Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 23 juin 2017

Elections parlementaires britanniques : le demi-échec de Theresa May

theresamay.jpg

Elections parlementaires britanniques : le demi-échec de Theresa May

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Ce devait être le scrutin du renforcement pour les Conservateurs de Theresa May en route vers un « hard brexit ». Malgré le peu de charisme de ce premier ministre qui après avoir été opposé au brexit est devenu partisan d’un brexit radical, Theresa May espérait s’imposer largement et c’est ce qui était prévu selon les sondages de l’époque où elle a décidé d’organiser un scrutin anticipé.

Mal lui en a pris car le candidat du Labour Jeremy Corbyn, qui a lancé des attaques sur l’économie et sur la sécurité, sans évoquer le brexit contre lequel il s’était très timidement opposé, a bénéficié alors d’une dynamique favorable.

Avec 42,4% (+5,5 points), les Conservateurs l’emportent mais ils n’obtiennent que 318 sièges (contre 331 auparavant) et perdent ainsi la majorité absolue (326 sièges). Leur progression se fait surtout au détriment du parti UKIP. Ils devront s’allier pour gouverner avec probablement le parti DUP d’Irlande du Nord, les protestants d’Ulster, qui obtient 0,9% des voix (+0.3) et 10 sièges (+2). Mais même leur soutien éventuel n’offrirait qu’une majorité très faible. En outre, le DUP est assez dur et pourrait relancer la crise en Irlande du Nord.

Avec 40% des voix (+ 9,5) et 262 sièges (+30), le Labour de Jeremy Corbyn fait presque jeu égal avec les conservateurs même s’ils ont moins d’élus. Ils progressent notamment au détriment d’UKIP mais surtout des nationalistes écossais du SNP. Ceux-ci avec 3% des voix (-1,7) et 35 sièges (-21) sont ainsi fragilisés et la perspective d’obtenir un nouveau référendum sur l’indépendance semble pour le moment s’éloigner. Réunis, Labour et SNP ne sont pas en mesure de gouverner.

Les Libéraux Démocrates, seuls partisans de l’Union Européenne, n’obtiennent que 7,4% des voix (-0,5) et devront se contenter de 12 sièges (+4). Leur rôle sera modeste dans cette nouvelle assemblée.

UKIP s’effondre littéralement, tombant à 1,8% (-10,8) et perdant son seul siège. C’est une sévère déconvenue pour la formation souverainiste qui avec le Brexit perd sa seule raison d’être, après avoir tué la seule voix un peu identitaire, le BNP n’obtenant que 4000 voix et donc 0%. Le départ de Nigel Farage a également fait beaucoup. Présents avec 25 députés à Bruxelles, qu’ils perdront avec le brexit en 2019, ils seront absents du parlement national. L’impasse souverainiste, qu’on constate aussi dans le cas français, est ainsi démontrée.

Les nationalistes gallois obtiennent 0,5% (-0,1) et 4 sièges (+1), le Sinn Fein irlandais 0,7% (+0,2) et 7 sièges (+3). Les Verts avec 1,6% (-2,1) et un siège demeurent à un niveau très bas, en dehors de leur seule implantation locale.

Minoritaires ou avec une majorité fragile, Theresa May n’est donc pas du tout renforcée à l’issue de ce scrutin. Au contraire, dans le cadre des négociations avec le Brexit, elle aura du mal à se présenter en position de force. Le Brexit n’est d’ailleurs pas si certain que tous semblent le dire. Beaucoup d’eau coulera avant 2019.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

Elections législatives françaises : une abstention record, une opposition affaiblie

jemabst.jpg

Elections législatives françaises : une abstention record, une opposition affaiblie

par Thomas Ferrier

Ex: http://thomasferrier.hautetfort.com

Un 1er tour macroniste.

Au premier tour, le mouvement « La république en marche » du nouveau président Emmanuel Macron s’est imposé comme la première force politique du pays, avec 28,21% des voix, ce qui n’est pas néanmoins un score exceptionnel, d’autant plus que ce résultat a lieu dans un contexte d’abstention record, puisque 48,7% des électeurs seulement s’étaient déplacés pour ce scrutin. L’effet « président » a joué évidemment son rôle pour doter le nouveau gouvernement d’une légitimité parlementaire.

Le Front National connaît quant à lui une sévère déconvenue, n’obtenant que 13,2% des voix (contre 13,6% en 2012) et perdant 61% des électeurs qui avaient voté Marine Le Pen au 1er tour des présidentielles. Ce vote sanction a manifesté la déception de ces derniers quant au résultat du 2ème tour et quant à la prestation catastrophique de la candidate le 3 mai dernier lors du débat face à Emmanuel Macron. Marine Le Pen atteint 46% des voix à Hénin-Beaumont, ce qui pouvait laisser penser au fait qu’elle se retrouverait seule à l’assemblée pour représenter son parti.

Quant au mouvement de Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), il est écrasé avec 1,17% des voix, seul son président réussissant à passer le cap du 1er tour mais en étant très menacé dans sa propre circonscription. Son alliance ratée avec le FN a considérablement affaibli sa formation politique.

Avec 11,03% des voix, La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon faisait également une contre-performance, mais à ce pourcentage il faudrait ajouter les 2,7% des voix obtenus par le PCF. Son recul était donc moindre que celui du FN, sans pour autant être un bon résultat.

Avec 7,44% des voix, malgré son implantation ancienne, le Parti Socialiste réalise un score très médiocre et perd ainsi dès le 1er tour un certain nombre de ténors et aussi son premier secrétaire, Jean-Christophe Cambadélis étant éliminé dès cette étape. C’est la fin qui se profile à l’horizon pour le parti mitterrandien qui a été séché par Macron à droite et par Mélenchon à gauche.

Le Modem, avec 4,1% des voix, fait un score en apparence modeste mais étant allié avec La République en Marche, il ne présentait pas des candidats partout sur le territoire. Il n’existe que dans le cadre de cette coalition, sinon il aurait été réduit à un résultat dérisoire.

abst17.jpg

Les diverses formations écologistes totalisent quant à elles 4,3% des voix mais se retrouvent extrêmement fragilisées, et même dépouillées. L'extrême-gauche est réduite à 0,8% des voix et l'UPR, la formation ultra-souverainiste d'Asselineau, se situe aux alentours de 0,5% des voix et n'obtiendra en conséquence aucun financement.

Enfin, la droite républicaine, LR, UDI et divers droites, totalise 21,6% des voix (dont 15,8% pour LR), ce qui est un résultat modeste, lié notamment à la stratégie gagnante de Macron consistant à débaucher et/ou à séduire un certain nombre de figures de LR, comme son premier ministre Edouard Philippe par exemple. Le choix de Baroin pour mener la campagne, un candidat Macron-compatible, ne pouvait aboutir à autre chose qu’à un échec. PS et LR ont donc été les victimes d’un président centriste particulièrement habile pour semer le trouble chez ses adversaires et qui s’est révélé un politicien beaucoup plus redoutable que ce que pensaient ses adversaires d’un nouveau venu sans implantation électorale antérieure.

Un léger rééquilibre au 2ème tour.

Les sondages annonçant plus de 400 députés pour la majorité présidentielle, les électeurs ont voulu dans un certain nombre de cas rééquilibrer le jeu. Avec une abstention record de 58%, l’élection n’a pas passionné les Français, mais il est aussi probable que des électeurs de Macron du 1er tour n’ont pas voté, soit parce que les « bourgeois » de centre-gauche ont pensé que les jeux étaient faits, soit parce que le haut degré d’ensoleillement les a amenés à d’autres activités qu’électorales ce dimanche.

En conséquence de quoi, le FN et LFI (Mélenchon) ont connu une légère embellie, ainsi que les candidats de droite très implantés. Avec 8 députés dont Marine Le Pen elle-même, élue avec 58,6% des voix mais avec une participation de 44%, indiquant l’absence de mobilisation contre elle, et dont Emmanuelle Ménard à Béziers, Gilbert Collard (réélu) dans le Gard, le FN obtient son meilleur résultat au scrutin majoritaire. Mais on est loin des 45 à 80 députés que le FN ambitionnait d’obtenir. Les candidats philoppotistes, dont Florian Philippot lui-même, ont en revanche échoué nettement. Avec ses 8 députés, Marine Le Pen limite la casse et va sans doute tenter d’empêcher la remise en cause de son autorité en interne et d’éviter de pourtant nécessaires remises en question. Jacques Bompard (Ligue du Sud) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) sont également réélus, mais même leur éventuel soutien au FN ne permettrait pas la constitution d’un groupe parlementaire. Autres gagnants, ce sont les nationalistes corses qui font rentrer 3 députés à l’Assemblée nationale, un record.

LFI, Mélenchon étant lui-même élu à Marseille-nord, réussit à obtenir au moins 15 députés, ce qui leur permet d’avoir un groupe indépendant du PCF, ce dernier n’en disposant en revanche pas (10 députés à 23h30). Il est à cette heure difficile de savoir s’ils formeront un groupe uni.

La droite républicaine sauve également la tête d’un certain nombre de ses figures dont Eric Ciotti et Claude Goasguen. Néanmoins elle n’aurait obtenu que 130 députés environ, dont beaucoup lorgnent déjà vers La République en Marche, à l’instar de Thierry Solère qui a envoyé des clins d’œil appuyés aux gagnants de ce soir.

Le PS et ses alliés de gauche n’obtiennent qu’entre 44 et 46 sièges. Manuel Valls, qui avait rompu avec lui, gagne de justesse dans l’Essonne, même si sa victoire sera contestée par son adversaire du LFI. En revanche, des figures comme El Khomry, Touraine et Vallaud-Belkacem sont éliminées, malgré parfois le soutien de LREM de Macron. Les personnalités trop associées à l’ancien gouvernement ont ainsi été sanctionnées.

La République en Marche (LREM) et le Modem de François Bayrou obtiennent environ 360 sièges, leur donnant la majorité absolue (sur 577 sièges) mais avec moins de sièges qu’espérés. Les électeurs n’ont pas voulu donner un blanc-seing au nouveau président. Par ailleurs, il sera bien difficile à ce dernier de tenir un groupe parlementaire avec de nouveaux élus dont l’expérience politique est parfois très limitée et dont les positions politiques peuvent être parfaitement antagonistes dans les faits.

Thomas FERRIER (Le Parti des Européens)

mardi, 13 juin 2017

Ernst Jünger und die bildende Kunst

EJ-BK-kopf.jpg

Ernst Jünger und die bildende Kunst

 
 
ISBN: 978-3-8260-6152-3
Autor: Dietka, Norbert
Year of publication: 2017
34,80 EUR
ISBN: 978-3-8260-6152-3
Year of publication: 2017
Pagenumbers: 216
Language: deutsch
 
Short description: Mit dieser Publikation wird erstmalig der Versuch unternommen, systematisch das signifikante Verhältnis des Schriftstellers Ernst Jünger zur bildenden Kunst zu dokumentieren. Im Vordergrund steht, anhand von diversen Bildzeugnissen – Porträts von Malern, Bildhauern und Fotografen –, diese spezifische Kommunikationen zu thematisieren und, soweit es die Recherchen zuließen, Textzeugnisse (Briefe, Tagebücher und Aufsätze) hinzuzuziehen. In Form von kleineren Features werden auf der Grundlage des vorhandenen Materials ausgewählte Künstler und deren Erzeugnisse (in der Regel Jünger-Porträts) näher vorgestellt. Die Dokumentation kann schon wegen der äußerst umfangreichen, noch nicht ausgewerteten Brief-Konvolute nur ein vorläufiges Ergebnis generieren. Auch müsste kritisch hinterfragt werden, ob eine summarisch auf Vollständigkeit abzielende Bestandaufnahme eine exemplarische, nach inhaltlichen Gesichtspunkten ausgerichtete Untersuchung ersetzen kann. Allerdings wird mit dem hier vorgelegten Ergebnis eine Basis geschaffen, die weiterführende Arbeiten begünstigen soll.

Der Autor Norbert Dietka studierte Germanistik und Geschichte an der Universität Dortmund und wurde dort mit einer Arbeit über die Jünger-Kritik (1945–1985) 1987 promoviert. Dietka war bis 2013 im Schuldienst und versteht sich heute als freier Publizist. Der Autor hat mehrere Beiträge zur Jünger-Rezeption in der französisch-deutschen Publikationsreihe Les Carnets der „Revue du Centre de Recherche et de Documentation Ernst Jünger“ (Rédacteurs en chef: Danièle Beltran-Vidal und Lutz Hagestedt) veröffentlicht und war zuletzt mit einem Aufsatz am Projekt ,Ernst Jünger Handbuch‘ des Verlages J. B. Metzler (hg. von Matthias Schöning) beteiligt. 2016 veröffentlichte Dietka sein Buch Ernst Jüngers Versuch von der „Herrschaft und Gestalt des Arbeiters“ im Verlag Königshausen & Neumann.
 

EJ-BK-titre.jpg

Leopold Ziegler, Philosoph der letzten Dinge

Leopold_Ziegler.jpg

Leopold Ziegler,

Philosoph der letzten Dinge.

Eine Werkgeschichte 1901-1958.

Beiträge zum Werk, Bd. 4

 
 
ISBN: 978-3-8260-6111-0
Autor: Kölling, Timo
Band Nr: 4
Year of publication: 2016
 
ISBN: 978-3-8260-6111-0
Series Nr: LEO
Band Nr: 4
Year of publication: 2016
Pagenumbers: 540
Language: deutsch
 
Short description: Leopold Ziegler (1881–1958) ist der Poet unter den deutschsprachigen Philosophen des zwanzigsten Jahrhunderts. Seiner Philosophie eignet ein künstlerischer Zug, der ihren sachlichen Gehalt zugleich realisiert und verschließt, ausdrückt und verbirgt. Ziegler hat sein Anliegen in Anknüpfung an Jakob Böhme, Franz von Baader und F. W. J. Schelling als „theosophisches“ kenntlich gemacht und damit die Grenzen der akademischen Philosophie seiner Zeit weniger ausgelotet als ignoriert und überschritten. Timo Köllings im Auftrag der Leopold-Ziegler- Stiftung verfasstes Buch ist nicht nur das erste zu Ziegler, das nahezu alle veröffentlichten Texte des Philosophen in die Darstellung einbezieht, sondern auch eine philosophische Theorie von Zieglers Epoche und ein Traktat über die Wiederkehr eines eschatologischen Geschichtsbildes im 20. Jahrhundert. 
Der Autor Timo Kölling ist Lyriker und Philosoph. Als Stipendiat der Leopold-Ziegler-Stiftung veröffentlichte er 2009 bei Königshausen & Neumann sein Buch „Leopold Ziegler. Eine Schlüsselfigur im Umkreis des Denkens von Ernst und Friedrich Georg Jünger“.
 

LZ-buch.jpg

José Ortega y Gasset contre la barbarie de la spécialisation

ortega_y_gasset_jose_gggggggggg.jpg

José Ortega y Gasset contre la barbarie de la spécialisation

Dans La Révolte des masses, José Ortega y Gasset décrit la contamination des sociétés modernes par « l’homme-masse ». Le triomphe de celui-ci est tel qu’il a su imposer son tempérament médiocre à tous les domaines de la vie. Alors que les sociétés traditionnelles définissaient l’individu d’élite comme un homme « total », le XXe siècle fait du barbare spécialiste la figure de la nouvelle « aristocratie » intellectuelle.

L’idéal d’intelligence dans les sociétés du passé était celui de l’homme « total », de l’homme « universel », plus tard de l’homme « encyclopédique ». « Nul n’entre ici s’il n’est géomètre », disait le portail de l’Académie de Platon, fondée au IVe av. J.-C. La philosophie, alors la plus haute des sciences, n’était accessible qu’à ceux qui étaient d’abord formés à la connaissance des règles spatiales. Au Xe siècle, à Bagdad, Al-Fârâbî, le « second maître », était à la fois philosophe, penseur du droit musulman et musicien. Le Quattrocento a produit Léonard de Vinci, peintre et inventeur de génie. Au XVIIe siècle, en France, Descartes, bien que fondateur de la philosophie moderne, écrivit le Discours de la méthode puis les Méditations métaphysiques. Plus tard, en Allemagne, Leibniz, auteur de la Théodicée, fut aussi l’un des inventeurs du calcul infinitésimal, après Archimède et avant Newton.

Pour José Ortega y Gasset, la fin du XIXe siècle marque un tournant dans l’histoire des sciences et voit émerger un nouveau modèle d’homme : le spécialiste. Celui-ci vient remplacer l’homme d’élite occidental traditionnel autrefois doué d’une « culture générale ». Pour l’auteur de La Révolte des masses, la naissance de l’encyclopédie contient en germe la dérive à venir. Si l’encyclopédie se présente comme une compilation du savoir universel, elle implique également sa fragmentation, son découpage en domaines de compétence. L’homme « encyclopédique » a engendré un monstre : le barbare spécialiste. « Mais lorsque, en 1890, une troisième génération prend le commandement intellectuel de l’Europe, nous nous trouvons en présence d’un type d’homme scientifique sans précédent dans l’histoire. C’est un homme qui, de tout ce que l’on doit savoir pour être un personnage cultivé, ne connaît qu’une science déterminée, et encore n’en possède vraiment que cette minime portion qui intéresse ses investigations personnelles. Et il en arrive à considérer comme une vertu le fait de ne pas s’occuper de tout ce qui demeure en dehors de l’étroit domaine qu’il cultive plus spécialement, et traite de “dilettantisme” toute curiosité pour l’ensemble des connaissances. » Il faut bien mesurer le ridicule d’une telle accusation. Ainsi l’arrogant spécialiste se permet de voir une inclination au « dilettantisme » chez l’homme qui a pour but d’embrasser la totalité des savoirs. Platon, Descartes, Leibniz, dilettantes ! Par conséquent, seul le spécialiste serait sérieux dans son travail.

Le spécialiste : un savant-ignorant

En réalité, l’avènement du spécialiste est lié à celui de « l’homme-masse » dont Ortega y Gasset dresse le portrait dans son essai. Une des dispositions mentales caractéristiques de « l’homme-masse » est son mépris pour tout ce qui l’a précédé. « Notre temps se caractérise par l’étrange présomption de se croire supérieur à tout autre temps du passé ; mieux encore : de feindre qu’il ignore tout ce passé, de ne pas y reconnaître des époques classiques et normatives, mais de se juger soi-même comme ayant une vie supérieure à toutes les anciennes et irréductibles à elles. » Voilà pourquoi le barbare spécialiste peut se considérer sans trop de difficulté comme plus sérieux que Leibniz ou plus travailleur que Platon. Pour Ortega y Gasset, l’homme vulgaire gouverne aujourd’hui le monde. Il est donc logique qu’il se soit aussi imposé dans le domaine scientifique. « La science expérimentale a progressé en grande partie grâce au travail d’hommes fabuleusement médiocres, et même plus que médiocres. C’est-à-dire que la science moderne, racine et symbole de la civilisation actuelle, accueille en elle l’homme intellectuellement moyen et lui permet d’opérer avec succès. » Selon lui, la science, telle qu’elle a triomphé au début du XXe siècle, est partagée en « petits segments » et se réduit à un « mécanisme ». La science peut donc être pratiquée par des individus qui ne possèdent pas de connaissance globale et organique. Désormais, elle est accessible à des techniciens, à des opérateurs qui maîtrisent des « méthodes comme avec une machine » et qui n’ont pas besoin de « posséder des idées rigoureuses sur leur sens et leur fondement ». Le spécialiste a les yeux rivés sur sa discipline et est incapable de la moindre prise de recul. Ortega y Gasset affirme : « Le spécialiste “sait” très bien son petit coin d’univers, mais il ignore radicalement tout le reste. » Il est donc victime d’une déformation ou, si l’on veut, d’une illusion d’optique. Il croit que le monde qu’il étudie est le seul digne d’intérêt, que monde qu’il a face à lui est le seul qui compte. Le barbare spécialiste n’a pas de vision panoramique.

chaplin_tempsmodernes3.jpg

Aux yeux d’Ortega y Gasset, le spécialiste bouleverse l’ancienne hiérarchie entre « savant » et « ignorant ». Il est responsable d’une rupture épistémologique sans précédent. « Ce n’est pas un savant, car il ignore complètement tout ce qui n’entre pas dans sa spécialité ; mais il n’est pas non plus un ignorant, car c’est un “homme de science” qui connaît très bien sa petite portion d’univers. Nous dirons donc que c’est un savant-ignorant, chose extrêmement grave, puisque cela signifie que c’est un monsieur qui se comportera, dans toutes les questions qu’il ignore, non comme un ignorant, mais avec toute la pédanterie de quelqu’un qui, dans son domaine spécial, est un savant. » La « barbarie de la spécialisation » tient précisément dans cette confusion. Autrefois, on pouvait dire qu’une civilisation était développée en proportion du nombre d’individus d’élite qui la faisaient rayonner, qu’elle était barbare en proportion du nombre d’individus médiocres qui la composaient. La barbarie moderne – celle de l’homme-masse – a ceci de particulier qu’elle ne distingue plus clairement « savant » et « ignorant ». Aujourd’hui, les hommes d’élite sont des médiocres et les médiocres sont des hommes d’élite.

Au XXe siècle, il n’y a jamais eu autant d’ « hommes de science », c’est-à-dire de barbares spécialistes, et aussi peu d’hommes de culture. Pour Ortega y Gasset, cette désunion de la science et de la culture est une tragédie. Cette nouvelle donne épistémologique doit conduire à une impasse car les « bassets tourne-broche de la “rôtisserie de la science” » seront incapables de refonder quoi que ce soit quand l’heure sera venue, comme ce fut le cas avec Copernic, Galilée, Newton ou Einstein. « Car la science a besoin de temps en temps, pour régler son propre accroissement organique, d’un travail de re-consitution ; or, je l’ai déjà dit, ce travail requiert un effort d’unification chaque fois plus difficile, qui chaque fois embrasse des régions plus vastes du savoir total. »

Historic Battle in the Pacific

BoP-1.jpg

Historic Battle in the Pacific

To see America as it once was, go back to the three days from 4 to 7 June, 1942. During the six months after the devastating Japanese attack on the principal US Pacific base at Pearl Harbor,  Hawaii, US and allies forces across the west Pacific were being mauled by the Imperial Japanese Navy.

Japan’s leading naval strategist, Adm. Isoroku Yamamoto, was planning a decisive action near Midway Island to lure America’s three aircraft carriers into battle and sink them.

The USS carriers Enterprise, Hornet and Yorktown had been sent away from Pearl Harbor before the Japanese attack.  Had they been in port, Japan would have won the Pacific War on 7 Dec 1941.  But they were not, strongly suggesting foreknowledge by the pro-war Roosevelt administration of Japan’s plans.

In fact, US naval code-breakers had deciphered many of Japan’s naval and diplomatic codes that Tokyo believed were secure.   The US also broke many of Germany’s codes.  Almost eight decades later, the US National Security Agency continues this code-breaking tradition.  Small wonder the US is so obsessed with communications security and ELINT, or electronic intelligence.  They were key elements in America’s WWII victory.

Isoroku_Yamamoto.jpg

Yamamoto had made a grave error during the Pearl Harbor attack.  He should have sent his powerful battleships to direct attack the US base with naval gunfire.  There was concern about US coastal 16 inch batteries on Oahu, but Yamamoto should still have bombarded US oil and repair facilities at Pearl Harbor.  Destroying them would have given Japan control of the Pacific for at least a year. In the event, his battleships served little useful purpose during the war and were mostly sunk by later US airstrikes.

Widely dispersed Japanese naval forces, with four fast carriers, moved towards Midway, a tiny atoll 3,500 miles west of Hawaii, to draw the US Navy into battle.

What Yamamoto did not know was that US naval intelligence was reading all of his orders and tracing movement of his ships.  Or that he was facing three of the finest admirals in US history:  Chester Nimitz, Frank Fletcher and Raymond Spruance.

Meanwhile, Adm. Yamamoto had to dispatch a strong navel force to the remote US Aleutian Islands off Alaska to secure backing by the Imperial Japanese Army for the coming Midway battle.   Throughout WWII, Japan’s army and navy operated at cross-purposes or as rivals.  The army wanted to attack Soviet Siberia while the Navy was determined to capture oil sources in SE Asia.  There was almost no coordination between the two and the Emperor failed to impose unity of command.

In a near-miraculous example of American can-do spirits, the carrier ‘Yorktown,’ badly damaged at the Battle of the Coral Sea, was rushed back into service to the astonishment of the Japanese.

The two fleets began searching for one another – a process in pre-radar days of  blind luck, like a knife fight in a pitch-black room.   Of course, the US knew where many of the Japanese ships were.  But once Japan’s fleet moved, it was quickly lost again.

Carrier warfare is one of the consummate military arts, a process demanding absolute technical expertise, top command skills, steel nerves, and a lot of luck.  Japan’s admirals, Yamamoto, Nagumo, and Kondo, were experienced and skilled but America’s commanders ranked with Britain’s admirals Nelson and Cochran.

The key to the upcoming battle, which was all  beyond visual range, was searching.  US land and carrier  planes kept flying over search patterns seeking the Japanese carriers ‘Akagi, Kaga, Soryu and Hiryu,’ all veterans of the Pearl Harbor attack.  The Japanese searched even more intensely. Ironically, a Japanese floatplane that was to search a quadrant in which the US carriers were steaming was badly delayed by mechanical problems and failed to locate the US warships.

BattleOfMidway_planes_t700.jpg

At 0430 on 4 June 1943, Adm. Nagumo launched air attacks on Midway, which was defended by US Marines. As the Japanese attack intensified, Pearl Harbor reportedly sent them a message, ‘what can we send you?’  Came the insolent reply (my father was a Marine in the 5thDivision), ‘send us more Japs.’

Nagumo kept half his torpedo plans and dive bombers armed and in reserve in case US warships were sighted. At 0800, a Japanese search plane reported sighting US carriers while Nagumo still kept attacking Midway.  Unbeknown to him, Adm. Fletcher had already ordered his torpedo planes and dive bombers to attack Nagumo’s fleet that had been spotted by a US PBY flying boat and the heroism of squadron commander C. Wade McClusky.

At 0920, US torpedo squadron 6 from Enterprise flying obsolescent `Devastator’ aircraft attacked the Japanese carriers.  The squadron was massacred by Japanese Zero fighters flying top cover.  At least six US Mark 13 torpedoes hit the Japanese carriers yet failed to explode. US torpedoes were notoriously unreliable as compared to the deadly Japanese long-lance torpedoes.

All 15 of torpedo squadron 6’s Devastators were shot down.  At this dark moment,  three squadrons of Douglas Dauntless dive bombers from Enterprise and Yorktown arrived while the Japanese were distracted by the torpedo attacks.  Worse, the Japanese carriers were in the process of re-arming their aircraft for new strikes.  The carrier decks were covered with bombs, torpedoes and fuel lines.

At 1022 the US Dauntless dive bombers struck.  Within minutes, three Japanese carriers, Soryu, Kaga and Akagi were in flames.  The surviving Hiryu managed to launch and fatally wound the Yorktown.  US aircraft located then sank the Hiryu.

Four of Japan’s six carriers were sunk and many of her veteran pilots and mechanics were killed.  Both sides broke off the battle to lick their wounds.

Midway marked the high point of Japan’s Pacific offensive. After the battle, Japan lost the military imitative and went on the defensive for the rest of the war.  Japan could not replace the carriers or aircrews lost in battle.  As the war continued, America’s mighty industrial base produced more than eight times more warships and transports than battered Japan.

There were many more naval battles after Midway, but no other nation on earth would dare challenge the US Navy.  America’s sailors and airmen had won the Pacific War in a day that will reverberate in history.

lundi, 12 juin 2017

Réflexions sur la guerre civile

FGCiv.jpg

Réflexions sur la guerre civile

 
Que la guerre civile ne soit plus seulement un sujet de politique-fiction mais se voit saisie par les philosophes nous dit beaucoup sur l’heure qu’il est. Le titre du vigoureux essai de Damien Le Guay, La Guerre civile qui vient est déjà là, ne pouvait être plus clair. Mais, avant de plonger dans cet ouvrage, précisons. Le Larousse définit la guerre civile comme la « lutte armée, au sein d’un même Etat, entre les partisans du pouvoir en place et une fraction importante de la population ». Nous n’y sommes pas. Le dictionnaire de l’université de Sherbrooke nous dit, pour sa part, que cette lutte armée « oppose, à l’intérieur d’un Etat, des groupes importants (classes sociales, ethnies ou groupes religieux) », voilà qui est mieux.

Disperser le brouillard

Damien Le Guay publie un essai courageux. Pour ceux qui savent peser leurs mots, celui-ci est important dans une époque de lynchage et de dictature morale du clergé bien-pensant. Pour Le Guay, il y a une guerre civile culturelle déjà à l’œuvre en France, prodrome d’une militarisation du conflit dont les territoires perdus et les attaques terroristes témoignent. Peut-on parler d’une guerre civile dans un pays désarmé ? Le Guay utilise la belle expression de « fatigues civilisationnelles » pour nommer la léthargie des peuples européens qui, pendant des siècles, avaient diffusé leur vitalité à travers le vaste monde. Il réalise un solide travail de diagnosticien. Pour susciter une réaction du malade ? Irresponsabilité de l’antiracisme officiel, qui a fourni aux racailles de glorieux motifs à leur haine de « l’oppresseur blanc », magouilles et trahisons d’une « élite endogamique » qui ne comprendra jamais l’infernal quotidien de Mme Michu dans son HLM de la France périphérique, mensonges d’un multiculturalisme qui portait en lui les germes d’une société multiconflictuelle, piège de la prétendue « islamophobie », mythe d’une Europe post-nationale qui brise les peuples et laisse les portes grandes ouvertes. Peu craintif du terrorisme intellectuel, Le Guay invite à considérer « le ressentiment des Français à l’égard des musulmans (…) plutôt que de s’en inquiéter ».

guay-couv.jpg

Quand nos pseudo-élites avouent du bout des lèvres une sécession sociale, économique et culturelle, l’auteur prouve que le conflit est beaucoup plus profond : politique, anthropologique et religieux. Il ne tient pas à quelques points de PIB ou de pouvoir d’achat, mais aux raisons qui font que l’on accepte de vivre… et de mourir. Une telle fracture ne se résout pas grâce à une idéologie bisounours, et c’est un traitement de cheval qu’il faut imposer à ceux qui ont choisi de vivre en étrangers sur le territoire français. Damien Le Guay n’hésite pas sur ce point.

« La vérité, toute la vérité »

Alors, certes, la vision du philosophe est encore fortement teintée de républicanisme. L’intégration lui semble encore possible, au prix d’un violent coup de collier. « Une réunification des territoires, des cœurs et des Français » est espérée. Ce serait un euphémisme de dire que ce n’est pas l’issue qui nous semble la plus probable. En conservateur mesuré, Le Guay se montre défenseur du peuple demos plutôt que du peuple ethnos. Mais l’essayiste ne tombe jamais dans la moraline tarte à la crème. Si son cœur bat pour Fillon – sans passion délirante, d’ailleurs – il ne jette jamais la pierre aux sympathisants de Marine Le Pen, ne les rabaisse pas et explique avec beaucoup d’honnêteté que leurs inquiétudes sont à la fois généreuses et justifiées. Généreuses, car fondées sur la volonté de protéger les leurs (immigration et insécurité) avant même de penser à eux (motifs économiques). Justifiées, car ils ne font que dire la vérité difficile qu’ils voient – ce à quoi se refusent toutes nos pseudo-élites tarées – selon la belle formule de Péguy : « La vérité, toute la vérité, (…) la vérité bête, (…) la vérité ennuyeuse, la vérité triste. »

Le Guay n’est pas un philosophe en pantoufles, et il ose tendre l’oreille aux cris du populiste que marginalise la classe politico-médiatique. Avec beaucoup de hauteur, il participe à « bien nommer les choses », pour renverser la formule de Camus. Il nous livre un essai apte à ouvrir les yeux des « inclus », qui complète très bien Le Multiculturalisme comme religion politique publié il y a quelques mois par Mathieu Bock-Côté. Bock-Côté, Finkielkraut, Brague, Guilluy, Taguieff et leurs grands aînés : Arendt, Weil, Bernanos et le cher Péguy, voici les références qui nourrissent la réflexion de Damien Le Guay, auteurs nourrissants qui peuvent nous aider à comprendre le temps qui vient.

  • La Guerre civile qui vient est déjà là, par Damien Le Guay, éditions du Cerf.

Pierre Saint-Servant

Comment nos peuples sont devenus jetables

Down-in-the-Dumps-2-640x853.jpg

Comment nos peuples sont devenus jetables

 
On en revient toujours à Alien : expendable crew.

C’est la phrase du siècle, équipages et peuples sont jetables.

Or les peuples sous le régime de la mondialisation sont tous devenus jetables, quoique à des degrés divers. On expédie rapidement les Musulmans quand ils ne conviennent pas aux maîtres ; on attend paisiblement l’extinction démographique des Japonais ou des Chinois, on accélère le remplacement des vieux peuples de l’Europe ou de l’Amérique. La lente application de ce méli-mélo flamboyant impérial est cependant vieille de deux siècles.

Le capitalisme impérial a toujours voulu remplacer les peuples. La plantation (territoire-prototype mondialisé et déjà hyper-capitaliste, avec esclaves, bourreaux et contremaîtres) ayant exterminé les Indiens, on alla chercher les Noirs d’Afrique. Pendant la révolution industrielle, on eut une seule fièvre : trouver de la main d’œuvre moins  chère. L’Irlandais, le Chinois, la femme et les enfants.

Car sinon le capital s’évanouit. Notre torture est son droit de l’homme.
Dans une lettre du 18 juin 1871 adressée à son ami Kugelmann, Marx écrit que…
Le citoyen Jung annonça que les menuisiers de Newcastle étaient en grève pour la journée de neuf heures et que les patrons avaient fait venir des ouvriers de Belgique et essayaient d’en recruter de nouveaux.
Il fut aussitôt décidé de se mettre en relation avec la Section belge en vue d’arrêter l’immigration d’ouvriers belges.
Ce texte m’avait été envoyé jadis par un lecteur communiste (ou ce qu’il en reste). Marx explique aussi qu’il faudra un beau jour remplacer le yankee par trois chinois.
Eh bien c’est fait. Et par des démocrates encore.
Trente ans plus tard le sociologue Edward Allsworth Ross souligne la dureté sociale des USA. On y revient. Le moyen pour le capital : accélérer le remplacement de la main d’œuvre par l’immigration est et sud-européenne.
Lisons-le dans un anglais simple :
« The Slavs and Magyars were introduced into Pennsylvania forty-odd years ago by mine-operators looking for more tractable miners. Agents were sent abroad to gather up labour, and frequently foreigners were brought in when a strike was on. Poles were introduced into South Cleveland in 1882 to replace strikers in the wire-mills. The meat-packing strike of 1904 in Chicago was broken with trainloads of Negroes, Italians and Greeks.”
 Toujours aussi gaiement Ross continue :
 “In 1887 a coal-dockers’ strike was broken with Magyars, and in 1904 striking boilermakers were replaced by Poles. The striking glass-workers in 1904 were beaten by the introduction of Slovaks, Italians, Poles and Magyars.”
Il conclut sur un travers qui n’a en rien changé : dans le monde du capital tout le monde se déteste.
« Barriers of speech, education, and religious faith split the people into unsympathetic, even hostile camps.”
Les immigrants étaient trompés dès l’Europe, comme les Joad plus tard (Steinbeck), par la propagande des ramasseurs et autres rabatteurs de pauvres (Daniel Boorstyn). La vie en Amérique a été déformée par les mauvais westerns et tout le reste. Lisons un peu Dostoïevski, qui remet les pendules à l’heure dans les Possédés :
« Eh bien, nous travaillâmes comme des nègres, nous souffrîmes le martyre ; à la fin, Kiriloff et moi n’y pûmes tenir, nous étions rendus, à bout de forces, malades. En nous réglant, l’entrepreneur nous retint une partie de notre salaire ; il nous devait trente dollars, je n’en reçus que huit et Kiriloff quinze ; on nous avait aussi battus plus d’une fois. Après cela, nous restâmes quatre mois sans travail dans une méchante petite ville ; Kiriloff et moi, nous couchions côte à côte, par terre, lui pensant à une chose et moi à une autre. »
La vie était chère en Amérique. Ce sont les fournisseurs qui ont fait fortune lors des Gold rush, pas le Charlot. Il vaut mieux escroquer le mineur que creuser soi-même. Dostoïevski poursuivait en ricanant :
« Que vous dirai-je ? Quand, pour un objet d’un kopek, on nous demandait un dollar, nous payions non seulement avec plaisir, mais même avec enthousiasme.
Nous admirions tout : le spiritisme, la loi de Lynch, les revolvers, les vagabonds…’
A partir de la Deuxième Guerre Mondiale, lors du triomphe mondial de l’américanisme, la situation se clarifie. Avant on mutilait ou on massacrait pour engranger, mais pas tout le monde. Aujourd’hui plus personne n’est hors d’atteinte du hachoir du capital et de sa technoscience. La présence de l’U.R.S.S. tempéra le processus (Stieglitz). Maintenant les chiens sont lâchés.

Je cite le peu recommandable Maurice Bardèche qui décrit le monde qui naît après 1945. Je déteste comme vous le fascisme, mais je trouve que ce normalien critique de Balzac décrivait bien les faits ici :
« La loi internationale s’installera d’autant mieux que la loi indigène n’aura plus de défenseurs… les Etats ne seront plus que les arrondissements administratifs d’un seul Empire. Et d’un bout à l’autre du monde, dans des villes parfaitement pareilles puisqu’elles auront été reconstruites après quelques bombardements, vivra sous des lois semblables une population bâtarde, race d’esclaves indéfinissable et morne, sans génie, sans instinct, sans voix. L’homme déshydraté régnera dans un monde hygiénique. D’immenses bazars résonnants de pick-up symboliseront cette race à prix unique. »

METROPOLIS_USA_NTSC-120.jpg

La race à prix unique est une expression très juste. On ajuste, on liquéfie, on modélise, on homogénéise. Le chien de collection a droit à sa race, pas l’esclave du capital mondialisé.
Bardèche continue sur notre Metropolis :
« Des trottoirs roulants parcourront les rues. Ils transporteront chaque matin à leur travail d’esclave la longue file des hommes sans visage et ils les ramèneront le soir. Et ce sera la terre promise. Ils ne sauront plus, les usagers du trottoir roulant, qu’il y eut jadis une condition humaine. Ils ne sauront pas ce qu’étaient nos cités, quand elles étaient nos cités : pas plus que nous ne pouvons imaginer ce qu’étaient Gand ou Bruges au temps des échevins. »
On est loin de cette beauté pure et traditionnelle ; ou de l’Alhambra, ou du Taj Mahal. Ou de la cité interdite incendiée et pillée par les preux soldats français et anglais lors d’une deuxième guerre de l’opium destinée à enrichir Sassoon.
Le même capital qui martyrise ces peuples martyrisa nos peuples, les envoya à la guerre. Il ose incriminer le racisme européen après avec sa télé, pour accélérer notre disparition, et on n’y voit que du feu.
 
Bardèche décrit nos maîtres de Metropolis :
« Penchés sur des graphiques, ils canalisent les millions d’esclaves du trottoir roulant et ils fixent dans leur sagesse le nombre de chemises qu’il leur sera permis de s’acheter dans l’année et le chiffre des calories qui leur seront attribuées pour vivre. Et le travail des autres hommes circule et s’inscrit sur les murs de leur cabinet comme en ces panneaux aux tubulures transparentes sur lesquels courent sans arrêt diverses sèves colorées. Ils sont les machinistes de l’univers. »
Chateaubriand voyait la destruction des nations arriver à la fin de ses mémoires :
Quelle serait une société universelle qui n’aurait point de pays particulier, qui ne serait ni française, ni anglaise, ni allemande, ni espagnole, ni portugaise, ni italienne ? Ni russe, ni tartare, ni turque, ni persane, ni indienne, ni chinoise, ni américaine, ou plutôt qui serait à la fois toutes ces sociétés ? Qu’en résulterait-il pour ses mœurs, ses sciences, ses arts, sa poésie ? »
Il n’en résulterait pas grand-chose, et on le sait tous très bien. Pour parler comme notre Balzac, les peuples ne sont plus des œuvres, mais des produits.
Ne nous plaignons pas de vivre cette époque exaltante.
Nous sommes les premiers à assister à la liquidation en direct de toute l’humanité ; jamais une telle puissance d’anéantissement et d’abêtissement culturel n’a été ainsi mise en œuvre ; jamais les Néron n’auront été si puissants.
 
Bibliographie
  • Bardèche – Nuremberg, ou la terre promise
  • Balzac – Béatrix (ebooksgrauits.com)
  • Bonnal – Comment les Français sont morts ; chroniques sur la fin de l’histoire
  • Chateaubriand – Mémoire d’outre-tombe, conclusion
  • Dostoïevski – Les possédés, p. 160 (ebooksgratuits.com)
  • Karl Marx – Lettre à Kugelmann, 18 juin 1871 (marxists.org)
  • Edward Allsworth Ross – The old world in the new, chapter 9, pp.207-208, archive.org
Les livres de Nicolas Bonnal sont disponibles chez:
La bataille des champs patagoniques

L’épée de l’archange saint Michel : ces sept sanctuaires unis par un fil invisible

 

MSM-2.jpg

L’épée de l’archange saint Michel : ces sept sanctuaires unis par un fil invisible

Une mystérieuse ligne imaginaire unit entre eux sept monastères, de l’Irlande jusqu’en Israël. Simple coïncidence ? Ces sanctuaires sont très éloignés les uns des autres, mais parfaitement alignés. La ligne sacrée de saint Michel archange serait, selon la légende, le coup d’épée que le saint asséna sur le diable pour le renvoyer en enfer.

MSM-3.jpg

Quoi qu’il en soit, le parfait alignement de ces sanctuaires est surprenant : les trois sites les plus importants – le Mont-Saint-Michel en France, l’abbaye Saint-Michelde-la-Cluse et le sanctuaire du Mont-Gargan en Italie – sont équidistants. Un avertissement du saint afin que les lois de Dieu soient toujours respectées et que les fidèles restent sur le droit chemin. Par ailleurs, cette ligne sacrée s’aligne parfaitement avec le soleil levant du solstice d’été.

MSM-4.jpg

1) SKELLING MICHAEL

La ligne commence en Irlande, sur une île déserte, là où l’archange Michel serait apparu à saint Patrice pour l’aider à délivrer son pays du démon. C’est ici que se trouve le premier monastère, celui de Skelling Michael (« Le Rocher de l’archange Michel »).

2) SAINT MICHEAL’S MOUNT

La ligne se dirige ensuite vers le Sud et s’arrête en Angleterre, au St. Michael’s Mount (« Mont Saint-Michel »), une petite île dans les Cornouailles, accessible à marée basse. À cet endroit-même saint Michel aurait parlé à un groupe de pécheurs.

MSM-1.jpg

3) LE MONT-SAINT-MICHEL

Puis la ligne sacrée se poursuit en France, sur une autre île célèbre, le Mont-Saint-Michel, où l’archange Michel serait également apparu. La beauté de son sanctuaire et de l’immense baie qui l’entoure sur la côte normande, en fait l’un des sites touristiques les plus visités de toute la France. Il est inscrit au patrimoine de l’Humanité de l’Unesco depuis 1979. Déjà au temps des Gaules, ce lieu était imprégné d’un fort mysticisme, puis en 709 l’archange apparut à l’évêque d’Avranches, saint Aubert, à qui il demanda de construire une église dans le rocher. Les travaux commencèrent mais ce n’est qu’en 900, avec les moines bénédictins, que l’abbaye fut construite.

4) L’ABBAYE SAINT-MICHEL-DE-LA-CLUSE

À 1000 kms de distance, à l’entrée du Val de Suze, dans le Piémont (Italie), se dresse le quatrième sanctuaire: L’abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse (en italien Sacra di San Michele). La ligne droite unit ce lieu sacré au reste des monastères dédiés à saint Michel. La construction de l’abbaye commence vers l’an 1000, mais lui seront ajoutées de nouvelles structures au fil des siècles. Les moines bénédictins l’ont développée en lui ajoutant aussi une dépendance pour loger les pèlerins parcourant la voie Francigena, réseau de routes et chemins empruntés par les pèlerins venant de France.

5) SANCTUAIRE DE SAINT-MICHEL-ARCHANGE

Mille kilomètres plus loin, la ligne franchit les Pouilles et l’on tombe sur le Gargan, où une caverne inaccessible est devenue un lieu sacré : le Sanctuaire de Saint-Michel-Archange. La construction du site remonte à l’an 490, année de la première apparition de saint Michel à saint Laurent Maiorano, l’évêque local.

6) MONASTERE DE SYMI

Puis de l’Italie, la ligne sacrée de saint Michel arrive au sixième sanctuaire, en Grèce, sur l’île de Symi: le monastère orthodoxe de l’archange Michel « Mixalis » abrite une effigie du saint de 3 mètres de haut, une des plus grandes au monde.

7) MONASTERE DU CARMEL

La ligne sacrée se termine en Israël, au Monastère du Mont-Carmel à Haïfa. Ce lieu est vénéré depuis l’Antiquité et sa construction, comme sanctuaire chrétien et catholique, remonte au XIIe siècle.

Article traduit de l’italien par Isabelle Cousturié.

dimanche, 11 juin 2017

Insultes, verrouillage, pression: la communication de l’Élysée sur le banc des accusés

libpresscrayons.jpg

Insultes, verrouillage, pression: la communication de l’Élysée sur le banc des accusés

Ex: M6info

Depuis quelques jours, la polémique enfle : la communication sans faute d’Emmanuel Macron cacherait-elle un verrouillage qui menace la liberté de la presse ? Dernier éclat en date : le choix des journalistes autorisés à suivre le chef d’Etat en déplacement imposé par l’Élysée. Un choix démenti par la présidence.

L’Elysée assure ne pas avoir cherché à “imposer un journaliste plutôt qu’un autre” lors du déplacement du chef de l’État au Mali. C’est la réponse donnée par l’équipe du nouveau président aux sociétés de journalistes de plusieurs grands médias.

Plusieurs quotidiens français ont en effet publié jeudi une lettre ouverte, intitulée  “Monsieur le président, il n’appartient pas à l’Elysée de choisir les journalistes”, pour protester contre l’organisation de la communication du nouveau président de la République.

Ils pointaient du doigt notamment le fait que ce soit la présidence qui choisisse les journalistes autorisés à l’accompagner lors de son premier déplacement au Mali ce vendredi. “Aucun de vos prédécesseurs ne s’est prêté à ce genre de système, au nom du respect de la liberté de la presse”, écrivent-ils.

“L’Élysée n’entend pas faire le travail des rédactions”

Dans son courrier adressé ce vendredi à Reporters sans frontières (RSF), la présidence indique : “Il va de soi que nous avons ouvert l’option aux rédactions mais jamais imposé un journaliste plutôt qu’un autre (…). Les journalistes qui se sont inquiétés peuvent se rassurer : l’Élysée n’entend pas faire le travail des rédactions”.

Selon le courrier cité par RSF, l’Élysée affirme que sa démarche “est le contraire d’une démarche de fermeture : elle est une démarche d’ouverture”.

Il y est expliqué que le chef de l’État “est très attaché au traitement de fond des sujets et souhaite ouvrir l’Élysée aux journalistes sectoriels qui portent sur l’action présidentielle un autre regard. C’est dans cet esprit qu’il a été proposé aux rédactions d’élargir aux journalistes spécialisés Défense ou Diplomatie le voyage officiel auprès des forces armées”. Sous-entendu que ce ne soit pas seulement les journalistes politiques qui suivent le chef de l’État.

Il s’inspire d’Obama

Cette polémique pourrait retomber comme un soufflé s’il n’y avait pas d’autres signaux de verrouillage plus inquiétants. Alors la communication d’Emmanuel Macron va-t-elle trop loin ? C’est la question à laquelle tentent de répondre des journalistes dans une enquête publiée dans M le magazine Le Monde.

Ils décortiquent le système de communication autour du candidat, qui s’inspirerait grandement du précédent Obama, ce président cool et irréprochable sur papier glacé.

Mais comme pour le président américain, cette image parfaite a un revers : celui d’un verrouillage extrême de la communication avec un conseiller de l’Èlysée parfois prêt à décrocher son téléphone pour injurier les journalistes…

“Gros connard”

Deux exemples sont cités dans l’article. Le premier remonte au soir du premier tour et au traitement de l’affaire de la Rotonde, du nom de cette brasserie parisienne parfois comparée au Fouquet’s de Nicolas Sarkozy.

Le lendemain, selon le magazine M, le directeur de la communication d’Emmanuel Macron, appelle l’émission Quotidien, et “l’animateur de l’émission, se fait agonir par Sylvain Fort. ‘Gros connard.’ ‘Débile profond.’ (après lecture le 18 mai, l’intéressé dément le deuxième terme)”. Sylvain Fort confirme donc implicitement avoir usé du premier à l’endroit de Yann Barthès…

Michel Field également aurait fait les frais de la nervosité du même Sylvain Fort. Au soir du second tour, ce dernier aurait reproché à France 2 de ne pas consacrer toute sa soirée à la victoire d’Emmanuel Macron et de diffuser par exemple le discours de Jean-Luc Mélenchon en direct.

« Daech : L'arme de la communication dévoilée » de François-Bernard Huyghe

huyghe1.jpg

Fiche de lecture:

« Daech : L'arme de la communication dévoilée » de François-Bernard Huyghe

par Nicolas Faure
Ex: http://www.europesolidaire.eu & https://www.polemia.com
 
François-Bernard Huyghe est docteur d'Etat en sciences politiques, habilité à diriger des recherche, directeur de recherche à l'Iris et enseignant, notamment au CELSA Paris IV Sorbonne. Spécialiste de l'influence stratégique, il décrypte dans cet ouvrage traitant de l'Etat islamique les différentes stratégies de communication utilisées par cet Etat islamique.
 
Nous rééditons ici cet article de Nicolas Faure publié par Polémia,  que nous remercions
https://www.polemia.com/daech-larme-de-la-communication-devoilee-de-francois-bernard-huyghe/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=a0270d0758-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-a0270d0758-60536937

L'auteur  dresse le portrait d'un ennemi implacable, bien moins déséquilibré que certains commentateurs semblent imaginer. Un livre à lire de toute urgence pour comprendre que la guerre contre les djihadistes n'est sans doute pas terminée...

huyghe2.jpg


« Le nom que nous leur donnons en révèle plus sur nos fantasmes que sur les leurs »

« Difficile d'opérer une conversion plus absolue que celle des djihadistes, d'adopter un critère du vrai, du bien, du juste ou du souhaitable plus opposé au nôtre » écrit François-Bernard Huyghe en introduction de son livre.

Cette opposition évidente entre le monde moderne et ces combattants de l'Etat islamique conduit l'auteur à analyse en profondeur leurs motivations et celles de ceux qui les rejoignent.

Il s'attaque par exemple à la frilosité occidentale quant à la désignation de l'ennemi :

« La question de sa désignation devrait être réglée depuis longtemps. Or le nom de l'ennemi nous pose plutôt problème à nous, ses adversaires (...). Entre les stratégies d'évitement [ne pas stigmatiser, ne pas amalgamer, pas de vocables évoquant des principes généraux ou des « valeurs »] et les stratégies de l'affirmation [il faut avoir le courage de désigner l'ennemi islamiste violent], nos politiques révèlent leurs contradictions. »

Plus loin il adresse une nouvelle pique aux Occidentaux incapables de prendre la mesure des ressorts de l'Etat islamique :

« [Employer] des termes comme “nihilisme” [sonne] creux ; les djihadistes ne sont nullement animés par le refus de toutes valeurs ; ils sont dans l'obsession d'une seule valeur. (...) Nier cette positivité, l'inverser en haine absurde, c'est se donner bonne conscience à bon compte. (...) En niant qu'ils puissent agir au nom de valeurs religieuses, nous les considérons comme irrationnels, et refusons de comprendre leur logique de légitimité. Moraliser [ils veulent le mal] ou psychiatriser [ils sont fous] sont de bien pauvres consolations contre ce qui nous nie. Le nom que nous leur donnons en révèle plus sur nos fantasmes que sur les leurs. »

Dans cet ouvrage, François-Bernard Huyghe s'attache donc à analyser sans faux-semblant ce qui anime les soldats du califat islamique. Cette démarche saine et essentielle permet à ce livre d'être une mine d'or d'informations et d'analyses pertinentes.

La violence relayée par Internet comme arme à double tranchant

Pour François-Bernard Huyghe, l'Etat islamique est passé maître dans l'art de la communication. Il écrit même (p. 68) : « Daech, c'est une machine à tuer plus un appareil à communiquer. »

La plus visible des communications, c'est la mise en scène de sa violence.

« Au-delà du sang, il y a le sens » écrit François-Bernard Huyghe (p. 56). Selon lui, la violence des exécutions d'infidèles a une importance capitale dans la propagande de l'Etat islamique, à la fois pour ses partisans ou supporteurs, fascinés et attirés par la violence des actes, mais aussi pour l'adversaire qui, face à la brutalité des djihadistes, peut être démoralisé ou prendre peur.

L'Etat islamique se sert d'Internet comme d'une caisse de résonnance incroyable. Ce ne sont pas les premiers, nous rappelle François-Bernard Huyghe en citant notamment l'expertise d'al-Qaïda et de ben Laden.

Une communication professionnelle

« La propagande d'Etat du califat est centralisée » assure François-Bernard Huyghe. Un ministère, des agences et des contrôles de production sérieux aboutissent à des réalisations extrêmement professionnelles.

« Il faut que nous reconnaissions la sophistication de leurs moyens et leur professionnalisme » écrit même l'auteur. Dans ce livre, il n'hésite pas à pointer du doigt le véritable souci de l'esthétisme dans les vidéos produites par le califat.

De la part d'un professeur au CELSA, prestigieuse école de communication française, ce ne sont évidemment pas des paroles en l'air...

Outre les images de violence destinées à impressionner et effrayer, François-Bernard Huyghe relève que la propagande de Daech concerne également les bienfaits de l'administration islamique sur les territoires qu'elle contrôle. Des images de familles heureuses ou de marchés bien approvisionnés sont ainsi très nombreuses.

François-Bernard Huyghe s'attache aussi à étudier de près la publication de magazines professionnels comme Dabiq, réservé aux anglophones, paru pour la première fois en avril 2014, ou Dar al-Islam, dédié aux francophones. Des analyses poussées fascinantes qui permettent au lecteur de prendre la mesure du professionnalisme de certains membres de l'Etat islamique.

Djihad 2.0

Dans cet ouvrage très bien documenté de François-Bernard Huyghe, on apprend également que l'Etat islamique incite fortement ceux qui s'y intéressent à sécuriser leur connexion Internet. Tout d'abord en utilisant un ordinateur volé qui ne puisse pas être relié à soi, puis en se connectant à Internet uniquement via des réseaux publics (type McDonald's) et en installant des outils de cryptage des connexions.

Selon l'auteur, les suiveurs de l'Etat islamique sont également passés maîtres dans l'art de diffuser des messages de tout type (propagande, revendication, etc.) de manière virale grâce aux réseaux sociaux.

La contre-propagande de l'Occident est-elle efficace ?

Selon François-Bernard Huyghe, les pays occidentaux n'ont tout simplement pas pris la mesure de la solidité doctrinale des meneurs de l'Etat islamique. Outre les justifications islamiques apportées après chacun de leurs attentats, les tirades sur des actions n'ayant « rien à voir avec l'islam » ferait tout simplement rire les membres de l'Etat islamique et leurs suiveurs !

Pire : à la campagne anti-djihad du gouvernement français intitulée « Toujours le choix », l'Etat islamique a répondu ironiquement par une campagne « Pas le choix », rappelant à l'aide d'éléments doctrinaux solides qu'un sunnite se devait de rejoindre l'Etat islamique.

François-Bernard Huyghe ne se contente pas d'analyser brillamment les ressorts communicationnels de l'Etat islamique. Il adresse également un avertissement sérieux à ceux qui sous-estiment l'intelligence ou la détermination des meneurs de Daech.

Face à un groupe terroriste aussi ingénieux et professionnel, la guerre pourrait durer encore longtemps, même après la victoire militaire occidentale...

Nicolas Faure

François-Bernard Huyghe, Daech : L'arme de la communication dévoilée, Collection L'Information, c'est la guerre, Va Presse, mai 2017, 134 pages

Frontbeweging was geen speeltuin van beperkte groep intellectuelen

FBew-1.jpg

Pieter Bauwens:

Frontbeweging was geen speeltuin van beperkte groep intellectuelen

Ex: http://www.doorbraak.be

De hete zomer van 1917: radicalisering van Vlaamse soldaten en de rol van een omstreden kapelaan.

Romain Vanlandschoot draagt, met zijn akoliet Pieter Jan Verstraete, de onofficiële titel ‘historicus van de Vlaamse Beweging’. In zijn bibliografie vinden we verschillende boeken en biografieën. Uitingen van een leven lang historisch onderzoek. Een van die biografieën is van Cyriel Verschaeve en Vanlandschoot is ook de afgevaardigd bestuurde van de vzw Kapelaan Verschaeve die het museum beheert dat in de voormalige kapelanij gevestigd is. De geknipte man om meer te vertellen over ‘de hete zomer van 1917’ en over de rol van Verschaeve in de Frontbeweging. Niet geheel toevallig het onderwerp van een colloquium op 8 juli 2017 in Alveringem.

Doorbraak: Hing er in ‘de hete zomer van 191’, een revolutionair klimaat in de loopgraven, of is dat overdreven?

Romain Vanlandschoot: ‘Neen dat is niet overdreven. Wat in de Belgische loopgraven gebeurde willen we plaatsen in een breder kader. Er waren de Ieren (na de Paasopstand in 1916 - red.), de Russische revolutie, de opstandigheid van de Franse soldaten én het ongemak aan de IJzer.’

De voorbeelden die u noemt zijn algemeen bekend, tenzij misschien wat in de Belgische loopgraven gebeurde.

‘Dat is ook het gevolg van een historische kijk op de Frontbeweging, de Vlaamse beweging aan het front. Dat werd te veel op zichzelf, los van de context bekeken. Ik ben nu al een aantal maanden bezig met een heel precies onderzoek naar de editorialen van Ons Vaderland het meest progressieve Vlaamsgezinde blad toen aan het front. Het is buitengewoon merkwaardig om de optelsom te maken van de internationale problemen die in de editorialen van Ons Vaderland worden besproken. Die internationale problemen vormen het kader waarin we de taaleisen en autonomie-eis aan het front kunnen plaatsen. Formeel is er natuurlijk een moment aan te wijzen: 11 juli  1917 met de brief aan koning Albert.’

Is toen het ongenoegen echt naar boven gekomen?

‘Een deel van die problemen bestonden al langer. Maar de meest eenvoudige uitleg is dat vele soorten van ongenoegen en ongemakken van de soldaten die in het slijk en de modder zaten toen samen kwamen. Het Belgische leger zat in een heel specifieke situatie vergeleken met de soldaten van de andere legers. De Engelsen en Fransen trokken welgezind naar huis op vakantie. Maar de Belgische soldaten zaten opgesloten achter het front. Het enige wat ze hadden waren kantonnementen en heel uitzonderlijk en pas vanaf 1917 kregen ze de kans om eens vijf dagen naar Engeland of Frankrijk ‘op congé’ te gaan. Je moet je de vereenzaming voorstellen in modder en slijk, in heel slechte winters, die van 1917 nog het slechts van al. En daar broeide en gistte van alles en nog wat aan ongenoegen.’

1917 is ook het activisme, had dat een invloed aan wat aan het front gebeurde?

‘Jazeker. Dat was voordien al begonnen. Lange tijd was ik van mening dat nauwelijks een paar mensen aan het front daarmee bezig waren. Er is een lange passage in het dagboek van Verschaeve in mei 1916, toen de belangrijkste maatregelen van Von Bissing in voege waren, hij schrijft een 20-tal bladzijden over het al dan niet accepteren van hulp bij het tot stand brengen van een fundamentele Vlaamse eis, de "Vlaamse Hogeschool" (in Gent - red.). Dat moet ook in de kapelanij bediscuteerd zijn. Maar de opinie was lange tijd: er is daar een kleine groep, enkele intellectuelen, maar de gewone Vlaamse jongens worden daar niet door geraakt. Maar in Ons Vaderland kan je lezen hoe aan de gewone Vlaamse soldaat wordt uitgelegd hoe belangrijk die Vlaamse universiteit voor hen is. Daarnaast is er de verbreding van de werking van het SKVH (Secretariaat van Katholieke Vlaamse Hoogstudenten - red.), dat begon als iets studentikoos, maar groeide uit tot veel meer. Het SKVH zette zich in voor elementaire vorming van soldaten zonder enige opleiding, die vaak analfabeet waren. Renaat De Rudder, is zo iemand die in heel eenvoudige taal voortdurend op die nagel klopt en soldaten leert lezen, rekenen en tekenen. Het was dus geen kleine afgescheiden groep intellectuelen. Het zat allemaal samen, maar in de historiografie van het interbellum en in het beeld dat het Vlaams-nationalisme zich gemaakt heeft, tientallen jaren later, is de visie verengd naar de Vlaamse eisen en zijn we het bredere zicht verloren.’

Klopt dan de stelling dat aan het front de flamingantische culturele en intellectuele beweging voeling kreeg met de volksjongens, tot dat moment zich weinig tot niet bewust van de  ‘Vlaamse zaak’ en een brede beweging werd?

‘Breder dan wat de officiële geschiedschrijving daarover kwijt wil. Sophie de Schaepdrijver zegt dat het een hoopje mensen is. Daarnaast is er het rapport van de hoofdaalmoezenier, Jan Marinis, die van de kardinaal de opdracht kreeg om een heel precies rapport te maken van de situatie aan het front, met inbegrip van de politieke eisen. Twee passussen zijn van belang als we het over de hete zomer van 1917 willen hebben. Marinis had begrip voor de taaleisen in het leger, maar was een formeel tegenstander van de politisering daarvan, en dat was waar Verschaeve voor stond. Volgens Marinis is de figuur van Verschaeve is groter en belangrijker dan wat men daar altijd over zegt. Daarnaast waarschuwt Marinis over de Frontbeweging, hij schrijft dat als het fout loopt met Verschaeve er minstens vijfduizend soldaten klaar staan om op straat te komen. Dat zegt een grote tegenstander van de frontbeweging, die op de vergaderingen van de aalmoezeniers en brancardiers formeel verbiedt om in de contacten met de soldaten te spreken over de Vlaamse kwestie en de taalproblemen.’

FBew-2.jpg

Misschien moeten we de vraag anders formuleren. Is de Eerste Wereldoorlog het moment dat de gewone Vlaamse man als soldaat in contact kwam met die Vlaamse beweging en tot de conclusie kwam dat er iets niet klopte?

‘Het is duidelijk dat de Frontbeweging geen politieke speeltuin was van een beperkt clubje intellectuelen die hun studentikoze periode willen voortzetten aan het front. Het is dieper dan dat. Als je weet dat Ons Vaderland gedrukt werd op 9000 exemplaren en dat er 5000 verkocht werden dan kan je me niet meer wijsmaken dat er enkel een klein kringetje is van ex-AKVS’ers die elkaar vinden (AKVS = Algemeen Katholiek Vlaams Studentenverbond - red.). Het is breder. We moeten het ook niet overdrijven. Er waren ook Vlaamse soldaten die zich daar niets van aantrokken. Je kan niet zeggen dat de hele frontlijn wakker lag van de Vlaamse kwestie aan het front. De waarheid ligt daar tussen. Het grootste bewijs is gegeven in 1919, toen de Frontpartij deelnam aan de verkiezingen. Dan zie je aan het aantal stemmen hoe klein haar aanhang is vergeleken met het totale kiezersaantal, maar hoe groot hun aantal is bij de fronters, die niet allemaal plots wakker geschoten zijn in 1919. Dat is voornamelijk sterk beginnen leven in de zomer van 1917.‘

Op 11 juli 1917 is er een uitgebreide brief aan de koning verspreid aan het front. Een belangrijk en gedurfd signaal.

‘Hoe sterk autoritair en repressief de Belgische legerleiding ook was, men heeft die brief niet kunnen verhinderen. Vanaf mei 1917 is men aan de voorbereiding begonnen. Je kan dat lezen in het oorlogsdagboek van Van Severen. Die eerste brief is niet door Verschaeve geschreven. Verschaeve is er zelfs ontgoocheld over. Hij vindt die brief te chaotisch geschreven, te veel in "soldatentaal". De klachten zijn allemaal juist, maar de generaals in Houtem kunnen die te makkelijk wegzetten als goedkope soldatenklachten vindt Verschaeve. En dan reageert Verschaeve en daarover willen we het hebben in het colloquium op 8 juli. Hij schrijft daarop een hele serie brieven.’

‘De eerstvolgende is de Tweede Open Brief aan de Koning, veel korter en logischer opgebouwd. Door Verschaeve geschreven en veel scherper door een preciezere formulering. Die brief zet de toon voor de Frontbeweging in de komen de tijd. Die brief komt er al een maand na de eerste. De Fronters zijn nijdig, door gebrek aan antwoord en door de repressieve maatregelen die volgden na de brief. Daarna schrijft Verschaeve nog twee brieven: aan de paus en aan kardinaal Mercier. Heel typisch: Verschaeve denkt aan de paus en de kardinaal. Verschaeve schrijft aan de kardinaal een zuiver politieke brief om hem te zeggend dat hij fout zit met de maatregelen tegen de Von Bissingen. Mercier verwart volgens de brief politiek met godsdienst. Voor zover we dat kunnen natrekken in Vaticaanse documenten dacht men er in Rome ook zo over. Voor Verschaeve gaat het om de toekomst van Vlaanderen, eigenlijk kan België niet verder blijven bestaan, tenzij de twee ‘nationaliteiten’ structureel gevormd worden. De brief aan de kardinaal is volgens mij het meest politieke document van de Frontbeweging.’

‘De brief aan de paus is een typische "ultramontaanse" brief. Waarbij de paus ook gezien wordt als wereldlijk staatshoofd, met zeggenschap over de andere staatshoofden. De paus verdedigt de vrede en de kleinere volkeren en Verschaeve denkt naïef dat de paus zal deelnemen aan de vredesconferentie na de oorlog. Die context moet je meenemen als je de brief aan de paus leest. De paus wordt opgeroepen om in te grijpen voor de Vlamingen in België tijdens die vredesconferentie. De grote vraag is hoe die brief in Rome is geraakt en wat men ermee heeft gedaan. Er zijn in het Vaticaan verschillende brieven van aalmoezeniers aan de paus, niet enkel Vlaamse. Ook zijn er duidelijke aanwijzingen dat in het Vaticaan de positie van Mercier in vraag werd gesteld.’

Verschaeve had een enorme invloed in 1914-1918 en heeft na 1944 een heel slechte naam gekregen. Heeft de Tweede Wereldoorlog het beeld van de Verschaeve uit de Eerste Wereldoorlog beïnvloed?

‘De schaduw van de Tweede Wereldoorlog hangt over de verdiensten van Verschaeve. Dat is zo. Ik heb geprobeerd om dat historisch recht te zetten door een biografie van Verschaeve te schrijven. Ik wou een teken geven. Je kan de zware fouten die Verschaeve maakt er niet zomaar uit lichten en open spreiden over alles wat daarvoor is gebeurd. Dat is recurrente geschiedenis. Ik wil wel sporen zoeken in het leven van Verschaeve, hij was voor de Eerste Wereldoorlog al romantisch germanofiel en Deutschfreundlich. Er waren er meer zo in die tijd. Dat blijft aanwezig, maar mag niet in rekening gebracht worden om te zeggen in Wereldoorlog I, dat is de SS’er uit '44. Wat men wel gedaan heeft.’

‘Verschaeve heeft tijdens de Eerste Wereldoorlog wel nagedacht over het activisme en over de rol van Lodewijk Dosfel in het bijzonder. Hij maakte heel genuanceerde afwegingen over wat fout is en wat "schuld" is. Hij veroordeelde ten gronde en volledig de stap van de activisten naar de Duitsers en naar Berlijn. Maar hij vindt dat we achteraf bereid moeten zijn om te zien dat uit een slecht principe een goed gevolg kan komen. Dat is een bekend principe uit de moraaltheologie. Daarom moest de Vlaamse universiteit in Gent na de oorlog behouden blijven.’

FBew-3.jpg

Dan is het des te verwonderlijk dat hij in de Tweede Wereldoorlog dezelfde weg op gaat en ook in fout gaat.

‘Hij maakt in de Tweede Wereldoorlog een hele zware fout. In mijn biografie heb ik geprobeerd om aan te duiden hoe Verschaeve na zijn zestigste verjaardag vereenzaamt. Politiek, ook door hem gewild, hij zweefde op wat de nationaalsocialistische propaganda over hem steeds herhaalde: "de geestelijke leider van Vlaanderen". Dat werd jaren na elkaar gezegd en in november 1940 stapt Verschaeve onmiddellijk in de collaboratie als voorzitter van de Cultuurraad. Maar hij ging daarna veel verder dan culturele collaboratie hij riep in toespraken op om mee te gaan in het verhaal van het nationaalsocialisme.’

We kennen die Verschaeve, maar was hij even radicaal in vorige oorlog?

‘Verschaeve is in zijn schrijven vrij ongenuanceerd, dat zeker, maar zowel Belpaire als minister Van de Vyvere die Verschaeve kennen en geen medestanders zijn, zijn overtuigd van zijn matigende invloed bij de militairen om niet over te gaan tot geweld. Je kan je niet voorstellen dat dat dezelfde man is die later oproept om met de SS te vechten in Rusland. Daar is Verschaeve nog de katholieke theoloog die tegen revoluties is, in het verlengde van de Franse revolutie.’

Hoe belangrijk was Verschaeve dan in de opbouw van de ‘ideologie’ van de Frontbeweging?

‘Zijn invloed is kleiner dan ik aanvankelijk dacht, maar groter dan groter dan uit de bestaande geschiedschrijving blijkt. Want in december 1918, nauwelijks enkele weken na de oorlog, zit Verschaeve in de redactie van (de krant - red.) Ons Vaderland dat zich wil ontpoppen tot het partijblad van de nieuw te ontwikkelen Frontpartij. En schrijft hij gedurende vier maanden minstens elke week een groot artikel onder de titel "de stem der Vlaamse doden". Die tien-twaalf artikels zijn een politieke explicitering van het vers "Hier liggen hun lijken als zaden in ’t zand, hoopt op den oogst o Vlaanderland". De oogst, dat was de Frontpartij. Hij pleit er ook voor in brieven dat de soldaten op de lijst staan van de Frontpartij in 1919.’

De Eerste Wereldoorlog was een belangrijk moment voor de Vlaamse beweging, maar in de herdenking van honderd jaar horen we daar maar weinig van.

‘Er is een eenzijdigheid die je al van vroeg zag aankomen. We hebben de kapelanij van Verschaeve aangepakt en geheroriënteerd. De focus van het historisch onderzoek is ook veranderd die ligt nu op het leven van de gewone soldaat. In soldatenbrieven gaat men op zoek naar hoe die soldaten de oorlog beleefden. Ik ben er van overtuigd dat uit Belgisch onderzoek ook die Vlaamse verzuchtingen naar boven zullen komen. Er is een soort verstenening van de mythes rond de Eerste Wereldoorlog, Belgische zowel als Vlaamse mythes. Ik ben ervan overtuigd dat die door het huidig onderzoek sterk genuanceerd zullen worden.’

We zijn honderd jaar later, maar er is blijkbaar nog veel dat niet onderzocht is. Siegfried Debaeke zei in een interview met Doorbraak dat het onderzoek naar het Belgische leger in de Eerste Wereldoorlog nog in de kinderschoenen staat. Deelt u die analyse?

‘Voor de helft heeft hij gelijk. Er zijn in de Westhoek twee verschijnselen, alles draait rond Flanders Fields en er bestaat een enorme blinde vlek; heel de bovenkant van de westhoek. Hoe leefden de Belgische soldaten in hun kantonnementen? Er is daar nauwelijks iets van onderzocht. We moeten ook die aspecten onderzoeken. We missen nu nog altijd een grote synthese van wat er met dat Belgische leger in die grote bocht van Nieuwpoort tot voorbij Diksmuide is gebeurd. We weten alles rond Passendale en Mesen. We weten iets van de dodengang, maar dat is fragmentair. Vele facetten zijn onderbelicht. Er komen nu nog honderd jaar later, nieuwe documenten boven. Ik inspireer me op de egodocumenten die er zijn in Flanders Fields. Ik vind dat hetzelfde moet gebeuren over de "Belgische Courbe". Je moet dan ook de vraag stellen hoe dat komt. Wel, ik denk dat men er in de officiële geschiedschrijving nooit is aan durven of willen beginnen, want als je die geschiedenis schrijft dan bots je natuurlijk op de hele geschiedenis van de Frontbeweging en alles wat eraan vasthangt. In die zin is de tekstkritische uitgaven van de Open Brieven een belangrijk moment. Dat het boek in het Vlaams Parlement werd voorgesteld is daarin symbolisch. De Frontbeweging is de geboorte van iets dat tot op de dag van vandaag doorwerkt. Met dat boek kan men daar ook wetenschappelijk niet meer zomaar omheen.’

Is de Frontbeweging dan zo belangrijk in de geschiedenis van de Vlaamse beweging?

‘Zij is een onverhoopt onverwacht acceleratiepunt van enkele eisen van de Vlaamse beweging die begonen is van een loutere taalbeweging maar plots verhoogd, verbreed en verdiept naar volksautonomie. Wilson zei dat er maar vrede kon komen in Europa als de kleine volkeren hun rechten krijgen. De paus steunde dat. Vlamingen voelden zich aangesproeken. Hun terminologie is onduidelijk en dat duurde de hele oorlog. Verschaeve heeft dat in zijn brief aan de kardinaal duidelijk gemaakt door over federalisme te spreken. Dis versnelling was revolutionair en mogelijk ondanks de legercensuur. De 21 juli van 1918 spreekt Van Cauwelaeert in Le Havre over het recht van de kleinere volkeren. Ons Vaderland vind maar een ding jammer ‘Hij vernoemt ons niet’. Ik denk dat hij niet durfde. Zo revolutionair was de Frontbeweging dus.’

Recent verscheen het boek ‘Alleen in u -o koning- geloven wij nog’ (recent besproken op Doorbraak) een tekstkritische publicatie van de Front brieven, en de historische context waarin ze tot stand kwamen. Daarin staan ook enkel bijdragen van Romain Vanlandschoot. Het boek is verkrijgbaar via onze webwinkel.

In de recent door Doorbraak uitgegeven politieke biografie van Frans van Cauwelaert, neemt de Eerste Wereldoorlog en de Frontbeweging een belangrijke plaats in. Ook dat boek is te koop op onze webwinkel.

Op zaterdag 8 juli 2017 organiseert de vzw Kapelaan Verschaeve een colloquium onder de titel ‘De hete zomer van 1917’. Naar aanleiding van de honderdste verjaardag van de Open Brief aan koning Albert I is het de bedoeling om de positie en de invloed van Verschaeve te herdefiniëren op basis van recente onderzoeken en publicaties.

samedi, 10 juin 2017

DÉSIGNER L’ENNEMI OU DÉSIGNER LE MAL !

lerua.jpg

DÉSIGNER L’ENNEMI OU DÉSIGNER LE MAL !

Ex: http://www.geopolitica.ru 

Il n’est pas d’usage dans les colloques académiques de parler ainsi, de manière si brutale et pourtant il m’apparait nécessaire aujourd’hui, et surtout ici sur cette terre Moldave, zone de confluence tectonique entre l’Est et l’Ouest, d’affirmer lucidement et de dire clairement qui nous combattons et pourquoi. Pour Carl Schmitt : « la distinction spécifique du politique […]  c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi.» (Carl SCHMITT, La notion de politique – Théorie du partisan). De son point de vue, la dialectique ami/ennemi s’appréhende comme un concept autonome dans la mesure où elle ne s’amalgame pas avec des considérations morales (bien/mal) ni esthétiques (beau/laid), mais constitue en elle-même une opposition de nature.

Le concept de désignation de l’ennemi de Carl Schmitt, idéologue du régime nazi, fut en quelque sorte intégré mais amendé par le philosophe français Julien Freund entré très jeune dans la résistance à l’idéologie nationale-socialiste : « j’avais compris jusqu’alors que la politique avait pour fondement une lutte opposant des adversaires. Je découvris la notion d’ennemi avec toute sa pesanteur politique, ce qui m’ouvrait des perspectives nouvelles sur les notions de guerre et de paix ». Freund fut dès la fin de la guerre, un partisan de la réconciliation franco-allemande et de l’Europe. Il resta toute sa vie antinazi malgré sa fréquentation de Carl Schmitt et comme il le lui écrivit un jour : « Si nous nous étions rencontrés plus tôt, nous n’aurions pas été du même bord. »

Indéniablement, le concept de désignation de l’ennemi, chez Schmitt comme chez Freund, puise dans la pensée machiavélienne mais dans la logique de l’auteur du Prince, il ne s’agit que d’un bréviaire de l’absolutisme et de conseils donnés au Souverain pour que celui-ci puisse triompher et conserver le pouvoir. Autrement dit, la vision politique de Machiavel et de ceux qu’il a inspiré est à échelle humaine et ne s’inscrit pas dans un processus historique transgénérationnel. Les conseils que donne le philosophe florentin à Laurent de Médicis, même s’ils intègrent les valeurs cyniques, ne s’inscrivent pas dans une vue du monde visant au pouvoir absolu sur l’humanité entière. Machiavel souhaite la réunification de l’Italie par les Médicis. Son ambition s’arrête là. Or, nous avons de bonnes raisons de penser, qu’à peu près à la même époque, en Grande-Bretagne, et peut-être par l’entremise de philosophes italiens comme Pic de la Mirandole ou Gerolami Cardano, est en train de se cristalliser autour d’un philosophe kabbaliste renommé, John Dee, une autre conception du monde, beaucoup plus ambitieuse et qui elle visera à l’imperium total sur les affaires du monde.

liberalismus2_1.png

John Dee fut l’inventeur de la notion d’Empire britannique, et à partir de ce moment et pour la seconde fois dans l’histoire du monde, l’aristocratie d’un peuple se percevait comme élevée par la grâce divine pour accomplir à travers les siècles la volonté du Tout-Puissant.

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que depuis cette révolution de la pensée, la nature des conflits a radicalement changé : nous ne sommes plus à l’heure des affrontements entre les Horaces et les Curiaces, entre les Gaulois et les Romains, les Tatars et les Russes, les Roumains et les Turcs, mais nous sommes entrés dans une nouvelle ère où l’ennemi n’a plus seulement pour but de conquérir des territoires ou d’exiger un tribut des peuples vaincus, mais il est aussi l’incarnation d’un hegemon total qui ne perçoit pas la guerre en terme d’amis ou d’ennemis, mais dans une radicalité totale où l’altérité doit être « désanimée » c’est-à-dire littéralement privée de son âme (vendre son âme au Diable…).

Cette entité profondément hostile à tout ce qui est humain, n’est pas seulement l’incarnation d’une volonté de puissance destinée à conquérir le monde, mais je crois profondément que le petit cercle d’initiés qui agit depuis des siècles pour asseoir sa domination sur la terre au fil des générations vise à l’anéantissement de la vie par haine totale du genre humain. J’en veux pour preuve la triste condition humaine que l’on peut observer sur tous les territoires où règne l’esprit de Mammon. Regardez à quoi ressemblait l’Angleterre au XIXème siècle telle que la décrivait Dickens ou encore la France miséreuse que dénonçait Zola. Regardez à quoi ressemblent les grandes métropoles occidentales où des populations obèses se pressent dans des hypermarchés pour s’empiffrer de nourritures frelatées  fabriquées par les multinationales. Regardez ces banlieues immondes où s’entassent dans des clapiers de béton des populations déracinées et abruties par le spectacle du sport et des divertissements débiles.

Un bon médecin, quand il a achevé son diagnostic sur la pathologie observée sur le patient, ne se contente pas d’administrer des remèdes, mais il essaye d’identifier les causes et la racine du mal. C’est là toute la définition de l’étiologie, à savoir l’étude des causes et des facteurs d’une maladie.

 Le temps qui m’est imparti ne permettra pas d’entrer dans les détails de ce que l’on peut définir comme la maladie occidentale par excellence, celle qui se diffuse tel un virus par pandémie et que j’ai baptisée l’idéologie anglo-saxonne.

Pourquoi anglo-saxonne, tout simplement parce que l’observation objective de la plupart des guerres et des conflits qui se sont déroulés depuis des siècles en Europe et dans le monde et jusqu’à nos jours ont à un moment donné une implication née quasi invariablement sur les bords de la Tamise ou du Potomac. 

Qu’est-ce que l’idéologie anglo-saxonne et comment est-elle née ?

Il faut pour cela remonter à la période élisabéthaine de la monarchie anglaise, à la fin du XVIème siècle et au début du XVIIème. En 1600, l’Angleterre ne compte que 4 millions d’habitants quand la France en compte près de 20 millions. Cette faiblesse démographique comparée aux puissances continentales de l’époque, France et empire des Habsbourg et la menace extrême qu’a représentée la tentative d’invasion de l’Angleterre par l’Invincible Armada du roi d’Espagne Philippe II est probablement à l’origine de la politique suivie depuis lors par les élites britanniques (politique du faible au fort), à savoir provoquer la division et l’affrontement chez tous leurs ennemis potentiels. Leur principal atout est l’insularité et la puissance maritime et elles l’exploiteront à fond, par tous les moyens, la guerre bien sûr, le blocus -on appelle cela aujourd’hui des sanctions -, mais aussi la piraterie et le commerce (c’est dans les Caraïbes que sont domiciliées aujourd’hui quelques-unes des principales places-fortes anglo-saxonnes de l’évasion fiscale et que sont ces paradis fiscaux si ce n’est des havres où se réfugient les pirates de l’économie mondiale après avoir spolié les peuples qu’ils ont escroqués).

Le grand rêve de puissance et d’hégémonie mondiale de l’oligarchie anglaise est né, selon moi, au retour de l’expédition autour du monde du pirate Francis Drake le 26 septembre 1580 où la part du butin volé aux Espagnols et réservée à la reine Elisabeth représentait selon certaines sources une fois et demie le budget annuel du royaume.

drakeannobli.jpeg

Francis Drake est probablement devenu après ses exploits le modèle à suivre et parmi ses nombreux admirateurs, un en particulier mérite d’être retenu, Walter Raleigh (cf. controverse Ecole de la nuit), car il fut l’un des premiers avec John Dee à avoir conceptualisé l’hégémonie anglo-saxonne sur le monde. En effet, ce gentilhomme, un peu pirate lui aussi, un peu aventurier et qui finit décapité à la tour de Londres, eut le temps d’écrire avant sa mort un ouvrage intitulé en toute simplicité l’Histoire du monde et dans lequel il affirme : « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même ».

Mais cette idée s’est transmise de génération en génération à travers les siècles dans le monde anglo-saxon (par deux sources, souvent liées : source exotérique universitaire et source ésotérique franc-maçonnerie), notamment chez le Britannique Mackinder dont la formule maîtresse est « qui tient l’Europe orientale tient le heartland, qui tient le heartland domine l’île mondiale, qui domine l’île mondiale domine le monde » et qui s’est transformée chez l’Américain Spykman dans la formule plus ramassée « Qui contrôle le rimland gouverne l'Eurasie ; qui gouverne l'Eurasie contrôle les destinées du monde ».

Ce qui est extraordinaire c’est qu’à trois siècle de distance, ces trois personnages partagent tous l’idée de domination du monde et c’est là véritablement qu’il faut comprendre la nature profonde de cette idéologie anglo-saxonne : la volonté d’asservissement de toute l’humanité.

Dans la conception cynique de la politique telle que la concevait Machiavel et ses successeurs, la notion d’ami et d’ennemi est relative. En effet, l’ami peut trahir demain et l’ennemi d’hier devenir un allié, voire un ami à son tour. L’idéologie anglo-saxonne elle a absolutisé la notion d’ennemi puisque tout est subordonné à la fin ultime qui est de dominer toutes les nations. Bien entendu, en tenant compte de la complexité des affaires du monde et ce projet mondialiste s’inscrivant dans une lutte à travers les siècles, on a pu observer les Anglo-Saxons exceller dans l’art de renverser les alliances, de jouer les uns contre les autres et pratiquer avec un art consommé une politique que n’aurait pas reniée Machiavel. Mais là où Machiavel limite la fortune du Prince à sa conquête de l’Italie et à l’horizon de la vie de ce Prince, les apôtres de l’idéologie anglo-saxonne ont introduit une dimension téléologique justifiant leurs actions par l’atteinte du but final – ce qu’ils appellent aujourd’hui la gouvernance mondiale - une espèce de Parousie où les élus ayant signé le pacte seraient appelés à régner sur le monde. Dès lors, tous ceux qui s’opposent ou qui freinent, même inconsciemment, cette vision du monde deviennent des ennemis absolus et sont désignés comme le Mal par excellence, sans espoir de rémission, sauf à déposer les armes, comme la Russie l’a fait un temps entre 1991 et 1999.

Mais si l’idéologie anglo-saxonne a mis en place un Système qui non seulement ignore la notion première du politique à savoir la recherche du bien commun mais considère au surplus tout ce qui ne le sert pas comme le mal, alors la vieille distinction ami/ennemi n’est plus opérante. Nous ne sommes plus et depuis longtemps, à l’époque de la guerre en dentelle et des relations chevaleresques au combat, nous sommes au contraire plongés dans une guerre totale, une relation agonale absolue dont la finalité est notre disparition ou notre liberté.

Ayant retenu de Machiavel la nécessité de la ruse et de la dissimulation pour parvenir à ses fins, le Système applique ces méthodes dans tous les domaines de la vie et en particulier dans le contrôle des esprits. Bien évidemment, il va aussi user de la force ou de la menace de la force pour faire avancer ses pions – ce sont les guerres en Yougoslavie, en Tchétchénie, en Géorgie ou en Ukraine, guerres en Lybie, en Syrie ou en Irak, boucliers anti-missiles placés en Roumanie et en Pologne ou troupes de l’OTAN positionnées aux frontières de la Russie… - et bien évidemment la conquête du monde ne peut s’envisager qu’avec le concours de la force, mais bien souvent celle-ci n’est utilisée que pour masquer d’autres méthodes comme celles qui ont été utilisées avec succès, notamment en Géorgie et en Ukraine lors des révolutions de couleur qui ont fait basculer ces pays dans le camp occidental.

Et c’est là que je voudrais attirer l’attention de nos amis sur le danger mortel que fait courir le combat culturel et que pratiquent admirablement les sectateurs de Mammon. Vous croyez que la publicité est une simple industrie devant être gérée par des marchands de rêve. Grave erreur les amis, il s’agit d’une arme de destruction massive destinée à atomiser et déshumaniser les sociétés dans lesquelles elle opère.

Vous pensez que la musique est l’âme d’un peuple ? Non ! elle est devenue un business mondial et la majorité des musiques que nous écoutons - même malgré nous - sont anglo-saxonnes parce que les canaux par lesquels elle est diffusée sont régis par la publicité, elle-même contrôlée par la haute finance.

mindcontroltarget.jpg

Sans publicité, pas de contrôle occulte des médias. Le premier devoir d’une société recouvrant sa liberté devrait être d’interdire les régies publicitaires. Le deuxième devrait être de nationaliser les banques et le troisième de contrôler l’enseignement, en commençant par l’université où on forme les maîtres, en y éradiquant les ferments du libéralisme, qui n’est que l’idéologie politique préférée du Système, celle par laquelle, est perfusée goutte à goutte dans le corps d’un peuple les ferments de la dissolution et de la mort.

Mais pour que les choses soient bien claires, les oligarques anglo-saxons peuvent aussi se servir du fascisme ou du communisme pour provoquer des affrontements mortels et en tirer les marrons du feu. Qui a financé la Révolution de 1917 ? Qui a financé l’arrivée de Hitler au pouvoir ?

Par ailleurs, ce sont bien les Russes qui ont vaincu le nazisme en 1945 ? Mais qui aujourd’hui contrôle l’Allemagne de Madame Merkel si ce n’est la City de Londres ou encore Wall Street ?

En guise de conclusion, je reviendrai sur le titre de mon exposé : Désigner l’ennemi/désigner le mal pour vous dire que nous aurions tort de considérer l’idéologie anglo-saxonne comme un simple ennemi qu’il nous faut affronter. L’idéologie du Système est une vision du monde globale dont la finalité est la réduction drastique de l’humanité et la mise en esclavage de ceux qui auront été épargnés. Il ne s’agit donc pas d’une lutte entre les Gibelins et les Guelfes, les Armagnacs et les Bourguignons, les sudistes et les nordistes, les Avars et les Petchénègues ! Non ! Il s’agit d’une guerre totale, d’essence spirituelle et dont l’enjeu est en toute simplicité la survie ou la disparition de l’humanité. Le triomphe du mondialisme, si par malheur il advient, sera le triomphe du mal.

Une des armes préférées du Système est la pratique de l’inversion accusatoire consistant à imputer à son ennemi la responsabilité d’un crime que l’on a soi-même commis. Le Système est très doué aussi pour diaboliser ses ennemis transformant les patriotes en nazis, ceux qui luttent contre l’euthanasie ou l’avortement comme des ennemis de la liberté, ceux qui défendent le christianisme comme des obscurantistes etc.

Il faut retourner ces armes de diabolisation contre le Système. Désormais, grâce à l’élection présidentielle française, les masques sont tombés et le véritable clivage sera entre les patriotes et les mondialistes. Ces derniers sont les ennemis de la liberté ! ce sont eux les ennemis de l’humanité ! ce sont eux les sectateurs du fascisme financier ! Ce sont eux les fossoyeurs de la vie. Il est temps d’ouvrir les yeux les amis et de débarrasser le monde de cette engeance. 

Colonisation juridique et liberté des peuples - Pour un nouvel ordre juridique

Chisinau, colloque des 26 et 27 mai 2017

Colonisation juridique et liberté des peuples
Pour un nouvel ordre juridique

Ex: http://www.geopolitica.ru 

La globalisation économique est-elle l’autre nom de  la colonisation juridique américaine ?
Au nom d’une efficacité usurpée, d’une performance imaginaire, et du droit du plus fort, le modèle juridique américain entend s’imposer comme le modèle universel du droit des affaires, du commerce et du marché mondialisé. Sans doute préférable à d’autres, l’arme du droit est mobilisée sans faiblesse au service de l’intérêt américain. Les bénéfices pour l’industrie juridique américaine sont énormes ; plusieurs dizaines de milliards d’amendes chaque année. Les bénéfices stratégiques le sont davantage, qu’ils viennent de l’affaiblissement de concurrents gênants, du pillage de leurs secrets industriels ou commerciaux, de la peur de l’inculpation pénale provoquée chez leur dirigeants. Les risques, pour être lointains, n’en sont pas moins énormes. L’extraterritorialité du droit américain est contraire au principe de souveraineté des Nations et d’égalité en droit des Nations, comme du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principes sur lesquels reposent et la communauté internationale, et la paix. La prétention du procureur américain à faire régner partout dans le monde le droit américain est contraire à la seule source de légitimité du droit, qui est la volonté des peuples souverains de décider du droit qui s’applique sur leur territoire, à leurs activités économiques et aux sociétés qui sont actives auprès d’eux. 

Le débat sur l’extraterritorialité du droit américain, tel que le vivent les entreprises européennes et françaises, est à cet égard emblématique d’un conflit de civilisation. Il oppose la reconnaissance de la diversité des sociétés humaines et des systèmes juridiques, comme expression de la liberté politique, à un idéal d’uniformisation du monde dicté par les intérêts de la finance de marché et du rendement du capital. Ce conflit en réalité n’oppose pas une civilisation à une autre. Il oppose la civilisation elle-même, qui  n’existe pas sans la diversité des civilisations ( selon Claude Lévi-Strauss),  à une nouvelle forme de barbarie, portée par l’intérêt manifeste de ceux qui se croient élus pour diriger le monde, et qui  menace rien moins que la survie de l’humanité.

Voilà pourquoi les sanctions américaines contre des entreprises françaises et européennes méritent l’attention. Elles révèlent une stratégie de mobilisation du droit dans la guerre économique, qui se traduit par un changement de nature du droit. IL n’est plus l’expression de peuples souverains, il est placé sous la dépendance de l’économie et de la géopolitique. Le droit serait ce qui sert l’économie. Il serait ce qui assure aux pouvoirs invisibles de la finance et des réseaux criminels une emprise de plus en plus complète sur les démocraties occidentales, à la faveur du sans frontiérisme, de l’individualisme radical et de l’idéal nomade des déracinés. Il serait ce qui ne connait ni territoire, ni Nations, pas plus que de limites ni d’appartenances. Une telle évolution appelle une analyse de la transformation contemporaine du capitalisme, et de la doctrine du chaos qui met fin à ce que nous avons cru nommer « Occident », depuis Jérusalem, Athènes, Rome et Byzance, une analyse essentielle pour organiser la résistance et préparr la libération à venir.

1 – Une étrange soumission

Différentes lois, adoptées notamment dans les années 1990 après le scandale lié à la corruption de dirigeants de plusieurs Etats par la firme d’aéronautique de défense Lockeed-Martin, illustraient l’exemplarité américaine ; si certains devaient terrasser la corruption, c’étaient les Etats-Unis d’Amérique ! Cet objectif de moralisation du commerce international sous l’égide du Department of Justice ( DOJ) a donné lieu, notamment, au vote de la loi dite «  Foreign Corrupt Practices Act » (FCPA) dont la première rédaction visait explicitement les faits de corruption d’agents publics étrangers par les sociétés américaines.


D’autres lois cherchaient à aligner les partenaires commerciaux des Etats-Unis sur leurs embargos contre Cuba, l’Iran, le Soudan, et autres représentants désignés de « l’axe du mal ». La logique est intelligible ; «  vous ne pouvez pas faire des affaires avec nous et avec nos ennemis ». Elle a été démentie de multiples fois, par les entreprises américaines elles-mêmes, dont beaucoup savent fort bien travailler avec l’Iran, la Russie, et autres incarnations du Mal ( de Bell Helicopters à Chrysler et General Electric, la liste est longue). Est-ce pour cette raison qu’elle a eu peu de succès, une Union européenne pour une fois résolue et unie ayant obtenu des reculs significatifs de l’application des lois d’Amato et Helms-Burton, respectivement contre Cuba et l’Iran ?

Dans le même temps, celui de la globalisation et donc de l’affrontement de plus en plus direct entre intérêts privés et intérêt national, les Etats-Unis renforçaient la protection de leur épargne nationale et plus encore, des entreprises jugées stratégiques. L’objet de « the office of foreign asset control » (OFAC) et de ses moyens d’investigation étendus, consiste pour l’essentiel à s’informer de toute entrée au capital ou prise de contrôle étranger d’entreprises ou d’activités américaines, et, le cas échéant, de manière discrétionnaire, sans justification nécessaire ni débat contradictoire, à bloquer prise de participation ou rachat. L’Ofac s’est récemment illustré en interdisant à Port Dubaï Authority d’acquérir le contrôle de ports de commerce aux Etats Unis, et en interdisant à une firme d’énergie chinoise l’achat de sources d’énergie aux Etats-Unis.

Les années 2000 ont vu une transformation progressive de la doctrine et des pratiques du système judiciaire américain. Les poursuites engagées contre des sociétés étrangères, pour des opérations hors du territoire des Etats-Unis, se sont multipliées et continuent de se multiplier ( elles sont publiées sur le site du DOJ). Il suffit pour cela qu’un critère de rattachement établisse la compétence du procureur américain, et la liste est longue, qui va de l’emploi du dollar, dont les chambres de compensation sont toutes situées aux Etats-Unis, jusqu’à l’utilisation d’une puce ou d’un logiciel sous licence américaine, ou d’un moteur de recherche dont les serveurs sont situés aux Etats-Unis !


Trois raisons majeures à cette utilisation du droit comme arme économique ; d’abord, l’idée généralement répandue qu’à un terrain de jeu unique, le monde, ne peut s’appliquer qu’une seule règle du jeu, la meilleure, celle des Etats-Unis. L’exceptionnalisme américain trouve pleinement à s’exprimer ; il ne saurait exister qu’une seule loi, et elle est américaine ! Autrement dit ; ce qui est bon pour les Etats-Unis est bon pour le monde, et que périssent ceux qui ne reconnaissent pas le peuple élu ! La notion répandue de « marché du droit » couvre en réalité un monopole du droit.

Ensuite, constat ou théorie, l’idée que la corruption alimente ces zones troubles du monde où ne règne pas la lumière protestante de l’aveu, de la transparence et de la pureté, et que, latins, arabes, chinois, africains ou russes, tous ces mercantis des bazars et des souks doivent être soumis à la loi ou sortis du jeu global. L’Amérique est la Nation indispensable sans laquelle le monde serait voué au désordre. 50 millions d’Africains réduits en esclavage et combien de millions d’Indiens exterminés en témoignent.

Enfin, la volonté géopolitique si bien exprimée par George W Bush et que son successeur ne démentira pas ; entre le Bien et le Mal, il faut rendre effective la grande séparation, il faut que pas un dollar, pas une arme, pas un litre de pétrole ne circule, et le droit doit y procéder. Aucune légitimité, aucune souveraineté, et surtout pas le droit international, ne saurait prévaloir contre le Bien incarné par les Etats-Unis. Qui défend le Mal ? La rupture avec les principes d’égalité en droit des Nations et de respect de leur souveraineté ne saurait être plus grande ; Alain de Benoist, dans « Carl Schmitt actuel », développe la logique qui conduit aux guerres d’extermination et fait de la paix la continuation de la guerre. 

axisevil17.jpg

Les résultats concrets de l’évolution de la doctrine américaine et de la mobilisation de l’arme juridique dans l’affrontement mondial engagé sont connus, même s’ils sont étonnamment peu commentés.

En huit ans ( 2008-2016), au titre de sanctions directes ou indirectes procédant du non-respect d’embargos ( BNP-Paribas, par exemple), de faits de corruption d’agents étrangers ( Alstom, Total, Technip), de règles de marché ( Crédit agricole, Société Générale), les entreprises françaises auront payé plus de 15 milliards de dollars d’amende, pour l’essentiel au Department of Justice américain qui se voit ainsi doté de ressources significatives pour financer et amplifier son action. C’est ainsi que la première société russe, une société de télécommunications, condamnée pour faits de corruption à la suite de plaintes conjointes du procureur néerlandais et du procureur américain, pour des opérations en Asie centrale, a dû s’acquitter en 2016 d’une amende de 400 millions de dollars aux Pays-Bas, et de 400 millions de dollars aux Etats-Unis…


Les amendes acquittées par les entreprises ne sont que la partie émergée du coût effectif des sanctions.

Quand une entreprise négocie avec la justice américaine, l’accord qui met fin au procès comporte une première condition ; que l’entreprise prenne les dispositions nécessaires pour mettre fin aux pratiques jugée et condamnées. En d’autres termes, qu’elle se mette en conformité avec les lois américaines. Et qu’elle emploie pour cela des avocats, des consultants, des auditeurs, choisis sur une liste aimablement fournie par le DOJ, tous américains ou dépendant de structures américaines, l’exigence pouvant aller jusqu’à l’installation dans les murs de l’entreprise d’un « monitor » dont la fonction sera d’exiger tout document, d’avoir accès à toute information pouvant révéler des comportement contraires à la loi américaine (à ce jour, cinq entreprises françaises subissent la présence de tels « collaborateurs » dans leurs sièges sociaux). Une entreprise industrielle européenne a estimé à trois fois le montant de l’amende, ce que monitor et spécialistes de la « compliance » lui ont coûté.

A combien chiffrer le coût de l’espionnage des données commerciales, financières, stratégiques, et le pillage auquel les prestataires agréés par le DOJ soumettent les entreprises qui leur ouvrent leurs portes ? Peu de dirigeants dans le monde connaissent les principes du droit pénal américain. Qui oublie qu’à la différence d’un avocat français qui défend son client, son client seulement, et peut même lui conseiller de mentir à la justice, un lawyer américain est le représentant de la loi et est tenu de révéler à la justice les atteintes à la loi dont son client serait coupable ? Qui sait que tout prestataire américain ayant connaissance d’opérations ou d’actions hostiles à l’intérêt national américain est tenu de les déclarer à la justice américaine, sans en informer son client, sous peine d’inculpation pénale – et les procureurs peuvent avoir une idée large de l’intérêt national américain… ? Et voilà comment la toile des cabinets d’audit, de conseil, d’ingénierie, des prestataires de services numériques et financiers, nourrit l’imperium américain. La manne assurée par le DOJ aux sociétés de service américaine – cabinets d’avocats, auditeurs, cabinets de conformité, consultants, etc. – aux termes de ce qui peut s’apparenter à un véritable racket (« si je ne certifie pas vos opérations, vous risquez les poursuites… ») permet au smart power de nourrir une industrie du droit, industrie de l’obéissance et de la soumission ; pour le dire tout net, une banque, une société aéronautique, une société de télécommunications, qui choisissent pour prestataires des cabinets américains entrent dans des logiques, des univers de référence, des structures d’organisation, qui n’ont plus rien de français ou d’européen, et qui réalisent concrètement une colonisation par le droit et la conformité à des règles étrangères. La mobilisation de l’arme du droit permet des sanctions financièrement rentables, pénalise les concurrents de sociétés américaines, elle constitue surtout un outil de prise de pouvoir intellectuel, moral et managérial sur des « partenaires » consentants. « The Law » est aussi une industrie.


Le coût de cette soumission aux intérêts américains est celui de la paralysie stratégique. Quelle banque française finance une PME française qui veut se développer, ouvrir des lignes de crédit, etc., en Russie, en Iran, au Soudan, ailleurs encore ? La seule menace d’attirer les soupçons explique pourquoi, à bas bruit et sans déclarations publiques, tant de banques françaises et européennes se retirent de tant de pays jugés peu coopératifs ou insuffisamment organisés ( telle grande banque européennes ferme ses implantations dans pas moins de vingt pays parce qu’elle s’y juge incapable d’appliquer la compliance américaine ; curieusement, des banques américaines demeurent actives dans la plupart de ces pays). Et elle explique pourquoi, dans les années à venir, et sur la base d’un renforcement à prévoir des exigences américaines ( par exemple, de contrôle des tierces parties à partir de 100 Millions d’euros de chiffre d’affaires et cinq cent salariés, d’identification du « end user » d’une pièce ou d’un système par le grossiste ; ou encore, de l’intégration obligatoire aux contrats commerciaux de clauses de respect des minorités sexuelles, etc.), les entreprises françaises pourraient voir se fermer des marchés historiques et se trouver ainsi réduites à la place attribuée à la France dans l’ordre mondial; petite.

La séparation du monde n’est pas un sujet de débat ; l’unilatéralisme américain accélère une séparation qui réserve bien des surprises – puisqu’elle exclut de l’univers du Bien les trois quarts de la population mondiale, comme le Président Obama avait d’ailleurs su le dire à des Américains trop enclins à multiplier les sanctions ( au cour de l’été 2015, quand les « faucons » de l’administration démocrate avaient voulu couper la Russie des systèmes de paiement internationaux pour cause de résistance aux ordres de Washington…


C’est le dernier point, et le plus important du débat. Le caractère unilatéral des sanctions américaines ( même si trois banques américaines ont été condamnées à des sanctions considérables, Citigroup, J. P. Morgan et Goldman Sachs, de 16 à 6 Milliards de dollars), de la désignation d’organisations comme «  terroristes » (qui, par exemple, épargne les « islamistes modérés » en Syrie) et le sentiment d’arbitraire qu’elles donnent, fragilisent non seulement le supposé «  camp occidental », mais aussi les relations internationales dans leur ensemble, notamment en accréditant l’idée d’un « deux poids, deux mesures ». Elles suggèrent que la lutte anti-corruption est devenu un prétexte, un de plus, pour bafouer la souveraineté des Etats et placer les alliés sous contrôle.  Depuis 1648 et le traité de Westphalie, l’ordre international repose sur la souveraineté des Nations constituées et sur la non-ingérence. Maintes exceptions ont été constatées, la première correspondant à la colonisation et à l’idée, sotte ou criminelle, c’est selon, de faire le bien des autres sans eux, et malgré eux ; la plus récente touchant au «  droit au développement » qui est trop souvent obligation pour un Etat d’offrir son territoire au pillage de ses ressources et au nivelage de sa culture. La globalisation financière, technique et marchande, qui fixe l’objectif d’aligner les normes et les lois partout dans le monde pour soumettre les peuples et les Etats à l’intérêt du capital nomade, entre directement en conflit avec le principe de souveraineté des Nations, et avec la démocratie. Elle suggère un changement de nature du droit, qui ne procède plus de la société des hommes, de leur histoire, de leurs traditions, de leur singularité et de ce rapport avec la nature et la vie qui est la source des systèmes politiques durables ; le droit doit servir l’économie, il doit assurer la marche des affaires, et le rendement du capital investi. Pour cela, il s’impose d’en haut, ; pour cela il doit mettre le capital et le commerce hors d’atteinte des Nations, des Etats, et des lois que les peuples se donnent quand ils gouvernent vraiment. « L’imaginaire pirate des puissances de la mer » (selon Antoine Garapon) trouve dans cet aplatissement du monde sous le joug du droit et de la conformité, au profit d’entreprises globales et de capitaux nomades, un élément puissant de sa réalisation ; offrir le monde au pillage et les peuples, réduits à des individus atomisés, à l’esclavage. Car les façades chatoyantes de la lutte anticorruption, des sanctions contre les Etats-voyous et de la guerre contre le terrorisme cachent la réalité d’un monstre qui ne dit pas son nom ; le capitalisme du chaos.


Est-ce que le Brexit et plus encore la victoire de Donald Trump ne sont pas deux réactions populaires à ce capitalisme du chaos né de la globalisation, et dont les acteurs majeurs s’étaient emparés de Washington pour mieux faire des Etats-Unis leur base arrière ?

2 – De défaites annoncées et de batailles à livrer

La réalité est claire ; de même que le trafic des migrants ressuscite l’esclavage, de même que les néoconservateurs américains placeront bientôt le terrorisme sunnite au rang des dommages collatéraux de leur entreprise de sujétion mondiale, comme Brzezinski l’a reconnu, avec une rare franchise, en faisant d’Al Quaeda un dommage collatéral de la guerre contre l’URSS, de même que le peuple américain est la victime inconsciente du hold up du Deep State sur l’Amérique, de même tous les mots de libération, de démocratie planétaire, de développement global, doivent être traduits par soumission obligée, colonisation économique et morale, suppression de la liberté politique.
A la fin, c’est rien moins que le droit de peuples libres à se doter d’un Etat, à tenir leur frontière et à voter leurs lois qui est en jeu.


A la fin, c’est la survie de la civilisation, comme affirmation de principes supérieurs à l’intérêt individuel, économique et financier qui est en jeu.


Et c’est notre capacité à décider nous-mêmes de notre destin qui est en jeu.
Face aux sanctions américaines et à la volonté d’imposer le droit américain au monde, en réalité de soumettre le monde à l’intérêt national américain, l’indifférence française, pour ne rien dire de la complaisance européenne, dénoncent l’esprit de collaboration qui réunit les élites prétendues, les dirigeants qui calculent leurs options en dollars et tant de membres de ministères ou de généraux frustrés qu’un séjour d’étude aux Etats-Unis a laissé béats d’admiration.


La France se trouve face à une offensive qui, pour n’avoir rien de militaire, pour conjuguer les armes molles du droit, de la propagande et de l’argent, a et aura des conséquences tout aussi graves que la conquête d’une partie de son territoire, la destruction de ses institutions, ou le pillage de ses ressources.

smartpower2.jpg

L’indépendance nucléaire de la France est en question. Au prix d’une politique d’intimidation américaine qui touche au « soft terrorism », au prix aussi de trahisons manifestes ou plus cachées de la part de dirigeants privés et publics « français », Alstom énergie a été vendu – bradé plutôt – à General Electric. Les liens entre General Electric et l’Etat profond américain sont attestés par l’étroitesse de ses liens avec The American Chamber of Commerce). Depuis lors, l’entretien des turbines des moteurs à propulsion nucléaire de la marine française dépend de General Electric. Depuis lors aussi, le tandem Areva-Astom qui avait bien fonctionné est déstabilisé, et le nouvel acteur pilote du nucléaire, EDF, fait l’objet d’une étrange convergence des vents contraires ; note financière abaissée, ennuis techniques, arrêt de réacteurs, partenariats déstabilisés, et, par hasard sans doute, réactivation de campagnes antinucléaires par des Fondations venues du nord ou des ONG généreusement financées depuis Washington. Faut-il en conclure que ce qui reste du non alignement de la politique française, dérange encore, ou bien qu’il faut réduire la France au rang de vassal des seules puissances nucléaires inévitables que sont les Etats-Unis, la Russie et la Chine, toutes les autres ( Inde, Pakistan, France, Corée du Nord, voire Israël) devant se voir éliminées du jeu ? Après tout, la Grande Bretagne a bien fait sa soumission à l’ordre militaire américain, pourquoi pas la France?

      
Il faut aller plus loin. Les signes ici et là se font jour, notamment venant d’officines comme Transparency International, dont l’activité militante semble être de dénoncer des sociétés françaises au procureur américain, tout cela depuis la France, et dans une impunité totale. De nouvelles cibles sont visées. L’eau est stratégique. Les déchets sont stratégiques. Et voilà que les grands fournisseurs de prestations aux collectivités, Engie, Suez, Vinci, d’autres encore, sont ciblés par des dénonciations, visés par des procédures.

L’aéronautique et le spatial sont stratégiques, la France et l’Europe y excellent, et voilà pourquoi il faut paralyser Airbus en attendant que Boeing fasse jeu égal en Iran, voilà pourquoi le Serious Fraud Office (SFO britannique) bloque le financement des crédits à l’exportation d’Airbus, voilà pourquoi l’application des règles « ITAR » qui soumettent à l’approbation des autorités américaines l’exportation de tout engin ou système contenant même le plus infime composant américain, se durcit et se fait menaçante à l’encontre des industriels de l’électronique de défense français. L’alimentation est stratégique, et voilà pourquoi le rachat de Monsanto par Bayer dessine de grandes manœuvres qui vont placer l’agroalimentaire français sous contrôle, mettre fin aux préférences françaises pour les appellations territoriales, les produits sans OGM et une nourriture non artificiellement surchargée en sucres, en gluten et en graisses. L’éducation est stratégique, et les agressions contre le système éducatif français conduites à coup de classements manipulateurs, d’études ciblées, de revues à comité de lecture et de campagnes de désinformation vont substituer aux vieux lycées et collèges, aux vieilles universités et grandes Ecoles, des « net académies » et autres « international schools » chargées de privatiser l’enseignement en distribuant des MBA, des promesses d’emplois mirifiques et non tenues, des crédits pour financer ces MBA et ces promesses, et de somptueux dividendes à leurs initiateurs de la Silicon Valley ( en novembre 2016, l’entreprise Bridge International University qui vend très cher dans les pays les plus pauvres d’Afrique des promesses de formations et d’emploi a été interdite en Ouganda ; parmi ses actionnaires, Mark Zuckerberg et Bill Gates). Il est intéressant de noter que certains acteurs agressifs de la privatisation de l’enseignement ainsi que de l’optimisation fiscale sont reçus en grande pompe dans les palais ministériels et présidentiels français.


L’offensive dépasse le droit, et touche l’ensemble des techniques de domination théorisées par une ancienne candidate à la Présidence des Etats-Unis, Hillary Clinton, sous le nom de « smart power ». Elle fait apparaître les contours encore flous d’une entreprise globale de corruption dont le coup d’Etat réalisé en Ukraine, les opérations de déstabilisation engagées dans les Nations du Proche et du Moyen Orient, et qui n’épargnent pas les Nations européennes ( voir les campagnes d’agitation des banlieues orchestrées depuis l’Ambassade des Etats-Unis en France par M. Marc Rivlin, de 2009 à 2014 ) suggèrent l’ampleur. La campagne présidentielle américaine a fort heureusement permis d’éclairer le cœur du système entourant la Fondation Clinton, un système qui privatise les guerres et vend à la carte le renversement de régimes, la perversion de structures sociales et la destruction d’Etats qui s’opposent à la grande criminalité financière et industrielle. N’est-ce pas là la définition même de la corruption, telle que les Caton, Solon ou Lycurgue l’ont définie ? Ce capitalisme du chaos aura relégué aux antiquités les valises de billets, commissions occultes et autres procédés traditionnels de corruption, pour leur substituer l’action combien plus efficace d’une nébuleuse d’ONG, de Fondations, de think-tanks, qui dispensent bien plus que de l’argent ; de la bonne conscience et de la conformité. Et voilà comment le principe majoritaire est vidé de son sens par l’agitation de minorités agressives et manipulatrices, voilà pourquoi le multiculturalisme et les migrations de masse sont l’outil de destruction massive de l’unité des Nations et de leur capacité de résistance, voilà enfin comment l’hyperpuissance peut mobiliser les moyens de la propagande, du spectacle et des bons sentiments pour obtenir plus que l’obéissance, le consentement.    

smartpower.jpg

C’est ainsi que la France, que l’Europe, perdent les batailles qu’elles ne veulent pas livrer. Il est comique de voir le Parlement européen se mobiliser contre les agences de presse russes, certes actives, quand la presse française est saturée d’informations filtrées, orientées, ciblées par les Fondations, Ong, think tanks et agences de presse américaines, au point que l’intérêt national devient indiscernable, au point que l’idée même d’indépendance semble indécente. Et qui a parlé de résistance quand des importations américaines aussi étrangères aux traditions françaises qu’Halloween, le Black Friday ou le super Monday envahissent les écrans et les vitrines? Le consentement est le premier objectif du smart power, il annonce bien des défaites après des batailles qui ne seront pas livrées.


Une illustration parlante de la naïveté européenne à ce sujet est donnée par le débarquement de la « Responsabilité sociétale et environnementale » de l’entreprise, dite aussi RSE. Ce concept a été développé dans les années 1990 au sein de fondations et d’ONG diverses, majoritairement anglo-américaines, avec l’objectif explicite de remplacer l’obéissance à la loi par des déclarations publiques. Les multinationales américaines ont suivi avec enthousiasme un mécanisme relayé par les Nations Unies, qui donne lieu à une annexe au rapport annuel des entreprises, n’a pas de caractère contraignant et s’est imposé de manière virale sous la pression de centaines d’officines diverses, puis de directions ad hoc qui ont cette puissante motivation à agir ; justifier leur emploi. Dans la mesure où les critères retenus privilégient la vision américaine de la société comme agrégat de minorités, valorisent la diversité interne et le multiculturalisme. L’ensemble s’est déroulé dans l’inconscience totale des politiques de toutes tendances, et dans la sidération de dirigeants dont aucun n’a suggéré que des critères de responsabilité nationale et environnementale seraient plus adaptés, et plus démocratiques.


Face à cette offensive, des réactions se dessinent. La loi dite « Sapin 2 » devrait justifier auprès du juge américain d’une action résolue des autorités françaises contre les faits de corruption ; après sa validation probable par le Conseil constitutionnel, tout dépendra de son application effective par des tribunaux par ailleurs en manque criant de moyens, et par des services d’enquête spécialisés qui sont absents, ou absorbés par d’autres priorités. La norme ISO de prévention de la corruption, publiée à l’automne 2016, suscite l’intérêt de nombre d’entreprises, qui y voient notamment l’occasion d’une meilleure valorisation auprès des fonds d’investissement, un sujet auquel la BPI est aussi sensible. Le rapport Berger Lellouche, excellent par sa franchise et surprenant par les évolutions personnelles dont il témoigne, ne vaut que par les conséquences et les contre-mesures que le futur gouvernement voudra bien lui donner ; il est intéressant qu’il suggère une toute autre voie que celle de la soumission, celle de la confrontation. Si la France n’en a pas, ou plus, les moyens l’Union européenne les a. Les sanctions annoncées contre Apple et ses pratiques d’optimisation fiscale en Irlande par la Commissaire Margrete Verstaeger  montrent la voie d’une réaction européenne à ce qu’il faut bien appeler un détournement américain ; elle illustre une voie qu’ont emprunté, et suivi avec succès les Chinois, qui ont su faire comprendre aux Etats-Unis qu’il n’était pas question qu’ils fassent la loi à leurs entreprises. Quelques incarcérations justement calculées de dirigeants de sociétés américaines, quelques mesures de rétorsion à l’encontre des intérêts américains, et surtout, le classement de la comptabilité des entreprises en « secret d’Etat », dont la divulgation est passible de la peine de mort, ont été d’une efficacité certaine. L’Union européenne saura-t-elle suivre et amplifier l’action de la Commissaire, au moment même où la ratification du CETA (traité de libre échange avec le Canada ) ouvre le boulevard de l’arbitrage privé aux sociétés américaines, dont le négociateur européen semble avoir oublié qu’elles sont toutes présentes au Canada, de sorte que le CETA dispense du TTIP  - et aura les mêmes conséquences ; assurer la primauté des sociétés privées et des investisseurs sur les Nations et les Etats ?

Pour conclure…


Il est utile de clarifier la logique développée par les autorités américaines. Car elle est soutenue par la logique économique et financière ; que le monde serait plus simple si une seule loi s’appliquait partout ! Car elles excellent à répandre le dilemme ; nous, ou la Chine. Demain sans doute, c’est contre la montée en puissance des exigences chinoises, contre leurs propres règles du jeu et leur ingérence qu’il faudra se mobiliser, comme il faut se mobiliser contre tout universalisme qui prétend unifier le monde, et qui n’est que l’expression de provinces qui se prennent pour le monde.


Que valait Alcatel pour la Chine, que valait Alstom Energie pour la Chine ? Beaucoup sans doute, mais le débat n’est pas là. Il est que, Etats-Unis, Chine ou Touamotou en présence, les choix de la France soient les choix des Français, des choix qui servent l’intérêt de la France et des Français, d’eux seuls, d’eux d’abord. Et le débat est que, selon l’affirmation de Claude Lévi-Strauss, il n’est de barbares que ceux qui croient qu’il y a des barbares – et l’unilatéralisme américain nous fait plonger dans une nouvelle barbarie. Qu’est-ce que la civilisation, sinon l’apaisement des différences ?


Il faut chercher plus loin, et entrer dans l’évaluation des intérêts. La Chine a su fermer les portes au procureur américain. L’Inde, la Russie, font de même. Et les pays de l’Organisation de Coopération de Shanghai disposent de systèmes de compensation, de paiement et de règlement internationaux, et même d’un marché de l’or, totalement hors du dollar, du territoire américain, et de toute dépendance aux autorités américaines. La Russie impose que les hébergeurs de services en ligne traitant des données de citoyens russes disposent de serveurs localisés en Russie. Ce qui signifie qu’une entreprise peut travailler avec les deux tiers de la population mondiale et bientôt la moitié de l’économie mondiale, sans s’exposer au procureur américain. De sorte que le pari peut être pris ; combien d’années faut-il avant qu’une banque européenne, avant qu’une société du CAC40, avant qu’une PME « gazelle » fassent leur choix et, tout bien pesé et compté, décident de s’affranchir de tout lien avec les Etats-Unis, et de partir à la redécouverte du reste du monde ?  

  
L’issue du jeu de l’obéissance auquel l’ubris de l’hyperpuissance condamne les Etats-Unis est plus incertaine que jamais après l’élection de Donald Trump. Car se fait jour une toute autre perspective ; celle que les Etats-Unis mettent d’eux-mêmes fin à une politique de lutte anti-corruption que le candidat élu avait qualifié de « stupide et irréaliste » pendant sa campagne. Il restera alors aux Etats les plus agiles à démanteler des législations d’importation, et aux autres, à se draper dans une vertu outragée et déçue. A chacun de parier sur la position de la France. 

   Hervé Juvin,
   Essayiste et écrivain français,
   Président de NATPOL, «Sécurité des opérations, résilience des organisations, intelligence de la diversité »

vendredi, 09 juin 2017

Greg Johnson - A New Beginning: Heidegger & Ethnic Nationalism

Martin_Heidegger_1hhhhhhh.jpg

Greg Johnson - A New Beginning: Heidegger & Ethnic Nationalism

Despite being the major philosopher of the 20th century, Martin Heidegger is most liberals’ worst nightmare; for Heidegger is ‘one of us’ – one of us politically, one of us philosophically, one of us spiritually, one of us in every way.  But, because he is someone who is of such towering importance to western thought it is difficult for the liberals to ridicule, stigmatize or belittle his contribution and ideas.  Therefore the liberal ploy, rather in the way they’ve dealt with Tolkien, Ezra Pound, Celine, TS Eliot and hundreds of others, has been to pretend he never really had politically incorrect views at all.  The recent publication however of more and more hitherto unpublished works by him - including ‘The Black Notebooks’ – has refocussed attention on his (meta)political position and its importance as an integral part of his entire worldview.  This has made the aforementioned liberal strategy increasingly untenable…. to the point where the dam is about to burst.  Here, Greg Johnson, one of the world’s foremost Heideggerians, will speak to us about how the ongoing unveiling of more and more of Heidegger’s thinking will increasingly lead to Ethnic Nationalism, ‘this thing of ours’, becoming supremely fashionable.  

Greg Johnson is the editor and owner of Counter Currents website and publishers.  He is the author of 6 books, including his just released 'In Defence of Prejudice'. 

https://www.counter-currents.com/

https://www.counter-currents.com/cate...

Abel GANCE et l'adaptation au cinéma du "Voyage" de Louis-Ferdinand CÉLINE (1994)

LFC-voayge.jpg

Abel GANCE et l'adaptation au cinéma du "Voyage" de Louis-Ferdinand CÉLINE (1994)

http://www.lepetitcelinien.com. Émission "Le cinéma retrouvé" du 27 août 1994 autour du projet d'adaptation au cinéma de "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand CÉLINE par Abel GANCE. Invité : Jacques TARDI. Producteur : Michel BOUJUT. Réalisateur : Christine ROBERT.
- CELINE illustré par TARDI : Voyage au bout de la nuit : http://amzn.to/2sec83P ; Mort à crédit : http://amzn.to/2smxNGc ; Casse-Pipe : http://amzn.to/2qARVIm.

Nos remerciements à Arthur Yasmine : http://ow.ly/ZRqCW.

«Modérantisme» et «refus de l'ennemi»

modération.jpg

«Modérantisme» et «refus de l'ennemi»

Denis Ramelet
La Nation n° 1831, 29 février 2008
Ex: https://www.ligue-vaudoise.ch 
 
Dans notre monde marqué par le péché, il est impossible qu’une communauté politique n’ait aucun ennemi. L’ennemi peut être «subjectif», c’està- dire animé de mauvaises intentions, cherchant la perte de la communauté (les terroristes musulmans vis-à-vis des Etats occidentaux prétendument chrétiens) ou cherchant du moins à nuire à ses intérêts (l’Amérique de Bush vis-à-vis de la Russie de Poutine). L’ennemi peut être seulement «objectif», c’est-à-dire objectivement nuisible bien que n’étant pas, au moins apparemment, animé de mauvaises intentions (la Confédération actuelle vis-à-vis des Etats cantonaux).

Le problème est que le politicien «modéré», figure politique dominante de l’Europe occidentale contemporaine, refuse par idéalisme les évidences ci-dessus, se mettant ainsi dans l’incapacité de défendre la communauté dont il a la charge. C’est de ce grave problème que traite un récent ouvrage collectif (1). Laissant de côté l’aspect religieux du problème, également traité dans l’ouvrage, nous allons nous concentrer ici sur l’aspect politique, à l’aide d’un florilège de citations extraites de quelques-unes des contributions contenues dans cet ouvrage.

Le modérantisme

Le «modérantisme» a-t-il un rapport avec la «mesure», cette vertu que les Grecs opposaient à l’hybris? S’agit-il d’un synonyme un peu précieux de «modération»? Que nenni! Le modérantisme est une contrefaçon de la véritable modération, comme l’affirme avec force Abel Bonnard dans son fameux ouvrage Les Modérés, paru en 1936:

Bien loin de consister, comme les modérés finiraient par le faire croire, dans l’hésitation de l’esprit qui reste à la surface de toutes les idées et dans la timidité du caractère qui reste au bord de tous les actes, la modération véritable est l’attribut de la puissance: on doit reconnaître en elle la plus haute vertu de la politique. Elle marque l’instant solennel où la force acquiert des scrupules et se tempère elle-même selon l’idée qu’elle se fait de l’ensemble où elle intervient. (2)

Quelque trois quarts de siècle plus tard, Claude Polin exprime la même idée:

Comme il y a loin de la mesure à cette pusillanimité systématique qu’on peut appeler le modérantisme! (3)

Claude Polin montre aussi que le modérantisme n’est pas neutre:

Le modéré sera dans toutes les époques du côté du manche, ce qui fait que son centre a la propriété, curieuse d’un point de vue géométrique, d’être toujours au-delà ou en deçà de sa position proprement médiane. Un bon modéré est toujours un peu moins qu’au centre. Dans le monde politique moderne, qui va de plus en plus décidément vers ce qu’il est convenu d’appeler la gauche, les modérés seront à gauche, massivement et par conséquent de manière déterminante, mais en traînant les pieds. Ils seront la droite de la gauche, et non la gauche de la droite, nuance décisive! […] Le modéré est comme une girouette qui tournerait avec le vent, mais qui chercherait à lui résister: en somme une girouette rouillée. (4)

Le refus de l’ennemi

La place que doit – ou devrait – occuper l’ennemi dans la réflexion des hommes politiques est examinée par Jeronimo Molina Cano:

La finalité du politique n’est pas en soi la désignation de l’ennemi, mais le discernement du bien que toute communauté doit protéger, face à l’ennemi évidemment, mais aussi face aux ravages du temps et de la mauvaise fortune. (5)

Cependant, si la désignation de l’ennemi n’est pas le but de l’action politique, lequel consiste dans la réalisation du bien commun, elle est la condition indispensable d’une action politique réaliste:

La reconnaissance de l’ennemi politique, réel ou potentiel, et par là même la qualification comme hostile, de manière déclarée ou cachée, d’une communauté étrangère, est l’essence de toute pensée politique réaliste. «Malheur à celui qui ne sait pas qui est son ennemi!»: cette phrase n’est pas seulement un lieu commun mais aussi la plus amère des prophéties politiques. (6)

Une formule remarquable d’Abel Bonnard résume bien la contradiction dans laquelle se trouvent les politiciens «modérés» et le danger mortel qu’ils représentent pour les communautés dont ils ont la charge:

Il n’est pas de mesures auxquelles les modérés ne soient prêts à consentir, pourvu qu’ils restent au poste où ils devraient les empêcher. (7)

Exemple parfait de trahison de la communauté par un modéré: le largage de l’Algérie par De Gaulle, alors que celui-ci avait été porté au pouvoir pour maintenir l’Algérie française.

D’où vient ce pacifisme, cette «culture du refus de l’ennemi» aujourd’hui dominante en Europe occidentale? Ecoutons à nouveau Jeronimo Molina Cano:

Les raisons de l’occultation de l’inimitié, et de la réticence à accepter la possibilité qu’une communauté étrangère fasse sienne l’idée d’hostilité, sont multiples. Toutes convergent cependant vers la perte du sens de la réalité politique. […] La disparition de l’ennemi dans le discours politique, ou sa dissimulation, constitue l’un des aspects les plus caractéristiques du second après-guerre. (8)

Il est certain qu’une des causes du développement de la mentalité pacifiste réside dans le traumatisme de la Deuxième Guerre mondiale. Comme autres causes, il faut mentionner, en amont, l’idéologie des droits de l’homme et, en aval, la chute du Mur de Berlin. Quoi qu’il en soit, le pacifisme poussé jusqu’à la négation de l’existence de l’ennemi est totalement irrationnel, comme le montre Teodoro Klitsche de La Grange:

Le problème de l’inexistence de l’ennemi est à mon sens un problème absurde, parce que l’ennemi n’a pas besoin de permission de qui que ce soit pour exister. […] Le pacifisme, quand il est conséquent, a une certaine rationalité; on peut préférer la servitude à la liberté, c’est une décision possible. Mais la négation de l’ennemi n’a rien de rationnel. (9)

Dans l’article conclusif de l’ouvrage, Bernard Dumont met le doigt sur un fait capital:

L’existence de l’ennemi […] est implicite mais très effective au sein même de la partitocratie. (10)

La démocratie ne fait pas disparaître l’hostilité, elle la transfère seulement de l’ennemi extérieur vers l’ennemi intérieur, l’adversaire politique. On l’a bien vu lors des dernières élections fédérales: pour les «modérés» démocrates-chrétiens, l’ennemi public numéro un n’est ni l’Union européenne qui cherche à nous écraser à défaut de pouvoir nous avaler, ni l’immigration de masse, mais bien plutôt le seul de nos gouvernants à avoir osé désigner ces menaces réelles pour le pays.

Le modérantisme, c’est la mort.


NOTES:

1) La culture du refus de l’ennemi: modérantisme et religion au seuil du XXIe siècle, Presses universitaires de Limoges, 2007, 150 pages. Cet ouvrage est en stock à la librairie La Proue, sise aux Escaliers du Marché 17, à Lausanne. Sauf indication contraire, les numéros de page ci-dessous renvoient à cet ouvrage.

2) Abel Bonnard, Les Modérés, cité par Philippe Baillet, «Modération, modérantisme, pseudo-conservatisme: Les Modérés d’Abel Bonnard», p. 44.

3) Claude Polin, «Modération et tempérance: continuité ou antinomie?», p. 23.

4) Id., p. 28. Ces propos de Claude Polin sur les modérés rejoignent ceux de Jean-François Cavin sur les centristes: «Inconsciemment peut-être, le centre est à gauche» (Jean- François Cavin, «Du centre», Contrepoisons no 6, Cahiers de la Renaissance vaudoise, Lausanne, 2006, p. 149).

5) Jeronimo Molina Cano, «Le refus d’admettre la possibilité de l’ennemi», p. 77.

6) Id., p. 73.

7) Abel Bonnard, Les Modérés, cité par Philippe Baillet, art.cit, p. 47.

8) Jeronimo Molina Cano, art.cit., p. 79.

9) Teodoro Klitsche de La Grange, «Refus du conflit et idéalisme de la paix», p. 87.

10) Bernard Dumont, «La politique contemporaine entre grands principes et lâchetés», p. 142.

 

L’entre-soi comme résistance au «vivre-ensemble obligatoire pour tous»?

freunde-treffen-in-der-lieblingskneipe.jpg

L’entre-soi comme résistance au «vivre-ensemble obligatoire pour tous»?

Dominique Baettig
Médecin, Ancien Conseiller national
Ex: http://www.lesobservateurs.ch

Le Temps du 30 mai, commentant la tenue à Paris d’un festival afroféministe, s’indigne d’une interdiction d’accès à un séminaire aux « blancs », femmes et hommes, transgenres aussi sans doute, et accessoirement aux hommes noirs. Les antiracistes titulaires, talibans des luttes idéologiques factices et des ennemis imaginaires, se sont déchaînés contre la tenue d’un festival qui veut discuter des problèmes subjectifs ressentis par certain(e)s, dans  un entre-soi légitime. Ce droit de discuter entre pairs de certaines problématiques me semble parfaitement légitime et même sain. La réponse du groupe de combat  à une demande d’une femme blanche ( ni noire ni métisse) de participation est limpide : «  notre collectif est non-mixte…Notre confort et nos luttes sont plus important.e.s que ta curiosité ».Et le groupe réclame « le droit d’avoir un espace pour se sentir en sécurité ».Rien de choquant finalement dans un choix d’affirmation de soi :« les blancs vous accuseront de causer le trouble quand tout ce que vous faisiez était d’agir comme des êtres humains normaux au lieu de ramper ». Une telle posture n’est évidemment plus imaginable chez les formatés, émasculés et décolorés bobos biberonnés à la repentance et à la religion multiculturaliste du Grand Autre sans lequel vous ne seriez rien, n’êtes d’ailleurs rien, du factice, de l’illusoire, du repli sur soi nauséabond.

La résistance culturelle viendrait-t-elle de groupes militants déculpabilisés qui en suivant la logique de leur idéologie d’affirmation de soi finissent par réclamer le Droit de discriminer pour elles (eux) de ce qu’ils reprochaient aux autres  de pratiquer( dominants, blancs, hommes, hétérosexuels).

L’antiracisme est un dogme de la religion multiculturaliste, unilatéral et totalitaire. A ce propos, il faut absolument lire « Le nouveau régime, essais sur les enjeux démocratiques actuels » de Mathieu Bock-Côté, éd. du Boréal 2017. La dictature de la nouvelle religion de l’inclusion imposée et de la repentance culpabilisatrice y est magistralement décrite. Tout « Autre » est automatiquement ontologiquement supérieur au Mâle dominant « blanc », hétérosexuel, senior. La hiérarchie ubuesque se décline ainsi : mieux vaut femme que homme, noire ou métis que blanc, homosexuel ou LGBT qu’hétéro, musulman que juif (quoique). Les choses risquent de se compliquer avec les avancées de la théorie du genre où l’on peut se sentir femme si l’on est apparemment un homme, ou transgenre. On imagine les problèmes posés par le refus d’accepter à un séminaire exclusif, un homme d’apparence blanche mais qui se considère comme une femme métisse et de sensibilité queer.

Bonjour les dégâts.

En attendant, le choix de développement séparé, communautaire ou entre soi ( d’identité, de sexe) est parfaitement légitime. La tradition, marqueur de « fascisme originaire » ( Ur-fascisme selon Umberto Eco qui a publié un petit manuel de détection pratique de cette tendance, Grasset 2017), favorise le respect , la culture de la différence qui offre la possibilité de se protéger, de construire l’identité, entre soi sans perdre son âme dans une mixité   stressante, contrainte et obligatoire. La reconnaissance de la différence des sexes, des générations, de la complémentarité des rôles sociaux est un marqueur ( aussi défendu par la psychanalyse jungienne et même freudienne) de développement de soi réussi : génitalité , et non perversion et utilisation d’autrui, authenticité  et non pas faux Soi, autonomie et non pas dépendance non reconnue.

kneipensterben-jcs-02-71-55673684-jpg.jpg

Les contradictions de l’antiracisme multiculturel de déconstruction et d’individualisme abstrait explosent. C’est bon signe, l’idéologie du Système est en voie d’effondrement. L’individualisme forcené de la culture inclusive ( ouverture bénéfique forcée) n’est pas un progrès mais une cause d’aliénation. Le Droit d’être entre soi est aussi un Droit humain légitime. Et nous acceptons les deux manières de se comporter : Le Vivre-ensemble librement choisi comme le Droit de vivre entre soi, dans une communauté ou entre communautés, librement consenti. Au contraire de l’intolérance haineuse moraliste de la gauche des Valeurs.

Dominique Baettig, 5 juin 2017

jeudi, 08 juin 2017

Amis de Livr'arbitres: soirée Léon Bloy

Bloy30juin.jpg

Autonomie et Tradition

86F1E4E8F3CEE783AD7E72464C104C8B-strandrit.jpg

Autonomie et Tradition

par Johann Sparfell

Ex: http://www.in-limine.eu

« Il ne faut pas agir et parler comme nous l'avons appris par l'héritage de l'obéissance ». C'est ainsi qu'Héraclite introduisit sa pensée sur l'autonomie, sur l'art d'acquérir un esprit libre. Il est en effet possible et même indispensable de lier la notion d'autonomie de celle d'une éducation au travers de laquelle l'on devient soi-même, l'on s'élève. Il est bien entendu que par là nous pouvons ainsi faire référence à la nécessité d'une affirmation de l'être de l'homme et, comme d'une conséquence, de la propre personnalité de chacun en ce monde. Mais serait-ce pour autant une autorisation prêtée à l'individu d'accroître sans cesse, pense-t-il naïvement, ses prérogatives, dans une « limite » de la liberté d'autrui, afin de se soumettre toujours davantage à l'illusion de la jouissance ? Au nom d'un tel dévoiement de la notion d'autonomie, nous avons en fait appris à renier cela même qui en faisait l'élément primordial de l'existence des communautés et des hommes : la Tradition.

Mais enfin ! Qu'est-ce donc que cette « autonomie » de pacotille dont on nous serine dans nos oreilles les louanges afin de faire de nous des consommateurs « libres » de leurs choix et de leur « vie » ? Bien sûr une illusion, parce que, plutôt que d'être sans limite, elle en a au contraire beaucoup ! Ce n'est point en ce cas une affirmation de soi, mais une affirmation d'une chose extérieure à soi : d'une norme ! Oui, et c'est en cela qu'elle n'est que pure illusion ; il nous faudrait atteindre un certain état par lequel nous nous mettrions en état de suivre un mouvement que nous « participerions » à faire perdurer. « Participer » peut-être ! Mais certainement pas initier. Et encore moins innerver, c'est-à-dire en déterminer le cours, parce que ce mouvement, ce serait nous-mêmes en acte !

La liberté individualiste, que nous confondons aujourd'hui avec l'autonomie, se mêle inextricablement dans la soupe post-moderne avec l'adaptabilité, la flexibilité, la rentabilité, l'utilitarisme, l'esprit d'innovation techniciste et l'instinct de concurrence ; tout ce qui, en fait, permet au Capital, en tant que rapport social, de faire perdurer l'exploitation des ressorts humains au milieu de l'obsolescence de l'homme, et la domination de classe. Cette « liberté » est un statut, un état fixe et idéalisé, un ensemble de dispositions à atteindre au travers desquels les individus gagnent leur vie. La solvabilité en est par exemple un indice de relative réussite : elle ouvre la voie aux jouissances d'une consommation raréfiée. L' « autonomie » qui lui est liée est en ce cas un simulacre en ce sens qu'elle implique, une fois atteinte, de ne se battre que pour s'y maintenir, seul, et en regard des impératifs d'un procès que l'on ne maîtrise qu'à la mesure de nos renoncements.

84698.jpg

Elles se situent bel et bien là les limites de ce simulacre d'autonomie : à l'horizon bouchée des impératifs d'un économisme totalisant au noms desquels nous nous transformons en entités mécaniques dont le seul but devient de ne point tomber dans le néant du déclassement sociale. Le modernisme a inventé, par l'absolutisme de l'économisme, une nouvelle forme d'hétéronomie qui a su, comme ses prédécesseurs, se voiler des apparats de l'accomplissement humain et d'une certaine forme de rédemption. Or, se « mouvoir », ou plutôt bouger, par l'incitation de cette forme d'hétéronomie ne se résume dans les faits qu'à faire du sur-place en tentant de maintenir les « misérables » acquis dus à notre soumission à l'ordre accumulatif. Lorsque nous y creusons un peu plus, nous y voyons les racines du ressentiment ; d'un ressentiment que l'on ne pourrait croire issu que de ce que l'autre a pu acquérir à notre place, mais en fait provoqué par l'horreur que nous inspire l'image de la futilité d'une quête qui n'est que course vers le néant : nihilisme ! Par lui, nous nous en voulons à nous-mêmes de ne point savoir exister, signe d'une faiblesse inexcusable et d'un manque de savoir-vivre !

Car l'autonomie, au contraire, est bien d'exister par soi-même : exister, sortir du néant, tout simplement, sans artifice, sans préjugés. L'autonomie n'est pas une fixation en un état supposé idéal malgré qu'elle implique de savoir se donner des limites, des lois, par soi-même. Elle est une dynamique, un processus jamais parfaitement accompli d'auto-détermination. Si l'hétéronomie économiste est un effort d'adaptation à un procès dans lequel il s'avère absolument nécessaire de s'intégrer pour « exister », tout en étant un rapport social de domination en sous-main, l'autonomie est une participation à un flux vital dont l'assomption invite l'être à se fonder en soi-même en tant qu'être libre de sa propre détermination : il s'agit en ce cas d'une intégration dans un tissus de relations communautaires par lesquelles l'on coopère à son propre destin et à celui de son environnement – tant humain que naturel ou artificiel.

flat,800x800,070,f.jpg

L'hétéronomie économiste est une fixation. L'homme échappe ainsi à son devenir, sa responsabilité, en s'enfermant dans un éternel présent, qui s'avère en réalité être un piège vers une néantisation – l'éternel présent, ou le règne de l'immédiateté, est un univers carcéral où l'horizon se résume en une fuite perpétuelle vers un futur idéalisé qui n'est en réalité qu'adhésion, au sens premier du terme. Plus rien ne fait lien dans un monde où domine une dépendance totale à des impératifs quantitatifs, ni les hommes entre eux – car tous concurrents les uns des autres – ni le passé d'avec l'avenir – car l'un et l'autre sont devenus absolument contradictoires. Se donner ses propres règles, selon la définition de l'autonomie, ce n'est nullement se laisser enfermer selon une prescription commandée par une appartenance de classe ou autres dans une actualité sans fin. C'est fort au contraire dépasser l'actualité afin de donner corps à une connivence toujours possible, toujours souhaitable, entre le passé et l'avenir : participer par conséquent au recouvrement d'un lien intime entre les deux.

Plutôt que dans le temps, qui est une constante projection vers l'au-delà du réel, ce qui nous rend absolument dépendants du règne de la mesure temporelle, nous devrions nous inscrire dans la durée, qui est une possibilité perpétuellement donnée de pouvoir affirmer son être. Chaque être est en fait une durée singulière, un devenir qui s'étire de son origine à sa finalité, mais s'inscrivant toujours inévitablement dans une plus longue durée au sein de laquelle il devient un transmetteur, le dépositaire d'une traditio. La longue durée est une suite indéfinie d'événements, un processus global du devenir des civilisations, chacune d'elles imbriquée dans le devenir de l'humanité, et où demeurent les archaïsmes : « ce qui ne passe pas » et que l'on tient en réserve afin de dépasser sa propre condition initiale. Les durées singulières se lient les unes aux autres, transposent d'une génération à l'autre le socle sur lequel chacune participera à bâtir l'histoire à sa façon. Et pour ce faire, il est indispensable de pouvoir réellement exister ! Qu'est-ce à dire ? Que chaque homme, chaque communauté, doit pouvoir construire sur de bonnes bases ses propres règles, donc être autonome et ne plus dépendre de l'arbitraire des dogmes.

a2baeaeb0e6ece2ea74f47c1494b34f0_950x600_fit.jpg

L'existence est une élévation, l'acte de se mettre debout et d'affirmer la singularité de son être au milieu de la pluralité contradictoire de ce, et de ceux qui nous entourent. Exister, réellement, a à voir avec l'autonomie ; c'est un acte de volition qui est la condition même de la réalisation de l'autonomie. Lorsque nous nous mettons à exister « pleinement », non de façon désobligée comme aujourd'hui – l'individualisme ne nous engage plus à rien -, nous nous en tenons à une affirmation qui repose en premier lieu et qui a toute chance de pouvoir prendre son essor à partir d'un socle commun. L'existence est un passage : celui du non-être à l'être au croisement du passé et de l'avenir, où règne l'infini et la négation, l'éternel présent – mais ne s'y attardent que les aventuriers de l'esprit, s'y perdent les autres... les insensés ! -, ce qui implique de devoir y adjoindre un sens. L'existence est une dynamique en quelque sorte, dont l'élément moteur est la Tradition : le « socle » commun. Un « élément » dont la primordialité n'a d'égale que le sens qu'Elle apporte aux hommes et à leurs œuvres, un sens partagé de génération en génération par lequel le monde se voit doté d'une signification sacrée en une « durée » où se déploie l'existence, l'indéfinité des existences influant les unes sur les autres en de multiples « écosystèmes ».

La durée dans laquelle nous nous inscrivons est une épaisseur qui est celle des interrelations par lesquelles il nous est donné de pouvoir construire nos autonomies, tant personnelles que communautaires ; en d'autres termes donc, exister, à chaque instant qu'il nous est donné de pouvoir vivre par soi-même ! A contrario du temps, linéarisé par les besoins d'une foi toute basée sur un type d'homme, que l'on peut s'imaginer telle une meurtrière à travers de laquelle l'on n'a la possibilité de n'apercevoir qu'une frange étroite de la réalité : celle d'objectif qui recule sempiternellement à chaque minute.

La quête de l'autonomie est en nous comme un besoin vital de réaliser notre vie, d'être pleinement nous-même en accord avec le monde. C'est une dynamique qui se prolonge durant « mille vies » et nous transpose à chaque point de cette durée du non-être à la grâce d'être – dynamique symbolisée par la Croix, l'un des plus vieux symbole en ce monde. Elle est le Mythe, le mythos primordial que ne vient pas de l'homme, mais qui néanmoins perdure en l'homme et le fait être tel lorsqu'il en ressent le devoir, c'est-à-dire tant qu'il a en lui ce désir de s'affirmer pour le bien commun de ceux par qui, et quoi, il existe. Elle est en fin de compte l'expression « vitale » de la Tradition Elle-même, son souffle sacré par lequel les mondes se constituent et se succèdent, prennent sens et épaisseur.

17-trouwen-op-een-paard-FV.jpg

Mais qu'est-ce donc qu'être autonome sinon être soi-même, devenir soi-même, simplement, parmi les autres ? Être un esprit libre comme ont su le dire Héraclite, Montaigne ou Nietzsche, un « barbare » - un être « simple » - en chemin vers la maîtrise de son existence qui se réfère en toute humilité aux leçons et expériences accumulées par les générations qui l'ont précédées. C'est un accomplissement qui se réalise au nom d'une notion de Bien Commun, d'une notion secrètement portée par la Tradition et qui ne peut dépendre que d'un minimum de préjugés sur l'homme et la nature a contrario du respect de la parole donnée. Comme le disait S. Weill, la vérité est enfouie dans le silence des humbles ; la Tradition y a toujours trouvé son ultime refuge. La Tradition est un appel intemporel pour l'homme à s'extraire et s'élever par lui-même, de par ses propres forces, au-delà du magma informe de l' « indifférencié civilisateur » - j'entends par là la tendance historique à la standardisation massificatrice du processus civilisateur dont le marxisme orthodoxe et le néo-libéralisme, qui sont si proches l'un de l'autre dans les faits, en sont les portes-voix modernes -, donc des préjugés et des « héritages de l'obéissance ». Elle est une Connaissance qui engage à l'empathie, donc à l'autonomie.

Que pourrions-nous en conclure en somme ? Que la Tradition, loin d'être une sommation à l'inertie et l'impuissance, est fort au contraire une invitation au développement indéfini de nouvelles manière de « voir » le monde et de le faire nôtre, consciemment. Elle n'est pas une vérité imposée d'une « hauteur » inatteignable mais l'invitation à la recherche constante de la vérité. La Tradition est ce qui ne passe pas, telle une clef intemporelle qui est à même de nous élever à la com-préhension, à la lucidité « raisonnable », de ce qui agit dans le monde au travers de nos êtres et constitue celui-ci à chaque instant, à chaque époque singulière. Loin de pouvoir être interprétée Elle-même telle un carcan ou une « vérité » irréfutable sur l'homme, Elle constitue ce qui au contraire peut nous apporter en tout temps la conscience du devoir de construire nos autonomies, celle de la personne comme celle de ses communautés, afin de toujours pouvoir faire surgir, in limine, la nécessité de concevoir un sens commun au milieu de ce qui n'est, en vérité, que chaos, mais chaos riche d'une multitude de possibilités de créations, mais aussi de destructions. Elle est en somme, la richesse des possibles contenue dans l'existence et qu'il nous appartient de mettre à jour à chaque instant de l'histoire, en faisant l'histoire : en composant de nouvelles harmonies, en donnant du sens à nos vies. Elle est un socle bâti par la multitude d'expériences accumulées par l'homme sur lui-même et son devenir...

pamuk4-900x600.jpg

La Tradition accompagne donc la marche de l'histoire, en lui donnant l'ouverture indispensable vers l'ensemble des possibles et des révolutions ; Elle ne saurait par conséquent représenter pour l'humanité éveillée un système clos sur lui-même, une injonction théorique idéalisée dans un système religieux, « politique » ou philosophique : « La transformation de l'activité théorique en système théorique qui se veut fermé c'est le retour vers le sens le plus profond de la culture dominante. C'est l'aliénation à ce qui est déjà là, déjà créé ; c'est la négation du contenu le plus profond du projet révolutionnaire, l'élimination de l'activité réelle des hommes comme source dernière de toute signification, l'oubli de la révolution comme bouleversement radical, de l'autonomie comme principe suprême ; c'est la prétention du théoricien de prendre sur ses propres épaules la solution des problèmes de l'humanité. Une théorie achevé prétend apporter des réponses à ce qui ne peut être résolu, s'il peut l'être, que par la praxis historique. Elle ne peut donc fermer son système qu'en pré-asservissant les hommes à ses schémas, en les soumettant à ses catégories, en ignorant la création historique, lors même qu'elle la glorifie en paroles. Ce qui se passe dans l'histoire, elle ne peut l'accueillir que s'il se présente comme sa confirmation, autrement elle le combat – ce qui est la façon la plus claire d'exprimer l'intention d'arrêter l'histoire. »1

Yohann Sparfell

Note:

1Cornélius Castoriadis in L'institution imaginaire de la société, éd. Du Seuil, 1975, p. 101

Le jeune Heidegger 1909-1926

4b0830c3c6bfc06870d09ec43f4cbf84.jpg

Le jeune Heidegger

1909-1926

Sophie-Jan Arrien et Sylvain Camilleri (éd.)

 
2711623025.jpgEUR 28,00
Disponible 
 
La philosophie de Heidegger ne commence pas avec Être et Temps. On trouve en amont du maître-ouvrage de 1927 une réflexion riche et autonome, dont il n’est pas exagéré de dire qu’elle forme un continent à part entière au sein de l’œuvre. Ce recueil vise justement à présenter la pensée du « jeune Heidegger » (1909-1926) et à lui accorder toute l’attention qu’elle mérite. Coups de sonde dans les premiers écrits et les premiers cours de Freiburg et de Marburg, les études ici rassemblées laissent entrevoir une recherche absolument originale, déjà fort mature et aux singulières potentialités. Des interprétations phénoménologiques de la vie facticielle y côtoient des confrontations avec le néo-kantisme, des appels précoces à l’herméneutique, des détours subtils par la théologie et des références à la religion vécue. Plutôt que de réduire ces premiers travaux à un simple tracé menant tout droit à l’analytique existentiale du Dasein, cet ouvrage s’efforce de dévoiler leur signification et leur importance intrinsèques. Investiguant notamment l’intérêt du jeune Heidegger pour le Pseudo-Duns Scot, Dilthey, Rickert, Natorp, Paul, Augustin, Aristote et Luther, il propose un aperçu de la complexité des influences et des idées qui structurent la première pensée du philosophe. Il s’agit ainsi d’ouvrir selon des perspectives plurielles un corpus pouvant non seulement donner une impulsion nouvelle aux études heideggeriennes mais également inciter à développer les possibilités du travail herméneutique, à refonder la phénoménologie et à interroger autrement la donne théologique.
 

Vrin - Problèmes & Controverses
288 pages - 13,5 × 21,5 cm
ISBN 978-2-7116-2302-0 - mars 2011

L' inquiétude de la pensée - L'herméneutique de la vie du jeune Heidegger

3227858535.jpg

L' inquiétude de la pensée
L'herméneutique de la vie du jeune Heidegger (1919-1923)
Collection: Epimethée
Discipline: Philosophie
Catégorie: Livre
Date de parution: 04/06/2014
32,00 €
 
Disponible
Livraison en France métropolitaine uniquement.

Heidegger.jpgRésumé

Entre 1919 et 1923, Heidegger caresse le vœu de faire « exploser l’ensemble du système traditionnel des catégories ». Ce sont les travaux de cette période qu’il s’agira ici de sonder pour en dégager l’originalité et l’intérêt philosophiques propres, sans nécessairement les considérer sous l’éclairage rétrospectif du projet ontologique d’Être et Temps (1927). Le jeune philosophe soupçonne les concepts philosophiques traditionnels de masquer le mouvement de la vie et d’éteindre l’inquiétude native de la pensée. Il exige donc que les questions fondamentales de la philosophie soient désormais interprétées à partir de la concrétude de la vie. C’est ce qu’on a appelé rétrospectivement son « herméneutique de la facticité ». La « vie » devient dès lors le leitmotiv de la pensée du jeune Heidegger, pointant vers une sphère originaire, celle de l’expérience facticielle, d’où le philosopher trouve sa provenance, dont il doit rendre compte et où il revient toujours. Ainsi, que Heidegger soumette à son herméneutique critique (ou « destruction ») les thèses de Lask, Rickert, Natorp, Dilthey, Husserl, Paul, Augustin, Luther ou celles d’Aristote, la sauvegarde de la mobilité inquiète de la vie et de la pensée fait fonction de véritable critère d’originarité au sein de cette première charge du philosophe contre la conceptualité métaphysique.


Caractéristiques

Nombre de pages: 392
Code ISBN: 978-2-13-062453-0
Numéro d'édition: 1
Format: 15 x 21.7 cm

Sommaire

Introduction

Chapitre 1 – L’idée de la philosophie
La philosophie comme problème

L’insuffisance de l’épistémologie
Le lieu de l’origine

Chapitre 2 – Du vécu à la vie
La question du vécu

Le primat du théorique en question
La science des vécus de conscience chez Natorp et Husserl
L’avancée méthodologique de Heidegger

Chapitre 3 – Penser la vie
Éléments pour une « philosophie de la vie »

La vie comme archiphénomène
Vers une phénoménologie herméneutique de la vie facticielle

Chapitre 4 – Chemins de la destruction
Repères méthodologiques

Destruction du concept de vie
Destruction du concept d’histoire
Destruction du concept de vécu : constitution et cohésion

Chapitre 5 – La destruction de l’expérience facticielle de la vie
Vie et philosophie

Expérience facticielle de la vie chrétienne primitive. L’interprétation heideggerienne de Paul
Heidegger et Augustin : le soi en question
Aristote : de la vie à l’être
L’athéisme de la philosophie

Bibliographie
Index

Autour de l'auteur

Sophie-Jan Arrien est docteur de l’université Paris Sorbonne et professeur à l’université Laval (Québec).

mercredi, 07 juin 2017

Le retour du politique et des peuples souverains contre le néo-bolchevisme mondialiste

eurasieamazone.jpg

Le retour du politique et des peuples souverains contre le néo-bolchevisme mondialiste

Date de publication: 15.12.2016

par Dario CITATI

Directeur du Programme de recherche "Eurasie" à l'Institut d'Etudes Géopolitiques de Rome

Ex: http://www.idc-europe.org

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais commencer mon intervention par une courte analyse du referendum italien pour dessiner les contours d’une analyse systémique sur l’état de lieux de la politique nationale des Pays occidentaux, tirer un bilan du passé récent et essayer d’identifier le prochaines étapes qui se profilent à l’horizon.

Comme vous le savez, le 4 décembre le peuple italien a voté « non » au referendum sur la Réforme constitutionnelle en Italie. Ce résultat a été justement appréhendé à l’étranger comme une votation allant au-delà de la question en elle-même de la Constitution et touchant le cœur de la politique nationale, avec des rebondissements importants au niveau européen. Le Président du Conseil Matteo Renzi a en fait résigné sa démission ouvrant une crise politique qui est toutefois terminée avec la formation d’un nouveau gouvernement, représentant de fait la continuation du précédent, quoique avec un nouveau Premier Ministre, Paolo Gentiloni, le très « renzien » ancien Ministre des Affaires Étrangères. Le scénario le plus probable maintenant est la continuation de ce gouvernement technique jusqu’en 2018, et seulement après l’approbation d’une nouvelle loi électorale il y aura des élections politiques.

Matteo Renzi a commis en effet une grave erreur pendant toute la campagne référendaire qui finalement l’a obligé a démissionner. D’un côté, il a toujours affirmé que le referendum ne concernait que l’architecture institutionnelle de l’Italie (avec la réduction du nombre des parlementaires, des fonctions nouvelles pour le Sénat italien, la simplification des mécanismes législatifs etc), en invitant justement à s’exprimer pour le « oui » tous ceux qui étaient, selon la propagande électorale, pour l’amélioration du système italien. De l’autre côté, toutefois, et d’une façon ouvertement contradictoire avec ce que je viens d’exposer, il a en même temps « personnalisé » le referendum en le transformant dans un test de confiance sur le gouvernement lui-même justement en promettant d’une manière solennelle que si le peuple italien refusait sa réforme il allait démissionner. N’oublions pas, d’ailleurs, que Matteo Renzi avait été nommé Premier Ministre en 2014 par le Président de la République après l’énième crise de gouvernement en Italie, et avec toute évidence il souhaitait que un résultat positif puisse représenter cette « légitimation démocratique » à l’action de son exécutif, qu’on lui reprochait de ne pas disposer justement parce que son gouvernement n’était pas issu d’une majorité parlementaire aux élections.

Cette erreur stratégique, ce mélange de langage institutionnel et  personnalisation, a bien couté la défaite à Renzi. La réforme en soi étant assez technique dans beaucoup d’aspects, le peuple italien avec une écrasante majorité (59% de « non ») a exprimé sa désapprobation envers Renzi en tant que Premier Ministre. Je ne vais pas parler ici de la réforme dans tous ses aspects, mais je peux vous donner quelques éléments concrets témoignant que ce projet n’était pas du tout une initiative à caractère purement « nationale ». Le projet de réforme prévoyait en effet un renforcement caché mais indubitable du rôle de l’Union Européenne à travers la modification de trois articles de la Constitution italienne: l’article 55, le 70 et le 117. Aux articles 55 et 70, lorsque en distinguait les matières conjointes sur lesquelles la Chambre des Députés et le Sénat auraient continué à s’exprimer ensemble, le projet de réforme prévoyait l’insertion de la formule suivante : « la fonction législative est exercée par les deux Chambres [sur un ensemble des thèmes limités parmi lesquelles] «l’actuation de normatives venant de l’Union Européenne ». Il s’agit d’une référence directe à l’UE qui était absente de la version précédente.

D’une manière encore plus explicite et directe, l’article 117 était censé avoir la suivante intégration : « le pouvoir législatif du Parlement italien est exercé par l’Etat central et par les Régions conformément à la Constitution italienne et aux obligations venant de l’Union Européenne» (en italien : « nel rispetto della Costituzione e dei vincoli derivanti dall’ordinamento dell’Unione Europea »). Le texte précédent – c’est-à-dire le texte actuel, la réforme ayant justement échoué – disait « conformément à la Constitution italienne et aux engagements internationaux de l’Italie », donc une référence très générale aux accords internationaux qui n’indiquait aucune « contrainte » spécifique. Or je ne suis pas un juriste, mais il me semble très clair que si cette réforme constitutionnelle avait été approuvée, les normes et les mesures de l’Union Européenne auraient été mises sur le même niveau des lois votées par le Parlement italien car cela serait écrit noir sur blanc dans la Constitution italienne.

Bien sûr, dans le débat publique l’on n’a pas touché directement ces points en particulier (bien au contraire, les promoteurs du référendum ont insisté sur le caractère strictement « italien », « national » de la réforme) mais justement grâce à la « personnalisation » de la consultation populaire, à laquelle j’ai fait référence précédemment, il a été possible de rassembler dans ce 59% de « non » les opposants à la réforme dans son ensemble, les mécontents du gouvernement Renzi, mais aussi les « eurosceptiques », c’est-à-dire ceux qui comprenaient que la réforme était aussi une ultérieure cession de souveraineté nationale.  

Or comment est-ce qu’on peut interpréter ce résultat italien sur le fond des événements récents de 2016 ?

S’il ne faut pas surévaluer ce résultat (n’étant pas un referendum sur l’Union Européenne), il ne fait pas de doute que la victoire du « non » en Italie s’insère dans le cadre de cette « révolte contre les élites » en cours dans tout l’Occident, dont les signes plus évident en 2016 ont été le Brexit, la victoire de Donald Trump, et en général la montée de ce qu’on appelle couramment « les forces populistes ». Il y a du moins trois thèmes en commun parmi les différents contextes: le premier, c’est l’opposition à l’immigration massive et le sursaut identitaire des peuples européens face à un phénomène de plus en plus difficile à gérer; le deuxième, c’est la méfiance à l’égard du modèle politico-économique dominant avec une croissance de la perspective « souverainiste », prônant un renforcement des Etat nationaux aussi bien sur le plan institutionnel (les processus décisionnels des organismes supranationaux étant mis sous question) que sur le plan économique, avec un retour d’idées plus ou moins « protectionnistes » ; troisièmement, la croissance d’un sentiment de révolte contre l’hégémonie culturelle du post-modernisme au nom des valeurs traditionnels (famille homme-femme, subsidiarité, sens de la communauté contre l’individualisme libérale).

Toutes ces positions ont aussi en commun la délégitimation totale, le discrédit publique que la plupart des médias leur a réservé. La campagne contre le Brexit au Royaume-Uni, la campagne contre Donald Trump et précédemment celle contre la Manif pour Tous ici en France ont été marquées par un discrédit total qui manifeste un appauvrissement de la culture politique générale, un nivèlement du débat publique au nom d’un progressisme qui n’admet pas de critiques. On peut affirmer que les grandes cultures politiques du XX siècle se sont égarées dans une amalgame postmoderne qui est à la fois floue dans ses contenus et agressive dans la déqualification des adversaires.

La culture de gauche  postsocialiste, par exemple, a de fait abandonné sa prétention de représenter les classes défavorisées, à cause aussi d’une certaine incapacité culturelle d’interpréter la complexité du contexte socio-économique de la globalisation, où le malaise social est transversal et l’on ne peut plus lire la réalité avec la catégorie quelque peu simpliste da la lutte de classe. Avec très peu d’exception la gauche a replié son activité sur les droits de l’homme, plus précisément sur les nouveaux présumés droits des minorités.

La culture libérale classique, quant à elle, a connue aussi une mutation intérieure, en perdant complètement sa connotation conservatrice. Dans la tradition libérale (et tout particulièrement dans le libéralisme anglo-saxon, qui représente peut-être le libéralisme par antonomase), le concept de liberté avait été toujours envisagé sous la forme de liberté économique, de soutien à l’esprit d’initiative privé contre le pouvoir excessif de l’Etat, mais cela n’impliquait aucunement une vision « libertaire » de la société dans son ensemble. Bien au contraire, si l’on pense aux derniers représentants politique de ce libéralisme anglo-saxon, Margaret Thatcher et Ronald Reagan, leur libéralisme économique s’accompagnait pour ainsi dire à une « vision musclée » de la société, à un certain conservatisme éthique.

À la suite de cette mutation, les partis de gauche et les partis libéraux participent aujourd’hui de ce nivèlement de la culture politique tournant autour des mêmes axes : le mythe du « migrant » (portes ouvertes à tout le monde en Europe), le mythe de l’égalité contre nature (mariage et adoption d’enfants pour les couples du même sexe) ; le mythe néo-panthéiste de l’écologie (défense des « droits » des animaux comme s’ils étaient des êtres rationnels et catastrophisme environnementaliste).

skythischekriegerin.jpg

Cette convergence entre libéralisme et gauchisme représente justement le point d’arrivé d’une mentalité  qui accuse de populisme toute forme d’opposition, et que je n’hésiterais pas à définir « néo-bolchevique ». Je dis cela avec référence directe à l’histoire du XXème siècle : en tant qu’historien spécialisé sur la Russie, j’ai eu occasion de consulter pas mal de sources, de témoignages littéraires et journalistiques de l’époque de la Révolution d’Octobre. Le volet le plus caractéristique de la mentalité révolutionnaire, c’était justement la déqualification totale de l’adversaire : les bolcheviques parlaient d’une « culture bourgeois » à détruire avec le même mépris avec lequel le discours officiel dit « modéré » jette son discrédit sur le « populisme ».

Si l’on devait résumer cette mentalité, peut-être rien ne la représente mieux qu’une phrase du Président sortant Barack Obama, prononcée en 2014 pendant la crise ukrainienne et répétée maintes fois dans les années suivantes. Pour critiquer la politique de Moscou, M. Obama avait affirmé que la Russie est « sur le mauvais côté de l’histoire » (Russia is on the wrong side of history). Cette esprit est la codification verbale de la polarisation absolue typique chez la mentalité bolchevique : nous, les porteurs du progrès, définissons le bien. Vous, les autres, n’avez pas droit de citoyenneté justement parce que vos positions se situent sur le mauvais côté de l’histoire. L’opposition massive à cet état d’esprit, légitimée par le vote démocratique, n’est pas seulement un retour des peuples sur la scène européenne mais constitue aussi un retour du politique, un enrichissement du débat publique dans chaque pays.

Néanmoins, rien ne serait plus erronée que de s’appuyer sur une vision manichéenne de la réalité, qui en fait ne serait qu’une reproduction du schématisme que je viens de critiquer. Comme le disait Joseph de Maistre, « une contre- révolution ne doit pas être une révolution contraire, mais le contraire d’une révolution ». Si donc la vision révolutionnaire et « néo-bolchevique » contemporaine se base sur la division entre noir et blanc, il ne faut pas céder à la tentation complotiste de voir un projet compact e coordonné de « nouvel ordre mondial » mis en question par un front souverainiste également unitaire qui dans chaque Pays européen partagerait les mêmes buts (immigration, économie, repositionnement géopolitique à l’égard de la Russie et des Etats-Unis, thèmes éthiques, etc.)

Bien au contraire, revenir à une perspective nationale et souveraine signifie aussi s’attendre à une rivalité ouverte entre nations, surtout sur le plan géopolitique. Par exemple, en Europe Orientale les pays du Groupe Visegrad – Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovaquie – sont aujourd’hui les plus critiques à l’égard de l’immigration massive et de l’idéologie du gendre promue par l’UE, mais aussi les plus étroits alliés des Etats-Unis et les plus méfiants à l’égard de la Russie. Cela démontre qu’on peut s’opposer durement à l’Union Européenne sur des sujets fondamentaux - sans pour autant prôner une vision géopolitique différente. Par ailleurs, pas mal de problèmes qui affectent le Proche-Orient sont le résultat d’une rivalité structurelle entre les Pays européens dans l’échiquier méditerranéen, par exemple entre la France et l’Italie en Lybie. L’éventuelle montée au pouvoir de forces souverainistes dans ces Pays n’annulerait pas cette rivalité. Si l’ennemi globaliste semble rassembler les peuples d'Europe dans un front commun, sur les thèmes concrets leurs choix et leur priorités vont être différents lors de la prise du pouvoir des forces souveranistes.

Sarmatian warriors (reconstruction).jpg

Mesdames et Messieurs,

le 2017 va donc s’ouvrir sous le signe de la lutte. Les résultats les plus importants de ces derniers événements de 2016 – Brexit, Trump et la montée du souverainisme dans chaque pays – démontrent à mon avis que dans l’histoire rien n’est inéluctable, mais aussi que le travail est tout à faire. A cet égard j’aimerais bien conclure avec un exemple historique auquel je tiens beaucoup.

En 303 après Jésus Christ, l’empereur Dioclétien commençait la plus féroce persécution antichrétienne de l’histoire de l’Empire romain: recherchés, torturés, « jetés aux lions », les chrétiens étaient réduits à une petit groupuscule agonisant entre les années 303 et 305. Sans aucun doute, n’importe quel observateur contemporain de ces faits aurait dit que le christianisme n’était qu’une secte en cours de disparition et que l’Empire romain païen, tout en étant affligé par des tendances centrifuges, allait continuer à exister. Peut-être l’extinction des chrétiens aurait-elle été prévue par cet hypothétique observateur des événements du 303-305 avec la même certitude (voire avec un certitude supérieure) avec laquelle on nous a dit dans les années passées que l’idée de sortir de l’euro et de l’UE était quelque chose de complètement "anti-historique", un véritable tabou qu’une personne cultivée ne devrait même pas poser.

Mais voilà que dix ans après, en 313, un nouvel empereur, Constantin le Grand, renverse la situation – pour des raisons qui encore aujourd’hui n’ont pas été totalement décryptées – avec son Edit de Milan qui finalement  octroie la liberté religieuse pour les Chrétiens. Ce geste, que personne n’avait prévu ni pouvait absolument prévoir, est le point de départ d’un changement extraordinaire : de ce moment-là, les chrétiens augmentent de nombre, leur credo se répand dans toutes le couches de la société et après un siècle et demi l’Empire romain n’existe plus mais une nouvelle civilisation, qui à la fois est héritière de cet Empire et en rupture avec elle, va naitre sous le signe de la Croix et de l’Aigle Romaine. Toute l’histoire de la civilisation européenne aurait été complètement différente sans la détermination acharnée de ces chrétiens persécutés, qui n’ont jamais cessé de lutter et résister lorsque aucun espoir de victoire était prévisible, et qui ont bénéficié de l’Edit de Constantin juste au moment où cela était totalement inattendu.

Je pense en conclusion que ce fin 2016 représente une invitation à revenir un peu à cet « esprit constantinien », c’est-à-dire à une attitude qui se nourrit de confiante clairvoyance dans l’attente du futur et  en même temps de persévérance dans le combat à l’heure présente. En gardant bien sûr un esprit analytique et sans aucun fanatisme, les surprises de 2016 nous autorisent à hisser pour la nouvelle année cet esprit constantinien contre la présomption de croire qu’il y a un « bon coté de l’histoire », opposé au mauvais où nous serions plongés, vers lequel le coryphées du progrès de l’humanité – les bolcheviques d’hier et d’aujourd’hui – prétendent nous conduire.   

 

Saudi Arabia's doctrine of global Islamist terror

SA-terr1.jpg

Saudi Arabia's doctrine of global Islamist terror 

Much has been remarked about a picture taken by United States President Donald Trump on his recent visit to the Kingdom of Saudi Arabia. Alongside Trump, are the monarch of the Saudi state, King Salman bin Abdulaziz Al Saud and the Egyptian president, Abdel Fattah el-Sisi. All three men were captured placing their hands on a luminescent sphere. In the dimmed surroundings, the contrast between the set of glistening supraorbital ridges and pallid glow of fleshy cheeks on the one hand and the darkened, seemingly sunken eye sockets on the other produced an effect on each man's countenance that was both striking and startling.

If it reminded some of a pagan rite in which the participants were attempting to summon the forces of darkness, such an analogy would not be misplaced for it is an image which evokes the nature of the unholy alliance between the United States and the kingdom. Further, the fact that the event was held at an establishment which the Saudis name the 'Global Center for Combating Extremist Ideology' also captures the diabolical cynicism of the Saudi state whose Wahhabi ideology is the underpinning factor of the phenomenon of global jihadism. This puritan mutation of Islam serves as the inspiration for a network of extremist Sunni terror militias that includes al-Qaeda, the so-called Islamic State, Jabhat al-Nusra and Boko Haram.

The age-long rivalries and ancient hatreds which inform Saudi foreign policy; namely those related to regimes reflecting secular nationalist and pan-Arabist thinking as well as to Persian-majority Iran, the bastion of Shiadom, have produced a situation in which Saudi Arabian geo-political objectives coalesce with those of the United States and Israel. This has meant that the Saudis have been involved in both covert and overt efforts aimed at destabilisation and balkanisation in the Middle East and North African area and beyond; a central tactic that has involved the use of Wahhabist terror groups.

The rulers of Saudi Arabia, the oil rich kingdom situated on the Arabian peninsula, have for long seen themselves as being far more than the custodians of the holy relics of Islam. They have sought to be the undisputed leaders of the Arab and Muslim world; in the past battling with the secular, pan-Arab philosophy espoused by Gamal Abdel Nasser for the heart and soul of the Arab world, and, in more recent times, contending with Shi'ite Iran for regional influence.

However, this global scale reach for power and influence over a period of many decades has resulted in a state of affairs in regard to which the following inexorable conclusion cannot be avoided: that Saudi Arabia bears the greatest responsibility for the spread of militant Islamic ideology and remains the largest sponsor of Islamist terror groups.

A leaked email written by Hillary Clinton in January 2016 included an excerpt from a private speech she had made in 2013 in which she acknowledged that "the Saudis have exported more extreme ideology than any other place on earth over the course of the last 30 years." And a classified 2009 cable signed by Clinton while serving as US Secretary of State admitted that "Donors in Saudi Arabia constitute the most significant source of funding to Sunni terrorist groups worldwide."

In July of 2013, the European Parliament identified Wahhabism, the governing doctrine of Saudi Arabia, to be the main source of global terrorism.

The Wahhabist strain of Islamic theology lies at the heart of the creation of the Saudi state. Based on a demand that Muslims return to the pure and austere faith practiced by Prophet Muhammad and his early companions in Medina, Wahhabist-thinking rejected practices such as consuming tobacco, wearing silk clothes, the adorning of gold jewelry by men, and dancing to music. It forbade the building of gravestones and mausoleums or other edifices or practices which were viewed as encouraging idol and ancestor-worship; all of which detracted from complete subservience to God. It also considered the culture and philosophy accumulated by a thousand years of Muslim civilization to be heretical. This is known in Islamic parlance as Bid'ah.

The original followers of Ibn Abdel Wahhab were Bedouin folk who felt pride in an uncomplicated puritan mode of living which stood in satisfying contrast, as they saw it, to the decadent influences which permeated the practice of Islam among the more 'sophisticated' city dwellers in places such as Mecca and Basra. It was also a reaction against the opulent lifestyles of the Egyptian and Ottoman nobility.

The Wahhabist gospel preached a merciless creed of proselytizing via the sword. The takfiri doctrine designated as infidels not only those who were non-Muslim, but also Muslim adherents to the Shia and Sufi sects, and even Sunnis who did not fulfil to the letter, Wahhab's teachings. Those who did not adhere to his teachings effectively forfeited their right to their lives and to their property. He wrote the following:
Those who would not conform to this view should be killed, their wives and daughters violated, and their possessions confiscated
The relationship between the Sauds, a Bedouin clan, and Wahhabism go back to their antecedent Muhammad al Saud, a chieftain from the Nedj, a highland area of central Arabia. Al Saud combined his military prowess with the fervour engendered by Wahhbist thinking to create what is often referred to as the first Saudi state. Among his conquests were Mecca and Medina. The Shi'ite city of Karbala was also invaded and desecrated.

The license given to pillage outlying communities was an aspect of the Wahhabi doctrine which wedded with Bedouin culture. Saud showed no mercy as he went on to establish what came to be known as the Emirate of Diriyah until his defeat in 1818 by an Egyptian Expeditionary force sent by the Ottoman rulers who took him to Istanbul where he was beheaded in front of St. Sophia. His severed head was thrown into the Bosphorus.

However, the early part of the 20th century saw the beginning of the rise of another Saudi state under a young chief of the Saud clan named Abdelaziz. Utilising the services of a Bedouin cadre of pastoralised warriors known as the Ikhwan, Saud began a series of conquests over a period of several decades which covered much of the Arabian peninsula. The survivors of Ikhwan conquest were subjected to a political and social regime which strictly enforced the tenets of Wahhabism. Saudi expansion was limited largely by the colonial presence of the British who aided Abdelaziz in destroying the Ikhwan, elements of whom rebelled against what they saw as Abdelaziz's compromises with European infidels and the encroaching modern world fuelled by the discovery oil and its attendant wealth.

That is the history through which one can comprehend the motivation of groups such as Islamic State in destroying Roman architecture in Palmyra and of Boko Haram putting whole communities to death. Both groups have outraged the world with their treatment of females who have been subjected to concubinage and forced marriages; acts which amount to mass rape. Hostility to modern culture and its underpinning ideas are reflected in the name Boko Haram, a faux amis which stands for "Western education is a sin". It was given by Hausa-speaking residents of the area of north-eastern Nigeria from where the group originated.
 

SA-terr3.jpg

But how did the Wahhabist creed expand beyond the Arabian peninsula after the fall of the Ikhwan and the halt of the military advances of the clan of al Saud?

There are arguably two pivotal events which shaped the beginnings of what we now understand to be global jihadism. One concerns an anti-House of Saud insurrection in 1979, which is known as the 'Siege of Mecca'. It was led by a descendant of a prominent member of the Ikhwan. The other is the role played by Saudi Arabia as part of the anti-Soviet alliance in Afghanistan in the 1980s.
On November 20th 1979, the first day of a new Muslim century, hundreds of gunmen led by a preacher by the name of Juhaymon al-Otaybi seized control of the Grand Mosque in the holy city of Mecca. Otaybi declared that the Mahdi or "redeemer of Islam" had arrived in the form of one Mohammed Abdullah al-Qahtani.

Otaybi and his group of insurgents had the objective of overthrowing the House of Saud on the grounds that the rulers of the Saudi state had compromised the strict tenets of the Wahhabi creed which had been central to the formation of the country. They called for the expulsion of Westerners, the abolition of television and the ending of education for women. The siege lasted for two weeks. After obtaining the blessing of Wahhabi clerics, the Saudis used a detachment of French special forces to enter the Grand Mosque and flush out the rebels.

But it all came at a price. Following consultations with the class of influential fundamentalist clerics, many of whom agreed with the grievances of the rebels, the Saudis set about 'correcting' those areas where 'liberalisation' had strayed beyond acceptable limits including the media and the school curriculum. The clerics also extracted from the Saudis a commitment to pumping money into the coffers of Sunni missionary organisations with the objective of spreading the Wahhabist doctrine in Islamic universities and madrassas around the Muslim world. It is a policy which became institutionalised and continues to this day.

The Soviet invasion of Afghanistan, occurring like the siege of Mecca in 1979, was the second critical event. The outrage felt by the Muslim world included the declaration of a fatwa by Abdelaziz Bin Baz, who later became the Grand Mufti of Saudi Arabia. The rulers of Saudi Arabia then became involved with 'Operation Cyclone', one of the longest and most expensive covert operations undertaken by the American Central Intelligence Agency (CIA).

Masterminded by Zbigniew Brzezinski, the US National Security Advisor during the administration of President Jimmy Carter, the Saudis provided a large amount of funding for the local Mujahideen as well as the bands of non-Afghan jihadis who flocked in from parts of the Muslim world. Among the multi-ethnic force of migrant warriors, the so-called 'Afghan Arabs', was a young, wealthy Saudi Arabian named Osama bin Laden.

It is from this endeavour overseen by the Americans and heavily funded by the Saudis that the rise of al Qaeda and global jihadism can be traced. The template of Operation Cyclone would be used by the Americans with the aid of the Saudis in future conflicts ranging from the one in Bosnia and Kosovo to the present insurrection in Syria. While funding has come from state and private sources among the Gulf states including Qatar, a country with which the Saudis have a rivalry over dominance in the Sunni world, it is safe to assume that the bulk of financing has come from Saudi sources.

A well-worn method of funnelling money and weapons to jihadist causes is through a network of Saudi-sponsored 'charities'. It is estimated that the Saudis funded the Bosnian Mujahideen to the tune of approximately $150 million from both state and private sources. The Saudi government was reputed to be the largest donor to the Third World Relief Agency (TWRA), which served as a conduit for both finance and arms for the Mujahideen, an arrangement which broke an arms embargo.

Saudi funding for militant Islamist groups continued into the era of the so-called war on terror commenced after the September 11 attacks on American soil by what were claimed to be al-Qaeda cells. Most of the alleged 19 hijackers were identified as Saudi citizens although confusion over the identity of a number of them persists until this day.

While the United States claimed that it would wage war against Sunni Islamist groups of the sort that are claimed to have carried out the terror attacks in the name of al-Qaeda, this has not prevented it from utilizing such groups in attempting to overthrow secular Arab governments who have stood in opposition to American policy. This has invariably been pursued with the help of Saudi Arabia.
The administration of President George Bush recalibrated its policy in providing support to Sunni militant groups in achieving the end of overthrowing the Alawite-dominated government of Syria, with the Saudis playing a key role. Writing about this 're-direction' in the March 2007 edition of the New Yorker magazine, Seymour Hersh gave the following explanation of how Washington would put pressure on Hezbollah through the use of militant Lebanese Sunni groups:
In Lebanon, the Administration has cooperated with Saudi Arabia's government, which is Sunni, in clandestine operations that are intended to weaken Hezbollah, the Shi'ite organisation that is backed by Iran. The US has also taken part in clandestine operations aimed at Iran and its ally Syria. A by-product of these activities has been the bolstering of Sunni extremist groups that espouse a militant vision of Islam and are hostile to America and sympathetic to al-Qaeda.
Four years later, this strategy would be taken to another level on Syrian soil under cover of the so-called 'Arab Spring'. The introduction of armed jihadist mercenaries to act in concert with homegrown anti-Assad militias, the majority of which have a jihadist agenda, has produced an insurgency which has caused the deaths of hundreds of thousands and left millions internally and externally displaced.

The Saudis have continued to feature in exposes relating to the funding of these rebels. For instance, the British Daily Telegraph edition of March 8th 2013 reported an airlift of arms through Zagreb destined for Syrian rebels. According to the report, "the shipments were allegedly paid for by Saudi Arabia at the bidding of the United States, with assistance on supplying the weapons organised through Turkey and Jordan, Syria's neighbours."
 

SA-terr2.png



An earlier report in the New York Times of 25 February 2013 headlined "Saudis Step Up Help for Rebels in Syria With Croatian Arms" was more definitive about Saudi involvement:
Saudi Arabia has financed a large purchase of infantry weapons from Croatia and quietly funneled them to antigovernment fighters in Syria in a drive to break the bloody stalemate that has allowed President Bashar al-Assad to cling to power, according to American and Western officials familiar with the purchases
This was not an isolated episode. In addition to the aforementioned leaked emails of Hillary Clinton, in another communication dated in 2014, Clinton cited Western intelligence sources as asserting that United States allies Saudi Arabia and Qatar supported ISIS. She wrote:
We need to use our diplomatic and more traditional intelligence assets to bring pressure on the governments of Qatar and Saudi Arabia, which are providing clandestine financial and logistical support to ISIL and other radical Sunni groups in the region
But Clinton is not the only senior American political figure to have alluded to Saudi financing of the terror militias in Syria. Referring to "our allies in the region" in regard to which he specifically mentioned "the Saudis", the then serving US Vice President Joe Biden, in a speech at the John Kennedy School of Government at Harvard University in October 2014, revealed the following:
They were so determined to take down Assad and essentially have a proxy Sunni-Shia war. What did they do? They poured hundreds of millions dollars and thousands of tons of weapons into anyone who would fight against Assad. Except that the people who were being supplied were al-Nusra and al-Qaeda and the extremist elements of jihadis coming from other parts of the world
The Saudis have also not been averse to directing the machineries of internal control to serve as instruments of state terror as relates to the actions taken against Shia dissenters in Qatif, a governorate within the largely Shia eastern province. Its military have also undertaken brutal interventions in neighbouring countries. It invaded Shia-majority Bahrain in 2011 to suppress demonstrations by those opposed to the rule of the Sunni al-Khalifa family.

The actions of the Saudi military in its current intervention in Yemen -albeit as part of a coalition of Arab and African states- is not premised as an operation of benevolent peacekeeping. While fighting against the Shia Houthi rebels, who Saudi Arabia claim -without providing evidence- are being aided by Iran, the Saudi military has implemented a campaign of terror directed at the civilian population. This has included airstrikes on residential complexes and market places as well as the deliberate destruction of infrastructure: health centres, farms and agricultural industry.

These all amount to war crimes. The Saudis are signatories to the additional protocol of the Geneva Conventions of August 1949 which provides the following:
It is prohibited to attack, destroy, remove or render useless objects indispensable to the survival of the civilian population such as foodstuffs, crops, livestock...for the specific purpose of denying them for their sustenance value to the civilian population...whatever the motive...
Saudi actions have led to what a top United Nations relief official described as a "humanitarian catastrophe". A United Nations News Service report in July 2015 noted that eighty percent of the total Yemeni population of 26 million were in need of some form of humanitarian assistance. The threat of long-term famine is a real one.

It is important to note that the Saudi role in fomenting terrorism by waging proxy wars or interventionist wars of the sort that Yemen is, has continually been facilitated by Western powers, most notably Britain and the United States. British arms supplies and British military advisers are key components in this war. Both the CIA and MI6 were central in facilitating the transaction involving the previously mentioned airlift of arms from Zagreb to Syrian rebels in their efforts to overthrow Assad; an endeavour which according to Roland Dumas, a former French foreign minister was planned years in advance, with key input by Britain.

Saudi collusion with Nato powers fits into the historical context of Western use of militant Islam in the furtherance of geo-political objectives. Both the United States and Britain have had an enduring relationship with extremist Islamist movements and militias including the Egyptian-originated Muslim Brotherhood. For the Americans, this goes back to at least the time of the Eisenhower administration in the 1950s while Britain's relations with the Brotherhood go further back in time to the period following its creation in the late 1920s.

Britain's specific relationship with the ruling House of Saud has been a long-lasting one. In the early part of the 20th century, the resurgent Saudi emirate was used by the British as a means of weakening Ottoman power in the Arabian Peninsula despite Winston Churchill's misgivings about Ibn Saud's followers being "bloodthirsty" and "intolerant". The logic that Saudi Arabia is a worthy ally because of its oil wealth and geo-strategic position is one which underpins its relations with Britain.
 
This also applies to the United States. The assessment by British policymakers in 1947 of Saudi oil as "a vital prize for any power interested in world influence or domination" captures the essence of America's ties with the Saudi kingdom.

The relationship between both nations, one self-avowedly democratic and republican and the other an absolute monarchy, steeped in medieval-era feudalism, is one which is riddled with contradiction and hypocrisy.
 

SA-terr4.jpg

At its heart is the supply of Saudi oil which President Franklin Roosevelt explained would be the determining factor in shaping the alliance. It is one which is predicated on a series of Faustian-like bargains. In 1971, with the aim of propping up the faltering dollar after taking the United States off the gold standard, President Richard Nixon negotiated a deal whereby the United States would guarantee to militarily protect the Saudis in return for the Saudis guaranteeing the sale of the oil they produce in US dollars. The aim of this pact is to assure the survivability of the US dollar as the world's dominant reserve currency.

The relationship has evolved to encompass collusion in the arming and training of jihadi militias pursuant to each country's hegemonic objectives: for the Americans global economic and military dominance and for the Saudis, dominance in the Arab and Muslim world.

The question of terrorism has at various junctures served to complicate Saudi relations with both America and Britain. For instance, in 2016, the Saudis threatened to dump billions of United States assets in retribution if a bill by American lawmakers holding Saudi Arabia responsible for the September 11th terror attacks was passed. It stemmed from the revelation that 28 pages had been redacted from a report on the atrocity.

In the case of Britain, a long-term supplier of arms and who like the Americans have played a key part in training the National Guard, the issue arose when the Saudis threatened to withdraw from security cooperation with British intelligence agencies over a decision by the Serious Fraud Office (SFO) to commence an investigation into allegations of bribery involving members of the Saudi royal family and government officials in an arms deal between BAE Systems and the Saudi government.

After pressure from the highest levels of the government of Tony Blair, the investigation was discontinued. A subsequent judicial review by the highest court in Britain accepted the argument by the government that the threat issued by the Saudis, which the British government claimed would have led to an increased threat of terrorism in Britain was a relevant consideration to be taken into account by the head of the SFO in making the decision to abort the investigation.

Court papers revealed that the rulers of Saudi Arabia had threatened to make it easier to attack London unless the inquiry was stopped. Secret files described how investigators were told that Britain would be faced with "another 7/7" and the loss of "British lives on British streets" if the investigation was not discontinued. The threats to withhold information related to potential suicide bombers and terrorists were claimed to have been made by Prince Bandar, when head of the Saudi National Security Council, on a visit to London in December of 2006.

The irony was that Tony Blair, to whom Bandar must have voiced such threats, had five years earlier described Saudi Arabia as "a good friend in the international coalition against terrorism".

This hypocritical disconnect from reality has for long typified the Western relationship with the Saudis. Blair's predecessor, Margaret Thatcher once claimed that the Saudis "never used arms irresponsibly"; a statement which jars today given the use of British-supplied arms by the Saudi military in the present conflict in Yemen. Thatcher's 1981 declaration that "the hearts of the free world" were with the Afghan Mujahideen must also rankle those aware of the mutation of several of its component parts into al-Qaeda and the Taliban.

The frequent claims by contemporary British and American political and military leaders that Iran is the "the world's biggest sponsor of terrorism" does not stand to scrutiny. All the major acts of terror carried out in the West in the name of Islam have emanated from Sunni and not Shia militants. It is a bias which extends to criticisms leveled at Iran's electoral process while Western politicians say little or nothing about the lack of democratic institutions in Saudi society.

Saudi Arabia's quest for dominance in the Muslim and Arab world is not based on spreading enlightened values. There are no features in its society which would for instance encourage movements designed to develop civil society or the intellectual critique of episodes in Muslim and Arab history as pertain to the issues of slavery and genocide. Its human rights failings are well documented and the problems of discrimination in relation to the ceiling faced by female, Shia and black Saudi citizens remain largely unaddressed.

It is clear that the "shared interests and values" claimed by Donald Trump on his recent visit to Saudi Arabia to be at the basis of the partnership between the Americans and the Saudis are not predicated on what could be termed universal moral and ethical standards of behaviour. It is a partnership which is primarily based on the determined acquisition of power and domination which has been guided by an ends justifies the means ethos.

This in the final analysis is the reason why Saudi Arabia, with the complicity of its Western backers, will not escape history's judgement as the greatest purveyor of fundamentalist-based Islamic terror.

Un pequeño gigante: el peso de Catar en el juego geopolítico

qatar-port-drapia.jpg

Un pequeño gigante: el peso de Catar en el juego geopolítico

El cisma diplomático entre Catar y sus vecinos ha puesto al descubierto las profundas diferencias existentes entre las monarquías del golfo Pérsico. No obstante, Catar es hoy el mayor productor de gas natural licuado del mundo, cuenta con uno de los mayores índices de PIB per cápita y acoge la mayor base militar estadounidense en Oriente Próximo.

 
El conflicto entre Doha y otras naciones vecinas se desató después de que la agencia de noticias catarí QNA difundiera unas declaraciones atribuidas al emir de Catar, en las que se mostraba a favor de normalizar las relaciones con Irán, país chií, y el mayor contrincante de Arabia Saudí en la región.

En este contexto, el peso geopolítico de Catar es difícil de subestimar. Con una población de cerca de 2 millones de personas —de las cuales solo 270.000 tiene la nacionalidad catarí—, el pequeño emirato cuenta con uno de los mayores índices de PIB per cápita del mundo, superando a países como Suiza, Singapur o EEUU.

Catar acoge además la base aérea estadounidense de Al Udeid, ubicada a tan solo 32 kilómetros al suroeste de Doha, la capital del emirato. Esta base es también la sede del Comando Central de las Fuerzas Aéreas de los Estados Unidos (AFCENT) y del Grupo Expedicionario 83 de la Fuerza Aérea de Reino Unido, que cubren y supervisan las operaciones de ambos países en todo Oriente Próximo.

En términos económicos, el pequeño emirato destaca por ser el mayor productor y exportador de gas natural licuado (GNL) del mundo. Según las últimas estimaciones del Grupo Internacional de Importadores de GNL, Doha es responsable de cerca del 30% de la producción global y tiene a países como Japón, Corea del Sur, India, China o Reino Unido entre sus principales clientes.

La japonesa JERA Co. —la mayor importadora de GNL a nivel mundial— informó de que había recibido una notificación de la productora Qatargas en la que se aseguraba que las fricciones diplomáticas con sus vecinos no tendrán impacto alguno en los suministros de gas.

En abril de 2017, Catar suspendió el desarrollo del que iba a ser el campo de extracción de gas natural más grande del mundo, en previsión de un aumento de la competencia en el futuro. El mercado del gas natural está pasando por un período de grandes transformaciones provocadas por el incremento de la oferta, sobre todo la proveniente de EEUU y Australia, donde se ha desarrollado toda una industria de extracción mediante la fracturación hidráulica —'fracking', en inglés—.

Para diversificar los ingresos del país y gestionar el superávit generado por la extracción de hidrocarburos, el emir de Catar, Tamim bin Hamad Thani, fundó en 2005 Qatar Investment Authority (QIA), que con el tiempo se convirtió en uno de los mayores fondos soberanos de inversión del mundo. Sus activos suman un valor estimado de 335.000 millones de dólares.

El abanico de inversiones de QIA por todo el mundo es bastante amplio, con participaciones significativas en gigantes que van desde Volkswagen, Rosneft, Barclays, Credit Suisse y Deutsche Bank hasta Valentino Fashion Group y Tiffany, entre otros. Además, posee el 100% del actual campeón de la liga francesa, el club de fútbol París Saint-Germain, algo que ha convertido a esta entidad en la más rica de Francia y una de las más ricas del mundo.

De hecho, a finales de 2010, Catar fue elegido como país anfitrión del campeonato mundial de fútbol de 2022. Entre sus rivales para acoger el certamen se encontraban naciones como Australia, EEUU, Corea del Sur y Japón. Desde entonces, el pequeño emirato ha invertido unos 200.000 millones de dólares en mejorar sus infraestructuras.

Otro de los recursos con los que cuenta el país es la emisora Al Jazeera, que llega a más de 270 millones de hogares y es la mayor cadena de noticias del mundo árabe. Además, la compañía de transporte aéreo Qatar Airways, con una flota de más de 100 aviones y con rutas a un centenar de destinos, ha sido considerada la segunda mejor aerolínea de 2016 en los premios Skytrax World Airline.

La caída de precios de los hidrocarburos y de sus bonos soberanos tras la ruptura con sus vecinos seguramente provocará que el país tenga que gastar más a la hora de financiarse, algo que podría ralentizar la ejecución de diversos proyectos.

Dado que los diferentes Estados del golfo Pérsico dependen básicamente de las exportaciones de petróleo y gas, apenas tienen relaciones comerciales o de inversión entre sí. Por lo tanto, las disputas difícilmente tengan un gran impacto para Doha. Emiratos Árabes Unidos es el mayor socio comercial de Catar en la región, pero solo el quinto más importante a nivel global.

Comentario: Recomendamos leer: