 147° battaglione CC.NN. Fu volontario anche in Spagna, come ufficiale medico della Milizia, distinguendosi per valore, ottenendo decorazioni ed il trasferimento in servizio permanente per meriti di guerra. Quando l’Italia entrò in guerra, 10 giugno 1940, Petru chiese di combattere in prima linea per la liberazione della Corsica dal giogo francese, ma il Comando Generale della Milizia ritenne che sarebbe stato molto più producente sfruttare le sue abilità dialettiche nel campo della propaganda. La dichiarazione di guerra alla Francia e la conquista della Corsica da parte delle truppe italiane, dettero speranza agli irredentisti, ma Mussolini rinviò la formalizzazione dell’annessione alla fine della guerra, per non inimicarsi la Francia di Vichy. Nel 1942 fu proposto come Governatore della Corsica non appena fosse terminato l’immane conflitto bellico.

Giovacchini_P..jpgNel febbraio 1943, in Sardegna, fu costituito un Battaglione Corso, inquadrato nella 73° Legione Camice Nere. Questo episodio rappresentò il culmine della collaborazione tra corsi e italiani. Dopo l’8 settembre, ancor prima della rioccupazione della Corsica da parte delle truppe golliste, fu sequestrato dai partigiani locali e in seguito condannato a morte il colonnello Petru Simone Cristofini, con l’accusa di aver collaborato con le autorità italiane e tedesche presenti sull’isola e per aver fornito informazioni sulla resistenza locale. Venne fucilato ad Algeri nel novembre 1943, dopo che il colonnello ebbe tentato il suicidio lanciandosi da una finestra del tribunale al quarto piano. Sua moglie, Marta Renucci, prima donna in Corsica a fare la giornalista, fu condannata a cinque anni di reclusione, che dovette scontare nelle carceri di Algeri, i beni dei coniugi vennero confiscati. Con le stesse accuse furono condannati a morte il colonnello Pantalacci ed il figlio Antoine, che però riuscirono a fuggire in tempo in Italia. Un altro colonnello, Pascal Mondielli, fu condannato all’ergastolo per collaborazionismo. Dopo l’otto settembre, Petru Giovacchini (foto) affidò l’organizzazione irredentista a Giuseppe Mastroserio e si trasferì al Nord per arruolarsi nella Rsi insieme agli amici Angeli e Poli. Non tornarono più in Francia, pendendo sulla loro testa la pena di morte.

La Corte di Giustizia di Bastia, nell’autunno del 1946, condannò a morte in contumacia Giovanni Luccarotti, un lontano discendente di Pasquale Paoli, Pietro Luigi Marchetti, giornalista, Bertino Poli, Marco Angeli e Petru Giovacchini, tutti latitanti, rifugiati in Italia, dove vivevano in semiclandestinità per evitare la giustizia francese. A pesanti pene detentive furono condannati altri imputati: Petru Rocca a quindici anni di lavori forzati, deportato alla Guiana; Yvis Croce, conservatore degli archivi di Stato della Corsica a cinque anni di lavori forzati; don Domenico Parlotti, canonico della cattedrale di Bastia e scrittore dialettale a dieci anni di reclusione, morì in carcere; don Giuseppe Damiani, direttore didattico a cinque anni di lavori forzati. Risultarono condannate anche due donne: Margherita Ambrosi, vedova del poeta Piazzoli che aveva esaltato l’Italia a cinque anni di reclusione e Maria Rosa Alfonsi, giovane parrucchiera di Ajaccio, in contumacia a cinque anni di lavori forzati. Fu condannato a due anni di reclusione Angelo Giovacchini, fratello di Petru. Tutti furono ritenuti colpevoli di aver attentato alla sicurezza nazionale. I loro beni vennero confiscati, eccezion fatta per Angelo Giovacchini. Mentre il sindaco di Pastricciola, Marco Leca, venne condannato alla  degradazione nazionale.

La repressione francese, seguita alla vittoria degli eserciti alleati, fu durissima; ogni movimento autonomista fu soppresso. Si volle  proibire e annullare ogni ricorso alla lingua italiana e perfino al dialetto còrso. Gli alunni delle varie scuole, quando  venivano sorpresi a parlare in dialetto, venivano espulsi e finanche percossi. Fu una repressione feroce. Persino la Chiesa cattolica, che aveva fino allora sempre adoperato l’italiano nelle omelie, nelle prediche, nelle comunicazioni ufficiali, fu costretta ad usare il francese sotto la minaccia di arresti e di persecuzioni. Gli irredentisti, poi, vennero perseguitati accanitamente, braccati, arrestati, processati, condannati, deportati. La francesizzazione dell’isola venne perseguita con una vera e propria colonizzazione imposta con  l’insediamento di coltivatori francesi profughi dall’Algeria,e non solo, i famosi Pieds Noirs ai quali furono concessi i migliori terreni demaniali dell’isola. Venne favorita anche la speculazione turistica straniera ed infine, per coronare l’opera, fu trasferita la Legione Straniera a Corte. Queste manovre di carattere neocoloniale hanno, credo, snaturato completamente il quadro etnico della Corsica.
 

« La Morsure des dieux », le mariage de la terre et du ciel…

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Film:

« La Morsure des dieux », le mariage de la terre et du ciel…

par Pierre-Emile Blairon

Ex: http://www.bvoltaire.fr

Cheyenne Carron a choisi pour cadre de son film le Pays basque, vieille terre de légendes.

Cheyenne Carron n’était pas présente à la cérémonie des César, et pour cause : cette réalisatrice anticonformiste et (très) indépendante n’avait aucune intention de participer à cette mascarade parisiano-parisienne, épicentre de la bien-pensance cinématographique.

Elle a réalisé son nouveau film, La Morsure des dieux, avec les mêmes moyens financiers que les précédents : ceux de quelques amis qui croient en elle et en son cinéma lumineux, fait d’intuition, de fulgurance et de bienveillance, mais qui ne fait aucune concession à la mode.

Ce nouveau film réussit à faire apparaître toute une dimension spirituelle dans ce qu’il nous montre de la beauté des paysages et des chants, du jeu des acteurs, profondément naturel, des silences et des voix aériennes.

Le thème de La Morsure des dieux est double : la lente agonie du monde paysan que la mondialisation condamne à disparaître et le dialogue que prône Cheyenne Carron, catholique fervente, entre les anciennes spiritualités européennes et le christianisme.

Cheyenne Carron a choisi pour cadre de son film le Pays basque, vieille terre de légendes où les bergers s’interpellent encore de sommet en sommet, et vieux peuple qui révère toujours un génie féminin, Mari, compromis entre le nom païen d’origine, Maya, et le nom de la Vierge chrétienne, ce qui n’a pas laissé indifférente la réalisatrice.

Cheyenne Carron imagine une rencontre entre un jeune homme qui a choisi de rester sur sa terre, prenant la succession de la ferme familiale, et une jeune fille, Juliette, aide-soignante de son métier, qui symbolise, avec son personnage empli de douceur et de force, le rôle de catholique ferme dans sa foi, mais aussi tolérante et charitable, qui lui est dévolu.

Sébastien, comme beaucoup de jeunes gens qui ont décidé leur retour à la terre, seuls ou en communauté, est identitaire, attaché au sol de ses ancêtres et « païen », terme dont Cheyenne Carron rappelle la connotation péjorative que les premiers chrétiens donnaient aux paysans ; mais ces nouveaux écologistes enracinés prônent une agriculture saine, tournant le dos au productivisme et à l’empoisonnement des sols et s’intégrant à nouveau dans l’ordre cosmique.

 

Le meilleur ami de Sébastien est un vieux paysan qui sera acculé au suicide. Une scène du film symbolise tout le drame de la paysannerie actuelle : la voiture du vieil homme tombe en panne et il continue sa route à pied ; Sébastien l’invite sur sa moto, le vieil homme enlève alors son béret basque pour mettre le casque de Sébastien, qui va contenir sa tête, bien serrée, casque rigide, plein de règles imposées par la nouvelle société.

On songe à ces paroles d’Oswald Spengler en 1917 : « Le paysannat a enfanté un jour le marché, la ville rurale, et les a nourris du meilleur de son sang. Maintenant, la ville géante, insatiable, suce la campagne, lui réclame sans cesse de nouveaux flots d’hommes qu’elle dévore… »

 

NDLR : la sortie en salles du film est prévue le 26 avril prochain mais les DVD sont disponibles à la vente depuis vendredi sur www.cheyennecarron.com

11:42 Publié dans art, Cinéma, Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cheyenne-marie carron, film, cinéma, 7ème art | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

lundi, 27 février 2017

Banlieues: stop au faux discours victimaire

Les banlieues s’embrasent : vite, donnons-leur raison ! Ce ne sera pas la première fois que le discours officiel, avalisé par un Etat à la main tremblante, se tiendra à cette capitulation. Tout est idéologiquement en place pour faire peser sur la France, ex-puissance coloniale, la responsabilité des guérillas urbaines à venir. En fait, cela fait longtemps que la police nationale est vue, dans les cités musulmanes en ébullition, comme une force d’occupation étrangère qu’il convient de chasser. Certes, le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a condamné ce lundi "toutes les violences" et a promis d’être "intraitable avec tous les casseurs". Mais parallèlement, les mouvements antiracistes ont été reçus par le premier ministre, Bernard Cazeneuve. Il avait qualifié de "sauvageons", en octobre 2016, ceux qui avaient tenté de brûler vifs quatre policiers dans leurs deux voitures à Viry-Châtillon. Benoît Hamon, candidat du PS pour la présidentielle, dit de Marine Le Pen, ce matin, qu’elle "jette de l’huile sur le feu" après les violents incidents, samedi à Bobigny (Seine-Saint-Denis), en marge d’une manifestation de soutien à Théo. Le jeune homme, noir, a été blessé le 2 février par des policiers accusés par un juge d’instruction de l’avoir violé à l’aide d’une matraque ; une version contestée par l’enquête de la police des polices (IGPN), qui parle d’accident. Après Bobigny, d’autres cités de la région parisienne se sont enflammées ce week-end. Afin d’éviter la généralisation de ces intifadas, il faut s’attendre à voir le gouvernement multiplier les compromissions avec une contre-société qui se construit depuis trente ans dans la détestation de la France et de tout ce qui la représente.

Si la France est coupable, c’est d’avoir laissé ses dirigeants multiplier ces bombes sociétales depuis des décennies. L’aveuglement porté, par la droite et la gauche, à une immigration de peuplement perméable à la quérulence islamiste est à l’origine des rejets qui s’expriment contre la démocratie ouverte et ses valeurs. Les près de 100 milliards d’euros déversés depuis 1977 sur les banlieues (la "politique de la ville") pour acheter la paix sociale n’ont évidemment pas suffit à faire naître un vivre ensemble qui est de plus en plus refusé. S’il y a un racisme dans les cités, il n’est pas porté, sauf exceptions, par les forces de l’ordre laissées seules face à une population extra-européenne qui vit majoritairement dans l’entre-soi. Les policiers sont devenus des cibles permanentes. En revanche, il existe un racisme anti-Juif qui est toléré par les bons apôtres. Cette haine se manifeste également contre l’Occidental, le Chrétien, le Blanc. "Les collabos de journalistes blancs" ont été pris à partie, samedi à Bobigny, par des émeutiers dont certains criaient "Allahou akbar !". La tentation va être grande, chez les propagandistes, de faire à nouveau passer ces "jeunes" pour des victimes d’une République qui discrimine et qui maltraite. Mais l’explication est devenue beaucoup trop courte. Il y a, derrière ces émeutes, un désir d’humilier la nation française et de la soumettre à d’autres règles. "Stop à la guerre !", a lancé Théo de son lit d’hôpital. C'est très exactement ce que ne veulent pas entendre ceux qui aiment voir la France à genoux.

En présence de Schopenhauer, de Michel Houellebecq

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En présence de Schopenhauer, de Michel Houellebecq

par Francis Richard

Ex: http://www.francisrichard.net 

Michel Houellebecq a 25, 26 ou 27 ans - l'âge importe peu - quand il emprunte, dans une bibliothèque, Aphorismes sur la sagesse dans la vie d'Arthur Schopenhauer: en quelques minutes tout a basculé... Il cherche alors, et trouve, un exemplaire du Monde comme volonté et comme représentation.

Depuis, Houellebecq a évolué - il est devenu positiviste après avoir découvert dix ans plus tard un autre philosophe, Auguste Comte. Cependant l'attitude intellectuelle de Schopenhauer reste pour lui un modèle pour tout philosophe à venir. C'est pourquoi il éprouve à son égard un profond sentiment de gratitude.

Pour exprimer cette gratitude Houellebecq a achevé cet essai entrepris en 2005, où il commente ses passages favoris de Schopenhauer, qu'il a traduits lui-même. Sa préfacière, Agathe Novak Lechevallier, a raison de dire que, ce faisant, il fait apparaître l'oeuvre du philosophe comme une formidable machine à penser.

Il est vrai qu'il n'est pas besoin d'être d'accord avec quelqu'un pour que ce qu'il dit donne à penser. Ainsi Houellebecq n'a-t-il pas de mots assez durs contre le libéralisme. Ce n'est pas une raison pour ne pas s'intéresser à ce qu'il a pensé à un moment de sa vie et à ce qu'il pense aujourd'hui, d'autant que cela éclaire son oeuvre.

Houellebecq relit peu Comte et ne connaît pas de lecture de philosophe aussi immédiatement agréable et réconfortante que celle de Schopenhauer. Ce n'est certainement pas le fait de son art d'écrire: Nietzsche parle à raison de son espèce de bonhommie bourrue qui vous donne le dégoût des élégants et des stylistes.

Quand Schopenhauer commence un livre par: Le monde est ma représentation, Houellebecq commente: L'origine première de toute philosophie est la conscience d'un écart, d'une incertitude dans notre connaissance du monde. Pour devenir le philosophe de la volonté, Schopenhauer utilise l'approche, inhabituelle chez un philosophe, de la contemplation esthétique:

Le point originel, le point générateur de toute création consiste dans une disposition innée - et, par là même, non enseignable - à la contemplation passive et comme abrutie du monde. L'artiste est toujours quelqu'un qui pourrait tout aussi bien ne rien faire, se satisfaire de l'immersion dans le monde, et d'une rêverie associée.

Ainsi le poète se singularise-t-il: L'accessoire est que le poète est semblable aux autres hommes (et, s'il était vraiment original, sa création aurait peu de prix); l'essentiel, c'est que, seul parmi les hommes faits, il conserve une faculté de perception pure qu'on ne rencontre habituellement que dans l'enfance, la folie, ou dans la matière des rêves.

Ainsi la beauté n'est-elle pas une propriété appartenant à certains objets du monde, à l'exclusion des autres; ce n'est donc pas une compétence technique qui peut produire son apparition; elle suit par contre toute contemplation désintéressée. Ce qu'il [Schopenhauer] exprime, encore plus brutalement par la phrase:

"Dire qu'une chose est belle, c'est exprimer qu'elle est l'objet de notre contemplation esthétique."

L'absurdité de l'existence? Ce n'est pas seulement, ce n'est même pas surtout l'activité de l'homme qui porte le signe du néant: la nature entière est un effort illimité, sans trêve ni but; "tout n'est que vanité et poursuite du vent". Et il cite un passage de Schopenhauer qui l'illustre, qu'il dédie aux écologistes, et qui se termine ainsi:

"Pourquoi ces scènes d'épouvante? À cela il n'y a qu'une seule réponse: ainsi s'objective le vouloir-vivre."

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Selon Schopenhauer, qui emploie souvent des métaphores théâtrales pour faire comprendre ses propos, il est trois méthodes employées par un poète pour décrire la survenance d'un grand malheur, le seul élément indispensable à la tragédie:

- l'exceptionnelle méchanceté d'un personnage artisan de ce malheur

- le destin aveugle qui frappe les personnages

- la simple situation des personnages l'un à l'égard de l'autre.

C'est cette dernière méthode qui a sa préférence: Elle ne nous montre pas le malheur le plus extrême comme une exception, ni comme quelque chose qui est amené par des circonstances exceptionnelles ou des caractères monstrueux, mais comme une chose qui provient aisément, comme de soi-même, presque nécessairement, de la conduite et du caractère des hommes, et par là nous le rend effroyablement proche.

Comment conduire son existence dans un tel monde, absurde, où le malheur n'épargne personne et où toutefois existent des petits moments de bonheur imprévu, des petits miracles?

Dans Aphorismes sur la sagesse dans la vie, Schopenhauer trouvait l'énergie nécessaire pour énoncer des banalités et des évidences, lorsqu'il les croyait justes; il a systématiquement placé la vérité au-dessus de l'originalité; pour un individu de son niveau, c'était loin d'être facile.

Schopenhauer fait ainsi ce constat fataliste: Les jouissances les plus élevées, les plus variées et les plus durables sont celles de l'esprit, bien que nous nous y trompions tellement pendant notre jeunesse; celles-ci dépendent surtout de la puissance innée de notre esprit; il est donc facile de voir à quel point notre bonheur dépend de ce que nous sommes, alors qu'on ne tient compte le plus souvent que de notre destin, de ce que nous avons ou de ce que nous représentons.

Il précise: Le destin peut s'améliorer; et, lorsqu'on possède la richesse intérieure, on n'attendra pas grand-chose de lui; mais jusqu'à sa fin un benêt reste un benêt, un abruti reste un abruti, fût-il au paradis et entouré de houris.

Est-ce bien certain?

Francis Richard

En présence de Schopenhauer, Michel Houellebecq, 96 pages L'Herne

Livres précédents chez Flammarion:

Soumission (2015)

Configuration du dernier rivage (2013)

La carte et le territoire (2010)

G. Feltin-Tracol/Thierry: La Révolution conservatrice

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La Révolution conservatrice

Orages d'acier - 26/02/2017

Fréquence Orages d'acier #52 : La Revolution conservatrice
Tipez nous sur :
https://www.tipeee.com/frequence-orag...

https://soundcloud.com/orages-dacier/

Emission avec Georges Feltin-Tracol et Thierry

présentée par Monsieur K.

Présentation de l'émission,
1:00 Tentative de définition
5:00 Les 5 grands courants de la KR
Les grands noms de la KR

Hall of Shame
Pause musicale

30:00 La Kr et le nazisme, une mise au point,
33:00 La reception de la Kr en France
40:00 La postérité de la KR
50:00 usages et mususages de la JR

® Musiques : Landsknecht Sang 1500 - 1560 '' Die Drummen, die Drummen''

®Générique : Kreuzweg Ost - Für Kaiser, Gott und Vaterland

Jason Reza Jorjani Identitarian Ideas IX

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Jason Reza Jorjani

Identitarian Ideas IX

Jason Reza Jorjani speaks at the Identitarian Ideas gathering in Stockholm, Sweden.

dimanche, 26 février 2017

Le Grand Désordre Global

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Le Grand Désordre Global

par Antonin Campana

Ex: http://www.autochtonisme.com 

Dans un article publié en octobre 2015, nous faisions remarquer que le « Système » paraissait paniqué par l’emballement des crises et la perspective d’un possible effondrement. Nous nous demandions cependant si la confusion et les contradictions qui agitaient alors le Système, et à quoi semblait se ramener le Système, n’indiquaient pas plutôt un possible changement de stratégie.

Entretemps, l’effondrement du Système a semblé s’accélérer sous l’effet du Brexit, du référendum italien, de l’élection de Trump et de la montée en puissance des mouvements « populistes ». Le désordre mondial est maintenant extrême et il est devenu très difficile de formuler une hypothèse qui rende compte et explique l’intégralité des situations contradictoires que nous pouvons observer.

Indubitablement, le « Système » entre dans une nouvelle période de son histoire. Ce sera, selon notre lecture, la cinquième et dernière.

La première période commence lorsque Jules Ferry propose à l’Industrie, la Banque et le Commerce de se servir du sang français pour ouvrir de nouveaux marchés aux produits capitalistes et aux idéaux républicains. L’entreprise coloniale signe la naissance du Système dans la mesure où le Système repose à la fois sur une puissance économique et financière héritée du capitalisme et sur une puissance idéologique et sociétale (la « démocratie », les « droits de l’homme », la « société ouverte »…) héritée de la République de 1789.

La seconde période commence en 1945 à l’issue d’une guerre mondiale qui a commencé en 1914. Cette guerre (unique et non pas double) verra les nations dominées par le capitalisme et organisées selon les principes républicains de la société ouverte, l’emporter sur les nations dominées par des élites traditionnelles et organisées selon des principes hérités des identités et des cultures. En 1945, le cœur du Système n’est plus en France mais dans le monde anglo-saxon.

Une troisième période s’ouvre à partir des années 1990. Les régimes communistes en Europe de l’Est se sont alors tous effondrés. Le Bloc de l’Est n’existe plus. L’URSS elle-même est dissoute (décembre 1991). Le néoconservateur américain Francis Fukuyama décrète la fin de l’Histoire au nom du consensus sur la démocratie libérale. Paul Wolfowitz énonce alors sa célèbre doctrine que l’on peut résumer ainsi : les valeurs du Système et la démocratie de marché, appuyées sur la puissance des Etats-Unis, doivent maintenant s’imposer au monde entier et engendrer un monde unifié sous une gouvernance globale. Autrement dit, le Système mondialiste est persuadé que rien ni personne ne pourra désormais arrêter son irrésistible expansion.

Le véritable choc surviendra en août 2008 : quatrième période. Depuis 1992, la Russie était sous la coupe des libéraux américains, c’est-à-dire du Système, et subissait une « thérapie de choc » sur fond de privatisations et de concentrations des richesses entre les mains de quelques uns. Entre 1990 et 1998, le PIB chute de 45% ! Vladimir Poutine arrive au pouvoir en 2000 et rompt immédiatement avec la « thérapie de choc ». Les médias occidentaux parlent alors de « néo-tsarisme ». Mais la véritable déconvenue surviendra lors de la guerre avec la Géorgie, un pays dont les forces militaires sont formées et armées par les Etats-Unis. Alors que la Russie avait fermé les yeux sur la destruction de la Yougoslavie en 1999, elle réagit vigoureusement à l’invasion de l’Ossétie en 2008. Non seulement la Russie résistera au dispositif de containment qui sera alors mis en place, mais, dans un second temps et sous l’impulsion de Vladimir Poutine, elle désarticulera le dispositif géopolitique du Système. En annexant la Crimée après le coup d’Etat en Ukraine, en bloquant par son intervention en Syrie le processus des révolutions de couleur au Moyen-Orient (« Printemps arabes »), la Russie va renvoyer la doctrine Wolfowitz dans les poubelles de l’Histoire.

La Russie s’est donc levée face au Système générant un vent d’espoir sur toute la planète. Entretemps, la Chine est devenue une puissance économique et militaire majeure avec laquelle il allait falloir compter. Si en 1990, le Système pouvait espérer une fin de l’Histoire à son profit, en 2017 les choses sont donc complètement différentes. C’est une grande désillusion pour l’Etat profond américain et pour l’oligarchie. Certains imaginent une guerre mondiale qui pourrait redonner la main au Système. « Malheureusement », Donald Trump et non Hillary Clinton, vient d’accéder à la présidence.

Ici nous abordons la cinquième et dernière période du Système. En 1990, tout semblait donc promis au Système. En 2015, il apparaissait nettement que la mondialisation et la « gouvernance globale » avaient subi un sérieux coup d’arrêt (principalement grâce à Vladimir Poutine). Aujourd’hui, nous assistons à une remise en cause et à un reflux du Système sur ses « propres terres » : l’Europe et le monde anglo-saxon.

Il faut bien comprendre que le Système est un parasitoïde. Un parasitoïde est un «organisme qui se développe sur ou à l’intérieur d’un autre organisme dit « hôte » mais qui tue inévitablement ce dernier au cours de ce développement ou à la fin de ce développement ». Les peuples et les nations constituent à l’évidence cet « organisme hôte ». Autrement dit, le Système ne peut exister que par les peuples. Soros, les membres du groupe de Bilderberg, les dirigeants de l’Etat profond américain… ne seraient rien sur une île déserte et passeraient sans doute leur temps à se cannibaliser. Les mêmes au milieu d’un peuple se comportent immédiatement comme des parasites entretenant des liens étroits et souvent solidaires. Or tout montre désormais que l’organisme hôte n’est plus aussi passif qu’il l’a été ces dernières années.

Nous assistons en effet à une sorte d’éloignement de plaques tectoniques. Une plaque « populiste » s’est maintenant détachée de la plaque mondialiste. Le Brexit, l’élection de Trump, les forts scores électoraux des mouvements antiSystème… montrent une prise de conscience et une certaine imperméabilité des populations aux discours des médias-Système. L’entreprise d’ingénierie sociale menée par le Système est clairement remise en cause à travers le refus des politiques d’immigration. La notion même de Système est devenue courante et se définie toujours d’un point de vue explicitement antiSystème. En d’autres terme, l’organisme hôte cherche à se détacher du parasitoïde qui le tue.

Devant ce mouvement tectonique, le Système parasitoïde a trois solutions. La première (et la plus probable ?) est le déclenchement d’une guerre, voire d’une guerre civile, qui brise net les reins de la plaque tectonique populiste. La seconde solution consiste au contraire à intégrer la plaque tectonique populiste en attendant des jours meilleurs. La dernière est de laisser faire les choses, de laisser se multiplier les Donald Trump, au risque de se trouver « isolé sur une île déserte », sans organisme hôte à parasiter.

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Or nous observons que les élites-Système commencent à se partager entre la première et la seconde option (la troisième étant bien sûr exclue). L’immense majorité d’entre elles, appuyée sur les médias, les services de renseignements, les fondations, les lobbies, le progressisme sociétal… semble avoir opté pour une lutte dure quitte à risquer la guerre civile à l’intérieur et la guerre mondiale à l’extérieur (appel à la destitution ou à l’assassinat de Trump, menaces de soulèvement des banlieues si Marine Le Pen était élue, provocations envers la Russie ou la Chine…). Mais une minorité semble avoir d’ores et déjà déserté la plaque mondialiste et rejoint la plaque populiste. C’est le cas de Trump bien sûr, qui indubitablement provient du Système, mais aussi d’une grande partie de son entourage : Steven Mnuchin a passé 17 ans chez Goldman Sachs, Rex Tillerson est le PDG d’ExxonMobil, le Général Flynn était un ancien chef (nommé par Obama !) de la Defense Intelligence Agency (DIA)… C’est aussi le cas de personnalité comme Fillon, membre du Siècle qui a commis le crime de lorgner du côté de la Russie, regardée par beaucoup comme le cœur de l’antiSystème. C’est le cas au Royaume-Uni d’une Theresa May, très liée au milieu bancaire, qui devant Goldman Sachss’affirmait contre le Brexit et qui maintenant se prononce pour un « Brexit dur ». C’est le cas en Allemagne de Sigmar Gabriel, Ministre fédéral des Affaires étrangères, qui critique la politique d’immigration de Merkel et appelle à lever les sanctions contre la Russie…

En fait, ces « transfuges » font aujourd’hui ce que les cadres du parti communiste soviétique ont fait hier dès l’amorce de l’effondrement du régime : ils se positionnent favorablement dans le monde qui arrive. Gorbatchev, fossoyeur du régime (le Trump Russe ?), était le Président du Soviet suprême de l’URSS ; Boris Eltsine, fossoyeur de la Russie, était membre du comité central du PCUS ; Tchernomyrdine était à la tête de Gazprom ; Alexandre Lebed était membre du PCUS et général de l’armée soviétique ; l’oligarque Anatoli Tchoubaïs, vice-président du Gouvernement de la Fédération de Russie, était un cadre du PCUS… Combien d’anciens dissidents et de rescapés du goulag parmi eux ? Aucun ! Le nouveau régime a été massivement investi par les cadres et les dirigeants de l’ancien système soviétique.

Il semblerait donc qu’une petite partie des élites-Système a fait, consciemment ou pas, le pari de l’effondrement du Système. Et l’autre partie, pour le moment majoritaire, lui a déclaré une guerre sans merci.

Nous assistons donc à un désordre sans précédent que nous nommons « Grand Désordre Global ». Celui-ci se situe à quatre niveaux :

  • Le Système combat avec acharnement le printemps des peuples. Il est clairement entré dans une logique de guerre civile avec mobilisation des masses non blanches (en France les Banlieues, aux Etats-Unis les Latinos et les Noirs), mobilisation des classes urbaines possédantes (l’extrême gauche, la gauche morale), mobilisation des mouvements sociétaux (LGBT, féministes…) et bien sûr mobilisation des médias.

  • Le Système alimente un dangereux désordre géopolitique (Ukraine, Syrie, mer de Chine…) avec l’espoir de contrarier l’influence des nations positionnées hors Système (notamment la Russie)

  • Le Système mène une guerre interne pour contrer ceux des siens qui s’en écartent, par stratégie ou par conviction, et passent du côté des peuples. Il règne probablement un climat de guerre civile au sein même des cercles les plus influents.

  • Le camp antiSystème est quant à lui parasité par les transfuges venus du Système. Il perd de sa cohérence interne. Par exemple, Trump est accusé de s’entourer de milliardaires, ce qui est vrai. Mais le plus grave est que ceux-ci n’ont absolument pas abandonné leurs préjugés d’autrefois. Leur manière de penser est restée celle des cercles influents du Système. Leur discours sur la Russie, par exemple, reproduit la narrative-Système habituelle ce qui rend illisible la politique étrangère de Trump et fragilise, voire remet en question, son positionnement antiSystème.

En résumé de tout ce qui précède, selon nous :

  • Le Système pensait au début des années 1990 avoir remporté la partie

  • Le réveil de la Russie et son retour sur la scène géopolitique marque un premier coup d’arrêt (d’où cette hostilité viscérale envers la Russie, pays clivant Système et antiSystème)

  • Le printemps des peuples (référendum grec, Brexit, élection de Trump, montée du « populisme »…) entame une phase de repli du Système. Celui-ci est partiellement délégitimé sur ses « terres historiques ».

  • Aujourd’hui, c’est le Système lui-même qui semble se fractionner : faut-il continuer à dissoudre les peuples au risque de manquer le train de l’histoire, ou faut-il feindre de s’adapter aux nouvelles donnes ?

C’est la résistance d’un Système fossilisé qui est cause du chaos que nous observons aujourd’hui et qui va en s’amplifiant. Le Grand Désordre Global est le fait d’un Système dinosaurien qui refuse de s’adapter en se soumettant aux peuples, préférant engendrer dislocation sociale et destruction de la planète plutôt que d’abandonner son projet malsain de domination mondiale.

Antonin Campana

Faisons le vrai bilan de la colonisation

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Faisons le vrai bilan de la colonisation

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com 

Le débat sur la colonisation française en Algérie a été relancée par Emmanuel Macron qui s’est laissé aller à dire qu’elle était un « crime contre l’humanité », suscitant un tollé logique en France en retour. Nombreux ont souligné l’ineptie de cette accusation contre son propre pays par un candidat aux élections présidentielles en visite en Algérie. La preuve même que la colonisation n’est pas terminée, c’est est allé à Alger dans le cadre de sa campagne pour récupérer le vote des binationaux franco-algériens. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, les accords d’Evian, validés en 1962 par le peuple français, n’ont pas réglé la question. Par le biais de l’immigration en provenance des anciennes colonies, elle est revenue sous une autre forme.

La droite et l’extrême-droite ont réagi en évoquant « l’œuvre civilisatrice de la France en Algérie », au lieu de faire le vrai bilan de la colonisation, qui ne justifie ni opprobre ni apologie. Car la France, comme les autres nations colonisatrices d’Europe, a commis une grave faute, une erreur majeure qu’elle a payée cher financièrement à l’époque, et qu’elle paie aujourd’hui aussi.

L’ouvrage de Daniel Lefeuvre (« Pour en finir avec la repentance coloniale ») a été en ce sens salutaire mais n’a pas été compris comme il aurait dû l’être. Bernard Lugan également a fait le bilan financier de la colonisation. On se rend compte ainsi des sommes pharamineuses que la France a dû payer pour construire routes, écoles et hôpitaux en Algérie. Le bilan financier de la colonisation est très déficitaire, ce qui signifie que non seulement la France ne s’est pas enrichie en colonisant l’Afrique, mais qu’elle y a perdu, qu’elle s’est même attachée un boulet économique aux pieds, freinant sa propre croissance économique. Les sommes gaspillées en pure perte au profit de l’illusion coloniale auraient pu et dû être utilisées pour renforcer l’armée et pour améliorer les conditions de vie des Français.

La colonisation fut donc du point de vue de l’intérêt des Français une folie. Elle a créé les conditions favorables à l’immigration post-coloniale comme nous la connaissons aujourd’hui, en créant des ponts entre les deux rives de la Méditerranée, et en perturbant gravement le système démographique de ces pays. En faisant artificiellement baisser drastiquement le taux de mortalité des populations colonisées, alors que l’évolution des mentalités est longue, le taux de natalité continuant d’être très élevé, le colonisateur a créé une dynamique démographique anormale, un désordre qui explique pourquoi, notamment en Afrique subsaharienne, la croissance démographique explose littéralement. Et bien sûr cette explosion démographique a un impact migratoire sur l’Europe.

AFFICHE_2.jpgAlors que la France n’a pas hésité à faire venir des travailleurs nord-africains sur son territoire depuis 1946, et continue de les laisser venir, elle a abandonné les colons français à un sort détestable, qui les a amenés dans des conditions extrêmement douloureuses à regagner la métropole après 1962. Un échange de population aurait au moins été logique mais il n’a pas eu lieu, et si De Gaulle a eu raison de vouloir « lourder » le boulet colonial, il a eu le tort de ne pas rompre radicalement avec les anciennes colonies. Car il fallait une séparation totale, qui n’a pas eu lieu, parce que les gouvernements ont remplacé le colonialisme classique par un néo-colonialisme qu’on appelle Françafrique (ou Commonwealth chez les Britanniques) et par l’immigration, réintroduisant ainsi la « question coloniale » au cœur même de l’ancienne métropole.

Ne pas comprendre qu’il y a un lien entre la colonisation, une décolonisation non aboutie et l’immigration, est une erreur majeure d’analyse et de compréhension. Au contraire, le bilan de la colonisation doit nous amener à condamner l’expérience du point de vue de nos intérêts, au lieu de prétendre avoir fait œuvre utile, et avoir ainsi donné des armes qu’on retourne désormais contre nous. Le cynisme aurait été plus excusable que l’humanitarisme derrière lequel on s’est caché. Il n’y a jamais eu de « fardeau de l’homme blanc » autre qu’imaginaire, aucun « devoir » au sens de Jules Ferry. C’est le Parti Radical qui est le seul responsable, au nom d’une conception universaliste du monde, paravent d’une logique purement affairiste, de la colonisation, donc la « gauche » de l’époque. Les droites n’ont pas à l’assumer ni à en faire l’éloge.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard - février 2017

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Extraits de la revue de presse de Pierre Bérard - février 2017

Au sommaire :

Le texte de Julien Freund « La Thalassopolitique » publié en 1985 par les Éditions du labyrinthe comme postface au « Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale » de son ami Carl Schmitt, ressort sous forme d’article.
 
 
• Un film de Patrick Buisson glorifie le monde ancien de la France paysanne, celle des derniers Gaulois (extraits).
 
 
Le site Metamag publie un court article sur Maslenitsa, la fête russe d’origine païenne qui ponctue le retour du printemps.
 
 
Bérénice Levet répond à Emmanuel Macron, candidat du postnational et de la vie liquide, qui nie l’existence d’une culture et d'un art français.
 
 
• Pour Mathieu Bock-Côté Macron c’est la globalisation heureuse et le gauchisme culturel.
 
 
Boris Le Lay : Macron, les oligarchies financières contre les peuples (vidéo).
 
 
Éric Zemmour dans une récente chronique qualifie Macron de fils adultérin de Madelin et de Cohn-Bendit (vidéo).
 
 
Le livre de Xavier Eman « Une fin du monde sans importance » paru aux Éditions Krisis fait l’objet d’une belle recension sur le blog du Cercle Non Conforme.
 
 
La matinale de radio-libertés du 21 février est animée par Xavier Eman. Celui-ci propose en fin d’émission des modalités d’action « communautaires » à la dissidence.
 
 
À propos des médias russes présentés unilatéralement à l’Ouest comme de dangereux agents d’influence du Kremlin susceptibles de bouleverser les résultats de l’élection présidentielle française, François-Bernard Huyghe décrypte les rouages de la diplomatie d’influence à commencer par celle de Washington autrement plus préoccupante.
 
 

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Entretien avec Ingrid Riocreux paru le 20 février dans Le BSC News Magazine à propos de son livre « La langue des médias. Destruction du langage et fabrication du consentement » paru aux Éditions du Toucan.
 
 
Le brillantissime Charles Robin est l’invité de Bistro Libertés pour son livre «  Itinéraire d’un gauchistes repenti » paru aux éditions Krisis. Malheureusement les débats se noient dans des bavardages inconsistants, aussi sera-t-il plus sage de ne regarder que les vingts premières minutes de la vidéo, celles où l’hôte donne libre cours
à sa compréhension du présent.
 
 
Christopher Gérard a surtout apprécié dans « La Morsure des Dieux », dernier film de Cheyenne-Marie Carron, le portrait d’une paysannerie
acculée au désespoir.
 
 
Anne_Fremaux.pngLa philosophe Anne Frémaux (photo) pose de bonnes questions dans un article publié par le Journal du Mauss. S’interrogeant d’un point de vue de gauche sur les bons usages de l’utopie dans l’anthropocène elle conclue à la nécessité de la décroissance sans s’apercevoir, semble-t-il, que sa démarche ne doit rien à la gauche qui tout au long de son histoire a compris son progressisme comme le déploiement sans fin de l’arraisonnement de la terre et de l’accumulation du capital.
 
 
En France les villes moyennes désertées. En cause le développement exponentiel de leur périphérie. Entretien avec Olivier Razemon auteur du livre « Comment La France a tué ses villes ».
 
 
La revue québécoise Le Harfang a publié un entretien avec Lucien Cerise consacré à l’ingénierie sociale dont il décortique les usages et les finalités.
 
 
Michel Onfray se rapproche de plus en plus des positions de la nouvelle droite canal historique, comme le montrent ses interventions au cours d’une émission avec Zemmour et Naulleau. Vidéo (les 52 premières minutes).
(*note humoristique: ne risque-t-il pas de prendre la place du gourou de cette nouvelle droite canal historique? Une réunion secrète de la Commanderie ne s'impose-t-elle pas? Pour lui jouer un tour de cochon...).
 

Hommage à Pascal Zanon, joyeux compagnon, cœur d’or et fidèle d’entre les fidèles

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Robert Steuckers :

Hommage à Pascal Zanon, joyeux compagnon, cœur d’or et fidèle d’entre les fidèles

J’ai rencontré Pascal Zanon à Bruxelles en juillet 1978, lors du défilé du 21 juillet où la foule était venue acclamer les parachutistes qui avaient sauté sur Kolwezi en mai. Il y avait encore une certaine ferveur politique (et non partisane) à cette époque : étudiants,  en ces jours proches des examens de fin d’année, nous étions attablés aux terrasses de la Place du Luxembourg, quand un crieur de journaux a annoncé que les paras de la Légion avaient sauté et nettoyé la ville minière du Katanga, un rugissement de joie sauvage a secoué la foule, les convives des terrasses comme les centaines d’employés qui se dirigeaient vers la gare en cette fin d’après-midi. Un vrombissement de joie et de colère, atavique et viscéral, que je n’ai plus jamais entendu depuis. Le 21 juillet, journée très ensoleillée cette année-là, je fais donc la connaissance, dans la foule des badauds, de celui que nous appelions « Julius » car c’est sous ce pseudonyme qu’il avait été le caricaturiste et le dessinateur d’Europe-Magazine, revue dirigée par Emile Lecerf, disciple de Montherlant. « Julius » croquait certes quelques figures de la détestable faune politicienne belge mais préférait son strip des aventures de la « P’tite Nem », une jolie et tendre étudiante, et, surtout, ne vivait alors que pour dessiner ses planches historiques, dont sa préférée, m’a-t-il confié, était celle de la bataille de Lépante (1571). L’histoire, tant l’évènementielle   -les nouvelles pédagogies ont essayé de l’éliminer-  que la quotidienne, l’intéressait bien davantage que la politique. Cela ne l’empêchait pas d’être un lecteur particulièrement attentif de toutes sortes de journaux et de revues politiques belges et françaises, dont il me résumait avec précision le contenu lors de chacune de nos rencontres. « Julius » était doté d’une mémoire d’éléphant.

PZ-ba.jpgLe 21 juillet 1978, c’est la volubilité de ce garçon d’origine italienne (au patronyme du Frioul et né d’une mère napolitaine), son accent du terroir bruxellois, son sens de la zwanze, sa bonté qui était immédiatement palpable, son incroyable gentillesse, qui m’ont fait dire tout de suite : « Voilà un excellent camarade ! ». J’ai su qu’il habitait Etterbeek mais ne suis jamais allé chez lui : nous nous rencontrions aux hasards de nos pérégrinations en ville : aux abords des bonnes librairies, dans le quartier de la Grand’Place, aux Puces de la Place du Jeu de Balle. « Julius » était immanquablement accompagné de copains et de copines, parfois très hauts en couleurs. Je me souviens ainsi d’une soirée au magnifique hôtel Métropole, suite à une rencontre dans une librairie toute proche qui n’existe plus aujourd’hui. Ces rencontres fortuites et agréables se sont étalées de 1978 à 1981. Mais la vie quotidienne, le déménagement avec mes parents à Wezembeek-Oppem, les études, les séjours à l’étranger (en Allemagne et en Angleterre) puis mon passage dans le cloaque du sinistre de Benoist à Paris et mon service militaire à Marche-en-Famenne m’ont fait perdre « Julius » de vue. En septembre 1983, je réaménage dans le quartier de la ville, qui, auparavant, avait toujours été le mien. Chez le libraire des lieux, surnommé « Jeremy Puddingtam »,  je tombe quelques années plus tard, en 1986, sur le premier album de la série « Harry Dickson », intitulé La bande de l’araignée. Le dessin me plait, ligne claire oblige. La représentation des véhicules, des bâtiments, des armes et des uniformes est très précise, ce qui fait la qualité d’une bonne bande dessinée depuis les exigences de réalisme d’Hergé et de Jacques Martin. La dernière planche de Coke en stock, album de Tintin que j’ai reçu à l’âge de trois ans et huit mois, m’avait fascinée, enfant, car j’y reconnaissais toutes les voitures qu’on trouvait à l’époque dans les rues de Bruxelles. Dans La bande de l’araignée (BA) et dans sa suite immédiate, Les spectres bourreaux (SB), cette volonté de reproduire avec la plus grande exactitude possible le réel est manifeste : comment ne pas être séduit par le premier dessin de Londres sous la brume, par le laitier anglais et le vendeur de journaux (p. 6), par l’immeuble de Scotland Yard (p. 14), par la voiture noire qui fonce sous un ciel d’automne tourmenté (p. 19), par les avions, par la calendre de la Peugeot (p. 25), par la Bugatti qui prend de l’essence sous la neige des Alpes (p. 30) ? Dans Les spectres bourreaux, album de 1988, le style s’est affirmé : splendides dessins que ce décollage d’appareils SIAI Marchetti (p. 4), que l’émergence hors des flots de l’U47 (p. 9), que les combats de la page 10, que le manoir anglais de la page 15, que l’avion au repos à Croydon (p. 17), que les commandos de marine anglais en fin d’album, etc. « Julius » était capable de donner du mouvement à ses dessins comme l’atteste de manière exemplaire la voiture noire d’Harry Dickson, fonçant à toute allure dans les rues de Londres (SB, p. 14).

PZ-HD.jpgEt surprise, après l’achat de ces deux albums, sans m’être rappelé que le prénom et le patronyme de « Julius » étaient Pascal et Zanon, au détour d’une rue de mon quartier, coucou, qui voilà qui déboule, comme le Général Alcazar au début de Coke en stock ? « Julius » ! Avec son intarissable volubilité habituelle, il me raconte ce qu’il est devenu : auteur de bande dessinée ! Le dessinateur d’Harry Dickson ! Son éditeur, Christian Vanderhaeghe, par ailleurs scénariste des albums, possède un hôtel de maître cossu dans le quartier. « Julius » en occupe le « basement » qui lui sert de studio.  Il m’emmène dans cette véritable caverne d’Ali Baba. Dans le fond, un matelas sommaire pour ses siestes et pour les soirs où il ratait le dernier tram vers Etterbeek. Des monceaux de livres avec des photos d’époque prises dans les sites que devait visiter  le héros Harry Dickson, au fil de ses aventures, pour que tout soit reproduit le plus fidèlement possible. Des livres avec des croquis militaires, des photos de matériels en action. Une maquette de tous les avions reproduits dans les albums. Une miniature de chaque voiture, au moins à l’échelle 1/43ème. Tout cela témoignait, sous mes yeux admiratifs, d’une volonté de pousser encore plus loin le réalisme voulu par Hergé et par Jacques Martin. Ce réalisme apparaît époustouflant dès le troisième album, Les trois cercles de l’épouvante (3CE, 1990), dont l’action se déroule surtout en Chine. « Julius » a été capable de reproduire bâtiments, véhicules, trains, bateaux, de la Chine des années 1930, avec le talent d’un maître avéré.

« Julius » devient une figure du quartier, fréquentant principalement le salon d’un glacier à barbe blonde, devenu témoin de Jéhovah, un des rares Belges à exercer ce métier artisanal dans le quartier car c’est l’apanage des Italiens. Il faut dire que « Julius » était un solide amateur de sucreries. Une boulimie insatiable ! Qui lui avait fait prendre des dizaines de kilos depuis notre première rencontre. Si je me contentais d’un café ou de deux boules à la vanille chez le glacier « jéhoviste », « Julius », invariablement, absorbait une plantureuse « coupe américaine », soit neuf boules de neuf parfums différents ! Et il n’était pas rare qu’il traversait la chaussée pour s’acheter un grand gâteau à la pâtisserie « Deneubourg-Baudet » qu’il allait dévorer tout entier en cachette dans sa caverne !

Après la parution des Trois cercles de l’épouvante, « Julius » quitte le quartier pour retourner à Etterbeek, à un jet de pierre de la station de métro Thiéffry. Nous nous rencontrons alors dans un café situé en un endroit hautement stratégique : en face, tout à la fois, d’un grand magasin de maquettes (Tamiya et autres), baptisé le « 16ème Escadron », et de la grande librairie de l’Escadron, spécialisée en livres d’histoire, d’histoire militaire et en opuscules sur tous les matériels existants et ayant existé, le tout en sept ou huit langues (polonais et russe compris). « Julius » et Vanderhaeghe sont évidemment des clients assidus de cette librairie, dont je deviendrai aussi un client fidèle, bien que moins fréquent. Et Vanderhaeghe se fournit en maquettes au « 16ème », pour donner aux albums la plus grande exactitude possible.

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« Julius » était tout seul dans son studio. Il n’avait pas une équipe d’adjoints autour de lui, comme Hergé ou Martin. C’est là qu’il faut saluer, humblement, sa puissance d’artiste : il faisait tout, absolument tout. Chaque détail des albums a été créé de sa main propre : on imagine le boulot, le temps investi, pour réaliser des planches comme celle de la page 21, dans Le royaume introuvable, où Harry Dickson va rencontrer son ennemi Georgette Cuvelier, sur la passerelle face au Quai de Valmy à Paris. Il faudra attendre le neuvième album, Les gardiens du gouffre, pour que Philippe Chapelle vienne apporter son excellente contribution, avant de prendre le relais de « Julius », dont la vue se troublait dangereusement à cause de la progression insidieuse de son diabète (rançon cruelle des « coupes américaines » et des gâteaux de Deneubourg-Baudet !). Dans cet album réalisé en duo, en trio avec Vanderhaeghe, il faut admirer une planche, celle où l’hydravion d’Harry Dickson survole la cité inca de Machu Picchu puis « une vallée encaissée de l’altiplano ». 

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Les conversations qui se déroulaient au café en face de la librairie de l’Escadron et du « 16ème Escadron » tournaient autour de la vie politique du royaume, de l’Europe et du monde, de l’évocation des amis actuels, anciens ou disparus mais je retiendrai surtout celles qui touchaient à l’histoire de la bande dessinée, au rôle et à la fonction de ce 9ème art, aux rencontres dans cet univers que « Julius » faisait, notamment suite aux festivals de la bande dessinée à Angoulême, où il s’était rendu assez souvent.

 « Julius » s’inscrivait, cela va sans dire, dans la tradition de la bande dessinée bruxelloise dite de la « ligne claire », inaugurée en son temps par Hergé. A cette ligne claire, il fallait ajouter un hyper-réalisme dans les décors. Aucun objet, bâtiment, véhicule ne pouvait être fictif, inventé au pied levé, et surtout anachronique. Comme j’avais pu le constater lors de ma visite de sa cave après notre première rencontre, chaque planche des aventures d’Harry Dickson est inspirée d’une photo d’époque, chaque véhicule ou aéronef est dessiné d’après maquette ou photo ou planche-profil : j’avais même un jour été avec Vanderhaeghe glaner dans une librairie de la Chaussée d’Alsemberg des ouvrages de photographies sur des villes européennes, Moscou, Saint-Pétersbourg et Istanbul, si je me souviens bien. Les scènes chinoises dans Les trois cercles de l’épouvante attestent tout particulièrement de cette infinie minutie, de ce souci maniaque de la documentation.  Jacques Martin tentait toujours de faire de même pour l’antiquité. Par ailleurs, ses excellents albums sur les costumes de l’antiquité, sur les villes des mondes grec et romain, dans la collection « les voyages d’Alix », puis du moyen-âge avec « les voyages de Jhen » et de l’époque contemporaine avec les « voyages de Lefranc », constituent un travail parallèle et utile, une poursuite de l’œuvre du maître discret tout à la fois de Goscinny pour Astérix et de Martin pour Alix, je veux parler de Jérôme Carcopino, auteur célèbre auprès des latinistes pour sa Vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire. « Julius » m’expliquait qu’il devait sa formation de dessinateur à Jacques Martin, à qui il vouait une profonde reconnaissance : c’était l’inventeur d’Alix, Lefranc et Jhen (Xan) qui lui avait prodigué les conseils qui comptent. « Julius » me disait assez souvent qu’il avait envie de réaliser des albums historiques, des récits de bataille comme Gettysburg ou surtout Lépante car il était fasciné par le rôle des galéasses vénitiennes dans cet affrontement naval du 16ème siècle. Il m’avait réitéré ce désir juste après que j’eus rédigé un long essai sur cette bataille et ses préliminaires récapitulant toute la confrontation euro-turque depuis le choc Manzikert en 1071, qui avait ébranlé dangereusement l’Empire byzantin. Dans les pages des derniers numéros de l’Europe Magazine d’Emile Lecerf, « Julius » avait commencé à croquer des épisodes de l’histoire, avec le désir (jamais réalisé) de renouer avec une tradition du journal de Spirou : les pages didactiques et historiques de l’Oncle Paul : cette chronique s’était étalée de 1951 aux années 1970. L’Oncle Paul a ainsi raconté plus d’un millier d’histoires à ses jeunes lecteurs (dont nous fumes tous, bien entendu). « Julius » avait la culture historique requise pour reprendre une chronique de ce genre.

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Pour « Julius », qui s’avérait véritable théoricien de sa profession dans les conversations qu’il tenait à Etterbeek ou ailleurs, à Saint-Gilles ou à Forest, la fonction du dessinateur de bandes dessinées était de reprendre la tradition des illustrateurs, métier qui avait progressivement disparu avec l’invention, la généralisation et le perfectionnement de la photographie. Il évoquait les pages de L’Illustration, célèbre publication française, qui avait encore recours, avant 1940, à de géniaux illustrateurs pour compenser le manque de photographies. Malheureusement, jamais il ne couchera sa vision du métier sur le papier et jamais il ne donnera le long entretien qu’il s’était promis de me donner. J’essaie ici, vaille que vaille, de reconstituer le fil de sa pensée en la matière. Discret, « Julius » ne révélait rien de compromettant, de désagréable ou de grotesque sur les collègues qu’il rencontrait à Angoulême ou à d’autres festivals. Simplement, il évoquait sa rencontre avec la coloriste d’Hergé, France Ferrari, décédée en 2005, dont il avait recueilli les confidences, peu amènes à l’égard de l’héritière Fanny Vlamynck. « Julius » refusait de révéler ces propos car il estimait que les diverses polémiques contre le nouveau couple Vlamynck/Rodwell de l’entreprise « Moulinsart » et du Musée Hergé n’étaient pas toujours de mise et que son projet de conserver la pureté de l’héritage hergéen, de le soustraire à tous mauvais pastiches ou à toute exploitation de piètre qualité était juste. Il n’y avait donc pas lieu d’ajouter une louche, pensaient « Julius » et Vanderhaeghe. On déplorera simplement que cette vigilance est quelquefois excessive, surtout contre des initiatives qui ont, elles aussi, le souci de maintenir un « hergéisme pur » : je pense aux Amis d’Hergé et au sculpteur Aroutcheff. Le hergéisme pur (où le mot « pur » n’est pas innocent ici !) est incompatible avec la mentalité marchande anglo-saxonne : c’est comme si Rastapopoulos avait emménagé à Moulinsart ! Impensable !

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« Julius » se foutait royalement des conventions sociales de l’Etat-Providence. Travaillant lentement, non par paresse comme pourraient le dire de méchantes langues, mais parce qu’il bossait seul, tout seul ; il ne gagnait guère sa croûte, les albums ne paraissant pas à intervalles suffisamment rapides. Jamais, il n’a payé un sou à une caisse de sécurité sociale, une de ces pompes à fric qui bouffent nos héritages et nos rentes pour engraisser des parasites politiciens et apparentés. « Julius » préférait donner ses maigres sous à des libraires, à des glaciers ou à des pâtissiers. Juste vision des choses : un livre, un gâteau, une glace, c’est du concret. Un jour, quand je fis un procès à ma caisse de sécurité sociale parce qu’elle me réclamait des cotisations indues, suite à un changement de statut, j’entendis, dans la salle du tribunal du travail, que l’on citait le nom de notre « Julius », lequel était évidemment absent ; il avait « envoyer son chat » comme on dit en Flandre. La caisse « Partena » le harcelait, lui envoyait des huissiers, retardait la parution des albums. Le convoquait au tribunal. L’avocat qui le persécutait et celui qui, minable mercenaire, devait défendre sa boite de voyous contre moi, était le même. Le juge s’est fichu de lui, l’a engueulé. Penaude, cette larve infecte, à tronche molle de gamin gâté, est venue gémir dans mon gilet : mon cas étant réglé, j’ai pris la défense de « Julius » et menacé de lancer une pétition contre sa crapule de mandante et contre sa clique d’avocaillons qui avaient l’outrecuidance de poursuivre un des plus grands artistes de la « ligne claire » pour quelques misérables deniers à jeter dans le tonneau des Danaïdes du machin Partena. J’ai rompu une lance, non pas pour « Julius » seul mais pour l’art en général, pour les artistes, contre la vermine avocassière, mutuelliste et politicienne. De toutes les façons, la gesticulation de Partena et de ses vils mercenaires n’a servi à rien. « Julius » a poursuivi sa trajectoire, en sifflotant et en ne payant jamais un penny. On l’a toujours soigné pour rien. Il a l’aura de l’artiste, les autres, la marque de Caïn que portent tous les méchants imbéciles. Le monde des artistes est lumineux, comme le cœur et la voix de « Julius ». Le monde des juristes et des mutuellistes est sombre comme un cloaque, comme une géhenne pestilentielle. Cet incident démontre que le système occidental, libéral en son essence et adepte de l’ingénierie sociale pour corriger ses effets les plus désastreux, est mis en place pour annuler l’indépendance des citoyens et surtout leur voler leur temps métaphysique, le temps de la réflexion, de l’introspection réparatrice et de la création artistique. Certains futuristes italiens, et aussi Gabriele d’Annunzio (qui n’était pas des leurs), parlaient de la nécessité d’établir une « artecrazia » contre tout le bric-à-brac politicien où l’homme était traité avec condescendance et mépris comme un « pauvre » ou comme un être imparfait à corriger, à formater pour lui enlever ses tendances soi-disant violentes mais aussi sa propension irrationnelle à créer de la beauté visuelle ou sonore (le thème d’ Orange mécanique d’Anthony Burgess). Violence répréhensible et création artistique sont mises sur un même pied par la vermine du système : « Julius » devait donc, parce que créatif, être pressé comme un citron, ruiné, jeté dans la misère mais, dixit Partena, c’était pour son bien, pour sa sécurité sociale.

PZ-ELV.gifDans la foulée des conversations éparses que nous tenions à intervalles irréguliers, Vanderhaeghe me demande en 1997 de faire traduire en néerlandais L’étrange lueur verte. L’ami MvD s’y attèle. Je lui file un coup de main. Il le fallait bien. Imaginez comment traduire la prose lyrique de Vanderhaeghe : « Les langueurs océanes d’Atlantic City sont brutalement balayées par le rugissement de deux bolides teintés d’or et de sang ». Ou encore : « Dans un grondement de tonnerre, un lingot de métal affilé comme une lame surgit de l’ombre du box voisin ». Pire : « Foudroyée, la Daimler-Benz décolle de sa trajectoire irradiant une étincelante lueur verte ». « Mais telle une météorite traversant l’éther, le bolide argenté plonge irrémédiablement vers l’enfer ! ». « Une coulée d’or embrase les murailles du Nouveau Monde inconscient de la menace qui fond sur lui ». En plus, Max, le complice de Georgette Cuvelier , s’exprime en un argot de truand marseillais, repris des romans policiers de Léo Malet, ancien anarchiste et surréaliste mais néanmoins traité de « xénophobe » à la fin de sa vie. La boucle était bouclée : le « lyrisme » de Vanderhaeghe faisait penser à certaines phrases du Cœur aventureux d’Ernst Jünger ; avec l’argot du surréaliste Malet, on était en plein dans un drôle de bain,  on pouvait « numéroter nos abattis ». Le pauvre MvD et le pauvre de moi ont dû mettre cela en néerlandais : les tournures trop flamandes ont déplu aux critiques hollandais ; les tournures hollandaises, injectées à dessein par MvD, ont déplu aux critiques flamands : vieille histoire qui avait déjà cassé la tête de Willy Vandersteen qui, longtemps, avait dû publier deux éditions de ses aventures de Bob et Bobette. Une pour les Pays-Bas, une autre pour la Flandre. « Julius », lui, était heureux : il avait pu, dans L’étrange lueur verte, dessiner de splendides voitures de course, des autos de la police américaine, des Boeing F-48, un char T3, des camions de pompiers new-yorkais et surtout deux appareils futuristes dont l’aile bleue de Georgette Cuvelier qui vaut bien l’aile rouge d’Olrik dans les aventures de Blake et Mortimer. Les dessins illustrant le combat entre l’appareil de Georgette et celui , tout jaune, d’Harry Dickson sont époustouflants. Du bel art.

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Mes dernières rencontres avec « Julius » ont eu lieu à la librairie de l’Escadron. La cécité le menaçait, rendant pénible le métier de dessinateur. Le diabète faisait des ravages. Notre ami le Dr. Berens, dit le « Doc », avait prescrit une solide cure d’amaigrissement, l’avait exhorté à abandonner la consommation frénétique de gâteaux et autres sucreries. Les séjours à l’hôpital se succédaient. Mais rien n’abattait son insouciance. La famille Mosbeux, qui tenait la librairie de l’Escadron, avait pris « Julius » sous sa protection. Un repas chaud l’attendait souvent à la librairie, en fin d’après-midi, entre 17 h 30 et 18 h, confectionné avec tendresse et chaleur par Madame Mosbeux. Sa logeuse, Mme Podevin, avait toutes les indulgences pour lui, même si elle rouspétait parfois (à juste titre !). Vanderhaeghe était le bon Samaritain qui bougonnait mais qui avait une patience qui confinait à la sainteté. Douloureusement affecté par ces maux lancinants, « Julius » gardait intact son cœur d’or, son cœur d’enfant : il était toujours bouleversé quand un ami avait quelque ennui de santé, souvent bien moins grave que les siens. La dernière rencontre à l’Escadron ne laissait rien augurer de bon. « Julius » racontait des plaisanteries, était égal à lui-même, mais son état général avait empiré de façon inquiétante.

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Fin 2016, lors d’une visite de routine chez le médecin, celui-ci décèle l’imminence d’une rupture d’anévrisme, toujours fatale et de façon foudroyante. Réaction de « Julius » : « Bigre, je vais convoquer tous mes amis pour leur dire un dernier adieu » ! On le convainc de tenter l’opération. Elle réussit. Mais il y a des séquelles. Il part en revalidation. Il chope un début de pneumonie. Il meurt le 17 janvier 2017. Seul. Absolument seul. La clinique n’avertit personne. Le dernier héritier de la « ligne claire » est enterré à la va-vite, dans un cercueil « made in China », fourni par l’assistance publique. Une fin comme Mozart.

Nous avons perdu un excellent camarade. Nous n’en retrouverons jamais plus un pareil. Il est allé rejoindre l’ami Yves Debay qu’il admirait tant.

Robert Steuckers,

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samedi, 25 février 2017

JEAN-CLAUDE VALLA PRÉSENT !

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JEAN-CLAUDE VALLA PRÉSENT !

par Pierre Vial

Ex: http://www.terreetpeuple.com 

Ce soir j’allumerai sur la tour de Jul la bougie rouge qui est le signe qu’un Ami est parti avec les Oies Sauvages un 25 février.

Jean-Claude Valla était le meilleur d’entre nous. Je le revois, à l’entrée du restaurant universitaire de Lyon, distribuant les tracts de la Fédération des Etudiants Nationalistes, un sourire moqueur aux lèvres alors qu’une horde de gauchos hurlait autour de nous… sans trop s’approcher quand même car nous n’avions pas la réputation d’être des adeptes de la non-violence. Nous avions fait connaissance, quelques mois auparavant, alors que j’étais venu distribuer avec deux camarades les tracts de la FEN à la sortie du lycée du Parc de Lyon, où j’avais appartenu l’année précédente à la Corniche (classe préparatoire au concours d’entrée à l’Ecole de Saint-Cyr). Ce jour-là, la disproportion numérique entre nous et les gauchos était telle que nous n’avions pas beaucoup d’illusion sur l’issue de l’affrontement. Quand un grand gaillard est venu, sans un mot, se ranger à nos côtés. Avec une belle allonge si bien que les gauchos ont préféré aller voir ailleurs. C’est ainsi que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon meilleur ami.

Jean-Claude a été de tous nos combats et toujours en première ligne. Quand nous fumes quelques-uns à créer le GRECE il en devint rapidement et tout naturellement le secrétaire général et lui donna un élan vigoureux. Je suis fier de lui avoir succédé à ce poste. Puis Jean-Claude se révéla un journaliste de grand talent et il accumula dans ce métier de hautes responsabilités. Il fit du Figaro-Magazine un hebdo passionnant, riche et inventif – mais surtout une véritable arme de combat métapolitique. Et Le Choc du mois a laissé aussi de beaux souvenirs à ceux qui firent partie de l’aventure.

Passionné d’Histoire, Jean-Claude donna le meilleur de lui-même, alors même qu’une terrible maladie était déjà à l’œuvre, pour rédiger « Les Cahiers Libres d’Histoire », où son culte de la vérité historique l’amena à dévoiler bien des aspects occultés de l’histoire contemporaine (entre autres, « L’extrême droite dans la Résistance » et « Ces Juifs de France qui ont collaboré » ont fait grincer bien des dents…).

Dès la naissance de Terre et Peuple Jean-Claude Valla m’avait apporté son soutien et sa participation à nos activités, comme les Journées du Soleil en Provence, ont laissé de grands souvenirs à ceux qui étaient là.

Quand j’ai certaines décisions importantes à prendre, je sais que Jean-Claude est là, à mes côtés. Et cela m’aide, beaucoup, à continuer la route. Au bout, je sais qu’il m’attend.

                                                                                     Pierre VIAL

Païen et chrétien

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Païen et chrétien

Ex: http://ab2t.blogspot.com 

Un film par an sans subvention d’Etat, sur les sujets les plus difficiles. Une telle fécondité est exceptionnelle. Une telle habileté pour se contenter de budgets microscopiques et faire au mieux avec, cela relève du miracle. Quel miracle ? Celui d’une volonté en acte, qui se sait mystérieusement plus forte que tous les obstacles. Voilà Cheyenne-Marie Carron, une réalisatrice atypique, qui nous offre un monde dans chaque film, avec une générosité sans cesse renouvelée, une sorte de jubilation créatrice, qui dépasse les scénarios attendus et nous propose hardiment une vérité cachée, une vérité à laquelle nous n’avions pas osé penser. C’est l’Apôtre, ce musulman qui se convertit au christianisme parce qu’il a compris la Paternité de Dieu. C’est Patries, avec ce jeune Camerounais qui ayant appris beaucoup de choses en France, ne se satisfait pas de la vie médiocre qu’offre la Banlieue et envisage de revenir au Pays comme entrepreneur. C’est La chute des hommes, dans lequel Cheyenne montre des djihadistes au désert, qui exécutent des otages et se battent entre eux pour la gloire d’Allah ; et puis l’un d’eux qui, devant l’horreur, retrouve sa foi chrétienne, au milieu des cadavres, non pas malgré ce qu’il a fait mais à cause de la brutalité d’un engagement, qu’il finira par renier.

Et voici en 2017 La morsure des dieux. Nous ne sommes plus au Désert, mais en plein Pays Basque, cette terre de caractère, dans laquelle les dieux des morts continuent leur sarabande à l’insu de la plupart des vivants, qui ne veulent rien entendre. Il y a bien – on les aperçoit dans le film – quelques hommes-brebis qui continuent à danser, mais ces démonstrations relèverait du pur folklore si certains êtres ne continuaient pas à vibrer à l’intime d’eux-mêmes pour le vieux Pays, qui persiste dans sa vie cachée tant que certains de ses rejetons perçoivent sa musique, et mettent leur musique intérieure au diapason des Tradition du monde dont ils sont issus. 

En regardant ce film, j’ai pensé au très beau roman d’Eugène Green, La bataille de Roncevaux, qui met en scène, lui aussi, ce pays qui refuse de mourir. Pour tenter de découvrir l’énigme qui constitue le Pays basque, Eugène Green a écrit une sorte de roman policier. Ne s’agit-il pas d’un secret à trouver ? Le genre « policier » semble éminemment adapté pour poser cette énigme. Cheyenne Carron a fait l’option inverse. Rien à voir avec un roman policier ! Cette énigme est déjà donnée, comme l’énigme antique proposée par la Sphinge de Thèbes, la solution est dans la question qu’il suffit de bien lire, de bien voir. Elle est à portée de main ? Disons à portée d’objectif. Ce que propose la réalisatrice, à l’inverse d’Eugène Green, ce n’est pas un secret caché. Il suffit de percer la magie des images : que nous acceptions de voir ce que l’on ne sait que regarder… La beauté des images, dans ce film, invite avant tout à abandonner le Moi, pour une vérité hors de moi, une vérité qui n’est pas cachée mais trop apparente, trop offerte pour être vue, vérité dans laquelle Sébastien s’est cherché et croit s’être trouvé ; vérité dans laquelle Juliette est déjà de plain-pied, vérité cosmique, essentiellement féminine, vérité qu’il ne faut pas chercher si l’on veut la trouver, car elle est toujours déjà là.

Sébastien, ce jeune agriculteur, qui a repris des terres ancestrales pour y élever des chèvres, a compris la beauté de cette quête païenne de l’Origine du monde. Mais c’est un homme, il lui faut intellectualiser sa recherche. Il s’est donc constitué un petit autel, avec Cernunos, le dieu Cerf et Mari, la déesse mère vénérée par les Basques. Il connaît le chemin de la source sacrée, qui guérit ceux qui y ont recours. Il prie à l’Eglise aussi, où il retrouve l’ombre de sa mère. Il lui arrive de lire, Henry Miller : il s’identifie à la quête hellénique de l’auteur du Colosse de Maroussi. Mais surtout il milite et tente de constituer, avec les paysans, une Amap, qui soit comme un clan des paysans et leur permette d’échapper aux tarifs léonins pratiqués par le Supermarché voisin. Si la terre se meurt, il est en quelque sorte payé pour le savoir, c’est avant tout parce qu’elle ne permet plus aux hommes qui la cultivent d’en vivre, ou plutôt parce que le Système financier, qui broie les hommes faibles, quelque bienveillants qu’ils soient, ne permet plus une commercialisation normale de ses produits.

Quant à Juliette, elle a compris qu’elle était sa parèdre, que telle était sa place ou son destin, que l’Ordre cosmique ou le Fatum en avait décidé ainsi. Sans doute émue par la pureté de Sébastien, de son enthousiasme et de son engagement, elle choisit d’être à ses côtés, avec une tranquille assurance, sans se laisser impressionner plus que cela par les rebuffades qu’elle subit d’abord, avec, je dirais cette infaillibilité qui caractérise la femme amoureuse. La croix qu’elle arbore tranquillement sur sa poitrine ne laisse aucun doute : elle est chrétienne. Apparemment donc, elle vit à des années lumières de Sébastien, qui se met en tête de l’initier aux Puissances de la nature qu’il révère. Drôle d’entrée en matière ! Elle se laisse faire, souriante, mais au fond n’est-ce pas elle, n’est-ce pas son amour si supérieur à toutes les amourettes de rencontre, programmées sur Internet, n’est-ce pas sa sérénité tranquille qui leur permettra, à tous deux, de communier avec le cosmos ?

Sébastien est inquiet, mental et militant. Au fond il n’a pas trouvé, parce qu’il n’a pas vu, pas encore, que Juliette est tout ce qu’il cherche, et que son christianisme semble la renforcer encore dans son éloquence muette, en l’ancrant inconditionnellement dans l’Amour, comme elle le lui expliquera.

Cette histoire d’amour entre Juliette et Sébastien aurait pu être une pochade. En réalité, c’est une sorte de parabole, qui permet de comprendre les rapports entre le paganisme et le christianisme, rapports que d’aucuns dans les années 70 avaient voulu rendre conflictuels, en les badigeonnant d’un nietzschéisme de bazar, rapports que Cheyenne Carron pressent comme absolument complémentaires, et je dois dire que sur ce point je ne saurais lui donner tort. Il y a une étroite symbiose, mais elle est à redécouvrir aujourd’hui, entre l’arbre de la nature et l’arbre de la grâce, comme parle Péguy. Quand l’arbre de la grâce est raciné profond » il est plein d’une sève naturelle, qui le fait vivre.  A ce moment, on peut dire avec saint Thomas d’Aquin que « la grâce agit selon le mode de la nature ». 

Je ne veux pas transformer cette critique agréable en un article de théologie, mais il faudra le faire, cet article, et y venir : l’actuelle faiblesse du christianisme en Europe n’a-t-elle pas son origine dans le divorce entre la nature et la grâce, opéré fort légèrement par de soi-disant spécialistes de la Pastorale, soucieux de faire des petits chrétiens propres sur eux, comme on fait les cornichons : en bocaux ? Marcel De Corte, Gustave Thibon, Charles Péguy, Gilbert Keith Chesterton l’ont pensé très fort… Cheyenne-Marie Carron nous le montre en images. Son héros, Sébastien, part en moto à travers l’Europe pour digérer son échec. Mais il sait bien que son équilibre, il le retrouvera, pour l’épouser lui-même, dans ce que j’aimerais appeler le catholicisme médiéval de Juliette.

www.cheyennecarron.com

vendredi, 24 février 2017

Michel Clouscard

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MICHEL CLOUSCARD

Filosofo, sociologo e professore universitario francese, Michel Clouscard (1928-2009) fu sempre escluso dal circo mediatico. Tra i pochi interventi che fece in televisione accusò a più riprese i suoi interlocutori di aggirare, con arte retorica e sofistica, le contraddizioni da lui messe in evidenza . Il filosofo, dice Clouscard riprendendo Platone, non può partecipare alla messa televisiva, non può dialogare con il sofista, pena il risultarne sconfitto. Il pensiero di Clouscard segue l'organicità che lui stesso ha intravisto tra Rousseau, Hegel e Marx, e si riallaccia, per la critica al fenomeno sessantottino e al liberalismo libertario, alle riflessioni di Pier Paolo Pasolini e di Costanzo Preve
 
di Lorenzo Vitelli 
Ex: http://www.linttellettualedissidente.it 
 
Pur essendo ignorato, snobbato, ingiuriosamente e contraddittoriamente categorizzato come marxista stalinista e fascista, Clouscard rimane un autore fondamentale, misconosciuto in Francia e ancora non tradotto in Italia, che ha tracciato una genealogia del Capitalismo e delle sue metamorfosi, superando i limiti della critica marxiana che non aveva potuto prevedere il passaggio dall’industria pesante all’industria leggera. Una trasformazione a cui seguirono importanti conseguenze politico-sociali, tra cui la commercializzazione, all’interno della società civile, di gadget e di oggetti ludici (flipper, poster, juke-box) che crearono l’ideologia del frivolo e il consumismo. Di fatto Clouscard ravvisa in questo passaggio fondamentale, tutt’oggi poco evidenziato, la metamorfosi di un Capitalismo che da oppressivo si rese permissivo in luogo di consumo. La seconda guerra mondiale fu invero un conflitto che risultò proprio dalla crisi del modello capitalistico liberale ottocentesco, a cui si contrapposero i movimenti di massa e i governi autoritari della prima metà del Novecento. Il Capitale, dopo il 1945, necessitava in questo senso di una svolta per garantire la sua salvezza. Questa svolta doveva risolversi soprattutto in ambito culturale, doveva creare una nuova ideologia. Il culmine di questo momento fu il maggio del 1968. Nacque in quegli anni la nuova morale permissiva attraverso la quale si crearono una serie di nuovi mercati in cui il capitalismo poteva vivificare la sua oppressione. Si colonizzò l’immaginario collettivo attraverso l’evasione, il desiderio, il piacere ed il sogno, per canalizzarne le energie all’interno del Mercato.

MC-praxis1.jpgIl liberalismo esigé, oltre che di una deregolamentazione sul piano economico, anche di una deregolamentazione della morale, poiché qualsivoglia regola poteva rappresentare un freno alla potenziale creazione di nuovi mercati, tra cui quelli più fruttuosi (alcool, droghe, sesso, violenza, gioco). Il costo sociale di una tale liberalizzazione della morale è troppo alto secondo Clouscard, che propone in proposito una morale socialista responsabilizzante rappresentata da un terzo organo, dopo i tre teorizzati da Montesquieu, ovvero un Parlamento del lavoratore collettivo, dove si discuta la necessita di un equilibrio tra produzione e consumo.

Ma ritornando sul piano storico, la creazione della società dei consumi, cifra del Capitalismo liberal-libertario, si creò grazie a quello che Clouscard definisce “potlatch di una parte del plus valore”. Vi fu, grazie all’intrusione del piano Marshall in Europa, il passaggio da un’economia della miseria e della rarità, ovvero della mancanza, ad un’economia dell’abbondanza. Questo processo creò un fenomeno radicalmente nuovo secondo il filosofo: l’immanenza dell’economico nel culturale. La cultura divenne espressione dei bisogni ideologici del Mercato. Nelle società tradizionali questi concetti mantenevano una considerevole distanza e una forte autonomia. La cessione di questo surplus introdusse una nuova dialettica padre-figlio. Da un lato viene concessa al padre borghese e produttore una parte del plusvalore in forma di aumento del salario (siamo nel periodo delle trente glorieuses in Francia, e del miracolo italiano), e viene concessa al figlio sotto forma di vestiario, oggetti, svaghi e gadget, e ha una funzione economica precisa, l’incoraggiamento all’acquisto, è un surplus ludico. Da un lato il pane, dall’altro i giochi. Il figlio quindi, in contrapposizione formale al padre borghese, non “ha”, e pretende uscire dalla dimensione del denaro, dal potere tradizionale della borghesia contro cui protesterà, sempre formalmente, a partire dal Maggio 68′. Il figlio si pone come totalmente al di fuori dall’oppressione in luogo di produzione, ma risponde alla sola gratuità dell’uso e del consumo. Se le società tradizionali erano oppressive, nel senso in cui dovevano sottomettere il principio di piacere al principio di realtà, il neo-capitalismo dovette creare un’educazione al consumo, allo spreco, all’uso, un’attitudine che proni la piena espressione di questo principio di piacere. Il Capitalismo si rinnova perciò in una nuova fase, quella del gioire senza l’avere, dell’usare e della simbologia che si cela dietro questo uso, che non è mai un possesso, che è sempre un consumo, uno spreco di una parte del plus valore. L’apprendimento della vita non è più apprendimento del produrre, o del mestiere, ma dello sprecare, dell’usare seguendo la giusta simbologia. Questo uso si è reso accessibile grazie alla tecnologia della società industriale leggera e avanzata. Basta premere su un bottone e parte il juke-box, il flipper. Come suggerisce lo stesso Weber, si percepisce solo il risultato del processo di produzione, senza una vera conoscenza delle cause né dei fini. L’unico fine è quello di rigiocare, di riprodurre, di ripetere il gioco, di verificare l’ordine costituito senza una finalità. E’ il contrario stesso del lavoro, sempre finalizzato a qualcosa di nuovo. Tuttavia, una volta finita l’adolescenza, integrato il figlio nel mondo del lavoro, il luogo di produzione rimarrà oppressivo, per garantire la permissività centuplicata in luogo di consumo. Ora il figlio può consumare solo se si sottomette producendo. Questa è la vera innovazione del Capitalismo, cui non interessa più l’avere per l’avere (la concezione protestante del mondo) ma l’avere per l’usare, per consumare. Questa pratica alto-borghese, perché concessa solo ad un’élite della consumazione (i figli borghesi sessantottini), economicamente in grado di sprecare, consumare, buttare, rompere, è divenuta in seguito la pratica di una classe, poi l’ideologia di una generazione e oggi dell’intera società dei consumi.

Clouscard, tuttavia, si smarca dal facilismo di Marcuse che considerò la classe operaia integrata alla società dei consumi nel momento in cui svendette gli ideali rivoluzionari marxisti per il frigorifero e l’automobile. In questo senso lo stesso Marcuse occulterà quella lotta di classe che Clouscard mette in evidenza anche all’interno della società postmoderna. Dietro l’apparente amalgama che si fa della società dei consumi, si definisce il proletariato una classe alienata nella consumazione al pari delle altre. Mentre Clouscard ravvisa che il proletariato aveva un accesso relativo alla società dei consumi che gli consentì di godere solo dei beni di sussistenza e di equipaggiamento (televisione, frigorifero, automobile). Quello del proletariato non fu altro che un accesso marginale e immaginario alla società dei consumi, popolata soprattutto dalla classe media piccolo-borghese, dai figli borghesi che al contrario dei padri – produttori in vista dell’accumulazione – consumavano senza produrre dando vita alla nuova condotta trasgressiva libidinosa e ludica. Al contrario, il consumo dei beni di equipaggiamento, permetteva alla classe operaia di rifocillarsi per ricreare la sua forza produttiva. L’accesso alla consumazione è solo immaginario per il proletariato, educato al principio di realtà e quindi abituato a sacralizzare e rispettare ciò che produce, impossibilitato a soccombere alle logiche ludiche dello spreco e del consumo. Come sottolinea Clouscard, però, nel frattempo le dinamiche sono cambiate e si è cercato di introdurre – seducendoli – anche i figli del proletariato all’interno del mercato del desiderio. Ma una gerarchia, secondo Clouscard, esiste ancora, e si cela tra i due poli del più significativo e del meno significativo grado di accesso al mondo dello spreco, sola dimensione restituita dal Capitalismo liberal-liberatrio. La società dei consumi non è quindi una realtà omogenea, ma un campo in cui si ricompone, seppur nell’alienazione generalizzata, una società piramidale.

MC-neof.jpgQuella di Michel Clouscard è quindi una sottile disamina della sovrastruttura del nuovo capitalismo che crea nuovi bisogni e nuovi mercati, che propaganda, già a partire dal militantismo libertino di Diderot e dal positivismo materialista di Voltaire, la formula: “la liberazione del desiderio produrrà la liberazione del proletariato”. E’ quindi l’idea di un’emancipazione trasgressiva a fare il gioco del nuovo modo di produzione dell’industria leggera, e ancora una volta Clouscard mette in evidenza il ruolo dell’intellighenzia che legittima costantemente gli innovativi modi di produzione capitalistici.

Clouscard muore nel 2009, emarginato dai colleghi e poco conosciuto al grande pubblico. In quanto marxista, ci lascia con un monito che vuole far riflettere: “lo Stato fu l’istanza sovrastrutturale della repressione capitalistica. E’ il perché Marx lo denuncia. Ma oggi, con la mondializzazione, il rovesciamento è totale. Allorché lo Stato nazionale fu il mezzo di oppressione di una classe da parte di un’altra, questo diventa il mezzo per resistere alla mondializzazione”. 

 

Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale, de Carl Schmitt

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Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale, de Carl Schmitt

Ex: http://oratio-obscura.blogspot.com 
 
Le mois dernier, nous avions parlé un peu de Kant, et de ce qu’était une histoire de l’humanité conçue de manière téléologique, (une philosophie de l’histoire en somme). Par contraste, l’ouvrage de Carl Schmitt intitulé Terre et Mer offre un point de vue a-théologique sur l’histoire mondiale. L’histoire n’y est pas la conséquence d’un « plan caché de la nature », mais bien le fait des hommes, des sociétés. Elle ne signifie rien et ne mène vers rien (privée de terme, elle ne peut donc être ni perpétuellement en progrès ni perpétuellement en déclin). Il est amusant de voir que pour le catholique Schmitt, l’histoire (du moins dans ce texte), n’est absolument pas gouvernée par une Providence. Dieu a été évacué, la logique du devenir historique repose sur les rapports de force immanents à l’humanité. Il s’agit donc d’une histoire à la fois pourvue d’une certaine intelligibilité (cf p.23) , mais a-signifiante. Sur ce point, Terre et Mer nous semble surpasser même le Manifeste communiste (les deux grilles de lectures n’étant pas incompatibles, comme le souligne Laurent Henninger).
 
« L’homme est un être terrestre, un terrien. La terre ferme est le lieu où il vit, se meut, se déplace. Elle est son sol et son milieu. C’est elle qui fonde ses perspectives, détermine ses impressions, façonne le regard qu’il porte sur le monde. Né sur la terre, évoluant sur elle, l’homme en tire non seulement son horizon, mais son allure, sa démarche, ses mouvements, sa silhouette, sa stature. C’est pourquoi il appelle « terre » l’astre sur lequel il vit bien que la surface du globe soit constituée, on le sait, aux trois quarts d’eau et d’un quart seulement de terre ferme et que même les plus vastes continents ne sont que d’immenses îles flottantes. Et depuis que nous savons que notre terre a une forme sphérique, nous parlons tout naturellement de « globe terrestre ».Imaginer un « globe marin » nous paraîtrait étrange.
 
CSLM-555405.jpgToute notre existence d’ici-bas, notre bonheur, nos malheurs, nos joies et nos peines, sont pour nous la vie « terrestre », c’est-à-dire, selon les sujets, un paradis ou une vallée de larmes. On comprend donc que dans nombre de mythes et de légendes qui expriment les souvenirs et les épreuves les plus lointains et les plus intimes des peuples, la terre apparaisse comme la mère primitive des hommes. Les livres sacrés nous racontent que l’homme, issu de la terre, retournera à la terre. […] Parmi les quatre éléments (la terre, l’eau, l’air et le feu), c’est la terre qui est vouée à l’homme et qui le marque le plus fortement. L’idée qu’il pourrait être marqué aussi fortement par un autre de ces quatre éléments apparaît, de prime abord, chimérique : l’homme n’est ni un poisson ni un oiseau et encore moins un être-du-feu, à supposer que celui-ci puisse exister. » (p.17-18)
 
« Sommes-nous fils de la terre ou de la mer ? La réponse ne peut être tranchée : nous ne sommes ni l’un ni l’autre totalement. » (p.20)
 
« L’homme n’est pas un être entièrement agi par son milieu. Il a le pouvoir de conquérir, par l’histoire, son existence et sa conscience. » (p.22)
 
« L’histoire mondiale est l’histoire de la lutte des puissances maritimes contre les puissances continentales et des puissances continentales contre les puissances maritimes. » (p.23)
 
« Selon les interprétations des cabalistes médiévaux, l’histoire du monde est un combat entre la puissante baleine, le Léviathan, et le non moins puissant Béhémoth, animal terrien que l’on imaginait sous les traits d’un éléphant ou d’un taureau. » (p.23)
 
« A Salamine (480 av. J.C), c’est derrière des murailles de bois (ses vaisseaux) qu’Athènes la libre se défendit contre son ennemi, le « Perse tout puissant » et elle dut son salut à cette bataille navale. Dans la guerre du Péloponnèse, elle-même fut vaincue par Sparte, puissance terrienne, mais celle-ci, justement parce que telle, ne sut pas unifier les cités et ethnies helléniques et prendre la tête d’un empire grec. A l’opposé, Rome qui, chez elle, était une république rurale d’Italie et une puissance purement continentale, se hissa à la dimension impériale dans sa lutte contre Carthage, puissance maritime et commerciale. » (p.24-25)
 
« L’empire romain décadent se voit ravir la domination des mers par les Vandales, les Sarrasins, les Vikings et les Normands. Après une longue suite de revers, les Arabes finissent par prendre Carthage en 698 et fondent Tunis, la nouvelle capitale, instaurant ainsi pour plusieurs siècles leur domination en Méditerranée occidentale. L’empire romain d’Orient, c’est-à-dire l’empire byzantin dirigé de Constantinople, fut un empire côtier. Il disposait encore d’une flotte puissante et possédait de surcroît une arme secrète, le fameux« feu grec ». Pourtant, il fut entièrement réduit à la défensive. En tant que puissance maritime, il put néanmoins accomplir ce que l’empire de Charlemagne, purement continental, ne put réaliser : être une digue, un rempart, un katechon, comme l’on dit en grec ; malgré ses faiblesses, il« tint » plusieurs siècles contre l’Islam, empêchant les Arabes de s’emparer de toute l’Italie. Sans lui, l’Italie aurait été intégrée au monde musulman, comme l’Afrique du Nord, et toute la civilisation antique et chrétienne aurait été détruite. Les croisades favorisèrent alors l’émergence d’une puissance maritime nouvelle dans l’Europe chrétienne : Venise.
 
Un nouveau nom mythique fit son entrée dans la grande politique mondiale : pendant près d’un demi-millénaire, la République de Venise symbolisa la domination des mers, la richesse fondée sur le commerce maritime et ce tour de force qui concilia les exigences d’une haute politique avec « la création la plus étrange de l’histoire économique de tous les temps ». Tout ce que les anglophiles ont admiré dans l’Angleterre, du XVIIIème au XXème siècle, fit déjà le renom de Venise : la grande richesse, la supériorité diplomatique par laquelle la puissance maritime exploitait les rivalités entre puissances continentales et faisait mener ses guerres par d’autres, l’aristocratisme qui semblait avoir résolu le problème de l’ordre politique intérieur, la tolérance religieuse et philosophique, l’asile donné aux idées libérales et à l’émigration politique. A cela s’ajoute la séduction exercée par des fêtes somptueuses et par la beauté artistique. […]
 
Le rayonnement de cette légendaire « reine des mers » s’accrut sans cesse de l’an 1000 à 1500. Vers l’an 1000, Nicéphore Phocas, empereur byzantin, pouvait avec raison proclamer : « La domination des mers dépend de moi seul ». Cinq siècles plus tard, le sultan turc de Constantinople déclara aux Vénitiens : « Jusqu’ici, la mer était votre épouse ; désormais, elle est à moi ».Entre ces deux dates se situe l’époque de la suprématie vénitienne sur l’Adriatique, la Mer Egée et sur la Méditerranée occidentale. C’est de ces années que date la légende qui attirera à Venise, jusqu’aux XIXème et XXème siècles, d’innombrables voyageurs, des romantiques célèbres de toutes les nations européennes, des poètes et des artistes comme Byron, Musset, Wagner et Barrès. Nul n’échappera à l’envoûtement et rien ne serait plus étranger à mon propos que de vouloir ternir l’éclat d’un tel rayonnement. Toutefois, si nous posons la question de savoir si nous sommes là en présence d’un destin purement maritime, d’un choix véritable en faveur de l’élément marin, nous comprenons tout de suite l’exiguïté d’une puissance maritime limitée à l’Adriatique et au seul bassin méditerranéen au moment où s’ouvrent les étendues immenses des océans du globe. » (p.25-27)
 
« Même du point de vue de la technique de navigation, la République de Venise ne quitta pas, jusqu’à son déclin en 1797, la Méditerranée et le Moyen Age. A l’instar des autres peuples méditerranéens, Venise ne connut que le bateau à rames, la galère. C’est de l’Océan atlantique que fut introduite en Méditerranée la grande navigation à voile. » (p.29)
 
« Entre 1450 et 1600, les Hollandais inventèrent plus de nouveaux types de navires que tous les autres peuples. » (p.31)
 
« Les premiers héros d’une existence tournée vers la mer ne furent pas des doges distingués sur leurs navires d’apparat, mais des aventuriers intrépides, des écumeurs des mers, d’audacieux baleiniers, des voiliers téméraires qui sillonnaient les océans. Dans deux domaines essentiels : la chasse à la baleine et la construction navale, les Hollandais furent, au début, le modèle incontesté. » (p.32)
 
« L’Espagne elle-même, pourtant puissance mondiale, dut affréter des vaisseaux hollandais pour pouvoir maintenir ses échanges avec ses comptoirs d’outre-mer. » (p.38)
 
« Le XVIème siècle voit également apparaître le nouveau navire de guerre qui inaugure un âge nouveau de la guerre sur l’eau : un voilier armé de pièces à feu tire par salves, ou bordées, sur son adversaire. Ce type de combat transforme l’affrontement naval en duel d’artillerie à longue distance, livré avec un art extrêmement poussé de la manœuvre à la voile. On peut alors, et alors seulement, parler de batailles navales car, nous l’avons vu, le choc des équipages des galères à rames n’était en fait qu’un combat terrestre livré « à bord ». Ce fut une révolution radicale de la tactique du combat naval et de l’art de la guerre sur mer, la naissance d’un art nouveau et élaboré de la manœuvre avant, pendant et après l’engagement. » (p.38)
 
sail.jpg« Tous les peuples du centre et de l’Ouest de l’Europe participent à la grande épopée de la découverte des terres nouvelles, qui soumit le monde à la domination européenne. […] De grands astronomes et d’éminents géographes allemands contribuent à l’éclosion d’un nouveau regard sur le monde […] Sous son génial ministre de la marine, Colbert, la France du XVIIème siècle surclassa, pour plusieurs décennies, l’Angleterre dans la construction de navires de guerre. » (p.39)
 
« Les corsaires des XVIème et XVIIème siècles représentent un chapitre à part dans l’histoire de la piraterie. Il fallut la paix d’Utrecht (1713) pour les faire disparaître : à cette date, le système européen des Etats se consolida, les flottes de guerre des puissances maritimes pouvaient désormais assurer un contrôle efficace des mers et la nouvelle domination mondiale de l’Angleterre, fondée sur l’élément marin, commençait à s’affirmer. » (p.42)
 
« Tous ces Rochellois, gueux de mer et boucaniers ont un ennemi politique commun : l’Espagne, puissance catholique. Aussi longtemps qu’ils restent fidèles à eux-mêmes, ils ne capturent en principe que les navires catholiques, besogne qu’ils considèrent, en toute bonne conscience, comme bénie de Dieu. Ils participent ainsi d’un grand front de l’histoire mondiale : celui du protestantisme mondial d’alors contre le catholicisme mondial d’alors. » (p.43-44)
 
« Il est vrai que la reine Elisabeth passe pour avoir été la grande fondatrice de la suprématie maritime anglaise et qu’elle a bien mérité ce renom : c’est elle qui engagea la lutte contre la puissance mondiale catholique, l’Espagne. C’est sous son règne que fut vaincue dans les eaux de la Manche l’Armada espagnole (1588). C’est elle également qui honora et encouragea des héros de la mer comme Francis Drake ou Walter Raleigh. C’est elle enfin qui, en 1600, accorda les privilèges commerciaux à la Compagnie anglaise des Indes orientales qui devait plus tard offrir à l’Angleterre l’Inde entière. Au cours des 45 années de son règne (1558-1603), l’Angleterre devint un pays riche, ce qu’elle n’avait jamais été auparavant. Autrefois, les Anglais étaient des éleveurs de moutons qui vendaient leur laine en Flandre ; et voici que de toutes les mers du globe, confluait vers l’île d’Angleterre le butin légendaire des corsaires et des pirates anglais. La reine s’en félicitait et s’enrichissait. […] Des centaines, des milliers d’Anglais et d’Anglaises devinrent descorsairs capitalists. » (p.44-45)
 
« Ce furent les Anglais qui, finalement, surclassèrent tous leurs rivaux […] Certes, les grands empires coloniaux d’autres peuples européens continuèrent d’exister : l’Espagne et le Portugal, par exemple, conservèrent d’immenses possessions outre-mer ; mais ils perdirent le contrôle des mers et des voies de communication. » (p.49)
 
« La France, elle, n’a pas suivi le grand élan maritime lié au protestantisme des Huguenots. Par sa tradition spirituelle, elle resta en fin de compte un pays romain et en prenant parti pour la catholicité contre les Huguenots (nuit de la Saint-Barthélemy en 1572 et conversion d’Henry IV au catholicisme), elle choisit par là même la terre contre la mer. Certes, son potentiel maritime restait considérable et aurait pu, même sous Louis XV, tenir tête à celui de l’Angleterre. Mais lorsqu’en 1672, le roi français congédia Colbert, son grand ministre du commerce et de la marine, le choix en faveur de la terre devint irréversible. » (p.50)
 
« Toute transformation historique importante implique le plus souvent une nouvelle perception de l’espace. » (p.52)
 
« La Chute de l’empire romain, l’expansion de l’Islam, les invasions arabes et turques entraînent pour plusieurs siècles un rétrécissement de l’espace et une « continentalisation » de l’Europe. Le recul de la mer, l’absence de flotte, une territorialisation totale, sont caractéristiques du Haut Moyen Age et de son système féodal. Entre 500 et 1100, l’Europe était devenue une masse continentale féodale et agraire où la classe dominante, les seigneurs féodaux, laissaient les choses de l’esprit, et même la lecture et l’écriture, à l’Eglise et au clergé. Des monarques et des héros fameux de cette époque ne savaient ni lire ni écrire. Pour cela, ils avaient leur moine ou leur chapelain. On peut penser que dans un empire maritime, les gouvernants n’auraient guère pu se permettre d’ignorer longtemps l’art de lire et d’écrire, comme ce fut le cas dans un tel complexe purement territorial, terrien, continental. Or, les croisades furent l’occasion, pour les chevaliers et les marchands français, anglais et allemands, de connaître le Proche-Orient. […]
 
Mais cet élargissement de l’espace fut en même temps une mutation culturelle profonde. Partout en Europe, apparaissent de nouvelles formes de vie politique. La France, l’Angleterre, la Sicile, voient naître des administrations centralisées qui annoncent, à bien des égards, l’Etat moderne. L’Italie centrale et septentrionale voit se développer une nouvelle civilisation citadine. Des universités apparaissent, où l’on enseigne une nouvelle science théologique et juridique, jusque-là inconnue, et la redécouverte du droit romain crée une nouvelle science théologique et juridique, jusque-là inconnue, et la redécouverte du droit romain crée une nouvelle catégorie de gens éduqués : les juristes, brisant ainsi le monopole du clergé d’Eglise, propre à la féodalité du Moyen-Age. Dans l’art nouveau, dit gothique, en architecture, dans les arts plastiques et la peinture, un mouvement puissant surmonte l’espace statique de l’ancien art roman et le remplace par un champ de forces dynamiques, véritable espace en mouvement. La voûte gothique est une structure où les éléments et parties s’équilibrent et se soutiennent réciproquement par leur seule pesanteur. Comparé aux masses lourdes et statiques de l’édifice roman, c’est là un sentiment de l’espace entièrement nouveau. » (p.56-57)
 
« Dans le système philosophique de Giordano Bruno, le système solaire dans lequel la planète Terre se déplace autour du soleil n’est qu’un des nombreux systèmes solaires au sein d’un firmament infini. Les expériences scientifiques de Galilée firent de ces spéculations philosophiques une vérité mathématiquement démontrable. Kepler calcula les ellipses des planètes mais frissonna devant l’infinité de ces espaces où les galaxies évoluent sans frontières concevables ni centre. Les théories de Newton proposèrent à toute l’Europe éclairée la nouvelle conception de l’espace. » (p.59)
 
« Tout ordre fondamental est un ordre spatial. Parler de la constitution d’un pays ou d’un continent, c’est parler de son ordre fondamental, de son nomos. Or, l’ordre fondamental, le vrai, l’authentique, repose essentiellement sur certaines limites spatiales, il suppose une délimitation, une dimension, une certaine répartition de la terre. L’acte inaugural de toute grande époque est une appropriation territoriale d’envergure. Tout changement important de la face du monde est inséparable d’une transformation politique, et donc d’une nouvelle répartition de la terre, d’une appropriation territoriale nouvelle. » (p.62-64)
 
« Les luttes intestines, les affrontements fratricides et les guerres civiles sont, on le sait, les plus cruelles de toutes les guerres. » (p.65)
 
« La lutte pour la possession du Nouveau Monde devint une lutte entre la Réforme et la Contre-Réforme, entre le catholicisme mondial des Espagnols et le protestantisme mondiale des Huguenots, des Néerlandais et des Anglais. » (p.68)
 
« Depuis le XVIème siècle, les pays du continent européen avaient arrêté les formes de la guerre terrestre : l’idée fondamentale était que la guerre est une relation d’Etat à Etat. Elle met aux prises, de part et d’autre, la force militaire organisée de l’Etat et les armées s’affrontent en rase campagne. Les adversaires en présence sont les armées : la population civile, non-combattante, reste en dehors des hostilités. Elle n’est pas l’ennemi, et n’est d’ailleurs pas traitée comme tel aussi longtemps qu’elle ne participe pas aux combats. La guerre sur mer, par contre, repose sur l’idée qu’il faut atteindre le commerce et l’économie de l’adversaire. Dès lors, l’ennemi, ce n’est plus seulement l’adversaire en armes, mais tout ressortissant de la nation adverse et même, finalement, tout individu ou Etat neutre qui commerce avec l’ennemi ou entretient des relations économiques avec lui. La guerre terrestre tend à l’affrontement décisif en rase campagne. La guerre maritime n’exclut pas le combat naval, mais ses méthodes privilégiées de la guerre sur mer sont dirigés aussi bien contre les combattants que contre les non-combattants. Un blocus, par exemple, frappe sans diction toute la population du territoire visé : militaires, civils, hommes, femmes, enfants, vieillards. » (p.75)
 
« Dès que l’Angleterre se fut choisi un destin exclusivement maritime, toutes ses relations essentielles avec le reste du monde, et notamment avec les pays du continent européen, furent bouleversées. Tous les critères, toutes les mises en perspectives, toute la logique de la politique anglaise furent dès lors inconciliables avec ceux de tous les autres pays d’Europe. » (p.80)
 
« Après Waterloo qui vit la défaite de Napoléon au terme d’une aventure guerrière de vingt années, commença l’ère de la suprématie totale et incontestée de l’Angleterre. Elle devait traverser tout le XIXème siècle. » (p.81)
 
« Si la guerre de Crimée fut encore menée avec des voiliers, la guerre de Sécession vit apparaître le navire à vapeur cuirassé. Elle inaugura la guerre moderne, industrielle et économique. » (p.83)
 
« Dans un texte de juillet 1904, [l’amiral américain] Mahan évoque une réunification possible de l’Angleterre et des Etats-Unis d’Amérique. A ses yeux, la raison déterminante d’une telle réunification, ce n’est pas la communauté de race, de langue ou de civilisation. […] Ce qui importe, c’est de maintenir la suprématie anglo-saxonne sur les mers du globe et cela n’est possible que sur une base « insulaire » : par le mariage des deux puissances anglo-américaines. Le monde a changé, l’Angleterre est devenue trop exiguë, elle n’est plus « île » au sens où elle l’avait été jusque-là. Les Etats-Unis d’Amérique, en revanche, sont l’île parfaitement adapté à son époque. […] L’Amérique est la « plus grande île », celle à partir de laquelle la maîtrise britannique des mers se perpétuera, sur une échelle plus vaste, sous la forme d’un condominium maritime anglo-américain. » (p.84-85)
 
SCHMITT_Land_and_Sea_MED.jpg« L’apparition de l’avion marqua la conquête d’une troisième dimension après celle de la terre et de la mer. L’homme s’élevait au-dessus de la surface de la terre et des flots et se dotait en même temps d’un moyen de communication entièrement nouveau –et d’une arme non moins nouvelle. Ce fut un nouveau bouleversement des échelles de référence et des critères, et les possibilités de domination humaine sur la nature et les autres hommes devinrent incalculables. » (p.87)
 
« Nous ne vivons que la fin des rapports traditionnels entre la terre et la mer. Mais la peur du nouveau est souvent aussi vive que la peur du vide –même lorsque le nouveau surmonte le vide. Cela explique pourquoi beaucoup ne voient que chaos absurde là où un sens nouveau cherche à imposer son ordre des choses. Certes, l’ancien nomos disparaît, entraînant dans sa chute tout un système de valeurs, de normes et de relations traditionnelles. Mais rien ne dit que ce qui vient soit forcément démesure ou néant étranger à tout nomos : de l’affrontement acharné entre forces anciennes et nouvelles peut éclore une juste mesure, une proportion chargée de sens :
 
Là encore les Dieux sont là qui règnent
 
Grandes sont leurs limites. » (p.89-90)
 
-Carl Schmitt, Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale, Paris, Éditions du labyrinthe, 1985 (1944 pour la première édition allemande), 121 pages.
 
« Le géocentrisme, avec ses connotations de stabilité et de fermeté, semble comme constitutif de notre vision ordinaire du monde.
 
La mer, par contre, nous apparaît comme l’immensité de l’inconnu ; elle l’image d’une mobilité qu’on ne peut affronter qu’avec des moyens artificiels. Nous marchons en toute tranquillité sur la terre, mais la mer est dangereuse, inhabitable, inhospitalière. Aussi associons-nous volontiers l’idée de mer à tout ce qui est mouvant, flottant, fluctuant, fuyant et fragile. […]
 
En même temps, par l’impression qu’elle nous donne d’un horizon lointain qui se perd dans l’infini, la mer est également symbole de l’espérance, de l’aspiration et de l’attente, à la différence de la terre, ferme, mais lourde, commune et vulgaire. » (p.92)
 
« La conception de l’espace terrien demeure différente de la conception de l’espace maritime, tout comme de l’espace aérien ou sidéral, ces deux derniers présentant de nombreux points communs. L’homme y fait des incursions, par exemple avec les avions, mais n’y réside pas. L’espace maritime et aérien, en effet, n’offre pas les commodités de l’espace terrien, car si les hommes s’y engagent, c’est grâce à la technique, c’est-à-dire grâce à des moyens mobiles dans lesquels la vie est concentrée, inconfortable dans la durée et asservie à des conditions de sécurité précautionneuses et exceptionnelles, à la différence de la terre où l’habitat est en général sédentaire (maison ou appartement) dans le cadre de la plus grande liberté de mouvement. » (p.98)
 
« La mer est en quelque sorte le paradigme des théories de l’état de nature. Ce n’est sans doute pas un hasard si ce genre de théories a vu le jour, avec Hobbes et Locke, dans un Etat thalassocratique, la théorie du contrat social apparaissant par contrecoup comme celle d’un équilibre terrien ou continental. La liberté des mers figure, au moins en principe, l’anarchie, c’est-à-dire le droit du plus fort. » (p.108)
 
« J’ai consacré plusieurs ouvrages, articles et conférences à la décadence irréversible de l’Europe. Il y a cinquante ans, celle-ci était la maîtresse des terres et des mers du globe ; aujourd’hui, depuis qu’elle s’est retirée sur son espace géographique, elle est en peine de se défendre elle-même. L’Europe a perdu sa puissance parce qu’elle ne contrôle plus son espace propre. Je voudrais ajouter, dans cette perspective, que le déclin de l’Europe ira s’accentuant. Marx prévoyait avec raison que le centre de la politique mondiale est dépendant des mers : ce fut d’abord la Méditerranée et, après la découverte de l’Amérique, l’Atlantique. Le Pacifique est en train de prendre le relais, pour peu qu’on veuille prendre en considération l’essor économique des pays riverains de cet océan. […] Or, parmi les cinq continents, l’Europe est le seul à ne pas disposer d’une ouverture ou d’un accès direct à l’Océan Pacifique. » (p.114)
 
« En politique, la lucidité consiste à savoir prévoir le pire, afin de se donner les moyens pour empêcher qu’il arrive. » (p.115)
 
- Julien Freund, « La Thalassopolitique », postface à Carl Schmitt, Terre et Mer. Un point de vue sur l’histoire mondiale, Paris, Éditions du labyrinthe, 1985 (1944 pour la première édition allemande), 121 pages.

jeudi, 23 février 2017

Discussion with Keith Preston on Pan-Secession

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Discussion with Keith Preston on Pan-Secession

From Attackthesystem:
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Green in Pacific Northwest: New Europe (White Nationalist)
Black in Mississippi Delta: New Africa (Black Nationalist)
Brown along the southwest: Aztlan (Mestizo Nationalist)
Rose red in north center: Lakota (Native American)
Rose red in eastern Oklahoma: Eastern Oklahoma (Native American)

Light blue in north center: Dakota (Northern Christian State)
Light grey in south center: Kiowa (Southern Christian State)
Beige around Utah: Deseret (Mormon State)

Purple around New Hampshire: Libertarian Republic of New Hampshire
Green around Vermont: Vermont
Beige around Hawaii: Hawaii
Green around Alaska: Alaska
Orange around New York City: New York City
Hot purple around Texas: Texas

Purple around Colorado and Wyoming: Libertarian Republic
Dark Red around great lakes: Democratic States of America
Bright Red in northeast: Progressive States of America
Dark blue in southeast: Republican States of America
Yellow around west coast: Pacific Commonwealth

Light Blue along southeast coast: United States of America (rump state)

The names "Kiowa" and "Dakota" are based on native american tribes that used to live in those areas.

Deseret is the name of a state actually proposed by the Mormon Church in 1849, not something I just made up.

Though the names themselves aren't terribly important. They're more placeholders than anything else.

I made this map after hours of looking up religious, racial, and political statistics in maps and states. It also takes into account contiguity. I look at the size of general political nations, where they are most concentrated, and treat those areas as national regions.

I understand that libertarians (real libertarians, not people who say they are "socially liberal and fiscally conservative", but people who ACTUALLY ARE socially liberal and fiscally conservative), for example, while perhaps 7-8% of the US population, don't have a national region, or any area in which they are a majority. So we take the area where they are closest to a majority that is not best served in some other country, center their new nation on that area, and expand out from there based on the number of libertarians across the entire US.

If your brain is not subtle or nuanced enough to understand that, please just go away. Your input is NOT appreciated.

And I am NOT interested in some map your just pulled out of your ass in a single hour or so, or some pop-crap partition based on ecology or what you think people believe as opposed to what they actually believe.

Sid Lukkassen over Avondland en Identiteit

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Sid Lukkassen over Avondland en Identiteit in Batavieren Podcast aflevering 19

We hebben een lang interview met Sid Lukassen over zijn boek Avondland en Identiteit. We hebben het over cultuurmarxisme, postmodernisme, de verhouding tussen man en vrouw en de teloorgang van onze maatschappij.

Bestel het boek Avondland en Identiteit: https://www.bol.com/nl/p/avondland-en...

Bezoek de website van Sid Lukkassen: sidlukkassen.nl/

Doneer nu: www.batavierenpodcast.nl
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Jorge Verstrynge: Siempre me fascinó el Nacional-Bolchevismo

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Jorge Verstrynge: Siempre me fascinó el Nacional-Bolchevismo

Zur Nietzsche-Rezeption Arthur Moeller van den Brucks

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Armin Thomas Müller: Zur Nietzsche-Rezeption Arthur Moeller van den Brucks

Vortrag an der Universität Freiburg, Februar 2017

mercredi, 22 février 2017

A Review of The Great Purge: The Deformation of the Conservative Movement

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Where Conservatism Went Wrong:
A Review of The Great Purge: The Deformation of the Conservative Movement

Review:

Paul E. Gottfried & Richard B. Spencer (eds.)
The Great Purge: The Deformation of the Conservative Movement [2]
Arlington, Va.: Washington Summit Publishers, 2015

All political movements need a history, and such histories, if well-constructed, almost always coalesce into myth. Once mythologized, a movement’s past can inform its present members about its reason for being, its need for continuing, and its plans for the future. And this can be accomplished quickly – and without the need for study or research – in the form of what Edmund Burke called “prejudice.” “Prejudice,” Burke says [3], “is of ready application in the emergency; it previously engages the mind in a steady course of wisdom and virtue, and does not leave the man hesitating in the moment of decision, skeptical, puzzled, and unresolved.”

Prejudice is a time-saver, in other words, and it puts everyone on the same page. These are two invaluable things for any movement which aims to effect political change. For those who wish to participate in any of the various factions of the Alt Right and learn its history and myth, they do not need to go much farther than The Great Purge: The Deformation of the Conservative Movement.

Edited by Paul Gottfried of the H. L. Menken Club and Richard Spencer of Radix Journal, The Great Purge discusses the march of the once-mighty American conservative movement towards the abject irrelevance it faces today. This took about fifty years, but the villains of this inquisition managed to purge conservatism of its conservatives and replace them with a globalist elite which kowtows to political correctness. The villains, of course, are National Review founder and publisher William F. Buckley (an unflattering photo of whom graces the book’s cover) and a cabal of refugees from the Left known as “neoconservatives.” The Great Purge, as Spencer tells us, is less a “full chronicling of these purges,” and more a “phenomenological history of conservatism. It seeks to understand how its ideology . . . functioned within its historic context and how it responded to power, shifting conceptions of authority, and societal changes.”

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The book presents seven essays, with a foreword by Spencer and an afterward by VDARE.com founder and former National Review writer Peter Brimelow. In between, we have essays from established Dissident Right luminaries such as Gottfried, William Regnery, and John Derbyshire. Sam Francis, perhaps one of the godfathers of the Alt Right, who passed away in 2005, contributes a comprehensive and quite useful philosophical treatise on how mainstream conservatism devolved into the toothless friend of the Left it has become today. Rounding out the remainder is American Revolutionary Vanguard founder Keith Preston, professor and writer Lee Congdon, and independent author and scholar James Kalb.

So, according to myth, William F. Buckley founded his conservative magazine National Review in the mid-1950s and revitalized a flagging conservative ideology. At the time, liberalism in its various forms enjoyed near-complete hegemony in academia, enough to prompt scholar Lionel Trilling by mid-century to announce that conservatism, at least as it had been embodied by what we now call the Old Right, was dead. Buckley, along with other conservative thinkers such as Russell Kirk and popular authors like Ayn Rand, proved that reports of conservatism’s death were a tad overstated. Thanks to Buckley, conservatism now had the intellectual heft to resist the Left, both foreign and domestic. As Spencer describes it, this entailed promoting free-market capitalism over Soviet Communism, erecting the Christian West as a bulwark against Soviet atheism, and pushing for an aggressive foreign policy both to thwart Soviet militarism and promote the interests of Israel. The New Right was born.

Enter the neocons. Disenchanted by the manifest failures of Communism, these former Leftists, led by Irving Kristol and Norman Podhoretz, began testing the waters in conservative circles by the 1970s. The neocons shared much of the New Right’s anti-Soviet belligerence and loyalty towards Israel. Having given up on the New Deal and other big-government initiatives, the neocons were equally uncomfortable with free-market capitalism. Sam Francis quotes Irving Kristol at length, describing how the welfare state should not be eradicated, but altered to create a “social insurance state.”

Most importantly, the neocons promoted a Wilsonian “global and cosmopolitan world order” which sought to greatly increase America’s role in foreign affairs, often through military interventionism. In particular, democracy was the great talisman which could civilize the world – whether the world wanted to be civilized or not. Bolstered by their faith in the Democratic Peace Theory, which posits that democracies do not wage war upon each other, the neocons transferred the messianic fervor of Communism to democratization and never looked back. Lee Congdon’s entire essay. “Wars to End War,” rails against such “morality-driven foreign policy” and how it co-opted conservatism almost completely. “Pluralism, (human) rights, and democracy,” as stated by Charles Krauthammer, became something of a rallying cry for the neocons. Against such high-minded egalitarianism, which opened the door for feminism, gay rights, race-mixing, and other by-products of democratic freedom, the traditional conservative arguments began to crumble.

Congdon quotes Pat Buchanan as defending true conservatism when he wrote in 2006 that America is bound together by “the bonds of history and memory, tradition and custom, language and literature, birth and faith, blood and soil.” This is an outright rejection of the neocon claim of America being a “proposition nation” in which citizens are “bound by ideals that move us beyond our backgrounds,” to quote George W. Bush from his first inaugural address. Essentially, if you believed in putting America first, or had no interest in foreign wars, or took the libertarian ideal of limited government seriously, or (most importantly) professed a tribal or familial fealty to the white race, then you had no place among the neocons or in the New Right.

And there to police you and expunge you into the wilderness, if need be, was none other than Mr. Buckley himself.

Both Paul Gottfried and William Regnery provide first-hand accounts of the purges, as well as some historical perspective on them. For example, according to Gottfried, Buckley banished the John Birch Society from respectable conservatism in the 1960s not because of anti-Semitism, but because the Birchers expressed insufficient hawkishness against the North Vietnamese and in the Cold War in general. This point is echoed later in the volume by Keith Preston. It seems that any anti-Semitic aspect in the early victims of the purge was purely incidental.

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That didn’t remain the case, of course. What I find most striking and ironic about The Great Purge is that the “racist” infractions of many of the purge victims were so slight, so indirect, and so buried in one’s past that to summarily expurgate a person on those grounds required almost Soviet levels of behind-the-scenes machinations and ruthlessness. Gottfried explains that his offense was to merely assume a leadership role in the H.L. Menken Club, which gives a platform to people “who stress hereditary cognitive differences.” For this, the Intercollegiate Studies Institute (ISI) severed all ties with him. Another example is Joe Sobran, who was labeled an anti-Semite by Buckley and banished from the National Review in the late 1980s because, as Gottfried explains, Sobran “noticed the shifting meaning of ‘anti-Semite,’ from someone who hates Jews to someone who certain Jews in high places don’t like.”

William Regnery relates how he had been banished from the ISI as well, an organization to which his grandfather, father, and uncles had very close ties for many years. Regnery’s offense? He spoke at an American Renaissance study group in 2005 and promoted “building a sense of racial unity.” For this, he faced an anonymous charge from ISI and was tried among his peers, only one of whom voted to keep him on. Seventeen voted to expel him, and expelled he was.

Another person who pops up a lot in The Great Purge is Jason Richwine, a junior researcher who lost his job at the Heritage Foundation in 2013. It was discovered that his approved doctoral thesis from years earlier contained a fully supported statistic which pointed to the lower than average IQ of many immigrant groups. For this, and for fear of causing too much consternation among Leftist elites, the Heritage Foundation determined that Richwine had to go, his permanently sullied reputation notwithstanding. Certainly, mainstream conservatives know how and when to eat their own – unlike the Left, of course. As Regnery aptly points out, “Media Matters would never have cashiered a researcher on the strength of conservative ire.”

This only cracks the surface of the damage the Bill Buckley mentality has done to the Right over the years. John Derbyshire and Peter Brimelow relate how their more deliberate infractions got them evicted from the movement. Keith Preston describes how, despite the New Right’s professed desire to limit government, it did absolutely nothing to stop its near-exponential growth. In The Great Purge, Buckley and his epigones are called nearly every name in the book, from cowardly to cannibalistic, yet Regnery attributes much of this betrayal to something a little more mundane: complacency. Buckley and his people were simply unwilling to give up their cushy lifestyles in order to combat the Left in any meaningful way. As a result, they put tight leashes on anyone who did.

Perhaps the biggest surprise in this volume is the thirty-five page essay from Sam Francis, which was written back in 1986. Francis, who suffered his own purge from The Washington Times in the 1990s thanks to Dinesh D’Souza, provides a philosophical vocabulary to explain the fall of conservatism in America. It was the slow usurpation of the Old Right, in other words “traditionalist and bourgeois ideologies, centering on the individual as moral agent, citizen, and economic actor” by a “managerial elite” which did in conservatism. This “managerial humanism,” according to Francis, espoused

a collectivist view of the state and economy and advocated a highly centralized regime largely unrestrained by traditional legal, constitutional, and political barriers. It rejected or regarded as backward, repressive, or obsolete the institutions and values of traditional and bourgeois society – its loyalties to the local community, traditional religion and moral beliefs, the family and social and political differentiation based on class, status, and property – and it articulated an ideal of man “liberated” from such constraints and re-educated or redesigned into a cosmopolitan participant in the mass state economy of the managerial system.

This certainly is an apt description of the Left, and as more and more neocons joined the conservative movement, the more apparent it became that they were bringing this managerial humanism along with them. This cultural shift, of course, had deleterious effects across the board for the Right, not least of which was separating it from its stated purpose and weakening its resolve to combat change. In characteristic form, Francis ends his essay with a prediction, this one quite dire:

If neoconservative co-optation and the dynamics of the continuing managerial revolution deflect the American Right from [its] goal, the result will not be the renaissance of America and the West but the continuation and eventual fulfillment of the goals of their most ancient enemies.

If The Great Purge has any flaws, it’s of omission, which isn’t really a flaw since Spencer copped to it in his Foreword. This book is not a history, but rather a collection of reminiscences and musings on the state of the Right. So, it’s not surprising that many things are left out. Still, I wish more detail had been provided in places. It is possible, for example, that there was more to the Sobran affair than what Gottfried and others provide. Sobran’s split with Buckley may have spoken as much to Buckley’s sincere philo-Semitism and his desire not to appear anti-Semitic as it did to Sobran’s desire (or need) to speak out against Israel. The whole thorny issue of whether or not this constitutes anti-Semitism was covered thoroughly (and perhaps ad nauseum) in In Search of Anti-Semitism [4], Buckley’s 1992 recounting of the affair. But it would have been nice to hear a different perspective from one who was around back then.

Further, The Great Purge seems to let Buckley off the hook for not banishing the John Birch Society because of anti-Semitism, yet fails to mention (at least in my reading) any mention of Buckley’s early purge of writers from The American Mercury, which was, in Buckley’s words, “anti-Semitic.” Therefore, Buckley showed his philo-Semitic stripes early on, and that may have informed some of his attitude vis-a-vis the John Birch Society.

The Jewish Question in general is also never explored. While not absolutely necessary to the subject, I’m sure it would have been interesting at the very least, given how eighty to ninety percent of the neoconservatives named in the book are obviously Jewish. Really, it’s impossible not to notice the nigh-homogeneous ethnic makeup of the neocons who appear over and over in The Great Purge like a gang of irrepressible supervillains. Such a list renders parenthesis-echoing utterly superfluous: Irving Kristol, Norman Podheretz, Charles Krauthammer, David Frum, Daniel Bell, Nathan Glazer, Seymour Lipset, Ben Wattenberg, Elliott Abrams, Michael Ledeen, Max Boot, David Gerlenter, Allen Weinstein, William Kristol, Robert Kagan, and Paul Wolfowitz.

You could practically host a baseball game with such a lineup. And is it all a huge coincidence? Well, I guess we’ll just have to wait for the sequel to find out.

In the meantime, however, The Great Purge does a magnificent job of myth-making for the Alt Right. It spells out our origins and purpose, and describes the challenges and betrayals the older generation of conservatives had to face while remaining true to the nationalist, traditionalist, and racialist ideals which made Western civilization great to begin with. Most importantly, The Great Purge shows what happens when you give up on winning and instead compromise with the enemy. You eventually become him. And at no point will your pettiness and spite become more apparent than when you turn on your own.

Article printed from Counter-Currents Publishing: http://www.counter-currents.com

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[1] Image: https://www.counter-currents.com/wp-content/uploads/2017/02/2-20-17-1.jpg

[2] The Great Purge: The Deformation of the Conservative Movement: http://amzn.to/2meCuPd

[3] says: https://books.google.co.in/books?id=92AIAAAAQAAJ&pg=PA130&lpg=PA130&dq=%22and+does+not+leave+the+man+hesitating+in+the+moment+of+decision%22&source=bl&ots=OGHbkM9vXL&sig=Ghby2bcwjX2pVS70u5d-hm4ouMc&hl=en&sa=X&ved=0ahUKEwjU6p2Y5p7SAhXG1RQKHVPkD0MQ6AEIMTAG#v=onepage&q=%22and%20does%20not%20leave%20the%20man%20hesitating%20in%20the%20moment%20of%20decision%22&f=false

[4] In Search of Anti-Semitism: http://amzn.to/2kEivgE

Houellebecq et l’art de la guerre

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Houellebecq et l’art de la guerre

par Romain d'Ignazio

Ex: https://anthropart.com

Ils se comptent sur les doigts d’une main les écrivains français jouissant d’une aura extranationale. Le paysage littéraire français ayant été formaté et émasculé, rare sont les romanciers contemporains nationaux dont l’œuvre n’a pas à rougir de ses illustres prédécesseurs. Houellebecq est un des rares écrivains de premier plan dont les romans ont une portée s’inscrivant dans la marche de l’histoire, ce n’est donc pas fortuit si un Cahier de l’Herne qui lui est consacré sort en ce début d’année. L’homme trouvant la matière dans notre monde occidental qu’il donne à lire avec une cruauté féroce et dénonciatrice. A l’heure où le livre est relégué à être un simple objet de consommation et les écrivains des « imbéciles utiles » d’un système, il a su instrumentaliser avec maestria « la société du spectacle » et les rouages du libéralisme en les prenant à leur propre piège.

Né en 1958, il connut un succès quasi-immédiat lors de la sortie de son premier roman encensé qu’il fut par la branchitude : Extension du domaine de la lutte. Un clin d’œil à Céline, volontaire ou non, lui fera choisir comme nom de plume celui de sa grand-mère. N’étant pas né dans un milieu bourgeois, n’ayant pas baigné dès son plus jeune âge dans la culture, n’étant pas rentier, ayant été confronté à la réalité du monde du travail, n’ayant pas un physique de jeune premier, ce sont en partie tous ces handicaps qui sont à la source de son succès. Cet ingénieur en agronomie puis informaticien est sorti du rang et de la masse pour nous parler de nous, ce « nous » qu’il connaît si bien puisqu’il en fit partie.

Ce fut une longue route qui le mena à l’édition de ce roman culte, plus d’une dizaine d’années à fréquenter le petit monde littéraire parisien et écrire pour des revues, notamment pour Perpendiculaire avec qui il sera en procès par la suite et L’Idiot International créé par le fantasque Jean-Edern Hallier… Ses influences littéraires sont révélatrices de son œuvre et le démarquaient déjà de ses confrères de l’époque comme Nabe, Besson, Dantec ou encore Dutertre. Lovecraft et Aldous Huxley viennent en tête, on y retrouve les mêmes marottes : la science et ses déflagrations sur l’Homme, le scientisme, la dictature ostentatoire ou malicieusement dissimulée, l’instrumentalisation des consciences, l’eugénisme, les mutations sociales et leurs répercussions sur les rapports humains, etc… Ensuite, lorsqu’il s’adonne à la poésie il faut aller chercher du côté de Baudelaire et, ma foi, de Lautréamont ; pour le dernier, pas tant dans la forme mais du fait de la haine qui habite ses vers. Chez les philosophes à qui il empreinte des concepts qu’il réinjecte ensuite dans une trame romanesque, on peut citer Schopenhauer et Kant qui ont aussi ensemencé son œuvre. Chose certaine, l’altruisme, l’amour de son prochain, ne sont pas de mise chez lui. C’est le rejet, la haine de l’autre et de notre monde qui prédominent. On en fera souvent le reproche à Houellebecq qui, outre le fait qu’il nous plonge dans la noirceur, ne nous donne pas un halo de lumière en guise d’espoir… Cioran étant un plaisantin en comparaison et, justement, parce qu’il manque une dimension sociale propre à l’homme du quotidien. Il est injuste de dire qu’il est misogyne, même s’il est vrai que les femmes sont particulièrement écornées dans ses romans, le mâle viril ou émasculé par la société de consommation, perverti et stipendié, en prenant aussi largement pour son grade, il est certes moins « chosifié ».

carte-et-le-territoire.jpgAprès un essai sur Lovecraft paru en 1991, auteur qui sur bien des points est le père spirituel de Houellebecq, il n’essuie que des refus des grandes maisons d’édition pour la publication de son premier roman qui paraîtra malgré tout trois ans plus tard. C’est grâce à son ami et écrivain respecté dans le milieu, Dominique Nogez, qu’il trouva refuge chez Maurice Nadeau qui bien que ne disposant pas d’un budget comm’ pharaonique jouissait d’une respectabilité notoire du fait du prestige de son créateur. A la manière d’un Zola il nous parle du monde du travail contemporain avec son lots de maux propres et marqueurs de notre époque. Ce ne sont plus les laminoirs mais l’enfer du « métro-boulot-dodo » où l’aliénation qui nous guette par le vide existentiel que le néolibéralisme génère. Déjà le décor est dressé tant sur le fond que sur la forme. Pour le fond, il s’inscrit comme un observateur et narrateur des travers de notre époque ; pour la forme, il rompt avec une certaine tradition littéraire française où le style et les envolées lyriques sont absentes : c’est clair, dépouillé, limpide… Pas d’artifices, pas de verbiage, une écriture blanche et lapidaire. On s’interroge encore sur ce choix, est-il incapable de prouesses stylistes comme par exemple Nabe (qui fut par le plus grand des hasards son voisin de palier alors qu’il était encore inconnu de tos) ou est-ce un postulat ? Tout critique littéraire est un jour taraudé par cette fameuse question… Est-ce le style qui fait l’homme ou l’homme qui fait le style ? Chose certaine, avec Houellebecq les deux ne font qu’un.

D’un commun accord, après un succès d’estime et pas encore commercial, quoique vendu à près de 20 000 exemplaires, Houellebecq et Nadeau se quitteront bons amis ; l’ambition de l’auteur pour rayonner dans un premier temps sur la France nécessitant une plus grosse maison d’édition. Ce sera par le biais de Raphaël Sorin, qui jouera le rôle de plénipotentiaire, qu’il intègrera Flammarion. Sorin ayant du nez et du goût et s’étant fait connaître pour imposer en France des auteurs devenus majeurs comme Bukowski. Parait alors en 1994 Les Particules élémentaires, c’est un succès colossal : 500 00 exemplaires, trente traductions et déjà les premiers procès (étant sommé de changer le nom d’un camping cité dans le livre). Il devient alors un habitué des plateaux télé. Houellebecq n’a pourtant rien pour attirer les lumières des projecteurs tant par son physique que par sa vélocité verbale : pas vraiment hâbleur ni charismatique de prime abord, limite sous alitement, diaphane, ressemblant à « Monsieur tout le monde » et incarnant le mal être de l’homme occidental bourré d’antidépresseurs et un brin alcoolique pour anesthésier sa dépression chronique. Sa dégaine plébéienne à faire pleurer est aussi une forme de travestissement lui permettant d’amadouer et d’endormir ses interlocuteurs afin de frapper là et au moment où on ne l’attend pas ; très intelligemment il sait de manière très asiatique manier le double discours lors de ses saynètes, entre deux onomatopées brouiller les pistes, semer le doute voire le trouble d’une interview à l’autre ; prenant la société du spectacle à son propre jeu et la manipulant en redéfinissant les règles du showman. Il traîne avec lui plusieurs polémiques et casseroles qui, nourrissant sa légende, suscitèrent l’attrait du « grand public » qui ne lit en moyenne guère plus d’un livre par an… Bien qu’il connaisse le succès avec le roman, il n’en oublie pas pour autant la poésie, trois recueils sortent : La Peau, La Ville et Le Sens du combat pour lequel il aura le très people Prix de Flore. Une trilogie en soi… Il s’essaiera aussi à la photographie avec Lanzarotte.

Il quitte alors la France pour l’Irlande, autant pour fuir la médiatisation que le niveau d’’imposition français. En 2000 il sort un album, Présence humaine, avec la complicité de Bertrand Burgalat mettant en musique sa poésie singulière. S’ensuit un an plus tard Plateforme qui lui aussi n’est pas exempt de polémique. Cette fois-ci ce seront ses déclarations sur l’Islam qui accompagneront la sortie du roman et en feront le Salman Rushdie français. Dans le magazine Lire il déclare que « L’Islam est la plus con des religions », ce qui est d’ailleurs bien timoré quand dans le roman, où déjà dans le récit il insérait un attentat revendiqué par des islamistes,  par le biais de son narrateur il lui fait tenir des propos qui ont de quoi choquer. Il s’excusera, et comme toujours de manière houellebecquienne, en indiquant entre autres qu’il n’est pas raciste et « qu’il fait n’a jamais fait l’amalgame entre les arabes et les musulmans ». Ces démêlées lui vaudront de passer dans les plus grandes émissions du PAF, il aura les honneurs du journal de 20 heures et lui apportera le soutien de la majorité de la « communauté » littéraire, Philippe Sollers  en tête… Toujours pour le même roman, égratignant Le Guide du routard, ce sera là aussi des démêlées judiciaires puisque l’auteur les accusant indirectement de faire la promotion du tourisme sexuel. Quoi qu’il en soit, comme toujours, il sortit au final gagnant de cette promotion semi-involontaire puisque les exemplaires se vendant par fourgons entiers… Un braquage en bonne et due forme ! Attirant sur lui les louanges, les honneurs tout comme l’indignation et la détestation. Encarté à ses débuts dans la mouvance de gauche, adoubé qu’il fut par les Inrockuptibles, il est désormais considéré par certains comme réactionnaire voire néofasciste. Il semblerait qu’il y ait eut méprise sur l’homme tout comme ce fut le cas avec Céline lors du Voyage au bout de la nuit. Communiste durant sa jeunesse, Houellebecq sera par la suite chevènementiste et dernièrement a laissé entendre qu’il n’est pas plus hostile que cela à Marine Le Pen. Trop lucide pour être utopiste, trop clairvoyant pour ne pas être cynique.

Possibilit_ d'une Ile..jpgEn 2005 sort La possibilité d’une île, avant sa parution on fit grand bruit de son transfert digne des pratiques du mercato où les champions se négocient en millions. Champion de la littérature incontestable qu’il est, pour plus d’un million d’euro il passera de l’écurie Flammarion à Fayard alors que le roman n’était même pas encore en chantier ! Comme toujours la sortie du livre sera accompagnée par son classique scandale, cette fois-ci ce sera son rapprochement avec Claude Vorilhon alias Raël suspecté avec sa secte de clonage « sous le manteau ». Il est vrai qu’au regard de la teneur du roman qui aborde entre autres le clonage, ce pouvait être ô combien de circonstance de nouer des liens avec le gourou… Il devra encore patienter pour le Goncourt mais récolte en guise de consolation le Prix Interallié. Trois ans plus tard, sort l’adaptation cinématographique dont il est le réalisateur mais n’a pas (et de loin) le succès du roman, enfin par reconnaissance lors de ses démêlées judiciaires passées, je ne vois pas d’autre raison, il associe son nom à celui de Bernard-Henri Lévy avec Ennemis Publics, donnant à lire leurs échanges. Le livre fera un flop, les invendus ayant été recyclés vraisemblablement… En 2009, lui qui s’est travesti en chanteur voit Iggy Pop sortir un album inspiré de La Possibilité d’une Ile. Consécration en soi quand on sait l’aura dont dispose celui que l’on surnomme « l’iguane ».

En 2010, après un quinquennat d’absence il revient avec La Carte et le Territoire. Il dévorera la Rentrée littéraire à lui seul et obtiendra la récompense tant convoitée : Le Goncourt. Le livre prend pour protagoniste un artiste français faisant la rencontre de Houellebecq et sous une semi forme policière traite du marché de l’art contemporain et de ses excès.  Cela tombe bien, six ans plus tard le Palais de Tokyo lui consacrera une exposition agencée par lui-même: Rester vivant composée de photos, d’installations et de films. Nous ne nous attarderons pas sur l’album de Jean Louis Aubert mettant en musique certains de ses poèmes. Le chanteur de Téléphone peinant à donner vie et voix aux textes de Houellebecq… Il endosse aussi pour un téléfilm l’habit d’acteur, interprétant son propre rôle dans L’Enlèvement de Michel Houellebecq réalisé par Guillaume Nicloux où il démontre qu’il sait être férocement drôle. Le calme avec la tempête car son roman à venir ne donnera pas dans le comique.

Cinq ans après La Carte et le Territoire, humant les maux que traverse la France sort Soumission qui décrit une France gouverné en 2022 par un président musulman. Certains y voient dans cette fiction le devenir de la France, un brûlot anti islam. Les attentats viendront donner un triste relief moins d’un an plus tard au roman. Relançant les ventes du roman, Houellebecq se verra de nouveau invité sur les plateaux de télévision eu égard au contexte, au même titre qu’un représentant de l’Etat on le questionne sur la situation que traverse le pays. Lors des interviews, une fois de plus il brouille les cartes avec un discours tout sauf islamophobe ; ses diatribes étant plutôt tournées vers ceux rendant possible dans le réel la fiction développée dans le roman.

Artiste multiple, romancier, poète, cinéaste, parolier, metteur en scène, un temps chanteur, c’est à défaut avec la littérature, qu’il ne vénère pas plus que ça puisqu’il se serait bien vu cinéaste, qu’il est rentré dans l’époque. Houellebecq c’est finalement l’histoire d’un homme que personne n’attendait, que rien ne prédestinait sous ses allures de fantoche à être le chef de file des lettres françaises. Qui après avoir été manipulé sut manipuler le sérail et se retourner contre certains de ses maîtres ou compagnons de route une fois qu’il fut statufié. L’apostasie n’étant pas un problème pour lui… Il a avec la démarche d’un sociologue analysé, disséqué de manière clinicienne notre segment historique, compris son époque comme peu et en a tiré la moelle afin de bâtir les univers de ses romans. Univers de semi-fiction anticipant les convulsions à venir de notre temps comme s’il était malgré lui devin, son œuvre étant peut-être d’ordre eschatologique…

Romain d’Ignazio

L’étrange M. Kubrick

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L’étrange M. Kubrick

Stanley Kubrick est à travers son œuvre l’incarnation du XXème siècle. Né en 1928 et décédé en 1999 (peu avant la sortie d’Eyes Wide Shut). Témoin de notre humanité, pessimiste quant à la nature humaine, il a sans pareil donné à voir à ses contemporains via le cinéma notre nature profonde. Kubrick, fils de médecin, reprit à sa manière le flambeau en effectuant un diagnostic de l’humanité et de notre société. La littérature fournira une grande part de la matière première à ses œuvres. En 45 ans de cinéma et huit oscars il laissa à la postérité douze films : Le Baiser du Tueur, L’Ultime Razzia, Les Sentiers de la Gloire, Spartacus, Lolita, Docteur Folamour, 2001 : L’Odyssée de l’Espace, Orange Mécanique, Barry Lyndon, Shining, Full Metal Jacket et Eyes Wide Shut. Chaque nouveau visionnage étant l’occasion d’y trouver quelque chose qui nous aurait échappé auparavant, son œuvre suscitant de perpétuels questionnements.

Travailleur acharné, perfectionniste jusqu’à l’obsession, il s’essaya à tous les genres cinématographiques possibles : le film de guerre, la comédie dramatique, le drame psychologique, le film historique, le péplum, le film policier, la science-fiction. Durant les tournages il était plus qu’un homme d’orchestre, assurant plusieurs fonctions comme par exemple éclairagiste, monteur, scénariste afin d’obtenir un résultat au plus proche de ses visions, souhaitant avoir le contrôle absolu sur ses films. Passionné par Napoléon, il dira que faire un film c’est comme mener une guerre… Il créait avec l’argent d’Hollywood mais d’une manière artisanale propre au cinéma indépendant, privilégiant de petites équipes afin de pouvoir avec le budget alloué avoir le plus de temps possible pour la création du film. Il contrôlait les copies, les affiches, le marketing et même le doublage ! Il désirait à chaque nouveau film transcender ce qui avait été fait auparavant, cherchant à allier le fond et la forme., déconcertant la critique (parfois assassine) du fait de ses perpétuelles mutations.

Y a-t-il un fil d’Ariane dans cette filmographie à première vue hétéroclite ? Chargée de questionnements et d’ambiguïtés, ses films étaient emprunts de symboles kabbalistiques et maçonniques, ils sont sujets à nombre d’analyses et de thèses. Les films de Kubrick méritant d’être vus et revus pour être pleinement compris voire appréciés, ces derniers étant intemporels et invitant à être sans cesse explorés. Il déclara d’ailleurs à propos de 2001 : L’Odyssée de l’Espace : « Chacun est libre de spéculer à son gré sur la signification philosophique et allégorique du film. J’ai essayé de créer une expérience visuelle, qui contourne l’entendement pour pénétrer directement l’inconscient avec son contenu émotionnel ».

Stanley Kubrick et son œuvre ne peuvent être appréhendés sans un minimum d’indices biographiques. II est issu d’une famille juive de Vienne, émigrée aux USA, bien que ne l’ayant jamais traitée dans ses films il fut hanté par la shoah. Signe du destin il fut marié à la femme dont l’oncle était réalisateur propagandiste durant le régime nazi. Elevé dans le Bronx à New-York, Kubrick a été fortement marqué par les œuvres des grands musiciens, écrivains et scientifiques de la Vienne de la fin du XIXème siècle. Elève médiocre, il abandonnera par la suite l’université. Autodidacte, Kubrick sera toute sa vie un lecteur assidu.

De Stanislavski, il apprendra les méthodes de direction des acteurs.  Selon le réalisateur,  « Les acteurs sont comme des instruments de musique capables de produire des émotions ; certains sont toujours parfaitement accordés et prêts à jouer, d’autres trouvent le ton juste dès la première prise, mais le perdent ensuite sans jamais plus le retrouver, malgré tous les efforts du monde ». Il n’aimait pas particulièrement les acteurs, les martyrisant parfois avec un brin de sadisme il s’en serait volontiers passé s’il avait pu, pouvant faire répéter près de cent fois la même scène s’il le fallait. Tout comme Marcel Duchamp, Kubrick était jouait aux échecs, s’adonnant à des parties avec ses acteurs entre deux prises.

Stanley Kubrick commence sa carrière visuelle par la photographie au magazine Look, une de ses photos restées célèbre est celle qu’il prit d’un vendeur de journaux totalement abattu suite à la mort de Franklin D. Roosevelt. Obsédé par le contrôle de ses films, ses assistants racontent qu’il ne dormait pratiquement pas pendant les tournages. Kubrick débute sa carrière de réalisateur en 1949 par un documentaire de vingt-huit minutes sur la boxe, Day of the Fight et entame sa carrière cinématographique en 1953 avec un long-métrage Fear and Desire, film qu’il répudia par la suite, tentant d’en faire disparaître toutes les copies. Kubrick ne renonce pourtant pas et réalise en 1955 un second film, Le Baiser du Tueur, avec un budget là aussi tout aussi restreint. Son troisième film, réalisé en 1956, L’Ultime Razzia, que peut être considéré le premier vrai long métrage kubrickien. En 1957, il est alors repéré par l’industrie du cinéma comme un réalisateur prometteur. Son film suivant, Les Sentiers de la Gloire, sortit en 1958, confirmera son génie. Doté cette fois-ci de moyens plus conséquents, il travaille alors avec des acteurs de renom comme Kirk Douglas. La carrière de Stanley Kubrick bascule en 1960, lorsque Kirk Douglas lui propose de remplacer au pied levé Anthony Mann à la réalisation de Spartacus. Agé de trente-deux ans, il se retrouve soudain à la tête d’une superproduction et une pléiade de stars à diriger comme Laurence Oliver, Charles Laughton, Peter Ustinov et bien sûr Kirk Douglas dans le rôle principal. Il en gardera une expérience amère, ne pouvant pas changer le scénario qu’il trouve bancal. Spartacus marque le début de l’indépendance artistique et financière du réalisateur. Pour son film suivant, Kubrick s’exilera en Angleterre et ne remis jamais les pieds à Hollywood, s’affranchissant ainsi du dictat des grands studios.

Lolita-Blu-Ray.jpgIl tournera alors cinq films piliers en un peu plus de dix ans : Lolita en 1962, Docteur Folamour en 1963, 2001 : L’Odyssée de l’Espace en 1968, Orange Mécanique en 1971 et Barry Lyndon en 1975. Au plus haut de sa carrière, il est reconnu dès 1971 comme l’un des plus grands réalisateurs de septième art. A la sortie du scandaleux Orange Mécanique, il sera menacé de mort en Angleterre, accusé d’incitation au meurtre. Kubrick exige alors de Warner Bros que le film soit retiré de la circulation. A partir de 1975 Stanley Kubrick devient de plus en plus perfectionniste jusqu’à friser l’internement : les tournages deviennent plus longs et le rythme de sortie des films diminue ; bénéficiant d’un statut exceptionnel dans le monde du cinéma. Demeurant un artiste indépendant avec une liberté quasi totale tout en bénéficiant de la puissance financière d’Hollywood pour réaliser et promouvoir ses créations.

Abordons maintenant les thématiques récurrentes chez Kubrick…Durant sa carrière, Kubrick abordera de nombreux thèmes dont les plus récurrents furent la guerre, le dysfonctionnement humain, social et technologique, les relations entre individus. Peu de sentimentalisme dans ses films, inclassable idéologiquement et faussement de gauche car pas vraiment utopiste…Pour la guerre, il s’immiscera dans les tréfonds de l’âme humaine, bien que son approche fut différente selon les films. Sous l’ange humoristique pour Docteur Folamour (caricature de Werner Von Braun), de façon tragique pour Les sentiers de la gloire ou Full Metal Jacket et de manière totalement esthétisée et faussement enjouée pour Barry Lyndon. Pour Full Metal Jacket et Les Sentiers de la Gloire, la brutalité des scènes de guerre nous renvoient au plus près de la boucherie humaine que peuvent être les guerres modernes… Avec Full Metal Jacket, il aborde aussi les traumatismes physiques mais aussi mentaux notamment via le suicide du soldat « Baleine » durant la première partie du film.

Pour le dysfonctionnement au sens large, Kubrick a toujours traité dans son œuvre de cette thématique qu’il s’agisse de celui des machines ou des hommes. Pour 2001 : L’Odyssée de l’Espace HAL tombe en panne, via Shining le réalisateur s’emploie à filmer la folie progressive d’un homme. Pour Orange Mécanique l’échec d’un programme visant à réintroduire dans la société un être sociopathe… Société humaine faussement déontologique qui n’était pas dans le cœur de Kubrick et qu’il n’aura de cesse de critiquer, la manipulation mentale étant abordée de manière subliminale voire directe dans nombre de ses films. Soit : l’instrumentalisation des masses au profit d’une minorité dominante. De plus, le réalisateur n’était pas fervent d’une happy end et de héros au grand cœur comme l’aime tant Hollywood, l’anti-héros kubrickien (parfois détestable dans un monde qui l’est tout autant) n’est pas un personnage sympathique pour le spectateur, humain… Trop humain qu’il est. D’ailleurs, dans ses films les relations entre humains sont souvent complexes, tortueuses, remplies de vices et ne répondant pas aux schémas binaires d’une lutte entre le bien et le mal.

Etudié dans les écoles de cinéma, les universitaires n’ont eu de cesse d’analyser « au scalpel » sa filmographie et ses procédés : son travail sur la lumière (acteur à part entière dans ses films), son utilisation du travelling et de la musique (fervent de musique classique qu’il était). Son influence sur le cinéma est considérable, ses déflagrations se faisant encore sentir aujourd’hui, ayant créé une œuvre « universaliste » du fait des thèmes intemporels abordés.

Filmographie :

Fear and desire (1953) : Le premier long métrage de Stanley Kubrick, interdit de réédition par le cinéaste Kubrick lui-même. Le synopsis débutant ainsi : « Une patrouille militaire de quatre hommes se retrouve derrière les lignes ennemies dans une guerre abstraite, après que leur avion s’est écrasé. »

baiser-du-tueur.jpegLe Baiser du tueur (killer’s kiss, 1955) : Film annonciateur de la Nouvelle Vague par sa forme, ce deuxième long métrage est un film noir tout comme le premier réalisé avec très peu de moyens. Kubrick y assurant seul les principales fonctions et à l’origine de l’histoire…Un boxeur au bout du rouleau (la scène du combat dans Le Baiser du tueur démontre déjà une certaine jouissance à filmer ­ magistralement ­ la violence) vient en aide à une voisine, tombe amoureux d’elle et se retrouve malgré lui mêlé à une sale affaire mêlant désir et de jalousie.

L’Ultime razzia (The Killing, 1956) : Archétype du cinéma noir, le film relate la chronologie du hold-up voué à l’échec. Film rythmé, ne faisant pas de place au sentimentalisme, une sorte de dédain transparait dans la manière qu’appréhende Kubrick pour sur ses personnages remplis de failles.

Les Sentiers de la gloire (Paths of glory, 1958) : Jamais réellement interdit en France (quoi qu’en dise la légende) mais tout simplement pas présenté pour la distribution française sachant le film par avance censuré du fait de la Guerre d’Algérie. Il faudra attendre 17 ans après sa sortie pour qu’il sorte dans les salles françaises. Le film est ouvertement un brûlot contre la guerre et relate l’abjection du système militaire.

Spartacus (1960) : Après avoir été remercié par Marlon Brando pour La Vengeance aux deux visages (One-eyed Jacks) après plusieurs mois de travail sur le scénario, quelque peu aux abois il se trouva contraint d’accepter au pied levé la réalisation du film. Autrefois habitué aux budgets modestes, il se retrouva du jour au lendemain aux manettes d’une superproduction. Kubrik confiera que. « Mon principal problème sur Spartacus, confiera Kubrick, c’est que j’avais un scénario bête.» Spartacus est toutefois un tournant important dans la carrière de son réalisateur qui devenant bankable put imposer par la suite son désir d’indépendance artistique et financière.

Lolita (1962) : Adaptation du célèbre roman de Nabokov, Kubrick s’attaque à l’hypocrite moraline de son époque et traite aussi un de ses sujets chers : l’exploitation du corps infantile. Kubrick prenant un malin plaisir à dynamiter l’Amérique moyenne idyllique.

2001 : l’odyssée de l’espace (2001 : A Space odyssey, 1968) : Film qui tente de résumer et prédire le destin de l’humanité et du mystère de l’univers, le film se termine une image tenant  à la fois de l’embryon humain, de la machine et de la planète. Comme si le destin de l’humanité étant de fusionner avec elles.

Orange mécanique (A Clockwork orange, 1971) : « L’histoire d’un jeune homme qui s’intéresse principalement au viol, à l’ultraviolence et à Beethoven », annonçait synthétiquement le slogan. Collant à l’époque par son imagerie pop, bien qu’ayant vieilli il est aussi annonciateur des maux de notre société contemporaine désaxée.

Shining (1980) : Adaptation d’un livre de Stephen King, une fois digéré ce faux film d’horreur viennent les questionnements, soit : une des déviances de l’homme occidental infantilisé, celle d’un homme désirant se libérer des contingences familiales et à la recherche de la jeunesse éternelle.

Full metal jacket (1987) : Faussement film de guerre, utilisant pour toile fond la Guerre du Vietnam, le film dénonce le conditionnement, l’endoctrinement, la déshumanisation. Se terminant par « Paint it black » des Stones… Tout est dit.

Eyes wide shut (1999) : Son treizième et dernier opus est une adaptation du roman La Ronde de Schnitzler, film dont il ne put jamais voir la version commercialisée puisqu’il mourut avant sa sortie. Dans cet univers baroque et déviant, presque tous les thèmes chers au réalisateur sont abordés. Pour la petite histoire, dans la vie réelle la fille de Kubrick fut embrigadée par l’Eglise de Scientologie, est-ce donc un hasard s’il choisit Tom Cruise et sa femme de l’époque pour Eyes Wide Shut ?

Projet avorté : En 1969 le cinéaste préparait un film sur Napoléon qui malheureusement ne vit jamais le jour. Napoléon et son esprit martial et conquérant étant bizarrement une des idoles de Kubrick. Le film ne se fit jamais…  Tout était quasiment prêt, des archives énormes ayant été rassemblées le cinéaste. Scénario de près de 200 pages écrit par Kubrick en personne, des repérages ayant même été effectués en Yougoslavie, en France, en Italie, en Roumanie, en Belgique. Peu admirateur du Napoléon d’Abel Gance, son ambition était carrément de signer « le meilleur film jamais réalisé ». Au bout de deux ans de travail, la MGM lâcha l’affaire…

 

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George Orwell: l’intégrité de la pensée

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George Orwell: l’intégrité de la pensée

Orwell fait partie de ces écrivains qui avec une acuité rare sut ne pas tomber dans les pièges qui bernèrent les plus grands et causèrent des montagnes de morts sacrifiés sur l’autel de l’idéologie. Il eut l’instinct de ne pas s’enliser dans les couloirs de l’utopie et le courage de dénoncer les travers des grands courants de pensée de son époque ; à l’heure où tant d’intellectuels, par complaisance ou par lâcheté, se font les serviteurs d’un système mystificateur, il est de bon ton de rappeler l’intégrité de cet homme pour qui l’engagement rimait avec honnêteté. Bien que disparu depuis plus d’un demi-siècle, il a toujours des choses à nous dire…

George Orwell de son vrai nom Eric Arthur Blair nait le 25 juin 1903   à Motihari dans les Indes britanniques, son père est fonctionnaire colonial chargé de la régie de l’opium, à l’époque monopole d’Etat. Il est issu de la petite bourgeoisie, sa famille bien que désargentée jouissant du prestige de l’Empire colonial. Orwell est intrinsèquement britannique, même clochard il conservait en toutes circonstances sa prestance british. Bien « qu’en bas de la bourgeoisie » son statut familial lui permettra de rentrer au collège d’Elton (il écrira sur ces années dans Le Ventre de la baleine), en contact avec l’élite anglaise de l’époque il est victime de brimades et se sent à l’écart car déclassé par rapport à ses camarades faisant partie du sérail. Durant ses études il se plonge dans Shakespeare, Lord Byron et surtout Dickens. Sa personnalité se fondera par la suite, il se cherche…Ses études étant un fiasco, ses parents n’ayant pas les moyens de l’envoyer à Cambridge, il va alors choisir de servir dans la gendarmerie nationale en Birmanie. Bien que très critique envers son pays, il est patriote et le sera durant toute sa vie. Il commence à écrire des poèmes, quelques récits mais ce ne sont encore que ses balbutiements…

Désillusionné, il se morfond en Birmanie, et est heurté par l’injustice du système colonial ; il a une fonction de répression et de maintien de l’ordre sans pour autant donner dans le manichéisme. Il a la dent dure tant pour les birmans que pour les colonisateurs, il critique l’avilissement subi par les birmans et les anglais installés qu’il juge déliquescents. Un sentiment de culpabilité voire d’expiation suscitant l’ordalie nait alors chez lui, celui d’être issu d’une famille ayant exploité les indigènes. Il y restera cinq années puis revient en 1927 en Grande-Bretagne, il découvre alors la plèbe et son sous-prolétariat qui le révulse et lui inspire de la compassion. Face à cette réalité qui écorne le mythe de son pays, ses valeurs se sont effondrées ; conscient qu’il participe à un système fondé sur les classes sociales.  Il éprouve alors le besoin de parcourir le monde pour se trouver et se ressourcer.

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Il choisit alors Paris, passage obligé pour tout intellectuel ou artiste de l’époque, et se même au milieu populaire de la capitale. Il survit grâce à de petits boulots (plonge, cours d’anglais) et écrit dans quelques journaux… C’est la débrouille et une période de clochardisation difficile. Il fréquente un temps les milieux espérantistes, les milieux littéraires mais surtout cherche sa voie en écriture quand son ventre n’est pas vide. Cette expérience parisienne commence à le forger politiquement et devient socialiste ; il en profite pour choisir son nom de plume. Il est étranger aux avant-gardes de son époque bien qu’il croise quelques futures grandes personnalités littéraires de son époque. Son premier roman (largement autobiographique) est alors édité, bien que Dans la dèche à Paris et à Londres ne rencontre pas un succès commercial il suscite l’intérêt des mouvements de gauche pour qui il écrira quelques papiers. On lui colle alors l’étiquette d’écrivain de gauche bien que les nuances de sa pensée le mettent en marge. Son second roman Une histoire birmane est une critique acerbe du colonialisme qu’il a bien connu.

A la demande de son éditeur il est envoyé dans le nord de l’Angleterre où il côtoie les gens du peuple, au bas de l’échelle sociale, laminés par le chômage. Sa conscience politique s’affine avec Le Quai de Wigan où il traite de l’exploitation des bassins miniers par le milieu ouvrier pour qui il se prend d’amour, touché par sa grandeur malgré l’adversité. Durant toute sa vie, il y aura chez lui une fascination pour les corps suppliciés, des prolétaires ou celui des exclus. Composée de deux parties, la première sous forme journalistique et la seconde sous forme de pamphlet, il a la dent dure envers les institutions politiques œuvrant pour socialisme, créant une ligne de démarcation entre les intellectuels déversant leur idéologie et le milieu ouvrier en prise avec le réel. Son éditeur se désolidarise alors de lui, Orwell se dit socialiste, réceptif à l’anarchisme et se détache déjà très clairement des cerveaux staliniens ou trotskistes. Orwell partage la notion « d’Etat providence » ayant pour mission de subvenir aux besoins de ses citoyens, en termes de santé, d’éducation et d’emploi.

Il gagne alors l’Espagne en pleine guerre grâce à ses réseaux et  s’engage dans le POUM (parti ouvrier d’extrême gauche) récusé par les communistes aux ordres de l’Union Soviétique. Plusieurs camps s’affrontant en effet au sein des opposants à Franco, il est témoin des luttes intestines menées par les communistes. Hommage à la Catalogne racontera cette période de sa vie avec amertume… Il découvre alors le pouvoir de la propagande et les manipulations de la presse. Cela aura une incidence sur la création de 1984. Blessé sur le front, assistant aux basses besognes des milices communistes pour exterminer les anarchistes sous l’ordre de Staline, il regagne l’Angleterre une fois la victoire de Franco. Il prend alors conscience que la guerre n’est pas noble même si ceux qui sont sur le champ de bataille combattent souvent pour un idéal. Il est le premier à dénoncer les exactions et les trahisons des staliniens préférant détruire les groupes dissidents de gauche plutôt que de les triompher des franquistes. Il découvre la pureté tout autant que les salissures des idéologues. Lui qui nomme par « esprit de cristal » le meilleur de l’homme, découvre la noirceur de l’âme humaine bien que continuant à croire en l’homme en tant qu’individualité.

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Un peu d’air frais sort en 1937 décrit avec nostalgie l’Angleterre des débuts de XXème siècle et de la nocivité du progrès tel que conçu par les idéologues. Une certaine forme de refus de la modernité nait alors chez lui car il pressent la naissance des totalitarismes et de l’aliénation des masses. Pacifiste, patriote et révolutionnaire à la fois, anarchiste dans sa méfiance envers les élites, conservateur car hostile à ce qui est présenté à tort comme le progrès, Orwell se singularise des mouvements intellectuels de sa génération. Orwell se débat avec ses contradictions, aime les femmes tout en étant misogyne, aime l’Humanité mais est habité par un  brin d’antisémitisme et de nationalisme.

Durant la seconde guerre mondiale, il officie pour la BBC. Souvent censuré pour ses opinions et ses critiques envers l’Union Soviétique alors alliée de la Grande-Bretagne, il démissionne fin 1943 pour rejoindre le journal travailliste de gauche The Tribune. Après la guerre, sachant que la tuberculeuse ne lui laisse que quelques années à vivre, c’est une course contre la montre pour parachever son œuvre politico-littéraire. Il écrit les deux ouvrages qui le consacreront : La Ferme des animaux publiée en pleine guerre froide, critique du stalinisme mais aussi d’une analyse peu flatteuse envers le capitalisme, et bien sûr le prophétique 1984 où il déploie sa haine du totalitarisme au nom du socialisme, dénonçant la manipulation des masses par le langage via sa simplification afin de réduire la capacité d’analyse (la fameuse novlangue). Pour rappel, Orwell était polyglotte, parlant couramment le français, à la recherche de la pureté et du mot juste dans ses écrits. Les mots n’ayant pas qu’une vocation fonctionnelle mais la mission de véhiculer la pensée sans distorsion. Il nous décrit dans 1984 un homme réduit à sa fonction où sévit une surveillance technologique liberticide des citoyens. Il décèdera à seulement 47 ans le 21 janvier 1950, seul dans son lit sans personne pour lui prendre la main, sa seconde femme fanfaronnant avec un de ses amants alors qu’il agonise.

Sa pensée heuristique restant d’actualité, un grand nombre d’écrivains ou intellectuels revendiquent son influence. En France, son plus grand représentant est sans nul doute le philosophie Jean-Claude Michéa. Messianique malgré lui, Orwell est toujours un grain de sable dans l’engrenage des puissants. Pour preuve, une campagne de presse diffamante relayée par nombre de grands quotidiens sur un Orwell qui en fin de vie aurait donné au Foreign Office les noms de compagnons de route potentiellement espions de l’Union Soviétique. Il n’en est rien, alors en fin de vie une amie et belle-sœur de son ami Arthur Koestler vint lui rendre visite au sanatorium où il était soigné afin de lui demander des noms d’intellectuels ou journalistes susceptibles d’écrire sur les exactions du régime soviétique à la demande d’un service gouvernemental anglais. Il lui donnera effectivement des noms… Parmi ces noms, il nommera des personnalités inutiles de contacter car peu enclins à saper le régime stalinien du fait de leur obédience politique. De là à en faire un délateur, il y a un monde ! On chercha donc à salir l’image de cet homme…Comme quoi il dérange toujours, son rayonnement étant une épine dans le pied des totalitarismes contemporains. Totalitarismes insidieusement cachés dans notre société dont nous portons les bacilles, qui ont su se travestir et sont toujours à l’ouvrage.

L’homme et l’écriture ne faisant qu’un, son œuvre puisa dans les expériences qui jalonnèrent sa vie. Eclairant le présent et le futur à la lumière du passé, méfiant vis-à-vis des idéologies d’où qu’elles viennent.  Orwell, témoin engagé de son Temps, ne tomba pas dans les pièges de son époque comme Céline, Drieu La rochelle, Sartre ou encore Aragon. Il sut ne pas se laisser berner par les endoctrinements et des luttes de salon, son intégrité l’amena à se faire des ennemis de son vivant mais le plus bel ami une fois quitté ce monde… Le jugement de l’Histoire.

Romain d’Ignazio.

mardi, 21 février 2017

Le symbolisme du feu

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Alberto Lombardo :

Le symbolisme du feu

Le mot « feu » vient du latin « focus », signifiant « foyer ». Comme l’écrit Giacomo Devoto, ce terme « n’a pas de connexions évidentes avec l’indo-européen (des origines) ». Dans les langues indo-européennes anciennes prévalent en effet, et pour l’essentiel, deux autres formes communes pour désigner le feu : « *egni -» et « *pur(o) ». Ces formes communes ont été reconstituées sur la base de nombreuses indices dans les langues historiques ; le premier se retrouve dans le latin « ignis », dans le nom de personne hittite « Agnis », dans le lituanien « ugnis », dans le slave ancien « ogni » et dans le sanskrit « agnis ». La seconde racine, soit « *pur(o) », se retrouve de manière encore plus diffuse, couvrant notamment l’aire germanique où elle est largement attestée. Cette racine se retrouve en italien dans le concept de « pur », par l’intermédiaire du latin ; il est demeuré quasi inchangé depuis des millénaires. Il me paraît particulièrement intéressant, quand on aborde le sens de ces deux racines, de relever une observation de Robert S. P. Beekes ; la suivante : « les deux principaux termes (soit « *egni- » et « pur(o) ») signifient tous deux « feu » mais on peut penser qu’ils représentaient à l’origine une opposition. Le premier terme, généralement du genre masculin, représentait le concept de « feu » en tant que force active, d’où sa déification dans l’Inde antique, avec le dieu Agni (dieu Feu), lequel est l’une des divinités les plus invoquées dans le Rg-Veda. Par contraste, « *pur(o) » est du genre neutre et s’interprète traditionnellement comme étant une conception inactive du feu, soit comme une substance purement matérielle ».

Le feu a un rôle extrêmement important dans de très nombreux cultes et traditions religieuses. Son symbolisme est si varié et complexe, et la diversité des significations qu’il recouvre sont tellement nombreuses même auprès des gens simples, qu’il est difficile de rendre compte de l’ensemble de ses caractéristiques fondamentales. Pourtant, comme pour tout symbole, ce sont les mêmes caractéristiques qui le définissent dans sa matérialité : le feu renvoie à l’idée de transformation, de purification, de pouvoir vivifiant et destructeur tout à la fois. De fait, peu de symboles dévoilent leur dualité comme le fait celui du feu : la flamme qui chauffe et qui donne vie peut, avec une égale intensité, détruire. Par voie de conséquence, celui qui est le souverain du feu est simultanément le souverain de ses pouvoirs immenses et devient un avec le dieu du feu. Il y a ensuite ceux qui dominent les potentialités technique du feu, comme les dieux Héphaïstos et Vulcain. Ces dieux-là sont boiteux, c’est-à-dire sont des dieux imparfaits car ils ne sont souverains que du seul aspect « pyrique » du feu donc de la seconde dimension, comme nous l’avons noté supra. En alchimie, le feu est un élément fondamental et nécessaire car il unit et stabilise.

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Le feu a par ailleurs un rôle central chez les peuples indo-européens dans les sacrifices rituels et dans tout véritable culte du feu proprement dit (thématique souvent abordée par Georges Dumézil). Disons, pour l’essentiel, que, dans les très nombreux rites symboliques du feu, avec fonctions cosmiques, on est placé dans une position déterminée à partir de laquelle on peut sans doute lier l’activité des dieux et des démons. En outre, le feu sacré est presque toujours conservé et alimenté par un groupe spécial de préservateurs, connaissant ses mystères et placés sous le patronage de divinités spécifiques (Vesta à Rome, les archanges en Iran, Agni en Inde, etc.)

Alberto Lombardo.

(Ce texte avait été rédigé en 2002, le 6 juin, pour le quotidien milanais La Padania ; il est désormais affiché sur le site http://www.centrostudilaruna.it ).

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